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TYPOGRAPHIE DE If. FIRM1N DIDOT. — M ESN IL (ECRE).
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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
ET
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE DE LA MUSIQUE
DEUXIÈME ÉDITION
ENTI&REIIEItT RF.FONOUE ET AUGMfcHTÉK DE PLUS DE MOtTIB
PAR F. J. FÉTIS
M4ÎTBB DB CUAPBLLB DU SOI DBS BJILGM
• DMBCTBUR DU CONSBBYATOIRB BOYAL DB MUBIQUB DB BRUXBLLBS, BTQ.
TOME CINQUIÈME
PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS. ET C«
IMPRIMEURS DE l/lNSTITUT, RUE JACOB, 56
18(53
Tous droite réierve*
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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
K
KECHLINA (Jeaîi), 1c plus ancien lu-
thier italien connu jusqu'à ce jour, travailla à
B rescia, vers 1450. On connaissait de lui au-
trefois quelques anciennes violes de diverses
formes conservées dans les cabinets des cu-
rieux; mais la plupart de ces vieux instru-
ments ont disparu parce qu'on les a dépecés
pour en faire des altos et des violons.
KECK (Jean), moine bénédictin de l'ab-
baye de Tegernsée, dans le quinzième siècle,
était né à Giengen, dans le diocèse d'Augs-
bourg, et fut professeur de théologie en cette
ville. Il a été connu de quelques écrivains sous
le nom de Fr. Joannes Jugustanus (voyez
Bibîioth. August., de Weilh, p. 05). Au
nombre de ses ouvrages, on en trouve un qui
était autrefois conservé en manuscrit à l'ab-
baye de Tegernsée, et qui a pour titre : Jntro-
ductorium musiez. Cet écrit, qui est daté de
1443, a été inséré par l'abbé Gerbert dans sa
Collection des écrivains ecclésiastiques sur
la musique, t. III, p. 310-329. Il concerne,
particulièrement les proportions géométriques
des intervalles des sons.
KEEBLE (Jean), né à Chichester, en
1737, fut d'abord élève de Kelway, frère du
célèbre Kelway de Saint-Martin; puis il se
rendit à Londres, où 11 reçut des leçons d'or-
gue et de composition de Pepusch (voyez ce
nom). Devenu organiste distingué, il fut
"chargé de jouer l'orgue à l'ouverture du Jardin
du Ranelagh, et Roseingrave [voyez ce nom)
le choisit pour le remplacer comme organiste
à la chapelle de Saint-Georges, dans Hanover-
Square. Plus tard, il lui succéda dans cette
place, qu'il conserva jusqu'en 1794. On n'a pas
B10GB. DSIV. DES MUSICIENS. T. V.
de renseignements sur l'époque de la mort de
cet artiste. Il a publié cinq livres de pièces
pour l'orgue qui ont été plusieurs fois réimpri-
mées chez les divers éditeurs de musique de
Londres, et en dernier lieu chezClementi sous
le titre de : Keeble's organ pièces. On trouve
aussi dans le catalogue de Preston (Londres,
1795) : Keeble's and Kirman's 40 interludes
to be played between Ihe verses ofthe Psalms,
expressly composed for the use of the
Church (Quarante préludes de Keebîc et de
Rirkmann pour jouer entre les versets des
psaumes, composés spécialement pour l'usage
de l'église). Keeble avait adopté les opinions
de son maître Pepusch concernant la musique
des Grecs; il a exposé sa doctrine dans un
livre intitulé : The Theory of harmonie, or
an illustration of the Grecian Harmonica,
in two parts (Théorie de l'harmonie, ou ex-
plication delà musique harmonique des Grecs),
Londres, 1784, gr. in -4°. De bonnes analyses
du livre de Keeble se trouvent dans VE uro-
pxan Magazine (ann. 1785, t. VI, mars,
p. 186, mai (353), et juin (431), ainsi que
dans la Monthly Review, vol. LXXIII. L'au-
teur de la critique, dans ce dernier journal,
montre une grande sévérité dans son juge-
ment. Le but que se propose Keeble est de faire,
dans la première partie de son livre, l'exposé
de la doctrine musicale des Grecs, d'après les
traités attribués à Euclide, celui d'Aristoxène,
et celui de Bacchius l'ancien. Dans la seconde
partie, il entreprend de concilier la doctrine
tonale des Grecs avec celle de la musique mo-
derne : c'est là qu'il s'égare. Toutefois, le
livre de Keeble n'est pas dépourvu de mérite.
1
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• KEEGAN — KEGEL
KEEGAZV (Guillaume), professeur de
langues et de calcul commercial à Londres, vi-
vait au commencement de ce siècle. On a de
lui un livre qui a pour titre : New dialogue*
inFrench and English ; containing exempli-
fications of the parts of speech, and the
auxiliary and actives verbs, with familiar
conversations on the following subjects, Bis-
tory, Arithmetic, Bolany, Astronomy, the
Cornet, the Opéra, Singing, Hippodramatic
performances, Italianpainting, Music, etc.,
Londres, 1811, in-1 2.
KEFERSTEIN (Gustave-Adolphe),
connu sous le pseudonyme de K. STEIN, est
né à Crœllwitz, près de Halle, en Saxe, le 13 dé-
cembre 1799. Son père, fabricant de papier,
connu par plusieurs inventions de machines,
alla, peu de temps après la naissance de son fils,
fixer son séjour à Weida, dans le Voigtland,
où Keferstein reçut plus tard des leçons de
chant, de piano et de composition du cantor
Ilaegel. A l'âge de quatorze ans, il fréquenta
le Gymnase, de Géra, et pendant son séjour en
cette ville, il eut occasion de former son goût
par l'audition des œuvres de Mozart, de Beet-
hoven et d'autres maîtres célèbres. Après
quatre années d'études brillantes, il se rendit
à l'Université de Halle, pour y faire un cours
de théologie. Là, il fit la connaissance de
Naue, musicien instruit qui lui fit faire des
progrès dans les diverses parties de l'art. Ses
liaisons avec quelques jeunes artistes et littéra-
teurs de mérite commencèrent à tourner dès
lors ses vues vers l'esthétique. Trois années de
séjour à Halle lui firent atteindre le terme de
ses études de théologie ; il accepta alors (en
1820) une place de précepteur dans une mai-
son particulière à Weimar, où il fut admis
dans la maison de Hummel et chez Grcthe. Il
n'a quitté cette place que pour celle d'aumô-
uicr et de diacre à Jéna. Dans un des voyages
qu'il faisait quelquefois à Dresde pour en-
tendre de la musique, il s'est marié. Lié d'ami-
tié avec Robert Schumann, il fut un de se*
premiers collaborateurs dans la rédaction de
la Nouvelle Gazette musicale de Leipsick. Les
articles relatifs à la musique qu'il a donués
dans différents journaux ont été publiés sous
le pseudonyme de K... Stein. Ayant été
nommé pasteur à Wickerstaedt, en Thuringe,
Keferstein passa dans cette situation les vingt
dernières années de sa vie. Il est mort le
10 janvier 18G1, à l'âge de soixante et un
ans accomplis. Parmi ses écrits, on remarque
V Essai sur la partie comique de la musi-
que, publié dans l'ouvrage périodique intitulé
Cxcilia (t. XV), qui a donné lieu à une polé-
mique terminée par un autre article sur le
même sujet, inséré dans la Gazette musicale
de Leipsick (janvier 1835), et une allégorie
musicale intitulée : Kœnig Mys von Fidibus
(le Roi Mys de Fidibus), dans la Cxcilia
(cab. 61-64). On a aussi du docteur Keferstein
un discours ou sermon qu'il prononça dans
l'église Saint-Michel à Jéna, en 1839, le dix-
septième dimanche après la Trinité, sur un
texte des actes des apôtres, et qui a été publié
sous ce titre : Die Kunst von ihrer Schat*
tenseite (l'Art sous ses divers aspects), Jéna,
1839, seize pages in-8°. Le 15 octobre 1841, il
a prononcé a l'Académie d'Erfurt, dont il était
membre correspondant, un discours sur la re-
lation de la musique avec la pédagogique
(Ueber das Ferhœltniss der Musik zur Pœ-
dagogik), publié à Leipsick, chez Brcitkopf et
Haerlel, 1841, in -8° de seize pages. Eu fin, le
15 octobre 1843, le docteur Keferstein a fait, à
l'occasion du jour de naissance du roi de
Prusse, Frédéric-Guillaume IV, une leçon à
l'Académie des sciences d'Erfurt, sur YOra-
torio. Ce morceau a été publié dans la Ga-
zette musicale de Leipsick (t. XLV, p. 875,
897 et 921).
KEGEL (Emmanuel), directeur de la cha-
pelle du comte de Reuss, né à Géra, en 1655,
fil ses études au Gymnase de Gotha, et fré-
quenta ensuite l'Université de Jéna. D'abord
cantor à Neusladt, il ne conserva cette posi-
tion que six mois; puis il remplit les mêmes
fonctions à Saalfeld et enfin à Géra, où le
comte de Reuss le nomma directeur de sa cha-
pelle. Il mourut subitement à Breslau, le
23 juin 1724. Son meilleur élève est le maître
de chapelle Stœlzel. Ses compositions sont res-
tées en manuscrit.
HEGEL (Louis-Henri), fils du précédent,
né à Géra le 25 octobre 1705, alla terminer
ses études a l'Université de Leipsick, après les
a voir commencées dans le lieu de sa naissance.
En 1726, il obtint la place d'organiste de
l'église Saint-Salvador de Géra ; sept ans après,
il alla par ordre du comte de Reuss, son pro-
tecteur, apprendre la composition à Gotha,
chez Stœlzel, ancien élève de son père. De re-
tour à Géra, il a rempli sa place d'organiste
jusqu'en 1770, époque de sa mort. Ses compo- •
sitions n'ont pas été publiées.
KEGEL (Ciirétien-Hemu), descendant de
cette famille, et organiste à Géra, s'est fait
connaître par les ouvrages suivants : 1° Or-
gelschule, zunxchst fiir Organisten in klei-
nen Stxdten und auf dem Lande (École
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KEGEL — KEINSPECK
3
d'orgue à l'usage des organistes des pelites
villes et des campagnes), Leipsick, Breitkopf
«t Haertel.
KEGEL (Charles-Christian) né, le 50 sep-
tembre 1770, à Frankleben près de Merse-
bourg, fut élève de Rittel et se montra digne
d'un tel maître par son talent sur l'orgue et
par le mérite de ses compositions. Eu 1807,
il obtint les places de cantor et d'instituteur
de l'école communale à Gunglossttmmen, près
de Weissensée, dans la Thuringe. C'est dans
lette position modeste et peu faite pour exciter
l'imagination qu'il passa le reste de sa vie.
Cependant à l'âge de cinquante-six ans, il fit
un voyage à Leipsick et y donna, en 1826, un
concert d'orgue à l'église Pauline, dans lequel
il fit admirer son habileté. Cet artiste distingué
<îst mort le 28 janvier 1843, laissant en ma-
nuscrit la plupart de ses ouvrages. On a pu-
blié de lui dix préludes et finales pour l'orgue
sous le titre : 10 Vor-und NachspieU fur die
Orgel, Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. Deux
autres préludes de sa composition ont été pu-
bliés dans la vingt- neuvième année de la
Gazette générale de musique de Leipsick, et
Kœrner, d'Erfurt, a inséré une fugue de cet
artiste dans son nouveau journal d'orgue
(Neues Orgel- Journal). Tout le reste, consis-
tant en un grand nombre de morceaux pour
l'église, de pièces et fugues d'orgue, est resté
«n manuscrit.
KEI1L (Jeak-Balthazar), né à Cobourg
dans la première partie du dix-huitième siècle,
fut d'abord organiste à Erlang, et ensuite
cantor à Bayreuth. En 1780, il devint aveugle.
Il a fait imprimer à Nuremberg, en 1770,
quatre suites de chorals variés pour l'orgue, et
plus tard, quelques sonates pour le clavecin.
La Bibliothèque royale de Berlin possède de
cet artiste, en manuscrit, Andantino 7 avec
neuf variations pour le clavecin. Il a laissé en
manuscrit : 1° Les Bergers à la crèche de
Bethléem^ oratorio. 2° les Pèlerins de Gol-
gotha , idem. 5° Plusieurs morceaux de
musique instrumentale. Kehl est mort vers
1790.
KEIFFEK (Chrétien), chanoine prémon-
tré et organiste du monastère d'Auge, en
Bavière, vécut au commencement du dix- sep-
tième siècle, et mourut le 12 avril 1627. Il est
auteur d'un recueil intéressant de cantiques à
quatre voix égales pour le temps de Noël, pu-
blié sous ce litre singulier : Odas soporiferœ
ad infantulum Betklehemiticum sopiendum,
quatuor vocibus œqualibus factx; Augustœ
Vindclicorum, 1612, in-4°. On a aussi de lui
un œuvre contenant une messe et des motets
à six voix, intitulé : Flores musici seu divin*
laudis odores suavissimi, in quibus can~
tiones cummissa, senis decantancUe vocibus 7
adjuncto bassoproorgano. Ingolstadt, 1618,
in-4°.
KEIL (Jean), virtuose sur le cor, né en
Bohême, vécut à Prague pendant quelques
années. Son instrument était le cor chroma-
tique ou à pistons, dont il a disputé la priorité
d'invention à Stœlzel (voyez ce nom). Keil a eu
une fille cantatrice qui chantait au théâtre de
Weimar en 1842. Il voyagea avec elle pour
donner des concerts.
KEILHOLZ (Cdristihe-Madeleixe-Élisa*
beth), voyez Hassloch.
KEINSPECK (Michel), musicien de la
fin du quatorzième siècle, né à Nuremberg, est
connu par un traité de plain-chant, intitulé :
Lilium Musice plane ; Basileœ, p. Michaelem
Furter, 1496, in-4°. Un exemplaire de cette
édition existait dans la bibliothèque du comte
de Boutourlin (n° 564 de son catalogue);
M. Brunet, qui le cite (Nouvelles recherches
bibliographiques, t. II, pag. 259), ajoute que
c'est un opuscule de douze feuillets, en beaux
caractères gothiques, sign. a-b., avec musique.
Maittaire, Panzer, Forkel et tous les biblio-
graphes ont ignoré l'existence de cette édi-
tion. En 1789, J.-F. Christmann a signalé,
dans la Gazette musicale de*Spire (pag. 354),
l'existence d'une autre édition du même livre
qu'il avait trouvée dans la bibliothèque de
Stutlgard ; elle a aussi' pour titre : Lilium
Musice plane. A la fin du dernier feuillet,
on lit : Explicit Lilium Musice plane Mi-
chaelis Keinspeck de Nurnberga musici
Alexandrini benemeriti, una cum psalmo-
dia utriusque tam majoris quam minoris
intonatione secundum omnes tonos et exer-
citio solmisandi noviter adjunctis; Impres-
sum Ulmœ per Joh. Schœffler, 1497, petit
in-4° de quinze feuillets. Un exemplaire de
cette édition est à la bibliothèque royale de
Berlin. Gerber a cru que cette édition était la
première (voyez Neues hist. biogr. der Ton-
îninst, 5 Th., col. 27) ; mais on vient de voir
«lue c'est une erreur. Mail ta ire (Annales ty-
pograp.y t. IV, pag. 739), et Panzer (Annal,
typog., t. III) indiquent une troisième édition
donnée à Augsbourg, en # 1498, in-4°, dont
Forkel parait avoir vu un exemplaire dans la
bibliothèque du monastère de Buxheim (AUg.
Lilter. der Music, p. 297). J'ignore si c'est
d'après celte édition qu'il écrit le nom de
l'auteur Keinsbeck. Le savant bibliographe
U
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KE1NSPEIK — KEISER
G.-W. Zapf fait connaître, dans son histoire
«les imprimeurs d' Augsbour%( Jugsburg Buck-
drucker-Geschichle , I th., p. 155), une qua-
trième édition du même livre, déjà indiquée
par Gesner dans sa Bibliothèque universelle;
l'article de Zapf est ainsi conçu : Michael
Reinspeck Musicus Alexandrinus , Lilium
Musicœ plans. Vexplicit est comme dans les
éditions précédentes. A la fin, on lk : Impres-
sum Auguste per Johannem Froschauer,
anno Domini MCCCCC, iu-4°. Ainsi qu'on
le voit, le nom de Keinspeck est ici changé en
celui de Reinspeck; celte faute, qui a été faite
aussi par Chrislmann, dans son article de la
Gazette musicale de Spire, provient sans
doute de la forme incertaine du K allemand,
et de sa ressemblance avec l'R. Un exemplaire
de chacune des éditions de 1407 et 1498 se
trouve dans la Bibliothèque impériale de
Vienne, suivant les renseignements que
M. Mosel nous fournit dans sa description de
cette bibliothèque (Geschichte der K.K. Hof-
bibliothek au JPien, pag. 360). Les exem-
plaires de ces quatre éditions du livre de Kein-
speck sont de la plus grande rareté. 11 en
existe une cinquième sous le même litre :
Lilium musice plane Joannes Knoblauch
typis xrcis excepit Argentins, 1506, seize
feuillets petit in-4°. J'ai vu un exemplaire
de cette édition dans les collections de feu
Landsberg, à Rome. Le nom de l'auteur y est
orthographié Kiinspeek {Michael).
Forkel (toc. cit.) dit qu'on ne sait pas pour-
quoi Keinspeck est appelé musicus Alexan-
drinus au titre de son livre, et ajoute que son
nom ne se trouve pas dans le catalogue des
artistes et des savants de Nuremberg publié
par Woll et Doppelmayer. Je pense que l'ex-
pression Jilusici Alexandrini indique que
Keinspeck fut attaché, comme beaucoup de
musiciens belges, français et espagnols de ce
temps, à la chapelle pontificale, sous le pape
Alexandre VI, qui fut élu le 11 août 1402, et
gouverna l'Église 'jusqu'au 18 août 1505. Je
n'ai pu vérifier le fait dans le catalogue de
chapelains-chantres de cette chapelle donné
par A. Adami de Bolsena, à la 'suite de ses
Osservazioni per ben regolare il coro délia
Capella Pontificia, parce que, à l'exception
de Josquin Deprès, il ne cite dans sa liste
aucun musicien antérieur au pontificat de
Paul III; mais il me semble que c'est la seule
explication qu'on puisse donner des mots dont
il s'agit.
KEISER. (Rehuuiid), un des plus illustres
compositeurs de l'école allemande, naquit
vers 1673, dans un village situé entre Wcts-
senfels et Leipsick. Son père, musicien distin-
gué qui a laissé en manuscrit de bonues
compositions pour l'église, lui enseigna les
éléments de la musique; puis il cnlra à l'école
Saint-Thomas de Leipsick, où il fit ses études,
qu'il termina à l'université de celle ville. Le
génie de Keiser se manifesta de bonne heure :
cet artiste avait à peine dix-neuf ans lorsque
la cour de Wolfenbuitel le chargea (en 1692)
d'écrire la musique d'une pastorale intitulée
Ismène. Cetle époque était l'aurore de l'opéra
allemand qui, jusqu'alors, avait emprunté son
style aux compositions italiennes et françaises.
Dès ses premiers essais, Keiser fit entrevoir
un génie original destiné à s'affranchir, au
moins en beaucoup de choses essentielles, de
toute imitation. Le succès de sa pastorale lui
fit confier, l'année suivante, la composition de
Basilius, opéra sérieux, qui ne fut pas moins
bien accueilli. L'Opéra national de Hambourg
était alors le plus florissant de toute l'Alle-
magne : Keiser résolut d'aller essayer ses
forces sur ce théâtre; il y arriva vers la fin
de 1604, et fit représenter son Basilius, La
musique de cet ouvrage était si différente de
ce qu'on avait enlendu jusqu'alors, et sa supé-
riorité était si incontestable, que le public
montra, dès ce moment, une prédilection pour
les ouvrages de Keiser. Cependant, trois an-
nées s'écoulèrent avant qu'il pût faire jouer
quelque autre ouvrage, parce que des engage-
ments pris envers d'autres compositeurs, et
peut-être aussi quelques intrigues d'artistes
alarmés par la puissance de son talent, firent
occuper la scène pendant tout ce temps. Enfin,
il put donner Irène, en 1607, puis Janus, et
la pastorale d'Ismène, fraîche et gracieuse
composition qu'on entendait encore avec
plaisir longtemps après. Pendant quarante ans,
Keiser fut le plus actif, le plus abondant et
le plus aimé des compositeurs du thé A Lie
de Hambourg. Mattheson compte cent seize
opéras sortis de sa plume dans celte série
d'années, non compris tous ceux qu'il fit en
société avec d'autres musiciens, ou dans les-
quels il introduisit des airs, quoiqu'il eût aussi
écrit beaucoup d'oratorios el de morceaux de
musique d'église.
En 1700, Keiser institua des concerts d'hiver
qui furent peut-être les plus brillants qu'il y
ait jamais eu. Un choix de la meilleure mu-
sique de ce temps, le meilleur orchestre qu'il
fût possible de rassembler alors, le choix des
meilleures cantatrices et des virtuoses les plus
distingués, parmi lesquels on remarquait l'cx-
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KE1SER
cellent violoniste Reinwald, n'étaient pas les
seules causes de l'empressement du public pour
ces solennités. Le luxe qui brillait dans la salle
de ces concerts, les mets délicats, les vins exquis
qu'on y servait, composaient, de la distraction
qu'on y venait chercher, le plaisir le plus vif
et le plus complet. Reiser y paraissait lui-
même velu avec élégance et avec le ton d'un
homme du monde. Mattheson, contemporain
de ces concerts, et qui en dirigea plusieurs fois
l'orchestre, déclare (Grundlage einer Ehren-
Pforte, p. 132) qu'il n'a point vu de cour où
il y eût aularft de magnificence et de bon goût.
Au commencement de 1702, l'entreprise de
ces concerts cessa ; mais, en 1705, Reiser s'as-
socia avec un Anglais, nommé Drusike, pour
prendre la direction de l'Opéra. L'entreprise
sembla d'abord prospérer ; mais après quel-
ques années, les folles dépenses de cet Anglais,
et peut-être aussi de Reiser, ruinèrent l'en-
treprise. Poursuivi par ses créanciers, le com-
positeur fut obligé de se cacher; mais bientôt
rappelant son courage, il écrivit dans un court
espace de temps huit opéras qui furent consi-
dérés comme ses plus beaux, et qui lui pro-
curèrent des sommes assez considérables pour
satisfaire ses créanciers. Dans le même temps
(1709), il épousa une demoiselle d'Oldenbourg,
fille d'un riche musicien du conseil, et canta-
trice distinguée dont le talent prêta de nou-
veaux charmes aux productions de l'artiste
célèbre. Ainsi se trouvèrent réparées toutes
les conséquences de son désastre.
En 1716, Reiser organisa de nouveaux con-
certs avec Mattheson; ils n'obtinrent pas la
même vogue que les premiers. Six ans après,
le comte de Wedel lui fit, de la part du roi de
Danemark, des propositions qui furent accep-
tées. Reiser se rendit à Copenhague et y fut
mis en possession de la. place de maître de
chapelle de la cour. Quelques années plus tard,
il retourna à Hambourg, où il obtint, en 1728,
la direction de la musique de l'église Sainte-
Catherine, avec le titre de chanoine. Alors
l'activité de son génie se réveilla pour la pro-
duction d'une grande quantité de musique
d'église. En 1720, Reiser se rendit à Moscou
avec sa fille, qui devint la femme du violoniste
et compositeur Verocai. Reiser resta dans celle
ville et à Saint-Pétersbourg jusqu'en 1730.
L'impératrice l'avait chargé de la direction de
son opéra. En celte qualité, il prit la résolution
de faire un voyage en Italie pour y engager
des chanteurs et des instrumentistes ; mais,
arrivé à Hambourg, il ne put se décider à
s'en éloigner de nouveau et ne s'acquitta pas
de sa mission. Pendant plusieurs années on
ignora à Saint-Pétersbourg ce qu'il était de-
venu. En 1734, il écrivit son opéra de Circé :
ce fut son dernier ouvrage. Retiré depuis ce
temps chez sa fille, dont il avait fait une can-
tatrice excellente, il vécut dans le repos pen-
dant quelques années, et mourut à l'âge de
soixante-six ans, le 12 septembre 1739.
Les artistes les plus célèbres, les musiciens
les plus instruits, se sont accordés dans les
éloges qu'ils donnent au génie et aux ouvrages
de Reiser. Mattheson et Scheibe, si avares de
louanges, n'hésitent point à lui attribuer la
première place parmi les compositeurs dra-
matiques des temps antérieurs à leur époque.
Ils assurent que Heendel et liasse ne se sont
formés que d'aprè*3 lui, et qu'ils ont même
emprunté à ses ouvrages des traits originaux*
qu'ils ont ensuite développés. C'était aussi
l'avis de Telemann ; celui-ci ajoutait que Graun
devait beaucoup à la lecture des œuvres de
Reiser. Au surplus, Hœndel et nasse n'ont
jamais nié les obligations qu'ils avaient à cet
homme de génie. Burney rapporte, dans le
deuxième volume de son Voyage musical en
Allemagne, que Hasse lui dit a ce sujet « qu'il
« considérait Reiser comme le premier musi-
« cien de l'univers (en son genre) ; que cet
« homme célèbre avait écrit un plus grand
« nombre d'ouvrages qu'Alexandre Scarlalti
« (le plus fécond des compositeurs italiens de
« ce temps), et que ses mélodies, malgré les
« changements que cinquante ans avaient
« -apportés dans la musique, avaient tant de
« grâce et d'élégance, qu'on pouvait les mêler
« parmi d'autres modernes, sans que les con-
« naisseurs mêmes pussent les reconnaître. »
Le maître de chapelle Rcichardt s'exprime avec
le même enthousiasme, dans son Magasin
musical (p. 36), sur le mérite des compositions
de Reiser. De tels éloges n'étonneront point
ceux qui ont entendu le fragment des compo-
. si lions de ce grand artiste que j'ai fait exécuter
dans mon premier concert historique do
l'Opéra, et qui se souviennent de la profonde
impression qu'il fit sur l'auditoire.
Les qualités par où Reiser se distingue sont
la justesse et la profondeur de l'expression,
unies à l'originalité des formes. Comme la
plupart des maîtres de son école, il a une har-
monie forte et pénétrante, mais ses successions
d'accords ont je ne sais quoi qui lui appartient
en propre. Ainsi que J.-S. Bach, il instru-
mentait d'instinct, et nullement d'après les
conventions ordinaires. Il a placé jusqu'à qua-
ranlc-ncufairs dans son opéra de Frédegonde,
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KEÏSÉR
et tous ont un effet particulier résultant de
cette originalité de dispositions. Tantôt il n'a
pour orchestre que la basse avec le clavecin et
des instruments à cordes pincées; ou bien,
c'est simplement le quatuor; d'autres fois, des
hautbois seuls accompagnent la voix, ou c'est
une flûte douce et des violes. Gerber cite un air
(Fient a me, dolce oggetto) qui n'a pour ac-
compagnement qu'un violon concertant, et un
autre, qu'un seul hautbois avec la basse. On ne
peut s'empêcher d'admirer les ressources que
le compositeur tirait de si faibles moyens.
Tous les opéras de Keiser ne sont pas con-
nus; ceux qu'il a composés à Copenhague,
ainsi que beaucoup d'airs détachés, ont péri
dans l'incendie du palais de cette ville, en
1794. Parmi les cent se ize»ouv rages drama-
tiques composés par Keiser seul, suivant Mat-
tbeson, on ne connaît que les soixante-dix-
sept dont les titres suivent : 1° Ismène, 1692,
à Wolfcnbuttel. 2° Basilius, 1693, ibid. et
1694, à Hambourg. 5° Mahomet, 1696, à
Hambourg, ainsi que tous ceux qui suivent.
A Adonis, 1697. 5° Irène, 1697. G /ami*,
1698. 7° La Pomme d'or transportée des
régions hyperboréennes dans la Cimbrie,
1698. 8° Ismène , refaite. 9° Iphigénie.
10° Hercule. 11° Le Retour de VAge d'or.
12° Ballet pour la fêle de l'empereur Léopold,
13° La Forza délia virtà, 1701. 14° Endy-
mion. 15° Ballet prussien. 16° Stasrlebecker
und Gœdje Michel. 17° Psyché, 1701.
18° Circé, 1702. 19* Pénélope, 1702. 20° Po-
mone, 1702. 21° Orphée, première et deuxième
partie, 1702. 22° Nouveau ballet prussien,
1702. 25°Claudius, 1703. 24°/T/merve,1703.
25° Salomon, 1703. 26° Nabuchodonosor,
oratorio, 1704. 27° Octavie, 1705. 28° Lu-
crèce, 1705. 29° La Fedeltà coronata, 1706.
30° Masaniello furioso, 1706. 31° Sueno,
1706. 52* Il Genio di Holsazia, 1706. 35° Al-
mira, 1706. 54*» Le Carnaval de Venise,
1707. 55» Hélène, 1709. 56° Helias et Olym-
pie, 1709. 37» Desiderius, 1709. 58» Orphée
dans la Thrace, 1709. 39° Arsinoe, 1710.
40° La Foire de Leipsick, 1710. A\° L'Au-
rore, 1710. 42° Jules-César, 1710. 43° Cré-
sus, 1711. 44° Charles V, 1712. 45° Diane,
1712, 46° Héraclius, 1712. 47» L'Inganno
fedele, 1714. 48° La Virlù coronata, 1714.
49° Le Triomphe de la Paix, 1715. 50° Fré-
degonde, 1715. 51° Caton, 1715. 52» Arté*
mise, 1715. 55° La Fête d'Avril à Rome,
1716. 54° La Maison d'Autriche triom-
phante, 1716. 55° Achille, 1716. Cet ouvrage
<jui, d'après une indication de la main de Kei-
ser, est le soixante-sixième qu'il a écrit, fait
voir, qu'il y a des lacunes dans la liste précé-
dente. 56° Julie, 1717. 57° Tomyris, 1717.
58° Trajan, 1717. 59° Bellérophon, 1717.
60° Ariane, 1722.61° Ulysse, 1722.62° L'Ar-
ménien, Copenhague, 1722. 63° La Grande-
Bretagne en allégresse, Hambourg, 1724.
64° Cloris. 65° JSretislaus , 1725. 66° La
Foire annuelle de Hambourg, 1725. 67° L'E-
poque de la Bataille de Hambourg, 1725.
Dans la préface de cet ouvrage, on voit qu'il
était le cent septième opéra de Keiser : la
lacune de 1717 à 1722, et le séjour de Copen-
hague doivent, avoir fourni beaucoup d'ou-
vrages inconnus aujourd'hui. 68° L'Anniver-
saire de la Naissance du prince de Galles,
1726. 68° (bis) Ulysse, pour le théâtre de
Hambourg, en 1727, différent de celui de
1722. 69°jV«sfevo./u*,1726.70°/ode7<tf, 1726.
71° Le Prince muet; Atys, intermède, 1728.
72° Barbacola, intermède, 1728. 73° Nabu-
chodonosor, refait, 1728. 74° Lucius férus,
1729. 75*Parlhénope, 1733. 76° Circé, 1754.
Wallher attribue aussi un opéra de Sancio à
Keiser ; mais Matlbeson dit que cet ouvrage est
de Telemann. Les compositions de Keiser qui
ont été publiées sont : 1° Cantates pour une
voix, avec deux violons, basse et clavecin,
sous ce titre : R. Kcisers Gcmuths-Ergœt-
zung, bestehend in einigen Sing-Gedichten,
mit einer Stimme und unterschiedlichen
Instrumente^ Hambourg, Nicolas Spicringk,
1698, in-4° obi. 2° Erlesene Sxlze aus der
opéra Z'Inganno fedele (Collection choisie des
airs de Vlnganno fedele, avec violons, haut-
bois, basse et clavecin), Hambourg, 1714,
in-fol. Quelques-uns de ces morceaux sont de
la plus grande beauté. 5° Componimenti mu-
sicali, oder deutsche und italienische Arien,
nebst unterschiedlichen Recitativen aus Al-
mira und Octavia (Compositions musicales, ou
airs allemands et italiens entremêlés de récita-
tifs des opéras Almira et Octavia), Hambourg,
Zacharie Hœrtel, 1706, in-4° obi. 4° Diverti-
menti serenissimi, consistant en différentes
cantates, en duos et airs avec clavecin, Ham-
bourg, 1715, in-fol. 5° Soliloques choisis dans
l'oratorio Jésus martyrisé,, exécuté dans la
semaine sainte des années 1712 et 1713, Ham-
bourg, 1714, in-fol. 6° Musikalisch Landlust
(Amusements musicaux de la campagne), can-
tates avec basse continue pour le clavecin,
Hambourg, 1714, in-4° obi. 7° Kaiserliche
Freidenpost (Messager impérial de la poste),
composé de chants et duos avec instruments,
Hambourg, 1715, in-fol. 8 y Pensées bien-
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KEISER — KELLER
heureuses de salut, airs, duos, chœurs et réci-
tatifs tirés de l'oratorio Jésus martyrisé,
Hambourg, 1715. Je crois que c'est une réim-
pression, ou plutôt un changement de titre
du recueil n° 5. 9° Weinachts- cantate fiir
2 soprani, 2 violinen, viole und Bass (Can-
tate de Noël pour deux voix de soprano, deux
violons, alto cl basse, en partition), Hambourg
(sans date), in -fol. 10° Airs de la Forza delta
virtu (en allemand), Hambourg, 1701, in -fol.
M. le docteur Lindner (voyez ce nom) a publié,
comme deuxième volume de son livre Die
ersle Stehende deutscheOper(\e& plus anciens
Opéras allemands existants), neuf morceaux
extraits des opéras de Keiser représentés de-
puis 1700 jusqu'en 1734, en partition, avec
des arrangements pour le piano, sous ce titre :
9 Compositionen ans den Jahren 1700-1734,
Ouverture, 7 Opernarien und Duett von
Reinhard Keiser, Berlin, Schlesinger, 1855.
Le choix de ces morceaux est fait avec beau-
coup de discernement: on y trouve l'ouverture
de l'opéra de Jodelet, un air pour contralto
de la Forza délia virtu (die Macht der Tu-
gend), un air de ténor et un air de basse tirés
de Pomone, un air pour soprano de l'Or-
pheus, un air pour ténor de la Diana, cl
deux petits airs, également pour ténor, ex-
traits de Circé, dernier opéra de ce grand
artiste; enfin, un duo pour soprano et con-
tralto tiré de la Diana. Tout cela offre le plus
grand intérêt. On connaît aussi du même
compositeur, en manuscrit : 1° Musique de
chambre, composée pour le roi de Danemark.
2° Sérénade pour les noces du prince Othon-
, Louis (Reichardt en possédait la partition).
5° Moltet pour soprano solo, deux violons,
viole et basse continue j Gerber en possédait la
partition. 4° Sérénade sur le texte allemand
Das um den Rang streitende Frieden-
burg, etc., manuscrit daté de 1726.
Il a été fait si peu de copies des opéras de
Keiser, qu'ils sont devenus de la plus grande
rare f é. Burney possédait les manuscrits ori-
ginaux de ses opéras Héraclius, Chris, Ja-
nus, Ariane et de l'oratorio (Vabuchodonosor;
la valeur de ces précieuses reliques était si peu
connue en Angleterre, qu'à la vente de sa bi-
bliothèque, en 1814, la première partition ne
fut vendue que 7 schellings (8 fr. 75 c.) ; la
deuxième, 2 sch. (2 fr. 50 c); la troisième, le
même prix ; la quatrième^ 7 sch., et l'oratorio,
o sch. 6 pence (6 fr. 77 c), tandis qu'une col-
lection de vieux madrigaux anglais a été payée
24 livres sterling (000 rrancs). La Bibliothèque
royale de Berlin conserve, heureusement, les
partitions des opéras : Adonis, Janus, la
Forza délia virtu, Pomona, Orpheus, Oc-
tavie, Masaniello, Diana, Tomyris, Ulysse
(de 1727), Jodelet et Claudius César. On
trouve aussi dans la même bibliothèque les
partitions des ouvrages de Keiser dont voici
les titres : 1° Oratorio de la Passion, composé
en 1712 sur la poésie de B.-H. Brockes. 2° Un
autre oratorio sur le même sujet, composé eu
1729, d'après le texte de saint Marc. Ô° Le mo-
tet Sanclus est Dominus (en sol majeur),
pour quatre voix et instruments. 4° Kyrie et
Gloria (en {a mineur), à quatre voix et instru-
ments. Je possède une ancienne copie de quel-
ques airs et des chœurs de Basilius, tVAlmira
et de Lucrèce.
KELLER (Hémi-Michel) , né à Nord-
hausen, le 10 février 1G58, eut pour maître
d'orgue et de composition Bernard Mcyer, or-
ganiste à Zerbsl. En 1658, il obtint la place de
chantre à Berga, quoiqu'il ne fût âgé que de
vingt ans. Quatre ans après, il fut nommé
organiste à Frankenhausen, où il mourut, le
20 mai 1710. Il a laissé en manuscrit des
chorals variés pour l'orgue, que Waliher, bon
juge en cette matière, estimait beaucoup.
KELLER (Godefroio), claveciniste dis-
tingué, né en Allemagne, se fixa à Londres,
vers le commencement du dix-huitième siècle.
Il parait avoir joui en Angleterre d'une bril-
lante renommée, car au titre d'un traité d'ac-
co -ij>agnement publié après sa mort, il est
appelé The late famous M. G. Keller. Ou
connaît sous son nom : 1° G sonate a cinque,
cioè 3 a 2 violini, tromba o oboe, viola e
continuo, Londres, 1710, Amsterdam, Roger,
in -fol. 2° 6 sonate a 2 flauli e basso continuo ,
Amsterdam, Roger. Cet ouvrage ne fut publié
qu'après sa mort. 3° A complète JUethod of
attaining to a thorough-bass upon either
organ, harpsichord, or theorbo-lute, by the
late famous M. Godfrey Keller; with a va-
riety ofproper lessons and fugues, explain-
ing the several rules throughout the whole
work; and a scale for tuning the harpsi-
chord or spinet; ail taken from his own co-
pies, which he did design to print (Méthode
complète pour apprendre à accompagner la
basse continue sur l'orgue, le clavecin, ou le
théorbe-luth, par fen le célèbre M. Godefroid
Keller, etc.), Londres, John Cullen, 1707,
in-4° obi. Celte édition, remplie de fautes dans
les exemples notés, est toute gravée. Il y en
a une autre intitulée simplement : Rules or
a compleat Method for attaining to playing
a thoroughbass, Londres (sans date), in-fol.
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8
KELLER
gravée. Le travail de Relier a été réimprimé à
la suite de la troisième édition du Traité des
principes naturels de l'harmonie par Holder.
Ce livre a pour titre : A Treatise oflhe natu-
ral g rounds and principles of harmony, by
William Holder. To tchich is added, by voay
of appendix, Rules for playing a thorow-
bass; teith variety of proper tessons, fugues
and examples to explain the said raies. Also
directions for tuning an harpsichord or
spinnet. By the late M. Godfrey Keller .
London, by W. Pearson, 1731, in-8°de deux
cent six pages. L'éditeur dit dans son avertis-
sement que son intention en publiant les rè-
gles de Keller a été de les purger des méprises
et des erreurs occasionnées par l'ignorance de
ceux qui avaient publié la première édition, et
que ces fautes n'auraient point existé si l'au-
teur eût vécu et eût corrigé lui-même les
planches. Au reste, c'est une idée fort bizarre
que de joindre deux ouvrages tels que celui de
Holder et les règles de Keller, car l'objet des
deux auteurs n'a point d'analogie. Les règles
données par celui-ci sont suffisantes pour la
pratique de l'accompagnement, mais les exem-
ples sont écrits d'une manière incorrecte.
KELLER (Charles), flûtiste, musicien de
la chambre du prince de Furstemberg, à Do-
naueschingen, est né à Dessau, le 10 octobre
1784. Son père, Jean-Gotthiir Keller, y était
musicien de la chambre et organiste delà cour;
mais il mourut trop tôt pour être l'instituteur
de son fils. Celui-ci reçut son éducation dans la
chapelle du prince. Parvenu à l'âge de puberté,
il eut une belle voix de baryton qui lui suggéra
la pensée de s'engager au théâtre; mais l'aver-
sion de la mère et de tous ses parents pour la
profession d'acteur, le fit renoncer à ce des-
sein, et la nécessité lui fil choisir la flûte pour
son instrument, quoiqu'il n'y eût pas d'artiste
dans la musique du duc de Dessau qui pût lui
servir de maître. Il était alors âgé de dix -huit
ans; néanmoins, il fit de si rapides progrès
par son zèle infatigable, qu'à l'âge de vingt
ans il pouvait déjà être compté parmi les flû-
tistes distingués. Il crut alors devoir voyager;
sa première excursion fut à Leipsick et à
Berlin. Ce fut dans cette dernière ville qu'il
jeta les fondements de sa réputation. Reichardt
ne tarda point à discerner les qualités du
jeune artiste; il le plaça dans la chapelle du
roi de Prusse, et se lia avec lui d'une amitié
qui fut durable. Après les événements de la
guerre de Prusse, en 1806, Keller se rendit à
Casse] où il fut placé comme flûtiste de la cha-
pelle, et employé comme maître de chant et de
guitare à la cour de Westphalie. Il y passa sept
années heureuses et y perfectionna son talent.
Après la dissolution du royaume de Westpha-
lie, il alla à Stuttgard et y obtint bientôt un
emploi dans la chapelle ; il n'y resta néan-
moins que deux ans, ayant conçu le projet
d'un voyage d'artiste qu'il exécuta dans les
années 1816 et 1817, en Allemagne, en France,
en Hollande et dans la Hongrie. C'est aussi de
cette époque que datent ses premières com-
positions, et particulièrement ses chansons
allemandes qui ont obtenu un succès d'en-
thousiasme. Ses concertos pour la flûte ont
été accueillis aussi avec beaucoup de faveur
par les artistes. Keller venait de terminer son
voyage à Vienne, lorsque Coriradin Kreutzer
lui proposa de le suivre comme flûtiste à la
chapelle de Donaueschingen. Plus tard, il y a
été chargé de la direction du théâtre, où il
jouait lui-même quelquefois avec succès dans
la comédie. Toutefois, il n'a point cessé de
cultiver la musique comme artiste ; le temps
qui lui laissait l'exercice de ses fonctions, il
l'employait à composer pour son instrument.
En 1849, il obtint du prince sa pension et se
retira à SchafThouse, où il est mort, le 19 juil-
let 1855. Sa femme, née Guillclmine Meycr-
haver, à Carlsruhe, était attachée comme can-
tatrice au théâtre de la cour de Donaues-
chingen. Après avoir fait ses études musicales
sous la direction de Berger, de Lœhle et de
madame Sessi, elle a brillé à Amsterdam, à La
Haye et à Utrccht. On a publié de la composi-
tion de Keller trois concertos pour flûte, Leip-
sick, Petcrs; IHayence, Schott; quatre grandes
polonaises avec orchestre, op. 7, 13, 24, 34, .
Vienne, Haslinger ; Hambourg, Bœhmc ;
Brunswick, Spehr; des divertissements idem,
op. 10 et 31; ibid. ; des variations idem,
op. 3, 11, 14; Offenbach, André; Hambourg,
Bœhme; des pots-pourris, idem, op. 4 et 9;
ibid. ; des solos pour flûte, op. 17; des duos
pour deux flûtes, œuvres 39, 40 et 4&$ une
grande quantité de chansons à voix seule, avec
accompagnement de piano, la plupart chez
Peters, à Leipsick; enfin, six chants pour
quatre voix d'hommes, op. 49.
KELLER (Max), organiste de mérite, na-
quit en 1770,. à Trostherg, bourg de la Bavière,
où son père était garde forestier. Lorsqu'il eut
atteint sa dixième année, il fut envoyé comme
enfant de chœur à l'abbaye de Seeon, de l'ordre
de Saint-Benoit. Il y continua ses études jus-
qu'à l'âge de dix-huit ans, et reçut de son
frère aine, Joseph Keller, qui était organiste
de ce monastère, des leçons d'orgue cl ri'har-
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KELLER - KELLNER
o
monie. Lorsque ce frère quitta sa place pour
une autre position, elle fut donnée à Max Rel-
ier, qui l'occupa pendant dix ans, faisant de
temps en temps des voyages à Salzbourg pour
y perfectionner ses connaissances par les con-
seils de Michel Haydn. De Seeon, il alla àBurg-
hausen où il demeura trois ans, puis il futappelé
à Altœttingen, comme organiste de la chapelle
du prince. II y vivait encore en 1842, âgé de
soixante-douze ans. Si cet artiste est encore vi-
vant (1860), il est âgé de quatre-vingt-dix ans.
Il a publié un grand nombre d'<ceuvres de mu-
sique d'église, d'un usage général dans les prin-
cipales localités delà Bavière. On y remarque :
1° Des chants pour l'A vent à une ou deux voix
avec orgue obligé, et deux violons, deux cors
et contrebasse, ad libitum, en deux suites.
Munich, Faller. 2° Sept litanies de la Vierge,
à quatre voix et orgue, avec divers instru-
ments ad libitum, op. 1, Augsbourg, Bœhme.
o° Trois litanies allemandes à quatre voix et
orgue, avec deux violons, deux cors, deux
trompettes et contrebasse ad libitum. Munich,
Sidler. 4° Litanies à voix seule et orgue, avec
deux violons, deux cors et contrebasse, ad li-
bitum. Augsbourg, Bœhme. 5° Six messes
allemandes à voix seule et orgue. Salzbourg,
Dayle. 0° Messes allemandes pour une voix et
orgue, avec une seconde et une troisième voix,
deux violons, deux flûtes, deux clarinettes,
deux cors, deux trompettes, timbales et basse
ad libitum (en ut, en fa, en sol, en mi bémol,
en la, cl en u/), Munich, Falter, et Passau,
Pastet. 7° Trois messes latines pour les églises
de la campagne, à trois voix et orgue, Munich,
Falter. 8» Trois idem, à une voix et orgue,
avec les autres voix et les instruments ad li-
bitum, ibid. 9° Recueil de chants pour toutes
les fêtes de la Vierge, à deux voix et orgue
(n°« 1 à 13), ibid. 10° Huit chants funèbres,
pour une voix et orgue, Munich, Sidler. 11° Di-
vers autres chants funèbres pour une, deux ou
(rois voix et orgue, avec instruments à vo-
lonté, Salzbourg, Dayle, Munich, Sidler et
Faller. 12* Préludes courts et faciles, cadences,
versets et pièces diverses pour l'orgue, en dix
suites, Munich, Faller. 13° Cent vingt cadences
el préludes pour l'orgue, en deux volumes,
Augsbourg, Bœhme.
KELLER (F.-A.-E.), ancien élève de l'écrlc
polytechnique et ingénieur hydrographe de la
marine française, a i aven lé un pupitre méca •
nique destiné à écrire les improvisations au
piano, cl auquel il a donné le nom de pupitre
improvisateur. En 1835, il déposa au secré-
tariat de l'Inslilut un paquet cacheté conte-
nant les résultats de ses recherches à ce sujet :
au mois de mai 1839, il y déposa également
l'instrument qu'il avait inventé pour atteindre
le but qu'il se proposait. Ce pupitre, disposé
pour être appliqué à tous les pianos, renfer-
mait le mécanisme propre à noter les impro-
visations. Un rapport favorable fui fait par la
section de musique de l'Académie des beaux-
arts, le 25 du même mois, tant sur l'instru-
ment que sur une Méthode d'improvisation
musicale, théorique et pratique fondée sur
les propriétés du pupitre improvisateur, par
M. Keller. Paris, Schlesingcr, 1839, un vol.
in-8° de deux cent deux pages. A la suile de
cet ouvrage se trouve le rapport de M. Ifalévy,
membre de l'Académie, ainsi que la descrip-
tion de l'instrument et de son application aux
pianos de diverses formes. Cette invention n'a
pas eu le succès que Pau leur s'en était promis.
KELLEKMANN (C.-F.-A.), facteur d'in-
struments à clavier, à Nordhausen, a donné,
dans la troisième année de la Gazette musi-
cale de Leipstck (p. 757), une analyse d'un
piano-viole ou à archet construit par lui. Il
y critique la construction d'un instrument de
ce genre fait par Rœllig (voyez ce nom). Des
instruments de même espèce ont été construits
par des procédés mécaniques plus ou moins
analogues, plus ou moins différents-, depuis le
commencement du dix-septième siècle.
KELLNER (David), capitaine au service
du roi de Suède, vécut dans la première partie
du dix-huitième siècle. Jonas OEdman four-
nit un renseignement sur ce musicien, dans sa
dissertation historique DcMusicù sacrd genc-
ratim, et Ecclesix sucogothicx speciatim , etc.
(Lundi ni Golhorum, 1745, in-4", p. 5). J'y
vois que David Kcllner vivait encore à celte
époque, qu'il était directeur de musique de
l'église allemande à Stockholm, et qu'il a pu-
blié son traité de la basse continue ainsi qu'un
traité du droit public en langue suédoise el eu
allemand (De basso generali tam germanica
quam sueogothica lingua tractalum public i
juris fecit prxfectus musicx ecclesiasticx ad
lemplum teutonicum Stockholmense David
Kellner, quod ab arlis peritis in magno
semper honore est habilum). Il s'est fait con-
naître par un traité d'harmonie cl d'accompa-
gnement intitulé : Treulicher Unterricht im
General- Bats, worinnen aile Weillxuflig-
keit vsrmieden, und dennoch gantz deullich
und umstsendlich vielerley neuerfundene
Vortheile an die H and gegeben werden, etc.
( Instruction fidèle de la basse continue ,
dans laquelle toute sa vaste élendue est
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10
KELLNER
explorée, etc.), Hambourg, 1752, in-4°.
Une deuxième édition de cet ouvrage fut
publiée en 1737 j une troisième parut dans
la même ville en 1743; on en renouvela
le frontispice en 1745. Les autres éditions,
qui ont été toutes publiées à Hambourg,
sont de 1749, 1767, 1773, 1782, in-4°, et
1790, in-8°. Ayant comparé les exemplaires
des éditions de 17G7 et 1773, je croîs que ceux
qui portent cette dernière date appartiennent
à la cinquième édition (17G7), et qu'on a sim-
plement changé le frontispice. A la deuxième
édition, Daniel Solander, professeur de droit à
Upsal, a ajouté une préface qui a été repro-
duite dans toutes les autres. Il est assez sin-
gulier que David Kellner ayant écrit originai-
rement son livre en suédois, un professeur de
musique de Stockholm, nommé Idiklins, ail
fait une traduction suédoise du même ouvrage,
d'après le texte allemand, et Tait fait impri-
mer dans celle ville, en 1782, avec une disser-
tation sur le même sujet (voyez Svenskt mu-
sikaltskt Lexikon, de Charles Envallsson,
p. 281). Il y a lieu de s'étonner qu'on ait tant
multiplié les éditions du livre de Kellner,
ouvrage médiocre él bien inférieur à d'autres
du même genre, publiés en Allemagne, qui
n'ont pas obtenu le même honneur.
KELLNER (Jea<i-Pie*re), né le 24 sep-
tembre 1705 à Graefenrode, dans la Thuringe,
apprit les éléments de la musique chez Nagel,
alors cantor dans ce lieu. Le fils de ce maître
lui donna ensuite des leçons de clavecin.
Quand ce dernier fut appelé à Dietendorf pour
y remplir les fonctions de cantor^ Kellner l'y
suivit et prit encore de ses leçons pendant
deux ans. Dans la suite, il se rendit à Zell
chez l'organiste Schmidt, qui dirigea ses étu-
des pendant une année; puis il alla à Suhla ,
où il étudia encore la composition chez Quehl,
excellent organiste de l'ancienne école. A l'âge
de dix-sept ans, il retourna chez son père, y
demeura trois ans, puis fut nommé cantor à
Frankenheim, et obtint enfin les places de
cantor et d'organiste à Graefenrode. Les bio-
graphes allemands n'ont rien ajouté à la notice
que cet habile artiste a donnée sur lui-même
en 1754, dans le premier volume des Essais
de Marpurg (Histor. krit. Beylrxge zur
Aufnahme der Musik, t. I, p. 459-445); en
sorte qu'on ignore l'époque de sa mort. Il a
laissé un grand nombre de compositions
parmi lesquelles on remarque : 1° Cerlamen
musicum, consistant en préludes, fugues, al-
lemandes, courantes, sarabandes, gigues et
menuets pour le clavecin, Arnstadt, 1748-49,
six suites in-fol, obi. 2° Chorals variés pour
l'orgue, à deux claviers et pédale. 3° Mani-
pulus musices, suites de pièces pour le même
instrument, Nuremberg, sans date, quatre ca-
hiers. On a aussi de lui en manuscrit : 4° Le
psaume Der Herr ist gut und fromen, à
quatre voix, deux violons, alto, deux trom-
pettes, uu hautbois, un basson, timbales et
orgue. 5° Une année complète de musique
d'église à quatre voix, deux violons, alto et
orgue. 6° Des cantates religieuses à quatre
voix, instruments et orgue. 7° Un oratorio
pour le vendredi saint, à quatre voix, deux
violons, alto, un fyaulbois, un basson et orgue.
Tous ces ouvrages se trouvaient au magasin
de musique de Brcilkopf, à Leipsick, en 1770.
Kellner était un très-bon organiste qui avait
étudié le style de Bach, et qui improvisait des
fugues avec un rare talent. On rapporte
qu'ayant vu entrer J.-S. Bach dans son église,
il commença immédiatement une fugue sur le
Ihèmc B, A, C, II, et la traita en maître. La
Bibliothèque royale de Berlin possède en ma-
nuscrit un recueil de chorals, trios à trois cla-
viers et fugues pour l'orgue, de la composition
de cet excellent artiste.
KELLNER (Jean-Christophe), fils du
précédent, né à Graefenrode le 16 août 1735,
apprit de son père à jouer de l'orgue, et fit un
cours de composition sous la direction de
Georges Benda, à Gotha. Ses études terminées,
il fut appelé à Cassel pour y remplir à la fois
les fonctions d'organiste de la chapelle catho-
lique de la cour, et de l'église luthérienne
principale. Il est mort dans cette ville en
.1803. Comme organiste, comme compositeur
et comme écrivain didactique, Kellner s'est
fait une honorable réputation en Allemagne.
On a de cet artiste : 1° Trois concertos pour le
clavecin, op. 5, OfTenbach, André. 2° Trois
idem, op. 8, ibid. 3° Un grand idem, op. 11,
ibid. 4° Trios pour clavecin, violon et violon-
celle, op. 19, Leipsick. 5° Sonates pour clave-
cin seul, op. 2 et 15, ibid. 6° Préludes de
chorals pour orgue à deux claviers et pédale,
Gotha. 7° Quatorze pièces d'orgue pour les
commençants, op. 20, Brunswick, Spehr.
8° Deux fugues à quatre mains pour l'orgue,
Leipsick, Breilkopf et User tel. 9° Deux finales
pour l'orgue, Brunswick, Spehr. 10° Trente
pièces d'orgue, contenant douze préludes
courts, quatorze grands préludes pour des
chorals, une fantaisie, une fugue, un quatuor
pour deux personnes, avec pédale, et deux
chorals en trios pour deux claviers et pédale,
op. 17, première partie, Spire, Bossler, 1789,
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KELLNER
fi
in- fol. idem y deuxième partie, Darmstadt,
1793. Kellner a aussi laissé en manuscrit plu-
sieurs cantates et Passions pour l'église, ainsi
qu'une année complète de motels et de psau-
mes à quatre voix, deux violons, alto, basse,
deux hautbois, deux bassons, deux cors, deux
trompettes et orgue obligé. Ces morceaux
étaient dans l'ancienne collection de Breil-
kopf. Il a aussi écrit un opéra qui a été repré-
senté à Cassel sous ce litre : Die Schaden-
freude. Enfin, Kellner a publié un traité de
musique intitulé : Grundriss des Général-
basses, eine theoretisch-praktische Anleitung
fiir die ersten Anfxnger entwurfen (Tableau
de la basse continue, instruction théorique et
pratique pour les commençants), Cassel, 1785,
in-4°. Gerber dit que la septième édition do
cet ouvrage, augmentée de quatorze mélodies
de Ch.-Ph.-E. Bach, a paru chez Breilkopf cl
Ilaerlel, en 1706.
KELLNER (Georges-Christophe), littéra-
teur et précepteur à Manheim, dans la dernière
partie du dix-huitième siècle, mort au mois de
septembre 1808, est auteur de plusieurs romans
historiques, etdes ouvrages suivants, relatifs;')
la musique, publiés sous le voile de l'anonyme :
1° Ueber die Characteristik der Tonarten
(Sur la caractéristique des Ions), Breslau, 1700.
2° Neue Clavierschule fur Anfxnger (Nou-
velle méthode de piano pour les commen-
çants), Halle, sans date. 3° Amusements au
piano avec chant ; ce recueil a eu deux édi-
tions. 4° Jdeen zu einer neuen Théorie der
scheene Kiinsten iïberhaupt und der Ton-
kiinst insbesondere (Idées sur une nouvelle
théorie des beaux-arts en général et de la
musique en particulier), dans le Magasin alle-
mand de Eggers, août 1800. Kellner élail
aussi organiste et a publié divers ouvrages
pour l'orgue, parmi lesquels on remarque un
recueil contenant trois préludes ou conclu-
sions, trois fugues et trois préludes de chorals
intitulés : 3 Por-oder Nachspiele, 3 Fugen,
3 Choralvorspielen in Trio mit den Canlo
fermo, 14 e OEuvre, Cassel; et trois fugues à
quatre mains pour l'orgue, Leipsick.
KELLNER (Jeah-Sigissohd), né dans un
village de la Silésie, en 17G5, fut eantor et
directeur de musique à l'église Saint-Ber-
nardin de Breslau. Il mourut dans celte posi-
tion, le 13 novembre 1811. Plusieurs mor-
ceaux de musique d'église de sa composition
sont restés en manuscrit.
KELLNER (Emiest-Auguste) , vraisem-
blablement petit-fils de Jean-Christophe, car
son grand-père et son père étaient, dil-on, de
Grsefenrode, village du duché de Saxc-Co-
bourg-Gotha, naquit le 26 janvier 1702, à
Windsor, où son père était violoniste de la
musique particulière de la reine Charlotte-
Sophie de Mecklcmbourg-Strelilz, femme de
Georges III, qui l'avait amené à sa suite en
Angleterre. Il n'était âgé que de deux ans
lorsqu'il «commença l'étude du piano : à cinq,
il joua un concerio de Hœndel dans un concert
donné au château de Windsor, en présence de
la famille royale. Le roi ayant remarqué le
timbre de sa voix , le confia aux soins de Wil-
liam Parson, maître de chant des princesses,
pour qu'il lui enseignât les principes de la
vocalisation, parce qu'il avait le dessein de
l'employer dans les concerts de musique clas -
sique qui se donnaient alors, chaque soir, en
présence du roi. A l'âge de huit ans, le petit
Kellner fit son début vocal dans les concerts
de la famille royale, et, dans la même séance,
il étonna son auguste auditoire sur le piano.
Lord Spencer, grand amateur de musique, le
prit ensuite sous sa protection et le fil quel-
quefois chanter avec mesdames M ara et Banli.
En 1815, Kellner ayant atteint l'âge de
vingt-lrois ans, se rendit en Italie pour étudier
l'art du chant sous d'habiles maîtres. Après
un court séjour a Florence, il se rendit à Na-
ples où il recul des leçons de Nozzari, de Ca-
sella et de Crescenlini. Il voyagea ensuite dans
la haute Italie et y donna des concerts.
Charmée de son talent, l'impératrice Marie-
Louise, duchesse de Parme, lui accorda le
titre de pianislc de sa musique particulière.
Au mois de décembre 1820, Kellner retourna
en Angleterre et y fit admirer son double talent
de c ha n leur et de pianiste : sa voix de barylon
avait acquis le plus beau timbre. Il fit à celte
époque une tournée de concerts avec la célèbre
cantatrice madame Calalani. Appelé à Venise,
en 1824, il débuta au théâtre de la Fenice y
pendant la saison du carnaval et y chanta, le
l ,r janvier 1825, dans le Mosè, de Rossini,
avec la Méric-Lalanrie et Davide; II se rendit
ensuite à Bologne el y fut nommé membre de
l'Académie des Philharmoniques. En 1828, il
partit pour Sainl-Pélersbcurg, où il obtint de
brillants succès comme pianiste et comme
chanteur. L'impératrice le faisait souvent ap-
peler pour lui entendre chanter des airs écos-
sais. En 1833, il s'arrêta quelque temps à
Paris, cl, dans l'année suivante, il retourna à
Londres où il fut nommé organislc de la cha-
pelle de Bavière, où se faisait le service reli-
gieux pour tous les allemands catholiques qui
se trouvaient à Londres. Une maladie ai^uc
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a
KELLNER - KELWAY
reniera, le 18 juillet 1850, à Tâge de quarante-
sept ans. Il laissait en manuscrit plusieurs
compositions au nombre desquelles était un
drame intitulé : Poland (la Pologne). On a pu-
1 lié à Londres une notice nécrologique sur cet
artiste, sous ce titre : Case of precocious
musical Talent, being a notice of the late
Ernest-August Kellner, maestro, Academico
Filarmonico di Bologna, Pianist to her
Majesty Maria- Louisa Arch-Duchess and
Duchess of Parma etc., etc. , late Maestro di
Capella to the Bavarian Embassady, Lon-
don, 1839, with some Phrenological Remarks
on his Head and Cha racler, by Richard Cull,
in-8°.
KELLNER (Gustave), pianiste et compo-
siteur, né, en 1809, à Weida, dans le grand-
duché de Saxe-Weimar, fut pendant quelques
années directeur de musique au théâtre de
Potsdam. En 1838, il s'établit à Weimar,
comme professeur de piano. Il est mort dans
sa ville natale, le 24 février 1840, avant
d'avoir accompli sa quarantième année. Cet
artiste a fait jouer à Potsdam deux petits
opéras dont les titres ne sont plus connus. On
a aussi de lui des sonates et fantaisies pour le
piano, des Lieder, et des chants à quatre voix
d'hommes.
KELLY (Michel), né, en 1764,. à Dublin,
où son père était marchand de vin, montra fort
jeune d'heureuses dispositions pour la mu-
sique, et reçut une éducation toute conforme à
ses goûts. Ayant à peine atteint sa onzième
année, il jouait déjà sur le piano les sonates
les plus difficiles de son temps. Rauzzini, qui
était alors fixé à Dublin, lui donna quelques
leçons de chant, et conseilla à son père de
l'envoyer à Naplcs. Il partit en effet pour cette
ville à l'âge de seize ans, avec des lettres de
recommandation pour l'ambassadeur anglais,
sir Hamillon, qui le fit entrer comme élève au
Conservatoire de Loreto. Il y reçut des leçons
de Fenaroli pour le chant et l'accompagne-
ment. Quelque temps après, il fit la connais-
sance d'Aprile, alors le meilleur maître de
chant de Naples; cet artiste célèbre, qui avait
alors un engagement pour Palerme, offrit à
Kelly de l'emmener avec lui, pour en faire
gratuitement son élève. Une pareille proposi-
tion ne pouvait qu'être acceptée avec recon-
naissance. Pendant toute* la durée de l'enga-
gement d'Aprile à Palerme, Kelly reçut ses
leçons, puis il alla débuter à Livourne et à
Florence, comme premier ténor. Les succès
qu'il y obtint le firent appeler à Venise et
dans les villes les plus importantes de l'Italie.
Il fut ensuite engagé à Vienne, où l'empe-
reur Joseph II l'accueillit avec bienveillance.
C'est pour lui que Mozart écrivit le rôle de
Basilio dans les Noces de Figaro. Ayant
obtenu un congé de l'empereur pour aller
voir son père, il partit avec la cantatrice
Slorace, et arriva à Londres dlns les pre-
miers jours de 1787. Au mois d'avril de la
même année, il débuta au théâtre de Drury-
Lane dans l'opéra anglais Lionel and Cla-
rissa ; depuis lors il fut attaché à ce théâtre,
comme premier ténor, jusqu'au moment où il
quitta la scène, à l'exception du temps où il
chanta dans l'Opéra italien à Haymarket.
Après avoir cessé de paraître sur la scène, il
remplit, pendant quelques années, les fonc-
lionn de directeur de musique, à Drury-Lanc,
puis dirigea l'Opéra italien jusqu'à sa mort,
arrivée à Margate, le 9 octobre 1826. Pendant
plusieurs années, il chanta dans les anciens
concerts du roi, à Westminster.
Kelly n'avait publié que des airs italiens,
des duos et des chansons anglaises, lors-
que en 1707, à l'âge de trente-trois ans, il
écrivit son premier opéra, à la manière des
compositeurs anglais, qui empruntent souvent
une partie de leurs productions dramatiques
à des partitions étrangères. Il montra dans
cette nouvelle carrière une grande fécondité, •
car, dans l'espace de vingt-deux ans, il a écrit
soixante ouvrages, dont on trouve les titres
dans le livre qui a pour titre : Musical Bio-
graphy, Londres, 1814, deux vol. in-8°, et
dans le Dictionary of Musicians, Lon-
dres, 1824, deux vol. in-8°. A l'exception de
quelques airs, rien de tout cela n'a été publié,
et toute la musique de Kelly est maintenant
plongée dans .l'oubli en Angleterre, où seule-
ment elle a été connue. Après la mort de cet
artiste, on a trouvé dans ses papiers des mé-
moires sur sa vie, et surtout sur l'Opéra italien
et l'Opéra anglais de Londres, qui ont été im-
primés sous ce titre : Réminiscences of the
King's Théâtre and Théâtre Royal Drury
Lane, including a period of nearly half a
century, with original anecdotes of many
distinguished persons, political, literary
and musical (Souvenirs du théâtres du Roi et
de celui de Drury-Lane, renfermant une pé-
riode de près d'un demi-siècle, avec des anec-
dotes originales sur beaucoup de personnes
distinguées dans la politique, la littérature et
la musique), Londres, Colburn, 1826, deux
volumes in-8°.
KELWAY (Joseph), organiste à l'église
Saint-Martin, de Londres, avait appris Fhar-
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KELWAY - KEMBLE
monie et la basse continue par les leçons île
Gemiuiani. Il vécul vers le milieu du dix-
laiilième siècle. Improvisateur assez original,
il eut quelquefois l'honneur de voir llœndel
venir l'écouter dans son église; mais lorsqu'il
écrivait, il était froid, sec et ne savait pas ar-
ranger ses idées. Il n'aurait vraisemblable-
ment rien publié, si Jean-Chrétien Bach
n'était allé en Angleterre avec le titre de
maître de musique de la reine, et n'avait fait
paraître, peu de temps après son arrivée, un
œuvre de sonates; Kelway, qui était maître de
musique du roi, crut qu'il était de son hon-
neur d'avoir aussi des sonates imprimées, et il
en donna un œuvre ; mais cette fantaisie de sa
vanité lui fut plus préjudiciable qu'utile» car
ses sonates ne valaient rien, et leur publica-
tion nuisit à sa réputation de bon organiste.
Comme claveciniste, Kelway brillait par la
netteté de son jeu et l'agilité de ses doigts
dans les pièces les plus difficiles de Scarlatli,
qu'il jouait ordinairement d'un mouvement
fort rapide.
KELZ (Mathieu), né à Bautzen, en Silésie,
au commencement du dix-septième siècle,
apprit la composition en Italie, et alla en
1626 à Stargard, pour y occuper le poste de
cantor. Dans la suite, il fut placé à Sorau en
la même qualité, et y resta jusqu'à sa mort,
dont l'époque est ignorée. Ce musicien est
connu comme compositeur et comme théori-
cien. Parmi ses écrits didactiques, Matheson
cite un Isagoge musicx, mais san$ indiquer
le lieu ni la date de l'édition (GrundL einer
£hrenp forte, p. 273). Ce livre était déjà de-
venu si rare du temps de Printz, qu'il n'avait
pu se le procurer qu'en le copiant de sa main.
Cet historien de la musique parle aussi d'un
traité De A r te componenti(!Iistor.Beschreib.
der edlen Musik, p. 137) qu'il possédait alors,
?t qui fut brûlé en 1684. J'ignore si cet ou-
vrage est le même que celui qui est annoncé
dans le catalogue de Francfort de 1GG8, sousce
titre : Ars Methodica et fundamentalis prse-
cepta et documenta tradens harmonica,
certa, exquisita, instrumenta musicalia,
cum primis ver$o chelim acutam, dextre,
ptrfecte, ingeniose suaviterque, etc., in-4".
Les œuvres de musique pratique composés par
Kelz sont : 1° Operetta nuova, oder evange-
ri se fie Sonntags-Sprùche, von Advent bis Pal-
marum, aufeine leichle,doch reine Ilalixn-
yillanellische voie auch Dialogen- Manier
von 3 Stimmen gesetzt ( Nouveaux petits
ouvrages, ou chants évangeliques pour tous
les dimanches, depuis l'Avcnl jusqu'au di-
manche des Rameaux, etc., h trois voix),
Leipsick, 1630. 2° Primitif Musicales, oder
Concentus novi harmonici, aus Sonaten,
Intraden, Mascarade n , Balctten, Aile-
tnanden , Gagliarden, Arien, Vollen, Sere-
naten, und Sarabanden fur 2 Fiolinen, Bàss
und Generalbass bestehend (Prémices musi-
cales, ou nouveaux concerts harmoniques, con-
sistant en sonates, entrées, mascarades, ballets,
allemandes, galiardes, voltes, sérénades et
sarabandes, pour deux violons, basse et basse
continue), Ulm, 1658, in-4°. 3° Excrcitaiio-
num Musicarum a violino et viola da gamba
semi-centuria, Augsbourg, 1669, in-folio.
KELZ (Jean -Frédéric), né à Berlin, le
1 1 avril 1786, s'est fait connaître, depuis 1815,
par un grand nombre de compositions faciles
de tout genre. Dans sa jeunesse, il fut envoyé
chez le musicien de ville Fuchs, pour ap-
prendre à jouer de tous les instruments ; mais
le violoncelle fut celui qu'il cultiva de préfé-
rence. En 1801, il se rendit àOEIs, en Silésie, et
entra au service du duc Frédéric-Auguste de
Brunswick-OEls, en qualité de violoncelliste.
Après la mort de ce seigneur, il retourna dans
sa ville natale, et fut admis, en 1811, dans la
mufique de la chambre du roi. Les biographes
allemands disent qu'il reçut alors des conseils
de Duport; mais c'est une erreur; car à cette
époque Duport n'était plus à Berlin. Kelz a
écrit des symphonies burlesques dans le genre
de celle de Haydn, pour deux violons, basse,
coucou, petite trompette et autres jouets d'en-
fants, Berlin, Schlesinger; quintette pour
deux violons, deux violes et basse, op. 102,
Berlin, Trautwein; introduction et fugue sur
le nom de Fesca, pour deux violons, alto et
basse, op. 108, ibid.; des solos, des caprices
et des variations pour violon, violoncelle ; un
quintette pour flûte, deux violons, alto et
basse, op. 70, ibid. ;des bagatelles pour divers
autres instruments ; des sonates pour piano ; des
psaumes, des chants pour voix d'homme, etc.
Tout cela est de peu de valeur. Un de ses
meilleurs ouvrages consiste en fugues pour des
instruments à cordes. Au reste, sa production
était trop rapide pour qu'il pût y mettre les
soins nécessaires, car ses ouvrages sont au
nombre d'environ trois cents.
KE91BLE (Adélaïde), marquise deCAZA
BAKGUILLER Y SARTORIO,cantalrice
dramatique et de concert, est née à Londres,
en 1814. Fille du célèbre comédien anglais
Charles Kemble, elle fut destinée au théâtre
dès son enfance, et reçut de son père cl d'un
bon maître de chant une éducation analogue à
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44
KEMBLE — REMPIS
cette carrière. En 1831, ayant à peine ac-
compli sa seizième année, elle débuta, dans
des arrangements d'opéras anglais, au théâtre
de Covent-Garden, dont son père était direc-
teur. Sa voix était belle, sa vocalisation facile
et sa beauté rappelait son origine ; car Charles
Kemble était un des plus beaux hommes de
l'Angleterre. Le succès de miss Kemble fut dé-
cidé tout d'abord. Engagée ensuite au théâtre
de Drury-Lane, elle y chanta pendant deux
ans, puis donna des concerts dans les villes de
province et partout se fit applaudir. En 1836,
elle fit un voyage en Allemagne, brilla à
Prague pendant deux saisons, et, deux après,
chanta dans quelques concerts à Paris. Arrivée
en Italie au commencement de 1839, elle
chanta, dans la même année, au théâtre de la
Scala de Milan, à la Fenice de Venise et à
Trieste. En 1840, elle fut engagée au théâtre
de Mantoue, puis elle se rendit à Naples, où
elle chanta avec succès pendant le carnaval de
1841. Rappelée en Angleterre pour y tenir
l'emploi de prima donna de l'opéra anglais,
au commencement de 1843, elle partit ensuite
pour Dublin. Ce fut là qu'elle inspira un amour
passionné à un gentilhomme espagnol de
grande maison, qui jouissait d'une fortune
trgs-considérable, et qu'elle devint marquise
de Caza Barguiller y Sartorio. Le dernier
concert où elle chanta fut donné à Dublin, le
1 1 juillet 1842 : depuis lors, elle a disparu du
monde musical.
KEMMLEIN (Georges-Miciiel) , né en
1785, à Dingsleben, entre Cobourg et Mei-
ningen, apprit les éléments de la musiqne,
sous la direction de son père, instituteur de
l'endroit et organiste habile. Dès l'âge de huit
ans, il pouvait déjà remplacer celui-ci à l'or-
gue de la paroisse. Dans sa treizième année,
il alla faire ses études au Gymnase de Schleu-
singen : Staep, cantor de cette ville, l'initia à
la théorie de la musique. En 1806, Kemmlein
alla étudier la théologie à l'Université de Jéna;
il y continua ses exercices de musique, et de-
>int un pianiste distingué. Après avoirélé pré-
cepteur pendant trois ans chez un riche ama-
teur de musique à Lodersleben, près de
Querfurlh, il est retourné à Jéna en 1812, en
qualité de canlor et de professeur de l'École
moyenne. Plusieurs sociétés de chant l'ont
choisi depuis lors pour les diriger. Quoique
Kemmlein ait beaucoup écrit de musique, on
n'a publié qu'un petit nombre de ses com-
positions religieuses, telles que cantates,
hymnes, etc. , dans les archives de Kalbitz
{voyez ce nom).
KEMPE (Emmanuel-Benjamin), auteur in-
connu d'une dissertation intitulée : Commen-
tât™ de saeri Muticœ prjefectis apud veteres
Hebrseos, Dresde, 1737, in-4°.
KEMPELEN (Wowcawg DE), conseiller
de la cour royale et impériale, et référendaire à
la chancellerie de la cour royale de Hongrie,
à Vienne, naquit à Presbourg, en 1729. On
lui doit l'invention d'une machine parlante
{Sprachmasckine) fort ingénieuse, dont il a
donné la description dans un écrit intitulé :
Mechanismus der tnenscklichen Sprache,
nebst der Beschreibung einer spreckenden
Maschine (Le mécanisme de la parole, suivi
de la description d'une machine parlante),
Vienne, 1701, grand in-8°, avec vingt -sept
planches. Chladni assure que cette machine est
fort simple et que chaque son y est exactement
rendo sans supercherie. M. de Kempelen est
mort à Vienne, dans le mois d'avril 1804.
KEMPIS (TiiomaS A>, ainsi nommé parce
qu'il était de Kempen, petite ville du duché
de Clèves (aujourd'hui Prusse rhénane), avait
pour nom de famille Hamerlein. Il naquit
vers 1380, fut sous-prieur du monastère do
Mont-Sainte-Agnès, au diocèse d'Ulrecht, où
il avait prononcé ses vœux, en 1407, et mourut,
en 1471, à l'âge de plus de quatre-vingt-dix
ans. La plus grande partie de l'existence de ce
pieux solitaire se passa, dans le calme du
cloître, à copier des manuscrits, parce qu'il
possédait un talent de calligraphie très-remar-
quable. On lui a attribué la composition du
livre célèbre de V Imitation de Jesus-Christ,
que d'autres ont considéré comme l'ouvrage
du savant Gerson. Les partisans d'A Kempis
ont pour argument principal en sa faveur
l'existence d'un manuscrit de sa main con-
tenant V Imitation^ lequel est daté de 1441,
et renferme beaucoup de ratures qui pré-
sentent des variétés de leçons. Ce manuscrit
est aujourd'hui dans la Bibliothèque royale de
Bruxelles. Ses adversaires lui opposent des
manuscrits plus anciens, lesquels contiennent
de meilleures leçons. Les uns reconnaissent de
nombreux gallicismes dans le latin de l'ou-
vrage original^ tandis que Mgr Malou, évéque
de Bruges et auteur d'une dissertation sur ce
sujet, voit des ftandricitmes dans le texte. Il
n'appartient pas à notre sujet d'entrer dans
celle discussion : Thomas à Kempis n'est cité
ici que pour des chants liturgiques que M. E. de
Coussemaker lui a attribués, et qu'il a publiés
dans le Messager des sciences historiques de
la Belgique (Gand, 1850). Le manuscrit de
la main de Kempis d'où il les a tirés, et qui
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REMPIS — KENN1S
45
renferme plusieurs ouvrages, appartient à la
Bibliothèque royale de Bruxelles, et s'y trouve
sous les numéros 4585, 4586 et 4587. 11 est
daté de Tannée 1461. Bien qu'à la dernière
page on lise : finit-us et $criptut per manus
fralris Thome Kempis, il ne paraît pas dé-
montré qu'il soit l'auteur de ces chants. Occupé
presque iucessament des copies de manuscrits,
u Thomas, dit M. De Gence, dans sa notice
« sur ce moi ne laborieux, copia aussi plusieurs
« livres de chant (cantuales) } qu'on a dési-
« gnés comme des cantiques dans la liste de
u ses ouvrages donnée d'après les chanoines
« réguliers de Robdorf. » Il se peut que les
chants publiés parffl.deCoussemakerne soient
aussi qu'une transcription. Quoi qu'il en soit,
la publication de ces fragments accompagnés
d'une notice a pour titre : Chants liturgiques
de Thomas à Kempis. Il en a été tiré quelques
exemplaires à part (Gand, 1856, in-8° de vingt
pages) , avec les fac-similé des trois chants,
d'après le manuscrit, en notation allemande
gothique des quatorzième et quinzième siècles,
et de leur traduction en notation de plain-
chant ordinaire.
KEMPTEU (Charles), compositeur de
musique d'église, né en Bavière, était, en 1842,
maître de chapelle d'une des églises d'Augs-
bourg. Je n'ai pas d'autres renseignements sur
cet artiste, que les biographes allemands les
plus récents ne mentionnent pas. Ses ouvrages
les plus connus sont ceux-ci : 1° Blesse alle-
mande polir soprano, contralto, ténor et basse;
avec orgue obligé, violoncelle et contrebasse,
op. 8, Augsbourg, Schmidt. 2» Blesse latine
(en ré) à quatre voix, orchestre et orgue,
op. 9, Augsbourg, Bœhm. 3° Messe solennelle
(en si bémol), à quatre voix, orchestre et orgue
op. 11, ibid. A° Miss a sancta pour soprano
et contralto, deux violons, alto, contrebasse
i\ orgue obligés, ténor, basse, flûte, deux
flarincltes, deux cors, deux trompettes et tim-
bales ad libitum, op. 15, ibid. 5° Seconde
Messe solennelle (en fa) à quatre voix et or-
chestre, op. 17, ibid. 0° Blesse pastorale à
quatre voix et orchestre, op 24, ibid. 7° Tan-
1um Ergoj Salve Regina, Graduel et Offer-
toire, à quatre voix, deux violons, alto, basse
et orgue obligés, flûte, deux clarinettes et deux
rors ad libitum, ibid. M. Rem p ter a publié
aussi quelques pièces pour le piano, à Offen-
bach, chez André.
RENDALL (Jea»), organiste de l'église
Sainte-Mary-lc-Bonc, à Londres, dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle, a publié,
en 1780, un livre de pièces d'orgue.
KENIV (P.), professeur de cor, né en
Allemagne, vers le milieu du dix-huitième
siècle, se rendit à Paris, en 1782, et entra
l'année suivante à l'Opéra, pour y jouer la
partie de second cor. Lorsque la musique de la
garde nationale de Paris fut organisée, en 1791,
Kenn y entra comme beaucoup d'autres artistes
distingués, et à ce litre, il fut compris dans le
nombre des professeurs du Conservatoire de
Paris, à l'époque où celte école fut instituée,*
mais une réforme considérable de ces profes-
seurs ayant été faite, en 1802, MM. Domnicli
et Frédéric Duvernoy furent seuls conservés
pour l'enseignement du cor, et Kenn reçut sa
démission. Vers la fin de 1808, il se retira de
l'orchestre de l'Opéra avec une pension, et i)
eut pour successeur son élève M. Dauprat. Kenn
a été un des meilleurs cors-basses qu'il y ait eu
eu France. Il a publié : 1° Duos mêlés d'airs
pour deux cors, op. 1, Paris, Sieber. 2° Recueil
de petits airs pour deux cors, op. 2, Paris.
Michel Ozy. 5° Recueil d'airs arrangés pour
trois cors, ibid. 4° Trçnte-six trios pour trois
cors en mi bémol, ibid. 5° Douze duos pour
clarinette et cor, op. 5, Paris, Sieber.
HENNIS (Guillaome-Gommaire), violoniste
distingué, compositeur et maître de chapelle,
naquit à Lierre (Belgique), vers 1720, ou même
plus tôt, car il existe à l'église Notre-Dame y
d'Anvers, un motet de sa composition poul-
ie dimanche des Rameaux, à quatre voix et
orgue, lequel est daté de 1743. On ignore le
nom du maître qui l'a dirigé dans ses études
musicales; il y a lieu de croire que ce fut quel-
que musicien obscur du lieu de sa naissance,
et que, prédestiné pour l'art, il ne dut qu'à
lui-même le développement de ses talents ;
car il ne paraît pas s'être éloigné de celle ville,
y ayant occupé fort jeune la place de maître de
chapelle de l'église de Saint-Gommaire. Vers
1768, il abandonna cette position pour celle de
maître de chapelle et des enfants de chœur
de la grande collégiale de Saint-Pierre, à
Louvain. Il en remplit les fonctions avec zèle
et talent jusqu'à ses derniers jours, et mourut
dans celte ville, le 10 mai 1789. Kennis était
considéré à jusle titre comme le violoniste le
plus habile de la Belgique, particulièrement
dans les traits difficiles pour le doigter de la
main gauche (1). L'impératrice Marie-Thérèse,
(1) L'historien de la musique Burney, qui visita Lou-
vain, en 1772, mais ne s'y arrêta que le temps nécessaire
pour y prendre des noies i la baie, dit cependant de
Kennis : « M. Kennis est le plus célèbre violoniste non-
« seulement de Louvain, mais de tout le pays. Les solos
« qu'il écrit pour son instrument, ainsi que son exé-
« culion, offrent des traits si difficiles, qu'aucun autre
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16
KENNIS — KEPLER
après Tavoir entendu, lui témoigna sa salis-
t faclion par le don d'un des plus beaux violons
connus de Steiner. Cet instrument avait été fait
par le célèbre luthier pour la famille impé-
riale. Il est vraisemblable que Kennis voyagea
et visita Paris et Londres, car la plupart de ses
ouvrages furent imprimés dans ces deux villes;
cependant, on ne trouve pas, soit dans les
journaux, soit dans les almanachs de musique,
l'indication de concerts spirituels où il se serait
fait entendre. Ses productions connues sont
celles-ci : 1° Six sonates pour violon seul et
basse continue (pour le clavecin), Liège, gr.
in -fol. (sans date). 2° Six trios, dont quatre
pour violon, violoncelle et basse, et deux pour
deux violoncelles et basse, Paris, Le Menu.
5° Six duos pour violon et violoncelle, Paris,
Cousineau. 4° Six sonates pour violon et basse
continue, Louvain, Wyberechts. $° Six qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, Lon-
dres, Mondhare. 6° Six duos pour deux vio-
lons, Londres, Bland. 7° Douze symphonies
pour l'orchestre. 8° Premier, deuxième et
troisième concertos pour violon et orchestre,
Paris, Bailleux. 9° Motet (Hxc dies quam fecit
Dominus), pour quatre voix et orchestre.
10° Le motet indiqué ci-dessus.
KENNIS ( Guillaume- J eau- Jacques), (Ils
du précédent, né à Louvain, le 21 mai 1768,
fat élève de son père et lui succéda en qualité
de maître de chapelle de l'ancienne collégiale
de Saint-Pierre. La clôture des églises, pen-
dant les troubles révolutionnaires, détermina
cet artiste à se fixer à Anvers et à s'y livrer à
l'enseignement; mais après le retour au culte,
par suite du concordat avec le gouvernement
français, Kennis fut appelé, eu 1803, à la place
de maître de chapelle de l'église Notre-Dame
de cette ville, et fut chargé d'en réorganiser la
musique. Il s'acquitta de cette mission avec
plus de zèle que de talent. Quoiqu'il n'ait rien
composé, il travaillait sans cesse à des arran-
gements (ou plutôt dérangements) des œuvres
des grands maîtres, auxquels il ajoutait ou
ôtait des instruments, selon les besoins de sa
« violoniste belge ne pourrait les rendre. Cependant,
« M. Sclieppcrs, carillonneur de la ville, piqué de la
« haute réputation de M. Kennis, a fait récemment la
» gageure de jouer sur ses cloches un des solos les plus
« difficiles de cet artiste, et de s'en acquitter à la saiis-
« faction des juges qui seraient désignés pour en décider.
« Non-seulement il gagna son pari, mais son succès
m augmenta beaucoup la réputation dont il jouissait'
« dans les Pays-Bas. » {Tht présent ttate of Mutic in
Germnny % the Netherlands, etc., 1. 1, p. 62). Burney s'est
trompé sur le nom du carillonneur qui fit ce tour de
force : il se nommait JUatihiai Va» den Gheyn (vojes
ce nom).
chapelle. Il passait à Anvers pour un savant
compositeur ; mais, au fond, c'était un musicien
médiocre. II est mort à Anvers, au mots
d'avril 1845. Sa collection de musique d'église
fut achetée, après son décès, par le conseil de
fabrique de l'église Notre-Dame.
KENT (Jacques), né à Winchester, le
15 mars 1700, fut admis comme enfant de
chœur à l'église cathédrale, et y apprit les élé-
ments de la musique, sous la direction de l'or-
ganiste Vaughau-Richardson ; puis il passa en
la même qualité dans la chapelle royale. Là, il
termina ses éludes par les leçons du docteur
Crofl. La première place qu'il occupa fut celle
d'organiste de l'église de Findon, dans le
Norlhamplonshire ; nommé ensuite organiste
de la chapelle du collège de la Trinité à Cam-
bridge, il y resta jusqu'en 1737; à cette
époque il obtint l'orgue de l'église cathédrale
et de la chapelle du collège à Winchester. Il
conserva celle position peudant quarante ans,
et mourut vers la fin de 177G. Admirateur du
talent et du style de son maître, le docteur
Crofl, il l'a souvent copié servilement dans sa
musique d'église-, mais il attachait si peu de
prix à ses propres ouvrages, que ses amis
n'obtinrent pas sans peine qu'il publiât, peu
de temps avant sa mort, un livre de douze an-
tiennes à quatre voix, en partition. Plus tard,
Corfe, organiste à Salisbury, publia un second
volume des œuvres de Kent, contenant des
services du matin et du soir, avec huit an-
tiennes à quatre voix. Quelques antiennes de
sa composition ont été insérées dans la collec-
tion de Boyce intitulée : Cathedral music, et
dans YHarmonia sacra de Page.
KEPLER (Jeaîi), illustre auteur de la
découverte des lois mathématiques du mouve-
ment des planètes qui a immortalisé son nom,
naquit le 27 décembre 1571, à Weil, dans le
duché de Wurtemberg, d'une famille noble
tombée dans l'indigence. Admis dans un cou-
vent pour y commencer ses études, il alla les
terminer àTubingc. En 1594, il fut appelé à
Grœlz pour y remplir la place de professeur de
mathématiques ; cette circonstance décida de
sa vie, car dès lors toutes ses vues se tournè-
rent vers* l'astronomie qui allait en quelque
sorte changer entre ses mains de direction et
d'objet. Ce n'est point ici le lieu d'examiner la
nature des travaux de ce grand homme, ni
l'influence qu'ils ont exercée sur la science :
il n'est question de toi dans ce dictionnaire
que pour un ouvrage dont il sera parlé tout à
l'heure. Kepler vécut dans l'indigence; pour
lui, ce n'était point un mal. Riche de ses
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KEPLER — KERL
17
sublimes découvertes, il n'éprouvait de besoin
que pour sa famille; mais les privations de
sa femme et de ses enfants déchiraient son
cœur. Ses écrits, lus seulement par un petit
nombre de savants qui n'en comprenaient
point alors la portée, ne produisaient rien
pour son bien-être. Sa fin fut aussi triste que
l'avait été sa vie. Il était allé à Ralisbonne
pour solliciter le payement d'une somme qui
lui était due; obligé de faire la route à cheval, il
arriva dans cette ville, malade, excédé de fa-
tigue et rongé d'inquiétude; six jours après
(le 15 novembre 1630), il expira dans un âge
pemavancé, laissant dans une profonde misère
sa femme et quatre enfants.
Les idées des pythagoriciens sur les rapports
des nombres et des proportions appliqués à la
constitution de l'univers paraissent avoir été
le point de départ de cet homme célèbre :
elles furent à la fois la source des vérités qu'il
découvrit et des erreurs où il se laissa entrai-
ner. Ce furent ces mêmes idées qui lui inspi-
rèrent le plan d'un livre dont le sujet avait été
déjà traité par Robert Fludd, mais avec toutes
les extravagances qui pouvaient naître dans le
cerveau d'un tel illuminé. Le titre complet de ce
livre célèbre est : Harmonices Mundi libri V 7
quorum primus geometricus, de figurarum
regularium, qu& proportiones harmonicas
constituunt, ortu et demonstrationibus ; se-
cundus architectonicus , seu ex geomelria
figurât a, de figurarum regulariumcongruen-
tia in piano vel in solido; tertius proprie
Harmonicus 7 de proportionum harmonica-
rum ortu ex figuris, deque natura et differen-
tiis rerum ad cantum pertinentium } contra
veteres; quarlus metaphysicus ,psychologicus
et astrologicus, de Harmoniarum mentali
essentia earumque generibus in rnundo; prx-_
sertim de harmonia radiorum } ex corporibus
cœlestibus in terram descendentibus, ejusque
cffectu in natura seu anima sublunari et
humana ; quintus astronomicns et metaphy-
sicus de Harmoniis absolutissimus motuum
cœlestium ortuque excentricitatum ex pro-
portionibus harmonicis, Linz, 1619, in -fol.
C'est dans le troisième chapitre du cinquième
livre de cet ouvrage célèbre que se trouve la
troisième loi fondamentale de l'astronomie
moderne découverte par Kepler, laquelle, dé-
montrée par Newton, lui a fourni la base de sa
théorie de l'attraction qui régit le monde
l'ien que les lois du mouvement des planètes
soient certainement sans analogie avec celles
•des relations des sons, c'est pourtant quelque
chose de grand et de sublime que celte idée
BIOGR. CIIIV. DES MUSICIENS. T. V.
d'une harmonie universelle démontrée; et la
singulière force de tête de Kepler me semble
se manifester encore au milieu de toutes ses
aberrations. Le troisième livre de son ouvrage
est spécialement consacré à la musique ; comme
chacun des autres livres, il forme à lui seul une
pagination particulière depuis la page 1 jus-
qu'à 103. Il est divisé en un prolongue et seize
chapitres qui contiennent des propositions
curieuses et plus utiles qu'on ne pense à la
formation d'une philosophie de la musique. Le
cinquième livre, destiné à établir l'analogie
des proportions harmoniques de la musique et
de celles de l'astronomie, est le plus singulier
de tout l'ouvrage, et renferme beaucoup de
passages relatifs à la musique, considérée
dans l'acception la plus étendue qu'on puisse
lui donner. L'analyse des idées de Kepler en-
traînerait hors des bornes de l'article qui lui
est ici consacré : elle trouvera sa place dans
mon Histoire de la philosophie de la musique,
complément nécessaire de la philosophie de
cet art. Dans un appendice de son livre, Kep-
ler attaque les traités de la musique univer-
selle qui forment une partie du Macrocosme
de Robert Fludd (voyez ce nom) : celui-ci
ayant répondu par son livre intitulé : Mono-
chordum Mundi Symphoniacum f Kepler
répliqua dans sa dissertation intitulée : Spor-
tula genethliacis missa, Sagan, 1610, in-fol.
On s'étonne de voir de savants hommes s'éga-
rer dans les rêves dont ces ouvrages sont rem-
plis.
KERL (J eau-Gaspard DE), grand orga-
niste et compositeur distingué, naquit u^ans la
Haute-Saxe, vers 1625. Il était fort jeune lors-
qu'il alla'à Vienne, où il commença l'étude de
la musique sous la direction du maître de cha-
pelle de la cour impériale Jean Valentini, et
fut ensuite envoyé par l'empereur Ferdi-
nand III à Rome, vers 1645, chez Cari ssi roi,
pour y perfectionner son talent. Les leçons de,
ce maître célèbre et les occasions fréquentes
qu'il eut d'entendre souvent des œuvres de
grande valeur formèrent son goût et dévelop-
pèrent les heureuses facultés de son organisa-
tion naturelle. De retour en Allemagne, il s'y fît
bientôt remarquer comme un des organistes
les plus habiles dé cette époque, ou plutôt
comme le seul rival qu'on pût alors opposer à
Froberger, qu'il avait dû connaître à Rome; il
y a même lieu de penser que, comme lui, il avait
reçu des leçons de Frescobaldi. Quoi qu'il en
soit, ce fut au couronnement de l'empereur
Léopold que de Kerl se lit connaître pour ce
qu'il était. Il avait appris que ce couronnement
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KERL
devait se faire à Francfort-sur-le-Mein, le 22
juillet 1658, et celte circonstance lui suggéra
le dessein de s'y rendre en secret. Arrivé dans
cette ville, il se lia d'amitié avec le vice-mattre
de chapelle de l'empereur, Jean-Henri Schmel-
zer, qui le présenta à son maître et parla de
son talent en termes remplis d'enthousiasme.
Non-seulement le monarque accdeillit l'artiste
avec bienveillance, mais il voulut lui donner
pour le lendemain un thème qu'il lui demanda
de traiter à quatre parties sur l'orgue. De Kerl
accepta avec joie la proposition de l'empereur;
mais il le pria de ne lui donner le thème qu'au
moment où il irait s'asseoir au clavier de
l'orgue. Le lendemain, l'empereur, les élec-
teurs et les autres princes qui assistaient au
couronnement se rendirent à l'église; De Kerl
commença par une fantaisie magnifique, suivie
du thème traité à deux parties seulement, mais
avec tant de ressources d'harmonie et de mo-
dulation, que l'auditoire fut saisi d'admira-
tion. Ce n'était pourtant que le prélude de ce
qu'il voulait faire entendre ; car, après un ada-
gio d'invention, il rentra dans le thème donné
et le traita à trois parties, puis à quatre, et
enfin à cinq, au moyen de la pédale, introdui-
sant sur le thème principal un contre-sujet
traité en contrepoint double, et changeant
plusieurs fois la mesure de deux à trois temps
et de trois à deux. Après avoir épuisé ces mer-
veilles de l'art, De Kerl fit exécuter une belle
messe de sa composition. Charmé de ce qu'il
venait d'entendre, l'empereur accorda immé-
diatement à l'artiste des lettres de noblesse ;
de leur côté, les électeurs palatin et de Bavière
lui offrirent la place de directeur de leur cha-
pelle : De Kerl préféra Munich à Manheim, et
alla y prendre possession de ses fonctions.
Les ouvrages qu'il écrivit pour la chapelle
de l'électeur de Bavière furent considérés alors
comme des productions achevées. La connais-
sance qu'il avait, d'ailleurs, du style italien le
rendait propre à écrire pour les concerts du
prince, où brillaient des artistes distingués de
l'Italie. Toutefois, l'antipathie que les chan-
teurs italiens de cette époque avaient pour les
compositeurs allemands se manifesta bientôt,
et De Kerl fut en butte à mille tracasseries qui
finirent par le fatiguer, et qui lui firent donner
sa démission de maître de chapelle, en 1675,
après plus de quinze ans de service. Mais avant
d'abandonner ses fonctions, il se vengea d'une
manière plaisante des mauvais tours des vir-
tuoses ultramontains, en écrivant un morceau
composé d'intonations si bizarres et si diffi-
ciles, qu'ils chantèrent horriblement faux en
l'exécutant et se couvrirent de ridicule. Le bon
accueil qui lui fut fait à Vienne le consola de
ses chagrins; en 1677, il obtint la place d'or-
ganiste de Saint-Élienne. Recherché aussi
comme maître de clavecin, il en donnait des
leçons qui le mirent dans l'aisance. Matlhcson
dit (Griindl. einer Ehrenpf., p. 137) que
l'époque de la mort de cet artiste n'est point
connue : d'après l'ancien Lexique des musi-
ciens de Gerber, il aurait cessé de vivre à
Vienne, vers 1600; mais dans son nouveau
dictionnaire, ce biographe avoue son erreur,
et nous apprend que le tombeau de De Kerl se
trouve a Munich, dans l'église* des Augustin*.
Il parait que la pierre tumulaire qui a fait
connaître ce fait à Gerber n'indique pas la
date du décès de l'artiste, car il n'en dit rien,
et se borne à rapporter une sorte de rébus mu-
sical qui est gravé à droite et à gauche de la
pierre, avec le mot sent qui semble indiquer
que De Kerl est mort dans un âge avancé.
Ce qui nous reste des compositions de ce
musicien justifie sa renommée , au moins
comme organiste. Ses pièces d'orgue, comme
celles de Froberger et de Buxtehude, forment
une époque de transition dans l'école alle-
mande, entre Samuel Scheidt et Jean-Sébastien
Bach. Son style a même plus d'analogie avec
celui de ce dernier que ceux des deux autres ;
il fait un plus fréquent usage des dissonances
et les résout presque toujours* d'une manière
neuve, inattendue, et dans un système de mo-
dulation qui était alors complètement nouveau.
Les productions connues de ce grand musicien
sont : 1° Un recueil de motels intitulé : Selec-
tus sacrarum Cantionum cum quatuor et
quinque vocibus concert, et basto gênerait ad
organum, Norimberg», 1660, in-4°. 2° Opus
primum Missarum 2, 3, 4, 5 vocum, Norim-
bergae, 1660, in- fol. 5° Modulatio orgam'ca
super Magnificat, octo tonis organicis re-
spondens, Monachi, 1686. Collection de pièces
d'orgue pour les préludes, versets et conclu-
sions du Magnificat, dans les huit tons, qui
sont du plus grand mérite. 4° Missx sex 4, 5
etQ vocibus cum instruments concertantibus
et vocibus in ripieno, adjuncta una pro de-
functis cum seq. Dies ira, consecrate Lco-
poldo I, imperatori, Monachii, 1680, in-4°.
Mattheson accorde de grands éloges à cet ou-
vrage. 5° Missa nigra, appelée ainsi, parce
qu'il ne s'y trouve pas une seule note blanche.
C'est une de ces recherches puériles qui
avaient pris naissance dès la fin du seizième
siècle, et qui se multiplièrent dans le dix-sep-
tième. Cette messe est restée en manuscrit.
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KERL — KERLE
19
€• Kyrie à quatre voix et orgue ; en manuscrit
chez Breilkopf, en 1770. 7° Kyrie à quatre
voix, deux violons, deux violes, deux haut-
bois, deux bassons et orgue ; en manuscrit,
ibid. 8° Missa, Kyrie cum Gloria, à cinq
voix; deux violons, deux violes et orgue, idem,
ibid. 0° Missa, Kyrie cum Gloria, à huit
voix en deux chœurs, deux violons, quatre
trombones et orgue, idem, ibid. 10° Messe à
cinq voix et orgue, idem, ibid. 41° Motet à
deux voix de soprano et basse continue, sous le
titre de Concert, et sur les paroles : O bone
Jesu , en manuscrit. 12° Trio pour deux vio-
lons et basse de viole, en manuscrit. 13° Des
toccates et suites pour le clavecin, en manu-
scrit. Le catalogue de Traeg, de Vienne, indique
un traité manuscrit du contrepoint, attribué à
De Kerl, sous ce titre : Compendiose relatione
von dem Contrapunct, trois parties.
KERLE (Jacques DE), né à Ypres, en
Flandre, dans la première partie du seizième
siècle, fut chanoine de Cambrai, et directeur
du chœur de cette église, puis maître de cha-
pelle de l'empereur Rodolphe II, ainsi que le
prouve la souscription d'une messe sur ut, ré,
mi, fa, sol, la, qui se trouve dans un volume
manuscrit (coté 84) des archives de la chapelle
pontificale, à Rome. Il paraît qu'il visita l'Ita-
lie dans sa jeunesse, et qu'il y séjourna envi-
ron dix ans, car ses premiers ouvrages ont été
imprimés à Venise, depuis 1562 jusqu'en
1571. Peut-être avait-il été attaché à la suite
de quelqu'un des prélats des Pays-Bas qui as-
sistèrent aux dernières sessions du concile de
Trente; il a du moins mis en musique des
prières pour l'heureux succès de ce concile.
Ses premières messes furent imprimées à Ve-
nise, en 1562; près de trente ans après, il
écrivait encore, car il dédia sa messe sur la
gamme au pape Grégoire XIV, qui ne fut élu
que le 5 décembre 1500. Ces circonstances ont
été ignorées des biographes qui ont parlé de
Jacques De Rerle. On connaît de ce musicien :
1° Sex Missae suavissimis modulationibtts
referas partira quatuor partim quinque vo-
cibus concinendœ, Veneliis, 1502, in-fol. Ce
titre est celui que porte réellement ce re-
cueil; je le transcris d'après mon exemplaire.
Walther, Gerber, ni les autres ne l'ont pas
connu, et le catalogue de la Bibliothèque mu-
sicale de Burney l'a défiguré (p. 11). Burney
dit (General Hist. of Music, t. III, p. 312)
que le style de cet ouvrage est sec et dépourvu
d'intérêt, quoique l'harmonie soit bonne et
que les réponses de fugues soient excellentes.
Ce jugement est dépourvu de sens; car si
l'harmonie des messes de Kerle est bonne, et
si les imitations sont excellentes (non les
fugues, la fugue véritable ayant pour base le
contrepoint double, qui n'était point encore
en usage en 1562), le style ne saurait être sec
et dépourvu d'intérêt, puisque l'intérêt du
style de ces sortes de compositions reposait
précisément sur ces conditions. Burney tombe
d'ailleurs en cette phrase dans une de ses mé-
prises ordinaires, lorsqu'il parle de la bonté
des réponses de fugues faites par Jacques
De Kerle; car ces réponses sont ce qu'elles
devaient être absolument au temps ou il écri-
vait, c'est-à-dire réelles : les réponses tonales
n'ont pris naissance qu'au commencement du
dix-septième siècle, avec la tonalité moderne.
Je ne m'étends sur ce sujet qu'a fin de faire
voir le danger des jugements portés par des
hommes dépourvus de connaissances techni-
ques suffisantes : Gerber, le Dictionary of
musicians, le Musical biography, et d'autres
ont copié le passage de Burney. Au reste, j'ai
acquis la preuve de la fausseté de l'opinion de
l'historien anglais de la musique, car j'ai mis
en partition les deux premières messes du
recueil de De Rerle, et j'en ai trouvé le style
excellent, eu égard au temps où il écrivait.
2° Preces spéciales pro salubri Concilii ge~
neralis successu, Veneliis, 1569, in -4°. Ce
doit être une deuxième édition^ car le concile
de Trente fut clos par acclamation le 4 dé-
cembre 156*3. 5° Madrigali a quattro voci,
lib. I, in Venezia, 1570, in- 4°. C'est ce recueil
qui est cité par Draudius, et d'après lui par
Walther et Gerber, sous le titre latin : Car-
mina italica musicis modulis ornât a. 4° Il
primo Ubro capitolo del Triumpho d'amore
del Petrarcha posto in tnusica a 5 voci, in
Venezia, 1570, in-4°. 5° II primo Ubro de
Motetti a cinque e seivoci, ibid., 1571, ln-4°.
II y a une édition de cet ouvrage qui a pour
titre : Selectse quœdam cantiones sacra: modis
musicis quinque et sex vocum, recens compo-
site per Jocobum de Kerle , Noribergœ in
ofllcina Theod. Gerlatzini , 1571 , in-4°. Il
est vraisemblable que eelte édition est origi-
nale, et que celle de Venise n'en a été que la
reproduction. 6° Moduli sacri quinque et sex
voc. cum cantione contra Turcas, Monachit,
1572, in-4°. 7° Motetti a 2, 4 e 5 voci, et Te
DeumLaudamus, a voci, ibid. 1573. 8° Sex
Missœ 4 et 5 voc, et TeDeum, ibid., 1576.
9° Cantio in honorem generosi ac nobilis
Dm. 3Ielch. Lincken voc, Norimbcrgœ,
1574, in-4°. 10° Mulets 5 et 6 voc, quibus
adjuncli sunt ecclesiastici hymni, Monachii,
2.
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20
KERLE — KtRPEN
1575, io-4*, 1 1° Sacrx cantiones,quas vulgo
Motela votant, quinque et sex vocum, quibus
adjuneti sunt eeelesiastici Hymni de Résur-
rection* et Aictnsione Domini, et de B. Maria
Firqine. Monachii per AdamumBerg, 1575,
in-4 # obi. Je crois que celle collection n'est
qu'une nouvelle édition de celle de Nurem-
berg, avec l'addition des hymnes des fêtes
de Pâques, de l'Ascension et de l'Assomption.
12* Quatuor Missx suavissimis modulation
nibus refertx, quorum una quatuor , relique
vero quinque vocibus concinendx. Àdjunclo
in fine Te Deum Laudamus. Anluerpie ex
oftlcina Cbristophori Planlini. 1585, in-fol.
max. Les archives de la chapelle pontificale, à
Rome, contiennent quelques messes manu-
scrites du même musicien, entre autres une sur
la gamme, dédiée au pape Grégoire XIV.
KERLE (Vitus), directeur du chœur à
Reisbach, bourg de la Bavière, près de Landau,
vers le milieu du dix-huitième siècle, a mis en
musique un drame spirituel intitulé : le Bon
Ismaël, qui a été exécuté chez les Jésuites de
Munich, en 1750.
KERLINO (Jeah), luthier du quinzième
siècle (1), le seuf connu de cette époque. Sui-
vant La Borde, il y eut en Bretagne, vers 1450,
un luthier nommé Kerlin, dont il avait vu un
violon construit en 1449. En 1804, c'est-à-
dire environ vjngt-cinq ans après l'époque où
La Borde écrivait, cet instrument s'est trouvé
en la possion de Kuliker, luthier à Paris; c'est
alors que l'auteur de cette notice l'a vu. Ce
n'était pas un violon, mais une viole dont le
manche avait été changé, et qui était montée
de quatre cordes, comme un violon. L'instru-
ment était plus bombé que ne le sont les violes
d'une époque postérieure, et ses voûtes étaienl
fort élevées. Ses extrémités inférieure et supé-
rieure n'étaient pas exactement arrondies, ei
les angles étaient tronqués et aplatis. Au lieu
de la queue ou cordier ordinaire, on y voyait
une attache en ivoire percée de quatre trous
pour fixer les cordes, ce qui semble indiquer
que cet instrument appartenait à l'espèce des
Geige à quatre cordes dont il est parlé dans le
livre de Martin Agricola (voyez Agiucola). La
qualité des sons était douce et sourde. L'instru-
ment portail intérieurement celte inscription :
Jo. Kerlino, ann. 1449. Ce nom, commen-
çant par Ja syllabe Ker, est probablement ce
qui a fait croire à La Borde que le lulhicr
(I) f.ilarlir le prend la place de Kerlin, de la première
édition i\o la ftiograpltie uniierselle lies musiciens, qui
lit «M- 1 fiii d'après de mauvais renseignements fournis
• l.a r.ofde.
nva
pir
était Breton, car on connaît en Bretagne nne
immense quantité de familles dont les noms
commencent de la même manière; mais des
renseignements certains, venus d'Italie, nous
apprennent qu'il y eut à Brescia, vers 1450,
un luthier nommé Jean Kerlino. Tout porte à
croire que l'instrument possédé par Koliker,
au commencement de ce siècle, avait été fait
par cet artiste, et que celui-ci fut le fondateur
de l'École de Brescia, l'une des plus anciennes
de l'Italie et l'une des plus distinguées. Il est à
remarquer que Kerlino, de même que tous les
luthiers de la première époque dont les noms et
les ouvrages sont connus, n'ont fabriqué que
des rebecs, des violes de toutes dimensions,
des lire d'arco et des lirones, à onze et douze
cordes.
KERN (JosEFn-SÉBAFBia), compositeur de
la chambre du prince évéque, à Passaw, est
connu par un œuvre de messes intitulé :
Alauda ad sacrificium sacerdotale cantans,
in seleclissimis III Mit sis quatuor voc.
2 violinis et viola ad primam missam,
2 clarinit et tympano cum organo continuo,
stylo ecclesiastico ad régulas exquisitissimas
deductis, op. 2, Burghusianse, 1747, in-fol.
KERN (Auguste), professeur de piano à
Ilambourg, s'est fait connaître, depuis 1840,
par des danses pour cet instrument et par plu-
sieurs recueils de Lieder. Depuis 1843, cet
artiste s'est fixé à Hanovre.
KERPEN (Frédéric-Hugues, baron DE),
capitulaire de l'église cathédrale de Wllrz-
bourg, et protecteur du concert des amateurs
de cette ville, où il jouait lui-même du violou-
cclle, parait avoir quitté Wllrzbourg postérieu-
rement à 178G, pour aller s'établir à Mayence,
puis à Heilbronn, où il vivait encore en 1800.
II a composé la musique des opéras dont voici
les litres : \°Le Naufrage, à Wllrzbourg, en
1786. 2° L'Enigme, petit opéra en deux actes,
Mayence, 1791. 5° Céphale et Procris, mélo-
drame, ibid., 1792. 4° Adèle de Ponthieu,
opéra en trois actes, ibid., 1798. Il a aussi pu-
blié pour le piano : 5° Trois trios avec violon et
violoncelle, op. l,Manheim, 1785. G L'Adieu,
ode avec accompagnement de piano, Mayence,
1785. 7° Sonate pour piano, publiée dans
l'École du piano, de Vogler. 8° Sonate à quatre
mains, op. 4, Mayence. 9° Six arielles à trois
voix, avec accompagnement de piano, ibid.
10° Six chansons allemandes, ibid., 1797.
11° Six chansons de Mathison, Heilbronn,
1798. 12° Sept variations pour le piano sur
l'air allemand : TFir kammen von der Kùstc,
Heilbronn. 13° Six grandes sonates pour piano,
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KERPEN — KESSLER
SI
avec violon, op. 8, t°6i°<f., 1799. 14° Concerto
pour piano, avec orchestre, op. 9, ibid., 1800.
Aucun renseignemenl postérieur n'a été pu-
blié concernant cet amateur distingué.
KERZEL (Michel), musicien né en Bo-
hême, vivait à Vienne vers la fin du dix -hui-
tième siècle. En 1787, il se trouvait à Moscou.
On a gravé de sa composition : 1° Six quatuors
pour deux violons concertants, alto et basse,
Vienne, 1783. 2° Six duos pour deux violons,
ibid. 3° L'Enchanteur de village, petit opéra
russe, partition réduite pour le piano, 1790.
4° Six trios pour deux violons et basse, op. 1,
Berlin, Hummel.
KESEMIEIMER (Sophie), cantatrice al-
lemande dont la carrière a commencé sons
d'heureux auspices. Née le 14 mars 1836, à
Friedrichshofen, dans le royaume de Wurtem-
berg, elle a reçu son éducation musicale de
Lindpaintner, qui la destinait au Théâtre de
Stuttgard. Plus tard, elle alla continuer ses
études de chant chez Lenz, à Munich et reçut
des leçons de Madame Constance Dahn, pour
la déclamation et l'action dramatique. Ses pre-
miers essais eurent lieu en 1857 à Munich et à
Stettin, comme prima donna, dans les rôles de
Valentine (des Huguenots), de Romeo (de Bel -
lini), et de Fidelio. Les avantages dont elle
est douée sont, dit-on, une belle voix pleine et
sonore de metzo soprano, dont retendue est
de deux octaves, une vocalisation facile, un beau
trille, un sentiment dramatique plein de feu,
une taille élégante, et une figure aussi belle
qu'expressive. S'il n'y a pas d'exagération dans
ces éloges, mademoiselle Kesenheimer est des-
tinée à de beaux et grands succès.
KESLER (Weudelir), musicien allemand
du seizième siècle, né à Kannewurff, dans la
Thuringe, a publié une collection de motels
pour l'Aven t, intitulée : Seleclx aliquot et
omnibus fere musicalium instrumentorum
gênerions accomodatissime cantiones super
Evangelia quœ diebus Dominicis et prxci-
puis sanctorum Festis ab Jdventu ad Resur-
rectionem usque Christi soient trac tari, mu-
sices harmonicis exornatx atque vocibus
quinque diversis jamprimum in lu ce m
editx, Wttteberg», per Zachariam Lehman,
1582.
KESSEL (jEAH-CnRÉTiEa-BeiiTJUH), can-
tor à Eisleben, né a Lengelfcld vers 1700, Fit
ses éludes à Leipsick et fut d'abord employé,
eu 1794, comme eanlor suppléant a Franken-
hausen ; puis il se rendit en 1799 à Eisleben, où
on lui confia les places d'instituteur primaire
et de directeur du chœur. Il est mort en ce lieu
le 19 juin 1823. Ce musicien s'est fait con-
naître par un livre qui a pour titre : Unter~
richt im Generalbasse zum Gebrauche fiir
Lehrer und Lernende (Instruction sur la basse
continue, à l'usage des maîtres et des élèves),
Leipsick, 1790, in-8°. Un supplément fut pu-
blié dans la même année et dans la même ville.
II a été refondu dans une deuxième édition
qui a paru en 1791. On connaît aussi le
soixante-cinquième psaume à plusieurs voix
composé par Kessel.
KESSELRING (Jear-Ardbe), cantor à
Ringlebën, en Thuringe, vécut vers le milieu
du dix-huitième siècle. Il a écrit, pour les
Kirchenandachten de Neumeister, une pré-
face intitulée : Ob Golt die Kirchenmusik
durck die Propheten befohlen habe (Si Dieu
a ordonné l'usage de la musique par ses pro-
phètes)? Il se prononce pour l'affirmative. Un
anonyme, qui signait Z. R., ayant cherché à
réfuter son opinion, Kesselring répondit par
un pamphlet intitulé : Zwinglius Redivivus,
oder ungegrundete Censur eines der Gottes-
gelahrtheit Beflissenen iiber die, die Hoheit
und den wahren Gebrauchder Musik abhan-
delnde f'orrede, etc. (Zwingle Ressuscité, ou
critique non fondée d'une doctrine théologique
sur cette question. Si Dieu a ordonné l'usage
delà musique par ses prophètes, etc.), Erfurt,
1744, in-8° de quarante pages. Par ce titre,
Kesselring faisait allusion et aux initiales de
l'anonyme, et aux opinions de Zwingle contre
l'usage de la musique dans le service divin.
KESSLER (Jeas), étudiant en théologie,
puis cantor à ZiegenrUck (petite ville de la
Thuringe) pendant le dix-septième siècle, a
publié un recueil de chants avec accompagne-
ment et ritournelles pour deux violons et
basse continue, sous le titre de Musikalischer
JFilkommen (Bienvenue musicale) Jéna, 1668,
in-folio.
KESSLER (Frédéric-Gottlob), médecin
à Altenbourg dans la première moitié du dix-
huitième siècle, a soutenu, à l'université de
Halle, une thèse concernant l'effet du son sur
le corps humain ; elle a été imprimée sous ce
titre : Dissertatio inauguralis medica : de
tono partium corporis humant , quam in
Aima Fridericianasub prœsidio dr. Joannis
Henrici Schulzii, pro gradu docloris, pu-
bliée submittit auctor, Halle, 1737, in-4 u de
trente -huit pages.
KESSLER (Jeak-Guillauhe), organiste et
maître d'écriture à lleilbronn, vers la fin du
dix-huitième siècle, vivait encore dans celle
ville en 1810, et y publia alors la deuxième
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33
KESSLER
édition d'an traité de l'écriture qu'il y avait
fait paraître en 1787. Après avoir pris part à
la Correspondance musicale de Bossler, en
1790, il se fit connaître comme compositeur
par les ouvrages suivants : IFiïrlembergische
vierttimmiges Choralbuch (Livre choral du
Wurtemberg à quatre voix), Stuttgard, 1705,
in-4°. 2° Divertissements sociaux, ou six
anglaises pour le clavecin, avec leur choré-
graphie, Darmstadt, 1790.
KESSLER (François -Auguste), né en
1783 à Bcrchtolsgaden, en Bavière, a fait ses
études musicales à Munich, et a eu pour maître
de flûte Guillaume Legrand, musicien de la
cour. En 1802, il a été placé comme flûtiste
dans la chapelle royale. II a publié : 1° Six
duos pour deux flûtes, Munich. 2° Douze pe-
tites pièces pour deux flûtes, Munich, Faller.
Kesslcr est mort à Munich, en 1849.
KESSLER (Ferdinand), compositeur et
professeur de piano, fils d'un contrebassite de
l'orchestre de Francforl-sur-le-Mein , naquit
dans cette ville au mois de janvier 1793. Après
avoir appris les éléments de la musique et du
piano chez un maître obscur, il reçut des leçons
d'Aloys Schmilt (voyez ce nom), qui n'était son
aîné que de six ans. Au mois de mars 1812,
Kcssler joua pour la première fois en public
dans un concert donné par son père et Schmilt;
il y exécuta le huitième concerto de Mozart
(en ré mineur). Vers le même temps, André,
d'Offcnhach , lui enseigna l'harmonie et la
composition. Fixé dans sa ville natale, Kessler
s'y est fait la réputation d'un bon maître de
piano, et y a publié des compositions pour son
instrument. Il a écrit un grand opéra en trois
actes, intitulé : Cécile, qui n'a pu être repré-
senté, a cause des défauts trop considérables
du livret. Il a composé aussi des symphonies
et des quatuors pour instruments à cordes qui
sont restés en manuscrit. Son livre intitulé :
System zum Selbslunterricht in der Harmonie
(Système pour s'instruire soi même dans l'har-
monie), était sous presse lorsqu'il mourut à
Francfort, le 28 octobre 1850. L'ouvrage parut
dans la même année, un vol. in-8°. Parmi les
productions connues de cet artiste, on remar-
que : 1° Trois sonates pour piano seul , op. 9,
Mayencc, Schott. 2° Trois idem, op. 10, ibid.
3° Quatre rondeaux faciles et progressifs pour
le même instrument, op. 11, Francfort, Dunst.
4° Trois thèmes de l'opéra de FreischiilZy va-
riés pour piano, Bonn, Simrock. Gassner a
attribué à Ferdinand Kessler, dans le supplé-
ment au Lexique de Schilling, ainsi que dans
son Universel Lexikon der Tonkunst, l'écrit
intitulé : Der musikalische Gottesdienst , etc.;
mais c'est une erreur (voyez l'article suivant).
KESSLER (Frédéric), prédicateur à Wer-
dohl , village des États prussiens , dans la
Weslphalie, et surintendant du diocèse de Lu-
ctenscheid, nommé en 1819, a publié les ou-
vrages suivants : 1° Der musikalische Gottes-
dienst. Ein voort fur Aile dienen die
Befœrderung des Cultus am Herzen liegt ;
insonderheit fur Organislen und Prcdiger.
Ncbst einer Vorrede von Dr. Cari Immanuel
Nitzsch, Professor der Théologie zu Bonn
(la Liturgie musicale. Un mot pour tous, etc. ;
particulièrement pour les organistes et les
prédicateurs. Avec une préface du docteur
Charles-Emmanuel Nitzsch , etc) , Iserlonn,
1859, in -8° de deux ceul huit pages. M. Charles-
Ferdinand Becker dit que cet ouvrage n'est
qu'une compilation, tirée en grande partie de
son ouvrage intitulé : Rathgeber fiir Orga-
nislen (Avis aux organistes). 2° Kurze und
fassliche Andeutungen einiger Mxngcl des
Kirchen-Gesanges, Ein Neujahrs Biichlein
fiir Jung und Alt (Courtes et faciles indica-
tions de quelques défauts du chant de l'église.
Petit livre d'étrennes pour jeunes et vieux),
Iserlohn, 1832, in-8° de trente-deux pages.
Partisan de l'enseignement de la musique parla
notation en chiffres que Natorp avait introduit
dans les écoles primaires, Kessler fit de grands
efforts pour le propager, et publia avec l'in-
venteur de cette méthode un livre choral (67io-
ralbuch) } noté en chiffres et arrangé à quatre
voix par Rink, dont la première édition parut
en 1839, à£ssen,chez Bsedcker, et là deuxième
en 1850. On a encore de Kessler un écrit inti-
tulé : Der Gesangbuch vonseincn musikalis-
che n Zeit betrachtet (le Livre de chant consi-
déré au point de vue musical), Elbcrfcld, 1838,
in 8°.
KESSLER (Eiusme), fils d'un musicien de
l'orchestre du théâtre Sur-la- Tienne, dans
la capitale de l'Autriche, naquit dans celte
ville en 1808. A l'âge de quatorze ans, son
éducation musicale était assez avancée pour
qu'il écrivit une ouverture qui fut exécutée
aux représentations du mélodrame intitulé :
der Goldene Se hlii s sel (la Clef d'or), en 1822.
Deux ans après, une autre ouverture de sa
composition fut jouée avec succès dans un con-
cert à Vienne, et dans le même temps il écrivit
toute la musique composée de chants , de
chœurs et de danses, pour le drame Clotilde
die Sprachlose (Clotilde la muette), dont il di-
rigea toutes les représentations comme chef
d'orchestre. En 1826, il fit aussi représenter
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KESSLER — KETTE
23
Saurina, drame musical pris dans un sujet de
Bohémiens ou Zinganes, et, enfin , il donna au
même théâtre, en 1828, der Stock im Eisen
(le Bâton de fer), drame romantique, avec une
ouverture et des chœurs. Kessler avait alors
vingt ans ; depuis cette époque, son nom a
disparu de l'activité musicale.
KESSLER (J.-C.),pianisleelcompositeur,
est né vers 1800, à Leitmeritz, en Bohême, et
non à Varsovie, comme il est dit dans la Ga-
zette générale de musique de Leipsick (33 e an-
née, p. 597); mais il vécut quelque temps
dans la capitale de la Pologne. En 1827, il
était à Vienne, oh il publia quelques com-
positions pour le piano, parmi lesquelles on
remarque un recueil de vingt-quatre études
vians tous les tons, œuvre 20 e , dont le grand
mérite lui assure une place honorable parmi
les artistes les plus dint ingués. M. Kessler,
ayant pris la résolution de continuer ses
voyages, s'éloigna de Vienne et s'arrêta à
Breslau, en 1831. Il y donna des concerts
dans lesquels il fil admirer son (aient d'exé-
cution et plusieurs de ses ouvrages. Dans l'an-
née 1832, il y fut atteint du choléra; mais
sa bonne constitution le fit échapper aux ra-
vages de cette terrible maladie. Au mois de
janvier 1835, M. Kessler fut appelé à Lem-
herg ; il s'y trouvait encore en 1849 et y jouis-
sait de beaucoup d'estime comme virtuose,
compositeur et professeur pour son instrument.
Les ouvrages les plus connus de cet artiste
sont : 1° Introduction et andante pour le
■piano, op. 6 ; Vienne, Artaria. 2° Trois scherzi
idem, op. 7 ; ibid. 3° Marche de l'opéra Al-
fred, variée, op. 10. 4° Éludes pour le piano,
en quatre suites, op. 20, Vienne, Haslinger.
Kichault, de Paris, a donné une édition nou-
velle de cet ouvrage, sous le titre de : Vingt-
quatre études pour le piano dans tous les
tons. 5* Fantaisie pour piano seul, op. 23,
Vienne, Diabelli. 0° Impromptus, idem, op. 24,
ibid. 7° Six bagatelles idem, op. 27, Breslau,
AVcinhold. 8° Trois nocturnes idem, op. 28,
Hambourg, Cranz. 9° Trois bagatelles idem,
op. 29, Breslau, Grusser. 10° Trois bagatelles
ff/e?ii ? op. 30, ibid. 11° Vingt-quatre préludes,
«M». 31, ibid. 12° Variations sur un thème des
i'urilani, op. 32, Vienne, Haslinger. 13°Trois
pensées fugitives, op. 38, Leitmeritz, Pobtig.
14" Romance et étude de concert, op. 39, ibid.
Des valses et mazourkes. Plusieurs recueils de
ehants ponr voix seule et piano, op. 22, 35,
ô4, 41, ibid. Les recueils d'études de Kessler
sont remarquable j par l'originalité de la forme
autant que par l'élégance de la pensée; elles
ont d'ailleurs le mérite de justifier leur titre,
car la plupart sont des études véritables, où
les difficultés ne sont pas épargnées. Quelques
journaux ont attribué à tort ces études a Fer-
dinand Kessler de Francfort (voyez ce nom).
KESSLER ( Joseph-IIenri-Fbbdimano ) ,
cantor de l'église Sainte-Elisabeth, à Breslau,
est né le 4 décembre 1808, à Tost, en Silésie.
Le directeur de musique Siegert lui enseigna
Us éléments de l'art et le chant, et il reçut des
leçons de piano, d'orgue et de violon du pro-
fesseur Juste Kessler. D'abord employé comme
enfadt de chœur, puis comme choriste à
l'église Saint-Bernardin, il acheva ses études
musicales sous la direction de l'organiste Freu-
denberg, qui lui enseigna l'harmonie et la
composition. En 1852, il fut nommé choriste
de l'église Sainte-Elisabeth, et, en \%44 y signa-
tor (?) de la même église. On connaît de Kess-
ler : 1° Le 100 me psaume pour chœur et or-
chestre. 2° Une cantate pour un chœur
d'hommes avec quatre cors. 5 e Trois cantates
pour chœur de voix différentes avec orchestre.
4° Des chants pour quatre voix d'hommes.
5 e Des Lieder et des mélodies à voix seule avec
accompagnement de piano.
KETSCHAU (Auguste), né dans la Tau-
rin ge, vers 1805, fut organiste et professeur de
piano à Erfurt, depuis 1829 jusque vers 1845.
Après celle époque, son nom disparaît du
monde musical actif. Gel artiste brillait parti-
culièrement par le talent de bien diriger les
orchestres et les grandes masses chorales. Ce
fut lui qui dirigea toutes les grandes fêtes mu-
sicales d'Erfurt, de Weimar, et d'autres villes
environnantes, depuis 1835 jusqu'en 1842. En
1841, il fit exécuter, dans une de ces solen-
nités, un hymne de fête de sa composition pour
voix seule, chœur et orchestre ; cet ouvrage
-fut fort applaudi. On n'a publié de lui que des
Lieder et chants à voix seule avec accompa-
gnement de piano, op. 1 et 2, Erfurt, Wilh.
Meyer.
KETTE. (Albert), organiste de la cour et
de la cathédrale de Wurzbourg, naquit dans
les environs de Schwarzenberg, en 1720. Son
père, qui était maître d'école et organiste du
lieu, lui enseigna les éléments de la musique
et du clavecin. Ses progrès furent si rapides,
qu'ayant perdu son père â l'âge de onze ans, il
put le remplacer à l'orgue. Plus tard, il alla à
Wurzbourg pour y faire ses études : y ayant
rencontré Bayer, très-bon organiste, il allait
l'entendre tous les jours, et même il recevait
de ses leçons. A la mort de ce maître, en
1749, il fut jugé capable de lui succéder. Il
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S4
KETTE — KETTENUS
mourut à l'âge de quarante el un ans, en 17G7.
Cet artiste brillait principalement sur l'orgue
dans l'improvisation el l'exécution de la fugue.
Il a beaucoup écrit pour l'église et pour son
instrument, mais toute sa musique est restée
en manuscrit . On cite particulièrement les mor-
ceaux suivants qui se trouvaient autrefois chez
Traeg, à Vienne : 1° Concerto pour l'orgue,
avec accompagnement de deux violons, deux
violoncelles, deux cors, deux trompettes et
timbales. 2° Concerto pour clavecin, deux vio-
lons, viole, basse, deux trompettes et timbales.
5 a Vingt-six cadences pour l'orgue. 4° Six pré-
ludes pour l'orgue, dont trois grands et trois
petits.
KETTENUS (Alovs), violoniste et compo
•iteur belge, né à Verviers, le 22 février 1823,
commença dès ses premières années l'étude
de la musique, pour laquelle il avait d'heu-
reuses dispositions. Un frère de son père lui
donna les premières leçons de violon. Agé seu-
lement de huit ans et demi, il joua l'air varié
de Rode (en sol) dans un concert de la Société
d'harmonie de sa ville natale. Peu de temps
après, il fut admis au Conservatoire de Liège,
où il devint élève d'un professeur nommé
M. Wanson; mais sa santé délicate l'obligea
de retourner chez ses parents après une année
d'étude. Rentré au Conservatoire quelque temps
après, il fut de nouveau obligé d'en sortir par
la même cause à l'âge de douze ans et demi,
et retiré dans sa famille, il n'eut plus d'autre
guide que lui-même, saisissant toutes les occa-
sions où il pouvait entendre les meilleurs ar-
tistes, qui devenaient ses modèles. En 1841,
M. Kettenus se rendit à Aix-la-Chapelle et y
obtint la place de premier violon du théâtre,
après une épreuve de son talent comme soliste
et comme lecteur à première vue ; cependant
il abandonna bientôt cette position, qui ne lui
laissait pas assez de temps pour se livrer au
travail et à l'enseignement. Ce fut dans la
même ville qu'il apprit d'un ancien élève du
Conservatoire de Prague les éléments de l'har-
monie. Après s'être fait entendre avec succès
dans des concerts donnés à Francfort, Mayencc,
Darmsladt et Carlsruhe, il reçut, à l'âge de
vingt-deux ans, sa nomination a la place de
maître de concert et de violon solo du théâtre
et de la cour à Mannheim. Il l'occupa pendant
plusieurs années, el pendant ce temps il fit un
cours complet de composition, sous la direction
de V. Lachner. Ce fut aussi à Mannheim que
M. Kettenus écrivit ses premiers ouvrages,
entre lesquels on remarque un Rondo sicilien ,
pour violon, dédié au prince régent de Rade,
et des Lieder, dont un recueil de six est dédié
au grand -duc de Hesse-Darmsladl ; à la même
époque il écrivit aussi un concertino pour
hautbois et une fantaisie pour clarinette.
. Cependant le besoin d'une existence plus
active que la vie uniforme et monotone de
Mannheim tourmentait le jeune artiste ; il com-
prenait qu'il ne pouvait trouver cette activité
que dans un grand centre de population, tel
que Londres ou Paris ; il se décida pour la pre-
mière de ces villes, et sa résolution lui fit refu-
ser la place de maître de concert à la cour du
roi de Wurtemberg, laissée vacante par le dé-
part de Molique pour Londres, et, en 1855, il
s'éloigna de Mannheim, chargé d'une lettre de
recommandation de la grande-duchesse Sté-
phanie de Rade pour la duchesse Hamillon,
sa nièce. Arrivé à Londres, au mois de no-
vembre de cette année, M. Kettenus fut immé-
diatement engagé pour jouer dans les concerts
de Julien les solos de violon, trois fois chaque
semaine, alternativement avec Ernst. Les jour-
naux de cette capitale, particulièrement la
Presse de Londres, ont rendu le compte le
plus avantageux de l'effet produit par lui sur
le public nombreux de ces concerts populaires»
Appelé dans l'hiver de 1856-1857 à Dublin,
pour y diriger les représentations d'un opéra
de Wallacc (Maritana), données par la haute
aristocratie au profit de l'école de musique
de Dublin, M. Kettenus fit, dans cette occasion,
preuve de talent dans l'art de diriger un or-
chestre. Pendant la même saison, il joua avec
succès, dans les concerts de la Société philhar-
monique de Dublin et devant le vice-roi, deux
fantaisies de sa composition, avec orchestre.
Deux ans après, il fut rappelé par la même
société, pour exécuter le concerto de Reclhoven.
Pendant l'hiver de 1857 à 1858, il fut engagé
au théâtre de la reine, à Londres, en qualité
de premier violon d'attaque, pour une série de
concerts donnée par Julien. A cette même
époque, M. Kettenus a composé un grand con-
certo de violon non encore publié, un coricer-
tino pour quatre violons et orchestre exécuté à
Londres avec succès dans plusieurs concerts,
notamment par l'auteur, Henri Wieniawsky,
le violoniste hongrois Remengi et Ries. -Plu-
sieurs autres compositions ont été publiées de-
puis lors par M. Kettenus, entre autres, un
duo pour piano et violon, Londres; Addison;
un duo pour soprano et ténor, ibid. ; deutf mé-
lodies anglaises (Christ mas eve et The Luke).
Londres, Wcsscls ; le Meunier de Sans-souci,
romance française; Londres, Scholt; Paris,
Lcinoinc, etc. Dans les dernières années, cet
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KETTENUS - KHALEDOUNE
£5
artiste distingué s'est fait entendre, et toujours
avec succès, aux concerts de la Société phil-
harmonique, du Palais de Cristal, et dans
les salons de la marquise de Devonshire. Un
grand opéra de sa composition (Stella) a été
représenté au théâtre royal de Bruxelles, au
mois de février 1862. On y a remarqué de
bonnes choses dans la musique ; mais la nul-
lité d'intérêt dans le livret a nui au succès de
l'ouvrage.
KEYHLEBER (Jbam-Geobges), profes-
seur de phijosophie et amateur de musique,
né dans le Wurtemberg, vivait vers la An du
dix-septième siècle. Il avait un goût passionné
pour les canons, et toute la musique lui sem-
blait renfermée dans les pièces de ce genre ;
idée bizarre pour le temps où il vivait, mais
qui avait eu longtemps ses partisans dans les
quinzième et seizième siècles. Les pièces de sa
composition, citées par les biographes alle-
mands, sont une preuve de sa passion pour
cette espèce de musique ; elles ont pour litre :
1° Aggratulatio musico-poetica, en six dis-
tiques latins, avec un canon perpétuel de seize
dessus et de seize violons à plusieurs sujets,
pour l'anniversaire de naissance de l'empe-
reur Joseph I«», roi des Romains, le 1 er mars
1691. D'après la description qu'on en donne,
ce canon pouvait être exécuté à deux cent cin-
quante-six voix et autant d'instruments, c'est-
à-dire, à cinq cent douze parties. 2° Le chris-
tianisme bien conçu et brièvement exprimé
par les deux mots : Ora et labora, avec quel-
ques images allégoriques, gravé sur cuivre en
une planche in-folio. On y trouve un canon à
deux altos (chantants), deux ténors et quatre
basses de viole, susceptible de trois systèmes
de résolution. Ce canon est établi sur ces pa-
roles :
Dm Adam hmekt und Eva êjninn,
W$r v*r damai» ein Edelmann ?
(Lorsque Adam coupait du bois, et qu'Eve fi-
lait, qui était alors gentilhomme?) De plus, en
quatre systèmes de résolution, une ariette à
huit voix, dont quatre marchent par mouve-
ment direct, et quatre par mouvement rétro-
grade, sur ces paroles :
Grtif an daê Werk und $ey uicht faul ;
Kein g'bratns Taub flegt dir ins Maul.
(Mets la main à l'œuvre et ne sois point pares-
seux j les pigeons ne viennent pas rôtis dans
la bouche.)
KEYSEIl (Reikhard). F oyez Keiser.
KUAILL ou H AIL (Joseph), né à Gras-
litz, en Bohême, fut admis comme élève au
Conservaloire.de Prague, en 1811, et y rcrut
des leçons de Wenceslas Zaluschau pour le cor
et de François Weiss pour la trompette. Il est
connu dans son pays comme inventeur d'un
cor chromatique à clefs; cet instrument est
maintenant oublié, et il n'y a plus d'autre coi-
chromatique que le cor à pistons.
KHALEDOUN (Ibji ou Ebr), ou, sui-
vant l'orthographe du savant orientaliste Sil-
vestre de Sacy {Chrestomathie arabe, etc.,
2 me édition, Paris, 1826 à 1827, t. I«, n°5),
EBN KIIALDOU]X,naquitàTunis, le 1 e ' de
ramadhan 732 de l'hégire (1331 de l'ère chré-
tienne). Ses noms véritables étaient Aid-
Alrahman Hadhrami, fils de Mohammed,
fils de Khaledoun ; mais il est connu sous celui
de Ebn Khaledoun, c'est-à-dire, descendant
de Khaledoun. Il fil ses études à Tunis. Ayant
perdu son père et sa mère par la peste, lors-
qu'il eut atteint l'âge de dix-sept ans, il fui
attaché au service du gouverneur de cette
ville, pour écrire en gros caractères sur les
diplômes la devise du sultan Abou-lshac
Ibrahim, cinquième roi de la dynastie des
Abou-IIafs. 11 s'éloigna de Tunis en 784
(1383 de Jésus-Christ), et alla se fixer au
Caire. Deux ans après, le sultan Barkouk le
nomma Kahdi'lkodat de la secte des maléki-
tes; mais sa fermeté à repousser les recom-
mandations et sollicitations des grands le fit
destituer après un an d'exercice de ses fonc-
tions. Elles lui furent rendues en 801 (1398),
mais après la mort de Barkouk, sa position
lui fut enlevée de nouveau. Ayant suivi, en
Syrie, le sultan Mélic-Alnaser Faradj, il devint
prisonnier de Timour-Leng (Tamerlan) à
la prise de Damas, et ne recouvra la liberté
qu'au moment où ce conquérant retourna dans
la Mongolie. Revenu au Caire après deux ans
de captivité, Ebn Khaledoun fut nommé une
troisième fois Kahdi'lkodat ; après avoir perdu
et recouvré plusieurs fois ce titre, il mourut
le mercredi 25 de ramadhan 808 (1405), à
l'âge de soixante-seize ans et vingt -cinq
jours.
On a de ce savant un ouvrage considé-
rable, composé de plusieurs parties sur divers
sujets, et qui jouit d'une grande célébrité
dans le Levant; Silvestre de Sacy en traduit
ainsi le litre arabe : Le livre des exemples
instructifs et le recueil du sujet et de l'attri-
but, concernant l'histoire des Arabes et des
Berbers, ainsi que celle des souverains les
plus puissants qui ont été contemporains de
ces nations. Une des parties de cet ouvrage
renferme un traité de la musique des Berbers
ou Cabyles. Ce fragment a été extrait d'un ma-
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36
KUALEDOUNE — KIIYM
nuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris
par M. Jamcs-Gray Jackson {voyez Jacksok),
membre de la Société asiatique de Londres,
qui en a publié une traduction anglaise dans
le vingtième volume de VAsialic Journal
(juillet à décembre 1835). Ebn khaledoun
donne, dans cette intéressante partie de son
grand ouvrage, la théorie de la musique arabe
basée sur la division de l'octave en dix-sept
intervalles et du ton en trois parties égales :
il dit que, de toute antiquité, les instruments
herbers et arabes ont été accordés selon ce
système.
Un autre fragment du même ouvrage a été
publié à Vienne dans les Mines de l'Orient
(Fundgraben des Orients, t. II). Ebn Khale-
doun y présente des assertions qui d'abord
semblent contradictoires; car il dit dans un
endroit qu'avant Mahomet les Arabes brillaient
dans l'improvisation poétique par la variété
des rhythmes, la richesse des images et l'har-
monie euphonique, ainsi que par les chants
qu'ils y appliquaient; et dans un autre passage,
il avoue que la vie nomade de ces peuples ne
leur avait pas permis de faire plus de progrès
dans la musique que dans les autres arts. Tou-
tefois cette contradiction disparaît si l'on se
souvient du génie éminemment poétique ma-
nifesté dans tous les temps par les peuples
orientaux, et du charme de certaines mélodies,
rêveuses des Arabes j mais, d'autre part, l'ab-
sence absolue d'enseignement régulier de la
musique, de méthode et d'éducation musicale;
l'ignorance où sont ces peuples des relations
harmoniques des sons, et l'imperfection des
instruments, démontrent que l'idée d'art et de
progrès n'a pas de signification pour eux.
Lorsqu'ils chantent ou s'excitent à la danse
par les rhythmes de leurs instruments, ils sa-
tisfont un besoin de leur organisation ; ils ont
des inspirations instinctives; mais la musique,
au point de vue d'art, telle que la conçoivent
les populations civilisées de l'Europe, n'a ja-
mais existé chez celles dont parle khaledoun.
KIIAYLL (Joseph), né le 20 août 1781, à
llerzmanmiestec, en Bohême, apprit à jouer
de tous les instruments à vent chez un musicien
de Vienne, nommé Neustadt, et fit particuliè-
rement de rapides progrès sur le hautbois. La
variété de ses talents lui procura une place de
chef de musique d'un régiment, et pendant
longtemps il la remplit avec honneur; mais
l'a fiai Misse ment prématuré de ses forces l'obli-
gea à demander sa retraite. Il entra alors à
Topera de la cour comme hautboïste solo, et,
en 181*3, il fut attaché à la chapelle impériale.
Une maladie de poitrine, dont il portait le
germe, l'obligea bientôt à renoncer à l'instru-
ment sur lequel il n'avait point, dit-on, de
rival. Cependant l'intérêt qu'inspirait cet ar-
tiste était si grand, que le maître de chapelle
Eybler ne voulut pas qu'il connût le besoin à
la fin de sa carrière, et qu'il lui donna une
sorte de sinécure dans une place d'alto qu'il
lui confia, en 1828; mais le mal empira rapi-»
dément, et le 24 janvier 1829, Khayll cessa
d'exister, laissant un fils qui semblait destiné à
se faire un nom comme pianiste et qui débuta
brillamment dans les concerts de Vienne ,
en 1829, 1 830 el 1851, maisqui, bientôt après,
suivit son père dans la tombe. On ne connaît
aucune composition de Joseph Khayll pour le
hautbois.
KHAYLL (Aktoike), frère du précédent,
né le 7 avril 1787, reçut la même éducation
que son frère, mais le piano et la trompette
furent les instruments sur lesquels il se dis-
ti ngua. Sa nomination de trompette à l'Opéra
de la cour et à la Chapelle impériale lui assura
une existence paisible. Il était encore plein de
force lorsqu'une atteinte d'apoplexie l'enleva
à sa famille, le 28 avril 1834.
KIIAYLL (Alois), troisième frère de ce
nom, est né le 5 juin 1791 . Son talent de pre-
mier ordre, comme flûtiste, l'a fait admettre à
l'Opéra de la cour et à la Chapelle impériale,
comme ses frères. On assure que l'ensemble
résultant du talent de ces artistes donnait
l'idée de la perfection ; cet ensemble se faisait
surtout remarquer dans des morceaux con-
certants composés par Weiss pour eux, avec
hautbois, flûte et trompette. M. Aloïs khayll
a composé quelques morceaux de concert
agréables, entre autres des variations bril-
lantes pour flûte et piano, Vienne, Trenl-
sensky. II a été pendant plusieurs années pro-
fesseur de flûte au Conservatoire de celte ville;
il occupait encore cette position en 1848.
K1IISEL (Jean-Jacques), musicien alle-
mand du seizième siècle, parait avoir vécu en
Italie, où il a fait imprimer : Libro primo de
Madrigali e Motetti a 4 e 5 voci, Venise,
1591, in-4<».
KIIYM (CiunLEs), dont le nom est écrit
quelquefois KY1I1N, hautboïste et compositeur
de musique instrumentale, naquit en Bohême,
vers 1770, et passa la plus grande partie de sa
vie à Vienne. Ses talents ne se sont pas élevés
au-dessus du médiocre. On connaît de lui :
1° Trois duos pour deux clarinettes, op. 1,
Augsbourg, 1798. 2° Trois idem, op. 2. ibid*
5° Collections de danses pour piano, op. 5 cl 4,
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KHYM - KIENLEN
2T
tf&uf., 1709. 4° Marche de Bonaparte, avec
douze variations pour le clavecin, op. 5, ibid.
5° Trois duos concertants pour deux flûtes,
op. 6, ibid. 6° Variations pour violon et alto,
sur un air allemand, Vienne, 1800. 7° Séré-
nade pour flûte et alto, ibid. 8° Vingt-quatre
variations pour violon sur un air allemand,
avec accompagnement de viole et basse, ibid.
KIALMARK (E.), né en 1781 à Lynn^
Régis, dans le comté de Norfolrk, est fils d'un
officier suédois, et d'une mère anglaise, fille
de M. Banks. Resté orphelin et sans appui, il
se livra à l'étude de la musique pour faire sa
profession de cet art. Son premier maître fut
un Allemand qui avait moins de talent que de
vanité-, mais plus tard il devint élève de Bar-
thélemon, de Cobham et de Spagnoletti pour
le violon, et leurs leçons le mirent en état
d'occuper une place dans les orchestres.
En 1805, un mariage avantageux lui permit de
rompre ses engagements comme*symphoniste
et de se livrer à renseignement du piano. Vers
le même temps, il a commencé à publier quel-
ques morceaux de piano qui ont été recherchés
en Angleterre. La nomenclature des airs va-
riés et des petites pièces pour le piano qui
portent son nom, est très-étendue j toutes ces
légères productions ont été gravées à Londres;
elles sont maintenant tombées dans l'oubli.
KICHLEU (Martin), professeur de piano
à Vienne, vers 1850, est auteur de plusieurs
morceaux pour cet instrument, et d'une mé-
thode complète, théorique et pratique inti-
tulée : Follstxndiges theoretisch-praktisches
Lehrbuch in Piano fortespiele, op. 1 2, Vienne,
llaslinger.
HIEFH ABER (Jean Cfurles-Siecmuhd ou
Sigismord), assesseur royal de la commission
des archives et archiviste-adjoint à Munich,
fut longtemps professeur à Nuremberg, où il
était né. Écrivain laborieux, il est auteur d'un
grand nombre de dissertations historiques et
archéologiques qui sont estimées. II a publié,
à l'occasion de l'anniversaire de la Réforma-
tion : Sendschreiben Dr. Martin Luthers an
Ludwig Senfel, herzogl. baierische Hofmu-
sikus in Miïnchen. Zum Andenken der Ge-
dxchtnissfeier der von Luther vor 500 jahren
bewirkten Kirchenverbesserung auss Neue in
den Druck gegeben und mit einigen Zusxtzen
versehen, in Beziehung auf Luthers Liebe
zur Musik und Singhtnst (Lettres originales
du dr. Martin Luther à Louis Senfel, musicien
de la cour du duc de Bavière, etc.), Munich,
1817, in-8°. Ce recueil a de l'intérêt pour l'his-
toire de la musique en Allemagne, au seizième
siècle. On a aussi de Kiefhaberunc notice fort
bien faite et riche de renseignements sur les
célèbres luthistes et fabricants de luths, H ans
Gerle y de Nuremberg (voyez ce nom). Celle
notice a été publiée dans la Gazette générale
de musique de Leipsick (ann. 1816, p. 509
et 525).
KIEL (Auguste), fils d'un ancien téqor et
professeur de musique à Brunswick, naquit
dans cette ville, vers 1815. Après avoir reçu
de son père les premières instructions concer-
nant la musique, il choisit le hautbois pour
instrument et cultiva la composition. Son
premier ouvrage publié est un recueil de six
Lieder à voix seule avec accompagnement de
piano, Hanovre, A. Nagel, 1859. Déjà, depuis
plusieurs années, Kiel était entré comme haut-
boïste dans la chapelle royale de Hanovre.
Depuis lors, il a conservé celle position. Plu-
sieurs compositions pour le chant ont suivi
son premier ouvrage. Son œuvre 14 e est un
Concertstiicke pour hautbois et orchestre (ré-
citatif, adagio et polonaise), Hanovre, Nagel,
et son œuvre 17 e , une Elégie pour hautbois ou
clarinette et piano, Hanovre, Bachmann.
KIEIXIIHGEU (JosEPn-MELcnion), premier
violon de la société philharmonique à GruHz,
dans la Styrie ; s'est fait connaître par un
ouvrage intitulé : Theoretische uudpraklische
Anleitung fur angehende Fiolinspieler nach
den besten Methodeneingerichtet{lmivuclion
théorique et pratique pour les violonistes com-
mençants, rédigée d'après les meilleures mé-
thodes), Grœtz, J.-F. Kaiser, 1825, in-4°.
KIENLEN (Jean-Cdristophb), composi-
teur, né en Pologne, dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle, était chef tf \ > rthe s lre
du Théâtre national à Presbourg, en 1808. On
voit dans la Gazette générale de musique de
Leipsick (an. 25 e , p. 804) qu'il vécut ensuite à
Berlin sans emploi pendant environ deux ans,
puis, qu'il fut maître de chant au théâtre royal,
où il écrivit la musique (ouverture, entr'acles,
mélodrame et danses) pour le drame en trois
parties Donna Laura } de Sophie de Knorring,
sœur du célèbre poète Tieck. Dans l'intervalle
de ses séjours à Presbourg et à Berlin, il avait
vécu à Paris pendant quelques années, puis à
Vienne, où il avait fait jouer, en 1815, son
petit opéra die Kaiser rose (la Rose impériale).
Appelé à Pose n, il fut attaché comme maître
de chapelle à la maison des princes Rariziwili;
puis il cul la place de directeur de musique du
théâtre d'Augsbourg, pour lequel il écrivit
l'opéra Claudine de Fillabellu, sur le poème
de Gœlhe, et enfin il alla a Munich, en qualité
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23
KIENLEN — K1ESEWETTER DE WEISENBRUNN
de directeur de musique de la cour de Bavière.
Parmi les ouvrages dramatiques de Kienlen,
on remarque aussi son opéra Laure et Pétrar-
que, représenté à Carte ru he en 1830, la mu-
sique pour la tragédie de Germanicus, exécu-
tée à Berlin en 1818. Il vivait alors à Baden,
près de Vienne, et y dirigeait un orchestre de
danse. Enfin, en 1833, il écrivit la musique
du drame romantique, intitulé Innocenzia,
pour le théâtre de Berlin. Il y a lieu de croire
que l'existence de cet artiste Tut Tort agitée. Il
est mort à Dessau, en 1830, dans une misère
profonde. On a publié de sa composition :
1° Symphonie à grand orchestre, Posen, Si-
mon . 2° Polonaise avec trio pour piano à quatre
mains, Berlin, Traulwein. 3 e Deux sonates
pour piano seul, Paris, Hentz-Jouve. 5° Chan-
sons allemandes avec accompagnement de
piano, en recueils et séparées, Leipsick,
Munich, Vienne et Berlin.
KIESER (J.-J.), organiste à Erfurt ou
dans les environs, vers le milieu du dix-hui-
tième siècle, a laissé en manuscrit une fan-
taisie avec un trio pour l'orgue, sur le choral :
Nun lobt meine Seel.
KIESEWETTER (Jean-Frédéric) , ar-
chiviste de la chtfmbre des finances, et pre-
mier violon de la chapelle d'Anspach, naquit
à Cobourg dans la première moitié du dix-
huitième siècle. Élève de l'école de Benda, il
fut considéré en Allemagne comme un des
meilleurs violonistes de son temps. Vers 1754,
il fût appelé à Anspach,.et mis en possession
des places qu'il a occupées jusqu'à sa mort,
arrivée vers 1780. Ce musicien n'a rien publié.
KIESEWETTER ( Christophe -Gode-
froid), fils du précédent, naquit à Anspach
le 24 septembre 1777, et fut élève de son père
pour le violon, mais le surpassa dans l'exécu-
tion des difficultés. Fort jeune encore il voya-
gea et fit admirer son talent; il lui eût été
facile de trouver partout de bons engagements,
mais son humeur peu sociable lui suscita
beaucoup de discussions fâcheuses qui le firent
changer souvent de situation et nuisirent à sa
fortune. La première ville où il s'arrêta fut
Amsterdam; puis il alla à Rastadt, où il eut
de brillants succès ; mais il n'y resta pas long-
temps. Pendant environ dix-huit mois il vécut
à Bentheim-Steinfurl, et de là il se rendit à
Nenndorr, et enfin, vers la fin de 1801, à
Ballensledt, où il contracta un engagement
moyennant une somme annuelle de 600 cens
(2,250 francs). Il en partit en 1803 pour aller
à Oldenbourg, en qualité «le maître de cha-
pelle, avec 800 lhalers (3,000 francs) de trai-
tement. Cette position honorable est celle qu'il
a gardée le plus longtemps. Il y fit preuve,
non-seulement d'une grande habileté comme
violoniste, mais d'un rare talent comme chef
d'orchestre. En 1815, il alla se fixer à Ham-
bourg, et y vécut environ six ans. Dans l'hiver
de 1821, il arriva à Londres, y joua un concert
philharmonique et fit admirer la puissance de
son exécution ; mais bientôt la médiocrité in-
trigante, qui abonde partout, et surtout à
Londres, usa de tous les moyens pour lui
nuire, et quoiqu'il se fit entendre de temps en
temps dans les concerts publics, particulière-
ment dans les oratorios, il ne put parvenir à
rien, et mourut dans un état voisin de la mi-
sère, le 27 septembre 1827. Kieseffetter avait
en manuscrit plusieurs concertos de sa com-
position, mais il ne voulut jamais les publier.
Ils ont été dispersés après sa mort.
KIESEWETTER DE WEISEN-
BRUNN (IUphael-Georges), conseiller de la
cour impériale, référendaire de la haute cour
militaire, et directeur de la chancellerie, à
Vienne, est né le 29 août 1773 à Holleschau,
en Moravie, où son père était médecin. Dès sa
jeunesse il apprit la musique, le chant et plu-
sieurs instruments, particulièrement la flûte,
sur laquelle il acquit un talent distingué. Il
possédait une belle voix de basse, qui le fit re-
chercher dans plusieurs sociétés de musique
vocale. A l'âge de vingt et un ans il fut employé
dans l'armée impériale placée sous les ordres
du prince Charles, et y resta depuis 1794 jus-
qu'en 1801 . Les mouvements de cette armée le
conduisirent en diverses contrées, particuliè-
rement en Italie. Après que M. Kiesewetler se
fut établi à Vienne et y eut été attaché aux
fonctions publiques qui l'ont successivement
élevé aux postes honorables qu'il occupa, il
commença l'étude de l'harmonie en 1803, sous
la direction d'Abrechlsberger; quelques an-
nées plus tard, Hartmann lui enseigna le con-
trepoint. Depuis 1816, son goût pour la mu-
sique ancienne le porta à recueillir les raretés
de ce genre et à en former une collection qui,
sans être nombreuse, offrait cependant beau-
coup d'intérêt par le choix des objets qui la
composaient. Son but, en recueillant ces ri-
chesses d'art, était de s'entourer de documents
propres à l'éclairer sur divers points de l'his-
toire de la musique, qu'il se proposait de
traiter. Ce sont ces travaux qui depuis lors
l'ont fait connaître avantageusement. Sa tar-
dive éducation musicale, dans la partie scien-
tifique, a relardé l'époque de ses premières
publications; il n'était déjà plus jeune quand
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KIESEWETTER DE WEISENBRUNN
«a
il s'est décidé a livrer à l'impression les pre-
miers résultats de ses recherches ; mais depuis
lors, Kieseweller montra beaucoup d'activité,
et ses ouvrages se succédèrent avec rapidité.
Il n'allait pas dans le monde, et tout le temps
que lui laissaient ses fonctions administratives
était employé au travail. Il y portait une opi-
niâtreté invincible lorsqu'il rencontrait dans
les objets de ses études des choses obscures ou
qui lui semblaient avoir été mal étudiées. Par
sa grande lecture, et par son esprit de re-
cherche, il devint un des hommes de son temps
les plus instruits dans la littérature de la mu-
sique et dans son histoire.
Malheureusement Part de généraliser les
résultats des faits observés manquait à ce sa-
vant distingué ; il avait de l'érudition dans les
détails de la théorie de l'art et dans ceux de
son histoire, mais les lois philosophiques aux-
quelles ces détails sontsoumis ne furent jamais
aperçues par lui. D'ailleurs, certains points
importants et qui dominent toute la science,
n'avaient pas fixé son attention .d'une ma-
nière suffisante : tel était, par exemple , le
principe constitutif de la diversité des tona-
lités. Prenant son sentiment personnel comme
le critérium de la vérité en cette matière, il ne
voulut jamais admettre qu'il y eût d'autre
sentiment possible, ni qu'il y eût jamais eu
d'autre tonalité que celle de la musique mo-
derne. Pour lui , les modes du chant des
Grecs, les tons du plain-chant, nos gammes et
nos deux modes étaient la même chose. Cette
erreur capitale l'a égaré dans ses ouvrages les
plus importants, particulièrement dans son
Histoire de la musique moderne de V Europe
occidentale, et dans ses écrits sur la Musique
des Grecs moderne, sur la Musique des
Arabes, et sur la Destinée et nature de la
musique mondaine depuis le commencement
du moyen âge, etc., quoiqu'il se trouve, dans
ces livres, des parties qui font grand hon-
neur a leur auteur.
Une autre cause a exercé une fâcheuse in-
fluence sur les travaux de Kieseweller • elle se
trouvait dans un sentiment de vanité dont il
ne pouvait se défendre, et dans une suscepti-
bilité de caractère qui s'irritait à la moindre
opposition à ses opinions. Les ouvrages qui
viennent d'être cités, et plusieurs autres dont
on trouvera la liste plus loin, ont été écrits à
l'occasion des déplaisirs causés à ce savant par
les idées et les vues émises par l'auteur de
celle notice dans la Revue musicale, dans le
Résumé philosophique de l'histoire de la mu-
sique, et dans la Biographie universelle des
musiciens. Il est de toute évidence que ces
productions furent le cauchemar des quinze
ou seize dernières années de la vie de Kiese-
wetter, et que détruire l'effet qu'elles pou-
vaient produire sur l'opinion publique fut sa
pensée fixe:
Depuis 1816, la maison de Kiesewetter était
devenue un centre de réunion pour beaucoup
d'artistes et d'amateurs qui formaient une sorte
d'académie de musique ancienne, où, pendant
trente ans, et plusieurs fois chaque année aux
époques de l'avent, du carême, et particuliè-
rement de la semaine sainte, on exécutait les
plus beaux ouvrages de Palcstrina, d'Ailegri,
de Victoria, de Garissimi, de Léo, d'Alexandre
Scarlalti, de Jomelli, de Durante, de Pergo-
lèsc, de Majo et de Lotli, ainsi que ceux de
Fux, de Caldara, de J.-S. Bach, de Graun et
d'autres maîtres célèbres. Ces concerts de
musique classique offraient un vif intérêt aux
amateurs qui s'y rendaient en foule.
Justement estimé comme homme et comme-
savant, Kiesewetter vit sa vieillesse honorée
par des distinctions auxquelles il attachait un
grand prix. Mis à la retraite en 1845, après
cinquante ans de service, H avait été anobli
quelques années auparavant, en récompense
de son mérite et de ses travaux. Depuis lors,
il ajouta le litre de TFeisenbrunn à son nom
de famille. Il fut membre de la première classe
de l'Institut des sciences, de la littérature et
des arts d'Amsterdam ; membre honoraire de
l'Académie royale des beaux^arls de Berlin ;
correspondant de l'Académie impériale des
sciences de Vienne; correspondant du minis-
tère de l'instruction publique de France, sec-
tion des travaux historiques; associé hono-
raire de l'Académie de Sainte-Cécile de Rome ;
membre de mérite de la Société pour la propa-
gation de la musique dans les Pays-Bas;
membre honoraire et vice-président émérite
de la Société des amateurs de musique de
l'empire d'Autriche, à Vienne ; membre hono-
raire des Sociétés musicales de Pesth, de Bude,
de Prague, de Presbourg, de Gralz et de Kla-
genfurth. Il est mort le l ep janvier 1850, à
Baden, près de Vienne, où il vivait dans une
retraite absolue depuis le mois d'avril 1848, à
l'âge de soixante-dix-sept ans et après une
courte maladie. Le 3 du même mois, après les
obsèques, son corps a été transporté à Vienne
et inhumé au cimetière appelé Fonder IFaeh-
renger-Linie^ près de sa femme, qui l'avait
précédé de quelques années dans la tombe.
Par une disposition testamentaire, Kiese-
wetter a légué à la Bibliothèque impériale de
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so
K1ESEWETTER DE WEISENBRUNN
>ienne sa collection d'ancienne musique,
décrite dans le catalogue qu'il en avait publié
avant sa mort, sous la condition qu'elle reste-
rait dans son ensemble et serait exposée dans
les salles de cette Bibliothèque, sous la déno-
mination de Fonds de Kiesewetter. Quant à
ses livres et manuscrits sur la musique, il
les légua au chanteur de la Chapelle impériale
Aloys Fuchs, son ami depuis vingt-cinq ans,
qui ne lui survécut que peu d'années.
La liste des écrits de Kiesewetter se com-
pose de la manière suivante :
I. HlSTOME ET THÉORIE DE LA MUSIQUE :
1° Die Ferdienste der IViederlander um die
Tonkunst, etc. (Les mérites des Néerlandais
dans la musique, mémoire couronné, en ré-
ponse à cette question mise au concours par la
quatrième classe de l'Institut royal des Pays-
Bas, en 1826 : Quels sont les mérites des Néer-
landais dans la musique, particulièrement
aux quatorzième, quinzième et seizième siè-
cles, etc.), publié par le même Institut dans
le volume intitulé : Ferhandelingen over de
Fraag : JFelke Ferdiensten, etc., Amsterdam,
J. Muller, 1829, in-4°, avec des planches de
musique lith. 2° Geschichte des europxisch-
abendlxndischen oder unsrer heutigen Mu-
sik (Histoire de la musique moderne dans
l'Europe occidentale, etc.), Leipsick, Breit-
kopf et Haertel , première édition, 1834,
in-4°, de cent seize pages, avec vingt pages
de musique; deuxième édition, 1846, in-4°.
Cette deuxième édition n'est que la première,
dont on a changé le frontispice. Bottée de
Toulmon a fait une traduction française de cet
ouvrage, laquelle est restée en manuscrit jus-
qu'à ce jour (1862). 3° Ueber die Musik der
neueren Griechen, nebstfreien Gedanken iiber
altegyptische und altgriechische Musik (Sur
la musique des Grecs modernes, avec des pen-
sées sur cet art chez les anciens Grecs et Égyp-
tiens, en trois parties), Leipsick, Breilkopf et
Hsertel, 1838, in-4°, avec des planches. Cet
ouvrage est la première opposition faite par
Kiesewetter au succès obtenu par les idées
nouvelles répandues dans le Résumé philoso-
phique de l'histoire de la musique, qui forme
la plus grande partie du premier volume de la
première édition de la Biographie universelle
des musiciens. 4° Guido von Arezzo, sein
Leben und Wirken (Guido d' Arezzo, sa vie
et ses travaux, avec un supplément sur les
traités de musique attribués à saint Bernard),
Leipsick, Breilkopf et 11 sériel, 1840, in-4° de
cinquante-cinq pages; ouvrage extrait en
grande partie de la Biographie universelle
des musiciens, ou paraphrasé. 5° Schicksale
und Beschaffenheit der weltlichen Gesanges
vom friihen Mittelalter bis su der Erfindung
der dramatischen Styles und den Anfxngen
der Oper (Destinée et nature de la musique
mondaine depuis le commencement du moyen
âge jusqu'à l'invention du style dramatique et
du commencement de l'opéra), Leipsick,
Breitkopf et Haertel, 1841, in-4°, de soixante-
six pages avec cent six pages de musique.
Il y a de bonnes choses dans cet ouvrage ; mais
il est trop sommaire pour l'importance du
sujet. 6° Die Musik der Araber nach Origi-
nalqnellen, etc. (La musique des Arabes,
d'après les sources originales, avec un avant
propos, par le baron de Hammer-Purgslalt),
Leipsick, Breitkopf et Haertel, 1842, in-4°, de
quatre-vingt-seize pages, avec vingt-quatre
pages de musique .- seconde opposition de Kie-
sewetter à la partie du Résumé philosophique
de l'histoire de la musique qui concerne la
musique des Arabes ; il y a complètement mé-
connu le caractère de cet art dans l'Orient.
Quelques fragments traduits d'ouvrages origi-
naux par le célèbre orientaliste Hammer-
Purgstalt forment la partie la plus intéres-
sante de cette dissertation. 7° Der neuen
Aristoxener zerstreute Aufsxtze (Mémoires
épars des Aristoxéuiens modernes sur ce qu'il
y a d'erroné dans l'Arithmétique musicale, et
sur ce qu'il y a de vain dans le calcul du tem-
pérament, recueillis et accompagnés d'une
introduction historique en forme de préface,
avec une partie supplémentaire par R. G. Kie-
sewetter, et publiés par lui), Leipsick, Breitkopf
et Hœrlel, 1846, in-8°. 8° Sur l'octave de
Pythagore, supplément à l'ouvrage précédent,
Vienne, 1848, aux frais de l'auteur, in-8°.
Kiesewetter publia ces deux mémoires dans le
but de détruire par la base la théorie de l'har-
monie établie par l'auteur de la présente
notice, sur les intervalles attractifs formés de
demi-tons mineurs, en s'appuyant de l'autorité
des auteurs modernes qui, à l'exemple d'Aris-
toxène, ont soutenu que l'octave renferme six
tons, et que tous les tons sont divisés par des
demi-tons égaux; lui-même a essayé de dé-
montrer contre l'évidence, par des calculs de
sa façon, la solidité de cette fausse doctrine et
s'est complètement égarédans cette entreprise.
Averti de ses erreurs- par un de ses amis, ma-
thématicien distingué, peu de temps avant sa
mort, Kiesewetter a chargé FischofT (voyez ce
nom) de veiller à la suppression de ces deux
écrits; mais son intention n'a été réalisée que
pour le second. 9°Catalogue de la collection de
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K1ESEWETTER DE WEISENBRUNN - K1MMERLING
31
partitions de musique ancienne du conseiller
antique R.-G. Kiesewetter, publié par lui,
Vienne, 1847, deux parties in-4°.
II. Dissertations ihséuées daîis divers
écrits périodiques : 10°Sur l'étendue des voix
chantantes dans lés ouvrages des anciens
maîtres, et sur les changements qui ont eu lieu
dans le diapason {Gazette musicale de Vienne,
année 1836). 11° Sur la notation de saint Gré-
goire le Grand (Gazette générale de musique
deLeipsick, année 1828). 12°Sur Francon de
Cologne et les anciens auteurs, concernant la
musique mesurée (ibid). 15° Sur un manuscrit
inconnu du seizième siècle (ibid., année 1830).
14° Sur un passage du sixième quatuor de
Mozart décrié par M. Fétis. (Plusieurs articles
dans la même Gazelle, sous le pseudonyme de
le Duc, année 1831). Le passage dont il s'agit
est l'introduction du quatuor en ut de Mozart,
qui produit chez tous les musiciens autant
d'élonnement que de déplaisir, et que Sarti et
Cherubini appelaient une barbarie. J'avais fait
voir dans la Revue musicale (année 1830) que
les duretés de ce passage proviennent de ce
que l'imitation n'est pas régulière, et j'avais
démontré qu'en Taisant entrer le premier violon
un temps plus tard, Mozart, sans rien changer
à sa pensée, aurait produit une bonne har-
monie. C'est ce que Kiesewetter appelle décrier
Mozart. J'ignorais que le pseudonyme Le Duc
cachait le véritable auteur des articles de la
Gazette générale de musique ; je répondis
dans la Revue musicale de 1831 ; mais l'oubli
des convenances alla si loin, dans le style de
mon adversaire, que je dus cesser cette polé-
mique. 15° Les tablatures des anciens instru-
mentistes, depuis l'introduction de la musique
figurée et mesurée (en quatre articles, dans la
même Gazette, année 1851.) 16° Sur l'origine
de Josquin des Prés (t&td.,1835). 17° Compère;
fin d'une polémique commencée par M. Fétis
contre l'auteur du mémoire couronné par
l'Institut des Pays-Bas (ibid., 1847). 18° Sur le
chant populaire et mondain dans le moyen
âge (ibid. 1 836) . 1 0° Sur la période de Francon;
réplique à M. Fétis (ibid.). 20° Sur la manière
de mesurer les sons et sur le tempérament
(dans l'écrit périodique intitulé : Cxcilia,
année 1832). 21° Sur les instruments de mu-
sique et sur la musique instrumentale jusqu'à
l'époque de la musique moderne de chambre
et d'orchestre (ibid., année 1843). 22° Sur
l'écriture musicale de saint Grégoire le Grand;
réponse a l'occasion des lettres de M. Fétis
sur son voyage en Italie (Gazette musicale de
Leipsick, 1843). 23° Sur les différentes mé-
thodes d'harmonie (Revue de Gassner, Caris-
ruhe, 1843). 24° Sur la nouvelle historique
musicale (Cœcilia, 1844). 25° Gloses margi-
nales sur l'article de M. Fétis, concernant
l'écriture musicale dont saint Grégoire s'est
servi pour son Anliphonaire (Gazette musi-
cale de Leipsick) 1845). 26° Le soi-disant tem-
pérament égal et parfait, sans logarithmes,
exécuté par une méthode graphique, etc.
(Cxcilia, 1847). 27° Supplément à la biogra-
phie d'Astorga (Gazette musicale de Leip-
sick, 1839). 28° Correction à un critique du
grand Palestrina (Gazette musicale de
Pienne, 1843. 29° Les vrais principes de la
musique grecque (ibid. 1841).
III. Analyse et critique : 30° La musique
grecque dans ses principes; anti-critique de
Diieberg (ibid. 1841). 31° Notice spr les col-
lections musicales de la Bibliothèque de Cam-
brai, par E. de Coussemaker (Csecilia, 1844).
32° Modes du pi a in -chant romain, par Séb.
Stehlin (ibid. 1842). 33° Ottaviano dei Pc-
trucci da Fossombrone, premier inventeur
de la typographie de la musique par les carac-
tères mobiles, par M. Ant. Schmid (dans les
Feuilles de tienne pour la littérature et l'art,
en 1846).
IV. Ouvrages non publiés : 34° L'enseigne-
ment des accords développé d'après le système
de l'harmonie fondamentale, avec une table
de toutes les prolongations possibles. Mss. gr.
in-fol., un volume de texte et deux d'exemples,
ouvrage terminé à Vienne, en 181 1.35° Sys-
tème de l'harmonie fondamentale, en extraits.
Mss. gr. in -4° de deux cent huit pages.
36° Préparations pour l'élude de l'harmonie,
trois cahiers in-fol. écrits à Vienne, 1811.
37° Pensées sur la construction et la dispo-
sition d'un orchestre. 38° Notice sur VAnfi-
parnasso d'Orazie Fecchi', comme préface à
un exemplaire de cet ouvrage rarissime et de
grande importance.
Kiesewetter a été l'éditeur de l'ouvrage post-
hume de Kandlcr sur la vie et les ouvrages de
Palestrina (voyez Kandler), et y a ajouté une
préface et des notes.
RIESLING (Jean-François), organiste et
compositeur, né en Bohême, dans le dix-hui-
tième siècle, a laissé en manuscrit plusieurs
ouvrages de musique d'église, parmi lesquels
Foyta cite des litanies qui se trouvaient à
l'église de Raudnilz , et qu'il considérait
comme une de ses meilleures compositions.
KIJUMERLING (Robert), prêtre et direc-
teur du chœur de l'abbaye de Mclk, en Au-
triche, naquit à Vienne, le 5 décembre 1737.
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K1MMERL1N0 - KINDERVATEll
Après avoir terminé ses humanités ainsi que
ses éludes musicales, il entra dans les ordres,
en 1759, fit ses études de théologie à l'Uni-
versité de Vienne, et prononça ses vœux au
monastère de Melk, où il fut chargé de la di-
rection de la musique. En 1701, il fut fait
préfet des études des novices. Lorsque en 1770
l'archiduchesse Ma rie- Antoinette, plus tard
infortunée reine de France, visita l'abbaye de
Melk avec son frère Joseph II , une sorte
d'oratorio intitulé : Rebecca, fiancée d'Isaac,
composé par le P. Kimmerling, fut exécuté
devant ces princes qui, bons connaisseurs,
firent présent à l'auteur d'une belle médaille
d'or, et Joseph II demanda une copie de la
partition. Possédant une belle voix de ténor,
habile dans l'art de jouer du clavecin et de
l'orgue, et savant dans le contrepoint, Kim-
merling était un musicien accompli. Il a laissé
en manuscrit des quatuors, trios et duos pour
des instruments à cordes, des vêpres, hymnes,
offertoires, graduels, litanies, Salve Regina,
Te Deum et plusieurs messes, dont une à huit
voix (en uf), en deux chœurs, que Haydn con-
sidérait comme un chef-d'œuvre. Le P. Kim-
merling est mort à Melk, le 5 décembre 1799.
KINDERLKXG(JEAK-FaÉDéRic-AuGUSTE),
né à Magdebourg, en 1743, fut d'abord pro-
fesseur à Kloslerbergen , en 1768, et deux
ans après recteur dans le même lieu. En 1771,
on l'appela comme prédicateur à Schwarlz,
près de Colbe, et trois ans plus tard il fut
diacre et magister dans celte dernière ville.
En 1797, il fut appelé à Magdebourg, en qua-
lité de prédicateur et recteur. Il est mort dans
cette ville, le 23 août 1807. Parmi ses nom-
breux écrits on remarque : Nœthige Berichti-
gung der kurzen wehrhuflen Geschichte der
xltesten deutschen Kirchengesxnge des
Herrn O. K. R. Tellert besonders von
D. Martin Luther (Correction nécessaire
de la courte et véritable histoire des chants
d'église allemands les plus anciens, par
M. O. R. R. Tcller, etc.), Dessau, 1782, in-4°,
sans nom d'auteur. Un manuscrit trouvé dans
ses papiers a été publié sous ce titre : Kri-
tisches Betrachtungen ûber die Verzug-
lichsten alten, neueren und die verbesserten
Kirchenlieder (Considérations critiques sur
les meilleurs chants d'église anciens, nou-
veaux et perfectionnés), Berlin, 1813, in-8°,
<lc cent quatre-vingt-dix-sept pages. '
KINDERMANN (Jeah-Éiushe), né à Nu-
remberg, le 29 mars 1616, fut un des plus cé-
lèbres organistes de son temps , et remplit
ses fonctions à l'église Saint-Égide, dans sa
ville natale. Il mourut le 14 avril 1655. Ce sa-
vant musicien a publié de sa composition :
1° Musica Catechica, oder Catechismus auf
die 6 Hauptstûcke detselben gerichtet (Mu-
sique catéchétique, ou catéchisme (musical)
composé sur les six articles principaux, avec
deux chants avant et après le repas, etc., à cinq
voix avec basse continue), Nuremberg, 1646,
in-4°. 2° Harmonia organica per tabula-
turam germanicam composita (consistant en
quatorze préludes, huit fugues pour l'orgue,
deux préludes et un Magnificat du huitième
ton), Nuremberg, 1645. 3° Ncu-verstitnmte
yiolen-lust mit 3 V iolen nebst einen Gène-
ralbass (Récréations de violes accordées d'une
manière nouvelle, pour trois violes et basse
continue), Francfort, 1652. 4° Dilberrns
EvangelischerSchluss Reimen derPrediglen,
1 , 2 und 3ten Theit mit drey Stimtnen ,
neml. 2 Discanlen und einem Bass, zu einem
Positiv, Régal, Spinet, Clavicymbel oder
Theorbe (Rimes finales des sermous évangéli-
ques de Dilberrn, première, deuxième et troi-
sième parties à trois voix, savoir deux, dessus et
basse, avec un positif, régal, épinelte, clavecin
ou théorbe), Nuremberg, 1652. 5° Quatre suites
de sonates et de canzones pour l'orgue ou le cla-
vecin, ibid.y 1653. Q°Musicalisc/ierFclder und
TFxlderfreund ; mit einer singenden Slimme,
neben dem Basso-Generali fur einen Orga-
nisten, Theorb-oder Lutenislen, accommo-
dirt und componirl (Ami musical des champs
et des bois, composé et arrangé pour une voix
chantante et basse continue à l'usage d'un or-
ganiste, d'un théorbiste ou d'un luthiste),
Nuremberg, 1643. La Bibliothèque royale de
Berlin possède de cet artiste un motet à huit
voix avec instruments sur la mélodie chorale :
Uerr Gott dich loben wird, en tablature alle-
mande. J'ai examiné ce morceau, qui est fort
bien fait.
KINDERMAIW (Auguste), chanteur dra-
matique distingué, est né à Berlin, le 6 fé-
vrier 1816. Engagé d'abord comme choriste
et chanteur de petits rôles au théâtre royal
de celle ville, il alla au théâtre de Leipsick
en 1839, et s'y fil remarquer à son début par
la beauté de sa voix de baryton. Après huit ans
de succès dans cette position, il accepta, en
1847, la place de premier baryton au théâtre
royal de Munich.
KINDEUVATER (Jean-Hekri), assesseur
du consistoire et pasteur de Saint-Biaise, à
Nordhausen, né à Kelbra, près de Franken-
liauscn, le 4 avril 1675, alla, en 1696, à l'Uni-
versité de Jéna, fut magister en 1700, diacre
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KINDERVATER — K1NG
33
àErfurt en 1703, trois ans après pasteur dans
le même lieu, et enfin assesseur à Nordhausen,
où il mourut le 3 octobre 1736. Dans un de
ses ouvrages, intitulé : Gloria templi Blasiani
(Nordhausen, 1724, in-8°), il a donné une
description de l'orgue de cette église (p. 09 et
suiv.). Il a laissé aussi en manuscrit un traité
de musique de neuf feuilles qui a pour titre :
De muiica Litteraloribus necessaria. Cet
ouvrage, qui avait appartenu à Reichardt, est
devenu la propriété de Gerber, auteur des
Dictionnaire des musiciens. Il se trouve
aujourd'hui dans la Bibliothèque de la So-
ciété impériale des amis de la musique, à
Vienne..
HINDI (El), auteur arabe de six traités de
musique indiqués par le baron Uammer-Purg-
stall (Jahrbiichern der LUeratur, t. XCI,
troisième trimestre). Le premier de ces ou-
vrages traite de la composition (des modes) $
le second, de l'ordonnance des tons; le troi-
sième, des éléments de la musique; le qua-
trième est un traité sur le rhythme; le cin-
quième, une description des instruments; le
sixième est relatif à l'accompagnement mu-
sical des poésies (la mélodie). El Kindi est le
plus ancien écrivain arabe sur la musique j
il mourut Tan 348 de l'hégire (863 de l'ère
chrétienne).
KINDSCHER ( Jbah-Louis-Gottfbibd),
né à Dessau, le 14 octobre 1764, fit son édu-
cation musicale sous le directeur de musique
Rust, et fut professeur à l'École supérieure de
cette ville, et organiste de l'église du château
et de la ville. Il y est mort, le 30 octobre 1840.
On a publié sous son nom les ouvrages sui-
vants : 1° Vingt-quatre chansons allemandes
à voix seule, avec accompagnement de cla-
vecin, Dessau, 1703. 3° Chansons courtes avec
accompagnement facile pour piano, Leipsick,
1801, in-4°. ô° Anweisung zu Ausweickungen
in aile Dur-und Molltonarten in Behand-
lung der einzelnen Tome des verminderten
Sep timen- Accords durchHUlfe desSemitonii
modi (Instruction sur les modulations dans
tous les tons majeurs et mineurs, etc.), Des-
sau, 1813. Nouvelle édition corrigée, ibid.,
1814, in-fol. 4° Anleitung zum Selbstunter-
richt in Clavier-und Orgelspielen, in beson-
derer Hinsicht auf ricktige Kenntniss und
Behandlung bezifferter Ckorxle , auch For-
und Zwischenspiele su desselben. Eine vor-
bereitung zum Generalbass und Fortsetzung
meines Semitonii modi oder Antceisung su
Ausweichungen, etc. (Méthode pour apprendre
soi-même à jouer du piano et de l'orgue, etc.),
»I06B. IIMV. DES MUSICIENS. T. V.
Leipsick, Uofmeisler, 1817, in-4°decinquante-
deux pages avec deux planches. Une deuxième
édition améliorée a été publiée en 1830,
ibid.
KINDSCHER ( Hbhhj-Cbarles-Louis ) ,
fils du précédent, né le 16 octobre 1800, à
Dessau, reçut de son père les premières leçons
de piano et d'harmonie, et alla à Leipsick, en
1830, compléter son instruction musicale chez
Schicht {voyez ce nom). De retour à Dessau, il
succéda à son père, en 1834, dans la place de
professeur de chant au Gymnase (collège).
Quatre ans après, il entra dans la chapelle du-
cale comme flûtiste, et en 1837 il eut la place de
son père, comme professeur de musique au
Séminaire. Il continua de remplir ses deux
places au Gymnase et au Séminaire jusqu'en
1854, où il fut appelé à Cœthen, pour enseigner
la musique dans le Collège qui y était nouvel-
lement érigé. Kindscher a fait insérer dans
la Gazette générale de musique de Leipsick
(an. 1847, p. 596) une Esquisse sur la mu-
sique et sur l'art en général. Dans le même
journal (an. 1848, p. 330), il a fait une criti-
que sévère du livre de L. Kraussold (voyez ce
nom) sur l'ancien chant choral protestant, sa
construction rhythmique et sa restauration.
Kraussold se servit du même recueil pour faire
paraître une anticritique très-solide {ibid.,
p.' 744), et la polémique fut close par une
longue réplique de Kindscher, publiée dans le
n° 49 de la même gazette, p. 785. On a de cet
artiste : 1° Vingt Lieder à trois voix, Leipsick,
Freise. 3° Douze Lieder pour un chœur à quatre
voix, ibid.
RING (Robert), bachelier en musique à
Cambridge, en 1696, fut un des musiciens at-
tachés au roi Guillaume III. Il a composé
plusieurs airs qui ont été insérés dans la col-
lection intitulée : Tripla Concordia, et a mis
en musique quelques chansons insérées dans
le Théâtre ofMusic.
KING (William), organiste et composi-
teur du nouveau Collège d'Oxford, vers la fin
du dix-septième siècle, a mis en musique le
poème de Cowley, intitulé : La Maîtresse
(Mistress), et a publié cet ouvrage sous ce
titre : Poems of M. Cowley and others, corn-
posed into songs and ayres, with a Tho-
rougit-basse for the Theorbo , Lfarpsicor
(Harpsichord) or Base-violl (Poèmes de
M. Cowley et autres, composés sous la forme
de chansons et d'airs, avec basse continue pour
le théorbe, le clavecin ou la basse de viole),
Oxford, 1688, in-fol. Gerber, Choron et
Fayolle sont tombés dans une plaisante mé-
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KING — KINKl
prise au sujet de Ring et de son ouvrage :
1 rompes vraisemblablement par le litre du
poème de Cowley (Mislress), ils ont lu Mis-
tris s, et disent que Ring a rédigé sa composi-
tion pour madame Cowley. Or, Anne Cowley,
auteur dramatique, n'a vu le jour qu'en 1745,
et a cessé de vivre seulement en 1809, c'est-à-
dire cent vingt ans après la publication du
recueil du musicien anglais.
KING (Charles), musicien anglais de peu
de mérite, a cependant exercé une certaine in-
fluence en son temps. Élevé parmi les eufants
de chœur de Saint-Paul, sous la direction de
Blow, il devint ensuite un des premiers chan-
tres de cette cathédrale, et fut admis, en 1704,
au grade de bachelier en musique à l'Univer-
sité d'Oxford. Après la mort de Clark, il fut
nommé aumônier et maître des enfants 'de
chœur de Saint-Paul. En 1750, on l'éleva à
la dignité de vicaire. Il lui fut permis de cu-
muler avec ces places celle d'organiste de
l'église paroissiale de Sainl-Bennet-Fink, à
Londres. Il conserva tous ses emplois jusqu'à
sa mort, arrivée au mois de mars 1745. Un
grand nombre de services pour l'église sont
connus sous son nom, ce qui a Tait dire au doc-
tcur Greene, en plaisautant, que M. King
était un homme très-serviable. Quatre an-
tiennes de sa composition ont été insérées dans
V If ar monta sacra, de Page, et deux autres
dans la Sacred Music, de Stevens.
KING (M. -P.), pianiste et compositeur an-
glais, vécut à Londres dans les vingt dernières
années du dix-huitième siècle, et au commen-
cement du dix-neuvième. Il a beaucoup écrit
pour le théâtre anglais, et a publié des sonates
et d'autres pièces pour le piano. On connaît
sous son nom les opéras suivants : Faite alarme
' (les Craintes supposées). 2° Invisible Girl
(la Fille invisible). 3° Matrimony (le Mariage).
4° One o'Clock (Une heure). 5° Timour the
Tartare (le Tarlare Timour). II a aussi publié
deux livres de chansons et de cantates, un re-
cueil de glees à trois voix et des duos. Parmi
ses œuvres de musique instrumentale, on re-
marque : 1° Trois sonates pour le piano, op. 1,
Londres, Clemenli. 2° Trois idem, op. 2, ibid.
Z° Plusieurs sonates séparées. 4° Trois idem,
op. 5, ibid. 5° Trois rondeaux indiens, op. 13,
ibid. 6° Quintette pour piano, flûte, violon,
alto et basse, op. 10, ibid. 7° Trois rondeaux
pour piano seul, op. 22, ibid. 8° Divertisse-
ment idem, op. 24, ibid. King s'est fait con-
naître comme écrivain didactique par plusieurs
ouvrages élémentaires pour renseignement du
l'harmonie, de l'accompagnement etdu chaut.
dont voici les titres : Thorough base mode
clear to every capacity (la Basse continue
éclaircie pour toutes les intelligences), Lon-
dres, 1796, grand in-4°. Cet ouvrage est un
assez bon manuel pratique, qui renferme des
instructions sur la manière de traduire sur le
piano une partition d'orchestre. 2 e A gênerai
treatise on Music, particularly in Harmony
or thorough-bass, and ils application to
composition, containing also many and
essential and original subjects, tending to
explainand illuslrate the tchole (Traité gé-
néral sur la musique, particulièrement sur
l'harmonie ou la basse continue, et son appli-
cation à la composition), Londres, 1800, in-fol.
II y a une deuxième édition de cet ouvrage,
publiée en 1809. Dans la préface de la seconde
partie se trouve une critique assez dure de
l'ouvrage de Rotlmann, intitulé : Praclical
Guide to thorough-bass. 3° Introduction to
the theory and practice of Singing at firsL
sight (Introduction à la théorie et à la pra-
tique du chant à première vue), Londres,
1806, in-4°.
RIINRI ou RIIXSKI (Joseph), né à Olmulz,
en Moravie, vers 1790, fit ses humanités sous
la direction de son oncle Dominique Rinki,
professeur et prêtre de l'ordre des Piaristes, et
dans le même temps étudia la musique. Plus
tard, il se rendit à Vienne et y fut employé
comme alto au théâtre Sur-la- Vienne. Il y fut
chargé de la direction des répétitions et mon-
tra tant d'intelligence dans cet emploi, que le
chevalier de Seyfried, alors directeur de mu-
sique de ce théâtre, se l'adjoignit comme se-
cond chef d'orchestre. Quelques années après,
il fut lui-même choisi pour directeur de mu-
sique du théâtre de la Porte de Cari nt hic, où il
écrivit la musique de plusieurs ballets d'Au-
mer, et de quelques pantomimes. Lorsque
Slœger se chargea de l'entreprise du théâtre
de Grœtz, il choisit Rinki comme chef d'or-
chestre j et lorsque cet entrepreneur alla
prendre la direction du théâtre de Josepbsladt,
Rinki l'y suivit en la même qualité. Peu de
temps après, il s'est retiré dans le lieu de sa
naissance. Parmi ses ouvrages, ceux qui ont
eu le plus de succès sont les ballets suivants :
1° La Fête champêtre au bosquet deKisbier.
2° Le Chevalier dupé. 3° La petite Voleuse.
4° Les Blanchisseuses. 5° Le Jugement de
Salomon. 6° La Fêle de l'Amour. 7° La Fêle
des Grâces. 8° La Fête du Soleil. 9° La Noce
au Village. 10° Emma. 11° Der Marktrich-
ter (le Juge du marché). 12° Le Sacrifice de
Cerès. Rinki a écrit aussi la musique des petits
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KlNKl — KIRCHER
35
obéras suivants : 1 3° Le Prince et le Ramoneur.
14* Lorenzo, chef de brigands. 15° Lundi,
• Mardi, Mercredi (en collaboration avec Gy-
rowetz et le chevalier de Seyfried). 16° Le
Quolibet. 17° Le Sultan JFampum. Les airs,
•ouvertures et enlr'acles de ces ouvrages ont
été arrangés par différents musiciens pour le
violon, la flûte, la guitare, le piano, etc.
KINNER DE SCHERFFEN8TEIN
(maître Martin), savant, poète et musicien,
naquit à LeobschUtz, en Silésie, au commence-
ment de Tannée 1554, étudia à Wiltenberg
*ous Mélanchton, fut ensuite professeur de
poésie dans la même ville, puis retourna dans
le lieu de sa naissance, où il eut le titre de
secrétaire {archi'grammatus)^ et de musicien
de la ville. Il mourut à rage de soixante-trois
ans dans un voyage, à Baumgarten, près de
Frankenstein, le 24 mars 1597. L'épi la phe de
ce savant se voit clans l'église de Leobschutz.
L'ancien livre choral de Breslau contient un
grand nombre de pièces dont Kinner a fait la
-poésie et la musique.
KIRCH(J), musicien, hongrois et compo-
siteur de danses d'un caractère très original,
est né dans un village près de Pesth, vers
1820, et vit 4ans cette ville. Il écrit aussi pour
le piano des compositions romantiques. Au
nombre de ses ouvrages, on remarque Zene-
Abrand (Peintures des sons), pour piano,
■op. 15, Pesth, Wagner, et Vigadb nj magyar
Tâncx (Dans magyare pour piano), op. 17, ibid.
KIRCHBAUER (Alphonse) , bénédictin
-du couvent de Neresheim, en Souabe, et chan-
celier de l'évéque de Coire, vivait vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle. Il s'est fait con-
naître comme compositeur par un recueil de
sept messes brèves à quatre voix, deux violons
et basse continue intitulé : Jubilus curix
cœlettis in terrettri curia, Augsbourg, 1751,
gravé. Une. deuxième édition corrigée a été
publiée en 1740.
KIRCHER (Athanasï), un des plus sa-
vanls jésuites du dix-septième siècle, et peut-
être le plus savant de tous, naquit le 2 mai
1609, à Geysen, près de Fulde. Chargé par ses
supérieurs d'enseigner la philosophie, puis les
langues orientales, au Collège de WUrzbourg,
il fil preuve, dans l'exercice de ses fonctions,
d'un profond savoir qui s'est ensuite développé
avec éclat dans les grands ouvrages qui nous
restent de lui. Ce savant homme offre dans ses
écrits la réunion bizarre de connaissances éten-
dues en mathématiques, en physique^ es» his-
toire naturelle, en philologie, et d'un esprit
crédule, avide de merveilleux et dépourvu «de
jugement. Dans ses immenses travaux, le
faux et le vrai sont entassés pèle- mêle; mai»
il s'y trouve de bonnes et curieuses choses en
assez grande quantité pour qu'on se donne la
peine de les y chercher. Il y a plus de pré-
vention que de justice dans le dédain que cer-
tains critiques modernes ont montré pour ses
ouvrages. Troublé dans sa tranquillité par les
événements de la guerre de Trente Ans, Kir*
cher fut obligé de s'éloigner de l'Allemagne.
Il alla chercher du repos chez les jésuites
d'Avignon, avec lesquels il passa deux années,
s'occupant de l'étude de l'antiquité ; puis il se
rendit à Rome, où le reste de sa vie fut em-
ployé en travaux gigantesques sur presque
toutes les branches du savoir humain. Il mou-
rut eu cette ville, le 28 novembre 1680, à l'âge
de soixante-dix-huit ans.
Plusieurs ouvrages du P. Kircher traitent
spécialement de la musique, ou renferment de
curieux renseignements pour l'histoire de cet
art. Le plus important a pour titre : Musur-
gia universalis , sive ars magna consoni et
dissoni in X libros digesta. Qua universa
sonorum doctrina et pkilosophia, Musiac-
que tam théories quam practicx scientia,
summa varietate tradilur; admirand* con-
soni et dissoni in mundo, adeoque universa
natura vire* effectusque, uti nova, ita père-
grina variorum speciminum exhibitione ad
singulares usus, tum in omni pœne facul-
tate, tum potissimum in Philologia, Mathe-
matica, Physica, Mechanica , Medicina }
Politica, Metaphysica, Theologia, aperian-
tur et démonstrateur y Romae, 1650, deux vo-
lumes in-fol. Ce long titre fait connaître la
nature de l'ouvrage, et explique la pensée en-
cyclopédique qui a présidé à sa rédaction.
Suivant Sulzer et Forkel, une troisième édition
de cet ouvrage aurait paru en 1C54 ; mais c'est
une erreur; il n'y a jamais eu qu'une édition
de cet ouvrage datée de Rome, et c'est celle de
1650 ; j'en ai vu plus de trente exemplaires,
tous portaient cette date. Sulzer et Forkel ont
confondu avec la Musurgia universalis le
livre De Arle magnetica, dont la troisième
édition a été, en effet, publiée à Rome, en 1654.
Je doute aussi de l'existence de l'édition
d'Amsterdam, 1662, in fol., citée par le savant
M. Weiss, dans l'excellent article qu'il a fait
sur Kircher pour la Biographie universelle
des frères Michaud. Il existe dans la Bibliothè-
que royale de Berlin un exemplaire daté de
Rome, 1699-, deux volâmes in-fol. Je n'ai pas
vu de mes yeux cet exemplaire, et ne sais si
c'est une édition différente, ou un simple
3.
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86
K1KCHER
changement de frontispice. Le premier livre
traite du son en général, de sa production, de
sa propagation et de sa nature dans les voix et
dans les instruments. Le deuxième livre ren-
ferme beaucoup de choses curieuses, mais
aussi beaucoup d'autres hasardées, ou complè-
tement fausses, sur la musique et les instruc-
ments des Hébreux et des Grecs. Le troisième,
qui aurait dû être le second, est relatif aux
proportions numériques des intervalles. Le
quatrième traite de la division géométrique du
monochorde. Le cinquième est un traité de
composition extrait des meilleurs ouvrages
sur celte matière qui existaient au temps où
Kircher écrivait. Il y rapporte quelques mor-
ceaux d'artistes célèbres de celte époque,
qu'on ne trouve pointailleurs. Bans le sixième
livre, Fauteur donne la description de tous les
instruments : ce livre est divisé en quatre
parties. Le septième est consacré à un examen
de la nature, des défauts et des qualités de la
musique ancienne et de la moderne, et traite
de quelques particularités qui n'avaient pu
trouver place dans les livres précédents. Tel
est le contenu du premier volume. Le huitième
livre, où il est traité de la composition des
chants, est rempli de beaucoup d'inutilités
sur les combinaisons des notes, à peu près
semblable à ce que Mersenne a publié sur le
même sujet dans son Harmonie universelle;
mais on pourrait encore tirer de bonnes choses
des deuxième et troisième parties de ce livre,
relatives au rhythme poétique appliqué à la
musique. Le neuvième livre traite des effets
physiques et moraux sur l'homme en santé et
dans l'état de maladie, particulièrement de la
morsure de la tarentule, et de sa guérison parla
musique. Kircher avait déjà traité ce sujet dans
son livre sur le magnétisme. Ce livre renferme
quelques faits intéressants mêlés à beaucoup
de contes absurdes. Kircher traite aussi dans
ce livre de l'écho, de ses causes, de la con-
struction de quelques instruments mécani-
ques, et de certains automates chantants ou
jouant des instruments. C'est là qu'il parle
d'une statue parfaitement isolée, dont les
yeux, les lèvres et la langue auraient un mou-
vement à volonté, qui prononcerait des sons
articulés, et qui paraîtrait vivante. LeP. Schott
dit, dans sa Magia universalis (t. II, liv. III),
que Kircher avait eu le projet de faire exécuter
celle statue pour l'amusement de la reine de
Suède, Christine; mais qu'il en fut empêché
par le défaut de temps, ou à cause de la dé-
pense. C'est surtout dans le dixième livre de
son ouvrage que Kircher s'est abandonné à
toutes les bizarreries de son imagination, en
traitant d'une sorte de musique mystérieuse
et universelle répandue jusque dans les pierres,
les plantes, les animaux, l'air et le ciel. Il
y parle sérieuseir^nt et en détail de la mu-
sique hiérarchique qu'on entend dans les cieux,
et où les anges sont distribués en neuf chœurs.
André Hirsch (voyez ce nom), prêtre luthé-
rien du dix-huitième siècle, a publié un ex-
trait du gros livre de Kircher, en un volume
in-13. De tous les critiques du savant jésuite,
Meibomius a été le plus dur. On reconnaît son
à prêté ordinaire dans ces phrases de la pré-
face qu'il a mise en tête de son édition des au-
teurs grecs sur la musique : Musicam, grx-
cam disciplinant, dit-il, quam hactenus
Grxce doctissimorum virorum vix ullus
attrectare ausus fuit } sine ulla ferme grxca
litteratura, nullo Grxcorum musicorum
lecto, tradere adgressus est vir Cl. Athana-
sius Kircherus, Fateor non tanlum me mi-
ratum ex celeberrimo orbis terrarum loco,
Româ, tantum ineptiarum adferri potuisse ;
sed etiam à tantx famx viro. Le quatrième
chapitre du deuxième livre de la Musurgia
universalis, qui traite de la musique des Hé-
breux, a été inséré par Ugolipi dans son
The saur, antiq. Sacr. (t. XXXII, p. S54-41G).
Le second ouvrage du P. Kircher qui a pour
objet spécial une branche de la musique, a
pour titre : Phonttrgia nova, sive conjugium
mechanico-physicum artis et naturx, Para-
nympha Phonosophia concinnatum; qux
universa sonorum natura, proprietas, vires
effectuumque prodigiosorum causx, nova et
multiplici experimentorum exhibitione enu-
cleantur; instrumentorum acustiçorum, ma-
chinarumque ad naturœ prototypon adap-
tandarum, tum ad sonos ad remotissima
spatia propagandos, tum in abditis domo-
rum recessibusper occultions ingenii tnachi-
namenta clampalamvesermocinandi modus
et ratio traditur, tum denique in bellorum
tumultibus singularis hujusmodi organo-
rum usus, et praxis per novum phonologum
deseribitur, Campidoo© (Kempten), 1673,
in -fol. de deux cent vingt-neuf pages. Cet ou-
vrage est le développement de quelques parties
des premier et sixième livres de la Musurgie
universelle, avec quelques inventions d'instru-
ments acoustiques dont l'exécution n'aurait
peut-être pas répondu aux résultats que Kir-
cher en attendait. Cependant ce livre n'est pas
sans intérêt : il renferme un certain nombre
de faits qui paraissaient merveilleux à l'é|K>que
où- l'auteur écrivait, mais dont on a depuis lors
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KIRCHER — KIRCHHOF
ST
vérifié la réalité, et dont on a trouvé les lois.
Une traduction allemande de cet ouvrage, inti-
tulée : Neue Hall-und Thon-Kunst, oder
mechanische Geheim-Ferbindung der Kunst
und Natur (Nordlingue, 1684, in-fol.), a été
publiée sous le nom à'Agatho Carione, qui
n'est vraisemblablement qu'un pseudonyme.
Dans son traité du magnétisme intitulé :
Magnes sive de arte magneticd opus tripar-
titum (Rome, 1641, in-4°; Cologne, 1643,
in-4°, et Rome, 1654, in-fol.), Kircber a traité
au troisième livre : De Magnetismo musicas.
Il y disserte longuement sur des faits mal ob-
servés et des suppositions gratuites. On y trouve
les airs qui, de son temps, passaient pour
guérir du tarentisme. Enfin, le savant jésuite
a donné un chapitre rempli de rêveries sur la
musique hiéroglyphique, dans son célèbre
livre intitulé : Œdipus «gyptiacus, hoc est
universalis hieroglyphicx veterum doctrine ,
temporum injuria abolitx , instauratio ,
Rome, 1652-1654, trois volumes in-fol.
KIHCHGyESSï*ER (Marianne), virtuose
sur l'harmonica, naquit en 1770àWaghœusel,
dans le duché de Bade. A peine âgée de quatre
ans, elle perdit la vue ; néanmoins, douée d'un
sentiment musical très-actif et de beaucoup
d'adresse, elle apprit en peu de temps, quoi-
que sans maître, à jouer quelques petits mor-
ceaux sur le piano ; ses succès intéressèrent à
son sort le baron de Beroldingcn^ capilulaire
de la cathédrale de Spire, qui la confia aux
soins du maître de chapelle Schmittbauer, de
Carlsruhe, et qui lui fit présent d'un harmo-
nica de cent ducats. Après avoir étudié avec
persévérance les ressources de cet instrument,
mademoiselle Kirchgœssner parvint à un de-
gré d'habileté qu'aucun autre artiste n'avait
atteint avant elle. Au mois de février 1791,
elle entreprit son premier voyage en Alle-
magne, accompagnée du conseiller Bossner,
de Spire, et se rendit d'abord à Munich où
elle se fit entendre dans quelques sonates,
quatuors et quintettes, composés pour elle par
Eichborn. De Munich elle alla à Vienne, où
elle donna un grand concert au Théâtre Na-
tional. Son talent produisit une si vive impres-
sion sur Mozart, que cet homme célèbre écrivit
pour elle un délicieux quintetlo pour harmo-
nica, deux violons, viole et basse. Ce morceau
a été publié longtemps après. Le vieux Van-
hall écrivit aussi pour celte virtuose quelques
compositions qu'elle a exécutées dans plusieurs
grandes villes. Elle ne s'éloigna de Vienne que
|H>ur se rendre à Dresde, où l'électeur lui fit de
beaux présents en témoignage de sa satisfac-
tion. Le compositeur Naumann, qui l'entendit
aussi dans cette ville, déclara qu'elle était sans
rivale sur l'harmonica. A Berlin, le roi, ému
par son talent, voulut l'entendre quatre jours
de suite, et lui fit donner cent frédérics d'or,
à quoi la reine ajouta le cadeau d'une montre
d'or. Vers la fin de 1792, elle quitta Berlin
pour, aller à Hambourg, où l'admiration pour
son jeu alla jusqu'à l'enthousiasme. A Copen-
hague, en Hollande, partout elle recueillit des
témoignages du même intérêt. Arrivée a Lon-
dres au commencement de l'année 1794, elle
y donna son premier concert le 17 mars; son
succès fut un véritable triomphe. Son séjour
en Angleterre fut pour elle une source de féli-
cité, car, outre les richesses considérables
qu'elle y amassa, elle eut le bonheur de recou-
vrer la vue, de manière à distinguer les objets
et les couleurs. Un médecin de Londres fit
cette cure sans opération, et par le seul usage
de collyres. Ce fut aussi dans cette ville qu'elle
fit l'acquisition de l'harmonica dont elle joua
toujours dans la suite; Frœschel, mécanicien
allemand, le construisit pour elle.
En 1796, mademoiselle Kirschgaessner re-
tourna en Allemagne. Au mois de novembre
de cette année, elle se fit entendre de nouveau
à Hambourg; puis elle partit pour la Russie.
Au mois de mars 1798, elle était à Saint-Pé-
tersbourg, où elle obtenait de brillants succès.
De retour dans sa patrie, elle acheta une jolie
maison de campagne à Gohlis, prés de Leip-
sick, où elle se proposait de passer le reste de
ses jours dans le repos, avec ses fidèles com-
pagnons de voyage, le conseiller Bossler et sa
femme. Cependant elle entreprit un nouveau
voyage en Suisse, en 1808; mais arrivée à
Schaflbuse, elle y fut atteinte d'une inflamma-
tion de poitrine qui la -mit au tombeau le 9 dé-
cembre de la même année, à l'âge de trente-
huit ans. Le 13 de ce mois, elle fut inhumée
dans le cimetière du couvent Paradis, et un
service solennel fut chanté à ses obsèques.
KIRCHHOF (Gooefroid), né à Mtlhlbeck,
près de Bitterfeld, le 15 septembre 1685, étudia
dans sa jeunesse le clavecin et la composition
près du célèbre organiste Zachau, à Halle, et
fut nommé, en 1709, maître de chapelle du
duc de Holstein-Glucksbourg, puis, en 1711,
organiste de l'église des Bénédictins a Qued-
linbourg. En 1714, il fut appelé à Halle pour
y remplir les fonctions d'organiste et de direc-
teur de musique à l'église Notre-Dame, et
depuis lors, il refusa toutes les places de
maître de chapelle qui lui furent offertes, ne
voulant pas quitter celte position. Il la con-
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KIRCHHOF — KIRCHNER
serva jusqu'à sa mort, arrivée au mois de
mars 174G. On a publié de cet artiste VABC
musical, contenant des fugues et des pré-
ludes dans tous les tons pour le clavecin,
Amsterdam, Wilhogel. Gerber possédait aussi
de Kircfahof des chorals variés et des suites de
pièces pour l'orgue.
KIRCHHOFF (...), harpiste allemand, né
en Saxe, se fixa à Copenhague, et fut attaché
à la musique du roi de Danemark. Il mourut
au mois de février 1799, à l'âge de soixante-
dix-sept ans. Vers 1758, il avait fait un voyage
en Russie, et s'était fait entendre avec beau-
coup de succès à Saint-Pétersbourg. On connaît
de sa composition quelques solos de harpe, et
six quatuors pour harpe, deux violons et
basse. Tous ces morceaux sont restés en ma-
nuscrit.
En 1838, un chef d'orchestre du Théâtre
de Breslau, nommé Kirchhoff on Kirchhof
(Wilhelm), y fit exécuter une ouverture de sa
composition. On retrouve cet artiste à Ulm,
en 1847, occupant une position semblable et
faisant représenter au théâtre de cette ville,
le 17 décembre, son opéra intitulé : André
Hofer, en trois actes. Kirchhof était alors
pensionné comme ancien chef d'orchestre à la
cour de Sondershausen. On connaît aussi de
cet artiste des mélodies à voix seule, avec
accompagnement de piano, publiées à Stutt-
gard, chez Ebner, à Nuremberg, chez Eudler,
et à Mannheim, chez Heckel.
Un autre musicien, nommé Kirchhoff
(F. F. G.) était, vers 1840, professeur de
musique à Aix-la-Chapelle, et y a publié plu-
sieurs recueils de Lieder et de mélodies avec
accompagnement de piano.
KIRCUMAIER (Georges-Gaspard), sa-
vant chimiste et littérateur allemand, né
en 1635, à Offenheim, en Franconie, fit ses
études dans les universités principales de l'Al-
lemagne. Il mourut le 28 septembre 1700.
Jœcher donne la liste de cent quarante-huit
ouvrages composés par ce savant. Dans ce
nombre est comprise une dissertation De Ta-
rentula, où il parle de la morsure de cet
insecte, de l'exaltation qu'elle produit, et de
sa gnérison par la musique. Ce morceau a été
imprimé avec d'autres dissertations du même
auteur, à Witlenberg, 1669, in-8°.
KIRCHMAIER (Théodore), professeur
de philosophie et adjoint à la faculté des
sciences de Witlenberg, dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer
une dissertation intitulée : Schediasma Phy-
sicum de viribus mirandis tout consoni,
Wittenberg, 1672, in-4° de trois feuilles et
demie. Il y traite : De viribus mirandis tout
consoni 1° in movendis affectibus; 2° in
concitandis acrumpendis corporibus; 3° in
curandis morbis.
KIRCHNER ( ), cantor à Buchlohc,
bourg de la Bavière, en 1770, est connu par
une année complète de musique d'église avec
orchestre, et par quelques symphonies. Toutes
ces compositions sont restées en manuscrit.
KIRCHNER (Jeah-Hehri), fils du précé-
dent, né à Buchlohe, fit ses premières éludes
dans quelques collèges du Mecklen bourg, et
suivit un cours de. théologie à l'Université de
Jéna. Vers 1798, il se rendit à Rudolstadt, où
il fut nommé cantor } puis, en 1801, troisième
diacre. Il a publié un traité élémentaire de
musique intitulé : Theoretisch-pràktisches
Handbuch zu einem fur kiinstige Land-
schullehrer nathigen musikalischen Unter-
richt (Manuel théorique et pratique de l'in-
struction musicale nécessaire à un instituteur
delà campagne), Arnstadt, Langbein, 1801.
On a aussi du même auteur : 1° Douze airs en
chœur, deux suites, Arnstadt, Hildebrandt.
2° Le 149 f psaume, en manuscrit.
KIRCHNER. Plusieurs musiciens de ce
nom se sont fait connaître depuis 18*30 : mais-
tous les biographes allemands gardent le
silence sur eux. Le premier en date est un-
chanteur en voix de fausset, né à Hambourg,
au commencement du dix-neuvième siècle. Il
vécut quelque temps à Munich et s'y fit con-
naître comme ténor et comme exécutant sur
le piano : puis il s'établit à Berlin et y resta
pendant les années 1824 et 1825. En 1827, il
se rendit à Vienne et y enlra au théâtre de
Léopoldstadt. Ce fut alors que, remarquant
l'étendue, la sonorité et la flexibilité de sa voix
de fausset, il travailla cet organe factice et
parvint à lui donner un caractère de voix
féminine qui produisait une illusion complète.
Il écrivit sous le titre de La Fausse prima
donna un opéra en un acte qui fut représenté
avec succès, à Vienne, à Prague, à Stuttgart!
et à Kœnigsberg. Le compositeur y remplissait
le rôle principal, et lui-même fut connu long-
temps, en Allemagne, sous le nom de La
fausse Catalani. Il chantait encore au théâtre?
Léopoldstadt, à Vienne, en 1858; mais après
cette époque, on ne trouve plus aucun rensei-
gnement sur lui.
Un autre compositeur, du nom de Kirchner T
était directeur de musique au théâtre de
Strasbourg, en 1854, et y fit représenter un
opéra intitulé : Les deux Duègnes. Enfin, un
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KIRCHNER — KIRNBERGER
39
pianiste, fécond auteur d'une infinité de petites
pièces, particulièrement de polkas pour son
instrument, s'est produit depuis 1840. Cet
artiste, né à Neukirchen, bourg de la Bavière,
se nomme JFenceslas Kirchner : il vivait à
Lemberg (Gallicie), en 1842.
KIRCIIRATU (Ruiin), chantre de
l'Église cathédrale de Cologne, vécut dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle. Il est
auteur d'un livre qui a pour litre : Theatrum
mutiez choralis, das ist : Kurze und grund-
lich gelehrte t'erfatsung der Arttinischen
und Gregorianischen Singkunst , zusam-
mengetragen und in den Druck gegeben
von 14. s. ut. (Théâtre de musique chorale,
c'est-à-dire, constitution solide et /savante de
l'art du chant arétinien et grégorien, etc.),
Cologne, Godschalk, 1782, in-4°, de quatre-
vingt-huit pages, non compris la préface.
KIRKBIAN (Jba*), musicien hollandais,
né vers le milieu du dix-huitième siècle, se
fixa à Londres, en 1782, et y fut organiste de
la chapelle réformée du rit luthérien. Il
mourut de consomption à Norwich, en 1790.
On a de cet artiste : 1° Trois trios pour piano,
violon et basse, op. 1,La Haye, 1781. 2* Trois
sonates à quatre mains et une à deux mains
pour le clavecin, Amsterdam, 1782. 3° Six
leçons ou sonates pour le piano, op. 3, Lon-
dres, 1783. 4° Yersets pour les psaumes, com-
posés pour l'orgue, en collaboration avec
Recule, ibid. 5° Deux sonates et un duo à
quatre mains, op. 6, Londres, Preslon. 6° Trois
sonates pour clavecin et violon, op. C, ibid.
7° Sonate pour le piano, dédiée à Clementi,
op. 8, Londres, Clementi. 8" Organ pièces,
op. 9, ibid. 0° Huit ballades dédiées à la mar-
quise de Salisbury, op. 10. 10° Quatre rondos
pour piano seul, op. 14, ibid.
KIUMAI ER (Wolfgahg), musicien de la
chapelle de l'électeur de Bavière, mourut à
Munich,, en 1795. On connaît de sa composi-
tion des sérénades et des nocturnes àr plusieurs
instruments.
KUIM AYEtt (Frédkiuc-Josepji) , fils du
précédent, a changé l'orthographe de son nom
en celle de Kirmair. Il naquit à Munich, et
fit ses éludes musicales sous la direction de
son père. Destiné au barreau, il suivit d'abord
des cours de droit, mais son goût pour la mu-
sique lui fit abandonner celte carrière pour
celle de pianiste et de compositeur. Après avoir
longtemps voyagé en France, en Italie, en
Suisse, en Hollande et en Allemagne, il arriva
à Berlin en 179o, et y Fit admirer son habileté
dans l'exécution des traits difficiles, particu-
lièrement des tierces et des octaves. Ses succès
lui procurèrent en 1795 l'honneur d'être choisi
pour maître de piano de la princesse royale,
depuis lors reine de Prusse. Il fit ensuite des
séjours de peu de durée dans les cours de
quelques petits princes d'Allemagne, puis
accepta un engagement à Cassel, où la musique
lit sous sa direction de notables progrès. En
1803, il quitta celte position pour prendre
celle de maître de concert du duc de Gotha.
On a publié de sa composition : 1° Sonates
pour piano avec violon et violoncelle, op. 9,
13, 21, 22 et 23, Offenbach, André, et Ham-
bourg, Bœbme. 2° Sonates pour piano seul,
op. 2, 5, 12, 17, 19, ibid. 5° Pièces détachées
pour piano, op. 29, Hambourg, Bœhme.
4° Thèmes variés pour piano, environ trente
œuvres, chez la plupart des éditeurs d'Alle-
magne. 5° Grande symphonie pour l'orchestre,
Berlin, Hummel, 1800. Kirmayer est mort à
Gotha, en 1814.
ItlUNDERGER (Jean Philippe) , né le
24 avril 1721, à Saalfeld, dans la Thuringe,
apprit dans" cette ville les éléments de la mu-
sique, du clavecin et du violon, puis alla con-
tinuer ses études chez J.-B. Rellncr, alors
organiste à Grœfenrode. En 1738, il se rendit
à Sondershausen, où il reçut des leçons de
violon de Meil, musicien de la chambre du
prince, et chercha les occasions de former son
goût, en fréquentant la chapelle. Il y fit aussi
la connaissance de Gerber, élève de Bach, qui
lui parlait souvent de ce grand homme, et qui
lui suggéra l'idée de se rendre à Dresde pour
l'entendre et profiter de ses leçons. Kirnberger
réalisa en effet ce projet dans l'année 1739, et
pendant deux ans, il eut le bonheur d'étudier
sous la direction du plus grand musicien de
l'Allemagne. En 174 1 , il partit pour Ja Pologne,
où il demeura pendant dix ans au service de
plusieurs princes, en qualité de claveciniste,
puis comme directeur de musique d'un cou-
vent de filles à Lemberg. En 1751, il retourna
en Allemagne, et quoiqu'il eût alors plus de
trente ans, il reprit l'élude du violon, dans le
dessein d'entrer comme simple symphoniste
dans la chapelle du roi de Prusse, Frédéric II.
Arrivé à Berlin vers la fin de la même année,
il y eut en effet une place, et y resta jusqu'en
1734. A cette époque, il obtint l'autorisation
du roi pour passer au service du prince Henri ;
mais il n'y resta pas longtemps, parce que la
princesse Amélie le prit pour son maître de
composition, cl le chargea de la direction de
sa musique. Kirnberger remplit ces fonctions
pendant les vingt dernières années de sa vie.
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40
klllNBKRGER
Il mourut à Berlin, dans la nuit du 27 au 28
juillet 1783, après une maladie longue et dou-
loureuse.
Comme organiste, Kirnberger fut imitateur
du style de Bach. Ses fugues n'ont pas le cachet
de création qu'on remarque dans celles de
son maître ; mais on y trouve du savoir et de
rhabileté dans l'art de développer un sujet, et
dans les mouvements des différentes parties.
Il a écrit beaucoup de musique instrumentale
dont une partie a été publiée, et quelques mor-
ceaux pour l'église, qui sont restés en manu-
scrit. Sa musique de clavecin est remplie de
choses charmantes, d'un goût naturel et d'une
naïveté élégante. Dans les vingt dernières
années de sa vie, il s'occupa particulièrement
de la didactique et de la théorie de l'art.
On a publié de sa composition : 1° Alle-
gro pour clavecin seul, ou pour violon et vio-
loncelle, 1750. 2° Fugue pour clavecin en
contrepoint double à l'octave, 1760. 3° Chan-
sons avec mélodies, 1762. 4° Douze menuets
pour deux violons, deux hautbois, deux flûtes,
deux cors et basse continue, 1772. 5° Quatre
recueils d'exercices pour le clavecin, dans la
manière de Bach, 1761-1764. 4° Deux solos
pour flûte, 1765. 7° Deux trios pour deux vio-
lons et basse, 1765. 8° Deux solos pour flûte,
1767. 9° Pièces de musique mêlée, 1760.
10° Odes avec mélodies , Dantzick, 1775.
11° Chansons à Ports, avec accompagnement
de clavecin, Leipsick, 1774 (seconde édition).
12° Huit fugues pour le clavecin ou l'orgue,
Berlin, 1777. 15° Recueil d'airs tle danses
caractéristiques, consistant en vingt-quatre
pièces pour le clavecin, ibid., 1779. 14° Chant
pour la paix, sur un texte de Claudius, ibid.,
1779. 15° Diverses pièces pour le clavecin,
1780. Kirnberger a été aussi l'éditeur d'un
choix de pièces de différents compositeurs,
comme modèles d'harmonie pure, consistant
particulièrement en duos, trios, quintettes,
sextuors et chœurs de Graun, quatre volumes,
Berlin et Kœnigsberg, 1775 et 1774; ainsi
que des psaumes et chants chrétiens à quatre
voix, de Jean-Léon Hassler. Il a laissé en
manuscrit plusieurs morceaux de musique in-
strumentale, des messes latines, Ino, cantate
de Ramier, à dix voix, la Chute du premier
homme, cantate, le 51 e psaume à quatre voix,
et le 157 e idem, à quatre voix. On trouve de
Kirnberger, à la Bibliothèque royale de Berlin,
les ouvrages suivants en manuscrit : 1° Les
motels : Gott ist unsre Zuversicht (en si
bémol) ; JFende dich zu mir (en ut mineur) ;
Erbarm dich unser Gott (en si mineur} ; tous
ces morceaux sont à quatre voix et orgue ; les
cantates spirituelles : der Fait der ersten
Menschen, pour soprano (en si mineur);
Christusist gesetzes Ende, à quatre voix et
instruments (en ré majeur) ; des préludes et
des .fugues pour l'orgue, des sonates de clave-
cin, etc. Quelques-unes de ces compositions
sont en manuscrit original.
Mais c'est surtout comme écrivain didac-
tique et comme théoricien que Kirnberger
s'est fait une honorable réputation. Ses idées
sur la construction rationnelle du système de
l'harmonie furent plus nettes et plus avancées
que celles de M arpurg et des autres harmo-
nistes de la seconde moitié du dix-huitième
siècle. Le premier, il comprit bien le méca-
nisme général de la prolongation des notes
sur la succession des accords, et des modifica-
tions qu'elles y introduisent; il en exposa les
principes dans son livre intitulé : Vie wahren
Grundsxtze sum Gebraueh der Harmonie
(Les vrais principes concernant l'usage de
l'harmonie, etc.). Il pourrait y avoir à la vérité
plus d'ordre dans l'exposé des idées de sou
système qu'il n'en a mis dans cet ouvrage;
mais le seul aperçu de sa théorie fut un ser-
vice immense rendu à la science, et ce fut la
seule chose réelle faite pour l'avancement de
cette science depuis la classification des accords
fondamentaux ctdérivés de Rameau, jusqu'aux
travaux de Catel. Voici la liste des écrits de
Kirnberger : 1° Construction der gleichschxce-
benden Temperatur (Construction du tempé-
rament balancé), Berlin, 1760, une feuille
avec une planche. C'est ce même opuscule qui
a été publié à Paris chez Beaucé, sous le titre
de Nouvelle méthode d'accorder le piano-
forte. Le tempérament de Kirnberger a l'in-
convénient de manquer de simplicité : depuis
longtemps les accordeurs de piano en ont
abandonné l'usage. Le général de Tempelhof
(voyez ce nom) a fait un analyse critique de ce
tempérament et en a fait voir les défauts con-
sidérables. 2° Die Kunst des reinen Satzes in
der Musik, aus sicheren Grundsaslzen /*er-
geleitel und mit deutlichen JBeyspielen er-
teutert (L'art de la composition pure dans la
musique, d'après des principes positifs expli-
qués par des exemples). Berlin, II.- A. Rolt-
mann, sans date, un vol. in-4° de 252 pages.
Une deuxième édition de cette première partie
parut peu de temps après \ Berlin et Kœnigs-
berg, G.-J. Decker et G.-L. Hartung, 1774,
in-4°. Deuxième partie, première section,
ibid. y 1776, in-4°de 155 pag. Idem, deuxième
section, ibid. 9 1777, in-4° de 252 pages.
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KIRNBERGER
4!
/<frm, troisième section, ibid., 1779, in-4° de
188 pages. Kirnberger a reproduit, au com-
mencement de la première partie de cet ou-
vrage, son système de tempérament. Vient
ensuite le traité des accords et de l'harmonie,
où l'auteur expose sa théorie sur les harmo-
nies produites par la prolongation. Kirnberger
y traite aussi de la manière d'accompagner la
mélodie en général, et les chorals en partie..-
lier. Les sections VII, VIII et IX de cette
première partie sont relatives à la modulation
et aux transitions; les deux dernières, au con-
trepoint simple. La deuxième partie manque
d'ordre; sa première division aurait dû être
l'appendice de l'ouvrage, afin de ne rien in-
troduire d'étranger entre le contrepoint simple
qui termine la première partie, et les diffé-
rentes espèces de contrepoints doubles qui
remplissent la deuxième division. La troisième,
où Kirnberger revient sur quelques cas parti-
culiers de ces contrepoints, et où il traite des
canons, est incomplète, en ce qu'il n'y donne
ni les règles ni les exemples des divers sys-
tèmes de fugues. Toutefois, tel qu'il est, cet
ouvrage peut être considéré comme un des
meilleurs traités de composition publiés en
Allemagne, quoiqu'il y ait plus de méthode
dans les livres de Marpurg et d'Albrechls-
berger. 5° Die wahren Grundsxtze zum
Gebrauch der Harmonie, darinn deutlich
gezeigt wird, wie aile mœgliche accorde aus
dem Dreyklang und dem wesentlichen Sep-
titnenaccord, und deren dissonirende Vo-
chxlten, herzuleiten und zu erklxren sind,
al» ein Zusatz zu der Kuntt des reinen
Satzes in der Musik (Les vrais principes con-
cernant l'usage de l'harmonie, etc.), Berlin
et Kœnigsberg, 1773, in-4° de 115 pages.
Tous les écrivains qui ont parlé de ce livre
disent que Kirnberger y a réduit l'harmonie
aux deux accords fondamentaux, parfait et
de septième. Lui-même, dans ses préfaces, et
surtout dans celle de ses Principes de basse
continue, se félicite d'être arrivé à ce degré
de simplicité. Nul doute qu'il eût atteint le
dernier terme de la perfection du système
normal de l'harmonie , si sa prétention était
fondée en réalité : mais de même qu'il prend
pour point de départ de l'harmonie conson-
nante l'accord parfait avec tierce majeure, ou
avec tierce mineure, ou avec quinte mineure
(sur le septième degré), de même il considère
comme accords primitifs les quatre accords de
septième sol, si, ré, fa; la, ut, mi, sol; si,
ré, fa, la; ut, mi, sol, si, qui ne lui parais-
sent différer que par la qualité de leurs inter-
valles. Il ne s'est pas aperçu que le premier seul
est un accord primitif qui s'attaque sans pré-
paration, comme les accords consonnants, et
que les autres, étant toujours préparés, sont
nécessairement d'autre nature, et résultent de
la prolongation réunie au mécanisme de la
substitution, ou à d'autres circonstances qui,
toutes, lui ont été inconnues. Ne supposons
donc point ce qui n'est pas, et n'accordons à
Kirnberger que ce qui lui appartient réelle-
ment : la découverte du mécanisme de la pro-
longation dans les accords qui ne sont point
modifiés par d'autres circonstances. C'est cette
découverte que Calel a introduite en France
dans son traité d'harmonie. Une deuxième
édition de l'ouvrage dont il s'agit a été publiée
à Vienne chez Haslinger, in-4°. 4° Grund-
sxtze des Generalbasses als erste linien der
Composition (Principes de la basse continue,
comme premiers éléments de la composition),
Berlin, Hummel, 1781, in -4° de 88 pages avec
25 planches de musique. Diverses autres édi-
tions ont paru à Hambourg, chez Bœhme, à
Berlin, chezLischke, à Otfenbach, chez André,
à Vienne, chez Haslinger. Cet ouvrage est le
développement pratique de la théorie de l'au-
teur sur la formation et la classification des
accords. 5° Gedanken iiber die verschiedenen
Lehrarten in der Composition, als Forberei-
tung zur Fugenkentniss (Idées sur les diffé-
rentes méthodes de composition, comme in-
troduction à la connaissance de la fugue),
Berlin, 1782, 32 pages in -4°. Il est vraisem-
blable que cet opuscule aurait été suivi d'un
traité spécial sur la fugue, comme complément
de l'art de la composition pure, si la mort ne
fut venue arrêter les travaux de Kirnberger.
Dans ce petit ouvrage, il fait l'éloge des livres
de Berardi, de Bononcini et de Fux sur la
composition ; mais il vante par dessus tout la
méthode pratique de J.-S. Bach. frAnleitung
sur Singkomposition, mit Oden in verschie-
denen Sylbenmassenbegleitet (Instruction sur
la composition du chant, etc.), Berlin, 1782,
85 pages in- fol. Après une dissertation sur le
chant, Kirnberger a placé quelques odes bien
traitées dans les différents rhythmes, suivant
la doctrine des anciens. 7° L'art de composer
des menuets et des polonaises sur-le-champ,
Berlin, 1757, in-4°. Une édition allemande a
paru dans la même année sous ce litre : Ver
allzeitfertige Menuetten und Polonuisen-
Componist, Berlin, 1757, 19 feuilles in-4°.
L'artifice de celle espèce de secret consiste
dans la combinaison d'un certain nombre de
mesures de menuets ou de polonaises qu'il
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4-2
K1RNBERGER — KIST
suffît d'assembler de dlvcrser manières pour
obtenir des morceaux différents. Kirnberger
est aussi l'auteur de tous les articles sur la
musique qui se trouvent dans la Théorie des
beaux-arts de Sulzer.
KIUSCIIZMEK (Jean-Égide), cantor à
Schmalkalden , s'est beaucoup occupé des
moyens de faciliter l'enseignement dans les
écoles publiques. En ce qui concerne la mu-
sique, il a publié : 1° Elementar Gesangbil-
dungslehre, oder die Kunst in moeglichst
kurzer Zeit Kinder nach Stephani's Méthode
singen zu lehren (Constitution d'un enseigne-
ment élémentaire du chant, ou l'art d'ensei-
gner aux enfants à chanter, dans le temps le
plus court possible, par la méthode de Sle-
phani), Ilmenau, Voigt, 1816, grand in-8°.
2° Clavier-instrumental- M aschine , nebst
Anhang einer beice g lichen Singmaschine
nnd eingestreuten Winken eines Elementar-
stufengangs (Machine instrumentale à cla-
vier, avec l'addition d'une machine chantante
portative, etc.), Schmalkalden, 1819, in- 4°
obi. de 10 pages et 2 planches.
Kl USC 11 IMG K (...), facteur d'instru-
ments de musique, né en Bohême, était établi
à Saint-Pétersbourg, en 1704. Cet artiste, sui-
vant le Journal de musique de Koch (p. 195),
faisait déjà à cette époque des pianos orga-
nisés dont les jeux de flûtes étaient expressifs
au moyen d'une pédale.
KIRSTEai (Michel), organiste de la
deuxième église de Breslau, naquit au mois
d'octobre 1C82, à Lossen, dans le comté de
Brieg. Dès son enfance, il montrait un goût
passionné pour la musique, et avait appris
seul à jouer des airs de danse sur un tympan on
que son père lui avait procuré. Destiné à
exercer la profession de celui-ci, c'est-à-dire,
à être cordonnier, il ne put obtenir d'abord
qu'on le mit en apprentissage chez quelque
musicien de village; mais enfin ses sollicita-
tions triomphèrent; à l'âge de douze ans, il
reçut des leçons d'un joueur de tympanon, et
trois mois lui suffirent pour être en état de
jouer dans les fêles de village. Plus tard, une
èpinelle, qu'il trouva par hasard, lui fournit
l'occasion d'apprendre à jouer sur le clavecin
des chorals et d'autres mélodies, sans con-
naître d'autres principes que ceux de la rou-
tine. Résolu enfin à se livrer sérieusement à la
culture de la musique, il se rendit à Brieg,
n'ayant que six thalers (environ vingt-trois
francs) dans sa poche, pour y étudier sous la
direction de l'organiste Gaspard Schrœler. Ce-
lui-ci lui lit signer un engagement pour deux
ans, puis lui enseigna à lire les notes et lui
donna quelques principes de doigter du cla-
vecin. Une place d'organiste dans un village,
appelé Grond-Jxugnilz , étant devenue va-
cante, Schrœler y envoya Kirsten dans le
cours de sa seconde année. Celte position lui
fit utile, en ce qu'il y prit l'habitude d'accom-
pagner les mélodies chorales. On construisait
alors un nouvel orgue dans ce lieu : Kirsten
profita de cette circonstance pour connaître le
mécanisme des instruments de cette espèce.
Ses éludes terminées, il obtint les places d'or-
ganiste, de maître d'école, de cari Honneur et
de musicien de ville, à Lœwen. Il y passa qua-
torze années, qui furent les plus heureuses de
sa vie, et pendant lesquelles il augmenta beau-
coup ses connaissances en musique. En 1720,
on l'appela à Breslau pour y remplir la place
d'organiste de l'église Sainle-Marie-Iftadeleinc,
qui lui fut donnée après un concours. Le reste
de sa vie s'écoula dans ces paisibles fonctions,
et il mourut avec la réputation d'un organiste
habile, le "28 juin 1742. Dsns sa jeunesse, il
avait montré du laleut pour la composition de
la musique instrumentale, mais ses ouvrages
sont restés en manuscrit et se sont égarés. On
n'a imprimé de lui qu'un Te Deum et un Ma-
gnificat en allemand.
ItlllSTEIN (Frédéric) fut d'abord orga-
niste de l'église réformée, puis de l'église du
château, à Dresde. Il vécut vers la fin du dix-
huitième siècle. En 1795, il se fit entendre à
Berlin et y fut considéré comme un habile
pianiste. On connaît de sa composition :
1° Trois solos pour piano, op. 1, Offenbach,
André. 2° Deux idem y op. 2, ibid. 3° Six trios
pour piano, violon et violoncelle, Leipsick.
4° Chansons à voix seule avec accompagne-
ment de piano, Leipsick, Wienbrock. 5° Chan-
sons pour des réunions joyeuses, à huit voix,
avec accompagnement de piano, Hambourg,
Gunther, 1797.
KIUSTEft (Hekbi), organiste dg la ville
dans les deux églises principales de Gotha, oc-
cupait cette position en 1840. On a de lui une
discussion concernant la question posée dans
un numéro de la Gazette générale de Leip-
sick) à savoir, pourquoi il n'y a pas un jeu de
seize pieds ouverts au moins, dans toutes les
orgues. Ce morceau a été publié dans la même
gazelle (an. 1841, p. 583).
KIST (le docteur F lurent- Corneille), fils
du célèbre pasteur et orateur Ewald Kist, est
né à Arnheim, le 28 janvier 1796. Dès l'âge
de huit ans, il reçut des leçons de piano; quel-
ques années après, il se livra à l'étude de la
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KIST
43
flûte et du cor. Lorsqu'il eut Ici-mine ses hu-
manités, il suivit, de 1815 à 1818, les cours
de médecine de l'Université de Leydc cl reçut
le diplôme de docteur. La flûte était devenue
son instrument de prédilection; il en jouait
avec succès dans les concerts. Vers la même
époque, il cultiva aussi l'art du chant sous |a
direction de quelques bons maîtres et se pro-
duisit comme chanteur dans les concerts de La
Haye, de Delft et de Dordrecht. Enfin, il étudia
seul l'harmonie, et reçut des leçons de contre-
point et de fugue du docteur Bekker et d'un
élève de Frédéric Schneider. En 1818, M. Kist
s'établit à La Haye et y exerça la médecine
jusqu'en 1825. Dominé par son penchant, il
abandonna sa profession pour se livrer ex-
clusivement à la musique comme amateur.
L'hiver, il habitait à La Haye et passait l'été
dans une maison de campagne près de Delft.
En 1821, il avait été un des fondateurs et ad-
ministrateurs de la Société musicale Diligett-
tia, de La Haye ; en 1829, il créa aussi à Delft
une société de chant d'ensemble et une sec-
tion de l'association pour les progrès de la
musique, dont il fut président jusqu'en 1840.
Il fut aussi pendant plusieurs années admi-
nistrateur de la Société Collegium tnusicum
dans la même ville. Enfin, il établit à La Haye,
en 1832, la société de chant d'ensemble con- '
nue sous le nom de Cxcilia, et deux ans après
il devint administrateur du concert d'artistes
Harmonie, dans la même ville. C'est ainsi
que s'écoulèrent les belles anuées de la vie de
M. Kist dans une activité incessante pour les
progrès de l'art.
Fixé à Utrecht en 1841, il y rédigea jus-
qu'en 1844 le Nederlandsch muzikaal Tijd-
schrift , écrit périodique qu'il abandonna
pour créer et rédiger le journal hebdomadaire
de musique Cxcilia, qui se publie encore et
compte aujourd'hui (1862) dix-neuf années
d'existence. Non-seulement il fit le sacrifice
de quelques milliers de florins pour assurer le
succès de cette publication, mais il y consacra
ses veilles et y fournit un grand nombre de
dissertations et d'articles, particulièrement sur
l'histoire de la musique à Utrecht, depuis le
quatorzième siècle jusqu'en 1831. De 1841
a 1849, il fut vice-président du concert érigé
à Utrecht par l'administration de la ville, sous
le nom de Collegium masicum Vitra jectinum.
En 1845, il visita l'Allemagne et y fit un sé-
jour de six mois pour se livrer à l'examen de
la situation de la musique; les résultats de ses
observations ont été publiés dans la Concilia.
Dans la même année, M. Kist devint corres-
pondant du Zeitschrift filr Dilettanten de
Gassner, à Carlsruhe, du Signale de Leipsick,
et de la Teutonia Zeitschrift fiir Mànnerge-
sang Fereinen de Dresde. En 1847, il créa à
Utrecht le concert d'amateurs connu sous le
nom de Symphonie, et deux ans après il éta-
blit dans sa maison la société de chant Duce
Apolline. Ses principaux titres honorifiques
sont : 1° Membre d'honneur du Moxarteum et
du Dom-Musik Ferein, à Salzbourg, en 1843 ;
9° de la société de chant Cxcilia, à La Haye,
en 1844 ; 3° de la Société Historique d'Utrecht,
en 1847 ; 4° de la société de chant Cxcilia, de
Nimègue, en 1848 ; 5° de la Société de littéra-
ture nationale, de Leyde, dans la même an-
née, et 6° de la société de chant Euphonia,
d'Utrecht, en 1852.
Les œuvres musicales de cet amateur, aussi
zélé que distingué, sont : 1° C fiant de Fan
Speyk, avec accompagnement de piano.
2° Hommage à Fan Speyk, cinq quatuors
pour voix d'hommes, textes hollandais et
allemand. 3° NeerJande, pour baryton avec
piano. 4° Notre patriotisme, idem. 5° Huit
chants, patriotiques avec piano. 6° Thème
varié pour la flûte. 7° Six chorals pour voix de
contralto et de soprano, textes hollandais et
allemand. 8° Six morceaux de chant à trois
voix, texte hollandais. 9° Les Dernières Pa-
roles de Nourrit, chant pour voix de basse
avec piano. 10° Deux romances avec piano.
11° Cavatine italienne, idem. 12° Gabrielle ,
quatuor pour voix d'hommes. 15° Vingt-cinq
chants pour une et deux voix, à l'usage des
écoles. 14° A Anna, mélodie pour voix seule,
avec piano et violoncelle. 15° Chant du gon-
dolier, avec piano, texte hollandais. Toutes
ces productions ont été éditées par Weygand
et Beuster, à Amsterdam, Dony et C c , à La
Haye, et par Natan, à Utrecht.
M. Kist a en manuscrit : 1° Cantate pour
voix d'hommes, avec solos de soprano et de
basse et accompagnement d'orchestre. 2° Le
Pèlerin, cantate pour voix d'enfants, chœurs
et solos avec piano. 5° Air italien pour voix de
basse, avec piano et violoncelle. 4° Beaucoup
de chorals à quatre voix, canons et fugues.
5° Grand duo pour voix de basse avec piano.
6° Ernst und Frende, ouverture à grand or-
chestre, exécutée avec succès, en 1842, dans un
des concerts Diligentia, à La Haye. 7° Plu-
sieurs airs italiens pour voix de basse et or-
chestre. 8° Air italien pour conirallo et or •
cfaestre. 9° Plusieurs mélodies allemandes avec
piano. 10° Duo pour soprano et conirallo, t'd.
Comme écrivain sur la musique, AI. Kist a
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41
KIST — KITTEL
publié : 1° De Toestqnd van het protestant'
scheKerkgesang in Nederland, benevens mid-
deUn tôt desxelfs verbetering (la Situation du
chaut de l'église protestante en Hollande, etc.))
un volume in -8° avec planches de musique,
Utrecht, L.-E. Bosch, 1840. 2° Levensgeschie-
denis van Orlando de Lassut (Histoire de là
vie de Roland de Lassus), un volume in -8° avec
portrait et musique, La Haye, A.-D. Schinkel,
1841. 5° Grondtrekken van de gesehiedenis
derMusik door Brendel (Faits principaux de
l'histoire de la musique, par Brendel, traduit
de l'allemand, etc.), un volume in-8°, Utrecht,
Dannenfessel et Doorraan, 1851. 4° Disserta-
tions sur la musique, dans le journal Am-
phion, de 1820, et dans le Musikaaltijd-
schrift de 1856. 5° Une multitude d'articles,
de dissertations et de notices biographiques
dans le journal de musique Cscilia, Utrecht,
1844 à 1861, in-4«.
KITCHINER (William), docteur en mu-
sique de l'Université de Cambridge, vivait à
Londres, au commencement du dix-neuvième
siècle, et s'y trouvait encore en 1851. Il a fait
représenter, au théâtre de l'Opéra-Ajuglais ,
Love among the Roses (l'Amour parmi les
roses), opérette dont la partition pour le piano
a été publiée. On a aussi de lui un livre inti-
tulé : Observations on Focal JEf tisse, Lon-
dres, 1821, un volume in-12. Gomme éditeur,
il a publié plusieurs recueils d'anciennes chan-
sons anglaises, d'après des manuscrits, ou d'an-
ciennes éditions, sous les titres suivants : Sea
songs of England (Chansons maritimes de
l'Angleterre), un volume grand in-4°; et
Loyal and National Songs of England, pour
une, deux et trois voix, Londres, un volume
gr. in-4°.
KITTEL- (Jean-Chrétien), savant orga-
niste, né à Erfurt, le 18 février 1752, fut un
des meilleurs élèves de Jean-Sébastien Bacn.
Sorti de l'école de ce grand, homme, il ne quitta
Leipsick que pour prendre possession de la
place d'organiste à Langensalza. En 1756, il
retourna à Erfurt et y fut nommé organiste de
l'Église du magistrat. Artiste d'un rare talent,
il ne parait pas avoir connu lui-même sa
portée, car sa vie tout entière s'écoula dans
un 2 place obscure dont les émoluments étaient
si faibles, qu'il aurait connu les horreurs du
lx soin vers la fin de sa carrière, si le prince
primat n'était venu a son secours, en lui ac-
cordant une petite pension. Il y avait qua-
rante-quatre ans qu'il était organiste à Erfurt,
et déjà il était arrivé à sa soixante-huitième
année, lorsque ses amis lui suggérèrent l'idée
d'un voyage en Allemagne qui lui procura
quelques ressources, et qui révéla l'existence
de son beau talent aux artistes et aux ama-
teurs de plusieurs grandes villes. Il partit au
printemps de l'année 1800. A Gœttingue, à
Hanovre, à Hambourg et a Altona, il provoqua
l'admira tion de tous ceux qui l'entendirent. Son
séjour dans cette dernière ville se prolongea
pendant près d'une année, et il employa la
plus grande partie de ce temps à faire un livre
de chant choral pour les églises du Holstein.
De retour à Erfurt, il y retrouva la monotone
existence qui, pendant un si grand nombre
d'années, n'avait eu qu'un seul jour de gloire
(le 24 novembre 1798), lorsque le digne artiste
joua de son orgue devant la reine de Prusse,
le duc de Weimar et les princes de Hombourg
et de Schwartzbourg-Rudolstadt. Ses derniers
jours s'écoulèrent paisiblement, et, le 9 mai
1 1800, il cessa de vivre. Gerber, que j'ai suivi
dans la première édition de cette Biographie,
dit que Kit tel mourut dans la nuit du 17 au 18
mai ; mais Rinck, le meilleur élève de ce grand
organiste, qui devait bien savoir la date de la
mort de son maître, la fixe au 9 mai, dans
son autobiographie imprimée chez Aderholz,
à Breslau, en 1855. Rit tel ne fut pas seulement
un organiste et un compositeur de grand mé-
rite ; il posséda aussi un beau talent sur l'har-
monica. Parmi ses uombreux élèves, on
dislingue surtout Hœssler, Umbreit et Fischer.
L'admiration que Kit tel avait conservée pour
son maître Bach, était empreinte d'une sorte
de respect religieux. Il avait hérité d'une partie
des œuvres d'orgue de ce célèbre artiste, et de
son portrait peint en grand. La vue de ce*por-
trait était une récompense qu'il accordait à
ses élèves. S'il était mécontent de leurs tra-
vaux, le rideau qui couvrait le portrait ne se
levait point; mais s'il était satisfait, les éco-
liers pouvaient alors paraître devant l'image
du plus célèbre de tous les organistes. Naïf
hommage, bien différent de l'esprit de déni-
grement qui accuse aujourd'hui l'ingratitude
des élèves envers leurs maîtres !
Kitlel n'a publié qu'une partie de ses com-
positions : le reste est resté en manuscrit.
Voici l'indication de ceux qui ont paru : 1° Six
sonates suivies d'une fantaisie pour le clave-
cin, op. 1, Leipsick, Breitkopf, 1787. 2° Va-
riations pour le clavecin sur le thème alle-
mand : Nicht so traurig, Nieht so seAr,efc,
ibid., 1797. 5° Grands préludes pour l'orgue,
deux parties, Leipsick, Pelers. 4° Vingt-quatre
préludes faciles pour des chorals, œuvre post-
hume, Oflenbach, André et Bonn, Simrock.
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KITTEL - K1TTL
45
5° Vingt-quatre chorals avec huit basses diffé-
rentes pour chaque mélodie, Offenbach, André.
6° Variations sur deux chorals (Struf mich
nichty et Wer nur den lieben Gott), Leipsick,
Hofmeisler. 7° Der Angehende praktische
Organist, oder Anweisung %um zvceckmws-
sigen Gebrauch der Orgel bei Gottesvereh-
rungen in Beispielen (L'organiste pratique
commençant, ou instruction sur l'usage de
l'orgue pendant l'office divin, en exemples),
Erfurt, Beyer, 1801-1808, première, deuxième
et troisième parties, in~4° obi. Le portrait de
Kittel est gravé au titre de la deuxième partie.
Une deuxième édition améliorée de la pre-
mière partie a été publiée, en 1808, chez le
même libraire, in-4°, obi. Une troisième édi-
tion de tout l'ouvrage a paru dans la même
ville, chez Otto, en 1831. Cette méthode élé-
mentaire d'orgue est une des meilleures qui
existent pour les organistes protestants; on y
trouve d'excellents préludes. 8° Livre choral à
quatre parties avec des préludes, à l'usage des
organistes, Altona, Hammereich, 1803, in fol.
Il y a deux cents mélodies dans ce recueil.
Rinck possédait en manuscrit diverses com-
positions de Kittel qu'il me fil voir, lorsque je
le visitai à Darmstadt, en 1838. On y remar-
quait une grande quantité de chorals, avec des
versets, des introductions et des finales; un
livre choral à quatre voix ; beaucoup d'exer-
cices pour l'accompagnement de la basse
chiffrée, et des préludes d'orgue.
KITTEL (J eau-Michel) , vraisemblable-
ment descendant du précédent, est musicien
à Erfurt. Il s'est fait connaître par les produc-
tions suivantes : 1° Musikalische Folkschule
(École musicale du peuple), Erfurt, 1828,
in-8°. 2° D. merkwurdigste Lebensjahr des
musikalischen Familie Kittel, oder Kunst-
Gesang-Reise im jahre 1830, diïrch Frank-
reieh, England und die Niederlanden, etc.
(L'année la plus mémorable de la famille mu-
sicienne Kittel, ou voyage d'art et de chant
dans l'année 1830, en France, en Angleterre
et dans les Pays-Bas, etc.), Erfurt, 1852, in-8°,
premier volume.
KITTL (Jear-Faédemc), directeur du
Conservatoire de Prague, et compositeur, est
né le 8 mai 1800, au château de Worlik, en
Bohême, appartenant au prince de Schwar-
zenberg, où son père occupait l'emploi de jus-
ticier (bailli). Dès ses premières années, il
reçut une éducation toute musicale et apprit à
jouer du piano sous la direction du maître de
musique du château. A l'âge de neuf ans, il fut
envoyé à Prague pour y fréquenter les écoles.
et dans sa treizième année, il continua l'élude
du piano à l'aide des conseils d'un amateur
distingué, puis il reçut des leçons d'un musi-
cien nommé Sawora. A l'âge de seize ans, il
écrivit ses premières compositions, et, sans
aucune connaissance de la théorie de l'har-
monie et du contrepoint, il produisit une messe
et l'opéra en un acte, Daphnie Grab (le
Tombeau de Daphnis). Un peu plus tard, pen-
dant qu'il suivait les cours de droit à l'Uni-
versité de Prague, il étudia l'harmonie chez
Tomascbek. Après qu'il eut terminé ses études
de jurisprudence, et pendant qu'il Taisait son
stage d'aspirant aux emplois des finances de
l'État auxquels il était desliné, il s'instruisit
dans le contrepoint par les soins du même
maître. Au mois de mai 1836, Kitll donna un
concert, dans lequel il fit entendre plusieurs
de ses compositions, parmi lesquelles on re-
marquait un nonetlo, un septuor et des Lieder.
C'est vers ce moment que les journaux de
musique le rangèrent parmi les composi leurs
d'avenir. Dans les années suivantes, il pro-
duisit trois symphonies, dont une symphonie
de chasse qui a de la réputation en Allemagne
et plusieurs ouvertures de concert. Il fil aussi,
à la même époque, plusieurs voyages dans le
but de faire connaître ses compositions hors
de son pays, particulièrement en 1842. La
résolution qu'il avait prise de se livrer à l'art
qu'il aimait avec passion, le détermina à se
retirer entièrement de la carrière des emplois
publics. Après la mort de Dionys Weber (dé-
cembre 1842), Kiltl lui succéda dans la place
de directeur du Conservatoire de Prague : au
moment où celte nolice est écrite (1862), il
occupe encore celle position.
Kiltl a écrit la musique de trois opéras, à
savoir : 1° JBianca e G iuseppe, ou Je s Français
devant Nizza, dont le texte est de Richard
Wagner. 2° JFaldblume (les Fleurs de la
forêt). 3° Die JSilderstiirmer (les Icono-
clastes). Une marche du premier de ces ou-
vrages est devenue populaire depuis 1848, où
il a été représenté à Prague. Les symphonies
de ce compositeur ont été exécutées dans les
concerts à Berlin, Leipsick, Vienne, Prague et
dans plusieurs autres villes de l'Allemagne. Sa
première composition de ce genre (en ré mi-
neur), a été publiée à Leipsick, chez Breitkopf
et Hœrtel, et la troisième (en ré majeur), à
Mayence, chez Scholt. La symphonie de chasse
(en mi bémol) a paru chez Breitkopf et Hœrtel,
à Leipsick, et la partition en a été gravée. Les
autres ouvrages de ce compositeur qui ont été
publiés sont : 1° Ouverture de concert (en re),
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KITTL — KLAUSS
op. 22, Leipsick, Kistner. 2° Grand septuor
(en mi bémol), pour piano, flûte, hautbois,
clarinette, cor, basson et contrebasse, op. 25,
ibid. 3" Grande sonate pour piano à quatre
mains (eu fa mineur), op. 27, Hambourg,
Schubertb. 4° Trois impromptus pour piano
seul, op. 17, Berlin, Scblesioger. 5° Six idem,
op. 18, Leipsick, Hofmeister. 6° Six Idylles
pour piano seul, op. 1, Prague, Berra. 7° Six
ûfcm, Vienne, Haslinger. 8* Trois scherzi pour
piano, op. G, Leipsick, Breitkopf et User tel.
9° Romance pour piano seul, op. 10, ibid.
40° Beaucoup de Lieder et de mélodies à voix
seule avec piano, op. 2, 5, 5, 20, 21, 23, etc.
Les ouvrages non publiés sont une messe so-
lennelle pour voix seules, chœur et orchestre,
exécutée à Prague, en 1844; un nonetlo pour
piano, flûte, hautbois, clarinette, deux cors a
pistons, alto, violoncelle et contrebasse; un
trio pour piano, violon et violoncelle; et di-
verses autres compositions.
KLAEKEL (Étiejke), connu sous le nom
de Patan , violoniste distingué , naquit ,
vers 1753, à Braun, en Bohême, et entra fort
jeune à l'église des Dominicains de Prague,
comme enfant de chœur. Il y étudia la mu-
sique pendant cinq ans, et, dans le même
temps, fit ses humanités chez les Jésuites.
Son frère, Czeslaus Klaekcl, direrteur de mu-
sique à Krummau, devint ensuite son maître
de violon et lui donna des leçons pendant
deux ans; puis le jeune artiste se rendit à
Linz pour y faire sa philosophie, et pour y
continuer ses études de violon sous la direction
de Wenzel Kral. Appelé plus tard à Vienne
comme violoniste du Théâtre impérial, et
comme maître des concerts du prince d'Auers-
berg, il se fit bientôt remarquer par son ha-
bileté extraordinaire. L'empereur Joseph II,
Tayant entendu exécuter quelques solos, fut
si satisfait de son talent, qu'il lui dit de de-
mander une grâce et qu'elle lui serait accor-
dée; Klaekel exprima le désir d'obtenir un
congé pour voyager, et l'empereur y consentit.
L'artiste se rendit à Paris et y resta six mois;
puis il retourna à Vienne par Ratisbonne, et
y reprit son service. Quelques années après,
il eut le titre de maître de concerts du prince
de La Tour et Taxis, et retourna en Bohême,
où il mourut, le 19 mars 1788, laissant en
manuscrit plusieurs' concertos, des sonates et
d'autres morceaux pour le violon.
KLAGE (Charles), guitariste, pianiste et
compositeur, s'est fixé à Berlin, vers 1814. Il y
■a publié des duos et solos pour guitare, des
solos, des airs variés, et des danses pour le
piano, au nombre d'environ vingt-cinq œu-
vres. Il a fait aussi beaucoup d'arrangements
pour le piano, particulièrement de symphonies
de Haydn. En 1858, il fit un voyage à Dresde
et y publia des chants avec accompagnement
de piano, op. 5G et 57. De retour à Berlin,
Kl âge y est mort au mois d'octobre 1850.
On a de cet artiste : Die Tonleitem der
DurundMoll Tonarten mitihren Accorden
und Schluss-Cadensen, mit Fingersatz (les
Gammes des tons majeurs et mineurs, avec
leurs accords et leurs cadences finale* et le
doigter pour le piano, Berlin, Scfalesinger.
Cet ouvrage a eu deux éditions.
KLAGE (Maux), fille du précédent, née à
Berlin, en 1817, s'est fait connaître comme
cantatrice à Berlin et à Leipsick, en 1838.
Elle a publié de sa composition Quatre Lieder
à voix seule avec accompagnement de piano,
op. 1, Berlin, Schlesinger.
KLAUSS (Joseph), organiste distingué,
né à Seelendorf, près de Zittau, le 37 mars
1775, était fils d'un marchand de fer et de Un.
Sa mère, fille d'un instituteur, lui enseigna la
leclure, l'écriture et les principes de la mu-
sique. Confié ensuite aux soins d'Antoine
Krelschmer, instituteur à Grunau, près d'Os-
treitz, il apprit sous sa direction l'orgue et la
basse continue. Dans sa neuvième année, il
accompagnait déjà des messes d'une certaine
difficulté. A onze ans, il fréquenta le Gymnase
de Kommotau, en Bohême, et depuis 1791
jusqu'en 1794, il suivit avec distinction les
cours de philosophie à l'Université de Prague.
Il fut ensuite employé comme sous-bibliothé-
caire de celle Université, mais la mort de son
père, qui arriva le 28 octobre 1794, l'obligea
à quitter celle position, pour prendre la pro-
fession de celui-ci. Ses nouvelles occupations
ne purent diminuer son goût pour les sciences
et la musique; il continua ses études d'orgue
et de théorie; ses connaissances dans toutes
les parties de la musique s'étendirent chaque
jour, et bientôt il fut l'oracle de lout lo pays
pour ce qui concernait cet art. Il devint aussi
un des collaborateurs des gazettes musicales,
particulièrement de celle de Leipsick, où il a
fait insérer quelques bons articles, et un canon
sur le Vtni Sa ne te Spirt'tus (ann. XIX,
p. 280). L'histoire et la théorie de la construc-
tion des orgues lui étaient particulièrement
familières ; il connaissait les détails de dispo-
sition d'environ trois cent soixante-dix de ces
instruments ; il savait les noms des facteurs et
le prix qu'avaient coûté 1150 des meilleures
orgues de l'Allemagne el de l'étranger; il se
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KLAUSS — KLEIN
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vanlait aussi d'en avoir joué cent treize. Cet
nomme laborieux, dont les dernières années
furent troublées par des souffrances physiques
presques continuelles, est mort le 1 er mars
1854. On n'a publié gu'un petit nombre de
ses compositions, entre autres des duos et des
trios pour cors, Leipsick, Breitkopf et H sériel.
Il a écrit pour l'église : 1° Deux Regina Cœli.
2° Quatre Salve Regina. 5° Un Aima redemp-
toris. 4° Quatre Ave Maris Stella. 5» Un Veni
Sancte Spiritus. 6° Six offertoires. 7° Deux
messes solennelles. 8° Deux messes de morts
(en mi bémol et en fa). 9° Un Requiem en
si mineur. 10° Quatorze psaumes. Il Deux
Magnificat. 12° Quatre cantates pour la Fête-
Dieu. 13° Quarante-deux chants funèbres, dont
trente-trois avec instruments. 14° Cinq chants.
15° Un motel pour enterrement. 10" Sept chants
pour des bénédictions' nuptiales. 17° Sanctus.
18° Un Fange linguu à quatre voix. 19 tf Des
répons à six voix. Klauss a laissé en manuscrit
pour les instruments : 20° Quelques préludes
pour l'orgue. 21« Des variations pour piano.
22 u Des sonates idem. 23° Exercices de doigter
idem. 24° Nocturne pour cor. 25° Concerto
idem (en si bémol). 26° Trio pour instruments
à cordes (en sol mineur). 27° Huit marches.
28° Douze polonaises. Enfin, il a écrit pour
la musique vocale : 29° Une cantate. 30° Deux
cantatilles. 51° Une canzonelte avec chœur.
o2° Un petit opéra.
KLAUSS (Victor), organiste et directeur
de musique à Bernhourg, né dans celle ville,
le 24 novembre 1805, s'est fait remarquer par
un talent de bonne école dans l'exécution des
fugues de J.-S. Bach sur l'orgue et sur le piano,
ainsi que par ses compositions pour ces deux
instruments. On vantait particulièrement la
grande correction de son jeu. Au mois de juin
1837, il abandonna la position qu'il occupait
à Bernebourg depuis huit ans pour celle de
maître de concert et de directeur de la cha-
pelle du duc de Ballenstedt. En 1847, la
|H>sition de maître de chapelle de la cour
d'Annal t-Bernbonrg lui ayant été offerte, il
l'accepta, et depuis lors il y est resté attaché
on cette qualité. Plusieurs symphonies de la
composition de cet artiste ont été exécutées
à Bernbourg et à Leipsick. Ses ouvrages pu-
bliés sont ceux-ci : 1° Quatre chants spirituels
à quatre voix, Halberstadt, C. Bruggemann.
- )o Choral : O Haupt voll Blut und Wanden,
\ arié pour l'orgue avec une introduction, op. 2,
ibid. 3° Deux thèmes variés pour piano, op. 5,
Prague, Berra. 4° Six pièces d'orgue pour
l'usage des fêtes solennelles, op. 7, Bonn,
Simrock. 5» Trois chants à quatre voix, op. 0,
s&t'd. 6° Chants et Lieder à voix seule avec
piano, op. 8, Quedlinbourg, Basse. 7° Intro-
duction et variations sur un air allemand pour
le piano, op. 9, Leipsick, Hofmeister. 8° Huit
chants à quatre voix pour soprano, contralto,
ténor et basse, à l'usage des Instituts de chant,
op. 10, Magdebourg , C. Lehmann. 9° Six
chants du printemps à voix seule, avec piano
et violoncelle, op. 11, Leipsick, Breitkopf et
Haertel. 10° Fantaisie pour le piano sur un
thème de l'opéra de Freischutz, op. 12, ibid.
Il y a de fa distinction et du savoir dans toutes
les compositions de M. Klauss.
KLEBER (Léonard), organiste allemand,
vécut au commencement du seizième siècle. Il
a laissé en manuscrit une collection de pièces
d'orgue en tablature sur des compositions de
Josquin de Près , Isaak, Brunie), Georges
Schaps, Conrad de Spire, Henri Fink,Olthmar
Xachtgall , Paul Hoflieimcr, Adrien Petit,
Louis Senfl, etc. Cet intéressant ouvrage est à
la Bibliothèque royale de Berlin : il forme un
volume de cent soixante-dix feuillets in-folio,
et offre le plus ancien monumentdela musique
d'orgue connu jusqu'à ce jour.
KLEEBEUG (CHiÉTiEH-TnÉorniLE), né
le 12 avril 1766, à Gautsch, près de Leipsick,
où son père était aubergiste, étudia la théo-
logie à l'Université de Leipsick, et termina
aussi ses études musicales dans cette ville.
Après avoir occupé quelques places d'orga-
niste, entre autres à Altenbourg, il fut appelé
à Géra en 1790, pour y remplir les mêmes
fonctions. Il occupa cette place jusqu'à sa
mort, qui eut lieu le 13 juin 1811. Kleeberg
était un musicien instruit et un bon organiste.
On a de lui : 1° Trois duos pour deux violons,
op. 1, Offenbach, André. 2° Sonates pour cla-
vecin, op. 2. 3° Canon à trois voix avec chœur
et piano, Augsbourg, Gombart. 4° Chansons à
voix seule, avec accompagnement de piano,
Brunswick. 5° Danses allemandes et anglaises
pour piano, op. 6. 6° Concerto pour piano et
harpe, op. 9, Augsbourg, Gombart.
KLEIN ou KLEINE (André), savant or-
ganiste, né vers 1650, à Cœlleda, dans la Thu-
ringe, fut recherché daus la seconde moitié du
dix-septième siècle à cause de son talent pro-
digieux pour l'improvisation sur l'orgue. Il
péril à Copenhague en 1689, dans l'iucendie
de l'opéra.
KLEIN (Jacques), musicien hollandais,
appelé, dans le catalogue de Le Cène, Jac-
ques Klein le Jeune, a fait graver à Amster-
dam, vers 1750, trois livres de sonates pour
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KLEIN
le violoncelle, et douze sonates pour hautbois
et basse continue, op. 1 et 2.
KLEIN (Jean-Joseph), organiste à Eisc-
nach, inscrit sur la matricule des avocats de
Dresde, naquit le 24 août 1759, et mourut dans
les premières années du dix- neuvième siècle.
On ne connaît de sa composition que le chant
du matin de Gellert, mis en musique pour voix
seule, avec accompagnement de piano, Offen-
■ bach, André. C'est surtout comme écrivain
didactique que ce musicien s'est rendu recom-
mandante; on a de lui en ce genre : 1° f'er-
such et nés Lehrbuehs der praktischen Musik
in systematischer Ordnung entwurfen (Essai
d'une méthode de musique pratique conçue
dans un ordre systématique), Géra, C.-Fr. Beck-
mann, 1785, in -8° de deux cent soixante -quatre
pages, non compris la préface. 2° Lehrbuch
der theoretischen Musik in systematischer
Ordnung entwurfen (Traité de musique théo-
rique rédigé dans un ordre systématique),
Leipsick, Herisius, 1801, de cent quatre-vingt-
huit pages in-4° avecdes planches ; bon ouvrage
dont on trouve des exemplaires avec un titre
gravé, au bas duquel est l'adresse de Jean André
à Oflenbach. 5° Neues Follstxndiges Choral-
buch zum Gebrauch bei dent Gottesdienste ;
nebst einem kurzen Forberichle von den
Choralmusik (Nouveau livre choral complet
pour l'usage du service divin, avec une intro-
duction courte sur la musique chorale), Ru-
dolsladl, 1785, in-4° de cent soixante-quinze
pages. Il a été fait une deuxième édition de ce
livre à Rudolsladt, en 1802. Klein a aussi fait
insérer quelques articles concernant la mu-
sique, dans les journaux, particulièrement les
suivants dans la Gazette générale de musique
de Leipsick : 1° Sur les signes des sons, suivi
de la proposition d'un petit changement à
l'égard de la dénomination des tons (notes)
(t. I, pag. 041). 2° Propositions tendant à
améliorer les écoles ordinaires du chant en
Allemagne (t. II, pag. 4G5).
KLEIN (Cbbkti en -Benjamin), né le 14 mai
1754, à Sleinkunzendorf, près de Kupferberg,
en Silésie, fut un bon organiste dans le genre
simple et sévère, et un musicien instruit dans
la théorie de son art. Après avoir fréquenté
jusqu'à l'âge de huit ans l'école du lieu de sa
naissance, il fut mis au collège de Rudolstadt
où il apprit les éléments de la musique en
même temps que ceux de la langue latine.
En 1705, on l'envoya à Landshut pour y con-
tinuer ses études, particulièrement celle de la
musique, sous la direction de Gebauer, cantor
de l'endroit, qui lui fit connaître les ouvrages
de Jean-Sébastien Bach et de son fils Charles*
Philippe-Emmanuel. En 1771, il alla achever
ses humanités au lycée de Jaucr. Quatre ans
après, il fut nommé second organiste à
Schweidnilz; en 1778, on lui confia les fonc-
tions de professeur à Schmiedeberg, quoiqu'il
ne fût âgé que de vingt-quatre ans, et, en 1780,
il eut dans le même lieu les places de cantor
et d'organiste. Quoique sa vie tout entière se
soit ensuite écoulée dans celte petite ville, il
eut de la réputation en Allemagne, surtout
comme organiste. Reichardt et d'autres qui
l'ont entendu, en ont parlé avec beaucoup d'es-
time. Klein s'est fait aussi remarquer comme
professeur, et a formé de bons élèves, parmi
lesquels on distingue Leuschner, Kloss et
Charles Hacke. Sévère à l'excès, brutal même
avec ses élèves, il les conservait pourtant jus-
qu'à la fin de leurs éludes, parce que sa mé-
thode excellente leur faisait faire àe rapides
progrès. Vers la fin de sa vie, son humeur
devint encore plus chagrine, à cause du mau-
vais état de sa santé, et de la perte d'une partie
de ce qu'il possédait. II est mort à Schmiede-
berg, à l'âge de soixante et onze ans, le 14 sep-
tembre 1825. La plupart de ses compositions
sont pour l'église ; elles sont, dit-on, écrites
avec correction, mais dépourvues d'invention.
A l'exception d'une cantate pour le vendredi
saint et de deux chants funèbres pour quatre
voix d'hommes, qui ont été publiés en par-
tition à Leipsick, chez Hofmeister, tous ses
ouvrages sont restés en manuscrit ; on y re-
marque plusieurs motets à quatre voix et
orgue, une cantate de noces avec accompagne-
ment de violons et d'instruments à vent,
quelques airs cl morceaux détachés pour di-
verses circonstances, des psaumes, et un livre
choral à l'usage des élèves organistes. Parmi
les manuscrits de Klein, on a aussi trouvé :
1° Méthode de chant. 2° Méthode de basse con-
tinue, d'après les principes de Kirnberger,
avec beaucoup d'exemples. 3° Théorie de la
fugue, contenant aussi des leçons sur les imi-
tations et les canons.
KLEIN (Henri), né en 1750 à Rudelsdorf,
près de Schœnberg, en Moravie, étudia d'abord
la musique sous la direction d'Aschermann,
directeur du choeur à Zœpta, et fit de si rapides
progrès, qu'à l'âge de huit ans, il fut en état
de remplir les fonctions d'organiste ; puis il
fut pendant cinq ans élève de Hartenschneider,
organiste de la cathédrale de Presbourg.
A l'âge de dix- sept ans il obtint la place de
directeur de musique du comte de Hodicz ; ces
fondions ne l'empêchèrent pas de continuer
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KLEÏN
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ses études, particulièrement celle de la théorie
de Ri m berger et du style de Jean-Sébastien
Bach. Plus tard, il quitta le service du comte
pour retourner à Presbourg, où il vécut en
donnant des leçons jusqu'en 1796. Il succéda
alors à Riegger dans la place de professeur à
l'École nationale de musique de Presbourg.
En 1805, l'Académie royale de musique de
Stockholm Ta choisi pour un de ses membres
correspondants. Pianiste. et organiste distin-
gué, compositeur instruit et bon professeur,
Klein joignait à ces divers mérites celui d'être
habile mécanicien. On lui doit l'invention d'un
harmonica à clavier, dont il a donné la des-
cription dans la Gazette de Bude, en 1798,
puis dans le premier volume de la Gazette
générale de musique de Leipsick (l re année,
p. 675-679, avec une planche). En 1807, il
a aussi inventé un instrument du genre de
l'orgue, qu'il a appelé Orchestrion. Le même
journal contient une intéressante disserta-
lion de Klein sur les danses nationales de la
Hongrie. On a de cet artiste en manuscrit :
1° Un Te Deum. 2° Messe à quatre voix et or-
chestre. 5° Cantate pour le jour de naissance
de l'archiduc Joseph-François-Léopold, exé-
cutée le 9 avril 1779. 4° Cantate pour le jour
de naissance de l'empereur et roi François I er ,
exécutée le 12 février 1807. 5* Collection de
musique d'église pour une année entière. On a
gravé de sa composition : 1° Fantaisie pour le
piano, Vienne, Tracg, 1790. 2° Douze chan-
sons allemandes, avec accompagnement de
piano, ibid. Klein est mort à Presbourg, en
1852.
KLEIN (...). On a sous ce nom un traité de
musique en langue danoise, intitulé : Grund-
regler for Theorica af Musiken % Alminde-
lighed, og en praktist Andwendelse for
Klaveret iSordeleshed (Règles fondamentales
de la théorie de la musique avec leur applica-
tion pratique au clavecin), Copenhague, 1791,
in-4°.
KLEIN (Jean-Valerius), professeur sup-
pléant de philosophie à l'Université de Giessen,
est auteur d'une thèse intitulée : Deartemu-
sfca, imprimis de Cantu. Prolusio scholas-
tica qua ad solemnia pasdagog. acad. exa-
mina DD. XIX et XX Martii instituenda
et ad audiendas oraliones D. XXI Martii
publica habendas Qmnes literarum fautores,
vas qua decet observantia invitât Jo. Val.
Klein. Philos. D. pxd. Collega. Gissœ, 1812.
Vingt-huit pages in-4°.
KLEIN (Chaules-Auguste, Baron DE),
né près de Manheim, en 1794, reçut lesprin-
BIOGn. DS1V. DES MUSICIENS. T. V.
cipes de son éducation élémentaire, sous la
direction de son père, conseiller privé du roi
de Bavière, connu comme prosateur et comme
poète. Avec une connaissance étendue des
poètes latins, français et allemands , Klein
acquit aussi une solide instruction dans la
musique, et dans les sciences physiques et
mathématiques. Il n'était âgé que de sept ans
lorsqu'il écrivit une petite sonate pour le piano,
qui fut suivie de plusieurs morceaux du mémo
genre, et de beaucoup de chansons dont son
père lui fournissait les paroles. En 1809, il
essaya ses forces dans un genre plus élevé, en
écrivant la musique d'un mélodrame de son
[tère, intitulé : Appel à la jouissance de la
vie. Godefroid Weber, qui se trouvait encore
alors à Manheim, ayant entendu cet ouvrage,
Tut étonné de l'instinct musical qui s'y déce-
lait, et offrit au jeune homme de l'instruire
dans la composition ; mais déjà Klein éprou-
vait les premiers symptômes de l'épilepsie,
maladie affreuse dont sa mère lui avait trans-
mis le funeste héritage. En 1810, il perdit son
père, et alla demeurer chez un oncle qu'il avait
a Mayence. Là, il se livra à l'élude de la com-
position, sous la direction de Zulehner. Par-
venu à sa dix-huitième année, il éprouva plu-
sieurs atteintes violentes du mal qui troublait
son existence, et pendant trois ans les atta-
ques se renouvelèrent souvent. Il lui fallut
suspendre ses travaux et se soumettre à un
traitement qui finit par triompher de la vio-
lence du mal ; mais la convalescence fut longue
et douloureuse. Un régime sévère a rendu,
depuis lors, les atteintes fort rares, et en a
diminué sensiblement l'intensité. Eu '1817,
H. de Klein a fait un voyage à Paris, et y a
connu Méhul, bien près de sa fin alors, mais
qui, malgré son état de souffrance habituelle,
consentit à voir les compositions du jeune ar-
tiste, et lui prédit qu'il se ferait un nom. Ces
paroles encourageantes ranimèrent son zèle
pour l'art; plus tard une lettre de félicitation,
écrite par Beethoven sur les quatuors de violon
de M. de Klein, est venue le consoler des cri-
tiques sévères qu'on avait faites de ses ou-
vrages dans quelques journaux de l'Allemagne.
On a publié de cet artiste : 1° Sonate pour
piano et violon (en /a), op. 27, Mayence, Schott.
2° Sonate idem ( en mi bémol), ibid. o° Trois
sonates pour piano seul. 4° Sonate pour piano
à quatre mains (en ré majeur). 5° Le prin-
temps, fantaisie pour piano. 6° Trio pour
piano, violon et violoncelle (en la majeur).
7° Symphonie à grand orchestre (en ut majeur),
exécutée à Mayence, en 1857. 7° (ois) Deuxième
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KLEIN
symphonie, exécutée en 1858. 8" Idem (en
mi bémol). 9° Ouverture pour la tragédie
d'Otello, exécutée à Berlin. On en a publié la
réduction pour piano. 10° Sept quatuors pour
deux violons, alto et basse. 11° Un trio pour
violon, alto et violoncelle. 12° Ouverture de
concert, à grand orchestre. 12° {bis) Sonate
pour piano et violon , Mayence , Schott.
15° Graduale quinque vocum pro festo sancti
Stephani,o V . VII, ibid. 14» Quelques chan-
sons avec accompagnement de piano. M. de
Klein a fourni plusieurs articles de critique,
relatifs à la musique, dans différents jour-
naux de l'Allemagne, mais sous le voile de
l'anonyme.
KLEIN (Bernard), compositeur, né à Co-
logne en 1794, est considéré, en Allemagne,
comme un des artistes les plus estimables du
dix-neuvième siècle. Fils d'un marchand de
vin, il fut destiné par ses parents à l'état
ecclésiastique, mais son penchant décidé pour
la musique le fit renoncer à cette carrière.
Malheureusement Cologne lui offrait pen de
moyens d'instruction, et les leçons d'un prêtre
quelque peu connaisseur dans l'art, furent les
seules ressources qu'il y trouva. Bientôt,
obligé de se livrer lui-même à l'enseignement,
il éprouva tous les dégoûts inséparables de la
vie d'un musicien mercenaire, sans que son
enthousiasme d'artiste en fat diminué. Des
circonstances favorables vinrent enfin recom-
penser son zèle, car, en 1813, il fut libéré de
la conscription par la protection du préfet
Alexandre de Lameth, et dans la même année
une occasion se présenta pour qu'il se rendit à
Paris. Il y reçut des conseils de Chérubin i, et
y puisa des connaissances étendues dans les
trésors qu'il trouva à la bibliothèque du Con-
servatoire. De retour à Cologne, il y fut
chargé de la direction de la musique de la
cathédrale, et de l'école des enfants de chœur.
Pendant qu'il remplissait ces- fonctions, il fit
un voyage à Heidelbcrg, où la belle collection
de M. Thibaut lui fournit l'occasion de con-
naître le style des anciens maîtres italiens.
Après que l'exécution de sa première messe
en 1816 et de sa cantate sur les Paroles de la
foi (Worte des Glatihens) de Schiller, en 1817,
l'eut fait connaître avantageusement, il fut
chargé d'aller à Berlin pour y prendre con-
naissance des institutions musicales de cette
grande ville, particulièrement de l'école dirigée
par Zelter. Celui-ci ne vit d'abord dans Klein
qu'un de ces élèves soumis, comme ceux qui
depuis longtemps se trouvaient sous sa domi-
nation; mois lorsqu'il aperçut la portée du
talent du jeune artiste et le sentiment de sa
force, lorsqu'il eut enfin acquis la conviction
qu'au lieu d'un écolier, il avait près de lui un
rival qui l'égalait en savoir et le surpassait en
génie, ses sentiments changèrent a son égard,
et la bienveillance dont il l'avait d'abord en-
touré fit bientôt place à des critiques anjères
et à des sarcasmes sur son talent. Mais déjà
Klein s'était fait, à Berlin, des amis qui le dé-
fendirent avec chaleur. L'école royale d'orgue
venait d'être instituée : il demanda la place
de professeur d'harmonie et de contrepoint
qui y était vacante et l'obtint; il y joignit, peu
de temps après, les fonctions de directeur de
musique et de professeur de chant A l'Univer-
sité. Son oratorio de Job, gravé en partition
chez Breitkopf et Hœrtel, en 1820, l'avait si-
gnalé comme un des jeunes compositeurs dont
l'avenir donnait les plus belles espérances;
cet ouvrage fut suivi, en 1833, de Bidon,
grand opéra dans la manière de Gluck, qui ne
réussit pas. Dans cette même anoée, il épousa
la nièce du célèbre libraire Nicolaï, riche héri-
tière dont la fortune le mit dans une position
indépendante. Peu de temps après son ma-
riage, il partit avec sa femme pour l'Italie.
Quoique l'état actuel de la musique dans ce
pays n'eût rien qui pût l'intéresser, son voyage
ne fut pourtant pas sans fruit, car il trouva
dans les bibliothèques, dans les archives, et
surtout dans les conversations du directeur de
la chapelle pontificale, une source inépuisable
•d'instruction. Après son retour à Berlin, il
reprit ses travaux. En 1838, il fil exécuter à
Cologne son oratorio de Jephté; deux ans
après, il donna, à la fête musicale de Halle,
son David, considéré comme une de ses meil-
leures productions. Les succès que ces ou-
vrages obtenaient ne le satisfaisaient pourtant
pas, car la carrière de compositeur drama-
tique était celle qu'il désirait surtout par-
courir avec éclat; mais si celte carrière est
partout difficile, en Allemagne elle est envi-
ronnée d'obstacles presque insurmontables.
D'ailleurs, malgré les éloges que Rellstab
lui a donnés, il est douteux que Klein ait eu
le sentiment delà scène. La nature sérieuse de
ses idées n'était propre qu'au genre dans le-
quel il s'est fait surtout un nom honorable.
Enlevé & l'art et à ses amis dans la fleur de
l'âge, il est mort à Berlin Je 9 septembre 1852.
Cet artiste laborieux a laissé les ouvrages
suivants : 1° Didon, grand opéra, en manu-
scrit. 2° Deux actes d'un opéra intitulé Irène,
en manuscrit. 5° Enlr'actes de la tragédie de
Rauptich die Erdennacht (la Nuit sur la
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KLEIN
51
terre), en manuscrit. 4° Job, oratorio, gravé
en parlition; Leipsick, Breilkopf et Hœrtel.
5° Jephté, oratorio, avec orchestre. 6° David,
idem. 7° Athalie, oratorio, non terminé, en
manuscrit. 8° Hymne allemand (Ich danke
dent fferrn), pour quatre voix d'hommes el
orgue; op. 4, Hambourg, Christiani. 9° Mu-
sique spirituelle, première livraison conte-
nant : Agnus Dei el Ave Maria, à quatre
voix et orgue, op. 12; Berlin, Trautwein.
10» Magnificat pour deux sopranos, alto,
deux ténors et basse, avec accompagnement
d'orgue, op. 15, ibid. 11° Musique spirituelle,
deuxième livraison, contenant six répons à
quatre et six voix, en partition, op. 17, ibid.
12° Musique spirituelle, troisième livraison,
contenant le Pater noster, à deux chœurs,
op. 18. , ibid. 15° Musique spirituelle, qua-
trième livraison, contenant Miserere mei,
pour soprano, contralto et orgue', op. 21 , ibid.
14° Salve Regina, pour soprano solo, deux
violons, alto et basse, ibid. 15° Musique spiri-
tuelle, cinquième livraison, contenant : Stabat
Mater, à quatre voix et orgue, ibid. 16° Six
chants religieux pour des voix d'hommes et
accompagnement de piano, op. 22, ibid.
17° Six idem. op. 23, ibid. 18° Trois chants
pour deux sopranos, ténor et basse ; Leipsick,
Breitkopf et Hœrlel. 10° Chants religieux pour
voix d'hommes, 3 e , 4 e , 5«, 6 e , 7' et 8 e livrai-
sons ; Berlin, Trautwein. 20» Messe à quatre
voix et orchestre (en ré), op. 28; Elberfeld,
Arnold. 21° Magnificat, à voix seule, avec,
deux violons, alto, violoncelle et contrebasse.
22° Sonate pour piano seul, op. 1; Hambourg,
Christiani. 25°/a\?ro, op. 5; Leipsick, Breit-
kopf et Hœrtel.24° Idem, op. 7, ibi d. 25° Fan-
taisie pour piano, op. 8, ibid. 26° Variations
pour piano, trois œuvres, ibid. 27° Chansons
de table pour des voix d'hommes, op. 14;
Berlin, La ne. 28° Rodrigue et Chimène, chant
pour ténor et soprano; Hambourg, Christiani.
29° Plusieurs ballades avec accompagnement
de piano. 30° Deux messes à quatre voix et
orchestre, en manuscrit. 31° Beaucoup de
chansons et de romances à voix seule, avec
accompagnement de piano ; Hambourg, Leip-
sick, Berlin et Bonn.
KLEIN (JosBpn), frère du précédent, est
né à Cologne en 1802. Après avoir commencé
ses études musicales.à Paris, il alla les termi-
ner à Berlin en 1820, sous la direction de son
frère; puis il fut appelé à Memel, comme
professeur de chant et de piano. Le séjour de
celte ville ne convenant point à sa santé, il
n'y resta pas longtemps et retourna à Cologne.
C'est lui qui a été l'éditeur des ouvrages post-
humes de son frère. Les œuvres connues de
cet artiste consistent principalement en chants
à voix seule avec accompagnement de piano
sur les poésies de Goethe, Heine, Chamisso,
Simrock, Uhland, ou extraites des drames de
Shakespeare, au nombre de douze recueils
publiés à Cologne chez Eck; à Bonn, chez
Simrock ; à Berlin, chez "WagenfUhr, Bote et
Bock, Schlesinger; à Leipsick, chez Hofmeister;
à Elberfeld, chez Arnold ; non compris beau-
coup de Lieder séparés; quatre recueils de
chants pour des chœurs de voix d'hommes,
Berlin, WagenfUhr ; Bonn, Simrock, et Elber-
feld, Arnold ; trois romances françaises, El-
berfeld, Arnold. On a aussi du même artiste :
un Salve Regina pour soprano solo, avec ac-
compagnement de deux violons, alto et basse,
op. 3, Berlin, Lane; une ouverture à grand
orchestre, exécutée à Berlin, en 1832 ; Berlin,
Schlesinger ; l'ouverture de la Pucelle d'Or-
léans, exécutée à Cologne, en 1844; Bonn,
Simrock; sonate (en mi bémol) pour piano
seul; Berlin. "WagenfUhr; Adagio el rondeau
(en fa mineur) idem; Berlin, Schlesinger;
douze variations sur un air lithuanien ; Berlin,
Bote et Bock.
KLEIN (Charles), organiste de la cathé-
drale à Osnabruck (Hanovre), et directeur
d'une Société de chant, s'est fait connaître,
comme compositeur, par l'exécution d'une
messe solennelle pour chœur et orchestre, à
la fête musicale donnée en cette ville, en
1844, sous sa direction.
KLEIN (...). Plusieurs musiciens de ce
nom se sont fait connaître par leurs ouvrages ;
mais on n'a que peu ou point de renseigne-
ments sur leur personne. Le premier,, musi-
cien et flûtiste du Concert spirituel, vers 1750,
a fait imprimer alors trois divertissements
pour deux violons. Le second, organiste de la
grande église de La Haye, naquit à Hambourg,
vers le milieu du dix-huitième siècle. Le 18 sep-
tembre 1788, il fit exécuter dans son église
une grande musique solennelle, en commémo-
ration de la révolution qui a affranchi la Hol-
lande du joug espagnol.
KLEIN (Frédéric- Wiluelm) , pianiste à
Berlin, sur qui tous les biographes allemands
gardent le silence, mérite cependant, plus
que beaucoup d'autres, d'être mentionné, car
sa sonate pour piano seul, en la mineur,
œuvre 7 e , qui m'est tombée sous la main, à
Berlin, en 1849, est une composition distin-
guée. Le seul renseignement que j'ai trouvé
sur cet artiste, c'est qu'il était né à Berlin,
4.
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KLEIN - KLEINKNECHT
qu'il était à Brème en 1854, depuis le mois de
janvier jusqu'à la fin de mars, et qu'il y pro-
duisait une vive sensation par son jeu et par
ses compositions, dans le moment où les
quatre frères Millier y obtenaient de grands
succès par leur exécution parfaite des quatuors
de Beethoven. Klein a publié pour son instru-
ment : : 1° Polonaise, op. 1, Berlin, Lischke.
2° Variations sur divers thèmes d'opéras, op. 2,
4, 6, 8, 9, 13, ibid. 3° Divertissements, op. 3,
ibid. 4° Rondo, op. 4, ibid. 5° Sonate (en la
mineur) pour piano seul, op. 7, ibid. 6° Sonate
en contrepoint, op. 14, ibid. 7° Grande
marche, op. 10, ibid. 8° Chansons à voix
seule, avec accompagnement de piano, op. 11,
ibid.
KLEIN (Thxodoie), clarinettiste, est au-
teur des ouvrages suivants : 1° Air varié pour
clarinette et orchestre, op. 1, Paris, Richaull.
2° Divertissement idem, op. 2, ibid.
KLEIN (...), corniste à Paris, est connu
par une Méthode {nouvelle) de premier et se-
cond cor, suivie de quarante leçons et vingt-
quatre duos, Paris, Ph. Petit.
KLEINE (O.-Fr.), professeur à l'Univer-
sité de Jéna, vers 1820, passa ensuite à l'Uni-
versité 4e Berlin. On a de lui : Dissertatio
de Stesichori vita etpoesi, Jéna, 1825, in-8°.
Cette dissertation a été réimprimée en tête des
fragments parvenus jusqu'à nous des poésies
de Slésichore, publiés par le môme savant,
sous ce titre : Stesichori Fragmenta collegit,
dissertât, de vita et poesi auctoris praemi-
sit, etc., Berlin, Reimer. 1828, gr. in-8°. On
trouve dans cet ouvrage quelques recherches
sur les inventions de Slésichore, comme poète
et comme musicien : elles sont empruntées à
la note.XVI de Burette, sur le dialogue de Plu-
tarque concernant la musique.
KLEIN HEINZ ( Chaules- François-Xa-
vier), professeur de piano et compositeur, est
né le 3 juillet 1772, à Mindelheim, en Souabe.
Il reçut les premières leçons de musique au
couvent de Memmingen, et perfectionna son
talent de pianiste à Munich. Ayant obtenu une
place de conseiller et de secrétaire intime de
l'électeur de Bavière, il semblait destiné à ne
cultiver la musique que comme amateur; mais
son penchant pour cet art lui fil quitter sa po-
sition pour aller à Vienne étudier l'harmonie
et le contrepoint chez Albrechtsberger. Vers
1807, il accepta la place de maître de musique
dans la maison du comte de Brunswick, ma-
gnat de Hongrie, puis dirigea l'orchestre des
théâtres de Bruiyi et de Pesth. Il est mort
dans celle dernière ville, au mois d'octobre
1831. On connaît sous le nom de cet artiste :
1° Deux oratorios, en manuscrit. 2° Deux
messes. 3° Harold, opéra représenté à Pesth.
4° La Cage, idem. 5° Trois sonates pour piano
et violon, op. 1 ; Offenbach, André. 6° Une
idem, op. 14 ; Vienne, Mollo. 7° Fantaisie pour
pour piano et violon, op. 19 ; Vienne, Weigl.
8° Grande sonate pour deux pianos; Vienne,
Mollo. 9° Douze sonates pour piano seul, op. 4,
5, 7, 9, 11, 16; Vienne. 10° Deux trios pour
piano, violon et violoncelle, ibid. 11° Grande
loccale (en ut) ; Vienne, Mechetti. 12° Varia-
lions pour le piano sur différents thèmes
d'opéras; Leipsick,Breitkopf et Haertel. 15° Des
chants à voix seule avec accompagnement de
piano; Vienne, Haslinger et Mechetti. 14° Des
ouvertures, marches, chœurs, entr'actes, etc.,
pour des drames, tragédies, etc., en manu-
scrit. 15° Des concertos de piano, fantai-
sies, etc., idem.
KLEINKNECHT (Jeaw-Wolfgakg), fils
atné de Jean Kleinknecht, maître de concert
à UIra, naquit en celle ville, le 17 avril 1715.
Élève de son père pour la musique, il fit
aussi de bonnes études au Gymnase du lieu
de sa naissance. Dès l'âge de huit ans, il
joua un concerto de violon devant le duc de
Wurtemberg, et le frappa d'étonnement par
son habileté précoce. Ce prince le confia aux
soins de Brescianello, excellent violoniste de
cette époque, et son maître de chapelle. Après
la mort du duc, Kleinknecht visita plusieurs
villes de l'Allemagne el se fit partout entendre
avec succès. Arrivé à Kisenach, il s'y fixa et
entra dans la chapelle en 1738; mais il n'y
resta pas longtemps, car la margrave de Bay-
reuth, l'ayant entendu, fut si satisfaite de son
talent, qu'elle le demanda au prince pour qu'il
assistât à la représentation d'un opéra qui de-
vait être joué à Bayreuth pour .l'anniversaire
de la naissance du margrave. Charmé de sa
nouvelle position, Kleinknecht oublia la petite
cour d'Eisenach, et accepta la place de maître
de concert à Bayreuth. C'est là qu'il entendit
pour la première fois le célèbre violoniste
François Benda, dont il adopta plus tard la
manière. Cependant, lorsque l'enthousiasme
de la nouveauté fut dissipé, l'artiste se ressou-
vint du duc d'Eisenach qui l'avait comblé de
bienfaits et se reprocha son ingratitude. Sous
le prétexte du désir de voyager pour augmenter
son talent, il demanda et obtint sa démission
de la chapelle de Bayreuth, puis retourna à
Eisenach,oùson ancien maître l'accueillit avec
bonté. Kleinknecht se livra dès lors à de nou-
velles études pour étendre ses connaissances
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KLE1NKNECHT — KLEMM
33
dans son art. Après la mort du duc, des offres
lui furent faites pour retourner à Bayreuth, où
il resta jusqu'à l'époque de la suppression de la
chapelle, en 1769. Il passa alors, avec tous les
musiciens de celle chapelle, à la cour d'Ans-
pach, où il mourut, le 20 février 1786, à l'âge
de soixante et onze ans. Aussi habile chef d'or-
chestre que violoniste distingué, Kléinknechl
avait acquis en Allemagne une haute réputa-
tion. On a gravé à Paris, en 1765, six solos
pour le violon, composés par cet artiste, et, en
1773, il existait en manuscrit chez Breilkopf,
à Leipsick, huil trios pour deux violons et vio-
loncelle, et deux concertos de violon, de sa
composition.
KLEINKNECHT ( Jacques-Frédéric ) ,
frère du précédent, né à Ulm, le 8 juin 1723,
fut un des plus habiles flûtistes de l'Allemagne
pendant le dix -huitième siècle. Attaché dès sa
jeunesse à la chapelle d'Anspacb, il y passa
toute sa vie, et mourut dans cette ville, le
14 août 1794, avec le titre de maître de chapelle
honoraire du roi de Prusse. Un grand nombre
de concertos de sa composition, pour la flûte et
pour d'autres instruments a vent, se trouvait
en manuscrit, chez Breilkopf, en 1787. On a
gravé de ses ouvrages : l°Six sonates pour la
flûte, avec accompagnement de basse, Nurem-
berg, 1748. 2° Trois trios pour deux flûtes et
basse, t'6td., 1749. 3° Six solos pour la flûle,
Londres, 1782. 4° Six sonates idem. 5° Six
trios pour deux flûtes et basse, Paris, 1767.
0° Symphonie concertante pour deux flûtes,
ibid., 1776.
Un troisième fils de Jean Kleinknecht,
nommé Jean- Etienne, naquit à Ulm, le 17 sep-
tembre 1757, et cultiva la flûte comme son
frère Jacques-Frédéric, mais ne s'éleva pas
au dessus du médiocre. Il fut attaché comme
flûtiste à la chapelle de Bayreuth, puis à
celle d'Anspach, où il se trouvait encore
en 1786.
KLEINWJECIITEIt (Louis), docteur en
philosophie et en droit, né à Prague en 1807,
fut professeur de droit en celte ville, et ama-
teur de musique distingué. Spohr dirigea ses
études de composition. Doué d'un noble carac-
tère, d'un esprit vif et élevé, et possédant une
instruction solide dans les lettres et dans les
sciences, Kleinwœchter n'estimait que les
belles œuvres classiques où la richesse des
idées s'allie à la perfection de la forme, et Mo*
zart lui représentait le plus haut degré où peut
arriver le génie de création de la musique. Il
ne cultivait pas seulement la musique avec
amour, mais avec talent. Une ouverture à
grand orchestre de sa composition fut exécutée
dans les concerts de Prague, en 1837, 1840,
1843 et 1844, à Gassel, en 1838, et à Leipsick,
dans la même année. Cel ouvrage a été publié
comme œuvre 1 er , en 4839, à Leipsick, chez
Breitkopf et Heertel. Deux sonates de piano,
qui forment l'œuvre 2 e de Kleinwœchter, ont
été publiées à Prague, chez Berra. Cinq Lieder
avec accompagnement de piano, ont paru dans
le même temps à Leipsick, chef Breitkopf el
H sériel. L'œuvre 4 du même auteur est un mo-
tet & quatre voix solos avec un chœur de quatre
parties et accompagnement de deux violons,
alto, violoncelle et contrebasse, publié chez les
mêmes éditeurs. Une courte maladie a enlevé
Kleinwœchter, à l'âge de trente-trois ans, au
mois de septembre 1840. Sa mort imprévue fit
une douloureuse impression parmi ses nom-
breux amis et parmi les artistes qui avaient
une haute estime pour sa personne et pour
son talent. On a publié de lui, comme œuvre
posthume, un quatuor pour deux violons, alto
et violoncelle, à Leipsick, chez Breilkopf et
Haertel. Cet ouvrage porte le numéro 8 :
j'ignore quels sont les œuvres 5, 6 et 7.
KLEMCZYNSKI (Julien), pianiste et
compositeur polonais, s'établit à Meaux, après
les événements qui portèrent la désolation
dans sa patrie, en 1831, et s'y livra à l'ensei-
gnement de son instrument. Fixé à Paris,
quelques années plus tard, il y a publié un
grand nombre de morceaux sur des thèmes
d'opéras, particulièrement de duos pour piano
et flûte sur les motifs des opéras d'Auber, dont
quelques-uns en collaboration avec M. Deneux
(voyez ce nom). Le nombre de ses ouvrages de
ce genre et de ses fantaisies pour piano seul
s'élève a environ soixante-quinze. Klemczyuski
est mort à Paris, en 1 851 .
RLEMM (Frédéric), attaché au conseil de
la guerre, à Vienne, est né en cette ville, le 29
mars 1795. Il y est considéré comme un des
amateurs de musique les plus instruits. Jac-
ques Schauer lui donna les premières leçons
de musique, de violon et de violoncelle, et
Heidenreich, maître de chapelle du prince de
Lobkowitz, lui enseigna le piano et la compo-
sition. Klemm a été un des fondateurs de la
Société des amateurs de musique des États
Autrichiens et du Conservatoire de Vienne. Il
a écrit des messes, des chœurs, des ouvertures
et des quatuors de violon considérés comme de
bons ouvrages. Un psaume et une fugue, de sa
composition, ont été exécutés, avec beaucoup
de succès, aux concerls du Conservatoire de
Vienne, et l'Une de ses messes a été entendue,
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54
KLEMM - KLENGEL
avec plaisir, a l'église des Minorités, en 1840.
On a publié de sa composition : Tantum ergo
pour soprano, contralto, ténor et basse avec
orgue, Vienne, Glœgel.
RLEMME (Jean), organiste delà cour de
Saxe, né à -Dresde, vers 1593, fut admis comme
sopraniste dans la Chapelle de rélecteur,
en 1005, y resta six années, puis fut envoyé,
aux frais du prince, à Augsbourg^n 1613,
chez le célèbre Chrétien Erbach, pour ap-
prendre l'orgue et la composition. Après trois
années d'études, il fut appelé a Dresde et placé
sous la direction de l'illustre maître de cha-
pelle Henri SchUU. En 1025, la place d'orga-
niste de la cour étant devenue vacante par la
mort de Georges Rrelzschmar, Klemme l'ob-
tint et y passa le reste de ses jours. On a sous
son nom une collection de madrigaux alle-
mands à quatre, cinq et six voix, avec basse
continue, publiée à Frcyberg, en 1639, in-4°,
et trente-six fugues dans le style libre, pour
l'orgue; Dresde, 1631. Klemme a été aussi
l'éditeur de la seconde partie des Symphonie
sacrx de Schutz.
KLEMP ;(F.-A.), musicien à Vienne, est
connu par les ouvrages suivants : l q Trois
trios faciles pour deux violons et basse; Vienne,
Artaria. 2° Six duos faciles pour deux violons,
liv. 1 er et 2«, ibid. 3° Trois duos pour deux
violons, livre 3 e ; Vienne, Haslinger. 4° Douze
menuets de la redoute pour piano, liv. I, II,
III; Vienne, Artaria.
KLEIVG (Grégqme), facteur d'orgues alle-
mand, vécut vers 1495. Ce fut lui qui restaura
l'orgue de la cathédrale de Ilalberstadl ,
construit par Nicolas Faber, en 1361. Au-
dessous des deux claviers de cet orgue, il s'en
trouvait un troisième d'une seule octave pour
la basse. Praetorius, qui nous fournit ces ren-
seignements; est incertain si on jouait ce cla-
vier avec les genoux ou avec les doigts.
RLEIXGEL (Auguste- Alex a >dre), premier
organiste de la cour de Dresde, naquit dans
celle ville en 17S4. Son père, paysagiste dis-
tingué, et professeur de peinture, ne le desti-
nait point à la profession de musicien ; mais le
jeune Klengcl montra de si heureuses dispo-
sitions pour la musique, qu'il fallut céder à
son penchant et lui donner un maître. Michl-
mayer lui donna les premières leçons de
piano. Les progrès de l'élève furent si rapides,
qu'à douze ans il excitait déjà l'élonnemenl
par son habileté. Clcmenli, l'ayant entendu
<!ans le voyage qu'il fit en Allemagne en
1803, apprécia sa portée, et le prit pour élève,
fendant l'année 1804, il lui fil parcourir avec
lui les villes rhénanes, la Suisse, la Prusse et
la Havière. Un peu plus tard, Clementi se ma-
ria à Berlin, partit pour l'Italie et se sépara de
Klcngel ; mais l'illustre matlre, ayant perdu
sa femme pendant ce voyage, revint en Alle-
magne , et engagea Klengcl à l'accompagner
en Russie : le maître et l'élève s'y rendirent
en effet." KIcngel y resta depuis 1805 jus-
qu'en 1811, et s'y livra à l'enseignement, sans
négliger ses propres études. Son talent d'exé-
cution, particulièrement dans la musique de
Bach et des anciens maîtres, était dès lors
arrivé au plus haut point de perfection. Eu
1811, il se rendit à Paris et y passa deux
années. Vers le milieu de 1813, inquiet sur
les événements qui désolaient l'Allemagne et
menaçaient la France, il partit pour l'Italie et
y demeura un an. De retour à Dresde en
1814, il se fit entendre à la cour, puis se ren-
dit en Angleterre et y passa toule l'année
1815. Cependant, malgré celle longue absence,
le roi de Saxe avait conservé le souvenir du
plaisir que lui avait fait le talent de Klengel;
lorsque cet artiste retourna à Dresde en 1816,
il le nomma premier organiste de la cour.
Depuis lors , il n'a cessé d'habiter sa ville
natale, à Texceplion d'un voyage de peu de
durée qu'il a fait à Paris en 1828. Dans ce
voyage, il a fail entendre à ses amis une suite
de pièces dans un genre plutôt canonique que
fggué, eld'un style gracieux et mélodique qui
a été considéré par les connaisseurs comme
une véritable création. Personne ne doutait
alors que ce bel ouvrage n'ajoutât beaucoup à
la réputation de Klengel, qui semblait décidé
à le mettre bientôt au jour. Cependant les
années s'écoulèrent, et rien n'en fut publié
pendant sa vie. a l'exceptiou d'un recueil de
pièces d'un genre moins sévère, auquel il avait
donné pour titre : les Avant-coureur* , exer-
cices pour le piano, etc., et qui parut à
Dresde en 1841. En 1849, je le visitai dans
celle ville, et dans l'intimité de notre ancienne
amitié, il me joua les pièces qu'il avait ajou-
tées à son recueil depuis le voyage de Paris, et
me fit remarquer les corrections qu'il avait
faites aux anciens morceaux : toutes n'étaient
pas heureuses. Au reste, il ne pouvait plus me
jouer ces choses difficiles avec la correction et
la délicatesse qu'il y niellait vingt ans aupa-
ravant. Ses doigts avaient perdu leur souplesse
et leur brillant. Il avait trop attendu pour la
publication de cet important ouvrage : le
temps de l'intérêt que faisait mitre l'admi-
rable exécution de l'auteur était passé. En
1851, Klengcl s'csl rendu à Bruxelles cl y a
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KLENGEL - KLIER
G5
passé l'hiver pour entendre les concerts du
Conservatoire, qui lui faisaient éprouver un
vif plaisir. Il venait causer avec moi de temps
en temps ; mais sa santé était mauvaise et
son humeur chagrine. Il partit au printemps
de 1852 pour retourner à Dresde et y mourut
le 22 novembre de la même année, à l'âge de
soixante-huit ans.
Après sa mort, M. Hauptmann {v. ce nom),
son ami, a publié son grand ouvrage sous le
titre de Canons et fugues (Canons und Fugen,
opus posthumum), à Leipsick, chez Breitkopf
et Haertel; mais, ainsi que je Pavais prévu, cet
oeuvre n'a pas eu le succès qu'il mérite, parce
qu'il n'a pas été mis au jour â l'époque pour
• laquelle il a été fait.
Les ouvrages «connus de Klengcl sont ceux
dont les litres suivent : 1° Concerto pour le
piano (en si h. 4 mol), op. 4 ; Londres, Dalmaine;
Paris, Plcyel; Leipsick, Breitkopf et Haertel.
2° Deuxième concerto (en mi mineur), op. 20 ;
Leipsick, Pelers. 3° Polonaise concertante
pour piano, flûte, clarinette, alto, violoncelle
■cl contrebasse, op. 35. 4° Grand trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 36 ; Leipsick,
Breitkopf et Itorlel. 5 U Fantaisie à quatre
mains, op. 31 ; Leipsick, Peters. 0° Sonates
pour piano seul, op. 2 j Leipsick, Breitkopf et
Itartel. 7° Sonate idem, op. 9 ; Paris, Érard.
$° Morceaux détachés tels que rondeaux, di-
vertissements, nocturnes, etc., op. 5, 6, 7, 12,
14, 18, 19, 20, 21, 22, 25, 25, 20, 27, 28, 30,
33, 34 ; Paris, Vienne, Leipsick. 9° Variations
sur un air suisse, op. 32 ; Leipsick, Peters.
10° Les Avant-coureurs. Exercices pour le
pianoj contenant XXIV canons dans tous
les tons majeurs et mineurs, calculés pour
servir d'étude préparatoire du grand re-
cueil de canons et fugues, composés par
Aug.- Alexandre Klengel, premier organiste
de S. M. le roi de Saxe. Dresde, Guill. Paul.
Klengcl a laissé en manuscrit un concerto (en
mi bémol), un autre (en ut), un quintette
(en mi bémol), écrit pour la Société philhar-
monique de Londres, et la belle collection de
loccates, de pièces fuguées et de canons indi-
quée plus haut.
KLEIN GEL (Auguste-Gottlieb ou Théo-
rniLE), chanteur dramatique allemand, naquit
a Dresde, le 7 avril 1787. Ayant été admis
parmi les élèves de l'École de la Croix, il y
icçutdes leçons de musique et de chant. Sa
Inllc voix de soprano le faisait rechercher pour
c':.<tUer les solos dans les églises et dans les
chœurs du Théâtre-Italien. Destiné à l'étal
ecclésiastique, il alla étudier la théologie a
l'Université de Leipsick. En 1811, il venait de
terminer ses cours et de prononcer un sermon,
lorsque tout à coup il changea la direction de
sa vie et se fit entendre comme lénor dans les
concerts du Gewandhaus ; puis il acecepta un
engagement pour le Théâtre de Breslau. Dans
les années 1813 à 1820, il chanta à Manheim,
Munich et Leipsick. Appelé à Hambourg, en
1820, il y resta jusqu'en 1835. Retiré depuis
lors du théâtre, il a dirigé, pendant quelque
temps, diverses sociétés de chant. La voix de
cet artiste avait une belle et puissante sono-
rité, son style était beau et large, et son action
dramatique avait de la chaleur et de l'exprès*
sion.
RLES (F.), violoniste, né vraisemblable-
ment en Silésie, vivait à Breslau, vers la An
du dix-huitième siècle. Il a fait imprimer, en
1786 : 1° Concerto pour violon principal, avec
accompagnement. 2° Concerto pour alto et
orchestre.
KLETZIINSRI ou KLECZIÏXSKI
(Jeas), violoniste et compositeur, né en Po-
logne, dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, vécut à Vienne après le partage de sa
patrie, n a publié de sa composition : 1° Six
trios pour violon, alto et violoncelle, op. 4,
Vienne, Kozeluch. 2° Premier concerto pour
violon (en re), op. 1 ; Lemberg. 3° Vingt varia-
lions pour deux violons concertants sur un
thème allemand, op. 5; Vienne, Kozeluch.
4° Douze variations sur l'air : O mein liéber
Augustin ; Vienne, Artaria. 5° Trois duos pour
deux violons, op. 8; Vienne, Haslingcr.
KLIEft (Augustin), né le 25 octobre 1744,
dans la petite ville de Weiden, sur le Mein, lit
ses éludes au Collège des jésuites à Amberg.
En 1762, il entra au monastère de Spcinshart,
et y fit profession comme chanoine régulier
de Saint-Norbert, le 8 décembre 1763. Là, il
trouva dans la plupart des moines des musi-
ciens instruits, et cette circonstance lui permit
de développer ses heureuses facultés pour la
musique. Voulant hâter ses progrès dans cet
art, le supérieur du couvent l'envoya à Mu-
nich, où il étudia le chant, la flûte et le vio-
loncelle, sous la direction d'un bon maître. De
retour dans son monastère, il y fut ordonné
prêtre, le 10 novembre 1771, et bientôt après
fut chargé de l'enseignement de la musique. Il
possédait une belle voix de ténor, et chantait
avec beaucoup d'expression et de goût. Après
l'envahissement du haut Palatinat par les
armées françaises, en 1796, son couvent fut
supprimé, et il se retira à Munich, où il vivait
encore en 1812, s'y occupant de musique et de
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KLIEH - KL1NGENSTEIN
littérature. Il avait en manuscrit neuf messes
de sa composition, des litanies, des Magni-
ficat 7 et d'autres morceaux de musique
d'église.
H LIER (Aîidré), frère du précédent, na-
quit, en 1746, à Sladt-Remnalh, dans la Ba-
vière. Ayant été admis au séminaire d'Amberg,
comme enfant de chœur, il y apprit la musique
et la langue latine. En 1707, il entra chez les
Franciscains de cette ville et y remplit les
fonctions de directeur du chœur. Les messes,
les litanies et autres compositions de musique
d'église, qu'il y faisait exécuter, furent remar-
quées à cause de leur mélodie simple et facile.
En 1812, il vivait au couvent de Neukirchen.
Depuis cette époque, on n'a plus eu de rensei-
gnements sur sa personne.
KLIER (Joseph), frère cadet des précé-
dents, naquit à Stadl-Kemnath, le 24 avril 1760,
et étudia, comme ses frères, au séminaire
d'Amberg. En 1777, il entra cher les béné-
dictins de Weissenhohc, y fit profession le 17
novembre de l'année suivante, puis alla étu-
dier la philosophie et la théologie à Pfraiver-
silé d'Ingolsladt. De retour dans son couvent,
il y fut ordonné prêtre, le 24 juin 1783, et y
remplit pendant plusieurs années les fonctions
de directeur de musique. Après la suppres-
sion de son monastère, il se fixa à Neumark;
mais au mois d'août 1810 il obtint le prieuré
de Wondrech. Ce moine se distingua autant
par la beauté de sa voix que par son habileté
sur le violon, l'alto et la guitare. Il a fait im-
primer de sa composition un trio pour flûte,
•violon et guitare, à Augsbourg, chez Bœhm.
KLING (M.), musicien bavarois, a fait
imprimer un livre qui a pour titre : Theore*
tisch-prakîische Horn,Posthorn und Trom-
petensckule, oder die Kunst, in ganz kurzer
Zeit mit Leichtigkeit dièse Instrumente auf
eine bisher nach unbekannte Art erlemen
zu kœnnen (École théorico-pratique du cor,
du cornet de poste et de la trompette, etc.),
Ralisbonne, Reilmayer, 1829, in-8°.
KLI:*GENBERG(Frédébic-Gijillau*e),
cantor à l'église Saint-Pierre de Gœrlîtz, est
né, le 6 juin 1809, à Sulau (Silésie), où son
père était cantor et organiste. Il reçut de lui
les premières instructions dans la musique : à
l'âge de onze ans, il fut envoyé à Brcslau pour
s'y préparer, par les éludes du gymnase, à celle
de la théologie. Pendant les cinq années qu'il
demeura dans celte ville, il reçut des leçons
de théorie de l'organiste Neugebauer, apprit
le violon chez Taschenberg, et le piano chez
Réflel. Le maître de chapelle J. Schnabel lui
enseigna la composition. Son père, ayant été
nommé cant or et organiste de l'église Notre-
Dame (Frauenkirche) à Liegnilz, y appela le
jeune Klingenberg pour y suivre les cours du
collège. Il y resta jusqu'en 1850, puis se rendit
à l 'Université de Breslau : dans l'année sui-
vante, il fui choisi comme directeur de la société
de chant. Sa bonne direction de cette Société
et ses talents comme violoniste solo et comme
compositeur l'ayant fait connaître avantageu-
sement, il fut nommé cantor de l'église Saint-
Pierre à Gœrlilz, en 1840. Là, son habileté
dans les fonctions qui lui étaient confiées se
montra sous un aspect si favorable, que le
magistrat, avec l'autorisation du roi, le nomma,
en 1844, directeur de musique. Cet artiste de ■
mérite a publié plusieurs recueils de Lieder à
vofx seule, avec accompagnement de piano,
d'autres chants pour des chœurs d'hommes, à
quatre parties, une cantate de fête, à quatre
voix, avec orchestre, op. 16, quelques composi-
tions pour le piano, dont une fantaisie-sonate,
op. 11, et des pièces d'orgue. Un hymne de sa
composition, pour chœur et orchestre, a été
exécuté a Gœrlitz, en 1845.
Le frère de Klingenberg (Jules), né à Sulau,
le 15 mars 1815, est élève de Kummes, de
Dresde, pour le violoncelle. Depuis 1842, il vil
à Saint-Pétersbourg. On a de lui des compo-
sitions pour le violoncelle et pour le piano.
KLINGEÏNBIUJIXNEU (Guillaume), cais-
sier des États provinciaux, à Vienne, est né
en cette ville, le 27 octobre 1782, et a appris
la musique, la flûte, la clarinette, le cor de
bassette et d'autres instruments sous la direc-
tion de différents maîtres. Il a publié de sa
composition : 1° Duos de flûte, op. 8, 14, 16,
18, 48. 2° Variations pour deux flûtes, op. 9,
19. 3° Environ trente œuvres de variations,
fantaisies, caprices, préludes, etc., pour flûte
seule. 4° Des pièces pour czakan et guitare.
5° Environ dix œu.res de solos pour czakan.
Toute celte musique a paru à Vienne, chez
Haslinger et Artaria. On a aussi de KJingen-
brunner une méthode de flûte, Vienne, Has-
linger, et une méthode de czakan, ibid.
KLINGENSTEIN (Beihiabd) , religieux
de Tordre de Saint- Benoit et directeur de mu-
sique de l'église cathédrale d' Augsbourg, vécut
au commencement du dix-septième siècle.
Élève de la belle et savante école qui existait
en Bavière dans le siècle précédent, il a fait
preuve de beaucoup d'habileté dans les ouvrages
dont voici les titres : 1° Trinodium sacramm,
motets à trois voix, première partie, Dillingen,
1605. 2» Symphoniarum 2, 3,*4, 5, et 8
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KLINGENSTEIN - KLINGSOHR
S7
vocum, pars 1, Munich, 1607, in-4 e . 3°flo-
setum Marianum y contenant trente- trois
hymnes et antiennes à la Vierge, à cinq voix,
première édition, Dillingen, Adam Meltzer,
1604, in-4°. La deuxième édition est de
Mayence, 1609: Une troisième édition de celle
dernière collection a* été publiée à Augsbourg,
en 1684.
KUNGHAIHMER (J.-C). Sous ce nom
d'un auteur inconnu, a paru le premier cahier
d'un ouvrage dont In publication devait être
périodique, et qui avait pour titre : Theore-
tischpraktische Gedanken Uber die Tonkunst
(Idées théoriques et pratiques sur la musique),
Salrwedel, 1777, in- 8°. La suite n'a point été
publiée.
KLINCOHIt, nom d'une famille distin-
guée dans la musique. Elle est originaire de
la Bohême et s'est établie en Silésie vers le
milieu du dix-huitième siècle. Le père, Joseph
Klingohr, né en 1755, était instituteur et
organiste à Tropplowilz, près de LeobschUtz.
Il est mort à l'âge de quatre-vingt-quatorze
ans, le 7 juin 1839, après avoir rempli ses
fonctions d'une manière honorable, pendant
un demi-siècle. Au nombre de ses élèves les
plus remarquables sont ses trois fils. L'alné
{Auguste Klingohr) , violoniste d'un rare
mérite, est directeur d'orchestre de quelques
sociétés musicales de Breslau. Le plus jeune
(François), né le 16 mars 1795, est professeur
de musique et de piano à Posen. Mais le plus
célèbre des trois frères Klingohr est celui qui
est l'objet de l'article suivant.
KLIIXGOIIU ( Joseph - Guillaume ) ,
deuxième fils de Joseph, est né à Tropplowilz,
le 11 septembre 1785. Doué des plus heureuses
dispositions pour la musique, il reçut de son
père les premières leçons de chant et de piano.
Un œuvre de deux sonates de piano, avec ac-
compagnement de violon et de violoncelle,
qu'il publia en 1805, et douze landler pour
piano seul, sont les première? productions qui
l'ont fait connaître. Peu de temps après que
ces ouvrages eurent paru, Klingohr se rendit
à Breslau et s'y fit une honorable réputation
comme pianiste et comme compositeur. Bien-
tôt lié d'une étroite amitié avec Ch.-M. de
Weber et Berner, il éprouva la favorable in-
fluence de ces liaisons par le développement
que prirent ses idées. Dans l'exécution des
concertos de Mozart et de Beethoven, qu'il fai-
sait quelquefois entendre, on admirait l'ex-
pression de son jeu. Vers 1810, il accepta la
place de maître de chapelle du prince d'An-
halt-Plcssl ; mais il ne jouit pas longtemps des
avantages de cette situation, car il mourut à
l'âge de trente et un ans, le 16 janvier 1814.
On a de sa composition : 1° Sonates pour piano,
violon et violoncelle, Breslau. 2° Variations
faciles pour piano, violon, alto et violoncelle,
n° 1; Breslau, Fœrster. 5° Idem, n° 2, ibid.
4° Variations sur un thème original à quatre
mains, avec accompagnement de violon et vio-
loncelle, ibid. 5° Marche pour piano à quatre
mains, ibid. 6° Variations faciles pour piano
seul, ibid. 7° Polonaise pour piano, ibid.
8" Six valses et six allemandes ; Breslau, Grass.
9° Chants du matin et du soir, pour trois so-
pranos et contralto, à l'usage des écoles de
chant; Breslau, Fœrster. 10° Chansons à
voix seule, avec accompagnement de piano,
ibid. Klingohr a laissé en manuscrit beaucoup
de chants à quatre voix, à l'usage du Gym-
nase catholique de Breslau, une messe à quatre
voix, Stationes Theophoricx, qui se chantent
à Breslau chaque année dans les stations de la
Fête-Dieu, trois offertoires, trois litanies,
un Requiem allemand , un Feni Sancle
Spiritus, des duos pour soprano et basse, des
sonates de piano avec et sans accompagne-
ment, etc.
KLINGSOHR, ou KL1TSGSOHRE, cé-
lèbre maître chanteur, ou plutôt minnesinger
(chanteur d'amour),. vécut vers la fin du dou-
zième siècle et au commencement du treizième.
Après avoir étudié à Cracovie, à Paris et à
Borne, il se rendit en Orient pendant les expé-
ditions des croisades et parcourut l'Arabie.
De retour en Europe, il se fixa dans la Tran-
sylvanie, d'où il fut appelé par Hermann de
Thuringe, en 1207, pour disputer le prix du
chant contre "Wolfram d'Eschenbach {voyez
ce nom), autre maître chanteur célèbre, dans
le combat poétique el musical de la Warlbourg.
Le résultai fut incertain parce qu'Eschenbach
se montra plus habile dans le chant religieux,
et Klingsobr dans les chansons d'amour. On
ne sait rien concernant les dernières années
de celui-ci. D'après le poème anonyme sur
celte lutte célèbre, dont un manuscrit est à la
Bibliothèque de Jéna, Klingsohr n'y a pris
part que comme juge.
Suivant W. Grïmm {Meistergesang, p. 117),
Koberslein (dans sa dissertation sur le combat
poétique du combat de Warlbourg , p. 55 et
suivantes), el Gœrres (Préface du Lohen-
grin, p. xxxvi), Klingsohr ne serait qu'un
personnage allégorique dont le nom, formé de
KUngeHy résonner, et ohr y oreille (sons qui
frappe l'oreille), serait l'emblème de la puis-
sance de la poésie chaulée sur le sentiment hu-
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t>8
KL1NGS0HR — KLOEKENBRING
main ; mais des autorités contemporaines, no-
tamment le biographe de sainte Elisabeth de
Hongrie, Dielrich d'Apolda, qui écrivait en
1289, prouvent l'existence de ce minnesinger :
Hic magister, ditDietrich, Çlynsor nomine,
ad dijudicandas prxdictorum virorum can~
liones in Thuringiam per vohtntatem et be-
neplacitum principu)n est adductus.
Il existe quelques fragments d'un poème de
Klingsohr dans un manuscrit de Jéna et dans
un autre du Muséum de Golmar ; mais on n'a
rien retrouvé jusqu'à ce jour de la poésie ni
des mélodies de ses chansons d'amour.
KLII» KOSCII (Joseph-Tiiadée), conseiller
impérial et docteur en médecine à l'Université
de Prague, naquit dans celle ville, le 24 octo-
bre 1734 et y mourut le 16 avril 1778. Doué
d'un esprit inventif et d'idées originales, il fa-
briqua des violons, des harpes et d'autres instru-
ments de nouvelles formes, qui se sont perdus.
Il s'occupa aussi longtemps d'une machine
propre à imiter les sons articulés de la voix
humaine; mais la mort l'a empêché de publier
les résultats de ses recherches.
KLIPjSTElU (Jean), célèbre luthiste, né
a Prague, dans le seizième siècle, passa toute
sa vie dans cette ville, où il a laissé à sa mort
beaucoup de pièces manuscrites pour son in-
strument. On trouve dans les Sylrarum Juve-
nilium, de Sleinmelz (p. 05, 00), une pièce de
vers latins d'assez mauvais goût, ainsi conçue,
sur cet artiste :
Klipstcînium in Philire testudine ludere Phœbi
Su.'ivitcr aima Venus vidit, et ohstupuit.
Exin risit, et ad natum : Testudine noslra
Klipstcinium posiliac luderc oportcl. ail.
Annuit aies Amor, colérique cilntor Kuro
Klipsleinii notum venil ad liospilium.
llonstravitquc simul Vcneris testudinem et liae Te
KHpstcini. posthae ludere oportel, ait
KlipMcinin placuit lestudo h ace, jamque per annum
Dnm didieit doclus pene Magister erit.
L'terc Klipsleini hne testudine, Inde fréquenter
Donec verticulo cliorda minuta cadjt.
' Idquc Tac ad Yciicri* libitum, tum proemia si Te
Dcficicnt, vates carminé fjlsu* ero.
KLIPSTEIN (Georces-Godefroid),
cantor et instituteur à Oels, en Silésie, naquit
à Miilhauscn, dans la Thuringc, le 24 sep-
tembre 1772, et mourut à Ocls, le 15 janvier
1830. Il s'est fait connaître par un manuel
d'orgue intitulé : Rath- und Ifiilfsbuch fiir
Organisten und solche, die es werden tro/-
len (Livre d'avis et de secours pour les orga-
nistes, et pour quiconque veut le devenir),
Breslau, Joseph Max cl O, 1820, in-fol. obi.
Cet ouvrage contient cent quatre-vingts chants
chorals choisis , particulièrement d'anciens
compositeurs, avec dix mille petits versets ou
préludes. Le texte, le titre et l'index de ce livre
forment quatre feuilles d'impression, suivies de
trois cent quinze pages de musique lilhogra-
phiée. Une deuxième édition de ce livre a été
publiée à Breslau, chez Je même éditeur, eu
1855, un volume in-fol. obi. de quatre-vingts
feuilles.
KLOEKENBRING (Fhédéric-Arkold),
fils d'un prédicateur, naquit à Schnakenbourg,
près de Lunebourg, le 51 juillet 1742. Après,
avoir commencé ses études sous la direction de
son père, il alla les terminer, en i7ûl , au collège
Carolinum de Brunswick. Il avait alors dix-
neuf ans cl n'avait jamais assisté à des repré-
sentations d'opéra. Ce fut à Brunswick qu'il
entendit le premier ouvrage de ce genre, et
son extase fut telle, que la représentation
étant finie, il resta assis à sa place, absorbé
par le plaisir qu'il venait d'éprouver. Il fallut,
pour le tirer de sa rêverie, que l'inspecteur de
la salle vint lui demander si son intention était
de passer la nuil au théâtre. Cette circonstance
décida de sa vocation pour la musique. Il fît de
rapides progrès dans cet art, et y acquit en
peu de temps assez d'habileté pour que le
maître de chapelle Schwaubcrger l'employât à
instrumenter la partition d'un opéra qui lui'
était demandé et qui devait être terminé rapi-
dement. Ce fut vers le même temps qu'il mit
en musique diverses poésies, entre autres l'ode
intitulée Seltnar à Selma. Le désir d'augmen-
ter ses connaissances musicales lui avait fait
prendre la résolution d'aller étudier cet art en
Italie, mais le sort en décida autrement. Son
père l'envoya en 1704 suivre un cours de phi-
losophie à l'Université de Leipsick, et deux
ans après, il étudia la jurisprudence à celle de
Gœttingue. L'étendue du savoir qu'il avait ac-
quis lui fit confier en 1772 la place de bourg-
mestre à llamcln, et en 1778 il obtint celle de
secrétaire de la chancellerie, à Ilanovre. Dans
ses dernières années, sa raison se dérangea. Il
mourut à Hanovre, le 12 juin 1795. Parmi les
écrits de ce savant, on remarque ; \° Etwas
iiber die Musik in den neuerlich entdukten
Siidlxndem^besonders iiber den Unterschied
zwischen dem Inlervallen- System, dieser
Voilker und dem unsrigen (Quelque chose
sur la musique des pays nouvellement décou-
verts dans la mer du Sud, cl particulièrement
sur la différence du système d'intervalles de
ces peuples avec le nôtre). Cet écrit est inséré
dans les Aufsxtzen ver&chicdcne* ïnhalts,
Hanovre, 1787, deux volumes. Dans le même
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KLOEKENBRING — KLOSS
59
ouvrage, on trouve aussi : 2" Vêler dit Fehler
des gewœhnlichen Vnterrichts in der Musik
(Sur les défaut» de l'enseignement ordinaire
dans la musique) Gerher cite aussi du même
écrivain, dans son ancien Lexique des musi-
ciens , ces deux morceaux : 3° Lettre d'un
amateur de musique sur la question : Si des
jeunes personnes de bonne famille doivent
apprendre la musique, et comment? 4° Ré-
ponse d'une dame à l'auteur de la lettre pré-
cédente. L'amateur de musique recommande
l'étude de la théorie de Tari ; la dame, au con-
traire, insiste sur la pratique.
KLOEFFLER (Jean-Frédéric), directeur
de concert, et assesseur des finances du comte
de Benlheim-Steinfurt à Burg-Sleinfurt, près
de Munster, est mort en ce lieu dans l'an-
née 1793. Il a publié à Amsterdam, avant
1784 : 1° Six sonates pour le clavecin. 2° Six
concertos pour la flûte. 3° Six trios pour le
même instrument. 4" Six symphonies à grand
orchestre. 5° Six sonates pour clavecin, violon
et violoncelle. On attribue au même musicien
une Bataille à deux orchestres qui a été exé-
cutée à Hambourg, Berlin et Copenhague,
KLOSE (Georges), facteur d'orgues à
Brieg, vers le milieu du dix-septième siècle, a
construit, en 1068, l'orgue de l'église évangé-
lique de Schweîdnilz, de trente-cinq jeux, deux
claviers et pédale, avec six soufflets.
KLOSE (F.-J.), né à Londres, vers la fin
du dix-huitième siècle, est fils d'un professeur
de musique de cette ville, qui lui a enseigné
les éléments de cet art. Ensuite il a étudié la
composition avec différents maîtres, surtout
avec François Tomisch. Devenu un des bons
violonistes de Londres, Rlose fut employé dans
plusieurs orchestres, particulièrement à ceux
du théâtre du roi el du concert de l'ancienne
musique; mais il quitta toutes ses places
pour se livrer à l'enseignement. Ses ballades,
qui sont en général d'un genre tendre et sen-
timental, ont eu du succès. On cite, comme
la meilleure, celle qu'il a écrite sur les vers de
lord Byron : My native land, good night. Il a
écrit, pour le théâtre de Covent-Garden, la
musique de -plusieurs ballets et mélodrames,
et a fait exécuter, avec succès, une ouverture
à grand orchestre à King's théâtre. On a im-
primé de sa composition : 1° Six sonatines
pour le piano. 2° Grande sonate pour piano et
flûte. 3° Préludes pour piano. 4° Sept divertis-
sements détachés pour le même instrument,
o" Beaucoup de ballades cl de chansons avec
accompagnement de piano f»° lin livre de
mélodies irlandaises choisies. 7° Un idem de
mélodies écossaises. 8° Un idem de mélodies
cambriennes. 9°Deuxtdem de mélodies fran-
çaises. 10» Des déguisements amoureux,
grand ballet représenté au théâtre du Roi,
arrangé pour le piano. 11° Beaucoup d'airs et
de rondos idem. 12° Des airs de danse idem.
13° Instruction Bodk for Piano -forte {deux
éditions). 14° Practical hints for acquiring
Thorough- Bass (Leçons pratiques pour ap-
prendre la basse continue), Londres, 1822,
gr. in-8°. Cet ouvrage est rempli des fautes
les plus grossières dans les exemples d'har-
monie.
KLOSE (Henri- Auguste), cantor et insti-
tuteur supérieur â L0bau,dans la Prusse po-
lonaise, né dans les premières années du dix-
neuvième siècle, a publié un livre choral pour
les écoles, contenant les chants et répdns les
plus en usage, arrangés pour deux, trois et
quatre voix d'enfants, sous ce titre : Schul-
choralbuch oder Sammlung der gebràuch-
lichsten Chorale und Responsorien fiir 2,
3 tâid A Kinderstimmen ausgesetzt, Lobau,
C.-G. Schulze, 1836, in -8° de 48 et iv pages.
KLOSE (Hïacuthe-Éléonore), professeur
de clarinette au Conservatoire de Paris, est né
le 11 octobre 1808 à Corfou (Iles Ioniennes).
Venu jeune en France el«ntré dans la musique
d'un régiment comme clarinettiste, il perfec-
tionna son talent par les leçons de Kevv (voyez
ce nom), et, après la mort de cet excellent
artiste, il lui succéda comme professeur au
Conservatoire , le y janvier 1839. M. RIosé
possède un beau son el une belle manière
de phrase r, dans laquelle on retrouve le
style de son maître. Il s'est fait entendre
avec de brillants succès dans les concerts de
la société du Conservatoire. Il a formé de
bons élèves, au nombre desquels on dislingue,
en première ligne, M. Le Roi. Il a aussi per-
fectionné le doigter de son instrument par
l'application du système des clefs â anneaux,
vers 1843. On a gravé de la composition de cet
artiste : 1° Premier air varié 4>our la clari-
nette, avec orchestre ou piano, Paris, Ri-
chault. 2° Premier solo idem, avec orchestre
ou piano, ibid. 3° Trois duos |ioiir deux clari-
nettes, premier livre, ibid, 4" Deuxième solo
pour clarinette, en si bémol, avec accompa-
gnement d'orchestre ou de piano, Pans, Meis-
sonnicr. M. RIosé a arrangé pour la clarinette
vingt éludes de Kreutzer el de Fiorillo, ibid.
KLOSS (Cii Ait les), directeur de imtsii|u<: à
Dresde, né à Mohrllngcn {Prusse orientale},
près d'Elbing, le 8 féviier 17112, est dU iVun
\ cantor de cet endroit. Dès l'âge de six an>, il
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KLOSS — KLOTZ
appril les éléments de la musique, du piano et
de l'orgue, 6ûus la direction de son père. De-
venu orphelin, à l'âge de onze ans, îl alla con -
linucr ses éludes de musique et de latinité au
collège de Sangcrhausen, qu'il fréquenta pen-
dant quatre ans. L'organiste Rœdiger fut pen-
dant ce temps son maître de piano et d'orgue.
Plus lard, il commença à pourvoir à sa sub-
sistance en donnant des leçons. Turk, qui
le connut alors et qui remarqua ses heureuses
dispositions, l'engagea à se rendre à Halle, et
à entrer dans le chœur de musique dont il
était directeur. Kloss, ayant accueilli ces pro-
positions, étudia la théorie sous la direction de
cet excellent maître. Après la mort de celui-ci
(en 1813), Kloss fut obligé d'accepter une place
de violoniste au théâtre dcLeipsick. En 1816,1e
prince Jablonowski le choisit pour son maître
de chapelle et pour directeur de ses concerts.
Deux ans plus tard, il quitta cette position pour
aller vivre à Kœnigsberg où il occupe une
place de violoniste à l'orchestre du théâtre ;
mais la vie calme d'une petite ville lui fit
préférer, trois ans après, la place d'organiste
à Elbing; mais son caractère inconstant lui
fit encore abandonner cette ville pour une
place de direetcurde musique et de professeur
de chant à D&nlziok : il ne la garda pas
longtemps, étant revenu une secoode fois à
Lcipsick, où il ne resta que quelques mots,
parce qu'il avait obtenu la position d'organiste
d'une des églises de Dresde, qu'il échangea
ensuite contre celle de directeur de musique.
Son séjour dans cette ville fut le plus long
qu'il eût fait depuis longtemps dans le même
lieu, car il y resta trois ans. Après cette époque
de calme, Kloss rentra dans les habitudes
d'agitation où il paraissait se plaire : ainsi on
le voit, pendant un certain nombre d'années
élever une école de musique à Berlin (1855),
l'abandonner pour une place d'organiste
en 1837, devenir directeur de musique chez le
prince Carolalh , en Silésie (1838), puis se
transporter en Magdebourg, pour s'y faire
professeur de chant (1859) ; de là faire un saut
jusqu'à Cronstadt, où il redevient organiste et
directeur du chœur d'une des églises de cette
ville (1840). En 1843, il est de retour à Berlin,
où il donne des concerts historiques et reçoit
une médaille d'or du roi de Prusse; deux ans
après, il est à Francfort; puis on le trouve â
Eperies, en Hongrie, où il tient une école de
musique pour les enfants, et enfin, il va mou-
rir à Riga, le 20 avril 1853.
Ses compositions annoncent peu de génie,
mais elles sont bien écrites. Parmi ses ouvrages,
on remarque : 1° Des sonates pour piano et
violon, op. 16 et 25; Bonn, Si m rock et Leip-
sick, Breilkopf et Hserlel. 2° Des pièces déta-
chées pour piano, telles que polonaises, rondos,
marches à quatre mains, etc., op. 3, 5, 14, 24,
26, ibid. 3° Des sonates pour piano seul, op. 25,
27, 29, ibid. 4° Des rondos idem, ibid. 5° Des
variations idem f ibid. 6° Des polonaises et des
valses idem, ibid. 7° Des chœurs extraits de la
liturgie de Prusse, trois suites, avec accompa-
gnement d'orgue; Berlin, Trautwein. 8° Plu-
sieurs cahiers de chants à voix seule, avec ac-
compagnement de piano ; Leipsick. 0° Plusieurs
recueils de motets et de chants religieux à quatre
voix et orgue ; Berlin, Guttentag. 10° Le choral :
O Jffaupt voll Blut und Wunden, varié pour
l'orgue, avec une introduction, op. 2; Leip-
sick, Hofmeister. 11° Six pièces d'orgue, pour
l'usage des fêles solennelles, op. 7; Bonn, Sim-
rock.
KLOTZ ou CLOTZ (Mathias) (1), luthier
tyrolien, naquit vers 1040. Ayant été admis
dans l'atelier de Jacques Slciner, il devint son
meilleur élève. Après la mort de son maître, il
établit une manufacture d'instruments, dont
les formes sont en général imitées de celles de
Sleiner, mais dont la qualité de son est moins
argentine. La plupart des violons de Klotz ont
été fabriqués depuis 1G75 jusqu'en 1696. Il
existe cependant des instruments qui portent
le nom de Mathias Klotz, et une date posté-
rieure, mais on croit qu'ils ont été fabriqués
par les fils de cet artiste, et que ceux-ci n'ont
mis leurs noms aux violons et violes sortis de
leurs ateliers qu'après la mort de leur père.
J'ignore sur quels fondements Otlo a donné à
Klolz le père le prénom d'Egitia (Uber den
Bau der Bogeninstrumente, p. 81); tous les
instruments de cet artiste que j'ai vus portent
celui de Mathias. Égide fut le prénom d'un
de ses fils.
Georges, Sébastien et Égide Klolz, fils de ce
luthier, onl fabriqué des violons qui ne sont
pas dépourvus de mérite, mais qui sont moins
recherchés que ceux de leur père. Ces artistes
avaient pour habitude, lorsqu'un instrument
de leur fabrique était meilleur que d'autres,
et plus soigné dans les détails des formes, de
leur mettre une étiquette indiquant le nom de
Steiner ; c'est à cette fraude qu'il faut attri-
buer les faux Steiner qu'on trouve dans le
commerce. Toule la famille Klolz a vécu dans
(1) On IrouTc les deux orthographes ans étiquettes
placées dans les instruments de ec luthier; mois un
grand nombre de ces étiquettes étant fausses, il est A
peu près impossible de savoir quelle est l'orthographe
priRiilive.
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KLOTZ - KNECHT
61
le Tyrol et y a formé de nombreux élèves ,
fondateurs de toutes les fabriques d'instru-
ments de ce pays. Il a existé un luthier du nom
de Georges CIolz, en 1754, à Mitlenwald sur
l'Iser, près de Landshut, en Bavière. J'ai vu
un violon de lui qui était daté de ce lieu et de
la même année. Rien n'indique s'il était petit-
fils de Malhias.
KLUGE (Gottlob), prédicateur à Neu-
markt, mort en 1771, a fait imprimer un
sermon sur le psaume 150, à l'occasion de
l'érection d'un nouvel orgue placé dans l'église
de Neumarkt. Il y prend aVec chaleur la dé-
fense de la musique dans l'office divin, et
fournit quelques renseignements sur les jeux
et la disposition de l'orgue. Cet opuscule a
pour litre : Orgelpredigt, welche am 3 e Adv.
1754 , bei Einvceihung der im Evangel-
Bethause su Neumarkt erwiinscht erbauten
neuen Orgel gehalten tcorden iiber den 150
Psalm. Breslau, 1756, in-4° de cinq feuilles.
On a aussi du pasteur Kluge : H y mnopœog ra-
phia Silesiaca, oder hist. Lebensschreib .
Schles. Liederdichter (Hymnopéographie si-
lésienne, ou histoire de la vie des poêles de la
Silésie, auteurs de cantiques)^ Breslau, trois
livraisons in-8°, 1751-1754. Il y fournit quel-
ques renseignements sur les compositeurs de
ces cantiques.
KXUGER (Floiuar), compositeur né en
Bohême , dans la seconde moitié de dix-hui-
tième siècle, a publié à Prague, chezSchœdel :
1° Quelques nocturnes à deux voix, avec ac-
compagnement de piano, 1807 et 1808. 2° Des
variations pour piano sur un thème de Rosetti.
3° Des trios pour piano, violon et violoncelle,
1810. 4° Des landler et des menuets idem,
1810.
KLUGLING (...), organiste à l'église de
Saint-Pierre et Saint-Paul, à Dantzick, vers la
fin du dix-huilicme siècle, était considéré
comme un des plus habiles clavecinistes et
organistes de ce temps. Il a composé plusieurs
concertos pour le piano, dans la manière de
Schobert.
KIHAFFX (Joseph-Léopold), pianiste et
harpiste à Yienne, vers la fin du dix-huitième
siècle, est connu par les compositions sui-
vantes : 1° Sept variations pour piano sur le
chœur des Papagenos : Ach schœn tcillkom-
men, etc. "Vienne, Eder, 1799. 2° Six varia-
lions pour la harpe sur le trio : Pria ch' io
Vimpegno, ibid., 1790. 5° Recueil d'airs pour
la harpe à crochets, ibid., 1803.
KNAPTON (Philippe), né à York en
1788, a eu pour maître de musique le docteur
Hague, professeur à l'Université de Cambridge,
et après avoir terminé ses études, il est re-
tourné dans la ville natale. Il a publié de sa
composition : 1° Trois sonates pour le piano;
Londres, Chappell. 2° Plusieurs duos pour
harpe et piano, ibid. 3° Des chansons anglaises
avec accompagnement de piano. II a laissé en
manuscrit plusieurs ouvertures à grand or-
chestre, et des concertos pour le piano.
RIY4UST (Henm-Tiiéodoiie), premier té-
nor du théâtre de Weimar, est né à Bruns-
wick, le 14 février 1805. La beauté et l'étendue
de sa voix le firent remarquer par quelques
personnes attachées au théâtre de Brunswick,
qui le décidèrent à étudier le chant et à se
vouer à la carrière dramatique. Kiel, ténor
du théâtre de Brunswick, se chargea de son
éducation musicale, et Ilaake, acteur du même
théâtre, lui fit faire un cours de déclamation.
En 1822, Knaust s'essaya en public pour la
première fois dans un air qu'on avait écrit
pour lui; les espérances qu'il y donna pour
son avenir le firent engager comme second
ténor. Il se livra dès lors à ses études avec ar-
deur, et, en 1827, il quitta le théâtre de Bruns-
wick pour aller à Cassel, où il joua quelques
rôles; mais n'y pouvant être engagé comme
premier ténor, à cause de la présence de Wild,
il alla à Brème, où il joua avec de brillants
succès. Des offres lui furent faites pour plu-
sieurs villes, mais il les refusa, et continua de.
résider à Brème pendant sept années. Ayant
été donner quelques représentations à Dresde,
en 1833, il y produisit une si vive sensation,
que le grand-duc de Weimar l'engagea immé-
diatement pour son théâtre. Les qualités qui
distinguaient cet artiste étaient la beauté de la
voix, l'expression et la chaleur dramatique.
Après une longue maladie, il a obtenu sa pen-
sion du grand-duc de Weimar, en 1842.
KNECHT (Justin -H ENHi), organiste, com-
positeur et théoricien, naquit le 50 scplembre
1752, à Biberach, dans la Souabe. Son père,
qui vivait alors en celte ville, lui donna
les premières leçons de chant et de violon;
plus tard, d'après les conseils de son compa-
triote Wieland, on lui fit apprendre l'harmonie
et l'accompagnement chez l'organiste Kramer.
Pendant ce temps, il faisait ses éludes au col-
lège, apprenait à jouer de la flûte, du hautbois,
du cor, de la trompette, et Wieland lui ensei-
gnait la prosodie italienne. En 1768, il se ren-
dit au collège du couvent d'Esslingcn, s'y livra
avec succès à des éludes supérieures de philo-
logie grecque et latine, sous la direction du
célèbre professeur Boeckh, cl y devint lesubsli-
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KNECHT
tut'de Scbmidt à l'orgue principal. Ce dernier
lui fit connaître, les œuvres de Graun, de Tcle-
mann, de J.-S. Bach, de Hœndel, et les livres
de Marpurg. Parvenu à Page de dix-neuf ans,
Knecht se disposait à aller dans une des uni-
versités voisines pour y faire un cours de phi-
losophie, lorsque le magistrat de Biberach le
rappela pour remplacer le professeur de belles-
lettres Doll, qui venait d'être mis à la retraite
à cause de son grand âge. En 1792, il échan-
gea cette position contre celle de directeur de
musique, qui convenait mieux à ses goûts.
Après en avoir rempli les fonctions pendant
quinze ans, il accepta, en 1807, la place qui
lui fut offerte de maître de chapelle de Slutt-
gard pour la direction de Porches tre du théâtre
et de la musique particulière de la cour; mais
cette position exigeait plus de goût et de talent
qu'il n'y en avait dans la tête de Knecht. Lui-
même se sentit bientôt déplacé dans cette po-
sition nouvelle. Il regrettait ses paisibles tra-
vaux, et souffrait de trouver peu de sympathie
pour lui chez les artistes qu'il était chargé de
diriger. Après la deuxième année de séjour à
Sluttgard. il donna sa démission, qui fut ac-
ceptée, et il retourna dans sa modeste demeure
de Biberach, où sa place de directeur de mu-
sique de la ville lui fut rendue. Il mourut à la
suite de plusieurs atteintes d'apoplexie, le
11 décembre 1817.
Knecht a longtemps joui, parmi ses compa-
triotes, de la réputation d'un des grands musi-
ciens de son temps. Comme organiste, il
n'avait, dit-on, point d'autre rival que Vogler.
Dans cet éloge, il ne s'agit sans doute que de
l'habileté de l'exécutant, caria musique d'orgue
qu'il a publiée est faible de conception, bien
qu'agréable. Il manquait de génie et n'a été
qu'imitateur. Comme écrivain, il a été aussi
élevé beaucoup au-dessus de sa valeur. Il avait
sans doute du savoir, mais sa doctrine est in-
certaine, peu logique en plusieurs points, et
ses idées n'ont pas cette portée qui imprime
à la science un mouvement d'avancement.
Knecht fut un homme laborieux, un ami sin-
cère et dévoué de son art et de la vérité : ce
sont là ses titres au souvenir de la postérité.
