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Full text of "Biographie universelle des musiciens et bibliographie génèrale de la musique"

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TYPOGRAPHIE DE If. FIRM1N DIDOT. — M ESN IL (ECRE). 



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BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 

DES MUSICIENS 

ET 

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE DE LA MUSIQUE 

DEUXIÈME ÉDITION 

ENTI&REIIEItT RF.FONOUE ET AUGMfcHTÉK DE PLUS DE MOtTIB 

PAR F. J. FÉTIS 

M4ÎTBB DB CUAPBLLB DU SOI DBS BJILGM 
• DMBCTBUR DU CONSBBYATOIRB BOYAL DB MUBIQUB DB BRUXBLLBS, BTQ. 



TOME CINQUIÈME 



PARIS 

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS. ET C« 

IMPRIMEURS DE l/lNSTITUT, RUE JACOB, 56 
18(53 

Tous droite réierve* 



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BIOGRAPHIE 



UNIVERSELLE 



DES MUSICIENS 



K 



KECHLINA (Jeaîi), 1c plus ancien lu- 
thier italien connu jusqu'à ce jour, travailla à 
B rescia, vers 1450. On connaissait de lui au- 
trefois quelques anciennes violes de diverses 
formes conservées dans les cabinets des cu- 
rieux; mais la plupart de ces vieux instru- 
ments ont disparu parce qu'on les a dépecés 
pour en faire des altos et des violons. 

KECK (Jean), moine bénédictin de l'ab- 
baye de Tegernsée, dans le quinzième siècle, 
était né à Giengen, dans le diocèse d'Augs- 
bourg, et fut professeur de théologie en cette 
ville. Il a été connu de quelques écrivains sous 
le nom de Fr. Joannes Jugustanus (voyez 
Bibîioth. August., de Weilh, p. 05). Au 
nombre de ses ouvrages, on en trouve un qui 
était autrefois conservé en manuscrit à l'ab- 
baye de Tegernsée, et qui a pour titre : Jntro- 
ductorium musiez. Cet écrit, qui est daté de 
1443, a été inséré par l'abbé Gerbert dans sa 
Collection des écrivains ecclésiastiques sur 
la musique, t. III, p. 310-329. Il concerne, 
particulièrement les proportions géométriques 
des intervalles des sons. 

KEEBLE (Jean), né à Chichester, en 
1737, fut d'abord élève de Kelway, frère du 
célèbre Kelway de Saint-Martin; puis il se 
rendit à Londres, où 11 reçut des leçons d'or- 
gue et de composition de Pepusch (voyez ce 
nom). Devenu organiste distingué, il fut 
"chargé de jouer l'orgue à l'ouverture du Jardin 
du Ranelagh, et Roseingrave [voyez ce nom) 
le choisit pour le remplacer comme organiste 
à la chapelle de Saint-Georges, dans Hanover- 
Square. Plus tard, il lui succéda dans cette 
place, qu'il conserva jusqu'en 1794. On n'a pas 

B10GB. DSIV. DES MUSICIENS. T. V. 



de renseignements sur l'époque de la mort de 
cet artiste. Il a publié cinq livres de pièces 
pour l'orgue qui ont été plusieurs fois réimpri- 
mées chez les divers éditeurs de musique de 
Londres, et en dernier lieu chezClementi sous 
le titre de : Keeble's organ pièces. On trouve 
aussi dans le catalogue de Preston (Londres, 
1795) : Keeble's and Kirman's 40 interludes 
to be played between Ihe verses ofthe Psalms, 
expressly composed for the use of the 
Church (Quarante préludes de Keebîc et de 
Rirkmann pour jouer entre les versets des 
psaumes, composés spécialement pour l'usage 
de l'église). Keeble avait adopté les opinions 
de son maître Pepusch concernant la musique 
des Grecs; il a exposé sa doctrine dans un 
livre intitulé : The Theory of harmonie, or 
an illustration of the Grecian Harmonica, 
in two parts (Théorie de l'harmonie, ou ex- 
plication delà musique harmonique des Grecs), 
Londres, 1784, gr. in -4°. De bonnes analyses 
du livre de Keeble se trouvent dans VE uro- 
pxan Magazine (ann. 1785, t. VI, mars, 
p. 186, mai (353), et juin (431), ainsi que 
dans la Monthly Review, vol. LXXIII. L'au- 
teur de la critique, dans ce dernier journal, 
montre une grande sévérité dans son juge- 
ment. Le but que se propose Keeble est de faire, 
dans la première partie de son livre, l'exposé 
de la doctrine musicale des Grecs, d'après les 
traités attribués à Euclide, celui d'Aristoxène, 
et celui de Bacchius l'ancien. Dans la seconde 
partie, il entreprend de concilier la doctrine 
tonale des Grecs avec celle de la musique mo- 
derne : c'est là qu'il s'égare. Toutefois, le 
livre de Keeble n'est pas dépourvu de mérite. 

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• KEEGAN — KEGEL 



KEEGAZV (Guillaume), professeur de 
langues et de calcul commercial à Londres, vi- 
vait au commencement de ce siècle. On a de 
lui un livre qui a pour titre : New dialogue* 
inFrench and English ; containing exempli- 
fications of the parts of speech, and the 
auxiliary and actives verbs, with familiar 
conversations on the following subjects, Bis- 
tory, Arithmetic, Bolany, Astronomy, the 
Cornet, the Opéra, Singing, Hippodramatic 
performances, Italianpainting, Music, etc., 
Londres, 1811, in-1 2. 

KEFERSTEIN (Gustave-Adolphe), 
connu sous le pseudonyme de K. STEIN, est 
né à Crœllwitz, près de Halle, en Saxe, le 13 dé- 
cembre 1799. Son père, fabricant de papier, 
connu par plusieurs inventions de machines, 
alla, peu de temps après la naissance de son fils, 
fixer son séjour à Weida, dans le Voigtland, 
où Keferstein reçut plus tard des leçons de 
chant, de piano et de composition du cantor 
Ilaegel. A l'âge de quatorze ans, il fréquenta 
le Gymnase, de Géra, et pendant son séjour en 
cette ville, il eut occasion de former son goût 
par l'audition des œuvres de Mozart, de Beet- 
hoven et d'autres maîtres célèbres. Après 
quatre années d'études brillantes, il se rendit 
à l'Université de Halle, pour y faire un cours 
de théologie. Là, il fit la connaissance de 
Naue, musicien instruit qui lui fit faire des 
progrès dans les diverses parties de l'art. Ses 
liaisons avec quelques jeunes artistes et littéra- 
teurs de mérite commencèrent à tourner dès 
lors ses vues vers l'esthétique. Trois années de 
séjour à Halle lui firent atteindre le terme de 
ses études de théologie ; il accepta alors (en 
1820) une place de précepteur dans une mai- 
son particulière à Weimar, où il fut admis 
dans la maison de Hummel et chez Grcthe. Il 
n'a quitté cette place que pour celle d'aumô- 
uicr et de diacre à Jéna. Dans un des voyages 
qu'il faisait quelquefois à Dresde pour en- 
tendre de la musique, il s'est marié. Lié d'ami- 
tié avec Robert Schumann, il fut un de se* 
premiers collaborateurs dans la rédaction de 
la Nouvelle Gazette musicale de Leipsick. Les 
articles relatifs à la musique qu'il a donués 
dans différents journaux ont été publiés sous 
le pseudonyme de K... Stein. Ayant été 
nommé pasteur à Wickerstaedt, en Thuringe, 
Keferstein passa dans cette situation les vingt 
dernières années de sa vie. Il est mort le 
10 janvier 18G1, à l'âge de soixante et un 
ans accomplis. Parmi ses écrits, on remarque 
V Essai sur la partie comique de la musi- 
que, publié dans l'ouvrage périodique intitulé 



Cxcilia (t. XV), qui a donné lieu à une polé- 
mique terminée par un autre article sur le 
même sujet, inséré dans la Gazette musicale 
de Leipsick (janvier 1835), et une allégorie 
musicale intitulée : Kœnig Mys von Fidibus 
(le Roi Mys de Fidibus), dans la Cxcilia 
(cab. 61-64). On a aussi du docteur Keferstein 
un discours ou sermon qu'il prononça dans 
l'église Saint-Michel à Jéna, en 1839, le dix- 
septième dimanche après la Trinité, sur un 
texte des actes des apôtres, et qui a été publié 
sous ce titre : Die Kunst von ihrer Schat* 
tenseite (l'Art sous ses divers aspects), Jéna, 
1839, seize pages in-8°. Le 15 octobre 1841, il 
a prononcé a l'Académie d'Erfurt, dont il était 
membre correspondant, un discours sur la re- 
lation de la musique avec la pédagogique 
(Ueber das Ferhœltniss der Musik zur Pœ- 
dagogik), publié à Leipsick, chez Brcitkopf et 
Haerlel, 1841, in -8° de seize pages. Eu fin, le 
15 octobre 1843, le docteur Keferstein a fait, à 
l'occasion du jour de naissance du roi de 
Prusse, Frédéric-Guillaume IV, une leçon à 
l'Académie des sciences d'Erfurt, sur YOra- 
torio. Ce morceau a été publié dans la Ga- 
zette musicale de Leipsick (t. XLV, p. 875, 
897 et 921). 

KEGEL (Emmanuel), directeur de la cha- 
pelle du comte de Reuss, né à Géra, en 1655, 
fil ses études au Gymnase de Gotha, et fré- 
quenta ensuite l'Université de Jéna. D'abord 
cantor à Neusladt, il ne conserva cette posi- 
tion que six mois; puis il remplit les mêmes 
fonctions à Saalfeld et enfin à Géra, où le 
comte de Reuss le nomma directeur de sa cha- 
pelle. Il mourut subitement à Breslau, le 
23 juin 1724. Son meilleur élève est le maître 
de chapelle Stœlzel. Ses compositions sont res- 
tées en manuscrit. 

HEGEL (Louis-Henri), fils du précédent, 
né à Géra le 25 octobre 1705, alla terminer 
ses études a l'Université de Leipsick, après les 
a voir commencées dans le lieu de sa naissance. 
En 1726, il obtint la place d'organiste de 
l'église Saint-Salvador de Géra ; sept ans après, 
il alla par ordre du comte de Reuss, son pro- 
tecteur, apprendre la composition à Gotha, 
chez Stœlzel, ancien élève de son père. De re- 
tour à Géra, il a rempli sa place d'organiste 
jusqu'en 1770, époque de sa mort. Ses compo- • 
sitions n'ont pas été publiées. 

KEGEL (Ciirétien-Hemu), descendant de 
cette famille, et organiste à Géra, s'est fait 
connaître par les ouvrages suivants : 1° Or- 
gelschule, zunxchst fiir Organisten in klei- 
nen Stxdten und auf dem Lande (École 



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KEGEL — KEINSPECK 



3 



d'orgue à l'usage des organistes des pelites 
villes et des campagnes), Leipsick, Breitkopf 
«t Haertel. 

KEGEL (Charles-Christian) né, le 50 sep- 
tembre 1770, à Frankleben près de Merse- 
bourg, fut élève de Rittel et se montra digne 
d'un tel maître par son talent sur l'orgue et 
par le mérite de ses compositions. Eu 1807, 
il obtint les places de cantor et d'instituteur 
de l'école communale à Gunglossttmmen, près 
de Weissensée, dans la Thuringe. C'est dans 
lette position modeste et peu faite pour exciter 
l'imagination qu'il passa le reste de sa vie. 
Cependant à l'âge de cinquante-six ans, il fit 
un voyage à Leipsick et y donna, en 1826, un 
concert d'orgue à l'église Pauline, dans lequel 
il fit admirer son habileté. Cet artiste distingué 
<îst mort le 28 janvier 1843, laissant en ma- 
nuscrit la plupart de ses ouvrages. On a pu- 
blié de lui dix préludes et finales pour l'orgue 
sous le titre : 10 Vor-und NachspieU fur die 
Orgel, Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. Deux 
autres préludes de sa composition ont été pu- 
bliés dans la vingt- neuvième année de la 
Gazette générale de musique de Leipsick, et 
Kœrner, d'Erfurt, a inséré une fugue de cet 
artiste dans son nouveau journal d'orgue 
(Neues Orgel- Journal). Tout le reste, consis- 
tant en un grand nombre de morceaux pour 
l'église, de pièces et fugues d'orgue, est resté 
«n manuscrit. 

KEI1L (Jeak-Balthazar), né à Cobourg 
dans la première partie du dix-huitième siècle, 
fut d'abord organiste à Erlang, et ensuite 
cantor à Bayreuth. En 1780, il devint aveugle. 
Il a fait imprimer à Nuremberg, en 1770, 
quatre suites de chorals variés pour l'orgue, et 
plus tard, quelques sonates pour le clavecin. 
La Bibliothèque royale de Berlin possède de 
cet artiste, en manuscrit, Andantino 7 avec 
neuf variations pour le clavecin. Il a laissé en 
manuscrit : 1° Les Bergers à la crèche de 
Bethléem^ oratorio. 2° les Pèlerins de Gol- 
gotha , idem. 5° Plusieurs morceaux de 
musique instrumentale. Kehl est mort vers 
1790. 

KEIFFEK (Chrétien), chanoine prémon- 
tré et organiste du monastère d'Auge, en 
Bavière, vécut au commencement du dix- sep- 
tième siècle, et mourut le 12 avril 1627. Il est 
auteur d'un recueil intéressant de cantiques à 
quatre voix égales pour le temps de Noël, pu- 
blié sous ce litre singulier : Odas soporiferœ 
ad infantulum Betklehemiticum sopiendum, 
quatuor vocibus œqualibus factx; Augustœ 
Vindclicorum, 1612, in-4°. On a aussi de lui 



un œuvre contenant une messe et des motets 
à six voix, intitulé : Flores musici seu divin* 
laudis odores suavissimi, in quibus can~ 
tiones cummissa, senis decantancUe vocibus 7 
adjuncto bassoproorgano. Ingolstadt, 1618, 
in-4°. 

KEIL (Jean), virtuose sur le cor, né en 
Bohême, vécut à Prague pendant quelques 
années. Son instrument était le cor chroma- 
tique ou à pistons, dont il a disputé la priorité 
d'invention à Stœlzel (voyez ce nom). Keil a eu 
une fille cantatrice qui chantait au théâtre de 
Weimar en 1842. Il voyagea avec elle pour 
donner des concerts. 

KEILHOLZ (Cdristihe-Madeleixe-Élisa* 
beth), voyez Hassloch. 

KEINSPECK (Michel), musicien de la 
fin du quatorzième siècle, né à Nuremberg, est 
connu par un traité de plain-chant, intitulé : 
Lilium Musice plane ; Basileœ, p. Michaelem 
Furter, 1496, in-4°. Un exemplaire de cette 
édition existait dans la bibliothèque du comte 
de Boutourlin (n° 564 de son catalogue); 
M. Brunet, qui le cite (Nouvelles recherches 
bibliographiques, t. II, pag. 259), ajoute que 
c'est un opuscule de douze feuillets, en beaux 
caractères gothiques, sign. a-b., avec musique. 
Maittaire, Panzer, Forkel et tous les biblio- 
graphes ont ignoré l'existence de cette édi- 
tion. En 1789, J.-F. Christmann a signalé, 
dans la Gazette musicale de*Spire (pag. 354), 
l'existence d'une autre édition du même livre 
qu'il avait trouvée dans la bibliothèque de 
Stutlgard ; elle a aussi' pour titre : Lilium 
Musice plane. A la fin du dernier feuillet, 
on lit : Explicit Lilium Musice plane Mi- 
chaelis Keinspeck de Nurnberga musici 
Alexandrini benemeriti, una cum psalmo- 
dia utriusque tam majoris quam minoris 
intonatione secundum omnes tonos et exer- 
citio solmisandi noviter adjunctis; Impres- 
sum Ulmœ per Joh. Schœffler, 1497, petit 
in-4° de quinze feuillets. Un exemplaire de 
cette édition est à la bibliothèque royale de 
Berlin. Gerber a cru que cette édition était la 
première (voyez Neues hist. biogr. der Ton- 
îninst, 5 Th., col. 27) ; mais on vient de voir 
«lue c'est une erreur. Mail ta ire (Annales ty- 
pograp.y t. IV, pag. 739), et Panzer (Annal, 
typog., t. III) indiquent une troisième édition 
donnée à Augsbourg, en # 1498, in-4°, dont 
Forkel parait avoir vu un exemplaire dans la 
bibliothèque du monastère de Buxheim (AUg. 
Lilter. der Music, p. 297). J'ignore si c'est 
d'après celte édition qu'il écrit le nom de 
l'auteur Keinsbeck. Le savant bibliographe 

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KE1NSPEIK — KEISER 



G.-W. Zapf fait connaître, dans son histoire 
«les imprimeurs d' Augsbour%( Jugsburg Buck- 
drucker-Geschichle , I th., p. 155), une qua- 
trième édition du même livre, déjà indiquée 
par Gesner dans sa Bibliothèque universelle; 
l'article de Zapf est ainsi conçu : Michael 
Reinspeck Musicus Alexandrinus , Lilium 
Musicœ plans. Vexplicit est comme dans les 
éditions précédentes. A la fin, on lk : Impres- 
sum Auguste per Johannem Froschauer, 
anno Domini MCCCCC, iu-4°. Ainsi qu'on 
le voit, le nom de Keinspeck est ici changé en 
celui de Reinspeck; celte faute, qui a été faite 
aussi par Chrislmann, dans son article de la 
Gazette musicale de Spire, provient sans 
doute de la forme incertaine du K allemand, 
et de sa ressemblance avec l'R. Un exemplaire 
de chacune des éditions de 1407 et 1498 se 
trouve dans la Bibliothèque impériale de 
Vienne, suivant les renseignements que 
M. Mosel nous fournit dans sa description de 
cette bibliothèque (Geschichte der K.K. Hof- 
bibliothek au JPien, pag. 360). Les exem- 
plaires de ces quatre éditions du livre de Kein- 
speck sont de la plus grande rareté. 11 en 
existe une cinquième sous le même litre : 
Lilium musice plane Joannes Knoblauch 
typis xrcis excepit Argentins, 1506, seize 
feuillets petit in-4°. J'ai vu un exemplaire 
de cette édition dans les collections de feu 
Landsberg, à Rome. Le nom de l'auteur y est 
orthographié Kiinspeek {Michael). 

Forkel (toc. cit.) dit qu'on ne sait pas pour- 
quoi Keinspeck est appelé musicus Alexan- 
drinus au titre de son livre, et ajoute que son 
nom ne se trouve pas dans le catalogue des 
artistes et des savants de Nuremberg publié 
par Woll et Doppelmayer. Je pense que l'ex- 
pression Jilusici Alexandrini indique que 
Keinspeck fut attaché, comme beaucoup de 
musiciens belges, français et espagnols de ce 
temps, à la chapelle pontificale, sous le pape 
Alexandre VI, qui fut élu le 11 août 1402, et 
gouverna l'Église 'jusqu'au 18 août 1505. Je 
n'ai pu vérifier le fait dans le catalogue de 
chapelains-chantres de cette chapelle donné 
par A. Adami de Bolsena, à la 'suite de ses 
Osservazioni per ben regolare il coro délia 
Capella Pontificia, parce que, à l'exception 
de Josquin Deprès, il ne cite dans sa liste 
aucun musicien antérieur au pontificat de 
Paul III; mais il me semble que c'est la seule 
explication qu'on puisse donner des mots dont 
il s'agit. 

KEISER. (Rehuuiid), un des plus illustres 
compositeurs de l'école allemande, naquit 



vers 1673, dans un village situé entre Wcts- 
senfels et Leipsick. Son père, musicien distin- 
gué qui a laissé en manuscrit de bonues 
compositions pour l'église, lui enseigna les 
éléments de la musique; puis il cnlra à l'école 
Saint-Thomas de Leipsick, où il fit ses études, 
qu'il termina à l'université de celle ville. Le 
génie de Keiser se manifesta de bonne heure : 
cet artiste avait à peine dix-neuf ans lorsque 
la cour de Wolfenbuitel le chargea (en 1692) 
d'écrire la musique d'une pastorale intitulée 
Ismène. Cetle époque était l'aurore de l'opéra 
allemand qui, jusqu'alors, avait emprunté son 
style aux compositions italiennes et françaises. 
Dès ses premiers essais, Keiser fit entrevoir 
un génie original destiné à s'affranchir, au 
moins en beaucoup de choses essentielles, de 
toute imitation. Le succès de sa pastorale lui 
fit confier, l'année suivante, la composition de 
Basilius, opéra sérieux, qui ne fut pas moins 
bien accueilli. L'Opéra national de Hambourg 
était alors le plus florissant de toute l'Alle- 
magne : Keiser résolut d'aller essayer ses 
forces sur ce théâtre; il y arriva vers la fin 
de 1604, et fit représenter son Basilius, La 
musique de cet ouvrage était si différente de 
ce qu'on avait enlendu jusqu'alors, et sa supé- 
riorité était si incontestable, que le public 
montra, dès ce moment, une prédilection pour 
les ouvrages de Keiser. Cependant, trois an- 
nées s'écoulèrent avant qu'il pût faire jouer 
quelque autre ouvrage, parce que des engage- 
ments pris envers d'autres compositeurs, et 
peut-être aussi quelques intrigues d'artistes 
alarmés par la puissance de son talent, firent 
occuper la scène pendant tout ce temps. Enfin, 
il put donner Irène, en 1607, puis Janus, et 
la pastorale d'Ismène, fraîche et gracieuse 
composition qu'on entendait encore avec 
plaisir longtemps après. Pendant quarante ans, 
Keiser fut le plus actif, le plus abondant et 
le plus aimé des compositeurs du thé A Lie 
de Hambourg. Mattheson compte cent seize 
opéras sortis de sa plume dans celte série 
d'années, non compris tous ceux qu'il fit en 
société avec d'autres musiciens, ou dans les- 
quels il introduisit des airs, quoiqu'il eût aussi 
écrit beaucoup d'oratorios el de morceaux de 
musique d'église. 

En 1700, Keiser institua des concerts d'hiver 
qui furent peut-être les plus brillants qu'il y 
ait jamais eu. Un choix de la meilleure mu- 
sique de ce temps, le meilleur orchestre qu'il 
fût possible de rassembler alors, le choix des 
meilleures cantatrices et des virtuoses les plus 
distingués, parmi lesquels on remarquait l'cx- 



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KE1SER 



cellent violoniste Reinwald, n'étaient pas les 
seules causes de l'empressement du public pour 
ces solennités. Le luxe qui brillait dans la salle 
de ces concerts, les mets délicats, les vins exquis 
qu'on y servait, composaient, de la distraction 
qu'on y venait chercher, le plaisir le plus vif 
et le plus complet. Reiser y paraissait lui- 
même velu avec élégance et avec le ton d'un 
homme du monde. Mattheson, contemporain 
de ces concerts, et qui en dirigea plusieurs fois 
l'orchestre, déclare (Grundlage einer Ehren- 
Pforte, p. 132) qu'il n'a point vu de cour où 
il y eût aularft de magnificence et de bon goût. 
Au commencement de 1702, l'entreprise de 
ces concerts cessa ; mais, en 1705, Reiser s'as- 
socia avec un Anglais, nommé Drusike, pour 
prendre la direction de l'Opéra. L'entreprise 
sembla d'abord prospérer ; mais après quel- 
ques années, les folles dépenses de cet Anglais, 
et peut-être aussi de Reiser, ruinèrent l'en- 
treprise. Poursuivi par ses créanciers, le com- 
positeur fut obligé de se cacher; mais bientôt 
rappelant son courage, il écrivit dans un court 
espace de temps huit opéras qui furent consi- 
dérés comme ses plus beaux, et qui lui pro- 
curèrent des sommes assez considérables pour 
satisfaire ses créanciers. Dans le même temps 
(1709), il épousa une demoiselle d'Oldenbourg, 
fille d'un riche musicien du conseil, et canta- 
trice distinguée dont le talent prêta de nou- 
veaux charmes aux productions de l'artiste 
célèbre. Ainsi se trouvèrent réparées toutes 
les conséquences de son désastre. 

En 1716, Reiser organisa de nouveaux con- 
certs avec Mattheson; ils n'obtinrent pas la 
même vogue que les premiers. Six ans après, 
le comte de Wedel lui fit, de la part du roi de 
Danemark, des propositions qui furent accep- 
tées. Reiser se rendit à Copenhague et y fut 
mis en possession de la. place de maître de 
chapelle de la cour. Quelques années plus tard, 
il retourna à Hambourg, où il obtint, en 1728, 
la direction de la musique de l'église Sainte- 
Catherine, avec le titre de chanoine. Alors 
l'activité de son génie se réveilla pour la pro- 
duction d'une grande quantité de musique 
d'église. En 1720, Reiser se rendit à Moscou 
avec sa fille, qui devint la femme du violoniste 
et compositeur Verocai. Reiser resta dans celle 
ville et à Saint-Pétersbourg jusqu'en 1730. 
L'impératrice l'avait chargé de la direction de 
son opéra. En celte qualité, il prit la résolution 
de faire un voyage en Italie pour y engager 
des chanteurs et des instrumentistes ; mais, 
arrivé à Hambourg, il ne put se décider à 
s'en éloigner de nouveau et ne s'acquitta pas 



de sa mission. Pendant plusieurs années on 
ignora à Saint-Pétersbourg ce qu'il était de- 
venu. En 1734, il écrivit son opéra de Circé : 
ce fut son dernier ouvrage. Retiré depuis ce 
temps chez sa fille, dont il avait fait une can- 
tatrice excellente, il vécut dans le repos pen- 
dant quelques années, et mourut à l'âge de 
soixante-six ans, le 12 septembre 1739. 

Les artistes les plus célèbres, les musiciens 
les plus instruits, se sont accordés dans les 
éloges qu'ils donnent au génie et aux ouvrages 
de Reiser. Mattheson et Scheibe, si avares de 
louanges, n'hésitent point à lui attribuer la 
première place parmi les compositeurs dra- 
matiques des temps antérieurs à leur époque. 
Ils assurent que Heendel et liasse ne se sont 
formés que d'aprè*3 lui, et qu'ils ont même 
emprunté à ses ouvrages des traits originaux* 
qu'ils ont ensuite développés. C'était aussi 
l'avis de Telemann ; celui-ci ajoutait que Graun 
devait beaucoup à la lecture des œuvres de 
Reiser. Au surplus, Hœndel et nasse n'ont 
jamais nié les obligations qu'ils avaient à cet 
homme de génie. Burney rapporte, dans le 
deuxième volume de son Voyage musical en 
Allemagne, que Hasse lui dit a ce sujet « qu'il 
« considérait Reiser comme le premier musi- 
« cien de l'univers (en son genre) ; que cet 
« homme célèbre avait écrit un plus grand 
« nombre d'ouvrages qu'Alexandre Scarlalti 
« (le plus fécond des compositeurs italiens de 
« ce temps), et que ses mélodies, malgré les 
« changements que cinquante ans avaient 
« -apportés dans la musique, avaient tant de 
« grâce et d'élégance, qu'on pouvait les mêler 
« parmi d'autres modernes, sans que les con- 
« naisseurs mêmes pussent les reconnaître. » 
Le maître de chapelle Rcichardt s'exprime avec 
le même enthousiasme, dans son Magasin 
musical (p. 36), sur le mérite des compositions 
de Reiser. De tels éloges n'étonneront point 
ceux qui ont entendu le fragment des compo- 
. si lions de ce grand artiste que j'ai fait exécuter 
dans mon premier concert historique do 
l'Opéra, et qui se souviennent de la profonde 
impression qu'il fit sur l'auditoire. 

Les qualités par où Reiser se distingue sont 
la justesse et la profondeur de l'expression, 
unies à l'originalité des formes. Comme la 
plupart des maîtres de son école, il a une har- 
monie forte et pénétrante, mais ses successions 
d'accords ont je ne sais quoi qui lui appartient 
en propre. Ainsi que J.-S. Bach, il instru- 
mentait d'instinct, et nullement d'après les 
conventions ordinaires. Il a placé jusqu'à qua- 
ranlc-ncufairs dans son opéra de Frédegonde, 



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KEÏSÉR 



et tous ont un effet particulier résultant de 
cette originalité de dispositions. Tantôt il n'a 
pour orchestre que la basse avec le clavecin et 
des instruments à cordes pincées; ou bien, 
c'est simplement le quatuor; d'autres fois, des 
hautbois seuls accompagnent la voix, ou c'est 
une flûte douce et des violes. Gerber cite un air 
(Fient a me, dolce oggetto) qui n'a pour ac- 
compagnement qu'un violon concertant, et un 
autre, qu'un seul hautbois avec la basse. On ne 
peut s'empêcher d'admirer les ressources que 
le compositeur tirait de si faibles moyens. 

Tous les opéras de Keiser ne sont pas con- 
nus; ceux qu'il a composés à Copenhague, 
ainsi que beaucoup d'airs détachés, ont péri 
dans l'incendie du palais de cette ville, en 
1794. Parmi les cent se ize»ouv rages drama- 
tiques composés par Keiser seul, suivant Mat- 
tbeson, on ne connaît que les soixante-dix- 
sept dont les titres suivent : 1° Ismène, 1692, 
à Wolfcnbuttel. 2° Basilius, 1693, ibid. et 
1694, à Hambourg. 5° Mahomet, 1696, à 
Hambourg, ainsi que tous ceux qui suivent. 
A Adonis, 1697. 5° Irène, 1697. G /ami*, 
1698. 7° La Pomme d'or transportée des 
régions hyperboréennes dans la Cimbrie, 
1698. 8° Ismène , refaite. 9° Iphigénie. 
10° Hercule. 11° Le Retour de VAge d'or. 
12° Ballet pour la fêle de l'empereur Léopold, 
13° La Forza délia virtà, 1701. 14° Endy- 
mion. 15° Ballet prussien. 16° Stasrlebecker 
und Gœdje Michel. 17° Psyché, 1701. 
18° Circé, 1702. 19* Pénélope, 1702. 20° Po- 
mone, 1702. 21° Orphée, première et deuxième 
partie, 1702. 22° Nouveau ballet prussien, 
1702. 25°Claudius, 1703. 24°/T/merve,1703. 
25° Salomon, 1703. 26° Nabuchodonosor, 
oratorio, 1704. 27° Octavie, 1705. 28° Lu- 
crèce, 1705. 29° La Fedeltà coronata, 1706. 
30° Masaniello furioso, 1706. 31° Sueno, 

1706. 52* Il Genio di Holsazia, 1706. 35° Al- 
mira, 1706. 54*» Le Carnaval de Venise, 

1707. 55» Hélène, 1709. 56° Helias et Olym- 
pie, 1709. 37» Desiderius, 1709. 58» Orphée 
dans la Thrace, 1709. 39° Arsinoe, 1710. 
40° La Foire de Leipsick, 1710. A\° L'Au- 
rore, 1710. 42° Jules-César, 1710. 43° Cré- 
sus, 1711. 44° Charles V, 1712. 45° Diane, 
1712, 46° Héraclius, 1712. 47» L'Inganno 
fedele, 1714. 48° La Virlù coronata, 1714. 
49° Le Triomphe de la Paix, 1715. 50° Fré- 
degonde, 1715. 51° Caton, 1715. 52» Arté* 
mise, 1715. 55° La Fête d'Avril à Rome, 
1716. 54° La Maison d'Autriche triom- 
phante, 1716. 55° Achille, 1716. Cet ouvrage 
<jui, d'après une indication de la main de Kei- 



ser, est le soixante-sixième qu'il a écrit, fait 
voir, qu'il y a des lacunes dans la liste précé- 
dente. 56° Julie, 1717. 57° Tomyris, 1717. 
58° Trajan, 1717. 59° Bellérophon, 1717. 
60° Ariane, 1722.61° Ulysse, 1722.62° L'Ar- 
ménien, Copenhague, 1722. 63° La Grande- 
Bretagne en allégresse, Hambourg, 1724. 
64° Cloris. 65° JSretislaus , 1725. 66° La 
Foire annuelle de Hambourg, 1725. 67° L'E- 
poque de la Bataille de Hambourg, 1725. 
Dans la préface de cet ouvrage, on voit qu'il 
était le cent septième opéra de Keiser : la 
lacune de 1717 à 1722, et le séjour de Copen- 
hague doivent, avoir fourni beaucoup d'ou- 
vrages inconnus aujourd'hui. 68° L'Anniver- 
saire de la Naissance du prince de Galles, 
1726. 68° (bis) Ulysse, pour le théâtre de 
Hambourg, en 1727, différent de celui de 
1722. 69°jV«sfevo./u*,1726.70°/ode7<tf, 1726. 
71° Le Prince muet; Atys, intermède, 1728. 
72° Barbacola, intermède, 1728. 73° Nabu- 
chodonosor, refait, 1728. 74° Lucius férus, 
1729. 75*Parlhénope, 1733. 76° Circé, 1754. 
Wallher attribue aussi un opéra de Sancio à 
Keiser ; mais Matlbeson dit que cet ouvrage est 
de Telemann. Les compositions de Keiser qui 
ont été publiées sont : 1° Cantates pour une 
voix, avec deux violons, basse et clavecin, 
sous ce titre : R. Kcisers Gcmuths-Ergœt- 
zung, bestehend in einigen Sing-Gedichten, 
mit einer Stimme und unterschiedlichen 
Instrumente^ Hambourg, Nicolas Spicringk, 
1698, in-4° obi. 2° Erlesene Sxlze aus der 
opéra Z'Inganno fedele (Collection choisie des 
airs de Vlnganno fedele, avec violons, haut- 
bois, basse et clavecin), Hambourg, 1714, 
in-fol. Quelques-uns de ces morceaux sont de 
la plus grande beauté. 5° Componimenti mu- 
sicali, oder deutsche und italienische Arien, 
nebst unterschiedlichen Recitativen aus Al- 
mira und Octavia (Compositions musicales, ou 
airs allemands et italiens entremêlés de récita- 
tifs des opéras Almira et Octavia), Hambourg, 
Zacharie Hœrtel, 1706, in-4° obi. 4° Diverti- 
menti serenissimi, consistant en différentes 
cantates, en duos et airs avec clavecin, Ham- 
bourg, 1715, in-fol. 5° Soliloques choisis dans 
l'oratorio Jésus martyrisé,, exécuté dans la 
semaine sainte des années 1712 et 1713, Ham- 
bourg, 1714, in-fol. 6° Musikalisch Landlust 
(Amusements musicaux de la campagne), can- 
tates avec basse continue pour le clavecin, 
Hambourg, 1714, in-4° obi. 7° Kaiserliche 
Freidenpost (Messager impérial de la poste), 
composé de chants et duos avec instruments, 
Hambourg, 1715, in-fol. 8 y Pensées bien- 



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KEISER — KELLER 



heureuses de salut, airs, duos, chœurs et réci- 
tatifs tirés de l'oratorio Jésus martyrisé, 
Hambourg, 1715. Je crois que c'est une réim- 
pression, ou plutôt un changement de titre 
du recueil n° 5. 9° Weinachts- cantate fiir 
2 soprani, 2 violinen, viole und Bass (Can- 
tate de Noël pour deux voix de soprano, deux 
violons, alto cl basse, en partition), Hambourg 
(sans date), in -fol. 10° Airs de la Forza delta 
virtu (en allemand), Hambourg, 1701, in -fol. 
M. le docteur Lindner (voyez ce nom) a publié, 
comme deuxième volume de son livre Die 
ersle Stehende deutscheOper(\e& plus anciens 
Opéras allemands existants), neuf morceaux 
extraits des opéras de Keiser représentés de- 
puis 1700 jusqu'en 1734, en partition, avec 
des arrangements pour le piano, sous ce titre : 
9 Compositionen ans den Jahren 1700-1734, 
Ouverture, 7 Opernarien und Duett von 
Reinhard Keiser, Berlin, Schlesinger, 1855. 
Le choix de ces morceaux est fait avec beau- 
coup de discernement: on y trouve l'ouverture 
de l'opéra de Jodelet, un air pour contralto 
de la Forza délia virtu (die Macht der Tu- 
gend), un air de ténor et un air de basse tirés 
de Pomone, un air pour soprano de l'Or- 
pheus, un air pour ténor de la Diana, cl 
deux petits airs, également pour ténor, ex- 
traits de Circé, dernier opéra de ce grand 
artiste; enfin, un duo pour soprano et con- 
tralto tiré de la Diana. Tout cela offre le plus 
grand intérêt. On connaît aussi du même 
compositeur, en manuscrit : 1° Musique de 
chambre, composée pour le roi de Danemark. 
2° Sérénade pour les noces du prince Othon- 
, Louis (Reichardt en possédait la partition). 
5° Moltet pour soprano solo, deux violons, 
viole et basse continue j Gerber en possédait la 
partition. 4° Sérénade sur le texte allemand 
Das um den Rang streitende Frieden- 
burg, etc., manuscrit daté de 1726. 

Il a été fait si peu de copies des opéras de 
Keiser, qu'ils sont devenus de la plus grande 
rare f é. Burney possédait les manuscrits ori- 
ginaux de ses opéras Héraclius, Chris, Ja- 
nus, Ariane et de l'oratorio (Vabuchodonosor; 
la valeur de ces précieuses reliques était si peu 
connue en Angleterre, qu'à la vente de sa bi- 
bliothèque, en 1814, la première partition ne 
fut vendue que 7 schellings (8 fr. 75 c.) ; la 
deuxième, 2 sch. (2 fr. 50 c); la troisième, le 
même prix ; la quatrième^ 7 sch., et l'oratorio, 
o sch. 6 pence (6 fr. 77 c), tandis qu'une col- 
lection de vieux madrigaux anglais a été payée 
24 livres sterling (000 rrancs). La Bibliothèque 
royale de Berlin conserve, heureusement, les 



partitions des opéras : Adonis, Janus, la 
Forza délia virtu, Pomona, Orpheus, Oc- 
tavie, Masaniello, Diana, Tomyris, Ulysse 
(de 1727), Jodelet et Claudius César. On 
trouve aussi dans la même bibliothèque les 
partitions des ouvrages de Keiser dont voici 
les titres : 1° Oratorio de la Passion, composé 
en 1712 sur la poésie de B.-H. Brockes. 2° Un 
autre oratorio sur le même sujet, composé eu 
1729, d'après le texte de saint Marc. Ô° Le mo- 
tet Sanclus est Dominus (en sol majeur), 
pour quatre voix et instruments. 4° Kyrie et 
Gloria (en {a mineur), à quatre voix et instru- 
ments. Je possède une ancienne copie de quel- 
ques airs et des chœurs de Basilius, tVAlmira 
et de Lucrèce. 

KELLER (Hémi-Michel) , né à Nord- 
hausen, le 10 février 1G58, eut pour maître 
d'orgue et de composition Bernard Mcyer, or- 
ganiste à Zerbsl. En 1658, il obtint la place de 
chantre à Berga, quoiqu'il ne fût âgé que de 
vingt ans. Quatre ans après, il fut nommé 
organiste à Frankenhausen, où il mourut, le 
20 mai 1710. Il a laissé en manuscrit des 
chorals variés pour l'orgue, que Waliher, bon 
juge en cette matière, estimait beaucoup. 

KELLER (Godefroio), claveciniste dis- 
tingué, né en Allemagne, se fixa à Londres, 
vers le commencement du dix-huitième siècle. 
Il parait avoir joui en Angleterre d'une bril- 
lante renommée, car au titre d'un traité d'ac- 
co -ij>agnement publié après sa mort, il est 
appelé The late famous M. G. Keller. Ou 
connaît sous son nom : 1° G sonate a cinque, 
cioè 3 a 2 violini, tromba o oboe, viola e 
continuo, Londres, 1710, Amsterdam, Roger, 
in -fol. 2° 6 sonate a 2 flauli e basso continuo , 
Amsterdam, Roger. Cet ouvrage ne fut publié 
qu'après sa mort. 3° A complète JUethod of 
attaining to a thorough-bass upon either 
organ, harpsichord, or theorbo-lute, by the 
late famous M. Godfrey Keller; with a va- 
riety ofproper lessons and fugues, explain- 
ing the several rules throughout the whole 
work; and a scale for tuning the harpsi- 
chord or spinet; ail taken from his own co- 
pies, which he did design to print (Méthode 
complète pour apprendre à accompagner la 
basse continue sur l'orgue, le clavecin, ou le 
théorbe-luth, par fen le célèbre M. Godefroid 
Keller, etc.), Londres, John Cullen, 1707, 
in-4° obi. Celte édition, remplie de fautes dans 
les exemples notés, est toute gravée. Il y en 
a une autre intitulée simplement : Rules or 
a compleat Method for attaining to playing 
a thoroughbass, Londres (sans date), in-fol. 



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8 



KELLER 



gravée. Le travail de Relier a été réimprimé à 
la suite de la troisième édition du Traité des 
principes naturels de l'harmonie par Holder. 
Ce livre a pour titre : A Treatise oflhe natu- 
ral g rounds and principles of harmony, by 
William Holder. To tchich is added, by voay 
of appendix, Rules for playing a thorow- 
bass; teith variety of proper tessons, fugues 
and examples to explain the said raies. Also 
directions for tuning an harpsichord or 
spinnet. By the late M. Godfrey Keller . 
London, by W. Pearson, 1731, in-8°de deux 
cent six pages. L'éditeur dit dans son avertis- 
sement que son intention en publiant les rè- 
gles de Keller a été de les purger des méprises 
et des erreurs occasionnées par l'ignorance de 
ceux qui avaient publié la première édition, et 
que ces fautes n'auraient point existé si l'au- 
teur eût vécu et eût corrigé lui-même les 
planches. Au reste, c'est une idée fort bizarre 
que de joindre deux ouvrages tels que celui de 
Holder et les règles de Keller, car l'objet des 
deux auteurs n'a point d'analogie. Les règles 
données par celui-ci sont suffisantes pour la 
pratique de l'accompagnement, mais les exem- 
ples sont écrits d'une manière incorrecte. 

KELLER (Charles), flûtiste, musicien de 
la chambre du prince de Furstemberg, à Do- 
naueschingen, est né à Dessau, le 10 octobre 
1784. Son père, Jean-Gotthiir Keller, y était 
musicien de la chambre et organiste delà cour; 
mais il mourut trop tôt pour être l'instituteur 
de son fils. Celui-ci reçut son éducation dans la 
chapelle du prince. Parvenu à l'âge de puberté, 
il eut une belle voix de baryton qui lui suggéra 
la pensée de s'engager au théâtre; mais l'aver- 
sion de la mère et de tous ses parents pour la 
profession d'acteur, le fit renoncer à ce des- 
sein, et la nécessité lui fil choisir la flûte pour 
son instrument, quoiqu'il n'y eût pas d'artiste 
dans la musique du duc de Dessau qui pût lui 
servir de maître. Il était alors âgé de dix -huit 
ans; néanmoins, il fit de si rapides progrès 
par son zèle infatigable, qu'à l'âge de vingt 
ans il pouvait déjà être compté parmi les flû- 
tistes distingués. Il crut alors devoir voyager; 
sa première excursion fut à Leipsick et à 
Berlin. Ce fut dans cette dernière ville qu'il 
jeta les fondements de sa réputation. Reichardt 
ne tarda point à discerner les qualités du 
jeune artiste; il le plaça dans la chapelle du 
roi de Prusse, et se lia avec lui d'une amitié 
qui fut durable. Après les événements de la 
guerre de Prusse, en 1806, Keller se rendit à 
Casse] où il fut placé comme flûtiste de la cha- 
pelle, et employé comme maître de chant et de 



guitare à la cour de Westphalie. Il y passa sept 
années heureuses et y perfectionna son talent. 
Après la dissolution du royaume de Westpha- 
lie, il alla à Stuttgard et y obtint bientôt un 
emploi dans la chapelle ; il n'y resta néan- 
moins que deux ans, ayant conçu le projet 
d'un voyage d'artiste qu'il exécuta dans les 
années 1816 et 1817, en Allemagne, en France, 
en Hollande et dans la Hongrie. C'est aussi de 
cette époque que datent ses premières com- 
positions, et particulièrement ses chansons 
allemandes qui ont obtenu un succès d'en- 
thousiasme. Ses concertos pour la flûte ont 
été accueillis aussi avec beaucoup de faveur 
par les artistes. Keller venait de terminer son 
voyage à Vienne, lorsque Coriradin Kreutzer 
lui proposa de le suivre comme flûtiste à la 
chapelle de Donaueschingen. Plus tard, il y a 
été chargé de la direction du théâtre, où il 
jouait lui-même quelquefois avec succès dans 
la comédie. Toutefois, il n'a point cessé de 
cultiver la musique comme artiste ; le temps 
qui lui laissait l'exercice de ses fonctions, il 
l'employait à composer pour son instrument. 
En 1849, il obtint du prince sa pension et se 
retira à SchafThouse, où il est mort, le 19 juil- 
let 1855. Sa femme, née Guillclmine Meycr- 
haver, à Carlsruhe, était attachée comme can- 
tatrice au théâtre de la cour de Donaues- 
chingen. Après avoir fait ses études musicales 
sous la direction de Berger, de Lœhle et de 
madame Sessi, elle a brillé à Amsterdam, à La 
Haye et à Utrccht. On a publié de la composi- 
tion de Keller trois concertos pour flûte, Leip- 
sick, Petcrs; IHayence, Schott; quatre grandes 
polonaises avec orchestre, op. 7, 13, 24, 34, . 
Vienne, Haslinger ; Hambourg, Bœhmc ; 
Brunswick, Spehr; des divertissements idem, 
op. 10 et 31; ibid. ; des variations idem, 
op. 3, 11, 14; Offenbach, André; Hambourg, 
Bœhme; des pots-pourris, idem, op. 4 et 9; 
ibid. ; des solos pour flûte, op. 17; des duos 
pour deux flûtes, œuvres 39, 40 et 4&$ une 
grande quantité de chansons à voix seule, avec 
accompagnement de piano, la plupart chez 
Peters, à Leipsick; enfin, six chants pour 
quatre voix d'hommes, op. 49. 

KELLER (Max), organiste de mérite, na- 
quit en 1770,. à Trostherg, bourg de la Bavière, 
où son père était garde forestier. Lorsqu'il eut 
atteint sa dixième année, il fut envoyé comme 
enfant de chœur à l'abbaye de Seeon, de l'ordre 
de Saint-Benoit. Il y continua ses études jus- 
qu'à l'âge de dix-huit ans, et reçut de son 
frère aine, Joseph Keller, qui était organiste 
de ce monastère, des leçons d'orgue cl ri'har- 



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KELLER - KELLNER 



o 



monie. Lorsque ce frère quitta sa place pour 
une autre position, elle fut donnée à Max Rel- 
ier, qui l'occupa pendant dix ans, faisant de 
temps en temps des voyages à Salzbourg pour 
y perfectionner ses connaissances par les con- 
seils de Michel Haydn. De Seeon, il alla àBurg- 
hausen où il demeura trois ans, puis il futappelé 
à Altœttingen, comme organiste de la chapelle 
du prince. II y vivait encore en 1842, âgé de 
soixante-douze ans. Si cet artiste est encore vi- 
vant (1860), il est âgé de quatre-vingt-dix ans. 
Il a publié un grand nombre d'<ceuvres de mu- 
sique d'église, d'un usage général dans les prin- 
cipales localités delà Bavière. On y remarque : 
1° Des chants pour l'A vent à une ou deux voix 
avec orgue obligé, et deux violons, deux cors 
et contrebasse, ad libitum, en deux suites. 
Munich, Faller. 2° Sept litanies de la Vierge, 
à quatre voix et orgue, avec divers instru- 
ments ad libitum, op. 1, Augsbourg, Bœhme. 
o° Trois litanies allemandes à quatre voix et 
orgue, avec deux violons, deux cors, deux 
trompettes et contrebasse ad libitum. Munich, 
Sidler. 4° Litanies à voix seule et orgue, avec 
deux violons, deux cors et contrebasse, ad li- 
bitum. Augsbourg, Bœhme. 5° Six messes 
allemandes à voix seule et orgue. Salzbourg, 
Dayle. 0° Messes allemandes pour une voix et 
orgue, avec une seconde et une troisième voix, 
deux violons, deux flûtes, deux clarinettes, 
deux cors, deux trompettes, timbales et basse 
ad libitum (en ut, en fa, en sol, en mi bémol, 
en la, cl en u/), Munich, Falter, et Passau, 
Pastet. 7° Trois messes latines pour les églises 
de la campagne, à trois voix et orgue, Munich, 
Falter. 8» Trois idem, à une voix et orgue, 
avec les autres voix et les instruments ad li- 
bitum, ibid. 9° Recueil de chants pour toutes 
les fêtes de la Vierge, à deux voix et orgue 
(n°« 1 à 13), ibid. 10° Huit chants funèbres, 
pour une voix et orgue, Munich, Sidler. 11° Di- 
vers autres chants funèbres pour une, deux ou 
(rois voix et orgue, avec instruments à vo- 
lonté, Salzbourg, Dayle, Munich, Sidler et 
Faller. 12* Préludes courts et faciles, cadences, 
versets et pièces diverses pour l'orgue, en dix 
suites, Munich, Faller. 13° Cent vingt cadences 
el préludes pour l'orgue, en deux volumes, 
Augsbourg, Bœhme. 

KELLER (F.-A.-E.), ancien élève de l'écrlc 
polytechnique et ingénieur hydrographe de la 
marine française, a i aven lé un pupitre méca • 
nique destiné à écrire les improvisations au 
piano, cl auquel il a donné le nom de pupitre 
improvisateur. En 1835, il déposa au secré- 
tariat de l'Inslilut un paquet cacheté conte- 



nant les résultats de ses recherches à ce sujet : 
au mois de mai 1839, il y déposa également 
l'instrument qu'il avait inventé pour atteindre 
le but qu'il se proposait. Ce pupitre, disposé 
pour être appliqué à tous les pianos, renfer- 
mait le mécanisme propre à noter les impro- 
visations. Un rapport favorable fui fait par la 
section de musique de l'Académie des beaux- 
arts, le 25 du même mois, tant sur l'instru- 
ment que sur une Méthode d'improvisation 
musicale, théorique et pratique fondée sur 
les propriétés du pupitre improvisateur, par 
M. Keller. Paris, Schlesingcr, 1839, un vol. 
in-8° de deux cent deux pages. A la suile de 
cet ouvrage se trouve le rapport de M. Ifalévy, 
membre de l'Académie, ainsi que la descrip- 
tion de l'instrument et de son application aux 
pianos de diverses formes. Cette invention n'a 
pas eu le succès que Pau leur s'en était promis. 

KELLEKMANN (C.-F.-A.), facteur d'in- 
struments à clavier, à Nordhausen, a donné, 
dans la troisième année de la Gazette musi- 
cale de Leipstck (p. 757), une analyse d'un 
piano-viole ou à archet construit par lui. Il 
y critique la construction d'un instrument de 
ce genre fait par Rœllig (voyez ce nom). Des 
instruments de même espèce ont été construits 
par des procédés mécaniques plus ou moins 
analogues, plus ou moins différents-, depuis le 
commencement du dix-septième siècle. 

KELLNER (David), capitaine au service 
du roi de Suède, vécut dans la première partie 
du dix-huitième siècle. Jonas OEdman four- 
nit un renseignement sur ce musicien, dans sa 
dissertation historique DcMusicù sacrd genc- 
ratim, et Ecclesix sucogothicx speciatim , etc. 
(Lundi ni Golhorum, 1745, in-4", p. 5). J'y 
vois que David Kcllner vivait encore à celte 
époque, qu'il était directeur de musique de 
l'église allemande à Stockholm, et qu'il a pu- 
blié son traité de la basse continue ainsi qu'un 
traité du droit public en langue suédoise el eu 
allemand (De basso generali tam germanica 
quam sueogothica lingua tractalum public i 
juris fecit prxfectus musicx ecclesiasticx ad 
lemplum teutonicum Stockholmense David 
Kellner, quod ab arlis peritis in magno 
semper honore est habilum). Il s'est fait con- 
naître par un traité d'harmonie cl d'accompa- 
gnement intitulé : Treulicher Unterricht im 
General- Bats, worinnen aile Weillxuflig- 
keit vsrmieden, und dennoch gantz deullich 
und umstsendlich vielerley neuerfundene 
Vortheile an die H and gegeben werden, etc. 
( Instruction fidèle de la basse continue , 
dans laquelle toute sa vaste élendue est 



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10 



KELLNER 



explorée, etc.), Hambourg, 1752, in-4°. 
Une deuxième édition de cet ouvrage fut 
publiée en 1737 j une troisième parut dans 
la même ville en 1743; on en renouvela 
le frontispice en 1745. Les autres éditions, 
qui ont été toutes publiées à Hambourg, 
sont de 1749, 1767, 1773, 1782, in-4°, et 
1790, in-8°. Ayant comparé les exemplaires 
des éditions de 17G7 et 1773, je croîs que ceux 
qui portent cette dernière date appartiennent 
à la cinquième édition (17G7), et qu'on a sim- 
plement changé le frontispice. A la deuxième 
édition, Daniel Solander, professeur de droit à 
Upsal, a ajouté une préface qui a été repro- 
duite dans toutes les autres. Il est assez sin- 
gulier que David Kellner ayant écrit originai- 
rement son livre en suédois, un professeur de 
musique de Stockholm, nommé Idiklins, ail 
fait une traduction suédoise du même ouvrage, 
d'après le texte allemand, et Tait fait impri- 
mer dans celle ville, en 1782, avec une disser- 
tation sur le même sujet (voyez Svenskt mu- 
sikaltskt Lexikon, de Charles Envallsson, 
p. 281). Il y a lieu de s'étonner qu'on ait tant 
multiplié les éditions du livre de Kellner, 
ouvrage médiocre él bien inférieur à d'autres 
du même genre, publiés en Allemagne, qui 
n'ont pas obtenu le même honneur. 

KELLNER (Jea<i-Pie*re), né le 24 sep- 
tembre 1705 à Graefenrode, dans la Thuringe, 
apprit les éléments de la musique chez Nagel, 
alors cantor dans ce lieu. Le fils de ce maître 
lui donna ensuite des leçons de clavecin. 
Quand ce dernier fut appelé à Dietendorf pour 
y remplir les fonctions de cantor^ Kellner l'y 
suivit et prit encore de ses leçons pendant 
deux ans. Dans la suite, il se rendit à Zell 
chez l'organiste Schmidt, qui dirigea ses étu- 
des pendant une année; puis il alla à Suhla , 
où il étudia encore la composition chez Quehl, 
excellent organiste de l'ancienne école. A l'âge 
de dix-sept ans, il retourna chez son père, y 
demeura trois ans, puis fut nommé cantor à 
Frankenheim, et obtint enfin les places de 
cantor et d'organiste à Graefenrode. Les bio- 
graphes allemands n'ont rien ajouté à la notice 
que cet habile artiste a donnée sur lui-même 
en 1754, dans le premier volume des Essais 
de Marpurg (Histor. krit. Beylrxge zur 
Aufnahme der Musik, t. I, p. 459-445); en 
sorte qu'on ignore l'époque de sa mort. Il a 
laissé un grand nombre de compositions 
parmi lesquelles on remarque : 1° Cerlamen 
musicum, consistant en préludes, fugues, al- 
lemandes, courantes, sarabandes, gigues et 
menuets pour le clavecin, Arnstadt, 1748-49, 



six suites in-fol, obi. 2° Chorals variés pour 
l'orgue, à deux claviers et pédale. 3° Mani- 
pulus musices, suites de pièces pour le même 
instrument, Nuremberg, sans date, quatre ca- 
hiers. On a aussi de lui en manuscrit : 4° Le 
psaume Der Herr ist gut und fromen, à 
quatre voix, deux violons, alto, deux trom- 
pettes, uu hautbois, un basson, timbales et 
orgue. 5° Une année complète de musique 
d'église à quatre voix, deux violons, alto et 
orgue. 6° Des cantates religieuses à quatre 
voix, instruments et orgue. 7° Un oratorio 
pour le vendredi saint, à quatre voix, deux 
violons, alto, un fyaulbois, un basson et orgue. 
Tous ces ouvrages se trouvaient au magasin 
de musique de Brcilkopf, à Leipsick, en 1770. 
Kellner était un très-bon organiste qui avait 
étudié le style de Bach, et qui improvisait des 
fugues avec un rare talent. On rapporte 
qu'ayant vu entrer J.-S. Bach dans son église, 
il commença immédiatement une fugue sur le 
Ihèmc B, A, C, II, et la traita en maître. La 
Bibliothèque royale de Berlin possède en ma- 
nuscrit un recueil de chorals, trios à trois cla- 
viers et fugues pour l'orgue, de la composition 
de cet excellent artiste. 

KELLNER (Jean-Christophe), fils du 
précédent, né à Graefenrode le 16 août 1735, 
apprit de son père à jouer de l'orgue, et fit un 
cours de composition sous la direction de 
Georges Benda, à Gotha. Ses études terminées, 
il fut appelé à Cassel pour y remplir à la fois 
les fonctions d'organiste de la chapelle catho- 
lique de la cour, et de l'église luthérienne 
principale. Il est mort dans cette ville en 
.1803. Comme organiste, comme compositeur 
et comme écrivain didactique, Kellner s'est 
fait une honorable réputation en Allemagne. 
On a de cet artiste : 1° Trois concertos pour le 
clavecin, op. 5, OfTenbach, André. 2° Trois 
idem, op. 8, ibid. 3° Un grand idem, op. 11, 
ibid. 4° Trios pour clavecin, violon et violon- 
celle, op. 19, Leipsick. 5° Sonates pour clave- 
cin seul, op. 2 et 15, ibid. 6° Préludes de 
chorals pour orgue à deux claviers et pédale, 
Gotha. 7° Quatorze pièces d'orgue pour les 
commençants, op. 20, Brunswick, Spehr. 
8° Deux fugues à quatre mains pour l'orgue, 
Leipsick, Breilkopf et User tel. 9° Deux finales 
pour l'orgue, Brunswick, Spehr. 10° Trente 
pièces d'orgue, contenant douze préludes 
courts, quatorze grands préludes pour des 
chorals, une fantaisie, une fugue, un quatuor 
pour deux personnes, avec pédale, et deux 
chorals en trios pour deux claviers et pédale, 
op. 17, première partie, Spire, Bossler, 1789, 



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KELLNER 



fi 



in- fol. idem y deuxième partie, Darmstadt, 
1793. Kellner a aussi laissé en manuscrit plu- 
sieurs cantates et Passions pour l'église, ainsi 
qu'une année complète de motels et de psau- 
mes à quatre voix, deux violons, alto, basse, 
deux hautbois, deux bassons, deux cors, deux 
trompettes et orgue obligé. Ces morceaux 
étaient dans l'ancienne collection de Breil- 
kopf. Il a aussi écrit un opéra qui a été repré- 
senté à Cassel sous ce litre : Die Schaden- 
freude. Enfin, Kellner a publié un traité de 
musique intitulé : Grundriss des Général- 
basses, eine theoretisch-praktische Anleitung 
fiir die ersten Anfxnger entwurfen (Tableau 
de la basse continue, instruction théorique et 
pratique pour les commençants), Cassel, 1785, 
in-4°. Gerber dit que la septième édition do 
cet ouvrage, augmentée de quatorze mélodies 
de Ch.-Ph.-E. Bach, a paru chez Breilkopf cl 
Ilaerlel, en 1706. 

KELLNER (Georges-Christophe), littéra- 
teur et précepteur à Manheim, dans la dernière 
partie du dix-huitième siècle, mort au mois de 
septembre 1808, est auteur de plusieurs romans 
historiques, etdes ouvrages suivants, relatifs;') 
la musique, publiés sous le voile de l'anonyme : 
1° Ueber die Characteristik der Tonarten 
(Sur la caractéristique des Ions), Breslau, 1700. 
2° Neue Clavierschule fur Anfxnger (Nou- 
velle méthode de piano pour les commen- 
çants), Halle, sans date. 3° Amusements au 
piano avec chant ; ce recueil a eu deux édi- 
tions. 4° Jdeen zu einer neuen Théorie der 
scheene Kiinsten iïberhaupt und der Ton- 
kiinst insbesondere (Idées sur une nouvelle 
théorie des beaux-arts en général et de la 
musique en particulier), dans le Magasin alle- 
mand de Eggers, août 1800. Kellner élail 
aussi organiste et a publié divers ouvrages 
pour l'orgue, parmi lesquels on remarque un 
recueil contenant trois préludes ou conclu- 
sions, trois fugues et trois préludes de chorals 
intitulés : 3 Por-oder Nachspiele, 3 Fugen, 
3 Choralvorspielen in Trio mit den Canlo 
fermo, 14 e OEuvre, Cassel; et trois fugues à 
quatre mains pour l'orgue, Leipsick. 

KELLNER (Jeah-Sigissohd), né dans un 
village de la Silésie, en 17G5, fut eantor et 
directeur de musique à l'église Saint-Ber- 
nardin de Breslau. Il mourut dans celte posi- 
tion, le 13 novembre 1811. Plusieurs mor- 
ceaux de musique d'église de sa composition 
sont restés en manuscrit. 

KELLNER (Emiest-Auguste) , vraisem- 
blablement petit-fils de Jean-Christophe, car 
son grand-père et son père étaient, dil-on, de 



Grsefenrode, village du duché de Saxc-Co- 
bourg-Gotha, naquit le 26 janvier 1702, à 
Windsor, où son père était violoniste de la 
musique particulière de la reine Charlotte- 
Sophie de Mecklcmbourg-Strelilz, femme de 
Georges III, qui l'avait amené à sa suite en 
Angleterre. Il n'était âgé que de deux ans 
lorsqu'il «commença l'étude du piano : à cinq, 
il joua un concerio de Hœndel dans un concert 
donné au château de Windsor, en présence de 
la famille royale. Le roi ayant remarqué le 
timbre de sa voix , le confia aux soins de Wil- 
liam Parson, maître de chant des princesses, 
pour qu'il lui enseignât les principes de la 
vocalisation, parce qu'il avait le dessein de 
l'employer dans les concerts de musique clas - 
sique qui se donnaient alors, chaque soir, en 
présence du roi. A l'âge de huit ans, le petit 
Kellner fit son début vocal dans les concerts 
de la famille royale, et, dans la même séance, 
il étonna son auguste auditoire sur le piano. 
Lord Spencer, grand amateur de musique, le 
prit ensuite sous sa protection et le fil quel- 
quefois chanter avec mesdames M ara et Banli. 
En 1815, Kellner ayant atteint l'âge de 
vingt-lrois ans, se rendit en Italie pour étudier 
l'art du chant sous d'habiles maîtres. Après 
un court séjour a Florence, il se rendit à Na- 
ples où il recul des leçons de Nozzari, de Ca- 
sella et de Crescenlini. Il voyagea ensuite dans 
la haute Italie et y donna des concerts. 
Charmée de son talent, l'impératrice Marie- 
Louise, duchesse de Parme, lui accorda le 
titre de pianislc de sa musique particulière. 
Au mois de décembre 1820, Kellner retourna 
en Angleterre et y fit admirer son double talent 
de c ha n leur et de pianiste : sa voix de barylon 
avait acquis le plus beau timbre. Il fit à celte 
époque une tournée de concerts avec la célèbre 
cantatrice madame Calalani. Appelé à Venise, 
en 1824, il débuta au théâtre de la Fenice y 
pendant la saison du carnaval et y chanta, le 
l ,r janvier 1825, dans le Mosè, de Rossini, 
avec la Méric-Lalanrie et Davide; II se rendit 
ensuite à Bologne el y fut nommé membre de 
l'Académie des Philharmoniques. En 1828, il 
partit pour Sainl-Pélersbcurg, où il obtint de 
brillants succès comme pianiste et comme 
chanteur. L'impératrice le faisait souvent ap- 
peler pour lui entendre chanter des airs écos- 
sais. En 1833, il s'arrêta quelque temps à 
Paris, cl, dans l'année suivante, il retourna à 
Londres où il fut nommé organislc de la cha- 
pelle de Bavière, où se faisait le service reli- 
gieux pour tous les allemands catholiques qui 
se trouvaient à Londres. Une maladie ai^uc 



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a 



KELLNER - KELWAY 



reniera, le 18 juillet 1850, à Tâge de quarante- 
sept ans. Il laissait en manuscrit plusieurs 
compositions au nombre desquelles était un 
drame intitulé : Poland (la Pologne). On a pu- 
1 lié à Londres une notice nécrologique sur cet 
artiste, sous ce titre : Case of precocious 
musical Talent, being a notice of the late 
Ernest-August Kellner, maestro, Academico 
Filarmonico di Bologna, Pianist to her 
Majesty Maria- Louisa Arch-Duchess and 
Duchess of Parma etc., etc. , late Maestro di 
Capella to the Bavarian Embassady, Lon- 
don, 1839, with some Phrenological Remarks 
on his Head and Cha racler, by Richard Cull, 
in-8°. 

KELLNER (Gustave), pianiste et compo- 
siteur, né, en 1809, à Weida, dans le grand- 
duché de Saxe-Weimar, fut pendant quelques 
années directeur de musique au théâtre de 
Potsdam. En 1838, il s'établit à Weimar, 
comme professeur de piano. Il est mort dans 
sa ville natale, le 24 février 1840, avant 
d'avoir accompli sa quarantième année. Cet 
artiste a fait jouer à Potsdam deux petits 
opéras dont les titres ne sont plus connus. On 
a aussi de lui des sonates et fantaisies pour le 
piano, des Lieder, et des chants à quatre voix 
d'hommes. 

KELLY (Michel), né, en 1764,. à Dublin, 
où son père était marchand de vin, montra fort 
jeune d'heureuses dispositions pour la mu- 
sique, et reçut une éducation toute conforme à 
ses goûts. Ayant à peine atteint sa onzième 
année, il jouait déjà sur le piano les sonates 
les plus difficiles de son temps. Rauzzini, qui 
était alors fixé à Dublin, lui donna quelques 
leçons de chant, et conseilla à son père de 
l'envoyer à Naplcs. Il partit en effet pour cette 
ville à l'âge de seize ans, avec des lettres de 
recommandation pour l'ambassadeur anglais, 
sir Hamillon, qui le fit entrer comme élève au 
Conservatoire de Loreto. Il y reçut des leçons 
de Fenaroli pour le chant et l'accompagne- 
ment. Quelque temps après, il fit la connais- 
sance d'Aprile, alors le meilleur maître de 
chant de Naples; cet artiste célèbre, qui avait 
alors un engagement pour Palerme, offrit à 
Kelly de l'emmener avec lui, pour en faire 
gratuitement son élève. Une pareille proposi- 
tion ne pouvait qu'être acceptée avec recon- 
naissance. Pendant toute* la durée de l'enga- 
gement d'Aprile à Palerme, Kelly reçut ses 
leçons, puis il alla débuter à Livourne et à 
Florence, comme premier ténor. Les succès 
qu'il y obtint le firent appeler à Venise et 
dans les villes les plus importantes de l'Italie. 



Il fut ensuite engagé à Vienne, où l'empe- 
reur Joseph II l'accueillit avec bienveillance. 
C'est pour lui que Mozart écrivit le rôle de 
Basilio dans les Noces de Figaro. Ayant 
obtenu un congé de l'empereur pour aller 
voir son père, il partit avec la cantatrice 
Slorace, et arriva à Londres dlns les pre- 
miers jours de 1787. Au mois d'avril de la 
même année, il débuta au théâtre de Drury- 
Lane dans l'opéra anglais Lionel and Cla- 
rissa ; depuis lors il fut attaché à ce théâtre, 
comme premier ténor, jusqu'au moment où il 
quitta la scène, à l'exception du temps où il 
chanta dans l'Opéra italien à Haymarket. 
Après avoir cessé de paraître sur la scène, il 
remplit, pendant quelques années, les fonc- 
lionn de directeur de musique, à Drury-Lanc, 
puis dirigea l'Opéra italien jusqu'à sa mort, 
arrivée à Margate, le 9 octobre 1826. Pendant 
plusieurs années, il chanta dans les anciens 
concerts du roi, à Westminster. 