Son école d'orgue est un manuel utile pour les
organistes allemands des campagnes et des
petites villes ; mais elle n'enseigne point l'art
pris d'un point de vue élevé ; on peut d'ailleurs
lui reprocher de manquer et d'ordre et de gra-
dation dans la classification des objets. C'est
donc bénévolement que Gerber a appelé Knecht
un second Kirnberger, car entre ces deux
écrivains didactiques la distance est considé-
rable. D'abord Knecht se montra partisan de
la doctrine de Kirnberger ; plus tard, il l'aban-
donna pour celle de Yogler : cela seul dénote
peu de jugement.
Dans la liste des ouvrages de Knecht, on
trouve : 1° Chant concertant de Mirjam et
Deborah, sur le texte de Klopslock ; Leipsick,
1780. 2° Le 23 e psaume à quatre voix et or-
chestre, ibid., 1783. 3° Tableau musical de
la nature, grande symphonie à quinze par-
ties, ibid., 1784. C'est ce même thème que
Beethoven a traité plus tard dans sa Sym-
phonie pastorale. 4° Les quinzième, seizième,
vingt-cinquième et vingt-sixième couplets de
VOberon de Wieland, mis en musique pour
piano, ibid., 1785. 5° Douze variations pour
piano, ibid., 1785. 6° Le e psaume complet
à plusieurs voix, sur la traduction de Men-
delssohn; Spire, 1788. 7° Cantiques des meil-
leurs poètes religieux, à quatre voix, deux
violons et orgue, ibid. 8° Les Charbonniers
fidèles, petit opéra, en manuscrit. 9° La Cou-
ronne de la moisson, idem. 10° L'Enlève-
ment du sérail, idem. 11° Cantique de la
Trinité, pour voix seule et orgue; Spire, 1789.
12° Trois duos très-faciles pour deux flûtes,
ibid., 1791. 13° Le premier psaume de David
à voix seule et orgue (dans la Correspondance
musicale de Spire, 1791, p. 77). 14° Magni-
ficat idem (ibid., 1792, p. 55). 15° Hymne à
Dieu, cantate solennelle pour l'église ou pour
le concert, à quatre voix, deux violons, alto et
orgue; Hambourg, Bœhme, 1798, en partition.
16° Petite collection de morceaux pour l'orgue;
Spire, Bossler. 17° Nouvelle collection com-
plète de toutes sortes de préludes, ritournelles,
fantaisies, versets et fugues, huit cahiers;
Spire, Darmstadt et Munich, 1791-1800. Une
deuxième édition de cet ouvrage a été publiée
à Munich, chez Falter. 18* Sonate pour clave-
cin, violon et violoncelle; Darmstadt, 1792.
19° La Joie des Bergers interrompue par
V orage, tableau musical pour l'orgue ; Darm-
stadt, 1794. Beethoven, qui n'avait certaine-
ment aucune connaissance de cette composi-
tion , a fait du même sujet l'avant-dernière
partie de sa symphonie pastorale. 20° Pièces
d'orgue progressives, premier cahier; Leip-
sick, Breilkopf et Hœrlcl, 1796. 21° Dixit
Dominus, composition qui a obtenu en 1800
un prix de trente ducats. 22° Grand Te Deum
à deux chœurs et orchestre complet, composé
en 1802, et dédié à l'empereur François II et
au premier consul Bonaparte. 23° Autre Te
Deum à quatre voix et orchestre ; Offcnbach,
André. 24° Six sonatines pour le piano, 1802.
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KNECHT
<J3
25° Quarante-huit préludes de clavecin, dans
tous les tons, 1802. 26° Collection complète de
mélodies chorales, en partie corrigées et en
partie nouvellement composées, à quatre voix
et orgue, pour le Nouveau Livre de chant de
la campagne dans le Wurtemberg, à l'usage
des églises et des écoles (en société avec Christ-
mann), Stuttgard, 1799, in-4° de trois cent
trente-huit pages. 27° Cxçilia, œuvre pério-
dique dès pièces d'orgue grandes et petites,
trois cahiers; Fribourg, Herder.
Écrits théorique* et didactiques : 1° Er-
klxrung einiger von einem der Redits-Gel.
A. in Erlangen angetxsleten , aber missver-
standenen Grundsxtze ans der Foglerschen
Théorie, etc. (Explications de quelques prin-
cipes de la théorie de Yogler attaqués et mal
compris par un jurisconsulte d'Erlangen); Ulm,
1785, cinq feuilles in-4°. "Weissbek, profes-
seur de droit, avait attaqué ces principes dans
la Gazette musicale de Spire (année 1788,
p. 98) ; c'est à son article que répond l'écrit
de Knecht. 2° Lettres instructives sur l'harmo-
nie (dans la Gazette musicale de Spire, an-
nées 1791 et 1792). 3° Gemeinniitzliches Ele-
mentancerk der Harmonie und des Général-
basses, etc. (Traité élémentaire de l'harmonie
et de la basse continue, c'est-à-dire véritable
méthode pour enseigner et apprendre Fart
d'accompagner avec une connaissance parfaite
de toutes les harmonies, d'après les principes
de Vogler, avec beaucoup de tables d'accords
et d'exemples pratiques, etc.), première partie,
neuf feuilles de texte et quatre feuilles
d'exemples; Àugsbourg, chez Hamm, 1792;
deuxième partie, Stuttgard, 1793; troisième
partie, ibid., 1794; quatrième et dernière
partie, ibid. , 1798. 4° l'eber die Harmonie
(sur l'harmonie), articles de la Gazette musi-
cale deleipsich, t. T, p. 129, 161, 321, 527,
561 et 593. 5° Kleines alphabetisches JVoer-
terbuch der vomehmsten und interessanten
Artikel aus der musihalischen Théorie (Petit
vocabulaire alphabétique des principaux et
des plus intéressants articles de la théorie mu-
sicale) ; Ulm, 1795, huit feuilles in-8*. Ce vo-
cabulaire avait été écrit par l'auteur pour
V Almanack des instituteurs, où il fut d'abord
inséré ; puis on l'imprima séparément. 6° Voll-
stxndige Orgelschule fur Anfxnger und
Geiibtere (Méthode complète de l'orgue pour les
commençants et pour ceux qui sont plus avan-
cés), première partie, contenant les principes
de l'art de jouer de l'orgue; Leipsick, Breilkopf
clllaertel,1795, quatre-vingt-six pages in-fol.;
deuxième partie, renfermant l'explication des
principaux jeux de l'orgue, ibid., 1790, cent
quatre-vingt-seize pages in-fol.; celte partie
contient beaucoup de morceaux d'orgue pour
l'application et la combinaison des différents
registres; troisième partie, contenant un traité
théorico pratique du chant choral prolestant
et catholique^ ibid. y 1798, in-fol. Pour mettre
de l'ordre dans son ouvrage, Knecht aurait dû
donner dans la première partie l'exposé de la
construction de l'orgue, de ses différents jeux
et de leur emploi, au lieu de le rejeter dans la
seconde ; renvoyer dans celle-ci certaines
choses qui sont dans la première, par exemple
l'emploi de la pédale et les exercices qui lui
appartiennent, car l'emploi de la pédale, de-
puis ses éléments jusqu'aux traits les plus dif-
ficiles et les plus compliqués, constitue le se-
cond degré de la science de l'organiste; l'art
d'accompagner le chant aurait dû suivre im-
médiatement tout ce qui concerne le méca-
nisme du jeu de l'orgue ; enfin, ce qui est relatif
à la forme des pièces aurait dû former une
quatrième et dernière partie. Celte gradation
résulte de la nature même des choses. J.-P.-E.
Martini {voyez ce nom), surintendant de la
musique de Louis XVIII, roi de France, s'est
emparé du travail de Knechl,sans le nommer,
et l'a publié sous le titre d'Ecole d'orgue, di-
visée en trois parties; il a bouleversé tout
l'ouvrage de l'estimable musicien allemand,
sans y mettre plus d'ordre. 7° Theorelisch-
praktische Generalbass - Schule , welche in
90 Notentafeln nebst allen Jntervallen, aile
mœgliche Bewegungsarten der Tœne, Lfe-
bungen aller vorkommenden Accorde, die
verschiedenen Uebergxnge und das Inei •
nanderweben der Tœne durch aile gebrauch-
lichen Dur- und Moll- Tonarten enthxlt
(Méthode théorique et pratique de la basse con-
tinue, etc.); Fribourg, Herder (sans date),
in-4° de soixante pages de texte et de quatre-
vingt-douze pages d'exemples. 8° Kleine Cla-
vierschule fiir die ersten Anfxnger, tcon'/i
die Anfangsgrunde soivohl der Musik iïber-
haupt, als des Clavierspielens insbesonderc
aufeine fassliche Weise gelehrt wird (Petite
méthode de piano pour les commençants, etc.],
première partie (théorique) ; Munich, Faller,
1800, in-4°; deuxième partie (pratique), ibid.,
1802. Je crois que c'esl le même ouvrage dont
il a été donné une édition sous ce titre : Bc-
voxhrten-Methodenbuch beim ersten Cfavier-
unterricht mit 50 Notentafeln, etc.; Fri-
bourg, Herder (sans date), trente-six pages
in 4°de texte et cinquante-deux pages d'exem-
ples. 9° Allgcmeinu musikalischer KateclUs-
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KNECHT — KNIGGE
mus odcr kurzer Jnbegri/f der allgemeinen
J/usiklehre zum Behufo der Musiklehrer
und ihrer ZœgU'nge (Catéchisme général de
musique, ou courte explication de la science
de la musique, etc.) ; Biherach, cher les frères
Knecht, 1805, huit feuilles in-8°. La cin-
quième édition de ce petit livre a été publiée
en 1824, à Fribourg, chez Herder, in-4°. Has-
linger, de Vienne, en a donné une in*8° sans
date. 10* Luther's Verdienst in Musik und
Poésie (Mérite de Luther pour la musique et
la poésie), Ulm, 1817, in-8« de quatre feuilles.
Cet écrit, publié à l'occasion de la fête sécu-
laire de la Réformalion, fut le dernier travail
de Knecht. Il a aussi publié beaucoup d'ar-
ticles relatifs à la musique dans divers jour-
naux, entre autres : 11° Recherche des princi-
pales causes pour lesquelles la musique est en
géoéral peu estimée des gens du monde (dans
la Correspondance musicale, 1792, p. 180).
12° Si l'harmonie a ses bases dans la nature
(dans la Gazette musicale de Leipsick, 1792,
p. 129). 13° Si les anciens savaient quelque
chose de l'harmonie (ibid., p. 101). 14° Ce
qui a contribué à la lenteur des progrès dans
la connaissance de l'harmonie au moyen âge
(ibid., p. 321). 15° Jusqu'où l'on est parvenu
avec les découvertes les plus modernes dans
l'harmonie (ibid., p. 527). 16° Essai d'une
nouvelle théorie des consonnances et des dis-
sonances, dans lequel on indique en particu-
lier, d'une manière sensible et intelligible, les
causes physiques et les différents degrés de la
consonnance et de la dissonance des inter-
valles, avec une introduction sur la doctrine du
son en général (i&id., deuxième année, p. 518,
561, 385, 433, 449, 4G5). 17° Courte réponse
à celte question : Qu'est-ce que la musique
pratique peut espérer de Vapplication du
système de Vogler? (ibid., troisième année,
p. 725,741). 18° Sur l'art d'accorder les instru-
ments en général et l'orgue en particulier
(ibid., cinquième année, p. 529). Enfin, une
préface Sur la nature véritable de la musique
d'église , précédée du 25 e psaume en partition.
RIN'EFERLE (Henri), organiste à Eich-
stœdt (Bavière) , naquit dans cette ville vers le
milieu du dix-huitième siècle. Les singulières
dispositions qu'il montra dès son enfance pour
la musique lui procurèrent la protection du
prince évéque, qui lui fournit les moyens
d'aller étudier cet art en Italie. Il y demeura
huit ans et fixa principalement son séjour à
Naples, où il eut des leçons des meilleurs
maîtres. De retour dans sa patrie, il écrivît
plusieurs petits opéras, des concertos pour le
clavecin, le basson et la flûte, des trios pour
le piano, des sonates pour le môme instru-
ment, et arrangea beaucoup de morceaux de
la Flûte enchantée, de V Arbre de Diane, et
de divers autres opéras, pour des instruments
à vent.
KNIESCHECK (Wexceslas), né à Prague
en 1743, fut d'abord employé comme basso-
niste dans un orchestre en Pologne, puis alla
se fixer à Ratisboone, où le prince d& la Tour
et Taxis le fit entrer dans sa musique. Il mou-
rut en cette ville dans l'année 1806. Plusieurs
messes, lèpres, cantates et morceaux de piano
de sa composition ont été publiés à Ratisbonne.
KNIEVEL (Hermaxx-Igxace) , professeur
de musique et organiste de l'église catholique
à Lippsladt, dans la principauté de Delmold,
est né dans cette ville vers 1802. Il est auteur
d'un livre choral a quatre voix, avec des pré-
ludes et des versets pour l'orgue, à l'usage du
culte catholique dans l'ancienne partie du
diocèse de Paderborn. Ce livre a paru sous le
titre suivant : Choralbuch fiir catkolische
kirchen, zunxchst fiir den àltern Theil der
Diœcese Paderborn vierslimmig und durch-
gehends mil zmschenspielen bearbeilet; Pa-
derborn, Jtingfermann, 1840, in-4°.
KN1EWELT (Théodore-Frédéric), doc-
teur en philosophie, et professeur au gymnase
de Dantzick, puis recteur et enfin prédicateur
et archidiacre de l'église Sainte-Marie, a pu-
blié un essayante dissertation intitulée : Obser-
vationum in vetutissimx Grxcorum Home*
rici atque Hesiodei xvi musicx ralionem
atque conditionem fasciculus /.; Gedani a p.
Krause, 1819, in-4° de 24 pages. Amateur
passionné de musique, le docteur Kniewell a
été le fondateur d'une académie de chant à
Dantzick, sur le modèle de celle de Berlin. Déjà
en 1852, celle institution était en prospérité,
et les dames les plus haut placées de la ville
prenaient part à ses exercices. Pendant plus de
vingt ans, le docteur Kniewelt dirigea celte so-
ciété chantante avec autant de talent quede zèle.
Cet amateur distingué vivait encore en 1845.
KNIGGE ( Adolphe -Fn a Nçois-FnÉDtRic-
Louis, baron DE), né à Bredcnbeck, dans le
Hanovre, le 16 octobre 1752, fut d'abord page
et assesseur de la guerre et du domaine à
Cassel, vécut ensuite à Hanau, à Francfort-
sur-le-Mein, à Heidelberg et à Hanovre, et fut
en dernier lieu nommé surintendant-inspec-
teur des écoles de la ville de Brème cl
chambellan du duc de Saxe- Weimar. Il
mourut à Brème le 6 mai 1796. Amateur de
musique distingué, il a publié à Francfort, en
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KNIGGE — KNOEFEL
65
1781, six solos pour le clavecin. Dans le sep-
tième numéro de ses feuilles dramaturgiques
(Dramaturgische BUtter), il a donné une
très-bonne appréciation du talent du chanteur
Farincili.
KNIGHT (J.-P.)> musicien anglais et
compositeur de chansons et de ballades à voix
seule, avec accompagnement de piano, a
commencé à se faire connaître vers 1818. Je
n'ai point d'autre renseignement sur cet ar-
tiste, à l'exception des titres de quelques-unes
de ses chansons et ballades qui ont été les plus
recherchées ; on y remarque : Beautifull Fe-
nice; England, farewell! Ofwhat is the old
man thinking, donl il a été fait plusieurs
éditions; Music, sweet music; et la ballade
She voore a wreath of roses.
KNIGHT (Edouard), surnomme le Jeune,
né à Londres vers. 1800, a débuté dans celte
ville comme pianiste et compositeur en 1822.
Sa première production consiste en variations
pour le piano sur l'air anglais : Kitty clever, '
Londres, Gouldiog. Le recueil de ses composi-
tions intitulé : Comte Songs and Recitations;
tcith Symphonies and Accompaniments for
the piano- forte a eu du succès. On y trouve
le portrait de l'auteur.
KIMTXELMAIR (Lambert), fils d'un in-
stituteur à Konzell, village de la Bavière,
naquit le 13 mars 1769. Il commença ses
études littéraires et musicales au couvent des
Bénédictins d'Oberatlaich , les continua à (
Straubing, et les termina à Salzbourg. En 1701
il fit profession au monastère d'Oberatlaich,
et depuis 1706 il fut chargé d'enseigner les
belles-lettres alternativement dans son cou-
vent) à Straubing et à Munich. II vivait encore
en 1812, mais on n'a plus de renseignements
sur sa personne après cette époque. Sans avoir
appris l'harmonie, et guidé seulement par son
instinct et par l'élude des partitions, il a écrit
plusieurs morceaux pour le piano, des messes,
et d'autres compositions, qui ont été bien
accueillies par le public, particulièrement à
Ratisbonne. Parmi ses ouvrages, on remarque :
1° Trois marches avec trios pour piano à
quatre mains ; Munich, Faller. 2° Douze alle-
mandes, idem, ibid. 5° Variations sur la ro-
mance de Joseph, idem, ibid. 4° Variations
sur la marche d'Aline, idem, ibid. 5° Messe
allemande à quatre voix , orgue et deux cors ;
Straubing, Haigl. 6° Le Rossignol, de Matlhi-
son, à voix seule avec accompagnement de
piano; Landshut, Krull.
KNJZE (F .-M.), guitariste bohémien et
compositeur, est fixé à Prague, où il a publié,
BIOGR. USIV. DES H0S1C1EXS. T. V.
chez Berra, beaucoup de pièces, de divertisse-
ments, de variations et de danses nationales
pour son instrument. On a aussi de lui deux
ouvrages élémentaires sur l'art de jouer de la
guitare, intitulés : 1° Fundament fur die Gui-
tare nebst praktischen Beispielen; Prague,
Kronberger et Weber. 2° Follstxndige Guit-
tarschule, etc. (Méthode complète de gui-
tare, etc.) ; Prague, Enders.
KHOBLOCU ou KNOBLÂttàH (Char-
les), directeur du chœur au couvent de Grus-
sau (ordre de Ctleaux), vers 1700, était à la
fois compositeur estimable, bon organiste, bon
directeur de musique et théoricien. Il a laissé
en manuscrit des compositions qu'on chante
encore à Grussau.
KNOCK (Nicolas-Arnold), docteur en
droit à Groningue, vers la fin du dix-huitième
siècle, est auteur d'un livre qui a pour litre :
Dispos i tien der merktcaardigste Kerk-Orge-
len welke in de zeven vereenigde Prouintien,
en teel byzonder in de Provinlien Friesland,
Groningen en elders aangetroffen werden.
Kunnende dit Werk verstrekken tôt een ver-
volg van het Werk van den Heer J. Hess.
(Dispositions des orgues les plus remarqua-
bles qui se trouvent dans les sept provinces
unies, et en particulier dans les provinces de
Frise, de Groningue, etc.), Groningue. 1788,
in-4°.
KNOEFEL (Jean), maître de chapelle de
l'électeur palatin, dans la seconde moitié du
seizième siècle, était né à Lauban, dans la
Haule-Lusace. Le litre de son premier recueil
de compost lions fait connaître qu'il fut d'abord
au service de Henri, duc de Silésie, en qualité
de maître de chapelle. Ses ouvrages connus
sont ceux-ci : 1° Dulcissimx quidam can-
tiones numéro XXXII quinque, sex et sep-
tem vocum /acte, ut tum humante voci, tum
musicis instruments aptw esse possint, au-
thore Johanni Knœfelio Laubensi, illustris-
simi principis ac Domini, Domini H enr ici,
ducis SiUsix, Lignicen. Brigen. et Goltber-
gens. musici chori magistro. Noribergae , in
offlcinaTheod.Gerlatzeni,1571, in-4°. 2° Can-
tus choralis numeris musicis quinque vocum
inclusus, eo ordine quo per totum anni
curriculum prxcipuis diebus festis in eccle-
sia cantari solet; Noribergœ, in officina Theo-
dorici Gerlachi, 1575,in-4°. 3° Canliones pix
5 et 6 voc. tam voci humanx, quam instru-
ments musicis accommodatx; Nuremberg,
1580, in-4°. 4° Teutsche Liedlein, miche den
mehrern Theil den Brauch und Lau/f dièse r
Tf'elt beschrieben und anxiegen (chansons
5
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66
KNOEFEL — KNORR
allemandes dont la plupart décrivent et indi-
quent les usages et la marche de ce monde, à
cinq voix); Nuremberg, 1581, in -4° obi. La
deuxième édition a été publiée a Francfort, en
1610.
KI\OËP (LnDEn), organiste de l'église
Sainl-Élienne, à Brème, vers le milieu du
dix-septième siècle, a publié de sa composi-
tion : 1° Paduanen, Gaillarden, Balletten,
Mascaraden, Arien, Mlemanden, Couran-
ten und Sarabanden von 3 Instrumenten
(Pavanes, gaillardes, ballets, mascarades,
airs, allemandes, courantes et sarabandes
pour trois instruments), Brème, 1652, in-4°.
2° Idem, deuxième partie, à deux et trois in-
struments, avec la basse continue, Brème,
1060, in-4%
KNOLL (David-Tobie), né en 1736 à Nam-
slau, en Silésie, était fils du meunier de celte
petite ville. Il était encore enfant, lorsque sa
mère adressa des plaintes à Hoffmann, maître
d'école et organiste du lieu, sur ce que son
fils, au lieu d'étudier, s'amusait à faire mou-
voir avec les doigts une rangée de petits bâ-
tons qu'il plaçait sur une table. Le maître
jugea sur cet indice que le petit Knoll avait de
l'instinct pour la musique, et il lui donna des
leçons de clavecin. Les progrès de l'élève fu-
rent rapides. Il paraissait destiné à cultiver
l'art avec succès, lorsque la mort prématurée
de son père l'obligea de suspendre ses études
et d'aller à Breslau chercher des ressources
pour son existence dans une maison de com-
merce. Charmé de son activité et de son inlel •
ligence dans son emploi de commis, le négo-
ciant chez lequel il était, ayant eu connais-
sance de son penchant pour la musique, et du
regret qu'il éprouvait d'être obligé de renoncer
à la cultiver, lui fil présent d'un clavecin,
pour qu'il en jouât dans ses heures de loisir,
et engagea Holland, organiste de l'église
Saint Christophe, à lui faire continuer ses
éludes. Plus tard, Hoffmann, organiste de
Saintc-Maric-Madeleine, lui donna des leçons
de composition, en 1766. Cependant ayant
établi lui-même une maison de commerce, il
sembla renoncer pour toujours à la musique :
ce ne fut que six années plus tard, et lorsqu'il
était déjà âgé de trente-six ans, qu'il écrivit
un Domine ad adjuvandum, et un Veni
S une te Spiritus qui furent suivis de plusieurs
psaumes, d'un À'i/rie ; de quatre Magnificat,
de deux JEcce quomodo moritur justus, de
canlales d'église, de motels à quatre parties, et
d'un livre de chorals à quatre voix. Il avait
étudié spécialement les foi mes des anciennes
compositions conventionnelles, telles que les
contrepoints rétrogrades et à retourner le
livre, et son habileté à résoudre les canons
énigmatiques était fort remarquable. Knoll a
écrit aussi plusieurs ouvrages de théorie et de
didactique j mais rien de tout cela n'a été pu-
blié. On peut voir la liste de ces écrits dans le
Schlesischer Tonkiinstler-Lexikon de Koss-
maly et Carlo (première suite, p. 48 et suiv.).
Il mourut à Breslau en 1818, à l'âge de quatre-
vingt-deux ans.
KNOLL (Catherixb DE), oantatrice du
théâtre royal de Sluttgard, est née en 1796 à
Ravcnsbourg, dans le Wurtemberg, d'une fa-
mille nommée Hug. Bouée par la nature
d'une voix pure et bien timbrée, elle ne reçut
d'abord que l'éducation d'un choriste au
théâtre de Sluttgard, où elle entra en 1814.
Son intelligence et le désir ardent qu'elle avait
de s'élever, lui fit choisir par instinct les
meilleurs modèles. En 1823, elle se rendit à
Milan, où elle reçut quelques leçons de Ban-
derali. Toutefois, quels que fussent ses efforts,
elle n'a jamais pu parvenir à se poser au
théâtre avec avantage, parce que son extérieur
ne lui était pas favorable; mais, suivant la no-
lice que le docteur Schneider a faite sur cette
dame (dans le Lexique général de musique
publié par Schilling), la beauté de son chant,
dans la musique d'église, est d'un ordre supé-
rieur. Elle a fait admirer son grand style et sa
belle manière de phraser en chantant les solos
du Messie de Hœndel, le 6 septembre 1837,
dans la grande fête musicale de Hcchingen,
dirigée par Lindpainlner. Ce fut elle encore
qui, dans l'exécution du même ouvrage à
Sluttgard, le 25 octobre 1838, eut une supé-
riorité non contestée sur tous les autres chan-
teurs. Son mari était un négociant de Stult-
gard, et sa position était indépendante.
Mademoiselle Berlhe de Knoll, sa fille, se
fit remarquer aussi comme cantatrice distin-
guée dans les concerts donnés à Sluttgard ,
puis fut engagée au théâtre de Francfort, où
elle chanta depuis 1843jusqu'à la fin de 1845.
Elle a cessé de se faire enlendre en public de-
puis son mariage avec le littérateur musicien
et professeur, M. Rîchl, en 1846.
KNOIIR (Jules), professeur de musique et
de piano, né à Leipsick, le 22 septembre 1807,
fit ses études au gymnase de celte ville et y
reçut les premières leçons de musique. Plus
tard, il suivit d'une manière sérieuse le cours
de philologie du professeur GotlfriedHermanu
et sembla se destinera la carrière de la litté-
rature} mais, en 1827, il s'adonna cxclusive-
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KNORR — KNYVETT
67
ment au piano, sous la direction de Wilhelm
Xeubeck, pianiste de talent et bon professeur.
Knorr se fit entendre avec succès dans un
•concert du Gewandhaus, le 27 octobre 1831.
Lié d'amitié avec Robert Schumann et Louis
Schunke, il prit part avec eux, en 1854, à la
fondation de la nouvelle Gazette musicale
(IVeue Zeitschrift fur Musik)-, mais il n'y
travailla que pendant la première année.
On a de cet artiste un ouvrage élémentaire
pour le piano intitulé : Neue Piano- for te-
Schule, in 184 Uebungen, oder Mater ialen
fur dem Unterricht und das Selbststudium
am Piano-forte (Nouvelle méthode de piano
on cent quatre-vingt-quatre exercices, etc.),
Leipsick, R. Friese, 1835, trente-deux pages
in -fol. Une deuxième édition de cet ouvrage
fut publiée en 1841, avec ce nouveau titre :
Die Piano-forte-Schule der neuesten Zeit.
Ein Supplément zu den derartigen bisher
*rschienenen Werken von Cramer, Czerny,
Herz , ffummel , Hunten , Kalkbrenner ,
Moscheles, etc. (l'École de piano de l'époque
actuelle. Supplément aux ouvrages classiques
de Cramer, Czerny, Herz, Hummel, ffunten(!)
Kalkbrenner, Moscheles, etc.), Leipsick,
R. Friese. Il donna, en 1844, une sorte de
supplément de cette méthode , sous ce titre :
Materialien fiir das mechanisché Clavier-
spiel (Matériaux pour le mécanisme du jeu de
piano); Leipsick, Breilkopf et Hœrtel. Déjà;
en 1830, Knorr avait publié une nouvelle édi-
tion de la méthode de piano de J.-G. Werner,
avec les additions; Leipsick, Hofmeister. On
lui doit aussi une neuvième édition de la
Grande Méthode de piano de A.-E. Muller
{voyez ce nom), avec des observations criti-
ques et analytiques; Leipsick, Peters, 1848.
Knorr est mort à Leipsick, le 17 juin 1861.
KNOX (Jean), musicien écossais du sei-
zième siècle, a composé la musique d'un livre
de psaumes à quatre voix qui a été publié
sous ce 'titre : The Common Tunes. Ces
psaumes se chantent encore dans les églises
d'Ecosse.
K^iUPFEU (Sébastien), directeur de mu-
sique et cantor de l'école de Saint-Thomas, à
Leipsick, naquit le 6 septembre 1633, à As-
chen, dans le Voigtland, où son père, Jean
Knupfer, était cantor et organiste. Ce fut sous
sa direction que le jeune Knllpfer lit ses
études de musique et de composition, pendant
qu'il suivait avec ardeur les cours de langues
anciennes dans un collège situé a quatre milles
de la maison paternelle. Plus tard, il se rendit
à Leipsick, où il cul la bonne fortune d'entrer
dans la maison du savant jurisconsulte Jean
Philippi, qui devint son protecteur. Knllpfer
profita de celte position pour compléter son
instruction philologique et musicale. En 1657,
il obtint le cantorat de Saint-Thomas, et peu
de temps après il fut mis en possession des
fonctions de directeur de musique. Également
savant dans les lettres et dans la musique, il
s'est fait une solide réputation par ses compo-
sitions. Ses ouvrages de musique d'église, ses
madrigaux et ses chansons allemandes étaient
recherchés particulièrement dans la Saxe. Il
mourut en 1676. On trouve de ce musicien, à
la Bibliothèque royale de Berlin, le manuscrit
autographe d'un motet à huit voix, composé en
1660 sur le choral : Erforsche mich Gott.
L'éloge de Knupfer a été publié sous ce litre :
Programma de laude musicœ in honorem
Seb. Knuepferi, philologi eximii, mus ici que
celeberrimi chori, item musici directoris et
cantoris ad D. Thomx benemeritissimi ,
Lipsise, 1676, in-4°.
KNYVETT (Charles), fils d'un organiste
de la chapelle du roi d'Angletere, naquit à
Londres vers 1775. Son premier maître de
musique fut le docteur en musique William
Parsons (voyez ce nom), et Samuel Wcbbc lui
enseigna à jouer de l'orgue. En 1802, il fut
nommé organiste de la paroisse de Saint-
Georges (Ifannover-Square). Il fut un des di-
recteurs des célèbres concerts de musique
ancienne, conjointement avec son frère (voyez
l'article suivanl), Greatorex et Bartleman.
Knyvett fut pendant près de vingt ans l'ac-
compagnateur le plus renommé de Londres.
On a publié de sa composition : Six airs
harmonisés pour trois et quatre voix. Lon-
dres, Goulding.
KNYVETT (William), frère puîné du
précédent, né à Londres vers 1778, fut un des
plus célèbres chanleurs anglais pour le genre
de l'oratorio et de la musique classique. La
nature l'avait doué d'une voix de haute-
contre aiguë susceptible de monter aux notes
les plus élevées du contralto : le timbre en
était de la plus grande beauté. Sa belle pronon-
ciation des paroles anglaises était admirée de
ses compatriotes. Son début dans les concerts
de la musique ancienne se fit vers 1797; la
beauté de son organe y fit éclater les applau-
dissements les plus unanimes. J'ai entendu
Knyvett à une époque où il avait dépassé l'âge
de cinquante ans : sa voix était encore d'une
grande beauté. Il élait alors engagé pour tous
les festivals de musique qui se donnaient dans
les villes principales de l'Angleterre. Cet ar-
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63
KNYVETT — KOCH
tiste s'est fait connaître avantageusement aussi
comme compositeur de glees (sorte de mélodies
anglaises à plusieurs voix) : parmi les mor-
ceaux de ce genre qu'il a publiés : Uark io
Phitomeia singing ; Yes, Iwill go toith thee,
my love, pour soprano, contralto, ténor et
basse, et The Shepherd and his dog jRover,
pour contralto, ténor et basse, ont été parti-
culièrement recherchés et chantés. Knyvett a
aussi harmonisé un assez grand nombre de
chansons écossaises à quatre voix. En 1859, il
chantait encore à la chapelle royale, et était
âgé de soixante et un ans.
KOBELIUS (JeaS-Augustiïi), receveur du
prince de Saxe-Wcissenfels et directeur de sa
chapelle, naquit à Wœhlitz, entre Halle et
Mersebourg, le 21 février 1674. Son premier
maître de musique et de clavecin fut, en 1689,
Nicolas Braun, alors organiste à "Weissenfels ;
après la mort de ce musicien, il passa sous la
direction de Jean-Chrétien Schieferdecker,
son successeur. Ensuite il étudia la composi-
tion pendant trois ans chez le maître de cha-
pelle Jean-Philippe Krieger. Pour perfection-
ner son éducation musicale, il voyagea et visita
Cobourg, Erlangen, Nuremberg, Anspach,
Stutlgard, Augsbourg et Venise. A son retour
il fut nommé musicien de la chambre à Weis-
senfels; puis, en 1712, il obtint la place d'or-
ganiste de la petite ville de Sangerhausen,
d'où on l'appela, en 1713, à la chapelle de la
Sainte-Croix de Querfurt, en qualité de direc-
teur de musique. Il obtint enfin, à Weissenfels,
les emplois ci-dessus mentionnés en 1725, et
il mourut en cette ville le 17 août 1731. Ce
musicien a écrit, pour le théâtre allemand de
la cour de Weissenfels, plusieurs opéras depuis
1716 jusqu'en 1729; il a laissé aussi en manu-
scrit beaucoup de cantates, de sérénades, de
concertos, de sonates, et plusieurs chants
d'église pour un ou deux chœurs.
KOBERGER (A.), auteur inconnu d'un
petit dictionnaire de musique (Kleinesmusi-
Jcalischer ïf'cerlerbuch), dont la troisième édi-
tion a été publiée à Quedlinbourg et à Leip-
sick, chez G. Busse, en 1853. On ne trouve ni
dans le livre, ni à aucune autre source, d'indi-
cation des deux premières éditions. Les rensei-
gnements manquent également sur l'auteur,
ainsi que sur la position qu'il a occupée. Le
volume est divisé en deux parties : la première
contient le vocabulaire, en quarante- neuf
pages; la seconde est un aperçu de l'histoire
de la musique, en vingt-deux pages.
KOB1UCI1T (Jeaw-Ahtoiïie), prêtre et
organiste à Landsberg, en Bavière, né vers
1720 à Raudnitz, en Bohême, a écrit pour le»
églises de la campagne beaucoup de petites
messes à trois ou quatre voix avec deux violons
et orgue. Le style de ces compositions est peu
élevé; pourtant elles ne manquent pas d'une
certaine grâce facile. Parmi ses ouvrages, qui
ont été tous imprimés à Augsbourg, chez
Lœtter, on compte quatre œuvres de litanies
(op. 9, 16, 24, 56); trente-six messes en sept
recueils (op. 25, 29, 50, 31 , 33, 35, 36); douze
Tantumergo, op. 10; neuf offertoires, op. 28;
soixante-douze psaumes brefs, op. 32 ; de pe-
tites vêpres, op. 12. On a du même artiste
environ treize œuvres de sonates pour piano,
et des préludes et fugues pour l'orgue. En
1782, Kobricht a publié une méthode de piano
qui a eu beaucoup de succès dans l'enseigne-
ment élémentaire. Elle a pour titre : Griind-
liche Klavierschule (Méthode rationnelle de
clavecin). Il en a été fait une deuxième édition
en 1788. Enfin on a du même auteur une mé-
thode de violon intitulée : Geig-Fundament,
dat sich mehr in Zeichen und Notcn, etc.
(Fondement pratique du violon, consistant
plus en signes et en notes qu'en explications),
Augsbourg, 1787, in- 4° obi. de quatre-vingt-
dix-sept pages. Dlabacz dit (Allg. histor.
Kunsller Lexikon fiir Bœhmen, t. II, col. 80)
que Kobricht dirigeait encore le chœur de
l'église de Raudnitz en 1788 ; mais après cette
époque, on ne trouve plus de renseignements
sur sa personne.
KOCH (Jéhkmie), maître de chapelle du
comte de Schwarlzbourg, et recteur adjoint
du Gymnase de Sondershausen , né au mois
d'octobre 1657, en celte ville, y fut placé, en
1662, comme chantre de la Cour, et comme
troisième professeur du collège. Ce fut en
1686 qu'il obtint sa nomination de maître de
chapelle. Il mourut le 24 mars 1693. Ce musi-
cien n'est connu comme compositeur que par
un chant funèbre à cinq voix sur la mort du
comte Antoine Gunlherde Schwarlzbourg, qui
a été imprimé en 1666, et qui a pour titre :
Trawriges-Abschieds-Lied, Gesprxchsweise
(Triste chant d'adieu, en forme de dialogue),
neuf pages in-4°. Les dix premiers couplets, à
cinq voix, expriment les plaintes de la veuve
du prince ; les réponses du défunt sont écrites
pour trois voix d'homme graves. Les lamenta-
tions du peuple, en chœur, à cinq parties,
sont dans les onzième et douzième couplets.
Toute celle composition est empreinte d'un
caractère solennel et mélancolique.
KOCH (Antoine-Albert), né en Silésic
vers 1678, était maître de chapelle à Breslau,
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• KOCH
dans les premières années du dix-huitième
siècje, et y composa en 1710 une cantate inti-
tulée : Die Freudens Bezeigung, pour la dédi-
cace du Gymnase. Il passa ensuite au service
du comte de Bernstadt, en qualité de maître
de chapelle, écrivit une sérénade pour divers
instruments, plusieurs opéras, et mourut à
OEIs en 1745. Gerber lui attribue la composi-
tion d'une collection de musique d'église pour
le service d'une année entière (voyez l'article
suivant).
KOCH (Jean-Sébastiex), né à Ammern,
près de Muhlhausen, dans la Thuringe, le
16 juin 1639, fréquenta dans sa jeunesse le
Collège de cette ville, puis acheva ses éludes
dans un séjour de cinq années à Blankenberg.
Ensuite il retourna à Muhlhausen et y remplit
pendant deux ans les fonctions de directeur du
chœur de l'église ; mais au bout de ce temps,
il alla étudier la théologie à l'Université de
Jéna. En 1713, il fut appelé à Schlaitz, dans
le Yoiglland, comme professeur de musique et
de chanteur bassiste de la chapelle du comte de
Reuss; il échangea cette situation, en 1738,
pour celle de directeur de cette chapelle, et
mourut au mois de janvier 1757. Mattheson
attribue à ce musicien (Grundl. einer Eh-
renpf., p. 112) la composition d'une année
complète de musique d'église que l'organiste
4}uiel possédait en 1714; mais Gerber pense
que ces ouvrages appartenaient à Antoine-Al-
bert Koch (voyez l'article précédent). Les au-
tres compositions de Jean-Sébastien Koch ne
sont -pas connues.
KOCH (Fjunçoise-Rohaiïa), née GIRA-
ICECK, fut une cantatrice très-eslimée du
théâtre allemand; elle naquit à Dresde, en
1748. Destinée d'abord à la profession de dan-
seuse, elle débuta comme telle, en 1765, au
théâtre de Lcipsick, et devint dans l'année
suivante la femme de Koch, maître de ballets,
qui en fit une de ses danseuses les plus habiles
et les plus aimées du public. En 1767, elle prit
des leçons de Gerber pour le clavecin ; quatre
ans après, Schweitzer, maître de chapelle à
Weimar, lui enseigna Part du chant, et par
ses soins elle parvint à un degré d'habileté
qui la fit admirer pendant dix ans sur les
théâtres principaux de l'Allemagne. Retirée
en 1787, elle ne s'occupa plus que de l'éduca-
tion de ses enfants, qui ont été aussi des ar-
tistes distingués. Elle mourut d'une maladie
de poitrine, à Dresde, en 1796.
KOCH (Uekri Christophe), né à Rudol-
sladt, le 10 octobre 1740, reçut de son père,
musicien de la chapelle du prince, sa première
instruction musicale. L'électeur lui fit ensuite
donner des leçons de piano, de violon et de
composition par le maître de chapelle Schien-
pflug, et le prince Louis Gunlher l'admit dans
sa musique à l'âge de quinze ans, en qualité de
second violon, et lui accorda une pension pour
l'aider à continuer ses études littéraires. Par-
venu dans les classes supérieures , Koch prit
un goût décidé pour les mathématiques. Les
progrès qu'il fil dans ces sciences lui furent
ensuite fort utiles pour ses travaux sur la
théorie de la musique. En 1768, le prince le
nomma premier violon de sa chapelle, et
l'admit, en 1777, dans la musique de sa
chambre. Entièrement remplie par des études
et des travaux, la vie paisible de ce savant mu-
sicien s'est écoulée, exemple de soucis et d'évé-
nements, dans l'exercice de ses devoirs. Un
coup d'apoplexie l'a enlevé à l'art et à ses
amis, le 19 mars 1816. Par une circonstance
singulière, l'Académie royale de musique de
Stockholm, qui n'avait point été instruite de
sa mort, le nomma l'un de ses membres, et
envoya le diplôme , à Rudolsladt , le 2 dé-
cembre 1818.
Koch est plus connu comme écrivain sur la
musique que comme compositeur. Ses ouvrages
occupent une place importante dans la littéra-
ture musicale. Le premier qu'il fit paraître a
pour titre : Fersuch einer JnUitung sur
Composition (Essai d'une introduction à la
composition), première partie, Rudolsladt,
1782, un volume in-8° de trois cent soixante-
quatorze pages; deuxième partie, Leipsick,
1787, un volume in-8°de quatre cent soixante-
quatre pages ; troisième partie, Leipsick, 1793,
un volume in-8° de quatre cent soixante-quatre
pages. Ce livre est un des meilleurs qui ont été
publiés en Allemagne sur le sujet dont il s'agit,
et Koch l'a traité d'après des vues originales.
Dans la première partie, il examine d'une ma-
nière savante, logique et neuve les rapports de
la tonalité avec l'harmonie des accords; la
constitution de ces accords, leur enchaîne-
ment, et l'analyse des divers cas de résolution
des dissonances, complètent cette partie du
travail. La deuxième section de cette première
partie est relative au contrepoint : c'est la plus
faible de l'ouvrage; Koch n'a point compris
le but de celte partie de la science. La première
section de la deuxième partie renferme des
considérations pleines de justesse sur la forme
des pièces de musique et l'arrangement de
leurs diverses parties. Sous le titre de Règles
mécaniques de la mélodie, la seconde section
de celte deuxième partie contient des aperçus
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70
KOCII •
absolument neufs etd'nn haut intérêt concer-
nant cette branche importante de l'art. On
n'a rien fait de mieux jusqu'à ce jour, et l'on
n'avait rien produit d'aussi satisfaisant avant
Koch. La troisième partie tout entière est le
développement de la théorie de la forme mé-
lodique. La période et ses diverses combinai-
sons y sont traitées demain de maître. Toute-
fois le mérite de cet excellent livre a été
méconnu en Allemagne. L'existence obscure
de l'auteur, l'absence de tout moyen de publi-
cité à l'époque on l'ouvrage parut, et le savoir-
faire de quelques théoriciens, bien inférieurs
en mérite à l'auteur de Y Essai d'une intro-
duction à ta composition, mais plus actifs,
ont fait en quelque sorte rester dans l'oubli
ce livre conçu d'une manière vraiment philo-
sophique. Aujourd'hui même, les musiciens
allemands et les critiques de profession sem-
blent ignorer la valeur de ce livre, et les bio-
graphes se bornent presque tous à en indiquer
le titre. En 1795, Koch entreprit la publica-
tion d'un journal de musique qui parut à Er-
furt, chez Kayser, sous ce titre : Journal der
Tonkunst. Le plan était bien conçu, et les
deux premiers numéros qui parurent (formant
ensemble deux cent soixante et une pages
in-8°) annonçaient an recueil bien fait; mais
ce furent les seuls qu'on publia. Koch n'était
pas placé convenablement pour faire pros-
pérer une telle entreprise. D'ailleurs, il était
déjà occupé de recherches pour le Grand Dic-
tionnaire de musique qu'il publia quelques
années après, et le temps employé pour ce
nouvel ouvrage nelui permettait pas de donner
des soins à la rédaction d'un journal. Ce dic-
tionnaire parut six ans après, sous ce titre :
Musikalisches Lexikon, welches die theore-
tische und practische Tonkunst encyclopx-
disch bearbeitet, aile alte und mue Kunst-
wœrter erklxrt, und die alten und neuen
Instrumente beschreiben enthxlt (Lexique
musical, contenant la musique théorique et
pratique, en forme d'encyclopédie, l'explica-
tion de tous les termes techniques anciens et
modernes, la description des anciens instru-
ments et des nouveaux, etc.), Francfort-sur-
le-Mein, Hermann, 1802, gr. in -8° de plus de
neuf cents pages. Une deuxième édition a été
publiée à Heidelberg, chez Mohr et "Win ter,
en 1817, un volume gr. in-8°. Bien que ce
livre ne soit pas à l'abri de tout reproche sous
les rapports de l'érudition, de l'histoire et de
la philosophie de l'art et de la science, on peut
dire qu'il est le premier où les questions ont
été traitées avec les développements néecs- '
sa ires et le langage technique convenable. Les-
exemples de musique qui accompagnent les
explications en donnent bien l'intelligence, et
ces exemples, en général bien écrils,*soutd'un
musicien instruitqui unissait une parfaite con-
naissance de la pratique à la théorie. Le dic-
tionnaire de Koch pourrait être considéré
comme suffisant pour l'usage des artistes et des
littérateurs musiciens, si, comme je viens de le
dire, la partie historique de la musique y était
traitée avec plus d'érudition, si l'esthétique
y était moins négligée, et si le défaut de pro-
portion ne s'y faisait remarquer en plusieurs
endroits dans l'étendue des articles. Koch a
donné un abrégé de ce grand dictionnaire, et
l'a publié sous ce titre : Kursgefasstes If and»
werterbuch der Musik fur praktisches Ton
kiintsler und Dilettanten (Vocabulaire abrég' ;
de musique pour les musiciens pratiques et
les amateurs), Leipsick, Hartknoch, 1807, un
volume in-8° de trois cent quatre-vingt-seize
pages. Une deuxième édition a été faite à Ulm.
en 1828, un volume in-8°. Cet abrégé est un
bon manuel pour l'usage auquel il est destine.
Les autres ouvrages de Koch sont : 1" Iland-
buch bei dem studium der Harmonie (Manuel
pour l'étude de l'harmonie), Leipsick, Iiarl-
knoch, 1811, in-4° obï. de quatre ceni quatre-
vingt-trois pages. Dans ce livre, l'auteur a vu
pour but de classer les accords suivant leur-
destination résolutive, avec les diverses modi-
fications que l'art moderne y a introduites. Il
s'y est placé à un point de vue différent de re-
lui où il s'était mis en écrivant la première
partie de son Essai d'une introduction à lu
composition. 2° f'ersuch aus derharten und
weichen Tenarten jeder Stufe der diatonisch-
chromatischen Tonleiter vermittelst des en-
harmonischen Tonwechsels in die Dur un<l
JUolllœne der ûbrigen Stufen auszuweicfu»
(Essai sur le passage du mode majeur et mi-
neur de tout degré de l'échelle diatonique et
chromatique, au moyen de la modification
enharmonique dans les modes majeur et mi-
neur des autres notes), Rudolstadt, 1812,
in-4° de quatre feuilles. Koch a aussi fourni
quelques articles à des journaux de musique,,
entre autres à la Gazette musicale de Spire.
Comme compositeur, il a écrit plusieurs can-
tates et un drame pour la cour de Rudol-
stadt.
KOCH (François-Paul), musicien alle-
mand, nécn,1761, à Millersill, dans les envi-
rons de Salzbourg, où son père était relieur,
s'est fait connaître par son habileté singulièie
à jouer de la guimbarde. Il avait atteint l'âge
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KOCH - KOCIIER
71
«le vingt et un ans lorsqu'il tomba entre les
mains d'un recruteur prussien qui l'embaucha
cl le fit entrer dans un régiment qui était en
garnison* à Magdebourg. Son talent fut décou-
vert par un officier qui, dans une ronde de
nuit, surprit Koch jouant de son instrument
au poste où il était en faction. L'affaire était
grave, elle fut portée jusqu'au roi Frédéric-
Guillaume II, qui fit venir son grenadier, et
après ravoir entendu, lui accorda son congé
du service militaire. Alors Koch voyagea pour
tirer parti de son talent, et partout il excita
l'admiration populaire. Il mourut en 1792, et
VAlmanach deSchumel de 1793 lui consacra
une notice (p. 322). Son talent fut aussi célé-
bré dans une brochure intitulée : Biographie
Franz-Paul Koch's des Mu nd harmonica
spieler's von G.~D. Geissler (Biographie du
joueur d'harmonica de bouche François-Paul
Koch, par G.-D. Geissler), Augsbourg, 1793,
in-8°.
HOGH (Etienne) , facteur d f instruments
à vent, né le 12 avril 1772, à Besprin, en Hon-
grie, se rendit à Vienne dans sa jeunesse, et
y apprit la profession de tourneur; puis, il
s'est adonné avec succès à la facture des in-
struments à vent. Ses clarinettes, ses flûtes,
ses bassons et ses hautbois étaient recherchés
en Autriche, en Hongrie, en Bohême et en Ba-
vière. Peu de facteurs sont parvenus aussi bien
que lui à donner de la précision au mécanisme
des clefs, et à rendre la qualité du son partout
égale. Il est mort à Yienne, le 10 octobre
1828, à Page de cinquante-six ans. Ayant fait
quelques changements à la position des clefs
et au percement des trous de la clarinette, il a
publié la nouvelle gamme de son instrument,
sous le titre de Neueste Tonleitcr fur die Cla-
rinette, Vienne, Haslinger.
KOCH (Jean-Frédéric-Guiuaume), surin-
tendant et prédicateur de l'église principale de
Magdebourg, chevalier de Tordre du Mérite de
Prusse, s'est fait connaître avantageusement
par des travaux sur diverses sciences depuis
le commencement du dix-neuvième siècle jus-
qu'en 1830. Au nombre de ses ouvrages, on
remarque les suivants, relatifs à la musique :
Getanglehre. Ein Hiïlfsmittel fur Elemen-
tarschullehrer, durch eineeinfache Bezeich-
nungsart und Lehrmethode und durch eine
zweckmxssige Sammlung von Singsliicken
cinen reinen mehrstimmigen Folks Gesang
zu bilden (Science du chant. Moyen d'ensei-
gnement à l'usage des instituteurs pri-
maires, etc.), Magdebourg, 1814, in-4° de
cent six pages. L'auteur de cet ouvrage est un
des premiers qui ont proposé en Allemagne la
notation des chiffres pour les chorals à l'usage
du peuple. Une deuxième édition de son livre
a été publiée à Magdebourg, en 1825, in -4°.
2° JFarum soîl der Gesang en unsern Folks-
schulen nicht nach Noten, sondern nach '
Ziffern gelehrt . werden ? (Pourquoi le chant
n'est-il pas enseigné dans nos écoles non par
le» notes, mais par les chiffres, etc.?) Magde-
bourg, 1817, quarante -huit pages in-8°.
3° Einslimmiges Choralbuch fur . Folks -
schulen (Livre choral à une voix pour les
écoles populaires), Magdebourg, 1810, in -8°;
deulième édition, ibid. y 1820,* troisième édi-
tion, ibi d., 1821. 4° Dreistimmiges Choral-
buch in Ziffern fur Folksschulen (Livre cho-
ral à trois voix, en chiffres, pour les écoles
populaires), Magdebourg, 1821,in-8°. 5° Fier-
stimmige Chorale und Altatgesxnge in Zif-
feren fur Sxngerchœre (Chants chorals et
d'église à quatre voix, en chiffres pour les
choristes), Magdebourg, 1822, in-4°.
KOCH (Chaules), virtuose sur le basson et
compositeur pour son instrument, né dans les
environs de Coblence, en 1793, fit ses éludes
musicales dans cette ville, et reçut des leçons
d'Almenrteder (voyez ce nom) pour son in-
strument. En 1822, il fut attaché à la chapelle
du prince de Saxe-Cobourg. Parmi les ou-
vrages qu'il a publiés, on remarque : 1° Grand
concerto pour basson, op. 11, Bonn, Simrock.
2° Grand rondo brillant sur des airs et des
danses suédoises, op. 13, Offenbach, André.
5° Pot-pourri sur des thèmes de Preciosa ,
op. 18, Leipsick , Hofmeisler. 4° Fantaisie et
variations sur des thèmes de la Dame blanche,,
op. 27, Mayence, Schott. 5° Boléro en forme
de rondo, avec piano, op. 40, ibid.
KOCH (Ferdinand), instituteur et orga-
niste à l'église principale de Havelberg, dans
le Brandebourg, a fait insérer dans le neuvième
volume de l'écrit périodique intitulé : Eutonia
(1835, p. 1-35), un article sur la science de la
modulation.
KOCHER (Conrad), né le 16 décembre
1786, au village de Dizingen, dans le Wur-
temberg, se destina dès sa jeunesse à la car-
rière de l'enseignement, et après avoir fini
ses études, se rendit à Pélersbourg comme
précepteur, à l'âge de dix-sept ans. Les œu-
vres de Haydn et de Mozart qu'il entendit bien
exécutées pour la première fois dans celle
ville, firent une impression si vive sur lui,
qu'il prit la résolution de se livrer exclusive-
ment à la culture de la musique. L'amitié de
1 CIcmenti et de ses élèves Klengel et Berger,
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72
ROCHER — KOCKEN
qui se trouvaient alors à Pélersbourg, l'en-
couragea dans cette résolution. Il reçut de
ces derniers des leçons de piano, et J.-H. Mill-
ier lui enseigna le contrepoint. De retour dans
sa patrie, il y publia quelques sonates de
* piano, des quatuors, des chansons, etc. ; puis
composa des opéras parmi lesquels on re-
marque la Cage, et le Roi des Elfes, qui ont
été représentés à Stuttgard. Son oratorio, la
Mortd'Abel, fût exécuté a Leipsick, en 1819,
et à Stuttgard dans Tannée suivante. Ses succès
attirèrent sur lui l'attention de quelques vrais
amateurs, et particulièrement du libraire Cotta,
qui lui fournit les moyens d'aller en Italie, et
d'y prolonger son séjour. Rome excita sur-
tout l'intérêt de Kocher, particulièrement par
les œuvres de Palestrina que Balni lui fit con-
naître et étudier avec fruit. Dès lors ses idées
se modifièrent à Tégard de la musique d'église,
et lui firent concevoir le plan d'une réforme
dans la musique chorale de l'Allemagne. Il a
exposé ses vues à cet égard dans l'ouvrage
qu'il a publié sous ce titre : Die Tonkunst in
der Kirche, oder Ideen zu einem Allgemeinen
Fierstimmigen Choral-und einem Figurai-
gesang fur einen kleinenChor,nebstAt\sich-
ten, iiber den Ztoeck der Kunst im Allge-
meinen (la Musique dans l'église, ou idées
sur un chant universel choral et figuré à
quatre voix pour un petit chœur, avec des
vues sur le but de l'art en général); Stuttgard,
1813, in~8° de cent sept pages et quatre
planches. En plus d'un endroit de cet opus-
cule, on aperçoit la tendance de l'esprit de
Kocher a rapprocher les mélodies du culte
protestant et la manière de les traiter en har-
monie, de l'ancien style de l'école romaine.
W.-C. Millier de Brème a donné dans le
deuxième volume de la Cxcilia (p. 141-155)
une analyse de cet ouvrage plus étendue que
substantielle. Kocher avait insisté dans son
livre sur la nécessité d'introduire le chant
choral dans les églises; il voulut ensuite
joindre l'exemple au précepte, et fonda une
société de chant religieux qui envahit en peu
de temps tout le Wurtemberg, et qui parait
devoir arriver au résultat de populariser le
chant à quatre parties dans les églises. Les
fonctions d'organiste de l'église du couvent, à
Stuttgard, auxquelles Kocher a été appelé en
1837, lui ont fourni les moyens de réaliser en
partie son plan. L'année suivante, il a publié
son livre choral à quatre parties pour les or-
ganistes, sous ce titre : Fierstimmiges Cho-
ralbuch fur Orgel- und Clavier-spieler oder
Melodien zu sxmmtlischen Liedern des
œffentlichen Cesangbuchs der evangelischen
Kirche in Wurtemberg mit einem sowohl
alphabetisch als nach Fermassen geordneten
Register, etc. ; Stuttgard, 1828, in -4° de cent
quarante et une pages. Kocher a eu pour colla-
borateurs dans ce travail ses amis F. Silcbcr
et J.-G. Frech. Les autres compositions de
Kocher sont : 1° Quatuor pour piano, violon,
alto et violoncelle, Leipsick, Breitkopf et Haer-
lel. 2° Trois sonates pour piano seul, Leipsick,
Petcrs. 3° Sonate détachée, idem; ibid.
4° Douze chants a quatre voix, pour un chœur
d'hommes, Stuttgard, Zumsteeg. 5° Six Lieder
à voix seule, avec accompagnement de piano,
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. 0° Cantates et
motets pour soprano, contralto, ténor et
basse, pour l'usage de l'église, de l'école et de
la chambre, n°« 1 à 6, en partition ; Stuttgard,
Zumsteeg, 1842. En 1847, Kocher a publié,
sous ce titre : Christliche Hausmusik (Musique
chrétienne pour la maison), un recueil de
morceaux religieux pour une et plusieurs voix,
avec accompagnement de piano, lesquels sont
pris en grande partie dans les œuvres de Hœn-
del; Stuttgard, Muller.
KOCI1LOW (Charles-Fiujmatui DE),
compositeur et maître de chapelle à Près-
bourg, est né en Hongrie vers 1812. Il dirigea
à l'église Saint-Martin de cette ville un chœur
pour l'exécution de la musique religieuse et
classique, dont la fondation remonte à l'année
1500. Cette chapelle était encore en pleine
prospérité en 1842, par les soins de l'abbé et
doyen Kremlitxka, qui en avait été le restau-
rateur, sous la protection de l'évoque de Raab,
Mgr. de Slankowitz, et M. de Kochlow y don-
nait une impulsion d'artiste dévoué; mais on
dit que les événements politiques de 1840 ont
été funestes pour celle institution, comme ils
Pont été pour toute la Hongrie. M. de Kochlow
s'est livré particulièrement a la composition
pour le chant. Je ne connais de lui que les
œuvres dont voici les litres : I e Fischers
Nachtlied (Chant nocturne du pécheur), op. 3,
Vienne, Haslioger. 2° Der Liebe Sehnsucht
(le Désir ardent de l'Amour), à voix seule pour
piano, op. 4. Vienne, Mechetti. 3° JFandrers '
ffeimwech (Nostalgie du Voyageur), idem.,
op. 5, ibid, 4° Le Danube, pour quatre voix
d'hommes, op. 6, Vienne, Haslinger. 5° Trois
poèmes pour quatre voix d'hommes, op. 7,
ibid. 0° Trois idem, op. 8, ' ibid. 7° An die
Lieben inder Ferne(K la bien-aimée absente),
à voix seule avec piano, Vienne, Diabelli.
KOCKEN ( JEAN-FnAaçois-BjinTiiELEiY ).
Foyez Cokke*.
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KOEBER — KOEIILER
73
KOEBER (...), virtuose sur le hautbois,
vivait vers la fin du dix-huitième siècle et fut
élève de Le Brun. Dans Tannée 1800, il se fit
entendre à Hambourg avec succès. Il a laissé
en manuscrit plusieurs concertos pour le haut-
bois.
KOECHER (Paul), violoniste et violon-
celliste distingué, naquit en 1719 à Domazlic,
en Bohême, et entra en 1735 dans Tordre des
frères de la Charité a Prague, où il acheva ses
éludes littéraires et musicales. L'année sui-
vante, il fit profession. Après avoir été envoyé
dans quelques couvents de son ordre, il fut
nommé supérieur de celui de Vienne. Ensuite
il remplit les fonctions de prieur à Grœlz, à
Neustadt, etàFeschen, enSilésie. Vers la fin
de sa vie, il se retira au monastère de Rukus,
en Bohême, où il mourut le 21 février 1783.
Outre les deux instruments dont il a été parlé
précédemment, ce moine jonait fort bien de la
viole d'amour, pour laquelle il a écrit plusieurs
concertos.
KOECKE (Baiithéleii DE) , fondeur de
cloches à Alost (Flandre), dans la seconde
moitié du quinzième siècle, inventa les caril-
lons, en 1481, suivant Ortelius, cité par Gra-
maye (Anliq. Brabant. , ch. III, p. 55). Il con-
çut le premier le mécanisme du cylindre noté,
|K>ur mettre les cloches en vibration et former
les mélodies. Ortelius dit que ce fut un homme
de peu de sens (Arlificio apud Mostano re-
perto anno 1481, et quidem per kominetn
parum sani cerebri) ; cependant Tinvention
d'une chose si compliquée indique une force
de conception peu commune. Les paroles du
célèbre géographe anversois peuvent s'expli-
quer par la tradition populaire des habitants
d' Alost, suivant laquelle De Koecke, homme
de génie dans son art, aurait eu le défaut
d'être ébranlé lorsqu'il rencontrait dans son
travail des difficultés imprévues; mais sa
femme, dont le prénom était Pharatlde, exer-
çait sur lui de l'ascendant, et le soutenait dans
ses moments de découragement. Cet homme
demeurait dans la rue du Sel : sa sœur utérine
avait épousé Thierry Hartens ou Hertcns, de
celle ville, le plus ancien imprimeur de la
Belgique. Suivant la tradition belge, le caril-
lon de De Koecke, placé au beffroi d'Alost, se
fit entendre pour la première fois le jour de
Noël (25 décembre 1487), cinq minutes avant
que la cloche du beffroi sonnât midi. Toutefois
cette date est contestée par quelques écrivains
hollandais qui, bien qu'ils reconnaissent l'an-
tériorité de Tinvention, en 1481, dont parle
Ortelius prétendent oue ce fut à Utrecht que
le premier carillon résonna, précisément en
1487 (1). Il est certain qu'un carillon fut con-
struit dans cette ville vers la même date par
un fondeur nommé Fan Ilemotia, et perfec-
tionné par Nicolas Toorn, qui porta jusqu'à
deux octaves celui qui fut placé dans la tour de
la cathédrale.
J.-P.-A. Fischer met en question le moyen
employé par De Koecke pour faire résonner
son carillon (2) ; ce moyen était mécanique :
il était en communication avec le mouvement
de l'horloge de la ville d'Alost. D'autre part,
Abraham de Wesel dit (3) que ce fut à Utrecht
qu'un clavier fut appliqué au carillon pour le
jouer. La contestation au sujet de la priorité
d'invention de l'instrument résulte donc d'un
malentendu. L'invention du carillon remonte
à Tannée 1481 ; elle appartient a De Koecke;
mais son mécanisme ne fut achevé et ne put
fonctionner que le 25 décembre 1487. Pendant
qu'il y travaillait, son idée s'étant répandue
jusqu'à Utrecht, Van Hcmona la réalisa. Per-
fectionnée par Nicolas Toorn, cetlc invention
se transforma en carillon a clavier. Le carillon
mécanique appartient donc à Barthélémy De
Koecke et à la ville d'Alost; le carillon a cla-
vier fut l'œuvre de Nicolas Toorn, et a été pro-
duit à Utrecht.
ROEHLER ( Gottfbied ) fut eantor â
Leipsick, puis à Wurzen (Saxe), vers le milieu
du dix-septième siècle. Il s'est fait connaître
par une dissertation qui porte ce titre singu-
lier : Mutata musica mutari res publieas et
ecclesiast.; Leipsick, 1655, in-4°. On ne voit
(I) Quelques archéologues ont essayé de faire re-
monter 4 «les temps plus reculés l'invention des caril-
lons, qu'ils ont confondus avec les sonneries mécaniques
de certaines horloges anciennes. Il est vrai que le chro-
niqueur Froissart (apporte qu'en 1383, lorsque le roi
de France, Charles VI, fit détruire par le feu la ville
de Courlrat, le duc de Bourgogne, son oncle, ■ fit 6 1er
des halles un oroloige qui sonnoil les heures, l'un des
plus beaux que on seut delà ni deçà la mer, etc. »
Buchon, dans une note de son édition sur ee passage,
dit que la plupart des grandes horloges 4 sonnerie
datent du xiv e siècle, mais que leur invention est beau-
coup plus ancienne. Il cite a ce sujet l'horloge de Uag-
debourg. qui fut longtemps célèbre, et qui avait élé
fabriquée a la fin du x* siècle, par Gerbert, moine de
l'abbaye de SalnUGéraud d'Aurillac, qui fut pope sous
le nom de Sylvestre II. (Les chroniques de eire Jean
Froissart, édition du Panthéon littéraire, tome II, liv. u,
page 237.) On n'a point remarqué que ces horloges à
sonnerie n'ont pas de rapport avec les carillons, car
leur système ne se compose que d'un échappement qui
permet au marteau de frapper le timbre ou la cloche et
d'un ressort qui le relève. Ce système n'entre pour rien
dans la construction des carillons.
(i) Verhandeling van de Klokken en het Kloklce-Spel,
p. 7.
(5) Comment, ad Xo relias const. Ultraj. art. 18, p. 249.
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74
KOEIiLLR
pas li-op pourquoi, la musique, étant modi-
fiée, ferait changer le gouvernement des États
et des choses ecclésiastiques. C'est une idée
fausse empruntée aux Grecs, particulièrement
à Platon.
KGEHLER (Jean-Chrétien), facteur d'or-
gues-à Francforl-sur-le-Mein, vers le milieu du
dix-huitième siècle, a construit en 1759 et
1760 à Wurzbourg, au couvent d'Eborach,
deux orgues de chœur, le premier, de vingt-
deux jeux, le second, de quinze jeux. En 1760
il a fait aussi un orgue de vingt-six jeux, deux
claviers et pédale, à Bamherg.
KOEHLER (Jean -Louis), organiste à
"Weissenbourg, vers le milieu du dix-huitième
siècle, était né en Bohême. Il vivait encore en
1789, car il fît imprimer dans cette année un
ouvrage de sa composition à Nuremberg. On a
do cet artiste : 1° Angenehmer Zeitvortreib
zwischen zweyen musikalischen Freunden,
bestehend in le ic ht en und nach dem neuesten
Gusto gesetzten VI Sonalen, auf die Violin
mit dem ace. et nés obligaten Cembali oder
Aïauiers componirt (Passe-temps agréable
entre deux amis de la musique, consistant en
six sonates faciles, composés dans le goût le
plus nouveau pour le violon, avec accompa-
gnement obligé de clavecin), A ugsbourg, 1756.
2» 21 leichte und angenehme Galanterie-
sliicke auf die Ifarfe, welche eben sotoohl auf
dem Klavier kœnnen gespielet werden ( Vingt-
quatre morceaux faciles et agréables de galan-
teries pour la harpe, lesquels peuvent aussi se
jouer sur le clavecin), première et deuxième
suites. Nuremberg, 1760. 5° Quelques mélodies
chorales arrangées pour l'orgue, Nuremberg,
1789.
KOEHLER (GoTTLiEB ou Théoph. -Henri),
né a Dresde le 6 juillet 1765, apprit les élé-
ments de la musique chez le musicien de ville à
Bautzenj puis retourna dans sa ville natale, où
il vécut en donnant des leçons de piano et de
flûte. En 1794, il entra à l'orchestre du théâtre
en qualité de première flûte ; mais après quatre
ans, un coup de sang, dont il ne guérit que
lentement, le força de se retirer. Lorsqu'il put
rentrer à l'orchestre, sa place était occupée,
et il dut prendre la partie de deuxième flûte.
En 1817, on lui confia les timbales, dont il
jouait avec dextérité ; enfin on lui donna la
pension de retraite en 1851. Il est mort à
Dresde le 29 janvier 1853, dans la soixante-
huitième année de son âge. Plus remarquable
pa I- son activité que par ses talents, ce musicien
jouait de plusieurs instruments pour lesquels
il a écrit environ cent soixante-dix œuvres de
musique médiocre. Parmi ses nombreuses pro-
ductions, on trouve des sonates de piano avec
ou sans accompagnement, environ trente
œuvres; une multitude de polonaises, pots-
pourris, fantaisies, rondeaux et airs variés
pour le même instrument; des duos pour
violon ; concertos, quatuors, duos et solos de
flûte ; plusieurs morceaux pour le même in-
strument et la guitare ; des cahiers de chan-
sons à voix seule, avec accompagnement de
piano et de guitare, etc. Toute celte musique a
été publiée à Leipsick, Berlin, Bonn, Mayence,
Hambourg, etc. Kœhler a laissé un fils (Gus-
tave), né à Dresde dans les premières années
de ce siècle, musicien comme son père, et qui
a publié de petites pièces et des danses pour
le piano.
KOEHLER (Benjamin -Frédéhhj, né le
1 er octobre 1777, à Steinau près de Liegnilz
(Silésie), fréquenta le gymnase de Sainte-Ma-
rie-Madeleine, à Breslau, et obtint, en 1798,
sa nomination d'instituteur et d'organiste
dans la petite ville de tiuhrau. En 1817, il aélé
fait cantor dans le même lieu. On a de ce
musicien : 1° Jeu de dez de valses à composer
pour le piano. Breslau, Leuckart, 1805. 2° Jeu
de dez d'écossaises à composer pour deux
clarinettes, deux cors, une trompette cl un
basson, ibid. 5° Six Lieder, à voix seule, avec
accompagnement de piano, ibid. 1808. 4° Amu-
sements pour les pianistes, ibid. 1854. 5° Plu-
sieurs cantates d'église, en manuscrit. Kœhler
a fait insérer de bons articles dans V Antho-
logie musicale de la Silésie.
KOEHLER (EnNEST), premier organiste de
Samle-Klisabcth à Breslau, est né le 28 mai
1799 à Langenbielau, près dejleiclicnbach, en
Silésie. Après avoir appris les éléments de la
musique, du violon et du piano chez son beau-
frère Hauplmann, cantor de cet endroit, il
alla continuer ses études à Pelerwaldau chez
F. -A. Kœhler, qui lui enseigna les principe*
de l'harmonie et du contrepoint; puis il se
rendit à Breslau, où il reçut des leçons de
Fœrsler pour le violon, et de Berner pour le
piano. En 1817 , il a été appelé à remplir le*
fonctions de second organiste à l'église Saiuie-
Élisabeth, et après la mort de Berner, en
1827, il lui succéda comme premier organiste.
A différentes reprises, Kœhler visita les ville*
principales de l'Allemagne, Dresde, Berlin,
Vienne, Francfort, Casscl, Weimar, et y con-
nut les artistes les plus célèbres. Ces excur-
sions furent utiles à son talent par les occasions
fréquentes qu'il eut d'entendre de belles œuvres
bien exécutées. En 1845, je le vis à Boun ou
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KOEHLER — KOEN1G
il s'était rendu à l'occasion (tes fêles pour
l'inauguration de la statue de Beethoven ; c'était
un homme bon, simple, et point envieux du
mérite d'aulrui. Depuis 1820, cet artiste a pu-
blié environ cinquante œuvres pour l'orgue et
le piano; parmi ces ouvrages on remarque :
1° Essai d'une introduction à l'oratorio de
Grann, la Mort de Jésus, consistant en deux
grands préludes pour l'orgue, op. 13; Breslau.
Fœrsler. 2° Fantaisie pour l'orgue, sur V Allé-
luia du Messie, de Heendel, op. 22 ; Hambourg,
Crautz. 5° Six chorals à quatre parties avec
des conclusions pour l'orgue, suivis de préludes
fugues, op. 29, deux suites ; ibid. 4* Des varia-
tions pour l'orgue sur différents thèmes.
5° Variations et rondeaux pour piano à quatre
mains, plusieurs œuvres; Leipsick, Breitkopf
et Hserlel ; Breslau, Fœrsler. 6° Des polonaises,
rondos et fantaisies sur des thèmes d'opéras,
pour piano seul, op. G, 16, 18,50, 31, 37, etc.;
Hambourg, Crantz; Breslau, Fœrsler. 7° Quel-
ques thèmes variés pour piano seul, ibid. On
a aussi du même artiste des cantates d'église
avec orchestre, œuvres 60, 62, 63 et 72; Bres-
lau, C. Crantz; un motet pour quatre voix
d'hommes, op. 74; ibid.; des chants de féles
cl autres. Kœhlcr a fait exécuter à Breslau des
ouvertures de concert en 1839 et 1840, el des
symphonies pour l'orchestre, en 1852, 1855
cl 1841. Il est mort dans cette ville au mois
de juin 1847. On trouve la liste complète des
œuvres publiées et inédites de Kœhlcr dans le
Schlesisches Tonkiïnsller-Lexikon, de Kosz-
maly el Carlo (deuxième suite, p. 128-134).
KŒULEK (Louis), pianiste el composi-
teur, né à Brunswick, le 5 septembre 1820,
reçut dès son enfance, de plusieurs maîtres,
des leçons de musique, de piano, d'harmonie
et de composition. Après s'élre rendu à Vienne,
il reçut encore des conseils de Sechler, de
Seyfricd et de Baklel, depuis 1859 jusqu'en
1843. Il a écrit dans celle ville l'opéra-comi-
que et romantique intitulé : Prinz und Maler
(Prince et peintre), une symphonie-cantate ;
des Lieder, des chœurs et des pièces pour le
piano. Sa musique pour V Hélène, d'Euripide,
et son ouverture pour le Phormion, de Té-
rence, ont été exécutées au Théâtre- sur -la-
tienne. De retour à Brunswick, il y écrivit
son deuxième opéra Maria Dolores, qui obtint
plusieurs représentations en 1845. Dans son
troisième ouvrage dramatique, Gil Blas de
Santillane, il changea sa manière et entra
dans le système de Richard Wagner; mais cet
opéra n'eut pas de succès. Le dégoût qu'il en
ressentit lui At accepter tour à tour diverses
places de directeur de musique de théâtres,
particulièrement à Dantzick; mais en dernier
lieu il s'est fixé à Kœnigsberg comme profes-
seur de piano, comme compositeur el connue
écrivain didactique. Kœhler a publié : ^Com-
positions de salon caractéristiques et dans le
style moderne, n M 1 à 6, op. 1. Leipsick,
Brauns. 2° Six chants pour soprano ou ténor
avec piano, en deux suites, op. 2, Brunswick,
Meyer. 5 V Six poèmes pour soprano ou ténor,
avec piano el cor ou violoncelle, op. 5, ibid.
4° Six Lieder pour soprano ou ténor, avec
piano, op. 4, Leipsick, Brauns. 5° Cinq chants
idem, op. 5. Berlin, Schlesinger. Dans l'espace
de quinze ans environ, le nombre de ses pro-
ductions, tant pour le piano que pour le chant,
s'élève aujourd'hui (1862) à plus de quatre-
vingts. L'œuvre 76 est composé de six ron-
deaux pour le piano. En 1857, Kœhlcr a publié
le premier volume d'une Méthode instructive
et systématique de piano (Systemati se he Lehr~
méthode fiir Klavierspiel und Jflusik), Leip-
sick, Breitkopf et Haertel. J'ignore si la suite
de l'ouvrage a paru. On peut considérer comme
le complémenl de cette méthode le catalogue
systématique de la musique de piano que
Kœhler a publié sous ce titre : Fiihrer durch
den Clavierunterricht ; ein repertorium der
Clavierliteratur (Guide dans l'élude du piano;
répertoire de la littérature de cet instrument);
Hambourg et Leipsick, Schuberth, petit in-8°,
de 126 pages. Le mot littérature est employé
par Kœhler dans le sens de Connaissance des
œuvres de piano. Il a été fait deux éditions de
ce pelil ouvrage, toutes deux sans date.
KOELLNER (Bernard-Guillaume), né à
Woblau en Silésie, étudia au Lycée de Sainte-
Elisabeth à Breslau, puis à Wittenberg, et
succéda, en 1770, à son père qui était pasteur
à Wohlau. Il est mort en 1829, à l'âge d'en-
viron quatre-vingt-quatre ans. Une disser-
tation académique de cet ecclésiastique a été
publiée sous ce litre : De principiis Harmo-
nise Musicas. Londini Gothorum, 1777, in-4°.
KQEINIG (Jeaîi-Mathias), commis à la
chancellerie royale d'EUrich, en Prusse, dans
la seconde moitié du dix -huitième siècle, a
composé, en 1783, la musique d'un opéra in-
titulé : Lilla ou la Jardinière, et, en 1782,
V Exécution. En 1782, il a publié deux re-
cueils de chansons à voix seule avec accompa-
gnement de piano, et, en 1784, six sonatines
pour cet instrument.
KOEIX1G (Jeam-Balthazar), directeur de
musique à Francfort-sur-le-Mcin, dans la pre-
mière moilié du dix-huitième siècle, y a fait
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76
KOENIG — KOENIGSPERGER
imprimer, en 1758, un livre choral avqc basse
continue, à l'usage des églises réformées, sous
ce titre : Harmonischer Liederschatz, oder
allgemeine Choralbuch, welches die Melo-
dien dener sotcohl aîten und neuen bisher
eingefiihrten Gesxnge unsere Deutschîands
in sich hJtltj so dass sie durchaus mit der
Orgel oder Klavier accompagnirt werden
kœnnen,
KOENIG (Jeaw-Ulricb DE), né à Esslin-
gen, en Souabe, le 8 octobre 1688, fit ses
éludes à Stuttgard et aux Universités de Tu-
bingen et deHeide1berg,puis demeura pendant
dix ans à Hambourg, où il publia ses pre-
mières poésies. Plus tard, il se rendit à
Dresde, où le roi de Pologne lui donna des
titres de noblesse, et le fil conseiller de cour et
maître des cérémonies. Il mourut à Dresde, le
14 mars 1744. On trouve une dissertation de
ce littérateur Sur la composition du rhythme
de la poésie et de celui de la musique, dans
l'appendice des œuvres de Jean de Besser,
publiés à Leipsick, en 1715, deux volumes
in -8°.
KOENIG (Gaspard), né à Ingolsladt, en
1723, apprit, dans cette ville, les principes de
la construction des orgues, voyagea pour aug-
menter ses connaissances, puis retourna dans
sa ville natale, où il s'établit comme facteur
d'orgues et se maria le 7 février 1763. Dans la
suite, il eut le titre de conseiller de la ville. Il
mourut le 3 novembre 1791, avec la réputa-
tion d'un des meilleurs facteurs de son temps
en Allemagne. Parmi les bons imurumenis
sortis de ses mains, on cite celui de l'ancien
couvent d'Asbacb, composé de vingt-cinq jeux,
et celui du couvent de Drissen, composé de
vingt et un jeux.
KOENIG (S.), littérateur et musicien, né
à Berne vers 1810, est connu des voyageurs
par une description de la ville de Berne. Il
est auteur d'une petite méthode de piano et
d'harmonie, pour apprendre sans maître, dont
il a été fait deux éditions sans date, sous ce
titre : Kleine Musiklehre oder Clavier-und
Generalbasschule, sowohl fiir Anfxngcr im
Clavierspielen als fur diejenigen, welche sich
eine grundliche Kenntniss der Musik durch
Selbstunterrichtverschaffen wollen; Berne et
Saint-Gall, Huber, in-4° de quarante pages.
KOENIG (Frédéric), violoniste à Magde-
bourg, né à Brunswick, vers 1812,y Joua, en
1857, d'une manière brillante la première
partie de la symphonie concertante de Hfaurer
pour quatre violons, aux concerts d'abonne-
ment. On connaît de cet artiste : 1° Trois trios
concertants pour deux violons, livre 1 er ,
Brunswick, Leibrock. 2° Trois idem, livre 2«,
ibid. 3° Deux duos concertants et caractéris-
tiques pour violon et alto, op. 7, WolfenbutteJ»
Holle. 4° Des thèmes variés pour violon et
piano. 5° Des Lieder.
KOENIGSLOEW (Jean-Guillaume), or-
ganiste de l'église Sainte-Marie et receveur de
la ville de Lubeck, naquit à Hambourg, le
16 mars 1745. Fils d'un professeur de musique
de cette ville, il apprit <'c lui les premiers
principes de cet art, puis il termina ses études
sous la direction d'Adolphe Charles Kunzen,
organiste de Lubeck, dont il fut ensuite l'ad-
joint. Par ses dispositions, son travail et les
leçons de ce maître, il acquit en peu d'années
une rare habileté sur l'orgue. Il jouait aussi
du violoncelle et composa pour cet instrument
des solos etdes concertos. Vers le même temps,
il écrivit aussi beaucoup de morceaux pour le
clavecin. En 1773, Kunzen fut frappé d'apo-
plexie, et dès lors il ne put vaquer à ses fonc-
tions; son élève lui donna une preuve d'atta-
chement en le remplaçant gratuitement jus-
qu'à sa mort, arrivée en 1781. Kœnigslœw lui
succéda dans ses places, et les remplit pendant
un demi-siècle. En 1823, il fit son jubilé de
cinquante ans comme organiste, et il mourut
en 1827, à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
Chladni, qui avait entendu cet artiste à Lu-
beck, le considérait comme un organiste de
rare mérite. Il a écrit plusieurs grands et pe-
tits oratorios, ainsi que des pièces d'orgue et
de piano; mais toutes ses productions sont res-
tées en manuscrit.
Un violoniste du même nom a brillé à Ham-
bourg, Leipsick et Copenhague, depuis 1843
jusqu'en 1846. Il descendait vraisemblable-
ment du précédent.
KOENIGSPERGER (le père F.-Mama-
hus) naquit le 4 décembre 1708, à Rœding,
dans le Ilaul-Palatinat, et fut envoyé fort
jeune par ses parents à l'abbaye des Bénédic-
tins de Prufling, où il fut admis à l'école de
chant. Les rares dispositions qu'il avait reçues
de la nature pour la musique le détournèrent
des études littéraires et scientifiques, où il ne
fit que peu de progrès, et bientôt il acquit sur
l'orgue et dans la composition une habileté
très-remarquable. En 1734, il fit profession
dans l'ordre de Saint-Benoit. On le fit orga-
niste et maître de chapelle de son couvent, et
peu d'années s'écoulèrent avant qu'il fût con-
sidéré comme le plus habile organiste et le
meilleur compositeur de musique d'église de
tous les couvents de la Bavière. Ses œuvres,
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KOENJGSPERGER — KOERNER
77
qui forent toutes publiées à Àugsbourg, eurent
un succès de vogue, et leur éditeur, Lotler, a
souvent avoué qu'il devait sa fortune à l'im-
pression de ces ouvrages. Le P. Kœnigsperger
en retirait lui-même un produit considérable,
mais il employait tout l'argent qu'il recevait
à l'acquisition de livres pour son monastère,
ou à aider des savants à publier leurs ouvrages.
Ce musicien distingué mourut dans son cou-
vent de Prtlfling, le 9 octobre 1769. Sa mu-
sique d'église est dans le style concerté. Il
avait pour but d'en rendre l'exécution facile
afin de propager le goût de la musique jusque
dans les villages; mais dans la simplicité de
ses messes, on découvre à chaque instant des
traits d'une mélodie douce et facile, écrits avec
une pureté d'harmonie satisfaisante. Le mépris
affecté par beaucoup d'artistes de nos jours
pour cette musique légère et facile n'est pas
fondé, comme ils le croient. Les principaux
ouvrages de Kœnigsperger sont : Sex missa-
rum solemnit. 4 voc. cum 2 violinis et or-
gano, op. 1 ; Àugsbourg, Lotler. 2° Miss*
brèves pro domin. ac festiv. simpl. 4 voc.
2 viol, et org. ; ibid. 3° Missa pastoritia de
Nativitate Jesu Christi 5 voc. cum 2 oblig.
viol, et or gano ; 2 clarinis et tymp. ad libi-
tum; ibid. 4° Eucharisticon compactent Of-
fertoria et Hymnos 4 voc. cum 2 viol, et
organo oblig. , op. 12; i&t'd. 5° Offertorium
duplicis textus 4 voc. cum 2 viol, et organo ,
ibid. 0° Offertorium (Laudetur Jésus Cbris-
tus) 4 voc. 2 obi. viol, et organo; ibid. 7° Te
Deum 4 voc. cum 2 viol. org. 2 clav. et tymp.-
ibid. 8° C Litanix B. M. F. 4 voc. 2 viol,
obi. et organo ; ibid. 9° Der tooklunterwiesene
Klavierschuler, welchen nicht nur die wahre
und 9ickere Fundamenta zum Klavier, etc.
(l'Élève claveciniste bien instruit , auquel on
met ici devant les yeux non-seulement les
fondements véritables et certains du clavecin,
mais aussi huit préludes, vingt-quatre versets
et huit airs dans tous les tons), Augsbourg,
1755, in-fol. 10° Huit préludes et fugues dans
tous les tons, ibid., 175G, in-4°, huit suites.
11° Fingerstreit oder Klavierubung durch
cin Prxambulum und Fugen (Lutte des doigts,
ou exercices de clavecin consistant en un pré-
lude et des fugues dans tous les tons majeurs
et mineurs), Àugsbourg, 1700, in-fol.
KOERBER (Georges), musicien, né à Nu-
remberg, vers le milieu du seizième siècle, fut
d'abord sous-professeur au Collège de Saint-
Laurent, dans sa ville natale, puis, en JG01,
magister à Àltdorf. Il a publié de sa composi-
tion ; 1° Tyrocinium imisicum ^Motets à trois
voix), Nuremberg, 1589, in-8°. 2° Ditticha
moralia duabus vocibus, ibid., 1599. 5°2fc-
nedictiones Gratiarumactionesvocum, ibid.,
in-4°.
Il y eut un musicien de ville de ce nom à
Berlin {Jean-Christophe), qui mourut le 13 fé-
vrier 1713. André Schmidt a célébré le mérite
de cet artiste dans un écrit intitulé : Die Lobes-
erbesungen der Instrumentalmusik in einen
Trauer-und Standrede vorgestellt, ah Herr
Joh. Cristoph Kœrber, Stadmusikus in Ber-
lin, begraben tourde (Les louanges de la mu-
sique instrumentale réunies dans un discours
funéraire prondncé aux obsèques de Jean-
Christophe Kœrber, musicien de ville a Ber-
lin); Berlin, 1713, in-fol.
KOERBER (Ighace), corniste de la mu-
sique du duc de Saxe-Gotha, né à Mayence,
vers 1744, est considéré comme un des vir-
tuoses les plus remarquables qu'ait produits
l'Allemagne pour son instrument. Arrivé à
Paris, vers 1780, après de longs voyages, il y
rivalisa avec Punto (voyez ce nom). Cet artiste
a laissé en manuscrit plusieurs symphonies
concertantes pour deux cors. En 1785, il éta-
blit un magasin de musique à Gotha. Il parait
qu'il cessa déjouer du cor en 1787, et qu'il
adopta le basson, sur lequel il acquit aussi une
rare habileté. On manque de renseignements
sur les denières années de sa vie. Le Lexique
universel de musique publié par Schilling fixe
l'époque de sa mort aux premières années du
dix-neuvième siècle.
KOERNER (Chrétieii-Godefroid) , doc-
teur en droit et en philosophie, naquit à Lcip-
sick, en 1756, et fil toutes ses éludes à l'Uni-
versité de cette ville. En 1784, il fut appelé à
Dresde en qualité de conseiller supérieur du
consistoire, et huit ans après il y obtint la
place de conseiller delà courd'appel. Après en
avoir rempli les fonctions pendant quinze ans,
il alla, en 1813, prendre possession de la place
de conseiller d'État , et quelques années après
il y joignit le titre de membre du conseil privé
ou supérieur du gouvernement. Il est mort à
Berlin, le 13 mai 1831, et a été enterré au pied
du chêne de Kœrner, dans le Mecklembourg,
près de son fils, Charles-Théodore Kœrner,
poète célèbre, tué à l'âge de vingt-deux ans,
dans la campagne de 1813. Chrétien-Godefroid
Kœrner, amateur passionné de musique, s'est
beaucoup occupé de l'esthétique de cet art, et
a publié à ce sujet, dans l'écrit périodique in-
titulé: Horen (les Heures), un morceau Sur
le caractère des sons, et sur Cexposé du ca-
ractère en musique (n° 7, ann. 1793, j>. 97-
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78,
KOERNER - KOHAUT
191). Plus tard, il a repris ses travaux ebthéti-
«jues, mais il n'en a rien publié. •
KOERNER (J.-Gmllauke-Faedéric), flû-
tiste, pianiste et graveur des monnaies de la
cour, à Casse], vers la fin du dix-huitième
siècle, a publié, en 1798, les ouvrages suivants
rie sa composition : 1° Treize variations pour
flûte avec accompagnement de basse, sur
Pair allemand : Der VogeUxnger bin ichja,
op. 1 ; Offenbach, André. 2° XI variations
idem, sur le thème : Nel cor più non mi
sento, op. 2; ibid. 5° Quinze variations pour
flûte et basse; Manhcim, Heckel. 4° Neuf va-
riations pour flûte seule sur f'air allemand :
Bei Mxnncm, teelche Liebe fiihlen, op. 5;
Leipsick, Joachim. 5° Divertissement en forme
de polonaise pour piano, flûte, violon et basse,
op. 20; Hambourg, Cranz. 6° La Chasse, po-
lonaise pour piano à quatre mains, op. 17;
Brunswick; Spehr. 7° Sonates pour piano seul,
op. 0,7,8,9, 10; Hambourg, Cranz. 8° Grande
polonaise tTtem, op. 19; ibid. 9° Rondeau
agréable idem, Hanovre, Bachmann, etc., etc.
Un artiste du même nom (G.-J. À cerner)
vivait à Pélersbourg, en 1830. Il a publié à
cette époque : 1° Deux sonates à quatre mains
pour piano ; Pétersbourg, Richter. 2° Quatuor
pour deux violons, alto et basse, op. 5; Leip-
sick, Breilkopf et Haertel. 3° Quintello pour
deux violons, deux altos et violoncelle, op. A ;
Pétersbourg, Richter.
KOERNER (Gotthilf-WilheljO, éditeur
de musique à Erfurt, a publié, sous son nom et
avec différentes titres, des recueils de pièces
d'orgue de différents genres qui ne sont que
des compilations d'oeuvres des organistes les
plus renommés : Tels sont VOrganiste com-
mençant (Der angehende Organist); le Par-
fait organiste (Der vollkommcne Organist);
le Livre des préludes '(Prœludicnbuch) ; le
Livre des finales (Postludienbuch), etc. Au
reste, M. Kœrner a placé en (été de chaque
pièce le nom de son auteur. Cet éditeur public
aussi depuis 1844 un journal musical men-
suel particulièrement relatif à l'orgue, sous le
titre : Urania.
KOESTER (Hemias*), docteur en philo-
sophie et professeur de littérature ancienne, à
Berlin, dans la première moitié du dix-neu-
vième siècle, est auteur d'une savante disser-
tation intitulée : De Cantilenis popularibus
veterum Grx'corum, Berolini, 1831, in-8° de
quatre-vingt-quatre pages.
KOHAULT ou KOHAUT (François-
Aidrk), excellent organiste, naquit en Bo-
hême, dans la seconde moi lié «du dix-septième
siècle, et fût directeur du chœur de l'église
Sainte-Marie à Saatz, où il se trouvait encore
en 1722. Il y fit exécuter, le 16 mai de cette
année, une cantate de sa composition pour la
fête de saint Jean-Né pomu cène.
KOHAULT ou plutôt KOHAUT (Jo-
SEPn), né en Bohême, en 1736, entra d'abord
comme trompette dans un régiment de cava-
lerie; mais ayant acquis un talent remar-
quable sur le luth, il déserta et vinten France,
où il fut attaché à la musique du prince de
Conti. Il a écrit la musique de quelques opé-
ras-comiques : le Serrurier, en 1774 ; la Ber-
gère des Alpes, le 18 février 1765; Sophie ou
le Mariage caché, le 21 mai 1768; et la Clo-
sière. Tous ces ouvrages ont été représentés à
la Comédie-Italienne ; les deux premiers ont
obtenu de brillants succès, bien qu'ils soient
en général de faibles conceptions. Rohautest
mort à Paris, en 1795. On ignore si ce musi-
cien était fils d'un excellent luthiste du même
nom qui était attaché à la musique de la cour
de Berlin, et qui, s'étant fixé à Breslau en
1710, fut le maître de Baron.
KOHAULT ou KOHAUT (Charles), de
la même famille que le précédent, était même
son frère, si Grimm a été bien informé lors-
qu'il a dit, en parlant de l'auteur du Serru-
rier : « Ce M. Rohaut a un frère aîné qui est
« venu en France avec M. le comte deKaunitz,
« et qui est un homme sublime quand il
« touche le luth. Celui qui nous est resté joue
« aussi de cet instrument, mais froidement
« et sans enthousiasme : «l'homme de génie
« est à Vienne (Correspondance littéraire,
« t. IV, p. 150, édition de Paris, 1829). n Quoi
qu'il en soit, celui-ci vécut à Vienne, vers le
milieu du dix-huitième siècle, et y fut secré-
taire de la chancellerie de la cour. De tous les
luthistes de son temps, il fut le plus habile, et
la musique qu'il composa pour son instru-
ment fut aussi considérée comme ce qu'on
avait de mieux en ce genre. En 1761, Kohaut
a publié à Leipsick : Divertissement pour luth
obligé, deux violons cl basse. Je possède en
manuscrit de cet artiste : 1° Concerto (en sol
mineur) pour luth, deux violons, alto et basse.
2° Trio (en ré) pour luth obligé, alto et violon-
celle. 5° Cinq trios pour luth, violon et violon-
celle (en si bémol, mi bémol, la majeur cl
deux en fa). Gerher cite douze trios sem-
blables, et douze solos pour luth, de Ro-
haut.
KOHAUT (Fraxçois), virtuose sur le cor
de basscllc et la trompette, est né à Vienne, et
vraiscmhlemenl il est un descendant du célèbre
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KOHAUT — KOLBERER
79
luthiste Charles Kohaut. En 1817, il s'est rendu
en Russie. Deux ans après, il était au service
d'un noble russe, propriétaire d'une terre située
aux environs de Moscou. En 1824, il habitait
encore celte ville où il s'était fait entendre avec
succès. On connaît de sa composition : Ron-
deau pour cor de basselte avec orchestre, op. 4,
Offenbach, André.
HOHL (Jea*), luthier à Munich, dans la
seconde moitié du seizième siècle, y eut, en
1599, le titre de luthier de la cour avec un
traitement annuel. On voit dans d'anciens
comptes que la cour lui payait un luth deux
florins.
HOHL (Wekceslas), né en 1755 à Qua-
tierub, en Bohême, apprit à Prague la musique
comme enfant de choeur, puis se livra à l'étude
du cor et acquit beaucoup d'habileté dans
l'exécution. En 1784, il se rendit à Paris où il
fit graver: 1° Six quatuors pour cor, violon,
alto et basse, op. 1, Paris, Sieber. 3° Six
idem, op. 2, ibid. 3° Six idem, op. 3, Paris,
Imbault.
KOLB (le P. Carloman) , bénédictin au
monastère d'Aschbach, en Bavière, vivait au
milieu du dix-huitième siècle. Il parait avoir
été un organiste distingué, si Ton en juge par
un recueil de préludes, de versels et de finales
pour l'orgue, qu'il a publié sous ce titre :
Preambularum, vers, et cadentiarum dureh
die Kirchentœne stechen lassen, Augsbourg.
1750, in-fol.
KOLB (J sas-Baptiste), né à Neudettelsau,
village de la Franconie, le 31 août 1743, vécut
à Furth, près de Nuremberg, comme musicien.
Il passait pour élève de Haydn ; mais cela pa-
rait peu vraisemblable. Dans un voyage qu'il
fil à Paris, vers 1782, il y fît graver six qua-
tuors pour deux violons, alto et violoncelle, de
sa composition. Ses autres ouvrages se trou-
vaient plus tard en manuscrit dans le magasin
de Westphall à Hambourg : ils consistaient en
cantates et ariettes avec instruments , con-
certos pour clavecin, deux violons et basse,
pièces détachées pour clavecin et divers in-
struments, quintettes et trios pour hautbois,
clarinette et basson.
KOLB (F.)- Sous ce nom d'un musicien
inconnu, on a publié : 1° Messe allemande
pour soprano et orgue (ou pour trois voix ,
deux violons, flûte, deux cors et contrebasse
ad libitum), op. 9, Munich, Falter. 2° Messe
allemande à une ou deux voix et orgue, op. 1 1 ,
ibid. 3" Œlbergsmusik (Musique du mont des
Oliviers) pour soprano cl orgue (ou à trois voix
cl contrebasse ad libitum), ibid.
Un musicien de la chapelle royale de Mu-
nich, nommé KOLB (K.), a fait représenter
dans cette ville, en 1843, un opéra intitulé:
les .Sott/iofes(dieSuliolen), de sa composition.
C'est vraisemblablement le même artiste qui a
fait imprimer un pot-pourri pour le Zilher, à
Munich, chez Falter.
KOLBE (...), cantor à Polsdam, vers le
milieu du dix-huitième siècle, a laissé en ma-
nuscrit des cantates spirituelles à quatre voix
avec instruments, sur les chorals : Dankct
dem Herrn et Zum Erntfest erwekle Her-
zen. Ces ouvrages se trouvent à la Bibliothèque
royale de Berlin.
KOLBE (Cajetak); nom défiguré par
Gerber et ses copistes, qui en ont fait un
double emploi avec Kolberer (voyez ce nom).
KOLBE (Antoine), violoniste distingué, né
à Scestœdtel, près de BrUx, en Bohême, vers
1740, vécut à Prague, et y fut employé a l'or-
chestre de l'Opéra ainsi qu'aux églises Saint-
Égide et Saint-Jacques, depuis 1775. Son style
grandiose, dans les solos et concertos qu'il
exécutait en public, excitait une vive admira-
tion. II passa les dernières années de sa vie
malade et dans un état voisin de la misère,
tantôt chez les frères minorités, tantôt à l'hô-
pital Saint- Jacques, et mourut le 30 août 1804.
C'était un homme pieux et bienveillant qui,
nonobstant son indigence, donnait volontiers
des leçons gratuites aux jeunes gens pauvres
qui ne pouvaient payer un maître. Il a écrit
plusieurs concertos, solos, sérénades, etc., qui
sont restés entre les mains de ses amis et de
ses élèves. Le maître de concerts KIockel, qui
avait reçu de ses leçons pour le violon, en pos-
sédait plusieurs.
KOLBE ( CHARLES-CnRETIEN-GuiLL AUME ) ,
candidat des sciences, ingénieur des mines et
membre de la Société littéraire de Halberstadt,
vécut en cette ville, vers la fin du dix-huitième
siècle et au commencement du dix-neuvième.
En 1830, il publiait encore de nouvelles édi-
tions de ses ouvrages. Dans le premier volume
d'un de ses écrits intitulé : Fersmischte Ab-
handlungen besonders bergmànnischen und
physihalischen Inhalts (Différents traités,
principalement relatifs aux sciences des mines
et de physique, Quedlinbourg, 1794-1796,
in-8°), on trouve un article concernant la
construction des instruments à cordes, et spé-
cialement de la table d'harmonie.'
KOLBERER (C a jet an), moine bénédictin
de l'ancienne abbaye d'Andech, dans la haute
Bavière, vécut an commencement du dix-hui-
tième siècle. On a sous son nom : 1° Partus
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KOLBERER - KOLLESCHOWSKY
primus seu G Dixit Dominas et 6 Magnificat
pro quatuor vocibus concertantibus , cum
quatuor vocibus a capella, Augsbourg, 1701,
in-fol. 2° Partus secundus, Introïtus brèves
et faciles secundum claves ordinarias in
très partes divisus, per totum annum, Augs-
bourg, 1703, in-fol. On ignore quel est le troi-
sième œuvre de musique d'église de ce moine.
5° Partus quartus, continens XXX Offer-
toria festiva ab Adventu usque ad Pente-
costen; cum 4 voc. duobus violinis concert:
1 fagotto concordante ad libitum et aliis
4 vocibus a capella seu ripienis, Augsbourg,
1 71 0, in-fol . AV époque où le P . Kolberer publia
cet ouvrage, il desservait la cure de Paring,
appartenant au monastère d'Andech. 4° Par-
tus quintus in lucem proferens alia XXX
Offertoria festiva pro 4 vocibus, 2 violinis
concert, et 1 fagotto concordante ad libitum,
et aliis 4 voc. ripienis, Augsbourg, 1719,
in-fol. Le P. Kolberer avait mis aussi en mu-
sique un opéra allemand pour la maison d'édu-
cation des demoiselles anglaises de Munich.
Cet opéra, intitulé : Jeux de la divine Provi
dence, fut représenté, en 1714, par les élèves
de ce pensionnat, pour le retour du prince élec-
toral Maximilien-Emmanuel.
KOLBERG (Oscar), pianiste et composi-
teur fixé à Varsovie, est né en 1814, dans une
petite ville du gouvernement de Kadom. Dès
son enfance il commença l'étude de la musique
et y fit de rapides progrès. Après avoir suivi
les cours du Lycée de Varsovie, il se rendit à
Berlin et y reçut, pendant deux ans, des leçons
d'harmonie et de composition de Rungen-
hagen et de Girschner (voyez ces noms). De
retour à Varsovie, il s'est occupé avec beau-
coup d'activité à recueillir les airs populaires
de son pays et en a réuni un nombre considé-
rable avec le but d'en publier la collection.
La première livraison de ce recueil intéres-
sant a paru à Lemberg, en 1842, sous le titre
de Piesni ludu : la cinquième fut publiée en
1845. Parmi les compositions de M. Kolberg,
ou remarque : 1° cinq livres de Kuïawiaks y
sorte de danse caractéristique de la Pologne,
pour piano, œuvres 2, 5, 0, 12 cl 19. 2° Deux
livres de Mazourcs, idem, œuvres 8 et 22.
5° Deux livres d y Éludes, dédiées à Chopin,
œuvre 20. 4° Cracovienne, œuvre 10. 5° Fan-
taisie sur l'air national de la Pologne.
C° Grande Valse. 7° Beaucoup de pièces fugi-
tives et de chant avec accompagnement de
piano. En 1854, le même arliste a fait repré-
senter au théâtre des Variétés, à Varsovie, un
opérette intitulé : Le retour de Jean.
KOLBORN (Eriiest), dominicain à
Mayence, y a publié, en 1736, un ouvrage
élémentaire pour le clavecin, intitulé : Mu-
sikalisches A B C, in jedem Buchstaben
brauchbar in drey Sliïck.
KOLDITZ (Jacqces), facteur d'instru-
ments à Ruhmbourg, en Bohême, y mourut au
mois de novembre 1700, dans un Âge très-
avancé. Ses violons et altos sont estimés en
Allemagne.
KOLDITZ (...), musicien vraisemblable-
ment né en Bohême, a laissé trois concertos
pour flûte, et deux concertos pour la harpe,
qui se trouvaient en manuscrit en 1782 et
1785 au magasin de musique de Westphall, à
Hambourg.
KOLER (Jacques), facteur d'orgues alle-
mand, vécut vers la fin du quinzième siècle.
En 1497, il fut chargé de la restauration du
vieil orgue de Sainte-Marie à Kœnigsberg. Cet
orgue avait onze jeux au clavier et quatre à
la pédale, parmi lesquels on remarquait un
cor de chamois, jeu qui parait avoir été in-
venté à peu près au temps de Koler, et
peut-être par lui.
KOLLER (Le P. Bohiface), bénédictin ba-
varois, naquit en 1752 à Fœlz, et fît ses études
à Munich. Il écrivit dans sa jeunesse la mu-
sique de quelques opéras pour le théâtre de la
cour, entre autres, les Lois de la chevalerie.
Le mérite de ces ouvrages valut à leur auteur
les bonnes grâces de l'électeur Clément de
Bavière qui voulut lui donner un emploi à sa
cour; mais Koller préféra la solitude, et entra
dans l'ordre de Saint-Benoit, à l'abbaye de
Bénédict-Bayern. Il en dirigea le séminaire
pendant plusieurs années ; puis il fut directeur
du séminaire du prince électoral, à Munich,
où il mourut en 1799.
KOLLESCHOWSKY (Sicmokd), violo-
niste et compositeur, né à Prague, vers 1809,
fut admis comme élève au Conservatoire de
cette ville, en 1828, et y fit ses études de
violon sous la direction du professeur Pixis;
Dionys Weber fut son maître d'harmonie et
de composition. Sorti de cette institution, il
s'est fait connaître avantageusement comme
compositeur pour l'église et a été nommé ré-
gent du chœur de l'église de Saint-Élienne de
sa ville natale. Il est aussi directeur de la
Sophienacademie. Je ne connais de sa com-
position que les ouvrages dont les litres sui-
vent : 1° Veni sancte Spiritus, à quatre voix,
orchestre et orgue, à Prague, chez Hoffmann.
2° Adagio religioso, pour deux clarinettes et
deux bassons, t'6t'd.
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KOLLMANN
81
KOLLMANN (Auguste-Frédéric- Char-
les), organiste de la chapelle allemande du
roi d'Angleterre, à Saint-James, naquit en
1756 à Engelbastel, près de Hanovre, où son
père était organiste et maître d'école. Après
avoir fait ses premières études avec le fils du
pasteur de son village, il alla les continuer, à
Tâge de quatorze ans, au collège de Hanovre,
où il resta pendant deux années. Ensuite il
étudia la théorie de la musique, le clavecin et
l'orgue sous la direction de J.-C. Bœttner,
lion organiste, et employa cinq ans à acquérir
toutes les connaissances qui constituent le
musicien instruit. En 1779, il Tut admis
comme élève dans l'école normale de l'éleclo-
rat de Hanovre. Les leçons qu'il y reçut lui
furent utiles, dans la suite, pour ses écrits et
pour l'enseignement. Pendant ce temps, il
entendait souvent Bœttner, ou le remplaçait à
l'orgue, et cette circonstance lui fit acquérir
du talent dans la pratique. Vers la fin de
1781 , il fut appelé a Lune, près de Lunebourg,
comme organiste d'un chapitre protestant de
dames nobles ; mais il y resta peu de temps,
parce que le roi d'Angleterre demanda au
gouvernement de Hanovre un organiste pour
sa chapelle allemande. On jeta les yeux sur
Kollmann, qui accepta et se rendit a Lon-
dres dans 1'atitomne de 1782. La place d'or-
ganiste de la chapelle l'obligeait à s'occuper
de l'éducation des enfants de chœur, et à leur
donner quatre leçons chaque semaine ; cepen-
dant, il trouva assez de temps pour écrire
plusieurs ouvrages considérables concernant
l'harmonie et la composition. Plus tard, par
des motifs qui ne sont point connus, il perdit
celte place ; mais il continua d'enseigner dans
beaucoup de nobles familles. Il est mort à
Londres au mois de novembre 1824, à l'âge
de soixante-huit ans.
Les productions de Kollmann se divisent en
trois classes, savoir : I. Écrits théoriques,
II. Ouvrages didactico-prattques. III. Com-
positions. En voici la liste : 1° An Essay on
Musical ffarmony, according to the nature
of that science and the principes of the
greatest musical authors (Essai sur l'harmo-
nie musicale, suivant la nature de cette
science et les principes des auteurs les plus
célèbres), Londres, 1700, in- fol., 146 pages de
texte et quarante d'exemples. Une deuxième
édition de ce livre a été publiée avec des addi-
tions considérables et publiée à Londres, en
1812, grand in-4°. Dans cet ouvrage, qui est
divisé en dix-huit chapitres, Kollmann suit
les principes de Ki m berger, et souvent se
BIOGB. UMV. DES MUSICIENS. T. V.
borne à le traduire. Mais Ki m berger ayant
laissé incertains beaucoup d'accords dont il
n'avait pas saisi le mécanisme de la substitu-
tion réuni à celui de la prolongation, Koll-
mann a pris pour guide, dans cette partie de
son ouvrage, la théorie de Marpurg, imitation
de celle de Rameau. De cet amalgame de deux
théories opposées, résulte un défaut choquant
d'unité de doctrine que tous les efforts de
Kollmann n'ont pu dissimuler. 2° A New
Theory of Musical Harmony, according to
a complète and natural system of that
Science (Nouvelle théorie de l'harmonie mu-
sicale, suivant un système complet et naturel
de cette science), Londres, 1806, 92 pages de
texte et 56 planches d'exemples, in- fol. Koll-
mann avait aperçu l'anomalie des deux sys-
tèmes d'harmonie qu'il avait essayé de réunir
dans son premier ouvrage publié dix ans au-
paravant; il cherchait une base plus uniforme,
et il crut l'avoir trouvée dans le système de
Ballière, développé par l'abbé Jamard (voyez
ces noms). C'est ce même système, inconnu
jusqu'alors en Angleterre, et qui repose sur
une fausse progression arithmétique, dérivée
de l'échelle du cor, que Kollmann a voulu
faire adopter comme la seule théorie naturelle
de l'harmonie. II parait que ce système trouva
des lecteurs et des partisans, car, en 1812, il
donna une nouvelle édition de son ouvrage,
avec quelques corrections. 3° An Essay on
practical musical Composition, according to
the nature oflhat science, and the principles
of the greatest musical authors (Essai sur la
composition pratique de la musique, suivant
la nature de cet art, etc.), Londres, 1799, in-
fol. Dédié au roi d'Angleterre. Cet ouvrage,
formant la suite du premier, fait avec lui un
corps de doctrine et d'exemples pratiques pour
la composition. On y trouve des règles pour la
forme des différentes pièces de musique, pour
les fugues, les canons, l'instrumentation, etc.,
avec des exemples pris dans les œuvres de
Jean-Sébastien Bach et de ses fils, de Graun,
Hsendel, Kirn berger, Fasch et Marpurg. Une
deuxième édition de ce livre a été publiée a
Londres en 1812. 4° A Practical Guide to
Thorough-Bass (Guide pratique de la basse
continue), Londres, 1801, in-fol. Cet ouvrage,
où l'on ne trouve que des instructions som-
maires concernant la forme et la succession
des accords, renferme particulièrement des
exercices d'accompagnement. Une suite de
cette méthode a paru sous le titre : Second
practical Guide of Thorough-Bass, Londres,
1807, in-fol. On trouve souvent les deux par-
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KOLLMANN — KONliNG
ties réunies en un seul volume. Le professeur
de piano et d'harmonie P. King attaqua un
passage de ce livre dans l'avertissement de
la deuxième partie de son Traité général de
musique (voyez Kirg); Kollmann fit paraître,
en réponse à celte attaque, un pamphlet inti-
tulé : 5° A V indication of a passage in the
Practical Guide to Thorough-Bass, against
an advertisement of M v M. - P. King
(Défense d'un passage du Guide pratique
de l'harmonie, contre un avertissement de
M. M.-P. King), Londres, 1802. 6° A second
Practical Guide to Thorough-fiass, Londres,
1807, in-fol. C'est une suite au premier guide
pratique. 7° The Quarterly musical register.
Écrit périodique sur la musique, dont le pre-
mier et le second numéros seulement ont paru
en 1819, et qui n'a point été continué. Le
premier contient : 1° Une liste chronologique
des publications du même genre qui avaient
précédé le Quaterly musical register] 2» Une
revue de la musique en Angleterre depuis
1789 jusqu'en 1812; 3° Une notice sur
J.-S. Bach et ses ouvrages ; 4° Une analyse des
ouvrages théoriques de Kollmann; 5° Une
analyse de la Grammaire musicale de Callcott ;
C° Des remarques sur le tempérament artifi-
ciel, d'après les trois systèmes des musiciens
anglais Hawkes, Lochsman et Liston. Dans le
second numéro, on trouve : 1° Une revue de
la musique en Allemagne ; 2° Une notice sur
la vie et les ouvrages de Mozart ; 3° La fin de
l'analyse des œuvres théoriques de Kollmann.
Dans la seconde classe des productions de
ce musicien, on remarque : 8° Twelve analy-
sée Fugues for two performers, with double
counterpoints in ail intervais, and tnfro-
ductory explanations (Douze fugues à quatre
mains analysées, avec des contrepoints dou-
bles à tous les intervalles, et des explications
préliminaires). II a été fait deux éditions de
cet ouvrage : la seconde a été* publiée en 1825.
9° TheMelody ofthe hundredth Psalm with
examples and directions for a hundred di/-
ferent harmonies in four parts (la Mélodie
du centième psaume avec des exemples et des
instructions pour cent harmonies différentes
à quatre parties), op. 9, Londres, 1809.
10° An introduction to the Art of Prelu-
ding and Exlemporizing (Introduction à
l'art de préluder et d'improviser), op. 3, Lon-
dres, 1791. 11° The first beginning on the
piano forte, according to an improved me-
thod of teaching beginners (le Premier Elé-
ment du piano forte, d'après une méthode
perfectionnée pour enseigner aux commen-
çants), Londres, 179G. 12° An introduction
to the modulation (Introduction à l'art de
moduler), op. il, Londres, 1820. 13° An
Analysed Symphony for the piano forte,
violin and bass, Londres, 1799. 14° A rondo
on the chord of the diminished Seventh.
(Rondo sur l'accord de septième diminuée),
une feuille gravée, in-fol. , Londres, 1810,
Des observations de Kollmann sur le système
d'enseignement de Logier ont été insérées
dans la Gazette musicale de Leipsick (t. XXIII
p. 768, 785, 801, et t. XXIV, Intelligenz-
blatt, p. 9). Elles ont été ensuite recueillies
et réunies avec celles de C.-F. Millier, profes-
seur de musique à Berlin, en une brochure
intitulée : Veber Logier' s Musikunterrichts
System, Munich, Falter, in- 8° de 59 pages.
Ces observations sont extraites d'un long arti-
cle sur le même sujet, qui a été publié dans
le Quarterly musical Magazine and Revient
(t. I, p. 111-139). La liste des compositions de
Kollmann renferme : 15° Six cantiques avec
de nouvelles mélodies chorales et basse conti-
nue, Leipsick, Breitkopf. 16° Six sonates pour
le clavecin, op. 2, Londres. 17° Six petites
sonates, idem, op. 4, ibid. 18° Divertissement
pour trois exécutants sur un seul piano, Lon-
dres, 1800. 19° Concerto pour piano et or-
chestre, exécuté en public par l'auteur eu
1804, op. 8, ibid. 20" Plusieurs chansons an-
glaises, ibid.
Le fils de Kollmann (Georges- Auguste), né à
Londres en 1780, fut organiste de la chapelle
allemande,et mourut dans cette ville,le 19 mars
1845. On a de cet artiste trois grandes sonates
pour le piano , avec violon obligé pour la
seconde sonate, op. 1 ; Londres, Goulding. ,
KOMOUOWSKA (la comtesse Stépha-
ne), dame russe, née à Mit tau, a reçu des
leçons de piano des artistes les plus renommés
à Pétersbourg et à Paris. Elle possède un ta-
lent distingué sur son instrument et à com-
posé des choses agréables dont voici les
titres : 1° Fantaisie sur un motif de Preeiosa
pour piano; Millau, Reyher. 2° Mes Adieux,
andante pour piano; ibid. 3° Pensée fugitive;
idem, ibid.
KONEVG (Louis DE), facteur d'orgues à
Cologne, fut appelé en Hollande pour terminer
le grand orgue de l'église Saint-Élienne, à
Nimègue, que le facteur Chrétien Millier,
devenu malade en 1770, n'avait pu exécuter.
De Koning employa trois années à faire cet
ouvrage, composé de cinquante-sept jeux,
dont quelques-uns de seize pieds, trois cla-
viers, pédale cl huit soufflets.
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KONING - KONTSKI
83
KONING (David), pianiste el compositeur
hollandais, est né à Rotterdam, en 1830. Fils
d'un négociant, il était destiné au commerce ;
mais son père, amateur passionné de musique,
voulut qu'il cultivât cet art pour lequel il lais-
sait apercevoir les dispositions les plus heu-
reuses. Dès Page de douze ans, il jouait avec
facilité de plusieurs instruments, particuliè-
rement du piano; ce qui ne l'empêchait pas
de travailler aux affaires commerciales de la
maison paternelle. En 1854, son père le con-
duisit à Francfort- sur-le-Mein, dans une
maison de commerce, afin qu'il y prit l'habi-
tude de parler la langue allemande ; mais ne
voulant pas qu'il négligeât la musique, il lui
donna pour maître de piano el de composition
l'excellent professeur Aloys Schmilt. Pendant
quatre ans, le jeune Koning reçut des leçons
de cet artiste qui, ayant reconnu la belle or-
ganisation de son élève pour l'art, lui donna
le conseil de s'y consacrer exclusivement, et de
renoncer à la carrière de commerçant. Koning
écrivit plusieurs compositions sous la direction
de son maître, particulièrement trois grandes
ouvertures d'orchestre. Quand il retourna à
Rotterdam, en 1838, son instruction pratiquede
compositeur était complète, quoiqu'il ne fût
âgé que de dix-huit ans. Devenu libre de se
livrer sans réserve à son penchant d'artiste, il
n'eut plus d'autre occupation que la musique,
étudia les œuvres des maîtres célèbres et les
prit pour modèles dans ses travaux. Des qua-
tuors d'instruments à cordes et des sonates de
piano furent ses premières productions après*
son retour dans sa ville natale. En 1839, il
écrivit une quatrième ouverture pour le con-
cours ouvert par la Société néerlandaise, insti-
tuée pour l'encouragement de la musique, et
nonobstant la jeunesse de l'auteur, cet ou-
vrage obtint le prix, et la partition de l'ouver-
ture de Koning fut publiée aux frais de cette
institution. Dans la même année, il publia à
Bonn, chez Simrock, un Domine Salvum fac
regem, avec orchestre, op. 1, composé pour le
roi des Pays-Bas. Cette composition, d'un
grand développement, a été analysée par
G.-W. Fink, dans la Gazette générale de mu-
sique de Leipsick (année 41 e , p. 944). L'ou-
verture couronnée, œuvre 7 e , parut en 1840, à
Rotterdam, chez If. Paling. Des fantaisies et
variations pour le piano, dès études, une sym-
phonie à grand orchestre, ont succédé aux
premières œuvres. Postérieurement, Koning a
résidé à Paris, à Londres, à Vienne; mais les
renseignements manquent sur ses travaux.
KOMIMK (Servais DE), maître de mu-
sique à Amsterdam, au commencement du dix-.
huitième siècle, a fait imprimer quelques ou-
vrages de musique instrumentale, de sa
composition, parmi lesquels on remarque :
1° Douze sonates à flûte seule, violon ou
hautbois et basse continue, Amsterdam, Ro-
ger, in-4° oblong. 2° Trios pour flûtes, violon
ou hautbois, ibid. "5° Hollandsehe minne en
drink liederen, in-8°, ibid.
KONTSKI (DE), famille de musiciens po-
lonais qui, dans la réunion de ses membres,
bien jeunes encore, a excité l'étonnement de
l'Europe entière. Le père, Grégoire de Kontski,
descend de l'ancienne famille polonaise Broch-
witsch ; mais il n'était que simple employé du
tribunal civil de Cracovie, en 1810. La mère,
née de RozHa, appartient aussi à la noble
maison de Trojanow. Le fils aîné, Charles, est
né le 6 septembre 1815; sa sœur, Eugénie, le
28 novembre 1816; Antoine, deuxième fils,
le 27 octobre 1817; Stanislas, le 8 octobre
1820. Tous ont vu le jour à Cracovie. Apolli-
naire, dernier enfant de cette famille, est né
à Varsovie, le 23 octobre 1823. Les disposi-
tions merveilleuses de Charles pour la mu-
sique frappèrent son père, assez bon musicien
et qui jouait de plusieurs instruments. Il avait
à peine atteint l'âge de cinq ans lorsqu'on lui
mit entre les mains un violon, dont il joua
bientôt de manière à exciter l'étonnement de
ceux qui l'entendirent. Dans le même temps,
son père lui enseigna les règles de la versifi-
cation, qu'il apprit sans peine et qu'il n'a ja-
mais oubliées. Antoine et Eugénie, qui avaient
choisi le piano pour leur instrument, y firent
aussi de rapides progrès. Dans les premiers
temps, Kontski ne songeait point à tirer parti
de leurs talents; il ne leur enseignait la mu-
sique que comme un délassement, et cet art
ne les occupait que dans les intervalles du
temps où ils ne fréquentaient pas les écoles-.
Cependant les progrès remarquables de ces en-
fants fixèrent enfin son attention ; il leur ac-
corda tous ses soinS, et le 3 février 1822, il
donna son premier concert avec eux. L'éton-
nement des habitants fut au comble quand ils
entendirent ces virtuoses en herbe, dont l'ainé
avait sept ans. Un second concert n'eut pas
moins de succès que le premier. Kontski prit
alors la résolution de ne rien négliger pour
compléter l'éducation de ses enfants. Il donna
sa démission de son emploi, et obéit à un
ordre du gouvernement qui l'appelait à Var-
sovie pour faire entrer les jeunes gens au Con-
servatoire de celle ville. La protection de la
comtesse Zamaïska contribua à leur faire rece-
0.
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84
KONTSKI
voir une instruction solide dans l'art ; elle eut
aussi part à la nomination de Kontski, le père,
à la place d'inspecteur du Lycée de Varsovie.
En 1825, Charles fit ses premiers essais de
composition en écrivant des polonaises, des
mazurkes et d'autres petits morceaux qui fu-
rent alors publiés. L'empereur Alexandre, qui
$e trouvait à Varsovie, au mois de mai 1825,
accepta la dédicace d'une de ces bagatelles, et
promit sa protection aux enfants de Kontski ;
mais il ne revit plus Pétersbourg, et sa morl
laissa la famille des jeunes artistes dans son
ancienne situation. Charles et Antoine ayant
achevé leurs éludes au Conservatoire, et tous
deux ayant acquis un talent extraordinaire
pour leur âge, le premier devint le modèle
de son frère Apollinaire, qui déjà jouait du
violon, et le second fut celui de Stanislas
sur le piano. En 1897, toute la famille entre-
prit son premier voyage et prit sa roule par
Lemberg, Wilna et Millau, pour se rendre
à Pétersbourg. Partout elle donnait des con-
certs, et partout elle excitait l'admiration.
Stanislas commençait à se faire entendre sur
le piano, et déjà le petit Apollinaire, âgé de
quatre ans et demi, jouait du niolon devant
de nombreuses assemblées. Arrivés à Péters-
bourg, au mois de janvier 1820, les Kontski y
demeurèrent six mois, pendant lesquels ils
donnèrent plusieurs concerts, et jouèrent de-
vant la famille impériale avec un succès d'en-
thousiasme. Charles y prit aussi des leçons de
composition chez Bianchi. A Moscou, Antoine
reçut des conseils de Field pour ses composi-
tions de piano, et le jeune artiste dédia à ce
maître son concerto en fa, morceau d'une
prodigieuse difficulté. La famille partit de
Moscou au mois de jeuillet 1830, voyageant
avec lenteur, à cause du choléra, et s'arrêta
longtemps dans la Gallicie, où elle rencontra
Lipinski : elle n'arriva à Cracovie qu'au mois
d'octobre 1831. L'année suivante, elle recom-
mença ses voyages en se dirigeant sur Vienne,
et depuis lors elle a visité la Hongrie, la plus
grande partie de l'Allemagne, la Suisse, l'An-
gleterre et une partie de la France. (Voyez les
notices suivantes de chacun des membres de
la famille Kontski devenus artistes.)
KONTSKI (Charles), l'alné des quatre
frères de ce nom, n'a pas réalisé d'une ma-
nière complète les espérances qu'il donnait
dans son enfance comme violoniste. II s'est
fixé à Paris et s'y livre à l'enseignement de
son instrument. On a vu, dans l'article précé-
dent, qu'il a commencé l'étude de la composi-
tion à Pétersbourg, et qu'il reçut des leçons de
Bianchi concernant l'art d'écrire en musique.
Arrivé à Paris, il continua cette étude sous la
, direction de Reicha. Il a écrit quatre quatuors
pour deux violons, alto et basse ; deux quin-
tettes, dont le dernier est son œuvre 27 e , et
un sextuor pour deux violons, deux altos, vio-
loncelle et contrebasse, lequel obtint un succès
d'estime dans une séance publique où il fut exé-
cuté par lui et plusieurs des meilleurs artistes
de Paris. Les autres productions de M. Charles
Kontski sont : 1° Duo pour piano et violon,
op. 1. 3° Grand duo pour piano et violon sur
des thèmes de Schubert, op. 2. 3° Trois mélo-
dies originales pour piano, op^3. 4° Fantaisie
pour violon, op. 4. 5° Variations sur un thème
original.
KONTSKI (Antoine), pianiste distingué,
a vécu quelques années à Paris, puis a par-
couru l'Espagne, le Portugal, et a joué avec
succès à Madrid, à Séville et à Lisbonne. Après
un court séjour à Londres, il revint à Paris et
s'y livra à l'enseignement du piano. Plus
lard, il visita Berlin, Posen, Varsovie où son
talent produisit une profonde impression. Il
donna ensuite des concerts dans les villes
principales de la Lithuanie, de la Podolie et
de l'Ukraine. Arrivé à Pétersbourg, il s'y est
fixé comme professeur de piano. En 1857, il y
a organisé des séances pour l'exécution de la
musique classique. Les compositions ou ar-
rangements de cet artiste s'élèvent au nombre
d'environ cent cinquante œuvres de fantaisies,
variations, éludes, méditations et pièces de
salon et de concert.
KONTSKI (Stanislis) , troisième frère
des précédents, est fixé à Paris depuis l'arrivée
de sa famille en cette ville. Élève en partie de
son frère Antoine pour le piano, il ne s'est pas
élevé au même degré d'habileté ; mais il est
considéré comme un des bons professeurs de
son instrument. Il a publié environ vingt
œuvres de pièces légères, telles que valses,
marches, nocturnes, caprices, etc.
KONTSKI (AroLLiKAiBE), le plus jeune
des quatre frères, et violoniste imitateur de
Paganini, a obtenu de brillants succès dans
toutes les contrées européennes qu'il a par-
courues. La Pologne et la Russie ont retenti
des applaudissements qui lui ont été prodi-
gués. La partie la plus remarquable de son
talent consiste principalement dans la dexté-
rité de la main gauche. Son premier concert à
Pétersbourg fut donné au théâtre Michel, le
28 mars 1851. Dans l'année suivante, il visita
Moscou, puis il parcourut les diverses pro-
vinces de l'empire de Russie. De retour à Pé-
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KONTSKI - KOPRZIWA
tersbourg, il y reçut le diplôme de premier
violon solo de l'empereur de toutes les Russie*.
On a de cet artiste quarante-cinq œuvres pour
son instrument et pour le piano, soit publiées,
soit inédites. Il donne à quelques-uns de ses
morceaux avec accompagnement d'orchestre
ou de piano, le titre de poèmes musicaux. Sa
fantaisie sur les motifs de Lucie de Lammer-
moor, jouée par lui, a toujours eu beaucoup
d'applaudissements. On a publié sur M. Kont-
ski : Notice sur Apollinaire de Kontslci, sa
naissance } sa vie, ses œuvres, ses études
et ses succès jusqu'à ce jour, par Justin Du-
puy, Bordeaux, 1847, in-8».
KONWALYNKA (Paul), compositeur,
naquit à Sagolza, en Hongrie, dans la pre-
mière moitié du dix-septième siècle. Après
avoir demeuré quelque temps à Prague, puis
à Vienne, il voyagea et arriva jusqu'à Jéna,
où ses ouvrages lui firent la réputation d'un
musicien habile. En 1672, il y fit imprimer
un chant pour basse solo avec accompagne-
ment de viole da braccio y sur les paroles :
Christe, tibivivo,moriar; tibi, Christs, re-
surgam, etc.
KOPCZYNSKI (Jarcs), pianiste et com-
positeur amateur, est né en 1831, à Holadki,
propriété de sa famille, en Ukraine. Les pre-
mières leçons de piano lui furent données par
Ignace Platon Rozlowski (voyez ce nom). Arrivé
à Paris, il s'est livré à l'étude sérieuse de cet
instrument sous la direction de Charles-Valen-
tin Alkan. M. Kopczynski a écrit six éludes
pour le piano, dans le style brillant, trois ro-
mances sans paroles et plusieurs Mazoures,
KOPP (Geobces) , organiste à Passau, vers
Je milieu du dix-septième siècle, naquit en
Bohême et vécut longtemps à Prague. En
1059, il a fait imprimer à Passau, chez Geor-
ges Hœller, huit antiennes de la Yierge, de
sa composition. Walther cite aussi, dans son
Lexique de musique (p. 344), un œuvre de
messes a cinq et six voix, de cet artiste,
comme ayant été publié ; mais il n'indique ni
la date ni le lieu de l'impression.
KOPP (Le P. Annaé), religieux augustln,
né en Bavière, dans les premières années du
dix-huitième siècle, a fait imprimer un re-
cueil de musique d'église. de sa composition,
intitulée : Promptuarium musico sacrum,
consistant en deux messes à quatre voix, vio-
lons et orgue, deux offertoires, deux litanies de
la Yierge, un Te Deum, un Miserere, deux
Magnificat, deux Salve Regina, un Aima,
on Ave Regina, et un Regina 6'œ/t, Augs-
bourg, 1730, in-fol.
KOPPRASCH (Wesceslas) , bassoniste
attaché à la chapelle de Dessau, vers la fin du
dix -huitième siècle, était vraisemblablement
né en Bohême. Il a écrit pour le théâtre de
Dessau un opéra intitulé : Einer jagt den
Andern (L'un chasse l'autre). On connaît
aussi de sa composition : 1° Air avec varia-
lions pour basson avec orchestre, op. 1.
2° Concerto pour le basson, avec oréhestre,
op. 2. 3° Symphonie concertante pour deux
bassons, idem, op. 3. 4° Six valses pour le
piano, ibid.
KOPPRASCH (G.), fils du précédent, né à
Dessau, fut attaché d'abord à la musique d'un
régiment prussien , puis entra à l'orchestre
du théâtre royal de Berlin, où il se trouvait en
1834. On a de sa composition : 1° Six quatuors
courts et faciles pour quatre cors, Leipsick,
Kollmann. 2° Douze petits duos pour deux
cors, ibid. 3° Trois grands duos, idem) ibid.
4° Six sonates pour deux cors, deux trom-
pettes et trois trombones. Leipsick, Peters.
5° Soixante études pour cor alto (premier cor),
op. 5, ibid. 6° Soixante études pour cor basse
(second cor), ibid. Kopprasch adopta ces dé-
nominations de cor alto et cor basse d'après
la méthode de cor de Dauprat.
KOPRZIWA (Wekceslas), surnommé
Urtica, naquit à Brdloch, en Bohême, le
8 février 1708. Après avoir terminé ses éludes
à Prague, il fut nommé organiste et recteur
du collège à Czytolib; il en remplit les fonc-
tions pendant cinquante-sept ans. Il vivait
encore près de son fils à Czytolib, en 1787.
Koprziwa a composé beaucoup de musique
d'église qui est connue en Bohême sous le
nom d' Urtica , et qui est resiée en ma-
nuscrit.
KOPRZIWA (Chaules), fils du précé-
dent, fut un des meilleurs élèves du célèbre
organiste Segert. Il naquit à Czytolib, le
février 1750, et alla étudier la musique à
Prague. En sortant de l'école de Segert, il re-
tourna chez son vieux père, qui ne jouit pas
longtemps du plaisir d'admirer son talent,
car Charles mourut à l'âge de vingt-neuf ans,
le 10 mai 1785. Quoiqu'il ait si peu vécu, il a
écrit beaucoup de musique d'église, d'orgue
et de concert, où l'on remarque un génie
élevé. Parmi ses ouvrages, qui tous sont restés
en manuscrit, on peut citer : 1° Sept messes
solennelles. 2° Trois offertoires. 3° Trois
motets. 4° Douze symphonies. 5° Huit concer-
tos d'orgue, et un grand nombre de fugues et
de préludes. Il a formé plusieurs élèves dis-
tingués, au nombre desquels était son frère
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86
KOPRZIWA — KOSSMÀLY
cadet, Jean-Baptiste Koprziwa, qui lui suc-
céda comme organiste à Czytolib.
KORB (Jean-Pbédéiiic), né en Bavière, fut
organiste à Diessenho?en (Suisse), vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle. Il a fait imprimer
a Nuremberg, en 1756, une suite de pièces
pour le clavecin, intitulée : Musikalische Ge-
muthsergœtsung , bestehend in 6 Klavier-
parthien, première et deuxième parties, in«4°.
K.ORNACHER (L.), d'abord étudiant en
droit, devint ensuite élève de l'abbé Yogler,
et fit avec lui un voyage à Paris, en 1784. On
connaît sous son nom : 1° Chansons de l'école
de chant de Manheim, publiées à Mayence.
2° Premier concerto de clavecin, sans accom-
pagnement; ibid.; deuxième idem, Paris.
5° Sonates pour le clavecin, op. 1, 2 et 3;
ibid.
KOSOD (BiOrce-Possoholapj), docteur en
théologie, chapelain et prédicateur du châ-
teau, à Copenhague, naquit à Mariagor, dans
le Jutland, le 24 janvier 1752. Il est auteur
d'une dissertation historique et philosophique
intitulée; Jflusikens infleydelse paa Men-
nesket (Influence de la musique sur l'espèce
humaine), Copenhague, Niels Christensens,
1804, in-8° de 104 pages. L'auteur de cet
opuscule s'y livre à l'examen des effets moraux
de la musique chez les anciens et chez les
modernes.
KO S POT II (Othopt-Charles-Erdmank,
baron DE), né à Muhllroff, en Saxe, vers le
milieu du dix-huitième siècle, voyagea daus
sa jeunesse en Italie, puis eut le titre de cham-
bellan du roi de Prusse, et fut chanoine sécu-
lier à Magdebourg. Il mourut à Berlin, le
23 juin 1817. Depuis 1782, il s'est fait con-
naître avantageusement comme compositeur
par les ouvrages suivants : 1° Der Freund
deutscherSitten (l'Ami des mœurs allemandes),
petit opéra. 2° Der Irrwisch (le Feu follet).
5° Jdraste et Isidore. Des airs de ces deux
derniers ouvrages, arrangés pour le piano,
ont élé publiés à Berlin, par Rellstab. 4° Bella
t'f Fernando ou le Satyre. 5° Der Mœdchen-
marht zu Ninivc (le Marché de filles à Ni-
nive), 1795. 6° Le Pouvoir de V harmonie,
cantate exécutée à Berlin, à l'ouverture du
Concert d'amateurs. 7° Un oratorio écrit à
Venise el exécuté avec succès en 1787. 8° Chan-
sons à voix seule avec accompagnement de
piano; Brunswick/1795. 9° Symphonie à grand
orchestre (en so/), op. 22; Brunswick, Spehr.
10" Idem (en M),'op. 23, ibid. 1 1° Idem (en ré),
op. 24, ibid. 12" Six quatuors pour deux vio-
lons, alto cl basse, op. 8 j Oflenbacb, André.
13° Six trios pour violon, alto et basse, op. 1,
ibid. 14° Six quatuors pour flûte, violon, alto
et basse, op. 5, ibid. 15° Sérénade pour piano,
hautbois, deux cors de bassette et basson,
op. 19; ibid. 16° Six quatuors ponr deux vio-
lons, alto et basse, op. 10; Spire, Bossler.
17° Grande sérénade pour deux violons, deux
altos, deux cors, violoncelle et contrebasse,
op. 11 ; ibid. 18° Composizioni sopra il Pa-
ter noster, consistente en 7 tonale caraite-
ristiehe con un introduzione per 2 violini,
2 oboe, 2 corni, fagotto, viola et basso, op. 2 ;
Darmstadt, 1794. 19 e Concerto pour hautbois
et orchestre, ibid. Quelques quvertures de ses
opéras ont été aussi publiées. Kospoth a laissé
en manuscrit un Miserere à quatre voix et or-
chestre, qui est à la Bibliothèque de Berlin.
KOSSAK (Chaules-Ernest), critique de la
nouvelle école qui commença à se produire,
tant en France qu'en Allemagne, avec le ro-
mantisme. 11 naquit à Berlin, vers 1818. Une
brochure qu'il publia sous ce titre : Aphoris-
men iiber Rellstab's Kunstkritik (Aphorismes
sur la critique d'art de Rellstab), Berlin,
C.-W. Esslinger, 1846, fit quelque sensation
en Allemagne par sa hardiesse, et par son ton
tranchant el dogmatique. Il y professait des
doctrines musicales assez semblables à celles
de Richard Wagner. Quelques rédactions de
journaux recherchèrent alors la collaboration
de l'auteur de cet écrit; mais son feu s'était
épuisé dès le premier jet, et rien de lui depuis
lors n'a fixé l'attention.
KOSSMALY (Charles), compositeur et
écrivain sur la musique, est né en Silésie et a
fait vraisemblablement ses éludes musicales à
Breslau.En 1842, il était directeur d'orchestre,
de la chapelle de Detmold, et il occupa cette
position pendant plusieurs années. A la même
époque, il fournil à la Gazette générale de
musique de Leipsick quelques bons articles de
critique. En 1845, il était de retour à Breslau,
avec le titre de directeur de musique, et il fai-
sait exécuter quelques-unes de ses composi-
tions pour l'orchestre. Postérieurement on le
trouve à Sletlin où, toutefois, il ne parait pas
être resté. Les biographes allemands gardent
un silence absolu sur cet artiste. On a de lui
une sorte de supplément de la Biographie des
musiciens silésiens, publiée par C.-J. -Adolphe
Hoffmann, en 1830 {voyez C.-J. -Ad. Hoff-
mann). M. Kossmaly a eu pour collaborateur
M. Carlo, nom inconnu dans la littérature de
la musique. Aucun ordre systématique n'est
suivi dans la nomenclature des artistes dont il
est parlé dans cet ouvrage. Il parut en quatre
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KOSSMALY - KOZELUCH
87
suites dans chacune desquelles la succession
alphabétique recommence. M. Kossmaly a
donné à son livre le litre de : Schlesisches
Tonkunstler Lexikon, enthaltend die Bio-
graphie», aller Schlesischen Tonkunstler,
Cotnponisten, Cantoren, Organisten, Ton*
gelehrten, Textdichter, Orgelbauer, Instru-
mentenmacher, etc. Nebst genauer Angabe
aller Schlesischen musikalischen Institute,
Fereine, Musikschulen , Liedertafeln, etc.
(Dictionnaire des musiciens de la Silésie, ren-
fermant les biographies de tous les musiciens
silésiens, compositeurs, cantors, organistes,
théoriciens, postes lyriques, constructeurs
d'orgues, fabricants d'instruments, avec des
renseignements exacts sur toutes les institu-
tions musicales de la Silésie, académies, écoles
de musique, sociétés de chant, etc.), Breslau,
Ed. Trevent, 1846-1847, quatre suites in-8«,
formant un volume de trois cent trente-deux
pages. Le titre de Dictionnaire ne convenait
pas à cet ouvrage où Tordre alphabétique est
quatre fois interverti j mais les notices, parti-
culièrement celles qui sont signées du nom de
Kossmaly, sont faites avec soin et fournissent
des renseignements esacts. Comme composi-
teur, cet artiste a mis au jour plusieurs re-
cueils de chants à quatre voix (soprano, con-
tralto, ténor et basse), en partition; Breslau,
Leuckart. Des romances allemandes, avec ac-
compagnement de piano; Berlin, Kosmar,
1830; trois Lieder à voix seule, avec piano et
cor obligé; Leipsick, Wunder; d'autres Lie-
der avec piano et clarinette obligée; Gassel,
Appel ; des chants pour quatre voix d'hommes,
op. 10, etc.
KOSTHA BEN LOUKA (Kostha, fils
de Lucas), philosophe chrétien, arabe de nais-
sance, vécut dans la seconde moitié du neu-
vième siècle. Parmi ses ouvrages se trouve
un traité de musique, dont le manuscrit, indi-
qué par Casiri (Biblioth. arabico-hispana,
t. I, n° 420), existe à la Bibliothèque de l'Es-
curial.
KOTZWARA (Fbahçois), né à Prague, a
voyagé quelque temps en Allemagne et en
Hollande, puis s'est fixé à Londres en 1793,
et y est mort dans les dernières années du
dix -huitième siècle. On a publié de sa compo-
sition : 1° La Bataille de Prague pour piano,
violon et violoncelle , Berlin, Liscbke; Ham-
bourg, Bœhme. Ce morceau a été célèbre vers
la fin du dix-huitième siècle. 2° Trois sonates
pour piano et violon, op. 54, Oflenbach, An-
dré. 3" Trois sonates pour piano seul, op. 36,
jUanbcim, Hcckcl. 4° Sonate pour clavecin a
quatre mains, Amsterdam, 1785. 5° Sérénades
pour violon, alto, violoncelle et deux cors,
ibid. 6° Trois solos pour alto, Londres. Je me
souviens que ce bon KoUwara passa à Môns,
au printemps de 1702, et qu'il vint visiter mon
père. Il m'entendit jouer sur le piano des
sonates de Mozart. L'après-midi, il revint, ap-
portant sa Bataille de Prague, qu'il venait
d'achever, et qui obtint une grande célébrité
vers la fin du dix-huitième siècle ; je la lui
jouai immédiatement, accompagné par mon
père sur le violon et par lui sur le violoncelle.
Ravi de ce qu'à l'âge de huit ans, j'avais pu
jouer ce morceau à première vue, ce digne
homme me prit entre ses bras et- me prédit,
d'un air inspiré, plus de bonheur qu'il ne
m'en est avenu. Il jouait bien du piano, du
violon, du violoncelle, du hautbois, de la flûte,
du basson et du cistre. Pourtant, il ne parais-
sait pas être dans l'aisance. Il était en voyage
pour jouer à Londres la contrebasse au théâtre
du Roi et au concert de l'ancienne musique. Son
habileté à imiter le style des compositeurs les
plus en vogue de celte époque ,e fit employer
par les marchands de musique anglais à écrire
des pièces qu'ils publiaient sous les noms de
Pleyel, de Haydn et de Mozart (1). Kotzwara
aurait pu vivre dans l'aisance, mais ses pas-
sions pour le vin et pour les amours faciles le
mettaient souvent dans de grands embarras.
Vers la fin de 1703, on le trouva pendu dans
une maison suspecte de Chandos street (Co-
dent Garden). Une instruction criminelle fut
commencée contre les habitants de cette mai-
son, mais ils prouvèrent que la mort de Kotz-
wara était le résultat d'un suicide (2).
KOZELUCH (Jear-Artoinb), maître de
chapelle à Péglise métropolitaine de Prague,
et l'un des meilleurs compositeurs de la Bo-
hême, naquit à Welwan, le 13 octobre 1738.
Dès son enfance, il trouva un protecteur dans
le comte de Kolowrat, qui l'emmena dans ses
propriétés de Brzeznicz, et le plaça au collège
des jésuites en qualité de sopraniste. Il s'y
distingua par ses progrès dans la musique.
Après plusieurs années passées en ce lieu, il
alla continuer ses études à Prague et y apprit
les éléments de la composition. Cependant, la
nécessité de pourvoir à son existence l'obligea
à s'éloigner de cette ville, où il trouvait toutes
les ressources nécessaires à son instruction, et
à accepter une place de directeur de musique
à l'église de Rakonitz ; mais il n'y resta pas
(!) W. T. Partis, Musical Manoirs. T. I., p. 181.
(2) lb;>L
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KOZELUCH
longtemps, ayant été bientôt après nommé di-
recteur du chœur dans sa ville natale. Le désir
d'augmenter ses connaissances dans la mu-
sique lui fit quitter cette position, au bout de
quelque temps, pour retourner à Prague, où
il vécut d'abord comme simple basse chantante
à Saint-Vith et dans d'autres églises. Ce fut
alors qu'il fit de grands progrès dans Part
d'écrire, ayant eu le bonheur d'être accueilli
par le célèbre organiste Segert, qui lui donna
des leçons de contrepoint. Parvenu à la fin de
ses études techniques, il comprit la nécessité
de recevoir les conseils de quelque grand
maître pour les autres parties de l'art, et son
instinct lui persuada qu'il ne pouvait trouver
ce maître qu'à Yienne. Les petites économies
qu'il avait faites l'aidèrent à s'y rendre. II y
trouva dans ses compatriotes Gluck et Gas-
mann tout ce qu'il pouvait désirer sous les
rapports de l'expérience et du beau sentiment
de l'art : tous deux lui firent le meilleur ac-
cueil et lui prodiguèrent les enseignements
qu'il venait chercher près d'eux. Plus tard, il
apprit de nasse le mécanisme de la coupe des
morceaux de musique d'après la méthode ita-
lienne. De retour à Prague, Kozeluch y vécut
en donnant des leçons de chant et de clavecin
jusqu'à ce qu'il fût nommé directeur du chœur
de l'école de musique à l'église des religieux
de la Croix. Il y forma un grand nombre
d'élèves, parmi lesquels il s'est trouvé quelques
artistes distingués. Considéré comme le plus
grand musicien qui fût à Prague, Kozeluch ob-
tint, le 13 mars 1784, la place de maître de
chapelle de l'église métropolitaine, et il en
remplit les fonctions jusqu'à sa mort, arrivée
le 3 février 1814. Ses compositions lui ont fait
dans sa patrie la réputation d'un grand musi-
cien, et les artistes qui ont entendu ses ou-
vrages avouent que leur mérite n'est point
au-dessous de l'estime qu'on leur accorde à
Prague ; mais telle était la modestie de Koze-
luch, tel était son pur amour de la musique, qu'il
n'a travaillé que pour Part lui-même, qu'il ne
s'est jamais occupé de sa renommée, et que ses
productions sont inconnues à toute l'Europe.
Parvenu à l'âge de soixante-dix ans, il eut
pourtant, en 1801, la pensée de publier quel-
ques-unes de ses plus belles compositions pour
l'église; mais dans un pays si pauvre que la
Bohème, il ne put trouver un nombre de sous-
cripteurs suffisant pour couvrir les frais de
l'impression, et ce projet fut abandonné.
Parmi l'immense quantité d'ouvrages sortis
de la plume de Kozeluch , on remarque :
1° Alexandre aux Indes, grand opéra, re-
présenté à Prague, en 1774. 2? Démophon,
idem. 3° La Mort d'Abtl, oratorio. 4° Gioas
Re di Giuda, oratorio, exécuté à Prague, le
vendredi saint de l'année 1777. 5° Des messes
à quatre voix et orchestre pour tous les di-
manches et jours de fêle de l'année, avec les
graduels et offertoires. 0° Quelques messes
solennelles et grandes vêpres pour les solen-
nités de l'église. 7° Cinq messes de Requiem.
8° Cent seize graduels et offertoires. 9° Cent
quarante-sept motets pour toute l'année.
10° Des litanies de la Vierge et des saints.
11° Antiennes de la Vierge, Salve Regina et
Regina Casli, etc. La Bibliothèque royale de
Berlin possède de cet artiste les partitions ma-
nuscrits de deux messes solennelles, la pre-
mière (en mi bémol) pour quatre voix et orgue
obligé; l'autre (en ré majeur), pour quatre
voix et orchestre ; de plus, l'offertoire Bonum
est eonfiteri, à quatre voix et orchestre (en mi
mineur), et les motels Omni die Mari* me
laudes anima, et Hxe persona nobis dona,
également à quatre voix et orchestre.
Kozeluch a laissé un fils (Vincent), né à
Prague, bon maître de chant et de piano,
dont on a quelques bagatelles, entre autres
des Menuets pour le bal du Bretfeld, publiés
en 1797, et des danses allemandes, Prague,
Pollé, 1803.
KOZELUCH (Lkopold), né en 1754, à
Welwarn, en Bohême, fut un artiste d'instinct
qui aurait pu s'élever au plus haut degré de
l'art si, moins entraîné par sa facilité à pro-
duire, et moins occupé comme maître de
piano, il avait pu méditer avant d'écrire, et
développer, par des éludes sérieuses, la ri-
chesse d'idées qu'il tenait de la nature. Dès
l'âge de neuf ans, il apprit les éléments du
chant et du clavecin sous la direction de son
cousin Jean-Antoine, déjà très-babile musi-
cien à cette époque. Dans sa onzième année il
alla faire ses humanités à Prague, et pendant
ce temps il continua de s'instruire dans la
musique. Déjà il composait de petits mor-
ceaux pour le clavecin, où l'on remarquait de
la grâce et de la facilité. Après avoir achevé
ses cours de philosophie, de mathématiques
et de droit, il écrivit, pour le théâtre national
de Prague, la musique d'un ballet qui fut re-
présenté en 1771. Le succès qu'obtint cet
ouvrage l'encouragea et lui fit composer, dans
l'espace de six ans, vingt-quatre autres bal-
lets, trois pantomimes, et plusieurs airs et
chœurs introduits dans différentes pièces. En
1778, il se rendit à Vienne, où il se fit bientôt
connaître avantageusement par un très-grand
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KOZELUCH — KOZLOWSKÏ
80
nombre de compositions de tout genre. L'em-
pereur Joseph II le choisit pour maître de
piano de l'archiduchesse Elisabeth, première
femme de l'empereur François II. Cette cir-
constance fut la cause de sa fortune d'artiste,
car sa position à la cour lui fournit les moyens
d'obtenir, après la mort de Mozart (en 1792),
sa nomination de compositeur de la chambre
impériale; sinécure à laquelle était attaché
un traitement de quinze cents florins, et qui,
de plus, donnait de la considération à celui
qui la possédait. Le frère de Kozeluch avait
établi un magasin de musique à Yienne : il
fut le principal éditeur des œuvres du compo-
siteur. Celui-ci, pianiste distingué par le
goût et l'expression, avait une multitude
d'élèves dans les maisons les plus considé-
rables de Vienne : bientôt cette haute société
mit en vogue la musique de Kozeluch de pré-
férence à toute autre. Celte musique ne se
fait pas remarquer par un grand mérite de
facture ; on y trouve même bon nombre d'in-
corrections; mais la mélodie gracieuse, élé-
gante et facile y abonde. De là vient qu'elle
était recherchée par tous les amateurs. En
France, le prodigieux succès des œuvres de
Pleyel lui fut nuisible, et sa vogue y eut moins
de durée qu'en Allemagne. Aujourd'hui, cette
musique est complètement oubliée. Kozeluch
est mort à Vienne le 8 février 1814, cinq jours
après Jean-Antoine, son parent et son maître.
Le nombre des compositions de cet artiste
est immense. On y compte, parmi les opéras
et les oratoirios : 1° Mazet, petit opéra fran-
çais. 2° Didone abbandonata, opéra sérieux
italien. 3° Mosè in Egitto, oratorio écrit en
1787, et exécuté quatre fois à Vienne, au bé-
néfice des veuves d'artistes, par cent quatre-
vingts musiciens. 4° Judith, opéra sérieux,
écrit par ordre de l'empereur Léopold. 5° Ot-
tone, grand ballet héroïque, publié en parti-
tion pour le piano. 0P Les aventures de
Télémaque dans Vile de Calypso, tableau
caractéristique de musique, composé en 1708.
7° Debora et Sitar a } opéra sérieux. 8° Beau-
coup de cantates, dont une grande, à l'occasion
du couronnement de l'empereur Léopold II,
exécutée au théâtre national de Prague, le
G septembre 1791 ; Complainte de Denis à la
mort de Marie-Thérèse; Joseph; la Béné-
diction de l'humanité; l'Orage; la cantate
de PfefTel sur Thérèse Paradies, etc. 9° Beau-
coup d'airs détachés et de chœurs pour diffé-
rentes circonstances. Dans sa musique in-
strumentale, on cite : 10° Environ trente
symphonies à grand orchestre. Il en a été
publié deux à Paris, chez Sieber. 11° Deux
suites de pièces d'harmonie pour deux haut-
bois, deux clarinettes, deux cors, deux bas-
sons et contrebasse, Bonn, Si m rock. 13° Qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, op. 32
et 33, Paris, Naderman. 13° Concertos pour
piano et orchestre, n ot 1 à 11, Paris, Nader-
man; Offenbach, André. Il en avait écrit,
dit-on, plus de soixante, dont trois à quatre
mains. 14° Sonates et trios pour piano, violon
et violoncelle, au nombre de cinquante-sept,
op. 3, 6, 12, 21, 23, 28, 32, 33, 34, 30, 37,
40, 41, 42, 44, 40, 47, 48, 49, 50, 52. Man-
beim, Offenbach, Vienne et Paris. 15 e Sonates
pour piano à quatre mains, op. 4, 10, 11, 15,
19, 29, ibid. 16° Sonates pour piano seul,
op. 1, 2, 5, 7, 8, 9, 22, 30, 35, 58, 51, 53,
ibid. 17° Pièces faciles, caprices, etc , op. 43,
45, ibid. 18° Sept recueils de menuets, de dan-
ses allemandes pour piano, ibid. 19° Plusieurs
recueils de chansons allemandes et italiennes,
avec accompagnement de piano, ibid. 20° Six
concertos pour violoncelle. Deux seulement
ont été gravés. 21° Deux idem pour clarinette.
22° Deux idem pour cor de basse tte. 23° Trois
symphonies concertantes pour violon, alto et
violoncelle. 24° Symphonie concertante pour
deux pianos et orchestre. 25° Concerto pour
piano à quatre mains et orchestre. 20° Vingt-
quatre ballets et trois pantomimes, pour le
théâtre de Prague. La bibliothèque royale
de Berlin possède la partition manuscrite de
l'Oratorio de Léopold Kozeluch Mosè in
Egitto, en deux parties, composé en 1792.
KOZLOWSKÏ (Joseph) (1), né à Varsovie
en 1757, apprit dès son enfance la musique
dans la chapelle de l'église cathédrale de
Saint-Jean, dans celte ville, et montra de
bonne heure les plus heureuses dispositions
pour cet art. A l'âge de dix-huit ans, il entra
comme maître de musique dans la maison du
comte André Oginski, depuis lors palatin de
Traki, et ce fut lui qui donna les premières
leçons au jeune comte Michel Cléophas Oginski,
dont le nom est devenu plus tard si célèbre
dans les annales de la musique polonaise.
Dans un voyage qu'il fit en Russie, il y entra
au service militaire, et s'attacha au princ?
(I) Et non Koislowikyjtomme Gerber écrit ce nom, et
comme on le troure dans le Lexique universel de mu-
sique, publié par Schilling; encore moins Koloffsk;/,
objet d'un outre article du même Lexique, et qui n'est
qu'un double emploi. Il faut remarquer au surplusque les
noms polonais ont la terminaison en i, et non en y : c'est
ce qui les dislingue des noms russes et de ceux de la
Bohême. La plupart des biographes allemands et fran-
çais font une faute à cet égard.
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90
KOZLOWSKI
Dolgorouky, en qualité d'aide de camp, dans
la guerre contre les Turcs. Le prince Po-
tcmkin, favori de l'impératrice de Russie
Catherine II, ayant eu occasion de voir Koz-
lowski, fut frappé de sa figure prévenante, du
son agréable de sa voix et de son talent. Il
l'attacha à son service, le conduisit à Pélers-
bourg, et c'est depuis ce temps que le musicien
polonais s'est rendu célèbre comme directeur
de musique et comme compositeur. Ce fut lui
qui dirigea un orchestre de quatre cents musi-
ciens à la fêle somptueuse que Potemkin
donna à l'impératrice dans le palais de la
Tauride, à Pélersbourg. La fameuse polo-
naise qu'il composa à celte occasion, trans-
porta d'admiration la brillante assemblée qui
assistait à cette fête. Bientôt répandue dans
tout l'empire el dans la Pologne, elle y eut le
même succès; aujourd'hui même les Polonais
ne peuvent l'entendre sans émotion.
Après la mort de Potemkin, Kozlowski fut
appelé au service de la cour comme directeur
de musique des théâtres impériaux. Il en rem-
plit les fondions sous Calherine II, et sous
les empereurs Paul I« et Alexandre, jusqu'en
1821, pendant trente ans. Une atteinte d'apo-
plexie dont il fut frappé à celte époque, affai-
blit ses facultés, el l'obligea à demander sa
retraite -, elle lui fut accordée avec une pension
considérable, et il conserva le titre de conseil-
ler d'État qu'il avait reçu en récompense de
ses services et en considération de soh talent.
Dans l'espoir qu'un climat plus doux pourrait
iui rendre la santé, sa famille lui fit faire un
voyage en Pologne pendant les années 1822
et 1823; il en éprouva quelque soulagement;
mais le désir de retrouver de longues habi-
tudes le fit retourner à Pélersbourg en 1824.
Il y passa ses dernières années dans le repos
près de sa fille, harpiste d'un mérite distin-
gué, et mourut à l'âge de soixante-quatorze
ans, le 17 mars 1831.
La multiplicité des occupations de Kos-
lowski pour le service de la cour de Russie,
et le grand nombre de morceaux qu'il était
obligé d'écrire pour les fêles de tout genre, ne
lui permirent pas de travailler pour l'art,
comme il aurait pu le faire, s'il eût joui de
plus de liberté. Le nombre de chœurs, de can-
tates el de polonaises à grand orchestre qu'il
a écrit pour des occasions solennelles est im-
mense : on compte plus de six cents de celles-ci.
Les premières qu'il composa sont les meil-
leures; dans la suite on lui en demanda sur
des Ihèmes d'opéras français et italiens qui
plaisaient aux gens du monde, mais qui
n'avaient plus le cachet d'originalité natio-
nale, si remarquable, de ses premières pro-
ductions. Il a écrit aussi beaucoup de chan-
sons sur les vers de Derschawin, poète rtme
renommé pour ce genre. L'empereur Alexan-
dre aimait beaucoup les airs de Kozlowski, et
les faisait arranger pour les corps de musique
de sa garde. Parmi les ouvertures et choeurs
que ce musicien écrivit pour des drames, on
cite particulièrement les morceaux qu'il in-
troduisit dans la tragédie de FingaL Hais le
meilleur ouvrage de Kozlowski est, de l'aveu
de tous les artistes, la messe de Requiem à
quatre voix et orchestre qu'il écrivit en 1798
pour le service funèbre du dernier roi de
Pologne Stanislas Auguste Ponialowski, et
qui fut exécuté à Pélersbourg par un grand
nombre d'artistes distingués. Cette messe a
servi depuis lors (le 20 novembre 1804) pour
les obsèques de Jarnowick. La partition de
cet ouvrage a été imprimée chez Breitkopf et
II «er tel à Leipsick. On a publié à Berlin, chez
Lischke, huit polonaises de Kozlowski, arran-
gées pour le piano. On a aussi gravé de sa
composition à Prague, en 1797 : Six polonaises
à grand orchestre, et un recueil de polonaises
pour le piano.
KOZLOWSKI (Igxace-Platoh) , né en
1786, à Winniça, petite ville de la Podolie,
est un des bons professeurs de piano et com-
positeurs polonais pour cet instrument. Dans
sa jeunesse, il se rendit à Pélersbourg el y re-
cul des leçous de Field. Ses études terminées,
il s'établit d'abord comme professeur dans sa
ville natale, puis en Ukraine, el visita Varso-
vie, où il écrivit un opéra, intitulé : MaryUa y
qui ne fut pas représenté. De retour en Russie,
il se livra pendant plusieurs années à l'enseigne-
ment, à Pélersbourg et â Moscou. Devenu
riche par le produit de ses leçons, il forma le
projet d'établir un Conservatoire de musique a
Winniça, et déjà Pourvoyait s'élever les murs
de cette école, lorsque des obstacles imprévus
en arrêtèrent la construction. Conlrarié dans
ses vues, Kozlowski s'éloigna du lieu de sa
naissance et se rendit à Odessa, où il séjourna
quelque temps. Il quitta ensuite celte ville, et
depuis lors les renseignemenls précis man-
quent sur sa personne. Cet artiste a publié de
sa composition : un recueil de mélodies sur des
paroles polonaises, avec accompagnement de
piano, qui a rendu son nom populaire dans sa
patrie; une rêverie intitulée : VumaoKosins-
kim; plusieurs polonaises pour le*piano, et
l'ouverture de son opéra, arrangée pour cet
instrument, et gravée à Odessa ; mais l'ou-
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KOZLOWSKÏ — KRiEHMER
91
vrage le plus important de Kozlowski est une
méthode de piano (Sykola na Fortepian) qui
renferme de bons aperçus concernant ren-
seignement pratique et Part de nuancer le jeu
de cet instrument.
KOZMANECZKY, en latin RÔZ
MANCZIUS (Wexceslas), naquit à Czaslau,
en 1608. Il apprit dans sa jeunesse le latin et
la musique à Bœmisch-Brod. Plus tard, il em-
brassa le catholicisme, et alla étudier la phi-
losophie et la théologie chez les jésuites à
Prague. Ses connaissances musicales et litté-
raires le firent bientôt distinguer. Il fut nommé
directeur de musique de l'église de Saint-Henri,
puis de celle de Sainl-Élienne à Prague, où il
resta depuis 1044 jusqu'en 1653. L'année de
sa mort est inconnue. Plusieurs morceaux de
sa composition sont conservés au couvent de
Strahow.
KRACHER (Jean-Mathieu), né à Jttattig-
hofen, en Autriche, le 30 janvier 1752, entra
comme enfant de choeur au couvent de Fursten-
zell, près de Passait. Il y remplit ensuite les
fonctions de chantre. En 1772, il' fut nommé
organiste au couvent de Scekirchen, près de
Salzbourg, et il y demeura plus de quarante
ans. On ignore l'époque de sa mort. A défaut
de maître de composition, il avait appris l'art
d'écrire dans des partitions qui lui étaient prê-
tées par Michel Uaydn. Gerbcr indique les
productions suivantes de cet artiste comme
existant déjà en manuscrit dès Tannée 1803 :
3° Vingt-deux messes de différents genres pour
plusieurs voix et instruments. 2* Quatre Re-
quiem. 3° Vingt-quatre graduels. 4° Six offer-
toires. 5° Quatre litanies de la Vierge. 6° Deux
Te Deum. 7° Six leçons des ténèbres. 8° Vê-
pres de la Vierge. 0° Vingt Hymnes des vêpres
et autres motels.
KR^EGEN (Charles), professeur de piano
et compositeur, naquit à Lcmberg, en 1797,
se fixa à Dresde vers 18*0 et se livra à l'en-
seignement de son instrument. En 1824, il
établit dans cette ville des cours de piano
d'après la méthode de Logier : il a écrit pour
ces cours des morceaux de piano à quatre
mains. Krœgen vivait encore en 1840; mais il
est mort peu de temps après. Ses ouvrages les
plus connus sont ceux-ci : 1° Grande polonaise
brillante pour le piano, op. 1 ; Posen, Ste-
fanski. 2° Pièces pour physharmonica et piano
à quatre mains ; Leipsick, Hofmeisler. 3° Trois
polonaises pour piano à quatre mains, op. 9;
Leipsick , Whistling. 4° Rondeau polonais
pour piano à quatre mains, op. 12; Leipsick,
Brcilkopf et Haerlcl. 5° Polonaise brillante
idem, sur des thèmes de l'opéra d'Aubcr, la
Muette de Port ici, op. 13 ; ibid. 0° Trois po-
lonaises pour piano à quatre mains, op. 15;
Leipsick, 'Whistling.
KR/EI1MER (Caroline), née SCHLEI-
CHER, a vu le jour, le 17 décembre 1794, à
Stokach , sur le lac de Constance, et à cinq
lieues de cette ville. Son père, bon musicien et
bassoniste habile, était chef de musique d'un
régiment; plus tard, il entra dans la chapelle
du duc de Wurtemberg et sa famille le suivit
à Sluttgard. Caroline et sa sœur aînée appri-
rent à jouer du violon chez Baumiller, musi-
cien de la cour. Lorsque la première «ut
atteint l'âge de neuf ans, son père lui enseigna
la clarinette ; choix bizarre d'instrument pour
une personne de son sexe. Les deux sœurs
ayant atteint le degré d'habileté que leur père
désirait leur voi r posséder, celui-ci donna sa dé-
mission de sa place, afin de voyager avec elles
dans le Tyrol et en Italie ; mais la guerre mit
obstacle à ce dessein, et obligea cette famille
d'artistes à borner ses courses au Tyrol et à la
Suisse. Pendant plusieurs années ils restèrent
à Zurich, où la société de musique les avait
engagés pour les concerts permanents. Plus
tard, ils se fixèrent dans la petite ville de Bade
pour le service de la musique d'église et de
théâtre. Caroline continuait de jouer du violon
et de la clarinette : quelquefois elle dirigeait
l'orchestre. De nouveaux voyages ayant été
entrepris par sa famille, elle se trouvait à
Augsbourg lorsqu'elle eut occasion d'entendre
Rode, dont le talent fit sur elle une impression
qui exerça beaucoup d'influence sur ses pro-
grès. Le mauvais état de la santé du père de
celle jeune virtuose l'ayant obligé d'accepter
une place fixe de musicien à Pforzheim, sa
fille l'y suivit. Elle ne quitta celle ville qu'en
1819 pour se rendre à Carlsruhe, où elle prit
des leçons de piano, tandis qu'elle perfection-
nait son talent sous la direction de Fesca, et
qu'elle apprenait l'harmonie chez le maître de
chapelle Danzi. Après deux années de séjour
dans cette ville, elle recommença ses voyages,
visita beaucoup de villes où elle se fit entendre
avec succès, et arriva à Vienne, au mois de
février 1822. Des applaudissements unanimes
y furent accordés à son double talent de violo-
niste et de clarinettiste dans les concerts
qu'elle donna aux théâtres An der Wien et
de la Porte de Carinthic. Ce fut dans cette
ville qu'elle épousa Krffihmer, artiste de la
chapelle impériale (voyez l'article suivant).
Depuis lors, elle a fait plusieurs voyages avec
son mari, et partout elle a été applaudie avec
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9i
KR/EHMER — KR.EMER
enthousiasme. On a gravé de sa composition :
Sonatine pour piano et clarinette, Vienne,
Leidesdorf. Après la mort de son mari, ma-
dame Kraehmer ne s'est plus fait entendre
que dans un concert donné a Vienne, au mois
dé février 1830 : elle y joua avec ses deux fils
un trio de sa composition pour clarinette, piano
et violoncelle.
KRAEHMER (J.-Ebwest), premier haut-
boïste du théâtre de la cour de Vienne, et mu-
sicien de la chambre impériale, est né à
Dresde, le 30 mars 1705. Dans son enfance, il
apprit presque seul à jouer de plusieurs in-
struments. A Page de onze ans, il entra dans
l'Institut militaire d'Annaburg et s'y livra
avec ardeur à l'élude de la musique. Deux ans
après, il joua dans un examen public un con-
certo sur la flûte et un autre sur la clarinette,
et l'année suivante il en joua un sur le basson
et un autre sur le hautbois. De retour chez ses
parents à l'âge de quinze ans, il fut placé chez
Krebs, musicien de la ville, qui, voulant es-
sayer ses forces, lui fit jouer un concerto sur
chacun des quatre instruments qui' viennent
d'être nommés. Kummer et Jackel, artistes de
beaucoup de mérite, et musiciens de la
chambre du roi de Saxe, lui donnèrent ensuile
des leçons de hautbois pendant trois ans, et
développèrent son talent qui, depuis lors , est
devenu remarquable. Les événements de la
guerre, au commencement de 1814, l'obligè-
rent à prendre les armes comme volontaire;
mais une inflammation de poumons, occa-
sionnée par des jnarches forcés, le fil mettre
à l'hôpital, et bientôt après, il obtint son congé
comme invalide. Invité alors à prendre pos-
session d'une place de hautboïste au théâtre
de la cour de Vienne, il se rendit dans cette
ville et y arriva au mois de février 1815. Au
mois de septembre 1822, il a reçu sa nomina-
tion de musicien de la chambre. C'est dans la
même année qu'il est devenu l'époux de la cé-
lèbre clarinettiste mademoiselle Schleicher,
avec qui il a fait depuis lors des voyages en
Russie, en Hongrie, en Bohême et dans diverses
parties de l'Allemagne, où son talent a obtenu
de brillants succès. Krtebmer n'est pas seule-
ment un hautboïste de première force; il se
distingue aussi sur le Czakan, instrument à
vent d'origine hongroise, dont il joue avec une
habileté extraordinaire, et pour lequel il a
écrit une méthode, suivie d'exercices et d'une
table des cadences dans tous les tons, intitu-
lée : JVeueste theoretische und praktische
Czakanschule, nebst 50 fortschreilenden Ue-
biinysliicken , etc., Vienne, Diabelli. Une
deuxième édition a été publiée en 1830-183*7,
trois parties in -fol., chez le même éditeur.
Cet ouvrage est l'œuvre 31 e de Kraehmer.
Kraehmer était compositeur; il avait écrit la
plupart des morceaux qu'il exécutait dans les
concerts : toute cette musique est restée en
manuscrit. Cet artiste est mort à Vienne, le
10 janvier 1837. Il eut deux R\$ y Charles, pia-
niste, et Ernest, violoncelliste, qui ne se sont
pas élevés au dessus du médiocre.
KRjEMER (Georges-Louis), né à ïïofen-
Neuhaus, dans le Wurtemberg, en 1731, était
un habile facteur d'orgues, qui vivait à Bam-
berg, en 1783. Il a perfectionné quelques dé-
tails de son art.
KRyEMER (J eau -Paul), facteur de clave-
cins et de pianos, naquit en 1743 â Juchsen,
village du duché de Saxe-Meinungcn. Après
avoir fait son apprentissage dans la fabrica-
tion des instruments à Gross-Breitenbach, en
Thuringe, il alla s'établir à Gorttingue, et
l'excellence de ses clavecins lui fit bientôt
une brillante réputation dans toute la Saxe et
le Hanovre. Ses instruments étaient recher-
chés comme ceux de Stradivari ou de Guar-
neri le sont parles violonistes. Sans être mu-
sicien, il avait un sentiment délicat de ce qui
constitue la beauté du son et l'accord le plus
pur. En 1786, aidé de son fils aîné, il fit ses
premiers grands pianos, précisément à l'épo-
que où Stein se livrait aussi à Augsbourg à la
fabrication de ce genre d'instruments,* bien-
tôt Krœmer vit ses pianos recherchés comme
l'avaient été autrefois ses clavecins. En 1806,
ses fils se séparèrent de lui et fondèrent une
fabrique en leur nom. Seul, il continua encore
de produire quelques instruments, mais avec
moins d'activité. Il cessa de vivre le mars
1819.
KRyEIUER (Jean-Ciibétien-Fiiédéiiic), ne
à JUchsen, le 10 février 1770, et KRjEMER
(Georges- Adam), né à Gœllingue le 20 décem-
bre 1775, tous deux fils du précédent, ont
fondé en 1800 une fabrique de pianos sous la
raison sociale les frères Krxmer. D'après
l'opinion de l'auteur d'un article qui les
concerne, dans le Lexique universel de mu-
sique publié par Schilling, leurs instruments
égalent ou surpassent même ceux des meil-
leures fabriques de Paris et de Londres.
J'ignore ce qu'il peut y avoir d'exact dans
celle assertion ; toutefois, il est permis d'en
apprécier la valeur, lorsque cet auteur ajoute
que Streicher, Graff et Schiedmann sont pour
l'Allemagne méridionale, ce que les frères
Krœmer ont été longtemps pour le nord de co
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KR^MER - KRAFFT
93
pays. Georges-Adam ayant cessé de vivre le
20 mars 1826, son frère est resté seul chargé
de la direction de la fabrique. Ce dernier,
élève du célèbre historien de la musique
Forkel , passe à bon droit pour musicien
instruit.
KR;EMÉRIIOF (Jeas-Giiliaume), fac-
teur d'orgues à Dusseldorf, depuis 1801, s'est
fait connaître avantageusement par le grand
orgue de l'église Saint-Lambert, à Oldenbourg,
qu'il a achevé dans celle même année. Cet in-
strument est composé de quarante-six jeux,
quatre claviers et pédale.
K1MEUTER (Philippe-David), cantor et
directeur de musique de l'église Sainte-Anne,
à Augsbourg, est né en celte ville, le 14 août
1G90. En 1712, il institua un concert d'ama-
teurs qui eut pour effet d'étendre le goût de la
musique à Augsbourg, où il était alors peu
répandu. Ce concert n'a cessé d'exister qu'en
1779. Krœuter était mort en 1741, laissant en
manuscrit des messes, graduels, offertoires,
vêpres et motets pour tous les dimanches et
fétes de Tannée.
KltAFF (Michel), compositeur du dix-
septième siècle, né dans un village de la
Franconie, suivant l'avertissement de son re-
cueil de messes à douze voix, et, selon toute
probabilité, vers 1580, n'est connu que par les
ouvrages suivants : 1° Die neun Musen, mit
8 Stimmen und Generalbass (les Neuf Muses,
à huit voix et basse continue), Dillingen,
161G. On trouve à la bibliothèque royale de
Munich un exemplaire du même ouvrage avec
ce titre latin : Musse novae octonis vocibus,
cum duplici bosso ad organum. Sanctx
Missx sacrificio, horis vespertinis et cœlibus
festivehonorandisaccomomodatXfDïïUngen,
apud Greg. lïaculinum, 1610, in-4°. 2° .Vissa?
12 vocum, op. 6, 1624. 3° Sacri concentus 2,
3, 4, 7 voctim, Kavensbourg, 1624.
KRAFFT (Jeaîi-Frédéric), né à Dona-
wert (Bavière), en 1698, fit ses éludes littéraires
et musicales au couvent de Benedictbeuern.
Dans la première édition de cette Biographie
des musiciens, je l'ai confondu à tort avec les
Krafft de la Belgique. Feu mon excellent ami
Joseph Stunz, maître de la chapelle royale de
Munich, qui a bien voulu m'atder dans mes
recherches sur les musiciens bavarois, m'a
fourni sur cet artiste les renseignements qu'on
trouve ci-dessus, et y a ajouté que Jean-Fré-
déric Krafft fut directeur de musique de
l'église des Jésuites d'Augsbourg, et que dans
ses dernières années il se relira chez sa fille,
mariée à Ascbaffenbourg , où il mourut le
29 juillet 1755. Il a publié de sa composition :
Sex Mis sx brèves pro quatuor vocibus cum
organo obligato, op. 1, Augsbourg, Lotter. 11
a laissé en manuscrit des messes allemandes
avec deux violons et orgue, des psaumes, des
hymnes et des litanies avec petit orchestre.
KRAFFT. Trois musiciens de ce nom, et
qui ont pour prénom François, sont nés à
Bruxelles à la même époque. Il est difficile de
les distinguer dans les positions qu'ils ont oc-
cupées ainsi que dans leurs œuvres. M. Xavier
Van Elewyck (voyez ce nom), amateur distin-
gué de musique, à Louvain, qui s'est livré,
comme mol, à des recherches patientes sur ces
artistes, a trouvé pour résultat les faits sui-
vants :
KRAFFT (François- Joseph), né à Bruxel-
les, le 22 juillet 1721, était fils de Jean-Lau-
rent Krafft et de Marie Aubersin. Il fut enfant
de chœur à Gand dans le même temps que
Terby, de Louvain, chef et aïeul de la famille
d'artistes de ce nom. M. Thys dit (1) que
Krafft a étudié en Italie, et qu'il y obtint un
prix dans un concours pour la composition
d'un motet (In convertendo Dominus) j mais
cela ne peut être exact, car, pendant le dix-
huitième siècle, il n'y eut en Italie de concours
que pour des places de maître de chapelle.
M. Van tlewyck pense que François-Joseph
Krafft succéda à son père dans la place de
maître de chapelle de l'église Notre-Dame du
Sablon ; Gerber dit, dans son Premier Lexique
des musiciens (l. I, p. 751), qu'il occupait
celte place en 1760 ; le Dictionnaire des musi-
ciens de Choron et Fayolle le copie en cela ;
cependant Krafft, dont le nom se trouve parmi
ceux des compositeurs de musique et des orga-
nistes et professeurs de clavecin dans l'espèce
d'almanach qui a pour titre : le Guide fidèle
contenant la description de la ville de
Bruxelles, etc. (Bruxelles, J. Moris, 1761 ,
in-12), n'y figure pas dans la liste des maîtres
' de chapelle ou directeurs de musique (p. 79),
composée des noms de Croes, Van Ilelmont,
Godecharle, Moris cadet et Delhaye. A celle
époque, Crocs était maître de la chapelle
royale ; Van Helmont, de Sainte -Gudule ; Jac-
ques-Antoine Godecharle, de Saint-Nicolas;
Delhaye, de Noire-Dame du Sablon, et Moris,
de l'église du Finistère. VMmanach nouveau
pour Vannée 1766, ou le Guide fidèle, etc.
(p. 78-79) reproduit encore le nom de Krafft
parmi les compositeurs, organistes et profes-
seurs du clavecin, mais on ne le trouve pas dans
(I) lu Sociétés chorale* en Belgique } %< édit., p. 20*.
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94
KRAFFT
la liste des directeurs de musique et maîtres de
chapelle, composée de cette manière : Croes,
Van Helmontj Delpier, Godeeharle, Del-
haye, Brenqué, Morts cadet } Sincq et Pau-
tcels. Ce dernier, père du compositeur de ce
nom, était chanteur' de la chapelle royale et
dirigeait la musique à l'église des Riches-
Claires; Delpier était à l'église du Béguinage.
Or, Krafft quitta Bruxelles deux ans après
celle date de 1766; il ne fut donc maître de
chapelle ni de Notre-Dame du Sablon, ni d'au-
cune autre église de cette ville. On voit dans
les registres de l'état civil qu'il épousa, à
Bruxelles, Jeanne-Catherine JfiUems, le
janvier 1768; il était alors âgé de près de
quarante-sept ans. Après cette époque on ne
trouve plus de traces de son existence à
Bruxelles, ni de celle de sa femme dans les re-
gistres de l'état civil, parce qu'il alla prendre
alors possession de la place de maître de cha-
pelle de l'église Saint-Bavon, à Gand. Il esi
certain qu'il occupait celte place en 1772, car
M. Van Elewyck a trouvé à Malines une pièce
authentique dans laquelle on voit que le ma-
gistrat de cette ville lui paya les frais de son
voyage de Gand à Malines, où il était venu
comme membre du jury d'un concours de ca-
rillon et d'orgue. Il mourut dans cette position ,
le 13 janvier 1705, suivant un registre de la
paroissede Saint-Bavon, où on lit : \5januarii
1795 sepultum est cadaver Francisci Krafft
mariti Joannx Catharinœ ÎVillems, /m jus
eathedralis EccUsix Pkonasci qui obierat
13 hujusdem, medio octavx vespcrtinœ,xta-
tis su* anno 67 m0 . II y a erreur ici dans l'in-
dication de l'âge de cet artiste au moment de
son déoès, car Krafft avait alors soixante-qua-
torze ans moins quelques mois. Il ne peut y
avoir de doute sur l'identité de François-Jo-
seph Krafft avec le maître de chapelle de
Saint-Bavon, bien qu'il ne soit nommé que
François dans la mention authentique de
ses funérailles, car il s'agit de l'époux de
Jeanne-Catherine "Willems. La liste de ses
compositions pour l'église, tirée des archives
de Saint-Bavon, se compose de la manière sui-
vante : 1° Te Deum à huit voix et orgue (en
ut majeur), daté de 1769. 2° Messe à cinq voix
et orgue, 1771 . 3° Ecce panis, duo pour alto et
lénore (en rè majeur),, à grand orchestre, daté
de Bruxelles, 1774. Il est vraisemblable que ce
morceau appartient à un autre musicien du
même nom, dont il sera parlé tout à l'heure.
4° Te Deum à huit voix et orgue (en ré ma-
jeur), Gand, 1774. 5° Te Deum à huit voix cl
orgue (en la mineur), 1774. 6° Confitebor tibi,
chœur avec orchestre (en ré majeur), 1776.
7° Messe à cinq voix et orgue (en la mineur),
1776. 8° Beatus vir, chœur avec orchestre
(en ré majeur), 1777. 9°Dixit, à petit orchestre
(en fa majeur), 1783. 10° Laudate pueri à
petit orchestre (en mi bémol), 1789. 11° Quis
sicut Dominus à cinq voix et orgue (en sol
majeur), 1786. 12 e Ave Hegina Cœlorum à
petit orchestre (en ré majeur), 1787. 13° Zar-
tatus «*m, chœur et grand orchestre (en sol
majeur), 1789. 14° Dixit à six voix et grand
orchestre (en ut majeur), 1789. 15° Laudate
pueri, chœur et grand orchestre (en ré ma-
jeur), 1790. 16° Idem, idem (même ton), 1791 .
17° Messe à quatre voix et orgue (en ré mi-
neur), 1791. 18° O Sacrum Convivium pour
ténor et basse, à grand orchestre (en fa ma-
jeur), 1792. 19° Idem à huit voix et grand or-
chestre (en ré majeur), 1792. 20° Jve^erum,
chœur et orchestre (en fa majeur), 1792.
21 e O Salutaris h cinq voix et orchestre (en
fa majeur), 1792. 22° Messe à petit orchestre
(en sol majeur), sans date. 23° Messe à huit
voix et orgue (en ré mineur), idem. On con-
naît, en oulrc, de François-Joseph Krafft le
motet Super flumina Dabylonis, charmante
composition à cinq voix, chœur et orcheslre
dans le slyle dePergolèse : suivant la tradition,
cet ouvrage lui aurait fait obtenir la place de
maître de chapelle à l'église du Sablon de
Bruxelles, et serait au nombre de ses pre-
mières productions; In convertendo Dominas,
motet qu'on croit avoir été écrit en Italie dans
un concours; les Sept psaumes de la péni-
tence, pour chœur et orcheslre (à la cathédrale
de Gand) ; In exitu Israël, dernier ouvrage
de l'artiste et qui, suivant M. Thys (loc. cit.),
ne fut achevé que quatre jours avant sa mort
(1795). M. Van EleWyck considère aussi comme
appartenant à François-Joseph Krafft six
messes et trois motels qui sont à la paroisse
de Notre-Dame à Saint-Nicolas (Flandre orien-
tale) et proviennent de la vente de la collection
de musique de Terby (père), de Louvain. Elles
portent le nom de François Kra/ft, mais sans
indication de lieu et de date. Ces compositions
ont pour litres : Cum invocarem, motel avec
orcheslre divisé en huit morceaux; Slat in
cœlo (en ré), idem; Voces Ixtx (en ré), idem ;
Missa sotemnis, à quatre voix et orcheslre ;
Missa solemnis (sans indication de ton),
idem; Messe de requiem (en /a), idem ; Missa
solemnis (en ré), idem; Missa solemnis
(en sot), idem; Messe (en la), idem. Bien
ne prouve toutefois que plusieurs de ces
ouvrages n'ont pas clé composés par un des
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KRAFFT
9S
autres musiciens dont les DOlices suivent celle-
ci. Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que
François-Joseph Krafft futun artiste de grand
mérite, et qu'il eût une brillante réputation
dans les Pays-Bas. Une question reste incer-
taine à son égard, à savoir si son père, Jean-
Laurent, était musicien et fut un ancien
maître de chapelle de l'église du Sablon de
Bruxelles qui portail le nom de Krafft. Un de
mes plus anciens souvenirs est que je fis mon
début comme organiste à l'âge de huit ans, en
1792, à l'église du chapitre de Sainte-Waudru,
à Mons, et que j'accompagnai un motet de
Krafft sur une partie de basse chiffrée dont le
papier jauni par le temps et l'ancienne nota-
tion sont encore présents à ma mémoire, et
indiquaient certainement une époque alors
plus reculée de soixante-dix ou quatre-vingts
ans. Le motet était écrit pour quatre parties
vocales, basse instrumentale exécutée par un
violoncelle et une contrebasse, et partie d'orgue
pour l'accompagnement. L'auteur de ce mor-
ceau, sans aucun doute pour moi, avait pré-
cédé François-Joseph. Ma conviction intime
est que les artistes de ce nom étaient Alle-
mands d'origine. M. Dupuis, employé de l'état
civil à l'hôtel de ville de Bruxelles, qui a bien
voulu faire des recherches pour moi à ce su-
jet, m'a affirmé qu'avant 1 731 , il n'a pas trouve
trace d'une famille Krafft dans celle ville.
KRAFFT (Jeaïi-Fraïiçois) , fils de Tho-
mas-Jean et d'Elisabeth VanHelmont, naquit
à Bruxelles, paroisse de Sainte-Gudule, le
7 juillet 1732, et mourut dans la même ville,
le 10 décembre 1800.
KRAFFT (Frakçois) , deuxième (ils de
Thomas-Jean et d'Elisabeth Van Helmont, et
frère du précédent, naquit le 5 octobre 1733 :
on n'a pas trouvé la date de sa mort dans les
livres de l'état civil de Bruxelles. Celui-ci me
parait avoir été compositeur et maître de
chapelle à Bruxelles postérieurement au départ
de François-Joseph et à son établissement a
Gand comme maître de chapelle de Saint-
Bavon. Je tire celte induction de plusieurs faits
qui semblent hors de contestation. Malheureu-
sement les volumes du Guide fidèle publiés
après celui de 17G7 ne renferment pas les ren-
seignements qu'on trouve dans les précédents
sur les compositeurs et maîtres de chapelle de
Bruxelles, et la disparition des archives de
l'ancienne fabrique de l'église Notre-Dame du
Sablon rend toute vérification impossible en ce
qui concerne la maîtrise de celte chapelle.
Une seule induction se tire des Fermischle
JVachrichten die schœnen Kiinste betreffend
des Unterhaltungen de Hambourg (ann. 1706,
n° 3) : on y voit que François Krafft, de
Bruxelles a publié récemment trois sonates
pour le clavecin, à Francfort-sur-!e-Mein.
D'autre part, Gerber indique sous le même
nom six quatuors pour deux violons, allô et
basse publiés à Nuremberg en 1761, sous le
litre <\e symphonies, six duos pour deux flûtes,
imprimés dans la même ville, ainsi qu'une
ariette italienne avec deux violons et basse.'
Or, on a vu dans l'article précédent qu'en
1761 jusques et y compris 1767, François
Krafft est à Bruxelles comme organiste, pro-
fesseur de clavecin et compositeur : il n'est
donc pas en Allemagne et n'y publie pas de
musique de sa composition. Je dois à l'obli-
geance de M. Xavier Van Elewyck "la connais-
sance du litre exact de l'œuvre de six divertis-
sements pour clavecin et violon de François
Krafft indiqué sommairement par Gerber j le
voici : Sei Divertimenti per it cembalo da
sonarsi con un violino solo o pure senza.
dedicati alV eccellenza del Sig re Barone di
ed in Dalberg etc. Composti da Francisco
Krafft di Bruxelles, maestro di cappella, e
compositore di musica. Op. quinta. Si ven-
dono in Brusseles, appresso Vautore-, — da
J.-J. Boucherie, Stampatore e Libraio, nella
strada del Imperadore. A liegi, da Bene-
detlo Andres intagliatore, etc. Il y a sur ce
titre quelques observations qui tendent à prou-
ver que l'ouvrage n'appartient pas à François-
Joseph Krafft, mais bien à un autre artiste dont
le prénom était simplement François. Remar-
quons d'abord que cet œuvre est dédié au
baron de Dalberg, et que la dédicace se fait
chez ce seigneur : AlV eccellenza del
Sig Tt Barona di ed in Dalberg. Or ce baron
de Dalberg, grand amateur de musique, et
frère aîné d'un écrivain sur cet art et compo-
siteur, n'est autre que celui qui devint plus
tard prince Primat de la confédération du
Rhin : sa seigneurie était située près de
Worms. C'est là que fut faite la dédicace. Il
est plus que vraisemblable que l'auteur de
l'ouvrage est le même qui avait vécu en Alle-
magne pendant plusieurs années et y avait
publié ses compositions. De plus, cet auteur
prend le litre de maître de chapelle, et son
ouvrage se vend chez lui, à Bruxelles ; mais on
a vu, dans l'article précédent, que François-
Joseph n'eut ce titre qu'après avoir obtenu la
maîtrise de Saint-Bavon, à Gand. Ou la publi-
cation de l'œuvre des six divertissements de
clavecin a précédé l'année 1769, ou elle est
postérieure à celle date ; dans le premier cas,
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KRAFFT
François-Joseph n'était pas maître de cha-
pelle ; dans le second, il ne demeurait plus à
Bruxelles.
Dan* un recueil qui a pour titre : L'Echo,
journal de musique française, italienne,
contenant des airs, chansons, brunettes,
duos tendres et bachiques, etc. (Liège, chez
B. André, 1760), M. Van Elewyck a trouvé un
morceau intitulé : Air de l'Opéra l'Enfawt
" gâté, par François Kra/ft, maître de musique
à Bruxelles. Où cet opéra a-t-il été représenté ?
Ce n'est pas à Bruxelles, car j'ai sous les yeux
l'almanach qui a pour titre : Spectacle de
Bruxelles y ou Calendrier historique et chro-
nologique, etc., première partie, 1767: 2*idem,
1768,2vol. in-18 (Bruxelles, J.-J. Boucherie).
On y trouve le catalogue des opéras- comiques
et bouffons représentés sur celte scène depuis
1753; V Enfant gâté n'y est pas ; la liste des
compositeurs dont on a joué les ouvrages sur
le même théâtre n'offre que deux noms belges,
FanMaldère et JVilzthumb. Si donc cet ou-
vrage fut représenté, ce fut à Liège. Son auteur
s'appelait François Kra/ft, non François-
Joseph.
Enfin, parmi les ouvrages de musique
d'église qui se trouvent à l'église Saint-Bavon
de Gand, sous le nom de Kra/ft, il en est un
qui est daté de Bruxelles 1774. Or, à cette
époque, François-Joseph était parti de cette
ville depuis cinq ou six ans. Il me parait que
de tout cela l'on peut conclure qu'il y a eu
deux compositeurs du nom de Rrafft, nés à
Bruxelles, à savoir François- Joseph, maître
de chapelle de Saint-Bavon, à Gand, et Fran-
çois, qui, plus tard, devint maître de chapelle
dans sa ville natale. Il est vrai que le nom de
ce dernier ne se trouve pas dans les registres
de décès de celte ville ; mais il se peut que,
plus jeune de douze ans que le maître de cha-
pelle, et connaissant l'Allemagne où il avait
vécu plusieurs années, il y ait émigré au mo-
ment de l'invasion de la Belgique par les
armées françaises, et qu'il y soit décédé.
KRAFT (Guillaume-Frédéric), docteur en
théologie et doyen des prédicateurs à Danl-
zick, naquit à Krautheim, dans le duché de
Weimar, le 9 août 1713. Après avoir fait ses
éludes aux universités de Jena et de Lcipsick,
il fut nommé pasteur à Frankendorf ; quelques
années après il fut appelé à Gœttingue, et en
1750, il se rendit à Dantzick, où il parait avoir
fini ses jours. Parmi ses sermons pour des oc-
casions particulières, publiés à Jena en 1740,
in-8°, il y en a un sur le bon usage de la mu-
sique dans le service divin.
KRAFT ou KRAFFT (Artoikb), violon-
celliste distingué, naquit à Rokyzan, en Bo-
hême, dans l'année 1751. Après avoir achevé
des cours de philosophie et de droit à l'univer-
sité de Prague, il prit des leçons d'un maître
nommé Werner, pour le violoncelle. Plusieurs
années d'études lui firent acquérir beaucoup
d'habileté sur cet instrument. Haydn, qui lui
avait donné des conseils pour la composition,
le fit entrer comme premier violoncelle dans
la chapelle du prince Esterhazy. Kraft y de-
meura treize ans et n'en sortit qu'après la
mort du prince. Pendant ce temps, il entre-
prit, avec son fils, âgé de huit ans, un voyage
à Berlin où il se fit entendre avec succès, en
présence du roi et de la reine de Prusse.
A Dresde et â Millau il fut applaudi avec en-
thousiasme. Ce voyage terminé, il entra dans
la chapelle du prince de Grasalkowitz, en
ïïongrie, et y demeura trois ans ; puis il passa
au service du prince de Lobkowitz, qui le mena
avec lui plusieurs fois en Bohême. Dans un de
ces voyages, il donna, le 7 novembre 1802, un
grand concert à Prague; et quoiqu'il ne rat
déjà plus jeune, il y fût applaudi avec trans-
port. Cette occasion fut la dernière où il se fit
entendre en public. Cet artiste estimable a
cessé de vivre le 28 août 1820, dansla soixante-
dixième année de son âge. On a gravé de sa
composition : 1° Trois sonates pour violon-
celle et basse, op. 1 ; Berlin et Amsterdam.
Ilummel. 2° Trois idem, op. 2, Offenbacb,
André. 3° Trois duos concertants pour violon
et violoncelle, op. 5; Leipsick, Breilkopf et
lïaertel. 4° Concerto pour violoncelle et or-
chestre (en ut), op. 4, ibid. 5° Grand duo pour
deux violoncelles, op. 5; Vienne, Haslinger.
6° Idem, op. 6, ibid. 7° Divertissement pour
violoncelle et basse; Leipsick, Peters. On
trouve aussi sous son nom, en manuscrit, un
nocturne pour deux violoncelles, deux violes,
deux flûtes, deux cors et basse, dans le cata-
logue de Traeg, de Vienne,
KRAFT (Nicolas), fils du précédent, est
né à Esterhazy, en Hongrie, le 14 décembre
1778. Il n'était âgé que de quatre ans quand
son père essaya de lui donner les premières
leçons de violoncelle sur une grande viole ;
deux ans après, il put exécuter, en présence
du prince Esterhazy, un concerto que son
père avait composé pour lui. A l'âge de huit
ans, il accompagna celui-ci dans plusieurs
voyages à Vienne, Presbourg, Dresde et Berlin,
et partout son talent précoce fut admiré.
Lorsqu'il eut atteint sa treiziè/ne année, ses
éludes musicales furent interrompues par des
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KRAFT - KRANZ
97
études littéraires, et pendant cinq ans il ne
cultiva le violoncelle que comme un délasse-
ment. Cependant son habileté toujours crois-
sante faisait regretter à plusieurs amateurs de
haut rang, particulièrement au prince de Lob-
kowitz, que ses belles facultés ne fussent pas
uniquement employées au développement de
son talent. Ce prince rengagea dans sa cha-
pelle avec Kraft le père en 1796; cinq ans
après, il renvoya à Berlin chez Louis Duport
pour qu'il y perfectionnât la qualité de son
qu'il tirait de l'instrument. Ses progrès sous
un tel maître furent rapides. Il en recueillit
les fruits dans un concert d'adieu qu'il donna
à Berlin au mois de décembre 1801 ; des trans-
ports d'admiration éclatèrent dans l'assemblée.
Il fit alors un voyagé en Hollande ; mais le
prince de Lobkowitz , qui craignait de le
perdre, lui fit donner Tordre de retourner im-
médiatement à Vienne. II obéit; mais dans le
retour il excita l'enthousiasme du public à
Leipsick, à Dresde et à Prague. En 1800, il fut
placé comme violoncelliste solo a l'Opéra
impérial de Vienne, sans perdre toutefois sa
pension de virtuose de la chambre du prince
de Lobkowitz. Ce prince lui fit, peu de temps
après, une pension viagère, sous la condition
qu'il ne se ferait point entendre, sans sa per-
mission, ailleurs que dans son palais. En 1814,
lorsque les souverains alliés se trouvèrent réu-
nis à Vienne, il joua devant eux avec Mayse-
der, et le plaisir qu'il fit à ces princes fut si
vif, que le roi de Wurtemberg et le grand-duc
de Toscane lui firent offrir immédiatement de
grands avantages pour le reste de sa vie ; il se
rendit de préférence aux offres du roi, et se
fixa à Stuttgàrd, en qualité de musicien de la
chambre. En 1818, il fit avec Hummel un
voyage sur les bords du Rhin, et se rendit à
Hambourg. Romberg, qui s'y trouvait alors,
lui témoigna beaucoup d'estime pour son ta-
lent ; et lorsque ce célèbre artiste visita lui-
même Stuttgàrd, en 1820, il invita Kraft à
jouer avec lui une symphonie concertante
dans un concert public. L'année suivante,
Kraft entreprit un second voyage avec son fils
{Frédéric, né à Vienne, le 12 février 1807,
son élève pour le violoncelle, et musicien de la
chapelle royale de Stuttgàrd). Ils visitèrent
une partie de l'Allemagne et retournèrent à
leur poste vers la fin de l'année. En 1824,
Kraft se blessa l'index de la main droite en
accordant son instrument ; le mal augmenta
progressivement pendant dix ans; enfin il dut
renoncer à jouer du violoncelle, et au mois de
décembre 1854, il fut rois à la retraite avec
BIOGA. UMV. DES ■OSlttEM. T. V.
une pension. Cet artiste a publié de sa compo-
tion : 1° Concertos pour le violoncelle, n oi 1, ,
2, 3, 4 ; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel, Peters. \
2° Polonaise pour violoncelle et orchestre ,
op. 2; Offenbach, André. 3° Boléro idem,
op. 6; Leipsick, Peters. 4° Scène pastorale
idem, op. 9, ibid. 5° Rondo à lâchasse idem,
op. 11, ibid, 6° Pot-pourri sur des thèmes
du Freyschiïtx, idem, op. 12; Offenbach,
André. 7° Fantaisie avec accompagnement
de quatuor, op. 1, ibid. 8° Trois divertisse-
ments progressifs pour deux violoncelles,
op. 14, ibid. 9° Trois duos faciles idem,
op. 15, ibid. 10° Trois grands duos idem,
op. 17, ibid.
KRAFT (Nicolas, baron DE), ne doit pas
être confondu avec le précédent. Il naquit à
Vienne, vers 1780. On connaît sous son nom :
1° Chansons tirées des contes de La Fontaine
(en allemand), avec accompagnement de piano;
Vienne, Eder, 1800. 2° Variations pour piano
sur le thème d'Axur : O numi possenti, ibid.
3° Sonate pour piano seul, op. 4; Vienne,
1804. 4° Chants pour quatre voix d'hommes,
ibid. 5° Variations sur un air polonais, ibid.
6° Marche pour le piano à quatre mains, op. 3 ;
Vienne, 1803.
KRAKAMP (E.), flûtiste et compositeur,
né en Allemagne, vers 1815, a vécu longtemps
en Italie, particulièrement à Naples et à Mi-
lan. Je l'ai connu dans cette dernière ville, en
1850. Il a publié, chez Ricordi, de grandes
fantaisies de concert sur des thèmes d'opéras
modernes, des duos pour flûte et piano, des
caprices, etc. Le nombre de ses productions
s'élève environ à cent.
KRANZ (Jeak-Feedebic), violoniste, né à
Weimar en 1754, a eu pour maître Gœpfert,
maître de concert en cette ville. A l'âge de
vingt-quatre ans, il exécuta à la cour un con-
certo de viole qui lui valut la faveur du duc
régnant. Ce prince le fit entrer dans sa cha-
pelle; puis, en 1781, il l'envoya en Italie pour
qu'il y perfectionnât son talent. De retour en
Allemagne dans l'année 1787, Kranz s'arrêta
quelque temps à Munich ; ensuite il retourna
à Weimar, où il fut placé comme second chef
d'orchestre. Apres la mort de Zumsteeg, en
1803, le duc de Wurtemberg l'appela à Stutt-
gàrd et lui donna la place de maître de con-
cert, avec un traitement de quinze cents flo-
rins. Il est mort dans celte position, au com-
mencement de l'année 1807. Kranz a publié :
1° Concerto de viole, Darmsladt, 1778. 2° Ro-
mance (an denschamsten FrUhlingsmorgen),
1799. 11 a écrit des airs et des chœurs pour
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KRANZ — KRAUS
quelques pièces représentées aux théâtres de
Weimar et de Stutlgard.
KRASIÏNSKI, pseudonyme. Voyez Mol-
ler (Ernest-Louis), dit Miller.
KUASKE (Tobie), né dans la Lusace, au
dix-septième siècle, fut magister et prédica-
teur à Francfort-sur-POder en 1600 et dans
les années suivantes. On a de lui deux opus-
cules intitulés : 1° Kurze Besehreibung der
ncuerbauten Orgel bey der Unterkirche zu
Franc furt (Courte description de l'orgue nou-
vellement construit dans l'église inférieure
de Francfort), Francfort-sur-1'Oder , 1690.
2° Kurze Beschreibung der neuen Orgel bei
der Oberkirche zu Francfort (Courte descrip-
tion du nouvel orgue de l'église supérieure
à Francfort), Francfort-sur-POder, 1605.
KRATZENSTEIN(Chrétier-Théomhlb),
docteur en philosophie, en médecine, et pro-
fesseur de la faculté médicale à l'Université de
Copenhague, est né à Wernigerodeen 1723. Il
passe pour être Pinventeur d'une machine in-
génieuse propre à articuler musicalement les
cinq voyelles. L'Académie de sciences de Pé-
tersbourg a décerné un prix à Pauteur de
celte machine. KraLzenstein a publié dans les
Observations de physique de Rozier (1783,
supplément, p. 358) un essai sur la formation
des voyelles, qui renferme quelques observa-
tions curieuses.
K II A US (Antoine), excellent organiste,
naquit à Winterberg, en Bohême, vers 1745.
11 y obtint la place de directeur de musique,
et il y vivait encore en 1795. Cet artiste jouait
aussi fort bien du violon et du violoncelle. Le
chœur de Péglise de Raudnitz était, en 1786,
en possession d'un Requiem et de litanies de
sa composition.
KRAUS (Benoît) , directeur de musique à
Weimar, en 1785, né aux environs de Salz-
bourg, dans la première moitié du dix-hui-
tième siècle, fut d'abord engagé comme maître
de chapelle chez le duc de Bavière, puis eut la
direction de l'orchestre du Théâtre de la Cour
ù "Weimar. Il est vraisemblable qu'il perdit
cette dernière place quelques années avant sa
mort, car il tomba dans l'indigence. Il a fait
représenter à Weimar un opéra allemand in-
titulé : les accidents de Vamour. On connaît
aussi de sa composition : 1° Une symphonie
pour orchestre. 2° La Création, grande can-
tate sur la poésie de Hofbaum, composée en
1789. 5° Les Pèlerins de Golgotha^ Lcipsick,
Bieitkopf. 4° Chant de Zacharie, à grand
orchestre.
KIVAUS (Joseph-Martih), compositeur,
naquit à Manheim en 1756. Après avoir fré-
quenté plusieurs universités d'Allemagne, où
il fit de brillantes études, il devint élève de
l'abbé Vogler. Destiné à ne cultiver la mu-
sique qu'en amateur, il fut contraint de devenir
artiste par une circonstance inattendue. Il
avait prêté une somme d'argent assez forte à
un jeune Suédois, son condisciple ; au moment
où il dut quitter l'Université, cet étranger ne
put acquitter sa dette et engagea Kraus à le
suivre à Hambourg, où, disait-il, il devait
recevoir beaucoup d'argent. Arrivé dans cette
ville, le Suédois fut trompé dans son espoir.
A Copenhague, où ils allèrent ensuite, même
déception ; il fallut aller jusqu'à Stockholm.
Kraus y arriva en 1778. Là, l'opéra produisit
sur lui une impression si profonde, qu'il réso-
lut de se livrer entièrement à la musique. Le
roi de Suède, ayant apprécié la portée de son
talent, lui fournit les secours nécessaires pour
voyager en Italie. Il y était déjà depuis plu-
sieurs années, et avait employé ce temps à
l'étude des œuvres des maîtres anciens et mo-
dernes, lorsque, en 1786, le roi se rendit lui-
même en Italie et l'attacha à sa personne pen-
dant ses voyages à Rome et à Vienne. Après
avoir demeuré quelque temps dans cette der-
nière ville, Kraus obtint du roi la permission de
visiter Paris. Ce fut là qu'il écrivit son premier
opéra suédois, qui fut représenté à Stockholm
en 1790. Le mérite de cet ouvrage présageait
une brillante carrière à son auteur; mais le
chagrin qu'il eut de la catastrophe où Gus-
tave III perdit la vie, altéra sa santé et le
conduisit au tombeau le 15 décembre 1792.
Les ouvrages connus de ce compositeur sont :
1° Didon et E née y grand opéra suédois, re-
présenté à Stockholm en 1792. 2° Musique
funèbre pour les funérailles de Gustave III,
exécutée dans l'église cathédrale de Stockholm,
le 15 avril 1792. Celle composition a été pu-
bliée à Stockholm, dans la même année.
3° Stella cœli, motet à quatre voix, orchestre
et orgue, en manuscrit. 4° Symphonie en
partition, airs avec orchestre et piano, ca-
nons, etc., publiés sous le litre d' Œuvres iné-
dites de J. Kraus, Slockholm, G.-A. Silver-
slolpe, deux cahiers in-fol. 5° Intermèdes
pour la comédie d*4mphitryon, Stockholm,
imprimerie de musique privilégiée, 1792.
6° Grande symphonie (en ut mineur), Lcipsick,
Breitkopf et Uaertel. 7° Quinlello pour flûte,
deux violons, alto et basse, Paris, Pleyel,
1798. 8° Six quatuors pour deux violons, alto
et violoncelle, Berlin, Hummel. Kraus a laissé
aussi en manuscrit : 9° Une symphonie (en ré;.
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KRAUSE
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10° Concerto pour violon principal et or-
chestre. 11° Sonate pour violon seul et basse.
12° Deux sonates pour piano et violon. ifcAn-
dante, pour deux violons, deux flûtes, deux
•cors, alto et violoncelle. 14 u Rondo pour piano
seul. 15° Contredanses à grand orchestre.
Suivant une note de Pœlchau, qui m'a été
communiquée par Dehn, Rraus serait l'auteur
d'un écrit intitulé : Wahnheiten die Musik
betreffend (Vérités concernant la musique),
Francfbrt-sur-le-Mein, 1779, in-8°, de cent
quarante-deux pages. C'est un recueil de pen-
sées et de maximes sur divers objets de la mu-
sique. Il parait que Rraus, se rendant en
Italie en 1779, fit un voyage à Manheim pour
y voir son maître Vogler; il a donc pu, en
effet, se trouver alors à Francfort, et y faire
imprimer son ouvrage, quoiqu'il fût déjà au
service du roi de Suède. Une notice sur la vie
et les ouvrages de cet artiste a été publiée en
suédois, sous ce titre : Biographie bfter
J.-M. Kraus; Stockholm, 1855, in -8».
K.RAUS (V.), musicien de la cour àBern-
bourg, vers la fin du dix -huitième siècle, s'est
fait connaître comme compositeur pour la
guitare par les ouvrages suivants : 1° Sonate
pour guitare et violon, op. 1; Leipsick,Peters.
2° Sonate pour guitare seule, op. 2, ibid.
5° An die Mxdchen, polonaise avec accompa-
gnement de guitare, ibid.
Il existait à Vienne, en 1840, un pianiste
nommé Kraus (A.), qui y publiait une fan-
taisie pour piano et violoncelle, œuvre 14,
chez Haslioger, et ses œuvres 15 et 16, chez
Glœggl. On retrouve le même artiste à Lon-
dres, en 1848, où il donnait un concert. N'y
aurait-il point identité entre lui et Antoine
Krause, dont les éditeurs Breitkopf elHœrtel
publiaient, en 1858, une polonaise à quatre
mains pour le piano, op. 1 ?.
KRAUSE (Jean-Henri), organiste très-
habile, naquit en 1682àKanth, danslaHaute-
Silésie. A l'âge de neuf ans, il reçut les pre-
mières leçons de musique : deux ans après, il
était déjà organiste du couvent des Minorités,
à Schweidnitz. En 1G94, il devint élève de
François-Tiburce Vinckler, organiste de la
cathédrale de Breslau, dont, pendant cinq ans,
il reçut des leçons. Lorsqu'il eut atteint l'âge
de dix-huit ans, on lui confia la place d'orga-
niste en second à l'église cathédrale : en 1706,
il succéda à son maître comme premier orga-
niste. Il mourut en 1754, avec la réputation
d'un des organistes les plus habiles de son
temps pour les fugues et les préludes.
KRAUSE (Chrétien Godefroid), né à
Winzig, en Silésie, en 1710, était fils d'un
musicien de cette ville. Son père lui enseigna le
violon et le clavecin. En 1747, il entra chez le
lieutenant général, comte de Rothenbourg, à
Berlin, en qualité de secrétaire, et il y resta
jusqu'en 1755, époque où il fut admis comme
avocat au Sénat et aux tribunaux français, à
Berlin. Il mourut Ie91 juillet 1770. Rrausefut
à la fois compositeur et écrivain sur la musique.
Il a laissé en manuscrit plusieurs symphonies,
une cantate à grand orchestre sur le texte du
psaume 104 ; Ino, cantate ; Pygmalion, id.
Ses écrits relatifs à la musique sont : 1° Lettre
à monsieur le marquis de B. sur la différence
entre la musique italienne et française ; Ber-
lin, 1748, in-8°.Marpurg a inséré une traduc-
tion allemande de cet opuscule dans ses Essais
historiques et critiques, t. II, pag. 1-23, avec
des remarques contenues pag. 25-40. 2° Von
der musikalische Poésie (Be la poésie lyrique);
Berlin, Voss, in-8° de 484 pages; ouvrage
estimé. 5° Pensées diverses sur la musique
(en allemand), insérées dans les Essais de
Marpurg, t. II, p. 181, et t. III, p. 18 et 525.
KRAUSE (Charles- Joseph), chef de mu-
sique du premier régiment de la garde du roi
de Prusse, est né le 15 juillet 1775, à F ors ta,
dans la Basse-Lusace. Son père, musicien de la
chapelle du baron de Hohberg, à Plogwitz, lui
donna les premières leçons de musique, et il
apprit à jouer de la clarinette sous la direction
de David et de Springer, artistes d*un rare
mérite, attachés à la même chapelle. Parvenu
à l'âge de douze ans, il fut admis chez M. Hart-
mann, à Grœtz, près de Glogau, et y fut traité
comme le fils de la maison. Non-seulement il
y continua avec succès ses études musicales,
mais il y reçut aussi une instruction conve-
nable dans les sciences et dans les lettres. En
1789, lorsque le père de Krause entra dans la
musique du comte Kœder, à Holslein, près de
Lowenberg, il y fut aussi engagé comme clari-
• nettiste ; mais la chapelle de ce seigneur ayant
cessé d'exister en 1794, il se rendit à Breslau
avec son frère ; tous deux entrèrent dans la
musique du comte de Hoym, et obtinrent en
même temps un emploi dans l'administration
civile. En 1815, sur la proposition du général
Perscb, Krause fut engagé parle roi de Prusse,
en qualité de chef de musique de sa garde :
comme tel, il a fait la campagne de France en
1814. Il a arrangé beaucoup de musique pour
l'harmonie militaire et a publié quelques mor-
ceaux pour la clarinette, la flûte et le cor,
entre autres : Adagio et polonaise sur un
thème du Freyschûts, op. 12; Berlin, Schlc-
7.
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100
KRAUSE
singer. Krause vivait encore à Polsdam en
1830.
RUA USE (Jean-Théophile), frère du pré-
cédent, est né à Guben, dans la Basse -Lusace,
le 31 juillet 1777. Il apprit d'abord à jouer du
cor et du violon ; puis il reçut à Plogwilz des
leçons de Springer et de David pour la clari-
nette et le cor de bassette. Plus tard, il alla à
Hohlstein où son habileté sur la clarinette
reçut les derniers développements. Il y apprit
aussi le hautbois sous la direction de Blaha. En
1794, il se rendit à Breslau avec son frère et y
apprit encore le basson, sur lequel il acquit un
talent distingué, sans négliger pourtant la
clarinette, son instrument favori. En 1805, il
entra dans l'administration civile et fut con-
trôleur des contributions de première classe à
OEls. On a de Krause deux œuvres de duos
pour deux flûtes, Leipsick, Breilkopf et Haerlel,
et Berlin, Schlesinger; ainsi que trois duos
pour deux clarinettes, Berlin et Paris, Dufaut
et Dubois.
KttAUSE (CnARLES-CEftÉTIEll-FAÉDÉlIc),
docteur en philosophie, est né le 6 mai 1781, à
Eisenberg, dans le duché de Saxe- Gotha. Il
était fort jeune lorsqu'il fut envoyé à l'univer-
sité de Jéna; il y suivit les cours de philosophie
de Fichte et de Schelling. Tour à tour il se
passionna pour la doctrine de ces hommes de
génie; celle de Schelling eut surtout de l'at-
trait pour son esprit, et il en devint un des
plus zélés partisans. Depuis 1802 jusqu'en
1804 il vécut en donnant des leçons particu-
lières de philosophie, de mathématiques et de
droit naturel ; puis il alla à Rudolstadt, et de
là à Dresde, où il se livra à des recherches sur
l'histoire des beaux-arts. En 1815, la guerre
l'obligea à s'éloigner de Dresde : il se rendit à
Berlin et y ouvrit des cours gratuits et publics.
Cependant la difficulté d'y pourvoir à l'exis-
tence d'une famille nombreuse, et le peu
d'espoir d'y obtenir un emploi, lui firent
abandonner cette ville et retourner à Dresde. ,
En 1817, il voyagea avec un de ses amis en
Allemagne, en France et en Italie. A son
retour, il obtint une chaire à l'université de
Goeltingue, dont il a été un des professeurs les
plus distingués. Dans ses dernières années, il
fut appelé à Munich par le roi Louis, pour y
enseigner son système de philosophie trans-
cendentale. Il est mort en celte ville le
27 septembre 1832. La musique a occupé une
partie de la vie de ce savant. Dès 1808 il avait
déjà publié une méthode du doigter du piano
sous ce litre : Follstasndige Anweisung allen
Fingern beider Hsnde zum Clavier und ,
Fortepianospielen in kurzer Zeit gleiche
Stxrke und Gewardtheit zu verschaffen, etc.,
Dresde, Arnold, in-fol. A l'époque où Krause
fit paraître cet ouvrage, il vivait en donnant
des leçons de piano. On trouve, dans sa mé-
thode, des tables de combinaisons de doigter
les plus embarrassantes. Deux ans après, il
donna dans le 12 e volume de la Gazette musi-
cale de Leipsick (pag. 049 et 1043) deux
articles sur un perfectionnement essentiel du
clavier des instruments à touches. Dans les
volumes 13 e (p. 497) et 14« (pag. 117 et 133)
de la même gazette, il a aussi donné des
articles sur une noiation améliorée de la mu-
sique. Mais l'ouvrage le plus important con-
cernant cet art , publié pendant la vie de
Krause, est celui qui a pour litre -. Darstel-
lungen aus der Geschichte der Musik nebst
vorbereitenden Lehren aus der Théorie der
Musik (Exposition de l'histoire de la musique,
précédée d'instructions préliminaires sur la
théorie de cet art), Goeltingue, Dietricbs,
1827, in-8°. Ce livre est divisé en trois parties :
la première renferme une recherche des prin-
cipes philosophiques de l'art j la seconde est
un exposé succinct des principales divisions
de son histoire ; la troisième contient quelques
détails sur la vie des plus célèbres artistes,
avec une appréciation esthétique de leurs ou-
vrages. Il faut l'avouer, l'exécution du plan
que s'élait proposé Krause ne répond pas au
mérite d'un savant si distingué, et l'on a peine
à comprendre, en lisant la première partie,
qui devait être la plus intéressante, qu'elle
appartienne à un homme habitué aux rigou-
reuses méthodes de Schelling et de Fichte ; car
on y chercherait en vain soit le principe de la
construction rationnelle des tonalités, soit la
discussion dès phénomènes que l'art développe
dans la conception humaine. Tout le travail
de Krause, dans celte partie, se borne à quel-
ques vagues aperçus concernant des faits par-
ticuliers qui ne constituent pas la science en
elle-même. Quant à la partie historique, elle
ne consiste guère qu'en certaines classifications
d'époques assez arbitraires. A l'égard de la
dernière partie, on y trouve quelques bonnes
vues esthétiques concernant la valeur de quel-
ques grands maîtres ; mais ce travail est trop
succinct. Après la mort de Krause, ses amis et
élèves ont trouvé dans ses papiers des ouvrages
entièrement achevés sur différentes parties de
la philosophie et les ont publiés à Goeltingue,
en plusieurs séries, sous le titre général :
Karl-Christian-Friedrich Krause's hand-
schriftlicher Nachlass (Écrits posthumes de
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KRAUSE - KREBS
401
Charles-Chrélien-Frédéric Krause), et dont
chaque ouvrage porte un titre particulier. Dans
la série de la philosophie de l'art se trouve un
volume spécial concernant Ta musique, lequel
a pour titre : Anfangsgrilnde der allge-
meinen Théorie der Musik, nach Gruno\-
tœtzen der WestnUhre (Éléments de la
théorie générale de la musique, d'après les
principes fondamentaux de l 1 Ontologie). Gœt-
tingue, Dietrichs, 1838, in- 8°. M. Lindmann,
de Munich, a publié une notice qui a pour
titre : Uebersichtliche Darstellung des Lebens
und der Wissenschaftslehre Krause' s (Ta-
bleau complet de la vie et de renseignement
de Krause). Munich, 1839, in-8°.
KRAUSII A AR (Otto), professeur et com-
positeur, n'est pas mentionné par les biogra-
phes allemands. Le premier ouvrage par
lequel il s'est fait connaître a pour titre :
Construction der gUichschwebenden Tempe-
ratur ohne Scheibler'sche Stimmgabeln auf
musikalische Instruments. Mit Riichsicht
auf die Scheibler'sche Erfindung (Construc-
tion d'un tempérament égal pour les instru-
ments de musique, sans l'appareil de diapasons
de Scheibler, avec un examen de l'invention
île celui-ci), Cassel, Kriegcr, 1838, in-8° de
22 pages. En 1845, M. Kraushaar a fait exé-
cuter dans un concert, à Cassel, une ouverture
de sa composition. Ses ouvrages de musique
pratique publiés sont ceux-ci : 1° Six Lieder
à voix seule avec accompagnement de piano,
op. 1, Cassel, Luckhardt; 2° Six idem., op. 2,
ibid. ; 3° Six idem., op. 3, ibid. ; 4° Six Lieder
sans paroles pour piano, 1" et 2 e suite,
op. 4, ibid.
KRAUSSKOPF (Wiliielm), professeur de
musique à Zurich, n'est connu que par un ou-
vrage qui a pour titre : Handbuch beim Un-
terricht im Gesang fiirLehrer und Lernende
(Manuel de l'enseignement du chant, à l'usage
des professeurs et des élèves). Zurich, 1843,
în-8*.
KREBS (Frédéric), facteur d'orgues du
quinzième siècle, est cité par Prœtorius (Syn-
tagm. mus., t. II, pag. III) comme ayant tra-
vaillé avec distinction vers les années 1475 à
1480. 11 faisait déjà à cette époque des claviers
de pédales fort étendus.
KREBS (Jeak-Tobie), naquit à Heichal-
heîmb, dans le duché de Weimar, le 7 juillet
1690. Il fréquenta d'abord le collège de Wei-
mar, dans l'intention d'aller ensuite à l'uni-
versité; mais ayant obtenu en 1710 sa nomi-
nation d'organiste à Buttelstsedt, il prit pos-
session de celle place. Ce fut alors seulement
qu'il commença régulièrement l'élude de la
composition chez JeanGodefroid Walther, et
il continua cette élude Jusqu'en 1717, malgré
la route pénible qu'il devait faire de Butlel-
sttedt jusqu'à Weimar, pour y aller prendre ses
leçons. En 1721, son zèle fut récompensé par
sa nomination d'organiste à Bultstedt, petite
ville du duebé de Weimar. Il vivait encore en
1758, mais il commençait à perdre la vue. Ses
premières compositions consistent en mor-
ceaux de musique d'église ; plus tard, il a écrit
des chorals variés pour l'orgue, d'un très-bon
style. Toutes ces productions sont restées en
manuscrit. On trouve à la bibliothèque royale
de Berlin un prélude suivi d'une fugue en ut
majeur, et une fugue en sol mineur, composées
par Jean-Tobie Krebs : ces morceaux remar-
quables sont copiés de la main du célèbre orga-
niste Fischer, d'Erfurt.
KREBS (Jbah-HLouis), fils du précédent,
naquit à Buttelslaedl le 10 octobre 1713. Après
avoir appris de son père les éléments de la
musique et de l'art de jouer du clavecin, il
entra en 1726 à l'école Saint-Thomas de Leip-
sick, dirigée alors par l'illustre Jean-Sébastien
Bach. Il y reçut l'instruction commune pen-
dant neuf ans, puis il entra dans l'école parti-
culière de ce grand maître, qui en fit un élève
de prédilection. Ses études musicales termi-
nées, il suivit à l'université un cours de philo-
sophie pendant deux ans, puis il accepta en
1737 la place d'organiste à Zwickau, d'où il
passa à celle d'organiste du château de Zcitz,
et ensuite, le 13 octobre 1756, à une position
semblable à la cour d'AUenbourg. Il mourut
en celte ville au commencement de 1780, à
l'âge de 67 ans. Krebs et Friedmann Bach
furent les meilleurs élèves de Jean-Sébastien,
et ceux qui approchèrent le plus de leur
modèle. Le maître lui-même estimait beaucoup
le talent de son écolier, et disait, par allusion
à son nom et à celui de Krebs, qu'il n'avait
jamais pris qu'une écrevisse dans son rtiit-
seau (1). Krebs a publié de sa composition :
1° Quatre suites d'exercices pour le clavecin,
consistant en mélodies chorales variées, fugues,
petites piècesetsonatines, Nuremberg, 1743-49.
2° Musikalischer und angenehmer Zeilner-
treib in 2 Klaviersonaten mit einer Flotte
(Amusements agréables de musique, en deux
sonates de clavecin avec flûte), ibid., 1700.
3° Deux sonates détachées avec flûte, ibid.
4° Six trios pour flûte, ibid., 1738. 5° Quatre
suites de pièces, consistant en six préludes,
(I) Krebs, en allemand, signiûe ane icrtviuty et
Bach, un ruiistan.
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103
KREBS
petites pièces, une ouverture et un concerto
pour le clavecin, ibid., 1740 à 1743. 6° Six
sonates pour clavecin et flûte, Leipsick, 1763.
On connaît aussi de cet artiste, en manuscrit :
1° Magnificat, en allemand, pour quatre
voix et orgue, dont la partition est à la biblio-
thèque royale de Berlin, ainsi que le motet à
cinq voix sur le choral : Erfœrsche mich
Gott. 2° Deux Sanctus , avec orchestre.
3° Des pièces d'orgue. Je possède de sa com-
position en manuscrit dix chorals variés à deux
claviers et pédale, et quatre fugues.
KREBS (Ehrehfried-Cheétien-Tbaugott),
fils du précédent, a succédé à son père, en
1780, dans la place d'organiste de la cour de
Saxe- Alten bourg. En 1787, il a publié à Leip-
sick quelques-uns des principaux cantiques
. variés pour l'orgue.
KREBS (Jean-Baptiste), ténor allemand
qui a eu de la réputation, est né à Ueberauchen,
près de Billingen, dans le pays de Bade, le
13 avril 1774. Dans son enfance, il apprit le
chant choral à Billingen et à Constance. Plus
tard, il reçut quelques leçons de clavecin et
d'orgue et fit des éludes de philosophie à Do-
nauesebingen. Après avoir étudié le chant
sous la direction de Weiss, élève de Raff, il
développa par de bons exercices la puissance
de sa voix de ténor, qui était belle. Cependant,
il ne paraissait pas destiné à devenir chanteur
de théâtre, car il étudiait la théologie à Do-
naueschingen et à l'université de Fribourg.
Enfin, il se décida pour cette carrière, débuta
en 1795, et fut bientôt attaché au théâtre de la
cour de Sluttgard, comme premier ténor. Il a
brillé longtemps dans les plus beaux rôles des
opéras allemands et français. Après vingt-huit
ans de service, l'affaiblissement de son organe
l'a obligé de quitter la scène, et il a chanté
pour la dernière fois le rôle & Achille, le
17 septembre 1823. Depuis lors il a rempli les
fonctions de régisseur au théâtre de Sluttgard.
Krebs a composé des chansons, des duos et
des trios, avec accompagnement de piano. On
lui doit aussi des livrets de plusieurs opéras
français et italiens traduits en allemand, ainsi
que plusieurs articles de critique littéraire et
musicale insérés dans les journaux. Il est le
même artiste que Gcrber appelle François-
Xavier.
KREBS (jEAK-GoDEFRoro), chanteur de la
cour à Altenbourg, mort en 1803, a publié dans
cette ville, en 1777, des chansons avec mélo-
dies et accompagnement de clavecin. La
seconde partie de ces chansons a paru en
1783. On trouve aussi une sonate facile
pour le clavecin, de sa composition, dans le
recueil de pièces publié par Hiller. Enfin il a
fait imprimer divertissements pour le même
instrument, à Altenbourg, en 1796. La biblio-
thèque royale de Berlin possède de sa compo-
sition la cantate pour la nouvelle année Lobet
den fferm, à quatre voix et instruments, en ré
majeur.
KREBS (Charles-Auguste), né le 16 jan-
vier 1804 à Nuremberg, est fils d'acteurs nom-
més Miedhe; mais il fut adopté par la femme
du chanteur Krebs, qui le recueillit lorsqu'il
perdit sa mère, et il prit le nom de sa bien-
faitrice. Doué de rares dispositions pour la
musique, il apprit presque en jouant les
éléments de l'art; puis il fit de rapides progrès
sur le piano, sous la direction de M. Schelble,
et reçut des leçons de Jean-Baptiste Krebs
pour la composition. Il n'était âgé que de sept
ans lorsqu'il mit en musique le petit opéra
de Fedora, de Kolzebue. Trois ans après, il
écrivit des quatuors de violon et beaucoup de
sonates de piano. Mais bientôt ii lut fallut in-
terrompre ses travaux de musicien pour étu-
dier la langue latine dans les collèges, parce
qu'il se destinait à l'état ecclésiastique. Par-
venu à sa treizième année, il sentit se réveiller
son goût pour la musique et se livra de nou-
veau à la culture de cet art. A l'âge de quinze
ans, il commença à donner des leçons, et
malgré son extrême jeunesse, il forma quel-
ques bons élèves. Cependant, ayant des vues
plus élevées, il quitta la carrière de l'enseigne-
ment en 1824, et se rendit à Vienne pour
étendre ses connaissances musicales. Il y
devint élève de M. de Seyfried pour la compo-
sition de la musique instrumentale, et après
s'être fait connaître avantageusement par la
composition d'une symphonie à grand or-
chestre, et de plusieurs morceaux pour le
piano, il y obtint la place de chef d'orchestre
de l'Opéra de la cour. La'manière dont il s'ac-
quitta de ses fonctions lui a fait offrir en 1827
la direction de la musique au nouveau théâtre
de Hambourg ; il l'a acceptée, et ses soins ont
réalisé toutes les espérances que les fondateurs
de ce théâtre avaient en lui. Il y a fait re-
présenter deux opéras (Sylva, ou le Pouvoir
du chant, et Agnès Bernauerin). Le premier
a été froidement accueilli, mais le second a
complètement réussi. En 1853, il a fait im-
primer à Hambourg plusieurs cahiers de chan-
sons allemandes, et a fondé une école de chant
d'ensemble dans laquelle il a obtenu des
succès. Krebs dirigeait encore la musique du
théâtre de Hambourg en 1850. Après celte
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KREBS — KREMBËRG
103
époque, il est passé à Dresde comme directeur
de musique.
KREHL (Théophile-Adolphe), surinten-
dant à Pyrna, mort en ce lieu, le 10 mars
1833, est auteur d'un sermon prononcé à l'oc-
casion de l'érection du nouvel orgue de
Pyrna : ce discours a été publié dans le Ma-
gasin pour les prédicateurs, d'Ammon (t. IV,
p. 1), sous ce titre : Ueber der Ferhxltniss
des Orgehpiels sur kirchlichen Jndacht
(Sur les rapports du jeu de l'orgue avec le re-
cueillement religieux).
KRE1BE (Jeaw-Cojirad), né à Gotha en
1792, reçut les premières leçons de musique
par l'assistance d'un certain baron de Stein,
puis acheva son éducation par l'étude des
compositions de Georges Benda. Il séjourna
pendant plusieurs années à Berlin, puis à
Dresde, et obtint, en 1765, la place de maître
de chapelle du prince de Bernbourg, à Ballen-
stœdl. Il mourut le 25 octobre 1780. Kreibe a
écrit beaucoup de musique d'église, des sym-
phonies, des quintettes, des quatuors et des trios
pour divers instruments. Tous ces ouvrages
sont restés en manuscrit.
KREIBE (Bekjamix-Félix-Frédéiic), fils
du précédent, né à Ballenstsedt, le 3 avril 1772,
a étudié la musique sous la direction de Aglhe,
le hautbois chez Rast, et le violon chez Fré-
déric Albrecht. Après avoir suivi des cours de
philosophie et de droit, il est entré comme
simple musicien dans la musique du prince de
Bernbourg; mais il en a été nommé plus tard
maître de chapelle. On a de sa composition :
1° Concerto pour clarinette et orchestre, op. 2,
Brunswick, Spehr. 2° Concerto pour cor, op. 1 ,
Offenbach, André. 3° Concerto pour basson,
op. 3, ibid.y et quelques morceaux pour le
violon.
KREIBICU (François), né en 1728, à
Zwickau, près de Kamnilz en Bohême, se
rendit à Vienne vers 1750 et y excita l'étonne-
ment par son habileté sur le violon, quoiqu'il
fût bien jeune encore. En 1770, l'empereur le
choisit pour diriger la musique de sa chambre :
il se montra digne de celte faveur par un rare
talent pour la direction d'un orchestre. Il était
aussi renommé pour ses préludes sur le
violon. Jusque dans sa vieillesse, il conserva
le feu de l'âge viril dans l'exécution de la mu-
sique des grands maîtres. Il mourut à Vienne,
le 3 septembre 1707, à l'âge de soixante-neuf
ans. On ne connaît de sa composition qu'une
sonate à violon seul, avec accompagnement de
basse, en manuscrit.
RIŒIINER (Catbeeue), née à Isen (Ba-
vière), en 1754, reçut des leçons de chant de son
parent, le maître de chapelle Camerloher, à
Frising. Lorsque son éducation musicale fut
terminée, elle se rendit à Munich, où elle fut
placée au théâtre de la cour, en qualité de pre-
mière cantatrice, au mois d'avril 1782. Dans
la même année, elle épousa Camerloher, se-
crétaire du cabinet de l'électeur. Mademoiselle
Kreiner brilla particulièrement en 1787 dans
le Castor et Pollux de l'abbé Vogler. Elle
mourut à Munich en 1700, à l'âge de trente-
six ans.
KREITEI (Charles), flûtiste, compositeur
médiocre, mais fécond, et écrivain didactique
sur la musique, vécut à Vienne, dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle. Selon Rass-
mann (Panthéon der Tonkiinstler p. 137), il
est mort en cette ville dans le courant de
l'année 1807. On connaît sous son nom environ
cent vingt œuvres de concertos, duos, solos et
airs variés pour la flûte ; des pièces d'harmonie
et des quatuors pour divers instruments à
vent, etc. Il a aussi publié divers ouvrages pour
l'enseignement de la flûte, sons ces titres :
1° Anweisung, trie aile Tœne au f der Flœte
traversière richlig zu nehmen sind nebst
ihren gehœrigen Benennungen (Instruction
sur la manière de produire sur la flûte toutes les
notes avec justesse, avec leurs dénominations
respectives), Vienne, Arlaria, 1799. 2° Schule
fur die Flœte, jedem Spieler dièses Instru-
ments sehr nutzlich, sowohl fur Finger, aïs
auch Zunge in 115 Lectionen (Méthode de
date, très-utile à ceux qui jouent de cet in-
strument, tant pour le doigter que pour le
coup de langue, etc.), Vienne, Bermann.
5° Kurzgefasste Anweisung die Flœte zu
spieUn (Instruction abrégée pour jouer de la
flûte), Vienne, Cappi, et Brunswick, Spehr.
KREMBËRG (Jacques), chanteur, com-
positeur et poëte, né à Varsovie, vers le milieu
du dix-septième siècle, vécut d'abord à Mag-
debourg, puis fut attaché à la chapelle du roi
de Suède, et se rendit en 1688 à Dresde, où il
fut employé dans la musique de l'électeur.
Vers 1704, il alla à Londres et y fit représenter
deux ans après une sorte d'opéra intitulé En-
gland' s Glory (Gloire de l'Angleterre), à
l'occasion de l'anniversaire de naissance de la
reine Anne. Il vivait encore en 1718, et était
attaché à la musique de la cour. En 1689, il
fit imprimer à Dresde un ouvrage qui a pour
titre : Musikalische gemuthsergœtzung a
voce sola e contin. odef auch mit der Laute,
Angclica , Viola di gamba und Cithara
(Divertissement musical à voix seule et basse
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KREMBERG — KRETSCHMAR
continue, ou pour le luth, l'angélique, la
basse de viole ou la guitare).
KRENGEL (Gbéooibe), luthiste du sei-
zième siècle, né à Frankenstein, en Silésie,
est connu par un recueil de compositions qui
a pour titre : LauternstUcke verschiedener
Art, jedes aufdoppelte Weise gesetzt (Pièces
de luth de différents genres, etc.), Francfort
sur TOder, 1584, in-fol. Gerber possédait le
portrait de cet artiste, gravé à Breslau en
1592, arec celle inscription : In vivant
D. Gregorii Krengel, Musici excellentiss.,
icône m.
KRENN (François), pianiste et composi-
teur, né en 1822, vivait à Vienne dans les
années 1844 à 1848. Si mes renseignements
sont exacts, il est Bavarois de naissance et a
fait ses études à Munich, sous la direction de
Stunz. Il a mis au jour plusieurs œuvres de
morceaux faciles pour le piano, particulière-
ment les œuvres 7, 10, 12 et 16. M. Krenn
écrit de préférence la musique d'église. On
connaît de lui : 1° Offertoire (O Deus ego
a mare), pour soprano ou ténor et basse avec
deux violons, alto, contrebasse et orgue (deux
clarinettes et deux cors ad libitum), op. 23,
Vienne, Haslinger. 2° Graduel {Dominus in
Sion), à quatre voix, deux violons, allô, deux
haulbois, deux trompettes, contrebasse, orgue
et timbales, op. 15, Vienne, Diabelli. 3° Bê-
quiem (en ré mineur), a quatre voix, orgue
obligé, deux violons et deux cors ad libitum,
op. 17, Munich, Fa lier. En.1847, une cantate
avec orchestre de cet arliste, intitulée, Die
vier letzten Dirige, a élé exécutée à Vienne
avec succès.
KREINZ (Hehhi), facteur d'orgues alle-
mand, vivait vers la fin du quinzième siècle.
En 1499, il a construit l'orgue de l'église de
Saint-Basile, à Brunswick.
KRESS ou KRESSE (Jean- Albert),
second maître de chapelle à Stultgard, vers la
fin du dix-septième siècle, s'est fait connaître
par un trailé d'harmonie intitulé : Manuductio
novo-methodica ad Bastum générale m ,
Stultgard, 1701, in-fol. On a aussi de lui des
concerts spirituels à quatre voix et instru-
ments, ibid., 1681, in-4°, et un cantique alle-
mand intitulé : Der fusse Name Jésus, oder
teutscher Jubilus Bernardi, à trois voix,
ibid., 1683, in-4°.
KRESS (Jacques), maître de concert du
landgrave de Hesse-Darmsladl, mourut vers
1736. Il a fait imprimer de sa composition, à
Nuremberg, six concertos de violon à cinq
parties, op. 1.
KRESS (Georges FaÉDÉnic), peut-être fils
du précédent, violoniste à Darmstadt, fut
attaché à la chapelle du duc de Mecklembourg
en 1756. En 1763, il se rendit à Gœttingueet
y fut maître de concerts de l'Académie. Il
mourut dans cette position vers 1783. Le
caractère de son talent d'exécution consistait
dans l'agilité ; mais il manquait d'expression
et de goût. On a imprimé de sa composition à
Nuremberg, en 1764, une sonate pour le
violon; il a laissé en manuscrit six solos pour
violon, et un concerto pour le même instru-
ment.
KRETSCHMAR (Jean), musicien alle-
mand, vécut dans les premières années du
dix-septième siècle. La position qu'il occupait
n'est pas connue. On a publié sous son nom
un trailé de musique élémentaire intitulé :
Musica latino-germanica eu jus adminieuh
pueri puelUeque facile brevissimo temporis
spatio integram recte et bene canendi scien-
tiam assequi possunt, Lipsiae, 1605, in-8°.
KRETSCHMAR (Gasfard), chambellan
h Breslau, né à Neisse, en 1602, mourut à
Breslau en 1657. On a de lui un livre inli-
tulé : Ursprung und Fortgang der edelen
Singekunst (Origine et progrès du noble art
du chant), Breslau, 1656, in-4*.
KRETSCHMAR (Jean- André), organisle
de l'église des négociants à Erlurt, en 1699,
était auparavant à Weimar. Il y fut le second
maître de Walther (auteur du Lexique de mu-
sique) pour le clavecin et la composition.
Prinz et Walther disent que ce musicien a
écrit un trailé intitulé Melopoeia, ou l'art de
la composition (en allemand), qui n'a pas été
imprimé, mais dont il a été répandu des
copies. C'est sans doute le même ouvrage qui
est cité par Matlheson (Grundl. einer musii.
Ehrenp forte, p. 106). La plupart des biblio-
graphes de la musique ont confondu le trailé
dont il est question avec celui de Jean
Kretschmar (F. ci-dessus), quoiqu'il y ait
entre les deux auteurs environ quatre-vingts
ans de distance.
KRETSCHMAR (Godeproid), magister
et pasteur primaire à Gorlitz, au commence-
ment du dix-huitième siècle, a prononcé dans
cette ville un sermon qui a été publié sous ce
titre : Einweihungspredigt auf die neue
Orgel in der Gatrlitzer Pétri und Pauli
Kirche (Sermon sur l'installation du nouvel
orgue dans l'église de Saint-Pierre et Saint-
Paul de Gorlilz), Gorlitz, 1704, in-4* de 40 p.
Cet ouvrage contient des détails curieux sur
l'histoire générale de l'orgue.
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KRETSCHMAR — KREUSER
405
KRETSCHMAR (Jean), facteur d'orgues
à Schweidnitz, vivait dans la première moitié
du dix-huit -huitième siècle. Il a construit les
instruments dont voici la liste : 1° A Neisse,
l'orgue de Saint-Jacques, composé de cin-
quante-quatre jeux. 2° A Schweidnitz, en 1711,
celui des Dominicains, composé de trente jeux.
3* A Meetschutx, en 1735, un orgue de trente-
cinq jeux.
KRETSCHMER(Fraiiçois-Jeah-Chahles-
André), conseiller intime de guerre du roi de
Prusse, dans la Poméranie, né en 1775 (le lieu
n'est pas connu), est mort à Anclam, le 5 mars
1839. Il s'est occupé depuis sa jeunesse de re-
cherches sur l'histoire et la théorie de la
musique, et a publié un livre qui a pour titre :
Ideen xu einer Théorie der Musik (Idées
d'une théorie de la musique), Stralsund ,
Lœffler, 1833, in 4°. Cet ouvrage, qui renferme
des idées neuves sur la constitution des tona-
lités, n'est en quelque sorte composé que de
fragments d'un livre écrit par l'auteur sur une
théorie générale de la musique. On trouvera
dans mon Histoire de la philosophie de la mu-
sique, faisant suite au système de cette philo-
sophie, une analyse des principes qui servent
de base à la théorie de Kretschmer. Ce savant
a commencé en 1838 la publication d'une col-
lection de chansons populaires allemandes qui
fut interrompue par sa mort; elle a été con-
tinuée et achevée par les soins du docteur
Massmann, de Munich, de M. de Zuccalmaglio,
de Varsovie, et de plusieurs autres collabora-
teurs. Elle forme deux volumes, grand iu-
octavo et a pour titre : Deutsche VoVkslieder
mit ihren Original- Weisen (Chansons popu-
laires allemandes avec leurs formes origi-
nales), Berlin, 1840. Ce travail n'est pas à
l'abri de tout reproche, sous le rapport de l'au-
thenticité traditionnelle des mélodies.
KREUBÉ (Chables-Frédéric) né à Luné-
ville, le 5 novembre 1777, apprit la musique
et le violon dans cette ville, puis fut attaché à
l'orchestre du théâtre de Metz, en qualité de
chef d'orchestre. Arrivé à Paris en 1800, il y
reçut des leçons de Rodolphe Kreutzer pour le
violon. Bans l'année suivante, il entra à l'or-
chestre del'Opéra-Comique. Devenu sous-chef
d'orchestre du même théâtre en 1805, il suc-
céda à Blasius, comme premier chef, en 181 G,
et conserva cette place jusqu'au mois de no-
vembre 1828. Retiré alors avec la pension, il
vécut depuis ce temps à la campagne, près de
Saint-Denis. Admis au nombre des musiciens de
la chapelle du roi en 1814, Kreubé perdit cette
position en 1830, lorsque cette chapelle fut sup-
primée. Il est mort dans sa maison de cam-
pagne, au printemps de 1846. Il s'était d'abord
fait connaître comme compositeur de musique
instrumentale et avait publié : 1° Deux pots-
pourris en quatuor pour deux violons, alto et
basse; Paris, Gaveaux. 2° Trios pour deux
violons et basse, op. 0, 21; Paris, Hanry.
3° Duos pour deux violons, op. 1 1, 24, 25, 2G,
30; Paris, Hanry, Gaveaux. 4° Thèmes variés
pour violon; Paris, Hanry, Gaveaux. 5° Trois
nocturnes pour deux violons, alto et basse,
op. 23; Paris, madame Duhan. 6° Trois qua-
tuors pour deux violons, alto et violoncelle,
op. 51, ibid. Plus tard, Kreubé s'est livré
à la composition d'ouvrages dramatiques pour
l'Opéra-Comique. Quelques-uns de ses opéras
ont réussi; mais ils ont maintenant tous dis-
paru de la scène. En voici la liste chronolo-
gique : 1° Le Forgeron de Bassora, en deux
actes, 1813. 2°£e Portrait de famille, en un
acte. 1814. 3° La Perruque et la Redingote,
en trois actes, en collaboration avec Kreutzer,
1815. 4° La jeune Belle-mère, en deux actes,
1816. 5° Une nuit d'intrigue^ en un acte,
\%\§.fr L'Héritière,™ unaetc, 1817. 7° Ed-
mond et Caroline, en un acte, 1810. 8° La
jeune Tante, en un acle,l 820.9° Le Philosophe
en voyage, en trois actes, en collaboration
avec Pradher, 1821. 10° Le Coq de village,
en un acte, 1822. 11° Le Paradis de Ma-
homet, en trois actes, avec Kreutzer, 1822.
12° Jenny la bouquetière , en deux actes,
avec Pradher, 1823. 13° L'Officier et le
Paysan, en un acte, 1824. 14° Les Enfants de
Maître Pierre, en trois actes, 1825. 15° La
Lettre posthume, en un acte, 1827. 16° Le
Mariage à t'anglaise, en un acte, 1828.
Les partitions du Forgeron de Bassora ,
d'Edmond et Caroline, du Coq de village,
des Enfants de Maître Pierre et de VOfficier
et le Paysan ont été gravées à Paris.
KREUSER ou KREUSSEU (Geoiiges-
Ajtoixe), né en 1743 à Heidingsfeld, petite
ville de la Bavière , près de WUrzbourg ,
voyagea en Italie, dans sa jeunesse, pour per-
fectionner son talent sur le violon et dans la
composition; puis il parcourut la France cl la
Hollande, et s'établit dans ce dernier pays
pendant plusieurs années. Il fut directeur
d'orchestre et compositeur à Amsterdam, en
1776; plus tard, il eut la place de maître de
chapelle de l'électeur de Mayence. Il est mort
en cette ville dans les premières années du
dix-neuvième siècle. Les principaux ouvrages
de cet artiste sont : 1° La Mort de Jésus,
oratorio, sur le texte de Ramier, exécuté à
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106
KREUSER — KREUTZER
Mayence, en 1790; gravé en partition à ;
Mayence, chez Scbott. 2° Trois symphonies I
pour l'orchestre, liv. 1 ; Offenbach, André. ,
ô° Trois idem, liv. 2, ibid. On assure que
Krcuser en avait composé trente. Il est vrai-
semblable que le plus grand nombre est resté
en manuscrit, ou a été publié en Hollande.
A° Dix-huit quatuors pour deux violons, alto
et violoncelle. 5° Douze trios pour deux violons
et basse. 0° Six quatuors faciles pour flûte,
violon, allô et basse, liv. 1 el 2; Bonn, Si m-'
rock. 7° Trois sonates pour piano et violon,
op. 1; Mayence, Schott. 8° Trois sonates faciles
pour piano seul, op. 50; Paris, Garli. 9°,Ch an-
sons allemandes avec accompagnement de
piano; Mayence, Scbott.
Le frère aîné de Georges-Antoine, Adam
Kreuser, était beaucoup plus âgé que lui, car
il naquit à Heidingsfeld, le 22 juin 1727. Il
(Hait un des meilleurs cornistes de son temps
cl jouait bien du violon. En 1752, il visita la
France, puisse fixa à Amsterdam où il mourut,
le 19 avril 1791, dans la position de chef d'or-
chestre. On ne connaît pas d'ouvrages de sa
composition.
KREUTZER (Rodolphe), violoniste cé-
lèbre et compositeur, né à Versailles le 16 no-
vembre 1766, était fils d'un musicien de la
chapelle du roi, qui lui enseigna les éléments
de la musique. Dès l'âge de cinq ans, il montra
les plus heureuses dispositions pour cet art;
particulièrement pour le violon, qui lui fut j
enseigné par Antoine Stamitz, violoniste aile- j
mand d'une certaine réputation, et qui a fondé ;
une école. Les progrès* du jeune Kreutzer ,
tinrent du prodige : il avait à peine atteint '
sa douzième année, que déjà il faisait près- ]
sentir ce jeu brillant et plein de verve par j
lequel il excita depuis lors l'enthousiasme du '
public dans tous les concerts où il se fit en- j
tendre. Personne ne lui avait enseigné les i
principes de l'harmonie, mais son heureuse I
organisation suppléait au savoir qui lui man- i
quait, et avant d'avoir acquis des notions sur
Part d'écrire la musique, il composait des
concertos. A l'âge de treize ans, il fit entendre
au concert spirituel son premier ouvrage en
ce genre : le compositeur et le virtuose furent
applaudis avec transport.
Souvent appelé à Trianon, pour les petits
concerts de la reine, il y chantait avec goût
cl se faisait ensuite admirer comme violoniste.
A l'âge de seize ans, il perdit en deux jours
son père, sa mère, et se trouva chargé de l'en-
tretien de quatre enfants dont il était l'atné.
La reine Marie-Antoinette vint heureusement
à son secours et lui remit, quelques jours après,
le brevet de la place de premier violon de la
chapelle royale, que son père avait occupée.
Plein de courage et de confiante dans ses
forces, Kreutzer travailla avec ardeur pour
développer son talent par les occasions fré-
quentes qu'il avait eu d'entendre Mes tri no et
Viotli. A peine âgé de vingt ans, il pouvait
être déjà classé parmi les violonistes les plus
habiles.
Ses ouvrages se succédaient avec rapidité, et
son talent d'exécution se perfectionnait de plus
en plus. Mais ce n'était pas seulement à la
musique instrumentale qu'il voulait se livrer
exclusivement; le besoin de travailler pour la
scène ne lui laissait point de repos. N'ayant
pu se procurer un poème pour l'Opéra-Comi-
què, il se mit à* refaire la musique de deux an-
ciennes pièces, et cette musique fut répétée à
la petite salle du château de Versailles, devant
la cour, grâce aux bontés de la reine, qui avait
pris le jeune artiste sous sa protection. Une
occasion se présenta bientôt de mettre à exé-
cution son projet favori, et de se procurer le
poème d'opéra, objet de ses désirs. En 1790,
il était entré au Théâtre Italien, comme pre-
mier violon ; cette place lui fit faire la con-
naissance de Desforges, qui lui confia le drame
historique de Jeanne d'Arc, en trois actes,
dont la musique fut écrite en quelques jours
par Kreutzer. Cette pièce fut représentée au
Théâtre Italien, en 1790, et eut assez de succès
pour donner de la confiance à d'autres poêles.
Le 15 janvier 1791, Kreutzer donna au même
théâtre Paul et Firginie, composition pleine
de chaleur, d'élégance, de naïveté, et qui se
fait remarquer par une couleur locale ravis-
sante d'effet. Le succès fut complet. Au mois
d'août de la même année, Lodouka fut ac-
cueillie avec enthousiasme par les habitués de
l'Opéra-Comique. C'est aussi par un coloris
analogue au sujet que cet opéra mérite d'être
placé au rang des bonnes compositions dra-
matiques ; toutefois, il faut avouer qu'il est
inférieur à Paul et Firginie, bien qu'il soit
resté au répertoire, et que son ouverture soit
devenue populaire.
Jusque-là, Kreutzer n'avait suivi que son
heureux instinct dans la composition de ses
ouvrages; car toute notion d'harmonie lui
était étrangère. Sa manière de concevoir toutes
les parties de sa partition consistait à marcher
à grands pas dans sa chambre, chantant ses
mélodies et les accompagnant sur son violou.
Ce fut de la même manière qu'il écrivit, on
1792, Charlotte et Werther, en un acte, jwur
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KREUTZER
107
le Théâtre Italien ; le Franc Breton, pour le
même théâtre; et en 1795, le Déserteur de la
montagne de ffamm, au Théâtre Italien ; le
Congrès des Rois, auquel il travailla en col-
laboration avec Grélry, Méhul, Dalayrac, Des-
bayes, Solié r Devienne, Berton, Jadin, Trial
fils, Cherubini et Blasitis; le Siège de Lille,
en on acte, au théâtre Feydeau ; la Journée
de Marathon, en quatre actes, au théâtre Na-
tional; On respire, petit opéra improvisé
après le thermidor, et quelques autres ou-
vrages de peu d'importance. Ce fut long-
temps après que Kreutzer, devenu membre
du Conservatoire,, crut que ses fonctions de
professeur lui imposaient l'obligation d'être
savant, et qu'il se mit à faire des éludes tar-
dives, dont le résultat fut d'arrêter l'élan de
son imagination.
Après la mémorable campagne de 1796 et
le traité de Campo-Formio qui en fut la suite,
Kreutzer partit pour l'Italie. Il y donna de
brillants concerts à Milan, Florence et Ve-
nise (1). Il se rendit ensuite en Allemagne où
il obtint aussi de beaux succès comme violo-
niste et comme compositeur, et revint à Paris
par la Hollande, en passant par Hambourg.
Le Conservatoire de musique venait d'être
organisé, Kreutzer y fut appelé comme pro-
fesseur de violon : Il s'y fit bientôt distinguer
par les excellents élèves qu'il forma* Sa mé-
thode d'enseignement se distinguait surtout
par une qualité précieuse, à savoir l'enthou-
siasme et la confiance qu'il savait inspirer à
ses élèves. Dans le même temps, il se faisait
entendre avec le plus grand succès dans les
concerts de l'Opéra et du théâtre Feydeau ; ce
fut pour un de ces concerts qu'il composa la
symphonie concertante en /a, qui fut exécutée
par Rode et par lui. Après le départ de Rode
pour la Russie, Kreutzer lui succéda comme
violon solo de l'Opéra en 1801 ; conserva cette
place jusqu'en 1816, où il fut nommé second
(1) I/auteur de la notice de K rentier, qui se trouve
dans le supplément de la Biographie universelle de H i-
ehaud, dit que Bonaparte chargea cet artiste de recueil-
lir dans les bibliothèques les œuvres non publiés des
maiircs de la scène italienne : cette assertion n'est point
exacte; car je tiens de l'illustre géomètre Ronge, alors
chargé d'une mission générale relative aux sciences et
aux arts, que ce Tut lui qui, ayant rencontré Kreutzer
à Milan, lui confia ce soin, et qui, l'ayant retrouvé plus
tard à Venise, lui fil la renme de caisses où étaient con-
tenue* les copies des «livres des pics oneiens maîtres
de l'église do Saint-Mare. Occupé de ses concerts et de
ses relations avec les artistes, Kreutzer ajourna l'envoi
qu'il devait faire a Puris de ces caisses. Dans l'inter-
valle, la guerre recommença; l'armée française fut obli-
gée de battre en retraite, et les trésors recueillis par
Mongc furent perdus.
chef d'orchestre, et devint directeur du même
orchestre l'année suivante. Entré en 1802 dans
la chapelle du premier consul Bonaparte,
comme un des premiers violons, il fut fait
violon solo de la musique particulière de l'em-
pereur Napoléon en 1806, et maître de la
chapelle du roi en 1815, en survivance de
Planlade.
Itfalgré tant de travaux et d'emplois, Kreutzer
n'avait point renoncé à sa passion pour le
théâtre; il écrivit, en 1801, sa partition
tfJstianax pour l'Opéra, et commença à
montrer dans cet ouvrage sa nouvelle direction
par une facture plus soignée que dans ses
premières compositions. Ce penchant se dé-
veloppa dans les ouvrages qu'il écrivit par la
suite; mais son originalité primitive parut
s'affaiblir. Une multitude de compositions de
tout genre furent écrites par lui dans l'inter-
valle de vingt années qui suivirent la repré-
sentation de son opéra <TJ$tianax. Le der-
nier opéra qu'il fit représenter fut Ipsiboé, en
1825, à l'Académie royale de musique : on y
trouvait encore de belles choses.
En 1824, Kreutzer fut fait chevalier de* la
Légion d'honneur; dans la même année, il
quitta la direction de l'orchestre de l'Opéra pour
celle de toute la musique de ce spectacle ; mais
il ne garda celte dernière position que peu de
temps : en 1826, il fut admis à la retraite.
Alors il voulut faire un dernier adieu au
public par l'opéra de Matilde qu'il avait écrit
avec soin; mais l'artiste célèbre, qui avait eu
tant de succès en tous genres, sollicita vaine-
ment du directeur placé à la tête de l'Opéra
en 1827, la faveur d'être admis à faire repré-
senter son ouvrage : il fut repoussé bru-
talement par l'esprit de monopole qui s'était
emparé de ce directeur. Kreutzer fut vi-
vement blessé du refus qu'il éprouvait; un
profond chagrin s'empara de son âme, et
plusieurs atteintes d'apoplexie portèrent le
dérangement dans ses facultés. Pendant plu-
sieurs années, il fut languissant; enfin on crut
que l'air de la Suisse et les soins d'un mé-
decin célèbre de Genève pourraient lui rendre
la santé; on le conduisit dans cette ville;
mais les ressorts de la vie étaient usés; il y
expira le 6 juin 1831. On lit dans la Bio-
graphie des hommes remarquables du dé-
parlement de Seine-et-Oise, par MM. Daniel
(p. 250), qu'un cui'é de celte ville refusa la sé-
pulture à cet artiste célèbre, parce qu'il avait
travaillé pour le théâtre. Depuis plus de dix
ans, Kreutzer avait cessé de jouer du violon,
par suite d'une chute où il avait eu le bras
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108
KREUTZER
cassé, dans un voyage qu'il fit au midi de la
France.
Comme violoniste, Kreutzer avait pris une
position élevée dans l'école française, où bril-
laient alors Rode et Baillot; non qu'il eût
l'élégance, le charme et la pureté du premier
de ces artistes, ni l'admirable variété de mé-
canisme et le sentiment profond du second;
car, dans son talent d'instrumentiste, comme
dans sa musique, Kreutzer dut tout à son
instinct et rien à l'école. Cet instinct, riche et
plein de verve, donnait à son exécution une
originalité de sentiment et de manière qui *
portait toujours l'émotion dans l'auditoire, et
que personne n'a surpassée. Ii avait le son
puissant, l'intonation juste, et sa manière de
phraser avait une chaleur entraînante. Le seul
reproche qu'on lui a fait avec justesse était de
manquer de variété dans l'accentuation de l'ar-
chet, et de couler presque tous les traits, au
lieu d'y introduire le détaché.
Yoici la liste des principaux ouvrages de ce
musicien distingué. A l'Opéra A La Journée
de>Marathon, en quatre actes, 1793.1 °(bis)Fla-
minius à Corinthe, en un acte, 1800, avec
Nicolo Isouard. 2° Astianax, opéra en trois
actes, 1801 . 3° Aristippe, en deux actes, 1808.
4* La Mort d'Abel, en trois actes, 1810.
5° Antoine et Cléopdtre, ballet en trois actes,
1809. 5° (bis) La Fête de Mars, en un acte,
1814. 0° L'Oriflamme, en deux actes, en
collaboration avec Méhul, Breton, etc., 1814.
7° La Princesse de Baby lotie, en trois actes,
1815. 8° Les Dieux rivaux, en deux actes,
avec Spontini, Persuis et Berlon, 1810. 9° Le
Carnaval de Venise, ballet en deux actes,
avec Persuis, 1816. 10° La Servante justifiée,
ballet en un acte, 1818. 11° Clari, ballet en
trois actes, 1820. 12° Jpsiboé, opéra en trois
actes. 1823. l&Matilde, opéra en trois actes,
inédit. Ad théâtre Favart : 14° Jeanne d'Arc
à Orléans, en trois actes, 1700. 15° Paul et
Virginie, en trois actes, 1791. 16° Lodoïska,
en trois actes, 1791. 17° Charlotte et Wer-
ther, en un acte, 1792. 18° Le Franc Breton,
1792. 19* Le Déserteur de la Montagne de
Hamm, en un acte, 1793. 19° (bis) On res-
pire, en un acte, 1794. 20° Le Brigand, en
un acte, 1795. 21° Jmogène, ou la Gageure
indiscrète, en trois actes, 1 796. 22° Le Congrès
des Bois, en collaboration avec plusieurs mu-
siciens, 1793. An Théâtre Feydeau : 23° Le
Siège de Lille, en un acte, 1793. 24° Le Len-
demain de la bataille de Fleurus, en un acte,
1795. 25° Le Petit Page, en un acte, 1795.
23" (bis) Les Surprises, ou l'Étourdi en
voyage, en deux actes, 1806. 26« Jadis et
aujourd'hui, en un acte, 1808. 27° Fran-
çois /«, en trois actes, 1808. 28° Le Triomphe
du mois de mars, en deux actes, 1811.
29° L'Homme sans façon, en trois *cles,
1812. 30° Le Camp de Sobieski, en deux actes,
1813. 31° Constance et Théodore, en deux
actes, 1813. 32° Les Béarnais, en un acte,
avec Boieldieu, 1814. 33° La Perruque et la
Redingote, en trois actes, avec Kreubé. 54° Le
Matlre et le Valet, en trois actes, 1816.
35» Le Négociant de Hambourg, en trois
actes. 1821. Il a aussi arrangé la musique du
ballet de Paul et Virginie, dont son opéra
lui a fourni les principaux matériaux. Musique
instrumentale : 1° Deux symphonies concer-
tantes pour deux violons, l'une en fa, l'autre
en mi; Paris, Pleyel et Frey. 2° Symphonie
concernante pour deux violons et violoncelle,
Paris, Troupenas. 5° Premier concerto pour
violon (en sol)-, Paris, Sieber. 4° Deuxième
idem (en la), ibid. 5°Troisième idem (en mi) ;
Paris, Leduc. 6 e Quatrième idem (en ut), ibid.
7° Cinquième idem (en te); Paris, Troupenas.
8° Sixième idem (en mi mineur) ; Paris, Janet
et Cotelle. 9° Septième tVfem (en la), ibid.
10° Huitième idem (en ré mineur); Paris,
P. Petit. 11° Neuvième idem (en mi mineur);
Paris, Janet et Cotelle. 12° Dixième idem (en
ré mineur); Paris, Pleyel. 13° Onzième idem
(en ut), ibid. 14° Douzième idem (en la)', Paris,
Érard. 15* N« 13, lettre A (en ré); Paris, Frey.
16* N« 14, lettre B (en m<), ibid. 17* H» 15,
lettre C (en la) ibid. 18° N° 16, lettre D (en mi
mineur), ibid. 10° N° 17, lettre E (en sot),
ibid. 20° N° 18, lettre F, (en mi mineur), ibid.
21* N* 19, lettre G (en ré mineur), ibid.
22° Air provençal varié pour violon et or-
chestre, ibid. 23° Romance de Joseph, idem,
ibid. 24° Quinze quatuors pour deux violons,
alto et basse, op. 1, 2, 3; Paris, Janet, Pleyel,
Frey. 25° Quinze trios pour deux violons et
violoncelle, op. 5, 15, 16, lettre A et lettre B;
Paris, Michel Ozy, Pleyel, Frey. 26° Sept
œuvres de duos pour deux violons ; Paris, Le-
duc, Pleyel, Troupenas, Frey. 27° Cinq œuvres
de sonates pour violon et basse ; Paris, Leduc,
Frey. 28° Huit œuvres d'études et de caprices
pour violon seul, ouvrages devenus classiques
pour l'étude de l'instrument; Paris, Leduc,
Frey, Troupenas. 29° Plusieurs airs variés
pour deux violons, en trios, en quatuors, Paris.
Kreutzer a pris part à la rédaction de la
Méthode de violon publiée parle Conservatoire
de Paris.
KREUTZER (Jean- Nicolas- Auguste),
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KREUTZER
409
frère du précédent, naquit à Versailles en
1781 (1), et reçut des leçons de Rodolphe pour
le violon. Lorsque le Conservatoire de Paris
fut organisé, il entra dans la classe du même
professeur, et obtint le second prix de violon
au concours de Tan VIII (1800), puis le pre-
mier prix Tannée suivante. Sans avoir jamais
eu l'éclat du jeu de Rodolphe, il appartint
cependant à son école par une certaine élé-
gance toute française, très-différente de ta
manière de Baillot et de celle de Rode. En
1798, Kreutzer entra à l'orchestre de l'Opéra-
Coraiquedu théâtre Favart. En 1802, il passa
de cet orchestre à celui de l'Opéra, et il y
resta jusqu'au commencement de 1823, époque
où il se retira avec la pension, après vingt ans
de service. Pendant plusieurs années, ii avait
été professeur suppléant au Conservatoire :
en 1835, il succéda à son frère dans la place
de professeur de première classe. Une maladie
de poitrine Ta conduit au tombeau dans Tété
de 1832. Kreutzer, qui avait été attaché à la
chapelle de Napoléon, est entré dans celle du
roi en 1814, et a conservé sa place parmi les
premiers violons jusqu'à la dissolution de cette
chapelle en 1830. Cet artiste a publié : 1° 1™
et 2* concerto pour violon, Paris, Boieldleu.
2° Duos pour deux violons, op. 2 et 3, Paris,
Janet, Naderman. 3 e Trois sonates pour
violon et basse, op. 1, Paris, Janet. 4« Plu-
sieurs airs variés et solos pour violon.
KREUTZER (Léor-Charles-Frarçois),
fils du précédent et neveu de Rodolphe, est né
à Paris, le 25 septembre 1817. Après avoir
appris, dans ses premières années, les élé-
ments du solfège, il commença, à treize ans,
l'élude du piano sous la direction de M. Flè-
che, ancien élève lauréat du Conservatoire.
Deux ans après, il reçut des leçons de compo-
sition de M. Benoist, professeur au Conserva-
toire. A vrai dire, la plus solide instruction
musicale de Léon Kreutzer fut puisée dans ses
lectures de partitions et de livres relatifs à
l'art, dans la comparaison des productions
d'époques différentes et du style des maîtres.
Ces études, faites dans l'isolement, ont donné
pour résultats à l'artiste des théories esthé-
tiques et des vues sur l'art toutes personnelles,
indépendantes et peut-être un peu trop exclu-
sives. Épris d'un amour passionné pour Vart
pur, il n'a point transigé avec le fait des
(I) La Biographie universelle des contemporains place
la naissance de cet artiste en 1778, et H. Gabet, dans son
Metionnairt îles arlistei de Virole française, la fixe en
1785. La date que je donne est consignée dans les anciens
registres du Conservatoire de Paris.
succès de vogue et des entraînements de la
mode. Poussant même à l'excès son penchant
pour le sérieux et sa haine du frivole en mu-
sique, il n'a pu éviter, comme critique, une
certaine roideur d'opinions qui, parfois, a
faussé ses jugements. Les travaux de M. Kreut-
zer dans la critique musicale ont paru dans les
journaux dont voici les titres : 1° L'Union,
depuis 1840 jusqu'au moment où cette notice
est écrite (1862); M. Kreutzer y fait l'analyse
des opéras représentés sur les théâtres de
Paris. 2° Revue et gazette musicale de Paris .-
sous le titre de l'Opéra en Europe, le critique
y a donné depuis 1841 un travail éleudu avec
des exemples de musique pour servir d'éclair-
cissement au texte. Il y a publié aussi des
analyses du Faust de Berlioz, de VElie de
Mendelsohn, et une suite d'articles sur la
Société des concerts du Conservatoire de Paris.
3° Revue contemporaine, depuis 1854 : divers
articles sur les théâtres et une biographie très-
dé veloppée de Neyerbeer. 4° L'Opinion pu-
blique. 5° Le Théâtre. Divers travaux dans
ces deux journaux.
Compositeur d'un talent solide et «dont les
tendances ont de l'originalité, M. Kreutzer au-
rait pu prétendre à des succès qui eussent eu.
plus d'éclat, si, se tenant moins à l'écart et
plus soigneux de sa renommée, il se fût donné
quelque peine pour faire connaître son œuvre,
très-varié d'ailleurs, et s'il eût attaché plus
de prix à l'opinion publique, sans laquelle on
n'arrive à rien, quoi qu'on fasse. C'est un mau-
vais refuge que celui du dédain pour celle
opinion : on n'y porte jamais qu'un esprit mé-
content. Voici la liste des productions de
M. Kreutzer, publiées et inédites : I. musique
de puho : 1° Sonate dans l'ancien style, Paris,
Ricbault. 2* Sonate en si bémol, ibid, 3° So-
nate en fa mineur, ibid. 4° Six éludes, ibid.
5° Dix valses et deux écossaises, ibid. 0° Deux
quadrilles, ibid. 7° Prélude, Paris, ITeugel/
8° Romance sans paroles, Paris, Bernard
Latte. 0° La Gymnastique du piano, Paris,
Gérard. 10° Ninuetto, Paris, Richault. II. mu-
sique de chambre : 11° Trio pour piano, violon
et violoncelle, ibid. 12° Quatuors pour deux
violons, alto et violoncelle, n" 1, 2, 3, 4,
ibid. III. musique de crart : 13° Vingt-six
mélodies avec accompagnement de piano,
1" suite, ibid. 14° Vingt mélodies idem,
2 e suite, ibid. 15° Les Cloches de Saïd, idem,
ibid. 16° L'Enfant pauvre, idem, Paris,
Gérard. 17° La Fiancée du Marin, idem,
ibid. IV. musique de violon : 18° Romance en
sor mineur, Paris, Richault. V. musique d'or-
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110
KREUTZER
chestre. 19° Introduction à la Tempête de
Shakespeare, Paris, Parent. VI. eoue l'episei-
gsement : 20° Petit cours d' harmonie, au
point de vue de la modulation.
M. Kreutzer a en manuscrit : 21° Quatuors
pour deux violons, alto et violoncelle, n" 5, 6,
7, 8. 22° Troisième suite de mélodies. Plu-
sieurs mélodies tirées des trois suites publiées
et inédite ont été arrangées avec accompa-
gnement d'orchestre par l'auteur. Il en est un
certain nombre qui ont été traduites en alle-
mand par M. Richard Lindau. 23° Symphonie
en si bémol pour orchestre. 24° Idem en fa
mineur.25°Fantaisie burlesque, idem. 26° Idem
militaire. 27° Concerto sy m phonique en quatre
parties pour piano et orchestre, musique d*a-
xatio.de : 28° Serafina, opéra-comique en un
acte. 20° Les Filles à'Aiur> opéra féerie, mu-
sique religieuse : 30* Slabat Mater, à deux
/ chœurs, avec orgue non obligé. 31° Petit traité
de contrepoint. Il y a beaucoup de distinction
et de fantaisie dans les ouvrages de M. Kreut-
zer dont l'auteur de cette notice a eu connais-
sance.
KREUTZER (Coïihadin). Un meunier
dont le moulin était situé à une demi-lieue de
*Mœssklrch, aujourd'hui sous la domination du
grand -duc de Bade, avait huit enfants. L'un
d'eux, Conradin Kreutzer, né le 22 novembre
1782, jour de Sainte- Cécile, montra dès son
enfance beaucoup de penchant pour la mu-
sique. A l'âge de sept ans, ses parents l'en-
voyèrent chez Rieger, directeur du chœur et
organiste, qui lui enseigna les premiers prin-
cipes de la musique appliqués au piano, au
violon et au chant. Ce fut précisément le jour
de Sainte-Cécile qu'il arriva chez son maître.
Ce jour est devenu remarquable par les événe-
ments qui signalèrent ses progrès et les cir-
constances principales de sa vie.
Rieger était un homme de grande sévérité
pour ses élèves; mais tels étaient le zèle et
l'aptitude de Conradin, que le maître se laissa
loucher et qu'il montra toujours une préfé-
rence marquée pour cet élève. Après une
année d'étude, le jeune Kreutzer se trouva en
état de chanter, de manière à satisfaire le
professeur et le public, un grand solo à l'offer-
toire de la messe de Sainte-Cécile. Il resta
encore une année sous la direction de son
maître, après quoi il passa en qualité d'enfant
de chœur au monastère de Zwyffallcn. Il était
alors âgé de neuf ans, et, par une circonstance
assez singulière, ce fut encore le jour de
Sainte-Cécile qu'il entra dans le couvent.
Le monastère de Zwyffallen est situé près de j
Riedlingen, en A jtriche. C'est là que Conradin
Kreutzer continua ses éludes et qu'il reçut
d'un moine, nommé Ernest Weinrauch, di-
recteur de la musique du couvent, des leçons
qui exercèrent la plus heureuse influence sur
sa carrière. Cet Ernest Weinrauch, qui était
entré à Zwyffallen comme enfant de chœur «t
qui n'en sortit plus, était un musicien de
génie, mais un homme si ignorant des choses
du monde, qu'il n'avait jamais pu comprendre
l'usage de la monnaie. Conradin Kreutzer
assure que ses compositions étaient tris-
remarquables. II possédait aussi un rare
talent comme organiste j talent qu'il commu-
niqua à son jeune élève. Les leçons de contre-
point et d'harmonie données par un maître
tel que Weinrauch à un élève aussi plein de
zèle que Kreutzer ne pouvaient manquer de
produire d'heureux résultats. Le professeur se
voyait avec joie revivre dans son élève, et
celui-ci n'avait d'autre pensée, d'autre pas-
sion que la musique. Telle était l'ardeur de
Kreutzer pour le travail, qu'il étudiait souvent
au clair de la lune, et qu'on était obligé de le
surveiller à cause de la faiblesse de sa santé.
Dans le monastère de Zwyffallen, comme
dans beaucoup d'autres, on avait l'habitude
d'exécuter de symphonies pendant la messe :
Kreutzer se sentit pressé du désir d'en com-
poser une. Mais il n'était encore qu'aux pre-
miers éléments de l'harmonie, et il ignorait la
manière de disposer les différentes parties
dans une partition. Pour exécuter son projet,
il se borna donc à faire un brouillon de la
partie principale, après quoi il arrangea sépa-
rément chacune des autres. Son professeur le
surprit un jour au travail, lorsque sa table et
le plancher de sa cellule étaient jonchés des
parties de tous les instruments. Le professeur,
tout ému de joie, enseigna à son élève les pro-
cédés de la formation de la partition.
Après trois années de leçons données à Con-
radin, le digne Weinrauch cessa de vivre. Un
jeune moine, venu d'un autre couvent, lui
succéda; mais il ne possédait ni l'affabilité de
caractère, ni les hautes connaissances de son
prédécesseur. Conradin sentit qu'il avait tout
perdu, et il se décida à quitter le couvent de
Zwyffallen pour se rendre à celui de Schussen-
ried, ce qu'il Gt en 1706. Les moines de celui-
ci appartenaient à l'ordre des Prémontrés, et
jouissaient d'une grande liberté. Kreutzer
chanta encore pendant un an comme enfant
de chœur, mais au bout de ce temps, sa voix
passa du soprano au ténor. II se borna alors à
remplir les fonctions d'organiste, elle reste de
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KREUTZER .
111
son temps fut employé à terminer ses études.
On le jugea bientôt assez habile pour devenir
professeur, et l'éducation musicale de qua-
rante élèves du couvent lui fut confiée. -
Les parents de Kreutzer voyaient avec in-
quiétude sa passion pour la musique, parce
qu'ils le destinaient au barreau. On finit même
par lui interdire absolument l'élude de cet
art, ce qui lui causa beaucoup de chagrin.
Devenu orphelin en 1797, il reprit le cours de
ses travaux favoris ; mais un oncle pharma-
cien, qui était son tuteur et qui voulait lui
faire embrasser sa profession, l'obligea à
quitter Schussenried, et à se rendre à l'univer-
sité de Fribourg en Brisgau, pour y étudier la
médecine. Il arriva dans cette ville, en 1799,
et suivit d'abord le cours de philosophie.
Cependant il ne cessait d'importuner son
oncle pour reprendre ses études de prédilec-
tion; enfin sa persévérance triompha des
obstacles, et il obtint la permission d'aller à
Vienne pour y reprendre ses travaux de mu-
sique. La durée de son voyage fut plus longue
qu'il ne l'avait imaginé. Les connaissances
qu'il avait faites dans plusieurs familles no-
tables de la Suisse furent cause qu'il resta
jusqu'en 1804 dans la ville de Constance. Au
commencement de 1803, il avait pris part à la
première exécution de l'Oratorio la Création
du monde : il y jouait le premier hautbois.
L'orgue et la clarinette étaient aussi des instru-
ments sur lesquels il possédait un talent dis-
tingué. Le dernier lui procura une certaine
célébrité à Vienne.
Lorsqu'il partit pour celte ville, il ne possé-
dait que quatre-vingt-dix florins et n'avait
pas une lettre de recommandation : sa seule
espérance était d'y rencontrer un cousin, avec
qui il était en relation d'amitié. Gai, dispos et
léger comme les artistes de son âge, sans ré-
fléchir aux suites de son entreprise, et sans
douter du succès de ses projets, il se mit en
voyage. A quelques lieues de Vienne, dans un
petit endroit nommé Nusdorf, il lui restait
quelques florins j il prit une voiture et se fit
conduire chez son cousin. Quelle fut sa sur-
prise! il apprit que son parent avait quitté sa
demeure sans indiquer le lieu de sa nouvelle
habitation. Cruellement désappointé, il erra à
l'aventure, et ne fut tiré de sa rêverie et de
son abattement qu'à la vue des affiches de
spectacle. Celle de l'Opéra lui apprit que le
même soir on jouait l'opéra <VAxur de Salieri.
11 se rendit à l'instant au théâtre, et cessa de
songer à sa mésaventure. Axur était le pre-
mier opéra que Kreutzer voyait représenter :
il produisit sur lui une impression profonde,
et fixa son attention de telle sorte, qu'il sem-
blait que toutes ses facultés fussent absorbées.
Malheureusement le spectacle devait finir;
l'enchantement se dissipa, et ce fut avec un
sentiment profond de mélancolie que Kreutzer
sortit avec les autres spectateurs. Il cherchait
à ressaisir encore ses illusions, lorsque au mi-»
lieu de la foule qui s'écoulait, il reconnut avec
un vif plaisir mêlé de surprise ce cousin qui
lui avait causé tant d'anxiété, et qui lui était
si nécessaire ! Celui-ci, charmé de le, voir,
l'emmena chez lui et l'installa dans son loge-
ment. Le hasard fit bientôt faire à Conrad in
Kreutzer la connaissance du célèbre violoniste
Schuppanzigh, qui le recommanda à Alhrechts-
berger. L'habile professeur prit le jeune ar-
tiste en amitié, et se chargea de rectifier ses
éludes et de les terminer. Pendant deux ans,
Kreutzer reçut les leçons de ce grand harmo-
niste. Schuppanzigh reconnut bientôt le talent
distingué de son protégé ; il s'intéressa vive-
ment à ce jeune homme, et, pour l'aider à se
faire connaître, il lui donna le conseil de com-
poser un concerto de piano. Kreutzer se mit à
l'ouvrage, et le concerto fut écrit en huit jours.
Conradin l'exécuta sans répétition dans un*
concert public, et fit naître l'admiration par
le mérite de la composition et par celui de
l'exécution. Schuppanzigh redoubla alors
d'efforts pour faire connaître le jeune musi-
cien, et le recommanda particulièrement au
comte Xavier de Fuchs et à son épouse, née
comtesse de Gallenberg, une des plus belles
femmes de Vienne. Bientôt Kreutzer fut admis
dans les meilleures maisons de celte ville; il
fit beaucoup de connaissances, entre autres
celle de Haydn. Ce grand compositeur s'in-
téressa en faveur du jeune homme, et corrigea
même de sa main trois sonates pour piano qu'il
avait composées.
Après plusieurs années de séjour à Vienne,
Kreutzer, qui avait composé des messes, des
quatuors et quelques pièces de moindre im-
portance, voulut écrire un opéra. Il choisit
celui de Conradin de Souabe. L'ouvrage étant
achevé devait être représenté, mais la censure
s'opposa à la mise en scène. Cette circonstance
fâcheuse ne rebuta point Kreutzer, qui se mit
immédiatement à écrire un autre opéra inti-
tilué Der Raiicher (le Plongeur). Cet opéra
était destiné par le prince Esterhâzy à être
joué sur le théâtre de Vienne : la distribution
en était faite et plusieurs répétitions avaient
eu lieu ; mais l'armée française entra à Vienne
I et fit éprouver à cet opéra le sort de Conradin
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m
KREUTZER
de Souabe. Les désastres politiques occupaient
alors tous les habitants de la capitale de l'Au-
triche, et Gonradin Kreutzer lui-môme ne
pensait plus à cet opéra. Lorsque l'empereur
rentra à Tienne, on songea à faire reparaître
la pièce ; mais un homme chargé d'arranger
la musique pour divers instruments avait égaré
la partition; on crut l'ouvrage perdu; heureu-
sement les parties de chant furent trouvées
chez les acteurs ; c'est au moyen de ces parties
que l'auteur put refaire ensuite son ouvrage,
qui fut représenté avec beaucoup de succès à
Vienne, en 1814, et depuis lors sur quelques
autres théâtres de l'Allemagne. Après la dis-
parition de la partition du Plongeur de
Kreutzer, il composa un autre opéra pour le
théâtre de la cour que dirigeait Weigl. Celui-
ci, d'un caractère envieux et jaloux, s'opposait
presque toujours à ce que les jeunes artistes
se fissent connaître du public. Les tracasseries
qu'il suscita à Kreutzer firent perdre à celui-
ci l'espoir de faire représenter sa nouvelle
composition intitulée : Jery et Bateïy. Cepen-
dant Weigl, persuadé que la pièce n'aurait
pas de succès, finit par consentir à la repré-
sentation ; mais son attente fut trompée, et le
nombre des partisans du talent de Kreutzer
augmenta beaucoup après qu'on eut entendu
cet ouvrage.
Par suite de ses relations désagréables avec
Weigl, Kreutzer résolut de quitter Tienne :
il entreprit un voyage avec son ami Leppig,
mécanicien habile qui venait d'inventer l'in-
strument appelé panmelodicon. Kreutzer
jouait cet instrument avec beaucoup de délica-
tesse et de goût ; dans toutes les villes où il se
fit entendre, il recueillit des applaudissements.
Arrivé à Sluttgard, il donna plusieurs concerts
et se fit entendre différentes fois à la cour.
Frédéric, roi de Wurtemberg, voulut que
t'onradin de Souabe fût représenté sur le
théâtre de l'Opéra ; le succès du compositeur
fut complet. Ce succès l'encouragea à com-
poser un nouvel ouvrage dramatique (Féo-
dora, de Kotzebue). La représentation de cet
opéra fut un nouveau triomphe pour lui. Le
roi le nomma ensuite directeur du Conserva-
toire, en remplacement de Danzi. Il accepta,
et se mit en route pour retourner à Tienne,
où il devait attendre sa nomination défini-
tive; mais à peine arrivé à Munich, il la
reçut par estafette. Il retourna alors à Slutt-
gard où il resta jusqu'à la mort du roi, en
1816.
Les promesses du prince de Furstemberg,
et plus encore les différends qui s'élevèrent
après la mort du roi entre l'intendant de la
ville et Kreutzer, décidèrent ce dernier à
donner sa démission, après quoi il partit pour
la Suisse, où il resta pendant une année. Il
résolut de nouveau de se mettre en route pour
Nuremberg, Golba, Mcinttngen , Leipsick,
Berlin, Dresde, Prague et Vienne. A Berlin,
il donna un concert un théâtre royal de
l'Opéra. A Prague , il fui déterminé à
composer une tragédie lyrique (O reste) dont
les vers sont de Reinbeck. Cette pièce fut re-
présentée et applaudie. Plus tard, lorsqu'il fut
arrivé à Vienne, ses amis l'engagèrent à en-
voyer ce dernier ouvrage à la direction de
l'Opéra. Il s'en défendit d'abord, parce qu'il
pressentait son sort; enfin, déterminé par ses
amis, il l'envoya ; mais ses pressentiments ne
l'avaient point trompé : l'opéra étant acheté fut,
sans être représenté, déposé dans les archives
du théâtre. Pendant son séjour à Tienne, Kreut-
zer obtint du ducCharles-Égon de Furstemberg
la place de directeur de sa musique à Donaues-
chingen. Il resta trois ans dans cette position,
insuffisante pour le développement de ses ta-
lents. Il leur chercha un théâtre plus élevé, et
le trouva. En 1821, la comtesse Fuchs, sœur
du comte de Gallenberg, lui apprit qu'à Tienne
le théâtre était mieux dirigé, et qu'il pouvait
espérer d'y trouver un emploi convenable.
A cette nouvelle, Keulzer demanda sa démis-
sion ; ce ne fut que sur ses instances réitérées
qu'elle lui fut accordée. En novembre, il partit
pour Tienne et y fit monter son opéra inti-
tulé : Libussa, dont le poème est de Bernard.
La représentation eut lieu dans le courant de
l'automne de 1822, et réussit complètement.
Après ce succès, Barbaja, entrepreneur du
théâtre impérial (ffofftheater), autorisé par
l'empereur, lui confia la direction de sa mu-
sique, avec des appointements de 2,000 florins.
Après l'expiration, en 1827, du bail de Bar-
baja, qui ne fut point renouvelé, on ne trouva
pas de remplaçant à cet entrepreneur. Alors
.Kreutzer partit pour Paris, où il composa un
opéra-comique (l'Eau de Jouvence) qui n'eut
point de succès. L'année suivante, le Théâtre-
Royal de Tienne fut ouvert de nouveau; Kreut-
zer s'y rendit et rentra dans son poste. Un
an après, le directeur Cerf arriva à Tienne,
et ayant appris que Kreutzer travaillait à
un nouvel opéra, entra en relation avec lui
dans le but de l'emmener à Berlin, pour
y faire étudier et représenter cet opéra inti-
tulé : Mélusiwty dont le succès lui parais-
sait assuré, et qui pourtant n'a pas réussi.
En 1855, Kreutzer fut chargé de la direction
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KREUTZER
113
de l'orchestre du théâtre Josephslsedt : il
garda cette position jusqu'en 1840 ; mais alors
il donna sa démission pour voyager en Alle-
magne avec sa fille, Cécile, cantatrice, sur qui
il fondait de grandes espérances qui ne se
sont pas réalisées. Dans la même année, il
reçut un engagement, comme directeur de
musique à Cologne. En 1846, la place de di-
recteur de la musique du théâtre royal de
Berlin lui fut offerte, après la mort de Ni-
colal; mais il préféra la position de maître de
chapelle à Riga, à laquelle il fut appelé dans
le même temps. Il est mort dans cette ville, le
14 décembre 1849.
Kreutzer jouit en Allemagne de la réputa-
tion d'un compositeur distingué ; toutefois ses
ouvrages sont plus remarquables par des qua-
lités de facture et d'expérience, que par le
don de l'invention . Sa partition la plus origi-
nale me parait être son monodrame de Cor-
delta. Il a d'ailleurs été rarement heureux à
la scène. On connaît de lui les opéras sui-
vants : 1° L'Enrôlement ridicule (Die laecher-
liche Werbung), opéra-comique en deux actes,
composé à Fribourg en Brisgau, en 1801.
Dans cette pièce, Kreutzer chanta lui-même
avec succès la partie de premier ténor. 2° Con-
radin de Souabe, drame lyrique en trois
actes, composé à Vienne, en 1805, et repré-
senté à Sluttgard pour la première fois, en
1812. 5° Les deux Mots ou Une Nuit dans la
forêts composé à Vienne, en 1803. (Dalayrac a
composé la musique d'un opéra sur le même
sujet.) 4°Jery et Bately, composé à Vienne, en
1805. & Ésope en Phrygie, à Vienne, en 1808.
6° Der Taucher (le Plongeur) , grand opéra
romantique, en deux actes, composé à Vienne
en 1809. 7° Panthea, grand opéra en trois
actes, composé à Vienne, en 1810 (la repré-
sentation de cette pièce a été défendue par
l'autorité). 8° Féodora f opéra-comique en un
acte, paroles de Kotzebue, composé et repré-
senté à Sluttgard, en 1811. 9° Les Insulaires,
opéra en deux actes, composé et représenté à
Sluttgard, en 1812. 10° Mimon et Zayde,
opéra en trois actes, composé et représenté à
Sluttgard, en 1813. 11° Oreste, tragédie lyri-
que en trois actes, composée en 1815 et repré-
sentée pour la première fois à Prague, en 1818.
12° La Chaumière des Alpes (Alpen Jiïutter),
opéra en un acte, paroles de Kotzebue, com-
posé et représenté en 181C. 15° Cordelia,
drame lyrique en un acle, paroles de P. WollT,
composé el représenté pour la première fois,
en 1819, à Donaueschingen, et en 1823, à
Vienne. Celle pièce a été dédiée à M me Milder.
BI0CD. C51V. DES MUSICIENS. T. V.
14° Libussa, grand opéra en trois actes, com-
posé et représenté à Vienne, en 1822. 15° Le
Plongeur (Der Taucher), corrigé et repré-
senté à Vienne, en 1823. 16° Siguna, drame
lyrique, composé et représenté à Vienne, en
1824. 17° La Laitière de Montfermeil, opéra
en cinq actes, composé et représenté à Vienne
en 1827. 18° L'Eau de Jouvence, opéra-
comique en deux actes, représenté au théâtre
de l'Odéon à Paris. 19° Le Portefaix des
bords de la Tamise, opéra en trois acles,
composé et représenté pour la première fois à
Prague en 1828. 20° La jeune Demoiselle
(Die Jungfrau), opéra en trois acles, repré-
senté pour la première fois à Prague en 1850.
21° Le Baron Luft, opéra comique en un
acte, représenté pour la première fois à Vienne
en 1850. 22° La Montagnarde, opéra en
un acle, composé en 1831. Il n'est pas encore
représenté. 25° Mélusine, opéra romantique
en trois actes, représenté pour la première fois
sur le théâtre de Kœnigstadt, le 27 février 1833.
24° Das Nachtlager (la Mauvaise Nuit), à
Vienne en 1854. Dans la période de 1828 à
1840, Kreutzer a encore écrit les opéras :
La Grotte de Waverley, Fridolin, Us deux
Figaro, la musique pour les drames intitulés
Raymond et le Dissipateur, enfin, les opé-
rettes Tom Rick et le Nouveau marié dans
l'embarras. Dans les neuf dernières années
de sa vie, l'activité productrice de Kreutzer ne
s'arrêta pas, car il écrivit les deux opéras
VÉcuyer, et la Montagnarde du Caucase.
On trouva dans ses papiers, après son décès, la
partition V Aurélia, opéra en deux acles, qui
a été représenté avec succès. De tous ses opéras
Libussa, Cordelia, la Mauvaise Nuit de
Grenade, la Montagnarde et le Dissipateur,
sont ceux qui ont reçu le meilleur accueil dans
les villes principales de l'Allemagne. Ils ont été
joués et repris plusieurs fois à Berlin, Vienne,
Prague, Hambourg, Francfort, Cassel et Wei-
mar. Les autres n'ont eu que de courtes exis-
tences dans une seule ville. En musique reli-
gieuse, Kreutzer a composé un oratorio en deux
parties intitulé Moïse, qui a été exécuté en
181* à Sluttgard, et en 1819 à Zurich; la can-
tate Friedensfeier (la Célébration de la
paix), exécutée d'abord à Sluttgard en 1815,
ensuite à Wintcrlhur (Suisse) en 1817. Il a
écrit aussi trois grandes messes et six petites,
ainsi que plusieurs offertoires, graduels et un
Te Deum.
Parmi les autres compositions de Kreutzer,
on remarque : 1° Grand septuor pour violon,
allô, violoncelle, clarinette, cor et basson,
8
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4U
KREUTZER — RRIEGER
op. 62. 2° Quintelte pour deux violons, deux
alto» et violoncelle, Vienne, Pennaucr. 5° Va-
riations pour clarinette et orchestre, op. 35,
Augsbourg, Gombart. 4° Polonaise pour piano
et guitare, op. 10, Vienne, Weigl. 5° 1 er con-
certo pour piano et orchestre, op. 42 (en si
bémol), Leipsick, Pelers. 6° 2 e idem (en ut),
op. 50, Bonn, Si m rock. 7° 5 e idem (en mi
bémol), op. 65, Leipsick, Hofmeister. 8° Di-
vertissement pour piano, flûte, cor, basson et
contrebasse, op. 57, Augsbourg, Gombart.
9° Fantaisie pour piano sur une valse favorite
de la reine de Prusse, avec quatuor, op. 76,
Leipsick, Peters. 10° Fantaisie sur un thème
suisse pour piano, clarinette, alto et violon-
celle, op. 55, Vienne, Pennauer. 11° Quatuor
pour piano, violon, alto et basse, Vienne, Has-
linger. 12° Grandes sonates pour piano, flûte
et violoncelle, op. 25, Bonn, Simrock. 15° Trio
pour piano, clarinette et basson, op 45, Leip-
sick, Peters. 14° Fantaisie mélancolique pour
piano et violoncelle, op. 77, ibid* 15° Plusieurs
œuvres de sonates faciles, marches et rondeaux
pour piano à quatre mains. 16° Plusieurs di-
vertissements, fantaisies et pot-pourris pour
piano seul. 17° Plus de vingt-cinq cahiers de
ebants à plusieurs voix sans accompagnement,
particulièrement pour des chœurs d'hommes,
ou à voix seule, avec accompagnement de piano.
KREYSIG (Frkdéric-Lodis), né à Eilen-
bourg, près de Leipsick, le 8 juillet 1770, fit
ses premières éludes à Leipsick et alla les con-
tinuer à Pavie, en 1792. Il fut professeur de
médecine à l'Université de Wittenberg, puis
il eut le titre de conseiller et de médecin du
roi de Saxe. Il est mort à Dresde, le 4 juin
1859. On a de lui une dissertation intéressante
intitulée : s/ ris tôt élis de tout et vocis humante
nature alque ortu theoria, cum recentiorum
decretis comparata, Lipsiœ, 1795, in-8° de
vingt-huit pages.
KREZ (Gaspard). On a sous ce nom une
dissertation historique et liturgique intitulée :
DeLitaniis eccleùx rotnanœ, Tubinge, 1742,
in-4° de vingt-cinq pages.
KRIEDEL (Jean-Christophe), organiste
à Romberg, en Bohême, au commencement du
dix-huitième siècle, a fait imprimer de sa
composition : Neuerœffnetes Blumen-Gxrt-
lein bestehend in sechs Konxerte a voce sola,
con 2 viotini e org. (Petit parterre nouvelle-
ment ouvert, consistant en six concerts à voix
seule, avec deux violons et orgue), Bautzen,
1706, vingt feuilles in-4°.
KIUEGCK (J.-.I.), violoncelliste et maître
de concert du duc de Saxe-MeinUngen, naquit
à Bibra, près de Mersebourg, le 25 juin 1750.
A Page de six ans il perdit son père, et peu de
temps après il suivit sa mère à Dteinttngen, oit
il fréquenta l'école publique et apprit les élé-
ments de la musique. Admis d'abord comme
enfant de chœur dans la musique de la cour,
il y servit ensuite en qualité de violoniste jus-
qu'à l'âge de dix-neuf ans; puis il entra au
service du landgrave de Hesse-Philippstadt,
qu'il suivit deux fois en Hollande. Ayant ob-
tenu un congé, il se rendit à Amsterdam et y
entra dans l'orchestre de l'Opéra hollandais,
comme premier violon. Après une année de
séjour dans celle ville, il s'attacha au marquis
de Taillefer qui le conduisit à Paris. Là, il fit
la connaissance de Duport et prit de lui des
leçons de violoncelle. Ses progrès sur cet in-
strument lui firent abandonner le violon. Un
an après, il entra comme violoncelliste chez le
prince de Laval -Montmorency ety resta quatre
années, perfectionnant pendajH ce temps son
talent d'exécution, et augmentant ses con-
naissances. De retour à MeinUngen, il entra
dans la musique du prince : il y vivait encore
vers 1810. On connaît de la composition de ce?
artiste ; 1° Quatre sonates pour violoncelle et
basse, op. 1, Offenbach, 1795. 2° Trois con-
certos pour violoncelle et orchestre, op. 2, 5, 4,
ibid., 1795 à 1798.
KRIEGER (Adam), musicien de chambre
de l'électeur de Saxe, et poêle, né en 1628,
mourut à Dresde en 1666. On a de sa compo-
sition : 1° Air à deux voix de. dessus avec
ritournelles pour deux violes, Leipsick, 1656,
une feuille in-fol. Lorsque ce petit ouvrage fût
publié, Krieger n'était pas encore au service
de l'électeur de Saxe. 2° XVI airs pour une,
deux ou trois voix, avec des ritournelles pour
deux violons, deux violes, violoncelle et basse
continue, Dresde, 1667, in-fol. Ce dernier
ouvrage ne parut qu'après la mort de l'au-
teur.
KRIEGER (Jeak -Philippe), maître de
chapelle du duc de Weissembourg, naquit à
Nuremberg, le 26 février 1649. Il était âgé de
huit ans lorsqu'il reçut de Druckser les pre-
mières leçons de clavecin, et dans le même
temps il apprit à jouer de plusieurs autres in-
struments, sous la direction de Gabriel Schutz.
A l'âge de seize ans, il se rendit à Copen-
hague chez Jean Schrœder, organiste de la
cour ei de l'église allemande de Saint -Pierre.
Le jeune Krieger remplit pendant cinq ans les
fonctions d'adjoint de ce maître; pendant ce
temps, il recevait des leçons de composition de
Georges Ftlrster, maître de chapelle du roi de
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KRIEGER
113
Danemark. Le roi Frédéric HT, ayant eu oc-
casion de l'entendre, fut si satisfait de son
talent, qu'il lui offrit un emploi dans sa mu-
sique ; mais les parents de Krieger s'opposèrent
à ce qu'il se fixât dans le nord, et il fut obligé
de retourner dans sa ville natale, prenant sa
roule parla Hollande et les provinces du Rhin.
Arrivé à Nuremberg, il s'y fit entendre avec
tant de succès, que la première place vacante
lui fut promise, et que le magistrat de la ville
lui offrit une pension ; mais il préféra la place
d'organiste de la cour de Bayreuth qui lui fut
offerte à la même époque, et qu'il échangea,
après la mort de Coler, contre celle de ce
maître de chapelle. Quelque temps après qu'il
eut pris possession de celle-ci, il accompagna
son maître à Anspacb et à Stutlgard, où se
trouvaient quelques artistes distingués avec
lesquels il se lia. En 1672, la guerre ayant
éclaté entre l'empire d'Allemagne et la France,
le margrave de Bayreuth se rendit à l'armée,
et cette circonstance laissa Krieger dans l'inac-
tion. Il conçut alors le projet d'un voyage en
Italie, et demanda sa démission : elle lui fut
refusée ; mais on lui accorda un congé avec la
jouissance de son traitement. Il partit aussi-
tôt, se dirigeant par Nuremberg, Augsbourg
et le Tyrol pour aller à Venise,, où il fit la con-
naissance de quelques artistes célèbres, tels que
Rosenmuller, Cavalli, Ziani et Legrenzi. Ca-
valli et Rosenmuller lui donnèrent des leçons '
de composition pour le style dramatique. Après
huit mois d'études, Krieger alla à Padoue, puis
à Bologne où il rencontra Jean-Marie Bonon-
cini, Charles Donati, et d'autres musiciens re-
nommés. Enfin, il visita Ferare, Florence et
Rome, s'instruisant toujours par la conversa-
tion ou les leçons des maîtres. Dans cette der-
nière ville, il trouva encore d'utiles enseigne-
ments près de Carissimi, d'Abbatini, cl du
célèbre organiste Bernard Pasquini. Abbatini
lui fit connaître l'art d'écrire suivant les tra-
ditions de l'excellente école romaine, et Pas-
quini lui donna des leçons de clavecin. Rome
renfermait alors beaucoup d'artistes, de théo-
riciens et d'écrivains distingués, parmi lesquels
on remarquait le vieux François Foggi a, Gian-
selti, Rircher et d'autres; Krieger se lia
d'amitié avec la plupart de ces hommes célè-
bres. Après avoir fait un voyage de peu de
durée à Naples, il retourna à Venise pour y
attendre la fin de son congé, et profila de son
nouveau séjour en cette ville pour prendre
quelques leçons d'orgue de Jean Rovctto, or-
ganiste de Sainl-Marc. Rappelé enfin par son
matlre, il retourna à Bayreuth par la Carin-
tbie, la Styrie et Vienne. Admis à l'honneur de
jouer du clavecin devant l'empereur Léopold,
il charma ce prince et sa cour par la beauté de
son talent, et reçut en récompense une chaîne
d'or avec le portrait de l'empereur, vingt-cinq
ducats et des lettres de noblesse. De retour
à Bayreuth, il fut chagriné dans son emploi ;
fatigué des tracasseries qu'on lui suscitait, il
demanda sa retraite, l'obtint, et partit pour
Cassel, où l'attendait la place de maître de
chapelle. Il ne resta pas longtemps dans celte
nouvelle position; celle de vice-mallre de
chapelle lui ayant été offerte à Halle, il l'ac-
cepta et l'occupa conjointement avec celle
d'organiste de la cour. Dans un voyage qu'il
fit à Dresde, il joua devant l'électeur Jean-
Georges II. Charmé par son talent, le duc de
Weissenfels, qui l'entendit dans celle circon-
stance, lui offrit la place de mallre de sa cha-
pelle; Krieger l'accepta et y joignit bientôt la
direction des chapelles des cours d'Eisenberg
et de Brunswick. Plus lard, rélecteur de Saxe
Jean-Georges III voulut l'avoir à son service,
mais les avantages dont l'artiste jouissait à la
cour de Weissenfels lui firent refuser les pro-
positions qui lui furent faites à ce sujet. Après
quarante années passées au service du prince
elde son successeur, il mourutle0févrierl725,
à l'âge de soixante-seize ans.
On ne connaît pas les titres des opéras qui
furent écrits par Krieger pour les cours de
Weissenfels et de Brunswick ; il y a lieu de
croire cependant que ceux qui ont pour titre :
Flore, Cécrops et Procris ont été du nombre,
car on en a publié des airs choisis, sous le nom
de ce musicien, à Nuremberg, 1600, in-fol.
obi. Les autres ouvrages dramatiques de sa
composition, représentés à llambourg, en
1604, sont : 1* Le Combat de la Fidélité.
2° Hercule, première partie. 3° Hercule,
deuxième paitie. On connaît aussi sous le nom
de Krieger : 4° Douze sonates pour deux violons
et basse continue, op. 1, Nuremberg, 1687.
5° Douze sonates pour deux violons et basse
de viole, op. 2, ibid., 1603. 6° Lustige Feld-
Musik aufvier blasende oder andere Instru-
mente gerichtet,etc. (Musique gaie des champs
pour quatre instruments à vent ou autres,
consistant en six ouvertures avec les suites);
Nuremberg. l°MusikalischerSeelenfriede, etc.
(Paix musicale de l'Âme, consistant en vingt
morceaux à voix seule avec accompagnement
d'un ou de deux violons et basse continue, sur
des textes de psaumes latins el allemands),
première édition, Nuremberg, 1607. Deuxième
édition, corrigée, Leipsick, 1717, in-fol.
8.
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416
KRIEGER - KRIESSTEIN
HRIEGER ( Jeau) , frère puîné du précé-
dent, naquit à Nuremberg le l rr janvier 1652.
Dès ses premières années, H montra les plus
heureuses dispositions pour la musique, quoi-
que la profession de son père (il était tapissier)
lui fournit peu d'occasions d'exciter en lui le
goût de cet art. Admis comme enfant de chœur
dans l'église de Saint-Sébald, il apprit les élé-
ments du chant sous la direction de Henri
Schwemmer ; puis il reçut des leçons de Gas-
pard Wccker pour le clavicorde et continua
ses éludes jusqu'à l'âge de seize ans. En 1668,
il se rendit près de son frère, qui se trouvai!
alors à Zeitz, pour apprendre les règles de la
composition. Jean-Philippe ayant été nommé
organiste de la cour de Bayreuth l'année sui-
vante, Jean l'y suivit, et lorsque son frère eut
obtenu le titre de maître de chapelle, il lui
succéda comme organiste. Plus tard, des dis-
cussions s'étant élevées entre les artistes ita-
liens de la chapelle et les Allemands, ceux-ci
donnèrent leur démission, et Rrieger suivit
leur exemple. Il retourna alors près de ses pa-
rents, et dans ses moments de loisir il prépara
des ricereari à plusieurs sujets sur des thèmes
de chorals, se proposant de livrer cet ouvrage
a l'impression; mais son manuscrit lui fut en-
levé, et depuis lors il ne le revit plus. Après
avoir demeuré à Halle pendant quelque temps
il alla, en 1678, prendre possession à Graeiz
de la place de maître de chapelle du comte de
Rcuss, et l'occupa pendant trois ans; mais
après la mort de ce seigneur, il dirigea pen-
dant un an la musique de la petite cour d'Ei-
senberg; puis il obtint la place d'organiste de
l'église Saint-Jean à Zittau, et en remplit les
fonctions pendant cinquante-quatre ans. L'es-
lime qu'on accordait à ses talents dans cette
ville, lui fit -aussi confier l'orgue de l'église
Saint-Pierre et Saint-Paul après vingt ans de
séjour. Dans ce long espace de temps, il écrivit
un grand nombre de morceaux pour l'église,
des divertissements et des chorals : on n'a pu-
blié qu'une très-petite partie de ces ouvrages.
Cet estimable artisleétait âgé de quatre-vingt-
quatre ans lorsqu'il rencontra (le 17 juillet
1735) un ami qui, remarquant en lui les signes
d'une extrême faiblesse, l'engagea à retourner
chef lui ; mais il ne put l'empêcher d'aller à
l'église, où il accompagna un cantique. Quand
il eut achevé ce morceau, ii pria son ami
d'achever l'office en lui disant : Je sens que je
n'entrerai plus ici. Le lendemain il fut frappé
d'un coup d'apoplexie dont il mourut immé-
diatement. Kricgcr a publié de sa composi-
tion : 1° Divertissement musical consistant en
airs à cinq, six, sept, huit et neuf voix, Franc-
fort et Leipsick, 1684, in-fol. 2° Divertisse-
ment musical consistant en allemandes, cou-
rantes, sarabandes, variations et gigues avec
des bourrées, menuets et gavottes pour les
amateurs et à jouer sur l'épinelte ou le clavi-
corde, Nuremberg, Euter, 1697. 3° Exercices
agréables pour clavecin, consistant en ricer-
eari, préludes, fugues, chacones, et une loc-
cate pour l'orgue avec pédale, ibid., 1699,
in-fol. Ma ttheson compte Jean Krieger parmi
les meilleurs contrepointisles de l'Allemagne,
dans son Parfait maître de chapelle (p. 442).
La Bibliothèque royale de Berlin possède de
cet artiste, en partitions manuscrites, des mo-
tets allemands , à quatre voix, avec instru-
ments; detlx Sanctus, ibid., et des Magni-
ficat.
KRIEGER (Jeak-Gotthilf), fils de Jean-
Philippe, naquit à Weissenfels, le 13 septem-
bre 1687. Après avoir terminé ses études mu-
sicales et littéraires au gymnase de celle ville,
il se rendit à Halle en 1706 pour y suivre un
cours de droit. Pendant les quatre années
qu'il passa à l'Université, il apprit les règles
du contrepoint et de l'art déjouer de l'orgue
et du clavecin chez le célèbre organiste Zachau.
Il ne quitta l'Université de Halle que pour
fréquenter pendant six mois celle de Leipsick ;
puis il retourna à Weissenfels, où le duc ré-
gnant le nomma avocat du Consistoire ; mais
son penchant pour la musique le décida à faire
un cours de composition sous la direction de
son père, nonobstant les occupations de sa
place. Enfin, en 1712, il abandonna celle-ci
pour devenir organiste de la cour, et en 1725,
il succéda à son père en qualité de maître de
chapelle. Il occupait encore cette position en
1740. On trouve à la Bibliothèque royale de
Berlin un motet allemand à quatre voix avec
instruments (Ich verlasse tnick aiif Gottes
gute). Ce motet, composé à Weissenfels, au
mois d'avril 1725, est altribué à Jean-Philippe
Rrieger dans le catalogue : c'est une erreur,
car cet artiste était mort depuis deux mots à
celte époque, à l'âge de soixante-seixe ans.
KRIESSTEIN ou KRIEGSSTEIN
(Melchior), très-bon imprimeur de musique
à Augsbourg, dans la première moitié du sei-
zième siècle, commença à publier les œuvres
des maîtres célèbres de cette époque vers
1598. Les produits les plus importants de ses
presses sont deux collections dont Sigismond
ou Sigmond Salblinger a été l'éditeur. La pre-
mière a pour titre : Selectissim* nec non /a-
miliaris$imw cantionet ultra cçntum, vario
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KRIESSTEIN - KROLLMANN
117
idiomate vocxtm, tam muUiplicium quam
eiiatn paucarum, etc. August» Vindelicorum
Melcbior Kriesstein excudebat, anno 1540,
petit in-8° obi. Ce recueil contient cent chan-
sons à deux, trois, quatre, cinq et six voix, en
différentes langues. Les principaux composi-
teurs sont Ghislain Dankerls, Jean Mouton,
L. Senfl, A. Willaert, Sixte Dietricht, Arka-
delt, Benediclus, Noël Baulduin, Ricbafort,
Josquin Després, Jean Géro (ou Maistre Jean),
Yerbonnet, Antoine Feuin, Vcrdelot, Jean
Lebrun, Lupi, N. Benoist, Jules Regiensis,
Jorius Vender, Huldrich, BraHtel, JeanFrosch,
Joerg Blankenmuller, Henri Isaac, Grégoire
Pœschin, Consilium, André de Sylva, Janne-
quin, Antoine Gardane, Pelletier, Jean Heugel,
Pierre de la Rue, et Tileman {sic) Susato. La
seconde collection a pour titre : Cantiones
septem, sex et quinque vocum longe gravis-
simx, juxta ac amamissimx, in Germania
maxime hactenus typis non excusa? 7 August»
Vindelicorum, Melchior Kriesstein excudebat,
anno 1545, petit in-4° obi.
KRIFFT (William DE), amateur de mu-
sique, né en Angleterre vers 1765, reçut des
leçons de Clementi, et se fit remarquer vers
1700 comme pianiste et comme compositeur.
En 1789, il publia son premier œuvre qui con-
siste en trois solos pour le piano. Peu de temps
après, il voyagea en Allemagne, et se fit en-
tendre avec un brillant succès le 17 février
1791 dans un concert donné à Coblence, en
présence de la cour. Il y exécuta un concerto
de piano de sa composition avec orchestre,
et le concert commença par une symphonie
dont il était l'auteur. On connaît aussi de lui
un Stabat Mater avec orchestre. Parmi ses
autres ouvrages, on remarque : 1° Siège de
Québec, sonate pour piano, violon, violoncelle
et timbale ad libitum, Londres, Bland, 1792,
in-fol. 2° Trois sonates pour piano, violon et
violoncelle, op. 9, ibid.
KRIMMERSHOFF (Jean -Guillaume),
facteur d'orgues, né à Dusseldorf, dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle, a été
breveté du duc d'Oldenbourg en 1801. Le
principal ouvrage sorti de ses mains est l'orgue
de Téglise Saint-Lambert, à Oldenbourg, com-
posé de quarante-sept jeux, quatre claviers et
pédale. Les différents claviers de cet orgue
peuvent être combinés de plusieurs manières,
soit deux à deux, ou trois à trois.
KROENER, voyez Croeker.
KROGULSKI (Michel), musicien polo-
nais, mort à Yarsovie en 1843, fui attaché au
chœur de l'église des Fîaristes, et a écrit de la
musique pour le culte catholique, particuliè-
rement des messes en langue polonaise qui
ont été chantées à Téglise dans laquelle il di-
rigeait le chœur. On a aussi de lui des motets,
deux psaumes pour plusieurs voix, une prière
a quatre voix, qui a été publiée à Yarsovie,
un Benedictus, un Offertoire, un Graduel et
un Ave Maria.
KROGULSKI (Josbm), fils du précédent,
né à Yarsovie en 1815, fut élève d'Elsner
pour la composition, et fut maître de chapelle
de Téglise des Piaristes. Ses premières produc-
tions annonçaient un homme de talent; mais
il mourut en 1843, à Tâge de vingt-sept ans,
regretté des artistes et de ses compatriotes.
Pendant sa courte, mais laborieuse carrière,
il avait écrit dix messes à quatre voix et or-
chestre, toutes sur le texte polonais, et un
grand nombre de morceaux de musique reli-
gieuse, tels que motels, psaumes et prières. Sa
première messe, la seule qui soit à deux voix
et orgue seulement, a été publiée dans un re-
cueil de musique d'église intitulé : Zbior
spiewowkoscielnyck. Krogulski cultivait aussi
la musique instrumentale : des variations de
sa composition pour le piano, intitulées : la
bella Cracoviana, et un quatuor pour piano,
violon, alto et violoncelle, op. 2, ont été pu-
bliés à Leipsick, chez Hofmeister. Il a fait
paraître aussi à Yarsovie, chez Sennewahl,
une cantilène pour voix seule avec piano.
Après la mort de cet artiste, on a trouvé dans
ses papiers une sonate pour le piano, dédiée à
Kurpinski, et un second quatuor pour piano,
violon, alto et violoncelle, œuvre 8.
KROHTf (Gaspard-Daniel), organiste des
églises Sainte-Catherine, Saint-Pierre et Saint-
Jean à Hambourg, vivait en cette ville vers la
fin du dix-huitième siècle. Il a publié de sa
composition -. 1° Six sonates pour le clavecin,
dédiées aux mines de Ch.-Ph.-Em. Bach,
Hambourg. 2° Six petites sonates idem, ibid.,
1787, in-4° obi. 5° Divertissement avec douze
variations, sur un thème allemand, ibid.
KROIXMAIW (Antoine), né le 5 juin
1798 à Seulingen, village situé près de Gœt-
tingue, eut pour premier maître de musique
son père, musicien du bailliage. Celui-ci,
ayant été placé ensuite à Celle, en qualité de
choriste, fit faire à son fils des études pour ap-
prendre à jouer de la flûte, et le confia aux
soins d'un maître nommé UœnUke, pour ap-
prendre l'harmonie. Ayant acquis un certain
degré d'habileté sur son instrument, le jeune
Krollmann a fait des voyages à Celle, Ha-
novre, Oldenbourg, et dans les provinces
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m
KROLLMANN — KROMMER
rhénanes. Il jouait aussi du piano et a publié
pour ccl instrument beaucoup de morceaux
d'une force moyenne qui ont obtenu un suc-
cès populaire. En 1821), cet artiste devint chef
de musique du régiment de la garde du roi de
Hanovre : il occupait encore cette position en
1838. Parmi ses compositions, on remarque :
1° Introduction et rondeau pour flûte et or-
chestre, op. 0, Hanovre, Bacbmanu. 2° Trois
grands trios pour trois flûtes, op. 13, ibid.
3° Trois thèmes variés (tour flûte seule, ibid.
4° Divertissement pour piano et flûte, op. 10,
ibid. 5° Idem. op. 19, ibid. 6° Sonates faciles
pour piano à quatre mains, op. 34, 25, 30,
Leipsick, Hofmeisler, Peters. 7° Pièces faciles
idem, op. 26, Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.
8° Rondeau brillant et facile pour piano seul,
op. 27, ibid.
KROMMER (François), compositeur, na-
quit en 1759 à Kamenitz, en Moravie. Son
oncle (Antoine Krommer), directeur du chœur
à Turas, lui donna les premières leçons de
musique, de clavecin et de contrepoint ; mais
•ce fut surtout à ses propres efforts qu'il dut
son instruction musicale la plus solide. A peine
eut-il atteint sa dix-septième année qu'il fut
employé comme organiste, et pendant huit
ans, il en remplit les fonctions sous la direc-
tion de son oncle. Déjà à celle époque, il écri-
vait beaucoup pour l'église, cherchant à former
son style d'après les meilleurs modèles : dans
le même temps, il s'occupait de l'étude du
violon. Le comte Ayrum lui ayant offert un
engagement comme premier violon de sa mu-
sique, il se rendit à Simonthurn, en Hongrie,
pour l'occuper. Deux ans après, il fut nommé
directeur de la chapelle de ce seigneur : il
acheva de compléter son instruction et de
perfectionner son goût pendant les quatre an-
nées qu'il occupa ce poste, par la lecture des
partitions des plus grands ma lires. Ses pre-
mières compositions pour des corps de musi-
que d'harmonie datent de celte époque. Vers
la fin de 1790, la direction du chœur de
l'église principale de FUnfkirchen lui fut con-
fiée. Pendant qu'il la remplissait, il écrivit des
messes et d'autres morceaux de musique
d'église, ainsi que des symphonies et des qua-
tuors qui furent accueillis avec faveur par les
artistes et les amateurs. Trois ans après, le
comle Karoli le choisit pour chef de musique
de son régiment; mais il ne garda pas long-
temps celle position. Après la mort du comte,
Krommer se rendit à Vienne, où le prince
. Krasalkowilz le mil à la léte de sa musique.
Le décès de son nouveau patron le laissa sans
emploi au bout de quelques années; mais après
cet événement, il ne chercha plus à se pla-
cer, et il vécut dans l'aisance, en donnant des
leçons et en composant. Plus tard, son revenu
fut augmenté par sa nomination à la place
d'huissier des appartements impériaux; espèce
de sinécure qui ne l'empêcha pas de se livrer
à ses travaux de composition, et qui lui pro-
cura de puissantes protections. Lorsque la
place de directeur de musique de la chambre
impériale devint vacante en 1814, par la mort
de Kozelucb, Krommer l'obtint, et en cette
qualité, il accompagna l'empereur son maître
dans ses voyages en France et en Italie.
A Paris, les professeurs du conservatoire l'ac-
cueillirent avec distinction et lui firent obtenir
le titre de membre houoraire de celte école.
De retour à Vienne, Krommer reprit ses paisi-
bles travaux et montra jusqu'à ses derniers
jours une infatigable activité. Parvenu à l'âge
de soixante-onze ans, il composait encore
et écrivait une pastorale qu'il n'eut pas le
temps de finir. 11 mourut à Vienne le 8 janvier
1 831 , après une courte maladie.
Homme simple et bon, d'une humeur gaie
et d'une bienveillance sans bornes, Krommer
s'est peint dans sa musique, qui se fait remar-
quer par un style facile et clair, d'excellentes
dispositions d'harmonie, et des mélodies élé-
gantes et naturelles. Ses pièces d'harmonie
pour divers instruments à vent lui ont fait
particulièrement une honorable réputation.
On connaît aussi de lut des quatuors et des
quintettes d'une bonne facture. Le seul genre
dans lequel il ne s'est pas essayé est celui du
slyle dramatique. Il a beaucoup écrit pour
l'église, mais on n'a publié qu'une seule messe
de sa composition, à quatre voix, orchestre et
orgue (en tif), œuvre 108, OflTenbach, André.
Ses autres ouvrages sont classés de la manière
suivante : 1° Symphonies à grand orchestre,
1", œuvre 12 (en fa)\ OflTenbach, André;
2 e , op. 40 (en ré), ibid. ; 5 e op. 02, (en ré),
ibid.; 4 e op. 102 (en ut mineur), ibid.;
5° op. 105 (en mi bémol), ibid. 2° Harmonie
à neuf ou dix parties, op. 57, 67, 73, 76, 77,
78, 79, 83 ; Vienne, Haslinger. 3° Marches et
pas redoublés, op. 31, 60, 97, 98, 99, 100,
ibid. 4° Concertos pour violon, 1 er (en te);
Vienne, Artaria; 2 e , op. 44 (en ré); Vienne,
Haslinger; 3 e , op. 61 (en ré mineur); OflTen-
bach , André; 4° op. 64 (en ré), ibid.;
5 e op. 81 (en mi mineur) ; Vienne, Haslinger.
5° Quintettes pour deux violons, deux altos
etvioloncelle ê o\i. 8, 11, 25, 70, 88, 106, 107,
au nombre de dix-huit; Oflcnbach, André;
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KROMMER - KRUFFT
«19
Parif , Sieber. 6° Quatuors pour deux violons,
alto et basse, op. 1,3, 4, 5, G, 7, 10, 16, 19,
23, 24, 26, 34, 40, 53, 54, 56, 72, 85, 00, 02,
405, au nombre de soixante-neuf ; Vienne,
chez Arlaria, Haslinger et Cappi ; Offenbach,
André; Paris, Sieber et Pleyel. 7° Grand trio
pour violon, alto et boue, op. 96, Vienne,
Haslinger. 8° Duos pour deux violons,
op. 22, 33, 35, 51 , 94, ibid. 9° Concertos pour
flûte, op. 30 (en *o/); Offenbach, André;
op. 86 (en mi mineur); Vienne, Haslinger.
10° Quintettes pour flûte, op. 49, 55, 63, 66,
101, 104, 109; Vienne. Haslinger. 11° Qua-
tuors pour flûte, op. 13, 17, 75, 89, 93, 97,
ibid. ; Offenbach, André. 12° Concertos pour
clarinette, op. 36, 52; Offenbach, André.
15° Quatuors pour clarinette, op. 21, 82,
ibid. 14° Symphonies concertantes pour
divers instruments; concertino pour flûte,
hautbois, deux altos, deux cors, violoncelle et
contrebasse, op. 18; ibid.; Concertante pour
deux clarinettes, op. 35, ibid,; idem pour
flûte, hautbois, violon-obligé, deux altos, deux
cors, violoncelle et contrebasse, op. 38 et 39,
ibid.; idem pour flûte, clarinette et violon
obligé, op. 70; Vienne, Haslinger; idem,
op. 80, ibid.
KROMMER (Auguste), flls du précédent,
né à Vienne en 1807, était pianiste, violoniste
habile et compositeur. Admis à la chapelle
impériale, il y fit exécuter plusieurs morceaux
de musique religieuse. En 1841, une ouver-
ture de sa composition fut exécutée à Prague
avec beaucoup de succès, et Ton entendit,
l'hiver suivant, dans la même ville, une antre
ouverture de concert du même artiste, où Ton
remarqua de l'originalité dans la pensée et
•dans la forme. Krommer est mort à la fleur
de Tâge, le 27 mars 1842, à Dornbach, près
de Vienne.
KROPACZ (GEonc.r.s), musicien de la
Bohême, vivait vers le milieu du seizième
siècle. On connaît sous son nom un recueil de
messes intitulé : Missarum quinquê vocum
juxta decachordi modos, dorii scilicet, hypo-
do rit et lidii accuratè compositus, recensque
in lucem editus, Venetiis, 1578, in-4°.
KROPFFGANS (Jean), virtuose sur le
luth, naquit à Neustadt, en Autriche, le
12 septembre 1663. A Tâge de neuf ans, son
père commença à lui enseigner le luth. Trois
ans après on le mit en apprentissage chez un
négociant de Leipsick, mais ensuite il reprit
«on instrument et prit des leçons chez Scba-
chart, et chez Meley, nouvellement revenu de
Paris. En 1720, un accident le blessa à la main
et il cessa de jouer du luth ; mais il s'occupa
dès lors de la théorie de la musique. En 1732, il
vivait encore à Breslau, où il était négociant.
KROPFFGANS (Jean), fils du précédent,
naquit à Breslau, le 14 octobre 1708. Son père
lui donna les premières leçons de luth ; plus
tard il devint élève du célèbre luthiste Weiss.
Devenu musicien de la chambre du comte de
Bruhl, après la mort de ce seigneur, il vécut à
Leipsick. Il s'y faisait encore entendre dans
les concerts en 1769, quoiqu'il fût alors âgé
de soixante et un ans. Kropflgans fut nn des
lnthistes les plus distingués du dix-huitième
siècle, et surtout un compositeur remarquable
pour son instrument. On n'a imprimé de ses
ouvrages que trois solos pour le luth, à Nu-
remberg, mais il a laissé en manuscrit trente-
six autres solos pour le môme instrument; six
duos, trente-deux trios pour luth, violon et
violoncelle; un quatuor pour luth, flûte, violon
et violoncelle, et un concerto pour luth, deux
violons, alto et basse. J'ai acquis plusieurs de
ces ouvrages manuscrits à la veute du cabinet
d'assortiment delà maison deBreitkopf etHcer-
tel, au mois de juin 1836.
KRUFFT (Nicolas, baron DE), conseiller
ordinaire de la chancellerie impériale de
Vienne, naquit en cette ville, le 1 er février
1779. Dès l'âge le plus tendre, il reçut de sa
mère les premières leçons de piano, et ses pro-
grès tinrent du prodige. Sa mémoire était si
heureuse, qu'il- pouvait exécuter sur le piano
de longs passages de symphonies de Haydn
qu'il n'avait entendus qu'une fois. Plus tard,
Albrechtsberger lui fit faire un cours complet
d'harmonie et de composition. Son goût pour
la musique était si vif, que pour ne point man-
quer aux devoirs de ses emplois, il jouait du
piano et composait pendant une partie des
nuits. En vain, sa famille lui représentait-elle
que sa faible constitution ne pourrait résister
à ce travail forcé ; son ardeur de travail ne se
ralentit que lorsque ses forces lurent épuisées
et que sa santé eut été perdue. Une fièvre ner-
veuse, résultat d'un travail immodéré, le con-
duisit au tombeau, le 16 avril 1818, à l'âge de
trente-neuf ans. Cet amateur distingué a pu-
blié beaucoup de compositions qui attestent
ses connaissances dans l'art et sa facilité de
production. On y remarque : 1° Trois quatuors
pour deux violons, alto et basse ; Vienne, Me-
chetti. 2° Grande sonate pour piano et basson
ou violoncelle, op. 84; Leipsick, Breitkopf et
Haertel. 3° Idem avec violon obligé, ibid.
4° Idem avec cor ou violoncelle, ibid. 5° Grande
sonate pour piano à quatre mains; Vienne,
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120
KRUFFT — KRUG
MechetU. 6° Grande sonate pour piano seul
(en ut) j Berlin, Schlesinger. 7° Vingt-quatre
préludes et fugues pour le piano; Vienne, Me-
chetti ; Paris, Pleyel. 8° Douze grands caprices
en quatre cahiers; Vienne, Mechetti.0 Thème
allemand varié pour piano et violon ; Vienne,
Haslinger. 10° Beaucoup d'autres variations
pour piano seul. 11° Environ cinquante chants
allemands à quatre voix. 19° Plus de quatre -
vingls chansons à voix seule. 13° Quatre
hymnes pour l'église.
KRUG (...)> facteur d'orgues à Halle, est
connu par la restauration de l'orgue de la
cathédrale de Merscbourg, qu'il a faite en*
1781, et par la construction de celui de l'église
Saint-Maurice, à Halle, qu'il a terminé en
1783. Ce dernier instrument est à trois cla-
viers, et contient quarante-trois jeux.
KRUG (Guillaume-Traugott), savant dis-
tingué, professeur de philosophie à l'Univer-
sité de Leipsick, naquit à Radis, près de Wit-
tenberg, le 22 juin 1770. Après avoir fait ses
premières études au Collège de Pforte, il fré-
quenta les Universités de Wittenberg, de Jéna
et de Gœltingue, et cultiva particulièrement la
philologie et les mathématiques. En 1704, il
obtint le titre d'adjoint à la faculté de philoso-
phie de Wittenberg, et pendant sept ans, il en-
seigna en celle qualité, sans aucun traitement,
et n'ayant pour vivre que ses travaux particu-
liers. Un écrit qu'il avait publié lorsqu'il
n'était encore qu'éludiant à Gœtlingue, sous le
titre de : Lettres sur la perfectibilité de la re-
ligion révélée, lui attira de violentes attaques,
dans une multitude de pamphlets ; l'autorité in-
tervint dans celte affaire ; Krug fut obligé de
s'avouer l'auteur de l'écrit, et il lui (Ut défendu
d'enseigner la théologie. D'abord partisan de
la philosophie critique de Kant, dont il modi-
fia ensuite larthéorie par ses idées particulières,
il s'était déjà fait connaître avantageusement
par plusieurs ouvrages, lorsqu'il fut appelé
en 1801 à remplir la chaire de philosophie à
Francfort-sur rOder. Après la mort de Kant,
ce fut lui qu'on choisit pour son successeur à
l'Université de Rœnigsberg, où il se rendit
vers la fin de 1805. Le désir de revoir son pays
natal, et d'autres motifs qui ne sont point con-
nus, lui ayant fait quitter sa chaire en 1809, il
accepta la place de professeur ordinaire de
philosophie à l'Université de Leipsick, et la
conserva jusqu'à sa mort.
Les livres philosophiques de Krug sont
nombreux et intéressants pour la science ; il
ne doit être ici question que de ceux qui ont du
rapport avec la musique. Le plus important
est son Esthétique, ou Théorie du goût, qui
forme la troisième partie de son Système dé
philosophie Théorétique (System der theore-
tischen Philosophie), dont la troisième édi-
tion a été publiée à Kœnigsberg, 1835-1830,
trois volumes in-8% Il y traite du beau esthé-
tique dans la musique (t. III, p. 331 etsuiv.).
Adversaire déclaré de la philosophie de Schel-
ling, Krug avait nié, dans son Nouvel Orga-
non de la philosophie, l'unité identique du
réel et de l'idéal, du subjectif et de l'objectif ;
à cette identité essentielle, il avait voulu sub-
stituer une unité synthétique, passagèrement
établie au sein de la conscience, en raison de
notre activité intellectuelle. Ce sont ces prin-
cipes qui l'ont guidé dans son Esthétique,
comme dans toutes les autres parties de la
philosophie. Il y établit : que le beau de l'art
des sons, considéré dans le sens le plus géné-
ral, se produit sous deux aspects : le premier,
matériel, consistant dans les rapports des sons,
dans l'intonation , dans l'intensité, dans le
timbre et dans la durée j enfin, dans la suc-
cession, d'où la mélodie, et dans la simulta-
néité, d'où l'harmonie; le second, intellectuel
et sentimental, résultant de la forme. Suivant
lui, le premier genre de beauté constitue
Vagréuble; c'est celui qui flatte le sens de
l'ouïe ; le second est le beau en soi, le beau
esthétique, le beau absolu. Sa conclusion est
que la plupart des hommes sont plus disposés
à recevoir les impressions de l'agréable et de
la beauté matérielle qu'à concevoir le beau
esthétique pur. Pour eux, le grand est dans la
puissance du son et dans la cadence du
rbylhme; c'est pour cela, dit-il, que la musi-
que militaire plaît tant au peuple, tandis que
la beauté formai» de compositions d'un ordre
plus élevé lui échappe.
Le point de départ de Krug était excellent.
Il avait généralisé la pensée de Pylhagore à
l'égard des rapports des sons, et avait aperçu
les limites de la philosophie naturelle du beau
matériel et du beau esthétique pur; mais il n'a
rien fait pour le développement d'une doctrine
d'après ces données, et cette question si diffi-
cile de la beauté formate, il l'a seulement in-
diquée. 11 n'a d'ailleurs rien ajouté dans son
traité du beau, sur ce qui concerne l'action de
le sensibilité dans les perceptions de Tari, aux
principes qu'il avait posés dans son livre inti-
tulé : Principes pour une nouvelle théorie du
sentiment et de la sensibilité (Grundsœtfe zu
einer neuen Théorie d. Gefuhle und des soge-
nannten Gefuhlsvermœgen), Gœltingue, 1603,
Kœnigsberg, 1824. Krug a traité de l>caucoup
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KRUG — KRÛGER
121
d'objets relatifs à la musique dans son Dic-
tionnaire général des sciences philosophi-
ques (Allgemeine Handwoerterbuch d. philo-
soph. Wissenschaflen ) , dont la première
édition a paru à Leipsick, en 1827-1829, et ta
deuxième avec un supplément, en 1832-1838.
Krug a publié dans la troisième année de la
Gazette musicale de Leipsick (p. 57 et suiv.)
un article intitulé: Remarques sur le langage
et le chant.
KRUG (FnÉDÉmc), chanteur en voix de
baryton, est né à Cassel en 1810, ou, suivant
d'autres renseignements, à Magdebourg. Les
théâtres de Leipsick, de Magdebourg, de Cas-
sel et de Carlsruhe, sont ceux où il s'est fait
entendre avec succès. Il est aussi compositeur
et a fait jouer quelques opéras intitulés : La
Marquise, en un acte, à Cassel, en 1843;
Mutiler Martin der KUffner und seine Ge-
sellen (Maître Martin le ventru et ses compa-
gnons), en 1845, à Carlsruhe; Ver Nacht-
tcxchter (le Veilleur de nuit), représenté à
Manheim, en 1846, et à Wiesbaden dans
Tannée suivante. Krug a pris la direction du
théâtre de Carlsruhe en 1849. On a publié de
sa composition environ vingt œuvres de Lieder
et de chants à voix seule et piano, ou de duos
pour soprano "et ténor, depuis 1836 jusqu'en
1845, à Manbeim, Carlsruhe et Mayence.
KRCJG (Gustave), né à Naumbourg, en
Prusse, en 1821, a vécu quelque temps à Ber-
lin, et s'est fixé à Hambourg, en 1844. Les
biographes allemands gardent le silence sur
cet artiste, compositeur sérieux elde mérite, et
les renseignements manquent sur les maîtres
qui ont dirigé ses études. Les ouvrages publiés
par M. Krug et dont j'ai connaissance sont ceux-
ci : 1° Trois quatuors pour deux violons, altoet
violoncelle, op. 1; Berlin, Traulwein. 2» Trois
idem, op. 8, ibid. 3° Grand duo pour piano et
violon, op. 3; lia m bourg, Schubert h. 4° Adagio
et rondo pour piano et alto, op. 4, ibid. 5° Trio
(en sol mineur) pour piano, violon et violon-
celle, op. 5, ibid. 6° Introduction et fugue
(en mi mineur) pour piano, violon, alto et
violoncelle, op. 6, ibid. 7° Six Lieder pour
piano et violoncelle, op. 7; Berlin, Traulwein.
8° Peintures musicales et caractéristiques
consistant en trois grandes sonates à quatre
mains pour piano, chacune composée de quatre
morceaux très-développés, op. 10; Hambourg,
Schubert h. 9° Deuxième quatuor (introduction
et fugue en ut mineur) pour piano, violon,
alto et violoncelle, op. 11, ibid.
KRUG (D.), pianiste et compositeur, éta-
bli à Altona vers 1845, n'est mentionné par
aucun biographe allemand. On a de lui :
t° Caprice en forme de tarentelle pour piano,
op. 2; Hambourg, Scbuberlh. 2* Mazurke pour
piano, op„ 3, ibid. 3° Fantaisie sur des chants
de Pjschek, op. 15, ibid. 4° Le Carnaval de
New- York, variations burlesques sur l'air
américain : Yankee doddle, op. 16, ibid.
5° Quatre Lieder à deux voix avec piano,
op. 18. 6° Deux rondeaux pour le piano sur
des thèmes d' Aletsandro Stradella, op. 20;
Hambourg, Bœhme. 7° Grandes fantaisies
romantiques sur des thèmes d'Alessandro
Stradella, op. 21, ibid. S 9 La Rose, romance
transcrite et variée pour piano; Hambourg,
Schuberlh. 9° Chants du Schleswig-Holstein
pour quatre voix d'hommes; Altona, Wiebe.
KRCGER (le docteur Edouard), recteur
du collège à Emden et rédacteur de la Gazette de
Hanovre, est né à Lunebourg,eta fait ses études
à l'université de Goettingue. Dès sa plus tendre
jeunesse, il a cultivé la musique avec succès.
Son premier ouvrage fut une thèse académique
pour le doctorat en philosophie, publiée sous ce
titre : Dissertatio inauguralis philosophica
de Musicis Gr&corum organis circa Pindavi
tempora florentibus, Goettingue, 1830, in-4°,
de 30 pages. Les points principaux établis
dans cette thèse sont ceux-ci : 1° La lyre était
rarement employée comme instrument de mu-
sique : son usage habituel était de servir de
guide dans la déclamation ou récitation de la
poésie. 2° La cithare était particulièrement en
usage dans la musique instrumentale. 3° La
musique avait pour objet chez les Grecs, d'une
part V Ethique , c'est-à-dire la morale et le
perfectionnement des mœurs ; d'autre part le
Pathétique, ou l'expression des passions.
4° Les instruments a cordes étaient considérés
comme propres à atteindre le premier de ces
buts; la flûte, comme plus analogue au second.
Le même savant a publié un autre ouvrage
plein d'intérêt intitulé : Beitrxge fur Leben
und Wistentchaftder Toukunst (Essais pour
le progrès (1) et la science de la musique),
Leipsick, Breitkopf et Herlel, 1847, un volume
in- 8° en trois parties. G. Nauenburg a donné
une analyse de ce livre dans la Gazette gé-
nérale de-musique (49 e année, pp. 755, 7/0 et
786). Les objets traités dans ce volume par le
D r Krttger sont : 1° Le dilettantisme et la vir-
tuosité. 2° Les académies de musique et les
sociétés de chant. 5° Les représentations théâ-
trales et les concerts. 4° Les ré les musicales.
5° Réminiscences pratiques et créations. 6° De
(I) Littéralement : EisaU pour la *<t et (• êcùuee de
/a mtwjfic*.
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422 •
KRÙGER - KRUMPHOLZ
la critique de l'art en général. 7° Tentatives
systématiques. 8° De la musique religieuse.
9° De la musique mondaine. 10° Habitudes
pratiques et science de Part. 41° Connaissance
du chant. 12° Écoles supérieures de musique.
13° Doctrine scientifique de Part. 14° Moralité
de l'art. M. Kruger a présenté de hautes con-
sidérations sur la musique dans quelques ar-
ticles qu'a publiés la Gazette générale de mu-
sique (années 48«, pp. 569, 50 e , p. 481 et 817).
Comme musicien pratique, il s'est fait con-
naître par la direction de la Télé musicale
donnée à Emden, en 1846. On a publié de sa
composition : Prélude en sol mineur pour
l'orgue ; Erfurt, Kœrner ; prélude et fugue en
mi majeur, idem, ibid.
KllCGER (Wilrelm), compositeur et
pianiste, fils d'un musicien de la chapelle du
roi de Wurtemberg, est né à Stultgard, en
1820. Après avoir voyagé en Allemagne, il a
vécu à Paris plusieurs années. Il a publié des
fantaisies et des caprices sur des thèmes
«l'opéras de Donizetti et autres compositeurs.
Dans quelques-uns de ses morceaux, il a cher-
ché des formes nouvelles et romantiques. La
plupart de ses ouvrages ont été 1 publiés à
Mayence, chez Scbolt.
Le frère de cet artiste, Gottlieb Kriiger,
né à Stuttgard en 1824, est un harpiste de
talent, attaché à la musique du roi de Wur-
temberg. Il a publié diverses choses pour son
instrument.
RULMBHORiV (Gaspard), organiste de
l'église Saint-Pierre et Saint-Paul à Liegnitz,
en Silésie, naquit en cette ville le 38 octobre
1542. A l'âge de trois ans, il perdit la vue par
la petite vérole, et peu de temps après son père
mourut. Sa mère ayant épousé en secondes
noces un homme dont le nom était StimmUr,
on ne connut pendant longtemps Krumbhorn
que sous le nom de V aveugle Stimmler. Ayant
montré, dans un âge plus avancé, un vif désir
d'apprendre la musique, il fut confié par son
frère, pasteur à Waldau, aux soins de Knœbel,
musicien habile et compositeur à Goldberg,
qui lui enseigna d'abord la flûte, puis le
violon, le clavecin et la composition. Les pro-
grès de Krumbhorn furent rapides, et bientôt
il fut cité comme un excellent organiste et un
compositeur distingué. Sur sa réputation,
l'électeur de Saxe le fit venir, et après l'avoir
entendu, lui offrit du service à sa cour; mais
Krumbhorn préféra retourner dans son pays.
A son arrivée à Liegnitz, il y fut nommé orga-
niste de l'église principale (il avait alors
vingt-trois ans), et il occupa cette place pendant
cinquante-six ans.Dans ce long espace de temps,
il forma plusieurs bons élèves, et il écrivit un
grand nombre de morceaux pour l'église et
pour l'orgue, qui sont restés en manuscrit. II
mourut le 11 juin 1621, à l'âge de 79 ans. Son
épitapbe, placée dans l'église Saint-Pierre et
Saint-Paul de Liegnitz, fournit ces renseigne-
ments.
KUUIUBHORIX (Tobie), vraisemblable-
ment fils du précédent, eut la réputation d'un
excellent organiste, et fut employé comme tel
à la cour de Georges Rodolphe, duc de Liegnitz.
Après avoir fait des voyages en Bohême, en
Moravie, en Hongrie, en Allemagne et dans les
Pays-Bas, il retourna à Liegnitz, où il mourut
le 14 avril 1617. Son épitaphe se trouve dans
l'église principale de sa ville natale.
KRUHLOWSKY (Jean), né en Bohême
au commencement du dix-huitième siècle, Tut
un virtuose de premier ordre sur la viole
d'amour. Il vécut d'abord à Prague, puis fut
attaché au service de la cour de Dresde, et enfin
retourna dans sa patrie, où il mourut en 1768.
Il a laissé en manuscrit plusieurs concertos,
des trios, et des solos pour le violon et la viole
d'amour.
KRUMPHOLZ (Jean-Baptiste), excellent
harpiste et compositeur distingué, naquit à
Zlowicz, en Bohême, vers 1745. Admis dans
la musique du prince Estcrhazy en 1766, il
reçut des conseils de Ilaydn pour la composi-
tion. Encouragé par le succès que ses ouvrages
obtenaient en Allemagne, il forma le dessein
de voyager, obtint un congé, et prit sa route
vers la France par Dresde, Leipsick, Franc-
fort et Coblence. Arrivé à Metz, il y fit la con-
naissance de mademoiselle Meyer qui, bien
qu'encore enfant, montrait les plus heureuses
dispositions pour la musique, particulièrement
pour la harpe. Krumpholz se chargea de son
éducation musicale, développa son talent, et
l'épousa lorsqu'elle eut atteint l'âge de seize
ans. Après son arrivée à Paris, Krumpholz s'y
fil connaître par ses compositions et par son
habileté pour l'enseignement. Bientôt il fut le
seul maître de harpe en vogue. Incessamment
occupé du soin de perfectionner la harpe, il
communiqua d'abord ses idées à Naderman,
qui les exécuta, et le 21 novembre 1787, il fit
entendre à l'Académie des sciences de Paris
une harpe construite par ce facteur, où il avait
fait adapter deux pédales dont la première
augmentait ou diminuait la force des sons, en
ouvrant une soupape, et dont la seconde plaçait
une sourdine sur les cordes. La première de
ces pédales a été conservée dans la harpe mo-
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KRUMPHOLZ — KUCHARZ
123
derne. Krumpholz a rendu compte de son in-
vention dans les préfaces de ses oeuvres 14 e et
15 e pour la harpe. Cependant, convaincu qu'il
restait beaucoup à faire pour faire disparaître
les défauts de la harpe à crochets dont il se
servait, et plein de confiance dans le génie de
Sébastien Érard, il le sollicita vivement pour
qu'il s'occupât de la recherche d'un meilleur
mécanisme. Le célèbre facteur y songea, et
trouva la solution du problème de la manière la
plus simple et la plus rationnelle {voyez Érard).
Déjà le nouvel instrument était prêt et allait
paraître, quand Krumpholz lui-même, qui
dans l'intervalle s'était lié d'intérêts à Nader-
raan, vint prier Érard de ne point mettre au
jour son instrument, dont la supériorité devait
faire abandonner la harpe à crochets : et par
condescendance, l'inventeur consentit à re-
tarder la publication de sa découverte. Peu de
temps après, madame Krumpholz, dont le talent
d'exécution, bien supérieur à celui de son mari,
excitait la plus vive admiration, partit pour
l'Angleterre avec un jeune homme qui l'avait
séduite, et abandonna l'artiste à qui elle devait
tant de reconnaissance. Cet événement inat-
tendu, et le mauvais état des affaires de
Krumpholz poussèrent cet artiste à un acte de
désespoir : il alla se précipiter dans la Seine, et
se noya près du Pont-Neuf, le 19 février 1700.
Un génie original, un profond sentiment
d'harmonie, et des modulations inattendues,
se font remarquer dans la musique de Krump-
holz, et malgré le temps qui s'est écoulé depuis
qu'elle a paru, les variations de goût et les
perfectionnements que la harpe -a reçus, elle
serait encore considérée comme excellente, si
elle ne s'était dispersée depuis un demi-siècle,
et si elle n'était devenue fort rare. On connaît
de cet artiste : 1° Concertos pour harpe et
orchestre, n ' 1,2, 3, 4, 5, 6, Paris, Coust-
neau (Lemoine aîné). 2° Quatuor pour harpe,
violon, alto et basse, op. 5, ibid. 3° Duo
pour deux harpes, op. 5, ibid. 4° Sonates
pour la harpe, op. 1, 8, 12, 13, 14, 15, 10,
17, 18, au nombre de 52, Paris, Lemoine,
Janel, Naderman. 5° Sonates pathétiques,
dont une intitulée VA mante abandonnée.