Kelly n'avait publié que des airs italiens, 
des duos et des chansons anglaises, lors- 
que en 1707, à l'âge de trente-trois ans, il 
écrivit son premier opéra, à la manière des 
compositeurs anglais, qui empruntent souvent 
une partie de leurs productions dramatiques 
à des partitions étrangères. Il montra dans 
cette nouvelle carrière une grande fécondité, • 
car, dans l'espace de vingt-deux ans, il a écrit 
soixante ouvrages, dont on trouve les titres 
dans le livre qui a pour titre : Musical Bio- 
graphy, Londres, 1814, deux vol. in-8°, et 
dans le Dictionary of Musicians, Lon- 
dres, 1824, deux vol. in-8°. A l'exception de 
quelques airs, rien de tout cela n'a été publié, 
et toute la musique de Kelly est maintenant 
plongée dans .l'oubli en Angleterre, où seule- 
ment elle a été connue. Après la mort de cet 
artiste, on a trouvé dans ses papiers des mé- 
moires sur sa vie, et surtout sur l'Opéra italien 
et l'Opéra anglais de Londres, qui ont été im- 
primés sous ce titre : Réminiscences of the 
King's Théâtre and Théâtre Royal Drury 
Lane, including a period of nearly half a 
century, with original anecdotes of many 
distinguished persons, political, literary 
and musical (Souvenirs du théâtres du Roi et 
de celui de Drury-Lane, renfermant une pé- 
riode de près d'un demi-siècle, avec des anec- 
dotes originales sur beaucoup de personnes 
distinguées dans la politique, la littérature et 
la musique), Londres, Colburn, 1826, deux 
volumes in-8°. 

KELWAY (Joseph), organiste à l'église 
Saint-Martin, de Londres, avait appris Fhar- 



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KELWAY - KEMBLE 



monie et la basse continue par les leçons île 
Gemiuiani. Il vécul vers le milieu du dix- 
laiilième siècle. Improvisateur assez original, 
il eut quelquefois l'honneur de voir llœndel 
venir l'écouter dans son église; mais lorsqu'il 
écrivait, il était froid, sec et ne savait pas ar- 
ranger ses idées. Il n'aurait vraisemblable- 
ment rien publié, si Jean-Chrétien Bach 
n'était allé en Angleterre avec le titre de 
maître de musique de la reine, et n'avait fait 
paraître, peu de temps après son arrivée, un 
œuvre de sonates; Kelway, qui était maître de 
musique du roi, crut qu'il était de son hon- 
neur d'avoir aussi des sonates imprimées, et il 
en donna un œuvre ; mais cette fantaisie de sa 
vanité lui fut plus préjudiciable qu'utile» car 
ses sonates ne valaient rien, et leur publica- 
tion nuisit à sa réputation de bon organiste. 
Comme claveciniste, Kelway brillait par la 
netteté de son jeu et l'agilité de ses doigts 
dans les pièces les plus difficiles de Scarlatli, 
qu'il jouait ordinairement d'un mouvement 
fort rapide. 

KELZ (Mathieu), né à Bautzen, en Silésie, 
au commencement du dix-septième siècle, 
apprit la composition en Italie, et alla en 
1626 à Stargard, pour y occuper le poste de 
cantor. Dans la suite, il fut placé à Sorau en 
la même qualité, et y resta jusqu'à sa mort, 
dont l'époque est ignorée. Ce musicien est 
connu comme compositeur et comme théori- 
cien. Parmi ses écrits didactiques, Matheson 
cite un Isagoge musicx, mais san$ indiquer 
le lieu ni la date de l'édition (GrundL einer 
£hrenp forte, p. 273). Ce livre était déjà de- 
venu si rare du temps de Printz, qu'il n'avait 
pu se le procurer qu'en le copiant de sa main. 
Cet historien de la musique parle aussi d'un 
traité De A r te componenti(!Iistor.Beschreib. 
der edlen Musik, p. 137) qu'il possédait alors, 
?t qui fut brûlé en 1684. J'ignore si cet ou- 
vrage est le même que celui qui est annoncé 
dans le catalogue de Francfort de 1GG8, sousce 
titre : Ars Methodica et fundamentalis prse- 
cepta et documenta tradens harmonica, 
certa, exquisita, instrumenta musicalia, 
cum primis ver$o chelim acutam, dextre, 
ptrfecte, ingeniose suaviterque, etc., in-4". 
Les œuvres de musique pratique composés par 
Kelz sont : 1° Operetta nuova, oder evange- 
ri se fie Sonntags-Sprùche, von Advent bis Pal- 
marum, aufeine leichle,doch reine Ilalixn- 
yillanellische voie auch Dialogen- Manier 
von 3 Stimmen gesetzt ( Nouveaux petits 
ouvrages, ou chants évangeliques pour tous 
les dimanches, depuis l'Avcnl jusqu'au di- 



manche des Rameaux, etc., h trois voix), 
Leipsick, 1630. 2° Primitif Musicales, oder 
Concentus novi harmonici, aus Sonaten, 
Intraden, Mascarade n , Balctten, Aile- 
tnanden , Gagliarden, Arien, Vollen, Sere- 
naten, und Sarabanden fur 2 Fiolinen, Bàss 
und Generalbass bestehend (Prémices musi- 
cales, ou nouveaux concerts harmoniques, con- 
sistant en sonates, entrées, mascarades, ballets, 
allemandes, galiardes, voltes, sérénades et 
sarabandes, pour deux violons, basse et basse 
continue), Ulm, 1658, in-4°. 3° Excrcitaiio- 
num Musicarum a violino et viola da gamba 
semi-centuria, Augsbourg, 1669, in-folio. 

KELZ (Jean -Frédéric), né à Berlin, le 
1 1 avril 1786, s'est fait connaître, depuis 1815, 
par un grand nombre de compositions faciles 
de tout genre. Dans sa jeunesse, il fut envoyé 
chez le musicien de ville Fuchs, pour ap- 
prendre à jouer de tous les instruments ; mais 
le violoncelle fut celui qu'il cultiva de préfé- 
rence. En 1801, il se rendit àOEIs, en Silésie, et 
entra au service du duc Frédéric-Auguste de 
Brunswick-OEls, en qualité de violoncelliste. 
Après la mort de ce seigneur, il retourna dans 
sa ville natale, et fut admis, en 1811, dans la 
mufique de la chambre du roi. Les biographes 
allemands disent qu'il reçut alors des conseils 
de Duport; mais c'est une erreur; car à cette 
époque Duport n'était plus à Berlin. Kelz a 
écrit des symphonies burlesques dans le genre 
de celle de Haydn, pour deux violons, basse, 
coucou, petite trompette et autres jouets d'en- 
fants, Berlin, Schlesinger; quintette pour 
deux violons, deux violes et basse, op. 102, 
Berlin, Trautwein; introduction et fugue sur 
le nom de Fesca, pour deux violons, alto et 
basse, op. 108, ibid.; des solos, des caprices 
et des variations pour violon, violoncelle ; un 
quintette pour flûte, deux violons, alto et 
basse, op. 70, ibid. ;des bagatelles pour divers 
autres instruments ; des sonates pour piano ; des 
psaumes, des chants pour voix d'homme, etc. 
Tout cela est de peu de valeur. Un de ses 
meilleurs ouvrages consiste en fugues pour des 
instruments à cordes. Au reste, sa production 
était trop rapide pour qu'il pût y mettre les 
soins nécessaires, car ses ouvrages sont au 
nombre d'environ trois cents. 

KE91BLE (Adélaïde), marquise deCAZA 
BAKGUILLER Y SARTORIO,cantalrice 
dramatique et de concert, est née à Londres, 
en 1814. Fille du célèbre comédien anglais 
Charles Kemble, elle fut destinée au théâtre 
dès son enfance, et reçut de son père cl d'un 
bon maître de chant une éducation analogue à 



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KEMBLE — REMPIS 



cette carrière. En 1831, ayant à peine ac- 
compli sa seizième année, elle débuta, dans 
des arrangements d'opéras anglais, au théâtre 
de Covent-Garden, dont son père était direc- 
teur. Sa voix était belle, sa vocalisation facile 
et sa beauté rappelait son origine ; car Charles 
Kemble était un des plus beaux hommes de 
l'Angleterre. Le succès de miss Kemble fut dé- 
cidé tout d'abord. Engagée ensuite au théâtre 
de Drury-Lane, elle y chanta pendant deux 
ans, puis donna des concerts dans les villes de 
province et partout se fit applaudir. En 1836, 
elle fit un voyage en Allemagne, brilla à 
Prague pendant deux saisons, et, deux après, 
chanta dans quelques concerts à Paris. Arrivée 
en Italie au commencement de 1839, elle 
chanta, dans la même année, au théâtre de la 
Scala de Milan, à la Fenice de Venise et à 
Trieste. En 1840, elle fut engagée au théâtre 
de Mantoue, puis elle se rendit à Naples, où 
elle chanta avec succès pendant le carnaval de 
1841. Rappelée en Angleterre pour y tenir 
l'emploi de prima donna de l'opéra anglais, 
au commencement de 1843, elle partit ensuite 
pour Dublin. Ce fut là qu'elle inspira un amour 
passionné à un gentilhomme espagnol de 
grande maison, qui jouissait d'une fortune 
trgs-considérable, et qu'elle devint marquise 
de Caza Barguiller y Sartorio. Le dernier 
concert où elle chanta fut donné à Dublin, le 
1 1 juillet 1842 : depuis lors, elle a disparu du 
monde musical. 

KEMMLEIN (Georges-Miciiel) , né en 
1785, à Dingsleben, entre Cobourg et Mei- 
ningen, apprit les éléments de la musiqne, 
sous la direction de son père, instituteur de 
l'endroit et organiste habile. Dès l'âge de huit 
ans, il pouvait déjà remplacer celui-ci à l'or- 
gue de la paroisse. Dans sa treizième année, 
il alla faire ses études au Gymnase de Schleu- 
singen : Staep, cantor de cette ville, l'initia à 
la théorie de la musique. En 1806, Kemmlein 
alla étudier la théologie à l'Université de Jéna; 
il y continua ses exercices de musique, et de- 
>int un pianiste distingué. Après avoirélé pré- 
cepteur pendant trois ans chez un riche ama- 
teur de musique à Lodersleben, près de 
Querfurlh, il est retourné à Jéna en 1812, en 
qualité de canlor et de professeur de l'École 
moyenne. Plusieurs sociétés de chant l'ont 
choisi depuis lors pour les diriger. Quoique 
Kemmlein ait beaucoup écrit de musique, on 
n'a publié qu'un petit nombre de ses com- 
positions religieuses, telles que cantates, 
hymnes, etc. , dans les archives de Kalbitz 
{voyez ce nom). 



KEMPE (Emmanuel-Benjamin), auteur in- 
connu d'une dissertation intitulée : Commen- 
tât™ de saeri Muticœ prjefectis apud veteres 
Hebrseos, Dresde, 1737, in-4°. 

KEMPELEN (Wowcawg DE), conseiller 
de la cour royale et impériale, et référendaire à 
la chancellerie de la cour royale de Hongrie, 
à Vienne, naquit à Presbourg, en 1729. On 
lui doit l'invention d'une machine parlante 
{Sprachmasckine) fort ingénieuse, dont il a 
donné la description dans un écrit intitulé : 
Mechanismus der tnenscklichen Sprache, 
nebst der Beschreibung einer spreckenden 
Maschine (Le mécanisme de la parole, suivi 
de la description d'une machine parlante), 
Vienne, 1701, grand in-8°, avec vingt -sept 
planches. Chladni assure que cette machine est 
fort simple et que chaque son y est exactement 
rendo sans supercherie. M. de Kempelen est 
mort à Vienne, dans le mois d'avril 1804. 

KEMPIS (TiiomaS A>, ainsi nommé parce 
qu'il était de Kempen, petite ville du duché 
de Clèves (aujourd'hui Prusse rhénane), avait 
pour nom de famille Hamerlein. Il naquit 
vers 1380, fut sous-prieur du monastère do 
Mont-Sainte-Agnès, au diocèse d'Ulrecht, où 
il avait prononcé ses vœux, en 1407, et mourut, 
en 1471, à l'âge de plus de quatre-vingt-dix 
ans. La plus grande partie de l'existence de ce 
pieux solitaire se passa, dans le calme du 
cloître, à copier des manuscrits, parce qu'il 
possédait un talent de calligraphie très-remar- 
quable. On lui a attribué la composition du 
livre célèbre de V Imitation de Jesus-Christ, 
que d'autres ont considéré comme l'ouvrage 
du savant Gerson. Les partisans d'A Kempis 
ont pour argument principal en sa faveur 
l'existence d'un manuscrit de sa main con- 
tenant V Imitation^ lequel est daté de 1441, 
et renferme beaucoup de ratures qui pré- 
sentent des variétés de leçons. Ce manuscrit 
est aujourd'hui dans la Bibliothèque royale de 
Bruxelles. Ses adversaires lui opposent des 
manuscrits plus anciens, lesquels contiennent 
de meilleures leçons. Les uns reconnaissent de 
nombreux gallicismes dans le latin de l'ou- 
vrage original^ tandis que Mgr Malou, évéque 
de Bruges et auteur d'une dissertation sur ce 
sujet, voit des ftandricitmes dans le texte. Il 
n'appartient pas à notre sujet d'entrer dans 
celle discussion : Thomas à Kempis n'est cité 
ici que pour des chants liturgiques que M. E. de 
Coussemaker lui a attribués, et qu'il a publiés 
dans le Messager des sciences historiques de 
la Belgique (Gand, 1850). Le manuscrit de 
la main de Kempis d'où il les a tirés, et qui 



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REMPIS — KENN1S 



45 



renferme plusieurs ouvrages, appartient à la 
Bibliothèque royale de Bruxelles, et s'y trouve 
sous les numéros 4585, 4586 et 4587. 11 est 
daté de Tannée 1461. Bien qu'à la dernière 
page on lise : finit-us et $criptut per manus 
fralris Thome Kempis, il ne paraît pas dé- 
montré qu'il soit l'auteur de ces chants. Occupé 
presque iucessament des copies de manuscrits, 
u Thomas, dit M. De Gence, dans sa notice 
« sur ce moi ne laborieux, copia aussi plusieurs 
« livres de chant (cantuales) } qu'on a dési- 
« gnés comme des cantiques dans la liste de 
u ses ouvrages donnée d'après les chanoines 
« réguliers de Robdorf. » Il se peut que les 
chants publiés parffl.deCoussemakerne soient 
aussi qu'une transcription. Quoi qu'il en soit, 
la publication de ces fragments accompagnés 
d'une notice a pour titre : Chants liturgiques 
de Thomas à Kempis. Il en a été tiré quelques 
exemplaires à part (Gand, 1856, in-8° de vingt 
pages) , avec les fac-similé des trois chants, 
d'après le manuscrit, en notation allemande 
gothique des quatorzième et quinzième siècles, 
et de leur traduction en notation de plain- 
chant ordinaire. 

KEMPTEU (Charles), compositeur de 
musique d'église, né en Bavière, était, en 1842, 
maître de chapelle d'une des églises d'Augs- 
bourg. Je n'ai pas d'autres renseignements sur 
cet artiste, que les biographes allemands les 
plus récents ne mentionnent pas. Ses ouvrages 
les plus connus sont ceux-ci : 1° Blesse alle- 
mande polir soprano, contralto, ténor et basse; 
avec orgue obligé, violoncelle et contrebasse, 
op. 8, Augsbourg, Schmidt. 2» Blesse latine 
(en ré) à quatre voix, orchestre et orgue, 
op. 9, Augsbourg, Bœhm. 3° Messe solennelle 
(en si bémol), à quatre voix, orchestre et orgue 
op. 11, ibid. A° Miss a sancta pour soprano 
et contralto, deux violons, alto, contrebasse 
i\ orgue obligés, ténor, basse, flûte, deux 
flarincltes, deux cors, deux trompettes et tim- 
bales ad libitum, op. 15, ibid. 5° Seconde 
Messe solennelle (en fa) à quatre voix et or- 
chestre, op. 17, ibid. 0° Blesse pastorale à 
quatre voix et orchestre, op 24, ibid. 7° Tan- 
1um Ergoj Salve Regina, Graduel et Offer- 
toire, à quatre voix, deux violons, alto, basse 
et orgue obligés, flûte, deux clarinettes et deux 
rors ad libitum, ibid. M. Rem p ter a publié 
aussi quelques pièces pour le piano, à Offen- 
bach, chez André. 

RENDALL (Jea»), organiste de l'église 
Sainte-Mary-lc-Bonc, à Londres, dans la se- 
conde moitié du dix-huitième siècle, a publié, 
en 1780, un livre de pièces d'orgue. 



KENIV (P.), professeur de cor, né en 
Allemagne, vers le milieu du dix-huitième 
siècle, se rendit à Paris, en 1782, et entra 
l'année suivante à l'Opéra, pour y jouer la 
partie de second cor. Lorsque la musique de la 
garde nationale de Paris fut organisée, en 1791, 
Kenn y entra comme beaucoup d'autres artistes 
distingués, et à ce litre, il fut compris dans le 
nombre des professeurs du Conservatoire de 
Paris, à l'époque où celte école fut instituée,* 
mais une réforme considérable de ces profes- 
seurs ayant été faite, en 1802, MM. Domnicli 
et Frédéric Duvernoy furent seuls conservés 
pour l'enseignement du cor, et Kenn reçut sa 
démission. Vers la fin de 1808, il se retira de 
l'orchestre de l'Opéra avec une pension, et i) 
eut pour successeur son élève M. Dauprat. Kenn 
a été un des meilleurs cors-basses qu'il y ait eu 
eu France. Il a publié : 1° Duos mêlés d'airs 
pour deux cors, op. 1, Paris, Sieber. 2° Recueil 
de petits airs pour deux cors, op. 2, Paris. 
Michel Ozy. 5° Recueil d'airs arrangés pour 
trois cors, ibid. 4° Trçnte-six trios pour trois 
cors en mi bémol, ibid. 5° Douze duos pour 
clarinette et cor, op. 5, Paris, Sieber. 

HENNIS (Guillaome-Gommaire), violoniste 
distingué, compositeur et maître de chapelle, 
naquit à Lierre (Belgique), vers 1720, ou même 
plus tôt, car il existe à l'église Notre-Dame y 
d'Anvers, un motet de sa composition poul- 
ie dimanche des Rameaux, à quatre voix et 
orgue, lequel est daté de 1743. On ignore le 
nom du maître qui l'a dirigé dans ses études 
musicales; il y a lieu de croire que ce fut quel- 
que musicien obscur du lieu de sa naissance, 
et que, prédestiné pour l'art, il ne dut qu'à 
lui-même le développement de ses talents ; 
car il ne paraît pas s'être éloigné de celle ville, 
y ayant occupé fort jeune la place de maître de 
chapelle de l'église de Saint-Gommaire. Vers 
1768, il abandonna cette position pour celle de 
maître de chapelle et des enfants de chœur 
de la grande collégiale de Saint-Pierre, à 
Louvain. Il en remplit les fonctions avec zèle 
et talent jusqu'à ses derniers jours, et mourut 
dans celte ville, le 10 mai 1789. Kennis était 
considéré à jusle titre comme le violoniste le 
plus habile de la Belgique, particulièrement 
dans les traits difficiles pour le doigter de la 
main gauche (1). L'impératrice Marie-Thérèse, 

(1) L'historien de la musique Burney, qui visita Lou- 
vain, en 1772, mais ne s'y arrêta que le temps nécessaire 
pour y prendre des noies i la baie, dit cependant de 
Kennis : « M. Kennis est le plus célèbre violoniste non- 
« seulement de Louvain, mais de tout le pays. Les solos 
« qu'il écrit pour son instrument, ainsi que son exé- 
« culion, offrent des traits si difficiles, qu'aucun autre 



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16 



KENNIS — KEPLER 



après Tavoir entendu, lui témoigna sa salis- 
t faclion par le don d'un des plus beaux violons 
connus de Steiner. Cet instrument avait été fait 
par le célèbre luthier pour la famille impé- 
riale. Il est vraisemblable que Kennis voyagea 
et visita Paris et Londres, car la plupart de ses 
ouvrages furent imprimés dans ces deux villes; 
cependant, on ne trouve pas, soit dans les 
journaux, soit dans les almanachs de musique, 
l'indication de concerts spirituels où il se serait 
fait entendre. Ses productions connues sont 
celles-ci : 1° Six sonates pour violon seul et 
basse continue (pour le clavecin), Liège, gr. 
in -fol. (sans date). 2° Six trios, dont quatre 
pour violon, violoncelle et basse, et deux pour 
deux violoncelles et basse, Paris, Le Menu. 
5° Six duos pour violon et violoncelle, Paris, 
Cousineau. 4° Six sonates pour violon et basse 
continue, Louvain, Wyberechts. $° Six qua- 
tuors pour deux violons, alto et basse, Lon- 
dres, Mondhare. 6° Six duos pour deux vio- 
lons, Londres, Bland. 7° Douze symphonies 
pour l'orchestre. 8° Premier, deuxième et 
troisième concertos pour violon et orchestre, 
Paris, Bailleux. 9° Motet (Hxc dies quam fecit 
Dominus), pour quatre voix et orchestre. 
10° Le motet indiqué ci-dessus. 

KENNIS ( Guillaume- J eau- Jacques), (Ils 
du précédent, né à Louvain, le 21 mai 1768, 
fat élève de son père et lui succéda en qualité 
de maître de chapelle de l'ancienne collégiale 
de Saint-Pierre. La clôture des églises, pen- 
dant les troubles révolutionnaires, détermina 
cet artiste à se fixer à Anvers et à s'y livrer à 
l'enseignement; mais après le retour au culte, 
par suite du concordat avec le gouvernement 
français, Kennis fut appelé, eu 1803, à la place 
de maître de chapelle de l'église Notre-Dame 
de cette ville, et fut chargé d'en réorganiser la 
musique. Il s'acquitta de cette mission avec 
plus de zèle que de talent. Quoiqu'il n'ait rien 
composé, il travaillait sans cesse à des arran- 
gements (ou plutôt dérangements) des œuvres 
des grands maîtres, auxquels il ajoutait ou 
ôtait des instruments, selon les besoins de sa 

« violoniste belge ne pourrait les rendre. Cependant, 
« M. Sclieppcrs, carillonneur de la ville, piqué de la 
« haute réputation de M. Kennis, a fait récemment la 
» gageure de jouer sur ses cloches un des solos les plus 
« difficiles de cet artiste, et de s'en acquitter à la saiis- 
« faction des juges qui seraient désignés pour en décider. 
« Non-seulement il gagna son pari, mais son succès 
m augmenta beaucoup la réputation dont il jouissait' 
« dans les Pays-Bas. » {Tht présent ttate of Mutic in 
Germnny % the Netherlands, etc., 1. 1, p. 62). Burney s'est 
trompé sur le nom du carillonneur qui fit ce tour de 
force : il se nommait JUatihiai Va» den Gheyn (vojes 
ce nom). 



chapelle. Il passait à Anvers pour un savant 
compositeur ; mais, au fond, c'était un musicien 
médiocre. II est mort à Anvers, au mots 
d'avril 1845. Sa collection de musique d'église 
fut achetée, après son décès, par le conseil de 
fabrique de l'église Notre-Dame. 

KENT (Jacques), né à Winchester, le 
15 mars 1700, fut admis comme enfant de 
chœur à l'église cathédrale, et y apprit les élé- 
ments de la musique, sous la direction de l'or- 
ganiste Vaughau-Richardson ; puis il passa en 
la même qualité dans la chapelle royale. Là, il 
termina ses éludes par les leçons du docteur 
Crofl. La première place qu'il occupa fut celle 
d'organiste de l'église de Findon, dans le 
Norlhamplonshire ; nommé ensuite organiste 
de la chapelle du collège de la Trinité à Cam- 
bridge, il y resta jusqu'en 1737; à cette 
époque il obtint l'orgue de l'église cathédrale 
et de la chapelle du collège à Winchester. Il 
conserva celle position peudant quarante ans, 
et mourut vers la fin de 177G. Admirateur du 
talent et du style de son maître, le docteur 
Crofl, il l'a souvent copié servilement dans sa 
musique d'église-, mais il attachait si peu de 
prix à ses propres ouvrages, que ses amis 
n'obtinrent pas sans peine qu'il publiât, peu 
de temps avant sa mort, un livre de douze an- 
tiennes à quatre voix, en partition. Plus tard, 
Corfe, organiste à Salisbury, publia un second 
volume des œuvres de Kent, contenant des 
services du matin et du soir, avec huit an- 
tiennes à quatre voix. Quelques antiennes de 
sa composition ont été insérées dans la collec- 
tion de Boyce intitulée : Cathedral music, et 
dans YHarmonia sacra de Page. 

KEPLER (Jeaîi), illustre auteur de la 
découverte des lois mathématiques du mouve- 
ment des planètes qui a immortalisé son nom, 
naquit le 27 décembre 1571, à Weil, dans le 
duché de Wurtemberg, d'une famille noble 
tombée dans l'indigence. Admis dans un cou- 
vent pour y commencer ses études, il alla les 
terminer àTubingc. En 1594, il fut appelé à 
Grœlz pour y remplir la place de professeur de 
mathématiques ; cette circonstance décida de 
sa vie, car dès lors toutes ses vues se tournè- 
rent vers* l'astronomie qui allait en quelque 
sorte changer entre ses mains de direction et 
d'objet. Ce n'est point ici le lieu d'examiner la 
nature des travaux de ce grand homme, ni 
l'influence qu'ils ont exercée sur la science : 
il n'est question de toi dans ce dictionnaire 
que pour un ouvrage dont il sera parlé tout à 
l'heure. Kepler vécut dans l'indigence; pour 
lui, ce n'était point un mal. Riche de ses 



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KEPLER — KERL 



17 



sublimes découvertes, il n'éprouvait de besoin 
que pour sa famille; mais les privations de 
sa femme et de ses enfants déchiraient son 
cœur. Ses écrits, lus seulement par un petit 
nombre de savants qui n'en comprenaient 
point alors la portée, ne produisaient rien 
pour son bien-être. Sa fin fut aussi triste que 
l'avait été sa vie. Il était allé à Ralisbonne 
pour solliciter le payement d'une somme qui 
lui était due; obligé de faire la route à cheval, il 
arriva dans cette ville, malade, excédé de fa- 
tigue et rongé d'inquiétude; six jours après 
(le 15 novembre 1630), il expira dans un âge 
pemavancé, laissant dans une profonde misère 
sa femme et quatre enfants. 

Les idées des pythagoriciens sur les rapports 
des nombres et des proportions appliqués à la 
constitution de l'univers paraissent avoir été 
le point de départ de cet homme célèbre : 
elles furent à la fois la source des vérités qu'il 
découvrit et des erreurs où il se laissa entrai- 
ner. Ce furent ces mêmes idées qui lui inspi- 
rèrent le plan d'un livre dont le sujet avait été 
déjà traité par Robert Fludd, mais avec toutes 
les extravagances qui pouvaient naître dans le 
cerveau d'un tel illuminé. Le titre complet de ce 
livre célèbre est : Harmonices Mundi libri V 7 
quorum primus geometricus, de figurarum 
regularium, qu& proportiones harmonicas 
constituunt, ortu et demonstrationibus ; se- 
cundus architectonicus , seu ex geomelria 
figurât a, de figurarum regulariumcongruen- 
tia in piano vel in solido; tertius proprie 
Harmonicus 7 de proportionum harmonica- 
rum ortu ex figuris, deque natura et differen- 
tiis rerum ad cantum pertinentium } contra 
veteres; quarlus metaphysicus ,psychologicus 
et astrologicus, de Harmoniarum mentali 
essentia earumque generibus in rnundo; prx-_ 
sertim de harmonia radiorum } ex corporibus 
cœlestibus in terram descendentibus, ejusque 
cffectu in natura seu anima sublunari et 
humana ; quintus astronomicns et metaphy- 
sicus de Harmoniis absolutissimus motuum 
cœlestium ortuque excentricitatum ex pro- 
portionibus harmonicis, Linz, 1619, in -fol. 
C'est dans le troisième chapitre du cinquième 
livre de cet ouvrage célèbre que se trouve la 
troisième loi fondamentale de l'astronomie 
moderne découverte par Kepler, laquelle, dé- 
montrée par Newton, lui a fourni la base de sa 
théorie de l'attraction qui régit le monde 
l'ien que les lois du mouvement des planètes 
soient certainement sans analogie avec celles 
•des relations des sons, c'est pourtant quelque 
chose de grand et de sublime que celte idée 

BIOGR. CIIIV. DES MUSICIENS. T. V. 



d'une harmonie universelle démontrée; et la 
singulière force de tête de Kepler me semble 
se manifester encore au milieu de toutes ses 
aberrations. Le troisième livre de son ouvrage 
est spécialement consacré à la musique ; comme 
chacun des autres livres, il forme à lui seul une 
pagination particulière depuis la page 1 jus- 
qu'à 103. Il est divisé en un prolongue et seize 
chapitres qui contiennent des propositions 
curieuses et plus utiles qu'on ne pense à la 
formation d'une philosophie de la musique. Le 
cinquième livre, destiné à établir l'analogie 
des proportions harmoniques de la musique et 
de celles de l'astronomie, est le plus singulier 
de tout l'ouvrage, et renferme beaucoup de 
passages relatifs à la musique, considérée 
dans l'acception la plus étendue qu'on puisse 
lui donner. L'analyse des idées de Kepler en- 
traînerait hors des bornes de l'article qui lui 
est ici consacré : elle trouvera sa place dans 
mon Histoire de la philosophie de la musique, 
complément nécessaire de la philosophie de 
cet art. Dans un appendice de son livre, Kep- 
ler attaque les traités de la musique univer- 
selle qui forment une partie du Macrocosme 
de Robert Fludd (voyez ce nom) : celui-ci 
ayant répondu par son livre intitulé : Mono- 
chordum Mundi Symphoniacum f Kepler 
répliqua dans sa dissertation intitulée : Spor- 
tula genethliacis missa, Sagan, 1610, in-fol. 
On s'étonne de voir de savants hommes s'éga- 
rer dans les rêves dont ces ouvrages sont rem- 
plis. 

KERL (J eau-Gaspard DE), grand orga- 
niste et compositeur distingué, naquit u^ans la 
Haute-Saxe, vers 1625. Il était fort jeune lors- 
qu'il alla'à Vienne, où il commença l'étude de 
la musique sous la direction du maître de cha- 
pelle de la cour impériale Jean Valentini, et 
fut ensuite envoyé par l'empereur Ferdi- 
nand III à Rome, vers 1645, chez Cari ssi roi, 
pour y perfectionner son talent. Les leçons de, 
ce maître célèbre et les occasions fréquentes 
qu'il eut d'entendre souvent des œuvres de 
grande valeur formèrent son goût et dévelop- 
pèrent les heureuses facultés de son organisa- 
tion naturelle. De retour en Allemagne, il s'y fît 
bientôt remarquer comme un des organistes 
les plus habiles dé cette époque, ou plutôt 
comme le seul rival qu'on pût alors opposer à 
Froberger, qu'il avait dû connaître à Rome; il 
y a même lieu de penser que, comme lui, il avait 
reçu des leçons de Frescobaldi. Quoi qu'il en 
soit, ce fut au couronnement de l'empereur 
Léopold que de Kerl se lit connaître pour ce 
qu'il était. Il avait appris que ce couronnement 



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18 



KERL 



devait se faire à Francfort-sur-le-Mein, le 22 
juillet 1658, et celte circonstance lui suggéra 
le dessein de s'y rendre en secret. Arrivé dans 
cette ville, il se lia d'amitié avec le vice-mattre 
de chapelle de l'empereur, Jean-Henri Schmel- 
zer, qui le présenta à son maître et parla de 
son talent en termes remplis d'enthousiasme. 
Non-seulement le monarque accdeillit l'artiste 
avec bienveillance, mais il voulut lui donner 
pour le lendemain un thème qu'il lui demanda 
de traiter à quatre parties sur l'orgue. De Kerl 
accepta avec joie la proposition de l'empereur; 
mais il le pria de ne lui donner le thème qu'au 
moment où il irait s'asseoir au clavier de 
l'orgue. Le lendemain, l'empereur, les élec- 
teurs et les autres princes qui assistaient au 
couronnement se rendirent à l'église; De Kerl 
commença par une fantaisie magnifique, suivie 
du thème traité à deux parties seulement, mais 
avec tant de ressources d'harmonie et de mo- 
dulation, que l'auditoire fut saisi d'admira- 
tion. Ce n'était pourtant que le prélude de ce 
qu'il voulait faire entendre ; car, après un ada- 
gio d'invention, il rentra dans le thème donné 
et le traita à trois parties, puis à quatre, et 
enfin à cinq, au moyen de la pédale, introdui- 
sant sur le thème principal un contre-sujet 
traité en contrepoint double, et changeant 
plusieurs fois la mesure de deux à trois temps 
et de trois à deux. Après avoir épuisé ces mer- 
veilles de l'art, De Kerl fit exécuter une belle 
messe de sa composition. Charmé de ce qu'il 
venait d'entendre, l'empereur accorda immé- 
diatement à l'artiste des lettres de noblesse ; 
de leur côté, les électeurs palatin et de Bavière 
lui offrirent la place de directeur de leur cha- 
pelle : De Kerl préféra Munich à Manheim, et 
alla y prendre possession de ses fonctions. 

Les ouvrages qu'il écrivit pour la chapelle 
de l'électeur de Bavière furent considérés alors 
comme des productions achevées. La connais- 
sance qu'il avait, d'ailleurs, du style italien le 
rendait propre à écrire pour les concerts du 
prince, où brillaient des artistes distingués de 
l'Italie. Toutefois, l'antipathie que les chan- 
teurs italiens de cette époque avaient pour les 
compositeurs allemands se manifesta bientôt, 
et De Kerl fut en butte à mille tracasseries qui 
finirent par le fatiguer, et qui lui firent donner 
sa démission de maître de chapelle, en 1675, 
après plus de quinze ans de service. Mais avant 
d'abandonner ses fonctions, il se vengea d'une 
manière plaisante des mauvais tours des vir- 
tuoses ultramontains, en écrivant un morceau 
composé d'intonations si bizarres et si diffi- 
ciles, qu'ils chantèrent horriblement faux en 



l'exécutant et se couvrirent de ridicule. Le bon 
accueil qui lui fut fait à Vienne le consola de 
ses chagrins; en 1677, il obtint la place d'or- 
ganiste de Saint-Élienne. Recherché aussi 
comme maître de clavecin, il en donnait des 
leçons qui le mirent dans l'aisance. Matlhcson 
dit (Griindl. einer Ehrenpf., p. 137) que 
l'époque de la mort de cet artiste n'est point 
connue : d'après l'ancien Lexique des musi- 
ciens de Gerber, il aurait cessé de vivre à 
Vienne, vers 1600; mais dans son nouveau 
dictionnaire, ce biographe avoue son erreur, 
et nous apprend que le tombeau de De Kerl se 
trouve a Munich, dans l'église* des Augustin*. 
Il parait que la pierre tumulaire qui a fait 
connaître ce fait à Gerber n'indique pas la 
date du décès de l'artiste, car il n'en dit rien, 
et se borne à rapporter une sorte de rébus mu- 
sical qui est gravé à droite et à gauche de la 
pierre, avec le mot sent qui semble indiquer 
que De Kerl est mort dans un âge avancé. 

Ce qui nous reste des compositions de ce 
musicien justifie sa renommée , au moins 
comme organiste. Ses pièces d'orgue, comme 
celles de Froberger et de Buxtehude, forment 
une époque de transition dans l'école alle- 
mande, entre Samuel Scheidt et Jean-Sébastien 
Bach. Son style a même plus d'analogie avec 
celui de ce dernier que ceux des deux autres ; 
il fait un plus fréquent usage des dissonances 
et les résout presque toujours* d'une manière 
neuve, inattendue, et dans un système de mo- 
dulation qui était alors complètement nouveau. 
Les productions connues de ce grand musicien 
sont : 1° Un recueil de motels intitulé : Selec- 
tus sacrarum Cantionum cum quatuor et 
quinque vocibus concert, et basto gênerait ad 
organum, Norimberg», 1660, in-4°. 2° Opus 
primum Missarum 2, 3, 4, 5 vocum, Norim- 
bergae, 1660, in- fol. 5° Modulatio orgam'ca 
super Magnificat, octo tonis organicis re- 
spondens, Monachi, 1686. Collection de pièces 
d'orgue pour les préludes, versets et conclu- 
sions du Magnificat, dans les huit tons, qui 
sont du plus grand mérite. 4° Missx sex 4, 5 
etQ vocibus cum instruments concertantibus 
et vocibus in ripieno, adjuncta una pro de- 
functis cum seq. Dies ira, consecrate Lco- 
poldo I, imperatori, Monachii, 1680, in-4°. 
Mattheson accorde de grands éloges à cet ou- 
vrage. 5° Missa nigra, appelée ainsi, parce 
qu'il ne s'y trouve pas une seule note blanche. 
C'est une de ces recherches puériles qui 
avaient pris naissance dès la fin du seizième 
siècle, et qui se multiplièrent dans le dix-sep- 
tième. Cette messe est restée en manuscrit. 



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KERL — KERLE 



19 



€• Kyrie à quatre voix et orgue ; en manuscrit 
chez Breilkopf, en 1770. 7° Kyrie à quatre 
voix, deux violons, deux violes, deux haut- 
bois, deux bassons et orgue ; en manuscrit, 
ibid. 8° Missa, Kyrie cum Gloria, à cinq 
voix; deux violons, deux violes et orgue, idem, 
ibid. 0° Missa, Kyrie cum Gloria, à huit 
voix en deux chœurs, deux violons, quatre 
trombones et orgue, idem, ibid. 10° Messe à 
cinq voix et orgue, idem, ibid. 41° Motet à 
deux voix de soprano et basse continue, sous le 
titre de Concert, et sur les paroles : O bone 
Jesu , en manuscrit. 12° Trio pour deux vio- 
lons et basse de viole, en manuscrit. 13° Des 
toccates et suites pour le clavecin, en manu- 
scrit. Le catalogue de Traeg, de Vienne, indique 
un traité manuscrit du contrepoint, attribué à 
De Kerl, sous ce titre : Compendiose relatione 
von dem Contrapunct, trois parties. 

KERLE (Jacques DE), né à Ypres, en 
Flandre, dans la première partie du seizième 
siècle, fut chanoine de Cambrai, et directeur 
du chœur de cette église, puis maître de cha- 
pelle de l'empereur Rodolphe II, ainsi que le 
prouve la souscription d'une messe sur ut, ré, 
mi, fa, sol, la, qui se trouve dans un volume 
manuscrit (coté 84) des archives de la chapelle 
pontificale, à Rome. Il paraît qu'il visita l'Ita- 
lie dans sa jeunesse, et qu'il y séjourna envi- 
ron dix ans, car ses premiers ouvrages ont été 
imprimés à Venise, depuis 1562 jusqu'en 
1571. Peut-être avait-il été attaché à la suite 
de quelqu'un des prélats des Pays-Bas qui as- 
sistèrent aux dernières sessions du concile de 
Trente; il a du moins mis en musique des 
prières pour l'heureux succès de ce concile. 
Ses premières messes furent imprimées à Ve- 
nise, en 1562; près de trente ans après, il 
écrivait encore, car il dédia sa messe sur la 
gamme au pape Grégoire XIV, qui ne fut élu 
que le 5 décembre 1500. Ces circonstances ont 
été ignorées des biographes qui ont parlé de 
Jacques De Rerle. On connaît de ce musicien : 
1° Sex Missae suavissimis modulationibtts 
referas partira quatuor partim quinque vo- 
cibus concinendœ, Veneliis, 1502, in-fol. Ce 
titre est celui que porte réellement ce re- 
cueil; je le transcris d'après mon exemplaire. 
Walther, Gerber, ni les autres ne l'ont pas 
connu, et le catalogue de la Bibliothèque mu- 
sicale de Burney l'a défiguré (p. 11). Burney 
dit (General Hist. of Music, t. III, p. 312) 
que le style de cet ouvrage est sec et dépourvu 
d'intérêt, quoique l'harmonie soit bonne et 
que les réponses de fugues soient excellentes. 
Ce jugement est dépourvu de sens; car si 



l'harmonie des messes de Kerle est bonne, et 
si les imitations sont excellentes (non les 
fugues, la fugue véritable ayant pour base le 
contrepoint double, qui n'était point encore 
en usage en 1562), le style ne saurait être sec 
et dépourvu d'intérêt, puisque l'intérêt du 
style de ces sortes de compositions reposait 
précisément sur ces conditions. Burney tombe 
d'ailleurs en cette phrase dans une de ses mé- 
prises ordinaires, lorsqu'il parle de la bonté 
des réponses de fugues faites par Jacques 
De Kerle; car ces réponses sont ce qu'elles 
devaient être absolument au temps ou il écri- 
vait, c'est-à-dire réelles : les réponses tonales 
n'ont pris naissance qu'au commencement du 
dix-septième siècle, avec la tonalité moderne. 
Je ne m'étends sur ce sujet qu'a fin de faire 
voir le danger des jugements portés par des 
hommes dépourvus de connaissances techni- 
ques suffisantes : Gerber, le Dictionary of 
musicians, le Musical biography, et d'autres 
ont copié le passage de Burney. Au reste, j'ai 
acquis la preuve de la fausseté de l'opinion de 
l'historien anglais de la musique, car j'ai mis 
en partition les deux premières messes du 
recueil de De Rerle, et j'en ai trouvé le style 
excellent, eu égard au temps où il écrivait. 
2° Preces spéciales pro salubri Concilii ge~ 
neralis successu, Veneliis, 1569, in -4°. Ce 
doit être une deuxième édition^ car le concile 
de Trente fut clos par acclamation le 4 dé- 
cembre 156*3. 5° Madrigali a quattro voci, 
lib. I, in Venezia, 1570, in- 4°. C'est ce recueil 
qui est cité par Draudius, et d'après lui par 
Walther et Gerber, sous le titre latin : Car- 
mina italica musicis modulis ornât a. 4° Il 
primo Ubro capitolo del Triumpho d'amore 
del Petrarcha posto in tnusica a 5 voci, in 
Venezia, 1570, in-4°. 5° II primo Ubro de 
Motetti a cinque e seivoci, ibid., 1571, ln-4°. 
II y a une édition de cet ouvrage qui a pour 
titre : Selectse quœdam cantiones sacra: modis 
musicis quinque et sex vocum, recens compo- 
site per Jocobum de Kerle , Noribergœ in 
ofllcina Theod. Gerlatzini , 1571 , in-4°. Il 
est vraisemblable que eelte édition est origi- 
nale, et que celle de Venise n'en a été que la 
reproduction. 6° Moduli sacri quinque et sex 
voc. cum cantione contra Turcas, Monachit, 
1572, in-4°. 7° Motetti a 2, 4 e 5 voci, et Te 
DeumLaudamus, a voci, ibid. 1573. 8° Sex 
Missœ 4 et 5 voc, et TeDeum, ibid., 1576. 
9° Cantio in honorem generosi ac nobilis 
Dm. 3Ielch. Lincken voc, Norimbcrgœ, 
1574, in-4°. 10° Mulets 5 et 6 voc, quibus 
adjuncli sunt ecclesiastici hymni, Monachii, 

2. 



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20 



KERLE — KtRPEN 



1575, io-4*, 1 1° Sacrx cantiones,quas vulgo 
Motela votant, quinque et sex vocum, quibus 
adjuneti sunt eeelesiastici Hymni de Résur- 
rection* et Aictnsione Domini, et de B. Maria 
Firqine. Monachii per AdamumBerg, 1575, 
in-4 # obi. Je crois que celle collection n'est 
qu'une nouvelle édition de celle de Nurem- 
berg, avec l'addition des hymnes des fêtes 
de Pâques, de l'Ascension et de l'Assomption. 
12* Quatuor Missx suavissimis modulation 
nibus refertx, quorum una quatuor , relique 
vero quinque vocibus concinendx. Àdjunclo 
in fine Te Deum Laudamus. Anluerpie ex 
oftlcina Cbristophori Planlini. 1585, in-fol. 
max. Les archives de la chapelle pontificale, à 
Rome, contiennent quelques messes manu- 
scrites du même musicien, entre autres une sur 
la gamme, dédiée au pape Grégoire XIV. 

KERLE (Vitus), directeur du chœur à 
Reisbach, bourg de la Bavière, près de Landau, 
vers le milieu du dix-huitième siècle, a mis en 
musique un drame spirituel intitulé : le Bon 
Ismaël, qui a été exécuté chez les Jésuites de 
Munich, en 1750. 

KERLINO (Jeah), luthier du quinzième 
siècle (1), le seuf connu de cette époque. Sui- 
vant La Borde, il y eut en Bretagne, vers 1450, 
un luthier nommé Kerlin, dont il avait vu un 
violon construit en 1449. En 1804, c'est-à- 
dire environ vjngt-cinq ans après l'époque où 
La Borde écrivait, cet instrument s'est trouvé 
en la possion de Kuliker, luthier à Paris; c'est 
alors que l'auteur de cette notice l'a vu. Ce 
n'était pas un violon, mais une viole dont le 
manche avait été changé, et qui était montée 
de quatre cordes, comme un violon. L'instru- 
ment était plus bombé que ne le sont les violes 
d'une époque postérieure, et ses voûtes étaienl 
fort élevées. Ses extrémités inférieure et supé- 
rieure n'étaient pas exactement arrondies, ei 
les angles étaient tronqués et aplatis. Au lieu 
de la queue ou cordier ordinaire, on y voyait 
une attache en ivoire percée de quatre trous 
pour fixer les cordes, ce qui semble indiquer 
que cet instrument appartenait à l'espèce des 
Geige à quatre cordes dont il est parlé dans le 
livre de Martin Agricola (voyez Agiucola). La 
qualité des sons était douce et sourde. L'instru- 
ment portail intérieurement celte inscription : 
Jo. Kerlino, ann. 1449. Ce nom, commen- 
çant par Ja syllabe Ker, est probablement ce 
qui a fait croire à La Borde que le lulhicr 

(I) f.ilarlir le prend la place de Kerlin, de la première 
édition i\o la ftiograpltie uniierselle lies musiciens, qui 
lit «M- 1 fiii d'après de mauvais renseignements fournis 
• l.a r.ofde. 



nva 
pir 



était Breton, car on connaît en Bretagne nne 
immense quantité de familles dont les noms 
commencent de la même manière; mais des 
renseignements certains, venus d'Italie, nous 
apprennent qu'il y eut à Brescia, vers 1450, 
un luthier nommé Jean Kerlino. Tout porte à 
croire que l'instrument possédé par Koliker, 
au commencement de ce siècle, avait été fait 
par cet artiste, et que celui-ci fut le fondateur 
de l'École de Brescia, l'une des plus anciennes 
de l'Italie et l'une des plus distinguées. Il est à 
remarquer que Kerlino, de même que tous les 
luthiers de la première époque dont les noms et 
les ouvrages sont connus, n'ont fabriqué que 
des rebecs, des violes de toutes dimensions, 
des lire d'arco et des lirones, à onze et douze 
cordes. 

KERN (JosEFn-SÉBAFBia), compositeur de 
la chambre du prince évéque, à Passaw, est 
connu par un œuvre de messes intitulé : 
Alauda ad sacrificium sacerdotale cantans, 
in seleclissimis III Mit sis quatuor voc. 
2 violinis et viola ad primam missam, 
2 clarinit et tympano cum organo continuo, 
stylo ecclesiastico ad régulas exquisitissimas 
deductis, op. 2, Burghusianse, 1747, in-fol. 

KERN (Auguste), professeur de piano à 
Ilambourg, s'est fait connaître, depuis 1840, 
par des danses pour cet instrument et par plu- 
sieurs recueils de Lieder. Depuis 1843, cet 
artiste s'est fixé à Hanovre. 

KERPEN (Frédéric-Hugues, baron DE), 
capitulaire de l'église cathédrale de Wllrz- 
bourg, et protecteur du concert des amateurs 
de cette ville, où il jouait lui-même du violou- 
cclle, parait avoir quitté Wllrzbourg postérieu- 
rement à 178G, pour aller s'établir à Mayence, 
puis à Heilbronn, où il vivait encore en 1800. 
II a composé la musique des opéras dont voici 
les litres : \°Le Naufrage, à Wllrzbourg, en 
1786. 2° L'Enigme, petit opéra en deux actes, 
Mayence, 1791. 5° Céphale et Procris, mélo- 
drame, ibid., 1792. 4° Adèle de Ponthieu, 
opéra en trois actes, ibid., 1798. Il a aussi pu- 
blié pour le piano : 5° Trois trios avec violon et 
violoncelle, op. l,Manheim, 1785. G L'Adieu, 
ode avec accompagnement de piano, Mayence, 
1785. 7° Sonate pour piano, publiée dans 
l'École du piano, de Vogler. 8° Sonate à quatre 
mains, op. 4, Mayence. 9° Six arielles à trois 
voix, avec accompagnement de piano, ibid. 
10° Six chansons allemandes, ibid., 1797. 
11° Six chansons de Mathison, Heilbronn, 
1798. 12° Sept variations pour le piano sur 
l'air allemand : TFir kammen von der Kùstc, 
Heilbronn. 13° Six grandes sonates pour piano, 



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KERPEN — KESSLER 



SI 



avec violon, op. 8, t°6i°<f., 1799. 14° Concerto 
pour piano, avec orchestre, op. 9, ibid., 1800. 
Aucun renseignemenl postérieur n'a été pu- 
blié concernant cet amateur distingué. 

KERZEL (Michel), musicien né en Bo- 
hême, vivait à Vienne vers la fin du dix -hui- 
tième siècle. En 1787, il se trouvait à Moscou. 
On a gravé de sa composition : 1° Six quatuors 
pour deux violons concertants, alto et basse, 
Vienne, 1783. 2° Six duos pour deux violons, 
ibid. 3° L'Enchanteur de village, petit opéra 
russe, partition réduite pour le piano, 1790. 
4° Six trios pour deux violons et basse, op. 1, 
Berlin, Hummel. 

KESEMIEIMER (Sophie), cantatrice al- 
lemande dont la carrière a commencé sons 
d'heureux auspices. Née le 14 mars 1836, à 
Friedrichshofen, dans le royaume de Wurtem- 
berg, elle a reçu son éducation musicale de 
Lindpaintner, qui la destinait au Théâtre de 
Stuttgard. Plus tard, elle alla continuer ses 
études de chant chez Lenz, à Munich et reçut 
des leçons de Madame Constance Dahn, pour 
la déclamation et l'action dramatique. Ses pre- 
miers essais eurent lieu en 1857 à Munich et à 
Stettin, comme prima donna, dans les rôles de 
Valentine (des Huguenots), de Romeo (de Bel - 
lini), et de Fidelio. Les avantages dont elle 
est douée sont, dit-on, une belle voix pleine et 
sonore de metzo soprano, dont retendue est 
de deux octaves, une vocalisation facile, un beau 
trille, un sentiment dramatique plein de feu, 
une taille élégante, et une figure aussi belle 
qu'expressive. S'il n'y a pas d'exagération dans 
ces éloges, mademoiselle Kesenheimer est des- 
tinée à de beaux et grands succès. 

KESLER (Weudelir), musicien allemand 
du seizième siècle, né à Kannewurff, dans la 
Thuringe, a publié une collection de motels 
pour l'Aven t, intitulée : Seleclx aliquot et 
omnibus fere musicalium instrumentorum 
gênerions accomodatissime cantiones super 
Evangelia quœ diebus Dominicis et prxci- 
puis sanctorum Festis ab Jdventu ad Resur- 
rectionem usque Christi soient trac tari, mu- 
sices harmonicis exornatx atque vocibus 
quinque diversis jamprimum in lu ce m 
editx, Wttteberg», per Zachariam Lehman, 
1582. 

KESSEL (jEAH-CnRÉTiEa-BeiiTJUH), can- 
tor à Eisleben, né a Lengelfcld vers 1700, Fit 
ses éludes à Leipsick et fut d'abord employé, 
eu 1794, comme eanlor suppléant a Franken- 
hausen ; puis il se rendit en 1799 à Eisleben, où 
on lui confia les places d'instituteur primaire 
et de directeur du chœur. Il est mort en ce lieu 



le 19 juin 1823. Ce musicien s'est fait con- 
naître par un livre qui a pour titre : Unter~ 
richt im Generalbasse zum Gebrauche fiir 
Lehrer und Lernende (Instruction sur la basse 
continue, à l'usage des maîtres et des élèves), 
Leipsick, 1790, in-8°. Un supplément fut pu- 
blié dans la même année et dans la même ville. 
II a été refondu dans une deuxième édition 
qui a paru en 1791. On connaît aussi le 
soixante-cinquième psaume à plusieurs voix 
composé par Kessel. 

KESSELRING (Jear-Ardbe), cantor à 
Ringlebën, en Thuringe, vécut vers le milieu 
du dix-huitième siècle. Il a écrit, pour les 
Kirchenandachten de Neumeister, une pré- 
face intitulée : Ob Golt die Kirchenmusik 
durck die Propheten befohlen habe (Si Dieu 
a ordonné l'usage de la musique par ses pro- 
phètes)? Il se prononce pour l'affirmative. Un 
anonyme, qui signait Z. R., ayant cherché à 
réfuter son opinion, Kesselring répondit par 
un pamphlet intitulé : Zwinglius Redivivus, 
oder ungegrundete Censur eines der Gottes- 
gelahrtheit Beflissenen iiber die, die Hoheit 
und den wahren Gebrauchder Musik abhan- 
delnde f'orrede, etc. (Zwingle Ressuscité, ou 
critique non fondée d'une doctrine théologique 
sur cette question. Si Dieu a ordonné l'usage 
delà musique par ses prophètes, etc.), Erfurt, 
1744, in-8° de quarante pages. Par ce titre, 
Kesselring faisait allusion et aux initiales de 
l'anonyme, et aux opinions de Zwingle contre 
l'usage de la musique dans le service divin. 

KESSLER (Jeas), étudiant en théologie, 
puis cantor à ZiegenrUck (petite ville de la 
Thuringe) pendant le dix-septième siècle, a 
publié un recueil de chants avec accompagne- 
ment et ritournelles pour deux violons et 
basse continue, sous le titre de Musikalischer 
JFilkommen (Bienvenue musicale) Jéna, 1668, 
in-folio. 

KESSLER (Frédéric-Gottlob), médecin 
à Altenbourg dans la première moitié du dix- 
huitième siècle, a soutenu, à l'université de 
Halle, une thèse concernant l'effet du son sur 
le corps humain ; elle a été imprimée sous ce 
titre : Dissertatio inauguralis medica : de 
tono partium corporis humant , quam in 
Aima Fridericianasub prœsidio dr. Joannis 
Henrici Schulzii, pro gradu docloris, pu- 
bliée submittit auctor, Halle, 1737, in-4 u de 
trente -huit pages. 

KESSLER (Jeak-Guillauhe), organiste et 
maître d'écriture à lleilbronn, vers la fin du 
dix-huitième siècle, vivait encore dans celle 
ville en 1810, et y publia alors la deuxième 



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33 



KESSLER 



édition d'an traité de l'écriture qu'il y avait 
fait paraître en 1787. Après avoir pris part à 
la Correspondance musicale de Bossler, en 
1790, il se fit connaître comme compositeur 
par les ouvrages suivants : IFiïrlembergische 
vierttimmiges Choralbuch (Livre choral du 
Wurtemberg à quatre voix), Stuttgard, 1705, 
in-4°. 2° Divertissements sociaux, ou six 
anglaises pour le clavecin, avec leur choré- 
graphie, Darmstadt, 1790. 

KESSLER (François -Auguste), né en 
1783 à Bcrchtolsgaden, en Bavière, a fait ses 
études musicales à Munich, et a eu pour maître 
de flûte Guillaume Legrand, musicien de la 
cour. En 1802, il a été placé comme flûtiste 
dans la chapelle royale. II a publié : 1° Six 
duos pour deux flûtes, Munich. 2° Douze pe- 
tites pièces pour deux flûtes, Munich, Faller. 
Kesslcr est mort à Munich, en 1849. 

KESSLER (Ferdinand), compositeur et 
professeur de piano, fils d'un contrebassite de 
l'orchestre de Francforl-sur-le-Mein , naquit 
dans cette ville au mois de janvier 1793. Après 
avoir appris les éléments de la musique et du 
piano chez un maître obscur, il reçut des leçons 
d'Aloys Schmilt (voyez ce nom), qui n'était son 
aîné que de six ans. Au mois de mars 1812, 
Kcssler joua pour la première fois en public 
dans un concert donné par son père et Schmilt; 
il y exécuta le huitième concerto de Mozart 
(en ré mineur). Vers le même temps, André, 
d'Offcnhach , lui enseigna l'harmonie et la 
composition. Fixé dans sa ville natale, Kessler 
s'y est fait la réputation d'un bon maître de 
piano, et y a publié des compositions pour son 
instrument. Il a écrit un grand opéra en trois 
actes, intitulé : Cécile, qui n'a pu être repré- 
senté, a cause des défauts trop considérables 
du livret. Il a composé aussi des symphonies 
et des quatuors pour instruments à cordes qui 
sont restés en manuscrit. Son livre intitulé : 
System zum Selbslunterricht in der Harmonie 
(Système pour s'instruire soi même dans l'har- 
monie), était sous presse lorsqu'il mourut à 
Francfort, le 28 octobre 1850. L'ouvrage parut 
dans la même année, un vol. in-8°. Parmi les 
productions connues de cet artiste, on remar- 
que : 1° Trois sonates pour piano seul , op. 9, 
Mayencc, Schott. 2° Trois idem, op. 10, ibid. 
3° Quatre rondeaux faciles et progressifs pour 
le même instrument, op. 11, Francfort, Dunst. 
4° Trois thèmes de l'opéra de FreischiilZy va- 
riés pour piano, Bonn, Simrock. Gassner a 
attribué à Ferdinand Kessler, dans le supplé- 
ment au Lexique de Schilling, ainsi que dans 
son Universel Lexikon der Tonkunst, l'écrit 



intitulé : Der musikalische Gottesdienst , etc.; 
mais c'est une erreur (voyez l'article suivant). 

KESSLER (Frédéric), prédicateur à Wer- 
dohl , village des États prussiens , dans la 
Weslphalie, et surintendant du diocèse de Lu- 
ctenscheid, nommé en 1819, a publié les ou- 
vrages suivants : 1° Der musikalische Gottes- 
dienst. Ein voort fur Aile dienen die 
Befœrderung des Cultus am Herzen liegt ; 
insonderheit fur Organislen und Prcdiger. 
Ncbst einer Vorrede von Dr. Cari Immanuel 
Nitzsch, Professor der Théologie zu Bonn 
(la Liturgie musicale. Un mot pour tous, etc. ; 
particulièrement pour les organistes et les 
prédicateurs. Avec une préface du docteur 
Charles-Emmanuel Nitzsch , etc) , Iserlonn, 
1859, in -8° de deux ceul huit pages. M. Charles- 
Ferdinand Becker dit que cet ouvrage n'est 
qu'une compilation, tirée en grande partie de 
son ouvrage intitulé : Rathgeber fiir Orga- 
nislen (Avis aux organistes). 2° Kurze und 
fassliche Andeutungen einiger Mxngcl des 
Kirchen-Gesanges, Ein Neujahrs Biichlein 
fiir Jung und Alt (Courtes et faciles indica- 
tions de quelques défauts du chant de l'église. 
Petit livre d'étrennes pour jeunes et vieux), 
Iserlohn, 1832, in-8° de trente-deux pages. 
Partisan de l'enseignement de la musique parla 
notation en chiffres que Natorp avait introduit 
dans les écoles primaires, Kessler fit de grands 
efforts pour le propager, et publia avec l'in- 
venteur de cette méthode un livre choral (67io- 
ralbuch) } noté en chiffres et arrangé à quatre 
voix par Rink, dont la première édition parut 
en 1839, à£ssen,chez Bsedcker, et là deuxième 
en 1850. On a encore de Kessler un écrit inti- 
tulé : Der Gesangbuch vonseincn musikalis- 
che n Zeit betrachtet (le Livre de chant consi- 
déré au point de vue musical), Elbcrfcld, 1838, 
in 8°. 

KESSLER (Eiusme), fils d'un musicien de 
l'orchestre du théâtre Sur-la- Tienne, dans 
la capitale de l'Autriche, naquit dans celte 
ville en 1808. A l'âge de quatorze ans, son 
éducation musicale était assez avancée pour 
qu'il écrivit une ouverture qui fut exécutée 
aux représentations du mélodrame intitulé : 
der Goldene Se hlii s sel (la Clef d'or), en 1822. 
Deux ans après, une autre ouverture de sa 
composition fut jouée avec succès dans un con- 
cert à Vienne, et dans le même temps il écrivit 
toute la musique composée de chants , de 
chœurs et de danses, pour le drame Clotilde 
die Sprachlose (Clotilde la muette), dont il di- 
rigea toutes les représentations comme chef 
d'orchestre. En 1826, il fit aussi représenter 



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KESSLER — KETTE 



23 



Saurina, drame musical pris dans un sujet de 
Bohémiens ou Zinganes, et, enfin , il donna au 
même théâtre, en 1828, der Stock im Eisen 
(le Bâton de fer), drame romantique, avec une 
ouverture et des chœurs. Kessler avait alors 
vingt ans ; depuis cette époque, son nom a 
disparu de l'activité musicale. 

KESSLER (J.-C.),pianisleelcompositeur, 
est né vers 1800, à Leitmeritz, en Bohême, et 
non à Varsovie, comme il est dit dans la Ga- 
zette générale de musique de Leipsick (33 e an- 
née, p. 597); mais il vécut quelque temps 
dans la capitale de la Pologne. En 1827, il 
était à Vienne, oh il publia quelques com- 
positions pour le piano, parmi lesquelles on 
remarque un recueil de vingt-quatre études 
vians tous les tons, œuvre 20 e , dont le grand 
mérite lui assure une place honorable parmi 
les artistes les plus dint ingués. M. Kessler, 
ayant pris la résolution de continuer ses 
voyages, s'éloigna de Vienne et s'arrêta à 
Breslau, en 1831. Il y donna des concerts 
dans lesquels il fil admirer son (aient d'exé- 
cution et plusieurs de ses ouvrages. Dans l'an- 
née 1832, il y fut atteint du choléra; mais 
sa bonne constitution le fit échapper aux ra- 
vages de cette terrible maladie. Au mois de 
janvier 1835, M. Kessler fut appelé à Lem- 
herg ; il s'y trouvait encore en 1849 et y jouis- 
sait de beaucoup d'estime comme virtuose, 
compositeur et professeur pour son instrument. 
Les ouvrages les plus connus de cet artiste 
sont : 1° Introduction et andante pour le 
■piano, op. 6 ; Vienne, Artaria. 2° Trois scherzi 
idem, op. 7 ; ibid. 3° Marche de l'opéra Al- 
fred, variée, op. 10. 4° Éludes pour le piano, 
en quatre suites, op. 20, Vienne, Haslinger. 
Kichault, de Paris, a donné une édition nou- 
velle de cet ouvrage, sous le titre de : Vingt- 
quatre études pour le piano dans tous les 
tons. 5* Fantaisie pour piano seul, op. 23, 
Vienne, Diabelli. 0° Impromptus, idem, op. 24, 
ibid. 7° Six bagatelles idem, op. 27, Breslau, 
AVcinhold. 8° Trois nocturnes idem, op. 28, 
Hambourg, Cranz. 9° Trois bagatelles idem, 
op. 29, Breslau, Grusser. 10° Trois bagatelles 
ff/e?ii ? op. 30, ibid. 11° Vingt-quatre préludes, 
«M». 31, ibid. 12° Variations sur un thème des 
i'urilani, op. 32, Vienne, Haslinger. 13°Trois 
pensées fugitives, op. 38, Leitmeritz, Pobtig. 
14" Romance et étude de concert, op. 39, ibid. 
Des valses et mazourkes. Plusieurs recueils de 
ehants ponr voix seule et piano, op. 22, 35, 
ô4, 41, ibid. Les recueils d'études de Kessler 
sont remarquable j par l'originalité de la forme 
autant que par l'élégance de la pensée; elles 



ont d'ailleurs le mérite de justifier leur titre, 
car la plupart sont des études véritables, où 
les difficultés ne sont pas épargnées. Quelques 
journaux ont attribué à tort ces études a Fer- 
dinand Kessler de Francfort (voyez ce nom). 

KESSLER ( Joseph-IIenri-Fbbdimano ) , 
cantor de l'église Sainte-Elisabeth, à Breslau, 
est né le 4 décembre 1808, à Tost, en Silésie. 
Le directeur de musique Siegert lui enseigna 
Us éléments de l'art et le chant, et il reçut des 
leçons de piano, d'orgue et de violon du pro- 
fesseur Juste Kessler. D'abord employé comme 
enfadt de chœur, puis comme choriste à 
l'église Saint-Bernardin, il acheva ses études 
musicales sous la direction de l'organiste Freu- 
denberg, qui lui enseigna l'harmonie et la 
composition. En 1852, il fut nommé choriste 
de l'église Sainte-Elisabeth, et, en \%44 y signa- 
tor (?) de la même église. On connaît de Kess- 
ler : 1° Le 100 me psaume pour chœur et or- 
chestre. 2° Une cantate pour un chœur 
d'hommes avec quatre cors. 5 e Trois cantates 
pour chœur de voix différentes avec orchestre. 
4° Des chants pour quatre voix d'hommes. 
5 e Des Lieder et des mélodies à voix seule avec 
accompagnement de piano. 

KETSCHAU (Auguste), né dans la Tau- 
rin ge, vers 1805, fut organiste et professeur de 
piano à Erfurt, depuis 1829 jusque vers 1845. 
Après celle époque, son nom disparaît du 
monde musical actif. Gel artiste brillait parti- 
culièrement par le talent de bien diriger les 
orchestres et les grandes masses chorales. Ce 
fut lui qui dirigea toutes les grandes fêtes mu- 
sicales d'Erfurt, de Weimar, et d'autres villes 
environnantes, depuis 1835 jusqu'en 1842. En 
1841, il fit exécuter, dans une de ces solen- 
nités, un hymne de fête de sa composition pour 
voix seule, chœur et orchestre ; cet ouvrage 
-fut fort applaudi. On n'a publié de lui que des 
Lieder et chants à voix seule avec accompa- 
gnement de piano, op. 1 et 2, Erfurt, Wilh. 
Meyer. 

KETTE. (Albert), organiste de la cour et 
de la cathédrale de Wurzbourg, naquit dans 
les environs de Schwarzenberg, en 1720. Son 
père, qui était maître d'école et organiste du 
lieu, lui enseigna les éléments de la musique 
et du clavecin. Ses progrès furent si rapides, 
qu'ayant perdu son père â l'âge de onze ans, il 
put le remplacer à l'orgue. Plus tard, il alla à 
Wurzbourg pour y faire ses études : y ayant 
rencontré Bayer, très-bon organiste, il allait 
l'entendre tous les jours, et même il recevait 
de ses leçons. A la mort de ce maître, en 
1749, il fut jugé capable de lui succéder. Il 



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S4 



KETTE — KETTENUS 



mourut à l'âge de quarante el un ans, en 17G7. 
Cet artiste brillait principalement sur l'orgue 
dans l'improvisation el l'exécution de la fugue. 
Il a beaucoup écrit pour l'église et pour son 
instrument, mais toute sa musique est restée 
en manuscrit . On cite particulièrement les mor- 
ceaux suivants qui se trouvaient autrefois chez 
Traeg, à Vienne : 1° Concerto pour l'orgue, 
avec accompagnement de deux violons, deux 
violoncelles, deux cors, deux trompettes et 
timbales. 2° Concerto pour clavecin, deux vio- 
lons, viole, basse, deux trompettes et timbales. 
5 a Vingt-six cadences pour l'orgue. 4° Six pré- 
ludes pour l'orgue, dont trois grands et trois 
petits. 

KETTENUS (Alovs), violoniste et compo 
•iteur belge, né à Verviers, le 22 février 1823, 
commença dès ses premières années l'étude 
de la musique, pour laquelle il avait d'heu- 
reuses dispositions. Un frère de son père lui 
donna les premières leçons de violon. Agé seu- 
lement de huit ans et demi, il joua l'air varié 
de Rode (en sol) dans un concert de la Société 
d'harmonie de sa ville natale. Peu de temps 
après, il fut admis au Conservatoire de Liège, 
où il devint élève d'un professeur nommé 
M. Wanson; mais sa santé délicate l'obligea 
de retourner chez ses parents après une année 
d'étude. Rentré au Conservatoire quelque temps 
après, il fut de nouveau obligé d'en sortir par 
la même cause à l'âge de douze ans et demi, 
et retiré dans sa famille, il n'eut plus d'autre 
guide que lui-même, saisissant toutes les occa- 
sions où il pouvait entendre les meilleurs ar- 
tistes, qui devenaient ses modèles. En 1841, 
M. Kettenus se rendit à Aix-la-Chapelle et y 
obtint la place de premier violon du théâtre, 
après une épreuve de son talent comme soliste 
et comme lecteur à première vue ; cependant 
il abandonna bientôt cette position, qui ne lui 
laissait pas assez de temps pour se livrer au 
travail et à l'enseignement. Ce fut dans la 
même ville qu'il apprit d'un ancien élève du 
Conservatoire de Prague les éléments de l'har- 
monie. Après s'être fait entendre avec succès 
dans des concerts donnés à Francfort, Mayencc, 
Darmsladt et Carlsruhe, il reçut, à l'âge de 
vingt-deux ans, sa nomination a la place de 
maître de concert et de violon solo du théâtre 
et de la cour à Mannheim. Il l'occupa pendant 
plusieurs années, el pendant ce temps il fit un 
cours complet de composition, sous la direction 
de V. Lachner. Ce fut aussi à Mannheim que 
M. Kettenus écrivit ses premiers ouvrages, 
entre lesquels on remarque un Rondo sicilien , 
pour violon, dédié au prince régent de Rade, 



et des Lieder, dont un recueil de six est dédié 
au grand -duc de Hesse-Darmsladl ; à la même 
époque il écrivit aussi un concertino pour 
hautbois et une fantaisie pour clarinette. 
. Cependant le besoin d'une existence plus 
active que la vie uniforme et monotone de 
Mannheim tourmentait le jeune artiste ; il com- 
prenait qu'il ne pouvait trouver cette activité 
que dans un grand centre de population, tel 
que Londres ou Paris ; il se décida pour la pre- 
mière de ces villes, et sa résolution lui fit refu- 
ser la place de maître de concert à la cour du 
roi de Wurtemberg, laissée vacante par le dé- 
part de Molique pour Londres, et, en 1855, il 
s'éloigna de Mannheim, chargé d'une lettre de 
recommandation de la grande-duchesse Sté- 
phanie de Rade pour la duchesse Hamillon, 
sa nièce. Arrivé à Londres, au mois de no- 
vembre de cette année, M. Kettenus fut immé- 
diatement engagé pour jouer dans les concerts 
de Julien les solos de violon, trois fois chaque 
semaine, alternativement avec Ernst. Les jour- 
naux de cette capitale, particulièrement la 
Presse de Londres, ont rendu le compte le 
plus avantageux de l'effet produit par lui sur 
le public nombreux de ces concerts populaires» 
Appelé dans l'hiver de 1856-1857 à Dublin, 
pour y diriger les représentations d'un opéra 
de Wallacc (Maritana), données par la haute 
aristocratie au profit de l'école de musique 
de Dublin, M. Kettenus fit, dans cette occasion, 
preuve de talent dans l'art de diriger un or- 
chestre. Pendant la même saison, il joua avec 
succès, dans les concerts de la Société philhar- 
monique de Dublin et devant le vice-roi, deux 
fantaisies de sa composition, avec orchestre. 
Deux ans après, il fut rappelé par la même 
société, pour exécuter le concerto de Reclhoven. 
Pendant l'hiver de 1857 à 1858, il fut engagé 
au théâtre de la reine, à Londres, en qualité 
de premier violon d'attaque, pour une série de 
concerts donnée par Julien. A cette même 
époque, M. Kettenus a composé un grand con- 
certo de violon non encore publié, un coricer- 
tino pour quatre violons et orchestre exécuté à 
Londres avec succès dans plusieurs concerts, 
notamment par l'auteur, Henri Wieniawsky, 
le violoniste hongrois Remengi et Ries. -Plu- 
sieurs autres compositions ont été publiées de- 
puis lors par M. Kettenus, entre autres, un 
duo pour piano et violon, Londres; Addison; 
un duo pour soprano et ténor, ibid. ; deutf mé- 
lodies anglaises (Christ mas eve et The Luke). 
Londres, Wcsscls ; le Meunier de Sans-souci, 
romance française; Londres, Scholt; Paris, 
Lcinoinc, etc. Dans les dernières années, cet 



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KETTENUS - KHALEDOUNE 



£5 



artiste distingué s'est fait entendre, et toujours 
avec succès, aux concerts de la Société phil- 
harmonique, du Palais de Cristal, et dans 
les salons de la marquise de Devonshire. Un 
grand opéra de sa composition (Stella) a été 
représenté au théâtre royal de Bruxelles, au 
mois de février 1862. On y a remarqué de 
bonnes choses dans la musique ; mais la nul- 
lité d'intérêt dans le livret a nui au succès de 
l'ouvrage. 

KEYHLEBER (Jbam-Geobges), profes- 
seur de phijosophie et amateur de musique, 
né dans le Wurtemberg, vivait vers la An du 
dix-septième siècle. Il avait un goût passionné 
pour les canons, et toute la musique lui sem- 
blait renfermée dans les pièces de ce genre ; 
idée bizarre pour le temps où il vivait, mais 
qui avait eu longtemps ses partisans dans les 
quinzième et seizième siècles. Les pièces de sa 
composition, citées par les biographes alle- 
mands, sont une preuve de sa passion pour 
cette espèce de musique ; elles ont pour litre : 
1° Aggratulatio musico-poetica, en six dis- 
tiques latins, avec un canon perpétuel de seize 
dessus et de seize violons à plusieurs sujets, 
pour l'anniversaire de naissance de l'empe- 
reur Joseph I«», roi des Romains, le 1 er mars 
1691. D'après la description qu'on en donne, 
ce canon pouvait être exécuté à deux cent cin- 
quante-six voix et autant d'instruments, c'est- 
à-dire, à cinq cent douze parties. 2° Le chris- 
tianisme bien conçu et brièvement exprimé 
par les deux mots : Ora et labora, avec quel- 
ques images allégoriques, gravé sur cuivre en 
une planche in-folio. On y trouve un canon à 
deux altos (chantants), deux ténors et quatre 
basses de viole, susceptible de trois systèmes 
de résolution. Ce canon est établi sur ces pa- 
roles : 

Dm Adam hmekt und Eva êjninn, 
W$r v*r damai» ein Edelmann ? 

(Lorsque Adam coupait du bois, et qu'Eve fi- 
lait, qui était alors gentilhomme?) De plus, en 
quatre systèmes de résolution, une ariette à 
huit voix, dont quatre marchent par mouve- 
ment direct, et quatre par mouvement rétro- 
grade, sur ces paroles : 

Grtif an daê Werk und $ey uicht faul ; 
Kein g'bratns Taub flegt dir ins Maul. 

(Mets la main à l'œuvre et ne sois point pares- 
seux j les pigeons ne viennent pas rôtis dans 
la bouche.) 

KEYSEIl (Reikhard). F oyez Keiser. 

KUAILL ou H AIL (Joseph), né à Gras- 
litz, en Bohême, fut admis comme élève au 
Conservaloire.de Prague, en 1811, et y rcrut 



des leçons de Wenceslas Zaluschau pour le cor 
et de François Weiss pour la trompette. Il est 
connu dans son pays comme inventeur d'un 
cor chromatique à clefs; cet instrument est 
maintenant oublié, et il n'y a plus d'autre coi- 
chromatique que le cor à pistons. 

KHALEDOUN (Ibji ou Ebr), ou, sui- 
vant l'orthographe du savant orientaliste Sil- 
vestre de Sacy {Chrestomathie arabe, etc., 
2 me édition, Paris, 1826 à 1827, t. I«, n°5), 
EBN KIIALDOU]X,naquitàTunis, le 1 e ' de 
ramadhan 732 de l'hégire (1331 de l'ère chré- 
tienne). Ses noms véritables étaient Aid- 
Alrahman Hadhrami, fils de Mohammed, 
fils de Khaledoun ; mais il est connu sous celui 
de Ebn Khaledoun, c'est-à-dire, descendant 
de Khaledoun. Il fil ses études à Tunis. Ayant 
perdu son père et sa mère par la peste, lors- 
qu'il eut atteint l'âge de dix-sept ans, il fui 
attaché au service du gouverneur de cette 
ville, pour écrire en gros caractères sur les 
diplômes la devise du sultan Abou-lshac 
Ibrahim, cinquième roi de la dynastie des 
Abou-IIafs. 11 s'éloigna de Tunis en 784 
(1383 de Jésus-Christ), et alla se fixer au 
Caire. Deux ans après, le sultan Barkouk le 
nomma Kahdi'lkodat de la secte des maléki- 
tes; mais sa fermeté à repousser les recom- 
mandations et sollicitations des grands le fit 
destituer après un an d'exercice de ses fonc- 
tions. Elles lui furent rendues en 801 (1398), 
mais après la mort de Barkouk, sa position 
lui fut enlevée de nouveau. Ayant suivi, en 
Syrie, le sultan Mélic-Alnaser Faradj, il devint 
prisonnier de Timour-Leng (Tamerlan) à 
la prise de Damas, et ne recouvra la liberté 
qu'au moment où ce conquérant retourna dans 
la Mongolie. Revenu au Caire après deux ans 
de captivité, Ebn Khaledoun fut nommé une 
troisième fois Kahdi'lkodat ; après avoir perdu 
et recouvré plusieurs fois ce titre, il mourut 
le mercredi 25 de ramadhan 808 (1405), à 
l'âge de soixante-seize ans et vingt -cinq 
jours. 

On a de ce savant un ouvrage considé- 
rable, composé de plusieurs parties sur divers 
sujets, et qui jouit d'une grande célébrité 
dans le Levant; Silvestre de Sacy en traduit 
ainsi le litre arabe : Le livre des exemples 
instructifs et le recueil du sujet et de l'attri- 
but, concernant l'histoire des Arabes et des 
Berbers, ainsi que celle des souverains les 
plus puissants qui ont été contemporains de 
ces nations. Une des parties de cet ouvrage 
renferme un traité de la musique des Berbers 
ou Cabyles. Ce fragment a été extrait d'un ma- 



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KUALEDOUNE — KIIYM 



nuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris 
par M. Jamcs-Gray Jackson {voyez Jacksok), 
membre de la Société asiatique de Londres, 
qui en a publié une traduction anglaise dans 
le vingtième volume de VAsialic Journal 
(juillet à décembre 1835). Ebn khaledoun 
donne, dans cette intéressante partie de son 
grand ouvrage, la théorie de la musique arabe 
basée sur la division de l'octave en dix-sept 
intervalles et du ton en trois parties égales : 
il dit que, de toute antiquité, les instruments 
herbers et arabes ont été accordés selon ce 
système. 

Un autre fragment du même ouvrage a été 
publié à Vienne dans les Mines de l'Orient 
(Fundgraben des Orients, t. II). Ebn Khale- 
doun y présente des assertions qui d'abord 
semblent contradictoires; car il dit dans un 
endroit qu'avant Mahomet les Arabes brillaient 
dans l'improvisation poétique par la variété 
des rhythmes, la richesse des images et l'har- 
monie euphonique, ainsi que par les chants 
qu'ils y appliquaient; et dans un autre passage, 
il avoue que la vie nomade de ces peuples ne 
leur avait pas permis de faire plus de progrès 
dans la musique que dans les autres arts. Tou- 
tefois cette contradiction disparaît si l'on se 
souvient du génie éminemment poétique ma- 
nifesté dans tous les temps par les peuples 
orientaux, et du charme de certaines mélodies, 
rêveuses des Arabes j mais, d'autre part, l'ab- 
sence absolue d'enseignement régulier de la 
musique, de méthode et d'éducation musicale; 
l'ignorance où sont ces peuples des relations 
harmoniques des sons, et l'imperfection des 
instruments, démontrent que l'idée d'art et de 
progrès n'a pas de signification pour eux. 
Lorsqu'ils chantent ou s'excitent à la danse 
par les rhythmes de leurs instruments, ils sa- 
tisfont un besoin de leur organisation ; ils ont 
des inspirations instinctives; mais la musique, 
au point de vue d'art, telle que la conçoivent 
les populations civilisées de l'Europe, n'a ja- 
mais existé chez celles dont parle khaledoun. 
KIIAYLL (Joseph), né le 20 août 1781, à 
llerzmanmiestec, en Bohême, apprit à jouer 
de tous les instruments à vent chez un musicien 
de Vienne, nommé Neustadt, et fit particuliè- 
rement de rapides progrès sur le hautbois. La 
variété de ses talents lui procura une place de 
chef de musique d'un régiment, et pendant 
longtemps il la remplit avec honneur; mais 
l'a fiai Misse ment prématuré de ses forces l'obli- 
gea à demander sa retraite. Il entra alors à 
Topera de la cour comme hautboïste solo, et, 
en 181*3, il fut attaché à la chapelle impériale. 



Une maladie de poitrine, dont il portait le 
germe, l'obligea bientôt à renoncer à l'instru- 
ment sur lequel il n'avait point, dit-on, de 
rival. Cependant l'intérêt qu'inspirait cet ar- 
tiste était si grand, que le maître de chapelle 
Eybler ne voulut pas qu'il connût le besoin à 
la fin de sa carrière, et qu'il lui donna une 
sorte de sinécure dans une place d'alto qu'il 
lui confia, en 1828; mais le mal empira rapi-» 
dément, et le 24 janvier 1829, Khayll cessa 
d'exister, laissant un fils qui semblait destiné à 
se faire un nom comme pianiste et qui débuta 
brillamment dans les concerts de Vienne , 
en 1829, 1 830 el 1851, maisqui, bientôt après, 
suivit son père dans la tombe. On ne connaît 
aucune composition de Joseph Khayll pour le 
hautbois. 

KHAYLL (Aktoike), frère du précédent, 
né le 7 avril 1787, reçut la même éducation 
que son frère, mais le piano et la trompette 
furent les instruments sur lesquels il se dis- 
ti ngua. Sa nomination de trompette à l'Opéra 
de la cour et à la Chapelle impériale lui assura 
une existence paisible. Il était encore plein de 
force lorsqu'une atteinte d'apoplexie l'enleva 
à sa famille, le 28 avril 1834. 

KIIAYLL (Alois), troisième frère de ce 
nom, est né le 5 juin 1791 . Son talent de pre- 
mier ordre, comme flûtiste, l'a fait admettre à 
l'Opéra de la cour et à la Chapelle impériale, 
comme ses frères. On assure que l'ensemble 
résultant du talent de ces artistes donnait 
l'idée de la perfection ; cet ensemble se faisait 
surtout remarquer dans des morceaux con- 
certants composés par Weiss pour eux, avec 
hautbois, flûte et trompette. M. Aloïs khayll 
a composé quelques morceaux de concert 
agréables, entre autres des variations bril- 
lantes pour flûte et piano, Vienne, Trenl- 
sensky. II a été pendant plusieurs années pro- 
fesseur de flûte au Conservatoire de celte ville; 
il occupait encore cette position en 1848. 

K1IISEL (Jean-Jacques), musicien alle- 
mand du seizième siècle, parait avoir vécu en 
Italie, où il a fait imprimer : Libro primo de 
Madrigali e Motetti a 4 e 5 voci, Venise, 
1591, in-4<». 

KIIYM (CiunLEs), dont le nom est écrit 
quelquefois KY1I1N, hautboïste et compositeur 
de musique instrumentale, naquit en Bohême, 
vers 1770, et passa la plus grande partie de sa 
vie à Vienne. Ses talents ne se sont pas élevés 
au-dessus du médiocre. On connaît de lui : 
1° Trois duos pour deux clarinettes, op. 1, 
Augsbourg, 1798. 2° Trois idem, op. 2. ibid* 
5° Collections de danses pour piano, op. 5 cl 4, 



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KHYM - KIENLEN 



2T 



tf&uf., 1709. 4° Marche de Bonaparte, avec 
douze variations pour le clavecin, op. 5, ibid. 
5° Trois duos concertants pour deux flûtes, 
op. 6, ibid. 6° Variations pour violon et alto, 
sur un air allemand, Vienne, 1800. 7° Séré- 
nade pour flûte et alto, ibid. 8° Vingt-quatre 
variations pour violon sur un air allemand, 
avec accompagnement de viole et basse, ibid. 

KIALMARK (E.), né en 1781 à Lynn^ 
Régis, dans le comté de Norfolrk, est fils d'un 
officier suédois, et d'une mère anglaise, fille 
de M. Banks. Resté orphelin et sans appui, il 
se livra à l'étude de la musique pour faire sa 
profession de cet art. Son premier maître fut 
un Allemand qui avait moins de talent que de 
vanité-, mais plus tard il devint élève de Bar- 
thélemon, de Cobham et de Spagnoletti pour 
le violon, et leurs leçons le mirent en état 
d'occuper une place dans les orchestres. 
En 1805, un mariage avantageux lui permit de 
rompre ses engagements comme*symphoniste 
et de se livrer à renseignement du piano. Vers 
le même temps, il a commencé à publier quel- 
ques morceaux de piano qui ont été recherchés 
en Angleterre. La nomenclature des airs va- 
riés et des petites pièces pour le piano qui 
portent son nom, est très-étendue j toutes ces 
légères productions ont été gravées à Londres; 
elles sont maintenant tombées dans l'oubli. 

KICHLEU (Martin), professeur de piano 
à Vienne, vers 1850, est auteur de plusieurs 
morceaux pour cet instrument, et d'une mé- 
thode complète, théorique et pratique inti- 
tulée : Follstxndiges theoretisch-praktisches 
Lehrbuch in Piano fortespiele, op. 1 2, Vienne, 
llaslinger. 

HIEFH ABER (Jean Cfurles-Siecmuhd ou 
Sigismord), assesseur royal de la commission 
des archives et archiviste-adjoint à Munich, 
fut longtemps professeur à Nuremberg, où il 
était né. Écrivain laborieux, il est auteur d'un 
grand nombre de dissertations historiques et 
archéologiques qui sont estimées. II a publié, 
à l'occasion de l'anniversaire de la Réforma- 
tion : Sendschreiben Dr. Martin Luthers an 
Ludwig Senfel, herzogl. baierische Hofmu- 
sikus in Miïnchen. Zum Andenken der Ge- 
dxchtnissfeier der von Luther vor 500 jahren 
bewirkten Kirchenverbesserung auss Neue in 
den Druck gegeben und mit einigen Zusxtzen 
versehen, in Beziehung auf Luthers Liebe 
zur Musik und Singhtnst (Lettres originales 
du dr. Martin Luther à Louis Senfel, musicien 
de la cour du duc de Bavière, etc.), Munich, 
1817, in-8°. Ce recueil a de l'intérêt pour l'his- 
toire de la musique en Allemagne, au seizième 



siècle. On a aussi de Kiefhaberunc notice fort 
bien faite et riche de renseignements sur les 
célèbres luthistes et fabricants de luths, H ans 
Gerle y de Nuremberg (voyez ce nom). Celle 
notice a été publiée dans la Gazette générale 
de musique de Leipsick (ann. 1816, p. 509 
et 525). 

KIEL (Auguste), fils d'un ancien téqor et 
professeur de musique à Brunswick, naquit 
dans cette ville, vers 1815. Après avoir reçu 
de son père les premières instructions concer- 
nant la musique, il choisit le hautbois pour 
instrument et cultiva la composition. Son 
premier ouvrage publié est un recueil de six 
Lieder à voix seule avec accompagnement de 
piano, Hanovre, A. Nagel, 1859. Déjà, depuis 
plusieurs années, Kiel était entré comme haut- 
boïste dans la chapelle royale de Hanovre. 
Depuis lors, il a conservé celle position. Plu- 
sieurs compositions pour le chant ont suivi 
son premier ouvrage. Son œuvre 14 e est un 
Concertstiicke pour hautbois et orchestre (ré- 
citatif, adagio et polonaise), Hanovre, Nagel, 
et son œuvre 17 e , une Elégie pour hautbois ou 
clarinette et piano, Hanovre, Bachmann. 

KIEIXIIHGEU (JosEPn-MELcnion), premier 
violon de la société philharmonique à GruHz, 
dans la Styrie ; s'est fait connaître par un 
ouvrage intitulé : Theoretische uudpraklische 
Anleitung fur angehende Fiolinspieler nach 
den besten Methodeneingerichtet{lmivuclion 
théorique et pratique pour les violonistes com- 
mençants, rédigée d'après les meilleures mé- 
thodes), Grœtz, J.-F. Kaiser, 1825, in-4°. 

KIENLEN (Jean-Cdristophb), composi- 
teur, né en Pologne, dans la seconde moitié 
du dix-huitième siècle, était chef tf \ > rthe s lre 
du Théâtre national à Presbourg, en 1808. On 
voit dans la Gazette générale de musique de 
Leipsick (an. 25 e , p. 804) qu'il vécut ensuite à 
Berlin sans emploi pendant environ deux ans, 
puis, qu'il fut maître de chant au théâtre royal, 
où il écrivit la musique (ouverture, entr'acles, 
mélodrame et danses) pour le drame en trois 
parties Donna Laura } de Sophie de Knorring, 
sœur du célèbre poète Tieck. Dans l'intervalle 
de ses séjours à Presbourg et à Berlin, il avait 
vécu à Paris pendant quelques années, puis à 
Vienne, où il avait fait jouer, en 1815, son 
petit opéra die Kaiser rose (la Rose impériale). 
Appelé à Pose n, il fut attaché comme maître 
de chapelle à la maison des princes Rariziwili; 
puis il cul la place de directeur de musique du 
théâtre d'Augsbourg, pour lequel il écrivit 
l'opéra Claudine de Fillabellu, sur le poème 
de Gœlhe, et enfin il alla a Munich, en qualité 



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23 



KIENLEN — K1ESEWETTER DE WEISENBRUNN 



de directeur de musique de la cour de Bavière. 
Parmi les ouvrages dramatiques de Kienlen, 
on remarque aussi son opéra Laure et Pétrar- 
que, représenté à Carte ru he en 1830, la mu- 
sique pour la tragédie de Germanicus, exécu- 
tée à Berlin en 1818. Il vivait alors à Baden, 
près de Vienne, et y dirigeait un orchestre de 
danse. Enfin, en 1833, il écrivit la musique 
du drame romantique, intitulé Innocenzia, 
pour le théâtre de Berlin. Il y a lieu de croire 
que l'existence de cet artiste Tut Tort agitée. Il 
est mort à Dessau, en 1830, dans une misère 
profonde. On a publié de sa composition : 
1° Symphonie à grand orchestre, Posen, Si- 
mon . 2° Polonaise avec trio pour piano à quatre 
mains, Berlin, Traulwein. 3 e Deux sonates 
pour piano seul, Paris, Hentz-Jouve. 5° Chan- 
sons allemandes avec accompagnement de 
piano, en recueils et séparées, Leipsick, 
Munich, Vienne et Berlin. 

KIESER (J.-J.), organiste à Erfurt ou 
dans les environs, vers le milieu du dix-hui- 
tième siècle, a laissé en manuscrit une fan- 
taisie avec un trio pour l'orgue, sur le choral : 
Nun lobt meine Seel. 

KIESEWETTER (Jean-Frédéric) , ar- 
chiviste de la chtfmbre des finances, et pre- 
mier violon de la chapelle d'Anspach, naquit 
à Cobourg dans la première moitié du dix- 
huitième siècle. Élève de l'école de Benda, il 
fut considéré en Allemagne comme un des 
meilleurs violonistes de son temps. Vers 1754, 
il fût appelé à Anspach,.et mis en possession 
des places qu'il a occupées jusqu'à sa mort, 
arrivée vers 1780. Ce musicien n'a rien publié. 

KIESEWETTER ( Christophe -Gode- 
froid), fils du précédent, naquit à Anspach 
le 24 septembre 1777, et fut élève de son père 
pour le violon, mais le surpassa dans l'exécu- 
tion des difficultés. Fort jeune encore il voya- 
gea et fit admirer son talent; il lui eût été 
facile de trouver partout de bons engagements, 
mais son humeur peu sociable lui suscita 
beaucoup de discussions fâcheuses qui le firent 
changer souvent de situation et nuisirent à sa 
fortune. La première ville où il s'arrêta fut 
Amsterdam; puis il alla à Rastadt, où il eut 
de brillants succès ; mais il n'y resta pas long- 
temps. Pendant environ dix-huit mois il vécut 
à Bentheim-Steinfurl, et de là il se rendit à 
Nenndorr, et enfin, vers la fin de 1801, à 
Ballensledt, où il contracta un engagement 
moyennant une somme annuelle de 600 cens 
(2,250 francs). Il en partit en 1803 pour aller 
à Oldenbourg, en qualité «le maître de cha- 
pelle, avec 800 lhalers (3,000 francs) de trai- 



tement. Cette position honorable est celle qu'il 
a gardée le plus longtemps. Il y fit preuve, 
non-seulement d'une grande habileté comme 
violoniste, mais d'un rare talent comme chef 
d'orchestre. En 1815, il alla se fixer à Ham- 
bourg, et y vécut environ six ans. Dans l'hiver 
de 1821, il arriva à Londres, y joua un concert 
philharmonique et fit admirer la puissance de 
son exécution ; mais bientôt la médiocrité in- 
trigante, qui abonde partout, et surtout à 
Londres, usa de tous les moyens pour lui 
nuire, et quoiqu'il se fit entendre de temps en 
temps dans les concerts publics, particulière- 
ment dans les oratorios, il ne put parvenir à 
rien, et mourut dans un état voisin de la mi- 
sère, le 27 septembre 1827. Kieseffetter avait 
en manuscrit plusieurs concertos de sa com- 
position, mais il ne voulut jamais les publier. 
Ils ont été dispersés après sa mort. 

KIESEWETTER DE WEISEN- 
BRUNN (IUphael-Georges), conseiller de la 
cour impériale, référendaire de la haute cour 
militaire, et directeur de la chancellerie, à 
Vienne, est né le 29 août 1773 à Holleschau, 
en Moravie, où son père était médecin. Dès sa 
jeunesse il apprit la musique, le chant et plu- 
sieurs instruments, particulièrement la flûte, 
sur laquelle il acquit un talent distingué. Il 
possédait une belle voix de basse, qui le fit re- 
chercher dans plusieurs sociétés de musique 
vocale. A l'âge de vingt et un ans il fut employé 
dans l'armée impériale placée sous les ordres 
du prince Charles, et y resta depuis 1794 jus- 
qu'en 1801 . Les mouvements de cette armée le 
conduisirent en diverses contrées, particuliè- 
rement en Italie. Après que M. Kiesewetler se 
fut établi à Vienne et y eut été attaché aux 
fonctions publiques qui l'ont successivement 
élevé aux postes honorables qu'il occupa, il 
commença l'étude de l'harmonie en 1803, sous 
la direction d'Abrechlsberger; quelques an- 
nées plus tard, Hartmann lui enseigna le con- 
trepoint. Depuis 1816, son goût pour la mu- 
sique ancienne le porta à recueillir les raretés 
de ce genre et à en former une collection qui, 
sans être nombreuse, offrait cependant beau- 
coup d'intérêt par le choix des objets qui la 
composaient. Son but, en recueillant ces ri- 
chesses d'art, était de s'entourer de documents 
propres à l'éclairer sur divers points de l'his- 
toire de la musique, qu'il se proposait de 
traiter. Ce sont ces travaux qui depuis lors 
l'ont fait connaître avantageusement. Sa tar- 
dive éducation musicale, dans la partie scien- 
tifique, a relardé l'époque de ses premières 
publications; il n'était déjà plus jeune quand 



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KIESEWETTER DE WEISENBRUNN 



«a 



il s'est décidé a livrer à l'impression les pre- 
miers résultats de ses recherches ; mais depuis 
lors, Kieseweller montra beaucoup d'activité, 
et ses ouvrages se succédèrent avec rapidité. 
Il n'allait pas dans le monde, et tout le temps 
que lui laissaient ses fonctions administratives 
était employé au travail. Il y portait une opi- 
niâtreté invincible lorsqu'il rencontrait dans 
les objets de ses études des choses obscures ou 
qui lui semblaient avoir été mal étudiées. Par 
sa grande lecture, et par son esprit de re- 
cherche, il devint un des hommes de son temps 
les plus instruits dans la littérature de la mu- 
sique et dans son histoire. 

Malheureusement Part de généraliser les 
résultats des faits observés manquait à ce sa- 
vant distingué ; il avait de l'érudition dans les 
détails de la théorie de l'art et dans ceux de 
son histoire, mais les lois philosophiques aux- 
quelles ces détails sontsoumis ne furent jamais 
aperçues par lui. D'ailleurs, certains points 
importants et qui dominent toute la science, 
n'avaient pas fixé son attention .d'une ma- 
nière suffisante : tel était, par exemple , le 
principe constitutif de la diversité des tona- 
lités. Prenant son sentiment personnel comme 
le critérium de la vérité en cette matière, il ne 
voulut jamais admettre qu'il y eût d'autre 
sentiment possible, ni qu'il y eût jamais eu 
d'autre tonalité que celle de la musique mo- 
derne. Pour lui , les modes du chant des 
Grecs, les tons du plain-chant, nos gammes et 
nos deux modes étaient la même chose. Cette 
erreur capitale l'a égaré dans ses ouvrages les 
plus importants, particulièrement dans son 
Histoire de la musique moderne de V Europe 
occidentale, et dans ses écrits sur la Musique 
des Grecs moderne, sur la Musique des 
Arabes, et sur la Destinée et nature de la 
musique mondaine depuis le commencement 
du moyen âge, etc., quoiqu'il se trouve, dans 
ces livres, des parties qui font grand hon- 
neur a leur auteur. 

Une autre cause a exercé une fâcheuse in- 
fluence sur les travaux de Kieseweller • elle se 
trouvait dans un sentiment de vanité dont il 
ne pouvait se défendre, et dans une suscepti- 
bilité de caractère qui s'irritait à la moindre 
opposition à ses opinions. Les ouvrages qui 
viennent d'être cités, et plusieurs autres dont 
on trouvera la liste plus loin, ont été écrits à 
l'occasion des déplaisirs causés à ce savant par 
les idées et les vues émises par l'auteur de 
celle notice dans la Revue musicale, dans le 
Résumé philosophique de l'histoire de la mu- 
sique, et dans la Biographie universelle des 



musiciens. Il est de toute évidence que ces 
productions furent le cauchemar des quinze 
ou seize dernières années de la vie de Kiese- 
wetter, et que détruire l'effet qu'elles pou- 
vaient produire sur l'opinion publique fut sa 
pensée fixe: 

Depuis 1816, la maison de Kiesewetter était 
devenue un centre de réunion pour beaucoup 
d'artistes et d'amateurs qui formaient une sorte 
d'académie de musique ancienne, où, pendant 
trente ans, et plusieurs fois chaque année aux 
époques de l'avent, du carême, et particuliè- 
rement de la semaine sainte, on exécutait les 
plus beaux ouvrages de Palcstrina, d'Ailegri, 
de Victoria, de Garissimi, de Léo, d'Alexandre 
Scarlalti, de Jomelli, de Durante, de Pergo- 
lèsc, de Majo et de Lotli, ainsi que ceux de 
Fux, de Caldara, de J.-S. Bach, de Graun et 
d'autres maîtres célèbres. Ces concerts de 
musique classique offraient un vif intérêt aux 
amateurs qui s'y rendaient en foule. 

Justement estimé comme homme et comme- 
savant, Kiesewetter vit sa vieillesse honorée 
par des distinctions auxquelles il attachait un 
grand prix. Mis à la retraite en 1845, après 
cinquante ans de service, H avait été anobli 
quelques années auparavant, en récompense 
de son mérite et de ses travaux. Depuis lors, 
il ajouta le litre de TFeisenbrunn à son nom 
de famille. Il fut membre de la première classe 
de l'Institut des sciences, de la littérature et 
des arts d'Amsterdam ; membre honoraire de 
l'Académie royale des beaux^arls de Berlin ; 
correspondant de l'Académie impériale des 
sciences de Vienne; correspondant du minis- 
tère de l'instruction publique de France, sec- 
tion des travaux historiques; associé hono- 
raire de l'Académie de Sainte-Cécile de Rome ; 
membre de mérite de la Société pour la propa- 
gation de la musique dans les Pays-Bas; 
membre honoraire et vice-président émérite 
de la Société des amateurs de musique de 
l'empire d'Autriche, à Vienne ; membre hono- 
raire des Sociétés musicales de Pesth, de Bude, 
de Prague, de Presbourg, de Gralz et de Kla- 
genfurth. Il est mort le l ep janvier 1850, à 
Baden, près de Vienne, où il vivait dans une 
retraite absolue depuis le mois d'avril 1848, à 
l'âge de soixante-dix-sept ans et après une 
courte maladie. Le 3 du même mois, après les 
obsèques, son corps a été transporté à Vienne 
et inhumé au cimetière appelé Fonder IFaeh- 
renger-Linie^ près de sa femme, qui l'avait 
précédé de quelques années dans la tombe. 

Par une disposition testamentaire, Kiese- 
wetter a légué à la Bibliothèque impériale de 



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K1ESEWETTER DE WEISENBRUNN 



>ienne sa collection d'ancienne musique, 
décrite dans le catalogue qu'il en avait publié 
avant sa mort, sous la condition qu'elle reste- 
rait dans son ensemble et serait exposée dans 
les salles de cette Bibliothèque, sous la déno- 
mination de Fonds de Kiesewetter. Quant à 
ses livres et manuscrits sur la musique, il 
les légua au chanteur de la Chapelle impériale 
Aloys Fuchs, son ami depuis vingt-cinq ans, 
qui ne lui survécut que peu d'années. 

La liste des écrits de Kiesewetter se com- 
pose de la manière suivante : 

I. HlSTOME ET THÉORIE DE LA MUSIQUE : 

1° Die Ferdienste der IViederlander um die 
Tonkunst, etc. (Les mérites des Néerlandais 
dans la musique, mémoire couronné, en ré- 
ponse à cette question mise au concours par la 
quatrième classe de l'Institut royal des Pays- 
Bas, en 1826 : Quels sont les mérites des Néer- 
landais dans la musique, particulièrement 
aux quatorzième, quinzième et seizième siè- 
cles, etc.), publié par le même Institut dans 
le volume intitulé : Ferhandelingen over de 
Fraag : JFelke Ferdiensten, etc., Amsterdam, 
J. Muller, 1829, in-4°, avec des planches de 
musique lith. 2° Geschichte des europxisch- 
abendlxndischen oder unsrer heutigen Mu- 
sik (Histoire de la musique moderne dans 
l'Europe occidentale, etc.), Leipsick, Breit- 
kopf et Haertel , première édition, 1834, 
in-4°, de cent seize pages, avec vingt pages 
de musique; deuxième édition, 1846, in-4°. 
Cette deuxième édition n'est que la première, 
dont on a changé le frontispice. Bottée de 
Toulmon a fait une traduction française de cet 
ouvrage, laquelle est restée en manuscrit jus- 
qu'à ce jour (1862). 3° Ueber die Musik der 
neueren Griechen, nebstfreien Gedanken iiber 
altegyptische und altgriechische Musik (Sur 
la musique des Grecs modernes, avec des pen- 
sées sur cet art chez les anciens Grecs et Égyp- 
tiens, en trois parties), Leipsick, Breilkopf et 
Hsertel, 1838, in-4°, avec des planches. Cet 
ouvrage est la première opposition faite par 
Kiesewetter au succès obtenu par les idées 
nouvelles répandues dans le Résumé philoso- 
phique de l'histoire de la musique, qui forme 
la plus grande partie du premier volume de la 
première édition de la Biographie universelle 
des musiciens. 4° Guido von Arezzo, sein 
Leben und Wirken (Guido d' Arezzo, sa vie 
et ses travaux, avec un supplément sur les 
traités de musique attribués à saint Bernard), 
Leipsick, Breilkopf et 11 sériel, 1840, in-4° de 
cinquante-cinq pages; ouvrage extrait en 
grande partie de la Biographie universelle 



des musiciens, ou paraphrasé. 5° Schicksale 
und Beschaffenheit der weltlichen Gesanges 
vom friihen Mittelalter bis su der Erfindung 
der dramatischen Styles und den Anfxngen 
der Oper (Destinée et nature de la musique 
mondaine depuis le commencement du moyen 
âge jusqu'à l'invention du style dramatique et 
du commencement de l'opéra), Leipsick, 
Breitkopf et Haertel, 1841, in-4°, de soixante- 
six pages avec cent six pages de musique. 
Il y a de bonnes choses dans cet ouvrage ; mais 
il est trop sommaire pour l'importance du 
sujet. 6° Die Musik der Araber nach Origi- 
nalqnellen, etc. (La musique des Arabes, 
d'après les sources originales, avec un avant 
propos, par le baron de Hammer-Purgslalt), 
Leipsick, Breitkopf et Haertel, 1842, in-4°, de 
quatre-vingt-seize pages, avec vingt-quatre 
pages de musique .- seconde opposition de Kie- 
sewetter à la partie du Résumé philosophique 
de l'histoire de la musique qui concerne la 
musique des Arabes ; il y a complètement mé- 
connu le caractère de cet art dans l'Orient. 
Quelques fragments traduits d'ouvrages origi- 
naux par le célèbre orientaliste Hammer- 
Purgstalt forment la partie la plus intéres- 
sante de cette dissertation. 7° Der neuen 
Aristoxener zerstreute Aufsxtze (Mémoires 
épars des Aristoxéuiens modernes sur ce qu'il 
y a d'erroné dans l'Arithmétique musicale, et 
sur ce qu'il y a de vain dans le calcul du tem- 
pérament, recueillis et accompagnés d'une 
introduction historique en forme de préface, 
avec une partie supplémentaire par R. G. Kie- 
sewetter, et publiés par lui), Leipsick, Breitkopf 
et Hœrlel, 1846, in-8°. 8° Sur l'octave de 
Pythagore, supplément à l'ouvrage précédent, 
Vienne, 1848, aux frais de l'auteur, in-8°. 
Kiesewetter publia ces deux mémoires dans le 
but de détruire par la base la théorie de l'har- 
monie établie par l'auteur de la présente 
notice, sur les intervalles attractifs formés de 
demi-tons mineurs, en s'appuyant de l'autorité 
des auteurs modernes qui, à l'exemple d'Aris- 
toxène, ont soutenu que l'octave renferme six 
tons, et que tous les tons sont divisés par des 
demi-tons égaux; lui-même a essayé de dé- 
montrer contre l'évidence, par des calculs de 
sa façon, la solidité de cette fausse doctrine et 
s'est complètement égarédans cette entreprise. 
Averti de ses erreurs- par un de ses amis, ma- 
thématicien distingué, peu de temps avant sa 
mort, Kiesewetter a chargé FischofT (voyez ce 
nom) de veiller à la suppression de ces deux 
écrits; mais son intention n'a été réalisée que 
pour le second. 9°Catalogue de la collection de 



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K1ESEWETTER DE WEISENBRUNN - K1MMERLING 



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partitions de musique ancienne du conseiller 
antique R.-G. Kiesewetter, publié par lui, 
Vienne, 1847, deux parties in-4°. 

II. Dissertations ihséuées daîis divers 
écrits périodiques : 10°Sur l'étendue des voix 
chantantes dans lés ouvrages des anciens 
maîtres, et sur les changements qui ont eu lieu 
dans le diapason {Gazette musicale de Vienne, 
année 1836). 11° Sur la notation de saint Gré- 
goire le Grand (Gazette générale de musique 
deLeipsick, année 1828). 12°Sur Francon de 
Cologne et les anciens auteurs, concernant la 
musique mesurée (ibid). 15° Sur un manuscrit 
inconnu du seizième siècle (ibid., année 1830). 
14° Sur un passage du sixième quatuor de 
Mozart décrié par M. Fétis. (Plusieurs articles 
dans la même Gazelle, sous le pseudonyme de 
le Duc, année 1831). Le passage dont il s'agit 
est l'introduction du quatuor en ut de Mozart, 
qui produit chez tous les musiciens autant 
d'élonnement que de déplaisir, et que Sarti et 
Cherubini appelaient une barbarie. J'avais fait 
voir dans la Revue musicale (année 1830) que 
les duretés de ce passage proviennent de ce 
que l'imitation n'est pas régulière, et j'avais 
démontré qu'en Taisant entrer le premier violon 
un temps plus tard, Mozart, sans rien changer 
à sa pensée, aurait produit une bonne har- 
monie. C'est ce que Kiesewetter appelle décrier 
Mozart. J'ignorais que le pseudonyme Le Duc 
cachait le véritable auteur des articles de la 
Gazette générale de musique ; je répondis 
dans la Revue musicale de 1831 ; mais l'oubli 
des convenances alla si loin, dans le style de 
mon adversaire, que je dus cesser cette polé- 
mique. 15° Les tablatures des anciens instru- 
mentistes, depuis l'introduction de la musique 
figurée et mesurée (en quatre articles, dans la 
même Gazette, année 1851.) 16° Sur l'origine 
de Josquin des Prés (t&td.,1835). 17° Compère; 
fin d'une polémique commencée par M. Fétis 
contre l'auteur du mémoire couronné par 
l'Institut des Pays-Bas (ibid., 1847). 18° Sur le 
chant populaire et mondain dans le moyen 
âge (ibid. 1 836) . 1 0° Sur la période de Francon; 
réplique à M. Fétis (ibid.). 20° Sur la manière 
de mesurer les sons et sur le tempérament 
(dans l'écrit périodique intitulé : Cxcilia, 
année 1832). 21° Sur les instruments de mu- 
sique et sur la musique instrumentale jusqu'à 
l'époque de la musique moderne de chambre 
et d'orchestre (ibid., année 1843). 22° Sur 
l'écriture musicale de saint Grégoire le Grand; 
réponse a l'occasion des lettres de M. Fétis 
sur son voyage en Italie (Gazette musicale de 
Leipsick, 1843). 23° Sur les différentes mé- 



thodes d'harmonie (Revue de Gassner, Caris- 
ruhe, 1843). 24° Sur la nouvelle historique 
musicale (Cœcilia, 1844). 25° Gloses margi- 
nales sur l'article de M. Fétis, concernant 
l'écriture musicale dont saint Grégoire s'est 
servi pour son Anliphonaire (Gazette musi- 
cale de Leipsick) 1845). 26° Le soi-disant tem- 
pérament égal et parfait, sans logarithmes, 
exécuté par une méthode graphique, etc. 
(Cxcilia, 1847). 27° Supplément à la biogra- 
phie d'Astorga (Gazette musicale de Leip- 
sick, 1839). 28° Correction à un critique du 
grand Palestrina (Gazette musicale de 
Pienne, 1843. 29° Les vrais principes de la 
musique grecque (ibid. 1841). 

III. Analyse et critique : 30° La musique 
grecque dans ses principes; anti-critique de 
Diieberg (ibid. 1841). 31° Notice spr les col- 
lections musicales de la Bibliothèque de Cam- 
brai, par E. de Coussemaker (Csecilia, 1844). 
32° Modes du pi a in -chant romain, par Séb. 
Stehlin (ibid. 1842). 33° Ottaviano dei Pc- 
trucci da Fossombrone, premier inventeur 
de la typographie de la musique par les carac- 
tères mobiles, par M. Ant. Schmid (dans les 
Feuilles de tienne pour la littérature et l'art, 
en 1846). 

IV. Ouvrages non publiés : 34° L'enseigne- 
ment des accords développé d'après le système 
de l'harmonie fondamentale, avec une table 
de toutes les prolongations possibles. Mss. gr. 
in-fol., un volume de texte et deux d'exemples, 
ouvrage terminé à Vienne, en 181 1.35° Sys- 
tème de l'harmonie fondamentale, en extraits. 
Mss. gr. in -4° de deux cent huit pages. 
36° Préparations pour l'élude de l'harmonie, 
trois cahiers in-fol. écrits à Vienne, 1811. 
37° Pensées sur la construction et la dispo- 
sition d'un orchestre. 38° Notice sur VAnfi- 
parnasso d'Orazie Fecchi', comme préface à 
un exemplaire de cet ouvrage rarissime et de 
grande importance. 

Kiesewetter a été l'éditeur de l'ouvrage post- 
hume de Kandlcr sur la vie et les ouvrages de 
Palestrina (voyez Kandler), et y a ajouté une 
préface et des notes. 

RIESLING (Jean-François), organiste et 
compositeur, né en Bohême, dans le dix-hui- 
tième siècle, a laissé en manuscrit plusieurs 
ouvrages de musique d'église, parmi lesquels 
Foyta cite des litanies qui se trouvaient à 
l'église de Raudnilz , et qu'il considérait 
comme une de ses meilleures compositions. 

KIJUMERLING (Robert), prêtre et direc- 
teur du chœur de l'abbaye de Mclk, en Au- 
triche, naquit à Vienne, le 5 décembre 1737. 



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K1MMERL1N0 - KINDERVATEll 



Après avoir terminé ses humanités ainsi que 
ses éludes musicales, il entra dans les ordres, 
en 1759, fit ses études de théologie à l'Uni- 
versité de Vienne, et prononça ses vœux au 
monastère de Melk, où il fut chargé de la di- 
rection de la musique. En 1701, il fut fait 
préfet des études des novices. Lorsque en 1770 
l'archiduchesse Ma rie- Antoinette, plus tard 
infortunée reine de France, visita l'abbaye de 
Melk avec son frère Joseph II , une sorte 
d'oratorio intitulé : Rebecca, fiancée d'Isaac, 
composé par le P. Kimmerling, fut exécuté 
devant ces princes qui, bons connaisseurs, 
firent présent à l'auteur d'une belle médaille 
d'or, et Joseph II demanda une copie de la 
partition. Possédant une belle voix de ténor, 
habile dans l'art de jouer du clavecin et de 
l'orgue, et savant dans le contrepoint, Kim- 
merling était un musicien accompli. Il a laissé 
en manuscrit des quatuors, trios et duos pour 
des instruments à cordes, des vêpres, hymnes, 
offertoires, graduels, litanies, Salve Regina, 
Te Deum et plusieurs messes, dont une à huit 
voix (en uf), en deux chœurs, que Haydn con- 
sidérait comme un chef-d'œuvre. Le P. Kim- 
merling est mort à Melk, le 5 décembre 1799. 
KINDERLKXG(JEAK-FaÉDéRic-AuGUSTE), 
né à Magdebourg, en 1743, fut d'abord pro- 
fesseur à Kloslerbergen , en 1768, et deux 
ans après recteur dans le même lieu. En 1771, 
on l'appela comme prédicateur à Schwarlz, 
près de Colbe, et trois ans plus tard il fut 
diacre et magister dans celte dernière ville. 
En 1797, il fut appelé à Magdebourg, en qua- 
lité de prédicateur et recteur. Il est mort dans 
cette ville, le 23 août 1807. Parmi ses nom- 
breux écrits on remarque : Nœthige Berichti- 
gung der kurzen wehrhuflen Geschichte der 
xltesten deutschen Kirchengesxnge des 
Herrn O. K. R. Tellert besonders von 
D. Martin Luther (Correction nécessaire 
de la courte et véritable histoire des chants 
d'église allemands les plus anciens, par 
M. O. R. R. Tcller, etc.), Dessau, 1782, in-4°, 
sans nom d'auteur. Un manuscrit trouvé dans 
ses papiers a été publié sous ce titre : Kri- 
tisches Betrachtungen ûber die Verzug- 
lichsten alten, neueren und die verbesserten 
Kirchenlieder (Considérations critiques sur 
les meilleurs chants d'église anciens, nou- 
veaux et perfectionnés), Berlin, 1813, in-8°, 
<lc cent quatre-vingt-dix-sept pages. ' 

KINDERMANN (Jeah-Éiushe), né à Nu- 
remberg, le 29 mars 1616, fut un des plus cé- 
lèbres organistes de son temps , et remplit 
ses fonctions à l'église Saint-Égide, dans sa 



ville natale. Il mourut le 14 avril 1655. Ce sa- 
vant musicien a publié de sa composition : 
1° Musica Catechica, oder Catechismus auf 
die 6 Hauptstûcke detselben gerichtet (Mu- 
sique catéchétique, ou catéchisme (musical) 
composé sur les six articles principaux, avec 
deux chants avant et après le repas, etc., à cinq 
voix avec basse continue), Nuremberg, 1646, 
in-4°. 2° Harmonia organica per tabula- 
turam germanicam composita (consistant en 
quatorze préludes, huit fugues pour l'orgue, 
deux préludes et un Magnificat du huitième 
ton), Nuremberg, 1645. 3° Ncu-verstitnmte 
yiolen-lust mit 3 V iolen nebst einen Gène- 
ralbass (Récréations de violes accordées d'une 
manière nouvelle, pour trois violes et basse 
continue), Francfort, 1652. 4° Dilberrns 
EvangelischerSchluss Reimen derPrediglen, 
1 , 2 und 3ten Theit mit drey Stimtnen , 
neml. 2 Discanlen und einem Bass, zu einem 
Positiv, Régal, Spinet, Clavicymbel oder 
Theorbe (Rimes finales des sermous évangéli- 
ques de Dilberrn, première, deuxième et troi- 
sième parties à trois voix, savoir deux, dessus et 
basse, avec un positif, régal, épinelte, clavecin 
ou théorbe), Nuremberg, 1652. 5° Quatre suites 
de sonates et de canzones pour l'orgue ou le cla- 
vecin, ibid.y 1653. Q°Musicalisc/ierFclder und 
TFxlderfreund ; mit einer singenden Slimme, 
neben dem Basso-Generali fur einen Orga- 
nisten, Theorb-oder Lutenislen, accommo- 
dirt und componirl (Ami musical des champs 
et des bois, composé et arrangé pour une voix 
chantante et basse continue à l'usage d'un or- 
ganiste, d'un théorbiste ou d'un luthiste), 
Nuremberg, 1643. La Bibliothèque royale de 
Berlin possède de cet artiste un motet à huit 
voix avec instruments sur la mélodie chorale : 
Uerr Gott dich loben wird, en tablature alle- 
mande. J'ai examiné ce morceau, qui est fort 
bien fait. 

KINDERMAIW (Auguste), chanteur dra- 
matique distingué, est né à Berlin, le 6 fé- 
vrier 1816. Engagé d'abord comme choriste 
et chanteur de petits rôles au théâtre royal 
de celle ville, il alla au théâtre de Leipsick 
en 1839, et s'y fil remarquer à son début par 
la beauté de sa voix de baryton. Après huit ans 
de succès dans cette position, il accepta, en 
1847, la place de premier baryton au théâtre 
royal de Munich. 

KINDEUVATER (Jean-Hekri), assesseur 
du consistoire et pasteur de Saint-Biaise, à 
Nordhausen, né à Kelbra, près de Franken- 
liauscn, le 4 avril 1675, alla, en 1696, à l'Uni- 
versité de Jéna, fut magister en 1700, diacre 



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KINDERVATER — K1NG 



33 



àErfurt en 1703, trois ans après pasteur dans 
le même lieu, et enfin assesseur à Nordhausen, 
où il mourut le 3 octobre 1736. Dans un de 
ses ouvrages, intitulé : Gloria templi Blasiani 
(Nordhausen, 1724, in-8°), il a donné une 
description de l'orgue de cette église (p. 09 et 
suiv.). Il a laissé aussi en manuscrit un traité 
de musique de neuf feuilles qui a pour titre : 
De muiica Litteraloribus necessaria. Cet 
ouvrage, qui avait appartenu à Reichardt, est 
devenu la propriété de Gerber, auteur des 
Dictionnaire des musiciens. Il se trouve 
aujourd'hui dans la Bibliothèque de la So- 
ciété impériale des amis de la musique, à 
Vienne.. 

HINDI (El), auteur arabe de six traités de 
musique indiqués par le baron Uammer-Purg- 
stall (Jahrbiichern der LUeratur, t. XCI, 
troisième trimestre). Le premier de ces ou- 
vrages traite de la composition (des modes) $ 
le second, de l'ordonnance des tons; le troi- 
sième, des éléments de la musique; le qua- 
trième est un traité sur le rhythme; le cin- 
quième, une description des instruments; le 
sixième est relatif à l'accompagnement mu- 
sical des poésies (la mélodie). El Kindi est le 
plus ancien écrivain arabe sur la musique j 
il mourut Tan 348 de l'hégire (863 de l'ère 
chrétienne). 

KINDSCHER ( Jbah-Louis-Gottfbibd), 
né à Dessau, le 14 octobre 1764, fit son édu- 
cation musicale sous le directeur de musique 
Rust, et fut professeur à l'École supérieure de 
cette ville, et organiste de l'église du château 
et de la ville. Il y est mort, le 30 octobre 1840. 
On a publié sous son nom les ouvrages sui- 
vants : 1° Vingt-quatre chansons allemandes 
à voix seule, avec accompagnement de cla- 
vecin, Dessau, 1703. 3° Chansons courtes avec 
accompagnement facile pour piano, Leipsick, 
1801, in-4°. ô° Anweisung zu Ausweickungen 
in aile Dur-und Molltonarten in Behand- 
lung der einzelnen Tome des verminderten 
Sep timen- Accords durchHUlfe desSemitonii 
modi (Instruction sur les modulations dans 
tous les tons majeurs et mineurs, etc.), Des- 
sau, 1813. Nouvelle édition corrigée, ibid., 
1814, in-fol. 4° Anleitung zum Selbstunter- 
richt in Clavier-und Orgelspielen, in beson- 
derer Hinsicht auf ricktige Kenntniss und 
Behandlung bezifferter Ckorxle , auch For- 
und Zwischenspiele su desselben. Eine vor- 
bereitung zum Generalbass und Fortsetzung 
meines Semitonii modi oder Antceisung su 
Ausweichungen, etc. (Méthode pour apprendre 
soi-même à jouer du piano et de l'orgue, etc.), 

»I06B. IIMV. DES MUSICIENS. T. V. 



Leipsick, Uofmeisler, 1817, in-4°decinquante- 
deux pages avec deux planches. Une deuxième 
édition améliorée a été publiée en 1830, 
ibid. 

KINDSCHER ( Hbhhj-Cbarles-Louis ) , 
fils du précédent, né le 16 octobre 1800, à 
Dessau, reçut de son père les premières leçons 
de piano et d'harmonie, et alla à Leipsick, en 
1830, compléter son instruction musicale chez 
Schicht {voyez ce nom). De retour à Dessau, il 
succéda à son père, en 1834, dans la place de 
professeur de chant au Gymnase (collège). 
Quatre ans après, il entra dans la chapelle du- 
cale comme flûtiste, et en 1837 il eut la place de 
son père, comme professeur de musique au 
Séminaire. Il continua de remplir ses deux 
places au Gymnase et au Séminaire jusqu'en 
1854, où il fut appelé à Cœthen, pour enseigner 
la musique dans le Collège qui y était nouvel- 
lement érigé. Kindscher a fait insérer dans 
la Gazette générale de musique de Leipsick 
(an. 1847, p. 596) une Esquisse sur la mu- 
sique et sur l'art en général. Dans le même 
journal (an. 1848, p. 330), il a fait une criti- 
que sévère du livre de L. Kraussold (voyez ce 
nom) sur l'ancien chant choral protestant, sa 
construction rhythmique et sa restauration. 
Kraussold se servit du même recueil pour faire 
paraître une anticritique très-solide {ibid., 
p.' 744), et la polémique fut close par une 
longue réplique de Kindscher, publiée dans le 
n° 49 de la même gazette, p. 785. On a de cet 
artiste : 1° Vingt Lieder à trois voix, Leipsick, 
Freise. 3° Douze Lieder pour un chœur à quatre 
voix, ibid. 

RING (Robert), bachelier en musique à 
Cambridge, en 1696, fut un des musiciens at- 
tachés au roi Guillaume III. Il a composé 
plusieurs airs qui ont été insérés dans la col- 
lection intitulée : Tripla Concordia, et a mis 
en musique quelques chansons insérées dans 
le Théâtre ofMusic. 

KING (William), organiste et composi- 
teur du nouveau Collège d'Oxford, vers la fin 
du dix-septième siècle, a mis en musique le 
poème de Cowley, intitulé : La Maîtresse 
(Mistress), et a publié cet ouvrage sous ce 
titre : Poems of M. Cowley and others, corn- 
posed into songs and ayres, with a Tho- 
rougit-basse for the Theorbo , Lfarpsicor 
(Harpsichord) or Base-violl (Poèmes de 
M. Cowley et autres, composés sous la forme 
de chansons et d'airs, avec basse continue pour 
le théorbe, le clavecin ou la basse de viole), 
Oxford, 1688, in-fol. Gerber, Choron et 
Fayolle sont tombés dans une plaisante mé- 



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31 



KING — KINKl 



prise au sujet de Ring et de son ouvrage : 
1 rompes vraisemblablement par le litre du 
poème de Cowley (Mislress), ils ont lu Mis- 
tris s, et disent que Ring a rédigé sa composi- 
tion pour madame Cowley. Or, Anne Cowley, 
auteur dramatique, n'a vu le jour qu'en 1745, 
et a cessé de vivre seulement en 1809, c'est-à- 
dire cent vingt ans après la publication du 
recueil du musicien anglais. 

KING (Charles), musicien anglais de peu 
de mérite, a cependant exercé une certaine in- 
fluence en son temps. Élevé parmi les eufants 
de chœur de Saint-Paul, sous la direction de 
Blow, il devint ensuite un des premiers chan- 
tres de cette cathédrale, et fut admis, en 1704, 
au grade de bachelier en musique à l'Univer- 
sité d'Oxford. Après la mort de Clark, il fut 
nommé aumônier et maître des enfants 'de 
chœur de Saint-Paul. En 1750, on l'éleva à 
la dignité de vicaire. Il lui fut permis de cu- 
muler avec ces places celle d'organiste de 
l'église paroissiale de Sainl-Bennet-Fink, à 
Londres. Il conserva tous ses emplois jusqu'à 
sa mort, arrivée au mois de mars 1745. Un 
grand nombre de services pour l'église sont 
connus sous son nom, ce qui a Tait dire au doc- 
tcur Greene, en plaisautant, que M. King 
était un homme très-serviable. Quatre an- 
tiennes de sa composition ont été insérées dans 
V If ar monta sacra, de Page, et deux autres 
dans la Sacred Music, de Stevens. 

KING (M. -P.), pianiste et compositeur an- 
glais, vécut à Londres dans les vingt dernières 
années du dix-huitième siècle, et au commen- 
cement du dix-neuvième. Il a beaucoup écrit 
pour le théâtre anglais, et a publié des sonates 
et d'autres pièces pour le piano. On connaît 
sous son nom les opéras suivants : Faite alarme 
' (les Craintes supposées). 2° Invisible Girl 
(la Fille invisible). 3° Matrimony (le Mariage). 
4° One o'Clock (Une heure). 5° Timour the 
Tartare (le Tarlare Timour). II a aussi publié 
deux livres de chansons et de cantates, un re- 
cueil de glees à trois voix et des duos. Parmi 
ses œuvres de musique instrumentale, on re- 
marque : 1° Trois sonates pour le piano, op. 1, 
Londres, Clemenli. 2° Trois idem, op. 2, ibid. 
Z° Plusieurs sonates séparées. 4° Trois idem, 
op. 5, ibid. 5° Trois rondeaux indiens, op. 13, 
ibid. 6° Quintette pour piano, flûte, violon, 
alto et basse, op. 10, ibid. 7° Trois rondeaux 
pour piano seul, op. 22, ibid. 8° Divertisse- 
ment idem, op. 24, ibid. King s'est fait con- 
naître comme écrivain didactique par plusieurs 
ouvrages élémentaires pour renseignement du 
l'harmonie, de l'accompagnement etdu chaut. 



dont voici les titres : Thorough base mode 
clear to every capacity (la Basse continue 
éclaircie pour toutes les intelligences), Lon- 
dres, 1796, grand in-4°. Cet ouvrage est un 
assez bon manuel pratique, qui renferme des 
instructions sur la manière de traduire sur le 
piano une partition d'orchestre. 2 e A gênerai 
treatise on Music, particularly in Harmony 
or thorough-bass, and ils application to 
composition, containing also many and 
essential and original subjects, tending to 
explainand illuslrate the tchole (Traité gé- 
néral sur la musique, particulièrement sur 
l'harmonie ou la basse continue, et son appli- 
cation à la composition), Londres, 1800, in-fol. 
II y a une deuxième édition de cet ouvrage, 
publiée en 1809. Dans la préface de la seconde 
partie se trouve une critique assez dure de 
l'ouvrage de Rotlmann, intitulé : Praclical 
Guide to thorough-bass. 3° Introduction to 
the theory and practice of Singing at firsL 
sight (Introduction à la théorie et à la pra- 
tique du chant à première vue), Londres, 
1806, in-4°. 

RIINRI ou RIIXSKI (Joseph), né à Olmulz, 
en Moravie, vers 1790, fit ses humanités sous 
la direction de son oncle Dominique Rinki, 
professeur et prêtre de l'ordre des Piaristes, et 
dans le même temps étudia la musique. Plus 
tard, il se rendit à Vienne et y fut employé 
comme alto au théâtre Sur-la- Vienne. Il y fut 
chargé de la direction des répétitions et mon- 
tra tant d'intelligence dans cet emploi, que le 
chevalier de Seyfried, alors directeur de mu- 
sique de ce théâtre, se l'adjoignit comme se- 
cond chef d'orchestre. Quelques années après, 
il fut lui-même choisi pour directeur de mu- 
sique du théâtre de la Porte de Cari nt hic, où il 
écrivit la musique de plusieurs ballets d'Au- 
mer, et de quelques pantomimes. Lorsque 
Slœger se chargea de l'entreprise du théâtre 
de Grœtz, il choisit Rinki comme chef d'or- 
chestre j et lorsque cet entrepreneur alla 
prendre la direction du théâtre de Josepbsladt, 
Rinki l'y suivit en la même qualité. Peu de 
temps après, il s'est retiré dans le lieu de sa 
naissance. Parmi ses ouvrages, ceux qui ont 
eu le plus de succès sont les ballets suivants : 
1° La Fête champêtre au bosquet deKisbier. 
2° Le Chevalier dupé. 3° La petite Voleuse. 
4° Les Blanchisseuses. 5° Le Jugement de 
Salomon. 6° La Fêle de l'Amour. 7° La Fêle 
des Grâces. 8° La Fête du Soleil. 9° La Noce 
au Village. 10° Emma. 11° Der Marktrich- 
ter (le Juge du marché). 12° Le Sacrifice de 
Cerès. Rinki a écrit aussi la musique des petits 



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KlNKl — KIRCHER 



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obéras suivants : 1 3° Le Prince et le Ramoneur. 
14* Lorenzo, chef de brigands. 15° Lundi, 
• Mardi, Mercredi (en collaboration avec Gy- 
rowetz et le chevalier de Seyfried). 16° Le 
Quolibet. 17° Le Sultan JFampum. Les airs, 
•ouvertures et enlr'acles de ces ouvrages ont 
été arrangés par différents musiciens pour le 
violon, la flûte, la guitare, le piano, etc. 

KINNER DE SCHERFFEN8TEIN 
(maître Martin), savant, poète et musicien, 
naquit à LeobschUtz, en Silésie, au commence- 
ment de Tannée 1554, étudia à Wiltenberg 
*ous Mélanchton, fut ensuite professeur de 
poésie dans la même ville, puis retourna dans 
le lieu de sa naissance, où il eut le titre de 
secrétaire {archi'grammatus)^ et de musicien 
de la ville. Il mourut à rage de soixante-trois 
ans dans un voyage, à Baumgarten, près de 
Frankenstein, le 24 mars 1597. L'épi la phe de 
ce savant se voit clans l'église de Leobschutz. 
L'ancien livre choral de Breslau contient un 
grand nombre de pièces dont Kinner a fait la 
-poésie et la musique. 

KIRCH(J), musicien, hongrois et compo- 
siteur de danses d'un caractère très original, 
est né dans un village près de Pesth, vers 
1820, et vit 4ans cette ville. Il écrit aussi pour 
le piano des compositions romantiques. Au 
nombre de ses ouvrages, on remarque Zene- 
Abrand (Peintures des sons), pour piano, 
■op. 15, Pesth, Wagner, et Vigadb nj magyar 
Tâncx (Dans magyare pour piano), op. 17, ibid. 

KIRCHBAUER (Alphonse) , bénédictin 
-du couvent de Neresheim, en Souabe, et chan- 
celier de l'évéque de Coire, vivait vers le mi- 
lieu du dix-huitième siècle. Il s'est fait con- 
naître comme compositeur par un recueil de 
sept messes brèves à quatre voix, deux violons 
et basse continue intitulé : Jubilus curix 
cœlettis in terrettri curia, Augsbourg, 1751, 
gravé. Une. deuxième édition corrigée a été 
publiée en 1740. 

KIRCHER (Athanasï), un des plus sa- 
vanls jésuites du dix-septième siècle, et peut- 
être le plus savant de tous, naquit le 2 mai 
1609, à Geysen, près de Fulde. Chargé par ses 
supérieurs d'enseigner la philosophie, puis les 
langues orientales, au Collège de WUrzbourg, 
il fil preuve, dans l'exercice de ses fonctions, 
d'un profond savoir qui s'est ensuite développé 
avec éclat dans les grands ouvrages qui nous 
restent de lui. Ce savant homme offre dans ses 
écrits la réunion bizarre de connaissances éten- 
dues en mathématiques, en physique^ es» his- 
toire naturelle, en philologie, et d'un esprit 
crédule, avide de merveilleux et dépourvu «de 



jugement. Dans ses immenses travaux, le 
faux et le vrai sont entassés pèle- mêle; mai» 
il s'y trouve de bonnes et curieuses choses en 
assez grande quantité pour qu'on se donne la 
peine de les y chercher. Il y a plus de pré- 
vention que de justice dans le dédain que cer- 
tains critiques modernes ont montré pour ses 
ouvrages. Troublé dans sa tranquillité par les 
événements de la guerre de Trente Ans, Kir* 
cher fut obligé de s'éloigner de l'Allemagne. 
Il alla chercher du repos chez les jésuites 
d'Avignon, avec lesquels il passa deux années, 
s'occupant de l'étude de l'antiquité ; puis il se 
rendit à Rome, où le reste de sa vie fut em- 
ployé en travaux gigantesques sur presque 
toutes les branches du savoir humain. Il mou- 
rut eu cette ville, le 28 novembre 1680, à l'âge 
de soixante-dix-huit ans. 