6° Thèmes variés, ibid. 7° Préludes, ibid.
8° Symphonie pour harpe, deux violons,
flûte, deux cors et basse, op. 11, ibid. On
a publié sous le nom de Krumpholz des Prin-
cipes pour la harpe, qui ne sont pas de lui :
ce n'est qu'une fraude mercantile.
KRUMPHOLZ (M»'), harpiste célèbre,
femme du précédent, est née à Metz, et
non à Liège, comme le dit Gerbcr. Son nom
de famille était Meuer. Devenue l'élève de
Krumpholz pour la harpe, elle acquit, après
quelques années d'études, une habileté supé-
rieure à celle de son. maître. Son expression
était entraînante, et la nature, qui lui avait
donné le génie de l'instrument, lui révéla
le secret d'une multitude d'effets inconnus
aux autres harpistes, et qui donnaient à son
jeu un caractère inimitable. Son début à
Paris avait été brillant, et Krumpholz sem-
blait être arrivé au moment de recueillir le
fruit de ses soins, lorsque sa femme se laissa
enlever par un amant, et conduire à Londres
au commencement de 1790. Depuis cette épo-
que jusqu'en 1802, elle fit admirer son talent
dans les concerts donnés dans celte ville, et
jouit de tous les avantages attachés à la supé-
riorité; mais plus tard elle semble avoir dis-
paru du monde musical, et les biographes
anglais gardent sur ce qui la concerne le plus
profond silence. Il parait toutefois certain
qu'elle vivait encore en Angleterre en 1824;
mais depuis lors, on n'a plus de renseigne-
ments sur elle.
RttUMPKE (...), facteur d'orgues àBres-
lau, construisit en 1701 l'orgue de l'église
Saint-Catherine de cette ville a quatorze jeux,
deux claviers et pédale.
HURLER (&.-F.), professeur de musique
de la maison royale des Orphelins, à Stutlgard,
est auteur d'un livre qui a pour titre : Anlei-
tung zum Gesangunterrichte in Schulen.
Ncbst einem Anhange con 55 zwei-und dreis-
timmigen Gesxngen (Instruction pour l'ensei-
gnement du chant dans les écoles. Suivie d'un
appendice de cinquante-cinq chants à deux et
trois voix). La deuxième édition de cet ouvrage
a été publiée à StuMgard, Metzter, 1826, in-8*
de cent quarante-quatre pages.
KUBUSCH (...), violoniste allemand, était
né dans la Haute-Lusace, et y mourut en 1780,
dans la position la plus misérable. Il a laissé
en manuscrit deux concertos pour le violon.
KUCH AllZ (Jean-Baptiste), célèbre orga-
niste, naquitle 5 mars 1751 àChotecz, près de
Mlazowicz, en Bohême, où son père était au-
bergiste et cultivateur. Après avoir reçu la
première Instruction chez son parent, pasteur
à Mlazowicz, il entra au gymnase des jésuites
à Koniggraetz, et y fit de brillantes éludes lit-
téraires et musicales. L'orgue devint particu-
lièrement l'objet de ses études assidues. Plus
tard, il fut reçu au Séminaire des jésuites de
Gitczin en qualité d'organiste, et y continua
ses humanités. Dès lors il commença à écrire
quelques petites compositions et à se faire
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42*
KUCUARZ — KUCKEN
entendre sur l'orgue dans des concertos de
différents maîtres. Ses succès lui persuadèrent
qu'il pouvait se présenter partout comme un
des organistes les plus habiles de son temps;
mais son illusion ne tarda pas à se dissiper
lorsqu'il se rendit à Prague, pour y étudier la
philosophie ; car il eut alors occasion d'enten-
dre Segert, qui était le plus grand organiste de
la Bohême, et le beau talent de cet artiste lui
fit comprendre qu'il devait encore étudier long-
temps avant de pouvoir se mesurer avec un tel
maître. Bientôt il devint l'élève de ce même
Segert, dont les leçons le conduisirent, après
quelques années, au rang des organistes les
plus distingués de l'Allemagne. Attaché en
cette qualité à l'église Saint-Henri, de Prague,
Kucharz devint en peu de temps un des maî-
tres de musique de cette ville dont on recher-
chait les leçons avec empressement. L'élude
des partitions des plus grands maîtres avait
achevé de former son goût. Après la mort de
l'habile organiste Jean Wolf, il obtint sa place
au couvent de Slrahow, dont l'orgue passe
pour le meilleur de la Bohême. Sa nomination
à cette place est datée du 1" septembre 1700.
L'année suivante, il y ajouta celle de chef
d'orchestre de l'Opéra italien de Prague. Dans
plusieurs circonstances importantes , particu-
lièrement aux couronnements de Léopold II,
en 1791, et de François II, l'année suivante,
il se montra également grand artiste dans ses
doubles fonctions de directeur d'orchestre et
d'organiste. Les musiciens les plus instruits
ont donné des éloges au jeu de Kucharz sur
l'orgue; le maître de chapelle Naumann assu-
rait, après l'avoir entendu dans le couvent de
Strahow, qu'il ne croyaft pas qu'il y eût en
Allemagne trois organistes de son mérite. Cet
artiste, âgé de soixante-quatre ans, vivait en-
core en 1815, et s'occupait à terminer un
grand ouvrage à l'usage des organistes et des
compositeurs de la Bohême, auquel il avait
travaillé pendant plus de vingt ans. Il ne pa-
rait pas que ce livre ait été publié. Kucharz
possédait aussi un talent remarquable sur
l'harmonica et sur la mandoline. Il a laissé
en manuscrit : l°Deux concertos pourl'orgue.
3° Des préludes, fantaisies, toccates et pièces
finales pour le même instrument. 5° O Salu*
tari* avec orgue concertant, composé pour le
couvent de Strahow. 4° Diverses cantates de
circonstance. 5° Divers morceaux pour l'har-
monica et la mandoline. Il a aussi arrangé
pour le piano la plupart des grands opéras de
Mozart.
IÏUCI1LER (Jean), bassoniste renommé
pour son habileté, dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle, était attaché au service
de l'électeur de Cologne, à Bonn, en 1780. Dix
ans plus tard, il était membre de la chapelle à
Mayence. Dans l'intervalle de ces deux épo-
ques, il fit un voyage à Paris, et joua avec suc-
cès, au Concert spirituel. On a gravé de sa
composition, en cette ville, dix-huit quatuors
pour divers instruments; deux symphonies
avec basson obligé, un concerto et six duos
pour violon. Le Calendrier de* théâtres de
Gotha, de 1792, indique aussi sous son nom
un opéra intitulé : Jzakia.
K.CCKEN (Fhédémc Guillaume), compo-
siteur, né à Bleckede, bourg du royaume de
Hanovre, le 16 novembre 1810. Son beau-frère
Luhrs, directeur de musique et organiste du
château, à Schwerin, lui enseigna la musique
et le piano. Il était fort jeune encore lorsqu'il
écrivit des marches militaires qui eurent du
succès. Elles attirèrent sur lui l'attention du
grand-duc de Mecklembourg-Schwerin, qui le
choisit pour maître 'de piano de ses enfants (le
grand-duc actuel Frédéric-François II et la
princesse Louise). En 1831, Ktlckcn alla con-
tinuer ses éludes à Berlin et y prit des leçons
de contrepoint chez Birnbacb. Ce fut alors
qu'il fit paraître ses premiers Lieder qui eu-
rent un succès populaire. Son premier opéra,
Die Flocht nach der Schtceiz (la Fuite vers la
Suisse) , fut représenté à Berlin, en 1839.
Un amour inspiré par une dame noble et
riche, partagé par celle qui en était l'objet,
mais traversé par sa famille, obligea Ktlcken
à s'éloigner de Berlin, en 1841 ; il alla d'abord
à Paris et y resta six mois ; puis il fut appelé
en Suisse pour diriger les fétesmusicales d'Àp-
penzell et de Saint-Gall. De là il se rendit à
Paris, où il reçut un accueil cordial d'IIalévy
et de plusieurs compatriotes an nombre des-
quels était Iïeine,dont il avait mis en musique
plusieurs poésies. Il y composa pour le théâtre
de Stuttgard un opéra en trois actes intitulé :
Der Prétendent (le Prétendant), qui fut re-
présenté dans celle ville en 1847, puis à Ham-
bourg et à Berlin, avec un grand succès, et
dont la partition pour le piano a été publiée.
Le 11 octobre 1858, Ktlcken a été nommé pre-
mier maître de chapelle de la cour a Stuttgard,
en remplacement de Lindpaintner : depuis
1851, il occupait à la même cour la place de
second maître de chapelle. 11 a publié à Ham-
bourg, chez Schuberth, des duos pour piano et
violoncelle en forme de sonates, et quelques
petites pièces pour ces deux instruments; mais
il a rendu surtout son nom populaire par se*
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KUCKEN — KUFFERATH
*t
Lieder et ses morceaux de chant pour diverses
voix. Le Dombre de ses œuvres en ce genre
s'élève à plus de soixante ; leurs mélodies sont
gracieuses, naturelles et faciles à retenir; c'est
particulièrement à ces qualités qu'elles ont dû
leur succès. On y remarque un grand nombre
de pièces pour divers genres de voix seules
avec accompagnement de piano, des chants à
deux voix, des quatuors pour soprano, con-
tralto, ténor et basse, des chants pour des
chœurs d'hommes, etc.
KUCZEUA (Geobges), directeur de l'école
Saint- Adalbert, à Podskal, en Bohême, et bon
musicien, mort le 91 mai 1757, a laissé en
manuscrit plusieurs antiennes de la Vierge à
plusieurs voix, enlre autres un Salve Regina
estimé.
KUFF (J.-D.), professeur de musique à
Ulm, actuellement (1863) vivant, a publié une
méthode abrégée d'harmonie et d'accompagne-
ment intitulée : Kurzer, fasslieher, doch voll
stxndiger UnUrricht im Generalbasse, Uim,
1817.
KUFFERATH (Jbaw-Hehman), fils aîné
d'une nombreuse famille dont six frères se
sont livrés à la culture de la musique avec des
succès divers. Jean-Herman est né le 12 mai
1797, à MUlheim, sur la Ruhr. Dès son en-
fance, il fit voir d'heureuses dispositions pour
la musique ; à l'âge de huit ans, il exécuta un
concerto de violon dans un concert public,
n'ayant eu jusqu'alors d'autres leçons que
celles de son père, simple amateur de musique.
Plus tard, l'habile violoniste Alexander, de
Duisbourg, développa par ses leçons les fa-
cultés musicales du jeune Kufferath, qui, sans
avoir les premières notions de l'harmonie,
s'occupa aussi de la composition; enfin, il
parvint à une connaissance assez avancée de
plusieurs instruments pour en jouer des solos.
Il n'était âgé que de quinze ans lorsqu'il fut
choisi pour diriger la musique d'un régiment
de la Landwehr, et dès ce moment, il s'exerça
dans l'art d'écrire et d'arranger de la musique
pour les instruments à vent. Ayant été en
garnison à Dorlmund, il y reçut des leçons de
Scheffer, un des meilleurs élèves de Spohr. La
guerre ayant été déclarée entre la Prusse et
la France, Rufferalh dut servir pendant trois
ans comme simple musicien dans un régiment
de ligne. Pendant quelque temps, il résida à
Cologne, et lorsqu'il eut obtenu son congé du
service militaire, il retourna à Mulbeim, où il
dirigea les concerts, ainsi qu'à Duisbourg et a
Kleinberg.
Depuis longtemps, Kufferath désirait rece-
voir des leçons de Spohr; il jouit de cet avan-
tage pendant les années 1822 et 1823 où il
demeura à Cassel. Ce fut aussi à cette époque
qu'il étudia la composition sous la direction
de Hauptmann, devenu plus tard directeur de
l'École Saint-Thomas, à Leipsick. En 1823,
Kufferath fut appelé à Bielefeld, en qualité de
directeur de musique- : il y resta jusqu'en
1830. On lui offrit alors les places de maître de
.concert à Cologne et de maître de chapelle à
Paderborn ; mais la régence de la ville d'U-
trecht lui ayant fait offrir dans la même année
la place de directeur de musique de- la ville, il
accepta cette dernière position , à laquelle
étaient attachées les directions des concerts
d'hiver et de l'école du chant de la ville, ainsi
que de la société de chant. Depuis lors, Kuffe-
rath a puissamment contribué aux progrès de
la musique dans la ville d'Utrecht par son
zèle, son activité et son talent. Il y a dirigé
l'exécution des grands ouvrages de Haydn, de
Mozart, de Beethoven, de Mendelssohn, de
Spohr, de Haendel et de Schumann. Comme
compositeur, il a écrit diverses œuvres de mu-
sique instrumentale et vocale parmi lesquelles
on remarque une cantate jubilaire qu'il a écrite
en 1833, qui fut exécutée dans cette même
année, puis en 1836 et 1837, et qui a été
publiée à Leipsick, chez Breitkopf et Hœrlel.
KUFFERATH (Hubert-Fehdiiund), pro-
fesseur de piano et compositeur, est né le •
10 juin 1818, à Mulheim sur la Ruhr, dans la
province de Clèves-Berg. Dès son enfance, il
se voua exclusivement à l'étude de la musique;
à l'âge de dix ans, il jouait du piano, du violon
et de la flûte d'une manière assez remarquable
pour se faire entendre sur ces instruments
dans les concerts. A seize ans, il se rendit à
Utrecht près dé son frère aîné, qui voulut en
faire un virtuose violoniste et lui donna des
leçons pendant trois ans, puis l'envoya à Co-
logne, chez Hartmann {voyez ce nom), pour
perfectionner son talent sous sa direction.
S'élant rendu au festival de Dusseldorf, en
1839, il eut occasion d'être entendu sur le
piano par Mendelssohn, qui l'accueillit avec
beaucoup de bienveillance, et qui, après avoir
examiné quelques-unes de ses compositions,
l'engagea à le suivre à Leipsick. M. Kufferath
avait alors vingt et un ans ; c'est à celle époque
de sa vie qu'il se livra d'une manière sérieuse
à l'étude du piano; cependant, par déférence
pour le désir de son frère, il prit encore des
leçons de David pour le violon. Pendant deux
ans et demi il resta sous la direction de Men-
delssohn pour la composition et eut x>our con-
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*26
disciple* chez ce maître, Verhulst, Eckert et
Horsley. En 1841, il retourna à Cologne et y
dirigea pendant six mois la société de chant
Gesang Verein, en remplacement de Conra-
din Kreutzer, qui venait de s'éloigner de cette
ville. En 1844, après deux années de voyages,
M. KufTeralh s'établit à Bruxelles en qualité
de professeuf de piano et de composition ; de-
puis lors, il n'a pas quitté cette ville. Les com-
positions gravées de cet artiste sont celles-ci :
1° Symphonie à grand orchestre, Bonn; Sim-
rock. 2° Le même ouvrage arrangé pour piano
à quatre mains, ibid. o° Ouverture arrangée
pour piano à quatre mains; Mayence, Schotl.
4° Concerto pour piano et orchestre, ibid.
5° Quatuor pour piano, violon, alto et violon-
celle, ibid. 6° Trio pour piano, violon et vio-
loncelle, ibid. 7° Six études de concert pour
piano; Bonn, Simrock. 8° Six idem; Leipsick,
Ilofmeister. 9° Capriccîo pour piano avec or-
chestre ; Leipsick, Breitkopf et Hœrlel. 10° An-
dante, pour violon avec accompagnement de
piano, Mayence, Schott. 11° Six morceaux ca-
ractéristiques pour piano, ibid. ; le même
œuvre transcrit pour violon et piano, par Léo-
nard, ibid.; idem transcrit pour violoncelle
et piano par Servais, ibid. 12° Trois pensées
fugitives pour piano, ibid. 15" Trois morceaux
pour piano {rêverie, Svherzo, romance), ibid.
14° Berceuses pour piano, ibid. 15° Romance
sans paroles pour piano, ibid. 16° Étude de
salon, idem, ibid. 17° Six divertissements fa-
ciles idem, ibid. 18° Marche à quatre mains
idem, ibid. 19° Impromptu à quatre mains
idem, ibid. 20° Allegro pour piano seul, ibid.
21° Scherzo idem, ibid. 22° Deux romances
sans paroles idem, ibid. 23° Quatre cahiers de
Lieder pour soprano ou ténor. 24°SixZtetfer
idem, Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.
KUFFHER (.ÏE*:i-JACQUES-PAUL),né à Nu-
remberg, en 1715, fuM'ahord organiste en
celle ville, puis entra au service du prince de
la Tour et Taxis, à Ralisbonne,en 1750, comme
claveciniste et compositeur. Il occupa cette
place pendant trente-six ans, et mourut à l'Age
de soixante-treize ans, le 12' juillet 1786. Son
jeu se faisait remarquer par la netteté et l'ex-
pression, et ses compositions étaient remplies
de feu et d'idées neuves. On a gravé sous son
nom à Nuremberg, à Francfort et à Paris, trois
œuvres de sonates pour clavecin et violon, six
quatuors pour deux violons, alto et basse, et
un recueil de petites pièces pour le clavecin.
La deuxième édition de son premier œuvre de
sonates a paru en 1762. On trouve aussi dans
le Catalogue de Traeg, de Vienne, une sonate
KUFFERATH — KUFFNER
à quatre mains attribuée à Jean-Jacques-Paul
Kuffner.
KUFFNER (GuiLLAUMB-JosBPn) , fils du
précédent, est né à Kalmunz, près de Ralis-
bonne, en 1738, et n'a eu pour maître de mu-
sique et de piano que son père. Vers 1785, sa
réputation d'habile pianiste et de compositeur
commença à s'éteindre. Vers cette époque, il
fit un voyage à Vienne; le prince de Palme l'y
entendit et l'engagea pour sa musique. Ayant
parcouru la Bavière dans sa jeunesse, il s'ar-
rêta à Wtlrzbourg où le retint son amour pour
Catherine Wassmuth, fille du maître de cha-
pelle aullque du prince-évêque de ce diocèse.
Après la mort de Wassmuth, il lui succéda
dans sa position à la cathédrale. Quelques an-
nées après, il se rendit à Paris, puis à Lon-
dres, où il publia quelques sonates pour le
piano. Il perdit sa femme en 1787, et lui-même
mourut en 1798, laissant peu de fortune à
partager entre cinq enfants.
KUFFNER (Joseph), fils du précédent,
naquit à Wurzbourg, le 31 mars 1776. Il était
à peine âgé de onze ans, lorsqu'il perdit sa
mère. Destiné par son père à la carrière des
sciences et des lettres, il fut envoyé au collège
où il fil ses études d'une manière honorable,
puis il suivit les cours de l'université. En 1793,
il acheva ses éludes de philosophie. Pendant
qu'il fréquentait les écoles, son père lui avait
enseigné les principes de la musique, et Kuff-
ner s'était épris de passion pour le violon. Le
maître de concert, Laurence Schmill, lui donna
des leçons de cet instrument, et les progrès de
Kuffner furent si rapides, qu'il put exécuter
dans les concerts d'hiver, en 1794 et 1795, des
concertos de Mestrino et de Viotti. Ayant fini
son cours de droit, il entra chez un avo-
cat pour y faire son stage; mais, en 1797,
l'évéque le fit attacher à la musique de sa cha-
pelle comme surnuméraire, avec promesse de
la première place vacante et d'un emploi dans
l'administration. La mort de son père changea
sa position et l'obligea à donner des leçons de
violon, de clavecin, et même de langue latine,
afin de pourvoir à son existence. Le peu de
temps qui lui restait, il l'employait à perfec-
tionner son instruction dans l'art. Le désir de
composer l'occupa dès lors ; mais il n'avait au-
cune notion d'harmonie. Un ami lui prêta le
livre de Rnecht sur cette matière; il le lut avi-
dement et se mit à faire quelques essais de
compositions légères en quatuor pour des in-
struments à cordes. Les encouragements de
ses amis l'ayant déterminé à continuer ses
éludes de composition, il prit des leçons de
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KUFFNER — KUFNER
427
Frœhlich, et bientôt après il commença à se
faire connaître par de petits ouvrages pour le
clavecin, la flûte et la guitare. Ses sérénades
pour guitare, flûte et alto, faites à l'imitation
de celles de Léonard de Call, obtinrent un bril-
lant succès.
En 1802, Wtlrzbourgetson territoire ayant
passé sous la domination de la Bavière, tout
espoir d'obtenir des emplois lucratifs dans la
chapelle et dans l'administration fut perdu
pour KufTner; il accepta une place de chef de
musique dans un régi ment bavarois, et son ac-
tivité productrice se tourna particulièrement
vers la composition des pièces d'harmonie mi-
litaire. Pendant plusieurs années, il n'eut pas
d'autre occupation que son service militaire et
la composition de ce genre de musique ; mais
W 11 rz bourg étant échu à l'archiduc Ferdinand,
comme grand-duché ; ce prince, grand amateur
de musique, nomma KufTner musicien de la
chambre et de la cour avec un traitement
d'environ quatre cents florins, et y ajouta la
place de chef de la musique militaire, avec un
autre traitement de trois cents florins. Alors la
position de l'artiste devint satisfaisante. Il
s'était marié en 1801 et trouvait dans son
ménage les joies de la famille : tout lui sourit
dès ce moment. Ses ouvrages étaient recher-
chés par les éditeurs, et sa réputation s'éten-
dait de jour en jour. En 1811, André, d'Offcn-
bach, avait commencé la publication de ses
suites pour musique militaire; elles devinrent
bientôt le répertoire de toutes les sociétés
d'harmonie. Des offres brillantes furent faites
à KufTner pour le fixera l'étranger, mais il ne
les accepta pas et préféra conserver sa vie calme
et ses douces habitudes.
En 1814, le grand-duché de Wtlrzbourg fut
réuni de nouveau à la Bavière, et KufTner fut
mis à la pension, ainsi que tous les autres
musiciens de la chapelle; mais cet événement
qui, autrefois, aurait pu porter le trouble dans
son existence, n'eut pas alors les mêmes in-
convénients. Ses ouvrages étaient recherchés
par tous les éditeurs et lui assuraient une ai-
sance dont le ebarme s'augmenta par l'indé-
pendance qu'il avait acquise. En 1837, il écri-
vit ses deux premières symphonies qui furent
publiées à la maison Scholt, de Mayence ; bien-
tôt en parut une troisième, chez André. Ce
temps est celui où la fécondité productrice de
l'artiste prit le plus grand essor. Il arrangea
presque tous les opéras modernes en harmo-
nie, et fit paraître dans le même temps une
multitude de productions de différents genres.
Le nombre de ses ouvrages publiés s'élève à
plus de trois cents, et plus de soixante inédits
se sont trouvés après sa mort. A l'époque où
des sociétés d'harmonie se trouvaient partout,
particulièrement en Belgique et en Allemagne,
KufTner était la providence qui les alimentait.
Chez elles, la réputation de ce musicien eflfa-
çait toutes les autres. Sa musique ne se distin-
guait cependant ni par la nouveauté des idées,
ni par les qualités du style; mais elle était
brillante pour le temps et d'une exécution fa-
cile. Lorsqu'il visita la Belgique, en 1829,
quelques-unes de ces sociétés le fêtèrent à
l'envi, et toutes lui envoyèrent un diplôme de
membre honoraire. Au mois d'août 1850, il
présida à Bruxelles le jury d'un grand con-
cours où vingt-neuf sociétés se disputèrent le
prix ; il y fut l'objet d'une véritable ovation.
En 1855, la société d'harmonie lui offrit son
portrait peint par Gustave Wappers. Kuffner
est mort a Wltrzbourg, le 9 septembre 1856, à
l'âge de quatre-vingts ans et quelques mois.
Aujourd'hui, toute sa musique est tombée dans
l'oubli.
Les œuvres les plus importantes de cet ar-
tiste sont celles-ci : 1° Sept symphonies à grand
orchestre, publiées à Mayence, chez Scholt, et
à Oflenbach, chez André. 2° Dix ouvertures
ider$, œuvres 74, 130, 172, 173, 174, 175,
176, 177, 185, 184. 3° Des pièces d'harmonie
de tout genre a six, huit, dix et douze parties,
au nombre de plus de vingt cahiers. 4° Des
pièces de musique militaire, marches, pas
redoublés, ouvertures, pots-pourris, fantai-
sies, thèmes variés, etc., au nombre de plus
de soixante cahiers. 5° Des quatuors pour deux
violons, alto et basse, œuvres 41, 42, 48, 52,
89 et 90; Mayence, Scholt; Oflenbach, André.
6° Concerto pour alto, op. 159; Mayencc,
Scholt. 7° Quintettes pour flûte,. deux violons,
alto et basse, op. 32,55 et 66; Paris, Ricliault.
8° Trios pour trois flûtes et duos pour deux
flûtes, cinq œuvres, ibid. 9° Plusieurs œuvres
de duos pour deux clarinettes, ibid. 10° Une
multitude de morceaux de guitare seule ou ac-
compagnée. 11° Sonates, duos et pots-pourris
pour piano et violon, quinze œuvres ; Mayence,
Scholt; Oflenbach, André, etc. : l'œuvre 510
est une fantaisie avec variations pour violon
principal et orchestre. KufTner a composé
aussi l'opéra comique en un acte, intitulé : le
Cornet, dont la partition pour piano a été pu -
bliéeen1842.
KUFHER (le P. Liberati), né en 1751,
dans le Haut Palatinat, étudia dès son enfance
l'orgue et le contrepoint chez un organiste
nommé Rueder, et fit ses éludes littéraires à
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KUFNER — KUHLAU
Amberg. En 1750, il entra dans Tordre des
Franciscains, et quelques années après, il fut
choisi comme organiste du couvent de Regel -
liolzgaden. Il improvisait avec un rare talent
à quatre ou cinq parties sur des thèmes donnés,
et a laissé en manuscrit des pièces d'orgue
qui donnent une haute idée de son mérite.
Beaucoup de bons élèves ont été formés par lui.
Il est mort dans son couvent en 1799.
KUGEL3IAIN (Jean), musicien de la pre-
mière moitié du seizième siècle, vécut à Kce-
nigsberg, vers 1525, puis fut tromboniste à
Nuremberg. Il a publié un recueil qui a pour
litre : Concentus novi trium vocum, eccle-
siarum usui in Prussia prxcipue accomo-
datus. Joanne Kugelmano, tubicinae $ym-
phontarum aulhore. Item etliche Stuck } mit
acht, sechs, fiinf und vier Slymmen hin-
zugethan. Augustx Findelicorum per Met-
thiorem Kriesstein, 1540, in-8° obi. Outre les
compositions deKugelman, on trouve dans ce
recueil des morceaux de Blankmuller, de
Georges Frœhlich, de Jean Heugel, de Valen-
tin Scbsllinger et de Thomas Stdlzer.
KUI1E (Guillaume), pianiste et composi-
teur de musique de salon, est né & Slutlgard,
en 1822. Il s'est fixé à Londres comme pro-
fesseur de son instrument, en 1848. On a pu-
blié de cet artiste un grand nombre d'oeuvres
légères pour le piano parmi lesquelles on re-
marque des Lieder sans paroles, k l'imitation
de Mendelssobn,op. 12; Stultgard, Ha 11 berger ;
Chanson d'Amour, romance sans paroles,
op. 17, ibid.; le Carillon (das Glockenspiel),
op. 13, ibid. ; Réminiscences de Lucrèce Bor-
gia, grande fantaisie, op. 16, ibid.
KUHLAU (Fbédéric) , compositeur, na-
quit en 1786, àUelzen, dans le pays de Lune-
bourg, près des frontières du Ilolslein. Avant
d'avoir atteint Page de sept ans, il fut envoyé
par sa mère, dans une soirée obscure d'hiver,
pour puiser de l'eau à une fontaine; chemin
faisant il tomba, se blessa et perdit un œil.
Déjà à celte époque, il faisait apercevoir les
plus heureuses dispositions ; ses parents, bien
que peu fortunés, se 'décidèrent à les cultiver.
Ils lui firent donner d'abord quelques leçons
de clavecin, puis l'envoyèrent à Brunswick,
pour qu'il y fréquentât l'école de chant. Il ap-
prit aussi dans celle ville à jouer de plusieurs
instruments, entre autres, de la flûte. Il ne
s'éloigna de Brunswick que pour se rendre à
Hambourg, où Schwenke, directeur de mu-
sique, compléta son éducalion musicale en lui
enseignant l'harmonie et les éléments de la I
composition. Pendant son séjour à Hambourg, I
Kublau commença k publier ses premières
compositions, la plupart pour le piano et la
flûte. Pour échapper à la conscription établie
sous la domination française, il fut obligé de
se réfugiera Copenhague en 1810; dès ce mo-
ment son talent prit un élan qui, jusque-là,
avait été comprimé par des circonstances peu
favorables. Kuhlau fut d'abord placé comme
première flûte à la chapelle de la cour, avec le
titre de musicien de la chambre. L'Opéra-Na-
tional était alors dans une situation peu flo-
rissante en Danemark; Kuhlau conçut le
projet de travailler à sa reslauralioo, et pour
l'exécution de ce dessein il écrivit la musique
d'un drame intitulé : Rœverbergen (la Mon-
tagne des brigands). Le succès de cet ouvrage
fut éclatant et produisit une vive sensation
dans le pays. On oubliait que le musicien était
Allemand de naissance, et tout le moude l'ap-
pelait le grand compositeur danois. Il est
vrai que Kuhlau, empruntant sa couleur
locale aux chants nationaux du Danemark,
avait réussi à donner à son opéra le caractère
particulier de la musique du Nord. Élisa, son
second ouvrage dramatique, suivit de près le
premier : il ne fut pas moins bien accueilli,
quoiqu'il n'eût pas au même degré le mérite
de l'originalité. Après la première représenta-
tion, Kuhlau reçut du roi de Danemark le
titre de compositeur de la conr, avec une dis-
pense d'assister à l'orchestre comme exécu-
tant. L'artiste prit alors la résolution de se
fixer en Danemark, acheta une maison à
Lyngbye, petite ville peu éloignée de Copen-
hague, et s'y établit avec ses parents qu'il
avait fait venir d'Allemagne. Dans son nou-
veau séjour, il écrivit la plus grande partie
de cette multitude de compositions instrumen-
tales connues sous son nom, et ses opéras da-
nois intitulés : Zulu, la Harpe enchantée,
Hugo og Jdelheid, et Elverhoe (la Montagne
des Elfes). Ce dernier ouvrage, qui fut repré-
senté en 1828, est plutôt une sorte de vaude-
ville composé d'airs anciens du Danemark,
qu'un opéra ; mais ces chants ont tant d'at-
trait pour les habitants du pays, que l'ouvrage
obtint un succès d'enlhousiasme. Il est vrai
qu'il y avait beaucoup d'art dans l'usage que
Kuhlau avait su faire de ces mélodies natio-
nales. Au surplus, la brillante réputation de
cet artiste en Allemagne et en France est due
plutôt & ses compositions instrumentales pour
la flûte et le piano qu'à sa musique dramati-
que. Un incendie, qui réduisit en cendres, en
1850, la plus grande partie de son habitation,
détruisit les manuscrits de plusieurs ouvrages
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KUHLAU — KUHMSTEDT
129
considérables : 1c chagrin que lui causa cet
événement, joint à celui qu'il ressentit à la
mort de son père, ébranla sa santé, qui jus-
que-là avait été bonne; après une année pas-
sée dans une situation languissante, une ma-
ladie sérieuse se déclara et le conduisit au
tombeau dans Thi ver de 1852. A ses funérailles,
qui furent faites avec pompe, on exécuta une
marche funèbre de sa composition , et le
théâtre, ainsi que plusieurs sociétés particu-
lières honorèrent sa mémoire par diverses
solennités.
On a gravé quelques-unes des ouvertures
des opéras de Kublau pour l'orchestre, Leip-
sick, Breitkopf et Hœrtel. Parmi ses autres
compositions, on remarque : 1° Trois quin-
tettes pour la flûte, op. 51 ; Bonn, Si m rock.
2° Trios concertants pour trois flûtes, op. 15;
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel, Paris, Faire ne;
op. 86, Hambourg, Bœhme. o° Duos pour deux
flûtes, op. 10, 59, 80, 102; Leipsick, Breitkopf
et Hsertel; Paris, Fa rrenc. 4° Sol os, fantaisies,
divertissements, etc., pour flûte seule, op. 57,
68, 75, etc.; Leipsick, Hambourg, Paris.
5° Concertos pour piano, op. 7, 95; Leipsick,
Breitkopf et Hœrtel. 6° Quatuors pour piano,
op. 52, 50, tout.; Bonn, Simrock. 7° Sonates
pour piano et violon, op. 6, 55, 64, 69,71,79,
33, 85; Leipsick, Bonn, Copenhague, Ham-
bourg, Mayence, Paris. 8° Sonates pour piano
a quatre mains, op. 8, 17, 44, 66 ; Hambourg,
Copenhague. 9° Rondos et variations idem,
op. 58, 70, 72, 75, 76, ibid. 10° Sonates pour
piano seul, op. 5, 20, 26, 50, 54, 46, 52, 55,
59, 60, 88, ibid. 1 1° Beaucoup de rondeaux et
de divertissements idem, ibid. 12° Beaucoup
de thèmes variés idem, ibid. 15° Plusieurs
cahiers de danses, de valses, etc., idem, ibid.
14° Plusieurs cahiers de chants pour quatre
voix d'hommes, ibid. 15° Onze cahiers de
chants à voix seule, avec accompagnement de
piano, ibid.
KUHMSTEDT (Frédéric), compositeur,
directeur et professeur de musique à Eisenach,
est né & Oldisleben, dans le grand-duché de
Saxe- Weimar, le 20 décembre 1809. Organisé
pour la musique, il lit dès sa première enfance
de rapides progrès dans les éléments de cet
art, sous la direction de Zœlner, cantor du
lieu de sa naissance. A l'âge de dix ans, son
penchant pour la musique était devenu une
passion ; mais ses parents, le destinant à l'étude
«le la théologie, multiplièrent les obstacles
pour l'empêcher d'acquérir des connaissances
dans un art qui avait pour lui tant d'attraits.
A l'âge de douze ans, il fut envoyé au collège
BIOGR. U.XIV. DES ■ US1C1E3S. T. T.
de Frankcnhausen, petite ville delà princi-
pauté de Schwarzbourg-Rudolstadt, où se trou-
vent des eaux thermales qui attirent les
étrangers. Le lieu était mal choisi pour guérir
Kuhmstedt de sa mélomanie, car il y vint une
troupe de comédiens ambulants qui représen-
tèrent le Freyschiits de Weber, et le jeune
étudiant y chanta dans les chœurs. .Un monde
nouveau de musique s'ouvrit dès ce moment
pour lui : il en eut des vertiges; mais toutes
ses sollicitations furent vaines : il ne put
changer les résolutions de ses parents. A seize
ans, on le plaça au collège de Weimar avec le
dessein de loi faire suivre plus tard les cours
de l'université de Jéna. Là, les concerts,
l'opéra et la musique d'église donnèrent de
nouveaux aliments à la passion de Kuhmstedt.
Pendant trois ans, il fut dans un état de souf-
france de ne pouvoir se livrer en liberté à la
culture de l'art pour lequel il était né. Enfin,
parvenu à l'âge de dix-neuf ans, il prit une
résolution énergique, et seul, à pied, presque
sans argent, il franchit l'énorme distance qui
le séparait de Darmstadt, pour aller demander
au célèbre organiste Rink une instruction
théorique et pratique dont il éprouvait l'im-
périeux besoin. Trois années d'études sous cet
excellent maître suffirent pour faire de Kuhm-
stedt un musicien instruit, un bon organiste
et un pianiste habile. De retour dans sa fa-
mille, il se réconcilia avec elle et parvint à lui
donner des idées plus justes sur la musique et
sur ceux qui la cultivent. Ce fut alors qu'il
écrivit un opéra intitulé Die Schlangen
Kœnigin (la Reine des serpents), et plusieurs
autres ouvrages qui furent terminés dans sa
vingt-troisième année. Il formaitle projet d'un
voyage d'artiste dans les villes principales de
l'Allemagne, pour se faire connaître comme
pianiste, organiste et compositeur, lorsqu'un
accident funeste, inattendu, vint tout à coup
dissiper ses rêves de bonheur, et le priver en
quelque sorte de tout moyen d'existence. Une
paralysie de la main droite se déclara subite-
ment, san3 cause apparente, et le mit dans
l'impossibilité de jouer d'un instrument et de
faire entendre ses ouvrages. L'espoir de trouver
quelque remède pour son mal, et le désir de
faire mettre en scène son opéra, le conduisi-
rent d'abord à Weimar, puis à Leipsick, et
enfin à Berlin, mais inutilement pour un but
comme pour l'autre. Il retourna à Weimar
pauvre, maladif, et y vécut misérablement, en
donnant quelques leçons de piano mal payées.
Quelques années se passèrent ainsi : enfin, la
place de directeur de musique à Eisenach de-
9
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Î30
KUHMSTÉDT - KÛHN
vint vacante, et le pauvre artiste l'obtint avec
le modique traitement de moins de deux cents
écns de Prusse (à peine sept cent cinquante
francs). C'était une amélioration à sa situa-
tion ; mais il n'en avait pas fini avec l'infor-
tune; car il se maria, et le jour de ses noces,
sa femme fut frappée de mort subite, en sor-
tant du temple. Accablé par ce nouveau mal-
heur, Kuhmstedt resta quelque temps dans
l'inaction; mais après avoir épuisé cette dou-
leur, l'amour de l'art lui revint, et il se remit
au travail. Il avait pris l'habitude d'écrire sa
musique de la main gauche et maniait sa
plume avec autant de dextérité qu'il aurait pu
le faire de sa droite. Ce fut alors que commença
sa grande activité productrice et qu'il écrivit
son oratorio de la Résurrection du Christ
(Die Auferstehung Test*); deux grandes
symphonies, exécutées à Cassel, en 1843 et
1844; un autre oratorio intitulé Der Sieg des
GŒttliçhen (le Triomphe des choses divines);
une messe solennelle à quatre voix et or-
chestre ; deux grandes ballades avec chœur et
orchestre; plusieurs ballades et Lieder avec
accompagnement de piano; des hymnes, des
motets et d'autres pièces pour l'église, avec
et sans accompagnement ; des concertos et des
sonates pour piano ; des rondos, caprices et
fantaisies pour le même instrument, op. 15,
16, publiés à Leipsick, chez Hofmeister; une
grande fugue de concert à quatre parties, sur
un thème donné par Liszt, op. 24, Erfurt,
Kœrner; une bonne introduction à l'étude
des œuvres de J.-S. Bach, pour les organistes
et les pianistes, sous ce titre : Gradue ad
Parnassum, oder Vorschule zu Seb. Bach
Jttavier und Orgel compositionen, op. 4;
Mayence, Scholt. Cet ouvrage, composé de six
suites, renferme des préludes et fugues, dans
tous les tons majeurs et mineurs, pour l'orgue
et le clavecin. On a aussi de RUhmstedt :
Vingt-cinq préludes faciles et mélodieux pour
l'orgue, à l'usage du service divin, op. 5,
in«4 9 ; Erfurt, Kœrner; vingt-cinq idem,
op. 12; Mayence, Schott; huit pièces d'orgue
de différents genres pour l'étude et pour le
service divin, op. 17; Erfurt, Kœrner; quatre
fugues pour servir de conclusions, op. 18,
ibid.; grande double fugue pour servir de
pièce de concert d'orgue, op. 28, ibid. ; Fan-
tasia eroica pour orgue, op. 29, ibid. ; re-
cueil de fugues et de grands préludes idem,
op. 19; Mayence, Schott; VArt de préluder
sur l'orgue (die Kunst des Vorspiels fur
Orgel), op. C, ibid. Kuhmstedt est aussi auteur
d'un traité d'harmonie pour ceux qui veulent
apprendre cette science sans le secours d'un
maître (Theoretisch-praktische Harmonien-
und Ausweichungslehre fiir aile diejenigen,
toelche, ohne den mUndlichen Unterricht
eines Meisters genieesen xu kœnnen, sich die
ncèthige praktische Fertigkeit im reinen
Satz-und harmonische Gewandtheite in
kurzer Zeit aneignen wollen , Eisenach ,
Bœrnker, 1858, in-4°deXX et de cent trente
pages. La réputation méritée qu'avaient faite
à Kuhmstedt ses compositions et ses ouvrages
didactiques le firent rechercher comme pro-
fesseur; il eut beaucoup d'élèves, et sa position
fut heureuse dans ses dernières années. Cet
artiste estimable est mort à Eisenach, le
8 janvier 1858, à l'âge de quarante -huit
ans.
KCHN (Adam-Ïhederic), magister et rec-
teur au gymnase de Sorau, mort le 18 octobre
1795, a public', au nombre de plusieurs savants
écrits : !• Ueber Lieder fiir die Jugend (Sur
les chansons pour la jeunesse), Sorau, 1787,
in-4° de 16 pages. 2° Beytrxg %u einer
Allgem. Schulgesangbuche fUr die gebilde-
tere Jugend (Essai d'une méthode générale de
chant pour la jeunesse bien élevée), ibid.,
1795, in-8*.
KtJHN (Antoine L.), professeur de piano,
à Manheim, vers la fin du dix-huitième siècle,
y a publié : 1° Trois sonates pour clavecin et
violon, op. 1, 1785. 2° Trois idem, op. 2,
ibid. 3« Trois idem, op. 3, ibid., 1786.
4° Trois idem, op. 5, ibid. 5« Petites pièces
pour clavecin, op. 7, ibid., op. 8, Baie.
KtJHIX (Joseph), professeur de musique
élémentaire à Amerbach (Cercle du Mein
inférieur, en Bavière), est auteur d'un livre
qui a pour titre : Harmonielehre nebst An-
leitung %um Generalbass-spielen, mit JVo-
tenbeispielen (Science de l'harmonie suivie
d'une instruction pour jouer la .basse continue,
avec des exemples notés) , Wurzbourg, Struker,
1825, in-8*.
KÈHN (Joseph -Ci ables) , professeur de
musique et compositeur a Liegnitz, est né à
Elbing, le 30 avril 1803. Après avoir appris
pendant six ans les éléments de la musique
et de l'art de jouer du piano, sous la direction
de M. Urban, conseiller de la ville et directeur
de musique, il a fait, en 1825, un grand
voyage en Allemagne, dans lequel il s'est fait
connaître avantageusement comme virtuose.
Il s'est ensuite établi à Breslau, pour enseigner
l'harmonie et la composition, et a écrit pour
ses élèves dans cette dernière partie de la
science un manuel spécial intitulé ; la Doctrine
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KUHN - KÙHNAU
131
-des fugues mise en ordre et appliquée par
■des exemples. Après un séjour de trois ans en
cette ville, M. Ktibn a recommencé ses voyages
et a visité l'Autriche et la Bohême; puis il est
retourné dans la Silésie, d'abord à Neisse, où
il a fait un séjour de onze mois, ensuite à
Liegnitz. Depuis ce temps il a écrit un très-
grand nombre de compositions de tout genre,
mais il n'en a été publié qu'une petite partie,
dans laquelle on remarque une fantaisie pour
clarinette et orchestre, un Miserere à deux
voix, et quelques chansons avec accompagne-
ment de piano. 11 a composé trois opéras
(Fédor et Marie, les Ouvriers mineurs, Ca-
lypso), qui n'ont point été représentés et qui
sont encore en manuscrit, ainsi que plusieurs
messes, un Te Deum à quatre voix et or-
chestre, deux symphonies, plusieurs ouver-
tures, concertos et caprices pour hautbois,
fantaisies pour l'orchestre, concertos et autres
morceaux pour basson, quatuors, sonates et
rondeaux pour piano, chansons à plusieurs
voix, etc. On a aussi de Ktthn un petit ou-
vrage intitulé : 48 Uébergxnge von C dur
und C moll nach aller Dur-und Molltonar-
ten (Quarante-huit transitions des tons d'uf
majeur et d'tif mineur dans tous les tons
majeurs et mineurs), op. 10, Vienne, Has-
linger (1829), petit in -fol. obi. de treize pages.
Cet artiste montre dans quelques-uns de ses
ouvrages des qualités estimables et une. cer-
taine élévation de style.
KUHN (Georges), né à Montbéliard (Doubs),
le 26 novembre 1789, fit ses premières études
musicales dans celte ville. A l'âge de dix-huit
ans, il se rendit à Paris et fut admis au Con-
servatoire comme élève de Catel pour l'har-
monie. Plus tard, il étudia le contrepoint
sous la direction de Cherubini et devint
habile dans l'art d'écrire. Le 15 avril 1822,
il fut nommé professeur de solfège au Con-
servatoire. Livré à l'enseignement, Kuhn pu-
blia divers ouvrages élémentaires, au nombre
desquels on remarque un Solfège des écoles,
Paris, 1824; un Tableau de la génération
des accords; un Recueil de contrepoints
doubles et de fugues scolastiques, et un Sol-
fège des chanteurs avec accompagnement de
piano, ou méthode analytique de musique,
Paris, Benoit et Heissonnier, 1851, gr. in-4°.
Lorsque les Concerts du conservatoire furent
rétablis, en 1829, par une association de ses
anciens élèves qui prit le titre de Société des
concerts, Cherubini lui confia, en qualité de
professeur, une classe de chant d'ensemble
destinée a cet objet. Kuhn enseignait aussi la
théorie de la musique et le solfège aux élèves
du pensionnat du Conservatoire.
Né dans la religion réformée, il dirigeait la
musique au temple protestant de la rue* des
Fillettes . En 1832, il publia un recueil de
chants à voix seule et à plusieurs voix, à
l'usage de ce culte. Ayant amassé, par ses
économies, le capital d'un revenu modeste, il
prit sa retraite de professeur au Conservatoire,
le 1 CT février 1848, et obtint la pension en
récompense de ses longs et honorables services.
En 1849, il retourna à Montbéliard et y passa
ses dernières années dans le repos et l'étude
des œuvres classiques. Il y est mort, le 26 sep-
tembre 1858, à l'âge de soixante-neuf ans.
KCHNAU (Jean), savant musicien, naquit
au mois d'avril 1667, à Geysing, en Saxe, sur
les frontières de la Bohême, où ses ancêtres
s'étaient retirés à l'époque des troubles reli-
gieux. Lorsqu'il eut atteint l'âge de neuf ans,
ses parents l'envoyèrent à l'école de Sainte-
Croix, à Dresde. Alexandre Bering, organiste
de cette paroisse, lui donna les premières le-
çons de musique. II fit sous ce maître de ra-
pides progrès ; à petne avait-il atteint l'âge de
douze ans, que déjà il écrivait de petites com-
positions. Ces premiers essais intéressèrent
en sa faveur le maître de chapelle Vincent
Albricci, qui lui permit d'étudier les partitions
de ses ouvrages, et d'assister aux répétitions
et aux exercices de la chapelle. Admis dans la
famille de ce maître, il y recueillit, entre au-
tres avantages, celui d'apprendre de bonne
heure la langue italienne, la seule qu'on y.
parlât. Dans le même temps, il prenait des
leçons de français. Une maladie épidémique,
assez semblable à la peste, se manifesta tout à
coup à Dresde, en 1680, et fut cause que les
parents de Ktihnau le rappelèrent près d'eux,
avant qu'M eût eu le temps de se préparer à
finir ses études à l'Université. A peine de re-
tour à Geysing, il reçut de Titius, cantor à Zit-
tau, l'invitation de se rendre au Gymnase de
celte ville, pour y continuer ses études sous
la direction de Weiss, alors recteur de celte
école. Il s'y rendit en effet et sut bientôt ac-
quérir l'amitié de son maître par ses progrès
dans les sciences et par son mérite comme mu-
sicien. L'époque approchait où l'on devait élire
àZiltau les magistrats de la ville, et l'usage
exigeait qu'on célébrât cet événement par un
discours suivi d'une musique solennelle. La
protection de Weiss valut à Kuhnau l'hon-
neur d'être choisi pour composer le motet qui
devait être chanté en celle circonstance. Il
choisit pour sujet le texte du psaume 20; cl
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433
KÛHNAU
il termina son ouvrage par plusieurs cantiques
allemands. Ce psaume fut chanté par un
double chœur que Kuhnau dirigeait lui-
même.
En 1682, il alla à l'Université de Leipsick.
Le titre d'élève d'Albricci le fit accueillir avec
empressement dans les meilleures maisons de
la ville. Une circonstance favorable se présenta
bientôt pour le faire connaître avec avantage.
L'électeur de Saxe Jean-Georges venait de
rentrer dans ses États, après avoir vaincu les
Turcs. Il visita Leipsick à l'époque de la foire,
et les étudiants de l'Université chantèrent à
cette occasion un grand morceau composé par
Kuhnau, et qu'il dirigea lui-même. Cette com-
position produisit un bel effet. Elle fixa l'at-
tention générale sur son auteur qui, à la mort
de Kuhnel, organiste de l'église Saint-Tho-
mas, fut élu pour son remplaçant, en 1684,
quoiqu'il ne fût âgé que de dix-sept ans. Cette
place lui ayant fourni les moyens de continuer
ses études, il commença celle de la jurispru-
dence, fréquenta les leçons des meilleurs pro-
fesseurs, soutint plusieurs thèses surdiffércnts
sujets, entre autres une en langue grecque, et
obtint enfin le titre d'avocat. Le savoir, la pru-
dence et la droiture dont il fil preuve dans les
procès qui lui furent confiés, lui concilièrent
l'estime générale. Dans le môme temps, il cul-
tivait les mathématiques, ainsi que la philolo-
gie grecque et hébraïque. Il traduisit aussi
plusieurs ouvrages du français et de l'italien,
écrivit des compositions musicales de diffé-
rents genres, et des traités relatifs à l'histoire
ou à la théorie de la musique. En 1700, on le
choisit pour remplir la place de directeur de
musique de l'Université de Leipsick; dans
l'année suivante, après la mort de Schelle,
il joignit à ces fonctions celles de cantor ou de
maître des enfants de l'école Saint-Thomas,
et de plus il fut organiste des deux églises
principales de la ville. Il mourut à l'âge de
cinquante-ciuq ans, le 25 juin 1722.
Les ouvrages de Ktlhnau relatifs à la mu-
sique sont : 1° Une thèse académique qu'il
soutint à l'Université de Leipsick pour ses
licences d'avocat, et qui est citée parWalther,
Matlheson, Forkel, Gerber et tous leurs co-
pistes, sous ce titre : Dissertatio de Juribus
eirca musicos ecelesiasticos, mais dont le
titre véritable, bien prolixe à la vérité, est
celui-ci : Divini Numinis assistentia illus-
trisque Juriconsultorum in fiorentissima
Academia Lipsiensi Ordinis indultu Jura
circa Musicos ecelesiasticos, sub modera-
mine Dn. Andréas Mylii, /. U. D. Inst.
Jmp. P. P. et Facullalis Juridicx Assesso-
ris, Domini Patroni, Prxceplorisque sut,
omni honoris et observantix cultu œtatem
suspiciendi ad diem 21 decembris 1688, (oco
horisque consuetis publics? Eruditorum dis-
quisitioni submittit Johannes Kuhnau, au-
tor, Lipsi», Literis Christiani -Blankmanni,
1688, in-4° de quarante-quatre pages. 2° Ver
Musikalische Quack-Salber , nicht allein de-
nen verstendigen Liebhabern der Musik,
sondern auch allen andern, welche in dieser
Kunst keine sonderbare Wissenschaft ha-
ben, etc. (le Charlatan musicien, «te),
Dresde, Jean-Christophe Mieth, 1700, in-12
de cinq cent trente-quatre pages. Ce livre est
une sorte de roman satirique dirigé contre la
musique italienne, alors en vogue à la cour de
Saxe, et contre les musiciens italiens qui y
étaient en faveur. Rempli de plaisanteries
lourdes et de mauvais goût, de pédanlisme, et
d'interminables divagations, cet ouvrage, dont
le héros est un certain Carafa, maître de cha-
pelle ignorant et charlatan, n'est plus lisible
aujourd'hui. Les autres ouvrages théoriques de
Kuhnau sont restés en manuscrit : ils ont pour
litre : 3° Traclatus de Telracordo seu mu-
sica antiqua ac'hodierna. 4° Introduciio ad
compositionem musicalem, 1696. 5° Dispu-
tatio de Triade harmonica. Walther a indi-
qué le contenu de ces trois ouvrages, dans son
Lexique de musique. Le même auteur donne
les litres suivants des compositions de Kuhnau :
1 ° Zxcei Theile der Clavier- Ubung aus \4 Par-
tien zusammen bestehend (Exercices de cla-
vecin, deux cahiers, en quatorze suites),
Leipsick, 1689. 2° Die Clavier- Frûchten aus
7 Sonaten (les Fruits du clavecin, en sept sq-
nates), 1696; ouvrage d'un excellent style qui
a servi de modèle à plusieurs compositeurs
plus modernes. 3° Biblische Historien von
6 Sonaten (Histoires Urées de la Bible, avec
les explications, en six sonates), 1700.
M. Ch. Ferd. Becker, de Leipsick, a publié
dans celte ville douze pièces choisies dans les
œuvres des clavecinistes des dix-septième et
dix-huitième siècles et y a inséré deux mor-
ceaux de Kuhnau tirés, l'un de la deuxième
partie des Exercices (Clavier Ùbung), l'autre
du recueil intitulé : Clavier- Friichten (Fruits
du clavecin); il donne au premier de ces re-
cueils la date de Leipsick, 1695, et à l'autre,
celle de 1710. M. Farrenc,qui a inséré les sept
sonates de Kuhnau dans la deuxième partie de
sa magnifique collection intitulée Trésor des
pianistes, y a joint une bonne notice dans
laquelle il a rétabli les véritables titres, d'après
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KUIINÀU
133
un exemplaire qui m'appartient, en les ac-
compagnant de quelques observations. Voici
ces titres : a Johann Kiihnauens Neuer Cla-
vier Ùbung andern Tkeil das ist sieben
Partie n»aus dem Re, mi, fa, oder Tertia
minore eines jediceden Toni, benebensteiner
Sonata aus dem B. denen Liebhabern dièses
Instruments besondern Fergnugen auffge-
setzet. Leipsick , in Ferlegung des Autors.
II n'y a pas de date sur le titre ; mais à la fin
de l'avis au lecteur, gravé, qui suit, on lit :
Leipsig, anno 1703; mais il est facile de voir
que la planche a été retouchée, car les carac-
tères de cette date ne sont pas ceux de l'avis
au lecteur.
Le titre de l'autre recueil, dans mon exem-
plaire, est : Johann Kiihnauens , Frische Cla-
vier- Frùchte oder sieben Suonaten von guter
Invention und Manier auff dem Clavier zu
spielen. Dresden und Leipsick in Verlegung
Joh. Christoph Zimmermans , 1700. Suit
l'épltre dédicaloire au comte Jean Antoine
Los y, à la fin de laquelle on lit : Leipsick,
4 may 1606. Vient enfin un long avis au
lecteur. Le titre, gravé sur cuivre comme tout
l'ouvrage, est renfermé dans une guirlande où
sont représentées toutes sortes de fruits.
Les contradictions de dates qu'on remarque
dans ces ouvrages ne se peuvent expliquer que
par des tirages faits à des époques différentes
sur les planches de cuivre, et dont a on voulu
rafraîchir la publication en changeant l'indi-
cation des années. Il y a, du reste, beaucoup
d'obscurité sur tout cela.
Les pièces de Kuhnau, particulièrement les
sonates, sont d'un beau style, où se fait recon-
naître la tradition de la grande école des or-
ganistes allemands du dix-septième siècle. Le
caractère en est plus religieux que passiouné.
Il n'y faut chercher ni les formes, ni le carac-
tère de la sonate moderne, dont le modèle pri-
mitif n'existe que dans les œuvres de Charles-
Phi lippe -Emmanuel Bach. Les sonates de
Kuhnau sont l'ancienne pièce sérieuse qu'on
opposait autrefois à ce qu'on appelait Us
suite*, c'est-à-dire les recueils de morceaux
courts composés dans les mouvements des
divers caractères de danses.
Ilerzog, juge à Mersebourg>a publié l'éloge de
Kuhnau sous ce titre : JUemoria beati defuncti
Directoris Chori Musici Lipsiensis Dn. Jo-
hannis Kuhnau, Polyhisloris musici) et re-
liqua summopere incliti , etc. } Lipsise, 1723,
in 4°.
KCflNAU (Jeas-Cmustopiie), directeur
de musique et canior à l'église de la Trinité,
à Berlin, naquit le 10 février 1735, à Volk-
stadt, village près d'Eislcben. Après avoir ap-
pris à jouer de plusieurs instruments chez le
musicien de ville de Magdebourg, il se voua à
l'enseignement, et fut nommé professeur à
l'École normale de Berlin, en 1763. Il y éta-
blit dans la même année un choeur de chant
qui, jusqu'à la mort de son fondateur, fut con-
sidéré comme un des meilleurs de l'Allemagne.
En 1775, le nouvel orgue de l'église de la Tri-
nité ayant été inauguré, Kuhnau écrivit à
cette occasion une cantate solennelle qui fut
exécutée avec succès. Sa nomination de cantor
à cette église, en 1788, le décida à donner sa
démission de sa place de professeur à l'École
normale ; il conserva seulement la direction
du chœur qu'il y avait fondé. Jusqu'à l'âge de
soixante -dix ans, il remplit ces fonctions, et
mourut le 5 octobre 1805. Kuhnau avait trente
ans lorsqu'il apprit à jouer du clavecin ; il était
plus âgé encore lorsque Kirnberger lui ensei-
gna l'harmonie et la composition; néanmoins,
il a composé quelques cantates qui ne sont pas
sans mérite. Son Jugement dernier a été pu-
blié, en 1784, en partition réduite pour le
piano. En 1790, il fit paraître aussi à Berlin
des préludes de chorals pour l'orgue, dont une
partie a été composée par lui, et le reste par
Kirnberger, Schale, Vierling, C.-P.-E. Bach,
Harsow. J.-Léon Hassler, Gutterman et Oley.
Mais le litre principal de Kuhnau au souvenir
de la postérité est le livre de mélodies chorales
à quatre voix, qu'il publia sous ce titre : Fier-
stimmige alte und neue Choralgesxnge, mit
Provinzial-Abweichungen (Anciens et nou-
veaux chants chorals à quatre voix, avec les va-
riantes de différentes provinces), Berlin, 1786,
in-4° de deux cent trente pages obi. Idem,
deuxième partie, Berlin, 1790, in-4* de deux
cent soixante-quatorze pages. Gerber dit que
ce recueil est un des plus complets qui exis-
tent, et qu'il a le mérite d'indiquer, outre les
variantes provinciales, les noms des auteurs,
ou du moins l'époque à laquelle les mélodies
appartiennent. Quatre autres éditions de ce
même recueil ont été publiés par le fils de
l'auteur en 1817, 1818, 1823 et 1825.
KUHNAU (Jear-Frédémc-Guillauie) ,
fils du précédent, est né à Berlin, le 29 juin
1780. Élève de son père, il s'est formé prin-
cipalement dans l'art de jouer de l'orgue par
ses propres efforts. En 1814, il a été nommé
organiste de l'église de la Trinité. Plusieurs
fois il a donné des preuves de son habileté
dans des concerts d'orgue, en exécutant des
pièces de J.-S. Bach. Dans les diverses éditions
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134.
KÙHNAU — KUHNEL
du Une choral de son père, il a introduit
beaucoup de corrections et d'améliorations.
On dit que longtemps il s'occupa de grands
travaux relatifs A l'histoire et a la théorie de
la musique. Dans son système de construction
de l'orgue, l'abbé Vogler avait attaqué l'exis-
tence des jeux de mutation de cet instrument,
tels que les cymbales et fournitures. Ce système
a trouvé beaucoup de partisans en Allemagne;
Kûlinau prit avec juste raison la défense de
ces jeux singuliers, et démontra très- bien
qu'ils sont essentiels et caractérisques dans
l'orgue. Ses observations sur cet objet out été
publiées dans la Gazette musicale de Ldpskk
(t. 33, p. 227 etsuiv., et t. 34, p. 65 et suiv.).
Cet artiste est mort à Berlin le 1 er janvier
1848.
KÙHNAU (K.-J.), étudiant en médecine
à l'université de Gœttingue , a soutenu dans
cette université une thèse sur les fonctions des
organes de l'ouïe , qui a été imprimée sous ce
titre : Dissertatio de organis auditui inser-
vientibus, Gœttingae, 1799, iu-4°;
KÙHNAU (Jkak-Christophe-Gujllaume),
littérateur allemand , mort A Berlin , le 27 août
1813, est auteur d'une Biographie des célèbres
musiciens aveugles. Cet ouvrage' a pour titre* :
Vie Blinder* Tonkùnstlerj Berlin, 1810, chez
C. Salfeld, petit in-8° de 347 pages, avec
quelques planches de musique. La préface (de
xxxx pages) est datée de CarlshofT, près de
firietzen sur l'Oder, dans le Brandebourg.
Lichtenthal et F. Becker se sont trompés en
attribuant l'ouvrage dont il s'agit, le premier,
à Jean-Christoplie Kuhnau , mort cinq ans avant
l'impression du livre, le second, A Jean-Frédéric-
Guillaume.
KÙHNE (Jean-Gcillacme-Heïuu), suivant
les indications de Kœrner, ou , d'après les
Lexiques universels de musique de Gassner
et de M. Bernsdorf, J érémic- Nicolas t ] est
né A Erfurt, le 1 er mai 1807. Il n'était Agé que
de huit ans, lorsque son père* lui enseigna à
jouer de la flûte. A douze ans , il apprit à jouer
du violon. Deux ans après, il entra au Collège
du lieu de sa naissance et y reçut des leçons
de piano et d'harmonie de Gebhardi ( voyez ce
nom). Lorsqu'il eut atteint sa seizième année ,
on l'envoya au Séminaire des instituteurs de
la même ville , et il se livra A l'élude de l'or-
gue, sons ta direction "de l'excellent organiste
M. G. Fischer. A peine était-il Agé de dix -neuf
ans lorsqu'il fut nommé organiste de l'église
Saint-André, et dans Tannée suivante il ob-
tint la place de professeur A l'École des pré-
dicateurs. Après avoir occupé ces places pen-
dant deux ans , il fut désigné pour la position^
de cantor et d'organiste au village de Gebesen .
près d'Ërfurt. Plus tard, il fut appelé à Cor-
bach, dans la principauté de Waldeck, en
qualité de directeur de musique. On a de cet
artiste plusieurs petites pièces pour le piano,
quelques œuvres pour le violon , des Lieder et
chants à plusieurs voix; des pièces de conclu-
sion pour l'orgue (Erfurt, Kœrner), et une
cantate a quatre voix avec orgue obligé*, inti-
tulée : Lobgesang, op. 31, ibid. Kœrner a
inséré des morceaux de la composition de
Kûline dans le recueil qui a pour titre : Orgel-
freund (l'Ami de l'orgue) ; Erfurt, ibid.
KÛHNEL (Auguste), virtuose sur la basse
de viole, né à Delmenhorst, le 5 août 1645,
eut pour maître de composition le célèbre
abbé Steffani. Vers la fin du dix-septième
siècle et au commencement du dix-huitième,
il vécut à Cassel, dans le grand-duché de
Hesse. Il y a fait imprimer : Sonates ou Par-
tkien (divertissements) pour une ou deux basses
de viole, avec accompagnement de basse con-
tinue; 1698, in-fol.
KUHNEL (Jean -Michel), luthiste et
joueur de basse de viole , né dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, fut d'abord atta-
ché au service de la cour de Berlin, puis, en
1717, à celui du duc de Weimar, où il eut
le titre de secrétaire du prince , et enfin passa
chez le feld-maréchal Flemming, A Dresde.
Dans les dernier.» temps de sa vie il était à
Hambourg. Vers 1730 on a gravé de sa com-
position, A Amsterdam, chez E. Roger : So-
nates pour une ou deux basses de viole, avec
basse continue.
KÛHNEL ( Ambroise) , né en 1770 , était,
en 1S00, organiste de la cour de l'électeur de
Saxe, A Leipsick, lorsqu'il s'associa avec Hoflf-
meister (voyez ce nom) pour l'établissement
d'un commerce de musique. Après le départ
de Hoffmeister pour Vienne, Kûnhel continua
seul jusqu'à sa mort, arrivée le 19 aoet 1813,
la publication d'un grand nombre d'oeuvres
intéressantes. Il a eu pour successeur Charles
Peters. C'est A Ktthnel qu'on doit la publica-
tion de quelques belles compositions de Jean-
Sébastien Bach, pour l'orgue et le clavecin,
qui étaient restées en manuscrit jusqu'alors.
KÛHNEL (Jean-Wilhelm), né A Stutt-
gardt, le 17 novembre 1812, perdit son père à
l'Age de sept ans, et fit son éducation musi-
cale sous la direction de son oncle Buk, chef
de musique d'un régiment. 11 apprit A jouer de
plusieurs instruments A vent, et lorsqu'il eut
atteint l'Age de quatorze ans / il entra comme
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KUIINEL — KULLAK
435
flûtiste dans la brigade où servait son oncle. En
1835, il obtint un congé illimité et en profita
pour faire des éludes sérieuses de Part sous
la direction de Lindpaintner; puis il se rendit
a Vienne et y reçut des leçons de composition
de Seyfried. En 1837, il reprit sa place de mu-
sicien de brigade, et peu de temps après il ob-
tint la place de chef de musique de la première
brigade d'infanterie. Cet artiste a écrit beau-
coup de musique militaire, le ballet intitulé :
Majah, qui a été représenté à Stuttgàrdt, plu-
sieurs symphonies et ouvertures, une immense
quantité de danses pour Porches Ire telles que
valses, polkas, galops, masurkas*, publiées à
Stuttgàrdt, à Manheim , chez Heckel, et à
Maycnce, chez Scholt; des solos pour divers
instruments, enfin, des Lieder et ballades à
voix seule avec piano.
KtlllNHAUSER (G.), cantor à Zelle, ou
Celle (Hanovre), en 1719, a composé un ora-
torio intitulé : Passio Christi secundum
Matthxum, dont la partition manuscrite esta
la Bibliothèque royale de Berlin.
KLHUSIUS (B.), cantor et organiste de
Berlin, est cité par Mattheson {Mithridate,
p. 321) comme auteur d'une thèse intitulée :
De admirandis musices effectibus, qu'il a
soutenue sous la présidence de L.-J. Schecht,
et qu'il a fait imprimer, conjointemeut avec
un autre cantor nommé W.-G. Hackius, au
commencement du dix-huitième siècle.
KCHNTFELD (Frédéric), cantor et pro-
fesseur de musique à Eisenach, vers 1830, s'est
fait connaître par un livre qui a pour titre :
Tkeoretischeund praktisehe Jfarmonien und
Ausrichtungslehre (Science théorique et pra-
tique de Pharmonie et de ces cas d'exception),
Eisenach, 1833, in-4°.
KULENKAMP (Georges- Charles), pia-
niste et compositeur, est né le 19 mai 1799, à
Witzenhausen, petite ville de la Hesse- Électo-
rale, où son père était conseiller du bailliage et
fermier du domaine. En 1805, celui-ci alla se
fixer dans les environs de Fulde, et profita du
voisinage de cette ville pour faire donner à son
fils des leçons de musique, de piano et de vio-
lon par un maître nommé Gerlach. Malheureu-
sement pour le jeune Kulenkamp, cet habile
musicien fut appelé a une meilleure position
au bout d'un an, et l'enfant demeura livré à
lui-même. Lorsqu'il eut atteint l'âge de douze
ans, on l'envoya au collège, où il reçut quel-
ques leçons de piano d'un organiste ; mais le
talent médiocre de cet homme et la situation
maladive de son élève furent cause que ce-
lui-ci fit alors peu de progrès. De retour à la
maison paternelle en 1815, il dut s'occuper de
l'économie rurale, sans néanmoins négliger la
musique j mais ayant perdu son père l'année
suivante, il se rendit à Cassel chez Grosheim,
qui lui donna le conseil de se livrer exclusive-
ment à la culture de la musique. Cet avis,
d'accord avec le penchant du jeune homme, le
détermina à rester deux ans sous la direction
de Grosheim. En 1818, il alla è l'Université
de Gœttingue pour y achever ses études, et il
y passa cinq années; mais ce qu'il possédait
ne suffisant pas à ses besoins, il fut obligé
d'employer une partie de son temps & donner
des leçons de musique. Cette circonstance lui
procura la connaissance de plusieurs familles
distinguées, et lui fit prendre la résolution de
rester a Gœttingue et de s'y livrer à l'ensei-
gnement. Devenu habile pianiste, il a fait
avec succès plusieurs voyages dans quelques
grandes' villes de l'Allemagne en 1834, 1897,
1829, 1832 et 1834. De retour à Gœttingue, il
y a été nommé directeur de musique de la so-
ciété de Sainte-Cécile, en 1838. On donne
beaucoup d'éloges au brillant, à l'élégance et
à l'expression de son jeu. Ses compositions lui
ont fait aussi une réputation honorable. On a
gravé jusqu'à ce jour environ soixante œuvres
qui portent son nom, et parmi lesquels on re-
marque des ouvertures, concertos, rondeaux,
grandes variations avec orchestre, quintettes,
quatuors, trios, duos, sonates, nocturnes, ainsi
que quelques ballades et chansons.
KULLAK (Théodore), pianiste et pro-
fesseur de son instrument à Berlin, est né
dans cette ville, en 1820. Il se livra d'abord
à l'étude du droit ; mais il l'abandonna pour
cultiver en liberté la musique qui lui inspirait
un penchant irrésistible. En peu d'années, if
acquit un talent brillant d'exécution et obtint
des succès à la cour et dans les salons. Re-
cherché comme professeur de piano, il s'est
voué à l'enseignement et a obtenu Je titre de
pianiste de la cour. On a de cet artiste des
fantaisies, nocturnes, caprices pour le piano,
beaucoup de pièces de salon et de ces sortes
d'arrangements que, dans le langage du jour,
on appelle Transcriptions et paraphrases.
Un frère de l'artiste dont il s'agit, M. A-
dolphe Kullak, docteur en philosophie et pro-
fesseur de musique, à Berlin, écrit, dans les
journaux de musique de l'Allemagne, des
articles de critique musicale. On a de lui un
bon livre intitulé Aesthetik des Clavierspiels
(Esthétique du jeu du piano, c'est-à-dire :
Théorie de Part de jouer du piano), Berlin,
J. Guttentag, 1861, 1 vol. in-8° de 370 pages.
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436
RUMLIK — KUMHER
RUMLIK (Joseph), maître de chapelle et
professeur à l'école royale de musique de
PresbOtirg, est né à Vienne, le 10 août 1801.
Les premières leçons lui furent données par
son père, maître de musique en cette ville ;
plus tard, son éducation artistique fut con-
tinuée par Jacques Kunnert, directeur du
chœur à la cathédrale de Preshourg. Dans les
années 1815 et 1814,. il était employé au
théâtre du baron de Czink, en qualité de cho-
riste, pour la partie de soprano, et il reçut
alors quelques leçons de chant; ensuite il
entra comme élève à l'école de Presbourg, où
il acquit beaucoup d'habileté sur le piano et
le violon. Henri Klein était alors professeur
de composition et de théorie musicale dans
celte institution ; Kumlik reçut de ses leçons
et fit de si rapides progrès, qu'en peu de temps
il fut en état de tenir quelquefois la place de
son maître pour l'enseignement. En 1828, des
affaires de famille l'ayant appelé à Vienne, il
y passa plusieurs mois et employa ce temps à
étudier l'art du chant et le contrepoint, sous
la direction de Sechler. A son retour à Pres-
bourg, on l'adjoignit à Klein pour la direction
supérieure de l'école de musique, et lorsque
celui-ci mourut, en 1852, Kumlik reçut sa
.nomination définitive de directeur et de pro-
fesseur. L'année suivante, la Société de mu-
sique religieuse de Presbourg le choisit pour
son maître de chapelle, et depuis lors son
existence presque tout entière se partage entre
ces deux institutions. Quoiqu'il lui reste peu
de temps disponible, il compose néanmoins et
a déjà écrit une messe solennelle (en ré), plu-
sieurs chorals pour le culte éVangélique, un
Feni Sancte Spirilus à cinq voix, des lita-
nies, un Salve Regina, un Te Deum, plusieurs
Tantum ergo à huit voix, différents morceaux
de musique progressive pour le chant et le
piano, et des chants à quatre voix d'hommes.
On assure que ces ouvrages sont d'un ordre
très -distingué.
KtlMMEL (Jeah-Vàlertih), compositeur
de musique instrumentale, parait avoir vécu à
Hambourg au commencement du dix-huitième
siècle. On voit par le titre d'un de ses ou-
vrages, publié en 1714, qu'il était mort à celle
époque. Cet ouvrage a pour titre : Neuer mu-
sikalischer Porratk in Suit en fiir Hoboen
und flœrner (Nouvelle provision musicale
consistant en suites pour hautbois et cors),
Hambourg, 1714.
KtiMMEL (BERNARn-GBniSTOPnE),né dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle, fut
candidat en théologie, à Muibnuscn, depuis 1 78G
jusqu'en 1796, puis recteur à Hedemtlnden, cl,
en 1801, prédicateur à Besenrode. Vers 1796,
il se présenta au concours pour la place de
cantor à Goeltingue. L'exercice consistait en
un morceau de musique d'église avec un cho-
ral à quatre voix. Le directeur de musique
Weimar fut chargé de prononcer entre les
candidats; mais quoique son rapport eût été
favorable à Ktimmel, des considérations par-
ticulières empêchèrent celui-ci d'obtenir la
place. Ses compositions connues sont : 1° Poé-
sies d'Isaac Maus, mises en musique avec ac-
compagnement de piano, Leipsick (sans date).
2° Six sonates progressives pour le clavecin.
ibid.y 1788. 3° Recueil pour le chant et l'in-
strument, consistant en chansons et une ro-
mance avec sept variations pour le piano,
Casse!, 1799. 4° Heures de récréation musi-
cale, 1« et 2« cahiers, 1802.
KUMMER (Gottiilf-Hbrsi), né à Dresde
le 25 janvier 1777, fut d'abord attaché à l'or-
chestre de Leipsick en qualité de bassoniste,
et, en 1801, entra dans la musique de la
chambre de l'électeur , à Dresde. Homme
habile sur son instrument, il a voyagé en
Allemagne el a donné dans plusieurs grandes
villes des concerts où il a fait applaudir son
talent. Cet artiste jouait aussi du violon et
possédait un talent agréable sur cet instru-
ment. Parmi ses compositions publiées, on
remarque : 1° Concertos pour basson et or-
chestre, n° 1, op. 7 ; n° 2, op. 10; n° 5, op. 11
(facile); n° 4, op. 1G; n» 5, op. 2Î; n° 6,
op. 25; n° 7 (concertino), op. 27; tous gravés
à Leipsick, chez Breitkopf et Hœrlel. 2° Airs
variés pour basson et orchestre, op. 6, 8, 14,
15, ibid. 5° Trios pour trois bassons, op. 12,
15; Leipsick, Peters, Breitkopf et Hsertel.
4° Concerto facile pour violon, avec orchestre
ou quatuor, op. 20; Leipsick, Hoffmeister.
5° Duos pour deux bassons, op. 1, 2, 5, Leip-
sick et Dresde. Kummer est mort à Dresde,
dans les premiers jours d'avril 1860, à l'âge
de quatre-vingt-trois ans.
KUMMEH (Faédérjc-Auguste), violon-
celliste, né à Meinungen, le 5 août 1797, n'est
pas le frère du précédent, comme Ta cru
l'auteur de l'article inséré dans le Lexique
universel de musique publié par Schilling,
et n'a même aucun lien de parenté avec lui.
Son père, nommé comme lui Frédéric-Au-
guste, fut d'abord hautboïste à Meinungen,
puis entra au service de la cour de Dresde, et
mourut dans celle ville. Après avoir appris
les éléments de la musique dans sa ville natale
et avoir commencé l'élude du violoncelle sous
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KUMMEil - KUNC
437
un maître obscur, il a reçu quelques leçons de
Romberg qui est devenu son modèle, et qu'il
s'est efforcé d'imiter dans le travail constant
qu'il a fait ensuite seul. Admis dans la cha-
pelle du roi de Saxe en 1822, il en fut, pendant
trente ans, le premier violoncelliste. Il tirait
un beau son de l'instrument, et sa manière de
phraser avait de la largeur; mais son archet
manquait de souplesse et de variété. Son
talent se distinguait particulièrement par la
dextérité de la main gauche et par une con-
naissance approfondie de toutes les positions
sur le manche. Rummer fit quelques voyages
en Allemagne et en Danemark. Dans les
années 1850, 1832, 1834 et 1837, il joua aux
concerts de Leipsick. En 1834, il était à Co-
penhague; dans Tannée suivante, il visita
Rudolstadt et Vienne, et joua à la cour de
AVeimar, en 1836. En 1849, je le vis à l'or-
chestre de la ehapelle de Dresde. Les compo-
sitions connues de cet artiste sont : 1° Con-
certo pour violoncelle (en fa), op. 18; Leip-
sick, Breitkopf et Haerlel,. 2° Concertino idem,
avec orchestre et quatuor, op. 16, ibid. 3° Di-
vertissement pour violoncelle et orchestre,
op. 2, ibid. 4° Pot-pourri idem, op. 5, ibid.
5° Adagio et variations brillantes, avec or-
chestre ou piano (en ta); Hanovre, Nagel.
6° Divertissement sur des thèmes de la Muette
de Portici, avec quatuor ou piano, op. 9,
ibid. 7° Airs russes variés pour violoncelle et
piano, op. 7; Leipsick, Breitkopf et H sériel.
8° Amusements pour violoncelle et piano,
op. 14; Offenbach, André.
Charles Kusmea, frère aîné de Frédéric-
Auguste, fut un hautboïste distingué, et suc-
céda à son père en celle qualité, dans la cha-
pelle royale de Dresde. Il était né à Meintingen
en 1795.
KUMMER (Gaspjjm), flûtiste allemand et
compositeur laborieux, né le 10 décembre
1795, à Erlau, près de Scbleusingen, apprit à
jouer de son instrument chez Ncumeister,
musicien de celle ville, et reçut des leçons de
composition d'un cantor nommé Stàps. En
1855, il entra comme flûtiste dans la chapelle
de Co bourg; quelques années après, il y a
obtenu la position de directeur de musique.
Parmi ses composions, lesquelles sont au
nombre de cent trente œuvres, on remarque :
1° Polonaise facile pour deux flûtes principales
et orchestre, op. 17; Offenbach, André. 2° In-
troduction et allegro pour flûte et orchestre,
op. 61 ; Bonn, Simrock. 5° Introduction et
rondeau idem, op. 73; Leipsick, Breitkopf cl
Hacrtcl. 4° Concertos pour flûte, op. 2 (en mi
mineur), 7 (en re), 55 (en ré) ; Bonn, Simrock;
Offenbach, André. 5° Quintette pour flûte,
violon, deux altos et basse, op. 66; Leipsick,
Breitkopf et Haertel. 6* Introduction et varia -
lions avec quatuor, op. 4,6, 48; Hfayence,
Offenbach, Leipsick. 7° Quatuors brillants
pour flûte, violon, alto et basse; op. 16, 37,
54; Leipsick, Peters ; Bonn, Simrock. 8° Trios
pour trois flûtes, op. 24, 30, 52, 53, 58, 65,
72, 77; Offenbach, Bonn, Leipsick. 9° Trio
pour flûte, violon et basse, Offenbach, André.
10° Duos pour deux flûtes, op. 3, 9, 14, 20,
25, 50, 69; Augsbourg, Mayence, Leipsick,
Offenbach, Bonn, Brunswick. 11° Beaucoup
de divertissements, de pots-pourris, de varia-
tions, etc., sur des motifs d'opéras nouveaux,
pour flûte seule, ou deux flûtes, ou flûte et
piano, ou flûte et guitare.
KUMPF (Frahçois-Aktoihe), musicien de
la cour de Bavière, dans la première moitié du
dix-huitième siècle, fut nommé, maître de cha-
pelle à Alternœtting, en 1754. En 1727, il
avait composé, pour le Collège des jésuites de
Munich, un drame religieux intitulé : A lots
Gonzaga. Cet ouvrage fut représenté dans la
même année et applaudi.
KUNC (Alots-Mabtih) est né le 1*' jan-
vier 1832 à Cintegabelle, chef-lieu de canton
du département de la Haute-Garonne. Son
père, ayant remarqué ses heureuses disposi-
tions pour la musique, le plaça comme enfant
de chœur, dès l'âge de huit ans, à la métropole
Saint-Élieûne de Toulouse. Il y commença ses
études littéraires et musicales, dans lesquelles
il fit de rapides progrès. M. Uazard, maître do
chapelle de cette cathédrale, lui donna les
premières leçons de piano, et M. Leybach,
organiste de la même église, lui fit continuer
l'étude de cet instrument. A quatorze ans, il
sortit de la maîtrise, déjà bon musicien, et
entra au séminaire de l'Esquile pour y ter-
miner ses humanités, mais sans négliger la
musique. L'orgue et la composition furent
particulièrement les objets de ses éludes
sous la direction de M. Hommey, alors orga-
niste de ce séminaire, et l'un des professeurs
les plus distingués du Conservatoire de Tou-
louse. Au mois d'avril 1849, M. Kuoc, ayant
été reçu bachelier es lettres, fut nommé pro-
fesseur dans ce même séminaire où il venait
de terminer ses études. Déjà à cette époque,
quelques-unes de ses compositions avaient reçu
un accueil favorable des meilleurs artistes du
pays. En 1850, le jour de Pâques, un Ave
verum, pour voix de basse et orgue, dont il
est auteur, fut exécuté à la cathédrale du
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433
KUNG — KUNKEL
Toulouse, et dans la même année, H fit
entendre dans la même église sa première
messe à trois parties vocales et orgue, pour
laquelle il reçut les félicitations des connais-
seurs.
Au mois de novembre 1852, M. Kunc quitta
le petit séminaire de l'Esquile pour aller
remplir les fonctions d'organiste à Notre-Dame
de Lombez, ancien évéché, maintenant en-
clavé dans le diocèse d'Auch. Là, pendant
cinq ans, il se livra avec ardeur à des études
spéciales sur le plain-chant et la musique
religieuse. Son premier œuvre gravé, consis-
tant en un recueil de quinze motets, parut en
1854. Il en a été fait depuis lors une deuiième
édition. Au milieu de ses succès d'artiste, un
malheur vint le frapper : le 25 octobre 1855,
il s'était allié à Tune des familles les plus
honorables de Lombez; deux mois après, une
fièvre typhoïde lui enleva sa jeune épouse. Au
mois de juillet 1857, M. Kunc fut appelé à
Auch comme maître de chapelle de la cathé-
drale, et fut chargé de renseignement du
chant religieux, tant dans la métropole que
dans les deux séminaires. Dès ce moment, il
se consacra tout entier à l'œuvre qui lui était
confiée; ses travaux didactiques, relatifs au
plain-chant, ne tardèrent pas à le faire con-
naître et lui assurèrent une honorable réputa-
tion. Des témoignages d'estime lui furent
donnés à ce sujet lorsqu'il se rendit à Paris
au mois de novembre 1860, pour assister au
congrès organisé par M. d'Orligue ponr par-
venir à la restauration du plain-chant et de la
musique religieuse, ainsi que dans un autre
voyage qu'il a fait à Rome au mois de juillet
1861. Pendant son séjour dans la capitale du
monde chrétien, M. Kunc reçut sa nomina-
tion de membre des académies de Sainte-
Cécile et des Quirites. Les principales œuvres
imprimées de cet artiste sont celles-ci : 1° Le
Plain-Chant liturgique dans Varchidiocèse
d'Auch, Auch, 1858, in-8°. 2° Mémoire sur
le nouveau chant liturgique de Toulouse,
ibid., octobre 1860, in-8°. & Essai sur le
rhythme qui convient au plain-chant, ibîd.,
novembre 1860, in-8°. Ce morceau a été lu
au congrès de Paris. 4° Le Plain-Chant
romain et le nouveau chant liturgique de
Toulouse, ibid., 1861 , in-8°. 5° Quinze motets
pour les fêtes de N. S. et de la sainte Pierge,
2 e édition. 6° Trente-deux nouveaux canti-
ques à la sainte, fierge, deux éditions en
1859 et 1861. 7° Messe à trois voix et orgue
dédiée à N. S. P. le pape, ibid., 1861 . Beau-
coup de morceaux d'orgue dans V Album et le
Journal d'un organiste catholique publiés
par M. Grosjean, organiste de Saint-Dié
(Vosges). M. Kunc s'occupe en ce moment
(1862) d'un ouvrage considérable dont l'objet
est Vaccompaynement d'orgue des livres de
chant romain de la commission ecclésiasti-
que de Digne (Basses-Alpes). La musique de
piano du même artiste a été publiée & Paris,
chez Brandus etDufour; elle consiste en fan-
taisies, chants sans paroles, etc., sous les
titres suivants : op. 1, Heureux échange ;
op. 4, Soyez heureux] op. 6, Procession au
village; op. 7, Isolement; op. 8, C'était un
rêve; op. 9, Mystère ; op. 10, la Chasse aux
flambeaux; op. 12, Fantaisie sur le Pardon
de Ploermel; op. 13, Rêve perdu, élégie; etc.
Quelques mélodies pour le chant.
KÙNDlftGEIl (Guillaume), cantor et di-
recteur de musique à l'église du Saint-Esprit
de Nuremberg, est né, en 1800, à Kœnigs-
hofen, près d'Anspach. Son père, cantor et
organiste de ce bourg, qui se fixa plus tard
à Nuremberg, lui enseigna les principes de la
musique. Ktindinger passa ensuite sous la di-
rection du musicien de ville Zœsinger pour
la continuation de ses études musicales. £d
1819, le consistoire d'Anspach le nomma can-
tor et directeur de musique à Windheim. Il
profita de la proximité de ce lieu à Wflrzbourg
pour achever son instruction dans la composi-
tion chez Frœhlich (voyez ce nom). En 1831,
la place de directeur de musique de l'église
principale de Nordlingue lui fût donnée. C'est
dans cette position qu'il a écrit des cantates
religieuses pour toutes les fêtes de l'année, et
qu'il s'est occupé de l'amélioration du chant
choral dans les écoles et dans les églises de ce
district. Rappelé à Nuremberg, en 1837, pour
occuper une position semblable a l'église du
Saint-Esprit, il y était encore douze ans après,
lorsque j'ai visité cette ville. La plus grande
partie des compositions de cet artiste est restée
en manuscrit.il a publié quelques œuvres pour
le piano, des chants pour des chœurs
d'homme, et une cantate pour le vendredi
saint (Charfreytags-cantate) à quatre voix
et orchestre, op. 30, en partition , à Nurem-
berg, chez Endter.
KUNKEL (Fsuiçois-Joseph) , directeur
de musique à Bensheim, dans le grand-duché
de Hesse-Darmstadt, est né le 20 août 1804, à
Diebourg, petite ville de la même principauté,
où son père, amateur passionné de musique,
était boulanger. Dès son enfance, Kunkel re-
çut une éducation musicale et apprit à jouer de
la flûte, du violon, du piano et de l'orgue.
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KUNKEL - KUNTZ
43»
A Tâge de dix-huit ans, il entra au Séminaire
de Beusheim dont il suivit les cours pendant
deux ans, et aux instruments qu'il jouait avant
d'y entrer, il ajouta le hautbois, le violoncelle,
la clarinette et le cor. C'est dans cette même
école qu'il fit ses premiers essais de composi-
tion. A l'âge de vingt ans, il obtint une place
d'instituteur à Heppenheim, dans le Berg-
strass. Il resta quatre ans dans ce lieu, et
pendant ce temps, il fit quelques voyages à
Darmstadt pour recevoir les conseils de Rink
(voyez ce nom), sur ses compositions. En
1828, le rectorat de l'école bourgeoise de Bens-
heim lui fut donné, et il reçut, en 1854, sa
nomination de professeur de chant au Gym-
nase (Collège), à laquelle il ajouta plus tard le
titre de directeur de musique. Après trente
années de service dans l'enseignement ,
Kunkel demanda sa retraite; il l'obtint en
1854 avec la pension, et depuis lors il s'est
fixé à Francfort -sur-le-Mein, cultivant encore
l'art et fournissant des articles de critique aux
journaux de musique et de littérature. Parmi
les compositions de cet artiste, on remarque :
1° Der Tod fesu (la Mort de Jésus), cantate à
quatre voix et orgue, en partition, op. 4;
Manheim, Heckel. 2° Le psaume 130, a
quatre voix et orgue, en partition, op. 5;
Spire, Lang. 3° Le motet Gott sei uns gnxdig
(Dieu nous soit favorable), pour quatre voix
d'hommes avec accompagnement d'orgue ad
libitum, op. 9 ; Mayence, Scholt. 4° Messe al-
lemande pour quatre voix d'hommes, op. 17 ;
Giessen, Ferber. 5° Trois cantiques à trois
voix d'enfants pour la première communion,
op. 19, ibid. 6° Katholische$ Choralbuch fur
die Mainzer Diocèse vterstimmig , mit zweck-
nuessigen Eingangs-, Zwitchcn- undNaçh-
spielen, etc. (Livre choral catholique pour le
diocèse de Mayence à quatre voix, avec de
courts préludes, versets et conclusions pour
l'orgue), Mayence, Scholt. 7° Huit poèmes mis
en musique pour quatre voix d'hommes, op. 6 ;
Darmstadt, Pabst. 8° Lieder avec accompa-
gnement de piano. 9° Neuf pièces d'orgue
pour les fêtes solennelles, op. 3; Manheim,
Heckel. 10° Douze préludes de chorals pour
l'orgue, op. 7; Mayence, Schott. 11° Six pièces
de conclusions fuguées, idem, op. 8; Spire,
Lang. 12° Douze petites fugues à l'usage du
service divin, op. 12; Mayence, Schott. On a
aussi de Kunkel un petit traité élémentaire de
musique intitulé : KUine Musiklehre, Darm-
stadt, Jonghaus,in-8°,et une brochure dirigée
contre Schindler, à l'occasion de son dénigre-
ment du Conservatoire de musique de Paris,
dans récrit intitulé : Die Ferurtheilung der
Conservatorien (la Condamnation du Conser-
vatoire).
KUNLIN (François), maître de chapelle
de l'Association suisse pour le chant, a pu-
blié un opuscule intitulé : Musikalisehe Anec-
dote^ fUr Liebhaber und Tonkiinslîer ge-
sammelt (Anecdotes musicales recueillies
pour les amateurs et les artistes), Saint-Gall.
Weglin et Rœtzer, 1825, in-8° de cent dix-
huit pages.
KUNSTUfANN (Jean-Gottfbied), négo-
ciant à Chemnitz, au commencement du dix-
neuvième siècle, était un pianiste distingué.
M a fait exécuter à Leipsick une symphonie à
grand orchestre qui a été applaudie. On a
gravé de sa composition : Six quadrilles pour
deux violons, flûte, petite flûte, clarinette,
deux cors, basson, trombone et basse; Leip-
sick, BreilkopfetHaertel, et des chants pour
un chœur d'hommes avec des solo s, et un ac-
compagnement de piano ad libitum, Leipsick,
Klemm, en deux suites. La dernière produc-
tion de M. Kunstmann, laquelle consiste en
Chants nocturnes à quatre voix d'hommes, a
été* publiée chez les mêmes éditeurs, en 1844.
KUNTE (F.-S.), excellent violoniste, né en
Bohême, fut au service du comte Buquois, à
Prague, depuis 1750 jusqu'en 1770. Après
cette époque, il se fit instituteur. Il a composé
pour le violon plusieurs concertos qui ont été
estimés en Bohême, mais qui sont restés en
manuscrit.
KUNTZ ( Thomas- Awtoiïie), pianiste et
compositeur, né à Prague en 1759, s'est fait
connaître avantageusement par un opéra de
Pygmalion, qu'il a composé à l'âge de vingt
et un ans, et dont la partitio/i, réduite pour le
piano, a été publiée à Prague, en 1781, chez
Walther. On a aussi gravé de sa composition :
1° Vingt-quatre chansons allemandes avec ac-
compagnement de piano; Leipsick, 1799,
Breitkopf et Hœrtel. 2° Chansons idem;
Prague, 1807, Ernest Schadl, in-fol. Mais c'est
surtout pour l'invention d'une sorte de piano
organisé, appelé Orchestrion y que cet artiste
a fixé sur lui l'attention publique. Cet instru-
ment, qui avait la forme d'un piano organisé,
mais dont la caisse était beaucoup plus
élevée, renfermait un orchestre complet. On
y trouvait deux claviers à la main et un cla-
vier de pédales. Le premier clavier était des-
tiné! à jouer I e mécanisme d'un piano ordinaire
et qui attaquait des cordes de métal ; mais ce
même clavier pouvait également faire vibrer
des cordes de boyau , par un archet mécani-
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140
KUNTZ - KUNZEiN
que mis en mouvement au moyen d'une ma-
nivelle. L'auteur appelait ce jeu particulier du
premier clavier Lautenxug. Le second clavier,
ainsi que celui de la pédale, étaient destinés à
l'orgue, qui renfermait quinze registres de
huit pieds bouchés sonnant le seize pieds, de
huit pieds ouverts, de quatre et de deux pieds,
lesquels faisaient entendre des jeux de flûte,
de clarinette, de hautbois, de basson et de cor.
Les différents jeux des deux claviers pouvaient
être réunis par un accouplement. De plus, ces
jeux avaient le crescendo et le diminuendo.
Kunz a inventé cet instrument en 1701 , cl en a
donné la description dans la Gazette musicale
de Leipsick (tom. 1, p. 88 et suiv.). Après
avoir vendu son premier Orchestrion, il en a
fait un deuxième beaucoup plus parfait, qu'il
a commencé en 1796 et achevé deux ans après.
Il jouait de cet instrument difficile avec beau-
coup de succès. Il a fait aussi un piano-viole,
d'après un système particulier, dont Heusel a
donné une courte description dans son Dic-
tionnaire des artistes (t. 1, p. 585). Kunz
vivait encore à Prague en 1830; aucun autre
renseignement n'a été fourni postérieurement
sur sa personne par les biographes alle-
mands.
KUINTZEL (Laurent), luthier à Breslau,
est né à Hofeo (Bavière), en 1700. D'abord
ouvrier menuisier, il travailla dans plusieurs
ateliers des diverses parties de l'Allemagne,
puis il abandonna cette profession pour
s'exercer dans la facture des instruments à
cordes. Obligé de servir dans les chasseurs
bavarois en 1813, il fit* les campagnes d'Alle-
magne et de France. Après la conclusion de
la paix, en 1815, il obtint son congé, et s'éta-
blit à Breslau. Il travailla d'abord chez le
facteur d'instruments Fichiel, et après plu-
sieurs années d'études et de pratique, il se
livra exclusivement à la fabrication des instru-
ments à cordes. On a de lui de bonnes imita-
tions des violons et basses de Crémone que
Paganini, Ole-Bull et Ernst ont approuvées
dans des lettres flatteuses adressées à cet ar-
tiste. Kuntzel travaillait encore à Breslau, en
1850.
KUNZ (Conbad-Haximilier) , né en Ba-
vière, vers 1817, a fait ses éludes musicales à
Augsbourg, puis s'est fixé à Munich comme
professeur de piano. Devenu directeur d'une
société de chant, il a dirigé la fête vocale de
Ralisbonne en 1847. On a de cet artiste :
1° Méthode pratique de piano (Praktische
Pianoforte-Schule), op. 2, dont il a été fait
neuf éditions; Munich, Finsterlin. 2° Lieder
à voix seule avec accompagnement de piano,
op. 3; Munich, Aibl. 3° Trois chants à. quatre
voix d'hommes, op. 4, ibid. 4° Six idem,
op. 5; Leipsick, Breilkopf et Hœrlel. 5° Mé-
lodie chorale de Schickt, pour les services
funèbres, à quatre voix d'hommes, avec ac-
compagnement de quatre trombones; Munich,
Aibl. 6° Hymne {an Hertha) pour un chœur
d'hommes, op. 7, ibid. 7° Trois chants pour
quatre voix d'hommes, op. 8; Leipsick, Breit-
kopf et Hœrtel, 1847.
/. Kunz, directeur de la société de chant
{Liedertafet) à Freisingen, en 1844, a publié
aussi des chants pour voix d'hommes, qu'il ue
faut pas confondre avec ceux de Conrad-
Maximilien.
KUNZE (Charles-Hehri), professeur de
musique et compositeur, vivait à Heilbronn
vers la fin du dix-huitième siècle et au com-
mencement du dix-neuvième. On connaît sous
son nom : 1° Concerto pour la flûte, op. 5;
Augsbourg, Gombart. 2° Six variations sur un
air allemand idem, avec accompagnement de
quatuor, ibid. 3° Trois quatuors pour flûte,
violon, alto et basse, op. 4, ibid. 4° Trois
quatuors pour cor, op. 1 ; Oflenbach, André.
5° Trios pour trois cors, 1 er et 2« livres j Deil-
bronn. 6° Chansons allemandes avec accom-
pagnement de guitare.
KUNZEN (Jean-Paul), architecte et or-
ganiste à Lubeck, naquit à Leisnig, en Saxe,
le 30 août 1696. Après avoir appris lcs^lé-
ments de la musique en ce lieu, il alla conti-
nuer ses études à Torgau, à l'âge de neuf ans,
puis à Freyberg. En 1716, il se rendit à Leip-
sick pour y trouver de l'emploi comme musi-
cien, et ne possédant qu'un seul florin dans
sa poche : son mérite l'eut bientôt tiré d'em-
barras, car il ne tarda pas être admis dans
l'orchestre de l'Opéra, comme premier violon.
En 1710, il établit à Wittenberg un concert
public qui fut fréquenté par tous les amateurs
de cette ville. Ce fut aussi dans cette ville
qu'il se maria. Quelques années après, il alla
à Dresde, où il se lia d'amitié avec Schmidl,
Hetnichen et Volumier, et il perfectionna son
goût et ses connaissances sous la direction de
ces artistes et de Kuhnau. Ils lui procurèrent
l'occasion de faire entendre ses compositions
pour l'église, et le succès de ces ouvrages lui .
fit offrir une place de maître de chapelle de
rélectrice; mais il préféra se rendre à Ham-
bourg en 1725. Il y eut l'emploi de composi-
teur au théâtre, y ajouta des récitatifs à plu-
sieurs opéras de Keiser et de Mamdcl, puis
il composa Cadmus et un divertissement inti-
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KUNZEN
Ui
tulé : Critique du théâtre de Hambourg. Il
paraît qu'il avait peu de talent pour la musi- ,
que dramatique. En 1732, il fut appelé à Lu-
beck, en qualité d'organiste, et il continua de
résider en cette ville jusqu'à sa mort, arrivée
en 1770. Il avait été nommé membre de la
Société musicale de Miller en 1747. Toute la
musique de Kunzen est maintenant oubliée, et
Ton ne cite plus que son oratorio de la Pas-
sion. Mattheson, qui a publié une notice sur
ce musicien, le considérait comme un des
meilleurs organistes de son temps. Je possède
le manuscrit autographe d'un traité de l'har-
monie dont ce musicien est auteur : il a pour
titre .* Anfangsgrunde des Generalbasses
(Principes élémentaires de la basse continue).
Douze feuilles in-4*. .
KUNZEN (Charles-Adolphe), fils du pré-
cédent, naquit à Witlenberg, le 22 septem-
bre 1720. Dès l'âge de huit ans, il jouait du
clavecin de manière à exciter l'étonnement
de ceux qui l'entendaient. Il fit alors un
voyage en Hollande et en Angleterre avec son
père, et partout il produjsit une vive sensa-
tion. Le docteur Pepusch, qui l'entendit à
Londres, le considérait comme un prodige.
Après l'année 1750, qui suivit son retour à
Hambourg, on le perd de vue jusqu'en 1750,
époque où il obtint la place de maître de cha-
pelle à Schwerin. Sept ans après, il se rendit à
Lubeck pour remplacer son père, qui avait dû
cesser ses fonctions, à cause de sa mauvaise
santé. Après une atteinte d'apoplexie qui le
frappa en 1772, une de ses mains demeura
paralysée, et l'on fut obligé de lui adjoindre
son élève Kœnigslow. Il mourut en 1781, lais-
sant la réputation d'un savant musicien et
d'un habile organiste. On n'a gravé de sa
composition que douze sonates de clavecin,
qui ont paru à Londres. Tous ses autres ou-
vrages sont restés en manuscrit; ils consis-
tent en plusieurs symphonies, vingt et un con-
certos pour violon, huit concertos pour flûte,
six idem pour hautbois, beaucoup de duos
pour deux violons et douze sonates pour le
clavecin. Parmi diverses grandes compositions
de musique vocale, on remarque un oratorio
de la Passion, un autre intitulé Die Ga>ttliche
Berufung des Glaubens Abraham* (l'Appel
de Dieu à la foi d'Abraham), des cantates et
des sérénades pour des occasions particulières.
La bibliothèque du conservatoire royal de
Bruxelles possède aujourd'hui les manuscrits
originaux de la plupart de ces ouvrages.
KUNZEN (FrÉiiÉMc-Louis-ÉMiLE), fils de
Charles- Adolphe, né à Lubeck, en 1761, a été
considéré comme un musicien distingué par
ses contemporains. Après avoir fait sous la
direction de son père ses études musicales, il
vécut d'abord à Hambourg comme professeur
de musique, y reçut des leçons d'harmonie et
de composition de Naumann, et y publia ses
premières productions; pujs, en 1784, il alla
continuer ses études littéraires à l'université
de Kiel. Là il se lia d'amitié avec Cramer, ré-
dacteur de l'écrit périodique intitulé Magasin
de musique, dont les idées originales n'ont
peut-être pas été sans influence sur la direc-
tion de ses travaux. Quoiqu'il fût un très-habile
pianiste et un grand lecteur de musique, il ne
put d'abord obtenir une place de simple ac-
compagnateur de la chapelle royale de Copen-*
hague, où il s'était rendu après avoir quille
l'université de Kiel; mais au lieu d'être dé-
couragé par sa mauvaise fortune, il profila
de ses loisirs pour étendre ses connaissances
théoriques et pratiques. Son premier essai de
musique dramatique fut l'opéra inlitulé Hol-
ger le Danois. Cet ouvrage fut représenté à
Copenhague en 1790, sous la direction de
Schulz, et il obtint un brillant succès. On y
remarquait déjà ce sentiment juste de l'effet
scénique qui est un don de la nature, et qu'au-
cune autre qualité ne peut remplacer. Cepen-
dant, fa ligué de la situation précaire où il se
trouvait dans la capitale du Danemark, et n'y
apercevant point de chances favorables pour
son avenir, il résolut d'aller chercher fortune
ailleurs. D'après le conseil de Schulz, il se
rendit à Berlin, où Reicbardt l'accueillit avec
bienveillance, et n'épargna rien pour lui
rendre profitable le séjour de cette ville.
Kunzeu y écrivit la musique d'une petite pièce
qui ne réussit pas; mais il fut bientôt consolé
de cet échec par sa nomination de directeur de
musique au théâtre de Francfort. Cette place
lui fournit l'occasion de se familiariser avec
les œuvres de Mozart, et d'en étudier l'esprit
et la facture. Les opéras de cet homme célèbre
devinrent dès lors ses modèles. A Francfort,
il avait épousé une cantatrice du théâtre,
nommée Zvccherini. Cette femme ayant ob-
tenu un engagement à Prague, Kunzen la
suivit dans cette ville et y prit aussi la direc-
tion de la musique. Ce fut là qu'il fil repré-
senter son Winzerfest (la Fête des vendan-
geurs), dont la réussite fut complète. Vers le
même temps, Schulz ayant demandé sa re-
traite de la direction de la musique du théâtre
de Copenhague, le roi lui laissa le soin de dé-
signer son successeur, et il indiqua Kunzen,
qui fut mis en effet en possession de la place,
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14*
KUNZEN - KUPSCH
et qui justifia, par le talent qu'il y déploya,
la confiance qu'on avait eue en lui. Il entra
en fonctions dans Tété de 1795, et conserva
la même situation pendant les vingt-deux der-
nières années de sa vie. Satisfait de ses ser-
vices, le rot le décora de l'ordre de Danebrog.
Kunzen mourut à Copenhague le 28 janvier
1819, à Page de cinquante-six ans.
Cet artiste a écrit pour le théâtre : 1° Hol-
ger Danske (Holger le Danois) ou Obéron,
opéra danois en trois actes, en 1790 ; partition
réduite pour le piano, avec une traduction
allemande par C.-F. Cramer, Copenhague,
Sœnnischsen, 1790, in-4° obi. 2*Z« Vendan-
geurs, opéra en trois actes, à Prague, 1793,
gravé pour piano en 1798. 5° Hemmeligheden
(le Secret), à Copenhague, 1796. 4* JDrage-
duckken, opéra danois, 1797. 5° Jokeyen,
idem, 1797. 6° Eric Ejegad, grand opéra
danois, 1798. 7° Naturens Rœst, (la Voix de
la nature), opéra danois, 1799. 8° La Harpe
d'Ossian, opéra allemand en trois actes, 1799-
9° Le Retour dans Us foyers, opéra danois, à
Copenhague, en 1802. 10° Le Conquérant et
le Prince ami de la paix, cantate théâtrale,
en 18.02.
Les autres ouvrages de musique vocale com-
posés par Kunzen sont : 1 1° Chœurs et chants
pour Jiïermann et Us princes, de Klopstock.
12° La Résurrection, oratorio danois, de
Thomas Thaarup. 13° Autre oratorio danois
dont le titre est inconnu. 14° Jlleluia de la
Création de Baggesen, en danois, imprimé
en partition à Copenhague et à Hambourg.
15* Hymne à Dieu, poésie de Schmidt de
Phiseldeck, publiée pour le piano à Zurich,
chez Nœgeli. 16° Cantate funèbre sur la mort
du maître de chapelle Schulz, exécutée en 1800
à Copenhague, au concert pour les veuves de
musiciens. 17° Cantate pour la solennité du
nouveau siècle, exécutée à l'église de la cour,
en 1801. 18° Chansons religieuses, tirées des
poésies de Cramer, avec accompagnement de
piano, publiées en 1785 par Cramer, comme
4 e partie de sa Polymnie, à Leipsick, chez
Breitkopf et Hœrtel. Cramer a donné l'analyse
de ces mélodies dans la deuxième année de
son Magasin musical (pag. 503-534). Parmi
les compositions instrumentales du même
artiste, on remarque : 19° Ouverture à grand
orchestre (en ut), n° 1 , Zurich, II ug. 20° Idem
(en ré), n° 2 ibid. 21° Idem sur le thème de
l'ouverture de la Flûte enchantée, de Mozart,
n° 3, Leipsick, Peters. 22° Six sonates pour
piano, Berlin, 1792. 23° Fantaisie* et varia-
tions sur l'air allemand : Ohne Lieb und ohne
Wein (Sans amour et sans vin), exécutée par
l'auteur avec un brillant succès dans un con-
cert donné à Berlin en 1791 .
KUPPLEH (Jean-Georges), facteur d'in-
struments, neveu et élève du célèbre Stein, s'est
établi à Nuremberg en 1789, après avoir achevé
son apprentissage à Augsbourg. Quoiqu'il ne
soit pas considéré comme un des meilleurs fac-
teurs de son temps en Allemagne, il s'est néan-
moins fait remarquer par l'invention de pianos
à deux tables d'harmonie. Il construisait aussi
de bons harmonicas. Les pianos à deux tables
d'harmonie ont été reproduits à l'exposition
universelle de Paris, en 1855, par le facteur
Li chien thaï 3 de Pétersbourg, comme une in-
vention nouvelle.
KUPSCH (Cbarlss-Gbstave), né le 24 fé-
vrier 1807, à Berlin, où son père était direc-
teur d'une école, fut destiné dans sa jeunesse à
l'étude de la théologie et à la prédication ;
mais un penchant irrésistible pour la culture
de la musique le détourna de cette carrière.
Louis Berger fut son maître de piano ; Benelli
lui enseigna le chant; Edouard Rietz, le violon;
il reçut des leçons d'orgue de Guillaume Bach
et il apprit la composition chez Zelter et chez
Bernard Klein. A l'âge de dix-huit ans, il ob-
tint les places de cantor et d'organiste de
l'église de la Sprée à Berlin et se livra à l'en-
seignement d'après le système de Logier. Ses
premières compositions furent écrites pour
l'église. En 1828, il écrivit la musique d'un
ballet. En 1831, il abandonna ses places de
cantor et d'organiste pour aller à Leipsick: il
y dirigea les concerts de la Société d'harmonie,
et écrivit la musique d'une pantomime inti-
tulée : der Zauberkessel (le Chaudron magi-
que). Peu de temps après, il accepta la place de
premier chef d'orchestre du théâtre de Lubeek.
En 1838, il quitta encore cette position et se
rendit à Rotterdam, où il fut nommé profes-
seur et directeur de l'Académie royale de
chant, et chef d'orchestre de la société Eru-
ditio-Musica. Il y obtint aussi le titre de
membre honoraire de la Société néerlandaise
pour l'encouragament de la musique, en
1839. On ignore les motifs qui lui firent quit-
ter une situation si honorable, mais on le
trouve, en 1844, à Fribourg, où il remplissait
les fonctions de directeur de musique. Deux
ans après, il enseignait le chant à Berlin, et,
dans la même année 1840 , il avait déjà
changé de position et dirigeait une société de
chœur d'hommes à Nuremberg. On le perd de
vue après celte époque. Environ vingt œuvres
de Liederj de danses et de chants pour des
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KUPSCH - KURP1NSKI
*43
voix d'hommes ont été publiées sous le nom
«le ce musicien.
KURPINSKI (Chahles), compositeur po-
lonais, jouit de beaucoup de célébrité parmi
ses compatriotes. Fils de Martin Kurpinski,
organiste à l'église de Wloszakowice, village
du grand-duché de Posen, il naquit dans ce
lieu en 1785. Son père le destinait à lui suc-
céder et lui faisait étudier l'orgue et le plain-
«hant; mais l'arrivée de deux frères de sa
mère, nommés Roch et Jean Wanski, tous
deux musiciens de profession, attachés au ser-
vice du staroste Félix Polanowski, fit changer
les résolutions de la famille Kurpinski et tira
•de son village le futur compositeur. Il jouait
quelque peu de violon ; c'en fut assez pour que
l'oncle Roch Wanski l'emmenât en Galicie et
le fit entrer dans la chapelle de son seigneur.
Devenu membre d'un bon orchestre, Kurpinski
•eut souvent occasion d'exécuter et d'entendre
la musique des maîtres, forma son goût, prit
l'habitude do l'ensemble, et apprit la compo-
sition dans les partitions de la Création et de
Don Juan. Après la mort de son oncle, il
s'éloigna de la Galicie et se rendit dans la
•capitale de la Pologne. Il avait compris que
Varsovie était la seule ville de sa patrie qui
pût lui offrir les moyens d'atteindre le but où
tendaient ses désirs. Comme acheminement à
«e but, il obtint bientôt la place de second chef
«d'orchestre au Théâtre-National ; Elsner occu-
pait celle de premier chef. Kurpinski fut son
successeur en 1825. Depuis 1811, il a fait re-
présenter sur ce théâtre plusieurs ouvrages dra-
matiques dont la plupart ont été accueillis avec
enthousiasme par les compatriotes de l'artiste.
En 1819, une médaille d'or à son effigie lui fut
offerte après le succès d'un de ses ouvrages.
A la fin delà même année, l'empereur Alexan-
dre le nomma maître de chapelle de la cour de
Varsovie, et au commencement de 1823, il le
•décora de l'ordre de Saint-Stanislas. Dans cette
même année, il fit un voyage en Allemagne, en
France et en Italie, pour connaître la situation
de la musique dans ces pays où elle est cul-
tivée avec succès ; il ne retourna à Varsovie
qu'en 1824.
Kurpinski était doué de toutes les qualités
<ies artistes d'élite, à savoir: le sentiment de
l'art, rénergie, l'activité et la facilité de pro-
duction. Il cultivait tous les genres de musi-
que, composait pour la scène, pour l'église,
pour une multitude de circonstances particu-
lières et pour les salons, étudiait la théorie de
«on art, en cultivait la littérature, écrivait des
livres pour l'instruction des artistes et des
amateurs, fondait un journal de musique afin
de stimuler le goût de ses compatriotes pour cet
art, dirigeait la musique du théâtre et remplis-
sait les fonctions de directeur du chant à
l'École royale de musique. Il s'était marié. Sa
femme, née Sophie Brzowska, débuta à l'Opéra
de Varsovie dans le Freyschiitz, de Weber.
Actrice aimée du public, elle ne se retira qu'en
1842 avec la pension. La dernière composi-
tion de Kurpinski fut une cantate pour la fête
de l'empereur de Russie, en 1837. Retiré en
1841, après trente ans de service, il reçut de
tous les artistes du théâtre les témoignages
d'une sincère affection. En 1857, il vivait en-
core et se plaisait dans une solitude absolue.
C'est à Kurpinski et à Elsner que la Pologne
est redevable des progrès qu'elle a faits dans
la musique depuis le commencement du dix-
neuvième siècle. Leurs travaux ont doté leur
patrie d'un véritable opéra national, lequel a
pris la place des traductions de l'allemand, du
français et de l'italien qui, précédemment, oc-
cupaient la scène polonaise. Kamienski avait
commencé cette ère nouvelle de la musique
polonaise dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle. Kurpinski a donné un grand
nombre d'opéras qui ne sont pas tous connus
des biographes allemands.
En voici la liste la plus complète parvenue à
notre connaissance : 1° DwieChalki (les Deux
Chaumières), 181 1 . 2° Palai lueyfera (le Pa-
lais de Lucifer), 181 1 . Z° Martinotca w Seraju
(la Femme Martin au sérail), mélodrame co-
mique en deux actes, 1812. 4° Huyni £abi~
lonu (les Ruines de Babylone), en trois actes.
5° Szarlatan (le Charlatan), [opéra bouffe en
deux actes, 1814. 6° Laska Imperatora (la
Faveur de l'empereur), en trois actes, 1814.
7° Jadwiga (Edwige), opéra qui obtint un
grand succès, 1814. 8° Agarna pasxczy (Agar
dans le désert), scène lyrique, 1814.
9° Alexander i Appelles (Alexandre chez
A pelles), en un acte, 1815). 10° Obleszenia
Gdanska (le Siège de Dantzick), 1815.
11° Naàgrada (la Récompense), 1815.
12° Mala Szkola Ojcôw (le Mauvais Exemple
du père), en un acte, 1816. 13° Nowe Krako-
îciaki (les Cracoviens), en deux actes. 1816.
14° Dziadek, en un acte, 1816. 15° Ero i
Leander (Héro et Leandre), scène lyrique,
1816. 16° Jan Kochânowski (Jean Kocha-
nowski), en deux actes, 1817. 17° Baterya o
iednym 'zolniezu (Batterie servie par un seul
soldat), 1817. 18° CzaromysL en trois actes,
1818. 19° 2>amek na Czorstynie (le Château
de Czorstyn), 1819. 20° Le Forestier, en deux
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444
KURPINSKi — KURZ1NGER
actes, 1819. 21° Kalmora , en deux actes,
1820. 22° Casimir le Grand, pièce à grand
spectacle. 23° Nasze przebiegi (Nos Trans-
fuges), opéra comique. 2A°Cécile de PiaScejino,
grand opéra dont la partition a élé publiée à
Varsovie. Rurpinski a écrit aussi l'ouverture
et les chœurs deZbigniew, tragédie, en 1819,
et des ballets : le Bourgeois gentilhomme.
Terpsickore sur la Fistule, Mars et Flore, etc.
Les autres compositions de musique vocale de
cet artiste sont : 1° Messe à quatre voix sur le
texte polonais. 2° Hymne polonaise (Oycze-
nacsz) y à trois voix. 3° Messe à quatre voix,
chantée à l'église de Saint-Alexandre par les
élèves du district du Nouveau-Monde (colo-
nie militaire). 4° Messe latine à quatre voix,
exécutée dans l'église des Franciscainsde Var-
sovie.5°Messe sur le texte polonais publiée dans
le Spiewenik de l'abbé Mioduszewski. 6° Messe
villageoise sur un texte de Felinski. 7° Messe à
trois voix (contralto, ténor et basse), avec ac-
compagnemeut d'orgue, trompettes, trombones
et timbales, composée pour la confrérie litté-
raire. 8° Recueil de chants religieux, publiée
à Varsovie, chez Klubowski. 9° Un graud
nombre de cantates et pièces pour les fêtes of-
ficielles et anniversaires. 10° Elégie sur la
mort de Kosciusho. 11° Cantate pourl'inaugu-
tion de la statue de Ropernick, exécutée à Var-
sovie, le 11 mai 1850, à quatre voix et orches-
tre. 12° Te Deum pour le sacre de l'empereur
Nicolas, à quatre voix, chœur et orchestre,
exécuté en 1829, dans la cathédrale de Varso-
vie, sous la direction de l'auteur. 13° Cantate
pour la fête de l'empereur, en 1837. La mu-
sique instrumentale de Rurpinski n'est pas
toute connue; on en a publié à Leipsick, chez
Breitkopf et Iiaertel : Symphonie à grand or-
chestre, op. 15; fantaisie pour piano, op. 8;
fantaisie idem, op. 10 ; fugue pour piano avec
introduction; collection de quatorze polonaises
pour piano, op. 11; trois polonaises idem,
op. 4. On a publié à Varsovie, chez Brzczina:
Polonaise à grand orchestre; Nocturne pour
cor, alto et basson, op. 16; Paysage musical,
pot-pourri pour cor, basson et quatuor d'in-
struments a cordes, op. 18; thème varié pour
piano. Les ouvertures de Kalmora, de la
Femme Martin, de la Reine Hedwige et des
Ruines de Babylone ont élé publiées à Leip-
sick, chez Breitkopf et Haertcl.
Les œuvres de littérature musicale pro-
duites par l'activité infatigable de Rurpinski
sont celles-ci : Wyklad systematyczny zasad
Musyki na Klawikord (Exposé systématique
de la musique pour le piano), Varsovie, Rlu-
bowski, 1819; Zasady Narmonii (Principes
d'harmonie), i'6icZ.,1821; Tygodnik musyczny
(Journal hebdomadaire de musique), ibid.,
1820-1821, trois volumes; Coup d' œil sur
V opéra en Pologne, inséré dans les Annales
de la Société des Amis des sciences (dout
Rurpinski était membre), 21 me volume.
KURZ (Jean), organiste et directeur de
musique à Calw, dans le Wurtemberg, vers la
fin du dix- septième siècle et au commencement
du dix-huitième, est auteur d'un écrit qui a
pour litre : Neue erfundene Harfe , so
durch ein Klavier, gleich einem Spinet zu
schlagen (Harpe d'une invention nouvelle,
qui se joue au moyen d'un clavier, à la ma-
nière d'une épinette), Tubingen, 1681. C'est
l'idée d'un instrument que Dietz {voyez ce
nom) a réalisé environ cent trente ans plus
tard. Mattheson parle aussi, dans son Parfait
maître de chapelle, d'un autre ouvrage de
Rurz intitulé : Classis prima musices. Il ne
parait pas que ce livre ail élé imprimé.
RURZIINGER(Ignacb-Fbahçois-Xavier),
musicien au service de la petite cour de ffler-
gentheim ou Marienthal, dans le Wurtemberg,
vécut vers le milieu du dix-huitième siècle. Il
a publié à Augsbourg, en 1758, une collection
de symphonies intitulée : David et Apollo,
iste profanus Parnassi, ille sacer Cœli uter-
que rex et jubilaris archiphonascus chori,
sive VlIIsymphonise solemniores seu brèves,
tam proecclesia quam aula composite,
op. 1. On a aussi du même artiste une in-
struction pour le chant figuré et le violon,
imprimée à Augsbourg, chez Lotter, en 1763,
95 pages in-4°.
KURZINGER, (Paul), fils du précédent,
né à Wtlrzbourg vers 1760, fut destiné par
son père à la jurisprudence et suivit des
cours dans les universités de la Bavière. Mais
pendant qu'il était occupé de ses éludes, il
reçut aussi une éducation musicale d'artiste;
bientôt le goût de l'art devint en lui si pro-
noncé, qu'il prit la résolution de renoncer au
barreau. Il se rendit à Munich et entra dans
la chapelle de l'électeur. En peu de temps, ses
progrès le conduisirent à écrire un petit opéra
(la Comtesse) qui obtint du succès sur le
Théâtre électoral. Il voulut ensuite retourner
à Wurzbourg; mais il n'y trouva pas de posi-
tion convenable, et dut quitter cette ville pour
aller à Ralisbonnc, où il obtint une situation
honorable dans la chapelle du prince de la
Tour et Taxis. Le prince, satisfait de ses
talents, lui confia la composition de la musique
qui devait être exécutée aux fetes préparées
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KURZ1NGER - KUTZING
US
pour l'arrivée de l'empereur Joseph II à Ra-
Hsbonne. Ce qu'il écrivit à celte occasion jus-
tifia complètement le choix qu'où avait Tait de
lui; l'empereur lui-même fut si satisfait de
celte musique, qu'il engagea l'auteur à se
rendre à Vienne, lui promettant une place
dans sa chapelle. Kurzinger se rendit à cette
invitation, et fut bien accueilli à la cour. Il
vivait encore à Vienne en 1807, et y était di-
recteur de musique dans une maison d'éduca-
tion. On connaît de lui plusieurs bons mor-
ceaux de musique d'église : La Comtesse,
opéra-comique représenté à Munich en 1773;
l'Illumination, idem, à Vienne, en 1792;
Robert et Calixte, dans la même ville, en
1794. Il a fait aussi imprimer : Six chansons
allemandes avec accompagnement de piano,
Vienne, Kurzbeck, 1789, et douze chansons
allemandes pour le piano, Vienne et Darm-
stadt, 1792.
KURZWEIL (....)> compositeur de mu-
sique instrumentale, parait avoir vécu à Vienne
vers la fin du dix-huitième siècle. On connaît
sous son .nom, en manuscrit : 1° Symphonie à
grand orchestre. 2° Symphonie concertante
pour violon et clarinette, avec orchestre.
3° Concerto pour violon. 4° Concerto pour
alto. 5° Concerto pour violoncelle. 6° Trio
pour clarinette, alto et basson. Kurzweil vivait
encore en 1806.
ltCSTEIt (HEitMAK»), directeur de musi-
que et organiste du Rom à Berlin (1861), a Tait
ses études de composition dans la section de
musique de l'Académie royale des beaux-arts
de cette ville, sous la direction de Rungen-
hagen. Ses premières productions Turent pu-
bliées en 1840 et 1841 ; elles consistent parti-
culièrement en chants pour quatre voix
d'hommes. En 1843, il fit exécuter à l'Acadé-
mie de chant l'ouverture et la première scène
d'un petit opéra de sa composition intitulé :
la Double Noce {die Doppelhochzeil), et, dans
la même année, il publia quarante-huit fugues
pour l'orgue, op. 4, a l'usage des organistes
de petites villes et de la campagne, Berlin,
C. Paex. Appelé à Saarbruck, deux ans après,
en qualité de directeur d'une société de chant,
il y resta environ deux ans et s'y occupa spé-
cialement de la composition. Au mois de no-
vembre 1844, il fit exécuter à l'Académie de
chant de Berlin, sous sa direction, un oratorio
dramatique intitulé : Die Erscheinung des
Kreuzes (l'Apparition de la croix) ; cet ouvrage
produisit une vive impression sur l'assemblée
M. K Us ter a été appelé à remplir la place va-
cante d'organiste du Dom de Berlin, en 1852.
Postérieurement, il a fait entendre divers ou-
vrages importants de sa composition, parmi
lesquels on distingue l'oratorio intitulé : Die
ewige Heimath (la Patrie éternelle), dont la
partition réduite pour le piano a été publiée a
Neu-Ruppin, chez Rodolphe Petrenz. La Ga-
zelle de Spener, du 14 juillet 1861, a rendu
un compte avantageux de cet ouvrage. On
connaît aussi du même compositeur des Lieder
distingués pour contralto, op. 8, Mayence,
Scholt, et les psaumes 40, 67, 100 et 149,
pour un chœur d'hommes à quatre voix; Neu-
Ruppin, Rodolphe Petrenz.
KUTSGQKR (G.-F.), professeur de musi-
que et pianiste à Ratisbonne, actuellement
vivant (1862), a publié une méthode élémen-
taire de piano, avec des exercices faciles, sous
ce titre : Der Anfxnger im Clavierspiel, Ra-
tisbourg, Reitmayer.
KtlTTISOIIOIlSKY (Jeah-Népomucbre),
directeur du chœur au château de Prague ei
dans l'église de Saint-Benoit, est né en celle
ville vers 1755. Son père, bon musicien de
l'église métropolitaine, lui enseigna la musi-
que. Kultnohorsky entra d'abord en qualité de
ténor à l'église cathédrale et à celle de Sainte-
Marie-des-Vicloires, puis il obtint la place de
directeur ci-dèssus indiquée. Parmi ses compo-
sitions, qui sont restées en manuscrit, on cite
deux messes et huit symphonies qui sont
estimées en Bohême. Kultnohorsky est mort à
Prague en 1781.
RtlTZIIHGr (Charles), d'abord facteur
d'instruments à Coire (Suisse), s'est établi à
Berne en 1840, et y a transporté ses ateliers.
Il est auteur d'un manuel théorique et prati-
que de la construction des pianos, avec une
indication de toutes les innovations introduites
dans ce genre d'instruments. Cet ouvrage a
pour litre : Theoretisch-praktisches Hand-
buch der Fortepiano-Baukunst mit Bertieh-
sichliffung der neuesten Ferbesserungen,
Bonnet Coire, J.-F.-J. Dalp, 1835, in-8» de
94 pages avec six planches. Kutzing a donné
comme supplément à ce traité un livre qui a
pour titre : Beitratge zur praklischen Akustik
(Essais pour l'acoustique pratique), Berne et.
Coire, Dalp, 1858, in -8° de 51 pages, avec
deux planches. On a aussi du même facteur
d'instruments un manuel théorique et pratique
de la construction des orgues , sous ce titre :
Theoretisch-praktisches Handbuch der Or-
gelbaukunst , Berne et Coire, Dalp, 1845,
in- 8° de lo7 pages, avec 8 planches.
Il 06 R. OHIV. DES M C SI Ci ES S. T. V.
10
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L
, LAAG (Henri), organiste et facteur de cla-
vecins à Osnabrùck, né à Herford (Westphalie),
le 18 février 1713, remplissait ses fonctions à
l'église de Sainte-Catherine d'Osnabruck. On a
de lui un livre intitulé : Anfangsgrûnde zum
Clavierspielen und Generalbass (Éléments
du clavecin et de la basse continue); Osnabrùck,
1774, in-4° de 74 pages. 11 a aussi publié cin-
quante chansons avec accompagnement de cla-
vecin, sous ce titre : filnfùg Zdeder mit Mclo-
dien fur Cla vier ,• Cassel, 1777. Cet artiste a
écrit sa propre biographie, qui a été publiée après
sa mort, par un de ses amis, sous ce titre : Le-
bens-G'eschichte Heinrich Laag's, Organisten
an der Katharinen Kirche in Osnabrùck,
von ihm selbst beschreiben und mit einem
Nachtrage herausgegeben von einem seiner
Freunde ( Biographie de Henri Laag , organiste
de l'église Sainte- Catherine à Osnabriick, écrite
par lui-même, et publiée, avec un appendice, par
un de ses amis )*, Herford, 1798, in-8° de 248 pa-
ges. L'éditeur de cette autobiographie nous ap-
prend que Laag mourut le 30 octobre 1797.
LABADE1V8 (....), violoniste à Paris, vers
le milieu du dix-huitième siècle, a publié : Nou-
velle méthode pour le violon; Paris, Naderman.
En 1797, Labadens était attaché à l'orchestre de
l'Opéra; mais il ne faisait plus partie du person-
nel de cet orchestre en 1802.
LABARRAQCJE (Antoine - Germain ),
pharmacien à Paris, est né à Oléron ( Basses-
Pyrénées), le 29 mai 1777. Après avoir servi
quelque temps dans la compagnie de grenadiers
de Latoor d' Auvergne , il entra au service des
hôpitaux en qualité de pharmacien , fut chargé
en Espagne de la direction de l'hôpital de
Beira , et suivit ensuite des cours à l'école de
médecine de Montpellier. En 1799, il se rendit à
Paris,' où il acheva ses études. Au mois de juin
1805, il reçut son diplôme de pharmacien , puis
il se livra à divers travaux, qui le conduisirent
à des découvertes utiles ; entre autres celle des
chlorures d'oxyde de chaux et d'oxyde de soude,
dont on a fait d'importantes applications dans
certaines maladies épidémiques et endémiques.
M. Labarraque est cité ici pour son livre in-
titulé V Art du boyaudier; Paris, 1822, in-8°.
Cet ouvrage se rattache a la musique par la
fabrication des cordes d'instruments.
LABARRE (Michel DE), flûtiste et
compositeur, né à Paris, en 1675, mourut en
cette ville, vers la (in de 1743. On a représenté
à POpéra, en 1700, un ouvrage de sa composi-
tion, intitulé : Le Triomphe des Arts, paroles
de Lamotte; la partition de cet ouvrage fut im-
primée dans la même année, à Paris, citez Bal-
lard. Labarre donna aussi, en 1708, un intermède
intitulé : La Vénitienne. Ou a du même artiste
quelques œuvres de duos et de trios pour la flûte.
LABARRE (Trille), guitariste, vécut à
Paris vers la fin du dix- huitième siècle. On con-
naît sous son nom : 1° Étrennes de guitare, ou
recueil des plus- jolies romances qui ont paru
dans Tannée 1787, suivies d'une sonate pour
guitare, avec accompagnement de violon obligé,
op. 2; Paris, Bailleux, 1788. — 2° Nouvelle
méthode pour la guitare à V usage des per-
sonnes qui veulent Vapprendre sans maître,
op. 7; Paris, 1793. — 3° Recueil pour la gui-
tare, ou leçons graduelles et faciles , Paris ,
1794.
LABARRE (Louis-Julien CASTELS DE),
né à Paris, le 24 mars 1771, est issu d'une fa-
mille noble de Picardie. Après avoir reçu, dans
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LABARRE
147
sa jeunesse, quelques conseils de Viotti pour le
\ioloo, il fit, en 1790, un voyage en Italie. Admis
au Conservatoire de La Pietà, à Naples, comme
-élève, il y apprit le contrepoint sous la direction
<te Sala, puis il rentra en France, dans l'année
1793, et y acheva ses études de composition près
de Méhul. Après avoir rempli pendant deux ans
les fonctions de premier violon au Théâtre de
Molière, il entra à l'Opéra en Tan VU ; mais
après quelques années il quitta cette position pour
un emploi dans la famille de l'empereur Napo-
léon. Dans Tan VI de la république (1798) il a
fait représenter au Théâtre de Molière Les Époux
de seize ans, opéra en un acte, qui n'obtint point
de succès et ne fut joué que trois fois. 11 a pu-
blié deux recueils de romances avec accompagne-
ment de piano, une scène des Adieux du Cid à
Chimène , trois œuvres de duos de violon , des
caprices et des airs variés pour cet instrument.
LABARRE (Théodore), compositeur et har-
piste célèbre, est né à Paris, le 5 mars 1805. Dès
son enfance on lui fit étudier la musique comme
un détassement ; car il n'était pas destiné à faire
sa profession de cet art. La harpe fut l'instru-
ment qu'on lui mit entre les mains; il n'était âgé
-que de sept ans lorsque Cousineau lui en donnâtes
premières leçon*. Il continua de s'y exercer sous
la direction de ce maître jusqu'en 1814. A cette
époque il devint élève de Rochsa, qui, trouvant
en lui les plus rares dispositions, lui fit faire de
rapides progrès. Après le départ inopiné de cet
artiste pour l'Angleterre, en 1816, Labarre con-
tinua ses éludes de harpe auprès de Naderman
jusqu'en 1820 ; mais il n'en reçut que de rares le-
çons! En 1817, ses parents prirent la résolution
de faire servir ses talents à sa fortune, et pour
achever son éducation d'artiste, ils le firent en-
trer comme élève au Conservatoire , où il apprit
auprès de M. Dourlen les éléments de l'harmonie;
puis il devint élève d'Eler, pour le contrepoint.
Après la mort de ce maître, il continua ses étu-
des sous la direction de l'auteur de cette notice
(en 1821), et dans le même temps Boieldieu lui
enseigna le mécanisme des formes de la compo-
sition idéale. Bien qu'il ne fût âgé que de dix-
huit -ans, Labarre se présenta au concours de
l'Institut, en 1823, pour le grand prix de compo-
Mtion musicale. Le sujet du concours était la
cantate de Pyrame et Thisbé, composée de plu-
sieurs récitatifs, airs et duos. Des mélodies d'un
goût élégant, un bon sentiment dramatique, une
harmonie piquante, distinguaient l'œuvre de La-
barre : le second prix lui fut décerné. Nul doute
qu'il eut obtenu le premier l'année suivante, si
les succès qu'il trouvait déjà dans son talent sur
la harpe et dans ses compositions pour cet ins-
trument ne lui avaient fait prendre une autre di-
rection.
En 1824, il se rendit en Angleterre , où son
habileté le fit bientôt remarquer. Des concerts
donnés chaque année & Londres ; d'autres, dans
des lieux de plaisance, tels que Bat h et Brigh-
ton ; enfin des voyages en Irlande et en Ecosse
étendirent sa réputation, et le placèrent à la tète
des harpistes de la Grande-Bretagne. Dans les
intervalles des saisons , il revenait en France
chaque année, et après avoir donné des concerts
à Boulogne ou dans d'autres villes, il allait pas-
ser quelques mois à Paris. Dans un de ses voya-
ges, il visita la Suisse; dans un autre, il se rendit
à Naples, où il excita autant de surprise que
d'admiration , au théâtre de Saint-Charles. La
harpe entre ses mains avait acquis une impor-
tance plus grande, un caractère plus élevé, une
variété d'effets, enfin une énergie qu'elle n'avait
point auparavant. Sa musiqne pour cet instru-
ment avait paru d'abord trop difficile : peu d'a-
mateurs et même d'artistes étaient assez habiles
pour la jouer; ce défaut relatif nuisit à son suc-
cès dans les premiers temps. Quelques jeunes
gens formés à son école, tels que MM. Léon Ga-
tayes et Godefroy, la popularisèrent enfin; il est
peu de harpistes aujourd'hui qui ne la recher-
chent.
Des romances charmantes, qui ont obtenu des
succès de vogue, avaient commencé la réputation
de Labarre pour la musique vocale ; ses amis ne
doutaient pas que s'il essayait son talent à la
scène, il n'y réussit à merveille ; mais il était
difficile de trouver un poème favorable à son
talent. Malheureusement il crut l'avoir rencontré
dans Les deux Familles, drame en trois actes
dont il composa la musique, et qui fut représenté
le 1 1 janvier 1831 au théâtre Ventadour. Cette
pièce ne réussit pas, et la musique, qui subit
toujours en France le sort du livret, fut entraî-
née dans sa chute. Considéré sous le rapport de
l'art, cet ouvrage n'avait pas réalisé les espéran-
ces des amis de Labarre. On y trouvait de jo-
lies mélodies , des détails pleins de goût , mais
non la hardiesse de pensée qu'on attendait du
jeune compositeur. Je ne puis rien dire de L'As-
pirant de marine, opéra-comique en deux ac-
tes, joué au théâtre de la Bourse (mai '1834),
n'ayant point entendu cet ouvrage. La Révolte
au Sérail, ballet en trois actes, joué à l'Opéra
dans le mois de décembre 1833, fut écrit avec
beaucoup de rapidité ; néanmoins on y trouve des
morceaux d'un très-bon effet.
Après un séjour de quelques années à Paris,
Labarre retourna à Londres. Il s'y livra avec suc-
cès à l'enseignement. En 1837, il devint re-
lu.
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LABARRE — LABAT
poux de Mile Lambert, jeune et jolie cantatrice
qui possédait un talent plein de grâce et d'ex-
pression. 11 vécut alors pendant quelque temps
à Paris. Après que Girard eut quitté la direction
de l'orchestre de l'Opéra-Comique pour passer
à l'Opéra, Labarre lui succéda dans cette position,
en 1847. Le 9 août 1845, il avait fait pour ce
théâtre te Ménétrier, ou les deux Duchesses,
opéra en trois actes, dont la musique, bien écrite
et bien instrumentée, renferma il des mor-
ceaux pleins de mélodie et de distinction ; mais
la faiblesse du livret en empêcha le succès. En
1849, Labarre quitta la direction de l'orchestre
de l'Opéra- Comique. En 1851 il était à Londres;
mais après le coup d'État du mois de décembre
de la même année qui fit succéder l'empire à la
république en France, il revint à Paris et obtint
la direction de la musique particulière de l'em-
pereur Napoléon III. Au mois de novembre 1853,
il a fait jouer à l'Opéra Jovita ou les Bouca-
niers, ballet en trois tableaux, et au mots de
janvier 1855 il a donné au même théâtre La
Fonti, ballet en six tableaux. Cet artiste a pu-
blié environ cent œuvres de musique de harpe,
parmi lesquels on remarque : 1° Trios pour
harpe, cor et basson, op. 6; Paris, Pacini. —
2° Duos pour harpe et piano, œuvres, 3, 5, 9,
ibid.; œuvres 43,47,48, 49, 59, 54, Paris, Trou-
penas. — 3° Duos pour harpe et violon ( avec
deBériotJ, sur divers motifs des opéras d'Au-
ber, de Rossini et d'autres compositeurs ; ibid. —
— 4° Duos pour harpe et cor, n°* 1,2, 3; Paris,
Naderman;— 5° Nocturnes id., no» i, 2, 3; Paris,
Pacini. — 6 ° Duo pour harpe et hautbois (Sou-
venirs de la Dame blanche), Paris , Janet. —
7° Solos, fantaisies, rondeaux, etc , pour la
harpe, op. 8, 10, 11, 12; Paris, Pacini; op. 25,
26, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 39, 40, 44, 46,
50, 51, 56, 60, 63, 66, 70, 72, 73, 75, 77, 82,
Paris, Troupenas; op, 90, 91, 92, 93; Paris, De
Lahanle. Parmi les plus jolies romances de La-
barre, on cite : Le Contrebandier, la jeune Fille
aux yeux noirs , La pauvre Négresse , La
jeune Fille d'Otaïti, Méphistophëlès, La Tar-
tane, Cora ou la Vierge du Soleil. Il en a pu-
blié plusieurs recueils en albums. Enfin, on a
de lui une Méllwde complète pour la harpe,
ouvrage excellent en son genre, et aussi remar-
quable par le plan que par l'exécution.
LÀ BAT (Jean-Baptiste), organiste de la
cathédrale de Montaubao, est né le 17 juin
1802, à Venîan ( Tarn-et-Garonne ), oîi son père
était marchand de grains. Il reçut d'abord des le-
çons de plain chant, et fut employé dès l'âge de
huit ans comme enfant de chœur. A neuf ans il
commença l'étude du solfège pendant qu'il fré-
quentait l'école d'un bon instituteur pour les lan-
gues française et latine. Ses progrès dans la mu-
sique furent rapides. En 1817, son père l'envoya
à Toulouse pour y continuer l'étude de cet art;
il yrrçutles leçons de Jacques Causse, habile
organiste de la cathédrale, qui lui enseigna pen-
dant qnatre ans Porgue et l'harmonie. En 1821
M. Labat accepta la place d'organiste de l'église
de Verdun , devenue vacante. Pendant les six
années qu'il conserva cette position il perfec-
tionna et compléta ses connaissances, dans la lit-
térature et dans les sciences. En 1827, il se ren-
dit à Paris, et fut admis au Conservatoire, comme
élève de M. Benoist pour l'orgue, et de l'auteur
de cette notice pour la composition ; mais appelé à
Montanban , au mois de septembre de Tannée
suivante, pour y occuper les places d'organiste
et de maître de chapelle, il dut quitter cette école.
La maîtrise de la cathédrale ayant été supprimée
en 1833, M. Labat ne conserva que la place
d'organiste. Ne voulant pas toutefois voir cesser
le progrès à Montauban , dans la culture de la
musique, il fonda et dirigea nne société philhar-
monique pour l'exécution des œuvres classiques,
et ouvrit un cours d'harmonie, dans lequel il a
formé de bons élèves. On a de cet artiste un
livre qui a pour titre : Études philosophi-
ques et morales sur Vhistoire de la mu-
sique , ou recherches analytiques sur les
éléments constitutifs de cet art à toutes
les époques, sur la signification de ses trans-
formations, avec la biographie des auteurs
qui ont concouru à ses progrès; Paris, Tecli-
ner, et Montauban, Forestier, 1852, 2 vol.
in-8°. Cet ouvrage est bien écrit, mais on y
trouve beaucoup d'emprunts faits aux écrivain»
modernes sur la musique, particulièrement a
l'auteur de la Biographie universelle des mu-
siciens.
Les autres productions littéraires de M. Labat
en ce qui concerne la musique, et dout plusieurs
ont paru dans les Mémoires des Académies de
Bordeaux et de Toulouse, sont des études sur La
mue de la voix; sur le Stabat de Rossini; sur
les Aoels; sur sainte Cécile; sur Vhistoire de
Vorgue; sur les Concerts; sur les chant: de
la chapelle Sixtine; sur le faux-bourdon;
sur les nombres appliqués à la science musi-
cale; sur les notations musicales du moyen
âge, travail couronné par l'Académie de Tou-
louse ; sur V esthétique des huit modes du plain-
chant; Biographie de J.-R. Rey (dans le Bio-
graphe de Tarn et-Garonne); Biographie de
DonizetU (dans la Revue de Toulouse). Les
principales compositions de M. Labat, dont plu-
sieurs ont été publiées, sont: 1° Une Messe so-
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LABAT — LABLACHE
149
iennelle,avec orchestre.— 2° Deux inesses brèves
avec orgue. — 3° Oratorio de Noél, avec orchestre.
— 4° Le Siège de Montauban, ouverture à grand
orchestre. — 5° Grand Magnificat. — 6° Grand
opéra en deuxactes (inédit). — 7° La Sibylle, ora-
torio. — 8° Recueil de fugues pour l'orgue. — 9° Re-
cueil de motets à la sainte Vierge. — 10° Recueil de
motets et d'adorations au saint Sacrement. —
1 1° Recueil de cantiques à voix égales. — 12° Re-
cueil de cantates pour des distributions de prix. —
13° Deux antiennes à la Palestrina, à six voix.
— 14° Leçons d'harmonie d'après le système de
M. Fétis. — 15° Leçons de contrepoint d'après
le même auteur. — 16° Plusieurs composi-
tions pour le piano. — 1 7° Plusieurs romances
et morceaux de chant avec piano. M. Labat est
membre de l'Académie impériale des sciences de
Toulouse , de l'Académie impériale des sciences
de Bordeaux , et de la société des sciences de
Ta m -et- Garonne, auxquelles il fournit régulière-
ment des mémoires.
LABBÉ( Robert), musicien français f vécut
à la tin du quatorzième siècle et dans le com-
mencement du quinzième. Suivant les registres
de l'église métropolitaine de Rouen, il fut
nommé organiste de cette cathédrale en 1386, et
fiitconséquemment contemporain de Tagiapeitra
( ou plutôt, vraisemblablement, Tagliapietra) ,
sixième organiste de la chapelle ducale de Saint-
Marc, à Venise. Labbé occupa cette place jus-
qu'en 14 19, et la quitta alors pour celle de maître
de chapelle de la même église. Au mois de mai
1423, il cessa temporairement ses fonctions,
sans doute pour cause de santé , car il les re-
prit au mois d'octobre de la même année ; puis
on le Toit remplacé de nouveau par deux sous-
maltres nommés Nicolas Decan et Jean Do
quesnes, en 1425. Labbé rentra pour la troi-
sième fois, en 1431, avec Jean Desquesnes
pour second maître; mais sans doute il mourut
en 1433, car il disparaît alors des états, et c'est
un ancien enfant de chœur de Rouen , nommé
Jean d'Eudemare, devenu chanoine et maître
es arts, qui est alors son successeur. Quoiqu'on ne
connaisse rien jusqu'à ce jour des productions de
Labbé, son nom, -comme ceux de tous les artistes
des premiers temps de l'art régulier, a de l'in-
térêt pour l'histoire.
LABBÉ. Voyez ABBÉ ( Joseph-Barnvdé
SAINT-SÊVIN dit V).
LABITZKI ( Josf.pu ), ou LABITZKY,
compositeur de musique de danse qui a eu beau-
coup de vogue en Allemagne , est né le 4 juillet
1802 à Schœnfeld , petite ville située dans les
montagnes de la Bohême, près d'Eger. Un an
après sa naissance, se? parents allèrent s'établir
à Petscbau. Son père, grand amateur de mu-
sique, le confia aux soins de Charles Veit,
maître d'école et directeur du chœur, qui lui en-
seigna le chant , le piano et le violon. Un peu plus
tard , Labitzki apprit à jouer de la flûte et s'ins-
truisit dans les éléments de l'harmonie. A l'Age
de douze ans il perdit ses parents, et fut obligé
de pourvoir à son existence. C'est à cet âge qu'il
essaya ses forces dans de petites compositions.
En 1 820, il fut engagé comme violoniste pour
la saison d'été à l'orchestre de Marienbad. Dans
l'hiver de 1822-1823 il fil son premier voyage
comme artiste, et visita Ratisbonne, Nuremberg,
Augsbourg et Munich. Ce fut dans cette der-
nière ville qu'il fit exécuter ses premiers ouvrages
de musique de danse, en 1824 et 1825. Il y re-
tourna dans les années 1827 et 1828, et y obtint
de brillants succès. Dans les intervalles, il alla
plusieurs fois à Vienne jusqu'en 1835 : sa musique
y partagea la vogue de celle de Strauss et de
Lanner. Il faisait aussi de temps en temps des
excursions en Allemagne et à l'étranger : c'est
ainsi qu'il visita Stuttgard et Varsovie. Il se
trouvait dans cette dernière ville en 1830 lorsque
la révolution y éclata. En 1835, Labitzki
prit la direction de l'orchestre des fêtes et bals
de Carlsbad, et s'établit en ce lieu avec sa fa-
mille. Depuis lors il a fait quelques voyages avec
son orchestre , et partout il a obtenu de brillants
succès. En 1839 il était a Pé te rs bourg, et
en 1850 à Londres. De ses onze enfants , trois
se sont livrés à l'étude de la musique : les denx
premiers, Wilhelm et Auguste, ont fait leur
éducation musicale comme violonistes au Con-
servatoire de Prague, puis à Leipsick. Depuis
lors Wilhelm s'est fixé à Toronto , dans la partie
anglaise du Canada , et Auguste est un des vio-
lonistes de l'orchestre de son père , à Carlsbad.
MUe Tony Labitzki a étudié l'art du chant
chez M m * Marchesi-Graumann , à Vienne. Elle
a été engagée comme cantatrice au théâtre de
Francfort, en 1858. Le nombre de quadrilles,
de contredanses, de valses, de galops, de po-
lonaises et de mazourkos pour orchestre et pour
piano publiés par Labitzki , à Leipsick , chez
Hofmeister, à Munich , chez Aibl, et surtout à
Prague, chez Uerra, est immense. Cette musique
a , en général , les caractères de l'originalité et
de la verve. Labitzki est un bon artiste, qui
cultive aussi l'art sérieux : il a écrit des qua-
tuors de violon restés en manuscrit, et a com-
posé aussi des concertos , des divertissements et
des thèmes variés pour le violon, la flûte, la
clarinette et le cor.
LABLACHE ( Louis ), acteur et chanteur
céièbre du théâtre italien, est né à N a pies, le
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150
LABLACHE
6 décembre 1794. Son père, Nicolas Lablaclie,
avait été négociant à Marseille , et s'était fixé à
Naples en 1791 ; il fnt une des victimes des per-
sécutions exercées contre les Français en 1799.
Plus tard, Joseph Napoléon prit des mesures
pour améliorer la situation de ceux qui avaient
été maltraités dans ces circonstances, et le
jeune Lablache fut placé comme élève au Con-
servatoire de La Pictà de' Turctoni, à Naples.
Il était âgé de douze ans lorsqu'il y fut admis.
Gentilli lui enseigna les éléments de la musique
et Valesi lui donna des leçons de chant. On lui
fit aussi commencer l'étude du violon et du vio-
loncelle; mais il paraissait avoir peu de goût
et de disposition pour la musique; il était négli-
gent dans son travail , et n'était pas cité parmi
ses condisciples pour la régularité de sa con-
duite. Un incident bizarre vint tout à coup
faire connaître son aptitude , qui ne s'était pas
révélée jusque-là. Un de ses camarades devait
jouer, dans une certaine occasion , une partie
sur la contrebasse ; ce jeune homme tomba ma-
lade trois jours avant le concert. Lablache
n'avait jamais touché de contrebasse; néan-
moins il offrit de remplacer son condisciple, et
trois jours lui suffirent pour se mettre en état
de bien exécuter sa partie. Son succès n'aug-
menta pas son penchant pour les instruments :
il ne se sentait de vocation que pour la scène.
Sa voix juvénile était un beau contralto : il en
hâta la ruine , au moment où la mue allait se
déclarer, en chantant les solos du Requiem de
Mozart à l'occasion de la mort de Haydn,
en 1809. Il était alors âgé de quinze ans : ses
efforts pour soutenir sa partie jusqu'à la fin de
l'exécution de l'ouvrage eurent pour effet de
le mettre dans l'impossibilité de faire entendre
on son après la fugue finale. Ses maîtres crai-
gnaient la perte totale de son organe vocal;
mais peu de mois après , cet organe se trans-
forma en une voix de basse magnifique de deux
octaves d'étendue ( mi bémol grave à mi bémol
aigu), dont la puissance augmenta d'année en
année jusqu'à l'âge de vingt ans. Supportant
avec impalienee le régime sévère des études
et de la discipline du Conservatoire , Lablache
aspirait à s'en affranchir. Cinq fois il s'enfuit du
Conservatoire pour prendre un engagement dans
les petits théâtres de la cjpitale. C'est à la suite
de ces escapades qu'une ordonnance royale dé-
fendit aux directeurs de spectacle d'engager un
élève du Conservatoire sans autorisation spé-
ciale , sous peine d'une amende de deux mille
ducats, et de la clôture du théâtre pendant
quinze jours.
Devenu libre enfin , après avoir achevé péni-
blement ses études, Lablache fnt engagé en 1812-
au théâtre San-Carlino, à Naples, comme
buffo napoletano , quoiqu'il ne fût âgé que de
dix-huit ans. Peu de mois après, il devint l'é-
poux de la fille du célèbre acteur Pinolti. Cette
union eut d'heureux résultats pour l'artiste,
car sa femme sut exciter son émulation , et lui
faire recommencer avec soin ses études vocales.
Elle le fit aussi renoncer au patois napolitain,
seule langue qu'il eût parlé jusqu'alors, et con-
tracter l'habitude de s'exprimer dans le pur
idiome italien. L'ouvrage dans lequel il avait dé-
buté au théâtre San-Carlino était La Molinara
de Fioravanti. L'année suivante il se rendit à
Messine pour y remplir le même emploi ; mais
H ne tarda point à le quitter pour celui de pre-
mière basse chantante qu'il alla tenir au théâtre
de Palerme. Il y débuta dans l'opéra de Pavesi ,
Ser M arc- Antonio , et le succès qu'il y obtint
le décida à rester en cette ville pendant près de
cinq ans. Bien qu'éloigné du centre de l'Italie ,
il n'y était point inconnu. Insensiblement sa ré-
putation s'étendit, et l'administration du théâtre
de La Scala, de Milan, l'engagea en 18(7. 11
chanta le rôle de Dandlni dans la Cenerentola
de Rossini , et y fut applaudi avec transport.
Son jeu et son chant obtenaient les éloges de
tous les dUeltanti; mais sa mauvaise prononcia-
tion était l'objet de beaucoup de critiques. Ce
ne fut pas sans peine qu'il parvint à en corriger
les défauts; mais sa ferme volonté parvint à
surmonter tous les obstacles, et plus tard il
se fit admirer par la pureté , par l'élégance de
son articulation. Mercadante écrivit ensuite
pour lui Elisa e Claudio. Dès ce moment
son nom se répandit dans toute l'Europe. De
Milan, il alla à Turin où il joua Uberto,
dans YAgnese de Paer, avec un succès d'en-
thousiasme. Après avoir paru sur quelques
théâtres, il revint à Milan en 1827. , puis alla à
Venise, et enfin à Vienne en 1824. Là il éclipsa
tous les artistes qui l'entouraient par la beauté de
sa voix , son intelligence profonde et la vérité de
son jeu. Dans leur admiration pour un artiste si
remarquable, les habitants de Vienne firent
frapper en son honneur une médaille avec cette
inscription : Actione Hoscio , Joppe canlu r
comparandus ulrique, lauro coiiseria , am-
bobus major; Vienne, 1825.
Après le congrès de Laybach , Lablache obtint
à Vienne une audience du roi de Naples , Ferdi-
nand I er , qui l'accueillit avec bonté, le nomma
chanteur de sa chapelle, et lui fit donner un en-
gagement pour le grand théâtre de Saint-Charles.
Après une absence de près de douze années T
l'artiste retourna à Naples, grandi par ses étude:»
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LABLACHE — LABORDE
151
et ses succès. Admirable dans le rôle d'Assur,
de la Semiramide de Rossini , il y produisit la
plus vive sensation. Deux ans plus tard il joua
à Parme, dans la Zaira de Bellini, dont le
talent était a son aurore. Arrivé a Paris dans la
saison de 1830, il y débuta le 4 novembre, et s'y
fit admirer comme acteur par le talent flexible
qu'il déployait dans le style bouffe et dans le
sérieux , et comme chanteur par la puissance
incomparable de son organe, par la verve de
son exécution , et par la perfection de son intel-
ligence musicale. Véritablement grand comédien
dans le Geronimo du Matrimonio segreto,
et dans le Podesta de la Gazza Ladra , excel-
lente caricature dans La Prova d'un opéra
séria, dans le Dandini et dans le baron de
Montefiascone de Cenerentoia, il faisait preuve
d'une rare énergie dramatique et d'une intelli-
gence parfaite dans Henri VIII tVAnna Bolena,
dans Norma, enfin dans tous les rôles du
genre sérieux. Sa belle et noble tête, sa haute
stature, qui affaiblissait les inconvénients de
son embonpoint, les qualités de son esprit,
son instruction variée , ses connaissances éten-
dues dans la musique, enfin ses habitudes d'un
monde distingué, composaient dans sa per-
sonne et dans son talent l'ensemble le plus sa-
tisfaisant qu'on puisse rencontrer dans remploi
qu'il remplissait à la scène. D'ailleurs , homme
estimable et d'une exacte probité dans ses rela-
tions sociales, il n'était pas moins considéré
dans la vie privée qu'admiré sur la scène. Après
avoir brillé à Paris pendant les années 1630,
1831, 1832 et 1833, il retourna à Naples à
l'automne de 1833, et y joua avec un prodigieux
succès YEUsire d'amore et Don Pasquale ,
de Donizetti. De retour à Paris, vers la fin
de 1834, il y brilla depuis ce temps chaque
hiver, allant ensuite en Angleterre, au mois
d'avril^ et s'y faisant entendre au théâtre italien
de Londres, ainsi que dans les festivals musi-
caux des grandes villes de province. Charmée
des qualités précieuses du talent de cet excel-
lent artiste , la reine Victoria le faisait souvent
appeler pour des soirées intimes de musique :
elle voulut qu'il lui donnât des leçons de chant.
Au commencement de 1852, Lablache reçut un
engagement pour le théâtre impérial de Saint-
Pétersbourg : ses succès dans cette grande ville
ne furent pas moins brillants qu'à Paris , à Lon-
dres , à Vienne et à Naples. Il avait acquis une
agréable maison de campagne à Maisons-Laflitte,
et y goûtait avec délices les rares moments de
repos que lui laissaient les travaux du théâtre.
En 1856, sa santé commença à s'altérer, et au
printemps de l'année suivante il fut obligé d'aller
chercher du soulagement aux eaux de Kin-
singen, en Bavière. L'empereur de Russie,
Alexandre II, qui s'y trouvait, nomma Lablache
chanteur de sa chambre et lui fit remettre une
belle médaille d'or à l'effigie de ce prince, avec
le cordon de l'oçdre de Saint- And ré. Lorsque
l'artiste , frappé de l'idée de sa fin prochaine,
reçut ces présents , il dit avec l'accent de la tris-
tesse : Cela servira à décorer mon cercueil.
De retour dans sa propriété de Maisons , il y
passa quelques jours du mois d'août , et en partit
le 18 pour aller essayer de J'influence de l'air natal
dans sa villa du Pausilippe; mais au lieu d'y
trouver l'amélioration qu'il avait espérée pour
sa sanlé, l'air trop vif de la mer l'obligea à s'en
éloigner pour rentrer à Naples. Le mal faisait
chaque jour de nouveaux progrès : Lablache com-
prit que tout était fini pour lui, et demanda les
secours de la religion. Ils lui furent administrés
par un de ses anciens camarades de théâtre,
qui était entré dans l'ordre des Dominicains*
L'artiste célèbre. expira le 23 janvier 1858. Son
corps fut rapporté à Paris et inhumé à Mai-
sons-Laffitte. Lablache avait deux sœurs : L'aînée
devint marquise de Braida , l'autre fut abbesse
de Sessa. De ses nombreux enfants , l'aîné des
fils suivit la carrière du théâtre, et fut chanteur
et acteur médiocre : le plus jeune, ancien élève
de l'École polytechnique, est devenu officier dans
l'armée française. Une des filles du grand chan-
teur est femme du célèbre pianiste Thalberg. On
a de Lablache une Méthode de chant publiée à
Paris, chez M">« V e Canaux. Cet ouvrage ne ré-
pond pas à ce qu'on pouvait attendre de l'habi-
leté et de l'expérience de l'auteur.
LABORDE (.ïean-Baptiste). Voy. BORDE
(LA)*
LABORDE (Jean-Benjamin DE). Voy. BOR-
DE (DE LA).
LABORDE (Le comte ALexanwie-Lolis-Jo-
seph DE)» né à Paris, le 15 septembre 1774, a
été successivement auditeur au conseil d'État
(en 1808), maître des requêtes (en 1810), ad mi*
nistrateurdes ponts et chaussées du département
de la Seine (en 1811), adjudant-major de la
garde nationale (en 1814), maître des requêtes
en service ordinaire (en 1810), puis (1838) mem-
bre de la Chambre des députés, aide de camp du
roi , de l'Institut de France (Académie des ins-
criptions et belles-lettres), et de plusieurs autres
sociétés savantes. Après avoir fait ses études au
collège de Juilly, il suivit ses parents dans l'émi-
gration , et servit en Allemagne dans le9 dragons
de Kinsky. Rentré en France après le traité de
Campo-Formio, il se livra à la culture des leltres
et des arts, fit des voyages en Italie et en L*pa-
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152 LA BORDE — LACÉPÈDE
gne, et publia le résultat de ses recherches dans caprice; mais il assure que cet événement le
des ouvrages de luxe, dont l'examen n'est pas » dégoûta dd théâtre, et qu'il prit la résolution de
l'objet de cette biographie. Il n'est cité ici que ne plus écrire que de la musique instrumentale,
pour une Lettre à madame de Genlis, sur. les I 11 parait qu'avant cet événement il avait composé
sons harmoniques de la harpe; Paris, 1806, ' plusieurs opéras qu'il destinait à succéder a Om-
in-12. L'auteur de cette brochure prétend que j phale, cardans l'Avant-Propos de sa Poétique
les sons harmoniques tirés de la harpe par M. Ca- ! de la musique (imprimée en 1785), il dit : « J'i-
simir Becker, élève de madame de Genlis, sont I « gnore quelle sera la destinée des tragédies lyri-
un effet renouvelé de la musique des Grecs, et i « ques que j'ai mises en musique, etc. » Il ne
que ceux-ci suppléaient par ce moyen a l'insuf- j parait pas que sa résolution ait été inébranlable,
fisance du nombre des cordes de la lyre. Cette ! car en 1786 il lit recevoir deux autres opéras
thèse ne peut soutenir un examen sérieux. ' (Scanderbrç et Alcine) qui n'ont pas été re-
LACASSA.GNE (L'abbé Joseph DE). Yoy. . présentés. Beffara, dans ses recherches 6url'Aca-
CASSAGNE (DE LA). demie royale de musique, assure que M. de La-
LACENY (Oudaat DE), poëte et musicien cépède composa aussi les paroles et la musique
du treizième siècle, vivait en 1260. Les inanus- ! d'un grand opéra dont le sujet était pris dans
crils de la Bibliothèque impériale nous ont con- ! l'histoire de la Perse, et qu'il en écrivit plusieurs
serve trots chansons notées de sa composition, j autres, parmi lesquels il s > en trouvait trois dont
LACEPEDE (Le comte Bebnard-Geiwain- i les paroles étaient de Paganel. Tout cela est
Etienne LAVILLE DE), né d'une famille noble, resté inédit, et sans doute il n'en est résulté au-
à Agen, le 26 décembre 1706, fit ses premières cun dommage pour la gloire de Fauteur, car les
éludes dans celte ville. Les livres de Buflon, j amis du comte de Lacépède ont toujours consi-
qu'on lui mit entre les mains dès son enfance , J déré ses prétentions à la composition comme un
lui inspirèrent un goût passionné pour, l'histoire i travers. Cependant on assure qu'il y a des beau-
naturelle. 11 partagea son temps entre l'étude de ' tés dans une messe de Requiem qu'il a laissée
cette science et celle de la musique, qui avait * en manuscrit, et Ton dit qu'après avoir entendu
aussi pour lui beaucoup d'attrait. Quelques ! une autre production musicale de sa façon, Gré-
années d'un travail assidu lui firent acquérir de try le félicita en l'embrassant. Quoi qu'il en soit,
L'habileté sur plusieurs instruments ; puis il se il est certain que s'il ne se distingua point par
livra à l'étude de la composition. Avant l'âge de \ le talent, il eut du moins une singulière fécon-
v-ingt ans, il était occupé à écrire une musique dite, car, outre les ouvrages qui viennent d'être
nouvelle pour l'opéra d'Armide; mais ayant cités, il a écrit cinq œuvres de sonates, dont
Appris que Gluck refaisait cet ouvrage, il aban- I deux ont été publiés à Paris chez Boyer, plu-
donna son travail. Quelques expériences sur t'é- i sieurs symphonies à grand orchestre, trois sym-
lectricité l'avaient mis en relation avec Buffon;
H en reçut des encouragements qui le décidèrent
a se rendre à Paris. Accueilli avec bienveillance
par l'éloquent auteur de VHistoire naturelle,
phonies concertantes pour des instruments à
vent, qui ontété exécutées aux séances publiques
de l'Académie des beaux-arts et de la Société
philotechniqiie, cinquante-quatre sextuors pour
il ne fut pas moins bien traité par Gluck, dont il I deux violons, deux violes et deux violoncelles;
était admirateur enthousiaste. Les éloges qu'il
en reçut lui persuadèrent qu'il lui serait donné
de marcher sur les traces de l'un et de l'autre,
et lui firent prendre la résolution de se parla-
enfin, une suite de tableaux en musique -instru-
mentale descriptive, où il avait voulu exprimer
toutes les situations du roman de Télèmaque,
afin de réaliser les théories de sa Poétique de la
ger désormais entre l'étude de la musique et j musique. Ce dernier ouvrage a été publié à Paris,
celle de ia nature. Ce fut alors qu'il prit des I en 1785 (2 vol. in-8°).
leçons de Gossec pour le contrepoint et qu'il j Admirateur de la musique de Gluck, le comte
suivit les cours de Daubenton , au Jardin des de Lacépède s'était pénétré des idées de ce grand
Plantes. Le premier fruit de ses travaux dans artiste concernant l'expression dramatique. Il en
la composition fut un opéra d'Omphale. Lacé- expose la théorie dans le deuxième livre de son
pède attendit deux ans après la mise en scène de ! ouvrage. Le reste est consacré à ses vues particu-
eet ouvrage; enfin le jour de la répétition gêné- ' lières sur l'imitation, qu'il considère comme l'objet
raie arriva (en 1771). Tout semblait présager un . principal de la musique en général. Dans les com-
beati succès, dit lui-même Lacépède, mais leca- positions de musique religieuse et instrumentale,
price d'une actrice (vraisemblablement M"" Saint- . il demande avant tout des tableaux : c'est le sys-
Huberty) fit suspendre indéfiniment lareprésen- tème de la musique descriptive, reproduit plus
tation. Il n'explique pas ce qui fit naître ce ! tard dans les Essais de Grétry ; système essen-
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LACÉPÈDE — LACHNER
153
faux, qui a toujours eu des prosélytes
chez les Français.
Après afoir été jusqu'à l'époque de la révolu-
tion française garde des cabinets du Jardin du
Roi à Paris, le comte de Lacépède débuta dans la
carrière politique par l'emploi d'administrateur
do département de Paris, et Tut nommé par cette
fille député à l'Assemblée législative. En 1796
il entra à l'Institut de France, dans l'Académie
des sciences. Appelé par l'empereur Napoléon au
sénat conservateur, il en devint le président en
1801. L'ordre de le Légion d'honneur ayant été
institué en 1803, il en fut fait grand chancelier,
et il obtint en 1804 la sénatorerie de Paris. La
restauration lui laissa une partie de ses honneurs
et de ses emplois : une ordonnance royale rap-
pela à la pairie le 4 juin 1814; mais après les
événements de 1815 il rentra dans la vie privée,
et reprit ses travaux scientifiques. Il est mort de
la petite vérole, à Épinay, près de Saint-Denis, le
6 octobre 1825. Ce savant a acquis beaucoup de
célébrité par ses travaux sur l'histoire naturelle,
particulièrement par ses Histoires des quadrupèdes
ovipares, des reptiles et des poissons, dont on a
fait plusieurs éditions, et qui ont été traduites en
diverses langues.
LACHANTERIE (Mue Elisabeth), élève
de Couperin , eut un talent distingué sur l'orgue
et le clavecin. Elle était en 1770 organiste de
l'église Saint-Jacques de la Boucherie. On a gravé
à celte époque deux concertos pour clavecin
de sa composition, avec accompagnement d'or-
chestre.
LA CHAPELLE (A. DE); sous ce nom
d'un musicien inconnu, on a un ouvrage intitulé :
Les vrais principes de la musique exposés par
gradation de leçons; Paris, veuve Boivin, 1736
et années suivantes, 3 parties in-4°.
LACHER (Joseph), maître de chapelle à
Kempten, et virtuose sur le hautbois , la clari-
nette et le cor anglais, naquit à Haustetten, près
d'Augsbourg, le S novembre 1739. Fils d'un
pauvre ménétrier de village, qui jouait bien du
hautbois et de la clarinette , quoiqu'il ne sut pas
lire la musique , il en reçut des leçons de violon
à Tige de sept ans. Plus tard, il apprit aussi à
jouer du hautbois, et peu de temps lui suffit pour
le mettre en état d'aider son père dans ses occu-
pations. Dans le désir de s'élever au-dessus de sa
condition , il acheta la Méthode de violon de Léo-
pold Mozart, dont il apprit les exercices; puis il
se procura un basson du musicien de la ville
d'Augsbourg, et par une étude constante il ac-
quit beaucoup d'habileté sur cet instrument.
Admis en qualité de bassoniste dans la musique
du régiment impérial de Migaxzi, il fut envoyé en
garnison à Manheiro. Un médecin de cette ville,
amateur de musique distingué , qui avait étudié
la composition chez le maître de chapelle Cam-
merioher, devint ami de Lâcher et lui enseigna
les éléments de l'harmonie et du contrepoint.
Après trois ans de séjour à Manheim , celui-ci
abandonna son régiment et retourna à Augsbourg,
où Giulini lui procura un emploi dans la musique
de la cathédrale. Deux ans après, Lâcher entre-
prit un voyage en Suisse et sur les bords du Rhin :
il se fit entendre avec succès dans quelques con-
certs sur le hautbois et le cor anglais, puis entra au
service de quelques grands seigneurs, et Tut enfin
placé, en 1779, en qualité de maître de chapelle
au couvent de Kempten. Après avoir rempli
ces fonctions pendant plus de vingt-cinq ans , il
mourut dans les premières années du dix-neu-
vième siècle. Cet artiste a beaucoup écrit pour
divers instruments, entre autres des concertos
pour basson, hautbois, cor anglais , clarinette et
violon , ainsi que des quatuors, quintettes et oc-
tuors pour divers instruments ; mais aucun de
ces ouvrages n'a été publié.
LACHMANN (Charles), célèbre philolo-
gue, naquit à Brunswick, le 4 mars 1793. Après
avoir fréquenté l'université de Leipsick , il alla
terminer ses études à Gœttingue, où il suivit les
cours du savant helléniste Heirmann. Il était âgé
de vingt ans lorsqu'il s'engagea dans les chasseurs
prussiens, en 1813, à l'époque du soulèvement
général de l'Allemagne contre la France. Après
la paix de 1814, il rentra dans la vie civile et re-
prit ses travaux d'érudition. En 1827, la chaire
de littérature grecque à l'université de Berlin lui
fut donnée, et l'Académie royale de cette ville
l'admit au nombre de ses membres en 1830. Ce
savant 'est mort à Berlin, le 13 mars 1851. Au
nombre de ses ouvrages, on remarque un très-
bon livre intitulé : De Chorels systemaiis tra-
glcorum grœcorum libri IV; Berolini, 1819,
un vol. in-8°.
LACHNER (François), maître de chapelle
du roi de Bavière, est né le 2 avril 1804, à Rain,
petite ville de ce royaume, où son père était or-
ganiste. Dès ses premières années, on lui enseigna
la musique, et ses progrès furent si rapides,
qu'il fallut bientôt songer à lui donner des maîtres
ni us habiles. On l'envoya d'abord à Neubourg, où
il fréquenta le gymnase (collège), et reçut des
leçons d'harmonie, d'orgue et do piano; puis il se
rendit à Munich, où il vécut quelque temps en
donnnant des leçons. Déjà son instruction était
étendue en théorie et dans la pratique de l'art ;
toutefois , 11 crut qu'il lui restait beaucoup à ap-
prendre, et il parlit en 1823 pour Vienne, où il
espérait rencontrer des occasions favorables au
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151
LAGIINER
développement de son talent : son attente ne fut
pas trompée, car il se lia d'amitié avec les artistes
les plus distingués de la capitale des États autri-
chiens, particulièrement avec l'abbé Stadler et
Simon Secliter, dont les conseils ioi furent utiles.
Ce fut alors qu'il lut avec avidité tout ce qu'on
avait écrit de meilleur sur la théorie , la pratique
et l'esthétique de Part; son goût et son jugement
se formèrent sur les meilleurs modèles ; enfin, au
talent d'habile exécutant sur l'orgue , le piano et
le violon, à celui de compositeur distingué, il
joignit bientôt le mérite d'une érudition musicale
étendue. Dans un concours pour la place d'orga-
niste de l'église évangélique de Vienne , il l'em-
porta sur trente compétiteurs; mais il ne garda
pas longtemps cette position, car il la quitta
l'année suivante pour celle de directeur de mu-
sique an théâtre de la Porte de Carinthie. En
1834 il donna sa démission de re dernier emploi
pour celui de maître de chapelle de la cour du-
cale à Maniieim. Le plus brillant accueil lui fut
fait dans cette ville , où il célébra son arrivée
par l'exécution de sa troisième grande symphonie.
En 1835, un concours ayant été ouvert à Vienne
pour la meilleure symphonie, Lachner en a écrit
une qui a pour titre : Sinfonia passionata, et
l'a envoyée au jury chargé de prononcer sur le
mérite des concurrents. ! Le premier prix lui a
été décerné; M. Strauss, maître de chapelle à
Carlsrnhe , a obtenu le second. Les deux
ouvrages couronnés ont été publiés. Lachner
n'avait pas encore terminé sa symphonie, lors-
qu'il reçut sa nomination de maître de chapelle
du roi de Bavière, et il partit pour Munich, lais-
sant à son frère son emploi de directeur de mu-
sique à la cour de Maniieim. Sous sa direction,
l'orchestre du théâtre royal de Munich est devenu
l'un des meilleurs de l'Allemagne. En 1852, le
roi de Bavière l'a élevé au rang de directeur gé-
néral de sa chapelle et de la musique de chambre.
Avant que Lachner eut été installé à Munich,
la plupart de ses grandes compositions n'avaient
été entendues qu'à Vienne , où elles jouissaient
de beaucoup d'estime. Parmi les principaux ou-
vrages de cet artiste, on cite : 1° Les Quatre Ages
de Vhonune, oratorio. — 2° Moïse, idem. —
3° Première symphonie à grand orchestre, en mi
bémol. — 4° Deuxième idem (en fa). — 5° Troi-
sième idem (en ré mineur); — G° Quatrième
idem, Sinfonia passionata (en mi majeur) :
couronnée à Vienne. — 7° Cinquième symphonie
(en ut mineur ). — 8° Sixième idem (en ré). Ces
ouvrages onlété publiés à Vienne, chez Diabelliet
Haslinger ; ils ont été exécutés avec succès et
ont reçu l'approbation des artistes à Vienne, Man-
iieim , Francfort, Leipsick , Berlin et Munich.
Les antres compositions de Lachner sont.
1° Des ouvertures de concert exécutées à Vienne
et dans plusieurs autres villes de l'Allemagne. —
2° Un quintette pour des instruments à cordes.
— 3° Trois quatuors idem, op. 75, 7C et 77. —
4° Deux quintettes pour .des instruments à vent.
— 5° Une sérénade pour quatre violoncelles. —
6° Une élégie pour cinq violoncelles, sur la mort
de Beethoven. — 7° Deux andante pour 4 cors,
2 trompettes et 3 trombones. — 8° Deux concertos
de harpe, exécutés dans les concerts de Vienne;
— 9°Concertino pour basson. — 10° Trois trios
pour piano, violon et violoncelle. — 11* Sonate
pour violon et violoncelle, op: 14; Vienne, Me»
chetti. — 12° Grande sonate pour piano à quatre
mains, op. 20 ; Vienhe, Leidesdorf. — 13° Deux
grandes sonates pour pfano seul, op. 25 et 27;
I Vienne, Pennauer et Mechetti. — M^Denxnor-
tnrnes à 4 mains pour le même instrument, op. lî
et 22; Vienne, Pennauer. — 15° Des rondeaux
brillants idem, op. 8 et 17. — 16° Des caprices
et des marches à 4 mains. — 17° Introduction et
variations brillantes sur un thème original,
op. 15. — 18° Trois grandes sonates et deux fugues
pour l'orgue. — 19° Des préludes, fugues et ca-
nons idem. — 20° Un noneito pour des instru-
ments à vent. — 21° Plusieurs cantates de cir-
constance avec orchestre. — 22° Trois messes
solennelles avec orchestre. — 23° Des offertoi-
res, hymnes, psaumes et graduels, idem. —
24° Des chants allemands avec piano, op. 33, 48,
49, 56, 62 et 63. — 25° Des chants pour 4 voix
d'homme. Lachner a écrit pour le théâtre :
A lidia, grand opéra en trois actes, représenté arec
un brillant succès à Munich, le 12 avril 1839;
Die Burgschaft (La Caution), grand opéra en
trois actes, joué dans la même ville en 1834 ; Ca-
therine Cornaro ( sujet de la Heine de Chy-
pre), grand opéra joué à Munich, Vienne, Berlin,
Francfort, Maniieim, Bruxelles, et partout ap-
plaudi; l'ouverture et les entr'acles du drame
intitulé Lantissa, représenté à Vienne, en 183^-
Le dernier ouvrage dramatique de ce composi-
teur, Bcvenuto Cellini, a été représenté à Mu-
nich avec succès.
Lachner est, à juste titre, considéré en Alle-
magne comme un des artistes les plus recom-
mandâmes de l'époque actuelle, soit comme com-
positeur, soit comme directeur de musique. Son
talent est sérieux, solide, et appartient aux meil-
leures traditions de l'ancienne école, qui malheu-
reusement s'effacent dejour en jour dans sa patrie
LACHNER (Icnace), frère du précédent. di-
recUurde musique de la cour à Stuttgard, est ne
à Rain,le 11 septembre 1807. Destiné d'abordàla
carrière de l'enseignement, il fit ses humanilés au
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LACHNER — LACHMTH
155
gymnase de Neubourg ; mais il cultiva aussi la
musique et apprit à jouer du piano, de l'orgue, et
surtout du violon, sur lequel il acquit beaucoup
d'habileté. Parvenu à Page de quatorze ans, il prit
la résolution de se vouer spécialement à la culture
de l'art, et se rendit à Munich pour y acquérir
une éducation musicale sous les meilleurs maîtres.
Il était âgé de quinze ans lorsqu'il entra comme
violoniste à l'orchestre du Théâtre-Royal. Après
avoir occupé cette position pendant quatre ans,
il se rendit a Vienne, où l'appelait son Çrère Fran-
çois, qui devint son maître d'harmonie et de con-
trepoint. Dès ce moment, toutes les études
d'Ignace Lachner se tournèrent vers la compo-
sition. Un an après son arrivée à Vienne, il obtint
la place d'organiste de l'église réformée, et fut
attaché comme violoniste à l'orchestre du théâtre
impérial de l'Opéra, dont il devint ensuite se-
cond chef et enfin premier. En 1831, il accepta
la place de directeur de musique dans la chapelle
du roi de Wurtemberg. Il a fait représenter an
théâtre royal de Stuttgard, en 1847, l'opéra in-
titulé Der Geisterthurm (La Tour des reve-
nants), et deux ans après Die Regenbruder
(Les Frères de la pluie) : ces ouvrages ne réus-
sirent pas ; mais on attribue leur chute en Alle-
magne à la stupidité des livrets. Lachner a écrit
aussi des ouvertures et des entr'actes pour plu-
sieurs drames, quelques ballets, une symphonie,
des quatuors pour instruments à cordes, des so-
nates de piano, des pièces de concert pour plu-
sieurs instruments, et une grande quantité de
chansons allemandes avec piano. Son chant sur
les paroles Ueberall Du! (Toi partout! ), avec
cor obligé, a eu un succès de vogue. On connaît
aussi de cet artiste une Messe à 4 voix, orgue et
instruments à vent; Stuttgard, Haydn.
LACHNER (Vincent), autre frère de Fran-
çois, est né à Bain, en 1811. Destiné, comme
son frère Ignace , à l'enseignement, il fut envoyé
à Augsbourgà l'âge de quatorze ans, pour y suivre
les cours du gymnase. Déjà il avait de l'habileté
sur le piano et sur le violon ; mais il ne cultivait la
musique que comme le complément d'une bonne
éducation. Il était âgé de dix-sept ans lorsqu'il
fut engagé comme précepteur dans une famille
noble de Pologne qui résidait à Coscew il z. Obligé
d'y faire usage de ses connaissances en musique
pour ses élèves , il sentit alors se développer son
penchant pour cet art, et l'étudia avec plus de zèle
qu'il ne l'avait fait jusqu'alors. La lecture des
traités d'harmonie et de contrepoint , et surtout
l'étude des partitions des meilleurs maîtres furent
les sources oh il puisa son instruction dans l'art
décomposer. Lorsque son frère Ignace fut appelé
de Vienne à Stuttgard, il alla le remplacer dans
les emplois d'organiste de l'église réformée et du
violoniste au théâtre de l'Opéra impérial. En 1838
il fut appelé à Manheim pour y diriger la mu-
sique de la chapelle et du théâtre. C'est dans
cette ville qu'il a écrit la plupart de ses compo-
sitions. On a de lui plusieurs grandes sympho-
nies, un quintette pour instruments à cordes,
considéré comme une production fort remarqua-
ble, un quatuor pour piano, violon, alto et basse,
op. 10; des pièces pour le piano, beaucoup de
Lieder,etàe* chants pour quatre voix d'homme.
M. Lachner est l'âme de la musique à Manheim.
L'aîné des frères Lachner (Théodore), né à
Rain, en 1798, est bon organiste, professeur de
musique recherché, et occupe au théâtre de Mu-
nich la place de répétiteur. On ne connaît aucun-
ouvrage de sa composition. Il a arrangé pour le
piano la partition de Macbeth, opéra de Che-
lard, publiée à Munich chez Falter.
Deux sœurs de ces artistes, Thekla, née à
Rain, en 1803, et Christine, qui vit le jour dans-
la même ville, en 1805, ont cultivé aussi la mu-
sique avec succès. L'aînée était en 1841 orga-
niste de l'église Saint-Georges, à Augsbourg ; et
l'autre enseignait le piano et était organiste de
l'église de sa ville natale.
LACHN1TH (Louis-Wenceslas), fils de
François Lachnith, bon musicien attaché à l'é-
glise des Jésuites de Prague, naquit en cette ville,
le 7 juillet 1746, et non en 1756, comme il est dit
dans le Dictionnaire historique des musiciens de
Choron et Fayolle, et dans la Biographie uni-
verselle des contemporains. Après avoir 'appris
de son père les éléments de la musique, il prit
chez différents maîtres des leçons de violon , de
clavecin et de cor; ce dernier instrument fut celui
sur lequel il acquit le talent le plus distingué.
D'abord employé dans la musique du duc de
Deux -Ponts, non en qualité de maître de cha-
pelle , comme on le dit dans tes ouvrages cité»
précédemment, mais comme simple musicien , il
se rendit à Paris en 1773, y perfectionna son jeu-
sur le cor, sous la direction de Rodolphe, el se
fit entendre plusieurs fois avec succès au concert
spirituel. Sa mauvaise santé l'obligea ensuite à
cesser de jouer de cet instrument. Philidor de-
vint son maître de composition en 1776. Vers le
m$me temps il commença à se faire connaître
comme professeur de clavecin, et forma de bons
élèves. Ses premières productions pour le théâtre
furent •• 1° L'heureux Divorce, ou la Réconci-
liation, opéra-comique en nn acte, représenté le
25 juin 1785. — 2° U Antiquaire, parodié sur la
musique d'Anfossi, au théâtre de Monsieur, en
1789. — 3° Eugénie et TJnrat, ou le m au vais
fils, en deux actes, au théâtre Montansier, 1798.
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lofi
LACHNITH — LACOMBE
Plus lard Lachnith écrivit pour l'Opéra un grand
ouvrage en trois actes intitulé : Les Fêles lacé-
démoniennes ,• mais il ne put jamais en obtenir
la représentation. Ses autres travaux dramati-
ques n'ont consisté qu'en pastiches et traduc-
tions. C'est ainsi qu'il a dénaturé La Flûte en-
chantée, de Mozart, dans une monstrueuse com-
pilation intitulée : Le* Mystères d'Isis. Saùl et
la Prise de Jéricho, pastiches du même genre,
ont été arrangés par lui, en collaboration avec
Kalkbrenner (père), sur des morceaux puisés
dans les œuvres des maîtres les plus célèbres.
Lachnith a écrit pour la musique instrumentale :
1° Six symphonies à grand orchestre pour les
concerts de la Loge olympique; elles sont restées
en manuscrit. — 2° Six symphonies à 10 parties,
op. 1 ; Paris, Sieber. — - 3° Trois idem, op. 4 ;
ibid. — 4° Trois idem, op. 1 1 ; ibid. — - 5° Six qua-
tuors pour 2 violons, alto et basse, op. 7; ibid.
— 6° Six idem pour deux violons, alto et basse,
non publiés. — 7° Six trios pour deux violons et
basse; ibid. — 8° Trois concertos pour cor et
orchestre, inédits. — 9° Trois trios pour cla-
vecin, violon et violoncelle, op. 2; Paris, Boyer.
— 10° Six sonates pour clavecin et violon, op. 3 ;
Paris, Sieber. — 11° Sjx idem, op. 14; ibid.
— 12° Six idem, op. ta; ibid. — 13° Trois idem,
op. 16; ibid. — 14° Trois idem, op. 20; ibid. —
15° Plusieurs pièces détachées pour le piano et
pour la harpe. — 16° Méthode ou principe gé-
néral du doigter pour le forte-piano (avec
Adam); Paris, Sieber. Il a aussi arrangé huit
œuvres de quatuors de Pleyel pour piano, violon
et violoncelle. Lachnith est mort à Paris, le 3 oc-
tobre. 1820, à ''âge de soixante-quatorze ans,
LACHNITH (Antoine), frère du précédent,
a été confondu avec lui par l'auteur de l'article
inséré dans le Lexique universel de musique pu-
blié par le docteur Schilling. Celui-ci fut d'à*
bord musicien de chambre à Deux- Ponts,
comme son frère, puis retourna à Prague en
1799, et fut employé dans la musique de la ca-
thédrale de cette ville, en qualité de trompet-
tiste. 11 jouait bien du clavecin, et il a laissé en ma-
nuscrit quelques œuvres de trios et de sonates
pour cet instrument. Il est mort à Prague, vers 1796.
LACKMANN (Adam-Henri), savant philo-
logue, né en 1694, à Weningen, dans le duché
deLauenbourg, fut professeur d'histoire à l'univer-
sité de Kiel, et premier assesseur du consistoire,
dans le duché de Holstein. II mourut à Kiel, le
17 août 17&3. Parmi ses nombreux et savants ou-
vrages, on en trouve un qui a pour titre : Ge-
danken ueber das bey Tondern gefundene
golden Horn (Pensées sur le cor d'or trouvé
près de Tondern); Hambourg, 1735, in 4°.
LACODRE (M.-S.). Voy. BLIN.
LACOMBE (Jacques), né à Paris, en 1724,
fut d'abord avocat, puis se fit libraire en 1766,
et fut chargé pendant plusieurs années de la pu-
blication du Journal des savants et du Mer-
cure. Des entreprises trop considérables aux-
quelles il se livra dérangèrent sa fortune, et Je
conduisirent, en 1778, à une faillite de 500,000
francs. Il mourut à Paris, à Page de quatre-vingt-
sept ans, le 16 juillet 181 1. Choron et Fayolle ont
dit dans leur Dictionnaire historique des mu-
siciens que Lacombe était le beau-père de Gré-
try ; ils ont été trompés par de faux renseigne-
ments, car il était le beau-frère de ce composi-
teur. Lacombe a publié un grand nombre d'ou-
vrages, dont la plupart sont des compilations.
On trouve des observations sur la musique dans
ceux dont les titres suivent : Dictionnaire por-
tatif des beaux-arts, Paris, 1752 ; réimprimé
en 1753 et en 1759; traduit en italien, Venise,
1758, in-8 .— 2° Le Spectacle des beaux-arts,
Paris, 1758, 1 vol. in- 12; réimprimé en 1762. .
LACOMBE (Louis BROUILLON), pia-
niste distingué et compositeur, est né à Bourges
(Cher), le 26 novembre 1818. Il reçut de sa mère
les premières leçons de musique. A peine âgé de
sept ans, il joua du piano dans un concert donné
au théâtre pour les incendiés de Salins. En 1828,
son père alla s'établir à Paris, afin que son fils
pût y développer son talent naissant. Admis au
Conservatoire de Paris, le 10 avril 1829, le jeune
Lacombe y fut élève deZimmerman pour le piano,
et obtint le premier prix au concours de 1831 ,
avant d'avoir accompli sa treizième année. Il sor-
tit de cette école le premier octobre 1832, et bien-
lot après il entreprit avec son père, sa mère, et s%
sœur (Félicie Lacombe), devenue son élève, un
voyage en France, en Allemagne, recueillant par-
tout des applaudissements accordés à son talent
précoce. Arrivé à Yienne, Lacombe développa
ce talent sous le rapport du mécanisme par les
leçons de Charles Czerny, et apprit, sous la di-
rection de Fischoff, à interpréter les œuvres
classiques de Haydn, de Mozart, de Haendel, de
Bach et de Beethoven. L'instruction du jeune ar-
tiste se compléta dans l'harmonie et le contre-
point, dont il fit un cours chez Simon Sechter ;
le maître de chapelle Seyfried lui enseigna la
facture de la fugue et l'instrumentation Ce fut
à Vienne que le jeune Lacombe écrivit ses pre-
mières compositions, lesquelles consistaient en
quelques morceaux pour le piano, et deux ouver-
tures pour l'orchestre. Après plusieurs années de
séjour dans cette ville, il reprit le cours de ses
pérégrinations avec sa mère et sa sœur, en 1840,
visita Dresde, ta Saxe, les villes du Rhin, et ren-
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LACOMBE — LACROIX
i:>7
tra à Paris à ta fin de cette même année. Depuis
cette époque jusqu'en 1842, il publia quelques
œuvres brillants et gracieux pour le piano qui
furent bien accueillis, un quintette en fa dièse
mineur, un trio en ré mineur pour piano, violon
et violoncelle, et des études. Jugeant toutefois que
ses études de composition n'avaient pas été com-
plètes, il prit des leçons de M. Barbereau pour
l'harmonie, lut et médita les traités de contrepoint
de Cherubini et de Paufeur de cette notice, et
acheva avec courage cette nouvelle excursion dans
le domaine de la science.
Marié à vingt quatre ans à une femme qui pos-
sédait une modeste aisance, Lacombe put se livrer
avec plus de liberté à la composition : c'est alors
que parurent Les Harmonies de la nature, pour
piano, la grande étude en octaves, le second trio
pour piano, violon et violoncelle (en la mineur),
supérieur au premier sous le rapport du dévelop-
pement des motifs et de la facture, ainsi que
quelques pièces de moindre importance. Le 21
mars 1847 il donna dans la salle du Conservatoire
un concert où Ton exécuta une ouverture de
sa composition, plusieurs morceaux de chant,
dont un (L'Ondine et le Pécheur) a obtenu un
succès de vogue, et une symphonie dramatique
intitulée Manfred, qui appartient au genre des-
criptif et scénique par lequel Berlioz, Félicien Da-
vid, M. Douay et quelques autres compositeurs
ont entrepris de donner une direction nouvelle
à Paît. Déjà M. Lacombe avait fait entrevoir son
penchant pour ce genre dans une ouverture qui
avait pour titre Mitternacht (Minuit), et qui fut
exécutée à Dresde en 1840, dans un concert qu'il
y donna. Le 26 mars 1859, une autre symphonie
dramatique de Lacombe , intitulée Arva, ou les
Hongrois, fut exécutée dans on second concert
donné par lui. La marche des Racoleurs, tirée
de cet ouvrage, et arrangée pour piano, à deux
et à quatre mains , a été publiée chez Heugel à
Paris. A l'exception de quelques fragments
d'une Épopée lyrique, qui ont été exécutés aux
concerts de la Société de Sainte - Cécile ,
sous la direction de M. Seghers, et de la Société
des jeunes artistes , dirigée par M. Pasdeloup,
aucun grand ouvrage du genre de Manfred et
d 7 Arva y composé par Louis Lacombe, n'a été
entendu après ceux-ci, quoiqu'il ait beaucoup
écrit. Ce n'est qu'au prix de grands sacrifices
qu'un compositeur peut se donner la satisfac-
tion d'entendre ses productions lorsqu'elles ont
des proportions gigantesques d'orchestre et de
chœurs ; car elles occasionnent des dépenses con-
sidérables pour les répétitions et l'exécution.
L'exagéré est la maladie des artistes de l'époque
actuelle : ils ne peuvent se décider à rester dans
des limites plus modestes, parce qu'ils se persua-
dent que Veffort est le génie. M. Louis Lacombe
a fdit représenter au Théâtre-Lyrique, le 16 jan-
vier 1861, un opéra-comique en un acte, intitulé
La Madone, où les proportion) de la musique
étaient en désaccord avec la simplicité du sujet,
bien qu'il y eût du mérite dans la manière dont
la partition était écrite. On y remarquait l'er-
reur qui vient d'être signalée : la haine du
simple! Parmi le grand nombre de morceaux
de piano publiés par cet artiste estimable, on a
distingué particulièrement les œuvres qui ont
pour titre Deux nocturnes (op. 50) ; Marche
turque; Simples mélodies ; Larmes et souri-
res ; douze IAeder pour voix seule, avec àccom*
pagnement de piano.
LACOSTE (...). compositeur, entra à l'O-
péra de Paris, comme choriste, en 1693, et se
retira avec la pension en 1708. Il vivait encore
en 1757, suivant VHistoire du théâtre de l'A-
cadémie royale de musique, publiée par Durey
de Noinville, d'après les noies de Travenol
(2"« partie, page 20). Lacoste a composé la mu-
sique de plusieurs opéras représentés à Paris et
à Versailles. En voici la liste avec les dates :
FArtcie, opéra ballet en 5 actes, 1697. — 2° Phi-
lomèle, tragédie lyrique, représentée en 1705.
et reprise en 1709, 1723 et 1734. — 3° Brada*
mante, tragédie lyrique en 5 actes, 1707. —
<*° Creuse, en 5 actes, 1712. — 5° Télégone,
en 5 actes, 1725. — 6° Orion, en 5 actes, 1728.
— V> Biblis, en 1732. — 8° Pomone, pastorale
en 3 actes. Lacoste a publié à Paris un livre de
cantates à voix seule avec basse continue. Les
partitions de Philomèle, Brada mante, Té-
légone, Orion et Biblis ont été imprimées a
Paris, chez Ballard, dans les années de leur re-
présentation.
LACROIX (Antoine), violoniste distingué,
naquit en 1756, à Itemberville, près de Nancy,
Quelques biographes ont fixé par erreur la date
de sa naissance en 17t>5. Antoine Lorenziti,
maître de chapelle de la cathédrale de Nancy,
lui enseigna le violon et la composition. Arrivé
à Paris en 1780, il s'y fit entendre avec succès,
et bientôt il jouit de la réputation d'un artiste de
grand mérite. En 1784 il publia son premier œu-
vre, consistant en six sonates pour le clavecin,
avec accompagnement de violon obligé. Les évé-
nements de la révolution française le décidèrent
à s'éloigner de la France, vers la fin de 1 /92 il
alla se fixer à Brème , où s'étaient retirés plu-
sieurs émigrés français, qui l'accueillirent avec
faveur. En 1793, Lacroix entreprit un voyage
en Allemagne jet en Danemark , et partout il
donna des concerts qui le firent connaître avanta-
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LACROIX — LADURJSER
^eusement. Après avoir passé quelques années à
Leipsick, Hambourg cl Gotha, il obtint, en 1800,
sa nomination de directeur de musique a Lubeck,
où il passa le reste de ses jours. 11 est mort eo
-cette ville, vers la fin de 1812. Neuf ans aupara-
vant, il avait fondé une maison pour le com-
merce de musique. Homme d'esprit et de bon ton,
Lacroix s'était fait autant estimer par son ca-
ractère qu'admirer par son talent. Sa musique
n'a point eu à Paris le succès que son originalité
.aurait dû lui procurer; elle est plus connue des
Allemand* que des Français. On a de sa compo-
sition : 1° Duos pour 2 violons, op. 12, 14 , 15,
16, 18, 20 et 21 ; Paris, Pleyel ; Leipsick, Breit-
Jiopf el Hœrtel ; Brunswick, Spebr. —2° Quatuors
pour deux violons, alto et basse, op. 5, 13, 17;
Hambourg, et Brunswick. — 3° Sonates pour vio-
lon, avec accompagnement de basse, op. 3; Ham-
bourg, Boehme. — 4° Thèmes variés pour violon,
op. 6, 19 ; Hambourg, Bœhme ; Vienne , Cappi.
— 5° Sonates pour piano et violon, op. 1 , Paris,
Boyer. — 6° Thème varié pour piano seul. —
7° Plusieurs recueils de danses allemandes.
^.ACY (Ropuino), violoniste, né à Biibao, en
Espagne, le le juillet 1765, d'une famille anglaise,
est. fils d'un négociant établi dans ce pays. Dès
l'âge de cinq ans on lui enseigna à jouer du vio-
lon ; un an plus tard il exécuta un concerto de
Jarnowick au concert d'un violoniste italien,
nommé Andreossi. Devenu un de ces prodiges
de précocité qui souvent ne deviennent que des
artistes médiocres, il se fit admirer à la cour de
Madrid à un âge où d'autres ignorent encore les
éléments de la musique. Au commencement
•de 1802, on l'envoya commencer ses études au col-
lège de Bordeaux j il alla ensuite les achever dans
un lycée de Paris. Elles Turent brillantes, et des
prix lui furent décernés chaque année dans les
concours. Devenu élève de Kreutzer, il fit, sous
Ja direction de ce maître habile, de rapides progrès.
Au mois de janvier 1805, peu de temps après le
couronnement de Napoléon, il joua aux Tuileries
un solo de violon, où il excita l'élonnement. On
ne le connaissait alors que sous le nom du
petit Espagnol. De* spéculations malheureuses
ayant ruiné son père , celui-ci conduisit son
fils en Angleterre pour <>iui faire embrasser la
profession de musicien , et le confia aux soins
de Viotti. Le jeune artiste était alors âgé de dix
ans; il parlait avec une égale facilité l'anglais,
le français, l'italieu , l'espagnol, et connaissait
les éléments de la langue latine. Le patronage
des ducs de Galles et de Sussex fut le signal de
la protection que lui accorda toute la noblesse
de l'Angleterre, et ses concerts, qui furent donnés
Uans la salle û'Hannover square, eurent le
t plus brillant succès. A Dublin, il se fit entendre
; dans le premier concert que M""* Catalani y
j donna ; à Edimbourg, il joua dans ceux de Corri.
i Peu de temps après, son père lui fit abandonner
| la musique pour le théâtre, et le fit engager pour
les rôles comiques à Edimbourg, puis àGlascow,
; et enfin à Dublin. Vers le milieu de l'année 1818,
| on lui proposa de succéder à Yanevicz, comme
! directeur des concerts de Liverpool ; il accepta, et
j reprit son violon. De retour à Londres à la fia
j de 1820, il y eut l'emploi de compositeur de bal-
lets au Théâtre italien pour la saison de 1821 ;
mais des discussions avec le directeur lui firent
| abandonner celte place trois ans après, et re-
, prendre son emploi de chef d'orchestre à Liver-
| pool. On a publié de la composition de cet ar-
| liste plusieurs fantaisies pour le piano, sur des
[ thèmes d'opéras italiens, trois rondeaux brillants,
■ un quintette pour deux violons, alto et violon-
, celle, avec accompagnement de piano, et des
> chansons anglaises.
| LADURNER (Ignace- Antoine-François-
, Xavier), fils d'un organiste-instituteur, naquit à
I Aldein, dans le Tyrol, le 1 er août 1766, el entra
j à l'âge de dix ans au monastère de Benedict-
Bayern, pour y faire ses études. Après la mort
de son père, en 1782, il dut remplir les fonctions
de ses deux places, quoiqu'il ne fût âgé que de
seize ans. Devenu libre en 1784, ayant été rem-
placé par son frère, il se rendit à Munich pour y
faire sa rhétorique et continuer ses études musi-
cales. Peu de temps après il suivit une comtesse
j de Heiinhauen à Longueville, près de Bar-le-Duc,
i où elle possédait une propriété. Cette dame,
j pianiste distinguée, avait engagé Ladurner pour
; faire de la musique avec elle. Après deux ans de
! séjour chez elle, l'artiste se rendit à Paris, où il
! se fit bientôt connaître avantageusement comme
j professeur de piano et comme compositeur. Il
j arriva dans cette ville au mois de juillet 1788,
; et déjà son portrait était gravé en 1790, comme
celui d'un artiste célèbre. Fink, à qui l'on
I doit un article sur la famille ladurner t inséré
j dans le Lexique universel de musique publié
j par Schilling, dit que depuis le départ de ce-
I lui qui est l'objet de cette notice, il semble
avoir oublié les siens et son pays, n'ayant jamais
I écrit à sa famille pour l'informer de sa situa-
i tion. Ceux qui ont connu Ladurner ne seront
I point étonnés de ce silence, car peu d'artistes
, ont eu une existence aussi active que lui. I*
l nombre de ses élèves était si grand, pendant
quarante ans, qu'il employait à ses leçons près
i de quinze heures chaque jour. Parmi ses élèves,
i on compte M. Auber et Boely, pianiste et coni-
1 positeur distingué ( voy, ce nom). Frappé de pa
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LADURNER — LAEGEL
150
ralysie en 1836, il se retira dans sa maison, de
campagne, à Viiiain, commune de Massy (Seine- ,
et-Oise), où il mourut, le 4 mars 1839. 11 avait ;
épousé M lie Mussier de Gondrefille, qui s'était •
fait connaître comme violoniste distinguée, sous i
le nom de M 11 * de la Jonchère. Cette dame,
élève de Mestriao, brilla longtemps dans les :
concerts de Paris. Plus tard, elle fut nommée I
directrice de la maison royale de Saint-Denis, I
et mourut le 25 octobre 1823. Fink dit que les I
œuvres de Ladurner sont au nombre d'environ
quatre-vingts : son erreur est manifeste. Voici la
liste des ouvrages de cet artiste : 1° Trois sonates '
pour piano seul, op. 1; Paris, Naderman. — ,
2° Trois idem., op. 2 ; Paris, Leduc aîné. — 3° Mé- '
lange harmonique pour le piano, op. 3 ; Paris, {
Carli. — 4* Trois sonates pour piano seul, op. 4 ;
Paris, Naderman. — 5° Trois sonates pour piano \
et violon, op. 5; Paris, Carli. — 6° Sonate pour I
piano à quatre mains, op. 6 ; ibid . — 7° Trois so- {
nates pour piano et violon , op. 7 ; ibid . — 8° Trois j
caprices pour piano seul, op. 8; Paris, Leduc. I
— 9° Trois sonates pour piano et violon, op. 9;
Paris, Carli. — 10° Deuxième mélange harmonique
pour piano seul, op. 10; ibid.— 11° Trois sonates
pour piano seul, suivies d'un caprice, op. Il ; ibid.
— 12° Fantaisie pour piano seul, op. 12; Paris,
Michel Ozi. — 13° Trois divertissements, op. 13;
ibid. — 14° Trois thèmes variés pour piano seul,
op. 14; Paris. Carli. — 15° Six. airs variés, liv. 1
et 2, op. 16; ibid. — 16° Airs irlandais variés,
op. 17; ibid. — 17° Air des Tremble tirs varié,
op. 18; ibid. Ladurner a fait représenter au
théâtre de l'Onéra-Comique : 1° Wenzel, ou le
Magistrat du peuple, en un acte ; 1793. —
2° Les vieux Fous, en un acte; 1796.
LADURNER (Joseph- A lois), frère du pré-
cédent, né le 7 mars 1769, à Allgund, dans le
Tyrol, où son père s'était fixé deux ans aupara-
vant, a fait ses études sous la direction de son
oncle, professeur et prédicateur à Benedict-Bayern.
Dès Tage de quatorze ans il était assez avancé
dans son instruction pour être en état de rem-
plir les fonctions d'organiste et de maltre'd'école, i
devenues vacantes par la mort de son père. Il ,
occupa ces places pendant neuf ans. Pendant ce
temps il perfectionna son talent >ur le piano, en
jouant beaucoup les œuvres de Clementi, et il ■
acheva ses études dans la langue latine. En 1792 ;
il se rendit à Munich, où il fut admis au lycée
du Prince électeur : il y resta sept années, pen- |
dant lesquelles il suivit avec distinction les cours
de philosophie et de théologie. Pendant la der-
nière année, Joseph Gratz lui donna des leçons de
contrepoint. -Appelé à Rrixen en 1798, il y fut
d'abord collaborateur et secrétaire du consistoire
et chapelain de la cour. Il était encore plein
d'activité en 1835, et travaillait avec succès
comme compositeur de musique instrumentale et
religieuse. On a publié de sa composition :
1° Ecce sacerdos magnus, à 4 voix sans accom-
pagnement; Munich, Faiter. — 2° Graduel, idem ;
ibid. — 3° Offertoire, idem ; ibid.— 4° Seize va-
riations sur un thème pastoral, avec introduc-
tion et fugue pour le piano; ibid. — 5° Seize
variations sur une valse de Vienne ; ibid. —
6° Trente-deux cadences, avec modulations variées
sur une suite d'accords dans les 24 modes ; ibid.
>— 7° Fantaisie (en ut) pour les commençants ;
ibid. — 8° Fantaisie (en ré bémol majeur);
Mayence, Schott. — 9° Rondo à V anglaise pour
le piano; Munich, Faiter. — 10° Fantaisie, fu-
gue et sonate sur le thème d'une fugue de Haen-
del(en fa dièse mineur), ibid. Fink possédait en
manuscrit les ouvrages suivants du même ar-
tiste. — 11° Ave Maria à quatre voix sans ac-
compagnement. - 12° Salut a ris, idem. —
13° Le 94 e psaume : Venite exullemus, à 4
voix avec accompagnement d'orgue.
LAEGEL (Jean-Théophile) , né le 13 dé-
cembre 1777» à Flaessberg, près de Borna , dans
le royaume de Saxe , apprit de son père, pau-
vre musicien de village et maître d'école de l'en-
droit, les principes de la musique, du violon et
du piano. Un professeur, nommé Tetzel, qui
vivait dans le voisinage, le prit ensuite sous sa
direction et avança son instruction de telle sorte,
qu'il put entrer en troisième au collège d'Alleu-
bourg à l'âge de seize ans. Il y continua ses
études de musique dans le chœur dirigé par
Krebs, fils du célèbre organiste. Une troupe dra-
matique ambulante vint s'établir à Altenbourg ,
et y donna des représentations des opéras de
Mozart, qui commencèrent à former le goàt de
Laegel et augmentèrent son penchant pour la
musique. Vers le même temps il prit des leçons
de l'organiste Krebs, et fut choisi comme sup-
, pléant du canlor au choeur del'égbse principale.
En 1800, il était prêt à se rendre à l'université
de Leipsick, pour y faire des études de théologie,
lorsque la place de cantor à Weyda, dans le
Voiglland, lui fut offerte; il l'accepta, et entra
en fonctions après avoir passé un examen au
consistoire de Leipsick. Tous ses efforts se diri-
gèrent dès lors vers le développement de ses fa-
cultés musicales. Il établit des concerts dont il
fut le directeur , fonda une école de chant, et se
livra à l'enseignement ainsi qu'aux autres tra-
vaux de musicien avec une prodigieuse activité.
L'art musical lui dut de grands progrès dans, le
petit cercle où il était placé. Après douze ans de
séjour à Weyda, il accepta lecantorat d'Ëisennerg,
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1G0
L AEG EL — LAFAGE
qui lui fut offert ; mais il ne le garda que trois
aiw, parce #|ue la position plus avantageuse de
cantor et de directeur de musique à Géra devint
vacante en 18 15 et lui fut accordée. Il y est mort,
le 5 juin 1843. Les œuvres de Laeget sont au
nombre d'environ cinquante; on y remarque :
1° Trois sonates pour le piano, à quatre mains.
— 2° Canlate de Noël. — 3° Six chants à quatre
voix pour les sociétés de chant. — 4° Cantate
pour la fête de Pâques, publiée dans les archives
de Kalbitz. — 5° Cantate pour la fête de l'Ascen-
sion. — 6° Cantate pour la Pentecôte. Ces deux
dernières forment les premiers numéros d'une
collection d'environ dix morceaux pour l'église;
les critiques allemands en ont porté un jugement
favorable. — 7* Plusieurs oratorios.
LAELIUS (D.-Daniel), luthiste allemand,
vécut au commencement du dix-septième siècle,
ïl a fait imprimer un recueil intitulé : Testudo
spiritualis; Francfort, 1616, in-4*. Cet ouvrage
contient les psaumes de Lobwasser, arrangés
|K>ur le luth sur dea motets français à quatre
parties.
LAEMMENHIRT (G.), pianiste et com-
positeur, vivait vers la fin du dix-huitième siècle,
en qualité de précepteur, dans la terre du comte
d'Erbach. Il a publié de sa composition : 1° Grande
sonate pour piano et violon, op. i ; Offenbach ,
André, 1797. — 2° Deux sonates faciles à 4 maias
pour le clavecin, op. 2; ibid., \19S.
LAET (Jean), imprimeur de musique â An-
vers , naquit en cette ville, dans les dernières
années du quinzième siècle. Un des ouvrages les
plus rares sortis de ses presses est un recueil de
psaumes de David, en langue flamande, avec le
chant, publié sous ce titre : Souier Liedehens
ghemaechtUr eeren Gods, op aile diePsalmen
van David, tôt stichiinghc eneengheestelijcke
vermakinghe van allen christen menschen.
Gheprcnt Thantwerpen, in de Baye by Jan de
Laet; 1540, petit in-8°. Laet s'associa avec Hu-
bert Waelrant, vers 1545, et publia pendant cette ,
- association un nombre assez considérable d'ou-
vrages des compositeurs de cette époque, particu-
lièrement de musiciens belges.
LAET (Jacques de), en latin Laetius, savant
belge, né à Louvain, vers la fin du seizième siècle,
a écrit un éloge de la musique (Bncomium mu-
êices) imprimé à Maestricht. Lipenius ( Bibl ,
pag, 976), Swertius ( Athen. Belg. ), Yalère
André (Bibl. Belg. ) et Foppens ( Bibl. Belg. ),
qui ont cité cet ouvrage, ne font pas connaître
la date de l'impression.
LAFAGE (Pibbrbdb), musicien français,
né dans la seconde moitié du quinzième siècle,
et dont le nom est souvent écrit dans les anciens
recueils La Faghe, La Fague, et La Farge, se
doit pas être confondu avec Fougues, Fauques,
ou Fagus, ou La Fage ( Vincent ), autre musi-
cien, qui vécut dans la première moitié do même
siècle (voy. Favcies ). On ne sait rien de la vie de
cet artiste, mais on trouve sous son nom, dans le
deuxième livre des Motets de la Couronne,
imprimé a Fossombrone par Octave Petrucci, en
1 âl 9, le motet à quatre voix qui commence par
ces mots : Elisabeth ZacharUe. Pierre Ali-
gnant a inséré deux motets du même auteur (4 j-
pice. Domine, et Vide, Domine, afflictionem)
dans le onzième livre de sa collection de motets
à quatre et cinq voix intitulé : liber undecinm
XXVI musicales habet modulos quatuor et
quinque vocibus editos. Parrhisiis, in vko
Citharx prope sanctorum Cosmi et Damiani
templum* In xdibm Pétri Âttaignant, mu-
sice cakographi; 1534, in-4°, gotli. On trouve
aussi dea compositions de cet artiste dans le re-
cueil intitulé : Tomus secundus psalmoru»
selectorum quatuor et quinque vocum ; Norim-
berga, apud Jo. Petreium, anno 1539; dans le
Liber ter tins ; viginti musicales quinque, «r,
vel octo vocum mot et os habet, etc. ; Paris, At-
teignant, 1534, petit in-4° obi.; dans le liber
quartus; XXIX musicales quatuor vel quia-
que parium vocum modulos habet, etc. ; ibid.
1534; dans le quatrième livre des Motettidel
Flore à 4 voix, imprimé à Lyon chez Jacques Mo-
derne, en 1539; dans le Secundus liber cum
quinque vocibus de la même collection ; ibid.,
1533; enfin, dans le Quintus liber Motettorvm
quinque et sex vocum, etc. ; ibid., 1542.
LAFAGE (/cste-Adrien LENOIR DE), né
à Paris, le 27 mars 1805, fut enfant de choeur de
l'église Saint-Philippc-du-Roule dès l'âge desix
ans. Ses parents, qui le destinaient a l'état ecclé-
siastique, le placèrent au séminaire : il y com-
mença ses études ; mais, ne se sentant aucune vo-
cation pour entrer dans les ordres, il les inter-
rompit brusquement. On voulut alors le faire
entrer dans la carrière des armes; mais sud goût
décidé 'pour la musique le fit résister au désir
de ses parents, qui, pour le détourner de son
penchant, lui firent reprendre ses études littérai-
res. Il s'y livra avec ardeur. A peine furent-elles
terminées qu'il commença, sous la direction de
Perne ( voy.ee nom ), à étudier le plain-chaot,
l'harmonie et le contrepoint. Ce savant musicien
l'engagea ensuite à se livrer à des recherches
sur la musique de l'antiquité et du moyen Age. Il
lui lit faire la connaissance de Choron, et celui-ci
le prit aussitôt pour élève. Devenu lui-même pro-
fesseur de solfège et de chant, Lafage se livra
avec ardeur à l'enseignement; mais en 182S,
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LAFAGE
161
ayant obtenu un subside de la caisse de la liste
civile pour faire un voyage en Italie , il s'éloigna
de Paris. Pendant son séjour au delà des Alpes,
il demeura surtout à Rome, où l'abbé fiaini lui
donna d'utiles conseils pour l'étude de l'ancien
style fugué. Lafage séjourna aussi plusieurs mois
en Toscane, et lit représenter à Florence une farce
intitulée/ Creditori. De retour à Paris vers la
lin de 1829, il y fut nommé mettre de chapelle de
Saint-Étienne-dn-Mont, et reprit ses travaux
relatifs à l'euseignement. En 1833 il retourna en
Italie; et pendant trois ans il s'y occupa de re-
cherches sur la musique. Fixé de nouveau h Pa-
ris après cette excursion, il s'y est occupé de
l'achèvement d'un Manuel de musique, com-
mencé par Choron et laissé imparfait par ce sa-
vant. Le premier volume de cet ouvrage fut pu-
blié vers le milieu de 1836; les autres ont paru
en 1837 et 1838. On a aussi de cet artiste une
Séméiologie musicale, ou Exposé des princi-
pes élémentaires delà musique; Paris, 1837.
Plusieurs articles de sa composition, relatifs au
même art, ont été publiés dans la Revue musi-
cale, les Tablettes ' universelles, la Revue
encyclopédique, les Lunes parisiennes, le Pa-
norama des nouveautés, le Journal des ar-
tistes; la Gazette musicale de Paris, et en der-
nier lieu, dans la Revue universelle. En 1848
M. de la Fage a fait un troisième voyage en Italie
et a séjourné à Rome, à Naples et à Florence,
se livrant à de nouvelles recherches concernant
l'histoire de ia musique. Dans ce voyage il a fourni
divers articles à la Gasetta musicale di Milano.
La liste des ouvrages de M. de Lafage se com-
pose de la manière suivante : I. Musique instru-
mentale. 1° Air varié en trio pour 2 flûtes et
violon. — 2° Six duos faciles pour 2 flûtes.
— 3° Air varié pour 2 flûtes et piano. — 4° Duo
pour flûte et harpe. — 5° Fantaisie pour flûte et
piano sur des airs de Rossini. — 6° Fantaisie
sur un air de La Dame blanche, pour flûte et
piano. Ces opuscules ont été publiés avant 1827
chez David , fiente-Jouve , et Janet , à Paris.
II. Musique vocale. —7° Plusieurs romances
françaises et italiennes. — 8° Choix de solfèges et
morceaux divers à plusieurs voix , d'une exécution
facile; Paris, 1825. — 9° Cantiques religieux et
moraux à plusieurs voix; Paris, 1826-1828, 6 li-
vraisons. — 10° Cent chansons morales à 2 voix ;
Paris, 1829. — 11° Missa cuititulus: Omnes
sancti; Paris, 1831. Cette messe est pour deux
voix de dessus et basse, sans accompagnement.
— 12° Cinq messes très- faciles à deux, trois ou
quatre voix, à volonté; Paris, 1832. La dernière
messe seulement de ce recueil est de M. de Lafage.
— 13* Âdriani de Lafage mot etorum liber pri-
nior.it. cxi?. des musiciens. — t. v.
mus; Paris, 1832-1835. Cet ouvrage contient
soixante-douze morceaux à une, deux, trois, qua-
tre et cinq voix ; il a été publié en huit livrai-
sons. — 14° Ordinaire de V Office divin arrungé
en'liarmonie sur le plain-cliant; Paris, 1832-
1835. Deux parties; la première pour le matin,
l'autre pour le soir. — 15° Domine, Salvum fac
regem t prière pour le roi à une, deux ou trois
parties, à l'usage des écoles primaires, suivie d'un
O £afttfarô;Charleville,Lhuyer; Paris, Masson,
1836, in-8° obi. — 16° Recueil de motels en
plain-chant à une ou plusieurs voix, tirés des
meilleurs auteurs (Rose, Lasceux, Imbcrt, etc.),
revus et mis en ordre; Charleville, Lhuyer ;
Paris, Masson, 1836, in-8° obi. — 17° De Pro-
fundisk huit voix, dédié à la mémoire de F.-L.
Peroe; Paris, 1836. — 18° Adriani de Lafage
motetorum liber secundus;P*m, Ni cou, 1837.
— 1 9° Psalmi vespertini quaternis vocibus cum
organo; ibid., 1837. III. Écrits didactiques —
20° Manuel complet de musique vocale et ins*
trumentale, ou Encyclopédie musicale, par
A.-E. Choron et Adrien de Lafage; première
partie, Paris, Roret, 1836, 1 vol. in-18 ; deuxième
partie, ibid., 1837, 3 volumes in-18; troisième
partie, ibid., 1838, 2 vol. in-18. Cet ouvrage,
dont Choron avait fait le plan, n'est, à vrai dire,
qu'une compilation ; malheureusement ce plan,
fait d'après ses idées habituelles sur la fusion
de écoles ( F. Choron ), est très-défectueux, et
le choix des ouvrages où il a puisé est fort mal
fait. Les quatre premiers livres avaient été prépa-
rés par lui. Le premier traite de la théorie des ■
éléments de la musique traduits de la Scuola di
musica de Gervasoni ( voy. ce nom ) ; le second,
de la mélodie, d'après le Manuel de composition
de Koch (voy. ce nom ) ; le troisième, de l'harmo-
nie et du contrepoint , d'après Marpurg, Fena-
roii et Azopardi ; enfin, le quatrième, consacré
aux contrepoints simples et doubles, est tiré de
Fux et de Marpurg. Les huit autres livres, ré-
digés d'après les plans de Choron, par M. de la
Fage, traitent des canons et de la fugue, suivant
plusieurs maîtres allemands et italiens; des ins-
truments, par Francoeur, de l'union mécanique
et intellectuelle de la musique et du discours,
d'après les idées de Framery et de Chabanon.
Le huitième livre, qui a pour objet les styles,
est un développement de ce que Choron a écrit
sur ce sujet dans ses Principes de composition
des écoles d'Italie,' le neuvième renferme le
petit traité d'acoustique qu'il a inséré dans le
môme ouvrage; le dixième est relatif aux insti-
tutions musicales. On comprend que dans cet
étrange amalgame il ne peut y avoir trace de
doctrine ni de véritable méthode. La plus grande
! 1
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162
LAFAGE
partie des matériaux avait déjà été employée dans
les Principes de composition des écoles d'Italie.
Ce Manuel, qui ne justifie pas son titre, est en
somme un mauvais ouvrage. —21° Séméiologie
musicale, ou Exposé succinct et raisonné des
principes élémentaires de musique, etc.; Paris,
Nicou, 1837, in-4°. Cet ouvrage sert d'introduc-
tion aux méthodes concertantes de Choron. —
22° Principes élémentaires de musique; Paris,
18S7. Ce petit extrait de la Séméiologie est placé
en tète de quelques petites méthodes d'instru-
ments publiées par le libraire Roret. •— 23° No-
tice sur la vie et les ouvrages de Stanislas Mat-
tel; Paris, 1839, in- 12 de 32 pages, extraite de
la Gazette musicale de Paris. Elle a été traduite
en italien par l'auteur , sous ce titre : Memorie
hvtorno la vita e le opère di StanislaoMaiteo,
da J. A. de la Fage f Parigino, etc.; Bologne,
1840, in-8°.— 24° Notice sur Zingarelli ; Paris,
imprimerie de Bourgogne , in- 8°. — 25° De
la Chanson considérée sous le rapport mu-
sical; Paris, 1840, in-8 .— 26° Éloge de Cho-
ron, lu à F Académie de Caen, dans la séance
du 7 février 1836; Paris, imprimerie du Duces-
sois, 1844, in-8° de 48 pages. — 27° ISotice
sur Bocquillon-Wilhem, écrite en mai 1842;
ibid., l844,in-8°. —28° Histoire générale de la
musique et de la danse; Paris 1844, 2 vol.
in-8°, et deux livraisons de planches. Ces volu-
mes contiennent seulement la partie de l'histoire
qui concerne la musique de l'Orient dans l'antiquité.
La suite n'a pas été publiée. — 29° Notice sur
* Joseph Baini, écrivain musical et compositeur;
Paris, 1844, in-8° de 20 pages. — 30° Miscel-
lanécs musicales ; Paris, (844, 1 vol. in- 8°. L'au-
teur reproduit dans ce volume ses notices sur
Zingarelli, Mattei et 'Baini ; on y trouve aussi
d'autres notices sur Haydn, Martin, Lays, Tritto,
Bellinî, Pilotti, Pierluigi de Palestrina, etc. —
31° Orgue de V église royale de Saint -Denis,
construit par MM. Cavaillé-Coll père et fils.
Rapport fait a la Société libre des beaux-arts;
Pari*, 1845, in-8° de 100 pages, avec une planche ;
2 e édition, Paris, 1846, in-8°de96 pages, avec une
planche. — 32° Orgue de Saint-Euslache , etc.
Lettre adressée à M. Eugène Sue ; Paris, 184 G,
in-8° de 16 pages 33° De la reproduction
des livres de plain-chant romain; Paris,
1853, in-8°. — 34 e Lettre écrite à l'occasion
d'un mémoire pour servir à la restauration
du chant romain en France, par Vabbè Cé-
leste Alix; Paris, 1853, in-8°. —35° Cours
complet de plain-chant, ou Nouveau traité
méthodique et raisonné de chant liturgique de
V Église latine, à l'usage de tous les diocèses;
Paris, 1855-1856, 2 vol. in-8°. — 36° Quinze ri-
LAFFUXE
sites musicales à l'exposition universelle de
1855; Paris, 1855, in-8°. Ce travail est extrait d>
ia Gazette musicale de Paris. — 37° Prise h
partie de M. Vabbé Tesson dans la question
des nouveaux livres de plain-chant romain:
in-8°. — 38° Extraits du catalogue critique et
raisonné d'une petite bibliothèque musicale;
in-8°. — 39° Nicolai Capuani , presbiteri,com-
pendium musicale; in-8°.— 40° Routine pour
accompagner le plain-chant t ou moyen prompt
et facile d'harmoniser à première vue le
plain-chant prit pour basse, sans avoir c/«-
dié P harmonie ; Paris, in-8°. Lafage est mort à
Charenton, le 8 mars 1862.
LAFFILLAKD (Micuel). Voy. AFFIL-
LARD (L").
LAFFILLÉ (Charles), amateur de mu-
sique , est ne à Amiens, vers 1772. Jeune encore,
il entra dans l'administration; en 1798 , il obtint
l'emploi de receveur des domaines à Bruxelles, et
il occupa ce poste jusqu'en 1810. Fixé depuis
lors à Paris f il s'y lia d'amitié avec beaucoup
d'artiste*, qui réveillèrent en lui le goût de la mu-
sique; il composa quelques romances, des can-
tates de circonstance , et se fit éditeur de mu-
sique. En 1824, sa maison de commerce fut ac-
quise par A« Petit, et Laffillé, resté sans emploi,
fonda une agence spéciale des beaux-arts , dont
il fut le directeur. En 1831, il prit la direction du
Grand-Théâtre de Bruxelles; mais les agitations
de la Belgique à cette époque ne furent pas favo-
rables au succès de son entreprise; il y perdit
beaucoup d'argent, l'abandonna au mois d'oc-
tobre de la même année, et retourna à Paris.
Il y est mort, au mois de novembre 1843. On
a de cet amateur quelques recueils de poésies ,
publiés à Paris. Comme musicien, il a donné :
1° Marches et pas redoublés en harmonie, n° s 1 à
24 ; Paris, A. Petit. L'auteur les a composes pour
l'usage de la garde nationale de Paris, dont il
était un des capitaines de musique. — 2° Les Veil-
lées parisiennes , contredanses pour deux vio-
lons et basse, livres 1 à 3; ibid. — 3° Valses et
marches pour 2 clarinettes; ibid. — 4° Les con-
certs de Bellone, arrangés pour piano par L. J*
din, liv. 1, 2; ibid. — 5° Douze romances avec
accompagnement de piano; ibid. — 6° Le retour
des Lys, cantate à grand orchestre , esécutée à
l'Opéra de Paris au mois d'avril 1814. LafftHé a
été l'éditeur d'un joli recueil intitulé : Souvenir
des Ménestrels , contenant une collection de
romances inédites, composées par les poètes
et les musiciens les plus célèbres; Pari*, I8I 3
à 1828, 16 volumes in-18. Plusieurs romances,
dont Laffillé a compose les vers ou la musique
se trouvent dans ce recueil.
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LAFLÈCHE — LAFONT
163
LAFLECHE (J.-A.-M. ), professeur de
guitare , d'harmonie et de chant, à Lyon , a Tonde
eh cette ville une école publique de musique qui
était déjà en activité en 1819. II a publié un
livre élémentaire qui a pour titre : Méthode de
guitare, contenant une théorie de musique,
d'harmonie et d'accompagn em ent ; Lyon, 1818,
in-4°.
LAFONT (Charles-Philippe), violoniste
célèbre, est né à Paris, le 4" décembre 1781. Sa
mère , sœur de Bertheaume (voy. ce nom), jouait
du violon ; elle lui donna les premières leçons de
musique et de cet instrument ; plus tard, Ber-
theaume lui-même le prit pour son élève , et le
fit voyager avec lui en Allemagne. Encore enfant,
Lafont exécutait des solos dans des concerts pu-
blics en 1792 à Hambourg et à Lubeck, et faisait
déjà remarquer la parfaite justesse de ses in-
tonations et sa dextérité. De retour à Paris, il re-
çut pendant deux ans des leçons de Kreutzer :
Navoigilie atné , puis Berton , lui enseignèrent
l'harmonie. Doué de tact et dégoût, il apprit
seul à chanter, n'ayant pour le guider que ce qu'il
entendait de Garât. Cette époque était celle des
concerts du théâtre Feydeau, qu'on établit après
la réaction politique qui suivit le 9 thermidor.
Lafont y chanta des airs français et des roman-
ces qu'on applaudit à cause de l'expression qu'il
y mettait. Devenu ensuite élève de Rode, il s'ef-
força d'imiter le fini et la perfection du jeu de
cet artiste ; dès lors son talent de violoniste com-
mença à prendre le caractère qu'il conserva
depuis, et qu'un long travail perfectionna de
plus en plus. Une justesse irréprochable , un son
pur et moelleux auquel on aurait désiré quelque-
fois plus d'énergie, beaucoup de sûreté dans
l'exécution des traits, enfin un charme irré-
sistible dans la manière de chanter sur son ins-
trument, telles étaient les qualités par les-
quelles Lafont se fit remarquer à son entrée dans
la carrière, et qu'il a perfectionnées dans la
suite par des études constantes. En 1 801, il com-
mença ses voyages en parcourant la Belgique
pour y donner des concerts avec Gabriel Lemoine,
faible pianiste , qui ne lui servait guère que d'ac-
compagnateur. Après cette première tournée, qui
dura quelques années , Lafont revint à Paris , et
jeta les fondements de sa réputation dans les con-
certs qui furent donnés à l'Opéra et au théâtre
Olympique en 1805 et 1806. Il fit ensuite de*
longs et nombreux voyages en Allemagne, en Hol-
lande, dans les Pays-Bas, en Italie, en Angle-
terre et dans le nord de l'Europe. Après le retour
de Rode en France, en 1808, Lafont lui succéda
à Pétersbonrg dans la place de violon solo de l'em-
pereur de Russie. Son séjour dans cette ville se
prolongea pendant six ans. En 1812, il lutta
à Milan avec Paganini. Lorsqu'il revint à Paris ,
en 1815,1e roi Louis XVIII le nomma premier
violon de la musique de sa chambre; plus tard
Lafont joignit à cette place le titre de premier ac-
compagnateur de la duchesse de Berry. Après
cette époque, il se fit entendre souvent dans de
grands concerts à l'Opéra et ailleurs; partout le
public l'accueillit avec des applaudissements
justifiés par son beau talent. En 1831 , il fit
avec le célèbre pianiste Henri Herz un nouveau
voyage en Allemagne; deux ans après il visita-
la Hollande, et dans l'été de 1638 il parcourut
une partie de la France. En 1839 il fit une nou-
velle excursion avec le même artiste ; mais ce
voyage eut une fin malheureuse , car Lafont y
trouva la mort, le 14 août (1), par la chute de 1»
diligence dans laquelle il se trouvait; sur la route
j de Bagnères de Bigorre à Tarbes. La secousse
fut si violente, qu'il avait cessé de vivre quand on
le releva.
On connaît de cet artiste : 1° 1 er concerto pour
violon et orchestre ; Paris, Lemoine.— 2° Deuxième
idem (en ut mineur) ; Paris,jLeduc 3* Troisième
idem (en mi mineur); Paris, Janet. — 4° Quatrième
idem (en r^); ibid. — 5© Cinquième idem (en ut) ;
ibid. — 6° Sixième idem (en fa) ; Paris, Érard.
— 70 Septième .ident, ibid. — 8° Fantaisie sur
les airs de La Vestale, avec orchestre; ibid. —
9° 1 er et 2 e air russes variés pour violon et or-
chestre; Paris, Leduc. — 10° Souvenirs du
Simplon, aire suisses variés pour violon et or-
chestre. — 11° Grande fantaisie et variations
sur la romance à'Otello , avec orchestre; Paris, .
A. Petit. — 12° Grande fantaisie et variations
sur des thèmes de La Gasza ladra et de Cène-
rentola, avec orchestre, ibid. — 13° Ronde
à' Emma variée, avec orchestre; ibid. —
14° Grande fantaisie sur des airs de Léocadie,
avec orchestre; Paris, Pleyel. — \$° Andanteet
boléros pour violon principal, 2 violons, alto,
violoncelle et contrebasse; Vienne, Leidersdorf.
— 16» Rondeau brillant (en la), avec accom-
pagnement de quatuor, ibid. — 17° Troisième-
et quatrième airs variés pour violon principal,
avec accompagnement de violon, alto et vio-
loncelle; Paris, Érard.— 18» Les Chevaliers
de la Fidélité, variations pour piano , violon/
et cor; Paris, Janet. — 19° Environ vingt duos r
' fantaisies et airs variés pour piano et violon ,
; en société avec différents pianistes, tels que
Kalkbrenner, Herz, M™ Hérault, etc.— 20° Duo
pour harpe et violon ; Paris, Janet. — 21° Envi-
ai (quelques biographes placent ce triste événement au
f S août ; mais Henri Herz, compagnon de voyage de La*
font, m'a donné la date du 14.
IL.
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164
LAFONT — LAGRAKGE
ron deux cents romances, dont plusieurs ont eu
un succès de vogue; Paris, chez tous les éditeurs
de musique. — 22° Plusieurs morceaux inédits,
dont un pour violon et orgue. Lafont a composé
deux opéras; le premier, en un acte, intitulé
Zélte et Ter ville, a été représenté a» théâtre
Feydeau, en 1803, et n'a point réussi ; le second
a été écrit à Pétersbonrg, pour le théâtre particu-
lier de l'empereur, à l'Ermitage, puis a été re-
présenté au Théâtre-Français de cette ville. La-
font était chevalier de la Légion d'honneur.
Mme Lafont a eu de la réputation comme can-
tatrice.
LAGARDE (M. [DE), musicien ordinaire
de la chambre du roi, fut choisi en 17ô7 pour
maître de musique des enfants de France. 11 pos-
sédait une voix de basse fort belle,, fort étendue
surtout, et passait pour un chanteur habile. La
Borde dit que rien n'était plus parfait que des duos
chantés par Lagarde et par Jéliotte; ces deux
artistes faisaient, dit-il, le charme des soupers de
leur temps. Eu 1751, Lagarde écrivit l'acte d'i-
glè dans Topera intitulé Les nouveaux Frag-
ments : cet ouvrage fut accueilli avec faveur; le
public applaudissait surtout un chœur et les airs
de danse. On a aussi de ce musicien trois livres
de duos de table, quinte livres d'airs à chanter,
Nouveaux airs à une et plusieurs voix en
quatre recueils; plusieurs cantates, parmi les-
quelles on citait particulièrement celle d'Ênée et
Didon, et La Musette, cantatille. Ces petites piè-
ces ne manquent pas d'une certaine mélodie na-
turelle : elles ont eu un succès prodigieux dans
leur nouveauté, et Lagarde passait pour n'avoir
point de rival dans ce genre de composition. Ce
musicien vivait encore en 1780.
LAG ARIN ( François), violoniste, né a Ge-
nève, le 10 juin 1814 , commença l'étude de la
musique dans cette ville, et y fit de rapides pro-
grès. Le 15 octobre 1824, il fut admis comme
élève au Conservatoire de Paris, et y reçut des
leçons d'Auguste Kreutzer pour le violon. 11 ob-
tint le second prix au concours de 1830, et le
premier lui fut décerné dans l'année suivante.
Ses études furent terminées en 1832 , et bientôt
après il entra à l'orchestre de l'Opéra, d'abord
comme un des seconds violons, puis comme
premier. M. Lagarin est aussi membre de la So-
ciété des concerts du Conservatoire. On a de cet
artiste quelques compositions pour son instru-
ment.
LAGCTTO (....), luthier italien, fixé à
Paris sous le règne de Louis XIV , a fait des
violons qui ont été recherchés dans le dix-hui-
tième siècle. Us sont fabriqués sur le modèle de
ceux d'André Amati, et sont vernis à l'esprit-de-vin.
LAGKNER (Daniel), organiste à Lo3dorp v
au commencement du dix-septième siècle, naquit
à «Marchpurg, dans la Styrie. Il vécut pendant
quelques années à Nuremberg, comme maître
de chapelle de Saint-Sébald, et fut en dernier lieu
compositeur du comte de Lobenstein. On ignore
l'époque de sa mort. Ses ouvrages imprimés sont :
1° Melodia funebris 6 vocum ; Vienne, 1601 ,
in-fol. — 2° Soboles musica, id est cantiones
sacrx 4-8 vocum; Nuremberg, 1602. —
3° Florum Jessxorum semina vecibus qua-
tuor per musicos numéros disseminata, etc.;
Nuremberg, 1607, in-4°. — 4° Neuwe teutsche
IÀeder mit 4 Stimmen (Nouvelles chansons
allemandes à 4 voix) ; Nuremberg, 1606, in-4°.
LAGO ( Jean DEL ), moine et contrepointiste,
né à Venise, au commencement du seizième siècle
a publié un livre élémentaire intitulé : Brève tn-
troduttione alla musica misurata; Ex prxlo'
Brandini et Octaviani Scoti fratrum habentur
excussx Veneliis, 1540, petit in-4°, volume fort
rare. Giovanni del Lago est le même auteur
que Possevin appelle Joannes de Lacu (JW-
blioth. Selecta. lib. XV, tom. H, p. 223).
LAGOANÈRE (Le chevalier DE), violo-
niste et compositeur pour son instrument , né
dans le midi de la France, vers 1785 , servit d'a-
bord comme soldat , se distingua dans la guerre
d'Espagne, sous l'empire, fut fait officier et obtint
la décoration de la Légion d'honneur. Rentré en
France après la paix, il reprit le violon qu'il avait
cultivé dès son enfance, et se fit remarquer à
Paris dans les concerts, en 1817 et dans les an-
nées suivantes. Après avoir été violon solo de la
Société des amateurs du Wauxhall, il voyagea et
s'arrêta quelque temps à Strasbourg, où iï se trou-
vait en 1824. Plus tard , il se fixa à Lausanne, en
qualité de premier violon et directeur de musique.
H est mort au Vigan (département du Gard ),
dans le mois de janvier 1841. On a publié de sa
composition : 1° Six duos faciles et progressifs
pour 2 violons, livres l« r et 2 e ; Leipsick, BreU-
kopf et Haertel.
LAGRANGE (Joseph-Louis), illustre géo-
mètre, naquit à Turin, le 25 janvier 1736, de pa-
rents français d'origine. Il ne parut pas d'a-
bord avoir de penchant pour les mathématiques ;
mais à l'âge de seize ans il commença à étudier
les ouvrages des anciens géomètres ; un an après,
la lecture d'un mémoire de Halley développa tout
à coup son goût pour l'analyse moderne. Deux
années d'études lui suffirent pour être au courant
de la science. Dès 1754 il fit paraître un pre-
mier écrit sur une série de son invention pour
les différentielles et les intégrales d'un ordre quel-
conque. Depui* lors, de beaux mémoires et des
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IAG RANGE
tf,5
ouvrages importants sur les principaux objets de
la science se succédèrent a?ec rapidité. Ce n'est
point ici le lieu d'en examiner la valeur. Je ne
dois citer que ceux de ses travaux qui ont du rap-
port avec la musique. En première ligne se pré-
sente sa dissertation sur la propagation du son,
insérée dans le premier volume des Mémoires de
l'Académie de Turin (1759), et dont Montucla a
donné une analyse dans le Journal étranger
(mai 1760). On trouve dans cette analyse le ré-
sumé suivant du travail du grand géomètre :
« M. de Lagrange s'attache d'abord à montrer
l'insuffisance de la théorie de Newton, et à l'aide
de la méthode des variations, il résout la ques-
tion par les principes directs et lumineux de la
dynamique. Toutes les propriétés de la transmis-
sion du son sont renfermées dans la formule gé-
nérale de M. de Lagrange. Voici les conséquen-
ces principales qu'il en tire : 1° que la vitesse
du son ne dépend aucunement de la vitesse ou
de la force de l'ébranlement imprimé à l'air;
2° que le son se propage également de tous les
côtés du corps qui le produit; 3° que la vitesse
est la même dans toute l'étendue de la fibre élas-
tique ; 4° que cette vitesse ne dépend point
de la longueur de cette fibre, c'est-à-dire, que
le son se transmet avec la même vitesse dans
un air libre et dans celui qui est renfermé. La
plupart de ces conséquences étaient, il est vrai,
déjà connues par l'observation ; mais nous pen-
sons qu'il n'y a aucun physicien qui méconnaisse
le mérite d'avoir déduit ces faits d'une solide
théorie. »
Dans le même mémoire, Lagrange fournit une
nouvelle théorie de la formation des échos; il la
tire du développement de quelques cas de sa
formule. On' trouve dans le dernier chapitre la
solution du problème du troisième son, qui a
servi de base à la Théorie musicale de Tartini.
Taylor avait déterminé dans son livre : M e-
thodus incrementorum directa et inversa
(Lond., 17 15), la courbe que forme une corde
vibrante, tendue par un poids donné, en suppo-
sant : 1° que la* corde dans ses plus grandes
excursions s'éloigne peu de la direction rectili-
gnc de l'axe; 2° que tous ses points arrivent
en même temps à l'axe. Il trouva que cette courbe
est une troeboïde très-allongée; ensuite il assi-
gna la longueur du pendule simple qui fait ses
oscillations dans le même temps que la corde vi-
brante fait les siennes (l). D'Alembert, Euler
et Daniel Bernoulli, qui s'étaient ensuite occu-
pés de la solution de ce problème, en avaient rec-
tifié la seconde partie, présentée en effet d'une
(1) Bosnut, Histoire des Mathématiques, tome 11,
p. 19S et cuIt.
manière trop arbitraire par Taylor; mais leurs
solutions, sans conduire à des résultats absolu*
ment satisfaisants, avaient donné lieu à des dis-
cussions animées, dans les mémoires de l'Aca-
démie de Berlin (années 1747, 1748, 1753, 1760).
Lagrange se livra à une savante discussion de
cette question dans le même volume de l'Acadé-
mie de Turin qui a été cité précédemment; puis
il y revint dans le volume de 1762, et présenta
sur ce sujet une analyse aussi nouvelle que pro-
fonde. Depuis lors il a perfectionné sa théorie dans
les diverses éditions de sa Mécanique analy-
tique. Lagrange s'était beaucoup occupé de re-
cherches sur la musique des anciens ; on assure
que parmi ses papiers, recueillis après sa mort
par l'Institut de France, il y a quelque chose sur
ce sujet.
Les premiers travaux de Lagrange Axèrent
sur lui les regards de toute l'Europe savante. En
1759 il fut nommé membre de l'Académie de
Berlin. Frédéric II l'appela ensuite pour la pré-
sider, après la retraite d'Euler. En 1787, le roi
de France lui accorda une pension de 6,000 li-
vres, un logement au Louvre, et divers autres
avantages pour qu'il allât se fixer à Paris : il
s'y rendit immédiatement. Après la révolution,
il fut successivement professeur à l'École normale
et à l'École polytechnique, membre de l'fnstikit,
sénateur, comte de l'empire, et grand officier de
la Légion d'honneur. Il mourut à Parts, le 10
avril 1813, s Page de soixante-dix -sept ans.
LAGRANGE (Anna-Caholine DE), can-
tatrice célèbre, née à Paris, le 24 juillet 1825,
montra dès ses premières années une organisa-
tion musicale tout exceptionnelle. Élève de Stam-
maty (voyez ce nom) pour le piano, elle fit en
peu de temps des progrès qui tenaient du pro-
dige , et déjà le professeur, qui lui transmettait
le mécanisme de l'école de Kalkbrenuer, prédi-
sait à la mère de cette jeune fille les succès de
pianiste les plus brillants, lorsque Bordogni
(voyez ce nom), ayant un jour essayé sa voix,
dit à son tour : Jetez ce piano par la fenêtre,
et ne vous occupez que du chant; il vous con-
duira à la plus belle renommée ainsi qu'à la
fortune. On ne jeta pas lé piano; mais son
étude ne fut plus qu'accessoire, et M"* de La-
grange devint élève de Bordogni. Douée de la
plus rare facilité de vocalisation, elle eut bientôt
dépassé les espérances du professeur. Le premier
essai de son talent fut fait au théâtre d'amateurs
que le comte de Castellane avait fait construire
dans son hôtel du faubourg Saint-Honoré. On y
devait représenter La duchesse de Guise, opéra
de M. de Flottow, alors à l'aurore de sa carrière
de compositeur. Des amateurs distingués, appar-
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166
LAGRANGE — LAGUERRE
tenant à lVHte de la société, de raient chanter
dans cet ouvrage; mais il fallait pour le rôle prin-
cipal rie femme un véritable talent d'artiste : on
eut recours à M 11 * de Lagrange, qui frappa l'au-
ditoire d'étonnement et d'admiration par la ma-
nière dont elle chanta ce rôle. Les avis furent
^unanimes sur les succès qu'elle obtiendrait an
théâtre si elle se rendait en Italie. Dès ce mo-
ment la résolution de M mc de Lagrange fut
prise : elle partit avec sa fille pour Milan. Arrivée
dans cette Tille, M»« de Lagrange prit des leçons
de Mandanici (voyez ce nom ), pour se préparer
aux traditions de la scène italienne; mais ce maî-
tre ne tarda point à lui dire : Mademoiselle, je
ne sais plus ce que je pourrais vous apprendre.
Cependant, elle ne se faisait point illusion, et elle
comprenait très» bien qu'il lui restait beaucoup à
faire, parce que la vocalisation, si brillante qu'elle
soit, n'est qu'une des qualités de l'art du chant.
Après Mandanici, elle se confia aux soins de
Lamperti , a cette époque le maître le plus re-
- nommé de l'Italie, et ce fut sous sa direction
qu'elle acheva ses études au point de vue de l'art
dramatique. Cependant, nonobstant l'opinion fa-
vorable des artistes italiens sur te talent de
MUe de Lagrange , il existait alors en Italie un
préjugé contraire aux cantatrices françaises qui
faisait limiter les entrepreneurs à l'engager pour
leurs théâtres : enfin, grâce à la protection de la
• famille Medici , elle fut engagée pour chanter à
Varese» au mois d'octobre 1842, la Chiara di
Itosenberg, de Louis Ricci. Le succès qu'elle y
obtint eut un éclat extraordinaire ; car elle dut
répéter sa cavatine, et elle fut rappelée douze fois
pendant le cours de la représentation. A Novare,
où elle se rendit ensuite, son triomphe fut égal.
Dans l'année suivante, elle chanta à Plaisance ,
puis à Pavie, et toujours elle rencontra la même
■. faveur dans le public. En 1844 elle fut engagée à
Modène pour chanter le Corrado d'Allamura
de Frédéric Ricci, mauvais ouvrage qu'elle sou-
tint pendant quelques représentations par le seul
mérite de son chant. Dans la même année elle
chanta les Lombardi de Verdi, et y produisit une
vive impression. Après cette saison, elle fit un
-voyage en Hollande et en Belgique, puis elle alla
chanter à Venise la MaresciaUa o? Ancre de
Nini, qui tomba à plat, mais dans lequel tous les
morceaux qu'elle chanta furent applaudis avec
enlliousiasme. De là elle alla à Bologne, où elle
était engagée pour la Linda de Chamounix de
Donizetti, elle y eut un brillant succès. Ce Tut
dans cette ville qu'elle chanta pour la première
fuis le S (abat Mater de Rossini, dans le palais
de la princesse Ercolani , pour le jour de nais-
sance de l'illustre maître (28 février). Les autres
chanteurs de solos étaient le ténor Iwanofl et
Zucchini, la meilleure basse italienne de ce
temps. Rossini tenait le piano. Dès ce moment il
prit un vif intérêt à cette jeune cantatrice, et loi
donna des conseils sur les principaux rôles de ses
ouvrages. Dans la même année (1845) elle fut
engagée à Turin, puis (1846) elle chanta à Rovigo
et à Trieste. Dans cette dernière ville elle eut des
succès d'enthousiasme par la manière dont elle
chanta VEmani de Verdi, la Sonnanbula de
Bellini, et le Barbiere di Seviglia de Rossini.
Ce fut à la suite de ce succès que M"e de Lagrange
fut appelée à la Scala de Milan, et qu'elle y
produisit une profonde sensation dans la Norma.
En 1848, M«e de Lagrange se trouvait à Vienne
avec sa mère, qui ne l'avait jamais quittée et loi
avait prodigué ses soins dans les commencements
difficiles de sa carrière. Elle était engagée pour
le théâtre italien de cette ville, et venait d'épou-
ser M. Stankowich, gentilhomme russe, lorsque
la révolution éclata en Autriche. Bientôt les évé-
nements devinrent si graves, que les théâtres de
la capitale furent fermés. M"»« de Lagrange re-
vint aloH à Paris avec son mari et sa mère.
L'administration de l'Opéra lui proposa un enga-
gement à cette époque; elle ne l'accepta que
conditionnellement, voulant d'abord s'essayer
dans le genre de musique de ce théâtre, dont
elle n'avait pas l'habitude et qui a peu d'analogie
avec le caractère de son talent. Elle y débuta
dans la traduction A'Olello, le 1 er décembre 1848,
n'y réussit que médiocrement, et prit le parti de
décliner l'engagement qui lui élait offert- Depuis
lors elle a obtenu de grands succès à Vienne, à
Berlin, à Pétersbourg, dans les États-Unis d'A-
mérique, dans l'Amérique du Sud et au Brésil, où
elle a passé plusieurs années avec des avantages
énormes. Au moment où cette notice est écrite
(1862), M me de Lagrange citante à l'Opéra de
Madrid avec ses succès habituels.
LAGUERRE (Elisabeth-Claude J ACQUET
DE), née a Paris, en 1669, se fit remarquer dès
ses premières années par ses heureuses disposi-
tions pour la musique. A peine âgée de quime
ans, elle parut à la cour et charma Louis XIV
par son talent sur le clavecin; cette circonstance
engagea M me de Montespan a la garder trois ou
quatre ans chex elle. Elle épousa ensuite Marin
De Laguerre , organiste de Saint-Séverin et de
Saint- Gervais, dont elle eut un fils, qui a Page de
huit ans étonnait ceux qui l'entendaient jouer du
clavecin, mais qui mourut dans sa dixième année.
M m * De Laguerre possédait un talent remarqua-
ble, pour son temps, dans l'art de préluder et
d'improviser sur l'orgue et le clavecin. En 1694,
elle lit représenter à l'Académie royale de mu-
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LÀGUERRE — LAHARPE
■sique Céphale et JProcra,grand opéra de sa cou*
position. Elle a publié trois livres de cantates à
voix seule, un livre de pièces de clavecin, et un
recueil de sonates pour le même instrument. En
1721 elle fit exécuter, dans la chapelle du Lou-
vre, un Te Deum, pour la convalescence du
coi. Elle mourut à Çaris, le 27 juin 1729» à Page
de soixante-neuf ans, et fut inhumée à Saint-
Eastache. *
LAGUERRE (Marie- Josépbine), cantatrice
a l'Académie royale de musique, naquit à Paris ,
en 1755. Admise d'abord dans les chœurs, en
1774, elle débuta en 1776 par le rôle d'Adèle
de Ponthieu, musique de La Borde , et joua
avec succès, au mois de juin de la même annéo,
celui d'Alceste, qui venait d'être créé par sa ri-
vale, Rosalie Levasseur. Douée d'une voix pure
et touchante, plus jeune et plus jolie que M t'® Le-
vasseur, avec qui elle partagea le premier em-
ploi en 1788, à la retraite de M» e Arnould, elle
aurait acquis une grande réputation si son in-
-conduite n'eût avili ses talents et arrêté leurs
progrès. Piccinni lui avait enseigné son rôle d7-
phigème en Tauride, qu'elle chanta fort bien à
la première représentation; mais à la seconde
elle était ivre en entrant en scène ; elle chan-
celait et balbutiait au point d'exciter le rire et
les huées du public. M"* Arnould dit plaisam-
ment à cette occasion que c'était Iphigénie
■en Champagne. Elle mourut à Paris, le 14 février
1783, à l'âge de vingt-huit ans. On trouva dans
son portefeuille sept à huit cent mille francs
en billets de la caisse d'escompte; et elle laissa
en outre 40 mille livres de rente, deux maisons
et beaucoup de bijoux.
LAHALLE (Pierre), est né à Rouen, le 9
novembre 1785, d'une bonne famille du pays de
-Caux. Il était encore enfant lorsqu'il perdit son
père, négociant aisé, dont la fortuné fut ensuite
dilapidée. Jeune encore, il se rendit à Paris et s'y
livra à l'étude des mathématiques. Peu fortuné,
il chercha des ressources pour son existence dans
l'enseignement de cette science. 11 a publié aussi
•divers ouvrages originaux ou traduits de l'an-
glais, et a coopéré à la rédaction de plusieurs
journaux, entre autres au Mercure du dix-neu-
vième siècle , auquel il a fourni plusieurs arti-
cles relatifs à la musique, ainsi qu'au supplément
de la Biographie universelle des contempo-
rains, publiée par Rabbe et M. de Boisjolîn;
mais aucun de ces travaux n'a pu le tirer de sa
position précaire ni lui créer une position dans
le monde littéraire. Après la révolution de juillet
1830, un des anciens amis de M. Lahalle, ayant
été nommé préfet d'un département, l'emmena
avec lui pour s'aider de ses conseils et de- son
IH7
expérience, et celui-ci quitta Paris; malheureu-
sement une santé délabrée et la perte totale de
la vue ne laissait d'autre espoir à ce littérateur
que de voir bientôt arriver la fin d'une vie agitée
et malheureuse. M. Lahalle a publié un livre inti-
tulé : Essai sur la musique, ses fonctions dans
les mœurs, et sa véritable expression ; suivi
d'une bibliographiemusicale;Pàris, Rousselon,
1825, 1 vol. in- 18 de 196 page* Cet ouvrage,
dont le style est agréable, ne renferme que des
vues d'une esthétique vague, dont les applica-
tions ne présentent point d'utilité pour l'art. Les
réflexions de l'auteur contre l'imitation en mu-
sique, insérées dans le chapitre intitulé Bornes
de l'art (p. 74 et suiv.), sont ce qu'il y a de
plus utile dans le livre.
LAHARPE (Jean-François DE), critique
célèbre et poète, naquit à Paris, le 20 novembre
1739. De brillantes études faites au collège d'Har-
court lui préparèrent des succès ; mais son dé-
but ne fut point heureux. Quelques vers sati-
riques contre le directeur de ce collège lui furent
attribués, et le firent enfermer d'abord à Bicêlre,
ensuite au For-Lévêque. A l'âge de vingt ans il
publia ses premières productions» qui consistaient
en plusieurs héroïdes, genre de poésie alors à la
mode. Quelques tragédies, parmi lesquelles on
remarque Warwick, Philoctète et Virginie,
des discours, des éloges et des poèmes couron-
nés par l'Académie française et par quelques
autres sociétés littéraires, les traductions de Sué-
tone et de la Lusiade de Camoëns, enfin la ré-
daction du Mercure de France, et V Abrégé de
l'histoire générale des voyages de l'abbé Pré-
vost, remplirent sa vie jusqu'en 1786. A cette
époque il commença an lycée le cours de littéra-
ture française , qu'il continua pendant quatre ans,
dont il a pnblié ensuite la rédaction, et qui est
un de ses plus beaux titres au souvenir de la pos-
térité. Après avoir adopté avec enthousiasme
les principes de la révolution française, et même
après avoir porté jusqu'au fanatisme l'ardeur
des réformes démagogiques, il chanta la palino-
die, attaqua ce qu'il avait encensé, se fit exiler
de Paris, y revint, reprit son cours, et mourut
le 1 1 février 1803, dans sa soixante-quatrième
année. En 1777 Laharpe était chargé de la ré-
daction du Journal de politique et de littéra-
ture ;il y fit insérer, le 5 mars, a propos d'une
reprise à'Iphigénie en Aulide, une critique de
la musique de Gluck, qui lui attira une piquante
réponse de Suard, dans le Journal de Paris t
sous le pseudonyme de V Anonyme de Vaugirard.
Laharpe publia , le 25 du même mois, dans son
Journal une assez longue réplique, qui fut suivie
de plusieurs autres lettres de l'anonyme. Le
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108
LAHARPE — LÀHOTJSSAYE
5 octobre de la même année Laharpe rentra
dans cette polémique, et publia un long article
critique à propos de l'annonce é'Armide. Ce fut
le signal d'une nouvelle lutte, plus ardente que
la première : des réponses de tous genres Turent
adressées au critique. Toutes ces pièces ont été
réunies dans le volume intitulé Mémoires pour
servir à l'histoire de la révolution opérée
dans la musique par M. le chevalier Gluck.
Longtemps après, Laharpe a reproduit ses idées
sur ce sujet dans son Cours de Littérature
(IIP partie, liv. l* r , chap. 6, iv* section), mais
avec beaucoup plus de développement.
LA HIRE (Philippe de), géomètre, pro-
fesseur de mathématiques et d'architecture au
Collège de France , et membre de l'Académie
royale des sciences, né a Paris, en 1640, y
mourut, le 21 avril 1719. Parmi les nombreux
mémoires qu'il a fournis à la collection de l'A-
cadémie royale des sciences , on remarque celui
qui a pour titre : Explication des différences
des sons de la corde tendue sur la trompette
viarine (Tom. IX, pages 500-529). Ce mé-
moire a été reproduit dans les Œuvres meslées
de M. De La Hire, Amsterdam, 1759, in-4°
(pages 330-350). La plupart des faits indiqués
dans ce mémoire sont empruntés à la le' propo-
sition du traité de musique du P. Dechalles
( Cursus seu mundus mathematicus, tom. IV,
pag. 23), particulièrement l'explication du phé-
nomène des battements du pied du chef alet sur
la table d'harmonie, lorsque l'ardiei met en vi-
bration énergique la corde de la trompette ma-
rine. Savart {voyez ce nom ) a fait de nouvelles
expériences sur ce phénomène. On a aussi de La
Hire des Expériences sur le son, dans le volume
des Mémoires de l'Académie royale des sciences
de 1716 ( p. 262-268 ).
LAHMEYER ( J.-F. ), maître de musique
du séminaire et organiste de l'église Saint-
Égide, à Hanovre, est auteur d'un ouvrage qui
a pour titre : Handbuch der Harmonielehre,
oder AnweUung sur Théorie der Musik. Zu-
nxchst zum Selbstunterricht fûrSemhtaristen,
una angehende OrgeUpieler bestimmt ( Ma-
nuel de la science de l'harmonie, ou instruction
sur la théorie de la musique, etc. ), Hanovre, <
.1823, in-fol. Cet ouvrage a pour base la théorie
de Gottfried Weber ( voy. ce nom ).
LAHOU ( Jean- François- Joseph ) , né à
Lille, le 10 avril 1798 , a été admis comme élève
au Conservatoire de Paris, en 1815. Après y
avoir fini ses études , il entra au théâtre de l'O-
déon comme première Oùte, pendant les années
1818 et 1819; puis il fut appelé en Hollande, où
il eut pendant deux ans les fonctions de clief do
musique du 9* régiment. Devenu, en 1822, pre-
mière flûte du Théâtre Royal de Bruxelles , il
conserva cette place pendant quinze ans , et y
joignit le titre de première flûte solo du roi des
Pays-Bas. A l'époque de l'organisation du Con-
servatoire de Bruxelles , il y fut nommé pro •
fesseor. On lui doit des élèves distingués, parmi
lesquels on remarque MM. Aerts, Derudder, Léo-
nard et Demeura. N'ayant pas voulu adopter
la flûte de Bœhm , que le directeur du Conser-
vatoire voulait introduire dans l'école, Lahou
donna sa démission et fut remplacé par son élève
Demeura. Il établit un hôtel pour les voyageurs ;
mais cette affaire n'ayant pas réusai , sa tète se
dérangea, et il mourut aliéné le 12 janvier 1847.
On a de cet artiste : 1° Concerto pour flûte ;
Anvers , Scliott. .— 2° Fantaisies et airs varies
pour flûte principale. — 3° Trois duos pour
2 flûtes.
LAHOUSSAYE (Pierrf ), violoniste dis-
tingué, naquit à Paris, le 12 avril 1735. Doué
des plus heureuses dispositions , il apprit seul la
musique à l'âge de sept ans, et parvint» sans
avoir eu de mattre , à jouer agréablement du
violon. PhTet, musicien de l'Opéra, sur-
nommé le grand nez , lui donna ensuite des
leçons et le mit en état de jouer au concert spi-
rituel , avant d'avoir atteint sa dixième année.
Quelque temps après, Lanoussaye fut intro-
duit cliez le comte de Senneterre, où il eut
(e bonheur d'entendre les plus célèbres violo-
nistes de l'époque, entre autres Pagin, Gaviniès,
Pugnani, Giardiui, Van Maldere, et Domi-
nique Ferrari. Rassemblés un jour dans cette
maison, plusieurs de ces artistes jouèrent clia-
cun une sonate : remarquant l'enthousiasme du
jeune homme, Ferrari lui présenta son violon,
et Lanoussaye , après avoir préludé d'une ma-
nière brillante, exécuta de mémoire plusieurs
traits de la sonate de Tartini qu'il venait d'en*
tendre. Des félicitations lui furent adreasées
par ces maîtres habiles , et Pagin le prit pour
son élève; puis le fit entrer chez le comte de
Clermont, en qualité de violoniste de ses con-
certs. Cependant un vif désir de voir et d'en-
tendre Tartini tourmentait Lanoussaye , malgré
l'heureuse position où il se trouvait. Une occa-
sion favorable se présenta pour réaliser ses
vœux à cet égard. Le prince de Monaco le prit
à son service et l'emmena en Italie. Arrivé à
Padoue, son premier soin fut de se rendre à l'é-
glise où Tartini devait jouer uu concerto. Rien,
disait-il longtemps après , ne saurait exprimer
la surprise et l'admiration que me causèrent
la justesse, la pureté du son , le charme de
l'expression, la magie de l'archet, enfin
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LAHODSSAYE — LAI NEZ
169
toutes les perfections dont le jeu de Tartiné
venait de m'offrir le modèle. Ce grand artiste
l'accueillit avec bonté, et, retrouvant en lui les
principes de son école, que le jeune violoniste
avait puisés cbez Pagin , il lui donna des le-*
cens.
Rappelé par le prince de Monaco, Lahous-
saye dut s'éloigner à regret de Padoue ; mais
arrivé à Parme, il y trouva un engagement
avantageux à la cour de Tintant don Philippe et
l'accepta. Traetta était alors maître de chapelle
du prince ; il enseigna au jeune violoniste les
éléments de la composition , et lui fit écrire ,
pour l'exercer, beaucoup d'airs de ballets dans
ses opéras. Comblé de témoignages de bonté
par le prince, mais désireux de revoir encore
celui qu'il appelait le maure des maîtres, La-
houssaye retourna à Padoue près de Tartini ,
dont il reçut encore des leçons jusqu'en 1769.
Devenu ensuite chef d'orcliestre dans plusieurs
grandes villes de l'Italie, il déploya un rare
talent dans l'exercice de cet emploi. Après
quinze ans de séjour dans ce pays, il suivit Ou-
glielmi à Londres en 1772, pour y diriger l'or-
chestre de l'Opéra italien. De retour à Paris
en 1775, il y eut en 1779 la direction de l'or-
chestre du concert spirituel , et en 1781 celle de
l'orchestre de la Comédie italienne. £n 1790 il
partagea avec Puppo les fonctions de chef d'or-
cliestre du théâtre de Monsieur, qui prit ensuite
le nom de théâtre Feydeau. Il occupait encore
ce poste en 1800 , et je l'y ai connu , dirigeant
rorchestre de cette époque avec un rare talent.
Celait un beau vieillard, dont la ligure calme ,
les trails réguliers, et les cheveux blancs flot-
tant sur ses épaules, inspiraient le respect. A
la réunion des deux théâtres Favart et Feydeau,
il perdit son emploi, et ce digne artiste, qui
avait rendu tant de services à l'art et en parli-
oriier au théâtre , fut mis à la retraite sans
obtenir de pension. A l'origine de la forma-
tion du Conservatoire, il avait été nommé un
des professeors de violon de cette école : com-
pris au nombre des maîtres dont ia réforme fut
décidée en 1801, il perdit encore cette place. On
dit que le chagrin qu'il eut des malheurs qui le
frappaient dans sa vieillesse le porta à des
excès d'intempérance dans ses dernières an-
nées, et qu'il tomba dans une profonde misère.
Le besoin l'avait obligé d'accepter une place de
second violon à l'Opéra; mais en 1813 la di-
minution de ses forces et une atteinte de surdité
ne lui permirent plus de faire son service, et
il fut réformé. Il est mort à Paris, vers la fin
de 1818, à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Peu
de violonistes ont eu une manière plus grande
et plus belle que -Lahoossaye : la justesse de
son intonation était parfaite, et le son qu'il ti-
rait de l'instrument était pur et vigoureux. Je'
me souviens de lui avoir entendu jouer la so-
nate du Diable, de Tartini, de manière à
exciter autant d'étonnement que de plaisir,
quoiqu'il ne fût déjà plus jeune. Il a publié à
Paris un œuvre de sonates pour le violon , et
a laissé en manuscrit douze concertos d'église
pour le même instrument , sept œuvres de so-
nates , et trois œuvres de duos. On ignore qui
a recueilli ses manuscrits après sa mort.
LAINEZ ou LAINE (Etienne), acteur de
l'Opéra, était fils d'un jardinier et naquit à Vau-
girard , près de Paris, le 23 mai 1753. On dit
que Berton (père), directeur de l'Opéra, l'ayant
entendu chanter dans une rue où il vendait de la
laitue , et lui trouvant une assez bonne voix et de
la justesse, le demanda à ses parents, et lui
fit apprendre la musique. Laiuez parut en pu-
blic pour la première fois en 1770 , à l'époque du
mariage de Louis XVI , dans un acte de ce qu'on
appelait alors des Fragments. Il fut ensuite ad-
mis a l'école de chant et de déclamation de l'O-
péra (en 1771 ), et débuta en 1773 , dans des rô-
les de peu d'importance. Ses succès le firent
choisir pour doubler Legros dans Alceste, en
1777 , et dans Armide, l'année suivante. Après
que Legros eut pris sa retraite , il devint chef de
l'emploi de premier ténor, appelé alors haute»
contre, et pendant quarante-deux ans que dura
sa carrière théâtrale, il créa beaucoup de rôles
qui lui firent plus d'honneur comme acteur que
comme chanteur, particulièrement ceux d'Énée
dans Bidon, de Dardanus, de Rodrigue dans Chi-
mène, de Polynice dans Œdipe à Colone, de
Liciniusdans La Vestale,deTnjan t de Cortez,etc.
Une physionomie expressive, une démarche
noble et aisée , une action dramatique pleine de
chaleur, étaient les qualités qui distinguaient cet
acteur et lui procuraient de brillants succès, quoi*
qu'il portât souvent l'énergie jusqu'à l'exagéra-
tion. A l'égard de son chant, on ne peut rien
imaginer de plus ridicule. Une voix criarde et
chevrotante , l'absence de toute éducation vocale,
si ce n'est d'une articulation fort nette du réci-
tatif; des sons gutturaux on nasards mêlés à des
cris; voilà ce qu'on remarquait dans le chant du
premier ténor de l'Académie royale de musique,
et ce qui inspirait autant d'étonnement que de
dégoût aux étrangers qui l'entendaient. Dès le
commencement de la révolution de 1789 , Lainez
montra son attachement à la cause de la royauté.
Applaudi et couronné nar le parti royaliste à la
fin de 1791, pour avoir chanté avec enthousiasme
dans Iphigénie en Aulide : Chantons, celé*
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17J
LÀINEZ — LALANDE
brom notre reine, il fut sifflé à outrance quel-
ques jours après par le parti contraire , qui le
contraignît à s'excuser, à protester de son ci-
visme, et à fouler aux pieds la couronne qui lui
avait été décernée. Il se vengea de cette humilia-
tion, après le 9 thermidor, par sa véhémence
lorsqu'il chantait le Réveil du peuple, au com-
mencement de chaque soirée. Laines se retira de
t'Opéra le 1 er janvier 1812; puis il alla donner
•quelques représentations à Marseille et à Lyon.
Dans la même année il se cliargea de la direc-
tion du théâtre dé cette dernière ville; mais
-cette entreprise ne fut point heureuse; elle le
ruina , et il fut obligé de l'abandonner, ver» la
tin de 1816. Jl revint alors à Paris, essaya de
reparaître à l'Opéra, dans Arvire et Evelina ,
mais il ne parut plus supportable, et ne se soutint
jusqu'à la fia de la représentation qu'à la faveur
du souvenir de ses anciens services. Il retourna
à Marseille, y resta quelques mois, puis revint
-encore à Paris , où il obtint, en 1817 , une place
-de professeur de déclamation lyrique au Cou*
servatoire de musique. Les chagrins et les in-
firmités empoisonnèrent ses dernières années. Il
mourut le 15 septembre 1822, des suites de l'o-
pération de la taille , dans la soixante-dixième
année de son âge.
LAIOLLE. Voyez LAYOLLE.
LALANDE (Michel- Richard DE), surin-
tendant de la musique de Louis XIV et de
Louis XV, naquit à Paris, le 15 décembre 1667,
de parents pauvres. Son père était tailleur. La-
lande fut lequiuzième enfant de ce pauvre homme.
Placé comme enfant de chœur dans l'église
Saiut-Germain-l'Auxerrois, il y apprit la musique
«ous la direction de Chaperon , qui l'affection-
liait à cause de sa jolie voix. La nature l'avait
doué d'un esprit sérieux qui le portait au travail,
«t telle était son ardeur à l'étude , qu'il y passait
souvent les nuits. 11 apprit presque seul à jouer
-du violon, du clavecin, de la basse de .viole et
4e plusieurs autres instruments. A quinze ans il
perdit sa voix par la mue , et sortit de la mal-
Irisé où il avait été élevé. Un de ses beaux-frères
le reçut généreusement chez lui, et donna chaque
semaine des concerts pour qu'il eût occasion de
se Taire connaître. Le violon était l'instrument
dont il jouait alors mieux que d'aucun autre; Il
parait toutefois qu'il n'y était pas des plus ha-
biles, même pour son temps , car 6'étant présenté
à Lulli pour être admis dans son orchestre, il
ne fut point agréé. Le mauvais succès de sa
démarche lui causa tant de chagrin, que de dépit
il brisa son violon, et qu'il renonça pour toujours
à cet instrument. Il se remit alors a l'étude de
J'orguc, et y lit de si grands progtès, qu'on le
choisit pour desservir à la fois quatre orgues des
églises de Paris , savoir, celles de Saint-Gervais ,
de Saint- Jean, des Jésuites et du petit Saint-An-
toine. Le P. Fleuriau lui confia la composition
-des symphonies et des chœurs de plusteurstragé-
dies destinées an collège des Jésuites : on fut sa-
tisfait de son travail. Plus tard il se présenta au
concours pour la place d'organiste du roi *
Louis XIV l'entendit à Saint-Germain , et Lulli,
juge de ce concours, déclara que si la place de-
vait être donnée au plus habile , elle lui appar-
tenait ; mais on le trouva trop jeune. Ce fut la
seule fois que Lulli rendit justice à Lalande; on
a fait la remarque qu'il ne savait pas le nom du
concurrent lorsqu'il prononça en sa faveur.
Le maréchal de Noailles avait choisi Lalande
pour enseigner la musique à ses filles ; sur sa
recommandation, le roi confia au jeune artiste
l'éducation musicale des princesses qui furent en-
suite duchesse d'Orléans et Madame la Duchesse.
Reconnaissant des bontés du monarque, l'artiste
mit tant de zèle dans l'exercice de ses fonc-
tions , qu'il ne sortit du château de Versailles
pendant trois ans que pour aller passer les
nuits à Glagny , où Louis XIV lui avait donné
un logement. Ce prince , qui aimait la personne
et les talents de Lalande , le combla de faveurs.
D'abord il lui donna la charge do maître de la
musique de sa chambre ; puis, en 1683 , après la
retraite des surintendants de la chapelle Du mont
et Robert, lorsqu'il fut décidé qu'il y en aurait
quatre qui serviraient par quartier, il lui accorda
une de ces places. On, rapporte à ce sujet que Ro-
bert, qui se relirait, ayant présenté Goupillet,
l'archevêque de Reims Minoret, et Lulli son
élève Colasse, chacun exaltant le mérite de son
protégé et discutant le choix du quatrième surin-
tendant, le roi leur dit ; « Messieurs, j'ai accepté
« ceux que vous m'avez présentés ; il est juste
« que je choisisse à mon tour un sujet de mon
«goût, et c'est Lalande que je prends pour
« remplir le quartier de janvier. » Le choix de
Louis XIV était le meilleur, car Lalande fut le
plus habile compositeur français de son temps
pour la musique d'église. En 1684 , le roi lui lit
épouser Anne Rebel, qui passait pour la meil-
leure cantatrice de sa chambre , fit les frais de
la noce et dota la jeune femme. Lalande eut
deux filles de ce mariage. Elles étaient douées
de belles voix; leur père ne négligea rien pour en
faire des musiciennes distinguées. En 1704 , Il les
fit entendre à Louis XIV, qui , charmé de leut
talent, les admit dans sa chapelle, et donna à
chacune mille l|vres de pension. La satisfaction
que donnaient à Lalande des filles d'un tel
mérite, dit un historien de in musique , no fut
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LALANDE
17f
pas de longue durée : la petite vérole les lui
enleva en douze jours, à la même époque où
la mort du dauphin mit toute la France en
deuil. Ces jeunes cantatrices moururent en i7il.
Quelques jours après ce funeste événement, La-
lande parut à la cour; il n'osait approcher du roi ,
mais ce prince l'appela et lui dit : « Vous avez
« perdu deux filles qui avaient bien du mérite ;
« moi j'ai perdu Monseigneur. » Puis il ajouta ,
en lui montrant le ciel : « Lalande , il faut se sou-
« mettre. » A toutes ses largesses précédentes en la-
veur du surintendant de sa chapelle, le roi ajouta
successivement le don de plusieurs pensions, dont
cne de six mille livres sur l'Opéra, qui fut ensuite
supprimée par arrêt du conseil , celui du cordon
de Tordre de Saint-Michel ; enfin, il réunit dans
sa personne les quatre places de maître de sa
chapelle, avec tous leurs émoluments et avan-
tages.
En 1722, Lalande perdit sa femme t le cha-
grin qu'il en eut lui fit désirer la solitude et le
repos ; il supplia le roi de permettre qu'après
quarante-deux ans de service il remit , gratuite-
ment et sans aucune réserve , trois quartiers de
remploi de maître de musique de la chapelle. Il
présenta pour le remplacer Campra, Bernier et
Gervais. Le roi (ou plutôt le régent, car Louis XV
n'était âgé que de, douze ans) récompensa le
désintéressement de Lalande par une pension de
(rois mille livres. Cet artiste remarquable s'était
rpmarïéen 1723 à M"« de Cury, tille d'un chirur-
gien de la princesse de Conti; il mourut le 16
juin 1726, à l'âge de soixante-sept ans, après en
avoir employé quarante-cinq au service de la
cour.
Lalande a composé soixante motets avec
chœurs et orchestre pour le service de la cha-
pelle de Versailles; ils ont été publiés avec beau*
coup de luxe aux frais du roi , et divisés en vingt
livres qni se relient ordinairement en dii volu-
mes. Ces compositions , qni étaient d'un style
nouveau en France à l'époque où elles parurent,
démontrent que Lalande était doué d'imagination,
et qu'il possédait surtout l'art de bien exprimer
les paroles. Cependant les éloges qu'on en a faits
sont exagérés ; rien n'est plus ridicule que de voir
dans La Borde que c*est depuis Lalande que les
étrangers accordent aux Français la pri-
mauté dans la musique oV église sur toutes les
nations de F Europe (Essai sur ta musique,
1. III , p. 440). En supposant qu'il ne soit ques-
tion que de la musique d'église du style concerté,
et du temps où Lalande écrivait , comment se
fait-il que La Borde ait ignoré que toutes les for-
mes de ce style se trouvent dans les ouvrages de
Caristimi, et que Lalande l'a reniement appro-
prié au goût français? Ce compositeur eut in-
contestablement plus de génie que les Goupillât,
les Minoret, et les autres faiseurs de musique
d'église qu'on trouvait en France à la fin do dix-
septième siècle et au commencement du dix-hui-
tième ; mais ses productions paraîtraient bien
p&Uss à côté de celtes de Haendel et de Bach , qui
furent presque ses contemporains. Lalande a écrit
aussi la musique de.Méliccrte, comédie de Mo-
lière, mêlée de chants, et le ballet des Élé-
ments, dont le poète Roi avait fait les paroles.
L'acte du Feu a été joué longtemps avec succès :
il formait à lui seul une pièce entière. Ces ou-
vrages sont restés en manuscrit. Titon du Tillet
assure que Lalande a travaillé à plusieurs opé-
ras , mais qu'il n'a jamais permis qu'on en jouât
rien sous son nom.
LALANDE (Joseph-Jérôme LEFRANÇA1S
DE), célèbre astronome, né à Bourg (Ain), le 11
juillet 1732, fit ses études chez les jésuites, se
fit recevoir avocat au barreau de Paris, et com-
mença la pratique chez un procureur. Plus tard
il abandonna la carrière du droit pour l'astrono-
mie, qu'il étudia sousMessier, puis sous Lemon-
nier. Infatigable au travail, il fit beaucoup d'ob-
servations, et publia un grand nombre de livres ;
mais il avait l'esprit étroit , et jamais il ne com-
prit la science dont il s'occupa pendant plus de
cinquante ans, que dans le mécanisme de ses dé-
tails. Il mourut à Paris, le 4 avril 1807. Pendant
les années 1765 et 1766 , il avait fait un voyage
en Italie, dont la relation, beaucoup trop prolixe,
a été publiée sous le titre de Voyage d'un Fran*
çais en Italie ; Paris, 1769, 9 vol. in -8°, et 1786,
9 vol. in- 12. On y trouve beaucoup de rensei-
gnements sur la musique et les musiciens de l'I-
talie à cette époque.
LALANDE (Henriette-Clémentine MÉR1C),
et non Marie, comme elle est appelée dans la
Biographie portative des contemporains, n'est
point fille d'un comédien, mais d'un directeur
de musique d'une troupe de province, nommé
Lamiraux-Lakmde. Elle naquit à Dunkerque,
en 1798. Son père lui enseigua les éléments de
la musique. Sa voix avait de la fraîcheur et du
timbre , et son intelligence ainsi que sa mémoire
étaient parfaites. On ne lui donna d'abord d'autre
éducation vocale que les rôles qu'on lui fit ap-
prendre. En 1814, elle parut pour la première
fois au théâtre de Nantes, et son début fut heu-
reux. Je l'entendis à Douai, en 18.15; elle était
alors une des plus agréables actrices d'opéra-co-
mique qu'on pût entendre sur les théâtres de
province. Jusqu'en 1822, elle continua de jouer
dans les villes les plus importantes de France,
et partout avec succès. Le bruit de son talent
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172
d'instinct était parvenu à Paris , et l'administra-
tion du Gymnase dramatique, qui avait obtenu
l'autorisation de faire jouer i'opéra-comique sur
son théâtre, lui offrit un engagement qu'elle ac-
cepta. Fille était alors âgée de vingt-quatre ans.
Mais à peine fut-elle arrivée a Paris, qu'elle com-
prit, en écoutant les bons chanteurs du théâtre
italien, que les premières notions de l'art loi man-
quaient absolument. Sa voix s'était développée,
avait acquisdu timbre et de la souplesse ; mais elle
ignorait les principes de l'émission du son et
de la vocalisation. Garcia loi enseigna de cet art
ce qui était indispensable pour chanter le rôle
xV Angélique, dans Les ¥oUe% amoureuses, pas-
tiche arrangé par Castil-Blaze sur des mor-
ceaux tirés des opéras de Rossini, de Cimarosa,
de Paer et de Generali. Elle parut pour la pre-
mière fois à Paris dans ce rôle le 3 avril 1823,
et le succès qu'elle y obtint fit naître les plus
belles espérances pour son avenir. Ce fut à cette
époque qu'elle devint la femme de Méric, alors
corniste au théâtre de rOpéra-Comique. Un en-
gagement avait été offert à M me Lalande par
l'administration de ce dernier théâtre; mais elle
suivit ie conseil qui lui fut donné par Garcia
d'aller en Italie. Arrivée à Milan en 1824, elle y
prit des leçons de Bonhchi, puis de Banderali. An
mois de novembre de la même année, elle se
rendit à Venise, où elle débuta dans la saison du
carnaval. Ignorée dans cette ville aussi bien que
dans tout le reste de l'Italie, elle ne fut point
annoncée avec éclat ; mais à peine eut-elle été
entendue, que sa réputation s'étendit avec rapi-
dité. Elle chanta pendant cette saison, avec un
succès toujours croissant, dans YEgilda de Pa-
vesi, dans VI Ida oVAvenel, de Morlacclii, et
dans le Crociato de Meyerbeer. Mortacchi, qui
l'avait entendue et qui avait reconnu en elle les
qualités d'un beau talent, la fit engager immé-
diatement pour le théâtre de Munich, où elle
joua au printemps suivant dans V Elisabeth, la
Semiramide et le Mosè de Rossini, Don Juan
de Mozart et Egilda de Pavesi. Rappelée ensuite
en Italie, elle chanta à la foire de Brescia dans
La Donna del Logo et dans Rosa bianca e
Rosa rossa de Mayer; puis elle alla à Crémone
pour l'ouverture du nouveau théâtre, et enfin elle
retourna à Venise, où la rappelait le désir de
tous les amateurs. Elle y chanta avec de nou-
veaux succès YAlcibiade de Cordella, le Mosè,
la Zelmire de Rossini, et YOrdeno edArtulla
de Pavesi. Depuis lors jusqu'à la fin de 1829
elle se fit entendre sur les principaux théâtres de
l'Italie, et partout elle excita l'enthousiasme. Il
parait toutefois que vers les derniers temps une
altération commença à se faire sentir dans son
LALANDE — LAMAN1ÈRE
' organe, car lorsqu'elle parut an théâtre Favart,
à Paris, le 2 octobre 1830, dans VUltimo giorno
di Pompeia de Pacini, on ne lui trouva pas le
charme qui lui avait procuré ses succès en Italie.
Après un assez long séjour à Paris, où sa voix
ne parut pas recevoir d'amélioration sensible,
elle s'est, dit-on, rendue en Espagne en 1833.
Aucun renseignement ne m'est parvenu depuis
lors sur cette cantatrice.
Une notice biographique sur M"** Méric-U-
lande a été publiée avec son portrait dans l'ai-
manach musical intitulé : Teatro délia Fenice ,
Venise, 1826, in-18.
LALLEMAND ( Jeah-Baptiste-Joseph ),
médecin de Stanislas, roi de Pologne, né à Lan-
gres, le 28 août 1705, vivait encore en 1762. Il
était à cette époque directeur de la Faculté de
médecine de Paris. Au nombre de ses ouvrages,
il y en a un qui a pour titre : Essai sur le mé-
canisme des passions en général; Paris, 1751,
in- 12. 11 y traite des effets de la musique, et
analyse la manière dont le chant et la musique
instrumentale agissent sur les passions.
LALOUETTE ( Jean-François), ou LAL-
LOUETTE, né à Paris, en 1651, apprit la mu-
sique à la maîtrise de Saint-Eustache et eut des
leçons de violon de Guy-Leclerc, violon de la
grande bande du roi. Lulli, qui lui enseigna la
composition, le prit pour un des violons de son
orchestre, lorsqu'il eut l'entreprise de l'Opéra.
Lalouette , qui passait pour un des meilleurs
violonistes de son temps, fnt ensuite chef d'or-
chestre du même spectacle et battit la mesure
pendant neuf ans. Il était quelquefois employé
par .Lulli pour écrire les récitatifs de ses opéras
et remplir les parties des instruments; car Lulli
n'écrivait souvent que les parties vocales et la
basse ; mais on dit que ce compositeur jaloux
l'obligea de céder sa place de chef d'orchestre à
Colaase, parce qu'il s'était vanté d'avoir composé
quelques-uns des plus beaux airs des opéras
de son maître. Cet événement arriva en 1684.
Neuf ans après, Lalouette obtint la place de
maître de chapelle de l'église métropolitaine de
Rouen ; mais il ne la garda que deux ans, s'étant
retiré au mois de mars 1695 pour accepter rem-
ploi de maître de chapelle à l'église Notre Dame
de Versailles. Il mourut dans cette ville, le I er sep-
tembre 1728, à l'âge de soixante-dix-sept ans.
Cet artiste composa la musique de plusieurs bal-
lets et intermèdes pour l'Opéra; ces ouvrages
sont restés en manuscrit. On a gravé de sa com-
position : 1° Motets à plusieurs voix, 1er livre,
Paris, in- fol., sans date. — 2° Miserere, 2 e livre
de motets, ibid.
LA MANIÈRE (Excpèie DE), harpiste et
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LAMAN1ÊRE — LAMARE
professeur de son instrument né à Laon, s'éta-
blit à Paris en 1784 : il y vivait encore en 1302.
Ce musicien a eu un moment de vogue parmi ies
amateurs de harpe, par les recueils d'airs variés
qu'il a publiés pour cet instrument, chez Boyer
et chez Imbault. Le huitième de ces recueils a
paru en 1789, chez Sieher. On connaît aussi de
Lamanière des préludes pour la harpe, œu-
vre 1 1 , et des romances avec accompagnement
de cel instrument, dont il avait composé les pa-
roles et la musique.
LAM ARCHE ( François DE), docteur en
théoiogie, chanoine, conseiller et directeur de la
chapelle de l'évéque d'Ëichstadt, en Bavière,
vê eut vers le milieu du dix •septième siècle. Il a
publié un traité élémentaire de musique en forme
de dialogue, à l'usage des élèves des écoles, sous
ce titre : Synopsis musica, oder Kleiner inhalt
wie die Jugend und andere kurzlick und
mit geringer Mûhe in der Musica auch Ins-
trumentai abzureicht&n ; Munich , 1 656, # in-8°.
LAM ARCHE (Jean -Baptiste), médecin de
la faculté de Paris, né en 1779, est auteur d'un
mémoire intitulé : Essai sur la musique, con-
sidérée dans ses rapports avec la médecine ;
Paris, 1815, in-4°.
LAMARCK ( Jean-Baptiste-Antoin e DE
MONNET, chevalier de), naturaliste distingué,
né le 1er avril 1744, à Bazantin, enire Bapaume
-et Albert, mort à Paris, le 18 décembre 1829,
fut d'abord officier au régiment de Beaujolais,
et plus tard directeur des herbiers du Cabinet
d'histoire naturelle, professeur de zoologie, mem-
bre de l'Académie des sciences et de plusieurs
autres sociétés savantes. On a de ce savant beau-
coup d'ouvrages sur les sciences naturelles, |»ar-
ticulièrement une Histoire naturelle des ani-
maux sans vertèbres^ qui jouit de beaucoup
d'estime. Il n'est cité ici que pour un mémoire
qui a été publié dans le Journal de physique
(ann. 1800), et qui a paru séparément sous ce
titre : Mémoire sur la matière du son; Paris,
Beltn, in-4° de 16 pages. Dans ce morceau cu-
rieux, Lamarck attribue les phénomènes du son
non à la vibration de l'air et des corps sonores,
mais à l'existence d'un fluide éthéré, très-sub-
til, et d'une grande rareté. C'est à ce même
fluide qu'il attribue les phénomènes de la chaleur.
Cette opinion, absolument contraire à toutes les
théories, ne soutient pas le plus léger examen.
Lamarck ne s'est point aperçu qu'il détruisait
lui-même son système par l'excessive rareté de
son fluide, car il est évident qu'il ne pourrait suf-
fire à des émissions de masses sonores telles que
de certains grands orchestres et des chœurs
nombreux de chanteurs.
173
LAMARE (Jacques-Michel HURELDE),
| célèbre violoncelliste, naquit a Paris, le 1er mai
1772, de parents peu fortunés dont il était le sep-
tième enfant, mais le fils unique. A l'âge de sept
ans il entra chez les pages de la musique du roi,
; où son caractère aimant et généreux lui fit des
i amis de tous ses camarades , des professeurs
! et du gouverneur. 11 y reçut une bonne éduca-
! tion musicale et littéraire. Lorsqu'il eut atteint
| l'âge de quinze ans, Duport lui donna les pre-
| mières leçons de violoncelle. H semblait être né
pour cet instrument ; ses succès tinrent du pro-
dige. Rentré dans sa famille avant d'atteindre sa
dix-septième année, il vit bientôt après éclater
les orages de la Révolution. La nécessité de pour-
voir à son existence et à celle de ses parents lui
fit chercher une ressource dans son talent, qu'un
travail obstiné développait avec rapidité. En 1794
il entra à l'orchestre du théâtre Feydeau, et il y
resta jusqu'en 1800. Les concerts de ce théâtre,
si célèbres dans ce temps, lui fournirent l'occa-
sion de se faire connaître et de se placer an pre-
mier rang parmi les violoncellistes français. Déjà
il avait été admis au Conservatoire, en qualité
de professeur de violoncelle; mais i) ne garda
pas longtemps cet emploi, car il partit au coin- .
mencement de 1801 pour un voyage en Allema-
gne et en Russie. Arrivé à Berlin, il y fut pré-
senté au prince Louis-Ferdinand de Prusse (voy,
ce nom), qui l'accueillit avec le plus vif intérêt,
s'enthousiasma pour son talent, et fit souvent de
la musique avec lui. La dernière fois que La-
mare vit ce prince, avant son départ pour la
Russie, il en reçut une bague avec la demande
de l'échanger contre une autre qui appartenait à
l'artiste. Touché de tant de bonté , Lainare a
conservé toute sa vie le souvenir de ce malheu-
reux prince, si digne d'une meilleure destinée.
Arrivé en Russie, de Laraare y vécut alterna-
tivement à Pétersbourg et à Moscou, fut atta-
ché au service de l'empereur, et donna des con-
certs où son talent excita toujours le plus vif en-
thousiasme. Son séjour en Russie se prolongea
jusqu'à la fin de 1808. 11 reprit alors la route de
France par la Pologne et l'Autriche, et arriva à
Paris au mois d'avril 1809. Au mois de mai sui-
vant, il donna à l'Odéon un concert où son talent
ne produisit pas l'effet que ses amis espéraient ;
une longue absence de cette ville lui avait laissé
de l'incertitude sur le goût du public: il n'eut pas
dans cette séance l'assurance qu'on attendait de
lui. Depuis lors il ne parut plus en public à Pa-
ris ; mais on l'entendit dans les cercles particu-
liers, et loin qu'on trouvât son talent diminué,
on reconnut qu'il avait acquis plus de fini. Il
était d'une habileté prodigieuse dans les diffieul*»
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174
tés ; maïs il était surtout admirable lorsqu'il exé-
cutait des quatuors ou qu'il accompagnait : aucun
violoncelliste, à mon avis , n'entrait aussi bien
que lui dans l'esprit de la musique, et n'en fai-
tait aussi bien ressortir les beautés.
Dans un voyage qu'il lit en Normandie, il con-
nut une dame qui, charmée de son beau talent
et touchée par les excellentes qualités qu'elle re-
marquait en lui, devint sa femme, le 15 mai 1815.
Dès lors il renonça à la carrière d'artiste, quoi-
qu'il continuât de l'être par son amour pour l'art
II vécut heureux pendant quelques années ; mais
la perte de deux enfants lui causa un chagrin
profond, qui paraît avoir élé l'origine d'une
phthisie du larynx à laquelle il succomba , le 27
mars 1823, à l'âge de près de cinquante-deux
ans. Il cessa de vivre à Caen ; mais il fut in-
humé à Saint- Contest, près de cette ville, où il
possédait une maison de campagne.
Il me reste à signaler un fait singulier, peu
commun dans l'histoire des arts, et entièrement
inconnu dans les pays étrangers, mais qui n'est
un mystère pour aucun artiste français, et que
la vérité m'oblige à publier. Il existe sous le
nom de Lamare des concertos et des airs variés
pour le violoncelle qui ont obtenu de brillants
succès, et dont on a remarqué les formes origi-
nales autant que la piquante harmonie : tous
ces ouvrages ont été composés par Àuber
pour son ami de Lamare. Telle était l'impossi-
bilité où se trouvait celui-ci d'écrire lui-même de
la musique analogue au caractère de son talent
d'exécution, qu'il n*a jamais pu fournir à Au-
ber le moindre trait qu'on pût intercaler dans
un morceau. Ce ne fut pas sans peine que sa pro-
bité se lésolut au subterfuge qui trompa le pu-
blic sur le nom du véritable auteur de ces com-
positions; mais il ne pouvait faire connaître son
talent d'exécution que dans de la musique com-
posée spécialement pour lui ; et pour éerire cette
musique, Auber, qui ne se destinait point alors
à la profession de compositeur, n'avait mis qu'à
celte condition sa plume au service de son ami.
Lorsqu'il se présenta des occasions de décla-
rer la vérité à ce sujet, de Lamare les saisit tou-
jours avec empressement. Les compositions con-
nues sous le nom de cet artiste sont : 1° Qua-
tre concertos pour violoncelle et orchestre (en
la mineur, ré, si bémol et la majeur); Paris,
Pleyel. — 2° Air varié idem, op. 4, ibid. —
3° Duos pour 2 violoncelles, op. 5; Paris, Ja-
net.
LAM ARIOUSE (... DE), amateur de mu-
sique, né à Poitiers, dans les premières années du
dix-neuvième siècle, s'est fait connaître par un
opuscule qui a pour titre ; Considérations sur
LAMARE - LAMPERT
la mvsique;. Poitiers, imprimerie de Sanria,
1841, in-8° de 12 pages.
LAMBARD1 (Jérôme), né à Venise, fut
chanoine régulier du monastère de lo Spirito
Sanlo, près de cette ville, et vécut au commen-
cement du dix-septième siècle. Il s'est fait con-
naître comme compositeur de musique d'église
parles ouvrages intitulés : 1° Psalmodia vesper-
tina omnium solemnit. cum cantico Beat*
Virginis Mariée octo voevm, cum basso ad
organum, liber secundus. In Cœnobio Sancli
Spiritus, prope Ve netia, 1 805, in-4°. J'ignore quelle
est la date de la publication du premier livre des
psaumes à huit voix du P. Lambardi.Ces psaumes
sont divisés en deux chœurs, chacun pour so-
prano, alto, ténor et basse, avec une double par-
tie de basse pour l'orgue, laquelle a pour titre :
Armonia (sic) ex basibus desumpta organisas
deserviens libri secundi psalmonm vesper-
tinorum octonis vocibvs, etc. Cette double basse
s'exécutait vraisemblablement l'une sur le cla-
vier du grand orgue, l'autre par le clavier de
pédale. Les notes de ces basses ne sont pas
chiffrées, ce qui indique que la nouvelle inven-
tion de ces chiffres n'était pas encore générale-
ment répandue : or, la partie de double basse
n'étant ni chiffrée ni en partition avec les par-
ties de chant, il est évident que l'organiste n'exé-
cutait pas l'harmonie avec la main droite. —
2 e Salmi vespertini in ogni solewiità dell]
anno acinque voci: Venise, 1613, cbex les lié
ritiers d'Angclo Gardano. — 3° VesperUm
omn. solemn. psalmodia ser vocibvs; ibid.,
1613, in-4°.
LAMBARDI (Camille), maître de chapelle
teVAnnunziala, à Naples, vécut dans cette ville
vers la fin du dix-septième siècle. On connaît
sous son nom l'ouvrage qui a pour titre : Bes-
ponsori délia Settimana sauta, con il Ben-
dictus, e Christusfactus est, a due cori ; Naples,
1692, in-4°.
LAMBERT , moine de l'abbaye de Saint-
Hubert, ordre de Saint-B^nolt, cité dans le Can-
taiorium, vivait en 1055. Les bénédictins Mar-
tenne et Durand , premiers éditeurs de cette
importante chronique du onzième siècle, ont
fait observer que la mention d'orgues qui s'y
trouve est un fait très-remarquable à une épo-
que où elles étaient d'une rareté excessive dans les
monastères. D'après cette chronique, Lambert
était organiste de l'abbaye de Saint-Hubert:
c'est le plus ancien nom connu d'un artiste de
ce aenre.
LAMBERT (Pierre), musicien français,
né à Noyon, en 1493, fut attaché à la chapelle
pontificale, ainsi qu'on le voit par son épitspue,
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LAMBERT
qui est dans î'église Sain .-Augustin à Rome.
Celte même épitaphe fait voir qu'il mourut à
Rome, le 1 er des calendes de septembre 1563, à
l'âge de soixante-dix ans , et que Nicolas Polie-
Uns, son élève, fut son exécuteur testamentaire.
Enfin, le même document nous apprend que
Lambert était néàNoyon. Voici cette épitaplie :
175
Petro' Umberto Bclg. ncrvlo
Norloduneini
Summor. l'ontlf. Symphonlaco
Gravi rlro Inocentia
El erga inopes adroirablii raia
tflcolau* Polletlus
Cliens et testamcntl executor
Munlclpl et patrono de se brncmcrcntl
P.
VU» annos LXX
Obilt 1 sal. sept ann. Sal. MDLXIII.
Il est vraisemblable que c'est le même artiste
qui est désigné par plusieurs écrivains italiens du
seizième siècle sous les noms de Lamberto il
caldarino (Lambert le petit chaudron ) et de
Lamberto il caldarajo ( Lambert le chaudron-
nier ) , peut-être parce qu'il avait exercé d'a-
bord cette profession. Quelques madrigaux de
Lambert ont été imprimés avec ceux d'An-
toine Barré , dans la collection qui a pour titre :
Primo Ubro délie Muse a quatlro voci , Ma-
drigal* ariosi di Antonio Barré, et altri di-
versi autori; Rome, Ant. Barré, 1555, in-4°.
LAMBERT ( Michel), musicien et maître
de chant à Paris, dans le dix-septième siècle, eut
dans le monde élégant et à la cour la réputation
d'un des meilleurs artistes de son temps. Il na-
quit en 1610, à Vivonne, dans le Poitou, fut en-
fant de chœur à la sainte chapelle de Champigny,
et vint fort jeune à Paris, où Moulinier (voyez
ce nom ), charmé de son intelligence et de sa jolie
voix , le fit entrer dans les pages de la musique
de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII. Après
plusieurs années passées dans cette situation, il en
sortit, et se livra à l'étudede plusieurs instruments
et de la composition. Plus tard, il reçut des le-
çons de chant de De Niel , ou De Niert , valet de
chambre du roi et chanteur de sa musique. Ce
De Niel avait suivi le maréchal de Créqui 'dans
son ambassade à Rome. 11 prit des leçons de
chant dans cette ville , et communiqua la mé-
thode italienne à Lambert lorsqu'il fut de retour
à Paris. Lambert, qui avait mis à profit ses
•conseils, chantait d'une manière agréable; de
Plus, il jouait bien du théorbe, du luth et du
clavecin. Le cardinal de Richelieu, dont la fa-
mille était du Poitou, l'admit près de sa per-
sonne, et lui promit de prendre soin de sa for-
tune; cependant il ne parait pas que l'artiste en
ait reçu d'autre faveur que celle de chanter dan*
ses assemblées (1).
Il ne parait pas facile de décider quand a
commencé la réputation de Lambert comme
maître de chant et comme compositeur d'airs à-
la mode. Mersenne, dont le livre de Y Harmonie
universelle fut imprimé en 1636, ne cite pas
son nom parmi ceux <fes musiciens connus de
son temps ; cependant Lambert était alors âgé de
vingt-six ans. Ce qui parait certain, c'est qu'il
était alors plus homme de plaisir qu'artiste soi-
gneux de sa renommée. Suivant les habitude*
des jeunes gens de ce temps, il hantait les ca-
barets et s'y enivrait parfois. Dans l'une de ces
maisons, appelée le cabaret du Bel-Air, etqur
était tenue par un certain Le Puis, il vit 1»
fille de l'hôte, lui trouva de la beauté, de l'es-
prit, une voix charmante, en devint amoureux r
et l'épousa. Tallemant des Réaux rapporte,
dans ses Historiettes , une autre anecdote, qui
fait voir jusqu'où il se laissait aller quelquefois r
même après son mariage. « Un jour, dit-il , que
h notre Orphée s'était laissé entraîner dans une
« de ces cave* de vin muscat, à la Croix du ti-
« roir ( autrement dit du trahoir) , il en sortit
« la tête en compote, et en s'en retournant il
« trouva Le Puis , son beau-père , qui lui dit
« qu'il le cherchait, que le cardinal le demandait,.
« et qu'il y avait un carrosse au logis qui atten-
« dait il y avait longtemps. Il fallut aller ; par
| * bonheur pour lui, il y avait ce jour-là deux
« comédies chez le cardinal, l'une françoise,
« l'autre italienne, durant lesquelles il dormit
« fort bien. On soupa : il n'avait pas besoin de
« souper, il employa encore ce temps à dormir ;
« il était dix heures quand on le lit chanter : il
« n'eut jamais tant de voix. » Le môme Talle-
mant dit aussi que le mariage de Lambert ne
fut pas des plus heureux , et que sa femme
mourut de chagrin, au bout de trois ou quatre
ans, laissant une fille, Madeleine Lambert, qui
Jut élevée avec beaucoup de soin par sa jeune
tante, M lle Hilaire Le Puis. Tout cela appar-
tient à la jeunesse de Lambert et du vivant du
cardinal 'de Richelieu , qui mon rut en 1642 ;
l'artiste n'était alors Âgé que de trente-deux
ans.
Ce fut vers cette époque que commença la
vogue de Lambert comme maître de chant ; elle
devint telle en peu de temps, qu'il ne put sa-
(1) J'ai dit dans la prrmlère édition de cette Biogra-
phie , d'après k Parnasse français de Titon du Tillet ,
que le cardinal de Richelieu fit avoir à Lambert la charge
de maître de musique de la chambre du roi; mais ec
fait parait Inexact. Lambert n'obtint cette charge que
sous le règne de Louis XIV.
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170
LAMBERT
tisfaire aux demandes de tontes les personnes
de condition qui voulaient prendre de ses leçons.
Quel que fût son talent, ce n'était pas le seul
avantage qui lui procurait la faveur de îa ville et
de la cour ; car il était homme d'esprit , bon
convive, et fort plaisant dans sa manière de
conter. Quelques vers de la troisième satire de
Boilean font voir qu'on recherchait avec em-
pressement les occasions de se trouver avec
lui. Tout le monde les connaît :
Molière avec Tartufe y doit Jouer son rôle :
Et Lambert , qui plus est , m'a donné sa parole.
C'est tout dire en un mot , et voua le connolssez. —
Quoi! Lambert?... — Oui, Lambert : à demain. — Cest
assez.
Il parait que ce musicien était obsédé par les
invitations des oisifs, qui s'amusaient de son chant
et de ses bons mots; il promettait souvent de
s'y rendre, pour se soustraire aux importun! tés;
mais rarement il était fidèle à sa parole : il
préférait aux plaisirs du monde le repos qu'il
goûtait dans sa maison de campagne, près de
Poteaux.
En dépit de son talent et de la faveur des
grands, l'existence de Lambert était peu fortunée,
et son revenu ne reposait que sur des bases assez
peu solides. 11 aurait pu s'enrichir par ses le-
çons ; mais il n'y mettait pas beaucoup d'exac-
titude. Comme la plupart des artistes d'imagi-
nation, il en éprouvait souvent des dégoûts. Il
n'y avait point alors de concerts pour le public,
car ce qu'on appelle aujourd'hui le public
n'existait pas. Le roi , la cour et les plaisirs des
grands étaient la seule ressource des artistes :
la bourgeoisie et le peuple n'avaient d'autre des-
tination que de travailler et de payer les im-
pôts. Ajoutons que les musiciens en renom ne
faisaient pas leurs conditions, comme ils le font
aujourd'hui, pour aller jouer des instruments
et clianter dans les salons de la noblesse : ils
recevaient des cadeaux éventuels, et parfois
on ne se souvenait d'eux qu'après de longs in-
tervalles. Lambert en éprouvait souvent d'assez
grands embarras. Le travail qu'il faisait pour
les ballets du roi était aussi rétribué d'une
manière irrégulière. Enfin les airs charmants
qu'il composait , et qui faisaient les délices de la
cour et de ta ville, ne lui rapportaient rien , car
personne alors n'imaginait que les idées d'un
compositeur eussent une valeur représentée par
de l'argent. La famille des Bal lard , imprimeurs
de musique à Paris , avait seule la propriété de
toute la musique qui s'écrivait en France, sans
être tenue de l'acheter, parce qu'elle avait pour
cela privilège de roi. Lambert finit par se fati-
guer d'une existence si peu convenable pour un
homme de son mérite. Il se trouva si gueux,
dit Tallemant , qu'il en eut honte. Toutefois il
fit peu de démarches lui-même pour sortir de
cette position : il fallut que ses amis s'entre-
missent pour lui. M. de Lamoignon , évèque de
Lisieux, qui aimait avec passion le chant de
Lambert , fut un des premiers à s'intéresser à
son sort : il lui donna une pension de mille
francs sur ses bénéfices. A quelque temps de là
il en eut une autre, de huit cents livres, de l'e-
vêque de Langres. Vers 1650 , il en obtint une de
400 écus sur la cassette du roi ; enfin, Louis XIV
lui accorda une des places de maître de la
musique de sa chambre. Cette époque fut la
plus brillante de sa carrière, et dès lors il goûta
les douceurs d'une vie exempte de soucis.
Vers 1655, il quitta la maison de Le Pais,
avec sa fille et sa belle-soeur Hilaire : tous trois
allèrent demeurer près des Petits-Pères, chez
un ami nommé Hervault , qui prit soin de leurs
affaires , et Lambert ne s'occupa plus que de
son art. Insensiblement il cessa de sortir de
chez lui pour donner des leçons, et sauf quel-
ques grandes dames pour lesquelles il consentait
à se déranger, ceux qui désiraient l'entendre et
recevoir ses conseils devaient aller chez lui. Sa
réputation croissait de jour en jour, son talent
passait pour incomparable. La Fontaine, fou-
lant donner l'idée de la perfection du chant, dit
dans une de ses fables : vous surpassez Lam-
bert (1), et Le Gallois , bon juge des artistes de
son temps , cite les plus habiles en ces termes :
« 11 est certain que quelques-uns d'entre eux
« ont eu une approbation universelle, qui semble
« les mettre dans une juste possession de la
« couronne, comme un Gautier pour le lut,
« un Chambonière pour le clavessin , un Lam-
« bert pour le chant , un Francisque Corbelte
« pour la guitare, etc. (2). » Il y a de charmantes
mélodies parmi les chansons et les petites can-
tates de Lambert : on y trouve plus- d'élégance
et de variété que dans les airs de Lullijmais
la musique de théâtre, liée à l'intérêt drama-
tique, aura toujours des succès populaires qui ne
pourront être balancés par la musique de cham-
bre. Lambert surchargeait la sienne d'une foule
d'ornements, tels que le trille, les groupes,
le coulé , le flatté, le port de voix, etc.
Ce sont vraisemblablement ces broderies, et
les doubles ou variations du thème, qui va-
lurent à Lambert sa réputation de grand chan*.
tenr.
fl) Llrre XI, fable 8*.
(s) lettre de M. Le Gallois à Mademoiselle Kegnavlt
de Solier touchant ta musique ; Parla, EstieoneMicaallei.
1680, ln-lî; p. 65 et 66.
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LAMBERT
177
Lulli épousa la fille de Lambert, le 24 juillet
1662, et reçut de son beau- père une dot de
20,000 livres. On a remarqué que celui-ci fut le
seul musicien dont le Florentin ne fut pas ja-
loux , et pour qui il eut toujours un respect
qu'on n'aurait pas attendu de son caractère
brutal. Lambert lui survccut, car il ne mourut
qu'en 1696, à l'âge de quatre-vingt-six ans. Il
fut inhumé près de son gendre, dans l'église des
Petits- Pères. On a de cet artiste un recueil
d'airs et de brunettes, publié en 1666, chez
Ballard , petit in-4° oblong. Il en a été fait une
deuxième édition , augmentée de quelques mor-
ceaux , chez Christophe Ballard , 1689, in- fol.
Après la mort de l'artiste , on recueillit un grand
nombre de ses morceaux de chant épars, et ils
furent publiés sous ce titre : Airs et dialogues
à une , deux, trois, quatre et cinq voix , com-
posez ( sic ) par feu M. Lambert , maître de
la musique de la chambre du Roi ; Paris ,
Ballard , 1698, in-4°. Dans la même année , il
parut une autre édilion de ce recueil, à Ams-
terdam, chez Etienne Roger. Il y a des airs de
Lambert répandus dans plusieurs recueils, de
divers auteurs publiés par les Ballard , notam-
ment dans celui qui a pour titre : Recueil des
plus beaux vers mis en chant. Il existe aussi
des recueils manuscrits qui renferment des
morceaux de la composition de cet artiste, les-
quels n'ont pas été publiés. Un de ces recueils
est à la Bibliothèque impériale de Paris : on y
trouve quarante-trois airs de Lambert avec d'au-
tres de Boesset, de Camus, etc. La bibliothèque de
l'Arsenal en possède un autre, sous le titre ô'Airs
de M. Lambert non imprimés ( copié chez
Foucault , rue Saint-Honoré , à la Règle d'or ).
Enfin, la Bibliothèque du Conservatoire de Paris
est en possession de Leçons des Ténèbres pour
la semaine sainte et d'un motet de Lambert qui
n'ont point été mis au jour.
M. J. Ed. Bertrand a publié dans la Revue
et Gazette musicale de Paris (l) une mono-
graphie , ou , comme on dit aujourd'hui , une
Étude sur Michel Lambert, où il y a de l'intérêt,
bien qu'un peu diffuse : ce travail nous a été
utile. Gerber a confondu Lambert avec Saint-
Lambert , autre professeur de musique et au-
teur d'un Traité d'accompagnement
LAMBERT (N.DESAINT-). VoyezSAim-
LAMBERT.
LAMBERT (....), luthier lorrain, sur-
nommé le charpentier de la lutherie, s'est
moins fait remarquer par le mérite de ses ins-
(i) Voyez Revue et Gatette musicale de Paris • î« e an-
, née ( 1859 ) , p. 9, 35, C9, 148, 13V.
BIOGi; LH1V. DES MILICIENS. — T. V.
I ?
truroents que par leur nombre. La quantité de
violons qui sont sortis de ses ateliers est im-
mense. 11 a formé quelques bons élèves , parmi
lesquels on distingue Saunier. Il parait qu'il
vivait encore à Nancy vers 1750 , car on connaît
des instruments qui portent son nom et qui ont
été faits vers le milieu du dix-huitième siècle.
LAMBERT (Jean-Henri ) , savant mathé-
maticien et philosophe distingué, naquit le 29
août 1728, à Mûlhausen, dans la Haute- Al-
sace. Il fut un des membres les plus actifs de l'A-
cadémie de Berlin , et mourut dans cette ville,
le 25 septembre 1777. Parmi ses nombreux écrits
on remarque les mémoires suivants, sur des su-
jets relatifs à la musique : 1° Sur quelques ins-
truments acoustiques (Mém. de l'Académie des
sciences de Berlin, 1763, p. 87 et suiv.). Il y a
une traduction allemande de ce 'morceau, avec
des notes du professeur Huth, publiée non à
Berlin, comme le dit Lichtenthal, mais à Franc-
fort-sur-POder, en 1796 — 2° Sur la vitesse du
son (Mém. de l'Académie de Berlin, ann. 1798,
p. 70 et suiv.). Lichtenthal s'est trompé en in-
diquant pour ces deux ouvrages les Mémoires de
l'Académie des sciences de Paris. — 3° Remar-
ques sur le tempérament en musique (Idem,
ann. 1774). Marpurg a inséré une traduction al-
lemande de ce morceau dans ses essais historiques
et critiques sur la musique (Histor. krit. Bey-
trœge, etc., t. V, pages 417-450). — 4° Obser-
vations sur les tons des /lûtes (Méin. de l'Aca-
démie de Berlin, 1775) ; mémoire intéressant et
plein de recherches savantes.
LAMBERT (Georges- Joseph -Laurent), pro-
fesseur de chant et compositeur, est né à Arras,
en 1779. Les premières leçons de musique lui
furent données par son père ; puis ileut pour maî-
tre Schorn, mattre de chapelle à l'église Saint-
Pierre. Il n'était âgé quedëseizeans lorsqu'il fut
attaché en qualité de chef d'orchestre a une troupe
de comédiens qui jouaient alternativement dans
les villes du département du Nord, et pendant
près de dix ans (1795 à 1804) il en remplit les
fonctions. En 1805, il se trouvait à Amiens, où
il écrivit plusieurs morceaux de musique pour
l'installation de l'évoque. Dans la même année il
se fixa à Paris, où lise fit bientôt connaître comme
professeur de chant et comme compositeur de
romances agréables et de rondeaux qui eurent
alors de la vogue. Parmi ses romances, celles
qui ont obtenu beaucoup de succès sont : Qu'il
est doux ce premier désir; De la pudeur à
son aurore; Respectez l'aimable candeur;
Les adieux d'une fille à sa mère; Cécile, ou
Vamour; Les bords de la Loire, etc. Elles ont
été toutes publiées à Paris. Une des meilleures
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178
LAMBERT — LAMB1LL0TE
productions de cet artiste consiste en trois qua-
tuors pour deux violons, alto et basse ; Paris ,
chez l'auteur. Ces quatuors, dont les mélodies
ont du charme, et dont la facture est fort bonne,
méritaient plus de succès qu'ils n'en ont obtenu ;
mais Lambert n'était pas connu pour ce genre
de musique, et l'on n'a voulu voir en lui que le
compositeur de romances. On a aussi de cet ar-
tiste quelques morceaux de musique d'église,
dont un Domine salvum fac regem à 2 voix
et orgue; Paris, Baucé; un O Salutaris à 3 voix
et orgue, ibid. ; un Magnificat à 4 voix et orgue,
ibid. ; et un Chœur de vierges ( Jesu corona
virginunij à 3 voix et orgue, ibid. ; enfin, un autre
Magnificat à 4 voix, chœur et orchestre, qui
a été exécuté après sa mort, à Paris, au mois de
juillet 1852. Lambert avait acquis de l'aisance,
on pourrait presque dire de la fortune, par un
travail constant et par l'économie. 11 n'était pas
marié. Libre de tous soins, il aimait à voyager,
et dans les dix dernières années de sa vie, il vi-
sita toutes les parties de l'Europe, partant de
Paris vers le mois de juillet, et n'y rentrant qu'en
novembre. Ses excursions avaient particulière-
ment la mu&ique pour objet. 11 est mort a Dijon,
dans les derniers jours de juin 1852, à Page de
soixante- treize ans.
LAMBERT (Charles)', professeur de
piano, né a Paris, en 1793, a reçu des leçons de
MM. Adam etZimmerman. Il a publié ; 1° Sonate
élémentaire doigtée pour piano ; Paris, Janet et
Cotelle. —2° Recueil de contredanses pour piano ;
Paris, Omont. —3° Méthode de piano, con-
tenant le tableau du clavier, les principes du
doigter, etc. ; Paris, Boieldieu. — 4° Petite mé-
thode extraite de la précédente ; ibid. La fille de
ce professeur épousa le harpiste et compositeur
Labarre.
LAMBERT (G.-L.) 1 , né à Beverley, dans
le duché d'York, en 1795, a étudié les principes
de la musique sous la direction de son père,
organiste à l'église principale de cette ville. À
l'Age de seize ans, on l'envoya à Londres pour
achever son éducation musicale sous la direction
de Lyon, puis sous le docteur Crotch. En 1818,
il perdit son père, et le remplaça comme orga-
niste à Beverley, après avoir obtenu sa place
au concours. Il a publié : 1° Sonate pour piano
seul ; Londres, Latour. — 2° Duo pour piano à
quatre mains ; ibid. — 3° Trois trios pour piano,
violon et violoncelle ; Londres, Birschall. — 4° Sep-
tuor pour piano, violon, alto, violoncelle, deux
cors et contrebasse ; ibid.
LAMBERTI (Louis) , compositeur, né à
Savone, le 22 octobre 1769; fit ses études musi-
. cales sous la direction de L. Mariani, maître de
chapelle de la cathédrale de sa ville natale, et devint
un musicien fort habile. Après la mort de son
maître, il lui succéda dans ses fonctions du maî-
tre de chapelle ; mais cinq ans après il les aban-
donna, par caprice, et depuis lors il eut une vie
agitée et précaire. En 1806 il vint à Paris, y
vécut sans emploi, et y publia dh erses com-
positions pour le piano, dont il dédia plusieurs
morceaux à la princesse Pauline, sœur de Napo-
léon. On connaît sons son nom en Italie trois
opéras : 1° l'Amante schernito, farce. —
2° Orfeo, opéra séria. — 3° / due Frmtelli ori-
ginali* Il a aussi écrit plusieurs messes concer-
tantes , des vêpres pour toute Tannée, des leçons
des ténèbres, un Miserere, deux Tanlum crr,o ,
plusieurs motets, hymnes et beaucoup de sympho-
nies, dont plusieurs caractéristiques, telles que la
Mort de Louis XVI et Publius Claudius; des
quintettes , quatuors et trios pour violon, alto
et violoncelle ; des duos pour violon', clarinette,
flûte, beaucoup de pièces en harmonie pour des
instruments à vent; des concertos pour divers
instruments ; des sérénades, des sonates de piano
avec accompagnement de violon ; d'autres à qua-
tre mains, et des pièces de différents caractères.
On a publié de sa composition à' Paris : Sonate
pour piano avec violon ou flûte, op. 37 ; Paris,
Sieber. Lamberti vivait encore à Paris en 1812;
j'ignore ce qu'il est devenu depuis ce temps.
LAMBERT1M (Jean-Thomas) , musicien
italien du seizième siècle, vécut à Venise, où il
était, suivant le frontispice de ses Madrigali ,
vice-maltre de chapelle à l'église San- Lorenzo ,
en 1560, et où il publia : Salmi pénitent iali a
quattro voci ,. 1 569, in-4°. On a aussi de lui :
Madrigali a quattro, novamente composa so-
pra quindici stanze di M. Bernardo Tasso,
con alcuni attri madrigali del medesimo au-
tore. Lib ro primo; in Venezia, appresso d Anto-
nio Garda no, 1560, in-4° obi.
LAMBILLOTE (Le P. Louis), jésuite, ne à
Charleroi (Hainaut), le 27 mars 1797, montra
dès son enfance du goût pour la musique. A l'Age
de sept ans il eut la bonne fortune d'être ren-
contré par un abbé italien qui demeurait dans
un château des environs, et qui, remarquant ses
dispositions mélomanes, lui enseigna les éléments
du solfège, du clavecin et de l'harmonie. Plus
tard, il reçut des leçons d'orgue d'un religieux
de l'ordre de Saint-Augustin, qui le mit en état de
remplir les fonctions d'organiste à l'église de
Charleroi, puis à celle, de Dinant sur la Meuse.
H était parvenu à l'âge de vingt-cinq ans lors-
qu'un de ses amis le détermina à l'accompagner
jusqu'à la maison des jésuites de Saint-Acheui.
Il s'y présenta comme candidat pour la place
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LAMB1LL0TE
179
-vacante de maître de chapelle, et l'obtint. Ce fut
alors qu'il conçut le dessein d'entrer dans la
Compagnie de Jésus ; mais il n'avait pas fait d'é-
tudes littéraires dans sa jeunesse : il dnt se rési-
gner à les commencer à un âge où il est rare
qu'on y réussisse. Toutefois son coq rage et sa per-
sévérance le firent triompher des difficultés et
acquérir une certaine connaissance «le la lan-
gue latine. Admis au noviciat, le 15 août 1825,
il acheva le temps d'épreuves et fut ordonné
prêtre. Le reste de sa vie s'écoula dans diverses
maisons de son ordre, à savoir Saint- Acheul,
Fribourg, Aix (en Savoie), Briegg, Brugelette
(Belgique), et enfin, Yaugirard. Il est mort dans
celle-ci, le 27 février 1855, à l'âge de près de
cinquante- h nit ans. Jusqu'à l'âge d'environ qua-
rante-trois ans, le P. Lambillote composa une
grande quantité de musique d'église d'un style
vulgaire, plus convenable pour les guinguettes
que- pour le service divin, et de plus fort mal
écrite. Elle eut cependant du succès dans les
provinces de France, où le goût est en général
assez mauvais.
Le P. Lambillotte s'était fort peu occupé du
plain-cbant jusqu'en 1842, époque où l'auteur de
cette biographie , ayant appelé l'attention des
ecclésiastiques sur les altérations qu'a subies le
chant grégorien dans un grand nombre de ma-
nuscrits, ainsi que dans la plupart des éditions,
et ayant fait connaître ses idées sur la nécessité
d'en faire une restauration uniforme, cette ou-
verture fit naître une grande agitation en France
et en Belgique. Une foule d'écrits de tous genres
parut à cette occasion, et dans une question qu'il
aurait fallu étudier avec calme, on vit se pro-
duire une ardente polémique, où les 'intérêts
d'amour-propre devinrent bientôt l'objet prin-
cipal (1). Au lieu de principes certains, qui ne
peuvent se déduire que d'une étude historique
des monuments, laquelle, il est vrai, est envi-
ronnée de grandes difficultés, chacun apporta
ses opinions et ses vues particulières. Celui qui
avait été la cause de tout ce bruit s'était pro-
posé l'unité dans le chant de toute l'église catho-
lique : au lieu de cela , l'anarchie la plus com-
plète régna pendant plus dequinze ans, et l'on eut
pour résultats les livres de chant de Malines, de
Dijon, de Reims et de Cambrai, de Rennes et de
Digne, tous dissemblables, tous s'éloignant d'une
(1) Parmi le grand nombre d'auteurs qui ont pris part
à ce débat, on peut consulter, pour les ouvrages qu'Us ont
publiés, les articles Alfieri y Alix, Bonhomme, CtoH, Fra-
selte et Germain, Ad. de La F âge, Bopaerts, Ducal , De
loqhU Mlynard, fit isard, Patu de Saint Pincent, <TOr-
tigue, Schubiger 9 et Tesson, lien est beaucoup d autres,
qui n'ont écrit sur ce sujet que dans les Journaux ecclésias-
tiques et autres.
manière pins ou moins arbitraire du véritable
but. Le P. Lambillotte s'était jeté dans la mêlée i
lui aussi se persuada qu'il était appelé à opérer
l'œuvre de la réforme du chant, et sans possédée
les connaissances nécessaires, il alla explorer des
manuscrits en diverses bibliothèques de l'Europe.
II s'attacha particulièrement à celui de Saint-Gall,
que des traditions mal fondées présentaient comme
une copie authentique de l'Antiphonaire de saint
Grégoire; il en fit faire une copie en fac-similé ,
et la publia sous ce titre : Antiphonaire de saint
Grégoire, fac-similé du manuscrit de Saint'
Gall ( vm e siècle ) accompagné : 1° d'une no-
tice historique; 2° d'une dissertation don-
nant la clef du chant grégorien ; 3 e de di-
vers monuments, tableaux neumatiques iné-
dits, etc. ; Paris, 1851, gr. in-4°. La notice sur
le manuscrit supposé être une copie authentique
de l'antiphonairede saint Grégoire envoyée à Char-
lemagne, en 790, par le pape Adrien I er , est
tirée d'une chronique du moine Ekkard ou Ek-
keard, du monastère de Saint-Gall, lequel écri-
vait au douzième siècle ; mais le savant P. Schu-
biger, bénédictin de l'abbaye d'Einsiedeln, a
prouvé que l'écriture de ce manuscrit est du
dixième siècle ; qu'on y trouve des pièces, entre
antres la messe de La Trinité, qui n'existaient
pas au huitième; enfin, que ce manuscrit, coté
350, n'est pas mentionné dans le catalogue de la
bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall, dressé dans
le neuvième siècle, et qui se trouve dans la même
bibliothèque sous le numéro 728 (voy. Schubi-
cer). Déjà hauteur de cette biographie avait
établi, dans une discussion avec le conseiller de
Kiesewetter (Revue et Gazette musicale de Pa-
ris, 1844, n" 24, ^, 26), que le manuscrit de
Saint-Gall n'est pas un antiphonaire, et sur-
tout n'est pas celui de saint Grégoire, n'étant pas
conforme à celui qui a été publié par les béné-
dictins Denis de Sainte-Marthe et Guillaume Bes-
sin, dans les œuvres de ce saint pontife ( t. 3,
p. 737-778), d'après un manuscrit authentique
du neuvième siècle qui avait appartenu à l'église
de Compiègne. Le P. Schubiger reprend cette ob-
jection, et la fait valoir par de nouveaux argu-
ments. Au résumé, le manuscrit de Saint-Gall,
bien qu'intéressant comme ceux de son époque,
n'a pas l'authenticité que Kiesewetter et le P. Lam-
billotte ont voulu lui attribuer. A l'égard du tra-
vail dont le P. Lambillotte l'a accompagné, sous
le titre de Clef des mélodies grégoriennes dans
les antiques systèmes de notations , et de l'u-
nité dans les chants liturgiques, il se compose
de deux parties, la première, de monuments his-
toriques qui ont de l'intérêt; l'autre, de raisonne-
ments du R. P. jésuite, où souvent il fait preuve
12.
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180
LAMBILLOTE — LAMIA
âe peu d'intelligeuce de la matière. Les autres tra-
vaux de ce religieux relatifs au cliant de l'église
n'ont vu le jour qu'après sa mort, parles soins
du P. Du four, du même institut. Le premier en
date est un écrit intitulé : Quelques mots sur la
restauration du chant liturgique; état de la
question; solution des difficultés ; Paris 1855,
in-8° de 46 pages, avec un spécimen du système de
restauration imaginé par le P. Lambillotte, lequel
consiste dans la messe de Pâques, en notation de
plaint-chant et en notation moderne. M. l'abbé
Bonhomme a fait une analyse accablante du système
et de l'écrit du R. P. jésuite dans une brochure
intitulée : Simple réponse à la brochure du P.
Lambillotte intitulée : Quelques mots ; etc., Pa-
ris, J. Lecoffre, 1855, in-8° de 48 pages. M. l'abbé
Jules Bonhomme, très- fort lorsqu'il met en évi-
dence les inconséquences du P. Lambillotte, ne
l'est plus autant lorsqu'il veut faire considérer
comme excellentes les leçons des éditions rémo-
cambraisienncs du graduel et de l'antiphonaire,
dont il avait mission de faire l'apologie. Après
les Quelques mots, le P. Du four a publié l'ou-
vrage du P. Lambillotte intitulé : Esthétique,
Théorie et Pratique du chant grégorien res-
tauré d'après la doctrine des anciens et les
sources primitives ; Paris, Ad. Leclerc, 1855,
1 vol.gr. in-8°, de 418 pages. On peut voir dans
la préface de cette biographie ( p. xxvi , xxvii )
les exemples que j'ai donnés de l'absence de
toute critique et de logique dans cet ouvrage du
P. jésuite. La dernière .publication posthume
des travaux de ce religieux est le Graduel et le
Vespéral endooble notation moderne et de plain-
chant; Pari*, Ad. Leclerc, 1856. Il est dit dans la
Biographie^ énérale de MM. Didot, que Vœu-
vre capital&duP. Lambillotte est sans contre-
dit la restauration du chant grégorien (t. 29,
col. 166) : je suis obligé de dire que cette res-
tauration consiste à l'avoir altéré partout. Le
P. Lambillotte, qui ne cesse de répéter qu'il faut
recourir aux manuscrits, ne les consulte que pour
changer ce cfu'il y trouve. On a aussi de lui :
1° Choix des plus beaux airs de cantiques ar-
r anges à deux parties 2° Musée des orga-
nistes; collection des meilleures fugues com-
posées pour Vorgue et choisies dans toutes les
écoles; Paris, 1842-1844, 2 vol. in-4° obi. —
3° Choix de cantiques sur des airs nouveaux
pour toutes les fêtes de Vannée, à 3 et 4 voix,
avec accompagnement d'orgue ou do piano ; Paris,
1843. — 4° Petits saluts pour les fêtes de
deuxième classe; Paris, Canaux , 1844-45. —
5° Première collection de deux saluts pour les
grandes fêtes de Vannée, avec orgue et or-
chestre, en 12 livraisons; Paris, 1845.— 6° Quel-
, ques motets détachés publiés de 1843 à 1846.—
| 7° Seconde collection de douze saluts pour
toutes les fêles de Vannée, avec accompagne-
ment d'orgue ou d'harmonium; Paris, 1854.
8° Chants à Marie, recueils de cantiques à la
sainte Vierge, publiés en trois parties de 18U
û 1854; Paris, 3 vol. in-12 et in-8°. — 9° Trois
Messes solennelles avec orgue et orchestre ; Paris
V e Canaux. — 10° Messe solennelle en stylegré-
gorien du cinquième mode ; Paris, 1855.
LAMI (Michel), ou LAM Y, prêtre, fut d'abord
maître de chapelle de l'église desSaints-InnoeenU,
à Paris, puis obtint la maîtrise de la cathédrale
de Rouen, en 1697. Il en remplissait les fondions
depuis trente et un ans lorsqu'il crut devoir don-
ner sa démission (en 1728), parce que les cha-
noines de la métropole avaient décidé que les
musiciens et chanteurs de l'Opéra seraient admis
à chanter et jouer des instruments dans la chapelle.
Les scrupules austères de Lami ne lui permirent
pas d'admettre cette alliance de l'église et du
théâtre. Il a laissé en manuscrit quelques messes
qu'on a longtemps exécutées à la cathédrale de
Rouen, et a fait imprimer un recueil d'ouvrages
de sa composition, sous ce titre: Cantates, pe-
tits motets à une, deux et trois voix, et va
cantique nouveau à deux choeurs et sympho-
nie ajoutée, propre particulièrement pour la
fête de Pâques, à V usage des cathédrales;
Paris, 1721, in-fol. Il examine, dans la préface
de cet ouvrage, la manière de composer la mu-
sique d'église, et promet de faire paraître un grand
nombre de morceaux de ce genre, ainsi qu'an
traité sur le même sujet, où il se proposait de
prouver que l'organisation de la musique d'église
en France était de son temps la meilleure et de-
vait être préférée à celle de l'Italie.
LAMIA, célèbre joueuse de flûte de l'anti-
quité, était née en Egypte; mais elle vécut long-
temps à Athènes, où ses talents n'excitaient pas
moins d'admiration que sa beauté. Elle eut beau
coup d'amants, dont les profusions lui procurè-
rent d'immenses richesses. Elle se retira à Alexan-
drie, et elle était devenue la maîtresse de Pto-
lémée Soter, lorsque la défaite de. la flotte de ce
prince par Démétrins tit tomBer Lamia entre les
mains de celui-ci, avec les femmes et les esclaves
du vaincu. Elle n'était déjà plus dans la pre-
mière jeunesse ; cependant elle inspira la plus ,
vive passion à Démétrius, moins âgé qu'elle et
le plus bel homme de son temps. Elle n'usa de
son crédit dans cette circonstance qu'en faveur
des Athéniens , à qui Démétrius accorda d'assez
grands avantages. La reconnaissance des habi-
tants d'Athènes les engagea à lui dédier un temple
sous le nom de Venus Lamia. Il existe au ca-
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LA MU — LAMPADARIUS
181
binet de ia Bibliothèque impériale de Paris une
améthyste gravée, d'un travail exquis, qui offre
les traits de cette joueuse de flûte, avec son
nom : cette tête est de la plus grande beauté, et
justifie les éloges accordés a Lamia par Plutarque
et par Athénée.
LAMONINARY (Jean), premier violon du
casions difficiles, Jarnowick batfit en retraite.
Après avoir passsé un an à Paris, Lamotle se
rendit à Londres. Il y pouvait acquérir des ri-
chesses; mais le goût de la dissipation, et des
amis dangereux l'entraînèrent à faire beaucoup
de dettes, et ses créanciers le privèrent de sa li-
berté. Il languissait dans sa prison depuis plu-
concert de Valenciennes , né dans cette ville, au \ sieurs années, quand il en fut tiré ainsi que beau-
commencement du dix-huitième siècle, a publié
de sa composition deux livres de sonates en trios
pour le violon ; Paris, sans date.
LAMORETTI (Pierre), né à Plaisance,
vers la An du seizième siècle, fut organiste de l'é-
glise Saint- Augustin de cette ville, ainsi que de
la chapelle des chevaliers de Latran. Il s'est fait
connaître par un recueil de madrigaux et de
chants intitulé : Madrigali concertait al, 3, e
% voci, con due madrigali pie ni, a 5 voci edun
ballet (o a cinque. In Venez'' a, app. Aless.
Vincenii, 1621, in-*°.
LAMOTTE (François), premier violon de
la chapelle impériale, à Vienne, naquit dans cette
ville, en 1751, ou, selon quelques écrivains, dans
les Pays-Bas. A Pâge,de douze ans, il joua de-
vant l'empereur et sa cour un concerto de sa
composition. En 1767, l'empereur le fit voyager.
11 avait atteint sa seizième année, et déjà il an-
nonçait un talent de premier ordre. Arrivé à
Prague, il se fit connaître comme un très-habile
lecteur capable de jouer à vue toute espèce de
musique. Boblizeck, secrétaire du prince de Fùrs-
teinberg, voulut essayer si son talent répondait
a ses prétentions; il composa pour le jeune vir-
tuose un concerto fort difficile en fa dièse ma-
jeur, et ne mit les parties sur les pupitres qu'au
moment de commencer l'exécution. Pendant le
tutti de l'orchestre, Lamotte avait examiné ce
qu'il avait à jouer; il monta rapidement son vio-
lon un demi-ton plus haut, et joua con séque ra-
ment le morceau en fa majeur/avec beaucoup
de facilité. Après que Boblizeck eut éprouvé cette
mystification , personne ne fut tenté de soumettre
Lamotte à de nouveaux essais.
Vers la fin de 1769, ce jeune artiste arriva à
Paris; il y excita l'étonnement. Jarnowick était
alors dans cette ville. Jaloux, comme il l'était,
de tout violoniste de mérite, il voulut essayer
de compromettre Lamotle, et lui proposa de
jouer avec lui une symphonie concertante à son
choix. Quel est le virtuose, lui répondit La-
motte, qui pourrait se distinguer par là ? Je
tous offre autre chose, moi : apportez un
concerto de votre composition, fen ap-
porterai un de la mienne : vous jouerez le
mien, je jouerai le vtftre, et Von verra.
Comme il arrivait presque toujours dans les oc-
coup d'autres , pendant une émeute excitée par
lord Gordon. Il s'enfuit en Hollande, et y mourut
en 1781, à l'âge de trente ans, n'ayant pas réalisé
les espérances de ses admirateurs. Un prodigieux
mécanisme de la main gauche , qui lui permet-
tait déjouer de longs passages sur une seule corde,
et le staccato le plus brillant qu'on eût entendu
jusqu'à lut, étaient les qualités qui distinguaient
particulièrement cet artiste. Il a publié à Paris,
chez Bailleux, en 1770, trois concertos de violon
et des airs variés; à Londres, il n'a fait paraître
que six sonates avec accompagnement de basse.
LAMPADARIUS ou LAMPADAIRE
(Jean), chantre grec, vécut à Constanttnople au
commencement du quatorzième siècle. Son nom
lui fut donné du mot grec Xajiiraç (flambeau 1 ),
parce qu'étant second chantre à Sainte-Sophie,
il remplissait ses fonctions ayant nn flambeau
à la main , suivant l'usage des églises grec-
ques d'Orient. La Bibliothèque impériale de
Vienne possède un traité du chant ecclésiastique
grec intitulé T6xvo).oY;a trj; u«v7txifc tex^;
(Traité de la science de ia musique), dont il est
auteur. Le P. Martini en possédait une copie,
Quelques chants d'un Troparion de ma biblio-
thèque portent le nom de Jean Lampadarius.
Burney a trouvé aussi, dans la Bibliothèque de
Turin, d'autres chants du même auteur, contenus
dans un hymnatre grec coté 353, 6. F. 24.
LAMPADARIUS ou LAMPADAIRE
(Pierre ), surnommé le Pdléponnësien, parce
qu'il naquit à Tripolitza, dans la Morée ( l'an-
cien Péloponnèse), vers 1730, fut prêtre et chan-
tre de l'église grecque de Constanttnople. Ayant
conçu le dessein de réduire les divers livres de
chant du rit grec, trop nombreux et trop volu-
mineux pour l'usage habituel , à ce qui était
nécessaire pour le service ordinaire dans la plu-
part des églises, aux dimanches et fêtes, en écar-
tant le chant des offices de nuit, qui ne se font
que dans les monastères, Pierre Lampadaire fit
un choix intelligent des meilleurs chants anciens
du Triodion, et en composa un assez grand
nombre pour compléter son œuvre de réforme.
Plus tard, Grégoire Lampadaire, de la même
famille que Pierre et comme lui chantre et pro-
fesseur de musique religieuse à Constantinople,
imagina, vers 1815, de concert avec Chrysanth»
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182
LAMPADARIUS LAMPE
de Madyte ( voyez ce nom ) et un autre pro-
fesseur de chant, un système de simplification
de la notation excessivement compliquée du
chant de l'église grecque. Lorsque ce système
eut été définitivement arrêté et complété, Gré-
goire Lampadaire nota par cette nouvelle mé-
thode tout le THodion de Pierre, et Chrysanthe
de Madyte composa une instruction théorique
et pratique sur le système de notation qui y était
employé. Les trois professeurs résolurent alors
d'envoyer à Paris leur élève Anastase Thamyris,
pour faire graver les caractères nécessaires et
surveiller l'impression de ces ouvrages. Pour les
dépenses de celte entreprise, qui devaient être
considérables, ils eurent recours à de riches
familles grecques, qui s'empressèrent de mettre
à leur disposition tout l'argent nécessaire. Ar-
rivé à Paris, Thamyris trouva dans son com-
patriote Nicolo-Poulo ( voyez ce nom ), Grec de
Smyrne, bon musicien, l'appui dont il avait
besoin pour établir ses relations. L'imprimerie
de Rignoux fut choisie pour la confection des
livres, et M. Léger, artiste habile, grava tous les
caractères du chant grec, dans l'espace de cinq
mois. Enfin, l'ouvrage de Chrysanlhe de Madyte
et le premier volume du chant de Pierre Lam-
padarius parurent, par les soins du jeunexhantre
de Constantinople. Le premer volume d'un
Triodion, précédé d'une préface grecque, ou
plutôt d'une lettre de Thamyris aux trois pro-
fesseurs, a pour titre : AoÇoorixa toO éviavioù
«cûv êeaftOTixûv xai 6sou./)Topixc5v éoprûv, xai
twv 'éopTo^ojicvwv àyiâv. MeXîaOevca napà Il£rpoù
Aau.itaâzpiou tou IleXàicowYiatoO. èÇïïpi9r)aav Ô£
xati xirçv veàv uiôoôov, irapa rpïflfàptou Aff|ijcaàa-
piou. T6{jloç ttpwxo; ( Invocations pour les fêtes
annuelles du Seigneur et de la mère de Dieu,
ainsi que pour les fêtes des saints, mises en chant
par Pierre Lampadaire le Péloponnésien. Notées
selon la nouvelle méthode par Grégoire Lampa-
daire. Tome premier ). A Paris, de l'imprimerie
de Rignoux, et à Constantinople, faubourg de
Galata, chez Castrou, 1821. 1 vol. in- 8° de
367 pages. Le premier volume seul a paru,
parce que le soulèvement de la population grec-
que), qui arriva dans le même temps, la guerre
et les horribles calamités- qui en furent la suite,
obligèrent à suspendre l'impression du second
volume. Les Turcs et les Egyptiens ne furent
chassés définitivement de la Grèce qu'en 1828, et
Anastase Thamyris mourut précisément dans la
même année ; en sorte que la suite de l'entreprise
fut abandonnée. Le premier volume contient le
chant des offices depuis le mois de septembre
jusqu'au 1 er dimanche du carême, avec le chant
noté : son exécution typographique est fort belle.
LAMPARELLI (Antoine), professeur de
chant, naquit.à Turin, en 1761, et y fit ses études
musicales sous la direction de l'abbé Ambuni,
chantre de la cathédrale, et musicien instruit.
Après que l'armée française, commandée par le
général Bonaparte, se fut emparée de Toi in,
cette ville perdit de son éclat par l'éloignement
de la cour : celte circonstance et les sollicitations
de quelques jeunes officiers français engagèrent
Lamparelli à aller se fixer à Paris. Ses romance
et ses chansonnettes italiennes, dont il publia
plusieurs recueils, le mirent à la mode, et il «ut
du succès comme professeur de chant. Cepen-
dant il quitta tout à coup Paris, sans que le mo-
tif de ce brusque départ fût connu, voyagea quel-
que temps dans les départements, et finit par
s'établir à Lille, où il étaitencore en 1816 Vers
ce temps, il disparut encore de cette ville, sans
qu'on sût ce qu'il était devèuu. Le hasard me
Ta fait découvrir à Troyes (Aube) en 1820. Il
est mort en 1832, à Vitry-le-Français, où il rem-
plissait les fonctions d'organiste. Lamparelli a
publié à Paris onze recueils de romances avec
accompagnement de piano^ chez Naderman. On
connaît aussi de lui deux chansonnettes : l* Le
diable emporte l'amour; ibid. — 2° Lechiea de
la Seine ;ibid. f 1799.
LAMPADIUS (....), chantre et maître
d'école à Lunebourg dans la première moitié du
seizième siècle, était né dans cette ville. Il a fait
imprimer un livre intitulé : Compendium Mu-
sices, tam/igurati qwzm plani caïUus, ad
formant dialogi, in usum ingenux pvbis ex
eruditissimis musicorum script is accurale
congestum; quale antehac nunquam vtium,
etjam recens publicatvm. Adjectis etiam re-
gutis concordantiarum et componend can-
tus artificio ; summatim omnia musices prx-
cepta pulcherrimis exemples illustra iuccincie
et simpUciter complectens; Berne, 1537, in-8*;
Berne, 1539, petit iu-8°; Berne, 1546, in-8°. Je
possède ces trois éditions. Lipenius en indique
une autre de la même ville, 1554 in-8° (Bi-
bliôth., p. 997). Le livre de Lampadius est un
lrès-l>on manuel des éléments de la musique :
la première partie traite du plain-cliant; la se-
conde, de la musique mesurée. On y trouve des
exemples bien écrits. Tout l'ouvrage est en dia-
logues.
LAMPE ( Frédéric- Adolphe), théologien
protestant, naquit le 19 février 1G83, a Detinold,
dans la principauté de Lippe-Detmold. Après
avoir fait de bonnes études à Hanovre, il des-
servit plusieurs églises en qualité de pasteur;
puis il fut appelé à Utrecht, pour y enseigner la
théologie et l'histoire ecclésiastique. Dans les
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LAMPE — LAMPROCLE
183
dernières années de sa vie, il occupa la place de .
pasteur à l'église Saint-Étienne de Brème. Il
mourut en cette ville, d'une hémorragie, le 3 dé-
cembre 1729, à l'âge de quarante-six ans. Homme
savant, mais rempli de cette érudition minu-
tieuse et Tutiie qui était le défaut principal de
beaucoup de littérateurs de son temps, Lampe a
publié plusieurs ouvrages sur les antiquités, où a
côté de choses bonnes et utiles on trouve beau-
coup de niaiseries et d'inutilités. Parmi ses écrits,
on remarque : De Cymbalts veterum libri très,
in quibus quœcunque ad eorum nomina, dif-
ferenliam, originem, historiam, ministros,
ritus pertinent, elucidantur; Utrecht, 1703,
in-12, fig. Le premier livre de cet ouvrage traite
des noms et des espèces de cymbales; dans le
second, Lampe s'est livré à des recherches sur la
forme de cet instrument de percussion ; le troi-
sième est consacré à l'examen des usages aux-
quels il servait. Malgré ses défauts, ce livre est
précieux pour l'histoire de la musique des anciens,
parce que l'auteur y a rassemblé tous les passa-
ges des écrivains et des monuments de l'antiquité
qui concernentcesujet.il parait, d'après le ca-
talogue des livres de la bibliolhèqne de Fabricius
(part. III, pag. 25, n° 42»), que Lampe avait
fait paraître le plan de son ouvrage trois ans avant
sa publication , sous ce titre : Delineatio tract,
de Cymbalis veterum; Brème, 1700, une feuille,
in-4°. La description d'une agate du cabinet de
Th. Hase, son ami, lui fournit l'occasion de don-
ner de nouvelles conjectures sur la forme de la
cymbale antique, dans son livre intitulé : Exer-
citationum sacrarum dodecas, quibus psal-
m us XL Vperpeiuo commentario explanatur ;
Brème, 1715,1 vol. in-4°.
LAMPE (Jean-Frédéric), compositeur et
écrivain sur la musique, naquit en Allemagne,
dans les premières années du dix-huitième siècle,
lit ses éludes à Helmstœdt, en Saxe, et se rendit
si Londres en 1725. Son compatriote Haendel le
lit entrer alors à l'orchestre de l'-Opéra : on
croit que ce fut pour y jouer du bassou, parce
que Haendel fit faire pour lui un contrebasson en
1727. Cet instrument resta depuis lors dans le
magasin d'instruments du théâtre, et ne fut joué
que par Ashley, en 1784, à l'occasion de la
grande fête musicale en commémoration de Haen-
del. En 1730, Rien, directeur du théâtre de Co-
vent-Garden, engagea Lampe pour écrire la mu-
sique des pantomimes et des intermèdes qu'il
faisait représenter. Son premier ouvrage de
quelque importance fut l'opéra burlesque de Ca-
rey intitulé : Le Dragon de Wanttey. Il obtint
un succès de vogue. Cet opéra et Margery, qui
en est la suite, ont été publiés. Dans ce dernier
ouvrage, Lampe avait fait une parodie assez
plaisante de la musique italienne et des chan-
teurs italiens de son temps. Le meilleur opéra
composé par lui fut représenté en 1732, sous le
titre à'Âmalia. En 1739, il donna aussi Roger
et Jean, qui réussit. Il a composé la musique
de la cantate burlesque de Swift qui commence
par ces mots :ln hannony would you exccll.
Lampe n'est plus connu aujourd'hui que par un
traité d'harmonie et d'accompagnement qu'il a
publié sous ce titre : A plain and compendious
method of teaching thorough bass, after the
most rational manner, with proper rvlcs
forpractice; Londres, 1737, 1 vol. in 4°. Ce li-
vre est basé sur le système 'de la basse fonda-
mentale de Rameau. La partie tliéoriqoe est
fort succincte; mais on y trouve 93 planches de
leçons pratiques sur la succession des accords.
Ces exemples sont assez mal écrits, et remplis de
redoublements d'intervalles qui donnent lieu à
des successions d'octaves. Un traité élémentaire
de musique a été publié aussi par Lampe, sous
ce titre : The art of Music; Londres, 1740,
in-4°. C'est, je crois, le même ouvrage sous un
autre titre. On a aussi de lui un recueil, devenu
fort rare, qui a pour titre : Cantata and four
english songs; Londres, in-4° (sans date).
Lampe avait épousé Isabelle Young, fille de
Charles Young, et sœur de M™ 8 Arne. Il mou-
rut en 1756.
LAMPE (Georges-Frédéric), ténor distin-
gué du théâtre allemand, naquit à Wolfenbûttel,
en 1744. En 1779 il brillait sur la scène de
Hambourg, et se faisait remarquer dans le même
temps par son habileté sur le piano et sur le
violon. En 1788 il était attaché au théâtre delà
cour à Schwedt. Lorsqu'il quitta cette position,
il se rendit àDusseldorf, où il vécut depuis lors
en donnant des leçons de chant et de piano. Cet
artiste a composé la musique de deux petits opé-
ras intitulés : La Fille dans le bois de chênes,
et Die Liebe (l'Amour), ainsi qne de la cantate
funèbre de Galora. On connaît aussi de lui plu-
sieurs symphonies et divers autres morceaux de
musique instrumentale, qui sont restés en manus-
crit.
LAMPE RT (Ernest-Loois), maître de con-
cert à Gotha, naquit dans cette ville, où son père
était éditeur de musique. 11 va fait représenter, en
184 1, un opéra intitulé Nanon, Ninon, Mainte-
non, et y adonné en 1845 Didon, opéra sérieux.
Il occupait encore sa position à la cour de Gotha
en 1847. On ne trouve pas d'autre renseigne-
ment sur cet artiste.
LAMPROCLE, musicien grec, naquit à
Athènes , et fut le (ils ou le disciple de Midon. Il
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184
LAMPROCLE — LAMY
passa pour le réformateur du mode mixolydien.
Cette réforme consistait dans une disposition dif-
férente des tétracordes de Vendécacorde ou
triple tétracorde (voy. la note 114 de Burette
sur le dialogue de Plotarque ).
LAMPRUS. Plusieurs musiciens de l'anti-
quité ont porté ce nom. Le plus ancien est celui
dont parle Platon dans scn Ménexène. Suivant
le dire de ce philosophe, Lamprus n'aurait pas
eu beaucoup de jugement , car il prétend qu'il
fut interdit. Quant à son mérite en musique, il
le rabaisse au-dessous de celui de Konnos, qui
fut le maître de musique de Socrate. A propos
de ce passage, Athénée, qui se montre rarement
favorable à Platon, dit dans le onzième livre de
son Banquet des savants : « Je n'aurais pas
« assez de la journée si je voulais rappeler ici
k tous ceux dont ce philosophe a mal parlé. »
Dans ses Varias Lectiones (lib. 9, cap. 5), Muret
cite en faveur de Lamprus un passage de la Po-
litique d'Aristote (lib. 7, c. 13), où ce grand
homme, pour faire comprendre Terreur de ceux
qui font consister le bonheur non dans la vertu,
mais dans la richesse, ajoute.: Ils raisonnent
avec aussi peu de sens que le ferait celui qui,
entendant Lamprus bien jouer de la ci-
thare, attribuerait cet effet non à V artiste ,
mais à V instrument. Ces paroles donnent une
opinion plus favorable du talent de Lamprus que
celles de Platon. Il parait que ce même Lam-
prus, qui enseigna la musique et la danse h So-
phocle, était d'une maigreur extrême, car Athé-
née (lib. 1, cap. 6) dit, en parlant de lui : Lam-
prus, ce grand buveur d'eau, cet excellent
auteur de chants plaintifs, ce squelette des
Muses, qui donnait le frisson aux rossi-
gnols, ce chantre de Pluton est mort.
Un autre Lamprus, plus moderne, fut. aussi
un musicien distingué. Il naquit à Erythrée, et
fut un des maîtres d'Aristoxène. Suidas, qui
nous Ta fait connaître, dit qu'il avait écrit un
très-grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels il
cite les suivants, relatifs à la musique : 1° Traité
des joueurs de flûtes, des flûtes et des autres ins-
truments. — 2° De la manière de forer et de fa-
briquer la flôte. — 3° De la musique en général.
— 4° De la danse tragique.
LAMPUGNANI ( J ban-Baptiste), né à Mi-
lan , en 1706, écrivit pour le théâtre, pour Té- '
glise, et enseigna avec talent le chant, le piano !
et la composition. En 1743, il fut engagé pour
succéder à Galuppi dans la direction de l'Opéra
italien de Londres. Le premier opéra qu'il y fit
représenter fut Roxana, le 15 novembre de cette
année. Le3 janvier 1744, il donna un nouvel ou-
vrage intitulé Alfonso. Burney ne dit pas quelle
fut lYpoque où Lampugnani retourna en Italie.
Gervasoni, qui adonné une. courte notice sur ce
musicien , nous apprend qu'il mourut peu après
1772. Imitateur du style de Hasse dans les airs
et dans les chœurs, il a eu le mérite de mettre
beaucoup d'expression dans- les récitatifs, et
d'instrumenter avec goût, pour son temps. De
tous les opéras qu'il a écrits, on ne connaît au-
jourd'hui que ceux dont les titres suivent. 1° Esio,
au théâtre SanVAngiolo, de Venise, en 1737.
— 2° Angelica e Medoro, an théâtre Saint-Sa-
muel de Venise, 1738. — 3° Demofoonlc, à Plai-
sance, en 1738 — 4° Candace t au théâtre Sainl-
Chrysostome de Venise, 1740. — 5° Roxana;
Londres, 1743. — 6° Alfonso ; ibid., 1744. —
7° Alcesle, ibid., 1745. — 8° Tigrane; ibid.,
1747. — 9° Alessandro inPersia, 1748. — 10°5i-
roe, Milan, 1755. — 11° Artaserse, 1757. -
12° Amor conladino; à Lodi, 1766. Lampu-
gnani a laissé en manuscrit beaucoup de mu-
sique d'église.
LAMY (Bbrna.ro), prêtre de l'oratoire, né au
Mans, dans le mois de juin 1645, fit ses huma-
nités au collège de cette ville, et sa rhétorique
sous le célèbre orateur Mascaron. A l'âge de dix*
huit ans, il entra dans la congrégation de l'Ora-
toire, où il perfectionna ses études. Il fut en-
suite chargé d'enseigner les belles lettres aui
collèges de Vendôme et de Juilly, puis la phi-
losophie à Saumur et à Angers. Partisan enthou-
siaste de la philosophie de Descartes, il se com-
promit par ses leçons, dans lesquelles il en dé-
veloppa les principes, et fut exilé à plusieurs
reprises. Il mourut de langueur le 29 janvier
1715, à l'âge de plus de soixante-neuf ans. For-
kel et d'après lui Lichtenthal ont cité une
dissertation du P. Lamy, qui a été insérée par
Ugolinidans son Thésaurus ant. sacrar. (t. 32,
p. 571-642), et qui a pour titre : De Levitis
cantoribus, eorum divisione, classibus, de Ht-
brœorum canticis, musica, instrument, etc.;
ils disent que cet ouvrage est extrait d'un li-
vre du P. Lamy intitulé : Apparatus ad htûi-
ligenda sacra biblia , etc., dont il y a eu phi-
sieurs éditions à Grenoble, 1687, in -fol., à
Lyon, 1698, 1724, etc. Cependant on ne trouve
pas un mot de la dissertation dont il s'agit dans
cet ouvrage ; mais elle est tout entière dans un
autre livre du même écrivain qui a pour ti-
tre : De Tabernaculo fœderis , de sancta
civitate Jérusalem, et de tewplo ejus y etc.;
Paris, 1720, in-fol. Ce qu'il y a de plus singu-
lier dans l'erreur de ces écrivains, c'est que Uge-
lini a pris soin d'indiquer lui-même d'où il a
tiré la dissertation ; car il dit : Desumla exlibro
de Tabernaculo fœderis; or, Forkel etLidr
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LAMY — LANCTIN
185
tenthal ont aussi copié cette phrase; elle aurait
dû les éclairer. Le morceau historique du P.
Laray sur les lévites chantres, sur les cantiques
' des Hébreux, sur la musique et sur les instru-
ments de ce peuple, est un des meilleurs qui
existent sur ce sujet : l'auteur y a fait preuve
de beaucoup d'érudition. Dans les Éléments de
mathématiques du même savant (Paris, 1704,
in- 12), il y a un petit Traité de la proportion
harmonique, dans lequel il a établit que la mu-
sique est une partie des mathématiques.
LANA-TERZI (Le P. François), né à
B rescia, le 1 3 décembre 1631, fut conduit à Rome
dans sa jeunesse, et entra chez les Jésuites à
l'âge de seize ans. Après une vie active et tou-
jours occupée de recherches relatives aux scien-
ces et aux arts, l'état déplorable de sa santé le
ramena dans sa famille, à Brescia, où il fonda
l'académie des Ftlosotici. Il mourut en cette
ville, à Tâge de cinquante-deux ans, le 26 fé-
vrier t687. Ce jésuite a traité de la musique dans
son livre intitulé : Magisterium naturx et ar-
tis, opus phystco-mathematicum ; Brescia,
1684, 1686, et Parme, 1692, 3 vol. in-fol.
LANAUZE (Louis JOUARD DE), savant lit-
térateur, membre de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, naquit à Villeneuve d'Agen, le
27 mars 1696, et mourut à Paris, le 2 mai 1777.
Dans sa jeunesse, il était entré dans la Compa-
gnie de Jésus, mais il en sortit pour se livrer en
liberté aux travaux littéraires. Au nombre de ses
écrits on trouve deux Mémoires sur les chansons
de l'ancienne Grèce, dans les Mémoires de l'A*
demie des inscriptions, t. IX.
LANCE (Le chevalier DE LA), officier au
régiment des gardes françaises , né à Verdun ,
sorlit de France pendant les troubles de la révo-
lution , et demeura quelque temps à Fiancfort-
sur-le-Mein, où il donnait des leçons de piano pour
vivre. Il se rendit ensuite en Silésie, pour y faire
l'éducation musicale de la fille d'un gentil-
homme. Il s'y trouvait en 1797. Après le 18 bru-
maire, il obtint la permission de rentrer en
France, et se retira dans sa ville natale. Composi-
teur agréable, il a publié : 1° Romance de Zilla;
Paris. — 2° Trois sonates pour clavecin avec
violon, op. 2 ; ibid. — 3° Six airs variés pour le
piano, op. 3; ibid. — 4° Sonate brillante pour
clavecin, op. 5; ibid. — 6° Trois sonates pour
clavecin et violon, op. 6 ; ibid. —6° Trois sonates
pour clavecin , avec violon et basse , op. 8 ; Of-
fenbach, 1793. — 7° Grand concerto pour le cla-
vecin, op. 9; Francfort, 1794. — 8° Trois trios
pour clavecin, violon et basse, op. I0;0ffenbacli,
1795. — 9° Plaintes de Vénus sur la mort
d'Adonis, cantate avec accompagnement de
piano , 2 violons, alto et basse; Mayenee, 1795.
— 10° Recueil d'allemandes, anglaises, etc., pour
le clavecin; Vienne, 1798. — 11° Thème avec 12
variations pou r le clavecin ; 180 1 . — 1 2° Air russe,
avec sept variations pour le piano. — 13° Qua-
tuor pour clavecin, deux violons et violoncelle ,
op. 13. — - 14° Deux grands trios pour clavecin,
violon et violoncelle obligés, op. 14 ; Augsbourg,
1802.
LANCELOT (Claude), grammairien de
Port-Royal, naquit à Paris, en 1615. Après avoir
été élevé dans la communauté de Saint-Nicolas du
Chardonneret , il se mit sous la direction de l'abbé
de Saint-Cyran , qui le fit entrer chez les solitai-
res de Port-Royal, en 1638. La ncelot organisa
les écoles de cette maison célèbre d'après les
plans de cet abbé : il en fut le premier régent.
Après la destruction de ces écoles, il fit l'éducation
du duc de Chevreuse et des deux fils du prince
de Conti. A l'âge de plus de soixante ans, il fut
exilé à Quimperlé, ou il mourut, le 15 avril
1695. Parmi les savants ouvrages qu'il a publiés,
on remarque celui qui a pour titre : Nouvelle
méthode de plain-chant , plus facile et plus
commode que l'ancienne; Paris, 1668, in-4°.
Une deuxième édition a pout titre : L'art de
chanter, ou méthode facile pour apprendre
les principes du plain-chant et de la musique;
Paris, 1685, in-4° oblong. Les deux éditions de
ce petit ouvrage sont fort rares.
LANCTIN (Charles-François-Honoré), dit
DUQUESNOY, naquit en 1759, à Betizet (Bel-
gique). Après avoir fait des études musicales et
littéraires comme enfant de chœur, la beauté de
sa voix de ténor élevé (haute-contre) lui fit pren-
dre la résolution de suivre la carrière de chan-
teur dramatique. Ce fut alors que pour satis-
faire sa famille il changea de nom et prit celui
de Duquesnoy f sous lequel il a été connu au
théâtre. Jamais organe plus admirable ne fut en-
tendu dans Topera français ; par le charme de
cette voix exceptionnelle , Duquesnoy fit long-
temps la fortune du théâtre de Bruxelles. En
1799 il y avait à Hambourg un Opéra français
pour le grand nombre d'émigrés qui s'y trou-
vaient ; Duquesnoy y chantait , et le correspon-
dant de la Gazette générale de musique,
de Letpsick , écrivait au mois de juin de cette an-
née : « Si la beauté de l'organe suffisait pour
« faire un chanteur excellent, je dirais que Du-
« quesnoy, dont la voix est de la plus grande beauté,
« est en vérité et incontestablement le chanteur
« le plus parfait que j'aie entendu (1). » De retour
(I) .... flœttc nuquc<noy dlrsc (AChœnstcn Stlmmc), so
ware er unstreHIg der Vollkoromenstc Sacnger dan ich
kenne. {Allçem. mutlkal. Zeitung, l r Jaluç* p. 730.)
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LANCTIN — IANDIIN'O
en Bc-gique, .après la suppression de l'Opéra
français de Hambourg (1802), Lanctin, que je
continuerai d'appeler Duqucsnoy, s'établit à Alost,
et y remplit, pendant plusieurs années, les fonc-
tions de maître de chapelle; car il était excellent
musicien et compositeur de mérite pour l'église.
En 1814, Van Heliuont s'étant retiré de la direc-
tion de la musique de la collégiale des Saints-Mi«
chel-ct-Gudule, à Bruxelles, ce fut Duqtiesnoy
qui fut appelé à lui succéder. Pendant le temps
qu'il occupa cette position , il donna une impul-
sion de progrès à l'exécution de la musique reli-
gieuse en Belgique , et composa un grand nombre
de motets , d'hymnes et de psaumes, qui furent
chantés dans la plupart des grandes églises du
pays. On cite particulièrement au nombre des
meilleurs ouvrages de cet artiste : Beati om-
îtes, Victimx paschali , Audi te regcs, Erspec-
tans exspectavi , Lauda Sion, Mémento Da-
vid, Deus regnavit,Ave salus, Pie Jcsu, Homo
quidam, In exitu Israël, tous les motets du
Saint-Sacrement, ceux de la Vierge , etc. La plu-
part de ces compositions sont écrites pour or-
chestre complet. Lanctin, ou Duquesnoy, mourut
à Bruxelles le 9 mai 1822. Van Helmont, dont il
avait été le successeur, rentra, après sa mort ,
dans la place de maître de chapelle de l'église
des Saints-Michel-et-Gudule.
LANDGRAFF (Jean-Frédéric), né le 21
mai 1683, à Schloss-Wippach , village du grand
duché de Saxe-Weimar, apprit la musique et les
éléments du clavecin chez Gutgesell, organiste de
l'église des Marchands, à Erfurt. En 1705 il suc-
céda à son maître dans cette place et fut aussi
nommé* collaborateur d'une école à Erfurt. Il e>t
mort dans cette ville le 4 avril 1744 , laissant en
manuscrit une grande quantité de musique de sa
composition, particulièrement pour l'église.
LWDI (Etienne) , compositeur, né à Rome,
vers la fin du seizième siècle, fut maître de cha-
pelle de Téglise du Saint à Padoue (ainsi qu'on
le voit par le titre du premier livre de ses madri-
gaux , imprimé à Venise en 1619), et maître de
chapelle à lVglise de Sainte-Marie in Monte; puis
il retourna à Rome , où il obtint le titre de clerc
bénéficié de Saint- Pierre du Vatican. Le 29 no-
vembre 1629 il fut agrégé au collège des chape-
lains chantres de la chapelle pontificale. On voit
dans le catalogue de ces chantres, placé à la suite
des Osservazioni per ben regolare il coro
délia Cappella Pontificia, d'Adami de Bolsena
(p. 197), qu'il chantait la partie de contralto; ce
qui indique qu'il était un de ces prêtres châtrés
que la nécessité avait fait tolérer dans le service
divin d'une chapelle où il n'y avait pas d'enfants
de chœur. Quoi qu'il en soit , Landi fut un mu-
sicien d'un rare mérite : savant dans le chant ec-
clésiastique et dans la musique du sh le ancien,
il joignait à des connaissances étendues un génie
original, et le don de l'invention dans les form s
de la mélodie, dans le rhylhme et dans la modu-
lation. Son draine religieux // Santo Alesito
renferme une multitude de choses neuves et de
bon goût. On connaît de sa composition : 1° //
primo libro di madrigali a Quattro voci; Ve-
nise, 1619, in-4°. — 2° Madrigali a 5 voci;
Rome, Robletti, 1625. — 3° Poésie diverse in
musica; ibid., 1628. — 4° Missa in benedic-
tione nuptiarum, sex vocum, auctore Ste-
phano Lando in basilica Principis Apostolo-
rum clerico benejiciato, nec non in ecclesia
S. Marix ad montes musicœ prxfeclo , etc.;
Rome, Robletti, 1628. — 5° Arie ad una e due
voci, huit livres publiés à Rome , chez Robletti,
depuis 1627 jusqu'en 1639. — 6° Sahni iniieri
a 4 voci; ibid., 1629. — 7° Il Santo Alcssio,
dramma musicale dalV E™°. e R™. sig.
card. Barberino fatto rappresentare al Ser.
principe Alessandro Carlo di Polonia; Rome,
Masotti, 1034, in-fol. — 8° Il libro primo dette
misse a Cap'ella a 4 e 5 voci; Rome, Grignani,
1639. — 9° La Morte oVOrfeo, pastorale; ibid.,
1639.
LAJKD1NO (François), célèbre organiste et
compositeur italien du quatorzième siècle, fut
souvent appelé Francesco Cieco, parce que la
petite vérole l'avait rendu aveugle dans son en-
fance, et Francesco degli Organi , à cause de
son talent sur l'orgue. Il naquit à Florence vers
l'année 1325; son père était un peintre qui jouis-
sait de quelque réputation , et qui descendait de
l'illustre famille des Landini. Les biographes
nous apprennent que le jeune Landino, cher-
chant des consolations contre le malheur de la
cécité qui venait de le frapper, chantait des mé-
lodies populaires. Plus tard, le gont qu'il avait
pris à ces mélodies le conduisit à l'étude de la
musique , dans laquelle il fit de rapides progrès.
En peu de temps 'il fut en état d'accompagner sa
voix avec l'orgue ou un instrumenta cordes. Telle
était sa facilité, dans l'Age mûr, qu'il savait jouer
de presque tous les instruments, quoiqu'il n'eut
jamais eu de maître. Il cultiva aussi la poésie
avec succès. Quelques unes de ses pièces de
vers ont été imprimées dans divers recueils. Lan-
dino était à Venise vers l'an 1364 , sous la do-
mination du doge Laurent Celsi , lorsque de su-
perbes fêtes y furent données au roi de Chypre,
qui s'y trouvait en même temps que Pétrarque.
Charmé par le talent de l'organiste aveugle , ce
prince le couronna de lauriers. M. de WiuterfeM
a révoqué ce fait en doute ( dans son livre sur
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«
j
LANDÏJNO — LANFRA1NCO
187
Jean Gabrieli, part. l re , ch. 2), et a pensé que
la couronne a été accordée à François Landino
comme poète plutôt que comme musicien; se
fondant sur ce que le nom de cet artiste ne se
trouve pas dans le catalogue des organistes de
Saint-Marc au quatorzième siècle; mais il me
semble que Landino , voyageur, étranger à Ve-
nise, a pu s'y faire entendre sur l'orgue de Saint-
Marc, sans y être attaché comme organiste, et la
conjecture de M. de Winteifeld ne me parait pas
assez bien appuyée pour infirmer le témoignage
de Philippe Villani, contemporain et compatriote
àeFranccsco degli Orgaai, qui a rapporté le
fait dans ses Vite d'illwtri Fiorentini. Landino
mourut à Florence en 1390. '
Chaque siècle, chaque pays a eu quelque
homme supérieur dans les arts, les sciences et
les lettres. Rarement les contemporains se trom-
pent à Tégard de ces supériorités; celle de Lan-
dino est constatée parles écrivains de son temps ;
mais, n'ayant aucun moyen de vérifier la justesse
de leurs éloges, nous étions forcés de les ac-
cepter sans examen. On ne connaissait aucune
composition de cet artiste , et l'on ne pensait pas
qu'il restât rien de lui , lorsque j'ai découvert à
la Bibliothèque impériale de Paris, dans un
manuscrit (in-4°, n° 535 du supplément) dont
aucun écrivain n'avait parlé , et qui est du com-
mencement du quinzième siècle, cent quatre-
vingt'dix-neuf chansons italiennes à deux et
à trois voix, parmi lesquelles il y en a cinq de
Francesco degli Organi. J'en ai publié une en
partition et en notation moderne, avec une notice
du manuscrit, dans le premier volume de la Revue
musicale (ann 1827, p. 1 1 1 etsuiv.). Le manuscrit
est malheureusement rempli d'une multitude de
fautes de copie. J'en ai dû corriger plusieurs dans
la première partie de la chanson , la seule que
j'ai publiée , parce que la seconde est si défigurée
qu'elle n'a aucun sens harmonique en rapport
avec l'état de l'art au quatorzième siècle. Celte
chanson et les autres compositions de Landino
contenues dans le manuscrit justifient les éloges
qui ont été accordés a leur auteur. On y trouve
plus de douceur, un sentiment d'harmonie plus
délicat que dans les pièces des compositeurs de
la même époque. Jacàpo de Bologne est le seul
qui soutienne la comparaison sans désavantage.
Un autre manuscrit qui a appartenu au célèbre
organiste Antoine Squarcialupi, et qui est aujour-
d'hui dans la Bibliothèque ducale de Florence ,
semble être un double de celui de la Bibliothèque
impériale , car il contient les chants des mêmes
auteurs, particulièrement de Landino. On peut
consulter sur ce manuscrit l'excellente notice que
M. Casamorata, de Florence, a publiée sur Squar-
cialupi, dans la Gazzelta musicale di Milano
(ann. 1847 n° 48).
LANDOLFI (Charles-Fermkand), luthier
de Milan , vécut dans cette ville au milieu du
dix-huitième siècle. Ses violons sont assez esti-
més et se vendent de trois à quatre cents francs.
J'en connais deux, dont un porte la date de 1752
et l'autre celle de 1753.
LANDRIANO ( Chablks-Antojne), sopra-
niste célèbre, organiste et compositeur, né à Mi-
lan, vers 1626, brilla par son talent aux fêtes
qui furent données dans sa ville natale, lorsque
le duc de Parme, Edouard- Fa rnèse , la visita. Il
obtint à cette occasion la place d'organiste a l'é-
glise Saint-Raphaël , quoiqu'il fût déjà chantre
de la cathédrale. Il mourut à l'âge de trente-trois
ans , peu après 1657. On a 'imprimé de sa com-
position : Mottetia voce sola; MJlan, 1655.
LANDSBERG (Louis), professeur de mu-
sique, naquit à Breslau dans les premières années
du dix-neuvième siècle. Il commença sa carrière
comme ténor choriste du théâtre royal de Berlin ;
puis il se rendit à Rome, où il vécut pendant
vingt-quatre ans , se livrant à l'enseignement du
piano. Il y avait établi des concerts d'amateurs
qui eurent beaucoup de succès. Il est mort dans
cette ville, le 6 mai 1858. Landsberg se livra à
l'étude des œuvres des anciens maîtres et de la
littérature musicale : il avait des connaissances
étendues dans ces matières et avait rassemblé
une rare et précieuse collection de musique et de
livres, pour laquelle il explorait incessamment
l'Italie et l'Allemagne. Après sa mort, sa collec-
tion fut transportée en partie à Breslau et en
partie à Berlin par ses héritiers : on en a fait
imprimer des catalogues pour en proposer l'ac-
quisition aux amateurs ; mais, bien qu'ils indi-
quent encore des choses fort intéressantes, les
ouvrages les plus importants en ont disparu.
L'auteur de cette* biographie a pu s'en convaincre
en comparant ces catalogues avec celui que
Landsberg lui avait envoyé en manuscrit.
LANFRANCO ( Jean-Marie), né sur le
territoire de Parme, vraisemblablement dans les
dernières années du quinzième siècle , ou dans
les premières du suivant , fut maître de chapelle
à la cathédrale deBrescia. Il n'est connu que par
un petit traité de musique, divisé en quatre
parties , dont la rareté est excessive. Ce livre a
pour titre : Scintille o sia regole di musica,
che mostrano a leggere il canto fermo e figu*
rato 9 gli accidènli délie note mensuraie, le
proportioni e tuoni, il contrapunto e la di-
visione d'il monocordo; con la accordatura
di varii instrumenti , delta ouate nasce un
modo, unde ciascun per se stesso imparare
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188
LÀNFRÀNCO — LANG
potrà le vocl di la, sol, fa> mi, ré, ut. In
Brescia, per Ludovico Britannico, 1533, 142 pa-
ges petit in-4°. L'opinion de Perne était que
Lan franco fournit les explications les plus claires
et les plus satisfaisantes concernant les prola-
tions. Un exemplaire de ce petit ouvrage, prove-
nant de la bibliothèque de M. Gaspari, de Bolo-
gne, a été vendu à Paris, le 29 janvier 1862, 80
francs; un autre exemplaire avait été vendu en
1805, dans la même salle de la maison Silveslre,
1 franc 85 centimes ! Avant que l'auteur de cette
notice eût fixé l'attention de l'Europe sur la va-
leur des anciennes œuvres musicales, au point
de vue de l'histoire, elles ne trouvaient pas d'a-
cheteur ; aujourd'hui on fait mille folies pour les
acquérir à tout prix.
LANG (Gaspabo), musicien allemand du
dix-septième siècle, est connu par un recueil de
motets intitulé : Musx 1, 2 und 3 siimtnige Can-
tiones sacrae tempori et festis accommodatx
cum violinti; Constance, 1660, in-4°.
LANG (Jeak-Geobces), né en Bohême en
1724, y apprit la musique et l'art de jouer de
l'orgue. En 1749, il.fit un voyage en Italie, étudia
le contrepoint à Naples, puis retourna en Alle-
magne, oit il entra en 1760 au service du prince-
évêque d*Augsbourg. Lorsque cet évêque (Clé-
ment- Wenceslas , prince royal de Pologne) fut
fait archevêque de Trêves, il appela Lang à Co-
blence en qualité de maître de chapelle. Cet artiste
a publié de sa composition : 1° Six symphonies
pour l'orchestre; Augsbonrg, Lotter, 1760. —
2° Six quatuors pour piano, flûte, violon et vio-
loncelle; Offenbach, 1775. — 3° Deux concertos
pour piano ;ibid., 1776.-4° Divers'autres mor-
ceaux pour cet instrument; Nuremberg. —
5° Deux cahiers de pièces d'orgue; ibid. — 6° Six
trios pour clavecin, violon et violoncelle ; Augs-
bourg, Lotter. — 7° Une fugue pour l'orgue à
trois parties ; ibid. Il a laissé en manuscrit di-
verses compositions, parmi lesquelles on remar-
que deux concertos pour piano à quatre mains.
LANG (Ernest-Jean-BenoIt ), peintre et mu
sicien distingué, naquit au mois de février 174g
à llmenau, alors dans le comté de Henneberg.
Son père, peintre et bon musicien , lui enseigna
les principes des deux arts qu'il cultivait : la
harpe fut l'instrument qu'il choisit; il y fit des
progrès si rapides, qu'à Page de six ans il put
en jouer devant le duc de Saxe-Hildburghausen.
Lorsque son père alla se fixer à Nuremberg, il
l'y accompagna, et apprit à jouer du clavecin
et du violon, sous la direction du maître de cha-
pelle Gruber, qui lui enseigna aussi les éléments
de la composition. Déjà marié, en 1782, il réso-
lut de voyager et de tirer parti de ses talents pour
sortir de la pénible situation où il se trouvait. Il
prit sa route par la Souabe, visita une partie de
la Suisse , s'arrêta quelque temps à Strasbourg ,
puis se rendit à Bruxelles, où il entra au service
du duc d'Arenberg, en qualité de musicien de
la chambre. Après un an de séjour près de ce
prince , il fut obligé de retourner à Nuremberg
pour des affaires de famille, et dans sa route il
donna des concerts à Trêves, Mayence et Franc-
fort. Obligé de donner des leçons pour vivre, il
augmenta les vertiges qu'il ressentait depuis plu-
sieurs années, et il mourut d'une maladie céré-
brale, à Nuremberg, le 6 mai 1785, à l'âge de
trente-six ans. Cet artiste a composé plusieurs
concertos, quatuors) trios et solos pour la harpe ;
on n'a gravé de ses ouvrages que les suivants :
1° Sonata per Varpa, accompagnata con il
violino, composta da Enr. Giov. Bened. Lang,
virtuoso delVarpa, in Norimberga; Nurem-
berg, /.-G. Birckmann. — 2° Quelques poésies
de Bûrger, mises en musique par E.-J:-B. Lang;
Nuremberg, J.-M. Schmidt, in-fol. oW.
LANG, famille de musiciens, originaire du
Palatinat, qui s'est distinguée dans la Bavière.
Lang (François), né à Manheim, le 30 novem-
bre 1751, eut pour maître de cor le musicien de
la cour Zwini. A l'âge de huit ans il joua sur
cet instrument un concerto, le jour de la fête
du prince électoral , et fit naître Pétonneraent
par son iiabileté. En 1763 ff était déjà musicien
de la cour, et en 1770 il épousa la fille du direc-
teur de musique Slamitz, excellente cantatrice du
théâtre de Manheim, puis de Munich. Plus tard,
Lang fit de longs voyages avec son frère (Martin
Lang), et partout ils excitèrent l'étonnement par
leur talent. En 1801, François Lang était encore
attaché à la musique de la cour de Munich.
LANG (Martin), frère du précédent, naquit
à Manheim, le 21 juin 1755, et reçut aussi des
leçons de cor de Zwini. En 1778 il fut attaché à
la chapelle de la cour à Munich. En 1784 il fit
un voyage à Vienne, où il donua des concerts
avec succès, puis il visita l'Italie avec son frère.
Le talent de ces deux artistes consistait en une
belle qualité de son et une grande sûreté dans
l'attaque des traits difficiles.
LANG (Catherine), fille de François Lang,
naquit à Manheim au mois de novembre 1 774(1),
et suivit son père à Munich à l'âge de quatre ans.
Plus tard elle reçut de Streiclier des leçons de
piano, et devint élève de Dorothée Wendling
pour le chant. En 1789 elle se rendit en Italie, et
(l) Gerber et les biographes qui l'ont copié ont fait
»ur cette cantatrice une accumulation d'erreurs ; Us Tont
confondue avec sa mérc, et ont change son nom en celui
de Lange,
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LANG — LANGBECKER
189
rrç'it, à Padoue, des leçons de Pacchiarotti.
Deux ans après elle débuta au grand théâtre
de Ma n loue avec un brillant succès. A Venise,
elle chanta avec Crescentini au théâtre de la
Fenice; à fiergaroeet à Vicence, arec Marches!;
à Vérone, avec Matteucci. Son talent se soutint à
côté de ces grands chanteurs; mais, après plu-
sieurs années , une maladie de l'organe vocal l'o-
bligea à quitter la scène. Elle retourna à Munich
et y épousa le chanteur Zuccarini en 1796. Cette
actrice avait un chant d'expression qui remuait
le cœur. Elle était excellente pianiste et possédait
des connaissances étendues dans la musique. Elle
mourut des suites d'une maladie de larynx, le
4 mai 1803.
LANG (Théobald), fils de Martin Lang, na-
quit à Munich, en 1783. Après avoir terminé ses
éludes de violon , il prit des leçons de composi-
tion chez le maître de chapelle François Danzi ,
et entra , en 1798, à l'orchestre de la cour, quoi-
qu'il ne fût âgé que de quinze ans. En 1802, il reçut
un. engagement pour l'orchestre de Stuttgard.
Deux ans après il retourna à Munich, où il
épousa, en 1808, la cantatrice Régine Hitzel-
berger. Lang a été un violoniste distiugué, pour
son temps.
LANG ( François-Xavier), deuxième fils de
Martin Lang, né à Munich en 1785, a été un
bassoniste de mérite. Son maître pour cet ins-
trument a été Philippe Ruppert, membre de la
chapelle du roi de Bavière. Lang a écrit quel-
ques ballets dont la musique n'est pas sans
mérite.
LANG (Marguerite), fille de Martin Lang,
est née à Munich le 20 septembre 1788. Mme Dul-
ken lui a donné des leçons de piano, et sa mère
a Tait son éducation vocale. Le 4 avril 1805,
elle a paru pour la première fois sur le théâtre
royal de Munich dans le Sacrifice interrompu
de Winter, et y a été applaudie avec transport.
Elle a brillé ensuite (en 1807 et 1810) aux théâ-
tres de Stuttgard et de Francfort
LANG (Joséphine), sœur de la précédente,
est née à Munich en 1791. Après avoir reçu des
leçons de chant et de piano du mattre de chapelle
Danzi , et avoir appris les éléments de l'art dra-
matique de sa mère, elle a débuté en 1807 au
théâtre royal de sa ville natale. Elle jouissait en
1812 de la faveur publique.
LANG (Antoine), fils de Théobald Lang, est
né à Munich en 1804. 11 s'est livré à l'étude du
piano et de la composition. On a publié de ses
premiers essais : 1° Gedichte ans Wilhelm
Meister, de Goethe, pour voix seule et accom-
pagnement de piano ; Ratisbonne, Reitmayr. —
2° Sechs Gedichte von J. Paul Richter, Schil-
ler, etc., pour voix seule et piano. Munich, Sid-
ler. — 3° Variations pour piano, avec quatuor
d'accompagnement ; ibid.
LANG (....), excellent clarinettiste, né en
Bohême vers 1760, fut maître de musique du
premier régiment d'artillerie impériale à Prague.
Un grand concert qu'il donna au théâtre national
de cette ville, en 1786, lui fit la réputation d'un
artiste distingué sur son instrument. En 1802, il
renonça à sa place de maître de musique, et ser-
vit dans le même régiment comme caporal. On
n'a jamais connu les motifs de ce changement.
Enfin il eut son congé en 1808, et entra au ser-
vice du comte Metrowsky, en qualité de maître
de musique de son régiment , qui se trouvait en
Moravie, mais avec exemption de service mili-
taire et avec des appointements considérables.
Cet artiste vivait encore dans cette position en
181 6. Lang a écrit beaucoup de concertos et de
sonates pour la clarinette, ainsi que des suites
d'harmonie pour la musique militaire : toutes ces
compositions existent en manuscrit.
LANG (Alexandre), docteur en droit et
professeur à l'université d'Erlangen (Bavière) na-
quit le 6 mars 1806 à Ratisbonne, où son père
était conseiller de justice des domaines du prince
de la Tour et Taxis. Dès son enfance il commença
l'étude de la musique , et ses parents , qui ai-
maient cet art, cultivèrent ses heureuses disposi-
tions. Après avoir achevé ses études de collège,
il fréquenta les universités d'Erlangen et de Hei-
delberg, sans interrompre ses études musicales.
En 1834, il reçut sa nomination de professeur de
droite l'université d'Erlangen ; mais il ne jouit pas
longtemps des avantages de sa position , car il
mourut le 18 février 1837, à l'âge de 31 ans. On
a publié de cet amateur : 1° Variations pour
piano à 4 mains. — 2° Polonaise idem. — 3° Grande
sonate pour piano seul. — 4° Rondeau brillant
pour piano à 4 mains. — 5° Variations pour piano,
avec accompagnement de petit orchestre. —
6° Variations pour piano avec 2 violons, alto et
violoncelle ; à Munich, chez Sidler. — 7° Intro-
duction et polonaise de concert, avec orchestre.
— 8° Quatuor pour 2 violons , alto et violon-
celle. — 9° Adagio pour guitare et piano. —
10° Lieder, avec accompagnement de piano.
LANGBECKER ( Emmanuel -Chrétien -
Théophile ), né à Berlin, le 31 août 1792 , fit ses
études littéraires au gymnase (collège) de cette
ville, puis alla suivre les cours de médecine des
plus célèbres professeurs ; mais l'invasion de la
Prusse par les armées françaises interrompit
ses études , et dès lors il s'occupa des affaires
industrielles de son père, qui possédait une
manufacture d'étoffes de laine. Dans ses nio-
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190
LANGBECKER — LANGE
mcnts de loisir, Langbecker s'occupa spéciale-
ment d'ouvrages relatifs à l'ancienne musique
d'église, pour laquelle il eut toujours un goût
passionné. Ses travaux en ce genre le firent con-
naître avantageusement à la princesse Wilhel-
mine de Prusse, qui le prit sous sa protection
et le plaça, en qualité de secrétaire, près de son
fils, le prince Waldemar. Il occupa cette po-
sition jusqu'à sa mort, arrivée le 21 octobre
1843. Les principaux ouvrages de Langbecker
relatifs à la musique sont : 1° Das Deutsch-
evangelische Kirchenlied, eine historisch œs-
thelische Abhandlung zur dritten Jubelfeler
des Augsburgischen Confession verfasst ( Le
chant allemand de l'Église évangélique, disser-
tation historique et esthétique, à l'occasion du
troisième jubilé séculaire de la Confession
d'Augsboufg ) ; Berlin, 1830. — 2° Johann
Cruger's, von 1622-1662 Musikdirector an
der St-Nicolai Kirche zu Berlin choral Me-
lodien, etc. (Mélodies chorales de Jean Cruger,
directeur de musique de l'égJise Saint-Nicolas à
Berlin, depuis 1622 jusqu'en 1662, tirées des
meilleures sources originales, et accompagnées
d'un abrégé de sa vie, etc. ) ; Berlin, 1835, in-4°.
— 3° Gesangblatte ans dem lùten Jahrhun-
dert mit einer kurzen Nachricht vont eYsten
Anfange von evangelischen Kirchenliedes
und den Entstehen der Gesangblatter, etc.
( Feuilles de chant du seizième siècle avec une
courte notice historique de l'origine du chant de
l'Église évangélique, et de la naissance des feuilles
de chant); Berlin 1838. Ces ouvrages sont faits
avec soin et renferment de bons renseignements
puisés à des sources authentiques.
LANGDON (Richard), musicien anglais,
fut organiste à Londres, dans la seconde partie
du dix huitième siècle. 11 a publié : 1* Deux
livres de Chansons anglaises; Londres, Preston.
— 2° Divine harmony , livre 1 er ; Londres,
Bland. Ce recueil contient environ soixante
psaumes en partition. — 3° Divine harmony,
deuxième livre, ibid. Ce second livre renferme
des antiennes. — 4° Douze glees; Londres,
Bland. — 5° Canzonets, lib. 7 ; Londres, Pres-
ton. *
LANGE ou LANGI US (Jérôme-Grégoire),
né à Havelberg, dans le Brandebourg, vers
la première moitié du seizième siècle, fut canlor
à Francfort- sur- l'Oder, et l'un des musiciens les
plus instruits de son temps. Frappé de paralysie
aux pieds et aux mains, il fut obligé de se dé
instruments cantatu commodissime jam
primum ht lucem éditât. Fraticofordix Mar-
chlonum per Andream Eichorn, 1580, in-4°.
— 2° Cantiones sacrée, 4, 5, 6 et 8 vocum,
pars I; Nuremberg, 1580. — 3° idem, pars II,
ibid., 1584. Les deux parties de • cet ouvrage
sont dédiées au conseil de Breslau. Dans la pré
face, Lange rapporte l'accident qui l'a privé de
sa place. — 4° Neuer teutschen lieder mL
drey Stimmen vcelehe nicht allein Lieblich
su singen, sondern auch allerley Instrumen-
ten zu gebrauchen,erster Theil (Nouvelles
chansons allemandes è trois voix, non-seule-
ment pour chanter agréablement, mais aussi
pour l'usage de toute espèce d'instruments,
I rc partie); Breslau, chez Joh. Schaffenberg,
1584, in-4° obi. On voit dans la préface de cet
ouvrage que le magistrat de Breslau avait ac-
cordé un asile avec une pension à Languis, en
considération de l'accident qui l'avait privé de
moyens d'existence. La deuxième partie de ce
recueil a paru chez le même éditeur, en 1586.
Après la mort de Langius, il a été lait une
deuxième édition des deux parties, publiée
chez Georges Baumann, à Breslau, en 1597-
1598, in-4°.
LANGE ( Joachim), né à Eylau ( Prusse),
dans la seconde moitié du seizième siècle, fut,
suivant l'avertissement placé en tète de l'ou-
vrage cité ci-dessous , organiste an service du
comte Havata, à Chlum et Koschenberg, en
Bohême. Il s'est fait connaître par la compo-
sition d'un recueil de chansons allemandes à
trois voix, intitulé : Das erste Buch schœner
netver weltlicher Uedlein mit drey Stimmen,
componirt durch Joachimum Langium Eu-
lauiensem Borussum. Pragœ, typts JSigri-
nianis, 1606, in -4°. On y trouve 24 mor-
ceaux.
LANGE (Jean-Gaspard), cantor à Hildes-
heim, dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, est auteur d'un opuscule qui a pour
titre : Methodus nova et perspicua in artem
musicam, das ist : Recht grûndliche Anwei-
sung trie die edlen Musik mit allen zu gehœ-
rigen Stiicken auf aller leichteste und geuïs-
seste nach heutigen neuesten Art, etc. ( Mé-
thode nouvelle et claire concernant la musique,
ou instruction solide, etc. ) ; Hildesheim , 1688,
64 pages in -8°. Ce petit ouvrage est en dialogue.
LANGE (Joseph), acteur allemand, na-
quit à Wiïrzbourg, le I er avril 1751. Son père y
mettre de sa place, et mourut le 1 er mai 1587. « était secrétaire de légation. Après^avoir fait des
Il a fait imprimer de sa composition : 1° Can- études dans la peinture et dana.Ja musique, il se
tiones aliquot sacrx , quinque et sex vo- rendit à Vienne pour y per fectiojiner son habileté
cum tum vives voci 9 tum omnis generis dans ces arts, et y trouva un frère qui y était
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LANGE — LANGER
19:
place comme secrétaire. Tous deux aimaient Part
dramatique avec passion ; ils s'associèrent avec
d'autres jeunes gens et fondèrent un théâtre d'a-
mateurs. C'est là que les vit le conseiller de la
cour de Sonnenfels, qui, convaincu de la réalité
de leur talent, les engagea à se vouer à la scène,
Ceci se passait en 1770. L'aîné des deux frères
mourut bientôt après; le plus jeune fut en peu
de temps l'acteur favori des habitants de Yienne.
Comme musicien , il s'était fait connaître avan-
tageusement : il jouait bien du piano et compo-
sait avec goût. Déjà il avait publié quelques
morceaux de musique instrumentale et des
chansons, lorsqu'il fit représenter, en 1796, un
petit opéra intitulé : Adèle de Ponthiett, qui
fut bien accueilli du public. Après qu'il se fut
retiré du théâtre, il continua de cultiver la com-
position et la peinture. Il a aussi obtenu des
succès dans cet art, et Ton 'connaît de lui de
grands tableaux d'église qui sont estimés.
Lange est mort à Vienne, le 18 septembre 1831.
LANGE ( Louise-Marie- Antoinette ) , née
DE WEBER, femme du précédent, vit le jour
à Manheim. En 1779, elle débuta au théâtre de
celte ville, dans l'opéra ; ensuite elle se rendit à
Vienne. Là, elle devint élève de Mozart , dont
elle était la belle-sœur, et ses progrès furent
rapides sons un tel maître. Elle contracta un
engagement à l'Opéra de Vienne. Ce contrat ex-
piré, elle voyagea, se fit entendre avec succès sur
plusieurs théâtres de l'Allemagne, puis elle re-
tourna dans la capitale de l'Autriche, où elle fut
engagée de nouveau, aux appointements de 400
ducats. Des discussions qu'elle eut avec les en-
trepreneurs la firent se retirer en 1785. Elle se
rendit à Hambourg, et y chanta jusqu'en 1798;
puis elle fut engagée à l'Opéra allemand d'Ams-
terdam, et y eut 800 ducats de traitement. Cette
cantatrice a passé pour une des meilleures, de
son temps; on l'a même comparée à M me Mata,
quoiqu'elle lui fût inférieure. Lorsqu'elle quitta
la scène , elle se retira à Francfort, où elle est
morte en 1830, regrettée de tous ceux qui l'a-
vaient connue.
LANGE ( Josepii-Hkniu), compositeur et or-
ganiste à Brème, fils d'un instituteur, est né dans
cette ville en 1784. Il était fort jeune lorsque
son père l'envoya à Munich pour y étudier la
musique, sous la direction de Winter. De retour
à Brème, il y obtint la place d'organiste de
l'église principale. H a publié : 1° Vierstimmige
ausgeselztes Choralbuch zu dem ncuen Bre-
mischen Gesangbuche( Livre de chorals arrangés
à quatre voix pour le nouveau livre de chant de
Brème); Brème, Kaiser. — 2° Mclodien zum
neucn Brcmer Gesangbuche, fdrbchulen und
zum Privai gcbrauche (Mélodies du nouveau
livre de chant de Brème, à l'usage des écoles, etc.);
ibid. — 3° Mclodien fur eine und mehrere
Singstimmen zum Bremischen Liedcrbuche
furSchulen (Mélodies à une et à plusieurs voix
chantantes, pour le livre de cantiques de Brème, à
l'usage des écoles) ; ibid. On a publié de cet ar-
tiste, dans la même ville, en 1833, la Chanson
de Sfignon pour quatre voix d'hommes.
LANGE (le docteur OTTO), né à Berlin,
dans les premières années du dix-neuvième
siècle, a fait ses études dans cette ville, et s'est
attaché à la philosophie de Hegel, dont il s'est
montré ardent admirateur. En 1847, il est de-
venu rédacteur de la Nouvelle Gazette musieale de
Berlin ( Neue Musikzeitung fur Berlin ), pour
la partie technique, sous la direction de M. Gus-
tave Bote. On a de M. Lange un écrit intitulé :
Die Musik als Unterrichtsgegenstand in
Schuten neben den wissenschaft lichen Lehr-
zweigen ( La musique, teHe qu'elle est enseignée
dans les écoles, confrontée avec son but comme
accessoire scientifique); Berlin, 1841, in-8°.
Fink a donné une longue analyse de cet ouvrage
dans la Gazette générale de musique dcLeipsick
(n° 45, 10 novembre 1841).
LANGER (Dominique), violoniste du théâtre
de Breslau, est né en Bohême. On n'a que peu
de renseignements sur cet artiste, même dans
la Biographie des musiciens de la Silésie, par
Hoffmann. On sait seulement qu'il jouait égale-
ment bien du violon , de la clarinette et du c#r
de bassette, et qu'il dirigeait avec talent la mu-
sique dans un jardin de plaisance, à Breslau. Il a
été publié de sa composition : t° Rondo pour
piano et violon; Vienne, Mechetti. — 2° Valses
idem ; Milan, Ricordi. — 3° Polonaises pour le
piano ; Breslau, Leuckart 4° Danses favorites
de Breslau ; Breslau, Forster. — 5° Le Temps
ancien et le moderne, quolibet musical tire
d'airs connus et de danses, avac piano; Breslau,
Leuckart. Langer avait en manuscrit une grande
symphonie dédiée au maître de chapelle Schnei-
der.
LANGER (Matthieu), virtuose distingué
sur le cor, bien que simple amateur, employé près
du gouvernement à Oppeln, a fait ses études au
gymnase de Neisse et à l'université de Breslau.
Il a pris part, dans cette ville, aux concerts de
l'Académie, en 1822. Il était déjà cité alors pour
sou talent, mais il Ta beaucoup augmenté par son
travail depuis lors : vers 1840 il avait peu de
rivaux.
LANGER (HermamO, organiste à Leipsick,
est né le 6 octobre 1819, à Hoeckendorf, village
du royaume de Saxe, dans rErzgebirge; son édu-
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VJ2
LANGER — LANGLÉ
cation musicale fut faite dans la maison pater-
nelle, puis à Oschatz, où il apprit à jouer du cla-
vecin, du violon, et le chant. Un artiste de la
chambre royale de Dresde cultiva ensuite la voix
de ténor de Langer, qui contracta un engagement
comme chanteur de l'Opéra. En 1840 il se ren-
dit à Leipsick , où il étudia la philosophie, la
pédagogique et prit des leçons d'orgue de M. C.
F. Becker. Dans le même temps il étudiait aussi
la théologie ; mais, après qu'il eut complété son
instruction scientifique, il s'adonna particulière-
ment à la musique. En 1843 il fut nommé orga-
niste de l'église de l'Université, et fut aussi choisi,
comme directeur de la société de chant dite
Paulinienne. En 1845, la place de professeur
de chant liturgique à l'Université lui fut confiée;
dix ans après, il y ajouta la position de directeur
de musique de la deuxième société de concerts de
Leipsick, appelée Euterpe , et en 1856, il fut
chargé de diriger la société de chant Orpheus .
Langer s'est particulièrement distingué en 1857
par le cours qu'il a fait à l'Université sur l'his-
toire du chant liturgique et sur l'histoire des an-
tiquités musicales.
LAN GH ANS ( Cuables-Gottbaro), archi-
tecte, fut d'abord conseiller intime du roi de
Prusse, dans l'administration de la guerre, puis di-
recteur du conseil supérieur des bâtiments publics
à Berlin. 11 naquit à Landshut (Silésie) en 1733,
et mourut à Berlin le 1" octohre 1808. Il s'est
rendu célèbre parmi ses compatriotes par les mo-
numents dus à ses talents, et parmi lesquels on cite
particulièrement l'église des Onze mille Vierges,
la Bourse, et le palais Hatzfeld, à Breslau ; à
B€ rlin, le Nouveau théâtre d'Opéra,et iaPorte de
Brandebourg, considérée comme son œuvre ca-
pitale. Langhans a publié, à l'occasion du théâtre
construit par lui, un écrit intitulé : Vergleichung
des neuen Schauspielhauses zu Berlin mit
verschiedenen altern und neuen Schaus-
pielhxusern in Rucksicht aiif akustisnhe und
optische Grundsxtze ( Comparaison du nouveau
théâtre de Berlin avec divers théâtres anciens
et modernes, au point de vue des principes
d'acoustique et d'optique ). Berlin, 1800, 15 pages
in-4°, avec deux planches.
LAIVGLÉ (Honoré-François-Marie), com-
positeur et théoricien de musique, d'une famille
originaire de Picardie, mais établie en Italie de-
puis le dix-septième siècle, naquit à Monaco en
1741. A l'âge de seize ans on l'envoya à Naples
pour y étudier la composition ; il y entra au Con-
servatoire de la Pietà dei Turchini, et fit ses
études d'harmonie, d'accompagnement et de
contrepoint, sous la direction de Cafaro. Après
avoir été huit ans dans cette école, où il eut le
titre de maflre, c'est-à-dire, répétiteur, il se
rendit à Gênes et y demeura plusieurs années,
en qualité de directeur de musique du théâtre
et du concert des nobles. Arrivé à Paris en 1768,
il se lit une existence honorable en donnant des
leçons de clavecin , de chant et de composition.
Il connaissait bien l'art du chant, en ayant étudié
les principes dans l'école de Naples, la meilleure
de cette époque. Tourmenté du désir de se faire
connaître à Paris par ses compositions, il fit exé-
cuter au concert spirituel et à celui des amateurs
des cantates et des motets, entre autres les mono-
logues à'Alcide, de Sapho, de Circé, etc. Lors-
que le baron de Breteuil eut institué l'École royale
de chant et de déclamation, en 1784, Langlé fut
chargé d'y enseigner le chant, et il conserva cet
emploi jusqu'à la suppression de l'école en 1791.
A IVpoque de l'organisation du Conservatoire
de Paris, on le désigna pour remplir les fonctions
de bibliothécaire, qu'il réunit à celle de profes-
fesseur d'harmonie ; mais il ne garda pas celle-ci
longtemps, et la place de bibliothécaire fut la
seule qu'il conserva en 1802. Il était aussi mem-
bre du Lycée des arts. Dans les dernières années
de sa vie, Langlé prenait plaisir à la culture d'un
jardin qu'il possédait avec une maison de campa-
gne, à Villiers-le-Bel, près de Paris : il mourut
dans ce lieu le 20 septembre 1807, à l'âge de
soixante-six ans.
Les compositions de Langlé indiquent peu de
génie : elles manquent de chaleur et do vie,
quoiqu'on y trouve des mélodies assez faciles.
J'ai examiné à la bibliothèque du Conservatoire
tous ses manuscrits , et je n'y ai rien trouvé qui
eut pu assurer des succès à leur auteur, s'ils
avaient obtenu les honneurs de la représentation.
Le seul opéra de Langlé joué à l'Académie royale
de musiqne est Corisandre, eu trois actes : il fut
représenté en 1791; on le reprit l'année sui-
vante, mais il n'excita jamais d'intérêt. Ses au-
tres ouvrages dramatiques, tous inédits, à l'ex-
ception à'Antiochus et Stratonice, joué sans
succès à Versailles, en 1786, sont : 1° Oreste et
Tyndare, présenté au jury de l'Opéra en 1783
et en 1780. — 2° Soliman et Éronime,ou Maho-
met II y en 1792. — 3° La Mort de Lavoisier,
1794. —4° Le Choix d'Alcide, 1801. — 5° Mé-
dêc. — 6° L'Auberge des volontaires. — 7° 7"an-
crede. — 8° Les Vengeances. Langlé a fourni un
certain nombre de leçons, assez mal écrites, à
la première édition des solfèges du Conservatoire
de Paris. Ses ouvrages didactiques sur l'harmo-
nie et la composition sont ceux qui ont particu-
lièrement contribué à le faire connaître en
France. Le premier a pour titre : Traite d'har-
monie et de modulation; Paris, Naderniao,
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LANGLÉ - LANGLOIS
lys
1797, in- fol. de 90 pages. Aux premiers mots de
Paveitissement de ce traité, on serait tenté de
croire qne Langlé avait saisi les vrais principes
de la science de l'harmonie, qui ne sont autres
que ceux de ia tonalité; car il s'élève contre
les traités de cette science , précédemment pu-
bliés, où les accords sont considérés (Tune ma-
nière isolée, sans égard a\ix lois de successions
qui les régissent; mais, immédiatement après, on
le voit avec étonnement avancer cette singulière
proposition : QuHl n'y a qu'un seul accord, et"
lui de tierce* dont tes combinaisons produi-
sent tous les autres. Et pour la démonstration
de ce principe, il présente l'exemple de cette
suite de tierces : fa, la, ut, mi, sol, si, ré, fa.
Il en tire l'accord parfait du quatrième degré fa, ]
la,ut; l'accord parfait mineur, la, ut, mi; Tac- <
cord de la tonique ut, mi, sol ; l'accord relatil ;
mineur de la dominante, mi, sol, si ; Paccord de '
la dominante, sol, si, ré; les accords de septième
majeure, fa, la, ut, mi, et ut, mi, sol, si; enfin,
raccord de septième mineure avec tierce mineure,
la, ut, mi , sol, et l'accord de septième dominante,
sol, si, ré, fa. C'est à peu près par un procédé
semblable que Catel a fondé son système d'har-
monie sur une division arbitraire du monocorde ;
mais celui-ci a du moins racheté son erreur à.
cet égard par sa division des accords en natu-
rels et artificiels; tandis que Langlé confond
tout en faisant, au moyen de ses générations de
tierce, des classes d'accords de septièmes, par
exemple, de toutes les espèces, comme si ces
rapports existaient par eux-mêmes et abstrac-
tion faite de toute considération de modification
par l'altération, la prolongation et la substitution.
D'ailleurs, les exemples pratiques qu'il donne de
l'emploi des accords sont mal écrits, et fourmil-
lent de mauvaises successions d'octaves et de
quintes.
Le second ouvrage de Langlé est le Traité de
ta basse sous le chant, précédé, de toutes les
règles de la composition; Paris, Naderman,
1798, in-fol. de 304 pages. Ce que Langlé appelle
toutes les règles de la composition sont celles
des contrepoints simple et double, qui enseignent
en effet l'art d'écrire à plusieurs parties. Mais
comment un ouvrage destiné à faire connaître
la manière de mettre une basse sous un chant
peut-il être précédé de toutes les règles de la
composition? Un musicien qui sait toutes ces
règles n'est donc pas capable de faire une basse?
Quelle absurdité ! Et qu'est-ce, je vous prie, que
ce qui vient après les règles du contrepoint
dans le livre de Langlé? Une énorme quantité
de progressions appelées communément mar-
ches oVharmonie, la plupart mal écrites, et dont ,
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS.— T. V.
on ne trouve presque jamais l'application dans
la musique mélodique. Cet énorme fatras n'est
bon à rien : il n'a jamais eu de véritable succès,
et depuis longtemps il est tombé dans l'oubli,
comme une multitude de fausses doctrines qui
ont pris naissanoe depuis nn siècle, en France et
en Allemagne.
Le Traité de la fugue ( Paris, 1805, in-folio
de 100 pages ) est le troisième ouvrage didactique
de Langlé. Il y débute par une proposition bien
bizarre : La fugue, dit-il, est le premier mor-
ceau de musique régulier que Von ail \f ait. S'il
avait eu quelques notions des plus anciennes
compositions, il y aurait vu qu'il ne s'y trouve
pas l'apparence de ce qu'on appelle fugue,
même dans l'acception la plus générale. Quoique
l'ordre dans la classification des objets manque
dans ce livre comme dans tous les autres ouvra-
ges de Langlé, le début renferme des notions
assez précises des parties principales de la fugue;
c'est ce qu'il a fait de mieux. C'est en quelque
sorte une traduction de ce que le P. Martini a
placé en tête de son Saggio fondamentale pra*
tico di contrappunto. La suite est beaucoup
moins bonne; on y trouve beaucoup de fausses
réponses à des sujets donnés, et de fugues mal
faites. Ses fugues à la seconde et à la septième
sont contraires a tout principe de tonalité.
On a aussi de Langlé une Nouvelle méthode
pour chiffrer les accords; Paris, 1801, in -8°.
Ce livre renferme l'exposé d'un système particu-
lier que l'auteur avait déjà fait connaître en par-
tie dans ses traités de l'harmonie et de la basse
sous le chant. Il s'y sert de plusieurs signes qui
n'ont jamais été employés par les harmonistes ;
signes dont l'utilité n'est pas sensible, et qui
auraient l'inconvénient de manquer de simpli-
cité. Langlé, comme tous les auteurs de systèmes
de basse chiffrée, a oublié qu'un ouvrage de ce
genre, au lieu de présenter de nouveaux signes,
devrait être seulement l'exposé des systèmes des
diverses écoles, afin de rendre plus facile l'acr
compagnement de toute espèce de musique, par
une bonne synonymie des signes.
LANGLOÏS (M.), avocat à Gisors, dans la
dernière partie du dix-huitième siècle, a publié
un petit écrit qui a pour titre : Éloge funèbre
de P. Buisson, organiste de Gisors , prononcé
dans cette ville, devant une société d'ama-
teurs,\e 2 sentembre 1775; Rouen, 1775, in-8°.
LANGLOlS (l'abbé), maître de chapelle
de la métropole de Rouen, et membre de l'Aca-
démie des sciences, belles-lettres et arts de cette
ville, est auteur d'un discours prononcé dans
une séance de cette société, le 28 juin 1850, le-
quel a pour objet la Revue des maures de cha-
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191
LANGLOIS — LANIÈttE
pelle et musiciens de la cathédrale de Rouen,
et se trouve dans le Précis analytique des Tra-
vaux de V Académie de Rouen, 1850, 1 vol.
in -8°. Ce morceau historique fournit de bons
renseignements puisés dans les archives de cette
église métropolitaine.
LANGSHAW (....), organiste et mécani-
cien de grand mérite, né en Angleterre vers 1718,
s'est fait connaître par des cylindres mécaniques
qu'il a adaptés à un orgue superbe , lequel ap-
partenait au comte de Bath. Ce seigneur ayant
demandé à Haendel quelques pièces pour cet
instrument, le grand musicien les écrivit et
chargea Langshaw de les noter sur de très-grands
cylindres qui faisaient leurs révolutions dans di-
vers systèmes de mouvement, et dont les com-
binaisons produisaient des effets majestueux.
Langshaw fut employé par le comte à perfec-
tionner son ouvrage pendant près de douze ans.
En 1772 il obtint la place d'organiste à Lanças-
tre. Il l'occupa pendant plus de vingt-cinq ans,
et mourut dans celte ville en 1798.
LANGSHAW (Jean ), fils du précédent, né
à Londres en 1763, fut élevé à Lancastre, et ne
commença à étudier la musique qu'à l'âge de
treize ans. Lorsqu'il eut atteint sa seizième année,
il se rendit à Londres, et continua ses études mu-
sicales sous la direction de Charles Wesley et de
son frète Samuel. De retour à Lancastre, il s'y
livra à renseignement de la musique : en 1798 il
succéda à son père dans la place d'organiste de
cette ville. On a de ce musicien quelques ballades,
des chœurs de Haendel et de Haydn arrangés, et
un thème avec variations pour le piano.
LANIERE (Nicolas) ou LANIER, musicien,
peintre et graveur, fut chef de la bande de musi-
ciens du roi d'Angleterre Charles 1 er . Hawkins,
qui ne cite aucune autorité contemporaine , dit
qu'il naquit en Italie dans Tannée 1568 (1). Bur-
ney se borne à dire que Lanière fut un musi-
cien italien qui se rendit en Angleterre, dans le
commencement du dix-septième siècle. Il lit, dit-
il , sa profession de la musique , de la peinture
et de la gravure; mais il excella surtout dans
le premier de ces arts (2). Il est de toute évidence
que Lanière n'est pas un nom italien : si l'ar-
tiste dont il s'agit naquit en effet en Italie, ce dut
être de parents français ou neiges. Un magnifique
portrait de lui, ouvrage du célèbre graveur Lu-
cas Vosterman , son contemporain, ne nous ap-
prend rien à cet égard , si ce u'est qu'il était ama-
teur passionné de tous les arts libéraux , particu-
lièrement des antiquités de l'Italie, ce qui indique
(1, A General Historyofthe science and practice of Mu-
*<c, t. III, p. 880.
(s) A General HUtory of Music, i. III, p. 846, note n.
au moins qu'il y était allé et y avait vécu. Void
cette inscription : Nicolas Lanicr. In aula Se-
renissimi Caroli Magnœ Brilannue Régis Mu-
sicx artis directori, admodum insioni piciori,
exierarumque Artium liberalium maxime
Antiquitatum Italie admiratori et amatori
summo f Macenati suo unicè colendo. Quoi
qu'en disent Hawkins et Burney, il parait pins
que douteux que Nicolas Laniersesoit rendu d'I-
talie en Angleterre ; car dans un procès relatif aux
privilèges accordés par Charles I er aux musiciens
de sa chapelle , on voit paraître en cause avec cet
artiste et avec beaucoup d'autres musiciens, Jérôme
Lanier, Clément Lanier, André Lanier, Jean La*
nier et Guillaume Lanier, qui sont évidemment de
sa famille, et dont les prénoms accusent une origine
française ou neige. Quoi qu'il en soit, il parait cer-
tain que Nicolas Lanière ou Lanier et Cooper, dont
le nom italianisé était Coperario (voyez ce nom),
furent les premiers qui introduisirenten Angleterre
le style récitatif , depuis peu mis en vogue par
Jacques Péri et Jules Caccini , puis perfectionné
par Monteverde (voyez ces noms). Un des pre-
miers ouvrages cités de Nicolas Lanière est un
tnatque (divertissement dramatique) composé
en 1G17 pour lord Hay, sur un poème de Ben
Johnson. En 1614 il prit part, avec Coperario et
quelques autres musiciens , à la composition du
maske of Flowers, pour les noces du comte de
Sommerset avec lady Frances Howard , femme
divorcée du comte d'Essex. Ce divertissement
fut exécuté dans la salle du banquet, à White-
liall, pendant la nuit de Saint -Etienne. Les per-
sonnages qui y figurèrent furent le duc de Len-
nox, les comtes de Pembroke, Do'rset, Salisbury,
Montgomery , les lords Walden, Scrope, Nortii
et Hayes, sir Thomas, sir Henri, et sir Charles
Howard. Plusieurs recueils publiés sous le règne
de Charles 1 er contiennent des airs de Lanière.
On en trouve neuf dans un volume manuscrit du
Muséum britannique (iii-fol. n° 1 1,608 des addi-
tions de Mss). Le dernier ( Colin, say uhy siVst
thou see?) est accompagné d'un chœur. Hawkins
dit que, sous le règne de Jacques 1 er , les musi-
ciens qui avaient vécu sous le patronage de la
reine Elisabeth ne furent point en faveur, et
qu'aucun ne fut employé à la cour , à l'exception
de Lanière et de Coperario. La position du pre-
mier de ces artistes sous le règne de Charles I"
dut le faire vivre dans l'aisance, car son traite-
ment était de deux cents livres sterling, somme
considérable pour ce temps (1). Outre le portrait
dont il est parlé ci-dessus, il en existe un autre
fort beau, peint par Lanière lui-même, et qui
(I) Cette somme annuelle lui est assurée par une ordon-
nance (a çrant) de Charles 1 er , du 11 Juillet 16», laquelle
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LAINIERE — LANNO\
195
se trouve à l'école de musique à Oxford ; Hawkins
l'a fait graver pour son Histoire de la musique
(f. III, p. 380). Enfui, on en connaît un troisième
en Angleterre, ouvrage admirable de Van Dyck,
qui Tut la première cause de la fortune de ce
grand peintre à la cour de Charles 1 er .
La musique des masques composés par La-
nière seul, ou en collaboration d'autres musiciens,
serait aujourd'hui introuvable; mais plusieurs
morceaux tirés de son œuvre intitulé Musica
narrai tvaont été imprimés par Playford dans les
collections de son temps , particulièrement dans
le recueil intitulé Ayres and dialogues (Londres,
1653), et dans la seconde partie du Musical
Companion (Londres, 1667). pans ces recueils,
la musique de Lanière est d'une grande supé-
riorité sur tout le reste : on y trouve du senti-
ment, de la mélodie et du rhythme. Burneydit
que la cantate Héro et Léandre, de ce composi-
teur, fut célèbre vers le milieu du dix-septième
siècle et que le récitatif de cet ouvrage fut consi-
déré alors comme un modèle de déclamation musi •
cale, dans le genre italien. Smith a inséré dans sa
Musica antica un air de Lanière tiré de la masca-
rade intitulée : Lvminalis , or the Festival of
Lhjht, qui fut exécutée dans la nuit du mardi
gras de l'année 1637, et dans laquelle la reine*!
et les dames du palais prirent des rôles. I
LANNER (Joseph-François-Charles), cé-
lèhre compositeur de musique de danse, naquit le
1 i juillet 1802 , à Vienne, où son père était fabri-
cant de gants. Dès son enfance, il montra d'heu-
reuses dispositions pour la musique , et acquit
une grande habileté sur le violon , quoiqu'il n'eût
eu que des maîtres médiocres. Il apprit de môme
Ja composition par la lecture des livres de théo-
rie et sans maître. Ses premiers travaux consis-
tèrent en arrangements de morceaux d'opéras,
d'ouvertures et de marches en quatuors ou quin-
tettes d'instruments à cordes ; mais bientôt ses
compositions pour la danse le rendirent populaire
et le firent rechercher pour les redoutes et les j
bals de société. Ses ouvrages en ce geure dépas-
sent le nombre de deux cents. Lanner avait au plus
haut degré le génie de ce genre de musique. 11 j
innova dans les formes , dans le rhythme, l'har-
monie et l'instrumentation. Ses valses particu- :
lièrement ont un caractère d'originalité très- ;
remarquable. Il a écrit aussi des marches , des
pots-pourris à grand orchestre, une ouverture, I
et la musique de plusieurs mélodrames et panto-
mimes. Cet artiste distingué est mort dans sa
quarante et unième année, le 14 avril 1843, à
est rapportée textuellement dans les Fœdera de Rymer,
«. XVIII, p. 7tS.
Oberdœbling, près de Vienne. Plus de vingt mille
personnes assistèrent à ses funérailles.
LANNOY (Philippe DE), musicien et fac-
teur d'orgues , vécut à Anvers dans la seconde
moitié du quatorzième sièele. Des restes d'un
instrument construit par lui existent encore
dans la cathédrale de cette ville. Cet instrument,
qui n'a pas 'été fait pour la place où il se trouve
aujourd'hui, a été achevé en 1394, ainsi que le
prouve cette inscription placée sur la face anté-
rieur du sommier : Fecit hoc Organ. Ph. de
Lannoy, an. Sal. 1394. Il fut construit pour l'é-
glise d'un couvent de moines Augustins. La ca-
thédrale ayant été détruite par le feu en 1553,
l'ancien orgue fut réduit en cendres. Après que
l'église eut été reconstruite sur un nouveau plan,
les Augustins offrirent leur orgue, considéré déjà
à cette époque comme un précieux monument
d'antiquité; leur offre fut acceptée ; l'instrument
fut démonté et transporté à Notre-Dame ; mais
le nom du facteur qui fit cette opération et ré-
para l'ouvrage de De Lannoy est ignoré.
L'ancien clavier de l'orgue de cet artiste a été
conservé comme une curiosité historique : son
octave basse était disposée de cette manière
bizarre :
La disposition des autres octaves était sem-
blable à celle des claviers ordinaires. La dernière
note à l'aigu était la
En 1611, Van
Erpen, facteur d'orgues à Bruges, fit des répara-
tions à l'orgue de Notre-Dame , et ajouta deux
touches blanches à l'octave grave pour les notes
ré et mi, en sorte que les deux premières tou-
ches noires de cette octave servirent pour les
notes fa dièse et sol dièse, auxquelles elles ap-
partiennent. En 1717 , De Lahaye, bisaïeul des
facteurs de ce nom qui existaient encore en 1835,
fit de nouvelles réparations et de nouvelles ad-
ditions à ce vénérable instrument : il porta le
clavier jusqu'à Vut aigu. Le vandalisme révolu-
tionnaire de 1793 ne respecta pas ce monument
des anciens temps de la facture régulière de
l'Orgue ; une partie des tuyaux fut enlevée , et
de notables dommages furent faits au mécanisme
intérieur. De Volder père (voy. ce nom), ayant
été chargé de la restauration et de l'agrandisse-
ment de ce même orgue, en a fait un instru-
ment de bonne qualité , relativement aux con-
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196
LANNOY
dirions qui lui étaient imposées, et a étendu le
clavier jusqu'au fa au grave et à l'aigu. Plusieurs
jeux et un clavier ont été ajoutés par lui au tra-
vail de De Lahaye; mais, dans le but de conserver
intact , autant qu'il (Hait possible , l'instrument
primitif de De Lannoy, il en a fait la base du cla-
vier de récit.
Au temps de De Lannoy, on ne connaissait
que le système des tirages directs : c'est celui
qu'il avait établi dans son orgue. Les abrégés
n'étaient pas en usage i le petit nombre de jeux
et le peu d'étendue qu'on donnait aux instruments
ne les rendaient pas nécessaires : il n'y a donc
rien de semblable dans l'orgue de Notre-Dame.
Tout est de la plus grande simplicité dans sa
construction : c'est sans doute à cette simplicité
qu'il faut attribuer sa longue conservation. Les
tuyaux sont en plomb, sans aucun mélange d'é-
tain. Entièrement oxydés au pied, ceux qui res-
taient debout n'ont pu être tous conservés, parce
que leur propre poids les faisait s'affaisser. Je tiens
de l'amitié de De Yolder un de ceux qu'on a dû
réformer et je le conserve comme une preuve de
l'état avancé où était déjà la facture de l'orgue
vers la (in du quatorzième siècle. Ce tuyau sonne
la quinte supérieure du la aigu de la mixture :
ses proportions sont bonnes, le biseau est bien
fait, et la partie supérieure du tuyau est soudée
sur ce biseau, comme cela se pratique aujourd'hui.
Malgré son état de vétusté , il rend un son pur et
plein. Les jeux qui composaient l'orgue de De
Lannoy étaient : 1° Opcnflud ( dû te ouverte de
4 pieds); 2° Dulcian (bourdon de 4 sonnant
le 8 pieds); 3° Octaf (doublette de 2 pieds);
4° Rorefluit (flûte de 6 pieds commençant a
sol); 5° Quintadun ( flûte sonnant la quinte) ;
6° Sesquialter (jeu composé de l'octave
aiguë du cornet, et d'une petite tierce) ; 7° Mix-
tur (plein-jeu de 3 tuyaux); 8° Regalis (jeu
d'anches très-fort avec de courts tuyaux de
quelques pouces). Les jeux de régale et de ses-
quialter ont disparu de l'ancien orgue.
LANNOY (M roe la comtesse DE), née com-
tesse de LOOZ CORSWAREM , au château de
Gray, dans le Brabant, en 1767, épousa le comte
de Lannoy en 1788, et le suivit dans l'émigration,
lorsque les Pays-Bas furent envahis par les ar-
mées françaises. Ses biens furent saisis, et, comme
beaucoup d'autres personnages de haut rang,
exilés de leur patrie à cette époque, elle dut
chercher des moyens d'existence dans l'emploi
de ses talents. Elle était bonne musicienne,
jouait bien du piano pour son temps, et même
composait. Elle s'établit à Berlin et s'y livra à
l'enseignement. En 1798, elle publia dans cette
ville : 1° Deux romances françaises avec accom-
pagnement de piano; Berlin, Hnmmel. — 2° Trois
sonates pour clavecin, avec accompagnement de
violon et violoncelle; ibiJ. — 3° Romances avec
accompagnement de piano ou harpe, 2 e et 3 e re-
cueils ; ibid., 1801. Peu de temps après cette
dernière publication, elle rentra en Belgique avec
sa famille, et y soutint un procès considérable
d'où dépendait toute sa fortune. Après plusieurs
années d'attente pénible , elle perdit ce procès,
dont l'issue la laissait sans ressource, et elle se
réfugia à Paris, où l'on prétend qu'elle fut assez
mal lieu reuse pour être obligée de jouer avec ses
filles des rôles secondaires sur les théâtres des
boulevards. Je crois qu'elle a cessé de vivre vers
1822.
LANNOY (Edouard, baron DE), delà même
famille que la précédente, né à Bruxelles au
mois de décembre 1787, suivit sa famille dans
l'émigration, et s'établit avec elle à Graetz, dans
la Styrie, où il commença ses études. De retour
à Bruxelles en 1801, il y entra bientôt après au
lycée, puis il acheva ses études à Paris. Vers la
fin de 1806, il retourna dans la Styrie. Depuis
1813, il vécut alternativement à Vienne et à sa
maison de campagne, dans les environs de Mar-
purg. Il est mort à Vienne, le 28 mars 1853.
Poëte et musioien, il s'est fait connaître avanta-
geusement par un grand nombre de morceaux de
littérature et de critique, ainsi que par ses con-
positions musicales, parmi lesquelles on remar-
que : 1° Cantate exécutée à Bruxelles, pour la
distribution des prix, en t806. — 2° Margue-
rite ou les Brigands, opéra en un acte, repré-
senté à Graetz en 1814, et à Vienne, en 1819. —
3° Les Morlaques, opéra en deux actes, à Grelz,
en 1817. — 4° Libussa, opéra en deux actes, a
Braun, en 1818. — 5« Ketly, opéra en un acte;
Vienne, 1827. — 6° Une heure, mélodrame, à
Vienne, 1822. — 7* le Meurtrier, mélodrame.
— 8° Emmy Teels, idem — 9° Les deux For-
çats, idem. — 10° Le Lion de Florence, idem.
— 1 1° Ouverture et en tr 'actes pour la tragédie
intitulée le Czar Iwan. — 12° Abu le noir, mé-
lodrame. Tous ces derniers ouvrages ont été joués
sur différents théâtres de Vienne et de l'Allema-
gne, depuis 1823 jusqu'en 1830. Les principales
compositions instrumentales de M .de Lannoy sont :
— 13° Grande symphonie en mi majeur, exécu-
tée au concert de la société musicale de Vienne.
— 14° Symphonie en ut majeur, exécutée au
concert spirituel. — 15° Plusieurs ouvertures
et solos pour divers instruments et orchestre. —
16° Grandes variations pour piano et violon, avec
orchestre, op. 13; Mayence, Schott. — 17° Quin-
tette pour piano , hautbois, clarinette, cor et
basson, op. 2; Offenbacb, André. — 18° Grand
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LANJNOY — LAPICIDA . t07
trio pour piano, clarinette et violoncelle, op. 15; j publiés à Londres. On connaît aussi de lui Po-
Vienne, Haslinger. — 19° Sonates pour piano et I përa bouffe intitulé le ISozze per fanafîsmo,
violon, op. 6; Vienne, Mechelti; op. 12, Leip- | et VIngannatrice , ouvrage du même genre,
sick, Breitkopf et Hacrtel; op. 21 , Bonn, Sim- ' De retour à Naples, en 1812, Lanza fut nommé
rock. — 20° Sonate pour piano seul, op. 9; | professeur de chant au collège royal de musique
Vienne, Haslinger — 21° Plusieurs rondeaux, fan- i de San-Pietro a Majella, et du pensionnat
taisies, variations, etc. Depuis 1830, M. de Lan- royal dei Miracoli.
noy s'était dévoué exclusivement à la direction LANZA (Gesualuo), fils du précédent, né à
du Conservatoire de Vienne, dont il était encore j Naples en 1779, a suivi son père en Angleterre
président en 1S35. Il était aussi entrepreneur du ; dans son enfance, s'y est fixé , et s'y est fait con-
concert spirituel. ! naître comme un lion maître de chant. I» a publié
LANZ (J.-M.) f pianiste et compositeur : sur cet art un ouvrage estimable intitulé : The
allemand, s'est fait connaître à la fin du dix- Eléments of Singtng familiarly exempllfied;
huitième siècle par les compositions suivantes : Londres, 1817, in-4° obl. Il est mort à Londres,
1° Chansons pour la loge maçonnique; Dresde, ' en 1859, à l'âge de quatre-vingts ans.
1788. — 2° Six sonates pour le clavecin, d'une Un autre fils de Joseph Lanza, plus jeune que
exécution facile, op. 3; Brunswick, 1795. — le précédent, fut aussi un bon chanteur. Après
3° XXI variations sur God save the King, pour ■ avoir demeurée Londres Jusqu'à l'âge de vingt
piano, op. 4; ibid., 1795. — 4° Sonate à quatre ans environ, il a voyagé, a vécu pendant quel-
mains, op. 5; ib., 1796.— 5° Huit variations pour | ques années h Paris, puis dans diverses villes
clavecin sur l'air: Freut euch des lebens; Ha- ' de province. 11 était en 1838 à Lille, où il se
novre, 1796.-6° Six écossaises pour le piano ; ] livrait à l'enseignement; mais il en partit en
Berlin, Sclilesinger. ' 1811 pour aller en Amérique. Un de ses fils a été
LANZ (Joseph), amateur de musique, à chanteur. bouffe an théâtre de Valparaiso, en
Vienne, a proposé un nouveau système de nota- î 1845.
Mon, ayant pour objet la suppression des clefs j LANZKTTI ( Salvàtor), violoncelliste cé-
au moyen de la lettre C placée sur la troisième ' lèbre, naquit à Naples au commencement du dix-
ligne de la portée, et qui, se combinant avec , huitième siècle, fit ses études musicales au Con-
une note noire , avec deux, ou trois, indique | servatoire de Loreto, et passa la plus grande
une, deux, ou trois octaves au dessus ou au- ! partie de sa vie au service du roi de Sardaigne.
dessous d'une note donnée, et présente une ' En 1736, on publia à Amsterdam deux livres de
étendue de sept octaves. L'ouvrage dans lequel sonates de sa composition pour le violoncelle,
ce système est exposé a pour titre : Dos Quelque temps après il parut en cette ville un
System der Musik-Schliissel auf die em- j ouvrage méthodique intitulé : Principes du
fachsten Grundsxtse zuruck gefiihrt, tro- ' doigter pour le violoncelle dans tous les tons,
durch die Einheit des Schlûssels und grœssere dont il était aussi l'auteur. Lanzetti est mort à
Rcslimmtkeit, Deuilichkeit, und Bequemlich- j Turin vers 1780, dans on âge fort avancé.
keit in der Tonbezeichnnng erzielh trird; LANZI (petronio), maître de chapelle à Do-
Vienne, A. Diabellt, 1842. L'auteur de ce sys- ' logne, dans la seconde moitié du dix-huitième
tème ne s'est pas aperçu de l'incertitude où se-
raient les exécutants, particulièrement les pia-
nistes et organistes , à l'aspect d'une musique
dont toutes les octaves seraient renfermées dans
siècle, naquit dans cette ville et fut élève de
Jacques-César Predieri. Il fut élu deux fois prési-
dent de la société Philharmonique, et lit exécuter
en 1770, dans l'église de Saint- Jean in Monte,
les cinq lignes de la portée, et ne présenteraient ' à l'occasion de sa seconde promotion, une messe
aucune différence aux yeux.
LANZA (François-Jossph), professeur de
chant , né à Naples, y vivait en 1792 et y publia
€ ariettes italiennes avec accompagnement de
de sa composition, dont Burney fait l'éloge dans
son Voyage musical en Italie.
LAPICIDA (Érasme), compositeur, né dans
la seconde moitié du quinzième siècle, est quel-
guitare et violon. Vers le même temps, il s'est fixé J quefois indiqué dans les anciens recueils publiés
à Londres et y a vécu pendant plusieurs années j par Petrucci de Fossombrone (voy. ce nom) par
dans la maison du marquis d'Abercorn, en qualité son prénom (Erasmo), écrit aussi Rasmo, ou
de mettre de musique. lia publié plusieurs recueils j simplement par £. L. Sa patrie n'est pas connue:
de chansons, entre autres : Six trios pour deux so- } il n'est pas même certain que le nom latin La-
pranos et basse, op. 13; Londres, Birschall, et ' picida soit le sien, et qu'il ne désigne pas sim-
six chansonnettes avec récitatifs, ibid. Il a com- { plement la profession que l'artiste aurait exercée
posé plusieurs œuvres de sonates pour le piano, dans sa jeunesse (tailleur de pierres), signilica.
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198
LAPICIDA — LAPORTE
tion exacte de ce mot). On n'a donc pas jusqu'à
ce jour de renseignement sur le lieu de sa nais-
sance ni sur la position qu'il occupa ; mais quel-
ques-uns de ses ouvrages mêlés à ceux des ar-
tistes les plus célèbres de son temps dans les re-
cueils publiés en Italie et en Allemagne, prou-
vent qu'il était alors estimé pour son mérite. Une
chanson flamande (Tandernahen) à trois voix, de
sa composition» se trouve dans le troisième li-
vre JCantl cento cinquania) de la rarissime
collection imprimée (en 1501-1503) par Pe-
trucci, sous le titre : Harmonies Musices
Odhecaton. Le neuvième livre des Frotlole du
même imprimeur renferme une pièce de ce genre
(Lapietàha chiuso le porté), du même musi-
cien. Le quatrième livre de motets à 4 voix
publié par le même imprimeur, en 1505, contient
un Veni Sancte Spiritus-, et le motet Nativitas
tua Del genitrix, de Lapicida. On trouve aussi
des pièces de sa composition dans le Lamentatio-
num liber secundus ; Venise, Octavieu Pelrucci,
1506 ; dans un recueil de chansons allemandes
(Ein Aussug guter alterundnewer teutschen
Liedlein), imprimé à Nuremberg, par Petrejus, en
1539; et enfin dans les Symphonie jucundx
atque adeo brèves quatuor vocum, imprimées
à Wittenberg, par Georges Rhaw, en 1538.
LA PI NI (Charles), né à Sienne en 1724,
a été le musicien le plus distingué qu'ait produit
cette ville pendant le dix -huitième siècle, quoi-
qu'il soit peu connu. Son caractère indolent, ca-
pricieux, peu sociable, fut cause de l'obscurité
où son nom est resté. Distrait jusqu'à l'excès,
il s'abandonnait parfois aux bizarreries les plus
extraordinaires, et, dans la conversation, passait*
souvent d'un sujet à un autre sans aucune tran-
sition. Il apprit la rousiqne, l'orgue et le contre-
point sous la direction de François Francbini,
maître de chapelle de la collégiale, et obtint en
1743 l'orgue de la chapelle de cette église, quoi-
qu'il n'ait jamais eu de talent pour cet instru-
ment. Eu 1757, il succéda à Franchini dans la
place de maître de chapelle, et en remplit les fonc-
tions pendant quarante-cinq ans. Il mourut le 28
octobre 1802. Son portrait, peint parLuigi Campa-
ni, se trouve dans un des locaux annexés à la collé-
giale de Provenzano : il y est représenté dans l'at-
titude d'un homme qui bat la mesure. Lapini était
en correspondance avec le P. Martini. Jamais
Piccinni ou Anfosst ne passèrent à Sienne sans
l'aller visiter. lia laissé en manuscrit beaucoup
de musique d'église : sa messe de Requicm t exé-
cutée à l'occasion de la mort de l'impératrice
Marie-Thérèse, en 1780, était une production de
premier ordre. Il la termina seulement en 1792,
pour le service funèbre de l'empereur Léopold.
LAPIS (Santo), compositeur dramatique, né
à Bologne, dans les premières années du dix-
huitième siècle, a passé la plus grande partie de
sa vie à Venise, où il enseignait le chant et la
mandoline. Il jouait aussi de plusieurs autres
instruments. Vers la fin de sa vie, sa position
était malheureuse. 11 voyagea pour chercher une
position fixe et arriva, dit-on, à Amsterdam
vers 1762. II y fit imprimer six duos à deux voix,
deux suites de chansons françaises et six trio»
pour flûte, violon et violoncelle. En 1729 il avait
fait représenter à Venise l'opéra intitulé ; la
Generosità di Tiberio ; la musique des deux
premiers actes seulement avait été composée
par lui : celle du troisième était de Bartholomé
Cordans. L'année suivante Santo Lapis y donna
la Fedein Cimento.
LA PLACE (le marquis Pierre-Simon DE),
célèbre géomètre, né à Beaumont- en-Auge (Calva-
dos), le 28 mars 1749,serenditjeuneàParis, fut
nommé examinateur de la marine à l'Age de vingt-
trois ans , et entra l'année suivante à l' Acadé-
mie des sciences. Successivement chancelier du
sénat conservateur, pair de France, membre du
bureau des longitudes, de l'Institut, et de beau*
coup d'autres sociétés savantes, il est mort à
Paris, le 5 mars 1827. Son Exposition du sys-
tème du Monde, et surtout sa Mécanique cé-
leste, lui ont fait un nom illustre parmi les sa-
vants. Parmi les mémoires qu'il a publies dans
différents recueils scientifiques, on en trouve un
intitulé : Développement de la théorie des
fluides élastiques et applications de cette théo-
rie à la vitesse du son (voy. Bulletin des
sciences de la société Philomalhique , 1821,
p. 161). II avait déjà exposé en partie sa théorie
sur ce sujet dans son mémoire sur la chaleur
(Mém. de l'Acad. des sciences, 1780). Biot et
Poisson ont fait, en 1807, des expériences sur
la propagation du son, qui ont confirmé cette
théorie.
LAPORTE (l'abbé Joseph DE), né à Bë-
fort en 1713, entra chez les jésuites, après avoir
terminé ses études, et en sortit au bout de quel-
ques années pour s'établir à Paris et s'adonner
à la culture des lettres. Il mourut en cette ville
le 19 décembre 1779. Parmi ses nombreux écrits
on remarque les suivants, où se trouvent des
faits relatifs à l'histoire de l'Opéra : 1° Anecdotes
dramatiques, contenant toutes les vièces de
théâtre, tragédies, comédies, pastorales, dra-
mes, opéras, opéras-comiques, parades et pro-
verbes; Paris, veuve Dtichêne, 1775, 4 vol. in-8'\
— 2° Dictionnaire dramatique; Paris, La-
combe, 1776, 3 vol. in- 8°. — 3° Almanach des
spectacles de Paris, ou Calendrier historique
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LAPORTE — LARRIVÉE
191
des théâtres de l'Opéra, des Comédies française
et italienne et des foires ; Paris, Duchesne ,
17S0 à 1794; 1799, 1800, 1804. En tout 48 vo-
lumes in-12. Les années 1750 à 1779 ont été
faites par l'abbé de Laporte ; les autres par Du-
cbesne et d'autres continuateurs.
LAPPE (P.), musicien de la chapelle du duc
de Mecklembonrg-Schwérin, a composé la musi-
que d'un grand opéra en quatre actes , intitulé :
Die Obotriten (I), qui a été représenté à Schwé-
rin, te 6 janvier 1840, avec un brillant succès. An
mois de février 1841, il donna au même théâtre
lin opéra comique en 2 actes, sous le titre :
Petermannchen (Pierre le petit homme) qui
fut moins heureux. Le même artiste s'est fait
connaître par d'autres compositions telles qu'ou-
vertures, morceaux de concert pour divers instru-
ments, airs, entr'actes pour des drames, et musi-
que de ballets, à l'usage de la cour de Schwérin.
LAPPI (Pierre), compositeur, né à Florence
dans la seconde moitié du seizième siècle, em-
brassa l'état ecclésiastique et fut nommé maître
de chapelle de l'église de Sainte- Marie délie
Grazie, à Brescia, en 1601. 11 a publié de nom-
breuses compositions pour l'église, parmi les-
quelles on remarque : 1° Litanie délia madona
a 4, 5, 7 e 8 voci. — 2° Salmi concert ali a 5 voci ;
Venise, 1 600. — 3 e Misse a otlo voci, libro 7°, in
Venezia, app. di Angelo Gardano, 1001. Il y
a une deuxième édition de cet ouvrage publiée
à Venise, chez Raveri, en 1607. — 4° Salmi
vespertini a 5 voci cm Inni e Gloria a 9 voci
in fine? in Venezia, app. di Ang. Gardano,
1605. — 5' Omnium solemnitatum vespertina
psalmodia rribus et quinque vocibus; cum B. H.
V. Contiens octo vocibus'; ibid., 1607. — &°Mis-
sarum quatuor, quinque et sex vocum liber
primus. Venetiis,apudRic. Amadinum, 1613.
— 7° Misse a 3, 4 e 5 chori ;ibid. f 16 1 6. — 8° Sa-
crx melodiœ 1, 2, 3, 6 voc. decantandœ, una
cum Symphoniis et B. ad organum ; Franc-
fort, 1621, in 4°. Il y aune édition de ces motets
sous la date d'Anvers, i622,in-4°. —VCampicta
a 3 et 4 chori, op. 16 ; Venise 1626.— 10° Salmi
concert ali a 5 voci, op. 18; in Venezia, app.
Bartol . Magni, 1 657 . — 1 1° Rosarium musicale,
Venise, 1629. Cet œuvre contient une messe, des
psaumes, Magnificat, litanies et Te Deum à 2
et 3 chœurs.
LARBA ( Jean-Léonard) , musicien italien
du seizième siècle, a fait imprimer de sa corn posi-
tion : Canzonette napoletane a tre ; Venise,
1565, in-4°.On n'a pas d'autre renseignement sur
cet artiste.
(1) \jm ObotrUes étaient «ne iribu des anciens Vendes,
ancêtres de la population du Mecklembourp.
L ARC H 1ER (Jean), Voyez ARCH1ER
(Jean L\)
LARDEMOY (Antoine), écrivain genevois,
passé sous silence par Senebier, dans son His-
toire littéraire de Genève, n'est connu que par
un livre qui a pour titre : Les Psaumes de Da-
vid, réduits nouvellement en une méthode fa-
cile pour apprendre le chant ordinaire de
Véglise; Genève, 1651, in- 8°.
LARDOIS ( Jehan ou Jean) , premier chape-
lain ou maître de la chapelle du roi de France
Louis XI, parait avoir succédé en cette qualité à
Gallois Gourdin, qui, lui-même, avait été le suc-
cesseur de Jean Ockeghem , depuis le mois de
janvier 1462, ainsi que le prouve un compte de
la maison du roi dressé par Jacques le Camus,
commis au payement des officiers de cette mai-
son, depuis 1461 jusqu'au mois de septembre 1464
(voy. Ockegreh). Un autre compte, dressé
en 1466 par Pierre Jobert, receveur général des
finances, démontre qu'à cette époque Jean Lar-
dois occupait le poste de premier chapelain (voy.
la Revue musicale, t. Xlï, p. 235). J"ignore
s'il existe dans quelque manuscrit de la musi-
que de cet artiste.
LARIV1ÈRE (EoMo*D),néàParis,en 1811,
fut admis au Conservatoire de cette ville le pre-
mier décembre 1820, y apprit le solfège, puis
devint élève de Zimmerman pour le piano ; mais
il abandonna bientôt cet instrument pour la harpe,
dont Naderman lui donna des leçons. Il obtint
le second prix au concours de 1825, et le premier
lui fut décerné en 1827. Il fut répétiteur de sol-
fège dans la même école pendant les années 1827
et 1828, et se retira au mois d'octobre de cette
dernière. Après avoir voyagé pendant quelques
années, Larivière s'est fixé à Londres en 1838,
et y e3t mort au mois d'août 1842. On a de cet
artiste environ vingt-cinq œuvres pour la harpe,
au nombre desquels on remarque : 1° Exercice*
et études pour la harpe; Paris, Challiot. —
2° Boléro, larghetto et finale; idem, ibid. —
3° Duo sur les thèmes de Norma, pour harpe
et piano, ibid. — 4° Caprice pour harpe seule,
op. 20, ibid. — 5° Tarentelle; idem, ibid. —
6° Fantaisie sur Lucie de Lammermoor, idem ;
Paris, Maraud. — 7° Duo sur les thèmes de Sa-
rah, pour harpe et piano, ibid. — 8° Fantaisie sur
Sarah, pour harpe seule, ibid.
LARRIVÉE ( Henri) , acteur de l'Opéra qui
eut beaucoup de réputation, et qui parait l'avoir
méritée par la beauté de sa voix et par son ta-
lent comme acteur, naquit à Lyon le 8 septem-
bre 1733. Venu fort jeune à Paris, il fut d'abord
garçon perruquier. L'exercice de cet état Payant
* conduit auprès de Rebel , directeur de l'Opéra-
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200
L ARRIVEE — LARUE
relui-ci, frappé de ses dispositions pour léchant,
de ses avantages ex teneurs et de l'éclat de sa voix
de busse, l'engagea pour les chœurs et lui fit en-
seigner la musique. Deux ans après, il fut engagé
comme seconde basse à 1,200 fr. d'appointe-
ments et cent écus de gratification . Son premier
début eut lieu le 15 mars 1755, par le rôle du
grand-prêtre dans Castor et Pollux, le jour même
où Jéiiotle joua pour la dernière fois celui de
Castor. Les succès de Larrivée furent assez bril-
lants pour le faire parvenir promptement au rang
de chef d'emploi. Ces succès étaient dus surtout
à la justesse de sa déclamation et à la pureté de
son organe plein et sonore. Avant lui, le réci-
tatif se débitait avec une lenteur monotone et
fatigante : il fut le premier qui lui donna du mou-
vement et de Paccent. Les conseils de Gluck dé-
veloppèrent ce que la nature avait fait pour cet
acteur; mais, à l'époque où Larrivée était entré
à l'Opéra, on n'avait aucune idée en France de
Kart du chant; lui-même avait commencé l'é-
tude de la musique à un Age où il n'est guère
possible d'y devenir habile, et Gluck , venu en
Franre vingt ans après ses débuts, n'avait pu dé-
raciner des défauts fortifiés par une routine lon-
gue et vicieuse. D'ailleurs, Larrivée donnait
malheureusement aux sons élevés un accent nasal
dont il ne put jamais se corriger, et qui fit qu'un
plaisant du parterre s'écria un jour : Voilà un
nez qui a une belle voix î Cette voix parait avoir
été plutôt un baryton qu'une basse, car les rôles
d'Agamemnon et d'Oreste, écrits par Gluck pour
cet acteur, sont si hauts, qu'on ne les chante
plus qu'avec peine aujourd'hui. En 1779, on
accorda à Larrivée une pension, qu'il cumula
avec un traitement annuel de quinze mille francs
jusqu'en 1786, où il se retira. Alors il voyagea
dans les provinces et y donna des concerts avec
sa femme et ses filles, dont l'une jouait de la
harpe, et l'autre du violon; mais, devenu vieux,
et dépouillé du prestige de la scène, il ne parut
plus que l'ombre de lui-même. Retiré à Vincennes,
où l'emploi de garde-consigne lui avait été donné,
il y mourut le 7 août 1802, des suites d'une pa-
ralysie, à l'Age de soixante-neuf ans. Par une
particularité remarquable, son frère aîné, qui
était concierge du château de Meudon, fut atteint
de la même maladie, et mourut le même jour, à
la même heure.
LARRIVÉE (Marie-Jeanne), femme du
précédent et sœur de Lemierre, violoniste habile,
débuta à l'Opéra en 1750, se retira en 1753, re-
parut en 1757, et obtint sa |tension de retraite
en 1778. On vanta la douceur de sa voi\ dans
quelques journaux de son temps.
LABTIGAULT ( N. ) : on trouve sons ce
nom une messe à 5 voix ad imitationem mo-
dulé : Confirma hoc, Deus, dans la collection
de messes publiée par les Ballard *. elle porte la
date de 1644. Lartigauit était vraisemblablement
chantre dans une .des églises de Paris.
LARUE on LA RUE (Pierre, ouPier.
cuon DE), musicien célèbre, né en Picardie,
vécut dans la seconde moitié du quinzième siècle
et au commencement du seizième. C'est ce même
artiste que les contemporains désignent sous les
noms latins de Petrus Platensis (1), et quelque-
fois aussi par celui de Pierchon (Pierre).
Pierre De Larue naquit certainement avant la
mort de Charles le Téméraire (1477 ) , car les
comptes de la maison de Marie de Bourgogne
prouvent qu'il était déjà au service de cette
princesse en 1492, en qualité de chantre de sa
chapelle ; et l'on ne peut douter qu'il n'y ait iden-
tité entre lui et le musicien appelé Pierchon,
La preuve de cette identité se trouve dans un
État dé Vhdtcl de Philippe le Beau, dressé
en 1476; manuscrit qui, après avoir appartenu
à M. Roovere de Roosemark , a été acquis par
la Bibliothèque royale de Bruxelles, en 1845 (1).
Parmi les chapelains chantres de la chapelle
de ce prince , qui y sont mentionnés , on voit
figurer Pierchon de La Rue, lequel a pour ap-
poinlement 12 sols par jour.
Glaréan dit que De Larue était Français (3);
mais la plupart des autres écrivains qui en ont
parlé s'accordent à le placer parmi les musi-
ciens des Pays-Bas. Cette différence dans la pa-
trie attribuée à cet artiste peut se concilier, car il
est une explication facile à donner delà confusion
qu'il y a eu des deux côtés. Il faut remarquer d'a-
bord que Pierchon , forme familière du nom de
Pierre, n'a jamais été en usage dans la Belgique :
celle forme appartient a la Picardie. Or, celle
province faisait partie des possessions des ducs
de Bourgogne, aussi bien que la Flandre française,
la Belgique et la Hollande : elle était comprise
dans la dénomination collective de Pays-Bas.
Mais, après la mort du duc Charles le Téméraire
( 5 janvier 1477 ), Louis XI s'empara do cette
province et la réunit au royaume de France.
Glaréan, qui écrivait son livre vers 1545, a
donc pu dire aussi que Larue était Français.
Les Italiens, pour qui les noms de Pierchon
(I) On ne comprend pas crue traduction latine du num
de La Rue , et l'on est étonné de la trouver dans le livre
de Glaréan: platea (large rue, ou place publique) est
de la première déclinaison.
|>) Le baron de RcMcnbcrg a publié celle pièce dans
le XI* volume de* Bulletins de U commission royale
d'histoire ( de la Belgique ) , pages 678-718.
(3) .. .. qusm Petrus t'tatensii Câlins drçantissimê
quatuor Instituit vocibut. ( Dodte , p. i?*|.
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LA RUE
201
de La Rue étaient d'une prononciation trop dif-
ficile , les ont transformés en ceux de Pierzon ,
Pcrisone, et même Pierazon de la Ruellien.
Ainsi , le célèbre imprimeur de musique Pe-
Irucci a publié à Fossombrone , en 1515, un re-
cucti de messes d'Antoine et de Rol>ert de Fevin;
avec la messe du quatrième ton de Pierre De
Larue , sous le nom de Pierzon, et Antoine Gar-
dane a donné, en 1544, sous celui de Perinne,
un recueil de madrigaux à 4 voix changées
( voci mutate ), avec quelques autres de Cy- |
prien de Bore (1). Enfin il. existe dans les archi- ,
ves de la chapelle pontificale, à Rome, des messes .
sous les noms de Pierazon de la Ruellien (2). j
Pierre De Larue fut élève de Jean Ockeghem :
cela résulte avec évidence de la Déploration sur
la mort de ce maître , où il est mentionné avec
Josquin Deprès, Brumel et Compère :
Acoustrez vous d'habllz de deuil
Josquin, Brumel, Pterchon , Compère.
Une partie de la vie de De Larue n'a pu élre '
éclair cie jusqu'à ce moment , à cause de l'ab-
sence de documents authentiques. On ne sait
en effet où il reçut des leçons d'Ockeghem, ni
à quelle époque il était près de lui. Il était
prêtre; mais on ignore quelle fut l'école où il !
étudia la tliéologie et quand il reçut les ordres. '
La plus ancienne indication de la position qu'il
occupa se trouve dans un état des chantres de
la chapelle de Marie de Bourgogne, dressé au
mois de novembre 1492 (3). Depuis dix ans
cette princesse était morte alors ; mais son fils,
Philippe le Beau , bien qu'il fût reconnu souve-
rain des Pays-Bas , était encore sous la tutelle
de son père Maximilien 1 er , et la chapelle était
toujours censée êlre eelle de la fille de Charles-
le-Téméraire ; mais, après l'élévation de Maximi-
lien à l'empire, en 1493, la majorité de Phi-
lippe fut déclarée au mois d'août de la même
année, et dès lors toute l'ancienne chapelle passa
à son service personnel, ce qui explique le chan-
gement apparent de position de Pierre De Larue,
en 1496, qui résulte du document cité précé-
demment. On trouve cet artiste au service du
même prince en 1499, 1500 et 1502 (4) , et l'on
(I) 11 ne faut pas croire qu'il y ait Ici confusion avec
Perizone Cambto , chantre français dont le nom a élé
altère par Italiens; car celui-ci vécut plus d'un siècle ;
après De Larue, et fut chantre de la chapelle Saint-Marc >
a Ven:nr. j
(S) Voyez la note Mi des Mémoires de l'sbbé Baini sur j
rieriulf I de Palestrina.
(3) Voyez le Rapport sur les Archives de Lille , par i
M. Gachard , p. iso.
(V) Cartons de la maison des souverains, aux archives
du royaume de Belgique , a Bruxelles.
voit qu'il avait, en 1501 , une prébende à Cour-
trai , avec la qualité de chantre de la chapelle
du souverain , et qu'il y était porté second sur
le rôle des bénéfices pour en obtenir un à
Gand (l). Il ne suivit pas en Espagne Philippe,
devenu roi de Castille , en 1504, comme d'au-
tres musiciens de la maison de ce prince ; car il
resta dans la chapelle des souverains des Pays-
Bas, ainsi qu'on le voit dans un état de celte
chapelle en 1505. Après la mort de Philippe le
Beau en 1506, Marguerite d'Autriche , sœur de
Philippe, ayant été nommée gouvernante des Pays-
Bas pendant la minorité de son neveu Charles,
plus tard emfiereur Charles-Quint, De Larue, resté
toujours dans la chapelle, parait avoir été le mu-
sicien le plus en faveur près de cette princesse ,
comme on le verra tout à l'heure. Au mois de
juin 1510, il résigna la prébende dont il jouis*
sait à l'église Saint- Aubin de Namur, sans
doute pour un bénéfice plus considérable qui
lut avait été accordé (2^. Ce renseignement est
le dernier qu'on ait sur la personne de De Larue ;
car il disparaît des états subséquents de le
maison des souverains du pays, il est vraisem-
blable qu'après avoir résigné sa prébende de Na-
mur, il obtint un des canonicals qui étaient à
la. nomination des princes souverains, dans
une des collégiales du pays , et qu'il mourut
dans cette situation. L'année de son décès est in-
connue (*>).
J'ai dit que Pierre De Larue parait avoir été
le musicien le plus en faveur près de Marguerite
d'Autriche : cela se voit avec évidence par le
soin que prit celle princesse aimable et spiri-
tuelle de faire transcrire les compositions de ee
maître dans des manuscrits exécutés avec un luxe
inusité. La Bibliothèque royale de Bruxelles pos-
sède un de ces manuscrits, d'une exécution ma-
gnifique, sur vélin in-folio atlantique, lequel
contient sept messes de De Larue , dont six à
cinq voix , et la septième à quatre. Le volume,
orné de lettres » d'arabesques , de portraits et
d'autres ornements en couleur, a été fait dans
les Pays-Bas avant 1530, car Marguerite mourut
à Malines dans cette année. Il était destiné à
la chapelle de Jean III , roi de Portugal , qui
(n Carions de la maison des souverains, aux archives
du royaume de Belgique , à Bruxelles.
(î) Voyez les archives des arts, des sciences et des
lettres | Jnaleetes de M. Plnchart ), T. I, f 4*.
(S) Le pottle allemand Brutch , ou Bruschius , cilé par
Priutz ( lierchrekbuny der edlm Sing-und filing-Knntt,
p. m ), prétend que De Unie composa, rn 1849, les La-
mentations de J trémie ,-liya Heu de croire qui! était
mal informé, quoiqu'il écrivit dans le même temps, car
ce musldcn aurait été alors âgé de plus de quatre-vingts
ans; toutefois le fait n'est pas absolument Impossible.
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202
LARUE
régna depuis 1521 jusqu'en 1557, et de sa femme,
Catherine d'Autriche, sœur de Charles-Quint.
Deux miniatures du second feuillet représentent
ces princes agenouillés sur un prie-Dieu ; leurs
armoiries sont attachées à des colonnes. Parmi
les ornements , on voit à profusion la violette ,
la pensée et la marguerite, emblèmes de la gou-
vernante des Pays-Bas. On ignore pourquoi ce
volume est resté en Belgique; mais il parait cer-
tain qu'il était passé dans la chapelle des princes
gouverneurs , à Bruxelles , et qu'il en a disparu
en 1 792, dans la première invasion de la Bel-
gique par l'armée française. Van Hulthem
Tacheta plus tard dans une vente publique : il est
devenu la propriété de la Bibliothèque royale
de Bruxelles avec toute la collection de livres de
cet amateur. Les messes de De Lame contenues
dans ce manuscrit sont : 1° Missx de Concep-
iione Virginis Marix, quinque vocum. —
2° Idem sub titulo ; Ista est speciosa fnter filias
Jérusalem, quinque vocum. - 3° Idem, de
doloribu.% quinque vocum. — 4° Idem , Pas-
chale, quinque vocum. — 5° Missa ser vo-
cum : Ave sanctissima Maria, canon ascen-
dendo per diatessaron. — 6° Missa de Sancta
Cruce, quinque vocum. — 7° Missa de feria,
quatuor vocum. J'ai mis eu partition le Kyrie
de la messe Ave sanctissima Maria , et j'ai
reconnu dans ce morceau un chef-d'œuvre de
facture.
Un autre manuscrit , d'un format moins grand,
mais dont l'exécution n'est ni moins belle , ni
moins riche , et qui renferme cinq messes de De
Lame, se trouve aux archives de Malines. On
y trouve aussi les emblèmes de Marguerite d'Au-
triche , qui le fit faire pour, le service de sa cha-
pelle. Les messes contenues dans ce volume
sont : 1° Fors seulement , à 4 voix ( la mi-
niature représente l'empereur Maximilien rece-
vant le serment- de ses sujets). — 2° Resur-
r'exit, à 4 voix (la miniature représente la Ré-
surrection de Jésus-Christ ). — 3° Sinenomine,
à 4 voix. Le Kyrie de cette messe est mêlé
avec l'Oraison dominicale. Ces sortes de Kyrie,
appelés farcis, étaient en usage dans quelquesclia-
pelles au quinzième siècle, particulièrement dans
les Pays-Bas. Les miniatures de cette messe re-
présentent l'Annonciation et les phases de l'Imma-
culée Conception , avec des portraits à quelques
pages. Ces miniatures sont des chefs-d'œuvre de
délicatesse. — 4° Messe de Sancta Cruce, à
4 voix. — 5° Missa quinque vocum, super
alléluia. Les miniatures ne sont pas de la même
main ; elles sont de peu de valeur. La dernière
messe est signée Pet-rus de la Rue.
Un beau manuscrit de la Bibliothèque royale
de Bruxelles, qui contient des messes et autre»
pièces pour la semaine sainte, par divers compo-
siteurs du seizième siècle , renferme la messe, à
cinq voix, de De Lame, De sepiem doloribus r
qui est dans le premier manuscrit cité préc£-
déminent; une autre messe, aussi De septeitt
doloribus, à quatre voix, et un Stabat Mater
dolorosa , à cinq voix, sur le thème de la
chanson française : Comme dame de récon-
fort, par le même maître. Un manuscrit des
archives de la chapelle pontificale ( n° 36 ) con-
tient deux messes de De Lame; la première a
pour titre : V Amour de moy; la deuxième, O
gloriosa Margarita! Christum pro nobis
exora. Le manuscrit coté V de la Bibliothèque
royale de Munich renferme deux messes du
même, sine nominc, à 4 et 5 voix; un
Credo à 4 voix, de ce maître, se trouve dans le
recueil manuscrit de la même bibliothèque r
n° LUI; la messe à 4 voix du même sur le
chant cum jucunditate , et la messe pro de-
functis, également à 4 voix, sont contenues
dans le volume n° LY1I ; enfin , l'on trouve dans
le manuscrit coté XXXIV, de cette riche biblio-
thèque, deux Salve Regina, et deux Vit a, dul-
cedo, etc., tous à 4 voix, du même musicien.
Octavien Petrucci, de Possombrone, a publié,
en 1513, un livre de • messes de Pierre De
Lame qui en contient cinq ; en voici les titres :
I 1° Jltatx Virginis; — 2° Puer nobis est; —
! 3° Sexti toni, ut, fa; — 4° L'homme armé;
| — 5° Nunquam fuit pœna major. La cin-
quième messe du premier livre des Missarum
diversorum auctorum , publié par le même
imprimeur, est aussi de Pierre De Lame; elle
est intitulée : De Sancto Antonio. Un autre
recueil de messes, publié à Rome, en 1516 r
in-fol. , par André Antico de Montona , con-
tient les messes du même compositeur, Ave
Maria (1), et O Salutaris hostia , à 4 voix,
Ce recueil a pour titre : Liber quindecim mis*
sarum electarum qux per excellentissimos
musicos compositx fuerunt. La collection de
treize messes à quatre voix intitulée : Missx
tredecim quatuor rocum a prxstantùsimis
artificibus compositx (Nuremberg, 1539) ren-
ferme une réimpression des messes de De Lame,
Cum jucunditate, O gloriosa , et de Sancio
Antonio, citées précédemment. Un autre re-
cueil qui a pour titre : Liber quindecim mis-
sarum a prxstantissimis musicis composi-
tx) Cette messe ( Ave Maria) se trouve en manuscrit
dans un recueil de la bibliothèque de Cambrai (n° 20).
! Voyei la Notice des collections musicales de cette biblio-
thèque, par M. de Coussemakcr, p. 55.
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LA.RUE — LASAGNA
203
1arum ( Nuremberg, 1538 ), contient une messe
du même compositeur qui ne se trouve point
ailleurs ; elle est à quatre voix , sur le thème
de la chanson française qui commence par ces
mots : Tous les regrets. La messe du quatrième
ton , du même , est imprimée dans le livre dès
tiissx Antonii de Fevin , publiée par Petrncci
de Fossombrone ( Voyez Fevin ) , en 1515. D'a-
près ce qui précède , on voit que le nombre de
messes de De Lame, à quatre, cinq et six voix ,
connues jusque ce jour, s'élève à vingt-neuf.
■ Les motet» de ce musicien connus jusqu'au-
jourd'hui sont en très-petit nombre : on n'a
imprimé qu'un Salve Regina à 4 voix , dans
le quatrième livre des MotetU de la Corona
publié par Petrucci à Venise, en 1505; et un
Lauda anima mca Dominum , également à
4 voix, dans le troisième volume de la collec-
tion de motets publiée à Nuremberg, en 1564.
Ce dernier morceau a été donné eu partition par
Forkel , dans son Histoire de la musique (t. 11.
p. 616 ). Comme tous les compositeurs de son
temps, De Larue a écrit des chansons à deux ,
trois et quatre voix sur des thèmes d'airs popu-
laires. Le livre A du rarissime recueil publié à
Venise, en 1501, par Petrncci, sous le titre
Harmonica musices Odkecaton , contient sa
chanson à quatre voix , commençant par ces mots
Por quoij non ( pourquoi non ). Le livre B du
même recueil renferme trois chansons à quatre
voix, du même, à savoir : Ce n'est pas,- Tous
les regres ( regrets ) ; Fors seulement. Le livre
C , qui renferme cent cinquante chants à trois
et quatre voix, contient la chanson à quatre
voix de De Larue, sur le thème de l'air popu-
laire flamand Myn heer. Plusieurs chansons du
même maître, à deux voix, se trouvent dans la
collection intitulée Bicinia gallica, latina et
germanica, et quxdam fugœ. Tomi duo.
Vitebergœ, apud Georg. Rhav, 1545, petit in-4°
obi. Enfin , De Larue a exercé son talent dans
le genre madrigalesque des Italiens, car, ainsi
qu'on Ta vu au commencement de cette notice ,
Antoine Gardane , imprimeur de musique à Ve-
nise, a publié sous le nom de Perisone, des
Madrigali a quattro voci mut aie , en 1544.
Cependant ces madrigaux , dont deux se trou-
vent dans les extraits de Burney qui sont au Mu-
séum britannique , à Londres, m'ont paru n'être
que des traductions de chansons dans le style
des anciens maîtres français et flamands de la
fin du quinzième siècle et du commencement du
suzième.
LARUETTE (Jean-Louis ) , acteur de l'O*
péra-Comique et compositeur dramatique, na-
quit à Toulouse le 27 mars 1731 , et vint dé-
buter à Paris en 1752 , à l'époque du renouvel-
lement de rOpéra-Comique, à la foire Saint-
Laurent. Il prit d'abord les rôles d'amoureux ,
mais son défaut de voix et l'air vieux de sa
figure l'empêchèrent d'y réussir. Il eut le bon
esprit de comprendre ses défauts, et les lit
tourner à son avantage en prenant les rôles de
pères et de tuteurs , où il se fit une grande ré-
putation comme acteur. On dut déplorer en-
suite les succès qu'il obtint dans. cet emploi,
auquel il a donné son nom , et dont l'influence
se fit longtemps sentir ; car, ayant établi un ré-
pertoire où les rôles de pères, qui doivent ap-
partenir aux voix de basse, sont écrits pour
le ténor, on peut le regarder comme le type
de ces acteurs sans voix qui se sont succédé
sans interruption à l'Opéra-Comique , tels que
les Dozainville, les Saint-Aubin, les Lesage, les-
Vizentini, erc., tous excellents comédiens, mais,
comme l'a fort bien remarqué Castil-Blaze , chan-
teurs déplorables qui ont empêché qu'une meil-
leure distribution des rôles ne fût faite dans les
opéras français , et qui ont retardé l'introduction
des morceaux d'ensemble dans la musique drama-
tique eu France. Laruette fut reçu à la Comédie
italienne en 1762, lorsqu'on y réunit l'Opéra-Co-
mique, et se retira en 1779 , après avoir fait pen-
dant vingt-sept ans les délices du public, par le
naturel de son jeu. Il a composé la musique de
plusieurs opéras qui ont eu quelque succès dans
la nouveauté, mais qui sont oubliés mainte-
tenant : tels sont : Le Docteur Sangrado ,
en 1756; V Heureux Déguisement, en 1758;
le Médecin de V Amour, en 1758, au théâtre
de la Foire; en 175Î), V Ivrogne corrigé,
Cendrillon; à la Comédie italienne, en 1761 ,
le Dépit généreux; en 1763, le Gui de chêne;
en 1772, les Deux Compères. Laruette est
mort à Toulouse, au mois de janvier 1792. Il
avait épousé M'"' Villette, née vers 1740, qui
avait débuté à l'Opéra en 1758, et qui, après
y avoir chanté pendant trois ans, était entrée
à la Comédie italienne, en 1761. La pureté de
la voix de M me Laruette et son jeu expressif
lui firent une brillante réputation dans les opéras
de Monsigny et de Grétry.
LASAGNA ( Lâchent), né à Gênes en 1777,
a été bassoniste et compositeur distingué pour
les instruments à vent. Il vivait encore en 1812,
dans sa ville natale. Gervasoni assure que sa
musique est remarquable par l'originalité ( Voir
Nuova Teoria di Musica) f et qu'il a écrit d'ex-
cellentes pièces; > '
LASAGNlftO (Lodovico), musicien floren-
tin, vécut dans la première moitié du seizième
siècle. Ganassi ( voyez ce nom ) cite cet artiste
\
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204
LASAGiSINO — LASALETTE
ainsi que Juliano Tiburtino, dans le chapitre
seizième de la seconde partie de sa Regola
Rubertkna (2 me partie, c. XVI), comme les plus
habites joueurs de viole de cette époque (1642).
LASALETTE (P. Joubert DE), né à Gre-
noble en 1762, entra jeune comme officier dans
le corps royal d'artillerie, servit avec honneur
dans cette arme, et parvint, dans les guerres de la
République, au grade de général de brigade. Plus
tard il eut le titre d'inspecteur d'artillerie. Il est
mort dans le lieu de sa naissance, en 1832, lais-
sant, par son testament,' sa bibliothèque à
M. Champollion-Figeac, son concitoyen, son ami,
et qui avait été son éditeur pour plusieurs de ses
ouvrages. La Salette était membre de la société
des sciences et arts de Grenoble ; il y' lut en 1799
le projet dune sténographie de la musique, qu'il
publia quelques années après , sous ce titre :
Sténographie musicale , ou manière abrégée
d'écrire la musique, à l'usage des composi-
teurs et des imprimeurs; Paris, Goujon, 1805,
in-8° de 64 pages. L'idée d'une sténographie de
la musique n'était pas nouvelle. Sans parler de
quelques prétendues méthodes de simplification
pour noter la musique, telles que celles du P. Sou-
liaitty, de Demotz et de Rousseau (voy. ces noms),
une véritable sténographie musicale avait été
proposée en 1797, sous le titre de Mélo-tachy-
graphie, par Michel de Woldemar(tN>y. la Revue
musicale, ann. 1828, p. 270). Celle-là était
réellement une manière abrégée de noter la mu-
sique par des signes de convention ; tandis que
la méthode de La Salette consiste simplement à
substituer les lettres c d e f g a h, aux notes ,
avec des points en dessus ou en dessous pour
distinguer les octaves , et des signes particuliers
pour les dièses, bémols, bécarres, indications
de mesures, etc. Rien dans ce système n'a le ca-
ractère ni l'objet de la sténographie : le titre que
l'auteur lui a donné n'est donc pas celui qui lui
convient.
Eu 1786, La Salette avait fait insérer dans le
Recueil des connaissances élémentaires pour
le forte-piano, par J.-C. Bach et F. -P. Ricci
(Paris, Leduc), une nouvelle méthode d'ac-
corder les clavecins, et en général tous les
instruments à demi-tons tempérés. Plus tard il
traita le même sujet avec plus de développement
dans une Lettre à M. A.L. Millin sur l'accord
du forte-piano y datée du 26 juin 1807, et in-
sérée dans le Magasin encyclopédique de cette
année (mars), puis publiée séparément; Paris,
Sajou, 1808, in-8° de 18 pages. La Salette pro-
pose dans cet écrit de modérer la justesse de la
quinte par la quarte, afin que les tierces ma-
jeures ne soient pas trop fortes , et que l'égalité
des consonnances résulte de l'égalité des douze
demi-tons de l'octave. Il arrêt?» ensuite, ses idées
sur cette matière d'une manière plus absolue,
dans un opuscule qui a pour titre : De la firitê
et de l'invariabilité des sons musicaux, et de
quelques recherches à faire à ce sujet dans
les écrivains orientaux ( Paris , imprimerie de
Dondey-Dupré , 1824, in- 8° de 12 pages). 11 sou-
tint le principe invariable de l'égalité de tous les
demi- tons, contre les théories basées sur le cal-
cul (voy. Momigny). Uu extrait de ce mémoire (ut
publié dans le Bulletin universel des sciences
et de l'industrie (1824)» et dans le Bulletin des
sciences mathématiques et physiques (atril
1825, p. 272). Les assertions erronées de La Sa-
lette furent réfutées par Chladni dans la Gazette
musicale de Leipsick (1825, n° 40), et par M. de
Prony , dans le Bulletin des sciences techno-
logiques (juillet 1825, p. 42).
En 1810 La Salette publia son meilleur ouvrage,
intitulé : Considérations sur les divers systèmes
de la musique ancienne et moderne, et sur le
genre enharmonique des Grecs; avec une dis-
sertation préliminaire, relative à l'origine
du chant, de la lyre, et de la flûte attribuée à
Pan; Paris, Goujon, 1810, 2 vol. in-8°. La dis-
sertation qui sert d'introduction à ce livre avait
été lue par l'auteur à la société des sciences et
des arts de Grenoble en 1802, et la sixième
parte, relative au rhylhme, avait été l'objet
d'une autre lecture, dans la même année. La partie
de ce livre qui concerne la musique des Grecs
est la plus étendue; elle n'est pas exempte d'er-
reurs , surtout en ce qui est relatif au genre
enharmonique; mais on y reconnaît que l'auteur
avait de la lecture , et qu'il ne manquait pas de
sagacité dans l'analyse des faits. La quatrième
partie de l'ouvrage (tome 2 e ), qui a pour objet
les changements arrivés dans le système de
musique, depuis le temps de Gui Arétin jus-
qu'à rétablissement des vingt-quatre modes
modernes, est la plus faible de l'ouvrage. La Sa-
lette ne connaissait pas la musique du moyen
âge. Le livre de cet écrivain est fort rare, parce
qu'il n'a point obtenu de succès à l'é(>oque de
sa publication. Le libraire me disait en 1820
qu'il n'en avait pas vendu vingt exemplaires. Ce
libraire n'existe plus, et je crois qu'à sa mort
toute l'édition a été vendue comme vieux papier.
Cet ouvrage méritait un meilleur sort.
On a aussi de La Salette deux opuscules inti-
tulés : 1° Lettre à M. le rapporteur de la com-
mission chargée par la seconde classe de l'Ins-
titut de France d'examiner les mémoires con-
cernant le prix proposé sur les difficultés qui
s'opposent à l'introduction d'un rhylhme
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LA SALETTE — LASSEN
2o:>
régulier dans la versification française, le
\haoiit 1815 (extrait du Magasin encyclopédi-
que); Paris, Sajou, 1815, in-8° de 30 pages. —
2° De la notation musicale en général, et on
particulier de celle du système grec (extrait
tics Annales encyclopédiques) ; Paris, Lenormant,
1817, in-8°.
LASALLE D'OFFEMONT (le marquis
DE), fils d'un conseiller au Chatelet, naquit en
1734. Il suivît la carrière des armes, et obtint ie
grade de lieutenant-colonel, Tut fait chevalier de
Saint-Louis et commandeur de Tordre de Malte.
Ayant embrassé les principes de la révolution
française en 1789, il fut employé dans l'ctat-
major de la place de Paris , disparut pendant la
terreur, et reprit ensuite du servie*. Sous le gou-
vernement consulaire , il fut fait commandant du
10 e régiment de vétérans, parvint au grade de
lieutenant général, puis à celui de commandant
'le la Légion d'honneur. Atteint d'aliénation men-
tale peu de temps après la restauration, il est
mort dans une maison de santé, à l'Age de quatre-
vingt-quatre ans, ie 22 octobre 1818. Passionné
pour les lettres et les arts, le marquis de Lasalle
a fait représenter beaucoup de comédies , dont
quelques-unes ont eu du succès, a écrit des ro-
mans , et a composé la musique de Berlholde à
la ville, représenté à l'Opéra-Comique en 1754,
et celle de V Amant corsaire, joué à la Comédie-
Italienne le 3t juin 1702» Il a aussi publié un
opuscule intitulé : Réponse à Vauteur de la
lettre sur les drames-opéras ; Londres, 1776,
24 pages in-4 a ( anonyme).
LASALLE (....), secrétaire de l'Opéra, dans
les dernières années du dix- huitième siècle, a
publié un petit écrit intitulé : Lettre du comité
de V Opéra à Vauteur de Tarare, 7 août 1790,
suivie dune réponse de Vauteur au comité de
l'Opéra; Paris, 1790, 8 pages in-8°.
LASCEUX (Guillaume), organiste à Paris,
naquit à Poissy le 3 février 1740. Après avoir
fait ses premières études de musique dans celte
petite ville, il fut nommé organiste au bourg de
Clievreuse, à l'âge de dix-huit ans. En 17G2 il
se rendit à Paris, y devint élève de Noblet, mu-
sicien médiocre , qui lui enseigna pendant cinq
ans ce qu'on appelait alors en France la corn*
position. En 1769 Lesceux fut reçu organiste des
églises Saint-Etienne du Mont et du séminaire de
Saint-Magloire. Plus tard, il succéda à son maître
Noblet dans les places d'organiste de l'église des
Mathurins, et du collège de Navarre. Il était
encore organiste titulaire de Saint-Étienne du
Mont, lorsqu'il mourut en 1829, Agé de quatre-
vingt-neuf ans. Les compositions de Lasceux
pour l'orgue sont mal écrites ; il ne possédait
que des notions insuffisantes de la fugue ; cepen-
dant ses ouvrages ont obtenu quelque succès
dans leur nouveauté. H a publié : 1° Six sonates
pour le clavecin; Paris, 1768. — 2° Journal de
pièces d'orgue, en 1771 et 1772. — 3° Six sona-
tes pour le clavecin, op. 2; Paris, 1773. —
4° Suite de Noèls variés pour l'orgue; ibid. —
5° Trois quatuors pour piano, deux violons et
basse. — 6* Te Deum pour l'orgue j Pans, 1785.
En 1789 il a fait représenter trois opéras-comi-
ques sur les petits théâtres. Après un long repos,
il a fait exécuter, en 1804, le jour de Sainte-
Cécile , une messe solennelle avec orchestre, à
l'église de Saint-Gervais. Dans les dernières an-
nées de sa vie, ii a fait paraître pour l'orgue :
Messe des annuels et grands solennels, n° l ;
Paris, Janet; Hymnes, proses et répons de
Voffice de la Fête-Dieu, n° 2, ibid.; Messe
des solennels mineurs, n° 3, ibid. Il a laissé
aussi un Essai sur Vart de jouer de Vorgue,
qu'il avait soumis en 1810 à l'examen de la qua-
trième classe de l'Institut, et dont le manuscrit
est, je crois, à la bibliothèque du Conservatoire
de Paris.
LASKA (François), excellent organiste, na-
quit le 2 mai 1750 à Choruschitz, en Bohème.
Après avoir fait ses études littéraires et musicales
à Prague, il entra en 1770 dans l'ordre de Saint-
Benoit, au monastère de Saint- Jean-sous-lc-Ro-
chçr, La suppression de ce couvent l'obligea
ensuite à se retirer à Mokarzow, en qualité de
desservant de la paroisse. Il y est mort le 19 jan-
vier 1795, laissant en manuscrit plusieurs suites
de pièces d'orgue.
LASKE (Joseph ), appelé aussi LASKA, né
à Ruhmbotirg, en Bohême, le 18 mars 1738,
fut un très-bon facteur d'instruments. Jacques
Kolditzlui enseigna les éléments de son art; en-
suite il voyagea pour étendre ses connaissances,
et visita Dresde , Berlin, Vienne et Briinn. Dans
toutes ces villes, il travailla chez les luthiers les
plus renommés ; puis il retourna à Prague et com-
mença en 1764 à y fabriquer les instruments qui
portent son nom. Il y mourut le 30 novembre
1805. Ses violons , altos, violoncelles, violes d'a-
mour et mandolines jouissent de beaucoup d'es-
time en Bohême, en Saxe, en Pologne, et sont
plus recherchés que les instruments de Vienne
et d'Italie.
LASSEN (Édocaro) , . compositeur, est né
à Copenhague, le 13 avril 1830. Il n'était âgé
que de deux ans quand sa mère vint avec lui
rejoindre M. Lassen père, qui, depuis un an en-
viron, y avait fondé une maison de commerce.
Dès ses premières années , Edouard Lassen lit
voir les plus heureuses dispositions pour la mu-
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206
LASSEN— LASSER
rique. Admis comme élève au Conservatoire de
Bruxelles à Page de douze ans, il y obtint lo
premier prix de piano au concours de 1844.
Trois ans après, Je premier prix d'harmonie lui
fut décerné, et, devenu élève de l'auteur de cette
notice, il fit, sous sa direction, toutes ses études
de contrepoint et d'instrumentation .^En 1849 il
obtint, au grand concours du gouvernement belge,
le second prit de composition, ayant pour concur-
rent son coudisciple Alexandre Stadtfeld (voyez
ce nom ), à qui le premier prix fut décerné.
Par la composition de la cantate Balthazar,
Edouard Lassen obtint en 1851 le grand prix du
gouvernement, et à ce titre devint pensionnaire
<1e l'État. Déjà, dans Tannée précédente, il avait
élu couronné à Gand pour la meilleure compo-
sition d'un chœur, et à Anvers, pour une sym-
phonie avec chœur. Comme lauréat du grand
concours de composition, il entreprit les voyages
prescrits par les règlements, et se rendit d'abord
«ri Allemagne; il séjourna à Dusseldorf, Leip-
sick, Casse I, où Spohr lui témoigna de l'intérêt,
Weimar, où il trouva la généreuse hospitalité
de Liszt, Dresde et Berlin; puis il alla visiter
l'Italie, et. passa quelque temps à Rome. De re-
tour à Bruxelles dans l'été de 1855, il y rapportait
la partition d'un opéra en cinq actes qui avait
pour titre le Roi Edgar d. L'ouverture de cet
-ouvrage fut exécutée avec succès par l'orches-
tre du Conservatoire , le 26 septembre de la
même année , aux fêtes nationales. Présenté au
comité de lecture du théâtre royal de Bruxelles,
le Roi Edgar d fut refusé , sous prétexte qu'il
était inexécutable à la scène. Sans être décou-
ragé par cet échec , Lassen alla porter son ou-
vrage à Weimar, où Liszt lui ouvrit les portes
du tkéâtre grand-ducal. Le Roi Edgard, traduit
«n allemand, y fut représenté au mois de mai
1857. L'accueil le plus sympathique fut fait à
cette importante composition par le public et
par les artistes, et ce succès valut à Lassen
l'offre d'une place de directeur de musique de la
cour devenue vacante : il l'accepta et en prit
possession le 1" janvier 1858. Frauenlob,- au-
tre opéra en trois actes dont le sujet était pris
dans les légendes des minnesinyer du moyen
âge, et dont le livret est de M. Pasqué, fut com-
posé immédiatement après par Lassen, et repré-
senté sur le théâtre de Weimar en 1860 : il y
obtint un brillant succès. Les autres composi-
tions de cet artiste distingué sont : 1° Un JV
De\im 9 exécuté à l'église Sainte- Gudule le 16 dé-
cembre 1860, pour l'anniversaire du jour de nais-
sance du roi Léopoid 1 er , et au mois de juillet
1861, pour l'anniversaire du couronnement du
môme prince. — 2° Une marche pour l'orches-
tre, composée à l'occasion d'une visite du roi de
Prusse à la cour de Weimar. — 3° Une sym-
phonie à grand orchestre. — 4° Des chœurs
pour voix d'hommes. — 5° Des Lieder. Il n'a pu-
blié, jusqu'au moment où cette notice est écrite,
que des romances avec accompagnement de piano ;
à Bruxelles et à Mayence , chez Schott ; un ca-
hier de 6 Lieder, à Berlin, chez Schlesinger; on
second cahier idem, à Leipsick, chezSchuberth;
et un troisième idem, chez Kùhn, à Weimar.
LASSER (Jean-Baptiste), célèbre ténor et
compositeur allemand, naquit à Steinkirchen, dans
la Basse- Autriche, le 12 août 1751, et fit ses
études à Linz, où il fut admis en qualité de sémi-
nariste. Après y avoir passé quelques années, il
se rendit à Vienne , et y vécut en donnant des
leçons. Au mois de janvier 1781 , il épousa la
cantatrice Jeanne Rœthner; l'année suivante il
alla* avec elle au théâtre de Brûnn ; il y resta
trois ans, puis il alla prendre la direction du
théâtre de Linz, d'où il partit après deux années.
En 1788 il jouait à Grœtz; puis il alla à Munich en
1791, et depuis lors il ne quitta plus cette ville.
Il y mourut le 21 octobre 1805. On a de cet ar-
tiste les opéras dont les titres suivent : 1° Dos
wilthende Heer (l'Armée furieuse), où l'on re-
marquait des finales très-développés. — 2° Die
glûckliche Alaskarade (4'heureuse Mascarade).
— 3° Der Kappelmeister ( le Maître de chapelle).
— 4° La Veuve prudente. — 5° Die unrtihige
Piacht (la Nuit orageuse). —6° La Marchande
de modes. — 7° Le Juif.— 8° Die Huldigung
Treue (le Serment de fidélité), prologue, 1791.
— 9° Cora et Alonzo, grand opéra. Lasser a
écrit aussi pour l'église, particulièrement des
messes; mais il a moins réussi dans ce genre
qu'au théâtre. On a publié de sa musique d'é-
glise : 1° Missxdiversis vocibusac instrumen-
tis obligatis et non obligatis, op. 1; eriitio 2;
Augsbourg, Lotter. — 2° 6 Mi&sœ diversis co-
cibus, etc. , op . 2 ; i bid . Lasser a publié une méthode
complète de chant pour les voix de soprano et
de contralto ; Munich, 1798, hv4°. Cet ouvrage a
pour titre : Yollstœndige Anweisung ziïr Sing-
kunst, fur der Sopran und Ait.
LASSER (Joseph ), fils du précédent, pianiste
distingué, est né à Vienne en' 1782. Un musicien
de la cour de Bavière, nommé François Sche-
menauer, lui enseigna le violon et le piano-, il
continua ensuite l'étude de ce dernier instrument et
de la composition sous la direction de Joseph Graetz.
Lasser n'était âgé que de douze ans lorsqu'il exécuta
à Vienne un concerto avec le plus grand succès.
On ne connaît aucune composition de cet artiste*
Son frère, né à Briinn, le 20 janvier 1784, a
été placé comme chanteur de la cour à Munich.
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LASSUS
207
LASSUS (Orland ou Roland DE), célèbre
■compositeur belge du seizième siècle, naquit à
Mons (Hainaut) en 1520. Beaucoup d'incertitude
a régné jusqu'à ce jour sur le nom véritable de
cet artiste et sur l'année de sa naissance. Son
nom italianisé en celui é'Orlando Lasso, ou Or-
lando di Lasso, est le seul qui ait été connu en
Italie, et se trouve sur toutes les éditions des
oeuvres de Lassus publiées à Venise. Des écrivains
français (t) ont affirmé qu'il s'appelait Roland
Lassé, et qu'il l'avait latinisé en celui de Lassus.
D'autre part , si l'on en croit le passage d'une
chronique qui sera rapportée «tout à l'heure, Ro-
land Delattre aurait été son nom véritable.
Enfin, Tépita plie de Regina Weckinger, femme
de Lassus, est conçue en ces termes : « L'an de
- grâce 1600, le 5 juin, décéda la noble et ver-
« tueuse dame Regina de Lasrin (2), veuve de
« feu Orland de Lassus, en son vivant maître
« de chapelle au service des princes Sérénissi-
« mes de Bavière. R. I. P. Amen. » Un manus-
crit original des Annales du Hainaut, par
Vinchant (3) , renferme un passage dont la dé-
couverte est due à Henri Delmolte (voy. ce nom),
et dans lequel on lit : « L'an 1520, fut né en la
« ville de Mons Orland dit de Lassus (ce fust en
« cest an que Charles V fust couronné empereur
« à Aix-la-Chapelle); il fut de son temps le
« prince et phénix des musiciens, d'où vient ce
•« vers :
■ Hic lue Oriandus Lassus qui recréât orbera.
« 11 fut né donc en la rue dicte Gerlande à
« l'issue de la maison portant l'enseigne de la
« yoire Teste. Il fut enfant de chœur à l'église
« «le Saint-Nicolas de la rue de Havrecq. Après
<« (iue son père fut par sentence judicielle con-
« traint de porter en son col un pendant de
« fausses monnoies et avec iceluy faire trois
« pounnaines (promenades) publiquement à
« l'en tour d'un hour (échafaud) dressé pour
« avoir esté convaincu d'estre faux monnoyeur,
« ledit Orland, qui s'appeloit Roland de Latre,
« changea de nom et de surnom, s'appellant Or-
« land de Lassvs, et aussi quitta le pays et s'en
« alla en Italie avec Ferdinand de Gonzagne, qui
•« suivoit le party du roy de Sicile, etc. »»
(i) Histoire de la musique, par don Cafflaux, manus-
crit delà Bibliothèque Impériale de Paris, n° 16. fonds de
Corbie, au supplément, et Réflexions sur la poésie et la
peinture, par l'abbé Dubos t. I e »-, p. 465.
(2) Dans les actes originaux qui concernent le* a vanta -
pc< accordés à Regina Weckinger par les ducs de Bavière,
vile est souvent appelée de Lassin ((crame de Ixusus], el elle-
«itémc a signé ainsi ses requêtes â la duchesse Maxlnal-
Jicnne, sœur du duc Guillaume.
l»l Ce manuscrit est dans la bibliothèque de la ville de
Mous.
| Ce passage a paru d'une autorité incontestable
à Delmotte (1), ainsi qu'à Dehn, qui a donné une
traduction allemande de sa notice (2). Moi-
même , j'ai accepté cette tradition dans la pre-
mière édition de la Biographie universelle des
musiciens,- mais, depuis l'époque de sa publica-
; tion, j'ai examiné l'anecdote qui concerne le père
i supposé de Lassus, et j'y ai trouvé d'assez gran-
| des difficultés qui me l'ont fait révoquer en doute.
; Et d'abord, il est à remarquer que Lassus n'é-
: tait âgé que de douze ans lorsqu'il fut conduit
en Italie par Ferdinand de Gonzague, suivant ce
| que Samuel Quickelberg, compatriote et ami
de l'artiste, a écrit sur sa vie : or ce n'est pas à
cet Age qu'on est capable de prendre des résolu-
tions semblables à celles dont parle Vinchant.
En second lieu, on voit aussi dans la notice de
Quickelberg que Lassus , lorsqu'il était maître
de chapelle de Saint-Jean de Latran, à Rome,
se rendit de cette ville à Mons, pour revoir
ses parents, qui étaient vieux et malades. S'il
eût eu honte de son origine, c'est alors sur-
tout qu'il eût voulu la cacher. Enfin, si le père
de ce grand artiste eût été condamné comme
faux monnayeur, nul doute que, suivant les cou-
tumes de ce temps, il eût été banni de la ville,
après avoir subi la peine infamante dont parle
le chroniqueur, et que Lassus n'eût pas eu la
pensée de le retrouver à Mons. SI donc il y a eu
I un homme du nom de De Lattre condamné
I pour avoir fait de la fausse monnaie, il n'était
; pas le père de Lassus. Laissons donc à celui-ci
I le nom sous lequel il s'est illustré, que lui-même
I signait dans toutes ses préfaces , dans les actes
| authentiques où il est intervenu, dans ses let-
! très autographes, et que ses fils, petits-fils et
i descendants jusqu'au cinquième degré ont con-
I serve, comme on le voit dans le tableau généalo-
I gique de sa famille publié par Delmotte.
| Trois dates inexactes ont été données pour la
naissance de Lassus : Moréri (3) et l'abbé de Fon-
I tenay (4) donnent celle de 1524 , mais sans indi-
quer la source où ils l'ont prise. Samuel van Qui-
ckelberg, dans sa notice, fournit celle de 1530 (5),
erreur singulière de la part d'un ami intime de
(l) Notice biographique sur Roland Deiattre , connu
sous le nom d' Orland de Lassus. Valenciennes, 18SS,
ln-8«; p. 15-14.
(s) Biographlsche JVotiz ùber Roland dt Lattre bekannt
uuUr dem Namen : Orland de Lassus; Berlin, 1837, ln-8°.
(S) U Grand Dictionnaire historique; Paris, 1759, 10
vol. in-fol.
(4) Dictionnaires artistes; Paris, 1716, 1 vol. In- il.
(5) Cette notice est insérée dans la troisième partie des
ProsopooraphUe heroum atque illuslrium virorum to-
tius Germante de Henri Pantaléon, Basilces, ISM,
ln-4°.
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208
PiHustre musicien ; et ce qui n'est pas moins éton-
nant, c'est que Hawkins donne comme preuve de
l'exactitude de celte date une épitaplie qu'il dit
être placée sur son monument (1>! Où a-t-il
pris cette épitapheP Ii ne le dit pas. De quel mo-
nument veut-il parler? Du tombeau de Lassus,
sans doute, car on n'en connaissait pas d'autre
lorsque Hawkins écrivait son Histoire de la mu-
sique. Mais le tombeau existe encore, et Pépita-
phe qu'on y lit ne ressemble en rien à celle que
l'écrivain anglais a publiée. Rien de plus facile
que de démontrer l'inexactitude de la date ins-
crite dans cette épitaplie prétendue ainsi que
dans la notice de van Quickelberg; car, suivant la
liste chronologique des maîtres de chapelle de
l'église Saint-Jean de Latran publiée par l'abbé
Baini (2), d'après des sources authentique*, Las-
sus fut nommé à cette place, en 1541 : s'il était
né en 1530, il serait entré en fonction à l'âge
de onze ans. Au reste, Delmotle remarque, avec
beaucoup de vraisemblance, que la date de 1530
de la notice de Quickelberg, copiée par tous les
autres, est une faute d'impression (3).
La troisième date inexacte, plus éloignée en-
core de la véritable, est celle de 1552 : ce qui la
rend digne de remarque , c'est que Lassus ayant
passé la plus grande partie de sa vie en Bavière,
trois écrivains bavarois , qui auraient dû èlre
instruits des circonstances de sa vie, à savoir A -
M. Kobolt (4), Mein (5),et Lipowsky (6), sontlea
seuls qui l'aient donnée, sans indiquer où ils l'ont
prise. Ce qui a été dit à l'égard de la date de
1530 est applicable, à fortiori, à celle de 1532.
La date de 1520, indiquée par Vinchant, est
rendue inattaquable par les témoignages de l'his-
torien de Thou (7), de Swertius (8), et de Lo-
crius (9), qui, tous, ont écrit dans des temps rap-
prochés de celui où vécut Orland de Lassus. De
Thou ne dit pas en termes exprès que Lassus na-
quit en 1520, mais, suivant sa méthode d'inscrire
les événements à leur date, dans les Histoires de
son temps, il dit que le célèbre musicien mourut à
(1) A General History of the science and practiec af
Music, t. 1!, p. *W. Voici le commencement de l'épi ta phe
dont U «'agit :
Orlandus Lauui, Berge Har.nonUe urbe natus ~~
annoM. D. XXX.
(X) Memoriestorico-crUicfui délia vlta e délie opère di
CAo. Plerlulgi da Palestrina, t. 1, p. 70. n. 109.
(3) Noîice biographique sur Roland Dclattrc, p. «o.
(&) Baierisches Gelehrten-Lexlkon , etc.; Landshutt,
1793, gr. ln-S°.
(5} Baierisches Kunstler-Lexlkon, ele , 1. 1, p. S88.
{6) Baierisches Musik-Lexikon, p. 176.
<7) HUtor.. Ub. CIX.
(S) Athenx Bekgicse, Antuerpls, îets, ln-*°, p. 889.
(9) Chronicon Beigicum; Atrebatl, 1616, petit in-fol.
Ano. 159*.
LASSUS
!
Munich, le 3 juin 1594, à l'âge de soixante-treize
ans écoulés (1), ce qui fait voir que la date delà
naissance de Lassus fut postérieure au mois de
juin 1520, et qu'il n'avait point accompli u
soixante-quatorzième année.
Plusieurs auteurs, et Samuel van Quickelberg
lui-même, disent que Lassus fut enlevé trois fois
à ses parents lorsqu'il était enfant de chœur à
l'église Saint-Nicolas, à cause de sa belle voix; que
deux fois on le retrouva, mais qu'enfin on con-
sentit, après Je troisième rapt, à ee qu'il demeurât
à Saint-Didier, près de Ferdinand de Gonzague,
général au service de l'empire et vice-roi de Si-
cile, qui, après la guerre, l'emmena avec lui, à
l'âge d'environ douze ans, à Milan, puis en Si-
cile. Celte histoire ne parait qu'un roman à Del-
motte; pour moi, j'avoue que je n'y vois pas de
difficulté. U me paraît vraisemblable que celui
qui a eu tant de renommée comme compositeur
a montré dans sa jeunesse un rare instinct musi-
cal, et qu'il y avait dans son chant un accent ex-
pressif qui pouvait Taire naître le désfr de l'enle-
ver pour l'attacher au service d'un grand seigneur.
Quoi qu'il en soit, le général de Charles-Quint em-
mena son jeune musicien à Milan. Celui-ci y con-
tinua ses études, puis il suivit Ferdinand de Gon-
zague en Sicile, où il acheva de s'instruire dans
son art. A l'âge de dix-huit ans, il s'attacha à
Constantin Castriotto, qui le conduisit à Naples.
Arrivé dans celte ville, Lassus entra chez le mar-
quis de la Terza et y demeura environ trois an-
nées (2). En 1541, il se rendit à Rome, où le
car.linal -archevêque de Florence l'accueillit avec
bienveillance, et le logea dans son palais pen-
dant six mois. Après ce temps, Lassus obtint la
place de maître de chapelle à l'église Saint- Jean
de Latran. Ce fait est constaté par les registres
de cette église, dont l'abbé Baini a donné un ex-
trait dans la note 109 de son livre sur la vie et
les ouvrages de Pierluigi de Palestrina. H fallait
que le mérite du musicien de Mons fût déjà bien
remarquable, pour qu'une place de cette impor-
tance fût confiée à un jeune homme de vingt et un
ans, à Rome, alors la première ville du monde
pour la musique, et qui renfermait dans son sein
des compositeurs du premier ordre pour l'église.
Depuis deux ans, dit Van Quickelberg, Lassus
remplissait ses fonctions de maître de chapelle à
Saint- Jean de Latran, lorsqu'il apprit, en 1543,
(l) Cclcbratlsslmus Orlandus Lassus ma tara morte Me-
nait, hoc anno(lS94) III Junlas, decesslt, cutn I.XXXIU
excessisset.
(e) Swertius, et d'après lai Foppens. ont été Instruits de
celte circonstance : ce dernier dit textuellement : JVra~
poli tribus circiter annis vixit (Blbllotb. Belglca, t. U,
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LASSUS
209
qu'une maladie grave menaçait les jours de ses
parents. Le désir de les revoir et de les embrasser
une dernière fois remporta sur toute autre con-
sidération ; il donna 6a démission de son emploi,
s'éloigna de Rome et se rendit à'Mons en toute haie ;
mais quand il y arriva, ceux qu'il y venait cher-
cher n'existaient plus. Il y a ici une erreur de date
évidente; ear Lassus n'eut pour successeur Rubino
{voy. ce nom) dans sa place de maître de chapelle
de Saint-Jean de Latran, suivant le catalogue
chronologique donné par Baini (loc. cit.), qu'en
1548. Ce ne fut donc que dans celte dernière an-
née, ou au commencement de 1 549 qu'il revint
àMons. M'y trouvant plus de liens de famille, le lieu
de sa naissance ne pouvait plus avoir pour lui
que de tristes souvenirs; il s'en éloigna, dit Van
Quickelberg, et, accompagné de Jules-César
Branciccio, il visita l'Angleterre et la France ,
puis il allas'élablir à Anvers, et y demeura deux
ans. Il y a ici quelques difficultés assez considé-
rables qui ne sont point expliquées par le plus
ancien biographe de Lassus, bien qu'il écrivit en
loCôou 1566, vraisemblablement sous la dictée
de son illustre ami. On verra tout à l'heure que
Lassus ne dut s'arrêter à Anvers que vers le mi-
lieu de l'année 1554; or, depuis 1549 jusqu'à
cette époque, il y a un intervalle de cinq années
dont il est difficile de déterminer l'emploi par le
célèbre maître. Et d'abord, où trouva-t-il Jules-
César Brancaccio, de la noble famille napolitaine
des Brancacci, dont il avait pu faire la connais-
sance à N a pies huit ou neuf ans auparavant? Il
y a peu d'apparence que ce soit dans les Pays-
Bas, et peut-être y aurait-il plus de vraisemblance
à supposer qu'il retourna à Naples, où aurait été
décidé le voyage en Angleterre et en France. Ainsi
serait remplie une partie de la lacune dans la
vie de l'artiste dont il vient d'être parlé ; car, si
le départ s'était effectué de quelque ville de la
Belgique, on ne comprendrait pas que sa durée
eût élé de cinq ans, et qu'il ne fût resté aucune
trace du séjour de Lassus à Londres, ou dans
quelque grande ville de France. Ce voyage en
France est aussi une cause d'embarras, car, lors-
que Lassus se rendit à Paris, en 1571, il voyait
cette ville pour la première fois, ainsi qu'il le
dit dans l'épitre dédicatoire d'un de ses ouvra-
ges (1). On a peine à comprendre qu'un sei-
gneur tel que Brancaccio ait voyagé en France
sans visiter la ville la plus importante de ce
(1) Cette dédicace a Guillaume de Bavière, datée de Pa-
ris, le H juin 1571, se trouve en letc du recueil de mo-
tets de Laasus intitulé : Modxill qutnis vocibm nunqvam
hactemts editi, etc.; Paris, Adrtan Leroy et Robert Ballard,
1571, in- 1° obi.
BICCB. INIV. D£5 MUSICIENS, T. V.
royaume. Toute cette partie de la vie de Lassus
est remplie d'obscurité.
A Pégard de son séjour de deux années à An-
vers, il n'est pas douteux. Le récit deVanQuic-
kelberg sur ce sujet est très-explicite, et sans
doute il devait être bien informé, car lui-même
était de celte ville.
« Après avoir voyagé avec le noble amateur
« de musique Jules-César Brancaccio, dit-il, d'à-
« bord en Angleterre, puis en France, il revint
« à Anvers, où il demeura deux années , vivant
« dans la société des hommes les plus distingués,
« les plus savants , et des plus nobles familles,
« auxquels il inspira le goût de la musique , et
« de qui il fut aimé et vénéré. C'est de cette
t ville qu'il fut appelé à Munich, en 1557,
« avec d'autres Belges, par le duc Albert de Ba-
ie vière, le plus grand protecteur de l'art musical
« qu'il y eût alors dans toute l'Allemagne , en
« qualité de musicien de sa chapelle Lors-
« qu'il eut été nommé premier maître de cette
« chapelle, en 1562,.... il revint de nouveau en
« Belgique et à Anvers, d'où il ramena (en Ba-
« vière) les meilleurs chantres pour le service du
« prince (1). »
Le séjour de Lassus à Anvers pendant deux
années environ peut aussi se démontrer par
les ouvrages qu'il y publia à l'époque indiquée
par Van Quickelberg. Pendant qu'il était maître
de chapelle de Saint- Jean-de-Latran, il avait fait
imprimer à Venise, chei Antoine Gardane, son
premier livre de messes à quatre voix, en 1545,
dont un exemplaire se trouve dans la collection
de l'abbé Santini à Rome , et le premier livre de
ses motets à quatre et cinq voix , chez le même
et dans la même année, cité par le P. Martini (2) ;
mais, après cette époque, dix ans s'écoulèrent sans
qu'aucun recueil de ses compositions fût publié ,
soit en Italie, soit ailleurs, avant que l'artiste
allât s'établira Anvers, ou du moins je n'en ai trouvé
d'indication dans aucun catalogue. C'est dans
cette ville que l'activité de ses travaux semble
se réveiller; car Tilman Susato y publie, en
(j) Cum noblll vlro Julio Casare Brancaccio mus'cc? cul-
tore, prlnium in AngUam, demum in Galliam, ejus quoque
videndl gratla profectus est. Tandem inde revenu*
Anluerpix mansit duobus annis, inter vlros ornatksimoa,
doctlsslmoaet noblliulmes, quos undiqne in muleta excl-
tatlt, à quitus etlamsumipeadamntuavencratusquc fuit. Ex
eo loco anno 1557, ab Alberto ttavarta: duce, «umrno om-
nium Germanie princloura Moccenalc, ▼ocatus est Mona-
chlum cum aliis Bclgls, utsaceilo roualco «uo Delnde
anno ises.saeclll musiclsummusprœfectusefflclrbatur
imo et sublnde In BclRh.ni et Aiituerpiam regressu*, prin-
clpl sclccttssimo* secum adduxit. [Ittnr, Pantal. Proso-
pogr., part. III, fol. 5*i)
(1) Storia délia musica, t. l« r , dans l'indice de* auteur»,
p. 458.
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210
LASSUS
l'avait précédé à Munich, se fit remarquer par
1555, le second livre de ses motets, sous ce titre : r
Sacrx cantiones vulgo molcctx appellatw,
tum viva voce, (um omnis generis inslru-
mentis caniatu commodisslme. Liber secun-
dus quinque et sex vocum. Dans Tannée sui-
vante , Jean Laet, autre imprimeur de musique
de la même ville, y fait paraître une deuxième édi-
tion du premier et du second livre des motets de
Lassus, avec le titre italien : Primo (et seconda)
libro dcWfotetti a cinque et a sei voci nuova-
mente posté in lv.ce.
Massimo Trojano , musicien italien au service
du duc de Bavière , nous apprend , dans une
description des fêtes qui eurent lieu à Munich en
1568 , à l'occasion du mariage du duc héréditaire
Guillaume avec Renée de Lorraine (1), que Las-
sus ne fut pas nommé maître de chapelle de la
cour de Bavière lorsqu'il y arriva, parce qu'il ne
savait pas fa langue allemande , et qu'il n'eut
d'abord que le titre de maître de la musique de
la chambre. A cette époque Daser on Dasser
(voyez ce nom ) était le maître de chapelle titu-
laire. Quatre ans après , dit-il, ce maître ayant
demandé sa retraite et l'ayant obtenue, Lassus
fut son successeur. Ces dates coïncident à peu
près à celles qui sont indiquées par Van Q nickel -
berg. Trojano dit, à la vérité, qu'en 1568 Lassus
était depuis douze ans au service du duc Albert,
ce qui semble fixer en 155G l'année où il y entra,
au lieu de 1557 , date fixée par le biographe
de l'artiste ; mais la différence est de trop peu
d'importance pour qu'on s'y arrête. Quickelberg
dit que Lassus, voulant justifier la réputation qui
l'étendue de ses connaissances, ses bons mots,
sa gaieté, sa conduite irréprochable , et surtout j
par la beauté de ses compositions. Heureux de
sa position honorable et de la bienveillance dont
le duc l'honorait, il songea à se marier, et moins
d'un an après son arrivée dans la capitale de la
Bavière , il devint l'époux de Régine Weckinger,
fille d'honneur de la duchesse régnante. En 1562,
il se trouva à la tête de la meilleure chapelle qui
existât alors en Europe , soit par le nombre de
(l) Discorsl di trior\/l, gtostre % apparati, e dette cose
plù notabili Jatte nette nozze deW illustr. ed excellent.
Signor Dura Guglielmonte ; Munich, Adam Bcrg, tn-i°,
p. 64 . Trojano dit dans cet écrit (p. 53) que Lassus fit
exécuter à la cérémonie du mariage de ce prince un
Te Deum a six parties, dans lequel il y avait de beaux
trios et quatuors : celte composition ne figure pas parmi
celles de l'illustre maître qui ont été publiées. Le lende-
main (13 février I56t>) il lit entendre dans la chapelle du-
cale une messe à six parties pour des voix et des instru-
ments à vent, qu'il avait composée pour cette circonstance.
Donner des éloges à cet ouvrage, ajoute TroJ ino (p. 57),
ce serait vouloir ajouter de l'eau à la mer et des étoiles
au ciel.
musiciens qui la composaient, soit parleur mé-
rite (1). Avec de tels moyens d'exécution Lassus
sentit se développer la puissance de son génie :
ses plus grandes compositions , au nombre des-
quelles on remarque ses Psaumes de la pénitence
et se* Magnificat, sont de cette belle époque de
sa vie ( 1560 à 1575). La plus grande distinction
s'attacha à son nom et à tout ce qui venait de sa
plume. Bien que contemporain de Palestrina,
qui l'emportait sur lui sous plusieurs rapports, il
eut une renommée plus universelle, parce que
les circonstances lui furent plus favorables. En
Allemagne , en France, en Angleterre et dans les
Pays-Bas, on lui décerna le titre de Prince des
musiciens, que les Italiens donnaient dans le
(i) Matslmo Trojano donne, dans l'écrit cité (note pré-
cédente), la liste des principaux artistes qui composaient
cette chapelle en 1568; on y remarque : Hans Fischer
Franz Florl, Gallo Rueff, Richard et Oclavleo d'Albertt
(basses chantantes) ; don Carlo, Uvtuano, don Alestandro,
Ramedello, Cornclio, Giorgio, Wolfgang, Henri et Gioac-
chin (ténors) ; Gaspard, Piler, Kranclsco dl Spagna, Martin
et Guillaume (Flamands), Christophe Habcrstoch. et Vil-
balda (contraltos ou hautes-contre); douze soprani on
enfants de chœur, tous élèves de Lassu*. Les trois orga-
nistes étalent : 1° Messer Giuseppe da Lucca , qui avait
été élève d'Adrien Wlllaert; — î« MnrtoUno y de Crémone,
homme de grand talent; — 8« Messer ho de Vcnto, com-
posltcur de mérite (voyez Vettto, Ivo de). Ces organistes
étaient alternativement de service pendant une semaine.
M. Léon de Burbure a fait de patientes recherches dans
les archives de la collégiale de Notre-Dame d* Anvers pour
découvrir les noms des chantres qui ont suivi Lassas A Mu-
nich; il en a trouvé six qui ont quitté le chœur de cette
église depuis le Si Juin 1856 Jusqu'au Ujuln 1*57 ; en vnlci
les noms : 1° Joachim van Sccveninghe, cantor et vicaire;
c'est celui que Trojano appelle simplement Cioacchi*. —
t° Petrus de Edammls (d'Edam). — 3° Cornélius de Bur-
gos, cantor. appelé Cornelio par Trojano. —4» Martinut
de Hove, vicaire. — s* Wilhelmus de Dlest : ce sont ces
deux derniers que Trojano appelle Martin et Guil-
laume (Flamand»). - 6° Dominus JohannesMartlnL De ces
six chanteurs quatre étaient donc encore an service da
.duc de Bavière en «B68; Pierre d'Edam et Jean Martlul
avalent quitté cette position ou étalent décèdes. Onxe
autres chantres ont aussi abandonné l'église d'Anvers apréc
que Lassus eut été nommé premier maître de chapelle, en
1862: mais il parait douteux qu'ils se soient rendus à Mu-
nich , car on ne trouve à la chapelle ducale, en 1568, que
Gaspar tluttcrs, appelé simplement Gaspard par Trojano.
Les Joueurs de viole , dans la musique du duc de Ba-
vière, étalent : i° Messer Antoine Morarl, qui Jouait non-
seulement de la viole da bracclo (dessus de viole), mais
aussi du cornet, de la basse de viole et de la guitare. —
V Baptiste Morarl, son frère, contralto de \iole, lequel
était aussi fort habile sur la basse de viole et le luth. —
8° Annibal Morarl , dessus de viole, beaucoup plus Jeune
que ses frères. — *• Cerbono Besutio , ténor de viole. —
8° Mathieu Besutio, neveu du précèdent, basse de viole*,
tous deux Jouaient de tous les Instrument a vent. —
6° Lucio Besutio , dessus de viole, qui Jouait aussi de la lyre.
Instrument du genre des violes, monté d'un grand nombre
de cordes qu'on pinçait en accords, ou qu'on Jouait avec
l'archet en accords ou en arpèges : tous ces artistes étaient
de Bergame. — 7° Cris loforo, de Crémone , contrebasse
de viole.
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LÀSSUS
211
même temps à l'illustre compositeur de l'école
romaine. Les princes , les rois, le recherchèrent
et lui firent des offres séduisantes : plusieurs
loi donnèrent des témoignages éclatants do Tes*
time qu'ils accordaient à son mérite. Le 7 dé-
cembre 1570, l'empereur Maximilien, «lors à la
diète de Spire, accorda de son propre mouvement
à Lassus des lettres de noblesse, ainsi qu'à ses en-
fants légitimes et à leurs descendants des deux
sexes. D'autres honneurs lui furent décernés par
Je pape Grégoire XIII, qui, le 6 avril 1571 , le fit
chevalier de Saint-Pierre à l'éperon d'or, et chargea
les nobles chevaliers Honoré Cajetan et A nge Mazza-
costa de lui chausser l'éperon et de l'armer du
glaive, dans la chapelle papale de la cour, avec le
cérémonial accoutumé. En 1571, Lassus fit un
voyage à Paris : c'était la première fois qu' il voyait
cette ville, comme il le dit lui-même dans l'é-
pttre dédicatoire d'un de ses ouvrages (1). Adrian
Le Roy, célèbre imprimeur de musique de ce
temps, et lui-même musicien distingué , le logea
dans sa maison , et lé présenta à la cour, où
Clwirles IX l'admit à lui baiser la main , le reçut
avec beaucoup de bienveillance et lui fit de riches
présents (2).
Plus tard, ce prince se souvint de Lassus, le
Parmi les lpstrnment* à reot , en distinguait : 1° Doml-
tilco , de Venise, qot Jouait du cornet avec beaucoup de
douceur ainsi que du trombone. — 1° Francesco de Luc-
ques, ténor de cornet. — S* Sébastlano d' Albert», com-
positeur, qui Jouait la cinquième partie de cornet —
4° PhUéne Cornazzano, contralto de cornet et Jeune
artiste d'un talent remarquable — 5° Simon Gattl, basse
de eornct. Les instruments à vent ne ne Joignaient aux
▼oti que dans les offices des dimanches et fêtes. Les vio-
les ne servaient que pour la musique Instrumentale t ou
pour accompagner les voix dans la musique de chambre,
pendant le dessert des repas de la cour, sous la direction
de Lassus.
Plus tard le nombre des musiciens attachés A la cha-
pelle ducale fut encore augmenté : on y comptait seize
entants, six castrats, treize contraltos on haute-contre,
quinze ténors, douze basses, et trente Instrumentistes,
formant un ensemble de quatre-vingt-douze exécutants.
Otte chapelle était de beaucoup la plus considérable
qu il y eût en Europe ; mate après la mort d'Albert V, Guil-
laume, son successeur, fit une grande réduction du
personnel de la chapelle, car en 159» on n'y trouvait plus
<iuf huit enfants, six castrats, pour le contralto , sept té-
nors , cinq basses, onze Instrumentistes et un organiste,
De tous les artistes de la liste de 1568, Antoine Morari et
.Mathieu Bcsutio étaient les seuls qui s'y trouvassent en-
core.
(i) Voyez la dédicace de Lassus au duc héréditaire Guil-
laume de Bavière, datée de Paris, le 7 Juin 1571, en tête
de son recueil de motets intitulé : Moduli quinUvocii/us
tniquam haclenut edtti. etc.; Paris, Adrian Le Roy et Ro-
bert Bal lard, 15' l, in V> obi.
(2) Adrian Leroy parle en termes explicites de ers hon-
neurs et de ces largesses dans la dédicace A Charles IX
de l'ouvrage qui a pour titre : Primat fioer modulorum,
qutnis vocibm constantium, Orlando Latsuslo auctore ;
Paris, Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1571, in-* obi.
fit inviter à se rendre près de lui, et lui offrit
la maîtrise de sa chapelle, avec un traitement
considérable. Plusieurs auteurs ont dit à ce su-
jet que les Psaumes de la pénitence, considérés
comme le plus bel ouvrage de Lassus, lui avaient
été demandés par Charles IX, et qu'il les avait com-
posés pour ce prince; mais M. Schmiedhamer,
savant bibliothécaire de Munich, exprime ainsi
son opinion contraire sur ce fait , dans une lettre
qu'il écrivait à Delmotte en 1830 : « Il serait peut-
« être bon de réfuterj'opinion erronée de plusieurs
« historiens qui prétendent qu'Orlando di Lasso
« avait mis en musique les sept psaumes de la
« pénitence à la demande de Charles IX, roi de
« France, en expiation du crime de la Saint-Bar-
« thélemy. Ce fait est évidemment faux, car :
«t I e Le premier volume contenant la copie de
« la musique , ainsi que l'explication des tableaux
« par Van Quickelberg, était déjà achevé en 1565,
« et le second en 1570 : donc l'original de la
« composition avait dû être terminé avant 1565,
« et avant qu'on commençât la copie inagnifi-
« que dont il s'agit. Or le massacre où plus de
« trente mille huguenots périrent dans une seule
« nuit, n'eut lieu que le 24 août 1572. — 2° Sa-
€ muel Van Quickelberg, dans l'exorde desa pré-
« face sur l'explication des tableaux du manus-
€ crit, dit expressément qu'Orlando di Lasso avait
« reçu du prince Albert Y Tordre de composer
• cet ouvrage. »
Quels que fussent les avantages offerts à Las-
sus par le roi de France, il hésitait à les accepter.
Le sort heureux dont il jouissait à Munich , la
bienveillance ou plutôt l'amitié dont l'honorait
le duc Albert, l'attachaient à la Bavière; mais le
duc lui-même, quoiqu'il vit à regret le départ
d'un artiste qu'il appelait la perle de sa chapelle,
l'engagea à ne pas lui sacrifier sa fortune, et à se
rendre à l'invitation de Charles IX. Lassus se
mit en effet en route avec toute sa famille ; mais,
à peine arrivé à Francfort, il y apprit la mort du
roi (1574). Sans perdre de temps, il retourna
à Munich, où le duc le rétablit dans ses fonc-
tions et le combla de nouveaux bienfaits. Charme
du retour de son mattre de chapelle, ce prince
composa un panégyrique en son honneur, et le
23 avril 1579, il lui assura, pour tout le temps
de son règne, la jouissance de ses appointements
(400 florins), sans qu'on pût y faire de réduc-
tion, pour quelque cause que ce fût. Malheu-
reusement, ce prince survécut peu ace der-
nier acte ù>. sa munificence, car il mourut le
1\ octobre 1579. Son successeur, Guillaume V,
dit le Pieux, aimait aussi la musique; il té-
moignait beaucoup d'estime pour les talents de
Lassus, .et se montra généreux à son égard; mais
14.
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212
LASSUS
11 n'y eut jamais entre te souverain et son maître
(U chapelle la douce familiarité qu'on avait re-
marquée sous le règne précédent. Le 1? janvier
1587, le duc Guillaume, voulant donner à Las-
sus un témoignage particulier de sa bienveillance,
lui lit présent d'un jardin à Meising, sur la route
de Fiirstenfald, et, le 6 novembre de la même
année» il accorda à fa femme une pension an-
nuelle de cent florins. Indépendamment de celte
propriété de Meising, Lassus en possédait une
autre à Putzburnn, dans le district de Wol-
farths Hauen; elle fut vendue en 1588 à un ha-
bitant de Munich, pour le prix de 425 florins.
Parvenu à l'âge de soixante- sept ans, Lassu3
commença à éprouver de la fatigue dans ses fonc-
tions quotidiennes de maître de chapelle; il dési-
rait d'être dispensé de ce service, afin de con-
sacrer ses dernières années à la composition. Ce
désir devint si vif qu'il se décida, en 1587, à
demander au duc Guillaume l'autorisation d'aller
passer quelques mois chaque année dans &a pro-
priété de Meising, sur l'Amber. Cette permission
lui fut accordée, mais on lui diminuait son trai-
tement de moitié, le réduisant à 200 florins.
Pour adoucir ce que cette réduction avait de pé-
nible, le duc lui promit d'avoir soin de ses deux
fils Ferdinand et Rodolphe. Toutefois la perle de
200 florins parut trop considérable au vieux
compositeur ; il renonça à son projet de passer
une partie de l'année à la campagne, et continua
de remplir avec exactitude ses devoirs de maître
de chapelle, employant le temps qui lui restait à
écrire de nouveaux ouvrages ou à perfectionner
les anciens. Une singulière ardeur de travail se
manifesta dès lors en lui, comme s'il eût prévu
la fin prochaine de son génie. Tout à coup ses
facultés mentales FabarfiJonnèrent : ce fut avec
effroi que sa femme le vit revenir de Meising,
où il avait été passer quelques jours. On le ra-
menait à Munich faible, souffrant, et dans un état
de démence complète. 11 ne reconnut aucun des
siens. Dans sa frayeur d'un événement «i terrible, si
peu prévu, Régine fit avertir la princesse Maxi-
milienne, sœur du duc Guillaume, qui envoya
aussitôt son médecin, le docteur Mermann, près
dû malade. Des soins assidus améliorèrent la
santé de Lassus, mais sa raison ne revint pas.
Un air triste, rêveur, avait succédé à son an-
cienne gaieté. Le duc lui avait fait savoir, par le
docteur Mermann, qu'il continuerait à jouir,
malgré son état, de son traitement entier; mais
cette nouvelle ne put le ranimer. Dans un des
accès de sa folie, il écrivit au prince « qu'il
« avait l'intention de quitter entièrement le ser- |
« vice de la cour, s'il voulait lui laisser Us '•
a 400 florins que son illustre père, le due Albert, '
« lui avait promis, en y ajoutant une somme
« quelconque à sa volonté. « Sa femme, crai-
gnant les suites fâcheuses de cette folle démarche,
lit prier le prince de la considérer comme non
avenue; et Guillaume fit savoir à Lassus que
tout resterait pour lui comme par le passé, mais,
que s'il renouvelait sa demande, il serait libre de
se retirer et qu'on lui donnerait son congé. L'artiste
infortuné ne vécut pas longtemps en cet état : sa
profonde mélancolie le conduisit bientôt au tom-
beau.
La date de la mort de cet homme célèbre a
été longtemps aussi incertaine que celle de sa
naissance. Ainsi que l'a remarqué M. Schmiedha-
mer, les auteurs ne se sont accordés que sur le jour
( le 3 juin) ; à l'égard de l'année, les opinions
diffèrent chez tous sans qu'on puisse leur accor-
der aucune confiance. Les uns ont fixé l'année 1 585
pour celle de son décès, d'autres 1593, beaucoup
ont choisi 1594, et quelques-uns 1595. Parmi les
écrivains qui ont indiqué la date 1593, on remar-
que Philippe Rrasseur (1), de Boussu (2), de la
Sema Sanlander (3), Feller (4), Locrius (5), Pa-
quot (6), Vinchant (7), et l'auteur anonyme d'un
ouvrage intitulé : Belgit Chronicon sacrum us-
que ad ann. 1603, dont le manuscrit se trouve
à Bruxelles, dans la Bibliothèque royale (8). On
aurait dû voir qu'elle est inadmis>ihle, car la
dédicace de l'œuvre de Lassus intitulé Le La-
grime di S. Pietro, porte la date du 2* mai 1 594.
Cet ouvrage, imprimé à Munich, renferme un
portrait de Lassus, avec la date 1594, et les
mots xtatis LXII qui prouvent, comme le dit
Delmottc, que Lassus vivait encore à cette épo-
que, mais aussi (ce qu'il n'a point remarqué) que
cet artiste était lui-même incertain de l'année de
sa naissance, car s'il avait vu le jour en 1520, il
avait soixante-quatorze ans en 1594. La date de
1594 est celle qu'on trouve dans l'historien De
Thon, dans le Dictionnaire des artistes de
l'abbé de Fontenay, dans les Mélangestirèsd'une
(1) Sydera illustrUtm Uannoniœ scriptorutn ; Mon*,
1G37, ln-12.
(*) Histoire de Vons ; Mons, 1715, ln-4».
(}) ftlè'Koire historique sur lu bibliothèque publique de
fiourcofjne, présentement bibliothèque publique d*
Bruxelles ; Hriiti'llrs, 1809 ln-S°.
(*) Dictionnaire historique , Llége^ 1789-1794, 8 toL
In 8«.
(5) Chronicon Behjicum ; Arrat, 1616, In-fol.
(6) Mémoires pour servir à l'hittoire littéraire des
dix-sept provinces des Pays-Bas, etc.; Loavaia, 1768-1770,
S vol. In-fnl.
(7) Manuscrit autographe des annales du Hainaut.
(8) Volrl ce qu'on y lit : yénno u-93, Or tan dus Lassus
Montibus Hannonire natvs, nuslri sxculi coryphœus at-
que prînt-rps, Monachii in B avaria, anno setatit 78, mo-
nter.
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LASSUS
213
grande bibliothèque, par le marquis dePaulmy,
dans l'histoire manuscrite de la musique de
Dom Caffiaux, enûn, dans les Dictionnaires his-
toriques de Morert, de Chaudon et Delandine , et
de Choron et Fayolle. C'est aussi celle que j'ai
adoptée dans mon Mémoire sur les musiciens
néerlandais; enfin les mots obiit 1594 se trou-
vent au portrait de Lassus gravé par Jean Sadeler.
Le document le plus extraordinaire et le plus
erroné concernant la mort de Lassus est certai-
nement la prétendue inscription de son monument
rapportée par Hawkins (1), laquelle commence
ainsi : "
Orlandus Lassus, Berg* llannnnUc urbe
natus anno M. D. XXX.
et finit par ces mots :
Oblit Monaci anno Sal. M. I). XXCV. JEt. LV. (1).
CJIe fait naître l'artiste dix ans plus tard, et le fait
mourir neuf ans plus tôt, à l'âge de cinquanic-
cinq ans. Mais cette pièce est fausse de toute
évidence, car elle n'a jamais existé sur le tom-
beau de Lassus.
Au surplus toute incertitude a cessé récemment
pour la date de la mort de l'illustre musicien,
par la découverte d'une lettre autographe de sa
veuve, écrite à l'archiduchesse d'Autriche Marie,
et dans laquelle elle informe la princesse qu'Or-
land de Lassus est décédé le 14 juin 1594. L'exis-
tence de ce document dans les archives de la
cour et de l'État, à Vienne, a été signalée par le
professeur Dehn, de Berlin, dans une lettre du
21 mars 1854, adressée au président de la société
des sciences du Hainaul (3).
Lassus fut inhumé dans le cimetière de l'église
des Franciscains, à Munich ; ou lui éleva un
superbe tombeau en marbre ronge, haut de trois
palmes et demie (2 pieds 4 pouces), large de sept
(4 pieds 8 pouces ) , et orné de bas-reliefs repré-
sentant d'un côté le tombeau du Christ, avec les
(1) A Central Hiitory e/Jhe science end practice of
Music, vol. II. p. m.
(!) Cette Inscription, rapportée par Hawkins in extenso,
n'etten quelque sorte que l'histoire ?bregce de la vie de
U«sus, telle qu'on la trouve chez la plupart des auteurs
contemporains, particulièrement dans l'histoire de ne
1bou,â l'exception de 4a différence des dates.
'X Voyez le rapport de Camille Wins, président de crlte
»<»cielc, publié sous ce titre : De la part que la Société
<h$ sciences du Huinaut a prise à l'érection de la statue
dOriandode Lassus, célèbre compositeur mont ois. Mon»,
i*5*. page 17. Voici en quel* termes s'exprime Delin
concernant la lettre de la veuve de Usmm : « In dem
• cehelmcn Haus, Hof, und Staats Arch'.v in Wlen befindet
« Mch dn Brlef von der eigenen Hand der Wlttwe des De
• Lassus . den diesc an die Erzherzogtn Marie von Ocster-
>• relch geschrlebcn bat, und lu welchem sle dlcser hohen
• Krau unterandern Nachrichten auch mlttheilt : dass
« Orland de Lassus am IV Junl 1594 gestorben i*t. »
saintes femmes, de l'autre les armoiries de Las-
sus, lui-même, sa femme, ses enfants et petits-
enfants agenouillés. Aux deux cotés du bas- re-
lief, où est représenté le tombeau du Christ, sont
deux cartouches sculptés sur lesquels on lit
l'epitaphe suivante, composée par Sébastien Bauer,
de Haidenkeim :
Orlandl clneres, eheu ! modo dulce loquentes
Italie mutos, eheu! flcbills urna prcoilt.
Lassa? sunt flendo Charités tua funera Lasse,
Prlnciplbus multum, chareque Cavarlbus.
Bclglca quem tellus genltrU dedw, ingeniorura,
Ingcnloram altrlx Boja fovlt humus.
Corporls cxuvlas eodem quoque Boja tezit,
Post lustra ac hyemes sena bis acta duas.
Robora, saxa, feras Orpheus. at hic Orplica trailt.
Harmonlaeqae duces percutit h a rm on lu.
Nnnc quia complevit totum concenUbus orbem
Victor cum snperis certat apud superos.
Ce tombeau resta dans le cimetière des Fran-
ciscains jusqu'en 1800. Lorsque ce cimetière fut
détruit, Heigel, artiste du théâtre de la cour,
et admirateur passionné des œuvres de Lassus,
le recueillit et le plaça dans son jardin, devenu
depuis lors la propriété d'une demoiselle de
Manntich. Il s'y trouvait encore en 1830. C'est
là que M. Schmiedhamer l'a découvert alors, et
en a fait prendre un dessin au trait, que Delmotte
a lait graver pour le publier dans sa notice,
avec la description.
Lassos eut de sa femme, Régine Weckinger,
morte le 5 juin 1600, quatre fils, Ferdinand, Ro-
dolphe, Jean et Ernest, et deux filles, Anne, et
Régine, qui devint la femme d'un seigneur d'Ach.
Peu de noms d'artistes ont eu autant de re-
tentissement que celui de Lassus; il n'en est
point qui ait été plus connu non-feulement' des
musiciens, mais des gens du monde et même du
peuple. On a dit de lui :
Hic ille est Lassus lassum qui recréât orbetn,
Mscordcmqucsua copulat harmonie.
Et ces vers ne sont point une vaine flatterie de
quelque poète obscur; ils s'accordent avec la
multitude d'éloges dont beaucoup de recueils du
temps sont remplis. Etienne Jodelle, contempo-
rain de Lassus, a fait en son honneur un poème
français en cent soixante-douze vers, dont Duver-
dier nous a donné les vingt-sept premiers, dans
sa Bibliothèque française. Les diverses éditions
des Mcslanges de Lassus, publiées par Adrien
Le Roy et les Ballard, portent en tète ces vers :
Bruta Orpheus, saxa Amphion, dclphlnas Arlon
Trailt; at Ortandus post se terramque fretumqne,
Post se traxlt Item molem toltu* Olympl. .
Qnanto Igitur major, quan toque potentlor unus
Orlandus tribus hls, Amphionr, Arlone et Orpbeut
Un enthousiasme égal pour ce compositeur se
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214
LASSUS
rencontre dans les œuvres de Philippe Bocquier,
dans les Sydera Ulustrium Hannonise scrip-
torum de Brasseur, et dans tes recueils de
beaucoup d'autres poètes des seizième et dix-
septième siècles. Adrien Le Roy, qui connaissait
l'art, et qui en parlait bien, disait de lui, dans la
préface de son traité de musique ( imprimé en
1585 ) : «Ce grand maître et suprême ouvrier,
« l'excellente et docte veine duquel pourrait
« seule servir de loi et de reigle à la musique ,
« attendu que les admirables inventions, ingè-
re nieuses dispositions, douceur agréable, pro-
« prêté nayve, nay veté propre, traits signalés, li-
« berté hardie, et plaisante harmonie de sa corn-
» position fournissent assés de sujets pour
« recevoir sa musique, comme patron et exera-
« plaire, sur lequel on se peut seurement ar-
« rêter. »
Le nombre des éditions des ouvrages de Las-
sus surpasse tout ce qu'on a fait pour aucun mu-
sicien de ces temps déjà reculés; elles se succé-
daient avec une rapidité qui indique clairement
le prompt débit qu'elles obtenaient. Depuis long-
temps on avait cessé de réimprimer les œuvres
des artistes les plus renommés du seizième siècle, l
tandis que celles de Lassus étaient encore re- |
produites par la presse. C'est ainsi que les ino- |
têts de ce compositeur étaient encore publiés
par les Balianl en 1077. De nos jours même, on
en a fait de nouvelles publications.
Une si vaste renommée, des succès si univer-
sels, si soutenus, offriraient des preuves irrécu-
sables du mérite de Lassus et de l'influence qu'il
a exercée sur l'art, lors même que nous ne pos-
séderions pas aujourd'hui d'autres moyens pour
nous* éclairer sur la valeur de ses œuvres ; car
un homme médiocre n'a jamais été l'objet d'éloges
unanimes de plusieurs générations et de nations
diverses. L'examen attentif des productions de
Lassus nous démontre que ces éloges étaient
mérités . Ce n'est donc pas sans étonnement qu'on
lit dans les Mémoires sur la vie et les ouvrages
de Palestrina des paroles de mépris sur son illustre
contemporain : Roland de Lassus , Flamand
de naissance^ Flamand de style, stérile de
bellesmélodies > privé d'dme et de feu, et qui,
avec quelques messes et quelques motets à
huit toix du genre choral, a usurpé cet éloge
outré : Lassum qui recréât orbem (1). Qu'il y a
d'injustice dans cette amère critique ! Eh quoi !
(i) Oriando di Lassus, Flammlngo dl nascita, Fiammingo
dl stile, Rtenlc di bel cnncelU, prlvo di anima e dl fuoeo,
e chc conalcune rae^e e motettl ad otlo voci dl stile piano
si usurpô l'cccessivo elogto : Lassum qui recréât orbem.
(Mcmor, storico-critiche délia vita et délie opère di
fitoe, Pierl. da Palestrina, t. », p. 431.)
Palestrina, le héros de l'abbé Baini, u'est-il
donc pas assez grand dans l'histoire de l'art, et
faut-il, pour l'élever encore, lui sacrifier la re-
nommée du plus illustre de ses contemporains î
Pour moi, admirateur sans réserve du grand
maître de l'école romaine, j'ose dire que tout est
faux et passionné dans ces paroles du savant
italien. Flamand de naissance! on pourrait
discuter là-dessus, puisque la langue fait la dif-
férence des peuples, et que Lassus était né Wallon ;
au surplus, on ne comprendrait guère qu'il y eut
une injure dans cette qualification, si la suite de
la phrase ne lui donnait ce caractère. Flamand
de style! ceci est une erreur palpable de
l'abbé Baini. Le style flamand, qui devint le mo-
dèle du style italien, au quinzième siècle et dans
la première partie du seizième , était composé
de recherches plus mécaniques que véritablement
esthétiques sur des motifs de chansons vulgaires,
dont les mélodies et les paroles même faisaient
dans la musique d'église un monstrueux assem-
blage avec les textes sacrés. Or, ce qui distingue
particulièrement la musique de Lassus, ce qui fit
ses succès, ce qui donne à ses ouvrages le carac-
tère de l'originalité, c'est précisément qu'il se sé-
para de ce style et prit dans sa musique d'église
un caractère grave et simple, et dans ses compo-
sitions légères une manière élégante et facile.
Si quelquefois il suivit l'exemple des maîtres de
son temps, en écrivant quelques messes sur des
chansons populaires, on ne peut lui en faire un
reproche, car tout jeune artiste commence par
l'imitation. D'ailleurs, Palestrina lui-même n'a-
t-il pas fait la messe de l'Homme armé? Sui-
vant l'abbé Baini , Lassus était stérile de mé-
lodies (I), privé d'dme et de feu! Eh! mais,
c'est exactement le contraire; car c'est par la
mélodie (j'entends ici celle du système de son
temps) que ce maître se distingue de ses contem-
porains, et ce sont les chants de ses compositions
qui ont fait la popularité de ses succès. Si le cri-
tique italien avait fait remarquer que sa facture
est inférieure à celle du célèbre maître de l'école
romaine, il aurait exprimé une vérité inattaqua-
ble ; car c'est surtout par son admirable correc-
tion, par son art inimitable de faire mouvoir
toutes les parties , et par son élégante manière
de faire chanter toutes les voix et de leur don-
ner de l'intérêt , que Palestrina s'est placé au-
dessus de tous les musiciens; mais attaquer Las-
sus dans ce qui constitue précisément son talent,
il me semble que c'est plus que de l'injustice.
(1) Je rends concetti par mélodies parce que Je ne Ma-
rais lui donner d'autre signification en français sans une
longue périphrase. Mélodie, dans le sens queje lui donne ,
signifie concert mélodieux.
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IaASSUS
2I. R
L'abbé Baini prétend que Lassus a usurpé un
éloge outré avec quelques messes, quelques mo-
tets! D'abord, on n'usurpe pas les éloges de tous
les peuples, de tous les temps : ceux-là sont tou-
jours mérités. Mais que veut dire Baini avec
ces mots : quelques messes, quelques motets?
Ignore-t-il donc que le nombre des compositions
de Lasaus est de plus de deux mille? Or re-
marquez que c'est aussi un des signes du génie
que cette fécondité et ce besoin * de produire qui
se manifesta dans la vie du compositeur belge
jusqu'à ses derniers moments. Concluons île tout
ceci que la prévention nationale a exercé trop
d'influence sur le jugement d'un savant, ordinai-
rement bon juge, et lui a fait hasarder une cri-
tique acerbe que rien ne justifie. La gloire de
Lassus n'en restera pas moins intacte, et celle de
Palestrina ne s'en trouvera pas diminuée.
On a, vu qu'un souverain, le duc Albert V de
Bavière, ne crut pas manquera sa dignité en com-
posant un panégyrique à l'occasion du retour de
son maître de chapelle à Munich. Déjà ce prince
avait donné un éclatant témoignage de son admi-
ration pour le génie de Lassus, en faisant exé-
cuter une copie de ses Psaumes de la pénitence
avec un luxe dont il n'y a point d'exemple (1).
Ce superbe manuscrit est composé de quatre vo-
lumes in-folio reliés en maroquin avec des garni-
tures, des fermoirs et des serrures en vermeil ci-
selé et émaillé, dont le poids total est de 24 li-
vres. Des armoiries, des portraits en pied et en
buste du duc Albert, de Lassus, du peintre Jean
Mielich, qui a exécuté les miniatures, de Samuel
Van Quickelberg, auteur des descriptions des vo-
lumes, de Mathieu Frishammer, le calligraphe, de
Gaspard Lindel, qui a surveillé l'exécution de l'ou-
vrage entier, de Georges Seyhkein, orfèvre, qui a
fait les garnitures en argent et en vermeil, de Gas-
pard Ritter, relieur, enfin de belles miniatures
de la plus grande dimension, et des lettres his-
toriées en or et en couleur, en font un monument
unique. On en trouve la description dans la no lice
de H. Delmotte (pag. 132-139).
Liste des compositions de Lassus. Ouvrages
imprimés ;
I. Messes : 1° Missarum quatuor vocum
liber primus. Venetiis , apud Antonium Gar-
danum, 1545, in-4°. — 2° Cypriani De Rore,
Annibalis Patavini et Orlandi liber missarum
quatuor, quinque et sex vocum. Venetiis,
(l) Je métal» trompé lorsque j'ai dit dans mon mémoire
sortes musiciens néerlandais que le duc avait fait exécuter
de cette manière une copie de tous les ouvrage* de Las-
sus lalnal que me récrivait plus tard Georges Pœlchau,
les revenus de ses États auraient à peine suffi à une telle
magnificence.
1 566, in-4°. — 3° Missx aliquot quinque vocum,
I Illustrât, principis D. Guilhelmi Comit. Va-
lat. Rkeni, etc , Uberalitate in lucem editx.
! Monachii, Adam. Berg, 1574 in-fol. Ce volume
' fait partie d'une collection imprimée aux frais du
duc de Bavière, et qui a pour titre général : Pa-
, trocinium musices. Il contient six messes \ 5
i voix. — 4° Liber missarum, quatuor et quin-
t que vocum,- Norimbergae, 1581, in-4°. —
! 5° Missx cum cantico Beatx Mariée ocio
| modis musicis ; Parisiis, R. Ballard, 1583, in-fo-
j lio. — 6° Missx decem cum quatuor vocibus;
I Venetiis, apud Ang. Gardanum, 1588, in-4°.
— 7° Missx aliquot quinque vocum ; Monachii,
excudebatAdamus Berg, 1589, in-fol. Ce volume
est le deuxième des messes de la collection Pa-
trocinium musices.— &°Lassi (Orland.) Belgx,.
i musicorum Orphei, choroque apud sereniss.
! Bojx principes annis 40 prxfecti. Missx
| posthumx sex ritu veteri Romano Catholico,
1 in modos quà senos , quà octonos tempérât œ t
i hactenùs ineditx; et omnium quas edidit, se*
I lectissimx : vulgatx demum affeetu, sludio
\ sumptu superstitis filii Rudolphi de Lasso ,
, sereniss. Bojor. Duci Maximiliano ab odis
aique organis. Monachii, ex lypographia mus.
Nicolai Henrici, 1610, in-fol. max. C'est la même
collection que Draudius a citée sous un titre
altéré , avec l'adresse du libraire Jean Kroger,
et la date de 1611. Peut-être a-t-il été fait un
nouveau frontispice avec ce nom et cette dale. A
l'égard de l'édition de 1612; citée par le baron de
Reiffenberg (Lettre à M, Fétis, ctc.,sur quelques
particularités de Vhistoire musicale de la
Belgiqué) t je crois qu'elle n'existe pas, et qu'il
y a erreur de date.
TI. Magnificat. — 9° Magnificat octo tono-
rum, quatuor, quinque et sex vocum. Norim-
bergae, 1567, inr4°. L'éd. de 1568 ciléepar le ba-
ron deRcifTcnbergcst supposée par Draudius, qui
s'est souvent trompé sur les dates. — 10° Magni-
ficat octo tonorum, quinque et sex vocum. No-
rimbergae, 1572, in-fol. — 1 1° Octo eantica divx
Marix Virginis qiuv vulgô Magnificat appcl-
lantur secundum singulos octo tonorum qua-
ternis vocibus. Monachii, 1573, in-fol. max.
Une deuxième édition de ces Magnificat a élé
publiée à Paris par Adrian Le Roy et Robert Bal-
lard, 1581 , in-4". — 1 2° Magnificat aliquot 4, 5,
6 et 8 vocum. Monachii, Adaïuus Beig, l.*»76,
in-fol. Ces Magnificat font partie de la collection
qui renferme deux livres de inesses, un livre de
motels, un d'hymnes et d'antiennes pour les
principales fêtes de l'année, une Passion à 5 voix, .
les leçons de Job, et les leçons des matines de
Noël à 4 voix ; elle a élé publiée en 6 volumes
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lM(i
LASSUS
in-fbKo, depuis 1573 jusqu'en 1589, aux Trais du
duc Guillaume de Bavière avec l'inscription gé-
nérale de Patrocinium musices. Il a été fait
en 1580 une deuxième édition des hymnes et an*
tiennes sous ce titre : Officia aliquot de prae-
cipuis festis anni, in -fol. — 13° Lassi sereniss.
Bojorum duels symphoniacorum prxfecti,
cantica sacra , recens numeris ci modulis mu-
sicis ornât a, nec alibi antea typis vulgata t sex
etocto vocibus; Monachii, excudebat Ad. Berg,
1585, in-4°. C'est ce même ouvrage que Drau-
dius a donné sous le titre tronqué de Cantica
sacra 6 et 8 vocum, et avec la fausse date de
Munich, 1583. — 14° Magnificat 4, 5 et 6 voci-
bus ad imitationem cantilenarum quorum
singulari concentus hilaritate excellentium ,
Monachii, Adam. Berg. 1587, in-fol. C'est le
même ouvrage que Draudius cite avec un titre
abrégé, sous la date de 158s. — 15 e Magni-
ficat octo tonorum sua visa, modulât iones qua
tuor vocum. ; Mediolani, apud Franc, et hared.
Simon. Tini, 1590. — 1G° Magnificat octo tono-
rum 4, 5 et 6 vocum. August. Vindel., 1601.
— 17° Lassi (Orlandi) serenissimorum Ba-
varix ducum Alberliet Guilielmi music. Prx-
fecti Jubilus B. Virginis, hoc est centum Ma-
gnificat, labore et impenso Hodolphi de Lasso
sereniss. utriusque Bavarix ducis Maximi-
liani, etc., melopœiet organistes prxlaudati;
Monachii, 1619, in -4°. Ces Magnificat sont a
cinq, six, sept, huit et dix voix. C'est le même
recueil que Draudius a indique sous la fausse date
de 1621. Précieuse collection de tous les Ma-
gnificat composes par Lassus et revus avec soin
par son fils Rodolphe.
III. PsAUMts — 18° Lassi musicorum apud
sereniss. Bavariœ ducem Guillielmum, etc.,
Rectoris Psalmi Davidici pamitentiales, mo-
dis musicis redditi, atque antehac nunquam
in lucem editi. His accessit Psalmus : « Lau-
date Dominum de cœlis » quinque vocum ;
Monachii, Ad. Berg. 1584, in-4°. Une deuxième
édition de ce recueil a été publiée à Douai, en
1600. — 19° Psalmi sacri 3 vocum, Monachii,
1588, in-4°. Les mêmes, traduits en allemand,
Zurich, 1594, in-4°. — 20° Cinquante psaumes
de David avec la musique à 5 parties par
Orlande de Lassus; vingt autres psaumes à
b et 6 parties par divers musiciens; Heidel-
berg, Commelin, 1597, . in-4° ( cité par de
Reiffenberg : Lettre à M. Fêlis, etc.), et sons
un titre latin , par Paul Ba Ici ua nu s (Biblioth.
philos., p. 184).
IV. Lamentations et leçons. — 21° Sacrx
lectiones novem ex propheta Job, quatuor
vocum, in officiis defunclorum cantari so-
litx, etc.; prinetpi Alberto com. Palat. Rheni,
utriusque Bavarix Duel, etc., dedicatx; Ve-
netiis, apud Ant. Gardanum, 1565, in-4°.
Une deuxième édition de cet ouvrage a été pu-
bliée à Lyon, en 1566, sous ce titre : Novem lec-
tiones ex historia Job, quatuor vocum. 11 y
en a une troisième intitulée : Lectiones novem
ex Job 4 voc; Norimbergœ, apud Gerlacli, 1567;
et une quatrième, Louvain, 1572. Je doute de
l'existence des éditions de Venise, 1573, citée par
Draudius, et de Louvain, 1577, par de Reif-
fenberg, et je pense que ce sont les éditions de
1566 et de' 1572 avec de nouveaux frontispices.
A l'égard de l'édition de Nuremberg, 1597, je fa
crois réelle. Je possède une édition de ces leçons
qui n'est citée par aucun biographe et qui a
pour titre : Lectiones sacrx novem, ex Itbris
Hiob excerptx, musicis numeris jam recens
composilx, nec non allx nonnullx pùc
cant iones, omnibus qui tant vivx vocis quam
instrumentorum musicorum, cantu non impa-
rité utuntur, apprimè accommodatx quatuor
voeum. Monachii excudebat Adamus Berg,
annoDomini, 1582, in-4°obl. — WPassio 5 vo-
cum. Item lectiones Job, et lectiones matutinx
de nativitalc 4 vocum. Monachii, Adam. Berg,
1575, in-fol C'est le même recueil que Draudius
cite sous ce titre .* Patrocinii musices, Passio
quinque vocum, et lectiones matutinx de na-
tivitatc Christi , quatuor vocum, pars quarta,
et avec la fausse date de 1565. — 23° Lassi sere-
niss. Bavarix ducis Guilelmus, etc. sacelU
magistri Hiercmix prophetx lamentations
et alixpix cant iones nunquam antehac visa,
Monachii, Ad. Berg. 1585, in-4*. Il y a des exem-
plaires de cette édition qui pottent l'adresse :
Franco furtii , Steinius, 1585. Je crois que ce
sont les mêmes lamentations de Jèrémit: qui ont
été réunies avec la Passion à 5 voix (voyez
n° 22) , dans une édition qui a pour litre : Jere-
mix prophetx devotissimx lamentationescum
passione Domini domin. palmarum quin-
que vocum, auctore Orlando Lasso; Lutetiae
Parisiorum, apud Adrianum Le Roy et Roberlum
Ballard, 1586, in -4°. — 24° Moduli quatuor et
octo vocum partim à queritationibus Job,
partim è psalm. Davidis et aliis scripturx
locis desa-ipli, Orlando Lassusio auctore; Ku-
pellœ (La Rochelle), apud P. Haultinum, 1576,
in-4°. Une deuxième édition de ce recueil, qui
contient près de cent morceaux , a été publiée
a Paris, c-lie.: Adrien Le Roy et Robert Ballard,
1587, in-4°. — 25° Le Lagilmc di S. Pietro
descritte dcl Sigiwr Luigi Tansillo; Munich,
Adam. Berg, 1595, in-fo!. Avec un portrait de
Lassus (xlatisLXll anno) portant la date 1594,
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LASSUS
217
et une dédicace au pape Clément VIII, datée du
35 mai de la même année.
V. Motets. Les indications des recueils de ces
compositions de Lassus sont souvent trop vagues,
et les éditeurs en ont fait trop de mélanges dif-
férents, pour qu'il soit possible d'en faire une
classification certaine et sans doub'e emploi.
Il faut aussi remarquer que des motets ont été
arrangés sur des chansons profanes, ou môme
obscènes, et que celles-ci ont été quelquefois
pirodièes sur des motets. — 26° Il primo libro
de* Motetti di Orlando di Lasso; Venise, Ant.
Gardane, 1545, in-4°. Le nombre de voix de ces
motets n'étant point indiqué, j'ignore si le recueil
suivant est une autre édition du même : Il primo
libro de* molelti a 5 et 6 voci nuovamente
posti in luce; In An versa, per Johanne Latio
(Jean Laet), 1556, in-4°. Cet ouvrage est dédié
à Antoine Perrenol, évêque d'Arras , depuis car-
dinal de Granvelle. — 27° Sacrx canliones
(vulgo moleta appellatx) 5 et 6 vocum;
liber secundus ; Venetiis, Rampazelto, 1560,
in-4°. La même collection a été reproduite par le
même imprimeur, en 1562, avec un nouveau
frontispice. Une autre édition de ces deux pre-
miers livres de motets a été publiée à Paris, en
1571, in-4°, par Adrien Le Roy et Robert Bal-
lard, et dédiée à Charles IX : elle est à la Biblio-
thèque royale de Munich. — 28° Sacrx canlio-
nes quinque vocum cum vivavoce lum omnis
generis instrumentés canlatu commodissimx;
Norimbergae, 15G2, in-4 \ Cet ouvrage est dédié
par Lassus au duc Albert de Bavière, le 1 er juin
15>'j2; il contient vingt-cinq motels. — 29° Sa-
cra canliones (vulgo moteta appellatx ) quin-
que vocum cum vivd voce tum omnis generis
instrumentis cantaiu commodissima 1 ; Venetiis,
apud Ant. Gardanum, 1565, in-4°. L'épllre dédi-
catoire à Albert, duc de Bavière , est datée du
l* r novembre 1562. Cette édition est la repro-
duction de celle de Nuremberg, datée de 1562.
Gardane a publié le second livre de motets, à 5
et à 6 voix, dans la même année, et Jérôme Scoto
a donné à Venise, également en 1565, des édi-
tions du premier et du second livre des mêmes
motets. Ces éditions se trouvent à la bibliothèque
du Lycée communal de musique, à Bologne. —
30° Sac ne canliones (vulgo moteta appellatx)
b et 6 vocum; liber tertius; Venetiis, apud Ant.
Gardanum, 1566, in-4°. Cet œuvre contient
trente motets. — 31° Sacrx cantiones (vulgo
moteta appellatx ) 6 et 8 vocum ; liber quar-
fus, ibid. 1566, in-4°. Une autre édition de ce
quatrième livre a été publiée, à Venise, en 1569,
in-4°, et il en a paru une troisième en 1586, chef
le même. Tous ces recueils sont à la bibliothèque
de Munich. La collection suivante, citée par
Draudius, parait être un choix des précédentes :
Motetorum libri duo, quatuor, quinque, sex,
oclo et decem vocum; Parishs, 1566. Il en est
de même de celles cl : Selectissimx canliones,
quas vulgo molclas vocant, pariim omnino
novx, pariim nusquam in Gcrmania excusx,
sex et pluribus vocibus composiUe ; Norim-
bergœ, 1568, in-4°; Selectissimx cantiones,
quas vulgo motetta vocant, 4 et 5 vocibus,
ibid., 1568, in-4°. Ce recueil est divisé en deux
parties ; la première parlie contient cinquante et
un motets ; la seconde soixante-deux. Ces deux
recueils sont dans la bibliothèque de Munich.
Gerber cite aussi : Selectissimx cantiones sex
vocum, ibid., 1569 : c'est, je crois, l'édition pré-
cédente avec une date inexacte. Gerlach a donné
une autre édition de ces motets à 6 et un plus grand
nombre de voix, a Nuremberg, en 1579, sous ce
titre : Selectissimx cantiones , sex cl plur. vo-
cibus, pars prima et altéra. J'ai vu la partie de
basse de cette édition à Au^shourg, chez le libraire
antiquaire Butsch. — 32° Lassi Illustr. Bava-
rix ducis Alberti musici chori magistri selec-
tiorum aliquot cantionum sacrorum sex vo-
cum fasciculus adjunctis in fine tribus dlalogis
oclo vocum, quorum nihil adhuc in lucem est
editum; Mouachii, excud. Adam. Berg, 1570,
in-4°. Cette collection , qui contient vingt-trois
morceaux, est le cinquième livre de motets ; elle
est dédiée par Lassus à Jean, abbé de Weingar-
ten. —M°Moduli quints vocibus nunquamhac»
tenus editi, Monachii Boiorum compositi;
Lutet ; ae Parisiorum, apud Adriantim Le Roy et
Robertum Ballant, 1571, in -4°. Sixième livre,
dédié par Lassus au duc Guillaume pendant son
séjour à Paris, avec des vers français du com-
positeur. Une édition de ce recueil a élé publiée
à Munich, dans la même antiée, et Claude Me-
rnlo en a donné une autre à Venise, en t569, avec
le titre : Sesto libro de* Mottelti a cinque voci.
Celle-ci, comme on voit, avait précédé de deux
ans celle de Paris, ce qui indique que Lassus
a seulement revu son ouvrage dans cette ville,
pour lui donner plus de perfection. Dans la même
année où ce sixième livre fut. publié par Adrien
Le Roy et Robert Bailard, les mêmes éditeuis
avaient donné une édition des trois premiers livres
à cinq voix sous le litre -. l'rimus liber (secun-
dus, tertius) Modulorum quints vocibus con-
stant ium.lte donnèrent ensuite : M oduli quatuor
et octo vocum, 1572, et Moduli sex, septem et
duodecim vocum, 1573, petit in-4° obi. —
34° Cantionum quos motetos vocant opus no-
vum, pars I. Illustrissimi principes D. Guil-
helmi comil. Palatin. Rheni etc. liberalitafe
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218
LASSUS
in luccm editum; Monachii, Adam. Berg, 1573,
in-foï. max.; avec le portrail du duc Guillaume,
et une dédicace de l'auteur à ce prince. C'est la
première partie de la collection in-fol. de motels,
messes, Magnificat, etc., pour l'usage de la cha-
pelle royale sous le titre général de Pairocinium
musices. Delmotte a pensé que cette collec-
tion renferme tout ce que Lassus avait publié
précédemment ; mais les mots opus novum dé-
mentent cette opinion. Ces motets doivent for-
mer le septième livre. Draudius a cru que les
cinq volumes qui composent celte collection ap-
partenaient aux motets, et il a cité l'ouvrage
sous ce titre : Cantumum quos motetos vocant
. opus novum Vtomisdigestum, quorum \, 2,
3e/4 in Ivcem prodierunt grandisslmis pro
ckoro 7iotis et folio regali ; Monachii , Adam.
Berg, 1573, in-fol. maximo. Une deuxième édition
de ces motets a été publiée à Nuremberg, en 1575,
in-4°. Une autre édition de ce recueil a paru à Ve-
nise, en 1585, sous ce titre : Ilscttimo libro dimo-
tetti del Orlanâo di Lasso, a cinque voci, in-4°.
— 36° Novx aliquot ad duos voces canthnes
suavissimx. Monachii, Ad. Berg, 1577, in-4°
obi. Le môme ouvrage a été réimprimé sous ce ti-
tre : Moduli duarumvocum nunquam hactenus
editi; Lutetix Parisiorum, apud Adrianum, Le
Roi et Bob. Ballard, 1578. On voit que ces mots
nunquam hactenus editi étaient une superche-
rie des éditeurs français.— 37° Lassi musicorum
apud sereniss. Bavarix ducem Guillelmum
rectorisMotetta sex vocum; Monachii, ex ou dé-
bat Adam. Berg, 1582, in-4°. La deuxième partie
de ce recueil contient des molets à cinq voix: elle
a pour titre : Lassi musicorum apud sereniss.
Bavarix ducem Guilielmum, etc., rectoris
Sacrx Cantiones quinque vocum ; Monachii ,
excudebat Adam. Berg, 1582, in-4°. Draudius et
Gesner citent ce recueil, avec la même date,
mais sous des titres différents. J'ignore si cette
collection doit être considérée comme le huitième
livre, ou si elle ne renferme qu'un choix de pièces
des recueils précédents. — 37° Lassi serenissimi
Bavarix ducis Guilielmi, etc., musicorum
prxfecti Sacrx Cantiones : antekac nunquam
visœ, nec typis uspiam (sic) excusx, quatuor
vocum; Monachii, Adam. Berg, 1585, in-4°. Hui-
tième ou neuvième livre , avec une dédicace de
Lassus à Alexandre II Fugger, prévôt de l'église
cathédrale de Frisinge. Une deuxième édition a été
publiée sous ce titre : Sacrarum cantionum
moduli quatuor voclbus contexti. Auctore Or-
lundo Lassusio ; Lutetiae Parisiorum, apud Adria-
num Le Roy et Robertum Ballard, 1586, in-4°.
On a donné à Venise, en 1586, comme huitième
livre des motets de Lassus, une compilation in-
titulée : // ottavo libro de Motetti di Orlando
di Lasso, a 2, 4, G e 8 voci. Les recueils inti-
tulés : il nono libro de 1 motetti di Orlando di
Lasso, a sel voci, Venise, 1589, in -4°; Il decimo
libro de" motetti di Orlando di Lasso, ibid.,
1593, et // undecimo libro de 1 Motetti, sont
également des compilations. — 38° Sacrx can-
tiones quinque vocum , qux cum vivx voc,
tum omnis generis instrumentis musicis corn-
modissime applicari possunt. Opus plane no-
vum nunquam ante typis excusum, jam
pridem summa diligentia composilum, ac
sine menda in lucem editum, authore Orlan-
do de Lasso, musicorum apudlllustriss. Bava-
rix Ducem Guillelmum, etc., rectori. Monachii,
excudebat Ad. Berg, 1587, in-4°. Si ce titre
n'est pas une supercherie, qui ne peut se supposer
dans une ville où vivait Lassus, c'est le neu-
vième ou dixième livre de motels. — 39° Can-
tiones sacrx sex vocum, quas vulgo moieclas
vocant, nunc primum lucem aspic tentes, tum
vivx vocis, tum omnivario instrmnentorum
concentui accommodât x, et singulâri confecix
industria, Authore, etc. Grxtii Styrix t excu-
debat Georgius Widmanstadius , 1594, in-4°.
Diverses réimpressions des anciens livres de mo-
tets ont aussi été faites, mais sans indication de
numéro d'ordre : je citerai les suivantes : Selec-
tissimx cantiones, quas vulgo motetos vo-
cant, partim omnino novx, partim nusquam
in Germania excusx, sex et pluribus vocibus
compositXfpcrexcellentissimum musicum Or-
landum de Lassus; Norimbergae, 1587, in-i*.
— Moduli quinque vocum, auctore Orlando
Lassusio ; Lutetiae Parisiorum , apud Adrianum
Le Roy et Robertum Ballard, 15S8, in 4°. — -
Moduli sex vocum , auctore Orlando Lassu-
sio; ibid., 1588, in-4°. — Sacrarum cantionum
floscuU Orlandi di Lasso; Antuerp., 1G07,
in-4°.
Il a été fait plusieurs éditions de collections
générales des motets de Lassus. La première a
pour titre : Lassi musici prxstantissimi fas-
ciculi aliquot sacrarum cantionum cum qua-
tuor, quinque, sex et octo vocibus, antea
quidem separatim excusi, nunc vero auctoris
consensu in unum corpus redacti; Norimbergae,
in officina Gerlachiana, 1583, 6 vol. in 4°. Après
sa mort ses fils, Ferdinand et Rodolphe, élevèrent
un monument à sa mémoire en publiant un re-
cueil de tous ses motets latins déjà connus ou
inédits, au nombre de 516. Cette belle et pré-
cieuse collection est intitulée : Magnum opus
musicum Orlandi de Lasso Capellx Bavarix
quondam magistri, complectens omnes can-
tiones quas vulgo motetos vocant, tant antea
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éditas quam hactenus nondum publicatas 2,
3, i, 5, 6, 7, 8, 10, 12 vocum.AFerdinandose-
renissimi Bav aride ducis Maximiliani musi-
corum prxfecto, et Rudolpho, eidem principe
ab organis, authoris filiîs, summo studio col-
lectum, et impensis eorundem typis manda-
tum; Monachii ,N. Henricus, 1604, 6 vol. in- fol ,
qui contiennent : Cantus, Altus, Ténor, Bossus,
Quinta et Sexta pars. On y a joint un septième
volume, plus rare que les autres et qui a pour
litre : In magni illust. rnagni Bojoariœ ducis
symphoniarchx Orlandi de Lasso magnum
opus musicum, Bossus ad organum studio
Casparis Vincentii Audanariensis Arthesii in
cathedral. Wirceburgensis organajdi. Septima
pars; Wirceburgi, typis J. Volamari, 1625, in-fol.
Je ne crois pas que l'édition d'Augs bourg, du
Magnum opus, citée par Draudius et d'autres ,
existe.
Des motets de Lassus ont été publiés conjoin-
tement avec ceux de quelques autres musiciens
dans divers recueils, dont je citerai les suivants :
1° Orlandi de Lassus et Cypriani de Bore
cantionum sacrarum lib. II, 4 vocum ; Lo-
▼anii, 1569, in-4°. — 2° Premier Itère dûmes-
lange des psaumes et cantiques à trois parties,
recueillis de la musique d'Or lande de Lassus
et autres excellens musiciens de nostre temps
(sans nom de lieu), 1577, in-8°. — 3° Second
livre du meslange des psaumes et cantiques à
trois parties, recueillis de la musique d'Or-
lande de Lassus et autres excellens musiciens
de nostre temps (sans nom de lieu), 1578,
in- 8°. — 4° Thealrum musicum Orlandi de
Lassus aliorumque prœstantissimorum musi-
corum selectissimas cantiones sacras, quatuor,
quinque et plurium vocum reprxsentans.
Liber primus; Argentorati, 1580, in-4°. —
ô° Theatrice musici Orlandi de Lassus, alio-
rumque prœstantiss. musicorum selectissimas
cantiones 4, 5 et plurium vocum reprœsen-
tans; liber secundus; ibid., 1580, in-4°. —
6° Cantiones sacras ab Orlando di Lasso et
ejus filio Rudolpho, sex vocibus composite,
typis jam primum subjecte; Monachii, 1601,
in-4°. —7° Liber primus. Cantiones sacrœ, Ma-
gnificat vocant, 5 et 6 vocum, auctore Oi m -
lando Lasso. His accesserunt quatuor ab
ejusdem Orlandi filio Ferdinando de Lasso
composite, jam primum in lucem édite; Mo-
nachii, Nicol. Henricus, 1602, in-4°. On peut
voir aussi le Flotilegium Portense de Boden-
schatz et d'autres recueils^ du commencement du
dix-septième siècle.
VI. Madrigaux et chansons latines, fran-
çaises et allemandes — 40° U primo e secondo
libro de' madrigaU a cinque voci; in Vinegia,
appresso Girolamo Scoto, 1559 , in-4°. Une édi-
tion précédente des deux premiers livres de ces
madrigaux avait été publiée à Venise , chez An-
toiue Gardane, et 1555 en 1559. — 41° Il
primo libro de' madrigaU a quattro voci, in-
siemealcuni madrigaU d'altri auto ri; in Ve-
netia, appresso di Antonio Gardano, 1560, in-4°.
La première édition de ce recueil a paru à Rome ,
chez Valerio Dorico, en février 1560, sous ce
titre : // primo libro delUmadrigali d'Orlando
Lasso etaltri eccellenti musici, a quatro voci.
Les autres compositeurs dont il y a des madri-
gaux dans ce recueil sont Francisco Roselli et
Jean -Dominique de Nota. Une deuxième édition
de cet œuvre a été faite à Venise, en 1562.
Dans la même année, il a été fait une deuxième
édition du deuxième livre des madrigaux à cinq;
Venise, chez Jérôme Scoto, in-4°. D'autres
réimpressions des mêmes madrigaux ont été pu-
bliées dans la même ville chez Antoine Gardane,
en 1566, 1668 et 1570. — 42° Di MadrigaU a
quattro voci il secondo libro; Roma , appresso
Antonio Barré, 1563, in-4°; réimprimé à Ve-
nise en 1569 et 1573. — 43° Il terzo libro de'
MadrigaU del ecce lient issimo Orlando di
Lasso a quattro voci; in Venetia, appresso
Gardano, 1564, in-4°. Plusieurs fois réimprimé.
— 44° Il libro terzo de 1 MadrigaU a cinque
voci; ibid., 1564, in-4°. La deuxième édition a
paru sous ce titre : Il terzo libro de' Madri-
gaU a cinque voci, novamente per Antonio
Gardano ristampato; in Venetia, 1566, in -4*.
L'année suivante, un choix des deuxième et troi-
sième livres de madrigaux à 4 et 5 voix a été
publié sous ce titre : Il terzo libro de' Madri-
gaU a 4 e 5 voci; Venezia, 1567, in-4°. —
45° De* MadrigaU delV ottimo Orlando di Lasso
a cinque voci il quarto Ubro ; in Venezia, ap-
presso Antonio Gardano, 1567, in-4*; réim-
primé dans la même ville en 1587, et vraisem-
blablement auparavant. Dans l'intervalle, diffé-
rents choix des madrigaux de Lassus avaient
été publiés par lui-même, ou par différents édi-
teurs , entre autres ceux-ci : MadrigaU nova-
mente composti a cinque voci; Nuremberg,
Catherine Gerlach, 1585, in-4° (avec une
dédicace de Lassus au comte Bevilacqua).
Draudius cite aussi : MadrigaU a 4 , 5 e 6
voci, Norimbergae, 1587, in-4°,et MadrigaU
a 4, 5,6 et 8 voci, Anvers, Jean Bellere,
1593 , in-4°. — 46° // quinto libro de' Madri-
gaU a 4 voci, del Orlando di Lasso; in VeDezia
1587 , in-4°. Il est vraisemblable qu'il y en a des
éditions antérieures. — 47° Il sesio libro de'
MadrigaU qk et h voci, di Orlando di Lasso 7
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in Venezia, 1588, in-4°. — 48° Libro di VU-
ktnclle, moresche ed altre canzoni a 4, 5, 6
ed 8 voci ; Paris , Adrien Le Roy et Robert
Bal lard , in-4° obi.; réimprimé à Anvers en 1582.
Delmotte reprend Brunet d'avoir écrit dans le
Supplément de son Manuel du Libraire ( t. 2,
p. 284), moresche, à quoi il veut qu'on subs-
titue motesche; mais il se trompe : la mo-
resque était une sorte d'air en usage dans les
seizième et dix-septième siècles : motesche n'est
pas italien et n'a point de signification. — 49° Le
quatorzième livre à quatre parties contenant
dix-huit chansons italiennes, six chansons
françaises et six motets faicts (à la nouvelle
composition d'aucuns d'Italie ) par Rolando
de Lassus; nouvellement imprimé à Anvers
par Tylman Susalo, 1555, in-4°. Ce recueil
n'est indiqué comme quatorzième livre que parce
qu'il appartient à une collection de divers au-
teurs publiée par Tylman Susalo. — 50° Las-
sus, maislre de la chapelle de Vexcellentis-
sime et illustrissime duc de Bavière, nou-
velles chansons à quatre parties convena-
bles tant à la voix comme aux instruments.
Le premier livre , en Anvers, par Jean Laet,
1566, cum privilegio, in-4°. Il doit y avoir des
éditions antérieures, car le quatrième livre a
été publié en 1564. — 51° Lassus, le second
livre des nouvelles chansons tant à quatre
comme à cinq parties. En Anvers, par Jean
Laet, 1566, in-4°. — 52° Tiers livre des chan-
sons à quatre , cinq et six parties convena-
bles tant aux instruments qu'à la voix, im-
primé à Louvain , par Pierre P h a lèse, 1566,
avec grâce et privilège, in»4°. La dernière
chanson de ce recueil a pour texte ces vers de
Virgile :
Tityre , tu patulae recubanssub tegmtnc fjgi, clc.
— 53° Le quart livre des chansons nouvelle-
ment composées par Roland de Lassus, conve-
nables tant aux instruments comme à la voix,
en Anvers, par Jean Laet, 1564, in-4». Dans
la même année , une autre édition a été publiée
sous ce titre : Quatriesme livre des chan
sons, etc., Louvain. Pierre Pbalèse, 1564,
in-4°. Un chj>ix de chansons de ces quatre li-
vres fui donné par le même imprimeur, en 1570,
avec d'autres chansons de Cyprien de Rore et de
Philippe de Mons, sous ces titres : Premier livre
des chansons à quatre et cincq parties com-
posées par Orlando di Lassus , Cyprian de
More, etc., convenables tant aux instruments
comme à la voix, in-4°. — Second livre des
chansons à quatre et cinq parties , etc. —
Tiers livre des chansons à quatre , cinq et six
parties , etc. — Quatriesme livre des chansons
à quatre et cinq parties, etc. Draudius cite une
autre édition de ces quatre livres de chansons
imprimée à Francfort, en 1570, chez Stein,
in- 4°. — 54° Livre de' chansons nouvelles à
cinq parties, avec deux dialogues à huicl,
Paris, 1571, in 4°. Lassus a publié lui-même
ce recueil pendant son voyage à Paris, avec
une ode en vers français adressée à Charles IX.
Le même ouvrage a paru l'année suivante
à Louvain, chez Pierre Phalèse, in-4°, sous
ce titre : Livre V de chansons nouvelles à
5 parties , avec deux dialogues. Il en a été
fait une troisième édition par la veuve Ballard
et son fils Pierre Ballard, 1599, in-8°. — 55°Afo-
duli duobus vel tribus vocibus, auctorc Or-
lando de Lasso; lib. 1; Monachii ,1582, in-4°.
— 56° Cantiones elegiaciv suavissimœ duobus
vocibus, lib. 2; Antuerpiœ, 1598, in-4° obi.
— 57° Orlandi di Lasso prophétise Sibylla-
rum quatuor vocibus chromatico more
singùlari confectx industria et per Rodol-
phum cjus filium typis datai ; Augusts , apud
Georg. Willer, 1600, in-8° — 58° Lassus, maître
de la chapelle ducale bavaroise. Nouvelles
chansons allemandes à cinq voix, propres à
chanter sur tous les instruments; Munich,
Adam Berg, 1567, in-4° — 59° Deuxième
partie des chansons allemandes à cinq voix ( en
allemand); ibid., 1573, in-4° — 60° Troisième
partie des belles chansons allemandes nouvelles
à cinq voix , avec une gaie chansonnette fran-
çaise ( en allemand ), ibid., 1576 , in-4°. — 61*
Teutsche und Franzœsische Gesang mit 6
Stimmen (Chansons nouvelles allemandes et
françaises ) ; Munich, Adam Berg , 1 590 , in 4°.
— 62° Etliche ausserlesene kurze, gute,
geistliche und weltliche Liedlein mit 4 Stim-
men, so zu vorin franzœsischer Sprache auss-
gangen, jelzund àber mit teutichen Texten,
und mit des Authors Bewilligung in Truck
gegeben, durch Johann Biihler von Schwan-
dorff ( Quelques chansons choisies, tant spiri-
tuelles que profanes , à 4 voix , d'abord compo-
sées sur des paroles françaises , mais aujourd'hui
publiées en allemand , etc. Imprimées du con-
sentement de l'auteur par Jean Biihler de Sclman-
dorff, en son vivant maître de chapelle de l'em-
pereur Ferdinand, de glorieuse mémoire, puis
professeur à l'église collégiale de Ratisbonhe ) ; Mu-
nich, Adam Berg, 1582 , in-4° .Ce recueil contient
30 chansons. — 63°Sex cantiones latin», quatuor,
adjuncto dialogo octo voeu m. — Sechs teutsche
Lieder mitk Stimmen 9 sammt einem dialogo
mit 8 Stimmen.— Six chansons françaises nou-
velles à 4 voix, avec un dialogue à huil.—Sei
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madrigali nuovi a quatro, conundialogo a otto
voci; Monachii, per Adamum Berg,l573, in -4° obi.
De* tirages différents ont Hé faits du même ou-
vrage, pour chacune de ce» langues, chez le même
imprimeur et avec la même date. — 64° Pieue
(eutsche Liedlein mit filnf Stimmcn... zu
singcn, und aufallcrley Instrumenten zu ge-
brauchen. I, II,THTheil. Miinchen, bei Adam
Berg , 1 567- 1 576, in-4° obi 65 ° Xev e teu tsch e
*und etliche franzœsische Gesxng mit sechs
SU min en; Mtinchen, bei Adam Berg, 1590,
in-4° obi. Après la publication de ce cinquième
livre par Lassus, il a été fait une multitude de
collections complètes ou choisies de mélanges, de
parodies de motets en chansons ou de chansons
en motets, et de traductions de madrigaux ou
de chansons allemandes et latines, sur la musique
de cet homme célèbre. Les plus connues de
ces publications sont celles dont les titres sui-
vent : 1° M eslange contenant plusieurs chan-
sons latines et françaises A4, 5,6, S et 10
parties; Paris, 1570 , in-4°, avec le portrait de
Lassus gravé en bois, cinq distiques latins de
Gahori in effigiem Lassi, et trois hexamètres
de Jodelle sur le même portrait — 2° Meslanges
d'Or lande de Lassus , ou recueil de ses plus
beaux ouvrages en musique ; Paris , Adrien
Le Roy et Robert Ballard, 1576, in-4°. —
3° Continuation des meslanges d'Orlande de
Lassus j Paris, Adrian Le Roy, 1584, in-4°. —
4° Continuation des meslanges d'Orlande de
Lassus y Paris, Adrian Le Roy et la veuve
R. Ballard, 1586, in-4°. Une nouvelle édition
complète de ces Meslanges a été publiée à Paris,
chez Pierre Ballard, en 1619, in-8 .— 5° Thrésor
de musique d'Orlande de Lassus, conte-
nant ses chansons, à quatre, cinq et six par-
ties (sans nom de lieu), 1576, in-8°. L'impri-
meur, en s'adressant aux musiciens , s 'ex/use de
ne pouvoir publier toutes les chansons d'Or-
lande à cinq et six parties comme celles qui sont
à quatre voix , et il promet de prétenter à la
deuxième édition un thrésor accompli. Cette
promesse a été réalisée dans Le Thrésor de mu*
sique d'Orlande de Lassus, prince des musi-
ciens de nostre temps, contenant ses chan-
sons françoises, H oit runes et latines, à
quatre, cinq et six parties : augmentées de
plus de la moitié en ces te seconde édition
(sans nom de lieu), l;>82,in-12. Ce recueil
contient 183 chantons. L'éditeur explique dans
la dédicace les motifs qui Pont porté à changer
les parole* peu chastes de la plupart des chan-
sons de Lassus, pour leur en substituer d'au-
tres plus honnêtes. On peut lire ce passage cu-
rieux dans la notice de Delmotte (p. 107 et suiv ).
La troisième édition du Thrésor a paru chez
R. Ballard, eu 1594. C'est cette même édition
que Draudius a citée ( sans nom de lieu ) sous
le titre latin : Thésaurus musicus cantionum
GalL Ital. Latin. 4, 5, 6 vocum , et avec la
fausse date de 1595. Il en a été publié une qua-
trième à Cologne, dans la même année, in -4°.
— 6° La fleur des chansons des deux plus
excellents musiciens de nostre temps, assavoir
d'Orlande de Lassus et de Claude Goudimcl;
Lyon, par Jean Bavent, 1574. Premier livre à
4 parties, in-12 obi. Deuxième livre à cinq
parties, 1575. Burney en indique une autre édi-
tion de la même ville, 1576, in-4°. Un litre
semblable a été choisi pour un recueil de chan-
sons de Lassus seul : le voici : — 7° La fleur
des chansons d'Orlando Lassus, maistre de
la chapelle du sérénissime duc de Bavière,
à quatre, cincq 9 six et huict parties, en An-
vers, chez Pierre Phalèse et chez Jean Bellere,
1592, 6 vol. in-4°. La date de 1593, donnée par
Draudius , est fausse. Il y a une deuxième édi-
tion de ce recueil , en Anvers, de ^imprimerie
de Pierre Phalèse, libraire juré, 1604, 6 vo-
lumes in-4°. — 8° Chansons nouvelles alle-
mandes cl françaises à 6 voix, Munich,
Adam Berg , 1590, in-4°. — 9° Jean Pasquicr,
la lettre profane des chansons des Mes-
langes d'Orlando changée en lettre spiri-
tuelle à 4, 5 et 8 parties, à la Rochelle,
Pierre Haultin, 1575 et 1576. — 10° Jean Pas-
quier, cantiques et chansons spirituelles pour
chanter soubz la musique des chansons pro-
fanes d'Orlando de Lassus, à 4 et 5 parties,
à la Rochelle, Pierre Haultin , 1578. — 1 1° Dou-
zième livre de chansons à quatre et cinq
parties d'Orlande de Lassus et autres. Im-
primé en quatre volumes à Paris, 1583, par
Adrian Le Roy et Rob. Ballard. — 12° Trei-
zième livre (même titre); ibid., 1573 (Cette date
prouve que le douzième livre a été réimprimé).
— 13° Quatorzième livre (même litre); ibid.,
1578. — 14° Quinzième livre, etc.; ibid., I57S.
— 15° Sesième livre (sic), etc.; ibid., 1579. —
16° Dix-set ième livre (sic); etc.; ibid., 1579.
— 17° Dix-huict ième livre , etc., ibid., 1576.
— 18° Dix-neuvième livre des chansons d'Or-
lande de Lassus, ilwd., 1581 — 19° Vingtième
livre idem.; ibid., 1578. — 20° Vingt-unième
livre de chansons d'Orlande de Lassus et aul-
très à quatre et cinq parties, ibid., 1571. —
21° Vingt- deuxième livre, idem ; ibid., 1583. —
22° Vingt -troisième livre idem ; ibid., 1583. —
23° Vingt -quatrième livre d'airs et chansons
à quatre parties d'Orlande de Lassus et
Claude le Jeune.; ibid., 1587.— 24° Vingt-cin-
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LASSITS
quième livre d'airs et chansoiîs à quatre par-
ties d'Orlande de Lassus et Claude le Jeune :
ibid., 1587. Toutes ces collectioas existent à la
bibliothèque royale de Berlin, mais incom-
plètes.
Outre le superbe manuscrit des Psaumes de
la pénitence , la bibliothèque royale de Munich
possède cent quatre-vingt-onze compositions
manuscrites de Lassus, parmi lesquelles on re-
marque 32 messes, dont une de requiem, 53 Ma-
gnificat, 11 Nunc dimittis, 3 psaumes, 1 of-
fice complet de la Purification de la Vierge ,
3 Benedictus, 7 litanies de la Vierge, dont une
à 9 voix en deux chœurs , 30 motets, 34 hym-
nes, 2 Asperges me, 6 Salve Regina, dont 1 à
S voix, 1 Ave regina, 1 Aima redemptoris ,
1 Regina cœli, et une Passion.
Depuis le milieu du dix-septième siècle, la
transformation de la tonalité et de l'harmonie
avait fait oublier peu à peu les œuvres de l'il-
lustre musicien de Mons ; son nom avait con-
servé sa célébrité , mais ses œuvres étaient à
peu près inconnues. Dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle, le goût de l'histoire de la mu-
sique s'éveilla, et la nécessité de l'appuyer sur
les monuments de l'art se révéla aux historiens.
La Borde, le premier en France, donna des spé-
cimens de la musique de Lassus, en partition,
dans le deuxième volume de son Essai sur la
musique, mais le choix qu'il fit de deux motets
de ce maître, dans les Meslanges publiés à Pa-
ris en 1576, n'est pas heureux; car il s'en faut
de beaucoup qu'ils soient les plus intéressants,
soit par les thèmes, soit par la facture. Déjà,
qoalre ans auparavant (1776), Hawkins avait in-
séré dans le second volume de son Histoire gé-
nérale de la musique (1) l'excellent madrigal à
cinq voix Oh damarissime onde, morceau
aussi remarquable par la douceur de l'harmonie
que par les mouvements naturels des voix, et
par l'élégance de la facture. En 1789 Burney
donna, dans le troisième volume de son Histoire
de la musique (2), la chanson latine à quatre voix
Aima Nemes qux sola, Xemes quai dicere Cy-
pris altéra, tirée du recueil qui fut publié à An-
vers, en 1555.
Mais c'est surtout dans notre siècle que de beaux
monuments du talent de Lassus ont été publiés
en partition et ont fourni aux amis de Part les
moyens de connaître l'importance des travaux de
ce grand artiste. La plus intéressante de ces pu-
blications est, sans aucun doute , celle des sept
(!) A General liistor y of the science and practice of
Music, t. II, p. soi.
{*) A Général History of Music, t. III, p. 817.
psaumes de la pénitence, dont on est redevable
au savant Dehn. Elle a paru chez Gustave Crantz,
à Berlin, en 1838, sous ce titre : Psalmos Vif
pamitentiaUsmodismusicis adaptai it Orlan-
dus de Lassus, publicijuris fecit et Friderico
Guilelmo Principi Borussix hœredilario ar»
tium fautori sacros esse vult S. W. Dehn. En
1835, M. Pearsall de Willsbridge avait déjà mis
au jour à Carlsruhe un Magnificat du deuxième
ton, à 6 voix, du même auteur, et dans la même
année Rochlitz avait fait paraître le premier vo-
lume de sa collection de musique vocale des
maîtres les plus célèbres de toutes les nations (1),
où Ton trouve un Regina cœli, et un Salve Re-
gina à 4 voix , le chant de Noël à 5 voix, Angé-
lus ad pastores ait, et un Miserere à 5 et à 6
de Lassus. Vers le même temps, Dehn publia à
Berlin le psaume 33 (Guslate et videte) a 5 voix,
le motet à 10 voix en deux chœurs Quo prope-
ras; un Magnificat à 5 voix parut dans la même
ville, chez Schlesinger, ainsi que l'offertoire Con-
firma hoc Deus, à 6 voix, chezGuttentag. L'infati-
gable Dehn a publié, dans sa collection d'ancienne
musique des seizième et dix-septième siècles (2),
une suite intéressante de six chansons allemandes
à quatre voix et un dialogue à huit de Lassus,
tirésde l'édition imprimée à Munich, chez Adam
Berg, en 1573 (voy. le numéro 54 du catalo-
gue précédent). Douze motets et psaumes à 4, 5,
6, 7 et 8 voix du même maître ont été donnés
par M. François Commer dans les septième et
huitième volumes de sa grande collection des
compositeurs belges intitulée Collectio operum
Musicorum Batavorum sœculi XVI (Matcnce,
Schott). Charles Proske, chanoine de la cathé-
drale de Ralisbonne, en a publié vingt à 4 voix
dans le second volume de sa belle collection qui
a pour titre : Musica divina, sive Thésaurus
concentuum selecl issimorum o?nni cultui di-
vino totius annijuxta rit um sanctœ Ecclesix
catholicx inservientium (Hatisbonne, 1855,
in-4°). Dans le premier volume de la même collec-
tion, on trouve la messe du huitième ton, et celle
qui a pour thème la chanson populaire Puisque
fay perdu, toutes deux à 4 voix. Le même sa-
vant éditeur a publié aussi dans la première par-
tie du premier volume de son Selectusnovus mis-
sarum t prxstant issimorum superioris xviauc-
torum (Ralisbonne, 1856, in -4°), la messe à 5 voix
de Lassus sur le thème de la chanson italienne :
(1) Sammluuç vorUlglichvr Gesangstûcke der anw-
kannt grœsstcn zur/leir/i'/ùr die Geschlehte der Ton-
kunst, etc. Mjycnce, Schott, tn-fnï.
(i) Sammlung altermusik ans dem 16 e und 17* Jakr-
hundert. herausjegeben von % etc. Berlin, GusU? CranU
(s. d.), gr. ln-8°.
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Quai donna attende a gîoriosa fama, en parti-
tion. Kn 1847, le pasteur M. Ferrenberg a publié
à Cologne, chez Heberlé, la messe à 4 voix de Las*
sus, or sus à coup, avec d'autres compositions
d'Asola, d'Horace Vecchi et d'Arcadelt. Enfin ,
M. Conimer a fait paraître à Berlin , en 1860,
six messes inédites de l'illustre musicien de Mon*,
d'après les manuscrits de la bibliothèque royale
de Munich.
Un monument digne de ce grand compositeur
va £tre élevé à sa gloire dans le pays qui Ta vu
naître. Sur la proposition et le rapport de M. Char-
les Rogier, ministre de l'intérieur en Belgique, le
roi Léopold a décidé, par arrêté royal en date du
10 novembre 1860, qu'une collection des œuvres
des musiciens belges les plus célèbres des quin-
zième et seizième siècles sera publiée en partition,
sous les auspices du gouvernement, et que la pre
mière série comprendra les œuvres complètes de
Lassus. La direction de cette entreprise est con-
fiée à l'auteur de cette notice.
Beaucoup de portraits de Roland de Lassus
sont connus. Parmi les miniatures du beau ma-
nuscrit de Munich, on en trouve un en buste et
un autre en pied : Delmotte a fait faire une belle
lithographie d'après le dessin de celui-ci pour sa
notice. Le Meslange publié à Paris en 1570 con-
tient un portrait gravé sur bois; les Lagrtme di
S. Pietro (1594) en renferment un autre de l'ar-
tiste, à l'âge de 72 ans. Dans l'Iconographie de
Reusner, on en trouve un, gravé sur bois, in-8°;
un autre in-4°, gravé de la même manière, est
ajouté au Thrésor in-4° de Robert Ballard, 1594.
N. de Larmessin en a gravé un in-4° en taille-
douce; Théodore de Bry et Meysens en ont pu-
blié deux autres également in-4° ; la collection de
Hawk en renferme un gravé par Cadwal , petit
in-4°; celui de Jean Sadeler, publié en 1600, est
en format in-8°; il a été copié dans V Académie
des sciences et des arts de Bullart et dans la
Bibliotheca Belgica de Foppens ; il y en a un
gravé sur bois (in-fol.)dans les Prosopographix
heroum atque iltustrium virorum totius Ger-
manise, de H. Pantaleone (Bâle, 1566, 3 e partie,
p. 541); un autre est dans le livre de Paul Fre-
lier; Amelingue, célèbre graveur français, en a
publié un beau en taille-douce, avec les vers :
Hic Ule, etc.
11 en est sans doute plusieurs autres qui me sont
inconnus.
L'historien de la ville de Mons (de Boussu) as-
sure , d'après Philippe Brasseur ( Sydera illus-
1 rium Hannonix srriptor., p. 84), que les ma-
gistrats de cette ville élevèrent à Lassus une sta-
tue dans l'église Saint-Nicolas, avec cette inscrip-
tion sur le piédestal.
s. p. Q. M.
MontlgeDC Orlando, quod co nascente renata est
Musica, Montcn»es boc posuere decus.
11 ajoute que cette statue a été détruite vers
1680 ; mais Delmotte a démontré la fausseté de
ces assertions, et a rendu plus que douteuse l'exis-
tence de cette statue, à quelque époque que ce soit.
Depuis que la première édition de la Biographie
universelle des musiciens a été publiée, une
belle statue de l'artiste célèbre a été élevée à Mu-
nich, dans la rue Louis (Ladwigsstrasse), aux
frais du roi de Bavière. Animée d'un zèle louable
pour l'honneur de la ville de Mons, la Société des
sciences, des lettres et des arts de Hainaut prit
en 1840 l'initiative de l'érection d'un monument
du même genre, à la mémoire de la plus grande
illustration de cette cité. Par son zèle et ses ef-
forts persévérants, et grâce à la part active prise
par l'administration communale à la réalisation
de ce vœu, le but a été atteint, et le 25 mai 1853,
une statue en bronze d'Orland de Lassus, ouvrage
de M. Frison, a été inaugurée dans le parc de la
ville qui a vu naître ce grand homme.
Grand nombre de notices biographiques ont
été faites sur Roland de Lassus dans les recueils
généraux et nationaux, ainsi que dans les die.
tionnaires d'artistes ; mais la plupart des compi-
lateurs n'ont fait que se répéter en ajoutant
quelques erreurs nouvelles aux anciennes er-
reurs. Dans ces derniers temps, de meilleures
sources ont été explorées et ont donné de bons
résultats : je citerai particulièrement une excel-
lente notice insérée dans les n°* 38, 39, 41, 43 et
47 du journal allemand Das Inland (ann. 1830),
publié par le libraire Cotta, à Munich, et la cons-
ciencieuse monographie intitulée : Notice bio-
graphique sur Roland de Lattre, connu sous
le nom d'Orland de Lassus, par H. Delmotte,
imprimerie de Prignet, à Valenciennes , 1836,
in-8°de 176 pages. Dehn en a donné une tra-
duction allemande, et il en a été publié une ver-
sion hollandaise par M. F -C. Kist, sous ce ti-
tre : Lcvensgeschicdenis van Orland de Las-
s\is; la Haye, 1841, in-8°, avec le portrait.
M. Adolphe Mathieu a publié un poème intitulé :
Roland de Lattre,- Mons, Piérart, 1838, in-18
76 pages. Ce poëmeest précédé d'une notice bîo-
grapi.ii]iie extraite de celle de Delmotte, et suivi
de notes
LASSUS (Fr-RDiKANn DE), fds de Koland, pa-
raît avoir été l'ainé des enfants de cet artiste cé-
lèbre ; mais l'année de sa naissance est inconnue.
On ignore aussi s'il apprit la musique sous la di-
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224
LASSUS
rection de son père, ou s'il eut pour maître Jean
à Tosta, \i ce- maître de chapelle chargé de l'ins-
truction des enfants de chœur. Ferdinand entra
d'abord au service de Frédéric, comte de Holien-
zollcrn, en qualité de musicien de sa chapelle;
puis, ou 1593, il passa comme ténor dans la
chapelle du duc de Bavière. En 1602 il succéda
à Jean de Tosta dans la direction de cette cha-
pelle, et fut en même temps chargé de la surveil-
lance, de l'entretien et de l'instruction des enfants
de chœur. Ces enfants étaient logés chez lui; on
lui accordait pour chacun 132 florins par an. Il ne
recevait pour ses émoluments de maître de cha-
pelle qu'une somme annuelle de 300 florins, tan-
dis que Jean de Tosta avait eu 500 florins de
traitement (100 florins de plus que Roland de
Lassus), 10 florins pour un habit, et 20 florins
pour le logement. Ferdinand était marié et père
de sept enfants; le duc Guillaume lui accorda la
faveur d'envoyer en Italie le troisième de ses (ils,
nommé Ferdinand comme lui, pour y achever
son instruction dans la musique. Devenu souf-
frant en 1608, et bientôt hors d'état de remplir ses
fonctions, Ferdinand languit près d'une année,
et mourut à Munich, le 27 août 1609. Il avait
coopéré à la publication du Magnum opus. Fer-
dinand était compositeur : ou voit parmi les piè-
ces des archives de Munich qu'il lui fut payé
1S florins pour un Magnificat, lia publié de sa
composition : Cantiones sacrx suavissimx et
omnium musicorum instrumentorum harmo-
nise per quam accommodatx, alias neevisa?,
nec unquam Ujpissubjeclx; Graetz, 1587, in-i°.
A la fin des leçons ôeJob de Roland de Lassus,
publiées à Nuremberg, en 1588, in 4°, on trouve
quelques motets de Ferdinand , ainsi que dans
le recueil de motets à 5 voix (Munich, 159*5,
in- 4°), et dans le premier livre de Magnificat,
édition de Munich, 1602, in-fol. Après la mort de
son fils Ferdinand, on trouva beaucoup de com-
positions sous le nom de Ferdinand de Lassus,
majs il y a lieu de croire qu'elles appartiennent
au petit- (ils d'Orland de Lassus.
LASSUS (Rodolphe DE>, second fils de Ro-
land, naquit à Munich. Par une ordonnance de
Guillaume, duc de Bavière, datée du décembre
1587, on voit qu'il avait demandé à ce prince la
permission de se marier, qui lui fut accordée
avec le titre d'organiste et le traitement de 200
florins, sous la condition qu'il apprendrait à chan-
ter aux musiciens de la chapelle, et qu'il les
instruirait dans la composition. En 1609, son trai-
tement fut porté à 300 florins. Après une mala-
die dangereuse, il composa en ICI 6 ses Yirgi-
nalia cucharistica, qu'il fit présenter par son
fils au duc régnant. L'année suivante, il lui of-
frit encore quinze volumes contenant 6 messes,
6 Magnificat et 6 motets; et enfin, en 161 S, il le
pria d'accepter la % dédicace de son Sacrum con-
vivhim. La réputation de cet artiste, digne fils
d'un illustre père , était celle d'un musicien si
distingué , que lorsque Gustave-Adolphe, sur-
nommé le Lion du Nord, vint à Munich, en
1622, il l'honora d'une visite et lui demanda plu-
sieurs morceaux de sa composition. Il mourut
en 1625. Les compositions connues de Rodolphe
de Lassus sont : Cantiones sacrx quatuor ro-
cum; Munich, Henrici, 1606, in -4°. — 2° Cirvus
symphoniacus, ibid.,1609, in-4°. — 3° Moduli
sacri ad convivium sacrum 2,3 et û vocum ;
Augsbourg, 1614, in 4°. _ 4° Virginalia Eucha-
ristica quatuor vocum; Monachii, Henrici,
1616, in-4°. — 5° Alphabet um marianum tri-
plici cantionum série ad multifariam vocum
harmoniam; Munich, 162 1. Ce recueil contient
57 antiennes de la Vierge. On trouve aussi des
compositions de Rodolphe de Lassus dans quel-
ques recueils des œuvres de son père. La biblio-
thèque royale de Munich ne possède pas les vo-
lumes manuscrits que Rodolphe fit présenter à
son souverain, et qui contenaient 6 messes, 6 Ma-
gnificat et 6 motets ; mais on y trouve le Madrigal
à 6 voix : Perche fuggi, et un Miserere à 9 voix
de cet artiste. Rodolphe a été l'éditeur de quel-
ques œuvres posthumes de son père et le principal
collaborateur du Magnum opus.
LASSUS (Ferdinand DE), troisième fils de
Ferdinand, et petit-fils de Roland, étudia d'abord
la musique sous la dirèclion de son père, comme
enfant de chœur de la chapelle ducale. En IG09
ilfutenvo>éà Rome par l'électeur de Bavière
Guillaume, pour y achever ses études musicales.
De retour en Allemagne, il entra en 1616 au
service du duc Max imi lien. Le 19 ]an\ier 1625,
l'électeur lui accorda une augmentation de 100
florins pour son traitement annuel. Par des mo-
tifs inconnus, il reçut à Pimproviste sa démis-
sion de maître de chapelle, au mois de novem-
bre 1629, avec sa nomination de juge du district
et de caissier à Reispach. Il mourut au com-
mencement de 1636, laissant en manuscrit un
grand nombre de compositions que sa veuve of-
frit en vente à la cour, et dont le catalogue pré-
sente les ouvrages suivants : 3 Magnificat;
1 Aima redemptoris; l iVunc dimittis; 8 mo-
tets; quelques madrigaux à 8 voix; 1 Miserere;
O quam gloriosa, motet à 16 voix; Miserere
à 15 voix; idem à 16 voix ; Aima redemptoris
à 16 voix; quelques madrigaux à 3, 4, 5, G, 7
voix; d'autres madrigaux à 2, 3 et 4 chœtiis;
2 Miserere à 2 chœurs et un à trois ; des hym-
nes pour toute l'année; quelques psaumes â
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LASSUS — LATILLA
225
8 voix ; un Magnificat k 9 voix, et trois idem à
3 chœurs; deux Te Deum à 4 chœurs; Stabat
Mater à 2 chœurs; 2 litanies de la Vierge à
2 chœurs ; 2 messes à 10 voix ; idem à 3 chœurs ;
quelques motets à 10, 11, 12, 15 et 16 voix;
un Miserere à 9 en 2 chœurs ; 1 idem à 8 en
2 chœurs; 1 idem à 15 en quatre chœurs; 1 idem
à l? en 3 chœurs. Ferdinand de Lassus fils a pu-
blié un seul ouvrage de sa composition intitulé :
Apparatus musicus octo vocum varias casque
sacras et divims officies aptas complectens
odas; Monachii, 1622, in-4°. Un exemplaire de
cet ouvrage, devenu d'une rareté excessive, est
à la bibliothèque royale de Berlin. Les huit voix
sont divisées en deux chœurs, et il y a une par-
tie séparée pour raccompagnemont de l'orgue.
Malheureusement la partie de contralto du se*
cond chœur manque dans cet exemplaire, le
seul que j'aie trouvé dans tous les catalogues que
j'ai vus.
Quelque incertitude parait avoir régné dans
l'esprit des bibliatfiécaires de Munich et deDel-
molte, pour décider si ces compositions appar-
tiennent à Ferdinand de Lassus père, ou à son (ils;
pour moi, j'ai la conviction qu'elles sont de celui-
ci ; car le grand nombre de voix dont elles sont
formées en général était un des signes carac-
téristiques de l'école deBenevoli, qui était à Rome
dans toute sa splendeur quand le jeune Ferdi-
nand de Lassus s'y rendit; c'est là qu'il a dû
prendre le goût de ce genre de composition, au-
paravant peu connu en Allemagne. D'ailleurs
Ferdinand, fils d'Or la nd de Lassus, était mort
depuis treize ans quand V Apparatus musicus fut
publié.
LASUS, poêle et musicien grec dont paile
Athénée, naquit à Hermione, dans l'Argolide,
vers la 50 e olympiade (environ cinq cent-quatre-
vingt-dix ans avant l'ère chrétienne ) . Athénée
dit que Lasus fut le premier parmi les Grecs
qui écrivit sur la musique et qui donna des
règles pour la composition du chant; mais aucun
de ses ouvrages n'est parvenu jusqu'à nous.
Clément d'Alexandrie lui attribue l'invention du
poème dithyrambique. On croit aussi que ce fut
lui qui introduisit l'usage de battre la mesure,
et qui perfectionna la flûte, auparavant rauque
et grossière.
LATILLA (Gaétan), né à Bari, dans le
royaume de Naples, en 1713, apprit la musique
dans la maîtrise de l'église cathédrale du lieu de
sa naissance, puis fut envoyé à Naples, pour y
achever son éducation musicale, sous la direc-
tion de Dominique Gizzi. Il était âgé de vingt-
cinq ans lorsqu'il fit représenter à Naples son
premier opéra, qui réussit et le fit connaître
RIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. V.
avec avantage. Appelé à Rome dans la même
année pour y écrire son Orazio, il y obtint un
éclatant succès qui lui lit trouver des protecteurs
et lui ouvrit les portes de la maîtrise de Sainte-
Marie-Majeure. 11 y fut admis comme second
maître de chapelle et coadjuteur de Caunicciari,
le 31 décembre 1738; mais une longue maladie
ne lui ayant pas permis de remplir ses fonctions,
il fut remercié le 8 avril 1741, et retourna a
Naples pour y rétablir sa santé. Sa convalescence
fut longue et pénible : enfin il put reprendre ses
travaux, et, pendant plus de vingt ans, il continua
d'écrire avec succès pour les principaux théâtres
d'Italie. En 1756, Latilla fut nommé maître du
chœur du Conservatoire de la'Pielà, à Venise, et
| le 16 mars 1762 il obtint la place de second
maître de la chapelle ducale de Saint-Marc, en
remplacement de Galuppi qui venait d'être élevé
au poste de premier maître. Son traitement n'é-
tait que de 120 ducats : au mois de janvier 1765,
Latilla obtint une augmentation de quarante du-
cats; mais jamais il ne parvint à faire porter son
salaire à 200 ducats, qui élait celui du premier or-
ganiste. Blessé d'une injustice que son mérite, et
son zèle dans l'exercice de ses fonctions, auraient
dû lui épargner, il donna sa démission au mois
de juin 1772 et s'éloigna de Venise, en décla-
rant qu'il n'y mettrait plus les pieds. Burney, qui
vit cet artiste dans cette ville en 1770, dit qu'il
trouva en lui un homme instruit dans la musique
ancienne et moderne, beaucoup de simplicité
et de bonté. De retour à Naples vers la fin de
1772, Latilla y était encore en 1785, lorsque
Ferrari y arriva et le prit pour maître de com-
position. Nous devons à ce dernier quelques dé-
tails intéressants sur le caractère et les habitu-
des de son maître : il les a publiés dans ses
mémoires (I). « Latilla (dit-il) était tort habile
« dans l'art du contrepoint ; mais, dans ses ha-
« hitudes, c'était un vrai lazzarone : pourvu
« qu'il eût de quoi acheter un plat de macaroni,
« il était satisfait. Le prix de ses leçons était d'un
« carlino pour un Napolitain, de deux pour un
« étranger en général, et de trois pour un Ao-
« glais. Comme étranger, je lui offris deux car-
« Uni : Non, non, me dit-il, tous êtes un Ty-
« rolien ; et comme Tirolese rime avec Inglese,
« ergo, vous devez payer comme votre ami sir
« Thomas Attwood. Il n'y avait rien à répondre
« a cet argument : je me résignai à payer, et
«.n'eus qu'à me louer d'avoir trouvé un maître
« si instruit. Il venait chez moi quatre fois cha-
(I) Aneddoll piacevoli e interessanti occorti ne lia vit a
di Giacomo Gotifredo Ferrari. Londres, 1830, s vol.
in- IX.
15
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220
L ATI LIA — LATROBE
• que semaine, et nous passions ensemble plu-
« sieurs heures. »
Latilla vivait encore en 1788, mais il mourut
peu de temps après. Peu de compositeurs de
l'école napolitaine ont eu un style aussi correct
que lui : sa musique d'église est particulièrement
remarquable à cet égard. Je possède de lui une
messe à quatre voix avec orgue, et le psaume
In exitu à cinq, compositions de grand mérite.
La liste de ses opéras est composée des ouvrages
suivants : 1° Demofoonte; Naples, 1738. —
2° Orazio; Rome, 1738, et Venise, 1743. —
3° La finta Cameriera; Naples 1743. —4° La
Gara per la gloria; Venise, 1744. — 5° 3fa-
dama Gianà , avec Galnppi ; ibid. - 6° Amore
in (arentola, ibid. 1750. — V La Pastorella al
soglio, ibid. 1751. —8° Griselda, Rome, 1747.
— 9° GV Impostori, 1751. — 10° L'Opéra in
prova alla moda, 1751. — 11° V Isola d'a-
more.— 12° Vrganostocor , 1752.— 13° Z'O-
limpiade, 1752.— ik n Amore artigiano, 1701,
— 15° Alessandro neW Indie, 1753. — 16°J/e-
rope, 1763. — 17° La Giardiniera confessa. —
18° La Commedia in Commedia. — 19° Don
Calascione. — 20° La buona Figliuola cre-
duta vedova ; Venise, 1768. On connaît aussi
de Latilla l'oratorio : L'onnipotenza e la mise-
ricordia divina. Ce compositeur était oncle de
Piccinni.
LATOUR (Jean), pianiste et compositeur,
né à Paris vers 1766, se rendit à Londres dans
les premières années de la révolution française ,
et s'y livra à renseignement avec beaucoup d'ac-
tivité. Ses relations avec quelques émigrés de
haut rang lui furent utiles, et lui procurèrent
l'entrée de plusieurs grandes maisons. Le titre
qu'il obtint de pianiste du prince de Galles
( depuis lors roi d'Angleterre, sous le nom de
Georges IV) acheva sa fortune. Devenu en quel-
que sorte le Gelinek de l'Angleterre par ses
compositions et ses arrangements faciles pour le
piano, il multiplia les variations, pots-pourris,
fantaisies, qui obtenaient partout un succès de
vogue, et en recueillit des sommes considérables.
Vers 1810 il établit à Londres une maison de
commerce de musique sous le nom de Chappell
et C ie ; plus tard, il se sépara de son associé, qui
fonda une autre maison. Quoique Latour
vécût alors dans une maison de campagne voi-
sine de Londres , il conserva encore son com-
merce pendant quelques années. Vers 1830 il
quitta les affaires, et quelque temps après il se fixa
à Paris, où il est mort en 1837. On a, sous le nom
de cet artiste : 1° Concerto militaire pour le
piano (en ut) ; Paris, Janet et Cotelle. — 2° Cinq
duos détachés pour harpe et piano; Londres et
Paris. — 3° Environ trente divertissements et
rondeaux détachés pour piano et violon ou flûte r
la plupart sur des thèmes d'opéras ou des airs po-
pulaires, gravés à Londres, à Paris, et dans les
principales villes d'Allemagne. — 4° Environ
vingt-cinq duos à quatre mains sur différents
thèmes connus, ibid. — 5° Sonates progressives
pour piano seul ; Londres, Berlin, Offenbach. —
6° Sonates faciles et doigtées idem ; Paris, Carli,
Frey, etc. — 7° Environ soixante suites de va-
riations, divertissements, caprices, etc, pour
piano seul, Londres, Paris, et les principales
villes de l'Europe. — 8° Valses et danses pour
piano seul, Londres et Offenbach.
LATOUR DE FRANQUEVILLE (M-*
DE). On attribue à une dame de ce nom une
critique amère de tous les passages qui concer-
nent J.-J. Rousseau dans l'Essai sur la musique,
de La Borde. Ce pamphlet a pour titre : Errata
de V Essai sur la musique ancienne et moderne,
ou Lettre à M*** par J#»«* É * (En Suisse),
1780, in-12. D'autres personne ont cru que Ga-
viniès (voy. ce nom) était le principal auteur de
cette brochure. La Borde répondit avec aigreur
dans le Supplément à V Essai sur la musique,
et l'auteur de Y Errata fit une réplique intitulée
Afon dernier mot, qui termina la dispute. Ces
deux pièces ont été ajoutées à l'édition complète
des œuvres de J.-J. Rousseau, publiée à Genève
en 1782, et à toutes les éditions postérieures.
LATROBE (Chhétien-Ignace), fils d'un ec-
clésiastique anglais, naquit à Fulnee, dans' le
Yorkshire, en 1758. Dès son enfance il mêla l'é-
tude de la musique à ses études littéraires. Après
avoir suivi des cours élémentaires dans sa ville
natale, il fut envoyé par son père, en 1771, au
collège de la secte religieuse des Frères- unis ,
situé à Niesky, dans la haute Lusace. Il y
resta treize ans, puis il retourna en Angleterre
dans l'année 1784, et y entra dans les ordres.
Depuis lors il a toujours résidé à Londres, où
il vivait encore en 1824. Quelques concertos
pour le piano ont été ses premières composi-
tions; ils sont restés en manuscrit. Vers 1790 il
a fait paraître 12 variations pour le même instru-
ment; Londres et Leipsick. A cette publication
succéda une sonate pour piano et violon obligé »
ibid. En 1793, lorsque Haydn visita Londres»
Latrobe lui fit entendre une œuvre de trois so-
nates, op. 3, qui furent approuvées par le célèbre
artiste et parurent à Londres dans la même
année. Quelques antiennes parurent ensuite, et
furent suivies du Dies ira, hymne du jugement
dernier, traduit en anglais, de The Dawn of
Glonj (L'aurore de gloire), hymne sur le' bon-
heur du rédempteur; de V Antienne du Jubilé y
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LAÏROBE — LAUCHER
pour le cinquantième anniversaire de l'avènement
de Georges III au trône d'Angleterre ; d'un Te
Deum exécuté dans la cathédrale d'York ; d'un
Miserere; de quelques antiennes publiées dans
un livre de chant à l'usage des Frères-unis, et de
six airs avec accompagnement de piano, dont les
paroles sont de Cooper et de Miss Anna More.
En 1806, Latrobe commença la publication d'une
collection de musique religieuse, dont il avait
paru cinq volumes en 1824; cet ouvrage a pour
titre : Sélection ofSacred Music.
LATROBE ( J.-A.), fils du précédent, na-
quit à Londres, en 1792. Dès son enfance il se
livra à l'étude de la musique. Devenu maître de
chapelle à Liverpool, il a écrit plusieurs antiennes
à trois et à quatre voix ; mais il est connu sur-
tout par un livre sur la musique d'église in-
titulé : Music to the Church considered in Us
varions branches, congregational and cho-
ral ; Liverpool, 1837, in-8°.
LATZEL (Joseph), né le 12 mai 1764, à Ma-
rientlial, dans le comté de Glatz, était fils d'un
instituteur qui fut placé à Rosenthal en 1770.
Dès son enfance, il manifesta les plus heureuses
dispositions pour la musique. Quoiqu'il ne reçût
pas de leçons, à cause des occupations multi-
pliées de son père, et qu'il fût obligé de s'ins-
truire lui-même, il' fit de si rapides progrès,
qu'à l'âge de quatorze ans il était en état de
donner des leçons d'orgue, de violon et de
solfège. En 1778, il se rendit au gymnase ca-
tholique de Breslau pour y continuer ses études.
Son talent précoce attira sur lui l'attention du
directeur de musique Foerster, qui le prit en
affection et le dirigea dans ses travaux. En 1787
il commença un cours de théologie : lorsqu'il
l'eut terminé, il entra, le 15 octobre 1790, au
couvent de la Croix, à Neisse, où il fut ordonné
prêtre deux ans après. Dès lors il put se livrer
en liberté à la pratique de l'art qu'il aimait avec
passion. En 1798 il fut nommé directeur du
choeur de son couvent et professeur de musique
d'un grand nombre d'élèves, dont plusieurs sont
devenus depuis lors des artistes renommés dans la
Silésie. Après une courte maladie, ce digne homme
a cessé de vrvre le 5 septembre 1827. Il a laissé
en manuscrit plusieurs vêpres, une messe so-
lennelle (en ut majeur), beaucoup d'hymnes,
offertoires et antiennes, quatre Aima, un Regina
Cœli t et une cantate pour l'anniversaire d'un
jour de naissance. Tous ces morceaux ont été
exécutés dans le chœur du couvent de la Croix
pendant trente ans.
LAU (Charles), né en Bohême vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle, se fit d'abord connaî-
tre par son talent sur le cor, et composa quel-
( ques concertos qui étaient estimés, vers 1780, et
qui sont restés en manuscrit. Plus tard il alla en
Russie et y fut employé comme professeur de
musique à l'université dlekalherinoslaw, où il
| se trouvait en 1796. Il était aussi dans le même
temps directeur de la musique du corps impé-
rial des chasseurs, et en même temps de la garde
I à cheval. Il travailla longtemps au perfectionne*
ment de la musique de cors russes lorsqu'il était
( en 1784) directeur de la musique du prince Po»
temkin. En 1787, il fit entendre cette musique
en Crimée, devant l'empereur Joseph II et l'im-
pératrice Catherine, qui le félicitèrent sur ses
succès.
LAUB (Ferdinand), violoniste distingué, fils
d'un pauvre musicien, est né à Prague, le 19 jan-
vier 1832. Entré au Conservatoire de cette ville en
1840, il y devint élève de M. Mildner pour son
instrument. Ses progrès furent si rapides, qu'à
l'âge de douze ans il joua dans un concert la
grande polonaise d'Ernst avec un brillant suc-
cès. Lorsqu'il eut atteint sa dix-huitième année,
il voyagea en Allemagne, particulièrement en Ba-
vière, donna un concerta Augsbourg, et joua au
théâtre de Munich. Partout il excita l'admiration
par son talent précoce. Entré à l'âge de vingt ans
dans la chapelle du duc de Saxe-Weimar, il y
est resté attaché pendant plusieurs années; puis
il a été engagé, comme maître de concerts-, à
Berlin, où il se trouve encore ( 1862). M. Laub
a fait plusieurs voyages en Hollande et en Bel-
gique, où il a obtenu de beaux succès. Il a éga-
lement visité Londres, Vienne et plusieurs au-
tres grandes villes , où il est considéré comme
un violoniste de grande valeur. Cet artiste, mu-
sicien d'une éducation solide, est particulière-
ment remarquable par le mécanisme de la main
gauche. Son jeu a de la hardiesse et de l'origi-
nalité, mais il laisse désirer plus de délicatesse
et d'élégance.
LAUBE ( Antoine), né & Brux , en Bohême,
le 10 novembre 1718, vécut d'abord à Prague
comme enfant de chœur, et obtint ensuite la
place de directeur de musique à l'église des Char-
treux de Saint-Galle, dans cette ville. Après la
mort de François Brixi , il fut nommé mettra de
chapelle.de l'église métropolitaine, le 1 er no-
vembre 1771 , et il y resta jusqu'à sa mort, qui
arriva le 24 février 1784. Il était aussi membre
de la confrérie de Sainte-Cécile, à l'église des
Minorités. On connaît de lui plusieurs messes et
motets dont le style lâche et sautillant n'est pas
convenable pour l'église : ces compositions sont
restées en manuscrit.
LAUCHER (Joseph- Antoine), corniste et
compositeur, dans la seconde partie du dix-
15.
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228
LAUCHER — LAUR
huitième siècle, Tut directeur de musique à Dil-
lingen sur le Danube, ville qui appartenait au-
trefois à l'Autriche et qui est maintenanU la Ba-
vière. Cet artiste a publié : 1° XVIII hymnes de
vêpres à 4 voix, 2 violons, orgue, violoncelle et
2 cors, suivis d'un Te Deum et d'un Veni Sancte
spi rilus complets, Atigsbourg, 1786 — 1° Sacri-
fie ium mortuorum seu III missx solemnes,
brèves tamen, de Requiem , occasione exe-
quiarum felicissimx memorix Josephi II,
Jlovianorum imperaiorum et EUsabethx im-
pératrice, in insig. ecclesia collégial a D.
Pétri Dilling. rite persolut arum decantatx,
vunc vero in lueem publicam editx. Vocibus
ordin. conclnnentibus, 2 violinis, alto viola
et organo necessariis, 2 cornibus vero, 2 clari-
nette vel obois et violone, partim oblig. par-
tira ad libit., op. 2; Spire, Dossier, 1792.
LAUCHER (...), fils d'un trompettiste ha-
bile, est né à Strasbourg vers 1794. Il était lui-
même corniste de talent. Cet artiste fut direc-
teur d'une école de musique qu'il avait fondée
dans cette ville , et qui a été l'origine du con-
servatoire actuel. Laucher a écrit une messe so-
lennelle à 4 voix et orchestre qui a été exécutée
à Strasbourg en 1840.
LAUDI (Victor), maître de chapelle de la
cathédrale de Messine , vers la fin du seizième
siècle, naquit à Alcaraen Sicile. Il a fait imprimer
de sa composition : Il primo librode' Madrigali
a 5 voci ; con un dialogo a otto voci ; Palerme ,
1597, in-4°.
LAUER (A. baron DK), officier de cavalerie
au service de Prusse, et amateur de musique
à Berlin, s'est fait connaître comme pianiste
et comme compositeur par les ouvrages sui-
vants : 1 # Rose la Meunière, petit opfcra
représenté au théâtre de Hambourg en 1829,
et gravé en partition réduite pour le piano ; Ham-
bourg, Christiani. — 2° Introduction et varia-
lions sur l'air allemand : Wenn ich nur aile
Mxdchen wiisste, op. 1 ; Berlin , Lischke. —
3° 6 chansons allemandes avec ace. de piano ;
Hambourg, Christiani. On connaît aussi sous le
même nom un œuvre de quatuors pour des ins-
truments à cordes, publié à Berlin, en 1838.
LAUER (....), professeur de musique à
Strasbourg, vers 1830, a publié : 1° 50 chants à
2 voix , dans tous les tons majeurs et mineurs.
— 2° 24 chants religieux pour les écoles popu-
laires — 3° Canons à 4 voix idem.
LAUFFENSTEINER ( .... DK), luthiste
au service de l'électeur de Bavière, vivait à Mu-
nioh vers 1760. II a laissé en manuscrit : 1° Six
divertissements (parlhien) pour le luth. — 2* Six
duos pour deux luths.
LAUGIER (l'abbé Marc-Antoine), naquit
en 1713 à Manosque, en Provence. Après avoir
fini ses études, il entra chez les jésuites, à Lyon,
et s'y fit remarquer par son talent pour la pré-
dication. Appelé a Paris, il eut l'honneur de prê-
cher devant le roi, et, pendant plusieurs années,
ses sermons attirèrent la fonte dans les princi-
pales églises de la capitale. En butte à la jalousie
de ses confrères , et prévoyant leur intention de
le renvoyer en province, il sortit de la société,
et devint abbé séculier. Ses protecteurs lui firent
obtenir l'emploi de secrétaire d'ambassade près
de l'électeur, à Cologne. Les services qu'il y rendit
pendant la guerre de Hanovre furent récompen-
sés, en 1757, par l'abbaye de Ribeauté qu'on
lui donna. Il passa le reste de ses jours dans
une vie tranquille , uniquement occupé de tra-
vaux littéraires, et mourut d'une fluxion de
poitrine, le 7 avril 1769. L'abbé Laugier aimait
passionnément la musique; une partie de sa
vie fut consacrée à l'étude de cet art. A l'é-
poque où parut la lettre de Jean-Jacques Rous-
seau sur la musique française , il prit part à la
polémique qu'elle fit naître, par la publication
d'un écrit iutituié : Apologie de la musique
française, Paris, 1754, in-4°. Boisgelou possé-
dait le manuscrit autographe d'un autre ouvrage
de Laugier sur le même sujet ; il avait pour titre :
Supériorité de ta musique française démon-
trée. L'abbé Laugier commença en 1756 la pu-
blication d'un écrit périodique sous le titre de
Sentiment rf'tin harmonipkile sur divers ou-
vrages de musique ( voyez Mokambert et Lé-
ris), in-8°. Il n'en a paru que deux numéros.
LAUR (Ferdinand), né le 22 février 1791 à
Markdorf , dans le grand-duché de Bade , près
du lac de Constance, fut destiné par son père,
dès son enfance , à la profession pédagogique. La
musique fut particulièrement l'objet de ses études.
Il n'était Agé que de dix-huit ans lorsqu'il fut
chargé d'enseigner les éléments de cet art dans
une institution à Gottstadt, bourg du canton de
Berne; mais il n'y resta qu'une année, et en 1810
il accepta une position semblable à Hofwyl ; il
l'occupa jusqu'à la fin de 1820. Ce fut alors qu'il
fut appelé à Baie , en qualité de professeur de
chant du Gymnase et de l'école primaire des
filles. Peu de temps après il fut chargé du même
enseignement à l'université. En 182 '*, il fonda
dans cette ville une société de chant pour des
voix d'hommes : il la dirigeait encore en 1856.
Les compositions de cet homme laborieux con-
sistent en plusieurs recueils de chants à 2 voix
pour les écoles , des chants en chœur pour l'é-
glise , les écoles et les sociétés chantantes , et
des chœurs pour des voix d'hommes.
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LAURENBERG — LAURENT
229
LAURENBERG (Pierre) , docteur en mé-
decine et professeur de poésie à Rpstock, né 1 dans
cette villeen 1585, y est mort le 13 mai 1039. Il est
auteur d'une facétie intitulée : Belligerasmus, id
est historia belli exorti in regno musico, que
Sartorius, organiste de Maximilien, archiduc
d'Autriche , publia à Hambourg en 1622, ir.-8°.
Une seconde édition de cet ouvrage parut en 1626 ,
et l'auteur en donna une troisième en 1636 , où
il se nomme. Enfin, après la mort de Laurenberg,
une quatrième édition fut publiée fous le titre de
Musomachia, seu bellum musicale, Roslock,
1642, in-8°. L'objet de cette plaisanterie est une
discussion entre la nouvelle musique, représentée
par Orphée, et la tonalité du plain -chant sous
la figure d'un personnage appelé Bisthon. Celui*
ci calomnie son adversaire, qui le confond par ses
arguments. Opinions diverses sur l'objet de la
querelle; guerre acharnée, après laquelle vient
une transaction par laquelle l'autorité du plain-
chant sera renfermée dans l'église, tandis que la
nouvelle musique régnera dans les plaisirs mon-
daine Venu à propos, à l'époque où il parut , ce
petit ouvrage aurait pu être piquant, si l'exécution
en eût été meilleure; mais au lieu de l'esprit
qu'il aurait fallu y mettre, on n'y trouve qu'un
style src, lourd et pédant.
LAURENCIN (F.-P., comte), docteur en
philosophie et amateur de musique, né à Vienne
vers 1808, est, dit-on, fils naturel de l'archiduc Ro-
dolphe. Il est auteur d'un écrit qui a pour titre :
zur Gesehichte der Kirchenmusikbei denlta-
lienern und Deutschen (Pour l'histoire de la mu-
sique d'église chez les Italiens et les Allemands).
Leipsick, H. Matthes, 1856, iD-8°de 108 pages.
LAURENCINI, ou plutôt LORENZIM
(....), fut un célèbre luthiste à Rome, dans la
seconde partie du seizième siècle. Le pape le créa
chevalier de l'Éperon d'or. Besardus, dont il fut
le maître , en parle avec admiration dans la pré-
face de son Thésaurus harmonicus.
LAURENCIO (Makiani DE), prêtre et cha-
noine de Noli, en Sardaigne, vécut au commen-
cement du dix-septième siècle. Il a publié plu-
sieurs ouvrages de sa composition , dont on ne
connaît que ceux-ci : 1° // primo libro de'
Madrigali a 5 voci con un dialogo ad otto,
Venise, 1602, in-4°. — 2° Salmi, Magnificat,
falsi bordoni e tfissa a 4 t?oci con il basso
continuo per Vorgano, op. 5, Palerme, 1624.
LAURENS (Jean-Bonaventure), archéo-
logue, dessinateur, organiste et compositeur, né à
Carpentras, le 14 juillet 1801, occupe, depuis 1835
environ, la position de secrétaire agent comptable
de la faculté de médecine à Montpellier. Ama-
teur passionné de musique, M. Laurens en a
fait une étude sérieuse dans sa jeunesse, et s'est
attaché particulièrement à l'orgue. Admirateur
des ouvrages de Rink (voyez ce nom), aux-
quels il devait là connaissance pratique de ce
bel instrument, il fit trois fois le voyage de
Darmstadt pour chercher près de cet excellent
maître l'instruction dont il sentait le besoin. Il
ne tarda pas à devenir son ami dévoné , et fut
traité comme un fils par ce digne artiste et res-
pectable vieillard. Depuis une longue suite d'an-
nées, M. Laurens remplit les fonctions d'orga-
niste à l'église Saiut-Roch de Montpellier. Porté
vers l'art sérieux par son sentiment et par ses
études , il a écrit de la musique d'orgue et de
chant dont une partie a été publiée à Paris chez
Richault, entre autre un Stabat à 3 voix et
orgue, et dont le reste est encore inéJit. Comme
littérateur musicien, il a donné : 1° La traduc-
tion française d'une autobiographie de Rink ,
avec des additions et le portrait très -ressemblant
du célèbre organiste de Darmstadt , dessiné par
lui , et qui a paru dans le deuxième volume de
la Revue de la musique religieuse, populaire
et classique, publiée par M. Danjou (p. 275-284
et 320-332). — 2° Notice sur Éléazar Genêt
(voyez ce nom), connu sous le nom de Car-
pentras, dans le même recueil (t. III, p. 49 et
72), avec la mise en partition des Lamentations
de Jérémie pour deux ténors et deux basses, par
Carpentras. — 3° Quelques articles de critique
dans la Revue et Gazette musicale de Paris >
dans plusieurs Revues du Midi et dans le Jour-
nal de l'Hérault 4° Souvenirs d'un voyage
à Vile de Majorque; Paris, Arthus- Bertrand,
1840, g. in -8°, avec 55 planches lithographiées,
et deux pages de musique. Le onzième chapitre
de ce volume contient des renseignements sur la
situation de la musique à Majorque, particulière-
ment à Palma. M. Laurens a été collaborateur des
Voyages pittoresques dans V ancienne France
de MM. Taylor et Nodier. Il est auteur de plu-
sieurs ouvrages relatifs aux antiquités de ta France
méridionale et aux arts du dessin, dont la liste
se trouve dans k Littérature française con-
temporaine (t. IV, p. 641), et dans la Biogra-
phie générale, publiée par MM. Firmin Didot
frères (t. XXIX, col. 926).
LAURENT (C. ), professeur de harpe à Pa-
ris, depuis 1810 jusqu'en 1820, s'est fixé ensuite
à Boulogne, où il vivait encore en 1841. 11 a pu
blié de sa composition : 1° Sonates pour harpe
et violon, n°* 1 et 2; Paris, Hanry. — 2° Duo
pour harpe et piano; Paris, Janel et Cote Ile. —
3° Fantaisie pour deux harpes sur des thèmes
de Rossini ; Paris, Pacini . — 4° Sonates pour
harpe seule, pp. 1 ; Paris, Janel. — 5° Fantaisie
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230
LAURENT — LÀUSRA
sur un air des Mystères d'Isis , op. 7 ; Paris , Pa-
eini. — 6° Six petits airs variés, op. 8, ibid. —
7* Pièces de différents genres ; Paris, H. Lemoine.
— 8° Études progressives , pouvant servir de
méthode de harpe; Paris, Janet.
LAURENTI (Pierre), prêtre, clianlre et
chanoine de l'église de Chartres, vers le milieu
du dix-septième siècle, a composé une messe à
quatre voix , ad imitationem moduli Regina
Cœli, que Bal lard a publiée en 1659, in -fol.
LAURENTI ( Bartholomé- Jérôme ), excel-
lent violoniste et compositeur, né à Bologne , en
1644, fut un des premiers membres de l'Acadé-
mie des Philharmoniques de cette ville, à l'époque
de sa fondation (1660). Il fut attaché à la collé-
giale de Saint- Pétrone, en qualité de premier
violon , et conserva cette position jusqu'à sa
mort, arrivée le 18 janvier 1726, à Page de quatre-
vingt-un ans et quelques mois. Il a fait imprimer
de sa composition : Sonate per caméra a
violino et violonccllo , opéra l a , Bologne,
Mont», 1691. Son second œuvre a pour titre :
Sei concert i a tre cioè violino, violoncello et
organo, ibid., 1720. Laurent! était déjà fort âgé
quand il publia cet ouvrage.
LAURENTI ( Jérôme-Nicolas ) , fils du pré-
cédant, apprit de lui les principes du violon, et
perfectionna son talent sous la direction de Jo-
seph Torelli et de Thomas Vital i. 11 fut long-
temps premier violon de Saint-Pétrone et de
plusieurs autres églises de Bologne. Il obtint le
titre d'académicien philharmonique en 1698, et
mourut à Bologne le 26 décembre 1752. On con-
naît de lui Six concertos pour 3 violons, viole,
violoncelle et orgue; Amsterdam, Roger.
LAURENTI (le P. Pierre-Paul), second
fils de Bartholomé-Jérôme et religieux de Tordre
de Saint-François, à Bologne, naquit en celte ville
dans la seconde moitié du dix-septième siècle.
Dans sa jeunesse il se distingua comme chanteur
dans les églises et brilla aussi comme violon-
celliste. En 1698, il fut agrégé à l'Académie des
Philharmoniques de Bologne pour son talent sur
son instrument, et le fut en 1701, comme compo-
siteur. Jacques-Antoine Perti avait été son maître
de contrepoint. Le P. Laurenli mourut à la fleur
de l'âge. (Voyez Série cronologiea dé* Principi
deWAccademia de* Filarmonici, etc., p. 18.)
LAURENTINO ( Laurent ), né à Husum,
dans le duché de Sleswig , le 8 juin 1660 , fut
nommé cantor de la cathédrale et de l'école de
Brème, en 1684 : il mourut dans cette ville en 1723.
On a imprimé de sa composition : Geistliche
Lieder iiber die Sontxgliche Texte. Brème,
1700, in-4°. ( Voy, /. Molleri Cimbria literata,
t. I, fol, 336. )
LAURENTIUS, ou plutôt LAURENZIO
( Joseph ), savant italien, né à Lucques, a écrit
un traité de Conviviis, hospitalitate, etc., où
se trouve une partie intitulée : Collectio de
Prxconibus, Cïtharxdis, fhtulis et Tintinna-
bules, qui occupe trois feuilles d'impression dans
le tome VIII (p. 1458 et suiv. ) du Trésor des
antiquités grecques de Gronovius, et que TJgo-
lini a aussi inséré dans le tome 32 e (p. 111 1 et
suiv. ) de son Trésor des antiquités sacrées.
LAURENZI (Filiberto), compositeur italien
du dix-septième siècle, n'est connu que par la ci-
tation qu'en fait Allaccî ( Dramalurgia, p. 308 ),
comme ayant écrit, en collaboration avec André
Mattioli, de Mantoue, la musique de VEsilio d'à-
more, opéra représenté à Ferrare en 1651 et 1666.
LAURETIS ( Gaetano ), compositeur né à
Naples, élève du Collège royal de musique de
cette ville, a fait représenter à Civitta-Vecchia ,
en 1844 , l'opéra intitulé : Il Rapimento délie
spose vendicato, et a donné dans l'année sui-
vante au théâtre Saint-Charles, de Naples, Ama-
lia Candiana, qui n'eut ni succès décidé , ni
chute éclatante.
LAURO ROSS1. Voy. ROSSI(Lauro).
LAUSKA ( François-Ignace ), pianiste dis-
tingué, naquit à Briinn, en Moravie, le 13 jan-
! vier 1769. Il n'avait point encore atteint aavingt-
! quatrième année lorsqu'il fut attaché à la musique
de la chambre de l'électeur de Bavière. Peu de
temps après, il entreprit de longs voyages, visita
Francfort, Hambourg, où il publia plusieurs ou-
vrages de sa composition, Copenhague, et Vienne,
où il séjourna plusieurs années. Vers 1803 il m*
fixa à Berlin ; depuis lors il ne quitta plus cette
ville, si ce n'est pour faire un voyage en Italie.
Ses élèves étaient en grand nombre ; il en a formé
plusieurs qui se sont fait remarquer par leur ta-
lent. Dans le Lexique de musique publié par
Schilling , il est dit que Lauska est mort à
Berlin en 1821 ; mais c'est une erreur : il n'a
cessé de vivre que le 18 avril 1825. Les compo-
sitions les plus importantes de cet artiste sont :
1° Sonates pour piano seul, op. 1,4,6,7, 8, 9;
Hambourg, Boehrae. — 2° idem, op. 19; Leip-
sick, Breitkopf et Haertel. — ' 3° Idem, op. 20, 21 ;
Berlin, Grwbenchulz. — 4 e Idem, op. 24, 26;
Leipsick, Pelers. — 5° Idem, op. 30, 34, 35 ; Ber-
lin, Schlesinger. — 6* Idem, op. 43, 45, 46; Leip-
sick, Peter s. — 7 Ô Sonate facile pour piano et
violon, op. 18; Mayence, Schott. — 8° Sonate
pour piano et violoncelle obligé, op. 28 ; Berlin,
Schlesinger.— 9° Introduction et rondoletto idem,
op. 39, ibid. — 10° Sonate pour piano à quatre
mains, op. 31, ibid. — 11° Rondeaux pour piano
seul, op. 23, 27, 44 ; Leipsick et Berlin. — l2°Po-
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LAUSKA — LAVALLIÈRE
23/
Jonaises idem, op. 25, 29, 36, 42 ; ibid. — 13° Ca-
prices idem, op. 32, 38 ; ibid. — 14° Plusieurs
thèmes variés idem; Hambourg et Berlin. —
15° Plusieurs recueils de divertissements et de pe-
tites pièces ; ibid. — 16° Une méthode pratique
pour le piano; Berlin, Sclilesinger. — 17° Des
chansons de table pour quatre voix d'hommes;
Berlin, Trautwein. — 18° Deux recueils de chan-
sons à voix seule, avec accompagnement de
piano, Hambourg, Bœlime.
LAUTENSACK (Paul), un des plus an-
ciens organistes allemands, naquit à Bamberg,
en 14*78. Il joua l'orgue de l'église Saint-Lau-
rent à Nuremberg, et mourut en 1561, dans
un Age avancé. Il a écrit des pièces d'orgue,
dont trois ont été insérées dans le rarissime re-
cueil de Schlick (voy. ce nom). Lautensack cul-
tivait aussi la peinture, les lettres et les sciences
avec sucrés.
LAUTIER (Gustave-André), docteur en
philosophie et écrivain sur la musique de l'épo-
que actuelle, ne m'est connu que par un livre
qu'il a publié et qui a pour titre : Praktisch-
theoretisches System des Grundbasses der Mu-
sik und Philosophie, als erste Abtheilung eines
Grundrissesdes Systems der Tonswissenschaft
(Système pratique et théorique de la. base fon-
damentale de la musique et de la philosophie,
comme première partie des éléments du système
de la science musicale) ; Berlin, Duncker et Hum-
blot, 1827, in-8° de 14 feuilles. L'analyse dé-
taillée de ce système se trouve dans la 30 e an-
née de la Gazette musicale de Leipsick (t828,
p. 149-153). On a aussi de M. Lautier un article
sur les successions de quintes, inséré dans la
Gazette musicale de Berlin (1827, n" 48 et 49).
L AU VER J AT (Pierre), maître de musique
de la Sainte- Chapelle de Bourges, an commen-
cement du dix-septième siècle, a fait imprimer
•plusieurs messes dont voici les titres : 1° Missa
5 vocum ad imitalionem moduli Tu ea Petrus;
Paris, Pierre Ballard, 1613, in- fol. — 2° Missa
ad imit. module Ne moreris , s roc; ibid.,
1613, in-fol. -— 3* Missa 5 vocum ad imit.
moduli Confitebor tibi Domine; ibid., 1613,
in-fol. — 4° Missa 5 voc. ad imit. moduli Fun-
damenta ejusç ibid , 1613.-5° Missa qua-
tuor vocum ad imit. hymni Iste Confessor;
ibid., 1617. — 6° Missa quatuor vocum ad
imit. moduli Legem pone; ibid., 1617, in-fol.
— 7° Missa pro defunctis quatuor vocum,
ibid., 1623, in-fol. — 8° Missa ad imit. hymni
O gloriosa Domina ; ibid., 1623, in-fol.
LACXMIN (Sicismosd), jésuite polonais,
né en 1596, devint en 1656 provincial de son
•ordre en Lithuanie, et mourut en 1670, dans
sa 74 e année. On a de lui un petit traité élé-
mentaire de musique, intitulé Ars et Praxis
musica, Wilna, 1667, in-4°.
LA VAINE (Ferdinand), professeur de piano
au Conservatoire de Lille (Nord) et compositeur,
est né dans cette ville vers 1810. Dans sa jeu-
nesse il reçut des leçons de quelques bons maî-
tre* ; mais la lecture des partitions des composi-
teurs les plus renommés de cette époque fut la
principale source de son instruction dans l'art, f
Il débuta jeune dans la carrière de compositeur,
et publia vers 1833 ses premiers ouvrages pour
le piano. Bientôt après il aborda les choses d'un
ordre plus élevé, écrivit des ouvertures, des
symphonies , qui furent entendues dans les con-
certs de Lille, et y fit exécuter, en 1835, La
Fuite en Egypte, oratorio dont Berlioz a donné
l'analyse dans la Revue et Gazette musicale de
Paris (ann. 1837, pages 203 et suivantes). En
1836 il fit représenter au théâtre de sa ville na-
tale Une Matinée à Cayenne, opéra en un acte,
qui fut bien accueilli et eut tout le succès qu'on
peut obtenir dans une ville de province, c'est-à-
dire trois ou quatre représentations. Un drame
en 4 actes, écrit par le beau-frère de M. Lavalne,
et qui avait pour litre : Artus et Rikemer, lui
fournit l'occasion d'écrire une ouverture et quel-
ques morceaux mélodramatiques. Cet ouvrage,
représenté au théâtre de Lille, au mois de fé-
vrier 1840, eut du succès. Dans la même année,
M. Lavaine fit entendre dans la même ville le 29*
psaume avec chœur et orchestre. En 1841, ce fut
un De Profundis qui appela de nouveau l'at-
tention des concitoyens du compositeur. Plein
d'ardeur et d'ambition, M. Lavaine fit entendre,
au mois de novembre de la même année, une
messe solennelle pour voix d'hommes dans l'é-
glise Saint-Etienne. Enfin , chaque année de la
carrière de cet artiste fut, marquée pendant près
de vingt ans par quelque grand ouvrage où des
qualités estimables se mêlaient à des défauts
d'expérience ou de goût qu'il est difficile d'éviter
en province, où l'activité de l'art manque presque
toujours. Les génies d'exception seuls n'ont be-
soin que d'eux-mêmes pour créer des œuvres
d'élite. M. Lavaine a fait graver à Lille et à Paris
chez Brandus, Richault et autres éditeurs , envi-
ron soixante-dix œuvres de pièces de différents
genres pour le piano.
LAVALLIÈRE (Louis-César DE LA-
BEAUME-LEBLANC, duc de), grand fau-
connier de France, né le 9 octobre 1708, mort à
Paris, le 19 novembre 1780, fut un des biblio-
philes français les plus distingués , et posséda
une des bibliothèques les plus belles et les plus
précieuses de l'Europe. On lui attribue un livre
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2.Î2
LAVALLIERE — LA VOTE M1GN0T
qui a pour titre : Ballets, opéras et autres ou-
vrages lyriques, par ordre chronologique,
depuis leur origine, avec une table alpha-
bétique des ouvrages et des auteurs; Paris,
1768. Il paraît certain que le duc de Lavallière
a eu quelques collaborateurs pour cet ouvrage.
LA VAUX (Amable), professeur de flûte à
Paris, vers 1730, a publié dans cette ville qua-
tre livres de sonates pour flûte, en soios, en duos
i et en trios.
LA VENU (Louis-Henri), fils d'un flûtiste
et marchand de musique à Londres, naquit dans
cette ville, en 1 818. Élève de l'Académie royale de
musique, il y reçut des leçons de violoncelle, de
piano et de composition, et lorsqu'il fut sorti de
cette 'institution, il entra comme violoncelliste au
théâtre de la reine. On connaît sous son nom
quelques petites pièces de piano, des Glees et des
chansons anglaises. Un opéra de sa composition,
intitulé Loretta, fut représenté à Drury-Lane
en 1848. Mécontent de sa situation en Angleterre,
Lavenu se rendit en Australie, et y prit la posi-
tion de chef d'orchestre du théâtre de Sydney.
Il est mort dans cette ville, le 1 er août 1859, à
l'âge de 41 ans.
LAVIGNA (Vincent), néàNaples, vers 1777,
étudia le chant et la composition an Conserva-
toire de la Pietà de' Turchini; puis, sur la re-
commandation de Paisiello, fut chargé en 1802,
d'écrire pour le théâtre de la Scala , à Milan ,
La Mutaperamore, ossia il Medico per forza
(Le médecin malgré lui), qui obtint un brillant
succès. An carnaval suivant, il écrivit à Ferrare :
VIdolo di se stesso. A la saison d'automne de
1804 il composa Vïmpostore avvilito, qui fut
suivi, a Parme, d* Il Coriolano, en 1806, et à Mi-
lan, en 1808, Di Posta in posta (traduction du
Conteur, de Picard) ; de Zaïra, à Florence, en
1809; de Orcamo, a Milan, dans la saison du
carême de la même année, et enfin dans la mèine
ville, au printemps de 1310, de Chi s'è visto s'è
visto. Lavigna, fixé à Milan, en qualité de pro-
fesseur de chant et de maestro al cembalo du
théâtre de La Scala, y vivait encore en 1837;
mais il est mort peu de temps après.
LA VIGNE (Antoine-Joseph), célèbre haut-
boïste, né à Besapçon (Doubs), le 23 mars 1816,
reçut les premières leçons de musique de . son
père» qui était musicien dans un régiment d'in-
fanterie. Admis comme élève au Conservatoire
de Paris, le 24 janvier 1830, 'il fut obligé d'en
sortir le 3 mai 1835, pour suivre son père, dont
le régiment quittait alors Paris, et allait en gar-
nison dans un département éloigné. Le 17 oc*
tobre 1836, Lavigne rentra au Conservatoire dans
Ja classe de M. Vogl, son ancien maître, et obtint
le premier prix au concours de Tannée suivante.
M. Lavigne fut attaché à l'orchestre du Théâtre-
llalien de Paris pendant plusieurs années, comme
premier hautbois ; puis il se rendit à Londres
et s'y fixa. Il entra d'abord au théâtre de la
reine , et fut engagé ensuite comme soliste
par J ul lien (voy. ce nom) pour ses concerts.
M. Lavigne fut le premier qui entreprit d'appli-
quer au hautbois le système de clefs imaginé par
Bœhm pour la flûte : il 6e rendit ensuite en Al-
lemagne auprès de cet artiste pour travailler au
perfectionnement de son instrument, et ne cessa
de s'en occuper pendant près de quinze ans. Pen-
dant ce temps il fit aussi des études constantes
pour donner à son talent de hautboïste toute
la perfection désirable. Il est aujourd'hui consi-
déré comme un artiste de premier ordre en son
genre.
LAVINETTA (Bernard DE), ou plutôt
LAV1NHETTE, moine de Tordre des Frères mi-
neurs et théologien, né dans le Béarn, vers 1475,
a donné une explication delà doctrine de Raimond
Lulte, sous le titre : Artis magna? Lullianœ in»
ierpretatio, Lyon t 1517, 1623, in-4°, qoi a été
réimprimée à Cologne, en 1612 , par les soins
d'Alstedius. Il y traite en 6 chapitres de la musi-
que, suivant la théorie philosophique de Lulle
(voy. ce nom).
LAVIT (J.-B.-G.), ancien élève de l'École
polytechnique, puis professeur de l'Athénée de
Paris, né dans la seconde partie du dix -huitième
siècle, s'est fait connaître avantageusement par
un traité complet de perspective, publié à Paris
en 1804. On lui doit aussi un livreqni a pour titre :
Tableau comparatif du système harmonique
de Pythagore et du système des modernes,
Paris, 1808.
L AVOCAT (Pierre), maître de musique à
Dijon, dans la seconde moitié du dix -septième
siècle, a composé la musique d'une pièce intitu-
lée : Le Concert des dieux, dont les paroles
étaient de Derequeleyné, curé d'Esbarres : cette
pièce fut écrite pour le mariage du duc de Lor-
raine; elle fut chantée au château de Fain, et
publiée à Dijon, chez Reneyre (sans date),
in-8°.
LA VOYE MIGNOT ( DE ) , géomètre
français, né dans la première partie du dix-sep-
tième siècle, s'est fait connaître par un Com-
mentaire bref des éléments d'Euclide, Paris,
1649, in-4°. Il publia ensuite un livre qui a pont
titre : Traité de musique, revu et augmenté de
nouveau d'une qufitriesme partie , laquelle
( outre tous les exemples des principales rè-
glcs pratiquées par les plus fameux aut heurs)
contient de plus la manière de composer à
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LA VOYE MIGNOT — LAWÈS
233
deux, à trois, à quatre et à cinq parties, avec
les plus importantes observations qui se doi-
vent garder en toute sorte de musique, tant
vocale qu'instrumentale, conformément aux
ouvrages des plus rares et des plus célèbres
maîtres de ce bel art. Seconde édition,
Paris Robert Ballard, 1666, jn-4°. Cette deuxième
édition n'est point réelle; on a seulement changé
le frontispice et l'avant propos, puis ajouté la
quatrième partie de l'ouvrage, qui forme une pa-
gination particulière, depuis la page 1 jusqu'à 36,
et qu'on a placée à la suite de la table des cha-
pitres, des errata et de l'extrait du privilège des
trois premières parties. La supercherie se recon-
naît à ces mots placés au bas de la dernière page
de la troisième partie : Achevé d'imprimer le 25
septembre 1656. Le privilège est du 22 septem-
bre de la même année. Le titre des exemplaires
publiés alors était celui-ci : Traité de musique
pour bien et facilement apprendre à chanter
et composer tant pour les voix que pour les
instruments. Ce livre était déjà rare en 1722,
comme on le voit par la table des ouvrages im-
primés chez les Ballard, placée à la suite du Traité
d'harmonie de Rameau : il est à présent à peu
près introuvable. La Voye Mignot a fait preuve de
connaissances réelles en musique dans cet ouvrage,
dont les exemples d'harmonie sont bien écrits.
L'exposé des principes de la musique a pour base
la gamme du plain-chant avec ses mûances ; il n'y
est mêmefeit aucune mention de l'existence de la
gamme moderne. A la fin de la quatrième partie, on
trouve ce passage : « Afin de ne laisser que le moins
« que Je pourray à désirer, je tâcherai de mettre
« au jour quelques ouvrages de ma façon, non-
a seulement en parties séparées, mais encore en
« partition, où l'on pourra faire beaucoup de
* remarques sur quantité de choses dont j'ay
« parlé en ce présent Traité. » Il ne paraît pas
que La Voye Mignot ait réalisé son projet à cet
égard.
LAWES (Guillaume), fils de Thomas La-
wes, vicaire de Salisbury, naquit en cette ville
vers 1585. Ayant montré d'heureuses disposi-
tions pour la musique dès son enfance, il fut
placé par le comte de Hertford sous la direction
de Coperario, qui lui fit faire de rapides progrès
dans cet art. Après avoir été quelque temps at-
taché au chœur de Chichester, il obtint en 1602
une place dans la chapelle royale; mais bientôt il
abandonna cet emploi pour entrer dans la mu-
sique particulière de la chambre du roi Char-
les 1"". Tous ceux qui le connurent, dit Fuller,
l'aimèrent et le respectèrent à cause de sa droi-
ture et des qualités de son esprit. Son attache-
ment pour le prince qu'il servait rengagea à
prendre les armes en sa faveur. Pour l'éloigner
du danger, lord Gerrard le nomma commissaire
de l'armée royale; mais l'activité de Lawes lui
fit repousser ce poste; il voulut combattre les
ennemis de son roi, et se fit tuer au siège de
Chestercn 1645. Charles l^fut, dit-on, si affligé
de sa perte, qu'il en porta le deuil. La plupart des
compositions de ce musicien consistent en fan-
taisies pour des violes et l'orgue ; mais son ou-
vrage le plus important est une collection de
psaumes à trois voix et basse continue, sur la
paraphrase de Sandy, qu'il composa conjointe-
ment avec son frère Henri, et que celui-ci a pu-
bliée en 1648, sous ce titre : Choice psalmsput
into musiefor three voices. Burney a inséré un
des morceaux de cet œuvre dans son Histoire
générale de la musique (t. 111, p. 405). Quel-
ques-unes des fantaisies de Lawes ont été pu-
bliées dans les collections de son temps.
LAWES (HtKRi), frère du précédent, mais
beaucoup plus jeune, naquit à Salisbury en 1600,
et apprit la musique sous la direction de Cope-
rario. Au mois de novembre 1625, il reçut sa
nomination de musicien de la chapelle royale ;
quelque temps après, il entra dans la musique
particulière du roi Charles 1 er . Ami de Milton ,
- il mit en musique quelques poésies de cet homme
célèbre , et le Cornus de l'auteur du Paradis
perdu fut d'abord composé par Lawes. Depuis
lors , plusieurs musiciens anglais y ont adapté
de la musique nouvelle. Cette pièce fut repré-
sentée en 1634 à Ludlow-Castle, pour l'amuse-
ment de la famille du comte de Bridgewater et
d'au très gentilshommes du voisinage. Lawes jouait
lui-même un rôle dans cet ouvrage, dont la mu-
sique n'a jamais été imprimée. Ce musicien con-
tinua son service près du roi jusqu'à l'époque
de la révolution. Pendant le protectorat, il vécut
en donnant des leçons. A l'époque de la restaura-
tion, il rentra dans la chapelle, et composa l'an-
tienne du couronnement de Charles II. Il mourut
au mois d'octobre 1662, et fut inhumé à l'abbaye
de Westminster. Ce musicien a joui pendant sa
vie de la réputation d'un artiste de premier or-
dre, chez les Anglais; sa complainte <T Ariane
fut longtemps considérée comme un chef-d'œu-
vre; cependant ce morceau, qui n'est ni un réci-
tatif, ni un air proprement dit, ne justifie pas sa
renommée. Burney, qui a examiné les ouvrages
de Lawes, assure qu'ils sont dépourvus de mé-
rite, et qu'on n'y trouve ni génie, ni savoir. Cet
écrivain en a rapporté quelques airs, dans son
Histoire générale de la musique (t. III. p. 406)
qui ne méritent pourtant pas la sévérité de ce ju-
gement, car la mélodie n'y est pas dépourvue de
naïveté. En 1633, Lawes composa la musique
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234
LAWES — LAYOLLE
d'une mascarade qui fut représentée a Whilehall
devant le roi et la reine : il reçut cent livres
sterling pour cette production. On connaît sous
«on nom : 1° Mélodies pour les psaumes de Sandy,
Londres, 1638, in-fol. Deuxième édition, ibid.,
1676, in-8°. L'ouvrage a Préimprimé sous ce
titre : Psalmody for a single voice; being
twenly-four Mélodies for privale dévotions,
iviih a bass for voice or instrument, elc.;
Londres, 1789, in-4*. — 2° Choice psalmsput
into music for three voices, by Henry and
William Larves brothers and servants tohis
Majcsty, Londres, 1648. On y trouve des canons
à quatre et cinq voix par Henri Lawes. — 3° Ay-
res and dialogues for one, two and three
voices; Londres, 1653 ;liv.2 a , ibid., 1655;liv.3 e ,
ihid., 1656. L'antienne du couronnement est
restée en manuscrit.
LAYOLLE (Fraisçois DE), musicien, né
vraisemblablement vers la fin du quinzième
siècle. J'ai donné, dans la première et dans la
deuxième édition de la Biographie universelle
des Musiciens, une courte notice sur Francesco
Ajolla, d'après les renseignements qui m'élaient
fournis par le Catalogue des écrivains illustres de
•Florence, par Poccianti , et par VFstoria de'Flo-
rentini scrittori, de Negri : M. Farrenc, à qui je
suis redevable des soins qu'il a bien voulu
donner à la correction des épreuves et de ses
bons avis sur les erreurs qui me sont échap-
pées , me fait remarquer que cet Ajolla est le
même artiste que Francesco delV Aiolle, qui
fut le maître de chant et de composition du cé-
lèbre artiste Benvenuto Cellini, et dont Andréa
del Sarlo a placé le portrait dans son tableau de
l'Adoration des Mages peint à fresque dans le
cloître de VAnnunciala de Florence (1). C'est
aussi le même Francesco delV Aiolle qui est
appelé François de Layolle dans les recueils de
messes et -de molfts imprimés en France et en
Allemagne. Plusieurs considérations me portent
à croire que le véritable nom de ce musicien .'est
de Layolle, et que Poccianti et Negri ont erré
en le faisant naître à Florence : d'abord delV
Aiolle n'est pas une forme italienne de nom '
propre; en second lieu, suivant les autorités
de Poccianti et de Negri, il aurait composé de
beaux madrigaux qui auraient été publiés en Italie
avant qu'il se rendit en France vers 1530; or,
dans toutes le» grandes bibliothèques publiques
et particulières que j'ai visitées en Italie, je puis
certifier qu'il n'existe pas un seul ouvrage sous
ce nom , et qu'on ne le trouve dans aucun des
(I) F ita dt Uinvenuto Cellini , arrichita dHllttstra-
zionine document i inédite dal dottov Francesco Taui.
Florcnce.Platll, 1829 .tome I« r , p. îs-io)
nombreux recueils publiés à Venise, à Milan et
à Rome pour un seul morceau, tandis que les
compositions de François de Layolle sont impri-
mées à Venise, à Lyon, à Nuremberg et à Witten-
berg ; enfin, aucun musicien italien n'est venu se
fixer en France dans la première moi lié du seizième
siècle, car ils étaient alors moins avancés dans
l'art que les Belges et les Français : ceux-ci , au
contraire, étaient appelés en Italie et y occupaient
les premiers emplois dans toutes les chapelles, à
cause de leur habileté supérieure dans la pratique
de l'art. Je n'hésite donc pas à croire que Fran-
1 çots de Layolle fut un musicien français qui s'é-
| tablit à Florence au commencement du seizième
I siècle, où il exerça les fonctions d'organiste et se
fit de la réputation par ses talents; qu'il re-
tourna plus tard dans sa patrie, laissant vraisem-
I blablement à Florence un fils, dont il sera parlé
dans l'article suivant; et qu'enfin les Florentins
ont altéré son nom pour l'ajuster à leurs habitu-
des de prononciation et à leur orthographe. Quoi
qu'il en soit , les compositions connues de ce
musicien sont renfermées dans les recueils dont
voici les titres : 1° Motet ti del flore cum
quatuor vocibws liber primus. fmpressum
Lugduni per Jacobum Modernum de Pin-
guento, 1532, in-4° obi. — 2° Tertius liber
(idem) ; ibid., 1539. — 3° Tertius liber Mot-
tettorum ad quinque et sex voces. Opéra et
solertia Jacobi Moderni alias dicti Grand
Jaques in unum coactorum et Lugduni... ab
codent impressorum, 1538,.in-4° obi. —
4° Quartus liber mottetorum ad quinque et
sex voces, etc., ibid, 1539. — 5° Liber quin-
decim missarum .a pusestantissimis musicis
compositarum ; etc., Noribergx, apud Joh.
Petreium, 1538, petit in-4° obi. On y trouve la
messe de Layolle, Adieu mes amours, à quatre
voix. — 6° Liber decem missarum, a prxclaris
et maximi nominis musicis contextus; etc.,
Jacobus Modemus à Pinguenio excudebal
Lugduni, 1540, petit in-fol. Ce recueil renferme
les trois messes de Layolle intitulées : Adieu
mes amours, Osalutaris hostia; ces fâcheux
Sotz. — 7° Selectissimarum motet arum, par-
tim quinque, partim quatuor vocum, tomus
primus; Noribergx, apud Joh. Petreium,
1540, in-4°. — 8° Tomus tertius psalmorum
selectorum ; quatuor et quinque, et quidam
plurium vocum ; Noribergœ, apud Joh. Petreium,
1542. in 4° obi. — 9° Bicinia gallica , latina et
germanica et quœdam fugx. Tomidvo. Vite-
bcrga',Geor%. Rhau, 1545, petit in-4° obi. —-10° Le
Parangon des chansons, contenant plusieurs
nouvelles et délectables chansons a deux,
trois et quatre voix. Livres 1 à 10. Lyon, par
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LAYOLLE — LAYS
235
Jacques Moderne , dit Grand Jacques, 1540-
1643, in-4° obi. Les livres 1, 2, 3, 4 et 5 contiennent
des chansons de Layolle à deux , trois et quatre
parties. Ici se trouve encore une preuve que ce
musicien était né en France , car jamais, au
seizième siècle , musicien italien n'a composé de
chansons françaises. — 1 1° Madrigali a quattro
voci del Arcadelt insieme con alcuni madri-
gali da altri autori, con ogni diligenza stam-
pate et corretle; libri 1, 2, 3, 4 e/ 5. In Ve-
ntila, nella stampa d'Antonio Gardano,
1538-1543, in-4°obl. Plusieurs fois réimprimés ,
ces cinq livres de madrigaux ont eu une dernière
édition, chez le même Gardano, depuis 1550 jus-
qu'en 1560, in-4° obi. On trouve au premier livre
de cette collection un madrigal à quatre voix,
page 25, et un Agnus Dei à trois voix par Franc.
Layolle; et dans le second livre, deux madri-
gaux à quatre voix, par le même, pages 24 et 32.
Il est à remarquer que le nom du compositeur est
écrit Francesco Layole et Layolle. Enfin , on
trouve des morceaux de cet artiste dans le Libro
llamado Silva de Sirenas de Enriquez de
Valderavano; Valladolid, 1547, gr. in-4°, le-
quel contient des motets , villancicos, roman-
ces, etc., mis en tablature de guitare.
LAYOLLE (Aleman), vraisemblablement
fils du précédent» paraît être né à Florence
pendant le long séjour de François dans cette
ville; car son prénom (Alamanno) est plus
italien que français. Il est hors de doute qu'il
suivit son père en France lorsque celui-ci y
rentra ; car on voit, par le seul ouvrage connu
de lui aujourd'hui, qu'il était organiste à Lyon
en 1561 ; mais plus tard il retourna à Florence,
car un curieux document, dont je dois la con-
naissance à M. Farrenc, le prouve d'une ma-
nière irrécusable. Dans un recueil de mémoires
manuscrits de Benvenuto Cellini qui se trouve à
la bibliothèque Riccardiana de cette ville , on
lit ce qui suit : « Aujourd'hui 15 janvier 1569,
« selon l'usage florentin , et 1570 suivant l'usage
« commun (i), commencent à courir, pour
« maître Alamanno Aiolle, organiste, les hono-
• raires d'un demi-écu par mois (2), dont Je
(i) Jusqu'en 17M l'année commençait à Florence le îs
mal, an lien du i» Janvier admit dans la plupart des autrea
pays depuis la réforme du calendrier.
(S) Pour avoir une notion approximative de la valeur en
apparence si minime de ce payement mensuel, il faut faire
la comparaison delà valeur du marc d'argent fin monnayé
en 1570 avec sa progression ascendante à différentes épo-
que* postérieures, et avec le prix des choses nécessaires
à la vie; or, le marc d'argent qui valait en 1870 quinze
livres ou Mre,étalt monté à cinquante-quatre lire en 1740,
et l'ancienne mesure de blé équivalant à trois hectolitres,
qui se payait alors trois lire, était montée à quinze lire, à
« premier payement fie trois lire et demie sera
« fait le 15 février,, selon ce qui a été convenu
« entre nous , à la condition qu'il viendra chez
« moi, au moins une fois par jour, pour
« donner leçon de clavecin à ma fille Liperata,
« maintenant âgée de six ans (i). » On connaît
d'Aleman Layolle un ouvrage intitulé : Chan-
sons et Vauxdevillesà quatre voix; Lyon, Si-
mon Gorlier, l56t,jn-4°. On voit dans VAdvisà
un chacun, placé en tête de la partie de te-
neur, que ce musicien était alors organiste de
Péglise de Saint-Dizier, à Lyon.
LAYS (Fhançois), dont le nom véritable
était LAY, chanteur de l'Opéra de Paris, qui a
joui d'une brillante réputation, naquît le 14 fé-
vrier 1758, dans un village de l'ancienne Gasco-
gne, nommé La Barthe de N estes. Destiné à
l'état ecclésiastique, il entra comme enfant de
chœur au monastère de Guaraison, dont le maî-
tre de chapelle dirigeait d'assez bonne musique.
L'éducation musicale des élèves, dans ces sortes
d'écoles, n'était pas brillante, mais solide, et l'on
en sortait ordinairement bon lecteur. Lorsque
Lays eut atteint l'âge de dix-sept ans, il se rendit
à Auch, pour y terminer ses études par un cours
de philosophie; mais le goût de la solitude le ra-
mena bientôt à Guaraison, où il se livra à l'étude
de la théologie. Il possédait une voix de ténor
grave de la plus grande beauté; cet avantage le
détourna du dessein qu'il avait eu d'abord d'em-
brasser l'état ecclésiastique, et il quitta son mo-
nastère pour se rendre à Toulouse, dans le but
d'y étudier, le droit. Il ne resta qu'un an dans
cette ville. La beauté de sa voix avait fait du
bruit, et déjà l'on s'accordait à classer Lays
parmi les plus habiles chanteurs, bien qu'il n'eût
que d'assez faibles notions de ce qui constitue l'art
du chant. A cette époque, on n'était point en
vain propre à contribuer aux plaisirs de la cour :
une lettre de cachet porta à l'artiste l'ordre
la même époque, c'est-à-dire dans la proportion d'un à
cinq. La différence est bien plus gr.mde aujourd'hui. Enfin
le salaire d'un vicaire de grande paroisse était en 1870 de
76 sous par mois, et une messe se payait 3 sous au curé
officiant solennellement. On voit donc qu'a raison de to
sons par*»r«, le payement d'un demi-écu par moi* a Ale-
man de Layolle était i peu près ce qu'il devait être pour
cette époque. (Voyez les tables de V Essai sur les monnoies
ou réflexions sur le rapport de l'urgent et des denrées,
par Dupré de-Saint-Maur; Paris, 17*8, i vol. tn-4*.)
(1) A maestro Alamanno Aiolle, organlsta questo dt 18 di
gennajo i»69, secondo Flrenze, che secondo la chlesa
slamo nel 70, comlncia la sua provlalone dl uno mezzo
scudo II mese, che la prima paga gll vlene a dl 15 dl feb*
brajo, sono lire tre e mezzo d'accordo : e 11 detto promette
di ventre una voila U manco ognl giorno a casa mla a
darlezlonedi sonare dl gra vlcembolo alla Liperata mla
flgliuola, quale è deila ctà dl sel anni appuoto.
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2Sf>
LÀYS-LAZZARI
<le se rendre à Pari* pour y être essayé à l'O-
péra. 11 arriva dans cette ville au mois d'avril
1779, et ses débuts eurent lieu au mois d'octo-
bre de la même année.
La première fois que Lays se lit entendre à
l'Académie royale de musique, ce fui à la fin d'un
ballet, dans un air de Berton père, qui com-
mence par ces mots :
Sous les lots de l'hymen
Quand l'amour nous engage,
Etc • /
La beauté de son organe assura son succès. Le
rôle du Seigneur bienfaisant, qui fut écrit pour
lui, le classa bientôt parmi les chanteurs les
plus en vogue. En 1780, il fut attaché aux con-
certs de la reine, et il y chanta jusqu'en 1791.
Ses succès au concert spirituel n'avaient pas
moins d'éclat qu'à l'Opéra; il s'y faisait souvent
entendre avec la fameuse M' ne Saint-Huberty, et
les amateurs de l'époque s'extasiaient sur l'ex-
pression de ces deux coryphées du bon goût.
Comme acteur, Lays avait néanmoins peu de
succès, quoiqu'il eût joué les principaux rôles des
opéras de Gluck, de Piccinni et de Sacchini,
mais celui de Panurge, écrit pour lui par Gré-
try, lui fut si favorable, qu'il fit oublier ses dé-
fauts. Le rôle du marchand d'esclaves dans la
Caravane, et celui û'Anacréon, mirent le sceau
à sa réputation. La beauté de sa voix se con-
serva jusque dans un âge avancé; ce ne fut
qu'après quarante-trois années de service qu'il
se retira de l'Opéra, au mois d'octobre 1822.
Deux ou trois ans après, il reparut dans une re-
présentation au bénéfice d'un de ses anciens ca-
marades; mais il était alors âgé de soixante-six
ans, et il ne parut plus que l'ombre de lui-
même.
Lays avait embrassé avec chaleur les principes
de la révolution de 1789. Au mois dp septembre
1792, il alla piotnster au conseil général de la
commune de son zèle peur la liberté et l'égalité;
puis, en 1793, il parcourut les provinces du Midi
en missionnaire ardent du système de la terreur,
et se rangea à Bordeaux parmi les ennemis de la
faction des Girondins. Il parait que des tracasse-
ries lui furent suscitées au théâtre, en haine de
ses principes, car il crut devoir se défendre dans
lin petit écrit devenu d'une excessive rareté, et
qui a pour titre : Lays, artiste du théâtre des
Arts, à ses concitoyens, Paris, 1793, 23 pages
in 8°. Toutefois, aux différentes époques de réac-
tion, il ne fut point inquiété, et la seule ven-
geance qu'on tira de son radicalisme fut de l'o-
bliger à chanter sur la scène le Réveil du Peu-
ple, après le 9 thermidor (1794), et des couplets
pour les Bourbons le 10 avril 1814, devant les
souverains alliés.
Lays avait été nommé professeur de chant au
Conservatoire de Paris, le 9 novembre 1795; il
en remplit les fonctions jusqu'au mois de sep-
tembre 1799; mais à cette époque, des discus-
sions s'élevèrent entre l'administration de cette
école et celle de l'Opéra , et pour ne point y
prendre part, il se retira. En 1819, il rentra a
Y École royale de chant et de déclamation,
dont l'organisation avait succédé à celle du Con-
servatoire; mais le désir de jouir enfin du repos
dont il sentait le besoin après de si longs travaux,
lui fit demander sa retraite définitive ; il l'obtint
au mois de décembre 1S26. Ce fut alors qu'il
partit de Paris pour aller se fixer dans une habi-
tation sur les bords de la Loire, au village d'In-
grande, à quelques lieues d'Angers : ses derniè-
res années s'y écoulèrent en paix. II est mort
dans ce lieu, le 30 mars 1831, à l'âge de soixante-
treize ans. il avait élé premier chanteur de la
chapelle de Napoléon, depuis 1801 jusqu'en 1815;
mais après la deuxième restauration, on lui fit
un crime de son ancienne exaltation républi-
caine, et son emploi lui fut ôté.
Malgré l'enthousiasme qu'il a longtemps e\ ci lé
parmi les habitués de l'Opéra, Lays n'était pas
un grand chanteur : on peut même dire qu'il
ignorait les éléments de l'art du chant. Sa voca-
lisation était lourde; il n'avait point appris à
égaliser les registres de sa voix, et quand il pas-
sait des sons de poitrine à ceux de la voix mixte,
c'était par une transition subite d'un organe
formidable à une sorte de voix flûtée d'un effet
plus ridicule qu'agréable. Il affectait cependant
de se servir de cet effet, qui, de son temps, faisait
pâmer d'aise les amateurs de profession. La plu-
part des ornements de son chant étaient suran-
nés et de mauvais goût; mais, malgré ces dé-
fauts, la beauté de sa voix lui faisait des parti-
sans de presque sous ses auditeurs, et il n'y
avait guère de succès possible pour un opéra, si
Lays n'y avait un rôle. Au reste, il avait de la
chaleur et savait animer un morceau de musi-
que : ses défauts étaient ceux de son temps car
il n'y avait pas en France d'école de chant a l'é-
poque où il débuta. S'il fût venu plus tard, avec
sa belle voix et sa connaissance de la musique, il
aurait pu devenir un chanteur distingué.
LAZ-ZARI (Albert), carme et compositeur
né a Venise, fut maître de chapelle en cette ville,
dans la première moitié du dix-septième siècle.
Il a publié plusieurs ouvrages de sa composition,
entre autres : \° Armonie spirituali Concer-
tât e a 1, 2, 3, k, 5 e 6 voci, con litanie délia
B.V.ài e S voci se piace. lib. 1 e 2, op. 2;
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LAZZAR1 — LRBEUF
237
Venise, Bart. Magni, 1637. — 2° La Gloria di Vt-
nczia ed altre musicheavoce solaconilbasso
continuo,op. 3; Venise, 1637,in-4°.
LAZZARINI ( SarioN ) , né à An cône en
1641, entra dans l'ordre des Ermites de Saint-Au-
gustin, ou Prémontrés, et fut professeur de théo-
logie. Il cultiva la musique avec succès, et, lit
imprimer plusieurs ouvrages de sa composition,
parmi lesquels on remarque : 1° Motelti a due
e fre voci op. 2; Ancône, Claude Perciminco,
1674. — 2° Salmi vespertini a tre e cinque voci,
con due violini, op. 3; ibid. 1675.
LAZZARINI (Gustave), bon ténor italien,
né à Padoue , ou, selon d'autres renseignements,
à Vérone, vers 1765, débuta à Lucqnes en 1781),
et s'y fit applaudir dans Vlfigcnia in Aulide de
Zingarellt. En 1794 il chanta à Milan, pendant
la saison du carnaval, avec M me Grassini et
Marchesî , dans VArfaserse du même composi-
teur et le Demofoonfe de Portogallo. Son talent
se- soutint à côté de ces grands artistes ; épreuve
difficile que peu de chanteurs auraient pu subir.
L'année suivante il fut engagé de nouveau dans
cette ville; en 1798, il y retourna encore, pour
chanter GU Orazi de Cimarosa, et le Meleagro
de Zingarelli, avec La Riccardi et Crescentini.
En 1801 il fut un des acteurs qui composèrent la
troupe de Y Opéra buffa de Paris. Il y chanta
avec M™" Slrinasacchi et Georgi Belloc. Déjà
sa voix avait perdu sa fraîcheur, mais on recon-
naissait en lui un talent supérieur dans l'art du
chant et un musicien excellent. Il eut à Paris
Nozzari pour successeur, en 1803. Son portrait a
été gravé dans cette ville par Nitôt Dtifrêne,
acteur de l'Opéra. Lazzarini a publié deux œuvres
d'ariettes italiennes avec accompagnement de
piano, Paris, Carli, et une pastorale, idem, ibid.
LAZZARINI (Alexandre), prélat romain
attaché au service du pape Pie VU, naquit à
Rome, en 1769. Il accompagna le saint Père en
France lorsqu'il vint sacrer Napoléon empereur
des Français, et une seconde fois, lorsque le chef
de l'Église fut conduit en exil à Fontainebleau.
De retour à Rome, en 1814, monsrg. Lazzarini y
reprit le cours de ses études et de ses travaux
littéraires. On a de lui un curieux traité de l'usage
des cloches chez les anciens Hébreux et chez les
autres peuples de l'Orient, sous ce titre : De va-
rio tintinnabulorum usu apud Hebrœos et
Ethnie os; Rome, 182?, 2 vol. in 8°. Cet ouvrage
est rempli de recherches intéressantes, et se re-
commande par une érudition solide.
LEACII (....), musicien anglais, vraisem-
blablement attaché à quelque église de Londres,
vers la fin du dix-huitième siècle, a publié :
1* Hymns and psahnluncs for the use of
churches, chapels and sundrtj schools. Book
1 and ?.; Londres, Preston. — 2° Collection of
Hymnslunes and anthems adapted for a
full choir, publisking in numbers; ibid. —
3° Trios pour deux violons et basse, ibid.
LÉAUMONT (Le chevalier DE), officier
au régiment de Neustrie, vivait à Paris, vers la
fin du dix-huitième siècle. 11 y fit graver, en
1786, un duo concertant pour violon et violon-
celle.
LEBÈGUE (Antoine-Nicolas). Voyez BÈ-
GUE (LE).
LE BESNIER ( L'abbé Anicet) , chanter
de IVglise paroissiale de Saint-Ouen, à Rouen, a
fait imprimer un livre intitulé Manuel du chan-
tre, Rouen, Mégard, 1839, in-8°, et un recueil
de cantiques qui a pour titre : Chants du mois
de Marie, en l'église paroissiale de Saint-Ouen,
recueillis par l'abbé Anicet Le Besnier ; Rouen,
Mégard, 1840, in- 12 de 72 pages.
LEBEUF (l'abbé Jban), chanoine et sous-
chantre de l'église cathédrale d'Auxerre, naquit
en cette ville le 6 mars 1687. Homme simple,
modeste et laborieux, il n'a laissé d'autres ma-
tériaux pour Thistoire de sa vie que ses ouvra-
ges où l'on remarque beaucoup plus d'érudition
que de goût et de style. L'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres le choisit, en 1740, pour
remplacer Lancelot. Le pape Benoit XIV, après
avoir vu son Martyrologe d'Auxerre, en fut
si satisfait, qu'il fit proposer à l'auteur de se ren-
dre à Rome ; mais la mauvaise santé de l'abbé
Lebeuf fut un obstacle à ce voyage. 11 mourut le
10 avril 1760, à l'âge de soixante-treize ans. On
porte à près de cent quatre-vingts le nombre
de dissertations et d'ouvrages de tout genre dus
aux recherches de cet infatigable savant. Je ne
parlerai ici que de ce qui a quelque rapport à
l'histoire de la musique dans ses travaux ; on y
distingue : 1° Remarques sur le chant ecclésias-
tique (dans le Mercure de France, septembre
1725, p. 1897.) — 2° Lettre contre la nouvelle
manière dénoter le plain-chan 1 ', inventée par
M. de Motz (Mercure de février 1728, p. 217).
— 3° Règles pour la composition du plain-
chant (ibid., juin 1728, 1 er volume, p. 1162;
2 ,ne vol. pag. 1300). — 4° Réflexions sur la
nouvelle manière de noter le plain chant,
inventée par M. de Motz (ibid., novembre 1728,
p. 2230, et décembre, 1 er vol., p. 227 1). — 5° Ré-
ponse aux questions proposées dans le Mer-
cure de novembre 1728, à Voccasion de quel-
ques contestations musicales formées à Troyes
en Champagne (ibid., mai 1720, p. 844). On
trouve dans le catalogue de Falconet (tome 1 er ,
p. 477, n° 8355) l'indication d'un ouvrage de
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238
LEBEUF — LEBLANC
Tabbé Lebeuf, sous ce titre : Mémoire de Jean
Lebeuf sur le plain-chant, 1729, in-12. il est
vraisemblable que ce n'est qu'un tirage à part de
ce qu'il avait publié sur cette matière, en 1728,
dans le Mercure de France. — 6° Lettre sur
les orgues , à l 'occasion de ce qui est dit de
celles de la cathédrale d'Albi dans le Mercure
de juillet 1737 (ibM., août 1737, page 1750). —
7° Recueil de divers écrits pour servir d'é-
claircissements à l'histoire de France et de
Simplement à l'histoire des Gaules; Paris,
173S, 2 vol. in-12. Cet ouvrage est Tonné de la
réunion de plusieurs dissertations envoyées pré-
cédemment par l'auteur à différentes académies.
Parmi ces morceaux historiques, on remarque au
premier volume une Dissertation sur le lieu où
s'est donnée en 84 1 la bataille de Fontenay.
Après avoir éclairci le point principal de la dis-
cussion, Lebeuf y rapporte une pièce très-curieuse
sur la bataille de Fontenay, ou Fontanet, qui est
du temps de cet événement. Cette pièce, en vers
trochaïques, existe dans un manuscrit de 'Saint-
Martial de Limoges qui est à la Bibliothèque im-
périale, à Paris, n° 1154. Elle est composée de
différentes strophes qui , ainsi que l'a remarqué
Lebeuf, sont dans le style des complaintes lati-
nes. Cette pièce commence ainsi :
VERSUS DE BELLA. QUiS FUIT ACTA FOCTANETO.
Aurora cum primo m a ne
Telram uoctcm dhrldens,
Sabbalum non illud fuit,
Sed saturai dolluro ;
Etc.
Lebeuf la rapporte en entier (pag. 165-168,
vol. 1.). Il a bien vu par les caractères de nota-
tion saxonne ( neumes ), placée au-dessus des vers
de la première strophe, que c'est une sorte de ro-
mance historique; mais ces caractères ont été
pour lui un mystère impénétrable. J'ai traduit
en notation moderne ce morceau, l'un des plus
curieux et des plus intéressants de l'histoire de la
musique ( Voyez la planche du Résumé philo-
sophique de l'histoire de la musique , en tête
de la première édition de la Biographie uni-
verselle des Musiciens. )
Une dissertation pleine de recherches sur l'état
des sciences et des arts au temps de Charlema-
gne se trouve au commencement du deuxième vo-
lume ; elle renferme des détails qui ne sont pas
sans intérêt pour l'histoire de la musique, par-
ticulièrement sur Remi-d'Auxerre et Hucbald.
— 8° Dissertations sur l'histoire ecclésiasti-
que et civile de Paris, suivie de plusieurs
éclaircissements sur l'histoire de France,
Paris 1739-1745, 3 vol. in-12. On trouve dans le
deuxième volume de celte collection une benne
Dissertation sur l'état des sciences en France
depuis la mort du roi Robert jusqu'à celle
| de Philippe le Bel. Lebeuf y a réuni quelques
renseignements sur la situation de la musique
française depuis Tan 1031 jusqu'en 1304; mais
il n'a pas connu toutes les sources où il pouvait
puiser. — 9° Traité historique et pratique
sur le chant ecclésiastique avec le directoire
qui en contient les principes et les règles,
suivant l'usage présent du diocèse de Paris,
et autres. Précédé d'une nouvelle méthode
pour l'enseigner et l'apprendre facilement,
Paris, 1741, in-8°. Les règles de plain-chant
qu'on trouve dans cet ouvrage ne sont point de
l'abbé Lebeuf ; elles avaient été composées vers
la fln du dix-septième siècle par l'abbé Chaste-
lain , chanoine de Notre-Dame et ami de Bros-
sard , pour être placées en tète de l'ancien afiti-
phonaire de Paris. La partie historique seule,
jusqu'à la page 150, appartient à Tabbé Lebeuf:
elle contient des choses curieuses qu'on ne trouve
point dans la plupart des ouvrages sur la même
matière. Toutefois ce livre a été trop vanté :
l'abbé Lebeuf n'avait presque aucune connais-
sance de l'histoire du plain-chant en Italie et en
Allemagne. Il avait été chargé de travailler en
1744 au nouvel antiphonaire et au nouveau gra-
duel de Paris : ce fut ce qui le jeta dans ces re-
cherches qu'il avait déjà ébauchées autrefois.
LEBLAN ou LE BLAN (P.-J.), carillon-
neur de la ville de Gand et compositeur, ne m'est
connu que par une note de la Bibliographie
Gantoise, de M. Ferd. Vanderhaegen, p. 190,
où un article du catalogue Van de Poêle ( im-
primé à Gand en 1816, p. 45, n° 193) est cité
de cette manière : Livre de clavecin, par P. J.
Le Blan, carlllonneur de la ville de Gand.
Cet ouvrage, dont on n'indique pas la date dans
le catalogue, était relié avec le traité de musique
de Jean Van der Elst (voy. ce nom ) intitulé Den
Ouden ende Nieuwen Grondt Van de Musijke
Bevangehende. (Gand, Maximilien Graet, 1662,
in-4°.)
LEBLANC (Hcbert) , docteur en droit et
amateur de musique , qui jouait bien de la basse
de viole, vécut à Paris dans la première moitié
du dix-huitième siècle. C'était un homme d'un
caractère bizarre, qui, dans son admiration pour
la basse de viole, ne connaissait rien qui pût lui
être comparé, et qui voyait avec chagrin l'aban-
don de cet instrument se préparer par la vogue
qu'obtenaient en France le violon et le violoncelle.
Il écrivit à ce sujet un livre singulier, intitulé :
Défense de la basse de viole contre les entre-
prises du violon et les prétentions du violon'
cel (sic). Amsterdam, 1740, in-12. Il y traite le
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LKBLANC — LEBORNE
23î>
violon d'orgueilleux, d'arrogant, visant à l'empire
universel de la musique; quant au violoncelle,
c'est, dit-il , un pauvre hère , qui se cache tout
honteux derrière le clavecin, et dont la condi-
tion est de mourir de faim. Le style du livre
est digne des pensées. Leblanc n'avait pu trouver
à Paris de libraire pour une telle production ; il
fut obligé d'envoyer son manuscrit à Amsterdam.
Lorsqu'il apprit que Pierre Mortier consentait à
l'imprimer, il en fut si transporté de joie, qu'il
partit pour la Hollande en l'état où il se trou-
vait quand la nouvelle lui parvint, c'est-à-dire
en robe de chambre, en pantoufles , et en bonnet
de nuit.
LEBLANC (....)> violoniste et compositeur
français , né vers 1750, fut d'abord chef d'or-
chestre au Théâtre Comique et Lyrique, à
Paris , lequel prit ensuite le titre de Théâtre des
Jeunes Artistes. Il occupait cette place en 1791.
Plus tard, il fut attaché au Théâtre d'Ému-
lation, en qualité de compositeur des opéras
et pantomimes; il conserva cet emploi jus-
qu'en 1801. Descendant presque toujours dans
des positions pires , il fut ensuite obligé d'accep-
ter une place de second violon au Théâtre sans
prétention du boulevard du Temple, et enfin,
dans ses dernières années, il fut réduit à copier
de la musique. Il est mort à Paris, dans une
situation malheureuse et dans un âge fort avancé.
Les premières compositions de Leblanc sem-
blaient lui promettre une carrière plus heureuse ;
on y remarquait du talent, et leur succès n'avait
pas été sans éclat; mais il écrivit presque tous
ses ouvrages pour les petits théâtre?, où rien ne
saurait avoir une longue existence. $on premier
opéra , joué au théâtre des Beaujolais , en 1787,
était intitulé : La ISoce Béarnaise; il eut un
succès de vogue. Vinrent ensuite Gabrielle et
Paulin, au même théâtre, 1788 ; La Folle ga-
geure, an théâtre Comique et Lyrique, 1790;
Rosine et Zely, au même théâtre, 1790; Le Ber-
ceau de Henri IV, en deux actes, au même
théâtre; Nicodeme dans la lune, en trois actes,
au même théâtre, qui fil courir tout Paris aux bou-
levards pendant plus d'une année ; Télémaque,
pantomime dialoguée, avec des morceau x de chant,
une ouverture et des entr'actes, au Théâtre
d'Émulation, en 1797. Leblanc a écrit aussi la
musique d'une très-grande quantité de pantomi-
mes, de mélodrames et de ballets pour la plupart
des théâtres des boulevards.
LEBL1CQ (Charles-Théodore), né à
Bruxelles, le 25 août 1833, fut admis au Conser-
vatoire de cette ville en 1851, et y fut élève de
l'auteur de ce dictionnaire pour la composition.
En 1855 et 1857, il prit part aux grands concours
de composition musicale, institués par le gouviT
neinent, sans y obtenir ni premier ni second prix.
En 1856, M. Leblicq fit exécuter à l'église Sainte-
Gudule une messe solennelle avec orchestre , et
dans l'année suivante il y donna un salut où l'on
remarqua de bonnes choses. Il s'est fixé à Paris en
1859, et a fait représenter au Théâtre-Lyrique, le 6-
décembre 1861, La Tyrolienne, opéra-comique
en un acte, dont les journaux ont fait l'éloge en
cilant ses mélodies naturelles, son harmonie dis-
tinguée et son instrumentation élégante.
LEBLOND ( Gaspar MICHEL, surnommé )„
abbé et savant antiquaire, naquii à Caen, le
24 nov. 1738. Venu à Paris, il s'y fit bientôt
connaître avantageusement, et ne tarda pas à
être nommé sous- bibliothécaire à la Bibliothèque
Mazarine. En 1772, il fut reçu à l'Académie des
inscriptions , où il lut de savants mémoires sur
divers objets d'antiquité. Pendant la Révolution,
Leblond ayant été nommé membre de la com-
mission temporaire des arts, profila de cette cir-
constance pour enrichir la Bibliothèque Maza-
rine d'environ 50 mille volumes. Au mois de
mai 1791 , le directoire du département de Paris
le nomma conservateur de la même bibliothèque ;
il devint ensuite membre de la classe des anti-
quités, lors de la première formation de l'Ins-
titut. Après l'établissement du gouvernement
impérial, il se retira à l'Aigle, où il mourut
le 17 juin 1809, à l'âge de soixante et onze
ans. 11 ne s'agit point ici de ses travaux litté-
raires ; je ne le cite que P onr une compilation rela-
tive à la musique. Lié d'amitié avec l'abbé Ar-
naud , il s'intéressa à la querelle des Gluckistes
et des Piccinnistes , et publia la collection des
pièces qui avaient paru sur cette dispute , sous*
le titre de : Mémoires pour servir à l'histoire
de la révolution opérée dans la musique
par le chevalier Gluck; Paris, 1781, in-8°.
LEBOEUF. Voy. BOEtfF (LE).
LEBORNE, musicien français du quator-
zième siècle, fut attaché à la maison de Louis X,
dit le Hutin, roi de France, en* qualité de
joueur de psaltérion , ainsi qu'on le voit par
une ordonnance de l'hôtel de ce prince, en
date de 1315 , au chapitre des Ménestrels ( voy.
la Revue musicale, t. XII, p. 194).
LEBORNE ( Aimé-Ambroisb-Simon ). fils
d'un artiste dramatique, est né à Bruxelles, le
29 décembre 1797. Ses premières études musi-
cales ont été faites à l'école gratuite de Ver-
sailles , où la classe de musique était dirigée
par Desprez, ancien musicien de la chapelle
du roi. M. Leborne y obtint les premiers prix
dans les années 1809 et (810. A cette époque,
son père entra au théâtre de VImpératrice
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240
LEBORJNE — LE BOURGEOIS
(Odéon). Le jenne Leborne le suivit à Paris; il
fut admis comme élève au Conservatoire le
8 janvier 1811, et entra dans une classe de
solfège. Déjà bon lecteur de musique, il eut
bientôt fini son cours de cette partie élémentaire
de Part , et le 26 octobre 1812 il commença l'é-
tude de l'harmonie dans la classe de Berton ;
mais il reçut toutes ses leçons de Dourlen, alors
répétiteur de cette classe , et plus tard profes-
seur. Au mois d'octobre de Tannée suivante il
devint élève de Cherubini f pour le contrepoint
et la composition. En 1818 , il concourut à l'Ins-
titut de France et y obtint le second grand prix
de composition musicale; deux ans après il se
présenta de nouveau au même concours et l'em-
porta sur ses émules. Le premier grand prix lui
fut décerné, et pendant les années 1821 , 1822
et 1823, il voyagea en Italie et en Allemagne,
en qualité de pensionnaire /lu gouvernement.
De retour à Paris, il s'y est livré à des travaux
de composition; le 23 février 1828 il a fait re-
présenter au théâtre de' l'Opéra-Comique Le
Camp du drap d'or, opéra en trois actes»
composé* en société avec Hatton et Ri faut ; cet
ouvrage n'a pas été favorablement accueilli par
le public. Dans la même année M. Leborne a
écrit quelques morceaux importants de La Vio-
lette, opéra de M. Carafa, représenté le 7 oc-
tobre 1828. Le 15 juin 1833, il a fait jouer au
Théâtre de la Bourse l'opéra-comique inti-
tulé : Cinq ans d'entr'acte, en deux actes. Cet
ouvrage a éle suivi de Lequel, opéra-comique
en un acte, représenté au même théâtre, le 21
mars 1838. Successivement répétiteur de sol-
fège au Conservatoire, en 1816, et professeur
de la même classe, en 1820, M. Leborne a été
appelé à remplacer Reiclia comme professeur
de composition dans la même école, le 13 août
1836. Le 1" janvier 1829, il a remplacé à
l'Opéra Lefebvre, son beau-père, en qualité de
bibliothécaire et d'entrepreneur de la copie , et
le titre de bibliothécaire de la chapelle du roi
lui a été donné en 1834. Professeur de mdrite et
possédant les excellentes traditions pratiques de
l'ancienne école d'Italie, qu'il a reçues de Che-
rubini , M. Leborne a formé de bons élèves ,
dont plusieurs ont été couronnés dans les con-
cours de l'Institut. On lui doit une nouvelle édi-
tion du Traité d'harmonie de Catel , avec de
nombreuses additions, non dans le système, mais
en ce qui concerne la pratique ( Paris , Brandus
et C", 1848, gr. in-4°. )
LEBOUC (Charles- Joseph), violoncelliste
distingué et compositeur, est né à Besançon , le
22 décembre 1822. Après avoir appris la musique
et le violoncelle dans le lieu de sa naissance, il
se rendit à Paris à l'âge de dix-huit ans , et fut
admis au Conservatoire, en 1840, comme élève
de M. Kranchomme pour son instrument. Ses
professeurs pour la composition furent Col et et
Halévy. Après avoir obtenu le premier prix de
violoncelle au concours de 1842, un second prix
d'harmonie en 1843, un premier prix de cette
science dans l'année suivante et des accessits de
contrepoint, M. Lebouc entra à l'orchestre de
l'Opéra en 1844 et y resta attaché jusqu'en 1848.
Élu membre de la Société des concerts du Con-
servatoire en 1842, il en a été secrétaire dans les
années 1856 et 1860. Fondateur des Soirées de
musique classique, où l'on entend exécuter par
de bous artistes de la musique instrumentale de
chambre et des morceaux de chant tirés d'opéras
et d'oratorios, M. Lebouc a vu prospérer cette
institution. Les ouvrages gravés de cet artiste
sont : op. 1 : Fantaisie pour violoncelle sur des
motifs des Mousquetaires de la reine; Paris,
Brandus. — Op. 3 : Trio de concert sur des motifs
de Rossini (»our piauo, violon et violoncelle; ibid.
— Op. 4 : La Vision detainte Cécile, mélodie pour
soprano ou ténor, avec accompagnement de violon-
celle obligé et de piano; Paris, Girod Op. 5 :
Duo sur des mélodies d'A.Gouffé pour piano
et violoncelle ou violon ; ibid. — Op. 6 : Noc-
turne sur Plaisir d'amour de Martini , pour
piano et .violoncelle ou violon; ibid. — Op. 7 :
Souvenirs d'Italie, fantaisie pour violoncelle
avec accompagnementde piano ; ibid. — Op. 8 :
Duo sur. des motifs de Gluck pour piano et vio-
loncelle; Paris, Lemoine. — Op. 9 : Mazurka
pour violoncelle; Paris, Girod. — - Op. 10 : Ave
verum à une voix , avec accompagnement de
violoncelle et orgue; ibid. — Méthode de vio-
loncelle; Paris, Lemoine.