Plusieurs ouvrages du P. Kircher traitent 
spécialement de la musique, ou renferment de 
curieux renseignements pour l'histoire de cet 
art. Le plus important a pour titre : Musur- 
gia universalis , sive ars magna consoni et 
dissoni in X libros digesta. Qua universa 
sonorum doctrina et pkilosophia, Musiac- 
que tam théories quam practicx scientia, 
summa varietate tradilur; admirand* con- 
soni et dissoni in mundo, adeoque universa 
natura vire* effectusque, uti nova, ita père- 
grina variorum speciminum exhibitione ad 
singulares usus, tum in omni pœne facul- 
tate, tum potissimum in Philologia, Mathe- 
matica, Physica, Mechanica , Medicina } 
Politica, Metaphysica, Theologia, aperian- 
tur et démonstrateur y Romae, 1650, deux vo- 
lumes in-fol. Ce long titre fait connaître la 
nature de l'ouvrage, et explique la pensée en- 
cyclopédique qui a présidé à sa rédaction. 
Suivant Sulzer et Forkel, une troisième édition 
de cet ouvrage aurait paru en 1C54 ; mais c'est 
une erreur; il n'y a jamais eu qu'une édition 
de cet ouvrage datée de Rome, et c'est celle de 
1650 ; j'en ai vu plus de trente exemplaires, 
tous portaient cette date. Sulzer et Forkel ont 
confondu avec la Musurgia universalis le 
livre De Arle magnetica, dont la troisième 
édition a été, en effet, publiée à Rome, en 1654. 
Je doute aussi de l'existence de l'édition 
d'Amsterdam, 1662, in fol., citée par le savant 
M. Weiss, dans l'excellent article qu'il a fait 
sur Kircher pour la Biographie universelle 
des frères Michaud. Il existe dans la Bibliothè- 
que royale de Berlin un exemplaire daté de 
Rome, 1699-, deux volâmes in-fol. Je n'ai pas 
vu de mes yeux cet exemplaire, et ne sais si 
c'est une édition différente, ou un simple 

3. 



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86 



K1KCHER 



changement de frontispice. Le premier livre 
traite du son en général, de sa production, de 
sa propagation et de sa nature dans les voix et 
dans les instruments. Le deuxième livre ren- 
ferme beaucoup de choses curieuses, mais 
aussi beaucoup d'autres hasardées, ou complè- 
tement fausses, sur la musique et les instruc- 
ments des Hébreux et des Grecs. Le troisième, 
qui aurait dû être le second, est relatif aux 
proportions numériques des intervalles. Le 
quatrième traite de la division géométrique du 
monochorde. Le cinquième est un traité de 
composition extrait des meilleurs ouvrages 
sur celte matière qui existaient au temps où 
Kircher écrivait. Il y rapporte quelques mor- 
ceaux d'artistes célèbres de celte époque, 
qu'on ne trouve pointailleurs. Bans le sixième 
livre, Fauteur donne la description de tous les 
instruments : ce livre est divisé en quatre 
parties. Le septième est consacré à un examen 
de la nature, des défauts et des qualités de la 
musique ancienne et de la moderne, et traite 
de quelques particularités qui n'avaient pu 
trouver place dans les livres précédents. Tel 
est le contenu du premier volume. Le huitième 
livre, où il est traité de la composition des 
chants, est rempli de beaucoup d'inutilités 
sur les combinaisons des notes, à peu près 
semblable à ce que Mersenne a publié sur le 
même sujet dans son Harmonie universelle; 
mais on pourrait encore tirer de bonnes choses 
des deuxième et troisième parties de ce livre, 
relatives au rhythme poétique appliqué à la 
musique. Le neuvième livre traite des effets 
physiques et moraux sur l'homme en santé et 
dans l'état de maladie, particulièrement de la 
morsure de la tarentule, et de sa guérison parla 
musique. Kircher avait déjà traité ce sujet dans 
son livre sur le magnétisme. Ce livre renferme 
quelques faits intéressants mêlés à beaucoup 
de contes absurdes. Kircher traite aussi dans 
ce livre de l'écho, de ses causes, de la con- 
struction de quelques instruments mécani- 
ques, et de certains automates chantants ou 
jouant des instruments. C'est là qu'il parle 
d'une statue parfaitement isolée, dont les 
yeux, les lèvres et la langue auraient un mou- 
vement à volonté, qui prononcerait des sons 
articulés, et qui paraîtrait vivante. LeP. Schott 
dit, dans sa Magia universalis (t. II, liv. III), 
que Kircher avait eu le projet de faire exécuter 
celle statue pour l'amusement de la reine de 
Suède, Christine; mais qu'il en fut empêché 
par le défaut de temps, ou à cause de la dé- 
pense. C'est surtout dans le dixième livre de 
son ouvrage que Kircher s'est abandonné à 



toutes les bizarreries de son imagination, en 
traitant d'une sorte de musique mystérieuse 
et universelle répandue jusque dans les pierres, 
les plantes, les animaux, l'air et le ciel. Il 
y parle sérieuseir^nt et en détail de la mu- 
sique hiérarchique qu'on entend dans les cieux, 
et où les anges sont distribués en neuf chœurs. 
André Hirsch (voyez ce nom), prêtre luthé- 
rien du dix-huitième siècle, a publié un ex- 
trait du gros livre de Kircher, en un volume 
in-13. De tous les critiques du savant jésuite, 
Meibomius a été le plus dur. On reconnaît son 
à prêté ordinaire dans ces phrases de la pré- 
face qu'il a mise en tête de son édition des au- 
teurs grecs sur la musique : Musicam, grx- 
cam disciplinant, dit-il, quam hactenus 
Grxce doctissimorum virorum vix ullus 
attrectare ausus fuit } sine ulla ferme grxca 
litteratura, nullo Grxcorum musicorum 
lecto, tradere adgressus est vir Cl. Athana- 
sius Kircherus, Fateor non tanlum me mi- 
ratum ex celeberrimo orbis terrarum loco, 
Româ, tantum ineptiarum adferri potuisse ; 
sed etiam à tantx famx viro. Le quatrième 
chapitre du deuxième livre de la Musurgia 
universalis, qui traite de la musique des Hé- 
breux, a été inséré par Ugolipi dans son 
The saur, antiq. Sacr. (t. XXXII, p. S54-41G). 
Le second ouvrage du P. Kircher qui a pour 
objet spécial une branche de la musique, a 
pour titre : Phonttrgia nova, sive conjugium 
mechanico-physicum artis et naturx, Para- 
nympha Phonosophia concinnatum; qux 
universa sonorum natura, proprietas, vires 
effectuumque prodigiosorum causx, nova et 
multiplici experimentorum exhibitione enu- 
cleantur; instrumentorum acustiçorum, ma- 
chinarumque ad naturœ prototypon adap- 
tandarum, tum ad sonos ad remotissima 
spatia propagandos, tum in abditis domo- 
rum recessibusper occultions ingenii tnachi- 
namenta clampalamvesermocinandi modus 
et ratio traditur, tum denique in bellorum 
tumultibus singularis hujusmodi organo- 
rum usus, et praxis per novum phonologum 
deseribitur, Campidoo© (Kempten), 1673, 
in -fol. de deux cent vingt-neuf pages. Cet ou- 
vrage est le développement de quelques parties 
des premier et sixième livres de la Musurgie 
universelle, avec quelques inventions d'instru- 
ments acoustiques dont l'exécution n'aurait 
peut-être pas répondu aux résultats que Kir- 
cher en attendait. Cependant ce livre n'est pas 
sans intérêt : il renferme un certain nombre 
de faits qui paraissaient merveilleux à l'é|K>que 
où- l'auteur écrivait, mais dont on a depuis lors 



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KIRCHER — KIRCHHOF 



ST 



vérifié la réalité, et dont on a trouvé les lois. 
Une traduction allemande de cet ouvrage, inti- 
tulée : Neue Hall-und Thon-Kunst, oder 
mechanische Geheim-Ferbindung der Kunst 
und Natur (Nordlingue, 1684, in-fol.), a été 
publiée sous le nom à'Agatho Carione, qui 
n'est vraisemblablement qu'un pseudonyme. 

Dans son traité du magnétisme intitulé : 
Magnes sive de arte magneticd opus tripar- 
titum (Rome, 1641, in-4°; Cologne, 1643, 
in-4°, et Rome, 1654, in-fol.), Kircber a traité 
au troisième livre : De Magnetismo musicas. 
Il y disserte longuement sur des faits mal ob- 
servés et des suppositions gratuites. On y trouve 
les airs qui, de son temps, passaient pour 
guérir du tarentisme. Enfin, le savant jésuite 
a donné un chapitre rempli de rêveries sur la 
musique hiéroglyphique, dans son célèbre 
livre intitulé : Œdipus «gyptiacus, hoc est 
universalis hieroglyphicx veterum doctrine , 
temporum injuria abolitx , instauratio , 
Rome, 1652-1654, trois volumes in-fol. 

KIHCHGyESSï*ER (Marianne), virtuose 
sur l'harmonica, naquit en 1770àWaghœusel, 
dans le duché de Bade. A peine âgée de quatre 
ans, elle perdit la vue ; néanmoins, douée d'un 
sentiment musical très-actif et de beaucoup 
d'adresse, elle apprit en peu de temps, quoi- 
que sans maître, à jouer quelques petits mor- 
ceaux sur le piano ; ses succès intéressèrent à 
son sort le baron de Beroldingcn^ capilulaire 
de la cathédrale de Spire, qui la confia aux 
soins du maître de chapelle Schmittbauer, de 
Carlsruhe, et qui lui fit présent d'un harmo- 
nica de cent ducats. Après avoir étudié avec 
persévérance les ressources de cet instrument, 
mademoiselle Kirchgœssner parvint à un de- 
gré d'habileté qu'aucun autre artiste n'avait 
atteint avant elle. Au mois de février 1791, 
elle entreprit son premier voyage en Alle- 
magne, accompagnée du conseiller Bossner, 
de Spire, et se rendit d'abord à Munich où 
elle se fit entendre dans quelques sonates, 
quatuors et quintettes, composés pour elle par 
Eichborn. De Munich elle alla à Vienne, où 
elle donna un grand concert au Théâtre Na- 
tional. Son talent produisit une si vive impres- 
sion sur Mozart, que cet homme célèbre écrivit 
pour elle un délicieux quintetlo pour harmo- 
nica, deux violons, viole et basse. Ce morceau 
a été publié longtemps après. Le vieux Van- 
hall écrivit aussi pour celte virtuose quelques 
compositions qu'elle a exécutées dans plusieurs 
grandes villes. Elle ne s'éloigna de Vienne que 
|H>ur se rendre à Dresde, où l'électeur lui fit de 
beaux présents en témoignage de sa satisfac- 



tion. Le compositeur Naumann, qui l'entendit 
aussi dans cette ville, déclara qu'elle était sans 
rivale sur l'harmonica. A Berlin, le roi, ému 
par son talent, voulut l'entendre quatre jours 
de suite, et lui fit donner cent frédérics d'or, 
à quoi la reine ajouta le cadeau d'une montre 
d'or. Vers la fin de 1792, elle quitta Berlin 
pour, aller à Hambourg, où l'admiration pour 
son jeu alla jusqu'à l'enthousiasme. A Copen- 
hague, en Hollande, partout elle recueillit des 
témoignages du même intérêt. Arrivée a Lon- 
dres au commencement de l'année 1794, elle 
y donna son premier concert le 17 mars; son 
succès fut un véritable triomphe. Son séjour 
en Angleterre fut pour elle une source de féli- 
cité, car, outre les richesses considérables 
qu'elle y amassa, elle eut le bonheur de recou- 
vrer la vue, de manière à distinguer les objets 
et les couleurs. Un médecin de Londres fit 
cette cure sans opération, et par le seul usage 
de collyres. Ce fut aussi dans cette ville qu'elle 
fit l'acquisition de l'harmonica dont elle joua 
toujours dans la suite; Frœschel, mécanicien 
allemand, le construisit pour elle. 

En 1796, mademoiselle Kirschgaessner re- 
tourna en Allemagne. Au mois de novembre 
de cette année, elle se fit entendre de nouveau 
à Hambourg; puis elle partit pour la Russie. 
Au mois de mars 1798, elle était à Saint-Pé- 
tersbourg, où elle obtenait de brillants succès. 
De retour dans sa patrie, elle acheta une jolie 
maison de campagne à Gohlis, prés de Leip- 
sick, où elle se proposait de passer le reste de 
ses jours dans le repos, avec ses fidèles com- 
pagnons de voyage, le conseiller Bossler et sa 
femme. Cependant elle entreprit un nouveau 
voyage en Suisse, en 1808; mais arrivée à 
Schaflbuse, elle y fut atteinte d'une inflamma- 
tion de poitrine qui la -mit au tombeau le 9 dé- 
cembre de la même année, à l'âge de trente- 
huit ans. Le 13 de ce mois, elle fut inhumée 
dans le cimetière du couvent Paradis, et un 
service solennel fut chanté à ses obsèques. 

KIRCHHOF (Gooefroid), né à Mtlhlbeck, 
près de Bitterfeld, le 15 septembre 1685, étudia 
dans sa jeunesse le clavecin et la composition 
près du célèbre organiste Zachau, à Halle, et 
fut nommé, en 1709, maître de chapelle du 
duc de Holstein-Glucksbourg, puis, en 1711, 
organiste de l'église des Bénédictins a Qued- 
linbourg. En 1714, il fut appelé à Halle pour 
y remplir les fonctions d'organiste et de direc- 
teur de musique à l'église Notre-Dame, et 
depuis lors, il refusa toutes les places de 
maître de chapelle qui lui furent offertes, ne 
voulant pas quitter celte position. Il la con- 



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38 



KIRCHHOF — KIRCHNER 



serva jusqu'à sa mort, arrivée au mois de 
mars 174G. On a publié de cet artiste VABC 
musical, contenant des fugues et des pré- 
ludes dans tous les tons pour le clavecin, 
Amsterdam, Wilhogel. Gerber possédait aussi 
de Kircfahof des chorals variés et des suites de 
pièces pour l'orgue. 

KIRCHHOFF (...), harpiste allemand, né 
en Saxe, se fixa à Copenhague, et fut attaché 
à la musique du roi de Danemark. Il mourut 
au mois de février 1799, à l'âge de soixante- 
dix-sept ans. Vers 1758, il avait fait un voyage 
en Russie, et s'était fait entendre avec beau- 
coup de succès à Saint-Pétersbourg. On connaît 
de sa composition quelques solos de harpe, et 
six quatuors pour harpe, deux violons et 
basse. Tous ces morceaux sont restés en ma- 
nuscrit. 

En 1838, un chef d'orchestre du Théâtre 
de Breslau, nommé Kirchhoff on Kirchhof 
(Wilhelm), y fit exécuter une ouverture de sa 
composition. On retrouve cet artiste à Ulm, 
en 1847, occupant une position semblable et 
faisant représenter au théâtre de cette ville, 
le 17 décembre, son opéra intitulé : André 
Hofer, en trois actes. Kirchhof était alors 
pensionné comme ancien chef d'orchestre à la 
cour de Sondershausen. On connaît aussi de 
cet artiste des mélodies à voix seule, avec 
accompagnement de piano, publiées à Stutt- 
gard, chez Ebner, à Nuremberg, chez Eudler, 
et à Mannheim, chez Heckel. 

Un autre musicien, nommé Kirchhoff 
(F. F. G.) était, vers 1840, professeur de 
musique à Aix-la-Chapelle, et y a publié plu- 
sieurs recueils de Lieder et de mélodies avec 
accompagnement de piano. 

KIRCUMAIER (Georges-Gaspard), sa- 
vant chimiste et littérateur allemand, né 
en 1635, à Offenheim, en Franconie, fit ses 
études dans les universités principales de l'Al- 
lemagne. Il mourut le 28 septembre 1700. 
Jœcher donne la liste de cent quarante-huit 
ouvrages composés par ce savant. Dans ce 
nombre est comprise une dissertation De Ta- 
rentula, où il parle de la morsure de cet 
insecte, de l'exaltation qu'elle produit, et de 
sa gnérison par la musique. Ce morceau a été 
imprimé avec d'autres dissertations du même 
auteur, à Witlenberg, 1669, in-8°. 

KIRCHMAIER (Théodore), professeur 
de philosophie et adjoint à la faculté des 
sciences de Witlenberg, dans la seconde 
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer 
une dissertation intitulée : Schediasma Phy- 
sicum de viribus mirandis tout consoni, 



Wittenberg, 1672, in-4° de trois feuilles et 
demie. Il y traite : De viribus mirandis tout 
consoni 1° in movendis affectibus; 2° in 
concitandis acrumpendis corporibus; 3° in 
curandis morbis. 

KIRCHNER ( ), cantor à Buchlohc, 

bourg de la Bavière, en 1770, est connu par 
une année complète de musique d'église avec 
orchestre, et par quelques symphonies. Toutes 
ces compositions sont restées en manuscrit. 

KIRCHNER (Jeah-Hehri), fils du précé- 
dent, né à Buchlohe, fit ses premières éludes 
dans quelques collèges du Mecklen bourg, et 
suivit un cours de. théologie à l'Université de 
Jéna. Vers 1798, il se rendit à Rudolstadt, où 
il fut nommé cantor } puis, en 1801, troisième 
diacre. Il a publié un traité élémentaire de 
musique intitulé : Theoretisch-pràktisches 
Handbuch zu einem fur kiinstige Land- 
schullehrer nathigen musikalischen Unter- 
richt (Manuel théorique et pratique de l'in- 
struction musicale nécessaire à un instituteur 
delà campagne), Arnstadt, Langbein, 1801. 
On a aussi du même auteur : 1° Douze airs en 
chœur, deux suites, Arnstadt, Hildebrandt. 
2° Le 149 f psaume, en manuscrit. 

KIRCHNER. Plusieurs musiciens de ce 
nom se sont fait connaître depuis 18*30 : mais- 
tous les biographes allemands gardent le 
silence sur eux. Le premier en date est un- 
chanteur en voix de fausset, né à Hambourg, 
au commencement du dix-neuvième siècle. Il 
vécut quelque temps à Munich et s'y fit con- 
naître comme ténor et comme exécutant sur 
le piano : puis il s'établit à Berlin et y resta 
pendant les années 1824 et 1825. En 1827, il 
se rendit à Vienne et y enlra au théâtre de 
Léopoldstadt. Ce fut alors que, remarquant 
l'étendue, la sonorité et la flexibilité de sa voix 
de fausset, il travailla cet organe factice et 
parvint à lui donner un caractère de voix 
féminine qui produisait une illusion complète. 
Il écrivit sous le titre de La Fausse prima 
donna un opéra en un acte qui fut représenté 
avec succès, à Vienne, à Prague, à Stuttgart! 
et à Kœnigsberg. Le compositeur y remplissait 
le rôle principal, et lui-même fut connu long- 
temps, en Allemagne, sous le nom de La 
fausse Catalani. Il chantait encore au théâtre? 
Léopoldstadt, à Vienne, en 1858; mais après 
cette époque, on ne trouve plus aucun rensei- 
gnement sur lui. 

Un autre compositeur, du nom de Kirchner T 
était directeur de musique au théâtre de 
Strasbourg, en 1854, et y fit représenter un 
opéra intitulé : Les deux Duègnes. Enfin, un 



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KIRCHNER — KIRNBERGER 



39 



pianiste, fécond auteur d'une infinité de petites 
pièces, particulièrement de polkas pour son 
instrument, s'est produit depuis 1840. Cet 
artiste, né à Neukirchen, bourg de la Bavière, 
se nomme JFenceslas Kirchner : il vivait à 
Lemberg (Gallicie), en 1842. 

KIRCIIRATU (Ruiin), chantre de 
l'Église cathédrale de Cologne, vécut dans la 
seconde moitié du dix-huitième siècle. Il est 
auteur d'un livre qui a pour litre : Theatrum 
mutiez choralis, das ist : Kurze und grund- 
lich gelehrte t'erfatsung der Arttinischen 
und Gregorianischen Singkunst , zusam- 
mengetragen und in den Druck gegeben 
von 14. s. ut. (Théâtre de musique chorale, 
c'est-à-dire, constitution solide et /savante de 
l'art du chant arétinien et grégorien, etc.), 
Cologne, Godschalk, 1782, in-4°, de quatre- 
vingt-huit pages, non compris la préface. 

KIRKBIAN (Jba*), musicien hollandais, 
né vers le milieu du dix-huitième siècle, se 
fixa à Londres, en 1782, et y fut organiste de 
la chapelle réformée du rit luthérien. Il 
mourut de consomption à Norwich, en 1790. 
On a de cet artiste : 1° Trois trios pour piano, 
violon et basse, op. 1,La Haye, 1781. 2* Trois 
sonates à quatre mains et une à deux mains 
pour le clavecin, Amsterdam, 1782. 3° Six 
leçons ou sonates pour le piano, op. 3, Lon- 
dres, 1783. 4° Yersets pour les psaumes, com- 
posés pour l'orgue, en collaboration avec 
Recule, ibid. 5° Deux sonates et un duo à 
quatre mains, op. 6, Londres, Preslon. 6° Trois 
sonates pour clavecin et violon, op. C, ibid. 
7° Sonate pour le piano, dédiée à Clementi, 
op. 8, Londres, Clementi. 8" Organ pièces, 
op. 9, ibid. 0° Huit ballades dédiées à la mar- 
quise de Salisbury, op. 10. 10° Quatre rondos 
pour piano seul, op. 14, ibid. 

KIUMAI ER (Wolfgahg), musicien de la 
chapelle de l'électeur de Bavière, mourut à 
Munich,, en 1795. On connaît de sa composi- 
tion des sérénades et des nocturnes àr plusieurs 
instruments. 

KUIM AYEtt (Frédkiuc-Josepji) , fils du 
précédent, a changé l'orthographe de son nom 
en celle de Kirmair. Il naquit à Munich, et 
fit ses éludes musicales sous la direction de 
son père. Destiné au barreau, il suivit d'abord 
des cours de droit, mais son goût pour la mu- 
sique lui fit abandonner celte carrière pour 
celle de pianiste et de compositeur. Après avoir 
longtemps voyagé en France, en Italie, en 
Suisse, en Hollande et en Allemagne, il arriva 
à Berlin en 179o, et y Fit admirer son habileté 
dans l'exécution des traits difficiles, particu- 



lièrement des tierces et des octaves. Ses succès 
lui procurèrent en 1795 l'honneur d'être choisi 
pour maître de piano de la princesse royale, 
depuis lors reine de Prusse. Il fit ensuite des 
séjours de peu de durée dans les cours de 
quelques petits princes d'Allemagne, puis 
accepta un engagement à Cassel, où la musique 
lit sous sa direction de notables progrès. En 
1803, il quitta celte position pour prendre 
celle de maître de concert du duc de Gotha. 
On a publié de sa composition : 1° Sonates 
pour piano avec violon et violoncelle, op. 9, 
13, 21, 22 et 23, Offenbach, André, et Ham- 
bourg, Bœbme. 2° Sonates pour piano seul, 
op. 2, 5, 12, 17, 19, ibid. 5° Pièces détachées 
pour piano, op. 29, Hambourg, Bœhme. 
4° Thèmes variés pour piano, environ trente 
œuvres, chez la plupart des éditeurs d'Alle- 
magne. 5° Grande symphonie pour l'orchestre, 
Berlin, Hummel, 1800. Kirmayer est mort à 
Gotha, en 1814. 

ItlUNDERGER (Jean Philippe) , né le 
24 avril 1721, à Saalfeld, dans la Thuringe, 
apprit dans" cette ville les éléments de la mu- 
sique, du clavecin et du violon, puis alla con- 
tinuer ses études chez J.-B. Rellncr, alors 
organiste à Grœfenrode. En 1738, il se rendit 
à Sondershausen, où il reçut des leçons de 
violon de Meil, musicien de la chambre du 
prince, et chercha les occasions de former son 
goût, en fréquentant la chapelle. Il y fit aussi 
la connaissance de Gerber, élève de Bach, qui 
lui parlait souvent de ce grand homme, et qui 
lui suggéra l'idée de se rendre à Dresde pour 
l'entendre et profiter de ses leçons. Kirnberger 
réalisa en effet ce projet dans l'année 1739, et 
pendant deux ans, il eut le bonheur d'étudier 
sous la direction du plus grand musicien de 
l'Allemagne. En 174 1 , il partit pour Ja Pologne, 
où il demeura pendant dix ans au service de 
plusieurs princes, en qualité de claveciniste, 
puis comme directeur de musique d'un cou- 
vent de filles à Lemberg. En 1751, il retourna 
en Allemagne, et quoiqu'il eût alors plus de 
trente ans, il reprit l'élude du violon, dans le 
dessein d'entrer comme simple symphoniste 
dans la chapelle du roi de Prusse, Frédéric II. 
Arrivé à Berlin vers la fin de la même année, 
il y eut en effet une place, et y resta jusqu'en 
1734. A cette époque, il obtint l'autorisation 
du roi pour passer au service du prince Henri ; 
mais il n'y resta pas longtemps, parce que la 
princesse Amélie le prit pour son maître de 
composition, cl le chargea de la direction de 
sa musique. Kirnberger remplit ces fonctions 
pendant les vingt dernières années de sa vie. 



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40 



klllNBKRGER 



Il mourut à Berlin, dans la nuit du 27 au 28 
juillet 1783, après une maladie longue et dou- 
loureuse. 

Comme organiste, Kirnberger fut imitateur 
du style de Bach. Ses fugues n'ont pas le cachet 
de création qu'on remarque dans celles de 
son maître ; mais on y trouve du savoir et de 
rhabileté dans l'art de développer un sujet, et 
dans les mouvements des différentes parties. 
Il a écrit beaucoup de musique instrumentale 
dont une partie a été publiée, et quelques mor- 
ceaux pour l'église, qui sont restés en manu- 
scrit. Sa musique de clavecin est remplie de 
choses charmantes, d'un goût naturel et d'une 
naïveté élégante. Dans les vingt dernières 
années de sa vie, il s'occupa particulièrement 
de la didactique et de la théorie de l'art. 

On a publié de sa composition : 1° Alle- 
gro pour clavecin seul, ou pour violon et vio- 
loncelle, 1750. 2° Fugue pour clavecin en 
contrepoint double à l'octave, 1760. 3° Chan- 
sons avec mélodies, 1762. 4° Douze menuets 
pour deux violons, deux hautbois, deux flûtes, 
deux cors et basse continue, 1772. 5° Quatre 
recueils d'exercices pour le clavecin, dans la 
manière de Bach, 1761-1764. 4° Deux solos 
pour flûte, 1765. 7° Deux trios pour deux vio- 
lons et basse, 1765. 8° Deux solos pour flûte, 
1767. 9° Pièces de musique mêlée, 1760. 
10° Odes avec mélodies , Dantzick, 1775. 
11° Chansons à Ports, avec accompagnement 
de clavecin, Leipsick, 1774 (seconde édition). 
12° Huit fugues pour le clavecin ou l'orgue, 
Berlin, 1777. 15° Recueil d'airs tle danses 
caractéristiques, consistant en vingt-quatre 
pièces pour le clavecin, ibid., 1779. 14° Chant 
pour la paix, sur un texte de Claudius, ibid., 

1779. 15° Diverses pièces pour le clavecin, 

1780. Kirnberger a été aussi l'éditeur d'un 
choix de pièces de différents compositeurs, 
comme modèles d'harmonie pure, consistant 
particulièrement en duos, trios, quintettes, 
sextuors et chœurs de Graun, quatre volumes, 
Berlin et Kœnigsberg, 1775 et 1774; ainsi 
que des psaumes et chants chrétiens à quatre 
voix, de Jean-Léon Hassler. Il a laissé en 
manuscrit plusieurs morceaux de musique in- 
strumentale, des messes latines, Ino, cantate 
de Ramier, à dix voix, la Chute du premier 
homme, cantate, le 51 e psaume à quatre voix, 
et le 157 e idem, à quatre voix. On trouve de 
Kirnberger, à la Bibliothèque royale de Berlin, 
les ouvrages suivants en manuscrit : 1° Les 
motels : Gott ist unsre Zuversicht (en si 
bémol) ; JFende dich zu mir (en ut mineur) ; 
Erbarm dich unser Gott (en si mineur} ; tous 



ces morceaux sont à quatre voix et orgue ; les 
cantates spirituelles : der Fait der ersten 
Menschen, pour soprano (en si mineur); 
Christusist gesetzes Ende, à quatre voix et 
instruments (en ré majeur) ; des préludes et 
des .fugues pour l'orgue, des sonates de clave- 
cin, etc. Quelques-unes de ces compositions 
sont en manuscrit original. 

Mais c'est surtout comme écrivain didac- 
tique et comme théoricien que Kirnberger 
s'est fait une honorable réputation. Ses idées 
sur la construction rationnelle du système de 
l'harmonie furent plus nettes et plus avancées 
que celles de M arpurg et des autres harmo- 
nistes de la seconde moitié du dix-huitième 
siècle. Le premier, il comprit bien le méca- 
nisme général de la prolongation des notes 
sur la succession des accords, et des modifica- 
tions qu'elles y introduisent; il en exposa les 
principes dans son livre intitulé : Vie wahren 
Grundsxtze sum Gebraueh der Harmonie 
(Les vrais principes concernant l'usage de 
l'harmonie, etc.). Il pourrait y avoir à la vérité 
plus d'ordre dans l'exposé des idées de sou 
système qu'il n'en a mis dans cet ouvrage; 
mais le seul aperçu de sa théorie fut un ser- 
vice immense rendu à la science, et ce fut la 
seule chose réelle faite pour l'avancement de 
cette science depuis la classification des accords 
fondamentaux ctdérivés de Rameau, jusqu'aux 
travaux de Catel. Voici la liste des écrits de 
Kirnberger : 1° Construction der gleichschxce- 
benden Temperatur (Construction du tempé- 
rament balancé), Berlin, 1760, une feuille 
avec une planche. C'est ce même opuscule qui 
a été publié à Paris chez Beaucé, sous le titre 
de Nouvelle méthode d'accorder le piano- 
forte. Le tempérament de Kirnberger a l'in- 
convénient de manquer de simplicité : depuis 
longtemps les accordeurs de piano en ont 
abandonné l'usage. Le général de Tempelhof 
(voyez ce nom) a fait un analyse critique de ce 
tempérament et en a fait voir les défauts con- 
sidérables. 2° Die Kunst des reinen Satzes in 
der Musik, aus sicheren Grundsaslzen /*er- 
geleitel und mit deutlichen JBeyspielen er- 
teutert (L'art de la composition pure dans la 
musique, d'après des principes positifs expli- 
qués par des exemples). Berlin, II.- A. Rolt- 
mann, sans date, un vol. in-4° de 252 pages. 
Une deuxième édition de cette première partie 
parut peu de temps après \ Berlin et Kœnigs- 
berg, G.-J. Decker et G.-L. Hartung, 1774, 
in-4°. Deuxième partie, première section, 
ibid. y 1776, in-4°de 155 pag. Idem, deuxième 
section, ibid. 9 1777, in-4° de 252 pages. 



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KIRNBERGER 



4! 



/<frm, troisième section, ibid., 1779, in-4° de 
188 pages. Kirnberger a reproduit, au com- 
mencement de la première partie de cet ou- 
vrage, son système de tempérament. Vient 
ensuite le traité des accords et de l'harmonie, 
où l'auteur expose sa théorie sur les harmo- 
nies produites par la prolongation. Kirnberger 
y traite aussi de la manière d'accompagner la 
mélodie en général, et les chorals en partie..- 
lier. Les sections VII, VIII et IX de cette 
première partie sont relatives à la modulation 
et aux transitions; les deux dernières, au con- 
trepoint simple. La deuxième partie manque 
d'ordre; sa première division aurait dû être 
l'appendice de l'ouvrage, afin de ne rien in- 
troduire d'étranger entre le contrepoint simple 
qui termine la première partie, et les diffé- 
rentes espèces de contrepoints doubles qui 
remplissent la deuxième division. La troisième, 
où Kirnberger revient sur quelques cas parti- 
culiers de ces contrepoints, et où il traite des 
canons, est incomplète, en ce qu'il n'y donne 
ni les règles ni les exemples des divers sys- 
tèmes de fugues. Toutefois, tel qu'il est, cet 
ouvrage peut être considéré comme un des 
meilleurs traités de composition publiés en 
Allemagne, quoiqu'il y ait plus de méthode 
dans les livres de Marpurg et d'Albrechls- 
berger. 5° Die wahren Grundsxtze zum 
Gebrauch der Harmonie, darinn deutlich 
gezeigt wird, wie aile mœgliche accorde aus 
dem Dreyklang und dem wesentlichen Sep- 
titnenaccord, und deren dissonirende Vo- 
chxlten, herzuleiten und zu erklxren sind, 
al» ein Zusatz zu der Kuntt des reinen 
Satzes in der Musik (Les vrais principes con- 
cernant l'usage de l'harmonie, etc.), Berlin 
et Kœnigsberg, 1773, in-4° de 115 pages. 
Tous les écrivains qui ont parlé de ce livre 
disent que Kirnberger y a réduit l'harmonie 
aux deux accords fondamentaux, parfait et 
de septième. Lui-même, dans ses préfaces, et 
surtout dans celle de ses Principes de basse 
continue, se félicite d'être arrivé à ce degré 
de simplicité. Nul doute qu'il eût atteint le 
dernier terme de la perfection du système 
normal de l'harmonie , si sa prétention était 
fondée en réalité : mais de même qu'il prend 
pour point de départ de l'harmonie conson- 
nante l'accord parfait avec tierce majeure, ou 
avec tierce mineure, ou avec quinte mineure 
(sur le septième degré), de même il considère 
comme accords primitifs les quatre accords de 
septième sol, si, ré, fa; la, ut, mi, sol; si, 
ré, fa, la; ut, mi, sol, si, qui ne lui parais- 
sent différer que par la qualité de leurs inter- 



valles. Il ne s'est pas aperçu que le premier seul 
est un accord primitif qui s'attaque sans pré- 
paration, comme les accords consonnants, et 
que les autres, étant toujours préparés, sont 
nécessairement d'autre nature, et résultent de 
la prolongation réunie au mécanisme de la 
substitution, ou à d'autres circonstances qui, 
toutes, lui ont été inconnues. Ne supposons 
donc point ce qui n'est pas, et n'accordons à 
Kirnberger que ce qui lui appartient réelle- 
ment : la découverte du mécanisme de la pro- 
longation dans les accords qui ne sont point 
modifiés par d'autres circonstances. C'est cette 
découverte que Calel a introduite en France 
dans son traité d'harmonie. Une deuxième 
édition de l'ouvrage dont il s'agit a été publiée 
à Vienne chez Haslinger, in-4°. 4° Grund- 
sxtze des Generalbasses als erste linien der 
Composition (Principes de la basse continue, 
comme premiers éléments de la composition), 
Berlin, Hummel, 1781, in -4° de 88 pages avec 
25 planches de musique. Diverses autres édi- 
tions ont paru à Hambourg, chez Bœhme, à 
Berlin, chezLischke, à Otfenbach, chez André, 
à Vienne, chez Haslinger. Cet ouvrage est le 
développement pratique de la théorie de l'au- 
teur sur la formation et la classification des 
accords. 5° Gedanken iiber die verschiedenen 
Lehrarten in der Composition, als Forberei- 
tung zur Fugenkentniss (Idées sur les diffé- 
rentes méthodes de composition, comme in- 
troduction à la connaissance de la fugue), 
Berlin, 1782, 32 pages in -4°. Il est vraisem- 
blable que cet opuscule aurait été suivi d'un 
traité spécial sur la fugue, comme complément 
de l'art de la composition pure, si la mort ne 
fut venue arrêter les travaux de Kirnberger. 
Dans ce petit ouvrage, il fait l'éloge des livres 
de Berardi, de Bononcini et de Fux sur la 
composition ; mais il vante par dessus tout la 
méthode pratique de J.-S. Bach. frAnleitung 
sur Singkomposition, mit Oden in verschie- 
denen Sylbenmassenbegleitet (Instruction sur 
la composition du chant, etc.), Berlin, 1782, 
85 pages in- fol. Après une dissertation sur le 
chant, Kirnberger a placé quelques odes bien 
traitées dans les différents rhythmes, suivant 
la doctrine des anciens. 7° L'art de composer 
des menuets et des polonaises sur-le-champ, 
Berlin, 1757, in-4°. Une édition allemande a 
paru dans la même année sous ce litre : Ver 
allzeitfertige Menuetten und Polonuisen- 
Componist, Berlin, 1757, 19 feuilles in-4°. 
L'artifice de celle espèce de secret consiste 
dans la combinaison d'un certain nombre de 
mesures de menuets ou de polonaises qu'il 



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4-2 



K1RNBERGER — KIST 



suffît d'assembler de dlvcrser manières pour 
obtenir des morceaux différents. Kirnberger 
est aussi l'auteur de tous les articles sur la 
musique qui se trouvent dans la Théorie des 
beaux-arts de Sulzer. 

KIUSCIIZMEK (Jean-Égide), cantor à 
Schmalkalden , s'est beaucoup occupé des 
moyens de faciliter l'enseignement dans les 
écoles publiques. En ce qui concerne la mu- 
sique, il a publié : 1° Elementar Gesangbil- 
dungslehre, oder die Kunst in moeglichst 
kurzer Zeit Kinder nach Stephani's Méthode 
singen zu lehren (Constitution d'un enseigne- 
ment élémentaire du chant, ou l'art d'ensei- 
gner aux enfants à chanter, dans le temps le 
plus court possible, par la méthode de Sle- 
phani), Ilmenau, Voigt, 1816, grand in-8°. 
2° Clavier-instrumental- M aschine , nebst 
Anhang einer beice g lichen Singmaschine 
nnd eingestreuten Winken eines Elementar- 
stufengangs (Machine instrumentale à cla- 
vier, avec l'addition d'une machine chantante 
portative, etc.), Schmalkalden, 1819, in- 4° 
obi. de 10 pages et 2 planches. 

Kl USC 11 IMG K (...), facteur d'instru- 
ments de musique, né en Bohême, était établi 
à Saint-Pétersbourg, en 1704. Cet artiste, sui- 
vant le Journal de musique de Koch (p. 195), 
faisait déjà à cette époque des pianos orga- 
nisés dont les jeux de flûtes étaient expressifs 
au moyen d'une pédale. 

KIRSTEai (Michel), organiste de la 
deuxième église de Breslau, naquit au mois 
d'octobre 1C82, à Lossen, dans le comté de 
Brieg. Dès son enfance, il montrait un goût 
passionné pour la musique, et avait appris 
seul à jouer des airs de danse sur un tympan on 
que son père lui avait procuré. Destiné à 
exercer la profession de celui-ci, c'est-à-dire, 
à être cordonnier, il ne put obtenir d'abord 
qu'on le mit en apprentissage chez quelque 
musicien de village; mais enfin ses sollicita- 
tions triomphèrent; à l'âge de douze ans, il 
reçut des leçons d'un joueur de tympanon, et 
trois mois lui suffirent pour être en état de 
jouer dans les fêles de village. Plus tard, une 
èpinelle, qu'il trouva par hasard, lui fournit 
l'occasion d'apprendre à jouer sur le clavecin 
des chorals et d'autres mélodies, sans con- 
naître d'autres principes que ceux de la rou- 
tine. Résolu enfin à se livrer sérieusement à la 
culture de la musique, il se rendit à Brieg, 
n'ayant que six thalers (environ vingt-trois 
francs) dans sa poche, pour y étudier sous la 
direction de l'organiste Gaspard Schrœler. Ce- 
lui-ci lui lit signer un engagement pour deux 



ans, puis lui enseigna à lire les notes et lui 
donna quelques principes de doigter du cla- 
vecin. Une place d'organiste dans un village, 
appelé Grond-Jxugnilz , étant devenue va- 
cante, Schrœler y envoya Kirsten dans le 
cours de sa seconde année. Celte position lui 
fit utile, en ce qu'il y prit l'habitude d'accom- 
pagner les mélodies chorales. On construisait 
alors un nouvel orgue dans ce lieu : Kirsten 
profita de cette circonstance pour connaître le 
mécanisme des instruments de cette espèce. 
Ses éludes terminées, il obtint les places d'or- 
ganiste, de maître d'école, de cari Honneur et 
de musicien de ville, à Lœwen. Il y passa qua- 
torze années, qui furent les plus heureuses de 
sa vie, et pendant lesquelles il augmenta beau- 
coup ses connaissances en musique. En 1720, 
on l'appela à Breslau pour y remplir la place 
d'organiste de l'église Sainle-Marie-Iftadeleinc, 
qui lui fut donnée après un concours. Le reste 
de sa vie s'écoula dans ces paisibles fonctions, 
et il mourut avec la réputation d'un organiste 
habile, le "28 juin 1742. Dsns sa jeunesse, il 
avait montré du laleut pour la composition de 
la musique instrumentale, mais ses ouvrages 
sont restés en manuscrit et se sont égarés. On 
n'a imprimé de lui qu'un Te Deum et un Ma- 
gnificat en allemand. 

ItlllSTEIN (Frédéric) fut d'abord orga- 
niste de l'église réformée, puis de l'église du 
château, à Dresde. Il vécut vers la fin du dix- 
huitième siècle. En 1795, il se fit entendre à 
Berlin et y fut considéré comme un habile 
pianiste. On connaît de sa composition : 
1° Trois solos pour piano, op. 1, Offenbach, 
André. 2° Deux idem y op. 2, ibid. 3° Six trios 
pour piano, violon et violoncelle, Leipsick. 
4° Chansons à voix seule avec accompagne- 
ment de piano, Leipsick, Wienbrock. 5° Chan- 
sons pour des réunions joyeuses, à huit voix, 
avec accompagnement de piano, Hambourg, 
Gunther, 1797. 

KIUSTEft (Hekbi), organiste dg la ville 
dans les deux églises principales de Gotha, oc- 
cupait cette position en 1840. On a de lui une 
discussion concernant la question posée dans 
un numéro de la Gazette générale de Leip- 
sick) à savoir, pourquoi il n'y a pas un jeu de 
seize pieds ouverts au moins, dans toutes les 
orgues. Ce morceau a été publié dans la même 
gazelle (an. 1841, p. 583). 

KIST (le docteur F lurent- Corneille), fils 
du célèbre pasteur et orateur Ewald Kist, est 
né à Arnheim, le 28 janvier 1796. Dès l'âge 
de huit ans, il reçut des leçons de piano; quel- 
ques années après, il se livra à l'étude de la 



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KIST 



43 



flûte et du cor. Lorsqu'il eut Ici-mine ses hu- 
manités, il suivit, de 1815 à 1818, les cours 
de médecine de l'Université de Leydc cl reçut 
le diplôme de docteur. La flûte était devenue 
son instrument de prédilection; il en jouait 
avec succès dans les concerts. Vers la même 
époque, il cultiva aussi l'art du chant sous |a 
direction de quelques bons maîtres et se pro- 
duisit comme chanteur dans les concerts de La 
Haye, de Delft et de Dordrecht. Enfin, il étudia 
seul l'harmonie, et reçut des leçons de contre- 
point et de fugue du docteur Bekker et d'un 
élève de Frédéric Schneider. En 1818, M. Kist 
s'établit à La Haye et y exerça la médecine 
jusqu'en 1825. Dominé par son penchant, il 
abandonna sa profession pour se livrer ex- 
clusivement à la musique comme amateur. 
L'hiver, il habitait à La Haye et passait l'été 
dans une maison de campagne près de Delft. 
En 1821, il avait été un des fondateurs et ad- 
ministrateurs de la Société musicale Diligett- 
tia, de La Haye ; en 1829, il créa aussi à Delft 
une société de chant d'ensemble et une sec- 
tion de l'association pour les progrès de la 
musique, dont il fut président jusqu'en 1840. 
Il fut aussi pendant plusieurs années admi- 
nistrateur de la Société Collegium tnusicum 
dans la même ville. Enfin, il établit à La Haye, 
en 1832, la société de chant d'ensemble con- ' 
nue sous le nom de Cxcilia, et deux ans après 
il devint administrateur du concert d'artistes 
Harmonie, dans la même ville. C'est ainsi 
que s'écoulèrent les belles anuées de la vie de 
M. Kist dans une activité incessante pour les 
progrès de l'art. 

Fixé à Utrecht en 1841, il y rédigea jus- 
qu'en 1844 le Nederlandsch muzikaal Tijd- 
schrift , écrit périodique qu'il abandonna 
pour créer et rédiger le journal hebdomadaire 
de musique Cxcilia, qui se publie encore et 
compte aujourd'hui (1862) dix-neuf années 
d'existence. Non-seulement il fit le sacrifice 
de quelques milliers de florins pour assurer le 
succès de cette publication, mais il y consacra 
ses veilles et y fournit un grand nombre de 
dissertations et d'articles, particulièrement sur 
l'histoire de la musique à Utrecht, depuis le 
quatorzième siècle jusqu'en 1831. De 1841 
a 1849, il fut vice-président du concert érigé 
à Utrecht par l'administration de la ville, sous 
le nom de Collegium masicum Vitra jectinum. 
En 1845, il visita l'Allemagne et y fit un sé- 
jour de six mois pour se livrer à l'examen de 
la situation de la musique; les résultats de ses 
observations ont été publiés dans la Concilia. 
Dans la même année, M. Kist devint corres- 



pondant du Zeitschrift filr Dilettanten de 
Gassner, à Carlsruhe, du Signale de Leipsick, 
et de la Teutonia Zeitschrift fiir Mànnerge- 
sang Fereinen de Dresde. En 1847, il créa à 
Utrecht le concert d'amateurs connu sous le 
nom de Symphonie, et deux ans après il éta- 
blit dans sa maison la société de chant Duce 
Apolline. Ses principaux titres honorifiques 
sont : 1° Membre d'honneur du Moxarteum et 
du Dom-Musik Ferein, à Salzbourg, en 1843 ; 
9° de la société de chant Cxcilia, à La Haye, 
en 1844 ; 3° de la Société Historique d'Utrecht, 
en 1847 ; 4° de la société de chant Cxcilia, de 
Nimègue, en 1848 ; 5° de la Société de littéra- 
ture nationale, de Leyde, dans la même an- 
née, et 6° de la société de chant Euphonia, 
d'Utrecht, en 1852. 

Les œuvres musicales de cet amateur, aussi 
zélé que distingué, sont : 1° C fiant de Fan 
Speyk, avec accompagnement de piano. 
2° Hommage à Fan Speyk, cinq quatuors 
pour voix d'hommes, textes hollandais et 
allemand. 3° NeerJande, pour baryton avec 
piano. 4° Notre patriotisme, idem. 5° Huit 
chants, patriotiques avec piano. 6° Thème 
varié pour la flûte. 7° Six chorals pour voix de 
contralto et de soprano, textes hollandais et 
allemand. 8° Six morceaux de chant à trois 
voix, texte hollandais. 9° Les Dernières Pa- 
roles de Nourrit, chant pour voix de basse 
avec piano. 10° Deux romances avec piano. 
11° Cavatine italienne, idem. 12° Gabrielle , 
quatuor pour voix d'hommes. 15° Vingt-cinq 
chants pour une et deux voix, à l'usage des 
écoles. 14° A Anna, mélodie pour voix seule, 
avec piano et violoncelle. 15° Chant du gon- 
dolier, avec piano, texte hollandais. Toutes 
ces productions ont été éditées par Weygand 
et Beuster, à Amsterdam, Dony et C c , à La 
Haye, et par Natan, à Utrecht. 

M. Kist a en manuscrit : 1° Cantate pour 
voix d'hommes, avec solos de soprano et de 
basse et accompagnement d'orchestre. 2° Le 
Pèlerin, cantate pour voix d'enfants, chœurs 
et solos avec piano. 5° Air italien pour voix de 
basse, avec piano et violoncelle. 4° Beaucoup 
de chorals à quatre voix, canons et fugues. 
5° Grand duo pour voix de basse avec piano. 
6° Ernst und Frende, ouverture à grand or- 
chestre, exécutée avec succès, en 1842, dans un 
des concerts Diligentia, à La Haye. 7° Plu- 
sieurs airs italiens pour voix de basse et or- 
chestre. 8° Air italien pour conirallo et or • 
cfaestre. 9° Plusieurs mélodies allemandes avec 
piano. 10° Duo pour soprano et conirallo, t'd. 

Comme écrivain sur la musique, AI. Kist a 



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41 



KIST — KITTEL 



publié : 1° De Toestqnd van het protestant' 
scheKerkgesang in Nederland, benevens mid- 
deUn tôt desxelfs verbetering (la Situation du 
chaut de l'église protestante en Hollande, etc.)) 
un volume in -8° avec planches de musique, 
Utrecht, L.-E. Bosch, 1840. 2° Levensgeschie- 
denis van Orlando de Lassut (Histoire de là 
vie de Roland de Lassus), un volume in -8° avec 
portrait et musique, La Haye, A.-D. Schinkel, 
1841. 5° Grondtrekken van de gesehiedenis 
derMusik door Brendel (Faits principaux de 
l'histoire de la musique, par Brendel, traduit 
de l'allemand, etc.), un volume in-8°, Utrecht, 
Dannenfessel et Doorraan, 1851. 4° Disserta- 
tions sur la musique, dans le journal Am- 
phion, de 1820, et dans le Musikaaltijd- 
schrift de 1856. 5° Une multitude d'articles, 
de dissertations et de notices biographiques 
dans le journal de musique Cscilia, Utrecht, 
1844 à 1861, in-4«. 

KITCHINER (William), docteur en mu- 
sique de l'Université de Cambridge, vivait à 
Londres, au commencement du dix-neuvième 
siècle, et s'y trouvait encore en 1851. Il a fait 
représenter, au théâtre de l'Opéra-Ajuglais , 
Love among the Roses (l'Amour parmi les 
roses), opérette dont la partition pour le piano 
a été publiée. On a aussi de lui un livre inti- 
tulé : Observations on Focal JEf tisse, Lon- 
dres, 1821, un volume in-12. Gomme éditeur, 
il a publié plusieurs recueils d'anciennes chan- 
sons anglaises, d'après des manuscrits, ou d'an- 
ciennes éditions, sous les titres suivants : Sea 
songs of England (Chansons maritimes de 
l'Angleterre), un volume grand in-4°; et 
Loyal and National Songs of England, pour 
une, deux et trois voix, Londres, un volume 
gr. in-4°. 

KITTEL- (Jean-Chrétien), savant orga- 
niste, né à Erfurt, le 18 février 1752, fut un 
des meilleurs élèves de Jean-Sébastien Bacn. 
Sorti de l'école de ce grand, homme, il ne quitta 
Leipsick que pour prendre possession de la 
place d'organiste à Langensalza. En 1756, il 
retourna à Erfurt et y fut nommé organiste de 
l'Église du magistrat. Artiste d'un rare talent, 
il ne parait pas avoir connu lui-même sa 
portée, car sa vie tout entière s'écoula dans 
un 2 place obscure dont les émoluments étaient 
si faibles, qu'il aurait connu les horreurs du 
lx soin vers la fin de sa carrière, si le prince 
primat n'était venu a son secours, en lui ac- 
cordant une petite pension. Il y avait qua- 
rante-quatre ans qu'il était organiste à Erfurt, 
et déjà il était arrivé à sa soixante-huitième 
année, lorsque ses amis lui suggérèrent l'idée 



d'un voyage en Allemagne qui lui procura 
quelques ressources, et qui révéla l'existence 
de son beau talent aux artistes et aux ama- 
teurs de plusieurs grandes villes. Il partit au 
printemps de l'année 1800. A Gœttingue, à 
Hanovre, à Hambourg et a Altona, il provoqua 
l'admira tion de tous ceux qui l'entendirent. Son 
séjour dans cette dernière ville se prolongea 
pendant près d'une année, et il employa la 
plus grande partie de ce temps à faire un livre 
de chant choral pour les églises du Holstein. 
De retour à Erfurt, il y retrouva la monotone 
existence qui, pendant un si grand nombre 
d'années, n'avait eu qu'un seul jour de gloire 
(le 24 novembre 1798), lorsque le digne artiste 
joua de son orgue devant la reine de Prusse, 
le duc de Weimar et les princes de Hombourg 
et de Schwartzbourg-Rudolstadt. Ses derniers 
jours s'écoulèrent paisiblement, et, le 9 mai 
1 1800, il cessa de vivre. Gerber, que j'ai suivi 
dans la première édition de cette Biographie, 
dit que Kit tel mourut dans la nuit du 17 au 18 
mai ; mais Rinck, le meilleur élève de ce grand 
organiste, qui devait bien savoir la date de la 
mort de son maître, la fixe au 9 mai, dans 
son autobiographie imprimée chez Aderholz, 
à Breslau, en 1855. Rit tel ne fut pas seulement 
un organiste et un compositeur de grand mé- 
rite ; il posséda aussi un beau talent sur l'har- 
monica. Parmi ses uombreux élèves, on 
dislingue surtout Hœssler, Umbreit et Fischer. 
L'admiration que Kit tel avait conservée pour 
son maître Bach, était empreinte d'une sorte 
de respect religieux. Il avait hérité d'une partie 
des œuvres d'orgue de ce célèbre artiste, et de 
son portrait peint en grand. La vue de ce*por- 
trait était une récompense qu'il accordait à 
ses élèves. S'il était mécontent de leurs tra- 
vaux, le rideau qui couvrait le portrait ne se 
levait point; mais s'il était satisfait, les éco- 
liers pouvaient alors paraître devant l'image 
du plus célèbre de tous les organistes. Naïf 
hommage, bien différent de l'esprit de déni- 
grement qui accuse aujourd'hui l'ingratitude 
des élèves envers leurs maîtres ! 

Kitlel n'a publié qu'une partie de ses com- 
positions : le reste est resté en manuscrit. 
Voici l'indication de ceux qui ont paru : 1° Six 
sonates suivies d'une fantaisie pour le clave- 
cin, op. 1, Leipsick, Breitkopf, 1787. 2° Va- 
riations pour le clavecin sur le thème alle- 
mand : Nicht so traurig, Nieht so seAr,efc, 
ibid., 1797. 5° Grands préludes pour l'orgue, 
deux parties, Leipsick, Pelers. 4° Vingt-quatre 
préludes faciles pour des chorals, œuvre post- 
hume, Oflenbach, André et Bonn, Simrock. 



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KITTEL - K1TTL 



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5° Vingt-quatre chorals avec huit basses diffé- 
rentes pour chaque mélodie, Offenbach, André. 
6° Variations sur deux chorals (Struf mich 
nichty et Wer nur den lieben Gott), Leipsick, 
Hofmeisler. 7° Der Angehende praktische 
Organist, oder Anweisung %um zvceckmws- 
sigen Gebrauch der Orgel bei Gottesvereh- 
rungen in Beispielen (L'organiste pratique 
commençant, ou instruction sur l'usage de 
l'orgue pendant l'office divin, en exemples), 
Erfurt, Beyer, 1801-1808, première, deuxième 
et troisième parties, in~4° obi. Le portrait de 
Kittel est gravé au titre de la deuxième partie. 
Une deuxième édition améliorée de la pre- 
mière partie a été publiée, en 1808, chez le 
même libraire, in-4°, obi. Une troisième édi- 
tion de tout l'ouvrage a paru dans la même 
ville, chez Otto, en 1831. Cette méthode élé- 
mentaire d'orgue est une des meilleures qui 
existent pour les organistes protestants; on y 
trouve d'excellents préludes. 8° Livre choral à 
quatre parties avec des préludes, à l'usage des 
organistes, Altona, Hammereich, 1803, in fol. 
Il y a deux cents mélodies dans ce recueil. 
Rinck possédait en manuscrit diverses com- 
positions de Kittel qu'il me fil voir, lorsque je 
le visitai à Darmstadt, en 1838. On y remar- 
quait une grande quantité de chorals, avec des 
versets, des introductions et des finales; un 
livre choral à quatre voix ; beaucoup d'exer- 
cices pour l'accompagnement de la basse 
chiffrée, et des préludes d'orgue. 

KITTEL (J eau-Michel) , vraisemblable- 
ment descendant du précédent, est musicien 
à Erfurt. Il s'est fait connaître par les produc- 
tions suivantes : 1° Musikalische Folkschule 
(École musicale du peuple), Erfurt, 1828, 
in-8°. 2° D. merkwurdigste Lebensjahr des 
musikalischen Familie Kittel, oder Kunst- 
Gesang-Reise im jahre 1830, diïrch Frank- 
reieh, England und die Niederlanden, etc. 
(L'année la plus mémorable de la famille mu- 
sicienne Kittel, ou voyage d'art et de chant 
dans l'année 1830, en France, en Angleterre 
et dans les Pays-Bas, etc.), Erfurt, 1852, in-8°, 
premier volume. 

KITTL (Jear-Faédemc), directeur du 
Conservatoire de Prague, et compositeur, est 
né le 8 mai 1800, au château de Worlik, en 
Bohême, appartenant au prince de Schwar- 
zenberg, où son père occupait l'emploi de jus- 
ticier (bailli). Dès ses premières années, il 
reçut une éducation toute musicale et apprit à 
jouer du piano sous la direction du maître de 
musique du château. A l'âge de neuf ans, il fut 
envoyé à Prague pour y fréquenter les écoles. 



et dans sa treizième année, il continua l'élude 
du piano à l'aide des conseils d'un amateur 
distingué, puis il reçut des leçons d'un musi- 
cien nommé Sawora. A l'âge de seize ans, il 
écrivit ses premières compositions, et, sans 
aucune connaissance de la théorie de l'har- 
monie et du contrepoint, il produisit une messe 
et l'opéra en un acte, Daphnie Grab (le 
Tombeau de Daphnis). Un peu plus tard, pen- 
dant qu'il suivait les cours de droit à l'Uni- 
versité de Prague, il étudia l'harmonie chez 
Tomascbek. Après qu'il eut terminé ses études 
de jurisprudence, et pendant qu'il Taisait son 
stage d'aspirant aux emplois des finances de 
l'État auxquels il était desliné, il s'instruisit 
dans le contrepoint par les soins du même 
maître. Au mois de mai 1836, Kitll donna un 
concert, dans lequel il fit entendre plusieurs 
de ses compositions, parmi lesquelles on re- 
marquait un nonetlo, un septuor et des Lieder. 
C'est vers ce moment que les journaux de 
musique le rangèrent parmi les composi leurs 
d'avenir. Dans les années suivantes, il pro- 
duisit trois symphonies, dont une symphonie 
de chasse qui a de la réputation en Allemagne 
et plusieurs ouvertures de concert. Il fil aussi, 
à la même époque, plusieurs voyages dans le 
but de faire connaître ses compositions hors 
de son pays, particulièrement en 1842. La 
résolution qu'il avait prise de se livrer à l'art 
qu'il aimait avec passion, le détermina à se 
retirer entièrement de la carrière des emplois 
publics. Après la mort de Dionys Weber (dé- 
cembre 1842), Kiltl lui succéda dans la place 
de directeur du Conservatoire de Prague : au 
moment où celte nolice est écrite (1862), il 
occupe encore celle position. 

Kiltl a écrit la musique de trois opéras, à 
savoir : 1° JBianca e G iuseppe, ou Je s Français 
devant Nizza, dont le texte est de Richard 
Wagner. 2° JFaldblume (les Fleurs de la 
forêt). 3° Die JSilderstiirmer (les Icono- 
clastes). Une marche du premier de ces ou- 
vrages est devenue populaire depuis 1848, où 
il a été représenté à Prague. Les symphonies 
de ce compositeur ont été exécutées dans les 
concerts à Berlin, Leipsick, Vienne, Prague et 
dans plusieurs autres villes de l'Allemagne. Sa 
première composition de ce genre (en ré mi- 
neur), a été publiée à Leipsick, chez Breitkopf 
et Hœrtel, et la troisième (en ré majeur), à 
Mayence, chez Scholt. La symphonie de chasse 
(en mi bémol) a paru chez Breitkopf et Hœrtel, 
à Leipsick, et la partition en a été gravée. Les 
autres ouvrages de ce compositeur qui ont été 
publiés sont : 1° Ouverture de concert (en re), 



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46 



KITTL — KLAUSS 



op. 22, Leipsick, Kistner. 2° Grand septuor 
(en mi bémol), pour piano, flûte, hautbois, 
clarinette, cor, basson et contrebasse, op. 25, 
ibid. 3" Grande sonate pour piano à quatre 
mains (eu fa mineur), op. 27, Hambourg, 
Schubertb. 4° Trois impromptus pour piano 
seul, op. 17, Berlin, Scblesioger. 5° Six idem, 
op. 18, Leipsick, Hofmeister. 6° Six Idylles 
pour piano seul, op. 1, Prague, Berra. 7° Six 
ûfcm, Vienne, Haslinger. 8* Trois scherzi pour 
piano, op. G, Leipsick, Breitkopf et User tel. 
9° Romance pour piano seul, op. 10, ibid. 
40° Beaucoup de Lieder et de mélodies à voix 
seule avec piano, op. 2, 5, 5, 20, 21, 23, etc. 
Les ouvrages non publiés sont une messe so- 
lennelle pour voix seules, chœur et orchestre, 
exécutée à Prague, en 1844; un nonetlo pour 
piano, flûte, hautbois, clarinette, deux cors a 
pistons, alto, violoncelle et contrebasse; un 
trio pour piano, violon et violoncelle; et di- 
verses autres compositions. 

KLAEKEL (Étiejke), connu sous le nom 
de Patan , violoniste distingué , naquit , 
vers 1753, à Braun, en Bohême, et entra fort 
jeune à l'église des Dominicains de Prague, 
comme enfant de chœur. Il y étudia la mu- 
sique pendant cinq ans, et, dans le même 
temps, fit ses humanités chez les Jésuites. 
Son frère, Czeslaus Klaekcl, direrteur de mu- 
sique à Krummau, devint ensuite son maître 
de violon et lui donna des leçons pendant 
deux ans; puis le jeune artiste se rendit à 
Linz pour y faire sa philosophie, et pour y 
continuer ses études de violon sous la direction 
de Wenzel Kral. Appelé plus tard à Vienne 
comme violoniste du Théâtre impérial, et 
comme maître des concerts du prince d'Auers- 
berg, il se fit bientôt remarquer par son ha- 
bileté extraordinaire. L'empereur Joseph II, 
Tayant entendu exécuter quelques solos, fut 
si satisfait de son talent, qu'il lui dit de de- 
mander une grâce et qu'elle lui serait accor- 
dée; Klaekel exprima le désir d'obtenir un 
congé pour voyager, et l'empereur y consentit. 
L'artiste se rendit à Paris et y resta six mois; 
puis il retourna à Vienne par Ratisbonne, et 
y reprit son service. Quelques années après, 
il eut le titre de maître de concerts du prince 
de La Tour et Taxis, et retourna en Bohême, 
où il mourut, le 19 mars 1788, laissant en 
manuscrit plusieurs' concertos, des sonates et 
d'autres morceaux pour le violon. 

KLAGE (Charles), guitariste, pianiste et 
compositeur, s'est fixé à Berlin, vers 1814. Il y 
■a publié des duos et solos pour guitare, des 
solos, des airs variés, et des danses pour le 



piano, au nombre d'environ vingt-cinq œu- 
vres. Il a fait aussi beaucoup d'arrangements 
pour le piano, particulièrement de symphonies 
de Haydn. En 1858, il fit un voyage à Dresde 
et y publia des chants avec accompagnement 
de piano, op. 5G et 57. De retour à Berlin, 
Kl âge y est mort au mois d'octobre 1850. 
On a de cet artiste : Die Tonleitem der 
DurundMoll Tonarten mitihren Accorden 
und Schluss-Cadensen, mit Fingersatz (les 
Gammes des tons majeurs et mineurs, avec 
leurs accords et leurs cadences finale* et le 
doigter pour le piano, Berlin, Scfalesinger. 
Cet ouvrage a eu deux éditions. 

KLAGE (Maux), fille du précédent, née à 
Berlin, en 1817, s'est fait connaître comme 
cantatrice à Berlin et à Leipsick, en 1838. 
Elle a publié de sa composition Quatre Lieder 
à voix seule avec accompagnement de piano, 
op. 1, Berlin, Schlesinger. 

KLAUSS (Joseph), organiste distingué, 
né à Seelendorf, près de Zittau, le 37 mars 
1775, était fils d'un marchand de fer et de Un. 
Sa mère, fille d'un instituteur, lui enseigna la 
leclure, l'écriture et les principes de la mu- 
sique. Confié ensuite aux soins d'Antoine 
Krelschmer, instituteur à Grunau, près d'Os- 
treitz, il apprit sous sa direction l'orgue et la 
basse continue. Dans sa neuvième année, il 
accompagnait déjà des messes d'une certaine 
difficulté. A onze ans, il fréquenta le Gymnase 
de Kommotau, en Bohême, et depuis 1791 
jusqu'en 1794, il suivit avec distinction les 
cours de philosophie à l'Université de Prague. 
Il fut ensuite employé comme sous-bibliothé- 
caire de celle Université, mais la mort de son 
père, qui arriva le 28 octobre 1794, l'obligea 
à quitter celle position, pour prendre la pro- 
fession de celui-ci. Ses nouvelles occupations 
ne purent diminuer son goût pour les sciences 
et la musique; il continua ses études d'orgue 
et de théorie; ses connaissances dans toutes 
les parties de la musique s'étendirent chaque 
jour, et bientôt il fut l'oracle de lout lo pays 
pour ce qui concernait cet art. Il devint aussi 
un des collaborateurs des gazettes musicales, 
particulièrement de celle de Leipsick, où il a 
fait insérer quelques bons articles, et un canon 
sur le Vtni Sa ne te Spirt'tus (ann. XIX, 
p. 280). L'histoire et la théorie de la construc- 
tion des orgues lui étaient particulièrement 
familières ; il connaissait les détails de dispo- 
sition d'environ trois cent soixante-dix de ces 
instruments ; il savait les noms des facteurs et 
le prix qu'avaient coûté 1150 des meilleures 
orgues de l'Allemagne el de l'étranger; il se 



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KLAUSS — KLEIN 



47 



vanlait aussi d'en avoir joué cent treize. Cet 
nomme laborieux, dont les dernières années 
furent troublées par des souffrances physiques 
presques continuelles, est mort le 1 er mars 
1854. On n'a publié gu'un petit nombre de 
ses compositions, entre autres des duos et des 
trios pour cors, Leipsick, Breitkopf et H sériel. 
Il a écrit pour l'église : 1° Deux Regina Cœli. 
2° Quatre Salve Regina. 5° Un Aima redemp- 
toris. 4° Quatre Ave Maris Stella. 5» Un Veni 
Sancte Spiritus. 6° Six offertoires. 7° Deux 
messes solennelles. 8° Deux messes de morts 
(en mi bémol et en fa). 9° Un Requiem en 
si mineur. 10° Quatorze psaumes. Il Deux 
Magnificat. 12° Quatre cantates pour la Fête- 
Dieu. 13° Quarante-deux chants funèbres, dont 
trente-trois avec instruments. 14° Cinq chants. 
15° Un motel pour enterrement. 10" Sept chants 
pour des bénédictions' nuptiales. 17° Sanctus. 
18° Un Fange linguu à quatre voix. 19 tf Des 
répons à six voix. Klauss a laissé en manuscrit 
pour les instruments : 20° Quelques préludes 
pour l'orgue. 21« Des variations pour piano. 
22 u Des sonates idem. 23° Exercices de doigter 
idem. 24° Nocturne pour cor. 25° Concerto 
idem (en si bémol). 26° Trio pour instruments 
à cordes (en sol mineur). 27° Huit marches. 
28° Douze polonaises. Enfin, il a écrit pour 
la musique vocale : 29° Une cantate. 30° Deux 
cantatilles. 51° Une canzonelte avec chœur. 
o2° Un petit opéra. 