LE BOURGEOIS ( Pierre -Auguste ;,
compositeur né à Versailles, au mois de juin
1799, suivant les registres du Conservatoire de
Paris , et d'après celui des inscriptions des
concours de l'Institut, au mois d'octobre de la
même année, commença l'étude de la mu-
sique dans le lieu de sa naissance , sous la di-
rection de Matthieu ( voyez ce nom ) ; puis il
fut admis au Conservatoire comme élève du
cours d'harmonie professé par Dourlen. Devenu
élève de Lesueur, pour la composition , il con-
courut à l'Institut en 1823, pour le grand prix,
qui lui fut décerné par la classe des Beaux -arts,
après l'examen et l'audition de sa cantate inti-
tulée Geneviève de Brabant. Cet ouvrage fut
exécuté à la séance de cette Académie, au mois
d'octobre de la même année. Devenu pension-
naire du gouvernement à ce titre, il partit pour
Rome; mais peu de jours après son arrivée, il
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LE BOURGEOIS — LEBRUN 241
mourut au mois de mars 1824» avant «l'avoir son talent At naître les émotions les plus Vives
accompli sa vingt-cinquième année, laissant en , et qu'il recueillit les applaudissements les plus
manuscrit beaucoup de compositions vocales et ! flatteurs. Des offres avantageuses lui furent
instrumentales. \ faites pour qu'il se fixât en cette ville; mais
LEBRETON (Joàcuw). Voyez BRETON j fidèle à ses engagements avec son prince, il re-
(LE). : jeta toutes les propositions du même genre qui
LEBRUN, ou LEBRUNG(Jean), prêtre lui furent faites. Malheureusement cet artiste si
et musicien , né dans la seconde moitié du quin- distingué n'eut qu'une courte cargère; il mourut
zième siècle, fut attaché à la chapelle du roi à Berlin, le 16 décembre 1790, à l'âge de
de France Louis XII, suivant un compte de la quarante-quatre ans. Lebrun s'est fait connaître
maison de ce prince qui se trouve dans un | comme compositeur par les ouvrages suivants :
volume manuscrit de la Bibliothèque impériale de j 1° Six trios pour hautbois , violon et basse, ou
Paris (n° F, MO du supplément). Il était chantre • 2 violons et basse,, op. 1, Oflenbach, André,
en voix de basse. Les troisième et quatrième ii- — 2° Duos faciles pour 2 flûtes; Paris, Na-
vres des Motetti de la Corona publiés par Pe- j derman. — 3° Concertos pour hautbois et or-
Inicci de Fossombrone, en 1519, en contiennent , chestre; n° 1 (en ré mineur), Offenbach,
deux à quatre voix, sous le nom de Lebrung. j André; Paris, Omont; n° 2*( en sol mineur);
On trouve aussi le motet à 4 voix, Seul, I n° 3 (en ut)\ n° 4 (en si bémol ); n° 5 ( en
Saul, quid me, du même artiste, dans le re- | ut) , Paris, Sieber et Oinont; n° 6 (en fa) ,
cueil intitulé ; Fior de motetti e canzonin&vi Paris, Omont; n° 7 (en fa), Paris, Sieber. —
eomposti da diverse eccellentisshni Musici, et 4° Trios pour hautbois , violon et basse, op. 2,
imprimé à Rome, par Jacques Junte, en 1523. Paris , Sieber.
Le recueil de Georges Forster, qui a pour titre , LEBRUN (Françoise)', femme du précé-
Selectissimarum Motetarum partim quinque , dent et fille du bassiste Danzi, naquit à Man-
parti m quatuor vocum Tomus pnmus (No- heim en 1756. La nature l'avait douée d'une
rimbergtt, J Petrejus, 1540), renferme deux
motets de Lebrun. Enfin , on trouve des compo-
sitions du même dans le cinquième livre de la
collection d'Atlaingnant ( Paris , 1 536 ) , ainsi que
voix aussi remarquable par la pureté des sons
que par son étendue; dans les notes élevées,
elle atteignait sans peine au contre-fa. L'étude
développa ses belles qualités et compléta un des
dans le huitième livre, et dans le septième livre plus beaux talents de cantatrices que l'AUe-
de chansons à 5 et 6 parties publié par Tilman magne ait produits. A peine âgée de seize ans,
Susato (Anvers, 1545). j M ,,e Danzi se fit entendre pour la première fois
LEBRUN ( Louis- Auccste ) , hautboïste ce- en 1771 , et charma toute la cour. L'année sui-
lèbre, naquit à Manheim en 1746, et non ' vante elle fut engagée à l'Opéra de Manheim.
en 1752, comme le dit Lipowsky dans son Die- | Devenue la femme de Lebrun, elle partit avec
tionnaire des musiciens de la Bavière. A peine , lui pour l'Italie, et chanta à Milan, en 1778,
parvenu à l'âge de vingt et un ans, il était déjà dans l'opéra de Salieri Europa riconosciuta.
cité pour son habileté extraordinaire dans sou Sa voix admirable , dont l'étendue était de deux
pays, où les virtuoses sur le hautbois ne sont octaves, et sa facile vocalisation, excitèrent
pas rares. En 1767 il entra dans la musique de parmi les Milanais des transports d'enthousiasme,
l'électeur de Bavière , à Munich, et le prince , malgré les intrigues de la Balducci, prima donna
qui aimait beaucoup son talent, lui accorda un du théâtre de la Scala. M me Lebrun obtint un
traitement de quinze cents florins. En l 775 il - succès égal à Londres, dans les années 1781 et
épousa Françoise Danzi, sœur du compositeur 1783. De retour à Munich en 1785, elle y chanta
de ce nom; ce fut à dater de cette époque que pendant tout l'hiver, puis elle retourna en Italie
son nom acquit de la célébrité, parce que, voya- l'année suivante , et obtint à Venise et à Naples /
géant avec sa femme, artiste du premier on Ire , de brillants succès comme dans toutes les villes
4>our le chant, il put donner avec elle des : qu'elle avait visitées. Pendant les années 17 as
concerts dans les plus grandes villes de l'Eu- et 1789 , elle chanta à Munich dans Yldomènèe
rope. Ayant obtenu des congés, il visita Berlin, de Mozart, dans VArmidc de Prati , et dans le
Vienne, Londres, Paris : partout il recueillit ; Castor et Pollux de Vogler. Engagée à Berlin,
des témoignages d'admiration. Son premier elle partit au mois de décembre 1790 pour cette
voyage à Londres eut lieu en 1781; il y re- ; ville; mais à peine y était-elle arrivée, qu'elle
tourna en 1785, et chaque fois il y excita au- perdit son mari. Le chagrin qu'elle en éprouva
tant d'étonnement que de plaisir. Mais c'est j lui causa une maladie de langueur, dout elle
surtout à Paris, où il se trouvait en 1784, que ' mourut le 14 mai 1791. M 1 *" Lebrun possédait
BIOGR. UNIV. DES MUSir.ll 4 \S. — T. V. Jti
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242
LEBRUN
aussi on talent remarquable sur le piano , et
composait avec goût pour cet instrument. Elle
a publié à Offenbaclt , en 1783, des sonates
de piano avec accompagnement de violon, et des
trios pour piano , violon et basse où il y a de
jolies mélodies et le mérite d'une facture facile.
M me Lebrun eut deux Mlles. L'aînée ( So-
phie), née à Londres le 20 juin 1781, eut de
la célébrité comme pianiste. Après avoir étudié
la musique sous la direction de Knecht, elle
reçut des leçons de Streiclier pour le piano , et
de Scblett pour l'harmonie. Douée d'un senti-
ment vif et profond, et possédant un méca-
nisme facile , elle voyagea avec succès et fit ad-
mirer la perfection de son jeu en France, en
Allemagne et en Italie. Le 18 avril 1799 elle
épousa Dulken , facteur de pianos à Munich ;
c'est surtout sous le nom de M™* Dulken qu'elle
acquit de la renommée. Elle a composé des
sonates et d'autres pièces pour le piano , maù
elle n'en a rien publié.
Rosine, seconde fille de M rac Lebrun, na-
quit à Munich, le 13 avril 1785. Après avoir reçu
des leçon* de Streiclier pour le piano, elle
fit des études de chant sous la direction de son
oncle , le maître de chapelle Danii. Ses débuts
annoncèrent un talent distingué ; mais ayant
épousé l'acteur de la cour Stenzsch , le 30 no-
vembre 1801 , elle renonça à chanter Topera
pour jouer la comédie , où elle a montré du ta-
" lent.
LEBRUN ( Jean ) , virtuose sur le cor, na-
quit à Lyou le 6 avril 17.VJ. Fils d'un amateur
instroit dans la musique, il apprit fort jeune
les éléments de cet art, et se forma presque seul
sur le cor un talent déjà remarquable avant
qu'il eût atteint sa vingtième année. En 1783,
il se rendit à Paris , où Rodolphe lui donna quel-
ques conseils, puis il reçut des leçons de Punto.
Jamais peut-être il n'a existé un corniste qui
eut une puissance de lèvres comparable à celle
de Lebrun pour monter jusqu'aux notes les plus
élevées , avec une pureté de son et une sûreté
d'attaque qui n'étaient jamais en défaut. Je l'ai
entendu en 1802; il exécutait alors en se jouant
des difficultés qui auraient été inabordables pour
tout autre artiste. En 1786, il entra à l'or-
chestre de l'Opéra en qualité de premier cor,
et il occupa cette position jusqu'en 1792. Les
troubles de la révolution le déterminèrent alors
à passer en Angleterre ; mais il y resta peu de
temps, car dans la même année il entra dans la
chapelle Royale de Berlin , en remplacement de
Palsa, décédé. En 1802, il obtint un congé et
lit un voyage sur le Rhin , en Hollande et dans
la Belgique. Après la bataille de Jéna, il quitta
, définitivement la Prusse, comme tous les i
bres étrangers de la chapelle congédiée , et re-
tourna à Paris. Son originalité , le peu d'ordre
qu'il y avait dans sa conduite, et surtout ses
dédains pour les autres artistes du même genre
que lui ne lui firent pas d'amis ; il ne put par-
venir à se placar. Déjà il n'était plus jeune et
n'avait plus au même degré les qualités bril-
lantes qui avaient fait autrefois ses succès; ii
tomba dans la misère, et de désespoir ii se
donna la mort par l'asphyxie, en 1809. Lebrun
avait inventé une sourdine composée d'un cône
de carton ouvert à son sommet et percé d'un
trou à sa base : en l'introduisant dans le pa-
villon du cor, il tirait de cette sourdine quel-
ques beaux effets dans V adagio. 11 avait com-
posé plusieurs concertos fort difficiles qu'il exé-
cutait dans ses concerts, mais il n'en a rien fait
imprimer. C'est Lebrun qui a fourni à Framery
les matériaux de l'article Cor, inséré dans Y En-
cyclopédie méthodique.
LEBRUN (Loc 13- Sébastien), compositeur,
né à Paris le 10 décembre 1764, entra comme
enfant de choMir à la maîtrise de Notre-Dame, à
l'âge de sept ans, et y apprit la musique et la
composition» Apre* douze années d'études dans
cette école, il en sortit en 178a, pour remplir, à
l'église Suint-Germain-rAiixerrois, les fonctions
de maître de chapelle; mais trois ans apiès t ses
amis le décidèrent à entrer au théâtre, où l'on
croyait que sa voix de ténor pouvait lui procurer
des succès. Il débuta à l'Opéra, au mois de mars
1787, par lerôledePolynice, dans 0£d ipe à Co-
Urne. L'événement ne Justifia pas les espéran-
ces qu'on avait eues, car Lebrun fit peu d'effet
dans ce rôle, et ne fut jamais qu'acteur médiocre.
En 1791, il quitta l'Opéra pour passer au théâtre
Feydeau, où il u'eut guère plus de succès;
toutefois ii y resta jusqu'à la banqueroute du di-
recteur Sageret, en 1799. 11 retourna alors à
l'Opéra comme double, puis se retira de la scène
en 1803, pour prendre une des quatre places de
. maître de chant de ce théâtre. Admis comme
ténor à la chapelle de Napoléon, en 1807, il eut,
trois ans après, l'emploi de chef du chant de la
même chapelle. Lebrun ne mettait pas plus de
génie dans ses compositions que dans son chant;
cependant des circonstances favorables l'ont.
quelquefois secondé, et lui ont fait obtenir des
succès à la scène. Il a donné au théâtre Mon-
tansier : r VArt d'aimer, ou V Amour au vil*
loge, opéra-comique en un acte, 1780. —2° lis
ne savent pas lire, en un acte, 1791. — 3° É léo-
nore et Dorval, ou la suite de la Cinquan-
taine, m un acte, 1800.— 4° Les Petits Aveu-
gles de Franconville , en un acte, 1802. — An
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LEBRUJS — LECH1NER
243
théâtre Lonvois : 5° Emilie et Melcour,
1797.-6° Un Moment d'erreur, en un acte.
—7° La Veuve américaine, en deux actes, 1799.
— Au théâtre Molière : 8° Le Menteur, mal-
adroit, en un acte, 1798. — Au Jhéâtre Feydeau :
a f.e Bon Fils, en un acte, 1795. — 10° V As-
tronome, en un acte, 1798. — 11° Le Maçon,
en nn acte, 1800. — 12° Marcellin, en un acte,
1800. — A l'Opéra : 13° Le Rossignol, en un
acte, 1816. Cet ouvrage a eu un succès de
vogue et se joue encore, quoique la musique'
•en soit assez plate. Ce succès a (*tédûau talent de
M m * Albert H y mm, dans le rôle principal, et à
celui de Tulou sur la flûte. — U° Zéloïde, ou
les Fleurs enchantées, en deux actes, 1818. Le-
brun avait composé la musique d'un opéra en
linq actes, intitulé : L'An II, pour le théâtre
Feydean ; mais des considérations politiques en
ont empêché la représentation. Il a aussi écrit,
pour l'Opéra, plusieurs grands ouvrages qui
n'ont point été joués. Quelques partitions des
opéras de ce musicien ont été gravées; entre
autres : V Astronome, Marcellin et le Ros-
signol. H a aussi publié un recueil de ro-
mances, à Paris, chez Janet. On connaît de lui
quelques morceaux de musique d'église, parmi
lesquels on remarque un Te Deum, avec orches-
tre, exécuté à Notre-Dame, en 1809, à l'occa-
sion de la victoire de Wagram ; une Messe so-
lennelle, chantée à l'église Saint-Eustache, en
1815, pour la fête de Sainte-Cécile ; et une autre
«nessc en trio avec instruments à contes, exé-
cutée à Saint-Maur, le jour de Sainte-Thérèse,
au mois d'octobre 1826. Lebrun est mort à Paris
le 27 juin 1829.
LEBUGLE (L'abbé), amateur de musique et
claveciniste, vécut à Paris depuis 1780 jusqu'à la
révolution, lka publié de sa composition trois
oeuvres de sonates de clavecin, avec accompa-
gnement de violon, un recueil d'airs pour clave-
cin seul, et un rondeau avec violon.
LECAMUS (...), chef de la grande bande
•des violons du roi (Louis XIV), vivait dans la
seconde moitié du dix -septième siècle. Il n'est
pas mort en 1677, comme le prétendent Choron
et Fayolle, dans leur Dictionnaire historique
des musiciens; car il a publié à Paris, en 1678,
un recueil intitulé : Airs à deux et trois parties,
par le sieur Lecamus, maître de la musique
du roi, in-4°obl.
LECARPENTIER. Voyez CARPEN-
TIER (LE).
LECERF DE LA VIE VILLE (Jeun-Lau-
rent), seigneur de Fresneuse, garde des sceaux
du parlement de Normandie, et de la même fa-
mille que dom Lecerf, bénédictin de la congré-
gation de Saint-Manr, naquit à Rouen en 1647,
et mourut dans la même ville le 10 novembre
1710. Admirateur enthousiaste de la musique de
Luily, il fut vivement blessé de la préférence que
l'abbé Raguenet avait donnée à celle des com-
positeurs italiens, dans son Parallèle des Ita-
liens et des Français en ce qui concerne la
musique, publié 'en i*?02; pour venger l'objet
de son -admiration, il fit paraître une Compa-
raison de la musique italienne et de la mu-
sique françoise, où, en examinant en détail
les avantages des spectacles et le mérite des
compositeurs des deux nations, on montre
quelles sont les vraies beautés de la mu-
sique; Bruxelles, 1704, in- 12, première partie,
qui contient trois dialogues et une lettre. L'an-
née suivante, une seconde édition de cette pre-
mière partie parut accompagnée d'une deuxième
où sont renfermés une histoire de la musique et
des opéras, une vie de Luily, une réfutation du
traité de Perrault sur la musique des anciens
et un traité du bon goût en musique, Bruxelles,
1705, in -12. Ces dissertations ont élé réimpri-
mées dans l'histoire de la musique de Bourdelot
et Bonnet (voyez ces noms). L'abbé Raguenet
ayant fait paraître, en 1705, une défense de son
Parallèle contre les attaques du seigneur de Fres-
neuse, celui-ci répondit en 1706 par une troisième
partie de sa Comparaison ( Bruxelles, in- 12), où
il inséra, outre sa réponse, un discours sur la mu-
sique d'église et un éclaircissement sur BononcinL
Dans cette dispute, Lecerf de la Vieville se
montra plein de préventions et presque étranger
à la question : tout l'avantage demeura à l'abbé-
Raguenet (voyez ce nom). On a aussi de Fres-
neuse : V Art de décrier ce qu'on n'entend pas,
ou le Médecin musicien, exposition de la
mauvaise foi d'un extrait du Journal de Pa-
ris; Bruxelles, Foppens, 1706, in-12, dirigé
contre Andry, docteur en médecine de la faculté
de Paris, qui avait attaqué sa Comparaison.
On trouve l'éloge de Lecerf de la Fresneuse dans
le Mercure d'avril 1726.
LECHNER (Léonard), musicien tyrolien
du seizième siècle, né dans'les environs de 61a-
rus, sur l'Adige, fut d'abord musicien de ville à
Nuremberg, et y vécut depuis (570 environ,
jusqu'en 1594; puis devint compositeur et
maître de chapelle du duc de Wurtemberg. On
trouve à la bibliothèque de Munich quelques-uns
de ses ouvrages, et les antres sont indiqués par
Draudius,dans sa Bibliothèque classique. En voici
tes titres : 1° Motectœ sacrxk, 5 et ûvocum,
ita composiix, ut non solum viva voce com-
modissimè cantari, sed etiam ad omnis gène-
ris instrumenta optimè adhiberipossinl. Auc-
16.
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244
LECHNER — LECLAIR
fore Leonardo Lcchnero. Addiia est in fine
Motecta octo vocum, ad duos choros eodem
nuciori; Norimbergx, 1 57ô,iu-4* obi. — 2° tfeue
teutscher Lieder mit 4 und 5 Stimmen ( Nou-
Telles chansons allemandes à 4 et 5 voix) ; Nurem-
berg, Knorr, 1577, in-4°. — 3? Neue teutscher
Lieder zu drey Stimmen nachArl dcrwelschen
Villanellen (Nouvelles chansons allemandes
ponr 3 vois , dans le style des villanelles , ete. ); Nu-
remberg, Catherine Gerlach, 1577, in-4°obl. —
4° Newe teutscher Lieder, crstlich durch den
fûrnehmen und berhûmbten (sic) Jacobum Re-
gnart componirt mil 3 Stimmen, nach Art der
welschen Villanellen setz und aber mit 5 Slim
mengeselz durch Leonardum Lechner (Nouvel-
les chansons allemandes , composées d'abord à
trots parties dans la manière des chansons fla-
mandes, par le noble et célèbre Jacques Regnart,
mais à présent mises à cinq voix par Léonard
Lechner ) Con alchuni (sic) madrigali in lin-
guaitàliana; Nuremberg, Catherine Gerlach,
1679, in-4° obi. — 5° Sacrarum Cantionum
Set 6 vocum, lib. I et II, ibid. 1581, u>4°
obi. —6° Epithalamium 24 vocum, etc. (Épi-
thalame à 24 voix pour le mariage d'un patricien
d'Angsbourg) ; ibid., 1682. C'est le plus ancien
morceau allemand de ce genre venu à ma con-
naissance ; aucun autre, que je saclie, n'a été fait
pour un 6Î grand nombre de voix à cette époque.
— 7° Harmonia panegyrica illustrissimo
Principi Anhaldino Joachimo Ernesto, 6 vo-
cibus composita et oblata; ibid., 1582, in -fol.
■— 8° JUarmoniœ miscellx; ibid., 1583. —
9° Liber Missarum sex et quinque vocum;
adjunctis aliquot introitibus in principua
fesia, ah Adventu Domini usquc ad festum
Sanctissimx Trinitatis, Norimbergx y typis
Qerlachianis, 15&4, in-4°. — 10° Bicinia und
dreystimmige deutsche Villanclle (Villanelles
allemandes à deux et trois voix), ibid. 1586. —
11° Psaumes pénitentiaux à 6 voix, ibid. 1587.
—.12° L'histoire de la Passion sur l'ancien choral
à 4 voix, ibid. 1594, in -fol.
LÉCIIOPIÉ ( Pierre-Martin-Nicolas), né
à Senlis le 5 septembre 1771, a étudié à Paris
la musique, le piano et la composition sous la
' direction de Schmitt et de Boutroy. Son éduca-
tion terminée, il s'est retiré dans sa ville natale, '
où il s'est livré à renseignement; il y vivait
encore en 1845 et y remplissait les fonctions
d'organiste. On connaît sous le nom de cet
artiste : 1° Duos pour 2 violons; Paris, G. Ga-
\eaux. — 2° Trois sonates avec ace. de violon;
Paris, Pli. Petit. — 3° Duo pour -2 pianos;
Paris, Langlois. — 4° Six sonates pour piano
seul; Paris, S. Gaveaux. — ô" Pastorale et
chasse; Paris, Pacini. — 6° Sonate pour piano et
violon obligé ; Paris, Leduc. — 7° Polonaise et
roudeau pour piano seul; Paris, Ph. Petit. —
8° Six contredanses et valses ; Paris Richault. —
9° Valses, et sauteuses; Paris, Janet et Cotelle.
LECIEUX (Léon), violoniste, né le 12 mai
1821, à Bayeux (Calvados), fut admis au Conser-
vatoire de Paris, le 13 décembre 1844,* comme
élève d'Habeneck ; mais il n'y acheva pas ses
études, n'étant retiré de cette institution an mois
de juin 1846. 11 s'est fait connaître par plusieurs
morceaux pour son instrument, au nombre des-
quels .on remarque : Grande fantaisie sur les
motifs du Duc d'Olonne {opéra d'Auber), avec
accompagnement de piano, op. 8 ; Paris, Brandns.
LECLAIR (Jean -Marie) (1), surnommé
VAinèi violoniste célèbre, naquit à Lyon en 1697.
Il était fils d'Antoine Leclair, musicien du roi
(Louis XIV), et de Benoîte Ferrière. La marquise
de la Mésangère le recueillit chez elle dans son
j enfance, et prit soin de son éducation. On lui
' avait appris à jouer du violon ; mais il ne se ser-
! vit d'abord de cet instrument que pour la danse.
! et dans sa jeunesse il débuta comme danseur au
théâtre de Rouen. Plus tard, il fut maître de
j ballets à Turin. Somis, qui se trouvait alors en
I cette ville, lui adressa des compliments sur
quelques airs de ballets qu'il avait composés, et
le prit ensuite comme élève. Ses progrès rapides
le tirent renoncer a la danse pour ta musique.
Après deux années d'étude, Somis déclara qu'il
n'avait plus rien à lui apprendre ; mais Leclair con-
tinua à se livrer lui-même à des exercices particu-
I iers pou r se fai re une manière personnelle. A rri vé a
Paris en 1729, il entra dans la même année à
l'orchestre de l'Opéra, aux appointements de 450
livres. En 1735, ils furent augmentés de 50 fr.
Un si faible traitement, pour un homme dont la
supériorité sur tous les violonistes français de ce
temps était incontestable, peut causer quelque
étonnement; et, ce qui peut paraître plus bizarre
encore, c'est qu'un tel artiste ait été mis au dernier
rang parmi les ripiénistes qu'on appelait alors le
grand chœur , comme le prouvent les documents
authentiques de la direction de l'Opéra, qui
sont en ma possession. Ce grand chœur ne
jouait que dans les ouvertures, chœurs et airs de
{1} Dan* la collée lion des poèmes d'opéras français Im-
primée parBallard (Paris, r 43-1751, 18 vol. in-lt), le nom
de cet artiste est écrit I*rler, comme auteur de la mu-
sique de filancms et Scella (t< 18, p. US). Durey de Nuin-
ville a adopté cette orthographe dans son Histoire de
I l'Opéra (t. II. p 164). J'ai eu le tort de les suivre dans
cette erreur, en écrivant l'introduction de ma Notice ttio-
(iruphique sur IS'icola t'aganini Paris, Schonenbcrper,
iwsk quoique j'eusse écrit Leclair, dans la première édi-
tion le la biographie universelle des Mnski&is.
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LECLAIR
245
Hanse ; l'accompagnement du chant se faisait par
le petit chœur où, à l'exception de Monteclair,
il n'y avait que des hommes d'un mérite très-
Inférieur à celui de Leclair, tels que Favre, les
deux Baudy, et les deux F rancœur. Mais à cette
époque, et. longtemps après encore, les meilleurs
emplois et les meilleurs appointements étaient
donnés à l'ancienneté plutôt qu'à l'habileté, dans
l'orchestre de l'Opéra. Leclair profita de son ar-
rivée à Paris pour étudier la composition , sous
la direction de Chéron qui, depuis lors, fut d'a-
bord accompagnateur au clavecin, puis chef
d'orchestre de l'Opéra. En 1731 Leclair entra dans
la musique du roi ; mais une discussion qu'il eut
ensuite avec Guignon, pour la place de chef des
seconds violons de cette musique, lui fit solliciter
son congé. Vers te même temps il se retira aussi
de l'Opéra, et c'est alors qu'il amassa une for-
tune modeste par ses leçons et par la vente de
ses compositions, qu'il faisait graver par sa
femme.
Leclair était un véritable artiste de cœur; on
en a la preuve par le voyage qu'il fit en Hol-
lande pour entendre Locatelli, quoiqu'il ne fût
déjà plus jeune. Les nouveautés que lui fit con-
naître le violoniste italien ne furent pas sans in-
fluence sur son goût : on en remarque des tra-
ces dans l'œuvre posthume de ses sonates pu-
blié par sa femme. Ce fut peu de temps après
son retour de Hollande que Leclair, rentrant
chez lui à 1 1 heures du soir, fut assassiné près
de sa porte, le 22 octobre 1764 : l'auteur de ce
crime n'a jamais été découvert. Cet artiste
exerça dans son temps la plus heureuse in-
fluence sur les progrès de l'école française du
violon : il fut un des premiers qui y mirent en vo-
gue la double corde, dont il se servait avec un
rare talent; son second livre de sonates est re-
marquable par l'emploi qu'il y a fait de ce genre
de difficulté. Choron et Fayolle disent, dans
leur Dictionnaire historique des musiciens,
que Leclair eut deux rivaux redoutables dans
Baptiste et Guignon : ils ignoraient que Baptiste
avait quitté Paris depuis vingt-cinq ans pour
entrer au service du roi de Pologne, quand Le-
clair y arriva. On a de celui-ci les ouvrages dont
il a -publié lui-même le catalogue en tête de son
œuvre douzième, lel que je le donne ici :
1° Opéra 1 er . Premier livre de sonates à violon
seul, avec la basse continue; Paris, Boivin 172*.
Le privilège accordé à l'artiste pour la publica-
tion de ses œuvres est du 7 octobre de cette même
année. — 2° Second livre de sonates pour le vio-
lon et pour la flûte traversière, avec la basse
continue. Paris, chez l'auteur et chez Boivin.
Cet œuvre contient douze sonates. — 3° Six sona-
tes à 2 violons, ibid. —4° Six sonates en trios pour
2 violons et la basse continue; ibid. — 5° Troi-
sième livre de sonates à violon seul et la basse
continue; ibid. Leclair venait d'être nommé Or-
dinaire de la muaique.de la chapelle et de la
chambre du roi : pour témoigner à Louis XV sa
reconnaissance, il lui fit hommage de cet œuyrc,
qui renferme 12 sonates. — 6° Première récréa-
tion de musique d'une exécution facile pour
2 violons et basse continue ; ibid. — 7° 6° Con*
certiatre violini, alto, bas%o perorganoevio-
loneello; ibid. — 8° Deuxième récréation de mu-
sique d'une exécution facile pour 2 flûtes ou
2 violons et la basse continue; ibid. — . 9° Qua-
trième livre de sonates à violon seul avec la
basse continue ; Paris, 1738, ibid. Cet œuvre con-
tient 12 sonates. — 10° Sei Concerti a tre vto»
Uni, alto, bassoperorgano o violoncello ;ibid.
— 11° Glaucus et Scylla, opéra représenté le 4
octobre 1747, partition gravée. — 12° Second
livre de sonates à 2 violons sans basse; ibid. —
13° Ouvertures et sonateâ en trios pour 2 vio-
lons, avec la basse continue, ibid. — 14° Sonate
posthume gravée par M«« Leclair; 2"»« édition
Paris, Cousineau. J'ai dit, dans la première édi-
tion de la Biographie des Musiciens, que l'o-
péra de Glaucus et Scylla n'est pas de Leclair,
mais d'un flûtiste nommé Lecler; je suivais en
cela les notes des manuscrits de Beffara (voy.
ce nom) ; mais c'est une erreur, car, dans le ca-
talogue des œuvre» de Leclair, publié par lui-
même en tête de l'œuvre 12*, la partition de cet
opéra est classée comme œuvre II e ; de plus, Le-
clair dit, dans l'averlissement qui précède son
œuvre 13* : « J'y ai joint l'ouverture de mon
« opérât »
On lit dans le Dictionnaire dramatique de
l'abbé de Laporte (t. 3, p. 285) : «Il manqua ton-
« jours à Leclair cette portion de génie qui sert à
« cacher l'art lui-même, de manière qu'il devienne
« presque insensible dans la jouissance de l'effet.
« On peut porter le même jugement de la plu-
« part de ses opéras ( Leclair n'en a fait qu'un) :
« ils sont fort au-dessous de ses modèles, et non
« moins inférieurs à ses contemporains ( quel
« style!) dans la partie instrumentale. » L'abbé de
Laporte prouve dans ce jugement qu'il ne connaît
rien aux choses dont il parle. Les sonates de Le-
clair renferment de grandes beautés : celles du
troisième livre particulièrement sont admirables.
La femme de cet artiste fut cantatrice à l'Opéra
pour les seconds rôles : elle se retira en 1750
avec la pension. Elle se livra alors à la gravure
de la musique et grava plusieurs ouvrages de son
mari, à qui elle survécut.
LECLAIR (Amoihb-Beni ), surnommé U
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246
LECLAIR — LÉCUREUX
Cadet y frère du précédent, naquit à Lyon dans les
premières années du dix -huitième siècle. Il s'est
fait aussi quelque réputation comme violoniste,
et a publié vers 1760 un œuvre de douze sonates
pour le violon.
LECLER (...), organiste des PP. de la
Mercy, à Paris, vécut vers la fin du dix-huilième
siècle. Il a publié en 1785 un journal de pièces
d'orgue, qui n'a pas eu de succès, et qui n'a pas
été continué.
LECLER (....), fils d'un facteur de clave-
cins établi à Paris, fut attaché à POpéra comme
flûtiste en 1739. En 1752, il fit un voyage en An-
gleterre, où son talent sur la flûte fut applaudi.
Cet artiste avait un frère,'plus jeune que lui, qui
succéda à son père dans la facture des clavecins,
et qui se distingua parmi les artistes les plus re-
nommés en ce genre. Ce dernier vivait encore
en 1789.
LECLERC (Jean-Baptiste), député à la
Convention nationale, naquit à Cbalonne (Maine-
et-Loire) vers 1755. Appelé à Paris par ses fonc-
tions législatives, il y vota la nfort de Louis XVI,
sans appel et sans sursis , sortit de la Conven-
tion après la chute des Girondins, et reparut en
Pan iv, au conseil des Cinq-Cents. Élu président
de cette assemblée le 21 janvier 1799, il sortit de
la carrière législative la même année, et se re-
tira dans sa ville natale, où il est mort au mois
de novembre 1826. Après la seconde restauration
de 1815, il avait élé exilé en Belgique comme
tous les conventionnels régicides ; mais peu de
mois avant sa mort, il avait obtenu l'autorisation
de rentrer en France. Parmi ses écrits, on re-
marque : 1° Rapport fait au conseil des Cinq-
Cents sur rétablissement d'écoles spéciales
de musique, dam la séance du 1 frimaire an
Vif; Paris, Imprimerie nationale, 24 pages in-8°.
— 2° Essai sur la propagation de la musique
en France, sa conservation et ses rapports
avec le gouvernement; Paris, 1796, in- 8°. Ces
deux morceaux contiennent de bonnes vues sur
l'emploi de Part comme moyen de perfectionne-
ment moral.
LECOINTE (EccèwE-JosEPH) , violoniste,
né a Paris, le 10 mai 1817, entra comme élève an
Conservatoire de Paris, le 10 décembre 1834, et
suivit le cours de .violon d'Habeneck. Le second
prix de cet instrument lui fut décerné en 1835,
et il obtint le premier au concours de 1837.
LECOMTE ( J.-L.-M.) , ancien receveur des
finances, membre de l'Institut historique de
Paris , et correspondant de la Société impériale
des sciences , de l'agriculture et des arts de Lille,
né en 1774, à Romorantin ( Loir-et-Cher) , dans
l'ancienne Sologne , s'est fait connaître par de
bons travaux d'histoire de la musique et de
théorie de cet art. Le seul renseignement que
nous ayons sur les études musicales de ce savant
se trouve dans une Notice nécrologique de
Villoteau ( voyez ce nom ) , qu'il a publiée dans
la Revue et Gazette musicale \de Paris,
(année 1839, n° 26, 27 juin ) : il y ditqu'en 1833,
il était loin de penser qu'il écrirait un jour sur
des sujets (de musique), vers lesquels la curio-
sité seule l'avait porté. Le premier écrit de
M. Lecomte a été publié sous ce titre : Discours
prononcé au congrès historique européen,
tenu à Vhdtel de tulle de Paris, à la séance
du 14 décembre 1835, sur cette question :
Établir la différence de la musique des Celles
et de celle des Grecs, avec le chant ambroi-
sien et mozarabique , et celle du ckant am-
broisien et mozarabique avec le chant grégo-
rien, et celle du chant grégorien avec la mu-
sique du moyen âge, in-8° de 28 pages et un
tableau , sans nom de lieu ( Paris) et sans date
( 1836 ) ; extrait des actes du congrès historique.
En 1839, M. Lecomte a fait insérer dans la
Revue et Gazette musicale de Paris divers
morceaux sur les sujets suivants : 1° sur les
AmbubaitV, musiciennes de la Syrie dans l'an-
tiquité (n° 1, 6 janvier). — 2° Musique des
Arabes (n° 7, 17 février, et n° 8, 24 février).
— 3° Biographie de Glaréan (n° 9, 28 fé-
vrier ). — 4° Analyse des Principes de mélodie
et d'harmonie déduits de la théorie des
vibrations, par le baron Blctn(n 14, 7 avril,
et n° 16, 21 avril ). — 5° Questions historiques et
philosophiques sur la musique ancienne
(n° 23, 9 juin, et n°29, il juillet). — 6° Né-
crologie. M. Villoteau (n° 26, 27 juin). Le
dernier écrit de M. Lecomte a pour titre : Mé-
moire explicatif de l'invention de Sckeibler
( voy. ce nom ) pour introduire une exactitude,
inconnue avant lui, dans l'accord des ins-
truments de musique; Lille, imprimerie de
Danei, 1856, in-8° de 79 pages, avec un appen-
dice, une planche et 4 tableaux. Ce travail est
extrait des Mémoires de la Société impériale
des sciences de Lille. Si M. Lecomte vit en-
core, il est aujourd'hui (1862) âgé de quatre-
vingt-huit ans.
LECOURT (PiBMtB), fils d'un concierge du
château de Versailles, né vers 1755, fut organiste
de la paroisse de Saint-Germain-en-Laye, après
avoir fait son éducation musicale chez les pages
de la chapelle du roi. Il a publiée Paris, chez La
Chevardière, en 1786 : Concerto pour le cla-
vecin avec accompagnement de deux violons,
alto, basse, hautbois et deux cors ad libitum.
LÉCUREUX 'Théodore-Marie) , pianiste,
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LÉCUREUX — LEDERER
1M7
compositeur, et organiste de l'église paroissiale
de Saint-Sauveur à Brest (Finistère), né dans
cette ville le 1 er avril 1829, reçut les premières
leçons de musique et de piano de son père, qui.
fut pendant plusieurs années chef d'orchestre et
directeur du théâtre de cette ville. A l'âge de huit
ans, Théodore Lécureux jouait déjà dans les
concerts les fantaisies alors en vogue. Dans sa
onzième année, il fit un voyage à Paris et y reçut
quelques leçons de piano de M. Laurent, profes-
seur au. Conservatoire. Quatre ans après , il re-
tourna à Paris et devint pendant six mois élève
de Goria ; puis, ayant été admis au Conservatoire,
il entra dans la classe de Zimmerman au mois
d'octobre 1844, obtint l'accessit de piano en
1815, et le second prix au concours de 1847.
Pendant la durée de ses études au Conservatoire,
il fit aussi un cours d'harmonie et de contrepoint
sous la direction de Zimmerman. Les événements
politiques de 1848 éloignèrent le jeune Lécureux
de Paris et le ramenèrent au sein de sa famille. Ce
fut alors que, par reconnaissance pour la ville de
Brest, dont il avait été. pensionné pendant le temps
de ses études au Conservatoire, et pour satisfaire
nu désir d'un grand nombre de ses concitoyens ,
il se détermina à s'y livrer à l'enseignement du
piano. L'amour du pays natal , toujours puissant
chez les Bretons , ne fut pas étranger à cette ré-
solution. On a publié à Paris, de cet artiste, nn
certain nombre de ces petits morceaux , dans
les formes à la mode qu'on appelle aujourd'hui
des œuvres, et parmi lesquels on distingue des
Etudes de genre, un nocturne intitulé Speranza,
le Départ des moissonneurs , les Vagues ar-
gentines. Trois Rêveries, les Adieux de Marie
Stuart, etc. Il y a dans tout cela un certain sen-
timent rêveur qui ne manque ni de grâce , ni
d'élégance; mais il est difficile de se mettre en
route pour la postérité avec un bagage si léger.
LÉCUYER (....), musicien de l'Opéra de Pa-
ris, obtint sa retraite en 1776, après vingt ans de
service, et mourut vers la fin du dix- huitième
siècle. Il s'est fait connaître par une brochure
qui a |K>ur titre : Principes de Vart du chant %
suivant les règles de la langue et delà proso-
die française, Paris, 1769, in-8° de 26 pages.
LEDEBUR (Charles, baron DE), né le 20
avril 1806 àSchildeische,près de Bilffrid (West-
phalié), fut destiné à la carrière militaire, et
reçut son instruction dans l'école du corps des
cadets, à Potsdam et à Berlin, pendant les an-
nées 1818 à 1824. Sorti de cette école, il entra
dans le deuxième régiment de la garde royale et
y servit jusqu'en 1852. Une chute de cheval qui
eût des conséquences sérieuses l'obligea alors à
demander sa retraite, qu'il obtint avec la pension
du grade de major. Dès sa jeunesse, M. de Le-
debnr avait aimé et cultivé la musique, particu-
lièrement les grandes œuvres classiques ; ce pen-
chant s'accrut après son association à l'Académie
royale de chant de Berlin , où il eut occasion
d'entendre souvent une bonne exécution des ou-
vrages de Bach, de Hœndel, de Palestrina et de
Lotli. La Biographie de ces artistes illustres
avait pour lui tant d'attrait, qu'elle devint
l'objet de ses études spéciales. Ses premiers tra-
vaux en ce genre furent publiés dans des jour-
naux périodiques et quotidiens : c'est ainsi qu'il
donna à la Gazette musicale de Berlin publiée
par Gtrschner, en 1833 , un bon article nécrolo-
gique sur Bernard Klein (voyez ce nom). Son
travail sur V Association musicale de Berlin,
a paru dans la Gazette musicale de Bock (1855,
p. 99). a donné dans la même Gazette, en
1856 (p. 251, 259, 267, et 274) l'Autobiographie
de François Benda, avec des notes ; dans VÉcho,
gazette musicale de Berlin rédigée par le doc-
teur E. Kossak (année 1857, n° 47), une bonne
notice sur Volumier- et une autre sur l'exécu-
tion des œuvres de Hwndel à Berlin (n° 43) ;
enfln un article nécrologique sur Gottfried-
Wtlhelm Dehn , dans la Gazelle de Spener
(1858, n° 93). La riche collection de matériaux
recueillie par M. de Ledebur dans ses recherches
à la Bibliothèque royale, aux archives de l'Aca-
démie royale de chant , et au gymnase de Joa*
chimsthal , de Berlin , l'ont déterminé à publier
un Dictionnaire des musiciens de Berlin (Ton-
kûnstler-Lexicon BerUn's), depuis les plus an-
ciens temps jusqu'à l'époque actuelle; Berlin,
1860, Lndwig Rœnb, gr. in-8°. Deux livraison*
de cet ouvrage, formant 128 pages, ont paru en
1860, et renferment les notices fort bien faites et
d'une rigoureuse exactitude depuis Abel (Léo-
pold Auguste) jusqu'à Ehlert (Louis); mal-
lieureusement rien de cet ouvrage n'a été publié
depuis lors.
LEDEHER (Joseph), chanoine régulier de
l'ordre de Saint- Augustin, né en 1733 à Zie-
metshausen, dans la Souabe , fit ses vœux au
couvent de Saint-Michel, à TJIm, et y fut profes-
seur de théologie. Il mourut au mois d'octobre
1796, à l'âge de soixante-trois ans. Aussi bon
musicien que théologien instruit, cet ecclésiasti-
que a laissé des preuves de son savoir dans les
ouvrages suivants : 1° Cinq vêpres complètes et
cinq psaumes pour différentes fêtes de l'année
avec un Magnificat séparé et unStabat Mater,
courts et faciles à chanter, À quatre voix, deux
violons et orgue, Ulm, 1780, in- fol. — 2° Six
messes courtes et faciles, à l'usage particulière-
1 irtent des églises de la campagne et des couvents
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248
LEDRRER — LEDRAN
de religieuses, Ulm, 1776, in -fol. Deuxième édi-
tion; ibid., 1781. — 3° Provision musicale con-
sistant en 18 vêpres, 17 préludes, menuets, trios,
trois sonates et un air en partition, pour l'orgue,
Augsbourg, 1781, in-fol. — 4° Les Jeunes Re-
crues, opéra-comique en trois actes, paroles et
musique; 1781. — 5° Cantate, paroles et musi-
que, en manuscrit. — 6°Neue und erlelchterte
Art zu solmisiren (Manière nouvelle et plus fa-,
cile pour solfier); Ulm, 1756, in-4°. Deuxième
édition, Ulm, Woliler, 1796, in-4°,
LEDESMA (D. Maruno-Romuguez DE),
chanteur et compositeur espagnol, naquit à Sa-
ragosse, le 14 décembre 1779. Admis, comme en-
fant de chœur, à la cathédrale de cette ville, en
1787, il y fit ses études musicales et fut nommé
mancionairc de la même église, en 1798. En-
tré en 1804, comme premier ténor, au théâtre de
l'Opéra de Madrid appelé De los canos dcl Peral,
il obtint, deux ans après, sa nomination de ténor
de la chapelle royale; mais les événements qui
suivirent l'invasion de l'Espagne par les années
françaises déterminèrent cet artiste à se rendre en
Angleterre, en 1810. Trois années après, il eut
l'honneur d'être choisi pour enseigner le chant à
la princesse Charlotte, fille du prince de Galles,
depuis lors roi d'Angleterre, sous le nom de
Georges IV. De retour à Madrid en 1815, Le-
desma fut nommé premier tenor de la chambre,
puis maître de chapelle surnuméraire de la cour, et
finalement, en 1836, maître de chapelle titulaire.
Il est mort à Madrid en 1847, à l'âge de soixante-
huit ans. Ses œuvres demusique d'église consistent
en trois messes solennelles, un office des morts, les
matines de l'Epiphanie, lamentations pour toute
la semaine sainte, la None de l'Ascension, et un
Stabat Mater. Le mattre de chapelle Eslava
a publié de cet artiste cinq motets a 4 voix et
orchestre dans le 2c volume de la première série
de la collection intitulée Lira Sacro-if ispana
(dix-neuvième siècle). Ledcsma est aussi auteur
d'une suite d'exercices de vocalisation précédée
d'une instruction théorique, imprimée à Madrid
(sans date). Onconnatt en Allemagne, sous le nom
de Ledesma (Mariano) : 1° Boléro favori tiré
du divertissement espagnol Le Troubadour,
pour piano et flûte; Leipsick, Bretlkopf et Hœrtei.
— 2° Divertissement martial; idem, ibid. —
3° Zapateado, danse espagnole, pour piano et
flûte; ibid. —4° Six valses pour piano seul; ibid.
— 5° Trois ariettes pour voix de basse, avec ac-
compagnement de piano; ibid. — 6° Six chan-
sonnettes espagnolesjet allemandes, idem; Berlin,
Schlesinger.
LEDESMA (D. Nicolas), compositeur espa-
gnol, né le 9 juillet 1791, à Grisel, dans l'Ara-
gon, fut enfant de chœur dans l'église principale
de cette petite ville, et y apprit le solfège et le
chant D. François Gisbert et D José-Angel
Martincheque, qui se succédèrent dans la place
de mattre de chapelle de cette église, lai ensei-
gnèrent la composition. Ledesma se rendit en-
suite à Saragosse, et y reçut des leçons d'orgue de
D. Ramon Ferrenac. A peine âgé de seize ans, il
obtint au concours la place d'organiste et de
maître de chapelle à la collégiale de Borja (Ara-
gon). En 1809, il changea cette position contre
une semblable à Tafalla, dans la Navarre;
enfin, en 1830, il fut appelé à Bilbao, en qualité
de mattre de chapelle, et il occupe encore cette
position (1862). Ses œuvres pour l'église se com-
posent de 8 messes avec orchestre, plusieurs psau-
mes, et beaucoup de motets, VWiancicos, lamen-
tations, Miserere, et un Stabat Mater, à 3 voix,
avec quatuor d'instruments à cordes, publié par
M. Eslava dans le 2me volume de la première
série de la collection intitulée Lira sacra his-
pana (dix-neuvième siècle). M. Ledesma a écrit
aussi beaucoup d'ouvrages pour l'orgue, entre au-
1res six sonates publiées à Madrid, des offertoi-
res, une élévation et des versets insérés par
M. Eslava dans le Museo organico espahol.
Comme compositeur et comme organiste, M. Le-
desma est mis par ses compatriotes au rang
des artistes les plus distingués de l'époque ac-
tuelle.
LEDRAN ( ....)> premier commis des affaires
étrangères , sous le règne de Louis XV, et pen-
dant l'espace de près de quarante ans , a publié
un livre intitulé : Sur les signes do, di, ca, pour
l'indication des accords en musique; Paris, Le
Prieur, 1765, in-4°. C'est le projet d'une mé-
thode pour substituer aux signes de la basse
chiffrée ces trois syllabes qui placées au-dessus
des notes, auraient indiqué les diverses circons-
tances de l'harmonie. Ainsi, do aurait signifié
dominante, et, cette note étant connue , aurait
indiqué les autres, jusqu'à ce qu'il y eût modu-
lation. Lorsqu'il n'y aurait rien eu au-dessus des
notes connues de la gamme , on y aurait fait les
accords consonnants qui leur appartiennent, à
moins qu'on n'eût trouvé au-dessus de l'une d'elles
la syllaberfi , abréviation de dissonance, qui aurait
fait connaître que l'accord devait être dissonant.
Enfin la syllabe ca aurait indiqué l'acte de ca-
dence entre deux notes. Tel est le système dont
La Borde n'adonné qu'une indication vague, co-
piée par Gèrber, Choron et Fayolle, Lichtcntlial
et tous les autres. Il existe parmi les imprimes
de la Bibliothèque impériale à Paris deux volumes
in 4° manuscrits (V 1840 6-7), qui renferment
beaucoup de pièces relatives à ce système, ainsi
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LKDRAN — LEDW1C1I
249
qu'à d'autres objets, et qui paraissent des auto-
graphes de Ledran.
LEDUC (Simon), surnommé VAïnè, naquit
à Paris en 1748, et mourut à la fleur de l'âge, en
17»7. Élève de Gaviniès pour le violon, il fut ar-
tiste distingué pour son temps. Dans les der-
nières années de sa vie, il était un des directeurs
du Concert spirituel. On a gravé de sa composi-
tion : 1° Sonates pour le violon avec accompa-
gnement dfolto, ou de basse, ou de clavecin, op. 1 ;
Paris, La Chevardière. — 2° Premier concerto
pour violon et orchestre, op. 2 ; ibid. — 3° Sym-
phonies pour l'orchestre, op. 3 ; Paris, Bailleux.
— 4° Sonates pour violon avec accompagne-
ment de basse, 2 e livre, op. 4 ; Paris , La Chevar-
dière. ~ 5° Deuxième concerto pour violon,
op. 5. — 6° Trois symphonies pour l'orchestre,
2 e livre; Paris, Bailleux. — 7° Symphonie con-
certante pour deux violons, op. 7; Paris, Bail-
leux. Il a été fait deux éditions de cette sympho-
nie, qui a été exécutée au concert spirituel avec
beaucoup de .succès. — 8° Sonate pour violon
avec accompagnement de basse, œuvre posthume.
On trouve dans le Dictionnaire historique des
musiciens, par Choron et Fayolle, une anecdote
singulière, relative à cet artiste; la voici : Un
mois après la mort de Leduc, on répétait une de
ses symphonies, qui devait être exécutée le len-
demain au concert des amateurs. Au milieu de
Yadagio, le cbevalier de Saint-Georges, attendri
par l'expression du morceau, et se rappelant que
son ami n'existait plus, laissa tomber son archet,
et \ersa des larmes. L'attendrissement se com-
muniqua de proche en proche, et tous les exécu-
tants, laissant leurs instruments, se livrèrent à
la plus vive douleur.
LEDUC (Pierre), frère du précédent, et son
élève pour le violon, naquit à Paris en 1755. Ses
dibut* au Concert spirituel et à celui des amateurs
furent brillants; il y exécuta avec succès des
symphonies concertantes. Mais ayant fait l'ac-
quisition du magasin de musique de La Chevar-
dière , il négligea son talent pour se livrer ex-
clusivement au commerce. Sa maison a été long-
temps considérée comme une des premières de
Paris pour la musique. Il est mort en Hollande
au mois d'octobre 1816. Son fils atné, Auguste
Leduc, lui avait succédé comme éditeur de mu-
sique. Il se fit connaître avantageusement par la
publication de plusieurs grands ouvrages, entre
autres des Principes de composition des écoles
(Vtlalie , par Choron. Zimmerman épousa sa
lille.
LEDUC (A. C), pseudonyme sous lequel
*'est caché le conseiller Kiesewetter (voy. ce
nom), pour m'attaquer dans plusieurs articles de
la Gazette générale de musique de Leipsick ( an -
nées 32 e , p. 1 17, et 33% p. 81 et 101 ), à l'occa-
sion d'une correction que j'avais proposée, dans
le 6 me volume de la Revue musicale, pour un
passage de l'introduction du quatuor en ut
( œuvre 10 ) de Mozart. On sait que ce passage,
pénible à l'audition, a toujours été un sujet d'é-
tonnement pour les connaisseurs. Ma correction,
basée sur les lois de la tonalité et du contie-
point, fut hautement approuvée par Cberubini ,
Reicha, Boieldieu , Bertou, et par plusieurs au-
tres musiciens célèbres; elle a d'ailleurs l'avan-
tage de la simplicité, de la régularité, et ne
change rien à la pensée de l'illustre compositeur.
Cependant Kiesewetter, sous le nom supposé
qu'il avait pris, m'accuse dans ses articles
d'avoir insulté sa mémoire, et dit, en forme
d'argument, que si la loi tonale que j'ai invoquée
était réelle, Mozart l'aurait connue aussi bien que
moi; et là-dessus il entasse des extravagances
antiharmoniques pour démontrer la fausseté de
cette règle. Lorsque je fis voir à Cherubini ces
énormités , il me dit : Pourquoi prenez-vous la
peine de discuter avec un homme qui écrit de
pareilles choses? Oulibisclieff, parlant de ce
même quatuor, dans son livre sur la vie et les
œuvres de Mozart, s'exprime en ces termes : J'ai
joué et je jouerai toujours l'introduction ainsi
corrigée, désormais admirable et sublime du
commencement jusqu'à la fin, grâce à Vheu-
reuse correction de M. Fétis. Si Kiesewetter
eût lu ce passage, son indignation n'eût pas connu
de bornes!
LEDIIUY (Adolphe), professeur de musi-
que et guitariste à Paris, s'est fait connaître par
divers ouvrages dont voici les titres : 1° Prin-
cipes de musique écrits pour servir de gram-
> maire à ceux qui veulent apprendre la musi-
que, de résumé à ceux qui la savent, et d'in-
troduction à toutes les méthodes ; Paris, 1830,
1 vol. in-18 avec figures. — 2° Entreliens sur
la musique; Strasbourg, Levrault, 1834, in -18.
— 3° Traité de musique divteé en deux par-
tics, théorie et solfège; Paris, 1834, in-16.
2mc édition, Paris, 1837, in- 18. Ce petit ouvrage
fait partie de la Bibliothèque populaire. —
4° Nouveau manuel simplifié de musique, ou
Grammaire des principes de cet art; Paris,
Rorct, 1839, in-18, avec 48 planches de musi-
que. En 1833, Ledhuy s'associa avec le pianiste
tiertini pour la publication d'une sorte de journal
de musique qui avait pour titre : Encyclopédie
pittoresque de la musique; Paris, 1833-1835,
in-4°. Ce recueil n'eut qu'une année d'existence.
LEDWICH (Edouard), ecclésiastique irlan-
dais, né en 1759, mort à Dublin le 8 août 1823,
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2.">0
LEDKWICH — LEFÉBURE
est auteur trun bon ouvrage, qui a pour titre : An-
tiquilies of treland; Dublin, 1790, in-4° de 502
pages. Dans la 1 0* section de ce livre, fauteur traite
de la musique des anciens Irlandais, depuis les
bardes, et donne des renseignements intéressants
sur quelques anciens instruments de l'Irlande.
LEE (Sébastien ) , violoncelliste né le 24 dé-
cembre 1805 à Hambourg, y a étudié son ins-
trument sous la direction de M. Preïl, élève
de Romberg. En 1830, il commença à se faire
connaître comme virtuose dans les concerts
donnés à Hambourg et à Leipsick; puis il
voyagea, visita Cassel, Francfort, et, arrivé à
Paris en avril 1832, se fit entendre avec un
brillant succès au Théâtre -Italien, an mois
de mai de celte année. Au printemps de 1836,
M. Lee donna plusieurs concerts avec Gusikow
( voy. ce nom ) , puis il se rendit à Londres; oh
il resta jusqu'à la tin de la saison. Il se fixa
ensuite à Paris , et fut attaché à l'Opéra comme
violoncelliste solo. On connaît de cet artiste pour
son instrument : 1° Variations de concert pour
violoncelle et orchestre sur un thème de l'0|)éra
de Guillaume Tell, op. 3; Hanovre, Nœgel. —
2° Scène cuisse, divertissement, idem , op. 4 ;
Hambourg , Cranz. — 3° Souvenir de Paris ,
introduction et rondo, idem, op. 5 ; Hambourg,
Bœhme. — 4° Fantaisie sur des motifs de Ro-
bert le Diable, de Meyerbeer, op. 6; idem,
Brunswick, Meyer. — 5° Variations brillantes
sur un thème original, pour violoncelle et qua-
tuor, op. 7 ; Hambourg, Cranz. M. Lee a publié
à Paris beaucoup de compositions pour son ins-
trument, particulièrement quatre œuvres de duos
pour deux violoncelles, à l'usage du Conservatoire,
sous le titre d'École du violoncelliste. Il a été
fait une édition de cet ouvrage à Leipsick, chez
Breitkopf et Haertel.
LEE (Louis), frère du précédent, beaucoup
plus jeune, est né à Hambourg, en 1819. Le vio-
loncelle et le piano sont les instruments qu'il a
cultivés et sur lesquels il a acquis beaucoup d'ha-
bileté. Comme violoncelliste, il a une grande
dextérité d'archet , mais il ne tire pas un grand
son : on lui a reproché de manquer de style et
d'expression. Il a beaucoup voyagé, et a donné
des concerts à Copenhague , Leipsick, Francfort,
Cassel , Manheim et dans les principales villes
rhénanes. Il a aussi visite Paris et y a fait un
long séjour.
LEE (Edouard), pianiste, (ils de Sébastien ,
est né à Hambourg. On connaît de lui beaucoup
de petits morceaux pour le piano, particulière-
rement des Études de salon, op. 7 ; Hambourg,
Bœhme. II est mort le 23 décembre 1861, à l'âge
de vingt-six ans.
LEEDER (Jeak-Goillaume), maître de con-
certs à Hildesheim, mort en 1785, reçut des leçons
de composition de Hupfeld. Il a publié : 1° Sri
sonates pour la flûte, avec accompagnement de
violon ; Amsterdam, 1772.-2° Concerto pourfrate
et orchestre; ibid. — 3° Six duos pour deux vio-
lons ; Hildesheim. Il y a aussi sons son nom, en
manuscrit, six concertos pour le violon et quel-
ques symphonies.
LEFÉBURE (LouisFbançois-HÔuu), an-
cien administrateur, écrivain et botaniste, est né
à Paris, le 18 février 1754. Électeur de Paris et
membre du conseil général de la commune ea
1789, il s'opposa avec énergie aux actes de vio-
lence et de désordre de la révolution, et le 10
août 1792 il sortit de ce conseil, en déclarant
au peuple que Manuel et les autres agitateurs
étaient ses plus perfides ennemis. Arrêté plus tard
à Avignon, et conduit à Paris par la gendarmerie,
il eut le bonheur de n'arriver dans cette ville que
cinq jours après le 9 thermidor. Plus tard, il fol
charge de missions relatives aux arts dans le midi,
puis fut administrateur du département de
Vaucluse , secrétaire général de celui dn Var, et
enfin, pendant douze ans sou s- préfet à Verdun.
Retiré des affaires en 1814, il retourna à Pa-
ris, où il s'occupa de travaux relatifs aux art*
et aux sciences. H était âgé de vingt-quatre
ans lorsqu'il publia une brochure intitulée A'oh-
veau solfège; Paris, Cailleau, 1780, 23 pipes
in -8°. C'était un nouveau système de solmisa-
tion, supposé plus facile que celui des maîtres or-
dinaires et que Gossec trouva assez bon pour le
mettre en pratique à l'École royale de chant et de
déclamation. Quelques années après , Lefébwr
fit paraître un autre ouvrage, qui a pour titre:
Bévues, erreurs et méprises de différents au-
teurs célèbres en matière musicale; Par»,
Knapen, 1789, in-12. Ce piquant écrit est dirigé
contre D'Alembert et d'autres littérateurs qni ont
voulu traiter de la musique sans là connaître ni
la comprendre : il est devenu fort rare. La dé-
dicace de la brochure de Leféburc à la comtesse
de Provence fut revue et corrigée par le comte
de Provence lui-même, qui régna sur la France
sous le nom de Louis XVIII. Gerber s'est trompé
sur l'auteur de ces ouvrages, et les a faussement
attribués a Lefebvre-Wély, qu'il appelle Lefé-
bure de Wély {voy. ce nom ). Au mois de dé-
cembre 1801, Leféhure a lu dans une séance
de llnstitut de France une dissertation ayant pour
objet les effets de la musique dans les maladies-
nerveuses. Comme professeur à l'Athénée de
Paris, il a aussi prononcé , en 1 827, un discour»
sur la musique en général ; morceau qui a été
remarqué. Enfin. Lclébure a composé quelques
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LEFEBURE — LEFÈBVRE
25!
scènes, plusieurs cantates , et les oratorios d\4-
bel et Caïn, et de Cambyse. On lui doit de beaux
travaux sut la botanique et quelques écrits sur
la peinture. En 1828, cet homme de mérite, que
je ne connaissais que par ses ouvrages, m'a fait
l'honneur de me chercher pour m'adresse r des
félicitations flatteuses sur la R&vue musicale :
il était alors âgé de soixante-quatorze ans ; néan-
moins je le trouvai encore plein de feu et d'en-
thousiasme. Il est mort à Paris, dans les derniers
jours de novembre 1840, à l'âge de près de qua-
tre-vingt-sept ans.
LEFEBVRE, dit LEFÉBURE-WÉLY
(Antoine), organiste de l'église Saint-Roch, à
Paris, naquit en cette ville, vers la fin de 1762. En
1788 il était déjà compté parmi les professeurs de
piano; il s'appelait alors simplement Lefebvre;
il ajouta plus tard à son nom celui de Wély, qui
appartenait à la famille de sa femme, pour se dis-
tinguer de plusieurs autres artistes nommés Le-
febvre. Nommé organiste de Saint-Jacques-du-
Haut-Pas en 1802, il changea ensuite cette posi-
tion pour celle d'organiste de Saint-Roch, en 1 805.
On connaît sous son nom les ouvrages suivants :
1° Trois sonates pour clavecin; Paris, 1790.
— 2° Quatre idem, op. 2 ; ibid. — 3° Sonate pour
piano et violon, op. 9 ; Paris, Omont. — 4° Idem,
op. 10, ibid.— 5° Idem, op. Il, ibid.— 6° Fantai-
sie pour piano seal, ibid. — 7° Trois recueils d'airs
arrangés pour piano, op. 3, 4, 5 ; ibid. — 8° Messe
des grands solennels, Magnificat , Te Deum et
quelques autres pièces d'orgue, sur le chant pa-
risien. Paris , chez l'auteur. Cet artiste est mort
en 1831, à l'âge de soixante-neuf ans.
LEFÉBURE WÉLY (Lotis -James -Al-
fred), fils du précédent, est né à Paris, le 13
novembre 1817. Dès l'Age de trois ans et demi
il commença l'étude de la musique, sous la di-
rection de son père. Ses progrès furent si rapides,
qu'en 1825, a peine âgé de huit ans, il remplaça
dans ses fonctions d'organiste son père , atteint
de paralysie dans tout le côté gauche. Après
avoir langui dans cette situation pendant six ans
Lelébure-Wély père mourut , et par la protec-
tion de la reine Amélie (d'Orléans), son fils fut
nommé définitivement organiste titulaire du
grand orgue de l'église Saint-Roch, quoiqu'il n'eût
pas encore atteint sa quinzième année. Admis
le 11 octobre 1832 au Conservatoire de musique,
il y devint élève de M. Benoist pour l'orgue et
de M . Laurent pour le piano ; puis, il eut Zim-
inerman pour professeur de ce dernier instru-
ment. En 1834 il obtint au concours les deuxièmes
prix d'orgue et de piano, et dans l'année sui-
vante les deux premiers prix de ces deux ins-
truments lui furent décernés. Admis dans la
classe de composition de Berton, M. Lefébure
passa , après la mort de ce maître , dans celle
d'Halévy. Pendant le cours de ses études au
Conservatoire , il 'reçut des leçons particulières
de plusieurs mattres étrangers à cette école :
ainsi A. Adam lui enseigna la composition , et
Séjan, organiste de Saint-Sulpice, lui fit connaître
les effets de l'orgue, et lui fit acquérir l'habi-
tude de l'improvisation. Déjà il se préparait au
- concours d l'institut de France, dont le lau-
réat de chaque année devient pensionnaire d»
gouvernement; mais il se maria à la même
époque, et dès lors il dut renoncer aux avanta-
ges de ce concours. Jusqu'en 1847, M. Lefébnre-
Wély conserva sa position d'organiste de Saint-
Roch; alors il fut appelé en la même qualité'
à l'église de la Madeleine, pour y jouer le bel
orgue construit par M. Aristide Ca vaille. La
grande réputation de M. Lefabure- Wély comme
organiste improvisateur date de cette époque.
Homme de goût et de sentiment, il se faisait
remarquer particulièrement par le charme et
la grâce de ses inspirations ainsi que par les
heureuses combinaisons de sonorité par les-
quelles il variait les effets de l'instrument. Cet
artiste distingué n'a pas eu moins de succès sur
les instruments à anches libres, auxquels on a
donné différents noms, et qui se résument tous
dans l'harmonium de l'époque actuelle. M. Le-
fébure-Wély en tire des effets charmants. Eu
1858 il a donné sa démission de la place d'or-
ganiste de la Madeleine, pour se livrer en liberté
à la composition dramatique. On a de cet artiste
50 études pour le piano, environ cent morceaux
de différents caractères pour le même instru-
ment, plusieurs ouvrages pour le grand orgue ,
des fantaisies pour l'orgue expressif ou Harmo*
nium, trois messes, dont deux avec orgue et
une avec orchestre, un quatuor et un quintette
pour des instruments à cordes, 3 symphonies à
grand orchestre exécutées aux concerts populaires
de M. Pasdeloup, enfin, un opéra en 3 actes re-
présenté à l'Opéra-Comique , le 11 décembre
1861, sous le titre: Les Recruteurs. M. Lefé-
bure-Wély a été fait chevalier de la Légion
d'honneur le 18 août 1850, et chevalier de l'ordre
de Charles III, d'Espagne, en 1859.
LEFEBVRE (Jacques), violoniste de la cha-
pelle du prince Henri de Prusse, naquit en 1723,
à Prinzlow, dans l'Uckèrmark. Il étudia la mu-
sique et le violon sous la direction du maître de
concerts Grau n : Charles- Philippe -Emmanuel
Bach rai enseigna la composition. En 1750, il en-
tra dans la musique du prince Henri,. qui lui
donna sa démission, après quelques années, pour
des motifs peu honorables, dit-on. Lefebvre vé-
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LEFÈBVRE — LEFÈVRE
2Ô2
eut ensuite à Berlin comme simple professeur
de musique; mais un théâtre français ayant été
établi dans cette ville , il en Tut nommé le chef
d'orchestre. Celte bonne fortune lui vint trop
tard, car il mourut en f/77, au moment où il al-
lait entrer en Tondions. Cet artiste a publié des
solos pour le violon, des concertos, duos, trios, etc.,
et a laissé en manuscrit une collection d'odes ,
psaumes et chansons.
LEFEBVRE (François-Charlenagne), fils
d'un ancien bibliothécaire copiste de l'Opéra, est
aé à Paris, le 10 avril 1775. Admis dans l'école
royale de musique instituée par le baron de Bre-
leuil, il y étudia l'harmonie et le contrepoint sous
la direction de Gossec. Son éducation musicale
terminée, il débuta comme compositeur par deux
petits opéras-comiques dont Moline avait fait les
livrets, et par la musique de quelques ballets de
Milon, qui depuis fut chorégraphe distingué à
TOpéra. Tous ces ouvrages furent représentés
sur les théâtres des boulevards. En 1794 Le-
febvre entra à l'orchestre de TOpéra en qualité
de viole. En 18L4 il succéda à son père dans
l'emploi de bibliothécaire de ce théâtre. En 1829
il fut mis à la retraite, après trente-cinq ans de
service. Admis dans la musique de l'empereur
Napoléon, en 1810, après un surnumérariat de
huit années, il écrivit plusieurs cantates fran-
çaises pour les concerts de la cour. Après la res-
tauration, il conserva son emploi sous les règnes
de Louis XVIU et de Charles X. En 1816 il ob-
tint le titre de compositeur «te la musique des
gardes du corps du roi, et dans l'exercice de ces
fonctions il écrivit plusieurs suites d'harmonie
pour les instrumeuts à vent. Parmi ses travaux
pour l'Opéra, on remarque la nouvelle instrumen-
tation du Devin du Village, de J.-J. Rousseau,
dont il a refait aussi les airs de danse, et surtout
ses ballets, où l'on distinguait en général du goût
et un bon sentiment de la scène. Ceux dont il
a arrangé la musique sont : 1* Pygmalion. —
2° fféro et Léandre.—'â° Les Noces de G amoche.
— 4° Lucas el Laurelte. — 5° Les Sauvages de la
Mer du Sud. — 6° Vénus et Adonis. — 7* Ver-
tumne et Pomone. Dans ses dernières années,
Lefebvre imagina un système de musique d'après
lequel la gamme de la musique moderne serait
fondée sur l'organisation de la voix humaine; ce
qu'il a écrit sur cette idée fausse n'a pas été pu-
blié. Lefebvre est mort dans la quatre-vingt-
cinquième année de son âge, le 23 mai 1839.
LEFÈVRE (François-Antoine), jésuite,
né vers 1670, mort en 1737, est auteur d'un poème
intitulé Musica, carmen; Paris, 1684, in-12 de
23 pages. Il en a été fait une analyse dans \eJournal
des Savants de cette année (p. 1065-1069). L'abbé '
d'Olivet a inséré ce poème dans la collection quia
pour titre : Poemata didascaUcanunc primum
vel édita vel collecta ,* Paris, Le Mercier, 1749,
3 vol. in-12. Il a été fait une nouvelle édition
de ce recueil (Paris, Delalain, 1813, 3 vol. in-n .
Le poëme du P. Lefèvre a été placé aussi dans
une autre collection, intitulée Scelta di poemi
latini délia Compagnia di Giesù ; Venise, 1749.
Une traduction française de ce morceau a été
faite par Grain ville, et placée à la suite de sa tra-
duction du poëme d'Yriai te sur le même sujet
(Paris, an vin, in-12). L'auteur du poème sur
la musique en quatre chants qui fut imprimé à
Amsterdam en 1714 pour la première fois, puii
à Lyon, et enfin réimprimé dans Les Dons des
enfants de Latone (Paris, 1734, in-8°), a fait
une imitation paraphrasée de celui de Lefèvre,
dans le premier chant ; mais le reste de sou poème
est plus didactique que celui du jésuite, où l'on
ne trouve que des allégories.
LEFÈVRE (André), organiste de Saint-
Louis, né à Péronne, est mort à Paris, en 1786.
Il a publié beaucoup de cantatilles, parmi les-
quelles on remarque : La saison du plaisir; Le
bonheur imprévu; L'absence; Les regrets;
L'amour justifié, etc. Dana les années 1756 et
suivantes , Lefèvre a fait exécuter au Concert
spirituel plusieurs motets , dont on a gravé ■
1° Quant bonus. — 2° Conserva me. — 3 9 Co
ronate.
LEFÈVRE (Jean-Baptiste-Nicolas), fac-
teur d'orgues à Houen , a fait ses ouvrages prin-
cipaux dans la seconde moitié du dix-builième
siècle. Le graud orgue de Saint-Martin de Tours
fut achevé et livré par lut le 24 juillet 1761. Cet
instrument était composé de 53 jeux, dont un de
32 pieds ou vert, et un bourdon do 32, cinq clavier*
à la main et clavier de pédales. Lefèvre construisit
l'orgue de Hon fleur en 1772 , ainsi que celui du
Havre. Ce dernier était un grand seize pieds com-
posé de 40 jeux , 3 claviers et pédale. Aidé de ses
neveux , Lefèvre a fait aussi les orgues de Saint-
Pierreet de Saint-Étienne de Caen. Celui-ci, qui fut
achevé en 1769, était un grand instrument de 16
pieds composé de 63 registres, cinq claviers à la
main, pédale et onze souflets.
LEFÈVRE (Théodore), fils d'un maître de
ballets de la Comédie-Italienne, et frère de Mine
Pugazon (voyez ce nom), naquit a Paiis,en
1759. Après avoir reçu les premières leçons de
violon d'un .maître obscur, il devint élève de
Berthaume, et Rodolphe lui enseigna l'harmonie.
Par l'influence de sa sœur, il obtint, en 1787,
une des places de premier violon à la Comédie-
Italienne ; mais des mécontentements lui firent
abandonner cet emploi quelques années aprè* ,
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LEFÈVRE
253
et il entra a l'orchestre do théâtre de la rue Fey-
deao, en 1794. Deux ans après il occupa la place
de chef des premiers violons , sous la direction
de Lahoussaye. Lorsque les deux Opéras-Comi-
ques furent réunis, en 1801, La Houssaye se re-
tira t et deux chefs d'orchestre furent nommés
pour alterner dans le service : le choix des admi-
nistrateur* dp théâtre se fiia sur Blasius et sur
Lefèvre. Celui-ci ne se retira qu'en 1820. Cet
artiste fut un des fondateurs des concerts de la
rue de Grenelle Saint- Honoré, et en dirigea l'or-
chestre pendant plusieurs années. Il y fit exécuter
trois symphonies de sa composition. L'époque de
sa mort est ignorée. Lefèvre s'est essayé comme
compositeur dramatique par deux opéras, qui
n'obtinrent point de succès : le premier, intitulé
ié Embarras du choix , en un acte, fut joué en
1788 , et n'eut qu'un petit nombre de représen-
tations ; l'autre, qui avait pour titre Caroline ,
en trois actes, joué en 1789, ne fut pas achevé.
LEFÈVRE (Jean-Xavier), clarinettiste
distingué, né à Lausanne, le 6 mars 1763, se
livra de ' bonne heure à l'étude de la musique ,
et alla fort jeune à Paris pour cultiver les heu-
reuses dispositions qu'il avait reçues de la na-
ture. Il se mit sous la direction de Michel Yost,
connu généralement sous le nom de Michel, et
le plus habile clarinettiste de son temps. Ce fut
aux soins de ce professeur et à ses études cons-
tantes qu'il dut la belle qualité de son et la net-
teté d'exécution qui furent les qualités distinctives
de son talent. Ses études n'étaient pas encore
terminées 'lorsqu'il entra dans la musique des
gardes françaises.
Le 1" novembre 1787, Lefèvre se fit entendre
pour la première fois en public , au concert spi-
rituel, dans une symphonie concertante de De-
vienne, pour clarinette et basson , qu'il exécuta
avec Perret. Son succès fut brillant , et dès lors
il y eut peu de solennités musicales où il ne fût
appelé pour y jouer quelque solo. An mois d'avril
1791 , U entra dans l'orchestre de l'Opéra, où il
fut chargé plus tard d'exécuter les solos dans
les opéras et dans les ballets. Quelques personnes
se souviennent encore de la manière brillante
dont il exécutait dans Anacréon, de Grélry, un
point d'orgue long et difficile , sans accompa-
gnement , sur lequel on dansait un pas dialogué
avec l'instrument. Lefèvre ne se retira de l'Opéra
que le f« r janvier 1817, après vingt-six ans de
service.
A l'époque de la formation du Conservatoire
de musique , il avait été compris parmi les pro-
fesseurs de cet établissement. Le comité d'ensei-
gnement le chargea de la rédaction d'une méthode
de clarinette , qui fut adoptée à l'unanimité par
ce même comité et qui a été seule en usage jus-
qu'au moment où des améliorations importantes
ont été faites à la construction de l'instru-
ment. Lefèvre y avait ajouté la sixième clef
(celle de sol dièse); avant lui, la clarinette n'en
avait que cinq. Une gradation bien entendue des
difficultés, et d'excellentes observations sur la
respiration , les coups de langue et les modi-
fications du son, rendent l'ouvrage de cet artiste
fort recommandable. Il a été gravé à Paris, en
1802, in-fol. ; rien ne prouve mieux son utilité
que la traduction qui en a été faite en allemand
et qui a été publiée chez André , à Offcnbach',
car on sait que la clarinette était alors cultivée
en Allemagne avec beaucoup de snecès.
Lefèvre a formé beaucoup d'élèves, qui ont oc-
cupé les premiers emplois de clarinettistes dans
les divers orchestres de Paris. H ne s'est retiré
de ses fonctions de professeur qu'au mois de fé-
vrier 1825, après les avoir remplies pendant
vingt-huit ans. Entré dans la chapelle de Napo-
léon , le 7 mars 1807 , il a conservé sa place à la
restauration, et l'a remplie jusqu'à sa mort.
Lefèvre était chevalier de la Légion d'honneur. U
a cessé de vivre le 9 novembre 1829.
Ses compositions consistent : 1° en Six concer-
tos pour la clarinette avec accompagnement d'or-
chestre ; Paris, Sieber, Naderman, Troupenas. — ■
2° Deux symphonies concertantes pour clari-
nette et basson; Paris, Sieber. — 3° 13 ne con-
certante pour hautbois, clarinette et basson;
Paris, Janet. — 4° Deux œuvres de quatuors pour
clarinette, violon, alto et basse; Paris, Hentz-
Jonve, Sieber. — &• Onze œuvres de duos pour
deux clarinettes. — 6 e Un œuvre de duos pour
clarinette et basson. — 7° Six sonates pour
clarinette et basse. — 8° Six trios pour deux
clarinettes et basson. Tous ces ouvrages ont été
publiés à Paris, et l'on en a fait diverses éditions
en Allemagne. Lefèvre a laissé plusieurs autres
œuvres en manuscrit.
La qualité de son que Lefèvre tirait de son
instrument était volumineuse, mais elle appar
tenait à l'espèce que les Allemands désignent
sous le nom de son français, c'est à dire qui est
plus puissant que moelleux. Il n'aimait pas le
son de l'école allemande, et peut-être ne rendit-
il pas au talent de Bœrmann la justice qui lui
était due. Il ne fut pas non plus partisan des es-
sais qu'il voyait faire pour le perfectionnement
de la clarinette; il croyait que la multiplicilédes
clefs nuit à la sonorité de l'instrument, ce qui"
pouvait être vrai, car un tube percé de beaucoup
de trous et chargé de corps étrangers est moins
sonore qu'un autre qui a moins d'ouvertures ;
mais U aurait dû comprendre que la qualité prin-
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254
LEFÈVRE — LEGNANI
cipale de l'instrument est la justesse, qui ne peut
s'acquérir qu'en multipliant les clefs.
LEFEBVRE ( Victor-Louis- Aimé-Joseph ),
pianiste et compositeur, naquit à Lille ( Nord ) ,
le 6 janvier 1811. Entré au Conservatoire de
Paris le 8 octobre 1825, il y reçut des leçons
élémentaires de conuepoint de Seuriot et de
Jelensperger, puis il suivit le cours de Reicba.
. Le deuxième prix lui fut décerné en 1828, et il
obtint le premier dans l'année suivante. Devenu
alors élève de Berlon pour le style idéal de la
composition, il concourut à l'Institut pour le
grand prix ; mais n'ayant pas réussi , il alla s'é-
tablir a Douai en 1832, et Vy livra à l'ensei-
gnement et à la composition d'œnvres instru-
mentales. On a gravé de cet artiste deux trios
pour piano, violon et violoncelle; plusieurs
fantaisies pour piano seul ; quatuor pour 2 vio-
lons , alto et violoncelle, intitulé Nuit musicale,
op. 3; Paris, Richault; 1 er solo brillant pour
piano seul, op. 4 ; ibid ; romances et mélodies
avec accompagnement de piano. Cet artiste in-
téressant est mort à Douai , d'une maladie de
poitrine, vers 1840, laissant en manuscrit plu-
sieurs œuvres de musique instrumentale, d'un
style sérieux.
LEFFLOTH (Je an- Matthieu), organiste
à Nuremberg, mourut dans cette ville, en 1733.
Il a publié ; 1° 'Sonata e Fuga per Vorgano.
— 2° Divertimenlo musicale, consistante in
unapartita di cembalo. — 3° Deux concertos
pour le clavecin avec violon ; Nuremberg, 1730.
— 4° Quatre solospourle violon, ibid.
LEGAL LOIS. Voyez GALLOIS (LE).
LÉGAT DE FURCY (Antoine), ama-
teur, né à Maubeuge, vers 1740, apprit la mu-
sique dès l'âge de trois ans. Lorsqu'il eut fini ses
humanités, il se rendit à Paris pour y faire sa
philosophie; il y étudia le clavecin et l'harmonie
sous la direction de Noblet. La Borde dit qu'il
reçut ensuite des' conseils de Rameau , et q ue
ses progrès lui valurent l'amitié de ce maître.
Légat de Furcy ne cultiva d'abord la musique
que comme amateur ; mais des motifs qui ne sont
point connus lui tirent prendre ensuite le parti
d'user de ses talents pour vivre. On voit, par le
Calendrier musical de 1789, qu'il était alors au
nombre des professeurs de. piano de Paris. On
ignore l'époque de sa mort. Les premiers ou-
vrages de Légat de Furcy avaient été des cantates
et cantal illes; elles avaient obtenu du succès dans
le monde; il se persuada dès lors qu'il était ap-
pelé à travailler pour le théâtre , mais le génie de
la scène lui manquait. Ce fut en vain qu'il écrivit
pour l'Opéra Philtre, Apollon et Daphné, et
pour la Comédie Italienne Le Saut de Leucade,
Le Jardinier de Sid&n et Palmyre; les direc-
teurs de ces théâtres éludèrent soos différents
prétextes la représentation de ces ouvrages. Re-
buté par toutes les difficultés qu'il avait rencon-
trées , il finit pas renoncer à sa chimère, et se
contenta de jouir de ses faciles succès de salon.
La Borde donne la liste suivante de ses ouvrages :
1° Pièces de clavecin, non gravées» — 2° Can-
tates et cantatilles en grand nombre, entre autres
Le retour d'Églé, Les soupirs, La naissance
de Vénus, V éloge de la voix , etc. — 3° Six
sonates en duos pour la flûte , • gravées. —
4* Le Saut de Leucade, ou les Désespères,
opéra-comique, non gravé. — 5° Palmpre , ou
le Prix de la Beauté, idem. — 6° Les Rendez-
vous , idem. — 7° Beaucoup d'ariettes gravées.
— 8° Deux recueils de duos à deux voix, gravés.
— 9° Plusieurs recueils d'airs, chansons, ro-
mances, avec on sans accompagnement, gravé*.
— 10° Solfèges ou leçons de musique, 1" et ?.c
parties; Paris, Naderman. — 11° Leçons de
Minerve, romances morales , liv. l et 2 ; Paris,
Naderman. Légat' de Furcy a été le collabora-
teur de La Borde pour son Essai sur la mu-
sique.
LEGEXDRE (Jean). Voyez Gexore.
LEGIPONT (Olivier), moine bénédictin
du couvent de Rayhroden, près de Brunn , en
Moravie, passa à celui de Brxecnow en 1744, et
mourut à celui de Saint- Ma ximin, le 16 juin*
1758. Ce moine fut un des hommes les plus sa-
vants de la Bohême dans le dix -huitième siècle.
On a de lui un recueil de dissertations intitulé :
Dissertations philologico-bibliographicœ : in
quibus de adornanda et ornanda bibliolheca
nec non de manuscriptis, Ubrisque rarioribus
ac prxstantioribus ; ac etiam de archivo in
ordinem redigendo, veterumque diploma*um
crlterio ; deqùe rei nûmmarix ac musices stu-
dio, et aliis potissimum ad elegantiores lifteras
spcctanlibusrcbusdisseratur-y Nurem'jerg, 1747,
in-4°. La cinquième dissertation de cet excellent
livre (p. 283) est intitulée : De Musica, ejusque
proprietatibus , origine, progressa, cultori-
bus , et studio bene instituendo.
LEGiVANil (Louis), guitariste distingué, né
à Milan, vers 1790, a donné des concerts dans
cette ville, en 1819, et y a fait admirer son ha-
bileté extraordinaire. Au mois d'octobre 1822 il
arriva à Vienne, où il séjourna pendant quelques
mois. Les journaux allemands de celle époque
déclarèrent que rien ne pouvait être comparé aux
prodiges de l'exécution de cet artiste, et que
Giuliani lui-ntfme ne pouvait entrer en lice avec
lui. Pendant les années 1823 et 1824, Legnani
voyagea pour donner des concerts ; mais en 1825
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LEGNAJVI — LEGRENZI
*«
il se fixa à Genève, où il était encore en 1835,
jouissant de l'estime de tous les artistes et de
l'affection des principaux habitants. On connaît
sous son nom des duos pour guitare et flûte,
Tienne, Leidesdorf; environ trente œuvres de
solos pour guitare', exercices, rondos, caprices
et variations, remplis de grandes difficultés. Le
premier œuvre, intitulé Terramoto con varia-
zioni, a été publié à Milan chez Ricordi , les au-
tres ont paru chez le même éditeur ; à Vienne, chez
Artaria et Leidesdorf; à Florence, chez Cipriani ;
à OfTenbach, chez André ; à Paris, chez Richault.
LEGRAND (Jacques), ou GRAND, en latin
Jacobus Magnus, on Magni, moine Augustin,
naquit vers le milieu du quatorzième siècle; à
Toulouse , enseigna la philosophie et la théologie
à Padoue, et se rendit célèbre par ses commentaires
sur la philosophie d'Aristote, et par ses interpréta-
tions de la Bible. Appelé à Paris, il y brilla comme
prédicateur, et se fit remarquer paf la hardiesse
avec laquelle il prêcha contre les vices de la reine
(Isabeau de Bavière) et contre ceux des courtisans.
On ignore la date de sa mort, mais on sait qu'il
vivait encore en 1 422. Au nombre de ses ouvrages
on remarque celui qui a pour titre: Sophologium,
ex antiquorum poetarum , oratorum atque
phUôsophorum gravibus sententiis collectum;
Paris , M. Crantz, Ulrich Gerlng et Michel de
Fribourg, 1475, in-fol.; ibid., 1477, in-4° gothi-
que. Le second livre de cet ouvrage traite des
sepi arts libéraux, partie» lièrement de la mu-
sique , mais d'une manière toute spéculative.
Legrand fit lui-même une traduction française
<le son livre pour le duc d'Orléans, sous le ti-
tre : VArcfUloque Sophie, ou grand discours
de la sagesse. La bibliothèque impériale de Pa-
ris en possède plusieurs manuscrits, parmi les-
quels on distingue le n° 686$, in-fol. max., d'une
rare beauté. On y trouve le résume* de l'ouvrage
par l'auteur : Legrand y dit : « Le second livre
* parle des sept ars libéraulx, c'est assavoir
« grammaire, logique , rhétorique , arismétique ,
« musicq, géométrie et astrologie. »
LEGRAND (Guillaume), né le 5 mars 1770,
à Deux-Ponts, se rendit en 1782 chez un oncle
qu'il avait à Munich, et y reçut des leçons de
Tausch pour le hautbois. En 1788, il fut admis
<* qualité de hautboïste dans la musique du
fM-ince électoral de Bavière, et ce fut vers ce temps
-qu'il commença seul l'étude de la composition
<Jans les partitions des maîtres les plus célèbres :
plus tard , il prit des leçons d'harmonie chez
Joseph Graetz. Chargé par son oncle de la com-
position de quelques ballets , il écrivit la mu-
sique de ceux qui ont pour titres : Le Bal, La
fête tyrolienne, Le Déluge et La Caravane.
En 1797 il devint chef du corps des hautboïstes
des différents régiments en garnison à Munich.
Il a obtenu sa retraite vers 1825. Parmi les oeu-
vres de musique instrumentale de Legrand, on
remarque : 1° Plusieurs suites d'harmonie mili-
taire pour le service des troupes bavaroises. —
2° Six pièces d'harmonie pour flûte, 2 clarinettes,
2 cors et 2 bassons, liv. 1, tirées des opéras de
Meyerbeer et Nicolini; Leipaick, Breitkopf et
Hœrtel.— 3° Six pièces idem, liv. 2, tirées desopéras
de Rossinî, Nicolini et Pacini, ibid. — 4° Plu-
sieurs cahiers de danses allemandes, valses , etc.,
pour l'orcliestre. Legrand a eu deux frères,
musiciens distingués attachés à la musique de la
cour de Munich ; le premier (Chrétien), né à Deux-
Ponts, le 9 aoûtl775, fut élève de Kleinheinz pour
le piano, et acquit sur cet instrument un talent
remarquable; il mourut dos suites d'une maladie
de poitrine, en 1793. Le plus jeune (Pierre), né
à Deux -Ponts, le 5 mars 1778, fut un violoncel-
liste de mérite. Admis dans la musique de la -
cour, en 1795, il a obtenu ensuite un congé, et
s'est fait entendre avec succès à Vienne, à Franc-
fort, à Strasbourg, à Nancy, et dans plusieurs
villes des bords du Rhin.
LEGRENZI (Jean), maître de chapelle de
Saint-Marc, à Venise, et directeur du conservatoire
dei Mendie and, dans la même ville, fut un des plus
habiles compositeurs de son temps. Né vers 162.>,
à Clusone, dans les environs de Bergame, il
fit ses études musicales dans cette ville, où il
devint ensuite organiste de Sainte-Marie-Majeure.
De là il alla à Ferrare pour y remplir les fonc-
tions de maître de chapelle de l'église dello Spi-
rito Santo. 11 y était encore en 1664. Eu 1672
J.-Pli. Krieger letrouva à Venise, où il occupait
la place de directeur du Conservatoire, dont il a
a été parlé ci-dessus. Le 23 avril 1685 , il suc-
céda à Natale Mon ferra to comme maître de la
chapelle ducale de Saint-Marc. Il mourut dans
cette situation, au mois de juillet 1690. Ce fut
Legrenzi qui, par ses demandes aux procurateurs
de Saint-Marc, lit donner une organisation régu-
lière à l'orchestre de la chapelle et augmenter
le nombre des symphonistes. Cet orchestre fut
composé alors de la manière suivante : 8 violons,
1 1 petites violes ou molettes pour les deuxième
et troisième parties ; 2 violes da braccio (ténors) ;
3 grandes violes da gamba et violone (contre-
basse de viole) ; 4 théorbes ; 2 cornets, 1 basson,
3 trombones; en tout trente-quatre instrumen-
tistes. Les travaux de Legrenzi pour le théâtre fu-
rent presque tous destinés à celui de Venise. Son
premier opéra (Achille in Sciro) y fut représenté
en 1664, et Pertinace, le dernier, fut joué eu
1684. Parmi les élèves de Legrenzi on compte
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256
LEGRENZI — LEHMANN
lotti et François Gasparini. 11 paraît qu'il
avait embrassé l'état ecclésiastique, car on Ht
dans une lettre insérée au Mercure galant
(mars 1683, p. 278) : « Celui qui a composé la
« musique de la pièce intitulée Les deux Césars,
« et représentée pendant le carnaval à Venise, au
« théâtre Saint-Luc, est Don Giovanni Legrenzi,
« prêtre, maistre de la musique des filles de
<• Saint- Lazare , dites communément les mm-
« décantes, etc. » On trouve dans cette lettre
quelques détails sur les chanteurs qui jouèrent
dans Topera dont il est ici question. Les œuvres
de musique d'église de ce maître sont : 1° Con-
certo dl Messe e Salmi a 3 c 4 voci con vio-
lini ; Venise, 1654. — 2° Mottetti a 2, 3 e 4 roci,
ibid., 1655. — 3° Sacré e festivi Concerté
Messe e Salmi e due cori , con istrumenti ad
libitum, op. 9; Venise, Franc. Magni, 1657.
II y a une deuxième édilion de cet œuvre, datée
de Venise, 1667 4* Motet ti a 5 voci, op. 5;
ibid., 1660. — 5° Sentimenti devoté espressé
colla musica a 2 e 3 voci. Libre primo e se-
condo, op. 6; ibid., 1660. Il y a une autre édi-
tion de cet ouvrage, publiée à Venise,. chez Jo-
seph Sola, en 1683. — 6° Compicte con litanie
ed antifone delta Beat a Virgine Maria, a
5 voci,op. 7; Venise, Fr. Magni, 1662.— 7° Ac-
elamazioni dévote a voce sola , op. il; ibid.,
1688, in -4° obi. — 8° Idée armoniche, a 2 e 3
voci, op. 13; in Ycnezia, app. Fr. Magni e
Gardano , 1678. — 9° Motet ti sacré a voce
sola con tre stromenti,0[>. I7;ibid., 1692,in-4°.
Les opéras de Legrenzi , au nombre de dix-sept,
sont : 1° Achille in Sciro, à Venise, 1664. —
2° Zenobia e Radamisto ; Ferrare, 1665, Brcscia,
1666 et Vérone, 1667. — 3° Tiridate; Venise,
1669. — 4° Eteoclc e Polinice; ibid., 1675. —
5° La Divisione del Mondo; ibid., 1675. —
6° Adonein Cipro; ibid., 1676. — 7° Germanico
.sulBeno;\b\â., 1676.— 8° Tott/a; ibid., 1677. —
9° Antioco il Grande; ibid., 1681 . — 10° IlCreso;
ibid., 1681. — 11» Pausania; ibid., 1681. —
12° Ottaviano Cesare Augusto ; Mantoue, 1682.
— 13° Lisimacco ricamatoda Alessandro; Ve-
nise, 1682. — 14° / due Cesari; ibid., 1683. —
15° Giustino; ibid., 1683. — 16° VAnarchia
delV Impero; ibid., 1683. — 17° Publio Elio
Perlinace; ibid., 1684. Enfin les œuvres de mu-
sique de chambre composés par Legrenzi sont
les suivants : 1° Suonate per chiesa; Venise,
1655. — 2° Suonate da chiesa e da caméra
ai; ibid., 1656. — 3° Una muta di .Suo-
nate; 1664. — 4° Suonate a due violini e
violone,con ilbasso continuo perVorgano^ op.
oltava ;ibiù., 1667. — 5* La Cetra, consegrala
al nome immortale délia S. Cesarea E. M. di
Uopoldo I, in sonate a 2, 3, 4 strotnend,
op. 10; ibid., 1673.— 6° X Cantate a voce sola,
lia. 1 ; Venise, 1 674 .— 7° Edti di Reverenza, etc.,
in XIV cantate a voce sola , op. 14 ; ibid.,
1679, în-4°. — 8° Suonate a 2 violini et tvo-
loncello; ibid., 1677. — 6° Suonate da chiesa
e da caméra a 2, 3, 4, 5, 6 e 7 stromenti con
trombe e senza overo flauti, libro sesto ,
op. 17; ibid., 1693, in-4°.
LEOROS (Joseph), acteur de l'Opéra, doué
. d'une des plus belles voix de ténor élevé (ap-
pelées hautes-contre) qu'on ait entendues en
France, naquit le 7 septembre 1739, au village de
Monampteuil, diocèse de Laon, et fut d'abord
enfant de chœur dans la cathédrale de cette ville.
Rebel et Francœur, qui dirigeaient l'Opéra de
puis 1757, ayant eu connaissance de la belle voix
de Legros, obtinrent un ordre pour le faire en-
trer à TOpera, où son début eut lieu en effet le
1 er mars 1764, par le rôle de Titan, dans To-
pera de Titon et V Aurore. Acteur un peu froid,
il ne dut d'abord ses succès qu'au timbre admi-
rable de sa voix; sous ce rapport, il consola le
public de la perte de Jéliotte; mais dix ans plus
tard la révolution opérée par Gluck dans la .mu-
sique dramatique exerça son influence sur le ta-
lent de Legros ; il sentit le besoin de s'animer, et
joua d'une manière satisfaisante les rôles à J Or-
phée, d'Achille, de Pylade f de Renaud et dU-
lys. Outre ses talents comme acteur, il était très-
bon musicien et s'était livré à l'étude de la com-
position. En 1775, il refit, avec Désormery père, la
musique û'Hylas et Sylvie, en un acte, «et fil
représenter cet ouvrage à l'Opéra. Legros était
bel homme, mais son embonpoint étant devenu
excessif, il fut obligé de se retirer en 1783, avec
la pension, qu'on accordait alors après quinze
ans de service. Chargé de la direction du Concert
spirituel en 1777, il garda cette entreprise jusqu'à
la suppression de rétablissement en 1791. Alors
il se relira à La Rochelle, où il est mort, le 20 dé-
cembre 1793
LEGROS" (....), fils du précédent, né à Paris,
vers 1770, était professeur de musique à Paris
dans les premières années du dix-neuvième siè •
de. Il y a fait imprimer un livre qui a pour litre:
Le Jeu d Apollon, ou nouvelle méthode pour
apprendre en jouant les principes de la mu-
sique; Paris, (804, in-4°.
LEHMANN (Antoine) , facteur d'orgues à
BauUen, vivait dans le seizième siècle. En 1549,
il construisit l'orgue de l'église paroissiale de
Danl/k-k, composé de trente et un registres.
LEHMANN (Basile), autre facteur d'orgues
allemand, de la même époque, construisit en
1543 celui de l'église Sainte-Marie à Zwickau.
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LEHMANN
257
LEHMANN (Emmanuel) , magister et rec-
teur au collège d' Annaberg, né à Scheibcnberg,
dans la Misnie, vers le milieu du dix-septième
siècle , a publié un programme académique inti-
tulé : Programma ad actum valedictorium
de Musica , Annaberg, mai 1675.
LEHMANN (Chrétien), frère du précédent,
né à Sclieibenberg, le 2 décembre 1643, y fit ses
premières études de musique et de littérature,
puis entra en 1658 à l'école Saint- Thomas de Leip-
sick, où il compléta ses connaissances dans le
chant et la composition. Il y écrivit plusieurs
morceaux de musique d'église. En 1663 il suivit
les cours de l'université; deux ans après il alla
à Wiltenberg, où il fut nommé magister. 11 suc-
céda ensuite à son père, à Sclieibenberg. Sa prin-
cipale occupation dans ce lieu fut l'amélioration
de la musique d'église, et pour atteindre ce but
il écrivit plusieurs services complets pour les di-
manches et fêtes, qui sont restés en manuscrit.
Nommé pasteur à Annaberg, en 1685, il fut ap-
pelé en cette qualité à Freiberg, en 1697, où il
mourut, en 1723.
LEHMANN (Gothilf-David), facteur de
pianos à Dresde, naquit en 17C4, à Serkewitz,
près de cette ville. Son père le plaça fort jeune
chez Wagner, pour apprendre les principes de
la bonne facture des instruments, pendant le
terme de six ans. Au bout de ce temps Lelunann
s'établit lui-même à Dresde, et y fabriqua des
tlavicordes, des clavecins, des pianos et des har-
monicas.
LEHMANN (Frédébic-Adolmb), conseil-
ler de légation à Dessau, vers 1801, aupara-
vant lieutenant d'infanterie au service de l'élec-
teur, passa les dernières années de sa vie à Halle.
Simple amateur de musique, il avait pourtant
étudié dans sa jeunesse l'art d'écrire avec au-
tant de soin qu'aurait pu le faire un musicien de
profession, et l'on dit que ses premiers ouvrages
laissent apercevoir des traces de ses travaux sco-
lastiques ; mais plus tard il s'abandonna davan-
tage à une imagination libre dans les chansons
allemandes, où il a occupé le premier rang jus-
qu'à Schubert. On connaît sous le nom de cet
amateur : 1° Six marches à grand orchestre ou en
harmonie ; Leipsick, Peters. — 2° Variations pour
le piano sur l'air allemand : Freut euch des
Lebens; Augsbourg, Gombart. — 3° Douze va-
riations idem sur un air russe ; Pétersbourg. —
4° Deux marches caractéristiques pour le piano ;
Leipsick, Hoffmeister. — 5° Chants à 4- voix;
Beriin, Nicolaï. — 6° Chants à 3 et 4 voix, op. 7 ,
Leipsick, Peters. — V Chansons à voix seule, avec
; fille, de Schiller, idem; Leipsick, Breitkopf et
Haerlel, 1801 . —9° Douze chansons allemandes,
idem ; ibid., 1802. — 10° Petites chansons, idem;
Leipsick, Peters. — 11° Sept chansons anglaises
et allemandes idem; Dessau, clez l'auteur. —
12° Chansons allemandes, idem, 8« recueil, Halle,
chez l'auteur. Il a paru postérieurement quelques
autres recueils de pièces du même genre. Leschan -
sons de Lehmann ont obtenu tant de succès
après 1812, qu'il a été imprimé quatre éditions de
quelques-uns de ses recueils.
LEHMANN (Jean-Traugott), docteur en
philosophie et professeur de musique à Leipsick,
est né en 1782, à Neukirch, près de Kœnigshruck,
dans la Lusace supérieure. Le chant et la guitare
paraissent avoir occupé particulièrement cet ar-
tiste. 11 a publié : \° Neue Guitarrenschule, oder
die einfachten Regelndie Gutlarreauch ohi\c
Lehrer spielen zu lernen (Nouvelle école de la
guitare, etc., I re partie) ; Leipsick, Hofmeister.
La cinquième édition de cette première partie a
été publiée en 1830. La deuxième édition' de la
| seconde partie a paru en 1812. Il a été fait une
traduction française de cet ouvrage, sur la qua-
trième édition allemande ; elle a été publiée chez
le même éditeur, en 1826, in-fol. Il a paru aussi
un abrégé de la même méthode, sous ce titre :
Kleine Guitarrenschule, oder Anweisung die
Guitarrc in kurzer Zeit spielen zu lernen ;
nebst cinigen Uebungstiïcken , in-4° ; Leipsick,
Hofmeister, 1826. — 2° Grundl. und leicht-
; fassl. Stimmcn-tystem , oder Anweisung uie
ein jeder Fortepiano oder Clavier- Instru-
mente auf die besta Art stimmen han (Sys-
tème d'accord naturel et facile, ou Instruction
pour accorder par la meilleure méthode on piano
ou tout autre instrument à clavier) ; Leipsick ,
Kolmann, 1827, in -8°. — 3° Anleitung die
Orgel rein und richtig slhnmen zu lernen und
in guter Stimmung zu erhalten. Nebsl ein
ausfiihrl. Beschreibung ûber den Bau der
Orgel (Instruction pour apprendre l'accord pur
et régulier de l'orgue, etc. ; suivie d'une descrip-
tion détaillée de la construction de cet instru-
ment) ; Leipsick, Breitkopf et Haertel, 1831. grand
in-8° de trente et une pages. — 4° Chansons al
lemandes à voix seule avec accompagnement de
piano; Leipsick, Hofmeister.
LEHMANN (Laurent), fécond compositeur
de Lieder t vécut à Berlin depuis 1825 jusque vers
1845. Il paraît qu'il y élait professeur de piano;
mais on manque de renseignements sur sa per-
sonne. Ses œuvres , parmi lesquelles on remar-
que aussi des rondeaux et des fantaisies pour le
accompagnement de piauo, 1 er cahier ; Drssau, piano, sont au nombre d'environ cinquante. Ses
Menge, vers 1793. — 8° 1m plainte de la jeune Lieder, dont il y a huit recueils, outre un grand
MOCR. L.NIV. DLS MLSICIF.NS. — T. V. ,-
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25*-
LEHMANN — LEIDESDORF
nombre qui sont détachés, ont été publiés à Ber-
lin el à Leipsuk.
LEIBNIZ (Godefrojd-Guillalme, baron
DE), illustre philosophe et mathématicien, naquit
à Leipsick, le 3 juillet 1646, et mourut à Hano-
vre, le 14 novembre 1716, à l'âge de soixante-dix
ans. L'histoire de la vie et des travaux de cet
homme célèbre n'appartient pas à la Biographie
des musiciens; on la trouve complète et détail-
lée dans plusieurs biographies générales, et dans
les histoires spéciales des mathématiques el de la
philosophie. Ce grand homme n'est cité ici que
pour ce qu'il a laissé en manuscrit concernant
l'histoire de la musique, le rhythme, et les prin-
cipes mathématiques de la théorie de la musique :
ces morceaux se trouvent 4 la Bibliothèque royale
de Hanovre, et n'ont jamais été publiés. Leib-
niz a donné aussi quelques aperçus sur le calcul
des intervalles des sons, dans une lettre du
17 avril 1712, adressée à Goldbucli. et qui est
la 154 e de ses Epistolx ad diverses. C'est dans
celte lettre qu'il a placé sa fameuse proposition :
Musica est exercitium arithmeticx occultum
nescientis se numerare animi : proposition
parfaitement vraie dans une conception très-gé-
nérale de Part et de la science ; car dans la créa-
tion comme dans l'audition de toute musique, il
n'y a de conception possible que par. l'apprécia-
tion immédiate et spontanée d'une multitude de
rapports des sons ; mais dans le sens fini et borné
de la justesse absolue et invariable des inter-
valles , que lui donnait Leibniz, elle n'est point
admissible. Doué du génie le plus vaste, et d'ail-
leurs bon musicien et jouant de plusieurs instru-
ments, Leibniz aurait eu tout ce qu'il fallait pour
porter la lumière dans la théorie de la musique,
s'il eût connu la constitution des diverses tonalités
et leurs conséquences.
LE1BROCK (Joseph- Adolphe), composi»
teur, né à Brunswick, le 8 janvier 1808, est fils
d'Auguste Leibrock , littérateur qui a joui de
quelque réputation en Allemagne. Dès son en-
fance il étudia la musique, et y tit de rapides pro-
grès. Maucourt (voyez ce nom) lui enseigna le
violon , et Gœdeke , musicien de la chapelle
royale, lui donna des leçons de violoncelle. Pen-
dant qu'il se livrait à l'étude de ces instruments,
il suivit les cours de théologie à l'université.
Plus tard, il obtint un place de violoncelliste à
la chapelle de Brunswick ; mais il ne se borna pas
au talent de l'exécution : la composition et l'étude
de la théorie de la musique devinrent aussi les
objets sérieux de ses études. En 1840 il accepta
la place de directeur de musique du théâtre de
Ratisbonne. Son premier ouvrage important fut
une ouverture triomphale (Jubel'Ouverture) ,
en ut t qui fut publiée à Brunswick, en 1838. Il
écrivit ensuite la musique du mélodrame intitulé
Sechzehn Jahrê (Seize ans), plusieurs autres
ouvertures, des quintettes pour instruments à
cordes, et des Lieder. '
LEICI1T (....), facteur de pianos à Breslau,
ne à Pilsen, dans la Bohême, en 1790, apprit
d'abord la profession de menuisier, puis entra
chez Weiss, facteur d'instruments à Prague, qui
lui enseigna les principes de son art. Plus tard il
visita Vienne, Ratisbonne, Dresde et Berlin, tra-
vaillant d ms chacune de ces villes chez les plus
habiles facteurs, pour augmenter ses connais-
sances. En 1815 il s'établit à Breslau , et depuis
ce temps il s'est fait connaître avantageusement
par la bonne qualité de son et le fini du méca-
nisme de ses grands pianos.
LEIÛEL (François), viituose sur le haut-
bois, la flûte et la clarinette, naquit en 1TCI, à
Schwarz-Kostelecz , dans la Bohème. Après avoit
appris dans son enfance les éléments de la mu-
sique à l'école de Bistritz, il entra au monastère
de Seelau comme enfant de chœur et pottr y
faire ses humanités; ensuite il alla étudier la
rhétorique chez les piaristes de Prague, et il lit
sa philosophie à l'université de cette ville. Déjà,
lorsqu'il était à Seelau , il avait appris à jouer de
plusieurs instruments ; mais lorsqu'il fut arrivé
dans la capitale de la Bohème, il prit la résolu-
tion de se livrer exclusivement à la musique, et
dès lors il fit des études sérieuses sur la flûte,
la clarinette et le hautbois, qui le conduisirent à
la possession d'un talent de premier ordre , par-
ticulièrement sur le dernier de ces instruments.
En 1803 il réunissait les places de première
flûte et de premier hautbois de l'église métropo-
litaine de Prague. On ignore si cet artiste a
laissé quelques compositions en manuscrit.
LEIDESDORF (M.-J.), pianiste et com-
positeur, né vraisemblablement à Vienne , a été
éditeur et marchand de musique en celte ville
jusque vers 18?7. Il se fixa alors à Florence, où
il était estimé pour son talent et pour son carac-
tère bienveillant autant qu'honorable. Il est mort
dans cette ville, le 20 septembre 1839. Il avait
fait exécuter à Florence, en 1829, Esthcr, ora-
torio à 4 voix , avec chœurs et orchestre. On
évalue à plus de cent cinquante œuvres le
nombre de compositions de tous genres publiées
sous son nom; elles ne sont pas connues en
France, mais elles ont du succès en Allemagne ,
chez l'es amateurs. Les critiques reprochent des
négligences au style de Leidesdorf. L** prin-
cipaux ouvrages de cet artiste sont : 1° Premier
concerto pour piano, op. 100; Vienne, Haslinger.
— 2° Grand quintetto pour piano, violon»
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LEIDESDORF — LEJEUNE-
25*
clarinette, violoncelle et contrebasse, op. Gfl;
Leipsick , Breitkopf et Hœrtel. — 3° Rondo bril-
lant pour piano, flûte, clarinette, alto et violon-
celle, op. J28; Vienne, Artaria. — - 4 e Qualuoi
pour piano, violon, alto et basse, op. 123;
Vienne, Cappi. — 5° Trio pour piano, violon et
violoncelle, op. 70; Vienne, Arlaria. — 6° So-
nates pour piano et violon, op. 47, 48, 63, 74,
133; Vienne et Leipsick. — 7° Sonates pour
piano seul, op. 30, 50,67, 72, 75, 112, 134 ; ibid.
Leidesdorf a écrit un très-grand nombre de
variations, pots- pourris, divertissements, ron-
deaux, caprices, bagatelles, etc.
LEIDING (Georges-Théodore), organiste
à Brunswick , naquit à Bùcken , dans le comté
de Havn, le 23 février 1664. Son père, écuyer
dans les troupes françaises, s'était distingué
pendant la guerre de Trente ans sous le comman-
dement du duc de Weimar. Le jeune Leiding
entra , à l'âge de quinze ans, chez l'organiste de
la cour de Brunswick, Jacques Bœlsche, et reçut
ses instructions pendant cinq ans. En 1684 il fit
un voyage à Hambourg pour y entendre Reincke
et Buxtehude ; pendant son séjour en cette ville,
il reçut une lettre de Bœlsche, qui était malade,
et qui l'invitait à aller le remplacer dans ses
fonctions. Leiding se rendit au désir de son
maître. Bœlsche mourut peu de temps après, et
son élève lui succéda dans la place d'organiste
de Saint-Ulrich. Plus tard Leiding y réunit les
places d'organiste de Saint-Biaise et Je Saint-
Magnus : il les garda jusqu'à sa mort, qui arriva
le 10 mai 1710. 11 avait étudié la composition sous
la direction de Theile , et a laissé en manuscrit
beaucoup de pièces declavecin et d'orgue. — Son
fils, Othon- Antoine Leiding, lui succéda dans ses
emplois, et mourut le 16 mai 1740.
LEIGHTOx\ ( William ) , compositeur an-
glais, vécut à Londres au commencement du
dix-septième siècle. H s'est fait connaître par
une collection de musique religieuse à quatre et
cinq voix, qui a pour titre : The Tears, or
Lamentations of a sorrowful soûle (Les lar-
mes et lamentations d'une âme repentante); Lon-
dres, 16I4,in-fol. Outre les pièces de Leighton
on trouve dans ce recueil des compositions de
J. Dowland, John Milton (père du poète), Ro-
bert Johnson , Thomas Forde, Edmond Hooper,
Alphonse Ferrabosco, Robert Kindersley, Natha-
niel Giles, J. Coperario (Cowper), John Bull,
William Bird, Robert Jones, J. Wilbye, J. Ward,
Thomas \Yeelkes,Orl. Gibbons, Martin Pearson,
Thomas Lupo, Fr. Pilkinlon, et Thimolphus
Thoopeel.
L.EISRING (Volkmar), né dans la seconde*
moitié du seizième siècle, à Gebstedt, près de
} Bullslaedt, dans la Thuringe, Ht ses études à
i Jéna , et fut nomn»» en 1617 recteur à Schkœ-
| len, près deNaumbourg En 1619 il fut payeur
àNohra, près de Weimar, et dans Tannée I62ft
il alla remplir les mêmes fonctions à Buchfurth,
où il mourut, en 1637. Cet ecclésiastique fut bon
musicien, et Ton connaît de lui plusieurs compo-
sitions où il y a du mérite. lia publié : 1° Épi-
thalame tiré du 26 e chapitre de Sirach; Jéna,
1609 — 2° Cymbalum Davidicum 4, 5, 6 et
8 vocum, ou psaumes Latins et allemands ; Jéna r
1611. Une deuxième édition, augmentée de plu-
sieurs pièces, a été publiée à Erfurt, en 1612. —
3° Épithalames latins et allemands à 4 , 5 et a
voix ; Erlnrt, t624'. — 4° Strenophanix, consis-
tant en 21 chants latins et allemands, Erfurt,
1628.
LEISTER (JoachuiFrédéric), compost-
leur et critique, né à Witlstock, vers 1740, fut at-
taché en 1670, cbmme rédacteur, au Correspon-
dant impartial de Hambourg, dans lequel il a
inséré beaucoup de bons articles concernant la
musique. Il occupait encore la même position en
1795. J'ignore si c'est le même artiste qui, après-
avoir quitté Hambourg, se serait rendu à Vienne,
où il aurait publié, sous le nom de F. Leister, des
solos et des duos pour la flûte, chez Haslinger,
Artaria, Cappi, au nombre d'environ quarante
œuvres.
LEJEUNE (Claude), connu sous les noms
de Claudin Le jeune, ou simplement de Clau~
din , fut un musicien célèbre , et naquit à
Valenciennes. J'ai dit, dansjnon Mémoire sur les
musiciens néerlandais (p. 41), qu'il vit le jour
vers 1526 ; mais celte date parait trop reculée
pour l'époque de ses premières publications ; il
parait plus vraisemblable qu'il naquit vers 1540.
Quelques auteurs ont confondu Lejeuue , désigné
seulement par le nom de Claudin, avec Claude
de Sermisy, maître de chapelle de François 1",
dont les compositions sont aussi placées sous le
nom de Claudin , dans les recueils de motets
publiés par Altaingnant (livre 7 e , Paris, 1583;
livre 10% Paris, 1534; livre 11', ibid.), dans
les l el et 3' livres de Chansons musicales à
quatre parties, mis au jour par le même édi-
teur en 1529 et 1530, et dans d'autres recueils.
Mais l'erreur est manifeste , car si Claude .Le-
jeune avait été déjà au nombre des musiciens
dont on recueillait les compositions en 1529, il
est évident qu'il n'aurait pu être maître de la
musique du roi de France en 159ft, comme on le
verra plus loin, c'est-à-dire environ soixante-
dix ans après (1). Varillas s'est trompé d'une
(l) Pacquot est nu 4r ceux qui te sont trompés h ce su-
Jet j il dit, dans le premier volume de ses Mémoires Jlt-
17.
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2G0
LEJEUNE
manière plus singulière encore lorsqu'il a dit dans
son Hiàtoire de Charles IX (liv. 9, p. 472, édi-
tion de Paris, in- 12, 1684) : « Mandelot se mit
« inutilement en devoir d'empêcher, à Lyou, le
« massacre de treize cents calvinistes et surtout
« de l'incomparable musicien Goudimel , connu
« sous le nom de Claudin Le jeune. » Cet écri-
vain est le seul , je crois, qui a fait cette faute.
Il y a aussi de l'incertitude chez quelques auteurs
6ur le véritable nom de famille de l'artiste dont il
s'agit; car plusieurs semblent croire que ce nom
était Claudin, puisqu'ils n'y ajoutent le jeune
que comme un adjectif qui aurait servi à le dis-
tinguer de l'ancien Claudin (Claude de Sermisy).
Il est même remarquable que Thomas d'Embry,
ou d'Ambry, ami de Claude Lejeune, ne le dé-
signe point autrement dans une anecdote du
commentaire sur la vie d'Apollonius (1). Toute-
fois , il est certain que Claudin n'était que le
prénom et lejeune le nom de famille du compo-
siteur ; car le premier n'est mis qu'en abrégé au
titre de la plupart de ses ouvrages, par exemple
C\, Cl. y ou Claud. y tandis que l'autre est en-
tier; et, ce qui est plus décisif encore, les psau-
mes de Claudin, publiés en 1608, après sa mort,
sont dédiés au duc de Bouillon , prince de Se-
dan, par sa sœur, qui signe son épttre : Cécile
Lejeune. D'ailleurs, d'Embry lui-môme s'est
servi du nom de Lejeune dans uoe ode sur la
musique de son ami, placée en tète du recueil de
ce compositeur intitulé Le Printemps. Il y dit :
Ujeune a falct en sa vieillesse
Ce qu'une bien gaye Jeunesse
N'oserait avoir entrepris.
Et les éditeurs de ce recueil s'expriment ainsi,
dans leur avis au lecteur : « Je t'ay bien voulu
« advertir que l'intention de messieurs de Bai f et
« Lejeune estoit de faire imprimer ces vers
« mezuréz en l'ortographe propre, etc. »
Lejeune n'était vraisemblablement pas en
France, ou du moins à Paris ou à Lyon en 1572,
époque de la Saint-Barthélémy, car il échappa au
massacre de cette journée , et Ton a vu plus
haut que Varillas s'est trompé a cet égard ; mais
il était certainement à la cour de Henri III en
1581 , car il écrivit alors de la musique pour les
noces du duc de Joyeuse avec mademoiselle de
Vaudemont; c'est à cette occasion que Thomas
d'Embry, son ami, rapporte l'anecdote suivante :
« J'ai quelquefois oui dire au sieur Claudin Le-
« jeune, qui a, sans faire tort à aucun , devancé !
a bien loin tous les musiciens des siècles précé- j
téralres : t Claudio Lejeune, né a Valenciennes, dans le
.seizième sièclf, vécut en France du temps de François /«r.
(i)Llv. i,chap. XVI, p. 8«.
« dents, dans l'intelligence de ces modes (phry-
« gicnet hypophrygien), qu'il fut chanté un air,
* qu'il avait composé avec les parties, aux ma-
« gnificences qui furent faites aux noees du feu
« duc de Joyeuse du temps d'heureuse mémoire
« de Henry III, roy de France et de Pologne, que
« Dieu absolve, lequel, comme on l'essayoit en
« un concert qui se tenoit particulièrement, fit
« mettre la main aux armes à un gentilhomme
« qui estoit là présent , si qu'il commença à jurer
« qu'il luy estoit impossible de s'empescher de s'en
« aller battre contre quelqu'un ; et qu'alors on
« commença à chanter un autre air du mode
« sous-phrygien, qui le rendit tranquille comme
« auparavant : ce qui m'a été confirmé encore
« depuis par quelques-uns qui y assistèrent , tant
« la modulation, le mouvement et la conduite
« des voix, conjoints ensemble , ont de force et
«de puissance sur les' esprits, m Quoiqu'il en
soit de l'exactitude de l'anecdote , le récit de
d'Embry ne laisse point de doute sur la considé-
ration qui s'attachait en France aux œuvres et
au nom de Claude Lejeune. Après la mort de
Henri HT, cet artiste passa au service de Henri IY,
ainsi que le prouvent les titres de ses ouvrages
imprimés à La Rochelle en 1598, et à Paris en
1606, 1608 et 1612. Le P. Mersennc rapporte une
curieuse anecdote sur le danger que coururent
Claude Lejeune et ses meilleurs ouvrages pen-
dant la guerre de la Ligue contre Henri IV, et sur
les secours que Mauduit (voyez ce uom) leur
porta dans cette circonstance. Pendant le siège
de Paris, dit-il , Claudin Lejeune s'enfuyait par
la porte Saint- Denis, emportant ses composi-
tions, non encore publiées, notamment le Dode-
cachorde (voyez ci-après, n°2). Il fut arrêté
par des soldats de la Ligue , et ce fut Mauduit
qui arrêta le bras du sergent au moment où ce-
lui-ci lançait toutes ces compositions dans le feu
du corps de garde ! « car, comme il ( Mauduit]
« estoit de la justice, et reconnu savant en mu-
« sique, il persuada aisément à la soldatesque
« de lui remettre le tout entre les mains, laissant
« immoler à leur zèle la confession de foy hu-
« guenotte et séditieuse de Claudin , signée de sa
« main et fulminante contre la Ligue, qui n'estoit
« rien moins, en ce rencontre, que l'arrest de sa
« mort , et sans doute prochaine , si Jacques
« Mauduit ne s'y fût rencontré, qui leur fil en-
c tendre qu'il déchiffrerait cette musique, et
« connoistroit dans peu d'heures s'il y a voit rien
« contre le service de la ville, et pour ce sujet il
« demanda le prisonnier pour y estre confronté,
« ce qu'on luy accorda sur sa preud'horamie» et
« à la faveur du capitaine son amy , avec quel-
« ques gardes, qui l'escortèrent jusques au lieu
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LEJEUJSE
201
« de seureté, où il termina cetfe affaire fort adroi-
« teraent » (Harm. Vniv., liv. "<*, p. 65). Le-
jeune avait le titre de compositeur de la chambre
du roi , tandis que du Caurroy était maître de la
chapelle. J'ai lu quelque part qu'après la décla-
ration de Louis XIII , datée du 15 septembre
1612, qui dérendait aux réformés de s'assembler
sans une permission expresse, Lejeune, zélé
protestant, se retira' de la cour, et qu'il alla en
Hollande, où il mourut, peu de temps après; mais
ces renseignements ne sont point exacts, car
Tode de Thomas d'Embry ou d'Ambry, que j'ai
citée plus liant, et qui est imprimée au commence-
ment du recueil intitulé Le Printemps, publié
à Paris en 1003 , a pour titre : Ode sur la mu-
sique de défunct sieur Claudm tejeune. La
véritable date de la mort de cet artiste célèbre
se trouve donc entre les années 1598 et 1603. Un
autre éclaircissement résulte d'un passage déjà
cité de cette ode; c'est que Lejeune était déjà
avancé en âge quand il a composé les pièces de
son recueil de printemps.
Lrjeunc a faict en sa vieilles, etc.*
• Or, on ne dit pas d'un homme qu'il est en sa
vieillesse s'il n'a au inoins soixante ans; il ne pa-
rait donc pas qu'on puisse placer l'époque de sa
naissance plus tard que 1604. On a vu plus haut
que ce musicien avait embrassé le calvinisme;
mais il est vraisemblable qu'il n'appartint pas
toujours à la religion réformée, car Pierre Bal-
lard a publié après sa mort une messe à cinq et
à six voix , de sa composition, qu'on avait trou-
vée dans ses papiers.
Examinant les fondements de la grande répu-
tation dont Claude Lejeune a joui en France,
Burney pense que cet artiste a été plutôt un mu-
sicien savant et laborieux qu'un homme de gé-
nie (A General HistoryofMusic,t. 3, p. 266);
mais c'est précisément le contraire qui est vrai.
Quoique Lejeune ait conservé dans quelques-
unes de ses productions les formes canoniques
et le style d'imitations fuguées des mattres du
seizième siècle , il est souvent incorrect dans sa
manière d'écrire. On trouve dans sa musique
beaucoup de dissonances résolues par saut , d'en-
jambements de parties, et de sauts de sixtes
majeures dans les voix , qui indiquent des études
légèrement faites dans l'art d'écrire; mais il y
a du goût dans le choix des motifs de ses chan-
sons françaises, et une certaine élégance dans
celui des repos et des rentrées des différentes
parties : en un mot, plus d'instinct que de savoir.
Au surplus , le mérite de ce musicien a été exa-
géré par ses contemporains de la cour de France :
ses ouvrages ne peuvent soutenir la comparai-
son avec ceux des bons maîtres de l'école ro-
maine de ce temps, et sous le rapport de l'in-
vention , ils sont inférieurs à ceux des composi-
teurs vénitiens , de Lassus , et même de quelques*
anciens compositeurs français, tels que Areadet ,
et surtout Clément Jannequin. Claude Lejeune
et Du Caurroy commencent l'époque de décadence
de l'école française, quoiqu'un poète ait dit à
Claudiu :
Qui son esprit ne saturait
En les chants st pleins de mcr?ctllcs
S'il n'est un âne tout à fait,
Il en a du moins les oreilles.
Les psaumes à quatre et cinq parties de sa'
composition ont eu beaucoup de succès, et l'on
en a fait plusieurs éditions et des traductions
anglaises et hollandaises à Paris, Genève, Leyde,
Amsterdam, Londres , etc. Ces psaumes sont
écrits presque tous en contrepoint simple de
note contre note, sur les mélodies du culte pro-
testant placées dans la partie du ténor, comme
dans les psaumes de Goudimel ; mais ceux-ci sont
mieux écrits. On a ajusté sur la même musique
la version allemande d'Ambroise Lobwasser. Je
possède un exemplaire magnifique de cette ver-
sion, imprimée à Amsterdam, chez Louis Elze-
vier, en 1646, in- 12. Au frontispice gravé se
trouve, à coté de David et des principaux per-
sonnages du culte réformé, le portrait de Le-
jeune. Les différentes voix sont imprimées en
regard dans ce volume.
Tout ce que j'ai pu retrouver des œuvres de
Claude Lejeune se compose de la liste suivante :
1 ° Livre de mélanges de C. Lejeune à 4, 5, 6 et
8 voix; à Anvers, de l'imprimerie de Christophe
Plantin, 1585, 6 vol. petit in-fol. Je crois qu'il a
dû y avoir une édition antérieure de cet ouvrage,
qui contient des chansons françaises à 4, 5, 6 et
8 parties, des madrigaux italiens à 4, 5 et 6 voix,
des motets latins à 5, 6 et 8, et un échok 10 par-
ties. Il a été publié une autre édition du même
recueil à Paris, chez Pierre Bal lard, 1607, 6 vol.
in-4° obi. — 2° Recueil de plusieurs chan-
sons et airs nouveaux mis en musique par
Cl. Le Jeune ; Paris, Adrien Le Roy et veuve
Ballard, 1594, in- 16 obi. — 3° Dodécacorde
contenant douze psaumes de David mis. en
musique selon les douze modes approuvez des
meilleurs autheurs anciens et modernes, à
2, 3, 4, 5, 6 et 7 voix, par Claud. Lejeune,
compositeur de la musique de la chambre du
roy. A la Rochelle par Hfàrosme Haultin,
1598, 6 vol. in-4°, obi. Les paroles de ces psau-
mes sont tirées de la traduction française de Cl.
Marot. Cet ouvrage est un des meilleurs et des
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-262
LEJEUNE — LELLMANN
mieux écrits de Claude Lejeune : la forme des
psaumes est développée dans la manière des
motets italiens. On trouve dans cet œuvre le
portrait gravé en bois de Claude Lejeune déjà
âgé, car la tète est chauve et la barbe blanche. Ce
portrait a été reproduit au burin par Hawkins,
dans son Histoire générale de la musique (t. 3,
|>. 204). 11 a été fait une deuxième édition de ces
psaumes, à Paris, chez Pierre Ballard, 1608,
«vol. petit in-4 Q obi., et une troisième, à Paris,
chez le même, 1618, 6 vol. petit in-4° obi.
— 4° Le Printemps de Clavd. Lejeune, natif
de Valenciennes, compositeur de la musique
. de la chambre du roy, à 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8
parties, à Paris, par la veuve R. Bal lard, et son
fils le même 1603 , 6 vol petit in -4° obi.
Les vers de ce recueil sont de Baif. Il parait que
Lejeune avait laissé des pièces pour les autres sai-
sons, car l'éditeur dit, dans son avis au lecteur :
Reste maintenant à te supplier de recevoir ce
printemps avec ses belles et diverses /leurs,
espérant les fruits des autres saizons que je
te présenterai le plustost qu'il me sera pos-
sible; cependant je ne crois pas* que les autres
suites aient été publiées. — 5° Missa ad placi-
tum, auctore Claud. Lejeune, cum quinque
et sex vocibus; Parisii*, ex offic Pet. Ballard,
1607, in-fol. Le Kyrie, le Gloria et le Sanctus
sont à cinq voix, le Credo et VAgnus à six. —
6° Premier livre contenant cinquante psaumes
de David mis en musique à 3 parties par
Claud. Lejeune, natif de Valcnciennes, com-
positeur en musique de la chambre du roy;
Paris, Pierre Ballard, 1607, 3 vot. petit in-4°
obf. Les deuxième et troisième livres de ces
psaumes à trois parties ont été publiés chez le
même imprimeur en 1608,in-4° obi. De tous les
ouvrage» de Lejeune, c'est celui qui parait avoir
en le moins de succès, car je n'en connais point
d'autre édition. — 7° Les psaumes de Marot
et de Théodore de Bèze mis en musique à qua-
tre et cinq parties par Cl. Lejeune, natif de
Valenciennes; La Rochelle, J. Haultin, 1608,
in 4°. Première édition publiée par Cécile Le-
jeune, sœur du compositeur, et dédiée au duc de
Bouillon, prince de Sedan. Elle e<t fort rare. Une
•deuxième édition a été fuite à Paris, en 1613;
une troisième à Genève, chez Jean de Tournes,
en 1627, avec le portrait de Lejeune ; une autre
à Amsterdam, en 1629; une à Paris, dont on
41 ôté les psaumes à cinq, chez Ballard, 4 vol.
petit in-4° obi.; une à Amsterdam, en 1633; et
une à Leyde, clifz Juste Livius, en 163.», aussi
avec le portrait du musicien. La dernière édition,
-intitulée : Les cent cinquante Pseaum^s de Da-
vid, mis en musique à quatre parties par
Claude Le jaune, natif de Valenciennes, etc.,
à Paris, par Robert Ballard, 1650, 4 vol. in-8"
obi., est fort belle; j'en possède un exemplaire
magnifique. Il ne fut plus permis d'imprimer ces
psaumes en France après la révocation de l'é-
dit de Nantes. La musique de Lejeune a été
arrangée sur une traduction hollandaise et pu-
bliée sous ce titre : Psalmen Darid's, op rijf 1
Stemmen, doorCl. Lejeune; Schiedam, 1664,
in- 12. 5 vol. — 8° Airs à trois, quatre, cinq
et six parties mis en musique par Cl. Le
jeune; Paris, Pierre Ballard, 1608, 4 vol. in- 16
ohl. — 9° Oclonaires de la vanité et in-
constance du monde, mis en musique à 3 et 4
par tics, par Claude Lejeune, natif de Valen-
ciennes, k Paris, par Robert Ballard, 1610, 4 vol.
in -4° petit obi. Cet ouvrage est un recueil de
36 ctansons françaises, dont 3 sur chacun des
douze modes. Il y a une autre édition imprimée
chez le même en 1641. —10° Second livre des
meslanges de Cl.. Lejeune, compositeur de la
musique de la chambre du roy; Paris, Pierre
Ballard, 1612, 4 vol. in-4*ohl. Ce recueil a élé
publié par Louis Marrfo, neveu de Lejeune, et dé-
dié à M. de la Planche, avocat au parlement de
Paris. Un autre édition a été publiée à Anvers,
en 1617. On trouve dans cette collection quinze
chansons françaises et 7 madrigaux italiens k
4 voix, douze chansons à 5, deux canons et cinq
chansons à 6, deux chansons k 8, deux psaumes
à 5, un motet à 4 voix divisé en 6 parties, un au-
tre motet à 5, un Magnificat, k 4, 5 et 7, un
motet à 10, une fantaisie à 4 et une autre à 5.
Un essai biographique a été publié sous ce litre :
Esquisse biographique sur Claude Lejeune,
natif de Valenciennes, surnommé le Phénix
des musiciens, compositeur de la musique des
rois Henri III et Henri IV; Valenciennes, 1845,
in-8°.
LELLMANN (Georges-François), clarinet-
tiste et compositeur pour son instrument, est né
à Bucke bourg, le 8 avril 1798. Dès son enfance
il montra beaucoup de penchant pour la musique;
mnis ses études de collège ne lui permirent pas
de s'occuper de cet art d'une manière sérieuse
avant sa treizième année. Il reçut alors des leçons
de clarinette d'un musicien de la 'Chapelle du
prince de Lippe-Sclia-inn bourg, nommé Wagner;
toutefois il se destinait k la carrière des sciences,
lorsqu'un régiment suédois arriva dans sa ville
natale, en 1814. Le colonel de ce corps était alors
à la recherche de quelques bons artistes pour sa
musique militaire : des offres furent faites à Lell-
matin , et il accepta la place de première clari-
nette de ce régiment. Au moment où il arrivait
en Belgique, le général suédois qui commandait
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LELLMANN — LEMÀ1TRE
263
la brigade où il servait , reçut la nouvelle de la
signature du traité de paix de Paris, et bientôt
après, les troupes alliées repassèrent le Rhin. De
retour dans sa patrie, Lellmann donna sa démis-
sion, et se relira à Buckebourg, où il prit des le-
çons de violon de Lubeck, maître de concerts
de cette petite cour. Quelques années après, une
place de clarinette solo fut offerte à Lellmann dans
un régiment du royaume des Pays-Bas, qui était
en garnison à Ypres : l'artiste accepta, et revit
la Belgique pour la seconde fois. Il était à Ypres
depuis deux ans, et son engagement touchait à son
terme, lorsque la place de chef de musique de
la Société philharmonique de la petite ville de
Turcoing (Nord) lui fut offerte : il l'accepta, et
vécut huit ans dans cette position, faisant seu-
lement quelques voyages à Paris, où il recevait
des conseils de Reicha pour la composition. Son
talentcomme instrumentiste se perfectionna aussi
par les leçons qu'il reçut du célèbre clarinettiste
Iwan Millier. En IS33, Lellmann fut appelé à
Zerbst, en qualité de professeur de langues mo-
dernes au gymnase, parce qu'il possédait une
connaissance parfaite du française! de l'anglais.
Quelquesdissertationsqu'il a publiées depuis cette
époque lui ont fait décerner le grade de docteur
en philosophie et arts par l'université de Jéna.
On a de cet artiste : t° Air varié pour clarinette
et orchestre; Bonn, Simrock. — 2° Romance de
Cli. M. de Weber, variée pour clarinette et or-
chestre; Paris, Zetter et O e , et Leipsick, Breit-
kopf et Haeiiel. — 3° Air varié pour deux cla-
rinettes concertantes et orchestre; Bonn, Sim-
rock.
LKM (Pierre), né à Copenhague, vers 1753,
eut pour maître de violon Hartmann, qui, après plu-
sieurs années de leçons, le fit voyager pour per-
fectionner son goût et son talent. De retour dans
sa patrie, Lem eut le titre de premier violon de
la cour, aux appointements de mille écus (3,750
francs), et après la mort de son maître, en 1791,
il eut une augmentation de 200 écus, avec la
place de professeur de l'école de musique et celle
de violon solo des concerts. Il a formé de bons
élèves. On a publié de sa composition à Vienne,
en 1785, un concerto pour le violon, et Ton
trouve sous son nom, dans le Catalogue de Traeg,
un rondeau pour le clavecin, en manuscrit.
LEMAIRE, ou LE MAIRE, musicien
français, né vraisemblablement à la On du sei-
zième 6ÎècIe, ou dans les premières années du
dix-septième, est cité par Mersenne (Harmonie
universelle, Traite des consonnances, etc., liv. G,
prop. 19, p. 342) comme inventeur de la syl-
labe za 9 qu'il voulait introduire dans la solmisa-
tion pour la septième note, et pour faire aban-
donner en France la méthode des muances , qui
y était encore en vigueur. Mersenne ajoute que
le môme Leinaire avait imaginé de nouveaux si-
gnes pour la notation. Brossard, qui écrivait son
Dictionnaire de musique en 1701 ou 1702, dit
que Lemaire avait fait celte innovation 40 ou 50
ans auparavant ; mais elle était plus ancienne,
car le livre de Mersenne a été publié en 1636.
Dans un autre endroit, Brossard attribue à Le-
maire le livre qui a pour titre : Méthode facile
pour apprendre à chanter en musique, par
un célèbre maistre de Paris, et il donne à ce
livre la date de 1666. 11 s'est trompé, car cette
méthode n'est qu'une troisième édition de l'ou-
vrage de Nivers (voy. ce nom), qui fut publié en
1646, chez Ballard, à Paris, sous ce titre : La
gamme du si, nouvelle méthode pour appren*
dre à chanter en musique sans muances. La
deuxième édition fut imprimée sous le même ti-
tre en 1661, chez le même Ballard, avec le nom
de fauteur. La troisième édition, citée par Bros-
sard sous son véritable titre , ainsi que la qua-
trième, qui parut en 1696, n'ont point d'autre
indication que par un célèbre fnaistre de Pa-
ris. On voit d'après ces explications que Lemaire
n'est pas l'auteur de cet ouvrage. L'invention at-
tribuée par Mersenne à un musicien de ce nom
est de beaucoup antérieure à la première édition
du livre de Ni vers. On n'a point de renseigne-
ments sur Lemaire ; mais il y avait un Guillaume
Le Maire dans la grande bande «les violons du
roi Louis XUI ; ce Lemaire était compagnon de
Chevalier, musicien habile de ce temps ; il serait
possible qu'il fut l'auteur de la nouvelle méthode
de solmisation qu'on lui attribue. Voyez au sur-
plus sur les méthodes semblables Waelrant,
Anselme de Parme, Calvisius, Hobmeier, Putte
(VAN DE), CARAHUEL DE LOBKOWITZ , TjRENA,
(Pierre), et Buttstedt.
LEMAIRE (Charles), peut-être fils du pré-
cédent, entra en 1669 à la chapelle de Louis XIV,
en qualité de haute-contre, et y continua son
service jusqu'en 1702. Il obtint alors sa retraite,
et mourut en 1704. M. de Hoisgelou croyait, mais
à tort, qu'il était l'auteur de la nouvelle solmisa-
tion française. On a de cet artiste : 1° Airs à
chanter avec la basse pour le clavecin ou le théorbe,
livres 1 à 6; Paris, Ballard, 1674 h 1695. —
2° Airs sérieux et à boire à deux et trois par-
ties, par M. Le Maire, ordinaire de la mu-
sique du roy; à Paris, chez Christophe Bal-
lard, etc., 1«74. in-12 obi. — - 3° Les quatre
saisons, cantates à voix seule, livre i, ihid.
— 4° Recueil de motets, à une et deux voix
avec bas%econtinuc; Paris, Ballard, 1698, in-fol.
LEM A.1TRK (Matthieu.), compositeur belge,
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264
LEMAITRE — LEMBLLX
suivant le titre d'un de ses ouvrages, vécut
dans la seconde moitié du seizième siècle, et pa-
rait avoir occupé un emploi de chantre ou de
maître de chapelle en Bavière. Ses ouvrages
connus sont ceux-ci : I e Catéchèses numeris
musicis inclusa et ad puerorum captum ac-
commodata, tribus vocibus composita. Norim-
bergx, in officina Joannis Montani et Ulrici
Neuberi, 1563, in-8°obl. — 2° Geistliche und
weltUche teutsche Gesang mit vier und fûnf
Stimmen; Wittenberg, durch Johann Schwer-
tel, 1566, in-4° obi. — 3° Sacrœcantiones, quas
vuhjo Motetta vocant, quinque vocum, Liber
primus ; Drcsdx, per Gimel Montanare Lu-
becensi, 1570, in-4° obi. Au premier de ces ou-
vrages se trouve, à côté du nom de l'auteur, la
désignation de Belga.
LEMAURE (Catherine-Nicole), célèbre
actrice de l'Opéra, naquit à Paris, le 3 août 1704.
Ayant été reçue dans les chœurs en 1719,
elle débuta en 1724, par le rôle de Céphise,
dans L'Europe galante. « Jamais, dit La Borde,
« la nature n'a accordé un plus bel organe, de
« plus belles cadences (trilles), et une manière de
k chanter plus imposante. M"« Lemaure, petite
« et mal faite, avait une noblesse incroyable sur
« le théâtre; elle se pénétrait tellement de ce
« qu'elle devait dire, qu'elle arrachait des lar-
« mes aux spectateurs les plus froids; elle les
« animait et les transportait; et quoiqu'elle ne
« fût ni jolie ni spirituelle, elle produisait les
« impressions les plus vives. » Il faut croire à la
réalité d'un talent qui produit de tels effets sur
toute une nation, et qui mérite de pareils éloges
de la part d'un homme qui n'était point étranger
à la musique. Sans doute Part du chant était
alors ignoré en France ; mais une belle voix, un
beau trille naturel, et surtout un accent pathé-
tique dans l'organe, sont les qualités essentielles
pour émouvoir dans tous les temps, quels que
soient d'ailleurs les défauts de la vocalisation.
Retirée du théâtre en 1727, M* 1 * Lemaure y rentra
en 1730, et y resta jusqu'en 1735 (1), après l'a-
voir quitté et repris plusieurs fois. Ayant été
invitée à jouer à la cour, en 1745, pour les fêtes
données à l'occasion du mariage du Dauphin, elle
exigea qu'un .carrosse du roi vint la prendre et
la conduisit à Versailles, accompagnée d'un gen-
tilhomme de la chambre. Mon Dieu, s'écria-
t-elle, que je voudrais être à une fenêtre pour
me voir passer! Les entrepreneurs du Colisée
la déterminèrent à y chanter en 1771. Jamais af-
fluence ne fut comparable à celle des curieux qui
(1) Cette date est celle des anciens registres de l'Opéra ;
«lie de 174», donnée par U Borde, et copiée par tous les
biographes, est fausse.
allèrent pour l'entendre,et quoiqu'elle eût soixante-
sept ans, elle y parut fort supérieure à ce qu'on de*
vait attendre de cet âge. En 1762, elle avait épousé
un M. de Montbruelle; maison continua de l'ap-
peler par son premier nom jusqu'à sa mort, ar-
rivée en 1783. Dans les anciens mémoires manu-
scrits que je possède sur l'Opéra, on lit une note
ainsi conçue sur cette actrice : Lemaike : cette
actrice a la voix plus douce que celle d'un
rossignol, et les sons des plus beaux. Elle fut
fort regrettée lors de sa retraite f qui occa-
sionna un petit mémoire imprimé, où est oit
déduit le motif de cette retraite, qui estoit
parce que, ne voulant pas chanter, elle fut
conduite de l'ordre du roi au For Lèreque.
LEM AZURIER (Pi erre- IV vid), littérateur,
naquit à Gisors, le 30 mars 1775. Après avoir
occupé plusieurs emplois dans l'administration, il
[ fut longtemps secrétaire du comité de la Coiné-
| dic-Franyaise. Sa politesse et son amabilité av<c
| les auteurs lui firent de nombreux amis dans cette
position difficile. Sa vue, fatiguée par ses travaux,
s'affaiblit tout à coup en 1830; bientôt il devint
complètement aveugle, et se vit obligé de re-
noncer à sa place. Retiré depuis lors k Versail-
les, il y passa ses dernières années entouré d'une
famille qui raimaittendrement.il mourut dans
cette ville, le 7 août 1836. Lemazurier est auteur de
plusieurs ouvrages, au nombre desquels on re-
marque L'Opinion du parterre, almanacb théâ-
tral dont il a publié dix années (1803-1813), Paris»
10 volumes in -18. Le premier volume n'a pour
objet que le Théâtre-Français; mais on trouve
dans tous les autres beaucoup de renseignements
utiles sur l'Opéra, l'Opéra-Comique et l'Opéra
italien, ainsi que sur les auteurs, chanteurs, et sur
les pièces représentées dans le cours de ces dix
années.
LEMBLIN (Laurent), musicien belge, vécut
dans la première partie du seizième siècle, et fut
attaché comme ténor à la chapelle du duc de Ba-
vière, antérieurement à 15*0. On trouve des
motets de sa composition dans les recueils inti-
tulés : 1° Tomus secundus psalmorum selec-
lorum quatuor et quinque vocum ; Norim-
bergx, apud Jo. Petreium, 1739, in-4° obi. —
2° Select fssim arum Motet arum partim quin-
que, partim quatuor vocum. Tomus primus.
Norimbergx,Jo. Petreius, 1640. Ses- chansons
latines, allemandes et françaises ont été insérées
dans divers recueils, particulièrement dans ceux-
ci : — 3° Selectissimx nec non familiarissimsc
cantiones ultra centum, vario idiomate ro-
cnm 9 etc., a sex usquead duas vocum; Augus-
te Vindelicorum , Melchior Kriesstein, 16*0,
in-4°obl. — 4° Eh\ Auszug guter aller und
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LEMBLIN — LEMIÊRE DE CORVEY
265
newen teutschen Liedlein, etc.; Nuremberg,
J. Petreius, 1539, petit in-4° obi. — 5° Bicinia
gallica, latina et yermanica , et quxdam
fugx , etc. Tomi duo. Vitenbergx, apud Geor.
Rhau, 1545, petit in-4° obi.
LEMIÈRE (...), l'atné, violoniste de l'O-
péra, eut pour maître Gaviniès, dont il fut un des
bons élèves. Il entra à l'orchestre de l'Opéra en
1751, et prit sa retraite au mois d'avril 1771;
mais il ne jouit pas longtemps de sa pension,
car H mourut dans la même année. Il fut le maî-
tre du célèbre violoniste Bertheanme. Lemière a
publié deux livres de sonates à violon seul, et
un livre de duos pour deux violons.
LEMIÈRE DE CORVEY (Jean-Fkédé-
bic-Alcuste), compositeur, né à Rennes, en 1 770,
apprit la musique dans son enfance à la maîtrise
de l'église cathédrale de cette ville , et fit, fort
jeune encore, quelques essais de composition pour
le piano et le violon, sansavoir fait d'études d'har-
monie. Engagé comme volontaire dans un ba-
taillon républicain de la Vendée, il se fit remar-
quer par l'exaltation de ses opinions, fut nommé
sous-Hcutenant, et se rendit à Paris le 10 août
1792. Il prit alors quelques leçons d'harmonie
chez Berton, et fixa bientôt sur lui l'attention
publique par la bizarrerie d'une de ses premières
compositions; il avait mis en musique un ar-
ticle du Journal du soir sur la sommation faite
à Ciislines de rendre Mayence, et sur la réponse
de ce général ; ce morceau fut publié en 1793, et
eut un succès de vogue. En 1792 il avait donné au
théâtre Montansier Les Chevaliers errants f pe-
tit opéra en un acte, qui avait été peu remarqué ;
peu de temps après il partit pour la Belgique, où il
servit comme aide de camp du général Thtébanlt,
qui, grand amateur de musique, l'avait attaché à
sa personne, à cause de ses talents. De retour à
Paris en 1794, il y fit représenter quelques opé-
ras, dont plusieurs furent bien accueillis par le
public. Pendant les années 1796 et 1797 il suivit
son général en Allemagne, et y fut blessé. Le traité
de Campo-Formio le ramena à Paris, et le fit
rentrer dans la carrière de la composition drama-
tique. L'attachement qu'il avait pour le général
Waterloo : ce fut la dernière. Craignant des per-
sécutions à cause de ses anciennes opinions ré-
publicaines, il se tint dans la retraite pendant les
premiers temps de la seconde restauration ; mais
en 1817 il revint à Paris, et s'y livra de nouveau
aux travaux de la composition, écrivit pour le
théâtre, n'y obtint pas de succès, et finit par tom-
ber dans un élat voisin delà misère; car sa pen-
sion de retraite était insuffisante pour son exis-
tence et celle de ses deux filles. Dans les derniers
temps de sa vie, il était obligé de corriger des
épreuves de musique pour vivre. Il est mort à
Paris, du choléra, le 19 avril 1832, à l'âge de
soixante-deux ans.
Malgré l'activité de sa carrière militaire, Le-
mière a beaucoup écrit pour le théâtre et pour la
chambre. N'ayant encore aucune notion d'harmo-
nie, il avait fait représenter à Rennes, en 1790,
un opéra en un acte intitulé : Constance. Après
son arrivée à Paris, il écrivit les ouvrages sui-
vants : 1° Les Chevaliers errants, au théâtre
Montansier, en 1792, un acte. — 2° Crispin ri*
val, au même théâtre, 1793, un acte. — 3° Le
Poème volé, en nn acte, 1793. — 4° Scène pa-
triotique, au théâtre Favart, 1794. — b° La Re-
prise de Toulon, au même théâtre, 1794, en un
acte. — 6° Andros et Almona, idem, en 3 ac-
tes, 1794 : de tons les ouvrages de Lemière, c'est
celui qui a eu le plus de succès et qui avait le
plus de mérite. — 7° Le Congrès des Rois, en col-
laboration avec plusieurs autres compositeurs. —
8° Babouc, en quatre actes, au théâtre Feydeau,
1795. — 9* L'Écolier en vacances, au théâtre
Favart, en un acte, 1 795.— 1 0°Les Suspects, en un
acte, au théâtre Lonvois, 1795. — 9° La Blonde
et la Brune, en un acte, même théâtre 1795. —
\¥ La Moitié du chemin, en trois actes, même
théâtre, 1 79C Au théâtre Molière : 1 3° Les deux
Orphelines, en un acte, 1798. — 17° Les deux
Crispins ( paroles et musique), en un acte, 1798.
— 14° La Maison changée, en un acte, 1798.
— 15° La Paix et V Amour, en un acte, 1798.
— 16° Le Porteur d'eau, en an acte, représenté
en province, en 1801. — \7°HenrietFêlicie t en
trois actes, idem, 1808. — 18° La Cruche cas-
Moreau le fit éloigner de cette ville par le gouver- j sée, ou les Rivaux de village, en deux actes, au
théâtre Feydeau, 1819. — 19° La fausse Croi-
sade, en deux actes, au même théâtre, 1825. —
20° Le Testament, en deux actes, à l'Odéon, 1825.
— 19° Les Rencontres, en trois actes, au théâtre
Feydeau, 1828 (en collaboration avec M. Ca-
trufo). Il a aussi arrangé pour le tliéâtre de
KOdéon, sur la musique deRossini, La Dame du
lac, en quatre actes, 1825, et Tancrède, en
trois actes, 1827. Les autres productions ins-
trumentales et vocales de Lemière de Corvey
nement consulaire. Il vécut en Provence jusqu'en
1806 ; mais alors il obtint de reprendre du ser.
vice actif, et fit les campagnes de Prusse et de
Pologne. Puis, en 1808, il alla en Espagne, et
servit pendant toute la guerre de la Péninsule jus-
qu'en 1814, où il fut mis à la retraite avec le
grade de lieutenant-colonel : précédemment il
avait été fait chevalier de la Légion d'honneur et
du Mérite militaire. Après le retour de Napoléon
en 1815, il reprit son épée, et fit la campagne de
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26G
LEM1ÈRE DE CORVEY — LEMME
«ont : 1° Bataille de Jéna, symphonie mili-
taire à grand orchestre; Paris, Naderman. —
2° Pot-pourri militaire en harmonie, ibid. —
3° Trois œuvres de sonates pour piano et violon;
Paris, Nadermanjjfcrlin, Lischke. — 4° Sonate
pour piano à 4 mains, op. 9; Paris, S. Gaveaux.
— 5° Sonates pour piano seul, op. 3 et 8 ; Paris,
Naderman. — 6° Sept pots-pourris pour piano,
Paris, chez divers éditeurs. — 7° Environ viugt
œuvres de petites pièces de différents genres, ibid.
— 8° Plusieurs cahiers de contredanses, ibid. —
9° Trio pour harpe, cor et basson ; Paris, Nader-
man. — 10° Duos pour harpe et piano, op. 23, 24
et 28, ibid. — 11° Recueils de romance* avec ac-
compagnement de piano, op. 17, 25, 32,37 ; ibid.
LEMME (Charles), fils d'un facteur d'in-
struments, et lui-môme facteur de pianos et or-
ganiste de l'église Sainte-Catherine et Saint- Ma-
gnus,à Brunswick, vivait dans cette vil le vers 1 780.
Quelques modifications qu'il introduisit à celte
époque dans la facture des pianos lui acquirent de
la réputation. Une de ses premières améliora-
tions consista à changer la courbe du chevalet
pour obtenir une meilleure disposition des cordes
«t redresser les touches vers leur extrémité, au
lieu de les faire obliquer, comme on l'avait fait
jusqu'alors. Il fut aussi le premier qui fil les ta-
bles d'harmonie de deux planches minces collées
Tune sur l'autre, à fibres croisées afin que ses
instruments ne fussent point détériorés par la
chaleur lorsqu'il les envoyait dans l'Inde. Enfin,
il fabriqua des piano» ovales, dont la forme hii
semblait plus régulière et plus agréable que celle
des grands pianos ordinaires. Lemmc était aussi
organiste à Brunswick. On a de lui un écrit in-
titulé: Anwcisungund Bcgcln zu einer zweek-
micssigen Behandlung englischer und teuts-
cher Piano forte's und Klavierc nebst einen
Verzeichnisse der bei dem Verfasser verfertige
Sorten von Piano forte und Klavieren (Ins-
tructions et règles d'une bonne méthode pour
accorder les pianos et clavecins anglais et alle-
mands, etc).; Brunswick, 1802, in-4°de20 pages.
LEMME (Charles), fils du précédent, naquit
à Brunswick en 1769, et travailla longtemps à la
fabrication des pianos dans les ateliers de son
père. Vers l'année 1799, il alla se fixer à Paris,
et s'y fit connaître comme un bon facteur de se-
cond ordre ; car ses instruments, d'un prix moins
élevé que ceux d'Érard et de F rendent ha 1er ou
de Petzold, ne furent jamais recherchés par les
artistes ni par les amateurs distingués. Cependant
il en faisait un grand commerce dans les pro-
vinces et à l'étranger, particulièrement en
Amérique, et ses travaux pendant plus de vingt
•cinq ans lui acquirent une fortune honnête. Déjà i
il avait cessé de travailler et jouissait de son
indépendance, lorsqu'un nouveau système de
musique et de construction de pianos vint le
préoccuper et le fit rentrer dans la fabrication
de ce genre d'instruments. H exposa ses vues
dans un petit ouvrage qui a pour titre : Nou-
velle méthode de musique et gamme chro-
matique, qui abrège le travail et Viïude de
la musique; de onze douzièmes on Va ré-
duite à un douzième; inventée et publiée par
Charles Lemmc ; Paris, imprimerie de Firmin
Didot, 1829. Brochure in-8° de 19 pages, avec
un cahier de 10 planches in-4° obi., et un grand
tableau. Le titre de cet opuscule ne promettait
pas un ouvrage bien écrit; mais le fond était beau-
coup plus singulier que la forme. Lemme ne s'é-
tait pas seulement proposé la réforme de la con-
struction des pianos, mais celle de toute la mu-
sique. J'ai donné une longue analyse de son sys-
tème dans le 5 e volume de la Reçue musicale
(p., 49 et suiv.) : je vais en présenter ici un aperçu
pour ceux qui n'ont pas cet ouvrage.
Lemme, choqué par l'apparente irrégularité de
la disposition des touches sur le clavier, ou plu-
tôt ayant eu entre les mains l'ouvrage de Rohle-
der (voy. ce nom), et voulant réaliser son sys-
tème de réforme du piano, en fabriqua où ce
clavier était divisé par des touches blanches et
noires qui se suivaient alternativement et dans
un ordre régulier, depuis la note la plus grave
jusqu'à la plus aiguë. Il ne s'était pas aperçu de
l'uiconvénient qui résulte précisément pour l'œil
de cette régularité de disposition, l'exécutant ne
pouvant plus discerner les notes au milieu de
toutes ces touches qui ne sont point distinguées
par groupes, comme dans les claviers ordinaires.
D'ailleurs, des instruments construits de cette
manière auraient changé complètement fart de
jouer du piano, et auraient donné lieu à un nou-
veau système de doigter fort difficile. Lesréfoimes
de Lemme dans le système de la musique des-
tinée au piano n'étaient ni moins radicales, ni
moins embarrassantes. II y conservait la diffé-
rence des rondes, blanches, noires, etc., pour les
valeurs des sons; mais, ayant supprimé les dièses,
bémols et bécarres, il ne voulait indiquer les
noies que par les touches blanches et noires ; et
il se servait pour cela de blanches un peu plus
grosses que les blanches ordinaires, et de noires
également plus fortes que les autres noires ; en
sorte que telle note, dont la valeur ne doit être
que celle d'une noire, était représentée souvent
dans son système par une blanche distinguée seule-
ment par la dimension, tandis qu'une blanche Pétait
par une noire. Il y avait beaucoup d'autres incon-
vénients, dont on peut voir le détail dans l'analyse
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LEMME — LEMMENS
267
citée plus haut. Ce système n'eut aucun succès,
etLcrame ne fendit pas un seul de ses nouveaux
pianos. Le chagrin qu'il eu eut commença à dé-
ranger sa raison; de mauvaises spéculations
achevèrent l'aliénation de ses facultés, et le con-
duisirent à un état de démence complète. Il est
mort à Gharentonau mois d'octobre 1832, à l'âge
«te soixante -trois ans.
LEMME-ROSSI. Voy. ROSSI (Leume).
LEMMENS (Jacques-Nicolas), professeur
d'orgue au Conservatoire royal de Bruxelles, est
•éle 3 janvier 1823 à Zoerle-Parwys (province
d'Anvers). Son père, organiste de ce lieu, lui
donna les premières leçons de musique; ses
progrès furent si rapides, que dès l'âge de 7 ans
il chantait et accompagnait le plain-chant dans le
service divin. Lorsqu'il eut atteint sa onzième
année, son père l'envoya à Diest chez M. Yan
«1er Broeck, organiste, dont il reçut les leçons
pendant six mois. Eu 1839, il fut admis au Con-
servatoire de Bruxelles, comme élève de M. Léo-
fiold Godineau pour le piano ; mais bientôt ses
études furent interrompues par une maladie de
aon père qui l'obligea de retourner chez lui poul-
ie remplacer dans ses fonctions. Vers la fin de la
même année, la place d'organiste de la grande
église de Diest devint vacante et fut mise au
concours; Lemroens seprésenla comme candidat,
et fut vainqueur dans celte épreuve : la place lui
fut donnée. Le désir de rentrer au Conservatoire
«le Bruxelles la lui fit abandonner après l'avoir
occupée pendant quinze mois, et, vers la fia de
1*41, il rentra dans cette école comme élève de
Michelot. Au concours de l'année suivante, le
premier prix de piano lui fut décerné. Devenu
élève de l'auteur de cette notice pour le contre-
point et pour la fugue, il montra dans l'étude de
cette science une aptitude exceptionnelle. En
1844 , il obtint au concours le second prix de
composition, et le premier lui fut décerné en 1845.
-Ce fut aussi dans cette année qu'il remporta le
premier prix d'orgue, comme élève de Girschner
(voy. ce nom). Jugeant alors de l'avenir réservé
aux rares facultés de ce jeune artiste, le direc-
teur du Conservatoire, dans le but de fonder
dans cette institution une école de bons organistes
<jui manquait à la Belgique, demanda au ministre
de l'intérieur une pension pour que M Lemmens
pût aller à Breslau, chez le célèbre organiste
Adolphe Hesse, étudier les traditions de l'art de
Jean-Sébastien Bach ; sa demande fut accueillie
par le gouvernement, et Lemmens partit pour
la capitale de la Si leste au commencement de
1846. Après qu'il y eut passé une année, Hesse
écrivit à l'auteur de cette notice : Je n'ai plus
rien à apprendre à M. Lemmens : il joue la
musique la plus difficile de Bach aussi bien
que je puis le faire. De retour à Bruxelles,
après avoir parcouru l'Allemagne, le jeune ar-
tiste obtint l'année suivante le second grand prix
de composition , dans le concours fondé par le
gouvernement belge.
En 1849, Lemmens fut nommé professeur d'or-
gue au Conservatoire de Bruxelles, en rempla-
cement de Girschner, * qui venait d'être démis-
sionné. Alors commença pour lui une carrière
nouvelle, dans laquelle il a rendu d'éminents
services à l'art dans sa patrie. A vrai dire, il
n'existait pas alors d'organiste digne de ce nom
dans le pays. Le doigter de substitution , sans
lequel le jeu lié du clavier de l'orgue est impos-
sible, était ignoré de tous avant que M. Lemmens
l'enseignât. Quant au clavier de pédale, personne
en Belgique n'en avait les premières notions ; ces
claviers étaient même si défectueux dans tous
les instruments de cette espèce, qu'on n'y pou-
vait faire que des tenues. La réforme complète de
ces claviers, comme celle du système de con-
struction des orgues, comme celle de l'art véri-
table de l'organiste en Belgique et en France,
datent de l'enseignement de M. Lemmens au Con-
servatoire. Dans les quatorze années écoulées
jusqu'au jour où cette notice est écrite, cet en-
seignement a produit de si considérables résultats,
qu'ils ont dépassé toutes les espérances. P<rmi
les nombreux élèves formés par le savant pro-
fesseur, on remarque en première ligne MM. Wol-
lon, organiste à Louvain et professeur de l'École
des beaux-arts de celle ville ; Mailly, organiste
de l'église Notre-Dame du Finistère, à Bruxelles ;
Loret, organiste à Paris, et professeur à l'école
de musique religieuse; Andlauer, organiste a Ha-
guenau Bas-fthin) ; Riga, ancien organiste de la
paroisse des Minimes et.son frère (Jean;, organiste
à Saint-Jaoques-sur-Caudenberg, à Bruxelles ; Pi-
rongs, organiste à Londres ; Callaerts, organiste de
la cathédrale, à Anvers ; Vastersavonds, organiste
à Assche ; Groven, organiste à Malines 9 Tilborgs,
professeur à l'école normale de Lierre; Bogaerts, or-
ganiste à Alost; Guilleinant, organiste à l'église
Saint-Nicolas, de Boulogne, Lemmens (Edmond),
organiste à Tirlemont ; Ëstourgies, organiste et
professeur à l'Ile Maurice ; Lust, organiste actuel
de l'église des Minimes ; Massage, organiste de l'é-
glise Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles ; enfin,
une multitude d'autres artistes qui ont porté la
réforme du goût de l'orgue dans les provinces,
et jusque dans les plus petites communes. L'in-
fluence de M. Lemmens sur la transformation
du style des organistes français n'a pas été moin-
dre que sur ceux de la Belgique. Les artistes
et les critiques se souviennent de l'impression que
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LEMMENS — LEMOINE
" produisit son talent lorsqu'il fc fit entendre h
Paris sur les orgues des églises de la Madeleine
et de Saint- Vincent-de-Paul , ainsi qu'aux épo-
ques d'inaugurations de grandes orgues à la ca-
thédrale de Rouen, à Lille et dans plusieurs au-
tres villes. Avant lui, les grandes et belles œu-
vres de Bach étaient inconnues des organistes
français aussi bien que des Belges, ou du moins
étaient laissées à l'écart p'arce que pas un n'osait
en aborder les difficultés ; aujourd'hui, les meil-
leurs artistes se font gloire de suivre M. Lem-
mens dans la route qu'il leur a tracée, et le
prennent pour leur modèle dans l'exécution de
ces chefs-d'œuvre.
Non moins distingué dans l'exécution de la mu-
sique classique de piano, ce savant professeur
en a fait une élude assidue pendant dix ans au
château de Bierbais, à quelques lieues de Bruxel-
les, où il avait trouvé une hospitalité toute pa-
ternelle. Il ne quittait sa retraite que pour ve-
nir donner ses soins à ses élèves, se hâtant d'y
retourner après avoir rempli ses fonctions de
professeur. Le 3 janvier 1857 il devint l'époux
de miss Sherrington, jeune cantatrice dont l'é-
ducation vocale avait été faite au Conservatoire
de Bruxelles, et qui, depuis lors, s'est fait une
brillnnte réputation à Londres et dans les villes
principales de l'Angleterre.
Les compositions de M. Lemmens , jusqu'au
jour où cette notice est écrite sont : 1° Dix im-
provisations pour l'orgue; Mayence et Bruxelles,
Schott. — 2° Journal d'orgue, r*et 2 e années,
Bruxelles, l'auteur. La troisième année se com-
pose d'une messe facile à 3 voix égales. Cet ou-
vrage fondamental vient d'être reproduit sous
le titre d'École d'orgue : il est le fruit de la
graude expérience acquise par M. Lemmens
dans son enseignement. 11 se distingue d'ailleurs
par le grand mérite des pièces qui y sont conte-
nues et marque la nouvelle direction imprimée
à la musique d'orgue par le savant professeur qui,
au point de vue du culte catholique, a donné à la
plupart de ses œuvres un caractère éminemment
mélodique. — 3° Pièce pour la communion, dans le
Journal de musique religieuse; Rennes, Vattar.
---4° Hosanna, grande pièce d'orgue dans la
Maîtrise, journal de musique religieuse publié
par Niedenneyer et M. d'Orliguc — 5° Quatre
morceaux pour le piano; Bruxelles, Meynne.
— 6° Environ 60 pièces pour l'orgue, dans tous
les genres, non encore publiées. — 7° Deux
symphonies pour l'orchestre : la première a été
exécutée dans un des concerts du Conservatoire,
à Bruxelles. — 8° Douze œuvres inédites pour
le piano, dont 2 sonates. — 9° Te Deumh qua-
tre voix et orchestre (inédit). — 10° Plusieurs
motfts avec accompagnement d'orgue (idem).
— 11° Plusieurs morceaux de chant pour voix
de soprano (idem).
LEMOINE (Antoine-Marcel), guitariste,
naquit à Paris le 3 novembre 1763. Ses études
musicales furent négligées, et ce qu'il apprit, il
ne le dut qu'à lui-même. Son père, artiste dra-
matique, qui lui avait fait donner seulement
quelques leçons de violon , le conduisit à Dole,
où le jeune Lemoinese maria à l'âge de seize ans
et demi. De retour à Paris, en 1781, il y fut bien-
tôt engagé comme violoniste pour le théâtre de
M Ua Montansier, à Versailles. Après deux ans
passés dans cet emploi, il retourna encore à Paris,
y vécut quelque temps en donnant des leçons de
violon et de guitare, puis entra à l'orchestre du
théâtre de Monsieur (1789) pour y jouer de l'alto.
Quoiqu'il n'eût point appris les règles de l'har-
monie, il était bon musicien d'instinct, et faisait
peu de fautes lorsqu'il écrivait. Après la révolu-
tion, il fut chargé successivement de diriger les
orchestres des théâtres Molière, Mareux et de la
rue Culture Sainte-Catherine. Il arrangea pour ces
théâtres la musique de beaucoup de vaudevilles.
En 1793, il se ût éditeur de musique, et depuis
lors il continua son commerce jusqu'à l'époque de
sa mort. Il a cessé de vivre au mois d'avril 1817, à
l'âge de cinquante-quatre ans. Lemoine a fait
graver de sa composition environ vingt-cinq
œuvres d'airs variés et de pots-pourris pour gui-
tare seule ou guitare et violon. Vers 1790 îl
avait publié une petite méthode pour guitare,
Paris, Imbault, dont il fut fait plusieurs éditions
H en écrivit une plus étendue en 1795, et en fut
lui-même l'éditeur; elle eut aussi beaucoup de
succès. Enfin lorsque la guitare à 6 cordes, en
forme de lyre, eut été mise en vogue (vers 1805),
Lemoine lit pour cet instrument un nouveau
traité élémentaire qu'il publia aussi sous le titre
de Méthode pour la guitare à 6 cordes ; Pa-
ris, H. Lemoine. Quelques années après, la mé-
thode de Carulli fit oublier celle de Lemoine.
LEMOINE (Henhi), quatrième fils du pré-
cédent, né à Paris le 21 octobre 1786, est entré
comme élève au Conservatoire de musique, dans
le mois de floréal an vi (mai 1798). Ses premiers
maîtres dans celte école furent Matthieu pour le
solfège, et Nicodami pour le piano; puis il de-
vint élève d'Adam pour cet instrument. Quel-
que temps après il fut aussi admis dans une
classe d'harmonie ; mais des maladies et des mu-
tations de professeurs retardèrent ses progrès,
en le faisant passer alternativement sous la di-
rection de Berton , Éler, Dourlen , Catel , qui
avaient chacun une méthode particulière pour
l'enseignement de cette science. En 1805, Le-
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LEi\fOINE — LEMOYN'E
269
moine obtint au concours le deuxième prix d'har-
monie; Tannée suivante, le deuxième second prix
de piano lui Tut décerné ; il eut le premier se-
cond prix au concours de cet instrument en 1807,
et le premier en 1809. Longtemps après (1821),
il a recommencé l'étude de l'harmonie sous la
direction de Reicha, et c'est à ce professeur qu'il
reconnaissait devoir les connaissances qui lui ont
permis de rédiger son Traité d'harmonie pratique.
Pendant longtemps, Lemoine a été un des pro-
fesseurs de piano le plus activement occupés de
Paris ; il a formé de bons élèves. A la mort de sou
père, il lui succéda comme éditeur de musique :
c'est à lui qu'on fut redevable de la publication des
premiers ouvrages d'Hérold, de Herz, et de la
plus grande partie des œuvres de Berlini , en-
tre autres de ses excellents sextuors et de son
nonetto. Henri Lemoine est moitié 18 mai 1854.
Ses ouvrages principaux sont : 1° Sonate pour
piano à quatre mains; Paris, H. Lemoine. —
2° Polonaise, op. 5, idem; ibid. — o° Étrennes,
sonatines faciles et doigtées pour le piano ; ibid.
— 4" Quelques œuvres de variations, idem; ibid.
— 5° Différentes suites de petites pièces, idem ;
ibid. — 6° Plusieurs cahiers de contredanses
et de valses pour piano et violon, ou piano à
quatre mains; ibid. — 7° Méthode pratique pour
le piano, l re édition ; Paris, II. Lemoine, 1827,
tirée à 6,000 exemplaires; 2 e édition; ibid., 1837.
— 8° Traité d'hannoùe pratique, ibid., 1836.
— 9° Solfèges élémentaires, en collaboration
avec M. Carulli, ibid., 1829. U a été fait plusieurs
éditions de cet ouvrage : la troisième a été im-
primée par Eugène Du verger à Paris, en 1843,
In- 8°. On a aussi de Lemoine : Tabtettes du
pianiste, Mémento du professeur de piano ,•
Paris, H. Lemoine, 1844, in-18.
LEMOINE (Aimé), professeur de musique à
l'école royale des Ponts et chaussées, d'après la
méthode du méloplaste, est né à Paris en 1795.
D'abord élève de Galin ( voyez ce nom i, inven-
teur de celte méthode , il devint ensuite son col-
laborateur pour sa propagation, et enseigna con-
jointement avec lui dans les écoles établies à Pa-
ris. Après la mort de son maître, il s'est efforcé
de rendre la méthode plus utile par diverses mo-
difications qu'il y a introduites. En 1824, il a
publié à Paris, sous le titre de Méthode du
Méloplaste pour l'enseignement de la m usique,
un nouveau tirage du livre de Galin intitulé
Nouvelle Méthode pour V enseignement de la
musique (Bordeaux, 1818, in-8°). En 1838,
M. Lemoine a publié une nouvelle édition du
même ouvrage, divisée en deux parties, dont
la première traite de l'intonation , et la seconde
du rhvthme; elle a pour titre Méthode du Mé-
loplaste, par P. Galin, de Bordeaux. JVoti-
velle édition contenant de nouveaux déve-
loppements, de nouveaux tableaux, et un
nouveau méloplaste à portée mobile; Paris,
chez Aimé Lemoine, l vol. in-8°. Ce professeur
a fini par abandonner la méthode du méloplaste
pour reprendre renseignement ordinaire.
LEMOINE (Alexandre), professeur de mu-
sique au collège de Vendôme, est auteur d'un
livre qui a pour litre : Cours théorique de mu-
sique élémentaire et de plain-chant, suivi de
notions sommaires sur les moyens d'exécu-
tion musicale; Paris, Troupenas, 1841 , 1 vol.
in-8° de 168 pages, avec 6 planches de musique.
LEMOINE DE LIMAY (....), professeur
de piano à Paris , ne parait pas avoir été connu
avant 1788, car son nom ne figure pas dans
VAlmanach musical de cette année, publié par
Framery, mais on le trouve dans celui de Pan*
née suivante. Gerber s'est trompé lorsqu'il a cru
que ce musicien était le même que le composi-
teur Lemoine. On a de Lemoine de Limay : Trois
sonates pour clavecin avec ace. de violon,
op. I; Paris, chez l'auteur, 1788.
LEMOYNE (Jean-Baptiste MOYXE , dit ),
fils d'un ancien consul, naquit le 3 avril 1751 , à
Eymet , dans le Périgord , et apprit la musique
à Périgueux , sous la direction de son oncle,
maître de chapelle à l'église cathédrale de cette
ville. Plusieurs biographes français assurent qu'il
se rendit ensuite à Berlin , pour y continuer ses
études , à l'âge de quatorze ans ; mais c'est une
erreur démontrée par les renseignements que son
fils a fournis pour le Dictionnaire historique
des Musiciens de Choron et Fayolle ; car il y est
dit queLemoync parcourut différentes provinces
de France, en qualité de chef d'orchestre , avant
de faire son voyage en Allemagne. Arrivé à Ber-
lin, il y reçut des leçons de Graun et de Kirn-
berger pour la composition. Un de ses premiers
essais fut une scène d'orage qu'il introduisit dans
l'ancien opéra intitulé Toinon et Toineite , et
qui fut applaudie. Le prince royal lui témoigna
sa satisfaction de ce travail par le don d'une ta-
batière d'or remplie de frédérics. Ce prince le
nomma aussi second chef d'orchestre de son
théâtre , et le jeune musicien eut de plus l'hon-
neur d'être admis aux concerts du roi. Il continua
ensuite ses voyages et visita la Pologne. A Varso-
vie il écrivit le Bouquet de Colette, opéra fran-
çais en un acte dans lequel débuta l'actrice célèbre
qui a été connue depuis sous le nom de M me Saint-
Huberiy. Elle était devenue Pélève de Lemoyne,
qui lui donna des leçons pendant quatre ans.
De retour en France, ce compositeur s'annonça
comme élève de Gluck, dont il imita le style
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27i
LEMOYNE — LENÀ1N
dans son Electre, grand opéra en trois actes
qui fut représenté en 1782. Deux chœurs et
une scène en récitatif, d'une rare énergie,
furent applaudis dans cet ouvrage; mais la
mélodie y était rare , âpre et sans charme ; Le-
moyne n'avait imité que les défauts de l'au-
teur iVAlceste, sans avoir, pour les faire ou-
blier, ses sublimes beautés : les défauts firent
tomber la pièce- Gluck ne montra point de gé-
nérosité dans cette circonstance ; car, après avoir
gardé le silence jusqu'à ce que le sort d'Electre
eût été décidé , il désavoua pour élève son au-
teur , dès qu'il le vit attaqué par les critiques
comme un produit de son école. Lemoyne se
vengea de ce dédain en étudiant la manière de
Piccinni et de Sacchini. Le résultai de ses médi-
tations Tut l'opéra de Phèdre, qu'il fit jouer en
1786 » et qui obtint un brillant succès dû peut-
être autant au poème d'Hoffman et au jeu de
M mc Saint- Hubert y qu'au mérite de la musique.
Grimm dit en parlant de cet ouvrage , dans sa
Correspondance littéraire : « La facture des
a airs et des accompagnements; le récitatif, sen-
« si blement imité de celui deDidon, tout prouve
« que le compositeur, abjurant son système tu-
« desque, s'est rapproché dans cet ouvrage de l'é-
« cole italienne autant qu'il avait cru devoir s'en
• éloigner dans son Electre. » Ce jugement a
beaucoup de justesse. Lemoyne manquait de
génie et ne pouvait être qu'imitateur. Plus tard il
se fil aussi le copiste du style français dans les Pré-
tendus, ouvrage qui, malgré son succès, n'en est
pas moins une composition lourde et plate Après
le succès de Phèdre , Lemoyne fit un voyage en
Italie; il revint à Paris au printemps de 1788, et
depuis lors il ne cessa de travailler pour l'Opéra'
et pour le théâtre Favart jusqu'à sa mort, qui
arriva le 30 décembre 1796. La liste des compo-
sitions de ce musicien renferme celles dont les
titres suivent : 1° Le Bouquet de Colette, à
Varsovie, en 1775, un acte. — 2° Electre, en trois
actes, à l'Opéra de Paris, 1782. — 3° Phèdre, en
trois actes, au même théâtre. 1786. — V* Nephté,
en trois actes, ibid., 1789. A la fin de la pre-
mière représentation de cet opéra, Lemoyne fut
demandé par le public : c'était la première fois
que cet honneur était accordé à un musicien sur
un théâtre français.— 5° Les Prétendus, en deux
actes, ibid., 1789. Le mauvais goût qui régna
longtemps en France a soutenu le succès de cette
pièce pendant trente-cinq ans. 11 a maintenant
disparu de la scène, vraisemblablement pour tou-
jours. — 6° Louis IX en Egypte, en trois actes,
ibid. , 1790. — 7° Les Pommiers et le Moulin,
en un acte , ibid., 1790. La musique de ce petit
ouvrage 9 écrit dans le système du Devin du vil-
lage, manquait de verve et de gaieté. — 8° El-
I f ride y en trois actes, au théâtre Favart, 1792;
I pièce froide qui avait été refusée à l'Opéra, et qui
j tomba. — 9° Milliade à Marathon, en on acte,
I ouvrage de circonstance joué à l'Opéra, en 1793.
: — 10° Toute la Grèce, tableau patriotique,
| ibid., 1794. — i\° Le Batelier, ou les Vrais
\ Sans-culottes , en un acte, au théâtre Feydeau,
I 1794. — 12° Le Compère Luc, en un acte, ibid.,
! 1794. — 13° Le Mensonge officieux', en un
! acte, ibid., 1795. Lemoyne a laissé en manu-
scrit .- — 14° Nadir, ou le Dormeur éveillé, eut
trois actes, qui devait être joué à l'Opéra, et qui
ne le fut pas parce que les décorations furent dé-
truites dans l'incendie du magasin des Menus-
plaisirs, en 1787. — 15° Sylvius Nerva, ou
la Malédiction paternelle. — 16° L'Ile des
Femmes, en deux actes, dont les répétitions furent
interrompues par la mort de l'auteur. Les der-
nières productions de Lemoyne sont beaucoup
plus faibles que les autres ; elles nuisirent à sa
réputation.
LEMOYNE (Gabriel), fils du précédent „
naquit à Berlin le 14 octobre 1772 , et suivit son
père à Paris à l'âge de neuf ans. Clément lui donna
les premières leçons de clavecin et d'harmonie;
il devint ensuite élève d'Edelmann. Pianiste et
compositeur médiocre , cet artiste n'a fixé snr
lui l'attention pendant quelques années que par
son association avec le célèbre violoniste La-
font dans les voyages qu'ils firent en France et
dans les Pays-Bas, au commencement de ce siècle.
De retour à Paris , Lemoyne s'y livra à l'ensei-
gnement et publia quelques œuvres pour le piano.
Il est mort à Paris le 2 juillet 1815. La musique
d'un petit opéra intitulé l'Entresol , joué ait
théâtre des Variétés en 1802, a été composée par
lui en collaboration avec Alexandre Piccinni. Il a
fait jouer aussi deux autres opérettes aux théâtres
des boulevards , mais il n'y a pas mis son nom-
Ses principales compositions instrumentales sont z
1° Premier concerto pour piano et orchestre;
Paris, Leduc 2° Deuxième idem, op. 20 ; Pa-
ris, Frère. — 3° Trio pour piano, violon et vio-
loncelle , op. 12 ; ibid. — 4° Sonates pour piano
et violon, op. 10 et 22 ; Ibid. — 5° Duo pour déni
pianos, op. 16 ; ibid. — 6° Sonates pour piano seul,
op. 1 et 19; ibid. — 7° Caprices, fantaisies , pots-
pourris et rondeaux pour piano , environ dix
œuvres ; ibid 8° Romances avec accompagne-
ment de piano, 4 recueils ; Paris , chez l'auteur.
LENAIN (...), auteur inconnu d'un livre
qui a pour titre : Éléments de musique, ou
Abrégé d'une théorie dans laquelle on peut
apprendre avec facilité Part de raisonner et
les principes de cette science ; ouvrage utiie
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LENAI3V — LEJVTZ
71
aux commençants et à ceux même qui ont
des connaissances plus étendues ; Paris, Des-
saint, 1766, in- 12.
L'ENFANT. Voyez BOUCHER (Hector), et
LNFANT1S.
LENGENBRUNNER (le P. Jkan), moine
bénédictin au couvent de Tegcrnsée, dans la
haute Bavière, (tarissait vers le milieu du seizième
siècle. Il est auteur d'un livre intitulé : Musices
haud vulgarecompendium, omnibus perdis-
cendi eam cupientibus quant utilissimum i nec
non regulis ac exemples musicalibus jucun-
dum, in gratiam studiosx juvetituiis fidcliter
congcstum. Accessit et huic opusmlo in*gne
qnoddam fundamentum modulandi fistulis
transversis (ut vocant) caput quant fac&U-
mum; Augsbonrg, 1559, 7 feuilles. Cet ouvrage
est, je crois, le plus ancien où il ait été traité de
l'art de jouer de la flûte traversière.
LENKER (Christophe- Michel), facteur
d'instruments à Rudolstadt, fut un des premiers
artistes (le l'Allemagne qui fabriquèrent de grands
pianos , et contribua à les propager par la bonté
de ses instruments. Il Taisait aussi des clavecins
qui étaient estimés autant que ceux de Silber-
mann. Il travaillait vers 1765 , et Ton croit qu'il
mourut avant 1790.
LENOBLE (Joseph), fils d'un musicien
français attaché au service de l'électeur palatin ,
naquit à Manheim le 1 er septembre 1753. Élève
de son père et de Cannabich, il se distingua dans
sa jeunesse par des compositions instrumentales au
nombre desquelles on remarquait des sonates de
piano, des quatuors, et des septuors de violon
qui furent bien accueillis par les amateurs. En
1784, Lenoble se rendit à Paris, et dans la même
année il fit exécuter au concert spirituel son ora-
torio de Joad , qui fut applaudi. Ce fut à cette
époque qu'il écrivit la musique d'un opéra en
trois actes intitulé Lausus et Lydie, en colla-
boration avec Méhul, fort jeune alors et qui
ne s'était pas encore fait connaître par les pre-
miers ouvrages qui ont fondé sa réputation. Cet
opéra ne fut pas représenté lien fut de même de
Popéra-ballet V Amour et Psyché , que Lenoble
écrivit sur un poème de l'abbé de Voiseoon.
Les partitions manuscrites de ces deux opéras
sont à la Bibliothèque impériale de Paris. Lenoble
est mort à Brunoy, près de Paris, le 15 dé-
cembre 1829.
LENTZ (Henri-Gerhard), pianiste et com-
positeur, naquit à Cologne en 1764 , et reçut de
son père, organiste de mérite, des leçons de
piano et d'orgue. Encouragé par les applaudis-
sements de ses compatriotes , il se hasarda à se
rendre à Paris dans l'espoir d'y briller par son
talent d'exécution et par ses ouvrages. Il y ar-
riva vers la fin de 1734 , à l'âge de vingt ans.
Quelques lettres de recommandation le firent
accueillir favorablement et lui procurèrent l'a-
vantage de se faire entendre au concert spirituel,
en 1785. Il y joua son premier concerto de cla-
vecin avec orchestre qui, bientôt après, fut publié
chez l'éditeur Boyer. Cet ouvrage fut suivi de
plusieurs autres du même genre qui obtinrent
quelque succès; mais les leçons qu'il donnait à
plusieurs dames de haut parage furent, pendant
le séjour de Lentz à Paris , la base la plus so-
lide de son existence. La vogue dont les compo-
sitions de Haydn commençaient à jouir à Paris
par l'exécution de ses symphonies aux concerts
des amateurs et de la Loge olympique , décida
Lentz a se faire imitateur du style de ce grand
artiste. L'imitation se fait particulièrement re-
marquer dans deux œuvres de trios pour clave-
cin, violon et basse qu'il publia en 1790. Deux ans
après il partit pour Londres, où ses concertos et
deux symphonies de sa composition furent exé-
cutés aux concerts de Salomon. Son séjour dans
la capitale de l'Angleterre fut de trois années ;
mais il ne parait pas y avoir réalisé ses espé-
rances de fortune, car il prit le parti de s'en
éloigner en 1795. Il se rendit d'abord à Hambourg
et y eut des succès comme exécutant et comme
compositeur. Vers la fin de l'année suivante, le
prince Louis-Ferdinand de Prusse l'attacha à
son service. Les fonctions de Lentz , dans cette
nouvelle position , consistaient à écrire les com-
positions du prince, sous sa dictée , et parfois à
l'accompagner avec le violon. Son existence était
douce , lieureuse dans la maison de son protec-
teur , qui tolérait les accès de gaieté bruyante
dont son secrétaire avait l'habitude et qu'il por-
tait souvent jusqu'à l'inconvenance. Cette situa-
tion dura pour Lentz jusqu'en 1802 et ne cessa
alors que par l'arrivée de Dussek en Prusse , et
par l'intimité qui s'établit entre le prince Louis-
Ferdinand et l'artiste célèbre : Lentz reçut son
congé. Il alla d'abord s'établir a Halle ; mais, n'y
trouvant pas d'emploi pour ses talents, il se
rendit en Pologne , vécut quelque temps à Lenv
berg, et finit par se fixera Varsovie, où il
fonda une fabrique de pianos. Il se maria dans
cette ville où sa jeune femme, bonne musicienne,
avait reçu quelques leçons de Kaminski (voy. ce
nom); elle publia quelques pièces légères de
chant et de piano où l'on remarquait du talent ;
mais elle mourut peu d'années après son ma-
riage , d'une maladie de poitrine. Devenu veuf,
Lentz contracta une seconde union matrimo-
niale : il n'eut d'enfants ni de sa première femme,
ni de la seconde. En 1826, il obtint sa nomioa-
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272
LENTZ — LEO
tîon de professeur d'orgue et d'accompagnement
pratique au Conservatoire de Varsovie ; mais il
ne jouit i>as longtemps des avantages de cette
position, parce que rétablissement Tut Terme après
les événements de 1831. Lentz continua de se
livrer à l'enseignement jusqu'à la lin de ses jours.
Il mourut d'un coup d'apoplexie, le 21 août
1839, à l'Age de soixante-quinze ans. On con-
naît sous son nom : 1° 1 er Concerto pour clave-
vin, op. 4; Paris, Boyer. — 2° Deuxième idem,
op. 6; ibid. — 3° Troisième idem, op. 7; ibid.
— 4° Trois trios pour clavecin , violon et basse,
op. 5; ibid. — 5° Six idem, op 8; ibid. —
6° Neuf sonates pour clavecin et violon , formant
les œuvres 1,2 et 3; Paris, la Chevardière. —
7° Airs variés pour clavecin seul; Paris, 1792.
— 8° Préludes pour le piano; Londres, Broderip,
1794. — 9° Trois sonates pour piano , les deux
premières avec flûte et basse ; la dernière avec
violon, op. 11. Londres, 1795. — 10° Six chan-
sons allemandes avec accompagnement de piano,
Hambourg, 1796. — H°0 ma tendre musette,
air varié pour piano, op. 12; Leipsick, Kuh-
tiel. — 12" Première symphonie pour l'orchestre
f>n vt mineur), op. 10; Paris, 1791. — 13° 2 m c
idem (en sol ), ibid.
LENZ (J.-N.), organiste à l'église des Jésui-
tes à Rotterdam, vers le milieu du dix-huitième
siècle,, a publié de sa composition trois concertos
pour le clavecin.
LENZ (Léopold), chanteur et compositeur de
Lieder, né à Berlin, vers 1803, brilla longtemps
comme baryton au théâtre royal de Munich, et
fut attaché à la chapelle du roi de Bavière. 11
dirigea aussi pendant plusieurs années une société
de chant dans la même ville. En 1841, il ac-
cepta la place de régisseur du théâtre royal; cinq
ans après il fut nommé professeur de chant au
Conservatoire de Munich ; mais les événements
de 1848 le décidèrent à prendre sa retraite et à
se fixer à Munster, où il vivait encore en 1857,
comme professeur de chant. Chanteur agréable,
mais moins remarquable par son talent d'exécu-
tion que par les chansons allemandes qu'il a com-
posées, il jouit d'une réputation méritée dans
ce genre de musique. Ses productions ne se font
pas seulement remarquer par l'élégance des mé-
lodies et la justesse de l'expression, mais aussi
par l'intérêt de l'accompagnement. Son pre-
mier recueil parut en 1820, à Àugsbourg, chez
Gombart. On cite particulièrement comme
ses meilleurs morceaux les chants composés
pour le Faust de Goethe. On compte envi-
ron trente recueils de chants publiés par
Lentz.
Un autre compositeur du même nom a publié
douze chants d'église à quatre voix avec orgue on
piano, op. I; Munich, Sidler.
Il y a eu aussi un compositeur du nom de Lenz
qui dirigeait les concerts de l'Académie à Breslau
en 1839 et 1840. Une ouverture de sa composi-
tion y fut exécutée dans cette dernière année. Cest
tout ce qu'on sait de cet artiste, sur qni les bio-
graphes allemands, et même Kosmaly et Carlo
(Schlesisches Tonkiinster-Lexikon) gardent le
silence.
LENZ (Guillaume DE) , conseiller d'État de
l'empire de Russie, et amateur de musique, s'est
fait connaître par un livre intitulé : Beethoven
et ses trois styles. Analyses des sonates de
piano, suivies de Vessai d'un catalogue criti-
que, chronologique et anecdotique de Couvre
de Beethoven; Saint-Pétersbourg, Bernard, 1852,
2 vol. in- 8°. Le thème de ce livre est pris dans la
notice de Beethoven de la première édition de la
Biographie universelle des Musiciens, où,
pour la première fois, il est dit que la manière de
l'illustre compositeur se modifia à trois époques
de sa vie : mais cette observation, dont la jus-
tesse a été généralement reconnue, devient, entre
les mains de M. de Lenz, l'occasion d'une série
de bouffonneries et d'excentricités. Chez lui l'ad-
miration va jusqu'au fanatisme, et la raison est
toujours absente de sa critique. Pour tout musi-
cien chez qui le goût accompagne les connais-
naissances techniques, l'inspiration libre et spon-
tanée s'affaiblit dans la dernière période des tra-
vaux de Beethoven, et la recherche, parfois péni-
ble, en prend la place; mais chez M. de Lenz,
l'enthousiasme s'accroît en raison de l'affaiblisse-
ment des facultés du grand artiste. Après la pu-
blication de son livre, il eu traduisit une partie
en allemand, travailla de nouveau le Catalogne qui
remplit le second, et le développa de telle ma-
nière, que l'ouvrage reparut de 1855 à 1860 en
cinq volumes , sous ce litre : Beethoven. Eine
Kunststudie; Hambourg, Hofmann et Campe.
Ce long verbiage est illisible.
LEO (Jean-Christophe), facteur d'orgues, né
à Stettin, vers le milieu du dix-septième siècle,
s'établit à Augsbourg, et se fit connaître avanta-
geusement en Allemagne par plusieurs orgues de
bonne qualité, des ciavicordes, des clavecins et
desépinettes qui ont été recherchés.
LEO (Jean-Christophe), fils du précédent, né à
Augsbourg, eut le titre de facteur d'orgues de l'élec-
teur de Mayence et du margrave d'Anspach : celui-
ci le chargea de l'inspection de toutes les orgues
du pays. Dans sa jeunesse il construisit plusieurs
instruments à Mayence, Bamberg, Anspach et
dans la Suisse. Plus tard il retourna à Augsbourg,
et y fit en 1721 l'orgue de l'église de Saint-Ulrich.
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LEO
273
Il a fait aussi des clavecins, des pantaléons et
des carillons qui étaient estimés.
LEO (Léonard), compositeur célèbre et l'un
des chers de la belle école napolitaine du dix-hui-
tième siècle, naquit en 1694 à San Vilo degli
schiavi, dans la province de Lecce, £ii royaume
de Naples. Suivant les notices manuscrites de Si-
gismondo, ancien bibliothécaire du collège royal
de musique de Naples, notices copiées par le
marquis de Villarosa (1) , Léo aurait fait ses
éludes musicales au Conservatoire de la Pietà
de* Turchini, sous la direction de Fago, sur-
nommé il Tarentino. Girolamo Chigi, maître de
chapelle de Saint-Jean de Latran, élève et ami
de Pitoni (voy. ce nom), dit dans une notice ma-
nuscrite qui se trouve à la bibliothèque de la
maison Corsini alla Lungara, que Léo 3e rendit
à Rome, et qu'il étudia le contrepoint chez ce
savant maître; circonstance ignorée par le bio-
graphe napolitain. De retour à Naples, Léo y ob-
tint la place de second maître du Conservatoire
de la Pietà. En 1716, il fut nommé organiste de
la chapelle royale, et dans l'année suivante on
le désigna pour la place de maître de chapelle de
l'église Santa Maria délia Solitaria , pour la-
quelle il écrivit beaucoup de musique. En 1719
il donna Sofonisbe, son premier opéra sérieux,
qui fut bien accueilli et dans lequel le carac-
tère expressif de son talent se Ht déjà remar-
quer. Les biographes qui prétendent qu'il fut
maître du Conservatoire de Lorette se trom-
pent : c'est au Conservatoire de la Pietà qu'il
fut d'abord attaché, puis il passa à celui de
Santo-Onofrio, où il eut pour élèves* quelques-
uns des compositeurs les plus illustres du dix-
huitième siècle, entre autres Jomelli et Piccinni.
Jl ne mourut pas en 1743, comme le dit Piccinni,
dans une courte notice sur son maître, où il s'est
aussi trompé sur la date de sa naissance, ni en
17*2, suivant l'assertion de Burney, mais en
1746, à l'âge de 50 ans. Le marquis de Villarosa
dit que Léo fut frappé d'apoplexie pendant qu'il
écrivait un air bouffe de La finta Frasca-
tana qui commençait par ces mots : Voiparcke
gîte di palo in frasca (voy ex Memorie dei
composiiori del regno di ftapoli, page 106).
Dans la première édition de la Biographie uni-
verselle des musiciens, j'ai indiqué la date de
1756 comme celle du décès, d'après le portrait de
Léo qui était autrefois au Conservatoire de la
Pietà, et qui se trouve maintenant au collège
royal de musique de Naples; mais j'ai reconnu
plus tard que cette date est erronée. On trouva
(i) Memorie dei composiiori di mustca del regno di
Napoii. (Knpoll, 1840, p. 101
mon»,. lmv..i»:'5 misic i.ns. — t. v.
Léo la tète appuyée sur son clavecin, el Ton crut
%1'abord qu'il dormait; mais il avait oessé de vivre. -
Léo partage avec son prédécesseur Alex . Scar-
lalti, et ses contemporains Durante et Feo, la
gloire d'avoir fondé l'école de Naples, d'où sont
sortis pendant plus d'un siècle une multitude de
compositeurs dramatiques de premier ordre. Lui-
même fut non-seulement un grand professeur,
mais un artiste du plus beau talent. Sa musique
d'église n'a pas moins de majesté que celle de
Durante et elle a plus de charme ; elle touche le
cœur et lui imprime des élans de tendre dévo-
tion. Son Miserere à deux chœurs est une com-
position aussi remarquable par l'élévation du
sen liment qui Ta dictée que par la pureté du style,
et l'on y retrouve des traces de la belle ma-
nière de l'éeole romaine, où le compositeur a été
élevé: Dans sa musique d'église en style concerté
et accompagné, Léo conserve la simplicité, et se
fait admirer par la beauté de l'expression. Je
citerai en ce genre, comme des modèles de per-
fection, VA ve maris Stella , à voix de soprano et
orchestre, et son Credo à quatre : rien de plus
beau n'existe dans ce style. Également remar-
quable dans sa musique de théâtre, Léo y est
toujours noble, souvent pathétique el passionné,
et c'est par des moyens fort simples qu'il y ar-
rive à de grands effets. Piccinni, assez bon juge
pour n'être pas accusé d'avoir mis dans son opi-
nion la partialité d'un élève pour son maître, ac-
corde les plus grands éloges aux opéras de Léo,
et cite particulièrement l'air Misero Pargoletto f
de son Demofoonte, comme un modèle d'expres-
sion dramatique. Cet air est en effet de la plus
grande beauté. Arteaga prodigue aussi les éloges
à cet illustre musicien, dans son Histoire des ré-
volutions du théâtre musical italien.
Les productions de Léo, maintenant connues,
sontcelles-ci : i°Ilgrangiorno d'Arcadia, séré-
nade à 4 voix, pour le jour de naissance de Léo-
pold, archiduc d'Autriche, en 1716. -—2° Diana
amante, sérénade pour la fête de la comtesse
Daun, vice-reine de Naples; en 1717. —3° Le
Xozze in dama , pastorale chantée chez le
prince de San Nicandra, pour les noces du duc
de Casalmaggiore et de Julie de Capoue, duchesse
deTermoH,en 1718.-4° Sérénade à la louange
de sir Georges liingh, plénipotentiaire du roi
d'Angleterre, chantée par le chevalier Nicolas
Grimaldi et Marianne Beati Bulgarelli, dite la
Romanina, en 1719. — 5* Sofonisbe, au théâlre
San-Bartolomeo, à Naples, en 1719. — 6° Cajo
GraccOf au même théâtre, en 1720. — 7° Jfa-
jazette, représenté au palais du vice-roi, en
1722. — 8° Tamerlano, à Rome, en 1722. —
9° Timocrate à Venise, en 1723. — H)° Zcao-
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274
LEO
lia in Palmira, drame d'Apostolo Zeno, pour le
théâtre San-Bartolomeo, en 1725. — 11° As-
tianatte, de Salvi, chanté par la Tesi et Farinelli,
en 1725. — 12° La Somiglianza, au théâtre des
Fiorentini, en 1726. — 13° L'Orismane, ovvero
degli sdegni gli amôri, au théâtre Nwovo, en
1726. — 14° Ciro riconosciuto, en 1727. —
15° Argene, en 1728. — 16° La Zingara, in-
termède, en 1731. — 17° Intermèdes pour Y Ar-
gene, en 1731. — 18° C atone, de Métastase, à
Venise, chanté par Grimaldi, Dominique Gizzi,
Farinelli et la Facchinelli, en 1732. — 19° Amore
dà senno, au théâtre Nuovo de Naples, 1733.
— 20° Emira, avec des intermèdes d'Ignace
Prota, au théâtre San Bartolomeo, ert 1735. —
2t° La Clemenza di Tito, en 1735. — 22° Onore
vince Amore, au théâtre des Fiorentini, 1736.
— 23° La Simpatia del sangue, au théâtre
A'm ovo, 1 737. — 24° Si face, en 1 737. — 2$°Festa
teatrale, en 1739.-26° La Contesa delV Amore
e délia Virtù, en 1740. — 27° Alessandro, aux
Fiorentini, en 1741.-28° Demofoonte, an nou-
reau théâtre Saint-Charles, 1741. Ce Tut dans
cet ouvrage que Caffarelli chanta pour la pre-
mière fois. — 29° Andromeda,*m même théâ-
tre, en 1742. — 30° Vologeso,en 1744. — 31° La
Finta Frascatana, pour le théâtre Nuovo,
1744. Cet ouvrage fut terminé parCapranica, parce
que Léo fut frappé d'apoplexie pendant qu'il y tra-
vaillait. Les autres opéras de ce maître célèbre
dont les dates ne sont pas connues sont: 32° Amor
vuol sofferenza, opéra sérieux. — 33° Aria-
serse 34° Lucio Papirio. — 35° Arianna e
Teseo, cantate théâtrale. — 36° VOlimpiade.
Deux morceaux de cet onvrage ont eu beaucoup
de célébrité; l'un est le duo : Ne'giorni luoi felici;
l'autre est l'air : Non so donde viene : tous
deux sont remarquables par l'expression et le
charme de la mélodie. — 37° Evergete, en trois
actes. — 38° Il Matrlmonio anascoso. —
39° Alidoro. — 40° Alessandro neW Indie. —
41° IlMedo. — 42° Nitocri,regina di Egitto.
— 43° Il Pisistrate. — 44° Il trionfo di Ca-
millo. — 45° LeNozzedi Psiche. — 46° Achille
in Sciro. Ce dernier ouvrage fut écrit à Turin
pour le duc de Savoie, vers 1743. Ce prince
ayant montré le désir d'avoir nn morceau de
musique d'église composé par Léo, le maître
écrivit en quelques jours le beau Miserere à
a voix dont Choron a donné une bonne édi-
tion à Paris, chez Leduc, en 1808, avec une
notice biographique. A l'audition de cette ad-
mirable composition , le duc de Savoie éprouva
une émotion si vive qu'il accabla l'artiste de pré-
sents, etlui assura une rente viagère de cent on-
ces d'argent ; mais Léo ne jouit pas longtemps de
cette faveur, étant mort dans Tannée suivante
I» Oratorios. — 47° La Morte d'Abele, ei
j deux parties, 1732. — 48° Santa Elena al
Calvario, en deux parties, 1733; ouvrage excel-
lent, considéré ajuste litre comme une des pi us
belles productions du maître. — 49° Santa
Chiara,en deux parties.— 50°// Santo Alcssio,
cantate religieuse, chantée par les élèves du Con-
servatoire de San-Onofrio devant la porte du
monastère de Sainte-Claire. — Musique d'église.
51° Messe à 4 voix alla Palestrina. — 52° Messe
à quatre voix avec orchestre (à la bibliothè-
que du Conservatoire de Paris). — 53° Messe à
cinq voix (en ré), pour deux soprani/elto, ténor,
basse et orgue ; composition sublime, écrite en
1743 pour l'église Saint-Jacques des Espagnols,
à Rome. — 54° Autre messe à cinq voix (en fa),
pour soprano, alto, 2 ténors et basse, avec or-
chestre. — 55° Autre messe à 5 voix (en sol)
pour 2 soprani, alto, ténor et basse avec 2 vio-
lons, violes, 2 hautbois, 2 cois, basse et orgue.
La partition de cet ouvrage, d'un grand dévelop-
pement, est dans ma bibliothèque. — 56° Credo
à 10 voix en deux chœurs et orchestre. —
57° Credo à 4 voix et orchestre. — 58° Dixit à
4 voix et orgue. — 59° Dixit à 5 voix et orgue
(en rè). — 60° Dixit à 5 voix, violons, viole et
orgue. — 61° Dixit à 5 voix , violons, viole,
2 liâtes, 2 trompettes et orgue. — 62° Dixit à 10
voix en 2 chœurs et orchestre, composé en 1741.
— 63° Dixit à 10 voix en 2 chœurs et 2 orches
très, 1743. — 64° Te Deum à 4 voix et orches-
tre. — 65° Miserere à 8 voix en 2 chœurs, sans
orchestre. Lorsqu'il retourna à Naples, après avoir
écrit ce bel ouvrage dont la réputation s'était ra-
pidement répandue dans toute l'Italie, les élèves
du Conservatoire de San-Onofrio prièrent le maî-
tre de leur permettre d'en prendre une copie ;
mais il s'y refusa , parce qu'il ne croyait pas que
cette composition fût encore sa propriété, ayant
été écrite pour un prince qui l'avait généreuse-
ment récompensé. Un des élèves, plus adroit
que les autres, ayant remarqué où le manuscrit
était déposé, l'enleva furtivement, le divisa entre
ses compagnons, pour le transcrire avec rapidité,
puis remit Je manuscrit à sa place. Quelques
jours après, ils invitèrent le maître à les entendre
.chanter un morceau nouveati, et exécutèrent le
Miserere en sa présence. Léo montra d'abord
du mécontentement de ce larcin; mais il finit par
en rire, et fit recommencer l'exécution pour lui
donner le coloris convenable. — 66° Miserere
à 4 voix et orgue. — C7° Magnificat à 4 voix,
2 violons et orgue. — 68° Magnificat à 5 voix
et orchestre. — 69" Leçons pour les mercredi,
jeudi et vendredi saints. — 70° Responsori à 4
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LEO — LÉONARD
275
voix pour Saint-Antoine de Padoue 71° Res-
ponsori à 4 voix pour les mercredi, jeudi et ven-
dredi saints. — 72° Cantata per il glorioso
San Vincenzo Ferrari o sia moletto a 5 voci
ton stromenti. — 73 e 'Cantata per il miraeolo
del glorioso San Qennaro a 5 voci e grande
orchestra. — 74° Motet Jam surrexit diesglo-
riosa, à 5 voix et orchestre. — 75° Motet a 2
chœurs, composé en 1736. — 76° Pangc Lin-
gua à 4, 1744. — 77° Christus (en ré) à 2 chœurs.
— 78° Christus (en sol) alla Palestrina. —
"9° Tu es sacerdos à 4 voix. — 80° Tantum
ergo à 4 voix . — &1° Alléluia à 4 voix . — 82° Lau-
date pueri à 2 voix 4e soprano avec chœur.
— 83° Ave maris Stella pour voix de soprano,
2 violons, viole et orgue, publié à Paris, chez
Porro. — Musique instrumentale : 84° Toccates
pour clavecin. — 85° Deux livres de fugues* pour
l'orgue. — 66 e . Six concertos pour violoncelle, 2
violons, viole et basse, écrits en 1737 et 1738.
— 87° Léo a écrit pour le Conservatoire de San-
Onofrio six livres de solfèges, dont deux pour so-
prano ou ténor, deux pour contralto, et deux
pour voix de basse. — 88° Pour la même école
il a écrit aussi deux livres de partimenti, ou de
basse chiffrée. La plupart des ouvrages désignés
ci-dessus se trouvent en manuscrit dans la bi-
bliothèque du Conservatoire de Paris, à la Biblio-
thèque royale de Berlin, dans la collection de
l'abbé Santini, à Rome, et enfin dans les archives
du Collège royal de musique à Naples. Celles-ci
renferment particulièrement de Léo les toccates
et partimenti pour clavecin, les concertos pour
violoncelle , les solfèges pour soprano, contralto
et basse, des cantates fort belles, 56 airs en par-
tition avec instruments , des duos et des trios
pour différents genres de voix.
Léo était de taille moyenne, avait le teint
brun, l'œil vif et le tempérament ardent. Quoi-
qu'il fût habituellement sérieux, il ne manquait
pas d'urbanité. Infatigable au travail, il passait
la plus grande partie des nuits à écrire, et se trou-
vait toujours en verve. Il aimait ses ouvrages,
mais il rendait justice au mérite de ses rivaux
de gloire. Il mourut regretté de tous, laissant un
long souvenir et de la valeur de ses œuvres, et de
l'école admirable dont il fut un des chefs. Il ne
fut pas seulement un grand compositeur, un
professeur excellent et un bon organiste, car il
joua du violoncelle en virtuose et fut un des
premiers qui mirent cet instrument en vogue
en Italie.
LEO (François), compositeur italien, fut
connu en Allemagne, vers 1754, par un opéra
intitulé : Il Turco finto.
LEO (Geobges), est auteur d'un concerto
pour la flûte d'amour, qu'on trouvait en manu-
scrit en Allemagne vers 1758.
LÉON DE SAINT -LUBIN. Voyez
SAINT-LUBIN.
LÉONARD (Hubert), professeur de vio-
lon au Conservatoire de Bruxelles, né à Bellaire,
province de Liège (Belgique), le 7 avril 1819,
eut pour premier maître de violon un bon ar-
tiste de Liège, nommé Jtouma, qui fut un second
père pour son élève. Léonard n'était âgé que
de neuf ans lorsqu'il reçut les premières leçons
de ce professeur. Pour se rendre à Liège, il de-
vait faire à pied quatre lieues chaque jour fixé
par le maître pour recevoir ses instructions : cet
état de choses dura jusqu'à ce que Léonard eut
| atteint l'âge de seize ans. Alors M™ Francotte,
femme d'un riche négociant liégeois, s'intéressant
au sort du jeune violoniste, lui fournit les moyens
nécessaires pour qu'il se rendit à Paris : il
y arriva au mois de juin 1836, et le 7 juillet
suivant il fut admis au Conservatoire, comme
élève d'Habeneck. Bientôt après il entra à l'or-
chestre du théâtre des Variétés, d'où il passa à
celui de l'Opéra-Comique , et de là à l'Académie
royale de musique (l'Opéra) . Sorti du Conser-
vatoire au mois de juin 1839, il continua d'ha-
biter Paris jusqu'en 1844. Ce fut dans cette
i dernière année qu'il' prit la résolution de voyager
pour donner des concerts dans les pays étran-
gers. Après s'être arrêté à Liège pendant quel-
ques mois , il se rendit à Leipsick , où il joua le
4 avril au théâtre, dans un entr'acte, des varia-
tions de sa composition sur un thème de Haydn.
La Gazette générale de musique de cette ville ,
rendant compte , dans le n° 15 (9 avril) de l'ef-
fet produit par le jeune artiste, donne beaucoup
d'éloges à l'élégance de son style, au brillant de
son staccato, et à l'ampleur du son qu'il tirait de
son instrument. Présenté à Mendelsohn peu de
jours après, il trouva chez cet artiste célèbre un
accueil sympathique, qui bientôt devint une amitié
véritable. Léonard en reçut des conseils très-
utiles pour k ses compositions. De Leipsick , il se
rendit à Bonn, pour les fêtes musicales de l'inaugu-
ration de la statue de Beethoven, puis il retourna
| dans la première de ces villes, et le 11 décembre
1 1845 il joua dans le neuvième concert d'abonnement
I du Gewandhaus le premier concerto de sa com-
, position et une fantaisie dans lesquels il obtint un
brillant succès. Le 27 janvier suivant Léonard joua
au deuxième conoert d'abonnement, à Dresde, un
concerto de sa composition; puis il se rendit à
Berlin, où il joua dans un concert donné au théâtre
royal le 21 février : il y produisit une vive im-
pression constatée par un article de la Gazette
générale de musique de Leipsick (n° 12). Quel-
18.
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276
LEONARD
ques jours après il joua dans la même ville le
concerto de Mendelsohn, qu'on y entendait pour
la première fois, et sa fantaisie intitulée Souve-
nir de Haydn. Au retour de ce voyage , il se lit
entendre dans un des concerts des fêtes musicales
d'Aix-la*Chapelle.
En 1847, Léonard fit un voyage en Suède et
donna plusieurs concerts; puis il revint par
Hambourg , où il se fit entendre dans deux con-
certs à la salle d'Apollon. Dans l'année suivante
il se rendit à Vienne; mais bientôt après son
arrivée dans cette ville la révolution éclata , et
les événements politiques devinrent si graves,
que tous les artistes qui s'y trouvaient se hâtè-
rent d'en partir. Arrivé à Bruxelles , après ce
voyage malencontreux , Léonard fut nommé pro-
fesseur de violon au Conservatoire , en remplace-
ment de Charles de Bériot , que le délabrement
de sa santé avait obligé à prendre sa retraite. En
1851, Léonard épousa M» c De Mendi, cantatrice
distinguée, nièce du célèbre ténor Manuel Garcia.
Dans Thiver suivant , il donna avec elle deux
eoncerls à Paris, dans la salle Herz, et y pro-
duisit une si vive impression qu'il fut, suivant
l'expression des journaux de musique qui ren-
dirent compte de ces séances , le lion de cette
saison dans la capitale de l'empire français.
Postérieurement, M. et M m * Léonard ont fait
divers voyages en Hollande, en Danemark, en
Suède , en Norwége et en Russie ; partout ils ont
obtenu de brillants succès, et recueilli des témoi-
gnages d'intérêt des artistes et des amateurs.
Comme . professeur, M. Léonard s'est montré
digne de la position à laquelle il a été appelé dans le
Conservatoire royal de Bruxelles. Il a su commu-
niquer à ses élèves sa belle et puissante sonorité,
qualité qui distingue éminemment l'école des
wolonistes belges de toutes les autres, quel que
soit d'ailleurs le mérite de celles-ci sous d'au-
tres rapports. Parmi les compositions de M. Léo-
nard , on remarque : 1° Six concertos pour vio-
lon et orchestre ; les deux premiers sont édités
à Paris chez Richault; les autres, à Mayence
et à Paris, chez les frères Schott. —2° 24 études
classiques. — 3° Gammes et exercices à l'usage de
ses élèves. — 4° Onze grandes fantaisies avec
orchestre. — 5° Deux élégies avec piano. —
6° Morceau de salon, idem. — 7° Quatre duos
pour violon et piano , en collaboration avec Li-
tolf. — 8° 30 duos idem, avec Joseph Grégoire.
— 9° Trois duos pour violon et violoncelle, en
collaboration avec Servais. — 10° Sérénade pour
violon et piano. — 11° Romance pour violon
seul. — 12° Duo de concert pour deux violons,
sans accompagnement. M. Léonard est chevalier
de l'ordre de Léopold.
LEONARDI
LÉONARD (M m « Antonia Sitcher de
Mendi) , femme du précédent , est née le 20 oc-
tobre 1827 âTalavera de laReina (Espagne). Son
père était frère de M rae Garcia, femme du célèbre
ténor et compositeur de ce nom (voyez Garcia).
Arrivée à Paris fort jeune, elle y reçut des leçons
de musique, d'harmonie et de chant de son cousin
Manuel Garcia . Lorsque son éducation vocale fut
terminée, elle chanta pour la première fois en
public la Sicilienne , de Pergolèse , et un air
à'Orlando, de llœndel, dans un concert du Con-
servatoire de Paris, le 25 avril 1847. Son suecès
fat si brillant dans l'air de Haendel qu'elle fut
obligée de le redire immédiatement. La Société
des concerts lui envoya une médaille en souvenir
de cette séance. A la suite de ce début, M »« de
Mendi fit plusieurs voyages en Angleterre avec
sa tante (M me Garcia). Ayant épousé M. Léo-
nard en 1851, elle a fait avec lui plusieurs voyages
en Hollande, en Suède, en Danemark, en Rus-
sie, et partout elle a brillé par son talent. Fixée
depuis lors à Bruxelles, elle s'y livre à l'enseigne-
ment du chant , et s'est fait connaître aussi par
la composition de romances dont voici les titres :
1° Le Pain des pauvres; —2° La Chaumière
dans les champs; — 3° Florine; — 4° Quand
viendra la saison nouvelle ; — 5° Anne-Rose;
— 6° Le vieux Ménétrier; — 7° Chansons
des Moissonneurs. Tous ces morceaux ont été
publiés à Mayence et à Bruxelles, chez Schott.
LEON ARDA (Isabelle), abbesse du couvent
de Sainte-Ursule à Novare, naquit dans cette
ville en 1641 , ainsi qu'on le voit dans le pre-
mier livre de ses Motettiatre voci, libro primo,
imprimés à Milan , en 1665, où elle dit dans le
proemio qu'elle était alors âgée de vingt-quatre
ans. Ses autres ouvrages connus jusqu'à ce jour
sont : Motetti a una f due e tre voci, con r/o-
lini e senza, opéra décima lerza , consecrati
alla beatissima Yirgine di Loreto et augustis-
sima impératrice de' Cieli; In Bologna per Gia-
como Monti, 1687, in-4°. Motetti a voce sola ,
op. 17. Bologne, J. Monti, 1695; Vcspere délia
Beat a Maria Virgine a capclla e Motetti con*
certati apiù voci; Bologne, J. Monti, 1678; et
Messeaquattro voci concertateconstromenti,
e motetti a una, duc e tre voci, pure con stro-
menti, d'Isabella Leonarda, madré vicaria
nel nobilissimo collegio de S. Orsola in No-
vara, opéra décima ottava; Bologne, 1696,
in-4°.
LEONARDI (Antoine), musicien et gram-
mairien , né à Pise , a vécu dans le quinzième
siècle. Manni rapporte, dans son livre Délia dis-
ciplina del canto ecclesiastico antico (p. 21),
une épitaphe qui se trouve dans le Campo-
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LEONARDI — LEONl
277
Santo de Pise, et qui est ainsi conçue : s. p.
IEOKARDI MAGISrRl DE PISIS CRAMMATICF. MUSICE-
QUE PKOFESSOR1S ET HEREDIM SUORL'H. HCCCCLVII.
On ne connaît rien jusqu'à ce jour des produc-
tions de Leonardi.
LEONETTI (Le P. Jean-Baptiste), moine
augustin , fut organiste du couvent de son or-
dre, à Gïema (Lombardie), et vécut au commen-
cement du dix-septième siècle. Il a fait impri-
mer de sa composition : l° Il primo libro di
Madrigali a chique voci ; in Venetia, appresso
Giaeomo Vincenti, 1617, in-4°. C'est par Té-
pitre dédicatoire île cet œuvre au podesta de la
ville de Crema qu'on apprend que Leonetti était
moine de Tordre de Saint-Augustin. — 2° Missa-
rum octo vocunx liber primus,\b\i\. 1617, in-4°.
LEOMIARD (JeanCiiuistopiie). On a
sous ce nom une dissertation intitulée : Qux
schoke Gottingensis, qux modo pxdagogii,
modo gymnasii nominc quondam insignita
est , cantus figurâtes, ab suo ortn, ordine re-
ccnscntur, eorumdemque vilis nonnullx
scholx pariter de urbis fata inseruntur ; Gœt-
tingue, 1743.
LEOXHARDT (Jules-Emile), pianiste et
compositeur, est né à Laubau, dans la Silésie
prussienne, le 13 juin 1810. Après avoir vécu
longtemps à Dresde , il a passé quelques années
à Leipsick , où il était directeur d'une société de
chant. Il est aujourd'hui (1802) professeur au
Conservatoire de Munich. On connaît de cet ar-
tiste une symphonie qui a été exécutée avec
succès à Leipsick, en 1845 et 1846, des ouver-
tures, des sonates de piano , un trio pour piano,
violon et violoncelle, un psaume exécuté h Ham-
bourg et à Leipsick, l'oratorio Johannes der
Txufer (Saint Jean-Baptiste) , et des Lieder:
LEONI (Léon,) maître de chapelle, non à
Vienne , comme il est dit dans le Dictionnaire
des musiciens ^de Choron et Fayolle, ni à Ve-
nise, comme on le prétend dans le Lexique uni-
versel de musique, publié par Schilling, mais
à la cathédrale de Yicence, ainsi qu'on le voit au
frontispice de ses Sacri Fiori. Il parait être né
au plus tard vers 1560, car il fut au nombre des
compositeurs déjà célèbres qui, en 1592, dé-
dièrent un recueil de psaumes à 5 voix à Pales-
trina , comme un hommage dû à la supériorité
de son génie et de son talent. (Voyez à ce sujet'
le Saggio fondam. praU di conlrappunlo , du
P. Martini, t. II, p. 74.) D'ailleurs, le premier
livre des madrigaux à cinq voix de Leoni parut
en 1588. On n'a aucun renseignement sur le lieu
de naissance de cet artiste, ni sur les maîtres oui
dirigèrent ses études. Les ouvrages connus de ce
compositeur sont : 1° Il primo libro di Madri-
gali acinque voci; in Venetia, appresso An-
gelo Gardano , 1588, in-4° obi. Il y a une auJre
édition du même ouvrage, imprimée chez le mèn.e
en 1601. — V II seconda ed il terzo libro di
Madrigali a cinque voci; in Venetia, appresso
Ricciardo Amadino, 1595, in-4°obl. — 3° Il
quarto libro di Madrigali a cinque voci. iVc-
vamente composti et dati in luce ; in Venetia,
appresso Ricciardo Amadino , 1598, in-4°
ohl. — 4° BelVAlba di Madrigali a cinque
voci. Libro quinto de Madrigali di Leone Leoni ,
maestro di capella ncl Duoxno di Vicenza,
Academico objmpico; in Venetia, appresso
Ricciardo Amadino, 1602, in-4°. — 5° II
primo libro de 9 Motet ti aseivoci; ibid, 1603,
in-4°. — 6° Moletti a due, tre e qualtro voci
con basso per organo, libro primo ; in Venetia,
appresso Ricc. Amadino, 1606, in-4°. — 7° Li-
bro secondo di Motetti a due, tre et Quattro
voci con il basso per Vorgano ;ibid., 1608, in-4°.
La deuxième édition de ces deux livres de mo-
tets a été publiée sous ce titre : Sacri Fiori, mo-
tetti a due, tre et quattro voci per cantar
nel organo, et la sua partitvra a commodo
delli ofpanisli, libro primo; in Venetia, presse
Vinc. Amadino, 16d9, in-4*, idem : Libro se-
condo., ibid., 1610, in 4°. —80 II primo libro
de' Motetti a otlo voci, ibid., 1608, in-4°. —
9° Libro primo dé* Motetti a una, due et tre
voci con il basso per organo ; in Venetia, ap-
presso Alessandro Vincenti, 1609, in-4° obi.—
10° Libro secondo de* Motetti a una, due' e
tre voci, con una messa a quattro voci; in
Venetia y appresso Alessandro Vincenti, 1611,
in-4°. Il y a une deuxième édition de ces deux
livres de motets à une, deux et trois voix impri-
mée à Venise en 1612, chez Richard Amadino.
— 11° Omnia Psalmodia solemnitatum octo
vocum; Venetiis, apud Rie, Amadinum, 1613.
Une deuxième édition de ce Recueil de psaumes
à 8 voix a été publiée par Bartolomeo Magni , à
Venise, en 1623 12° Prima parte delVaurea
corona ingemmai a d'armonici concerti a dieci
con quattro voci et sei istromenti. In Iode
délia santissima incoronala di Vicenza, di
Lean Leoni, Academico olimpico. Et anco a
voci soli con il basso conlinuo et a due chori
divisi, adoprando le bassi dclV uno e l'altro
choro conorgani, chitaroni, e simili. Nova-
menle composta et data in luce; in Venetia,
1615, appresso Ricciardo Amadino. On trouve
des madrigaux à 6 voix de Leoni dans la col-
lection intitulée // Trionfo diDori (Venise, Gar-
dano, 1596), dans les Madrigali pastorali a
se4 voci (Anvers, Phalèse, 1604), dans le Giar-
dino nuovo bellissimo di vari fiori musicali,
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278
LEONI — LEPRËVOST
recueilli par Borchgrevinck , organiste du roi de
Danemark (Copenhague, 1605), et les grandes
collectioris d'Abraham Schade ( Prompluarium
musicum) et de Bodenschatz (Florilegium Por-
teuse), renferment des motets du môme maître.
LÉOPOLD (George- Auguste- Jules), né à
Leimbach (Saxe) , le 17 octobre 1755, mort le 8
juillet 1827 , a publié un petit écrit qui a pour
titre : Pensées et Conjectures sur l'histoire de
la musique; Stendal, 1780, in-8°de 39 pages.
LEPE1NTRE , on LE PEINTRE, ou LE
PAINCTRE (Claude), musicien français du
seizième siècle, était, en 1576, maître de la
chapelle de Monsieur de Villeroy, suivant
un renseignement fourni par un document authen-
tique (l). Il obtint, dans cette année, au con-
cours du Puy de musique de Sainte-Cécile , à
Évreux, le prix de la flûte d'argent, pour la
composition de la chanson française à plusieurs
voix dont les premiers mots étaient : Un com-
pagnon (risque et gaillard. On connaît aussi de
ce musicien la chanson à trois voix : Toutes les
nuits, insérée au Tiers Livre de chansons à
3 parties, composé par plusieurs autheurs ;
Paris, Adrian Le Roy et Robert Ballar^, 1578,
et la chanson à quatre voix : Mon Pensement,
dans le vingt et uniesme livre de chansons
nouvellement composées, à quatre et cinq par-
ties, par plusieurs autheurs ; imprimé à Paris
par Adrian Le Roy et Robert Ballard, imprimeurs
du Roy, 1569. Dans ce recueil, le nom est écrit
Lepeintre.
LEPILEUR D'APLIGNY (....); Voyez
PILELR D'APLIGNY (LE).
LEPIN (....), claveciniste et compositeur,
vivait à Paris, vers 1780. Il a exécuté au Concert
spirituel plusieurs concertos pour le clavecin , et
en a fait graver six séparés , à Paris, chez Boyer
(Naderman). Gerber s'est trompé en lui al tri huant
un petit opéra qui appartient à Lépine. ( Voy.
ce nom. ) '
LEPINE ( ....), facteur d'orgues, né à Pézé-
nas, dans la première moitié du dix-huitième
siècle, fut, dit-on, l'homme de son état le plus
occupé en France 11 a construit beaucoup de
grands instruments , parmi lesquels on cite ceux
de Narbonne, de Pézénas , de la cathédrale de
Montpellier, l'orgue immense qui était autrefois
dans l'église des Cordeliers , à Toulouse , celui
de Saint-Falerand , à Lodève (Hérault), et plu-
sieurs autres ouvrages considérables. Retiré dans
le lieu de sa naissance en 1789, Lépine y mou-
rut peu d'années après , laissant à ses fils une for-
(i) Puv de musique . érigé à Évreux, en l'honneur de
madame sainte Cécile; publie d'après un manuscrit du
seizième siècle, par MM. Bonnin et Chtssnn , p. si.
tune honorablement acquise par de longs travaux*
LÉPINE (-.0» musicien peu connu, a
composé la musique d'un opéra intitulé : Acis el
Galatée, représenté au théâtre des Beaujolais,
en 17S7.
LEPLUS (Gabriel), flûtiste et compositeur
pour son instrument, né à Lille (Nord), le 1 er
septembre 1807 , commença ses études musicales
dans cette ville. Le 14 avril 1824, il fut admis au
Conservatoire et y devint élève de Guillou pour la
flûte. Le premier prix de cet instrumentai fut dé-
cerné au concours de 1825. Retiré de cet te école au
mois d'octobre 1 826, il y rentra en 1 829 pour suivre
le cours de composition de Seuriot et de Jelens-
perger ; mais il n'acheva pas ses études dans cette
partie de l'art, et se retira de nouveau à la fin
de l'année scolaire 1830. Leplus fut attaché pen-
dant quelques années à l'orchestre de l'Opéra-
Comique ; mais, ayant épousé Jenny Colon, ac-
trice et cantatrice distinguée, il quitta cette po-
sition , et accompagna sa femme à Bruxelles, où
elle était engagée pour le Théâtre-Royal. 11 a publié
de sa composition environ cinquante œuvres de
Fantaisies, variations et études pour la flûte,
avec accompagnement de piano, publiés à Paris,
chez Brandus, chez Colombier, et à Milan, cliez
Ricordi.
LEPREUX (l'abbé), maître de musique de
la Sainte-Chapelle , à Paris , dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, a fait exécuter
quelques messes avec orchestre , de sa composi-
tion, et a donné au Concert spirituel, en 1787,
un Te Deum dont on a fait l'éloge , et dans la
même année l'oratorio intitulé : les Fureurs de
Soûl. Enfin, le 12 novembre, il a donné à la
Sainte-Chapelle du palais une messe solennelle
aVec orchestre , pour la rentrée du parlement.
Framcry dit, dans son Almanach musical de
1788 (p. 4), que cet ecclésiastique était déjà connu
par un grand nombre de compositions estimables.
L'abbé Lépreux était chargé de l'éducation musi-
cale des enfants de chœur de la Sainte-Chapelle.
LEPRÉVOST (Étienne-Alexanore), or-
ganiste du chœur de l'église Saint-Roch, à
Paris , et compositeur, est né le 25 novembre
1812 à Trévise (alors royaume d'Italie), où son
père était employé de l'administration française.
Après avoir étudié la musique, le piano et l'orgue,
f il entra au Conservatoire de Paria, le 2 mars
1832, pour y faire un cours de composition sous
la direction de l'auteur de cette notice. Après que
ce maître eut été appelé à Bruxelles pour en
diriger le Conservatoire, Leprévost devint élève
d'Halévy; mai* il cessa de fréquenter les leçons
de son professeur au mois d'octobre 1833, et se
livra seul à l'étude des ouvrages des maîtres.
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LEPRÉVOST — LEROY
279
Ayant été appelé aux fonctions de mat Ire de
chapelle d'une des succursales de Paris et d'or-
ganiste du chœur de Saint-Roch , M. Leprévost
s'est particulièrement occupé de composition de
musique religieuse. Il a fait exécuter à Saint-
Roch plusieurs messes solennelles à 4 voix, chœur
et orchestre dans lesquelles on a remarqué le
mérite de la facture. Il s'est aussi essayé à la
«cène, et a donné an théâtre de l'Opéra-Comique
(mars 1848) le Dormeur éveillé, ouvrage en
un acte, bien accueilli par le public dans sa
nouveauté. On a publié de cet artiste : 1° Messe
pour le temps de carême, à 3 voix égales et or-
gue; Paris, Canaux. — 2° Ave Maria, à 3 voix
égales avec orgue ; ibid. — 3° Domine salvum
fac regem, à 3 voix égales avec orgue ; ibid. —
4° Adoremus, pour ténor solo, avec orgue; ibid.
— 5° Recueil de pièces d'orgue contenant la
messe de Dumont complète, et des morceaux
courts et faciles qui conviennent pour alterner
avec le chœur dans les Kyrie, Gloria, Magnifi-
cat t et qui peuvent servir d'antiennes aux
psaumes des vêpres, en deux livres; ibid. —
•6° l r * Messe solennelle à quatre voix, chœur et
orchestre ; Paris, l'auteur. — 7°2"« Messe idem;
ibid. — 8° 3 me Messe idem ; ibid.
LEPRINCE (René), littérateur, né à Paris
en 1753, est auteur de plusieurs ouvrages con-
cernant les arts au moyen âge, au nombre des-
quels on remarque des Lettres sur V époque de
plusieurs inventions du moyen âge, qui furent
publiées dans le Journal des Savants, depuis
1779 jusqu'en 1782 , et qu'on réimprima à Paris
•en 1785, l vol. in-12. Une de ces lettres est un
morceau curieux et intéressant Sur V origine
du violon. Fayolle Ta reproduite dans ses No-
tices sur Corelli, Tartvni, Gaviniès etViotti;
Paris, 1810, in-8°.
LERICHE ou LE RICHE (Antoine). Voyez
OIV1TIS (Antoine).
LERICHE (Jean-Baptiste), violoniste, s'est
fait entendre avec succès au Concert spirituel en
1789, dans un concerto (en la), qui a été gravé à
Paris, chez Sieber. On a aussi de cet artiste: Six
Airs variés pour violon; Paris, Boyer; 24 petits
Duos pour deux violons , op. 4; Paris, Sieber.
LÉRIS (Antoine m?), premier huissier de la
Chambre des comptes de Paris, né à Mont- Louis,
-dans le Roussillon, le 21 février 1723, mourut à
Paris en 1795. On a de lui une assez bonne compi-
lation intitulée : Dictionnaire portatif des théâ-
tres, contenant V origine des différents théâtres
de Paris, le nom de toutes les pièces qui y ont
été représentées depuis leur établissement, etc.;
Paris, Jombert, 1754, 1 vol. in-12. Cette première
édition est anonyme ; mais le nom de l'auteur est
dans le privilège infprimé à la fin du volume. La
deuxième édition, augmentée, a paru à Paris en
1763, 1 vol. in-12. On trouve dans cet ouvrage
des renseignements sur les opéras et sur les com-
positeurs français, avec un catalogue par ordre
chronologique de ces opéras et de leurs auteurs.
Quérard dit (France littéraire, t. Y, p. 205) que
Léris fut le collaborateur de Morambert dans la
rédaction de récrit périodique intitulé: Sentiment
d'un harmoniphile sur différents ouvrages
de musique, dont la publication commença en
1756; mais ni Morambert ni Léris ne travaillè-
rent à cet ouvrage, dont l'abbé Laugier fut seul
auteur. ( Voy. Lauçier et Morambert. )
LEROUX (Jean- Jacques), médecin et litté-
rateur, né à Sèvres, près de Paris, le 17 avril
1749, est mort du choléra le 10 avril 1832. En
1791, il fut nommé officier municipal de la com-
mune de Paris; plus tard il se retira de l'admi-
nistration et des affaires publiques pour se vouer
à la médecine. Pendant vingt-sept ans il fut
professeur de clinique à la Faculté de Paris. On
lui doit plusieurs ouvrages relatifs à la science qu'il
cultivait. Comme membre de la commune de
Paris, il a publié : Rapport sur V Opéra, pré-
sente au corps municipal, le 17 août 1691 ; Pa-
ris, 1791, 98 pages in-8°.
LEROY ou LE ROY (Guillaume), musi-
cien français de la chapelle de Louis XII, succéda
à Bardemont, autre musicien de la chapelle, le
17 septembre 1511, en qualité de chantre basse.
Dans le recueil publié par Atteignant, sous ce ti-
tre : Liber septimus XXIII trium, quatuor
quinque et sex vocum, modulos Domini ad-
ventus, etc. (Paris, 1533, petit in-4°obl.), on
trouve un motet deLeRoy sur le texte : Opriensî
à cinq toix.
LEROY ou LE ROY (Adrian ou Adrien),
luthiste et compositeur français, peut-être parent
du précédent, établit à Paris, vers 1550, une des
plus célèbres imprimeries de musique de cette
époque. Il était chanteur de la chapelle du roi
Henri II. On voit encore son nom figurer dans
les comptes de dépense de 1584, en la même
qualité. La Borde s'est trompé lourdement en
disant que LEROY fut le premier qui eut une
imprimerie de musique, car Attaignant imprimait
des œuvres et des recueils de musique plus de
vingt-cinq ans avant lui; cependant La Borde a
été copié sans examen dans le Dictionnaire his-
torique des Musiciens, par Choron et Fayolle.
Leroy imprima d'abord seul, avec les premiers
caractères que Guillaume Le Bé grava et fondit
en 1540. En 1551 il épousa la sœur de Robert
Bal lard et s'associa avec son beau -frère, qui
était attaché au service de la cour, et qui obtint
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i80
LKROY
par ses protecteurs, pour Jp nouvelle société, la
charge de seul imprimeur de la musique de la
chambre, chapelle et menus plaisirs du roi,
par lettres patentes de Henri II, en date du 16
février 1552. H y a lieu de croire que dans celte
association Leroy, excellent musicien, s'occupait
du choix des ouvrages à imprimer, de leur cor-
rection, et de ses propres travaux comme com-
positeur et comme exécutant, tandis que son
beau-frère était chargé des détails du matériel
et du négoce. Le nom d'Adrien Leroy est joint à
celui de Robert Ballard sur le titre de tous les
ouvrages qui furent imprimés dans leur maison
jusqu'en 1588, mais il disparaît en 1589, et de-
puis cette époque on ne trouve plus que celui de
Ballard seul ; il y a donc lieu de croire que Leroy
mourut vers la fin de 1538 ou au commence-
ment de l'année suivante. Leroy était estimé des
artistes à cause de son mérite personnel, et en-
tretenait des relations avec les musiciens célèbres
de son temps. Ce fut chez lui que Roland ou Or-
land de Lassus descendit et demeura, lorsqu'il se
rendit à Paris en 1571.
Adrien Leroy et Robert Ballard ont publié, de-
puis 1551 jusqu'en 15G8, vingt livres de Chan-
sons nouvellement composées en musique à
quatre parties, par bons et excellents musi-
ciens; on y trouve plusieurs morceaux de Le-
roy; entre autres, dans le septième livre, la chan-
son à quatre voix En un chasteau, qui eslfort
bien faite. Deux ouvrages ont fait surtout con-
naître avantageusement cet artiste ; le premier a
pour titre : Instruction de partir toute mu-
sique des huit divers tons en tablature de
luth; Paris, Adrian Leroy et Robert Ballard,
1557, in-4° obi. Édition très -rare, qui n'est citée
par aucun auteur, et dont je ne connais que
l'exemplaire que je possède. Une deuxième édi-
tion a paru chez les mêmes imprimeurs en 1570,
et une troisième en 1583, que M. Grasse a prise pour
un ouvrage différent , et qu'il a citée sous le ti-
tre de Traité de musique (Lchrbuch einerAllge-
meine Literargeschichtc t t. III, p. 962, note 20).
Il a été fait deux traductions anglaises du
livre de Leroy ; la première est intitulée : A briefe
and easye instruction to learne the tableture,
to conducte and dispose the hande unlo (sic)
the lute; Englished by /. Alford; with a eut
ofthe lute; London, 15fi8,in 4°. La deuxième a
paru sous ce titre : A briefe and plaine instruc-
tion to set ail musicke of eight divers tunes
in tableture for the lute; with a briefe ins-
truction how toplay on the lute; with certain
easie tessons for that purposc; and also a
ihird booke, conlaining divers new excellent
tunes. AU first written in French, and now
translated into EngUsh, by F. Kc, gentleman ,
London, 1574, in-4°. Baron ne parait avoir connu
ni Adrien Leroy, ni son livre, car il n'en parle
pas dans son Traité h islorico-théorico- pratique
sur le luth. Le second livre d'Adrien Leroy est
une méthode pour apprendre à jouer de la gui-
tare, intitulée : Briefve et facile instruction
pour apprendre la tablature, à bien accor-
der, conduire cl disposer la main sur la gui-
terne. Paris, Ad. Le Roy et Robert Ballard, 1578,
in-4°. Je crois qu'il doft y avoir des éditions an-
térieures à celle-ci. On connaît aussi d'Adriaa
Leroy ou Le Roy un Litre d'airs de cour mis
sur le luth. A Paris, par Adrian Le Roy et Robert
Ballard, 1571. Petit in-4° oblong de 24 feuillets
numérotés. Sur le premier se trouve Je titre
ci-dessus ; au verso, est l'epltre dédicatoire dont
voici le commencement :
« A très-excellente dame Caterine (sic) de
« Clermont, contesse (sic) de Retz.
« Ces jours prochains , Madame , vous ayant
« présenté l'instruction d'asseoir toute musique
« facilement en tablature de luth, qui estoit fondée
« exemplairement sur les chansons d'Orlande de
« Lassu*, lesquelles sût difficiles et ardues côme
« pour rompre le disciple de l'art à franchir
« aprez toutes difficultez : je me suis avisé de
« lui mettre en queue pour le seconder ce petit
« opuscule de chansons de la cour beaucoup plus
« legieres (que jadis on appeioit voix de ville,
« aujourd'hui airs de cour) tant pour votre ré-
« création, à cause du sujet (que l'usage lia desja
« rendu agréable) que pour la facilité d'iceJIes
« plus grande sur l'instrument auquel vous prenez
« plaisir, etc. »
Il est assez singulier que Le Roy dise à une
grande dame qu'il lui dédie son recueil de chan-
sons pour sa récréation , à cause du sujet,
car les paroles de quelques-unes de ces chansons
sont libres jusqu'à l'obscénité. Les auteurs des
paroles du recueil sont Sillac, Ronsard, De Baif,
Desportes , Pasquier. Quelques chansons n'ont
pas de nom de poètes. M. Farrenc, dont l'obi i-
geance m'a fourni ces renseignements, pense
que les mélodies de ces chansons sont des airs
populaires, et que fharmonie seulement est l'ou-
vrage de Leroy. On trouve le portrait de l'artiste,
gravé sur bois , dans ce recueil , qui renferme
vingt-deux chansons.
LEROY (Etienne), chanteur renommé sous
le règne de Charles IX, était chargé du rôle de
Mercure dans le spectacle que ce prince fit re-
présenter quatre jours avant la Saint-Barthélémy,
en 1572.
LEROY (Eugène), dit ROY, mort à Paris
en 1816, à l'âge d'environ quarante-cinq ans,
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LKIIOY — LKSCOT
281
avait été musicien daus plusieurs régiments, et
jouait de presque tous les instrumente. Dans les
dernières années de sa vie, il était second chef
d'orchestre des bais champêtres de Tivoli. Le-
roy fut longtemps chargé de faire pour les mar-
chands de musique de Paris des arrangements
d'après des thèmes populaires ou des mélodies
d'opéras nouveaux, et d'écrire de petites mé-
thodes pour divers instruments. Après sa mort,
qui resta ignorée, on se servit encore longtemps
de son nom pour diverses publications mercan-
tiles ; en sorte que Leroy ou Roy est, pour beau-
coup de ces ouvrages, un pseudonyme. On a
sous son nom : 1° Des marches, des valses et
des allemandes pour 2 violons. — 2° Idem pour
la flûle. — 3° Idem pour la clarinette. — 4° Des
thèmes variés pour divers instruments solos. —
5° Récréations champêtres ou duos et solos pour
flageolet. — 6° Pots-pourris pour piano. 11 y a
de ces morceaux gravés chez presque tous les
éditeurs de Paris. — 7° Petite méthode de flûte ;
Paris, PleyeletVignerie. —8° Principes de flûte;
Paris, Frère.— 9° Méthode de flageolet ; Paris,
chez tous les marchands de musique. — 10° Nou-
velle méthode de flageolet, sans clefs et avec
clefs ; Paris, Janet. — 11° Petite méthode de fla-
geolet; Paris, P. Petit. — 12° Petite méthode
de clarinette, Paris, Pleyel. La plupart de ces
ouvrages ont été traduits en allemand.
LESCHEN (Guillaume) , facteur de pianos
de la cour impériale et bourgmestre à Vienne, est
né le 27 octobre 1781 à Grau, dans le Hanovre.
Après avoir appris les éléments de sa profession
chez différents artistes de son pays, il voyagea
pour perfectionner son habileté. En 1805 il arriva
à Vienne et travailla dans les ateliers de Kccnick
et Brodmann, qui avaient alors de la réputation.
Après cinq années, il obtint la naturalisation de
bourgeoisie et la maîtrise dans cette ville. Le
titre de facteur de ta cour lui a été conféré en.
1830. Las grands pianos de cet artiste sont comp-
tés parmi les meilleurs instruments de Vienne, et
ceux de Conrad Graeff sont, dit-on, les seuls
qu'on puisse leur opposer pour la puissance du
son et la légèreté du mécanisme. Leschen expé-
diait chaque année un grand nombre de ses pia-
nos à l'étranger, particulièrement en Amérique et
dans l'Inde.
LESCHEN ET (Didier), composieur français
du seizième siècle, fut chantre de la chapelle du
roi Louis XII, et était chanoine de Saint Quentin
en 1518, ainsi que le prouvent un arrêt du Par-
lement du 29 juillet de la même année, et un
passage de l'inventaire de l'église de Saint Quentin
( tome I er , p. 579, dans les Archives du départe-
ment de l'Aisne), cités par M. Ch. Gomart (No-
tes historiques sur la maîtrise de Saint -Quen-
tin, p. 44). On voit par le compte des chantres de
la chapelle du roi, dressé en 1532 par Bénigne
Sevré , receveur des finances , et publié par
Castil-Blaze (Chapelle-musique des rois de
France, p. 291 et suiv.), que Leschenet n'é-
tait pins alors attaché à celte chapelle. On con-
naît de ce musicien un Magnificat à 4 voix, du
cinquième ton, publié par Robert Ballard ,
en 1558, dans le recueil qui a pour titre Can~
iicum Beat œ Mariai Yirginis(quod Magnificat
inscribitur) oclo modis a diversis auctoribus
compositum). Ses chansons françaises à 4 par-
ties : l° Si vous me donnez jouissance. —
2° Vous désirez, etc. — 3° Pour vous servir,
ont été insérées par Adrien Leroy et Robert Ballard
dans les troisième et septième livres de Chansons
nouvellement composées en musique à quatre
parties, etc., Paris, 1554 et 1561, in-4? obi.
On trouve aussi des compositions de ce musicien
dans le recueil intitulé : Mellange de chansons
tant des vieux autheurs que des modernes, à
cinq f six,sept et huit parties ,• Paris, Adr. Le Roy
et Rob. Ballard, 1572, in-8<> obi.
LESCLUSE (Georges DE), premier chape-
lain ou maître de la chapelle du roi de France,
occupait cette place en 1480, suivant le compte
des gens de la chapelle de Louis XI, depuis
le 1 er octobre 1480 jusqu'au 31 septembre 1483.
On ignore s'il conserva sa place sous le règne de
Charles V 1 1 1 , car il n'existe pas d'état nominatif
des chantres de la chapelle de ce prince : du
moins je n'en ai pas trouvé. On voit, dans le
com pie cité précédemment, que les appointements
de Georges de l'Escluse étaient de 180 livres
tournois ; or l'ordonnance royale du 2 novembre
1475 sur les monnaies avait fixé la valeur de la
livre tournois à 5 francs 5 centimes, et le traitement
du chapelain ne s'élevait nominativement qu'à
la somme de 909 francs d'aujourd'hui; mais la
différence du prix des denrées portait à peu près
la valeur à 4,000 francs (voyez la Revue mu-
sicale, t. XII, p. 236). On ne connaît pas jusqu'à
ce jour de composition de Georges de Lesclnse.
LESCOT (....), né à Nantes vers 1737, fut
d'abord maître de musique de l'église cathédrale de
cette ville, puis il alla en 1760, remplir les mômes
fonctions à Audi. En 1773 il se rendit à Paris,
et y entra à l'orchestre de la Comédie italienne,
où il a fait représenter, en 1789, la Négresse ,
opéra-comique en un acte. Il avait écrit précé-
demment plusieurs messes, et avait composé les
paroles et la musique de l'Amour et F Hymen,
prologue représenté à Auch, en 1761, et de la
Fêle de Thcmire, pastorale en un acte, jouée
dans la môme ville et dans la môme année. On
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£S2
LESCOT — LESSEL
a aussi de Lescot un Recueil portatif de chan-
sons en musique; Paris, 1765, in-8°.
LESCUREL (Jehannot), musicien français
du commencement du quatorzième siècle, a été
inconnu à tous les historiens de la musique. Un
manuscrit du roman allégorique et satirique de
Fauvel, qui se trouve à la Bibliothèque impériale
à Paris (in -fol. max., n° 6812 de l'ancien Tonds),
et que j'ai fait connaître par une notice très-
détaillée dans la Revue musicale (t. XII, n° 34),
contient des ballaâes, rondeaux et dits entés
sur refrains de rondeaux, composés par ce
musicien. J'ai démontré, dans ma notice sur ce
manuscrit, qu'il a été exécuté entre les années
1316 et 1321, en sorte que l'époque où Lescurel
a écrit les morceaux qui y sont contenus est
antérieure à cette dernière date. J'ai fait connaître
aussi, dans ma notice, la musique d'un rondet
de ce musicien dans sa notation originale, avec
sa traduction en notes modernes. Ce rondeau,
dont les premiers vers sont :
A vous douce débonnaire
Al mon cueur donné,
est d'abord à voix seule (folio 57 du manuscrit),
puis à trois voix, avec la mélodie dans la partie
intermédiaire. C'est un morceau très-remarqua-
ble sou* plusieurs rapports, et du plus grand
intérêt, à cause de son époque. L'harmonie en
est beaucoup plus pure que dans d'autres com-
positions plus modernes, quoiqu'on y trouve
quelques successions de quintes et d'octaves. Les
ornements on fioritures y abondent et présentent
cette singularité que la plupart sont harmonisés
dans les différentes parties. §
LESEBERG (Joachw), prédicateur et
chanoine à Wonstorp, au commencement du
dix-huitième siècle, a publié une dissertation in-
titulée : Oratio de honeslorum convtyiorum,
cum primis musicorum ipsiusque Musices ,
jucunditate et utilitate, HagœSchaumburgico- j
mm, 1616, in-4*. i
LESLIE (Henri), compositeur anglais de !
beaucoup de mérite, né à Londres le 18 juin 1822, !
a fait ses éludes musicales sous la direction de |
M. Charles Lucas, professeur de l'Académie
royale de musique de cette ville. Dans sa jeu-
nesse, M. Leslie ne cultiva la musique que
comme amateur. Plus tard , il s'est livré avec
ardeur à la composition et à la direction des
concerts. A l'époque de la formation de la So-
ciété musicale des amateurs de Londres (1847),
il en fut nommé secrétaire honoraire. En 1855,
on le choisit pour en être le chef d'orchestre : il
remplit ces fonctions jusqu'à la dissolution de
celte société, qui eut lieu en 1861 . En 1856, il a
fondé une société éhorale connue sous le nom de
Chœur de M* Leslie : il en est le directeur» et
lui a donné un grand mérite d'exactitude et de
nuances dans l'exécution. Comme compositeur,
I M. Leslie s'est fait une honorable réputation
par les ouvrages dont voici la liste : 1° Qua-
tuor en la pour deux violons, alto et basse; —
7° Quintette en ré pour 2 violons, alto, violon-
celle et contre-basse. — 3° Symphonie en fa à
grand orchestre. — 4? Ouverture dramatique
intitulée The Templar (Le Templier). — 5° An-
tienne festivale (Lel God arise) pour soprano;,
ténor t double chœur et grand orchestre.
6° Quintette en sol mineur pour piano , haut-
bois , clarinette, cor et basson. — 7° Emma-
nuel, oratorio à plusieurs voix, chœur et or-
chestre. — 8° Judith, idem. — 9° Romanina ;
opérette jouée au théâtre anglais de Londres.
10° Holyrood, cantate pour soprano, contralto,
ténor, basse, chœur et orchestre, composé pour
le mariage de la princesse Alice d'Angleterre. —
11° Un grand nombre de petites pièces vocales et
instrumentales. Les oratorios de M. Leslie jouis-
sent de beaucoup d'estime en Angleterre.
LESNE (M"e), professeur de solfège et de
piano à Paris, a fait imprimer une méthode élé-
mentaire de musique intitulée : Grammaire
musicale basée sur les principes de la gram»
maire française ; Paris, Pacini , 1820, 64 pa-
ges in-4°. Quoique cette édition soit annoncée
comme la deuxième, il n'y en a jamais eu qu'une ;
le frontispice seul a été changé. L'auteur de Ja
Grammaire musicale s'est servi de tous les
termes de la grammaire générale pour expliquer
ceux de la musique; ainsi, dans son livre, les lettres
sont représentées par les sons, l'alphabet par Ja
gamme, les articles par les clefs; les figures de
notes sont les substantifs; les dièses, liémols
et bécarres les adjectifs ; les mesures sont des
verbes, parce qu'elles ont des temps , etc. Rien
de tout cela n'a de base réelle ni d'utilité , ce n'est
qu'un jeu de mots.
LESSEL (François), pianiste et compost-
siteur, né à Varsovie, en 1780, était fils d'un
musicien qui fut attaché au service du prince
Adam Czartoryski , à Pulawy. En 1800, il fut
envoyé par ses parents à Vienne , pour y con-
tinuer ses études musicales. M. Sowinski dit
qu'ii y devint élève de Haydn, et qu'il eut pour
condisciples Camille Pleyel et Neukomm (!) ; il y
a dans cette assertion une erreur évidente : jamais
Camille Pleyel n n alla à Vienne, et son père
Ignace Pleyel, qui fut véritablement élève de
Haydn, avait terminé ses études avec ce maître
(i) Les Musiciens polonais et slaves , p.SS*.
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LESSEL — LESUEUR
983
en 1777. Quoi qu'il en soit, Lessel demeura à
Vienne pendant dix années et y publia ses pre-
miers ouvrages. De retour à Varsovie en 1810 ,
il s'y fit entendre comme pianiste dans plusieurs
concerts, et se livra à l'enseignemeut de son ins-
trument. Les principaux ouvrages de cet artiste
sont : 1° Quatuor pour 2 violons, alto et basse,
op. 3; Vienne, Artaria. — 2° Trio pour piano,
violon et violoncelle, op. 5 ; Leipsick, Breitkopf
et Hsertel. — 3° Adagio et rondo pour piano et
orchestre , op. 9, ibid. — 4° Ouverture à grand
orchestre (en ut), op. 10, ibid. — 5° Fugue pour
piano à 4 mains , op. 11, ibid. — 6° Pot-pourri
pour piano et orchestre, op. 12 ; ibid. — 7° Con-
certo (en ut) pour piano et orchestre, op. 14 ;
ibid. — 8° Sonates pour piano seul, op. 2 et 6;
Vienne, Weigl et Haslinger. — 9° Chants histo-
riques de J. U. Niemcewicz mis en musique;
Varsovie, 1818.
LESSING ( Gotthold- Ephr mm ) , célèbre
littérateur allemand, né le 22 janvier 1729, à
Kamenz, petite ville de la Lusace, on, suivant
d'autres renseignements, à Paserwalk , dans la
Poméranie, fut guidé dans ses premières études
par son père, ministre luthérien et savant esti-
mable. A l'âge de douze ans , il entra dans l'é-
cole de Meissen , puis il alla compléter son in-
struction à l'université de Leipsick . Il habita
longtemps Berlin, visita les principales villes de
l'Allemagne, et, en 1770, il accepta la place
de bibliothécaire à Wolfenbûttel. Trois ans après,
il entreprit un voyage pour rétablir sa santé
et accompagna le duc Léopold de Brunswick
dans le nord de l'Italie. De retour à Wolfenbût-
tel, au commencement de 1774, il y passa le
reste de ses jours, et y mourut le 15 février 1781,
à l'âge de cinquante-deux ans. Lessing est un
des écrivains dont les opinions et le talent ont
exercé l'influence la plus active sur la littérature
allemande du dix-huitième siècle ; mais l'appré-
ciation de ses ouvrages n'appartient pas à la
Biographie universelle des musiciens. Il n'y
est cité que pour ceux dont les titres suivent, et
dans lesquels il a traité de quelques parties de
la musique : 1° Kleine Schriften, etc. (Bagatel-
les, ou petits écrits) ; Berlin, 1753 à 1756, in-12.
On y trouve un fragment d'un poème didactique
sur les règles des arts et des sciences, particulière-
ment de la poésie et de la musique. — 2° Dra-
maturgie de Hambourg; Hambourg, année 1769,
2 vol. in-8°. Cet ouvrage consiste en une suite
de lettres sur les ouvrages joués au théâtre de
Hambourg pendant l'année 1767 et jusqu'au mois
d'avril 1768.
LESTAINIER (Jean), organiste de la cha-
pelle de Yempereur Charles-Quint , à Madrid,
dans la première moitié du seizième siècle, était
né vraisemblablement en Belgique, car tous les ar-
tistes de cette chapelle étaientBelgesou Espagnols.
Lestainier n'est connu comme compositeur que
par deux motets insérés dans In collection qui a
pour titre : Cantiones selectissimx quatuor
vocum, ab eximiis et prœstantissimis Cxsa-
rex Majestaiis capelUe Musicis M. Cornelio
Cane, Thoma CrequUlone, Nicolas Payen,
Johanne Lestainier organista, compositœ, et
in comitiis Augustanls studio et impcnsis
Sigismundi Salmingeri in lumen editœ;
Augsbourg, Ulhard , 1548, petit in-4° obi.
LESTOCART ( Pascal DE), musicien fran-
çais établi à Lyon , dans la seconde moitié du
seizième sièele, obtint, en 1584 , le prix de la
harpe d'argent au concours du Puy de musique,
fondé à Évreux, pour le motet de sa composition
sur le texte Ecce quam bonum. Il a publié de
sa composition : 1° Octonaires de la vanité
du monde à trois, quatre, cinq et six voix;
Lyon, Barthélémy Vincent, 1582, in-4 # obi. Les
vers de cet ouvrage , composés par La Roche
Choudieu, ont été remis en musique par Claftde
Lejeune. — 2° Les Psaumes en vers latins et
français, mis en chant à quatre parties, dis-
tingués en plusieurs livres, en forme de mo-
tets, ibid. — 3° Mélanges de chansons latines
et françaises.
LESUEUR (Jacques), maître de chapelle
de la cathédrale de Rouen , naquit dans cette
ville et y fut d'abord enfant de chœur. Musicien
habile et latiniste instruit, il crut pouvoir pré-
tendre à l'une des places de maître de la chapelle
du roi, devenues vacantes par la retraite de Dumont
et de Robert. Lalande, Goupille!, Colasse et Mi-
noret étaient ses concurrents. On leur donna pour
sujet de la composition de concours le psaume
Beat\ quorum remissœ sunt iniquitates. L'ou-
vrage de Lesueur fut jugé inférieur à ceux de ses
compétiteurs, et la place ne lui fut pas donnée.
De retour à Rouen, il obtint celle de maître de
chapelle de l'église métropolitaine en 1667 , et la
conserva jusqu'à sa mort, qui eut lieu en 1693.
Ce fut Lesueur qui introduisit dans cette église
l'usage de l'orgue et de la basse de viole. Il avait
fait exécuter dans l'église des Dominicains de
Rouen, le 9 septembre 1663 , une messe et une
symphonie funèbre ; mais aucune de ses com-
positions n'est parvenue jusqu'à nous.
LESUEUR (Jean-François), compositeur
et écrivain sur la musique, né à Drucat-Plessiel,
près d'Abbevi Ile, le 15 janvier 1763, d'une an-
cienne famille du comté de Ponthieu, fut admis,
à l'âge de sept ans, à l'école de la maîtrise d'Ab-
beville. Peu de mois après, il entra comme enfant
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2S4
LESUEUR
de choeur à la cathédrale d'Amiens. C'est là qu'il
fit pendant sept ans à peu près toutes ses études
pratiques de musique, et qu'il apprit les éléments
des langues latine et française. Sorti de cette maî-
trise à l'âge de quatorze ans , il entra au collège
d'Amiens pour y faire sa rhétorique et sa philo-
sophie ; mais il n'acheva point ses études, parce
que la place de maître de musique de la cathé-
drale de Séezlui fut offerte dès qu'il eut atteint
l'âge de seize ans. 11 alla en prendre possession
en 1779; six mois après, il quitla cet emploi
pour celui de sous- maître de musique à l'église
des Saints -Innocents de Paris. Ce fut alors qu'il
reçut quelques notions d'harmonie chez l'abbé
Roze , qui ne pouvait lui enseigner autre chose,
n'ayant fait lui-même que d'assez faibles études.
Tout ce que Lesueur acquit ensuite de connais-
sances dans l'art d'écrire, il le dut à lui-même
et à ses propres observations. En 1781 , il quitta
l'église des Innocents pour la place de maflre de
musique de la cathédrale de Dijon ; deux ans
après, il accepta une position semblable au
Mans ; mais, malgré les avantages qui lui furent
offerts pour conserver celle-ci, il l'abandonna
en 1783, pour la direction du chœur de Saint-
Martin de Tours. Appelé à Paris, en 1784, pour
faire exécuter plusieurs morceaux de sa compo-
sition au concert spirituel , il y obtint la maîtrise
des Saints-Innocents, sur la recommandation
de Gossec, de Grétry et de Philidor. Sacchini
était alors à Paris ; le jeune maître de chapelle
de l'église des Innocents lui inspira de l'intérêt ;
il revit quelques-uns de ses ouvrages, et lui con-
seilla d'écrire pour le théâtre. Devenue vacante,
la place de maître de musique de la cathédrale
de Paris fut mise au concours en 1786, et Le-
sueur, qui s'était mis sur les rangs, l'emporta sur
ses rivaux et fut mis en possession de cet emploi.
La règle l'obligeait à prendre le petit collet pour
en t emplir les fonctions ; il dut s'y soumettre , et
dès lors il fut connu sous le nom ô'abbé Le-
sueur, quoiqu'il n'ait jamais été dans les ordres.
Agé de vingt-trois ans, et n'ayant obtenu
jusque-là que d'éphémères succès , le jeune ar-
tiste n'était point connu du public; mais, dès ce
moment, ses travaux prirent une direction qui fixa
sur lui l'attention , et dont il ne s'est plus écarté
jusqu'à la fin de ses jours. Ses pressantes solli-
citations avaient obtenu de l'archevêque de Paris
et du chapitre de Notre-Dame qu'une musique à
grand orchestre fût établie dans cette église pour
les fêtes solennelles; les moyens d'exécution
que lui présentait cette réunion de voix et d'ins-
truments lui permirent de réaliser ses vues con-
cernant la musique d'église , et de faire entendre
des motets qui excitèrent une assez vive sensa-
tion. Les études de Lesueur avaient été faibles,
parce que les circonstances n'avaient pas été fa-
vorables pour qu'il en fit de meilleures. D'ailleurs,
il n'y avait réellement pas d'école en France
dans sa jeunesse ; les doctrines et les beaux mo-
dèles des grandes écoles d'Italie y étaient abso-
lument inconnus. C'était donc en lui-même qu'il
devait chercher le principe de sa direction , et
son instinct le conduisit à le trouver dans l'imi-
tation , et lui fit considérer la musique descrip-
tive comme la meilleure , quel que fût l'objet <?e
sa destination. Il est rare que les convictions de
la jeunesse accompagnent un artiste dans les tra-
vaux de toute sa vie» sans être modifiées par sa
propre expérience ou par des influences étran-
gères ; mais la suite de cette notice fera \oir que
ces convictions furent inébranlables dans l'esprit
de Lesueur, et que le principe d'imitation qui le
guidait dans ses premiers travaux, le dirigeait
encore au terme de sa carrière. C'est une consi-
dération qu'il ne faut point perdre de vue , si
l'on veut apprécier avec justesse la valeur des
œuvres de ce compositeur, et lui assigner la place
qui lui appartient dans l'histoire de l'art de son
temps.
Dans les années 1786 et 1787 , la foule se
pressa à l'église Notre-Dame pour entendre les
motels de Lesueur ; les journaux de ce temps
émirent des jugements divers sur le mérite de
ces morceaux , particulièrement sur un Regina
cœli, sur un Gloria in exeelsis, et une ouver-
ture (nouveauté inouïe) que le nouveau maître
de musique avait écrite pour la messe de Pâques.
Les gens du monde approuvaient fort cette mu-
sique brillante ; d'autres la condamnaient comme
peu convenable à la majesté du culte, au recueil-
lement delà prière; parmi ceux-ci, les plus
emportés appelaient la musique de Notre-Dame
l'Opéra des gueux, Lesueur, persuadé qu'il était
nécessaire qu'il expliquât sa pensée, et qu'il fit
connaître l'objet qu'il se proposait dans sa trans-
formation de la musique d'église, fit paraître, au
mois de février 1787, un écrit intitulé: Essai de
musique sacrée , ou musique motivée et mé-
thodique, pour la fe'te de Noël, à la messe du
jour. Paris, Hérissant, broch. in-8°. Il y expo-
sait ses vues , à l'occasion de la messe qu'il avait
fait exécuter le 25 décembre 1786, premier jet
de sa Messe de Aoel, une de ses productions les
plus originales. Le succès de cet écrit ne réalisa
passes espérances. Dans un pamphlet anonyme,
daté de Vile des Chats fourrés, on attaqua avec
violence le principe d'une musique qui transfor-
mait l'office divin en un spectacle, et l'on accusa
Lesueur de s'être serti de la plume d 'autrui
pour écrire son Essai. 11 répondit par une lliéorie
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LESUEUR
285
plus étendue de son système dans un ouvrage
qui a pour titre : Exposé d'une musique une,
imitaUve, et particulière à chaque solennité,
où Von donne des principes généraux sur
lesquels on l'établit , et le plan d'une musique
propre à la fête de Noël. Paris, V e Hérissant,
1787, in- 8°. La préface de ce livre ne laisse au-
cun doute sur l'objet que se proposait Lesueur,
car il dit en tenues exprès , à propos des inesses
qu'il avait écrites pour Noël , Pâques, Pentecôte,
l'Assomption , qu'il veut rendre la musique d'é-
glise dramatique et descriptive. Ce système
était certainement une grave erreur, car la prière
est une acte de dévotion , où l'âme s'efforce de
s'isoler des passions humaines , et conséquem-
ment du principe dramatique, pour s'élever jus-
qu'à Dieu , principe de toute sagesse. Et c'est
pour avoir parfaitement compris ce dernier prin-
cipe que Palestrina et les grands maîtres de son
école ont, dans la musique d'église, une incon-
testable supériorité sur tous les autres composi-
teurs.
Dans le même temps où Lesueur publiait ses
livres et faisait exécuter sa musique d'église, il
présenta au comité de l'Académie royale de mu-
sique son Télémaque, grand opéra en trois actes
qui fut reçu pour être représenté ; mais, après
plusieurs années passées en sollicitations infruc-
tueuses, il fut obligé de retirer son ouvrage et de
rendre deux mille francs qu'il avait reçus à titre
d'avances. Ce même opéra fut arrangé plus tard
pour ic théâtre Feydeau au moyen de la sup-
pression du récitatif. D'autres tracasseries com-
mencèrent pour lui dans le même temps. Le
penchant qu'il laissait percer pour le théâtre et
sa résistance aux désirs de l'archevêque et du
chapitre de Notre Dame, pour qu'il entrât dans
i>s ordres, lui nuisirent dans l'esprit des cha-
noines, dont le plus grand nombre désapprou-
vaient sa nouvelle musique comme trop mon-
daine et trop dispendieuse. Pendant les vacances
de 1787 , on profita de son absence pour la sup-
primer cl rétablir l'ancien usage des messes com-
posées pour des voix et des violoncelles et contre*
basses. Lesueur n'avait accepté la maîtrise de la
cathédrale qu'à la condition d'y réaliser ses idées
de musique nouvelle; l'affront qui lui était fait en
cette circonstance le détermina à se retirer. Ce
ne fut pas le seul chagrin qu'il eut alors, car, à
l'occasion de discussions qui s'élevèrent entre lui
et le grand chantre de Notre-Dame pour le
règlement des comptes de dépenses du chœur et
de l'orchestre, ses ennemis prétendirent qu'il
avait été chassé honteusement, et publièrent un
pamphlet où sa probité était attaquée de la ma-
nière la plus violente. Roquefort possédait un
exemplaire de cet abominable libelle, qui avait
pour titre : Dessert des plats de son métier que
M. Vabbé £*** ajait servir à Son E. Monsei-
gneur Varchevéque de Paris et à messieurs
du chapitre de la métropole (sans nom de
lieu ni d'imprimeur), une demi-feuille in-8°. 11
ne fallut pas moins qu'un mémoire publié par
un conseiller au parlement, ami du jeune com-
positeur, et les certificats honorables des cha-
noines de Notre-Dame, pour lui rendre favorable
l'opinion publique, un instant égarée dans cette
a (Ta ire. Mais tel est l'effet de la calomnie qu'il
en reste toujours quelque chose. Longtemps après,
Lesueur, engagé dans de nouvelles discussions,
vit reproduire par ses ennemis ces injurieu-
ses' imputations. Fatigué de ces intrigues et
découragé par la calomnie, il se relira à la
campagne chez M. Bochard de Champagny, vers
la fin de 1788, et y passa quatre années, les plus
heureuses de. sa vie, uniquement occupé de com-
position. La mort de son bienfaiteur le ramena
à Paris, en 1792. L'année suivante il fit représenter
au théâtre Feydeau la Caverne, opéra an 3 actes,
dont le succès fut populaire, et qui fut suivi, en
1 794, de Paul et Virginie, ouvrage froid et rempli
de longueurs, mais où Ton remarque de beaux
chœurs, particulièrement un hymne au soleil, qui
fut exécuté dans les concerts de Feydeau, après
que la pièce eut disparu de la scène ; puis on re-
présenta au même théâtre le Télémaque, destiné
autrefois à l'Opéra, et dont on avait remplacé le
récitatif par un dialogue parlé.
Désigné dès l'origine du Conservatoire de mu-
sique de Paris comme un des inspecteurs, et mem-
bre du comité d'enseignement, Lesueur en-
tra en fonctions en 1795, et coopéra avec Mé-
hul, Langlé, Gossec et Catel, à la rédaction des
Principes élémentaires de musique et des
solfèges de cette école. Il prononça en cette
qualité, aux obsèques de Piccinni, le 8 mai 1801,
un éloge de ce grand musicien, ou plutôt un
discours sur la musique dramatique, suivant ses
propres idées. Peu de jours après commença au
Conservatoire et au dehors de cet établissement
une lutte d'intérêts où Lesueur. n'eut peut-être
pas toute la prudence nécessaire, et dont il fut
victime. Deux de ses ouvrages ( les Bardes, et
la Mort d'Adam) avaient été reçus à l'Opéra,
et leur rang de réception lui donnait le droit de
les faire représenter; mais, soit que la musique
de ces opéras ne fût pas achevée et que les par-
titions n'eussent pas été livrées, comme le pré-
tendit alors Chaptal, ministre de l'intérieur, dans
deux lettres qu'il écrivit à Lesueur à ce sujet,
soit que des considérations d'une mise en scène plus
facile et plus prompte leur eussent fait préférer
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LESUEUR
la Sémiramis de Catel, premier ouvrage drama-
tique de ce compositeur, ce fut ce dernier que
l'administration choisit et mit à l'étude. Irrité de
ce qu'il considérait comme une injustice, Lesueur
écrivit à Guillard, auteur des poèmes de ses
deux opéras, retiré à la campagne, et réclama
son appui ; mais ce littérateur, fatigué des tra-
casseries du théâtre, , répondit avec indifférence.
Ce fut alors que parut un écrit de Lesueur qui
amena une rupture éclatante entre lui et Sarrette,
directeur du Conservatoire et protecteur de Catel.
Cet écrit fut le signal d'une guerre violente entre le
Conservatoire et ses détracteurs ; il a pour titre :
Lettre en réponseà Guillardsur l'opéra de la
Mort d'Adam, dont le tour de mise en scène ar-
rive pour la troisième fois au théâtre des Arts,
et sur plusieurs points d'utilité relatifs aux
arts et au* lettres,' Paris, Baudoin, brumaire an x
(octobre 1801), in-8° de 111 pages, avec un aver-
tissement de 24 pages. Il faut l'avouer, cet écrit
ne se fait remarquer que par de vaines et lon-
gues déclamations, des assertions hasardées, et
des insinuations peu bienveillantes contre plu-
sieurs artistes distingués et hommes honorables
de ce temps. A peine eut-il paru que tous les
vieux musiciens de l'Opéra et les partisans des
anciennes écoles des maîtrises de cathédrales se
réunirent autour de Lesueur pour lui former un
parti, et que plusieurs pamphlets ainsi que des ar-
licles-de journaux furent publiés contre le Conser-
vatoire, dont les brillants débuts annonçaient une
génération nouvelle d'artistes remarquables ; c'est
ainsi que, dans l'espace de peu de mois, on
vit paraître le Russe à l'Opéra, ou Réflexions
sur les institutions musicales de la France
(Paris, 1802, une feuille in- 8°) ; une diatribe vio-
lente dans le Censeur des Théâtres (18 ger-
minal an x), une Lettre à M. Paisiello, par les
amateurs de la musique dramatique (Paris,
an x, in-8°) ; et la Fantasmagorie des Menus
(Paris, 1802, in-8°), où le système d'enseigne-
ment suivi dans le Conservatoire était amère-
ment critiqué , tandis que celui des anciennes
maîtrises était propos* comme un modèle par-
fait. Déjà Lesueur lui- même, oubliant sa position
dans le Conservatoire, avait donné l'exemple de
ce dénigrement, dans un écrit anonyme intitulé :
Projet d'un plan général de l'instruction
musicale en France; Paris, an ix (1801), in-4°
d'une feuille. Vivement irrités de ces attaques
imprévues et multipliées, le directeur, les inspec-
teurs et les professeurs du Conservatoire firent
rédiger et publièrent une sorte de factum inti-
tulé : Recueil de pièces à opposer à divers
libelles dirigés contre le Conservatoire de
musique (Paris, an x, de l'imprimerie de P. Di-
> dot), in-4°de 40 pages. Dam cet écrit, de vifs
reproches étaient adressés à Lesueur, à l'occa-
sion de certaines expressions de sa lettre à Guil-
lard, considérées comme des attaques contre ses
collègues, et l'on y rapportait des lettres sévères
du ministre Chaptal à ce compositeur. Un ami
de Lesueur, Ducancel (voyez ce nom), fit paraître,
en réponse à ce factum un volume in-8° de 208
pages intitulé : Mémoire pour J.-F. Lesueur,
i Vun des inspecteurs de l'enseignement un Con-
I servatoire de musique, au conseiller d'État
chargé de la direction et de la surveillance
' de l'instruction publique , en réponse à la
\ partie d'un prétendu Recueil de pièces, im-
primé soi-disant au nom du Conservatoire,
et aux calomnies dirigées contre le citoyen
Lesueur par le citoyen Sarrette, directeur
de cet établissement, et autres, ses adhérents,
etc., Paris, vendémiaire an xi (1802). Ce mé-
moire, malheureusement empreint d'un carac-
tère passionné, ne fut point utile à celui qu'on
voulait défendre, car, lorsqu'il parut, Lesueur
venait d'être destitué. Gerber a été trompé par
de faux renseignements lorsqu'il a dit ( Neues
Lexikon der Tonkunstl.) que justice lui avait
été rendue, et que Sarrette avait perdu sa place.
Forcé de quitter le logement qu'il avait occupé
au Conservatoire pendant sept ans , ne tirant au-
cun produit de ses ouvrages, et privé de tout
revenu, Lesueur, père de famille, tomba dans la
situation la plus malheureuse, et connut toutes
les horreurs de la gène. Je le vis alors chez Rey,
mon vieux maître d'harmonie et son ami : Je
souvenir du désespoir qui l'accablait n'est pas
sorti de ma mémoire.
Un événement inattendu vint tout à coup le
tirer de sa pénible situation, pour le placer au
poste le plus élevé qu'un musicien pût alors oc-
cuper en France. Depuis deux ans, Paisiello était
maître de chapelle du premier consul Bonaparte :
des considérations de santé lui firent deman-
der sa retraite, au mois de mars 1804. N'ayant
pu le déterminer à rester près de lui , Napo-
léon lui dit de désigner son successeur, et Pai-
siello, ami de Lesueur, le présenta comme le
plus digne de le remplacer. Ce fut ainsi que de
l'excès du malheur il passa sans transition à une
position enviée par les plus grands artistes. 11
profita de sa nouvelle situation pour faire re*
présenter les Bardes à l'Opéra. Cette pièce fut
jouée en effet au mois de juillet 1804, et ob-
tint un des plus beaux succès qu'il y eût eu à ce
théâtre depuis Œdipe à Colone. La messe et
le Te Devm qu'il écrivit immédiatement après
pour le couronnement de l'empereur lui valurent
la faveur de Napoléon, qui, ayant assisté au
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LESUEUR
287
mois de décembre à une représentation des
Bardes, envoya quelques jours après au com-
positeur une riche tabatière avec celte inscrip-
tion : L'empereur des Français à V auteur des
Bardes. En 1809, Lesucur fit représenter à l'O-
péra la Mort et Adam, cause première de ses
chagrins passés; il n'en fut point indemnisé par
le succès, car le public n'accueillit qu'avec froi-
deur cet ouvrage écrit dans un système lourd,
monotone et dépourvu de charme. En 1814, après
la restauration, il rat nommé surintendant et
compositeur de la chapelle du roi, et eut pour
collègue d'abord Martini, puis Cherubini. Ces
fonctions' n'ont cessé pour lui qu'après la ré-
volution de juillet 1830. Élu membre de la qua-
trième classe de l'Institut de France, en 1813,
pour y remplacer Grétry, il a fait ensuite partie
de l'Académie royale des beaux-arts. En 1817,
lorsque le Conservatoire de musique a reçu une
nouvelle organisation, sous le titre à'École
royale de chant et de déclamation, Lesueur y
fut appelé comme professeur de composition, et
conserva son titre et son emploi lorsque l'école a
repris son ancien nom. Membre du jury musi-
cal de l'Opéra, depuis 1806 jusqu'en. 1824, il a
fait aussi partie de celui de l'Opéra- Comique.
L'Académie royale de musique de Stockholm le
nomma un de ses' membres le 22 janvier 1819,
et la Société philharmonique de Vienne lui fit
le même honneur, le 8 août 1827 ; enfin les Aca-
démies de Dijon, d'Amiens, d'AbbeviJle et de
Tours lui envoyèrent des titres de membre as-
socié ou de correspondant. Décoré de l'ordre de
la Légion d'honneur le 17 juillet 1804, il reçut
le grand cordon de celui de Saint-Michel le
1 er mai 1821, et la croix de Hesse-Darmstadt, le
22 décembre 1822. Enfin, comblé d'honneurs et
de témoignages de distinction pendant les trente
dernières années de sa vie, après avoir passé les
quarante premières au milieu de toutes les agi-
tations qui peuvent troubler la carrière d'un ar-
tiste, Lesueur a cassé de vivre le 6 octobre 1837,
à l'âge de soixante-quatorze ans.
On a vu précédemment que l'expression imi-
talive et dramatique a été le principe qui a guidé
Lesueur dans sa musique d'église. 11 y a subor-
donné toutes ses pensées, et en a développé les
Conservatoire, lui ont toujours reproché le dé-
faut d'élégance, les redites fréquentes, et les lon-
gueurs interminables de la plupart de ses ouvra-
ges. Quoique mieux disposé à reconnaître les
qualités réelles du talent de Lesueur, je dois dire
pourtant que ces critiques ne sont pas dénuées
de justesse. Dans la musique de théâtre, il a quel-
quefois saisi le sentiment dramatique avec un
rare bonheur; les Bardes et la Caverne of-
frent des scènes entières empreintes de beautés
réelles, particulièrement l'expression des sen-
timents énergiques; mais, dans le cours d'un
opéra, la plupart de ses défauts se reproduisent
avec des inconvénients plus graves que dans ia mu-
sique d'église, parce que les exigences de la scène
rendent bien plus sensibles la lourdeur, la mo-
notonie et l'allure languissante. Sevelinges, qui a
fort maltraité Lesueur dans son pamphlet anonyme
intitulé le Rideau levé, lui reproche d'avoir mis
du dramatique dans ses messes et d'en avoir man-
qué dans ses opéras : quoique en apparence assez
juste, cette observation ne soutient pas un exa-
men sérieux. Le dramatique se trouve sans doute
dans la musique d'église de Lesueur, et Ton a vu
par ses propres paroles qu'il a voulu l'y mettre;
mais il est aussi dans ses drames. Si quelques
parties de ceux-ci paraissent languissantes , et ,
comme on l'a dit quelquefois, sont plus sembla-
bles à des chauts religieux qu'à des mélodies
passionnées, c'est qu'il y a eu dans l'esprit du
musicien quelque dessein de vérité locale ou his-
torique qu'il faudrait examiner pour en bien ap-
précier la valeur. Sans doute, la musique théâ-
trale n'atteint son but qu'autant qu'elle émeut
avant d'être analysée; mais, si l'on peut condam-
der le système de Lesueur, ce n'est pas à dire
que son génie ne lui ait fourni de belles choses
dans celte fausse direction où il s'égarait Au
reste, il ne faut fias essayer de faire l'analyse des
œuvres de cet artiste en séparant les défauts
des qualités : les uns et les autres composent la
physionomie de son talent. Sa modulation était
souvent étrange, quoiqu'il n'y employât guère
que des accords consonnants, parce qu'il ai-
mait à mettre en contact des tons qui n'avaient
entre eux aucun rapport d'analogie , persuadé
qu'il était de faire revivre ainsi les formes de la
conséquences avec une incontestable originalité, ' musique antique. Au lieu d'étudier celle-ci dans
soit par le rhy thme, soit par les formes de la ' le peu de monuments historiques parvenus jus-
mélodie, soit par la singularité des successions ! qu'à nous, il l'avait refaite d'après un système
harmoniques. Les adversaires les moins indu!- qui n'avait de base que dans son cerveau ; ce
genta de Lesueur n'ont pu lui refuser l'indivi- qui n'empêchait pas qu'il eût une foi robuste
dualité de son talent sous ces divers rapports ;
mais, en avouant qu'il ne puisait ses inspirations
qu'en lui-même, la plupart des artistes français ,
particulièrement ceux qui se sont formés au
dans cette musique antique, fruit de son ima-
gination, comme s'il l'eût reçue toute faite des
' mains des premiers habitants du monde. Sa
partition de la Mort d'Adam est , à cet égard,
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283
LESUEUR — LÉTE
un monument unique dans l'histoire de l'art.
Chaque page est surchargée de notes écrites tan-
tôt en français, tantôt en italien, où il offre ses
propres idées comme des chants des patriarches.
]l y parle incessamment de la nécessité de mettre
dans l'exécution la simplicité des accents de ces
premiers hommes de l'Orient, et il en indique
les diverses nuances avec autant de confiance que
s'il eût réellement entendu ces mélodies de l'an-
tiquité la plus reculée, avec les traditions cer-
taines sur la manière de les rendre. Et remarquez
que, selon toute apparence, la vérité est préci-
sément dans le contraire de ce qu'a imaginé
Le sueur; car tout ce qui nous est venu de ren-
seignements sur la plus ancienne musique de
l'Inde et de l'Arabie, depuis les recherches de la
société asiatique de Calcutta, de Vi Ilot eau et
d'autres savants, démontre qu'au lieu d'être sim-
ples, les chants orientaux qui remontent à plu-
sieurs milliers d'années étaient surchargés d'or-
nements. Lesueur s'est occupé toute sa vie de
l'histoire de la musique ; mais il la faisait à son
gré, au lieu de l'étudier.
Dans la liste de ses ouvrages, on remarque :
I. Opékas. 1° La Caverne, drame lyrique en trois
actes, représenté au théâtre Feydeau , en 1793,
gravé en partition, Paris, Naderman. — 2° Paul
et Virginie, drame lyrique en trois actes, au môme
théâtre, 1794, partition gravée, ibid. — 3° Télë-
maque dans Vile de Calypso, en trois actes, au
même théâtre, 1796, partition gravée, ibid. —
4° Ossianou les /tardes, grand opéra en cinq ac-
tes, à l'Opéra, 1801, partition gravée ; Paris, Ja-
nct. — 5° L'Inauguration du Temple de la Vic-
toire, divertissement en un acte (en collaboration
avec Persuis), à l'Opéra, 1 807 . — 6° Le Triomphe
de Trajan (avec le même), 1807. Lesueur n'a
écrit qu'un petit nombre de morceaux pour cet ou-
vrage. — 7° La Mort d'Adam et son Apothéose,
grand opéra entrais actes, à l'Opéra, 1809, parti-
tion gravée. — 8° Tyrtéc , en trois actes, reçu à
l'Opéra en 1794, mais non représenté. — 9°i4r-
iaxerec, en trois actes, reçu à l'Opéra en 1 80 1 , mais
non représenté. — 10° Alexandre à Babylone, en
trois actes, reçu en 1823, mais non représenté. —
IL Musique religieuse. Lesueur a écrit 33 messes,
motets et oratorios, tant pour le service des
églises où il a été maître de musique, que pour
la chapelle de l'empereur et du roi. De toute
cette musique, il a fait graver : 1 1° Messe ou
Oratorio de Noël; Paris, A. Petit, 1820. —
12° Messe solennelle, à 4 voix, chœur et orches-
tre ; Paris, chez Pauleur, 1827. — 13° Deborah,
oratorio; ibid., 1828. — 14° Trois Te Deum;
ibid., 1829. — 15° Trois motels sous le titre d'O-
ralorios pour le carême; ibid., 1829 à 1833.
— 16° Deuxième messe solennelle; ibid. t 1831.
! — 17° Marche du Couronnement de CEmpe-
j reur, à grand orchestre. Elle a été gravée pour
j le piano. — 18° Musique pour la fête du I er ven>
| démiaire an îx, exécutée aux Invalides par 4 or-
\ chestres, non publiée. Outre les écrits indiquas
1 précédemment,' Lesueur a fait aussi pour la tra-
duction française tfAnacréon, du professeur Gail,
une Notice sur la Mélopée, la Rhythmopèe
et les grands caractères de la musique an-
cienne. Ce morceau ne doit être lu qu'avec dé-
fiance, car Lesueur s'est trompé presque sur tous
les points importants de son sujet. O.n a aussi
; de lui une Notice sur Palsiello, Paris, 1816,
1 in-8°; elle a été imprimée dans U deuxième
| année des Annales de la musique, par Gar-
; deton (pages 175 à 204). L'Académie royale des
1 beaux-arts, de l'Institut de France, qui s'occupe
depuis longtemps de la rédaction d'un Diction-
1 nuire technique et historique de ces arts, avait
1 chargé Lesueur du travail relatif à la musique;
les articles nombreux qu'il a écrits pour cet ou-
| vrage m'ont été communiqués par la commis-
sion du Dictionnaire, et j'y ai vu avec regret que
Lesueur a remplacé presque partout les rails
réels de l'histoire par ses vues particulières,
contredites en général par les monuments- Je
présume que Y Histoire de la musique qu'on a
i cru trouver dans ses papiers, et qui a été an-
I noncée par Berlioz dans la Gazette musicale
de Paris ( ann. 1837 ), n'est que ce travail entre-
pris pour le Dictionnaire des beaux-arts. Dans
les observations qui couvrent toutes les pages
de la partition de la Mort d'Adam, Lesueur a
, renvoyé pour les éclaircissements de ses notes
à un Traité sur la musique en général et sur le
caractère de la musique antique, en particulier,
! dont il annonçait en 1822 la publication comme
prochaine, mais qui n'a point paru.
I LETA (D. Anaclet ne), étudiant en musi-
que à l'université de Salamanque, dans la seconde
1 moitié du dix-huitième siècle, est auteur d'un écrit
qui a pour titre : Cartalaudatoria a Dom ï i-
cente Adan, en accion de gracias para la
publicacion de su obra infitulada : Documen-
tes para instruccion de mu^icos. En Madrid 9
1786, petit in-8° de 80 pages.
LËTÉ (Nicolas-Anto^k), facteur d'orgues,
né à Mirecourt, le 19 mars 1793, est fils d'un mar-
chand d'instruments de musique de pacotille qui
se fabriquent dans cette ville. Les ouvriers qui
travaillaient pour son père lui apprirent Part de
fabriquer des orgues à cylindres. A l'âge de
vingt et un ans, il se rendit à New- York avec un
assortiment d'instruments, en compagnie de trois
associés. Il parcourut pendant sept années les
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LÉTE — LEVASSEUR
États-Unis d'Amérique, puis la Havane, où il
répara quelques orgues, et enfin revint en France
ne possédant qu'une instruction assez imparfaite
de la construction des*orgues. Arrivé à Paris
en 1821, il fréquenta les ateliers de quelques
facteurs, particulièrement ceux de Sébastien Érard
où il vit construire l'orgue qui fut mis à l'expo-
sition du Louvre, en 1823, et celui qui, plus
tard, fut fait pour la chapelle des Tuileries.
En 1829, il fit pour l'église de Saint-Leu, près
de Paris, un orgue d'accompagnement avec un
clavier transpositeur. En 1832 il se* retira à Mire-
court avec l'intention d'y vivre de sa modeste
fortune ; mais l'activité qui règne dans ce centre
de la lutherie de commerce changea ses résolu-
tions et le lit rentrer dans la fabrication des orgues.
M monta un établissement important d'où sont
sorties environ quatre-vingts orgues à cylindres, et
vingt- trois grandes orgues d'église, au nombre
desquelles on remarque celui de Saint-Pierre , à
Bar- sur- Aube, composé de 42 registres; celui
d'Annecy en Savoie avec trois claviers à la main,
pédales et 34 jeux, dont un 1G pieds ouverts et 3
bourdons de 16; l'orgue de Nantua, à 3 claviers,
pédales, et 4 5 jeux, avec 4 pédales de combinai-
sons.
LETENDART (N.), professeur de piano,
ne à Paris en 1770, reçut des leçons de l'orga-
niste Balbétre, dont il a été considéré comme le
meilleur élève, et a lui-même formé quelques
artistes distingués. Il a fait entendre dans les
concerts plusieurs concertos et des sonates pour
son instrument; mais ces morceaux n'ont pas
été publiés. Cet artiste est mort à Paris, vers
1S20.
JLETTNER (François-Xavier), pasteur à
Vohebourg, en Bavière, naquit à Pfaffenhofen ,
le 12 janvier 1760. Après avoir commencé son
éducation littéraire et musicale au séminaire du
couvent d'I ndersdorf, qui depuis lors a été sup-
primé, il entra au Lycée de Munich, où il acheva
son cours de latinité. Il y apprit aussi à jouer de
plusieurs instruments, et les éléments de l'har-
monie et de la composition. Pendant plusieurs
années qu'il demeura à lngolstadt pour y étudier
la théologie, il exécuta dans plusieurs concerts
des concertos de violon, et y fit applaudir sa
dextérité. Il s'est fait connaître avantageusement
par la composition de deux messes à 4 voix, avec
accompagnement de deux violons, viole et orgue ,
lithographiées en 1803, à Munich, chez Senne-
felder.
LEUCOIVEUS (Philippe), musicien de la
Bohême, fut pasteur dans un village près de Pra-
gue, vers la fin du seizième siècle. Il a publié
de sa composition des litanies en langue bohème
1II0CA. t.MV. DES MUSICIENS. — T. T.
2SÎ)
avec les mélodies, sous ce titre : Sedmery zpvsvb
spywany litanie. Prague, 1590, in-4 y , l re par-
tie. La deuxième partie a paru en 1591.
LEUTHARD ( Jea*-Dakiel), claveciniste et
compositeur, né a Ileilsberg, près de Rudolsfadt
le 14 juin 1706, apprit en 1723 à jouer du ela-
vecin chez Yogler, organiste renommé de ce
temps, puis étudia le violon et la composition
chez Graff, maître de chapelle à Rudolstadt.
En 1730, il entra au service du duc de Saxe-Wci-
mar, en qualité de copiste et, vers le même temps,
il commença à composer pour le clavecin. Devenu
valet de chambre du prince héréditaire de Ru-
dolstadt, en 1735, il fut attaché à sa musique;
puis il entra comme musicien dans la chapelle
du margrave de Brandebourg. Depuis 1741 jus-
qu'en 1755, on a imprimé de sa composition
quatre œuvres de pièces pour le clavecin.
LEUTIIOLDT ( JEAN-GobEFRov), célèbre
fabricant d'instruments de cuivre, né en Saxe,
mort vers 1780, s'est fait une réputation brillante
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, par
la bonne qualité de ses cors, trompettes et trom-
bones.
LEUTWEIN «(Chrétten-Louis), pasteur
dans le Wurtemberg, mort le 23 juillet 1799,
est auteur d'un livre qui a pour titre : Versueh
einer richtigen Théorie von der biblischen
Verskunst, etc. (Essai sur la théorie delà poésie
biblique, etc.) Tuhingue, 1777, in-8°. Il y explique
les divers rhythmes de la poésie et l'usage des
accents musicaux des Hébreux.
LEVA ( Beytivoclio ) , organiste de l'église
de Saint-Étienne à Isola délia Scala, naquit à
Vérone en 1587. On connaît de sa composition
un ouvrage intitulé Messe e Moteiti concer-
lati a tre e quatro voci; in Vcnezia, presso
J. Vincenti, 1619, in-4°. Leva indique le lieu
et l'année de sa naissance dans Péptlre dédi-
catoire, où il se dit Veronesc et âgé de trente-
deux ans.
LEVASSEUR(PiERRE.FRANçois),diU^rM
violoncelliste, né à Abbeville, le 11 mars 1753,
fut d'abord destiné à la prêtrise, et fit des études
pour entrer dans les ordres. A dix-huit ans, il re-
nonça à l'état ecclésiastique pour se faire musi-
cien. Pendant trois mois il reçut des leçons d'un
maître obscur nommé Bel levai ; puis il étudia seul
le violoncelle. Arrivé à Paris vers 1782, il y reçut
quelques leçons de Duport atné, dont il imita la
manière et acquitta belle qualité de son. En 1789,
il joua des concertos de Duport jeune au con-
cert spirituel ; plus tard il se fit entendre aux Con-
certs du théâtre Feydeau. Entré à l'orchestre
de l'Opéra en 1785, il obtint sa pension de
retraite en 1815, après trente ans de service,
19
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290
LEVASSEUR — LEVE1SS
•et à l'âge de soixaDle-huit ans. Il est mort peu
de temps après. On connaît de Levassenr : i° Six
duos pour deux violoncelles, op. I ; Paris, Leduc.
— 2° Six idem, deuxième livre; ibid.
LEVASSE UR ( Jean-Henri), dit le jeune,
pour le distinguer du précédent, quoiqu'ils ne
fussent pas de la même famille, naquit à Paris,
vers 1765. Élève de Cupis pour le violoncelle ,
il reçut aussi des leçons de Louis Du port. En 1789
'il entra à l'orchestre de l'Opéra, où il occupa en*
suite la place de premier violoncelle jusqu'en 1 823.
Désigné comme professeur du Conservatoire de
•musique à l'époque de sa formation, il «y ensei-
gna pendant trente-huit ans. Ses principaux élèves
' ont été Lamarre, Baudiot et Norblio. Levasseur fut
aussi attaché à la musique de l'empereur Napo-
léon, puis à la chapelle du roi. Il est mort à Paris,
■en 1823. Parmi le petit nombre de compositions
de cet artiste pour son instrument, on remarque :
•1° Sonates pour violoncelle, op. l; Paris, Na-
-derman. — 5° Duos pour deux violoncelles , liv.
1 et 2 ; Paris, Louis. — 3° Exercices pour le vio-
loncelle, op. 10; Paris, Langlois. Levasseur a été
un des principaux collaborateurs de la méthode
de violoncelle rédigée par Baillot et adoptée pour
l'enseignement dans le Conservatoire de Paris.
LEVASSEUR ( L. ), professeur de piano et
compositeur pour cet instrument, ne m'est
connu que par ses ouvrages, parmi lesquels on
-remarque : 1° Deux sonates faciles pour piano
seul, op. 4 ; Paris, Langlois.' — 2° Trois sonates
pour piano et violon, op. 5 ; Paris , Vaillant —
5° Sonate facile à quatre mains, op. 6; ibid. —
4° Grande sonate pour piano seul, op, 16 ; Paris,
H. Le moine. — 5° Dix rondos pour piano seul ;
Paris, chez tous les éditeurs de musique. —
•6° Un très -grand nombre de fantaisies, airs va-
riés, marches , exercices et recueils de contre*
danses.
LEVASSEUR (Nicolas-Prosper), fils d'un
laboureur de la Picardie, est né le 9 mars 1791.
Admis comme élève au Conservatoire de Paris, le
29 décembre 1807, il entra dans la classe de chant
de Garai te 5 février 1811, et commença bientôt
après à se faire remarquer, dans les concerts du
Conservatoire, par le beau timbre de sa voix de
basse et par l'élégance de son chant , qualité fort
rare chez les chanteurs qui ont ce genre de voix.
Le 14 octobre 1813, il débuta à l'Opéra dans la
Caravane, où il obtint le plus brillant succès.
Mais cet ouvrage était à peu près le seul à celte
époque où il pût se faire entendre avec avantage;
•car tout le répertoire tragique était ou trop haut
pour sa voix, ou peu favorable à l'art du chant
qu'il avait étudié suivant la méthode italienne.
On l'essaya dans quelques autres rôles, où il ne
réussit que médiocrement, parce qu'il n'y faisait
point entendre les cris que le public avait alors
l'habitude d'applaudir. Sa position au théâtre
ne répondait donc pas aux espérances que son
éducation musicale et son début avaient données.
Levasseur, péniblement affecté du dédain que
l'administration affectait pour son talent, rompit
tout à coup avec elle, et partit pour Londres,
où il chanta pendant la saison de 1816. De re-
tour à Paris , il rentra à l'Opéra en qualité de
remplacement, suivant l'expression en usage à
ce théâtre, pour désigner l'acteur placé entre le
chef d'emploi et son douhle. Ses succès comme
chanteur datent de cette époque. Lié d'amitié
avec Ponchard depuis le temps de leurs études,
il se faisait souvent entendre avec lui dans les
concerts ; et tous deux faisaient admirer ia pu-
reté et le fini de leur chant. En 1822, Levasseur
obtint un congé pour aller en Italie ; il se rendit
.à Milan, où Meyerbeer lui confia un rôle dans sa
Marguerite d'Anjou ; il s'y fit applaudir, et le
succès commença à fixer sur lui l'attention de
ses compatriotes. La fin de son congé l'ayant
ramené à Paris, l'administration de l'Opéra, qui
gérait aussi l'entreprise du Théâtre Italien , le fit
entrer à celui-ci, pour y jouer en partage arec
Pellegrini et Zuchelli les rôles de basse. Après
avoir chanté cinq ans à ce théâtre, sans y pro-
duire de vive sensation, il le quitta pour rentrer
de nouveau à l'Opéra. Depuis quatre ans , Ros-
sini usait de son influence pour changer la direc-
tion de ce spectacle, et y substituer l'opéra chanté
à la tragédie lyrique, afin d'y préparer les succès
de ses ouvrages. La réforme commença par l'en-
gagement de M l,c Cinti ( voy, Mme Damorfxi ) ,
et ia mise en scène du Siège de Corinthe ; cette
cantatrice excellente et Ad. Nourrit offraient de
grandes ressources aux compositeurs, mais il
fallait une véritable basse chantante, et l'on songea *
à Levasseur, qui vint en effet compléter le trio.
Il débuta dans le Comte Ory, en 1828; depuis
lors, le talent dont il fait preuve dans Guil-
laume Tell, le Philtre, et surtout dans Ro-
bert le Diable et la Juive , lui a procuré de
brillants succès, et l'a placé à la tête des basses
chantantes des théâtres français. En 1841 il fut
nommé professeur de déclamation lyrique au Con-
servatoire. Levasseur a pris sa retraite de l'Opéra
en 184ô. '
LEVENS (....), maître de musique de l'é-
glise métropolitaine de Bordeaux, vers le milieu
du dix-huitième siècle , a publié un livre qui a
pour titre : Abrégé des règles de l'Harmonie,
pour apprendre la Composition, arec un nou-
veau projet sur un système de musique sans
tempérament ni cordes mobiles; Bordeaux,
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LEVENS — LÉVÊQUE
J. Chapuis, 1743, in-4°de 92 pages. Ce livre et son
auteur méritaient d'être plus connus, car Levées
prouve, dans ia première partie de cet ouvrage, qu'il
était à la fois bon musicien et écrivain plus correct
que la plupart des auteurs de traités de musique.
Cette première partie est relative à la pratique de
l'harmonie, telle qu'elle était connue de son
temps , et suivant les principes de Rameau, qu'il
n'a pas cependant toujours bien entendus et
qu'il contredit quelquefois. On y trouve trois cha-
pitres contenant des règles pour composer à deux,
trois, quatre et cinq parties, qui renferment de bons
principes. La seconde partie, où se trouve l'exposé
du nouveau système, est la plus importante de
l'ouvrage par son objet, quoique la théorie en
soit fausse. Telle qu'elle est, Levens est le pre-
mier qui Ta présentée, et il a raison de dire, dans
sa préface, qu'il est inventeur à cet égard. 11
avait remarqué que la progression harmonique
ne peut engendrer une gamme diatonique coin-
291
plète, la quatrième note n'en étant pas nécessai-
rement le produit ; car, dit-il, aucun des nombres
de celte progression ne saurait en trouver d'autre
qui soit avec lui dans la proportion de 3 à 4, qui
est celle de la quarte. 11 propose, à cause de cela,
d'avoir recours à la progression arithmétique,
conjointement avec la progression harmonique,
celle-ci en montant, l'autre en descendant, et il
divise d'après ces progressions deux cordes qui
lui donnent pour produit une série de sons ascen-
dante qui est celle des instruments harmoniques
tels que le cor et la trompette, c'est-à-dire avec
le septième degré abaissé d'un demi-ton et sans
note sensible. Procédant d'une manière inverse
pour la deuxième corde par progression arithmé-
tique, il trouve une série descendante qui loi
donne le quatrième degré et le système abaissé
d'un demi-ton. Les deux séries , mises en rap-
port, offrent le tableau suivant :
ct
CT
1
SOL
I
CT
1
H
MI
I
H
SOL
1
SI
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10
CT
CT
FA
CT
LA
bémol
FA
Ré
CT
SI
bémol
LA
bémol.
Levens trouvait dans son système trois tons
différents, savoir : le ton majeur, dans la pro-
portion de 7 à 8; le ton parfait , dans celle de
8 à 9 ; et enfin , le ton mineur, dans celle de
-9 à 10. Par l'expérience qu'il en a faite, dit-il, il
résulte de cette diversité de tons une variété fort
agréable. Pour compléter l'échelle chromatique,
il ne lui restait plus qu'à diviser le ton majeur en
deux demi-tons inégaux dans les proportions de
14 à 15, et de 15 à 16; le ton parfait en deux
autres demi-tons dont les proportions sont de
16 à 17 et de 17 à 18; enfin le ton mineur en
deux demi-tons comme 18 à 19, et 19 à 20.
Le défaut de ce système, défaut capital et qui
le fait crouler par sa base, c'est qu'il ne répond
à la constitution d'aucune tonalité; maison doit
avouer qu'il est fort ingénieux et qu'il peut exci-
ter quelque intérêt , si on ne le considère que
comme une curiosité spéculative. Vingt et un ans
après la publication de l'ouvrage de Levens, Bail-
lière (voyez ce nom) fit paraître une théorie de
la musique basée sur les sons harmoniques du
cor et sur fa progression arithmétique; plus tard
l'abbé Jamard développa cette dernière (voyez
Jamaro); mais ni l'un ni l'autre n'ont fait men-
tion des travaux antérieurs de Levens.
LÉVÊQUE ( Jean-Goillacme ) , Français
d'origine, né à Cologne, en 1759, quitta le lieu de
sa naissance à l'âge de trois ans, pour aller à
Paris avec ses parents. On lui fit faire des études
pour qu'il pût succéder à un oncle, qu'il avait à
Paris, et qui y possédait un bénéfice. Il eut aussi
un maître de violon qui lui fit faire de si rapides
progrès dans la musique et dans l'art de jouer
de cet instrument, que le jeune Lévêque prit la
résolution d'abandonner la théologie pour cet art,
et qu'il quitta secrètement la maison de son père.
Après quelques voyages dans les provinces de
France, où il donna des concerts, il se rendit en
Allemagne, et accepta la place de maître de con-
certs chez le prince d'Œttingen-Wallerstein.
Quelques années après, il fot appelé chez le prince
de Nassau- Weilbourg, pour y remplir les mêmes
fonctions. La guerre qui suivit la révolution fran-
çaise ayant obligé ce prince à supprimer sa mu-
sique, Lévéque voyagea de nouveau , visita la
Suisse, où il séjourna deux ans, puis l'Autriche
et la Hongrie. A son retour, il s'arrêta à Passau,
où le prince-évêque le nomma son maître de
concerts. Treize ans après, il entra au service de
la maison de Hanovre. Après l'institution du
royaume de Westphalie, son emploi fut supprimé,
mais il garda le titre de maître de concerts
jusqu'à sa mort, qui arriva vers 1816. Cet artiste
19.
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LÊVÊQUE — LÉVESQUE DE LA RAVALIÈRE
a joui de ta réputation d'un des violonistes les
plus agréables de l'Allemagne; on vantait surtout
sa manière élégante et gracieuse de phraser. On
connaît sous son nom plusieurs solos,duos, trios,
quatuors et concertos; mais la plupart de ces
compositions sont restées en manuscrit.
LEVER1DGE ( Richard), chanteur de To-
pera anglais, né en 1669 , fut attaché comme
basse chantante au théâtre de Lincolris-Inn-
Fields depuis 1698 jusqu'en 1717. Sa voix était
étendue et d'une puissance peu commune ; mais
les écrivains anglais avouent qu'il chantait sans
goût. Il n'avait point reçu d'éducation , et ses
manières étaient grossières ; mais son esprit na-
turel et sa gaieté le Taisaient rechercher dans les
clubs et assemblées joyeuses, et lui avaient pro-
curé beaucoup d'amis. Vers 1726, il ouvrit un
café où se réunissaient beaucoup d'amateurs de
ses chansons ; mais il parait que cette vogue ne
se soutint pas et que ses affaires ne prospérèrent
point; car un médecin de la cité ouvrit, dans la
vieillesse de ce chanteur émérite, une souscrip-
tion pour une pension annuelle , qu'il continua
de recevoir jusqu'à sa mort, arrivée en 1758; il
était alors âgé de près de quatre-vingt-dix ans. Le-
veridge avait composé tous les airs de son rôle
dans le drame musical arrangé parMotteaux, sous
le titre de Indian Princess (la Princesse indienne) ;
l'opéra Pyramus and Thyibe , représenté
en 1716, était entièrement de sa composition.
Quelques auteurs anglais disent que les mélodies
du second acte de Macbeth? publiées dans l'édition
de Shakspeare donnée par Rowe , sont de Leve-
ridge; mais il est plus vraisemblable qu'elles ont
été composées par Mathieu Lock. Leveridge a
publié en 1727 un recueil de ses chansons avec
la musique, en deux petits volumes bien gravés.
11 a été gravé à Londres deux beaux portraits
de cet artiste.
LÉVESQUE ouLÉVÉQUE (!)(...), basse-
taille delà chapelle du roi, figure sur l'état du per-
sonnel de cette chapelle, depuis 1 759 jusqu'en 1781.
' En 1763, il avait été nommé maître de musique
des pages de la chapelle de Louis XV. C'est pour
l'éducation musicale de ces jeunes gens que Lé-
vesque recueillit avec Bêche, haute-contre de la
musique du roi et sous-maitre à l'école des pages,
les leçons dont la réunion forme la compilation
connue sous le nom de Solfèges d'Italie. La pre-
mière édition, gravée par Heina, parut en 1768,
sous ce titre : Solfèges d'Italie, avec la basse
chiffrée par Léo, Durante, Scarlatti, Masse,
Porpora , etc. Bailleux en donna une édition
(1) Le nom est écrit des deux manières sur les états de
k chapelle du rot.
plus correcte, et depuis lors il en a été publié
plusieurs autres à Paris, à Lyon et à Vienne. Iians
certains livres sur la musique, fabriqués en France
avec beaucoup de légèreté , on accorde à cette
compilation la qualité d'excellente, et pourtant
il était difficile de la faire plus mauvaise. La clas-
sification des leçons est absolument vicieuse, soit
sous le rapport des tonalités, qui ne s'enchaînent
point par ordre d'analogie, soit sous celui des
difficulté», qui ne sont point graduées. Beaucoup
de leçons y sont d'ailleurs beaucoup trop élevées
pour les voix de dessus auxquelles on le* a don-
nées, parce qu'elles ont été composées originaire-
ment pour le ténor. L'harmonie de plusieurs de
ces leçons est d'ailleurs trop mal écrite pour
être des maîtres à qui on les attribue. II est re-
marquable qu'aucun des solfèges donnés dans ce
recueil sous le nom de Porpora ne se trouve dans
le manuscrit original des leçons de ce célèbre
musicien qui m'a été donné en 1810 par Asioli,
et qu'aucune de celles-ci n'est dans la compilation
de Lévesque et de Bêche : un bon recueil de sol-
fégas d'Italie est encore à faire.
LÉVESQUE (Pierrr-Charles), littérateur,
né à Paris. le 26 mars 1737, mort dans lamémetille,
le 12 mai 1812, fit ses études d'une manière bril-
lante au collège Mazarin ; puis, à la recommanda-
tion de Diderot, il fut nommé, par l'impératrice
de Russie, professeur de belles lettres à l'érole
des cadets nobles de Pétersbourg, en 1773. C'est
dans cette ville qu'il recueillit les matériaux de
son Histoire de Russie, qui, avec sa traduction
de Thucydide, composent ses plus beaux titres
au souvenir de la postérité. De retour en France,
en 1780, il obtint une place de professeur au
collège royal, puis entra à l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres. La révolution lui fit per-
dre ses emplois; mais, eu 1797, il fut désigné
comme membre de l'Institut. Parmi ses nom-
breux écrits, on remarque ceux-ci, où il a
traité de la musique des Grecs : 1° Considéra-
tions sur les trois poètes tragiques de la
Grèce ; Paris, 1797,in-8°. — 2° Études de l'his-
toire ancienne et de l'histoire de la Grèce ;
Paris, 1811. b vol, in- 8°.
LÉVESQUE DE LA RAVALIÈRE (i)
(Pierre-Alexandre), savant littérateur, né à
Troyes, le 6 janvier 1697, était fils d'un greffier
de l'élection de cette ville. 11 alla faire son cours
de droit à Orléans, puis revint daus ses foyers en
172G, avec le projet de succéder à son père dans
l'emploi de celui-ci. Mais bientôt le dégoût que
(l) Forkc], Gcrber, et d'après eux tous ies copistes, oot
cité cet écrivain mus le nom de La Ravalière, et en ont
fait un évéque.
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LÉVESQUE DE LA RAVALIÈRE — LEWALD
293
lui inspirait le travail du greffe, et des chagrins
d'amour, le décidèrent à se rendre à Paris pour
cultiver les lettres. Ses travaux relatifs à l'his-
toire Tayant fait connaître avantageusement, l'A-
cadémie des Inscriptions et belles-lettres l'admit
au nombre de ses membres en 1743. Un rhume
négligé le conduisit au tombeau, le 4 février 1762,
à Page de soixante-cinq ans. Il avait épousé la
fille d'un conseiller au parlement de Metz; et
c'est d'un fief qui appartenait à sa femme qu'il
prit le nom de La Bavalière. Lévesque est par-
ticulièrement connu par l'édition qu'il a donnée
des Poésies du roi de Navarre; Paris, Gnérin,
1742, 2 vol. in-12. Ces poésies sont, comme on
sait, les chansons de Thibaut, comte de Cham-
pagne, qui fut appelé au trône de Navarre, au
mois d'avril 1234. Parmi les pièces dont Léves-
que les a accompagnées , on remarque un bon
discours sur Vancicnneté des chansons, avec
quelques détails sur la musique. A la fin du
deuxième volume, il a placé plusieurs airs notés
de ces anciennes chansons, mais complètement
défigurés; Lévesque s'est servi de manuscrits in-
corrects, ou n'a pas connu la valeur des signes.
LEVÊTT (...), musicien anglais , vivait à
Londres dans la seconde moitié du dix -huitième
siècle. On a publié sous son nom : 1° Introduc-
tory lessons on singing, pariieularly on psal-
mody, to which are annexed several Psalm-
tunes (Leçons élémentaires sur le cliant, parti-
culièrement sur la psalmodie, auxquelles sont ajou-
tées différentes mélodies de psaumes à quatre par-
ties) . Londres, Preston.— 2° New yeafs Anihems
( Nouvelles antiennes de l'année); ibid. —
3° Hymn for Easter day ( Hymne pour le jour
de Pâques); ibid. — 4° Hymn for Chrislmas
day ( Hymne pour le jour de Noël ) ; ibid. —
b° Hymn for Whitsunday (Hymne pour la
Pentecôte), ibid.
L,EVEZOW(Le chevalier Cojrab DE),
savant antiquaire allemand, conservateur du mu-
sée de Berlin, actuellement vivant, ne m'est connu
que par ses excellentes dissertations latines et
allemandes sur divers sujets d'antiquité et d'ar-
chéologie, ainsi que par son catalogue raisonné
des vases grecs du musée de Berlin. Jl est sin-
gulier que les diverses éditions du Lexique de
la conversation publiées à Leipsick, ni les
recueils biographiques allemands ne fournis-
sent aucun renseignement sur cet homme de
mérite. II doit être né vers 1770, car son pre-
mier ouvrage a paru en 1795. Parmi ses pro-
ductions, on trouve une notice sur la cantatrice
de la cour de Prusse Marguerite Louise Schick,
intitulée : Leben uad Kunst der Frau Marga-
retha Luise Schick, Kœnigl. Preuss-Kammcr-
sanigerinn ; Berlin , Dunkcr et Humbold, 1809»
in-8°.
LEVI (M""), née en Bretagne, vers 1715, ac-
quit un talent très-remarquable sur le par-dessus
de viole, et se fit entendre avec un brillant suc-
cès au Concert spirituel en 1745. Elle tirait de
cet instrument des sons doux et purs, et exé-
cutait de grandes difficultés avec beaucoup d'ai-
sance. Cette dame a fait graver à Paris 6 solos
pour pardessus de viole, in-fol. obi., chez Le-
clair.
LEVI ( Samuel ), compositeur dramatique,
né à Venise, en 1813, de parents Israélites, a
donné en 1837 , au théâtre de la Fenice, son
premier opéra , intitulé : Jginia d'Asti , qui
obtint quelque succès. Dans Tannée suivante il
fit représenter à Trieste Ginevra degli Almieri.
On retrouve ce compositeur à Venise en 1844,
où il fit jouer Judith, opéra sérieux, qui n'eut
que trois représentations. On n'a pas d'antres
renseignements sur cet artiste.
LEVRIER DE CHAMP-RION (Gml-
lauhe-Denis-Tiiohas), littérateur, né à Meulan,
le 21 décembre 1749, fitses études à Paris, et fut
placé fort jeune dans les bureaux de l'intendance
de cette ville. En 1777 , il entra à la bibliothè-
que du roi, comme employé au département des
manuscrits. Après avoir occupé cette place pen-
dant vingt ans, il eut le chagrin de la perdre,
en 1798, parce qu'il déplaisait à Legrand d'Aussy,
homme dur et fantasque, alors conservateur des
manuscrits français. Lévrier de Champ-Rion ob-
tint en 1800 une place d'expéditionnaire à la di-
rection générale de l'enregistrement et des do-
maines. Nommé commis d'ordre dans la môme
administration, le 27 octobre 1808, il fut mis à
la retraite le 12 août 1818, et mourut aliéné,
le 10 mars 1825, à soixante-seize ans. Ce lit-
térateur a écrit plusieurs livrets d'opéras-comiques
qui ont eu du succès. Il a publié, dans le cin-
quième volume des Mélanges de littérature
étrangère, une traduction française de quatre
lettres de Métastase relatives à l'opéra italien et
à la nécessité d'y opérer une réforme. Ces lettres
ont été réimprimées sous ce titre : Lettres sur
la musique, traduites de l'italien, de Métas-
tase; Paris, I7S6, in-12. Lévrier de Champ-Rion
avait rassemblé avant 1810 les matériaux d'une
Histoire générale de V Opéra-Comique : cet
ouvrage u'a point été publié.
LEWALD (Auguste), littérateur qui vivait
a Nuremberg en 1825, a donné une traduction
libre de l'Abrégé de l'histoire de la musique par
M 1 ™ de Bawr, sous ce titre : Geschichte der
Musik fur Frcunde und Verehrer dieser Kunst;
Nuremberg, 1826, in-8°.
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294
LEWY - LIBANUS
LE \VY ( Edouard-Constantin ), corniste de
talent, naquit à Saint-Avold (Moselle), le 3 mars
1796. Son père, Élie Lewy, avait été musicien
au service du duc de Deux Ponts. En 1812 il
entra dans la musique d'un régiment après avoir
été élève au Conservatoire de Paris, où il reçut
des leçons de Doninich pour le cor. Après la Ba-
taille de Waterloo , Lewy voyagea en France et
en Suisse; il se. fixa à Baie, en 1817. Conradin
Kreutzer, qui Pavait connu dans cette ville, et
avait apprécié son talent, rappela à Vienne
en 1822, et le fit entrer au théâtre de la cour,
en qualité de cor solo. En- 1834 il fut nommé
professeur au Conservatoire, et dans l'année
suivante il reçut sa nomination de premier cor
de la chapelle impériale. Il est mort à Yienne,
lé 3 juin 1846. On ne connaît aucune composition
de cet artiste.
LEWY (Joseph-Rodolphe), frère puîné
du précédent et son élève pour le cor, est consi-
déré comme un des virtuoses de l'Allemagne
sur cet instrument. Après avoir été attaché pen-.
dant plusieurs années à la chapelle royale de
Stnitgard, il alla rejoindre son frère à Vienne, et
devint son collègue à l'orchestre du théâtre de
la cour. En 1834 il voyagea en Russie, en Suède,
en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, donnant
partout des concerts avec succès. En 1837 il
alla passer l'hiver à Paris, puis il accepta la
place de premier cor de la chapelle royale , a
Dresde. On connaît de cet artiste plusieurs duos
pour cor et piano.
LEYKAM (Christophe-François- Ambroise,
baron DE), né à Vienne, en 1777 , fut un des
amateurs de musique les plus distingués de cette
Tille sur le violon et le violoncelle. Vers 1803 •
il s'est fixé à Naples, où il résidait encore en 1812.
On a gravé de sa composition : 1° Trois cava-
tines pour voix de soprano ; Vienne, Weigl. —
2° Trois chansons allemandes, sur des poésies
deReissig; ibid.
LEYMERIE ( Alexandre ) , amateur de
musique à Paris, s'est fait connaître par la pu-
blication des ouvrages suivants : 1° Variations
pour violoncelle, avec accompagnement de piano
sur l'air : Un bouquet de romarin; Paris,
Hanry. — 2° V Harmonie en dix leçons, à Vu-
sage des personnes qui veulent apprendre
à faire un accompagnement de piano, de
harpe, trio, quatuor, etc., sans faire une
étude approfondie de la musique j Paris, chez
l'auteur, 182C, in-4° de 16 pages, avec une plan-
che de musique.
LEYSER (Georces-Sicismond), facteur d'or-
gues à Rothembourg sur la Tauber, vers la fin du
dix-septième siècle, ne fut d'abord qu'un simple
ouvrier menuisier. En 1688 il travaillait comme
tel chez un docteur Weinlein à Rothembonrg;
mais ses progrès furent si rapides, qu'il fut en
état de faire en '1691 non-seulement des répa-
rations considérables à l'orgue de Saint-Sébald,
de Nuremberg, mais même d'y ajouter an regis-
tre double de son invention, auquel il donna le
nom de Scharfonet.
! L'BOSTE. Voyez HOSTE (Spirito I/).
i L'HOYER (Antoine) , guitariste distingué,
i né en France , entra fort jeune dans la troupe
1 des comédiens français au service du prince
1 Henri de Prusse à Rheinsberg. Vers 1800, il s'est
établi à Hambourg, où il s'est livré à renseigne-
ment de son instrument. Quelque années après
! il s'est rendu à Paris. Au nombre des œuvres
qu'il a publiés pour la guitare, on distingue :
I 1° Concerto pour guitare , avec quatuor, op. 16 ;
j Hambourg, Bœhme. — 2° Airs dialogues pour
1 quatre guitares ; Paris, Schœnenberger. — 3° Trio
i pour trois guitares , op. 29 ; Paris, Pleyel. —
! 4° Idem pour guitare , violon et alto ; Paris, Si-
mon Gaveaux. — 5° Trois sonates pour guitare
I et violon obligé, op. 17 ; Hambourg, Bœhme. -
6° Duo idem, op. 28 ; Paris, Pleyel. — 7° Trois
duos pour 2 guitares, op. 31 ; Paris, S. Gâteaux.
— 8" Trois idem, op. 34; Paris, Frey; — 9° Six
idem, op. 35; Paris, Meissonnier. — 10° Six se
rénades faciles pour 2 guitares, op. 36; Paris,
Janet et Cotelle. — 11° Six duos nocturnes
idem, op. 37 ;Paris, Meissonnier. — 12° Plusieurs
œuvres de sonates, exercices, études, airs variés
et fantaisies pour guitare seule, Paris, chez tous
les éditeurs.
LIBAKUS (Georges), appelé Libvn par
M. Sowinski (i), mais dont le nom allemand
pourrait bien être Weihrauch ( encens ) t naquit
vers 1480, àLiegnilz (Silésie). Les circonstances
de sa vie sont inconnues ; on sait seulement
qifii était prêtre , qu'il se fixa en Pologne et fut
professeur de langue et de littérature grecques à
l'université de Cracovie, où il se trouvait déjà
antérieurement à 1528. Un éloge de la musique,
attribué par Meusel (Hisl. Uter. Bibliogr. Ma-
gasin, 7e liv., 1794) à Sébastien de Felsztyn
(voy. ce nom), et, d'après lui, par Gerber,
Lichtenual et Becker, paraît néanmoins appar-
tenir à ce Libanus, si, comme le dit J. Lelewel
( Bibliographie polonaise, l re partie ) . on lit an
verso du titre : Per M. Georgium Libanum
Legnicensem, dum utriusque musices clc-
menta tironibus ejusdem negotii studiovs
pr.rlcgerat. Cracovix excusum per Joan.
Halycz, anno Deitatis incarnatœ 15*0.
(i) Us Musiciens polonais, etc., p. M».
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LIBANUS — LIBERTI
395
Quoi qu'il en soit, voici le titre exact de
l'ouvrage dont il s'agit : De Musica laudi-
bus oratio , seu adhortatio quxdam ad mu-'
sicse sludiosos. Cui annexa est , qux in scalis
et musicx tractatus multorum vocabulorum
grxcorum interprétatif) , cum octo tonorum
proprietatibus et tolidem eorum melodiis,
tetraphonis haud inconcinnis 9 atque alia
nonnulla qux sequens ostendit paginula.
Mis octo tonis, tanguant auciarium, addi-
tur peregrinus, quasi post Uminis revenus,
qui cum cœteris tonis, fratribus suis, in pris-
thutm redit notitiam; Cracovia? , 1540, in-8°.
Au nombre des ouvrages de Libanus, Daniel
Janoçki, qui en donne la liste (Janociana,
tom. I, p. 163 et suiv.), indique une dissertation
intitulée : De accentuum ecclesiasticorum
exquisita ratione ; Cracoviœ, 1529,8 feuilles
in- 8*. Cet écrit concerne l'accentuation dans le
chant ecclésiastique.
LIBER ( Antoine-Joseph ), né à Sulzbach ,
près de Ralisbonne , en 1 732 , apprit dans cette
ville le violon et la composition chez Joseph
Riepel, homme d'un mérite très-remarquable, et
fut ensuite placé, comme maître de concerts
et compositeur, à la petite cour de Dona-
werl, puisa Ratisbonne, chez le princede La Tour
et Taxis. Un grand nombre de messes, de sym-
phonies et de concertos a été laissé par lui en ma-
nuscrit. Cet artiste est mort à Ratisbonne, en ) 809.
LIBER (Wolfcang), fils du précédent, na-
quit à Donawert, le 31 octobre 1758. Né avec
d'heureuses dispositions, il fit de si rapides pro-
grès dans la musique, sous la direction de son
père, qu'à Page de huit ans il fut en état de jouer
en public un concerto de violon fort difficile, et
avec succès. Il entra peu de temps après au col-
lège de Ratisbonne, pour y faire ses études lit-
téraires. Devenu bon organiste, il apprit' la com-
position; puis il visita plusieurs abbayes, entre
autres celle des Bénédictins de Michelfeld, qui
lui plut, et où il fit profession, le 17 octobre 1779.
Après la suppression de ce couvent, il se rendit
à Ratisbonne, où il vivait encore en 1817. On
connaît de sa composition cinq- concertos pour
violon, quelques messes, des antiennes, et quel-
ques autres morceaux de musique religieuse.
LIBERATI (Antimo), né a Foligno, dans la
première moitié du dix-septième siècle, eut pour
premier maître de musique Grégoire Allegri (voyez
ce nom), ainsi qu'il le dit lui-même dans un de
ses écrits ; après la mort de ce savant musi-
cien, il passa dans l'école d'Horace Benevoli. Au
sortir de cette école, il fut engagé au service
de la chapelle de l'empereur Ferdinand III, puis
de Léopold, son successeur. De retour en Italie,
< Liberati obtint les places d'organiste et de maître
de chapelle de Sainte-Marie delV Anima , h
Rome. Le 29 novembre 1661, il fut agrégé an
collège des chapelains chantres de la chapelle
pontificale. En 1675, il étaii aussi maître de cha-
I pelle de la Santissima Trinità de* Pellegrini,et
' de l'église dite délie Stimate. On ignore en quelle
| année il mourut, mais on sait qu'il vivait eneore
en 1685, car c'est dans celte année qu'il publia
son dernier ouvrage. Beaucoup de madrigaux et
d'airs composés par ce musicien existent dans
plusieurs volumes manuscrits qui appartenaient
autrefois à la famille Colonna, et qui ont passé
depuis en la possession de l'abbé Baini. Ses
oratorios sont dans les archives de Sainte-Marie
in Vallicella ; enfin on trouve quelques-uns de
ses psaumes dans une collection publiée par
Caifabri , à Rome, en 1683. Liberati avait été
consulté par un de ses amis sur le mérite de cinq
candidats qui aspiraient à la place de maître de
chapelle d'une des églises de Milan ; il répondit
par un écrit rempli de bonnes observations et de
faits intéressants pour l'histoire de la musique. -
Ce morceau, qui a été publié, a pour titre : Let-
tera scritta dal sig. Antimo liberati in ris-
posla ad una del sig. Ovidio Persapegi ,.
Rome, 1684, in-4°. Liberati a laissé aussi un
Epitome istorico délia musica, qu'il dédia au
pape Alexandre VII, et qui se trouve aujourd'hui
en manuscrit dans la bibliothèque de l'illustre
maison Chiggi, à Rome. On lui doit aussi une
défense d'un passage du troisième trio de l'œu-
vre deuxième de Corelli, publiée sous ce titre :
Lettera sopra un seguito di quinte ; Rome,
1685. Enfin, le même musicien est auteur d'un
Raggualio deilo ttato del Çoro delta cappella
pontifiera, qui se conserve dans les archives de
l'église Sainte-Marie in Vallicella. Adami a
donné le portrait de Liberati dans ses Osser-
vazioni per ben rcgolare il Coro délia cap-
pella pontificia (page 200). Hawkins a repro-
duit ce portrait dans son Histoire générale de la
musique ( tome 4, page 226 ).
LIBERT (Herri ), organiste de l'église cathé-
drale d'Anvers, né à Groningue, dans la seconde
moitié du seizième siècle, a eu de la réputation
comme compositeur et comme exécutant , vers
1620. On a imprimé de lui un recueil de motets
à quatre et cinq voix, intitulé : Contioncs sacrx
et suavissimx cum vocibus quatuor et quinque
composilx ; Anvers, P. Phalèse, 1621, iu-4° obi.
On trouve le portrait de ce musicien dans l'œu-
vre de Vandyck.
LIBERTI (Vincent), compositeur, né à
Spolette, dans la seconde moitié du seizième
siècle , parait avoir vécu à Venise au commen-
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296
LIBERTI — LICHTEJNSTEIGER
cément du dix-septième. Ses ouvrages connus
sont : 1° .11 primo libro dï Madrigali a cin-
que voci. In Venetia , appresso Ricciardo
Amadino, 1608, in-4°. Ces madrigaux n'ont pas
été mis au jour par l'auteur; Giuseppe Agabito
Campelli, son concitoyen et ami, en fut l'édi-
teur, et Ton voit, dans sa dédicace au cardinal
Borgliese, datée deSpolète, le 28 septembre 1607,
qu'il a recueilli ces compositions à cause du
succès qu'elles obtenaient lorsqu'elles étaient
exécutées dans la maison d'un certain signor Ce-
ciliOf Ton des principaux habitants de cetle
ville. — Il secondo libro di Madrigali a cin-
quevoci.; ibid., 1609, in-4°. L'épltre dédica-
toire au cardinal Barberino est datée de Venise ,
le 18 avril de la même année.
LIBON (Philippe) (I), né de parents fran-
çais, à Cadix, le 17 août t775, apprit en cetle
ville les éléments de la musique et du violon.
Ses progrès furent rapides : à l'âge de quatorze
ans, il jouait déjà si bien de l'instrument qu'il
avait choisi, qu'on crut qu'il était destiné à pos-
séder un talent de premier ordre, et sa famille
prit la résolution de l'envoyer à Londres conti-
nuer ses études, sous la direction de Yiotli. Six
années passées près de ce maître célèbre, et la
fréquentation des artistes distingués <;ui étaient
alors réunis dans la capitale de l'Angleterre, don-
nèrent à son talent les qualités solides par lesquelles
il se fit remarquer. Dans le même temps, il
fit aussi un cours de composition avec Cimador.
Violti, qui avait de l'affection pour son élève, lui
fit exécuter des concertos dans quelques concerts
publics , et joua même avec lui ses symphonies
concertantes à Haymarket. Lorsque Haydn alla
composer à Londres ses grandes symphonies,
Libon eut l'honneur de lui être présenté, et ce
grand homme le félicita sur sa manière d'exécu-
ter ses quatuors. Passant à Lisbonne, en 1796,
pour retourner à Cadix, Libon se fit entendre à
la cour, et le prince royal de Portugal fut si sa-
tisfait de son talent, qu'il l'attacha à son service,
en qualité de violoniste solo. En 1798, il se ren-
dit à Madrid, où il fut engagé pour la musique
particulière du roi ; mais depuis longtemps il était
préoccupé du désir de visiler Paris, et il aban-
donna bientôt son poste pour se rendre dans cette
ville, où il arriva au mois de novembre 1800. Il
donna peu de temps après un concert au théâtre
île la rue de la Victoire, et s'y rit applaudir dans
un concerto de sa composition. Plus tard, il joua .
aussiavec succès aux concerts de MM""» Calalani
(l) tl y a erreur dans le prénom de Pierre qu'on a
donné a cet artiste au lexique universel de musique pu-
blié par le docteur Schilling.
et Col bran. En 180i, l'impératrice Joséphine rat-
tacha à sa musique particulière, et en 1810 l'im-
pératrice Marie-Louise le choisit pour accompa-
gnateur. Lors de la restauration , il conserva sa
position dans la musique particulière du roi. Cet
artiste estimable est mort à Paris, le 5 février
1838, à l'âge de soixante-trois ans. On retrouvait
dans l'exécution de Libon les qualités didactiques
de la belle école où il avait été élevé; mais son
jeu était dépourvu de génie; tout ce qu'il faisait
était de bon goût; mais on eût désiié en lui plus de
sensibilité et d'inspiration. Comme compositeur,
il s'est fait connaître par les ouvrages suivants :
l° Premier concerto pour violon ( en ré mineur);
Paris, Pleyei. — 2° 2 me idem (en ut); Paris,
Frey. — 3° 3«»e idem (en mi); Paris, Henlz-
Jouve. — 4° 4rac idem (ré); Paris, Momigny.
— 5° 5me \dem (en sol mineur ) ; Paris, Pleyei.
— 6° 6«n« idem (en ré mineur) ; Paris , Nader-
man. — 7° Airs variés pour violon et orchestre,
op. 8, liv. 1 et 2; Paris, Pleyei.— 8° Airs variés
pour violon et quatuor ou piano, op. 12, iiv. i
et 2 ; Paris , Naderman. — *J° Trois trios pour
2 violons et violoncelle, op. 3 ; Paris, Leduc. —
10° Trois idem, op. 6 ; Paris, Pleyei. — 1 1° Trois
grands duos concertants pour deux violons,
op. 4; Paris, Pleyei. — 12° 30 caprices pour violon
seul, op. 15; Paris, Janet. — 13° Deuxième re-
cueil d'airs variés pour violon et quatuor, op. 12;
Paris, Naderman.
L1CHNOWSKI (Le prince), amateur dis-
tingué de musique, pianiste et compositeur, fut
un des premiers prolecteurs et des plus grands
admirateurs de Beethoven. Il était issu d'une
des plus nobles familles de la Pologne, et vivait
à Yienne vers la lin du dix-huitième siècle, et
au commencement du suivant. On a grave de sa
composition sept variations pour le piano sur le
thème IS'el cor più non mi sento; Vienne, 1798.
Il avait aussi en manuscrit beaucoup d'autres
productions. La princesse Lichnowski était à
cette époque une des pianistes les plus remarqua-
bles de Vienne.
LICRTENAUER (....), maître de cha-
pelle de l'électeur de Trêves, vers 1730, fut en-
suite organiste à l'église cathédrale d'Osnabriick.
Il a fait imprimer : 24 Offertoria in honorem
sancti Szcramenti, gloriam Virginis mundique
contemptum, quatuor vocum et instrumentés;
Augsbourg, 1736.
LICHTENSTEIGER (Jean- Ernest), mu-
sicien au service du duc de Saxe-Meinungen, pa-
rait avoir vécu d'abord à Amsterdam, où il pu-
blia, en 1762, douze sonates pour le clavecin,
op. 1. Plus tard, il fit paraître à Nuremberg deux
sonates pour le même instrument.
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LICHTENSTEIN — LICHTENTHAL
297
LICHTENSTEIN (Loui>), baron DE ,
compositeur dramatique et violoniste, né avant
1770, à Lalim, dans le cercle du Bas-Mein , fut
envoyé jeune à l'université de Gœttingue,
l>our y faire ses éludes. 11 y continua aussi à
cultiver son talent sur le violon, et acquit
sur cet instrument une habileté' remarquable.
Pendant son séjour à Gœttingue, il brillait dans
les concerts dirigés par Forkel. Ses études ter-
minées, il eut le titre de gentilhomme de la cham-
bre de l'électeur de Hanovre. Déjà, il était re-
vêtu de cette dignité lorsqu'il composa à Bamberg,
en 1795, ses premiers opéras. Vers 1798 le prince
d'Anhait-Dessau le nomma intendant du théâtre
de sa cour et son chambellan. La situation de
ce théâtre était alors peu florissante ; le baron
de Lichtenstein fit de notables améliorations
dans le personnel des chanteurs et de l'orches-
tre, et le 26 décembre 1798 il y fit représenter
son opéra intitulé : Bathmendi y dont il avait
arissi composé les paroles. Le succès ne répon-
dit pas à ses espérances, et il se vit dans l'obli-
gation de faire de tels changements à sa pièce ,
qu'il n'en resta plus que le titre et la musique.
L'année suivante, il donna un nouvel opéra, qui
avait pour titre : Die sleineme Braul (la Fian-
cée de pierre), dont le succès fut des plus bril-
lants. Lichtenstein et sa femme y remplissaient
les principaux rôles. C'est ce môme ouvrage qui
a fourni le sujet de Zampa, opéra d'Hérold. Au
commencement de 1800, Lichtenstein conduisit
sa troupe dramatique à Leipsick, et y donna
quelques représentations, qui prouvèrent que
celte troupe était alors une des meilleures de
l'Allemagne, et lui valurent des applaudissements
universels. Ce triomphe lui ayant inspiré le désir
de briller sur une scène plus vaste, il se démit de
son intendance de Dessau, au mois d'août de
la même année, et se rendit à Vienne, où le ba-
ron de Braun, directeur du théâtre de la cour,
l'accueillit avec distinction et lui confia la direc-
tion de la musique de ce spectacle, ne se réser-
vant que l'administration financière. Cédant au
goût passionné qu'il avait pour la scène, Lich-
tenstein parut souvent lui-même dans les opéras
qu'il faisait représenter ; on vantait alors l'expres-
sion de son chant, et surtout son action drama-
tique. Après les événements de la guerre de 1805,
des réfonnes furent faites à la cour de Vienne,
et Lichtenstein, resté sans emploi, reçut du roi
de Prusse un engagement pour la régie générale
du théâtre royal de Berlin. Il ne quitta plus cette
ville depuis lors; mais il s'y est moins occupé de
la composition que de là traduction des opéras
français. En 1831, il a adapté à la musique de
Guillaume Tell, opéra de Rossini, la pièce an-
glaise intitulée André Ho fer. Ce travail est, je
crois, le dernier qu'il fit pour la scène. Les
compositions connues de Lichtenstein sont :
Knallund Fall (l'Éclat et la Chute), opéra en
deux actes, poésie et musique, à Bamberg, en 1795.
Cet ouvrage- fut d'abord représenté dans une so-
ciété particulière, puis en public. — 2° Batk-
mendi, grand opéra, à Dessau, en 1798. La
partition, réduite pour le piano, a été gravée à
Vienne, chez Weigl. — 3° Die sleinerne Braut
(la Fiancée de pierre), opéra, à Dessau , 1799. —
4° La Sympathie, petit opéra, en vaudevilles,
Dessau, 1800. — 5° Endegut, ailes gui (la Fin
couronne l'œuvre), ibid. — 6° Die deutschen
Herrenin Nurnberg, représenté à Berlin, en 1833.
— 7° André Hofer, parodié sur la musique de
Guillaume Tell, de Rossini. On a aussi du ba-
ron de Lichtenstein une histoire de l'Académie
de chant de Berlin, sous ce titre : Zur Gesctiickle
der S ing- Académie in Berlin; Berlin, 1843,
in-4°. 11 est mort dans cette ville, le 10 septem-
bre 1845.
LICHTENTHAL (Pierre), docteur en
médecine, compositeur et écrivain sur la musique,
naquità Presbourg, en Hongrie, dans l'année 1780.
. L'abbé Bertini dit qu'il se rendit en Italie dans
sa jeunesse, et qu'il y lit ses études de médecine
sous le docteur Frank (I) ; je n'ai pu vérifier l'as-
sertion, aucun dictionnaire biographique de ces
derniers temps ne fournissant de renseignements
sur ce savant. Quoi qu'il en soit , il demeura à
Vienne pendant plusieurs années avant qu'il
se fixât à Milan, où il résida depuis 18(0
jusqu'à la fin de ses jours. On ignore le nom
du maître qui dirigea ses études musicales. Je
le vis à Milan, en 1841, et je trouvai en lui un
homme aimable, fort obligeant, aimant l'art avec
passion, peu favorisé de la fortune, mais n'en dé-
sirant pas les avantages. Je le retrouvai dans la
même situation en 1850, mais ayant conservé sa
douce sérénité. 11 m'avait promis des renseigne-
ments pour sa notice ; ils ne me sont pas parvenus.
Lichtenllial est rnorhà Milan, vers 1858. Ses pre-
mières compositions furent instrumentales; il
a publié : 1° Quatuor pour piano, violon, alto
et basse (en la), op. 4; Vienne, Haslinger. —
2° Trio pour piano, violon et violoncelle, op. 8,
ibid. — $• Trio pour piano, violon et alto, ibid. —
4° Variations pour piano seul, op. 3, ibid. — 5* So-
nate (en ut) pour piano seul ; Leipsick, Breitkopf
et Haertel. — 6° Marches pour piano à quatre
mains; Milan, Ricordi. Lichtenthal a com-
posé ou arrangé une partie des ballets intitulés :
(I) DUlonario storico-crltico d/çli scrlttori dl mu-
Uea, etc., t. III, p. 14.
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298
LICHTENTHAL — LICKL
// Conte cTEsscx, représenté a» théâtre de la
Scala, à Milan, en 1818; Cimene, ibid., 1820;
Alessandro , ibid., IH20., Mais t'est surtout
comme écrivain sur diverses parties de la mu-
sique qu'il s'est fait connaître avantageuse-
ment. Son premier ouvrage fut un petit traité
d'harmonie et d'accompagnement, à l'usage des
dames, intitulé : Barmonik fur Damen, oder
Kurze Anxveisung die Regeln des Generalbas.
ses ouf eine leichtfassliche Art zu erlernen
(Harmonie pour les dames, ou courte instruction
pour apprendre par une méthode facile les règles
de la basse continue) ; Vienne, Hofmeister, 1806,
21 pages in- fol. obi. Cet opuscule fut suivi d'un
traité de l'influence de la musique dans les mala-
dies, publié en allemand, sous ce titre : Der musi-
kalisch Artz , oder Abhandlung von dem Ein-
/lusse derMusik aufdcnmenschlichenKorper,
und von ihrer Anwendungin gewissen Krank-
heiten ; Vienne, Wappler et Beek, 1807, in-8° de
107 pages. Une traduction italienne de cet ouvrage
a paru à Milan, en 1811, chez Maspero; elle est
intitulée : Trattato delV itifluenza délia mu-
sica sul corpo umano, e del suo uso in certe
maladie. Dans la même année où l'édition alle-
mande de cet ouvrage fut publiée, son auteur fit
paraître aussi une petite méthode de composition
sous ce titre : Orpheik, oder Anweisung die
Regeln der /Composition auf eine leichte und
fassliche Art zu erlernen (Art d'Orphée, ou
instruction pour apprendre la composition par
une méthode courte et facile); Vienne, Steiner,
23 pages in-fol. obi., avec 42 pages d'exemples.
Une notice biographique sur la vie de Mozart a
été publiée par Lichtenthal; elle a pour titre :
Cenni biografici intomo al célèbre maestro
W.-A. Mozart, estratti da dati autentici. Mi-
lan, Si Iv est ri, 1814, in-8° de 40 pages. Cette no-
tice contient quelques faits intéressants qui ne
sont pas dans celles qui avaient été publiées pré-
cédemment. Après cette publication, M. Lich-
tenthal s'est livré à la rédaction d'un dictionnaire
et d'une bibliographie de la musique ; il employa à
cet ouvrage, le plus considérable de ses travaux,
douze années de recherches. Le livre parut enfin
sous ce titre : Dizionario e Bibliografia délia
musica; Milan, Fontana, 1826, 4 volumes in-8°.
Les deux premiers volumes renferment le diction-
naire technique et historique de l'art. Cette par-
tie du travail de M. Lichtenthal est fort estima-
ble ; on y trouve un grand nombre d'articles où
la matière est bien traitée, et qui ne sont pas,
comme l'a prétendu un critique français , une
simple traduction du Lexique de Koch. Les deux
autres volumes contiennent la bibliographie. Les
bases du travail sont la Littérature générale de la
musique, par Forkel, et le nouveau Lexique des
musiciens de Gerber. Un peu trop conGant dans
l'autorité de ces deux auteurs , surtout du premier,
Lichtenthal a souvent copié leurs fautes, et lui-
même y a ajouté quelques erreurs ; de plus, un
grand nombre de fautes typographiques , particu-
lièrement dans les noms propres et les dates, obli-
gent à n'user de son livre qu'avec précaution ;
néanmoins, les additions nombreuses qu'il a faites
au travail de ses devanciers, pour continuer le ta-
bleau de la littérature de la musique jusqu'à l'é-
poque de sa publication, donnent du prix à celle-
ci, malgré ses défauts et ses omissions. Une tra-
duction française des deux premiers volumes du
livre de Lichtenthal, par M. Dominique Mondo,
a paru sous ce titre : Dictionnaire de musique
par le X> r . Pierre Lichtenthal, traduit et aug-
menté, etc. ; Paris, 1839, 2 vol. gr. in 8 # . Le der-
nier ouvrage de Lichtenthal est un traité de la
théorie du beau dans les arts, particulièrement
dans la musique ; il a pour titre : Estetica, ossia
dottrina del bello e délie belle arti. ; Milan, 1 83 1 ,
in-8° de 435 pages. Dans la première partie de ce
livre, l'auteur traite du l>eau , ou de l'esthétique
en général ; dans la seconde il analyse chaque
art en particulier , et spécialement la musique
(pages 210 à 272). Il s'y montre partisan du sys-
tème de l'imitation comme principe du beau. En
général, ses vues manquent de profondeur.
LICKL (Jean-Georces), né le il avril 1769,
à Kornneubourg, dans la basse Autriche , s'est
fait connaître à Vienne comme compositeur et
professeur de piano. I) a joui aussi de la réputa-
tion 'd'un organiste distingué. Parmi les opéras
qu'il a écrits pour le théâtre Schikaneder, on re-
marque : 1° Der Zaaberpfeil ( La Flèche en-
chantée). — 2° Der Bruder von Kakrau (Le
Frère de Kakrau). — 3°Astaroth,der Yerfûhrer
(Astarolh le séducteur). — 4° Faust Leben, Tha-
ten und Hœllenfahrt (La Vie, les aventures et
la descente de Faust aux enfers ). — 5° Derver-
meinte Hexenmeister (Le Sorcier supposé). —
6° Der Orgelspielcr (L'Organiste). — 7° Der
Durchynarsch (La Traversée). — 8° Der Bri-
gitta-Kirchtag (Le Jour de S te- Brigitte), etc.
En 1 806, Lickl a été nommé maître de chapelle
de l'église principale de Fûnfkirchen, en Hongrie;
depuis ce temps il a écrit beaucoup de messes r
vêpres, psaumes, motets, antiennes, hymnes,
litanies, et autres compositions religieuses, dont
il n'a été publié qu'un petit nombre. Cet artiste
est mort à Fûnfkirchen, le 12 mai 1843, Ses
principaux ouvrages gravés sont : 9* Deux suites
d'harmonies à 6 parties ; Vienne, Haslinger. —
10° Quintette pour flûte, hautbois , clarinette ,
cor et basson; ibld. — 11° Trois grands quatuors
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LICKL — LIFJBE
290
pour 2 voilons, alto et violoncelle, op. 1 ; Ofïen-
bach, André. — 12° Trois trios pour violon, alto
et basse, on. 17; Augsbourg, Gombart. — 13° Trois
quatuors pour flûte ou hautbois , violon , alto et
basse, op. 28; Vienne, Haslinger. — 14° Quatuor
pour piano, flûte, alto et violoncelle, op. 20 ; ibid.
— 15° Trois sonates pour piano, violon et vio-
loncelle, op 2 ; Vienne, Cappi. — 16° Grande so-
nate brillante pour deux pianos, op. 30; Vienne.
Haslinger. — 17° Sonate pour piano à 4 mains,
op. 3; Vienne, Cappi. — 18° Sonate brillante,
idem. y op. 31 ; Vienne, Haslinger. — 19° Trois
sonates pour piano seul, op..5; Vienne, Artaria.
— 20° Plusieurs thèmes variés; idem. — 21° Plu-
sieurs cahiers de valses et de danses ; idem, ibid.
— 22° Litanies à 4 voix avec 2 violons , 2 clari-
nettes, 2 cors, contrebasse et orgue, N°» 1 et 2 ;
ibid. — 23° Deux Regina cœlu à 4 voix, 2 vio-
lons, t clarinettes , 2 cors, basson , contrebasse
et orgue; ibid. — 24° Deux Salve Regina à 4 voix
avec 2 violons, 2 clarinettes, 2 cors, basson,
contrebasse et orgue; ibid. — 25* Offertoire
pour viole solo, quatre 'voix, quatuor et orgue;
Vienne, Trenlsensky.
LICKL ( Charles-Georges), fils du précédent,
né à Vienne le 28 octobre 1801, employé dans
les bureaux de la cour impériale, n'a point eu
d'autre maître que son père pour la musique. Il
joue bien du physharmonica. On a gravé de sa
composition : 1° Polyhymnia, suite de pièces
choisies pour physharmonica ou flûte et piano,
Vienne, Mechetti. — 2° Les Quatre saisons de
Vannée, poëme en musique caractéristique pour
piano, op. 17; Vienne, Cappi. —3° Les Charmes
de Presbourg, rondo pour le piano, op. 16; ibid.
— 4° Environ dix autres rondos ou rondinos ;
idem., ibid. — 5° Des Variations sur différents
thèmes, idem.; Vienne, Haslinger et Pennauer.
— 6° Des danses et des valses, idem.
LICKL (Égide-Charles) , deuxième fils de
Jean-Georges , est né à Vienne, le 1 er septem-
bre 1803. H est aussi élève de 6on père, et
s'est fait remarquer comme pianiste, guitariste et
compositeur. Il est fixé à Trieste. Ses œuvres
se composent de musique religieuse et fnstru-
mentale : j'ignore s'il en a été publié quelques
morceaux.
LIDL (Antoine), né à Vienne, vers 1740, a
été un des virtuoses les plus distingués sur le
baryton ou violoncelle d'amour. Il brillait encore
à Berlin en 1784; mais Burney nous apprend,
dans son Histoire générale de la musique, que
cet artiste avait cessé de vivre en 1789. On a
gravé de sa composition sept œuvres, chacun de
six pièces consistant en duos, quatuors et quin-
tettes, pour violon, flûte et violoncelle. On con-
naît aussi de lui un andante avec des variations
pour le clavecin, gravé à Berlin en 1784 : enfin,
il a laissé en manuscrit quelques pièces pour la
basse de viole.
LIEBAU ( Frédéric -Guillaume) , organiste
à l'église Saint-Benoit de Quedlinbourg, est
né le 14 novembre 1802, à Wickerodo, dans
le comté de Stolberg. 11 est élève de Hummel
pour le piano, l'orgue et la composition. En
1837, il fit un voyage en Suède et (it exécuter à
Stockholm son oratorio Die Pfadezur Gottkeit
(Les Voies de la Divinité). Dans la même an-
née, un autre oratorio de sa composition, inti-
tulé Die Reue des Petrus (Le Repentir de
saint Pierre), fut exécuté à Quedlinbourg. On
connaît anssi de lui des cantates, des Lie-
der, etc. Cet artiste a publié peu d'ouvrages,
mais il a en manuscrit les psaumes 96 et
146, avec orchestre, sur le texte de Mendels-
sohn, ta Feie de la musique , grande cantate ,
plusieurs chanta avec ou sans accompagnement,
des quatuors, des sonates et d'autres ouvrages,
pour le piano. On a imprimé de sa composition :
Les Délassements musicaux du soir, pour les
amateurs, consistant : 1° en Un quintetto pour
piano, deux flûtes et deux violons, avec vio-
loncelle ad libitum. — 2° Variations sur un
thème connu, idem ; Quedlinbourg , Basse. Cet
artiste est mort à Quedlinbourg, le 27 juil-
let 1843, à Page de quarante ans et quelques
mois.
LIEBE (Chrétien), organiste à Frauenstein,
en Misnie, naquit à Freyberg, le 5 novembre 1654.
Ses études furent brillantes, et il apprit en peu
de temps le latin, le grec, l'hébreu et le syriaque.
Il cultivait aussi la poésie avec succès , et a
laissé, comme organiste , un grand nombre de
compositions pour l'église, qui sont restées en
manuscrit. En 1690, il fut appelé à Zschopau,
en qualité de recteur de l'école; il y mourut,
le 3 septembre 1708.
LIEBE (Edouard-Louis), pianiste et compo-
siteur, né à Magdebourg, le 26 novembre 1819,
y reçut sa première éducation musicale de son
parent le professeur Schwarz. En 1841 il alla
à Cassel étudier le contrepoint, chez le directeur
de musique Baldewein. Il y reçut aussi des
leçons de composition de Spohr. Ce musicien
célèbre fit exécuter par les musiciens de la cha-
pelle ducale un psaume à 4 voix et .orchestre,
et l'ouverture pour le drame de Schiller, Gui/-
laume Tell, de la composition de M. Liebe. .
En 1344, cet artiste fut nommé directeur de mu-
sique à Coblence, et dans la même année il
visita le midi de la France avec une troupe d'o-
péra allemand ; puis il fut directeur d'une société
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300
de musique d'église à Mayence, où il écrivit une
messe solennelle, qui obtint le suffrage des con-
naisseurs. En 1 846, M. Liebe fut appelée Worms
pour y diriger la société de musique ; quatre ans
après il s'est fixé à Strasbourg, comme professeur
du piano : il y était encore en 1856. On a publié
de sa composition un grand nombre de Lieder avec
accompagnement de piano, ou de piano et vio-
loncelle ; des ballades pour voix de basse, op. 6
et 7 ; des chants pour des choeurs d'hommes,
op. 8, 9 et 12 ; des fantaisies pour piano, op. 16
et 18 ; des chants sans paroles pour le même ins-
trument, op. 15, et beaucoup d'autres ouvrages
du môme genre. M. Liebe a en manuscrit de
grandes compositions, telles que symphonies, ou-
vertures , psaumes avec orchestre , messes , etc.
LlEBEiWVEIN (Gaspard), chanteur du
chœur, à la cathédrale de Grxtz, et professeur de
chant choral à la maîtrise de cette église, vers 1830,
est auteur d'un petit ouvrage élémentaire intitulé :
Theorelisch-praktische Anleitung zum Cho-
ralgesang (Introduction théorique et pratique
au chant choral); Graetz, Keiser, 1832, in-4° de
31 pages.
L1EBER ( . . . ), secrétaire et conseiller du
comte de Spauer, président de la chambre de
Wetzlar, mort vers 1780, a fait graver de sa
composition six sonates pour le clavecin, avec
accompagnement dé violon ; Manheim, 1775.
LIEBESKIND (Georges -Goithilk), célèbre
flûtiste allemand, naquit à Altenbourg, le 22 no-
vembre 1732. 11 n'avait que huit ans lorsqu'il
suivit à Bayreuth son père, bassoniste distingué.
Celui-ci voulait faire apprendre le basson à son
fils; mais le jeune Liebeskind ayant montré de
l'aversion |>our cet instrument et un goiït pro-
noncé pour la flûte, on lui laissa le choix de ce
dernier instrument, sur lequel il fit de rapides
progrès. A l'âge de dix-sept ans, il fut admis dans
la chapelle du margrave de Bayreuth, qui le
confia aux soins de Quanz, en 1756. Ce maître,
obligé de résider à Potsdam pour son service
près du roi, conduisit Liebeskind à Berlin, près
de Lindner, son ancien élève , et première flûte
de la chapelle royale. De retour en celte ville
dans la même année, Quanz s'occupa lui-même
à perfectionner le talent du jeune flûtiste , et
l'affection qu'ils prirent l'un pour l'autre fut si
vive, que le maître donnait deux leçons par jour
à son élève , et qu'ils ne se quittaient point.
Ko 1759, Liebeskind dut retourner à Bayreuth;
il y resta jusqu'à la mort du prince ; puis il alla
à Anspach en 1769, avec tout l'orchestre de la
cour de Bayreuth. Il est mort à Anspach, en 1800.
Cet artiste n'a rien composé; mais son talent
d'exécution était si parfait, qu'il a joui d'une
LIEBE — ^lEBlCH
réputation de grand artiste dans toute l'Alle-
magne.
LIEBESKIND (Jean-Henri ), fils du pré-
cédent, né à Bayreuth, en 1768, apprit de son
père à jouer de la flûte, et fit de bonnes études
littéraires et scientifiques. Après avoir obtenu
le grade de docteur en droit, il fut nommé
conseiller de la haute cour de justice de Bavière,
à Bamberg, où il vivait encore en 1808. Amateur
distingué sur la flûte, il ne s'est pas borné au
talent d'exécution, car on lui doit une excellente
dissertation insérée dans la Gazette musicale de
Leipsick (1807, n" 7 et suiv., 47 et suiv. ; 1808,
n" 6 et 7), sous ce titre : Fragments d'un essai
philosophico- pratique, non imprimé , sur la na-
ture du son et le jeu de la flûte allemande. Il
a donné aussi dans la douzième année du même
recueil un bon article sur le double coup de lan-
gue^ p. 665 et suiv.).
LIEBICH (Godefroid-Sicismond), directeur
de la chapelle du comte de Reuss-Plauischen et
secrétaire intime du prince, naquit à Frankeu-
berg, en Misnie, le 2*2 juillet 1672. Son père,
canlor du lieu , lui enseigna les éléments de la
musique, puis, il fréquenta le collège de Baulzen,
et alla ensuite à Jéna pour étudier la médecine ;
mais son penchant pour l'art musical lui fit
abandonner cette science, et après un an de sé-
jour à l'université, il se rendit à Dresde pour
suivre sa nouvelle carrière, favorisé par une belle
voix de ténor, qui lui procura de l'emploi dans
les églises. En 1695 il obtint la position de se-
crétaire chez le comte de Reuss, à Schleitz,
dans le Voiglland, puis il fut chargé des fonctions
de maître de chapelle. Il mourut le 1er juin 1727.
Parmi les compositions qu'il a laissées en ma-
nuscrit, on remarque : 1* Motets sur les textes
des évangiles, pour une année entière, à voix
seule, 2 violons, 2 violes et basse continue.
— 2° Une année complète de motets sur les
mêmes textes, à 4 voix et orchestre.
LIEBICIi ( Ernest-Jean -Gotti.ob), facteur
d'instruments à archet établi à Breslau , naquit
le 27 octobre 1796, à Reibnilz, près de Hirscb-
berg (Silésie). Son oncle, Gotlfried Liebich, fa-
bricant de violons à Breslau, le reçut jeune dans
sa maison, et lui enseigna les éléments de son
état. Après la mort de ce parent, en 1812, le père
d'Ernest Jean-Gottlob Liebich , vint recueillir la
succession de son frère, et s'établit dans son ate-
lier. Ernest continua de travailler dans cette
maison, et par son activité, son application et ses
études, il parvint à établir, en 1819, une mai-
son pour la fabrication des instruments à archet,
des harpes et des guitares. Les soins qu'il don-
nait à la fabrication de ses instruments l'eurent
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LIEBICH — LIGOU
301
bientôt fait connaître avantageusement, et sa répu-
tation franchit les frontières de la Silésie. Peu
d'artistes de ce pays jouent d'autres instruments
que ceux qui sont sortis de ses ateliers, li en
expédie aussi en Pologne, en Russie, et dans les
provinces prussiennes de la mer Baltique. Lie-
bich a beaucoup étudié la construction des ins-
truments de Stradivarius et de Guarnerius,
consultant aussi les artistes et les acousticiens
dans le but de perfectionner ses produits. Au
moment où cette notice est écrite (1862), il est
âgé de soixante-six ans et conserve Pactivité
de sa jeunesse.
LIEUMAMV (Mme Hélène), née REISE,
amateur de musique, pianiste distinguée, est née
à Berlin, en 1796. Élève de Lauska, elle étonna
par son habileté dans un concert donné à Ber-
lin en 1806, quoiqu'elle ne fût âgée que de dix
ans. En 1314, elle s'est mariée; deux ans après,
elle s'est rendue à Londres, où elle parait s'être
li\te. Les compositions de cette daine se font
remarquer par un sentiment expressif et par des
traits brillants. On a gravé sous son nom :
1° Quatuor pour piano, violon, alto et violon-
celle, op. 13 ; Leipsick, Peters. — 2° Trios pour
piano, violon et violoncelle, op. 11 et 12; ibid.
— 3° Sonates pour piano et violon, op. 9 et 14 ;
ibid. — 4° Sonates pour piano seul, 3 œuvres;
ibid. — 5° Thèmes variés pour piano seul ; Vienne,
Meclietti , Arlaria et Mollo. — 6° Des danses
allemandes pour piano ^ Vienne, Artaria. —
7° idem ; Berlin.
LIEUTAUD (Pierre), instituteur à Vai-
son, est né Carpentras, en 1799. On a de lui
un ouvrage intitulé : Manuel des soixante
heures musicales; méthode v nique et garantie
infaillible pour apprendre soi-même et en-
seigner aux autres à lire, vocaliser, solfier
el chanter la musique, etc. ; Avignon, impri-
merie de Peyri, 1838, in -8°.
LIGHT (E.), guitariste anglais, vivait à Lon-
dres vers la fin du dix-huitième siècle, et y a pu-
blié : The Art ofplaylng the guitar, to which
is annexed a sélection of the most familiar
lessons, divertissements, songs, airs, etc. (L'Art
de jouer de la guitare, etc.) ; chez Preston, 1795.
IJGIITFOOT ( Jean), orientaliste anglais,
né à Stoke, dans le comté de Stafford, en 1602,
commença ses études au collège de Morton-Green,
et les acheva à l'université de Cambridge. De-
venu bachelier, il fut le collaborateur de White-
head, son premier maître , et enseigna pendant
deux ans le grec dans le collège de Rapton ; puis
ayant été ordonné prêtre, il Tut successivement
chapelain de lord Colton, pasteur à Hone, el en
1642 ministre de la paroisse Saint-Barthélémy ,
à Londres , docteur en théologie en 1652 , et
chancelier de l'université de Cambridge. Il mou-
rut à Ely, dont il était chanoine, le 6 décembre
1675. Au nombre des livres de ce savant on
en trouve un qui a pour titre : Description
of the Temple, as it slood in the days of our
Saviour (Description du temple de Jérusalem,
tel qu'il était an temps de notre Sauveur); Lon-
dres, 1650, 1 vol. in-4°. Il en a été fait une tra-
duction latine, publiée à Rolterdam", 1686, in-fol.
Dans la deuxième section du premier livre de
cet ouvrage (chap. 7), Lightfoot traite des chan-
tres et de la musique du temple, ainsi que des
instruments qui y étaient en usage.
LIGiXE (Le prince Charles DE), fils aîné du
prince de ce nom, si célèbre par son esprit, na-
quit au château deBelœil, dans le Hainaut,
en 1769, reçut une éducation brillante, et entra
de bonne heure au service militaire en Autriche.
Vers 1790 il vivait à Vienne; mais ayant voulu
servir comme volontaire dans l'expédition des
Prussiens en Champagne, il fut tué dans un
combat, le 14 septembre 1792. Aussi distingué
par ses talents que par sa valeur et sa haute nais-
sance, ce prince cultivait la musique avec succès.
11 a publié à Vienne, chez Artaria, en 1791, trois
recueils d'airs français, variés pour le clavecin.
LIGNE VILLE (Le marquis Eugène DE),
prince de Conca, né près de Nancy, en 1730,
chambellan de l'empereur d'Autriche, directeur
général de la musique de la cour de Toscane, et
membre de l'Académie des Philharmoniques de
Bologne, eut un talent distingué comme amateur
de musique. En 1768, il a fait graver à Florence
un Salve Regina de sa composition, en canon
perpétuel à trois voix. Il a publié un autre Salve
Regina à 2 voix avec orgue , à Bologne , chez
Lclio délia Vol ne (sans date), in-4°. Bnrney pos-
sédait aussi en manuscrit un Dixit à 4 voix et
orchestre de cet amateur, et l'abbé Santini a ,
sous le môme nom , un Stabat Mater, en canon
perpétuel h trois voix. J'en possède aussi une co-
pie. C'est une composition d'un mérite fort dis-
tingué et d'une inspiration originale.
LIGOU (Pierre), né à Avignon, en 1749, fit
ses études au séminaire de cette ville, et fut long-
temps appelé Vabbè, parce qu'il avait porté le
petit collet, tant au séminaire qu'au chœur de
l'église cathédrale. En 1769, il obtint la place
d'organiste à Alais, et conserva cette position
toute sa vie. 11 y était encore , âgé de soixante-
treize ans, en 1822. Ligou a fait jouer aux petits
théâtres de Paris : 1° Argent fait tout, opéra-
comique en un acte. — 2° Les deux Aveugles
de FranconviUe, idem. Celui-ci a obtenu un
brillant succès. Ligou avait aussi en manuscrit :
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302
L1GOU — LIM^AJSDËR DE NIEUWENHOVE
Armide, opéra en cinq actes, de Quinault, et
JSamson, de Voltaire. Il a écrit des messes, des
motets, et un Te Deum, qui ont eu de la répu-
tation dans le midi de la France. Ligou était ai-
mable, bon et spirituel : il fut lié d'amitié avec
Mme BourdicViot Quelqu'un demandait à cette
dame ce qu'elle avait trouvé de curieux dans la
petite ville d'Alais, elle répondit : Je n'y ai vu
que Vabbé Ligou.
LIL1EN CM me la baronne Antoinette DE),
amateur de musique et pianiste distinguée, vécut
à Vienne vers la fin du dix -huitième siècle. Elle
y a fait graver en 1799 : 1° Huit variations pour
le piano, sur le thème : Pria ch'io l'impcgno.
— 2° Sept variations sur un thème du ballet
d'Alcine, op. 2 ; ibid., chez Eder. — 3° Neuf va-
riations idem sur un thème original; ibid.
L1LIEN (M«nc la baronne. Joséphine DE),
sœur de la précédente, cultiva aussi la musique
avec succès, et fit graver de sa composition :
1° Dix variations pour le piano sur le thème
d'une romance; Vienne, Eder, 1800. — 2° Dix
variations idem sur le thème : La Rachelina ,
op. 2, ibid.
LILLO (Joseph), compositeur dramatique,
est né vers 1813, à Galatina, dans la province de
Lecce, au royaume de Naples. Entré fort jeune au
collège de musique de S. Pietro a Magella, à
Naples* il y fit toutes ses études pour le chant, le
piano et la composition. Son premier essai pour
le théâtre fut La Moglie per ventiquattr'ore ,
représenté sur la petite scène du Lycée mu-
sical. L'opéra bouffe il GioieUo, du jeune ar-
tiste, fut représenté au théâtre Nuovo de Naples,
en 1836, et fut bien accueilli par le public. Cet
ouvrage ne fut pas moins heureux à Florence ,
en 1838, et fut remis en scène à Naples
Tannée suivante. Quelques morceaux de cet
opéra ont été publiés avec accompagnement de
piano, à Milan , chez Ricordi. M. Lillo écrivit
en 1837 Odda di Bernauer, drame musical qui
n'eut qu'un succès médiocre à Naples, et ne réus-
sit pas mieux à Milan, en 1840. Ricordi a publié
quelques morceaux de cet opéra. En 1838 , on
joua du même compositeur Rosamunda à Ve-
nise, et dans la même année M. Lillo écrivit à
Rome Alisia di Rieux. Son opéra // Conte di
C fia lais, fut représenté au théâtre Saint-Charles
de Naples, en 1840 , et dans la même année il
donna à La Pergola, de Florence, La Modista,
à laquelle succéda, à Naples, en 1841, L'Osteria
di Andujar, qui fut joué deux ans après à la
Scala de Milan. Cristina di Scozzla fut joué
aussi à Naples en 1841, et n'eut qu'un succès con-
testé. Après un repos de deux années, M. Lillo
donna, dans lamême ville, Lara, drame musical,
qui ne réussit pas. Je n'ai plus de renseigne-
ments sur cet artiste dans la suite de sa carrière.
On connaît de M. Lillo quelques petites pièces
pour le piano, publiées à Milan, chez Ricordi.
LIMMER (François), compositeur, pianiste et
violoniste distingué, est né à Vienne, et y a eu pour
maître le chevalier de Seyfried, maître de chapelle
de la cour. Ses premiers ouvrages ont été publiés
en 1830. Parmi ses plus importantes composi-
tions, on remarque : 1* 1 er quatuor pour deux
violons, alto et basse, op. 10 (en sol); Vienne,
Mechetti — 2° Grand quintette pour piano, vio-
lon, viole, violoncelle et contrebasse , op. 13 ;
Leipsick, Breitkopf et Haertel. Un opéra du
même artiste, intitulé Die Alpenkutie (La Chau-
mière des Alpes), a été représenté en Allema-
gne, dans Tannée 1845. VUniversal Lexikon
der Tonkunst, de M. Bernsdorf, ne fournit au-
cun renseignement sur cet artiste.
LIMNANDER DE NIEUYVEMIOVE
( Armand ) , compositeur, né à Gand , le 22 mars
1814, d'une famille honorable, anoblie en 1683,
fut envoyé, dans sa jeunesse, par sa famille au
collège des Jésuites de Fribourg, pour y faire ses
études littéraires. Il y resta plusieurs années,
et cultiva aussi la musique. Le P. Lambillotte fat
un de ses maîtres pour cet art. De retour en
Belgique, M. Limnander se maria et s'établit à
Maiines. Animé du désir d'y faire prospérer le
goût de la musique, il y réunit quelques amis et
fonda la société Symphonique des amateurs, dont
il fut nommé directeur. Parmi les membres de
cette société, quelques-uns avaient de bonnes voix
de ténor et de basse : M. Limnander en forma
une section chorale de cette même société qui,
pendant l'hiver de 1838-1839, commença ses
exercices. M. Limnander écrivit pour ces ama-
teurs des chants à plusieurs voix, qui furent les
premières bases de sa réputation, et dont il di-
rigea l'exécution avec autant d'intelligence que
de sentiment vrai de l'art. En 1841 , l'associa-
tion chorale dont il était le chef, et qui était
alors composée d'environ vingt-cinq chanteurs,
prit le titre de Réunion lyrique, ouvrit des
concours de chœurs et entra en lice avec les
meilleures sociétés chorales de la Belgique. Cette
époque est celle où les facultés de M. Limnander
pour la composition prirent leur essor ; il écri-
vit une multitude de chœurs remplis d'effets
nouveaux, parmi lesquels on remarque ceux qui
ont pour titres : ma charmante ! Hymne à
VFJarmonie, Boléro, les Gueux de Mer, les
Enfants de la ISuil, Hymne à V Amitié, le
Départ des Pasteurs, l'Aube du jour, la Re-
vue des Ombres, etc. Toutes ces productions
ont été gravées.
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LIMNANDER DE MEUWENHOVE — LIND
SOS
Ce fut au milieu de ses succès que M. Lirn-
tiander comprit que son instruction dans Tait
•«récrire correctement la musique était incomplète.
Il vint alors demander des conseils à l'auteur
<Jece Dictionnaire, qui l'encouragea et lui fit faire
un cours de composition. En 1845, poussé par
le désir de travailler pour la scène, il fil un pre-
mier voyage à Paris, et, porteur de lettres de
recommandation du marquis de Rumigny ,
alors ambassadeur de France à Bruxelles,
il fut bien accueilli par le roi Louis- Philippe et
par les principaux personnages de sa cour.
Dans une nouvelle excursion qu'il fit à Paris,
en 1846, M. Limnander obtint du succès par
l'exécution de quelques-uns de ses chœurs, dans
lesquels il fit entendre les effets d'un chœur a
hocca chiusa accompagnant un chant solo, effets
jusqu'alors inconnus en France. Enfin, en 1847,
M. Limnander prit la résolution de se fixer à
Paris, et le 31 mars 1849 il fit jouer au théâtre de
t'Opéra-Comique Les Monténégrins, drame mu-
sical en trois actes. Bien qu'il y eût encore dans
cet ouvrage un resté d'inexpérience dans l'art
d'écrire, un sentiment énergique de l'expression
dramatique s'y faisait remarquer dans les finales
fin premier et du second acte et l'on y distinguait
de beaux chants et des chœurs d'un effet pitto-
resque. Le succès de l'ouvrage fut complet.
Le Château de la Barbe-Bleue, opéra en trois
actes joué au même théâtre, le 1 er décembre 1 851,
lit voir que le talent de M. Limnander avait
/ait de grands progrès dans l'art d'écrire et d'ins-
trumenter. Si cet ouvrage, dans lequel les
idées ont de la distinction et dont la partition
renferme plusieurs beaux morceaux, n'a pas
obtenu le succès d'éclat des Monténégrins, la
froideur du livret en fut la cause ; mais la répu-
tation du compositeur n'en fut pas moins en
progrès dans le public et parmi les artistes. La
mauvaise influence d'un sujet mal choisi et
<Tune pièce mal faite se fit sentir davantage
encore à la représentation du Maître chan-
teur, grand opéra en deux actes, qui fut joué
Je" 20 octobre 1853. Ainsi que l'ont dit les cri-
tiques des journaux de musique, l'ouvrage
ne fut sauvé à la première représentation
•que par l'œuvre du compositeur. Quoique
jeune et désireux de se faire une carrière ac-
tive au théâtre. M. Limnander mettait de longs
intervalles entre chacune de ses productions, à
cause de la rareté des bons livrets destinés à la
musique, et surtout par la mauvaise organisation
<]<*s théâtres lyriques de Paris, dont les privilè-
ges sont donnés habituellement à des spécula-
teurs inintelligents, étrangers à l'art et incapables
d'apprécier le talent d'un artiste et le mérite
d'un ouvrage. M. Limnander fit la dure épreuve
des effets de eette déplorable organisation après
Le Maure chanteur, en dépit du rang honorable
qn'il tient parmi les meilleurs compositeurs dra-
matiques de la France; car six années s'écou-
lèrent avant qu'il pût faire représenter au
théâtre de l'Opéra- Comique son Yvonne, le 29
novembre 1859: Yvonne, drame lyrique en trois
actes, est incontestablement un des meilleurs
opéras joués depuis dix ans à ce théâtre : ce-
pendant cet ouvage, après avoir attendu long-
temps son tour de représentation au théâtre
Lyrique, dut être transporté à l'Opéra-Comique,
et quoiqu'il ait complètement réussi, et que les
journaux se soient accordés sur les éloges
donnés à la partition de M. Limnander, la dé-
testable administration qui mettait alors ce théâtre
en péril n'en fit donner qu'un petit nombre de
représentations.
M. Limnander s'est livré aussi à la composition
de la musique religieuse : en 1845, il a écrit
un Te Deum qui fut evécuté à l'église Sainte-
Gudule de Bruxelles, à l'occasion de l'anni-
versaire du couronnement du roi. Une messe de
Requiem lui fut demandée par le gouvernement
belge pour l'anniversaire des journées de septem-
bre 1830, et fut exécutée en 1852. Il est enfin
l'auteur d'une cantate exécutée à Bruxelles à la
majorité politique du duc de Brabant, et d'un
Chant solennel pour les fêtes nationales de 1856.
LIND (Jenny), plus tardM<"GOLDSCHMlDT,
cantatrice célèbre, est née à Stockholm, le 8 fé-
vrier 1820. Le comte Piïcke, directeur du théâtre
de la cour, l'admit à l'école de chant qui y est
attachée : elle y reçut des leçons d'un maître
nommé Berg. Elle joua d'abord 1 h Stockholm le
rôle à 1 Agathe dans le Freyschûtz , puis ceux
(TEurianlhc, d'Alice (dans Robert le Diable ),
et enfin de La Vestale : dans tous elle obtint un
brillant succès. Cependant M lle Lind avait com-
pris qu'il lui restait beaucoup à apprendre pour
posséder le mécanisme de l'art du chant : elle
prit la résolution d'abandonner momentanément
la scène, et se rendit en 1841 à Paris, où elle re-
çut des leçons de Manuel Garcia, pendant neuf
mois. Ce professeur ne discerna pas dans son
élève les précieuses qualités qui allaient bientôt
la rendre l'objet d'un enthousiasme sans exemple :
il lui préférait M" e Nissen , dont il dirigeait aussi
l'éducation vocale, à la même époque. Meyer-
heer, qui se trouvait alors à Paris, et qui eut oc-
casion d'entendre Jenny Lind, en jugea mieux,
et lui prédit la brillante carrière qu'elle allait
parcourir. Ayant obtenu une audition à l'Opéra
en 1842, elle n'y produisit aucun effet, et ne fut
pas engagée, Blessée dans son amour-propre à
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304
LIND
cette occasion, elle prit la résolution de ne jamais
rentrer en France, et rien n'a pu la décider depuis
lors à retourner à Paris. Au mois d'août 1844,
le maître la retrouva à Berlin, où elle apprenait
l'allemand. Appelée a Stockholm au mois de sep-
tembre suivant, pour la fête du couronnement
du roi Oscar, elle s'y rendit ; puis elle retourna
en octobre à Berlin, ou elle avait contracté un en-
gagement avec l'administra lion du théâtre royal,
pour chanter le rôle principal dans Le Camp de
Silésie, nouvel opéra de Meyerbeer. Elle débuta
par le rôle de Norme, dans lequel elle excita des
transports d'admiration, qu'elle retrouva aussi
dans l'ouvrage de l'auteur de Robert et des Hu-
guenots. Elle resta à Berlin jusqu'au mois de
mars 1845. Au mois d'avril, elle chanta à Ham-
bourg, après quoi elle se rendit, au mois d'août
de la même année, à Cologne, et chanta aux con-
certs de la cour de Prusse au château de Bruhl,
à celui de Stolzenfels et à Coblence, à l'occasion
de l'inauguration de la statue de Beethoven , à
Bonn. Je l'entendis dans ces concerts, et lui trou-
vai un charme remarquable dans l'organe et une
vocalisation facile et -correcte ; mais sa manière
de phraser manquait de largeur et d'accentuation
expressive. Après cette excursion, elle retourna
à Stockholm par Copenhague, où elle se fit en-
tendre avec le même succès. Un engagement
lui ayant été offert à Vienne, elle l'accepta et ar-
riva dans cette ville le 18 avril 1846. En 1847
elle débuta au théâtre de la Reine, à Londres, et
y excita des transports frénétiques. De retour à
Stockholm, à la fin de la même année, elle y fut
l'objet d'ovations extraordinaires, et les coupons
de places, pour les représentations qu'elle y donna,
furent mis à l'enchère. Les événements qui agi-
tèrent l'Allemagne et une partie de l'Europe en
1848 la décidèrent à rester en Suède pendant
toute cette année, à l'exception d'un voyagequ'elle
fit à Manchester pour le festival qui y fut donné
au mois de septembre. De retour à Londres, au
printemps de 1849, elle reparut au théâtre de
la Reine pendant toute la saison , et y produisit
une si vive émotion, qu'aucun autre artiste ne
put fixer l'attention publique, en quelque genre
que ce fût. Jamais rien de semblable ne s'était
vu. La reine, le prince Albert, la cour et la hante
aristocratie ne manquèrent pas d'assister à tou-
tes les représentations, et, bien que le prix des
places eût été doublé, la salle fut encombrée de
spectateurs pendant toute la durée de la saison
théâtrale, et les recettes de chaque soirée s'éle-
vèrent à la somme de 2,000 livres sterling.
Tel était l'engouement, qu'après le spectacle,
les abords du théâtre étaient remplis par une
foule compacte pour voir la cantatrice monter
dans sa voiture , et que les places les plus rap-
prochées de la sottie du théâtre étaient louées plu-
sieurs shillings.
I Après avoir chanté avec non moins de succès
; sur la même scène pendant toute la saison de
| 1350, Jenny Lind s'embarqua pour l'Amérique,
i accompagnée du compositeur Benedicl. Elle avait
| passé un contrat avec l'entrepreneur Barnum,
i qui lui avait assuré une somme énorme pour un
certain nombre de représentations ; mais l'entltou-
I siasme qu'elle fit naître chez les habitants des
I États-Unis dépassa de beaucoup ce que le spé-
; culateur avait espéré. La cantatrice comprit alors
i qu'elle pouvait espérer des bénéfices plus consi-
' dérables de son talent sans l'intervention de Bar-
num : elle rompit avec lui, à l'expiration du con-
I Irat, et parcourut toutes les contrées de l'L'nîon
I en compagnie de Benedict , qui l'accompagnait
< au piano partout où elle s'arrêtait. Embarquée
! sur les grands fleuves de l'Amérique, elle s'ar-
I rétait dans tous les lieux qui lui paraissaient of-
frir les chances d'une recette de quelque impor-
tance. Le piano était tiré du bateau à vapeur;
des commissionnaires, chargés de grandes affiches
sur lesquelles le nom de Jenny Lind était im-
primé en caractères d'une dimension colossale,
parcouraient le bourg ou la ville et annonçaient la
mise aux enchères des billets du concert. La cu-
riosité excitée par ce nom qui retentissait dans
toute l'Amérique , et qui partout était salué par
les acclamations populaires, faisait porter les en-
chères à des sommes fabuleuses. On cite un tail-
leur qui, dans un bourg de peu d'apparence, . c e
rendit adjudicataire du premier billet d'un de
ces concerts impromptus, moyennant le prix de
200 dollars. Cette folie fit sa fortune, car on ne
voulut plus être habillé que par ce tailleur mé-
lomane. Une heure suffisait pour tout cela; une
autre heure était employée pour le concert, après
quoi la cantatrice s'embarquait de nouveau et
allait, â quelques milles de là, faire la même
opération dans une autre localité. C'est ainsi
qu'elle amassa, dit-on, pins de trois millions,
pendant un séjour de moins d'une année aux
États-Unis. Ce fut pendant ce séjour qu'elle de-
vint la femme du compositeur et pianiste Otto
Goldschmidty dont elle avait fait la connaissance
à Hambourg. Je tiens ces détails de Benedict,
qui l'accompagna dans toute sa tournée.
De retour en Europe, M 016 Goldsclimidt cessa
de se faire entendre, et alla s'établir à Dresde,
où elle vécut dans le repos pendant plusieurs
années. Les journaux ont parlé des institutions
de charité qu'elle fonda à la même époque , et
auxquelles elle consacra des sommes considéra-
bles. En 1856 elle est retournée de nouveau à
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LI1SD — LINDNER
305
Londres. Depuis lors elle y a donné une série
de concerts, où la foule s'est portée avec le même
empressement qu'aux représentations où elle
avait chanté pendant son premier séjour. Cepen-
dant sa voix n'a plus la même fraîcheur.
Comme actrice, M mc Goldschmidt était douée
d'un instinct naturel de la scène supérieur à
celui des autres cantatrices ; mais les connais-
seurs lui reprochaient d'exagérer l'expression pa-
thétique, et (l'y mettre un certain caractère ner-
veux et violent, qui ne pouvait avoir de succès
qu'en Angleterre
On a publié plusieurs notices sur cette cantatrice
célèbre; j'ai recueilli les titres de celles-ci : i* Jenny
Lind, die sehwedische NachlgaU; biogra-
phische Skizze (Jenny Liud, le rossignol suédois ;
esquisse biographique) ; Hambourg, 1845, in-8°,
avec portrait. Une traduction eu langue suédoise
a paru sous ce titre : Jenny Lind, denSivenska
Naktergal, en biogra/lske Skizzc; Nordkôpp,
1845, in-8°. — 2° Jenny Lind. Skizze ihres
Lebens und ihrer Kunstler Laufbahn (Jenny
Lind. Esquisse de sa vie et de sa carrière d'ar-
tiste, par Jules Alfred Bêcher); Vienne, 1846, in-4°.
Deuxième édition, augmentée; Vienne, 1847,
in-« . — 3° G. Meyerbeer und J. Und, Frag-
mente aus dem Tagebuche eines allers Musi-
lcers (Giacomo Meyerbeer et J. Lind, Fragment
du journal d'un vieux musicien, par Jean-Pierre-
Lyser) ; Vienne, 1847, in-8°. — 4° Memoirs of
Jenny Lind. Loudres, 1847, in-8°, avec portrait.
— • 5° Review ofthe performances of mademoi-
selle Jenny Lind, during her engagement at
Her Majesty's Théâtre, etc., with a notice of
her life (Revue des représentations de M llc Jenny
Lind, pendant la durée de son engagement au
théâtre de Sa Majesté; avec une notice de sa
vie ) ; Londres, 1847, in -8°. — 6° Jenny Lind.
Shildring af hanner Lefnad (Jenny Lind.
Tableau de sa vie d'artiste); Stockholm, 1848,
in-8».
LINDBLAD (A. -F.), compositeur suédois,
est né près de Stockholm, en 1804. Il lit ses étu-
des musicales à Berlin, sous la direction deZelter,
et vécut pendant plusieurs années dans cette
ville ; mais il s'est fixé dans la capitale de la
Suède en 1835, et ne s'en est plus éloigné depuis
lors. Le genre auquel il s'est livré de préférence
est celui des chants suédois à voix seule , avec
accompagnement de piano; il s'y est distingué
par le caractère de l'originalité, et a mérité le
nom de Schubert du Nord. Il en a publié divers
recueils en Allemagne et à Stockholm. On cite
comme un chef-d'œuvre d'expression et de nou-
veauté dans la forme son chant intitulé Kloster-
raub. Une symphonie de M. Lindblad a été
BIOCll. UNIV. DES MUSICIENS. — T. V.
exécutée à la Gevandhaus de Leipsick , en 1839 .
On connaît aussi de sa composition un duo poi-r
piano et violon, op. 9; Leipsick, Breitkopf et
Hœrtel.
LINDEMANJV (Jean), canior *X musicien
de la cour à Gotha, entra au service de cette cour
en 1571. 11 mourut en 1630. On a de lui trois
suites de motets à quatre et cinq voix, publiées
sous ce litre : Décades amorum fila Ùei ,- Er-
furt, 1594, 1596 et 1598, in-4°.
LINDLEY (Robert), violoncelliste anglais,
né en 1772, à Rolherham, dans le Yorkshire, re-
çut fort jeune de son père des leçons de violon ;
puis à l'âge de neuf ans il commença l'étude
du violoncelle. Lorsqu'il eut atteint sa seizième
année Cervetto l'entendit, et fut si satisfait de la
justesse de son intonation et de la belle qualité
de son qu'il tirait de l'instrument, qu'il en fit son
élève. Après avoir été quelque temps attaché à
l'orchestre du théâtre de Brighton, il succéda à
Sperati comme premier violoncelle au théâtre du
Roi, en 1794. Depuis lors il a été attaché aux
concerts de la musique ancienne et de la Société
philharmonique de Londres,. en qualité de pre-
mier violoncelliste. Lindley est mort à la fin du
mois de juillet J855. Il est dit dans le Dictionary
of musicians (Londres, 1824, t. II) que cet ar-
tiste n'était inférieur à aucun autre violoncelliste
de l'Europe; celte assertion n'est point exacte.
Cet artiste se distinguait par un beau son et
beaucoup de justesse ; mais il était entièrement
dépourvu de sentiment, de style, et, dans .les dif-
ficultés comme dans l'expression, il est resté loin
de Romberg, de Lamare, de Bo tirer et surtout de
Servais. 11 a publié chez Broderip, à' Londres,
quatre concertos pour violoncelle et orchestre. Ses
autres ouvrages connus sont : 1° Duos pour vio-
lon et violoncelle, op. 5; Londres, Clementi. —
2° Trios pour basson, alto et violoncelle, op. 7;
ibid. — 3° Duos pour deux violoncelles, op. 0,
8, 10 et 27; ibid. — 4° Soios pour violoncelle,
op. 9; ibid. — 5° Grand trio pour violon , alto
et basse; ibid., et Bonn, Simrock. — 6° Airs va-
riés et pots-pourris pour violoncelle , plusieurs
œuvres; ibid. Lindley a eu un fils, violoncelliste
aussi, qui s'est fait entendre en public pour la
première fois en 1812, à l'âge de quinze ans.
LINDNER (Frédéric), né à Liegnitz, en
Silésie, vers 1540, entra fort jeune dans la cha-
pelle de l'électeur de Saxe, à Dresde. Ce prince
l'envoya ensuite à l'école de Pforle, puis à l'u-
niversité de Leipsick. Parti de cette ville, il alla
à Anspach, où il obtint de l'emploi dans la cha-
pelle du landgrave Georges-Frédéric. Après dix
années passées au service de ce prince, il reçut
en 1574 sa nomination de cantor à- l'égliso
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306
LINDNER
Saint-Égide de Nuremberg. Fl paraît avoir passé
le reste de sa vie dans celte situation. Lindner
a publié plusieurs recueils de motets et de ma-
drigaux de sa composition ou de quelques mu-
siciens célèbres de son temps. Voici les titres
de ceux qui sont connus: 1° Cantioncs* sacra*;
Nuremberg, 1585. — 2° Idem, deuxième par-
tie; ibid*, 1588. — 3° Missx quinque vocum,
ibid., 1591, in-4°. — 4° Gemma mttsicalis,
selectissimas varii styli cantiones quatuor,
quinque, sex et plurium vocum continens ,
qux ex diversis prxstantissimorum musico-
rum libellés, in Jtalia excusis, descriptœ, et
in gratiam utriusque muslcx siudiosorum,
uni quasi corporl insertx et in lucem edilx
sunl; collection de soixante-quatre madrigaux
italiens composés en partie par Lindner, mais
dont le plus grand nombre appartient à d'autres
musiciens célèbres de ce temps , tels que Lelio
Bertani , Jean de Macque , Jean-Marie Nanini ,
Soriano, etc. ; Nuremberg, Cath. Gerlacchix,
1588, in-4° obi. —5° Idem, 2« partie, ibid. ; 1589.
— 6° Idem, 3 e partie ; ibid. , 1590, in-4° obi.
— 7° Corollarium cantionum sacrarum 5, 6,
7, 8 et plur. vocum de festis prxcipuis anni
quorum antea aprxstantissimisnostrxxtatis
musicis Italix séparât im editx sunt, quxdam
verà nuperrime concinnatœ nec uspiam typis
excusx, ac mine in unum quasi. corpus re-
dactx, studio et opéra Frederici Lmdneri;
Norirobergae, 1590, in -4°. II y a aussi dans ce
recueil quelques motets de Lindner. — 8° Idem,
2* partie, ibid.; 1590, in-4°.
LINDNER (Eue), organiste de l'église ca-
thédrale de Freyberg, vers 1730, eut la réputa-
tion d'un artiste distingué. Il était d'ailleurs bon
mathématicien et mécanicien ; ce fut lui qui
traça le plan de l'excellent orgue de Freyberg,
composé de .quarante-cinq jeux.
LINDNER (Georges-Frédéric) : on a sous
ce nom un petit ouvragre sur l'usage de la mu-
sique dans le service divin, intitulé : Vom recht-
mxssigen und Gott tvoklgefxlligen Gebrauch
der Musik ; Kœnigsberg, 1747, in-8°.
LINDNER ( Jean-Joseph-Frédéric), flûtiste,
né à Weikersheira , en Franconie , dans la pre-
mière moitié du dix-huitième siècle, reçut des
leçons de musique de Pisendcl, frère de sa
mère, puis devint élève de Quanz. Vers 1754, il
fut admis dans la musique du roi de Prusse , à
Berlin. Il y continua son service jusqu'à l'avè-
nement au trône de Frédéric-Guillaume , qui lui
accorda sa retraite avec une pension. Il se relira
depuis lors dans une petite ville de la Prusse oc-
cidentale, où il mourut, en 1790. Cet artiste a
passé longtemps pour un des plus habiles flûtistes
de l'Allemagne. On ne connaît point de compo-
sitions sous son nom.
LINDNER (François), organiste de l'église
de Grunau, naquiten 1736, à P) inkau, en Bohême.
Lorsqu'il eut atteint sa onzième année, on l'en-
voya comme enfant de choeur à Schosnberg, en
Silésie, où il fit ses études de musique. Plus tard,
il fut nommé organiste adjoint de cette école, et
en 1760 il reçut sa nomination d'organiste à
Grunau. Il est mort en ce lieu, le i2 septembre
1793, laissant en manuscrit quelques ouvrages
concernant l'art de jouer de l'orgue. Il a publié à
Leipsick quelques recueils de chansons alleman-
des , avec accompagnement de piano. Lindner
était instruit dans la composition et dans toutes
les parties de la musique; ce fut lui qui fit à
l'orgue de Grunau des réparations considérables.
LINDNER (Frédéric-Guillaume), docteur
en théologie, né le 12 décembre 1779, a Weyda,
était encore en 1840 professeur de philosophie h
l'université de Leipsick et à l'école de l'ensei-
gnement moyen dans la même ville. Il a donné,
dans la 13e année de la Gazette musicale de
Leipsick, une dissertation divisée en quatre arti-
cles (p. 3, 17, 33, 49), sur cette question : Was
ist bis jetzt fur die Gesangbildung geschehen ?
(Qu'a-t-il été fait jusqu'ici pour la culture du
chant?) On a aussi de lui une suite progressive
d'exercices de chant, à l'usage de la jeunesse,
extraits des œuvres des meilleurs maîtres alle-
mands, sous ce titre : Musikalischer Jugend-
freund, oder instructive Sammlung von Gc-
sxngen aus den ^Yerken der berùhmtesicn
Meister, etc., à 2, 3 et 4 voix, avec ou sans
accompagnement de piano, 4 numéros , Leipsick,
Yogel. L'ouvrage le plus important de ce sa-
vant a pour titre : Dos Nothwcndigsle und
Wissenswurdigste aus dem Gesammtgebicte
der Tonkunst. Ein Handbuch fur den Unfer-
richt und die Selbstbelehrung von, etc. (Ce qui
est le plus nécessaire et le plus digne d'être su
dans toutes les parties du domaine de la mu-
sique ; Manuel pour enseigner et s'instruire soi-
même); Leipsick, Fr. Christ. Wilh. Vogel, 1840,
un volume in-8° de vi et 394 pages.
LINDNER (Henri), compositeur de peu de
mérile, an commencemeul de ce siècle, a été
probablement attaché à la musique de quelque
régiment, en Allemagne. Il a publié : 1° Recueil
de pièces pour la musique militaire ; Leipsick ,
Breitkopf et Haertel. — 2° Duos pour deux vio-
lons ; op. 2 et 3 ; Leipsick, Hofmeister et Peters-
— 3° Quintette pour flûte, hautbois, clarinette»
cor et basson, op. 1 ; Leipsick, Hofmeister. —
4° Quatre pièces brillantes pour piano et violon ;
Leipsick, Breitkopf et Haertel.
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LINDNER — LINDPAINTNER
307
LINDNER (Frédéric), compositeur, violo-
niste et clarinettiste, est né ie 5 juillet 1798, à
Dessau, où son père était vétérinaire. Il lit ses
études à Berlin, où il fut pendant trois ans cla-
rinettiste à l'orchestre de l'Opéra , ce qui ne
l'empêcha pas de recevoir pendant ce temps des
leçons de Moeser, pour perfectionner son talent
sur le violon. En 1817, Lindner entra dans la
chapelle du ducd'Anhalt-Dessan : il y fut nommé
maître de concerts en 1827. Il est mort dans cette
position, le I* r août 1846. Lindner avait étudié
la composition, en 1821, chez le maître de cha-
pelle Frédéric Schneider. On a de lui : 1° Quin-
tette pour intruments à vent, op. 1. — 2° Polo-
naise pour violon et orchestre, op. 2. — 3° Duos
pour deux violons , op. 3. — 4° Lieder avec
accompagnement de piano , op. 4.-5° Quatre
morceaux brillants pour piano, op. 5. — 6° Piè-
ces à quatre mains pour le même instrument,
op. 6. —7° Danses pour des fêtes, à grand
orchestre, op 7. Lindner a laissé en manuscrit
des concertos, des ouvertures à grand orches-
tre et des quatuors pour des instruments à
cordes.
LINDNER (Roderic-Acguste), fils du pré-
cédent, né à Dessau, le 29 octobre 1820. Élève
de Drechsler, membre de la chapelle du prince,
il est devenu violoncelliste distingué et est en-
tré en cette qualité à la chapelle royale de
Hanovre, en 1837. Compositeur de talent, cet
artiste a écrit des concertos et des pièces de salon
et de concert , ainsi que des choses de différents
genres pour le chant.
LINDPAINTNER (Pierre Joseph), mal-,
tre de chapelle du roi de Wurtemberg, membre
de plusieurs sociétés musicales, est né à Coblence,
le 8 décembre 1791. Fils d'un ténor de la mu-
sique de l'électeur de Trêves, il suivit le prince
avec sa famille à Augsbourg lorsque l'électorat
fut envahi par les armées françaises. C'est dans
cette ville que commença son éducation , dès
l'âge de cinq ans ; depuis ce moment jusqu'à ce
que sa seizième année eut été accomplie, il fré-
quenta le gymnase catholique et le lycée , s'y
adonnant aux études littéraires et scientifiques.
La musique n'était alors cultivée par lui que
comme un complément de son éducation, quoi-
qu'il eût pour cet art un goût passionné. Plœdterll,
directeur de la musique de l'électeur , fut son
maître de violon, et Wetzka, maître de cha-
pelle de la cathédrale, lui enseigna dans le même
temps le piano et l'harmonie. Son talent se dé-
veloppa avec rapidité; ses progrès remarquables
décidèrent rélecteur a envoyer le jeune Lind-
paintner à Munich pour y acliever ses études
sous la direction de Winler. Suivant le Lexique
universel de musique publié par le docteur
Schilling, où je puise les élémens de cette notice,
l'auteur du Sacrifice interrompu ne possédait
pas l'art d'enseigner , et Lindpaintner n'apprit
point de lui les vrais principes de l'art d'écrire :
Winter, y est-il dit, se borna à cultiver dans son
élève les heureuses dispositions qu'il avait reçues
de la nature pour la poétique de Part. C'est dans
cette direction que le jeune artiste termina sons
les yeux de son maître son premier opéra (De-
mophon), une messe et un Te Deum, qui fu-
rent exécutés à Munich en 1811. Le succès ob-
tenu par ces ouvrages fit prendre à l'électeur la
résolution d'envoyer son protégé en Italie pour
qu'il achevât Me s'instruire dans la composition \
mais la mort de ce Mécène, en 1812, empêcha la
réalisation de ce projet. Cet événement obligea
Lindpaintner à accepter une place de chef
d'orcliestre au théâtre «Je la cour, nouvelle-
ment construit : il la conserva jusqu'en 1819.
Plusieurs compositions qu'il lit exécuter dans
les premiers temps de sa nouvelle position
furent applaudies, et ces succès lui firent négli-
ger ses études ; mais les avis sévères d'un ami
lui firent voir que de tels succès sont éphé-
mères, et qu'il n'y a de productions durables
que celles qui réunissent toutes les condition»
de l'art. Dès lors il reprit ses éludes scolasti-
ques avec courage. Joseph Grœtz lui enseigna le
contrepoint, et lui fit faire de longs exercices
dans toutes les parties de l'art d'écrire, qui com-
plétèrent son éducation musicale. En 1819, la
place de maître de chapelle de la cour de Stutt-
gard fut offerte à Laindpaintner ; il l'accepta, et
eu remplit les fonctions avec autant de zèle que
de talent. Personne n'entendait mieux que lui la
direction d'un orchestre et ne saisissait mieux
l'esprit de la musique qu'il faisait exécuter. Mal-
heureusement pour son amour- propre d'artiste,
il était rare que le roi de Wurtemberg occupât
son talent à autre chose ; car le goût de la mu-
sique étrangère était dominant à Stuttgard comme
dans toute l'Allemagne, et les compositeurs de
la nation n'apparaissaient que de loin en loin sur
la scène royale. Lorsque je visitai la capitale du
Wurtemberg (septembre 1838), Lindpaintner me
tint sur sa position et celle des autres composi-
teurs de cette époque un langage de décourage-
ment, pénible dans la bouche d'un tel artiste.
« Mon cher monsieur ( me dit-il ), un jeune mu-
« sicien allemand, enthousiaste des beautés mer-
« veilleuses d'un Don Juan , d'une FliUt en-
« chantée ou d'un Fidelio , ne rêve d'abord que
« gloire et que succès à marcher sur les traces
« des immortels auteurs de ces chefs-d'œuvre. Son
« esprit est dans une perpétuelle agitation jusqu'à
20.
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306
LINDPAINTNER
■ ce qu'il se soit procuré le livret qui doit servir
« de base à ses inspirations ; mais à peine a-t-il
■ mis la main à l'œuvre, que tout change d'as-
« pect, et que ses illusions se dissipent doulou-
« reusement. La première vérité qui le frappe ,
« c'est que les entrepreneurs de théâtre n'atta-
« client point de prix à son œuvre, et qu'ils con-
■ sidèrent l'engagement de le faire jouer comme
« une charge onéreuse plutôt que comme un
« avantage. A-t-il enfin vaincu ces premiers ob-
« stades, de plus tristes déceptions viennent l'ai-
■ teindre; car il avait compté sur la sympathie
« de ses compatriotes, et au lieu de cela il ne
« trouve que de 1'indilTérence. En général , ce
« sont les cours qui donnent le ton dans les
« États de l'Allemagne, et nos princes n'ont d'es-
« time que pour les opéras qui nous viennent
« d'Italie ou de Paris; de Paris surtout, car
« tout ce qui nous vient de cette ville nous pa-
ît ralt avoir reçu la plus solide sanction du goût.
« Jamais un opéra allemand n'obtient de ces suc-
« ces dVclat tels qu'on en voit chez vous ; sou-
« vent ce n'est qu'après la mort de leur auteur
« qu'il s'établit une sorte de religion en sa fa-
n veur. Ne savons- nous pas que, pour tout éloge
« de Don Juan, l'empereur Joseph II dit à
* Mozart qu'il y trouvait trop de notes, et que
« ce grand homme , justement blesse, osa lui
« répondre qu'il y en avait précisément autant
« qu'il en fallait? Ne savons-nous pas que Fide-
« lio fut abandonné après la troisième représen-
« tation, et qu'on ne le reprit que plusieurs an-
« nées après? Si le Freyschûtz a fait naître de
« l'enthousiasme chez les Allemands, il le doit
« en partie au sujet de la pièce. Le diable est
• partout populaire, mais il l'est surtout chez
« une nation exaltée et rêveuse. Obéron est aussi
« une conception pleine d'originalité; Euryan-
« the fourmille de beautés, et pourtant ces pro-
« ductions de l'auteur du Freyschûtz n'ont excité
« que peu d'intérêt parmi nous. D'ailleurs au-
« cune sorte d'indemnité n'est offerte a l'auteur
« d'un opéra pour son travail. La vente de quel-
« ques copies de sa partition est tout ce qu'il a
« droit d'en attendre, si par hasard sa pièce est
« bien accueillie du public. La dernière vérité
« dont le compositeur acquiert la conviction ,
« c'est qu'en supposant même qu'il obtienne des
« succès, le théâtre ne le conduira qu'à l'hôpital. »
— « Que faites- vous là? « dis-je à M. Lînd-
paintner, qui me tenait le langage dont je viens
de donner la substance, en voyant sur son pu-
pitre une composition nouvelle dont il était oc-
cupé. — « Un opéra, me répondit-il. — Comment ?
Et ce que vous me disiez tout à l'heure ? — « Que |
« voulez-vous ! devenu maître de chapelle du roi
« de Wurtemberg, j'ai du pain pour ma famille ;
« mais je n'ai que cela : mon prince ne s'inté-
« resse pas plus à mes ouvrages que le roi de
« Hanovre à ceux de Marschner, ou le duc de
« Hesse -Casse! à ceux de Spohr. Il me reste ce-
ci pendant un besoin d'artiste à satisfaire : ce be-
« soin est celui de travailler : je fats cet opéra
» pour Vienne, où il doit être joué au mois de
« décembre, et je partirai dans huit jours pour
« aller le mettre à l'étude, quoi qu'il en doive
« être de son succès. » Ce succès a eu tout l'é-
clat que son auteur pouvait désirer; l'ouvrage
était l'opéra intitulé La Génoise. Postérieure-
ment il a écrit à Stuttgard La Rosière^ opéra en
trois actes, en 1843, et Lichtenstein, pour l'ou-
verture du nouveau théâtre de cette ville. Appelé
a Londres, en 1855, pour y diriger les concerts
de la Société philharmonique, il y a fait exécuter
quelques-unes de ses compositions avec succès.
De retour en Allemagne , Lindpaintner est mort,
le 21 août 1856, à Nonnenhorn , près de Frie-
drichshafen, sur le lac de Constance. Le roi de
Wurtemberg l'avait fait chevalier de son ordre,
à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de
son entrée au service de ce prince, en qualité de
maître de chapelle. Il était membre de la société
hollandaise de Rotterdam pour les progrès de
la musique.
La liste des otivrages de Lindpaintner est éten-
due; on y remarque : I. Opéra*. 1° Démophon,
à Munich, I8fl. — 2° Alexandre à Éphèse,
opéra sérieux. — 3° Der blinde Gœrtner (Le
jardinier aveugle), Singspiele on petit opéra de
la jeunesse de l'auteur, dont la partition pour le
piano a été gravée à Leipsick, chez Breitkopf et
Haertel. — 4° Die Pflegeklnder (Les Pupilles),
partition pour piano ; Leipsick , Hofmeister.
— b*Dcr Bergkœnrg (Le Roi de la montagne),
à Berlin, en 1830; partition pour le piano;
Manheim, Heckel. — 6° Le Vampire, opéra
fantastique représenté à Vienne avec succrè,
et dont le sujet a été traité postérieurement par
Marschner. La partition de piano a été gravée à
Leipsick, chez Breitkopf et Haertel. — 7° La
princesse de Cacambo. — 8° La reine des As-
tres. — 9° Sentimeiit pour Vart et pour Va-
mour. — 10° Tintantes, opéra sérieux sur le
sujet de Démophon, autrement traité. — 11° Uans
Max Giesbrecht. — 12° Pervonte, ou les sou-
haits. — 13° Sulmona.— 14° Les filles des roses.
— 15° V Amazone, à Stuttgard, en 1831. —
16° Musique pour le Faust de Goethe, dans
la même ville, en 1832. — 17° L'Otage. —
\B° Aglaja, ballet. — 19° Zëphire et Flore,
idem. — 20° Jocko, ou le Singe du Brésil,
ballet. — 21° Zeila, idem. — 22° La Cloche
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LINDPA1NTOER — LINGKE
309
de Schiller, mélodrame sur le sujet de la célè-
bre ballade. — 23° Le Sacrifice d'Abraham ,
idem. —24° Moïse sauvé, idem. — 25° Frédé-
ric le Victorieux, idem. — 26° Timoclée ,
idem. — 27° Le pouvoir de la chanson, petit
opéra très-remarquable. — 28° La Génoise,
opéra en trois actes, joué h Vienne, au mois
de décembre 1838. — 29° Les Vêpres siciliennes,
à Stuttgard, en 1843. — 30° La Rosière, ibid.
— 31* Lichtenstein, ibid., 1845. La plupart des
opéras de Lindpaintner ont été composés sur de
mauvais livrets qui ont nui au succès de la mu-
sique. — II. Oratorios et musique d'église.
32° Le jeune homme de Naïm, oratorio, dont
on vante le style simple, élevé, et la beauté des
chœurs, mais auquel on reproche d'être dépourvu
d'expression dramatique. — 33° Le Sacrifice d'A-
braham, différent du mélodrame. — 34<> Judas
Macchabée, oratorio de Hœndel, avec une ins-
trumentation moderne, qui a reçu beaucoup d'é-
loges dans quelques journaux allemands. —
35° Herr Gott dich loben wir, motet allemand
à 4 voix et orchestre, sur un texte de Klopstock,
gravé en partition à Lcipsick, chez Breitkopf et
Hœrtel. — 36° Chant funèbre à 4 voix d'hommes,
avec 5 cors et 3 trombones ou piano ad libitum ;
Stuttgard, Zumsteeg. — 37° Messes, Te Deum,
psaumes, Pange lingua, cantates en manuscrit.
— 111. Musique instrumentale. 38° Ouverture
à grand orchestre pour la tragédie intitulée Le
Paria; Breitkopf et Hœrtel. — 39° Ouverture
du Sacrifice d'Abraham; idem, ibid. — 40 #
Ouvertures idem de la plupart des opéras et
ballets, ibid. —41° Ouverture solennelle pour la
grande fête musicale de Halle» en 1835. —
42» Symphonie concertante pour 2 cors, op. 23;
ibid. — 43° Idem pour Hôte, hautbois, clarinette,
cor et basson , op. 36 ; Mayence , Schott —
44° Seconde idem, op. 4 ; ibid. — 45° Fantaisie,
variations et rondeau pour 2 cors et orchestre, op.
49 ; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.— 46° Sympho-
nie à grand orchestre, en manuscrit. — 47° Con-
ceriiito pour violon, op. 35; Mayence, Schott.
—48° Idem, op. 42 ; Leipsick, Probst. —49° Pre-
mier quatuor pour 2 violons, alto, et basse ; Leip-
*ick, Peters. — 50° Trois grands trios pour vio-
lon , alto et violoncelle, op. 52 ; Leipsick , Probst.
— 51° Concertos pour la flûte, op. 28 et 46; Leip-
sick, Breitkopf, Probst.— -52° Polonaise idem, àYec
orchestre, op. 47; Leipsick, Breitkopf et Hsertel.
— 53» Pot-pourri , op. 62 ; ibid. — 54° Concerto
pour clarinette ; Mayence, Scholt. — 55° Concerta
■os idem, op. 19, 41; Leipsick, Breitkopf et Hœr-
tel ; Mayence, Schott.— 56° Rondo brillant idem,
op. 45; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.— 57° Ron-
deau pour basson et orchestre, op. 24 ; ibid. -
58o Concertino pour le cor, op. 43; Leipsick ,
Probst.— 59° Romance et Rondeau, op. 48 ; Leip-
sick , Breitkopf et Hœrtel.— 60<> Divertissement
pour 2 pianos, ibid.— 61 Quelques pièces de diffé-
rents genres pour piano. — IV. Musique vocale de
chambre. 62o Six chants pour 4 voix d'hommes,
op 39 ; Mayence, Scholt— 63* Die Frauen (Les
Femmes), Six chants pour 4 voix d'hommes, sur
des poésies de Wagner, op. 54; Manheim, Heckel.
— 64° Quelques canons, avec accompagnement de
piano; Leipsick , Breitkopf et Hœrtel. — 65° En-
viron 50 chants et chansonnettes à voix seule,
avec accompagnement de piano. Lindpaintner
s'est fait dans ce genre une réputation brillante
et méritée en Allemagne.
LINDSAY (Thomas) , flûtiste anglais, vivait
à Londres vers 1830. On a de lui un ouvrage élé-
mentaire pour la flûte, intitulé : Eléments of
flûte playing, according to the most approved
1 principles of modem fingering. In tuo parts;
Londres (sans date), in-fol.
L1NDSEY ( Christophe) , professeur de mu-
sique à Londres, et membre du chœur de l'é-
glise de Saint-Paul vers 1780, a publié un ta-
bleau de la distance réelle des intervalles de la
gamme, sous ce titre : A Scheme shewing the
distance of intervais 1 Londres, Broderip,
1793, in-fol. La fille de cet artiste, connue sous
le nom de Miss Anna Lindsey, a eu de la célé-
brité comme cantatrice, surtout pour les ballades
écossaises. Elle a composé la chanson de Robin
Gray, qui a obtenu un succès de vogue.
L1NELLI (Vekturi), ancien luthier de
Venise, vécut au commencement du seizième
siècle. Il fabriquait des lulhs, des mandores et
des violes de plusieurs espèces. Dragonetti, cé-
lèbre contrebassiste (voyez ce nom) a possédé
un accordo de cet artiste; c'était une viole de
la plus grande espèce, semblable à celle qu'on voit
dans le tableau des Koces de Cana, de Paul Ve-
ronèse, et qui était montée d'un grand nombre
de cordes assez serrées sur le manche, pour exé-
cuter des accords. Cet instrument portait la
date de 1514, laquelle était incrustée en écaille
dans la table d'harmonie.
LIN G (Guillaume), musicien à Londres,
vers la fin du dix-huitième siècle, a publié de sa
composition : 1° Trois sonates pour le piano avec
accompagnement de flûte, op. 1; Londres, Ralfe.
— 2° Duos pour deux flûtes, op. 2 ; Londres,
Broderip. — 3° Variations pour Je piano sur l'air
anglais : The Rising ofthe lark (L'Ascension de
l'alouette ) ; Londres, Ralfe.— 4° Grande marche
pour le piano, ibid.
LINGKE (Georges- Frédéric), conseiller des
mines du roi de Pologne, électeur de Saxe, se fit
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310
LINGKE — LIjNKE
recevoir en 1742 dans la société musicale ,
fondée par Mizler. Deux ans après, il pré- >
senta à cette société un tableau des interval-
les de musique, suivant un nouveau système,
qui fut approuvé, et qui devint la base d'un
ouvrage publié par Lingke sous ce titre : Die
Sitzeder musikalischen Hauptsœttte in einer
karlen und weichen Tonart, und trie man
damit fortschreitet und ausweichet. (Les
bases des principes transcendants de la musique
dans une tonalité majeure et mineure, etc.) ; Leip^
sick, Breilkopf, 1766, in-4° de 60 pages. Dans
un livre plus étendu, il développa les conséquences
de son système; ce livre est intitulé : Kurze
Musiklehre , in, welcher nickt a (le in die
Vencantschafi aller Tonleilern, sondern
auch die jeder zukommenden harmonisenen
Sxtzc gezeigt und mit practischen Beispielen
erlaiitert werden (Instruction abrogée de mu-
sique, dans laquelle non-seulement (affinité des
échelles des tons, mais aussi les principes de
l'harmonie propre à chacune d'elles sont expli-
qués, avec des exemples pratiques ) ; Leipsick,
Breitkopf, 1779, »n-4°de 11 feuilles. La mort de
Lingke, survenue pendant l'impression de son
ouvrage, fit confier les soins de l'édition à Hiller,
qui y a joint une préface. On n'a pas fait assez
d'attention à la théorie de Lingke, qui n'est point
exempte d'erreurs, mais où l'on trouve un
aperçu de la véritable philosophie de la tonalité.
On a aussi de cet amateur quelques autres petite
écrits relatifs à la musique ; le premier a pour
titre : Vertheidigungsschreiben an Hernn
Mattheson ( Apologies adressées à M. Matthe-
son); Leipsick, 1753. Je ne connais ce morceau
que par son titre; mais il est vraisemblable qu'il
s'agit d'une critique faite par Mattheson du sys-
tème tonal de Lingke. Le second opuscule est
un article en réponse à une autre critique de son
premier ouvrage qui avait paru dans VAllgemeine
deutsch Bibliothek (t. 5, n° 2, p. 12); cet ar-
ticle est inséré dans les Notices hebdomadaires
de Hiller (ann. 1768, p. 321 ). Une réponse de
l'auteur de la critique fut publiée dans le même
recueil (ann. 1769, pag. 183-191 ), et Lingke y
lit une dernière réplique divisée en trois ar-
ticles (ibid., p. 363, 371, 379).
LINGKE ( Jean- Théodore ) , né le 20 no-
vembre 1720, surintendant à Torgau, mort en
oette ville, le 10 avril 1802, dans un Age très-
avancé, a rempli ses fonctions pendant cin-
quante-sept ans. 11 possédait des connaissances
étendues, particulièrement dans la littérature
orientale et dans la musique. On lui doit l'inven-
tion d'un instrument auquel il a donné le nom
de Stahlspiel , parce qu'il était composé de
lames d'acier mises en vibration par le frottement.
L1N1KE (Jean-Georges), violoniste et com-
positeur, né vraisemblablement en Prusse, dans
la dernière partie du dix-septième siècle, apprit
la composition sous la direction de TheUc, à
Berlin. D'abord attaché à la chapelle royale de
Prusse, il quitta cette position en 1713 ponr
aller à la cour de Weissenfels en qualité de maî-
tre de concert. Vers 1722 il obtint un congé
pour se rendre en Angleterre, où il demeura pen-
dant trois ans; puis il alla à Hambourg en 1725, et
y fut attaché au théâtre comme chef d'orchestre,
lies autres circonstances de sa vie sont ignorées.
Il a écrit pour le théâtre de Hambourg un pro-
logue en 1725, puis le Combat de la Poésie, de
la musique et de la Peinture , autre prologue.
Le catalogue de Breitkopf ( 1760 ) indique, en ma-
nuscrit , sous le nom de ce musicien : 1° Lungi
da mio pensier f cantate pour voix de soprano,
2 violons, viole et elavecin . — 2° Ho utia pena
intorno al cor, idem. — 3° Credo amore, etc.
Cantate pour soprano et clavecin. Gerber pos-
sédait aussi une symphonie de Linfke , en ma-
nuscrit.
LINKE (Joseph) , violoncelliste et composi-
teur, né le 8 juin 1783, à Trachenberg,enSilésie,
reçut les premières leçons de musique de son
père, employé au service du prince deHatz-
feld , et administrateur de la fondation des
enfants trouvés. Après la mort de celui-ci, le
jeune Linke eut pour maître Oswald, succes-
seur de son père. A l'âge de douze ans, il entra
comme enfant de chœur chez les dominicains
de Breslau. Hanisch, habile organiste, lui donna
des leçons d'orgue et d'harmonie. Vers le
même temps , il commença l'étude du violon-
celle, sous la direction de Lose et de Flemming;
ses progrès furent rapides, et lorsque Lose se re-
tira de l'orchestre du théâtre, alors dirigé par
Charles-Marie de Weber, Linke fut en état de
le remplacer. En 1808 il prit la résolution de se
rendre à Vienne, où il arriva au mois de juin.
Bientôt après, le prince RasumofTsky l'admit dans
sa musique. Là, il eut le bonheur de connaître
Beethoven et de recevoir ses instructions sur la
manière d'exécuter sa musique ; ce fut ainsi que
Linke parvint à rendre , avec Sckuppaozigh et
Weiss, les quatuors de ce grand artiste avec une
perfection qui n'a pu être égalée que difficile*
ment par d'autres. Après huit années de séjour
à Vienne, Linke accepta une place dans la mu-
sique de la comtesse Erdœdy-Niczky, en Croatie;
mais il ne la garda que deux ans, et de retour à
Vienne, en 1818, il entra comme violoncelliste solo
au théâtre An der Wien. Après en avoir rempli
les fonctions pendant treize ans, il a été admis
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LINKE — LINLEY
SU
en la même qualité et comme collègue de Merk
à l'orchestre de l'Opéra de la cour. Il est mort à
Vienne, le 26 mars 1837. Les compositions de cet
artiste qui ont été publiées sont : 1° Concerto
pour Tioloncelle ; Vienne. — 2° Adagio et polo-
naise, idem, ibid. — 3° Thème varié avec ace. de
quatuor, op. 3; Vienne, Cappi. — 4° Rondoletto,
idem, ibid. — 5° Caprices sur des thèmes de
Bossini, idem. — 6° Variations avec accompagne-
ment de guitare, Vienne, Mechetti. — 7° Va-
riations sur l'air Schœne Minka, avec accomp.
de piano ; Vienne, Mechetti. Linke avait aussi
en manuscrit des Jlièmes s ty riens variés avec
orchestre, et des Souvenirs de la Croatie.
LINLEY (Thomas), compositeur anglais, était
fils d'un charpentier, et naquit vers 1735, dans le
comté de Gloucester. 11 avait embrassé la pro-
fession de son père. Son état le fit un jour ap-
peler pour travailler chez le duc de Bedfort, à
Bodmiston ; là, il eut occasion d'entendre Chilcot,
alors organiste à Bath, qui chantait et jouait du
clavecin. Le plaisir que lui fit cette musique le
décida à déclarera son père qu'il ne voulait plus
être charpentier, et qu'il serait musicien ; puis il
se rendit à Bath, et y devint l'élève d# Chilcot.
Paradies, ou plutôt Paradisi, compositeur ins-
truit de l'école de Naples, compléta son éducation
musicale, vers 1768, en lui donnant des leçons
d'harmonie et de contrepoint. Fixé à Bath comme
professeur de chant, Linley s'y était marié, et
avait eu douze enfants, parmi lesquels on a dis-
tingué deux fils et deux filles. L'une de celles-
ci, citée pour sa beauté sous le nom de la
vierge de Bath, devint à l'âge de seize ans la
première femme du célèbre Sheridan. En 1775,
Linley fit un voyage à Londres pour faire repré-
senter au théâtre de Covent-Garden un opéra-
pastiche, intitulé The Ducnna ( La Duègne ) 9
dans lequel il avait placé de jolis airs. Le suc-
•cès de cet ouvrage le décida à se fixer à Lon-
dres, et dans la même année il quitta Bath avec
sa famille. Au^nois d'avril 1776, il écrivit pour
Covent-Garden Le Camp, mélodrame mêlé de
chant. Peu de temps après il acheta, eu société
avec Sheridan, la part de Garrick, dans l'en-
treprise du théâtre de Drury-Lane, pour la
somme de trente- cinq mille livres sterling ( en-
viron huit cent mille francs ). Dans cette asso-
ciation, Linley fut chargé de la direction de
toute la musique, et pendant plus de quinze ans
il donna des preuves d'habileté dans l'exercice
de ses fonctions. Le nombre d'opéras, de drames
et de ballets qu'il écrivit aussi pour le théâtre
de Drury-Lane est considérable. Il mourut à
Londres , le 19 novembre 1795, et fut inhumé
dans l'église de Wells, près de ses filles,
, Mmes Sheridan et Tickell, qui l'avaient précédé
: dans la tombe. Il serait difficile de rassembler
aujourd'hui les titres de toutes les pièces dont
| Linley a composé ou arrangé la musique ; on connaît
I ceux-ci : 1° The Duenna (La Duègne) , opéra-
| comique représenté à Covent-Garden, en 1775,
| gravé en partftiou réduite pour le piano ; chez Bro-
! derip. — 2° Le Camp, mélodrame; ibid., 1776.
, —3° Le Carnaval de Venise, opéra-comique, à
I Drury-Lane, 1781, gravé pour le piano ; Londres,
! Broderip. — 4° Gentle Shepherd ( Le pâtre bien
né). pastorale; ibid., 1781.-5° The Triumph
ofmirth (Le Triomphe de la joie)'; ibid., 1782.
— 6° The Spanish Maid ( La jeune Espagnole) ;
ibid., i783. — 7° Selima and Azor (Selime et
I Azor), opéra -comique, ibid., 1734, gravé en par-
tition pour le piano, chez Broderip. - - 8° Tom
Jones, opéra-comique, ibid., 1785, en partition
pour le piano, ibid. — 9° Spanish Rivais {La
Rivaux espagnols), opéra-comique, 1735. —
ie° Strangers at home (Les Étrangers chez
eux ), opéra -comique, ibid., 1786 ; en partition
pour le piano, ibid. — 1 1° Love in the Jiïast
(L'Amour dans l'Orient), opéra-comique, ibid.,
1788. — 12° Robinson Crusoe, pantomime. —
13° Le Mendiant, opéra-comique, ibid., 1787 :
un des meilleurs ouvrages de cet artiste. Parmi
ces .compositions, Le Carnaval de Venise et Se-
lima et Azor se font particulièrement remarquer
par l'originalité de la mélodie. Les airs de Linley
ont en général une grâce et une mélancolie tendre
qui les placent au premier rang parmi les com-
positions anglaises de ce genre. On cite comme
des modèles un recueil de six élégies qu'il a pu-
blié en 1792. Après sa mort, il a paru un recueil
de ses compositions posthumes et de celles de
sou fils atné, consistant en glees, chansons, ma-
drigaux, élégies et cantates; Londres, Preston,
2 volumes in-folio.
LINLEY (TnoMAs), fils aîné du précédent,
naquit à Bath, en 1756. Ses dispositions pour la
musique étaient si précoces, qu'à l'âge de boit
ans il exécuta un concerto de violon dans un
concert public. De si rapides progrès firent
croire qu'il était destiné à devenir un artiste de
premier ordre, et son père, l'envoya à Londres
pour achever son éducation musicale sous la
direction de Boyce. En 1770, il se rendit à
Florence pour continuer ses études de violon
près de Nardini, qui le prit en affection et eut
pour lui les soins d'un père. Ce fut dans cette
ville que le jeune Linley, alors âgé de quatorze
ans, se lia d'amitié avec Mozart,~qni avait aussi
le même âge. De retour à Bath en 1772, il se fit
entendre avec succès dans les concerts et les
oratorios dirigés par son père. Dans l'année sui-
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812
LINLEY
vante, il écrivit à grand orchestre et avec chœur
l'antienne Let God arise, qui fut exécutée à la
cathédrale de Worccster, le 8 septembre 1773.
Associé dès ce moment aux travaux de son père,
il écrivit l'ouverture, un air de l'introduction,
une sérénade et le finale du premier acte de La
Duègne, opéra-comique représenté à Covent-
Garden, en 1775. L'année suivante il ajouta à
La Tempête de Shakspeare un chœur d'esprits
conjurant l'orage, et quelques autres morceaux.
Cette musique fut exécutée sous sa direction à
Drory-Lane, et obtint un brillant succès. Mais
le plus beau de ses ouvrages fut une ode intitu-
lée The Witches and Fairies of Shakpeare
(Les Sorcières et les fées de Shakspeare), qu'il
fit entendre au même théâtre, en 1776. Suivant
les biographes anglais, les beautés d> cette com-
position, où l'on trouvait une ouverture, des
chœurs , duos, airs, etc., n'étaient point infé-
rieures aux plus belles productions de Mozart
et de Purcell (!). Après cet ouvrage, le jeune Lin-
ley ajouta des instruments à vent à l'ancienne
partition de Macbeth, et composa un oratorio
intitulé The Song of Moses, qui fut exécuté à
Drury-Lane. De si beaux commencements an-
nonçaient une brillante carrière d'artiste; mal-
heureusement une fin prématurée ne permit pas
de voir réaliser de si belles espérances. Dans
une promenade sur Peau, que Linley faisait avec
quelques amis, la barque chavira, et il se noya,
le 7 août 1778, à l'âge de vingt-deux ans. Quel-
ques pièces de sa composition ont été publiées
avec les œuvres posthumes de son père, en un
recueil, chez Preston.
LINLEY ( William), le plus jeune des en-
fants de Thomas Linley, et frère du précédent,
naquit à Bath, en 1771 . Il commença ses études
a l'école de Harrow, puis alla les terminer à la
maîtrise de Saint-Paul de Londres. Son père ne
le destinait point à la profession de musicien,
mais il voulait que tous ses enfants eussent une
connaissance approfondie de la musique, et le
jeune Linley fut placé sous la direction d'Abel,
qui lui enseigna le contrepoint. On le destinait
à la carrière militaire; Sheridan le présenta au
duc de Kent, qui l'accepta pour aide de camp ;
mais Fox, ami de sa famille, lui ayant offert un
emploi plus avantageux dans l'Inde , il partit
pour Madras en 1790. La fâcheuse influence du
climat de cette colonie sur sa santé l'obligea à
retourner en Angleterre en 1795. Pendant son
séjour à Londres à cette époque il écrivit la
musique de deux opéras-comiques intitulés :
The Honey Moon (La Lune de miel), et Le
Pavillon. Ces ouvrages furent représentés au
théâtre de Drury-Lane, ainsi que les panto-
mimes Arlequin captif, ou le feu magique,
et The Vortiger (Les Tourbillons), que Linley
écrivit en 1796. Rappelé dans l'Inde en 1800, et
ne voulant plus y retourner, il donna sa démis-
sion des places de payeur provincial de Vellore et
de sous-trésorier dn fort Saint -Georges. Depuis
lors, Linley a vécu alternativement à Bath et à
Londres. Il est mort en cette dernière ville, le
6 mai 1835, dans la soixante-quatrième année
de son âge. Un recueil de glees assez médiocres,
de sa composition, avait été publié en 1799, cbez
Preston ; mais Birchall en a publié, en 1809,
une autre suite , où l'on remarque autant de
grâce dans la mélodie que d'élégance dans l'ac-
compagnement ; et depuis lors il en a paru deux
autres recueils, également estimés. Linley a laissé
en manuscrit beaucoup d'antiennes et d'autre
musique d'église qui a été souvent exécutée à
l'abbaye de Bath. On lui doit une publication
fort intéressante pour l'histoire de l'art; elle
consiste en un recueil de toute la musique
écrite en Angleterre par les meilleurs artistes de
toutes les époques pour les pièces de Shakspeare,
avec une préface et de bonnes remarques his-
toriques .*Ce recueil a pour litre : Shakspeare's
Dramatic Songs, in two volumes, consisting
of ail the songs, duels, trios t and choruscs
in character, as introduced by htm in his
varions dramas; the Music partit/ new and
parti y selected, with new Symphonies and
accompanimenls for thjn piano-forte, front
the works of Purcell, Ftelding, Dr. Boy ce,
tiares, Arne, and Cooke, MM. J. Smith,
J.-S. Smith, Th. Linley Jun. and il.-/. -S.
Sterens; to which are prefixed a gênerai in-
troduction of the svbject, anql explanatory
remarks to each play; Londres, Preston, 1816,
2 vol. in- fol.
LINLEY (Frakçois), né en 1774, & Doncas-
ter, dans le duché d'York, était aveugle de
naissance. Malgré sa cécité, ses parents, doot la
position n'était point aisée, voulurent lui donner
un état qui pût le faire vivre indépendant, et ils
le mirent sous la direction de Miller, organiste
de Doncaster, et auteur connu de plusieurs ou-
vrages concernant l'harmonie. Après nvoir ter-
miné ses études de musique sous ce maître,
Linley se rendit à Londres, où il obtint la place
d'organiste de la chapelle de Peutonville, après
avoir vaincu quinze compétiteurs dans nn con-
cours. Peu de temps après, il devint l'époux
d'une jeune dame, aveugle comme lui, et qui
possédait des biens considérables. Une fâcheuse
fantaisie poussa Linley à se faire éditeur de mu-
sique; ses affaires se dérangèrent, il fut pour-
suivi, et sa femme l'abandonna dans cette triste
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LINLEY — LIPAWSO
313
situation. Ses amis lui donnèrent alors le con-
seil d'aller en Amérique pour y tirer parti de
ses talents. Il y fut, dit-on, bien accueilli; néan-
moins, il n'y resta pas longtemps. De retour en
Angleterre vers le milieu de 1799, il mourut, à
Doncaster, au mois d'octobre de l'année suivante,
à Page de vingt-six ans. Ce musicien avait de
l'instruction et a laissé quelques bons outrages.
On connaît sous son nom : 1° Trois sonates pour
le piano avec accompagnement de flûte, op. 1 ;
Londres, Longmann et Broderip. — 2° Sonate,
idem, n° 40 du journal des pièces de clavecin,
ibld. — 3° Introduction of the organ (Intro-
duction à l'art de jouer de l'orgue) ; Londres,
Raife, in 4°. — 4° Organ pièces, interludes,
fugues, etc. (Collection de pièces, préludes et .
fugues pour l'orgue, etc.), op. 6 , Londres ; chez
l'auteur. — 5 e Plusieurs suites de solos et de
duos pour flûtes. Gerber, Liehtentbal et M. F.
Becker, ainsi que le Dictionnaire universel de
musique publié par Schilling, ont pris tous
les Linley l'un pour l'autre, et les ont même con-
fondus avec le violoncelliste Lindley.
LINTANT (C), violoniste et guitariste, né
à Grenoble, en 1758, fit ses premières études de
musique dans sa ville natale, puis alla jeune à
Paris, où il reçut des leçons de violon de Bec-
tlieaume. Il eut pour mattre de guitare Benoit
Pollet, qui jouissait alors de quelque réputation.
Après le départ des chanteurs italiens du théâtre
Feydeau, Sageret ayant pris la direction de ce
théâtre, Lintant, qui était son beau-frère, y entra
comme premier violon, sous la direction de La-
houssaye et de Blasios ; mais la faillite de Sa-
geret, quelques années après, lui fit perdre cette
place. Il vécut quelque temps à Paris en don-
nant des leçons de guitare. Vers 1810, il se fit
entrepreneur de théâtres dans les départements :
en dernier lieu, il eut la direction du théâtre
de Grenoble. Il est mort en cette ville, le 17
mars 1830, à l'âge de soixante-douze ans. Cet
artiste a publié de sa composition : 1° Trois
quatuors pour deux violons, alto et violoncelle,
op. 1 ; Paris, G. Ga veaux. — 2° Trois idem,
liv. 2, op. 4, Paris, Carli. — 3° Trois duos pour
2 violons, op. 7 ; Paris, Érard. — 4° Trots duos
pour deux guitares, Paris, Naderman. —
5° Trois grandes sonates pour guitare et violon ;
Paris, Porro. — 6° Sonates progressives pour
guitare et alto; Paris, Frey. — 7° Plusieurs re-
cueils d'airs variés et de petites pièces pour gui-
tare. — 8° Méthode suivie d'un abrégé des prin-
cipes des accords fondamentaux pour apprendre
à faire un accompagnement; Paris, G. Ga veaux.
— 9° Plusieurs recueils de romances avec
accompagnement de guitare ; Paris , Janet.
LINUS, né àChalcis, dans l'Ile d'Eubée, fut
c elon les fables grecques, fils d'Apollon et de
Terpsichore ou d'Eu ter pe. Plutarque, d'après
Héraclide de Pont, lui attribue l'invention des
chants plaintifs. Il passait pour avoir été le
maître de musique d'Orphée, de Thamyris et
d'Hercule. On dit qu'il reçut d'Apollon la lyre
à trois cordes ; mais lorsqu'il voulut perfection-
ner cette invention, en substituant aux cordes
de lin celle de boyau, beaucoup plus harmo-
nieuses, le dieu, irrité, lui ôta la vie. Le tombeau
de Linus était honoré à Thèbes dans une fête
lugubre, appelée Manéros (1), où l'on exécutait
des chants plaintifs qui portaient son nom. Dans
le vrai sens mythologique , Linos on Linus était
l'incarnation grecque de la musique.
LIPAWSKY (Joseph), pianiste et com-
positeur, naquit à Hohenmauth, en Bohême, le
22 février 1772. Avant l'âge de sept ans il com-
mença l'étude de la musique, d'abord à Roke-
nitz, ensuite à Bernwald, près de Glatz. En
pen de temps il surpassa touB ses condisciples.
Son goût passionné pour la musique lui faisait
désirer de se livrer uniquement à l'étude de cet
art; mais ses parents exigèrent qu'il entrât dans
un collège pour apprendre 4a langue latine. H
suivit d'abord les classes inférieures à Leutomis*
chel ; puis il acheva ses humanités à Koenig-
gratz. Ce fut dans ce lieu qu'il eut. pour mattre
de clavecin et d'orgue l'habile organiste Haâs.
Après avoir achevé son cours de philosophie à
Prague, ii se rendit à Vienne pour étudier le
droit ; mais il ne tarda pas à renoncer à cette
science, et à se livrer sans réserve à son pen-
chant pour la musique. Pasterwitz, savant moine
bénédictin, *lui enseigna la composition, et ses
liaisons d'amitié avec Mozart et Wanhall ache-
vèrent de perfectionner son goût. Comme pia-
niste et comme compositeur, il se fit en peu
d'années une brillante réputation. Pendant deux
ans, il fut attaché à la famille du comte Tcleky,
comme professeur de piano ; ce seigneur lui fit
ensuite obtenir un emploi dans la cour des
comptes. Lipawsky mourut à la fleur de l'âge,
le 7 janvier 1810. On connaît sous le nom de
cet artiste : 1° Ver gebesserte Hausteufel ( Le
Démon domestique corrigé ), imitation de l'opéra
français Le Diable à quatre. Cet ouvrage a été
représenté à Kornenbourg, an bénéfice des pau-
vres et des orphelins. — 2° Die Nymphen der
Silberquelle (Les Nymphes de la Source argen-
tée), opéra joué avec succès au théâtre Schika-
(1) T/origlne égyptienne de ce mot (MovS^oc) est évi-
dente; les chanta lagabres des fétes d'isys cherchant le
corps de son flla s'appelaient de ce nom.
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314
LIPAWSKI — LIPINSKI
neder, à Vienne. — 3° Bernadone, opéra re-
présenté à Prague. — 4° Sonate pour piano et
-violon; Prague, Wedtmann, 1798. — 5° Idem,
op. 9; ibid. —6° Grande sonate pour piano,
violon et violoncelle, op. 18; ibid. — 7° Idem,
op. 11 ; Vienne, Steiner (Haslinger). — 8° Grande
sonate pathétique pour piano seul , op. 27 ;
Leipsick, Breitkepf et Haerlel. — 9° Grande
sonate idem, op. 32 ; Vienne, Haslinger. —
10° Trois andanie pour piano seul, op. 19;
ibid. — 11° Rondos idem, op. 23 et 30; ibid.
— 12° Fugue sur la marche des Deux Jour-
nées, de Cherubini, op. 24; ibid. — 13° Six fu-
gues pour piano seul, op. 29 ; ibid. — 14° Beau-
coup de thèmes variés, polonaises, menuets, etc.
LIPINSKI (Charles) (1), violoniste cé-
lèbre, est né à Radzyn, en Pologne, au mois de
novembre 1790. Son père, amateur distingué de
musique, lui enseigna les premiers éléments de
cet art à l'âge de six ans , et fut le seul maître que
Charles Lipinski eut jamais. Ses progrès furent
rapides ; mais ils firent interrompus par les études
littéraires qu'on lui fit (aire. Le premier instrument
qu'il étudia fut le viohncelle ; en peu de temps il
parvint à jouer sur cet instrument les concertos
de Romberg. Son ami M. Ferdinand Kremes,
employé du gouvernement à Lemberg, amateur
distingué et violoncelliste remarquable, l'encoura-
geait dans ses efforts et faisait avec lui de la
musique. Plus tard , Lipinski abandonna le vio-
loncelle pour le violon, sans autre maître que lui-
même, et 'se proposant principalement d'at-
teindre dans son jeu la plus grande puissance de
son possible. Ses études constantes lui firent ré-
soudre ce problème. Même à la tin de sa car-
rière, la bravoure dans les traits diftyciles et l'am-
pleur du son étaient les qualités les plus remar-
quables de son talent. Il n'était âgé que de
vingt-deux ans lorsqu'on le choisit, en .1812,
pour chef d'orchestre du théâtre de Lemberg :
il en remplit les fonctions pendant deux ans, et ]
compléta de cette manière son instruction musi- ,
cale, en dirigeant l'exécution des meilleurs opéras |
allemands, italiens et français. Pendant ce temps, |
son talent d'exécution acquit tout son dévelop-
pement et prit toute la largeur qui est son ca-
ractère distinctif. En 1814, l'annonce qu'il lut !
dans les journaux de l'arrivée de Spohr à Vienne
le décida à s'y rendre pour entendre ce maître,
dont le jeu lui plut, dit-on, beaucoup. De retour
■ à Lemberg, il donna sa démission de chef d'or-
chestre du théâtre pour se livrer en liberté à la
(l) Les correction* Caftes Ici à l'égard de quelques faits
concernant la vie du célèbre violoniste et compositeur
Charles Lipinski m'ont été indiquées par sou fils, M. Gus-
tave Charles Lipinski, docteur en droit, a Dresde.
culture de son talent et pour donner des con-
certs. C'est aussi à cette époque qu'il écrivit
ses premières compositions publiées à Leipsick.
Fink, qui a donné sur Lipinski une notice assez
étendue dans le Lexique universel de musique
publié par Schilling, rapporte qu'en 1817 le
violoniste polonais ayant appris que Paganini
commençait à fixer sur lui l'attention publique,
partit peur l'Italie , dans le seul but de l'en-
tendre, donnant des concerts sur sa route et
jusque dans le nord de l'Italie ; qu'il entendit Pa-
ganini à Plaisance, et qu'il lui fut présenté;
que le célèbre artiste génois lui proposa de jouer
des symphonies concertantes dans des concerts
publics, et que tous deux y brillèrent à un égal
degré. Dans la première édition de la Biogra-
phie universelle des musiciens, j'ai élevé des
doutes sur ce fait, parce qu'en 1817 Paganini
était malade à Rome; mais suivant l'explication
qui m'a été donnée par M. Gustave-Charles
'Lipinski, fils du virtuose, la contradiction ne
provient que d'une faute d'impression dans la
date donnée par Fink. En réalité, Lipinski a joué
dans deux concerts à Plaisance avec Paganiai;
les affiches originales qui sont en la possession
de M. Gustave-Charles Lipinski et qui ont été
communiquées à M. Furstenau, artiste de la
chapelle royale de Dresde, en sont une preuve
sans réplique.
De retour en Allemagne, Lipinski y donna des
concerts dans plusieurs villes, puis retourna à
Lemberg, où il était en 1823. Vers la fin de la
même année il se fit entendre à Kiew, eu il obtint
de brillante succès. En 1825 il était à Pétersbourg ;
il y donna, au mois de juin, un concert dans la
grande salle de la redoute, où avant lui aucun
artiste ne s'était fait entendre. Liszt est le seul qui
après lui ait tenlé cette épreuve avec succès.
À l'époque du couronnement de l'empereur Ni-
colas à Varsovie, et dans le moment même où
Paganini donnait des concerts avec son succès
accoutumé, Lipinski en donna un le 5 juin ai
grand théâtre, et y excita l'enthousiasme de ma-
nière à soutenir le parallèle avec son prodigieux
émule dans l'opinion publique. On peut voir dans
la Gazette de Berlin rédigée par Voss (juin et
juillet 1829) des relations de ce concert et de
l'effet produit par l'artiste polonais. On retrouve
celui-ci à Leipsick et à Francfort en 1835. Dans
l'année suivante il fit un voyage à Paris et à
Londres. De retour en Allemagne, il se rendit à
Vienne, et y donna, pendant les mois de mai et
juin 1837, dans la grande salle de la redoute,
quatre concerts, où sou talent produisit la plus
vive impression. Il ne s'éloigna de celte ville que
pour retourner à Lemberg, où il ne s'arrêta que
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LIPINSKI — LÏPOWSKI
315
quelques mois, puis il traversa la Pologne et en-
treprit son second «voyage en Russie. Pendant
l'hiver de 1838-1839, il se fit entendre de nou-
veau à Pétersbourg et à Moscou, où il donna plu-
sieurs concerts au grand théâtre de t'Opéra im-
périal. Le 1 er juillet 1839 il .se fixa à Dresde en
qualité de premier maître de concerts de la cour
•et de la chapelle royale de Saxe. A l'époque de
mon premier séjour à Dresde. (1849), je fis la
connaissance de cet artiste intéressant, et je le
trouvai- plein de feu et d'enthousiasme pour l'art,
bien qu'il touchât à sa soixantième année. En
1854, le feu roi Frédéric- Auguste le nomma che-
valier de l'Ordre d'Albert de Saxe, en récompense
de son mérite et de ses services .
Les compositions publiées de Lipinski sont :
1° Variations pour violon et orchestre, op. 5 ;
Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 2° Deux polo-
naises idem, op. 6; ibid. — 3° Rondo alla po-
iacca, idem, op. 7; ibid. — 4* Sicilienne variée
pour violon et quatuor, op. 3; Leipsick, Peters.
— 5° Variations idem, op. 4; ibid. — 6° Trois
polonaises idem, op. 9 ; Leipsick, Breitkopf et
Haertel. — 7° Trio pour 2 violons et violoncelle,
op. 8 ; ibid — 8° Deux caprices pour violon seul,
avec accompagnement de basse, op. 2; Leipsick,
Peters. — 9° Trois idem, op. 10; Leipsick,
Probst. — 10° Trio pour deux violons et violon-
celle, op. 12 ; Leipsick, Peters. — 11° Variations
avec accompagnement de piano, op. il et 15 ;ibid.
— 12° Rondo alla polacca avec piano, op. 13;
Vienne, Haslinger. — 13° Rondo de concert pour
violon et orchestre, op. 18 ; Leipsick, Peters —
14° Rondo alla polacca idem, op. 17; ibid. —
1 5° 1" Concerto idem (en fa dièse mineur) op. 14 ;
ibid. — 16° Concerto militaire idem (en ré),
op. 21 ; Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 17° 3*"*
concerto idem ( eh mi mineur ), op. 24 ; Leipsick,
Hofmeister. — 18° Variations idem sur la cava-
tine du Barbier de Séville (Ecco ridente il
cieto), op. 20 ; Leipsick, Breitkopf et Haertel. —
19° Variations.de bravoure idem (en ré), op 22;
Leipsick, Peters. — 20° Adagio elegiaco à l'usage
des concerts idem (en mi): Berlin, Schlesinger.
— 2t° Fantaisie et variations idem sur des motifs
des Hugu*not$(en mi), op. 26 ; ibid. — 22° Rémi-
nucences des Puritains, grande fantaisie idem,
op. 28 ; Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 23°4*n»e
concerto idem (en la), op. 32 ; Leipsick, Hofmeis-
ter. — 24° Fantaisie idem (sur des motifs de
de l'opéra de Steffani : Les Cracoviens), op. 33 ;
ibid. — 25° Trois caprices pour violon seul,
op. 29; Hambourg, Schubert!» . On doit aussi
à Lipinski une intéressante collection de chants po-
pulaires de la Galicie (ancienne PelitePologne), au
nombre de 169, avec accompagnement de piano :
Cette publication, faite avec le savant littérateur
polonais Vcnceslas Zalewski, a pour titre : Piesni
polskie i ruskie ludu Galicyiskiego z musyka
instrumentowana; Lemberg, Piller, 1834,2 vol.
gr. in-8°.
LÏPOWSKI (Thadée-Ferbinand), né à
Saint-Martin en Bavière, le 28 décembre en 1738,
commença ses études à Passau, puis suivit à
Salzlwurg des cours de philosophie, de mathé-
matiques et de droit. Son éducation musicale se
fit en même temps que son éducation littéraire et
scientifique ; il apprit en peu d'anuées à bien jouer
du clavecin, du violon et du basson. Le violon
fut surtout l'instrument qu'il cultiva avec succès.
Léopold Mozart, père de l'immortel compositeur,
lui enseigna aussi l'harmonie et le contrepoint.
Son premier ouvrage fut un opéra en langue la-
tine, intitulé: Musse in Parnasso Salisbur-
gensi. Les étudiants de l'université le représen-
tèrent en 1759, pour la fêle du prince évêque.
L'année suivante Lipowski alla terminer son
cours de droit à l'université d'Ingolstadt. De re-
tour à Munich, il s'y fit connaître par son talent
distingué sur le violon. En 1763, il fut nommé
conseiller de justice à Weissensteig, en Souabe
(maintenant au royaume de Wurtemberg). 11 y
avait en ce lieu un chapitre de chanoines séculiers
de Sainl-Cyriaque, où se trouvaient beaucoup de
bons musiciens et un choeur bien organisé ; cette
circonstanceexcita le zèle le Lipowski, qui écrivit
en peu d'années des messes, litanies , offertoires,
symphonies, concertos,, quatuors, trios, etc. Dans
un voyage qu'il fit à Munich il joua nn concerto
de violon chez le prince électoral Maximilien III,
qui, charmé de son talent, le fit nommer con-
seiller de la cou[ à Munich et administrateur
des droits de brasserie ; mais au moment où il
allait prendre possession de ses nouveaux em-
plois, une fièvre cérébrale le conduisit au tom-
beau, le 18 mars 1767. Peu de jours avant sa
mort, il avait achevé une messe de Requiem, qui
fut exécutée à ses obsèques, et dont le manuscrit
a été conservé au chapitre de Saint-Cyriac.
LIPOWSKI (Félix-Joseph), fils du pré-
cédent, né à Weissensteig, en 1765, s'est fait con-
naître comme un des écrivains les plus féconds
de la Bavière. Il s'est exercé sur tontes sortes de
sujets, mais surtout sur des points d'histoire,
de littérature, d'arts et de sciences, relatifs à son
pays. Fixé à Munich dès son enfance , il y a pu-
blié tous ses ouvrages. Le premier a paru en 1794 ;
le dernier en 1831. Au nombre de ses écrits, on
trouve un dictionnaire historique des musiciens
de la Bavière, intitulé : Baierische Musik-Lcxi-
kon; Munich, Giel, 1811, 1 vol, in-8°. Ce livre
parait avoir été fait avec précipitation ; néanmoins
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3IG
L1P0WSKI — LIROU
on y trouve quelques renseignements utiles.
L1PPARIÎVI (Le P. Guillaume), moine
augustin, né à Bologne, vers la fin du seizième
siècle, Tut maître de chapelle de l'église cathédrale
de Como. Il vivait encore en 1637, car il publia
dans cette année son œuvre quatorzième. On con-
naît sous son nom : 1° Il primo libro de motetti
a 7, 8 c 15 voci; Venezia per il Roveri, 1609,
jn-4°. — 2° Madrigali a cinque voci; ibid.,
1614. — 3-» Messe a 8 e 9 voci ; ibid. —4° Lcia-
nie délia B. Virgine «1,2, 3 voci con il basso
per l'organo; ibid, 1623, in-4° b°Sacri laudi
a 3, 4, 5, 8 voci, op. 12; Venezia, per il Vin-
cent!, 1634, in-4°. —6° Sacri concerli a 1,2,
3, 4 voci con letanie e sonate, op. 13; ibid.,
f635, in-4°. — 7° Salmi concertait a 8 voci
con l'organo, op. 14; ibid., 1637, in-4 # . —
8° Sacri concerli a 4, 5, 6, 8, 10 voci. lib. 2;
ibid., 1637, in-4°.
.LIPPIUS (Jean), docteur et professeur de
théologie à Strasbourg, né dans cette ville, le
24 juin 1585, étudia d'abord à l'université de
Wittenberg, puis à Jéna, et enfin à Giessen, où
il fut gradué docteur. Il mourut à Spire, le 24 sep-
tembre 1612, au retour d'un voyage qu'il avait
fait à Giessen, et lorsqu'il allait prendre posses-
sion de sa chaire dans sa ville natale. Lippius
soutint à Wittenberg une thèse sur la théorie
des intervalles de la gamme, qui a été imprimée
sous le titre de : Disputatio de musica, Witte-
bergœ, 1 609, 8 pages in-4°. Cette dissertation fut
suivie de deux autres sur le môme sujet, impri-
mées dans la même ville, en 1G09 et 1 6 10. La
deuxième dissertation forme deux feuilles et de-
mie, et la troisième, quatre feuilles. Lippios les
réunit ensuite, et les publia, lorsqu'il était à l'u-
niversité de Jéna, avec le titre suivant : Themata
musica t ut multis forte paradoxa, ita hoc
maxime sxculo notanda et a Musophilis pu-
bliée discutienda atque explicanda, exhibens.
Jéna, 1610, in-4°. Il y établit que la musique n'est
point une science métaphysique (Musica non est
scientia melaphyslca) t et qu'elle n'est pas préci-
sément physique, parce que le son, bien que chose
naturelle, n'est pas un corps : donc (ajoute-t-il')
elle est mathématique. Cette opinion erronée
a été reproduite après Lippius par la plupart des
géomètres. Il y ajouta ensuite un supplément in-
titulé : Themata fontem omnium errantium
musicorum operantia, etc., Jéna, 1611, in-4°.
Il est vraisemblable que cette dernière disserta-
tion est la même qui est citée par Wallherdans
son Lexique de musique sous ce titre : Brevicu-
lum errorum musicorum veterum et recen-
tiorum. Toutes ces pièces sont de la plus grande
rareté; mais nul doute que toute la doctrine
qu'elles renferment a été reproduite par Lippius
dans son livre intitulé: Synopsis mvsicx norx
omnino verx atque methodicx unïversx, in
omnis sophix prxgustum TcapepYw; inventx,
disputatx et propositx omnibus philomusis;
Strasbourg, Paul Ledertz, 1612, in- 8°. L'épltre
dédicatoire est datée du dimanche de Lxtare
1612. A la fin dePouvrage, on trouve huit vers
à la louange de Lippius, par Calwifz ou Calvi-
sius. Le livre de Lippius est une doctrine com-
plète des proportions musicales et de la théorie
mathématique de la musique. On peut le consi-
dérer comme un bon ouvrage pour le temps où
11 a été écrit. Gerber a fait une de ses bévues
ordinaires en disant que la première édition de
ce livre a paru en 1592, quoiqu'il eût donné lui-
même la date de 1585 pour celle de la naissance
de Lippius ; en sorte que ce savant aurait été
âgé de sept ans lorsqu'il aurait publié son livre.
On a aussi de Lippius un écrit intitulé : Philo-
sophix verx ac sincerx in quibus continen-
tur: 1° Prxparatio per musicam, 2* Perfedio
inlerior realis per metaphysicam , rationalis
per logicam, exterior realis perethicam, e(c«
Strasbourg, 1612, in-8°. Erfurt, 1614, in-12. Ce
qui concerne la musique dans cet ouvrage forme
cinq feuilles d'impression.
LIPPRAND(Jean), organiste à Rudolstadf,
vers le milieu du dix-septième siècle, a mis en
musique à quatre voix une ode funèbre sur la
mort du fris du bourgmestre de celle ville. Elle
est imprimée à la suite d'un éloge historique de
ce jeune homme; Rudolstadf, 1669, in-4*.
LIROU (Jean-François ESPIC, chevalier
DE), né à Paris, en 1740, entra dans les mous-
quetaires du roi, et fut décoré de la croix de Saint-
Louis. Amateur passionné de musique et de
poésie, il composa la Marche des mousque-
taires, qui fut exécutée pour la première fois à
la revue de la plaine des Sablons en 1767, et qui
a continué d'être jouée à la tête de ce corps jus-
qu'à la révolution de 1789. Louis XV paraissait
avoir du goût pour ce morceau, et demandait
souvent la marche de son mousquetaire. M. de
Lirou écrivit aussi les livrets de plusieurs opéras,
entre autres Diane et Endymion, mis en mu-
sique par Piccinni, et représenté à l'Opéra, en
1784, ThéageneetChariclée, et Jason, présentés
au jury du même théâtre, mais non reçus. L'ou-
vrage le plus important du chevalier de Lirou
est un livre intitulé : Explication du système de
Vharmonie, pour abréger V élude de la com-
position, et accorder la pratique avec la théo-
rie; Londres (Paris), 1785, 1 vol. in- 8° L'auteur
de cet ouvrage est le premier écrivain français
qui, dans un livre sur l'harmonie, se soit séparé
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LIROU — LISTE
HT
complètement du système de la basse fondamen-
tale de Rameau, pour chercher les lois de suc-
cession des accords dans les rapports de tonalité,
qui sont en effet les bases certaines de toute
musique. Malheureusement les idées de Lirou
manquaient de netteté à l'égard de ce critérium
de la science. Au lieu de chercher le principe de
la tonalité des sons par ordre de succession, il a
pris son point de départ dans la résonnance har-
monique des corps sonores , supposée uniforme.
Ut, dit-il, produit mi, sol; sol engendre si, ré;
de plus, ut peut être considéré comme quinte
de fa, d'où fa, la, ut. Ainsi, ut étant placé comme
intermédiaire, on trouve dans les résonnances
harmoniques de /a, d'uf, et de sol, la suite de
sons mi, fa, sol, la, si, ut , ré, mi, qni ren-
ferme tous les intervalles de notre gamme ma-
jeure, et qui correspondent au deux tétracordes
île la musique grecque mi, fa, sol, la; si, ut,
ré, mi. Et parce que par un procédé tout arbi-
traire et mécanique ii est parvenu à trouver les
notes qui composent la gamme, il croit avoir
une tonalité, et se persuade qu'il ne s'agit que de
changer la disposition de ces notes, en commen-
çant par ut au lieu de mi. Il ne sait pas que toute
la difficulté est précisément dans la détermina-
tion de la première note de l'échelle. Arrivé à
ce résultat, il dispose les notes en un cercle qui
lui représente les deux progressions -ascendante
et descendante ut, mi, sol, si, ré, fa, la, et ut,
la, fa, ré, si, sol, mi, qu'il considère comme
bases de toutes les constructions d'accords, de
toutes les successions harmoniques, des modes
et de la modulation. L'exposé de ce début du
système suffit pour indiquer ce qu'on doit atten-
dre d'une théorie d'harmonie fondée sur de
telles bases. Le chevalier de Lirou est mort
à Paris, en 1806, d'une goutte remontée.
LIS ( Charles-Auguste ) , compositeur ama-
teur, naquit à Bruxelles, le premier juillet 1784.
Fils d'un riche négociant de cette ville, il était
destiné à suivre la carrière du commerce ; mais
des spéculations malheureuses de son père ayant
anéanti sa fortune, Charles Lis fut obligé d'accep-
ter une place dans l'administration des finances
du royaume des Pays Bas, et alla à Amsterdam
occuper cet emploi, depuis 1814 jusqu'en 1831.
De retour à Bruxelles, après la révolution qui
sépara la Belgique de la Hollande, il entra dans
les bureaux du ministère des finances, et il y
fut employé jusqu'à sa mort, qui arriva le 28 juin
1 845. Lis avait appris la musique dans son en-
fance : dès l'ûge de vingt ans il composa des ro-
mances charmantes, qui eurent un succès de vogue.
Parmi ces pièces légères on remarque celles qui
commencent par ces mots : Portrait charmant,
portrait de mon amie; fleuve du Tage ;
Non, je ne Vaime pas, etc. On trouve une
notice sur cet amateur distingué, par M. Ar-
thur de Mornay, dans le Nécrologe universel
du dix-huitième siècle (Paris, année 1846,
in-8° ).
Ll SCO VI US onLISKOVIUS ( Charles-
Frédéric-Salouon ), docteur en médecine et mé-
decin praticien à Leipsick , est né dans cette
ville, le 8 novembre 1780. lia publié une disser-
tation concernant la théorie de la voix, sous ce
titre : Dissertatio philologica sistens theoriam
vocis ; Leipsick, 1814, in-8° de 70 pages. Dans la
même année, il en a donné une traduction alle-
mande intitulée : Thorle der Stimme; Leipsick,
Breitkopf et Haerlel, in-8° de 106 pages, avec une
planche représentant les détails de l'appareil
vocal. Dans ce petit ouvrage , Liscovius se livre
à l'examen des théories de la voix humaine de
Ferrein , de Chladni , de Cuvier et de Bur-
dach ; puis il présente son propre système,
qui consiste à considérer l'organe comme produi-
sant de certains sons par l'action de ce que Fer-
rein a appelé les cordes vocales, c'est-à-dire
par les ligaments de la glotte, et d'autres par le
brisement de l'air sur les bords de l'ouverture du
larynx. Il examine avec soin les divers phéno-
mènes du mécanisme de la voix, dans la parole
et dans le chant, les causes probables de la di-
versité qu'on remarque dans cet organe, et les
influences auxquelles il est soumis. 11 traite aussi
de la voix chez les oiseaux et les animaux amphi-
bies ; enfin, la dernière partie de l'ouvrage est re-
lative à l'hygiène de la voix. Une analyse delà
dissertation de M. Liscovius par le docteur Hell-
wig a été donnée dans les volumes 16 e et 18*
de la Gazette musicale de Leipsick. Liseovius
a publié aussi des remarques sur l'hypothèse
physico- acoustique de Gottfried Wcber, concer-
nant la voix humaine, dans le 4 e volume de l'é-
crit périodique intitulé Cœcilia, p. 161-166.
LISSIEUX (...), facteur d'instruments à
vent, établi à Lyon, vers 1660, était renommé
pour la bonté de ses musettes et de ses hautbois
( voyez le Traité de la Musette, de Borjon,
page 39).
LISTE (Antoine), chanteur, pianiste et
compositeur, né à Hildesheim, en 1774, fit ses
études à Yienne, et fut, dit-on, d'abord élève
de Mozart, puis d'Albrechtsberger. En quittant
l'école de ce dernier, il entra chez le comte
Westphal en qualité de maître de musique de la
famille de ce seigneur. En 1804 il vivait sans
emploi àHeidelberg; c'est là qu'il commença à se
faire connaître par deux sonates pour le piano,
qui ont été publiées dans le 9 e cahier du Réper-
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318
LISTE — LISZT
toire des clavecinistes, par Nœgeli. De Heidel-
berg, Liste se rendit à Zurich où il parait s'être
fixé. Il y vivait encore eu 1828. Les ouvrages
les plus connus de cet artiste distingué sont :
1° Grand concerto pour piano en forme de fan-
taisie, op. 13 ; Leipsick, Breitkopf et Hœrlel. —
2° Grande sonate pour piano et basson ou violon-
celle, op. 3 ; Zurich, Hug. — 3° Grande sonate
pour piano à 4 matas, op. 2; Leipsick, Breitkopf
etHîertel.— 4° Sonates pour piano seul, op. 1/6,
8 et 12 ; Zurich et Leipsick. — 5° Pièces carac-
téristiques pour piano, op. 10 ; Leipsick, Hofmeis-
ter. — G° Variations sur le thème : Nice, se più
•/ton rn'ami, op. 7 ; Leipsick, Breitkopf et Haertel.
— 7° Chansons allemandes, op. 17, liv. 1 et 2;
Bonn, Si m rock.
LISTENIUS (Nicolas) , écrivain sur la mu-
sique, naquit à Brandebourg, au commencement
du seizième siècle. Cette circonstance de sa vie
est la seule connue ; «Ile serait vraisemblablement
ignorée si Listenius n'en avait fait mention dans
Tépitre dédicatoire du livre qu'il a publié. Cet
ouvrage, qui renferme un traité élémentaire de
musique à l'usage des écoles primaires , parut
la première fois sous ce titre : Rudimenta mu-
sicœ, in gratiam sludiosx juvenlutis diligenter
comporta! a; Wittenberg, Rhau, 1533, in-8° de
six feuilles. Peu de livres ont été aussi souvent
réimprimés que celui-là : Gerber porte à dix-
sept le nombre des éditions qu'on en a faites, et
avoue qu'il ne les connaît vraisemblablement
pas toutes. Il est vrai que j'en ai vu quelques-
unes qu'il ne cite pas, et peut-être y en a-t-il
d'autres encore. La deuxième édition a paru en
1536, chez le même Georges Rhau ou Hhaw, à
Wittenberg. On en trouve un exemplaire à la
bibliothèque royale de Berlin, et j'en possède
un de la même date. En 1539, le même édi-
teur on a donné une autre, intitulée : Musica
Nicolai Listenii, ab authore denuo recognila,
mvltisgue no vis regulis et exemples adaucla.
Petit, iu-8° de 6 feuilles. Toutes les autres édi-
tions imprimées chez Rhau en 1542, 1544, et
1554, ont le même titre, qui a été copié aussi
dans une réimpression faite à Leipsick, en 1554,
par Georges Hantsch. Il en est de même de celles
qui ont été imprimées à Leipsick, chez Michel
Blum, en 1543, 1546 et 1553. Ce même titre se
trouve aussi en tête d'une autre édition qui m'a
été indiquée par le savant M. Gaspari, de Bologne,
mais avec une addition à la fin. Ce litre est :
Musica Nicolai Listenii , denuo recognita
multisquc noris regulis et exemplis aucta,
ac correctius quam antea édita. Aoribcrgx
excudebat Theodoricus Gerlatzenus; 1569,
petit in-8°. Cette même édition a été reproduite
en 1570, avec un autre frontispice. La quatrième
édition a pour titre : Nicolai Listenii Rudi-
menta musiae, ab authore aucta et reeo-
gnita;NoriUergx f apud. Joan. Petreium, 1540 r
in-8°. Les autres éditions publiées par le même
imprimeur en 1544, 1549, 1553, 1577, et chez ses
héritiers, 1588 et 1600, toutes in-8°, sont sim-
plement intitulées : Musica Nie, Listenii ab au-
thore recognita et aucta. Enfin, il y en a une,
sans date, publiée à Francfort-sur-l'Oder, et une
autre imprimée à Breslau, en 1573, dont Hoff-
mann a donné la description dans son livre sur
les musiciens de la Silésie (voyez Hofmann). La
bibliothèque royale de Berlin possède une édi-
tion donnée à Leipsick, en 1559 : j'ignore le non»
de l'imprimeur. M. Charles-Ferdinand Becker a on
exemplaire d'une édition imprimée à Nuremberg,
sans date, et une autre édition, également sans
date, de Francfort-sur-le-Mein. La simplicité du
style de Listenius et la clarté de ses définitions ont
été vraisemblablement les causes principales do
succès de son livre.
LISTON (Henri), ecclésiastique écossais,
ministre de l'église unique du comté de Lin-
lithgow et de la ville de ce nom, près d'Edim-
bourg, vécut au commencement de ce siècle.
En 1811 , il soumit à l'examen de William
Sliield, de Samuel Wesley, de J. Davy et d>
Greatorex, un orgue de son invention, auquel i!
donnait le nom d* enharmonique, et qui arait
été construit par un facteur de Londres, sons
sa direction. Ces artistes approuvèrent le système
de cet instrument, le considérant comme uft
progrès, particulièrement en ce qui concerne les
moyens de fixer la justesse la plus satisfaisante.
Quelques mois après, le révérend Liston pu-
blia un traité sur l'intonation, avec un grand
nombre d'exercices, sous ce titre : An Essag
on perfect intonation ,■ Edimbourg, Peter HiM;
Londres, Longman, 1812, 1 vol. in-4°. Cet ou-
vrage a pour objet de faire connaître les avan-
tages de l'orgue enharmonique pour la perfec-
tion des intonations dans le chant.
LISZT (François ou Franz), l'un des ar-
tistes les plus extraordinaires de notre temps,
n'a été considéré dans la première édition de la
Biographie universelle des musiciens qu'an
point de vue de son talent de pianiste : vingt-
deux années se sont écoulées depuis lors; dans
cet intervalle, Liszt s'est ouvert une carrière
nouvelle, et j'ai àparlerdelui non-seulement pour
les prodiges de son exécution, mais pour ses tra-
vaux de maître de chapelle, et pour ses entre-
prises de transformation de l'art dans la compo-
sition symphonique. De plus, il me faudra le
suivre aussi dans ses travaux de littérature ; car
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LISZT
31»
sa vigoureuse organisation intellectuelle a saisi
l'art sous tous ses aspects.
Liszt est né le 22 octobre 1811, à Rœding (1),
village de la Hongrie, non loin de Pestli. Son
père, employé dans l'administration des biens du
prince Esterhazy, était bon musicien et jouait
avec habileté de plusieurs instruments. Le prince
employait ses talents dans sa chapelle; ce fut là
qu'Adam Liszt se lia d'amitié avec Haydn, qui
mourut deux ans avant la naissance de son fils.Dans
sa sixième année le jeune Liszt montra ses heu-
reuses dispositions pour la musique, en écou-
tant attentivement son père qui exécutait sur le
piano le concerto de Ries en ut dièse mineur,
dont il chanta le même soir le thème et les prin-
cipales mélodies. Dès ce moment, on le mit à
Fétude du piano. Les tendances de son esprit
vers le recueillement mélancolique commencè-
rent à se manifester un peu plus tard, par le
goût passionné qu'il prit à la lecture du René de
M. de Chateaubriand. Pendant près de six mois,
ce livre ne sortit pas de ses mains, et souvent
on le trouva les yeux baignés de larmes pendant
sa lecture. A l'âge de neuf ans, il se fit entendre
pour la première fois en public à Œdenbourg, et
quoiqu'il eût été pris de la fièvre au commence-
ment du concert, il exécuta le concerto de Ries
en mi bémol, et une fantaisie improvisée , de
manière a exciter le plus vif étonnement. Le
prince Esterhazy, qui l'entendit dans cette
séance, lui fit beaucoup de caresses et lui ac-
corda un présent de 50 ducats. Peu de temps
après, Liszt commença ses voyages avec ses pa-
rents, et se rendit à Presbourg. Il y trouva dans
les comtes Amaden et Zopary deux protecteurs,
qui se réunirent pour lui assurer une pension de
600 florins pendant six ans, dans le but de l'aider
à compléter son éducation. Alors commença à se
réaliser l'avenir de bien-être que le père de Liszt
avait espéré pour son fils. Il le conduisit à Vienne,
et le confia aux soins de Czerny. Les premières
leçons du maître blessèrent le jeune orgueil de
Pélève, parce que Czerny présenta à Liszt des
sonates de démenti que celui-ci considérait
comme au-dessous de son talent et qu'il joua
avec «dédain. Il fallut aborder de plus grandes
difficultés, et bientôt il y en eut à peine d'assez
grandes, pour le pianiste enfant, dans les œuvres
de Beethoven et de Hummel. On rapporte à ce
sujet que le jeune Liszt se trouvant un jour avec
quelques artistes chez l'éditeur de musique qui
venait de publier le concerto en si mineur de
(1) Cette date se trouve dans toutes les notices biographi-
ques de Liul ; Je crota pourtant que les renseignements qui
me sont parvenus de Vienne, et qui font remonter la nais-
sance de l'artiste à deux années plus tôt, sont exacts.
Hummel, il le joua sans hésiter à première vue-
Cette aventure fit du bruit; il en fut parlé dans
les salons de Vienne, et chacun voulut entendre
le jeune virtuose. Le prix convenu entre le père
de Liszt et Czerny, pour un certain nombre de
leçons, était une somme *de trois cents florins ;
mais lorsque vint le payement, le mattre
refusa, disant que les succès de son élève t'in-
demnisaient de tous ses soins. Pendant les
dix-huit mois que Liszt passa sous la direction
de Czerny, il reçut aussi quelques leçons de
composition do vieux Salieri. Après ce temps
d'études, il donna son premier coneert : le»
artistes les plus célèbres y assistèrent, et pré-
dirent à l'enfant précoce une carrière glorieuse.
Ce fut alors que Liszt et sa famille se dirigèrent
vers Paris, donnant partout des concerts, et par-
tout obtenant de brillants succès.
Le père du jeune artiste s'était proposé de le •
faire entrer au Conservatoire et de le conlicr aux
soins de Cherubini pour le contrepoint ; mais sa
qualité d'étranger opposa à ce projet un obstacle
que ne purent écarter les recommandations de
M. de Metternich lui-même. Liszt était arrivé à
Paris vers le commencement de 1823; il se fit en-
tendre pendant cette saison dans plusieurs con-
certs à l'Opéra, et y causa autant d 'étonnement que
de plaisir. Il n'y paraissait pas seulement comme
un de ces enfants prodiges dont on a vu beau-
coup d'exemples depuis lors, mais comme un mu-
sicien déjà aussi remarquable par son aplomb que
par sa brillante exécution. Ses improvisations
n'étaient pas riches d'idées neuves ; mais elles in-
diquaient dans leur auteur une rare intelligence de
l'eflet, et beaucoup de sang-froid dans la con-
duite du plan. On n* parla bientôt plus que du
petit Liszt, et celte locution devint si familière,
qu'on le désignait encore ainsi à Paris après
qu'il eut atteint l'âge et la taille d'un homme.
Malgré ses succès , ses études de piano conti-
nuaient sous la sévère direction de sou père.
Celui-ci obligeait son (ils à jouer chaque jour
douze fugnes de Bach, et à les transposer à
l 'improviste dans tous les tons ; c'est à ce tra-
vail que LUzf est redevable de cette prodigieuse
habileté dans la lecture et l'exécution à pre-
mière vue de toute espèce de musique , quelle
qu'en soit la diflicullé. Au mois de mai 1824 il
partit pour Londres avec son père; ses succès
n'eurent pas moins d'éclat à la cour de Georges IV
qu'à Paris, où il retourna au mois de septembre
de la môme année. 11 y reprit ses études, et
commença à composer. L'année suivante , au
»mois d'avril, le père et le fils retournèrent à
Londres, et recueillirent dans plusieurs eoncerls
d'abondantes récoltes, dues à l'admiration qu'ins-
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320
LISZT
pirait le taient du jeune artiste. De retour à Pa-
ris, Liszt fut excité par son père à écrire des
sonates, des fantaisies, des variations, et même
un opéra de Don Sanche , ou le Château de
V Amour, qui Tut représenté à l'Académie royale
de musique, le 17 octobre 1825, et que le public
écouta avec indulgence, à cause de l'intérêt qui
s'attachait au nom do jeune musicien. Au mois
de février 1826, Liszt s'éloigna de Paris avec sa
famille, dans le dessein de visiter les principales
villes de France. Ses concerts à Bordeaux, et
plus tard à Toulouse, Montpellier, Nîmes , Mar-
seille et Lyon, furent pour lui une suite de triom-
phes.
Cependant jusqu'alors il avait plus appris la
composition par instinct et par observation que
par des études suivies et systématiques. Le
besoin de s'instruire mieux dans cet art se fit
' sentir en lui vers cette époque ; Reicha se char-
gea du soin de le diriger dans son travail, et lui
fit commencer un cours qui, je crois, ne fut
jamais achevé, parce que les sentiments d'une
dévotion mystique et contemplative commencè-
rent alors à pénétrer dans Pâme du jeune Liszt.
Dans leurs progrès , ces sentiments lui inspirè-
rent du dégoût pour l'art qui jusqu'à ce mo-
ment lui avait procuré plus de contrainte que de
véritables jouissances. Combattu par son père ,
son nouveau penchant ne fit que s'accroître ;
alors, pour l'arracher à des méditations trop
précoces, on le fit voyager, et pour la troi-
sième fois il visita l'Angleterre, après avoir
parcouru la Suisse jusqu'à Berne. Ce fut au re-
tour de ce voyage à Londres que Liszt perdit son
père , à Boulogne. Alors commença pour lui le
'temps de la liberté et de la disposition de ses
facultés ; bonheur qu'il dut d'autant mieux ap-
précier, lorsque sa douleur fut calmée, qu'il n'a-
vait connu jusque-là que le despotisme d'une
volonté plus forte que la sienne. « Pauvre enfant
dont on avait exploité la précoce habileté, il était
venu dans les pays étrangers chercher un tribut
d'admiration qu'on payait à son âge. Ce fut mer-
veille vraiment que, soumise à celte rude épreuve,
son enfantine vanité n'ait point fait avorter son
talent, comme cela est arrivé de tant d'autres.
Heureusement, l'amour de l'art était aussi puis- !
sant en lui que la soif de la renommée était ar-
dente ; lorsqu'il put se diriger lui-môme, il corn- j
prit, au milieu de ses irrésolutions, que pour I
donner à l'homme fait des succès comparables à '
ceux qu'avait obtenus l'enfant prodige, il lui fal- '
lait réaliser plus de merveilles qu'un antre, et son
courage ne recula pas devant le travail qu'il fal-
lait faire pour atteindre à ce but. Des études
persévérantes de mécanisme lui parurent néces-
saires pour qu'aucune difficulté ne pût l'arrêter
et pour que ses doigts fussent toujours prêts à
rendre , sans restriction , tout ce que sa tête
pouvait lui suggérer. Dès lors sa vie fut cachée ;
pendant plusieurs années, il ne se lit plus en-
tendre, et lorsqu'il reparut, ce fut pour frapper
d'étonnement par l'incomparable vélocité de ses
doigts, par leur habileté à vaincre toutes les
difficultés , par leur aptitude à l'expression de
tous les accents. »
Une grave maladie, dont 1* convalescence dura
près de deux ans, vint le surprendre au milieu
de ses travaux ; elle contribua au développement
de la tendance religieuse de son esprit. Sa dé-
votion devint austère , et la fréquentation des
églises occupa la plus grande partie de son temps.
Tout à coup, on le vit briser avec ses habitudes
mystiques, rentrer dans le monde et prendre des
allures dégagées. C'est ainsi que des variations
fréquentes se sont fait remarquer dans ses goûts
en toute chose et ont témoigné de la mobilité de
ses sentiments el de ses opinions. Son talent
même a pris tour à tour différents caractères.
Nonobstant les succès d'enthousiasme qu'il obte-
nait chaque fois qu'il se faisait entendre, on pou-
vait remarquer, dans les variations fréquentes
du système de son jeu, que lui-même n'était pas
satisfait, et que l'incertitude agitait toujours son
esprit. On lui avait reproché de trop accorder
à la mécanique des doigts : il voulut prouver qu'il
y avait en lui un foyer de chaleureuses inspira-
tions, et il se mit à improviser en quelque suite
des fantaisies sur les ouvrages des plus célèbres
compositeurs, ne les considérant en quelque sorte
que comme des thèmes qu'il pouvait varier et
modifier à son gré. Lui-même a reconnu plus
tard son erreur, et s'en est expliqué en ces
termes :
« J'exécutais alors fréquemment, soit en pu-
« blic, soit dans les salons (où l'on ne manquait
« jamais de m'objecter que je choisissais bien
<c mal mes morceaux ), les œuvres de Beetho-
« ven, Weber et Hummel, et, je l'avoue à ma
« honte , afin d'arracher les bravos d'un public
« toujours lent à concevoir les belles choses
a dans leur auguste simplicité, je ne me faisais
« nul scrupule d'en altérer le mouvement et les
« intentions ; j'allais même jusqu'à y ajouter in-
« solemment une foule de traits et de points d'or-
« gue, qui, en me valant des applaudissements
« ignares, faillirent ro'entratner dans une fausse
« voie, dont heureusement je me suis dégagé bien-
« tôt (1). .»
Au milieu des fluctuations de goût qui se fai-
(i) Gaiette musicale 4e Paris, *• année, p. K
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LISZT
321
salent remarquer dans le talent de Liszt, son ha-
bileté dans l'exécution des plus grandes difficultés
acquérait chaque jour plus de développement.
Par degrés, cette habileté a surpassé celle de la
plupart des grands pianistes, et l'on peut assurer
que l'art de jouer du piano n'a plus rien dout ne
puisse facilement triompher la puissante exécu-
tion de Liszt. En 1835, il s'éloigna de Paris, vi-
sita la Suisse et s'arrêta à Genève, où il resta
jusqu'au mois de septembre 1836. De retour à
Paris, il rappela sur lui l'attention des artistes
et du public par quelques compositions pour le
piano , remplies de difficultés que lui seul pou-
vait bien exécuter/ et produisit une vive sensation
par sa merveilleuse habileté dans les concerts où
il se fit entendre pendant l'hiver suivant. Déjà il
avait publié quelques articles concernant sa per-
sonne , ses opinions et ses impressions , dans la
Gazette musicale de Paris.
Vers la fin de l'été de 1837, Liszt s'est éloigné de
nouveau de Paris, et s'est rendu à Milan, où il a
fait un long séjour, interrompu seulement par un
voyage à Vienne. Salué dans la capitale de l'Au-
triche par d'unanimes acclamations, il y laissa
un vif souvenir de son talent admirable. Après
avoir visité Venise, il se dirigea vers Rome, où
il s'arrêta pendant plusieurs mois.
De retour à Vienne, vers la fin de 1839, Liszt
y eut des succès plus brillants encore que pendant
son premier séjour. Quelque éclat qu'ait eu son
talent dans toutes les grandes villes de l'Europe,
il est certain qu'aucune ne lui fit un accueil aussi
sympathique : il en fut véritablement le héros.
En quittant la capitale de l'Autriche, il se rendit
à Londres, en passant par Prague, Dresde et
Leipsick, où son talent produisit aussi une vive
impression. Dans l'année 1841, il fit un voyage
en Danemark, et se fit entendre, à son retour, à
Hambourg, Leipsick, Francfort, Coblence et
Cologne , d'où il se rendit à Bruxelles. Ses
succès dans cette Tille et à Liège eurent un éclat
digne de sa prodigieuse habileté.
En 1842, Liszt visita Weimar, Berlin, et fit
une excursion à Paris, où il passa quelques mois
se préparant à un voyage en Russie , dont il
avait formé le projet depuis plusieurs années. Le
retentissement qu'avaient eu les succès de sa
virtuosité en France, en Italie, en Allemagne et
en Belgique , avait inspiré aux habitants de
Pétersbourg et de Moscou un vif désir de l'en-
tendre. Son nom était populaire dans toutes les
classes, et le moujick comme le grand seigneur
ne se le figuraient que comme un être surnatu-
rel. C'est dans cette disposition que Liszt trouva
la population de Pélersbourg lorsqu'il y arriva.
Il ne faut donc pas s'étonner que la recette du
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. T.
premier concert qu'il y donna se soit élevée à la
somme presque fabuleuse d'environ 50,000 francs.
Emu d'une ardente curiosité, le peuple encom-
brait les avenues de la salle, dans l'espérance de
voir l'artiste lorsqu'il s'y rendait. A Moscou,
mêmes démonstrations d'enthousiasme. Le pre-
mier concert de Liszt y fut donné le 25 avril
1843, et pour satisfaire l'avide désir de l'en-
tendre qui animait la population de cette grande
ville, il en dut donner d'autres le 27 , le 29 du
même mois, le 2, le 5 et le 12 mai. A son re-
tour, il visita la Bavière et donna des concerts à
Munich et à Augsbourg.
Après avoir visité de nouveau Berlin, Dresde,
et plusieurs autres villes du nord de l'Allemagne»
Liszt s'arrêta à Weimar, où le grand-duc! le
nomma son premier maître de chapelle ; puis il
se dirigea vers l'Espagne en 1844, donnant des
concerts dans quelques villes du midi de la France.
Le reste de cette année et le commencement de
1845 furent employés par lui à visiter l'Espagne
et le Portugal. A Madrid, à Cadix, a Barcelone, à
Lisbonne , il excita des transports d'admiration.
Après cette longue et fatigante excursion, il
revint en Allemagne pour l'inauguration de la
statue de Beethoven à Bonn. Dans un des élans
si fréquents de son noble coeur, il avait offert pour
l'érection de ce monument une somme beaucoup
plus importante que le produit de toute la sous-
cription- à laquelle des princes avaient pris part
Là ne se bornèrent pas ses sacrifices ; car il s'é-
tablit à Bonn plusieurs mois avant les fêtes mu-
sicales qui se préparaient pour cette occasion
solennelle, afin d'en disposer les éléments, com-
poser une grande cantate , et diriger toutes les
répétitions partielles et d'ensemble. Il prit à sa
charge des frais énormes, afin que tout fût digne
du grand homme dont on allait honorer la mé-
moire, et pour prix de tant de dévouement,
d'efforts et de générosité, il ne recueillit que des
témoignages d'ingratitude et de dénigrement.
L'envie s'était éveillée au bruit de ses succès,
trop universels pour que la médiocrité pût les
pardonner. Je le retrouvai, quelques jours après
ces fêtes, à Coblence , fatigué, découragé , et à
peu près ruiné. Mais bientôt son âme énergique
retrempa sa force vitale, et de nouveaux triom-
phes le vengèrent de ses ennemis.
Les trois années suivantes furent remplies par
de courts séjours de Liszt à Weimar, et par ses
voyages en France, en Hollande, en Bohême, en
Hongrie, dans les provinces de la Russie, et à
Constantinople. Les événements de 1848 et 1S49
vinrent mettre un terme à ses excursions , et le
ramenèrent à Weimar, où il prit définitivement
possession de ses fonctions de premier maître de
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LISZT
chapelle, et dont il ne «'est éloigné depuis lors
que pour des fêtes musicales qu'il a dirigées, ou
pour de courts voyages. Cette époque est celle d'une
transformation complète dans la carrière de cet
artiste célèbre. Par ses soins , la composition de
la chapelle du grand-duc de Weimar s'est pro-
gressivement améliorée ; des artistes d'un talent
remarquable y ont été successivement appelés,
et l'Opéra de cette petite ville, auparavant peu
renommé , a bientôt fixé l'attention du monde
musical. C'est là qu'ont été entendus les ouvrages
dramatiques de Richard Wagner, dont Liszt s'est
fait l'apôtre ; c'est là que le Lohengrhi fut en-
tendu en Allemagne pour la première fois. Ce
qu'il fallut de soins , de patience, de conviction
pour parvenir à une exécution à peu près satis-
faisante de ce chaos de combinaisons sonores avec
des moyens à peine suffisants, il serait difficile
d'en donner une juste idée. Wagner doit une re-
connaissance dévouée à Liszt pour de tels efforts
et pour les résultats qu'ils ont eus ; car c'en
était fait de sa musique de l'avenir lorsque le
premier maître de chapelle du grand-duc de
Weimar entreprit de lui rendre l'existence, non-
seulement en la faisant entendre, mais par des
plaidoyers en sa faveur et par son influence
dans les journaux de l'Allemagne. Tannhaeuser
était tombé sans ressource à Dresde en 1848 ;
puis était venue la révolution qui avait jeté son
auteur dans l'exil : à peine osait-on prononcer
son nom ; à peine se souvenait-on de ses œuvres
musicales. Ce fut précisément après la révolution
de 1848 que Liszt entreprit à Weimar en faveur
de Wagner ce qu'on n'aurait osé faire en aucun
autre lieu. Le retentissement européen qu'il sut
donner aux représentations du Tannhœuscret du
Lohengrin fixa l'attention de quelques directeurs
de spectacles : un parti se forma en faveur de
ces drames bizarres , caries excentricités ne man-
quent jamais de partisans ; or, il était d'autant
plus vraisemblable qu'il y en aurait de nombreux
en cette occasion, que la politique s'y mêlait. De
là tout ce qu'on a vu depuis lors , ce qu'on a dit
et écrit, vraisemblablement ce qui se dira et s'é-
crira encore pendant un certain temps; après
quoi viendra l'oubli, comme pour beaucoup d'au-
tres choses dont on a fait grand bruit à diverses
époques.
Il ne faut pas croire que Liszt se soit fait le
protecteur de cette musique de propos délibéré :
de tout temps il s'est senti du penchant pour les
tentatives de révolutions dans l'art. Tout en ren-
dant hommage aux beautés simples des maîtres
devenus classiques, il s'est persuadé que le
temps de la simplicité est passé, et la nouveauté
des moyens et des formes lui a paru la nécessité
du temps présent. Si nous le suivons avec at-
tention dans toute sa carrière, nous le verrons
incessamment sous l'empire de ces idées. Dès
sa jeunesse, sa foudroyante exécution crée le
piano-orchestre ,• car le clavier tout entier est
sous ses mains : il en tire des effets qu'on n'a-
vait pas même supposés possibles avant lui. C'eut
été assez pour la gloire et pour l'ambition d'un
autre ; mais, dans sa pensée , ce n'était qu'un
acheminement à de plus grandes choses. Il rêvait
une alliance intime du piano et de l'orgue ; et
poursuivant avec persévérance la réalisation de
son utopie, il stimulait le zèle des facteurs dans
la recherche des procédés qui auraient pu con-
duire à ce résultat. Il crut un moment que le
but était atteint , lorsque le facteur Alexandre
eut réuni dans un seul instrument les combi-
naisons d'un piano d'Érard avec toutes les res-
sources d'un grand harmonium perfectionné.
Le piano-melodium ( tel était le nom donné à
cet instrument ) était sans aucun doute une
curiosité intéressante au point de vue de certains
effets particuliers de sonorité (1); l'invention
était ingénieuse, et le travail de la fabrication
était en tous points digne d'éloges; mais bientôt
Liszt acquit la conviction par lui-môme que le
piano et l'orgue ne sont point faits pour aller
ensemble; qu'ils ont chacun leur destination
spéciale, absolue dans l'art, et qu'il ne faut
chercher dans chacun que ce qui est conforme
à sa nature. En supposant un but imaginaire ,
Liszt aurait manqué celui de la réalité : il le com-
prit enfin, et revint au piano.
Le sentiment de la grandeur domine l'organi-
sation de Liszt; c'est le principe de son talent.
! Ce caractère se manifeste dans la plupart de ses
I études de piano, dans son recueil de pièces inti-
! tu lé Années de pèlerinage , dans ses Rhapso-
j dies hongroises, où règne une rêverie ruélanco-
I lique, et dans les développements de certains
thèmes auxquels il a donné les noms de para-
phrases et d'illustrations. Sous ce rapport, la
1 supériorité de Liszt est de toute évidence ; mais,
I ainsi qu'il advient toujours d'une qualité poussée
I à Pexcès, celle-ci a conduit l'artiste a l'exagéré,
I et lui a fait négliger cette autre qualité indispen-
sable aux œuvres d'art, et surtout aux produc-
tions musicales, laquelle se désigne d'une ma-
nière générale par le nom de charme. La mélodie
simple n'est pas dans sa nature ; le chant, lorsqu'il
lui donne accès dans ses ouvrages ( ce qui mal-
(1) Voyes le Rapport sur la fabrication des Instrumente
de musique mis à l'exposition universelle de Part*, en
1SM, par Tanteur de la Biographie universelle des musi-
ciens, Parts, 18B6, dans les deux éditions com piétés publiées
par le gouvernement français, et dans le tiré à part, p. SX
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LISZT
323
heureusement est assez rare ), a toujours quelque
chose de heurté , de violent, ou d'assombri par
l'harmonie dont il est accompagné. Si par hasard
sa phrase a le caractère du calme, on sent que*
e'est le calme précurseur de l'orage. C'est sur-
tout dans les compositions pour l'orchestre , de
Liszt , appelées par lui Poèmes symphoniques
( Symphonische Dichtungen ), que l'absence de
charme est frappante : partout il est remplacé par
l'agitation nerveuse, maladie endémique de l'é-
poque actuelle. Le choix des sujets de ces œuvres
appartient à une erreur capitale de notre temps ;
erreur que j'ai combattue en plusieurs endroits
de mes écrits. Elle consiste à changer la destina-
tion de la musique, en l'enlevant au domaine de
l'idéal pur, pour la transformer en art imitatif
et pittoresque. En vain toutes les entreprises de
ce genre ont-elles abouti à des déceptions , en
dépit du talent des auteurs ; quelques artistes ne
sont pas moins persuadés , je dirais presque con-
vaincus, que cette voie est celle de l'avenir de la
musique. Liszt, plus que tout autre, a foi en
cet avenir. De là le choix de ses poèmes sym-
phoniques , dont voici les titres : 1° Ce qu'on
entend dans la montagne (d'après le poème
de Victor Hugo ). — - 2° Le Tasse ( Lamento e
trionfo). — 3° Les Préludes. — 4° Orphée. —
5° Prométhée. — 6° Mazeppa. — 7° Fest-
klœngc (Bruits de fôte). — 8° Héroïde funèbre.
— 9° Hungaria. — 10° La divine Comédie de
Dante. — 11° L'idéal. Tous ces ouvrages ont été
publiés en partition, à Leipsick, chez Breitkopf
et Hœrtel. 11 est difficile de n'être pas saisi d'un
sentiment pénible à la lecture de ces immenses
combinaisons d'effets d'orchestre, où le talent
s'égare en cherchant un but impossible. Pour
comprendre ces énigmes, un livret serait- né-
cessaire à chaque ouvrage ; une explication de-
vrait être jointe à chaque page. Dans une des
dernières entrevues que j'eus avec Liszt , il me
dit, à propos de ses tendances vers ce geure de
musique : « Nous sommes en Allemagne un cer-
• tain nombre d'intelligents qui comprenons et
m voyons clair dans la destinée future de l'art. Ce
« que les classiques appellent les obscurités de la
« musique nouvelle n'existe pas pour nous. »
Eh bien, soit ; admettons que ces Œdipcs mo-
dernes sont de force à défier le Sphinx ; qu'en
pourrons-nous conclure ? Qu'il est des esprits
assez "subtils pour trouver un sens à des choses
où nous n'en voyons pas? Mais quoi ? s'agit-il de
la science ou de l'art ? La connaissance et l'intel-
ligence composent le domaine de la première;
l'autre n'existe qu'à la condition d'affecter le sen-
timent avant d'arriver à la conception. En écou-
tant une oeuvre musicale, qu'importe la réalité
de l'objet pris pour thème par l'artiste? Ce qui im-
porte, c'est que nous soyons émus et que nous
le soyons par les moyens les plus simples ;car le
simple seul est beau. L'imagination n'a rien à
faire avec le réalisme; mais sans elle l'art vert»
table, l'art qui émeut, qui impressionne et qui
procure à l'âme de pures jouissances, n'existe
pas. Liszt a fait des efforts immenses d'intelli-
gence pour arriver à des résultats impossibles ,
dans les conditions où il s'est placé : il les eût
réalisés sans peine s'il n'avait pris pour guide que
son sentiment du beau. Ne parlons pas de la mé-
lodie absente, ou du moins indiquée par de trop
courts fragments pour que sa signification soit
saisie par l'esprit le plus attentif; mais l'harmo-
nie, mais la tonalité ! ces bases essentielles de
toute musique sentimentale, où les trouverons-
nous respectées dans Festhlxnge , dans V Hé-
roïde funèbre, dans Hungaria et ailleurs ? Évi-
demment tout cela est sacrifié à une pensée énig-
matique.
L'œuvre de Liszt renferme un nombre très-
considérable de pièces de tout genre, lesquelles
sont classées en douze séries caractérisées de cette
manière : 1° Études, où l'on trouve 12 études
d'exécution transcendante, 3 grandes études
de concert, et les grandes études de Paganini
transcrites pour le piano. — 2° Compositions
originales pour le même instrument, lesquelles
renferment 7 suites intitulées Harmonies poéti-
ques et religieuses ; Années de Pèlerinage; la
première année contient 9 compositions écrites
en Suisse ; dans la deuxième sont les morceaux
composés en Italie; une Sonate; un grand Solo
de concert; des Ballades; des Marches; trois
morceaux intitulés Apparitions; six autres qui
ont peur titre Consolations; des Polonaises ,•
des Caprices et Valses; deux concertos avec
orchestre; une fantaisie idem; un grand Galop
chromatique. — 3° Rhapsodies hongroises, au
nombre de quinze. — 4° Fantaisies, Polonaises
et Caprices avec orchestre. — 6° Fantaisies,
Réminiscences, Polonaises et variations de bra-
voure sur des thèmes d'opéras. — 6* Para-
phrases de concert sur des thèmes de tout
genre. — 7° Partitions de piano, ou arrangements
pour piano seul de la symphonie eu ut mineur,
de la symphonie pastorale, de la septième et de
la neuvième symphonie de Beethoven, des sym-
phonies fantastiques de Harold, de Berlioz, des
ouvertures d'Oôeron, de Freischiitz et Jubel
ouverture de Weber, de Guillaume Tell, de
Rossini , du septuor de Beethoven, des ouvertures
des Francs-Juges et du Roi Lear, de Berlioz,
de Tannh&uscr, de Richard Wagner, d'une
ouverture de fête religieuse d'Otto Nicolaï, et
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324
LISZT — LITOLFF
d'une cantate de Liszt pour l'inauguration de la
statue de Beethoven; véritables prodiges, où
toutes les combinaisons de l'orchestre sont re-
produites. — 8° Transcriptions de musique
vocale pour piano seul, parmi lesquelles
on trouve 45 mélodies de Schubert; V Adélaïde
de Beethoven et 18 autres chants du même
maître; 6 Lieder de Mendelssohn; 13 Lieder
de Robert Franz; d'autres chants de J. Dessauer,
de Robert Schumann , de Weber et de Meyer-
beer; 9 Lieder et chants de Liszt; les Soirées
musicales de Rossini; les Soirées italiennes de
Mercadante; les Nuits d'été au Pausilippe, de
Donizetti; des chansons napolitaines, polonaises ,
russes et béarnaises. — 9° Transcriptions ins-
trumentales d'à près Schubert, Ferdinand David
et autres. — 10° Si* préludes et fugues. —
11° Compositions vocales de Liszt: six recueils
et quelques pièces détachées; Chants pour
quatre voix d'hommes, 4 recueils ; M issa qua-
tuor vocum adœquales (2 ténors et 2 basses)
concinnente organo ; Pater noster et Ave Maria
pour 4 voix d'hommes et orgue; Missa so-
lemnU quam ad mandatum eminentissimi
ac reverendissimi Domini Joannis Scitovszky
a Nagyker S. R. ecctes. Presbyteri Cardi-
nalis, archiepiscopi Strigoniensis, principis
primatis regni Hungariœ , etc. ; Viennx
Austriacorum , typis Cxs. Rcg. status offici-
ne, 1859, in-folio maximo. Cette messe, écrite
pour quatre voix, chœur, orchestre et orgue,
est imprimée en caractères de musique mobiles,
avec un luxe inusité. La partition est à 28 portées.
— La dernière division du catalogue des œuvres
de Liszt renferme les poèmes symphoniques pour
orchestre, dont les titres sont donnés ci-dessus.
Comme écrivain sur l'art, Liszt a publié :
1° De la fondation de Gœfhe à Weimar, in-8°;
Leipsick, F. A. Brockhaus, 1851. — 2° Lohen-
grin et Tannhxxtser de Richard Wagner,
1 vol. in-8*; ibid., 1851. Une édition en langue
allemande de cet ouvrage a paru dans la même
année à Cologne et à Essen. — 3° Fréd. Cho-
pin, 1 vol. iu-8°; Leipsick , Breitkopf et Haerlcl.
Cette étude sur la vie , le talent et les œuvres
de l'artiste célèbre avait paru précédemment dans
le journal intitulé La France m usicale. — 4° Die
Zigeuner und ihre Musik m Vngarn ( Les
Bohémiens et leur musique en Hongrie), traduit
en allemand et publié par Pierre Cornélius;
Pesth, 1861, 1 vol. petit in-8° de 259 pages. Un
grand nombre de morceaux détachés publiés dans
lesjournaux, particulièrement dans la Revue et
Gdïfette musicale de Paris.
Beaucoup de notiees et de fantaisies sur Liszt
oijt jfehi en Allemagne et en France, aux diverses
époques de sa vie; les plus importantes sont ;
i 9 Franz Liszt, nacli sein Leben und Wirken, etc.
(Fr. Liszt. Sa vie et sa valeur artistique), par Chris-
tern, in-12; Hambourg, Schuberth et C'. —
2° Fr. Liszt. Lebensskizze (Fr. Liszt. Esquisse de
sa vie), par Rellstab, in 8°; Berlin, Trautwein et
C'e.— 3° Franz Liszt. Sein Leben und Wirken,
par G. Schilling, in- 8°; Stuttgard. Stoppant, avec
le portrait de Liszt. — 4° Notice biographique
sur Franz Liszt, par Duverger. Extrait de la
Revue générale biographique, politique et lit-
téraire; Paris, Amyot, 1843, in-8°. — 5° Franz
Liszt. Eine Biographie (Franz Liszt, Biographie),
dans le recueil intitulé : Die Componisten der
neueren Zeit (Les Compositeurs de l'époque
actuelle, par W. Neumann ) , 16 e livraison;
Cassel, Balde, 1855, in-8°. Il existe un grand
nombre de portraits lithographies et gravés aux
diverses époques de la vie de l'artiste, aiusi que
des médailles grandes et petites , médaillons en
bronze, bustes et statuettes. Docteur en philo-
sophie et arts , par diplôme de l'université de
Kœnigsberg, Liszt est membre de la plupart des
sociétés musicales de l'Kurope, de plusieurs aca-
démies, un des soixante chevaliers de Tordre du
mérite de Prusse, commandeur de la Légion
d'honneur, chevalier de l'ordre de Léopold , du
Faucon de Saxe-Weimar, et de plusieurs autres
ordres.
LITERES (D. Antoine), dont le nom se
prononce Litérès, musicien espagnol, vécut vers
le milieu du dix -huitième siècle , et fut nommé
deuxième organiste de la chapelle royale de
Madrid, en 1756. Il jouit de beaucoup d'estime
dans sa patrie, pour son talent sur l'orgue et
ponr ses œuvres de musique d'église. Son compa-
triote Feyoo parle avec enthousiasme de ses com-
positions dans le Tcatro Critico umversal
{voyez Feyoo). La chapelle royale de Madrid
possède 4 messes avec orchestre, 1 4 psaumes ,
8 Magnificat, 10 hymnes et un Miserere com-
posés par Literes.
LITOLFF (Henri), pianiste et compositeur,
maître de chapelle honoraire du duc de Saxe-
Cobourg-Gotha, est né à Londres, non en 1820,
comme il est dit dans VUniversal Lexikou der
Tonkunst de M. Bernsdorf, mais en 1818, sui-
vant la note qui m'a été remise par l'artiste lui-
même, dans sa jeunesse. Son père, soldat fran-
çais, né à Colmar (Haut-Rhin), avait été fait
prisonnier en Espagne et avait été conduit en
Angleterre : après la paix, il se maria à Londres
avec une Anglaise , et en eut le fils qui est l'objet
de cet article. La situation des parents de Litolff
n'était pas fortunée : son éducation fut négligée;
mais la nature l'avait doué d'une grande intelli-
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LITOLFF
325
gence et d'une riche organisation musicale. Il
était âgé de douze ans lorsqu'il reçnt les pre-
mières leçons de piano d'un maître obscur, sous
lequel néanmoins il fit de si rapides progrès, que
deux ans après, c'est-à-dire lorsqu'il eut atteint
l'âge de quatorze ans , le hasard ayant conduit
Mo8chelès chez un faeteur de pianos , ce maître
l'entendit étudier sur un instrument de cette
maison, et charmé de son habileté précoce , lui
offrit de le prendre pour élève. Une proposition
si avantageuse ne pouvait être refusée; Litolff
reçut donc les leçons de Moscehlès , qui pendant
trois ans donna des soins à son éducation de
pianiste. A l'âge de dix-sept ans , épris d'amour
pour une jeune fille dont les parents ne voulurent
pas lui accorder la main, Litolff l'enleva, l'épousa
et partit avec elle pour la France, sans autre res-
source qu'an talent encore incomplet. Ne pou-
vant vivre à Paris, où il était inconnu, il s'établit
dans la petite ville de Melun, à neuf lieues de
cette capitale. Il y inspira de l'intérêt à quelques
amateurs de musique, par son talent, sa jeunesse
et celle de sa femme. Pendant les trois années de
séjour qu'il y fit, son exécution sur le piano ac-
quit plus de fermeté et commença à prendre le
caractère chaleureux et passionné par lequel il
s'est distingué , sans acquérir toutefois une cor-
rection irréprochable, qu'il n'eut jamais. Il avait
vingt ans, et le désir de se faire connaître le
préoccupait incessamment : plein de confiance
en lui-même, il prit enfin le parti de se rendre à
Paris, où il se fit entendre avec succès dans plu-
sieurs concerts (1), particulièrement dans la salle
de Pape, facteur de pianos, dont il joua les ins-
truments , et qui lui fournit généreusement des
moyens d'existence. Ce fut ce même facteur qui
l'amena à Bruxelles et me le présenta , en me
priant de le protéger et de le faire jouer dans un
des concerts du Conservatoire. Il y joua en effet
en 1839 le troisième concerto de Beethoven, et y
produisit une vive sensation. A -cette époque, Li-
tolff trouva un zélé protecteur dans la personne
du duc de Looz, qui l'emmena à sa terre près de
Wavre. Ce fut là que le génie de Litolff prit son
essor et qu'il écrivit sa première grande compo-
sition, à laquelle il donna le titre de concerto-
symphonie (en ré). Dans cet ouvrage, le rôle
de l'orchestre n'était pas borné à celui cfaccom-
(1) On Ht dans la Gazette générale de musique de Lelp-
alck (qnarante-bntUèiDc année, p. WQ) que Litolff )oua
alors dans un des concerts du Conservatoire ; c'est une
erreur: la collection des programmes de tous les concerts
donnes par cette Institution, depuis 1SM Jusqu'en 1MO,
publiée par M. Etwart. dans son Histoire de la Société
de» concerts du Conservatoire impérial de musique (Pa-
rla, 1*60,', démontre que le nom de Lltelff ne s'j troure
pagnateur; il entrait en lutte avec le piano. Li-
tolff n'était guère alors harmoniste que d'instinct,
et son inexpérience de l'instrumentation était
grande ; cependant, ce qu'il ne savait pas, il le
devinait. Son œuvre était remplie de traits har-
dis et d'effets trouvés. Il me pria de la faire en-
tendre, à lui d'abord , qui peut-être ne savait
pas très- bien ce qu'il avait fait, puis au public,
car il avait l'audace qui est un des attributs
du talent. Dès la première répétition , en dépit
des fautes et d'un certain désordre d'idées , je
vis qu'il y avait là quelque chose pour l'avenir :
le succès de l'exécution me prouva que je ne
m'étais pas trompé. Malheureusement Litolff n'a-
vait pas les habitudes d'une vie régulière; il s'en-
detta, sa liberté fut menacée , et quelques amis
furent obligés de lui procurer les moyens de s'é-
loigner de Bruxelles en secret. Cela se passait
dans l'hiver de 1841 à 1842 (1). Un grand si-
lence se fit alors sur l'existence de l'artiste : il
est expliqué par l'article de la Gazette générale
de musique de Leipsick , cité précédemment, et
par la notice qui se trouve dans VUniversal
Lexikon der Tortkunst, de M. Bernsdorf : il y
est dit que Litolff alla directement à Varsovie ,
où il remplit pendant trois ans les fonctions de
chef d'orchestre du Théâtre national; suivant ces
notices, le terme de ces trois années aurait com-
mencé à l'automne de 18 il. Cependant une cor-
respondance de Francfort du mois de janvier
1843, insérée dans la Gazette générale de mu-
sique de Leipsick ( février de cette année, p. 93),
nous apprend que Litolff était dans ceUe ville au
mois de décembre précédent et qu'il ne s'y fit
pas entendre. Il y a sur cette époque de la vie de
l'artiste une obscurité qu'il serait difficile de dis-
siper; car dans ces mômes notices où on lui
fait diriger pendant trois ans l'orchestre du Théâtre
national de Varsovie il est dit qu'il fut si long-
temps malade dans celle ville, qu'il ne put se faire
entendre.
Ce fut au mois de novembre 1844 que Litolff
reparut avec éclat dans le monde musical, bien
que sa santé fût alors dans un état déplorable.
Nonobstant un tel état de souffrance, il joua, dans
un concert du Gewandhause, son second con-
certo-symphonie (œuvre 22), qui obtint un bril-
lant succès. Au mois de janvier 1845, il était à
Prague, où il donna cinq concerts : dans le pre-
mier, il étonna les amateurs en jouant seul et
sans orchestre tous les morceaux du programme,
à l'exception de la sonate en la majeur de Beet-
hoven, pour piano et violoncelle , qu'il exécuta
(0 Pins tard, Litolff a payé in(égrftl<*mrnt loin «es
créanciers.
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326
LITOLFF
avec le violoncelliste Traeg. Ses quatre autres
concerts furent donnés au théâtre avec orchestre :
dans un de ceux-ci il exécuta son premier con-
certo-symphonie , composé à Bruxelles. Dans la
même saison, il joua aussi à Dresde , mais sans
y faire entendre ses propres compositions, et il y
fit peu d'impression. A Berlin, ou il se rendit en-
suite, il n'en fut pas de même, car il y balança
les triomphes de Jenny Lind. Il était arrivé dans
cette ville presque mourant : les journaux exci-
tèrent l'intérêt public en parlant de la fin pro-
bable et prochaine d'un artiste si remarquable.
On sut ensuite que le célèbre médecin M. Schœn-
lein avait promis de lui rendre la santé, et quel*
que temps après parurent les annonces de son
premier concert. La foule envahit la salle dès
son ouverture. Dès que Litolff parut sur l'estrade,
des applaudissements unanimes l'accueillirent, et
pendant que l'orchestre exécutait l'introduction
de son deuxième concerto-symphonie, ces applau-
dissements éclatèrent de nouveau avec enthou-
siasme, avant même que Litolff eût mis les mains
sur le piano. Le correspondant de la Gazette
générale de musique de Leipsick s'exprime
ainsi dans le compte rendu des concerts de Litolff :
« A la fin du poétique morceau éclata une véri-
« table tempête d'applaudissements. Rarement on
« vit une pareille victoire de l'esprit sur la.ma-
« tière. On avait peine à comprendre que cet
« artiste au corps presque diaphane, qui quelques
« jours auparavant était aux frontières d'un pays
« dont le voyageur ne revient jamais, était celui
« qui, maintenant assis au piano, triomphait avec
« me énergique bravoure des plus grandes dif-
« Acuités et défiait hardiment la masse de l'or-
« chestre. Tout l'auditoire était ému aux puissants
« accents de cette aine d'artiste. Le concerto
m même, comme composition, fit un grand effet
« sur le public et dans les cercles de musique ;
« on en parla plus longtemps qu'on n'eût fait d'un
« opéra nouveau représenté avec succès. » Après
quatre concerts qui ne* furent pas moins favora-
bles à Litolff, il joua dans quelques concerts d'ar-
tistes et de bienfaisance , eut l'honneur d'être
entendu par la famille royale , et termina par un
concert d'adieu, dans lequel son concerto de vio-
lon fut joué par Léonard, aujourd'hui professeur
au Conservatoire de Bruxelles. Litolff y fit aussi
exécuter sous sa direction l'ouverture de son
opéra Catherine Howard, « grande et im-
« portante composition (dit le journaliste alle-
« mand ), dont le caractère sombre et passionné
a exprime hien la détresse de l'infortunée souve-
« raine, et dans laquelle se font remarquer des
« effets étonnants d'instrumentation. » L'artiste
fit chanter dans le même concert plusieurs mor-
ceaux de son opéra inédit intitulé Salvator
Rosa.
Parti de Berlin au mois de janvier 1846, Li-
tolff se rendit à Londres, où il avait des arrange-
ments à prendre pour régler sa séparation d'avec sa
femme, qui depuis plusieurs années était retour-
née dans sa famille. Il parait qu'un piège lui avait
été tendu par les parents de cette jeune femme
pour l'attirer dans la capitale de l'Angleterre. A
peine y fut-il arrivé , qu'une action lui fut inten-
tée pour affaires d'intérêt privé : il fut con-
damné à payer à cette famille une somme consi-
dérable. Le jugement fut immédiatement exécuté
par la saisie de sa personne, et il fut conduit à
la prison pour dettes. Il y languissait depuis
plusieurs mois, lorsque le hasard lui fournit les
moyens d'en sortir furtivement et de se rendre
en Hollande, où il obtint de grands succès, comme
pianiste et comme compositeur. Ce fut pendant
son séjour à Amsterdam qu'il écrivit son troisième
concerto-symphonie, dont un des morceaux a
pour thème un chant national hollandais. De re-
tour à Brunswick au commencement de 1847,
il y termina l'opéra intitulé Die Braut von
Kynast (La Fiancée de Kynast), qui fut repré-
senté dans cette ville et à Francfort-sur-le-Mein.
En 1848, Litolff entreprit un nouveau voyage, et
se rendit à Vienne , où la révolution éclata peu
de jours après son arrivée. Il n'y put donc
donner de concert , mais il écrivit une marche
pour la légion des étudiants. Les soulèvements de
la plus grande partie de l'Allemagne à cette épo-
que n'étant pas favorables aux projets de cet ar-
tiste, il retourna de nouveau h Brunswick, où il
trouva une généreuse hospitalité chez Meyer,
éditeur de musique. Il y composa deux ouver-
tures pour des drames de Griepenkerl, dont les
sujets sont Robespierre et Les Girondins; puis
il fit un second voyage en Hollande. Dans l'inter-
valle, son ami Meyer, de Brunswick , mourut
Lorsque Litolff retourna dans cette ville, il était
atteint d'une affection nerveuse d'un caractère
très-grave qui le jetait dans de fréquents accès
d'hypocondrie, et dont la durée fut d'une année
entière. Revenu enfin à la santé, il épousa, en
1851, la veuve de Meyer, et fit passer sous son
nom la firme de la maison de commerce de cette
dame; d'où il faut conclure que son divorce
avec sa première femme avait été prononcé pos-
térieurement à son voyage à Londres. Pendant
trois ans après son mariage, Litolff sembla ou-
blier sa destination d'artiste, et ne s'occupa que
d'affaires commerciales, travaillant incessamment
dans son bureau comme aurait pu le faire un
négociant vieilli dans les affaires. Tout à coup ,
son génie se réveilla ; le besoin des émotions de
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LITOLFF
327
la vie d'artiste se fit sentir en lui de nouveau ; et
les villes principales de la Hollande furent visi-
tées en 1854, pour la troisième fois, par cet
homme extraordinaire, dont l'existence a toujours
présenté des alternatives d'activité fiévreuse et
d'inertie absolue. Ce fut pendant ce séjour dans
le royaume des Pays-Bas que Litolff écrivit son
quatrième concerto- symphonie, composition que
des succès d'enthousiasme ont accueillie partout.
Dans l'hiver suivant, Litolff revit Bruxelles, où
il n'était pas venu depuis douze ou treize ans.
II joua son quatrième concerto-symphonie dans
un concert du Conservatoire, sous ma direction,
et y causa une grande impression, par le carac-
tère d'originalité de cette musique. Plusieurs
concerts suivirent cette première audition -. Li-
tolff y fit entendre ses troisième et quatrième
concertos-symphonies , ses ouvertures de Robes-
pierre et des Girondins, ainsi que plusieurs au-
tres compositions nouvelles; toutes y furent
accueillies avec la même faveur. Au milieu de
ces succès, il fut saisi d'une des atteintes de
la maladie nerveuse de la poitrine qui avait mis
plusieurs fois ses jours en danger ; avertie de la
situation où il se trouvait, M"* Litolff-Meyer ac-
courut de Brunswick pour lé soigner, lui prodi-
gua ses soins, et, après le retour de sa santé , le
ramena chez lui. Mais le charme était rompu ;
l'artiste venait de retrouver la vie agitée, pleine
d'émotions, et l'air fébrile nécessaire à son exis-
tence. Plus de bureau, plus d'affaires, plus de
chiffres : rien de tout cela n'est fait pour lui; ce
qu'il lui faut, c'est une salle resplendissante de
lumières , un bon orchestre, un public enthou-
siaste, des succès , des éloges . et même de la
critique pour lui donner des accès de colère.
Voilà ce que pensait Litolff en touchant le seuil
de sa maison de Brunswick. Il n'y resta pas
longtemps : des voyages à Gotha pour y revoir
le duc de Saxe-Cobourg , dont la protection lui
était nécessaire pour les projets qui déjà préoc-
cupaient sa tète , remplirent une partie de l'été ;
puis il parcourut les provinces rhénanes; l'hiver
le ramena en Belgique : il donna de nouveaux
. concerts à Bruxelles et dans d'antres villes prin-
cipales du pays, particulièrement à Liège. De re-
tour à Bruxelles après ces excursions, il y fut
saisi d'une nouvelle atteinte de sa maladie ordi-
naire, et ne put sortir de sa chambre pendant
plusieurs mois. Rendu à la santé , il reprit sa
vie nomade, et ne fit plus à sa maison de Bruns-
wick que de courtes apparitions. Enfin, il se ren-
dit à Paris, et y produisit en 1858 uffe émotion
extraordinaire, en exécutant son quatrième con-
certo-symphonique et quelques autres composi-
tions dans on concert des jeunes artistes dn
Conservatoire dirigé par M. Pasdeloup , et dans
un autre concert qu'il donna dans la salle du
Conservatoire.
L'abandon de ses affaires, de sa maison et de
sa femme, pour l'existence aventureuse dans la-
quelle il était rentré, avait eu les résultats qu'il
devait prévoir : une demande de divorce avait
été formée par M me Litolff-Meyer; son mari y
acquiesça, et la séparation fut prononcée. Pen-
dant ce terni», Litolff, retiré dans une maison de
campagne de M™* de Larocbefoucaiild , près de
Fontainebleau , s'y occupait de la composition
d'un opéra (Rodrigue de Tolède), qui n'a point
été représenté. Au printemps de 1860, Litolff re-
parut en Belgique, joua à Bruxelles, à Liège , à
Anvers, puis se rendit sur les bords du Rhin, et
organisa à Wtesbaden un grand concert, auquel il
donna le nom de Festival , et qui fut donné au
mois d'août de la même année. La Revue et
Gazette musicale de Paris, rendant compte de
ce concert, dans son n° 36 (2 septembre), ter-
minait son article par cette phrase : « Au nombre
« des personnes d'élite qui y assistaient (au
« concert ), on remarquait M"e Louise de La-
<c rochefoucauld, fille du comte Wilfrid de La-
« rochefoucauld, petite* fille du duc de Laroche-
ce tbucauld, ambassadeur en Prusse sous l'empire,
a nièce de la princesse Borghèse, etc., qui doit,
« dit-on, le mois prochain échanger le nom
« illustre qu'elle porte contre celui de
« M **« Henri Litolff, » Ce mariage se fit en
effet au mois d'octobre suivant. Depuis lors le
silence s'est fait sur l'existence étrange de l'artiste
qui est l'objet de cette notice.
Le talent de Litolff dans la composition est
une alliance de qualités précieuses et de défauts
considérables. 11 est éminemment poète par l'i-
magination, par l'inspiration et par la sponta-
néité de l'idée ; il a de la mélodie, et cette mélodie
a sou vent de la distinction. Plus coloriste que pen-
seur, il a l'instinct des effets de l'instrumenta-
tion et réussit presque toujours ceux qu'il ima-
gine ; mais il s'abandonne à la divagation dans
presque tous ses ouvrages; répète les mêmes
phrases jusqu'à satiété, manque d'ordre dans la
disposition des idées, et ne sait pas finir à propos.
Doué- d'un bon sentiment d'harmonie, il n'y
obéit pas toujours , cherchant par système des
combinaisons de sons qui blessent le sentiment
tonal. Ses meilleures choses sont les troisième
et quatrième concertos-symphonies pour piano
et orchestre ; son concerto de violon , intitulé
Eroica, est très-inférieur à ces compositions.
Dans ses trois trios pour piano, violon et violon-
celle, Litolff s'est jeté dans un système vague,
recherché, tourmenté, qui ne parait pas apparte-
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328
LITOLFF — LIVERATI
nir à son organisation ; il semble avoir été sous
l'impression des dernières œuvres de Beethoven,
en écrivant ces ouvrages. Ses ouvertures offrent
un mélange de ses qualités et de ses défauts : on
y trouve des endroits saisissants d'effet que dé-
parent des parties mal ordonnées, d'où la sim-
plicité de la pensée est presque toujours bannie.
Un seul but se fait remarquer dans ces produc-
tions, plus fantastiques que musicales, à savoir la
production d'un grand effet de force pour le cou-
ronnement de l'œuvre. Dans les petites choses
pour le piano, Litolff a de la fantaisie et de la
grâce; mais il n'y est pas toujours égal à lui-
même. Jusqu'au moment où cette notice est écrite,
il n'a pas réussi dans ce qu'il a écrit pour le
théâtre : doué d'instinct dramatique, il n'a su
l'appliquer qu'à la musique instrumentale, res-
semblant en cela à plusieurs des musiciens de
notre époque, lesquels placent volontiers le drame
dans une symphonie , et ne trouvent plus rien
lorsqu'ils sout soumis aux exigences de la scène.
On ne pourra toutefois juger Litolff sous ce rap-
port qu'après la représentation de son Rodrigue
de Tolède. Au résumé, cet artiste singulier est
incontestablement un homme de génie , arrivé
à un point avancé de sa carrière sans avoir
réalisé par des ouvrages complets ce qu'on pou-
vait attendre de ses hautes facultés.
LITZIUS (G. J.). On a sous ce nom un
livre élémentaire intitulé : Anleitung den Gène-
ralbass praklisch zu lernen (Introduction à
l'art d'accompagner la basse continue) ; Mayence,
Schott (sans date), in-4°. Le même auteur a
publié aussi : Praklische Anleitung zum Ge-
sangunierrichte fur Schulen ( Introduction pra-
tique à renseignement du chant pour les écoles ),
a parties ; ibid. On connaît aussi de ce musicien
quelques bagatelles pour la guitare, le piano et
léchant.
LIVERATI (Jean) , compositeur, né à Bo-
logne, en 1772, reçut les premières leçons de mu-
sique de deux frères nommés Joseph et Ferdinand
Tibaldi. A l'âge de quatorze ans, il passa sous la
direction de l'abbé Mallei (voyez ce nom) pour la
composition , et il apprit le chant de Laurent
Gibelli, bon maître qui a formé beaucoup d'é-
lèves pour le théâtre et pour l'église. Les pre-
mières productions de Liverati furent quelques
psaumes qu'on chanta en 1789 dans l'église de
Saint- François à Bologne. Dans le même temps,
il se faisait remarquer comme chanteur dans les
oratorios et les concerts. Des engagements avan-
tageux lui furent offerts pour différentes villes
de l'Italie, mais il les refusa. En 1700 il fit re-
présenter son premier ouvrage dramatique, petit
opéra en un acte, intitulé : II Divertimento
in campagna; puis il écrivit une messe à deux
voix avec accompagnement d'orgue, une messe
de Requiem à quatre, avec orchestre, et l'oratorio
(les Sept paroles de Jésus-Christ sur la croix.
j En 1792, il fut engagé comme premier ténor an
théâtre italien de Barcelone; puis il passa à Ma-
l drid en la même qualité. Appelé à Potsdam par
le roi de Prusse pour y diriger l'Opéra, il publia,
sous les auspices de ce prince, un œuvre de qua-
tuors pour 2 violons, alto et basse. En 1800 il
quitta Potsdam, pour aller diriger la musique du
théâtre de Prague. Pendant les trois années de
son séjour eu cette ville, il écrivit pour différents
opéras des morceaux détachés, ainsi qu'une
cantate pour le prince de Kinsky , et une messe
solennelle. Appelé à Trieste eu 1804, il y fit re-
présenter son opéra II Maestro di mustca, qui
fut bien accueilli. Précédemment il avait écrit son
Maestro fanatico, qui obtint un brillant succès
à Vienne, dans l'année suivante. Liverati s'établit
dans cette dernière ville en qualité de maître de
chant, et y vécut pendant près de dix ans. Il y
lia des relations d'amitié avec Haydn, Beethoven,
Kozeluch et Salieri. Les ouvrages de ce dernier
devinrent ses modèles dans ses compositions.
Parmi celles-ci, on distingue surtout David,
opéra en deux actes; Enea in Car tagine, La
Prova générale, et La Presa d'Egea, qui
furent représentés dans les palais impériaux.
Liverati écrivit aussi à Vienne , pour le prince de
Lobkowilz, deux opéras allégoriques intitules :
Il Tempio deW éternité., et II Convito degli
Dei. Enfin, il composa, par ordre de l'impératrice
Marie- Thérèse de Naples , les grandes cantates
Il Trionfo d'Ausonia, Miltiade, et l'oratorio
VAdorazione dei pastorie dei maggi ; cette
princesse chanta la partie de Marie dans l'exécu-
tion de cet ouvrage. Une messe solennelle écrite
pour le prince Esterhazy, une cantate et beau-
coup d'airs, de duos, de trios et de romances
furent les autres productions de Liverati pendant
son séjour à Vienne. En 1814 il alla à Londres,
en qualité de compositeur du théâtre du roi*
Pendant les trois années où il remplit ces fonc-
tions, il fit représenter / Selvaggi, en deux actes ;
Il Trionfo di César e, Gastone e Bajardo, Gli
Amanti fanatici, et II Trionfo d'Alàione. Il
publia aussi à Londres des ariettes à voix seule,
avec .accompagnement de piano, op. 2, 7, 13;
cantate sur la mort de la princesse tiliarlottf,
op. 3 ; duos à deux voix de soprano, op. 4, 8, 9,
12, 19, 21; des airs, op. 6, 15, 17, et quelques
autres coifpositions légères. Liverati est retouroé
en Italie vers la fin de 1817, et a été remplacé
à Londres par Pucita. Son opéra intitulé David
a été publié à Vienne, en partition, pour le piano.
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LIVERZIALI — LOBE
S29
LIVERZIALI (Joseph), musicien romain
et compositeur, est auteur d'un livre intitulé :
Grammatica délia musica, dont la première
partie a paru à Rome, en 1797, chez Pilucchi
Cracoa, mais dont la suite n'a pas été publiée.
Ll VRY (Le comte Hippolyte DE ) naquit au
château de Livry, en 1771. Son éducation fut
négligée, car il avoue dans une de ses lettres
qu'il ne connaissait que sa langue maternelle, et
qu'il était étranger à toute notion d'art et de
science. Cependant il était amateur passionné de
musique, quoiqu'il n'en sût pas une note ; et il
croyait juger mieux de cet art que ceux qu'il
appelait de prétendus connaisseurs. Affectant
une sensibilité très-ex pansive, il exaltait le mé-
rite de la musique de Grétry au-dessus de toute
autre, et son admiration pour les oeuvres de
ce compositeur allait jusqu'au fanatisme. Il fit
faire en 1805 une statue en marbre de cet artiste
par le sculpteur Stouf. Cette statue fut placée en
1807 sous le péristyle du théâtre Feydeau, et y
resta jusqu'à la démolition de celte salle, en 1830.
J'ignore ce qu'elle est devenue depuis lors. Le
comte de Livry a publié un Recueil de lettres
écrites à Grétry ou à son sujet ; Paris, Ogier
(sans date), in-8° de 157 pages. Ces lettres, fort
mal écrites, sont remplies d'extravagances. L'au-
teur est mort a Paris, en 1822.
LOBE (Jean-Chrétien), compositeur et
écrivain distingué sur la musique, est né à Wei-
mar, le 30 mai 1797. Son père, enlumineur de
l'imprimerie en taille douce de Bertcch, jouait
de plusieurs instruments, qu'il avait appris lui-
même ; ce fut de lui que le jeune Lobe reçut les
premières leçons de musique pratique' et de
flûte. Le hasard ayant procuré à cet enfant l'a-
vantage d'être entendu au parc par la grande*
duchesse, protectrice des arts et des artistes,
cette princesse le confia aux soins do maître de
chapelle -M aller et du directeur de musique Rie-
înann. Ses progrès furent si rapides sur la flûte
et le violon, qu'à l'âge de onze ans il put exécu-
ter des concertos de ces deux instruments dans
les concerts publics. II fréquentait alors le Gym-
nase pour y faire ses études ; mais il ne les
> poussa que jusqu'en troisième, et il quitta l'é-
cole pour entrer à la chapelle de la cour en qua-
lité de violoniste. Les connaissances qn'il acquit
ensuite dans la littérature allemande et dans les
langues étrangères, il ne les dut qu'à lui-même,
à ses études persévérantes, et au courage qui
lui fit surmonter les embarras de sa position. Jl
n'eutjamais de maître pour la composition ; la
lecture attentive de quelques bons traités d'har-
monie, l'étude des meilleures partitions, et ses
observations à l'orchestre de la cour, où il était
I employé comme flûtiste lui en tinrent lieu. A
l'égard de son talent d'exécution sur la flûte, il
I atteignît un haut degré de perfection, suivant le
témoignage de ses compatriotes. En 1819, Lobe ,
fit à pied le voyage de Vienne ; et dans Tannée
suivante il alla à Berlin, où il eut de grands
succès comme instrumentiste. Ses relations avec
quelques artistes de cette ville, et la musique
qu'il entendit au théâtre royal, achevèrent le
développement de son goût pour la composition
dramatique. De retour à Weimar, il y écrivit
son Witikind, opéra en deux actes, qui fut joué
en 1821 , et qui eut quelques représentations. Il
en avait lui-même composé le livret. La Cage,
petit opéra en un acte, suivit ce premier essai ;
puis, à des intervalles plus ou moins éloignés,
Lobe produisit Le Flibustier, La Princesse de
Grenade, en 1846, pour l'ouverture du théâtre
de la cour à Weimar, puis à Leipsick et à Cas-
sel, et qui a été publiée en partition pour le
piano ; Le Domino rouge, joué à Weimar, en
1830, et enfin Kônig nnd Pàchter (Roi et Fer-
mier), joué à Weimar, en 1846. La plupart de
ces productions se font remarquer par l'origina-
lité des idées, un vif sentiment d'harmonie, et
un heureux instinct dans les effets de l'instru-
mentation. Malheureusement, l'auteur de ces
compositions a langui longtemps' dans une po-
sition subalterne au service d'une petite cour;
il en est résulté qu'il n'a pas pris assez de con-
fiance en lui-même, et que l'activité de son sen-
timent artistique s'est ralentie. En 1840, Lobe
obtint sa retraite de la chapelle de Weimar, avec
le titre de professeur pensionné. Il alla alors
se fixer à Leipsick, où il fonda un Institut pour
l'étude de la composition. La maison Breitkopf
et Ha?rtel le chargea de la rédaction de la Gazette
générale de musique pendant les années 1846-
1848. Dans cette dernière année ce journal in-
téressant cessa de paraître après avoir rendu de
grands services à l'art pendant un demi-siècle. On
a de Lobe beaucoup de musique instrumentale, où
brille un mérite réel. Voici la liste de ses ou-
vrages les plus connus : 1° Le Flibustier, paroles
de Gehr, partition réduite pour le piano ; Leip-
sick, Breitkopf et Hsertci. — 2° La Princesse de
Grenade, partition gravée; Mayence, Scliolt. —
3° Ouverture de La Cage ( Der Kxfich), pour
l'orchestre; Bonn, Simrock. — 4° Ouverture
détachée pour l'orchestre, op. 10; Leipsick,
Breitkopf et Haertel. — 5° Ouverture de concert,
intitulée Les Charmes du voyage, op. 26 , pu*
bliée à grand orchestre. — 6° Peinture des sons,
symphonie à grand orchestre exécutée à Weimar.
— 7° Nouvelle Peinture des sons, idem. —
8° Concerto (en sol) pour la flûte, ibid. —
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aao
LOBE — LOBSTEIN
9* Variations pour flûte principale, op. 3 ; ibid.
— 10° Trois thèmes variés; idem, ibid. — 11° 1 er
quatuor pour piano, violon, alto et basse, op. 8 ;
ibid. — 12°2 me iàem, op. 9; Ibid. — 1 3° Caprices
pour le piano, op. 7; ibid. Lobe a publié dans ia
Gazette générale de musique de Leipsick (t. 33 et
34) quelques articles, particulièrement sur l'usage
de la fugue dans la musique d'église. De plus, il y
a fait insérer beaucoup d'autres morceaux de cri-
tique pendant les trois années où il fut chargé de
la rédaction de ce journal. On lui est redevable
aussi de plusieurs ouvrages où il a fait preuve
non-seulement de connaissances solides dans son
art, mais de philosophie et de talent dans l'art
d'écrire. Le premier a pour titre : Die Lehre
von der themattschen Arbeit, etc. (La Science du
développement des thèmes daus ia composition) ;
Weimar, 1844. Le second ouvrage est un ca-
téchisme de musique (Catcchismus der Mu-
sik), publié à Leipsick, et dont il a été fait quatre
éditions ainsi qu'une traduction hollandaise,
intitulée : Katechismus der Muzijk van J.-C.
Lobe; S' Gravenhage (La Haye), 1857, in-8°
de 151 pages. La Doctrine de la composition
musicale (Lehrbuch der musikalischen Kom-
position) est le livre didactique le plus impor-
tant de Lobe. Le premier volume, qui contient la
théorie de l'harmonie, et son application dans le
style instrumental , a été publié à Leipsick, chez
Breitkopf et Ha?rtel, en 1850, et réimprimé en
1858. Le deuxième, qui a paru en 1855, ren-
ferme un traité d'instrumentation. Le troisième
volume est un traité de la fugue et des canons.
Sous le pseudonyme de Un Bien connu (Eines
Wohlbekannten) , Lobe adonné des Lettres
musicales (Musikalische Briefe) en 2 volumes
petit in-8° (Leipsick, Baumgaertner, 1852); ces
lettres furent suivies des Feuilles volantes
pour la musique (Fiùgende Blaetter fur Mu-
sik), qui parurent par livraisons, et qui forment
trois volumes in-8°. Lobe s'est caché sous ce
pseudonyme, parce qu'il craignait les haines que
ferait naître la critique spirituelle et pleine de
raison qu'il fait des erreurs de ses compatriotes
et de ses contemporains concernant la musique.
LOBEDANZ (G.-L.-F.), archiviste de la
haute cour de Schleswig, est né dans cette ville, le
1 er mars 1778. Son père, conseiller de justice
et notaire du siège provincial, lui fit apprendre
le violon à l'âge de sept ans : mais ses progrès
furent si rapides, qu'on lui fit abandonner la
musique, dans la crainte qu'il ne s'y livrât avec
trop de passion. Obligé de faire des études sé-
rieuses, qui lui firent négliger cet art, il parvint
à l'âge de vingt ans sans avoir acquis de talent
comme instrumentiste; mais alors il se remit '
f au violon, et prit des leçons de piano et de chant.
En 1800 il étudia l'harmonie et le contrepoint,
et deux ans après il publia une collection de
chants pour une et plusieurs voix avec accom-
pagnement de piano, qui fixa sur lui l'attention
des amateurs de musique. Depuis lors il s'est
fait connaître avantageusement par des compo-
sitions plus importantes, telles que des ouver-
tures pour l'orchestre, la musique du, drame
Jeanne do Mont faucon, un Sanctus avec or-
chestre, exécuté en 1809 à la cathédrale de
Schleswig, et l'Ode de la Résurrection, par
Klopstock, à 4 voix. M. Lobedanz a publié, dans
l'écrit périodique intitulé Cxcilia (t. 1], p. 264),
un article sur cette question : Y a*t-il dans
la musique différentes écoles comme dans
la peinture, et comment pourrait-on les ca-
ractériser?
LOBKOWITZ. Voyez CARAMUEL
DE LOBKOWITZ(Jean)
LOBO (D. Alphonse), compositeur portu-
gais, né vers 1555, fut d'abord maître de cha-
pelle à Lisbonne. Le 18 septembre 1601, il fut
nommé mattrede la chapelle de l'église primatiale
de Tolède : il y passa le reste de sa vie. Lope
de Vcga a fait l'éloge de Lobo comme étant un
des plus grands artistes de son temps. Il a pu-
blié unr livre de motels dont M. Kslava a ex-
trait le Magnificat à 8 voix inséré dans la Lira
sacra hispana. Plusieurs messes de Lobo se
trouvent à la bibliothèque du monastère de V Es-
cortai, daus fa chapelle royale de Madrid, et
dans plusieurs églises d'Espagne.
LOBBY (Charles-Joseph), fils d'an graveur
de musique de Paris, naquit en cette ville, vers
1760. Ayant été admis parmi tes pages de la mu-
sique du roi, il y fit ses études et reçut des le-
çons de clavecin de Cardonne. F rancœur lui en-
seigna la composition. Il a publié : 1° Sonates
pour piano senl, op. 1, et 7; Paris, Naderman. —
2° Mélanges d'airs, pots-pourris, fantaisies et
caprices ( environ 15 œuvres ); ibid. — 3° Thè-
mes variés (environ 10 œuvres), ibid. — 4° Con-
tredanses, ibid.
LOBSINGER (Jean), artiste de Nuremberg,
né dans cette ville, en 1510, suivant son portrait,
à l'âge de vingt-neuf ans, gravé sur cuivre a Nu-
remberg en 1539, est considéré comme l'inven-
teur de plusieurs perfectionnements introdnits
dans la construction des soufflets d'orgue : il les
imagina en 1550, et mourut à Nuremberg, en 1570.
LOBSTEIN (J F. ), avocat à Strasbourg,
né dans cette ville, vers 1802, est auteur d'un
livre qui a pour titre : Beitrxge zur Geschichtc
der Musik im Xïsass und besonders in stras -
burg von den àllesten bis aufdie neuestë Zeit
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LOBSTKIN — LOCATELLI
831
(fcssai pour l'histoire de la musique en Alsace et
en particulier à Strasbourg, depuis les temps les
plus anciens jusqu'à l'époque actuelle); Stras-
tiourg, 1840, in-8° de 147 pages, avec 3 planches
Jilhographiées. Cet ouvrage parut dans la même
année où Conrad Berg publia son Aperçu histori-
que sur l'état de la musique à Strasbourg pen-
dant les cinquante dernières années, (V. Berg.)
LOBWASSER (Ambroisr), jurisconsulte
«t conseiller de l'électeur de Brandebourg, né à
Schneeberg,le4avril 1515, mourut à Ratisbonne,
Je 27 novembre 1587, à l'âge de soixante-dix ans.
Il traduisit en vers allemands les psaumes de
Marot et de Théodore de Bèzc, avec les mélo-
dies de Goudimel ; cette traduction fut publiée
sous ce titre ; Psalmen des Kamiglischen Da-
vids in teutsche Reimen verstxndlich und
deullich gebracht nach franzœsischer Mélo-
die, etc.; Leipsick, 1573, in-8°. D'autres éditions
de celte traduction calviniste ont paru à Hei-
delberg en 1574, à Leipsick en 1679 et 1584, et
à Strasbourg en 1597. Il en a été Tait une édition
magnifique à Franc for l-sur-le-Mein, sons ce titre:
Psalmen Davids nach franzœsischer Melodey
mit gegrabenen Noten in teutsche Reimen ge-
bracht sxmmpt etlich geistliche Gesœnge D.
Luthers, 1605, in-fol. Le nom de Lobwasser,
qui en allemand signifie éloge de Veau 9 a donne
lieu à quelques jeux de mots dans l'esprit de son
temps, et qui démontrent que les luthériens
n'aimaient pas sa traduction des psaumes. Martin
Opitz, dans sa préface pour le psautier, dit que
les vers de Lobwasser sont aquatiques ou plutôt
marécageux (Omnia surit valde aquea, sive
pot tus aquosa). Le professeur Heller, de Leip-
sick, disait dans son cours de théologie, en par-
lant de la traduction des psaumes de ce même
Lobwasser : Ern anderer lob Wasser, Ich lob
den Wein( au lieu de louer l'eau, j'adresse mon
éloge au vin ) ; enfin, le professeur Omeis, d- Ait-
dorf, dans ses observations sur les traductions al-
lemandes des psaumes, s'écrie, en parlant de Lob-
vasser : Lob was erf (Quel éloge mérite -t il ?)
LOCATELLI ( Pierre), violoniste célèbre,
né à Bergame, en 1698, était fort jeune lorsque
ses heureuses dispositions pour la musique dé-
cidèrent ses parents à l'envoyer à Rome, pour
étudier le violon sous la direction de Corelli.
Presque toutes les circonstances de sa vie sont
ignorées ; on sait seulement qu'après avoir beau-
coup voyagé il arriva en Hollande et se fixa à
Amsterdam, où il établit on concert public.
Lorsqu'il mourut, en 1764, les membres de la
Société des amateurs d'Amsterdam prirent le
deuil. Locatelli méritait cette distinction par un
•latent plein d'originalité et de hardiesse. S'il ne
fonda point d'école, c'est qu'il fallait être doué
d'une singulière dextérité pour exécuter les traits
remplis de nouveautés et de difficultés, jus-
qu'alors inconnues, dont «il a* rempli quelques-
uns de ses ouvrages. Le comte de San-Rafeele,
1 qui avait entendu cet artiste, lui accorde les
plus grands éloges {Lettere suV arte del
suono). Burney prétend que les compositions
de Locatelli excitent plus d'étonnement que
de plaisir : cette critique prouve seulement que
cet historien de la musique n'avait point coin-
! pris le mérite des œuvres du violoniste berga-
masque. Il est vrai que parmi les contemporains
de cet artiste il en est peu, même chez les pro-
fesseurs, qui aient aperçu tout ce qu'il y avait
, de neuf et d'inventé dans ses Caprices énig-
matiques; mais ses autres sonates et ses con-
certos sont remplis d'idées gracieuses, et se font
remarquer par une facture élégante. Ces Ca-
prices, que je viens de citer, ont été peu jouésj
à cause de leur difficulté. Locatelli y a fait usage
de beaucoup de procédés nouveaux, dont Paga*
nini a fait son profit.
1 Le premier œuvre de Locatelli, contenant
en douze grands concertos (Concerti grossi ),
parut à Amsterdam, en 1721. L'artiste y a imité
le style de son maître. Le deuxième œuvre, pu-
blié en 1732, renferme des sonates de flûte,
avec accompagnement de basse. Le troisième,
intitulé VArte del violino, contient douze con-
certos et' vingt-quatre caprices pour premier et
deuxième violon, viole, violoncelle et basse
d'accompagnement pour le clavecin; il a été
publié en 1733. On en fait de nouvelles éditions
à Paris. L'œuvre quatrième, publié en 1735,
est composé de six concertos avec des intro-
ductions. L'année suivante parut l'œuvre cin-
quième, contenant six sonates en trios pour deux
violons et basse. L'œuvre sixième, contenant
douze sonates pour violon seul, a été gravé en
1737. Il en a été fait d'autres éditions à Paris ;
la dernière a été publiée en 1801, pour l'usage
des élèves du Conservatoire. L'œuvre septième,
qui renferme six Concerti a quattro, a été pu-
blié en 1741. Le huitième, qui contient des trios
pour deux violons et basse, a paru l'année sui-
vante; il en a été (ait une deuxième édition en
1750, et d'autres à Paris. Le neuvième a pour
titre : VArte di nuova modulazione ,* c'est dans
cet ouvrage que Locatelli a placé toutes ses in-
ventions nouvelles sur les diverses manières
d'accorder le violon, et sur des combinaisons
d'effets auparavant inconnues. Les éditions fran-
çaises modernes portent le titre de Caprices
énigmatiques. Le dixième œuvre, qui passe
pour le plus beau, était intitulé dans la pre-
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332
L0CÀTELL1 — LOCK
mière édition : Contraste armonico ; il contient
des concertos à quatre, remarquables par le
sentiment de ia bonne harmonie.
LOCATELLO (Jean-Baptiste), composi-
teur de l'école romaine an seizième siècle, fut le
contemporain des grands maîtres de la même
école qui vécurent depuis 1550 jusque vers Tan-
née 1600. Il n'est connu que par quelques ma-
drigaux et motets insérés dans les collections
suivantes : 1° Dolci affettl; madrigali a S voci
di divers* eccellenti musici di Roma ; Rome,
«Alexandre Gardanc , 1 585 , et Venise , chez les
héritiers de Jérôme Scoto, même année. —
2° Symphonia angelica, di divcrsi eccellen-
tissimi musici a 4, 5 et 6 voci, nuovamente
raccolta per Huberto Waelrant e date in luce;
In Anversa, appresso Pietro Bellasio e Gio-
vanni Beltero, 1594, in-4° obi. — 3° Selectx
jcantiones excellentissimorum auctorum octo-
nis vocibusconcfnnendx, a Fabio Constant ino,
romano, urbevitanxcathedralis musicoe prœ-
fecto, in lucem editsc; Komœ, ex typographia
Bartholomet Zanet ti, 1614.
LOCATELLO (Dominique), premier orga-
niste de l'église Saint- Antoine, à Padoue, était un
artiste distingué lorsque Burney visita cette ville,
en 1770.
LOCCHINI (Antoine), né dans la Pouille,
vers 1740 , fut d'abord élève, puis maître au
Conservatoire de VOspedaletto , à Naples. En
1766 il fit représenter au théâtre des Fiorentini
de celte ville un opéra boulTe intitulé Tutti
quanti sono pazzi. Il donna au théâtre de
Parme l'opéra sérieux Scipione in Cariago.
Il est vraisemblable que Locchini était mort
avant 1787, car on ne trouve pas son nom dans
la liste des compositeurs existants de Vfndice
teatrale publié dans cette même année.
LOCHNER (Joiiachiv), musicien allemand
du seizième siècle, a fait imprimer à Nuremberg
des Magnificat à 4 voix, dans les huit tons de
l'église.
LOCHNER (Charles), violoncelliste de l'or-
chestre do Manheim, né à Pforzheim, vers 1760,
mourut d'un coup de sang, en 1795. Il s'est fait
connaître avantageusement en Allemagne comme
compositeur de chansons par les recueils sui-
vants : 1° XII chansons, dont une partie par
J.-A. André; Offenbach, 1792. — 2° Six idem,
avec accompagnement de clavecin, l rr collection ;
Manheim, 1793. — 3° Six idem, 2 e recueil ; ibid.,
1793. — 4° Chansons de J.-B. Reck, mises en
musique, 3 e recueil ; Heilhronn, 1794 . — 5° Chan-
sons de buveurs; idem, ibid. On connaît aussi
de cet artiste la musique é'Orphcus, opéra ou
mélodrame joué à Hambourg.
LOCHON (Charles), violoniste français, né à
Lyon, vers 1760, reçut des leçons de Bertheaume,
et fut admis à l'orchestre de UOpéra en 1787.
Après trente ans de service, il a obtenu sa pen-
sion de retraite an mois d'avril 18 17. Il était
aussi attaché à l'orchestre de l'ancien Concert
spirituel. On a gravé de sa composition, à Lyon,
en 1780, Six duos pour deux violons, op. 1.
LOCK (M attuieu), musicien anglais, naquit à
Exeter, dans la première partie du dix-septième
siècle , et reçut son éducation musicale au chœnr
de l'église cathédrale de cette ville, sous la di-
rection d'Edouard Gibbons. Devenu bon orga-
niste et compositeur habile, il eut d'abord l'em-
ploi de chantre à l'église d'Ex et er ; mais ayant
été chargé de composer la musique pour rentrée
de Charles II, à la restauration , ce prince l'at-
tacha à sa personne en qualité de compositeur
ordinaire de sa chambre. Vers la fin de sa vie,
Lock abjura la religion réformée et se fit catho-
lique. Il mourut à Londres, en 1677, avec le titre
d organiste de la reine Catherine. 11 était d'une
humeur irritable, et se créa souvent des disputa
avec d'autres musiciens, ou l'on mit de part et
d'autre plus d'emportement que de raison. Si
première querelle eut pour objet la critique qu'on
avait faite d'un de ses ouvrages : c'était une
collection de morceaux de musique d'église pour
le service du matin, où la prière , après chaque
commandement, avait une musique différente.
Cette innovation fut blâmée, et Lock* publia son
ouvrage en partition, avec une préface où il se
plaignait amèrement d'une critique qu'il consi-
dérait comme une injustice. Lui-même se fit le
censeur d'un autre musicien, dans une critique
sévère du livre de Salmon sur la suppression des
clefs. Une vive discussion s'ensuivit entre eux.
Parmi les compositions de Lock , on remar-
que ": 1° La musique de Macbeth , drame de
Shakspeare, en 1672. Cette musique eut un bril-
lant succès. — 2° Celle de La Tempe'te, pour
la pièce de ce nom , du même auteur, 1673. —
3o Psyché, opéra en 5 actes, traduit de Quinaolt
par Shadwell, et mis en musique en collaboration
avec Draghi. Cette pièce a été réunie à ia musique
de La Tempête, et publiée sous ce titre : The
English Opéra, or the vocal Music in Psyché,
with the instrumental therein intermixd. To
which is adjoyned the instrumental Music in
the Tempest, by Matthew Lock, composer in
ordinary to his Majesty and organist to the
Queen; Londres, 1675. — 4° Little concert of
3 parts for viols and violins ( Petit concert
à 3 parties pour des violes et violons), Londres,
1657. — Hymn and anthems (Hymnes et an.
tiennes) ; Londres, 1G6C. A la tête de ce recueil
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LOCK — LODI
333
se trouve une longue prérace où Lock prend la
défense de son ouvrage; cette prérace, quia
été imprimée séparément dans la même année,
a pour titre : Modem Church music preaccu-
sed, censured,\and obstructed m Us perfor-
mance before his Majesty, april 1, 1666;
rindicated by the author M. Lock (La mu-
sique d'église moderne attaquée, censurée et gâ-
tée dans son exécution devant Sa Majesté, le
i tr avril 1660; vengée par l'auteur, 51. Lock);
Londres,, 1666, in-4°. Une deuxième édition de
ce morceau a paru sous ce titre : The présent
practice music vindicated; Londres, 1673, in-8*.
Lock parait être l'auteur du plus ancien traité
d'accompagnement pratique ou de basse conti-
nue qui ait été publié en Angleterre; ce livre a
pour titre Melothesia; Londres, 1673, in-4°obl.
Lorsque parut le livre de Salmon sur la néces-
sité de réduire le nombre des clefs et sur une no-
tation uniforme pour tous les instruments, Lock
l'attaqua avec violence dans un écrit qui a pour
litre : Observations upon a laie book tntitled
An Essay to the advancement of Music, etc.;
Londres, 1672, in-8°. Le pamphlet de Lock n'ayant
point eu de succès, on y ajouta deux morceaux
critiques de Phillips et de Jean Playfbrd sur le
même ouvrage, et il fut remis en vente sous ce
nouveau titre : The présent practice of music
rindicated ogainst the exceptions and new
uay of attaining Music , lately published by
Th. Salmon, with a duellum musicum, writ-
ten by John Phillips, and a letler from John
PUujford to M. T. Salmon, by way of confu-
tation of his Essay to the advancement of
Music, etc.; Londres, 1173. Salmon répondit à
, la critique de son ouvrage par un petit écrit in-
titulé : A vindication of an Essay to the ad-
vancement of Music, from M. Lock's observa-
tions, et*.; Londres, 1673, in-8°. A propos de
jette dispute , Gerber a fait, dans son premier
Lexique des Musiciens , une de ces lourdes mé-
prises qui lui étaient familières ; car ayant mal en-
tendu un passage de l'Histoire de- la musique de
Hawkins, il attribua a Lock le livre de Salmon.
Il a été copié dans cette faute par les auteurs du
Dictionnaire historique dès Musiciens ( Paris,
1810).
LOCKMAN (Jean), poète anglais et ama-
teur de musique, était membre de la Société d'A-
pollon, qui existait à Londres vers le milieu du
dix-huitàùtme siècle. Les recueils de musique que
cette société publia vers 1740 contiennent quel-
ques morceaux de la composition de Lock ma n , *
Il est aussi auteur du poème de l'opéra de Ko-
salinde, qui fa£ mis en musique par Jean-Chris-
tophe Smith, et dont il parut une deuxième édi-
tion en 1740. En tête de cette édition on trouve
un discours de Lockman sur l'origine et les
progrès de l'opéra en général. Marpurg a donné
une traduction allemande de ise morceau, dans
le quatrième volume de ses Essais ( Uistorisch-
Kril. Beitrxge zur Aufnahme der Musik).
LODER (Georges), compositeur anglais dont
la musique a de la fantaisie, est né à Batb , en
1816. Il a composé plusieurs symphonies à grand
orchestre, qui ont été exécutées avec succès en
Allemagne. En 1845 il s'est fixé à New-York
en qualité de directeur de musique. Loder a écrit
quelques opéras qui ont été représentés sur les
théâtres de Londres.
LOOI (Démétkius), moine camaldule et com-
positeur de musique , né à Vérone, dans la se-
conde moitié du seizième siècle, a publié divers
ouvrages de musique concertée pour les voix et
les instruments, dans le style de Jean Gabrieli.
Walther cite de lui des Canzoni o sonate con-
certate per chiesa à une, deux et trois partie? ;
mais il n'indique ni la date ni le lieu de l'im-
pression. Le P. Lodi a fait aussi paraître à Ve-
nise, en 1623, un œuvre de sonates pour instru-
ments.
LODI (Joseph ), surnommé Sterkel, qu'il ne
faut pas confondre avec l'abbé Jean-François-
Xavier Sterkel ( voyez ce nom ), brillait en Alle-
magne comme compositeur pour le piano, vers
la fin du dix-huitième siècle. Il parait avoir vécu
quelque temps à Varsovie. En 1799 il fit un voyage
à Vienne, et y publia plusieurs morceaux pour le
piano. On n'a point d'autres renseignements con-
cernant la vie de cet artiste. II y a de l'élégance
dans sa musique , mais son harmonie est en gé-
néral incorrecte. Gerber et les catalogues des
éditeurs allemands ne font connaître de lui que
les ouvrages suivants t 1° Sonate pour piano
seul ( en ut ), op. 9; Augsbourg , Gombart. —
2° Grand concerto pour piano et orchestre (en ut),
op. 10; ibid. — 3° Caprice pour piano seul,
op. 16; Leipsick , Breitkopf et Hsertel.— 4° La
Morte di Mozart, sonate pour piano seul, op. 27 ;
ibid. — 6° Variations (en ut) pour le piano,
op. il; Augsbourg, Gombart. Une sonate de
piano, en ut mineur, a été gravée sous le nom
de cet artiste, comme son œuvre 18% chez Breit-
kopf, à Leipsick ; cette sonate est de Wreifi , qui
en a réclamé la propriété par une lettre adressée
à Lodi, laquelle est insérée dans la deuxième
année de la Gazette générale de musique de
Leipsick ( Intell. Blatt, p. 40). Cependant cette
même sonate a été arrangée à 4 mains par A. L.
Crelle, avec des augmentations en forme de
canons et d'imitations, sous le nom de Lodi, et
publiée en 1832, chez Breitkopf et Hœrtel,à
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834
LODI — LOEHLE
Leipsick. Dans le compte rendu de cette publi-
cation (A%em. musikal. Zeitung , 34° année,
n° 45), Fink nous apprend que Lodi vécut à Dresde
pendant six mois, en 1796, et que ce fut à cette
époque qu'il publia la sonate dont il s'agit, sous
son nom. On y voit aussi que ce musicien vi-
vait encore en 1832. L'article de Finb renferme
de curieux renseignements sur ce personnage.
LODI ( Angelo), pianiste, organiste et com-
positeur, naquit a Fiume, dans le Frioul , le
10 mai 1777. Son premier maître de musique
fut son compatriote Briggio Petrucci , maître de
chapelle de la cathédrale de cette ville. Lodi alla
ensuite étudier le contrepoint à Bologne, sous la
direction du P. Stanislas Mattei. De retour dans
sa ville natale, il obtint la*pl ace de sous-maltre
de chapelle de la cathédrale. Il eut aussi le grade
de capitaine inspecteur et instructeur de la mu-
sique militaire du premier bataillon de la garde
civique, et conserva ce titre jusqu'à la fin de sa
vie. Lodi mourut à Fiume, le 11 février 1839.
11 était membre des Académies philharmoniques
de Ferrare, Bologne et Rovigo, de l'Odèon de
Venise, de la Société philharmonique de Modène,
et de l'Athénée de Forli. On connaît plusieurs
messes de cet artiste, des symphonies avec or-
chestre, des morceaux pour le piano, et des can-
zonette. Plusieurs de ces ouvrages ont été pu-
« bliés. Lodi avait formé une collection intéressante
de musique ancienne des maîtres italiens.
LOEBER (Jean-Frédéric), magisteret rec-
teur à Géra, naquit dans cette ville, en 1634, et
mourut en 1696. 11 est auteur d'une dissertation
intitulée : De Musicse qulbusdam admirandis;
Géra, 1695, in-4°.
LOEBER (Jean-Ernest) , organiste, de la
ville, à Weimar, vers 1630, a fait imprimer a
Erfurt : Concert de noces à deux voix et basse
continue; Erfurt, 1632.
LOEBMANN (F.), violoniste et composi-
teur, est né en 1804, à Yolschau, dans la Basse-
Lusace, et a passé sa jeunesse à Muskau ( Silésie ),
où sou père était musicien de ville. Il reçut sa
première éducation musicale dans la maison pa-
ternelle, puis il se rendit à Berlin, où il fut em-
ployé comme alto à l'orchestre du théâtre royal.
Ce fut dans cette ville qu'il se livra à l'étude de
l'harmonie, sous la direction de Léopold Schefer,
puis à celle du contrepoint, chez le professeur
Dehn. Appelé à Riga, comme premier violon et
répétiteur du théâtre, il quitta ensuite cette po-
sition pour celle de cantor et de directeur de
musique, qu'il occupait en 1847. Il était en même
temps directeur de la Société de chant de cette
ville et chef d'orchestre des concerts d'abonne-
ment. Cet artiste s'est fait connaître comme corn*
positeur par le 121 e psaume pour un chœur
d'hommes avec orchestre, qui fut exécuté à Riga
en 1847, et par des solos de violon avec orches-
tre. On a gravé de lui une ouverture de concert
et un quatuor pour des instruments à cordes.
LOEFGROEN (Antoine), né en Suède, dans
les premières années du dix-huitième siècle, fit
ses études à l'université d'Upsal, où il soutint,
en 1728, une thèse sur la basse fondamentale,
dont Rameau avait donné les principes six ans
auparavant dans son Traité de l'harmonie.
Cette dissertation a paru sous ce titre : De basso
fundamentali. Disput. academ.; Upsalie,
1728, in-4°.
LOEHLE (François-Xavier), ténor dis-
tingué de T Allemagne, est né le 3 décembre 1792,
à Wiessensteig, petite ville située au pied de la
chaîne des montagnes du Wurtemberg. Son père
y était directeur du chœur au couvent du chapitre
et professeur de langue latine. Homme instruit
et musicien habile, il se chargea lui-même de
l'éducation littéraire et musicale du jeune Lœhle:
celui-ci n'était âgé que de cinq ans lorsqu'il lui
enseigna les éléments du chant. Six mois après
le jeune Lœhle était en état de chanter au
chœur les parties de contralto. Sa voix en avait
pris dès le premier moment le timbre franc et
décidé. Lorsqu'il eut atteint l'âge de huit ans,
on Tenvoya à Augsbourg, où il reçut, au cou-
vent de Saint-Maurice, une instruction solide,
sous la direction de Witschka, alors directeur du
chœur, et plus tard maître de chapelle a la ca-
thédrale d' Augsbourg. Il continua aussi dans
celle ville ses études littéraires et scientifiques.
Admis, en 1803, comme enfant de cliœur au sé-
minaire de Munich, il fut employé comme con-
traltiste à la chapelle de la cour et dans quel-
ques r£les d'enfant au Théâtre royal. Ce fut là
qu'il reçut les premières leçons pratiques de
l'art du chant en écoutant Brizzi, M m * Benedetti,
et quelques autres bons artistes de l'Italie. Aux
vacances dn mois de septembre 1807, il alla voir
ses parents à Wiessensteig. Dans un concert qui
s'y donna, en présence du roi de Wurtemberg,
à l'occasion d'une partie de chasse, il chanta un
air de Sarti, qui fit tant de plaisir au roi, que ce
prince se chargea des frais de ses études et du
soin de son avancement. A son arrivée à Stutt-
gard, au mois de novembre de la même année,
Lœhle fut confié aux soins du maître de chapelle
Danzi, chez qui il resta jusqu'à l'automne de 1809 ;
puis il devint élève du premier ténor Krebs, à
«qui il attribue la plus grande partie de son sa-
voir. Après avoir chanté quelque temps les par-
ties de deuxième et de troisième ténor, au théâ-
tre, il y joua, en 1812 , le rôle de Joseph^ dans
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LOEHLE — LOEHLEIN
33S
l'opéra de Méhul. Après la mort du roi, en 1316,
il reçut un engagement de premier ténor pour le
théâtre de Hanovre. Il épousa, dans cette ville, la
fille de Pauly, acteur de la cour. Dans le cours
de la même année , un autre engagement avan-
tageux de premier ténor au théâtre de Stuttgard
lui fut offert ; il l'accepta, et y retourna au mois
de janvier 1818. Ayant obtenu la permission
d'aller donner quelques représentations a Munich,
au mois de mai suivant, il s'y rendit, et le suc-
cès qu'il y obtint le fit engager par un contrat à
vie pour lui et sa femme , avec un traitement
de 3,500 florins et une pension à l'époque de sa
retraite. Cet engagement commença à recevoir
son exécution le 3 mars 1819. Depuis lors Lœhle
ne s'est éloigné momentanément de Munich que
pour aller donner des représentations à Vienne
en 1820, à Carlsruhe en 1822 et en 1823, à Pesth
en 1826, à Berlin deux ans après, et à Stuttgard
en 1830. Retiré du théâtre au mois d'octobre 1833,
il a été pensionné, et s'est livré à l'enseignement
du chant et à la composition. En 1828 , il avait
fondé la société de la Liederkranz (Couronne ou
guirlande du chant), qui compta en peu de temps
environ 600 membres ; mais Lœhle s'en étant re-
tiré en 1834, elle se dispersa. Il a aussi institué
l'école centrale de chant de la Bavière, où l'on ins-
truit 120 élèves. Ses succès dans cette entreprise
l'ont décidé à la transformer en un conservatoire,
où toutes les parties de la musique sont ensei-
gnées : on croit que cet établissement sera sou-
tenu par un subside de l'État. Lœhle a été marié
deux fois ; mais il a perdu ses deux femmes ; la
première a cessé de vivre le 5 septembre 1822;
la seconde, le 29 juillet 1836. Lui-même est
mort à Munich, le 29 janvier 1837.
Parmi ses compositions, on remarque : 1° Six
chansons pour quatre voix d'hommes; Augs-
boiirg, Gombart. — 2° Liebcsklage , von
Ludwig, Kœnig von Baiern, fur 4 Manner-
siimmen (Élégies amoureuses de Louis, roi*de
Bavière, pour 4 voix d'hommes, avec accompa-
gnement de piano ad libitum, Munich. Falter.
— 3° Vingt-quatre chansons allemandes à trois
voix pour les écoles. — 4° Vingt-quatre chansons
religieuses. — 5° Douze messes allemandes à
4 voix, avec accompagnement d'orgue. —
6° Douze idem latines. — 7° Trente chants à 4 et
5 voix sans accompagnement, pour la société
de Liederkranz. Le Lexique universel de mu-
sique publié par Gustave Schilling , d'où les
matériaux de cet article sont tirés, cite un ou-
vrage didactique de Lœhle, sous ce titre :
AUgemeine Anleitung zu einer Elementar-
Mnsikschule, vorzûglich berechnet fiir den
Cesang nach Pestalozzischcn Grundssrtzen
(Introduction générale pour une méthode élémen-
taire de musique, adaptée principalement au
chant, suivant les principes de Pestalozzi), 4 vo-
lumes ; mais il n'indique ni le lieu ni la date de
l'impression.
LOEHLEIN (Georges-Simon), maître de
chapelle à Dantzick, né en 1727, à Neustadt sur
la Heide , dans le duché de Saxe-Cobourg , fut
enlevé à Potsdam, à Page de seize ans, au mo-
ment où il allait partir pour Copenhague , et
enrôlé dans les troupes prussiennes. Après avoir
fait plusieurs campagnes, il tomba sur le champ
de bataille de Collin et fut abandonné comme
mort. Cependant les Autrichiens, vainqueurs
dans ce combat, remarquèrent en lui quelques
signes de vie et le firent transporter dans un hô-
pital, où il fut guéri de ses blessures. Il retourna
chez ses parents, et y arriva lorsqu'on portait
encore le deuil de sa mort. En 1760 il se rendit
à Jéna, dans le dessein d'y faire ses études. Là,
son habileté sur la harpe lui procura beaucoup
d'amis et de protecteurs : les meilleures mai-
sons de la ville lui furent ouvertes. En 1761, la
place de directeur de musique, devenue vacante
par le départ de Wolf, appelé comme maître de
chapelle à Weimar, lui fut accordée. Après le
traité de paix de 1763, il alla à Lcipsick, et y vé-
cut en donnant des leçons de clavecin et de
violon. Admis dans la société du grand concert
de cette ville, il y fut employé comme violoniste
à l'orchestre, et comme claveciniste dans les
concerts. Quelque temps après, il établit lui-
même un concert d'amateurs, composé de la
plupart de ses élèves. 11 y jouait de presque tous
les instruments, et y faisait exécuter beaucoup'
de morceaux de sa composition, qu'il gravait
lui-même à l'eau forte. Appelé à Dantzick en 1779.
en qualité de maître de chapelle, il s'y rendit ;
mais le climat ne convenait point a sa santé
délicate, qui bientôt s'altéra, et il mourut au
commencement de 1782, à l'âge de cinquante-
cinq ans. Ses compositions , au nombre de six
œuvres, qu'il a toutes gravées depuis 176G, con-
sistent en sonates , trios , quatuors et concertos
pour le clavecin et le violon. Lœhlein n'est main-
tenant connu que par ses ouvrages élémentaires;
le premier a pour titre : Klavierschulc , oder
kunze und griindliche Anweisung zur Mélodie
und Harmonie durch-gehends mit proktischen
Beyspielen erklœret (École du clavecin, ou
instruction courte et raisonnée pour apprendre
la mélodie et l'harmonie , expliquée par des
exemples), Leipsick, 1765, in-4°. La troisième
édition a été publiée à Leipsick, 1779. La qua-
trième fut imprimée à Ziillichau, en 1782. Witt-
bauer en donna une cinquième, avec des
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336
L0EHLE1N — LOEILLET
augmentations, en 1791, Zullicïiau et Leipsick.
La deuxième partie de cet ouvrage a paru en-
suite , sous ce titre : Klavierschule, zweyter
Band, worinnen eine vollstxndige Anweisung
zur Begleitung der unbezifferten Basse, und
andern im ersten Bande fehlenden-Har-
monien gegeben wird : durch 6 sonaten,
mit Begleitung einer violine erklxret ( École
du clavecin, 2 e volume, où Ton donne une ins-
truction complète sur l'accompagnement de la
basse chiffrée et d'autres choses concernant les
harmonies, omises dans le premier volume. Le
tout éclairci par six sonates avec accompagne-
ment de-violon. On y a ajouté un traité du réci-
tatif); Leipsick, 1781, in 4°. Une édition posté-
rieure de tout l'ouvrage a été donnée avec des
augmentations par Witlhauer. C'est cette même
méthode qui est devenue plus tard la base de
celle qui a été publiée sous lenom de À.-E. Millier,
et dont Charles Czerny a donné une dernière
édition. La méthode de violon de Lœhlein est
intitulée : Anweisung zum violhispielcn , mit
prakl'tschen Beyspielen und zur Uebung mil
24 hleinen Duetten erklœret (Méthode de violon,
expliquée par des exemples, avec 24 petits duos
pour exercices); Leipsick, 1774, in-4°. La
deuxième édition a paru en 1781 ; la troisième,
corrigée et augmentée, a été publiée par J.-F.
Reichardt, à Jéna, chez Frommann, 1797, in-4°.
LOEHNER (Martin), fontainier de Nu*
remberg, né le 15 février 1636, mort le 2 octo-
bre 1707, a construit un orgue hydraulique pour
une représentation artificielle du Parnasse. Cet
instrument jouait plusieurs morceaux. On ignore
quel mécanisme Lcehner avait employé dans sa
construction.
LOEHNER ( Jean ), compositeur et orga-
niste, naquit à Nuremberg, le 21 décembre 1745.
A Tâge de huit ans il perdit son père, et sa mère
le laissa orphelin avant qu'il eût atteint sa
quinzième année. Wecker, son beau-frère, ex-
cellent organiste de Saint-Sébald, le recueillit
alors chez lui, lui enseigna la musique, et lui fit
étudier le latin chez le recteur Gresmann. Lœh-
ner fit ensuite un voyage à Vienne ; à son retour,
il se fit entendre à la cour de l'archevêque de
Salzbourg, qui le récompensa dignement. De
là, il alla à Leipsick, pour faire la connaissance
de quelques-uns des musiciens les plus distin-
gués de la Saxe. De retour à Nuremberg, il ob-
tint d'abord la place d'organiste de IVglise No-
tre-Dame, puis un poste semblable à l'église du
Saint-Esprit, et enfin, après la mort de Lunsds-
dœrffer, on le nomma organiste de Saint-Lau-
rent, une des églises principales de Nuremberg
après Saint-Sébald. Il en remplit les fonctions
jusqu'à l'âge de soixante ans, et mourut le 2 avril
1705. Ses ouvrages imprimés sont : 1° Zwolf
Arien mit einer Singstimme und 2 Violmen
(Douze airs à voix seule et deux violons) ; Nurem-
berg, 1680, in-4° obi. — 2° Auserlesene Kirche
und Tafei-Musih (Musique choisie pour l'église
et la table); Nuremberg, 1682, in-4°. — 3° XLIV
Arien aus der Opéra von Theseus, in Music
(sie) gebracht durch etc. ( Quarante- quatre
airs de l'Opéra de Thésée, mis en musique par
Jean Lœhner, etc.) ; Nuremberg, 1688, in-4°obl.
— 4° Trauungslust, oder Erdenfreunde (Plai-
sir du mariage, ou joie céleste) ; ibid., I607,in-fol.
— 5° Suavissimx canonum musicalium de-
licix, S, 4> 5-8 voc; ibid ., 1700, in -4°. — 6° Chr.
Ad. Xegeleins dite Zions-Harfe in Melodien
gebracht (L'ancienne Harpe de Sion, de Chris-
tian-Adolphe Negelein, mise en musique); ibid.,
1693.
LUEUR (Jean- Joseph ), docteur en philo-
sophie, est auteur d'un petit écrit dans lequel il
a expliqué la nature de l'invention de Scheibler
( voy. ce nom ) pour l'accord des instruments à
clavier. Celte explication était nécessaire , car
celle qu'a donnée l'auteur de l'invention est fort
obscure, souvent même tout à fait inintelligible.
L'opuscule de M. le docteur Loehr a pour titre :
Veber die Scheibler 'sche Er/indung ûber-
haupt und dessen Piano forte und Orgelslim-
mung insbesondere (Sur l'invention de Schei-
bler en général et sur l'accord du piano et de
l'orgue en particulier) ; Crefeld, Schûller, 1837,
in-8° de 45 pages. Les biographies allemandes
ne fournissent aucun renseignement sur l'auteur
de cet écrit.
LOEILLET (Jean-Baptiste), néàGand,
dans la seconde moitié du dix-septième siècle,
se livra fort jeune à l'étude de la flûte traversiez,
alors peu en usage, et parvint à un rare degré
d'habileU pour son temps. Il se rendit à Paris
en 1702, et y fit graver quatre œuvres de sonates
pour flûte seule, un livre de sonates pour
deux flûtes, et des trios pour le même instru-
ment. En 1705 il alla s'établir à Londres, où il
entra à l'orchestrede l'Opéra. H établit vers 1710
un concert hebdomadaire d'amateurs chez lui
(Uart-Street , Covent-Garden ) , et les prodoits
de ces séances, joints à ceux de ses leçons et de
la vente de ses ouvrages, lni firent amasser une
somme de 16,000 livres sterling (environ 400,000
francs), qu'on trouva chez lui après sa mort ,
arrivée en 1728. Lœillet jouait aussi du clavecin,
et il a publié quelques compositions pour cet
instrument. Outre les ouvrages qui ont été cités
plus haut, on connaît de ce musicien : 1° Six
leçons pour le clavecin; Londres, Walsh. —
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L0E1LLET — LQESENfcR
337
2° Six sonates pour divers instruments, tels que
hautbois y flûtes douces, flûtes allemandes, ou
violon, ibid. Ses sonates pour flûte seule et pour
deux flûtes, avec basse continue, ont été gravées
a Londres , chez Walsh, et à Amsterdam, chez
Roger. On connaît aussi de cet artiste : Twelve
Suifs of lessons for the Harpsichord, in most
ofihe keys 9 witfi variely of passages and va-
riation'* throughout the work (Douze leçons
pour le clavecin, dans les tons les plus usités, etc.);
Londres (sans date).
LOEIV ( Jean-Michel DE) , né à Francfort-
sur-le-Mein, le 21 décembre 1694, fit ses études
aux universités de Marbourg et de Halle, puis
fut conseiller intime du roi de Prusse, et prési-
dent de la régence des comtés de Tockenbourg
et de Lingen. Il mourut le 22 juillet 1776. Ses
œuvres diverses ont été recueillies et publiées
par J.-E. Schneider et J.-B. Muller, à Francfort,
1749-1752; 4 parties in- 8°. La quatrième partie
renferme des remarques sur Part du théâtre ,
sur la musique, et sur les oratorios*
LCESC1IER (Gaspard), docteur et profes-
seur de théologie à Wittenberg , naquit le 8
mai 1636, à Werda-sur-la-Pleisse. Depuis 1656
jusqu'en 1668, il fit ses études à l'université de
Leipsick, d'où il fut appelé à Sondershausen, en
qualité de pasteur et de surintendant. Huit
ans après il quitta cette position pour celle de
pasteur à Erfurt. En 1679, les fonctions de
surintendant lui furent offertes à Zvrickau; il
les accepta , et demeura dix ans en cette ville,
qu'il ne quitta que pour aller à Wittenberg,
en 1C87 , comme professeur primaire de théolo-
gie, assesseur du consistoire» pasteur à l'église
Sainte-Marie, et surintendant général. Il y mou-
rut, le H juillet 1718. Walther (Musikal. Lexi-
con) lui attribue une dissertation intitulée : De
Saule per musicam curato , dont la troisième
édition fut publiée à Wittenberg, en 1705, in-4°;
mais c'est une erreur : Loescher n'était que le
président de l'exercice académique où cette thèse
fut soutenue. Le véritable auteur de cette dis-
sertation est Henri Pipping( t?oy. ce nom).
LOESCHHORN (Charles-Albert), pia-
niste et compositeur pour son instrument, est
né à Berlin, le 27 juin 1819. Son père, musicien
de cette ville, lui fit commencer l'étude de son
art à l'âge de cinq ans. Les progrès de Loeschhorn
furent si rapides, qu'à peine âgé de huit ans il se
faisait déjà remarquer par son talent naissant.
Bientôt après il commença ses études littéraires,
qu'il termina dans sa dix-huitième année. Ce
fut alors qu'il reçut des leçons de Louis Berger
( voyez ce nom) pour le piano; mais après une
année d'études sous sa direction, la mort de cet
BIOGR. UNIV. DBS MUSICIENS. — T. V.
excellent maître le laissa livré à lui-même pour
le développement de son talent. Il entra peu de
temps après à l'Institut royal de musique reli-
gieuse, et y reçut les leçons de Guillaume Bach et
de Grell, pour l'harmonie et la composition . Il y
continua aussi l'étude du piano, sous la direc-
tion de Killilschgy, un des plus anciens élèves
de Berger. Après la mort de ce professeur, en
1850, Loeschhorn lui succéda dans cette école,
et s'y, livra avec ardeur à l'enseignement. Dès
1846 il avait fondé, avec les frères Stahlknestel ,
des soirées de trios pour piano, violon et vio-
loncelle. En 1853, il entreprit arec ces artistes
un voyage en Russie, où leurs séances de trios
obtinrent de grands succès. Les compositions de
Loeschhorn pour le piano appartiennent au
genre brillant et léger de L'époque actuelle. On y
remarque des variations, fantaisies, études de
concert, nocturnes et autres pièces de salon,
des polkas, valses et tarentelles. La plupart de
ces productions ont été publiées à Berlin.
LŒSEL (Jean-Georges), maître de chapelle
du prince de Lœwenstein, naquit en Bohême,
et vécut à Prague dans la première moitié du
dix-huitième siècle. On connaît sous son nom
trois oratorios allemands. Le premier a pour
titre : Die obstegende Liebe iïber die Ge-
reichtigkeil, mit welcher Jésus den durch die
Siinde todten Menschen zum Leben aufge-
richtety etc. (L'amour vainqueur de la justice
avec lequel Jésus rappelle à la vie (éternelle)
(es hommes morts par le péché ). Cet ouvrage a
été exécuté en 1724 dans l'église Saint-Cajetan,
à Prague. Le second oratorio, intitulé : Das bit'
tere Leiden Jesu ( Les amères souffrances de
Jésus), a été exécuté dans la même église en
1726. Le dernier, composé longtemps après (en
1745), a pour titre : Das beweinte Grab des
Heilands (Le tombeau déploré du Sauveur).
LGESENER (J.-G.), né en 1769, à Salz-
wedel, en Saxe, fit ses premières études musi-
cales sous la direction de Leiss , canior et théo-
ricien instruit. Il apprit de ce maître à jouer de
l'orgue et du clavecin ; et lui-même acquit une
.certaine habileté sur les instruments à cordes.
Après avoir achevé l'étude de la théologie à l'u-
niversité de Halle, il retourna dans sa ville na-
tale, et y fut nommé, en 1791, professeur du
gymnase ( collège), et organiste de l'église Saint-
Marie {Marienkirche), quoiqu'il ne fûtâgéque de
vingt-deux ans. Sa manière sur l'orgue était sim-
ple et toujours appropriée au caractère du choral
qu'il accompagnait, ou pour lequel il exécutait
des préludes. Malheureusement il improvisait
toujours et n'écrivait pas; en sorte qu'il n'est
rien resté de ses inspirations en ce genre. Dans
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LOESEISER — LOEWE
sa Vie retirée et toute consacrée à son art, il ne
négligea rien de ce qui pouvait répandre autour
de lai le goût de la musique, et les concerts de ,
Salzwedel lui durent longtemps leur éclat. Il
est mort dans cette Tille, le 5 février 1829, a :
l'âge de soixante ans. Le plus grand nombre de
ses compositions est resté en manuscrit. On en |
a publié : 1° Ouverture à grand orchestre, op. 5; '
Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 2° Variations j
pour clarinette et orchestre, op. 4; ibid. — |
3° Variations pour cor de bassette, sur une ro- •
mance de Délia Maria, avec ace. de 2 violons, j
alto, basse , 2 flûtes et 2 cors, op. 3; ibid. — j
4° Six variations idem avec orchestre; ibid. |
LOEWE (Jean-Jacques), compositeur aile- j
mand, naquit à Eisenach, dans la première
moitié du dix-septième siècle, fit ses éludes mu- ,
sicales à Vienne et en Italie, sous la direction de
plusieurs musiciens célèbres. Vers 1060 il était
maître de chapelle à la cour de Brunswick;
quelques années plus lard il entra au service
du duc de Zeitz. On a imprimé de lui les com-
positions suivantes : 1° Sinfonien, Intraden,
Gagliarden, Arien, Balletten, Courantcn,
Sarabanden, mit 3 oder 5 Instrumenten
(Symphonies, entrées, gaillardes, airs, ballets,
courantes et sarabandes pour 3 et 5 instruments) ;
Brème, 1657, in-fol. — 2° 12 newe geistliche
Concerten mit 1, 2, 3 Stimmen zu singen
und 2 Violinen nebst der Grundstimme fur
die Orgel (Douze Concerts spirituels nouveaux
pour \, 2 et 3 voix chantantes, avec 2 violons
et basse continue pour l'orgue ) ; Wolfenbutlel,
1060, in-4°. — 3° Canones 2, 3, 4 bis 8 Stim-
mig, Theils fur Instrumente und Theils fur
Sxnger, Theils leicht und Theils schwer, etc.
( Canons à 2, 3, 4 et jusqu'à 8 voix, en partie
pour des instruments, et en partie pour des
chanteurs, les uns faciles et les autres diffi-
ciles, etc. ), 1664.
LOEWE ( Je\n- Henri ), compositeur et vio-
loniste, né à Berlin, en 1766, y eut pour profes-
seur de violon le mattre de concerts Hauck. At-
taché d'abord au service du vicomte de Schwedt,
il vécut ensuite à Hambourg, où il donnait des
leçons de violon et de piano; puis, en 1794, il
alla s'établir à Brème, où les places de violon
solo et de chef d'orchestre lui avaient été offertes.
11 mourut dans cette position, en 1815, à l'âge
de cinquante et un ans. On connaît sous le nom
de cet artiste : 1° Concerto pour violon et or-
chestre, op. 1 ; Offenbach, André. — 2° Trois
grandes Sonates pour piano, avec accompagne-
ment de violon et violoncelle, op. 2 ; ibid. — j
3" Concerto pour violon, op. 3 ; ibid. — 4° Noc-
turne à huit parties, op. 5 • ibid. — 5° Duos pour
2 violons, op. 6; ibid. — 6° Neuf Variations
pour violon et alto sur un air allemand , op. 4;
ibid. — 7° La Fille du pasteur de Taubenhaim
opérette, en partition réduite pour le piano.
LOEWE (Frédéric-Auguste-Léopûld), frère
du précédent, naquit à Schwedt, en 1777. Il
débuta comme acteur au théâtre de Brunswick,
et se fit remarquer par l'expression et le goût
de son chant. Le 1 er juin 1797, il fit représenter
avec un succès brillant l'opérette : Die Insel
der Verfûhrung (L'Ile de la Séduction), dont
il avait composé la musique. La partition de
cet ouvrage, réduite pour piano, a été publiée à
Brunswick, chezSpehr. Plus tard, Lœve fut engagé
au théâtre ae Brème. En 1810 il était à Lubeek,
où il obtint ensuite la direction du théâtre, li
parait avoir renoncé à la culture de la musique
longtemps auparavant.
LOEWE ( Dobothée-Fréoérique- Amélie ) ,
sœur des précédents, et fille de l'acteur Jean-
Charles Lœwe, naquit à Schwedt, en 1779. Son
père dirigea son éducation musicale et drama-
tique. En 1798 elle était première chanteuse au
théâtre de Brunswick. Plus tard elle chanta avec
succès au théâtre de Hambourg, sous la direction
de son frère Jean-Henri. Vers 181 a elle s'est re-
tirée de la scène, et Ton n'a plus eu de rensei-
gnements sur sa personne.
LOEWE (Jean-Charles-Gooefroid), direc-
teur de musique à Stettin, est né le 30 novembre
1796, à Lœbejûn, près de Halle. Son père, cantor
et mattre d'école de cet endroit, lui enseigna les
éléments de la musique dans un âge si tendre,
que Lœwe n'a conservé aucun souvenir de ses
premières études. Jouissant d'une entière liberté,
il se livra dès ses premières années à des exer-
cices et à des plaisirs champêtres dont il a con-
servé le goût plus tard, et qui ont exercé sur
ses compositions une heureuse influence. A Page
de dix ans, on l'envoya au collège de Cœthen :
il y fut employé comme enfant de chœur. Après
y avoir achevé ses études élémentaires, il fré-
quenta le gymnase de Phospice des orphelins à
Halle. Le savant théoricien Tûrk, qui habitait
cette ville, se chargea du soin de terminer son
éducation musicale. Une certaine originalité sau-
vage se faisait remarquer dans les premières com-
positions de Lœwe : les formes inusitées de ces
productions excitaient souvent le rire de son
maître ; l'élève défendait ses idées avec chaleur,
et souvent il s'ensuivait des discussions orageuses,
qui se terminaient par le renvoi de l'élève. Mais
bientôt après, Turk le rappelait. Les événements
de 1813 et la mort du maître' interrompirent
le cours de ses études de musique. Lœwe re-
tourna alors au gymnase, s'y livra de nouveau
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LOEWE
339
à la littérature et aux sciences, puis, en 1817,
il suivit les cours de l'université. Il s'y adonna
particulièrement à la philosophie et à la théolo-
gie , sans négliger toutefois la musique. Ce fut
à cette époque qu'il parvint à on certain degré
d'habileté sur Je piano, en jouant les œuvres de
Mozart, de Dussek et de Beethoven. Il donnait
alors des leçons de musique pour vivre, et pre-
nait part aux exercices de chant dirigés par Maas
et Naue. Dans l'hiver de 1819 à 1820, Lœwe
visita Dresde, et y fit la connaissance de Charles-
Marie de Weber, qui le prii en affection et l'en-
couragea dans ses travaux. Dans Tété suivant,
il fit un voyage à Weimar, où il visita Hummel,
et à Jéna, où il offrit à Goethe un recueil de
chansons de sa composition. Bientôt après, il
accepta à Stettin les places de cantor à Saint-
Jacques et de professeur au gymnase. La ma-
nière dont il remplit ses fonctions lui valut en-
suite sa nomination de directeur de musique à
la même église, au gymnase et au séminaire
des instituteurs. Devenu le centre d'activité de
la musique dans sa nouvelle position, il em-
ploya toute son énergie à mettre cet art en pro-
grès autour de lui. C'est de ce moment que
datent les nombreuses compositions qu'il a pu-
bliées et celles qui sont restées en manuscrit.
Sa réputation commença par des ballades, où
brille un rare mérite d'expression et d'originalité.
Il en a fait imprimer un grand nombre, parmi
lesquelles on cite comme les plus belles : Le
Roi des Erles, La Nuit de Sainte- Walpurge ,
La Nonne de la Sprée, La Caverne des amants,
La Revue nocturne, La Première Nuit de
Sainte - Walpurge ( pour voix de solos et
chœurs), La Fiancée de Corinthe, La Maison
sainte, etc. Dans des compositions de plus
grande importance, on remarque ses oratorios :
1° La Destruction de Jérusalem, qui fut exé-
cutée la première fois à Stettin, puis à Berlin, et
qui a partout obtenu un succès décidé. —
2° Die sieben Schlxfer (Les sept Dormants).
— 3° Le Serpent d? airain, pour des voix seules
sans orchestre, écrit pour la deuxième grande
fête de Jéna, et qui a été exécuté en 1834. —
4° Les Apôtres de Philippe, autre oratorio
purement vocal, exécuté à Jéna, en 1835, et
considéré en Allemagne comme la plus belle
composition moderne de ce genre. — 5° Gu-
tenberg, cantate pour voix d'hommes cônïposée
pour l'inauguration de la statue de cet homme
célèbre, à May ence. —6° Jean Huss, oratorio
exécuté à Berlin, en 1842, et publié en partition
réduite pour le piano. Moins heureux au théâtre,
Lœwe a écrit les opéras suivants, qui sont res-
tés en manuscrit : 1° La Chaumière des Alpes,
opérette en un acte. — 2° Rodolphe, ou le sei-
gneur allemand, grand opéra romantiqtie en
trois actes. — 3° Malek Adhel, opéra tragique
en trois actes, qui n'a point été représenté, mais
qu'on a exécuté avec succès au concert de Stet-
tin. — 4° Les Taquineries, opéra-comique en
trois actes. — 5° Chœurs en entr'actes pour Le
Conte enreve, fantaisie dramatique deRaupacth
— 6° Ouverture, chœurs et entr'actes pour
Themiste, tragédie par le même, représentée à
Berlin. On cite aussi de cet artiste Trois années
complètes de cantates et de motels composés
pour l'église de Stettin. On a publié de 'ses ou-
vrages : l° Die Zerstœrung van Jérusalem
( La Destruction de Jérusalem), oratorio en deux
parties,en partition, op. 30 ; Leipsick, Hofmeister.
— 2° Das Gebet des Herrn und die EinseU
zungsworte des leib. Abendmahles (L'oraison
dominicale et les paroles sacramentelles de la
sainte Cène), op. 2 ; Halle, Kummel. — 3° Die
Walpurgisnacht (La nuit de Sainte- Walpurge),
ballade de Gœthe pour voix solos, chœur et
orchestre, op. 25, en partition ; Berlin, Schlesin-
ger. — 4° Trois ballades de Herder, IThland et
Gœthe, op. I; ibid. — 5° Trois idem, deThéod.
Kœrner, Herder et Willibald Alexis, 2e recueil;
ibid. — 6° Trois idem, de Herder et Uhland,
op. 3; ibid. — 7° Six chants de Byron, sur la tra-
duction allemande de Theremin, op. 4 ; ibid. —
8° Beaucoup d'autres ballades, en recueils on
détachées, op. 5, 6, 7, 8, 9, 10, 13, 14, 15, 16,
17 , 20, 21, 23, 29; ibid. — 9° Six chants pour
4 ou 5 voix d'hommes, op. 19, partition et parties ;
Berlin, Wagenfûhr. — 10° Cinq chants spirituels
à 4 voix d'hommes, op. 22. — 1 1° Trois quatuors
pour 2 violons, alto et basse, op. 24 ; Berlin,
Wagenfûhr. — 12 Quatuor spirituel, idem,
op. 26; Berlin, Trautwein.— 13° Grand trio pour
pfano, violon et violoncelle, op. 12.— 14° Grand
duo pour piano à quatre mains, op. 18; ibid. —
15° Grande sonate pour piano seul (en mi),
op. 16; Berlin, Wagenfûhr. — 16° Fantaisie
idem, op. H ; ibid. — 17° Mazeppa, poème mu-
sical d'après Byron , idem, op. 27. — 18° Sonate
élégie pour le piano; ibid. — 19° Le Frère mi-
séricordieux, poème musical idem, op. 28 ; ibid.
Lœwe a aussi en manuscrit des symphonies,
des ouverture*, des concertos de piano et d'au-
tres compositions.
Comme écrivain didactique et comme critique,
il s'est fait connaître par une méthode de mu-
sique et de chant intitulée : Gesanglehre, prak-
tisch und theoretisch fur Gymnasien, Semi-
narien und Bûrgerschulen entwiirfen; Stet-
tin, chez l'auteur, 1826, in-4° de 96 pages.
Une deuxième édition, corrigée et perfectionnée,
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LOEWE — LOGIER
de cet ouvrage a paru à Berlin, chez W. Logier,
1828, in-4°. Il en a été publié une troisième, à
Steltin, en 1834. On doit à Lœwe uue critique du
système de Logier, insérée dans la Gazette mu-
sicale de Berlin (ann. 1825, n<» 4, 5, 6, 8,
9,10).
Lœwe vivait encore à Stettin en 1859.
W. Nenmann a publié sa Biographie dans le
recueil intitulé : Die Komponisten der ncuen
Zeit ( Les Compositeurs de l'époque actuelle) ;
Cassel, 1857, livraisons 14-1 0.
LOEWE (Jeanine-Sophie), cantatrice disv
tinguée, petite-fille de Frédéric-Auguste-Léopold,
est née à Oldenbourg, en 1815. Après avoir reçu
sa première éducation musicale à Manheim, où
son père, Ferdinand Lœwe, était attaché au
théâtre de la cour, puis à Francfort-snr-le-Mein,
elle se rendit à Vienne, où elle prit des leçons
de plusieurs maîtres, et en parliculier de Cicci-
viara, bon professeur de chant. Le succès
qu'elle obtint dans un concert en 1832 la fit
engager par la direction du théâtre Kœrnthner-
thor, où se fit son début sur la scène. Après y
avoir brillé pendant plusieurs années, elle fit son
premier voyage en Allemagne dans Tannée 1837
et visita d'abord Berlin ; puis elle chanta à Ha-
novre et à Hambourg. De retour à Vienne en
1832, elle y resta jusque dans les premiers
mois de 1840, et se fit entendre de nouveau à
Hambourg, puis à Leipsick et à Francfort. Pen-
dant les années 1841 à 1843 elle chanta sur les
théâtres italiens de Paris et Londres, d'où elle
se rendit a Milan en 1844, et chanta dans les
années suivantes à Turin, Venise, Gènes, Naples,
Bologne et Vérone. Le caractère de son talent
consistait dans la beauté de sa voix et dans l'in-
telligence de son action dramatique. Après 1848,
les renseignements manquent concernant la suite
de sa carrière.
LOEWEN (Jean-Frédéric), secrétaire à la
cour de Schwerin , vers 1758, est auteur de
deux dissertations, la première, sur la poésie
de l'ode (Anmerhungen ûber die Oden poésie) ;
la seconde, sur la poésie de la cantate d'église
( Anmerhungen ûber die geistiiche Cantaten-
poesie). Elles ont été insérées dans le recueil d'é-
crits sur la musique de Hœrtel (n° 1, p. 1-25,
ii° 2, p. 138-165). Lœwen y examine les rap-
ports de la coupe et du rh y trime de ces genres
de taésie avec la musique ; mais ses vues sont
superficielles.
LOEWENSKIOLD (Hehmank de), com-
positeur danois, vivait à Copenhague en 1839,
et s'y trouvait encore en 1847. Il y fit repré-
senter son premier opéra, intitulé Sara, qui ob-
tint un brillant succès et fut repris plnsiours
fois. En 1849, il donna, sur le théâtre royal de
celte ville, Le Printemps à Athènes, ballet dont
il avait écrit la musique. On a imprimé environ
20 œuvres de sa composition pour le piano et
pour le chant, parmi lesquels on remarque des
pièces caractéristiques pour piano seul, op. 12,
des fantaisies, et recueil de ballades à voit
seule, avec accompagnement de piano.
LOEWENSTERN (Matthias- Apelle DE),
conseiller du prince de Mœnsterberg et d'Oels,
naquit à Neustadt, dans la haute SUésie, le
20 avril 1594. Il était fils d'un sellier nommé
Lœwe. Après avoir fréquenté l'université de
Francfort, il retourna dans sa ville natale. Peu
de temps après, on l'appela à Lcobscbùti, pour
diriger la* musique de l'église du Lycée. Le mar-
grave de Brandebourg l'engagea à se rendre a
Troppau ; mais Lœwenstern préféra «a situation
de Leobschûtz, que la guerre de Trente ans put
seule lui faire quitter. A cette époque, le duc
Henri Wenceslas d'Oels l'attira à sa cour, et le
nomma directeur de sa musique, puis préfet
du gymnase de Bernstadt, et enfin» en 1631,
conseiller et secrétaire de son cabinet. Dans cette
même année, Lœwenstern fut nommé directeur
de musique à la cour de l'empereur Ferdinand II.
A la mort de ce prince, son successeur lui ac-
corda des lettres de noblesse. Tant de faveurs
ne furent que de faibles adoucissements aux
douleurs de la goutte et de la gravelle qui tour*
mentèrent ses dernières années. Il mourut à
l'âge de cinquante-quatre ans, le 3 avril 1648.
La plupart de ses productions musicales sont
pour l'église. Ses mélodies , dit Hofmann dans
sa Biographie des musiciens de la Silésie, sont
simples, naturelles et remplies d'expression.
11 publia, sous le titre de Symbol a, un re-
cueil d'airs religieux pour 1, 2, 3 et 4 voix;
Breslau, sans date.
LOFEIER (Joseph-Frédéric), intendant
des bâtiments de Salzbach, né le 20 juillet 1766,
s'est distingué comme amateur par ses talent*
sur le piano et l'alto, et par quelques compo-
sitions, telles que symphonies, ouvertures, et
morceaux d'église. On a gravé sous son nom -.
12 variations (en rc) pour piano sur un
thème original; Nuremberg, Winterschmidt,
1801.
LOGI. Voyez LOSI (Le comte DE).
LOGlER (Jean-Bernard), inventeur du
système d'enseignement de la musique qui porte
son nom, descend d'une famille française ré-
fugiée en Allemagne après la révocation de l'c-
ditde Nantes. Il est né en 1780 à Katser&lautern,
dans le Palatinat, où son grand-père et son père
avaient été organistes. Ce dernier accepta en
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LOGIER
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1796 une place de premier violon dans la cha-
pelle du prince électeur de Hesse, à Cassel , puis
se rendit à Gœltingue, où il fut jusqu'à sa mort
chef de pupitre des concerts dirigés par Forkel.
A l'âge de neuf ans, Logier reçut de son père
les premières leçons de musique et de piano;
mais son instrument de prédilection était la flûte,
qu'il étudia sous la direction de Weidner. Ses
progrès sur cet instrument furent si rapides,
qu'à l'âge de dix ans il put jouer dans un
concert public une symphonie concertante avec
le fils de son maître. Peu de temps après, il
perdit ses parents, et on lui donna un tuteur,
qui voulut lui faire abandonner la musique pour
le commerce; mais Logier s'enfuit à M ar bourg,
où il avait un oncle, frère de sa mère. Il y fit
la connaissance d'un Anglais qui remmena à
Londres, et le traita comme un fils pendant deux
ans, n'exigeant de lui, en retour du bien-être
qu'il lui procurait, que de jouer chaque jour un
peu de flûte et de piano. A cette époque (1805),
Je marquis d'Abercorn organisa un corps de
musique pour son régiment : Logier y entra
comme flûtiste, et suivit son corps dans une
ville du nord de l'Irlande. Wilmann, Allemand
de naissance, et père de l'excellent clarinettiste
de Londres, était chef de musique de ce régi-
ment : Logier épousa sa fille. Dans ses heures
de loisir, il composait de la musique et donnait
des leçons de piano. Cette dernière occupation
lui suggéra ses premières idées sur la réforme
de renseignement. Après la paix, le régiment de
lord Abercorn fut licencié, et Logier, resté sans
emploi, accepta la place d'organiste à Westpor-
1er, en Irlande, qui lui fut offerte par lord AU
tamund. Bientôt ses nombreuses occupations
dans cette ville lui firent désirer de trouver un
aide pour ses fonctions d'organiste, et il imagina
d'y employer sa tille, âgée seulement de sept
ans. Mais la faiblesse des doigts et la mauvaise
disposition de la main de cet enfant était un
obstacle à la réalisation de ses projets. L'idée
Jui vint alors d'une machine destinée à cor-
riger les défauts de la main. Il la composa
d'une tringle qui a toute la longueur du clavier,
et sur laquelle posent les mains ; d'une autre
tringle cylindrique sur laquelle glissent deux es-
pèces de gantelets ouverts à la partie inférieure,
destinés à y placer les doigts pour les maintenir
dans une position convenable. C'est à cette ma-
chine que Logier donna le nom de chiroplaste,
et ce nom fit sa fortune. Ce qui n'avait eu d'a-
bord qu'un but d'intérêt particulier, lui parut
pouvoir devenir la base d'un enseignement. Il
ne tarda point à aller s'établir à Dublin, où il
commença à mettre sa méthode en pratique :
ses succès dépassèrent ses espérances, et bien-
tôt il fut considéré comme le meilleur maître de
piano de l'Irlande. Les élèves lui venaient de
toutes parts. Il avait accepté en arrivant à Dublin
la direction de la musique du théâtre de Jolins-
ton; mais la chute de cette entreprise lui ren-
dit la liberté dont il avait besoin pour donner
tous ses soins à son système. Dès 1814 il avait
pris un brevet pour le chireplaste : ce brevet
lui donnait le droit d'exploiter seul son sys-
tème d'enseignement, ou d'en faire des con-
cessions. Ses succès, constatés par les rapides
progrès de ses élèves en certaines parties de la
musique, fixèrent l'attention publique sur cette
méthode; l'habileté qu'il mit à la répandre, dans
des voyages qu'il fit pendant l'année 1816 en
Ecosse et en Angleterre, lui procura des transac-
tions avantageuses avec beaucoup de maîtres
de musique, et des écoles de chiroplaste s'éta-
blirent à Li ver pool, Manchester, Chester, Glas-
cow, Preston, etc., etc. Samuel Webbe, un des
professeurs de Londres le plus en vogue, fit
môme le voyage de Dublin pour venir visiter
Logier, d pour s'instruire dans le mécanisme
d'enseignement de la nouvelle méthode, qu'il mit
en pratique dans un cours public.
Cependant les succès mêmes de cette mé-
thode causèrent à Logier beacoup de tracasseries.
Il avait publié dans l'été de 1816 une explica-
tion de son système dans un écrit intitulé : An
explanation and description of the royal
patent Chiroplaste or hand'directorto piano-
forte, etc. ; Londres, Clementi, in-4°. Cet écrit
et le bruit des résultats de la nouvelle méthode
éveillèrent la susceptibilité de tous les profes-
seurs de piano, et leur firent craindre l'engoue-
ment de la mode pour cette nouveauté, et l'a-
bandon de leurs élèves. Ils commencèrent à se
réunir contre le danger qui semblait les mena-
cer, et. l'attaque commença par le pamphlet
anonyme qui avait pour titre : General obser-
vations upon Music and remarks on M. Lo-
gicr*s System of musical éducation, with ap-
pendix ( Observations générales sur la mu-
sique, et remarques sur le système d'éducation
musicale de M. Logier, avec un appendice).
Edimbourg, Robert Burdie, 1817, in-8°. Ce
pamphlet, tiré à grand nombre d'exemplaires ,
fut répandu dans toute l'Angleterre. On y criti-
quait la nouvelle méthode avec amertume. M. A.
de Monti, maître de musique à Glascow, suivit
l'exemple de l'anonyme, et montra aussi peu de
bienveillance pour le chiroplaste dans un écrit
intitulé : Strlctures on M. Logicfs System of
musical éducation ( Remarques sur le système
d'éducation musicale de M. Logier); Glascow,
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LOGIER
W. Turnbull, 1817, in-8°. Ces deux pamphlets
ne produisirent pas l'effet que s'en étaient pro-
mis leurs auteurs, car l'attention publique en
fut plus vivement excitée.
Logier, attaqué avec si peu de ménagement,
crut qu'il ne pourrait se défendre avec avantage
qu'en se rendant à Londres pour établir lui-
même des écoles de chiroptaste. Arrivé dans
cette ville, il invita les membres de la Société
philharmonique et d'autres musiciens à un exa-
men des élèves de Webbe, qui eut lieu le 17
novembre 1817. Presque tous les artistes et
professeurs de quelque renom qui se trouvaient
alors à Londres, y assistèrent. Les avis furent par-
tagés, mais les pianistes les plus distingués don-
nèrent leur approbation à l'invention de Logier.
Celui-ci rendit compte de cet examen, et le pré-
senta sous le jour le plus avantageux dans une re-
lation intitulée : An authentic Account of the
examination ofpupils instructed on the new
System of musical éducation, by J. B. Logier
(Relation authentique de l'examen d'élèves ins-
truits par le nouveau système d'éducation mu-
sicale); Londres, R. Hunter, 1818, in-&°. Mais
ses adversaires ne voulurent pas le laisser jouir
en paix do son triomphe; ils vinrent le troubler
par une critique de mauvaise humeur qui avait
pour titre : An Exposition of the new System
of musical éducation of M, Logier, with
strictures on his chiroplast; published by a
committee of professors in London ( Expo-
sition du nouveau système d'éducation musicale
de M. Logier, avec des remarques sur son chiro-
plaste ; par un comité de professeurs de Londres) ;
Londres, Budd et Calkin, 1818, in- 8*. Parmi
les noms de ces professeurs, on remarque ceux
d'Atlwood, du docteur Crotch, de La tour et
de Ries. Irrité par les attaques dont il était l'ob-
jet, Logier répliqua à cet écrit, avec un peu
trop d'aigreur, par un autre intitulé : A Réfuta-
tion of the fallacies and misrepresentafions
contained in a pamphlet entitled : An ex-
position of the new System, etc. (Réfutation
des faussetés et des méprises contenues dans un
pamphlet intitulé : Exposition d'un nouveau
système, etc.); Londres, Hunter, 1818, in-8°.
Le ton de cette réplique et le peu de ménage-
ment que Logier y montrait pour ses antago-
nistes n'étaient pas de nature à faire cesser la
polémique engagée contre son système et contre
sa personne. De nouveaux pamphlets, où la
satire et les plaisanteries plus ou moins grossières
lui étaient prodiguées, se succédèrent avec ra-
pidité. Je ne connais vraisemblablement pas
tout ce qui a été publié à ce sujet; mais j'ai re-
tenu les titres suivants de brochures où Ton pré-
sentait sous un aspect ridicule Logier et son
système : 1° The Logerian System of teachiwj
Music ( Le système logérien de l'enseignement
de la musique); Londres, Philips (sans date),
in-8°. — Ayrton, qui plus tard fut rédac-
teur en chef du journal de musique The Bar-
monicon, est l'auteur de ce pamphlet. — 2° The
musical Tour of Dr. Minim ABC (Voyage
musical du docteur Minime ABC); Londres,
W. Glindon, 1818, in 12; diatribe violente dont
Graham, professeur de musique à Londres,
est auteur. — 3° Joël Collier redivivus, an
entirely new édition of that celebrated au-
thor's musical travels, etc. (Joël Collier res-
suscité, édition entièrement nouvelle des voyages
musicaux de ce célèbre auteur) ; Londres, J. As-
perne, 1818, in- 8°; nouvelle édition d'une plaisan-
terie mordante publiée autrefois contre Burney
(voy. ce nom), à laquelle on avait ajouté des notes
où Logier était bafoué. L'éditeur nouveau et auteur
des remarques était un certain Georges Veal t qui
pendant longtemps joua l'alto à l'orchestre du
théâtre italien. — 4° Logerian sensibility, or
Marsyas in tlie Chiroplast (Sensibilité logé-
rienne, ou Marsyas dans le chiroplaste ) ; Batii,
1819, in- 8°. Le dernier écrit de Logier relatif à
son enseignement a paru sous ce titre : A short"
Account of the progress of 3. B. Logiefs Sys-
tem of musical éducation in Berlin ( Courte
notice concernant les progrès du système d'é-
ducation musicale de J. A. Logier, à Berlin);
Londres 1824, in-8°.
L'éclat qu'avait eu cette dispute eut pour ré-
sultat de mettre à la mode le système d'ensei-
gnement du chiroplaste. L'association de Logier
avec Kalkbrenner, pour l'exploitation de ce sys-
tème dans des cours établis à Londres, fut l'évé-
nement le plus heureux pour le succès de la
nouvelle méthode. Dès lors les personnes les
plus distinguées de la société s'empressèrent de
fréquenter ces cours , et Logier fit de très-con-
sidérables bénéfices sur les produits des écoles ,
sur la vente des chiroplastes et de la musique
écrite spécialement pour ses cours , et sur les
concessions de brevets pour les villes de pro-
vince. Le bruit des succès de cette méthode se
répandit bientôt en France et en Allemagne. A
Paris, Zimmerman ouvrit un cours de piano par
la méthode du chiroplaste, qui eut pendant deux
ans un succès de vogue, et qui ne fut abandonné
qu'à la suite d'une longue et dangereuse maladie
du professeur. Sur les rapports qui lui furent
faits de la méthode de Logier, le roi de Prussr
envoya Fr. Stoepel à Londres pour l'étudier près
de l'inventeur, et fit à celui-ci l'invitation de se
rendre à Berlin, pour y organiser des cours. Lo-
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LOGIER
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gier y arriva le 16 août 1822, et y fonda une école
dont l'examen parut si satisfaisant einq mois aprè?,
que le roi chargea Logier du soin d'instruire
vingt maîtres pour répandre sa méthode dans
les villes principales de la Prusse. Ces proposi-
tions ayant été acceptées , l'inventeur du chiro-
plaste passa trois ans a Berlin, retournant chaque
année trois mois à Londres pour ses affaires.
En 1826, il se fixa de nouveau à Dublin, où il
vécut dans la retraite, jouissant du fruit de ses
travaux. F. Stoepel établit à Munich une école
d'après le système de Logier, en 1826 ; plus tard'
il vint fonder un établissement du même genre
à Paris; mais cette éeole n'eut qu'un médiocre
succès. Leipsick, Dresde, Francfort-sur-le-Mein ,
Francfort sur l'Oder, Stetlin, Nauembourg, Stutt-
gard et Hambourg, ont eu aussi successivement
des cours de piano par le chiroplaste. Girschner,
alors organiste à Berlin, F. Stoepel, C.-F. Mùller,
C.-G. Webner ( V. ces noms), et d'autres pro-
fesseurs et critiques de l'Allemagne ont écrit sur
cette méthode, et en ont fait valoir les avantages.
On trouve aussi de longs articles analytiques
sur le même système dans le Quarterly musical
Magazine and Review (t. J, pag. 111 à 139),
et dans la Gazette musicale de Leipsick ( t. 23
et -24). Logier est mort à Dublin, le 27 juillet
1846, à l'âge de soixante-cinq ans.
Le système de Logier se compose d'éléments
divers, qui doivent être examinés séparément pour
être apprécies avec justesse. Divisé en deux par-
ties principales, qui sont l'exécution au piano et
Wiarmonie/ce système a deux choses qui lui sont
propres dans la première section, savoir : le chi-
roplaste et l'exécution simultanée d'un certain
nombre d'élèves sur plusieurs pianos. Le chiro-
plaste ne peut être considéré comme une néces-
sité de l'enseignement; car il n'est destiné qu'à
corriger les positions vicieuses de certaines mains
on les déviations des doigts. Les mains naturel-
lement bien placées n'ont pas besoin de ce se-
cours. D'ailleurs, ii a l'inconvénient de ne per-
mettre aux doigts que les mouvements les plus
élémentaires, puisqu'il leur interdit tout mouve-
ment de translation de la main, soit par substi-
tion de doigts, soit par le passage des doigts sur
le pouce, ou du pouce sous les doigts. Kalkbren-
ner parait avoir reconnu 6es défauts à cet égard,
car il l'a abandonné pour lui substituer le guide-
mains, qui n'est que la partie inférieure du
chiroplaste, séparée du reste de l'appareil ; mais
l'emploi de cet appareil n'a pas eu de succès :
Liszt Ta tué d'un mot , en appelant ce guide"
main le guide-âne. A l'égard de l'enseignement
individuel du mécanisme, Logier n'y a introduit
aucun changement : il n'y avait rien en effet a y
faire, et l'inventeur du chiroplaste n'a pu se dis-
penser de faire donner à ses élèves des leçons
particulières de ce mécanisme, par les procédés
ordinaires.
La partie la plus importante du système con-
siste dans l'exécution simultauée d'un certain
nombre d'élèves sur plusieurs pianos. C'est poir
cette partie de son système que Logier a écrit
l'ouvrage qu'il a publié sous ce titre : The first
Companion to the royal patent Chiroplaste or
hand-director> a new invented apparatusfor
facililing the attainment of a proper exécu-
tion on piano-forte, by the inventor, Dublin,
in-4° de 42 pages. Cette méthode, à laquelle il
a été ajouté trois suites d'études, de duos et de
trios pour plusieurs pianos (Londres, Clementi),
a été traduit en français et publiée sous ce titre :
Compagnon du chiroplaste , ou Méthode de
piano- forte, divisée en 4 liv., avec des exercices
progressifs), Paris , Carli. Il y en a aussi une
édition allemande; Berlin, W. Logier. Les diffé-
rentes parties des morceaux destinés à être joués
à deux, ^ quatre ou à six mains sur divers pia-
nos, et par un certain nombres d'élèves, étant
calculées d'après les divers degrés d'avancement
de ces élèves, présentent un moyen fort ingénieux
pour faire acquérir promptemeut, même aux plus
faibles, un bon sentiment de mesure et d'harmo-
nie. Ce mode d'enseignement est pour la musique
instrumentale ce que le chant d'ensemble est pour
les voix, et l'on peut dire que c'est une véritable
création, qui devrait être en usage dans toutes
les grandes écoles. L'auteur de cette notice a
écrit pour le cours de Zimmerman des morceaux,
parmi lesquels il y a jusqu'à des septuors dont
toutes les parties à deux mains ont un objet dé-
terminé et un degré d'avancement particulier ;
il résultait de leur exécution un effet assez riche
et de rapides progrès chez les élèves. Plusieurs
de ces morceaux ont été gravés, mais le plus
grand nombre est resté en manuscrit.
L'harmonie , seconde partie du système de Lo-
gier, parait être celle qui a particulièrement fixé
son attention, et qu'il a travaillée avec plus de
soin. I«e premier essai qu'il publia sur ce sujet
se trouve dans une des suites de son Compa-
gnon du chiroplaste; plus tard il publia : Xo-
gier's practical Thorough bass, being siudies
on the works of modem composers; Londres,
Clementi, in- 4°. 11 a été fait une traduction al-
lemande de cet ouvrage; elle a pour titre : An-
weisung zum Unterricht im Clavier spiH und
musikaUsche Composition, etc.; Berlin, 1819,
1 vol. in-4°. Cet ouvrage est une application pra-
tique des principes de l'auteur du chiroplaste,
dans l'analyse de quelques morceaux de plu
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LOGIER — LOISEL
compositeurs célèbres. Quelques années après,
Logier refondit toutes ses idées sur l'Iiarmonie
dans un ouvrage qu'il publia à Berlin, el qui a
pour titre : System der Musik Wissenschaft
und der musïkalischen Composition, mit In-
begriff dessen, was geirœhnUch unter dem
'Avxdruckc Gêner al- Bass versianden wird;
Berlin, II. A. \V. Logier, 1827, in-4°. Dans le
même temps parut une traduction française de
ce livre, intitulée : Nouveau système (rensei-
gnement musieat, ou Traite de composition;
Paris, Sclilesinger, in-4*, de 289 pages. J'ai
donné, dans le troisième volume de la Revue
musicale (p. 61-66), une analyse détaillée de
cet ouvrage, que je ne répéterai pas ici : on pourra
la consulter en son lieu. Je me bornerai à dire
qu'en résumant mon opinion , j'ai fait remarquer
que le livre de Logier n'était point un traité de
composition, mais un traité d'harmonie auquel il
a mêlé des notions de mélodie et de rliythme, et
qu'il a trop développé.
Indépendamment de toutes les productions
qui ont pour objet son système d'enseignement,
Logier a publié comme compositeur : 1° Grand
concerto pour le piano (en mi bémol), op. 13 ;
Berlin, \V. Logier. — 2° Sonate pour piano, flûte
et violoncelle, op. 7 ; ibid. — 3° Sonate facile
pour piano et flnte, op. 8; ibid. — 4° Introduc-
tion et grande marche pour piano a 4 mains ,
op. 14 ; ibid. — 5° Introduction, fugue et 2 ca-
nons, op. 18; ibid. — 6° Grande sonate pour
piano à 4 mains (en ut mineur) ; ibid. — 7° Pe-
tite sonate pour piano seul, op. 10; ibid. — 8° Aire
anglais variés pour piano seul ; Bonn, Simrock;
Berlin , W. Logier. — 9° Grande sonale pour
piano , flûte et violoncelle , op. 23 ; ibid. —
10° Quelques marches et morceaux pour musi-
que militaire; Londres, Clemenli. — 11° Com-
plète introduction io the keyed bugle (Intro-
duction complétée Part de jouer du cor à clefs);
Dublin et Londres, in-4°.
LOGROSCINO (Nicolas), compositeur cé-
lèbre dans le genre bouffe, naquit à Naples, vers
1700. Les premiers essais dans le style bouffe
furent dus à Léo, à Pergolèse et à Hasse; mais
Logroscino, leur contemporain, l'emporta sur
eux par la verve, par la gaieté, et surtout par
l'effet qu'il leur donna au moyen de l'invention
des finali. Depuis plusieurs années, il était con-
sidéré comme n'ayant point de rival, lorsque les
premiers opéras de Piccinni^ représentés sur le
théâtre des Florentins avec un succès prodigieux,
lui firent connaître que son règne était passé. Il
quitta Naples en 1747, et se rendit à Palerme ,
Où il devint premier maître de contrepoint au
Conservatoire dei Figliuoli dispersi. il y fit de
bons élèves, parmi lesquels on compte Muratori
et Yermiglioli. De retour à Naples, il y est mort,
en 1763. Parmi ses nombreux ouvrages, on dis-
tingue : 1° Giunio Brnto, opéra séria. — 2° 11
I Governatore, opéra butta en deux actes. — 3° Il
vecchio Marito ; idem. — 4° Tanto bene, lanto
maie ; idem.
LOHELIUS (Jean). Voyez OELSCHLEGEL
(Jean Lohelius).
LOHENSTE1N (Daniel-Gaspard DE), *yn-
, die de Breslau, né à Nimptsch, en Silésie, le 5 jan-
vier 1635, fit ses études à Breslau, Leipsick et
Tubingue, puis visita les principales parties de
l'Allemagne et de l'Europe. En 1666, il fut nommé
conseiller impérial et syndic de Breslau. Il mou-
rut dans cette ville, en 1683. Parmi ses nombreux
ouvrages, on remarque un roman historique in-
titulé : Arminius et Thusnelda, qui parut après
sa mort, à Leipsicb, en 1689, 2 vol. in-4°. H
y traite de la puissance de la musique (t. î,
p. 907).
LOHET (Simon), organiste de la cour à Stuit-
gard, vers 1600, est connu par vingt-quatre fugues
pour l'orgue qui ont été insérées dans la Nova
musices organices tabulatura (Bâle, 1617,
in -fol ), de Woltz, organiste de Heilbronn. Il y a
lieu de croire que Lohet était Français de nais-
sance ou d'origine.
LOHR (Michel), né A Marienboorg, fut
cantor à Dresde, dans la première moitié du
dix -septième siècle. On connaît sous son nom
* un recueil intitulé : Neue teutsche und latei-
nische Kirchen-Gesœnge und Concerten in
fiinfzehn 1 und 8 stimmigen Motetten (Nou-
veaux chants allemands et latins, et concerts en
15 motets à 7 et 8 voix), r* partie; Dresde,
1636, in-4°.
LOISEL (Jean ), chanoine régulier de l'ordre
des Prémontrés au monastère de Saint-Norbert,
dans la petite ville de Ninove en Belgique, floris-
sait vers le milieu du dix-septième siècle. On a
1 de lui plusieurs collections de messes et de mo-
• têts, parmi lesquels on remarque les ouvrages
| suivants : 1° Musica haclenus inaudit a, «tv
Missx IV quinque etsex vocum, novo ac mo~
derno modulamine concertais! cum instru-
mentés et ripieno duplici ( seu duobus aliis
chorU) siplacet ; Aovers, 1644, in-4°. — 2° Mo-
tetta sacra duarum et trium vocum cum basso
continua ad organum; Anvers, 1649, in-4.
i Quelques chants à 4, 5 et 6 voix de Loisel ont
! été insérés dans la collection qui a pour titre :
> Cantiones natalitùe, seu Laudes B. Marix,
! quatuor, quinque et sex vocum (Gand, 1651 ,
I in-4°), avec d'autres de Philippe Van Steelant,
1 el de Liberti.
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LOISEL — LOLLI
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LOISEL (Jean-Feéuébic), violoniste, vécut
à Paris vers 1780, et y mourut jeune. Il y a pu-
blié : 1° Six quatuors pour 2 violons, altoet basse,
op. 1. Une deuxième édition de cet ouvrage a
été faite à Offenbach , chez André. — 2° Trois
concertos pour violon et orchestre, op. 2.
LOISET ou LOYSKT. Voyet PIÉTON.
LOKENBURG (Jean DE), compositeur al-
lemand du seizième siècle , est connu par deux
messes à plusieurs voix qui se trouvent dans les
manuscrits de la Bibliothèque royale de Munich
(n°* 51 et 54).
LOLLI (Antoine), violoniste célèbre, naquit
à Bergame en 1728, ou en 1733, suivant des
renseignements fournis à Boisgelou, par Wolde-
mar, son élève. D'autres notices insérées dans la
Gazette musicale de Leipsick (an. l 1 *, p. 78,609
et 685) en font un Vénitien, et placent la date de
sa naissance en 1740; mais Gervàsoni (Des-
rrizione storico-critica degli scrittori filar-
monici italiani) et l'abbé Bertini (Dizzionario
storico-critico degli scrittori di musica), qui
étaient bien placés pour se procurer des dé-
tails précis, ne parlent point de cette circons-
tance, et font naître Lolli à Bergame. D'ailleurs
la date de 1740 est peu vraisemblable, car les
premiers concertos de cet artiste furent gravés à
Amsterdam en 1760, et à Paris deux ans après.
Quoi qu'il en soit, il parait qu'il n'eut point de
maître de violon, et quHI ne dut qu'à lui-même
le talent qu'il acquit sur cet instrument. De là
vient qu'il fut médiocre musicien. On ignore
remploi de ses premières années, mais on croit
qu'il voyagea dans les Pays-Bas et en Hollande,
vers 1760, d'où il se rendit en Allemagne. En 1762
il entra au service du duc de Wurtemberg, à
Stuttgard. L'auteur anonyme d'une notice insérée
dans la Gazette musicale de Leipsick dit qu'il
y trouva Nardini, qui lui était supérieur en talent,
et qu'il demanda au duc un congé d'une année, le-
quel fut employé à des études presque continuelles
dans un village isolé ; puis qu'il revint à Stutt-
gard, et que son jeu y excita tant d'étonnement,
que Nardini ne put lutter avec lui et qu'il re-
tourna en Italie. Tous ces détails me paraissent
manquer d'exactitude. Si l'on compare les deux
concertos de Lolli, qui forment le deuxième œu-
vre de ses compositions, et qui ont été gravés en
Hollande en 1760, avec les six concertos, op. 1,
de Nardini , on trouvera dans les premiers des
difficultés incomparablement pins grandes que
dans les autres. Nardini brillait surtout par son
expression dans l'adagio; mais ce genre ne fut
jamais celui de Lolli. De plus, Nardini ne quitta
Stuttgard qu'en 1767, lorsqu'une partie de la
chapelle du duc fut réformée.
I Après un séjour de onze ans dans la capitale
du Wurtemberg, Lolli accepta les propositions
qui lui furent faites par la cour de Russie, et se
rendit à Pétersbourg vers la fin de 1773. Son ta-
lent excita l'admiration de l'impératrice Cathe-
rine II, qui, dit-on, lui donna un archet où l'on
voyait écrit de sa main : Archet fait par Cathe-
rine Il pour l'incomparable Lolli. Malgré la
faveur qu'il trouvait près de cette princesse, il
prétexta le besoin de rétablir sa santé pour ob-
tenir un congé, et s'éloigna de la flnssie en 1778.
Ayant rencontré le compositeur Dittersdorf à
Johannisberg, il lui dit qu'il ne se plaisait plus à
Pétersbourg, et qu'il n'y retournerait pas. Il es-
pérait obtenir sa démission lionorablede l'impé-
ratrice en lui envoyant un certificat de médecin.
Il parait néanmoins qu'il conserva son titre
de maître de concert de la coin- de Russie, car
c'est ainsi qu'il se qualifiait encore dix ans plus
tard en Italie. En 1779 il arriva à Paris : son talent
y fit une vive impression au concert spirituel. Ce-
pendant les connaisseurs le trouvèrent inégal ; per-
sonne en effet ne le fut plus que lui. Son talent con-
sistait particulièrement en une singulière dextérité
à vaincre les difficultés de la main gauche ; mais
il y avait trop peu de raison dans sa tète pour
qu'on pût attendre de lui de l'ordre et de la sa-
gesse dans son jeu. On rapporte qu'ayant été
pressé un jour de jouer un adagio , il répondit :
Je suis de Bergame, et les habitants de cette
ville sont trop fous pour pouvoir jouer V ada-
gio. Lorsqu'il quitta Paris, il se rendit en Espa-
gne ? on manque de renseignements sur son sé-
jour dans cette contrée. Burney «lit, dans son
Histoire de la musique (t. IV, p. 680), que Lolli
arriva à Londres au commencement de 1786, et
que, par un caprice de conduite semblable à ceux
de son exécution, il s'y fit rarement entendre. Si
bizarre , dit-il, était son style de composition et
d'exécution, que la plupart de ses auditeurs le consi-
déraient comme un fou Néanmoins, Burney ajoute
qu'il s'est convaincu que, dans ses intervalles
lucides, il avait un talent admirable d'expression
pour les choses larges et sévères. Cette opinion
coïncide avec celle que Schultz et Kirnberger
s'étaient faite du talent de cet artiste singulier.
Incapable d'accompagner un chanteur ou un
instrumentiste , parce qu'il était peu musicien et
n'avait pas le sentiment de la mesure, il était
lui-même fort difficile à suivre dans l'exécution
de ses morceaux. L'abbé Bertini rapporte que
la première fois que Lolli se fit entendre dans un
concert au théâtre de Palerme, en 1793, il apos-
tropha publiquement le premier violon de l'or-
chestre, qu'il accusait d'avoir manqué à la
mesure; cependant, ajoute Bertini, la faute
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346
LOLLI — L0ND1CER
avait été faite certainement par Lolli lui-même.
Après avoir joué un soir dans un oratorio à
Londres, il disparut tout à coup de cette ville,
à la sourdine, suivant l'expression de Burney.
11 retourna alors en Italie, et s'y fit entendre dans
plusieurs concerts. Plus tard, il lit avec son fils,
jeune violoncelliste distingué, un voyage en Al-
lemagne. En 1791 ils étaient à Berlin, où le fils
reçut du roi cent Frédérics d'or, après avoir joué
à la cour. De là ils allèrent à Copenhague. On
vient de voir que Lolli était à Palermeen 1793 ;
l'année suivante , on le trouve à Vienue , puis
Rombcrg l'entendit à Naples en 1796. Jl n'était
plus alors que l'ombre de lui-même. Enfin, il
retourna en Sicile, où il mourut, en 1802. Il Tut
inhumé honorablement, dans l'église des capucins
de Palerme , hors de la ville, suivant les rensei-
gnements donnés par l'abbé Bertini. Lolli n'a
formé que deux élèves, Jarnowick et Woldemar,
qui n'étaient guère moins fous que lui.
Les compositions connues de Lolli sont :
1° Six sonates à violon seul et basse , op. 1 ;
Amsterdam, 1760 ; Paris, gravées par M me Oger.
— 2° Deux concertos pour violon et orchestre,
op. 2; ibid. On a gravé à Berlin, chez Hummel,
trois concertos séparés comme œuvres 1, 2 et 3.
— 3° Deuxième livre de sonates, op. 3 ; Paris,
Heina, gravé par M™e Vendôme. — 4° Troisième
concerto pour violon et orchestre, op. 4; Paris,
Heina. — 5° Deux concertos pour violon et or-
chestre, op. 5; ibid. — 6° Trois concertos avec
un divertissement, op. 6; ibid. — 7° École du
violon, avec alto et basse, op. 8 ; Paris, Sieber ;
Berlin, Hummel ; Offenhach, André. — 8° Six so-
nates pour violon solo et 2 e violon d'accompa-
gnement, op. 9 ; Paris, Sieber. — 9° Six idem ,
avec accompagnement de basse, op. 10; ibid. On
peut consulter sur Lolli un écrit de Jean-Baptiste
Rangoni intitulé : Saggio sut gusto délia mu-
sica, co'l carattere di Ire celebri suonatori di
violino Nardini, Lolli e Pugnani\ Livourne,
1790, in-8°.
LOLLI (Philippe) , fils du précédent , né à
Stuttgard, en 1773 , étudia le violoncelle dès ses
premières années, et n'avait que dix-huit ans
quand il se fit entendre à Berlin, en 1791. Le
roi fut si satisfait de son talent, qu'il lui donna
100 frédérics. Vers la fin de la même année, le
jeune Lolli se trouvait à Copenhague avec son
père. En 1794 , il se fit entendre à Vienne, où
l'on a gravé douze variations pour violoncelle,
op. 2, de sa composition. Depuis cette époque
on n'a plus eu de renseignements sur cet artiste ;
mais je crois que M. Lolli, professeur de violon-
celle, qui vivait à Caen en 1822, n'est autre que
ce fils du célèbre violoniste.
LOMBARD1 (Camille), compositeur napo-
litain cité par Cerreto (Délia prattica musicale,
lib. 111, p. 156) , vivait à Naples en 1601. Il
excellait sur le luth.
LOM B A RDO (Jérôme), compositeur sici-
lien, a fait imprimer de sa composition, vers
1600, quatre messes à 4 et 5 voix, avec la basse
, continue.
LOMMATZSCH ( Cdables -Heiuu - Gode-
froid) , docteur en théologie et surintendant a
Annaberg, né à Kindelbruck, le 22 juin 1772, est
mort le 17 août 1824. Il a publié : 1° Predigl
sur Éinweihung einer nenen Orgel in der
Kirchezu Wolkenslemin Jahre 1818 (Sermon
pour l'inauguration d'un nouvel orgue dans l'é-
glise de Wolkenstein); Annaberg, 1818, in-8*.
— 2° Predigl sur Einweihung der neuerbau-
ten Kirche und Orgel su Drebach (Sermon
pour la dédicace de l'église nouvellement cons-
truite et de l'orgue à Drebach); ibid. 1823, in-8°.
LOMMTZKY (Simon), poète couronné de
la Bohême, naquit à Budin, dans la première moi-
tié du seizième siècle, et fut recteur du collège
de Kardoscb, où il vivait encore en 1594. On
a de lui deux recueils précieux de chansons,
en partie historiques, en langue bohème, avec
les mélodies qu'il parait avoir composées. Ces
recueils, devenus d'une rareté excessive, ont pour
tilre : 1° Kancyonal Nedeîny w Girijka A>-
gryna z Nygropontu; Prague, 1580, in-4°. -*
2° Kancyonal, a neb Pysne nowé Hystorycht
Swatych; Prague, 1594, in-4\
LOJVATI( Charles- Ambroise), compositeur
dramatique, né à Milan, vers le milieu du dix-
septième siècle, a fait représenter au théâtre San-
Salvador , de Venise, en 1684, un opéra intitulé :
Ariberto et Flavio régi de 1 Lombarde.
LONDICER (Ernest-Jean), organiste de
l'église Sainte-Marie-Madeleine, à Stockholm,
naquit dans cette ville, en 1717, et fut un des en-
fants les plus précoces du dix-huitième siècle.
Un officier du régiment suédois-allemand loi donna
les premières leçons de musique, et ses progrès
furent si rapides, qu'à l'âge de sept ans il dédia
au maréchal de Dillen un prélude à quatre par-
ties avec un menuet. Dans les années suivantes,
1724 et 1725, il excita l'admiration générale, tant
à la cour qu'à l'église Saint-Jacques, par sa ma-
nière d'accompagner les chorals et d'improviser
les préludes. On l'envoya ensuite à Cassel pour
y achever ses études. De retour à Stockholm
en 1730, il y obtint les places d'organiste de la
cour et de l'église Sainte-Marie-Madeleine, quoi-
qu'il ne fût âgé que de treize ans ; et il célébra
son entrée en fonctions, à la fête de la Toussaint,
par l'exécution d'une musique qu'il avait coropo-
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LOJNDICER — LOPEZ
347
sée. Les renseignements qu'on a sur cet artiste
ne vont pas au delà de cette époque.
LONGUE VAL, appelé en Italie LON-
GHEUAL, musicien français, vécut au commen-
cement du seizième siècle, et fut chantre de la
chapelle du roi de Franc» Louis XII. Petrucci a
inséré le motet de ce musicien, à quatre voix ,
sur le texte : Benedicai nos imperialis majestas,
dans le premier livre des Motet ti délia Corona;
Fossombrone, 1514, petit in-4^obl. On trouve
aussi deux motets de Longueval, à quatre voix,
dans le recueil intitulé : liber undecimus, XXVI
musicales habet modulos quatuor et quinque
vocibus editos ; Paris, Pierre Attaingnant, 1534.
LOOSMAN ( Etienne-Théodore VAN),
maître d'école et organiste à Yest, dans la Frise,
a fait imprimer : 1° Muzikaale A, B, C ,of het
Kort Begrip wegens de Behandeltoig van het
Orgel en Clavecymbel (ABC musical , on
abrégé de la manière de jouer l'orgue et le cla-
vecin); 1760 — 2° Te Deum laudamus in't
latyn en in't nederduits voorde viool, dwars-
/luit, violoncel en basso continuo (Te Deum
laudamus, en latin et en hollandais, avec vio-
lons, flûte douce, violoncelle et basse continue) ;
1760.
LOOTENS (....), écrivain hollandais, cité
par Hess [Korte Schets vandeAllereerste uit-
vinding en verdere voortgang in het ver-
vaardigon der Orgelen, p. 24 ) comme auteur
d'un livre intitulé : Aanmerking over de oudste
Orgelen (Remarques sur les anciennes orgues),
mais sans faire connaître la date ni le lieu de l'im-
pression. Toutefois, d'après quelques ^rapproche-
ments de certaines dates rapportées dans des
passages cités par Hess, cet ouvrage a dû paraî-
tre vers 1760. Un des paragraphes tirés textuel-
lement du livre de Lootens par Hess offre beau-
coup d'intérêt, en ce qui concerne le clavier de
pédales de l'orgue, dont l'invention est commu-
nément attribuée à Bernard Muret (Voyez Muret) ,
mais qui , suivant le fait rapporté par l'auteur
hollandais, aurait été connu déjà au commence-
ment du douzième siècle. Voici la traduction du
passage dont il s'agit :
« Le (acteur d'orgues Albert van Os, de Fies-
« singue, a trouvé, il y a environ soixante-dix
« ans (vers 1670), en enlevant un orgue de Yé-
« glise Saint-Nicolas à Utrechf, sur le sommier
« du grand -clavier, la date de 1120. Ce sommier
« n'avait ni tirans ni registres, mais douze rangs
« de tuyaux, dont le plus grand était un prestant
« de douze pieds. Sur chaque touche , tous les
« tuyaux parlaient à la fois , sans qu'on pût en
« détacher un seul; en sorte que ce qu'on enlen-
« dait ressemblait à une fourniture criarde. Le
clavier commençait par fa grave ^E
m
TT
,et
« s'étendait jusqu'au la aigu :
! il renier-
« mait conséquemment trois octaves et une tierce.
« Le clavier supérieur avait des registres fixes (?) ;
« le second clavier des registres mobiles (?). Za
« pédale n'avait qu'une seule trompette. » Ce
passage a beaucoup d'intérêt pour l'histoire de
l'orgue : mais il est regrettable que la description
de cet ancien instrument ne soit pas plus com-
plète, et que le facteur Van Os n'ait pas fait
mention de ce qui lui présentait des traces de
restauration postérieures à ta date de 1120 ; car il
est impossible que l'instrument ait servi pen-
dant cinq cent cinquante ans sans être plusieurs
fois remanié.
LOPEZ on LOBO (Dcarte ou Edouard) ,
appelé Lupus en latùr, compositeur portugais,
clerc bénéficié et maître de chapelle de l'église
cathédrale de Lisbonne, vers 1600 v est connu
par un grand nombre d'œuvres de musique pour
l'église, dont voici la liste : 1° Opuscula musiea
nunc primum édita ; Anvers, 1602, in-4°. —
2° Natalitiw noctis responsoria , 4-8 voc. —
3° Missa ejusdem noctis, 8 voc. — 4° B. Ma-
rte Virginis antiphonx , 8 wc. — 5° B. Mariée
Virginis Salve , 1 1 vocum in 3 chor. — ■ 6° B.
Marias canticum : Magnificat, 4 voc. Ces cinq
dernière ouvrages sont renfermés dans le même
œuvre ; Anvers, 1605, in-folio. — 7° Canticum
Magnificat, 4 voc.; xVnvers, 1605, grand in-fol.
On y trouve seize Magnificat dans les différents
tons. — 8° Missœ 4, 5, 6 et 8 vocum, Anvers,
1621 ; grand in-fol. — 9© Missœ 4, 5, 6 vocuntr T
ibid., 1039, grand in-folio. — to° Offtcium de-
functorum em canto chaâ; Lisbonne, 1603, in*4°.
— 11° Liber processionum et Stattonum eccle-
six Olyssiponensis in meliorem formam redac-
tus; Lisbonne, 1607. On trouve en outre en ma-
nuscrit dans la bibliothèque royale de Lisbonne :
1 2° Doz psalmos de vesperas de di versas vozes ;
n° 814. — 13° Cinco missas a 4. Liçoens de
defunctos, e a sequencia da Missa a 4,6, 8 .
9 mais vozesf n° 806. — 14° Motet es de de-
functos; n°810. — 15° Dous vilhancicos ac
Santissimo Sacramento , n° 703. Le style de
Lopez a beaucoup d'analogie avec celui de Bene-
voli, mais il est moins pur. Vers la fin de sa vie,
qui se prolongea jusqu'à l'âge de cent trois ans ,
il fut nommé recteur du séminaire de l'évêché.
Son maître de composition avait été Manuel Men-
dez d'Evora. Lopez a joui d'une grande réputa-
tion parmi ses compatriotes.
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343
LORBKPi - LOREiNZINl
LOR RE R (Jean-Christophe), poète lauréat
et avocat ordinaire de la cour de Weimar, naquit
le 19 avril 1645, et mourut le 16 avril 1722. Il
a écrit un poërae en Yen allemands sur la mu-
sique, intitulé : Lob der edlen Musik (Eloge de
la noble musique } ; Weimar, 1696, in-8° de 1 12
pages. On a aussi de Lorber un autre écrit inti-
tulé : Vertheidigung der edlcn Musik, uïdcr
einen angemussten Mwikvenechler ausgefer-
tigt (Défense de la noble musique contre un
calomniateur de cet art) ; Weimar, 1697, in-8' de
26 pages. Ce pamphlet est dirigé contre le pro-
gramme académique de Vockerodt qui a pour ti-
tre : Consultatif) IX de cavenda falsa men-
tium intemperatarum medicina, sive abusu
musicorum exercitiorum, etc. ( Voyez Vocke-
rodt.)
LORENTE (André), né en 1631 dans la pe-
tite ville d'Archuelo, près de Tolède, fil ses étu-
des à l'université d'Alcala, et Tut gradué dans la
faculté des arts de cette même université. Ayant
été nommé successivement commissaire de l'in-
quisition de Tolède, et prêtre prébende à Àlcala
de Hénarès, il joignit encore à ces dignités ecclé-
siastiques la qualité d'organiste de l'église Saint-
Juste dans cette dernière ville. C'était un savant
musicien, qui avait étudié les ouvrages des grands
maîtres italiens du seizième siècle , et qui était
aussi habile dans la pratique de son art que savant
dans la théorie, comme on le voit par un ouvrage
important qu'il a publié sous ce titre : El Porque
délia musica en que se contiene los quatro art es
de ella, canto llano, canto de organo, contra-
punto y composition (Le Pourquoi de la musi-
que, où sont contenues les quatre parties de cet
art, à savoir ; le plain-chanl, le chant mesuré,
le contrepoint et la composition) ; Alcala de Hé-
narès, 1672, in fol. Je crois avoir vu citer quelque
part une traduction italienne de ce livre, sous le
litre de II Perche délia musica; mais je pense
que le titre seul était traduit. Lorente dit dans
cet ouvrage (lib. Il, p. 218) qu'il a écrit un livre
De organo , dans lequel il a traité de tous les
instruments, particulièrement de l'orgue. On
ignore si re livre a été publié.
LORENZ (Frédéric-Auguste), musicien de
la chambre du roi de Saxe, et virtuose sur le
basson, est né à Chemnitz, au mois de février
1796. Cet artiste jouait aussi de plusieurs instru-
ments, tels que le violon, la harpe, le czakan , la
guitare, etc. Il a été d'abord employé dans les
églises de Prague, comme violoniste. On connaît
sous son nom les œuvres suivantes : 1° Variations
pour violon; Prague, Berra. — 2° Adagio et
rondo pour deux violons; Prague; SchœdI. —
3* Thèmes variés pour le czakan; Vienne, H as
linger. — 4° Marctie d'Aline variée pour guitare
et czakan ; Ibid. — 5° Trois sonates pour la harpe à
crochets, avec accompagnement de violon; Ham-
bourg, Boelime. — 6° Trois, idem, op. 8 ; ibid.
— 7° Collection de pièces pour harpe, avec et
sans préludes, à l'usag»des commençants, op. 7;
Copenhague, Lose. — 8° Thème varié pour harpe
à crochets, op. 10; Leipsick, Hofmeister. —
9° Sonate pour harpe à crochets, op. 11; ibid.
— t0° Six chansons allemandes avec accompa-
gnement de piano ; Copenhague, Lose. — 1 1° Six
romances françaises, idem, ibid.
LORENZ (Oswald), organiste à l'église Saint
Jean de Leipsick, est né en 1806, à Johanngeor-
genstadt (Saxe). Il fut un des premiers rédac
leurSde la Nouvelle Gazette de musique de Leipsick
(Neucs Zeiischrift der Musik) , fondée par Ro-
bert Schumann et ses amis. Kœrner a publié do
bons préludes d'orgue composés par Lorenz
(Ërfurt,s.d., in-4°obl.). On a aussi de cet artiste
des Lieder et des romances pour voix seule, avec
accompagnement de piano.
LORENZ ANI (Paul), compositeur de mu-
sique' d'église, né à Rome, dans la première moi-
tié du dix-septième siècle, fit ses études musi-
cales sous la direction de Benevoli. Après avoir
été maître de chapelle à l'église des jésuites-, à
Rome , il passa en la même qualité a l'église
cathédrale de Messine, en Sicile. Dans un
voyage qu'il fit à Paris, il fit exécuter à la cha-
pelle de Versailles quelques-uns de ses motets,
qui plurent beaucoup à Louis XIV. Ce prince le
chargea du choix de quelques boi.s chanteurs ita-
liens en roix de soprano pour sa chapelle; Lo-
renrani accepta cette mission, et ramena d'Italie,
en 1679, cinq de ces chanteurs, qui ont été long-
temps au service du roi. Dans la même année,
Christ. Ballard publia à Paris un livre de motets
à quatre voix, composé par Lorenzani. Cet ar-
tiste retourna ensuite à Rome , où il succéda à
François Beretta dans la place de maître de cha-
pelle à la basilique du Vatican, le 19 juillet 1664.
11 mourut en 1703, et fut inhumé le 13 octobre
de cette année à l'église du Saint-Esprit in Sas-
sia. En 1690, on a imprimé à Rome des Magni-
ficat à neuf voix en deux chœurs, de la compo-
sition de cet artiste, lia laissé aussi en manuscrit
des psaumes à quatre chœurs, dans la manière
de son maître.
LORENZINI (Rmmond), né à Rome, dans
la première moitié du dix-huitième siècle, entra
comme organiste à l'église Sainte-Marie-Majeure
en 1751, et en remplit les fonctions pendant
trente-cinq ans. Puis il fut nommé maître de
chapelle dans la même église le 7 septembre 1786.
Il est mort ù Rome, dans les derniers jours de
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LORKJNZIM — LORTZING
319
mai 1806. M. l'abbé Santini possède en manus-
crit les compositions suivantes de ce musicien :
1° Messe de Requiem, concertée à quatre et à
huit voix. — 2° Quatre motets à 3 ou à 4 voix
pour l'office des morts. — 3° Motet à quatre voix
(0 quam suavis). — 4° Tantum ergo pour voix
de soprano et alto. — 5° Salve Regina pour so-
prano et alto, chœur et orchestre. — 6° Onze so-
nates pour clavecin. — 7° Six divertissements
pour clavecin avec deux violons obligés. — 8° Six
nocturnes pour deux clarinettes, deux cors, bas-
M>n et serpent.
LOREÏXZITI (Antoine), fils d'un musicien
Malien au service du prince d'Orange à La Haye,
naquit en cette ville, vers 1740 , et fit ses études
sous la direction de son père. Il reçut des leçons
«le violon de Locatelli. En 1767 il obtint la place
de maître de chapelle de l'église principale de
Nancy, et y passa le reste de ses jours. On a
gravé de sa composition : 1° Trios pour violon,
*lto et basse, op. 1 ; Amsterdam ; Paris, Heina.
— 2° Six trios pour 2 violons et basse, op. 2 ;
ibid. — 3° Six duos pour violon et alto, op. 3 ,
gravé comme œuvre 10 par Heina. — 4° Six
quatuors pour 2 violons, alto et basse, op. 4;
ibid. — 5° Six quatuors concertants idem, op. 5 ;
Paris, Leduc. — 6° Six duos concertants pour
2 violons, op. 8; Paris, Heina, 1775. — 7° Six
quatuors agréables et faciles pour 2 violons, alto
et basse, op. 9 ; ibid.
LORENZIT1 (Bernard), frère et élève du
précédent, naquit à Kircheim, dans le Wurtem-
berg, vers 1764. Après avoir fait ses études musi-
cales à Nancy, il vint à Paris, et entra à l'or-
chestre de l'Opéra, comme second violon, en
1787. A la fin de 1813, il s'est retiré avec la pen-
sion, après vingt-cinq ans de service. Cet artiste
écrivait de la musique de tout genre avec autant
de facilité que de négligence. Il portait lui-même
le nombre de ses ouvrages à près de deux cent
cinquante*, il en a été publié environ quarante,
parmi lesquels on remarque : 1° Trois concertos
pour violon et orchestre; Paris, Boyer, Louis. —
2° Trois trios (tour violon, alto et basse ; Paris,
Naderman. — 3° Douze variations en forme d'étu-
des pour violon, avec violon et basse; Paris, Pleyel.
— 4° Onze œuvres de duos pour deux violons ;
Paris, chez tous les éditeurs. — 5° Environ dix
œuvres d'études, caprices, airs variés pour violon
seul ou deux violons ; ibid. — 6° Quelques duos
et airs varies pour flûte et violon ; ibid. — 7° Con-
certo pour alto et orchestre ; Paris, Boyer. —
8° Principes ou nouvelle méthode pour apprendre
facilement à jouer du violon ; Paris , Madtrman.
LORENZO ( Nicole ) , professeur de chant,
organiste et compositeur, est né à Trieste, le
30 octobre 1789. A l'âge de douze ans, il com-
mença l'étude du violon sous la direction de Pia-
nametti, qui plus tard fut nommé chef d'orchestre
du théâtre de cette ville. En 1810, M. Lorenzo se
rendit à Vienne , où Salieri l'accueillit avec bonté
et lui enseigna le chant et la composition. Apres
s'être livré à l'enseignement à Dresde pendant
plusieurs années, il se rendit à Paris en 1830, et
quelques années plus tard il y obtint au concours la
place d'organiste de l'église Sainte-Elisabeth, qu'il
a occupée pendant plus de quinze ans. On a im-
primé de sa composition des antiennes de ta
Vierge et du saint Sacrement, à quatre voix et
pour ténor et basse ; un Tantum ergo en chœur
qu'on a chanté souvent à Saint- Roch, et dans
d'autres église de Paris; Paris, Canaux ; trois fu-
gues pour l'orgue ; quatre pièces pour le même
instrument ; trois offertoires et trois élévations,
idem; six morceaux pour harmonium et divers
thèmes variés et fantaisies pour le piano, sur des
motifs d'opéras italiens. Tous ces ouvrages ont
paru chez le même éditeur.
LORENZON1 (Antoine). Le docteur Lich-
tenthal indique sous ce nom, dans sa Bibliogra-
phie de la musique (tome IV, page 171), un
livre intitulé : Saggioperben suonare il flauto
traverso, con alcune notizie generali ed utili
per qualunque istromento, ed altre concer-
nenti la storia délia musica; Venise, t77D,
in-4° de 90 pages. M. Gaspari, de Bologne, m'a
indiqué une édition datée de Vicence dans la
même année : il doute de l'existence de l'édition
de Venise. Un exemplaire de cette édition de
Vicence se trouve à la bibliothèque royale de
Berlin ; un autre est dans la bibliothèque de
M. de Farrenc, qui a cité l'ouvrage dans les Pré-
liminaires du Trésor des pianistes (Des signes
d 'agrément, p. 3).
LOREJVZOÏMI (Adrien), professeur de lit-
térature, au lycée communal de musique à Bolo-
gne, pour la préparation à l'étude du contrepoint,
est auteur d'un petit ouvrage intitulé : Délia
nécessita d'applicare la filosofia alla musica,
discorso di , etc. ; Bologne, 1817, in-8° de 48
pages.
LORTIIE (Gabriel- Antoine DE), professeur
de musique vocale à Saint-Denis, près Paris, a
publié un petit ouvrage intitulé : Moyens derec-
ti/ier la gamme de la musique et de faire
chanter juste; Paris, 1791, in-8°.
LORTZING (Gustave-Albert), compo-
siteur dramatique, acteur et chef d'orcliestre, né
à Berlin, le 23 octobre 1803, était fils de Jean-
Gottlob, marchand de cuir dans cette ville. Sa
mère, Charlotte-Sophie, née Seidel, qui, dans sa
jeunesse, était agréable et spirituelle, aimait à
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360
LORTZING
jouer la comédie dans une société d'amateurs
avec son mari. Le théâtre où se donnaient les re-
présentations de cette société s'appelait Uranie.
Ce Tut là que se passèrent les premières années du
jeune Lortzing, et qu'il prit le goût de la scène.
Admis à l'Académie royale de chant de Berlin, il
y reçut de Rimgenhagen les premières leçons de
musique, et fit de rapides progrès sous la direc-
tion de ce maître. Lortzing n'était âgé que de
neuf ans lorsque ses parents, renonçant au
commerce, et s'abandonnent à leur passion pour la
comédie, quittèrent Berlin, et acceptèrent un enga-
gement au théâtre de Breslau. Dans la suite, ils
jouèrent à Baraberg, AschalTenbourg, Strasbourg,
Fri bourg en Brisgau, Bade, Coblence, Cologne et
Aix-la-Chapelle, où leur fils remplissait les rôles
d'enfant , pendant qu'il continuait ses études de
musique. 11 apprit à jouer du piano, du violon, dn
violoncelle, et la lecture des ouvrages d'Albrechts-
berger et d'autres traités didactiques lui enseigna
les éléments de la composition. Dans les années
1819 à 1822, Lortzing fut attaché au théâtre de
Dusseldorf en qualité de ténor pour les rôles co-
miques : ses premiers essais de composition fu-
rent faits a la même époque. Sa voix ayant acquis
du développement, il fat engagé par le directeur
de spectacle Ringelhardt, en 1823, pour les rôles de
premier ténor, et joua sous sa direction à Co-
logne et à Brunswick ~ Ce fut dans cette même
année qu'il épousa M"« Ailles, actrice de talent.
En 1824 il écrivit son premier opéra, Ali, pacha
de Janina, qui fut joué avec succès à Cologne,
puis à Detmold, Munster, Osnabrûck et Pyr-
mont, dont ta direction théâtrale engagea Lort-
zing et sa femme en 1826. Puis ils jouèrent à
Hambourg, retournèrent à Cologne en 1829, et
enfin ils furent attachés au théâtre de la cour
de Manbeim en 1830. Lortzing y écrivit en 1832
deux petits ouvrages dramatiques, intitules Le
Polonais et son Enfant, et Une Scène de
la vie de Mozart. Dans l'année suivante, Rin-
gelhardt, qui venait de se charger de la direc-
tion du théâtre de Leipsick, engagea Lortzing
pour y remplir les rôles de premier ténor des
opéras-comiques. Alors commença la période la
plus heureuse de la vie de l'artiste : elle s'étend
depuis 1833 jusqu'en 1844; ce fut aussi celle de
sa plus grande activité dans les travaux de la
composition dramatique. Le premier ouvrage
qu'i I écri v it à Leipsick avait pour titre : Die beiden
Tornister (Les deux Militaires) , auquel on sub-
. stitua plus lard celui de Die beiden Schiitzen
(Les deux Tirailleurs); le sujet était pris du
vaudeville français Les deux Grenadiers, Cet
opéra fut représentée Leipsick, le 20 février 1837 ;
il obtint un brillant succès. Dans la même année
(le 22 décembre), Lortzing tit représenter an
même théâtre Czar und Zimmermann ( Le Czar
et le Charpentier ), opéra en trois actes, considéré
comme son œuvre capitale, et qui obtint un suc-
cès égal dans toutes les villes de t'Allemage, ainsi
qu'en Russie et en Danemark. Lortzing écrivit
ensuite Die Schatskammer des Inka (Le Trésor
de l'Inca ) , opéra sérieux, sur un livret de Robert
Blum; mais cet ouvrage ne fut pas représenté, et,
par une circonstance inconnue, la partition n'a
pas été retrouvée dans les papiers du compositeur.
Le 20 septembre 1839, Lortzing fit jouer la pre-
mière représentation de Caramo, ou Le Harpon?
nage, opéra romantique, qui fut froidement ac-
cueilli par les habitants de Leipsick, à cause du dé-
faut d'intérêt du sujet; mais le brillaot succès de
Hans Sachs, joué le 23 juin 1840, vint consoler
le compositeur d'un échec qui d'ailleurs n'avait
rien de blessant pour son amour propre. Hans
Sachs avait été écrit par Lortzing pour fêter le
quatrième anniversaire séculaire de l'introduction
de l'imprimerie à Leipsick : les mélodies de cet
ouvrage sont d'une remarquable fralclieur. Ca-
sanova, joué le 31 décembre 1841, et Wild-
schûiZy oder die Stimme der Natur (L'Arque-
busier, ou la Voix de la Nature), d'après le
Rehbock de Kotzebue, et qui fut représenté le
31 décembre de l'année suivante, achevèrent de
répandre dans toute l'Allemagne la réputation de
Lortzing : tous les directeurs de théâtre s'em-
pressaient de mettre ses ouvrages en scène, et ses
partitions, arrangées pour le piano, étaient re-
cherchées par les amateurs.
Au commencementde 1844, Ringelhardt cessa
d'avoii la direction du théâtre de la ville de
Leipsick (Stadttheater), laquelle passa entre les
mains du docteur Schmidt. Ce fut alors que
Lortzing cessa de paraître sur la scène, et qu'il
accepta la position de chef d'orchestre du même
tliéâtre. Il en prit possession le 1er août de
cette même année : le premier ouvrage qu'il
dirigea fut le Don Juan. Dans le même temps
il écrivit Vndine, opéra qui fut représenté à
Hambourg dans l'hiver de 1845, puis à Leipsick
et sur les principaux théâtres de l'Allemagne.
Peu de temps après, Lortzing contracta un
engagement avec l'entrepreneur Pockorni pour
diriger, dans' la capitale de l'Autriche, l'orchestre
du théâtre sur la Vienne , et pour y mettre en
scène son nouvel opéra Der Waffenschmid
(L'Armurier), qui fut joué le 30 mai 1846,
sous la direction de l'auteur. Autant la ville de
Vienne lui offrait d'agrément pour les habitudes
de la vie, autant il en avait peu dans ses rapports
avec son théâtre. Ses lettres à ses amis sont
remplies de plaintes concernant le défaut d'ordre
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LORTZING — LOSSIUS
351
«t de convenance des représentations, ainsi que
sur ta pauvreté du répertoire. La perte de sa mère
vint à cette époque ajouter un vif chagrin aux en*
nufs que lui faisait éprouver sa situation comme
chef d'orchestre d'un théâtre mal organisé. Pen-
dant son séjour à Vienne, il écrivit son opéra
en trois actes, Le grand Amiral* qui Tut mis
en scène à Leipsick, au mois de décembre 1847,
et un autre ouvrage intitulé Regina, que des
«considérations politiques ne permirent pas de
représenter, et dont on a retrouvé la partition
parmi les manuscrits de l'auteur. Dans l'hiver
de 184B à 1849 il composa son opéra Die Ro-
landshnappen (Les Écuyersde Roland), qui fut
représenté au théâtre de Leipsick, à la fin de mai
1849, et accueilli par des applaudissements unani-
mes. Cependant un chagrin inattendu vint le frap-
per dans cette ville, après son retour de Vienne.
1! désirait y reprendre son ancienne position de chef
d'orchestre du théâtre, devenue vacante ; mais
pendant son absence de quelques années, Rietz s'é-
tait fait connaître avantageusement par son talent
fwur la direction des orchestres : ce fut lui qu'on
préféra. Lortzing en eut une véritable affliction,
qui lai fit prendre la résolution de s'éloigner de
Leipsick pour se rendre à Berlin, ou le nouveau
théâtre Frédéric-Guillaume (Friedricft-Wil-
Jielmstaedtischen Theater) venait d'être ouvert.
Lortzing en fut nommé chef d'orchestre, et prit
possession de ses fonctions le 18 mai 1850. Il
écrivit dans la même année pour ce théâtre une
ouverture d'inauguration, de jolis morceaux dans
le vaudeville Eine berliner Grisette ( Une Gri-
sette berlinoise), et Poperette Die Opernprobe
(La Répétition de l'Opéra) , qui fut le chant du
cygne. Sa santé déclinait depuis quelque temps et
sa gaieté naturelle avait fait placée la mélancolie:
toutefois sa femme était loin de la pensée que
sa fin fût prochaine, lorsqu'il fut frappé d'apo-
plexie, le 21 janvier 1851. Se sentant indisposé,
il avait envoyé chercher un médecin, qui le
trouva mort en arrivant. Artiste de talent, homme
aimable et bon, Lortzing inspirait de l'affection
à toutes les personnes qui le connaissaient; sa
perte fut généralement regrettée. De tous les
compositeurs dramatiques de l'Allemagne, il fut
le plus populaire. Sa pensée ne s'éleva jamais
jusqu'aux grandes conceptions ; le caractère de
i'originalité manque à ses ouvrages; mais il
avait le sentiment de l'effet scéniqne, de la mé-
lodie ; son harmonie était facile et son instru-
mentation, sans être bruyante, avait de l'éclat.
On ferait une appréciation exacte du talent de
Lortzing en le considérant comme l'Adolphe
Adam de l'Allemagne. M. Ph. J. Duringer, ami
iatime de cet artiste intéressant, a publié sur lui
un écrit intitulé Albert Lortzing, sein Leben
| und Wirken( Albert Lortzing, sa vie et ses pro-
ductions); Leipsick, Otto Wigand, 1851, petit
in-4°de 126 pages, avec le portrait du composa
teur. On trouve dans ce petit volume une partie
de la correspondance de Lortzing. Une antre
biographie de cet artiste est insérée dans le re-
cueil de W. Neumann, intitulé Die Komponisten
der neuern Zeit ( Les Compositeurs des derniers
temps) , sixième livraison. On a aussi : Notice
nécrologique sur Gustave- Albert Lortzing,
compositeur de musique, par Charles Mayer ;
Paris, 1852, in-8°, extraite du Nécrologe uni-
versel du dix-neuvième siècle.
LOSI ou LOS Y (Le comte DE), dont
le nom a été changé par Baron (Histôl* theor.
und pract. Vntersuchung des Instrum. der
Lauten, p. 73 ) , par Walther et par Gerber, en
celui de Logi, naquit en 1638, dans une petite
ville de la Bohême. Il fut un des plus célèbres
luthistes de son temps; peut-être même surpassâ-
t-il en habileté tous ses contemporains. On dit
que ce fut l'empereur Léopold qui, après l'a-
voir entendu, le créa comte. Dans sa jeunesse,
fil parcourut l'Allemagne, la France et l'Italie pour
entendre les meilleurs musiciens et pour perfec-
tionner son talent. En 1697, il vivait à Leipsick,
où il y eut une sorte de combat musical entre
lui sur le luth, Kuhnau sur le clavecin, et He-
benstreit sur le pantalon. Plus tard, il se fixa à
Prague, jouissant d'un revenu de 80,000 florins,
dont il faisait un noble usage. Ses compositeurs
favoris étaient -Lulli et Fux; il faisait exécuter
chaque soir dans sa maison quelques morceaux
de leurs ouvrages. Une atteinte d'apoplexie, qui
le frappa dans ses dernières années, contracta
tous les traits de son visage et en fit nn monstre
de laideur. Il mourut à Prague en 1721, à l'âge
de quatre-vingt-trois ans.
LOSSIUS (Lucas), né à Vacha, dans la
Hesse, le 18 octobre 1508, fut recteur à Lunebourg,
et mourut le 8 juillet 1582. Il fut un des plus sa*
vants musiciens de son temps, et s'occupa avec
succès du chant choral appliqué au culte luthérien.
Bachmeister (voyez ce nom ) a publié son éloge
en langue latine, sous ce titre : Oratio de Luca
Lossio, in qua etiam mentio fit urb. Rkegii,
Herm. Tulichii , aliorumque in urbe Lune-
burga prxstantium virorum (Rostock , 1585),
in-4°. Ce savant musicien a recueilli une col-
lection de chants chorals et de cantiques qn'il
a fait imprimer, et qui est intitulée : Psalmodia,
hoc est cantica sacra veteris ecclesix selecta.
Quo ordine et melodiis per toi tus anni cur-
riculum cantarl usitata soient in templis
de Deo, et de Filio ejus Jesti Christo,
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352
LOSSIUS — LOTTI
de reçmo ipshis, doctrina, vita, passione,
résurrections et ascentione, et de Spi-
rilu Sancto, etc. Cum prxfatione Philippi
Melcmchtmiis. La première édition de ce livre
précieux est si rare, qu'elle avait été inconnue
à tous les bibliographes ; le savant Antoine
Schmid (voy. ce nom) n'en a eu connaissance
qu'après l'impression de son ouvrage concer-
nant le célèbre imprimeur Octavien Petrucci, et
ne l'a mentionnée que dans les corrections et ad-
ditions qui terminent le volume. Cette édition a
été donnée à Wittenberg, en 1552, par Georges
Rliaw. lien résulte que l'édition imprimée à Nu*
remberg, par le gendre de Petreius, en 1553, n'est
que la deuxième (Noribergx, apud Gabrielem
llayn, Joh. Petrei generum, 1553, in-folio).
Une troisième édition de ce recueil a paru avec
la préface de Mélanchtbon ; Wittenberg, chez les
héritiers de Georges Rhaw, en 1561, in-4°de 677
pages (non compris la préface). Cette édition,
pins complète et meilleure que les précéden-
tes , a été inconnue à Forkel, Gerber, Lich-
teothal, et à leurs copistes. Gerber a cité
comme la seconde une quatrième, publiée
à Wittenberg, en 1569, par Jean Schwer-
telius, in-4° de 720 pages (non compris
V index et la préface). Il y en a une cinquième
édition, imprimée par André Scbœn, à Witten-
berg, en 1580, in-4°. Toutes les cinq sont au-
jourd'hui fort rares. On a aussi de Lossius un
Traité des éléments de la musique , écrit pour
l'usage de l'école de Lunebourg. Cet ouvrage
a pour titre : Erotemala musicœ practic3C t
ex probatissimis kujus dulcissimx ariis
scriptoribus aceurate et breveter selecta,
et exemples pueriÙ instiiuiioni accommo-
dés illustrata. Item meloduv sex generum
carminum usitatiorum, in primis suaves, in
gratiam puerorum selectx et editœ; Nurem-
berg, chez Jean Montanus et Ulrich Neuber,
1563, in-8° de 12 feuilles et 3 feuilles de mélo-
dies à 4 voix, parmi lesquelles on trouve un
morceau sur les premiers vers du premier chant
de l'Enéide :
Arma vlrnmqoe cano, Troie qui prlraus ab orls
Itallam, fato proiugus, Lavluaquc retilt
Uttora. Etc., etc.;
un autre sur l'épigramme de Martial :
Vttam que faclnnt bcallorem,
Jacundlastme Hartlalis. bec sunt ;
et un troisième sur l'ode du premier livre d Ho-
race :
Jani satls terris Dlvls atquc dlrx
Graodtate mtelt pater, et rabente
Oeitera sacras Jaculatus arecs,
Trrrult urbem.
, Cet ouvrage est écrit en dialogue, entre le
; maître et l'élève; il est divisé en deux livres :
I le premier traite de la musique chorale ; le se-
cond, du chant figuré ou mesuré. Les exemples
à trois voix répandus dans celui-ci sont bien
écrits. On y trouve quelques passages curieux
, de l'emploi des prolations. Les autres éditions,
| toutes fort rares, sont de Nuremberg, 1565,
in-8°; ibid., 1570, publiée par Jean -Christophe
Prœtorius; Wittenberg, 1574; Nuremberg, 1579,
in-8°, et 1590, in-8° de 13 feuilles.
LOTH ( Urbain ) , compositeur de musique
d'église, au commencement du dix-septième
I siècle, a fait imprimer un recueil de motets in-
| Utulé : Musica melica, ou concerts solennels à
une, deux ou trois voix ; Passait, 1616, in-4°.
LOTHERUS(Melchior), compositeur al-
lemand qui vivait au commencement du seizième
siècle, est connu par un recueil intitulé Rtspon*
soria; Leipsick, 1522.
LOTI CH 1US (Jacques). On a imprimé sous
ce nom une dissertation intitulée : Oratio de
, Musica ; Dorpati Livonorum (Dorpat, en Livo-
I nie), 1640, in-4°.
| LOTTERI (. . ..), professeur de droit à Chiari,
• a publié : Dissertaùone suite qualitù consti-
I tuendi il vero compositore in musica ; Chiari,
, 1827, in-12. On trouve dans celte dissertation la
, biographie de l'organiste Marc Arici.
LOTTI ( Antoine) , illustre compositeur de
l'école vénitienne, est moins connu par les évé-
nements de sa vie que par la beauté de ses pro-
ductions. Il est vraisemblable qu'il naquit en 1667,
à Hanovre, où son père, Matleo, était maître
de chapelle de la cour électorale, laquelle était
alors catholique ; mais il est hors de doute que
sa famille était vénitienne d'origine , car lui-
même se donne la qualité de Vénitien au titre de
son livre de madrigaux. D'ailleurs, M. CafTi (i)
fait la remarque concluante que François Lotit,
frère d* Antoine, fut racionaire du collège des
procurateurs de Saint-Marc , et que cet emploi
ne pouvait être donné qu'à un Vénitien. Antoine
Lotti alla fort jeune à Venise, et eut pour maî-
tre Jean Legrenzi ( voyez ce nom ) , qui fut en-
suite maître de chapelle de Saint-Marc. Le 31
mai 1692, Lotti fut nommé organiste du second
orgue de la chapelle ducale de Saint-Marc. De-
puis 1687 il était chantre de la même chapelle,
Le 17 août 1704 il obtint la place d'organiste du
premier orgue de cette église : il en remplit les
fonctions pendant quarante-trois ans, et ne les
quitta que pour prendre possession de la place
(1) Storia délia Musica sacra nelta già captlla ducale
di San Marco in Penaid, t. I, p. S».
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L0TÎ1
353
de maître de chapelle de la même église, le
2 avril 1736. Une jouit pas longtemps des avan-
tages de cette dignité, car il mourut le 5 jan-
vier 1740, à l'âge d'environ soixante-treize ans,
suivant le registre mortuaire de Saint-Marc. II
fut inhumé dans l'église de San-Geminiani, où
Ton voit encore son tombeau.
Lolti s'est distingué comme compositeur dans
les deux genres de musique religieuse et drama-
tique. Dans la musique vocale de chambre, il s'est
également placé au premier rang des maîtres de
son temps. L'électeur de Saxe, qui avait entendu
ses ouvrages à Venise, en 1712, et qui avait
admiré son talent sur l'orgue, l'appela à Dresde
en 1718, pour y écrire un opéra. Lotti y composa
Gli Odi delusi dal sangue , ouvrage faible, qui
ne répond ni à la renommée ni au talent de son
auteur. De retour à Venise vers la lin de la
même annér , Lotti y reprit ses fonctions d'or-
ganiste et ses travaux de compositeur ; mais il
n'écrivit plus que pour l'église.
Le sentiment vrai, l'expression profonde sont
les qualités dominantes des compositions de
Lotti. Son style est simple et clair, et nul n'a
possédé mieux que lui, dans les temps modernes,
l'art de faire chanter les voix d'une manière na-
turelle. Dans ses opéras, on ne trouve pas assez
de vivacité dramatique ; mais dans les madri-
gaux et dans la musique d'église, il est au moins
légal d'Alexandre Scarlatti, et sa supériorité sur
tous les autres maîtres de son temps est incontes-
table. Pour bien connaître ce grand artiste, il
aurait fallu pouvoir puiser dans les archives de
Saint-Marc, où se trouvait autrefois une immense
quantité de ses ouvrages : le peu qu'on en connaît
aujourd'hui lui assure cependant un rang élevé
parmi les compositeurs de son école. Voici la liste
de ses opéras, telle qu'elle est indiquée dans la
Dramaturgia d'Allacci: tous ont été représentés
sur le théâtre de Venise : 1° Giustino, 1G83. —
2° II TrionfodHnnocenza, 1693. — 3° Le premier
acte de Tirsi, 1696. — 4° Achille placalo, 1707.
— 5° Tcuzzone, 1707. — 6° Amapiùchi mensi
crede, 1709. — 7° // Commando non inteso ed
ubbidito f \109. — 8° Sidonio, 1709. — 9 Q Isac-
cio Tiranno, 1710. — 10° La Forza dcl san-
gue, 1711. — 11° Il Tradimento traditor di
se stesso. — 12° Ulnfcdelià, punita, 1712.
— 13° Porsenna, 1712. — 14° Irène Augusta,
1713. — 15° Il PoUdoro, 1714. — 16° Foca
superbo, 1715.-17° Alcssandro Severo, 1717.
— 18° Il Vincitor generoso, 1718. — 19° Gli
Odi delusi dal sangue, 1718.
Lolti recueillit une collection de ses duos, trios
et madrigaux à 4 et 5 voix, les dédia à l'empe-
reur Léopold , et les publia à Venise en 1705.
BIOCR. IXIV. DES MUSICIENS. T. V.
Ce prince lui fit remettre en récompense une.
chaîne d'or et une somme d'argent. Le titre du
recueil dont il s'agit est celui-ci : Duetti, terzetti-
e Madrigali consacrai i alla C. R. Maestà ai
Giuseppe I imperatore, da Antonio Lotti Ve-
neto, organista délia cappella diS. Marco; Ve-
nezia 1705, per Antonio Bertali. C'est dans
cet ouvrage que se trouve le madrigal In una
siepe ombrosa, que Bononcini fit imprimer plus
tard à Londres, sous son nom, et qui lui conta
sa fortune et son honneur (voyez Bononcini).
Nonobstant la beauté achevée de la plupart des
pièces de ce recueil, il en parut une critique sé-
vère peu de temps après, sous le voile de l'ano-
nyme; on sait aujourd'hui que l'auteur de ce
pamphlet était Benoit Marcello (voyez ce nom),
célèbre compositeur d'une collection de psaumes,
sur la traduction italienne de Giustiniani. La cri-
tique porte particulièrement sur des hardiesses
d'harmonie inconnues avant Lotti , mais qui
depuis lors sont entrées dans le domaine de l'art.
Elle est d'ailleurs injuste en ce qui touche la
forme de la plupart de ces compositions, laquelle
décèle un maître de premier ordre. Le célèbre
madrigal à 5 voix avec basse continue In una
siepe ombrosa, que Bononcini s'était attribué,,
sera toujours considéré comme une œuvre parfaite,
et par la forme, et par le sentiment. Marcello se
montra ingrat dans sa critique anonyme ; car Lotti
avait été un de ses maîtres. Il y a d'autres ma-
drigaux de Lotti que ceux qu'il a placés dans ce
recueil. J'en possède dix à quatre et cinq voix qui
n'y sont point, et qui peuvent être cités comme
des modèles d'expression , de grâce et d'élégance.
M. l'abbé Santini, à Rome, a aussi douze duetti
da cameradiflérentsdeceuxdu recueil de 1705.
On trouve chez le même trois messes de Lotti, à 4
voix et a cappella , des motets à 4, avec instru-
ments, des motets à deux voix, un madrigal à 4
qu'on chantait autrefois à Venise, le jour de l'As-
cension, un Salve Regina, et un Regina cœli, à
4 voix, enfin un Miserere h 4 , probablement le
même que celui qui était autrefois à Leipsick,
chez Breitkopf, et a Londres, chez Burncy. Cet
historien de la musique possédait aussi une messe
(en ut) à 4 parties, et une antre (en fa), de
Lotti. J'ai de ce maître, outre les madrigaux
dont il est parlé précédemment : 1° Messe de
Requiem à 4 voix sans accompagnement (en fa).
Cette messe a été chantée pendant plus de cin-
quante ans, près de son tombeau, le jour anni-
versaire de sa mort. — 2° Messe du cinquième
ton , à 4 voix sans orgue et sans orchestre. —
3° Messe .à 2 voix (basse et ténor), avec orgue
(en ré mineur ). — 4° Messe brève à 3 voix
(alto, ténor et basse), en ut. — 5° Dcnedichis
23
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3*4
LOTTI — LOUET
Dominus Deus Israël, et Miserere, à 4 voix sans
accompagnement (en ré mineur); admirable
composition, d'une expression touchante et re-
marquable par la richesse et la nouveauté de
l'harmonie autant que par le profond sentiment
de tristesse qui y règne d'un bout à l'autre. Ce
Miserere a été considéré pendant le dix-huitième
siècle comme un des chefs-d'œuvre de l'école ita-
lienne : l'histoire de l'art confirme ce jugement.
— 6° Autre Benedictus Dominus Deus Israël
et Miserere (en sol mineur), à 4 voix sans accom-
pagnement, composé en 1733. Il est aussi fort
beau et rempli de grandes hardiesses d'harmo-
nie- — 7° Laudate pueri à 3 voix ( 2 soprani
et contralto), avec 2 vioions, alto et basse , dans
le style moderne. Ce psaume a été écrit pour les
jeunes filles du Conservatoire degli incurabili ,
à Venise. — 8° Salve Regina à 4 voix, a cap-
pella, sans accompagnement. — 9° Y ère lan-
guores nostros , pour 2 ténors et basse , sans
accompagnement. — 10° Madrigal à 4 voix (Spi-
rito di Dio), composé en 1736, pour la cérémo-
nie dans laquelle le doge accompagné des séna-
teurs montait sur le vieux vaisseau historique
appelé Le Bucentaure. Ce morceau, où règne
un caractère de joie douce et calme, se fait aussi
remarquer par l'élégance de la forme.— 1 1° Quar-
tetto pastorale, à 4 voix, avec des violons» alio
et basse (Sommo Duce in trono assiso), char-
mante composition de style moderne concerté.
On a gravé à Berlin, chez Bote et Bock, la messe
pour ténor et basse, le motet Vere languores
nostros, pour 2 ténors et basse, et le psaume I 12
{Laudate pueri), pour ténor et basse, de Lotti,
tous trois en partition.
Lotti fut un grand maître de chant et de com-
position : le nombre de ses élèves était si consi-
dérable, qu'on s'étonne qu'il ait eu le temps d'é-
crire tous les ouvrages connus sous son nom.
Parmi les maîtres sortis de son école* on remar-
que Saratelli, qui fut son successeur dans la
chapelle Saint -Marc, Dominique Alberti, Je'
rdme Bassani, Michelange Gasparini, Pes-
cetti, et le célèbre compositeur dramatique
Balthasar Galuppi, pour qui il eut toujours un
sentiment de prédilection.
Lotti avait épousé une cantatrice bolonaise,
nommée Santa Stella, qui lui apporta en dot
une somme de 18,600 ducats (environ 60,000
francs), et qui brilla longtemps sur les théâtres
de Venise, ainsi qu'à Dresde, lorsque Lotti y fut
appelé pour y écrire un opéra. Elle survécut à
son mari, et l'on voit par son testament qu'elle
avait eu, avant son mariage, une fille naturelle,
nommée Lucrèce Marie Basadonna, qui fut
religieuse.
LOTTIX ( Denis ), maître de musique et de
violon, né à Orléans, le 19 novembre 1773, com-
mença à l'âge de douze ans l'étude de la mu-
sique , sous la direction d'un maître de la ville.
Fridzeri, passant ensuite à Orléans, crut remar-
quer en lui d'heureuses dispositions, remmena à
Rennes, et le mit au nombre de ses élèves. Après
trois années d'études sous ce professeur, Lot tin
retourna dans sa ville natale, et y continua seul à
s'exercer sur le violon. 11 fit ensuite plusieurs
voyages à Paris , et y prit des leçons de Gras-
set pour cet instrument. Fixé depuis 1805 à Or-
léans, il y a rempli la place de premier violon au
théâtre, et a dirigé l'orchestre du concert des
amateurs jusqu'à sa mort, en 1826. Cet artiste a
publié : 1° Vive Henri IV en symphonie; Pari?,
Janet. — 2° 1 er Concerto pour violon, op. S;
Orléans, Demar. — 3° 2 e Concerto idem ; Paris,
Sieber. — 4° Six œuvres de duos pour deux
violons, op. 3 , 4, G, 9, 17, 19; Paris, Leduc,
Sieber, Dufaut et Dubois. — 5° Trois sonates
pour violon seul, op. 20; Paris, Dufaut et Dubois.
— 0° Plusieurs airs variés pour violon. — 7° Prin-
cipes élémentaires de musique et de violon; Paris,
Leduc.
LOUEL (Aristius), professeur de musique
à Nantes, est auteur d'un petit ouvrage qui a
pour litre : Qrammaire musicale , ou Abrège
des principes de musique , divise en douze
leçons, par demandes et par réponses ; Nantes,
imprimerie de Mellinet, 1840, in -8° de 20 pages,
avec 9 pages de musique. On connaît du même
artiste des fantaisies pour le piano , gravées à
Paris, en 184'*.
LOUET (Alexandre), dont le nom a été
défiguré par Gerber et ses copistes en ceux de
Louvet, Louve et Louette, naquit à Marseille ,
en 1753, d'une famille opulente, et cultiva d'a-
bord la musique comme amateur. Dans un
voyage qu'il fit à Paris, en 1786, il fit représenter
à la Comédie Italienne un petit opéra intitulé :
La double Clef, ou Colombine commissaire T
dont les paroles étaient de Desfaucherets, auteur
de la jolie comédie du Mariage secret. La
double Clef tomba à plat, et le tumulte du
parterre fut tel pendant la représentation , qu'à
peine put-on entendre un seul morceau de la mu-
sique. La révolution ayant enlevé à l'auteur de
cette musique toute sa fortune, il fut obligé de se
rendre à Paris pour y chercher des ressources
dans ses talents. Il donna au théâtre Feydeaii,
en 1797, Amélie, opéra en trois actes, qui ne
réussit pas. Obligé alors de se faire accordeur de
pianos pour vivre, il publia une brochure inti-
tulée : Instructions théoriques et pratique*
sur Vaocord du pano-fortè; ouvrage qui «rp-
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LOUET — LOUIS-FERDINAND
35S
prendra en très- peu de temps aux personnes
les moins exercées à accorder parfaitement
cet instrument; Paris, Leduc, 1798, in-8° de
63 pages. 11 a été fait une seconde édition de cet
écrit en 1804. Cependant, la situation de Louet était
toujours précaire ; on lui persuada de passer en
Russie. Ce voyage n'améliora pas ses affaires : il
revint à Paris vers 1810 , et reprit sa profession
.d'accordeur. Je l'ai connu alors, vieilli par le
chagrin, infirme, et dans une position très-mal-
heureuse. On a gravé de sa composition : 1° So-
nates pour piano seul, op. 1, 2, 3, 4; Paris,
Gaveaux. — 2° Quatre sonates pour clavecin
avec accompagnement de violon, op. 5 ; ibid. —
30 Pot-pourri pour piano , ibid. — 4° Six ro-
mances tf Estelle àxec accompagnement de piano,
ibid. Louet est mort à Paris, en 1817.
LOUIS XIII» roi de France, né à Fontai-
nebleau, le 27 septembre 1601, succéda à son
père, Henri IV, le 14 mai 1610, et mourut à
Saint-Germain, le 14 mai 1643. Ce prince avait
appris la musique ; il l'aimait et la cultivait avec
succès. Le P. Kircher a rapporté (Musurgia uni-
vers., t.. I , p. 690 ) la chanson à quatre voix
Tu crois, 6 beau soleil, de sa composition. Ce
morceau est bien écrit, et l'harmonie en est pure.
La Borde, qui Ta aussi donnée, à la fin du
deuxième volume de son Essai sur la musique,
Ta gâtée par une harmonie barbare, qui n'ect
point de Louis XIII. Le P. Mersenne a aussi
inséré ce morceau dans le Traité des instru-
ments, de son Harmonie universelle (p. 391),
mis en'tablature pour l'épinette; l'harmonie du
roi y est conservée.
LOUIS (M me ), femme d'un architecte de
Paris qui a eu de la réputation à la fin du dix-
huitième siècle, eut un talent d'amateur fort dis-
tingué dans la musique. Le 19 août 1776, elle fit
jouer au Théâtre-Italien un opéra de sa composi-
tion intitulé : Fleur d'épine. D'Origny(,4na. du
Théâtre-Italien, t. II, p. 104) dit en parlant de
cet ouvrage: « La musique, qui estde Mme Louis,
« a des beautés réelles. Celles qui ont frappé le
« plus sont un trio en dialogue , un air du som-
« uieil et un grand air d'exécution. » On a gravé
de cette dame, à Paris : 1° Six sonates pour le
clavecin seul. — 2° Recueil d'ariettes choisies ,
avec accompagnement de piano. La révolution
de 1789 ayant obligé M. Louis à sortir de France,
à cause de ses fonctions dans les bâtiments de
la liste civile , sa femme le suivit dans l'émigra-
tion. On ignore quelle a été sa destinée depuis
lors. Peut-être est-ce à elle qu'il faut attribuer
les deux ouvrages suivants, qui existaient en
manuscrit à Vienne, en 1799, chez l'éditeur de
musiqrfe Traeg, sous le nom de Louis (Pn). :
1° Du doigté, des manières et de l'esprit de
Vexécution sur le piano. — 2° Principes de
la doctrine de l 'accompagnement.
LOUIS ( N. ) , violoniste, pianiste et compo-
siteur, commença à se faire connaître à Paris par
de légères compositions, vers 1834» Ces premiers
essais ayant obtenu du succès, l'artiste multiplia
ses productions, où il montrait plus de fécondité
que de soin dans leur facture et d'originalité dans
la pensée. Peu difficiles d'exécution et renfer-
mant beaucoup de mélodies quelque peu bour-
geoises, les ouvrages de Louis trouvèrent un
débit assuré ; par cela même les éditeurs les re-
cherchèrent, et peu d'années suffirent pour en
voir porter le nombre jusqu'à plus de trois cents.
Études, divertissements et fantaisies pour le vio-
lon ; variations, rondos, fantaisies pour le piano-
sur des thèmes d'opéras et sur des mélodies de
divers auteurs; trios pour piano, violon et vio-
loncelle, pièces à quatre mains, valses et qua-
drilles, Louis aborda tous les genres. Il se livrait
aussi s l'enseignement ainsi que sa jeune femme r
M me Jenny Louis , pianiste comme lui. N. Louis
est mort à Paris, jeune encore , au mois de dé-
cembre 1857.
LOUIS-FERDINAND ( Frédéric-Chré-
tien), prince de Prusse, était fils d'Augusle-Fer-
dinand, frère de Frédéric-Guillaume II. Il naquit
à Berlin, le 18 novembre 1772. Doué de tous les
avantages extérieurs, d'une âme noble, de beau-
coup d'esprit et d'imagination, il aurait pu par-
courir une carrière glorieuse ; mais dominé par
ses passions, il ne sut point les régler, et ses
désordres furent souvent un scandale pour son
pays. Son instruction avait été confiée aux soins
d'un précepteur français, qui lui donna des con-
naissances plus étendues que n'en possèdent
d'ordinaire les princes. La musique était en-
trée dans , son éducation : il y fit de rapides
progrès. Sa brillante bravoure dans la campagne
de l'armée prussienne , en 1792, lui concilia l'es-
time des généraux et l'amour des soldats. Cette
guerre fut de courte durée. Rentré dans un
repos forcé, qui ne s'accordait point avec ses
désirs de gloire, le prince rechercha les plaisirs
avec excès, et ne connut plus d'autre occupation
sérieuse que la musique. L'arrivée de Dussek à
Berlin fortifia son penchant pour cet art. L'artiste
célèbre fut honoré de son amitié, et des relations
intimes s'établirent entre eux, comme si les posi-
tions sociales eussent été les mêmes. Les leçons de
Dussek perfectionnèrent le talent, déjà foçt re-
marquable, de Louis-Ferdinand sur le piano, et sa
musique devint le modèle que le prince se pro-
posa dans ses compositions. Lorsque l'excellent
violoncelliste Lamarre passa à Berlin, pour se
23 •
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356
LOUIS-FERDINAND - LOOLIÊ
rendre en Russie, son talent excita l'enthousiasme
de ce protecteur zélé des arts, qui lui donna un
logement dans son appartement, et qui passa sou-
vent des nuits entières .à exécuter avec lui de la
musique de piano et de violoncelle. Au milieu
de cet exercice, il arriva un jour que Louis-Fer-
dinand parla de la France avec toute la violence
de sa haine contre ce pays : Monseigneur, dit
Lamarre, j'ai l'honneur de rappeler à votre
altesse royale que c'est de ma patrie qu'elle
parle ainsi ! — C'est juste, mon cher La-
marre, répondit le prince. J'ai tort» Laissons
ce sujet, et reprenons notre musique. Leur
séparation fut celle de deux frères. Avant de le
quitter, le prince proposa à l'artiste l'échange de
deux bagues : Lamarre a conservé jusqu'à son
dernier jour ce témoignage honorable d'une
amitié bien rare entre des hommes placés dans
des positions si différentes.
La guerre, ardemment désirée par Louis-Fer-
dinand, se ralluma, en 1806, entre la France et
la Prusse : on en sait les résultats. Chargé du
commandement d'une division d'avant-garde, le
prince attaqua les Français à Saalfeld, le 9 octo-
bre, fut vaincu, et trouva la mort dans ce combat.
Ses compositions musicales annoncent une
organisation forte et passionnée. Quoique assez
incorrectement écrites, elles ont assez de mé-
rite pour démontrer que leur auteur aurait pu
prendre une place élevée parmi les artistes , si
son rang lui eût permis de faire de l'art l'ob-
jet de méditations plus sérieuses et plus sui-
vies. On a gravé sous son nom : i°Quintetto
pour piano, 2 violons, alto et violoncelle ( en ut
mineur), op. 1; Leipsick, Breitkopfet Haertel.
— 2° Ottetto pour piano, clarinette, 2 cors, 2 vio-
lons et 2 violoncelles (en fa mineur); ibid. —
3° Nocturne pour piano, flûte, violon, alto, vio-
loncelle obligés, et 2 cors ad libitum, op, 8;
.ibid. — 4° Larghetto varié pour piado, violon,
.alto, violoncelle et contrebasse, op. 11; ibid.
— 5° Rondeau pour piano et orchestre, op. 13,
ibid. — 6° Andante pour piano, violon, alto et
violoncelle, op. 4 ; ibid. — 7° .Quatuor idem ( en
mi bémol), op. 5; ibid. — 8° Idem (en fa mi-
neur), op. 6; ibid. — 9? Trio pour piano, violon
et violoncelle, op. 2; ibid. — 10° Idem (en mi
bémol), op. 10; ibid. —11° Fugue à 4 parties
pour piano seul, op. 7 ; ibid. — 12° Variations
pour piano seul (en mi bémol); Paris, H. Le-
moine.
LOULIÉ (Etienne) (1), maître de musique à
(l) La Borde, copié par Forkel, Ocrber, Llchten-
thal, BccJter et d'autres, a donné A Loulié le prénom de
François; U n'avait Tratsemblablcment pas lu l'épitrc
Paris et musicien au service de mademoiselle de
Guise, dans la seconde moitié du dix -septième
siècle, n'est connu que par ses ouvrages. Il pa-
rait avoir été le premier qui imagina de cons-
truire un instrument pour mesurer les temps
dans la musique. Cet instrument, qu'il appela
chronomètre , était composé d'un tableau gra-
dué depuis 1 jusqu'à 72 degrés de vitesse, avec
un pendule mobile composé d'une boule de
plomb suspendue à un cordonnet, qu'on allon-
geait ou raccourcissait au moyen d'une cheville
attachée au cordonnet, et qu'on plaçait dans des
trous correspondants à toutes les divisions de l'é-
chelle. C'est ce chronomètre, avec quelques mo-
difications dans l'échelle , que Jean-Étienne Des-
préaux a reproduit cent vmgtans plus tard comme
une nouveauté ( voyez Despréaux ). Loulié ima-
gina aussi de se servir d'un instrument appelé
sonomètre, pour l'accord des clavecins. U en
construisit deux sur des modèles différents, et
les présenta à l'approbation de l'Académie des
sciences de Paris. Le rapport qui fut fait sur
ces instruments dans l'histoire de l'Académie
(ann. 1699, p. 121) dit qu'au moyen du sono-
mètre toute personne qui n'aurait jamais ac-
cordé de clavecin pourrait le faire aussi facile-
ment que les maîtres, pourvu qu'elle eût assez
d'oreille pour mettre une corde à l'unisson ou
à l'octave d'uneautre. Les figures lies deux so-
nomètres de Loulié sont dans le recueil des ma-
chines approuvées par l'Académie (année 1699,
p. 187-189 ). Le chronomètre a été approuvé par
la même société savante en 1701. D'Ons-Em-
bray, auteur d'un mêtromètre pour battre les
mesures et les temps de toutes sortes éCairs,
dit dans sa description de cet instrument (Mé-
moires de l'Académie des sciences, ann. 1732,
p. 182) que Loulié fut aussi l'inventeur de la
patte à régler les papiers de musique. Les ou-
vrages imprimés de Loulié sont : 1° Éléments
ou principes de musique, mis dans un nouvel
ordre, très-clair, très- facile et très-court, et
divisez en trois parties : la première pour
les enfants; la seconde pour les personnes
plus avancez (sic) en dge ; la troisième pour les
personnes qui sont capables de raisonner sur
les principes de la musique. Avec l 'estampe ;
la description et Vusage du chronomètre ou
instrument de nouvelle invention, par le
moyen duquel les compositeurs de musique
pourront désormais inarquer le véritable
mouvement de leurs compositions, et leurs
ouvrages, marquez par rapport à cet instru-
dédlcatoire des Éléments au principes de musique* qui
est signée Estimne Loulié.
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LOULIÉ — LOVY
ment , se pourront exécuter en leur absence
comme s'ils en battaient eux-mêmes la me-
sure. Paris, Christophe Bal lard, 1690, in-8° de
96 [âges, et une planche représentant lechrono-
mètte. Je n'ai rapporté ce titre fort long que pour
faire voir que la pensée de l'usage du chronomè-
tre pour indiquer les mouvements des morceaux
de musique, reproduite de nos jours par Maelzel,
avait élé conçue à la fin du dix -septième siècle.
J'ajouterai que Loulié prend aussi la minute pour
unitéde temps. Une deuxième édition de ce livre a
été publiée à Amsterdam, chez Roger, 1698, in-8°
de 1 10 pages. — 2° Abrégé des principes de
musique, avec plusieurs leçons Sur chaque dif-
ficulté de ces mesmes principes. Paris, Chris-
tophe Ballard, 1696, in-8° obiong de 47 pages.
Cet ouvrage, espèce de solfège abrégé, est entiè-
rement différent du premier. C'est le même dont
H a été fait une édition à Amsterdam (sans date),
sous ce titre : Élémcnsou principes de musi- \
que, avec la manière du chant. — 3° Nouveau j
système de musique ; ou nouvelle division du \
monochorde, avec la description et l'usage
du sonomètre t instrument de nouvelle inven-
tion pour apprendre à accorder le clavecin;
Paris, Christophe Ballard, 1698, in-S°. Je crois
devoir encore faire remarquer que le monocorde
et le chronomètre, pris comme bases de rensei-
gnement par Choqtiel ( voyez ce nom ), dans son
livre intitulé La musique rendue sensible par
la méchanique, sont précisément aussi les fon-
dements du système publié par Loulié soixante
ans auparavant.
LOULIÉ (A.), né à Paris, vers 1775, reçut
des leçons de, violon de Gaviniès, et entra à l'O-
péra- Comique comme un des seconds violons,
lors de la réunion des deux théâtres Favart et
Feydeau, en 1801. Retiré en 1832 avec une pen-
sion, il est mort peu de temps après. On a de
cet artiste : 1° Six duos pour 2 violons, op. 1 . ;
Paris, Jane t. — 2° Trois duos pour violon et
alto, op. 2 ; Paris, Louis. — 3 9 Trois duos pour
deux violons , op. 3 ; ibid. — 4° Trois idem,
op. 4 ; ibid. — 5° Trois duos pour violon et alto,
op. 5 ; ibid. Gerber a confondu ce Loulié avec le
précédent, qui vivait plus d'un siècle avant lui.