KLAUSS (Victor), organiste et directeur 
de musique à Bernhourg, né dans celle ville, 
le 24 novembre 1805, s'est fait remarquer par 
un talent de bonne école dans l'exécution des 
fugues de J.-S. Bach sur l'orgue et sur le piano, 
ainsi que par ses compositions pour ces deux 
instruments. On vantait particulièrement la 
grande correction de son jeu. Au mois de juin 
1837, il abandonna la position qu'il occupait 
à Bernebourg depuis huit ans pour celle de 
maître de concert et de directeur de la cha- 
pelle du duc de Ballenstedt. En 1847, la 
|H>sition de maître de chapelle de la cour 
d'Annal t-Bernbonrg lui ayant été offerte, il 
l'accepta, et depuis lors il y est resté attaché 
on cette qualité. Plusieurs symphonies de la 
composition de cet artiste ont été exécutées 
à Bernbourg et à Leipsick. Ses ouvrages pu- 
bliés sont ceux-ci : 1° Quatre chants spirituels 
à quatre voix, Halberstadt, C. Bruggemann. 
- )o Choral : O Haupt voll Blut und Wanden, 
\ arié pour l'orgue avec une introduction, op. 2, 
ibid. 3° Deux thèmes variés pour piano, op. 5, 
Prague, Berra. 4° Six pièces d'orgue pour 
l'usage des fêtes solennelles, op. 7, Bonn, 



Simrock. 5» Trois chants à quatre voix, op. 0, 
s&t'd. 6° Chants et Lieder à voix seule avec 
piano, op. 8, Quedlinbourg, Basse. 7° Intro- 
duction et variations sur un air allemand pour 
le piano, op. 9, Leipsick, Hofmeister. 8° Huit 
chants à quatre voix pour soprano, contralto, 
ténor et basse, à l'usage des Instituts de chant, 
op. 10, Magdebourg , C. Lehmann. 9° Six 
chants du printemps à voix seule, avec piano 
et violoncelle, op. 11, Leipsick, Breitkopf et 
Haertel. 10° Fantaisie pour le piano sur un 
thème de l'opéra de Freischutz, op. 12, ibid. 
Il y a de fa distinction et du savoir dans toutes 
les compositions de M. Klauss. 

KLEBER (Léonard), organiste allemand, 
vécut au commencement du seizième siècle. Il 
a laissé en manuscrit une collection de pièces 
d'orgue en tablature sur des compositions de 
Josquin de Près , Isaak, Brunie), Georges 
Schaps, Conrad de Spire, Henri Fink,Olthmar 
Xachtgall , Paul Hoflieimcr, Adrien Petit, 
Louis Senfl, etc. Cet intéressant ouvrage est à 
la Bibliothèque royale de Berlin : il forme un 
volume de cent soixante-dix feuillets in-folio, 
et offre le plus ancien monumentdela musique 
d'orgue connu jusqu'à ce jour. 

KLEEBEUG (CHiÉTiEH-TnÉorniLE), né 
le 12 avril 1766, à Gautsch, près de Leipsick, 
où son père était aubergiste, étudia la théo- 
logie à l'Université de Leipsick, et termina 
aussi ses études musicales dans cette ville. 
Après avoir occupé quelques places d'orga- 
niste, entre autres à Altenbourg, il fut appelé 
à Géra en 1790, pour y remplir les mêmes 
fonctions. Il occupa cette place jusqu'à sa 
mort, qui eut lieu le 13 juin 1811. Kleeberg 
était un musicien instruit et un bon organiste. 
On a de lui : 1° Trois duos pour deux violons, 
op. 1, Offenbach, André. 2° Sonates pour cla- 
vecin, op. 2. 3° Canon à trois voix avec chœur 
et piano, Augsbourg, Gombart. 4° Chansons à 
voix seule, avec accompagnement de piano, 
Brunswick. 5° Danses allemandes et anglaises 
pour piano, op. 6. 6° Concerto pour piano et 
harpe, op. 9, Augsbourg, Gombart. 

KLEIN ou KLEINE (André), savant or- 
ganiste, né vers 1650, à Cœlleda, dans la Thu- 
ringe, fut recherché daus la seconde moitié du 
dix-septième siècle à cause de son talent pro- 
digieux pour l'improvisation sur l'orgue. Il 
péril à Copenhague en 1689, dans l'iucendie 
de l'opéra. 

KLEIN (Jacques), musicien hollandais, 
appelé, dans le catalogue de Le Cène, Jac- 
ques Klein le Jeune, a fait graver à Amster- 
dam, vers 1750, trois livres de sonates pour 



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48 



KLEIN 



le violoncelle, et douze sonates pour hautbois 
et basse continue, op. 1 et 2. 

KLEIN (Jean-Joseph), organiste à Eisc- 
nach, inscrit sur la matricule des avocats de 
Dresde, naquit le 24 août 1759, et mourut dans 
les premières années du dix- neuvième siècle. 
On ne connaît de sa composition que le chant 
du matin de Gellert, mis en musique pour voix 
seule, avec accompagnement de piano, Offen- 
■ bach, André. C'est surtout comme écrivain 
didactique que ce musicien s'est rendu recom- 
mandante; on a de lui en ce genre : 1° f'er- 
such et nés Lehrbuehs der praktischen Musik 
in systematischer Ordnung entwurfen (Essai 
d'une méthode de musique pratique conçue 
dans un ordre systématique), Géra, C.-Fr. Beck- 
mann, 1785, in -8° de deux cent soixante -quatre 
pages, non compris la préface. 2° Lehrbuch 
der theoretischen Musik in systematischer 
Ordnung entwurfen (Traité de musique théo- 
rique rédigé dans un ordre systématique), 
Leipsick, Herisius, 1801, de cent quatre-vingt- 
huit pages in-4° avecdes planches ; bon ouvrage 
dont on trouve des exemplaires avec un titre 
gravé, au bas duquel est l'adresse de Jean André 
à Oflenbach. 5° Neues Follstxndiges Choral- 
buch zum Gebrauch bei dent Gottesdienste ; 
nebst einem kurzen Forberichle von den 
Choralmusik (Nouveau livre choral complet 
pour l'usage du service divin, avec une intro- 
duction courte sur la musique chorale), Ru- 
dolsladl, 1785, in-4° de cent soixante-quinze 
pages. Il a été fait une deuxième édition de ce 
livre à Rudolsladt, en 1802. Klein a aussi fait 
insérer quelques articles concernant la mu- 
sique, dans les journaux, particulièrement les 
suivants dans la Gazette générale de musique 
de Leipsick : 1° Sur les signes des sons, suivi 
de la proposition d'un petit changement à 
l'égard de la dénomination des tons (notes) 
(t. I, pag. 041). 2° Propositions tendant à 
améliorer les écoles ordinaires du chant en 
Allemagne (t. II, pag. 4G5). 

KLEIN (Cbbkti en -Benjamin), né le 14 mai 
1754, à Sleinkunzendorf, près de Kupferberg, 
en Silésie, fut un bon organiste dans le genre 
simple et sévère, et un musicien instruit dans 
la théorie de son art. Après avoir fréquenté 
jusqu'à l'âge de huit ans l'école du lieu de sa 
naissance, il fut mis au collège de Rudolstadt 
où il apprit les éléments de la musique en 
même temps que ceux de la langue latine. 
En 1705, on l'envoya à Landshut pour y con- 
tinuer ses études, particulièrement celle de la 
musique, sous la direction de Gebauer, cantor 
de l'endroit, qui lui fit connaître les ouvrages 



de Jean-Sébastien Bach et de son fils Charles* 
Philippe-Emmanuel. En 1771, il alla achever 
ses humanités au lycée de Jaucr. Quatre ans 
après, il fut nommé second organiste à 
Schweidnilz; en 1778, on lui confia les fonc- 
tions de professeur à Schmiedeberg, quoiqu'il 
ne fût âgé que de vingt-quatre ans, et, en 1780, 
il eut dans le même lieu les places de cantor 
et d'organiste. Quoique sa vie tout entière se 
soit ensuite écoulée dans celte petite ville, il 
eut de la réputation en Allemagne, surtout 
comme organiste. Reichardt et d'autres qui 
l'ont entendu, en ont parlé avec beaucoup d'es- 
time. Klein s'est fait aussi remarquer comme 
professeur, et a formé de bons élèves, parmi 
lesquels on distingue Leuschner, Kloss et 
Charles Hacke. Sévère à l'excès, brutal même 
avec ses élèves, il les conservait pourtant jus- 
qu'à la fin de leurs éludes, parce que sa mé- 
thode excellente leur faisait faire àe rapides 
progrès. Vers la fin de sa vie, son humeur 
devint encore plus chagrine, à cause du mau- 
vais état de sa santé, et de la perte d'une partie 
de ce qu'il possédait. II est mort à Schmiede- 
berg, à l'âge de soixante et onze ans, le 14 sep- 
tembre 1825. La plupart de ses compositions 
sont pour l'église ; elles sont, dit-on, écrites 
avec correction, mais dépourvues d'invention. 
A l'exception d'une cantate pour le vendredi 
saint et de deux chants funèbres pour quatre 
voix d'hommes, qui ont été publiés en par- 
tition à Leipsick, chez Hofmeister, tous ses 
ouvrages sont restés en manuscrit ; on y re- 
marque plusieurs motets à quatre voix et 
orgue, une cantate de noces avec accompagne- 
ment de violons et d'instruments à vent, 
quelques airs cl morceaux détachés pour di- 
verses circonstances, des psaumes, et un livre 
choral à l'usage des élèves organistes. Parmi 
les manuscrits de Klein, on a aussi trouvé : 
1° Méthode de chant. 2° Méthode de basse con- 
tinue, d'après les principes de Kirnberger, 
avec beaucoup d'exemples. 3° Théorie de la 
fugue, contenant aussi des leçons sur les imi- 
tations et les canons. 

KLEIN (Henri), né en 1750 à Rudelsdorf, 
près de Schœnberg, en Moravie, étudia d'abord 
la musique sous la direction d'Aschermann, 
directeur du choeur à Zœpta, et fit de si rapides 
progrès, qu'à l'âge de huit ans, il fut en état 
de remplir les fonctions d'organiste ; puis il 
fut pendant cinq ans élève de Hartenschneider, 
organiste de la cathédrale de Presbourg. 
A l'âge de dix- sept ans il obtint la place de 
directeur de musique du comte de Hodicz ; ces 
fondions ne l'empêchèrent pas de continuer 



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KLEÏN 



49 



ses études, particulièrement celle de la théorie 
de Ri m berger et du style de Jean-Sébastien 
Bach. Plus tard, il quitta le service du comte 
pour retourner à Presbourg, où il vécut en 
donnant des leçons jusqu'en 1796. Il succéda 
alors à Riegger dans la place de professeur à 
l'École nationale de musique de Presbourg. 
En 1805, l'Académie royale de musique de 
Stockholm Ta choisi pour un de ses membres 
correspondants. Pianiste. et organiste distin- 
gué, compositeur instruit et bon professeur, 
Klein joignait à ces divers mérites celui d'être 
habile mécanicien. On lui doit l'invention d'un 
harmonica à clavier, dont il a donné la des- 
cription dans la Gazette de Bude, en 1798, 
puis dans le premier volume de la Gazette 
générale de musique de Leipsick (l re année, 
p. 675-679, avec une planche). En 1807, il 
a aussi inventé un instrument du genre de 
l'orgue, qu'il a appelé Orchestrion. Le même 
journal contient une intéressante disserta- 
lion de Klein sur les danses nationales de la 
Hongrie. On a de cet artiste en manuscrit : 
1° Un Te Deum. 2° Messe à quatre voix et or- 
chestre. 5° Cantate pour le jour de naissance 
de l'archiduc Joseph-François-Léopold, exé- 
cutée le 9 avril 1779. 4° Cantate pour le jour 
de naissance de l'empereur et roi François I er , 
exécutée le 12 février 1807. 5* Collection de 
musique d'église pour une année entière. On a 
gravé de sa composition : 1° Fantaisie pour le 
piano, Vienne, Tracg, 1790. 2° Douze chan- 
sons allemandes, avec accompagnement de 
piano, ibid. Klein est mort à Presbourg, en 
1852. 

KLEIN (...). On a sous ce nom un traité de 
musique en langue danoise, intitulé : Grund- 
regler for Theorica af Musiken % Alminde- 
lighed, og en praktist Andwendelse for 
Klaveret iSordeleshed (Règles fondamentales 
de la théorie de la musique avec leur applica- 
tion pratique au clavecin), Copenhague, 1791, 
in-4°. 

KLEIN (Jean-Valerius), professeur sup- 
pléant de philosophie à l'Université de Giessen, 
est auteur d'une thèse intitulée : Deartemu- 
sfca, imprimis de Cantu. Prolusio scholas- 
tica qua ad solemnia pasdagog. acad. exa- 
mina DD. XIX et XX Martii instituenda 
et ad audiendas oraliones D. XXI Martii 
publica habendas Qmnes literarum fautores, 
vas qua decet observantia invitât Jo. Val. 
Klein. Philos. D. pxd. Collega. Gissœ, 1812. 
Vingt-huit pages in-4°. 

KLEIN (Chaules-Auguste, Baron DE), 
né près de Manheim, en 1794, reçut lesprin- 

BIOGn. DS1V. DES MUSICIENS. T. V. 



cipes de son éducation élémentaire, sous la 
direction de son père, conseiller privé du roi 
de Bavière, connu comme prosateur et comme 
poète. Avec une connaissance étendue des 
poètes latins, français et allemands , Klein 
acquit aussi une solide instruction dans la 
musique, et dans les sciences physiques et 
mathématiques. Il n'était âgé que de sept ans 
lorsqu'il écrivit une petite sonate pour le piano, 
qui fut suivie de plusieurs morceaux du mémo 
genre, et de beaucoup de chansons dont son 
père lui fournissait les paroles. En 1809, il 
essaya ses forces dans un genre plus élevé, en 
écrivant la musique d'un mélodrame de son 
[tère, intitulé : Appel à la jouissance de la 
vie. Godefroid Weber, qui se trouvait encore 
alors à Manheim, ayant entendu cet ouvrage, 
Tut étonné de l'instinct musical qui s'y déce- 
lait, et offrit au jeune homme de l'instruire 
dans la composition ; mais déjà Klein éprou- 
vait les premiers symptômes de l'épilepsie, 
maladie affreuse dont sa mère lui avait trans- 
mis le funeste héritage. En 1810, il perdit son 
père, et alla demeurer chez un oncle qu'il avait 
a Mayence. Là, il se livra à l'élude de la com- 
position, sous la direction de Zulehner. Par- 
venu à sa dix-huitième année, il éprouva plu- 
sieurs atteintes violentes du mal qui troublait 
son existence, et pendant trois ans les atta- 
ques se renouvelèrent souvent. Il lui fallut 
suspendre ses travaux et se soumettre à un 
traitement qui finit par triompher de la vio- 
lence du mal ; mais la convalescence fut longue 
et douloureuse. Un régime sévère a rendu, 
depuis lors, les atteintes fort rares, et en a 
diminué sensiblement l'intensité. Eu '1817, 
H. de Klein a fait un voyage à Paris, et y a 
connu Méhul, bien près de sa fin alors, mais 
qui, malgré son état de souffrance habituelle, 
consentit à voir les compositions du jeune ar- 
tiste, et lui prédit qu'il se ferait un nom. Ces 
paroles encourageantes ranimèrent son zèle 
pour l'art; plus tard une lettre de félicitation, 
écrite par Beethoven sur les quatuors de violon 
de M. de Klein, est venue le consoler des cri- 
tiques sévères qu'on avait faites de ses ou- 
vrages dans quelques journaux de l'Allemagne. 
On a publié de cet artiste : 1° Sonate pour 
piano et violon (en /a), op. 27, Mayence, Schott. 
2° Sonate idem ( en mi bémol), ibid. o° Trois 
sonates pour piano seul. 4° Sonate pour piano 
à quatre mains (en ré majeur). 5° Le prin- 
temps, fantaisie pour piano. 6° Trio pour 
piano, violon et violoncelle (en la majeur). 
7° Symphonie à grand orchestre (en ut majeur), 
exécutée à Mayence, en 1857. 7° (ois) Deuxième 

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KLEIN 



symphonie, exécutée en 1858. 8" Idem (en 
mi bémol). 9° Ouverture pour la tragédie 
d'Otello, exécutée à Berlin. On en a publié la 
réduction pour piano. 10° Sept quatuors pour 
deux violons, alto et basse. 11° Un trio pour 
violon, alto et violoncelle. 12° Ouverture de 
concert, à grand orchestre. 12° {bis) Sonate 
pour piano et violon , Mayence , Schott. 
15° Graduale quinque vocum pro festo sancti 
Stephani,o V . VII, ibid. 14» Quelques chan- 
sons avec accompagnement de piano. M. de 
Klein a fourni plusieurs articles de critique, 
relatifs à la musique, dans différents jour- 
naux de l'Allemagne, mais sous le voile de 
l'anonyme. 

KLEIN (Bernard), compositeur, né à Co- 
logne en 1794, est considéré, en Allemagne, 
comme un des artistes les plus estimables du 
dix-neuvième siècle. Fils d'un marchand de 
vin, il fut destiné par ses parents à l'état 
ecclésiastique, mais son penchant décidé pour 
la musique le fit renoncer à cette carrière. 
Malheureusement Cologne lui offrait pen de 
moyens d'instruction, et les leçons d'un prêtre 
quelque peu connaisseur dans l'art, furent les 
seules ressources qu'il y trouva. Bientôt, 
obligé de se livrer lui-même à l'enseignement, 
il éprouva tous les dégoûts inséparables de la 
vie d'un musicien mercenaire, sans que son 
enthousiasme d'artiste en fat diminué. Des 
circonstances favorables vinrent enfin recom- 
penser son zèle, car, en 1813, il fut libéré de 
la conscription par la protection du préfet 
Alexandre de Lameth, et dans la même année 
une occasion se présenta pour qu'il se rendit à 
Paris. Il y reçut des conseils de Chérubin i, et 
y puisa des connaissances étendues dans les 
trésors qu'il trouva à la bibliothèque du Con- 
servatoire. De retour à Cologne, il y fut 
chargé de la direction de la musique de la 
cathédrale, et de l'école des enfants de chœur. 
Pendant qu'il remplissait ces- fonctions, il fit 
un voyage à Heidelbcrg, où la belle collection 
de M. Thibaut lui fournit l'occasion de con- 
naître le style des anciens maîtres italiens. 
Après que l'exécution de sa première messe 
en 1816 et de sa cantate sur les Paroles de la 
foi (Worte des Glatihens) de Schiller, en 1817, 
l'eut fait connaître avantageusement, il fut 
chargé d'aller à Berlin pour y prendre con- 
naissance des institutions musicales de cette 
grande ville, particulièrement de l'école dirigée 
par Zelter. Celui-ci ne vit d'abord dans Klein 
qu'un de ces élèves soumis, comme ceux qui 
depuis longtemps se trouvaient sous sa domi- 
nation; mois lorsqu'il aperçut la portée du 



talent du jeune artiste et le sentiment de sa 
force, lorsqu'il eut enfin acquis la conviction 
qu'au lieu d'un écolier, il avait près de lui un 
rival qui l'égalait en savoir et le surpassait en 
génie, ses sentiments changèrent a son égard, 
et la bienveillance dont il l'avait d'abord en- 
touré fit bientôt place à des critiques anjères 
et à des sarcasmes sur son talent. Mais déjà 
Klein s'était fait, à Berlin, des amis qui le dé- 
fendirent avec chaleur. L'école royale d'orgue 
venait d'être instituée : il demanda la place 
de professeur d'harmonie et de contrepoint 
qui y était vacante et l'obtint; il y joignit, peu 
de temps après, les fonctions de directeur de 
musique et de professeur de chant A l'Univer- 
sité. Son oratorio de Job, gravé en partition 
chez Breitkopf et Hœrtel, en 1820, l'avait si- 
gnalé comme un des jeunes compositeurs dont 
l'avenir donnait les plus belles espérances; 
cet ouvrage fut suivi, en 1833, de Bidon, 
grand opéra dans la manière de Gluck, qui ne 
réussit pas. Dans cette même anoée, il épousa 
la nièce du célèbre libraire Nicolaï, riche héri- 
tière dont la fortune le mit dans une position 
indépendante. Peu de temps après son ma- 
riage, il partit avec sa femme pour l'Italie. 
Quoique l'état actuel de la musique dans ce 
pays n'eût rien qui pût l'intéresser, son voyage 
ne fut pourtant pas sans fruit, car il trouva 
dans les bibliothèques, dans les archives, et 
surtout dans les conversations du directeur de 
la chapelle pontificale, une source inépuisable 
•d'instruction. Après son retour à Berlin, il 
reprit ses travaux. En 1838, il fil exécuter à 
Cologne son oratorio de Jephté; deux ans 
après, il donna, à la fête musicale de Halle, 
son David, considéré comme une de ses meil- 
leures productions. Les succès que ces ou- 
vrages obtenaient ne le satisfaisaient pourtant 
pas, car la carrière de compositeur drama- 
tique était celle qu'il désirait surtout par- 
courir avec éclat; mais si celte carrière est 
partout difficile, en Allemagne elle est envi- 
ronnée d'obstacles presque insurmontables. 
D'ailleurs, malgré les éloges que Rellstab 
lui a donnés, il est douteux que Klein ait eu 
le sentiment delà scène. La nature sérieuse de 
ses idées n'était propre qu'au genre dans le- 
quel il s'est fait surtout un nom honorable. 
Enlevé & l'art et à ses amis dans la fleur de 
l'âge, il est mort à Berlin Je 9 septembre 1852. 
Cet artiste laborieux a laissé les ouvrages 
suivants : 1° Didon, grand opéra, en manu- 
scrit. 2° Deux actes d'un opéra intitulé Irène, 
en manuscrit. 5° Enlr'actes de la tragédie de 
Rauptich die Erdennacht (la Nuit sur la 



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KLEIN 



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terre), en manuscrit. 4° Job, oratorio, gravé 
en parlition; Leipsick, Breilkopf et Hœrtel. 
5° Jephté, oratorio, avec orchestre. 6° David, 
idem. 7° Athalie, oratorio, non terminé, en 
manuscrit. 8° Hymne allemand (Ich danke 
dent fferrn), pour quatre voix d'hommes el 
orgue; op. 4, Hambourg, Christiani. 9° Mu- 
sique spirituelle, première livraison conte- 
nant : Agnus Dei el Ave Maria, à quatre 
voix et orgue, op. 12; Berlin, Trautwein. 
10» Magnificat pour deux sopranos, alto, 
deux ténors et basse, avec accompagnement 
d'orgue, op. 15, ibid. 11° Musique spirituelle, 
deuxième livraison, contenant six répons à 
quatre et six voix, en partition, op. 17, ibid. 
12° Musique spirituelle, troisième livraison, 
contenant le Pater noster, à deux chœurs, 
op. 18. , ibid. 15° Musique spirituelle, qua- 
trième livraison, contenant Miserere mei, 
pour soprano, contralto et orgue', op. 21 , ibid. 
14° Salve Regina, pour soprano solo, deux 
violons, alto et basse, ibid. 15° Musique spiri- 
tuelle, cinquième livraison, contenant : Stabat 
Mater, à quatre voix et orgue, ibid. 16° Six 
chants religieux pour des voix d'hommes et 
accompagnement de piano, op. 22, ibid. 
17° Six idem. op. 23, ibid. 18° Trois chants 
pour deux sopranos, ténor et basse ; Leipsick, 
Breitkopf et Hœrlel. 10° Chants religieux pour 
voix d'hommes, 3 e , 4 e , 5«, 6 e , 7' et 8 e livrai- 
sons ; Berlin, Trautwein. 20» Messe à quatre 
voix et orchestre (en ré), op. 28; Elberfeld, 
Arnold. 21° Magnificat, à voix seule, avec, 
deux violons, alto, violoncelle et contrebasse. 
22° Sonate pour piano seul, op. 1; Hambourg, 
Christiani. 25°/a\?ro, op. 5; Leipsick, Breit- 
kopf et Hœrtel.24° Idem, op. 7, ibi d. 25° Fan- 
taisie pour piano, op. 8, ibid. 26° Variations 
pour piano, trois œuvres, ibid. 27° Chansons 
de table pour des voix d'hommes, op. 14; 
Berlin, La ne. 28° Rodrigue et Chimène, chant 
pour ténor et soprano; Hambourg, Christiani. 
29° Plusieurs ballades avec accompagnement 
de piano. 30° Deux messes à quatre voix et 
orchestre, en manuscrit. 31° Beaucoup de 
chansons et de romances à voix seule, avec 
accompagnement de piano ; Hambourg, Leip- 
sick, Berlin et Bonn. 

KLEIN (JosBpn), frère du précédent, est 
né à Cologne en 1802. Après avoir commencé 
ses études musicales.à Paris, il alla les termi- 
ner à Berlin en 1820, sous la direction de son 
frère; puis il fut appelé à Memel, comme 
professeur de chant et de piano. Le séjour de 
celte ville ne convenant point à sa santé, il 
n'y resta pas longtemps et retourna à Cologne. 



C'est lui qui a été l'éditeur des ouvrages post- 
humes de son frère. Les œuvres connues de 
cet artiste consistent principalement en chants 
à voix seule avec accompagnement de piano 
sur les poésies de Goethe, Heine, Chamisso, 
Simrock, Uhland, ou extraites des drames de 
Shakespeare, au nombre de douze recueils 
publiés à Cologne chez Eck; à Bonn, chez 
Simrock ; à Berlin, chez "WagenfUhr, Bote et 
Bock, Schlesinger; à Leipsick, chez Hofmeister; 
à Elberfeld, chez Arnold ; non compris beau- 
coup de Lieder séparés; quatre recueils de 
chants pour des chœurs de voix d'hommes, 
Berlin, WagenfUhr ; Bonn, Simrock, et Elber- 
feld, Arnold ; trois romances françaises, El- 
berfeld, Arnold. On a aussi du même artiste : 
un Salve Regina pour soprano solo, avec ac- 
compagnement de deux violons, alto et basse, 
op. 3, Berlin, Lane; une ouverture à grand 
orchestre, exécutée à Berlin, en 1832 ; Berlin, 
Schlesinger ; l'ouverture de la Pucelle d'Or- 
léans, exécutée à Cologne, en 1844; Bonn, 
Simrock; sonate (en mi bémol) pour piano 
seul; Berlin. "WagenfUhr; Adagio el rondeau 
(en fa mineur) idem; Berlin, Schlesinger; 
douze variations sur un air lithuanien ; Berlin, 
Bote et Bock. 

KLEIN (Charles), organiste de la cathé- 
drale à Osnabruck (Hanovre), et directeur 
d'une Société de chant, s'est fait connaître, 
comme compositeur, par l'exécution d'une 
messe solennelle pour chœur et orchestre, à 
la fête musicale donnée en cette ville, en 
1844, sous sa direction. 

KLEIN (...). Plusieurs musiciens de ce 
nom se sont fait connaître par leurs ouvrages ; 
mais on n'a que peu ou point de renseigne- 
ments sur leur personne. Le premier,, musi- 
cien et flûtiste du Concert spirituel, vers 1750, 
a fait imprimer alors trois divertissements 
pour deux violons. Le second, organiste de la 
grande église de La Haye, naquit à Hambourg, 
vers le milieu du dix-huitième siècle. Le 18 sep- 
tembre 1788, il fit exécuter dans son église 
une grande musique solennelle, en commémo- 
ration de la révolution qui a affranchi la Hol- 
lande du joug espagnol. 

KLEIN (Frédéric- Wiluelm) , pianiste à 
Berlin, sur qui tous les biographes allemands 
gardent le silence, mérite cependant, plus 
que beaucoup d'autres, d'être mentionné, car 
sa sonate pour piano seul, en la mineur, 
œuvre 7 e , qui m'est tombée sous la main, à 
Berlin, en 1849, est une composition distin- 
guée. Le seul renseignement que j'ai trouvé 
sur cet artiste, c'est qu'il était né à Berlin, 

4. 



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KLEIN - KLEINKNECHT 



qu'il était à Brème en 1854, depuis le mois de 
janvier jusqu'à la fin de mars, et qu'il y pro- 
duisait une vive sensation par son jeu et par 
ses compositions, dans le moment où les 
quatre frères Millier y obtenaient de grands 
succès par leur exécution parfaite des quatuors 
de Beethoven. Klein a publié pour son instru- 
ment : : 1° Polonaise, op. 1, Berlin, Lischke. 
2° Variations sur divers thèmes d'opéras, op. 2, 
4, 6, 8, 9, 13, ibid. 3° Divertissements, op. 3, 
ibid. 4° Rondo, op. 4, ibid. 5° Sonate (en la 
mineur) pour piano seul, op. 7, ibid. 6° Sonate 
en contrepoint, op. 14, ibid. 7° Grande 
marche, op. 10, ibid. 8° Chansons à voix 
seule, avec accompagnement de piano, op. 11, 
ibid. 

KLEIN (Thxodoie), clarinettiste, est au- 
teur des ouvrages suivants : 1° Air varié pour 
clarinette et orchestre, op. 1, Paris, Richaull. 
2° Divertissement idem, op. 2, ibid. 

KLEIN (...), corniste à Paris, est connu 
par une Méthode {nouvelle) de premier et se- 
cond cor, suivie de quarante leçons et vingt- 
quatre duos, Paris, Ph. Petit. 

KLEINE (O.-Fr.), professeur à l'Univer- 
sité de Jéna, vers 1820, passa ensuite à l'Uni- 
versité 4e Berlin. On a de lui : Dissertatio 
de Stesichori vita etpoesi, Jéna, 1825, in-8°. 
Cette dissertation a été réimprimée en tête des 
fragments parvenus jusqu'à nous des poésies 
de Slésichore, publiés par le môme savant, 
sous ce titre : Stesichori Fragmenta collegit, 
dissertât, de vita et poesi auctoris praemi- 
sit, etc., Berlin, Reimer. 1828, gr. in-8°. On 
trouve dans cet ouvrage quelques recherches 
sur les inventions de Slésichore, comme poète 
et comme musicien : elles sont empruntées à 
la note.XVI de Burette, sur le dialogue de Plu- 
tarque concernant la musique. 

KLEIN HEINZ ( Chaules- François-Xa- 
vier), professeur de piano et compositeur, est 
né le 3 juillet 1772, à Mindelheim, en Souabe. 
Il reçut les premières leçons de musique au 
couvent de Memmingen, et perfectionna son 
talent de pianiste à Munich. Ayant obtenu une 
place de conseiller et de secrétaire intime de 
l'électeur de Bavière, il semblait destiné à ne 
cultiver la musique que comme amateur; mais 
son penchant pour cet art lui fil quitter sa po- 
sition pour aller à Vienne étudier l'harmonie 
et le contrepoint chez Albrechtsberger. Vers 
1807, il accepta la place de maître de musique 
dans la maison du comte de Brunswick, ma- 
gnat de Hongrie, puis dirigea l'orchestre des 
théâtres de Bruiyi et de Pesth. Il est mort 
dans celle dernière ville, au mois d'octobre 



1831. On connaît sous le nom de cet artiste : 
1° Deux oratorios, en manuscrit. 2° Deux 
messes. 3° Harold, opéra représenté à Pesth. 
4° La Cage, idem. 5° Trois sonates pour piano 
et violon, op. 1 ; Offenbach, André. 6° Une 
idem, op. 14 ; Vienne, Mollo. 7° Fantaisie pour 
pour piano et violon, op. 19 ; Vienne, Weigl. 
8° Grande sonate pour deux pianos; Vienne, 
Mollo. 9° Douze sonates pour piano seul, op. 4, 
5, 7, 9, 11, 16; Vienne. 10° Deux trios pour 
piano, violon et violoncelle, ibid. 11° Grande 
loccale (en ut) ; Vienne, Mechetti. 12° Varia- 
lions pour le piano sur différents thèmes 
d'opéras; Leipsick,Breitkopf et Haertel. 15° Des 
chants à voix seule avec accompagnement de 
piano; Vienne, Haslinger et Mechetti. 14° Des 
ouvertures, marches, chœurs, entr'actes, etc., 
pour des drames, tragédies, etc., en manu- 
scrit. 15° Des concertos de piano, fantai- 
sies, etc., idem. 

KLEINKNECHT (Jeaw-Wolfgakg), fils 
atné de Jean Kleinknecht, maître de concert 
à UIra, naquit en celle ville, le 17 avril 1715. 
Élève de son père pour la musique, il fit 
aussi de bonnes études au Gymnase du lieu 
de sa naissance. Dès l'âge de huit ans, il 
joua un concerto de violon devant le duc de 
Wurtemberg, et le frappa d'étonnement par 
son habileté précoce. Ce prince le confia aux 
soins de Brescianello, excellent violoniste de 
cette époque, et son maître de chapelle. Après 
la mort du duc, Kleinknecht visita plusieurs 
villes de l'Allemagne el se fit partout entendre 
avec succès. Arrivé à Kisenach, il s'y fixa et 
entra dans la chapelle en 1738; mais il n'y 
resta pas longtemps, car la margrave de Bay- 
reuth, l'ayant entendu, fut si satisfaite de son 
talent, qu'elle le demanda au prince pour qu'il 
assistât à la représentation d'un opéra qui de- 
vait être joué à Bayreuth pour .l'anniversaire 
de la naissance du margrave. Charmé de sa 
nouvelle position, Kleinknecht oublia la petite 
cour d'Eisenach, et accepta la place de maître 
de concert à Bayreuth. C'est là qu'il entendit 
pour la première fois le célèbre violoniste 
François Benda, dont il adopta plus tard la 
manière. Cependant, lorsque l'enthousiasme 
de la nouveauté fut dissipé, l'artiste se ressou- 
vint du duc d'Eisenach qui l'avait comblé de 
bienfaits et se reprocha son ingratitude. Sous 
le prétexte du désir de voyager pour augmenter 
son talent, il demanda et obtint sa démission 
de la chapelle de Bayreuth, puis retourna à 
Eisenach,oùson ancien maître l'accueillit avec 
bonté. Kleinknecht se livra dès lors à de nou- 
velles études pour étendre ses connaissances 



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KLE1NKNECHT — KLEMM 



33 



dans son art. Après la mort du duc, des offres 
lui furent faites pour retourner à Bayreuth, où 
il resta jusqu'à l'époque de la suppression de la 
chapelle, en 1769. Il passa alors, avec tous les 
musiciens de celle chapelle, à la cour d'Ans- 
pach, où il mourut, le 20 février 1786, à l'âge 
de soixante et onze ans. Aussi habile chef d'or- 
chestre que violoniste distingué, Kléinknechl 
avait acquis en Allemagne une haute réputa- 
tion. On a gravé à Paris, en 1765, six solos 
pour le violon, composés par cet artiste, et, en 
1773, il existait en manuscrit chez Breilkopf, 
à Leipsick, huil trios pour deux violons et vio- 
loncelle, et deux concertos de violon, de sa 
composition. 

KLEINKNECHT ( Jacques-Frédéric ) , 
frère du précédent, né à Ulm, le 8 juin 1723, 
fut un des plus habiles flûtistes de l'Allemagne 
pendant le dix -huitième siècle. Attaché dès sa 
jeunesse à la chapelle d'Anspacb, il y passa 
toute sa vie, et mourut dans cette ville, le 
14 août 1794, avec le titre de maître de chapelle 
honoraire du roi de Prusse. Un grand nombre 
de concertos de sa composition, pour la flûte et 
pour d'autres instruments a vent, se trouvait 
en manuscrit, chez Breilkopf, en 1787. On a 
gravé de ses ouvrages : l°Six sonates pour la 
flûte, avec accompagnement de basse, Nurem- 
berg, 1748. 2° Trois trios pour deux flûtes et 
basse, t'6td., 1749. 3° Six solos pour la flûle, 
Londres, 1782. 4° Six sonates idem. 5° Six 
trios pour deux flûtes et basse, Paris, 1767. 
0° Symphonie concertante pour deux flûtes, 
ibid., 1776. 

Un troisième fils de Jean Kleinknecht, 
nommé Jean- Etienne, naquit à Ulm, le 17 sep- 
tembre 1757, et cultiva la flûte comme son 
frère Jacques-Frédéric, mais ne s'éleva pas 
au dessus du médiocre. Il fut attaché comme 
flûtiste à la chapelle de Bayreuth, puis à 
celle d'Anspach, où il se trouvait encore 
en 1786. 

KLEINWJECIITEIt (Louis), docteur en 
philosophie et en droit, né à Prague en 1807, 
fut professeur de droit en celte ville, et ama- 
teur de musique distingué. Spohr dirigea ses 
études de composition. Doué d'un noble carac- 
tère, d'un esprit vif et élevé, et possédant une 
instruction solide dans les lettres et dans les 
sciences, Kleinwœchter n'estimait que les 
belles œuvres classiques où la richesse des 
idées s'allie à la perfection de la forme, et Mo* 
zart lui représentait le plus haut degré où peut 
arriver le génie de création de la musique. Il 
ne cultivait pas seulement la musique avec 
amour, mais avec talent. Une ouverture à 



grand orchestre de sa composition fut exécutée 
dans les concerts de Prague, en 1837, 1840, 
1843 et 1844, à Gassel, en 1838, et à Leipsick, 
dans la même année. Cel ouvrage a été publié 
comme œuvre 1 er , en 4839, à Leipsick, chez 
Breitkopf et Heertel. Deux sonates de piano, 
qui forment l'œuvre 2 e de Kleinwœchter, ont 
été publiées à Prague, chez Berra. Cinq Lieder 
avec accompagnement de piano, ont paru dans 
le même temps à Leipsick, chef Breitkopf el 
H sériel. L'œuvre 4 du même auteur est un mo- 
tet & quatre voix solos avec un chœur de quatre 
parties et accompagnement de deux violons, 
alto, violoncelle et contrebasse, publié chez les 
mêmes éditeurs. Une courte maladie a enlevé 
Kleinwœchter, à l'âge de trente-trois ans, au 
mois de septembre 1840. Sa mort imprévue fit 
une douloureuse impression parmi ses nom- 
breux amis et parmi les artistes qui avaient 
une haute estime pour sa personne et pour 
son talent. On a publié de lui, comme œuvre 
posthume, un quatuor pour deux violons, alto 
et violoncelle, à Leipsick, chez Breilkopf et 
Haertel. Cet ouvrage porte le numéro 8 : 
j'ignore quels sont les œuvres 5, 6 et 7. 

KLEMCZYNSKI (Julien), pianiste et 
compositeur polonais, s'établit à Meaux, après 
les événements qui portèrent la désolation 
dans sa patrie, en 1831, et s'y livra à l'ensei- 
gnement de son instrument. Fixé à Paris, 
quelques années plus tard, il y a publié un 
grand nombre de morceaux sur des thèmes 
d'opéras, particulièrement de duos pour piano 
et flûte sur les motifs des opéras d'Auber, dont 
quelques-uns en collaboration avec M. Deneux 
(voyez ce nom). Le nombre de ses ouvrages de 
ce genre et de ses fantaisies pour piano seul 
s'élève a environ soixante-quinze. Klemczyuski 
est mort à Paris, en 1 851 . 

RLEMM (Frédéric), attaché au conseil de 
la guerre, à Vienne, est né en cette ville, le 29 
mars 1795. Il y est considéré comme un des 
amateurs de musique les plus instruits. Jac- 
ques Schauer lui donna les premières leçons 
de musique, de violon et de violoncelle, et 
Heidenreich, maître de chapelle du prince de 
Lobkowitz, lui enseigna le piano et la compo- 
sition. Klemm a été un des fondateurs de la 
Société des amateurs de musique des États 
Autrichiens et du Conservatoire de Vienne. Il 
a écrit des messes, des chœurs, des ouvertures 
et des quatuors de violon considérés comme de 
bons ouvrages. Un psaume et une fugue, de sa 
composition, ont été exécutés, avec beaucoup 
de succès, aux concerls du Conservatoire de 
Vienne, et l'Une de ses messes a été entendue, 



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54 



KLEMM - KLENGEL 



avec plaisir, a l'église des Minorités, en 1840. 
On a publié de sa composition : Tantum ergo 
pour soprano, contralto, ténor et basse avec 
orgue, Vienne, Glœgel. 

RLEMME (Jean), organiste delà cour de 
Saxe, né à -Dresde, vers 1593, fut admis comme 
sopraniste dans la Chapelle de rélecteur, 
en 1005, y resta six années, puis fut envoyé, 
aux frais du prince, à Augsbourg^n 1613, 
chez le célèbre Chrétien Erbach, pour ap- 
prendre l'orgue et la composition. Après trois 
années d'études, il fut appelé a Dresde et placé 
sous la direction de l'illustre maître de cha- 
pelle Henri SchUU. En 1025, la place d'orga- 
niste de la cour étant devenue vacante par la 
mort de Georges Rrelzschmar, Klemme l'ob- 
tint et y passa le reste de ses jours. On a sous 
son nom une collection de madrigaux alle- 
mands à quatre, cinq et six voix, avec basse 
continue, publiée à Frcyberg, en 1639, in-4°, 
et trente-six fugues dans le style libre, pour 
l'orgue; Dresde, 1631. Klemme a été aussi 
l'éditeur de la seconde partie des Symphonie 
sacrx de Schutz. 

KLEMP ;(F.-A.), musicien à Vienne, est 
connu par les ouvrages suivants : l q Trois 
trios faciles pour deux violons et basse; Vienne, 
Artaria. 2° Six duos faciles pour deux violons, 
liv. 1 er et 2«, ibid. 3° Trois duos pour deux 
violons, livre 3 e ; Vienne, Haslinger. 4° Douze 
menuets de la redoute pour piano, liv. I, II, 
III; Vienne, Artaria. 

KLEIVG (Grégqme), facteur d'orgues alle- 
mand, vécut vers 1495. Ce fut lui qui restaura 
l'orgue de la cathédrale de Ilalberstadl , 
construit par Nicolas Faber, en 1361. Au- 
dessous des deux claviers de cet orgue, il s'en 
trouvait un troisième d'une seule octave pour 
la basse. Praetorius, qui nous fournit ces ren- 
seignements; est incertain si on jouait ce cla- 
vier avec les genoux ou avec les doigts. 

RLEIXGEL (Auguste- Alex a >dre), premier 
organiste de la cour de Dresde, naquit dans 
celle ville en 17S4. Son père, paysagiste dis- 
tingué, et professeur de peinture, ne le desti- 
nait point à la profession de musicien ; mais le 
jeune Klengcl montra de si heureuses dispo- 
sitions pour la musique, qu'il fallut céder à 
son penchant et lui donner un maître. Michl- 
mayer lui donna les premières leçons de 
piano. Les progrès de l'élève furent si rapides, 
qu'à douze ans il excitait déjà l'élonnemenl 
par son habileté. Clcmenli, l'ayant entendu 
<!ans le voyage qu'il fit en Allemagne en 
1803, apprécia sa portée, et le prit pour élève, 
fendant l'année 1804, il lui fil parcourir avec 



lui les villes rhénanes, la Suisse, la Prusse et 
la Havière. Un peu plus tard, Clementi se ma- 
ria à Berlin, partit pour l'Italie et se sépara de 
Klcngel ; mais l'illustre matlre, ayant perdu 
sa femme pendant ce voyage, revint en Alle- 
magne , et engagea Klengcl à l'accompagner 
en Russie : le maître et l'élève s'y rendirent 
en effet." KIcngel y resta depuis 1805 jus- 
qu'en 1811, et s'y livra à l'enseignement, sans 
négliger ses propres études. Son talent d'exé- 
cution, particulièrement dans la musique de 
Bach et des anciens maîtres, était dès lors 
arrivé au plus haut point de perfection. Eu 
1811, il se rendit à Paris et y passa deux 
années. Vers le milieu de 1813, inquiet sur 
les événements qui désolaient l'Allemagne et 
menaçaient la France, il partit pour l'Italie et 
y demeura un an. De retour à Dresde en 

1814, il se fit entendre à la cour, puis se ren- 
dit en Angleterre et y passa toule l'année 

1815. Cependant, malgré celle longue absence, 
le roi de Saxe avait conservé le souvenir du 
plaisir que lui avait fait le talent de Klengel; 
lorsque cet artiste retourna à Dresde en 1816, 
il le nomma premier organiste de la cour. 
Depuis lors , il n'a cessé d'habiter sa ville 
natale, à Texceplion d'un voyage de peu de 
durée qu'il a fait à Paris en 1828. Dans ce 
voyage, il a fail entendre à ses amis une suite 
de pièces dans un genre plutôt canonique que 
fggué, eld'un style gracieux et mélodique qui 
a été considéré par les connaisseurs comme 
une véritable création. Personne ne doutait 
alors que ce bel ouvrage n'ajoutât beaucoup à 
la réputation de Klengel, qui semblait décidé 
à le mettre bientôt au jour. Cependant les 
années s'écoulèrent, et rien n'en fut publié 
pendant sa vie. a l'exceptiou d'un recueil de 
pièces d'un genre moins sévère, auquel il avait 
donné pour titre : les Avant-coureur* , exer- 
cices pour le piano, etc., et qui parut à 
Dresde en 1841. En 1849, je le visitai dans 
celle ville, et dans l'intimité de notre ancienne 
amitié, il me joua les pièces qu'il avait ajou- 
tées à son recueil depuis le voyage de Paris, et 
me fit remarquer les corrections qu'il avait 
faites aux anciens morceaux : toutes n'étaient 
pas heureuses. Au reste, il ne pouvait plus me 
jouer ces choses difficiles avec la correction et 
la délicatesse qu'il y niellait vingt ans aupa- 
ravant. Ses doigts avaient perdu leur souplesse 
et leur brillant. Il avait trop attendu pour la 
publication de cet important ouvrage : le 
temps de l'intérêt que faisait mitre l'admi- 
rable exécution de l'auteur était passé. En 
1851, Klengcl s'csl rendu à Bruxelles cl y a 



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KLENGEL - KLIER 



G5 



passé l'hiver pour entendre les concerts du 
Conservatoire, qui lui faisaient éprouver un 
vif plaisir. Il venait causer avec moi de temps 
en temps ; mais sa santé était mauvaise et 
son humeur chagrine. Il partit au printemps 
de 1852 pour retourner à Dresde et y mourut 
le 22 novembre de la même année, à l'âge de 
soixante-huit ans. 

Après sa mort, M. Hauptmann {v. ce nom), 
son ami, a publié son grand ouvrage sous le 
titre de Canons et fugues (Canons und Fugen, 
opus posthumum), à Leipsick, chez Breitkopf 
et Haertel; mais, ainsi que je Pavais prévu, cet 
oeuvre n'a pas eu le succès qu'il mérite, parce 
qu'il n'a pas été mis au jour â l'époque pour 
• laquelle il a été fait. 

Les ouvrages «connus de Klengcl sont ceux 
dont les litres suivent : 1° Concerto pour le 
piano (en si h. 4 mol), op. 4 ; Londres, Dalmaine; 
Paris, Plcyel; Leipsick, Breitkopf et Haertel. 
2° Deuxième concerto (en mi mineur), op. 20 ; 
Leipsick, Pelers. 3° Polonaise concertante 
pour piano, flûte, clarinette, alto, violoncelle 
■cl contrebasse, op. 35. 4° Grand trio pour 
piano, violon et violoncelle, op. 36 ; Leipsick, 
Breitkopf et Itorlel. 5 U Fantaisie à quatre 
mains, op. 31 ; Leipsick, Peters. 0° Sonates 
pour piano seul, op. 2 j Leipsick, Breitkopf et 
Itartel. 7° Sonate idem, op. 9 ; Paris, Érard. 
$° Morceaux détachés tels que rondeaux, di- 
vertissements, nocturnes, etc., op. 5, 6, 7, 12, 
14, 18, 19, 20, 21, 22, 25, 25, 20, 27, 28, 30, 
33, 34 ; Paris, Vienne, Leipsick. 9° Variations 
sur un air suisse, op. 32 ; Leipsick, Peters. 
10° Les Avant-coureurs. Exercices pour le 
pianoj contenant XXIV canons dans tous 
les tons majeurs et mineurs, calculés pour 
servir d'étude préparatoire du grand re- 
cueil de canons et fugues, composés par 
Aug.- Alexandre Klengel, premier organiste 
de S. M. le roi de Saxe. Dresde, Guill. Paul. 
Klengcl a laissé en manuscrit un concerto (en 
mi bémol), un autre (en ut), un quintette 
(en mi bémol), écrit pour la Société philhar- 
monique de Londres, et la belle collection de 
loccates, de pièces fuguées et de canons indi- 
quée plus haut. 

KLEIN GEL (Auguste-Gottlieb ou Théo- 
rniLE), chanteur dramatique allemand, naquit 
a Dresde, le 7 avril 1787. Ayant été admis 
parmi les élèves de l'École de la Croix, il y 
icçutdes leçons de musique et de chant. Sa 
Inllc voix de soprano le faisait rechercher pour 
c':.<tUer les solos dans les églises et dans les 
chœurs du Théâtre-Italien. Destiné à l'étal 
ecclésiastique, il alla étudier la théologie a 



l'Université de Leipsick. En 1811, il venait de 
terminer ses cours et de prononcer un sermon, 
lorsque tout à coup il changea la direction de 
sa vie et se fit entendre comme lénor dans les 
concerts du Gewandhaus ; puis il acecepta un 
engagement pour le Théâtre de Breslau. Dans 
les années 1813 à 1820, il chanta à Manheim, 
Munich et Leipsick. Appelé à Hambourg, en 
1820, il y resta jusqu'en 1835. Retiré depuis 
lors du théâtre, il a dirigé, pendant quelque 
temps, diverses sociétés de chant. La voix de 
cet artiste avait une belle et puissante sono- 
rité, son style était beau et large, et son action 
dramatique avait de la chaleur et de l'exprès* 
sion. 

RLES (F.), violoniste, né vraisemblable- 
ment en Silésie, vivait à Breslau, vers la An 
du dix-huitième siècle. Il a fait imprimer, en 
1786 : 1° Concerto pour violon principal, avec 
accompagnement. 2° Concerto pour alto et 
orchestre. 

KLETZIINSRI ou KLECZIÏXSKI 
(Jeas), violoniste et compositeur, né en Po- 
logne, dans la seconde moitié du dix-huitième 
siècle, vécut à Vienne après le partage de sa 
patrie, n a publié de sa composition : 1° Six 
trios pour violon, alto et violoncelle, op. 4, 
Vienne, Kozeluch. 2° Premier concerto pour 
violon (en re), op. 1 ; Lemberg. 3° Vingt varia- 
lions pour deux violons concertants sur un 
thème allemand, op. 5; Vienne, Kozeluch. 
4° Douze variations sur l'air : O mein liéber 
Augustin ; Vienne, Artaria. 5° Trois duos pour 
deux violons, op. 8; Vienne, Haslingcr. 

KLIEft (Augustin), né le 25 octobre 1744, 
dans la petite ville de Weiden, sur le Mein, lit 
ses éludes au Collège des jésuites à Amberg. 
En 1762, il entra au monastère de Spcinshart, 
et y fit profession comme chanoine régulier 
de Saint-Norbert, le 8 décembre 1763. Là, il 
trouva dans la plupart des moines des musi- 
ciens instruits, et cette circonstance lui permit 
de développer ses heureuses facultés pour la 
musique. Voulant hâter ses progrès dans cet 
art, le supérieur du couvent l'envoya à Mu- 
nich, où il étudia le chant, la flûte et le vio- 
loncelle, sous la direction d'un bon maître. De 
retour dans son monastère, il y fut ordonné 
prêtre, le 10 novembre 1771, et bientôt après 
fut chargé de l'enseignement de la musique. Il 
possédait une belle voix de ténor, et chantait 
avec beaucoup d'expression et de goût. Après 
l'envahissement du haut Palatinat par les 
armées françaises, en 1796, son couvent fut 
supprimé, et il se retira à Munich, où il vivait 
encore en 1812, s'y occupant de musique et de 



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56 



KLIEH - KL1NGENSTEIN 



littérature. Il avait en manuscrit neuf messes 
de sa composition, des litanies, des Magni- 
ficat 7 et d'autres morceaux de musique 
d'église. 

H LIER (Aîidré), frère du précédent, na- 
quit, en 1746, à Sladt-Remnalh, dans la Ba- 
vière. Ayant été admis au séminaire d'Amberg, 
comme enfant de chœur, il y apprit la musique 
et la langue latine. En 1707, il entra chez les 
Franciscains de cette ville et y remplit les 
fonctions de directeur du chœur. Les messes, 
les litanies et autres compositions de musique 
d'église, qu'il y faisait exécuter, furent remar- 
quées à cause de leur mélodie simple et facile. 
En 1812, il vivait au couvent de Neukirchen. 
Depuis cette époque, on n'a plus eu de rensei- 
gnements sur sa personne. 

KLIER (Joseph), frère cadet des précé- 
dents, naquit à Stadl-Kemnath, le 24 avril 1760, 
et étudia, comme ses frères, au séminaire 
d'Amberg. En 1777, il entra cher les béné- 
dictins de Weissenhohc, y fit profession le 17 
novembre de l'année suivante, puis alla étu- 
dier la philosophie et la théologie à Pfraiver- 
silé d'Ingolsladt. De retour dans son couvent, 
il y fut ordonné prêtre, le 24 juin 1783, et y 
remplit pendant plusieurs années les fonctions 
de directeur de musique. Après la suppres- 
sion de son monastère, il se fixa à Neumark; 
mais au mois d'août 1810 il obtint le prieuré 
de Wondrech. Ce moine se distingua autant 
par la beauté de sa voix que par son habileté 
sur le violon, l'alto et la guitare. Il a fait im- 
primer de sa composition un trio pour flûte, 
•violon et guitare, à Augsbourg, chez Bœhm. 

KLING (M.), musicien bavarois, a fait 
imprimer un livre qui a pour titre : Theore* 
tisch-prakîische Horn,Posthorn und Trom- 
petensckule, oder die Kunst, in ganz kurzer 
Zeit mit Leichtigkeit dièse Instrumente auf 
eine bisher nach unbekannte Art erlemen 
zu kœnnen (École théorico-pratique du cor, 
du cornet de poste et de la trompette, etc.), 
Ralisbonne, Reilmayer, 1829, in-8°. 

KLI:*GENBERG(Frédébic-Gijillau*e), 
cantor à l'église Saint-Pierre de Gœrlîtz, est 
né, le 6 juin 1809, à Sulau (Silésie), où son 
père était cantor et organiste. Il reçut de lui 
les premières instructions dans la musique : à 
l'âge de onze ans, il fut envoyé à Brcslau pour 
s'y préparer, par les éludes du gymnase, à celle 
de la théologie. Pendant les cinq années qu'il 
demeura dans celte ville, il reçut des leçons 
de théorie de l'organiste Neugebauer, apprit 
le violon chez Taschenberg, et le piano chez 
Réflel. Le maître de chapelle J. Schnabel lui 



enseigna la composition. Son père, ayant été 
nommé cant or et organiste de l'église Notre- 
Dame (Frauenkirche) à Liegnilz, y appela le 
jeune Klingenberg pour y suivre les cours du 
collège. Il y resta jusqu'en 1850, puis se rendit 
à l 'Université de Breslau : dans l'année sui- 
vante, il fui choisi comme directeur de la société 
de chant. Sa bonne direction de cette Société 
et ses talents comme violoniste solo et comme 
compositeur l'ayant fait connaître avantageu- 
sement, il fut nommé cantor de l'église Saint- 
Pierre à Gœrlilz, en 1840. Là, son habileté 
dans les fonctions qui lui étaient confiées se 
montra sous un aspect si favorable, que le 
magistrat, avec l'autorisation du roi, le nomma, 
en 1844, directeur de musique. Cet artiste de ■ 
mérite a publié plusieurs recueils de Lieder à 
vofx seule, avec accompagnement de piano, 
d'autres chants pour des chœurs d'hommes, à 
quatre parties, une cantate de fête, à quatre 
voix, avec orchestre, op. 16, quelques composi- 
tions pour le piano, dont une fantaisie-sonate, 
op. 11, et des pièces d'orgue. Un hymne de sa 
composition, pour chœur et orchestre, a été 
exécuté a Gœrlitz, en 1845. 

Le frère de Klingenberg (Jules), né à Sulau, 
le 15 mars 1815, est élève de Kummes, de 
Dresde, pour le violoncelle. Depuis 1842, il vil 
à Saint-Pétersbourg. On a de lui des compo- 
sitions pour le violoncelle et pour le piano. 

KLINGEÏNBIUJIXNEU (Guillaume), cais- 
sier des États provinciaux, à Vienne, est né 
en cette ville, le 27 octobre 1782, et a appris 
la musique, la flûte, la clarinette, le cor de 
bassette et d'autres instruments sous la direc- 
tion de différents maîtres. Il a publié de sa 
composition : 1° Duos de flûte, op. 8, 14, 16, 

18, 48. 2° Variations pour deux flûtes, op. 9, 

19. 3° Environ trente œuvres de variations, 
fantaisies, caprices, préludes, etc., pour flûte 
seule. 4° Des pièces pour czakan et guitare. 
5° Environ dix œu.res de solos pour czakan. 
Toute celte musique a paru à Vienne, chez 
Haslinger et Artaria. On a aussi de KJingen- 
brunner une méthode de flûte, Vienne, Has- 
linger, et une méthode de czakan, ibid. 

KLINGENSTEIN (Beihiabd) , religieux 
de Tordre de Saint- Benoit et directeur de mu- 
sique de l'église cathédrale d' Augsbourg, vécut 
au commencement du dix-septième siècle. 
Élève de la belle et savante école qui existait 
en Bavière dans le siècle précédent, il a fait 
preuve de beaucoup d'habileté dans les ouvrages 
dont voici les titres : 1° Trinodium sacramm, 
motets à trois voix, première partie, Dillingen, 
1605. 2» Symphoniarum 2, 3,*4, 5, et 8 



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KLINGENSTEIN - KLINGSOHR 



S7 



vocum, pars 1, Munich, 1607, in-4 e . 3°flo- 
setum Marianum y contenant trente- trois 
hymnes et antiennes à la Vierge, à cinq voix, 
première édition, Dillingen, Adam Meltzer, 
1604, in-4°. La deuxième édition est de 
Mayence, 1609: Une troisième édition de celle 
dernière collection a* été publiée à Augsbourg, 
en 1684. 

KUNGHAIHMER (J.-C). Sous ce nom 
d'un auteur inconnu, a paru le premier cahier 
d'un ouvrage dont In publication devait être 
périodique, et qui avait pour titre : Theore- 
tischpraktische Gedanken Uber die Tonkunst 
(Idées théoriques et pratiques sur la musique), 
Salrwedel, 1777, in- 8°. La suite n'a point été 
publiée. 

KLINCOHIt, nom d'une famille distin- 
guée dans la musique. Elle est originaire de 
la Bohême et s'est établie en Silésie vers le 
milieu du dix-huitième siècle. Le père, Joseph 
Klingohr, né en 1755, était instituteur et 
organiste à Tropplowilz, près de LeobschUtz. 
Il est mort à l'âge de quatre-vingt-quatorze 
ans, le 7 juin 1839, après avoir rempli ses 
fonctions d'une manière honorable, pendant 
un demi-siècle. Au nombre de ses élèves les 
plus remarquables sont ses trois fils. L'alné 
{Auguste Klingohr) , violoniste d'un rare 
mérite, est directeur d'orchestre de quelques 
sociétés musicales de Breslau. Le plus jeune 
(François), né le 16 mars 1795, est professeur 
de musique et de piano à Posen. Mais le plus 
célèbre des trois frères Klingohr est celui qui 
est l'objet de l'article suivant. 

KLIIXGOIIU ( Joseph - Guillaume ) , 
deuxième fils de Joseph, est né à Tropplowilz, 
le 11 septembre 1785. Doué des plus heureuses 
dispositions pour la musique, il reçut de son 
père les premières leçons de chant et de piano. 
Un œuvre de deux sonates de piano, avec ac- 
compagnement de violon et de violoncelle, 
qu'il publia en 1805, et douze landler pour 
piano seul, sont les première? productions qui 
l'ont fait connaître. Peu de temps après que 
ces ouvrages eurent paru, Klingohr se rendit 
à Breslau et s'y fit une honorable réputation 
comme pianiste et comme compositeur. Bien- 
tôt lié d'une étroite amitié avec Ch.-M. de 
Weber et Berner, il éprouva la favorable in- 
fluence de ces liaisons par le développement 
que prirent ses idées. Dans l'exécution des 
concertos de Mozart et de Beethoven, qu'il fai- 
sait quelquefois entendre, on admirait l'ex- 
pression de son jeu. Vers 1810, il accepta la 
place de maître de chapelle du prince d'An- 
halt-Plcssl ; mais il ne jouit pas longtemps des 



avantages de cette situation, car il mourut à 
l'âge de trente et un ans, le 16 janvier 1814. 
On a de sa composition : 1° Sonates pour piano, 
violon et violoncelle, Breslau. 2° Variations 
faciles pour piano, violon, alto et violoncelle, 
n° 1; Breslau, Fœrster. 5° Idem, n° 2, ibid. 
4° Variations sur un thème original à quatre 
mains, avec accompagnement de violon et vio- 
loncelle, ibid. 5° Marche pour piano à quatre 
mains, ibid. 6° Variations faciles pour piano 
seul, ibid. 7° Polonaise pour piano, ibid. 
8" Six valses et six allemandes ; Breslau, Grass. 
9° Chants du matin et du soir, pour trois so- 
pranos et contralto, à l'usage des écoles de 
chant; Breslau, Fœrster. 10° Chansons à 
voix seule, avec accompagnement de piano, 
ibid. Klingohr a laissé en manuscrit beaucoup 
de chants à quatre voix, à l'usage du Gym- 
nase catholique de Breslau, une messe à quatre 
voix, Stationes Theophoricx, qui se chantent 
à Breslau chaque année dans les stations de la 
Fête-Dieu, trois offertoires, trois litanies, 
un Requiem allemand , un Feni Sancle 
Spiritus, des duos pour soprano et basse, des 
sonates de piano avec et sans accompagne- 
ment, etc. 

KLINGSOHR, ou KL1TSGSOHRE, cé- 
lèbre maître chanteur, ou plutôt minnesinger 
(chanteur d'amour),. vécut vers la fin du dou- 
zième siècle et au commencement du treizième. 
Après avoir étudié à Cracovie, à Paris et à 
Borne, il se rendit en Orient pendant les expé- 
ditions des croisades et parcourut l'Arabie. 
De retour en Europe, il se fixa dans la Tran- 
sylvanie, d'où il fut appelé par Hermann de 
Thuringe, en 1207, pour disputer le prix du 
chant contre "Wolfram d'Eschenbach {voyez 
ce nom), autre maître chanteur célèbre, dans 
le combat poétique el musical de la Warlbourg. 
Le résultai fut incertain parce qu'Eschenbach 
se montra plus habile dans le chant religieux, 
et Klingsobr dans les chansons d'amour. On 
ne sait rien concernant les dernières années 
de celui-ci. D'après le poème anonyme sur 
celte lutte célèbre, dont un manuscrit est à la 
Bibliothèque de Jéna, Klingsohr n'y a pris 
part que comme juge. 

Suivant W. Grïmm {Meistergesang, p. 117), 
Koberslein (dans sa dissertation sur le combat 
poétique du combat de Warlbourg , p. 55 et 
suivantes), el Gœrres (Préface du Lohen- 
grin, p. xxxvi), Klingsohr ne serait qu'un 
personnage allégorique dont le nom, formé de 
KUngeHy résonner, et ohr y oreille (sons qui 
frappe l'oreille), serait l'emblème de la puis- 
sance de la poésie chaulée sur le sentiment hu- 



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t>8 



KL1NGS0HR — KLOEKENBRING 



main ; mais des autorités contemporaines, no- 
tamment le biographe de sainte Elisabeth de 
Hongrie, Dielrich d'Apolda, qui écrivait en 
1289, prouvent l'existence de ce minnesinger : 
Hic magister, ditDietrich, Çlynsor nomine, 
ad dijudicandas prxdictorum virorum can~ 
liones in Thuringiam per vohtntatem et be- 
neplacitum principu)n est adductus. 

Il existe quelques fragments d'un poème de 
Klingsohr dans un manuscrit de Jéna et dans 
un autre du Muséum de Golmar ; mais on n'a 
rien retrouvé jusqu'à ce jour de la poésie ni 
des mélodies de ses chansons d'amour. 

KLII» KOSCII (Joseph-Tiiadée), conseiller 
impérial et docteur en médecine à l'Université 
de Prague, naquit dans celle ville, le 24 octo- 
bre 1734 et y mourut le 16 avril 1778. Doué 
d'un esprit inventif et d'idées originales, il fa- 
briqua des violons, des harpes et d'autres instru- 
ments de nouvelles formes, qui se sont perdus. 
Il s'occupa aussi longtemps d'une machine 
propre à imiter les sons articulés de la voix 
humaine; mais la mort l'a empêché de publier 
les résultats de ses recherches. 

KLIPjSTElU (Jean), célèbre luthiste, né 
a Prague, dans le seizième siècle, passa toute 
sa vie dans cette ville, où il a laissé à sa mort 
beaucoup de pièces manuscrites pour son in- 
strument. On trouve dans les Sylrarum Juve- 
nilium, de Sleinmelz (p. 05, 00), une pièce de 
vers latins d'assez mauvais goût, ainsi conçue, 
sur cet artiste : 

Klipstcînium in Philire testudine ludere Phœbi 

Su.'ivitcr aima Venus vidit, et ohstupuit. 
Exin risit, et ad natum : Testudine noslra 

Klipstcinium posiliac luderc oportcl. ail. 
Annuit aies Amor, colérique cilntor Kuro 

Klipsleinii notum venil ad liospilium. 
llonstravitquc simul Vcneris testudinem et liae Te 

KHpstcini. posthae ludere oportel, ait 
KlipMcinin placuit lestudo h ace, jamque per annum 

Dnm didieit doclus pene Magister erit. 
L'terc Klipsleini hne testudine, Inde fréquenter 

Donec verticulo cliorda minuta cadjt. 
' Idquc Tac ad Yciicri* libitum, tum proemia si Te 

Dcficicnt, vates carminé fjlsu* ero. 

KLIPSTEIN (Georces-Godefroid), 
cantor et instituteur à Oels, en Silésie, naquit 
à Miilhauscn, dans la Thuringc, le 24 sep- 
tembre 1772, et mourut à Ocls, le 15 janvier 
1830. Il s'est fait connaître par un manuel 
d'orgue intitulé : Rath- und Ifiilfsbuch fiir 
Organisten und solche, die es werden tro/- 
len (Livre d'avis et de secours pour les orga- 
nistes, et pour quiconque veut le devenir), 
Breslau, Joseph Max cl O, 1820, in-fol. obi. 
Cet ouvrage contient cent quatre-vingts chants 



chorals choisis , particulièrement d'anciens 
compositeurs, avec dix mille petits versets ou 
préludes. Le texte, le titre et l'index de ce livre 
forment quatre feuilles d'impression, suivies de 
trois cent quinze pages de musique lilhogra- 
phiée. Une deuxième édition de ce livre a été 
publiée à Breslau, chez Je même éditeur, eu 
1855, un volume in-fol. obi. de quatre-vingts 
feuilles. 

KLOEKENBRING (Fhédéric-Arkold), 
fils d'un prédicateur, naquit à Schnakenbourg, 
près de Lunebourg, le 51 juillet 1742. Après, 
avoir commencé ses études sous la direction de 
son père, il alla les terminer, en i7ûl , au collège 
Carolinum de Brunswick. Il avait alors dix- 
neuf ans cl n'avait jamais assisté à des repré- 
sentations d'opéra. Ce fut à Brunswick qu'il 
entendit le premier ouvrage de ce genre, et 
son extase fut telle, que la représentation 
étant finie, il resta assis à sa place, absorbé 
par le plaisir qu'il venait d'éprouver. Il fallut, 
pour le tirer de sa rêverie, que l'inspecteur de 
la salle vint lui demander si son intention était 
de passer la nuil au théâtre. Cette circonstance 
décida de sa vocation pour la musique. Il fît de 
rapides progrès dans cet art, et y acquit en 
peu de temps assez d'habileté pour que le 
maître de chapelle Schwaubcrger l'employât à 
instrumenter la partition d'un opéra qui lui' 
était demandé et qui devait être terminé rapi- 
dement. Ce fut vers le même temps qu'il mit 
en musique diverses poésies, entre autres l'ode 
intitulée Seltnar à Selma. Le désir d'augmen- 
ter ses connaissances musicales lui avait fait 
prendre la résolution d'aller étudier cet art en 
Italie, mais le sort en décida autrement. Son 
père l'envoya en 1704 suivre un cours de phi- 
losophie à l'Université de Leipsick, et deux 
ans après, il étudia la jurisprudence à celle de 
Gœttingue. L'étendue du savoir qu'il avait ac- 
quis lui fit confier en 1772 la place de bourg- 
mestre à llamcln, et en 1778 il obtint celle de 
secrétaire de la chancellerie, à Ilanovre. Dans 
ses dernières années, sa raison se dérangea. Il 
mourut à Hanovre, le 12 juin 1795. Parmi les 
écrits de ce savant, on remarque ; \° Etwas 
iiber die Musik in den neuerlich entdukten 
Siidlxndem^besonders iiber den Unterschied 
zwischen dem Inlervallen- System, dieser 
Voilker und dem unsrigen (Quelque chose 
sur la musique des pays nouvellement décou- 
verts dans la mer du Sud, cl particulièrement 
sur la différence du système d'intervalles de 
ces peuples avec le nôtre). Cet écrit est inséré 
dans les Aufsxtzen ver&chicdcne* ïnhalts, 
Hanovre, 1787, deux volumes. Dans le même 



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KLOEKENBRING — KLOSS 



59 



ouvrage, on trouve aussi : 2" Vêler dit Fehler 
des gewœhnlichen Vnterrichts in der Musik 
(Sur les défaut» de l'enseignement ordinaire 
dans la musique) Gerher cite aussi du même 
écrivain, dans son ancien Lexique des musi- 
ciens , ces deux morceaux : 3° Lettre d'un 
amateur de musique sur la question : Si des 
jeunes personnes de bonne famille doivent 
apprendre la musique, et comment? 4° Ré- 
ponse d'une dame à l'auteur de la lettre pré- 
cédente. L'amateur de musique recommande 
l'étude de la théorie de Tari ; la dame, au con- 
traire, insiste sur la pratique. 

KLOEFFLER (Jean-Frédéric), directeur 
de concert, et assesseur des finances du comte 
de Benlheim-Steinfurt à Burg-Sleinfurt, près 
de Munster, est mort en ce lieu dans l'an- 
née 1793. Il a publié à Amsterdam, avant 
1784 : 1° Six sonates pour le clavecin. 2° Six 
concertos pour la flûte. 3° Six trios pour le 
même instrument. 4" Six symphonies à grand 
orchestre. 5° Six sonates pour clavecin, violon 
et violoncelle. On attribue au même musicien 
une Bataille à deux orchestres qui a été exé- 
cutée à Hambourg, Berlin et Copenhague, 

KLOSE (Georges), facteur d'orgues à 
Brieg, vers le milieu du dix-septième siècle, a 
construit, en 1068, l'orgue de l'église évangé- 
lique de Schweîdnilz, de trente-cinq jeux, deux 
claviers et pédale, avec six soufflets. 

KLOSE (F.-J.), né à Londres, vers la fin 
du dix-huitième siècle, est fils d'un professeur 
de musique de cette ville, qui lui a enseigné 
les éléments de cet art. Ensuite il a étudié la 
composition avec différents maîtres, surtout 
avec François Tomisch. Devenu un des bons 
violonistes de Londres, Rlose fut employé dans 
plusieurs orchestres, particulièrement à ceux 
du théâtre du roi el du concert de l'ancienne 
musique; mais il quitta toutes ses places 
pour se livrer à l'enseignement. Ses ballades, 
qui sont en général d'un genre tendre et sen- 
timental, ont eu du succès. On cite, comme 
la meilleure, celle qu'il a écrite sur les vers de 
lord Byron : My native land, good night. Il a 
écrit, pour le théâtre de Covent-Garden, la 
musique de -plusieurs ballets et mélodrames, 
et a fait exécuter, avec succès, une ouverture 
à grand orchestre à King's théâtre. On a im- 
primé de sa composition : 1° Six sonatines 
pour le piano. 2° Grande sonate pour piano et 
flûte. 3° Préludes pour piano. 4° Sept divertis- 
sements détachés pour le même instrument, 
o" Beaucoup de ballades cl de chansons avec 
accompagnement de piano f»° lin livre de 
mélodies irlandaises choisies. 7° Un idem de 



mélodies écossaises. 8° Un idem de mélodies 
cambriennes. 9°Deuxtdem de mélodies fran- 
çaises. 10» Des déguisements amoureux, 
grand ballet représenté au théâtre du Roi, 
arrangé pour le piano. 11° Beaucoup d'airs et 
de rondos idem. 12° Des airs de danse idem. 
13° Instruction Bodk for Piano -forte {deux 
éditions). 14° Practical hints for acquiring 
Thorough- Bass (Leçons pratiques pour ap- 
prendre la basse continue), Londres, 1822, 
gr. in-8°. Cet ouvrage est rempli des fautes 
les plus grossières dans les exemples d'har- 
monie. 

KLOSE (Henri- Auguste), cantor et insti- 
tuteur supérieur â L0bau,dans la Prusse po- 
lonaise, né dans les premières années du dix- 
neuvième siècle, a publié un livre choral pour 
les écoles, contenant les chants et répdns les 
plus en usage, arrangés pour deux, trois et 
quatre voix d'enfants, sous ce titre : Schul- 
choralbuch oder Sammlung der gebràuch- 
lichsten Chorale und Responsorien fiir 2, 
3 tâid A Kinderstimmen ausgesetzt, Lobau, 
C.-G. Schulze, 1836, in -8° de 48 et iv pages. 
KLOSE (Hïacuthe-Éléonore), professeur 
de clarinette au Conservatoire de Paris, est né 
le 11 octobre 1808 à Corfou (Iles Ioniennes). 
Venu jeune en France el«ntré dans la musique 
d'un régiment comme clarinettiste, il perfec- 
tionna son talent par les leçons de Kevv (voyez 
ce nom), et, après la mort de cet excellent 
artiste, il lui succéda comme professeur au 
Conservatoire , le y janvier 1839. M. RIosé 
possède un beau son el une belle manière 
de phrase r, dans laquelle on retrouve le 
style de son maître. Il s'est fait entendre 
avec de brillants succès dans les concerts de 
la société du Conservatoire. Il a formé de 
bons élèves, au nombre desquels on dislingue, 
en première ligne, M. Le Roi. Il a aussi per- 
fectionné le doigter de son instrument par 
l'application du système des clefs â anneaux, 
vers 1843. On a gravé de la composition de cet 
artiste : 1° Premier air varié 4>our la clari- 
nette, avec orchestre ou piano, Paris, Ri- 
chault. 2° Premier solo idem, avec orchestre 
ou piano, ibid. 3° Trois duos |ioiir deux clari- 
nettes, premier livre, ibid, 4" Deuxième solo 
pour clarinette, en si bémol, avec accompa- 
gnement d'orchestre ou de piano, Pans, Meis- 
sonnicr. M. RIosé a arrangé pour la clarinette 
vingt éludes de Kreutzer el de Fiorillo, ibid. 

KLOSS (Cii Ait les), directeur de imtsii|u<: à 

Dresde, né à Mohrllngcn {Prusse orientale}, 

près d'Elbing, le 8 féviier 17112, est dU iVun 

\ cantor de cet endroit. Dès l'âge de six an>, il 



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60 



KLOSS — KLOTZ 



appril les éléments de la musique, du piano et 
de l'orgue, 6ûus la direction de son père. De- 
venu orphelin, à l'âge de onze ans, îl alla con - 
linucr ses éludes de musique et de latinité au 
collège de Sangcrhausen, qu'il fréquenta pen- 
dant quatre ans. L'organiste Rœdiger fut pen- 
dant ce temps son maître de piano et d'orgue. 
Plus lard, il commença à pourvoir à sa sub- 
sistance en donnant des leçons. Turk, qui 
le connut alors et qui remarqua ses heureuses 
dispositions, l'engagea à se rendre à Halle, et 
à entrer dans le chœur de musique dont il 
était directeur. Kloss, ayant accueilli ces pro- 
positions, étudia la théorie sous la direction de 
cet excellent maître. Après la mort de celui-ci 
(en 1813), Kloss fut obligé d'accepter une place 
de violoniste au théâtre dcLeipsick. En 1816,1e 
prince Jablonowski le choisit pour son maître 
de chapelle et pour directeur de ses concerts. 
Deux ans plus tard, il quitta cette position pour 
aller vivre à Kœnigsberg où il occupe une 
place de violoniste à l'orchestre du théâtre ; 
mais la vie calme d'une petite ville lui fit 
préférer, trois ans après, la place d'organiste 
à Elbing; mais son caractère inconstant lui 
fit encore abandonner cette ville pour une 
place de direetcurde musique et de professeur 
de chant à D&nlziok : il ne la garda pas 
longtemps, étant revenu une secoode fois à 
Lcipsick, où il ne resta que quelques mots, 
parce qu'il avait obtenu la position d'organiste 
d'une des églises de Dresde, qu'il échangea 
ensuite contre celle de directeur de musique. 
Son séjour dans cette ville fut le plus long 
qu'il eût fait depuis longtemps dans le même 
lieu, car il y resta trois ans. Après cette époque 
de calme, Kloss rentra dans les habitudes 
d'agitation où il paraissait se plaire : ainsi on 
le voit, pendant un certain nombre d'années 
élever une école de musique à Berlin (1855), 
l'abandonner pour une place d'organiste 
en 1837, devenir directeur de musique chez le 
prince Carolalh , en Silésie (1838), puis se 
transporter en Magdebourg, pour s'y faire 
professeur de chant (1859) ; de là faire un saut 
jusqu'à Cronstadt, où il redevient organiste et 
directeur du chœur d'une des églises de cette 
ville (1840). En 1843, il est de retour à Berlin, 
où il donne des concerts historiques et reçoit 
une médaille d'or du roi de Prusse; deux ans 
après, il est à Francfort; puis on le trouve â 
Eperies, en Hongrie, où il tient une école de 
musique pour les enfants, et enfin, il va mou- 
rir à Riga, le 20 avril 1853. 

Ses compositions annoncent peu de génie, 
mais elles sont bien écrites. Parmi ses ouvrages, 



on remarque : 1° Des sonates pour piano et 
violon, op. 16 et 25; Bonn, Si m rock et Leip- 
sick, Breilkopf et Hserlel. 2° Des pièces déta- 
chées pour piano, telles que polonaises, rondos, 
marches à quatre mains, etc., op. 3, 5, 14, 24, 

26, ibid. 3° Des sonates pour piano seul, op. 25, 

27, 29, ibid. 4° Des rondos idem, ibid. 5° Des 
variations idem f ibid. 6° Des polonaises et des 
valses idem, ibid. 7° Des chœurs extraits de la 
liturgie de Prusse, trois suites, avec accompa- 
gnement d'orgue; Berlin, Trautwein. 8° Plu- 
sieurs cahiers de chants à voix seule, avec ac- 
compagnement de piano ; Leipsick. 0° Plusieurs 
recueils de motets et de chants religieux à quatre 
voix et orgue ; Berlin, Guttentag. 10° Le choral : 
O Jffaupt voll Blut und Wunden, varié pour 
l'orgue, avec une introduction, op. 2; Leip- 
sick, Hofmeister. 11° Six pièces d'orgue, pour 
l'usage des fêles solennelles, op. 7; Bonn, Sim- 
rock. 

KLOTZ ou CLOTZ (Mathias) (1), luthier 
tyrolien, naquit vers 1040. Ayant été admis 
dans l'atelier de Jacques Slciner, il devint son 
meilleur élève. Après la mort de son maître, il 
établit une manufacture d'instruments, dont 
les formes sont en général imitées de celles de 
Sleiner, mais dont la qualité de son est moins 
argentine. La plupart des violons de Klotz ont 
été fabriqués depuis 1G75 jusqu'en 1696. Il 
existe cependant des instruments qui portent 
le nom de Mathias Klotz, et une date posté- 
rieure, mais on croit qu'ils ont été fabriqués 
par les fils de cet artiste, et que ceux-ci n'ont 
mis leurs noms aux violons et violes sortis de 
leurs ateliers qu'après la mort de leur père. 
J'ignore sur quels fondements Otlo a donné à 
Klolz le père le prénom d'Egitia (Uber den 
Bau der Bogeninstrumente, p. 81); tous les 
instruments de cet artiste que j'ai vus portent 
celui de Mathias. Égide fut le prénom d'un 
de ses fils. 

Georges, Sébastien et Égide Klolz, fils de ce 
luthier, onl fabriqué des violons qui ne sont 
pas dépourvus de mérite, mais qui sont moins 
recherchés que ceux de leur père. Ces artistes 
avaient pour habitude, lorsqu'un instrument 
de leur fabrique était meilleur que d'autres, 
et plus soigné dans les détails des formes, de 
leur mettre une étiquette indiquant le nom de 
Steiner ; c'est à cette fraude qu'il faut attri- 
buer les faux Steiner qu'on trouve dans le 
commerce. Toule la famille Klolz a vécu dans 

(1) On IrouTc les deux orthographes ans étiquettes 
placées dans les instruments de ec luthier; mois un 
grand nombre de ces étiquettes étant fausses, il est A 
peu près impossible de savoir quelle est l'orthographe 
priRiilive. 



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KLOTZ - KNECHT 



61 



le Tyrol et y a formé de nombreux élèves , 
fondateurs de toutes les fabriques d'instru- 
ments de ce pays. Il a existé un luthier du nom 
de Georges CIolz, en 1754, à Mitlenwald sur 
l'Iser, près de Landshut, en Bavière. J'ai vu 
un violon de lui qui était daté de ce lieu et de 
la même année. Rien n'indique s'il était petit- 
fils de Malhias. 

KLUGE (Gottlob), prédicateur à Neu- 
markt, mort en 1771, a fait imprimer un 
sermon sur le psaume 150, à l'occasion de 
l'érection d'un nouvel orgue placé dans l'église 
de Neumarkt. Il y prend aVec chaleur la dé- 
fense de la musique dans l'office divin, et 
fournit quelques renseignements sur les jeux 
et la disposition de l'orgue. Cet opuscule a 
pour litre : Orgelpredigt, welche am 3 e Adv. 
1754 , bei Einvceihung der im Evangel- 
Bethause su Neumarkt erwiinscht erbauten 
neuen Orgel gehalten tcorden iiber den 150 
Psalm. Breslau, 1756, in-4° de cinq feuilles. 
On a aussi du pasteur Kluge : H y mnopœog ra- 
phia Silesiaca, oder hist. Lebensschreib . 
Schles. Liederdichter (Hymnopéographie si- 
lésienne, ou histoire de la vie des poêles de la 
Silésie, auteurs de cantiques)^ Breslau, trois 
livraisons in-8°, 1751-1754. Il y fournit quel- 
ques renseignements sur les compositeurs de 
ces cantiques. 

KXUGER (Floiuar), compositeur né en 
Bohême , dans la seconde moitié de dix-hui- 
tième siècle, a publié à Prague, chezSchœdel : 
1° Quelques nocturnes à deux voix, avec ac- 
compagnement de piano, 1807 et 1808. 2° Des 
variations pour piano sur un thème de Rosetti. 
3° Des trios pour piano, violon et violoncelle, 
1810. 4° Des landler et des menuets idem, 
1810. 

KLUGLING (...), organiste à l'église de 
Saint-Pierre et Saint-Paul, à Dantzick, vers la 
fin du dix-huilicme siècle, était considéré 
comme un des plus habiles clavecinistes et 
organistes de ce temps. Il a composé plusieurs 
concertos pour le piano, dans la manière de 
Schobert. 

KIHAFFX (Joseph-Léopold), pianiste et 
harpiste à Yienne, vers la fin du dix-huitième 
siècle, est connu par les compositions sui- 
vantes : 1° Sept variations pour piano sur le 
chœur des Papagenos : Ach schœn tcillkom- 
men, etc. "Vienne, Eder, 1799. 2° Six varia- 
lions pour la harpe sur le trio : Pria ch' io 
Vimpegno, ibid., 1790. 5° Recueil d'airs pour 
la harpe à crochets, ibid., 1803. 

KNAPTON (Philippe), né à York en 
1788, a eu pour maître de musique le docteur 



Hague, professeur à l'Université de Cambridge, 
et après avoir terminé ses études, il est re- 
tourné dans la ville natale. Il a publié de sa 
composition : 1° Trois sonates pour le piano; 
Londres, Chappell. 2° Plusieurs duos pour 
harpe et piano, ibid. 3° Des chansons anglaises 
avec accompagnement de piano. II a laissé en 
manuscrit plusieurs ouvertures à grand or- 
chestre, et des concertos pour le piano. 

RIY4UST (Henm-Tiiéodoiie), premier té- 
nor du théâtre de Weimar, est né à Bruns- 
wick, le 14 février 1805. La beauté et l'étendue 
de sa voix le firent remarquer par quelques 
personnes attachées au théâtre de Brunswick, 
qui le décidèrent à étudier le chant et à se 
vouer à la carrière dramatique. Kiel, ténor 
du théâtre de Brunswick, se chargea de son 
éducation musicale, et Ilaake, acteur du même 
théâtre, lui fit faire un cours de déclamation. 
En 1822, Knaust s'essaya en public pour la 
première fois dans un air qu'on avait écrit 
pour lui; les espérances qu'il y donna pour 
son avenir le firent engager comme second 
ténor. Il se livra dès lors à ses études avec ar- 
deur, et, en 1827, il quitta le théâtre de Bruns- 
wick pour aller à Cassel, où il joua quelques 
rôles; mais n'y pouvant être engagé comme 
premier ténor, à cause de la présence de Wild, 
il alla à Brème, où il joua avec de brillants 
succès. Des offres lui furent faites pour plu- 
sieurs villes, mais il les refusa, et continua de. 
résider à Brème pendant sept années. Ayant 
été donner quelques représentations à Dresde, 
en 1833, il y produisit une si vive sensation, 
que le grand-duc de Weimar l'engagea immé- 
diatement pour son théâtre. Les qualités qui 
distinguaient cet artiste étaient la beauté de la 
voix, l'expression et la chaleur dramatique. 
Après une longue maladie, il a obtenu sa pen- 
sion du grand-duc de Weimar, en 1842. 

KNECHT (Justin -H ENHi), organiste, com- 
positeur et théoricien, naquit le 50 scplembre 
1752, à Biberach, dans la Souabe. Son père, 
qui vivait alors en celte ville, lui donna 
les premières leçons de chant et de violon; 
plus tard, d'après les conseils de son compa- 
triote Wieland, on lui fit apprendre l'harmonie 
et l'accompagnement chez l'organiste Kramer. 
Pendant ce temps, il faisait ses éludes au col- 
lège, apprenait à jouer de la flûte, du hautbois, 
du cor, de la trompette, et Wieland lui ensei- 
gnait la prosodie italienne. En 1768, il se ren- 
dit au collège du couvent d'Esslingcn, s'y livra 
avec succès à des éludes supérieures de philo- 
logie grecque et latine, sous la direction du 
célèbre professeur Boeckh, cl y devint lesubsli- 



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62 



KNECHT 



tut'de Scbmidt à l'orgue principal. Ce dernier 
lui fit connaître, les œuvres de Graun, de Tcle- 
mann, de J.-S. Bach, de Hœndel, et les livres 
de Marpurg. Parvenu à Page de dix-neuf ans, 
Knecht se disposait à aller dans une des uni- 
versités voisines pour y faire un cours de phi- 
losophie, lorsque le magistrat de Biberach le 
rappela pour remplacer le professeur de belles- 
lettres Doll, qui venait d'être mis à la retraite 
à cause de son grand âge. En 1792, il échan- 
gea cette position contre celle de directeur de 
musique, qui convenait mieux à ses goûts. 
Après en avoir rempli les fonctions pendant 
quinze ans, il accepta, en 1807, la place qui 
lui fut offerte de maître de chapelle de Slutt- 
gard pour la direction de Porches tre du théâtre 
et de la musique particulière de la cour; mais 
cette position exigeait plus de goût et de talent 
qu'il n'y en avait dans la tête de Knecht. Lui- 
même se sentit bientôt déplacé dans cette po- 
sition nouvelle. Il regrettait ses paisibles tra- 
vaux, et souffrait de trouver peu de sympathie 
pour lui chez les artistes qu'il était chargé de 
diriger. Après la deuxième année de séjour à 
Sluttgard. il donna sa démission, qui fut ac- 
ceptée, et il retourna dans sa modeste demeure 
de Biberach, où sa place de directeur de mu- 
sique de la ville lui fut rendue. Il mourut à la 
suite de plusieurs atteintes d'apoplexie, le 
11 décembre 1817. 

Knecht a longtemps joui, parmi ses compa- 
triotes, de la réputation d'un des grands musi- 
ciens de son temps. Comme organiste, il 
n'avait, dit-on, point d'autre rival que Vogler. 
Dans cet éloge, il ne s'agit sans doute que de 
l'habileté de l'exécutant, caria musique d'orgue 
qu'il a publiée est faible de conception, bien 
qu'agréable. Il manquait de génie et n'a été 
qu'imitateur. Comme écrivain, il a été aussi 
élevé beaucoup au-dessus de sa valeur. Il avait 
sans doute du savoir, mais sa doctrine est in- 
certaine, peu logique en plusieurs points, et 
ses idées n'ont pas cette portée qui imprime 
à la science un mouvement d'avancement. 
Knecht fut un homme laborieux, un ami sin- 
cère et dévoué de son art et de la vérité : ce 
sont là ses titres au souvenir de la postérité. 
Son école d'orgue est un manuel utile pour les 
organistes allemands des campagnes et des 
petites villes ; mais elle n'enseigne point l'art 
pris d'un point de vue élevé ; on peut d'ailleurs 
lui reprocher de manquer et d'ordre et de gra- 
dation dans la classification des objets. C'est 
donc bénévolement que Gerber a appelé Knecht 
un second Kirnberger, car entre ces deux 
écrivains didactiques la distance est considé- 



rable. D'abord Knecht se montra partisan de 
la doctrine de Kirnberger ; plus tard, il l'aban- 
donna pour celle de Yogler : cela seul dénote 
peu de jugement. 

Dans la liste des ouvrages de Knecht, on 
trouve : 1° Chant concertant de Mirjam et 
Deborah, sur le texte de Klopslock ; Leipsick, 
1780. 2° Le 23 e psaume à quatre voix et or- 
chestre, ibid., 1783. 3° Tableau musical de 
la nature, grande symphonie à quinze par- 
ties, ibid., 1784. C'est ce même thème que 
Beethoven a traité plus tard dans sa Sym- 
phonie pastorale. 4° Les quinzième, seizième, 
vingt-cinquième et vingt-sixième couplets de 
VOberon de Wieland, mis en musique pour 
piano, ibid., 1785. 5° Douze variations pour 
piano, ibid., 1785. 6° Le e psaume complet 
à plusieurs voix, sur la traduction de Men- 
delssohn; Spire, 1788. 7° Cantiques des meil- 
leurs poètes religieux, à quatre voix, deux 
violons et orgue, ibid. 8° Les Charbonniers 
fidèles, petit opéra, en manuscrit. 9° La Cou- 
ronne de la moisson, idem. 10° L'Enlève- 
ment du sérail, idem. 11° Cantique de la 
Trinité, pour voix seule et orgue; Spire, 1789. 
12° Trois duos très-faciles pour deux flûtes, 
ibid., 1791. 13° Le premier psaume de David 
à voix seule et orgue (dans la Correspondance 
musicale de Spire, 1791, p. 77). 14° Magni- 
ficat idem (ibid., 1792, p. 55). 15° Hymne à 
Dieu, cantate solennelle pour l'église ou pour 
le concert, à quatre voix, deux violons, alto et 
orgue; Hambourg, Bœhme, 1798, en partition. 
16° Petite collection de morceaux pour l'orgue; 
Spire, Bossler. 17° Nouvelle collection com- 
plète de toutes sortes de préludes, ritournelles, 
fantaisies, versets et fugues, huit cahiers; 
Spire, Darmstadt et Munich, 1791-1800. Une 
deuxième édition de cet ouvrage a été publiée 
à Munich, chez Falter. 18* Sonate pour clave- 
cin, violon et violoncelle; Darmstadt, 1792. 
19° La Joie des Bergers interrompue par 
V orage, tableau musical pour l'orgue ; Darm- 
stadt, 1794. Beethoven, qui n'avait certaine- 
ment aucune connaissance de cette composi- 
tion , a fait du même sujet l'avant-dernière 
partie de sa symphonie pastorale. 20° Pièces 
d'orgue progressives, premier cahier; Leip- 
sick, Breilkopf et Hœrlcl, 1796. 21° Dixit 
Dominus, composition qui a obtenu en 1800 
un prix de trente ducats. 22° Grand Te Deum 
à deux chœurs et orchestre complet, composé 
en 1802, et dédié à l'empereur François II et 
au premier consul Bonaparte. 23° Autre Te 
Deum à quatre voix et orchestre ; Offcnbach, 
André. 24° Six sonatines pour le piano, 1802. 



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KNECHT 



<J3 



25° Quarante-huit préludes de clavecin, dans 
tous les tons, 1802. 26° Collection complète de 
mélodies chorales, en partie corrigées et en 
partie nouvellement composées, à quatre voix 
et orgue, pour le Nouveau Livre de chant de 
la campagne dans le Wurtemberg, à l'usage 
des églises et des écoles (en société avec Christ- 
mann), Stuttgard, 1799, in-4° de trois cent 
trente-huit pages. 27° Cxçilia, œuvre pério- 
dique dès pièces d'orgue grandes et petites, 
trois cahiers; Fribourg, Herder. 

Écrits théorique* et didactiques : 1° Er- 
klxrung einiger von einem der Redits-Gel. 
A. in Erlangen angetxsleten , aber missver- 
standenen Grundsxtze ans der Foglerschen 
Théorie, etc. (Explications de quelques prin- 
cipes de la théorie de Yogler attaqués et mal 
compris par un jurisconsulte d'Erlangen); Ulm, 
1785, cinq feuilles in-4°. "Weissbek, profes- 
seur de droit, avait attaqué ces principes dans 
la Gazette musicale de Spire (année 1788, 
p. 98) ; c'est à son article que répond l'écrit 
de Knecht. 2° Lettres instructives sur l'harmo- 
nie (dans la Gazette musicale de Spire, an- 
nées 1791 et 1792). 3° Gemeinniitzliches Ele- 
mentancerk der Harmonie und des Général- 
basses, etc. (Traité élémentaire de l'harmonie 
et de la basse continue, c'est-à-dire véritable 
méthode pour enseigner et apprendre Fart 
d'accompagner avec une connaissance parfaite 
de toutes les harmonies, d'après les principes 
de Vogler, avec beaucoup de tables d'accords 
et d'exemples pratiques, etc.), première partie, 
neuf feuilles de texte et quatre feuilles 
d'exemples; Àugsbourg, chez Hamm, 1792; 
deuxième partie, Stuttgard, 1793; troisième 
partie, ibid., 1794; quatrième et dernière 
partie, ibid. , 1798. 4° l'eber die Harmonie 
(sur l'harmonie), articles de la Gazette musi- 
cale deleipsich, t. T, p. 129, 161, 321, 527, 
561 et 593. 5° Kleines alphabetisches JVoer- 
terbuch der vomehmsten und interessanten 
Artikel aus der musihalischen Théorie (Petit 
vocabulaire alphabétique des principaux et 
des plus intéressants articles de la théorie mu- 
sicale) ; Ulm, 1795, huit feuilles in-8*. Ce vo- 
cabulaire avait été écrit par l'auteur pour 
V Almanack des instituteurs, où il fut d'abord 
inséré ; puis on l'imprima séparément. 6° Voll- 
stxndige Orgelschule fur Anfxnger und 
Geiibtere (Méthode complète de l'orgue pour les 
commençants et pour ceux qui sont plus avan- 
cés), première partie, contenant les principes 
de l'art de jouer de l'orgue; Leipsick, Breilkopf 
clllaertel,1795, quatre-vingt-six pages in-fol.; 
deuxième partie, renfermant l'explication des 



principaux jeux de l'orgue, ibid., 1790, cent 
quatre-vingt-seize pages in-fol.; celte partie 
contient beaucoup de morceaux d'orgue pour 
l'application et la combinaison des différents 
registres; troisième partie, contenant un traité 
théorico pratique du chant choral prolestant 
et catholique^ ibid. y 1798, in-fol. Pour mettre 
de l'ordre dans son ouvrage, Knecht aurait dû 
donner dans la première partie l'exposé de la 
construction de l'orgue, de ses différents jeux 
et de leur emploi, au lieu de le rejeter dans la 
seconde ; renvoyer dans celle-ci certaines 
choses qui sont dans la première, par exemple 
l'emploi de la pédale et les exercices qui lui 
appartiennent, car l'emploi de la pédale, de- 
puis ses éléments jusqu'aux traits les plus dif- 
ficiles et les plus compliqués, constitue le se- 
cond degré de la science de l'organiste; l'art 
d'accompagner le chant aurait dû suivre im- 
médiatement tout ce qui concerne le méca- 
nisme du jeu de l'orgue ; enfin, ce qui est relatif 
à la forme des pièces aurait dû former une 
quatrième et dernière partie. Celte gradation 
résulte de la nature même des choses. J.-P.-E. 
Martini {voyez ce nom), surintendant de la 
musique de Louis XVIII, roi de France, s'est 
emparé du travail de Knechl,sans le nommer, 
et l'a publié sous le titre d'Ecole d'orgue, di- 
visée en trois parties; il a bouleversé tout 
l'ouvrage de l'estimable musicien allemand, 
sans y mettre plus d'ordre. 7° Theorelisch- 
praktische Generalbass - Schule , welche in 
90 Notentafeln nebst allen Jntervallen, aile 
mœgliche Bewegungsarten der Tœne, Lfe- 
bungen aller vorkommenden Accorde, die 
verschiedenen Uebergxnge und das Inei • 
nanderweben der Tœne durch aile gebrauch- 
lichen Dur- und Moll- Tonarten enthxlt 
(Méthode théorique et pratique de la basse con- 
tinue, etc.); Fribourg, Herder (sans date), 
in-4° de soixante pages de texte et de quatre- 
vingt-douze pages d'exemples. 8° Kleine Cla- 
vierschule fiir die ersten Anfxnger, tcon'/i 
die Anfangsgrunde soivohl der Musik iïber- 
haupt, als des Clavierspielens insbesonderc 
aufeine fassliche Weise gelehrt wird (Petite 
méthode de piano pour les commençants, etc.], 
première partie (théorique) ; Munich, Faller, 
1800, in-4°; deuxième partie (pratique), ibid., 
1802. Je crois que c'esl le même ouvrage dont 
il a été donné une édition sous ce titre : Bc- 
voxhrten-Methodenbuch beim ersten Cfavier- 
unterricht mit 50 Notentafeln, etc.; Fri- 
bourg, Herder (sans date), trente-six pages 
in 4°de texte et cinquante-deux pages d'exem- 
ples. 9° Allgcmeinu musikalischer KateclUs- 



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KNECHT — KNIGGE 



mus odcr kurzer Jnbegri/f der allgemeinen 
J/usiklehre zum Behufo der Musiklehrer 
und ihrer ZœgU'nge (Catéchisme général de 
musique, ou courte explication de la science 
de la musique, etc.) ; Biherach, cher les frères 
Knecht, 1805, huit feuilles in-8°. La cin- 
quième édition de ce petit livre a été publiée 
en 1824, à Fribourg, chez Herder, in-4°. Has- 
linger, de Vienne, en a donné une in*8° sans 
date. 10* Luther's Verdienst in Musik und 
Poésie (Mérite de Luther pour la musique et 
la poésie), Ulm, 1817, in-8« de quatre feuilles. 
Cet écrit, publié à l'occasion de la fête sécu- 
laire de la Réformalion, fut le dernier travail 
de Knecht. Il a aussi publié beaucoup d'ar- 
ticles relatifs à la musique dans divers jour- 
naux, entre autres : 11° Recherche des princi- 
pales causes pour lesquelles la musique est en 
géoéral peu estimée des gens du monde (dans 
la Correspondance musicale, 1792, p. 180). 
12° Si l'harmonie a ses bases dans la nature 
(dans la Gazette musicale de Leipsick, 1792, 
p. 129). 13° Si les anciens savaient quelque 
chose de l'harmonie (ibid., p. 101). 14° Ce 
qui a contribué à la lenteur des progrès dans 
la connaissance de l'harmonie au moyen âge 
(ibid., p. 321). 15° Jusqu'où l'on est parvenu 
avec les découvertes les plus modernes dans 
l'harmonie (ibid., p. 527). 16° Essai d'une 
nouvelle théorie des consonnances et des dis- 
sonances, dans lequel on indique en particu- 
lier, d'une manière sensible et intelligible, les 
causes physiques et les différents degrés de la 
consonnance et de la dissonance des inter- 
valles, avec une introduction sur la doctrine du 
son en général (i&id., deuxième année, p. 518, 
561, 385, 433, 449, 4G5). 17° Courte réponse 
à celte question : Qu'est-ce que la musique 
pratique peut espérer de Vapplication du 
système de Vogler? (ibid., troisième année, 
p. 725,741). 18° Sur l'art d'accorder les instru- 
ments en général et l'orgue en particulier 
(ibid., cinquième année, p. 529). Enfin, une 
préface Sur la nature véritable de la musique 
d'église , précédée du 25 e psaume en partition. 
RIN'EFERLE (Henri), organiste à Eich- 
stœdt (Bavière) , naquit dans cette ville vers le 
milieu du dix-huitième siècle. Les singulières 
dispositions qu'il montra dès son enfance pour 
la musique lui procurèrent la protection du 
prince évéque, qui lui fournit les moyens 
d'aller étudier cet art en Italie. Il y demeura 
huit ans et fixa principalement son séjour à 
Naples, où il eut des leçons des meilleurs 
maîtres. De retour dans sa patrie, il écrivît 
plusieurs petits opéras, des concertos pour le 



clavecin, le basson et la flûte, des trios pour 
le piano, des sonates pour le môme instru- 
ment, et arrangea beaucoup de morceaux de 
la Flûte enchantée, de V Arbre de Diane, et 
de divers autres opéras, pour des instruments 
à vent. 

KNIESCHECK (Wexceslas), né à Prague 
en 1743, fut d'abord employé comme basso- 
niste dans un orchestre en Pologne, puis alla 
se fixer à Ratisboone, où le prince d& la Tour 
et Taxis le fit entrer dans sa musique. Il mou- 
rut en cette ville dans l'année 1806. Plusieurs 
messes, lèpres, cantates et morceaux de piano 
de sa composition ont été publiés à Ratisbonne. 
KNIEVEL (Hermaxx-Igxace) , professeur 
de musique et organiste de l'église catholique 
à Lippsladt, dans la principauté de Delmold, 
est né dans cette ville vers 1802. Il est auteur 
d'un livre choral a quatre voix, avec des pré- 
ludes et des versets pour l'orgue, à l'usage du 
culte catholique dans l'ancienne partie du 
diocèse de Paderborn. Ce livre a paru sous le 
titre suivant : Choralbuch fiir catkolische 
kirchen, zunxchst fiir den àltern Theil der 
Diœcese Paderborn vierslimmig und durch- 
gehends mil zmschenspielen bearbeilet; Pa- 
derborn, Jtingfermann, 1840, in-4°. 

KN1EWELT (Théodore-Frédéric), doc- 
teur en philosophie, et professeur au gymnase 
de Dantzick, puis recteur et enfin prédicateur 
et archidiacre de l'église Sainte-Marie, a pu- 
blié un essayante dissertation intitulée : Obser- 
vationum in vetutissimx Grxcorum Home* 
rici atque Hesiodei xvi musicx ralionem 
atque conditionem fasciculus /.; Gedani a p. 
Krause, 1819, in-4° de 24 pages. Amateur 
passionné de musique, le docteur Kniewell a 
été le fondateur d'une académie de chant à 
Dantzick, sur le modèle de celle de Berlin. Déjà 
en 1852, celle institution était en prospérité, 
et les dames les plus haut placées de la ville 
prenaient part à ses exercices. Pendant plus de 
vingt ans, le docteur Kniewelt dirigea celte so- 
ciété chantante avec autant de talent quede zèle. 
Cet amateur distingué vivait encore en 1845. 
KNIGGE ( Adolphe -Fn a Nçois-FnÉDtRic- 
Louis, baron DE), né à Bredcnbeck, dans le 
Hanovre, le 16 octobre 1752, fut d'abord page 
et assesseur de la guerre et du domaine à 
Cassel, vécut ensuite à Hanau, à Francfort- 
sur-le-Mein, à Heidelberg et à Hanovre, et fut 
en dernier lieu nommé surintendant-inspec- 
teur des écoles de la ville de Brème cl 
chambellan du duc de Saxe- Weimar. Il 
mourut à Brème le 6 mai 1796. Amateur de 
musique distingué, il a publié à Francfort, en 



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KNIGGE — KNOEFEL 



65 



1781, six solos pour le clavecin. Dans le sep- 
tième numéro de ses feuilles dramaturgiques 
(Dramaturgische BUtter), il a donné une 
très-bonne appréciation du talent du chanteur 
Farincili. 

KNIGHT (J.-P.)> musicien anglais et 
compositeur de chansons et de ballades à voix 
seule, avec accompagnement de piano, a 
commencé à se faire connaître vers 1818. Je 
n'ai point d'autre renseignement sur cet ar- 
tiste, à l'exception des titres de quelques-unes 
de ses chansons et ballades qui ont été les plus 
recherchées ; on y remarque : Beautifull Fe- 
nice; England, farewell! Ofwhat is the old 
man thinking, donl il a été fait plusieurs 
éditions; Music, sweet music; et la ballade 
She voore a wreath of roses. 

KNIGHT (Edouard), surnomme le Jeune, 
né à Londres vers. 1800, a débuté dans celte 
ville comme pianiste et compositeur en 1822. 
Sa première production consiste en variations 
pour le piano sur l'air anglais : Kitty clever, ' 
Londres, Gouldiog. Le recueil de ses composi- 
tions intitulé : Comte Songs and Recitations; 
tcith Symphonies and Accompaniments for 
the piano- forte a eu du succès. On y trouve 
le portrait de l'auteur. 

KIMTXELMAIR (Lambert), fils d'un in- 
stituteur à Konzell, village de la Bavière, 
naquit le 13 mars 1769. Il commença ses 
études littéraires et musicales au couvent des 
Bénédictins d'Oberatlaich , les continua à ( 
Straubing, et les termina à Salzbourg. En 1701 
il fit profession au monastère d'Oberatlaich, 
et depuis 1706 il fut chargé d'enseigner les 
belles-lettres alternativement dans son cou- 
vent) à Straubing et à Munich. II vivait encore 
en 1812, mais on n'a plus de renseignements 
sur sa personne après cette époque. Sans avoir 
appris l'harmonie, et guidé seulement par son 
instinct et par l'élude des partitions, il a écrit 
plusieurs morceaux pour le piano, des messes, 
et d'autres compositions, qui ont été bien 
accueillies par le public, particulièrement à 
Ratisbonne. Parmi ses ouvrages, on remarque : 
1° Trois marches avec trios pour piano à 
quatre mains ; Munich, Faller. 2° Douze alle- 
mandes, idem, ibid. 5° Variations sur la ro- 
mance de Joseph, idem, ibid. 4° Variations 
sur la marche d'Aline, idem, ibid. 5° Messe 
allemande à quatre voix , orgue et deux cors ; 
Straubing, Haigl. 6° Le Rossignol, de Matlhi- 
son, à voix seule avec accompagnement de 
piano; Landshut, Krull. 

KNJZE (F .-M.), guitariste bohémien et 
compositeur, est fixé à Prague, où il a publié, 

BIOGR. USIV. DES H0S1C1EXS. T. V. 



chez Berra, beaucoup de pièces, de divertisse- 
ments, de variations et de danses nationales 
pour son instrument. On a aussi de lui deux 
ouvrages élémentaires sur l'art de jouer de la 
guitare, intitulés : 1° Fundament fur die Gui- 
tare nebst praktischen Beispielen; Prague, 
Kronberger et Weber. 2° Follstxndige Guit- 
tarschule, etc. (Méthode complète de gui- 
tare, etc.) ; Prague, Enders. 

KHOBLOCU ou KNOBLÂttàH (Char- 
les), directeur du chœur au couvent de Grus- 
sau (ordre de Ctleaux), vers 1700, était à la 
fois compositeur estimable, bon organiste, bon 
directeur de musique et théoricien. Il a laissé 
en manuscrit des compositions qu'on chante 
encore à Grussau. 

KNOCK (Nicolas-Arnold), docteur en 
droit à Groningue, vers la fin du dix-huitième 
siècle, est auteur d'un livre qui a pour litre : 
Dispos i tien der merktcaardigste Kerk-Orge- 
len welke in de zeven vereenigde Prouintien, 
en teel byzonder in de Provinlien Friesland, 
Groningen en elders aangetroffen werden. 
Kunnende dit Werk verstrekken tôt een ver- 
volg van het Werk van den Heer J. Hess. 
(Dispositions des orgues les plus remarqua- 
bles qui se trouvent dans les sept provinces 
unies, et en particulier dans les provinces de 
Frise, de Groningue, etc.), Groningue. 1788, 
in-4°. 

KNOEFEL (Jean), maître de chapelle de 
l'électeur palatin, dans la seconde moitié du 
seizième siècle, était né à Lauban, dans la 
Haule-Lusace. Le litre de son premier recueil 
de compost lions fait connaître qu'il fut d'abord 
au service de Henri, duc de Silésie, en qualité 
de maître de chapelle. Ses ouvrages connus 
sont ceux-ci : 1° Dulcissimx quidam can- 
tiones numéro XXXII quinque, sex et sep- 
tem vocum /acte, ut tum humante voci, tum 
musicis instruments aptw esse possint, au- 
thore Johanni Knœfelio Laubensi, illustris- 
simi principis ac Domini, Domini H enr ici, 
ducis SiUsix, Lignicen. Brigen. et Goltber- 
gens. musici chori magistro. Noribergae , in 
offlcinaTheod.Gerlatzeni,1571, in-4°. 2° Can- 
tus choralis numeris musicis quinque vocum 
inclusus, eo ordine quo per totum anni 
curriculum prxcipuis diebus festis in eccle- 
sia cantari solet; Noribergœ, in officina Theo- 
dorici Gerlachi, 1575,in-4°. 3° Canliones pix 
5 et 6 voc. tam voci humanx, quam instru- 
ments musicis accommodatx; Nuremberg, 
1580, in-4°. 4° Teutsche Liedlein, miche den 
mehrern Theil den Brauch und Lau/f dièse r 
Tf'elt beschrieben und anxiegen (chansons 

5 



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66 



KNOEFEL — KNORR 



allemandes dont la plupart décrivent et indi- 
quent les usages et la marche de ce monde, à 
cinq voix); Nuremberg, 1581, in -4° obi. La 
deuxième édition a été publiée a Francfort, en 
1610. 

KI\OËP (LnDEn), organiste de l'église 
Sainl-Élienne, à Brème, vers le milieu du 
dix-septième siècle, a publié de sa composi- 
tion : 1° Paduanen, Gaillarden, Balletten, 
Mascaraden, Arien, Mlemanden, Couran- 
ten und Sarabanden von 3 Instrumenten 
(Pavanes, gaillardes, ballets, mascarades, 
airs, allemandes, courantes et sarabandes 
pour trois instruments), Brème, 1652, in-4°. 
2° Idem, deuxième partie, à deux et trois in- 
struments, avec la basse continue, Brème, 
1060, in-4% 

KNOLL (David-Tobie), né en 1736 à Nam- 
slau, en Silésie, était fils du meunier de celte 
petite ville. Il était encore enfant, lorsque sa 
mère adressa des plaintes à Hoffmann, maître 
d'école et organiste du lieu, sur ce que son 
fils, au lieu d'étudier, s'amusait à faire mou- 
voir avec les doigts une rangée de petits bâ- 
tons qu'il plaçait sur une table. Le maître 
jugea sur cet indice que le petit Knoll avait de 
l'instinct pour la musique, et il lui donna des 
leçons de clavecin. Les progrès de l'élève fu- 
rent rapides. Il paraissait destiné à cultiver 
l'art avec succès, lorsque la mort prématurée 
de son père l'obligea de suspendre ses études 
et d'aller à Breslau chercher des ressources 
pour son existence dans une maison de com- 
merce. Charmé de son activité et de son inlel • 
ligence dans son emploi de commis, le négo- 
ciant chez lequel il était, ayant eu connais- 
sance de son penchant pour la musique, et du 
regret qu'il éprouvait d'être obligé de renoncer 
à la cultiver, lui fil présent d'un clavecin, 
pour qu'il en jouât dans ses heures de loisir, 
et engagea Holland, organiste de l'église 
Saint Christophe, à lui faire continuer ses 
éludes. Plus tard, Hoffmann, organiste de 
Saintc-Maric-Madeleine, lui donna des leçons 
de composition, en 1766. Cependant ayant 
établi lui-même une maison de commerce, il 
sembla renoncer pour toujours à la musique : 
ce ne fut que six années plus tard, et lorsqu'il 
était déjà âgé de trente-six ans, qu'il écrivit 
un Domine ad adjuvandum, et un Veni 
S une te Spiritus qui furent suivis de plusieurs 
psaumes, d'un À'i/rie ; de quatre Magnificat, 
de deux JEcce quomodo moritur justus, de 
canlales d'église, de motels à quatre parties, et 
d'un livre de chorals à quatre voix. Il avait 
étudié spécialement les foi mes des anciennes 



compositions conventionnelles, telles que les 
contrepoints rétrogrades et à retourner le 
livre, et son habileté à résoudre les canons 
énigmatiques était fort remarquable. Knoll a 
écrit aussi plusieurs ouvrages de théorie et de 
didactique j mais rien de tout cela n'a été pu- 
blié. On peut voir la liste de ces écrits dans le 
Schlesischer Tonkiinstler-Lexikon de Koss- 
maly et Carlo (première suite, p. 48 et suiv.). 
Il mourut à Breslau en 1818, à l'âge de quatre- 
vingt-deux ans. 

KNOLL (Catherixb DE), oantatrice du 
théâtre royal de Sluttgard, est née en 1796 à 
Ravcnsbourg, dans le Wurtemberg, d'une fa- 
mille nommée Hug. Bouée par la nature 
d'une voix pure et bien timbrée, elle ne reçut 
d'abord que l'éducation d'un choriste au 
théâtre de Sluttgard, où elle entra en 1814. 
Son intelligence et le désir ardent qu'elle avait 
de s'élever, lui fit choisir par instinct les 
meilleurs modèles. En 1823, elle se rendit à 
Milan, où elle reçut quelques leçons de Ban- 
derali. Toutefois, quels que fussent ses efforts, 
elle n'a jamais pu parvenir à se poser au 
théâtre avec avantage, parce que son extérieur 
ne lui était pas favorable; mais, suivant la no- 
lice que le docteur Schneider a faite sur cette 
dame (dans le Lexique général de musique 
publié par Schilling), la beauté de son chant, 
dans la musique d'église, est d'un ordre supé- 
rieur. Elle a fait admirer son grand style et sa 
belle manière de phraser en chantant les solos 
du Messie de Hœndel, le 6 septembre 1837, 
dans la grande fête musicale de Hcchingen, 
dirigée par Lindpainlner. Ce fut elle encore 
qui, dans l'exécution du même ouvrage à 
Sluttgard, le 25 octobre 1838, eut une supé- 
riorité non contestée sur tous les autres chan- 
teurs. Son mari était un négociant de Stult- 
gard, et sa position était indépendante. 

Mademoiselle Berlhe de Knoll, sa fille, se 
fit remarquer aussi comme cantatrice distin- 
guée dans les concerts donnés à Sluttgard , 
puis fut engagée au théâtre de Francfort, où 
elle chanta depuis 1843jusqu'à la fin de 1845. 
Elle a cessé de se faire enlendre en public de- 
puis son mariage avec le littérateur musicien 
et professeur, M. Rîchl, en 1846. 

KNOIIR (Jules), professeur de musique et 
de piano, né à Leipsick, le 22 septembre 1807, 
fit ses études au gymnase de celte ville et y 
reçut les premières leçons de musique. Plus 
tard, il suivit d'une manière sérieuse le cours 
de philologie du professeur GotlfriedHermanu 
et sembla se destinera la carrière de la litté- 
rature} mais, en 1827, il s'adonna cxclusive- 



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KNORR — KNYVETT 



67 



ment au piano, sous la direction de Wilhelm 
Xeubeck, pianiste de talent et bon professeur. 
Knorr se fit entendre avec succès dans un 
•concert du Gewandhaus, le 27 octobre 1831. 
Lié d'amitié avec Robert Schumann et Louis 
Schunke, il prit part avec eux, en 1854, à la 
fondation de la nouvelle Gazette musicale 
(IVeue Zeitschrift fur Musik)-, mais il n'y 
travailla que pendant la première année. 
On a de cet artiste un ouvrage élémentaire 
pour le piano intitulé : Neue Piano- for te- 
Schule, in 184 Uebungen, oder Mater ialen 
fur dem Unterricht und das Selbststudium 
am Piano-forte (Nouvelle méthode de piano 
on cent quatre-vingt-quatre exercices, etc.), 
Leipsick, R. Friese, 1835, trente-deux pages 
in -fol. Une deuxième édition de cet ouvrage 
fut publiée en 1841, avec ce nouveau titre : 
Die Piano-forte-Schule der neuesten Zeit. 
Ein Supplément zu den derartigen bisher 
*rschienenen Werken von Cramer, Czerny, 
Herz , ffummel , Hunten , Kalkbrenner , 
Moscheles, etc. (l'École de piano de l'époque 
actuelle. Supplément aux ouvrages classiques 
de Cramer, Czerny, Herz, Hummel, ffunten(!) 
Kalkbrenner, Moscheles, etc.), Leipsick, 
R. Friese. Il donna, en 1844, une sorte de 
supplément de cette méthode , sous ce titre : 
Materialien fiir das mechanisché Clavier- 
spiel (Matériaux pour le mécanisme du jeu de 
piano); Leipsick, Breilkopf et Hœrtel. Déjà; 
en 1830, Knorr avait publié une nouvelle édi- 
tion de la méthode de piano de J.-G. Werner, 
avec les additions; Leipsick, Hofmeister. On 
lui doit aussi une neuvième édition de la 
Grande Méthode de piano de A.-E. Muller 
{voyez ce nom), avec des observations criti- 
ques et analytiques; Leipsick, Peters, 1848. 
Knorr est mort à Leipsick, le 17 juin 1861. 

KNOX (Jean), musicien écossais du sei- 
zième siècle, a composé la musique d'un livre 
de psaumes à quatre voix qui a été publié 
sous ce 'titre : The Common Tunes. Ces 
psaumes se chantent encore dans les églises 
d'Ecosse. 

K^iUPFEU (Sébastien), directeur de mu- 
sique et cantor de l'école de Saint-Thomas, à 
Leipsick, naquit le 6 septembre 1633, à As- 
chen, dans le Voigtland, où son père, Jean 
Knupfer, était cantor et organiste. Ce fut sous 
sa direction que le jeune Knllpfer lit ses 
études de musique et de composition, pendant 
qu'il suivait avec ardeur les cours de langues 
anciennes dans un collège situé a quatre milles 
de la maison paternelle. Plus tard, il se rendit 
à Leipsick, où il cul la bonne fortune d'entrer 



dans la maison du savant jurisconsulte Jean 
Philippi, qui devint son protecteur. Knllpfer 
profita de celte position pour compléter son 
instruction philologique et musicale. En 1657, 
il obtint le cantorat de Saint-Thomas, et peu 
de temps après il fut mis en possession des 
fonctions de directeur de musique. Également 
savant dans les lettres et dans la musique, il 
s'est fait une solide réputation par ses compo- 
sitions. Ses ouvrages de musique d'église, ses 
madrigaux et ses chansons allemandes étaient 
recherchés particulièrement dans la Saxe. Il 
mourut en 1676. On trouve de ce musicien, à 
la Bibliothèque royale de Berlin, le manuscrit 
autographe d'un motet à huit voix, composé en 
1660 sur le choral : Erforsche mich Gott. 
L'éloge de Knupfer a été publié sous ce litre : 
Programma de laude musicœ in honorem 
Seb. Knuepferi, philologi eximii, mus ici que 
celeberrimi chori, item musici directoris et 
cantoris ad D. Thomx benemeritissimi , 
Lipsise, 1676, in-4°. 

KNYVETT (Charles), fils d'un organiste 
de la chapelle du roi d'Angletere, naquit à 
Londres vers 1775. Son premier maître de 
musique fut le docteur en musique William 
Parsons (voyez ce nom), et Samuel Wcbbc lui 
enseigna à jouer de l'orgue. En 1802, il fut 
nommé organiste de la paroisse de Saint- 
Georges (Ifannover-Square). Il fut un des di- 
recteurs des célèbres concerts de musique 
ancienne, conjointement avec son frère (voyez 
l'article suivanl), Greatorex et Bartleman. 
Knyvett fut pendant près de vingt ans l'ac- 
compagnateur le plus renommé de Londres. 
On a publié de sa composition : Six airs 
harmonisés pour trois et quatre voix. Lon- 
dres, Goulding. 

KNYVETT (William), frère puîné du 
précédent, né à Londres vers 1778, fut un des 
plus célèbres chanleurs anglais pour le genre 
de l'oratorio et de la musique classique. La 
nature l'avait doué d'une voix de haute- 
contre aiguë susceptible de monter aux notes 
les plus élevées du contralto : le timbre en 
était de la plus grande beauté. Sa belle pronon- 
ciation des paroles anglaises était admirée de 
ses compatriotes. Son début dans les concerts 
de la musique ancienne se fit vers 1797; la 
beauté de son organe y fit éclater les applau- 
dissements les plus unanimes. J'ai entendu 
Knyvett à une époque où il avait dépassé l'âge 
de cinquante ans : sa voix était encore d'une 
grande beauté. Il élait alors engagé pour tous 
les festivals de musique qui se donnaient dans 
les villes principales de l'Angleterre. Cet ar- 



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63 



KNYVETT — KOCH 



tiste s'est fait connaître avantageusement aussi 
comme compositeur de glees (sorte de mélodies 
anglaises à plusieurs voix) : parmi les mor- 
ceaux de ce genre qu'il a publiés : Uark io 
Phitomeia singing ; Yes, Iwill go toith thee, 
my love, pour soprano, contralto, ténor et 
basse, et The Shepherd and his dog jRover, 
pour contralto, ténor et basse, ont été parti- 
culièrement recherchés et chantés. Knyvett a 
aussi harmonisé un assez grand nombre de 
chansons écossaises à quatre voix. En 1859, il 
chantait encore à la chapelle royale, et était 
âgé de soixante et un ans. 

KOBELIUS (JeaS-Augustiïi), receveur du 
prince de Saxe-Wcissenfels et directeur de sa 
chapelle, naquit à Wœhlitz, entre Halle et 
Mersebourg, le 21 février 1674. Son premier 
maître de musique et de clavecin fut, en 1689, 
Nicolas Braun, alors organiste à "Weissenfels ; 
après la mort de ce musicien, il passa sous la 
direction de Jean-Chrétien Schieferdecker, 
son successeur. Ensuite il étudia la composi- 
tion pendant trois ans chez le maître de cha- 
pelle Jean-Philippe Krieger. Pour perfection- 
ner son éducation musicale, il voyagea et visita 
Cobourg, Erlangen, Nuremberg, Anspach, 
Stutlgard, Augsbourg et Venise. A son retour 
il fut nommé musicien de la chambre à Weis- 
senfels; puis, en 1712, il obtint la place d'or- 
ganiste de la petite ville de Sangerhausen, 
d'où on l'appela, en 1713, à la chapelle de la 
Sainte-Croix de Querfurt, en qualité de direc- 
teur de musique. Il obtint enfin, à Weissenfels, 
les emplois ci-dessus mentionnés en 1725, et 
il mourut en cette ville le 17 août 1731. Ce 
musicien a écrit, pour le théâtre allemand de 
la cour de Weissenfels, plusieurs opéras depuis 
1716 jusqu'en 1729; il a laissé aussi en manu- 
scrit beaucoup de cantates, de sérénades, de 
concertos, de sonates, et plusieurs chants 
d'église pour un ou deux chœurs. 

KOBERGER (A.), auteur inconnu d'un 
petit dictionnaire de musique (Kleinesmusi- 
Jcalischer ïf'cerlerbuch), dont la troisième édi- 
tion a été publiée à Quedlinbourg et à Leip- 
sick, chez G. Busse, en 1853. On ne trouve ni 
dans le livre, ni à aucune autre source, d'indi- 
cation des deux premières éditions. Les rensei- 
gnements manquent également sur l'auteur, 
ainsi que sur la position qu'il a occupée. Le 
volume est divisé en deux parties : la première 
contient le vocabulaire, en quarante- neuf 
pages; la seconde est un aperçu de l'histoire 
de la musique, en vingt-deux pages. 

KOB1UCI1T (Jeaw-Ahtoiïie), prêtre et 
organiste à Landsberg, en Bavière, né vers 



1720 à Raudnitz, en Bohême, a écrit pour le» 
églises de la campagne beaucoup de petites 
messes à trois ou quatre voix avec deux violons 
et orgue. Le style de ces compositions est peu 
élevé; pourtant elles ne manquent pas d'une 
certaine grâce facile. Parmi ses ouvrages, qui 
ont été tous imprimés à Augsbourg, chez 
Lœtter, on compte quatre œuvres de litanies 
(op. 9, 16, 24, 56); trente-six messes en sept 
recueils (op. 25, 29, 50, 31 , 33, 35, 36); douze 
Tantumergo, op. 10; neuf offertoires, op. 28; 
soixante-douze psaumes brefs, op. 32 ; de pe- 
tites vêpres, op. 12. On a du même artiste 
environ treize œuvres de sonates pour piano, 
et des préludes et fugues pour l'orgue. En 
1782, Kobricht a publié une méthode de piano 
qui a eu beaucoup de succès dans l'enseigne- 
ment élémentaire. Elle a pour titre : Griind- 
liche Klavierschule (Méthode rationnelle de 
clavecin). Il en a été fait une deuxième édition 
en 1788. Enfin on a du même auteur une mé- 
thode de violon intitulée : Geig-Fundament, 
dat sich mehr in Zeichen und Notcn, etc. 
(Fondement pratique du violon, consistant 
plus en signes et en notes qu'en explications), 
Augsbourg, 1787, in- 4° obi. de quatre-vingt- 
dix-sept pages. Dlabacz dit (Allg. histor. 
Kunsller Lexikon fiir Bœhmen, t. II, col. 80) 
que Kobricht dirigeait encore le chœur de 
l'église de Raudnitz en 1788 ; mais après cette 
époque, on ne trouve plus de renseignements 
sur sa personne. 

KOCH (Jéhkmie), maître de chapelle du 
comte de Schwarlzbourg, et recteur adjoint 
du Gymnase de Sondershausen , né au mois 
d'octobre 1657, en celte ville, y fut placé, en 
1662, comme chantre de la Cour, et comme 
troisième professeur du collège. Ce fut en 
1686 qu'il obtint sa nomination de maître de 
chapelle. Il mourut le 24 mars 1693. Ce musi- 
cien n'est connu comme compositeur que par 
un chant funèbre à cinq voix sur la mort du 
comte Antoine Gunlherde Schwarlzbourg, qui 
a été imprimé en 1666, et qui a pour titre : 
Trawriges-Abschieds-Lied, Gesprxchsweise 
(Triste chant d'adieu, en forme de dialogue), 
neuf pages in-4°. Les dix premiers couplets, à 
cinq voix, expriment les plaintes de la veuve 
du prince ; les réponses du défunt sont écrites 
pour trois voix d'homme graves. Les lamenta- 
tions du peuple, en chœur, à cinq parties, 
sont dans les onzième et douzième couplets. 
Toute celle composition est empreinte d'un 
caractère solennel et mélancolique. 

KOCH (Antoine-Albert), né en Silésic 
vers 1678, était maître de chapelle à Breslau, 



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• KOCH 



dans les premières années du dix-huitième 
siècje, et y composa en 1710 une cantate inti- 
tulée : Die Freudens Bezeigung, pour la dédi- 
cace du Gymnase. Il passa ensuite au service 
du comte de Bernstadt, en qualité de maître 
de chapelle, écrivit une sérénade pour divers 
instruments, plusieurs opéras, et mourut à 
OEIs en 1745. Gerber lui attribue la composi- 
tion d'une collection de musique d'église pour 
le service d'une année entière (voyez l'article 
suivant). 

KOCH (Jean-Sébastiex), né à Ammern, 
près de Muhlhausen, dans la Thuringe, le 
16 juin 1639, fréquenta dans sa jeunesse le 
Collège de cette ville, puis acheva ses éludes 
dans un séjour de cinq années à Blankenberg. 
Ensuite il retourna à Muhlhausen et y remplit 
pendant deux ans les fonctions de directeur du 
chœur de l'église ; mais au bout de ce temps, 
il alla étudier la théologie à l'Université de 
Jéna. En 1713, il fut appelé à Schlaitz, dans 
le Yoiglland, comme professeur de musique et 
de chanteur bassiste de la chapelle du comte de 
Reuss; il échangea cette situation, en 1738, 
pour celle de directeur de cette chapelle, et 
mourut au mois de janvier 1757. Mattheson 
attribue à ce musicien (Grundl. einer Eh- 
renpf., p. 112) la composition d'une année 
complète de musique d'église que l'organiste 
4}uiel possédait en 1714; mais Gerber pense 
que ces ouvrages appartenaient à Antoine-Al- 
bert Koch (voyez l'article précédent). Les au- 
tres compositions de Jean-Sébastien Koch ne 
sont -pas connues. 

KOCH (Fjunçoise-Rohaiïa), née GIRA- 
ICECK, fut une cantatrice très-eslimée du 
théâtre allemand; elle naquit à Dresde, en 
1748. Destinée d'abord à la profession de dan- 
seuse, elle débuta comme telle, en 1765, au 
théâtre de Lcipsick, et devint dans l'année 
suivante la femme de Koch, maître de ballets, 
qui en fit une de ses danseuses les plus habiles 
et les plus aimées du public. En 1767, elle prit 
des leçons de Gerber pour le clavecin ; quatre 
ans après, Schweitzer, maître de chapelle à 
Weimar, lui enseigna Part du chant, et par 
ses soins elle parvint à un degré d'habileté 
qui la fit admirer pendant dix ans sur les 
théâtres principaux de l'Allemagne. Retirée 
en 1787, elle ne s'occupa plus que de l'éduca- 
tion de ses enfants, qui ont été aussi des ar- 
tistes distingués. Elle mourut d'une maladie 
de poitrine, à Dresde, en 1796. 

KOCH (Uekri Christophe), né à Rudol- 
sladt, le 10 octobre 1740, reçut de son père, 
musicien de la chapelle du prince, sa première 



instruction musicale. L'électeur lui fit ensuite 
donner des leçons de piano, de violon et de 
composition par le maître de chapelle Schien- 
pflug, et le prince Louis Gunlher l'admit dans 
sa musique à l'âge de quinze ans, en qualité de 
second violon, et lui accorda une pension pour 
l'aider à continuer ses études littéraires. Par- 
venu dans les classes supérieures , Koch prit 
un goût décidé pour les mathématiques. Les 
progrès qu'il fil dans ces sciences lui furent 
ensuite fort utiles pour ses travaux sur la 
théorie de la musique. En 1768, le prince le 
nomma premier violon de sa chapelle, et 
l'admit, en 1777, dans la musique de sa 
chambre. Entièrement remplie par des études 
et des travaux, la vie paisible de ce savant mu- 
sicien s'est écoulée, exemple de soucis et d'évé- 
nements, dans l'exercice de ses devoirs. Un 
coup d'apoplexie l'a enlevé à l'art et à ses 
amis, le 19 mars 1816. Par une circonstance 
singulière, l'Académie royale de musique de 
Stockholm, qui n'avait point été instruite de 
sa mort, le nomma l'un de ses membres, et 
envoya le diplôme , à Rudolsladt , le 2 dé- 
cembre 1818. 