LOUYS (Maître Jran), ou LOYS, musicien
belge du seizième siècle, fut attaché au service des
empereurs Maximilien I er et Ferdinand, en qualité
de diantre de leur chapelle. JoannelH a publié
quelques-uns de ses motels dans le Thésaurus
97tttsfcu5,imprimé à Venise,chez Gardane,en 1568.
On en trouve aussi dans le recueil intitulé Hor-
tus musarum 9 imprimé chez Pierre, Phalèse,
à Louvain, en 1552. Des chansons, françaises à
trois parties de Jean Louys ont été insérées
357
dans les recueils qui ont pour titres : 1° Jardin
musiqualj contenant plusieurs belles fleurs de
chansons à trois parties, choysies d'entre les
œuvres de plusieurs autheurs excellents en
Vart de musique. Le ^premier livre. En An-
vers, par Hubert Vaelrant et Jean Laet
(sans date, mais vraisemblablement en 1565),
in-4°. — 2° Recueil des fleurs produictes de la
divine musicque à trois parties, par Clément
non Papa, Thomas Cricquillon, et aultres ex-
cellents musiciens. Louvain; de V imprimerie
de Pierre Phalèse, Van 1569. On a aussi de Jean
Louys 50 psaumes de David mis en musique ;
Anvers, 1555, in-4°. Cet ouvrage, cité par Ger-
ber, est à la bibliothèque royale de Munich.
LOUYS ( Le seigneur ), gentilhomme fran-
çais attaché au service du cardinal le Richelieu,
fut un des plus habiles joueurs de guitare, au
commencement du dix-septième siècle. M a pu-
blié un Livre de chansons en tablature de gui-
tare; à Paris, chez Ballard, 1626, in»4<>. Louys
a noté ses chansons en tablature double, à sa-
voir les chiffres français et les lettres majuscules
italiennes, suivant les méthodes de Misioni et de
Colonna.
LOVY (Israël), hazan ou chantre, et mi-
nistre officiant de la synagogue de Paris, fut
doué par la nature d'une voix admirable, qui
réunissait les registres de basse et de ténor, et y
ajouta le double mérite d'être bon chanteur et
d'imaginer des chants où le caractère oriental
s'alliait d'une manière originale avec les formes
mélodiques des belles écoles de l'Italie. Israël
Lovy naquit près de Dantzick, au mois de sep-
tembre 1773. Son père ainsi que son aïeul
avaient rempli les fonctions de hazan dans les
temples israélites de la Pologne ou de la Pomé-
ranie ; quant à lui , on le destinait aux études
qui pouvaient le conduire au rabbinat. Très-jeune
encore, il accompagna ses parents à Glogau, en
Silésie, où son père était appelé en qualité de
chantre de la synagogue. Élevé au milieu des
docteurs et des rabbins de cette ville, le jeune
Lovy fit de rapides progrès dans les éludes
tatmudiques; mais sa vocation musicale fut
un obstacle invincible aux projets de sa fa-
mille. Déjà il chantait au temple avec son père,
et ses coreligionnaires remarquaient avec satis-
faction sa manière large et accentuée de réciter
la mélodie traditionnelle de la Bible et des prières
hébraïques : il joignait à l'intelligence parfaite
des textes sacrés le charme d'un organe doux et
sonore qui en faisait sentir l'éloquence et la poé-
sie. A près 'deux années d'études complètes de
tout ce qui compose le savoir d'un chantre
israétite, Israël Lovy entreprit son pèlerinage de
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358
LO VY — LOW
hazan , et visita les synagogues de la Silésie, de
la Saxe, de la Bohême, de la Moravie , d'une
partie de l'Autriche et de la Bavière, accompa-
gné de deux aides chanteurs qui l'avaient vu
naître; ce fut dans ces voyages que son éduca-
tion musicale se développa , par la connaissance
qu'il fit des œuvres des grands maîtres, particu-
lièrement de Haydn et de Mozart.
Après six ou sept ans d'une vie nomade, Lovy
arriva à Furth (Bavière), en 1799. On l'y re-
tint , et il s'y maria. Son séjour dans cette ville
(1799-1806) fut une des époques les plus heu-
reuses de sa vie. Ce Tut alors qu'il étendit ses
connaissances en musique , étudiant avec une
égale ardeur le piano, le violon et le violon-
celle. Dans le même temps il apprenait aussi
le français, d'un émigré logé dans sa maison,
ainsi que la langue italienne. En 1806, Israël
•Lovy passa de Furth à Mayence, où il resta trois
ans, pois à Strasbourg, où son séjour fut de
huit années, sauf un voyage de quelques mois
•qu'il fit en 1816, pour revoir ses parents de
Glogau, et qui lui procura l'occasion de se
faire entendre dans les" synagogues de Berlin et
de Francfort. La réputation croissante de son
talent lui fit faire, en 1817, des propositions
avantageuses pour le fixer à Londres , au temple
Israélite. Il partit pour s'y rendre, mais avec le
dessein de s'arrêter d'abord à Paris, où il ar-
riva au mois de février 1818, après avoir chanté
à Metz, à Thionville et à Verdun. Ce voyage,
qui dans sa pensée ne devait être qu'une excur-
sion de quelques mois, aboutit à un établisse-
ment définitif. Les israélites de Paris l'accueil-
lirent avec enthousiasme, et bientôt on parla
dans les salons des artistes les plus célèbres, et
des amateurs d'élite , du chant du hazan de la
synagogue comme d'une merveille inouïe. On
courait pour l'entendre dans les temples de la
rue Sainte-Avoie et de la rue du Chaume, et les
caresses les plus séduisantes lui étaient prodi-
guées pour l'attirer chez les dilettanti qui don-
naient alors le ton. L'engouement fut poussé
jusqu'à vouloir transformer le ministre officiant
du culte judaïque en acteur de l'Opéra. Plus sage
que ses admirateurs, Israël Lovy sut résister à
cet entraînement. Revenu d'un éblouissement
passager, il disparut des 6alons de Paris, aban-
donna son projet de voyage à Londres, et signa
un engagement définitif avec le consistoire Israé-
lite de Paris. Une modification liturgique du
culte fut le résultat de son engagement : ce fut
lui qui particulièrement en fut chargé. Un nou-
veau temple avait été bâti : l'inauguration en
fut faite le 5 mars 1822, et les anciennes tra-
ditions furent abandonnées pour de nouveaux
chants composés par Lovy ; pour la première
fois la synagogue retentit d'un chœur de voix
d'enfants et des sons de l'orgue chrétien. On lit
dans une notice placée en tête de l'édition pos-
thume des chants composés par Lovy : « Ces ré-
« formes, qui suscitèrent d'abord quelques récla-
« mations parmi tes plus orthodoxes, bien qu'elles
« ne touchassent en rien au dogme, finirent par
« triompher de tous les scrupules, grâce à l'ex-
« cellence des résultats : » A ne considérer que
la musique en elle-même, il y avait sans doute
du charme dans les nouveaux chants de Lovy,
dans leur exécution par lui-même, avec sa belle
voix d'une étendue extraordinaire et sa facile
vocalisation, ainsi que dans le chœur harmo-
nieux qu'il avait organisé : j'en ai plusieurs fois
admiré l'effet; mais au point de vue de l'intérêt
historique, on ne peut nier que ces formes mo-
dernes et celte harmonie euroj>éenne ne fussent
une altération regrettable de l'ancien caractère
oriental du chant du temple. Il existe encore des
traditions de chants originaux qui ont traversé
les siècles, et qui, dans leur contexture ainsi que
dans leurs ornements primitifs , conservent le
cachet d'une antiquité non contestable ; mais il
est à craindre que la réforme entreprise par Lovy,
et continuée par ses successeurs, n'efface bien-
tôt les restes de ces monuments de Tart an-
tique.
Les fatigues occasionnées à Lovy par ses efforts
pour l'accomplissement de son œuvre finirent
par ébranler sa forte constitution. Déjà malade,
il ne continua pas moins de célébrer les offices
du samedi , et les jours de fête ij chantait pres-
que tout le jour, et rentrait épuisfi dans sa de-
meure. Quand il voulut prendre du repos, il n'é-
tait plus temps : une maladie de poitrine s'était
déclarée ; elle le mit au tombeau , le 7 janvier
1832, à l'Age de cinquante neuf ans. Ses chants
ont été recueillis par son fils, M. Jules Lovy,
rédacteur en chef du Journal de musique, le Mé-
nestrel, aidé par MM. David et Calien, lauréats
du concours de composition de l'Institut de
France, et par M. Naum bourg (voyez ce nom),
ministre officiant : le recueil de ces chants re
ligieux a été publié à Paris, chez Heugel, avec le
portrait d'Israël Lovy.
LOW (Edouard), musicien anglais, né à Sa-
lisbury, dans la première moitié du dix-septième
siècle, étudia les principes de son art sous la direc-
tion de J. Holrn, organiste de la cathédrale, et
fut d'abord simple choriste dans cette église. Vers
1650, il eut l'emploi d'organisle de l'église do
Christ, à Oxford, et il succéda, en 1661, au doc-
teur Wilson dans les fonctions de professeur de
musique à l'université. Il mourut à Oxford, le
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LOW — LUCAN
359
11 juillet 1682. On a de ce musicien un livre
intitulé : Some short directions for the per-
formance of catkedral service (Quelques rè-
gles courtes pour l'exécution de la musique
-d'église). Oxford, 1661, in-8°. Il a été publié une
deuxième édition de ce petit ouvrage, avec des
additions et le portrait de l'auteur; à Oxford,
1664, in- 12.
LOYSET , c'est-à-dire Petit Louis, prénom
sous lequel on désignait quelquefois le musicien
COMPÈRE , [voyez ce nom ). Voyez aussi PIÉ-
TON.
LUBBERT (Émile-Timotrée), ancien di-
recteur de l'Opéra de Paris, est né à Bordeaux,
le 18 février 1794, d'une famille originaire de
Hollande. Destiné à jouir % d'une fortune consi-
dérable, il avait reçu une éducation brillante, seul
bien qui lui resta quand le système continental
de Napoléon eut causé la ruine des entreprises
commerciales de son père. Il venait d'achever
à Paris ses études avec distinction, lorsque son
parent Garât, directeur de la Banque de France,
lui lit obtenir une place d'inspecteur de la loterie,
au ministère des finances. Ce fut alors qu'il devint
élève de l'auteur de cette notice et fit sous sa di-
rection un cours d'harmonie et de composition.
Le 14 avril 1823, il a fait représenter au théâtre
•Feydeau un opéra-comique en un acte , intitulé :
Amour et Colère, Cet ouvrage n'a pas réussi.
Plus tard, il a écrit un autre opéra, en deux actes,
sur un livret de M. Scribe ; mais diverses cir-
constances en ont empêché la représentation.
Nommé directeur de l'Opéra en 1827, il a mon-
tré d'abord quelque intelligence dans son admi-
nistration ; mais bientôt il s'est abandonné à l'in-
dolence de son caractère, n'a pas su profiter des
succès qu'il obtenait avec quelques beaux ou-
vrages, et a mis cliaque année le ministre de la
maison du roi dans la nécessité de combler d'é-
normes déficits. Après la révolution de juillet
1830, la malveillance s'est fait contre lui une
arme de ses fautes, et l'administration du pre-
mier théâtre de Paris lui a été retirée pour être
mise en entreprise particulière. Ses nombreux
amis auraient pu réparer cet échec et lui faire
obtenir quelque place avantageuse, mais la mal-
heureuse fantaisie qu'il eut de prendre en 1831
l'entreprise du théâtre de l'Opéra-Comique à ses
risques et périls le conduisit bientôt à sa ruine.
Forcé d'abandonner Paris, il se rendit en Egypte,
où il fut chargé de l'organisation des fêtes et di-
vertissements de Mehemet-Ali. Plus tard il y eut
le titre de wesquil (chargé d'affaires). Il est
mort au Caire, dans le mois de mars 1859.
LUBER (Antoine ) , écrivain didactique alle-
mand de l'époque actuelle, est connu par un
traité général de musique et d'harmonie , inti-
tulé : Versuch fiiner griindlichen und fassli-
chen Anleitung ûber die Begeln der Tonsetz-
kunst (Essai d'une introduction naturelle et fa-
cile aux règles de la composition ) ; Coblence,
J. Hœïscher, 1830, 2 parties in-4°.
LUBIN (Léon de SAINT-); voyez SA1NT-
LUBIN.
LUBOM1RSKI (Le prince Casimir), des-
cendant des princes Stanislas Lubomirski qui
s'illustrèrent dans le dix-septième siècle, et dont
un fut grand maréchal de la couronne, en Po-
logne, est né vers 1815. Amateur passionné de
musique, il a cultivé cet art dès son enfance, et
s'est livré à la composition avec quelque succès"
On a publié de lui, tant en Allemagne qu'à Var-
sovie, des chants à voix seule avec piano, et des
danses polonaises pour cet instrument. Dans le
nombre de ces légères productions on remarque :
1° Deux chants allemands et une romance ita-
lienne pour soprano et piano, op. 3; Dresde,
Meser. — 2° Trois Mazourkes pour piano, op. 9;
ibid. — 3° Trois idem, op. 10; ibid. — 3° Trois
idem, op. H ; ibid.— V Le Dialogue et Le Som-
meil, deux poèmes pour voix seule et piano ; Leip-
sick , Kistner. — 5° Galop du Postillon et
Mazoures, op. 50 ; Pétersbourg et Hambourg;
ia\ — 6° Polonaise et deux Mazoures, op. 51 ;
Dresde, Meser. — 7° Plusieurs romances avec
piano; Varsovie.
LUCACIH (Jean), compositeur, néàScbe-
nico (Dalmatie), dans les dernières années du
seizième siècle, fut maître de chapelle de la ca-
thédrale de cette ville. On a de lui un ouvrage
intitulé : Sacrœ cantiones singulis, hinis, ter-
nis, qualernis, quinisque vocibus concinnatx
a Jacobo Finetio Anconitano, in ecclesia ma-
gna domus Venetiarum musices magistro , in
lucemeditx. Sub signo Gardant; Venetiis ,
1620, in-4°. Dans la préface, le P. Finetti (voyez
ce nom) dit qu'ayant fait un voyage en Dalmatie,
il fut frappé du mérite des motets de Lucacih, et
qu'il les recueillit pour les faire connaître à tous
ceux qui se délectent de bonne musique. Un
exemplaire complet de cet ouvrage rare se trouve
à la bibliothèque royale de Berlin.
LUCAN (Matthieu), musicien de l'église ca-
thédrale de Dijon, est auteur d'un livre qui a
pour titre : Méthode de plain-chant parisien,
divisée en deux parties; Dijon, Douillier, 1826,
in- 12 , avec 3 planches. Une deuxième édition
de cet ouvrage, considérablement augmentée, a
paru à Lyon et à Paris, chez Rusand, 1828,
in- 12.
LUCAN (Henri), compositeur et professeur
de musique à Hanau, en 1842, fut auparavant
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360
LTJCAN — LUCCHESl
attachéàla famille du prince Nicolas Dolgoroucky,
en qualité de professeur de piano. Il a publié
quelques œuvres pour cet instrument, La Chan-
son de soldat y ballade pour voix seule avec
piano, op. 5 , Offenbach, André, et trois Lieder
pour voix de soprano, avec piano, op. 6, ibid.
LUCARIO (Jean-Jacques), prêtre et maître
de chapelle de l'église Santa-Croce, à Venise,
vivait vers le milieu du seizième siècle. On a im-
primé de sa composition un recueil de motets à
quatre voix, sous ce titre : D. J. Jacobi Lucarii
conceniuum qui vulgo Motelia nuncupantur
liber primus quatuor vocum ; Venetiis, apud
Ant. Gardane, 1547, in-4° obi.
LUC AS (Ignace), né à Krinlzen, en Silésie,
le 29 avril 1762, alla faire ses études au gymnase
Léopoldin à Breslau, en 1773, et y apprit le
chant. Dix ans après il quitta le gymnase, et
entra à l'église Saint-Vincent en qualité de chan-
teur. Sa voix de basse était d'un beau timbre.
Il jouait bien de plusieurs instruments , mais
particulièrement du violon, sur lequel Ditters-
dorf assure qu'il possédait un talent remarqua-
ble. Cet artiste s'est distingué par la composition
de danses qui ont eu de la vogue en Silésie.
LUCAS (Louis), né à Reims, vers 1818, est
membre de l'Académie et de la société des Bi-
bliophiles de cette ville. Après avoir publié quel-
ques opuscules qui furent peu remarqués^
M. Lucas vint à Paris, et y fut rédacteur en chef
du journal qui avait pour titre <Le Dix Décembre.
Plus tard, il obtint un consulat en Amérique, si
nous sommes bien informé. Nous ignorons les
motirs qui lui ont fait abandonner la carrière di-
plomatique et l'ont ramené à Paris, où on le re-
trouve en 1854. En 1849, M.Louis Lucas publia
un livre qui avait alors pour titre : Une révo-
lution dans la musique. Essai d'application
à la musique d'une théorie philosophique f
Paris, Paulin et Lechevalier, t volume in -18°,
de 326 pages, avec une préface de xxx pages
par M. Théodore de # Banville, ami de l'auteur.
Bousquet ( voy. ce nom) rendit compte du livre
de M. Lucas dans le numéro de V Illustration
du 9 février 1850; mais l'indifférence du public
pour l'ouvrage persista en dépit de cette annonce,
car on n'en vendit pas trois exemplaires. Revenu
à Paris, M. Lucas a essayé de ranimer en sa fa-
veur l'attention des artistes et des amateurs, au
moyen d'un nouveau titre et d'une couverture qui
donnent aux exemplaires du seul tirage qui ait été
fait l'aspect d'une seconde édition. Cette édition
supposée est intitulée : V Acoustique nouvelle,
ou essai d'application d'une méthode philoso-
phique aux questions élevées, de l'acoustique,
de la musique et de la composition musicale ;
Paris, l'auteur, 1854, 1 vol. in- 18. Comme beau-
coup d'autres qui ont cru avoir découvert le prin-
cipe de la science de la musique, M. Lucas com-
mence par faire le procès aux théories qui ont
précédé la sienne. Voici son début .-
« Après une étude patiente et laborieuse des
« phénomènes qui ont lieu en musique , je me
« suis assuré que l'absence de principes vraiment
« rationnels et l'introduction de trois grandes er-
« reurs, avaient particulièrement entravé les
•< progrès de la science pure. » Le principe in-
voqué par M. Lucas est Vat traction (des sons),
qui donne naissance aux lois spéciales de suc-
cession, consonnance, et comparaison, qui chez
lui signifie la tonalité. Les grandes erreur* con-
sistent : 1° dans les fonctions attribuées aux
dissonances; 2° dans les formules de résolu-
tion de ces dissonances; 3° dans la croyance
à une tonalité absolue. Avant d'aller plus loin ,
constatons que M. Lucas emprunte la loi d'at-
traction et ses conséquences à la doctrine expo-
sée dans tous les ouvrages de l'auteur de cette
biographie. Constatons encore que le rôle actuel
et futur de l'enharmonie, appelée par M. Lucas
Yenh armonisme, est encore un emprunt fait
par lui à la même source ; mais qu'il nV com-
pris ni la nature ni la signification de ces choses
dans leurs résultats. Comme tous les savants qui
ont l'habitude des sciences défaits, et qui essayent
de porter leurs méthodes dans la musique, il ou-
blie que la science d'un art qui n'a de base que
dans le sentiment ne peut être traitée de la même
manière que les sciences physiques et mathéma-
tiques, et, comme tous ses devanciers» il s'égare
dans ses déductions de principes, dont la signifi-
cation n'est pas celle qu'il leur attribue. 11 n'y a
de vrai dans son livre que ce qu'il emprunte :
quant aux applications qu'il en fait, elles ne sont
qu'un tissu d'erreurs, ou bien elles ne sont que
la reproduction de ce qu'on a écrit avant lui. A
la fin de son ouvrage il a reproduit la vieille tra-
duction française du livre de la musique d'Eu-
clide, par Forcadel ( V. ce nom), et le dialogue
de Plutarque sur la musique traduit par Burette
(F. ces noms). L'ouvrage de M. Lucas a rebuté
les lecteurs par son style pédantesque,.et n'a
eu aucun succès.
LUCATELLO (Jean-Baptiste). Voyez
LOCATELLO.
LUCCHESl (André), compositeur, naquit
le 27 mai 1741, à Motta, dans le Frioul Vénitien.
Ses mattres de contrepoint furent le P. Paolucci,
savant musicien dont on a un bon traité de compo-
sition pratique (F. Paolucci) et Saratelli, maître •
de chapelle à Venise. Cocchi, maître napolitain,
lui donna ensuite des leçons pour le style théfttrai.
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LUCCHESI — LUCE
301
En 1771, il se rendit à Bonn avec une troupe
italienne de chanteurs d'opéras ; il y entra au
service de l'électeur, eu qualité de maître de cha-
pelle, avec un traitement de mille florins. Excel-
lent organiste , il se faisait remarquer par un
talent de nature absolument différente de la ma-
nière allemande. Comme compositeur, il cultivait
en homme habile les genres dramatique , reli-
gieux et la musique instrumentale. Il parait avoir
vécu a Bonn jusqu'au commencement du dix-
neuvième siècle. Ses ouvrages pour le théâtre
sont : 1° V Isola délia Fortuna ; Venise, 1765.
— 2° Il Marilo geloso; ibid., 1766. — 3° Le
Donne sempre donne ; ibid. — 4° il Matrimo-
nio perastuzzia ; ibid., 1771. — 5° Il Giocatore
amoroso , intermède à deux personnages. —
G° Cantate pour une fête que la république de
Venise donna en 1767 au duc régnant de Wur-
temberg. — 7° // Natal di Giove. — 8° Uln-
ganno scoperto. Ces deux dernières pièces à
Bonn. — 9° Ademira, à Venise, en 1775. —
10° Quelques autres intermèdes et cantates i
Bonn. Lucchesi a composé pour l'église : 11° Vê-
pres à deux chœurs. — 12° Un oratorio latin.
— 13° Te Deum. Ces trois compositions ont été
écrites pour le conservatoire des Incurables , à
Venise. — 14° Messe de Requiem pour les ob-
sèques du duc de Monte Allegro, ambassadeur
d'Espagne à Venise. — 15° Messe pour la collé-
giale de Saiut-Laurent , dans la même ville. —
16° Messe et vêpres pour la fête de la Conception
de la Vierge, à Vérone. — 17° Plusieurs messes
et motets pour la chapelle de Bonn. On a gravé
de sa composition : — 18° Trois symphonies pour
l'orchestre. — 19° Six sonates pour clavecin et
violon. — 20° Trio pour clavecin, violon et vio-
loncelle. ^21° Deux concertos séparés pour cla-
vecin. II a laissé en manuscrit plusieurs autres
concertos et quatre quatuors pour le même ins-
trument.
LUCCHESI (Jules-Mabie), violoniste et
compositeur, né a Pise, vers le milieu du dix*
huitième siècle, eut pour premier maître de violon
Moriano, puis reçut quelques leçons de Nardini.
H se livra ensuite à l'élude du contrepoint sous
la direction de Cecchi. Après avoir vécu quel-
que temps à Vienne, il entra au service de l'ar-
chevêque deSalzbourg. En 1799 il est retourné
en Italie, où il paraît avoir cessé de vivre peu de
temps après. On a gravé de sa composition :
1° Trois duos pour deux violons, op. 1 ; Vienne,
1794. Us ont ét&réimprimés à Bàle en 1795. —
2° Trois duos idem, op. 2; Augsbourg, 1796. —
3° Six sonates pour piano et violon, op. 3; ibid.,
1796. On connaît aussi en Italie, de la composi-
tion de cet artiste, quelques symphonies à grand
orchestre, et plusieurs morceaux de musique vo-
cale.
LUCCHES1NI (Jacques, comte DE), d'une
famille noble deLucques, entra jeune au service
de l'Autriche, sous le règne de l'empereur Char»
les VI, et fut chef d'escadron au régiment de
cuirassiers de Schri. Il fut tué en 1739, à la ba-
taille de Krotska. Lorsque Mizler forma sa so-
ciété de musique, le comte de Lucchesini en fut
le premier membre. On connaît de lui quelques
concertos et des cantates en manuscrit.
LUCCBINI (Matteo), compositeur véni-
tien, né dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, a écrit en collaboration avec Jérôme Bas-
sani la musique d'un opéra intitulé Amor per
forza, qui fut représenté au théâtre S. Mosè, de
Venise, en 1721.
LUCE (Georges), facteur d'orgues, né à
Jersey, en 1799, exerça d'abord la profession
de menuisier, et s'établit à Lisieux. Il était âgé
de vingt-huit ans lorsqu'il commença à s'occuper
de la facture des orgues. Ses principaux ouvrages
sont : 1° L'orgue de Saint- Denis à Lisieux (8 pieds
avec pédale de 16), construit en 1838. — 2° La
réparation de l'orgue de Saint Germain d'Argen-
ton, dont la montre de 16 pieds et la bombarde
de pédale ont été refaites à neuf par lui en 1839.
— 3° La restauration de l'orgue de Notre-Dame
de Saint-Lô, grand 8 pieds en montre, avec pé-
dale de 16, en 1840. — 4° L'orgue de Cormeille,
8 pieds avec trompette et récit, soufflerie à dou-
ble pompe, réglée par des parallélogrammes, en
1841 . — 5° L'orgue de 8 pieds du couvent de la
Providence, à Lisieux, en 1841. — 6° La recons-
truction à neuf de l'orgue de l'église de Saint-
Pierre à Dreux, en 1843. L'instrument, originai-
rement construit par Clicquot , est remarquable
par la bonté des jeux : M. Luce a refait les som-
miers, le mécanisme et les claviers. — 7° La
restauration de l'orgue de l'église de Saint-Mar-
tin, à l'Aigle, en 1844. 11 en a fait à neuf le som-
mier du grand orgue, le mécanisme, et la souffle-
rie à double pompe. — 8° L'orgue des Lyre
(dép ( de l'Eure), grand 8 pieds à 2 claviers, sans
pédales; en 1845. — 9° Un orgue semblable a
Labarre (Eure), en 1845. — 10° Le grand orgue
de Saint-Jacques, à Lisieux, terminé le 9 juillet
1846, à 3 claviers, 39 jeux, soufflet à lanterne
et deux pompes. Cet instrument a coûté 25,000
francs. — lio La restauration de l'orgue de No-
tre-Dame d'Alençon, dont M. Luce a refait tous
les sommiers, la soufflerie, le mécanisme, le récit
enfermé dans une boite à jalousie, et la montre
de 16, avec des bombardes à la pédale. M. Ha-
roel dit (Nouveau Manuel complet de Vorgve,
t. III, p. 458) que les ouvrages de ce facteur
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LUCE — LUCIO
sont bien disposés, exécutés avec beaucoup de
soin, et que les matériaux en sont d'une qualité
et d'un eboix remarquables.
LUCE-VARLET (C), violoniste et com-
positeur amateur, né à Douai , le 13 décembre
1781, commença dans cette ville ses éludes
musicales. En 1801, il fut admis au Conserva-
toire de Paris, et y Tut élève de Baillot pour le
violon, de Catel pour l'harmonie, et de Gossec
pour le contrepoint. De retour à Douai en 1805,
il s'y maria et s'y fixa. Devenu dès lors le centre
d'activité de la culture de la musique dans cette
ville, il y établit des concerts d'orchestre dont il
fut le chef, et des séances de quatuors, où il
jouait le premier violon avec talent. Il se livra
aussi à la composition, et produisit beaucoup
d'ouvrages de tout genre, parmi lesquels on
compte quatre œuvres de quatuors pour instru-
ments à cordes, un quintette pour les mêmes
instruments, 3 trios pour deux violons et basse ,
Paris, Schonen berger; une ouverture à grand
orchestre en ut ; deux concertos pour le violon
avec orchestre; plusieurs airs variés pour le
môme instrument ; deux trios pour piano , vio-
lon et violoncelle ; des entr'actes pour des dra-
mes représentés au théâtre de Douai ; beaucoup
de cantates, hymnes et chœurs, dont un Hymne
à l'humanité, pour ténor et chœur avec or-
chestre ou piano, gravé à Paris, chez Henri Le-
moine, des stances avec chœur et grand or-
chestre, à l'occasion de la naissance du duc de
Bordeaux, gravées à Paris, chez Frey , et les
opérés intitulés : 1° Caroline de Tytzdenz, en
un acte, représenté à Douai, en 1820; — 2° La
Prévention, en un acte, représenté à Douai .
Valenciennes et Cambrai, en 1822 et 1825; —
3° La Mort de Paul 1<*> en trois actes, en col-
laboration avec Victor Lefèvre (voy. ce nom) et
Bovery ; cet ouvrage fut représenté à Douai, en
1834; — 4° Les Ruines de Mont-Cassin, opéra
sérieux en trois actes, représentée Douai, en 1836 ;
— 5° L'Élève de Presbourg, en un acte, re-
présenté avec succès au théâtre de l'Opéra-Co-
mique, à Paris, le 24 avril J8'i0, et dont la par-
tition a été gravée chez Henri Lemoine. Luce-
Yarlct a été fait chevalier de la Légion d'hon-
neur, en 1845. Il est mort à Douai, en 1856.
LUCELBURG (André), auteur sur qui l'on
ne sait rien, mais à qui Draudius (Bibl. class.,
p. 1641) et Lipenius (Bibl. philos., p. 976)
attribuent un pelit traité de musique intitulé
Musica practicx libri duo ; Cobourg et Jena,
1604, in-8°.
LUCIEN, écrivain grec, naquit à Samosate
en Syrie, et vécut entre les années 120 à 200 de
l'ère chrétienne. Après avoir fait ses études lit-
téraires dans les écoles publiques, il embrassa
la profession d'avocat, et plaida près des tribu-
naux d'Anliochc, puis parcourut l'Asie, la Grèce
et la Gaule, prononçant des discours sur les
questions qui lui étaient proposées, et recueil-
lant un produit considérable de son talent d'o-
rateur. Fixé plus tard à Athènes, il s'y livra à
des travaux plus sérieux et y composa ses ou-
vrages les plus importants. Un emploi lucratif
qu'il obtint de l'empereur Commode le fna en
Egypte, où il vécut jusqu'à un âge avancé. L'é-
dition complète des œuvres de Lucien donnée
par Hemsterhuys et Reitz (Amsterdam, 1743-46,
4 vol. in-4°) a longtemps passé pour la meil-
leure ; elle a été réimprimée avec quelques va-
riantes à Deux-Ponts (1789-93, 10 vol. in-8°);
mais celle qui a été publiée à Leipskk, 1821-31,
11 vol. in-8° f est préférable. Un des ouvrages de
Lucien, intitulé : Les Hannonidcs, traite spé-
cialement de la musique. Il y a aussi plusieurs
fragments sur cet art dans ses Dialogues des dieux
et dans sa Dissertation sur la danse.
LUC1NI (François) ou LUC1NO, né à Mi-
lan, dans la seconde moitié du seizième siècle,
fut un des plus anciens chanteurs célèbres de
l'Italie. Attaché à l'église cathédrale de Milan,
depuis Tan 1600 jusque vers 1630, il en fut la
meilleure basse chantante. On a sous son nom ;
Concerli di diversi aulori a due, tre e qualtro
voci in questa terza impressions correttiet
aggiuntovi altri concerli a dueequattro voci,
conuna Missa a quattroc due Magnificat ; Mi-
lano, raccolli daFilippo Lomazzo, t616,in-4°. —
Concerti di diversi autori a due, tre e quat-
tro roci, seconda aggiunta con Litanie délia
Beat a Virgine, e MCanioni; ibid., 1617, in-4°.
Une partie des compositions contenues dans ce
recueil est de Lucini. La première édition de
cette collection, con partitura, a été publiée à
Milan, en 1608.
LUCIO (François) ou LUZZO, compositeur
vénitien, vécut vers le milieu du dix-septième
siècle. Il a écrit la musique des opéras dont voki
les titres : 1° Amori di Alessandro Magno e
di Rossanc , représenté en 1652 , au théâtre
des SS. Apostoli, de Venise. Le succès de cet
ouvrage fut grand, car il fut joué aussi à Gènes,
en 1652, à Naples, en 1654, à Modène, dans la
même année, et il fut repris à Venise, au
théâtre San-Mosè, en 1667. — 2° Il Pericle
effeminato, au théâtre des SS. m Apostoli de Ve-
nise, en 1653. — 3° Euridamante, au théâtre
San-Mosè, en 1654. — 4° Medoro, au théâtre
de .S.S. Jean et Paul, à Venise, en 1658. On
connaît aussi de ce musicien des Motetti con-
certait a duc e tre voci co'l basso per orgcmo f
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LUCIO — LUDWIG
363
iibro primo ; in Venezia, appresso Alessandro
Vincenti, 1649, in-4°.
LUCOT ( Alexandre ), littérateur français de
l'époque actuelle, a publié : Art lyrique, poème
■avec notes et variantes, suivi d'une table des
rompositeurs* anciens et modernes; Paris, Fan-
tin, 1821, in- 18. C'est cet auteur qui est cité
sous le nom de Lucet (Alexis), dans la Ga-
zette musicale deLeipsick (t. 32, p. 698).
LUDECIUS (Matthieu), chantre de l'an-
cienne église catholique de Witlenberg, vers la
fin du sejzième siècle, a donné des soins à la
-dernière édition des livres du citant romain pu-
foliée dans l'Allemagne protestante. Ces livres,
<|ui sont devenus fort rares , sont intitulés :
l° Missale, id est cantica et preces atque lec-
tiones sacrx qux ad missx officium, ex
orimo xvo ecclesix pio insliiuto , in templis
christ ianorum cantari soient , in duas partes
<i't3iributx : prior est detempore, posterior
de Sanctis. Vitebergœ, 1589, in-fol. max. —
ï° Vespérale et Matutinale, hoc est cantica,
hymni et collecta, sive precationes ecclesias-
ficx qux in primis et secundis Vesperis,
itemque Matutinis precibus, per totius anni
rirculum, in eccles'iis et religiosis piorum
rongressibus , cantari usitatx soient, notis
rite adplicatx, et in duas parles ordine di-
{jeslit; ihid., 1589, in-fol. max.
LUDEKE ( Christophe-Guillaume ), doc-
teur en théologie, premier pasteur et assesseur
•du consistoire dans la paroisse allemande de
.Stockholm , naquit à Sçhœnberg, dans la Vieille
Marche, le 3 mars 1737. En 1768 il était pas-
teur de l'église Sainte-Catherine à Magdebourg ;
il quitta ce poste en 1775, pour aller prendre
possession de ses emplois à Stockholm. Il est
mort dans cette ville, le 21 juin 1805. Au nom-
bre de ses écrits, on en trouve on qui a pour
titre : Rede und Predigt bel Einweihung einer
neuen Orgel in Gegenwaii des Kcenigs von
Schxvedcn (Discours et sermon à l'occasion d'un
nouvel orgue, prononcés en présence du roi de
Suède); Stockholm et Leipsick, 1781 , in- 8°.
•Dans son livre intitulé : Allgemein Schwedisches
-Gelehrtsamheitsarchiv, unter Gustav ///(Ar-
chives universelles de l'érudition suédoise, sous
le règne de Gustave III), Leipsick, Brockhaus,
4781-96, 7 parties in-8°, il traite de la littéra-
ture de la musique.
LUDEIV (Hekri), professeur d'histoire à
Jéna, né le 10 avril 1780, à Lockstadt, près de
Brème, est auteur d'un livre intitulé : Grundzûgc
aslhetischer Vorlesungen (Introduction aux
principes fondamentaux de l'Esthétique), Gœt-
tingue, 1808. U y traite du beau dans la musique.
LUDEN1US (LAUREirr), docteur et profes-
seur de droit, d'éloquence et de poésie, biblio-
thécaire à Dorpat, en Livonie, naquit à Ecklen-
furt, dans le Holstein, vers la lin du seizième
siècle, et mourut à Dorpat, le 21 avril 1654, à
Page de soixante-deux ans. Avant de se fixer
dans cette ville, il avait enseigné pendant dix-
sept ans, à Greifswalde, la poésie, l'histoire,
puis les mathématiques et la philosophie. On lui
attribue un écrit intitulé : Oratio de mvsica.
LUDER8 (Jean-Henri), célèbre organiste à
Flensbourg, naquit le 24 février 1677, à Relling,
bourg du comté de Pinneberg. Depuis trois gé-
nérations, sa famille avait fourni de bons orga-
nistes an pays. A douze ans, il entra à l'école
latine de Glûckstadt, où l'habile organiste Fran-
çois-Henri Millier lui enseigna pendant cinq
ans le chant et le clavecin. Plus tard, il prit à
Itzehoe des leçons de composition chez Jean
Conrad Resenbosch ; il contiuua cette étude jus-
qu'à l'âge de vingt ans ; puis il voyagea pour
entendre les meilleurs artistes et former son
goût. C'est ainsi qu'il demeura quatre ans a
Hambourg pour étudier la manière de Lubeck,
organiste de Saint-Nicolas. En 1706 il fut ap-
pelé à Flensbourg en qualité d'organiste, et il
occupait encore cette place en 1740. Après ces
renseignements fournis par Mattheson, dans son
Grundlage einer Ekrenpforte, etc., on ne trouve
plus rien sur cet artiste. Cet écrivain nous four-
nit l'indication des ouvrages suivants de Liiders»
qui sont restés en manuscrit : 1° Une année en-
tière de musique d'église pour les dimanches et
fêtes, à trois voix, 2 violons, violé et orgue. —
2° Oratorio de la Passion, à cinq voix et neuf
instruments. — 3° Douze suites de pièces pour
le clavecin.
LUDOVIC! (Thomas), musicien italien,' vi-
vait à Rome vers la fin du feizième siècle. Il a
fait imprimer de sa composition : Hymni to-
tius anni 4 vocum ; una cum IV psalmis prx-
cipuis festivitatibus m S vocum; Rome, 1591,
in-fol. max.
LtlDOVICl (Jacques-Frédéric), vice-chan-
celier et premier professeur de droit à l'univer-
sité de Giessen, naquit a Vacholshagen, dans la
Poméranie, et mourut le 14 décembre 1723, a
l'âge de cinquante-deux ans. Au nombre de ses
écrits, on trouve une dissertation concernant les
cloches, intitulée : De eo quodjustum est circa
campanas. Il en a été fait une édition en 1739,
et une autre en 1780.
LUDWIG (M. Godefroid), né à BayreutU,
le 26 octobre 1670, fut recteur du gymnase de
Schleusingen, dans le comté de Henneberg, et y.
mourut, le 21 avril 1724. Il est auteur d'un livre
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364
LUDWIG — LUESTJSER
qui a peur titre : Schediasma sacrum de hym-
nes et hymnop&is Hennebergicis ; Hennebcrg,
1703, in-8°.
LUDWIG (Chbétien-Gottlob), docteur en
médecine à Leîpsick, connu par un grand nom-
bre d'ouvrages relatifs à cette science, mourut le
7 mai 1773. Il a publié, dans la Collection de
pièces pour servir à l'histoire critique de la
langue allemande ( n° 8, pag. 648-661), un petit
écrit intitulé : Versuch eines Beweises, dass
ein Singspiel oder eine Oper nickt gut sein
kœnne ( Essai d'une démonstration qu'un vau-
deville ou un opéra ne peut être bon). Ce
morceau a été publié aussi dans la bibliothèque
musicale de Mizler (t. II , p. 1-27), avec des
notes de ce critique.
LUDWIG (Jean -Adam -Jacques), né le
1er octobre 1730, à Sparneck, dans le margra-
viat de Bayreuth, fut membre de la Société des
Abeilles de la haute Lusace, et de la Société éco-
nomique du Palatinat. Il remplit à flof les fonc-
tions de secrétaire de la poste, et mourut dans
cette ville, en 1782. On lui doit divers écrits re-
latifs à la facture des orgues ; ils ont pour titres :
1° Versuch von den eïgcnschaftencinesrechts-
chaffenen Orgelbauers (Essai sur les qualités
nécessaires à un bon 'constructeur d'orgues);
Hoff, J.-A. Hetschel, 1759, in-4° de 15 pages.
— 3° Schreiben an Herrn J. S. Hoffmann,
Oberorganisten in Breslau ( lettre à M. J. S.
Hoffmann , premier organiste à Breslau ) ; ibid.,
1759, in-4°. —'3° Vertheidigung des H. Sorge
wider H. Marpurg (Défense de M. Sorge con-
tre M. Marpurg); ibid., 1760, in-4° 4° Ge-
danken Uber die grossen Orgeln, die aber
deswegen kcine Wunderwerke sind (Idées sur
les grandes orgues, qui néanmoins ne sont pas des
merveilles) ; Leîpsick, Breitkopf, 1762,in-4°de
15 pages. — 50 Von den unverschœmten En-
tehrern der Orgeln (Des impertinents détrac-
teurs des orgues) ; Erlang, 1764, in-4© de 22 pages.
LUEBECK (Vincent), organiste distingué,
naquit à Podingsbuttel, près de Brème, en 1654.
Il était encore enfant quand son père fut appelé
à Flensbourg en qualité d'organiste. Ce fut sous
sa direction que Vincent Lnebeck lit ses études
musicales. En 1674, il obtint la place d'organiste
à l'église SS.-Cosme et Damien de Stade. Après
un séjour de vingt-huit ans dans cette petite
ville, il fut appelée Hambourg pour y remplir
les fonctions d'organiste de l'église Saint-Nicolas.
Le reste de sa vie s'écoula paisiblement dans
celte situation modeste, où il faisait admirer sa
grande habileté. H mourut le 9 février 1740,
dans la quatre-vingt-sixième année de son âge.
La bibliothèque royale de Berlin possède en
manuscrit, de cet artiste, un recueil de bons
j préludes pour des chorals.
j LUEBEKE (Adolphe), directeur de musique
et artiste de la chambre ducale à Cobourg, fut
! d'abord chef d'orchestre du théâtre de Gotha.
: Il mourut au mois de mars 183&, dans tin âge
1 peu avancé, estimé pour son talent* Il n'est fait
connaître comme compositeur dramatique en
1832, par l'opéra intitulé Der Glockengiesser( Le
Fondeur de cloches), représenté à Gotha avec suc-
cès. L'ouverture de cet ouvrage, arrangée pour
le piano par E. Lampert, a été publiée à Gotha.
On connaît aussi de Luebeke : 1° Trois qua-
tuors concei-tants pour deux violons, alto
et violoncelle, op. 1 ; Brunswick, A. Mayer.
— 2° Quatre chants pour quatre voix d'hommes ;
Gotha, Lampert.
LUEHRSS (Charles), compositeur et pro-
fesseur de piano à Berlin, est né à Sclrwerin,
dans le Mecklembourg , le 7 avril 1824. 11 com-
mença Tétiidc de la musique sous la direction de
son père, musicien de la cour et organiste du
château ; et dès l'âge de dix ans il se fit re-
marquer par son habileté sur le piano. Lors-
qu'il eut atteint sa seizième année , il fut en-
voyé à Berlin, où il fut admis comme élève
dans l'Académie royale de chant. Pendant qu'il
suivait les cours de cette institution , il eut la
bonne fortune d'être remarqué par Mendelssoho,
qui lui donna des leçons de piano et de compo-
sition. Ce maître célèbre s'étant rendu à Lon-
dres pour l'exécution de son Elias, il y fit
connaître et y publia les premiers essais de com-
position de Luehrss pour le piano. Dans l'hiver
de 1845 à 1846, Luehrss accompagna M"'
de ScheremeteflT à Rome, comme professeur de
musique de la famille de celte dame. De retour
en Allemagne, il s'établit d'abord à Schwerin, et
s'y livra à l'enseignement et à la composition ;
postérieurement ( 1853) , il s'est fixé à Berlin et
s'y est marié. Cet artiste s'est distingué comme
compositeur de Licder à voix seule avec accom-
pagnement de piano, Dp. 5, 6, 9, 10, 11, 12, 19;
Berlin, Gottentag , Schlesinger ; Bonn , Simrock.
Parmi ses ouvrages pour le piano , on remarque
un trio pour cet instrument, violon et violon-
celle, op. 16, Berlin, Schlesinger; des sonates
pour piano seul et pour piano et violon, un qua-
tuor pour piano, violon, alto et violoncelle, des
pièces de salon pour piano seul. Deux sympho-
nies à grand orchestre (en mi majeur et rè mi*
neiir) , de sa composition , ont été exécutées à
Leîpsick et à Berlin. M. Luehrss a fait entendre
aussi à Schwerin le 108 me psaume pour voix
seules, chœur et orchestre.
LUESTNER (Ignace-Pierre), violoniste,
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LUESTNER — LULLE
365
né le 22 décembre 1792, à Poischwiss , près de
Jauer (Silésie), reçut sa première éducation mu-
sicale de son père, instituteur à l'école catho-
lique de ce lieu. Dès l'Age de douze ans il était
parvenu à une assez grande habileté sur la cla-
rinette, pour pouvoir jouer des concertos de cet
instrument. Mais bientôt il l'abandonna pour se
livrer à l'étude du violon : en 1814, il se rendit
à Breslau, dans le dessein de perfectionner son
talent sur cet instrument, mais n'y trouvant pas
le maître habile qu'il cherchait, il alla passer une
année à Paris, s'y lia avec les artistes les plus
renommés, étudia leurs principes de mécanisme
d'archet, et, riche d'observations , il retourna à
Breslau, s'y établit comme professeur de son ins-
trument, et y demeura deux ans. A la fin de 1817,
il accepta les propositions du comte Henkel de
Donnersmark pour jouer le premier violon du
quatuor que ce seigneur avait réuni dans son
château. Il quitta cette position en 1819, pour
.entrer au service du prince Karoloth-Schœnaich,
i eu qualité de premier violon de sa musique. Il y
demeura cinq ans, après quoi la musique du prince
ayant été congédiée, Luestner retourna à Breslau,
entra à l'orchestre du théâtre comme premier vio-
lon solo, et établit avec ses frères Charles, Otto et
Louis des séances de quatuors qui eurent de
grands succès. Il fit dans les années suivantes
quelques voyages en Allemagne. En 1844 il fonda
à Breslau une école de violon, d'où sont sortis
quelques bons élèves. Il eut le malheur, en 1 854,
de se faire une blessure grave à la main, qui le
mit pour toujours dans l'impossibilité de jouer
du violon. Luestner est le violoniste le plus dis-
tingué qu'ait produit la Silésie.
LUFT (Henri), hautboïste allemand, s'est fixé
à Saint-Pétersbourg, vers 1830, et y a toujours
résidé depuis lors. CeLartiste s'est fait remarquer
par la beauté du son qu'il tirait de l'instrument
et par la précision de son exécution. 11 a publié
de sa composition : 1° Vingt-quatre études pour
le hautbois, op. 1 ; Lejpsick, Peters. — 2° Varia-
tions (6cène suisse), en ut, pour hautbois et
orchestre ; Leipsick , Kistner. — 3o 1 er Concer-
tino brillant pour hautbois, orchestre, ou qua-
tuor, ou piano, op. 5 ; ibid.
LUGE ( François), directeur de musique et
régent du chœur à l'église catholique d'Oppeln,
naquit dans cette ville, en 1776, et y mourut,
le 12 avril 1828. Il s'était fait remarquer, pen-
dant sa carrière trop tôt terminée, par ses qua-
lités comme professeur de chant au gymnase,
et par son activité dans la direction de la mu-
sique. On ne cite aucun ouvrage de sa composi-
tion.
LUGE (Charles), frère du précédent, né à
Oppeln, est directeur de musique au théâtre de
Breslau. Vers 1805, il s'est fixé dans cette ville,
et après avoir été pendant quelque temps répéti-
teur et second chef d'orchestre au théâtre, il en
est devenu le directeur. Comme violoniste , cet "
artiste appartient à l'école de Rode; on vante la
qualité de son qu'il tire de l'instrument et l'ex-
pression de son jeu. Son meilleur élève est
M. Panofka. On connaît de sa composition des
variations pour violon, sur un thème de Himmei ;
Breslau, Fœrster. Il a arrangé pour le piano, en
1814, la partition de l'opéra de Weigl : Le Vil-
lage dans les montagnes , et l'a publiée chez
le même éditeur.
LUIGI (Alessandro). Je dois corriger ici
une faute qui a été faite dans le premier vo-
lume de cette nouvelle édition de la Biographie
universelle des musiciens, en conservant l'ar-
ticle Alessandro (Louis). de la première édition ;
car, ainsi que le remarque M. Casamorata, dans
la Gazzetta musicale di Milano ( 1847, n° 47 ,
p. 372), le nom de l'artiste dont il s'agit est
Luigi, et le prénom Alessandro. Mais cette
faute n'est pas la mienne : elle appartient à Ger-
vasoni (Nuova Teoria di Musica, p. 80) , qui
fut compatriote et contemporain de Luigi, et qui
a changé son nom de famille en celui d' Ales-
sandro. C'est lui qui a été mon guide dans tout
ce que j'ai dit de cet artiste. Quoi qu'il en soit,
Luigi, né à Sienne, succéda, au mois de juin 1786,
à Borsini dans la place de maître de chapelle de
la cathédrale de cette ville, et mourut, non le
29 janvier 1794 , comme le dit Gervasoni , et
comme je l'ai répété d'après lui, mais le 28 juin
de la même année, suivant le catalogue des maî-
tres de chapelle de la cathédrale de Sienne. A l'é-
gard de la réputation dont la musique d'église de
Luigi aurait joui de son vivant, Gervasoni est
contredit par M. Casamorata, qui fait de ce maî-
tre un musicien obscur.
LU1Z (François), religieux portugais, com-
positeur et maître de chapelle de Lisbonne, naquit
en cette ville, vers le milieu du dix-septième siè-
cle, et mourut le 27 septembre 1693. H a laissé
en manuscrit : 1° Un service complet à quatre
voix pour les dimanches de la Passion, des Ra-
meaux et pour la semaine sainte. — 2° Psaumes
et vilhancicosà plusieurs voix.
LULLE (Raymond), écrivain du treizième
siècle, longtemps célèbre par sa méthode philo-
sophique, appelée Ars lulliana, naquit vers 1235,
à Palma, dans l'Ile de Maïorque. Élevé à la cour
de Jacques 1er, roi d'Aragon, il eut une jeunesse
dissipée; mais ensuite un. retour sur lui-même
le ramena vers des sentiments religieux, et le
jeta dans des études sérieuses, qui le conduisirent
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806
LULLE — LULLY
à la découverte d'une méthode philosophique
pour la recherche de la vérité en toutes choses.
C'est cette méthode, dont il a fait ensuite de nom-
breuses applications , qu'il a appelée Art géné-
ral, et qui a ensuite porté son nom. Il l'expli-
qua lui-même à Maïorque dans un collège fondé
pour cet objet par le roi d'Aragon Jacques II,
puis en divers autres lieux. Après des voyages
multipliés en diverses parties de l'Europe et dans
l'Orient, Lulle mourut, en 1314. Dans trois cha-
pitres de son Arbor scientiœ, qui forme la qua-
trième partie de VArs generalls sive magna,
il traite de la musique suivant les principes de sa
méthode. La première édition de cette partie
a été publiée à Barcelone, en 1482, in-fol. Il en a
paru d'autres à Venise, 1514, et à Lyon, 1515,
1635. Des traductions espagnoles en on tété faites,
l'une par M. de Guevara; Madrid, 1584, tn-8°,
l'autre par Alphonse de Zepeda; Bruxelles, 1663,
in-fol. Perroquet en a aussi donné une traduc-
tion française, d'après l'édition de Proazza. Toutes
les parties de VArs magna ont été réunies dans
une collection complète des œuvres de Lulle, sous
ce titre : Lulli opéra omnia; Mayence, 1721 ,
10 vol. in-fol. La plupart des biographes, trompés
par les mots Ars magna, ont cru que les livres
de Lulle traitaient du grand œuvre, et les ont
rangés parmi ceux delà philosophie hermétique :
c'est une erreur d'autant moins excusable, qu'on
sait que Lulle consacra toute sa vie à la défense
et au triomphe de la foi catholique.
LULLE ( Antoine) , grammairien du seizième
siècle, né dans l'Ile de Maiorque, de la même
famille que le précédent, fut appelé à Dole, en
1535, pour y enseigner la théologie. Il mourut
à Besançon, le 12 janvier 1582, dans un Age
avancé. On a de cet écrivain un traité De ora-
tione, libri VU; Bâle, 1558, in-fol. Il y traite
dans le cinquième livre de l'application de la
musique à l'art oratoire. Il dit aussi à la fin de
ce livre qu'il a écrit un traité générai de la mu-
sique : cet ouvrage n'a point été imprimé, et l'on
n'en connaît point aujourd'hui de copie manus-
crite.
LULLY ou LULLI (Jean-B\ptiste DE),
fondateur de l'Opéra français, naquit à Florence,
en 1633, suivant l'opinion la plus répandue, ou
près de cette ville, d'après une autre version.
Un homme qui a soutenu contre lui un procès
scandaleux, Guichard, dans un mémoire publié
à Paris, en 1675 , avance que ce musicien célè-
bre était fils d'un meunier des environs de Flo-
rence. Voici comment il s'exprime (p. 16 de
ce mémoire ) : « Chacun sait de quelle trempe
« et de quelle farine est Jean-Baptiste. Le mou-
« Un des environs de Florence, dont son père
« était meunier, et le bluteau de ce moulin, qur
« a été son premier berceau marquent encore
« aujourd'hui la bassesse de son origine. Un vent
« meilleur que celui de son moulin le poussa en
« France à l'âge de treize ans. » Le témoignage
d'un homme que Lully avait profondément
blessé n'est guère recevante quand il parle de son
adversaire (1) ; il parait plus juste de consulter
des tilres sinon décisifs, au moins probables.
Ces tilres semblent établir d'une manière cer-
taine que Lully était gentilhomme, ce qui im-
porte peu pour sa gloire, mais ce qui intéresse
la vérité. D'abord , les lettres de naturalisation
qui lui furent accordées par Louis XIV au mois-
de décembre 1661 , et qui furent enregistrées en
la chambre des comptes le 30 juin 1662, lui
donnent le titre ù'écuyer, et le déclarent fils de
Laurent de Lully, gentilhomme florentin, et de-
Catherine del Sert a. A ces lettres était joint
son acte de naissance en italien, légalisé en la-
tin. En second lieu, son contrat de mariage, qui*
fut passé le 14 juillet 1662, et signé par le roi,
la reine, la reine mère, etc., le 23 du même
mois, lui donne les mêmes qualités. Enfin, on
lit ce qui suit dans la Gazette de France du 21
mai 1661 , page 476, à l'article Fontaine-
bleau : « Le roi, voulant conserver sa musique
« dans la réputation qu'elle a d'être des plus
« excellentes, par le choix de personnes ca-
« pables d'en remplir lesdites charges, a gra-
« tifié le sieur Baptiste Lully, gentilhomme
« florentin, de celle de surintendant et compo-
« siteur de la musique de sa chambre, et Je sieur
« Lambert de celle de maître de ladite musique,
« vacante par le décès du sieur Cambefort. »
A l'égard de l'orthographe du nom de Lully, on a
remarqué qu'étant Italien il ne pouvait être ter-
miné par un y; mais il est certain que c'est par
cette lettre que son nom finit dans tous les actes
authentiques qui se rapportent a lui, et que lui-
même signait ainsi.
Un vieux cordelier lui enseigna à lire et a
écrire, lui donna quelques leçons de musique,
et lui apprit à jouer de la guitare. Lully en était
à ce point de ses études musicales lorsque le
chevalier de Guise, qui voyageaiten Italie, passa
par le lieu où il demeurait. La vivacité de l'enfant
lui plut, et comme ce courtisan, en prenant
congé de mademoiselle de Montpensier, lui avait
promis de lui amener un petit Italien, il pro-
(0 Lully avait exclu Guichard de l'entreprise derOpéra;
celui-ci lui Intenta un procès, et publia contre lui an fac-
tura injurieux. Lully se vengea des attaques de son ad-
versaire en l'accusant d'avoir voulu l'empoisonner, ce qui
donna lieu à une instruction au criminel. (foires Giri-
CBARD.)
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LULLÏ
367
posa à Lnlly de le suivre en France; ce qui fut
accepté avec empressement, la gentil homraerie
du père de notre musicien ne le mettant vraisem-
blablement pas dans une situation fort aisée.
Lully avait alors douze ou treize ans. Il parait
que le chevalier de Guise ne se mit pas fort en
peine de réaliser les promesses qu'il lui avait
faites , car le fondateur futur de l'Opéra n'entra
chez mademoiselle de Montpensier qu'en qualité
de marmiton; rude apprentissage pour le fils
d'un gentilhomme. Dans les intervalles de ses
occupations, il s'amusait avec un mauvais vio-
lon. Le comte de Nogent, qui l'entendit par
hasard , fat étonné de ses dispositions, et rendit
compte à Mademoiselle du talent précoce de son
apprenti cuisinier, ajoutant qu'il méritait un
maître habile pour hâter ses progrès. Lully ne
tarda point à mériter d'être mis au nombre des
musiciens de cette princesse, et bientôt il de-
vint célèbre autant par son violon que par les
airs qu'il composait. Malheureusement il lui ar-
riva d'en écrire un sur des paroles satiriques
contre Mademoiselle : cette princesse lui fit
dire de se retirer. C'est par cette marque d'in-
gratitude que les vices de son cœur, égaux à ses
talents, commencèrent à se faire connaître.
Lully était trop jeune quand il vint en France
pour avoir pu faire des études concernant l'art
d'écrire la musique, en sorte qu'on était dans
l'ignorance sur les lieux et le temps où il avait
appris cet art, lorsque l'auteur de. cette notice a
découvert à ce sujet des renseignements authen-
tiques dans un mémoire publié par les orga-
nistes de Paris, à l'occasion de leur procès contre
le roi des ménétriers. On y voit que Lully a fini
par abandonner le violon pour se livrer à l'é-
tude du clavecin et de la composition, sous
la discipline des sieurs Met ru, Roberdet et Gi-
gault, organistes de Saint-Nicolas-des- Champs,
Tout autre que Lully se serait trouvé dans un fâ-
cheux embarras après son expulsion de la mu-
sique de Mademoiselle ; mais son parti fut bien-
tôt pris. Ses talents lui avaient donné de la ré-
putation ; il en profita pour se faire recevoir
dans la grande bande des violons du roi, et
composa des airs de violon qui le firent connaître
de Louis XIV. Ce monarque voulut l'entendre,
et en fut si satisfait, qu'il lui donna en 1652 (à
rage de dix-neuf ans ), l'inspection générale de ses
violons, et qu'il créa pour lui une nouvelle bande
qu'on appela petits violons, pour les distinguer
des vingt-quatre violons de la chambre, connus
sous le nom de la grande bande. Ces nouveaux
violons, dirigés par Lully, devinrent bientôt les
meilleurs de France, ce qui n'était pas beaucoup
dire à une époque où il n'existait pas en ce pays
un seul musicien en état de jouer sa partie, s'il
ne l'avait apprise par cœur. C'est pour cette
même bande qu'il écrivit des symphonies, espèces
d'ouvertures entremêlées d'airs de danse de ce
temps , tels que sarabandes, courantes et gigues.
11 existe plusieurs copies manuscrites de ces
symphonies; mais il ne parait pas qu'elles aient
été gravées. L'habileté de Lully sur le violon
surpassa celle de tous les autres violonistes de
France. Personne, dit de Fresneuse, son con-
temporain ( Comparaison de la musique ita-
lienne et françoise, 2 me partie, p. 187) n'a
tiré du violon les sons qu'en tiroit Lully.
Avant l'établissement de l'Opéra, le roi donnait
tous les ans de grands spectacles, qui por-
taient les titres de ballets ou mascarades; ils
étaient composés d'un grand nombre d'entrées
de danses, mêlées de récits, qui souvent n'a-
vaient aucune liaison entre eux. Lully composa
d'abord quelques airs pour ces ballets, où le roi
dansait; puis il fit la musique entière des pièces
de ce genre. Parmi ces divertissements, on re-
marque celui à'Alcidione, dont Benserade fit les
vers, et qui fut donné en 1658. Le ballet des
Arts, joué à la cour, en 1663, celui de V Amour
r déguisé, qui parut l'année suivante au Palais-
Royal, et plusieurs autres divertissements furent
mis en musique par Lully. En 1664 il se lia d'a-
mitié avec Molière, et composa pour lui la mu-
sique de La Princesse d'Élide, comédie-ballet en
cinq actes, qui fut jouée pendant les Têtes que
Louis XIV donna à Versailles. Cette pièce fut suivi
de V Amour médecin, autre comédie de Mo-
lière, avec un divertissement dont Lully fit aussi
les morceaux. Dès ce moment tout ce qu'il y
eut de musique au théâtre de Molière fut écrit
et dirigé par lui. Longtemps il avait joué et
dansé dans les ballets de la cour, sous le nom
de Baptiste : c'est ainsi qu'il est désigné dans la
liste des danseurs de ces pièces, depuis 1653
jusqu'en 1660. Alors il reprit le nom de sa fa-
r mille, et vécut avec plus de dignité. Cependant
les avantages que Molière lui offrit pour jouer
dans ses pièces quelques rôles comiques , où il
se faisait remarquer par une verve peu com-
mune , le décidèrent à reparaître sur la scène.
C'est ainsi qu'il joua avec beaucoup de succès
le rôle de Pourceaugnac, en 1669, et celui
du Mufti, dans le Bourgeois gentilhomme,
l'année suivante. On rapporte à ce sujet qu'ayant
indisposé le roi contre lui par une aventure scan-
daleuse (1), il ne consentit à jouer le rôle de
(l) De Fresneuse dit, dans sa Comparaison èe la mu-
sique italienne et de la musique françoise ( %• parti ,
p. 18 ), que Lully, étant déjà surin tendant de la musique
du roi, courut risque d'être cuasstf une ou deux (dis.
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368
LULLY
Pourceaugnac que dans l'espoir de regagner les
bonnes grâces de Louis XIV par ses bouffon-
neries : ce stratagème lui réussit; car dans sa
fuite devant les apothicaires, u sauta dans l'or-
chestre et brisa un clavecin. Le roi rit beau-
coup de cette farce, et pardonna à celui qui Pa-
vait imaginée.
La faveur dont Lully jouissait a la cour n'eut
bientôt plus de bornes. Louis XIV ne voulait
plus entendre d'autre musique que la sienne. Le
rusé Florentin en écrivit une énorme quantité
pour la chambre, l'église et le théâtre. Le bril-
lant succès qu'elle obtenait était pour lui une
source inépuisable de grâces et de faveurs ; dans
l'espace de vingt ans, outre les gratifications
sans nombre qu'il reçut, il obtint du roi neuf
brevets (l), et des lettres patentes du mois de
mars 1672 qui lui accordaient la permission d'é-
tablir à ParU une académie royale de musique
(l'Opéra). Lully éprouva de l'opposition à l'en-
registrement de ces lettres, de la part de Jean
de Grenouillet et de Henri Guichard, qui
se prétendaient cessionnaires du privilège ac-
cordé à Perriu pour ce spectacle, par lettres
patentes du 28 juin 1669. Ce fut à ce sujet qu'eut
lieu le procès dont il a été parlé précédem-
ment ; mais telle était l'adresse de Lully dans ses
manœuvres, qu'il obtint une lettre de la main
du roi au lieutenant de police pour faire fermer
le théâtre de Guichard, et qu'un arrêt de la cour,
en date du 27 juin 1672, ordonna que, sans s'ar-
rêter aux oppositions, les lettres patentes du
mois de mars seraient enregistrées (2).
C'est de cette époque que date la gloire de
(l) Voici la liste de ces laveurs constatées par des actes
authentiques :
Le 16 mars 165S, brevet par lequel le roi lui confère la
charge de compositeur de la musique instrumentale, va-
cante par le décès de Latarln.
Le 16 mai 1661, deux brevets portant que le roi lui a fait
don des charges de compositeur et de surintendant de la
chambre, vacantes par la mort de Cambefort.
Au mois de décembre de la même année, lettres de
naturalisation, avec exemption des droits.
Le 3 juillet 1661 : i* Brevet par lequel le roi lui accorde
la charge de maître de musique de la famille royale, que
Michel Lambert tenait en survivance. s° Brevet qui fixe
à 10,000 livres la somme qui devra être payée aui héri-
tiers de Lambert et de Lully pour la charge de maître de
musique, si ceux-ci viennent a décéder. 9» Brevet qui Cxe
à i0,000 francs l'indemnité qui devra être payée S la veuve
et aux héritiers Lully, pour être pourvu après lui des
charges de compositeur et de surintendant de la musique
de la chambre du roi.
l-c « avril 1668, brevet par lequel le roi accorde la sur-
vivance des trois charges de Lully a calul de ses enfants
qu'il voudra choisir, et fixe la valeur de ces charges à
30,000 livres.
») Voy. Titres concernant V Académie royale de mu>
tique; Paris, Christophe Ballard, n*0, ln-V> de 171 pages.
Lully. Non-seulement on le vit donner tous ses
soins à l'administration du nouveau théâtre qu'il
venait de fonder ; former des acleurs, des dan-
seurs et des musiciens d'orchestre , qui n'exis-
taient point auparavant ; être à la fois directeur,
régisseur, maître de ballets, maître de musique,
et machiniste de son spectacle : il trouva aussi
le temps de composer tous les ouvrages qu'on y
représentait, et son génie eut, an milieu de tous
ces travaux, la force nécessaire pour produire
dix-neuf opéras dont le succès a duré près d'un
siècle, et qui même aujourd'hui méritent encore
à de certains égards l'estime des connaisseurs.
Cependant il était dans sa quarantième année
lorsqu'il écrivit le premier de ces ouvrages. H
est vrai qu'il fut puissamment aidé par les cir-
constances, les encouragements de la cour, et le
génie de Quinault, dont il avait su deviner le ta-
lent et qu'il s'attacha par un traité qui obligeait
le poète à lui fournir annuellement un opéra pour
le prix de 4,000 liv. Quinault faisait le plan de
plusieurs opéras et les portait au roi , qui en
choisissait un. Lorsque ce choix était fait, Lully
prenait connaissance du sujet et du plan, et fai-
sait la musique des divertissements , des danses
et l'ouverture, pendant que le poêle versifiait sa
pièce. Lorsque Quinault avait terminé son tra-
vail, il le lisait à l'Académie, et faisait les correc-
tions qui lui étaient indiquées ; mais Lully ne te-
nait aucun -compte de l'avis de l'Académie. Il
corrigeait, faisait les suppressions et les change-
ments qu'il Jugeait nécessaires pour sa musique.
Il fallait que Quinault fit ce qu'il voulait et re-
tournât versifier de nouveau. Si Lully était satis-
fait du poème, il faisait le chant et la basse des
scènes dans l'ordre où elles se trouvaient dans
la pièce, et remettait ensuite ses brouillons à ses
élèves Lalouette et Colasse, pour qu'ils écrivissent
les parties d'orchestre sur ses indications : sorte
de travail qu'il n'aimait pas et qu'il ne faisait pas
avec facilité. Pour comprendre ceci, il ne faut
pas oublier qu'an temps de Lully on n'avait point
encore appris à donner à l'instrumentation ces
formes variées et pittoresques qu'on lui voit au-
jourd'hui, et que les violons et hautbois ne fai-
saient guère que suivre les voix, en brodant quel-
ques traits. Tant que Lully vécut, son génie suffit
à tout pour donner à l'Opéra un intérêt toujours
soutenu et pour y. attirer la foule. Il y fit sa
fortune'; mais tout le succès reposait sur lui.
Après sa mort, les choses changèrent, et de l'é-
tat le plus prospère l'Opéra passa à la décadence :
les administrateurs s'endettèrent. C'est ce qu'on
voit avec évidence par le préambule du règlement
donné en 1713 par Louis XI Y, lequel commence
par ces mots : « Sa Majesté étant informée quede-
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LULLY
364
« puis le décès du feu sieur Lulty on s'est relâché
« insensiblement de la règle et du bon ordre de
« Pintérieur de l'Académie royale de musique...,
« et que par la confusion qui s'y est introduite
« ladite Académie s'est trouvée surchargée de
« dettes considérables et le public exposé à la
« privation d'un spectacle qui depuis longtemps
« lui est toujours agréable, etc» »
Lully était homme de plaisir et fort recherché
des grands seigneurs, qu'il amusait par ses sail-
lies. Us allaient, souvent le voir travailler chez
lui. Pendant une maladie qu'il eut avant la re-
présentation d'Armide, son confesseur avait
exigé qu'il brûlât la partition de cet opéra. Le
prince de Conti étant allé le voir le même jour
par Bonnard sont aussi accompagnés de vers
louangeurs à sa mémoire; mais si les éloges
qui lui ont été accordés comme artiste sont una-
nimes, les jugements sévèrâsettes traits satiri-
ques n'ont pas manqué à sa personne et à
son caractère. Courtisan jusqu'à la bassesse près
des grands, dont la protection pouvait être utile à
ses desseins, il était insolent et brutal avec toute
autre personne. Le crédit dont il jouissait à la
cour lui donnait une puissance dont il abusait
souvent pour humilier ou perdre quiconque es-
sayait de lui résister. Jaloux jusqu'à la frénésie
de tout artiste dont le talent lui inspirait la crainte
que le roi ne le remarquât, il ne négligeait rien
pour récarter. Cambert et Bernier furent persé-
« Eli quoi, Baptiste ! lui dit ce prince, tu as pu | eûtes par lui , et son élève Lalouette fut chassé
de l'orchestre de l'Opéra pour s'être avoué l'au-
teur du meilleur air d'un de ses ouvrages. Véri-
table tyran de ses acteurs et des musiciens de
son orchestre, il lui arriva plus d'une fois d'ar-
racher à ceux-ci leur instrument pendant l'exécu-
tion et de le leur briser sur le dos: Au moment
où son opéra à'Armide allait être joué pour la
première fois, une grossesse de la fameuse can-
tatrice Rochois en arrêta les représentations.
Dans sa colère, Lully l'aborda sur le théâtre :
Qui Va fait cela? lui crie-t-il : n'en recevant
aucune réponse , il lui donna un coup de pied
qui lui fit faire une fausse couche. Quelquefois
sa brusquerie ne respectait pas même les person-
nages les plus élevés : voici deux anecdotes qu'on
rapporte à ce sujet. A l'un des divertissements
de la cour, le roi, fatigué de la longueur des pré-
paratifs, lui fit dire qu'il s'ennuyait d'attendre ;
Lully répondit an gentilhomme de la chambre :
Le roi est bien le maître, il peut s'eRnuyer
tant qu'il lui plaira. En 168 1, Louis XIV lui
ayant fait compliment sur la manière dont il
avait joué le rôle du Mufti dans le Bourgeois
gentilhomme, à une fête de Saint-Germain :
« Sire, dit-il, j'ai pourtant regret d'y avoir été
« obligé pour le service de Votre Majesté; j'a-
ie vais dessein d'être secrétaire du roi : messieurs
« vos secrétaires ne voudront plus me recevoir.
» — Us ne voudront plus vous recevoir ? répon-
« dit le monarque : ce sera bien de l'honneur
« pour eux ; allez, voyez M. le chancelier. » Lully
alla trouver te marquis de Louvois , qui lui re-
procha sa témérité, en lui disant que toute sa
recommandation était d'avoir fait rire. Eh , tête-
bleu! lui répondit Lully, vous en feriez bien
autant si vous le pouviez! On a révoqué en
doute cette anecdote , disant que personne en
France n'aurait osé tenir un pareil langage à
Louvois , mais il ne faut pas oublier quel homme
était Lully, et quelle fut sa faveur près de
24
« jeter au feu un si bel ouvrage? — Paix, paix,
« monseigneur, répondit il ; je savais bieu ce que
« je faisais, j'en avais une autre copie. » Étant à
l'extrémité, il fut visité par le chevalier de Lor-
raine : « Oh ! vraiment vous êtes fort de ses amis,
« lui dit madame Lully ; c'est vous qui l'avez
« enjvré le dernier, et qui êtes cause de sa mort. »
« Lully répondit aussitôt : Tais- toi , nia chère
« femme; si j'en réchappe, ce sera lui qui
« m'enivrera le premier. » Après une maladie de
Louis XIV, Lully composa un Te Deum pour
sa convalescence, et le fit exécuter aux Feuillants
de la rue Saint-Honoré, le 8 janvier 1687. Dans
la chaleur de l'exécution, il se frappa le bout du
pied en battant la mesure avec sa canne. Il y
vint un petit abcès, qui devint ensuite un mal
considérable. On lui conseilla d'abord de se faire
couper le doigt, puis le pied, et enfin la jambe ;
mais un charlatan, qui se faisait appeler le mar-
quis de Carrette, répondit de sa guérison.
MM. de Vendôme, qui aimaient beaucoup Lully,
promirent à cet homme 2,000 pistoles s'il par-
venait à sauver l'artiste; mais la générosité de
MM. de Vendôme et les efforts du charlatan fu-
rent inutiles : Lully mourut à Paris , le samedi
22 mars 1687, à l'âge de cinquante-quatre ans,
dans une de ses maisons, rue de la Ville-rÉvêque.
Il fut inhumé dans une chapelle des Petits-Pères
de la place des Victoires , et sa famille y fit éle-
ver un superbe mausolée, qui fut exécuté par
Cosson. Sanleuil fit pour ce tombeau une belle
épitaphe,* ainsi conçue :
Perflda mors, Infmlca, aodax, temenrla et excor%
Crudclisque, e c*ca probrts te absolvimu* talls.
Non de te querlmur tua «tôt hsec mania magna.
Se«l qoando per te popall regtaqoe voluptas,
Non ante aaditls rapult qui cantibus orbrro,
Lullius ertpltur, querlmur modo turda fulsll.
Les portraits de Lully gravés par Edelinck et
B10CR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. V.
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370
LIÎLLY
Louis XIV. Quoi qu'il en soit, il eut la charge
qu'il désirait.
Ingrat envers ses meilleurs amis, et toujours
occupé de ses intérêts, sans s'informer s'il bles-
sait ceux d'autrui, il s'est brouillé avec Molière
pour avoir pris les meilleurs morceaux des bal-
lets et divertissements qu'il avait composés pour
ses pièces , et en avoir formé la pastorale des
Fêtes de V Amour et de Bacchus, qu'on joua a
l'ouverture du théâtre de l'Opéra. A peine ce
grand homme eut-il rendu le dernier soupir, que
Lully fit chasser sa troupe du tbé&tre du Palais-
Royal, dont il s'empara pour son spectacle. Après
avoir décidé par ses instances La Fontaine à écrire
pour lui la pastorale de Daphné, il ne voulut
point la mettre en musique, et lui déclara qu'elle
ne valait pas le diable. Peut-être l'illustre
poète se serait consolé de sa mésaventure si^Li-
gnière, poète chansonnier de ce temps, n'eût fait
sur mi ce couplet .
Ah! que J'aime La Fontaine,
D'avoir fait un opéra I
On verra finir ma peine,
Aussitôt qu'on le jouera.
Par l'avis d'un fin critique
Je vais me mettre en boutique,
Pour y vendre des sifflets :
Je serai riche a jamais !
Désespéré d'être ainsi bafoué, La Fontaine se
vengea par une énigramme, qu'on ne trouve pas
dans toutes les éditions de ses œuvres , et qui
commence ainsi :
Le Florentin
Montre a la fin
Ce qu'il sait faire.
II écrivait plaisamment à M*»« de Bouillon :
Je me suis laissé enquinauder. Boileau avait
eu sans doute aussi quelque grave sujet de plainte
contre Lulry lorsqu'il écrivait ces vers de son
épttre à Seignelay, où il le désigne avec tant
d'amertume :
En vatn par sa grimace pn bouffon odieux
A table nous fait rire et divertit nos yeux :
Ses bons mots ont besoin de farine et de plâtre ;
Prenez-le tête a tête, ôtez-lul son théâtre ,
Ce n'est plus qu'un cœur bas, un coquin ténébreux :
Son visage essuyé n'a plus rien que d'affreux.
De tous ceux qui eurent à se plaindre de Lully,
aucun n'a montré plus d'animosité dans sa ven-
geance, que Sénecé, valet de chambre de la reine
Marie- Thérèse, femme de Louis XIV. Ce poète
courtisan avait été chargé de la composition de
plusieurs divertissements et de morceaux de cir-
constance que Lully avait mis en musique. Comme
beaucoup d'autres, il fut victime de sa fourberie.
Sa position à la cour lui avait fait voir les res-
sorts secrets mis eu usage par le musicien pour
accroître sa fortune et pour obtenir des hon-
neurs ; mais la crainte que lui inspiraient son
crédit et sa méchanceté lui avait fait garder le
silence tant que Lully avait vécu. Rendu plus
hardi par la mort du compositeur, et choqué des
honneurs qu'on rendait à sa mémoire, il voulut,
en rendant hommage aux talents de l'artiste,
faire justice de sa personne. Son dessein fut
réalisé dans un écrit intitulé : Lettre de Clé»
ment 3farot à Monsieur de***, touchant ce
qui s f est passé à Varrivée de Jean-Baptiste
Lully aux Champs-Elysées '(1). Le portrait
qu'il fait de sa personne n'est pas séduisant;
mais il parait avoir été exact. « Sur une espèce
« de brancard (dit il), composé grossièrement
« de plusieurs branches de laurier, parut, porté
« par douze satyres, un petit homme d'assez mau-
« vaise mine et d'un extérieur fort négligé. De
« petits yeux bordés de rouge, qu'on voyait à
« peine (2), brillaient d'un feu sombre qui mar-
te quait tout ensemble beaucoup d'esprit el beau-
« coup de malice ; un caractère de plaisanterie
« était répandu sur son visage, et certain air
« d'inquiétude régnait dans toute sa personne. »
Sénecé fait ensuite un tableau sévère des vices
de Lully, et le représente comme un homme de
mœurs infimes (3), d'une âme noire et d'une ava-
rice sordide.
Ce célèbre musicien avait épousé Madeleine
Lambert, One unique de ce Lambert dont parle
Boileau dans sa troisième satire. Celui-ci avait
donné une dot de 20,000 francs à sa fille. Le
mariage se lit à la paroisse Saint-Eustache , le
24 juillet 1662. Jamais union ne fut mieux as-
sortie, car si Lully était habile à se procurer des
richesses, sa femme savait les faire fructifier par
l'ordre et par l'économie qui régnait dans sa
maison. Lully ne s'était réservé pour ses menus
plaisirs que le prix de la vente de ses ouvrages,
qui s'élevait annuellement à sept ou huit mille
francs. Outre le produit de l'Opéra et le revend
(l) La première édition de cette Lettre parut à Cologne.
In-», 1688 ; 11 en a été fait une réimpression à Lyon, it&,
ln-8» de 88 pages.
(S) Lully avait en effet la vue fort basse.
(S) L'accusation qui concerne ses mœurs a été repro-
duite A l'occasion du aomptuenx tombeau qu'on lui avait
élevé dans l'église des Petits-Pères. Ce tombeau fut grave;
parmi les vers assez mauvais qu'on avait placés au bas
de l'estampe, on lisait ceux-ci :
Pourquoi, par un faste nouveau,
Noos rappeler la scandaleuse histoire
D'un libertin, indigne de mémoire.
Peut-être même indigne du tombeau ?
Venez, 6 Mort! faites descendre
Sur ce buste honteux votre fatal rideau;
Et ne montrez que Je flambeau
Qui devrait pour jamais ravoir réduit en
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LULLY
371
de ses emplois à la cour, il jouissait de 7,000 li-
vres de rente sur les aides et gabelles, qu'il te-
nait de la munificence du roi. De plus, il avait
lait bâtir la maison qui existe encore au coin des
mes NeuTe-des-Petits-Champs et Sainte-Anne,
sur laquelle on voit des attributs de musique;
une maison rue des Moulins, appelée alors rue
Roy aie, et deux autres, ruede la Ville-l'Évêque (1).
De son mariage il eut six enfants, trois filles et
trois garçons (2). Deux de ses fils ont suivi la
même carrière que lui , mais avec moins de
gloire.
Parmi les productions du génie de ce musi-
cien célèbre, on trouve une multitude de sym-
phonies, de trios et d'airs de violon, de mor-
ceaux de circonstance, de divertissements et de
danses. Une de ses premières compositions de
cette espèce fut la suite d'airs de danse qu'il
ajouta a la partition du Xercès de Cavalli, pour
une représentation qui en fut donnée à la cour.
Bien que cet ouvrage n'eût pas alors de succès,
Lully en comprit le mérite, et Cavalli devint
un de ses modèles. On lui doit aussi plu-
sieurs grandes compositions pour l'église ; entre
antres un Te Deum t un Exaudiat, le psaume
Plaudite gentes, le Vent Creator, un Jubi-
late, un Miserere, un De profnndis et un
Libéra. Il ne réussissait pas moins bien dans
ce genre qu'au théâtre, et n'y produisait pas
(1) Par l'Inventaire des biens de Lully, fait après sa mort,
le 8 avril 1687 et Jours suivants, son argenterie est esti-
mée 16,707 livres ; ses Joyaux et pierreries, 13,000 livres;
ses deniers comptants, 150,000 livres j le mobilier de l'O-
péra, 11,000 livres, et la salle M ( 000. Par acte dn 18 avril
1688, 11 avait loué sa maison de la rue Royale t,600 livres
par an, et la partie de la maison de la rue Neuve-des-Pe-
ttts-Ghamps que sa famille n'occupait pas, 8,000 francs. Sa
charge de secrétaire du roi fut vendue par sa veuve, le 8
avril 1687, moyennant le prix de 71,000 livres. Le Cerf de
la VlevlUe de Frcsneuse, contemporain de Lully, s dit
dans sa Comparaison de la musique italienne et de ta
musique françotse [f partie, p. 107 ) que ce musicien avait
laissé dans ses coffres six cent trente mille livres en or;
tons les biographes ont répété le même fait, et moi-même,
Je crois as olr dit cela quelque part ; mais n'effara, qui m'a
fourni les renseignements que je viens de donner, les a
vérifies sur des actes authentiques.
(l) Ces enfants furent : 1* Catherine-Madeleine de Lully,
baptisée à l'église Saint- Eustache, le 1 er mal 1668. —
S* Lools de Lully (votez son article). — s* Jean-Baptiste
de Lolly, né an mois d'août 1668, A qui Louis XIV donna
l'abbaye de Salnt-HUalre prés de Narbonne, et qnl mou-
rat à Sslnt-Cloud, le Juin 1701. — *• Gabrlelle-IIUalre
de Lully, née au mois d'octobre 1666, qui épousa Jacques-
DumonUn, dont une fille fut mariée au marquis de Conv
breux, et dont les descendants sont le marquis et le comte
de Damplerre, ainsi que la veuve du général marquis Des-
soles, qui fut pair de France et ministre de la guerre. —
I 9 Jean-Louis de Lolly ( voyez son article). — 6° Marie-
Louise de Lully, baptisée A l'église Sslnt-Roch, le 10 sep-
tembre 1668. A. l'égard de Chrétien LttUy, dont parlent
Gerber, Choron et Fayolle, il n'a point existé.
, moins d'effet. M mo de Se vigne, en parlant de
| la pompe funèbre du chancelier Seguier ( lettre
, du 6 mai 1672), s'exprime ainsi sur la musique
| de Lully : * Pour la musique, c'est une chose
« qu'on ne peut expliquer. Baptiste avait fait un
« dernier effort de toute la musique du roi. Ce
« beau Miserere y était encore augmenté. Il y
* eut un Libéra où tous les yeux étaient pleins
« de larmes : je ne crois point qu'il y ait une
« autre musique dans le ciel. » Perne possédait
en manuscrit une messe de Lully à quatre voix
sans accompagnement ; elle est aujourd'hui dans
ma bibliothèque : c'est un ouvrage de peu de
valeur. La collection des motets de Lully, en
partition, copiée pour le comte de Toulouse par
Philidor atné, forme cinq volumes in-fol. Les
Motets à 2 chœurs composés pour la chapelle
du roi ont été publiés à Paris, par Christophe
Ballard, en 1684, in-4° obi.
Les titres des ballets, divertissements et co-
médies pour lesquels Lully a écrit de la musique
et qu'on a retenus, sont les suivants : 1° AlcU
dione, à Saint-Germain. — 2* Airs de ballets
de Xercès, opéra italien de Cavalli, représenté
dans la grande galerie du Louvre, le 22 novem-
bre 1660. — 3° Le ballet de La Railleiie. —
4° Celui de L'Impatience. — 5° Hercule amou-
reux, idem. — 6° Les sept Planètes, idem. —
7° L'Amour malade, comédie. — 8° la Noce
au village , ballet. — 9° Le Ballet des Arts.
— 10° Les Amours déguisés, idem. — 11° La
Princesse d'Élide, comédie- ballet. — 12° Ca-
riselli, ballet pour Fontainebleau. — 13° Le
Mariage forcé, comédie de Molière. — 14° La
Naissance de Vénus, divertissement. —
15° Le Ballet des Gardes. — 16° Le Ballet
de Créqui. — 17* Le Ballet des Muses. —
18* La Fête de Versailles, avec Molière. —
19° Le Ballet de Flore. — 20° V Amour mé-
decin, comédie de Molière. — 21° Monsieur
de Pourceaugnac, idem. — 22° Le Ballet de
Chambord, ou le Bourgeois gentilhomme,
idem. — 23* Le Ballet des Nations, suite
du Bourgeois gentilhomme. — M Les Jeux
Pythiens, ballet. — 25° Airs de danse de
Psyché, tragédie-ballet. — 26° Entractes d'(E-
dipe, tragédie de Corneille, pour une représen-
tation donnée à Versailles, en 1659.
Lully doit sa gloire la plus solide à ses opé-
ras. Le premier, intitulé : Les Féies de VA-
mour et deBacchus, fut représenté en 1672:
ce n'était qu'une sorte de pastiche composé de
fragments de divers morceaux écrits précédem-
ment par lui pour des comédies on des ballets;
mais dans l'année suivante parut Cadtnus, tra-
gédie lyrique en cinq actes, poésie de Quinault*
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372
LULLY
où le génie véritablement dramatique du com-
positeur s'éleva tout à coup à une grande hau-
teur. Alors sans interruption se succédèrent Ah
ceste, tragédie en cinq actes, 1674; Thésée,
idem, 167ô; Le Carnaval, mascarade et en-
trées; Atys, tragédie lyrique en cinq actes,
1676; Isis, idem, 1677; Psyché, idem, 1678;
Bellérophon, idem, 1679; Proserpine , idem,
1680; Orphée, 1680; Le Triomphe de PAmour,
ballet en vingt entrées, 1681 ; Persée, tragédie
Crique en cinq actes, 1682; Phaëton, idem,
1683; Amadis, idem» 1684; Roland, idem,
1185; V Idylle de la Paix et L'Églogue de
Versailles, divertissement, 1685; Le Temple
de la Paix, ballet en six entrées, 1685; Ar-
mide, tragédie lyrique en cinq actes, 1686 ; Acis
et Galatée, pastorale héroïque en trois actes,
1687. On a aussi attribué à Lully le premier
acte à' Achille et Polixène, opéra de Colasse,
joué en 1677 ; il parait certain qu'il en avait écrit
quelques morceaux ; mais on s'est trompé lors-
qu'on a dit que c'était cet ouvrage que son con-
fesseur lui fit brûler.
Si Ton compare le style de Lully à celui des
grands musiciens italiens de son temps, on n'y
trouvera d'abord rien qui lui appartienne en j
propre. Les chœurs et le système d'inslrumen- ,
tation rappellent la manière de Carissimi; les
airs ne sont évidemment que des copies de ceux
de Cavalli ; mais le sentiment dramatique qui
aoime tout cela et qui a longtemps soutenu le
succès de ses ouvrages, avait sa source dans
Tame du Florentin. C'est dans ce sentiment
que Lully puisa la force d'expression que les
hommes exempts de préjugés de temps et d'é-
cole estimeront toujours. C'est ce même sen-
timent qui , malgré le défaut de variété dans
les formes, a fait vivre pendant un siècle ses ou-
vrages, premiers essais de Part en* France.
Trente ans après la représentation des premiers '•
opéras de Lully, leur mérite fut attaqué dans
un Parallèle entre les Italiens et les François [
en ce qui regarde la musique et les opé-
ras (1) ; mais l'auteur de cette brochure trouva j
peu de sympathie parmi ses lecteurs. Cinquante i
ans après, c'est-à-dire lorsque quatre-vingts an-
nées de succès non partagés eurent fatigué l'at-
tention de plusieurs générations pour ces mêmes
ouvrages, la renommée de Lully fut mise à une
plus rude épreuve par l'arrivée a Paris d'une
troupe italienne qui fit entendre quelques com-
positions de Léo, de Pergolèse et de Marcello
de Capoue, bien supérieures aux siennes par l'é-
légance des formes, les grâces et la variété de
(i) Par l'abbé Raguenet; paris, not, in-iî.
la mélodie, maia peut-être moins puissamment
dramatiques. Tous les beaux esprits, les hommes
dont la parole avait le plus d'autorité, se dé-
clarèrent on faveur de cette musique, ai nouvelle
à des oreilles françaises, et se persuadèrent que
les psalmodies de Lully, comme ils les appe-
laient, ne soutiendraient pas le parallèle. Des
multitudes de brochures, à la tête desquelles il
faut placer la lettre de Jean-Jacques Rousseau
sur la musique française, furent publiées à cette
occasion; cependant, malgré le crédit littéraire
de ses adversaires, le vieux Lully sortit encore
vainqueur de cette lutte. N'oublions pas enfin
que le génie de Rameau même fut impuissant à
bannir de la scène les œuvres de son prédéces-
seur, et qu'après un siècle il ne fallut pas moins
que les sublimes inspirations de Gluck pour en
finir avec cette longue existence. La dernière
représentation d'un opéra de Lully {Thésée) fut
donnée en 1778 ; il y avait cent trois ans que le
même ouvrage avait paru pour la première fois.
On joua dans la même année Armide, Jphigé-
nie, Orphée, de Gluck, Roland, de Piccinni, et
les meilleurs opéras italiens de ce dernier,
d'Anfossi et de Paisiello. Tel fut le cortège im-
posant dont on environna les obsèques musi-
cales du surintendant de la musique de Louis XIV.
Que les musiciens de nos jours , dont le dédain
accueille d'un sourire de pitié le nom de ce
vieux maître, n'oublient pas qu'il y a des
beautés réelles dans des œuvres qui jouissent
d'une si longue vie, et qui font palpiter les
cœurs de plusieurs générations chez une na-
tion sensible et polie. Sans doute il y a trop d'u-
niformité dans le style de Lully; trop souvent
il a fait usage des mêmes rhythmes ; les mêmes
finales s'y reproduisent trop fréquemment dans
les phrases mélodiques, et son instrumentation
manque d'effet; mais puisque ces défauts mêmes
n'ont pu nuire à ses succès, il faut bien avouer
que chez lui les qualités de l'expression ont dû
être puissantes, pour en triompher. D'ailleurs,
on ne peut apprécier avec justesse le mérite d'un
artiste qu'en se plaçant au point de vue de
circonstances où il s'est trouvé et en examinant
l'influence qu'il a exercée sur ce qui l'entourait;
or c'est dans un pareil examen que la valeur de
Lully se manifeste tout entière. Tout était nul en
France autour de lui, car le récitatif y était in-
connu, et l'on n'y avait d'autre genre de mélodie
que celui des chansons. Le chant dramatique et
les chœurs d'action y étaient des nouveautés
inouïes. Ce fut Lully qui créa tout, qui anima
tout, qui devint le modèle sur lequel on se for-
mula, et qui donna à l'art une existence qu'il
n'avait pas.
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LULLY 37*
Les opéras de Lully , en partitions d'orches- sous le voile de l'anonyme, une sorte de biogra-
tre, ont été imprimées m caractère* mobiles ; les phie satirique de Lully dans le pamphlet intitulé :
mêmes partitions réduites pour le chant avec une
partie de Yiolon et l'indication des rentrées
d'instruments plus la basse, ont été gravées.
Voici l'indication de celles que je connais
Lettre de Clément Marot à Monsieur de ***,
touchant ce qui s'est passé à l'arrivée de
Jean-Baptiste de Lully aux Champs-Elysées.
A Cologne, chez Pierre Marteau, 1688, petit
1° Les Fêtes de V Amour et de Bacchus, pas- ! in- 12.
torale, 1™ édition imprimée, Paris, 1679; LULLY (Louis DE), fils aîné du précédent,
2* idem, ibid., 1717. — 2* Cadmus, tra- né à Paris, le 4 août 1604, eut, après la mort de
gédie lyrique, 1" édition imprimée, Paris,
1679; 2* idem, ibid., 1719. — Z°Alccste, réédi-
tion imprimée, Paris, 1678; 2 e idem, parti-
son frère Jean-Louis, la charge de surintendant
et de compositeur de la chambre du roi. Par un
acte decessiondu privilège de l'Opéra en 1713,
lion gravée, Paris, 1708. — 4° Thésée, 1" édi- on voit qu'il vivait encore ; l'époque précise de
tion imprimée, Paris, 1678; 2* idem, gravée, ! sa mort est ignorée. Il écrivit avec son frère
Paris 1711. —5° Le Carnaval, mascarade, j Jean-Louis la musique de Popéra Zéphire et
partition imprimée, Paris, 1720. — 6° Atys, Flore (en trois actes), qui fut représenté le 22 mars
1" édition imprimée, Paris, 1679; 2<* idem, par- 1688. En 1690 il donna, avec son frère Jean-
tition gravée, Paris, 1709. — 7° Isis, \' 9 édition i Baptiste, Orphée, en trois actes, qui eut peu de
imprimée, Paris, 1677; 2* idem; ibid., 1719.— ; succès. Trois ans après, il fit représenter Alcide,
8° Psyché, partition imprimée, Paris, 1720. — ou le Triomphe d'Hercule, dont il avait corn-
D° Bellérophon, l" édition imprimée, Paris, j posé la musique en collaboration avec Marais.
1679; autre gravée, Paris, 1712. — 10° Pro- ; Enfin il donna au mois d'octobre 1695, avec
serpine, partition imprimée, Paris, 1680; Colasse, le Ballet des Saisons, en quatre en-
2« idem, ibid., 1707. — 11° Le Triomphe de trées. Dans le voyage de la cour à Fontainebleau
l'Amour, ballet, partition imprimée; Paris, en 1703, il fit exécuter devant le roi une can-
1681. — 12° Persée, l n édition imprimée, Pa- tate intitulée : Le Triomphe de la Raison.
ris, 1682 ; 2* idem, gravée, Paris, 1710. J'en ai j LULLY (Jean- Baptiste DE), deuxième fils
le manuscrit de la main de Colasse et signé par du célèbre compositeur, naquit à Paris, au mois
lui. — 13° Phaéton, l re édition imprimée, Pa- d'août 1665. Élève de son père pour la musique,
ris, 1683; 2e idem, gravée, ibid., 1718. — I il fit des études littéraires et théologiques au
WAmaéb, 1" édition imprimée, Paris, 1684; I séminaire de Saint -Sulpice. Louis XIV lui donna
îc idem, gravée, ibid., 1711.-15° Roland, ! l'abbaye de Saint-Hilaire, près de Narbonne, ce
l'e édition imprimée, Paris, 1685 ; 2e idem, gra- qu j n'empêcha pas qu'il eût une pension sur 10-
vce, ibid., 1709.— 16* Le Temple de la Pair, j p , îraj après | a mor t <fc «>„ p è re . Il mourut à
l>allet; Paris, 1685, imprimé. — il L'Idylle de la , Saint-Cloud, le 9 juin 1701. Avant d'entrer an sé-
Paix et L'Éghgue de Versailles, partition impri- I minaire, il avait composé avec son frère Louis
mée.Paris, 1685.— 18° Armide, première édition j a musique d'Orphée, opéra en trois actes, qui fut
imprimée, Paris, 1686; 2e idem, gravée, ibid., représenté en 1690. On cite aussi de sa com-
1710. — 19° Acis etGalatée, partition im- position quelques cantates et des symphonies,
primée, sans date, mais vraisemblablement pu- j LULLY ( Jeah-Locis DE ), troisième fils de
bliée en 1687. On y trouve le portrait de Lully, : Jean -Baptiste, fut baptisé à l'église de Saint-
gravé parBonnard. ' Rocli, le 24 septembre 1667. Désigné pour la
On a plusieurs biographies de Lully : la pre- i survivance des places que son père occupait à
mière en date a été donnée par Le Cerf de la ' la cour, il n'en jouit pas longtemps après le dé-
Vieville de Fresneuse, dans la deuxième partie ' ces de celui-ci, car il mourut à l'âge de vingt et
de la Comparaison de la musique italienne UD ans, le 28 décembre 1688, et fut inhumé le
et de la musique françoise (p. 182-239), Titon lendemain aux Petits-Pères. On ne connaît de
du Tillet en a inséré une autre dans le Par- , sa composition que Topera- ballet de Zéphire
nasse françois. Il en existe une mieux faite, et flore, qu'il fit avec son frère Louis, et qui
sous le 'titre de Lulli musicien , brochure in-8° : fat représenté »e 22 mars 16S0.
sans date (1779) et sans nom de lieu (Paris).
Cette biographie est l'ouvrage de François Le f phlea dhomroe5 f<Hèbrc% qtte f0 oUit publier une «nriéré
Prévost d'ExmeS (I). Sénecé a donné aussi, j d'hommes de lettres; mais cette entreprise ne réussit
' pas et ne fut pas continuée. Les eiemplalres de la Notice
(1) Ainsi nommé parce qu'il était de la petite vlUc ' sur Lully, tirés à part, sont très-rares. Le Prévost d'Ex-
d'Kimes (Orne). Littérateur de mérite, mais peu fortuné, , mes mourut de mtière, à l'hôpital de la Charité, en 1798.
Le Prévost écrivit cette notice pour un recueil de Btogra- Il était né le st septembre 17».
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LUMDYE — LUNEAU DE BOISJERMAW
LUMBYE (H. C. ), compositeur de danses
et chef d'orchestre danois, surnommé le Strauss
du' Xord, est né à Copenhague, vers 1816. Il
commença à se faire connatlre dans sa patrie
vers 1839 , et obtint tout d'abord de brillants suc-
cès par l'originalité de ses mélodies dansantes,
la variété des rhythmes et le brillant de l'ins-
trumentation. En 1841, il établit des concerts de
danse à l'hippodrome de Copenhague, avec un
orchestre qu'il avait formé et qu'il dirigeait avec
talent, à l'imitation de Strauss et de Lanner. Ses
compositions, bientôt répandues dans le Nord ,
en Allemagne, en France, en Angleterre, furent
arrangées pour le piano , à deux et à quatre
mains, et publiées à Leipsick , chez Breitkopf et
Haertel. En 184 à il se rendit à Paris avec son or-
chestre, et s'établit dans la salle qui existait alors
rue Vivienne : il y fit une vive impression sur
l'auditoire des premières soirées ; mais à cette
époque il n'y avait d'enthousiasme oossible dans
cette grande ville que pour les concerts de Mu-
sard, quoique sa musique de danse fût bien
moins originale et moins piquante que celle du
compositeur danois. Lumbye, qui ne pouvait
prolonger la lutte, à cause des frais énormes oc-
casionnés par le personnel de son orchestre,
prit le parti de retourner en Danemark, où bien-
tôt ses succès eurent réparé ses pertes. En 1846
il visita Berlin, et deux après il se rendit à Ham-
bourg et à Leipsick. Les quadrilles, valses, galops
et polkas de cet artiste s'élèvent au nombre de
plus de trois cents.
LUMPP (Léopolo), organiste et maître de
chapelle à la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau,
est né le 4 janvier 1801 , à Baden-Bade, où son
père était organiste et directeur de musique.
Lumpp pire ayant été appelé plus tard à Ras-
tadt, en qualité de professeur de l'école des
instituteurs primaires, Léopold lit ses éludes
littéraires au lycée de cette ville, puis à l'uni-
versité de Fri bourg. Pendant qu'il y suivait
les cours de théologie, il continua de s'instruire
dans la musique, qu'il cultivait depuis son en-
fance. Après qu'il eut été ordonné prêtre, le 24
mai 1823, à Rothenbourg sur le Necker, il fut en-
voyé comme vicaire à l'église paroissiale de Ras
tadt. En 1825, il y fut nommé professeur et se-
cond maître de musique de l'école normale.
Lors de l'érection de l'archevêché de Fri bourg,
en 1827, Lumpp y fut appelé comme bénéficier
de la cathédrale, et chargé d'enseigner le plan-
chant au séminaire; en même temps il remplis-
sait les fonctions d'organiste. En 1838 il reçut sa
Domination de maître de chapelle de la cathé-
drale. Ses ouvrages sont ceux-ci : 1° Sammlung
der bei Kirchlichcn Fcicrlichkeiten ublichen
Choralgesxnge fur Katolische Gci&tltehe etc.
( Collection de plain-çhants a l'usage des solen-
nités de l'église pour le clergé catholique, etc. ) ;
Fiïbourg, Herder, 1830. Une deuxième édition a
paru sous ce titre : Der Ckoralgesangen nach
der Cul tus der Katholischen Kirche fur Geùl-
Uche, Cantoren und Organisten (Manuel do
chant de l'église catholiqne à l'usage des ecclé-
siastiques, des chantres et des organistes ); ibid.,
1837. — 2° Messes allemandes, à quatre voix,
6 suites ; ibid., 1833. — 3* Huit chants à voix
seule, avec accompagnement de piano, deux ca-
hiers ; ibid. 1837. — 4° Edouard et Julie , chant
alternatif pour ténor et soprano, avec ace. de piano;
ibid., 1838. — 5° Livre de cantiques pour le dio-
cèse de Fribourg,-en collaboration avec Gassner
(voy. ce nom) ; ibid., 1839. — 6° Préludes pour
l'orgue, première et deuxième partie; ibid. —
7° Recueil de préludes et de finales pour l'orgue,
snivi de pièces faciles, ibid.
LUND ( Jean ) , pasteur luthérien à fon-
dera, dans le duché de Schleswig, naquit à Ftas-
bourg, en 1638, et mourut en 1686. On a de lui
un livre intitulé : Alte jûdische HeUigt humer,
Gottesdienste und Gewohnheiten des gamen
levitischen Priesterthum* ( Antique sanc-
tuaire judaïque, cérémonies et coutumes reli-
gieuses de tout le ministère des lévites), dont la
deuxième édition, publiée par Mùhlius, a paru à
Hambourg, en 1738, in-fol. Lund y traite, dans
les chapitres 4 e et 5* du 4« livre, des instru-
ments et du chant des lévites.
LUND (Daniel), savant suédois, né à
Fogdœ, dans la Sudermanie, le 1 er août 1666,
fut professeur de langues orientales à Abo et à
Upsal, puis êvéque de Strengnaês. II mourut
le 25 décembre 1747, à l'âge de quatre-vingt-
un ans. Parmi les nombreuses dissertations aca-
démiques qu'il a publiées, on en trouve une in-
titulée : De mu sic a Hebrxorum antiqua, Up-
sal, 1707, in-8°.
LUND ( Chrétien- Ernest ) , né dans un vil-
lage près de Glûckstœdt, en Danemark, le 13
mars 1683, étudia la théologie à \ViUenberg;j|
fut ensuite professeur au collège de Flensbourg,
puis, en 1712, diacre dans la même ville, où il
mourut, le 21 janvier 1767. On a de lut une dis-
sertation intitulée : ratio de rcqaisitis bonx
cantoris; Flensbourg, 1739.
LUNEAU DE BOISJERMAIN (Prauus-
JosEpn-FRANÇois ) , littérateur médiocre, connu
par un commentaire sur Racine, est né à Issou*
dun, en 1732. Après avoir achevé ses études au
collège de Bourges, dirigé par les jésuites, il
entra dans leur société ; mais bientôt, dégoûté
de l'état qu'il avait embrassé, il le quitta, et alla
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LUNEAU DE BOISJERMAIN — LUPI
375
s'établir à Paris, où il se livra d'abord à des spé-
culations de librairie, qui ne furent point heu-
reuses. Il passa le reste de sa vie dans l'obscurité,
et mourut le 25 décembre 1801 . Parmi ses écrits,
on remarque un Almanach musical dont il a
paru trois années, en quatre parties, 1781-83,
4 vol. in- 12: c'est un recueil fait sans discerne-
ment et sans connaissance de Fart.
LUPA€CHh\O(BBRNAitmN0) DELVASTO,
compositeur de l'école romaine, dans le seizième
siècle, succéda à Paul Animuccia comme maître
de chapelle de Saint-Jean-de-Latran. L'abbé
Baini nous apprend, d'après les registres de
cette église , que le chapitre lui accorda six
ècus pour le délivrer de la poursuite de ses
créanciers ; mais que son congé lui fut donné en
1555, parce qu'il faisait souvent des excès d'in-
tempérance, après avoir terminé son service à
l'église. Ce fut Palestrina qui lui succéda dans
son emploi. Lupacchino fut un musicien de beau-
coup démérite. Pitoni dit de lui, dans ses notices
manuscrites sur les compositeurs, qu'il était ex-
cellent maître de chant, et qu'il avait écrit de
bons solfèges et des ricercari à deux voix. On
connaît sous son nom : 1° Madrigali à quattro
voci, lib. I; Venise, Ant. Gardané, 1546. —
2° idem, lib. II ; ibid., 1546. — 3° Madrigali
a S voci, lib. I ; Venise, 1547, in-4°. Dans une
collection publiée à Venise, par Gardane, en
1559, on trouve aussi des madrigaux de ce
musicien.
LUPI ; LUPUS. Beaucoup de recueils de
compositions du seizième siècle renferment des
morceaux sous ces noms. On a souvent confoodu
les artistes qui les ont portés. De nouvelles re-
cherches m'ont permis de débrouiller ce cahos.
Ainsi que je l'ai dit dans la première édition de
cette Biographie, les désignations sont quelque-
fois assez claires pour distinguer avec certitude les
artistes qui ont porté le nom de Lupi; ainsi
l'un est appelé Jean Lupi; un autre, Lupus
Lupi; un troisième, Didier Lupi, appelé souvent
Didier Lupi second; enOn, il y a aussi Man-
fred Lupi, compositeur né au commencement
du seizième siècle, à Correggio, dans le duché
de Modène,et dont le nom de famille était Lupi
Barbarini. Pour tous, Lupi est le nom de fa-
mille; Johannes ou Jean, Lupus, Didier, Man*
fred, les prénoms. Jean Lupi et Lupus Lupi
étaient Flamands, et leur nom de famille était, sans
aucun doute, Wolfi Loup), dont la traduction
latine est Lupus; mais d'après l'usage général
des Pays-Bas, les noms de famille flamands ou
latins se mettaient au génitif, tandis que les
prénoms étaient toujours au nominatif. H
suit de là que Lupus est le nom patrony-
mique, car il y a dans le calendrier trois saints
du nom de Loup (enlalin Lupus) t tous trois
évéques. Ainsi Johannes Lupi signifie Jean
Wolf ; Lupus Lupi , Loup Wolf. A l'égard de
Didier Lupi, il était Français, et son nom de fa-
mille était Lupi; il vécut plus tard que les au-
tres, et ne peut être confondu avec eux. Man-
fredi Lupi était Italien ; son nom de famille
était Lupi Barbarini. La difficulté consiste en
ce que, dans les recueils de composition du
seizième siècle, on trouve quelquefois Lupi ,
seul, et quelquefois Lupus, également seul.
Si c'est Lupi, il est incertain si le morceau
appartient à Jean Lupi ou à Lupus Lupi
si c'est Lupus, il est douteux si l'ouvrage
est de Lupus Lupi ou de Lupus Hellinc
( voyez Hellinc) , qui vécut dans le même temps.
Toutefois il est à remarquer que les éditeurs ont
pris le soin, en général, de nommer ce dernier
par son nom de famille. J'ai distingué , autant
qu'il m'a été possible, dans les articles suivants,
ce qui appartient à chacun de ces artistes.
LUPI ( Jean ) , musicien flamand , dont le
nom était Wolf, fut un des artistes distingués
de la première moitié du seizième siècle. On
ignore quel fut le lieu de sa naissance et dans
quelle école il fit ses études. M. de Coussemaker
pense qu'il fut enfant de chœur de la cathé-
drale de Cambrai, parce qu'il a trouvé le nom
Johannes lupus écrit sur la garde d'un manus-
crit de la bibliothèque de cette ville, lequel pro-
vient du chœur de la cathédrale (1). Bien que la
conclusion de ce fait soit un peu forcée, la chose
n'est pas impossible. Quoi qu'il en soit, la plus
ancienne mention authentique de la position de
Jean Lupi est celle qui a été découverte par
M. Pinchart, chef de section aux archives du
royaume de Belgique, dans les comptes de la
collégiale de Nivelles. Sa note est conçue en ces
termes : « En 1502, Johannes Lupi est rem-
« placé en qualité d'organiste du chapitre de Ni-
« veltes, ou plutôt de l'église collégiale de Sainte-
« Gertrude, par Otlion de Pont. Le motif de son
« remplacement n'est pas indiqué. » M. Pin-
chart conjecture que Jean Lupi a été élève de
Jean Tinctoris, qui , dans les dernières années
du quinzième siècle, était chanoine de la même
collégiale, et peut-être aussi maître des en-
fants de chœur. A l'égard du motif qui fit
abandonner par Jean Lupi sa position d'orga-
niste de l'église de Nivelles, on en trouve l'ex-
plication dans les registres de l'église Sainte-
Marie d'Anvers, où Ton voit qu'il fut chapelain
(I) Notice »ur le$ collection
ihèq>te de Cambrai, p. 35 et 40.
mustcalêi de la WWto-
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376
LUPI
chantre de cette collégiale dans la première moitié
du seizième siècle, et qu'il mourut en 1547. Les
ouvrages de sa composition portant les noms de
Joh., ou Jo., ou J. Lupi, sont ceux-ci : 1° Jo.
Lupi Musicx cantioncs quai vulgo MotetU
nuncupantur 8, 6, 5 et 4 vocum ; Parisiis, ex
officina Pétri Attatngnant et Huberti JaUet,
1542, in-4° obi. — T Joh. Lupi Mutetx qua-
tuor et quinque vocibus concinendœ; Venetiis,
apud Ântonium Gardanum, 1545. Les recueils
où Ton trouve des morceaux sons les mêmes
noms sont : 1* MotetU de la Corona , Libro
secundo; impressum Forosempronii, per Oc*
tavianum Petrutium, etc., 1519, petit in-4\ Le
motet Postquam consummati sunt, qui est le
cinquième de ce livre, est de Jean Lupi.— 2° Mo*
tetti del Trutto. Liber primus (sic). In Vene-
tia, Antonio Gardane, 1538, petit in-4° obi.
On y trouve deux motets de Jean Lupi. — 3° Fior
di Mottelli tratti dalli Mottetti del Fiore. In
Venetia, per Antonio Gardane, 1539, petit in-4°
obi.— 4o Missarum quinque liber primus, cum
quatuor vocibus ex diversis authoribus excel-
lent issimisnoviler inunum congestus. Yenetiis,
apud Hieronymum Scotum, 1544, petit in-4°
obi. On y trouve la messe Peccata mea de Jean
Lupi. — 5» Selectissimx necnvn familiaris-
simx cantiones uUra centum, publié par S. Sal-
blinger (voy. ce nom ). Augustx Vindelicorum,
Melchior Kriesstein, 1560, petit in-4* obi
6o Cantiones septem, sex, et quinque vocum,
publié par le même éditeur ;ibid., 1545, petit
in-4o obi. — 7o Concentus octo , sex, quinque
et quatuor vocum; Augustx Vindelicorum ,
Philippus Vhlardus, 1545. — 8* Novum et
insigne opusmusicum, sex, quinque, et qua-
tuor vocum; Noribergx,arte Hieronymi Gra-
p1»«i, 1539, in-4o obi. — 9° Liber quindccim
missarum a prxstantissimis musicis compo-
sitarum; Noribcrgx, apudJo. Petreium, 1538,
petit in-4o obi On y trouve, sous le n° VIII, la
messe Hercules dvx Fcrrarix, de Lupi, sur
le même chant que celui de la inesse de Josquin :
cette messe est aussi dans le Liber decem mis-
sarum a pra'claris maximi nominis musicis
contexlus; publié par Jacques Moderne de Pin-
guento, à Lyon, 1540, petit in-fol. - 10° Tontus
secundus et tomus tertius psalmorum selec-
torum quatuor et quinque vocum; Xoribergœ,
apud Jo. Petreium, 1539 et 1542, in-40. —
1 1° Selectissimarum Motetarum partim quin-
que et partim quatuor voeu m . Tom us primus ;
iiid., 1540. — 12° Liber primus quinque et
viginti musicales quatuor vocum motetos
complectitur ; Parisiis, apud Petrum Attain-
gnant, 1534, petit in-4° obi. — J3° Liber octa-
rus, XX musicales motetos quatuor, quinque
et sex vocum modulos habet, etc. ; îbid., 1534.
— 14° liber nonus, XXII I DavUicos (sic) mu-
sicales psalmos habet; ibiâ. f (634. — 15° Liber
tertius, et liber quartus cum quatuor vocibus ,
impressum Lugduni , per Jacobum Moder-
num de Pinguento. Anno Domini 1539, in-4°
obi. Ces deux recueils sont des collections de
motets. — 16° Quartus liber Mottettorum ad
quinque et sex voces; ibid., 1539. — \7° Chan-
sons à 4 parties, auxquelles sont contenues
XXXI nouvelles chansons , convenables tant
à la voix qu'aux instruments, livre /; impri-
mées à Anvers, par Tylman Sosato, 1543. —
18° Le deuxième livre des chansons à quatre
parties; ibid., 1544. — 19* Le cinquième livre,
contenant XXXII chansons à 5 et 6 parties :
ibid., 1544. — 20° Le treizième livre, con-
tenant XXVI chansons musicales et nouvelles
à 5 parties; ibid., (sans date). — 21° Cantiones
sacrx, quas vulgo Moietta vocant, ex opti-
mis quibusçue hujus xlatis musicUselectx.IA-
bri quatuor. Ed. Tilemannus Susato. Antrer-
piœ, apudTiUemannv.m{m) Susato, i 546-1547,
gr. in-4©. — 22° Libro llamado Silva de Sire»
nos, compueslo por et excelente mvsico Anri-
quez de Valderavano, etc. En ValladoUd, per
Francisco Fernande? de C or do va y impi essor,
gr. in-4°. — Plusieurs messes de Jean Lopi
sont contenues dans les anciens volumes manus-
crits de la chapelle pontificale, à Rome.
LUPI (Lupus), musicien belge, dont le nom
de famille fut Wolfet le prénom Lupus (Loup),
vécut dans la première partie du seizième siè-
cle. La position qu'il occupa n'est pas connue
les recherches patientes de MM. de Burbure et
Pinchart, ainsi que les miennes, ne nous ont rien
fait découvrir à ce sujet. Hermann Finck en
parle avec éloge dans sa Practica musica ,
comme s'il l'avait connu; d'autre part on peut croire
qu'il a vécu en Italie, comme beaucoup d'artistes
de sa nation à celte époque , car l'abbé Baini,
maître de la chapelle pontificale, dit dans une
note de son livre sur Palestrina (l) : Le opère di
Lupo Lupi si trovano nella raccoUa indicato
del Fiore, nella raccolla del Frulto, et varie se
ne conserva no inédite net nostro archivio. Plu-
sieurs messes à quatre et cinq vois de Lupus Lupi
se trouvent dans les volumes des archives de la
chapelle pontificale à Rome. Le volume XVI des
manuscrits de la bibliothèque royale dé Munich,
provenant de l'ancienne chapelle ducale, contient
un motet à 4 voix de Lupus Lopi, et le volume XLI
de la même bibliothèque renferme une messe à
* (i) t. n t p»g. ss», note «w.
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LIÏP1 — LUPUS
377
cinq voix de»cet artiste. Les autres recueils qui
contiennent de ses compositions sont : 1° Mottetti
del Fiore; Venise, Ant. Gardane, 1552. On y
trouve : 1° le motet de ce maître Panis quem
ego dabo. — 2° Mottetti del Frutto, libro se-
condo; Venise, Ant. Gardano, 1544. Le motet
Jlierusalem luge , qui se trouve dans le hui-
tième livre des Musicales motetos quatuor,
quinque, vel sex vocum (Parisiis, P. Attain-
gnant, 1543, in,-4° obi.) est aussi de lui.
LUPI (Didier), musicien français, vécut dans
la seconde moitié du seizième siècle, et parait
avoir été employé dans quelque église de Lyon,
ou du moins avoir vécu dans cette ville ; car ses
ouvrages y ont clé imprimés. Didier Lupi est
nommé dans le prologue du quatrième livre de
Rabelais, parmi les musiciens français qui eurent
de la célébrité vers le milieu du seizième siècle.
Les notes de Le Ducbat et des autres commenta-
teurs de ce passage ne nous apprennent rien
de plus, et les renseignements fournis sur cet
artiste par son contemporain Dtiverdier, dans sa*
Bibliothèque, sont dénués d'intérêt. Il était sou-
vent désigné sous le nom de Lupi second, pour
le distinguer de Jean Wolf, ou Lupi d'Anvers,
f on prédécesseur immédiat ( F. Lupi (Jean). Les
ouvrages connus de Didier Lupi sont les suivants :
1» Chansons spirituelles de Guillaume Guer-
ret mises en musique à quatre parties ; Lyon,
chezGodefroid et Marcellin Beringer frères, 1548,
in-4<>. Une deuxième édition de cet œuvre a été
imprimée à Paris, par Nicolas Duchemin,
en 1571, in- 4° obi. — 2° Tiers livre, contenant
trente-cinq chansons à 4 parties*; ibid., 1548,
in-4o obi. — 3° Psalme trente du royal Pro-
phète David, traduits en françois par Giles
Daurigny, dit le Pamphile, et mis en musique
par D. Lupi second; Lyon, par Godefroid et
Marcellin Beringer frères, 1549, in-4<> obi. Dans
le deuxième livre du Recueil des recueils de
chansons composées à quatre parties par
plusieurs auteurs (Paris, Adrien Le Roy et Ro-
bert Ballard, 1584, in- 4°) , on trouve deux chan-
sons à 4 voix sous le nom de Luppi. Un pré-
cieux manuscrit qui a appartenu à la duchesse
d'Orléans, mère du roi Louis-Philippe, lequel
contenait une nombreuse collection de motets et
de chansons à 4 voix, renfermait une très-jolie
chanson de Didier Lupi, sur ces paroles : Re-
viens vers moi, qui suis tant désolé !
LUPI (Mario) , chanoine et primicerio de
l'église cathédrale de Bergame, camérier d'honneur
du pape Pie VI, naquit à Bergame , d'une famille
noble, en 1710. Il fit ses éludes dans sa ville natale
et au collège Cerasoli à Rome. Par ses travaux
littéraires il acquit la réputation d'un nomme
savant. II mourut dans sa patrie, le 7 novembre
1789. On connaît de lui, en manuscrit, une
Dissertazione intorno al suono.
LUPI BARBARIN1 (Manfred); Yoy.
BARBARINl ( Manfred-Lwi ).
LU POT (Nicolas), luthier distingué, naquit
en 1758, à Sluttgard, où son père, Français de
naissance, exerçait la même profession. Celui-ci
quitta la capitale du Wurtemberg lorsque son
fils eut atteint l'âge de neuf ans, et alla se fixer
à Orléans. C'est dans l'atelier qu'il y établit que
le jeune Lupot étudia les principes de la facture
des instruments à archet, et qu'il y acquit des
connaissances étendues. En 1794 , ii s'éloigna
d'Orléans, pour aller s'établir à Paris. Aucuu
luthier de son temps n'avait étudié avec autant
de soin les proportions, les qualités des instru-
ments anciens, et ne les connaissait aussi bien.
Stradivari était devenu particulièrement son mo-
dèle, à cause de la perfection de ses formes :
c'est sur les patrons des beaux instruments de
cet artiste que Lupot fit lui-même de très-bons
violons et des basses estimées. Il prenait quel-
quefois plaisir à choisir des bois convenables
pour la construction d'un quintette complet,
composé de deux violons, deux altos et violon-
celle, et à donner à ces instruments une analogie
parfaite 4 pour la qualité des sons. Quelques
amateurs ont eu de ces collections d'instruments ,
devenues rares aujourd'hui. Lupot excellait aussi
dans la restauration des anciens instruments dv
prix , se bornant à y faire ce qui était néces-
saire. Il avait recueilli sur la facture des anciens
luthiers et les qualités de leurs instruments un
certain nombre d'observations qu'il confia à
l'abbé Si birc, et qui servirent de matériaux à
celui-ci pour son litre intitulé : La Chélonomie^
ou le parfait luthier. ( Yoy. Sirire.) Lupot est
mort à Paris, le 13 août 1824. Son gendre et
son meilleur élève, M. C.-F. Gand, a conservé
ses principes dans la construction des instruments
à archet
LUPRANO ou LURANO (Philippe DE ),
compositeur de la fin du quinzième siècle, né
vraisemblablement dans les États vénitiens, a été
un des auteurs de frottoles recueillies et im-
primées par Petrucci de Fossombrone en neuf
livres, depuis 1 505 jusqu'en 1508. On trouve des
pièces de cet artiste dans les neuf livres.
i LUPUS (ÉDOtARD), chanoine de la collé-
giale Sainte-Marie, à Anvers, vers la fin du
seizième siècle, a publié dans cette ville un ou-
vrage cité par Paul Balduanus(£i6U0lA. philos.,
p. 182) , seus. ce titre : Opuscula musica; Au-
vent, 1602, in-4°. Foppens ne parle pas de cet
écrivain dans sa Bibliotheca belglca.
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LUR1N — LUSIGNAM
LURIX (J.-M.), avocat à la cour royale
de Lyon, littérateur et amateur de musique, est
auteur d'un bon livre intitulé : Éléments du
rhythme dans la versification et la prose
françaises ; Lyon, Bauchu, et Paris, Gaume frè-
res, 1850, 1 vol. in-8°. M. Lurin est, après le
littérateur français Fr.-B. Hoffmann, et Castil-
Blaze, le premier qui se soit occupé en France
d'une manière sérieuse du rhythme de la ver-
sification dans ses rapports avec la musique.
« Après des erreurs nombreuses, dit -il (Préface,
« p. 5), de longs et pénibles tâtonnements, je par-
« vins, en m'appuyant toujours sur les principes
« de la musique, en feuilletant sans cesse les
« poètes et les musiciens, à construire une théo-
« rie complète du rhythme de la versification et
« de la prose françaises. »On ne peut faire à M. Lu-
rin d'autre reproche que celui de s'être trop oc-
cupé de la versification dans l'antiquité, où le
mètre était en continuel conflit avec le rhythme
musical et souvent l'absorbait; maïs dans la
partie qui concerne spécialement les formes de
la versification française , quant à la symétrie
rhylhmique, on trouve de très-bonnes observa*
tions. Au reste, le même sujet a été traité récem-
ment d'une manière bien plus profonde et plus
complète par M. Van Hasselt, inspecteur géné-
ral de l'enseignement en Belgique, dont le travail,
lorsqu'il Sera publié, résoudra tous les problèmes
de l'accord de la poésie et de la musique , dans
la versification lyrique.
LUSCINIUS (Otiihar), dont le nom alle-
mand était NACHTGALL (Rossignol) , naquit à
Strasbourg, en 1487. Après avoir fait ses études
dans cette ville, à Paris, à Louvain, à Padoue et
a Vienne, il retourna dans sa patrie en 1514.
Pendant son séjour à Vienne, il avait reçu des
leçons de musique de Hoflliaimer, organiste de
l'empereur, à qui il a accordé de grands éloges
dans un de ses ouvrages. Lui-même y fit des
icours de cette science, et eut un grand nombre
d'élèves. Il remplit ensuite les fonctions de prédi-
cateur à l'église de Saint-Maurice d'Augsbourg, et
de lecteur de littérature grecque chez les Béné-
dictins de Saint-Ulrich et Afra. Le goût de la
littérature et des arts le ramena en Italie en 1517,
et on le retrouve à Rome en 157.0. Il y a ici quel
que embarras dans les dates ; car on voit dans
Y Essai sur l'histoire de la musique en Alsace,
et particulièrement à Strasbourg, de M. Lob-
stein (i), que le 8 août 1517 Olhmar Lusci-
nius fut nommé organiste de l'église Saint-Tho-
mas, par le chapitre de cette collégiale. Suivant
M. Lobstein il ne quitta celte position ,ct ne s'é-
(l) Beltrtege tur c.eschlchtê der 3lusik im Eltats und .
bttonden in Strasbourg, p. 58.
loigna de Strasbourg, pour altère Augsbourg,
qu'en 1523. Lui-même nous apprend qu'il a fait
de longs voyages ; qu'il a demeuré quelque temps
en Turquie, puis qu'il a parcouru presque toute
l'Europe et une partie de l'Asie; enfin, qu'il a fait
un long séjour en Hongrie et dans la Transyl-
vanie. De retour à Strasbourg, il y fut pourvu
d'un canonicat à l'église de Saint-Etienne, en 1521.
Ami des Fugger, riches banquiers d'Augsbourg , •
il obtint aussi par leur crédit un bénéfice, qu'il
abandonna en 1526 pour se retirer à Bàle, où il
eut l'emploi de prédicateur; mais les progrès de
la réforme l'obligèrent à s'éloigner de cette ville,
et il se retira à Fribourg en Brisgau, où il par-
tagea l'appartement d'Érasme. Son caractère
difficile et les sarcasmes qn'il lançait souvent
contre ses meilleurs amis le brouillèrent bientôt
avec cet homme illustre. Il retourna à Strasbourg,
où Pon croit qu'il mourut, en 1535, mais certaine-
ment à tort, car l'épllre dédicatoire de sa Afu-
surgia est datée de Strasbourg , 1536. On a de
Luscinius de bonnes éditions grecques et latines
de quelques-uns des auteurs classiques, et deux
livres sur la musique. Le premier de ceux-ci a
pour titre : Institutiones musicœ a nemine un-
quam prius pari facilitât e tentaiœ, Strasbourg,
1515, in-4°. C'est dans la préface de ce petit ou-
vrage que Luscinius nous apprend qu'il a ensei-
gné la musique à Vienne, avec succès. Le second
livre que nous lui devons sur la musique est
intitulé : Musurgia, seu praxis musicx, illius
primo qux instrument is agitur ceria ratio, ab
Ottomaro Luscinio, Argentino, duobus abso-
Ma. Ejusdem de concentut polyphoni, idest
ex plurifariis vocibus compositi, canonibus ,
libri totidem; Strasbourg, 1536, in-4© ohlong
de 102 pages. Une deuxième édition du même
livre a été publiée également à Strasbourg, en 1 542,
in-4<> obi. L'une et l'autre sont rares ; cependant
elles ne sont pas introuvables , comme l'a cru
Gerber, car j'en connais des exemplaires dans
beaucoup de grandes bibliothèques, et moi-même
j'en possède des deux éditions. La Musurgia de
Luscinius offre beaucoup d'intérêt par les figures
et les descriptions de la plupart des instruments
en usage à la fin du quinzième siècle, et an
commencement du seizième. Il a fait beaucoup
d'emprunts pour son livre à l'ouvrage de Sébas-
tien Wirdung (voy. ce nom ) , et même il l'a
copié quelquefois littéralement.
LUS1GNANI (VracEitzo), fut connu généra-
lement sous le nom de Vincenzo da Modena,
parce qu'il était né à Modtoe. Il est cité sous son
nom véritable dans le catalogue des artistes il-
lustres de cette ville, lequel est annexé à la Chro-
nique manuscrite de Lnnrilotlo. On y voit que
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LUS1GNANI — LUSTIG
379
Vincent Lusignani oa Lu signa no était un organiste
excellent, au service du pape Léon X, et qu'il
jouissait d'un traitement considérable (t). Lucas
/Gaurico fournit des renseignements précis sur
cet artiste, dans son traité d'astrologie. Il nous
apprend qu'il était né le 23 février 1469; qu'il
surpassait tous ses contemporains dans le jeu de
l'orgue et du clavecin, et qu'avec ses longs doigts
il touchait ces instruments avec autant de véio-
•cilé que de douceur. Le traitement que lui ac-
cordait le pape Léon X était, dit-il, de sept cents
■écus d'or, somme énorme pour ce temps et qui
parait exagérée. Déplus, il recevait des aliments
•pour lui et son serviteur. Enfin, on voit dans le
•même passage que Vincent enseigna à son neveu
Jules (voy. Segni) l'art de jouer de l'orgue et
des autres instruments à clavier (2).
Jérôme Pasio ajoute à ces renseignemenl8,dans
sa chronique, imprimée en 1525, que Vincent de
Modène avait été d'abord au service d'un royal
patron, qu'il nomme Frédéric (3) ; puis, qu'il passa
à celui de Léon X; devenu pape en 1513, et
-qu'enfin il était mort au moment où écrivait
•Je chroniqueur (4). Aucune composition de Lu-
signani n'est parvenue jusqu'à nous, ou du
moins n'est connue jusqu'à ce jour.
LUSITANO (Vincent) , musicien du sei-
zième siècle, né à Olivença, en Portugal, vivait
à Rome en 1551. Il y a lieu de croire que
le nom sous lequel il est connu n'était pas ce-
lui de sa famille, mais plutôt une désignation de sa
nation, parce qu'il était Portugais ( Lusiiano ) de
naissance ; au surplus, je n'ai aucun renseignement
à cet égard, et mon opinion n'a que la valeur
-d'une simple conjecture. Forkel l'appelle Vi-
cente, d'après Machado ; mais Vicente ou Vin-
•cenzo ne sont évidemment que le prénom. Une
discussion s'était élevée entre ce musicien et D.
\\) M. Vlcenzo Luslgnano, organlsta dlgnimlmo, cbe gtt
«te eon In Santlta <fl Papa Léon X, con buonisslma pro-
wiglone per suonare.
(S) VlncenUns Mutlnensts organisa clarlsMmus r In pul-
«andis Organtcla Instrumenta et cyrobalis erat pro cctrrts
«rolnentl&slmus, com dlgttls longls et macilentls veloctisl-
anus atqne dulcisttmus. Habebat pro salario qoolannis a
: Leone X aareoa 700, et sportulun pro ipso et famulo :
-edocolt Joli ara, ejus nepotem, Inpnlsandi* et ta m organb
orphlcam. Anno i*e». Mense Februarlo, die ts, h. s. m. 60.
i Tract, astrolog. nativ. p. 85. )
(S) Peut-être Frédéric III, dit le Sage, duc de Saie, qui
commença à régner en i486. Ce prince aima beaucoup les
sciences et les arts,fonda l'université de Wlttenberg, m t sot,
-mais se sépara plus tard de l'Eglise catholique en deve-
nant le protecteur de Luther.
(4) Da Modetta Vmcenzo almo organista,
Morto Federico suo real Padrone,
Sonô pol In Roma al declmo Leone :
Horsona col propheta Citharlfta.
(Crow., p. W.)
Nicolas Vicentino (voy. ce nom) sur ce que celui*
, ci prétendait qu'aucun musicien compositeur ne
savait en quel genre était la musique qu'il écri-
| vail; ce qu'il offrait de prouver. V. Lusitano
soutenait, au contraire, que tout bon musicien
. connaissait le genre de la musique qu'il écrivait
ou qu'il chantait. Le pari (ut de deux écus d'or,
i et les adversaires choisirent Bartholomé Esco-
hedo et Ghiselin Dankerts, chantres pontificaux,
pour juges de leur différend. Après avoir remis
par écrit leurs propositions aux arbitres, ils plai-
dèrent tous deux en faveur de leur opinion, le 7
juin 1561, dans la chapelle du Vatican, en pré-
sence de tous les chantres de la chapelle ponti-
ficale, et de plusieurs personnages éminents.
Yincentino fut condamné à payer les deux écus,
et les juges déclarèrent que Vincent Lusiiano
avait prouvé qu'il entendait bien en quel
genre était la musique qu'on exécutait commu-
nément. Arteaga,qui a parlé de cette discussion
dans ses Rivolusioni del teatro musicale ila-
liano (t 1, pag. 222), n'a. pas compris l'état
de la question. M. l'abbé Baini rapporte en dé-
tail toute cette affaire (Memor. i$tor.~crit.
délia vita e délie opère de Giov. Pierl. da
Palestrina, I. 1, n°424 ), d'après des pièces au-
thentiques et originales qui existent dans la cha-
pelle pontificale. On a de V. Lusitano un petit
traité de musique intitulé : Introduttione, faci-
lissima e novissima, di canio ferma ', figu-
rato,contraponto semplice % et inconcerio, con
regole gênerait per far fughe differenti so-
pra il canto fermo a 2, 3e A voci, e composi-
tioni y proportions, generi diatonico,cromatico f
enarmonico ; Rome, Antoine Blado, 1553, in-4°
de 86 pages, avec le portrait de l'auteur. 11 y a une
deuxième édition : In Venetia, appresso Fran-
cesco Marcolini, 1558, in-4° de 23 feuillets dou-
bles et une troisième imprimée à Venise, en 1561,
chez Fr. Rampazetto. Tout ce qui concerne les
fugues, ou plutôt les imitations et les genres,
dans ce petit écrit, depuis la page 17 jusqu'à la
page 23, de la deuxième édition, est digne d'in-
térêt et contient de fort bonnes observations
qu'on chercherait vainement dans d'autres ou-
vrages. Une traduction portugaise du livre de Lu*
silano, par Bernard de Fonseca, a été publiée à
Lisbonne, en 1603.
LUSTIG ( Jacques-Guillaume ), organiste à
! l'église Saint-Martin de Groningue, naquit à
; Hambourg, le 20 septembre 1706. Élève de son
père, organiste de l'église Saint-Michel dans
celte ville, il fit de si rapides progrès, qu'à l'âge
de dix ans H pouvait déjà remplacer son maître
dans ses fonctions, et lorsque celui-ci mourut
il obtint sa place, quoiqu'il ne fût âgé que de
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380
LUST1G — LUTGERT
seize ans. II étudia alors la théorie de la musique
et la composition, sous la direction de Maîth -
son, et apprit de Telcmann tout ce qui concer-
nait la pratique de l'art. La fréquentation des
théâtres et des concerts forma son goût. L'illus-
tre J. -S. Bach, qu'il eut occasion d'entendre,
devint son modèle pour l'orgue. En 1728, il con-
courut à Groningue pour la place d'organiste de
Saint-Martin, et l'obtint. Six ans après, il fit un
voyage à Londres, pour entendre les opéras de
Haendel et les célèbres chanteurs italiens de cette
époque. De retour à Groningue, quelques mois
après, il ne s'en est plus éloigné. Lorsque
Bnrney visita cette ville en 1772, Lustig y rem-
plissait encore ses fonctions d'organiste avec
talent, quoiqu'il fût âgé de soixante-six ans. Il y
avait alors quarante-quatre années qu'il occupait
sa place d'organiste. On n'a plus eu de rensei-
gnements sur cet artiste après la publication du
voyage musical de Bnrney ; on sait seulement
qu'il vivait encore en 1770, car il donna dans cetle
année une traduction des voyages musicaux de
Durney. Il avait alors soixante-dix ans. Lustig a
publié de sa composition : 1° Six sonates pour
le clavecin, gravées à Amsterdam. — 2° Suite
aux amusements de musique de Mahaut, consis*
tant en vingt ariettes spirituelles et dix mondai-
nes. Mais c'est surtout comme écrivain sur la
musique qu'il s'est fait connaître avantageuse-
ment. Parmi ses travaux en ce genre, on remar-
que : 1° Inleyding tôt de musikkunde, uit
klaare onweder-spreekelyke gronden, de in*
nerlykc geschapenheit, de oorzaken van de
sonderbaare uttwerkselen, etc. ( Introduction
à la connaissance de la musique ) ; Groningue,
1751, in-8°. Il y a une deuxième édition perfec-
tionnée de ce livre ; Groningue, 1 77 1 , in-8°. Dans
le catalogue delà bibliothèque Van Hulthem, on
en indique (n° 9800) une édition d'Amsterdam,
1758 ; mais j'ai vérifié l'exemplaire : c'est la pre-
mière édition dont on a changé le frontispice.
Ce traité est purement théorique : Lustig y fait
preuve de savoir et de philosophie. — 2° Muzy-
kaale spraakkonst, of Duidelyke aanwyùng
en verklaaring van allerhande ucetenswaar-
dige dingen, die in de gehecle musykaale
praktyk toteenen grondslag konnen verstrek
ken. (Grammaire musicale, ou instruction et
explication claire de toutes les' choses dignes
d'être sues, et qui peuvent servir de base à toute
la pratique de la musique) ; Amsterdam, Olofsen,
1754, in-8° t— 3° Twaalf redeneeringen over
nuttige musykaale ondetwerpen, verhande-
tende ; 1° Algemeene beginselen, etc. (Douze
arguments sur des sujets de musique fort utiles,
contenant : 1° Principes généraux, — 2° Le vrai
rapport des notes ut, ré, mi f etc., — 3° et 4° Les
tons fondamentaux des psaumes, — 5° Le bon
emploi de la musique de chant, — 6° L'origine
de l'art du chant, — 7° L'essence de la mu-
sique, — 8° Le goût musical, — 9° La poésie mu-
sicale, — 10° Un nouveau système des inter-
valles, — 11° et 12° L'harmonie musicale et un
traité complet des chants de l'église, enrichis de
quelques suppléments qui font comprendre l'état
actuel de la musique (avec 20 planches ) ; Ams-
terdam, Olofsen, sans date ( 1756 ), in-8° de 699
pag. avec une table générale. Cet ouvrage a para
sous la forme d'un journal, en 12 numéros, de
mois en mois. Il est écrit en dialogues, et ren-
ferme des choses fort bonnes et très-curieuses.
Dans le numéro 10 on trouve la description du
piano de Bartboiomé Cristofali , avec la figure
du mécanisme, traduite de l'italien, deMaffei.
Lustig a aussi traduit en hollandais plusieurs
bons ouvrages relatifs à la musique, et les a en-
richis de notes savantes et éradites, entre autres:
io L'essai d'une méthode pour apprendre a jouer
île la flûte par Quantz, sous ce titre : Grondig
onderwys der dwars/luit, etc., Amsterdam,
1754, in-4°, — 2° La Mxuico-Theologia de
J.-M. Schmidt, intitulée: MuHco-Tkeologia, of
stigtelyke toepassing van musikaale tcaarke*
den; Amsterdam, Olofsen, sans date (1756),
in- 12 de 261 pages et 3 tables des passages de
l'écriture, des auteurs et des matières. — Z°VOr-
ganum Gruningense redîvivum, de Werkmeis-
ter, etc. — 4° L'introductiou à l'art de jouer du
clavecin, de Marpurg, sous ce titre ; Aanleidîng
tôt het clavier spielen ; Amsterdam, Olofsen,
1760, iu-4°. — 5° La méthode de violon fie
Wodiczka {voyez ce nom), intitulée: Korle
Instruciie voor de viool , etc. ; Amsterdam ,
Olofsen, 1757. — 6° La méthode de flûte de Ma-
haut. — 7° Les voyages musicaux de Burney,
sous ce titre : Dagboek van zyne muzikaaie
reize door Frankryk, Italien cnDuitschland ;
Groningue, 1776, in-8°. — On a aussi de Lustig
des notices sur 146 musicien!*, insérées dans le
deuxième volume des lettres critiques de Mar-
purg ; le plus grand nombre est sans intérêt,
mais il y en a quelques-unes qui fournissent des
renseignements utiles, particulièrement sur de*
artistes hollandais.
LU1GERT (F.-H. ), musicien à Hambourg,
vivait à la fin du dix-huitième siècle. Il a fait
graver de sa composition : 1° Douze chansons
allemandes, avec accompagnement de piano;
Hambourg, 1797. — 2° Six variations sur l'air :
Contre les chagrins de la vie pour piano, op. 2 ;
ibid., 1798. — 3° Journal de la musique de piano
extrait des meilleurs opéras allemands et fran-
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LUTGERT — LUTHER
381
çais ; Hambourg, Meyer. — 4° Huit variations
pour le piano sur un air allemand ; ibid. v 180 1.
LUTHER (Martin), célèbre réformateur,
naquit le 10 novembre 1494, à Kisleben, dans le
comté de Mansfeld, en Saxe. Il commença ses
éludes à Mansfeld, les continua à Eiscnacli, et
alla les terminer à Erfurt, où il fut gradué maî-
tre de philosophie en l&Oô. 11 se destinait alors
au barreau; mais la mort funeste d'un ami tué a
ses cotés, par un coup de tonnerre, frappa son
imagination d'une terreur qui le conduisit à s'en-
fermer au couvent des Auguslins d'Ërfurt. Il y
fit profession, et bientôt il s'y distingua par son
éloquence et son savoir L'histoire des circons-
tances et des motifs qui le conduisirent a sa
doctrine de la réformation n'appartient pas à cet
ouvrage : on la trouve dans tous les diction-
naires biographiques. Luther mourut à Eislcben,
le 18 février 1546. Il fut inhumé avec pompe
dans l'église du château de Wittenberg.
Luther n'était pas seulement théologien; il
cultivait aussi avec succès la poésie et la
musique. La nature l'avait doué d'une belle
voix et d'un goût passionné pour le chant et
pour Tharmonie. Encore enfant , il apprit les
éléments de l'art au collège de Mansfeld ; à Mag-
debourg, il continua ses études musicales, et à
Kiscnach il fut admis au chœur de V église. 11 a
laissé des témoignages non équivoques de son
amour pour la musique dans deux lettres, dont
la première, adressée au compositeur Louis
Senfel (voy. ce nom) , est datée de Cobourg, le 4
octobre 1530 (l), et dont l'autre, intitulée En-
comium musices, a été écrite à Wittenberg, en
1538(2). «La musique (dit-il) gouverne le
* monde; elle rend les hommes meilleurs; elle
« adoucit leurs mœurs. La musique est le meil-
a leur soutien des affligés ; elle rafraîchit l'Ame
« et la rend à la félicité. On ne peut mettre en
« doute ( ajoute-t-il dans un autre endroit) que
« les esprits sensibles à la musique ne renfer-
« ment le germe de toutes les vertus ; mais ceux
(1) Elle a été publiée dan* la collection des lettres de
Luther, par François Budcc. p. Si 3. Foikcl la donnée
au«sl dans son almanach musical pour l'année 1781, 167
et sulv.
(«) On trouve cette lettre daos ses œuvres, t. VIII ,
p. 140 de l'édition de Jena. Werkmetoterl'a insérée dans son
livre : J^Qrde, Cebrauch und MisOrauctider edten Mu-
ùkhuntt, 1691, in-*°, p se. Enfin on la trouve dans la Bi-
bliothèque musicale de Mlzler, t. Il, p. 50; dans le livre
de Win ter intitulé De cura prlnclpum et magistratuum
piorum in tuendo et contervando cantu ecclesiatico ; et
dans le petit volume de M. FA. Recck. qui a pour titre :
Dr. Martin Luther't Cedankm veber Mu$ik (Opinions
de Martin Luther concernant la muilquc) , p. xxi. J. C.
S. Ktcfhaher a aussi publié la lettre a Senfel, avec des
notes, a Munich, en 1817. \Foici Kiifbaber.)
« qu'elle ne peut toucher, je ne puis mieux les
« comparer qu'à des morceaux de bois ou de
« pierre. La jeunesse doit Être élevée dans cet
* art divin, qui rend les nommes meilleurs ;
« enfin la musique est nécessaire dans les écoles,
» et je ne considère pas comme un instituteur
« celui qui ne sait pas chanter. »
Bien qu'il ne fût pas un savant musicien, Lu-
ther |x>ssédait des connaissances assez étendues
dans la musique pour cultiver cet art avec
fruit. Non-seulement il était en état de chanter
des chorals à première vue, mais il pouvait lire
avec facilité toute espèce de musique. Il con-
sacrait h cet art toutes les soirées qu'il passait
au milieu de ses enfants et de ses amis. Ils
chantaient alors de beaux motets de Senfel, de
Josquin et d'autres grands maîtres : Lutlier fai-
sait venir, pour les exécuter, des musiciens exer-
cés, et organisait chez lui 9 de petits concerts.
« A moins de se montrer injuste (dit le pasteur
« Rambach, dans son excellent livre intitulé :
« De V influence de D. Martin LUther sur le
« chant d'église (i) , on est forcé d'avouer que
« personne n'était plus apte que Luther à orga-
« niser noblement et d'une manière utile le chant
« religieux et le service divin. Réunissant fi-
« inagination à la sensibilité, la persévérance à
« l'amour du peuple, le goût et la connaissance
« théorique et pratique du chant à beaucoup
« d'autres qualités qui se rencontrent rarement
« ensemble, il était plus capable qu'aucun autre
« de faire pour le citant d'église ce qu'il fit en
« effet. »
Dans sa liturgie, il insiste sur la nécessité de
retrancher les antiennes et cantiques de la Vierge,
l'offertoire, les chants de vigffe et de la messe
des morts, qu'il considérait comme contraires à
l'esprit évangélique. Les proses furent aussi sup-
primées par lui ; il les estimait peu, et les consi-
dérait comme ne faisant point essentiellement
partie du culte. En général , il ne conserva des
anciennes pièces de chant que ce qui con-
tenait des louanges de l'Éternel et l'expression
de la reconnaissance pour ses bienfaits.
Luther ne fit pas disparaître absolument les
chants latins de l'office divin, il n'approuvait
même pas ceux qui le firent; mais, en beau-
coup d'endroits il remplaça par de simples
chorals en langue vulgaire, en faveur du peuple,
des pièces plus longues et plus difficiles. Au
reste il n'y eut point en cela d'innovation ; car
Mélanchthon a fort bien remarqué, dans son Apo-
logie de la Confession d'Augsbowg, quel'usage
(i) Veber Dr, Uither Ferdienste um den*Kirchençe-
sane, etc. ; Hambourg, 18 J 8.
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382
LU THER
du chant allemand par le peuple, dans le culte,
est fort ancien. M. Henri Hoffmann a prouvé,
dans son intéressante Histoire des chants d'é-
glise jusqu'au temps de Luther (1), que ces
chants existaient avant le douzième siècle, et en
a rapporté des exemples.
Convaincu de la nécessité d'une réforme dans
le chant d'église, et voulant surtout lui donner une
assez grande simplicité pour que le peuple pût
lui-même chanter les psaumes et les cantiques
dans l'office divin, il choisit dans les anciennes
mélodies religieuses du culte catholique celles
qui répondaient à ses vues, et composa lui-
même d'autres chants, devenus des modèles
<;u'on a imités depuis Ion. Les chants anciens
qu'il conserva sont ceux des hymnes qu'il tra-
duisit 'du latin; ainsi la mélodie du canti-
que Der du bist drei in Ewigheit, etc., est
la même que celle de, beata lux trinitas;
celles de Christum Wir sollen loben tchœn ,
et de Komm, Gott schoepfer , heiliger
Geist, sont v les mêmes que celles de Veni
Creator spiritus, et de Ortus cardine. A
l'égard des hymnes Veni Redemptor (num
Komm der heiden Heiland) et Te Deum
laudamus (Herr Gott, dich loben Wir),
Luther y fit de notables changements. Les
chants composés par Luther se divisent en deux
classes : 1° ceux des traductions en prose de la
Bible ; — 2° ceux des cantiques versifiés. Les
premiers se distinguent par une mélodie simple,
plusieurs syllabes étant placées sur la même in-
tonation, ce qui leur donne de l'analogie avec
l'ancienne psalmodie. Des modulations plus va-
riées, plus fortes, plus expressives, caractérisent
au contraire la seconde classe. Parmi les chants de
la première classe, on remarque particulièrement
ceux que Luther composa à Witteriberg, pour la
messe allemande, et qu'il publia d'abord dans sa
liturgie, en 1516, pois dans sa Formula missx et
communionis pro ecclesia (Wittenberg, 1523,
2 vol. m-4°). Les principaux sont : 1° deux
chants différents pour l'épitre ; — 2° celui de
l'évangile; — 3 a le Pater (Vater unser). A
l'égard des cantiques de Zacharie, de Siméon,
de Marie, et des litanies allemandes, attribués à
Luther, il n'est pas certain qu'ils lui appartien-
nent L'épitre et l'évangile ne se chantent plus;
on les récite simplement. Les autres chants ont
été conservés dans la partie de l'Allemagne où
les formes de la messe et l'usage de la musique
pendant l'office divin existent encore.
La seconde classe des compositions est plus
(1) CeschlcMe des deutschen KirchenUedes Hs aufLu-
her$ Zeit ; Brestou, is»t, to-S»'.
intéressante, et par elle-même, et parce
qu'elle est encore en usage dans les temples de
l'Allemagne protestante. . On n'est pas d'ac-
cord sur le nombre de cantiques dont les
mélodies lui appartiennent. Turk n'en compte
que seize dans son livre Des principaux de
voirs d'un organiste (1) ; d'autres le portent
jusqu'à vingt, et même davantage. Mais il en
est plusieurs qu'on lui a attribués, et.'qui ne sont
point de lui : tels sont les cantiques Mensch r
uillst du leben, ttc; Dies sinddie heil'gen,eic.
N'oublions pas que lui-même dit dans la préface
de sa liturgie, publiée en 1557 : « L'hymne A»
« last uns den lÀeb begraben, qu'on chante
« aux funérailles, porte mon nom, mais elle
« n'est pas de moi. Si je la renie, ce n'est pas
« que je ne la trouve excellente; mais elle
« est de Jean Weiss, et je ne veux pas
^ m'approprier son ouvrage. » Suivant le»
meilleures autorités et les livres de mélodie»
chorales publiés vers le milieu du seiiièree
siècle, Luther parait être auteur de celles-ci :
' 1° Nun freut euch 9 lieben Christen gemein, etc.
— 2° Christ lug in Todesbanden. — 3° Ein
neues Lied wir haben an, etc. — 4° Au*
tiefer tioth schrei Ich zu dir, etc. — 5° Ack
Gott, vom Himmel sieh darein, etc. — 6° E$>
tcolV uns Gott gnxdig seyn, etc. — 7° Wir
glauben alV an einen Gott, etc. — 8° Mit
Fried' und Freund* Ich fahr'dahin , etc. —
»• Jesaia, dem Propheten, etc. - 10° Wohl
dem, der in Gottes furent steht, etc. — 11° Jé-
sus Christus, unsci* Heiland. - 12° Es spricht
der unweisen Mund. — 13° Wœr Golt nicht
mit uns dièse Zeit. — 14° Verleih uns Frieden
gnœdiglich, etc. — 1 5° EMfeste Burg ist unser
Gott, etc. — ld° Vom Himmel hoch da komm
Ich, etc. — 17° Vater unser im Himmel-
reich, etc. — 18° Christ unser Herr, etc. —
19° Erhalt uns, Herr. — 20° Sie ist mir
Lieb, etc.
Si l'on a attriboé à Luther des mélodies de can-
tiques qui ne lui appartiennent pas, il ne faut
pas imiter l'auteur de La Harpe de Sion (1),
qui lui dispute non-seulement les cantiques
Wir glauben alVan einen Gott f etc., Verleih
uns Frieden gnœdiglich, etc., mais qui pré-
tend que la mélodie Bin'feste Burg ist unser
Gott n'est que l'hymne du culte catholique Exul-
tet cœlum laudibut; que celle de Sun freut
euch, lieben Christen gemein est semblable au
(l) Von den. uichtigttcn Pfllchten eines OrgwH*-
ten, etc ; Halle, 1787, in-8».
(») Die SiOM'Harfe oder Àbhandlund ûber dos icesm,
die CcschteMe vnd die LUeratur der Kathoi. Kirchm-
geswnge.
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LUTHER
383
chant Fortem virili pectore: que JSrhaltuns,
Uerr, bei deinem Wort, est sans aucun chan-
gement l'hymne Jesu corona virginum, et qu'il
en est de même de plusieurs autres. Cependant
un examen attentif ne fait découvrir entre ces
morceaux que de faibles analogies. A ceux qui
prétendent contester à Luther la composition
des mélodies de ses cantiques , et qui affirment
que toutes ces mélodies sont l'ouvrage de J.
Walther, de Conrad Rupff, de Martin Agri-
cola, de Senfel, de Henri Isaak, de Georges
Rhaw, de Thomas Stœlzer et d'autres, on peut
opposer le témoignage de Jean Walther lui-même
qui, dans la préface de son Cantional, s'exprime
ainsi : « Il y a quarante ans, lorsqu'il (Luther)
« voulut établir la messe allemande à Witten-
« berg, il écrit it au prince Jean, de glorieuse
« mémoire, pour que son professeur de chant,
« Conrad Rupff, et moi vinssions à Witten-
« berg, afin de se concerter avec nous sur la
« musique chorale. Il employa le huitième ton
« pour l'épi tre, et le sixième pour l'évangile, en
« disant : « Les paroles de Jésus-Christ étant
« remplies de douceur, nous consacrerons
« le sixième ton à V évangile; et saint Paul
« étant un aptftre austère, nous emploierons
« te huitième ton pour Vépttre. Il composa
« aussi la musique des épttres , des évangiles,
« du Qui pridie, me la chanta et me demanda
« mon avis. Il me retint pendant près de trois
« semaines à Wittenberg, occupé a écrire
a la musique de ses évangiles, de ses épî-
« très, jusqu'à ce que la première messe aile-
« mande eût été célébrée dans tes paroisses. Je
« fus obligé de les écouter attentivement, d'en
« emporter une description à Torgau, et de la
« présenter au prince de la part du docteur. Il
« entreprit de composer des vêpres pour ta
« jennesse, et il écrivit à cet effet de beaux
« cantiques allemands , qu'il entremêla ce-
« pendant d'anciens cantiques latins; etc. »
Ce témoignage est irrécusable, et démontre que
Luther est réellement auteur du chant de quel-
ques-unes des mélodies de l'ancien Choralbuch,
quoiqu'il soit certain que beaucoup d'autres
ont été composées par J. Walther, C. Rupff, G.
Rhaw, J. Agricole, Speratus, Stœlzer, Die-
trtclit, et d'autres anciens musiciens allemands.
La première édition du Choralbuch (livre
choral ) fut publiée à Wittenberg, en 1524 ; elle
ne contenait que huit mélodies de Luther. Il en
parut une autre, plus étendue, en 1525. J'en pos-
sède une fort rare intitulée Enchiridion geistli-
cher Gesenge und Psalmen fur die Leien,
mit vicl andern zuuort gebessert , petit in-8°
carré de sept feuilles. A la fin du volume on lit :
i Gedruckt durch Michael Blum, 1528 (sans
! nom de lieu ). Ce livre contient quelques psaumes,
les cantiques, les vêpres, matines, compiles, li-
tanies et la messe allemande, avec les mélodies
gravées sur des planches de bois, l'indication de
celles qui sont tirées de l'antiphonaire et du
graduel romain, et les noms des auteurs des
chants allemands : parmi ceux-ci on remarque
celui de Luther aux. cantiques Nun freui euch,
lieben Christ en gemein, etc.; Jésus Christus
unser ffeiland, et à sept autres. Il y a aussi
une autre mélodie sur Jésus Christ us unier
Beiland, indiquée comme l'ouvrage de Jean
Huss, perfectionné par Martin Luther. Les édi-
tions, plus ou -moins augmentées, du livre cho-
ral se multiplièrent rapidement. J'en possède
environ quarante, tontes du seizième siècle, en
différents formats, et ce n'est pas à beaucoup
près toutes celles qui ont été publiées. Elles ont
toutes pour titres Enchiridion geistlicher Ge-
sœnge, ou geistlicher Lieder D. Mart. Lu-
ther f s. Une des plus belles est celle qui a été
donnée par Yalentin Bapst, à Leipsick, en 1545,
in-8°, avec la musique bien imprimée, et le nom
de Luther à tous les cantiques qui lui appar-
tiennent. Toutes les pages sont encadrées de jo-
lies vignettes, et l'on trouve en différents en-
droits de belles figures en bois. Les mêmes mé-
lodies ont été adaptées à des traductions des
cantiques et des psaumes dans les différents
patois de l'Allemagne, et dans ses différents
dialectes. J'en possède plusieurs en patois de
Hambourg, de Magdebourg, de Berne, en lan-
gue dalmate, et même en Bohême et en polonais.
Tous ces livres de chant, qui portent le nom de
Luther, sont antérieurs à 1580. M. K. Grell a
aussi publié les cantiques de Luther, avec ses
opinions sur la musique, sons ce titre iLuther's
geistliche Lieder nebst dessen Gedanhen uber
die Musik; Berlin, 1817, in-8».
On peut consulter avec fruit, sur Luther et
sur ses, travaux dans la liturgie musicale des
églises réformées, les ouvrages suivants, dont
quelques-uns ont été publiés à l'occasion de la
troisième fête séculaire de la réformation :
1° Dr. J. G. W. Augusti de Hymnorum sa-
crorum debemus in Historia dogmatum usu ;
Breslau, 1817. — 2° O. L. Ramhach UeberLu-
ther's Verdienste um dem Kirchengesœnge
(Sur l'influence de Luther dans le chant d'é-
glise); Hambourg, 1813. — 3°Luther's Ver-
dienste um Musik und Poésie von Knecht
( Influence de Luther sur la musique et la poé-
sie, par Knecht); Ulm, 1817. — 4° Luther's
Verdienste um die Musik, von Mûllcr (In-
fluence de Luther sur la musique, par Millier );
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384
LUTHER — LUZZASGO LUZZASCHI
Erfort, 1817. — 6° Mortimer, Dcr Choralge-
sang zur Zeit der Reformation ( Le Chant
choral au temps delà Réformation) ; Berlin, 1821,
in-g<». ^_ 6° Ueber die, zur Dreihundert jah-
ringen Jubelsfeier der Reformation verschie-
nenen Schriflcn (Sur les ouvrages publiés à
l'occasion de la Tète du troisième siècle de la ré-
formation); Nuremberg, 1817. —7° Index li-
brorum ad celebranda sacra sxcularia refor-
mations ecclesiasticx tertio, quos bibliotheca
regia Berolin., comparavit jussu V. E. et J.
ab AUenstein editus ; Berlin, 1821. —8° Dr.
Martin Luther's Gedanken HJber die Musik,
von F.- A. Beeck (Opinions de M. Luther con-
cernant la musique, par M. Frédéric-Adolphe
Beeck) ; Berlin, 1825, in-8 .— 9° Une suite de
bons articles sur les auteurs des mélodies cho-
rales de l'église réformée, dans les quatre pre-
miers volumes de l'excellent écrit périodique
publié aBreslau, par M. J.-G. HientzscU, sous
ce titre : Eutonia, eine hauptsœchlich Musik
Zeitschrift. J'ai puisé dans ces divers ouvrages
les éléments de cet article.
LUX (Frédéric), violoniste et maître de
concerts à Dessau , né le 24 novembre 1820 à
Ruhla, dans le duché de Saxe-Cobourg-Gotha,
fit ses premières études musicales à Eisenach,
et devint élève de Frédéric Schneider, a Dessau,
en 1839. En 1846 il fit exécuter une cantate de
ftte dans cette ville ; elle obtint -un succès si
brillant, que les daines lui firent offrir une cou-
ronne d'argent. Le 24 mars de la même année,
il fit représenter sur le théâtre de la cour Topera
de sa composition Dos Kœthehen von Heil~
bronu (Catherine de Heilbronn), dont la musique
fut fort applaudie. Postérieurement M . Lux s'est
fixé à Mayence, comme professeur de musique.
LUYR (Adam), savant musicien du seizième
siècle, naquit à Aix-la-Chapelle. Glaréan le vit
dans sa jeunesse à Cologne, où il enseignait les
mathématiques. On trouve dans le Dodecachor-
don du savant de Glaris (pag. 291) une chanson
latine d'Adam Luyr à trois voix, fort bien faite,
et qui offre un curieux exempte de l'emploi des
prolalions parfaite et imparfaite.
. LU YTON ( Charles ), bon organiste et com-
positeur de l'empereur Rodolphe II , vécut à
Prague depuis 1577 jusqu'en 1611, époque où il
mourut en cette ville, dans un âge avancé. On
connaît de cet artiste : 1° Épigramme latine sur
le blason des maisons nobles Berka de Dub et
de Lypa, mise en musique; Prague, 1579. —
2° Madrigali acinque voci ; Venise, 1582. —
3° Selectissimarum sacrarum cantionum sex
vocibus compositarum, nunc primum in lu-
cem editanim, fasciculus prhnus ; Pragx, typis
Georgii Nigrivi, anno 1603. Ce recueil contient
29 motets à six voix. — 4° Opus musicum in
Lamentationis Hieremix prophetœ ; Pragx ,
typis Georgii Nigrini , 1604. — 5° Collectio Mis-
sarum 7 vocum, Pragœ, typis Mcolai Stravs,
1609. Cet ouvrage, dédié à l'empereur Rodolphe,
a été réimprimé à Francfort-sur-le-Mein, en 161 1,
in-fol. — 6° Popularis anni Jubilus, seu man-
tisse, a Georgio Bertholdo Pontono e Brei-
tenberg scripta, et a nobili clarissimoque
Carolo Luyton,organista Cxsaris antepaucos
annos, suavissima melodia exornata; Franc-
fort, 1595, in-4°.
. LUZZASCO LUZZASCHI, célèbre orga-
niste et compositeur du seizième siècle, naquit à
Ferra re, et fut attaché, en qualité de maître de
chapelle, à l'église cathédrale de cette ville et au
service du duc Alphonse II. Il mourut à fige de
soixante-deux ans, et fut inhumé dans l'église des
Carmes. Claude Merulo le considérait comme le
plus grand organiste italien de son temps, et Vin-
cent Galilée l'a placé au nombre des quatre mu-
siciens les plus distingués de cette époque. Pierre
Pontio le cite dans la deuxième partie de son
Dialogo ove si trotta delta teoria e pratka
di musica (p. 49), comme auteur de ricercari
excellents pour l'orgue ; deux de ces ricercari, du
premier et du deuxième ton, ont été publiés par
Diruta (wy.ee nom), dans la seconde partie de son
Transilvano. La première partie du même ou-
vrage contient une toccate du quatrième ton, par
Luzzasco Luzzaschi. On connatt de Luzzasco :
1° Madrigali a quattro voci; Naples, 1576. —
2° Madrigali a cinquevoci, lib., 1 ; Venise, Ant.
Gardano, 1575.-3° Idem, lib. 2; Ferrare, 1576.
- 4° Idem, lib 3 ; ibid., 1581. — 5° Idem, lib.
4; ibid, 1584. L'abbé Requeno cite Luzzasco
Luzzaschi parmi les musiciens du seizième siècle
qui tentèrent de ressusciter le genre enharmo-
nique des Grecs, et assure qu'il avait fait un cla-
vecin dont le clavier était disposé de manière à
pouvoir exécuter de la musique dans les trois
genres, diatonique , chromatique et enharmoni-
que ( voy. Saggi sut ristabilmente delV arte
armon., t. 2, p. 123). Requeno a été mal in-
formé ; le clavecin dont il s'agit avait été cons-
truit d'après les idées de Nicolas Vicentino (voy.
ce nom), et se trouvait chez le duc de Ferrare,
suivant ce que nous apprend Bottrigari dans son
livre intitulé 77 Desiderio, overo dé* concerti di
varii sirumenti musicali (pp. 40 et 41, édition
de 1599). Bottrigari ajoute que cet instrument
était l'effroi des accordeurs et des exécutants par
le grand nombre des touches de son clavier;
mais que Luzzasco, premier organiste du duc,
avait triomphé de ces difficultés et qu'il jouait le
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LUZZASCO LUZZASCHI — LY-KOÀNG-TY
88a
clavecin de Vicentino, dont il tirait de beaux
effets d'harmonie dans des pièces qu'il avait écri-
tes spécialement pour cet instrument.
LVOFF (Alexis-Tukodorb), général major
et directeur de la chapelle impériale de Russie,
né le 25 mai 1799, à Réval, enEsthonie, révéla
dès son enfance d'heureuses dispositions pour la
musique. Le violon était l'instrument pour lequel
son penchant était décidé : on lui donna un mal-
tre, et ses progrès furent si rapides, qu'à Page
de huit ans il exécutait déjà des concertos diffi-
ciles. Lorsqu'il eut atteint sa dix-septième année,
il prit la résolution d'étudier seul les œuvres de
Corelli, de Bacli, deGaviniès, de Viotti, de Bail-
lot et -de Kreutzer; un travail constant le fami-
liarisa avec la manière de chacun de ces artistes ,
et de leur fusion il se fit un style personnel. La
lecture des partitions de Hœndel, de Gratin, de
Jomelli, de Durante, de Gluck, de Mozart, de
Haydn et de Beethoven , devint aussi la source
de ses connaissances pour la composition. Tous
les moments de liberté que lui laissaient ses de-
voirs du service de l'État, où il était entré fort
jeune, suivant l'usage établi dans la noblesse
russe, il les consacrait à l'art pour lequel il se
sentait une passion invincible. C'est ainsi que
par des travaux persévérants pendant plus de
trente ans, M. Lvoff s'est fait une juste réputa-
tion de violoniste et de compositeur. Servant
honorablement son souverain et son pays, il par-
vint par degrés au rang de général major, et
l'empereur Nicolas, ayant apprécié son mérite
dans la musique, lui confia, en 1836, la place
de directeur de la chapelle impériale. En 1840,
M. Lvoff a visilé Paris et Leipsick : il s'y est
fait connaître avantageusement comme violo-
niste et comme compositeur. Un de ses opé-
ras (Bianca e Gualtiero) fut représenté à
Dresde avec succès, en 1845, après avoir été
joué à Pétersbourg. Les Académies philharmo-
niques de Bologne, Sainte- Cécile de Rome, des
Amis de la musique de Vienne, royale de chant
de Berlin, et d'autres de Londres et de Péters-
bourg, ont décerné à cet amateur distingué le
titre de membre honoraire. Parmi les ouvrages
les plus connus de M. Lvoff, ou remarque : 1° Six
duos instructifs pour deux violons; — 2° Air
varié pour violon avec accompagnement de qua-
tuor, gravé à Pétersbourg. — 3° Stabat Mater
de Pergoièse arrangé en chœur et instrumenté à
grand orchestre - r publié à Berlin ; — 4° Première
fantaisie pour le violon, avec orchestre, Ber-
lin, Schlesinger. — 5° Seconde fantaisie idem,
ibid. — 6° Le Ditel f divertissement pour violon
et violoncelle, avec orchestre, op. 4 ; ibid. —
7° Concerto pour violon avec orchestre ; Leipsick. v
BIOGR. IFNIV. DES MUSICIENS. — T. V.
— 8° Duo cantica quatuor vocibus cantanda,
op. 6 ; Berlin, Schlesinger. — 9° Grand chœur
militaire sur des thèmes russes, avec orchestre,
dédié àF.Mendelssohn-Bartholdy, op. 15; gravé
en partition, Leipsick, Breitkopf et Hasrtol.
— 10° Hymne national russe, qui a en un grand
succès populaire dans toute la Russie, composé en
1833, gravé à Pétersbourg et à Berlin. — il Qua-
torze mélodies de Schubert et autres arrangées
avec une partie de violon obligé, Paris, Richaoit,
et Saint-Pétersbourg.— 12° Six psaumes et vingt-
huit chants détachés, composés pour le chœur
des chantres de la cour impériale, gravés à Pé*
tersbourg. — 13° Stabat Mater à quatre voix
en chœur et grand orchestre, texte latin et al-
lemand, gravé en partition, à Vienne. Cet ouvrage
est une des productions capitales de M. Lvoff.
— 14° Chants antiques de toutes les parties de
l'office divin, du rit grec de Russie, harmonisés
à quatre parties sur le texte slave; onze gros
volumes in-4°, gravés à Pétersbourg; travail
immense, qui fait beaucoup d'honneur au direc-
teur de la chapelle impériale. Les ouvrages dra-
matiques- de M. Lvoff représentés à Pétersbourg
sont : — 15° Le Bailli de village , en trois actes,
texte russe. — 16° Bianca e Gualtiero, opéra
lyrique en deux actes, texte français, gravé en
partition à Pétersbourg. — 17° Ondine, Opéra
féerique en trois actes, texte allemand, représenté
à Vienne en 1846, à Pétersbourg en 1848, et
gravé en partition pour le piano, à Vienne. —
iS°La Brodeuse, en un acte, texte russe, repré-
senté et publié à Pétersbourg.
LYCHOR (Samuel), savant et littérateur
suédois, a fait imprimer une dissertation acadé-
mique intitulée : Disputatio de intendendis «v
nis ; Hafnix, 1693, in-8°.
LY-KOANG-TY, écrivain chinois sur la
musique , ministre d'État, et membre du pre-
mier tribunal des lettrés, vécut à la tin du dix-
septième siècle et au commencement du dix-
huitième. Il avait composé un grand ouvrage
concernant la doctrine des musiciens chinois, et
son livre était terminé, quand un incendie dé-
truisit sa maison en 1705, et anéantit le manus-
crit qui renfermait le fruit de ses recherches.
Plein de courage, il se remit au travail, et refit
son ouvrage , mais sur un plan moins étendu.
Voici ce qu'en dit Tsing-tchi, fils ôeLy-Koang-
tu, éditeur de l'ouvrage de son père, dans la
préface qu'il y a ajoutée : « Il ( Ly-Koang-ty ) fit
< un recueil de tout ce qu'il avait pu trouver
« sur l'ancienne musique dans les livres tes
« plus estimés et les plus authentiques ; il le
« mit en ordre, et le divisa en huit parties, dont
« voici les titres : 1° Théorie de la musique en
25
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886
LYTTICH
« général; — 2° Effets de la musique; — 3° Ex-
« plication des différentes espèces de musique ;
« — 4° Des règles de la musique. — 5° Des
« instruments dont on se servait anciennement
« dans l'exécution de la musique; — 6° De la
« musique vocale; — 7° De la musique qu'on
« employait anciennement pour les danses et
« la comédie; — 8° De l'usage de chaque es-
« pèce de musique en particulier. L'ouvrage
« achevé, ajoute Tsing-tchi, le feu prit a notre
« maison, et consuma dans un instant le fruit
« d'un travail immense. Ge fâcheux accident ar-
« riva Tannée du cycle y-yeou (1703). Dans
« Tannée ou-tsée ( 1708 ), mon père eut réparé
« en partie la perte qu'il avait faite. Il avait
« fouillé de nouveau les sources où il avait puisé
« auparavant ; mais ne les ayant pas toutes sous
« la main, et beaucoup de choses s'étant effa-
« céesde sa mémoire, il raccourcit son ouvrage,
« et le renferma dans des limites plus étroites.
« Enfin dans Tannée Ting-ouei ( 1727 } l'ouvrage
« fut mis entre les mains des imprimeurs , qui
« en peu de mois eurent achevé la première
« édition. *
Le jésuite Amiot, missionnaire à la Chine
(voy. Anior ), fit, vers 1756, avec l'aide de quel-
ques lettrés chinois, une traduction française de
l'ouvrage de Ly-Koang-ty, lequel a pour titre :
Kouyo-King- tchouen (Commentaire sur le livre
classique qui concerne la musique ancienne } ,
et envoya le manuscrit de cette traduction à
Boogainville, secrétaire perpétuel de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, qui le reçut en
1764. Ce manuscrit fut communiqué à Rameau,
sois a Tabbé Roussier, qui le garda longtemps;
ji passa ensuite dans plusieurs mains , et finit
par s'égarer. Klaproth a possédé un exemplaire
de l'ouvrage original de Ly-Koang-ty, et me Ta
communiqué : plus tard il Ta vendu au biblio-
graphe anglais Dibdin. Ce livre est sans doute au-
jourd'hui dans' quelque grande collection en
Angleterre.
LYNG-LUN, personnage fabuleux de la cour
de Hoangty, empereur de la Chine, à qui les
anciens auteurs de traités chinois de musique
attribuent la découverte des proportions néces-
saires des tuyaux de bambou pour former les
douie demi-tons de l'octave, en prenant pour
son le plus grave celui qui correspond à fa de la
gamme européenne. Ces douze demi-tons sont
appelés lu par les Chinois. La découverte de
Lyng-lun rat faite, disent les auteurs" anciens de
musique, dans la soixantième année du règne de
Hoang4y, qui répond à Tan 2637 avant l'ère
chrétienne. Toutes les circonstances relatives à
cette découverte prétendue, et que rapportent
les mêmes auteurs, sont autant de merveilles fa-
buleuses.
LYSANDRE, citharède grec, naquit à Si-
cyone. Philochore, cité par Athénée (liv. 14,c.9, r
dit qu'il changea le jeu de la cithare simple, eu
prolongeant les sons aigus, en sorte qu'il rendit
les sons de cet instrument analogues à ceux de
la flûte , c'est- à-dire qu'il trouva les sons har-
moniques ; invention dont Épigone propagea l'u-
sage. Lysandre fut aussi le premier qui ôta aux
instruments appelés Magadis et Sambuqve,
l'espèce de son sifflant qu'on y remarquait au-
paravant. J'avoue que cette dernière partie du
texte d'Athénée me parait fort obscure ; il est
difficile de se faire une idée juste du perfection-
nement attribué à Lysandre.
LYSER (Jean-Pierre), peintre et amateur de
musique à Dresde, né dans cette ville, en 1804, a
fait imprimer dans la Nouvelle Gazette de musi-
que de Leipsick (année 1834) des nouvelles musi-
cales sur Doles, Mozart, Beethoven et Hmndel. Ces
morceaux ont été imprimés séparément à Leip-
sick , 1835, in-8°. On a aussi de M. Lyser : Cv>
cdta y ein Taschenbuch fur Freunde der
Tonkunst ( Cècilia, annuaire pour les amis de
la musique), l re année (la seule qui a paru),
in-8*. avec des gravures et de la musique, Ham-
bourg, 1833 ; et une biographie développée de
Meyerbeer, ou plutôt une étude sur sa tendance,
son style et ses antagonistes. Cet écrit a pour
titre : Giacomo Meyerbeer, sein Wbrken uni
seine Gegner ; Dresde, Wagner, 1838, in- 8° de
61 pages. On a aussi du même auteur un écrit in-
titulé: G. Meyerbeer und J. Und. Fragmente
ausdem Tagebuche einer allers Musikers (G.
Meyerbeerg et J. Lind. Fragments du journal
d'un vieux musicien); Vienne, 1857, in-8°.
M. Lyser vit habituellement à Vienne.
LYSONS (Daniel), ecclésiastique anglais, ,
recteur de Rodmarton, dans le comté de Glouces-
ter, au commencement du dix -neuvième siècle,
est auteur d'un livre qui a pour titre ; History
of the origin andprogress of the Meeting of
the three choirs of Gloucester, }Yorcester and
Hereford (Histoire de l'origine et des progrès de
la réunion des trois chœurs de Gloucester, Wor-
cester et Hereford); Gloucester, D. Walker, 1811,
I vol. gr. in- 8°. La seconde partie de cet ouvrage»
depuis la page 159 jusqu'à la page 268, renferme
les annales des festivals de musique.
LYTTICH (Je.ui), professeur an gymnase
(collège) du comté Mansfeld* à Eisieben, et
cantor de IVglise Saint-Nicolas, de cette ville»
naquit à Plauen, vers la fin du seizième siècle.
II a fait Imprimer les ouvrages de sa composition
sous les titres suivants : 1° Venus Glaklem,
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LYTT1CH
3*7
oder newewelUiche Gesxnge,mit anmuthigen
Melodien und lustigen Texten, auffk und 5
Stimmen componirl ( La Clochette de Vénus ,
ou Nouveaux Chants mondains, avec des mélo-
dies agréables et des textes plaisants, composés
pour quatre ou cinq voix) ; Jéna, 1610, in-4° —
2° Sales Yenerex musicales, oder neœe denU
sche Politische (?) Gesxnge, mit anmuthigen
lustigen Texten und Melodien von vier und
fiinff Stimmen (Plaisanteries musicales de Vé-
nus, ou nouveaux chants politiques allemands,
avec des textes joyeux et des mélodies agréables
à 4et s voix) ; Jéna, 1610, in-4°. — 3° Musila-
Usehe Streitkranzlein hiebevorn von den ai-
lerf&rtreflichsten und beruhmbtesten compo-
nisten, in welcher Sprach, pro cert aminé,
mit sonderlichen Fleiss, und auffskindlichst,
mit 6 Stimmen auffgesetzt, ete.<Petite Couronne
tressée de fleurs musicales, etc., à 6 voix);
Nuremberg, Kauflmann, 1612, in-4*. — 4* Rom*>
thaï oder newe xrtige Melodien mit lustigen
polilisehen Textenauffb und S Stimmen; Nu-
remberg, 1609, in-4°.
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M
MAASS (Nicolas), facteur d'orgues dans
le seizième siècle, au service du roi de Dane-
mark, construisit à Stralsund, en 1543, un
instrument de quarante-trois jeux, à trois cla-
viers et pédale, dont on trouve la disposition
dans les Syntagma de Prœtorius (tome II,
op. 167).
MAASS (Jeak-Glebbahd-Hokoré), profes-
seur de philosophie, né à Krottendorf, dans les
environs de Halberstadt, le 26 février 1766, fut
d'abord simple magister à Halberstadt, puis, en
1791, devint professeur de philosophie à Halle,
où il est mort le 23 décembre 1825. De bons ou-
vrages relatifs à h philosophie et aux mathé-
matiques l'ont fait connaître avantageuse-
ment. Il n'est cité ïci que pour quelques ar-
ticles relatifs à la musique, imprimés dans
différents journaux allemands. Les principaux
sont : 1° Sur la musique instrumentale, dans
la Nouvelle bibliothèque des belles-lettres
(tom. 48, ann. 1791, pag. 1-40). 2« Supplé-
ment à l'article Accent musical de la Théorie
des beaux-arts de Sulzer, inséré dans l'ou-
vrage Sur les caractères des principaux
poètes de toutes le» nations, par une société
de savants (Leipsick, 4793, tom. II, n° 2).
3° Sur les sons harmoniques (dans la Gazette
musicale de Leipsick, ann. XVIII, p. 477).
4° Notice sur Turk (ibid., t. XVI, p. 609).
5° De la représentation des sons parles chiffres
(ibid., t. XVII, p. 85, 105, 125). 6» Compa-
raison des rapports des sons {ibid., p. 735).
7° De la perception des sons aigus (ibid.,
tom. XVIII, p. 17). 8° Analyse de l'Essai de
M. G. Weber sur une thèse générale de la mu-
sique {ibid., t. XIX, pag. 637, 661 ; t. XX,
p. 477).
MABELLINI (THKODULE),composiieurdis-
tingué, est né à Pistoie, le 2 avril 1817. Son
père, Vincent Mabellini, était bon mécanicien
cl habile trompettiste. Ce fut lui qui donna les
premières leçons de musique à Théodule, dont
les dispositions pour cet art étaient si remar-
quables, que dès l'âge de neuf ans il jouait
déjà les œuvres des pianistes les plus renom-
més, exécutait de grandes difficultés sur la (
flûte, et faisait admirer sa belle voix de so-
prano au chœur de la cathédrale. Frappé de
Theureuse organisation de cet enfant, Joseph
Pilotti, l'un des meilleurs élèves du P. Mâllei,
et maître de la chapelle de Pistoie, à cette
époque, le prit en affection et lui fit com-
mencer Pétude de l'harmonie et do contre-
point. A l'âge de douze ans, Mabellini avait
déjà produit beaucoup d'oeuvres instrumen-
tales, particulièrement pour la musique mili-
taire. Appelé à Bologne en qualité de profes-
seur de composition au Lycée communal, Pi-
lotti ne put continuer l'éducation musicale de
Mabellini; mais avant son départ, il donna
aux parents du jeune artiste le conseil de
l'envoyer à Florence, pour qu'il y continuât
ses études sous la direction de quelque bon
maître. Mabellini se rendit en effet dans cette
ville lorsqu'il eut atteint l'âge de seize ans. Il
y arriva en 1833 et y resta jusqu'à la fin de
1836; mais les cours du lycée musical ne lui
offrant pas les ressources qu'il avait espéré y
trouver pour son instruclion, il cessa de les fré-
quenter, et se remit à Pétude de ses instru-
ments favoris, le piano et la flûte, sans autre
guide que lui-même. Vers le milieu de 1835,
ses parents et ses protecteurs, au nombre des-
quels était le chevalier Rossi, de Pistoie,
affligés de lui voir perdre ainsi ses plus belles
années, lui donnèrent le conseil de faire effort
pour fixer sur lui l'attention publique par un
ouvrage d'une certaine importance , ce qu'il fit
en écrivant la musique de l'opéra intitulé .Va-
tilda a Toledo, qui fut représenté avec succès
au théâtre Alfieri, dans l'automne de 1836.
Le résultat en fut heureux, car il obtint du
grand-duc de Toscane une pension pour aller
étudier son art chez Mercadante, alors maître
de chapelle à Novare. On ne pouvait choisir
un meilleur guide, car Mercadante est, sans
aucun doute, le compositeur dramatique de
l'éialie qui possède l'instruction la plus solide.
Mabellini resta près de ce maître (tendant
trois ans et demi, l'accompagnant partout où il
allait mettre en scène ses opéras, et s'inMrui-
sant autant par l'exemple et par la pratique
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MABELL1NI
389
que par les travaux didactique! qu'il faisait
sous la direction du maître. Pendant toute
cette période d'études, Mercadante montra
pour son élève une affection toute paternelle.
A cette époque, Mabellini écrivit la Chasse,
pour chœur et orchestre, qu'il fit exécuter à
un concert de la courde Florence et qu'il offrit
au grand-duc de Toscane, comme un tribut
de reconnaissance pour ses bienfaits : cet ou-
vrage fut suivi d'une messe solennelle à quatre
voix et orchestre, qui fut exécutée à la cathé-
drale de Novare*
En 1840, Mabellini écrivit la partition de
Rolla, opéra qui fut représenté au théâtre de
Carign$n, à Turin, et qui obtint un brillant
succès, non-seulement dans celle ville, mais
à Trieste, Naples et Milan; Ricordi en a
publié la partition pour le piano. Cet ouvrage
fut suivi de Ginevra degli Almieri, repré-
senté dans la même ville et au même théâtre
pendant la saison d'automne 1841. Dans
Tannée suivante, Mabellini retourna à Pis-
toie : il y fut élu membre de l'Académie
des sciences, lettres et beaux-arts, et com-
posa une grande cantate en honneur de
Raphaël Sanzio, pour une fête donnée par
cette société savante, le 27 juillet. Une partie
de cette cantate a été publiée à Milan, chez
Ricordi. Appelé à Florence en 1843, il écrivit
pour le théâtre de la Pergola son opéra il
Conte de Savagna, qui fut chanté par la Bar-
bieri Nini, la Brambilla, mademoiselle Casle-
lan, et Ollolini Porta. Le succès de cet ou-
vrage eut beaucoup d'éclat ; il occupa la scène
pendant une grande partie de la saison :
Sienne, Rome et Naples ne lui firent pas un
moins bon accueil ; la partition pour le piano
fut publiée à Milan, chez Ricordi. Dans cette
même année, Mabellini fut rxmmé directeur
delà Société philharmonique de Florence; il
ne tarda pas a lui donner l'impulsion qui a
fait la prospérité de cette institution naguère,
languissante. Au printemps de 1844, il se
rendit â Rome pour mettre en scène au théâtre
jjpollo son nouvel opéra i Veneziani a Cos-
tanlinopoli, qui ne réussit pas. De retour â
Florence, il fut chargé par le duc de Toscane,
en 1845, décomposer la musique de l'oratorio
Eudossia e Paolo, qui fut exécuté dans la
grande salie dei Cinquecenti, au Palaszo
VecchiO) par cinq cent cinquante chanteurs et
musiciens d'orchestre, à l'occasion de la fête
de saint Jean, patron de Florence. En 1846, Ma-
bellini s'établit définitivement dans celte ville
et se maria. Dans la même année, il composa
pour le théâtre de la Pergola l'opéra Maria
di Francia, et la cantate il Hitorno, qui lui
avait été demandée par le grand-duc. Sa nomi-
nation de maître de chapelle de la Cour de
Toscane, au commencement de 1847, fut la
récompense de ces travaux. Ses Responsori â
huit voix en deux chœurs, qu'on a exécutés
chaque année dans la semaine sainte, furent
écrits à la même époque ; cet ouvrage, l'une
des meilleures compositions de cet artiste, a
été publié. à Florence, chez Guidi, en grande
partition. Des cantates, des hymnes, et l'ora-
torio le Dernier jour de Jérusalem, furent les
seuls ouvrages écrits par Mabellini pendant
les années 1848 et 1849 : en 1850, il com-
posa sa grande messe de Requiem, qui fut
exécutée pour la première fois au mois de
mars 1851, dans l'église de Saint-Gaétan, et
dont la partition a été publiée â Paris, chez
Richault. Celte production, que j'ai sous les
yeux en écrivant cette notice, prouve que son
auteur est du petit nombre des maîtres italiens
qui conservent encore les bonnes traditions de
l'art d'écrire la musique sérieuse. Elle est
dédiée â la reine d'Espagne, Dona Isabelle II,
qui a récompensé l'auteur en lui envoyant la
croix de l'ordre d'Isabelle la Catholique. Il
Venturiero, opéra composé par Mabellini, en
collaboration avec son ami Gordigiani, fut
représenté, en 1851, au théâtre de Livourne,
et, dans l'année suivante, il donna â Florence
Baldassar , grand opéra dont le finale du
second acte excita l'enthousiasme des specta-
teurs. Depuis lors, Mabellini n'a plus écrit
que de la musique d'église, à l'exception de
Fiametta, opéra bouffe représenté â la Per-
gola, en 1857.
Les compatriotes de Mabellini lui reprochent
d'être trop savant. Peu de maîtres, si toute-
fois il en est parmi les Italiens de l'époque
actuelle, pourraient mériter ce blâme. Dans le
nombre d'ouvrages dramatiques qui se sont
produits pendant les dernières années au delà
des Alpes, une partition bien écrite est in-
contestablement une œuvre très -originale.
Aujourd'hui, les graves événements politiques
qui agitent la nation sont un temps d'arrêt
pour les arts : espérons qu'après le retour à la
tranquillité, celle grande diversion aura pour
effet d'opérer une réforme salutaire dans le
goût musical des Italiens.
Les œuvres de musique d'église composées
par Mabellini jusqu'en 1859 sont celles-ci :
1° Messe à quatre voix et orchestre, â Novarc,
en 1858. 2° Responsori à deux chœurs (1847),
à Florence, chez Guidi. 3* Messe de Requiem
(1850); Paris, Richault. 4° Messe à trois voix,
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390
MABELLINÏ - MABLY
chœur et orchestre (1855), ibid. 5° Libéra me
Domine, à quatre voix, chœur et orchestre,
ibid. 6° Messe solennelle à quatre voix, chœur
ctoi-cheslrc(1843).7°MesseM?m, ibid. (1848).
8° Messe a capella, à trois voix (1849). 9° Messe
idem (1851). 10- Motel (O Pater), pour ba-
ryton, chœur et orchestre. 11° Motet (Spes
impii) , pour basse, chœur et orchestre.
12* Stabat mater, pour basse, chœur et or-
chestre. 13° Te Deum à quatre voix, chœur et
orchestre. 14° Vexilla Régis, à quatre voix,
chœur et orchestre. 15° Iste confessor, idem.
16° Domine ad adjuvandum, idem. 17° et
18* Deux Dixit, idem. 19° Magnificat, pour
ténor et basse, chœur et orchestre. 20° Lau-
date ptieri, pour ténor, chœur et orchestre.
2t a Loquebar, à quatre voix, chœur et or-
chestre. 22° Loquebar, à trois voix et orgue.
25» Audi filia, à quatre voix, chœur et or-
chestre. 24° Offerentur } à trois voix et orgue.
25° Ecce sacerdos magnus, à quatre voix,
chœur et orchestre, exécuté à la cathédrale de
Florence, en présence du pape Pie IX, en
1857. 26° Unguentem, à quatre voix et or-
chestre. 27° O gîoriosa Virginum, idem.
28* Exnltet , à trois voix et orchestre.
29* O Salutaris pour ténor, basse et orgue.
30° Tantum ergo, pour ténor, basse et or-
chestre. 31° Tantum ergo, pour contralto,
ténor et orchestre. 32° Gaudeamus, à quatre
voix et orchestre. Musique de concert et de
«ambre : 33° La Chasse, chœur et orchestre,
1837. 33° (bis) Raphaël Sanzio, cantate, 1842.
34° Six valses pour le piano; Milan, Lucca,
1839. 35° Grande fantaisie pour flûte, clari-
nette, cor, trompette et trombone, composée
par ordre du grand-duc de Toscane pour les
artistes de sa chapelle Ciardi (flûte), les frères
Bimhoni, (clarinette et trombone), Paoli (cor)
et Brizzi (trompette), avec orchestre, 1846.
36° L % Addio, romance pour baryton, avec
violoncelle obligé et piano, 1847; Florence,
Loicnzi. 37° Cantate élégie vir la mort du
célèbre sculpteur Bartolini, de Florence, 1846.
38° // Ritorno, cantate, 1846. 39° Fantaisie
militaire pour flûte, clarinette, cor, deux
trompettes, trombone et orchestre, 1847.
40° Jtalia risorta , hymne pour soprano,
chœur, orchestre, 1848; Florence, Lorcnzi.
41° La buono Andata, chanson devenue
populaire; Florence, Cuidi, 1847. 42 e E spero
di tomate, idem, ibid., 1848. 45° L'Etruria,
cantate; Florence, Lorenzi, 1849. 44° Bou-
quet de Florence, album de douze morceaux
«le chant -avec accompagnement de piano;
Paris, Richaull, 1855. 45 rt Élégie pour chant
et piano; Florence, Guidi, 1850. 46° Cantate
pour baryton, chœur et orchestre, intercalée
dans Saut, tragédie d'Alfieri. 47° Hymne
national toscan, 1858. 48° Un grand nombre
de romances, petites cantates, avec piano,
marches et fantaisies pour musique militaire.
MABILLON (Jear), savant bénédictin de
la congrégation de Saint-Maur, naquit à Sainl-
Pierremont, village dn diocèse de Reims, le
23 novembre 1632. Après avoir achevé de
brillantes études au collège de Reims, il
entra au séminaire, où il passa trois années; il
n'en sortit que pour prononcer ses vœux à
l'abbaye deSainl-Remi, au mois de septembre
1654. Ce n'est point ici le lieu d'examiner les
travaux importants de ce savant homme : on
en trouve l'indication et l'analyse dans les
dictionnaires historiques généraux; je ne
citerai que ses ouvrages qui renferment des
objets relatifs à la musique : 1° De Liturgid
gallicane libri ires, P aris, 1685: ibid, 1729,
in -4°. Mabillon y traite de la musique d'église,
dans la première partie, sous le litre de Mu
sicjp status. 2° Annales ordinis S. Benedicli,
in quibus non mode res monastic* sed etiam
eccksiasticâs historié non minima pars con-
tinetur, Paris, 1713-39, vol. in~fol. 3° Acla
Sanctorum ordinis S. Benedicli in sxculo-
rum classes dislributa, Paris, 1668-1702,
9 vol. in-folio. On y trouve des renseignements
curieux sur l'histoire de la musique d'église.
Mabillon est mort à l'abbaye de Saiut-Ger-
main-dcs-Prés, le 27 décembre 1707, à l'âge
de soixante-quinze ans.
MABLY (Gabriel BOI>I\OT DE), frère
de l'abbé de Condillac, naquit à Grenoble, le
14 mars 1709, d'une famille parlementaire du
Dauphiné. Après avoir fait ses éludes au Col-
lège de Lyon chez les jésuites, il se rendit à
Paris où le cardinal de Tencin, son parent, le
fit entrer au Séminaire de SainUSulpice; mais
il ne tarda pas à se dégoûter des études théolo-
giques, qu'il abandonna pour se livrer à celle
de l'histoire et du droit public. Sans autre
ambition que celle de se faire un nom par ses
écrits, et satisfait du médiocre revenu de trois
mille francs, qui composait toute sa fortune,
il consacra sa vie entière à la composition de
ses ouvrages. Il est mort à Paris, le 23 avril
1785. Parmi des écrits d'un genre tout diffé-
rent, on est étonné d'en trouver un qui a peu
de rapport avec ses autres travaux, et qui est
intitulé : Lettres à madame la marquise de
P... (Pompadour) sur l'Opéra, Paris, Î741 y
in- 12 de cent soixante-six pages, réimprimé
en 1752, in-12. C'est une poétique assez
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MABLY - MAGE
391
vague de ce genre «le spectacle. Il la publia
^ous le voile de l'anonyme. L'abbé Goujet en
a parlé avantageusement, sans en connaître
Tauteur, dans sa Bibliothèque française, t.III,
p. 539. Cet opuscule n'a point été recueilli
dans les diverses éditions complètes de Mably.
MACARI ou MACCAIU (Jacques), com-
positeur dramatique, né à Rome dans les pre-
mières années du dix-huitième siècle, esteonnu
par les opéras suivants, tous représentés à Ve-
nise : 1° Adodldo furioso, en 1727. 2° Aris-
tide, 1735. & Ottaviano trionfante di Marc-
Antonio, 1755. A La Fondazione di Fenezia,
1736.
MACAIIUY (Pierbe), professeur de mu-
sique à Marseille, s'est fait connaître par un
t'crit intitulé : Questions sur la diversité
d'opinions et de doctrines des auteurs didac-
tiques en musique, adressées à Messieurs les
professeurs et membres du Conservatoire de
France, Paris, 1827, in-8° de soixante-huit
pages, avec deux planches. Ces questions sont
relatives aux divers systèmes d'harmonie : j'en
ai donné une analyse dans la Revue musicale
(t. I, p. 245 et suiv. j 324 et suiv.).
MACCARI (Antoine), chantre de la cha-
pelle ducale de Saint-Marc, à Venise, concou-
rut, en 174Ô, pour la place de maître de celle
chapelle. Mais on lui préféra Lotti [voyez ce
nom). M. Caifi dit que Maccari s'était l'ait
connaître par de bonnes compositions pour
l'église (1). Cet artiste a écrit aussi pour la
scène et a fait représenter : Luerezia romana
in Costantinopoli, au théâtre &: Samuele, de
Venise, en 1737, et La Contessina, opéra
bouffe, au même théâtre, en 1743. Dans la
première édition de la Biographie des Musi-
ciens, ces ouvrages étaient attribués par er-
reur à Jacques Macari, de Rome (voy. ce nom).
MACCHEItlNI (Joséphine), cantatrice
qui a joui de quelque réputation, principale-
ment dans le style d'expression, était née à
Bologne en 1745. Ayant quitté le théâtre en
1788, elle se retira dans sa ville natale, où elle
est morte, le 19 septembre 1825, à l'âge de
quatre-vingts ans.
MAC DONALD (Jean), ancien lieutenant-
colonel du génie et commandant en chef de
l'artillerie à rétablissement anglais de Suma-
tra (2), naquit en 1 709 dans les Hébrides, d'une
famille attachée aux Sluarls. Il revintde l'Inde
(I) Sloria delta mutica sacra, nella già cappella di
S. Marco, etc., lomc I, p. 3C8.
(ï) C'est par erreur qu'il a Hé dit, dans la première
•édition de la Biographie universelle des Musiciens, que
?!aedonald était ecclésiastique anglican.
en 1796, et se fixa à Londres. Cultivant les
sciences et la musique avec succès, il se livra
à des recherches curieuses sur la théorie des
sons harmoniques qui peuvent se produire sur
les instruments à archet. Le résultat de ses
découvertes furent publiés, en 1811, à Lon-
dres, chez Monzani, sous ce titre : A Treatis*
on thepractice, theory and harmonie System
(Traité sur la pratique, la théorie et le système
des harmoniques). Le traité des harmoniques
du violoncelle parut séparément chez le même,
en 1813, et en 1815, avec des additions; mai»
les deux ouvrage» ont été refondus, avec de
nouvelles recherches, dans le volume qui s
pour titre : A Treatise on the harmonie
System arising from the vibrations of the
aliquot divisions ofSlrings according to the
graduai progress of the notes, from the
midle, to the remole extremis, explaining
simply. by curved délineations, the manner
in which the harmonie tones, halfand quar-
ter notes, are generated and produeed on
every corresponding part of the String
(Traité sur le système harmonique provenant
des vibrations des parties aliquotes des
cordes, etc.), Londres, PrestOn, 1822, in-fol.,.
avec beaucoup de planches ; ouvrage imprimé
avec luxe. Ce savant est mort à Exeler, le
12 août 1831.
MAGE (Thomas), luthiste anglais, naquit
en 1613, et fut attaché longtemps au Collège
de la Trinité, à Cambridge, en qualité de clerc.
En 1690, il quitta cette profession, et se rendit
à Londres, où il annonça par les journaux une
vente d'instruments et de musique. Il fit aussi
connaître par la même voie qu'il donnait des
leçons de lhéorbe,delulh, de viole et de com-
position. Hawkins nous apprend que ce musi-
cien mourut en 1709, à l'âge de quatre-vingt-
seize ans. On lui doit un livre singulier qui a
pour titre : Musik's Monument; or, a re-
membrancer of the best practical Mustek,
both divine and civil, that has ever been
knoum to hâve been in thé world (Monument
de musique, ou conservateur de la plus belle
musique pratique, divine et humaine, connue
dans le monde), Londres, T. RatclifTe, 1676,
in-fol. de deux cent soixante-douze pages. Cet
ouvrage est divisé en trois parties. La pre-
mière traite de la musique d'église, que Mace
distingue en musique de paroisse et musique
de cathédrale. La seconde renferma *m traité
fort étendu du lulhetduthéorbe, avec un grand
nombre de préludes et de pièces en tablature
pour ces instruments. Mace y donne la figure
et la description d'un double luth de son in*
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S92
MACE — MACHADO
yention, qu'il appelle diphone. Dans la troi-
sième partie, on trouve un traité de la viole et
de la musique en général, avec le plan d'une
salle de concert et la figure d'un orgue-table
inventé par Mace. Cette troisième partie est
beaucoup moins étendue que les premières. Il
y a des choses utiles dans ce livre ; mais le
style en est bizarre. Mace y fait preuve de
beaucoup d'originalité et de gaieté. Il parait
qu'il avait un goût passionné pour la poésie,
car son livre est rempli de pièces de vers.
MACE (Denis), musicien de la chambre
du roi de Frauce, vers le milieu du dix-
septième siècle, a publié : Cantique» du
Pirennée d'Eu mis en musique, Paris,
Christophe Ballard. Il y en a deux éditions,
sans date.
MACEDOIVO DI ANTIO (Jeaw-Viïi-
cert), chevalier napolitain, amateur distingué
de musique, vivait au* commencement du dix-
septième siècle. Il a fait imprimer de sa com-
position : Madrigali a cinque voct, libro
primo, Napoli, Costanzo Vital i, 1605, in-4°.
MACER. Foye% MACM-
MACFARLANE (Geoiges), chef de mu-
sique d'un régiment d'infanterie anglaise, est
auteur d'un ouvrage intitulé : Comopean In-
structor, containing ths elementary Princi-
pes ofMusiCy together uHth Exercises, Pré-
ludes, Mrs, and Duetts in every Key in
which the Instrument is playable with effect
(le Maître du cor àclefs, contenant les principes
de musique, avec des exercices, préludes, airs
etduos dans tous les tons où l'instrument est
jouable avec effet), Londres (sans dale), in-fol .
MACFARREN ( Georges - Alexandre ) ,
compositeur et professeur de musique d'un
mérite distingué, est né à Londres en 1813.
Ayant donné, dès ses premières années, des
indices d'une bonne organisation pour la mu-
sique on lui fit apprendre les éléments de
cet art; mais ce ne fut qu'en 1897 qu'il en fit
une étude régulière, lorsqu'il fut placé sous
la direction de M. Lucas, professeur assez re-
nommé à cette époque. Après avoir reçu ses
leçons pendant deux années, M. *'-»cfarren
entra à l'Académie royale de musique, où la
composition devint l'objet principal de ses
éludes, sans négliger toutefois le piano, dont
il jouait depuis l'âge de quatorze ans. Sollicité
aussi par les administrateurs de l'école, pour
qu'il apprit à jouer d'un instrument d'or-
chestre, il choisit le trombone. Parvenu à la
connaissance complète de l'art d'écrire en
musique, il sortit de l'Académie royale de
musique pour se livrer à l'enseignement et à
la composition; mais il y rentra en 1858, en
qualité de professeur d'harmonie. Deux ans
après il fut un des fondateurs de la société des
Musiciens antiquaires de Londres, pour la
publication des œuvres des musiciens anglais
les plus célèbres des seizième et dix-septième
siècles. Malheureusement, vers le même temps,
la vue de M. Macfarren commença à s'altérer;
le mal s'agrava d'année en année, et enfin la
cécité devint complète. Nonobstant cette pé-
nible situation, cet artiste justement estimé
n'en a pas moins continué à* se livrer à la
composition et à l'enseignement.
Le premier ouvrage de quelque importance
produit par M. Macfarren est sa symphonie à
grand orchestre (en fa mineur), qui fut exé-
cutée le 27 octobre 1854, par l'orchestre de la
société des British Musicians. Sa seconde
symphonie (en ut mineur) a été exécutée
avec succès dans plusieurs concerts. Ces deux
symphonies ont été arrangées à quatre mains
pour le piano, par l'auteur, et publiées à Lon-
dres. Il a écrit plusieurs ouvertures, dont une
a été exécutée au concert du Gewandoaus, de
Leipsick, en 1845, sous la direction de Men-
delsohn. On a aussi gravé du même artiste, à
Londres : 1 er quatuor pour deux violons, alto
et basse, op. 37; 2 me quatuor idem, op. 54;
1" sonate pour le piano (en mi bémol) ;
2 W idem, intitulée Ma cousine (en la);
pièces de différents caractères pour le même
instrument; beaucoup de mélodies avec piano,
et d'autres productions de musique vocale et
instrumentale. Le premier ouvrage dramatique
de M. Macfarren fut joué à l'Opéra anglais de
Londres, en 1837, sous ce titre : DeviVs opéra
(l'Opéra du Diable), et obtint un succès d'estime
parmi les connaisseurs. En 1846 il donna au
même théâtre son Don Quixote, dont le succès
fut complet et qui obtint une suite de repré-
sentations fructueuses. Son opéra Chartes II
fut représenté en 1840, â Princess's Théâtre,
et reçut de la population de Londres un
accueil enthousiaste. Un des plus beaux ou-
vrages de M. Macfarren est la cantate in-
titulée The Sleeper awakened (Le dormeur
réveillé), qui fut exécutée au concert national
du théâtre de la Reine, en 1850, et dont la par-
tition arrangée pour le piano a été publiée à
Londres, chez Cramer, Beale et C e . Le dernier
ouvrage important de M. Macfarren est son
opéra intitulé Robin Hood, représenté au
théâtre anglais, en 1861, avec un très-brillant
succès.
MACHADO (Marcel), musicien de la cha-
| pelle du roi de Portugal, naquit à Lisbonne
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MÀCHADO — MACQUE
393
flans la seconde moitié du seizième siècle, et y
vivait en 1010, Il eut pour mattrc de compo-
sition Duarte Lobo, un des meilleurs artistes
portugais. On trouvait dans la Bibliothèque
- royale de musique de Lisbonne, avant le dé-
sastre de 1750, les ouvrages suivants de la
composition deMachado: 1° Cogilavii Domi-
nas. 2° Salve Regina, à huit voix. 3° Vilhan-
cicos à plusieurs voix.
MACHAULT (Guillaume DE), Voyez
GUILLAUME DE MACIIAU.
WACHETTI (le P. Théophile), moine
camaldule, maître de chapelle de l'église pri-
miziale de Pise, naquit à Venise et non à Bo-
logne, comme il est dit dans la première édi-
tion de cette Biographie. Il vécut dans la se-
conde moitié du dix-septième siècle. On connaît
sous son nom : 1 °Salmi a quattro voci e quattro
stromenti , Bologne, Jacques Monti, 1687.
2° Saeri concerti di Salmi a quattro voci,
ibid., 1693, in-4*.
MACHOLD (Jean), compositeur allemand
du seizième siècle. Gerber le croit né dans la
Thuringe. On connaît sous son nom : \°DieHis-
toria vom Leiden und Sterben Chris ti mit
o Stimmen componirt (l'Histoire de la Passion
et de la mort de Jésus-Christ, à cinq voix),
Erfurt, 1593, in-4°. 2° Motets à cinq voix,
i&td., 1595. Paul Balduanus cite de ce musi-
cien (Bibliotheca philosophica, p. 179, edit.
Jcnae, 1616), un traité de musique intitulé :
Compendium Germanico-Latinum Musitue
practicx qusestionibus txpositum, Erphor-
diœ, 1595, in-8°. Cet ouvrage n'est indiqué
par aucun autre bibliographe.
.MAC II Y (le sieur DE), maître de viole,
à Paris, sous le règne de Louis XIV, a Tait im-
primer de sa composition : Pièces de viole en
musique et en tablature, Paris, 1685, in-4°
oblong.
MACICIOWSKI (Stanislas) , violoniste
polonais, est né à Varsovie, le 8 mai 1801.
Doué d'heureuses dispositions pour la musique,
il se livra à l'élude du violon sous la direction
d'un violoniste nommé Ruzyczka. En 1821,
Maciciowski s'éloigna de Varsovie, dans le but
d'aller à Berlin pour y prendre des leçons de
Mocser {voyez ce nom). Plus tard, il se rendit à
llesse-Cassel pour y entendre Sp'ohr, qui dès
lors devint son modèle ; puis il parcourut l'Al-
lemagne et la France. Établi à Angers, vers
1855, il s'y livra à l'enseignement; puis il
visita Bordeaux et Agen; enfin, ii alla se fixer
en Angleterre. A Londres, il se fit entendre
avec succès aux concerts de la Société philhar-
monique ; il ne fut pas moins heureux dans
les concerts qu'il donna à Manchester et dans
plusieurs autres villes. On connaît de lui une
fantaisie pour violon et orchestre, un rondeau
dans le genre des polonaises, une mélodie dra-
matique d'après Spohr, et divers autres ou-
vrages.
MACQUE (Jean DE), compositeur belge,
fut organiste du vice-roi de Naples. vers le
milieu du seizième sièle. Il occupait déjà cette
place en 1540 lorsqu'il publia ses litanies à
huit voix ; mais longtemps après, c'est-à-dire
en 1592, il était encore au service de la même
cour, en qualité de maître de chapelle, car
Fabio Colonna lui fit alors entendre un orgue
hydraulique qu'il avait construit d'après les
descriptions des anciens (1). Son maître de
contrepoint avait été Philippe de Mons : c'est
ce que nous apprend le titre de son premier
livre de madrigaux à six voix conçu en ces
termes : Di Giovanni de Maeque diseipulo
di M. Filippo de Monte il primo libro de*
Madrigali a sei voci, novaménte da lui
composti e dati in luce, in Vcnetia, presso
Ang. Gardano, 1576, in-4°. On doit conclure
de là que de Maeque reçut son éducation mu-
sicale comme enfant de chœur de la collégiale
de Soignies où Philippe de Mons (voyez ce
nom) était chantre dans les premiers temps de
sa carrière. Cerreto nous apprend {Délia P rat-
tica Musica, lib. 3, p. 156), que de Maeque
vivait encore à Naples, en 1601 ; il devait être
alors fort âgé. On connaît sous le nom de cet
artiste : 1° Litanie a 8 voci, Naples, 1540.
2 J Canzonette alla napoletana a 6 voci, Na-
ples, 1555. 3° Di Giovanni de Maeque, etc..
il primo libro de* Madrigali a sei voci
(comme ci-dessus). 4° // secondo libro de' Ma-
drigali a cinque voci. Novaménte composa e
dati in luce, in Venezia, presso Giac. Vîn-
centi, 1587, in -4°. L'cpllre dédicatoire, datée
de Naples, le 20 mai 1587, est adressée à don
César d'Avalos d'Aragona. 5° Madrigali a
4 voci. libro terzo, in Napoll, presso Gar-
gano, 1604, iu-4°. C'est une réimpression
comme l'ouvrage suivant : 6° H sesto libro
de' Madrigali a 5 voci, in Venezia, app.
(I) Cette circonstance est rapportée par l'éditeur delà
deuxième partie de Viiittoire de* Planut, de Fabio Co-
lonoa (Rome, 1616, in -4»); toîei ses paroles : Habtbit
itidem Organi Hydraulici à ne mine hactenu* bent intel-
Uclîverain déclarai ionem, qaod auctor noiter non moe'o
perfteil, ted sœpiuê triant à Jeanne de Maeque Belga in
eaeello regio Neanotitauo mueiee* prmfeeto, «4 eum mh-
eiea «oca/i, et instrumentait sono «ho yroprio amdirttmr
effecit. Une faute d'impression s'est glissée dans la cita-
tion de ee passage faite par Léonarri'Nicorlemo,d.-ins se.*
additions à la BiWoteea napoleiana de Toppi (p. 72):
On y lit De Marque pour De Maeque.
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MACQUE - MACROPEDIUS
rerede di Bart. Magni, 1615, in -4°. 11 y a une
troisième édition du troisième livre des ma*
drigaux à quatre voix, imprimée en 1610,
a Naples, chec B. Gargano, in-4°. 7° Madri-
galetti a 6 voci, Anvers, 1600, in-4°. Les re-
cueils suivants contiennent aussi des morceaux
de sa composition : 1° Voici affclti; Madri-
gali a 5 voci di diversi eccellenti musici,
Rome et Venise, 1585. 2° Harmonia céleste,
de diversi eccellentissimi musici a 4, 5, 6, 7
et 8 voci, nuovamente raccolta per Andréa
Pevernage, etc., Anvers, P. Phalèse, 1593,
in-4° obi. 5° Simphonia Angelica, di 4i-
versi eccellentissimi musici a 4, 5 et 6 voci,
nuovamente raccolta per Huberlo JVael-
rant, etc., ibid., 1594, in-4° obi. 4° Il lauro
ver de, Madrigali a sei voci, composti da
diversi eccellentissimi musici, ibid., 1591,
in-4° obi. 5° // Trionfo di Dori, descritto da
diversi e posto in musica da ait r citant i au-
thori, Venise, 1596; Anvers, 1506; ibid.,
1601 ; ibid., 1614, in-4° obi. 6«» Paradiso
musicale di Madrigali e canzoni a cinque
voci, Anvers, P. Phalèsc, 1596, in-4" obi.
M ACM (Paul), compositeur, né à Bo-
logne vers le milieu du seizième siècle v est
connu par les ouvrages suivants : 1° Motetlia
cinque voci, Venise, Scolto, 1581, in-4°.
4° Zamentationes Jtremix a 5, 6, 7, 8 ef 10
vocum, Vcnet. per Ricardum Amadinum,
1597, in-4».
MACIUZI Foyes MAKItïZI.
MACROBE, philosophe platonicien et
grammairien latin, vécut à la cour de Théo-
dose le Jeune, au commencement du cin-
quième siècle. Ses noms latins sont : Aurelius-
JfacrobiuS'Ambrosius-Theodosius. On ne
connaît pas le lieu de sa naissance, et la plu-
part des circonstances de sa vie sont ignorées.
Un passage du code théodosien nous apprend
seulement qu'il était, en 422, grand maître de
la garde-robe de l'empereur Théodose. Parmi
les ouvrages de Macrobe, on remarque un
commentaire fort curieux sur le Songe de
Scipion, fragment du sixième livre de la Ré-
publique de Gicéron. Cet ouvrage est divisé en
deux livres : il contient une exposition du sys-
tème du monde, suivant tes idées des anciens.
Dans le sixième chapitre du premier livre, et
dans les quatre premiers du second, l'auteur
traite de l'harmonie des sphères et de la mu-
sique d'après la doctrine de Pylhagore. La
première édition de YExpositio in Somnium
Scipionis a paru avec les Saturnales, le plus
important des ouvrages de Macrobe, à Venise,
chez Janson, en 1472, in- fol. On a reproduit ce
livre depuis lors plusieurs fois, notamment da us
l'édition complète des œuvres de Macrobe, cum
notisvariorum, publiée parGronovius, Leyde,
1670, in-8°, dans celle de Jean-Charles Zeune,
Leipsick, 1774, in-8°; et enfin dans celle de
Deux-Ponts, 1788, deux vol. in 8°. Il existe
une traduction française des mêmes œuvres,
par Ch. De Rosey; Paris, Firmin Didot, 1827,
deux vol. in-8°, et une autre traduction fran-
çaise se trouve dans la deuxième série de la
Bibliothèque latine-française de Panckoucke,
Paris, 1845, 3 volumes in-8°. On est étonné
de lire, dans le Dictionnaire historique des
musiciens de Choron et Fayolle, que les Sa-
turnales et le Songe de Scipion ont été écrits
en grec, par Macrobe : il existe une version
grecque du commentaire sur le Songe de
Scipion; mais elle est de Maxime Planudcs,
moine de Nicomédie, qui vivait à Conslanli-
nople dans le quatorzième siècle.
MACROPEDIUS (Georges), grammai-
rien, poète et philosophe, naquit à Gcmert,
village des environs de Bois-lc-Duc, dans les
Pays-Bas, vers la fin du quinzième siècle. Il
entra dans y ordre des frères de Saint- Jérôme,
et fui préfet du collège d'Ulrccht, puis ensei-
gna pendant quelques années les lettres grec-
ques et latines à Bois-lc-Duc. Il mourut dans
celte ville, en 1558. Macropedius écrivait en
latin avec élégance, el possédait bien les
langues grecque, hébraïque, chaldaïque, les
mathématiques el la philosophie scolastique.
Il a écrit des rudiments des langues grecque
et latine, un traité de la syntaxe, un autre sur
la prosodie, un livre sur la dialectique, sur le
comput ecclésiastique et le calendrier, des
scolies sur les évangiles cl épltres de toute
Tannée, et d'autres sur les hymnes et les
séquences (Bois-le-Duc, 1552, in -4°). Tous ces
ouvrages ont été imprimés en Hollande et à
Francfort. Macropedius fut un des premiers
qui écrivirent, au temps de la renaissance, des
comédies latines, avec des chœurs en mu-
sique : elles ont été recueillies au nombre de
onze et publiées sous ce titre : Omnes Georgii
Macropediifabulxcomicœ, denuo recognit*,
et justo ordine (prout édite sunt) in duas
partes divisa; Ultra jecli, Harmannus Bor~
culous excudebat, 1553-55, petit in-8 e . Les
chants des chœurs ont le caractère rbythmique
des chanls populaires d'après lesquels les
hymnes de l'église ont élé notées dans les
treizième el quatorzième siècles. Je crois
devoir rapporter ici un de ces chanls lequel
appartient à un chœur de la comédie intitulée:
PetriscuS) à cause de Pintérêlqui s'y attache,
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MACR0PED1US — MADONIS
395
f>our l'histoire du théàlre vers le milieu du
-seizième siècle. Le rhythme de ce chant est
«limètre cataleclique :
m
Îz5=
Crc
=zz
u - lœ suol so -
s
la
a M
ltaccho
di -
ca - lœ
ra, m
m
HZ
*
&-
s
gau - di - uni - que
danda
1
I2Z
m
zzz
sun!, su - men - da
sunt mœ -
m
2Z
bus.
ren - li
Le même chant se répète sur les onze
-strophes prononcées par le chœur, à l'unisson.
Foppens, qui adonné une notice sur Macro-
pedius {in Bibliot. £elg. 1. 1, p. 5-59), y a joint
-son portrait.
MADEYSKI(M.), compositeur, né a Lem-
t>erg, vers 1821, y enseigne le chant et le
piano. II s'est Tait connaître par la publication
-d'un album de chant intitulé Spiewick, par
•deux mélodies sans paroles pour le piano,
gravées à Vienne, chez Mechetli, et par un
Jioel {Kolenda) pour le même instrument.
MADIN (Henri), abbé, était fils d'un gen-
tilhomme irlandais qui suivit en France le
roi Jacques II. Il naquit à Verdun, en 1698,
cl fit ses éludes chez les jésuites de cette ville.
La musique fut particulièrement l'objet de ses
travaux. Jeune encore, il obtint la place de
maître de chapelle de l'église métropolitaine
«le Tours; en 1737, il quitta celle place pour
•celle de maître de la cathédrale de Rouen,
qu'il conserva jusqu'en 1741. Il reçut alors sa
.nomination de sous maître de la chapelle du
roi. En 1744, il succéda à Campra dans la
charge de gouverneur des pages de la musique
«lu roi, et, le 24 avril 1746, il obtint un cano-
fiicat a la collégiale de Saint-Quentin; mais il
<ne jouit pas longtemps des avantages attachés
.à cette position, car il mourut à Versailles le
4 février 1748. Dans la collection de messes
de divers auteurs imprimées par J.-B. Ballard,
à Paris, en grand format de chœur, on trouve
trois messes de l'abbé Madin, à quatre voix.
La première a pour titre : Dico ego opéra mea
régi; la seconde, Vivat pax; la dernière,
Velociter currit Sermo ejus. La Bibliothèque
du Conservatoire royal de Bruxelles possède
un exemplaire de toutes trois ; de plus elle en
a les partitions manuscrites. Elle possède
aussi les partitions de deux autres messes du
même auteur, la première intitulée : Fivat
rex, composée au commencement de 1741,
lorsque l'auteur était encore «naître de cha-
pelle de la cathédrale de Rouen, l'autre, Inci-
pite Domino, également à quatre voix, écrite
en 1745. On trouve, à la Bibliothèque impé-
riale de Paris , les manuscrits des motels
Diligam fe, à grand chœur, et Notuê in
Judea, idem. L'abbé Madin s'est aussi fait
connaître comme écrivain didactique par un
livre intitulé : Traité du contrepoint simple
ou du chant sur le livre; Paris, 1742, in-4°,
gravé. Cet ouvrage, où l'on ne trouve ni doc-
trine, ni critique, contient des exemples de
contrepoint, fort mal écrits, qui ne donnent
pas une haute idée du savoir de son auteur.
MADLSEDER (Noukos), bénédictin et
supérieur du monastère de Saint-Gall, à An-
dich, en Bavière, est mort jeune encore, dans
ce couvent, au mois de mars 1773. Il s'est fait
connaître par des compositions de musique
d'église intitulées : 1° Offerloria XV pro
principalioribus festivitatibus Domini cum
4 vocibus ordinariis, violijriis duobus oWt-
gatis, viola obligata y juxta stylum novissi-
mum, op. I, Augsbourg, M. Rieger, 1765.
2° Offerloria XV solemnia de feslis Sanc-
torum in communi cum 4 vocibus, 2 viol.,
viola, clar. et corn, ad lib., op. II, ibid.,
1767. 5° Miserere V et Stabat Mater I pro
tempore quadragesimate cum 4 voc. ord.
2 violinis , viola, clar., cornib. et tribus
trombis cum dupl. basso, op. III, ibid.,
1768. 4° Vesperx sotemnes sed brèves 4 voc,
ord.) 2 viol., viola, clar., vel cornib. cum
dupl. basso; impressae in principali tnonas-
terio S. Galli, Andich, 1771, op. IV.
MADOMS (Jean), violoniste distingué,
né à Venise dans les dernières années du dix-
septième siècle. Quanz l'entendit à Venise,
en 1725, et lui trouva un talent digne des plus
grands éloges. L'année suivante, Madonts se
rendit à Breslau avec une troupe de chanteurs
italiens, en qualité de chef d'orchestre. Arrivé
à Paris, dans les premiers mois de 1729, il se fit
entendre avec succès au concert spirituel qui
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396
M ADONIS - MAELZEL
fut donné aux Tuileries le 1" mai de celle
année, et fut engagé comme un des violons
ordinaires de la musique du roi. En 1731, il
fut appelé à Saint-Pétersbourg, et l'impéra-
trice lui accorda un traitement de trois mille
roubles. Quinze ans après, il se trouvait dans
la même ville et y jouissait de beaucoup d'es-
time. On voit dans la composition de l'or-
chestre de la chapelle de Saint-Marc, à Venise,
décrétée le 28 février 1786, qu'un des violo-
nistes de celte chapelle se nommait Joseph
M adonis. M. Cafll croit que cet artiste était
celui qui se fit. entendre à Paris, en 1729 (1);
mais, outre la différence du prénom, il est de
toute évidence que celui-ci ne pouvait encore
être employé dans un orchestre cinquante-sept
ans plus lard. C'était ou un fils, ou un membre
de la même famille. On a gravé à Paris quel-
ques compositions de cet artiste, entre autres
des sonates à violon seul, op. 1 (sans date), et
trois concertos en un recueil.
MADRE DE DIOS (Ahtoiîie DE), reli-
gieux portugais, compositeur de musique
d'église, né à Lisbonne, fut musicien de la
chambre à la cour de Jean IV, puis maître de
chapelle d'Alfonse VI. Sa vie d'artiste est ren-
fermée entre les années 1620 et 1660. Ses
compositions pour l'église étaient conservées
dans la bibliothèque royale de musique avant
le désastre de Lisbonne, en 1756.
MADRE DE DIOS (A^tohe DE), carme
portugais, né à Lisbonne, fût second maître
de chapelle de son couvent, cl mourut dans
celte ville, en 1600. Son maître de musique et
de composition avait été Manuel Caldoso. Ce
moine a écrit beaucoup de psaumes, ré-
pons, etc., dont il y a des copies manuscrites
dans les églises de Lisbonne.
MAELZEL (jEAN-NtPOMUcÈ5fc) , mécani-
cien célèbre, né àRatisbonne,le 15 août 1772,
était fils d'un facteur d'orgues, habile dans la
mécanique. Son père lui At apprendre la mu-
sique et le piano, et ses progrès furent si ra-
pides, qu'à Page de quatorze ans, il élait déjà
considéré comme un des meilleurs pianistes
de Ratisbonne. Depuis 1788 jusqu'en 1702, «1
donna des leçons de son instrument. La méca-
nique était cependant son occupation princi-
pale; pour augmenter ses connaissances dans
celte partie des mathématiques appliquées, il
fil plus tard des voyages à Paris et à Londres.
La nature lui avait donné le génie de celte
science : il résolut de l'employer à des objets
relatifs à la musique, et le premier fruit de
(1) Sloria nêlla musiea tuera nelle jtâ cappella ducale
di S. Marco m Venezia, *©l. H, p. «,.
ses méditations fut le Panharmonicon, or-
chestre mécanique dans lequel il avait imité
de la manière la plus heureuse le son de pla-
neurs instruments, particulièrement ceux de
la trompette, de la clarinette, de la viole et du
violoncelle. Cette machine avait d'ailleurs
une puissance de son qui frappait d'étonne-
ment, et les nuances de piano et de /brie s'y
exécutaient parfaitement. JEn 1805, cet instru-
ment était déjà Aoi et Maelzel le faisait en-
tendre à Vienne. Deux ans après, il le trans-
porta à Paris où son exhibition causa autant
d'étonnement que de plaisir. Cherubi ni écrivit
alors pour le Panharmonicon un écho, mor-
ceau d'une rare suavité et d'une facture digne
du grand maître. Vers la fin de 1807, Maelzel
vendit cet instrument soixante mille francs, et
en commença une autre où il avait introduit
plusieurs perfectionnements, et qui était déjà
achevé en 1808. Environ dix-huit ans après,
il transporta celui-ci à Boston, où il a été,
dit-on, vendu à une société pour la somme
énorme de quatre cent mille dollars.
De retour à Vienne, en 1808, Maelzel s'y
occupa d'une nouvelle invention, son trom-
pette automate qui, par la pureté des sons et
la netteté de l'articulation dans les passages
les plus compliqués, fui considéré comme un
morceau parfait. La réputation de l'habile ar-
tiste s'étendait progressivement : l'empereur
d'Autriche récompensa ses travaux en le nom-
mant mécanicien de la cour. Vers celle
époque, il s'occupa du perfectionnement du
métronome de Slœckel (voyez ce nom), dont le
volume trop grand lui semblait un obstacle à
l'usage ordinaire; mais n'ayant rien trouvé de
satisfaisant à cet égard, il profila d'un voyage
qu'il fil en Hollande, au commencement de
Tannée 1812, pour proposer la résolution du
problème à Winkel (voyez ce nom), mécani-
cien à Amsterdam. Celui-ci le résolut en
homme de génie, par le seul déplacement du
centre de gravi lé, pour les diverses nuances de
lenteur ou de vitesse des vibrations, au moyen
d'un poids glissant le long de la lige du balan-
cier. Winkel ne fit point mystère de sa décou-
verte à Maelzel qui, s'en emparant, l'appliqua
à une échelle graduée des mouvements de la
musique, et en fit le métronome connu depuis
sous son nom. Il soumit celle machine à l'exa-
men de l'Inslilut de France, obtint son appro-
bation dans un rapport qu'il fit imprimer avec
des déclarations de plusieurs compositeurs à
la suite d'une Notice sur le Métronome de
J. Maelzel (Paris, 1816, in-8° de vingt-quatre
pages; ibid.y 1822, in-8° de huit pages à deux
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MAELZEL — MAERZ
397
colonnes), et forma à Paris une société com-
merciale pour la fabrication de cet instru-
ment. Informé du larcin que Maelzel lui avait
fait, Winkel réclama la priorité d'invention
dans le n° 25 de la Gazette musicale de Leip-
siek (ann. 1818). Quelques années après, Mael-
zel se trouvant à Amsterdam avec l'automate
joueur d'échecs, Winkel demanda à l'Institut
des Pays-Bas qu'une commission fût nommée
pour juger le différend survenu entre lui et le
prétendu inventeur du métronome. On fil
droit à sa requête, et la commission examina
avec soin cette affaire. Dans une séance où il
ne donna pas une haute idée de ses connais-
sances en mathématiques, Maelzel fut obligé
d'avouer qu'il était redevable à Winkel de
l'idée première de son métronome, et ne ré-
clama que la propriété de l'échelle, qui ne lui
était pas contestée par son adversaire. Procès-
verbal fut dressé de cette séance et déposé
dans les archives de l'Institut des Pays-
Bas (1).
En 1817, Maelzel était retourné à Vienne,
d'où il avait répandu le métronome dans toute
l'Europe. Deux ans après, il s'établit à Paris
avec le Joueur d'échecs qu'il avait acheté à
Vienne, après la mort de Kempeien son inven-
teur (voyez ce nom), et y fit connaître sou
danseur de corde automate, chef-d'œuvre de
mécanique, et son plus beau titre de gloire, si
toutefois il en était l'inventeur, ce qui peut
être mis en doute, après l'affaire du métro-
nome, et lorsqu'on se souvient qu'il s'attri-
buait aussi faussement l'invention du joueur
d'échecs, auquel il avait seulement adapté la
machine parlante du même Kempeien, pour
prononcer les mots échec et mat. Il se donnait
aussi pour auteur de cette dernière invention,
et il prît un brevet à Paris, pour des poupées
parlantes qui disaient bonjour papa, bonsoir
maman. A l'égard de l'automate joueur d'é-
checs, qui a tant exercé la curiosité publique, et
que son inventeur avait déjà fait voir àParis en
1785, c'est une machine fort ingénieusement
conçue pour l'exécution de tous les mouve-
ments que doit faire l'automate pour porter le
J>ras vers la pièce qui doit être jouée, ouvrir
la main, saisir la pièce en la refermant, l'en-
lever et la mettre sur la case où elle doit aller,
suivant les directions particulières à toutes les
pièces. Mais les problèmes relatifs à tous ces
mouvements sont les seuls que la mécanique a
(I) On |»cul voir, sur celte affaire, une Ictlrc de BI.J. De
Vos Willem*, secrétaire perpétuel de Uquairicmcclassc
<d' i Institut des Pays-Bas, et l'un des commissaires, in-
s-rtfc clans !a Hevnt m\uic*lc (t. VI, ann. 1819, p. 50 cl s).
pu résoudre, car un peu de réflexion suffit pour
faire comprendre qu'il sera toujours impos-
sible de faire une machine intelligente : les
combinaisons du jeu d'échecs sont donc l'of-
fice d'un joueur habile, caché dans l'intérieur
du socle où est contenu le mécanisme, et qui
fait mouvoir les différents ressorts, lorsque
les mouvements des cases mobiles de l'échi-
quier de l'automate'lui indiquent le coup qui a
été joué, et qu'il exécute aussitôt sur un petit
échiquier placé devant lui et éclairé d'une
bougie. Arrivé à Paris , Maelzel engagea
d'abord M. Boncourt, très-bon joueur d'échecs,
pour faire jouer l'automate daus les séances
publiques qu'il donnait chaque soir; mais la
taille élevée de ce joueur lui faisait éprouver
une fatigue excessive lorsqu'il était coqché
dans l'étroit espace réservé à ses fonctions; il
dut y renoncer, et M. Alexandre, puis M. Mou-
ret, autres joueurs très-habiles, le remplacè-
rent, et accompagnèrent Maelzel à Londres,
où ils lui firent gagner des sommes considéra-
bles, qu'il dissipa bientôt dans la débauche.
Des discussions d'intérêt, survenues entre lui et
ses joueurs, furent cause que ceux-ci se sépa-
rèrent de lui et divulguèrent son secret. Cette
circonstance, jointe aux poursuites de ses
créanciers, détermina Maelzel à se rendre en
Amérique, en 1836, avec ses automates et
son panharmonicon. On dît que le succès de
ces machines à New-York, à Philadelphie et à
Boston, lui ont procuré une grande opulence.
Suivant quelques renseignements, parvenus
aussi de Boston, où il avait fixé son séjour
dans ses dernières années, il aurait exécute
un automate à larynx mécanique qui exécutait
des gammes diatoniques et chromatiques, en
montant et en descendant. M. Bienaimé-Four-
nier, horloger-mécanicien à Amiens, ayant
exécuté, en 1829, un métronome qui faisait
entendre, outre les vibrations du pendule, des
coups plus forts pour les combinaisons de ces
vibrations en mesures à temps binaires ou ter-
naires, Maelzel fit à son métronome une mo-
dification du même genre, mais dont le méca-
nisme était plus simple et meilleur, et céda la
propriété de cette machine à M. Wagner, hor-
loger-mécanicien de Paris, qui, pendant plu-
sieurs années, a construit tous les métronomes
dont on fait usage en France. Maelzel est mort
au commencement du mois d'août 1838, dans
un voyage de La Guayra a Philadelphie, à l'âge
tic soixante-six ans.
MAERZ (Conrad), facteur d'orgues de la
cour de Bavière, naquit à Haimbourg, arron-
dissement de Pfaffenhofen, le 20 février 1765.
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MAERZ — MAGÀLHAENS
Il servit d'abord dans l'artillerie de l'armée
bavaroise, et fut envoyé en garnison à Ingol-
stadt, où il apprit les principes et la pratique
de la construction des orgues chez le facteur
Gaspard Kœnig. Après avoir employé quatre
années à ce genre de travail et d'étude, il entra
dans le corps des archers de la garde du
prince électoral. Le facteur d'orgues et de
pianos de la cour, Joseph Gloner, qui demeu-
rait à Munich, était alors fort âgé et ne pou-
vait plus remplir ses fonctions : le prince
Charles-Théodore lui donna Maerz pour suc-
cesseur en 1800, et celui-ci se retira alors du
service militaire. Il avait déjà construit à
Glon, près de Zinnenbourg, en 1796, un bon
•orgue, et à Eschenbach un autre instrument
d'une excellente qualité. En 1800, il refit à
neuf l'orgue de l'abbaye de Waldsassen.
Depuis lors il a produit plusieurs bons instru-
ments.
91 AESTMNI (.....)» compositeur drama-
tique de peu de mérite, né à Florence, a fait
représenter, dans l'automne de 1837, au petit
théâtre délia Piazza de celle ville, un opéra
intitulé : Jmelia y dont l'existence ne fut pas
longue. En 1844, il fit jouer à Pistoie, pendant
la saison du printemps, Margherita Pus-
terla, opéra en trois actes, dans lequel il n'a-
vait pas négligé de mettre un orgue et un
Salve Regina, comme dans les Lombardi, de
Verdi, qui avaient alors grand succès en Ita-
lie. Le même opéra fut joué, dans l'année sui-
vante, au théâtre Alfteri, de Florence. Ce
maestro Maestrini est un des plus pauvres
maestrinetti de notre pauvre époque.
MAFFEI (J ban-Camille), savant italien,
né à Solofra, dans le royaume de Naples. au
commencementdu seizième siècle, est auteur de
plusieurs traités de philosophie, parmi lesquels
on remarque le plus ancien traité connu de
Tari du chant proprement dit, confondu par
Forkel et les autres biographes allemands
avec l'Enseignement des principes de la mu-
sique, qui en est le préliminaire. L'ouvrage
«le Hïaffei a pour titre : Discorso filosofico
délia voce, e del modo dHmparare di cantar
di garganta, raccolte da D. VaUrio de*
Paoli da Limosinano; Napoli, appresso
Raymondo Amato, 1503, in-12de 130 pages.
MAFFEI (le marquis François-Scifior),
célèbre littérateur, «également distingué par
ses poésies, pièces de théâtre et ses savantes
recherches sur l'histoire et les antiquités,
naquit à Vérone, le !«• juin 1675, et mourut
le 11 février 1755, à l'âge de quatre-vingts
ans. Dans le tome 5 e du Giornale de' letterati
d'Italia (Venise, 1711), qu'il avait entrepris
de concert avec Apostolo Zeno et VaUUnieri r
il a inséré une description du forté-piano, qoi
venait d'être inventé par Cristofali, sons le-
litre de Nuova invenzione d'un gravetem-
balo eol piano e forte; aggiunte alcune con-
siderazioni sopra li strommti m%uicah\
Une traduction allemande de cette dissertation
a été placée par Mattheson dans sa Crititm
musica, t. 11, p. 335. On en trouve une tra-
duction hollandaise dans l'écrit périodique de
Luslig intitulé : Tvoaalf redeneeringen over
musijkaale onderwerpen, etc.
MAFFEI (Madame FESTA). Foyez
FESTA (Françoise).
MAFFOLI (Vincent), célèbre ténor ita-
lien, né à Reggio vers 1760, commença à se
faire connaître en 1783. La beauté de sa voix,
son habileté dans l'art du chant et son mérite
comme acteur, lui procurèrent bientôt les-
plus brillants succès. En 1787, il chantait av
théâtre Aliberli à Rome, et son talent y pro-
duisit une si vive impression que le public
s'écria un soir, plein d'enthousiasme : M*of-
folol M'affolissimo! Pendant les saisons «fit
carême et du printemps 1780, il eut ans» de-
brillants succès à Milan, où il chantait avec îa
Morichelli Bosello. En 1790, il alla à Reggio,
sa patrie, puis à Sienne; au printemps de
1791, il était à Florence, où il se fit admirer
dans l'oratorio Débora e Sisara, de Gugliehuî.
Dans l'automne de la même année, il chanta
â Turin, puis il partit pour Vienne, on il
demeura pendant les années 1793 et 1793.
Les représentations du théâtre italien ayant
cessé, vers la fin de cette dernière année T
dans la capitale de l'Autriche, MafTolî re-
tourna en Italie; mais depuis cette époqur,
on n'a plus de renseignements sur sa per-
sonne.
MAGALHAENS (Philippe DE), malne
de chapelle du roi de Portugal, naquit dans les.
dernières années du seizième siècle à Azeîtam,
au diocèse de Lisbonne. Son maître de musi-
que et de composition fut Manuel Mendes. S»
réputation de savant musicien était déjà si
bien établie, lorsqu'il eut achevé ses étoiles,
qu'il obtint immédiatement sa position <taa*
la chapelle du roi. Compositeur laborieux, il
a laissé en manuscrit beaucoup de messes ri
de motels qui étaient conservés dans la Bi-
bliothèque royale de musique, à Lisbonne,,
sous le numéro 809. On n'a imprimé de lui
que les ouvrages dont les titres suivent z
1° Cantiea beatissimx Firginis, Lisbonne,
Craesbeck, 1630, in- fol. max. 2° Alissje qum-
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MAGALHAENS - MAGGI
39»
tuor, qitinque et sex vocibus conslantibus,
ibid., 1635) in-fol. max. Z'Cantus eccUsias-
ticus commendandi animos corporaque se-
peliendi defunetorum : Missa et stationes
juxta ritum sacro-sanctœ Romanœ pc-
clesiœ breviarii tnissalisque Romani Clé-
ment ; FUI et Urbqni FUI, recogni-
tionem ordinata, Lisbonne, Craesbeck, 1641,
in -4°. La même édition a reparu en 1642,
avec un nouveau frontispice; Lisbonne, An-
toine Alvarez. Longtemps après, il a été fait une
autre édition de ce recueil, à Anvers, chez
Henri Aerlsen, 1691, in-4°.
1WAGDEBLRG (Joachim) fut d'abord, et
postérieurement à 1552, diacre à l'église de
Saint-Pierre, à Hambourg, puis fut appelé
comme pasteur à Magdebourg, en 1558. On
connaît de sa composition un recueil de chants
à quatre voix, imprimé à Erfurt, en 1572.
iHAGE (DE), organiste à Saint-Quentin,
vers 1752, était élève de Marchand. On a
de lui un livre de pièces d'orgue qui parut en
1753.
MAGENDIE (Fhakçois), médecin et ana
tomiste célèbre, est né à Bordeaux, le 15 oc-
tobre 1785. A Page de quinze ans, il avait
déjà terminé ses humanités, et bientôt après
il commença l'étude de la médecine. II se livra
particulièrement à des recherches d'anatomie
qui lui ont fait faire de belles découvertes.
Parmi ces travaux, ceux qui ont pour objet la
conformation et les fonctions des organes de
la voix ont fait honneur à Magendie : ce sont
ceux qui doivent être ici mentionnés. Ne se
bornant pas, comme ses prédécesseurs, a con
sidérer ces organes dans l'état de nature
morte, il a fait un grand nombre d'expé-
riences sur des animaux vivants, dont il avait
mis à découvert, avec beaucoup d'adresse, le
larynx et les autres parties du mécanisme de
la phonation. C'est ainsi qu'il est parvenu a
déterminer l'action des principaux muscles du
tuyau vocal. Dans une de ses expériences, il a
reconnu que l'épiglotte est étrangère à la pro-
duction du son, car il a coupé impunément
cette partie de l'appareil vocal avec tous ses
muscles : la voix n'a été détruite que lorsqu'il
a coupé le milieu des cartilages aryténoïdes,
dont la section détruisait la glotte. A l'égard
de son système général de la phonation, il se
range parmi ceux qui compaVent l'appareil
vocal à un instrument à vent. Suivant lui, les
muscles Ihyro-aryténcldiens vibrent à la ma-
nière des anches. L'intonation varie, dit-il)
en raison de la longueur, de la grosseur, de la
tension, et conséquemment de l'élasticité de
ces muscles. Cette théorie est opposée à celle
de Savart, qui est revenu à l'ancienne idée de
l'analogie du mécanisme vocal avec celui des
instruments à vent du genre des flûtes. Ma-
gendie a exposé avec beaucoup de détail tout
ce qui concerne la voix, son appareil, et son
mécanisme dans le chant et dans la parole, au
premier volume de son Précis élémentaire de
Physiologie (p. 220-275 de la deuxième édi-
tion). La première édition de cet ouvrage a
paru en 1816, à Paris, deux vol. in-8°; la
deuxième en 1825; la troisième avec des ad-
ditions, en 1853, deux vol. in-8°. On a aussi
de ce savant : Mémoire sur les usages du voile
du palais dans le chant et dans la parole,
Paris, 1808, in-4°. Magendie était médecin en
chef de la Salpétrière, membre de l'Académie
royale des sciences, de l'Académie royale do
médecine, et de beaucoup de sociétés savantes.
Il est mort à Paris, le 7 octobre 1855.
MAGGH1ELS (Jean), compositeur fla-
mand de la fin du seizième siècle, a publié un
recueil de chansons à quatre, cinq et six voix;
Douay, 1600, in-4°.
MAGGI (Jérôme), savant du seizième
siècle, naquit à Anghiari, dans la Toscane, et
non en Angleterre, comme le disent les auteurs
du Dictionnaire historique des musiciens
publié en 1810. Après avoir fréquenté les uni-
versités de Pérouse, de Pise et de Bologne, où
il étudiait le droit et les antiquités, Maggi
obtint, en 1558, une place de juge à Amatri-
cani) dans le royaume de Naples.'Vers 1560,
il s'établit à Venise, où il publia quelques
ouvrages qui commencèrent sa réputation.
Nommé ensuite juge dans l'Ile de Chypre, il se
trouva au siège de Famagouste, dont il retarda
la prise pendant plusieurs mois par des ma-
chines de son invention ; mais enfin cette ville
étant tombée au pouvoir des Turcs, Maggi Tut
emmené en esclavage à Constantinople. Sans
autre secours que celui de sa mémoire, il com-
posa dans sa prison deux petits traités, l'un
De Tintinnabulis (des clochettes), l'autre
De Equuleo (du chevalet), qu'il dédia aux am-
bassadeurs de France et d'Autriche. Tous
deux s'occupèrent alors de son rachat; mais
pendant qu'ils le négociaient, Maggi trouva
moyen de s'enfuir et de se réfugier chez l'am-
bassadeur d'Autriche. Y ayant été découvert,
il fut ramené dans sa prison et étranglé, dans
la nuit du 27 mai 1572. Le traité De Tintin-
nabulis a été publié, pour la première fois, à
Hanau, 1608, petit in-8». Une seconde édition,
avec la vie de l'auteur et des notes, par
F. Swcriius, parut à Amsterdam, en 1664,
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400
MAGGI — MAGINI
in-12. Toutefois il n'est pas exact de dire,
comme tous les bibliographes, et même comme
la Biographie universelle des frères Michaud,
que cette édition fut donnée par Swerlius lui-
même, car ce savant était mort en 1659;
mais il l'avait préparée. On en a une troisième
édition datée d'Amsterdam, 1089, in-12.
Sallengre a inséré celte dissertation dans son
Thésaurus novus antiquit. Roman., t. 11,
p. 1157. On a aussi de Maggi : Varia Lec~
Uones $eu MisceUanea; Venise, 1564, in-8°.
Il y propose une correction pour un passage
d'Aulugeile relatif a la forme de quelques
instruments de musique des anciens, lib. I,
cbap. 13 ; et le chap. 33* c du quatrième livre
est intitulé : Musica in humanos animos in
qua eorpora ipsa vim esse maximam.
MAGGI (le comte Sebastier), prêtre véni-
tien, ex-moine de l'ordre de Saint -Philippe, a
publié, sous le voile de l'anonyme, un écrit
intitulé : Dissertazione sopra il grave disor-
dine ed abuso délia moderna musica vocale
ed istromentale che si è introdotta e si usa a
nostri di nelle ckiese e ne divine uflUii (Dis-
sertation sur le grave désordre et sur l'abus
de la musique moderne, vocale et instrumen-
tale, qui s'est introduite de nos jours dans les
églises, et dont on fait usage dans le service
divin), Venise, 1821, in-8° (1).
MAGGIORE (François), compositeur na-
politain, vécut vers le milieu du dix-huitième
siècle, voyagea longtemps, et mourut en Hol-
lande dans un étal voisin de la misère,
en 1782. Parmi ses compositions pour le
théâtre, on cite I Raggiri délia cantatrice,
opéra bouffé représenté en 1745, et Gli scherzi
di Jmore y 1762. Ce musicien, qui aurait
dû chercher dans ses talents une existence
honorable, préféra se donner en spectacle
dans la plupart des villes qu'il visita, et re-
cueillir des applaudissements par son adresse
à imiter le chant et les cris de divers ani-
maux.
MAGHERINI (Joseph -M abie), né près de
Milan, en 1752, fit son éducation musicale en
celle ville. En 1770, on a exéculé à Londres
un oratorio de sa composition intitulé : le Ju-
gement de Salomon. Dix ans après, six trios
pour deux violons et basse ont été gravés sous
son nom dans la même ville.
MAGIELLI (Dominique), compositeur ita-
lien du seizième siècle, né à Valeggio, dans
la Lombardie, a publié de sa composition :
1° Madrigali a cinque voci, lib. 1, Venise,
(1) Vojrei le Ditsiontrio di Opère anonime e ptendo-
nime di Strmori itëlûmi, di G. M.> tome I, p. 319.
1567. 2* Madrigali a cinque voci, lib. 2,
Venise, 1568, in-4°.
MAGINI (Jeav-Paul), excellent luthier,
né à B rescia dans la seconde moitié du sei-
zième siècle, établit ses ateliers dans cette
ville, et se distingua particulièrement dans la
facture des violons. Suivant les recherches que
j'ai faites, depuis que la première édition de
cette Biographie a été publiée, cet artiste tra-
vailla depuis 1590 jusqu'en 1640 environ. Le
patron de ses violons est en général fort grand:
cependant il y en a quelques-uns de pelit
format ; les voûtes en sont élevées et s'étendent
près des bords. Les tables d'harmonie sont de
bonne qualité et assez fortes; le dos, assez
aplati vers les extrémités supérieure et infé-
rieure, est considérablement renflé près des
éclisses qui' ont peu d'élévation et dont le*
courbes sont adoucies vers les angles. Un
large filet double règne sur la table et sur le
dos; il se termine quelquefois sur cette der-
nière partie de l'instrument en un ornement
placé au-dessous du manche et au-dessus de
l'attache du tire cordes ; cet ornement repré-
sente une large feuille de trèfle. La plupart
de ces instruments sont vernis à Pes prit -de-
vin, d'une belle couleur brun clair. Ce vernis
est remarquable par sa finesse. Les dimensions
en étendue et la combinaison des voûtes avec
les épaisseurs donnent à la plupart des instru-
ments de Magini un son grandiose, grave et
mélancolique. Ce son a moins de velouté que
celui des Stradivari, et moins de puissance que
les Joseph Guarneri; il a plus d'analogie avec
celui de la viole ; mais il a beaucoup de charme
dans le quatuor d'instruments à cordes.
MAGINI (Pietho-Sahto), luthier de Bres-
cia , vraisemblablement de la même famille
que le précédent, a été souvent confondu avec
lui. 11 travailla dans le dix-septième siècle,
environ vingt ans plus lard que Jean-Paul.
Bien qu'il ait fabriqué des violons qui ne sont
pas dépourvus de qualilé, il s'est distingut-
particulièrement par des contrebasses, qui
sont renommées en Italie comme les meilleur-
instruments de ce genre.
MAGINI (François), compositeur italien
de musique vocale, vécul vers le commence-
ment du dix-huitième siècle. Gerber le cite
comme auteur de cantales avec accompagne-
ment de clavecin qui existent en manuscrit
dans diverses bibliothèques de Leipsick. Ou
connaît aussi de lui des solfèges à deux voix,
datés de 1702, et des sonates pour trois trom-
bones, qui se trouvent en manuscrit dans la
bibliothèque de l'abbé Sanlini, à Rome.
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MAG10 — MAGNI
401
ItfAGIO (FftAirçois), compositeur sicilien,
né à Castro Velrano, dans la première partie
du dix septième siècle, a publié : Sacra Ar-
monia, e mitsiculi eoncenti a 2, 3, 4 e 5 voci,
con una mes$a a 6 concertata; Milan, 1670,
in-4».
MAGIRUS (Jbaic), prédicateur et pasteur
a l'église de Saint-Biaise a Brunswick, naquit
à Cassel vers 1550, et Tut d'abord eantor a
l'école de Sainte-Catherine, dans la première
de ces deux villes. On a de lui un livre inti-
tulé : Artis musicx methodieè legibus logicis
informât* libri duo ad totum musices arti-
fieium et rationem componendi valdè acco-
modati; Francfort, 1596, in 8° de cent cin-
quante-huit pages. Ce traité fut composé par
Magirus pour l'usage de l'école de Sainte-
Catherine. La seconde édition a été publiée à
Brunswick, en 1611, in-8°, mais avec des
changements considérables dans la forme du
livre et dans le fond des choses. La préface
de ce livre, adressée aux élèves de l'école de
Sainte-Catherine de Brunswick, est de Charles
Bumann, recteur de cette ville. Elle est suivie,
conformément à l'usage du temps, de plusieurs
pièces de vers latins à la louange de Magirus.
Le premier livre, qui traite des éléments de la
musique, est divisé en vingt-trois chapitres ;
le second livre traite de la tonalité, de l'har-
monie, de la composition et de la forme des
pièces de musique. Il contient trente chapitres.
La discussion concernant l'ordre et le nombre
des modes, qui termine le livre, est savante et
indique chez son auteur un jugement très-sûr.
Après avoir fait remarquer (page 133) la diver-
sité d'opinions des musiciens concernant le
nombre de ces modes, et les avoir discutées
toutes, Magirus se prononce en faveur de celle
de Glaréan (page 137) et dit : Atqui tam in
choraliquaminfigurati cantu inusu artifi-
cium sunt iêti, quos diximus, modi duode-
cim. Magirus est mort d'apoplexie en 1631.
MAGIUS (Jérôme). Voyez MAGGI.
MAGLIARD (Pierre). Voyez MAIL-
LANT.
MAGNELLI (JosErn), compositeur de
musique d'église, naquit à Florence en 1767.
Élève de Louis Braccini, il étudia pendant dix
années sous la direction de ce maître, et devint
un des plus savants musiciens italiens des der-
niers temps. On connaît de lui beaucoup de
musique estimée; sa messe de Requiem avec
orchestre, exécutée pour la première fois à
Florence en 18C0, pour l'anniversaire de l'As-
sociation des musiciens, passe pour son chef-
d'œuvre. Cet artiste est mort à Florence,
BlOSn. UMV. DES HUSICIF.SS. T. V.
le 31 décembre 1847, à l'âge de quatre-vingts
ans.
MAGNI (Beredetto), compositeur vénitien,
né à Ravenne vers 1580, était neveu d'Ange lo
Gardano, compositeur, imprimeur et éditeur de
musique à Venise. Tl fut organiste du cardi-
nal Aldobrandini, à la cathédrale de Ravenne.
On a imprimé de sa composition : 1° Concerti
o Mottetti a 1 , 2, 5, 4 voci, con basso con-
tinuOj opéra 1, lib. I. Venise, chez l'héritier
d'Ange Gardane (Bartholomé Magni), 1612,
in-4°. Il y a des exemplaires qui portent les
noms de Richard Amadino, avec la même
date ; sans doute par suite d'échanges entre cet
éditeur et B. Magni. 2° Concerti o Mottetti
a 2, 3, 4, 5e6t?oct, op. 1,lib. II, iot'tf.,1612.
3° Concerti o Mottetti a 1, 2, 3, 4 e 8 voci,
lib. III, ibiâ. . 1616. 4° Messe concert ate a otto
voeï, lib. 1, H otlll, ibid. Une collection des
madrigaux de Magni à cinq voix a été recueil-
lie par son second frère, et publiée sous ce
titre : Madrigali a cinque voci da Benedetto
Magni, raccolti da Bastiano (Sebastiano)
Magni da Ravenne suofratello, opéra terza,
in Venetia, 1613, appresso l'Herede di Angelo
Gardano, in-4°. Dans la dédicace, datée du
1 er décembre 1612, Sébastien Magni dit que
depuis que son frère cultive la composition de
la musique religieuse, il dédaigne les madri-
gaux , fruits de sa jeunesse, et les laisse
ignorés du public au fond d'une armoire; Sé-
bastien s'est décidé à les tirer de l'obscurité et
les publie.
MAGNI (Bartholomé), célèbre imprimeur
et éditeur de musique, parait être né à Ra-
venne; il vécut à Venise, au commencement
du dix-septième siècle. Il a mis au jour une
grande quantité de motets et de madrigaux des
artistes les plus renommés de son temps. Bar?
tholomé Magni était neveu d' Angelo Gardano
et frère de Benedetto Magni, compositeur. Après
la mort de leur oncle, ils lui succédèrent dans
son imprimerie et dans sa librairie musicale,
la gérèrent en société; mais après le retour
de Benedetto à Ravenne, Bartholomé resta
seul chargé de la typographie et du commerce
des livres de musique. Ses premiers produits
parurent en 1613. Sébastien Magni, frère de
Bartholomé et de Benoit, parait avoir vécu à
Venise, où vraisemblablement il était l'associé
de Bartholomé.
MAGNI (Joseph), maître de chapelle de la
cathédrale de Foligno, naquit en celle ville
dans la seconde moitié du dix-septième siècle.
Il était considéré vers 1700 corn me un des bons
musiciens de son temps. Parmi ses ouvrages,
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40â
MAGNI - MAGNIEN
ou cite : Decio in Foligno, mélodrame reli-
gieux exécuté dans l'église cathédrale de celte
ville, en 1697.
Un autre musicien, nommé MAGNI
(Paolo), qualifié de maître de chapelle de la
cour royale de Milan, dans la Dramaturgia
d'AUacci, a écrit la musique des deuxième et
troisième actes à'Ariovisto, drame, musical,
représenté au nouveau théâtre ducal de Milan,
en 1699. La musique du premier acte avait été
écrite par Antoine Perli. Paul Magni a com-
posé aussi la musique du premier acte de Teuz-
zone, opéra représenté au théâtre ducal de cette
ville, eu 1706. La musique des deux autres actes
avait été composée par Clément Monari, ma lire
de chapelle de la cathédrale de la môme ville.
mAGUilEIX (Victob), directeur du Con-
servatoire de musique de Lille (Nord), violo-
niste, guitariste et compositeur, est né à Épinal
(Vosges), le 19 novembre 1804, et fut baptisé
le 22 du même mois, jour de sainte Cécile, ce qui
était de bon augure pour un musicien futur.
Victor Magnien avait atteint Page de dix ans
lorsque les armées alliées en vahiren l la France ;
toutes les administrations furent bouleversées,
et M. Magnien père, qui était alors receveur des
contributions indirectes dans le déparlemeut
de la Ilaute-Marne, reçut sa démission, comme
tous les employés des droits réunis. C'est alors
que Victor Magnien reçut les premières leçons
de violon. Son père, ayant obtenu un nouvel
emploi en 1817, l'envoya à Paris pour conti-
nuer des études plusieurs fois interrompues, et
pour prendre des leçons de Rodolphe Kreutzer.
Carulli devint aussi dans le même temps son
maître de guitare. Ses progrès furent rapides;
après deux années d'études, il était devenu
un des guitaristes les plus habiles de Paris, et
son talent sur le violon le plaçait à un rang
honorable parmi ses émules. En 1820, il alla
revoir sa famille qui alors était à Colmar; il
était âgé de seize ans. Ses talents le firent bientôt
accueillir avec distinction chez les principaux
habitants de cette ville. N'étant pas desliué à
faire sa profession de la musique, il allait en-
trerdans une administration publique, lorsque
son père, compromis dans l'affaire politique
du colonel Caron,fut destitué. Par une consé-
quence de ce fâcheux événement, le jeune Ma-
gnien dut songer à venir eu aide à sa famille,
et la musique, qui n'avait été destinée qu'à ses
plaisirs, devint sa ressource la plus solide.
Bien que fort jeune et inexpérimenté dans
renseignement, il se mit à donner des leçons
de ses deux instruments, et la sympathie qu'il
trouva dans les familles les plus distinguées
de Colmar le soutint dans son entreprise. Peu
de temps après, une situation plus lucratif c
pour la culture de son art lui fut offerte à Mul-
house; il l'accepta et alla s'établir dans cette
ville. Ce fut là qu'il écrivit ses premiers ou-
vrages. Chaque année il allait passer trois
mois à Paris, où il trouvait chez Baillol, La-
font, quelques autres artistes distingués, et
chez Pau leur de celte notice, des encourage-
ments et des conseils. L'éditeur de musique
Richaull l'accueillit aussi et publia ses pre-
miers ouvrages pour la guitare et pour le
violon. Des excursions que fit M. Magnien en
Allemagne eureut aussi pour résultat de com-
pléter ses connaissances et de perfectionner
son goût par l'audition des œuvres des grands
maîtres de cette époque. De 1827 à 1851, l'édi-
teur Richaull fit paraître trente-deux œuvres
de sa composition. Après la révolution de 1830,
M. Magnien avait résolu de se fixer soit à Paris,
soit dans une ville qui en fût peu éloignée; ce
projet fut réalisé par l'engagement qu'il con-
tracta avec la ville de Beauvais (Oise), pour y
diriger l'orchestre de la Société philharmonique
et y remplir les fonctions de directeur des
écoles élémentaires de chant, ainsi que celles
de membre de la commission d'examen pour
l'enseignement primaire. Il s'y maria et se fit
estimer comme homme et comme artiste pen-
dant les seize années de son séjour dans celle
ville. L'impulsion qu'il y avait donnée, tant
dans l'instruction musicale de la population
que dans la culture de Part, fixa sur lui Pal-
lenliou de l'autorité, qui le choisit pour diriger
le Conservatoire de Lille (Nord), succursale
du Conservatoire impérial de musique. M. Ma-
gnien occupe celte position au momen'l ou
celte notice est écrite (1862), et imprime aux
études musicales un mouvement de progrès
dans l'institution confiée à son expérience.
Parmi ses compositions publiées on remarque :
1° Des duos pour violon et guitare, Paris, Ri-
chaull. 2° Des thèmes variés pour violon,
avec accompagnement de quatuor, ibid.
5° Des duos et nocturnes pour deux guitares,
ibid. 4° Des fantaisies, rondeaux, thèmes va-
riés et andante pour guitare seule, ibid.
5 U Une me.sse à plusieurs voix avec orgue.
Plus de cinquante œuvres de sa composition
ont été publiés chez Richaull. Parmi les
vingt derniers ouvrages, très-supérieurs aux
premiers, on distingue surtout : Concerto pour
violon (en mi), op. 45; fantaisie caprice pour
violon avec piano, op. 41) ; études pour violon,
op. 41 ; le Soir au bord d'un lac suisse, mé-
lodie pour piano, op. ol ; divertissement cl
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MAGNIEN — MAHU
403
boléro pour violon, op. 32. On a anssi de
M. Magnien : Théorie musicale ou Réponse
au programme arrêté par le ministre de
l'instruction publique pour V interrogatoire
des aspirants des deux sexes aux brevets de
capacité, Paris, Richault, 1837, in-8°.
MAGWUS (Richard), compositeur alle-
mand, dont le véritable nom est vraisembla-
blement latinisé, vécut au commencement du
dix-septième siècle, et fit imprimer : Conti-
cum cantieorum Salomonis, 4, 5 « 8 voct-
bus, Francfort, Slein, 1615.
MAGIMJS, prénom sous lequel s'est fait
connaître un pianiste, dont le nom de famille
estDEUTZ. Il est né à Bruxelles en 1838.
Ayant été admis au Conservatoire royal de
musique de cette ville, il y obtint le second prix
de piano en 1843, eut un second prix d'har-
monie dans Tannée suivante, et le premier
prix de piano lui fut décerné au concours
de 1845. Sorti de l'institution où il avait l'ail
son éducation musicale, M. Magnus Deutz alla
s'établir à Paris, où il recul des conseils de
quelques artistes renommés. Depuis lors il s'y
est fait entendre dans plusieurs concerts et s'y
est livré à l'enseignement. 11 a voyagé aussi
en Allemagne et a publié à Vienne quelques
petites compositions pour le piano, entre autres
La danse des esprits, caprice, oeuvre 12, et
Les pleurs de la jeune fille, œuvre 13.
MAGRIM (Louis), professeur de physique
à Milan, a publié un petit écrit intitulé : Pen-
sieri sulla musica e sut magnetismo ani-
male, Milan, Resinati, 1842, in-8° de trente-
six pages. Le nom de l'auteur n'est pas indi-
qué au litre de l'ouvrage, mais la dédicace est
signée du nom de M. Magrini. L'objet qu'il
s'est proposé dans celle brochure est de con-
stater, par des expériences, les effets divers
produits par la musique, et ses conclusions
sont que ces effets sont le résultat d'une in-
fluence magnétique.
M AH AULT (Antoine) ,et non MAH AUT,
comme les auteurs du Dictionnaire historique
des musiciens (Paris, 1810-1811) écrivent son
nom, était flûtiste à Amsterdam en 1737;
époque où fut imprimé son premier ouvrage.
Ses créanciers l'obligèrent à prendre la fuite
et d'abord il vint à Paris ; mais, ne s'y croyant
pas en sûreté, il se relira dans' un couvent
vers 1760. Mahault mérite quelque estime
pour ses compositions. On a de lui : 1° Sym-
phonies pour plusieurs instruments. 2° Trios
pour trois flûtes. 3° Deux livres de duos pour
deux Unies. 4° Trois livres de sonales pour le
même instrument. 5° Trois livres d'arîeitcs
hollandaises, françaises et italiennes. Elles ont
pour titre : Maandelijks musikaal Tijdver-
drijf, bestaande in nieutoe hollandsche can-
zonetten, gecomponeerd doorA. Mahault, etc.
(Agréables passe-temps musicaux, consistant
en nouvelles chansons hollandaises, composées
par A. Mahault, etc.), Amsterdam, A. Olofsen,
(.sans date), in-4°. Quelques-uns de ces ou-
vrages ont paru à Amsterdam; les autres ont
été publiés à Paris. En 1759, Mahault donna
un des premiers ouvrages véritablement mé-
thodiques qui ont été publiés pour la flûte ; cet
ouvrage a pour litre : Nouvelle méthode pour
apprendre, en peu de temps, à jouer de la
flûte traversière, à l'usage des commençants
et des personnes plus avancées. Quelques an-
nées après, il en parut une .édition nouvelle,
augmentée de douze planches de musique.
MA11IEU, surnommé DE GAÏND, parce
qu'il était né dans celte ville, fut poète et mu-
sicien vers le milieu du treizième 6ièclc. Le
Mss. n° 66 (fonds de Cangé) de la Bibliothèque
impériale de Paris nous a conservé deux chan-
sons notées de sa composition. On en connaît
quatre autres dans différentes Bibliothèques.
MAI1JMOLD-SCI1IRAFI, encyclopé-
diste persan , commentateur du théoricien de
musique Ssalfl-Eddin (voyez ce nom); est
considéré comme un des meilleurs écrivains
persans sur cet art. Son ouvrage a pour titre :
Durret el Tadsch (Perles de la Couronne); il
se trouve à la Bibliothèque royale de Madrid.
Mahmoud-Schirafi mourut l'an 716 de l'hégire
(1315 de l'ère chrétienne).
JWAllx^E (Guillaume-Léonard), philologue
distingué, né à Amsterdam vers 1760, fut
d'abord professeur au Collège de cette ville,
et occupait cette place en 1793. En 1808, il
était recteur du collège d'Amersfoort, en Hol-
lande. On a de ce savant une excellente dis-
sertation sur la vie et les écrits d'Arisloxène
(voyez ce nom), intitulée : Diatribe de Aris-
toxeno philosopho peripatetico , Amslelo-
dami, lypis Pclri den Hcngsi, 1793, in-8° de
deux cent dix-neuf pages.
MAIIR (Jean-André), mécanicien et fac-
teur d'instruments à clavier de la cour du duc
de Nassau, à Wiesbaden, vers 1788. Il était
associé avec son frère, et fabriquait avec lui
des instruments auxquels il donnait le nom de
Clavi-Mandores. Gerber cite aussi de lui «le
bons clavecins et un piano à queue considéré
alors comme excellent.
A1A1IU (étiesne), ancien compositeur aile
mand, est placé par Forkel et Gerber dans sou
activité artistique vers 15:20 j nuis il appar-
21»
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404
MAHU — MAIGRET
tient à une époque un peu plus reculée, sui-
vant un passage de la Practica Musica d'Uer-
raann Finck {voyez ce nom). On voit par le
Novus thésaurus musicte de Pierre Joannelli
(voyez ce nom) que Mabu fut un des chantres
de la chapelle de Ferdinand I er , d'abord vi-
caire de l'empire, puis empereur d'Allemagne.
Il avait cessé de vivre avant la mort de ce
prince (1564) , car son nom ne parait pas
parmi ceux des autres chantres qui composè-
rent des pièces de musique a la louange de
Ferdinand et des princes de la famille impé-
riale, lesquelles se trouvent dans le cinquième
livre du recueil de Joannelli. Cet artiste eut la
réputation d'un des musiciens les plus remar-
quables de son temps; il la mérita sans aucun
doute, car ses Lamentations de Jérémie, à
quatre voix, qui se trouvent dans le premier
livre de cette collection, sont un des meilleurs
ouvrages de la première partie du seizième
siècle. Lo style de ces compositions indique
que l'auteur les a écrites, au plus tard, vers
1520; car, après celte époque, l'art se modifia
et prit une allure plus libre et plus légère. Il y
a lieu de croire qu'il n'était plus jeune lors-
qu'il produisit celle œuvre, car sa notation est
celle des maîtres du quinzième siècle. On
trouve de Mahu deux Magnificat du huitième
ton, à quatre voix, dans le manuscrit de la Bi-
bliothèque royale de Munich, coté XLIII. Un
cantique a cinq voix, de la composition de
Mahu, rapporté en partition par Forkel, dans
son histoire de la musique (t. H, p. 686-691),
d'après un recueil imprimé à Wiltenberg, en
1544, justifie les éloges qui lui ont été donnés,
car il est fort bien écrit; les imitations sont
bien choisies, les mouvements des voix ont de
l'élégance, la tonalité est bien suivie et l'har-
monie a de la plénitude. Le Caucional de
HansWalthcr contient des mélodies chorales
<le Mahu. La rare collection publiée, en 1540,
par Meichior Kriesstein, à Augsbourg, sous le
litre : Selectissinue tiec non familiarissimte
cantiones ultra centum, contient des mor-
ceaux de Mahu. On en trouve aussi dans les
Modulationes aliquot quatuor vocum, im-
primées à Nuremberg, par Petrejus, en 1558,
ainsi que dans lesiVeicer Teutschen Liedlein
(Nouvelles chansonnettes allemandes), impri-
mées par le même, en 1550, et dans les Selec-
tissimarum jVoletarum partira quinquepar-
thn quatuor vocum, etc., chez le même, en
1540. Le cantique, publié par Forkel, est tiré
du recueil qui a pour litre : JYewe geistliche
Cesxnge C XX III mit 4 und 5 Slimmen
(Nouveaux chants spirituels au nombre de cent
vingt-trois, à quatre et cinq voix), Wittcn-
berg, Georges Rhau, 1544. De ces diverses
productions résulte la preuve qu'Etienne Mabu
fut un des fondateurs de la bonne école alle-
mande des premiers temps.
M AICHELBECK ( François- A vroisc ),
directeur de musique, professeur de langue
italienne, et bedeau de la cathédrale de Frey-
berg, a publié à Augsbourg, en 1756, huit
sonates pour le clavecin, sous ce litre : Dk
auf dem Klavier spielende und das Gehar
"ergniigende Cxcilia, etc., op. 1. Le second
œuvre de sonates, divisé en trois parties, et
destiné à l'enseignement de l'art de jouer du
clavecin, a paru en 1738; il est intitulé : Dit
auf dem Klavier Lehrende Cxcilia, welche
guten Unterricht ertheiUt, toi* mon nie ht
. allein in Partitur selbst Schlagsliïcke ver-
fertigen , und allerhand Lxufc erfinden
kœnne. In drey Theile abgetheilet ; dertn der
erste de Clavibus, Mensuris et Notant m
valore, der ztœyte de Fundamentis Parti-
tur* handelt; der dritteaber mit Extmplis
Tonorum et Versuum versehen ist. On con-
naît aussi sous le même nom : PI pompeuse,
schœne, leichte und auf den neuesten ila-
lianischen Stylum fur aile Chœr dienliche
Missen, etc. (Six messes solennelles, belles,
faciles et dans le plus nouveau style italien;.
Fribourg en Brisgau, 1750.
M AIEM (Grégoire), compositeur allemand,
vécut vers le milieu du seizième siècle. Jacques
Paix a arrangé et publié quelques morceaux
de ce musicien dans son recueil de pièces
d'orgue en tablature, Lauingen, 1586, in-fol.
MAIER (Josefr-Frédéric-Berkaro -Gas-
pard) : voyez M A JEU.
MAIEH (L.), musicien au service de l'élec-
teur palatin, dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle, s'est ensuite établi à Paris,
où il a été connu comme maître de piano
jusqu'en 1805. On a gravé de sa composition :
1° Trois sonates pour clavecin avec accompa-
gnement de violon obligé ,'Manhcim, 1782.
2° Six symphonies pour deux violons, alto,
basse, deux hautbois et deux cors, op 2,
Paris, 1785.
MAIER (Catrerihe), née SCHIATTI,
pianiste et compositeur, vivait à Saint-Péters-
bourg vers la fin du dix-huitième siècle. De-
puis 1795 jusqu'en 1798, elle a fait imprimer
onze œuvres de fantaisies, trios et variations
pour le piano.
M AIGU ET (Robert), musicien français,
né au Mans, fut un bon Compositeur de chan-
sons à quatre voix. Il mourut dans sa ville
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MAIGRET — MAILLARD
405
natale au mois d'aoAt 1568, a l'âge de plus de
soixante ans. On trouve trois chansons de sa
composition dans le Recueil des recueils com-
posés à quatre parties par plusieurs au-
t heur s, 3 rae livre; Paris, Adrien Le Roy et
Robert Ballard, 1565, in-4° obi.
M AI LAN D (Eugène). Je n'ai pu me pro-
curer aucun renseignement biographique sur
locuteur d'un bon livre qui porte ce nom, et
qui a pour titre : Découverte des anciens ver-
nis italiens employés pour les instruments
à cordes et à archet. Paris, imprimerie de
Ch. Lahure et C% 1859, 1 vol. in-12. H. Mailand
a fait une étude sérieuse de ce sujet difficile et
rempli de mystères : non-seulement il a lu les
traités modernes sur les vernis de Watin (1 ),
de Zingry (2) et de M. Tripier-Devcaux (5),
non-seulement il a analysé les formules de
fabrication de vernis des auteurs anciens,
tels que les Secrets des arts (publiés en 1550),
le Miroir universel des arts et des sciences,
de Fioravanti (4), le Recueil abrégé des secrets
merveilleux (5), VOculus artificialis du
P. Zahn (6), VEpitome cosmographique de
Cofonelli (7), le Traité des Vernis du
P. Bonanni (8), et d'autres; mais il a fait lui-
môme un grand nombre d'expériences et a
trouvé enfin des formules qui reproduisent
l'aspect des vernis des anciens maîtres de
Crémone.
MAILLA ou plutôt MAILLAI (Joseph-
Awne-Maiue DE MOYR1A DE), célèbre
missionnaire, naquit en 1670, au château de
Maillac, dans le Bugey. Après avoir terminé
ses études, il entra chez les jésuites, et fut
envoyé à la Chine, en 1703. Il y passa qua-
rante-six ans, et y mourut le 38 juin 1748.
On a de ce jésuite une Histoire générale de la
Chine, ou Annales de cet empire, traduit du
Thoung-Kian Kangmou, Paris, 1777-83,
douze vol, in -4°. Les sections 128-148 de cet
ouvrage traitent de la musique des Chinois,
«t la section 186 contient une notice du Yo-
King, livre de musique sacrée.
MA1LLAUD (Jeah), musicien français
«lu seizième siècle, parait avoir vécu à Paris,
suivant l'épltre dédicaloire d'un recueil de
motets à quatre parties qu'il a publié; mais on
ne sait rien sur sa position comme artiste.
(1) Paris. 1773, In-8«.
(2) Gènes, 1803, in-8",
<5) Paris, 1845, in-8».
(4) Bologne, ISGi, in-4°.
(5) Paris, Itifr3, in-12.
(G, Nuremberg, J(i83, 5 vol. %
(7) Venise, 109S.
CS) Rorar, «715, in-4».
Son nom ne figure pas dans les combles de la
chapelle, à la fin du règne de François I er , ni
sous les successeurs de ce prince, Henri II et
François II. Ce musicien parait avoir joui de
quelque renommée, car il est peu de recueils
publiés de son temps, en France, où l'on ne
trouve quelque morceau de sa composition. Le
manuscrit n* 76 des archives de la chapelle
pontificale, à Rome, contient une messe de
•Maillard. On en trouve une autre a cinq voix
dans le recueil publié à Paris, en 1557, par
Adrien Leroy et Robert Ballard, in- fol. roax.
Elle a pour litre -;Missa adimitationem mo-
duli Miss» Virginia Mariœ. On connaît aussi
de lui : Missa ad imitationem moduli ; Aux
regretz, cum quatuor vocibus, Ltitctiae, apud
Adr. Le Roy et Roberlum Ballard, 1557,
in-fol. Maillard a fait imprimer une collection
de motets à quatre voix intitulé : XX Can-
tiones sacras seu Motectx quatuor vocum.
Luteti&Parisiorum, apud Ad. Le Roy et Robert
Ballard; 1561. L'épltre dédicatoire à Messire
Cautelin d'Hesdin, conseiller au présidial de
Paris, est datée de cette ville, le 19 avril 1561.
On trouve des * chansons françaises à quatre
parties, de Maillard, dans les recueils dont les
titres suivent : 1° Second livre de chansons
nouvellement mises en musique à quatre
parties, par bons et sçavans musiciens,
Paris, Ad. Leroy et Robert Ballard, 1554,
in-4° obi. 2° Idem, sixième livre, ibid, 1556.
5° Tiers livre de chansons nouvellement
composées en musique à quatre parties, par
N. Jaques Arcadet et autres aut heurs, ibid.,
1561, in-4°obl. 4° Quart livre, idem, ibid.,
1561 . 5° Premier recueil des recueils composés
à quatre parties, de plusieurs aulheurs, ibid.,
1559, io-4°, deuxième édition, 1567. 6° Idem,
second livre, ibid., 1564, in 4°. II y a aussi
un motet a quatre voix composé par Maillard,
dans la collection qui a paru sous ce titre :
Liber primus Musarum cum quatuor vo-
cibus, seu sacra Cantiones, quos vulgo Mot-
tela appe liant, etc., Mediolani, apud Anton.
Barré, 1588. Enfin, il y a des morceaux de
Maillard dans la Bicinia gallica, lalina et
germanica, publiée par Georges Rhau, à
Wittenberg, en 1545.
MAILLARD (Gilles ou Égide), compo-
siteur français, né à Thérouanne (Pas-de-
Calais), vécut à Lyon, dans la dernière partie
du seizième siècle. On connaît sous son
nom : la Musique , contenant plusieurs
chansons françaises à quatre, cinq et six
parties. Lion (sic), chez Jean tic Tournes,
1581, in-4°.
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406
MAILLARD — MA1LLART
MAILLARD (Marie-TherèseDAVOLX,
connue sous le nom de Mademoiselle), naquit
à Paris, le 6 janvier 1766. Dans son enfance,
elle reçut quelques leçons de musique à l'école
de Corrette père et fils; puis elle Tut admise
dans Pécole de danse du magasin de l'Opéra.
A Page de douze ans, elle dansait dans les di~
Tertisscments du théâtre d'Opéra-Comique qui
avait été établi au bois de Boulogne ; les succès
qu'elle y obtint la firent engager pour les spec-
tacles de la cour de Saint-Pétersbourg. De re-
tour à Paris, en 1780, elle fut entendue par
Berton, alors directeur de l'Opéra, qui la fît
entrer dans l'école de chant de ce théâtre ;
ses progrès furent si rapides, qu'elle put débu-
ter, le 17 mai 1782, à r Académie royale de
musique, dans îe rôle de Colette du Devin du
village, quoiqu'elle ne fût âgée que de seize
ans. La beauté de son organe, sa taille impo-
sante et sa précoce intelligence la firent ac-
cueillir avec faveur par le public. Après avoir
remplacé madame Saint-Huberty dans ses
rôles les plus importants, pendant quelques
années, elle succéda à cette actrice célèbre,
lorsque celle-ci se relira. Alceste, Artnide.
Didon, Jphigénie en Tauride } furent les
rôles qui d'abord établirent sa réputation j
mais ce fut surtout dans Clytemnestre (d'TpAi-
gënie en Aulide) et dans Hécube que sa ma-
nière noble et l'énergie de son expression dra-
matique lni firent prendre, comme actrice, un
rang où aucune autre n'a pu la remplacer de-
puis lors. Retirée du théâtre, après plus de
trente ans de service, au mois d'avril 1813,
elle ne jouit point du repos qu'elle pouvait es-
pérer après de si longs travaux : des chagrins
domestiques lui causèrent une maladie de lan-
gueur qui la conduisit au tombeau, le 16 oc-
tobre 1818.
MAIL LA UT (Pierre), écrivain sur la
musique, est l'objet d'une multitude d'ereurs de
la part des bibliographes. Doni, qui voulait
sans doute approprier le nom de cet écrivain
à la prononciation italienne, l'appelle Ma-
gliard {Comp. dêl Trattato de'generi, e de'
modi délia musica, p. 127), et Matlheson (qui
cite inexactement le titre de son livre) a copié
Doni sans examen (Grundlage einer Musik
Ehrenpf., p. 218). Walther n'a pas connu le
titre français du livre de Maillart, mais il ne
s'est trompé ni sur l'orthographe de son nom,
ni sur sa personne. Forkel aurait dû suivre les
indications de ce lexicographe; mais au lieu
de cela, il fait deux articles; le premier sur
M a gliard (Pierre), qui aurait été chanoine et
chantre à Tournai, et qui serait- auteur d'un
traité De Tonis musicis ; l'autre sur Mail-
lard (Pierre), jésuite d'Ypres, né en 1585,
qui aurait aussi écrit un traité De Tonis (voyez
Allg. Litler. der Musik, p. 274). On est étonné
de voir faire de pareilles fautes à un savant tel
que Forkel. Mais voici bien autre chose ! Sur
l'indication du jésuite, prise par Forkel dans
le Lexique de Jœcher, Gerber a pris dans la
Bibliothèque des écrivains de la Société de
Jésus, par Alcgambe, les renseignements sur
le jésuite Pierre Maillart (qu'il appelle Mail-
lard), recteur du collège de Bois-le-Duc, au-
teur de plusieurs traités de théologie en langue
flamande, a mêlé tout cela avec ce qu'on sait
sur le chanoine de Tournay, et n'en a fait
qu'un seul personnage. Lichlentlial n*a pas
manqué de le copier (Dizion. e Bibliog. délia
musica, t. IV, p. 86). M. Charles-Ferdinand
Becker, qui a trouvé dans la Bibliothèque de
la ville de Leipsick un exemplaire du livre de
Maillart, a rétabli la vérité en disant que cet
écrivain était né à Valencienncs, mais il n'est
pas exact dans la citation du titre (System.
Chronol. Darstellung der Musik. Ztfer..
p. 272). Ce titre et l'épltre dédicatoire nou>
apprennent, en effet, que Maillart était né à
Valenciennes. Lui-même nous infornedu nom
de son maître dans ce passage : « Je pourroys
« ici alléguer l'authorilé de mon maistre, le
« sieur Jean Bonmafché, homme de grand
« savoir, etc. n (Les Tons de M. Pierre Mail-
lart, p. 540.) Or, j'ai fait voir, dans la notice
sur Jean Bonmarché, ou de Bonmarchié.
qu'il était chanoine et maître des enfants de
chœur de la cathédrale de Cambrai, au mois,
de décembre 1564, et qu'il ne quitta cette po-
sition qu'au commencement de l'année sui-
vante, pour se rendre à Madrid, en qualité de
maître de la chapelle flamande de Philippe II.
De nouvelles découvertes, faites dans les ar-
chives du royaume de Belgique, par M. Pin-
chart, démontrent que ce maître était encore
en possession de cet emploi au mois de mai
1569, mais qu'au mois de novembre 1572, son
successeur était Gérard de Turnhout; d'où il
suit que Bonmarché était mort antérieurement
à cette date. II parait donc certain que l'édu-
cation musicale de Pierre Maillart se fit a la
maîtrise de Cambrai, en qualité d'enfant de
chœur, pendant que Bonmarché y était, c'est-
à-dire avant 1565 ; car, bien que ce maître ait
fait chercher en Belgique des enfants de
chœur pour, le service de la chapelle royale de
Nadrid, en 1568, ce^ n'est pas en Espagne que
Maillart aurait été son élève, puisque Bonmar-
ché était maître de celte chapelle et non
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MAILLART — MA1NBERGER
407
maître des enfanls de chœur, ce qui, alors,
étail différent. De tout cela on peut conclure
qu'il avait environ quinze ans à la fin de 1564,
et cou séq item me nt qu'il naquit à Valenciennes
vers 1550. Devenu habile musicien, il fut ap-
pelé à Tournay, où il obtint un canonicat et
remploi de premier chantre de l'église cathé-
drale. De nouvelles recherches faites dans les
archives de la cathédrale de Tournay, par M. le
chanoine Voisin, prouvent que Maillart entra
dans ses fonctions de cette place au mois de
novembre 1583, et qu'il y succéda à Georges de
la Hèle, après un intérim de trois années, qui
avait été rempli par un musicien nommé Phi-
lippe Durieu. Il est hors de doute que Maillart
mourut dans Tannée oh parut son livre , ou
au commencement de Tannée suivante, car
Omar Mussellis, suivant les registres de la
cathédrale de Tournay, y remplit les fonctions
de premier chantre depuis 1611 jusqu'en 1621 .
Le livre publié par Maillart a pour titre : les
Tons ou discours sur les modes de la musi-
que, et tes Tons de V église, et la distinction
entre iceux, de Pierre Maillart Valencen-
nois, chantre et chanoine de l'église cathé-
drale de Tournay; divisez en deux parties;
auxquelles est ddioustée la troisiesme par le
dict au i heur, en laquelle se traicte des pre-
miers élément et fondemens de la musique,
à Tournay, chez Charles Martin, 1610, in-4°
de trois cent quatre-vingts pages, non com-
pris une longue épltre ilihiiufwi et la table
«le» matières. Ce livre, fort mal .écrit, est rem-
pli de recherches savantes et curieuses qui
ont pour objet de démontrer que les douze
modes de la musique ancienne ne sont pas
identiques avec les huit tons du plain-chant.
Maillart entreprend d'y prouver que les douze
modes (suivant Glaréan, mais plus exactement
les quatorze) ont pour base Toctave divisée en
deux parties inégales, c'est-à-dire une quinte
et une quarte, tandis que, scion lut, les tons du
plain-chant sont fondés sur Thexacorde. De là
vient qu'il rejette (p. 06 et 67) la septième syl-
labe bi proposée par II. Van de Putte, dans sa
Musathena, comme inutile dans la tonalité
du plain-chant, et qu'il veut conserver à celle-
ci ses trois gammes par nature, par bémol
et par bécarre, avec les muances qui en sont
inséparables. Ses distinctions entre les deux
systèmes de tonalité sont plus ingénieuses
que solides. Un de ses meilleurs arguments,
pour prouver que le moyen âge n'a jamais re-
connu que huit tons, consiste à faire voir qu'il
n'y a que huit neumes (récapitulations des
Tons en formules) dans la psalmodie; mais il
n'est pas sans réplique; car les neumes sont
une invention moderne relativement à la for-
mation du système de tonalité du plain-
chant.
MAILLART (Louis, dit AIMÉ), compo-
siteur dramatique, né à Montpellier (Hérault),
le 24 mars 1817, fit ses premières éludes mu-
sicales dans le lieu de sa naissance. A Vàge de
seize ans, il se rendit à Paris et fut admis au
Conservatoire, le 6 mai 1853. Il reçut d'abord
des leçons de violon dans la classe de M. Gué-
ri n et continua l'élude de cet instrument jus-
qu'en 1836. M. Elwart lui enseigna l'harmo-
nie et le contrepoint élémentaire, puis il devint
élève de M. Leborne pour le contrepoint su-
périeur, la fugue et la composition. Le premier
prix de fugue lui fut décerné en 1858, el il
obtint le premier grand prix de composition
au concours de l'Institut en 1841. Devenu
pensionnaire du gouvernement à ce titre, il
partit de Paris pour se rendre à Rome, à la
fin de la même année. Après un séjour de deux
ans en Italie, il visita Vienne et les princi-
pales villes de l'Allemagne, puis il retourna à
Paris. Après plusieurs années d'efforts infruc-
tueux pour obtenir un poème d'opéra et faire
connaître son talent, il parvint à faire repré-
senter pour l'ouverture du Thédtre-National,
au mois de novembre 1847, Gastibelza, opéra
en trois actes, dans lequel l'instinct scénique
du compositeur se fit remarquer comme qua-
lité dominante. Cet ouvrage fut suivi du Mou-
lin des Tilleuls, opéra comique en un acte,
joué le novembre 1840; le 10 juillet 1852,
M. Maillart donna au théâtre de l'Opéra -Co-
mique la Croix de Marie, en trois actes, qui
n'eut qu'une courte existence à la scène, quoi-
qu'il y eût du mérite dans la partition. Les
Dragons de Fillars, opéra comique en trois
actes, joué au Théâtre- Lyrique, le 19 sep-
tembre 1856, ont prbeuré à M. Maillart le
succès le plus décidé de sa carrière de compo-
siteur dramatique. Le 17 décembre 1860, il a
donné au même théâtre les Pécheurs de t'a- •
tane, opéra comique en trois actes.
MAILLERIE (A. DE LA), musicien
français qui vivait au commencement du dix-
huitième siècle, n'est connu que par les ou-
vrages suivants : I e Trios pour toutes sortes
d'instruments, Amsterdam, Roger, 171 0.2° Six
sonates pour deux flûtes et basse continue, ibid.
MAIINBEUGK1V (Jean -Charles), né à
Nuremberg, en 1750, étudia le violon, l'har-
monie et l'orgue chez Grttbcr, dont il Tut plus
lard le successeur. Il apprit aussi à jouer de
plusieurs instruments à vent, cl, en 1768, il
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406
MAhNBERGER - MAINZER
obtint la place de hautbois à l'orchestre de la
ville de Nuremberg. Cependant il jouait de
préférence le clavecin et l'orgue. Son habileté
sur ces instruments était remarquable. En
1770, la place d'organiste de la ville lui fut
confiée, et dix ans après il fut appelé à remplir
les mêmes fonctions a l'église Saint-Laurent.
Il est mort d'une atteinte d'apoplexie à Nu-
remberg, le 22 avril 1815. Ses premières com-
positions datent de 1790; on cite particulière-
ment celles-ci : 1* Der ehrliche Schweizer
(l'honnête Suisse), opérette représenté sur
plusieurs théâtres particuliers. 3° Musique fu-
nèbre pour la mort de Joseph II, exécutée le
18 mai 1790. 3° La Résurrection et V Ascen-
sion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, orato-
rio de Rammler, exécuté le 31 mars 1793.
4° Der Spiegelritler (le Chevalier du Miroir),
opéra en trois actes, paroles de Kolzebuc.
5° Deux années complètes de musique d'église
pour les dimanches, contenant ensemble cent
quatorze morceaux. 0° Vingt-cinq grandes
compositions religieuses, telles que messes,
Te Deum, etc. 7° Quatre cantates d'église,
avec et sans accompagnement. 8° Deux grands
morceaux d'harmonie pour onze et seize instru-
ments à vent. 9° Les Fureurs de la guerre,
fantaisie musicale, publiée, en 1813, au profit
des blessés. 10° Sonates et concertos pour le
piano. 11° Quelques symphonies pour l'or-
chestre.
MAlNEIllO (Geobges), maître de cha-
pelle de l'église d'Aquilée, naquit à Parme
ters 1545, Il s'est fait connaître, comme com-
positeur, par un recueil de Magnificat^ inti-
tulé : v Sacra Canttca Beatissimx Maris
Pirginis omnitonum sex vocum parium ca-
nenda, nunc primum in lucem édita; Vene-
tiis, apud Angelum Gardanum, 1580, in-4*
obi. L'épllre dédicaloire est datée d'Aquilée,
le 30 août 1580.
MAIN VIELLE-FODOïl (madame).
Foyez FODOU (madame Joséphine M A1H-
.VIELLE).
MAINZER (Frédéric), musicien au ser-
vice du roi de Bavière, virtuose sur le violon
et bon clarinettiste, né vers 1700, Tut d'abord
attaché à la musique de la chambre du mar-
grave de Brandebourg-Schwcdt, puis entra au
service du duc de Mecklembourg-Strelilz en
1795. Il quitta cette place en 1807 pour passer
dans la chapelle du roi de Bavière. Il parait
avoir obtenu sa retraite de cette position anté-
rieurement à 1827, et depuis lors on manque
de renseignements sur sa personne. On a
gravé de sa composition : 1° Trois quatuors
pour flûte, violon, alto et basse, op. 1, Offen-
bacb, André. 3* Trois idem, op. 2, ibid.
3° Rondo espagnol varié pour violon prin-
cipal, deux violons, alto et basse, Vienne,
Diabelli. 4° Cantiques allemands a quatre
voix, Mayence, Schott.
MAINZEK (l'abbé Joseph), né à Trêves,
en 1807, était fils d'un boucher de cette ville.
Son penchant pour la musique décida ses
parents à lui faire suivre comme enfant de
chœur les cours de la maîtrise de la cathé-
drale, où il resta pendant huit ans. Après avoir
achevé ses études élémentaires, il eut le désir
d'être ingénieur des mines, et, suivant les
usages de la Prusse, il commença cette car-
rière comme ouvrier dans les houillères de
Dontweiler et de Sattzbach, près de Saar-
bruck. Bientôt fatigué par les rudes travaux
auxquels il était employé, il prit en dégoût sa
profession cl retourna à Trêves. Cédant alors
aux sollicitations de ses parents pour lui faire
embrasser l'état ecclésiastique, il fut admis
au séminaire pour y faire un cours de théo-
logie, puis fut ordonné prêtre, en 1826. La
protection de l'évêque lui fournit les moyens
de voyager en Allemagne et en Italie pour
perfectionner son instruction, particulière-
ment dans la musique. De retour à Trêves, il
fut chargé de l'enseignement du chant au sé-
minaire, et publia, pour l'instruction de ses
élèves, une méthode de chant, précédée des
principes généraux de la musique, sous ce
litre : Singschule, oder praktische Anwei-
sung zutn Gesang , verbûnden mit einer
allgemeinen Musiklehre ; Trêves, 1831 , in-4*.
Des relations politiques attribuées à Mainzer
par le gouvernement prussien, et quelques
écrits le compromirent pendant l'insurrection
de la Pologne, et lui firent donner l'ordre île
s'éloigner de Trêves ; il se rsndit à Bruxelles
et commença à s'y occuper spécialement de la
composition dramatique. Son premier essai
fut un opéra intitulé : le Triomphe de la Po-
logne. Ce triomphe, trop tût chanté, se ter-
mina comme on sait; l'ouvrage de Mainzer,
destiné au théâtre royal de Bruxelles, ne put
être représenté, mais quelques morceaux
furent entendus comme essais dans une répé-
tition. Vers la fin de 1833, Mainzer prit part
a la rédaction d'un journal intitulé t'jértiste*
cl y donna quelques articles concernant la
musique. Peu de temps après, il se rendit à
Paris où il ouvrit des cours de chant et de
musique pour les ouvriers. Il devint aussi un
des coopéra leurs de la Gazette musicale de
Paris, et fut chargé delà rédaction du fcuil-
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MAINZER — MAIROBfcftT
409
Jeton musical dans te National, journal poli-
tique. Depuis lors il a publié : 1° Méthode de
chant pour les enfants; Paris, 1835, in-8°.
2"' édition, ibid., 1838. 2° Méthode de chant
pour voix d'hommes, à V usage des col-
lèges, etc.; ibid., 1836, in-8«. Il a paru une
deuxième édition de cet ouvrage. 3° Biblio-
thèque élémentaire du chant (séries de
chants à l'usage des écoles élémentaires);
ibid., 1856, in-8°. 4° Méthode pratique de
piano pour les enfants ; ibid., 1837. 5° Abé-
cédaire de chant, à Vusage de la première
enfance; ibid., 1837. 6° École chorale, à
l'usage des écoles de chant; ibid.., 1838.
7° Cent mélodies enfantines destinées aux
salles d'asile, aux écoles primaires, etc.?
Paris, 1840, in-8°. 8° Esquisses musicales ou
souvenirs de voyages; Paris, 1838-39, 1 vol.
in-8°. Ce livre devait avoir deux volumes ; le
premier seul a paru. 9° Chronique musicale
de Paris, 1" livraison, ibid., 1838, quatre-
vingt-quinze pages in-8°. Toute cette livrai-
son renferme une critique amère des talents
de Berlioz, comme compositeur et comme
écrivain sur la musique. Mainzer a écrit la
musique de 2a Jaqucrie, opéra en quatre
actes, qui fut représenté sans succès au
théâtre de la Renaissance, le 10 octobre 1839.
Mainzer était dépourvu de sentiment dramati-
que et d'imagination. N'ayant à Paris qu'une
situation précaire, il se décida à passer en
Angleterre, au commencement de 1841. Il
s'établit d'abord à Londres, essayant d'y ou-
vrir des cours de musique, qui furent peu
suivis. Une place de professeur de musique à
l'université d'Edimbourg étant devenue va-
cante eu 1842, il se mit au nombre des can-
didats pour l'obtenir ; mais elle fut donnée au
compositeur Henri Bisbop. Mainzer finit par
s'établir à Manchester, où il ouvrit des cours
populaires de musique qui prospérèrent. Alors
sa position fut fixée, et il put donner une
grande extension à son enseignement de la
musique pour les enfants du peuple et les ou-
vriers. 11 publia un petit écrit qui eut beau-
coup de retentissement en Angleterre, sous ce
titre : Address to the public of Great Bri-
tain. Association for popular and gratui-
tous Instruction in singing, as a powerfull
auxiliary in the religious and moral éduca-
tion of the people. Cet appel fut entendu par
la nation anglaise; les souscriptions vinrent
en foule, et les cours, établis par Mainzer dans
plusieurs villes et dans les campagnes, furent
suivis par près de cent mille élèves. Il en rêvait
un million, comme on le voit par le titre d'uh
ouvrage élémentaire, en cahiers de seize
pages qu'il publia sous ce titre : Singing for
the Million. A practical course of musical
instruction, etc. La sixième édition de cet
ouvrage, divisé en deux parties, a été publiée
à Londres, en 1842, 1 vol. in-8° de deux cent
cinquante-trois /pages. Il donna aussi, pour
des cours supérieurs, une Grammaire musi-
cale {Musical Grammar), et des traductions
anglaises des ouvrages publiés précédemment
à Paris ; mais la fatigue, causée par cet excès
d'activité, altéra sa santé, et il mourut à Man-
chester le 10 novembre 1851. Des traductions
allemandes de tous les ouvrages de Mainzer
ont paru à Mayence, chez Schott. On trouve
dans la Bévue des Deux Mondes (1825,
1 er mars), un article signé de son nom, inti-
tulé Musique et chants populaires de V Italie ;
il a fourni aussi quelques morceaux au recueil
qui a pour litre : Les Français peints par
eux-mêmes (t. IV).
MAMAN (Jean -Jacques DOKTOU8
DE), mathématicien et littérateur, né à
Béziers en 1676, fut admis à l'Académie des
sciences en 1718, y succéda à Fontenelle en
1740 dans la charge de secrétaire perpétuel,
entra à l'Académie française en 1743, et
mourut à Paris, le 20 février 1771, à l'âge de
quatre-vingt-treize ans. Parmi les ouvrages
publiés par cet académicien, on remaque :
Discours sur la propagation du son dans les
différents tons qui le modifient, dans les Mé-
moires de l'Académie des sciences, année
1737, p. 1-20. Éclaircissements sur le discours
précédent, même année, }>. 20-58. Le discours
est divisé en six parties : 1° Sur la différence
des particules de l'air entre elles. 2° Sur l'ana-
logie du son et des différents tons avec la
lumière et les couleurs en général. 3° Sur
l'analogie particulière des tons et des couleurs
prismatiques. 4° En quoi l'analogie du son et
de la lumière des tons et des couleurs, de la
musique et de la peinture est imparfaite ou
nulle. 5° Sur l'analogie de propagation entre
les sons et les ondes par rapport à l'expérience
dont il est fait mention. 6° Sur la manière
dont les vibrations de l'air se communiquent
à l'organe immédiat de l'ouïe. Une traduction
allemande de ce discours, par Sleinwerlb, a
été publiée dans les Mémoires de physique
de l'Académie de Breslau , 1748, t. XII,
p. 209.
MAÏROllERT (Mathieu-François PI-
DAfNZAT DE), écrivain polémique, né à
Chaource, en Champagne, le 20 février 1727,
fit ses études à Paris, et devint censeur royal
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410
MÀlROBERT - MAJER
et secrétaire des commandements du duc de
Chartres, depuis lors duc d'Orléans, père
du roi Louis- Philippe. Compromis dans les
affaires du marquis de Biunoy el du fermier
général Par in de Montmartel, où sa probité
ne parut pas intacte, il fut blâmé par arrêt du
parlement, en 1779. Le chagrin qu'il éprouva
de ce déshonneur le porta à se donner la mort
par un coup de pistolet, après s'être ouvert les
veines dans un bain chaud, le 27 mars, jour
même de l'arrêt. Mai robe rt avait pris part à la
querelle des bouffons et de l'Opéra français,
par la publication d'un pamphlet intitulé :
Les Prophéties du grand prophète Monnet;
Paris, 1753, in-8°.
MAISONCELLE (M. DE), contrôleur d<>
la maison du duc de Bourbon, vers le milieu
du dix-huitième siècle, est auteur d'un petit
écrit intitulé : Réponse aux observations sur
la musique, les musiciens et les instruments;
Avignon (Paris), 1758, in-8°. Cet opuscule a
pour objet une brochure Intitulée : Observa-
tions sur la musique, etc.; Paris 1757, in-8°,
publié sous le voile de l'anonyme par Ancclel,
major des mousquetaires noirs (voyez An-
cblet). Celui-ci fit paraître une Réplique à
la réponse aux observations sur la musique,
les musiciens et les instruments; Amsterdam,
(Paris), 1758, vingt pages in-8».
MAISONS (Gilles DE), ou DE VIEUX-
MAISONS; poète el musicien, vivait dans le
treizième siècle, sous le règne de saint Louis.
On trouve deux chansons notées de sa com-
position dans un manuscrit de la Bibliothèque
impériale, coté 05 (fonds de Cangé).
M A JEU (Joseph-Frédéric BLnn ard-Gas-
pard), cantor et organiste de l'église Sainte-
Catherine à Hall, en Souabe, vécut dans la
première partie du dix-huitième siècle. Son
premier ouvrage est une méthode pour l'ensei-
gnement de la musique, intitulée : Nodegus
musicuSj Halœ Suevorum, 1718, in-8°. Il pu-
blia ensuite un traité général, mais succinct,
<le la musique vocale et instrumentale, sous
ce titre : Muséum musicum theoretico-prac-
ticum, dos ist : Neu-erœffneter theoretisch
und praktischer Musiksaal, darinnen gelehri
wird 7 wie mon sowohl die vocal als instru-
mentai Musik griindlich erlernen,etc, Halle
en Souabe, 1752, in-4° de cent quatre pages.
Une seconde édition de ce livre est intitulée :
Neu-erœfftieter theoretisch und praklischer
Musiksaal, das ist : Kurse, doeh vollstsm-
dige Méthode, sowohl die auch die heut xu
Tag ùblich und gewœhnlichste blasend,
schlagend und streichende Instrumente, etc.
(Salon de musique théorique et pratique, ou
méthode succincte, mats complète, pour ap-
prendre la musique vocale et instrumen-
tale, etc.), Nuremberg, J. J. Cremer, 1741,
in -4° de cent dix-sept pages. Outre la mé-
thode générale de musique eontenue dans cet
ouvrage, on y trouve une méthode abrégée de
flûte à bec, dessus, alto, ténor et basse, de
flûte traversière, de basson, de cornet à six
trous, de flageolet, de clarinette, de trompette,
de corde chasse, de trombone, de clavecin, de
luth, de théorbe, de harpe, de cistre, de tim-
bales, de violon, de viole, de violoncelle, de
contrebasse, de basse de viole et de viole
d'amour. A vrai dire, ces méthodes ne sont
guère que les tablatures de ces instruments
dont l'auteur donne les figures. On y voit Pétat
où étaient ces instruments à l'époque où le
livre a paru. La flûte traversière n'a qu'une
clef, la clarinette en a deux et le basson trois.
Les violes sont divisées en pardessus ^ violes
alto, ténor et basse. La contrebasse est montée
de six cordes accordées ainsi :
m
S
L'ouvrage de Majer' est curieux et utile pour
l'histoire de la musique, vers le milieu du dix-
huitième siècle. Il est pour celte- époque ce
que sont les livres de Sébastien Virdung, de
Nachlgall (Ottomarus Luscinius)ti de Martin
Agricola pour le seizième «iècle, de Michel
Prœtorius et l'Harmonie universelle du
P. Mersenne pour le dix- septième (voyez ces
noms).
MAJER (le chevalier Ahork), amateur des
arts et littérateur, né à Venise le 8 juin 1705,
est mort à Padoue le 12 mars 1857. Connu
par quelques écrits sur la peinture et sur la
langue italienne, il a publié trois opuscules
relatifs à la musique. Le premier a pour litre :
Discorso intorno aile vicende délia Musica
italiana; Rome, Mordachini, 1819, une feuille
in-8°. Ce petit écrit avait déjà paru à la suite
de l'ouvrage du même auteur intitulé : Dell'
imitazione pittorica, deW eccellenza délie
Opère di Tiziano, etc., Venise, 1818, t. III,
p. 95-110. Ce discours n'était que l'ébauche
du travail plus considérable que Majer rédigea
sur l'histoire de la musique en Italie, après un
voyage qu'il fit à Rome, en 1819 et 1820,
pour recueillir des renseignements sur ce
sujet, puisés à de bonnes sources. Il fit paraître
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MAJER — MAJO
41 1
son nouvel ouvrage sous ce tilre : Discorso
sulla origine, progressi e slato altuale délia
musica italiana; Padoue, 1821, in-8°, de
cent soixante-treize pages. Le docteur Joseph
de Valcriani, ancien Jurisconsulte, profes-
seur de langue et de littérature, en a donné
une traduction française intitulée : Essai de
littérature musicale concernant Vorigine,
les progrès et les révolutions de la musique
italienne, avec des remarques critiques sur
les véritables causes de sa décadence et sur
le nouveau style de Rossini; Augsbourg,
Wirth, 1827, in-8°. Celte traduction a reparu
à Ratisbonne en 1820, avec un nouveau fron-
tispice. Le mérite d'une érudition variée, de
connaissances positives dans la théorie de la
musique, et d'un goût épuré, recommande
l'ouvrage de Majer; on ne peut lui reprocher
qu'un peu de partialité en faveur des Grecs,
qui le conduit à leur accorder la connaissance
de certaines parties de la musique qui n'ont
certainement point été à leur usage, et la
sévérité de ses jugements sur les travaux des
anciens musiciens de l'école belge, qui ont été,
sans aucun doute, les maîtres des Italiens dans
les quatorzième, quinzième et seizième siècles.
Le dernier opuscule de Majer, relatif à la
musique, a pour litre : Sulla conoscenza che
aveano gli an tic ht del contrappunto. Il le fil
paraître dans le troisième volume de la JVuova
Raccolta di scelle opère italiane e straniere
di sciente, lettere ed arti (Venise, 1822);
mais on en fil un tirage séparé, sans date ni
nom de lieu, petit in -8° de trente-six pages.
Majer s'est proposé d'établir dans ce morceau
que les anciens ont fait usage de l'harmonie
dans leur musique. Il base son système sur un
passage du Songe de Scipion, extrait du
sixième livre de la République de Cicéron,
que nous ne connaissions que par le commen-
taire de Macrobe, avant que M. l'abbé Maj eût
retrouvé tout ce sixième livre, avec d'autres
parties de l'ouvrage, dans un manuscrit pa-
limpseste de la Bibliothèque du Vatican. Voici
la portion de ce passage qui parait concluante
.à Majer : Qux quum intuerer stupens, ut me
recepi, Quid? Hic, inquam, quis est, qui
complet aures meas, tantus, et tant dulcis
sonus? Hic est, inquitille, qui intervalle
conjunctus imparibus, sed tamen pro rata
portione distinctis impulsu et motu ipsorum
orbium conficitur : qui acuta cum gravibtts
tempérons, varios xquabiliter concentus
efpcit. Nec enim silentio tanti motus inci-
tari possunt, et natura fert ut exlrema ex
altéra parte graviter, ex altéra aulem acutè
sortent (1). Celle doctrine de l'harmonie des
sphères célestes est empruntée par Cicéron à-
Pytbagorc. Ou peut douter, par Je vague de la
dernière phrase, qu'il l'ait bien entendue. Au
surplus, je rappellerai ici ce que j'ai dit ail-
leurs, savoir, que plusieurs passages du traité
grec sur la musique, d'Aristide Quintilicn, le
plus clair et le plus méthodique des écrivains
de Tantiquilé sur celte matière, prouvent que
par l'harmonie des intervalles, les anciens
entendaient celle qui résulte de la succession
des sons qui les composent. Voyez, au surplus,
sur ce sujet mon mémoire sur cette question .*
Les Grecs et les Romains ont-ils connu l'har-
monie simultanée des sons, etc. G. Carpani a
publié des lettres sur les ouvrages de Majer
relatifs aux arts, sous le titre : Le Majeriane y
Padoue, 1825, in-8°.
MAJO (Joseph DE), compositeur de mu »
sique d'église, né à Naples, en 1608, fut
d'abord destiné à la profession d'avocat, v mai»
abandonna le droit pour la musique à l'âge de
vingt ans, et fil ses éludes musicales sous la
direction d'Alexandre Scarlalti. Lorsque Du-
rante quitta (en 1727) le poste de maître de la
chapelle palatine, pour se livrer entièrement
à ses fonctions de directeur du Conservatoire
dei Poveri di Gesù-CristOj Majo lui succéda
dans cette place, et se montra digne par son
talent de remplacer ce savant maître. Les
autres circonstances de la vie de cet artislc
sont ignorées. Je possède de sa composition :
1° Dixit ad otto reali in duo cori. 2° Miserere
mei a tre, cioè due soprani e tenore, con due
violini ed organo. 3° Lelanie délia Mudona
a quattro voci, 2 violini, violetta ed or-
gano.
MAJO (François DE), appelé par les Na-
politains Ciccio de Majo, fils du précédent,
naquit à Naples en 1745 (2). Doué d'un génie
plein d'originalité et de force dramatique, il
fut un des plus illustres compositeurs de l'école
(1) « Dés que je me remit, après avoir été frappé «ie
stupeur a la \ue de ces choses : Quel est, lui dis- je, ce
sou si grand rt si doux qui remplit mes oreilles? C'est,
mg répondit-il, celui qui, formé d'intervalles inégaux.
mais distribués dans une proportion bien entendue,
provient tic l'impulsion et du mouvement dts corps
célestes eux-mêmes, cl qui, accordant les sons aigus
avec les graves, produit des concerts variés. De si grands
mouvements ne peuvent en effet s'exécuter en silence,
et la nature veut que les extrêmes résonnent les uns au
grave, les autres a l'aigu. •
(2) L'auteur de l'article Majo du Dictionnaire uni-
versel de musique publié par le docteur Schilling est
dans une erreur manifeste en plaçant la naissance de
cet artiste en 1710, puisque son perc n'était alors âge
que de douze ans.
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412
MAJO — MÀJORANO
napolitaine de son temps, si fertile en grands
artistes. Son père dirigea ses premières études;
plus tard, il compléta son instruction dans les
conservatoires de Naples, sous les meilleurs
maîtres de cette époque. Il était Tort jeune
lorsqu'il commença à écrire pour l'église et
pour le théâtre : ses premières productions
Axèrent sur lui l'attention des artistes et des
amateurs, et le placèrent au rang des maîtres
les plus distingués. Son premier opéra Tut
VArtaserse, représenté à Naples, en 1762; il
n'était âgé que de dix-sept ans lorsqu'il l'écri-
vit; néanmoins le succès Tut complet. Cet ou-
vrage fut suivi d'ïfigenia in Aulide, Naples,
1762; Catone in Utica, ibid., 1763; Démo-
foonte, à Rome, 1764; Montezuma, à Turin,'
1765; chef-d'œuvre d'expression où se trouve
le bel air : Ah! numi tiranni; Adriano in
Siria, Naples, 1766; AUssandro neW Tndie,
ibid., 1767; Antigono, ibid., 1768; Didone
abbandonata, ibid., 1769; Misse, Rome, 1769;
Ipcrmestra, Naples, 1770; l'JÊroe Cinese,
1771. Appelé à Rome pour y écrire l'opéra
tVEumene, Majo, dont la santé était chance-
lante depuis près de deux ans, ne put écrire
que le premier acte de cet ouvrage, et mourut
avant de l'avoir terminé en 1774, à l'âge de
vingt-neuf ans, laissant à l'Italie de vifs regrets
pour la perte d'un si grand artiste (1). Peu de
compositeurs ont eu dans le style sérieux au-
tan!, de profondeur et de mélancolie que Majo;
presque tous ses ouvrages contiennent des
morceaux où brille une grande force drama-
tique; son J permettra j une de ses dernières
productions, est particulièrement remarquable
à cet égard. Ses airs : Sono in mar, non
veggo spondc, etc., Per lei fra l'armi. etc.,
et celui de Montezuma, A morir mi con-
danna, seront éternellement des modèles de
sentiment et de vérité. Il ne réussit pas
moins dans la musique d'église du style con-
certé. Il y réunit le rare mérite d'une mélodie
expressive , et de beaucoup de pureté dans
l'harmonie. On connaît de lui cinq messes,
dont une à deux chœurs et deux orchestres,
des psaumes pour les vêpres, plusieurs gra-
duels, dont un à quatre voix et orchestre
pour la fête de la Pentecôte, et quatre Salve
regina, pour soprano solo, deux violons,
viole et orgue. Un de ces derniers morceaux
(1) Suivant le livre du marquis de Viltarosa sur let
compositeurs de musique du royaume de Naples (p. 106),
Majo serait mort & Tige de vingt-sept ans, en 1774; d'où
il suit qu'il serait i^é en 1747, el qu'il n'aurait été Agé
que tic quinze ans lorsqu'il donna son Artaierse A Na-
ples. La date de 1745 est la véritable.
(en fa) est un chef-d'œuvre de grâce et de
facture.
MAJOCCHI (Louis), compositeur, naquit
à Codogno (Lombardie) en 1809, et fît ses
éludes musicales â Milan, puis à Bergame,
sous la direction de Simon Mayr. Il écrivit
pour la Scala, de Milan, Rosamunda, qui fut
représenté en 1831, et donna â Parme, deux
ans après, Il Segreto. Cet artiste mourut â
l'âge de vingt-sept ans, dans sa ville natale,
en 1836.
MAJONE (Slaïiio), compositeur napoli-
tain, cité par Gerreto {Pract. musica, p. 157),
vivait à Naples en 1601. Il était un des meil-
leurs organistes de Naples et virtuose sur la
harpe. Cet artiste a laissé beaucoup de com-
positions pour l'orgue et les voix.
MA JOR AGIUS (àktoise-Mabie COHTI,
connu sous le nom de), naquit le 26 octobre
1514, dans le Milanais. Après avoir fait ses
études sous les plus habiles maîtres de son
temps, il fut fait professeur d'éloquence â
Milan, où il mourut en 1555. On a de lui un
recueil de harangues et d'autres pièces, remar-
quables par leur belle latinité, publié sous le
litre de Orationes ; Leipsick, 1638, in 8 e . Le
vingt-troisième discours a pour objet la mu-
sique, qu'il considère dans son origine et dans
ses progrès.
MAJORANO (Gaétan), célèbre chanteur
connu sous le nom de CAFFARELLI, na-
quit â Bari, dans le royaume de Naples, le
16 avril 1793. Fils d'un pauvre laboureur, il
était destiné à la profession de son père; mais
son goût passionné pour la musique lui fît né-
gliger les occupations où l'on voulait l'em-
ployer, et résister aux châtiments qui lui
élaienl infligés pour l'émpécher d'aller en-
tendre chanler dans les églises. Un musicien,
nommé Caffaro, remarqua l'assiduité du jeune
paysan à la chapelle où il était employé, el lui
entendit joindre sa voix avec justesse â celle
des autres chanteurs: cet enfant lui inspira de
l'intérêt. Voulant s'assurer de la réalité de
ses dispositions, il le fil venir chez lui, l'in-
terrogea et lui fît chanter la gamme avec ac-
compagnement de clavecin. Convaincu qu'il ne
s'était pas trompé sur l'organisation du jeune
Majorano*, il se rendit chez le père de cet en-
fant, et lui fit un tableau si séduisant delà for-
lune destinée à son fils par le talent qu'il pou-
vait acquérir, que le paysan de Bari se laissa
persuader, et consentit à ce que le futur vir-
tuose fût envoyé à Norcia, pour qu'on lui fil
l'opération de la castration. Lorsque le jeune
Majorano revint à Bari, Caffaro le prit chez
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NAJORANO
4J3
lui, lui fit apprendre à lire et à écrire, et lui
enseigna les éléments de la musique; puis il
renvoya à Naples chez Porpora, aussi grand
maître de chant que compositeur savant. Dès
ce moment, le protégé de Caffaro prit par re-
connaissance le nom de Caffarelli.
La méthode'de Porpora était celle des plus
anciens maîtres de l'Italie; méthode lente,
mais sûre, et dont les résultats ne sont jamais
douteux quand elle s'applique à de beaux or-
ganes. Épurer le son; le préserver de toute
inflexion gutturale ou nasale ; le développer
dans toute son amplitude possible; étendre les
limites de l'organe, tant au grave qu'à l'aigu ;
égaliser les registres laryngien et surlaryn-
gien; donnera la fois à la vocalisation de la
souplesse, de l'agilité, de la fermeté et de la
liaison; enfin, donner à l'articulation delà
parole chantée la plus grande netteté possible
dan» les modifications de ses divers accents;
tels étaient les objets que se proposait cette
méthode : tel est tout l'art du chant. Mais si
l'exécution de ces choses est difficile, les élé-
ments en sont fort simples. On ne doit donc
pas s'étonner, si, comme on le rapporte, Por-
pora fit étudier son élève pendant cinq ans
sur une seule feuille de papier de musique où
il avait (racé des gammes lentes et vives, des
trilles, des mordens, des appogiatures simples
et doubles, et quelques-uns de ces traits prin-
cipaux qui entrent dans les combinaisons de
tous les autres. On a dit qu'en agissant ainsi,
le maître s'était proposé d'abaisser l'orgueil de
son élève ; d'autres ont révoqué en doute la
réalité de l'anecdote, ne pouvant se persuader
qu'on pût employer cinq ans à apprendre si
peu de chose. Ce fut cependant après cette
longue élude sur la feuille de musique que
Porpora dit à son élève : Fa, mon fils; je n'at
plus rien à t' apprendre; tu es le premier
chanteur du monde. C'était assez mal termi-
ner les leçons de modestie qu'il avait voulu lui
donner, mais c'était dire une incontestable
vérité ; car le mécanisme du chant est la seule
chose que puisse enseigner un maître : la
création, l'accent qui émeut, la conception de
formes nouvelles dans les ornements, appar-
tiennent au génie de l'artiste; on ne peut rien
lui apprendre à cet égard qui ait quelque va-
leur pour son avenir.
En 1724, Caffarelli débuta au théâtre Falle,
à Rome, et parut pour la première fois dans
un rôle de femme, suivant l'usage de ce temps
pour les sopranistes. La beauté de sa voix, la
perfection de son chant cl la régularité îles
traits de son visage lui procurèrent un succès
d'enthousiasme. Recherché par les principaux
théâtres d'Italie, il s'y fit entendre, et partout
il recueillit des témoignages d'admiration. Do
retour à Rome, en 1728, il chanta au théâtre
Argentina, pendant la saison du carnaval, le
rôle de primo Uomo, avec un succès d'éclat
dont il n'y avait point eu d'exemple jusque-là.
Plusieurs femmes de haut parage s'éprirent
alors pour lui de violentes passions; les bonnes
fortunes lui venaient de toutes parts. Elles
faillirent lui coûter cher, car se trouvant près
d'une dame du plus haut rang, il se vit con-
traint, pour fuir la colère d'un mari jaloux,
de se tenir caché jusqu'à la nuit au fond d'une
citerne vide qu'il trouva dans le jardin. Il
n'en sortit qu'avec un rhume violent qui le
retint au lit près d'un mois. La dame qui le
protégeait, connaissant jusqu'où pouvait aller
le ressentiment de son époux, mil Caffarelli
sous la garde de quatre spadassins qui le sui-
vaient de loin partout où il allait. Cette aven-
ture n'eut pas de suites plus fâcheuses, et le
célèbre chanteur sortit de Rome en 1730, pour
se rendre à Londres. Après y avoir passé plu-
sieurs années et acquis des richesses considé-
rables, il reprit la roule de l'Italie. Turin,
Gènes, Milan, Florence et Venise, l'accueilli-
rent avec enthousiasme. A Naples, son talent
excita un véritable délire. Pendant qu'il était
dans cette ville, il apprit que Gizziello {voyez
Corti) devait débuter à Rome; ne connaissant
pas ce chanteur, dont il avait souvent entendu
vanter le mérite, il prit la poste, voyagea
toute la nuit, et, arrivé à Rome, se rendit au
théâtre, enveloppé dans son manteau. Placé
au parterre, il écoula d'abord en silence ;
mais, entraîné par le plaisir qu'il éprouvait,
il s'écria : Bravo! bravissimo, Gizziello! è
Caffarelli chi te lo dice. Puis il retourna à Na-
ples avec la même précipitation. Quand il y
arriva, on faisait beaucoup de conjectures sur
sa disparition : il n'eut que le temps de s'ha-
biller pour jouer son rôle, dans la représen-
tation d'un opéra sérieux. En 1740, il retourna
à Venise où il eut huit cents sequius anciens
(neur mille six cents francs) d'appointements,
cl une représentation de sept cents sequins
(huit mille quatre cenls francs) pour trois
mois, somme considérable alors et qu'aucun
chanteur n'avait obtenue avant lui. Après celle
saison, Caffarelli sembla avoir renoncé au
théâtre ; mais il reparut à Turin en 1746, puis
il alla à Florence et à Milan La grande dau-
pbine de France, princesse de Saxe, qui ai-
mait la musique, le fit venir à Paris en 1750;
il y cuan.'a dans plusieurs concerts spirituels,
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414
MÀJORANO — MALAGOLI
et quoiqu'il fût alors âgé de quarante-sept ans,
il y excita autant d'élonnemenl quede plaisir.
Louis XV chargea un de ses premiers gentils-
hommes de lui Taire un présent : le gentil-
homme crut remplir la volonté du roi en fai-
sant remettre à l'artiste une boite d'or par son
secrétaire. «Quoi, monsieur, dit Caffarelli, le
vi roi de France m'envoie cela? Tenez (et il
« ouvrit son secrétaire), voici trente boites
« dont la moindre a plus de valeur que celle-
« là. Si du moins on y avait mis le portrait du
« monarque!... — Monsieur, répondit le secré-
« taire, Sa Majesté ne fait présent de son por-
« trait qu'aux ambassadeurs. — Cependant, de
« tous les ambassadeurs du monde, or ne fe-
u rait pas un Caffarelli ! » Cette conversation
fut rapportée à Louis XV qui en rit beaucoup,
et qui la redit à la dauphine. Cette prin-
cesse envoya chercher le chanteur, lui donna
un diamant de prix et lui remit en même
temps un passeport. « Il est signé du roi, lui
« dit-elle j c'est pour vous un grand hon-
« neur; mais il faut vous hâter d'en faire
« usage, car il n'est valable que pour dix
« jours. » Caffarelli partit assez mécontent,
«lisant qu'il n'avait pas gagné les frais de sou
voyage.
Rentré en Italie pour n'en plus sortir,
et ayant acquis de grandes richesses, il acheta
le duché de Sanlo-Dorato , dont il prit le
titre, et qu'il laissa après sa mort à son neveu,
avec un revenu de quatorze mille ducats (en-
viron quarante-cinq mille francs). Peu de
temps avant son décès, il fit aussi bâtir un pa-
lais où il mit celte orgueilleuse inscription :
Amphyon Thebas,ego domum. On dit qu'un
plaisant écrivit au-dessous: llle cum, sine
tu. Caffarelli mourut dans sa terre de Sanlo-
Doralo, le 30 novembre 1783, ou, selon d'au-
tres renseignements, le 1" février de la même
année, à Naples, avec la réputation d'un des
chanteurs les plus étonnants de l'Halie. La
beauté de sa voix ne pouvait être comparée à
aucune autre, tant pour retendue que pour la
force unie a la douceur des sons. Également
remarquable dans le chant large et dans les
traits rapides, il exécutait avec une perfection
auparavant inconnue le trille et les gammes
chromatiques. Il parait avoir introduit le pre-
mier dans l'art du chant cul le dernière espèce
de traits, dans des mouvements très-vifs. Il
jouait bien du clavecin, lisait toute musique
à livre ouvert, et souvent improvhail. Enfin,
il n'y eut que Farinclli, parmi les chanteurs
<Ie la première moilié du dix-huitième siècle,
qui put soutenir sans désavantage le parallùle
avec lui ; mais, plus modeste, Farinelli sut se
faire pardonner sa supériorité par ses rivaux,
tandis que Caffarelli révolta souvent les ar-
tistes et le public par son orgueil.
IUAKOWECZRY (...), virtuose sur le
cor, naquit en Bohême vers 1760, et se rendit
dans sa jeunesse à Paris, où il devint élève de
son compatriote Punlo. En 1786, il commença
à voyager pour donner des concerts, et il s'ar-
rêta à Berlin, où il reçut le titre de musicien
de la chambre de la reine de Prusse. Il était
à Hambourg en 1790; mais les renseigne-
ments manquent depuis cette époque sur sa
personne. On sait seulement qu'il a fait gra-
ver, en 1802, à Leipsick, chez Breilkopf et
Hserlel, un duo pour cor et alto, et un quatuor
pour cor, deux violons et basse.
MAKUIZI (Abou- Ahmed -Mohmxd
TAKY-EDD1N, surnommé), ou plutôt EL
MAKUIZI, parce qu'il était né au bourg de
Makrizi, près du Caire, entre l'an 760 et l'ao
770 de l'hégire (1358 et 1368 de Jésus-Christ).
Après avoir fait ses études en cette ville, il fut
revêtu de la charge de commissaire de police
du Caire et exerça plusieurs autres emplois
relatifs à la religion. La place de cadi de Da-
mas lui fut offerte, mais il la refusa pour ne
point renoncer à ses habitudes de retraite et
d'étude. Il mourut au mois de ramadan 845
(janvier 1442), à l'âge d'environ quatre-vingts
ans. Parmi les nombreux écrits de Makrizi,
dont la plupart sont relatifs à l'histoire, on
trouve un traité de l'action salutaire de la mu-
sique contre la mélancolie, dont le manuscrit
esta la Bibliothèque de l'Escurial (Espagne).
MALABUAINCA (Latiscs), religieux do-
minicain, connu aussi sous le nom d'Orsint,
qui était celui de sa famille maternelle, et
sous celui de Frangipani, fut créé cardinal
par son oncle Jean-Gaétan Orsini, qui fut
pape sous le nom de Nicolas III. En 1278, ce
pontife le nomma évéqued'Oslie elde Vellelrî.
Plus tard, Malabranca fut gouverneur de Rome
avec le cardinal Jacques Colonna, et cul la
légation «le Bologne. Il mourut au mois de
novembre 1294. Le recueil d'Isidore de Thes-
salonique, intitulé Mariale, contient deux
proses de Malabranca, en l'honneur de 11
Vierge. Quelques écrivains de son ordre lui
attribuent la célèbre prose des morts, Dies
irae, plus généralement reconnue comme
l'truvre de Thomas de Celano. Voyez l'examen
de cette question à l'article Celaio.
MALAGOLI (Gaeta*o), ancien maître de
I chapelle do la cathédrale d'Imola, né à Reg-
I çio, est auteur d'un ouvrage qui a pour litre :
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MALAGOLI — MALCOCM
415
Melodo brève, facile e sicuro per appren-
dere bene il canto ; Bologne, 1834, in-8 Q . Ce
livre, où abondent les erreurs les plus gros-
sières, a pour objet de faire abandonner l'élude
du solfège. Malagoli, qui était fixé à Modène,
dit qu'il a fait pendant trente ans l'expérience
des bons résultats de sa méthode. Il était
académicien philharmonique de Bologne, de
Parme, de Modène et de Reggio.
MALAISE (Jacques), chanoine régulier
de l'ordre des prémontrés, à l'abbaye de
Leffe, près de Dinant sur la Meuse, vers le
milieu du dix-septième siècle, s'est fait con-
naître par des motets à trois voix qu'il a pu-
bliés sous ce titre : Motetta sacra trium
vocum opus primutn; Anvers, 1645, in-4°.
M AL AN (CÉSAH- H esri- Abraham), docteur
en théologie de l'université de Glascow, né à
Genève, le 8 juillet 1787, a été fait ministre
de l'évangile en 1810, et a pris place immé-
diatement parmi les pasteurs de l'église de
Genève. En 1823, il s'en sépara pour entrer
dans une secte de méthodistes mystiques con-
nue sous le nom de Mômiers (Comédiens) ;
peu de temps après, il en est devenu le chef.
On a de ce sectaire un recueil de cantiques
dont il a aussi composé le chant en grande
partie; ce recueil a pour titre : Chant» de
Sion, ou Recueil de cantiques de louanges,
de prières et d'actions de grâces à la gloire
de T Eternel^ Genève, imprimerie de S. -A. Bon-
naut, 1834, 1 vol. in -12. La deuxième édition,
revue et augmentée, a paru à Genève en 1828.
La cinquième est intitulé : Chants de Sion,
ou Hecueil de cantiques, d'hymnes , de
louanges et d'actions de grâces à la gloire
de l'Eternel, composés et mis en musique par
C. Malan; Paris, Delay, 1841, 1 vol. in-12.
MALAMOTTE (Adélaïde), cantatrice
distinguée, née d'une famille honorable et
aisée, à Vérone, en 1785, n'apprit d'abord la
musique et le chant que pour compléter la
bonne éducation qu'elle avait reçue; mais ses
dispositions pour cet art étaient si heureures,
qu'après un petit nombre de leçons, elle put
se (V»ire entendre dans les concerts publics ou
particuliers, et qu'elle y excita l'admiration
générale. Ses succès eurent dès lors tant
d'éclat, que le poète Pendemonte les célébra
dans des vers qui ont été imprimés. Épouse
d'un Français, nommé Montrésor, clic donna
le jour a deux enfants. Des malheurs do-
mestiques l'obligèrent tout à coup à cher-
cher des ressources dans le talent qui n'avait
élr jusqu'alors pour elle qu'un amusement.
Elle recommença ses éludes de chant sous la
direction de lions maîtres , et débuta au
théâtre de Vérone, en 1806. Après avoir paru
sur quelques théâtres secondaires jusqu'en
1809, elle prit rang parmi les meilleures can-
tatrices, et se fit entendre avec succès à Turin,
à Gènes et à Naples, considérés comme des
théâtres de premier rang. Sa belle voix de con-
tralto, son expression à la fois énergique et
tendre, n'avaient cependant point encore ren-
contré le rôle où ces qualités eussent pu se
produire dans tout leur éclat, lorsque Rossini,
la trouvant à Venise en 1813, écrivit pour elle
son Tancredi. Cette pièce mit le sceau à la
réputation de la Malanotte. En 1817, elle
chanta de nouveau à Venise, puis au prin-
temps de 1818, elle joua à Brescia dans la
Ginevra diScozxia, et dans la même année,
dans le Teodoro de Pavesi. Une maladie
cérébrale l'atteignit peu de temps après, et sa
santé en fut si ébranlée, qu'elle ne parut plus
que l'ombre d'elle-même lorsqu'elle chanta à
Bergame et à Bologne, en 1821. Retirée depuis
lors à Salo, elle y eut une existence languis-
sante. Vers l'automne de 1832, elle voulut
essayer du séjour de Brescia pour le rétablis-
sement de sa santé, mais les progrès de son mal
lui firent interdire le voyage par ses médecins.
Elle mourut le 31 décembre de la même
année, à l'âge de quarante-sept ans.
MALATIGN1 MODENttjO (c'est-à-dire
de Modène), musicien italien du quinzième
siècle, n'est connu que par une inscription
funéraire qui se trouve dans l'église de Saint-
Lorenzo, à Padoue, et qui a été conservée par
Salomoni(fr'rot's Patav. Inscript., p. 312); la
voici :
Osso M odes m clauduntur marmore t.into
Quem tulii a Mulinu proies M alatig.iu quondam.
llusicus ipse fuit palriac splendorqoe dtcu.sque
Aique suis palriam merilis ad sidéra duxit.
Forci roi i, qui rapporte aussi cette inscrip-
tion dans ses Monumenti inediti, dit que
Malatigni mourut en 1420.
HIALCOLilI (Alexandre), savant écossais,
né à Edimbourg en 1687, n'est connu que par
un livre qui a pour titre : A Treatise of Mu-
sick spéculative, practical and hislorical;
Edimbourg, 1721, 1 vol. in-8°. La même édi-
tion a été reproduite quelques années après,
avec un frontispice nouveau ainsi conçu :
A Treatise of Musick, spéculative, practical
and hislorical : conlaining an explica-
tion of the philosophical and rational
grounds and principles thereof; thz na-
ture and office of the seule of musick; the
wholeart ofwriting notes j and the général
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416
MALCOLM — MALGAIGNE
rtiles of composition. Wilh aparticularac-
count ofthe ancient musick } and a compari-
son thereof with the modem (Traité théori-
que, pratique et historique de musique ; con-
tenant une explication des bases et des
principes philosophiques et rationnels de cet
art; la nature et l'usage de la gamme; la
notation et les règles générales de la compo-
sition; avec une nolice particulière de la
musique ancienne, et une comparaison de
celle-ci avec la moderne); Londres, J. Osborne
et T. Longman, 1730, un vol. in-8° de six
cent huit pages, avec six planches. Ce livre,
qui contient d'excellentes choses, particuliè-
rement sur la théorie physique et mathéma-
tique des intervalles et la constitution de la
gamme, est divisé en quatorze chapitres. Le
premier traite de l'objet de la musique, de sa
nature et de sa division en tant que science.
Le second, du son, considéré dans sa nature
et ses diverses intonations. Le troisième, des
consonnances et des dissonances. Les qua-
trième, cinquième et sixième, de la théorie
arithmétique et géométrique des proportions
des intervalles. Le septième, de l'harmonie.
Les huitième et neuvième, de la gamme et de
son usage. Le dixième, des défauts des instru-
ments à sons fixes et du tempérament. Le
onzième, de la notation, des clefs et de la
transposition. Le douzième, de la mesure du
temps en musique. Le treizième, des lois de
la composition. Le dernier, de la musique des
anciens et de sa comparaison avec la musique
moderne. Un maigre abrégé du livre de Mal-
cotm, fait avec assez peu d'intelligence, a
paru sous ce litre : Malcolm's Treatise of
music, spéculative, practical and historical,
corrected and abridged by an eminent mu-
sician; Londres, 1776, in-8° de treize feuilles.
MALEDEN (M.), professeur de musique et
d'harmonie, est né à Limoges, vers 1806. Il
reçut sa première éducation musicale dans
cette ville, puis se livra à l'enseignement;
mais son esprit d'analyse lui fit bientôt com-
prendre qu'une instruction plus solide lui
manquait pour remplir sa mission, et sa réso-
lution fut prise de ne rien négliger pour l'ac-
quérir. Il se rendit à Paris, en 1838, et vint
demander à l'auteur de celte nolice de lui
ouvrir la voie d'un cours d'études sérieuses.
Après dix-huit mois de leçons et de conversa-
tions avec ce maître, il partit pour l'Allemagne
dans le but de comparer les méthodes et s'ar-
rêta à Darmstadt, près de Gourried Weber,
en qui il trouva un ami et un pèce. Son séjour
à Darmstadt se prolonga pendant les an ne es
18*50 et 1851. De retour à Paris, il n'y resta
que quelques mois, et riche d'observations
recueillies avec discernement, il alla fonder
une école de musique à Limoges, sa villr
natale. Les succès que M. Haleden y obtint le
décidèrent à transporter son enseignement à
Paris, où il s'établit définitivement en 1841.
Ses cours analytiques de musique élémentaire
et d'harmonie y ont prospéré : il y a formé
beaucoup de bons élèves. On est redevable a
M. Maleden de perfectionnements importants
dans la méthode, particulièrement en ce qui
concerne l'intonation et le rhylhme. On a de
ce professeur distingué les ouvrages suivants :
1° Introduction d'une revue des études et de
renseignement musical; Limoges, impri-
merie de Chapouland, 1841, in-4° de vingt-
quatre pages. 2° Les sept clefs rendues
faciles, méthode sûre et prompte pour lire à
toutes les clefs, déduite d'observations et
d'analyses très-simples sur la portée et la
notation ; Paris, Prilipp, 1843, in-8» de vingt-
quatre pages. 3° Du Contrepoint et de son
enseignement, considérés en eux-mêmes et
dans leurs rapports aux études de la com-
position musicale; Paris, Bernard Latte,
1844, in 8° de cinquante-six pages.
MALETTI (Jean DE), compositeur fran-
çais, qui vivait dans la seconde moitié du
seizième siècle, naquit à Saint-flfaximin en
Provence. On connaît de sa composition : Les
amours de Ronsard, mis en musique à
quatre parties; Paris, Adrien Le Roy, 1558,
in-4*.
•HALGAtGINE (J.F.), docteur et pro-
fesseur de la faculté de médecine de Parts,
né le 14 février 1806, à Charmes (Vosges),
a adressé, en 1850, une réclamation à l'Aca-
démie royale des sciences de l'Institut, à l'oc-
casion du rapport de Cuvier sur la théorie de
la voix parBennati. Il y disait qu'après avoir
lui-même établi une théorie nouvelle de la
voix humaine chantée et articulée, il avait été
conduit à examiner comment le larynx étant
à son plus haut degré d'ascension, lorsque
ta glotte semble avoir épuisé tous les moyens
de production des sons, le chanteur retrouve
pour ainsi dire une voix nouvelle de l'étendue
d'une octave et plus, dans ce qu'on nomme
vulgairement le fausset. Ce mémoire a été
publié postérieurement sous ce litre : Nou-
velle théorie de la voix humaine. Mémoire
couronné par la société médicale d'émula-
tion; Paris, Béchet jeune, 1831, in-8°. Celte
dissertation a été insérée dans les Archives
gcncrulcs de médecine, 1831, tome XV. L'ana-
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MALGÀIGNG — MALIBRAN
417
lyse des travaux de M. Malgatgne, en ce qui
concerne la science médicale, ne peut trouver
place ici.
MALGAMNI (Federico), musicien au
service du duc de Mantoue, dans la première
moitié du dix-septième siècle, a publié un
œuvre de motels avec orgue, sous ce titre :
Motetti a una, due, tre e quattro voci co' l
basso continuo per Vorgano, fatti da diversi
musici servitori del serenies. Signor Duca
di Hfanlova, e racolti da Federico Malga-
rini pur anch'egli servitore, e musico di
delta ait tua. Novamente composli e dati in
luce, dedicati ail' illuslriss. Signor principe
di Pozzolo. In Fenetia, app. Giac. Fin-
centi, 1618, in-4°.
M ALIBIVAIH ( Mabib - Félicité ) , née
GARCIA, en dernier lieu épouse du célèbre
violoniste DE BÉMOT, naquit le 24 mars
1808, à Paris, où son père {vogex Garcia) n'é-
tait arrivé qu'environ deux mois auparavant.
C'est par l'éclat des succès de cet énergique
chanteur que fut saluée la venue de celle qui
devait être la cantatrice la plus étonnante de
son siècle. A l'âge de trois ans, elle suivit sa
famille en Italie. Arrivée à Naples, elle joua
en 1813 le rôle de l'enfant dans VAgnete, de
Paer, au théâtre des Fiorentini. Après quel-
ques représentations de cet ouvrage, elle en
avait si bien retenu la musique^ qu'elle se mit
tout à coup à chanter la partie d*Agne*e dans
le beau duo du second acte, et le public ap-
plaudit à cette audace de bon augure. Deux
ans après, Panseron, qui se trouvait à Naples,
lui enseigna le solfège, et le compositeur
Hérold, arrivé dans celte ville vers le même
temps, lui donna les premières leçons de
piano. En 1816, Garcia s'éloigna de Naples et
se rendit à Paris , puis à Londres où il em-
mena sa famille, vers la fin de 1817. Déjà la
jeune Marie parlait avec facilité l'espagnol,
l'italien et le français; deux années et demie
de séjour à Londres lui rendirent aussi fami-
lier l'usage de la langue anglaise. Plus tard,
elle apprit l'allemand presque en se jouant,
malgré les difficultés inhérentes à cette langue.
Le séjour de Londres fut aussi employé par
elle à l'étude du piano; les leçons de bons
maîtres et le travail forcé que lui faisait faire
son père développèrent rapidement son talent,
et tels furent ses progrès sur cet instrument,
que lorsqu'elle revint avec sa famille à Paris,
au mois de novembre 1819, elle jouait déjà les
pièces de clavecin de J.-S. Bach, que Garcia
aimait avec passion.
Lorsqu'elle eut atteint l'âge de quinze ans,
COCU. L'.MV. DES MUSICIENS. T. V.
une nouvelle existence commença pour elle :
Garcia lui fit commencer l'étude du chant sous
sa direction, et prépara par ses excellentes
leçons ce talent original dont les succès ont
effacé ceux de tous les autres chanteurs. Déjà
Marie laissait entrevoir ce qu'on devait at-
tendre d'une âme ardente comme la sienne, et
des trésors d'imagination dont la nature l'avait
douée Malgré la crainte que lui inspiraient
les violences de son père, elle se laissait sou-
vent aller à ces élans d'inspiration qui décèlent
le génie de l'art. Après deux années d'études
sévères, elle se fit entendre pour la première
fois, en 1824, dans un cercle musical doiit
Garcia venait d'essayer l'établissement. Elle y
produisit une vive sensation; tous ceux qui
l'entendirent alors ne doutèrent pas qu'un
avenir de gloire ne fût réservé à ce talent, si
jeune encore. Deux mois après, Garcia re-
tourna à Londres en qualité de premier ténor
du Théâtre du Roi ; il y ouvrit un cours de
chant où l'éducation vocale de Marie fut ter-
minée. Une indisposition de madame Pasta
hâta son apparition sur la scène. En deux
jours, elle apprit tous les récitatifs du Barbier
de Sévilte, dont elle savait les morceaux, et,
le 7 juin 1825, elle joua le rôle de Rosine au
Théâtre du Roi. Le public l'y accueillit avec
tant de faveur, qu'elle fut immédiatement en-
gagée pour le reste de la saison (six semaines
environ),aux appointements de cinq cenlslivres
sterling. Le 25 juillet suivant, elle chanta le
rôle de Felicia dans la première représenta-
tion du Crociato de Meyerbeer. La saison ter-
minée, Garcia quitta Londres, alla chanter
avec sa fille, aux festivals de Manchester,
d'York et de Liverpool, puis s'embarqua dans
celte dernière ville pour aller prendre la direc-
tion du théâtre de New-York. C'est là que le
talent de Marie prit un caractère de fermeté
qui ne peut s'acquérir qu'à la scène, et que ses
admirables qualités se développèrent progres-
sivement dans Olello, Romeo, Don Juan,
Tancrède, Cenerentola, et dans deux opéras
(L'Amante astuto et la Figlia deW aria)
écrits pour elle par son père. Un enthousiasme
frénétique accueillait chaque soir son entrée,
sur la scène. Malibran, négociant français,
établi à New-York, déjà parvenu à l'âge mur,
mais qui passait pour être riche, quoique ses
affaires fussent embarrassées depuis long-
temps, demanda à Garcia la main de sa fille,
et l'obtint malgré la répugnance de Marie
pour cette union. Le mariage fut célébré le 25
mars 1826. Il ne Tut point heureux; il ne pou-
vait l'être, car jamais organisations ne furent
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418
MALIBRAN
moins assorties que celles deMalibran et de sa
femme. Celle-ci, tout excentrique, passionnée
pour l'art, avide de succès et de gloire, ne
pouvait se plaire dans les habitudes froides et
régulières de la maison d'un négociant. Un an
s'était à peine écoulé lorsque l'époux de Marie
fut obligé de déclarer sa faillite. Il ne pouvait
quitter le sol de l'Amérique avant que ses
affaires fussent arrangées; mais elle était
libre ; elle partit de New-York, au mois d'août
4837, et arriva en France dans le mois sui-
vant.
* Déjà les journaux avaient signalé son jeune
talent comme une des merveilles de l'époque,
avant qu'elle eût revu le continent européen.
Ils annoncèrent son arrivée à Paris; des
succès de salon l'attendaient dans cette ville
avant qu'elle débutât en public. Enfin, au
mois de janvier 1828, elle chanta le rôle de
Sémiratnis, dans une représentation donnée
a l'Opéra, au bénéfice de Galli. Ce génie tUi
chant, la nouveauté de ses fioriture, et quel-
ques éclairs d'un beau sentiment dramatique
firent voir ce qu'elle devait être bientôt, quoi-
que l'émotion eût nui en plusieurs endroits au
développement de ses rares facultés. Toutefois,
on apercevait dans l'ensemble de son chant
un défaut de goût, car elle y multipliait les
traits de tous genres sans examiner s'ils
avaient entre eux les rapports nécessaires, ni
s'ils s'appropriaient à la mélodie, ou même à
l'harmonie. Quelques observations critiques
des journaux, les occasions fréquentes qu'elle
avait d'entendre de bonnes choses à Paris, et
surtout son instinct admirable, donnèrent
bientôt une meilleure direction à son talent.