Koch est plus connu comme écrivain sur la 
musique que comme compositeur. Ses ouvrages 
occupent une place importante dans la littéra- 
ture musicale. Le premier qu'il fit paraître a 
pour titre : Fersuch einer JnUitung sur 
Composition (Essai d'une introduction à la 
composition), première partie, Rudolsladt, 
1782, un volume in-8° de trois cent soixante- 
quatorze pages; deuxième partie, Leipsick, 
1787, un volume in-8°de quatre cent soixante- 
quatre pages ; troisième partie, Leipsick, 1793, 
un volume in-8° de quatre cent soixante-quatre 
pages. Ce livre est un des meilleurs qui ont été 
publiés en Allemagne sur le sujet dont il s'agit, 
et Koch l'a traité d'après des vues originales. 
Dans la première partie, il examine d'une ma- 
nière savante, logique et neuve les rapports de 
la tonalité avec l'harmonie des accords; la 
constitution de ces accords, leur enchaîne- 
ment, et l'analyse des divers cas de résolution 
des dissonances, complètent cette partie du 
travail. La deuxième section de cette première 
partie est relative au contrepoint : c'est la plus 
faible de l'ouvrage; Koch n'a point compris 
le but de celte partie de la science. La première 
section de la deuxième partie renferme des 
considérations pleines de justesse sur la forme 
des pièces de musique et l'arrangement de 
leurs diverses parties. Sous le titre de Règles 
mécaniques de la mélodie, la seconde section 
de celte deuxième partie contient des aperçus 



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70 



KOCII • 



absolument neufs etd'nn haut intérêt concer- 
nant cette branche importante de l'art. On 
n'a rien fait de mieux jusqu'à ce jour, et l'on 
n'avait rien produit d'aussi satisfaisant avant 
Koch. La troisième partie tout entière est le 
développement de la théorie de la forme mé- 
lodique. La période et ses diverses combinai- 
sons y sont traitées demain de maître. Toute- 
fois le mérite de cet excellent livre a été 
méconnu en Allemagne. L'existence obscure 
de l'auteur, l'absence de tout moyen de publi- 
cité à l'époque on l'ouvrage parut, et le savoir- 
faire de quelques théoriciens, bien inférieurs 
en mérite à l'auteur de Y Essai d'une intro- 
duction à ta composition, mais plus actifs, 
ont fait en quelque sorte rester dans l'oubli 
ce livre conçu d'une manière vraiment philo- 
sophique. Aujourd'hui même, les musiciens 
allemands et les critiques de profession sem- 
blent ignorer la valeur de ce livre, et les bio- 
graphes se bornent presque tous à en indiquer 
le titre. En 1795, Koch entreprit la publica- 
tion d'un journal de musique qui parut à Er- 
furt, chez Kayser, sous ce titre : Journal der 
Tonkunst. Le plan était bien conçu, et les 
deux premiers numéros qui parurent (formant 
ensemble deux cent soixante et une pages 
in-8°) annonçaient an recueil bien fait; mais 
ce furent les seuls qu'on publia. Koch n'était 
pas placé convenablement pour faire pros- 
pérer une telle entreprise. D'ailleurs, il était 
déjà occupé de recherches pour le Grand Dic- 
tionnaire de musique qu'il publia quelques 
années après, et le temps employé pour ce 
nouvel ouvrage nelui permettait pas de donner 
des soins à la rédaction d'un journal. Ce dic- 
tionnaire parut six ans après, sous ce titre : 
Musikalisches Lexikon, welches die theore- 
tische und practische Tonkunst encyclopx- 
disch bearbeitet, aile alte und mue Kunst- 
wœrter erklxrt, und die alten und neuen 
Instrumente beschreiben enthxlt (Lexique 
musical, contenant la musique théorique et 
pratique, en forme d'encyclopédie, l'explica- 
tion de tous les termes techniques anciens et 
modernes, la description des anciens instru- 
ments et des nouveaux, etc.), Francfort-sur- 
le-Mein, Hermann, 1802, gr. in -8° de plus de 
neuf cents pages. Une deuxième édition a été 
publiée à Heidelberg, chez Mohr et "Win ter, 
en 1817, un volume gr. in-8°. Bien que ce 
livre ne soit pas à l'abri de tout reproche sous 
les rapports de l'érudition, de l'histoire et de 
la philosophie de l'art et de la science, on peut 
dire qu'il est le premier où les questions ont 
été traitées avec les développements néecs- ' 



sa ires et le langage technique convenable. Les- 
exemples de musique qui accompagnent les 
explications en donnent bien l'intelligence, et 
ces exemples, en général bien écrils,*soutd'un 
musicien instruitqui unissait une parfaite con- 
naissance de la pratique à la théorie. Le dic- 
tionnaire de Koch pourrait être considéré 
comme suffisant pour l'usage des artistes et des 
littérateurs musiciens, si, comme je viens de le 
dire, la partie historique de la musique y était 
traitée avec plus d'érudition, si l'esthétique 
y était moins négligée, et si le défaut de pro- 
portion ne s'y faisait remarquer en plusieurs 
endroits dans l'étendue des articles. Koch a 
donné un abrégé de ce grand dictionnaire, et 
l'a publié sous ce titre : Kursgefasstes If and» 
werterbuch der Musik fur praktisches Ton 
kiintsler und Dilettanten (Vocabulaire abrég' ; 
de musique pour les musiciens pratiques et 
les amateurs), Leipsick, Hartknoch, 1807, un 
volume in-8° de trois cent quatre-vingt-seize 
pages. Une deuxième édition a été faite à Ulm. 
en 1828, un volume in-8°. Cet abrégé est un 
bon manuel pour l'usage auquel il est destine. 
Les autres ouvrages de Koch sont : 1" Iland- 
buch bei dem studium der Harmonie (Manuel 
pour l'étude de l'harmonie), Leipsick, Iiarl- 
knoch, 1811, in-4° obï. de quatre ceni quatre- 
vingt-trois pages. Dans ce livre, l'auteur a vu 
pour but de classer les accords suivant leur- 
destination résolutive, avec les diverses modi- 
fications que l'art moderne y a introduites. Il 
s'y est placé à un point de vue différent de re- 
lui où il s'était mis en écrivant la première 
partie de son Essai d'une introduction à lu 
composition. 2° f'ersuch aus derharten und 
weichen Tenarten jeder Stufe der diatonisch- 
chromatischen Tonleiter vermittelst des en- 
harmonischen Tonwechsels in die Dur un<l 
JUolllœne der ûbrigen Stufen auszuweicfu» 
(Essai sur le passage du mode majeur et mi- 
neur de tout degré de l'échelle diatonique et 
chromatique, au moyen de la modification 
enharmonique dans les modes majeur et mi- 
neur des autres notes), Rudolstadt, 1812, 
in-4° de quatre feuilles. Koch a aussi fourni 
quelques articles à des journaux de musique,, 
entre autres à la Gazette musicale de Spire. 
Comme compositeur, il a écrit plusieurs can- 
tates et un drame pour la cour de Rudol- 
stadt. 

KOCH (François-Paul), musicien alle- 
mand, nécn,1761, à Millersill, dans les envi- 
rons de Salzbourg, où son père était relieur, 
s'est fait connaître par son habileté singulièie 
à jouer de la guimbarde. Il avait atteint l'âge 



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KOCH - KOCIIER 



71 



«le vingt et un ans lorsqu'il tomba entre les 
mains d'un recruteur prussien qui l'embaucha 
cl le fit entrer dans un régiment qui était en 
garnison* à Magdebourg. Son talent fut décou- 
vert par un officier qui, dans une ronde de 
nuit, surprit Koch jouant de son instrument 
au poste où il était en faction. L'affaire était 
grave, elle fut portée jusqu'au roi Frédéric- 
Guillaume II, qui fit venir son grenadier, et 
après ravoir entendu, lui accorda son congé 
du service militaire. Alors Koch voyagea pour 
tirer parti de son talent, et partout il excita 
l'admiration populaire. Il mourut en 1792, et 
VAlmanach deSchumel de 1793 lui consacra 
une notice (p. 322). Son talent fut aussi célé- 
bré dans une brochure intitulée : Biographie 
Franz-Paul Koch's des Mu nd harmonica 
spieler's von G.~D. Geissler (Biographie du 
joueur d'harmonica de bouche François-Paul 
Koch, par G.-D. Geissler), Augsbourg, 1793, 
in-8°. 

HOGH (Etienne) , facteur d f instruments 
à vent, né le 12 avril 1772, à Besprin, en Hon- 
grie, se rendit à Vienne dans sa jeunesse, et 
y apprit la profession de tourneur; puis, il 
s'est adonné avec succès à la facture des in- 
struments à vent. Ses clarinettes, ses flûtes, 
ses bassons et ses hautbois étaient recherchés 
en Autriche, en Hongrie, en Bohême et en Ba- 
vière. Peu de facteurs sont parvenus aussi bien 
que lui à donner de la précision au mécanisme 
des clefs, et à rendre la qualité du son partout 
égale. Il est mort à Yienne, le 10 octobre 
1828, à Page de cinquante-six ans. Ayant fait 
quelques changements à la position des clefs 
et au percement des trous de la clarinette, il a 
publié la nouvelle gamme de son instrument, 
sous le titre de Neueste Tonleitcr fur die Cla- 
rinette, Vienne, Haslinger. 

KOCH (Jean-Frédéric-Guiuaume), surin- 
tendant et prédicateur de l'église principale de 
Magdebourg, chevalier de Tordre du Mérite de 
Prusse, s'est fait connaître avantageusement 
par des travaux sur diverses sciences depuis 
le commencement du dix-neuvième siècle jus- 
qu'en 1830. Au nombre de ses ouvrages, on 
remarque les suivants, relatifs à la musique : 
Getanglehre. Ein Hiïlfsmittel fur Elemen- 
tarschullehrer, durch eineeinfache Bezeich- 
nungsart und Lehrmethode und durch eine 
zweckmxssige Sammlung von Singsliicken 
cinen reinen mehrstimmigen Folks Gesang 
zu bilden (Science du chant. Moyen d'ensei- 
gnement à l'usage des instituteurs pri- 
maires, etc.), Magdebourg, 1814, in-4° de 
cent six pages. L'auteur de cet ouvrage est un 



des premiers qui ont proposé en Allemagne la 
notation des chiffres pour les chorals à l'usage 
du peuple. Une deuxième édition de son livre 
a été publiée à Magdebourg, en 1825, in -4°. 
2° JFarum soîl der Gesang en unsern Folks- 
schulen nicht nach Noten, sondern nach ' 
Ziffern gelehrt . werden ? (Pourquoi le chant 
n'est-il pas enseigné dans nos écoles non par 
le» notes, mais par les chiffres, etc.?) Magde- 
bourg, 1817, quarante -huit pages in-8°. 
3° Einslimmiges Choralbuch fur . Folks - 
schulen (Livre choral à une voix pour les 
écoles populaires), Magdebourg, 1810, in -8°; 
deulième édition, ibid. y 1820,* troisième édi- 
tion, ibi d., 1821. 4° Dreistimmiges Choral- 
buch in Ziffern fur Folksschulen (Livre cho- 
ral à trois voix, en chiffres, pour les écoles 
populaires), Magdebourg, 1821,in-8°. 5° Fier- 
stimmige Chorale und Altatgesxnge in Zif- 
feren fur Sxngerchœre (Chants chorals et 
d'église à quatre voix, en chiffres pour les 
choristes), Magdebourg, 1822, in-4°. 

KOCH (Chaules), virtuose sur le basson et 
compositeur pour son instrument, né dans les 
environs de Coblence, en 1793, fit ses éludes 
musicales dans cette ville, et reçut des leçons 
d'Almenrteder (voyez ce nom) pour son in- 
strument. En 1822, il fut attaché à la chapelle 
du prince de Saxe-Cobourg. Parmi les ou- 
vrages qu'il a publiés, on remarque : 1° Grand 
concerto pour basson, op. 11, Bonn, Simrock. 
2° Grand rondo brillant sur des airs et des 
danses suédoises, op. 13, Offenbach, André. 
5° Pot-pourri sur des thèmes de Preciosa , 
op. 18, Leipsick , Hofmeisler. 4° Fantaisie et 
variations sur des thèmes de la Dame blanche,, 
op. 27, Mayence, Schott. 5° Boléro en forme 
de rondo, avec piano, op. 40, ibid. 

KOCH (Ferdinand), instituteur et orga- 
niste à l'église principale de Havelberg, dans 
le Brandebourg, a fait insérer dans le neuvième 
volume de l'écrit périodique intitulé : Eutonia 
(1835, p. 1-35), un article sur la science de la 
modulation. 

KOCHER (Conrad), né le 16 décembre 
1786, au village de Dizingen, dans le Wur- 
temberg, se destina dès sa jeunesse à la car- 
rière de l'enseignement, et après avoir fini 
ses études, se rendit à Pélersbourg comme 
précepteur, à l'âge de dix-sept ans. Les œu- 
vres de Haydn et de Mozart qu'il entendit bien 
exécutées pour la première fois dans celle 
ville, firent une impression si vive sur lui, 
qu'il prit la résolution de se livrer exclusive- 
ment à la culture de la musique. L'amitié de 
1 CIcmenti et de ses élèves Klengel et Berger, 



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72 



ROCHER — KOCKEN 



qui se trouvaient alors à Pélersbourg, l'en- 
couragea dans cette résolution. Il reçut de 
ces derniers des leçons de piano, et J.-H. Mill- 
ier lui enseigna le contrepoint. De retour dans 
sa patrie, il y publia quelques sonates de 
* piano, des quatuors, des chansons, etc. ; puis 
composa des opéras parmi lesquels on re- 
marque la Cage, et le Roi des Elfes, qui ont 
été représentés à Stuttgard. Son oratorio, la 
Mortd'Abel, fût exécuté a Leipsick, en 1819, 
et à Stuttgard dans Tannée suivante. Ses succès 
attirèrent sur lui l'attention de quelques vrais 
amateurs, et particulièrement du libraire Cotta, 
qui lui fournit les moyens d'aller en Italie, et 
d'y prolonger son séjour. Rome excita sur- 
tout l'intérêt de Kocher, particulièrement par 
les œuvres de Palestrina que Balni lui fit con- 
naître et étudier avec fruit. Dès lors ses idées 
se modifièrent à Tégard de la musique d'église, 
et lui firent concevoir le plan d'une réforme 
dans la musique chorale de l'Allemagne. Il a 
exposé ses vues à cet égard dans l'ouvrage 
qu'il a publié sous ce titre : Die Tonkunst in 
der Kirche, oder Ideen zu einem Allgemeinen 
Fierstimmigen Choral-und einem Figurai- 
gesang fur einen kleinenChor,nebstAt\sich- 
ten, iiber den Ztoeck der Kunst im Allge- 
meinen (la Musique dans l'église, ou idées 
sur un chant universel choral et figuré à 
quatre voix pour un petit chœur, avec des 
vues sur le but de l'art en général); Stuttgard, 
1813, in~8° de cent sept pages et quatre 
planches. En plus d'un endroit de cet opus- 
cule, on aperçoit la tendance de l'esprit de 
Kocher a rapprocher les mélodies du culte 
protestant et la manière de les traiter en har- 
monie, de l'ancien style de l'école romaine. 
W.-C. Millier de Brème a donné dans le 
deuxième volume de la Cxcilia (p. 141-155) 
une analyse de cet ouvrage plus étendue que 
substantielle. Kocher avait insisté dans son 
livre sur la nécessité d'introduire le chant 
choral dans les églises; il voulut ensuite 
joindre l'exemple au précepte, et fonda une 
société de chant religieux qui envahit en peu 
de temps tout le Wurtemberg, et qui parait 
devoir arriver au résultat de populariser le 
chant à quatre parties dans les églises. Les 
fonctions d'organiste de l'église du couvent, à 
Stuttgard, auxquelles Kocher a été appelé en 
1837, lui ont fourni les moyens de réaliser en 
partie son plan. L'année suivante, il a publié 
son livre choral à quatre parties pour les or- 
ganistes, sous ce titre : Fierstimmiges Cho- 
ralbuch fur Orgel- und Clavier-spieler oder 
Melodien zu sxmmtlischen Liedern des 



œffentlichen Cesangbuchs der evangelischen 
Kirche in Wurtemberg mit einem sowohl 
alphabetisch als nach Fermassen geordneten 
Register, etc. ; Stuttgard, 1828, in -4° de cent 
quarante et une pages. Kocher a eu pour colla- 
borateurs dans ce travail ses amis F. Silcbcr 
et J.-G. Frech. Les autres compositions de 
Kocher sont : 1° Quatuor pour piano, violon, 
alto et violoncelle, Leipsick, Breitkopf et Haer- 
lel. 2° Trois sonates pour piano seul, Leipsick, 
Petcrs. 3° Sonate détachée, idem; ibid. 
4° Douze chants a quatre voix, pour un chœur 
d'hommes, Stuttgard, Zumsteeg. 5° Six Lieder 
à voix seule, avec accompagnement de piano, 
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. 0° Cantates et 
motets pour soprano, contralto, ténor et 
basse, pour l'usage de l'église, de l'école et de 
la chambre, n°« 1 à 6, en partition ; Stuttgard, 
Zumsteeg, 1842. En 1847, Kocher a publié, 
sous ce titre : Christliche Hausmusik (Musique 
chrétienne pour la maison), un recueil de 
morceaux religieux pour une et plusieurs voix, 
avec accompagnement de piano, lesquels sont 
pris en grande partie dans les œuvres de Hœn- 
del; Stuttgard, Muller. 

KOCI1LOW (Charles-Fiujmatui DE), 
compositeur et maître de chapelle à Près- 
bourg, est né en Hongrie vers 1812. Il dirigea 
à l'église Saint-Martin de cette ville un chœur 
pour l'exécution de la musique religieuse et 
classique, dont la fondation remonte à l'année 
1500. Cette chapelle était encore en pleine 
prospérité en 1842, par les soins de l'abbé et 
doyen Kremlitxka, qui en avait été le restau- 
rateur, sous la protection de l'évoque de Raab, 
Mgr. de Slankowitz, et M. de Kochlow y don- 
nait une impulsion d'artiste dévoué; mais on 
dit que les événements politiques de 1840 ont 
été funestes pour celle institution, comme ils 
Pont été pour toute la Hongrie. M. de Kochlow 
s'est livré particulièrement a la composition 
pour le chant. Je ne connais de lui que les 
œuvres dont voici les litres : I e Fischers 
Nachtlied (Chant nocturne du pécheur), op. 3, 
Vienne, Haslioger. 2° Der Liebe Sehnsucht 
(le Désir ardent de l'Amour), à voix seule pour 
piano, op. 4. Vienne, Mechetti. 3° JFandrers ' 
ffeimwech (Nostalgie du Voyageur), idem., 
op. 5, ibid, 4° Le Danube, pour quatre voix 
d'hommes, op. 6, Vienne, Haslinger. 5° Trois 
poèmes pour quatre voix d'hommes, op. 7, 
ibid. 0° Trois idem, op. 8, ' ibid. 7° An die 
Lieben inder Ferne(K la bien-aimée absente), 
à voix seule avec piano, Vienne, Diabelli. 

KOCKEN ( JEAN-FnAaçois-BjinTiiELEiY ). 
Foyez Cokke*. 



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KOEBER — KOEIILER 



73 



KOEBER (...), virtuose sur le hautbois, 
vivait vers la fin du dix-huitième siècle et fut 
élève de Le Brun. Dans Tannée 1800, il se fit 
entendre à Hambourg avec succès. Il a laissé 
en manuscrit plusieurs concertos pour le haut- 
bois. 

KOECHER (Paul), violoniste et violon- 
celliste distingué, naquit en 1719 à Domazlic, 
en Bohême, et entra en 1735 dans Tordre des 
frères de la Charité a Prague, où il acheva ses 
éludes littéraires et musicales. L'année sui- 
vante, il fit profession. Après avoir été envoyé 
dans quelques couvents de son ordre, il fut 
nommé supérieur de celui de Vienne. Ensuite 
il remplit les fonctions de prieur à Grœlz, à 
Neustadt, etàFeschen, enSilésie. Vers la fin 
de sa vie, il se retira au monastère de Rukus, 
en Bohême, où il mourut le 21 février 1783. 
Outre les deux instruments dont il a été parlé 
précédemment, ce moine jonait fort bien de la 
viole d'amour, pour laquelle il a écrit plusieurs 
concertos. 

KOECKE (Baiithéleii DE) , fondeur de 
cloches à Alost (Flandre), dans la seconde 
moitié du quinzième siècle, inventa les caril- 
lons, en 1481, suivant Ortelius, cité par Gra- 
maye (Anliq. Brabant. , ch. III, p. 55). Il con- 
çut le premier le mécanisme du cylindre noté, 
|K>ur mettre les cloches en vibration et former 
les mélodies. Ortelius dit que ce fut un homme 
de peu de sens (Arlificio apud Mostano re- 
perto anno 1481, et quidem per kominetn 
parum sani cerebri) ; cependant Tinvention 
d'une chose si compliquée indique une force 
de conception peu commune. Les paroles du 
célèbre géographe anversois peuvent s'expli- 
quer par la tradition populaire des habitants 
d' Alost, suivant laquelle De Koecke, homme 
de génie dans son art, aurait eu le défaut 
d'être ébranlé lorsqu'il rencontrait dans son 
travail des difficultés imprévues; mais sa 
femme, dont le prénom était Pharatlde, exer- 
çait sur lui de l'ascendant, et le soutenait dans 
ses moments de découragement. Cet homme 
demeurait dans la rue du Sel : sa sœur utérine 
avait épousé Thierry Hartens ou Hertcns, de 
celle ville, le plus ancien imprimeur de la 
Belgique. Suivant la tradition belge, le caril- 
lon de De Koecke, placé au beffroi d'Alost, se 
fit entendre pour la première fois le jour de 
Noël (25 décembre 1487), cinq minutes avant 
que la cloche du beffroi sonnât midi. Toutefois 
cette date est contestée par quelques écrivains 
hollandais qui, bien qu'ils reconnaissent l'an- 
tériorité de Tinvention, en 1481, dont parle 
Ortelius prétendent oue ce fut à Utrecht que 



le premier carillon résonna, précisément en 
1487 (1). Il est certain qu'un carillon fut con- 
struit dans cette ville vers la même date par 
un fondeur nommé Fan Ilemotia, et perfec- 
tionné par Nicolas Toorn, qui porta jusqu'à 
deux octaves celui qui fut placé dans la tour de 
la cathédrale. 

J.-P.-A. Fischer met en question le moyen 
employé par De Koecke pour faire résonner 
son carillon (2) ; ce moyen était mécanique : 
il était en communication avec le mouvement 
de l'horloge de la ville d'Alost. D'autre part, 
Abraham de Wesel dit (3) que ce fut à Utrecht 
qu'un clavier fut appliqué au carillon pour le 
jouer. La contestation au sujet de la priorité 
d'invention de l'instrument résulte donc d'un 
malentendu. L'invention du carillon remonte 
à Tannée 1481 ; elle appartient a De Koecke; 
mais son mécanisme ne fut achevé et ne put 
fonctionner que le 25 décembre 1487. Pendant 
qu'il y travaillait, son idée s'étant répandue 
jusqu'à Utrecht, Van Hcmona la réalisa. Per- 
fectionnée par Nicolas Toorn, cetlc invention 
se transforma en carillon a clavier. Le carillon 
mécanique appartient donc à Barthélémy De 
Koecke et à la ville d'Alost; le carillon a cla- 
vier fut l'œuvre de Nicolas Toorn, et a été pro- 
duit à Utrecht. 

ROEHLER ( Gottfbied ) fut eantor â 
Leipsick, puis à Wurzen (Saxe), vers le milieu 
du dix-septième siècle. Il s'est fait connaître 
par une dissertation qui porte ce titre singu- 
lier : Mutata musica mutari res publieas et 
ecclesiast.; Leipsick, 1655, in-4°. On ne voit 

(I) Quelques archéologues ont essayé de faire re- 
monter 4 «les temps plus reculés l'invention des caril- 
lons, qu'ils ont confondus avec les sonneries mécaniques 
de certaines horloges anciennes. Il est vrai que le chro- 
niqueur Froissart (apporte qu'en 1383, lorsque le roi 
de France, Charles VI, fit détruire par le feu la ville 
de Courlrat, le duc de Bourgogne, son oncle, ■ fit 6 1er 
des halles un oroloige qui sonnoil les heures, l'un des 
plus beaux que on seut delà ni deçà la mer, etc. » 
Buchon, dans une note de son édition sur ee passage, 
dit que la plupart des grandes horloges 4 sonnerie 
datent du xiv e siècle, mais que leur invention est beau- 
coup plus ancienne. Il cite a ce sujet l'horloge de Uag- 
debourg. qui fut longtemps célèbre, et qui avait élé 
fabriquée a la fin du x* siècle, par Gerbert, moine de 
l'abbaye de SalnUGéraud d'Aurillac, qui fut pope sous 
le nom de Sylvestre II. (Les chroniques de eire Jean 
Froissart, édition du Panthéon littéraire, tome II, liv. u, 
page 237.) On n'a point remarqué que ces horloges à 
sonnerie n'ont pas de rapport avec les carillons, car 
leur système ne se compose que d'un échappement qui 
permet au marteau de frapper le timbre ou la cloche et 
d'un ressort qui le relève. Ce système n'entre pour rien 
dans la construction des carillons. 

(i) Verhandeling van de Klokken en het Kloklce-Spel, 
p. 7. 

(5) Comment, ad Xo relias const. Ultraj. art. 18, p. 249. 



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74 



KOEIiLLR 



pas li-op pourquoi, la musique, étant modi- 
fiée, ferait changer le gouvernement des États 
et des choses ecclésiastiques. C'est une idée 
fausse empruntée aux Grecs, particulièrement 
à Platon. 

KGEHLER (Jean-Chrétien), facteur d'or- 
gues-à Francforl-sur-le-Mein, vers le milieu du 
dix-huitième siècle, a construit en 1759 et 
1760 à Wurzbourg, au couvent d'Eborach, 
deux orgues de chœur, le premier, de vingt- 
deux jeux, le second, de quinze jeux. En 1760 
il a fait aussi un orgue de vingt-six jeux, deux 
claviers et pédale, à Bamherg. 

KOEHLER (Jean -Louis), organiste à 
"Weissenbourg, vers le milieu du dix-huitième 
siècle, était né en Bohême. Il vivait encore en 
1789, car il fît imprimer dans cette année un 
ouvrage de sa composition à Nuremberg. On a 
do cet artiste : 1° Angenehmer Zeitvortreib 
zwischen zweyen musikalischen Freunden, 
bestehend in le ic ht en und nach dem neuesten 
Gusto gesetzten VI Sonalen, auf die Violin 
mit dem ace. et nés obligaten Cembali oder 
Aïauiers componirt (Passe-temps agréable 
entre deux amis de la musique, consistant en 
six sonates faciles, composés dans le goût le 
plus nouveau pour le violon, avec accompa- 
gnement obligé de clavecin), A ugsbourg, 1756. 
2» 21 leichte und angenehme Galanterie- 
sliicke auf die Ifarfe, welche eben sotoohl auf 
dem Klavier kœnnen gespielet werden ( Vingt- 
quatre morceaux faciles et agréables de galan- 
teries pour la harpe, lesquels peuvent aussi se 
jouer sur le clavecin), première et deuxième 
suites. Nuremberg, 1760. 5° Quelques mélodies 
chorales arrangées pour l'orgue, Nuremberg, 
1789. 

KOEHLER (GoTTLiEB ou Théoph. -Henri), 
né a Dresde le 6 juillet 1765, apprit les élé- 
ments de la musique chez le musicien de ville à 
Bautzenj puis retourna dans sa ville natale, où 
il vécut en donnant des leçons de piano et de 
flûte. En 1794, il entra à l'orchestre du théâtre 
en qualité de première flûte ; mais après quatre 
ans, un coup de sang, dont il ne guérit que 
lentement, le força de se retirer. Lorsqu'il put 
rentrer à l'orchestre, sa place était occupée, 
et il dut prendre la partie de deuxième flûte. 
En 1817, on lui confia les timbales, dont il 
jouait avec dextérité ; enfin on lui donna la 
pension de retraite en 1851. Il est mort à 
Dresde le 29 janvier 1853, dans la soixante- 
huitième année de son âge. Plus remarquable 
pa I- son activité que par ses talents, ce musicien 
jouait de plusieurs instruments pour lesquels 
il a écrit environ cent soixante-dix œuvres de 



musique médiocre. Parmi ses nombreuses pro- 
ductions, on trouve des sonates de piano avec 
ou sans accompagnement, environ trente 
œuvres; une multitude de polonaises, pots- 
pourris, fantaisies, rondeaux et airs variés 
pour le même instrument; des duos pour 
violon ; concertos, quatuors, duos et solos de 
flûte ; plusieurs morceaux pour le même in- 
strument et la guitare ; des cahiers de chan- 
sons à voix seule, avec accompagnement de 
piano et de guitare, etc. Toute celte musique a 
été publiée à Leipsick, Berlin, Bonn, Mayence, 
Hambourg, etc. Kœhler a laissé un fils (Gus- 
tave), né à Dresde dans les premières années 
de ce siècle, musicien comme son père, et qui 
a publié de petites pièces et des danses pour 
le piano. 

KOEHLER (Benjamin -Frédéhhj, né le 
1 er octobre 1777, à Steinau près de Liegnilz 
(Silésie), fréquenta le gymnase de Sainte-Ma- 
rie-Madeleine, à Breslau, et obtint, en 1798, 
sa nomination d'instituteur et d'organiste 
dans la petite ville de tiuhrau. En 1817, il aélé 
fait cantor dans le même lieu. On a de ce 
musicien : 1° Jeu de dez de valses à composer 
pour le piano. Breslau, Leuckart, 1805. 2° Jeu 
de dez d'écossaises à composer pour deux 
clarinettes, deux cors, une trompette cl un 
basson, ibid. 5° Six Lieder, à voix seule, avec 
accompagnement de piano, ibid. 1808. 4° Amu- 
sements pour les pianistes, ibid. 1854. 5° Plu- 
sieurs cantates d'église, en manuscrit. Kœhler 
a fait insérer de bons articles dans V Antho- 
logie musicale de la Silésie. 

KOEHLER (EnNEST), premier organiste de 
Samle-Klisabcth à Breslau, est né le 28 mai 
1799 à Langenbielau, près dejleiclicnbach, en 
Silésie. Après avoir appris les éléments de la 
musique, du violon et du piano chez son beau- 
frère Hauplmann, cantor de cet endroit, il 
alla continuer ses études à Pelerwaldau chez 
F. -A. Kœhler, qui lui enseigna les principe* 
de l'harmonie et du contrepoint; puis il se 
rendit à Breslau, où il reçut des leçons de 
Fœrsler pour le violon, et de Berner pour le 
piano. En 1817 , il a été appelé à remplir le* 
fonctions de second organiste à l'église Saiuie- 
Élisabeth, et après la mort de Berner, en 
1827, il lui succéda comme premier organiste. 
A différentes reprises, Kœhler visita les ville* 
principales de l'Allemagne, Dresde, Berlin, 
Vienne, Francfort, Casscl, Weimar, et y con- 
nut les artistes les plus célèbres. Ces excur- 
sions furent utiles à son talent par les occasions 
fréquentes qu'il eut d'entendre de belles œuvres 
bien exécutées. En 1845, je le vis à Boun ou 



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KOEHLER — KOEN1G 



il s'était rendu à l'occasion (tes fêles pour 
l'inauguration de la statue de Beethoven ; c'était 
un homme bon, simple, et point envieux du 
mérite d'aulrui. Depuis 1820, cet artiste a pu- 
blié environ cinquante œuvres pour l'orgue et 
le piano; parmi ces ouvrages on remarque : 
1° Essai d'une introduction à l'oratorio de 
Grann, la Mort de Jésus, consistant en deux 
grands préludes pour l'orgue, op. 13; Breslau. 
Fœrsler. 2° Fantaisie pour l'orgue, sur V Allé- 
luia du Messie, de Heendel, op. 22 ; Hambourg, 
Crautz. 5° Six chorals à quatre parties avec 
des conclusions pour l'orgue, suivis de préludes 
fugues, op. 29, deux suites ; ibid. 4* Des varia- 
tions pour l'orgue sur différents thèmes. 
5° Variations et rondeaux pour piano à quatre 
mains, plusieurs œuvres; Leipsick, Breitkopf 
et Hserlel ; Breslau, Fœrsler. 6° Des polonaises, 
rondos et fantaisies sur des thèmes d'opéras, 
pour piano seul, op. G, 16, 18,50, 31, 37, etc.; 
Hambourg, Crantz; Breslau, Fœrsler. 7° Quel- 
ques thèmes variés pour piano seul, ibid. On 
a aussi du même artiste des cantates d'église 
avec orchestre, œuvres 60, 62, 63 et 72; Bres- 
lau, C. Crantz; un motet pour quatre voix 
d'hommes, op. 74; ibid.; des chants de féles 
cl autres. Kœhlcr a fait exécuter à Breslau des 
ouvertures de concert en 1839 et 1840, el des 
symphonies pour l'orchestre, en 1852, 1855 
cl 1841. Il est mort dans cette ville au mois 
de juin 1847. On trouve la liste complète des 
œuvres publiées et inédites de Kœhlcr dans le 
Schlesisches Tonkiïnsller-Lexikon, de Kosz- 
maly el Carlo (deuxième suite, p. 128-134). 

KŒULEK (Louis), pianiste el composi- 
teur, né à Brunswick, le 5 septembre 1820, 
reçut dès son enfance, de plusieurs maîtres, 
des leçons de musique, de piano, d'harmonie 
et de composition. Après s'élre rendu à Vienne, 
il reçut encore des conseils de Sechler, de 
Seyfricd et de Baklel, depuis 1859 jusqu'en 
1843. Il a écrit dans celle ville l'opéra-comi- 
que et romantique intitulé : Prinz und Maler 
(Prince et peintre), une symphonie-cantate ; 
des Lieder, des chœurs et des pièces pour le 
piano. Sa musique pour V Hélène, d'Euripide, 
et son ouverture pour le Phormion, de Té- 
rence, ont été exécutées au Théâtre- sur -la- 
tienne. De retour à Brunswick, il y écrivit 
son deuxième opéra Maria Dolores, qui obtint 
plusieurs représentations en 1845. Dans son 
troisième ouvrage dramatique, Gil Blas de 
Santillane, il changea sa manière et entra 
dans le système de Richard Wagner; mais cet 
opéra n'eut pas de succès. Le dégoût qu'il en 
ressentit lui At accepter tour à tour diverses 



places de directeur de musique de théâtres, 
particulièrement à Dantzick; mais en dernier 
lieu il s'est fixé à Kœnigsberg comme profes- 
seur de piano, comme compositeur el connue 
écrivain didactique. Kœhler a publié : ^Com- 
positions de salon caractéristiques et dans le 
style moderne, n M 1 à 6, op. 1. Leipsick, 
Brauns. 2° Six chants pour soprano ou ténor 
avec piano, en deux suites, op. 2, Brunswick, 
Meyer. 5 V Six poèmes pour soprano ou ténor, 
avec piano el cor ou violoncelle, op. 5, ibid. 
4° Six Lieder pour soprano ou ténor, avec 
piano, op. 4, Leipsick, Brauns. 5° Cinq chants 
idem, op. 5. Berlin, Schlesinger. Dans l'espace 
de quinze ans environ, le nombre de ses pro- 
ductions, tant pour le piano que pour le chant, 
s'élève aujourd'hui (1862) à plus de quatre- 
vingts. L'œuvre 76 est composé de six ron- 
deaux pour le piano. En 1857, Kœhlcr a publié 
le premier volume d'une Méthode instructive 
et systématique de piano (Systemati se he Lehr~ 
méthode fiir Klavierspiel und Jflusik), Leip- 
sick, Breitkopf et Haertel. J'ignore si la suite 
de l'ouvrage a paru. On peut considérer comme 
le complémenl de cette méthode le catalogue 
systématique de la musique de piano que 
Kœhler a publié sous ce titre : Fiihrer durch 
den Clavierunterricht ; ein repertorium der 
Clavierliteratur (Guide dans l'élude du piano; 
répertoire de la littérature de cet instrument); 
Hambourg et Leipsick, Schuberth, petit in-8°, 
de 126 pages. Le mot littérature est employé 
par Kœhler dans le sens de Connaissance des 
œuvres de piano. Il a été fait deux éditions de 
ce pelil ouvrage, toutes deux sans date. 

KOELLNER (Bernard-Guillaume), né à 
Woblau en Silésie, étudia au Lycée de Sainte- 
Elisabeth à Breslau, puis à Wittenberg, et 
succéda, en 1770, à son père qui était pasteur 
à Wohlau. Il est mort en 1829, à l'âge d'en- 
viron quatre-vingt-quatre ans. Une disser- 
tation académique de cet ecclésiastique a été 
publiée sous ce litre : De principiis Harmo- 
nise Musicas. Londini Gothorum, 1777, in-4°. 

KQEINIG (Jeaîi-Mathias), commis à la 
chancellerie royale d'EUrich, en Prusse, dans 
la seconde moitié du dix -huitième siècle, a 
composé, en 1783, la musique d'un opéra in- 
titulé : Lilla ou la Jardinière, et, en 1782, 
V Exécution. En 1782, il a publié deux re- 
cueils de chansons à voix seule avec accompa- 
gnement de piano, et, en 1784, six sonatines 
pour cet instrument. 

KOEIX1G (Jeam-Balthazar), directeur de 
musique à Francfort-sur-le-Mcin, dans la pre- 
mière moilié du dix-huitième siècle, y a fait 



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76 



KOENIG — KOENIGSPERGER 



imprimer, en 1758, un livre choral avqc basse 
continue, à l'usage des églises réformées, sous 
ce titre : Harmonischer Liederschatz, oder 
allgemeine Choralbuch, welches die Melo- 
dien dener sotcohl aîten und neuen bisher 
eingefiihrten Gesxnge unsere Deutschîands 
in sich hJtltj so dass sie durchaus mit der 
Orgel oder Klavier accompagnirt werden 
kœnnen, 

KOENIG (Jeaw-Ulricb DE), né à Esslin- 
gen, en Souabe, le 8 octobre 1688, fit ses 
éludes à Stuttgard et aux Universités de Tu- 
bingen et deHeide1berg,puis demeura pendant 
dix ans à Hambourg, où il publia ses pre- 
mières poésies. Plus tard, il se rendit à 
Dresde, où le roi de Pologne lui donna des 
titres de noblesse, et le fil conseiller de cour et 
maître des cérémonies. Il mourut à Dresde, le 
14 mars 1744. On trouve une dissertation de 
ce littérateur Sur la composition du rhythme 
de la poésie et de celui de la musique, dans 
l'appendice des œuvres de Jean de Besser, 
publiés à Leipsick, en 1715, deux volumes 
in -8°. 

KOENIG (Gaspard), né à Ingolsladt, en 
1723, apprit, dans cette ville, les principes de 
la construction des orgues, voyagea pour aug- 
menter ses connaissances, puis retourna dans 
sa ville natale, où il s'établit comme facteur 
d'orgues et se maria le 7 février 1763. Dans la 
suite, il eut le titre de conseiller de la ville. Il 
mourut le 3 novembre 1791, avec la réputa- 
tion d'un des meilleurs facteurs de son temps 
en Allemagne. Parmi les bons imurumenis 
sortis de ses mains, on cite celui de l'ancien 
couvent d'Asbacb, composé de vingt-cinq jeux, 
et celui du couvent de Drissen, composé de 
vingt et un jeux. 

KOENIG (S.), littérateur et musicien, né 
à Berne vers 1810, est connu des voyageurs 
par une description de la ville de Berne. Il 
est auteur d'une petite méthode de piano et 
d'harmonie, pour apprendre sans maître, dont 
il a été fait deux éditions sans date, sous ce 
titre : Kleine Musiklehre oder Clavier-und 
Generalbasschule, sowohl fiir Anfxngcr im 
Clavierspielen als fur diejenigen, welche sich 
eine grundliche Kenntniss der Musik durch 
Selbstunterrichtverschaffen wollen; Berne et 
Saint-Gall, Huber, in-4° de quarante pages. 

KOENIG (Frédéric), violoniste à Magde- 
bourg, né à Brunswick, vers 1812,y Joua, en 
1857, d'une manière brillante la première 
partie de la symphonie concertante de Hfaurer 
pour quatre violons, aux concerts d'abonne- 
ment. On connaît de cet artiste : 1° Trois trios 



concertants pour deux violons, livre 1 er , 
Brunswick, Leibrock. 2° Trois idem, livre 2«, 
ibid. 3° Deux duos concertants et caractéris- 
tiques pour violon et alto, op. 7, WolfenbutteJ» 
Holle. 4° Des thèmes variés pour violon et 
piano. 5° Des Lieder. 

KOENIGSLOEW (Jean-Guillaume), or- 
ganiste de l'église Sainte-Marie et receveur de 
la ville de Lubeck, naquit à Hambourg, le 
16 mars 1745. Fils d'un professeur de musique 
de cette ville, il apprit <'c lui les premiers 
principes de cet art, puis il termina ses études 
sous la direction d'Adolphe Charles Kunzen, 
organiste de Lubeck, dont il fut ensuite l'ad- 
joint. Par ses dispositions, son travail et les 
leçons de ce maître, il acquit en peu d'années 
une rare habileté sur l'orgue. Il jouait aussi 
du violoncelle et composa pour cet instrument 
des solos etdes concertos. Vers le même temps, 
il écrivit aussi beaucoup de morceaux pour le 
clavecin. En 1773, Kunzen fut frappé d'apo- 
plexie, et dès lors il ne put vaquer à ses fonc- 
tions; son élève lui donna une preuve d'atta- 
chement en le remplaçant gratuitement jus- 
qu'à sa mort, arrivée en 1781. Kœnigslœw lui 
succéda dans ses places, et les remplit pendant 
un demi-siècle. En 1823, il fit son jubilé de 
cinquante ans comme organiste, et il mourut 
en 1827, à l'âge de quatre-vingt-deux ans. 
Chladni, qui avait entendu cet artiste à Lu- 
beck, le considérait comme un organiste de 
rare mérite. Il a écrit plusieurs grands et pe- 
tits oratorios, ainsi que des pièces d'orgue et 
de piano; mais toutes ses productions sont res- 
tées en manuscrit. 

Un violoniste du même nom a brillé à Ham- 
bourg, Leipsick et Copenhague, depuis 1843 
jusqu'en 1846. Il descendait vraisemblable- 
ment du précédent. 

KOENIGSPERGER (le père F.-Mama- 
hus) naquit le 4 décembre 1708, à Rœding, 
dans le Ilaul-Palatinat, et fut envoyé fort 
jeune par ses parents à l'abbaye des Bénédic- 
tins de Prufling, où il fut admis à l'école de 
chant. Les rares dispositions qu'il avait reçues 
de la nature pour la musique le détournèrent 
des études littéraires et scientifiques, où il ne 
fit que peu de progrès, et bientôt il acquit sur 
l'orgue et dans la composition une habileté 
très-remarquable. En 1734, il fit profession 
dans l'ordre de Saint-Benoit. On le fit orga- 
niste et maître de chapelle de son couvent, et 
peu d'années s'écoulèrent avant qu'il fût con- 
sidéré comme le plus habile organiste et le 
meilleur compositeur de musique d'église de 
tous les couvents de la Bavière. Ses œuvres, 



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KOENJGSPERGER — KOERNER 



77 



qui forent toutes publiées à Àugsbourg, eurent 
un succès de vogue, et leur éditeur, Lotler, a 
souvent avoué qu'il devait sa fortune à l'im- 
pression de ces ouvrages. Le P. Kœnigsperger 
en retirait lui-même un produit considérable, 
mais il employait tout l'argent qu'il recevait 
à l'acquisition de livres pour son monastère, 
ou à aider des savants à publier leurs ouvrages. 
Ce musicien distingué mourut dans son cou- 
vent de Prtlfling, le 9 octobre 1769. Sa mu- 
sique d'église est dans le style concerté. Il 
avait pour but d'en rendre l'exécution facile 
afin de propager le goût de la musique jusque 
dans les villages; mais dans la simplicité de 
ses messes, on découvre à chaque instant des 
traits d'une mélodie douce et facile, écrits avec 
une pureté d'harmonie satisfaisante. Le mépris 
affecté par beaucoup d'artistes de nos jours 
pour cette musique légère et facile n'est pas 
fondé, comme ils le croient. Les principaux 
ouvrages de Kœnigsperger sont : Sex missa- 
rum solemnit. 4 voc. cum 2 violinis et or- 
gano, op. 1 ; Àugsbourg, Lotler. 2° Miss* 
brèves pro domin. ac festiv. simpl. 4 voc. 
2 viol, et org. ; ibid. 3° Missa pastoritia de 
Nativitate Jesu Christi 5 voc. cum 2 oblig. 
viol, et or gano ; 2 clarinis et tymp. ad libi- 
tum; ibid. 4° Eucharisticon compactent Of- 
fertoria et Hymnos 4 voc. cum 2 viol, et 
organo oblig. , op. 12; i&t'd. 5° Offertorium 
duplicis textus 4 voc. cum 2 viol, et organo , 
ibid. 0° Offertorium (Laudetur Jésus Cbris- 
tus) 4 voc. 2 obi. viol, et organo; ibid. 7° Te 
Deum 4 voc. cum 2 viol. org. 2 clav. et tymp.- 
ibid. 8° C Litanix B. M. F. 4 voc. 2 viol, 
obi. et organo ; ibid. 9° Der tooklunterwiesene 
Klavierschuler, welchen nicht nur die wahre 
und 9ickere Fundamenta zum Klavier, etc. 
(l'Élève claveciniste bien instruit , auquel on 
met ici devant les yeux non-seulement les 
fondements véritables et certains du clavecin, 
mais aussi huit préludes, vingt-quatre versets 
et huit airs dans tous les tons), Augsbourg, 
1755, in-fol. 10° Huit préludes et fugues dans 
tous les tons, ibid., 175G, in-4°, huit suites. 
11° Fingerstreit oder Klavierubung durch 
cin Prxambulum und Fugen (Lutte des doigts, 
ou exercices de clavecin consistant en un pré- 
lude et des fugues dans tous les tons majeurs 
et mineurs), Àugsbourg, 1700, in-fol. 

KOERBER (Georges), musicien, né à Nu- 
remberg, vers le milieu du seizième siècle, fut 
d'abord sous-professeur au Collège de Saint- 
Laurent, dans sa ville natale, puis, en JG01, 
magister à Àltdorf. Il a publié de sa composi- 
tion ; 1° Tyrocinium imisicum ^Motets à trois 



voix), Nuremberg, 1589, in-8°. 2° Ditticha 
moralia duabus vocibus, ibid., 1599. 5°2fc- 
nedictiones Gratiarumactionesvocum, ibid., 
in-4°. 

Il y eut un musicien de ville de ce nom à 
Berlin {Jean-Christophe), qui mourut le 13 fé- 
vrier 1713. André Schmidt a célébré le mérite 
de cet artiste dans un écrit intitulé : Die Lobes- 
erbesungen der Instrumentalmusik in einen 
Trauer-und Standrede vorgestellt, ah Herr 
Joh. Cristoph Kœrber, Stadmusikus in Ber- 
lin, begraben tourde (Les louanges de la mu- 
sique instrumentale réunies dans un discours 
funéraire prondncé aux obsèques de Jean- 
Christophe Kœrber, musicien de ville a Ber- 
lin); Berlin, 1713, in-fol. 

KOERBER (Ighace), corniste de la mu- 
sique du duc de Saxe-Gotha, né à Mayence, 
vers 1744, est considéré comme un des vir- 
tuoses les plus remarquables qu'ait produits 
l'Allemagne pour son instrument. Arrivé à 
Paris, vers 1780, après de longs voyages, il y 
rivalisa avec Punto (voyez ce nom). Cet artiste 
a laissé en manuscrit plusieurs symphonies 
concertantes pour deux cors. En 1785, il éta- 
blit un magasin de musique à Gotha. Il parait 
qu'il cessa déjouer du cor en 1787, et qu'il 
adopta le basson, sur lequel il acquit aussi une 
rare habileté. On manque de renseignements 
sur les denières années de sa vie. Le Lexique 
universel de musique publié par Schilling fixe 
l'époque de sa mort aux premières années du 
dix-neuvième siècle. 

KOERNER (Chrétieii-Godefroid) , doc- 
teur en droit et en philosophie, naquit à Lcip- 
sick, en 1756, et fil toutes ses éludes à l'Uni- 
versité de cette ville. En 1784, il fut appelé à 
Dresde en qualité de conseiller supérieur du 
consistoire, et huit ans après il y obtint la 
place de conseiller delà courd'appel. Après en 
avoir rempli les fonctions pendant quinze ans, 
il alla, en 1813, prendre possession de la place 
de conseiller d'État , et quelques années après 
il y joignit le titre de membre du conseil privé 
ou supérieur du gouvernement. Il est mort à 
Berlin, le 13 mai 1831, et a été enterré au pied 
du chêne de Kœrner, dans le Mecklembourg, 
près de son fils, Charles-Théodore Kœrner, 
poète célèbre, tué à l'âge de vingt-deux ans, 
dans la campagne de 1813. Chrétien-Godefroid 
Kœrner, amateur passionné de musique, s'est 
beaucoup occupé de l'esthétique de cet art, et 
a publié à ce sujet, dans l'écrit périodique in- 
titulé: Horen (les Heures), un morceau Sur 
le caractère des sons, et sur Cexposé du ca- 
ractère en musique (n° 7, ann. 1793, j>. 97- 



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78, 



KOERNER - KOHAUT 



191). Plus tard, il a repris ses travaux ebthéti- 
«jues, mais il n'en a rien publié. • 

KOERNER (J.-Gmllauke-Faedéric), flû- 
tiste, pianiste et graveur des monnaies de la 
cour, à Casse], vers la fin du dix-huitième 
siècle, a publié, en 1798, les ouvrages suivants 
rie sa composition : 1° Treize variations pour 
flûte avec accompagnement de basse, sur 
Pair allemand : Der VogeUxnger bin ichja, 
op. 1 ; Offenbach, André. 2° XI variations 
idem, sur le thème : Nel cor più non mi 
sento, op. 2; ibid. 5° Quinze variations pour 
flûte et basse; Manhcim, Heckel. 4° Neuf va- 
riations pour flûte seule sur f'air allemand : 
Bei Mxnncm, teelche Liebe fiihlen, op. 5; 
Leipsick, Joachim. 5° Divertissement en forme 
de polonaise pour piano, flûte, violon et basse, 
op. 20; Hambourg, Cranz. 6° La Chasse, po- 
lonaise pour piano à quatre mains, op. 17; 
Brunswick; Spehr. 7° Sonates pour piano seul, 
op. 0,7,8,9, 10; Hambourg, Cranz. 8° Grande 
polonaise tTtem, op. 19; ibid. 9° Rondeau 
agréable idem, Hanovre, Bachmann, etc., etc. 

Un artiste du même nom (G.-J. À cerner) 
vivait à Pélersbourg, en 1830. Il a publié à 
cette époque : 1° Deux sonates à quatre mains 
pour piano ; Pétersbourg, Richter. 2° Quatuor 
pour deux violons, alto et basse, op. 5; Leip- 
sick, Breilkopf et Haertel. 3° Quintello pour 
deux violons, deux altos et violoncelle, op. A ; 
Pétersbourg, Richter. 

KOERNER (Gotthilf-WilheljO, éditeur 
de musique à Erfurt, a publié, sous son nom et 
avec différentes titres, des recueils de pièces 
d'orgue de différents genres qui ne sont que 
des compilations d'oeuvres des organistes les 
plus renommés : Tels sont VOrganiste com- 
mençant (Der angehende Organist); le Par- 
fait organiste (Der vollkommcne Organist); 
le Livre des préludes '(Prœludicnbuch) ; le 
Livre des finales (Postludienbuch), etc. Au 
reste, M. Kœrner a placé en (été de chaque 
pièce le nom de son auteur. Cet éditeur public 
aussi depuis 1844 un journal musical men- 
suel particulièrement relatif à l'orgue, sous le 
titre : Urania. 

KOESTER (Hemias*), docteur en philo- 
sophie et professeur de littérature ancienne, à 
Berlin, dans la première moitié du dix-neu- 
vième siècle, est auteur d'une savante disser- 
tation intitulée : De Cantilenis popularibus 
veterum Grx'corum, Berolini, 1831, in-8° de 
quatre-vingt-quatre pages. 

KOHAULT ou KOHAUT (François- 
Aidrk), excellent organiste, naquit en Bo- 
hême, dans la seconde moi lié «du dix-septième 



siècle, et fût directeur du chœur de l'église 
Sainte-Marie à Saatz, où il se trouvait encore 
en 1722. Il y fit exécuter, le 16 mai de cette 
année, une cantate de sa composition pour la 
fête de saint Jean-Né pomu cène. 

KOHAULT ou plutôt KOHAUT (Jo- 
SEPn), né en Bohême, en 1736, entra d'abord 
comme trompette dans un régiment de cava- 
lerie; mais ayant acquis un talent remar- 
quable sur le luth, il déserta et vinten France, 
où il fut attaché à la musique du prince de 
Conti. Il a écrit la musique de quelques opé- 
ras-comiques : le Serrurier, en 1774 ; la Ber- 
gère des Alpes, le 18 février 1765; Sophie ou 
le Mariage caché, le 21 mai 1768; et la Clo- 
sière. Tous ces ouvrages ont été représentés à 
la Comédie-Italienne ; les deux premiers ont 
obtenu de brillants succès, bien qu'ils soient 
en général de faibles conceptions. Rohautest 
mort à Paris, en 1795. On ignore si ce musi- 
cien était fils d'un excellent luthiste du même 
nom qui était attaché à la musique de la cour 
de Berlin, et qui, s'étant fixé à Breslau en 
1710, fut le maître de Baron. 

KOHAULT ou KOHAUT (Charles), de 
la même famille que le précédent, était même 
son frère, si Grimm a été bien informé lors- 
qu'il a dit, en parlant de l'auteur du Serru- 
rier : « Ce M. Rohaut a un frère aîné qui est 
« venu en France avec M. le comte deKaunitz, 
« et qui est un homme sublime quand il 
« touche le luth. Celui qui nous est resté joue 
« aussi de cet instrument, mais froidement 
« et sans enthousiasme : «l'homme de génie 
« est à Vienne (Correspondance littéraire, 
« t. IV, p. 150, édition de Paris, 1829). n Quoi 
qu'il en soit, celui-ci vécut à Vienne, vers le 
milieu du dix-huitième siècle, et y fut secré- 
taire de la chancellerie de la cour. De tous les 
luthistes de son temps, il fut le plus habile, et 
la musique qu'il composa pour son instru- 
ment fut aussi considérée comme ce qu'on 
avait de mieux en ce genre. En 1761, Kohaut 
a publié à Leipsick : Divertissement pour luth 
obligé, deux violons cl basse. Je possède en 
manuscrit de cet artiste : 1° Concerto (en sol 
mineur) pour luth, deux violons, alto et basse. 
2° Trio (en ré) pour luth obligé, alto et violon- 
celle. 5° Cinq trios pour luth, violon et violon- 
celle (en si bémol, mi bémol, la majeur cl 
deux en fa). Gerher cite douze trios sem- 
blables, et douze solos pour luth, de Ro- 
haut. 

KOHAUT (Fraxçois), virtuose sur le cor 
de basscllc et la trompette, est né à Vienne, et 
vraiscmhlemenl il est un descendant du célèbre 



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KOHAUT — KOLBERER 



79 



luthiste Charles Kohaut. En 1817, il s'est rendu 
en Russie. Deux ans après, il était au service 
d'un noble russe, propriétaire d'une terre située 
aux environs de Moscou. En 1824, il habitait 
encore celte ville où il s'était fait entendre avec 
succès. On connaît de sa composition : Ron- 
deau pour cor de basselte avec orchestre, op. 4, 
Offenbach, André. 

HOHL (Jea*), luthier à Munich, dans la 
seconde moitié du seizième siècle, y eut, en 
1599, le titre de luthier de la cour avec un 
traitement annuel. On voit dans d'anciens 
comptes que la cour lui payait un luth deux 
florins. 

HOHL (Wekceslas), né en 1755 à Qua- 
tierub, en Bohême, apprit à Prague la musique 
comme enfant de choeur, puis se livra à l'étude 
du cor et acquit beaucoup d'habileté dans 
l'exécution. En 1784, il se rendit à Paris où il 
fit graver: 1° Six quatuors pour cor, violon, 
alto et basse, op. 1, Paris, Sieber. 3° Six 
idem, op. 2, ibid. 3° Six idem, op. 3, Paris, 
Imbault. 

KOLB (le P. Carloman) , bénédictin au 
monastère d'Aschbach, en Bavière, vivait au 
milieu du dix-huitième siècle. Il parait avoir 
été un organiste distingué, si Ton en juge par 
un recueil de préludes, de versels et de finales 
pour l'orgue, qu'il a publié sous ce titre : 
Preambularum, vers, et cadentiarum dureh 
die Kirchentœne stechen lassen, Augsbourg. 
1750, in-fol. 

KOLB (J sas-Baptiste), né à Neudettelsau, 
village de la Franconie, le 31 août 1743, vécut 
à Furth, près de Nuremberg, comme musicien. 
Il passait pour élève de Haydn ; mais cela pa- 
rait peu vraisemblable. Dans un voyage qu'il 
fil à Paris, vers 1782, il y fît graver six qua- 
tuors pour deux violons, alto et violoncelle, de 
sa composition. Ses autres ouvrages se trou- 
vaient plus tard en manuscrit dans le magasin 
de Westphall à Hambourg : ils consistaient en 
cantates et ariettes avec instruments , con- 
certos pour clavecin, deux violons et basse, 
pièces détachées pour clavecin et divers in- 
struments, quintettes et trios pour hautbois, 
clarinette et basson. 

KOLB (F.)- Sous ce nom d'un musicien 
inconnu, on a publié : 1° Messe allemande 
pour soprano et orgue (ou pour trois voix , 
deux violons, flûte, deux cors et contrebasse 
ad libitum), op. 9, Munich, Falter. 2° Messe 
allemande à une ou deux voix et orgue, op. 1 1 , 
ibid. 3" Œlbergsmusik (Musique du mont des 
Oliviers) pour soprano cl orgue (ou à trois voix 
cl contrebasse ad libitum), ibid. 



Un musicien de la chapelle royale de Mu- 
nich, nommé KOLB (K.), a fait représenter 
dans cette ville, en 1843, un opéra intitulé: 
les .Sott/iofes(dieSuliolen), de sa composition. 
C'est vraisemblablement le même artiste qui a 
fait imprimer un pot-pourri pour le Zilher, à 
Munich, chez Falter. 

KOLBE (...), cantor à Polsdam, vers le 
milieu du dix-huitième siècle, a laissé en ma- 
nuscrit des cantates spirituelles à quatre voix 
avec instruments, sur les chorals : Dankct 
dem Herrn et Zum Erntfest erwekle Her- 
zen. Ces ouvrages se trouvent à la Bibliothèque 
royale de Berlin. 

KOLBE (Cajetak); nom défiguré par 
Gerber et ses copistes, qui en ont fait un 
double emploi avec Kolberer (voyez ce nom). 

KOLBE (Antoine), violoniste distingué, né 
à Scestœdtel, près de BrUx, en Bohême, vers 
1740, vécut à Prague, et y fut employé a l'or- 
chestre de l'Opéra ainsi qu'aux églises Saint- 
Égide et Saint-Jacques, depuis 1775. Son style 
grandiose, dans les solos et concertos qu'il 
exécutait en public, excitait une vive admira- 
tion. II passa les dernières années de sa vie 
malade et dans un état voisin de la misère, 
tantôt chez les frères minorités, tantôt à l'hô- 
pital Saint- Jacques, et mourut le 30 août 1804. 
C'était un homme pieux et bienveillant qui, 
nonobstant son indigence, donnait volontiers 
des leçons gratuites aux jeunes gens pauvres 
qui ne pouvaient payer un maître. Il a écrit 
plusieurs concertos, solos, sérénades, etc., qui 
sont restés entre les mains de ses amis et de 
ses élèves. Le maître de concerts KIockel, qui 
avait reçu de ses leçons pour le violon, en pos- 
sédait plusieurs. 

KOLBE ( CHARLES-CnRETIEN-GuiLL AUME ) , 

candidat des sciences, ingénieur des mines et 
membre de la Société littéraire de Halberstadt, 
vécut en cette ville, vers la fin du dix-huitième 
siècle et au commencement du dix-neuvième. 
En 1830, il publiait encore de nouvelles édi- 
tions de ses ouvrages. Dans le premier volume 
d'un de ses écrits intitulé : Fersmischte Ab- 
handlungen besonders bergmànnischen und 
physihalischen Inhalts (Différents traités, 
principalement relatifs aux sciences des mines 
et de physique, Quedlinbourg, 1794-1796, 
in-8°), on trouve un article concernant la 
construction des instruments à cordes, et spé- 
cialement de la table d'harmonie.' 

KOLBERER (C a jet an), moine bénédictin 
de l'ancienne abbaye d'Andech, dans la haute 
Bavière, vécut an commencement du dix-hui- 
tième siècle. On a sous son nom : 1° Partus 



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80 



KOLBERER - KOLLESCHOWSKY 



primus seu G Dixit Dominas et 6 Magnificat 
pro quatuor vocibus concertantibus , cum 
quatuor vocibus a capella, Augsbourg, 1701, 
in-fol. 2° Partus secundus, Introïtus brèves 
et faciles secundum claves ordinarias in 
très partes divisus, per totum annum, Augs- 
bourg, 1703, in-fol. On ignore quel est le troi- 
sième œuvre de musique d'église de ce moine. 
5° Partus quartus, continens XXX Offer- 
toria festiva ab Adventu usque ad Pente- 
costen; cum 4 voc. duobus violinis concert: 
1 fagotto concordante ad libitum et aliis 
4 vocibus a capella seu ripienis, Augsbourg, 
1 71 0, in-fol . AV époque où le P . Kolberer publia 
cet ouvrage, il desservait la cure de Paring, 
appartenant au monastère d'Andech. 4° Par- 
tus quintus in lucem proferens alia XXX 
Offertoria festiva pro 4 vocibus, 2 violinis 
concert, et 1 fagotto concordante ad libitum, 
et aliis 4 voc. ripienis, Augsbourg, 1719, 
in-fol. Le P. Kolberer avait mis aussi en mu- 
sique un opéra allemand pour la maison d'édu- 
cation des demoiselles anglaises de Munich. 
Cet opéra, intitulé : Jeux de la divine Provi 
dence, fut représenté, en 1714, par les élèves 
de ce pensionnat, pour le retour du prince élec- 
toral Maximilien-Emmanuel. 

KOLBERG (Oscar), pianiste et composi- 
teur fixé à Varsovie, est né en 1814, dans une 
petite ville du gouvernement de Kadom. Dès 
son enfance il commença l'étude de la musique 
et y fit de rapides progrès. Après avoir suivi 
les cours du Lycée de Varsovie, il se rendit à 
Berlin et y reçut, pendant deux ans, des leçons 
d'harmonie et de composition de Rungen- 
hagen et de Girschner (voyez ces noms). De 
retour à Varsovie, il s'est occupé avec beau- 
coup d'activité à recueillir les airs populaires 
de son pays et en a réuni un nombre considé- 
rable avec le but d'en publier la collection. 
La première livraison de ce recueil intéres- 
sant a paru à Lemberg, en 1842, sous le titre 
de Piesni ludu : la cinquième fut publiée en 
1845. Parmi les compositions de M. Kolberg, 
ou remarque : 1° cinq livres de Kuïawiaks y 
sorte de danse caractéristique de la Pologne, 
pour piano, œuvres 2, 5, 0, 12 cl 19. 2° Deux 
livres de Mazourcs, idem, œuvres 8 et 22. 
5° Deux livres d y Éludes, dédiées à Chopin, 
œuvre 20. 4° Cracovienne, œuvre 10. 5° Fan- 
taisie sur l'air national de la Pologne. 
C° Grande Valse. 7° Beaucoup de pièces fugi- 
tives et de chant avec accompagnement de 
piano. En 1854, le même arliste a fait repré- 
senter au théâtre des Variétés, à Varsovie, un 
opérette intitulé : Le retour de Jean. 



KOLBORN (Eriiest), dominicain à 
Mayence, y a publié, en 1736, un ouvrage 
élémentaire pour le clavecin, intitulé : Mu- 
sikalisches A B C, in jedem Buchstaben 
brauchbar in drey Sliïck. 

KOLDITZ (Jacqces), facteur d'instru- 
ments à Ruhmbourg, en Bohême, y mourut au 
mois de novembre 1700, dans un Âge très- 
avancé. Ses violons et altos sont estimés en 
Allemagne. 

KOLDITZ (...), musicien vraisemblable- 
ment né en Bohême, a laissé trois concertos 
pour flûte, et deux concertos pour la harpe, 
qui se trouvaient en manuscrit en 1782 et 
1785 au magasin de musique de Westphall, à 
Hambourg. 

KOLER (Jacques), facteur d'orgues alle- 
mand, vécut vers la fin du quinzième siècle. 
En 1497, il fut chargé de la restauration du 
vieil orgue de Sainte-Marie à Kœnigsberg. Cet 
orgue avait onze jeux au clavier et quatre à 
la pédale, parmi lesquels on remarquait un 
cor de chamois, jeu qui parait avoir été in- 
venté à peu près au temps de Koler, et 
peut-être par lui. 

KOLLER (Le P. Bohiface), bénédictin ba- 
varois, naquit en 1752 à Fœlz, et fît ses études 
à Munich. Il écrivit dans sa jeunesse la mu- 
sique de quelques opéras pour le théâtre de la 
cour, entre autres, les Lois de la chevalerie. 
Le mérite de ces ouvrages valut à leur auteur 
les bonnes grâces de l'électeur Clément de 
Bavière qui voulut lui donner un emploi à sa 
cour; mais Koller préféra la solitude, et entra 
dans l'ordre de Saint-Benoit, à l'abbaye de 
Bénédict-Bayern. Il en dirigea le séminaire 
pendant plusieurs années ; puis il fut directeur 
du séminaire du prince électoral, à Munich, 
où il mourut en 1799. 

KOLLESCHOWSKY (Sicmokd), violo- 
niste et compositeur, né à Prague, vers 1809, 
fut admis comme élève au Conservatoire de 
cette ville, en 1828, et y fit ses études de 
violon sous la direction du professeur Pixis; 
Dionys Weber fut son maître d'harmonie et 
de composition. Sorti de cette institution, il 
s'est fait connaître avantageusement comme 
compositeur pour l'église et a été nommé ré- 
gent du chœur de l'église de Saint-Élienne de 
sa ville natale. Il est aussi directeur de la 
Sophienacademie. Je ne connais de sa com- 
position que les ouvrages dont les litres sui- 
vent : 1° Veni sancte Spiritus, à quatre voix, 
orchestre et orgue, à Prague, chez Hoffmann. 
2° Adagio religioso, pour deux clarinettes et 
deux bassons, t'6t'd. 



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KOLLMANN 



81 



KOLLMANN (Auguste-Frédéric- Char- 
les), organiste de la chapelle allemande du 
roi d'Angleterre, à Saint-James, naquit en 
1756 à Engelbastel, près de Hanovre, où son 
père était organiste et maître d'école. Après 
avoir fait ses premières études avec le fils du 
pasteur de son village, il alla les continuer, à 
Tâge de quatorze ans, au collège de Hanovre, 
où il resta pendant deux années. Ensuite il 
étudia la théorie de la musique, le clavecin et 
l'orgue sous la direction de J.-C. Bœttner, 
lion organiste, et employa cinq ans à acquérir 
toutes les connaissances qui constituent le 
musicien instruit. En 1779, il Tut admis 
comme élève dans l'école normale de l'éleclo- 
rat de Hanovre. Les leçons qu'il y reçut lui 
furent utiles, dans la suite, pour ses écrits et 
pour l'enseignement. Pendant ce temps, il 
entendait souvent Bœttner, ou le remplaçait à 
l'orgue, et cette circonstance lui fit acquérir 
du talent dans la pratique. Vers la fin de 
1781 , il fut appelé a Lune, près de Lunebourg, 
comme organiste d'un chapitre protestant de 
dames nobles ; mais il y resta peu de temps, 
parce que le roi d'Angleterre demanda au 
gouvernement de Hanovre un organiste pour 
sa chapelle allemande. On jeta les yeux sur 
Kollmann, qui accepta et se rendit a Lon- 
dres dans 1'atitomne de 1782. La place d'or- 
ganiste de la chapelle l'obligeait à s'occuper 
de l'éducation des enfants de chœur, et à leur 
donner quatre leçons chaque semaine ; cepen- 
dant, il trouva assez de temps pour écrire 
plusieurs ouvrages considérables concernant 
l'harmonie et la composition. Plus tard, par 
des motifs qui ne sont point connus, il perdit 
celte place ; mais il continua d'enseigner dans 
beaucoup de nobles familles. Il est mort à 
Londres au mois de novembre 1824, à l'âge 
de soixante-huit ans. 