Engagée au Théâtre Italien, elle y joua sa pre-
mière représentation le 8 avril. Déjà un chan-
gement notable se faisait remarquer dans sa
manière : elle avait compris la justesse des
critiques qu'on avait faites de son premier
essai. Peu de personnes comprirent alors
quelle était la portée du talent de cette canta-
trice : le public se montrait incertain. Ce ne
fut qu'après ravoir entendue dans Olello,
Cenerentola cl la Gazza, où son inépuisable
verve et la nouveauté de ses conceptions lui
fournissaient à chaque représentation des effets
différents, qu'elle se classa enfin dans l'opi-
nion comme la première cantatrice de son
époque. Par la réunion des deux voix de con-
tralto et de soprano aigu, elle frappait toujours
d'élonnement ceux qui l'entendaient passer de
l'une à l'autre avec des traits hardis, rapides
et qui ne ressemblaient à rien de ce qu'on
avait entendu. Sou instinct de l'action drama-
tique était admirable, quoiqu'il s'y mêlât par-
fois des fantaisies bizarres. Avide de succès
populaires, elle ne négligeait rien pour les
obtenir ; de certaines petites ressources de
charlatanisme n'étaient même pas dédaignées
par elle pour atteindre à ce but, quoique per-
sonne n'en eût moins besoin.
L'administration du Théâtre Italien de Paris
ayant pris la résolution de le fermer pendant
les étés de chaque année, et de ne donner de
représentations que depuis le commencement
d'octobre jusqu'à la fin de mars, les princi-
paux chanteurs de ce théâtre souscrivirent des
engagements avec l'entrepreneur du Théâtre
du Roi, à Londres, pour la saison qui ne com-
mence en cette ville qu'au 1 er avril. Déjà, en
1828, mademoiselle Sontag avait obtenu à
King's Théâtre, dans les concerts et dans les
festivals , un succès d'enthousiasme justifié
par son beau talent. Madame Malibran prit la
résolution d'aller à Londres, en 1829, et d'y
vaincre celle qu'on lui opposait comme une
rivale. Le résultat de ce voyage ne fut pas
celui qu'elle s'était promis, car les couronnes
furent partagées entre elle et mademoiselle
Sontag ; mais elles laissèrent l'une et l'autre le
souvenir de deux beaux talents dans des genres
différents; l'un grand, sublime, fantasque, cl
quelquefois inégal ; l'autre, moins élevé, mais
pur, parfait dans son exécution, et toujours
guidé par un goût délicat. De retour à Paris à
l'automne de la même année, ces deux grandes
cantatrices se partagèrent la faveur publique.
Réunies dans quelques pièces, elles offrirent
le plus bel ensemble qu'on eût jamais en-
tendu. L'enthousiasme du public, lorsqu'il les
entendait dans Tancrède et dans Von Juan,
se manifestait par des trépignements et par
des cris d'admiration.
Au mois de janvier 1850, l'administration
du Théâtre Italien renouvela l'engagement de
madame Malibran, moyennant la somme de
mille soixante-quinze francs pour chaque re-
présentation. Peu de temps après, mademoi-
selle Sontag quitta le théâtre pour épouser le
comte de Rossi, ambassadeur du roi de Sar-
daigne à La Haye. Resiée seule, madame
Malibran fil voir que l'émulation de la rivalité
ne lui était pas nécessaire pour la porter à
l'élude : son talent prit chaque jour un carac-
tère plus élevé; sa vocalisation se perfectionna
de plus en plus. Elle continua de chanter al-
ternativement à Paris et à Londres, et ses
succès acquirent plus d'éclat dans chaque
saison. En 1850 une liaison se forma entre la
célèbre cantatrice cl le violoniste De Bériot ;
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MAL1BRAN
419
depuis lors ils ne se quittèrent plus. En 1831,
ils firent l'acquisition d'une maison à Bruxelles,
et plus tard ils firent construire une belle ha-
bitation dans un faubourg de cette ville, où
ils allaient se reposer chaque année des fati-
gues de l'hiver. Vers le mois de juin 1832, au
moment où le choléra décimait la population
de Paris, Lablacho partit d'Angleterre pour
se rendre en Italie, et prit sa route par la
Belgique, afin d'éviter les cordons sanitaires
de France. Arrivé à Bruxelles, il vit De Bériot,
madame Malibran, et leur fit en plaisantant
la proposition de l'accompagner jusqu'à
Naples. Mais avec une imagination ardente
comme celle de cette femme extraordinaire,
l'imprévu ne pouvait manquer d'être bien
accueilli : quelques heures après, des chevaux
de poste l'emportaient sur la route de l'Italie.
Ici commence une nouvelle époque de sa vie
d'artiste : époque sinon plus brillante, au
moins plus agitée, plus conforme à ses goûts.
Arrivée à Milan, elle y chanta dans quelques
soirées chez le gouverneur et chez le duc Vis-
conti : ce chant si nouveau, si suave et à la
fois si énergique, fit une profonde impression
sur l'enthousiaste auditoire qu'elle y trpuva.
Ce voyage d'Italie ne fut en quelque sorte
qu'une série de triomphes emportés à la course.
Six représentations données au théâtre Folle,
de Rome, vers la fin de juillet, firent pousser
des cris d'élonnement et de plaisir à la popu-
lation romaine. Dans les premiers jours du
mois d'août, début à Naples et même succès.
Vers la fin de septembre, début à Bologne, et
fanatisme presque inconnu auparavant dans
cette ville de paisible existence. Les Bolonais
ne bornèrent pas les témoignages de leur
plaisir à des applaudissements; ils firent exé-
cuter, en marbre, le buste de la cantatrice,
et ce buste fut inauguré sous le péristyle du
théâtre.
De retour à Bruxelles, au mois de novembre,
madame Malibran y mit au monde une fille
qui n'a point vécu : déjà elle avait un fils. Au
printemps de 1833, elle alla à Londres, où elle
était engagée pour jouer l'opéra anglais, au
théâtre de Drury-Lané, où elle était engagée
au prix de quatre-vingt mille francs pour
quarante représentations; à quoi il faut ajouter
le produit net de deux représentations à son
bénéfice qui s'élevaient à près de cinquante
mille francs. Les avantages qui lui étaient
offerts augmentaient chaque année dans une
proportion dont il n'y avait pas d'exemple :
ainsi, aux mois de nui et de juin 1855, on lui
donna à l'Opéra italien de Londres deux mille
sept cent soixante-quinze livres sterling
(soixante-neuf mille trois cent soixante-quinze
francs) pour vingt-quatre représentations.
Dans la même année, elle souscrivait à Milan
un engagement pour cent quatre-vingt-cinq
représentations moyennant quatre cent vingt
mille francs ; enfin, elle reçut aux mois d'avril
et de mai 1855, la somme énorme de deux mille
trois cent soixante-quinze livres (cinquante-
neuf mille trois cent soixante-quinze francs)
pour vingt représentations, et lorsqu'elle
mourut, elle venait de contracter de nou-
veaux engagements pour près de six cent
mille francs.
Après avoir joué à Londres les traductions
anglaises de la Somnambule, de Bellini, et du
FideltOy de Beethoven, elle retourna à Na-
ples où elle resta jusqu'au mois de mai 1834 ;
puis elle alla à Bologne et de là à Milan. L'Ita-
lie entière répétait alors son nom avec enthou-
siasme, et retentissait du bruit de ses succès
inouïs. Elle débuta à Milan dans la Norma,
de Bellini, où madame Pasta avait brillé peu
de temps auparavant. Mais les succès de la
nouvelle cantatrice firent bientôt oublier ceux
de la grande tragédienne lyrique. Cependant
elle ne se fit entendre que dans quatre soirées
parce qu'elle avait promis de se rendre à Lon-
dres pour chanter dans un concert au bénéfice
de son frère, Manuel Garcia. Ce voyage dans la
capitale de l'Angleterre ne fut qu'une course
rapide, car elle était déjà de retour à Siniga-
glia au mois de juillet pour y chanter pendant
la saison de la foire. Partie de cette ville, le
11 août 1854, madame Malibran se rendit à
Lucques, où l'attendaient de nouveaux triom-
phes. Lorsqu'elle sortit du théâtre après sa
dernière représentation, le peuple détela les
chevaux de sa voiture et la reconduisit chez
elle en triomphe. Au mois de septembre, elle
retourna à Milan : ce fut alors que le duc Vis-
conti lui fit signer un contrat pour un grand
nombre de représentations dont chacune de-
vait être payée deux mille cinq cents francs.
Elle ne quitta la capitale du royaume Lom-
bardo- Vénitien que pour aller à Naples, où elle
chanta pendant tout le carnaval au théâtre
Saint-Charles. Pendant cette saison, sa voiture
ayant versé au détour d'une rue, elle se démit
le bras, et quinze jours se passèrent avant
qu'elle pût reparaître à la scène. Elle ne put
même jouer les premières représentations qui
suivirent cet accident qu'avec le bras en
écharpe.
La saison théâtrale achevée, madame Ma-
libran s'éloigna de Naples, le 4 mars 1855,
27.
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420
MALIBRAN
pour aller à Venise. A. rapproche de la gon-
dole qui la portait, des fanfares annoncèrent
son arrivée. Une foule immense bordait les
quais; l'affluence était si grande lorsque la
cantatrice traversa la place Saint -Marc,
qu'elle en fut effrayée, et qu'elle se réfugia
dans l'église, qui fut bientôt remplie. Ce ne fut
qu'avec beaucoup de difficultés qu'on parvint
à lui ouvrir un passage jusqu'à son hôtel. Son
talent répondit à l'attente des Vénitiens, dont
l'enthousiasme alla jusqu'au délire. De Venise,
madame Malibran alla a Paris où elle s'arrêta
quelques jours, puis à Londres, pour y chauler
pendant la saison d'été. Au mois d'août, elle
arriva à Lucques où l'attendait Vlnès de
Castro, que Persiani avait écrit pour elle ;
puis elle passa l'hiver à Milan. L'énergie de
son chant dramatique parut acquérir de nou-
neaux développements dans la Maria
Stuarda de Donizelti. Ce fut pendant cet
hiver que les tribunaux de Paris prononcèrent
la nullité de son mariage avec Malibran,
comme n'ayant pas été contracté devant l'au-
torité compétente de New- York. Le 29 mars
1830, elle épousa de Bériot à Paris, et le len-
demain ils se rendirent à Bruxelles, où ils se
firent entendre tous deux, la première fois
âans un concert au bénéfice des Polonais, la
seconde, dans un autre qu'ils donnèrent eux-
mêmes au Théâtre-Royal.
Au sein de l'enivrement de ses succès, ma-
dame Malibran de Bériot n'apercevait qu'un
avenir de fortune et de gloire ; cependant elle
approchait du terme de sa carrière d'agitations
et de succès. Arrivée à Londres, à la fin du
mois d'avril, elle fit une chute de cheval dont
les suites eurent les conséquences les plus fu-
nestes. Traînée sur le pavé à une longue dis-
tance, elle eut le visage déchiré et reçut a la
télé des contusions violentes dont elle ne se
remit pas. Son énergie sembla d'abord sur-
monter le mal. Elle revint à Bruxelles, et de
là se rendit à Aix-la-Chapelle, où elle donna
deux concerts avec de Bériot; mais elle n'était
plus la même; son caractère avait changé, et
pour ses amis, il était évident que son cerveau
avait reçu quelque lésion. Un engagement la
rappelait au mois de septembre en Angleterre
pour le festival de Manchester : elle s'y ren-
dit et s'y fil entendre le premier jour; mais le
lendemain elle s'évanouit, après avoir chanté
.un duo iTJndronico avec madame Caradori.
Il fallut l'emporter. A peine arrivée chez elle,
des convulsions la saisirent; on la saigna;
mais le mal fit d'effrayants progrès, et le 25
septembre 1850, elle expira dans les douleurs
aiguës d'une fièvre nerveuse, à l'âge de vingt-
huit ans.
Telle fut la fin prématurée de la cantatrice
la plus étonnante dont il soit fait mention
dans l'histoire de l'art. Des obsèques magnifi-
ques lui furent faites à Manchester, où l'on
voulut d'abord conserver ses dépouilles mor-
telles ; mais plus lard ces tristes restes furent
rendus à sa famille, transportés à Bruxelles,
et inhumés avec pompe dans le cimetière de
Laeken. M. de Bériot y a fait élever un mau-
solée, où la statue de l'illustre artiste a été
placée. Cette statue, en marbre, est l'ouvrage
du célèbre sculpteur Geefs.
Bien des appréciations contradictoires ont
été faites du talent de madame Malibran de
Bériot : mais on n'a pu lui refuser les qualités
qui assurent à un artiste une supériorité non
contestable. Ces qualités sont celles du génie
qui invente des formes, qui les impose comme
des types, et qui oblige non-seulement à les
admettre, mais à les imiter. La voix «le madame
Malibran n'était pas précisément belle ; on y
remarquait même d'assez grands défauts, par-
ticulièrement dans les sons du médium, les-
quels étaient sourds et inégaux. Pour triompher
des imperfections de cette partie de son organe,
elle était obligée de faire chaque matin des
exercices de vocalisation. Dans le choix des
ornements de son chant, il y avait toujours de
la hardiesse, souvent du bonheur, quelquefois
du mauvais goût : non que le sien ne fût pur;
niais avide de succès populaires, elle faisait
souvent, pour plaire à un public ignorant, ce
qu'intérieurement elle condamnait. L'auteur
de cette notice lui a souvent reproché ses com-
plaisances à cet égard. « Au degré d'élévation
« où vous êtes parvenue (lui disait-il), vous
u devez imposer votre sentiment au public,
a non subir le sien. » Mais sa réponse était
toujours : « Mon cher grognon (c'était son ex-
a pression favorite avec lui), il y a â peine
u deux ou trois connaisseurs dans une grande
« salle où je chante ; ce ne sont pas eux qui
« font les succès, et ce sont des succès que je
u veux. Quand je chanterai pour vous seul, je
u ferai autre chose. » Pour bien comprendre
la portée du talent de celle femme extraordi-
naire, il fallait l'entendre à la scène. Là, son
imagination s'exaltait ; les plus heureuses im-
provisations lui venaient en foule; ses har-
diesses étaient inouïes, et nul ne pouvait résis-
ter à l'entraînement de son chant expressif et
pathétique. Au concert, une partie de ces
avantages disparaissaient.
Madame Malibran a composé beaucoup de
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MALIBRAN — MALOUIN
421
nocturnes, de romances et de chansonnettes;
on en a gravé plusieurs, parmi lesquelles oo
remarque : 1° Le Réveil d'un beau jour, 2« La
voix qui dit .• Je t'aime ! 3° Le Village. 4° La
Tarentelle. 5° Les Refrains. 6° Rataplan.
7° La Bayadère. 8° La Résignation. 9° Le
Ménestrel. 10° Enfants, rames. 11° Le Re-
tour de la Tyrolienne. Après sa mort, on a
recueilli les légères productions de ses dernières
années, et Ton en a formé un Album qui a été
publié sous ce titre : Dernières Pensées musi-
cales de Marie- Félicité Garcia de Bériot;
Paris, Troupenas (Brandus et Dufour), in-4°,
orné de charmantes lithographies.
Plusieurs portraits de madame Malibran ont
été gravés et lithographies : un des plus beaux
la représente dans le rôle de Desdemona, ap-
puyée sur une harpe écossaise.
On a publié diverses notices biographiques
de cette grande cantatrice ; en voici les titres :
1° Cenni biografici di Madama Maria Gar-
cia Malibran /Venise, 1835, in-8«. 9?Notitie
biografiche di Maria-Félicité Malibran, da
Gaetano Barbieri; Milan, 1850, in-8°, avec
le portrait. 3° Madama Maria Malibran e
il suo secolOj Lucques, 1830, in-8°. 4° Life of
Madame Maria Malibran de Bériot, by
John Nathan; Londres, 1830, in-12. Cet ou-
vrage a été traduit en allemand, par A. de
Treskow, et publié à Quedlinbourg, en 1837,
in-8°. 5° Loisirs d'un» femme du monde,
par madame la comtesse Merlin ; Paris, 1838,
deux volumes in-8°. Sous ce titre, madame la
comtesse Merlin a prétendu donner une bio-
graphie de Marie Malibran-dc Bériot; mais la
plus grande partie de cette biographie est un
roman. On en a publié une traduction alle-
mande intitulée : Maria Malibran als Weib
und KlUnstlerin, nebst Characterzûgen und
Anecdolen aus ihren £e6en;Leipsick, 1839,
in-8°. On a aussi du révérend Richard Par-
kinson : Sermon, etc., on the day after the
funeral of Madame Malibran; Manchester,
1830, in-8 9 .
MALIBIt AIV (Alexandre), violoniste, com-
positeur et critique, né à Paris le 10 novembre
1823. étudia la musique dès son enfance et
reçut des leçons de violon de M. Sauzay, qui
lui transmit les principes de l'école de Baillot.
Déjà marié a l'âge de vingt-deux ans, il se
rendit en Allemagne avec sa femme, pianiste
de talent, donna quelques concerts, puis s'éta-
blit en 1845 à Cassel (Ilcsse-éleclorale), où
Spohr l'admit au nombre de ses élèves et eut
pour lui rafleclion d'un père. De retour à
Paris, quelques années après, M. Malibran y
fonda un journal de musique sous le titre
à* Union instrumentale et annonça la forma-
tion d'une société dont l'objet était d'organi-
ser des concerts populaires de symphonie. Ces
entreprises ne réussirent pas, et M. Malibran
retourna en Allemagne. Établi à Francfort-
sur-le-Mein, depuis 1858, il y rédige le feuille-
ton musical du journal français de cette ville.
Dans sa critique, dont la forme est d'ailleurs
vive et spirituelle, il se montre musicien in-
struit, homme de goût et appréciateur judi-
cieux. Parmi les compositions de cet artiste,
on remarque : 1° Ouverture pour la tragédie
d'/famfef; 2° Le dernier jour d'un con-
damné, fantaisie pour l'orchestre; 5° Fie du
marin, symphonie à grand orchestre; 4° La
Fie du soldat, idem ; 5° JVonetto pour instru-
ments à cordes et à vent, dédié à Spohr ; 0° Trio
pour piano, violon et violoncelle; 7° Messe
pour Tordre de la Légion d'honneur, à quatre
voix d'hommes et instruments à vent. M. Mali-
bran a publié une biographie de son maître
Spohr, en langue allemande, sous ce titre :
Louis Spohr, sein Leben und Wirken; dar-
geslellt von seinem Schùler Alexander Ma-
libran. Francfort, J. D. Sauerlander, 1800,
1 vol. in-12 de 247 pages, avec le portrait
de Spohr.
M ALIPIERO (FRAWçois),composlteur dra-
matique, né en 1822, à Rovigo, a fait jouer à
Padoue, en 1842, puis à Lugo et à Bologne,
l'opéra sérieux Giovanua J* di D/apoli,
avec plus ou moins de succès. Au carnaval de
1840, il donna, au théâtre San-Benedetto, de
Venise, V Attila, qui prit plus tard, à Milan,
le titre d'Ildegonda di Borgogna. Cet .ou-
vrage lut traité sévèrement à sa première ap-
parition ; le correspondant de la Gazette gé-
nérale de musique de Leipsick écrivait alors
(t. XLYÏII, p. 120) que la mélodie de la parti-
tion de M. Malipiero était nulle, l'harmonie
mal écrite, et que l'orchestre faisait un tapage
impertinent. Je ne connais pas les opéras
écrits, par le même artiste, après V Attila.
MALISZEWSKI (Antoine), musicien
polonais de l'époque actuelle, et professeur de
son art à Cracovie, a publié un livre de chant
pour les enfants, intitulé : Spietcniczek piesni
naboznych dla dzieci; Cracovie, Gieszkowski,
1849.
MALOUIN ( (Paul- Jacques), médecin et
chimiste de l'Académie royale des sciences,
professeur au Collège royal de France, naquit
à Caen, en 1701, et mourut à Paris, le 3 jan-
vier 1778. Au nombre des dissertations qu'il
a publiées, on en trouve une intitulée : An
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422
MALOUIN — MÀNCHICOURT
ad sanitatem musicè; Paris, 1757, in-4°. Le
véritable auteur de celle thèse est César Coslc,
d'Arles, qui Ta défendue sous la présidence de
Malouin.
MALTIZ(Gottiiilf- Auguste, baron DE),
littérateur allemand et amateur de musique,
né à Kœnigsberg, le 9 juillet 1704, est mort
à Dresde, le 7. juillet 1857, Après avoir occupé
dans l'administration forestière un emploi
qu'il perdit pour avoir composé une satire
contre ses supérieurs, il alla s'établir à Berlin,
d'où il fut ensuite obligé de sortir, parce
qu'il avait fait jouer, au théâtre Kœnigsladt, le
drame intitulé: le Fieil Etudiant, rempli
d'allusions sur les souffrances des Polonais. Il
vécut alors pendant deux ans à Hambourg et y
écrivit des notices sur des musiciens célèbres,
pour un recueil biographique qui se publiait
alors. Ces notices ont été réunies et publiées à
part, sous ce titre : Denkmal den beriihmten
musikalischen Kunstlern Mozart, Beethoven,
Hummel, Kalkb rentier, Field. IFeber, Ries,
Moscheles et Czerny (Monument élevé aux
célèbres artistes musiciens Mozart, Beet-
hoven, etc.); Leipsick, II a m bourg et Ilzehoe,
Schubert et Niemeyer (sans date), in-8°. M. de
Maltiz était pianiste distingué et avait un
goût passionné pour son instrument; ce qui
explique le choix des artistes dont il a écrit
les notices. Arrivé à Paris après la révolution
de 1830, il y vécut une année; puis il alla se
fixer à Dresde, où il finit ses jours à l'âge de
quarante-trois ans.
MAL VOISIN (Robert DE), issu d'une
des principales familles du comté de Vexin-
lc-Fnançais, était neveu de Gui, châtelain de
Coucy, avec (fui il se croisa, en 1108 (voyez
Fillehardouin. et Du Cange, Observations
*u»* Fillehardouin, p. 159). Il était poète,
musicien, et a laissé deux chansons notées
qu'on trouve dans les manuscrits de la Biblio-
thèque impériale de Paris.
MALZAT (Jean- Mien el), virtuose sur le
hautbois et le cor anglais, naquit vers 1750, à
Vienne, où son père était musicien de la
chambre impériale. Après avoir vécu quelque
temps dans celle ville, il entra au service du
prinec-évéque de Salzbourg. Quelques années
plus tard, il voyagea en France, en Italie,
dans la Suisse, et enfin il se fixa à Bassano,
dans IcTyrol, où il vivait encore en 1784. Le
catalogue de Traeg (Vienne, 1799) indique les
compositions suivantes comme appartenant à
cet artiste : 1° Trois symphonies concertantes
pour hautbois et cor anglais. 2° Deux con-
certos pour le hautbois. 5° Deux idem pour
cor anglais. 4° Deux idem pour basson.
5° Un tdem pour violoncelle. 6° Septuor pour
cor anglais et divers instruments. 7° Trois
sextuors pour le hautbois. 8° Quatre quintettes
pour hautbois et pour flûte. 9° Onze quatuors
pour flûte, ou hautbois, ou cor anglais, ou
basson. 10° Deux symphonies concertantes
pour hautbois et basson. Gerber s'est trompé
lorsqu'il a donné à Malzatle prénom <V Ignace.
MAMERT (Claude), en latin MAMER-
TUS, et quelquefois MAMEftCUS, frère de
Marner t, évéque de Vienne, fut son vicaire,
et vécul dans le cinquième siècle, vers Tan
400. Il est connu par un traité de la nature de
l'âme, qu'il dédia à Sidoine Apollinaire. Son
contemporain Gcnnade de Marseille lui attri-
bue, dans son livre sur les écrivains ecclésias-
tiques (ch. LXXXIII), le chant et les paroles
de l'hymne Pange lingua gloriosi prarlimn
certaminis , dont Sidoine a fait l'éloge {In
Epist., 1. 4, 5), et que d'autres ont attribué à
Venance Fortunat. Au reste, le chant de cet
hymne, tel qu'il se trouve dans l'antiphonaire
romain, n'est pas celui donlttamcrl était Pau-
leur.
JHAMMINI (Aloïs), maître de chapelle de
la cathédrale de Crémone, dans la secoode
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer
de sa composition : Miss.v et P s al mi domini-
cales eum Salve Regina 5 vocibus ; Bologne,
Jacques Monti, 1078, in-4°.
MAIXAUA (FnAKCESco), chantre de l'église
Saint-Antoine de Padoue, vers le milieu du
seizième siècle, a publié de sa composition :
Madrigali a quattro voci, libro primo; in
Venezia, appresso d'Antonio Garda no, 1555,
in -4° obi.
AIANARA (le P. Jeaw-Astoise), domini-
cain, né à Venise, en 1058, fit ses vœux au
couvent de Bologne. En 1000, époque de /a
fondation de l'Académie des Philharmoniques
deeelte ville, il en fut un des premiers mem-
bres, et le titre de prince de celte sociéié lui
fut décerné en 1008. Il a composé la musique
de l'oratorio intitule : Cuor Umano ail* in-
canlo, dedicato alla Gloriosissima Fergine
Maria dèl santissimo Rosario, ed a tutti li
sttoi divoti, dont le pol'mc a été imprimé à
Venise en 1085, in-8°. Deux autres oratorios
de sa composition dont les titres sont inconnus
ont été exécutés à Bologne en 1005 cl 1072.
MAIXCHICOU UT (Pierre), compositeur,
né à Béthunc en Artois, vers 1510, fut d'abord
chanoine d'Arras, puis maître des enfants de
chœur de l'église cathédrale de Tournay,
comme on le voit par le litre d'un de ses ou-
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.MANCHICOURT — HANCINI
4*3
v nages, imprime en 1545. D'après les recher-
ches faites dans tes archives de la cathédrale
«le Tournay, par M. le chanoine Voisin, vicaire
général de ce diocèse, pour former la liste
authentique des maîtres de chapelle de cette
cathédrale, recherches qu'a bien voulu me
•communiquer M. Xavier Van Elewyck (voyez
ce nom), Manchicourt parait être resté dans
celte position jusqu'en 1557, et avoir eu pour
successeur un maître nommé Florent Fillain,
car celui-ci est mentionné dans les comptes
•do 1558. Il parait, d'après la Description des
Pays-Bas, de Guichardin, que Manchicourt
quitta ce poste pour se rendre à Anvers, où il
vivait au commencement de 1500. C'est par
erreur que La Croix du Maine le lait naître à
Tours (voyez sa Bibliothèque française, édit.
de Rigoley de Juvigny). Manchicourt fut appelé
-à Madrid pour succéder à Nicolas Payen (dé-
cédé avant le mois d'avril 1550), en qualité de
maître de la chapelle royale. Il figure comme
ici dans les comptes de cette chapelle au mois
de novembre 1561 , et on le trouve encore dans
la môme position au mois de juillet 1565 ; mais
il y a là quelque erreur de date, et probable-
ment on doit lire juillet 1564; car, dans une
lettre de Philippe II à la duchesse de Parme,
datée du 7 juillet 1564, on voit que le maître
de chapelle (Manchicourt) était mort, et que
ce prince demandait un maître belge pour lui
succéder (voyez Bokmarché). Manchicourt
jouissait d'une prébende à l'église Sainle-Wau-
dru, dt* Mons. Les ouvrages de ce compositeur
connus jusqu'à ce jour sont : 1° Liber decimus
quarlus XIX inusieas eantiones continet,
<iuctore Petro de Manchicourt ; Parisiis apud
Petrum Altaingnant et Hubertum Jallet, 1539,
petit in-4° oblong. Il parait par le titre de ce
recueil que Pierre de Manchicourt était maître
de chapelle de l'église collégiale de Tours,
•en 1550; c'est vraisemblablement ce qui a
trompé La Croix du Maine surlc Heu de sa nais-
sance. 2° Liber Modulorum musicalium, auc-
tore etc.; ibid. 1545, petit in-4° obi. Ce sont
des motels à quatre parties. Cet ouvrage est
divisé en trois volumes; le premier contient
dix-neuf motels, le deuxième quinze, et le
troisième quatorze. 5° Le neufiesme livre de
chansons à quatre parties, auquel sont con-
tenues vingt -neuf chansons nouvelles, com-
posées par maislre Pierre de Manchicourt,
maislre de chappelle isic) de Notre-Dame de
lournay. Correctement imprimé en envers
par Jylinan Susalo, 1545, in 4°. 4° Liber
quinlus cantionum sacrarum, vulgo Motelta
vocanl, quinque et sex vocuin a D, magislro
Petro Manchicurtio Betunio, insignis eccU-
sim Tornaeensis phonasco , mine primum
in lucem edilus; Lovanii apud Petrum Phale-
sium, 1558, in -4° obi. D'après ce litre, il
semble que Manchicourt était encore maître
de la cathédrale de Tournay en 1558 ; d'où
l'on doit conclure qu'il n'avait quitté cette
position que depuis peu, et que celle circon-
stance était ignorée de l'imprimeur Phalèse,
5° Dans le recueil des messes de Cerlon, pu-
bliées, en 1546, par Aliaingnanl, on trouve
deux messes de Manchicourt, l'une sous le
titre : C'est une dure départie, l'autre sous
celui de Povre cœur. On connaît aussi de lui :
Missa quatuor vocum cui titulus : Quo abiit
dileclusluus; Paris, Nicolas Duchemin, 1508,
in-folio max°. Le septième livre de motets à
quatre, cinq et six voix, publié par Altaingnant
(Paris 1554), contient le motel ô Thoma Di-
dyme du même musicien. On trouve deux de
ses motels dans le recueil intitulé : Fior de
Motletti tratti dalli Mottetti del Fiore; Ve-
nise, Antoine Gardane, 1559, et deux autres
dans la Bicinia gallica, latina et germanica
(t. II), publiée à Willenberg, chez Georges
Rhau, en 1545. Le Liber quintus XII trium
primorum tonorum Magnificat continet, im-
primé par Attaingnant, en 1554, en renferme
un de Manchicourt. Les XII e et XIV e livres de
chansons nouvelles à quatre parties (Paris,
Altaingnant, 1543) en renferment quelques-
unes du même maître. Enfin les recueils de
Jacques Moderne, de Lyon, et de Pierre Pha-
lèse, de Louvain, contiennent des motets du
même.
MANCINELLI (Asdré), flûtiste italien,
vint à Paris vers 1775, puis se fixa à Londres,
où il est mort en 1802. On a gravé de sa com-
position cinq œuvres de duos pour deux
flûtes ; à Paris, chez Sieber, et à Londres, chez
Longman.
BIAINC1NI(Coiiiio), compositeur de l'école
romaine, fut nommé maître de chapelle de la
basilique de Sainte-Marie-Majeure au mois de
septembre 1580, et donna sa démission Ac
celle place au mois de décembre 1591. En
1607, il obtint l'emploi de maître de chapelle
de Sainl-Jean-de-Latran ; l'année suivante, il
eut pour successeur Abbondio Anlonelli, el il
alla prendre possession de la place de maître
de chapelle de la Santa Casa de Lo relie. Ce
musicien â laissé en manuscrit trente-deux
motets à quatre, cinq, six, sept cl huit voix,
cl a publié, en 1608, des litanies à huit voix.
Ces compositions se trouvent "dans la collec-
tion de l'abbé Satuini, à Home. On connaît
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424
MANCINI
aussi de lui : II primo Ubro de' Madrigali a
cinque voci, in Venetia, appresso Giacomo
Vincenli, 1595, in-4°. Une seconde édition du
même ouvrage fut imprimée chez le même,
en 1605.
MANCINI (Fhakçois), compositeur na-
politain, né en 1674, fit ses éludes musicales
au Conservatoire de Loreto, puis devint un
des maîtres de cette école. En 1697, il écrivit
la musique de Topera Alfonso, qui fut repré-
senté au collège des nobles dirigés par les
jésuites. VAriovisto? opéra sérieux, fut son
premier ouvrage représenté au théâtre San
Bartolomeo, en 1702. Bans la même année,
Mancini écrivit les oratorios VArca del Tes-
tamento in Gerico, et il Laccio purpureo di
Raab, pour la congrégation du Rosaire, à
Palazzo. En 1705, il donna au théâtre San
Bartolomeo Gli amanti generosi, et au même
théâtre, où chantait la Bulgarini, en 1706,
Alessandro il Grande in Sidone. Devenu
directeur d'orchestre de ce théâtre, il ajouta
quelques airs à VArtaserse de Joseph Orlan-
dini, représenté en 1708. Dans Tannée sui-
vante, il écrivit VEngelberto, pour le palais
du vice-roi, et obtint le titre de second maître
de la chapelle royale. En 1710, il donna au
théâtre San Bartolomeo II Mario fugitive;
trois ans après, il écrivit pour le théâtre du
palais royal VArtaserse re di Persia, â l'oc-
casion du jour anniversaire de la naissance
de Tempereur Charles VI. Dans la même
année, il donna au théâtre San Benedelto //
gran Mogol cl ajouta quelques scènes bouffes
à V Agrippina de Hœndel, ioué au même
théâtre. Cet usage de scènes burlesques mêlées
aux sujets sérieux était dans le goût de ce
temps. Mancini osa écrire, en 1714, la musi-
que d'un drame intitulé : // Génère umano in
catena (le genre humain dans les chaînes),
mais il ne parait pas que cet ouvrage ait été
exécuté. Le titre de premier maître du Con-
servatoire de Loreto fut donné â cet artiste,
en 1720, et, dans la même année, il écrivit il
Cavalier brettone pour les élèves de celle in-
stitution. En 1725, i\ donna son Trajano au
théâtre San Bartolomeo, avec des intermèdes
bouffes. H était devenu premier maître de la
chapelle royale, en 1728, car il en prend le
titre sur sa partition de VOrontea 7 i\\\\ fut re-
présenté dans cette année. En 1752, Mancini
écrivit la musique de V Alessandro nelle
/ndie,i\c Nétastase, avec l'intermède intitulé
fa Levantina, pour le théâtre San Barto-
lomeo. On connaît aussi sous son nom Idaspe,
opéra sérieux, et // Maurizio; mais on ignore
quand ils ont été représentés. Sa partition de
l'Elia, oratorio écrit en 1753, existe au col-
lège royal de musique de San Pietro in Ma-
jella, à Naples. On connaît aussi de lui Tora-
torio VAmor divino trionfante nella morte
di Cristo, et un Magnificat à huit voix réelles.
Mancini mourut à Naples, en 1739.
MANCINI (Jean-Baptiste), professeur de
chant â la cour impériale d'Autriche, et mem-
bre de l'Académie des Philharmoniques de
Bologne, naquit, en 1746, à Ascoli, ville des
'États romains. Dans sa jeunesse, il fut envoyé
â Bologne et confié aux soins de Beroacchi,
dont l'école de chant élait à juste titre con-
sidérée comme une des meilleures de TItalie.
Des études longues et sévères conduisirent in-
sensiblement Mancini â la connaissance par-
faite de Tartdu chant. Considéré plus lard
comme nn habile maître dans cet art, il fut
appelé à Vienne pour l'enseigner aux archi-
duchesses, antérieurement à 1761, comme
nous l'apprend un passage de ses Réflexions
pratiques sur le chant. Mancini avait reçu des
leçons du célèbre P. Martini pour le contre-
point. Il est mort à Vienne â Tàge de quatre-
vingt-trois ans et quelques mois, le 4 janvier
1800. Cet artiste est avantageusement connu
par un bon livre qu'il a publié sous ce titre :
Pensieri e riflessioni pratiche sopra il canto
flgurato; in Vienna, 1774, in-4*. A peine
l'ouvrage eut-il paru, que l'auteur reconnut
des lacunes dans son travail, et en prépara
une réimpression qui parut à Milan, en 1777,
in-8°, et qui est indiquée au frontispice comme
une troisième édition. Tous les biographes
ont parlé en effet (depuis Forkel jusqu'à
M. Ch. Ferd.Becker) de cette troisième édition,
sans rechercher les preuves de la réalité d'une
édition intermédiaire entre celles de 1774 et
de 1777; mais il suffit de lire la préface de
cette prétendue troisième édition pour acqué-
rir la conviction qu'elle n'est que la seconde,
et que les mots terza edizione sont ou une
faute typographique, ou une fraude du li-
braire, qui aurait voulu par là recommander
l'ouvrage à la faveur publique. Un petit ou-
vrage intitulé : Metodo per ben 'insegnare
d'apprendere Varte del cantare , ossiano
osservazioni pratiche su questo nobile e diffi-
cile arle, a été imprimé â Florence, en 1807,
petit in-8° de quatre-vingt-une pages. L'au-
teur le représente comme un livre nouveau qui
manquait â l'enseignement du chant; mais ce
n'est qu'un extrait de celui de Mancini, dont
on n'a pas même changé le style en plusieurs
passages. Une traduction française, ou plutôt
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MANCIN1 — MANDINi
425
nn extrait de la première édition du Traité de
Blancini fut publiée par Desaugiers (voyez ce
nom), sous le litre : l'Art du chant figuré;
Paris, 1776, in-8° de sojxante-quatre pages.
Une autre traduction plus complète, faite sur
Pédilion de Milan, et intitulée Réflexions
pratiques sur le chant figuré (Paris, an m,
ou 1796, un volume in-8°) a été publiée par
M. de Rayneval, qui a gardé l'anonyme. Le
livre de Mancini est, avec celui de Tosi, ce
qu'on a fait de mieux concernant l'art du
chant. On y trouve une multitude de bonnes
observations pratiques qui décèlent le profes-
seur expérimenté, et des renseignements his-
toriques qu'on chercherait vainement ailleurs
sur beaucoup de chanteurs, distingués. Hiller
en a donné une traduction allemande dans son
traité de l'art du chant (voyez Hiller). On a
aussi de Mancini une lettre dirigée contre
Vincent Manfrèdini qui avait critiqué son
livre; elle a pour litre : Lettera di Giambat-
tista Mancini diretta aWillust. Sig. Conte
N. IV., Vienne, M.-A. Schmidt; elle est datée
du 7 avril 1796. La violence empreinte dans
cet écrit était peu convenable pour l'âge de
l'auteur (il avait alors quatre-vingts ans), el
n'ajoute rien à ses arguments en faveur de
son livre.
MAIXCIiMJS (Tmomas), né dans le Meck-
lembourg, en 1560, fut maître de chapelle de
l'évéque d'Halbcrstadt et du prince de Bruns-
wick, vers la fin du seizième siècle. On voit par
son portrait gravé sur bois à l'âge de trente-
cinq ans, en 1596, qu'il était alors maître de
chapelle à Brunswick. Il a été imprimé de sa
composition : 1° Newe lustige und hœfflicke
weltliche Lieder mit 4 und 5 Stimmen (Nou-
velles chansons profanes, gaies et honnêtes, à
quatre et cinq voix); Helmstadt, 1588, in-4°.
2° Hoc hzeit- Lied von 5 Stimmen, etc. (Chant
de noce à cinq voix, à l'honneur de Georges
Bu renard, secrétaire de l'évéque d'Halber-
sladt, et à l'occasion de son mariage); Helm-
stadt,. 1591, in-4°.
MANDANICI (Placido), compositeur et
membre de l'Académie des beaux-arts de
Naples, naquit, en 1798, dans la petite ville
de Barcellona, située dans la vallée de De-
mone en Sicile. A l'âge de quinze ans, il se
livra à l'étude de la musique et trouva un pro-
tecteur dans le comte Nicolaci, dilettante qui
jouait un peu de violoncelle et qui lui en
donna quelques leçons. Lorsqu'il eut atteint
sa dix-septième année, Mandanici entra au
Conservatoire de Palerme, où il continua
l'élude de son premier instrument et appril à
jouer de plusieurs autres. En 1830, il était
attaché à l'orchestre du théâtre de Reggio, en
Calabre, comme contrebasse; mais déjà il
s'adonnait avec ardeur à l'étude du piano,
afin de pouvoir quitter la position de simple
symphoniste. En 1824, il se rendit à Naples
et y étudia la composition, sous la direction
de Raimondi. De 1824 à 1834, il fut attaché
aux théâtres royaux de cette ville, comme
compositeur de musique des ballets. Bans >a
même période, il a écrit les opéras l'Isola
disabitatapour le théâtre du Fondo; Argent,
pour celui de Saint-Charles ; // Marito di mia
moglie, pour le théâtre Nuovo, et Gli Amanti
alla prova, pour le Fondo. Vers la fin de
1834, il se rendit à Milan, et s'y livra à l'en-
seignement du chant et de la composition. En
1836, il écrivit à Turin, pour le théâtre Cari-
goano, l'opéra il Segreto. De retour à Milan,"
il y donna II Rapimento, en 1837. Outre les
ouvrages qui viennent d'être cités. Mandanici a
écrit un grand nombre de ballets, beaucoup
de musique instrumentale et de la musique
d'église. En 1841, il donna à Milan l'opéra
bouffe II Buontempone délia porta Ticinese,
qui eut du succès et fut repris en 1845. Appelé
à Palerme, en 1843, il y écrivit l'opéra
sérieux Maria degli Albixzi, puis il retourna
à Milan. Il est mort à Gènes, le 5 juin 1852,
à l'âge de cinquante-quatre ans. Mandanici a
publié plusieurs œuvres de musique vocale et
instrumentale, chez Ricordi, à Milan, et
vingt-quatre exercices de vocalisation, chez
Lucca, éditeur de la même ville. Ses œuvres
de musique religieuse sont : 1° Ave Maria à
trois voix, chœur ad libitum et orgue ; Milan,
' Ricordi. 2° Pater noster à quatre voix, chœur
et orgue ; t'6td. 3° Salve Regina à trois voix
et orgue ou piano ; ibid.
MAINDEUSCHEID (Nicolas), facteur
d'orgues à Nuremberg, naquit à Trêves, le
2 avril 1580. Il était âgé de soixante dix-sept
ans lorsqu'il construisit, en 1657, le second
orgue de Saint-Sébald à Nuremberg; cet in-
strument est composé de treize jeux. Mander-
scheid est mort i Nuremberg, ie 2 avril 1662.
Walsch avait gravé son portrait en 1654.
MANlUAi IPaul), excellent ténor, né à
Arezzo, en 1757, a eu pour maître de chant
Saverio Valenlo, homme d'un rare mérite,
qui a formé beaucoup de bons chanteurs dans
la seconde moi lié du dix-huilième siècle.
En 1777, Mandim débuta a Brescia dans des
rôles de demi-caractère, et son entrée dans la
carrière dramatique fut marquée par un si
beau succès, qu'en 1781 il fut appelé au grand
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426
MAND1NI — MANFRED1NI
théâtre de Milan, pour y chanter pendant l'au-
tomne avec la célèbre cantatrice Anne Mori-
chclli Bosello. H s'y fit entendre dans II Fa-
legnamo, de Cimarosa, et dans H F'ecchio
geloso, d'Alessandri. Turin, Parme, Bologne
et Rome l'applaudirent ensuite. En 1787, il se
trouvait à Venise ; Tannée suivante, il retourna
à Milan avec la Moricbelli, et y chanta pen-
dant les saisons du printemps et de l'automne.
Ce fut alors que ViotU rengagea pour le
théâtre de Monsieur ? à Paris, où il ht admirer,
pendant les années 1789, 1790 et 1791, son
talent plein de finesse, d'élégance et d'expres-
sion dramatique, ainsi <jue la perfection de
sou jeu. Les terribles événements politiques
de 1792 ayant dispersé celte belle troupe ita-
lienne, dont le souvenir n'est point encore ef-
facé, Mandini retourna en Italie, et chanta à
Venise au carnaval de 1794. Longtemps après
(1805), il était à Berlin; mais il ne parut plus
que l'ombre de lui-même. Peu de temps après,
il se retira à Bologne, où il est mort, à l'âge
de quatre-vingt-cinq ans, le 27 janvier 1842.
IttANELLi (François), compositeur dra-
matique, né à Tivoli, au commencement du dix-
septième siècle, a écrit la musique de V Andro-
mède, premier opéra qui fut représenté publi-
quement à Venise, en 1037. Cet ouvrage fut
suivi de La Maga fulminata, au même théâ-
tre, en 1058, et à Bologne, en 1041, au théâtre
Formagliari* Benoit Ferrari {voyez ce nom),
auteur des livrets de ces deux opéras, (Il les
frais de leur représentation. Les noms des
chanteurs de cet ouvrage sont imprimés en
léle du livret; ce sont : Félicité Vga, Ro-
maine, Antoine Panniyée Rcggio ; François
Angeletti, d'Assise; Jean-Baptiste Bifurci,
de Bologne; François Pesarini, de Venise;
et Madeleine Manelli, Romaine, femme du
compositeur. La nouveauté et le charme de ce
spectacle portèrent les Vénitiens à bâtir des
salles de spectacle destinées à l'Opéra. Les
deux premiers théâtres furent ceux de San-
Cassiano : Monteverde et Cavalli y firent re-
présenter leurs premiers ouvrages. Manelli
écrivit encore Temistocte , à Florence, en
1059; Aleale, dans la même ville, en 1042;
Ercole nedl* Èritnanto, à Plaisance, eh 1031 ;
Jl Ratio d'Europa, dans la même ville, en
1055; J Sei Gigli, â Ferra re, en 1000.
MANELLI (Pierre), chanteur italien, était
le premier boufl'e chantant d'une troupe ita-
lienne d'opéra qui parut en France, en 1752.
Elle joua d'abord à Rouen, puis fut appelée à
* Paris, et donna des représentations dans la
salle de l'Académie royale de musique, alter-
nativement avec l'opéra français. On sait
quelles discussions s'élevèrent entre les pari -
sans de la musique italienne et de la musique
française, à cette occasion, et la guerre de
plume soulevée par le Petit Prophète de Boc-
miehbroda. de Grimm, et par la Lettre, de
J.-J. Rousseau, sur la musique française.
Manelli jouait les principaux rôles dans l<s
opéras bouffes ou intermèdes de Pcrgolèse, de
Rinaldo de Capua, et d'autres compositeurs
italiens, qu'on entendait alors à Paris pour la
première fois. Il parait avoir été le seul de sa
troupe qui eut quelque talent.' Son portrait,
peint au pastel par Latour, a été exposé au
Louvre, en 1754; il était représenté dans le
costume du rôle de l' Imprésario qu'il jouait
dans le Maestro di musica. Au mois de fé-
vrier 1754, l'opéra italien fut banni de l'Aca-
démie royale de musique, et Manelli retourna
en Italie. Depuis lors on n'a plus entendu par-
ler de lui.
MANFBElDI (Louis), cordelier qui vivait
à Venise vers le milieu du dix-septième siècle,
a fait imprimer de sa composition : \° Motet li
a quattro e cinque voci; Venise, 1058. 2" Con-
certa ossia Madrigali a 5 voci, Ub. 1 , 2, 5,
4, tôid., 1041.
MANFREDI (Marie-Madeleine) , canta-
trice renommée au commencement du dix-
huitième siècle, était, en 1720, au service du
roi deSardaigne, à Turin,
MANFREDI (Philippe), violoniste dis-
tingué, né à Lucques vers 1758, fut élève de
Tartini. Compatriote de Roccherini, il se lia
d'amitié avec lui, et tous deux entreprirent un
voyage en 1709. Après avoir visité plusieurs
villes de la Lombardie, et s'être arrêtés long-
temps à Turin et dans le Midi de la France,
les deux amis arrivèrent à Paris en 1771.
Manfredi y exécuta les trios et quatuors de
Boccherini avec un succès d'enthousiasme. En
quittant Paris, les deux amis se dirigèrent
vers l'Espagne, où l'infant don Louis, frère du
roi Charles 111, les accueillit et leur donna
une position. Manfredi était devenu le premier
violon de la musique de ce prince,- mais il ne
jouit pas longtemps de cet avantage, car il
mourut à Madrid, en 1780. On a gravé de sa
composition à Paris, en 1772, six solos pour
le violon, op. 1. Six sonates pour violon avec
basse, du même artiste, ont été publiées à
Lcipsick, en 1852. Il a laissé en manuscrit
plusieurs concertos et des trios qui se trouvent
en Espagne.
MANFltKDffNI (François), violoniste et
compositeur, naquit à Bologne, en 1675. Il a
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MANFREDINI
427
fait imprimer de ses ouvrages : 1° Concertini
par caméra a violino e violoncello; op. 1,
Bologne, G. Silvani, 1704, in-fol. 2° Sinfonia
da chiesa a due violini con l'organo obli-
gatoe viola ad libitum ; op. 2, ibid., 1709,
in -fol. Cel ouvrage a élé réimprimé à Amster-
dam, chez Roger, sous ce titre : Quarteltia
due violini, viola e basso continuo.&Concérti
a due violini e basso, con violait violini di
rinforzo; Bologne, G. Silvani, 1718, in-fol.,
op. 3. Manfredini fut élu membre de l'Académie
des Philharmoniques de Bologne en 1704.
MANFHEDIINI (Viwcent), compositeur et
écrivain sur la musique, n'est pas né à Bo-
logne, comme le disent Gerber, Choron et
Fayolle, M. Ch.-Ferd. Becker et le Lexique
universel de musique, publié par Schilling,
mais à Pistoie, comme il nous rapprend lui-
même dans un de ses articles du Giornale
Enciclopedico de Bologne. C'est aussi par lui
<|iic nous savons qu'il apprit à Bologne et à
Milan la composition sous la direction de Perli
•et de Fioroni. En 1755, il s'éloigna de l'Italie
pour aller à Pétersbourg avec quelques chan-
teurs. Chargé d'écrire la musique de plusieurs
ballets, il y réussit de manière à inspirer
•quelque confiance dans son talent, et l'impéra-
trice le choisit pour enseigner le clavecin au
grand-duc Paul I er , dont il dirigea ensuite la
musique. Quelques opéras qu'il composa sur
•des poèmes de Métastase, entre autres VOlim-
piade, le mirent en réputation à la cour de
Russie. Il écrivit aussi, pour son élève le grand-
<lnc, six sonates de clavecin, qui furent vive-
ment critiquées dans le journal intitulé :
amusements littéraires, de Hambourg ; mais
l'impératrice consola Manfredini de cet échec
«n iui accordant une somme de mille roubles
lorsqu'il lui présenta un exemplaire de son
ouvrage. L'arrivée de Galuppi à Pétersbourg,
<l sa nomination de premier maître de cha-
pelle de la cour impériale, ruinèrent les espé-
rances do Manfredini ; car il n'était pas en
état de lutter avec un pareil athlète. Après
Avoir repris pendant deux ou trois ans son
premier emploi de compositeur de ballets, il
quitta Pétersbourg, en 1769, et alla se fixer à
Bologne, où les sommes qu'il avait amassées
eu Russie lui procurèrent une existence indé-
pendante. Renonçant dès lors à la composition,
il se livra à l'élude de la didactique et se fit
écrivain sur la musique. Son premier ouvrage
<Ie littérature musicale parut sous ce litre :
Regole armoniche,o sieno precetti ragionali
per apprender i principj délia musica, il
portamento dcl basso sopra gli stromenti
da tasti, corne Vorgano , il cembalo, etc. ;
Venise, 1775, soixante-dix-sept pages in-4*
avec des planches. Ce livre est divisé en quatre
parties : la première contient un exposé des
éléments de la musique; la seconde traite des
accords, de leur origine, de leurs renverse-
ments, et renferme une méthode simple et
facile d'accompagnement; dans la troisième,
on trouve les principes abrégés de l'art du
chant avec des exemples; enfin, la quatrième
traite des éléments du coutrepoinl, et renferme
dans le dernier chapitre des réfutations de
quelques principes de Rameau, de d'AIcmhert
et de Tarlini concernant la base fondamentale
des accords naturels delà gamme, ainsi qu'une
discussion de l'opinion du P. Martini sur la
nécessité de prendre le plain-chant pour base
de l'élude du contrepoint. Rameau et Tarlini
avaient cessé de vivre quand parut l'ouvrage
de Manfredini, et le P. Martini, bien que vi-
vant encore, dédaigna de lui répondre; mais
il n'en fut pas de même de Mancini, dont il
avait attaqué les Réflexions pratiques sur le
chant figuré (voyez Mancini), car celui-ci
riposta avec la supériorité d'un maître con-
sommé, dans la deuxième édition de son livre
publiée à Milan, en 1777. Près de vingt ans
après, Mancini revint sur ce sujet dans sa
Lettera...diretla aWillust.Sig. Conte N.N.,
et Manfredini répliqua avec humeur dans une
deuxième édition de ses Regole armoniche, etc. ,
considérablement augmentée; Venise, 1707,
in -8°. Dans cette nouvelle édition de son livre
il annonçait la prochaine publication d'un
autre ouvrage intitulé : Saggio di Musica ;
mais il ne l'a point fait paraître. Manfredini
était, en 1785, un des rédacteurs du Giornale
Enciclopedico de Bologne; il y rendit compte,
dans le numéro du mois d'avril, des deux pre-
miers volumes du livre d'Arteaga (voyez ce
nom), intitulé : le Rivoluzioni del teatro mu*
sicale italiano, et attaqua d'une manière assez
dure quelques opinions contenues dans cet
ouvrage, notamment la préférence que l'au-
teur y donne à la musique ancienne sur la nou-
velle ; enfin il y émit cette proposition au moins
singulière de la part d'un homme dont l'édu-
cation musicale avait élé faite dans une bonne
école d'Italie : Que dirons-nous, si M. Arteaga
semble être précisément du nombre de ces
vieux déprédateurs, en louant avec excès
les ouvrages de Carissimi et de Paleslrina
de préférence aux plus modernes, qui sont
cent fois meilleurs et plus parfaits (1)? Ar-
(I) Cosa diremo noi, se il Signor Arloagn sombra esser
oppuiito nel uunicro di quci luli vccclii $|irvxzjloii
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4:8
MANFRED1NI — MANGOLD
teaga répondit avec énergie à son critique dans
des observations placées à la fin du troisième
volume de son ouvrage (p. 285-301). Ces ob-
servations, dont la dialectique était pressante,
donnèrent naissance à un nouvel ouvrage de
Manfredini, intitulé : Diftta délia musica
moderna e de' suoi eelebri esecutori; Bologne,
C. Trenti, 1788, in-8*. On n'a imprimé des
compositions de ce musicien que six airs et un
duo de VOlimpiade, avec deux violons, viole,
basse et deux cors, i Nuremberg, en 1765, et
six sonates de clavecin, à Pélersbourg, en
1766. On croit que Manfredini est mort avant
1800, mais je n'ai pas de renseignements po-
sitifs a cet égard.
ItfANFROCE (Nicolas), compositeur, né
à Pal ma, dans la Calabre citérieure, en 1701,
montra, dès son enfance, les plus heureuses
dispositions pour la musique. Devenu élève de
Tritto, il acheva ses éludes dans le collège
royal de musique à Naples. Plus tard, il reçut
aussi, à Rome, quelques conseils deZingarelli.
A peine âgé de quinze ans, il commença à com-
poser et montra dans ses ouvrages un génie qui
aurait pu peut-être lutter avec celui de Ros-
sini; mais il mourut à Naples, en 1813, à l'âge
de vingt et un ans et quelques mois. En 1810,
U donna, à Rome, Jlzira, son premier opéra,
qui fut reçu avec enthousiasme. Cet ouvrage
fut suivi d'Armida, grande cantate en deux
parties, exécutée au théâtre Saint-Charles, à
Naples, dePiramo e Tisbe, opéra sérieux, dont
l'ouverture fut considérée comme la plus belle
qu'on eût écrite en Italie avant Rossini, et de
la Nascila d'Mcide, grande cantate exécutée
à Saint-Charles pour l'anniversaire de la nais-
sance de Napoléon, en 1813. La suavité et
l'expression de la mélodie de ces ouvrages, la
force et l'originalité de l'harmonie, la nou-
veauté de l'instrumentation, tout présageait
un talent de premier ordre, que la mort est
venue arrêter dans son développement. L'air
No, che non pud difenderlo, de Manfroce, a
i:ii un succès de vogue. On citait aussi, en
1813, de ce jeune et brillant artiste, deux
messes à quatre voix et orchestre; des vêpres
idem; une messe à huit parties réelles et deux
orchestres; un Miserere à trois chœurs; six
symphonies pour l'orchestre, dogt une du
plus grand efTet, intitulée : VArmonica ; des
airs, des duos, et beaucoup d'autres morceaux
détachés. La partition oVAlzira, réduite pour
le piano, a été publiée à Milan, chez Ricordi.
lodando egli moltissino U opère del Carissimi, del
Palcslrina, cre, a prelerenxo dMle più moderne, ckc
sono cento voile migiiori e più pcrfcite ?
MANGEAN (...), violoniste français d'un
mérite distingué, était, en 1750, attaché an
concert spirituel de Paris. Il mourut dans
cette ville en 1756. On a gravé de sa composi-
tion deux livres de duos pour deux violons, un
œuvre de solos pour le même instrument, cl
deux trios pour deux violons et basse.
MAIN GIN (...), d'abord professeur de mu-
sique à Orléans, se fixa ensuite à Nancy, et s'y
livra à l'enseignement. 11 a publié : Éléments
de musique, précédés d'une dissertation sur
cet art, avec des planches contenant tous les
signes; Nancy, Hancr, 1837, in -8° de quatre-
vingts pages et six planches.
MANGO (l'abbé Vihcwt), né à Païenne,
en 1741, d'une famille noble et ancienne, fut,
suivant l'abbé Bertini (Dizion. stor. criticol
degli scrittori di Musica, t. IV, supplem.
p. 36), doué du génie d'invention, et posséda
une rare instruction dans les sciences et dans
les lettres. Les défauts de son oreille ne lui
avaient permis ni de chanter, ni de jouer de
quelque instrument; néanmoins, parla seule
force de son intelligence, il acquit une parfaite
connaissancedes systèmes de musique anciens
et modernes, et entreprit la réforme de la
science de cet art. Les ouvrages qu'il a écrits
sur celte matière sont restés en manuscrit;
ils pourraient former environ deux forts vo-
lumes in-8°. Si l'on en croit l'abbé Bertini,
bien que dégagés de tout échafaudage de cal-
culs, ils offrent des principes et des règles in-
variables tirés de la nature même des choses,
et exposés avec autanl de clarté que d'élé-
gance et de concision. Voici la liste qu'il donne
de ces ouvrages : 1° Elementi délia moderna
musica conforme aile correzzioni fatte aile
sue parti artificiali. 3° Discorso sopra t ca-
ratteri délia musica. 3° Progetto délie noie
novelle délia musica. 4° Discorso sopra la
reforma délie note volgari délia musica.
5° Sopra la moderna musica e suo tempera-
mento. 6° Origine storica del canto fermo
ecclesiastico diatonico. 7° Origine délia wm-
sica lealrale diatonico cromatica. 8° Ori-
gine storica dei volgari caratteri délia
musica.
MANGOLD (Hesm) , pianiste et com-
positeur, a vécu à Brunswick, vers 1815,
puis s'est fixé à Halberstadt. On a publié de
sa composition : 1° Six sonates pour piano
seul, op. 1 ; Brunswick, Spehr. 3° Six sonates
faciles idem, op. 3 : ibid. 3° Six pièces à
quatre mains, op. 5; Spire. 4*» Six marches
pour le piano, op. 15; Halberstadt, Voglcr.
1 5° Dix-huit variations sur un air allemand,
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MANGOLD
4*9
op. 10; ibid. 6* La Fiancée et l'Organiste,
cantate, avec accompagnement de piano,
ibid. 7° Dix valses et deux bacchanales, op. 5;
Brunswick, Spehr. 8° Dix-huit écossaises pour
le piano, op. 4;t'otd.
MANGOLD, famille d'artistes attachée
au service de la cour de Darmsladt, a eu pour
chef Jean-Henri Mangold , né en 1680 à
Umstadt, petite ville de la liesse, dans la pro-
vince de Starkenbourg. Il y fut musicien de
ville, et mourut en 1775.
MANGOLD (Jeak-Wilhelm), son fils, na-
quit, en 1736, à Umstadt. En 1764, il se rendit
a Darmsladt. Le grand-duc de Hesse-Darm-
stadt l'admit dans sa chapelle, en 1781 , comme
violoniste et professeur de divers instruments.
Il mourut à Darmstadl, en 1806, laissant cinq
fils qui, tous, furent attachés au service de la
cour, et qui sont indiqués dans les notices
suivantes.
MANGOLD (Georges), fils aîné du précé-
dent, né à Darmsladt, le 7 février 1767, apprit
dans sa jeunesse à jouer du violon, et devint
plus lard élève de Schick, maître de concert de
la cour de Mayence. Il acquit un talent remar-
quable sur son instrument; il se distinguait
particulièrement par son exécution délicate
daus les quatuors. Appelé à la position de
maître de concert de la cour de Darmsladt, il
fut fait chevalier de Tordre de Louis en 1816,
et dans l'année suivante, il oblint la place de
directeur de musique de la chapelle ducale. Il
mourut à Darmsladt, le 18 février 1835.
MANGOLD (Auguste Damiel), deuxième
fils de Jean-Wilhelm, naquit à Darmsladt, le
25 juillet 1775. Son premier instrument fut la
clarinette; plus lard, il l'abandonna pour le
violoncelle. En 1708, il entra dans la musique
particulière d'un amateur opulent d'Offen-
bach, nommé Bernard, et fut ensuite chargé
de la diriger. De là, il passa à l'orchestre du
théâtre de Francfort, où il se trouvait dans les
premières années du dix-neuvième siècle. En
1805, il entreprit avec son neveu, Wilhelm
Mangold (voyez ce nom), un voyage en Aile-
magne et en Hollande : partout il fil admirer
son exécution sur le violoncelle. En 1814, il
entra dans la chapelle de la cour de Darmsladt;
il mourut, en 1842, avec le litre de maître de
concert de cette chapelle.
MANGOLD (Louis), deuxième frère de
George», né à Darmsladt, en 1777, fui simple
violoniste de la chambre du prince, et mourut
4ii 1820. Son fils, Georges-Charles , né à
Darmstadl, en 1812, fut élève de llummel
pour le piano, et s'esl fixé à Londres, comme
professeur de son instrument, pour lequel il a
publié quelques -compositions.
MANGOLD (Paul) né à Darmsladt, en
1780, était le quatrième fils de Jean-Wilhelm.
Il se distingua par son talent sur le basson et
joua aussi fort bien de l'alto. Après avoir été
quelque temps attaché à la musique d'un régi-
ment français, il entra dans la chapelle ducale
de Darmstadl, en 1808. Il y était encore lors-
qu'il mourut en 1851 , à l'âge soixante et onze
ans.
MANGOLD (Cbarlbs-Fbédéiuc), le plus
jeune des fils de Jean-Wilhelm, naquit à
Darmstadl, en 1784. Il a été considéré comme
un des bons cornistes de l'Allemagne. Après
avoir servi avec son frère Paul dans la mu-
sique d'un régiment français, depuis 1801
jusqu'en 1808, il entra dans la cliapelle ducale
de Hesse-Darmstadt. En 1840, il fut mis à la
retraite avec une pension. Son fils, Louis
Mangold, né en 1813, est aujourd'hui membre
de la chapelle de la cour.
MANGOLD (Wilhelm), maître de cha-
pelle du grand-duc de Hesse-Darmstadt, et fils
atné de Georges, naquit à Darmsladt, le
19 novembre 1700. Les premières leçons de
violon lui furent données par son père : Rink
et l'abbé Vopler lui enseignèrent l'harmonie.
En 1816, ii se rendit à Paris pour y continuer
ses éludes musicales à l'école royale de musi-
que. Il y reçut des leçons de contrepoint de
Cherubini, et Rodolphe Kreutzer fut son maître
de violon. Après trois années de séjour dans
cette ville, il retourna à Darmsladt en 1810.
Admis d'abord comme simple membre de la
musique de la cour, il y obtint ensuite la po-
sition de maître de concert. Vers le même
temps, il voyagea en Allemagne et en Hol-
lande avec son oncle Auguste-Daniel, et oblint
dans ses concerts des succès comme violoniste
et comme compositeur. En 1825, il reçut
l'ordre de Louis. Wilhelm Mangold remplit
ses fonctions jusqu'au 1 er janvier 1858, épo-
que où il fut pensionné. Parmi les composi-
tions de cet artiste, on remarque : 1° Mérope,
opéra sérieux, et le Comte Ory, tous deux
inédits. 2° Cxcilia, cantate à quatre voix,
avec accompagnement de piano; Mayence,
Scholt. 3° Plusieurs cantates pour le service
de la cour. 4° Quelques symphonies. 5° La
musique du drame intitulé Zxoei beiden Ga-
leeren-sklaven (les deux Galériens). 6° Thème
varié pour violon et orchestre, op. 4; OflTen-
bach, André. 7° Idem avec quatuor (en si
bémol), op. 2; ibid, 8° Idem, (en ré), op. 3 ;
ibid. 0° Pot-pourri pour violon cl violoncelle;
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430
MANGOLD — MANN
Mayence, Scholt. 10° Douze pièces pour quatre
cors; Offenbacb, André. 11 A Trois polonaises
pour piano et violon, op. 8; Mayence, Scbott.
12° Trois quatuors pour deux violons, alto et
basse, op. 5; Offenbach, André. 13* Trois
sonates faciles pour le piano, op. 7 ; Mayence,
Schott. 14° Un quintette pour des instruments
a vent. 15° Des canzonettes à voix seule, avec
piano. 10° Des chants maçonniques à plusieurs
voix. Deux fils de cet artiste, Paul, né en 1855,
cl Georges, né en 1836, se sont fixés dans
l'Amérique du Nord, et s'y livrent à l'ensei-
gnement.
MANGOLD (Ciiarles-Aïand), composi-
teur, frère du précédent, est né à Darmstadl,
le 8 octobre 1815. Son père lui donna les pre-
mières leçons de violon, de piano, de chant et
d'harmonie. A l'âge de dix-huit ans, il fut
aclnû? dans la chapelle du grand- duc, au
nombre. des violonistes. En 1854, il fit un
voyage à Londres en compagnie de son frère
aîné, qui y était engagé pour diriger l'or-
chestre de l'opéra allemand qu'on venait d'y
établir. En 1850, Charles-Amand Mangold se
rendit h Paris pour y continuer ses éludes
musicales. Admis au Conservatoire, il y reçut
des leçons de Bordogni pour le chant et de
Berlon pour la composition. M. Sausay,
gendre et élève de Baillot, se chargea de per-
fectionner son talent de violoniste. Pendant
son séjour à Paris, il fut associé de Mainzer
{voyez ce nom) pour les cours de musique et
de chant populaire que celui-ci y avait fondés :
il écrivit pour ces écoles plusieurs morceaux
de chant d'ensemble. De retour à Darmstadt à
la fin de 1859, il obtint, en 1841, la place de
co-répélileur du théâtre de la cour, et dans
les années suivantes, il fut chargé de la direc-
tion musicale de la société de chant d'hommes
connue sous le nom de Sxngerkranz, et de la.
société de dames appelée Cxcilia. Enfin, en
1848, Mangold obtint la place de chef d'or-
chestre de la musique de la cour (Hofmusik
Director). Le grand-duc de Hcsse-Darmstadl
l'a décoré, en 1858, de la grande médaille
d'or pour Varl et la science. Parmi les ou-
vrages connus de cet artiste, on remarque :
1° Das KaehUrmœdchen (la Fille du charbon-
nier), opéra représenté à Darmstadl, en 1845.
2° Der Tannhœuser, opéra sérieux, sur le
même sujet que le drame de Richard Wagner
(voyez ce nom); cet ouvrage fut représenté à
Darmstadl, en 1846. 5° Die flermannschlacht
(laBalailled'Hcrmann),en 1848, dans la même
ville. 4° La musique du drame Dornrœschen
(l'Épine des roses). 5° Symphonie canlaie in-
titulée Elysium. 6° Ouverture en ut, couronnée
dans un concours à Manheim. 7° Des Mxd-
chensklage (la Plainte de la jeune fille), scène
pour mezzo soprano, chœur et orchestre.
8° Jeanne d'Arc, air de concert composé
pour le prince de Hechingen. 0° Beaucoup de
Lieder détachés ou en recueils, pour voix seule
avec accompagnement de piano. 10° Douze
chants pour quatre voix, op. 22, etc.
MANGON (Richard), organiste du collège
de Tubinge, naquit i Aix-la-Chapelle vers
1580. On connaît de sa composition Canticum
canticorum Salomonis, 4-8 vocibus, Franc-
fort, 1609, in-4*.
MANGONE (Jean-Baptiste), surnommé
il Piccino (le Petit), né à Pavie, dans la se-
conde moitié du seizième siècle, vécut dans
cette ville, où il exerçait les professions d'avo-
cat, de maître de chant et d'organiste. Il s'est
Tait connaître par un livre devenu rarissime,
lequel porte ce titre singulier : Ghirlanda
musicale del Sig. GioBattista Mangone,
detto il piccino, in cui si scorge Veccellenza
délia musica, fondamento de W art i libérait,
et un finto sonno nel capitolo sisto, co'se-
guenti. Al Sereniss. Signor, il signor Ha-
nuccio Farnese Duca di Parma et Pia-
cenza, etc. Appresso pot si vede un discorso,
si deW ufflcio del sopr' intendente di musica,
çuanto deW esercizio de concertati canton ,
all'Hlustriss. et eccellentiss. Sig. don Ot-
tavio Farnese. Opéra nuova, ma dot ta. di-
lettevole, vaga et utile a ciascuno, et in
particolar al musico e cantore. In Pavia .
appresso Giovanni Negri, 1615, co» licenza
di superiorij in -4°.
MANGONO (Jean- Astoixe), compositeur,
né à Caravaggio (Lombardie), dans la seconde
moitié du seizième siècle, fut organiste de
Sainte-Marie-Majeure, à Bergame. Il a public
de sa composition : Sacra cantica siue mo-
tecta Deiparae Firginis quatuor vocibus
concinnenda a Jo. Antonio Mangono Cara-
vagiensi, organ. in Ecclesid S. Mar. Maj.
Bergam. édita. Fenetiis, ap. Jacob. Fin-
centium, 1617, in-4°.
MANN (Matri as-Georges), né en 1720 ou
1721, dans la ba«se Autriche, fut enfant de
chœur à Klosler-Neubourg , et y reçut son
éducation musicale et littéraire. Il fut ensuite
organiste de l'église Saint-Charles à Vienne,
et mourut dans celle position en 1751, à l'âge
de trente ans. Il jouait bien du violon, de
l'orgue, et composait pour l'église de la mu-
sique d'un bon style qui est restée en manu-
scrit, ainsi que ses quatuors et trios pour des
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MANN — MANRY
43!
instruments^ cordes. Didacticien instruit, il
a formé de bons élèves, à la télé desquels se
place Albrcchtsberger (voyez ce nom).
MANN (Frédéric-Théodore), prédicateur
à Berlin et amateur de musique au commen-
cement de ce siècle, y vivait encore en 1850.
Outre ses ouvrages de théologie, on lui doit la
rédaction d'un almanach de musique intitulé:
Musicalisches Taschen-Buch auf das Jahr
1805, herausgegeben von.... mit Musik von
TFilhelm Schneider. 2* Jahr gang. Pcnig,
1805, in-12. La première année de cet alma-
nach, publiée en 1803, avait été rédigée par
les frères Jules et Adolphe Werden.
M ANNA (Gexxaro ou Jauvier), composi-
teur distingué, né à Naples en 1731, reçut son
éducation musicale au Conservatoire de Lo-
reto. En 1747, il écrivit son premier opéra
pour le théâtre de Ferrare: le titre de cet ou-
vrage est maintenant ignoré. L'année sui-
vante, il donna dans la même ville Jdriano
placato. En 1750, il. alla à Turin composer
Bumene, et en 1751 il donna à Venise Didone
abbandonata, de Métastase. On connaît aussi
de lui : Siroe, Venise, 1755 ; Achille in Sciro,
Milan, 1755, et Ternis toc le, Plaisance, 1761.
Après la mort de Durante, Manna fut chargé
temporairement, en 1756, d'instruire les élèves
du Conservatoire de Loreto. Plus tard, un
concours ayant été ouvert pour la nomination
définitive du maître de celte école, il ne se
présenta pas de concurrent pour disputer la
place à Manna; elle lui fut donnée en partage
avec un maître peu connu, nommé Ignace
Gallo, suivant les Mémoires des compositeurs
napolitains, par le marquis de Villarosa;
mais il y a là quelque erreur, car Gallo, élève
d'Alexandre Scarlatli, était alors âgé d'environ
soixante-dix ans, et fut attaché au Conservatoire
de la Pietà de' Turchini. La nouvelle position
de Manna ne l'empêcha pas de parcourir en-
core l'Italie et d'écrire pour les théâtres de
plusieurs grandes villes. De retour à Naples
vers 1764, il cessa d'écrire pour la scène, et
composa beaucoup de musique d'église qu'on
exécutait encore dans les couvents et dans les
paroisses de cette ville en 1790. Il Trionfo
di Maria Vergine assunta in Cielo, orato-
rio, passe pour un des meilleurs ouvrages de
ce compositeur. Manna est mort à Naples en
1788.
MANNA (Gaétaïi), neveu du précédent,
naquit à Naples vers 1745, et fil son éducation
musicale au Conservatoire de Loreto, où il
reçut des leçons de son oncle pour le chant et
pour la composition. Attaché comme maître à
plusieurs églises, il a écrit pour leur usage
onze messes solennelles, neuf Di xit, un Credo,
trois Benedictus, le psaume Confitebor. un
Magnificat, un Lauda Sion, un Te Deum et
vingt- ci qq motets. Toute celte musique est
restée en manuscrit.
JIIANNI (Dominique-Marie), imprimeur,
grammairien et antiquaire, naquit à Florence
le 8 avril 1690, et mourut dans la même ville,
presque centenaire, le 30 novembre 1788.
Parmi les nombreux ouvrages de ce savant,
on trouve celui qui a pour litre : Délia
disciplina del canto ecclesiastico antico ra-
gionamento, Florence, Stecchi, 1756, in-8\
On trouve quelques renseignements sur les
essais faits à Florence des premiers opéras
ians le livre du même auteur intitulé : De
Florentinis inventis commentarius ; Fer-
rare, 1751.
HANNSTEIN (He^ri-Ferdirard), ama-
teur de musique à Dresde, a publié, en alle-
mand et en français, une méthode de chant
intitulée : Système de la grande méthode de
chant de Bernacchi de Bologne, avec des vo-
calises classiques jusqu'à présent inédites de
maîtres de chant formés dans la même école;
Dresde et Leipsick, Arnold, 1855, in-fol.
L'auteur de ce livre nous apprend qu'il est
élève de M. Jean Micksch, chanteur de la
chapelle royale de Dresde. Cet ouvrage a été
suivi de ceux dont voici les titrés : 1° Die So-
genannte Praktik der Klassischen Gesang :
ein Handbuch fiir Komponisten, Gesang -
lehrer, Sxnger, Canto ren und aile Kenner
und ForliererderKunst (les Règles pratiques
du chant classique; manuel pour les composi-
teurs, professeurs de chant, chanteurs, can-
tors, etc.); Dresde et Leipsick, Arnold, 1859.
2° Follstxndiges Ferzeichniss aller Compo-
sitionen der Kurfurstl. Sxchs. Kapellmeis-
ters Naumann, etc. (Catalogue général de
toutes les compositions de Naumann, maître
de chapelle de la cour électorale de Saxe, etc.)*,
Dresde, Arnold, 1841. 3° Geschichte, Geist
und Ausùbung des Gesanges Fon Gregor
dem Grossen bis auf unsere Zeit (Histoire,
esprit et pratique du chant depuis Grégoire
le Grand jusqu'à notre époque); Leipsick,
Teubner, 1845. M. Mannstein a fourni des ar-
ticles sur divers sujets à la Gazette générale
de musique de leipsick.
MANOIll (Guillaume DU). Foyez DU-
MANOIR.
AIAN11Y (CnARLES-CASiam), compositeur,
né à Paris le 8 février 1823, est fils du docteur
J. Manry, médecin de l'hôpital Saint-Louis et
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432
MANRY — MANTIN
membre de l'Académie de médecine. Destiné
au barreau, M. Charles Manry fréquenta
l'école de droit et passa sa thèse d'avocat;
mais, indépendant par sa position de fortune,
il prit la résolution de s'abandonner à son
penchant pour la musique et de se livrer à
l'étude de la composition. Après avoir reçu
pendant plusieurs années de M. Elwart (voyez
ce nom) des leçons d'harmonie et de contre-
point, il 6t exécuter à l'église Saint-Jacques
du Haut-Pas, le 1 er novembre 1844, sa pre-
mière messe à trois voix, avec accompagne-
ment d'orgue. Depuis celte époque il s'est fait
connaître par un grand nombre d'ouvrages de
musique religieuse exécutés dans les églises
de Paris, et par des compositions instrumen-
tales. Ses productions les plus importantes
•ont : 1° La messe à trois voix citée ci-dessus.
2° Messe à quatre voix d'hommes, sans accom-
pagnement, exécutée à l'église Saint-Philippe-
du-Roule, le jour de Pâques 1852. 5° Messe à
trois voix avec accompagnement d'orgue et
d'instruments à cordes, exécutée dans la même
église le jour de Noël 1855, et à Saint-Thomas
d'Àquinle jour de l'Ascension 1856. 4° Messe à
grand orchestre avec solos et chœurs, exécutée
àrégliseSaint-Rochlel er mail860,etàSainl-
Euslache le 25 décembre de la même année.
5° Deuxième messe à trois voix (soprano, ténor
et basse), avec accompagnement d'orgue.
6° Te Deum à quatre voix seules et chœur.
7° Huit motels à trois voix avec orgue ou seu-
les. 8° Plusieurs O Salutaris, Ave Maria ,
Salve Regina } et Regina Cœli pour différentes
voix avec accompagnement d'orgue. 9° Sym-
phonie pour l'orchestre , en mi bémol.
10° Trois quatuors pour deux violons, alto et
basse. 11° Trio pour violon, alto et violon-
celle. 12° Sérénade pour orchestre. 13° La
Sorcière des eaux, ouverture pour l'orchestre.
14° Grand duo pour piano et violon, en trois
pat-lies. lS° Les Nachtex, oratorio. 10° Les
Disciples d'EmmaUs, mystère à trois voix,
chœur et orchestre. 17° Les deux Espagnols,
opéra bouffe représenté au théâtre des Néo-
thermes, àParis, le 19 décembre 1854, etc., etc.
MANSUY (Claude-Charles), professeur
«te musique à Amsterdam, dans la deuxième
moitié du dix-huitième siècle, s'esl fait con-
naître par la compositiou d'un opéra-comique
en deux actes intitulé : Jérôme et Suzette.
Cet ouvrage a été représenté au théâtre
d'Amsterdam, en 1785.
AIA.NSUY (Fiuicçois-Charles), (Ils du pré-
cédent, né i Amsterdam le 18 février 1785,
eut pour maître de musique et de piano son
père, jusqu'à l'âge de quinze ans; puis il s'est
livré, sous sa propre direction, a des études
sérieuses, particulièrement à celle des fugues
de J.-S. Bach qu'il jouait d'un mouvement
excessivement rapide, et qui lui ont fait ac-
quérir une très-grande habileté. Après avoir
voyagé avec succès en Allemagne, où il a
fait imprimer quelques-unes de ses composi-
tions, il a parcouru la France en donnant des
concerts. Tour à tour il s'esl livré à l'ensei-
gnement du piano à Lille, i Lyon, à Bor-
deaux, à Nantes, où il s'est marié, et dans
plusieurs autres villes. En dernier lieu, il est
retourné à Lyon, s'y est enfin fixé, et y est
mort dans les premiers jours du mois d'octo-
bre 1847, laissant deux filles qui se sont livrées
à la culture de la musique. Il a publié de sa
composition : 1° Premier concerto pour piano
et orchestre ; Paris, Ph. Petit. 2° Grand quin-
tetto pour piano, violon, alto, cor et violon-
celle; Paris, Pacini. 3° Pastorale en trio pour
piano, violon et violoncelle ; ibid. 4 e Grand
duo pour piano et violon, op. 18 ; ibid. 5° Duo
brillant idem, op. 20 ; ibid. 6° Duo pour piano
et clarinette, op. 23 ; Paris, Schœnenberger.
7° Nocturne pour piano et cor ; ibid. 8° So-
nate pour piano et violon; Paris, Chanel.
9° Trois grandes sonates pour piano seul,
op. 6; Paris, Leduc. 10° Grande sonate idem
(en fa mineur), op. 11; Bonn, Simrock.
11° Sonate idem, op. 28; Paris, Erara.
12° Grande sonate idem, Paris, Janet. 13° Des
fantaisies, rondeaux, études, pots-pourris,
fugues et canons, environ vingt œuvres ;
Paris, Pacini, Pleyel, Troupenas, Schlesinger,
Petit, etc. 14° Environ dix œuvres d'airs
variés, ibid. Mansuy a laissé en manuscrit un
concerto pour piano, un quinlelto pour deux
violons, deux altos et violoncelle, une sym-
phonie à grand orchestre, une ouverture
idem, et un opéra représenté au théâtre de
Nantes.
MARTIN (C), professeur à l'école gra-
tuite du plain-chant, à Orléans, est auteur
d'un bon livre qui a pour titre : Traité de
Psalmodie, ou exposé des règles qui la con-
cernent; Orléans, Niel, 1846, un volume gr.
in-8* de cent quarante-huit pages. La matière,
aujourd'hui peu connue, de la psalmodie est
bien traitée dans cet ouvrage. M. Hantin a
publié aussi une Nouvelle méthode de plain-
chant; Orléans, Pelisson, 1835, in-12, dont
il a paru une seconde édition, augmentée
d'un Essai en faveur du plain-chant contre
ses détracteurs, et de notions sur l'histoire
cl la théorie de ce chant ; Orléans, 1840, in-8 a .
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UANT1US — MARA
433
MAUTIUS (Édouabd), premier ténor du
théâtre royal de Berlin, né à Schwerin, le
18 janvier 1808, alla suivre un cours de droit
à l'université de Halle, après avoir achevé
ses humanité. Jusqu'à l'époque de son séjour
dans celte ville, il ne s'était occupé de la mu-
sique que comme d'un amusement; mais la
beauté de sa voix l'ayant fait rechercher dans
plusieurs sociétés de chant, il se livra à l'étude
de cet art dans l'académie dirigée par Naue.
Admis à se faire entendre dans la grande fête
musicale des bords de l'Elbe, à Halle, il y fit
une si vive sensation, que Spontini, Schnei-
der, et d'autres artistes célèbres, qui assis-
taient à cette solennité, le pressèrent pour
qu'il abandonnât le droit, afin de se livrer à
la carrière du théâtre. Il ne s'y décida qu'avec
peine, mais enfin il débuta à Berlin, en 1839,
dans le rôle deTamino de la Flûte enchantée,
et le public l'accueillit avec faveur. L'air
Dièse Biîdniss décida le succès du jeune chan-
teur. Mantius a brillé sur les principaux
théâtres de l'Allemagne du Nord et à Vienne,
quoique sa taille fût si petite qu'elle pût à
peine être considérée comme suffisante à la
scène. On a publié de sa composition des Lie-
der à voix seule, avec accompagnement de
piano.
MANUCE (Alde), le jeune, fils aîné de
Paul Manuce, célèbre imprimeur, naquit à
Venise le 15 février 1547. Son enfance fut re-
marquable par des dispositions prématurées,
qu'il ne justifia point par la suite. Nommé,
en 1576, professeur de belles-lettres aux écoles
de la chancellerie de sa ville natale, et secré-
taire du sénat, en 1584, il quitta ces emplois
pour la chaire d'éloquence qu'il alla remplir
en 1585. De là, il se rendit à Pise en 1587, et
ensuite à Rome, où Clément VIII lui confia
la direction de l'imprimerie du Vatican. Il est
mort d'one suite de débauche, le 38 octobre
1597. On a de ce savant une épltre sur les
flûtes des anciens, adressée à Barthélemi
Capra, et imprimé à Venise, en 1570, sous le
titre de Epistolade tibiit veterum. Gruter l'a
placée dans son recueil, tom. IV, pag. 351,
G ravi us dans son Thesaur. Antiq. Roman.,
t. IV, p. 1310, et Ugolini, dans son Thesaur.
Antiq. Sacr., tom. XXXII, p. 861. Cet ou-
vrage n'apprend rien sur cette matière, qui
reste encore à traiter.
1KANUSARDI (Cesam), professeur de
musique de l'institution des aveugles à Milan,
a fait jouer dans cette ville les opéras intitulés :
\° L' Ammalata ed il Consulte (la Malade et le
Médecin), en 1857. 3* Il Birrichino di Pariai
BIOGR. UftIV. DES M0S1CIEM. V. V.
(le petit Sergent de Paris), en 18*41 j et Un
sogno di primavera (un Rêve du printemps),
en 1847. Je n'ai pas d'autres renseignements
sur cet artiste.
MANZA (Ci arles), compositeur drama-
tique, né à Brescia dans la seconde moitié du
dix-septième siècle, s'est fait connaître par les
opéras P aride in Ida, représenté en 1706,
et Alessandro in Susa, 1708.
MAWZI (Guillaume), né à Civila-Vecchia
vers 1784, mort à Rome en 1831 , fut bibliothé-
caire de la Barberina : il a publié un ouvrage
intitulé : Discorso sopra gli spettacoli, le fette
ed il lusso degV Jtaliani nel secolo XIV y
connote ed illustrazioni ; Rome, Mordachini,
1818, in-8°. On y trouve d'intéressantes no-
lices relatives à la ^isique.
MANZINI (Paul), auteur inconnu d'un
pamphet intitulé : A IV autore delV Osserva-
zioni in lingua francese sopra la musica e
la danza in llalia; Venise, Carlo Palese,
1775. L'ouvrage dont il s'agit a pour litre :
Remarques sur la musique et la danse. Let-
tres de M. G. à Milord Pembroke; Venise,
Charles Palese,1775,in-13de cent trente pages.
1KANZUOLI (Jean), chanteur distingué
de l'ancienne école italienne, naquit à Flo-
rence vers 1730. Il était déjà célèbre en Italie
lorsqu'il se rendit en 1745 à Londres, où son
talent fit une profonde sensation. En 1755,
Farinelli l'appela en Espagne pour chanter au
théâtre de Madrid, avec tin traitement consi-
dérable. En 1705, il était à Vienne; mais peu
de temps après, il se relira à Florence, sa pa-
trie, avec le titre de chanteur de la cour du
grand-duc de Toscane. Burney l'entendit dans
cette dernière ville, en 1770 ; il chantait alors
dans les églises et n'avait rien perdu de son
goût et de l'expression de son chant. Au nom-
bre de ses élèves, on cite l'excellente canta-
trice Céleste Collellini.
MARA (Cajetah), moine augustin, naquit
à Teutschbrod, en Bohême, le 4 septembre
1719. Après avoir achevé son cours de
philosophie, il entra dans son ordre et y fit
profession en 1759. Excellent organiste et
musicien instruit dans la composition, il fut
chargé pendant treize ans de la direction du
chœur de l'église des Augustins, puis il remplit
les mêmes fonctions pendant dix- neuf an-
nées à l'église Saint-Wencelas, de Prague.
Admirateur du mérite des anciens maîtres des
écoles italiennes et allemandes, il passa la
plus grande partie de sa vie à mettre leurs
ouvrages en partition : on assure qu'il a fait
ce travail pour environ trois csnls messes. On
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MARA
connaît aussi plusieurs oeuvres de sa composi-
tion, entre autres des pièces d'orgue. Frappé
d'une atteinte d'apoplexie en 1788, il languit
quelque temps et mourut deux ans après à
J)eutschbrod.
MAUA (I en a ce), violoncelliste, frère du
précédent, naquit à Deutschbrod vers 1721.
Une belle qualité de son et beaucoup d'expres-
sion étaient les caractères principaux de son
talent dans sa jeunesse. En 1742, il alla de-
meurer à Berlin, s'y maria, et quelques années
après fut admis dans la musique de la cham-
bre du roi de Prusse, Frédéric II. Il mourut
à Berlin en 1783, après avoir rempli ses fonc-
tions de musicien du roi pendant trente -cinq
ans. Il a laissé en manuscrit des concertos,
des solos et des duos pouq^s violoncelle.
MAttA (Jean), fils d'Ignace, habile vio-
loncelliste comme lui, naquit à Berlin en 1744.
Son père lui donna des leçons et lui fit faire de
rapides progrès. Lorsque son talent fut formé,
4-1 entra dans la musique particulière du prince
Henri de Prusse, et alla demeurer habituelle-
ment au château de Rheinsbcrg. Le prince
l'employa aussi comme acteur dans les opéras
qu'on jouait sur son théâtre, et il montra
quelque talent à la scène. Malheureusement,
il était hautain, querelleur, débauché; plus
tard, il joignit l'ivrognerie à ces vices. En
1775, il épousa la cantatrice Gerlrude-Élisa-
beth Schmaehling, qui, depuis lors, acquit une
grande céjébrilé, sous le nom de Madame
M ara. Les appointements considérables dont
elle jouissait à la cour de Prusse fournirent à
son mari les moyens de pourvoir à ses dé-
penses, et la conduite de celui-ci devint chaque
jour plus mauvaise. Pour se soustraire au des-
potisme du roi, qui traitait les artistes de sa
musique comme ses soldats, un projet de fuite
fut concerté entre les époux; mais ils furent
arrêtés avant d'avoir passé la frontière, et le vio-
loncelliste Ait transformé en tambour et placé
dans une forteresse. Les larmes de M n,c Mara
ne purent fléchir le roi, et ce ne fut que
par l'abandon d'une partie de son traitement
qu'elle obtint la mise en liberté de son mari.
Cependant les débauches de Mara et ses folles
dépenses finirent par fatiguer l'amour de sa
femme; elle se sépara de lui ; mais elle conti-
nua de lui envoyer de temps en temps des
sommes considérables qu'il dissipait prompte-
ment. Il tomba enfin dans l'abrutissement,
dans, la misère, et perdit son talent. Vers
1799, il vivait dans une triste situation aux
environs de Berlin. En 1801, il visita Sonde rs-
hausen et s'y fit entendre à Gerber qui lui
trouva encore de l'expression dans V adagio,
et qui ne remarqua point en lui les habitudes
d'ivresse où il était enclin. Peu de temps après,
Mara se rendit en Hollande où il s'abandonna
sans réserve à son penchant à l'intempérance.
Bans les derniers temps de sa vie, il ne sortait
pas des plus misérables cabarets, occupé à
jouer des danses pour les paysans, afin de se
procurer les moyens de boire. Enfin il mourut
à Schiedam, près de Rotterdam, en 1808, à
l'âge de soixante-quatre ans. Le grand cata-
logue de Breitkopf et Hsertel (1826) indique
en manuscrit sous le nom de Mara : 1° Deux
concertos pour violoncelle et orchestre.
2° Douze solos pour violoncelle avec accom-
pagnement de basse. 3° Un duo pour violon-
celle et violon. 4° Une sonate pour violoncelle
et basse.
MAUA ( M me Gebtrude-Élisabetr) , née
SCHH EHLING, fut une des plus célè-
bres cantatrices de la fin du dix-huitième
siècle. Elle naquit à Cassel le 25 février 1749.
Sa mère mourut peu de temps après sa nais-
sance, et son père, pauvre musicien de ville,
n'ayant pas le moyen de lui faire donner des
soins pendant qu'il vaquait à ses travaux hors
de chez lui, l'attachait dans un fauteuil et la
laissait dans une solitude complète. L'enfant,
ainsi privée de soins et de mouvement, tomba
dans le rachitisme. Schmœhling s'occupait
quelquefois à raccommoder de vieux instru-
ments ; sa fille, alors âgée de quatre ans, par-
vint à atteindre un violon dont elle fit réson-
ner les cordes. Elle était encore livrée au
plaisir que lui procurait cet exercice lorsque
le père rentra chez lui : il lui infligea un châ-
timent, lui défendant de toucher â aucun in-
strument à l'avenir. Mais la tentation était
trop vive pour la pauvre petite : elle eut soin
seulement de tromper la vigilance de son
père. Cependant il la surprit encore un jour,
et son étonnement fut extrême lorsqu'il enten-
dit cet enfant qui, sans maître, avait appris à
jouer la gamme avec justesse. Dès lors il se
mit à lui donner des 'leçons, et bientôt elle
parvint à jouer avec lui des duos. Ce prodige
fit du bruit, et plusieurs personnes demandè-
rent à entendre la petite Gertrude; mais quoi-
qu'elle fût dans sa cinquième année, elle ne
pouvait se soutenir sur ses jambes, et son père
était obligé de la porter dans tous les lieux
où elle était appelée. Quelques amateurs,
touchés du sort de cet enfant, lui donnèrent
des secours, et l'un d'eux, appelé par ses
affaires à la foire de Francfort, y conduisit le
père et la fille, ils s'y firent entendre dans
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MARA
435
plusieurs sociétés, et l'élonnemenr que la
petite Schmtthling y excita engagea des per-
sonnes aisées et charitables à ouvrir une sous-
cription dont le produit permit de lui donner
une meilleure éducation physique et morale.
Sa santé s'améliora, et lorsqu'elle eut atteint
sa neuvième année, son père entreprit avec elle
le voyage de Vienne. Ils y donnèrent des con-
certs. L'ambassadeur d'Angleterre, charmé
par l'habileté précoce de la petite Schmœhling,
donna à son père le conseil de la conduire à
Londres, où elle pourrait gagner beaucoup
d'argent. Le pauvre musicien de Gassel, séduit
par la perspective d'une meilleure fortune,
partit avec des lettres de recommanda-
tion de cet ambassadeur, et n'eut pas lieu
de se repentir d'avoir suivi ses conseils. Ac-
cueillie par les grands, protégée même par la
reine, la jeune fille n'éprouva d'autre désa-
grément que d'être obligée de renoncer à
un instrument que les dames anglaises trou-
vaient indigne d'une femme. Elfe possédait
déjà une voix sonore : quoiqu'elle n'eût point
appris à la diriger par l'art, elle obtint beau-
coup d'applaudissements dans les morceaux
qu'elle chanta d'instinct. Des secours furent
accordés à son père pour qu'il lui donnât un
bon maître. Elle fut confiée aux soins du
chanteur Paradisi, et reçut quelque temps ses
leçons. Il lui fit faire de bons exercices sur la
gamme pour développer son organe, et ses
progrès furent rapides; mais on s'aperçut
bientôt de la nécessité de la soustraire aux
penchants vicieux de ce castrat. L'inléréi
qu'elle avait excité dans les premiers temps
s'affaiblit insensiblement, et son père comprit
qu'il ne pouvait mieux faire que de retourner
à Cassel. Il avait espéré placer sa fille à la
cour, mais le prince ne voulait entendre que
des chanteurs italiens. Le public montrait pour
elle de la bienveillance; mais il n'en résul-
tait rien d'avantageux pour son existence,
dans une ville ruinée par la guerre de sept
ans. Ces circonstances décidèrent Schmsbliog
à prier Hiller de recevoir sa fille dans l'école
de chant qu'il venait d'ouvrir à Leipsick. Elle
y entra en 1706 et y passa cinq années entiè-
res. Lorsqu'elle en sortH, en 1771, elle était
aussi remarquable par l'étendue et la beauté
de sa voix, que par sa profonde connaissance
de la musique et sa brillante vocalisation.
Considéré dans son ensemble, son talent était
certainement le plus complet qu'eût |tossédé jus-
qu'alors une cantatrice allemande. Hiller avait
d'ailleurs orné sa mémoire des plus beaux airs
-de liasse, Graun, Benda, Jomelli, Pergolèsc,
Porpora et Sacchini. Hasse était particulière-
ment son maître de prédilection, à cause de la
facilité que tout chanteur trouvait dans l'exé-
cution de sa musique. Sa voix s'étendait, avec
une égale sonorité, depuis le sol grave jus-
qu'au mt suraigu.
L'essai qu'elle fit de son talent dans le rôle
principal d'un opéra de Hasse, au théâtre de la
cour de Dresde, fut heureux. On en parla, et
la réputation de mademoiselle Schmœhllng
commença à s'étendre. A cette époque, le roi
de Prusse, Frédéric II, ayant perdu quelques
dents, avait cessé déjouer de la flûte. Son goût
poilr la musique s'en était attiédi, et il accor-
dait moins de protection aux musiciens. Les
personnes qui approchaient ce monarque pen-
sèrent que s'il était possible de ranimer son
penchant pour cet art, sa morosité habituelle
sedissiperait; elles lui proposèrent d'entendre
la jeune cantatrice de Gassel ; mais il accueillit
fort mal celte proposition, disant qu'il aimait
autant entendre hennir son cheval que chanter
une Allemande. On obtint pourtant qu'il la fit
venir à Potsdam et qu'il lui entendit chanter
quelques airs de ses compositeurs favoris. Elle
choisit pour le premier morceau un air de
Graun que le roi aimait : il parut frappé du
mérite de la cantatrice et demanda si elle chan-
tait aussi à première vue. Sur sa réponse affir-
mative, il alla chercher un autre air de Graun,
fort difficile, et dont il avait seul le manuscrit :
elle le chanta sans faute, et le roi avoua qu'elle
possédait un beau talent. Plusieurs fois rap-
pelée à Potsdam dans les semaines suivantes,
elle reçut enfin la proposition d'entrer au
service de la cour avec un traitement de trois
mille écus de Prusse (1 1 ,950 francs) pour toute
sa vie: ce qui fut accepté avec joie. II y avait
alors à la cour de Frédéric deux très-habiles
chanteurs italiens (Concialini et Porporino),
qui devinrent les modèles de la nouvelle can-
tatrice pour l'adagio, et qui achevèrent de
perfectionner son goût et le fini de son exé-
cution.
Son existence était assurée, sa position ho-
norable et son talent distingué. Plusieurs
artistes, séduits par tant d'avantages, essayè-
rent de lui plaire ; mais elle montra pour tous
beaucoup d'indifférence jusqu'à ce que le vio-
loncelliste Mara se fût présenté à ses yeux : il
triompha de sa froideur et la décida à l'épouser.
En vain lui représenla-1-on les défauts de cet
homme, son inconduite, ses débauches; rien
ne put ébranler sa résolution. Deux fois le roi
refusa son consentement; mais elle revenait
toujours à la charge;, il finit par l'accorder.
2à.
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MARA
Elle ne tarda pourtant point à acquérir la
preuve que ses amis ne Pavaient pas trompée;
fatiguée de voir dissiper toutes ses ressources
par son mari, qui se perdait lui-même dans
d'affreux désordres , elle finit par se séparer
de lui ; mais elle continua de lui fournir des
secours.
Cependant sa renommée grandissait chaque
jour : il lui vint des offres secrètes d'nn enga-
gement a Londres pour quelques concerts,
moyennant 2,500 livres sterling (63,500 fr.) ;
mais elle n'osa demander un congé, qui lui
aurait été refusé. Après une couche malheu-
reuse, les médecins lui conseillèrent l'usage
fies eaux thermales de la Bohême; madame
Mara demanda la permission de s'y rendre;
mais le roi répondit que les nains de Freien-
wald étaient aussi bons. Peu de temps après,
elle rappela qu'une clause de son contrat lui
concédait le droit de faire un voyage en Italie.
Soit, dit Frédéric; mats elle ira seule, son
mari doit rester en Prusse. Insensiblement
elle s'irrita contre ce despotisme et résolut de
se faire donner son congé, par la négligence
de son service. Une occasion se présenta bien-
tôt de mettre son projet à exécution. Le czaro-
wi u, depuis Paul 1 er , était venu passer quelques
jours à Berlin, où des fêtes brillantes lui furent
données. Un opéra où madame Mara devait
remplir le rôle principal fût indiqué pour
certain jour; elle feignit d'être malade. Le roi
lui fit dire le matin qu'elle eût à se bien porter
et à chanter comme elle pouvait le faire; mais
elle resta couchée. Deux heures avant le spec-
tacle, une voiture escortée de huit dragons
s'arrêta a sa porte, et un capitaine entra dans
sa chambre en lui déclarant qu'il avait ordre
de la mener au théâtre, morte ou vive. —
« Mais vous voyez que je suis au lit! —
S'il n'y a que cette difficulté (dit le militaire
habituée ne point connaître d'obstacles contre
les ordres qu'il avait reçus) , je vous prends
avec le lit. » Il fallut obéir. Baignée de lar-
mes, elle se laissa conduire au magasin du
théâtre et habiller, bien résolue de chanter
sans âme, sans goût , et de manière à faire
repentir le roi de ses violences. Tout alla de
cette façon pendant le premier acte ; mais en-
suite il lui vint dans l'esprit qu'elle ne devait
pas laisser une fâcheuse opinion de son talent
au grand-duc de Russie, et dans un air bril-
lant, elle déploya toutes les ressources de son
habileté, particulièrement dans un trille
qu'elle soutint au delà de tout ce qui parais-
sait possible, le ballant avec une agilité mer-
veilleuse, et modifiant la puissance de sa voix
depuis le son le plus faible jusqu'au plus in-
tense, puis le diminuant par degrés. Ravi de
ce qu'il entendait, le prince se jeta presque
hors de sa loge, et applaudit avec transport.
Ce fut à la suite de cette circonstance que,
fatiguée du despotisme qui pesait sur elle,
madame Mara résolut de s'en affranchir parla
fuite : on peut voir dans l'article précédent
quelles furent les suites de cette démarche,
qui rendit sa situation plus triste pendant plu-
sieurs années. Enfin, elle parvint à se rendre
secrètement à Dresde, où l'ambassadeur de
Prusse la retint jusqu'à ce qu'il eût reçu des
instructions de sa cour. Frédéric II, dont le
goût pour la musique s'affaiblissait chaque
jour davantage, envoya le congé de la canta-
trice et ne voulut plus entendre prononcer
son nom. Devenue libre, madame Mara re-
trouva sa gaieté, sa santé altérée par le cha-
grin, et résolut de visiter l'Allemagne et la
France. En 1780, elle arriva à Vienne avec
son mari. L'empereur Joseph II avait fait
venir alors dans cette ville un opéra bouffe
italien dont la cantatrice Slorace était la prima
donna; il n'aimait que ce genre de musique,
qui n'avait point d'analogie avec le caractère
de talent de la Mara : celle-ci fut donc ac-
cueillie froidement par le monarque; mais
l'impératrice Marie-Thérèse, bien que fort
âgée et vivant dans la retraite, prit à elle un
intérêt bienveillant, et lui donna une lettre
pour sa fille, Marie-Antoinette, reine de
France. Madame Mara se fit entendre dans
plusieurs grandes villes de l'Allemagne, de la
Hollande et de la Belgique : elle arriva à Paris
en 1789. Madame Todi (voyez ce nom), can-
tatrice italienne de beaucoup de mérite, s'y
trouvait alors, et passait, dans l'opinion de
beaucoup d'amateurs et d'artistes, pour la plus
habile de son temps. Après avoir chanté à
Versailles devant la reine, qui l'accueillit avec
bonté, madame Mara se fit entendre au Con-
cert spirituel dans un air de Naumaon (Tu
m'entends), où elle excita autant d'étonne-
ment que d'admiration. On lui trouva deux
qualités dont la réunion est rare : une bril-
lante exécution dans le chant de bravoure, et
beaucoup d'expression dans l'adagiq. Après
le premier essai du talent de la cantatrice
allemande, il se forma deux partis parmi les
amateurs : on les distingua sous les noms de
Maratistes et de Todistes. Suivant l'habitude
des Français, il fut débité des quolibets, des
bons mots et des calembours à cette occasion.
On rapporte celui-ci : Dans un concert où elles
chantaient toutes deux, un amateur deman-
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MARA
437
ttait à son voisin quelle était la meilleure : —
C'est Mara, répondit celui-ci. — C'est bien
Todi (bientôt dit), reprit un troisième interlo-
cuteur.
Après avoir passé près de deux années à
Paris, madame Mara partit pour Londres où
l'attendaient de plus grands succès encore.
Elle y arriva en 1784, au moment du festival
en commémoration de Haendel. Les adminis-
trateurs de cette solennité lui confièrent les
solos de la première partie de soprano, et le
talent qu'elle y déploya prouva qu'elle était
digne de cet honneur. Elle-même acquit la
conviction , dans cette importante circon-
stance, que l'oratorio était le genre de musi-
que où ses facultés se déployaient avec le plus
d'avantages. A la scène, elle manqua toujours
de grâce; elle était gauche, embarrassée dans
l'action dramatique ; mais le genre sévère et
large de l'oratorio convenait à sa profonde
connaissance de la musique et à sa puissante
exécution. Ses succès eurent tant d'éclat en
Angleterre, que dans l'espace de quinze, jours
elle gagna 70 mille francs. Elle chantait quel-
quefois cinq ou six morceaux dans une seule
soirée, et le prix qu'elle avait fixé était de cin-
quante guinées pour un seul air. L'avantage
de parler la langue anglaise, qu'elle avait ap-
prise à Londres dans sa jeunesse, lui permet-
tait de bien chanter la musique de Haendel
et de Purcell, qui excitait alors des transports
d'admiration dans toutes les classes de la so-
ciété. Il n'y eut bientôt plus de concert, plus
de solennité musicale possible sans madame
Mara : elle devint l'idole de la nation anglaise.
Après quatre années de séjour dans la Grande-
Bretagne, elle partit pour l'Italie et chanta au
théâtre royal de Turin pendant le carnaval,
en 1788. Quoiqu'elle n'y brillât pas comme
actrice, elle y obtint des succès par la beauté
de son chant. L'année suivante, elle eut un
véritable triomphe à Venise. De retour à Lon-
dres en 1790, elle y chanta pendant la saison;
puis elle alla remplir un engagement pour le
carnaval, à Venise. En 1702, elle retourna de
nouveau à Londres, et cette fois son séjour en
Angleterre fut de près de dix ans. Vers 1801,
elle sentit un affaiblissement assez remarqua-
ble dans son organe -, elle était alors âgée de
cinquante-deux ans. L'année suivante, elle
qui lia Londres, pour retourner sur le conti-
nent. Avant son départ, le public lui donna un
témoignage de l'intérêt qu'il prenait à sa per-
sonne par l'empressement qu'il mit à se rendre
;. -son dernier concert : la recelte fut de près
de vingt-sept mille francs. Arrivée à Paris,
elle désira s'y faire entendre, et son ancienne
réputation lui fil offrir avec empressement la
salle de l'Opéra pour son concert. Je l'en tenais
alors; sa manière de dire le récitatif était belle,
mais dans les traits qui exigent de la force, sa
voix était impuissante. Elle fit peu d'effet.
Madame Grassini, qu'on avait entendue peu
de temps auparavant, et qui était dans l'éclat
de son talent, fit faire des comparaisons qui
n'étaient point à l'avantage de madame Mara.
Celle-ci prit alors sa route par l'Allemagne et
donna des concerts à Francfort, àWeimar,
à Leipsick, à Berlin, et à Vienne. En 1804, elle
alla en Russie, chanta d'abord à Pélersbourg,
puis se fixa à Moscou, où elle acheta une
maison.
Madame Mara, dont l'esprit était borné et
l'organisation passionnée, avait toujours été
à la merci des hommes qu'elle avait aimés, et
s'était laissé dépouiller par eux de tout ce
qu'elle avait gagné par son talent. Longtemps
son mari avait dissipé les sommes considéra-
bles qu'elle lui abandonnait avec une généro-
sité mal entendue. Plus tard, elle eut pour
amant un flûtiste italien nommé Florio
{voyez ce nom), quoiqu'elle eût déjà plus de
cinquante ans, et le même désordre continua
de régner dans ses affaires. Effrayée par l'ap-
proche de la vieillesse et par la perte de sa
voix, elle aperçut trop tard la fâcheuse situa-
tion où l'avaient placée ses folles prodigalités.
Alors, pour la première fois, des idées d'éco-
nomie lui vinrent. Pendant six ans, elle
donna des leçons de chant à Moscou et parvint
à réunir une somme assez considérable, dont
elle plaça le capital chez un négociant, après
avoir acheté sa maison : faible ressource en
comparaison des sommes énormes qu'elle
avait autrefois gagnées et dissipées ! Un sort
fatal voulut qu'elle perdit encore cette der-
nière planche de salut : car l'incendie de
Moscou, en 1812, détruisit sa propriété et
ruina le négociant dépositaire de son argent.
Déjà âgée de près de soixante-quatre ans, elle
dut chercher encore des moyens d'existence
dans ce qui lui restait de savoir et d'expé-
rience; mais elle montra de la résignation dans
celte adversité, et se mit à voyager dans la
Livonie, où elle reçut un bon accueil : elle se
fixa enfin dans la petite ville de Revel, passant
une partie de chaque année dans des châteaux
à instruire dans l'art du chant déjeunes f.lles
nobles. Après quatre ans de ce genre de vie,
elle eut la singulière fantaisie de revoir Lon-
dres, où elle espérait gagner encore quelque
argent. Elle y arriva en 1810, et y donna un
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488
MARA - MARAZZOLI
concert au théâtre du Roi : le produit fut
avantageux ; mais le public, par respect pour
le souvenir d'un grand talent, ne put que
garder le silence. De retour en Livonie dans
l'été de 1820, elle y reprit ses habitudes, el Tut
entourée de soins par ses amis jusqu'à ses
derniers jours. Elle a cessé de vivre à Revel,
le 20 janvier 1835, à l'âge de quatre-vingt-
quatre ans. Peu de temps avant sa mort, elle
avait reçu de l'illustre Goethe un poème sur
l'anniversaire de sa naissance, G.-C.'Gros-
heira a publié à Cassel, en 1823, une biogra-
phie de cette célèbre cantatrice, sous le titre
de Dos Leben der Kiinstlerin Mata. On en
doit une plus intéressante à Rochlitz, insérée
dans le premier volume de son recueil fur
Freunde der Tonkunst (p. 49-117). Je me
suis servi de ces deux écrits pour les rensei-
gnements de cette notice. Il y a plusieurs
portraits de madame Mara ; le plus beau est
celui qui a été gravé par Collyer, à Londres,
en 1794.
MARAIS (Maris), célèbre violiste, né à
Paris, le 31 mars 1656, fut d'abord enfant de
chœur à la Sainte-Chapelle du Palais, puis
devint élève de Hotlemann, el en dernier lieu
de Sainte-Colombe, pour la viole. Lully lui
donna aussi quelques leçons de composition,
particulièrement pour le style dramatique. En
1685, il entra dans la musique de la chambre
du roi, en qualité de viole solo et conserva
cette place jusqu'en 1725. Il mourut à Paris,
le 15 août 1728, dans sa soixante-treizième
année. Marais avait eu dix-neuf enfants, dont
la plupart cultivèrent la musique. Sa fille
aînée avait épousé le compositeur Bernier.
Trois de tes fils et une fille cultivèrent la viole
avec succès. Le plus célèbre de ses fils fut Ro-
land Marais, objet de l'article suivant. La
basse de viole, cultivée en France avec succès
par Ilotlemann, avait acquis de nouvelles
ressources sous la main de Sainte-Colombe,
Desmarels et du Buisson ; mais Marais alla
plus loin que ces artistes dans l'art de jouer en
harmonie sur ce bel instrument. II y ajouta
la septième corde, qui n'était point en usage
avant lui. On dit aussi qu'il fut le premier
violiste qui fit filer en fil de laiton les trois
grosses cordes del'inslrument pour leur don-
ner plus de tension et conséquemment plus
de sonorité sans en augmenter la grosseur, et
sans leur donner trop d'élévation au-dessus de
la touche. On a de lui cinq livres de pièces de
viole, dont le cinquième a été gravé à Paris,
en 1725; ces œuvres ont pour titre: 1° Pièces
à um et deux violes, avec basse continue.
liv. I er . 2° Pièces de viole avec basse conti-
nue, liv. II, III, IV, V; Paris, sans date,
in-4° obi. On connaît aussi sous son nom :
Pièces en trios pour les flûtes, violons et
dessus de viole; Paris, Ballard, 1692, in-4°
ohl. Marais s'est fait connaître comme com-
positeur dramatique par les opéras suivants :
1° Mcide, tragédie lyrique, en société avec
Louis de Lully, 1693. Cet ouvrage fut re-
pris en 1705, 1716 el 1744. *» Ariane et
Bacchus, 1696. 3° Mcione, tragédie lyrique,
en 1706; repris en 1719, 1730 et 1741.
4° Sémélé, en 1709. Les partitions de ces
opéras ont été imprimées à Paris, chez Bal-
lard, in-4° obi. Trois ou quatre ans avant sa
mort, Marais se relira dans une maison qu'il
avait achetée rue de l'Oursine, pour y cnltiver
des fleurs. Il donnait cependant encore des
leçons de viole deux ou trois fois chaque se-
maine.
MARAIS (Rolakb), fils du précédent, fat
aussi un violiste distingué. En 1725, il obtint
la place de violiste solo de la chambre du roi,
en remplacement de son père, dont il avait
eu la survivance pendant plusieurs années.
Quantz l'entendit en 1726, et il en parle comme
d'un artiste fort habile. Marais a publié une
méthode de musique sous ce titre : Nouvelle
méthode de musique, pour servir d'introduc-
tion aux auteurs modernes; Paris, Chr. Bal-
lard, 1711, in-4°. On a aussi de cet artiste :
1° Premier livre de pièces de viole, avec la
basse chiffrée en partition, dédié à Mgr le
duc de Béthune Charost; Paris, l'auteur,
1735, petit in-folio, gravé sur cuivre.
2° Deuxième livre de pièces de viole, avec ta
basse chiffrée en partition, dédié à Mgr le
Dauphin; ibid., 1738.
MARAZZOLI ou MARAZZUOLI
(Marc), né à Parme, dans les premières années
du dix-septième siècle, fut agrégé comme
chapelain chantre de la chapelle pontificale,
le 23 mai 1637. Virtuose remarquable sur la
harpe, il fut aussi un des meilleurs composi-
teurs d'oratorios et de cantate* de son temps.
Il obtint un bénéfice à l'église Sainte-Marie-
Majeure, et le pape Urbain VIII lui donna
l'emploi de bussolante (1). Il lut aussi attaché
à la musique de la reine Christine de Suède,
qui avait voulu à tout prix le compter parmi les
virtuoses de sa chambre. Gerber dit, dans son
ancien Lexique îles musiciens, que Marazzoli
abandonna la chapelle pontificale pour aller à
Venise faire représenter un opéra; mais c'est
(1} Directeur des cérémonies de I'égliie.
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MARAZZOU — MARCA
43»
une erreur. La Borde, qui en a fait un Véni-
tien, d'après la dramaturgie d'Allacci, a aussi
fait une faute, car il est certain que Marazzoli
était de Parme. Il mourut le 24 janvier 1663.
Il avait laissé une fondation pour l'anniver-
saire de sa mort, consistant en une messe
cbanléc par les chapelains chantres de la
chapelle pontificale, dans l'église de Saint-
Grégoire {voyez Adami da Bolsena , Osserva-
zioni per ben regolare il coro délia Capella
pontificia, p. 155). Les titres des principaux
ouvrage-s de ce musicien sont : 1° Amori di
Giason* e d'Isifile; dramma, owero festa
teatrale recitata nel teatro de' santi Gio. e
Paolo di f'enezia, l'anno 1642. 2° L'Arme,
e gli Amori; dramma musicale recitatopiù
volte nel palazzo Barberini alla presenza
délia regina di Suezzia. 5° Bel maie il bene;
dramma musicale posto in musica dall'Ab-
batini e dal Marazzoli, recitato cou l'occa-
zione délie nozze de' signori il principe di
Paleslrina e donna Olimpia Giustiniani, e
di nuovo più volte alla presenza délia regina
di Suezzia nello stesso palazzo. 4° La Fila
umana, owero il Trionfo délia pietà;
dramma musicale rappresentato , e dedicato
alla serenissima regina di Suezzia nel pa-
lazzo Barberini, parole di Giulio Rospi-
gliosi (depuis Clément IX), musica del Ma-
razzoli; Roma, Mascardi , 1658. Quelques
cantates morales de ce musicien ont été insé-
rées dans le recueil des Poésie morali poste
in musica da Giuseppe Giamberti; Orvielo,
1628. Beaucoup de ses oratorios sont dans les
archives de Sa in le- Ma rie in Vallicella, à Rome.
L'abbé Baini possédait aussi beaucoup de ma-
drigaux, d'airs et de petites cantates dans des
volumes qu'il avait acquis à la vente de la Bi-
bliothèque de la maison Colonna.Tout cela est
aujourd'hui à la Bibliothèque de la Congréga-
tion de la Minerve, a Rome.
M A UBAC II (Chrétien), magister et pas-
teur à MerlschUtz, en Silésie,dans la première
partie du dix-huitième siècle, est auteur d'un
livre intitulé : Evangelische-Singe-Schule,
darinnen diejenigen Dinge deuilich gelehrt
und wiederhalt werden, etc. (Méthode de
chant évangélique, dans laquelle on enseigne
d'une manière claire les choses qui sont en
général nécessaires et utiles à tout chrétien
évangélique, pour l'édification et la propaga-
tion de la dévotion du chant agréable à Dieu) ;
Breslau et Leipsick, 1726, in-8° de deux cent
seize pages.
MAKBECK (Jean), bachelier en musique,
et organiste de la chapelle Sainl-Gcorgcs à
Windsor, naquit au commencement du sei-
zième siècle. Il posséda des connaissances
étendues dans la musique, et précéda Tye et
Tallis, considérés à tort comme les plus an-
ciens compositeurs de l'Église reformée d'An-
gleterre. Vers 1544, il se forma "à Windsor
des associations qui avaient pour but de favo-
riser la réformation suivant la doctrine de
Luther; Marbeck était un des chefs de cette
association; l'évéque de Winchester, chargé
d'une procuration du roi Henri VIII pour sé-
vir contre ces rassemblements, le fit arrêter
avec trois autres qui furent condamnés à être
brûlés vifs, et exécutés le lendemain du juge-
ment. Quant à Marbeck, les dispositions favo-
rables de l'évéque en sa faveur le sauvèrent.
On n'exigea pas même qu'il rétractât publi-
quement ses opinions religieuses; il reprit ses
fonctions d'organiste et les études de son art.
Il vivait encore en 1576, et mémo vraisembla-
blement en 1581, car on imprima dans cette
dernière année plusieurs ouvrages de sa com-
position. On a de Marbeck le plus ancien livre
de chant simple qui ait été publié pour l'usage
de l'Église anglicane. Ce livre a pour titre :
The Boke ofeommon Praier, noted. Imprin-
ted by Richard Grafton , printer to the
Kinges Majesties, 1550. Il est d'une rareté
excessive. Un exemplaire, médiocrement con-
servé, a été vendu à Londres, en 1847, par
M. Chapell, éditeur de musique et amateur
d'antiquités musicales, pour la somme de
dix-huit guinées (quatre cent soixante-douze
francs). Le chant qu'on y trouve est peu diffé-
rent de celui qui est encore en uf âge aujour-
d'hui dans la liturgie anglicane. M. Robert
Jones, organiste de la cathédrale d'Ely, a
donné une édition nouvelle du livYe de Mar-
beck, d'après un' exemplaire qui se trouve à la
Bibliothèque de l'Université de Cambridge.
L'éditeur a substitué la notation moderne à la
vieille notation de l'original, et a publié l'ou-
vrage sous ce titre : Marbeck's Book of
common prayer for voices in unison, ar-
rangea for modem use, with an ad- libi-
tum Organ-Bass accompanimenl ; Londres,
R. Cooks, 1847, un volume io-4°. Hawkins a
inséré un hymne à trois voix de Marbeck (a
Firgin and Mother) dans le troisième vo-
lume de son Histoire générale de la musique
(p. 246-249); c'est un morceau bien écrit.
On trouve aussi un Te Deum de Marbeck dans
le premier volume de la Musica antiqua de
Smith, et une messe à cinq voix de cet artiste
se trouve dans la musique du Muséum bri-
tannique, sous le n° 226.
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4*0
MARCA - MARCELLO
MARCA (Léowabd), carme déchaussé et
facteur d'orgues à Nuremberg, dans la seconde
moitié du quinzième siècle, fit, en 1479, des
réparations au grand orgue de l'église Saint-
Laurent de cette ville, et y ajouta un positif
qui renfermait quatre cent cinquante-quatre
tuyaux; mais on fit ensuite peu d'usage de cet
instrument, et il fut remplacé, en 1525, par
l'orgue de l'église des Dominicains.
MARCELLO (BenoIt), noble vénitien, fils
d'Augustin Marcello et de Paule Gappello, na-
quit à Venise, le 24 juillet 1686, et reçut,
ainsi que ses frères Alexandre et Jérôme, une
éducation brillante et solide dans la maison de
leur père, qui dirigea lui-même leurs études.
La poésie et la musique occupèrent particu-
lièrement tout le temps qu'il put dérober aux
affaires publiques, où l'appelaient sa naissance
et sa position sociale. Dans sa première jeu-
nesse, il avait commencé l'étude du violon;
mais les difficultés de mécanisme de cet in-
strument le lui firent bientôt abandonner. Le
chant et la composition avaient seuls du
charme pour lui. Quoique Benoit Marcello an-
nonçât du génie pour les arts, l'étude des
règles lut paraissait pénible, et ce n'était
qu'avec peine qu'on obtenait de lui qu'il
s'y livrât. Cependant, son application à la
musique était devenue si ardente, que son
père, craignant les conséquences fâcheuses
d'un travail immodéré, l'emmena à la cam-
pagne, et le priva de tous les moyens de s'oc-
cuper de son art favori. Mais le génie de Be-
noit était éveillé ; trompant la vigilance de son
père, il se procura du papier réglé, et écrivit
une messe remplie de beautés. Convaincu alors
que la contrainte serait inutile, Augustin Mar-
cello laissa son fils se livrer à son goût. Peu
de temps après il mourut, et Benoit retourna
à Venise, où la culture des arts et les affaires
publiques partagèrent son temps. Une société
d'amateurs de musique s'était formée au Ca-
sino de' Nobili; il y entra et y fit souvent
exécuter ses ouvrages. C'est aussi à cette
époque que, convaincu de la nécessité d'aug-
menter son savoir dans l'art du contrepoint,
il devint élève de Gasparini, alors maître du
chœur des jeunes filles du Conservatoire de la
Pietà. Il eut toujours beaucoup de déférence
pour ce maître, et soumit la plupart de ses
productions à son examen. Lui-même forma
plusieurs élèves, au nombre desquelles on
compte la célèbre cantatrice Fausline Bordoni,
qui depuis fut la femme de liasse; cependant
il est vraisemblable que cette virtuose n'en
reçut que des conseils pour la partie drama-
tique de son art, car son maître de ebant fut,
comme on sait, Michel-Ange Gasparini.
Nonobstant ses travaux importants dans la
poésie, la littérature et la musique, Marcello
ne négligea pas les devoirs de sa position so-
ciale. Ainsi que la plupart des nobles véni-
tiens, il se livra dans sa jeunesse à l'exercice
de la profession d'avocat. A l'âge de vingt-cinq
ans, il en prit l'habit, et jusqu'à trente, il
remplit les fonctions de diverses magistratures.
Plus tard, il fut pendant quatorze ans membre
du conseil des quarante, et, en 1730, il alla
comme provédileur à Pola. L'air insalubre de
cette ville fut nuisible à sa santé : il y perdit
toutes ses dents. De retour à Venise eu 17?8,
il y resta peu de temps. A sa demande, le
gouvernement l'envoya à Brescia, en qualité
de camerlingue (trésorier). Le climat de cette
ville est renommé par son excellence, mais il
ne put rétablir la santé délabrée de Marcello.
A peine celui-ci commençait-il à jouir des
avantages de sa position, que la mort vint
l'enlever aux arts et à sa patrie : il cessa de
vivre à B rescia, le 24 juillet 1739, et fut in-
humé avec pompe dans l'église de Sai nt- Jo-
seph -des -F ranciscains. On plaça sur sa tombe
l'inscription suivante :
Bénédicte. Marcello
Patririo. Veneto.
Pientitiimo.
Philologo. Poetee
Musieee. ptineipi
Qtuutori. Brixienti
V. H.
Anno MDCCXXXIX. VIII. Kal. Auç.
Potuit
Yixitûnn. LU, mens. XI, d. XXII !.
Marcello fut membre de l'Académie phil-
harmonique de Bologne, et de la Société des
Jrcadi, sous le nom de Driante Sacreo.
Dans sa jeunesse, il aimait le plaisir et re-
cherchait la société des artistes, particulière-
ment les femmes de théâtre, dont plusieurs
surent toucher son cœur. Homme du monde,
avide d'honneurs et de distinctions, il consa-
crait à ses relations sociales tout le temps
qu'il n'employait pas à la production de ses
ouvrages. Un événement extraordinaire vint
changer son humeur et ses habitudes, à l'âge
de quarante-deux ans. Le 16 août 1726, il as-
sistait, dans l'église des SS. Ayotoli, au ser-
vice divin : tout â coup une pierre sépulcrale
sur laquelle il se trouvait s'écroula sous ses
pieds et l'entraîna jusqu'au fond de la tombe.
Il ne se fit aucun mal ; mais il se persuada
que cet accident était un avertissement du
ciel; les sentiments religieux dans lesquels il
avait été élevé se réveillèrent, et dès ce mo-
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MARCFXLO
441
ment H 8e renferma dans la solitude, éloigna
tous ses anciens amis, rompit avec ses habi-
tudes de dissipation, et même, dit-on, perdit
le goût passionné qu'il avait toujours eu pour
la musique. Il est du moins certain qu'il ne
s'en occupa plus que de loin en loin. Quel-
ques prêtres devinrent sa société habituelle,
et les œuvres des philosophes chrétiens furent
désormais les objets de ses lectures et de ses
méditations. La poésie remplaça la musique
dans ses travaux d'imagination ; mais ce fut
dans un but plus grave que ses autres Ira-
vaux; car l'ouvrage dont il s'occupa fut un
poème sur la Rédemption. Cependant une de
se» plus belles productions musicales, sur un
sujet religieux, dont il sera parlé plus loin,
fut composée en 1755.
Il avait épousé secrètement une belle fille,
d'une condition obscure, qui avait été son
élève ; mais il n'en eut point d'enfants. Un
intérêt romanesque s'attache aux circon-
stances qui la lui firent connaître. Bans les
belles soirées de l'été, des gondoles remplies
de jeunes filles parcouraient alors le grand
canal, et de ces barques résonnaient des airs
populaires chantés par dés voix fraîches et
pures. L'une de ces voix frappa Marcello par
ses accents angéliques. Il envoya ses domesti-
ques à la recherche de la bnrqne d'où se faisait
entendre cette voix incomparable, afin qu'ils
la fissent approcher de son palais. Rosana
Scalft était le nom de celle qui possédait cet
organe enchanteur; la beauté de ses traits
égalait la douceur de son chant : Marcello fut
séduit par les yeux autant que par les oreilles.
Rosana devint d'abord son élève : plus tard
«lie fut sa femme.
B. Marcello esta juste titre considéré comme
un des plus beaux génies qui ont honoré non-
seulement Venise, mais l'Italie. Il fut à la
fois écrivain éloquent, poète distingué et
compositeur d'un mérite remarquable. L'ou-
vrage qui a particulièrement immortalisé son
nom est la musique qu'il a composée sur une
paraphrase en vers italiens de cinquante
psaumes par Jérôme Ascagne Giustiniani. Les
quatre premiers volumes de cette belle collec-
tion parurent sous ce titre : Estro Poetico-
Armonico. Parafrasi sopra i primi venti-
cinque talmi. Poesia di Girolamo Ascanio
Giustiniani, Musica di Benedetto Marcello
de' patrizi Vencti-, in Venezia,appresso Do~
menieo Lovisa, 1724, io-fol. Les vingt-cinq
derniers psaumes furent publiés par le même
«•ditenr, en 1726 et 1727, sous le litre : E$tro
Poetico- Jrmonico. Parafrasi sopra i sc-
conâî venticinque Salmi , quatre volumes
in-fol. Marcello a écrit ces psaumes pour une,
deux, trois et quatre voix, avec une basse
chiffrée pour l'accompagnement de l'orgue ou
du clavecin, et quelques-uns avec violoncelle
obligé ou deux violes. Un rare mérite d'ex-
pression poétique, beaucoup d'originalité et
de hardiesse dans les idées ; enfin, une singu-
lière variété dans les moyens, sont les qualités
qui non-seulement ont fait considérer ce grand
ouvrage comme le chef-d'œuvre de son auteur,
mais comme une des plus belles productions
de l'art. Marcello a emprunté quelques-uns
des thèmes de ses psaumes aux intonations des
juifs d'Orient, d'Espagne ou d'Allemagne sur
les mêmes psaumes, ou même à la psalmodie
de l'Église latine; la manière dont il a traité
ces motifs n'est pas un des moindres témoi-
gnages de l'élévation de son talent. Quelques
incorrections de style, quelques dissonances
mal résolues, ne sont que de légères taches
dans un si bel ouvrage, et c'est avec raison
que cet œuvre jouit depuis plus d'un siècle de
la réputation d'une des plus belles productions
de la musique moderne.
Toutefois, la vérité m'oblige à dire qu'on
s'est en général trompé lorsqu'on a considéré
Marcello comme l'inventeur de la plupart des
formes dont il a fait usage dans la com-
position de ses psaumes. Si les ouvrages de
Lolti étaient plus connus, on y verrait que
Marcello y a puisé la plupart de ces formes : il
doit aussi beaucoup à Clari qui l'avait précédé
par la publication de ses duos et trios, et dont
le système de modulation se retrouve en beau-
coup d'endroits dans les psaumes. Si je fais
cette remarque, ce n'est pas assurément pour
diminuer la considération attachée à l'œuvre
de Marcello, dont je suis sincère admirateur,
mais parce que je crois qu'il s'agit d'un fait
important de l'histoire de la musique. Matttae-
son, qui a parlé des psaumes de Marcello,
dans sa Critica musica, n'en a pas compris
d'abord le mérite ; mais après en avoir entendu
une bonne exécution à Hambourg, son opinion
devint plus favorable à cette originale compo-
sition. Burney a montré beaucoup de légèreté
dans l'appréciation de ce bel ouvrage^ Ge-
neral history ofmusic, t. IV, p. 543).
Avison, auteur d'un Essai sur l'expression
musicale, a publié à Londres une belle édition
des psaumes de Marcello avec une traduction
anglaise; le dernier volume de cette collection
a paru en 1750. Peu de temps -après, une nou-
velle édition italienne fut donnée à Venise,
par Dominique Pompeati. En 1805-1808, Sé-
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4i2
MARCELLO
baslien Valle, imprimeur dans la même ville,
en a publié une fort belle, en huit volumes
grand in-folio, avec un portrait de Marcello
gravé par Zuliani, la préface de la première
édition, des lettres relatives à i 'ou y rage par
Giustiniani, Marcello, Gasparini, etc., la vie
de Marcello par Fr. Fontana, qui avait paru,
en 1782, dans le neuvième volume des Vit»
Jtalorum, etc., de Fabroni, et enfin le cata-
logue des ouvrages de Marcello. En dernier
lieu ces psaumes ont été réimprimés avec un
accompagnement de piano arrangé par Fr. Mi-
recki ; celle édition est intitulée : 50 Salmi di
Davidde parafrasati da Giustiniani, a 2,
ô e 4 voci, in partitura, con accompagna-
menlo di piano- forte, etc.; Paris, Carli, quatre
parties en douze livres gr. in«r4\ M. Caffl dit (1)
que d'au 1res éditions avaient été projetées à
Venise par le typographe Pielro Bellini, par
le P. Anselme Marsand, et enfin par Pietro
Tonassi, professeur de contrebasse; mais au-
cune n'a paru.
Les au lies ouvrages publiés par Marcello
sont : 1° Concerti a cinque istromenti, opéra
prima. In Yenezia, presso il Sala, 1701.
3° Sonate di cembalo, op. 2«, ibid. 5° Sonate
a cinque, eflauto solo col basso continuo;
ibid., 1712. 4° Canzoni madrigalesche, ed
Arie per caméra a due, a tre, a quattro voci,
di Benedetlo Marcello, nobile Veneto, Aca-
demico filarmonico ed Arcade, opéra quarta;
Bologna, 1717, presso G. A. Silvani, très-
grand in-4° obi. 5° Calisto in Orta, pasto-
rale a cinque v"oci ad uso di scena ; in Yene-
zia, per Domenico Lovisa, 1725, in-4°. Poésie
et musique de Marcello. La musique n'a pas
été imprimée. 6° La Fede riconosciuta.
Drammà per musica rappresentato nel
teatro di Piaiza di Vicenza; in Yicenza,
1702. La même pièce a été reprise, en 1720,
sous le* titre de la Comedia di Dorinda. La
poésie et la musique étaient de Marcello ; la
musique n'a point été publiée. 6 e (bis).
Arumu, intreccio scenico musicale a cinque
voci, poésie de Yincenzo Cassani, Yénitien.
Le livret seul a été imprimé à Venise, sans
date et sans nom de lieu, in-4°. La musique
est restée en manuscrit. 7° Giuditta y oratorio
per musica (poésie et musique de Marcello) ;
in Yenezia, per Domenico Lovisa, 1710, in-8°.
Burney possédait la musique de cet ouvrage,
en manuscrit. 8° // Teatro alla moda, o sia
metodo sicuro e facile par ben comporre, ed
eseguire le opère italiane in musica, etc. (Le
(1) Storia delta wutiea $nera nella già Cappella ducale
di Sam Marco in Yenezia, lorac II, p. 208.
théâtre à la mode, ou méthode certaine pour
bien composer et exécuter les opéras italiens
en musique, dans laquelle on donne des avis
utiles et nécessaires aux pot'les, compositeurs
de musique, musiciens de l'un et de l'autre
seie, entrepreneurs, instrumentistes, machi-
nistes, décorateurs, tailleurs, habilleurs, corn*
parses, copistes, protecteurs et mères des
actrices, et autres personnes attachées au
théâtre). Slampato in Broglio di Belinsania
per Aldiviva Ligante,alVinsegna delVOrso
in Prata. Si vende nella strada del Corallo,
alla porta del Palazzo d'Orlando; e si stam-
perà og/i'anno con nuova aggiunta, in -8°
(sans date). Cette ingénieuse satire en prose
est imprimée sans nom d'auteur. Suivant le
catalogue de tous les drames en musique im-
primé à Venise, chez Antoine Gruppo, en 1745,
cet opuscule aurait été imprimé en 1727 ; mais
il est à peu près certain que la première édi-
tion est antérieure à celle date, car Apostolo
Zeno parle de l'ouvrage avec éloge dans une
lettre au chevalier Antoine François Marmi,
écrite de Vienne le 2 avril 1721. Il y a une
autre édition sa us date, absolument semblable
à celle dont le titre est rapporté ci-dessus,
avec celte seule différence qu'après les mots :
Si vende nella strada del Corallo alla porta
del Palazzo, on lit ceux-ci : Corne pure in
Milano da Francesco Agnelli. Le P. Martini,
qui a dû avoir connaissance de l'époque pré-
cise de la première publication, la fixe à 1720.
J'ignore sur quels renseignements Gerber a
dit dans son ancien Lexique des musiciens que
l'opuscule de Marcello a été imprimé en 1722;
peut-élre , en effet , esl-ce dans celle année
que l'une des éditions sans date a été publiée,
fflazzucbclli, dans une notice sur la vie et les
ouvrais de Marcello,insérée au dixième volume
des Memorie per servire alla Storia lette-
raria (p. 157 et suiv.), cile une édition avec
date imprimée en 1733 ; j'en possède une autre
qui a pour titre : Il teatro alla moda, o sia
metodo sicuro e facile, per ben comporre ed
eseguire opère itaffane alVuso moderno, nel
quale, etc. Stampatore, Borghi di Belisaniaz
Venezia, 1738, in-8° de soixante -douze pages.
Une nouvelle édition de ce spirituel opuscule
a été publiée sous ce titre : // teatro di mu-
sica alla moda; Florence, de l'imprimerie
de G. Pialli, 1841, in-8° de cinquante et une
pages.
Forkel a cru qu'un autre opuscule de Mar-
cello a été imprimé ; il est intitulé : Lettera
familiare d'un Academico filarmonico ed
Arcade, discorsiva sopraun librodiduetti,
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MARCELLO
44*
terzetti e madrigali a più voci, stampato in
Fenezia da Antonio Bartoli, 1705; mais ce
petit ouvrage, critique amère d'un des plus
beaux ouvrages de Lotti , est resté en manu-
scrit. Burney en avait rapporté une copie faite
à Venise et qui a été achetée trots shillings
six pence à la vente de sa bibliothèque. Une
faute d'impression de la notice de Fontana
insérée dans les Fitx Jtalorum, etc., de Fa-
broni (t. IX, p. 375) a causé Terreur de Forkclj
au Heu de stampato in *Fenezia, qui se rap-
porte au recueil de duos et de trios de Lolli,
dont il s'agit dans cette lettre, on lit stam-
pata } etc., qui semble indiquer que la lettre a
été imprimée dans cette année. L'auteur du
Dizionario di opère anonime epseudonime di
Scrittori italiani indique le même ouvrage
(t. II, p. 80) sous cet autre titre : Lêttera cri-
tiea, ossiano osservazioni contro i Madri-
gali posti in musica da Antonio Lotti ;
Fenezia, al principio del secolo XF11I.
M. Caffl a mis en doute, dans sa notice sur la
vie et les œuvres de Benedetto Marcello, qu'il
soit le véritable auteur de cette critique injuste
et envieuse d'un excellent recueil de compo-
sitions accueillies par le public et par les
artistes avec applaudissement. Marcello, dit-il,
ne s'en déclara jamais l'auteur; ce qui ne
prouve rien, car il est assez ordinaire de
nier les choses peu honorables. Un des meil-
leurs arguments de M. Caffl consiste a établir
que Marcello ne fut nommé de l'académie des
Philharmoniques de Bologne qu'en 1712,
c'est-à-dire sept ans environ après que les
copies de la Leltera familiare se forent ré-
pandues. Malheureusement le caractère natu-
rellement satirique de Marcello, et le peu
d'estime qu'il avait, en général, pour les œu-
vres des compositeurs de son temps, donnent
beaucoup de vraisemblance à l'opinion qui lui
attribue cette diatribe. Marcello, comme plu-
sieurs autres grands artistes, réservait toutes
ses affections pour sa propre musique. Il ne
faut pas oublier que le P. Fontana, qui fut le
confesseur de Marcello, dit positivement, dans
la notice de sa vie, qu'il écrivit en 1705 contre
les madrigaux de Lotti.
Outre les ouvrages cités précédemment, on
a publié de Marcello des recueils de vers, de
sonnets, des drames et des poèmes burlesques.
Son poème d'opéra Arato in Spart a, a été
mis en musique par Ruggieri, et représenté
au théâtre de Sant'Angelo à Venise, en 1709.
Marcello a laissé en manuscrit : 1° Teoria
musicale ordinata alla modernaprattica. Si
traita de'principi fondamentali del canto,
e suonOj in particolare d'organo, di gravi-
cembalo, e del compôrre. Opéra utilissima
tanto agit studenti, quanto a*maestri per il
buon metodo d*insegnare. Ce traité, écrit
en 1707, lorsque l'auteur n'était âgé que
de 91 ans, est divisé en trois parties : ta pre-
mière est relative aux proportions ; la seconde,
au système musical ; la troisième, aux conson-
nances harmoniques. Les deux premières par-
ties de cet ouvrage se sont égarées : la troisième
seulement est à la Bibliothèque de Saint-Marc,
à Venise. Elle passe pour être l'original sorti
de la main de Marcello; mais M. Caffl croit
que ce n'est qu'une copie. 2° Alcuni avverti-
menti al Feneto Giovanetlo Patrizio, di
Benedetto Marcello, per istruzionedel nipote
di lui Lorenxo Alessandro. 5° Cassandra f
cantate à voix seule et basse continue. 4° Ti-
moteOj cantate à deux voix, sur une traduction
italienne, par l'abbé Conti, du Banquet
d'Alexandre de Dryden. Ces deux cantates,
qui ont une grande célébrité, sont comptées
parmi les plus belles productions du génie de
Marcello. 5° Serenata da cantarsi alla corte
di Fienna il primo d'ottobre 1725 ; poésie et
musique de Marcello. 6° Deux madrigaux à
quatre voix ; le premier pour deux ténors et
deux basses, qui se moquent des sopranos et
des altos; le second pour deux sopranos et
deux altos, en réponse aux basses et aux
ténors. Cette pièce bouffonne a été écrite pour
tourner en ridicule les castrats sopranistes et
altistes ; les paroles et la musique y sont dis-
posées de manière que les chanteurs imitent
un troupeau bêlant. 7° Leltera scritta dal
signor Carlo Antonio Benatti alla signora
Fitloria Tesi, posta in musica dal Marcello.
Dans celte lettre, écrite de Bologne, il est parlé
de beaucoup de chanteurs célèbres dont Mar-
cello a imité la manière dans sa musique.
Cette bouffonnerie est une véritable satire.
8° Gioas, oratorio à quatre voix et instru-
ments, en deux parties. 9° La Psiche, intreccio
musicale a cinque voci, poésie de Vincenzo
Cassani. Le livret a été imprimé à Venise, sans
nom d'imprimeur et sans date. La musique
est restée en manuscrit. 10° Vingt-six cantate»
pour voix de soprano, de contralto, de ténor
bu de basse, avec instruments. 11° Vingt-sept
duos, avec basse continue. Le P. Martini a
publié un de ces duos dans son Esemplare os-
sia Saggio fondamentale pratico di contrap
punto (t. I, pag. 21). 12° Un très-grand
nombre de cantates à voix de soprano ou de
contralto sans autre accompagnement que le
clavecin. 15° Miserere pour deux ténors et
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444
MARCELLO — MAKGESSO
basse. 14° Messe à quatre voix et orchestre
composée pour l'église Santa- M aria délia
Celés tina. Cette messe fut écrite par Marcello,
à l'occasion de la prise d'habit de sa nièce
dans le monastère de Sainte-Céleste. 14° {bis)
Deux autres messes, dont une avec accompa-
gnement d'orgue. 15° Lamentations de Jéré-
mie. 16° Tantum ergo, à six voix, en canon.
1 7° In omnem terram, idem. 1 8° Salve Regina,
à sept voix, en canon. 19° Il Trionfo delta
poesia e délia musica nel celebrarti la morte,
la esaltazione, e la incoronazione di Maria,
sempre vergine assunta in cielo; oratorio
sagro a 6 voci, musica di Benedetto Mar-
cello, 1735. Cet ouvrage, l'une des plus belles
et des plus considérables productions de son
auteur, n'a été connu d'aucun des biographes
de Marcello. J'en possède la partition manu-
scrite de l'époque même où cet oratorio a été
composé. Les interlocuteurs sont la poésie, la
musique, le soprano, le clavecin, le ténor et
la basse. On y trouve trois chœurs, le premier
composé de poètes, le deuxième, des arts libé-
raux, et le dernier, de vieux musiciens (Musici
vetterani). L'instrumentation se compose de
deux parties de violon, d'alto, violoncelle et
orgue. La partition renferme quatre cent
trente pages. L'originalité et le sentiment ex-
pressif sont les caractères distinctifs de l'ou-
vrage et l'instrumentation est d'un remar-
quable effet, pour l'époque où Marcello écrivait.
Le P. François Fontana, de la congrégation
de Saint-Paul de Brescia, qui-avait assisté Mar-
cello à ses derniers moments, fit insérer une
notice sur sa vie dans le neuvième volume des
Fitte Italorum doctrine eœcellentium , de
Fabroni. Une critique assez vive de cette notice
fui faite par le savant littérateur italien Save-
rio Mattei, dans une note de ses Libri poetict
délia Bibblia. Le P. Fontana donna, quelques
années après, une nouvelle édition de sa no-
tice, en langue italienne, avec une réponse à
la critique de Mattei, sous ce titre : Vita di
Benedetto Marcello Patrizio Veneto, con
Vaggiunta délia riposta aile censura del sig.
SaveHo Mattei, con l'indice deW opère stam-
pate e manoscritte,e cliquante testimoniale
intorno aW insigne suo merito nella facoltà
musicale; Venise, Zalta, 1788, in -8° de cent
sc|>t pages. Suivant les renseignements fournis
par le catalogue des livres rares de la biblio-
thèque de M. Gaspari (voyez ce nom), la tra-
duction de la notice du P. Fontana a été faite
par le P. Sacchi, qui n'y a pas mis son nom.
Ces pièces ont été réimprimées en tête de
l'édition des Psaumes; Venise, 1803. Blon-
deati a publié une traduction française de la
notice de Fontana, en tête de la Nouvelle mé-
thode de chant, par Marcello Perino etc.;
Paris, Evrard. 1839, in-8*. M. Caffl (voyez ce
nom) est auteur d'une notice très-supérieure
à celle de. Fontana, pour l'ordre et la clarté
laquelle a été publiée sous ce titre : Délia
vita e del comporre di-Bcnedetto Marcello,
uatrizio Feneto, sovranominato Principe
délia Musica. JVarrazione di Francisco
Caffi, Feneziano. Fehezia, dal Pieotti, 1830,
trente et une pages. in-8°. Il est dit dans la
Gazette générale de musique de Leipsick
(33 e année, n° 1 1), que cet opuscule ne fut tiré
qu'à cinquante exemplaires, pour les amis de
l'auteur. Elle a été reproduite postérieurement
dans le deuxième volume du grand ouvrage de
M. Caffl intitulé : Storia délia musica sacra
neUa già Cappella ducaje di S. Marco in
Fenezia (p. 173-290). On a aussi de M. Crevé!
de Charlemagne, littérateur français et ama-
teur de musique, auteur de beaucoup de ro-
mances .- Sommaire de la vie et des ouvrages
de Benedict Marcello) Paris, imprimeaie de
Duverger, 1841, in8«. Il existe deux portraits
gravés de Marcello; le premier, par Jean-
Antoine Zuliani, au premier volume de ses
psaumes, édition de Venise, 1803; l'autre, en
manière noire, par Jacques Zatta, graveur
vénitien.
MARCELLO (Alexandre), frère aîné du
précédent, naquit à Venise vers 1684, et fut
amateur distingué de poésie et de musique.
Il avait fait une élude particulière de ces arts,
de la philosophie et des mathématiques. Sa
maison était ouverte à tous les artistes et aux
étrangers amateurs de musique : chaque se-
maine il y donnait un concert, où l'on exécu-
tait particulièrement ses compositions. Il
mourut à Venise, en 1750. On connaît sous
son nom : 1° Cantate da Caméra a voce sola:
Venise, 1715. 9° Douze solos pour violon,
Augsbourg, J737. 3* FI Concerti a 2 flauti
trav. o violini prtncipali, 2 violini ripieni,
viola o violoncello obligato, e cembalo; ibid.,
1738. 4° La Cetra, concerti di Eterio Stin-
falico (surnom qu'il avait pris dans l'Académie
ûes jéreadi), parle prima, oboe o traversieri
co'l violino principale, publicati da Gio.
Christiano Leopold; Augsbourg, 1738.
MARCELLO DI CAPUA. FoyezBEK
XAUÛIM (Mabcello).
MARCE88O (Bartholomé), compositeur
italien du dix-septième siècle, est connu par
un ouvrage intitulé : Sacra Corona, o sia
Motettiadue e tre voci; Venise, 1656.
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MARCHAND
'M
MARCHAND (Louis), organiste qui eut
une grande réputation dans son temps, na-
quit à Lyon, le 2 février 1669 (1), et dut le
jour a Jean Marchand, maître de musique, qui
lui donna les premières notions de son art.
Selon £. Gerber {Lexikon der Tonkunstltr) ,
et le Dictionnaire des muêiciens (Paris,
1810-1811), Marchand, fort jeune encore et
dépourvu de ressources, serait allé à Paris ,
où le hasard l'aurait conduit chez les jésuites,
au collège de Louis le Grand, précisément au
moment où Ton attendait vainement l'orga-
niste de la maison ; le jeune homme aurait
offert de le remplacer, et aurait montré une
habileté si rare pour son âge, qu'il aurait été
reçu au collège et aurait obtenu les secours
nécessaires pour continuer ses études. Mais
Tilon du Tillet, qui, en général, a fait preuve
d'axaclitude dans ses notices, dit que Mar-
chand fut reçu organiste à la cathédrale de
Nevers, n'ayant encore que quatorze ans, et
que, dix ans après, il alla remplir la même
place à celle d'Auxerre, où il séjourna cinq ou
six ans $ en sorte qu'il ne serait venu à Paris
que vers 1697 ou même en 1698, et qu'alors
seulement il aurait obtenu la place d'organiste
chez les jésuites. Il Ta gardée longtemps, et la
réputation qu'il s'y fit lui en procura plu-
sieurs autres : il en eut même jusqu'à cinq ou
six à la fois. Il obtint l'orgue de la chapelle
du roi, à Versailles, et fut décoré du cordon
de Saint-Michel. Tout semblait devoir assurer
sa fortune; mais son inconduite, son carac-
tère capricieux et bizarre y mirent toujours
obslacle : il finit par se compromettre d'une
manière si grave, qu'il fût exilé de France
en 1717.
Il se rendit à Dresde, et joua devant le roi
de Pologne, qui goûta son jeu au point de lui
offrir la place d'organiste de la cour, avec
un traitement considérable. Mais Volumier,
maître de concert à cette cour, craignant le
voisinage d'un pareil antagoniste, et désirant
l'éloigner, invita secrètement Jean-Sébastien
Bach, alors organiste du duc de Weimar, à
venir à Dresde, afin de disputer la palme à
(I) PapilloD (BiblioOtfqms de» tuteurs de Bourgogne),
qui donne à Hirchand les prénoms de Jean-Louis, le
fait naître à Aoxonne ; c'est une erreur. Il a confondu
ecl organiste avee Jean-Louis, fils de Pierre Marchand,
organiste i Auxonne, né le 10 octobre 1679. Voyez
l'acte de naissance de l'un et de l'autre dans une lettre
d'Amanton à Chardon de la Rochette, insérée an Afaoo-
tin tncycl., 1812, tom. IV, p. 311. La Borde donne aussi
à Marchand les prénoms de Jean- Louis [Estai sur ta
musique, tom. 111, p. 449) ; il en est de même de Gerber,
dans se» deux Lexiques, et de ses copistes.
Marchand. Bach s'y rendit, et assista incognito
au concert du roi, où Marchand se fit entendre
dans un air français qu'il varia, et qui fut fort
applaudi. Volumier invita alors Bach à se
mettre au clavecin : ce grand artiste y ayant
consenti, joua, dit-on, l'air et les variations
de Marchand, et y en ajouta douze nouvelles,
plus difficiles et plus brillantes que celles de
son rival, après quoi il présenta à celui-ci un
thème qu'il venait de noter au crayon, en l'in-
vitant à une lutte sur l'orgue ; mais Marchand,
effrayé de ce qu'il venait d'entendre, et voulant
éviter une défaite assurée, n'attendit point le
jour fixé, et s'éloigna de Dresde en toute hâte.
Tel est le récit que fait Marpurg de cette
anecdote : il la tenait de Bach lui-même. Si
l'on songe au talent prodigieux de cet homme
extraordinaire • si l'on compare ses ouvrages
aux misérables œuvres qui nous restent de
Marchand, ou ne sera point tenté de la révo-
quer en doute, et l'on s'étonnera seulement
qu'on ait songé, en Allemagne, à faire une
semblable comparaison. Marchand pouvait
avoir une exécution brillante, mais ses idées
sont triviales, son harmonie pauvre et incor-
recte,* il n'avait d'ailleurs que des notions fort
incomplètes du style fugué, sans lequel on ne
saurait produire de grands effets sur l'orgue;
enfin, il ressemblait à la plupart des organistes
français du dix-huitième siècle qui ont eu de
la réputation, habiles à tirer des effets variés
de l'instrument, mais qui, si l'on excepte
François Couperin, appelé le grand, et Ra-
meau n'ont rien laissé qui soit digne de passer
à la postérité.
On lit dans l'informe compilation de La
Borde {Essai sur la musique, t. III, p. 450) :
« Le célèbre Rameau, son ami (de Marchand),
« el son plus dangereux rival, nous a dit plu-
ie sieurs fois que le plus grand plaisir qu'il
« ait eu en sa vie, était celui d'entendre Mar-
« chand ; que personne ne pouvait lui être
« comparé pour manier la fugue, et qu'il
« n'avait jamais pu concevoir qu'on eût une
« pareille facilité pour jouer de téle(impro-
« viser). » Ce jugement d'un si grand musi-
cien pourrait causer de l'élonnement, si l'on
ne savait que Rameau n'avait jamais entendu
de grand organiste allemand ou italien, qu'il
ne connaissait rien de leurs ouvrages, et que
la fugue véritable n'avait jamais existé dans
la musique française. Tout ce qui est parvenu
du dix-huitième siècle en ce genre, dans les
productions des organistes et clavecinistes
français, est pitoyable.
Après le retour de Marchand à Paris, sa répi -
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416
MARCHAND
talion s'accrut au point qu'on se croyait obligé
•de prendre de ses leçons pour être compté
parmi les gens dégoût. Quoiqu'il se fit payer
un louis par leçon, le nombre de ses élèves
était si grand, qu'on assure qu'il avait loué des
appartements dans plusieurs quartiers diffé-
rents, ne demeurant guère qu'un mois dans
chacun, et changeant son domicile selon la
convenance de ses élèves, ou plutôt selon ses
caprices. Mais, quoique son revenu s'élevât de
cette manière à près de dix louis par jour, il ne
put suffire à ses folles dépenses, car il mourut
dans la misère, le 17 février 1752. Sept ans
auparavant, il avait été blessé au bras gauche,
mais il continua néanmoins à toucher de l'orgue
avec la main droite, en se servant des pédales
pour la basse. On a de lui: 1° Un livre de pièces
de clavecin (in-4 , Paris, Ballard, 1705). 2° Deux
livres de pièces de clavecin, dédiés au roi
(in-4°, 1718). 3° Un livre de pièces d'orgue,
gravé. 4° La musique de l'opéra intitulé: Py-
rame et Thisbé : cette pièce n'a jamais été re-
présentée. Le portrait de Marchand, gravé par
Dupuis, d'après Robert, est dans la collection
d'Odieuvre.
MARCHAND (Jeju-Baptiste), joueur de
petit luth à la chambre du roi de France et
dessus de violon de la chapelle, en 1691, s'est
fait connaître comme compositeur par une
messe à quatre voix (en sol mineur) qu'on
exécutait autrefois à l'église Notre-Dame de
Paris, et qui existe encore en manuscrit dans
les archives de cette chapelle. Elle est intitu-
lée: Quis est Vf us? Jean-Baptiste Marchand
«'tait frère cadet de Jean-Noe*l Marchand, qui
avait été reçu en qualité de violoniste de la
chapelle du roi, en 1680.
MARCHAND (Joseph), fils du précédent,
violoniste d'un certain mérite, eut la charge
de premier violon de la musique du roi de
France, en 1717, et mourut à Paris, en 1737.
Il a publié à Paris un livre de sonates qui a
pour titre : Douze sonates pour flûte traver-
siez, ou hautbois, ou violon avec basse
continue; Paris, 1709, in-4°. Il a été fait une
seconde édition decel œuvre, à Parisien 1732,
in -4° obi. gravé.
MARC H AND (Louis- Joseph), né à Troyes,
le 1 er janvier 1692, fut élève de la maîtrise de
la cathédrale de Bourges, où il apprit le chant
et les principes du contrepoint. De retour dans
sa ville natale , après avoir terminé ses
éludes, il entra au séminaire. On voit dans les
registres capilulaires de Saint-Maxe, à Bar-
le-Duc, qu'il Tut tonsuré le 15 avril 1713, et
qu'il reçut l'ordre de la prêtrise, le 16 avril
1718. Il parait que, peu de temps après, il
obtint un bénéfice à la cathédrale d'Auxerre,
et qu'il y eut une place de chantre dans la mu-
sique du chœur. Après avoir occupé ce poste
pendant plusieurs années, il fut maître de
chapelle à Chalon-sur-Saône, puis à Besançon,
et, enfin, au chapitre de Saint-Maxe, à Bar-
Je-Duc. Sa nomination à la maîtrise de cette
église est du 23 août 1735 : il y remplaça
Champret, qui avait été appelé à l'économat
de Revigny. Le 26 novembre 1767, Marchand
se démit de cet emploi, parce qu'il venait
d'être pourvu d'un canonicat à la métropole
de Troyes. Il mourut dans cette situation, le
29 novembre 1774 (1). Cet ecclésiastique est
auteur d'un Traité du contrepoint simple ou
chant sur le livre; Bar-le-Duc, 1756, in -4° de
quarante-deux pages. Ce petit ouvrage ne
contient que quelques règles pour faire le
chant sur le livre ou contrepoint improvisé à
deux parties.
MARCHAND (Marguerite), fille du cé-
lèbre acteur et directeur de théâtre Théobald
Marchand, et femme du compositeur Danzi,
naquit à Nanheim en 1768. Dans son enfance
elle jouait déjà de petits rôles avec une rare
intelligence qui faisait prévoir qu'elle serait
un jour une actrice remarquable. Lorsque la
troupe dirigée par son père suivit la cour pa-
latine a Munich, mademoiselle Marchand
trouva dans cette ville des maîtres qui déve-
loppèrent ses heureuses facultés, et qui en
firent une pianiste distinguée, et une canta-
trice habile. En 1787, pendant l'absence de la
célèbre madame Lebrun, elle débuta au grand
théâtre de Munich dans le Castor et PoUux
de Vogler j le succès qu'elle y obtint lui valut
immédiatement le titre de première cantatrice
de la cour. En 1790, elle épousa Danzi, dont
les leçons perfectionnèrent son talent. Deux
ans après, elle chanta l'opéra italien à Prague,
puis elle fut engagée à Florence. De retour à
Munich en 1796, elle y reprit son emploi;
mais déjà sa santé commençait à s'altérer,
par suite de la fatigue qu'elle avait éprouvée
à Prague et à Florence, en jouant presque tou3
les jours; une maladie de poitrine se déclara
cl la conduisit au tombeau, le 11 juin 180O, à
l'âge de trente-deux ans. L'accent mélanco-
lique et pénétrant de sa voix, le charme de
son action dramatique et l'expression de sa
(I) Je suis redevable de la plupart de ees renseigne-
ment* à l'obligeance de II. Picquot, auteur d'une Iris-
bonne notice biographique de Koecbcrini (Voyez Pic-
quot), qui a bien voulu faire,* ma prière, des recherches
a ttar-ie-Duc cl à Troyes.
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MARCHAND - MARCHES!
447
pantomime composaient un des talents les
plus agréables qu'il y ait eu à la scène alle-
mande. Son meilleur rôle était la Nina, de
Paisiello. Comme pianiste, elle a eu aussi de
la renommée. On a gravé de sa composition :
1° Trois sonates pour piano et violon obligé,
op. 1, Munich, Falter. Î Andante, avec va-
riations pour le piano, gravé à Munich, avec
une sonate de Danzi.
MARCHAND (Hehii), fils de Théobald
Marchand, né à Manbeim en 1774, apprit le
violon et la composition à Salzbourg, chez
Léopold Mozart, et devint un des violonistes
allemands les plus célèbres de son temps. Il
jouait aussi fort bien du piano. Ses études ter-
minées, il entra dans la musique du prince de
la Tour et Taxis, à Ratisbonne. Plus tard, il
fit un voyage à Paris. On a gravé de sa compo-
sition : 1° Dix variations sur un thème de
Joseph Haydn, pour piano seul, op. 1, Munich,
Falter. 2° Romance de Koulouf, variée pour
piano, Paris, Pleyel. 3° Grande valse pour
piano, Paris, Naderman.
MARCHE (Hugues DE LUSIGNAN,
comte DE LA), se révolta plusieurs fois
contre saint Louis, qui, rayant vaincu à la
bataille de Taillebourg, l'obligea à se sou-
mettre. II avait épousé Isabelle d'Angoulême,
veuve de Jean Sans Terre, mort le 10 octobre
121 G. Le comte de La Marche était poète et
musicien; il a laissé trois chansons notées de
sa composition, qu'on trouve dans les manu-
scrits de la bibliothèque impériale, à Paris.
MARCHE (François DE LA), docteur en
théologie, conseiller ecclésiastique et maître
de chapelle du prince-évéque, à Eichsladt,
vers le milieu du dix-septième siècle, est au-
teur d'un livre qui a pour titre : Synopsis
Musiea, oder kleiner Inhalt wie die Jugend
und andere kiirzlich und mit geringer
Miïhe in der Musiea , auch Instrumenter*
abxurichten (Abrégé de musique, ou petit
traité de la manière d'enseigner en peu de
temps et avec peu de peine la musique et les
instruments à la jeunesse), Munich, 165C,
in -4° de trois feuilles. On connaît aussi sous
son nom un recueil d'airs allemands distri-
bués d'après Tannée et les saisons.
MARCHES! (Louis), chanteur célèbre
désigné quelquefois sous le nom de Marche-
imt, naquit à Milan en 1755. Son père, cor-
niste au théâtre de Modène, cultiva d'abord
lui-même les dispositions extraordinaires du
jeune Marches! pour la musique, et lui fil ap-
prendre la musique ; mais la beauté de sa voix
ayant été remarquée par quelques amateurs,
on engagea le corniste (Je Modène à en conser-
ver les avantages, et l'opération qui trans-
forma Marchesi en sopraniste fut faite à Ber-
game. Confié ensuite aux leçons du castrat
Caironi et du ténor Albujo, Marchesi fit de
rapides progrès dans l'art du chant, et com-
pléta son instruction musicale près de Fioroni,
maître de chapelle de la cathédrale de Milan.
Il chantait au chœur de celte église, et pen-
dant plusieurs 4 années il excita l'admiration de
la population milanaise aux grandes fêles où
il se faisait entendre. Cet exercice, dans le
vaste local d'une église, développa la puis-
sance de sa voix d'une manière remarquable.
Ce chanteur, dont le talent a eu tant d'éclat
turtous les grands théâtres de l'Europe, parut
pour la première fois à Rome, en 1774, dans
un rôle de femme. L'année suivante il chanta
à Milan une partie de second contralto avec
Pacchiarotti, et à Venise avec Millico. Dans la
même année il occupa le premier emploi à
Trévise. Vers la fin de 1775, l'électeur de
Bavière, grand amateur de musique, engagea
le jeune sopraniste pour le service de sa cha-
pelle ; mais la mort prématurée de ce prince,
deux ans après, rompit l'engagement qui avait
été contracté, et Marchesi quitta Munich pour
retourner à Milan. Il y débuta, en 1778, dans
les rôles de femme au théâtre Interinale } où
l'on jouait l'opéra, depuis l'incendie de la
Scala. A l'automne de 1776, il chanta à Flo-
rence dans le Castore e Polluce, de Bianchi,
et V Achille in Sciro, de Sarli. Le charme
qu'il mit dans l'exécution du rondeau de ce der-
nier opéra , Mia speranxa, io pur vorrei,
transporta d'enthousiasme son auditoire, et
pendant plusieurs années, ce morceau et le
talent du chanteur occupèrent toute l'Italie,
et furent le sujet de toutes les conversations.
Dès ce moment, Marchesi passa pour le pre-
mier chanteur de l'Europe, et fut recherché
par tous les directeurs de spectacles. De retour
à Milan en 1780, il y chanta dans VArmide
de Misliwececk, où il intercala le fameux ron-
deau de Sarti, ainsi que l'air de Bianchi, Se
piangi e pent, qui n'eut guère moins de suc-
cès. Le portrait de Marchesi fut gravé dans la
même année à Pi se : les amateurs de chant en
recherchèrent avidement les épreuves. Suc-
cessivement appelé à Turin, à Rome, à Luc-
ques, à Vienne, à Berlin, où il chanta avec le
même succès, il se rendit en 1785 à Pélers-
bourg, avec Sarli et madame Todi ; mais le
rigoureux climat de la Russie lui ayant paru
nuisible à sa voix et à sa santé, il s'éloigna de
ce pays, et accepta un engagement à Londres,
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448
MARCHKS1 — MARCHETTO
où il arriva en 1788. Il y chanta dans le
GiulioSabino, de Sarli.
Rarement Marchesi avait consenti à chanter
deux saisons de suite dans la môme ville ; il
aimait à occuper la renommée presque dans le
même temps en des pays différents. C'est
ainsi qu'à son retour de Londres, il parut a
peu de distance sur les théâtres de Venise, de
Reggio, de Napleset de Mantoue. La plupart
des airs qu'il avait embellis des grâces de son
chant devinrent populaires. Je me souviens du
temps où Ton parlait encore avec enthou-
siasme du talent prodigieux qu'il déployait
dans Vo morte ad incontrar, de Pirro, dans
la cavatine Ma ehi s' avanza, de Vira
d'Achille, dans le rondeau de Sarli, et d'au-'
très. Marchesi revenait toujours avec plaisir
se faire entendre dans sa ville natale; on re-
marque qu'il parut au théâtre de la Scala, en
1780, dans Vl/igenia, de Cberubini, puis en
1782, 87, 88, 92, 04, 1800, 1803, et dans le
carnaval de 1805. Ce fût au printemps suivant
qu'il quitta la scène, à l'âge de cinquante ans.
Le fameux air Féroce a lei sembrar saprà,
de Lodoïska, de Mayer, et celui de Castor* e
Polluée, de Federici,
DilU ehe l'aura %ù tpiro
D'un eut tranfuillo « vago ;
furent les derniers accents d'une voix qui
avait charmé toute l'Europe.
Marchesi passa le reste de sa vie dans sa
patrie, et fit pendant ses dernières années un
noble usage de la fortune qu'il avait acquise.
Il aimait encore à faire et surtout à entendre
de la musique; les jeunes chanteurs trouvaient
en lui un maître toujours prêt à leur donner
les conseils d'une longue expérience et d'un
savoir profond. Il est mort à Milan, lieu de sa
naissance, le 15 décembre 1829, à l'âge de
soixanle-quatone ans. On connaît de la com-
position de Marchesi deux livres d'ariettes
italiennes qui ont été publiés à Londres, chez
Clementi ; à Vienne, chez Cappi; et à Bonn,
chez S ira rock. On a gravé aussi de lui un air
(In seno quest' aima) qu'il avait introduit
dans plusieurs opéras.
MAItCHESI (Gaetaro), professeur de
musique, né en Lombardie, dans les dernières
années du dix-huitième siècle, s'établit à
Vienne vers 1825. Il a proposé un nouveau
système de notation musicale dans un petit
ouvrage intitulé : Die Elemente und da$
Alphabet der Musik (les Éléments et l'alpha-
bet de la musique); Vienne, vVallisbauser,
1855, in -8° de vingt-cinq pages. Le système
exposé dans cet opuscule consiste en une
portée de quatre lignes, sur laquelle se placent
les lettres e, l, a, b, n, disposées de diverses
manières.
M ARCHET TI - FANTOZZI ( José-
phine), naquit le 14 mars 1786, à Naples, où
sa mère chantait au théâtre Saint-Charles.
A l'âge de neuf ans, elle suivit sa mère à
Berlin , où elle fit son éducation musicale.
A l'âge de seize ans, sa voix était déjà remar-
quable par sa beauté; des offres furent faites
à sa mère pour qu'elle consentit à l'engager
aux théâtres de Prague et. de Dresde; elle
préféra cette dernière ville à la première, et
la jeune Marchetti y débuta en 1802. Après
avoir chanté pendant trois ans les seconds
rôles, elle quitta la capitale de la Saxe pour
aller à Munich, où elle chanta devant le roi,
dans un concert de la cour en 1805, puis elle
fut engagée comme première femme au théâtre
royal. Après avoir chanté les principaux rôles
dans les opéras de Mozart, dans Sargines, de
Paer, et dans Calypso, de Winter, elle obtint
un congé pour aller en Italie, en 1808, et
chanta avec succès à Vérone et à Trente. De
retour à Munich', elle y épousa, au mois de
mars 1809, le chanteur de la cour Weixel-
baum, avec qui elle a brillé pendant plu-
sieurs années dans les opéras allemands et
italiens.
MARCHETTO ou MARCHETO, sur-
nommé DE PADOUE, à cause du lieu de sa
naissance, vécut dans la seconde moitié du
treizième siècle. On voit par un de ses ou-
vrages, intitulé : Lueidarium in arle mutiat
plan*, dans le manuscrit de la Bibliothèque
ambrosienne de Milan , qu'il demeura quel-
que temps â Césène, et qu'il était à Vérone en
1274, car à la fin de ce livre, on lit : Inchoa-
tutn Ceeerue , perfectum Ferons 1274. Il
retourna ensuite â Césène, car à la fin de son
Pomerium Artit mutiem mensurabilis, on
trouve ces mots : Conditum Cesenz in domo
Baynaldi de Cyntris (1). Des difficultés se
présentent â l'égard des époques où Marchetto
aurait écrit ses ouvrages. Je crois devoir faire
connaître ici en quoi elles consistent. On a
vu que le lueidarium est daté de 1274, dans
(I) Le manuscrit du quatorzième siècle des Trmitët de
Marchetto de Padoue, que je possède, ne se termine pas
ainsi ; j'jr lis : Exjilicit Pomerium musicœ mensurmbiti*
Marchtti de Podua condilum Cesene m dama Doutiui
Baynaldi eiriiati*. Amen; construction dusses mauvaise
latinité, car il faudrait au moins hujus eititatiê. Toute-
fois il est vraisemblable que le copiste employé par
l'abbé Gerbert a mal lu, car de cyntris ne signifie rien
et ne peut élre un no» italien.
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MARCHETTO
le manuscrit de Milan. D'autre part, l'épltre
dédicaloire de cet écrit commence par ces
mots : Magnifico milili et potenti Domino
suo, Domino Raynerio Domim Zaccharix
de urbe veteri, illustrit principis Domini
Joannis clarx et excelsx memorix Domini
Karoli régie Jérusalem et Sicilix gloriosi
filii, eomitiê Gravinx et Honoro 7 montis
Sancti AngeM Domini in provincia Roman-
diolx vicario générait , Marehetus de Paduu
se ipsum paralum ad omnia gênera man-
datorum. Or. le prince Jean, comte de Gra-
vi na } fils de Charles, roi de Sicile, dont H est
ici question, ne peut être que le fils de
Charles II, qui ne commença son règne qu'en
1285. D'ailleurs, Rainier, prince de Monaco
et seigneur d'Orviète, surnommé le Chevalier,
est Rainier H, qui ne fut général au service
de Charles II, roi de Sicile, que postérieure-
ment à Tannée 1500. Si donc le Lucidarium
a été fini en 1974, comme l'indique 4e manu-
scritde la Bibliothèque ambrosiennede Milan,
la dédicace ne parait pas avoir pu être faite
avant l'année 1300. Il y a même lieu de croire
qu'elle est postérieure au mois de mai 1309,
car les mots clarx et excelsx memorix Do-
mini Karoli régis Jérusalem et Sicilix
semblent prouver que Charles H avait cessé
de vivre : or il n'est mort que le 5 de ce mois
et de cette année. 11 est vrai que Muratori
(Antiquit. Jtal. medii xvi> t. III, p. 876)
croit que Marchetto a pu employer par hon-
neur ces expressions clarx et excelsx memo-
rix en parlant au roi vivant encore. Au sur-
plus le beau manuscrit du quatorzième siècle
qui renferme les ouvrages de Marchetto, et
qui est dans ma bibliothèque, n'a pas la date
de 1274 à la fin du Lucidarium in arte mu-
sicx planx; on y trouve seulement : Explicit
Lucidarium Marcheti de Padua in musica
plana. Je suis donc porté à croire que cette
date (1274) est arbitraire et a été ajoutée par
le copiste , lequel n'aura pas aperçu les rai-
sons qui la rendent à peu près inadmissible.
A l'égard du Pomerium, il est dédié, dans le
manuscrit de Milan, à Robert, roi de Sicile,
qui succéda à son père Charles II en 1309;
mais suivant Burney (A gênerai Historyof
mûrie, t. II, p. 162), ce même ouvrage se-
rait dédié a Charles I", vers 1283, dans le
manuscrit des œuvres de Marchetto, qui se
trouve à la Bibliothèque du Vatican. Ce der-
nier fait est rejeté comme une erreur dans le
Dictionnaire des musiciens de Choron et
Fayolle (art. Mahoietto); j'ignore ce qui en
est à l'égard du manuscrit du Vatican; mais
BlOCn. B51V. DES MUSICIENS. T. V.
Pépllre dédicatoire de celui que je possède
commence, comme le manuscrit de Milan,
par ces mots : Prxclarissimo principum
Domino Roberto Dei gratia Ierusalem et
Sicilix Régi Marehetus de Padua recom-
mendationem humilem et devotam, etc.
Quoi qu'il en soit de ces différences dans les
manuscrits, on peut considérer les écrits de
Marchetto comme des monuments historiques
du plus haut intérêt. Le Lucidaire de la mu-
sique plaine est divisé en seize petits traités
dont la plupart sont eux-mêmes subdivisés en
un certain nombre de chapitres. Après avoir
dit, dans le quatrième chapitre du second
traité, que tous les auteurs ont divisé le ton
majeur en neuf parties (commas) dont le ton
mineur contient huit, il rejette celte division,
et dit (chap. V), que le ton doit être divisé en
cinq parties, ni plus, ni moins (Sciendum est,
quod tonus habet quinque partes, et non
plures neque pauciores). Ce qu'il appelle la
démonstration de ce principe est un raison-
nement plus spécieux que solide. Prodoscimo
de Beldomandis, commentateur de Jean de
Mûris, au commencement du quinzièmesiècle,
se prononça contre Marchetto sur ce poini de
doctrine ; mais plus lard Tinctoris {Définit or.
Mus.), Nicolas Vicentino (Antica Musica ri-
dotta alla modernaprattica), Fabio Colon na
(Sambuca Lincea), et d'autres ont adopté
celte théorie. Quelques théoriciens ont pré-
tendu qu'il est indifférent de diviser le ton en
cinq parties, en sept ou en neuf, pourvu qu'on
admette la différence du ton majeur au mi-
neur; mais cette différence étant précisément
dans la proportion de huit à neuf, il est évi-
dent que ce n'est que par la division du ton
majeur en neuf commas qu'on peut la repré-
senter. Il n'est indifférent d'adopter l'une ou
l'autre division que lorsqu'on n'admet qu'une
seule sorte de ton, comme l'on fait les auteurs
du système égal et les pythagoriciens.
Le Lucidaire est surtout remarquable par
les exemples d'harmonie chromatique qu'il
renferme dans les deuxième, cinquième et
huitième traités. Les successions harmoni-
ques présentées dans ces exemples sont des
hardiesses prodigieuses pour le temps où elles
ont été imaginées (1). Elles semblaient devoir
créer immédiatement une nouvelle tonalité ;
mais trop prématurées, elles ne furent point
comprises par les musiciens, et restèrent sans
signification jusqu'à la fin du seizième siècle.
(I) Vojei à ce sujet, dans la préface de cette nouvelle
édition (p. xxviu-xxxv), la discussion des objections qui
m'ont cic faites contre ce paragraphe.
2!)
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450
MARCHETTO — MARCONCINI
Le Pomerium musicar mensurats est un
long et savant commentaire sur la doctrine de
la musique mesurée exposée par F rançon de
Cologne. Ainsi que le Lucidarium, il est di-
visé en un certain nombre de traités, dont
chacun a un objet particulier. Cet ouvrage
fournit beaucoup de lumières sur une multi-
tude de difficultés relatives à la notation en
usage à la fin du treizième siècle et au com-
mencement du quatorzième.
L'abbé Gerbert a publié le Lucidarium et
le Pomerium dans le troisième volume de ses
Scriptores ecclesiastici de Musica (p.65-188),
d'après le manuscrit de la Bibliothèque de
Milan : on y trouve quelques fautes singulières,
non -seulement dans les exemples notés, mais
même dans le texte.
A la suites des deux traités de Marchelto de
Padoue contenus dans mon manuscrit se
trouve un résumé anonyme fort bien fait, par
demandes et réponses, de la doctrine de la
notation proportionnelle noire de cet auteur,
avec des exemples très-bien notés. Cet écrit,
de neuf pages in-4°, d'une écriture très-
menue, est de la seconde moitié du quatorzième
siècle. Il a pour titre : Jncipit brevis compi-
latio magistri Marchetti de Padua 7 musice
mensurate pro rudibus ex modernis. Je ne
connais rien d'aussi satisfaisant de cette époque.
MARCHETO ou MARCHETTO , de
Padoue, compositeur, vécut vers la fin du
quinzième siècle et au commencement du
seizième. Il appartenait vraisemblablement à
la même famille que le précédent. Le genre
dans lequel il a exercé son talent est celui des
frottole. On a de lui un morceau de cette
espèce sur le sonnet : Sio sedoalombra, amor,
dans le cinquième livre des Frottole, publié
par Petrucci de Fossombrone, à Venise, en
1505, et un autre {Piangea la donna mia),
dans le recueil également rare, intitulé: Can-
zont, Frottole, et Capitoli, da diversi eccel-
lentitsimi Musici composti. Libro primo;
imprimé à Rome, pour Jacques Junte, par
Jean-Jacques Pasoli et Valerius Dorich, au
mois d'avril 1526.
MARC HI (Jeaïi-Majue), compositeur, né
à Milan, vécut dans la première moitié du
dix-huitième siècle. En 1756, il fit représenter
au théâtre Saint-Samuel de Venise, pour la
foire de l'Ascension, son opéra intitulé : Gé-
nérosité politica. Quelques airs de cet opéra
sont connus en manuscrit. Le catalogue de
Traeg (Vienne, 1799) indique de la composi-
tion de Marchi : tétanie a 4 toc», a cappella,
datée de 1711. ■
BIARCOLINI (François), écrivain, gra-
veur en caractères et architecte, naquit a
Forli, en 1500. Il fut un des premiers impri-
meurs de musique à Venise, après Octavien
Petrucci. Il établit son imprimerie dans celle
ville, en 1530, et y imprimait encore en 1536;
plus tard, il se fixa à Vérone. On ne connaît
aujourd'hui qu'un seul ouvrage sorti de ses
presses, par un exemplaire qui esta la Biblio-
thèque impériale de Vienne. Cet ouvrage, qui
renferme des pièces de lulh en tablature, de
Francesco de Milan, d'Alberto de Mantoue et
de Marco de VAquileo, a pour litre : Inta-
bolatura di liuto da diversi con la Bataglta
et altre cose bellissime, di M. Francesco da
Milano, stampata nuovamente per Fran-
cesco Marcolini di Forli } con gratia et pri-
vilégie». Le volume est un petit in -4° obi. de
cinquante-trois feuillets ; on Ht au dernier :
In Vimgia per Francisco (sic) Marcolini da
Forli, in la Contra di Santo Apostolo, ne la
casa de Frati di Crosachieri, negilanni (sic)
delSignore 1536 del mese di Magio. Dans la
préface, Marcolini dit que le monde a une
grande obligation à Petrucci de Fossombrone,
pour avoir inventé les caractères à imprimer
la musique comme on imprime les livres;
mais que la musique de luth de son temps
n'exigeait pas pour la tablature la multitude
de signes que l'art plus avancé de Francesco
de Milan, d'Alberto de Mantoue et d'autres y
a introduits ; et que lui, Marcolini, a perfec-
tionné l'invention de Petrucci sous ce rapport.
Il promet aussi de publier bientôt un livre de
messes ? un livre de motets et un livre de ma-
drigaux de lo stupendo Adriano (Willaert).
Ces ouvrages, s'ils ont paru, n'ont pas été re-
trouvés jusqu'à ce jour.
MARCOLINI (Mariette), cantatrice dis-
tinguée, commença à se faire connaître en
1805, et joua avec succès dans plusieurs
grandes villes de l'Italie. Au printemps de
1809, elle chanta au théàlre de la Scala, à
Milan; retourna dans la même ville au prin-
temps de 1811, et alla dans l'automne de la
même année à Bologne, où Rossini, alors âgé
de dix-neuf ans, écrivit pour elle VEquivoco
stravagante. Elle a aussi chanté d'origine
Ciroin Babilonia, à Rome, en 1812; laPietra
del Paragone, à Milan, dans la même année,
et Vltaliana in Alger i, à Venise, en 1813.
Celte cantatrice parut pour la dernière fois an
théâtre Ré de Milan, en 1818. Peu de temps
après, elle se relira de la scène.
MARCOIN'CIIW (JosEm), un des meil-
leurs luthiers modernes de l'Italie^ travailla
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MARC0NC1NI — MARENZIO
451
dans sa Jeunesse chez Storioni, élève de
l'école de Slradivari, à Crémone, puis se fixa
à Ferrare, où il est mort dans un âge avancé,
le 17 janvier 1841. Ses violons sont classés
parmi ceux du troisième ordre; mais il en
existe quelques-uns de patron moyen qui éga-
lent ceux de son maître.
MARCOU (Pierre), violoniste, fut admis en
1790 dans la musique du roi de France; puis,
après la dissolution de la chapelle royale, il
alla s'établir à Rouen, où il fut quelque temps
attaché à Porches tre du théâtre. De retour à
Paris trois ans après, il entra comme un des
premiers violons à l'orchestre du Théâtre-
Lyrique, en 1798. Ce théâtre ayant été fermé
deux ans après, Marcou se rendit à Nancy;
puis, en 1804, il alla s'établir comme profes-
seur de musique à Bourges, où il était encore
en 1812. Il avait cessé de vivre en 1890. Ce
musicien est auteur d'un livre intitulé : Élé-
ments théoriques et pratiques delà musique;
Londres et Paris, veuve Ballard, 1789, in-8°
de cinquante-huit pages. Pendant son séjour
à Nancy, il en donna une deuxième édition
avec beaucoup de changements, sous ce titre :
Eléments de musique, rédigés par le ci-
toyen M*** ; Nancy, Vincent, an xi (1803).
Enfin, il en a paru une troisième, intitulée :
Manuel du jeune musicien, ou éléments
théoriques et pratiques de la musique en gé-
néral, suivis du discwrs sur l'harmonie,
par Gresset; Paris, Duponcet, 1804, in-12.
MARCUORI (Adamo), maître de chapelle
de la cathédrale de Pise, né à Arezzo, vers le
milieu du dix-huitième siècle, est mort à
Montenero le 5 avril 1808* C'était, dit-on, un
musicien de génie, qui écrivait pour l'église
des compositions expressives et pathétiques.
Il a laissé en manuscrit beaucoup de messes,
motels, psaumes, deux Salve Regina, un
Stabat Mater à deux voix et instruments,
des vêpres complètes, et un Te Deum. Tous
ces ouvrages se trouvent dans la cathédrale de
Pise.
MARCUS (Joachim), compositeur allemand
de la An du seizième siècle, a publié â Stettin :
Sacrm Cantiones 5, 0, 7, 8, 9 et plurimum
vocum. Walther cite une deuxième édition de
ce recueil, publiée à Leipsick en 1608.
MARD (Rêmord DE SAINT). Voyez
RÉMON D DE SALYr-MARD (Tous-
sai ht).
MARE (Guillaume DE LA), cordelier du
treizième siècle, né en Angleterre, vécut vers
1290, et fut docteur en théologie et professeur
à Oxford. Il est auteur d'un traité, intitulé :
De Arte musical* , lib. 1, qui se trouve en
manuscrit dans la Bibliothèque bodléienne.
MARE (André-Jacques), violiste à Pa-
ris, dans la première moitié du dix-huitième
siècle, s'est fait connaître par un recueil de
pièces intitulé : Solos pour le pardessus de
viole, Paris, 1759. Il était attaché à la
musique de la chambre du roi.
MARECZEK (...), compositeur hongrois,
de race Israélite, est né en 1823. Il était en 1&42
maître de chapelle à Agram, en Croatie. En
1843, il fil représenter à Brttnn, Hamlet,
opéra sérieux en trois actes, qui fut bien ac-
cueilli par le public. Dans l'année suivante, il
s'est établi à Nancy, comme directeur de mu-
sique d'une société de chant.
MARENZIO (Luc) , illustre compositeur
du genre madrigalesque , dans le seizième
siècle, naquit de parents pauvres, à Coccaglia,
près de B rescia, vers 1550. André Mezetto,
archiprétre de ce* lieu, le recueillit et lui fit
faire ses premières études ; c'est à ce véné-
rable religieux qu'il fut redevable de ses vertus
et des connaissances qu'il acquit dans les let-
tres. La beauté de sa voix et ses heureuses
dispositions pour la musique ayant été remar-
quées, il fut confié aux soins de Jean Contint,
maître de chapelle de Brescia et l'un des mu-
siciens italiens les plus instruits de celte
époque, qui lui fit apprendre tout ce qui con-
cernait la musique, l'art du chant et la com-
position. Ses premiers recueils de madrigaux
l'ayant fait connaître avantageusement, le roi
de Pologne l'engagea à son service; mais après
quelques années passées à sa cour, la fâcheuse
influence du climat du Nord sur la santé de
Marenzio l'obligea à demander sa retraite. Il
se rendit à Rome, en 1581, et fut placé chez
le cardinal d'Esté, en qualité de maître de
chapelle, puis chez le cardinal Aldobrandini,
neveu du pape Clément VIII, qui prit ce cé-
lèbre artiste sous sa protection. En 1595, il fut
agrégé au collège des chapelains chantres de
la Chapelle pontificale. Il mourut le 22 août
1599, et fut inhumé dans l'église Saint-Lau-
rent in Lucina.
Marenzio est considéré avec raison comme
un des plus grands compositeurs italiens du
seizième siècle. L'admiration qu'on avait pour
ses ouvrages l'a fait appeler par quelques
musiciens il dolee cigno } et Sébastien Raval,
savant contrapuntiste espagnol, l'appelle, dans
l'épllre dédicatoire de son premier livre de
madrigaux à cinq voix : il signor Luca Ma-
renzio, divino eompositore. Le mérite de ses
madrigaux consiste bien moins dans les corn*
29
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452
MARENZIO
binaisons savantes el dans la pureté de style
que dans l'expression tendre, gracieuse on
mélancolique des paroles, et dans des har-
diesses d'harmonie qu'on est étonné de ren-
contrer à Tépoque où parurent ses premiers
livres de ce genre de pièces.
Plusieurs auteurs, particulièrement H. de
Winterfeld dans son livre concernant Jean
Gabi ieli et quelques maîtres de son temps, ont
considéré, avec raison, Harenzio comme un
des premiers musiciens qui ont établi dans
des pièces entières le système de la musique
chromatique; cependant, il ne faut pas se
tromper sur la signification du mol chroma-
tique employé dans ce cas, et ne pas croire
que Harenzio ait fait usage des dissonances
naturelles attaquées sans préparation, qui dé-
terminent immédiatement des modulations
nécessaires ; car, ainsi que ses contemporains,
ce compositeur ne connaissait d'autre harmo-
nie fondamentale que l'harmonie consonnante
dans laquelle il introduisait des prolongations
ou des notes de passage plus ou moins har-
dies. Ce n'est point là ce qu'a fait Monteverde
(voyez ce nom), vers la fin de la carrière du
même Marenzio. Les œuvres publiées de ce
grand musicien sont : 1* Neuf livres de ma-
drigaux à cinq voix , publiés et réimprimés
plusieurs fois à Venise, chez Ange Garda ne et
ses successeurs, en 1580, 1581, 1582, 1583,
1584, 1585, 1586, 1587, 1589; réimprimés en
1594, 1595, 1602, 160?, 1605, 1608 et 1609,
in-4*. Une édition complète de ces neuf livres
de madrigaux a été publiée sous ce titre : Di
Luca Marenzio, musico eccellentissimo, Ma-
drigali a cinqne voci ridotti in un corpo,
nuovamente potti in luce, e con ogni dili-
gent ia correlti. Jn Anuersa,appresso Pietro
Phalesio e Giovanni 2fc/fero, 1593, in-4* obi.
Le même Phalèse a aussi réimprimé quelques
livres séparés de cette collection en 1594.
2* Six livres de madrigaux à six voix, publiés
à Venise en 1582, 1584, 1585, 1587, 1591,
1609, in-4°. Phalèse en a donné de nouvelles
éditions, à Anvers, en 1594, 1597, 1603 et
1610, in-4* obi. La dernière de ces éditions a
pour titre : Di Luca Marenzio, musico eccel-
lentissimo, il primo, secondo, terzo, quarto,
quinto e sesto libro de' Madrigali a set voct,
novamentiristampatied in un corpo ridotti,
in-4° obi. Il a été donné aussi à Nuremberg
des éditions des madrigaux à cinq et à six voix,
en 1601 et 1608. 5° Madrigali a quattro voci,
lib. I, Venise, 1592, 1608. Ces madrigaux
doivent être classés parmi les plus beaux ou-
vrages de Marenzio. A° MoUtti a 4 voci, lib. II,
in Fenezia, par Aless. Fincenti, 1588, in-4*.
5° Motetti a 4 voci, lib. II, ib., 1592, in-4".
5° {bis) Mottetti a 12 voci, Venise, 1614, in-4*.
6° Sacri concenti quinque, sex et sept, voc.;
Venetias, J. M. Piccioni, 1616, in-4°. 7° Corn-
pletorum ae Anliphonx sex voc.; Venetiae,
1595, in-4°. 8° Cinq livres de villanelles alla
Napoletana,! trois voix; Venise, 1584,1586,
1589, 1592, 1600 et 1605, in-4*. Ces villa-
nelles ont été réimprimées à Nuremberg, avec
un texte allemand, en 1606. Parmi les manu-
scrits de la collection Eler, appartenant à la
.bibliothèque du Conservatoire de Paris, on
trouve deux madrigaux à six voix de Marenzio,
en partition, et un motet à quatre. Le P. Mar-
tini a publié de cet auteur 4 , en partition, les
madrigaux à quatre : Ahiï dispietata morte;
Ma per me lasso; Zefllro torna ; le madrigal
à cinq voix, Ah, tu mel ntghi! Fezzos' au*
gelli; et le madrigal O fortuna volubile, dans
le second volume de VEsemplare, o siasaggio
fondamentale pratico dicontrappunio. M. de
Winterfeld a donné aussi en partition le ma-
drigal a cinq voix : O voi cbe sospirate, dans
la troisième partie de son livre sur Jean
Gabrieli. Enfin, Choron a réimprimé dans ses
Principes de composition des écoles d'Italie
les madrigaux publiés par le P. Martini. Tous
les madrigaux de Marenzio, à quatre, cinq et
six voix, sont en partition dans la collection
de Pabbé Santini, a Rome. Beaucoup de col-
lections, publiées vers la fin du seizième siècle
et au commencement du dix-septième, ren-
ferment des morceaux de Marenzio; j'en ai
trouvé dans celles dont voici les titres : 1° Spo~
glie amorose; madrigali a 5 voci di diverti
eccellentissimi musici; in Venegia, appresso
V herede di Girolamo Scoto, 1585, in-4*.
2* Musica divina di XIX autori illuslri
a 4, 5, 6 et 7 voci nuovamente raccolta da
Pietro Phalesio; Anvers, 1595, in-4* oblong.
3* Harmonia céleste di diversi eccell. musici
a 4, 5, 6, 7 e 8 voci, nuovamente raccolta
per Andréa Pevernage; Anvers, P. Phalèse
et J. Bellere, 1593 in-4* oblong. 4* Sympho-
nia angelica di diversi eccell. musici, imio-
vamente raccolta per ffuberto TFaelrant,
ibid., 1594, in-4* obi. 5* Melodia olimpica
di diversi eccellentissimi, ec., nuovamente
raccolta da Pietro Philippi, Inglese; ibid. ,
1594, in-4* oblong. 6* Il Lauro ver de, ma*
drigali a sei voci, composti da diversi eccell.
musici, ec.; ibid, 1591, in-4*. 7* // Trionfo
di Dori, descritto da diversi, e posti in
musica da altrettanti autori a 6 voci; Ve-
nise, Gardane, 1596, in* 4°; Anvers, Phalèse,
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HARENZIO — MARET
433
15%, in-4« oblong; ibid., 1601; t&to\,10l4.
S°Paradiso musicale dé madrigali e canzoni
a 5 voci; ibid, 1596. 0° Ghirlanda di madri~
gali a sei voci di diversi eccellent. auto ri;
ibid., 1601, in-4°obl. 10? Madrigali a otlo
voci di diversi eeceUenti e famosi autori 9
ibid., 1506.
MARESCALCHI (Louis), compositeur,
né à Rome, suivant Gerber, mais pins vrai-
semblablement à Napies, eu il y a des familles
de ce nom, étudia le contrepoint sous la direc-
tion du P. Martini, à Bologne. Cependant il fut
plutôt un musicien d'instinct et de goût qu'un
maître remarquable par son savoir. En 1770,
il demeurait à Venise, où il avait établi une
maison de commerce pour la musique gravée.
En 1780, il écrivit à Florence le ballet de
Méleagro. Quatre ans après, son opéra IDiser-
tori felici obtint un brillant succès à Plai-
sance. Un duo de cet ouvrage (Sventurato, a
chi fin or a) a été gravé a Venise, avec accom-
pagnement de deux violons et basse. En 1784,
il a écrit a Rome Andromeda e Perseo, opéra
sérieux. L'année suivante, il transporta à Na-
pies son commerce de musique. Le Rivolu-
xioni del seraglio, ballet en trois actes, fut
représenté en 1788; et il donna Giulietta e
Romeo, à Rome, en 1789. On connaît plu-
sieurs morceaux détachés tirés des opéras de
Harescalchi, nn concertino à quinze instru-
ments, et quatre quatuors pour deux violons,
alto et basse, gravés à Paris. Sous le nom de
Boccberini, on a gravé, comme œuvre 7 ae ,
des trios pour deux violons et violoncelle qui
n'appartiennent pas à ce compositeur, mais à
Marescalchi. C'est une supercherie d'éditeur
qui a été faite par Marescalchi lui-même. Le
véritable œuvre 7 m * de Boccherini est composé
de six sonates pour violon. Marescalchi a pu-
blié un petit ouvrage élémentaire pour le
piano, sous ce titre' : Scale simplici e doppie
per piano- fort* in tutti i dodici tuoni mag-
giori e minori, seconde il metodo antico,
aggiunte le scale de' tuoni minori colle teste
minori ascendenti, corne pure la scala géné-
rale cromatica o sia semituonala. Il tutto
colla numerica dette dita, per l'esecuzione se-
conda il nuovo metodo; Napies, Marescalchi ;
Milan, Ricordi, in- fol. obi. de onze pages.
MARESCH (J.-A.), corniste, né en Bo-
hême, en 1709, alla s'établir en Russie vers
1744 et entra au service de la cour impériale.
Son talent le fit remarquer du prince Narisch-
kin, qui lui proposa, en 1751, de s'occuper
du perfectionnement de la musique de cors
russes. Depuis longtemps les chasseurs de
cette nation se servaient d'un cor de cuivre
jaune, dont la forme était à peu près semblable
à un cône parabolique, et qui ne rendait qu'un
son. Maresch en fit fabriquer trente-sept qui,
par leurs grandeurs différentes, rendaient
tous les demi-tons compris dans l'étendue de
trois octaves. Les cors destinés aux sons les
plusgraves avaient environ sept pieds de long;
les plus petits n'avaient qu'un pied. Depuis
lors on a fait des tubes de douze pieds pour la
note la plus grave, et de quelques pouces seu-
lement pour la plus aiguë. Maresch distribua
ses trente-sept cors à un nombre égal de chas-
seurs, et, par un exercice dont la sévérité
n'était praticable que dans un pays d'esclaves,
il parvint à leur faire exécuter les traits les
plus difficiles et les plus rapides. Rangés sur
plusieurs lignes, les exécutants attendent dans
celle musique l'instant ou il doivent faire son-
ner leur note; car chacun d'eux n'en saurait
produire davantage. Le mérite consiste à le
faire exactement dans le temps nécessaire, et
avec le degré de force qui convient pour la mu-
sique qu'on exécute. Le premier essai de cette
musique fut fait en 1755, en présence de la cour
impériale, à la maison de chasse IsmaYlow, à
peu de distance de Moscou. L'effet frappa
d'étonnement tous ceux qui l'entendirent. De
près, les cors réunis produisent l'effet d'un
grand orgue; de loin, on croit entendre un
puissant .harmonica. Maresch, après avoir été
récompensé avec magnificence, vécut encore
près de quarante ans. 11 est mort à Saint-Pé-
tersbourg, en 1794, laissant une fille qui a eu
de la réputation comme pianiste.
MARESCH ALL (Samuel), voyez MAR-
SCHALL
MARESSE (Louis), pianiste et composi-
teur, né à Évreux en 1797, vint à Paris vers
1810 et se fit connaître par un petit opéra-
comique, intitulé - l'Habit retourné. On a
gravé sous son nom : 1° Des trios pour piano,
violon et violoncelle, op. 5 et 9; Paris, Dufaut
et Dubois. 2° Des duos pour piano et violon,
op. 6 et 7; ibid. 5° Fantaisie sur un air suisse
pour piano seul, op. 4; ibid. 4° Trois airs va-
riés détachés pour piano; ibid. 5° Deux recueils
de valses pour piano, op. 8 et 10; ibid. En
1828, M. Maresse s'est éloigné de Paris, et
depuis lors on n'a plus eu de renseignements
sur sa personne.
MARET (IIucues), né à Dijon en 1726,
mort dans la même ville le 11 juin 1786, fut
docteur en médecine de l'Université de Mont-
pellier, démonstrateur de chimie à Dijon,
médecin du roi et de la généralité de Bour-
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454
MARET — MA1É
gogne, censeur royal, membre de plusieurs
académies, et secrétaire perpétuel de celle de
Dijon. C'est en cette qualité qu'il a prononcé
en 1700 un Éloge historique de Rameau, qui
a été imprimé dans le volume des Mémoires
de l'Académie de Dijon publié dans la môme
année. Cet éloge a été imprimé séparément;
Dijon, 1766, in-8°. On a aussi de Maret,
VÉloge de Durey de Noinville, auteur de
V Histoire de l'Opéra. Cet éloge est imprimé
parmi les Mémoires de l'Académie de Dijon
(1769).
MAREX ou MARCKX (Charles), né a
Alost,* vers 1720, a été nommé maître de
chant, ou chef du chœur à l'église de Sainte -
Walburge, d'Audenarde, le 12 mars 1761.
Après avoir occupé cette position pendant
vingt-sept ans, il mourut le 28 juillet 1788,
laissant dans les archives de l'église d'Aude-
narde : 1° Six Ave Maria à plusieurs voix
avec instruments. 2° Six Tantum ergo, idem.
5° Messe de Requiem ^ à .quatre voix, avec
quatuor d'instruments à cordes, tous de sa
composition.
MARGRAFF (Ahdré), né à Egger, en
Bohême, dans les dernières années du quin-
zième siècle, fut instituteur et chantre à
Schwandorf, près de Ratisbonne. Il a fait im-
primer de sa composition le cent vingt-hui-
tième psaume à cinq voix; Amberg, 1536.
DIARIANI (Jean-Baptiste), compositeur
dramatique de l'école romaine, vécut vers le
milieu du dix-septième siècle. Il fit représen-
ter à Viterbe, en 1659, Amor vuol gioventù,
opéra qui a été trouvé fort beau à celte
époque.
• MARIANI (Paul), chanteur célèbre, né à
Urbino, vécut vers 1710.
MARIANI (Jear-Lagubrt), compositeur
de musique d'église, né à Lucques en 1737,
fut maître de chapelle de l'église cathédrale
de Savone, et mourut dans cette ville en 1793.
Élève du P. Martini, il fut un des plus savants
musiciens de son temps. On connaît un grand
nombre de messes, de vêpres, de psaumes,
d'hymnes, d'antiennes et de litanies de sa
composition, la plupart à six, sept et huit
voix réelles, dont les copies manuscrites se
trouvent dans plusieurs grandes bibliothèques.
M. l'abbé Santini, de Rome, possède de ce
musicien un Miserere à quatre voix, avec
instruments, et deux Salve Regina.
M AME -AN TOINETTE -AMÉLIE ,
duchesse de Saxe-Gotha, fille d'Ulric de Saxe-
Mcinungcn, née le 17 septembre 1752, eut
des talents qui auraient fait honneur à un
artiste sur le clavecin et dans la composition.
On a imprimé de sa composition des cansoni
italiennes avec des variations pour le clave-
cin, auxquelles on a ajouté d'autres variations
de Benda, Schweitzer, Scheidler, etc., Leip-
sick, 1782, in-fol. Elle a aussi fait paraître à
Gotha, en 1786, Chansons d'un amateur de
musique. Enfin, il existe une symphonie à dix
parties, composée par celte princesse.
MARIE (...), chanteur dramatique, né à
Paris, en 1814, fut admis, vers l'âge de dix
ans, dans l'institution de musique religieuse
.dirigée par Choron, et y fit de bonnes études
musicales. Lorsque cette institution fot sup-
primée, après la révolution de juillet 1830,
Marié n'avait pas encore atteintsa dix-septième
année. Il fut obligé de chercher des ressources
pour son existence en chantant dans les
églises, particulièrement à Safnt-Eustacae.
Plus tard, le besoin lui fît accepter une place
tle choriste à l'Opéra-Comique : il entra à ee
théâtre sous le nom de Mécène. Cependant,
artiste par le sentiment, musicien d'une édu-
cation solide, et possédant une bonne voix de
ténor, il était fait pour occuper une meilleure
position : il le sentit et se prépara, par l'étude
du répertoire, à tenir sur un théâtre de pro-
vince l'emploi de premier ténor. Un engage-
ment lui fût offert pour le théâtre de Metz :
il y débuta au commencement de Tannée
théâtrale 1838. Sa voix, où se faisaient remar-
quer de beaux sons dans toute l'étendue d'un
bon ténor, n'avait pas été convenablement
travaillée par des exercices de vocalisation
bien dirigés ; elle manquait de souplesse et
d'égalité; mais elle était accentuée. Marié
possédait un sentiment pur, une manière large
de phraser, et de plus il était très-non mu-
sicien. Ses succès eurent du retentissement;
les journaux de Paris le signalèrent à l'atten-
tion publique, et le directeur du nouveau
Thédtre de la Renaissance engagea l'artiste
pour l'année 185Q; mais le directeur de
l'Opéra-Comique le réclama, en vertu d'une
clause de son privilège qui ne permettait pas
à un chanteur sorti de son théâtre de paraître
sur une autre scène de Paris avant le terme de
trois ans révolus. Un procès s'ensuivit, et le
tribunal ayant donné gain de cause à M. Cros-
nier, alors directeur de l'Opéra-Comique,
Marié fut obligé de rentrer à ce théâtre avec
le titre de premier ténor. Il y parut pour la
première fois dans la Symphonie, opéra écrit
pour lui par Clapisson. Il y eut un véritable
succès, parce que le compositeur avait com-
pris ce qu'il fallait pour le caractère large de
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MARIE — MARIN
455
son chant; mais bientôt l'administration du
théâtre put comprendre qu'elle avait fait une
faute en obligeant Marié à y entrer, car le
répertoire courant n'avait pas un rôle qui
loi convint. En 1840, cet artiste fut engagé
par l'administration de l'Opéra, pour chan-
ter les principaux rôles en remplacement de
Duprez, qui commençait à se fatiguer. Il y
réussit d'abord, mais aucun rôle n'ayant été
écrit pour lui, dont la direction ne sut pas
comprendre la destination spéciale, Marte
perdit insensiblement la faveur du public.
Sorti de l'Opéra, il parcourut les départements
et la Belgique, où il obtint des succès ; puis, il
alla en Italie, s'y essaya dans les rôles de
baryton, revint à Paris, et rentra à l'Opéra,
dans une situation secondaire, où il s'est
effacé. C'est ainsi qu'un vrai talent de senti-
ment et de distinction fut perdu et ne parut
jamais ce qu'il valait, parce qu'il ne fut com-
pris, ni parles directeurs de théâtres, ni par
la critique vulgaire.
MARIN (Fabrice), né dans le Piémont
vers 1540, a mis en musique à quatre parties :
Airt sur aucunes poésies de Baïf, Ronsard,
Jamin si Desportes; Paris, Adrien Le Roy,
1578, in-4° obi.
MARIN (Fbauçois-Louis-Claude MA-
RIN I, dit), littérateur, connu principalement
par un bon ouvrage intitulé : Histoire de Sa-
ladin, sultan d'Egypte et de Syrie, naquit
à la Ciotat, en Provence, le juin 1721 . Venu
à Paris, vers 1743, après avoir été enfant de
chœur, puis organiste, et enfin ecclésiastique,
il quitta le petit collet, et fut reçu avocat au
Parlement. On ne rappellera pas ici toutes
les circonstances de la vie de ce littérateur,
qui ne figure dans ce dictionnaire qu'à l'oc-
casion d'un opuscule relatif à la musique : ces
-détails d'une carrière assez agitée sont con-
signés dans les divers dictionnaires histori-
ques publiés depuis quelques années. Je me
bornerai à dire qu'après avoir été successive-
ment censeur royal, censeur de la police; se-
crétaire de la librairie et directeur de la Ga-
zette de France, il perdit ces places, se retira
dans sa ville natale, en 1778, et y acheta
la place de lieutenant-général de l'amirauté.
Mais la révolution l'ayant privé de cette
charge et d'une partie de sa fortune placée
sur l'ÉUt, il vint à Paris recueillir les débris
de son ancienne opulence, s'y Axa et y vécut
jusqu'à l'âge de quatre-vingt-neuf ans. Sa
mort eut lieu le 7 juillet 180'J. Il s'était marié
et avait eu un fils, grand amateur de musique,
mais étourdi et dissipateur, qui épousa une
fille de Grétry, ne la rendit point heureuse, et
mourut peu de temps après son père. On a de
Marin un petit écrit publié à l'occasion des
querelles sur la musique française que la lettre
de J.-J. Rousseau avait fait naître. Cet opus-
cule est intitulé : Ce qu'on a dit, ce qu'on a
voulu dt're, lettre à madame Foliot; Paris,
1752, in-8*. Marin s'y range parmi les défen-
seurs de la musique française.
MARIN (Guillaume MARCEL DE), né
à la Guadeloupe, le 22 mai 1757, descendait
des Marini qui ont donné des doges à Ve-
nise. Sa famille était établie en France depuis
1402. Il vint à Paris à l'âge de dix ans, et fit
ses études au collège de Louis le Grand; mais
il ne les acheva pas. A quatorze ans, il em-
brassa la carrière des armes; à quinze, il se
livra à l'élude des mathématiques et de la
musique. Il entreprit alors, sans maître, l'étude
du violon, et ses efforts le conduisirent à jouer
avec facilité les caprices de Localelli. Plus
tard, Gaviniès et Pagin lui donnèrent des le-
çons, et Rameau lui enseigna l'harmonie. On
a gravé un Stabat de sa composition, pour
quatre voix et orchestre; Paris, Leduc.
MARIN (Marie-Martin MARCEL DE),
fils du précédent, est né à Saint-Jean -de-Luz,
près de Bayonne, le 8 septembre 1769. Lors-
qu'il eut atteint l'âge de quatre ans, son père
lui enseigna la musique; à sept, il composa
un concerto de piano. Plus tard, il fit un
voyage en Italie, où il reçut des leçons de Kar-
dini pour le violon. Son admirable organisa-
lion musicale lui fit faire de rapides progrès
sous la direction de ce maître, qui le considé-
rait comme son meilleur élève. De retour en
France, M. de Marin prit de Hocbruckcr des
leçons de harpe; mais bientôt les idées qu'il
se forma des ressources qu'on pouvait tirer de
cet instrument le décidèrent à n'avoir plus
d'autre maître que lui-même. La musique de
harpe qu'on possédait alors était plate et mi-
sérable : Krumpholz seul savait écrire pour
cet instrument; mais M. de Marin alla plus
loin que lui dans les hardiesses harmoniques
et dans la variété des styles. Comme violoniste,
il était l'amateur le plus remarquable de son
époque; comme harpiste, il n'avait point de
rivaux. Dans un second voyage qu'il fit en
Italie; en 1783, il fut reçu, à Page de quatorze
ans, membre de l'Académie des Arcades de
Rome, improvisa sur la harpe dans une séance
publique, joua des fugues de Bach sur cet in-
strument, et accompagna des airs de Jomcllt
et d'autres compositeurs, comme on aurait pu
le faire sur le piano. La célèbre improvisa*
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456
MARIN — MARIN!
trice Corilla, présente à celle séance, fit un
impromptu sur les merveilles d'un lalenl si
précoce et si solide.
A son retour d'Italie, M. de Marin, âgé de
quinze ans, entra à l'école militaire des che-
vau-légers, à Versailles. Il en sortit en 1786,
avec le titre de capitaine de dragons. Peu de
temps après, il sollicita et obtint un congé
pour voyager, visita l'Autriche, la Prusse,
l'Espagne, et mit a profit tout ce qu'il enten-
dit, pour développer son triple talent de violo-
niste, de harpiste et de compositeur. Éloigné
de sa patrie, au moment où la révolution fran-
çaise éclata, il fut mis sur la liste des émigrés,
et sollicita vainement la faveur de rentrer
dans sa patrie, où ses biens avaient été sé-
questrés. Il prit alors le parti d'aller en An-
gleterre et d'y chercher des ressources- dans
ses talents. C'est là que son habileté sur la
harpe a atteint le plus haut degré de perfec-
tion. Sa qualité de gentilhomme, la beauté ac-
complie de sa personne, ses manières nobles et
la variété de son instruction, rendaient plus
facile l'exercice de son talent, dont il lira des
produits considérables qui lui permirent de
soulager l'infortune de beaucoup d'émigrés.
De retour en France sous le consulat, M. de
Marin obtint la restitution de ses biens qui
n'avaient pas été vendus, et se retira à Tou-
louse, où la musique ne fut plus pour lui qu'un
délassement. Labarre qui, dans sa jeunesse, a
eu occasion d'entendre M. de Marin et de
jouer devant lui, a compris le mérite de ce
grand artiste amateur, et s'est proposé de
continuer sa manière en l'appliquant aux
formes de la musique actuelle : c'est à celle
direction de son talent, autant qu'à son organi-
sation personnelle, que Labarre fut redevable de
sa supériorité comme harpiste. On ignore si
M. de Marin vit encore au moment où celle
notice est revue (1861).
La musique de harpe de M. de Marin est vé-
ritablement classique ; elle restera comme mo-
dèle et comme un monument historique. Il
n'a pas publié tout ce qu'il a écrit, mais on a
gravé de lui : 1° Quintetlo pour harpe, deux
violons, alto et basse, op. 14; Paris, Cousi-
> neau. 2° Duo pour harpe et piano, op. 17;
Paris, Érard. 5* Duo pour harpe et violon ;
f. Paris, Pleycl. 4 P Sonates pour harpe seule,
? op. 5, 15, 16, 22, 31, 52 ; Londres, Clemenli;
Paris, Lemoinc atné, Érard et Schlesinger.
5° Airs variés pour harpe seule, op. 4, 7, 11,
15; Londres, Clemenli; Paris, Lcmoine aine.
6° Trois trios pour violon, alto et basse,
op. 20; Paris, Érard. 7° Air varié pour violon,
avec accompagnement de violon, allô et basse,
op. 35; ibid. 8° Douze romances avec accom-
pagnement de harpe, liv. I, II, III ; Hambourg,
1798.
MARIN ATI (AunÉLiEH), docteur endroit,
né à Ravenne, vers le milieu du seizième
siècle, a publié un livre qui a pour titre : La
prima parte délia Somma di tutte le sciemxe,
nella quale si tratta délie Mette arti libérait,
in modo taie cke eiascuno potrà daté intro-
dnrsi nella Grammatiea , Retorica, Logiea T
Musica, Aritmetica, Geometria et Astrolo-
gia; Rome, 1587, in -4°. L'abrégé de musique
qui comprend depuis la page 73 jusqu'à la 98 e
est Irès-bon, pour le temps ou ce livre a
paru.
MARIHELLI (le P. Jules-Cssii), reli-
gieux servite de Monte-Cicardo, vers le milieu
du dix-seplième siècle, a publié un bon traité
de plain-cbant sous ce titre : Fia reita délia
voce corale overo osservationi intorno al
retto esercitio del canlo ferma, divisa in
cinque parti, etc.; Bologne, Mooli, 1671,
in-4°. Ce livre est rare.
MARINELLI (Gabtiho), compositeur na-
politain, né. en 1760, fit ses éludes musicales
au Conservatoire de la Pieia, ou, suivant le
marquis de Yillarosa, au Conservatoire de Lo-
reto, et fut attaché comme compositeur au ser-
vice de l'électeur de Bavière, vers 1790. 11
s'est fait connaître au théâtre par les opéras
suivants : 1° Le tre Bivali, ossia il Matri-
monio inaepettato; Rome, 1784. 2* Gli Ve-
cellatori; Florence, 1785. 5° Jl Trionfo d*t
a more. 4° // Letterato alla moda. 5° La Bo-
chetta in equivoco.Q LueioPapirio ;Naples,
1791 . 7° il Fillano al governo, ossia Amore
aguzza Vingegno. 8° La Vendttta di Mcdea,
opéra séria, au théâtre de Saint-Samuel, à
Venise, en 1702. 0» Jl Coneorso délie spose;
Venise, 1795. 10* Iquattro Rivali in amore r
Naples. 11° Alessandro in Efeso; Milan,
1810. 12° L'Eqnivoco fortunato ; ibid., 181 1 -
15° La finta Prineipessa. 14° Quinto Fabio?
Rome. 15° La bizarra Contadina. 16° Gli
accidenti inaspettali. 17» La Fillanella
sempliee. 18° // Barone di Sarda fritta.
19° TobiaeSara, cantate à quatre voix. On
cite aussi avec beaucoup d'éloges son oratorio
tï Baldassaro, écrit à Naplcs.
MARINI (Alexasdrb), chanoine de La-
ie ran et compositeur, naquit à Venise et (ta-
rissait en celle ville vers le milieu du seizième
siècle. Les ouvrages de sa composition dont
nous avons connaissance sont : 1* Psalmi
vesperarum et Magnificat quatuor vocum ;
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MARIN!
457
Venise, chez les héritiers de Jérôme Scolo,
1578, in -4o obi. 2°Psalmi omnes qui ad ï es-
péras decantantur sex vocibus; ibid., 1579,
in -4° obi. La seconde édition a élé publiée à
Anvers, en 1637, in- 4°. 5° Motetti a sei
voci; Venise, 1588, in-4*. C'est une seconde
édition.
MARINÏ (Jean) , compositeur vénitien ,
vécut dans la seconde moitié du seizième siècle,
et fut maître de chapelle de l'église de la Ma-
dona dcW Orto. On a imprimé de sa compo-
sition : 1° Madrigali a einque voci, libro
primo; Venezia, app. Ang. Gardano, 1571,
petit in-4°. 2° Madrigali a einque voci, libro
secondo ; in Venezia, app. Fincenti, 1618,
in-4°. C'est une réimpression.
M A REM ou MARirSO (J eau-Baptiste),
poète italien qui a eu de la célébrité, naquit à
Naples, au mois d'octobre 1569. Destiné à la
profession d'avocat par sa famille, il préféra
la culture des lettres et s'exposa à la colère de
son père pour suivre son penchant. Après
avoir été pendant quelque temps secrétaire du
prince de Tonca, il alla à Rome, où le cardinal
Aldobrandini le prit sous sa protection; puis
il fit un assez long séjour à la cour de Turin.
D'abord, il jouit de la faveur du duc de Savoie ;
mais ayant élé desservi près de ce prince par
des envieux, il fut jeté en prison. Rendu a la
liberté, après quelques mois de détention, il
se rendit à Paris, en 1615, et fut accueilli
avec beaucoup de bienveillance par Marie de
Médicis, qui lui assura une pension de deux
mille écus. Ce fut pendant son séjour en
France qu'il publia son célèbre poème de
VAdone-, dont le goût faux et maniéré est au-
jourd'hui condamné parles connaisseurs, mais
qui fut fort vanté quand il parut. En 1622,
Marini s'éloigna de Paris et retourna à Rome ;
mais après la mort de son protecteur , le pape
Grégoire XV, il alla finir ses jours à Naples, le
25 mars 1625. Au nombre de ses ouvrages, il
en est un qui a pour titre : Dicerie sacre. Tu-
rin, 1614, un vol y me in-12. La deuxième édi-
tion a paru dans la même ville, en 1620 ; la
troisième, à Venise, en 1628, et la quatrième
également à Venise, en 1642. Le deuxième
discours contenu dans ce volume est intitulé :
La Mutica, dieeria seconda sopra le sette
parole dette da Cristo in croce. Il occupe
environ deux cents pages dans le volume;
toutefois, il est sans intérêt pour l'art, auquel
il ne touche qu'indirectement, et d'une ma-
nière presque toujours allégorique.
MARINI (Biagcio ou Blaise), composi-
teur, né a Brescia, dans les dernières années
du seizième siècle, fut d'abord maître de cha-
pelle à l'église cathédrale de Vicence, puis oc-
cupa un poste semblable dans sa ville natale,
vers 1620. Plus lard, il se rendit en Allemagne
et entra, en 1621, au service du comte palatin
Wolfgang Guillaume, qui le fit chevalier. De
retour en Italie, il entra au service du duc de
Parme, en 1623, comme compositeur et pre-
mier violon de sa musique. Marini est mort à
Padoue vers 1660. Il jouait fort bien de plu-
sieurs instruments, particulièrement du vio-
lon. On connaît sous le nom de ce musicien :
\°Arie, madrigali e corrente a 1 , 2 e 3 voci;
Venise, 1620. 1»(Ws) L'Ordine quarto délie
musiche a 1, 2, 3, 4, 5 e 6; Venise, 1622,
in 4°. 2° Saltni a 5 voci; Venise, Garda ne.
2° (fris) Le Lagrime d'Erminia, canzoni
a voce sola ; Parme, 1Ô23, in-4°. 3° Musiche
da caméra a 2, 3 e 4 voci ; ibid. 4° Miserere
a 2, 3, Avocieviolini; ibid. 5° Composizioni
varie, madrigali a 3, 4, 5 e 7 con violini ;
Venise, Alexandre Vicenli. 6° Madrigali e
sinfonie a 2, 5 e 4 voci; ibid. 7°Arie «1,2,
3 e Musiche a 1, 3, 4, 5 voci, lib. 4, 5, 7;
ibid. 8° Sonate, Canzoni, Passamezzi, Bal-
letti, Correnti, Gagliarde, Ritornelli, a 1,
2, 3, 4, 5, 6 voci; Venise, BartolomeoMagni.
MARINI (Joseph), maître de chapelle à
Pordenone, dans l'État vénitien, au commen-
cement du dix-septième siècle, est connu par
un recueil de madrigaux, imprimé à Venise,
en 1618.
MAUIIXI (le P. Marie), moine camaldule,
né à Pesaro, dans les premières années du
dix-septième siècle, fut maître de chapelle de
la république de Saint-Marin. Il a publié de
sa composition : Concerli e Motetti a una,
due, tre, quattro, einque, sei e sette voci con
stromenti, libro primo. In Venezia, presso
BartolomeoMagni, 1637, in-4°.
MARINI (Charles-Antoine), violoniste et
compositeur, né à Bergame vers le milieu du
dix-septième siècle, fut attaché à l'église
Sainte-Marie Majeure de cette ville. On con-
naît de sa composition : 1° Douze sonates,
op. 3, dont les huit premières pour deux vio-
lons, violoncelle et basse continue, et les au-
tres pour six instruments; Venise, 1606.
2° Ballet ti allatfrancese a 5, op. 5; Venise,
1609. 3° Douze sonates, op. 6, dont six pour
deux violons, violoncelle et basse continue, et
six à deux violons, viole, violoncelle et basse
continue, op. 7. 4° Douze sonates pour violon
seul et basse continue, op. 8. Il a paru une
autre édition de cet œuvre chez Roger, à Am-
sterdam, en 1706.
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MARIO — MARLE
MARIO (comle DE CÀNDIA), ténor,
qui a obtenu de brillants succès aux théâtres
italiens de Paris et de Londres, est né vers
1813, à Gènes, d'une famille ancienne et
considérée. Doué d'une voix de ténor de la
plus belle qualité, il ne la cultiva d'abord que
pour l'agrément qu'elle lui procurait dans la
société. Arrivé à Paris en 1830, il y fut re-
cherché dans les salons, non-seulement pour
son talent de chanteur amateur, mais aussi
pour l'élégance de ses manières. Sollicité
longtemps par l'administration de l'Opéra,
pour qu'il se vouât à la carrière du théâtre,
il finit par céder à ces instances, séduit par le
chiffre des appointements qui lui étaient
offerts, et le 30 novembre 1858, il débuta par
le rôle de Robert, dans l'opéra de Meyerbeer.
Nonobstant son inexpérience de la scène et
les imperfections qu'il laissait apercevoir
dans son chant, la beauté de son organe fil
naître l'enthousiasme du public. Mario resta
au même théâtre pendant l'année 1839; mais
en 1840, il passa au Théâtre Italien, où ses
avantages naturels se produisirent avec plus
d'éclat. Le travail et l'habitude de la scène
marquèrent chaque jour de nouveaux progrès
de son talent, et pendant plus de quinze ans,
il fut en possession de la faveur publique, soit
à Paris, soit à Londres ou en Amérique. Il est
fâcheux que, devenu riche, il n'ait pas quitté
la scène lorsqu'il a senti les premières at-
teintes de l'altération de sa voix, et qu'il en
ait exposé les ruines à la critique dans les
dernières années. Il est attaché â l'Académie
impériale de musique (l'Opéra) de Paris au
moment où celle notice est écrite (1863).
MARKULL (Frédéric-Guillaume), né le
17 février 1816 â Reichenbach, près d'Elbing,
reçut les premières leçons de piano et d'orgue
de son père, cantor et organiste de l'église
Sainte-Anne, a Elbi'ng. Lorsqu'il eut atteint
Page de dix ans, il devint élève de Charles
Kloss pour le piano, et le directeur de mu-
sique Urban lui enseigna les éléments de
l'harmonie. En 1833, Markull fut envoyé par
son père à Dessau, pour y continuer ses
éludes de composition et d'orgue, sous la
direction de Frédéric Schneider. Après deux
ans de séjour dans l'école de c% maître, il re-
tourna à Elbing au printemps de 1855, et s'y
livra à l'enseignement du piano, et, dans l'été
de l'année suivante, il obtint la place d'orga-
niste à l'église Sainte-Marie de Danlzick; en
1845, il ajouta à cet emploi celui de profes-
seur de chant au Gymnase (collège), et deux
ans après, il eut le litre de directeur royal de
musique. Son activité dans l'exercice de ses
fonctions a imprimé un remarquable progrès
dans la culture de la musique parmi les habi-
tants de cette ville. On connaît environ qua-
rante œuvres de sa composition, parmi les-
quelles on remarque : I e L'opéra intitulé JUaja
und Mpinoj qui fut représenté à DanUick, le
23 décembre 1843. 2° Drei ftachspiele fur
die Orgel (Trois conclusions pour l'orgue);
Erfurt, Kœrner. 3° L'oratorio Dos Gedacht-
niss der Enlschlafenen (la Commémoration
des morts), gravé en partition pour le piano.
4" Le quatre-vingt-sixième psaume poorroix
solos, chœur et orchestre. 5° Deux symphonies
pour l'orchestre, la première en ut mineur,
la seconde en"re. 6° Johannes der Taûfer
(S. Jean le bap liseur), oratorio. 7* Le rot de
Sion, opéra. 8° la fête de Walpurg. 9« Des
pièces caractéristiques et de salon pour le
piano. 10° Lieder et chants pour une et plu-
sieurs voix. 12° Livre choral pour le nouveau
livre de chant de Danlzick.
MARKWORT (Jeam-Cmétiih) , direc-
teur du chœur au théâtre de Darmsladl, s'est
fait connaître comme écrivain sur la musique
par les ouvrages suivants : 1° Umrisseiner
Gesammt-Ton-Wissenschaft; wieauch einer
Sprach-und Tonsxtzlehre und eitierGesang,
Ton und Redevortraglehre inbesonders (Plan
d'une théorie complète de la musique, etc.),
Darmstadl, C.-W. Liske, 1826, in-8* de
soixante-quatre pages. 2° EUmenlar- l'nler-
richt fur da$ Piano- For te } etc. (Instruction
élémentaire pour le piano, etc.), Francfort-
sur -le- Mein (sans date), chez Fischer, in-4* de
vingt-quatre pages de texle cl de vingl-lrois
planches d'exemples. M. Markworl a fait aussi
insérer dans la Gazette musicale de Leiptick
(tom. XIX, pag. 517 et 533) un Essai sur la
manière d'indiquer par la notation l'expres-
sion musicale {Idem, pag. 569, 589, 605,- et
tom. XX, pag. 273), sur la manière d'indiquer
la valeur du temps musical ; (idem, p. 461 j
497 et 513), sur la réalité du.rhylbme et sur
son application à la poésie; dans le jUusikal.
Hausfreund (3« année, 1824, p. 15-22), pre-
mière introduction à la connaissance de la
musique.
MARLE (Nicolas DE), est souvent indi-
qué dans les recueils de compositions du sei-
zième siècle par le simple prénom de Nicolas.
Il est vraisemblable que ce musicien n'est pas
connu par son véritable nom de famille, et
que De Marie est la désignation du lieu de sa
naissance (Marie, petite ville du département
de l'Aisne, à quelques lieues de Laoo). Quoi-
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MARLE — MÀRM0NN1ER
439
qu'il en soit, il est est certain qu'il vécut vers
le milieu du seizième siècle, et qu'il fut
maître des enfants de chœur de l'église de
Noyon. On connaît de sa composition :
l°Mi$*a ad imitationem tnoduli Panis quem
«go dabo; auctore Nicolao de MarU, cum
quatuor vocibus, nunc primum in lucem
édita, l.uteliœ, apud Adrianum Le Jloi et Ro-
berluin Ballard, 1559, in-fol. 2>Missa ad imi-
tationem moduli ie suis déshéritée, auctore
etc., ibid, 1559, in-fol. max. 3° âtissa qua-
tuor vocum cui titulus gente brunette. Pa-
risiitj ex typoy raphia Nicolai Duchemin,
1568, in-fol. max. Le XV 9 livre, contenant
trente chansons nouvelles à quatre parties,
imprimé par Pierre Attaingnant, à Paris, en
1544, en contient deux de De Marie. Le sep-
tième livre de chansons nouvellement corn-
posées en musique à quatre parties (Paris,
Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1556, in-4°)
renferme trois chansons par Nicolas D. M.
On en trouve aussi dans le XVII e livre des
trente-cinq livres de chansons nouvelles à
quatre parties de divers auteurs, en deux vo-
lumes, imprimés par Pierre Attaingnant, à
Paris, 1539-1549, in-4* obi. Enfin, un beau
recueil manuscrit de chansons françaises à
quatre voix , lequel a appartenu à Ja du-
chesse d'Orléans, mère du roi Louis-Phi-
lippe, contient onze chansons sous le nom de
Nicolas.
MARLIANI (le comte Acrèle), né en
Lombardie, d'une famille noble et opulente,
vers 1805, s'enrôla dans le carbonarisme, dis-
sipa sa fortune au service de son parti, et,
compromis par ses imprudences politiques,
fut obligé de se réfugier à Paris, en 1830.
Ayant reçu dans sa patrie une bonne éduca-
tion musicale, il trouva des ressources dans
l'enseignement du chant : c'est à ses leçons
que Julie Grisi dût le perfectionnement de
son talent. Plus lard, la position du comte
Marliani s'améliora lorsqu'il fut nommé con-
sul général d'Espagne à Paris. Après la révo-
lution de février 1848, il retourna dans son
pays et prit les armes pour son affranchisse-
ment. Son dévouement à la cause de l'Italie
lui fut fatal, car il fut tué sous les murs de
Bologne, au mois de juin 1849, pendant l'at-
taque de cette ville par l'armée autrichienne.
Marliani s'est fait connaître comme composi-
teur par Le Bravo, opéra en trois actes, re-
présenté au Théâtre-Italien de Paris, au mois
de janvier 1834, et qui fut ensuite représenté
à Vienne, en 1835, à Prague, à Gèrfes, à Na-
ples et à Plaisance, en 1856. Le Marchand
forain, opéra en trois actes , dont Marliani
avait composé la musique, fut joué sans succès
au théâtre de l'Opéra-Comique, le 1 er octobre
1834. La Xacarilla (danse espagnole), en un
acte, ouvrage écrit pour madame Slolz, fut
représenté avec succès au théâtre de l'Opéra,
au mois d'octobre 1839. La musique écrite par
Marliani pour ce petit drame était élégante et
facile. Sous le titre de Lasarillo , cet opéra
fut bien accueilli à Vienne, à Milan et à Ve-
nise. La dernière production dramatique de
Marliani fut l'opéra sérieux Jldegonda, qu'il
écrivit pour Florence, et qui fut représenté en
1841, au théâtre de la Pergola, et deux ans
après à la Scala de Milan. On a aussi de lui
des canzoni, des romances avec accompagne-
ment de piano, des pots-pourris pour cet in-
strument, à deux et à quatre mains, sur les
thèmes de la Xacarilla.
IttARLOW (Isaac), écrivain anglais, vécut
à la fin du dix-septième siècle. Il n'est connu
que par un pamphlet intitulé : Controversia
of Singing brought to an end (Controverse
sur le chant arrivée à sa fin); Londres, 1696,
petit in-8°. Cet écrit a été occasionné par une
discussion élevée à propos d'une brochure ano-
nyme qui avait pour titre : On Singing (Sur
le chant) ; Londres, 1691, in-8°. Un certain
Robert Sleed en fit une .critique intitulée :
EpistU concerning Singing (Lettre concer-
nant le chant) ; Londres, 1692. L'auteur de
l'ouvrage anonyme y répondit par uu livre
dont le titre est : A Reply to Mr. Robert
Steed's Epistle concerning Singing (Réplique
à la lettre de M. Sleed concernant le chant);
Londres, 1692, in-8°, qui donna lieu à un autre
écrit intitulé : Jnswer to a late Book stiled a
Reply, etc. (Réponse à un livre récemment
publié et intitulé Réplique, etc.), Londres,
1695, in-8°. Plusieurs autres brochures sur
le même sujet se succédèrent pendant les
années suivantes. L'écrit de Marlow a pour
but de clore la discussion.
MARJUADUKË OVEREIW. Voyez
OVEKEIM) (Marmaduke).
MAIlJHOftNIEIl(A.-J. -M.), ecclésiastique
et chantre de la Collégiale de Vienne, en Dau-
phiiié, a publié, sous le voile de l'anonyme,
un livre qui a pour titre : Manuel du Cliantre
viennois, on méthode universelle de chant,
appliquée particulièrement au chant vt'en-
nois, et qui peut également servir à toutes
les églises; Lyon, Rusanri, 1855, un vol. gr.
in-12, de trois cent trente-deux pages. Ce livre
est divisé en leçons, dont chacune a un objet
spécial.
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460
MÀRMONTEL — MARNEF
MARMONTEL (Jeah-Frakçois), littéral
leur qui a joui de beaucoup de célébrité,
naquit le 11 juillet 1723, à Bort, petite ville
du Limousin, et mourut d'apoplexie à Abbe-
ville, le 31 décembre 1790. Nommé membre
de P Académie française, en 1763, il y succéda
à d' Alembert, en 1783, dans la place de secré-
taire perpétuel. Dans la querelle des gluckistes
et des piccinnisles, Marmontel s'enrôla sous
la bannière de ceux-ci, et fournit à Piccinni
trois opéras (Roland, de Quinault, refait,
Bidon, et Pénélope), que ce grand compositeur
mit en musique. Déjà Marmontel s'était dé-
claré en faveur du musicien italien et contre
Gluck dans une brochure publiée en 1777,
sous le litre d'Essai sur les révolutions de la
musique en France (Paris, in-4°). Cette espèce
de déclaration de guerre lui valut une attaque
directe de la part de Gluck, dans une lettre de
V Année littéraire, en 1778, une multitude de
critiques dans les écrits polémiques de Suard,
et beaucoup d'épigra m mes de l'abbé Arnaud.
. Il n'y fut point insensible; pour se venger, il
composa un poëme en douze chants, intitulé :
Poiymnie, où il prend la défense de Piccinni
contre les admirateurs du musicien allemand,
et dans lequel la satire n'est point épargnée.
Ce poème, où l'on trouve plus de force que
dans les autres ouvrages en vers de Mar-
montel, n'était connu que par de longs frag-
ments lorsqu'il fut publié en entier, en 1810,
in-8°; mais presque toute Pédition fiu aussitôt
supprimée sur 1? demande de M. Marmontel
fils.
Marmontel fut le premier qui procura à
Grélry l'occasion de se faire connaître par le
petit opéra le Huron, et successivement il
donna avec lui Lucile, le Sylvain, Zémireet
Aior, l'Ami de la maison, la Fausse Magie
et Céphale el Procris. Malgré les succès que
lui valut la musique de Grélry, à dater de 1775
îl y eut du refroidissement entre l'homme de
lettres et le musicien. Marmontel attaque le
célèbre compositeur en plusieurs endroits de
ses Mémoires; il semble être persuadé de la
supériorité de ses canevas sur la musique; peu
s'en faut même qu'il n'accuse celle-ci d'avoir
gâté sa poésie! le pauvre homme ! •
MARMONTEL (Abtoih b-Fhamçois) , né à
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le 18 jan-
vier 1816, fut admis au Conservatoire de Paris,
le 51 mai 1827, dans la classe de solfège dé
M. Lanneau, el entra dans la classe de piano
de Zimmerman. En 1828, il obtint le premier
prix de solfège; dans l'année 1830, le deuxième
prix de piano lui fut décerné au concours : il
obtint le premier prix en 1833; le deuxième
prix d'harmonie et d'accompagnement pra-
tique lui fut également décerné gans la même
année, et, devenu élève d'Halévy, il eut le
second prix de contrepoint et de fugue en
1853. Dans le même temps, il suivait le cours
de composition de Lesueur; mais il s'en retira
en 1837, pour se livrer exclusivement à Pen-
seignement du piano. Après avoir rempli,
pendant un an, les fonctions de professeur de
solfège, M. Marmontel succéda à son maître,
Zimmerman, dans la place de professeur de
piano, à laquelle il fut appelé le 15 octobre
1848. Déjà il avait remplacé Henri Herz, pen-
dant le voyage de celui-ci en Amérique, depuis
1846. M. Marmontel est depuis plus de quinze
ans un des professeurs les plus recherchés
pour le piano. Le nombre de ses élèves est
immense. Parmi ceux qu'il a formés au Con-
servatoire, on remarque Joseph Wieniavrski,
Tourner, Jules Cohen, Deschamps, Bizet,
Ghys, Diesner et Planté. Environ cinquante
oeuvres de musique de piano, composés par
cet artiste, ont été publiés. On y compte
quinze morceaux faciles, sans numéros d'oeu-
vres, quarante mélodies, des romances, des
dueltinos , quatre livres d'études pour divers
degrés de difficulté (Paris, Grus), une sonate
pour piano seul, des nocturnes, romances sans
paroles, polonaises, valses et marches.
MAUINEF (Godefroid), imprimeur de
Paris, au commencement du seizième siècle,
est un des plus anciens typographes français
qui ont imprimé du plain-chant en caractères
mobiles, avec les signes des ligatures. Un des
premiers ouvrages concernant la musique,
sorti de ses presses, est la troisième édition du
traité de Guerson (voyez ce nom) intitulé : Lti-
lissimse musicales regulx plani cantus, etc.;
il le publia en 1515, in-4". Ses caractères sont
les mêmes que ceux dont François Regnault
s'était servi, en 1500, pour la deuxième édition,
et dont Jehan Petit, autre imprimeur de Paris,
avait fait usage, en 1508, pour VEnchiridion
musices de Nicolas Wollic. A l'égard de la
première édition du livre de Guerson, publiée
sans date par Michel Tolose, tous les exemples
de plain-chant y sont en planches gravées sur
bois ; ce qui prouve que les caractères mobiles
parisiens ont été gravés et fondus peu de
temps avant 1508. Jérôme et Denis Marner,
fils de Godefroid, succédèrent à leur père, et
imprimèrent, en 1550, une nouvelle édition
des Utilissimx musicales regulx plani
canlus, qui parait avoir élu la dernière de ce
livre.
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MARONCELLI — MARPURG
461
MARONCELLI (Pibiii), littérateur ita-
lien de l'époque actuelle, né vers 1796, a été
inculpé par le gouvernement autrichien pour
des écrits politiques, et mis dans une forte-
resse avec Silvio Pellico. Dans son cachot, une
de ses jambes se gonfla, et le mal devint si
considérable qu'on fut obligé de lui en faire
faire l'amputation par un barbier de village.
Sorti de prison, il s'est rendu à Paris où il a
donné des soins à de nouvelles éditions de
quelques classiques italiens. Il a fait imprimer
dans les Vite* Ritratti d'illustri ItaHani
(Milan, Beltoni, 1819), une notice sur la vie
d'Arcangelo Corel li.
M A KOHI (Jean), maître de chapelle de
l'église cathédrale de Lodi, où il vivait encore
en 1620, naquit à Ferrare, dans la seconde
moitié du seizième siècle. 11 avait été long-
temps maître de chapelle à l'église cathé-
drale de cette ville. Il a laissé en manuscrit
beaucoup de messes, de motets , de madri-
gaux, etc.
MAROTHI (Gbobges), né à Debreczin, en
Hongrie, le 11 février 1715, fit ses études à
Berne, à Baie et à Groningue, puis retourna
dans son pays, où il enseigna les langues
grecque et latine, la géographie, la géométrie
et la musique. Il a traduit les psaumes en
langue hongroise, les a mis en musique, et les
a publiés en 1751. Il est mort à Debreczin, le
16 octobre 1755.
MAROTTA (Éiasu), né àRadunazzo, en
Sicile, vers la fin du seizième siècle, entra
dans la société des jésuites en 1612, fut rec-
teur du collège de Messine, et mourut à Pa-
ïenne, le 6 octobre 1641. Il a publié des re-
cueils de motets à plusieurs voix, àPalerme, et
a composé, en 1630, la musique de VAminte,
pastorale du Tasse.
MARPALU. On trouve sous ce nom deux
bonnes dissertations intitulées : Traités de
V harmonie et de ceux qui Vont inventée,
de ton usage et de ses effets, dans le Mercure
galant, juillet 1680, t. XI, p, 240-275;
octobre 1080, t. XII, p. 56-76 et 312-350.
MARPURG (FftÉDÉnic-GuiLLAUHE), célè-
bre écrivain sur la musique, naquit à Seehau-
sen, dans la Vieille -Marche de Brandebourg, en
1718. Peu de circonstances de sa vie sont con-
nues; on sait seulement qu'après avoir fait de
bonnes études, non-seulement dans les lan-
gues anciennes et modernes, mais aussi dans
tes mathématiques et la musique, il fit, en
1<46, un voyage de quelques mois à Paris;
qu'il y connut Rameau, dont il étudia le sys-
tème de la basse fondamentale; que de retour
à Berlin, il fut quelque temps secrétaire d'un
ministre, puis résida à Hambourg, et enfin
retourna à Berlin, où il fut nommé directeur
de la loterie et eut le titre de conseiller du roi
de Prusse. Depuis lors sa vie fut sans événe-
ments, et quarante années d'une existence
paisible lui permirent de composer et de pu-
blier un grand nombre d'ouvrages sur la
théorie et la littérature de la musique. Le ti-
rage de la loterie était la seule chose qui, pé-
riodiquement, rompait la monotonie de ses
habitudes; il y prenait un vif intérêt. En
1793, Gcrber le vit à Berlin et le trouva un
jour fort triste, parce que l'administration de
la loterie avait éprouvé une perte considérable
dans le tirage fait le malin. C'était d'ailleurs
un vieillard rempli de bonhomie et de gaieté.
Il était fort gros, mangeait beaucoup et buvait
de même. De son mariage, il avait eu un fils
et une fille qui, tous deux, cultivèrent la mu-
sique avec succès. Il mourut à Berlin, le
22 mai 1795, à Page de soixante-dix-sept
ans. i
Marpurg jouit en Allemagne de la réputa-
tion d'un savant théoricien et d'un critique de
premier ordre : il la mérite à beaucoup
d'égards, quoique dans la didactique il ait
manqué quelquefois de netteté dans les idées
et d'ordre dans la classification des faits.
C'est surtout dans ses ouvrages critiques qu'il
s'est montré supérieur à tous ses contempo-
rains en Allemagne : il y fait preuve d'une
instruction très-variée. La multiplicité des
écrits qu'il publia dans l'espace d'environ
vingt-cinq ans prouve une prodigieuse activité
dans ses travaux : les vingt dernières années
de sa vie furent beaucoup moins laborieuses,
Parmi ses traités didactiques de musique, on
remarque les suivants : 1° Die Kunst dos Kla*
vier zu spielen (l'Art déjouer du clavecin);
Berlin, 1750, in-4°, première partie. Une
deuxième partie a paru dans la même ville,
en 1751, in-4°. Toutes les deux sont anonymes
et ont seulement pour indication l'auteur du
Musicien critique de la Sprée. Il y a eu plu-
sieurs éditions de cet ouvrage : la deuxième
est indiquée par Gerber, Lichtentbal et
M. Becker comme ayant paru en 1751, in-4°.
La troisième porte la date de 1760; la qua-
trième, augmentée et corrigée, est de 1762.
Toutes ont paru à Berlin et sont dans le for-
mat in-4°. Dans la première partie on trouve
l'application des principes de la musique au
clavier, et des règles de doigter pour les deux
mains. La deuxième partie est un traité d'har-
monie pratique et d'accompagnement du cla-
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462
MARPURG
veein. 2° Anleitung zum Clavierspielen, der
schœnen Ausiibung der heutigenZeit gemass
entvcorten (Instruction pour jouer du cla-
vecin, etc.); Berlin, 1755, in-4° de soixante-
dix-huit pages et dix-huit planches d'exemples.
Une deuxième édition améliorée a été publiée
en 1765 à Berlin. Forkel a cru que la deuxième
partie de l'ouvrage précédent appartenait à
celui-ci : c'est une erreur. V Anleitung zum
Clavierspielen est un traité spécial de l'art de
jouer du clavecin, considéré dans la partie
élevée et philosophique de cet art, tandis que
le premier ouvrage est purement élémentaire.
Harpurg a donné lui-même une traduction
française de son livre, sous ce titre : Prin-
cipes de clavecin, avec vingt planches; Ber-
lin, 175C, in-4°. II a été publié à Paris une
autre édition de cette traduction ; elle est inti-
tulée : VArt de toucher le clavecin selon la
manière perfectionnée des modernes ; divisé
en deux parties : la première contenant dif-
férents exemples pour le doigter du clavecin ;
la seconde, douze leçons pour V exercice des
deux mains; Paris, Naderman,- in-fol. obi.,
gravé (sans date). Lustig (voyez ce nom), a
fait aussi une traduction hollandaise de ce
livre, avec de bonnes notes. L'ouvrage de
Marpurg contient d'excellentes observations
générales; il devrait être plus connu des
maîtres, qui y puiseraient des principes fé-
conds pour une bonne méthode d'enseigne-
ment. 5° Handbuch von dem Generalbasse
und der Composition mit 2, 5, 4, 5, 6, 7, 8
und mehrer Stimmen, nebst einem vorlaiif-
figen kurzen Begriff der Lehre vom Général-
basse fur Anfxnger (Manuel de la basse con-
tinue et de la composition, à 2, 3, 4, 5, 6, 7,
8 et un plus grand nombre de voix, avec une
idée abrégée de la science de la basse con-
tinue pour les commençants); Berlin, 1755,
in-4°de soixante-dix pages, avec huit planches
d'exemples.Ce premier jet d'un grand travail de
Marpurg concernant l'harmonie fut réimprimé
l'année suivante à Berlin, comme première
partie du grand manuel, dont la deuxième
partie Tut publiée en 1757, et la troisième et
dernière en 1758. Un supplément aux trois
parties a paru ensuite sous ce titre : Anhang
zum Handbuche bey dem Generalbasse und
der Composition; Berlin, 4760, in -4°. Le
nombre total des pages des trois parties et du
supplément est de trois cent quarante et une,
et celui des planches, trente-sept. Une
deuxième édition de tout l'ouvrage, aug-
mentée en quelques parties, mais où Marpurg
a supprimé l'idée abrégée de la basse con-
tinue, qui formait onze pages dans la pre-
mière édition, a été publiée à Berlin en 1762,
in-4°. Une traduction française de ce livre a
éléplacéedans la deuxième partie du jVouueaw
Manuel complet de musique vocale et instru-
mentale de Choron et Ad. de Lafage (Paris,
1836-1838). On a aussi traduit en langue sué-
doise l'introduction de la première édition ;
cette traduction a- pour titre : Kort begrep
om Generalbassen ; Stockholm, 1782, in-4°,
avec deux planches. Le système d'harmonie
de Marpurg, sous le rapport de la génération
des accords, est une modification de celui de
Rameau : j'en ai indiqué les inconvénients
dans un article critique de la Gazette musi-
cale de Paris (sixième année, 1839, n° 20). Je
ne répéterai point ici ce que j'en ai dit; on
pourra consulter cet- article où les considéra-
tions de théorie sont développées. 4° Abhand-
lung von der Fuge nach den Grundsxtzen
und Exempeln der besten deutschen und
ausUendischen Meister entusorfen (Traité de
ta fugue, rédigé d'après les principes et les
exemples de meilleurs maîtres allemands et
étrangers), première partie, Berlin, 1753;
deuxième partie, toid., 1754, in-4°, avec cent
vingt-deux planches d'exemples. Unedeuxième
édition de cet ouvrage a été publiée à Leip-
sick, chez À. Kuhnel, en 1806, un volume, gr.
in-4° de texte et un volume in-folio oblong de
planches. Marpurg a donné lui-même une tra-
duction française de son livre, sous ce titre :
Traité de la fugue et du contrepoint, divisé
en deux parties , accompagné de cent vingt-
deux planches; Berlin, 1756, in-4°. Cette
traduction a été réimprimée à Paris, chez I ru-
ban lt (sans date), in-fol. Choron l'a ensuite
insérée dans ses Principes de composition
des écoles d'Italie (Paris, 1808), en interca-
lant les exemples dans le texte; avantage qui
rend cette édition préférable aux autres. Pos-
térieurement, le même savant a donné place à
cet ouvrage dans son Nouveau Manuel de
musique vocale et instrumentale. Marpurg a
particulièrement traité de la fugue, de l'imi-
tation, des canons et du contrepoint dans le
style instrumental. Il y a de bonnes observa-
tions de détail dans son livre, mais il n'a pas
connu les vrais principes de l'imitation cano-
nique, ni des deux parties les plus impor-
tantes de la fugue, qui sont : le sujet et la ré-
ponse. Les objets sont d'ailleurs disposés dans
son livre en sens inverse de l'ordre naturel,
car il ne traite des contrepoints doubles
qu'après la fugue, dont les contre-sujets ne
peuvent être établis que d'après le contrepoint
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MARPURG
463
double à l'oc lave, et il place les canons après
les contrepoints doubles, quoique ce genre de
composition appartienne naturellement aux
contrepoints non susceptibles de renverse-
ment. Choron, qui n'avait pas aperçu ce dé-
faut radical d'ordre, Ta maintenu dans ses
Principes de composition; mais il Ta corrigé,
d'après mon Traité du contrepoint et de la
fugue, dans son Nouveau Manuel. 5° Anlei-
tung zur Singcomposition (Introduction à la
composition du chant); Berlin, 1758, in-4« de
deux cent six pages. Excellent ouvrage, su-
périeu r à tout ce que l'on a fait sur le même
sujet, et qui n'a pas eu le succès qu'il méri-
tait. 6 ° Anleitung zur Musik iiber haupt und
zur Singkunst bezonders , mit Uebungs
Exempeln erlxutert und den beriihmten
Herren Musikdirectoren und Cantoren
Ueutschlands zugeignet (Introduction à la
musique en général, et à l'art du chant en
particulier, etc.); Berlin, 1763, in-8° de cent
soixante et onze pages. Cet ouvrage est divisé en
trois parties dont la première traite des prin-
cipes de l'art du chant; la seconde, des élé-
ments de la musique, et la troisième renferme
des exercices pour une, deux, trois et quatre
voix. 7° Anfangsgriinde der theoretischen
Musik (Éléments de la musique théorique);
Leipsick, Breitkopf, 1757, in -4° de cent
soixante -seize pages. Cet ouvrage contient la
théorie mathématique de la musique et traite
du calcul des intervalles et du tempérament.
8° Anfangsgriinde der progressional figur-
lichen Zijferkalkuls (Éléments du calcul des
progressions arithmétique et géométrique ap-
plicables à la théorie de la musique); Berlin,
1774, gr. in-8° avec quarante-quatre planches
gravées. 9° Versuch ilber die musikalische
Temperatur, nebst einem Anhang iiber den
Rameau-und Kimbergerschen Grundbass ,
und vier Tabellen (Essai sur le tempérament
musical, suivi d'un supplément sur la basse
fondamentale de Rameau et de Kirnberger,
avec quatre planches); Breslau, 1776, in-8°de
trois cent dix-neuf pages. Cet ouvrage n'est
pas, comme on pourrait le croire, un rema-
niement du précédent. La manière y est traitée
d'une manière plus générale et plus philoso-
phique. 10° Neue Méthode, allerlei Arten
vom Temperaturen dem Claviere aus be-
quemste mitzutheiien, etc. (Nouvelle méthode
pour concilier les divers systèmes de tempéra-
ment dans l'accord du clavecin); Berlin, 1779,
in-4° de quatre cents pages. Une deuxième
édition de cette méthode, purement pratique,
a été publiée à Berlin, en 1790, in- 4°.
OOVBAGES mSTOBIOUBS ET CRITIQUES. 1 1° KH-
tische Einleitung in die Geschichte tmd
Lehrsxtze der alten und neuen Musik (Intro-
duction critique à l'histoire et à la connais-
sance de la musique ancienne et moderne);
Berlin, 1759, in-4°dedeux cent quarante-six
pages, non compris la préface et la table, avec
huit planches. Ce livre a pour objet principal
d'examiner la question : Si les Grecs ont
connu l'harmonie. Marpurg y a fait preuve
d'érudition et de saine critique, 12° Légende
einiger Musikheiligen. Ein Nachtrag zu den
musikalischen Almanachen und Tusehen-
bùchemjetziger Zeit von Simon Metaphras-
tes denjungcm (Légendes de quelques saints.
Suite aux almanachs musicaux et aux livres
de poche de l'époque actuelle, par Simon Mé-
taphrastes le jeune); Cologne, Pierre Rani-
mer, 1786, in-8° de trois cent trente et une
pages, avec deux planches de musique. Ce
livre, qui n'a point de nom d'auteur, est
attribué à Marpurg. On y trouve un grand
nombre d'anecdotes sur des musiciens célè-
bres. 13° Der kritische Musikus an der
Spree (Le Musicien critique de la Sprée);
Berlin, 1750, in-4° de quatre cent six pages
avec cinq planches. Cet écrit est le premier
journal de musique publié par Marpurg. Il
lui a donné le nom de Musicien critique de
la Sprée pour le distinguer du Kritischer
Musicus, autre journal critique de musique
publié par Scheibe (voyez ce nom), à Ham-
bourg, douze ans auparavant. L'écrit de Mar-
purg a paru sous la forme d'une publication
hebdomadaire, en cinquante numéros d'une
feuille. Marpurg fut attaqué, à l'occasion de cet
écrit, par un musicien de Berlin qui se cacha
sous le pseudonyme de Flavio Anicio Olibrio
(voyez ce nom). Il répondit avec plus d'hu-
meur que d'esprit à cette attaque, dans les
numéros 4, 5 et suivants du Musicien cri'
tique; mais ses réponses lui attirèrent des
censures plus sévères, dans un autre écrit
signé du même pseudonyme. Il parut aussi
une critique de la prédilection manifestée par
Marpurg pour la musique française, dans le
numéro 37 des Freye Urtheile und Nach-
richten (12 mai 1750) de Hambourg; mais un
musicien anonyme de Halberstadt prit la
défense de Marpurg, dans un écrit intitulé :
Gedanken iiber die Welschen Tonkunstler
(Idées sur les musiciens Welches); Halberstadt,
1751, in-4° de vingt-trois pages. 14° Histo-
risch-kritische-Beytrxge zur aufnahme der
Musik (Notices historiques et critiques pour
servir au progrès de la musique); Berlin,
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464
MARPURG — MARQUE
1754-1762, cinq volumes in-8°, composés
chacun de six numéros de. plusieurs feuilles,
publiés à des époques irrégulières. Ces deux
recueils renferment des recherches curieuses
sur plusieurs points historiques, et de très-
lionnes critiques de divers ouvrages relatifs
à la musique. 15° Krititcke Briefe iiber die
Tonkuntt , mit kleinen ClavierstUeken und
Singoden begleitet von musikalischer Gesell-
schaft in Berlin (Lettres critiques sur la
musique, etc.); Berlin, 1759-1764, deux vo-
lumes in-4°. Chaque volume est divisé en
quatre parties, et chaque partie renferme
seize numéros d'une feuille d'impression, qui
paraissaient chaque semaine. Ces lettres, dont
la publication commença le 23 juin 1759 et
finit lé 15 janvier 1763, renfermentune mul-
titude de renseignements et d'intéressantes
discussions sur toutes les parties de la musique
considérée comme art et comme science.
Quelques-unes sont adressées à des musiciens
célèbres, tels que Ch.-Ph. Emmanuel Bach,
son frère Friedmann, Kirnberger, Riepel,
Agricola et d'autres.
Marpurg eut une discussion sur la théorie
«le Tharmonie exposée par Sorge (voyez
ce nom) dans son Compendium haimo-
nicum. Dans cet ouvrage, Sorge avait fait
une critique de quelques principes du savant
musicien de Berlin; Marpurg se vengea en
faisant réimprimer l'ouvrage de son adver-
saire avec de savantes remarques, où l'amé-
nité de son caractère s'est un peu démentie.
L'ouvrage a pour titre : 16° Herrn Georg. An-
dréa» Sorgent Anleitung zum Generalbqss
und zur Composition. Mit Anmerkungen^tc.
{Instruction sur l'harmonie et la composition
de M. Georges-André Sorge, avec des remar-
ques, etc.); l'épigraphe du livre est celle-ci :
Voue l'avez voulu, George Dandin, vous
l'avez voulu; Berlin, Lange, 1760, in -4° de
cent cinquante-deux pages. Marpurg revint
encore plus tard sur cette discussion dans le
cinquième volume de ses notices historiques
(p. 131-202, 265-285) (voyez Sorge). On doit
à ce savant une traduction allemande des Élé-
ments de musique de d'Alembert, intitulée :
Systematiscke Einleitung in der musika-
lUche Setzkunst nach des Lehrsxtzen du
Herrn Rameau. Mit Anmerkungen, etc.,
Leipsick, Breitkopf, 1757, in-4° de cent
trente-six pages. Les remarques du traduc-
teur commencent à la page 119. Lorsque
Gerber visita Marpurg à Berlin, en 1793,
celui-ci était occupé de la rédaction d'une
histoire de l'orgue, que la mort ne lui a pas
permis d'achever, Sa veuve envoya à l'auteur
du Lexique des musiciens tous ses papiers et
les dessins relatifs à cet ouvrage. Ils appar-
tiennent maintenant à la Société impériale de
Vienne pour les progrès de la musique.
Comme compositeur ou comme éditeur,
Marpurg a publié : 1° Kyrie eum Gloria,
Sanetus et Agnus, quatuor vocum, violinis,
violis et organo, inpartitura; Berlin, 1756,
in -4°. 2° Neue Lieder zum Singen beym
Clavier (Nouvelles chansons avec clavecin);
Berlin, 1756, in-4°. 3°GeisUiclie, moralische
und weltliehe Odcn, mit Klavier (Odes spiri-
tuelles, morales et mondaines avec accompa-
gnement de clavecin); Berlin, 1758, petit
in -fol. On en connaît cinq recueils sous son
nom. 4° Sei eonate per il cembalo\ Nurem-
berg, 1756. 5° KlavierstUke fur Anfxnger
und Geiiblere mit einem practitchen C/nfer-
richt (Pièces de clavecin pour les commen-
çants et les élèves plus instruits, avec une
instruction pratique), trois suites; Berlin,
1762. 6° Fughe e capricci per il clavicembalo
e per Vorgano; Berlin, 1777. 7° Baccolta
délie più nuove composizionidi clavicembalo
per l'anno 1756 ; e Baccolta 2° per l'anno
1757; Nuremberg. Marpurg n'est que l'éditeur
de ce dernier ouvrage, ainsi que d'un recueil
de fugues de Graun, de Kirnberger, et d'au-
tres savants musiciens allemands; ce recueil a
pour titre : Fugen Sammlung, efc, première
partie; Berlin, 1758. Il en avait promis la
suite avec l'analyse : mais rien de tout cela
n'a paru.
Le portrait de Marpurg se trouve au com-
mencement de son Introduction critique à
l'histoire de la musique, et en tête de la neu-
vième année de la Gazette musicale de Leip-
sick.
MARQUE (Charles -Auguste), d'abord
amateur, puis professeur de musique à Paris,
naquit à Amiens en 1773. II y vivait encore en
1827, mais il est mort peu de temps après. Il
s'est fait connaître par quelques jolies ro-
mances, parmi lesquelles on remarque V Ab-
sence y l'Origine de la troisième Grâce,
Malvina, et la chansonnette Poilà le plaisir,
mesdames. Tous ces morceaux ont été graves
chez Naderman.
MARQUE (Pierre), violoniste et compo-
siteur de musique de danse , est né a Paris,
le 26 janvier 1781. Fils d'un amateur de mu-
sique qui jouissait d'une certaine aisance,
mais qui fut ruiné par les suites de la révolu •
tion de 1789, le petit Marque commença l'étude
du violon à l'âge de trois ans; à cinq ans, il
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MARQUE — MARSALO
465
jouait déjà de petits morceaux avec une jus-
tesse d'intooalion qui causait autant d'éton-
nement que de plaisir aux témoins de son
habileté précoce. En 1789, le chevalier de
Saint-Georges l'entendit à Versailles et fut si
charmé par l'organisation de cet enfant, qu'il
offrit à son père de l'adopter comme son
propre fils et lui promit d'en faire un artiste
de talent. Celle proposition fut rejetée, ce qui,
toutefois, n'empêcha pas que Saint-Georges
n'entreprit l'éducation musicale de Pierre
Marque. Engagé dans des intrigues politiques
en 1791, et forcé de s'éloigner momentané-
ment de Paris, il confia son élève aux soins
de Nawigille (voyez ce nom), qui lui donna
des leçons jusqu'à la fin de 1793. Dans l'année
suivante, Pierre Marque fut admis, par une
protection spéciale, dans V Ecole des enfants
des défenseurs de la patrie, quoique son père
n'eût jamais été militaire. Quelques mois
après, l'école fut transférée à Liancourt, dans
le château du duc de Larochëfoucault. Marque
y tomba dangereusement malade, et l'on fut
obligé de l'envoyer à l'hospice de Beau vais,
où il se rétablit. Rentré à l'école de Lian-
court, il y eut une rechute et obtint un congé
pour retourner à Paris près de sa famille. Il
retrouva dans celle ville son ancien maître
Navoigille qui, connaissant la détresse des
parents de son élève, et considérant la diffi-
culté de lui procurer alors une occupation
lucrative pour son talent, lui donna le conseil
de cultiver la musique de danse. Cet avis,
adopté par le jeune artiste, eut des résultats
avantageux. Marque put alors venir au secours
de sa famille. A vingt-deux ans, il était re-
cherché comme chef d'orchestre de bal, et les
recueils de contredanses qu'il publiait obte-
naient des succès de vogue. Sous l'empire,
il eut un rival dangereux dans Julien Clar-
chies; mais la restauration lui fut favorable,
à cause de ses opinions royalistes bien con-
nues, et l'aristocratie de celle époque accorda
presque toujours la préférence à Pierre
Marque pour la direction de ses bals. Cepen-
dant la danse n'avait pas fait perdre à cet
artiste le goût de la musique sérieuse : il
avait une passion véritable pour les quatuors
et quintettes de Boccherini, dans lesquels il
faisait sa partie avec talent. Il a publié des
duos pour violon el alto, et des études remar-
quables pour ce dernier instrument, dont il
jouait avec sentiment et délicatesse. En 1853,
Musard, qui estimait Pierre Marque, l'attacha
aux concerts des Champs-Elysées fondés par
Masson de Puyneuf, en qualité de chef des se-
BIOGft. U31V. DES MCSiCIOS. T. V.
conds violons. Retiré de la vie active depuis
1848, il a joui depuis lors d'un repos et d'une
indépendance acquis dans une carrière labo-
rieuse et par des habitudes d'économie. Au
moment où celle notice est écrite (1861), il est
âgé de quatre-vingts ans. On a publié de sa
composition environ Vingt-cinq recueils de
contredanses 'pour l'orchestre, en quatuor et
pour le piano.
MARQUET (F iuhçois- Nicolas), médecin
et botaniste, né à Nancy en 1687, termina sa
carrière à l'âge de soixante-douze ans, le
29 mai 1759. On a de lui un ouvrage plus cu-
rieux qu'instructif, sous le titre de Méthode
pour apprendre, par Us notes de la musique,
à connaître le pouls de l'homme, et les chan-
gements qui lui arrivent, depuis sa nais*
sance jusqu'à sa mort; in-4°, Nancy, 1747.
Buchoz, gendre de Marquet, a donné une nou-
velle édition de ce livre; Paris, 1808, in-12.
MARQUEZ(AsTOiHELESBIO),mallrede
chapelle du roi de Portugal, naquit à Lis-
bonne vers 1660. Littérateur instruit, poète et
musicien savant, il obtint, en 1698, la place
de maître de la chapelle royale, et mourut le
1 er novembre 1709. Un seul ouvrage de sa
composition a été imprimé ; il a pour titre :
Filhancicos que se cantaraô ne Jgreja de
N. Senhore de Nazareth das religiosos des-
calças de S. Bernardo em as Matinas e Festa
do gloHoso S. Gonçala (Vilhancicos qui ont
été chantés à l'église Jésus de Nazareth des
religieux .déchaussés de Saint-Bernard, aux
matines de la fête du glorieux saint Gonsalve) ;
Lisbonne, Michel Manescal, 1708, in-4°. On
conservait autrefois dans la Bibliothèque
royale de Lisbonne des messes, Magnificat,
Miserere, répons, etc., en manuscrit, com-
posés par Marquez. Ces productions jouissaient
de beaucoup d'estime.
MARS (J. DE), organiste à l'église cathé-
drale de Vannes , connu sous le nom de
MARS LE CADET, élait célèbre vers 1750
par son habileté à jouer de l'orgue et du cla-
vecin. On a de lui un livre de pièces d'orgue,
gravé à Paris, en 1747. Sa fille, Henriette-
Louise de Mars, était fort habile sur le clavecin;
elle a publié, en 1753, à l'âge de quinze ans,
deux canlatilles qui ont eu de la vogue.
MARSALO (Pie&he-Maue), compositeur
sicilien, vécut dans les dernières années du
seizième siècle et au commencement du dix-
septième. Il est auteur de quatre livres de ma-
drigaux à cinq voix qui ont été publiés à Ve-
nise, chez Vincenli. Le quatrième livre a paru
en 1609, chez cet éditeur.
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466
MARSAND — MARSCHNER
MARSAND (le P. àsselme), religieux
bénédictin au monastère de Saint-Michel, à
Murano, près de Venise, naquit en 1769, dans
celte ville, où son père était banquier. Élève
de Furnalello, il acquit sous la direction de ce
maître une profonde connaissance du contre-
point, et fut un des plus savants musiciens de
l'école vénitienne, dans les derniers temps de
la musique classique. En 1828, il succéda à
Antoine Calegari dans la place de maître de
chapelle de Saint-Antoine, à Padoue. Il est
mort dans celte situation, le A janvier 1841.
Le P. Marsand s'est fait connaître par un
grand nombre de compositions pour l'église,
parmi lesquelles on remarque des psaumes,
des messes, des hymnes, des motets et des
pièces d'orgue, outre beaucoup de morceaux
détachés à deux, trois ou quatre voix, avec
instruments ou sans accompagnement, soit
pour la chambre, soit pour des circonstances
particulières. On m'a dit à Venise, en 1850,
que le nombre des ouvrages de ce maître est
de plus de six cents. Il en écrivit quarante
pendant l'exercice de ses fonctions à l'église
du Saint (il Santo), à Padoue. Ce fut le
P. Marsand qu'on chargea d'écrire le Feni
Creator à quatre voix, pour l'élection du pape
Pie VII. On lui demanda aussi un Te Deum
qui fût chanté dans l'église Saint-Grégoire, à
Rome, à l'occasion de l'élection du pape Gré-
goire XVI. Parmi ses messes, on en distingue
une solennelle qu'il a écrite pour l'église
Saint-Michel, de Murano, et deux autres, la
première à quatre voix, l'autre à six, en deux
chœurs, composée pour l'église de S.-Ge-
minianOy de Venise, dont il fut maître de
chapelle pendant plusieurs années. On n'a
publié de ce maître que le psaume Exaltabo
te Domine en double canon, qui a paru à la
lithographie musicale de Barozzi, à Venise, et
qui a été l'objet de critiques assez dures dans
la Cicala, de Venise (1858), et dans le Fi-
garo, de Milan, dans la même année. Les au-
teurs de ces critiques étaient les professeurs
de musique Pascal Negri et Pierre Tonazzi.
Marsand répondit par un article inséré dans la
Gazette privilégiée de Denise; mais, ainsi
qu'il était facile de le prévoir, celte réponse
lui attira de nouvelles attaques. Il a réuni
toutes les critiques, ainsi que ses réponses,
dans une brochure qui a pour titre : Marsand
sopra gli articoli nei n. 4 ed 1 1 délia Cicala,
di Venezia, e 70 del Figaro, di Milano, nel
corrente 1858, usciti contro il suo salrno a
doppio canone Exaltabo te Domine. CoW ag-
giunta d'un saggio deicommenti che sipo-
trebbero fare agit articoli stessi, compilai
da alcuni teorico-pratici amatori délia ve- ■■
ritd; Venise, Andrcola , 1858, in-8° de
soixante et une pages. Le P. Marsand a cor-
rigé les épreuves de la grande édition des
psaumes de Marcello, publiée à Venise, eu
1805, chez Sébastien Valle, en huit volâmes
in -fol.
MARSCHALL (Samuel), né à Tourna?,
dans le Hainaut, en 1557, fut en dernier lieu
notaire, musicien de l'Université de Bile, et
organiste de cette ville, où il vivait encore
en 1627, à l'âge de soixanle-dix ans. ffé dans
l'église catholique, il avait abjuré sa foi et
s'était fait protestant. On connali de sa com-
position : 1° Der ganlze PsalterH. Àmbrosii
Lobwassers mit 4 Stimmen (Tout le psautier
de Lobwasser, à quatre voix) ; Leipsick, 1594;
Baie, 1608, in-12. 2° Psalmen David* , Kir-
chengesang und geistliche Lieder vom Dr.
M. Lulhers , efc, mit 4 Stimmen; Baie,
Rœnig, 1606, in-12.
Balduanus cite aussi Marschall (Bibliotk.
philosopha p. 181) comme auleurd'un traité
élémentaire de musique, intitulé : Porta mu-
sices j das ist Einfuhrung zu der edltn
Kunst Musica, mil et ne m kurtzen Bericht
und jinleitung zu der violen, etc. (Introduc-
tion au noble art de la musique, avec un coort
avertissement pour apprendre à jouer de la
viole, etc.); Bâle, 1592, in-4*.
MARSC1JINER (Henri), compositeur dra-
matique, est né le 16 août 1795, à Zittau,daos
la haute Lusace. Ses heureuses dispositions
pour la musique se manifestèrent dès ses pre-
mières années. Sa mémoire étail si bonne rt
sa conception si prompte, qu'il retenait sans
peine les airs les plus difficiles. Lorsqu'il eut
atteint l'âge de six ans, on lui donna un
matlre de piano; mais ses progrès furent si
rapides, qu'après six mois de leçons, il étail
plus habile que son professeur. Il en fut de
même d'un second, puis d'un troisième; après
quoi, son père n'étant pas assez riche pour
payer le meilleur matlre de la ville, les leçons
furent interrompues pendant un an. Ce fut
alors qu'il entra dans le chœur des enfants du
Gymnase, où il occupa bientôt la place de
chanteur solo, à cause de son habileté dans la
lecture, et de sa jolie voix de soprano. A cette
époque, ce choeur était placé sous la direction
de Fr. Schneider, devenu célèbre depuis lors
par la composition de ses oratorios. L'orga-
niste de Bautzen ayant entendu le jeune ar-
tiste dans un concert, lui offrit un engagement
pour entrer dans le choeur de son église: Tcs-
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MARSCHNER
467
poir d'étudier l'harmonie en même temps que
le chant, lui fit accepter cette proposition ;
mais son attente fut trompée. Bergt, chantre
de Bautzen, repoussant toujours les sollicita-
tions de Marschner pour qu'il lui donnât des
leçons de basse continue, ne lui enseignait
que le grec et le latin. Le séjour de Bautzen
devint dès lois désagréable au jeune musicien
qui retourna à Zitlau, plus pauvre qu'aupara-
vant, car il avait perdu sa voix de soprano,
et avec elle ses moyens d'existence. Blessé de
son brusque départ pour Bautzen, le directeur
de la musique de l'église ne voulut plus le re-
cevoir au nombre de ses élèves, et Marschner
fut obligé de développer sans guide ce goût de
la composition qui le tourmentait depuis son
enfance. Dans ses heures de loisir, il écrivait
tout ce qui lui venait à la télé. Chansons, mo-
tets, musique de piano, il abordait tous les
genres, ne s'instruisant que par ses propres
fautes. Une troupe de danseurs, qui vint à
Zittau, lui fournit même l'occasion de compo-
ser un ballet, dont le litre était la Fière
Paysanne. Le jour de la répétition, le jeune
compositeur, caché dans un coin obscur du
théâtre, observait de loin l'effet de l'instru-
mentation, dont il n'avait pas les premières
notions, et qu'il n'avait faite que d'instinct.
L'ouverture, espèce de valse, allait assez bien,
lorsque tout à coup l'orchestre s'arrêta. Les
cors, dont Marschner ignorait la portée, de-
vaient entonner des notes qui n'existent pas
dans l'instrument. Persuadé qu'il y avait des
■fautes de copie, on examina la partition, et
les mêmes fautes s'y retrouvèrent. Alors ce fut
à qui se divertirait aux dépens du pauvre ar-
tiste. L'émotion de Marschner avait été jus-
qu'à la fièvre, au commencement de la répé-
tition; mais quand il entendit ces railleries,
sa douleur fut si vive, qu'il s'évanouit. Recon-
duit chez lui, il y fut retenu six semaines par
une maladie grave. Pendant ce temps, la
troupe de danseurs quitta Zittau, et Marschner
n'entendit jamais la Fière Paysanne, ou-
vrage dont cette troupe profita longtemps. Il
écrivit cependant encore pour cette même so-
ciété deux autres ballets dans lesquels il eut
soin d'éviter les fautes précédemment faites
dans l'emploi des instruments. En 1812, He-
ring, connu par plusieurs bons ouvrages sur
la musique, arriva à Zittau, et fil tout ce qui
dépendit de lui pour procurer à Marschner
les moyens de s'instruire. Malheureusement,
ce dernier ne put profiler longtemps de ses
leçons, diverses circonstances l'ayant obligé
de se rendre à Prague. Ce fut dans celle
ville qu'il se lia avec Tomascheck, distingué
comme professeur et comme compositeur, et
dont les conseils lui furent profitables. Weber
dirigeait alors l'orchestre de l'excellent Opéra
de Prague; trop occupé pour suivre l'éduca-
tion du jeune Marschner, il lui sacrifia cepen-
dant le peu d'instants dont il pouvait disposer.
A l'expiration de l'armistice, sa qualité de
Saxon obligea Marschner à quitter Prague; il
revint à Zittau, d'où il partit bientôt pour
aller, suivant le désir de son père, étudier le
droit à Leipsick. L'amour de la musique n'en
était pas moins le goût dominant du jeune ar-
tiste. L'excellent maître Schîcht s'intéressa à
ses progrès, et c'est à ce compositeur qu'il est
redevable de la plus grande partie de ce qu'il
sait. Il composa sous sa direction plusieurs
motels; mais son penchant l'entraînait à tra-
vailler pour le théâtre. A défaut de livret, il
essaya ses forces sur une traduction du Titus f
de Métastase. Cet ouvrage, quoique entière-
ment achevé, est cependant resté inconnu. Un
concert que Marschner donna à Carlsbad, pen-
dant Tété de 1815, lui fit faire la connais-
sance de plusieurs personnages distingués de
la Hongrie et de l'Autriche, et principalement
celle de M. le comte Thadée Amadée. La pro-
tection de ceseigeur lui procura assez d'élèves
pour qu'il pût jouir d'une existence aisée, tout
en lui laissant assez de loisir pour se livrer à
l'étude. Les relations qu'il eut à celle époque
avec Beethoven , Kozeluch et le professeur
Klein, de Presbourg, lui furent d'une grande
utilité. D'après les conseils de Beethoven,
Marschner composa un grand nombre de mo-
tets, de sonates, de. symphonies, etc., afin
d'acquérir plus d'habileté dans l'art d'écrire.
En 1810, il composa le petit opéra der Kiff-
hauser JSerg (la Montagne de Kiffhaus) qui
eut du succès sur plusieurs théâtres en Au-
triche. L'année suivante, on représenta à
Dresde son opéra de Henri IF et d'Aubigné,
ouvrage en trois actes, qui, malgré le grand
nombre de fautes qu'il renferme, fut cepen-
dant bien accueilli du public. Ce fut vers la
même époque qu'on représenta à Presbourg
son Saidar y opéra en trois actes, qui réussit
également. Marschner eut l'immense avantage
d'entendre souvent ses ouvrages et de pouvoir
éviter, dans ses nouveaux essais, les fautes où
il élait tombé. Malheureusement il n'y a pas
en Allemagne d'institutions qui procurent aux
jeunes compositeurs le même avantage; très-
rarement les directions de théâtre ont du goût
pour les nouveautés, et peu d'artistes ont des
protections assez puissantes pour vaincre les
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468
MARSCHNER
préventions des entrepreneurs contre des noms
peu connus.
En 1821, Marschner retourna en Saxe, et
choisit Dresde pour sa résidence. A la même
époque, Tieck mit sur la scène le drame inti-
tulé le Prince de Hambourg, et désira à cet
effet une musique particulière pour l'intro-
duction et les enlr'actes. L'intendant géné-
ral, M. de Konneritz, en chargea Marschner;
celui-ci réussit et eut l'approbation de Tieck
et de Weber. Ce fut en 1822 qu'il acheva son
grand opéra de Lucrèce. Dans la môme an-
née, il composa la musique de l'opéra de
F. Kind, la Belle Ella. Celte pièce Tut assez
mal accueillie à Francfort, où d'ailleurs l'exé-
cution fut médiocre. A Berlin, où elle devait
être représentée, diverses circonstances l'éloi-
gnèrent longtemps de la scène. Enfin, à Mu-
nich, le théâtre fut détruit par un incendie
quelques jours avant la représentation. Plu-
sieurs morceaux de cet ouvrage, que l'on peut
considérer comme un des meilleurs de son
auteur, eurent un grand succès dans les con-
certs. Son opéra d 1 Mi-Baba n'eut pas un
meilleur sort que les autres au théâtre. Ce
poème, qu'il préféra â celui des Galériens, fut
mal reçu du public. Malgré toutes ces contra-
riétés, Marschner ne perdit pas courage; à*
chaque nouvelle production, il se sentait plus
de facilité à rendre ses idées, à introduire dans
ses ouvrages plus d'effets dramatiques et à
mieux observer les convenances de la scène.
L'idée d'un genre de musique moins sévère
que celui des drames en usage sur les théâtres
allemands, mais plus vigoureux que celui des
simples opérettes, qui ne sont guère que des
vaudevilles, occupa quelque temps Marschner,
qui en donna le modèle dans son Voleur de
bois (der Holzdieb), dont les paroles étaient de
F. Kind. Marschner destinait celte pièce, et
d'autres qu'il voulait écrire dans le même
genre, à des théâtres de société, afin de déve-
lopper le goût de la musique dramatique alle-
mande dans sa nation, et de diminuer l'in-
fluence des traductions d'opéras étrangers. Il
fit à cet égard un appel aux poètes et musi-
ciens allemands dans l'amanach musical inti-
tulé Polyhymnie, où fut insérée la partition
du Voleur de bois, réduite pour le piano ;
mais cet appel ne fut pas entendu. Cependant,
ce joli ouvrage, où l'on trouve plusieurs mor-
ceaux d'un très-bon goût, obtint beaucoup de
succès sur plusieurs théâtres d'amateurs et
de petites villes. Peut-être Marschner ne se
serait-il pas laissé rebuter par l'indifférence
de ses collègues, si ses occupations multipliées
lui avaient laissé le temps de continuer son
entreprise. En effet, directeur de la musique
de l'Opéra allemand et italien, conjointement
avec "Weber et Morlacchi, depuis 1823, il était
souvent chargé de tout le travail, par suite des
absences ou des indispositions fréquentes de
ses collègues. Ses relations avec ces deux der-
niers furent toujours amicales. Cependant
Weber, après ses grands succès, se refroidit
un peu à l'égard de Marschner ; leur différence
d'opinion sur la nouvelle musique italienne,
particulièrement sur Rossini, était une des
des causes de ce refroidissement. D'ailleurs,
Marschner ayant préféré la place de directeur
de musique de Dresde à une autre qu'on lui
avait offerte à Amsterdam, Weber se vit con-
trarié dans le projet qu'il avait formé de f ai re-
venir à Dresde son ami Gansbacber.
Les grands succès des œuvres de Rossini
déterminèrent Marschner à donner dans ses
propres ouvrages un libre cours à la mélodie,
et à attacher moins de prix à un travail com-
pliqué d'harmonie et de contrepoint. Néan-
moins, il ne traitait pas l'harmonie en subor-
donnée, parce que, d'après sa manière de
voir, la mélodie et l'harmonie doivent être
unies constamment. En outre, il s'efforçait,
dans ses ouvrages dramatiques, même dans
ceux qui sont sans paroles, de présenter à
l'auditeur, au moins d'une manière générale,
non -seulement le sentiment à exprimer, mais
aussi le caraclère des personnages chan-
tants. On voit, par les derniers ouvrages de
Marschner, le Vampire et le Templier, jus-
qu'à quel point ce compositeur a atteint le but
qu'il s'était proposé. Malgré d'incontestables
défauts, il est certain qu'on trouve dans ces
deux opéras des mélodies originales, bien ap-
propriées au caractère des personnages et à
la situation dramatique.
En 1826, Marschner épousa mademoiselle
Marianne Wohlbruck, cantatrice bien connue,
et se lia avec Wohlbruck, son frère. Dans la
première entrevue qu'ils eurent ensemble, ils
s'entretinrent du sujet du Vampire. Celte re-
marque est nécessaire pour réfuter le reproche
fait à Marschner par la Gazette musicale de
Berlin d'avoir travaillé sur un sujet déjà
choisi par Lindpaintner, son ami; l'ouvrage
de Marschner fut, au contraire, annoncé le
premier par les feuilles publiques, et ce fût
postérieurement que la Gazette musicale de
Leipsick fit mention de celui de Lindpaintner.
Au mois de juin 1826, époque de la mort de
Weber, Marschner eut dans ses fonctions une
grande augmentation de travail, et, n'ajan*
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MARSGHNER
\m obtenir de succéder à ce compositeur dans
remploi de premier directeur de la musique
de l'Opéra de Dresde, il donna sa démission de
ses autres emplois.
Au mois d'août 1820, il se rendit à Berlin,
où madame Marschner obtint de brillants suc-
cès sur le théâtre de la cour; ils y reçurent
tous deux, de la part des artistes de la capi-
tale, l'accueil le plus honorable. Le souhait
général était de voir Harschner prêter son se-
cours au théâtre de Kœnigstadt en composant
plusieurs opéras comiques; mais les circon-
stances ne lui permirent pas d'accéder à celle
proposition. Les époux quittèrent Berlin pour
visiter Breslau, Posen, Kœnigsberg et Dant-
zick ; ce fut dans cette dernière ville que
Marschner reçut le premier acte du Vampire,
auquel il travailla immédiatement. Au mois
de mars 1827, il revint â Berlin; mais la né-
cessité de s'entretenir avec l'auteur du Vam-
pire, sur quelques détails, le détermina â se
rendre à Magdebourg et â y séjourner jusqu'à
ce que tout ce qui concernait l'opéra fût ar-
rêté. Au mois de juin de la même année, il
entreprit un nouveau voyage. A Brunswick, il
reçut une lettre de Kuslner, alors directeur
du théâtre de Leipsick, qui offrait à ma-
dame Marschner un engagement pour les pre-
miers rôles. Les conditions étant de nature à
être acceptées, Marschner et sa femme se ren-
dirent à Leipsick, où ils arrivèrent le 12 août
1827. Au mois de décembre de la même année,
le Vampire fut terminé : la première repré-
sentation fut donnée le 28 mars 1828. Un
beau succès couronna cette composition. Rap-
pelés sur la scène après la représentation, le
compositeur et les acteurs furent accueillis
avec enthousiasme. La renommée de cet opé>a
s'étendit rapidement; tel fut, dit-on, l'em-
pressement des théâtres de l'Allemagne à
monter cet ouvrage, que les copistes ne pou-
vaient satisfaire à toutes les demandes de par-
titions. Beaucoup de morceaux du Vampire
devinrent populaires. Cependant le comte de
Gallenberg, entrepreneur du théâtre de l'Opéra
allemand de Vienne , ne put obtenir de la di-
rection de la police la permission de le faire
jouer, quoiqu'il eût déjà été donné à Prague et
à Pestb. La direction du théâtre de Berlin, qui
avait pris des engagements pour le Vampire
de Liodpaintner, ne put faire jouer celui de
Harschner. Une traduction anglaise de ce der-
nier fut jouée à Londre» avec un brillant suc-
cès. 11 était aussi destiné à paraître à Paris,
en 18-30; mais l'acteur qui devait être chargé
du rôle principal fut si mal accueilli dans le
Faust de Spohr, qu'on n'osa l'en charger. I!
a élé fail aussi une traduction du Vampire en
polonais.
En 1828, Marschner avait commencé à
écrire le Templier et la Juive; mais il ne
l'acheva qu'au mois d'août de l'année suivante.
Le brillant succès qu'avait obtenu le Vampire,
décida le directeur du théâtre de l'Opéra an-
glais à offrir à Marschner cinq cents livres
sterling pour composer un opéra sur des pa-
roles anglaises, et cent livres pour diriger les
cinq premières représentations, sous la condi-
tion que l'ouvrage resterait la propriété du
compositeur sur le continent. Ce marché
conclu ; Marschner se mit avec ardeur à étu-
dier la langue anglaise. Déjà, au mois de fé-
vrier 1830, il était assez avancé dans cette
nouvelle composition pour se préparer au
voyage, lorsque la nouvelle de l'incendie du
théâtre lui parvint. Le changement que cette
circonstance faisait éprouver à sa destination
détermina Wohlbruck à lui écrire une pièce
nouvelle, intitulée : la Fiancée du Faucon-
nier. Marschner s'occupa immédiatement de
cet ouvrage, qui fût achevé au mois de no-
vembre 1850, malgré le voyage qu'il avait
fait à Berlin pour la mise en scène du Tem-
plier. La Fiancée a été représentée pour la
première fois à Leipsick, en 1832.
Au mois de septembre 1830, ce compositeur
fut appelé à Hanovre en qualité de maître de
chapelle du roi. Il s'est rendu en cette ville
au mois de décembre. Ce fut alors qu'il com-
mença son opéra le Château au pied du mont
Etna; mais à peine s'en était-il occupé, qu'il
reçut le poème de Ed. Devrient, If ans ffei-
ling. Le sujet de cet ouvrage le séduisit si
bien, qu'il y travailla immédiatement. Dans
une lettre que Marschner écrivit alors, il s'ex-
primait ainsi : « Si l'on pouvait composer un
« opéra d'un seul trait , je l'eusse fait, tant
« j'étais inspiré par cet ouvrage, que je con-
« çus tout d'un jet. » Malgré ses nombreuses
occupations et une assez grave maladie, cet
opéra fut terminé au mois de juillet 1832 et
représenté le 24 mai 1853, sous la direction
de son auteur. Il obtint du public l'accueil le
plus favorable. Le sort du Château au pied
du mont Etna fut moins heureux en 1836.
Un nouvel opéra que Marschner ni représenter
à Berlin en 1858 ne réussit pas mieux. Cet
ouvrage avait pour titre der Falktiers Braùt
(la Fiancée du Fauconnier). Fixé à Hanovre
dans une position agréable, Marschner fut oc*
cupé par la cour à écrire des cantates de fêles,
des symphonies et d'autres morceaux de cir-
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470
MARSCHNER — MARSKLLI
constance. Pendant les premières années, il
suspendit ses travaux dramatiques. Ce ne fut
qu'en 1844 qu'il fit représenter au Théâtre-
Royal de Hanorre son grand opéra intitulé
Adolphe de Nassau, considéré comme une
île ses meilleurs productions, et qui fut aussi
représenté avec succès à Dresde, à Hambourg
et à Breslau.
Je vis Marschner a Hanovre en 1849 et
trouvai en lui un homme aimable et bienveil-
lant. Il était alors satisfait de sa situation;
mais plus tard il éprouva des désagréments
par la fâcheuse influence d'un chanteur du
théâtre de la Cour, et demanda sa retraite, qui
lui fut accordée avec une pension. Marschner
avait pris la résolution de se fixer à Paris ; il
y avait fait un voyage pour préparer son éta-
blissement, lorsqu'il mourut après une courte
maladie, à Hanovre, dans la nuit du 14 au
15 décembre 1801 , à l'âge de soixante-six ans.
Cet artiste fut un des hommes les plus re-
marquables parmi les compositeurs allemands
de son temps. On ne peut lui refuser le mérite
d'être un des successeurs de Weber qui ont
montré le plus de sentiment dramatique dans
leurs ouvrages. Il ne réussit pas seulement
dans le drame sérieux : on peut même assurer
qu'il est du très-petit nombre des compositeurs
allemands qui ne tombent pas dans le trivial
en traitant le genre comique. Ses mélodies sont
expressives; mais sa manière d'écrire est né-
gligée, et souvent il abuse de l'emploi des tran-
sitions. Nonobstant cette critique, l'auteur du
Vampire, du Templier et de Hans Heiling , ne
laissera point un nom vulgaire dans l'histoire de
l'art Si ses dernières années ont compté moins
de succès que les autres, il en faut accuser les
mauvaises pièces qu'il a mises en musique.
En général, les drames allemands destinés à
la musique sont au-dessous du médiocre.
Marschner s'est fait connaître en Allemagne
comme compositeur.de musique instrumen-
tale par environ cinquante œuvres pour le
piano. Ses ouvrages publiés sont : 1° Der
Holzdieb (le Voleur de bois), en partition ré-
duite pour le piano, dans la Polyhymnie;
Leipsick, Hartmann. Il y en a une nouvelle
édition publiée â Glogau, chez Heymann.
2° Ouverture et entr'actes du drame le
Prince de Hombourg, à grand orchestre.
Leipsick, Breitkopf et Htertel. 3° Ouverture et
airs du drame La belle Ella, en partition
réduite pour le piano; Leipsick, Hofmeister.
4° Le Vampire, opéra en trois actes ; idem,
ibid. On a publié l'ouverture à grand or-
chestre j ibid. 5° Le Templier et la Juive,
grand opéra romantique, en partition réduite
pour le piano, ibid. Ouverture à grand or-
chestre, ibid. 6° La Fiancée du Fauconnier
(Das Braut der Falkner), en partition pour le
piano; Leipsick, Breitkopf et Haertel. 7° Hans
Heiling, opéra romantique, idem; Leipsick,
Hofmeister. 8° Environ dix recueils de chants
pour quatre voix d'hommes (deux ténors et
deux basses); Leipsick et Hanovre. 9° Environ
vingt recueils de chansons, romances et airs
italiens et allemands, pour voix seule, avec
accompagnement de piano; Leipsick, Hom-
bourg, Magdebourg, Brunswick et Hanovre.
10° Quatuor pour piano, violon, viole et basse,
op. 36; Leipsick, Hofmeister. 11° Trios pour
piano, violon et violoncelle, op. 29 et 50 ;
Leipsick, Probst et Hofmeister. 12° Divertis-
sements, Polonaises et Marches pour piano à
quatre mains, op. 7, 13, 16, 28; Leipsick,
Hofmeister, Breitkopf et Htertel. 13° Sonates
pour piano seul, op. 6, 24, 33, 38, 39, 40;
ibid, 14° Rondeaux et fantaisies idem, op. 10,
11, 15, 18, 19, 20, 21,22, 23, 25, 31, 33, 37,
49, 57, 58, 59, 64, 71 , 74; ibid. 15° Variations
pour piano seul, op. 48, 69; ibid.
MARSELLI (Nicolas), philosophe napo-
litain et amateur des sciences et des arts, né
vers 1825, s'est livré à l'élude de la philoso-
phie allemande, particulièrement de la doc-
trine de Hegel, et en a adepte les principes.
On a de lui divers ouvrages, parmi lesquels
on remarque des Essais de critique histo-
rique, l'architecture comparée, et un livre
intitulé : La for ta délia natura e il metodo
délie scienze naturali, desquels on n'a point
à parler ici. Il n'est mentionné dans ce dic-
tionnaire biographique que comme auteur
d'un volume qui a pour titre : La ragione
délia musica modema\ Naples, 1859, in -8*
de XXXIII et deux cent cinquante -six pages.
M.Marselli, fidèle au principe de l'idéal phi-
losophique de son maître, pose d'abord cet
axiome : que les arts indéterminés ne peu-
vent être soumis à la critique définie. Tous
les arts, dit-il, ont l'élément idéal, parce qu'ils
agissent dans la sphère du sentiment; et la
valeur de cet élément s'accroît en raison de
la diminution de la matérialité de l'art. Si
donc la part de l'indéfini est faible dans l'ar-
chitecture et dans la sculpture, elle est plus
grande dans la peinture; dans la musique
elle est immense, jusqu'à ce que son union
avec la parole en diminue la portée, parce que
celle-ci a pour objet d'en déterminer la signi-
fication. Le vague sentiment de la musique ne
peut donc être soumis à une critique rigou-
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MARSELLI
471
reusement scientifique. Néanmoins, il y a
aussi dans l'art un élément défini et définis-
sable, c'est-à-dire, susceptible de critique. 11
y a également un moyen de circonscrire entre
certaines limites les opinions diverses qui se
produisent sur les beautés d'une œuvre musi-
cale : il consiste à établir exactement la no-
tion, ou, ce qui est la même chose, la nature
de la musique en elle-même, puis à voir
quelle forme recevra celte notion dans le
cours de son développement historique. Ces
deux recherches appartiennent à l'esthétique
musicale; car l'histoire ne s'étudie pas dans
ses minimes particularités, mais dans les gé-
néralités illuminées par la notion première.
Aidé par ces principes, nous pourrons étudier
le caractère d'une œuvre musicale, ce qui est
l'objet spécial de la critique. Alors beaucoup
d'erreurs seront abandonnées, les vaines dé-
clamations seront réduites au silence, et l'on
portera sur chaque maître un jugement aussi
raisonnable que possible. Si nous nous per-
suadons que le principe de la musique réside
dans l'indéfini, nous ne considérons plus les
déterminations expressives des passions comme
le couronnement final de l'art; d'autre part,
si nous savons que la musique doit devenir
dramatique par une nécessité de son dévelop-
pement historique, nous ne déprécierons plus
le Robert de Meyerbeer, parce qu'on y re-
marque la pénurie de mélodies à la Bellini et
autres.
Telles sont les Idées d'après lesquelles
M. Marselli divise son livre en deux parties,
dont la première concerne la musique en
elle-même, et l'autre, le développement histo-
rique de cet art. Cette dernière partie se
subdivise en trois sections, lesquelles traitent
de la musique du passé, de la musique du
présent, et de celle de l'avenir. Pour obtenir
des jugements d'une valeur incontestable sur
ces diverses conceptions de l'art, il ne repousse
pas seulement la critique rigoureusement
scientifique et absolue : il est, dit-il, une
autre critique vulgaire, qui, n'ayant d'autre
base que des opinions personnelles, de vagues
aperçus, et des habitudes de sensations irré-
fléchies, s'exprime d'un ton tranchant, par
exclamations et par épithètes plus ou moins
brutales. En parlant de celle-ci, il attaque
personnellement M. Scudo, qu'il appelle un
des coryphées de la critique vulgaire (1). En
(I) A fint di fortt tu rilieco il cattioo audaxzo éTuna
falta critira, ho preso a parlart di M. Scudo, partndomi
«10 dt'corifei delta critica volgarc, cte.
effet, il attaque résolument le rédacteur de la
critique musicale de la Revue des Deux
Mondes , dont le grand tort à ses yeux est
d'avoir méconnu la valeur des œuvres de Mer-
cadante et de Verdi qui, avec les opéras de
Meyerbeer, lui paraissent l'expression néces-
saire de la musique du présent; car, bien
qu'il aime les produits du génie de Rossini, il
ne les considère que comme appartenant au
passé de l'art, et eomme une forme épuisée.
Après avoir laissé M. Marselli exposer les
points fondamentaux de sa doctrine, il reste
à apprécier son ouvrage au point de vue des
applications qu'il fait de ses principes. Disons
d'abord qu'il a bien vu que la musique réside
tout entière dans les facultés de l'âme appelées
sentiment et imagination. Les évolutions de
l'idée, principe esthétique de Hegel, l'ont con-
duit à ce qu'il appelle les développements
historiques et nécessaires de Vart, en raison
des phases de l'histoire de l'humanité. Jusque-
là tout est bien, et M. Marselli est dans le vrai.
Mais, de ce que le sentiment se modifie inces-
samment dans l'indéfini de l'art, qui n'est
représenté que par la musique instrumentale,
il ne résulte pas nécessairement qu'une cri-
tique scientifique et absolue ne lui soit point
applicable; car, si l'objet de l'œuvre est in-
déterminé; la forme est patente. Or, la forme
est un des attributs de la beauté sentimentale;
attribut toujours saislssable et analysable.
M. Marselli n'y a pas pris garde : que serait-ce
que considérer la musique en elle-même, si
le sentiment seul était en action, et si la pré-
sence ou l'absence des qualités de la forme
ne pouvaient être constatées de manière qu'il
en résultât un jugement? On en serait pré-
cisément à ces impressions personnelles, à
ces vagues aperçus, à ces habitudes irréflé-
chies qu'il reproche à la critique vulgaire. Il
est .à supposer que ce qui est appelé par
M. Marselli une critique rigoureusement scien-
tifique n'est autre chose que la critique pure-
ment technique, dont on a quelquefois abusé.
Celle-ci, sans aucun doute, doit être réservée
dans ses jugements, surtout lorsque l'origi-
nalité du sentiment revêt des formes inusitées ;
mais, si la critique technique a pour devoir
de ne pas précipiter ses jugements, elle doit
se garder d'abdiquer ; car, si elle est absente,
on tombe immédiatement dans la diversité
arbitraire des opinions personnelles, laquelle
prend sa source dans les variétés d'organisa-
tion des individus ; dans ce cas, aucun moyen
de conciliation n'est possible.
N'oublions pas que l'objet du livre de
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472
MARSELLl — MARSH
M. Marselli est la ration d'être de la musique
moderne, c'est-à-dire, de la musique ac-
tuelle. Cette raison, il la trouye dans le pen-
chant de la génération existante pour le
drame émouvant et pour les ébranlements
nerveux. A merveille : mais il a reconnu
aussi la nécessité d'examiner la musique en
elle-même, ce qui suppose qu'il y a dans cet
art des conditions absolues, indépendantes des
temps, et auxquelles le génie de l'artiste doit
se soumettre pour donner à son œuvre les
qualités d'où dépendra son existence au delà
du moment qui la voit naître. Ces conditions
sont donc susceptibles d'analyse et d'appré-
ciation, bien que le sentiment soit indéfini.
Une critique scientifique est donc possible au
point de vue dont il s'agit; car, que serait
sans cela l'examen de la musique en elle-
même? Non seulement cette critique est pos-
sible, mais c'est la seule qui ait de la valeur
pour assigner à une composition musicale la
place qu'elle doit occuper dans l'histoire de
Part. Toute autre critique n'est que contin-
gente et ne peut avoir pour objet que les qua-
lités transitoires.
De ce qui précède, résulte la démonstra-
tion que M. Marselli, après avoir posé des
principes fort justes de «cilique, qui lui ont
été fournis par V Encyclopédie des sciences
philosophiques de Hegel, et surtout par le
Cours d 1 Esthétique de ce penseur célèbre,
s'est égaré dans l'application qu'il en a faite.
En rejetant la critique scientifique, par le
motif que le sentiment indéfini n'est pas ana-
lysable, il s'est privé de toute possibilité
d'appréciation certaine.
MARSH (Narcissb), issu d'une famille
saxonne établie dans le comté de Kent, na-
quit en 1638, à Hannington, dans le comté de
Wilts, et obtint, en 1064, le grade de docteur
en théologie à l'Université d'Oxford. Après
avoir exercé les fonctions de chapelain dans la
maison du chancelier Hyde, comte de Claren-
don, il fut nommé principal du collège d'Al-
ban-Hall à Oxford, et devint, en 1678, prévôt
du collège de Dublin. La dignité d'évéque
de Leigblin et Feras lui fut confiée en 1683;
puis il fut appelé, en 1690, à l'archevêché de
Cashell ; à celui de Dublin, en 1699, et enfin,
quatre ans après, à celui d'Armagb, qu'il con-
serva jusqu'à la fin de sa vie. Il mourut en
1713. Grand amateur de musique et profondé-
ment instruit dans les sciences, il a écrit
V Essai d'une introduction d la théorie des
sons, contenant des avis pour le perfectionne-
ment de l'acoustique. Ce mémoire est inséré
dans la première série des Transactions
philosophiques. Marsh est aussi connu jpar
quelques ouvrages de théologie et de philo-
sophie.
MARSH (Jean), amateur distingué, est né
en 1752, à Dorking, dans le comté de Surrey.
Son père, capitaine de la marine royale, s'éta-
blit, en 1758, avec sa famille, à Greenwich, où
il avait été nommé commandant d'un yacht
royal. Ce fut alors que le goût naturel du
jeune Marsh pour la musique, et surtout pour
l'orgue, se manifesta. L'orgue de la chapelle
de l'hôpital, joué alors par Lupton ReMe, lui
causait de si agréables sensations, que ce
n'était pas sans peine qu'on parvenait à l'en
éloigner. En 1761, son père fut chargé de ra-
mener l'ambassadeur de Hollande à Uellevoel-
sluys sur son yacht; il prit son fils avec lui,
et tous deux firent une tournée, dans laquelle
ils eurent la satisfaction d'entendre l'orgue
de Harlem, qui fit sur l'enfant une impression
profonde. Depuis sa huitième année, H avait
commencé ses études au collège de Greenwich ;
il désirait y apprendre la musique comme plu-
sieurs de ses camarades ; mais son père par-
vint à lui faire attendre la fin des cours qu'il
suivait. En 1766, il apprit à jouer du violon
dans la petite ville de Gosport, puis il reçut
des leçons d'orgue et quelques notions d'har-
monie d'un organiste obscur nommé Wofer.
En 1768, on l'envoya à Romsey pour étudier
le droit : il y resta cinq ans. Ayant perdu son
père en 1772, il se maria deux ans après et
alla se fixer à Salisbury, où il fit exécuter dans
des concerts des symphonies de sa composi-
tion. Ce fut là qu'il selivraà l'étudede l'orgue,
et qu'il écrivit ses premiers recueils de fantai-
sies et de préludes pour cet instrument. Un
héritage considérable qu'il fit, en 1781, lui
permit de quitter la carrière d'avocat et de
s'établir à la campagne dans une belle maison
où il fit construire un grand orgue. Il passa
le reste de sa vie dans cette retraite, unique-
ment occupé de la culture des sciences et des
arts. Son frère et ses fils, devenus ses élèves
pour la musique, exécutaient souvent des qua-
tuors et des quintettes dans des concerts
d'abonnés. M. Marsh vivait encore en 1824, à
l'âge de soixante-douze ans. Il a publié à
Londres : 1° Huit symphonies à plusieurs par-
ties. 2° Symphonie pour deux orchestres.
3° Quatuor pour deux violons, alto et basse.
4° Trois morceaux finals, pour l'orgue.
5° Trois ouvertures à cinq parties, idem.
6° Ouverture et six pièces idem. 7° 24 volun-
taries for the organ (Préludes et fantaisies
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MARSH -- MARTIN
473
pour l'orgue); Londres, Près ton. 8° Idem,
deuxième, troisième, quatrième et cinquième
recueils ; ibid. 0° Ouvertures et sonates pour
le piano; Londres, Clementi. 10° Neuf an-
tiennes et seize psaumes à quatre voix ; Lon-
dres, Rolfe. 11° Beaucoup de chansons et de
glees a une, deux et trois voix; ibid. 12° Ou-
verture et dix pièces pour musique militaire.
13° Rudiments on thorough-bass (Éléments
de la basse continue); Londres, Payne, in -4°.
Une deuxième édition a été publiée sous le
titre de Thorough-Bass catechism. \A°Hintt
to young composera (Conseils aux jeunes
compositeurs) ; ibid., 1798, in-8°. 15° Essay
on Harmonies (Essai sur les accords); ibid.,
1801 , in-8 9 . 16° Sixteen movementt from
différent eomposers in score for the use of
musical students (Seize morceaux de diffé-
rents compositeurs, pour l'usage des étudiants
en musique). 17° Tables of transposition of
consonant intervais (Tables de transposition
des intervalles con sonnants) ; Londres, Long-
mann et Broderip. 18° First Book of eighteen
voluntaries, chiefty intended for the use of
young practitioners, to which is prefixed an
explanation of the différent stops of the or-
gan, and of the several combinations that
may be mode thereof, with a feu> thoughts
on style, ex tempore playing, modula-
tions, etc. (Premier livre de dix-huit pré-
ludes, principalement destinés à l'usage des
commençants, précédé d'une explication des
différents jeux de l'orgue, et des différentes
combinaisons qu'on en peut faire, avec quel-
ques réflexions sur le style, l'improvisation,
les modulations, etc.); Londres, Prcston,
1800, in-4». 19° Deuxième livre idem. Marsh
avait en manuscrit beaucoup de musique vo-
cale et instrumentale, ainsi qu'une descrip-
tion de l'orgue qui n'a pas été imprimée après
sa mort.
MARSHALL (William), docteur en mu-
sique de l'Université d'Oxford, organiste de
l'église calhérale du Christ, de la chapelle du
collège de Saint-Jean, et de l'église de Tous
les Saints, à Oxford, est l'auteur d'un petit
ouvrage qui a pour titre : The art ofreading
ChurchMusic; founded on a simple expia-
nation of the first principles ofMusic (l'Art
de lire la musique d'église, basé sur une expli-
cation simple des premiers principes de la
musique); Oxford, J. Vincent, 1842, in- 8°.
MARSOLO (PiETto-MAtiKo), maître de
chapelle de la cathédrale de Ferra re, et de
l'Académie des Intrepidi de cette ville, au
commencement du dix-septième siècle, est au-
teur de deux livres de motets à cinq voix pour
toutes les fêtes de Pan née, lesquels ont été pu-
bliés sous ce titre : Motetta quinque tantum
vocibus decantanda in totius anni solemnio-
ribus diebus. Liber primus; Venetiis, apud
Jacob. Fincentium, 1612, in -4°. Ztoer se-
cundus; ibid., 1614, in-4°.
MARSYAS, fameux joueur de flûte, était
fils de Hyagnis et naquit à Celènes, en Pbry-
gie. On le croit inventeur delà flûte à plusieurs
tuyaux connue sous le nom de flûte de Pan.
La fable de sa dispute avec Apollon est con-
nue. Il rencontra, dit-on, ce dieu à Nyse, lui
proposa un défi de musique, fut vaincu, et,
pour prix de sa présomption, fut écorebé
vif.
MARTELIUS (Élis), luthiste célèbre au
commencement du dix-septième siècle, vécut
à Strasbourg, sa patrie. Il a publié un recueil
de pièces pour le luth, sous ce titre : Jfortus
musicalis novus: Strasbourg, 1615.
MARTELLI (...), maître de chapelle à
Munster, vers 1790, s'est fait connaître à cette
époque, en Allemagne, par la composition de
quelques opérettes, parmi lesquels on re-
marque : 1° Die Reisenden nath Holland
(les Voyageurs en Hollande). 2° Der Tempel
der Dankbarkeit.(\e Temple de la Reconnais*
sance). 5° Der Kœnig Robe (le Roi Corbeau).
MARTIGNONI (Don Ignace), professeur
de droit à Como, né au mois de juin 1757,
mourut dans cette ville, le 23 mars 1814.
Dans ses Opérette varie (Milan, Galeazzi,
1784) on trouve (p. 59-92) des considérations
sur les effets moraux de la musique et sur
l'histoire de la musique dramatique. On a du
même écrivain un traité d'esthétique intitulé :
Del bello e sublime; Milan, Mussi, 1810, in-8°.
Il a été donné une seconde édition de cet ou-
vrage avec la vie de l'auteur, par le profes-
seur Louis Calenazii; Como, 1826, in-12. Le
quatrième chapitre traite du beau dans la mu*
sique.
MARTIN (Clame), écrivain sur la mu-
sique, naquit à Couches en Bourgogne, dans
la première moitié du seizième siècle, et non
à Autun, comme le prétendent La Borde et
ses copistes, car lui-même a indiqué le lieu
de sa naissance par le mot Colchensis, placé
après son nom, au frontispice de l'édition la-
tine de son traité de musique (I). On voit, par
l'épltre dédicatoire de ce même traité de mu-
sique, qu'il vivait à Paris en 1550. Aucun
autre renseignement ne nous est parvenu sur
(I) Couches eit une petite ville du département de
Saône-et-Loire, à cinq lieues d'Autun.
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474
MARTIN
ce musicien, à qui Ton doil un bon livre inti-
tule : Elementorum mus i ces practica? pars
prior, libris duobus absoluta, nunc primutn
in lucem édita, Accesserunt exercitationes
nonnullx quos qui noverit, omnium ferme
prxceptorum cognitionem habuerit; Parisiis,
ex officinâ Nicolai Du Chemin, 1550, in -4°
obi. Les mots pars prior indiquaient l'inten-
tion de publier une deuxième partie, qui n'a
point paru. Le premier livre de celle-ci, di-
visé en huit chapitres, traite du plain-chant;
le deuxième contient les principes de la mu-
sique mesurée, en dix chapitres; l'ouvrage est
terminé par un motet à quatre voix qui parait
avoir été composé par Claude Martin. Six ans
après la publication de ce traité, il fit un
extrait de son livre en français, et le fit
paraître sous ce titre : Institution musicale,
non moins brève que facile, suffisante pour
apprendre à chanter, et qui a cours aujour-
d'hui entre les musiciens; extraite de la
première partie des éléments de musique de
Claude Martin, et par lui-même abrégée;
Paris, de l'imprimerie de Nicolas Du Chemin,
1556, in-4° obi. Cet abrégé du deuxième livre
est fort différent de l'original latin, et ne con-
tient que six feuillets. On trouve à la Biblio-
thèque impériale de Paris un manuscrit
daté de 1608 (n° 7377, in -4°) contenant
plusieurs petits traités des sciences, parmi
lesquels il y en a un intitulé : D. Martin
Tractatus de Musicd. Je n'ai pu vérifier si
c'est une copie du traité de Claude Martin ou
un autre ouvrage, parce que le volume était
prêté lorsque j'ai voulu faire cette recherche.
Claude Martin s'était fait connaître comme
compositeur par des Magnificat des cinq
premiers tons à quatre voix, imprimés à
Paris, en 1540, par Pierre Attaingnanl. Un
exemplaire de cet ouvrage rarissime est chez
l'abbé Sanlini, à Rome.
MARTIN, surnommé PEU D'ARGENT,
musicien belge, vécut vers le milieu du sei-
zième siècle, et fut maître de chapelle du duc
de Clèves et de Juliers. Il était contemporain
de Nicolas Gombert, de Créquillon, de Clé-
ment (non papa) et d'autres musiciens célè-
bres. Jean Orydrius (voyez ce nom), son
élève et ami, dit de lui , dans la préface du
second livre de ses PracticB musiew utrius-
que prxcepla brevia :« Cum quibus {Th. Cre-
« quiUon, Jae. Clemens [non papa), et
o plerique alii) equidem optimo jure memo-
« randum censeo imà sequandum, suavis-
« simumet candidissimum hominem, ami-
« cum meum inlegerrimum M. Marlinum
« peu d'argent, collegii musici illustriis.
« Principis Guillelmi ducis nosiri clemen-
« tiss. prxfectum dignissimum. Qui mihi
u sub auspicium hujusprofessionismusicr,
« pro suo in me candore animi, ac benevo-
« lentia familiari, non semelauctor horta-
u torque fuit, etc. » Le même auteur ajoute
que Martin a publié deux livres de motets et
de chansons à quatre et cinq parties dont il
vante la suavité.
MARTIN (Nicolas), musicien du seizième
siècle, né à Saint- Jean-de-Maurienne, en
Savoie, vivait à Lyon, vers 1560. Il a fait im-
primer de sa composition : Chants sur la
nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ,
tant en vulgaire françoys que langage savoi-
sien, dit paloys, imprimés avec la musique,
à Lyon, par Marc Bonhomme, 1506, in-8°.
MARTIN (Jean), bachelier en théologie
de la faculté de Paris, et curé de Treze, au
diocèse d'Auxerre, vers le milieu du dix-sep-
tième siècle, a composé deux messes à quatre
voix, l'une ad imitationem moduli Audits,
l'autre ad imitationem moduli Jubilate, qui
ont été publiées chez Robert Ballard, en 1653,
in-fol.
MARTIN (François), violoncelliste fort
distingué, vivait à Paris en 1750. Il y était
attaché au duc de Grammont. Il s'est fait
connaître avantageusement comme composi-
teur par des motets qu'il a fait exécuter an
concert spirituel, et surtout par un Cantate
Domino, dont le Mercure du mois de janvier
1751 a rendu compte avec beaucoup d'éloges :
on cite aussi de lui un Lxtentur cœli. Ses
autres ouvrages consistent en trois cantatilles
(le Soupçon amoureux, le Suisse amoureux
et le Bouquet de Thémyre), deux livres de
sonates en trio pour violon, et deux livres de
sonates pour le violoncelle. Martin est mort à
Paris en 1773.
MARTIN Y COLL (Awtoise), né dans la
province de Caslille, vers 1680, fut moine de
l'étroite observance de Saint-François et or-
ganiste de son couvent, à Madrid. On a de lui
un traité du plain-chant qui a pour titre :
Arte de Canto llano y brève resumen de sus
principales reglas para cantores de choro r
dividido in dos libros; Madrid, 1719, 1 vol.
in -4°. Plus tard, il a ajouté a ce volume un
traité de la musique mesurée qui forme le
troisième livre de l'ouvrage, et qui est inti-
tulé : Libro tercero donde se contienen las
reglas mas notabks y précisas, que escri-
van todos los doctos escriptore* de el arte de
canto de organo (sans date).
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MARTIN
475
MARTIN Y SOLAR (Vikcbst), appelé
par les Italiens Martini, ou lo Spagnuolo,
naquit en 1754 à Valence, chef-lieu de la
province de ce nom, en Espagne. Après avoir
fait ses éludes de musique comme enfant de
chœur dans une maison de chanoines régu-
liers (prémontrés) de cette ville, il remplit
quelque temps les fonctions d'organiste à
Alicante; mais son penchant pour la musique
de théâtre le porta à donner sa démission de
cette place pour se rendre à Madrid. Il y
trouva un chanteur napolitain, nommé Gu-
glietti, pour qui il écrivit quelques airs, et
qui lui donna le conseil d'aller en Italie, lui
prédisant des succès. Martin y arriva vers
1781, et écrivit à Florence, pour la saison du
carnaval, Jfigenia in Aulide. Il alla ensuite
à Lucques où il fit représenter Astartea, qui
ne réussit pas ; puis le grand ballet en trois
actes La Regina di Golconda. Quelques
autres ballets, écrits à Gènes et à Venise, pré-
cédèrent l'apparition des opéras qui lui firent
une brillante réputation et lui procurèrent un
instant de vogue a une époque où se faisaient
remarquer en Italie des compositeurs du plus
haut mérite, tels que Paisiello , Cimarosa et
Guglielmi. En 1783, Martin était à Turin, où
il écrivit La Dora festeggiata, prologue;
puis VAccorta Cameriera, opéra bouffe. Ces
ouvrages furent suivis de VIpermestra, jouée
à Rome en 1784.
Martin se rendit à Vienne en 1785, dans
l'espoir d'y écrire pour le théâtre de la Cour.
Il y trouva une protectrice zélée dans l'ambas-
sadrice d'Espagne, amie de l'impératrice :
elle lui fit obtenir la faveur qu'il désirait, et
d'Apo n te écrivit pour lui le livret de l'opéra
bouffe 11 Burbero di buon cuore (le Bourru
bienfaisant), qui obtint du succès et le mit à
la mode. Mais ce furent surtout La Cota rara
et V Arbore di Diana, ouvrages charmants, «
composés sur des livrets du même poète, qui
lui donnèrent, à Vienne, une vogue que
n'avaient obtenue ni les Noces de Figaro,
ni Don Juan, de Mozart, représentés à la
même époque. L'empereur Joseph II récom-
pensa magnifiquement Martin, et l'admit sou-
vent près de lui, ne se lassant pas de lui
entendre chanter les mélodies naturelles, fa-
ciles, expressives, de la Cosa rara. Mozart
rendit justice aux productions de cet artiste;
mais il leur reprochait avec raison de man-
quer des qualités solides qui -font vivre les
œuvres d'art dans la postérité, et prédit que
lorsque la vogue serait passée, les opéras de
Martin tomberaient dans un profond oubli;
ce qui s'est vérifié. L'auteur de Don Juan lui
a fait l'honneur d'intercaler un air de la Cosa
rara, arrangé en harmonie d'instruments à
vent, dans le second acte de ce grand ouvrage.
En 1788, Martin fut appelé à la cour de
Catherine II : il partit pour Pétersbourg, où
il fut chargé de la direction de l'Opéra. Il y
écrivit GUSposi in contrasto, opéra bouffe,
et 11 Sogno, cantate à trois voix. Paul I" lui
donna, dix ans après, le titre de conseiller.
Dans ses dernières années, le génie de Martin
s'éteignit complètement. L'Opéra français
ayant remplacé l'Opéra italien en 1801, Martin
perdit son emploi, et il ne lui resta d'autre
ressource que de donner des leçons pour
vivre. Il est mort à Pétersbourg au mois de
mai 1810. On a gravé de sa composition :
1° L'Arbore di Diana, partition réduite pour
le piano; Paris, Leduc; Bonn, Simrock.
2° La Capricciosa corretta, idem; ibidem.
3° GUSposi in contrasto, idem; Vienne, Ar-
laria. 4° La Cosa rara, idem, ibid. ; Paris,
Leduc ; Bonn, Simrock. 5° 6 Canoni a 5 voci,
con ace. di piano-forte; Brunswick, Spehr,
6° 12 Canoni d f amoro, idem; Leipsick, Pe-
ter*. 7° Il Sogno, cantate à trois voix, avec
accompagnement de piano; Leipsick, Breil-
kopf et Hœrlel. 8° Douze ariettes italiennes à
voix seule et piano; Brunswick, Spehr. Elles
ont été traduites en allemand et publiées à
Bonn et à Hambourg. Les ouvertures et mor-
ceaux détachés des opéras de Martin ont été
arrangés pour divers instruments, et gravés à
Paris, Vienne, Londres, etc. On connaît aussi
de la composition de cet artiste un TeDeum
à quatre voix et orchestre, en manuscrit.
MARTIN (Jean-Blaise), acteur célèbre de
l'Opéra-Comique, naquit à Paris, le 14 oc-
tobre 1769. Petit-fils d'un peintre dont le ta-
lent a été célébré par Voltaire, il perdit son
père dans ses premières années, et fut élevé
par un oncle, qui prit soin de son éducation.
A l'âge de sept ans, on lui fit commencer
l'élude de la musique; à neuf ans, il était déjà
bon lecteur. Sa jolie voix de soprano le faisait
rechercher dans le monde, et pendant quatre
ans, il chanta les solos dans la plupart des
concerts de société. L'âge de la mue de la voix
l'obligea de suspendre cet exercice ; il se livra
alors à l'étude du violon et acquit beaucoup
d'habileté sur cet instrument. Obligé de cher-
cher des ressources dans son talent, il essaya
de se faire admettre dans l'orchestre de
l'Opéra, mais n'ayant pu réussir dans ce pro-
jet, il tourna ses regards vers la scène. Sa voix
avait pris le caractère d'un beau baryton qui,
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476
MARTIN
dans les cordes élevées, atteignait aux limites
des ténors les plus élevés, et qui, dans les sons
graves, avait la sonorité d'une basse. Malgré
cet avantage, il ne put se faire recevoir à
l'Opéra, parce qu'on ne lui trouva pas assez
de puissance dans l'organe pour le chant, ou
plutôt pour les cris alors en usage à ce théâtre.
Martin n'eut qu'à s'applaudir du mauvais
accueil qu'on lui avait fait à l'Opéra, comme
symphoniste et comme chanteur, car ce fut la
cause première de la direction qu'il prit en-
suite dans sa carrière d'artiste, et des succès
qu'il obtint sur une autre scène. On donnait,
en 1788, des concerts à l'hôtel de Bullion, rue
Plâtrière, où la musique en vogue était parti-
culièrement empruntée à l'Italie. Quelques
morceaux de cette musique chantés par Martin
à ces concerts le mirent en réputation parmi
les amateurs ; lorsque le théâtre de Monsieur
fut organisé, on le choisit pour y chanter les
rôles de baryton. Il y débuta à la An de l'an-
née 1788, par celui du Marquis de Tulipano,
opéra de Paisiello traduit en français, et y
obtint un succès brillant, dû autant à la
beauté de sa voix qu'à la fraîcheur de la mu-
sique. Il n'était point acteur; sa gaucherie
était même si excessive, qu'on était obligé de
lui tracer sur le plancher sa position dans les
différentes scènes. Cependant, insensiblement
il acquit de l'habileté, et vers la An de sa car-
rière théâtrale, il était parvenu sinon à être
cité pour la Anesse de son jeu, au moins à/
animer la scène et à rendre convenablement
les rôles dont il était chargé. L'opéra italien,
qui jouait dans les premiers temps alternati-
vement avec l'opéra comique français au
théâtre Feydeau, offrait à Martin les plus
beaux modèles de chant dans les talents de
Viganoni, de Mandini et de madame Mori-
cbelli ; celte école ne lui fut sanr doute pas
inutile : cependant il ne parait pas avoir bien
compris le mérite de leur excellente méthode,
car i) conserva toute sa vie d'assez grands dé-
fauts; par exemple, celui d'une vocalisation
saccadée de fort mauvais goût qui paraissait
plaire beaucoup aux spectateurs habituels de
l'Opéra-Comique. Le mérite principal de Mar-
tin consistait dans la beauté incomparable de
sa voix, la fraîcheur de l'organe, qu'il con-
serva pendant plus de trente ans, une grande
habileté à passer de la voix de poitrine aux
sons surlaryngiens, dont il se servait avec
beaucoup d'adresse, du feu, de l'animation,
enfin, dans une connaissance profonde de la
musique et beaucoup d'aplomb dans les mor-
ceaux d'ensemble.
Les rôles de Crispin, dans le Nouveau don
Quichotte, cl de Frontin, dans les Fisitan-
dineSy avaient fondé sa réputation ; il faisait
la fortune du théâtre Feydeau, et balançait
seul les succès de toute l'excellente troupe de
l'ancienne Comédie italienne; celle-ci com-
prit la nécessité de se débarrasser d'une con-
currence si redoutable; des efforts furent faits
auprès de Martin pour l'engager au théâtre
Favart; il Anit par accéder aux propositions
qui lui étaient faites, et il entra à ce théâtre
en 1704. C'est là que secondant Elleviou, ma-
dame Saint-Aubin, Chenard et madame Du-
gazon, il forma avec ces excellents acteurs un
ensemble parfait qu'on ne reverra plus vrai-
semblablement à l'Opéra-Comique. Gulnare,
Z or aime et Zulnar , Maison à vendre,
Trente et quarante, lui fournirent des occa-
sions pour donner à son talent une spécialité
qui, dans les arts, fonde toujours les réputa-
tions les plus solides ; spécialité qui a été long-
temps un embarras pour les théâtres de pro-
vince; car, suivant l'habitude qu'on a dans
ces théâtres de désigner les emplois par les
noms des acteurs qui les remplissent à Paris,
il fallait dans toutes les troupes dramatiques
un Martin, et ce n'était pas sans peine qu'on
parvenait à trouver des voix qui pussent
chanter d'une manière passable les rôles éta-
blis d'origine par le véritable Martin, de Paris.
A la réunion des troupes d'opéra comique
des théâtres Feydeau et Favart, en 1801,
Martin devint sociétaire et membre du comité
d'administration de la nouvelle société. II pro-
fila de cette position pour partager, plus tard,
avec Elleviou la plus grande partie de la sub-
vention accordée à l'Opéra-Comique par Napo-
léon. Cet avantage était acquis à deux artistes
sur qui reposait toute la fortuue de ce spec-
tacle. L'influence de Martin augmenta encore
.en 1813, après qu'Elleviou se fut retiré du
théâtre, car seul il attirait encore le publie;
seul il procurait à la société d'abondantes re-
celtes. L'Jrato, une Folie, ma Tante Au-
rore, les Confidences, Picaros et Diego, Gu-
listan , Kouloxtf, les Maris garçons, le
Charme de la Voix, Jean de Paris, Lully et
Quinault, le Nouveau Seigneur de village,
Joconde, Jeannot et Colin, le petit Chape-
ron et les Voitures versées, lui valurent tour
à tour de nouveaux succès, et firent admirer
longtemps la fraîcheur et la conservation de
son organe, autant que les progrès de son ta-
lent dans le chant scénique.
Une légère altération commença à se faire
apercevoir dans la pureté de la voix de Mar-
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MARTIN
477
tin, en 1839. Déjà, deux ans auparavant, il
avait paru vouloir se retirer et n'avait con-
senti à rester au théâtre que moyennant une
gratification de trente mille francs. Mais dès
qu'il crut que son organe ne lui fournirait
plus les mêmes moyens d'exécution, il ne
voulut pas voir diminuer ses succès, et il prit
sa retraite le 31 mars 1823, après avoir chanté
pendant trente-cinq ans à la scène. Logé alors
dans un des quartiers les plus éloignés du
centre de Paris, il semblait avoir oublié le
théâtre de sa gloire, lorsque en 1826 le direc-
teur de TOpéra-Comique l'engagea pour quel-
ques représentations. Plusieurs années de
repos avaient rendu à sa voix la souplesse et
le moelleux; il étonna encore les artistes par
la vigueur de son exécution dans quelques-
uns de ses anciens rôles. Cependant il reprit
bientôt après ses habitudes de retraite. Huit
années s'étaient écoulées depuis lors, et Mar-
tin était âgé de soixante-cinq ans, lorsqu'une
nouvelle apparition du chanteur émérite fut
annoncée en 1834. Il reparut en effet ; mais
alors les ravages du temps se firent apercevoir,
surtout dans les traits rapides et qui exi-
geaient de l'énergie; cependant il y avait
encore beaucoup d'adresse dans la manière de
Martin lorsqu'il chantait de la musique d'un
caractère doux et élégant. C'est â cette époque
que Halévy écrivit pour lui la Fieilhsse de
Lafleur, opéra comique en un acte, où il eut
encore des éclairs de son ancien talent. Re-
tiré définitivement dans la même année, il ne
prit plus de participation â l'art que par les
leçons de chant qu'il donnait an Conserva-
toire. Il avait été appelé à remplir les fonc-
tions de professeur dans cette école en 1825.
La fin de son existence s'écoulait paisible-
ment; mais la mort d'une fille, en 1836, lui
causa une vive douleur qui ébranla sa consti-
tution, et qui le conduisit au tombeau le 18 oc-
tobre 1837. Ce fut à laRoncière, maison de
campagne de son ancien camarade Elleviou,
près de Lyon, qu'il mourut. Il avait été ténor
de la chapelle de Napoléon, puis de celle des
rois Louis XVIII et Charles X.
Martin avait reçu des leçons de Candeille
pour la composition; en 1796, il fit repré-
senter, au tréâtre Feydeau, les Oiseaux de
mer, opéra comique en un acte, qui ne réussit
pas. Il a conservé longtemps son talent sur le
violon, car il était déjà au théâtre depuis plus
de quinze ans lorsqu'il étonna le public et les
artistes par la manière dont il exécuta un solo
sur cet instrument, dans l'opéra intitulé : le
Concert interrompu.
MARTIN (Ciescentia), cantatrice, naquit
en 1770, à Babenhausen, en Bavière, où son
père était directeur de la chancellerie. Élevée
dans un couvent à Landsbach, elle y apprit la
musique; puis elle reçut des leçons de chant
du célèbre Raff, à Munich. Pendant plusieurs
années, elle donna des concerts en Suisse, en
Hongrie, en Autriche et particulièrement à
Vienne. En 1800, elle embrassa la profession
de cantatrice dramatique, et parut sur divers
théâtres sous le nom de madame Dorse. De
retour à Munich, en 1811, elle y débuta au
théâtre de la cour; mais déjà elle n'était plus
jeune et sa voix avait perdu sa fraîcheur: elle
eut peu de succès et ne tarda pas à se re-
tirer.
MARTIN (ÀRTomt), professeur de mu-
sique au collège de Saint -Maxent, est né à
Rocbefort, en 1805. Il apprit presque seul le
piano, le violon et la clarinette. On connaît
sous son nom quelques compositions pour les
deux premiers de ces instruments, et les
Délassements de l'étude pour le piano.
MARTIN (Julien) connu sous le nom de
MARTIN D'ANGERS, est né dans cette
ville vers 1808. Après y avoir fait ses pre-
mières études musicales, il se rendit à Paris et
y acheva de s'instruire dans cet art, sans
suivre toutefois les cours du Conservatoire.
Sur la recommandation de M. Danjou, il ob-
tint, en 1841, la place de maître de chapelle de
l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. En 1845,
il imagina un nouveau système d'harmonisa-
tion du plain-chant ou de faux-bourdon,
qui fut annoncé par les journaux religieux
sous le nom de Nouveau mode de plain-chant
et fort vanté par ces feuilles; ce n'était au
rond que d'assez mauvaise harmonie, comme
on en a fait, depuis lors, beaucoup d'autres
essais dans des systèmes divers. Celui que
proposait M. Martin consistait à faire chanter
la mélodie chorale à l'octave par les dessus et
les ténors, en l'harmonisant à trois parties
par le baryton et la basse. L'auteur de ce
plain-chant harmonisé en publia un spécimen
dans une brochure intitulée : Plain-chant
populaire pour tous les offices de l'année,
noté dans la voix naturelle du clergé et des
fidèles, et harmonisé d'après un nouveau
procédé musical déposé, sous cachet, dans
les archives de l'Institut, le 24 janvier 1840,
par J. Martin d'Angers, maître de chapelle
et organiste accompagnateur de la paroisse
royale de Saint-Germain-VAuxerrois et du
collège royal de Saint- Louis. Première livrai-
son . Spécimen de l'office du malin qui est sous
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478
MARTIN — MARTINENGO
presse; Paris, 20 janvier- 1846, in-8°. Des
analyses de ce système et de l'œuvre en elle-
même furent publiées dans la Revus de la
musique religieuse, populaire et classique
(l. II, p. 169-171 et 285-395), ainsi que dans
la Revue el Gazette musicale de Paris (année
1846, n« 34). Une ardente polémique en fut la
suite, tant par les journaux que par de petites
brochures anonymes; mais la mauvaise harmo-
nisation du plain-chant qui en était l'objet ne
peut résister à la critique qui en avait été faite,
et elle fut abandonnée. On a aussi de M. Martin
un petit écrit intitulé : De l'enseignement
musical dans les collèges royaux de Paris;
Paris, 1841, in-8° de vingt-quatre pages. Ce
travail avait déjà été publié dans la Revue et
Gazette musicale de Paris. Comme composi-
teur, M. Martin a fait exécuter à Saint-Ger-
main-rAuxerrois, le jour de Pâques 1846, une
messe solonnelle avec orchestre, et une messe
de Requiem. Il a publié plusieurs romances
avec accompagnement de piano; Paris, Ca-
naux; Prière de la jeune fille, mélodie avec
accompagnement de piano et de violoncelle ;
ibid. ; Galerie musicale, ou série de mor-
ceaux de chant faciles à deux et trois voix,
avec accompagnement de piano, à l'usage
des pensionnats ; ibid. Cet artiste a pris part
à la rédaction du journal intitulé la France
musicale, pendant les années 1845 et 1846.
MARTIN (Toussaint), professeur de mu-
sique à Paris, n'est connu que par un petit
ouvrage élémentaire intitulé : Principes
méthodiques de musique vocale et instru-
mentale; Vaugirard (près Paris), in-4° de
trente-quatre pages, lithographie.
MARTIN (Casimir), facteur de pianos à
Paris, est inventeur d'un appareil destiné à
donner de la souplesse aux doigts des per-
sonnes qui se livrent à l'étude du piano, et
auquel il a donné le nom de Chirogymnaste.
M. Martin a publié une instruction pour l'usage
de cet appareil, sous le titre de Méthode de
chirogymnaste, ou gymnastique des doigts;
Paris, 1845, in-8° avec six planches. Il a été
fait deux éditions de ce petit écrit.
MARTINE (J.-D.), littérateur français,
né à Genève, vivait à Paris vers 1815, et s'est
fait connaître par un commentaire sur l'Art
poétique d'Horace. Il a aussi publié un livré in-
titulé : De la musique dramatique en France,
ou des principes d'après lesquels les compo-
sitions ly ri- dramatiques doivent être jugées;
des révolutions successives de Vart en France,
de ses progrès et de sa décadence; des compo-
siteurs qui ont travaillé pour nos spectacles
lyriques, et de leurs productions restées au
théâtre; Paris, Dentu, 1813, in-8°. Cet écrit,
rempli de fausses vues et de préjugés, a pour
objet de démontrer que l'ancienne comédie à
ariettes et les anciennes formes de l'opéra
français étaient préférables aux formes plus
musicales de l'opéra moderne.
MARTINEAU (Adaibh), professeur de
musique à Nantes, est auteur d'un livre qui a
pour titre : Nouvelle grammaire de la langue
musicale, mise en rapport avec la grammaire
française ; Nantes, imprimerie de Forest ;
Paris, Heugcl, 1845, in-8°.
MARTINELLI (Georges), musicien au
service du duc de Parme, dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer
de sa composition : Moletti e le quattro Ju-
tifone délia Beala Virgine a due, tre e
quattro voci. op. 1, Bologne, Jacques Monti,
1676, in-4°.
MARTINEIXI (Viscekt), docteur en
droit, né à Turin dans la première moitié du
dix-huitième siècle, résidait à Londres vers
1750; de là il se rendit à Paris, où il fit in-
sérer plusieurs morceaux dans les écrits pé-
riodiques jusqu'en 1763. Il avait travaillé
longtemps à une histoire de la musique qu'il
n'a point achevée, et dont il n'a rien paru.
On a de lui un recueil intitulé : Lettere fa-
miliari critiche; Londres, 1758, in- 8°. Les
lettres 27, 28, 30, 51 , 54 et 56 sont relatives
à la musique. Il a publié aussi une Lettre Sur
la musique italienne, dans le premier nu-
méro du recueil intitulé : L'amateur, ou
nouvelles pièces et dissertations françaises
et étrangères; Paris, 1762, in-12.
MARTIN ELLI (Louis), excellent chan-
teur bouffe italien, commença à se faire con-
naître vers 1795, et fut bientôt recherché sur
les principales scènes de l'Italie. En 1801, il
chanta au théâtre de la Scala, à Milan, pen-
dant les saisons de l'automne et de l'a vent. Il
vint ensuite à Paris, où il chanta avec beau-
coup de succès les grands airs boufTes de Ci-
marosa et de Guglielmi. On le retrouve à Mi-
lan en 1807. Après cette époque, les renseigne-
ments manquent sur sa personne.
MARTIN ENGO (Jdles-César), composi-
teur, né à Vérone, dans la seconde moitié du
seizième siècle, fut d'abord maître de chapelle
à Udine, dans le Frioul, puis fut appelé à
remplir les mêmes fonctions à Saint-Marc, de
Venise, le 22 août 1609. Il mourut jeune en-
core dans cette ville, en 1615, et eut pour
successeur Claude Monleverde. On conmit
sous le nom de Martinengo trois livres de
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MARTINENGO — MARTINEZ
479
madrigaux à quatre, cinq et six voix, publiés
à Venise; le troisième a paru en 1605. Il est
vraisemblable qu'il a laissé en manuscrit de
la musique d'église dans les archives de Saint-
Marc.
MARTINENGO (Jeàn-Paui.), organiste
de la cathédrale de Pavie, vers le milieu du
dix-septième siècle, n'est connu jusqu'à ce
jour que par un Adoro te, et un Congratula-
mini, à deux voix de soprano ou de ténors
(a duoi soprani overo tenori) qui se trouvent
dans l'œuvre de Gaspard Gasati intitulé Mo-
tetti concertati a 1,2, 5e 4 voci con una
messa a 4; Venise, Alexandre Vincenti, 1643,
in-4°, dont il y a une édition antérieure, et
une autre publiée à Venise, en 1651.
MARTINES ou MARTINEZ (Ma-
rianne), femme d'un mérite distingué dans la
musique, a passé pour la nièce de Métastase.
Elle était fille de Nicolas Martines, maître de
cérémonies de la chambre du nonce aposto-
lique à Vienne, et naquit dans cette ville vers
1745. Sa famille était napolitaine, d'origine
espagnole, et, sans doute, l'orthographe pri-
mitive de son nom fut Martinet; Vs rem-
plaçant le x fut une altération produite par le
temps; il est d'ailleurs remarquable que le
célèbre poète Métastase, ami du père de Ma-
rianne, et qui vécut dans l'intimité de cette
famille pendant cinquante-deux ans, écrit
Martinex dans les articles de son testament
et de son codicille qui la concernent ainsi que
ses frères. Kiesewetter place la date de la
naissance de Marianne Martines vers 1750 (1),
mais elle vit le jour évidemment plutôt, car
Métastase lui laissa , par l'article 7 de son
testament, fait en 1765, une somme de douze
mille florins, pour donner une faible ré-
compense à ses mœurs pures et à ses hon-
nêtes et louables études. Si Marianne Mar-
tines était née vers 1750, elle aurait eu quinze
ans à l'époque où le poète lui faisait ce legs,
et Ton aurait pu s'étonner qu'à cet âge ses
mœurs n'eussent pas été pures. La date de
1745 que j'ai adoptée, dans la première édi-
tion de ce dictionnaire comme dans celle-ci,
parait donc plus rapprochée de l'exactitude.
Mademoiselle Martines eut le bonheur de re-
cevoir de Haydn, jusque-là peu connu,
«les leçons de musique et de clavecin, et Por-
pora lui enseigna l'art du chant et la compo-
sition. Ses progrès furent rapides. Claveciniste
d'un talent élégant et gracieux; cantatrice
dont le chant était suave et d'une expression
(1) Calëlog der Sammlung aller àltuik, p. 53.
aussi vraie que pénétrante; compositeur doué
d'une vigueur de conception rare etd'unsavoir
très-étendu, elle réunissait en elle seule les
qualités de plusieurs artistes distingués. Bur-
ney, qui l'entendit à Vienne en 1772, en parle
avec admiration. Par un codicille du 17 août
1 780 Métastase porta à vingt mille florins le legs
qu'il avait fait à Marianne Martines. Par l'ar-
ticle 8 de son testament, daté du 5 août 1765,
il lui avait légué son clavecin, ses épi nettes et
toute sa bibliothèque musicale. En 1796, elle
vivait à Vienne dans l'aisance. Les samedis de
chaque semaine, elle donnait chez elle des
concerts, dont l'entrée était ouverte à tous les
étrangers. Elle avait aussi institué une école
de chant, où elle forma de bons élèves. Burney
cite avec éloge de sa composition des sonates
de piano, beaucoup de chants italiens sur des
poésies de Métastase, un Miserere à quatre voix
concertantes et orgue, composé en 1768, qui
se trouve dans plusieurs grandes bibliothè-
ques, notamment à la bibliothèque impériale
de Vienne, plusieurs psaumes italiens sur dos
traductions de Métastase, à quatre et à huit
voix, avec orchestre, parmi lesquels on remar-
que Vin exitu Israël à quatre voix concer-
tantes, chœurs à quatre voix et instruments ;
l'abbé Gerbert a tenu entre ses mains une
messe et un oratorio écrits par elle ; l'abbé
San Uni, de Rome, possède le psaume 41 e à
quatre voix et orchestre, de sa composition,
qui se trouve aussi à la bibliothèque impériale
de Vienne. Marianne Martines avait été
nommée, en 1773, académicienne honoraire
des Philharmoniques de Bologne., dans la
série des compositeurs. Elle mourut à Vienne,
en 1812, à l'âge d'environ soixante-sept ans (1).
MARTINEZ (Jean), prêtre espagnol, fut
maître de chapelle à l'église cathédrale de
Séville, vers le milieu du seizième siècle. Il a
fait imprimer un livre qui a pour titre : Jrte
de canto llano puesta y reducida nuova-
mente en su entera perfeccion segun la pra~
tica (l'Art du plain-chant, rétabli dans son en-
tière perfection, selon les règles de la prati-
que); Séville, 1560, in-8°. Machado (Bibliot.
Lusit.) t. II, p. 692) cite cet auteur sous le
nom de Martins, comme un poêle portugais,
de qui l'on a imprimé un livre intitulé : Arle
do Canto chaô posta e reducida em sua en-
teira perfeçaô segundo a practica délia,
muito necessaria para todo o sacerdote ,
e persoas que haô de saber cantar, etc.;
Coimbre, Manoel de Araujo, 1605, in-8° ; se-
(I) Je suis redevable A M. Farrcne des renseignements
d'après lesquels celte notice a été refaite.
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4S0
MARTINEZ - MARTINI
coode édition, Coîmbre, Nicolas Carvalho,
1612, in-8°; 3« idem, revue et augmentée par
Antoine Cordeyro; Coîmbre, 1635. L'identité
de personne et d'ouvrage est évidente; il est
vraisemblable que le livre portugais n'est
qu'une traduction de l'espagnol, et que l'exis-
tence de celui-ci, antérieure à l'autre de plus
de quarante ans, est réelle.
MARTINI (Jacques), professeur de phi-
losophie à l'université de Wittenberg, au
commencement du dix-septième siècle, a
publié des recherches sur beaucoup de ques-
tions philosophiques et politiques, sôus ce
titre : Centuria quœstionum illustrium phi-
losopkiearum) Wittenberg, 1600-1610, in-4°.
Dans la cinquième centurie, il examine ces
questions : An vocalis et instrumentales
Musica omni xtati conveniat? Musica ad
quid conducat ?
MARTINI (Cmistofbs), musicien hollan-
dais, vivait vers le milieu dn dix-septième
siècle. On a de lui un livre intitulé : If and-
bock van waren loop der Toonen (Manuel du
véritable enchaînement des tons); Amsterdam,
1641, in-4».
MARTINI (Adas-Si€ishord) , eantor à
Giessen, vers la fin du dix-septième siècle, fut
ensuite appelé à Hambourg en la même qua-
lité. Il a fait imprimer un traité élémentaire
de musique qui a pour titre : Griindliche und
leichte Ùnterweisung, tête man nach Anlei-
tung des deutschen Alphabets die ganse
Wissenschaft der heutigen Focalmusik
fassen hann (Méthode naturelle et facile pour
apprendre la musique vocale d'après l'alpha-
bet allemand, etc.); Giessen, 1700, in-8°.
MARTINI (Martin), religieux franciscain,
né en Bavière, vécut dans la première partie
du dix-huitième siècle. On a de sa composi-
tion : 1° Soixante-deux motets a une et deux
voix, pour toutes les fêtes de l'année, avec
deux violons et basse continue; Augsbourg,
Lotler. 2° Vêpres à quatre voix pour les fêtes
de la Vierge et des apôtres, ibid. 3* Litanies
et Salve Regina avec accompagnement de
deux violons et basse continue, ibid., 1717.
MARTINI (Geohges-Hewri), né en 1732 à
Tanneberg, en Misnie, fut professeur d'élo-
quence à Ratisbonne, puis à, Altcnbourg, où il
est mort le 33 décembre 1704. Au nombre de
ses ouvrages, on trouve deux dissertations
relatives à l'histoire de la musique. La pre-
mière a pour litre : Fersueh von den tnujt-
kalischen Wettsireiten der Alten (Des luttes
musicales des anciens). On trouve ce morceau
dans la Nouvelle bibliothèque des sciences et
beaux-arts (Neuen Bibl. der schœnen Wis-
sensch. und freyen Kiinste), t. 7, p. 1-37, et
205-331. Hitler l'a aussi insérée dans la troi-
sième année de ses notices, p. 150-231. La
seconde dissertation de Martini est intitulée :
Beweis, dass der neueren Vrlheile iiber die
Tonkunst der Alten nie zutenglich and eut-
scheidend sein kœnnen (Démonstration que
les jugements des modernes sur la musique
des anciens ne peuvent jamais être décisifs);
Ratisbonne, 1764, in-4° de douze pages.
MARTINI (....), facteur d'orgues et de
clavecins à Friederichstadt, près de Dresde,
naquit vraisemblablement dans les dernières
années du dix-septième siècle : il vivait encore
en 1740. Il a construit quelques bons instru-
ments dans les églises de la Saxe, et a eu de
la réputation pour ses clavecins.
fis nu tome ciftcuiêxe.
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