Les productions de Kollmann se divisent en 
trois classes, savoir : I. Écrits théoriques, 
II. Ouvrages didactico-prattques. III. Com- 
positions. En voici la liste : 1° An Essay on 
Musical ffarmony, according to the nature 
of that science and the principes of the 
greatest musical authors (Essai sur l'harmo- 
nie musicale, suivant la nature de cette 
science et les principes des auteurs les plus 
célèbres), Londres, 1700, in- fol., 146 pages de 
texte et quarante d'exemples. Une deuxième 
édition de ce livre a été publiée avec des addi- 
tions considérables et publiée à Londres, en 
1812, grand in-4°. Dans cet ouvrage, qui est 
divisé en dix-huit chapitres, Kollmann suit 
les principes de Ki m berger, et souvent se 

BIOGB. UMV. DES MUSICIENS. T. V. 



borne à le traduire. Mais Ki m berger ayant 
laissé incertains beaucoup d'accords dont il 
n'avait pas saisi le mécanisme de la substitu- 
tion réuni à celui de la prolongation, Koll- 
mann a pris pour guide, dans cette partie de 
son ouvrage, la théorie de Marpurg, imitation 
de celle de Rameau. De cet amalgame de deux 
théories opposées, résulte un défaut choquant 
d'unité de doctrine que tous les efforts de 
Kollmann n'ont pu dissimuler. 2° A New 
Theory of Musical Harmony, according to 
a complète and natural system of that 
Science (Nouvelle théorie de l'harmonie mu- 
sicale, suivant un système complet et naturel 
de cette science), Londres, 1806, 92 pages de 
texte et 56 planches d'exemples, in- fol. Koll- 
mann avait aperçu l'anomalie des deux sys- 
tèmes d'harmonie qu'il avait essayé de réunir 
dans son premier ouvrage publié dix ans au- 
paravant; il cherchait une base plus uniforme, 
et il crut l'avoir trouvée dans le système de 
Ballière, développé par l'abbé Jamard (voyez 
ces noms). C'est ce même système, inconnu 
jusqu'alors en Angleterre, et qui repose sur 
une fausse progression arithmétique, dérivée 
de l'échelle du cor, que Kollmann a voulu 
faire adopter comme la seule théorie naturelle 
de l'harmonie. II parait que ce système trouva 
des lecteurs et des partisans, car, en 1812, il 
donna une nouvelle édition de son ouvrage, 
avec quelques corrections. 3° An Essay on 
practical musical Composition, according to 
the nature oflhat science, and the principles 
of the greatest musical authors (Essai sur la 
composition pratique de la musique, suivant 
la nature de cet art, etc.), Londres, 1799, in- 
fol. Dédié au roi d'Angleterre. Cet ouvrage, 
formant la suite du premier, fait avec lui un 
corps de doctrine et d'exemples pratiques pour 
la composition. On y trouve des règles pour la 
forme des différentes pièces de musique, pour 
les fugues, les canons, l'instrumentation, etc., 
avec des exemples pris dans les œuvres de 
Jean-Sébastien Bach et de ses fils, de Graun, 
Hsendel, Kirn berger, Fasch et Marpurg. Une 
deuxième édition de ce livre a été publiée a 
Londres en 1812. 4° A Practical Guide to 
Thorough-Bass (Guide pratique de la basse 
continue), Londres, 1801, in-fol. Cet ouvrage, 
où l'on ne trouve que des instructions som- 
maires concernant la forme et la succession 
des accords, renferme particulièrement des 
exercices d'accompagnement. Une suite de 
cette méthode a paru sous le titre : Second 
practical Guide of Thorough-Bass, Londres, 
1807, in-fol. On trouve souvent les deux par- 

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82 



KOLLMANN — KONliNG 



ties réunies en un seul volume. Le professeur 
de piano et d'harmonie P. King attaqua un 
passage de ce livre dans l'avertissement de 
la deuxième partie de son Traité général de 
musique (voyez Kirg); Kollmann fit paraître, 
en réponse à celte attaque, un pamphlet inti- 
tulé : 5° A V indication of a passage in the 
Practical Guide to Thorough-Bass, against 
an advertisement of M v M. - P. King 
(Défense d'un passage du Guide pratique 
de l'harmonie, contre un avertissement de 
M. M.-P. King), Londres, 1802. 6° A second 
Practical Guide to Thorough-fiass, Londres, 
1807, in-fol. C'est une suite au premier guide 
pratique. 7° The Quarterly musical register. 
Écrit périodique sur la musique, dont le pre- 
mier et le second numéros seulement ont paru 
en 1819, et qui n'a point été continué. Le 
premier contient : 1° Une liste chronologique 
des publications du même genre qui avaient 
précédé le Quaterly musical register] 2» Une 
revue de la musique en Angleterre depuis 
1789 jusqu'en 1812; 3° Une notice sur 
J.-S. Bach et ses ouvrages ; 4° Une analyse des 
ouvrages théoriques de Kollmann; 5° Une 
analyse de la Grammaire musicale de Callcott ; 
C° Des remarques sur le tempérament artifi- 
ciel, d'après les trois systèmes des musiciens 
anglais Hawkes, Lochsman et Liston. Dans le 
second numéro, on trouve : 1° Une revue de 
la musique en Allemagne ; 2° Une notice sur 
la vie et les ouvrages de Mozart ; 3° La fin de 
l'analyse des œuvres théoriques de Kollmann. 
Dans la seconde classe des productions de 
ce musicien, on remarque : 8° Twelve analy- 
sée Fugues for two performers, with double 
counterpoints in ail intervais, and tnfro- 
ductory explanations (Douze fugues à quatre 
mains analysées, avec des contrepoints dou- 
bles à tous les intervalles, et des explications 
préliminaires). II a été fait deux éditions de 
cet ouvrage : la seconde a été* publiée en 1825. 
9° TheMelody ofthe hundredth Psalm with 
examples and directions for a hundred di/- 
ferent harmonies in four parts (la Mélodie 
du centième psaume avec des exemples et des 
instructions pour cent harmonies différentes 
à quatre parties), op. 9, Londres, 1809. 
10° An introduction to the Art of Prelu- 
ding and Exlemporizing (Introduction à 
l'art de préluder et d'improviser), op. 3, Lon- 
dres, 1791. 11° The first beginning on the 
piano forte, according to an improved me- 
thod of teaching beginners (le Premier Elé- 
ment du piano forte, d'après une méthode 
perfectionnée pour enseigner aux commen- 



çants), Londres, 179G. 12° An introduction 
to the modulation (Introduction à l'art de 
moduler), op. il, Londres, 1820. 13° An 
Analysed Symphony for the piano forte, 
violin and bass, Londres, 1799. 14° A rondo 
on the chord of the diminished Seventh. 
(Rondo sur l'accord de septième diminuée), 
une feuille gravée, in-fol. , Londres, 1810, 
Des observations de Kollmann sur le système 
d'enseignement de Logier ont été insérées 
dans la Gazette musicale de Leipsick (t. XXIII 
p. 768, 785, 801, et t. XXIV, Intelligenz- 
blatt, p. 9). Elles ont été ensuite recueillies 
et réunies avec celles de C.-F. Millier, profes- 
seur de musique à Berlin, en une brochure 
intitulée : Veber Logier' s Musikunterrichts 
System, Munich, Falter, in- 8° de 59 pages. 
Ces observations sont extraites d'un long arti- 
cle sur le même sujet, qui a été publié dans 
le Quarterly musical Magazine and Revient 
(t. I, p. 111-139). La liste des compositions de 
Kollmann renferme : 15° Six cantiques avec 
de nouvelles mélodies chorales et basse conti- 
nue, Leipsick, Breitkopf. 16° Six sonates pour 
le clavecin, op. 2, Londres. 17° Six petites 
sonates, idem, op. 4, ibid. 18° Divertissement 
pour trois exécutants sur un seul piano, Lon- 
dres, 1800. 19° Concerto pour piano et or- 
chestre, exécuté en public par l'auteur eu 
1804, op. 8, ibid. 20" Plusieurs chansons an- 
glaises, ibid. 

Le fils de Kollmann (Georges- Auguste), né à 
Londres en 1780, fut organiste de la chapelle 
allemande,et mourut dans cette ville,le 19 mars 
1845. On a de cet artiste trois grandes sonates 
pour le piano , avec violon obligé pour la 
seconde sonate, op. 1 ; Londres, Goulding. , 

KOMOUOWSKA (la comtesse Stépha- 
ne), dame russe, née à Mit tau, a reçu des 
leçons de piano des artistes les plus renommés 
à Pétersbourg et à Paris. Elle possède un ta- 
lent distingué sur son instrument et à com- 
posé des choses agréables dont voici les 
titres : 1° Fantaisie sur un motif de Preeiosa 
pour piano; Millau, Reyher. 2° Mes Adieux, 
andante pour piano; ibid. 3° Pensée fugitive; 
idem, ibid. 

KONEVG (Louis DE), facteur d'orgues à 
Cologne, fut appelé en Hollande pour terminer 
le grand orgue de l'église Saint-Élienne, à 
Nimègue, que le facteur Chrétien Millier, 
devenu malade en 1770, n'avait pu exécuter. 
De Koning employa trois années à faire cet 
ouvrage, composé de cinquante-sept jeux, 
dont quelques-uns de seize pieds, trois cla- 
viers, pédale cl huit soufflets. 



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KONING - KONTSKI 



83 



KONING (David), pianiste el compositeur 
hollandais, est né à Rotterdam, en 1830. Fils 
d'un négociant, il était destiné au commerce ; 
mais son père, amateur passionné de musique, 
voulut qu'il cultivât cet art pour lequel il lais- 
sait apercevoir les dispositions les plus heu- 
reuses. Dès Page de douze ans, il jouait avec 
facilité de plusieurs instruments, particuliè- 
rement du piano; ce qui ne l'empêchait pas 
de travailler aux affaires commerciales de la 
maison paternelle. En 1854, son père le con- 
duisit à Francfort- sur-le-Mein, dans une 
maison de commerce, afin qu'il y prit l'habi- 
tude de parler la langue allemande ; mais ne 
voulant pas qu'il négligeât la musique, il lui 
donna pour maître de piano el de composition 
l'excellent professeur Aloys Schmilt. Pendant 
quatre ans, le jeune Koning reçut des leçons 
de cet artiste qui, ayant reconnu la belle or- 
ganisation de son élève pour l'art, lui donna 
le conseil de s'y consacrer exclusivement, et de 
renoncer à la carrière de commerçant. Koning 
écrivit plusieurs compositions sous la direction 
de son maître, particulièrement trois grandes 
ouvertures d'orchestre. Quand il retourna à 
Rotterdam, en 1838, son instruction pratiquede 
compositeur était complète, quoiqu'il ne fût 
âgé que de dix-huit ans. Devenu libre de se 
livrer sans réserve à son penchant d'artiste, il 
n'eut plus d'autre occupation que la musique, 
étudia les œuvres des maîtres célèbres et les 
prit pour modèles dans ses travaux. Des qua- 
tuors d'instruments à cordes et des sonates de 
piano furent ses premières productions après* 
son retour dans sa ville natale. En 1839, il 
écrivit une quatrième ouverture pour le con- 
cours ouvert par la Société néerlandaise, insti- 
tuée pour l'encouragement de la musique, et 
nonobstant la jeunesse de l'auteur, cet ou- 
vrage obtint le prix, et la partition de l'ouver- 
ture de Koning fut publiée aux frais de cette 
institution. Dans la même année, il publia à 
Bonn, chez Simrock, un Domine Salvum fac 
regem, avec orchestre, op. 1, composé pour le 
roi des Pays-Bas. Cette composition, d'un 
grand développement, a été analysée par 
G.-W. Fink, dans la Gazette générale de mu- 
sique de Leipsick (année 41 e , p. 944). L'ou- 
verture couronnée, œuvre 7 e , parut en 1840, à 
Rotterdam, chez If. Paling. Des fantaisies et 
variations pour le piano, dès études, une sym- 
phonie à grand orchestre, ont succédé aux 
premières œuvres. Postérieurement, Koning a 
résidé à Paris, à Londres, à Vienne; mais les 
renseignements manquent sur ses travaux. 

KOMIMK (Servais DE), maître de mu- 



sique à Amsterdam, au commencement du dix-. 
huitième siècle, a fait imprimer quelques ou- 
vrages de musique instrumentale, de sa 
composition, parmi lesquels on remarque : 
1° Douze sonates à flûte seule, violon ou 
hautbois et basse continue, Amsterdam, Ro- 
ger, in-4° oblong. 2° Trios pour flûtes, violon 
ou hautbois, ibid. "5° Hollandsehe minne en 
drink liederen, in-8°, ibid. 

KONTSKI (DE), famille de musiciens po- 
lonais qui, dans la réunion de ses membres, 
bien jeunes encore, a excité l'étonnement de 
l'Europe entière. Le père, Grégoire de Kontski, 
descend de l'ancienne famille polonaise Broch- 
witsch ; mais il n'était que simple employé du 
tribunal civil de Cracovie, en 1810. La mère, 
née de RozHa, appartient aussi à la noble 
maison de Trojanow. Le fils aîné, Charles, est 
né le 6 septembre 1815; sa sœur, Eugénie, le 
28 novembre 1816; Antoine, deuxième fils, 
le 27 octobre 1817; Stanislas, le 8 octobre 
1820. Tous ont vu le jour à Cracovie. Apolli- 
naire, dernier enfant de cette famille, est né 
à Varsovie, le 23 octobre 1823. Les disposi- 
tions merveilleuses de Charles pour la mu- 
sique frappèrent son père, assez bon musicien 
et qui jouait de plusieurs instruments. Il avait 
à peine atteint l'âge de cinq ans lorsqu'on lui 
mit entre les mains un violon, dont il joua 
bientôt de manière à exciter l'étonnement de 
ceux qui l'entendirent. Dans le même temps, 
son père lui enseigna les règles de la versifi- 
cation, qu'il apprit sans peine et qu'il n'a ja- 
mais oubliées. Antoine et Eugénie, qui avaient 
choisi le piano pour leur instrument, y firent 
aussi de rapides progrès. Dans les premiers 
temps, Kontski ne songeait point à tirer parti 
de leurs talents; il ne leur enseignait la mu- 
sique que comme un délassement, et cet art 
ne les occupait que dans les intervalles du 
temps où ils ne fréquentaient pas les écoles-. 
Cependant les progrès remarquables de ces en- 
fants fixèrent enfin son attention ; il leur ac- 
corda tous ses soinS, et le 3 février 1822, il 
donna son premier concert avec eux. L'éton- 
nement des habitants fut au comble quand ils 
entendirent ces virtuoses en herbe, dont l'ainé 
avait sept ans. Un second concert n'eut pas 
moins de succès que le premier. Kontski prit 
alors la résolution de ne rien négliger pour 
compléter l'éducation de ses enfants. Il donna 
sa démission de son emploi, et obéit à un 
ordre du gouvernement qui l'appelait à Var- 
sovie pour faire entrer les jeunes gens au Con- 
servatoire de celle ville. La protection de la 
comtesse Zamaïska contribua à leur faire rece- 

0. 



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84 



KONTSKI 



voir une instruction solide dans l'art ; elle eut 
aussi part à la nomination de Kontski, le père, 
à la place d'inspecteur du Lycée de Varsovie. 
En 1825, Charles fit ses premiers essais de 
composition en écrivant des polonaises, des 
mazurkes et d'autres petits morceaux qui fu- 
rent alors publiés. L'empereur Alexandre, qui 
$e trouvait à Varsovie, au mois de mai 1825, 
accepta la dédicace d'une de ces bagatelles, et 
promit sa protection aux enfants de Kontski ; 
mais il ne revit plus Pétersbourg, et sa morl 
laissa la famille des jeunes artistes dans son 
ancienne situation. Charles et Antoine ayant 
achevé leurs éludes au Conservatoire, et tous 
deux ayant acquis un talent extraordinaire 
pour leur âge, le premier devint le modèle 
de son frère Apollinaire, qui déjà jouait du 
violon, et le second fut celui de Stanislas 
sur le piano. En 1897, toute la famille entre- 
prit son premier voyage et prit sa roule par 
Lemberg, Wilna et Millau, pour se rendre 
à Pétersbourg. Partout elle donnait des con- 
certs, et partout elle excitait l'admiration. 
Stanislas commençait à se faire entendre sur 
le piano, et déjà le petit Apollinaire, âgé de 
quatre ans et demi, jouait du niolon devant 
de nombreuses assemblées. Arrivés à Péters- 
bourg, au mois de janvier 1820, les Kontski y 
demeurèrent six mois, pendant lesquels ils 
donnèrent plusieurs concerts, et jouèrent de- 
vant la famille impériale avec un succès d'en- 
thousiasme. Charles y prit aussi des leçons de 
composition chez Bianchi. A Moscou, Antoine 
reçut des conseils de Field pour ses composi- 
tions de piano, et le jeune artiste dédia à ce 
maître son concerto en fa, morceau d'une 
prodigieuse difficulté. La famille partit de 
Moscou au mois de jeuillet 1830, voyageant 
avec lenteur, à cause du choléra, et s'arrêta 
longtemps dans la Gallicie, où elle rencontra 
Lipinski : elle n'arriva à Cracovie qu'au mois 
d'octobre 1831. L'année suivante, elle recom- 
mença ses voyages en se dirigeant sur Vienne, 
et depuis lors elle a visité la Hongrie, la plus 
grande partie de l'Allemagne, la Suisse, l'An- 
gleterre et une partie de la France. (Voyez les 
notices suivantes de chacun des membres de 
la famille Kontski devenus artistes.) 

KONTSKI (Charles), l'alné des quatre 
frères de ce nom, n'a pas réalisé d'une ma- 
nière complète les espérances qu'il donnait 
dans son enfance comme violoniste. II s'est 
fixé à Paris et s'y livre à l'enseignement de 
son instrument. On a vu, dans l'article précé- 
dent, qu'il a commencé l'étude de la composi- 
tion à Pétersbourg, et qu'il reçut des leçons de 



Bianchi concernant l'art d'écrire en musique. 
Arrivé à Paris, il continua cette étude sous la 
, direction de Reicha. Il a écrit quatre quatuors 
pour deux violons, alto et basse ; deux quin- 
tettes, dont le dernier est son œuvre 27 e , et 
un sextuor pour deux violons, deux altos, vio- 
loncelle et contrebasse, lequel obtint un succès 
d'estime dans une séance publique où il fut exé- 
cuté par lui et plusieurs des meilleurs artistes 
de Paris. Les autres productions de M. Charles 
Kontski sont : 1° Duo pour piano et violon, 
op. 1. 3° Grand duo pour piano et violon sur 
des thèmes de Schubert, op. 2. 3° Trois mélo- 
dies originales pour piano, op^3. 4° Fantaisie 
pour violon, op. 4. 5° Variations sur un thème 
original. 

KONTSKI (Antoine), pianiste distingué, 
a vécu quelques années à Paris, puis a par- 
couru l'Espagne, le Portugal, et a joué avec 
succès à Madrid, à Séville et à Lisbonne. Après 
un court séjour à Londres, il revint à Paris et 
s'y livra à l'enseignement du piano. Plus 
lard, il visita Berlin, Posen, Varsovie où son 
talent produisit une profonde impression. Il 
donna ensuite des concerts dans les villes 
principales de la Lithuanie, de la Podolie et 
de l'Ukraine. Arrivé à Pétersbourg, il s'y est 
fixé comme professeur de piano. En 1857, il y 
a organisé des séances pour l'exécution de la 
musique classique. Les compositions ou ar- 
rangements de cet artiste s'élèvent au nombre 
d'environ cent cinquante œuvres de fantaisies, 
variations, éludes, méditations et pièces de 
salon et de concert. 

KONTSKI (Stanislis) , troisième frère 
des précédents, est fixé à Paris depuis l'arrivée 
de sa famille en cette ville. Élève en partie de 
son frère Antoine pour le piano, il ne s'est pas 
élevé au même degré d'habileté ; mais il est 
considéré comme un des bons professeurs de 
son instrument. Il a publié environ vingt 
œuvres de pièces légères, telles que valses, 
marches, nocturnes, caprices, etc. 

KONTSKI (AroLLiKAiBE), le plus jeune 
des quatre frères, et violoniste imitateur de 
Paganini, a obtenu de brillants succès dans 
toutes les contrées européennes qu'il a par- 
courues. La Pologne et la Russie ont retenti 
des applaudissements qui lui ont été prodi- 
gués. La partie la plus remarquable de son 
talent consiste principalement dans la dexté- 
rité de la main gauche. Son premier concert à 
Pétersbourg fut donné au théâtre Michel, le 
28 mars 1851. Dans l'année suivante, il visita 
Moscou, puis il parcourut les diverses pro- 
vinces de l'empire de Russie. De retour à Pé- 



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KONTSKI - KOPRZIWA 



tersbourg, il y reçut le diplôme de premier 
violon solo de l'empereur de toutes les Russie*. 
On a de cet artiste quarante-cinq œuvres pour 
son instrument et pour le piano, soit publiées, 
soit inédites. Il donne à quelques-uns de ses 
morceaux avec accompagnement d'orchestre 
ou de piano, le titre de poèmes musicaux. Sa 
fantaisie sur les motifs de Lucie de Lammer- 
moor, jouée par lui, a toujours eu beaucoup 
d'applaudissements. On a publié sur M. Kont- 
ski : Notice sur Apollinaire de Kontslci, sa 
naissance } sa vie, ses œuvres, ses études 
et ses succès jusqu'à ce jour, par Justin Du- 
puy, Bordeaux, 1847, in-8». 

KONWALYNKA (Paul), compositeur, 
naquit à Sagolza, en Hongrie, dans la pre- 
mière moitié du dix-septième siècle. Après 
avoir demeuré quelque temps à Prague, puis 
à Vienne, il voyagea et arriva jusqu'à Jéna, 
où ses ouvrages lui firent la réputation d'un 
musicien habile. En 1672, il y fit imprimer 
un chant pour basse solo avec accompagne- 
ment de viole da braccio y sur les paroles : 
Christe, tibivivo,moriar; tibi, Christs, re- 
surgam, etc. 

KOPCZYNSKI (Jarcs), pianiste et com- 
positeur amateur, est né en 1831, à Holadki, 
propriété de sa famille, en Ukraine. Les pre- 
mières leçons de piano lui furent données par 
Ignace Platon Rozlowski (voyez ce nom). Arrivé 
à Paris, il s'est livré à l'étude sérieuse de cet 
instrument sous la direction de Charles-Valen- 
tin Alkan. M. Kopczynski a écrit six éludes 
pour le piano, dans le style brillant, trois ro- 
mances sans paroles et plusieurs Mazoures, 

KOPP (Geobces) , organiste à Passau, vers 
Je milieu du dix-septième siècle, naquit en 
Bohême et vécut longtemps à Prague. En 
1059, il a fait imprimer à Passau, chez Geor- 
ges Hœller, huit antiennes de la Yierge, de 
sa composition. Walther cite aussi, dans son 
Lexique de musique (p. 344), un œuvre de 
messes a cinq et six voix, de cet artiste, 
comme ayant été publié ; mais il n'indique ni 
la date ni le lieu de l'impression. 

KOPP (Le P. Annaé), religieux augustln, 
né en Bavière, dans les premières années du 
dix-huitième siècle, a fait imprimer un re- 
cueil de musique d'église. de sa composition, 
intitulée : Promptuarium musico sacrum, 
consistant en deux messes à quatre voix, vio- 
lons et orgue, deux offertoires, deux litanies de 
la Yierge, un Te Deum, un Miserere, deux 
Magnificat, deux Salve Regina, un Aima, 
on Ave Regina, et un Regina 6'œ/t, Augs- 
bourg, 1730, in-fol. 



KOPPRASCH (Wesceslas) , bassoniste 
attaché à la chapelle de Dessau, vers la fin du 
dix -huitième siècle, était vraisemblablement 
né en Bohême. Il a écrit pour le théâtre de 
Dessau un opéra intitulé : Einer jagt den 
Andern (L'un chasse l'autre). On connaît 
aussi de sa composition : 1° Air avec varia- 
lions pour basson avec orchestre, op. 1. 
2° Concerto pour le basson, avec oréhestre, 
op. 2. 3° Symphonie concertante pour deux 
bassons, idem, op. 3. 4° Six valses pour le 
piano, ibid. 

KOPPRASCH (G.), fils du précédent, né à 
Dessau, fut attaché d'abord à la musique d'un 
régiment prussien , puis entra à l'orchestre 
du théâtre royal de Berlin, où il se trouvait en 
1834. On a de sa composition : 1° Six quatuors 
courts et faciles pour quatre cors, Leipsick, 
Kollmann. 2° Douze petits duos pour deux 
cors, ibid. 3° Trois grands duos, idem) ibid. 
4° Six sonates pour deux cors, deux trom- 
pettes et trois trombones. Leipsick, Peters. 
5° Soixante études pour cor alto (premier cor), 
op. 5, ibid. 6° Soixante études pour cor basse 
(second cor), ibid. Kopprasch adopta ces dé- 
nominations de cor alto et cor basse d'après 
la méthode de cor de Dauprat. 

KOPRZIWA (Wekceslas), surnommé 
Urtica, naquit à Brdloch, en Bohême, le 
8 février 1708. Après avoir terminé ses éludes 
à Prague, il fut nommé organiste et recteur 
du collège à Czytolib; il en remplit les fonc- 
tions pendant cinquante-sept ans. Il vivait 
encore près de son fils à Czytolib, en 1787. 
Koprziwa a composé beaucoup de musique 
d'église qui est connue en Bohême sous le 
nom d' Urtica , et qui est resiée en ma- 
nuscrit. 

KOPRZIWA (Chaules), fils du précé- 
dent, fut un des meilleurs élèves du célèbre 
organiste Segert. Il naquit à Czytolib, le 
février 1750, et alla étudier la musique à 
Prague. En sortant de l'école de Segert, il re- 
tourna chez son vieux père, qui ne jouit pas 
longtemps du plaisir d'admirer son talent, 
car Charles mourut à l'âge de vingt-neuf ans, 
le 10 mai 1785. Quoiqu'il ait si peu vécu, il a 
écrit beaucoup de musique d'église, d'orgue 
et de concert, où l'on remarque un génie 
élevé. Parmi ses ouvrages, qui tous sont restés 
en manuscrit, on peut citer : 1° Sept messes 
solennelles. 2° Trois offertoires. 3° Trois 
motets. 4° Douze symphonies. 5° Huit concer- 
tos d'orgue, et un grand nombre de fugues et 
de préludes. Il a formé plusieurs élèves dis- 
tingués, au nombre desquels était son frère 



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86 



KOPRZIWA — KOSSMÀLY 



cadet, Jean-Baptiste Koprziwa, qui lui suc- 
céda comme organiste à Czytolib. 

KORB (Jean-Pbédéiiic), né en Bavière, fut 
organiste à Diessenho?en (Suisse), vers le mi- 
lieu du dix-huitième siècle. Il a fait imprimer 
a Nuremberg, en 1756, une suite de pièces 
pour le clavecin, intitulée : Musikalische Ge- 
muthsergœtsung , bestehend in 6 Klavier- 
parthien, première et deuxième parties, in«4°. 

K.ORNACHER (L.), d'abord étudiant en 
droit, devint ensuite élève de l'abbé Yogler, 
et fit avec lui un voyage à Paris, en 1784. On 
connaît sous son nom : 1° Chansons de l'école 
de chant de Manheim, publiées à Mayence. 
2° Premier concerto de clavecin, sans accom- 
pagnement; ibid.; deuxième idem, Paris. 
5° Sonates pour le clavecin, op. 1, 2 et 3; 
ibid. 

KOSOD (BiOrce-Possoholapj), docteur en 
théologie, chapelain et prédicateur du châ- 
teau, à Copenhague, naquit à Mariagor, dans 
le Jutland, le 24 janvier 1752. Il est auteur 
d'une dissertation historique et philosophique 
intitulée; Jflusikens infleydelse paa Men- 
nesket (Influence de la musique sur l'espèce 
humaine), Copenhague, Niels Christensens, 
1804, in-8° de 104 pages. L'auteur de cet 
opuscule s'y livre à l'examen des effets moraux 
de la musique chez les anciens et chez les 
modernes. 

KO S POT II (Othopt-Charles-Erdmank, 
baron DE), né à Muhllroff, en Saxe, vers le 
milieu du dix-huitième siècle, voyagea daus 
sa jeunesse en Italie, puis eut le titre de cham- 
bellan du roi de Prusse, et fut chanoine sécu- 
lier à Magdebourg. Il mourut à Berlin, le 
23 juin 1817. Depuis 1782, il s'est fait con- 
naître avantageusement comme compositeur 
par les ouvrages suivants : 1° Der Freund 
deutscherSitten (l'Ami des mœurs allemandes), 
petit opéra. 2° Der Irrwisch (le Feu follet). 
5° Jdraste et Isidore. Des airs de ces deux 
derniers ouvrages, arrangés pour le piano, 
ont élé publiés à Berlin, par Rellstab. 4° Bella 
t'f Fernando ou le Satyre. 5° Der Mœdchen- 
marht zu Ninivc (le Marché de filles à Ni- 
nive), 1795. 6° Le Pouvoir de V harmonie, 
cantate exécutée à Berlin, à l'ouverture du 
Concert d'amateurs. 7° Un oratorio écrit à 
Venise el exécuté avec succès en 1787. 8° Chan- 
sons à voix seule avec accompagnement de 
piano; Brunswick/1795. 9° Symphonie à grand 
orchestre (en so/), op. 22; Brunswick, Spehr. 
10" Idem (en M),'op. 23, ibid. 1 1° Idem (en ré), 
op. 24, ibid. 12" Six quatuors pour deux vio- 
lons, alto cl basse, op. 8 j Oflenbacb, André. 



13° Six trios pour violon, alto et basse, op. 1, 
ibid. 14° Six quatuors pour flûte, violon, alto 
et basse, op. 5, ibid. 15° Sérénade pour piano, 
hautbois, deux cors de bassette et basson, 
op. 19; ibid. 16° Six quatuors ponr deux vio- 
lons, alto et basse, op. 10; Spire, Bossler. 
17° Grande sérénade pour deux violons, deux 
altos, deux cors, violoncelle et contrebasse, 
op. 11 ; ibid. 18° Composizioni sopra il Pa- 
ter noster, consistente en 7 tonale caraite- 
ristiehe con un introduzione per 2 violini, 
2 oboe, 2 corni, fagotto, viola et basso, op. 2 ; 
Darmstadt, 1794. 19 e Concerto pour hautbois 
et orchestre, ibid. Quelques quvertures de ses 
opéras ont été aussi publiées. Kospoth a laissé 
en manuscrit un Miserere à quatre voix et or- 
chestre, qui est à la Bibliothèque de Berlin. 

KOSSAK (Chaules-Ernest), critique de la 
nouvelle école qui commença à se produire, 
tant en France qu'en Allemagne, avec le ro- 
mantisme. 11 naquit à Berlin, vers 1818. Une 
brochure qu'il publia sous ce titre : Aphoris- 
men iiber Rellstab's Kunstkritik (Aphorismes 
sur la critique d'art de Rellstab), Berlin, 
C.-W. Esslinger, 1846, fit quelque sensation 
en Allemagne par sa hardiesse, et par son ton 
tranchant el dogmatique. Il y professait des 
doctrines musicales assez semblables à celles 
de Richard Wagner. Quelques rédactions de 
journaux recherchèrent alors la collaboration 
de l'auteur de cet écrit; mais son feu s'était 
épuisé dès le premier jet, et rien de lui depuis 
lors n'a fixé l'attention. 

KOSSMALY (Charles), compositeur et 
écrivain sur la musique, est né en Silésie et a 
fait vraisemblablement ses éludes musicales à 
Breslau.En 1842, il était directeur d'orchestre, 
de la chapelle de Detmold, et il occupa cette 
position pendant plusieurs années. A la même 
époque, il fournil à la Gazette générale de 
musique de Leipsick quelques bons articles de 
critique. En 1845, il était de retour à Breslau, 
avec le titre de directeur de musique, et il fai- 
sait exécuter quelques-unes de ses composi- 
tions pour l'orchestre. Postérieurement on le 
trouve à Sletlin où, toutefois, il ne parait pas 
être resté. Les biographes allemands gardent 
un silence absolu sur cet artiste. On a de lui 
une sorte de supplément de la Biographie des 
musiciens silésiens, publiée par C.-J. -Adolphe 
Hoffmann, en 1830 {voyez C.-J. -Ad. Hoff- 
mann). M. Kossmaly a eu pour collaborateur 
M. Carlo, nom inconnu dans la littérature de 
la musique. Aucun ordre systématique n'est 
suivi dans la nomenclature des artistes dont il 
est parlé dans cet ouvrage. Il parut en quatre 



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KOSSMALY - KOZELUCH 



87 



suites dans chacune desquelles la succession 
alphabétique recommence. M. Kossmaly a 
donné à son livre le litre de : Schlesisches 
Tonkunstler Lexikon, enthaltend die Bio- 
graphie», aller Schlesischen Tonkunstler, 
Cotnponisten, Cantoren, Organisten, Ton* 
gelehrten, Textdichter, Orgelbauer, Instru- 
mentenmacher, etc. Nebst genauer Angabe 
aller Schlesischen musikalischen Institute, 
Fereine, Musikschulen , Liedertafeln, etc. 
(Dictionnaire des musiciens de la Silésie, ren- 
fermant les biographies de tous les musiciens 
silésiens, compositeurs, cantors, organistes, 
théoriciens, postes lyriques, constructeurs 
d'orgues, fabricants d'instruments, avec des 
renseignements exacts sur toutes les institu- 
tions musicales de la Silésie, académies, écoles 
de musique, sociétés de chant, etc.), Breslau, 
Ed. Trevent, 1846-1847, quatre suites in-8«, 
formant un volume de trois cent trente-deux 
pages. Le titre de Dictionnaire ne convenait 
pas à cet ouvrage où Tordre alphabétique est 
quatre fois interverti j mais les notices, parti- 
culièrement celles qui sont signées du nom de 
Kossmaly, sont faites avec soin et fournissent 
des renseignements esacts. Comme composi- 
teur, cet artiste a mis au jour plusieurs re- 
cueils de chants à quatre voix (soprano, con- 
tralto, ténor et basse), en partition; Breslau, 
Leuckart. Des romances allemandes, avec ac- 
compagnement de piano; Berlin, Kosmar, 
1830; trois Lieder à voix seule, avec piano et 
cor obligé; Leipsick, Wunder; d'autres Lie- 
der avec piano et clarinette obligée; Gassel, 
Appel ; des chants pour quatre voix d'hommes, 
op. 10, etc. 

KOSTHA BEN LOUKA (Kostha, fils 
de Lucas), philosophe chrétien, arabe de nais- 
sance, vécut dans la seconde moitié du neu- 
vième siècle. Parmi ses ouvrages se trouve 
un traité de musique, dont le manuscrit, indi- 
qué par Casiri (Biblioth. arabico-hispana, 
t. I, n° 420), existe à la Bibliothèque de l'Es- 
curial. 

KOTZWARA (Fbahçois), né à Prague, a 
voyagé quelque temps en Allemagne et en 
Hollande, puis s'est fixé à Londres en 1793, 
et y est mort dans les dernières années du 
dix -huitième siècle. On a publié de sa compo- 
sition : 1° La Bataille de Prague pour piano, 
violon et violoncelle , Berlin, Liscbke; Ham- 
bourg, Bœhme. Ce morceau a été célèbre vers 
la fin du dix-huitième siècle. 2° Trois sonates 
pour piano et violon, op. 54, Oflenbach, An- 
dré. 3" Trois sonates pour piano seul, op. 36, 
jUanbcim, Hcckcl. 4° Sonate pour clavecin a 



quatre mains, Amsterdam, 1785. 5° Sérénades 
pour violon, alto, violoncelle et deux cors, 
ibid. 6° Trois solos pour alto, Londres. Je me 
souviens que ce bon KoUwara passa à Môns, 
au printemps de 1702, et qu'il vint visiter mon 
père. Il m'entendit jouer sur le piano des 
sonates de Mozart. L'après-midi, il revint, ap- 
portant sa Bataille de Prague, qu'il venait 
d'achever, et qui obtint une grande célébrité 
vers la fin du dix-huitième siècle ; je la lui 
jouai immédiatement, accompagné par mon 
père sur le violon et par lui sur le violoncelle. 
Ravi de ce qu'à l'âge de huit ans, j'avais pu 
jouer ce morceau à première vue, ce digne 
homme me prit entre ses bras et- me prédit, 
d'un air inspiré, plus de bonheur qu'il ne 
m'en est avenu. Il jouait bien du piano, du 
violon, du violoncelle, du hautbois, de la flûte, 
du basson et du cistre. Pourtant, il ne parais- 
sait pas être dans l'aisance. Il était en voyage 
pour jouer à Londres la contrebasse au théâtre 
du Roi et au concert de l'ancienne musique. Son 
habileté à imiter le style des compositeurs les 
plus en vogue de celte époque ,e fit employer 
par les marchands de musique anglais à écrire 
des pièces qu'ils publiaient sous les noms de 
Pleyel, de Haydn et de Mozart (1). Kotzwara 
aurait pu vivre dans l'aisance, mais ses pas- 
sions pour le vin et pour les amours faciles le 
mettaient souvent dans de grands embarras. 
Vers la fin de 1703, on le trouva pendu dans 
une maison suspecte de Chandos street (Co- 
dent Garden). Une instruction criminelle fut 
commencée contre les habitants de cette mai- 
son, mais ils prouvèrent que la mort de Kotz- 
wara était le résultat d'un suicide (2). 

KOZELUCH (Jear-Artoinb), maître de 
chapelle à Péglise métropolitaine de Prague, 
et l'un des meilleurs compositeurs de la Bo- 
hême, naquit à Welwan, le 13 octobre 1738. 
Dès son enfance, il trouva un protecteur dans 
le comte de Kolowrat, qui l'emmena dans ses 
propriétés de Brzeznicz, et le plaça au collège 
des jésuites en qualité de sopraniste. Il s'y 
distingua par ses progrès dans la musique. 
Après plusieurs années passées en ce lieu, il 
alla continuer ses études à Prague et y apprit 
les éléments de la composition. Cependant, la 
nécessité de pourvoir à son existence l'obligea 
à s'éloigner de cette ville, où il trouvait toutes 
les ressources nécessaires à son instruction, et 
à accepter une place de directeur de musique 
à l'église de Rakonitz ; mais il n'y resta pas 

(!) W. T. Partis, Musical Manoirs. T. I., p. 181. 
(2) lb;>L 



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88 



KOZELUCH 



longtemps, ayant été bientôt après nommé di- 
recteur du chœur dans sa ville natale. Le désir 
d'augmenter ses connaissances dans la mu- 
sique lui fit quitter cette position, au bout de 
quelque temps, pour retourner à Prague, où 
il vécut d'abord comme simple basse chantante 
à Saint-Vith et dans d'autres églises. Ce fut 
alors qu'il fit de grands progrès dans Part 
d'écrire, ayant eu le bonheur d'être accueilli 
par le célèbre organiste Segert, qui lui donna 
des leçons de contrepoint. Parvenu à la fin de 
ses études techniques, il comprit la nécessité 
de recevoir les conseils de quelque grand 
maître pour les autres parties de l'art, et son 
instinct lui persuada qu'il ne pouvait trouver 
ce maître qu'à Yienne. Les petites économies 
qu'il avait faites l'aidèrent à s'y rendre. II y 
trouva dans ses compatriotes Gluck et Gas- 
mann tout ce qu'il pouvait désirer sous les 
rapports de l'expérience et du beau sentiment 
de l'art : tous deux lui firent le meilleur ac- 
cueil et lui prodiguèrent les enseignements 
qu'il venait chercher près d'eux. Plus tard, il 
apprit de nasse le mécanisme de la coupe des 
morceaux de musique d'après la méthode ita- 
lienne. De retour à Prague, Kozeluch y vécut 
en donnant des leçons de chant et de clavecin 
jusqu'à ce qu'il fût nommé directeur du chœur 
de l'école de musique à l'église des religieux 
de la Croix. Il y forma un grand nombre 
d'élèves, parmi lesquels il s'est trouvé quelques 
artistes distingués. Considéré comme le plus 
grand musicien qui fût à Prague, Kozeluch ob- 
tint, le 13 mars 1784, la place de maître de 
chapelle de l'église métropolitaine, et il en 
remplit les fonctions jusqu'à sa mort, arrivée 
le 3 février 1814. Ses compositions lui ont fait 
dans sa patrie la réputation d'un grand musi- 
cien, et les artistes qui ont entendu ses ou- 
vrages avouent que leur mérite n'est point 
au-dessous de l'estime qu'on leur accorde à 
Prague ; mais telle était la modestie de Koze- 
luch, tel était son pur amour de la musique, qu'il 
n'a travaillé que pour Part lui-même, qu'il ne 
s'est jamais occupé de sa renommée, et que ses 
productions sont inconnues à toute l'Europe. 
Parvenu à l'âge de soixante-dix ans, il eut 
pourtant, en 1801, la pensée de publier quel- 
ques-unes de ses plus belles compositions pour 
l'église; mais dans un pays si pauvre que la 
Bohème, il ne put trouver un nombre de sous- 
cripteurs suffisant pour couvrir les frais de 
l'impression, et ce projet fut abandonné. 
Parmi l'immense quantité d'ouvrages sortis 
de la plume de Kozeluch , on remarque : 
1° Alexandre aux Indes, grand opéra, re- 



présenté à Prague, en 1774. 2? Démophon, 
idem. 3° La Mort d'Abtl, oratorio. 4° Gioas 
Re di Giuda, oratorio, exécuté à Prague, le 
vendredi saint de l'année 1777. 5° Des messes 
à quatre voix et orchestre pour tous les di- 
manches et jours de fêle de l'année, avec les 
graduels et offertoires. 0° Quelques messes 
solennelles et grandes vêpres pour les solen- 
nités de l'église. 7° Cinq messes de Requiem. 
8° Cent seize graduels et offertoires. 9° Cent 
quarante-sept motets pour toute l'année. 
10° Des litanies de la Vierge et des saints. 
11° Antiennes de la Vierge, Salve Regina et 
Regina Casli, etc. La Bibliothèque royale de 
Berlin possède de cet artiste les partitions ma- 
nuscrits de deux messes solennelles, la pre- 
mière (en mi bémol) pour quatre voix et orgue 
obligé; l'autre (en ré majeur), pour quatre 
voix et orchestre ; de plus, l'offertoire Bonum 
est eonfiteri, à quatre voix et orchestre (en mi 
mineur), et les motels Omni die Mari* me 
laudes anima, et Hxe persona nobis dona, 
également à quatre voix et orchestre. 

Kozeluch a laissé un fils (Vincent), né à 
Prague, bon maître de chant et de piano, 
dont on a quelques bagatelles, entre autres 
des Menuets pour le bal du Bretfeld, publiés 
en 1797, et des danses allemandes, Prague, 
Pollé, 1803. 

KOZELUCH (Lkopold), né en 1754, à 
Welwarn, en Bohême, fut un artiste d'instinct 
qui aurait pu s'élever au plus haut degré de 
l'art si, moins entraîné par sa facilité à pro- 
duire, et moins occupé comme maître de 
piano, il avait pu méditer avant d'écrire, et 
développer, par des éludes sérieuses, la ri- 
chesse d'idées qu'il tenait de la nature. Dès 
l'âge de neuf ans, il apprit les éléments du 
chant et du clavecin sous la direction de son 
cousin Jean-Antoine, déjà très-babile musi- 
cien à cette époque. Dans sa onzième année il 
alla faire ses humanités à Prague, et pendant 
ce temps il continua de s'instruire dans la 
musique. Déjà il composait de petits mor- 
ceaux pour le clavecin, où l'on remarquait de 
la grâce et de la facilité. Après avoir achevé 
ses cours de philosophie, de mathématiques 
et de droit, il écrivit, pour le théâtre national 
de Prague, la musique d'un ballet qui fut re- 
présenté en 1771. Le succès qu'obtint cet 
ouvrage l'encouragea et lui fit composer, dans 
l'espace de six ans, vingt-quatre autres bal- 
lets, trois pantomimes, et plusieurs airs et 
chœurs introduits dans différentes pièces. En 
1778, il se rendit à Vienne, où il se fit bientôt 
connaître avantageusement par un très-grand 



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KOZELUCH — KOZLOWSKÏ 



80 



nombre de compositions de tout genre. L'em- 
pereur Joseph II le choisit pour maître de 
piano de l'archiduchesse Elisabeth, première 
femme de l'empereur François II. Cette cir- 
constance fut la cause de sa fortune d'artiste, 
car sa position à la cour lui fournit les moyens 
d'obtenir, après la mort de Mozart (en 1792), 
sa nomination de compositeur de la chambre 
impériale; sinécure à laquelle était attaché 
un traitement de quinze cents florins, et qui, 
de plus, donnait de la considération à celui 
qui la possédait. Le frère de Kozeluch avait 
établi un magasin de musique à Yienne : il 
fut le principal éditeur des œuvres du compo- 
siteur. Celui-ci, pianiste distingué par le 
goût et l'expression, avait une multitude 
d'élèves dans les maisons les plus considé- 
rables de Vienne : bientôt cette haute société 
mit en vogue la musique de Kozeluch de pré- 
férence à toute autre. Celte musique ne se 
fait pas remarquer par un grand mérite de 
facture ; on y trouve même bon nombre d'in- 
corrections; mais la mélodie gracieuse, élé- 
gante et facile y abonde. De là vient qu'elle 
était recherchée par tous les amateurs. En 
France, le prodigieux succès des œuvres de 
Pleyel lui fut nuisible, et sa vogue y eut moins 
de durée qu'en Allemagne. Aujourd'hui, cette 
musique est complètement oubliée. Kozeluch 
est mort à Vienne le 8 février 1814, cinq jours 
après Jean-Antoine, son parent et son maître. 
Le nombre des compositions de cet artiste 
est immense. On y compte, parmi les opéras 
et les oratoirios : 1° Mazet, petit opéra fran- 
çais. 2° Didone abbandonata, opéra sérieux 
italien. 3° Mosè in Egitto, oratorio écrit en 
1787, et exécuté quatre fois à Vienne, au bé- 
néfice des veuves d'artistes, par cent quatre- 
vingts musiciens. 4° Judith, opéra sérieux, 
écrit par ordre de l'empereur Léopold. 5° Ot- 
tone, grand ballet héroïque, publié en parti- 
tion pour le piano. 0P Les aventures de 
Télémaque dans Vile de Calypso, tableau 
caractéristique de musique, composé en 1708. 
7° Debora et Sitar a } opéra sérieux. 8° Beau- 
coup de cantates, dont une grande, à l'occasion 
du couronnement de l'empereur Léopold II, 
exécutée au théâtre national de Prague, le 
G septembre 1791 ; Complainte de Denis à la 
mort de Marie-Thérèse; Joseph; la Béné- 
diction de l'humanité; l'Orage; la cantate 
de PfefTel sur Thérèse Paradies, etc. 9° Beau- 
coup d'airs détachés et de chœurs pour diffé- 
rentes circonstances. Dans sa musique in- 
strumentale, on cite : 10° Environ trente 
symphonies à grand orchestre. Il en a été 



publié deux à Paris, chez Sieber. 11° Deux 
suites de pièces d'harmonie pour deux haut- 
bois, deux clarinettes, deux cors, deux bas- 
sons et contrebasse, Bonn, Si m rock. 13° Qua- 
tuors pour deux violons, alto et basse, op. 32 
et 33, Paris, Naderman. 13° Concertos pour 
piano et orchestre, n ot 1 à 11, Paris, Nader- 
man; Offenbach, André. Il en avait écrit, 
dit-on, plus de soixante, dont trois à quatre 
mains. 14° Sonates et trios pour piano, violon 
et violoncelle, au nombre de cinquante-sept, 
op. 3, 6, 12, 21, 23, 28, 32, 33, 34, 30, 37, 
40, 41, 42, 44, 40, 47, 48, 49, 50, 52. Man- 
beim, Offenbach, Vienne et Paris. 15 e Sonates 
pour piano à quatre mains, op. 4, 10, 11, 15, 
19, 29, ibid. 16° Sonates pour piano seul, 
op. 1, 2, 5, 7, 8, 9, 22, 30, 35, 58, 51, 53, 
ibid. 17° Pièces faciles, caprices, etc , op. 43, 
45, ibid. 18° Sept recueils de menuets, de dan- 
ses allemandes pour piano, ibid. 19° Plusieurs 
recueils de chansons allemandes et italiennes, 
avec accompagnement de piano, ibid. 20° Six 
concertos pour violoncelle. Deux seulement 
ont été gravés. 21° Deux idem pour clarinette. 
22° Deux idem pour cor de basse tte. 23° Trois 
symphonies concertantes pour violon, alto et 
violoncelle. 24° Symphonie concertante pour 
deux pianos et orchestre. 25° Concerto pour 
piano à quatre mains et orchestre. 20° Vingt- 
quatre ballets et trois pantomimes, pour le 
théâtre de Prague. La bibliothèque royale 
de Berlin possède la partition manuscrite de 
l'Oratorio de Léopold Kozeluch Mosè in 
Egitto, en deux parties, composé en 1792. 
KOZLOWSKÏ (Joseph) (1), né à Varsovie 
en 1757, apprit dès son enfance la musique 
dans la chapelle de l'église cathédrale de 
Saint-Jean, dans celte ville, et montra de 
bonne heure les plus heureuses dispositions 
pour cet art. A l'âge de dix-huit ans, il entra 
comme maître de musique dans la maison du 
comte André Oginski, depuis lors palatin de 
Traki, et ce fut lui qui donna les premières 
leçons au jeune comte Michel Cléophas Oginski, 
dont le nom est devenu plus tard si célèbre 
dans les annales de la musique polonaise. 
Dans un voyage qu'il fit en Russie, il y entra 
au service militaire, et s'attacha au princ? 

(I) Et non Koislowikyjtomme Gerber écrit ce nom, et 
comme on le troure dans le Lexique universel de mu- 
sique, publié par Schilling; encore moins Koloffsk;/, 
objet d'un outre article du même Lexique, et qui n'est 
qu'un double emploi. Il faut remarquer au surplusque les 
noms polonais ont la terminaison en i, et non en y : c'est 
ce qui les dislingue des noms russes et de ceux de la 
Bohême. La plupart des biographes allemands et fran- 
çais font une faute à cet égard. 



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90 



KOZLOWSKI 



Dolgorouky, en qualité d'aide de camp, dans 
la guerre contre les Turcs. Le prince Po- 
tcmkin, favori de l'impératrice de Russie 
Catherine II, ayant eu occasion de voir Koz- 
lowski, fut frappé de sa figure prévenante, du 
son agréable de sa voix et de son talent. Il 
l'attacha à son service, le conduisit à Pélers- 
bourg, et c'est depuis ce temps que le musicien 
polonais s'est rendu célèbre comme directeur 
de musique et comme compositeur. Ce fut lui 
qui dirigea un orchestre de quatre cents musi- 
ciens à la fêle somptueuse que Potemkin 
donna à l'impératrice dans le palais de la 
Tauride, à Pélersbourg. La fameuse polo- 
naise qu'il composa à celte occasion, trans- 
porta d'admiration la brillante assemblée qui 
assistait à cette fête. Bientôt répandue dans 
tout l'empire el dans la Pologne, elle y eut le 
même succès; aujourd'hui même les Polonais 
ne peuvent l'entendre sans émotion. 

Après la mort de Potemkin, Kozlowski fut 
appelé au service de la cour comme directeur 
de musique des théâtres impériaux. Il en rem- 
plit les fondions sous Calherine II, et sous 
les empereurs Paul I« et Alexandre, jusqu'en 
1821, pendant trente ans. Une atteinte d'apo- 
plexie dont il fut frappé à celte époque, affai- 
blit ses facultés, el l'obligea à demander sa 
retraite -, elle lui fut accordée avec une pension 
considérable, et il conserva le titre de conseil- 
ler d'État qu'il avait reçu en récompense de 
ses services et en considération de soh talent. 
Dans l'espoir qu'un climat plus doux pourrait 
iui rendre la santé, sa famille lui fit faire un 
voyage en Pologne pendant les années 1822 
et 1823; il en éprouva quelque soulagement; 
mais le désir de retrouver de longues habi- 
tudes le fit retourner à Pélersbourg en 1824. 
Il y passa ses dernières années dans le repos 
près de sa fille, harpiste d'un mérite distin- 
gué, et mourut à l'âge de soixante-quatorze 
ans, le 17 mars 1831. 

La multiplicité des occupations de Kos- 
lowski pour le service de la cour de Russie, 
et le grand nombre de morceaux qu'il était 
obligé d'écrire pour les fêles de tout genre, ne 
lui permirent pas de travailler pour l'art, 
comme il aurait pu le faire, s'il eût joui de 
plus de liberté. Le nombre de chœurs, de can- 
tates el de polonaises à grand orchestre qu'il 
a écrit pour des occasions solennelles est im- 
mense : on compte plus de six cents de celles-ci. 
Les premières qu'il composa sont les meil- 
leures; dans la suite on lui en demanda sur 
des Ihèmes d'opéras français et italiens qui 
plaisaient aux gens du monde, mais qui 



n'avaient plus le cachet d'originalité natio- 
nale, si remarquable, de ses premières pro- 
ductions. Il a écrit aussi beaucoup de chan- 
sons sur les vers de Derschawin, poète rtme 
renommé pour ce genre. L'empereur Alexan- 
dre aimait beaucoup les airs de Kozlowski, et 
les faisait arranger pour les corps de musique 
de sa garde. Parmi les ouvertures et choeurs 
que ce musicien écrivit pour des drames, on 
cite particulièrement les morceaux qu'il in- 
troduisit dans la tragédie de FingaL Hais le 
meilleur ouvrage de Kozlowski est, de l'aveu 
de tous les artistes, la messe de Requiem à 
quatre voix et orchestre qu'il écrivit en 1798 
pour le service funèbre du dernier roi de 
Pologne Stanislas Auguste Ponialowski, et 
qui fut exécuté à Pélersbourg par un grand 
nombre d'artistes distingués. Cette messe a 
servi depuis lors (le 20 novembre 1804) pour 
les obsèques de Jarnowick. La partition de 
cet ouvrage a été imprimée chez Breitkopf et 
II «er tel à Leipsick. On a publié à Berlin, chez 
Lischke, huit polonaises de Kozlowski, arran- 
gées pour le piano. On a aussi gravé de sa 
composition à Prague, en 1797 : Six polonaises 
à grand orchestre, et un recueil de polonaises 
pour le piano. 

KOZLOWSKI (Igxace-Platoh) , né en 
1786, à Winniça, petite ville de la Podolie, 
est un des bons professeurs de piano et com- 
positeurs polonais pour cet instrument. Dans 
sa jeunesse, il se rendit à Pélersbourg el y re- 
cul des leçous de Field. Ses études terminées, 
il s'établit d'abord comme professeur dans sa 
ville natale, puis en Ukraine, el visita Varso- 
vie, où il écrivit un opéra, intitulé : MaryUa y 
qui ne fut pas représenté. De retour en Russie, 
il se livra pendant plusieurs années à l'enseigne- 
ment, à Pélersbourg et â Moscou. Devenu 
riche par le produit de ses leçons, il forma le 
projet d'établir un Conservatoire de musique a 
Winniça, et déjà Pourvoyait s'élever les murs 
de cette école, lorsque des obstacles imprévus 
en arrêtèrent la construction. Conlrarié dans 
ses vues, Kozlowski s'éloigna du lieu de sa 
naissance et se rendit à Odessa, où il séjourna 
quelque temps. Il quitta ensuite celte ville, et 
depuis lors les renseignemenls précis man- 
quent sur sa personne. Cet artiste a publié de 
sa composition : un recueil de mélodies sur des 
paroles polonaises, avec accompagnement de 
piano, qui a rendu son nom populaire dans sa 
patrie; une rêverie intitulée : VumaoKosins- 
kim; plusieurs polonaises pour le*piano, et 
l'ouverture de son opéra, arrangée pour cet 
instrument, et gravée à Odessa ; mais l'ou- 



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KOZLOWSKÏ — KRiEHMER 



91 



vrage le plus important de Kozlowski est une 
méthode de piano (Sykola na Fortepian) qui 
renferme de bons aperçus concernant ren- 
seignement pratique et Part de nuancer le jeu 
de cet instrument. 

KOZMANECZKY, en latin RÔZ 
MANCZIUS (Wexceslas), naquit à Czaslau, 
en 1608. Il apprit dans sa jeunesse le latin et 
la musique à Bœmisch-Brod. Plus tard, il em- 
brassa le catholicisme, et alla étudier la phi- 
losophie et la théologie chez les jésuites à 
Prague. Ses connaissances musicales et litté- 
raires le firent bientôt distinguer. Il fut nommé 
directeur de musique de l'église de Saint-Henri, 
puis de celle de Sainl-Élienne à Prague, où il 
resta depuis 1044 jusqu'en 1653. L'année de 
sa mort est inconnue. Plusieurs morceaux de 
sa composition sont conservés au couvent de 
Strahow. 

KRACHER (Jean-Mathieu), né à Jttattig- 
hofen, en Autriche, le 30 janvier 1752, entra 
comme enfant de choeur au couvent de Fursten- 
zell, près de Passait. Il y remplit ensuite les 
fonctions de chantre. En 1772, il' fut nommé 
organiste au couvent de Scekirchen, près de 
Salzbourg, et il y demeura plus de quarante 
ans. On ignore l'époque de sa mort. A défaut 
de maître de composition, il avait appris l'art 
d'écrire dans des partitions qui lui étaient prê- 
tées par Michel Uaydn. Gerbcr indique les 
productions suivantes de cet artiste comme 
existant déjà en manuscrit dès Tannée 1803 : 
3° Vingt-deux messes de différents genres pour 
plusieurs voix et instruments. 2* Quatre Re- 
quiem. 3° Vingt-quatre graduels. 4° Six offer- 
toires. 5° Quatre litanies de la Vierge. 6° Deux 
Te Deum. 7° Six leçons des ténèbres. 8° Vê- 
pres de la Vierge. 0° Vingt Hymnes des vêpres 
et autres motels. 

KR^EGEN (Charles), professeur de piano 
et compositeur, naquit à Lcmberg, en 1797, 
se fixa à Dresde vers 18*0 et se livra à l'en- 
seignement de son instrument. En 1824, il 
établit dans cette ville des cours de piano 
d'après la méthode de Logier : il a écrit pour 
ces cours des morceaux de piano à quatre 
mains. Krœgen vivait encore en 1840; mais il 
est mort peu de temps après. Ses ouvrages les 
plus connus sont ceux-ci : 1° Grande polonaise 
brillante pour le piano, op. 1 ; Posen, Ste- 
fanski. 2° Pièces pour physharmonica et piano 
à quatre mains ; Leipsick, Hofmeisler. 3° Trois 
polonaises pour piano à quatre mains, op. 9; 
Leipsick , Whistling. 4° Rondeau polonais 
pour piano à quatre mains, op. 12; Leipsick, 
Brcilkopf et Haerlcl. 5° Polonaise brillante 



idem, sur des thèmes de l'opéra d'Aubcr, la 
Muette de Port ici, op. 13 ; ibid. 0° Trois po- 
lonaises pour piano à quatre mains, op. 15; 
Leipsick, 'Whistling. 

KR/EI1MER (Caroline), née SCHLEI- 
CHER, a vu le jour, le 17 décembre 1794, à 
Stokach , sur le lac de Constance, et à cinq 
lieues de cette ville. Son père, bon musicien et 
bassoniste habile, était chef de musique d'un 
régiment; plus tard, il entra dans la chapelle 
du duc de Wurtemberg et sa famille le suivit 
à Sluttgard. Caroline et sa sœur aînée appri- 
rent à jouer du violon chez Baumiller, musi- 
cien de la cour. Lorsque la première «ut 
atteint l'âge de neuf ans, son père lui enseigna 
la clarinette ; choix bizarre d'instrument pour 
une personne de son sexe. Les deux sœurs 
ayant atteint le degré d'habileté que leur père 
désirait leur voi r posséder, celui-ci donna sa dé- 
mission de sa place, afin de voyager avec elles 
dans le Tyrol et en Italie ; mais la guerre mit 
obstacle à ce dessein, et obligea cette famille 
d'artistes à borner ses courses au Tyrol et à la 
Suisse. Pendant plusieurs années ils restèrent 
à Zurich, où la société de musique les avait 
engagés pour les concerts permanents. Plus 
tard, ils se fixèrent dans la petite ville de Bade 
pour le service de la musique d'église et de 
théâtre. Caroline continuait de jouer du violon 
et de la clarinette : quelquefois elle dirigeait 
l'orchestre. De nouveaux voyages ayant été 
entrepris par sa famille, elle se trouvait à 
Augsbourg lorsqu'elle eut occasion d'entendre 
Rode, dont le talent fit sur elle une impression 
qui exerça beaucoup d'influence sur ses pro- 
grès. Le mauvais état de la santé du père de 
celle jeune virtuose l'ayant obligé d'accepter 
une place fixe de musicien à Pforzheim, sa 
fille l'y suivit. Elle ne quitta celle ville qu'en 
1819 pour se rendre à Carlsruhe, où elle prit 
des leçons de piano, tandis qu'elle perfection- 
nait son talent sous la direction de Fesca, et 
qu'elle apprenait l'harmonie chez le maître de 
chapelle Danzi. Après deux années de séjour 
dans cette ville, elle recommença ses voyages, 
visita beaucoup de villes où elle se fit entendre 
avec succès, et arriva à Vienne, au mois de 
février 1822. Des applaudissements unanimes 
y furent accordés à son double talent de violo- 
niste et de clarinettiste dans les concerts 
qu'elle donna aux théâtres An der Wien et 
de la Porte de Carinthic. Ce fut dans cette 
ville qu'elle épousa Krffihmer, artiste de la 
chapelle impériale (voyez l'article suivant). 
Depuis lors, elle a fait plusieurs voyages avec 
son mari, et partout elle a été applaudie avec 



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9i 



KR/EHMER — KR.EMER 



enthousiasme. On a gravé de sa composition : 
Sonatine pour piano et clarinette, Vienne, 
Leidesdorf. Après la mort de son mari, ma- 
dame Kraehmer ne s'est plus fait entendre 
que dans un concert donné a Vienne, au mois 
dé février 1830 : elle y joua avec ses deux fils 
un trio de sa composition pour clarinette, piano 
et violoncelle. 

KRAEHMER (J.-Ebwest), premier haut- 
boïste du théâtre de la cour de Vienne, et mu- 
sicien de la chambre impériale, est né à 
Dresde, le 30 mars 1705. Dans son enfance, il 
apprit presque seul à jouer de plusieurs in- 
struments. A Page de onze ans, il entra dans 
l'Institut militaire d'Annaburg et s'y livra 
avec ardeur à l'élude de la musique. Deux ans 
après, il joua dans un examen public un con- 
certo sur la flûte et un autre sur la clarinette, 
et l'année suivante il en joua un sur le basson 
et un autre sur le hautbois. De retour chez ses 
parents à l'âge de quinze ans, il fut placé chez 
Krebs, musicien de la ville, qui, voulant es- 
sayer ses forces, lui fit jouer un concerto sur 
chacun des quatre instruments qui' viennent 
d'être nommés. Kummer et Jackel, artistes de 
beaucoup de mérite, et musiciens de la 
chambre du roi de Saxe, lui donnèrent ensuile 
des leçons de hautbois pendant trois ans, et 
développèrent son talent qui, depuis lors , est 
devenu remarquable. Les événements de la 
guerre, au commencement de 1814, l'obligè- 
rent à prendre les armes comme volontaire; 
mais une inflammation de poumons, occa- 
sionnée par des jnarches forcés, le fil mettre 
à l'hôpital, et bientôt après, il obtint son congé 
comme invalide. Invité alors à prendre pos- 
session d'une place de hautboïste au théâtre 
de la cour de Vienne, il se rendit dans cette 
ville et y arriva au mois de février 1815. Au 
mois de septembre 1822, il a reçu sa nomina- 
tion de musicien de la chambre. C'est dans la 
même année qu'il est devenu l'époux de la cé- 
lèbre clarinettiste mademoiselle Schleicher, 
avec qui il a fait depuis lors des voyages en 
Russie, en Hongrie, en Bohême et dans diverses 
parties de l'Allemagne, où son talent a obtenu 
de brillants succès. Krtebmer n'est pas seule- 
ment un hautboïste de première force; il se 
distingue aussi sur le Czakan, instrument à 
vent d'origine hongroise, dont il joue avec une 
habileté extraordinaire, et pour lequel il a 
écrit une méthode, suivie d'exercices et d'une 
table des cadences dans tous les tons, intitu- 
lée : JVeueste theoretische und praktische 
Czakanschule, nebst 50 fortschreilenden Ue- 
biinysliicken , etc., Vienne, Diabelli. Une 



deuxième édition a été publiée en 1830-183*7, 
trois parties in -fol., chez le même éditeur. 
Cet ouvrage est l'œuvre 31 e de Kraehmer. 

Kraehmer était compositeur; il avait écrit la 
plupart des morceaux qu'il exécutait dans les 
concerts : toute cette musique est restée en 
manuscrit. Cet artiste est mort à Vienne, le 
10 janvier 1837. Il eut deux R\$ y Charles, pia- 
niste, et Ernest, violoncelliste, qui ne se sont 
pas élevés au dessus du médiocre. 

KRjEMER (Georges-Louis), né à ïïofen- 
Neuhaus, dans le Wurtemberg, en 1731, était 
un habile facteur d'orgues, qui vivait à Bam- 
berg, en 1783. Il a perfectionné quelques dé- 
tails de son art. 

KRyEMER (J eau -Paul), facteur de clave- 
cins et de pianos, naquit en 1743 â Juchsen, 
village du duché de Saxe-Meinungcn. Après 
avoir fait son apprentissage dans la fabrica- 
tion des instruments à Gross-Breitenbach, en 
Thuringe, il alla s'établir à Gorttingue, et 
l'excellence de ses clavecins lui fit bientôt 
une brillante réputation dans toute la Saxe et 
le Hanovre. Ses instruments étaient recher- 
chés comme ceux de Stradivari ou de Guar- 
neri le sont parles violonistes. Sans être mu- 
sicien, il avait un sentiment délicat de ce qui 
constitue la beauté du son et l'accord le plus 
pur. En 1786, aidé de son fils aîné, il fit ses 
premiers grands pianos, précisément à l'épo- 
que où Stein se livrait aussi à Augsbourg à la 
fabrication de ce genre d'instruments,* bien- 
tôt Krœmer vit ses pianos recherchés comme 
l'avaient été autrefois ses clavecins. En 1806, 
ses fils se séparèrent de lui et fondèrent une 
fabrique en leur nom. Seul, il continua encore 
de produire quelques instruments, mais avec 
moins d'activité. Il cessa de vivre le mars 
1819. 

KRyEIUER (Jean-Ciibétien-Fiiédéiiic), ne 
à JUchsen, le 10 février 1770, et KRjEMER 
(Georges- Adam), né à Gœllingue le 20 décem- 
bre 1775, tous deux fils du précédent, ont 
fondé en 1800 une fabrique de pianos sous la 
raison sociale les frères Krxmer. D'après 
l'opinion de l'auteur d'un article qui les 
concerne, dans le Lexique universel de mu- 
sique publié par Schilling, leurs instruments 
égalent ou surpassent même ceux des meil- 
leures fabriques de Paris et de Londres. 
J'ignore ce qu'il peut y avoir d'exact dans 
celle assertion ; toutefois, il est permis d'en 
apprécier la valeur, lorsque cet auteur ajoute 
que Streicher, Graff et Schiedmann sont pour 
l'Allemagne méridionale, ce que les frères 
Krœmer ont été longtemps pour le nord de co 



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KR^MER - KRAFFT 



93 



pays. Georges-Adam ayant cessé de vivre le 
20 mars 1826, son frère est resté seul chargé 
de la direction de la fabrique. Ce dernier, 
élève du célèbre historien de la musique 
Forkel , passe à bon droit pour musicien 
instruit. 

KR;EMÉRIIOF (Jeas-Giiliaume), fac- 
teur d'orgues à Dusseldorf, depuis 1801, s'est 
fait connaître avantageusement par le grand 
orgue de l'église Saint-Lambert, à Oldenbourg, 
qu'il a achevé dans celle même année. Cet in- 
strument est composé de quarante-six jeux, 
quatre claviers et pédale. 

K1MEUTER (Philippe-David), cantor et 
directeur de musique de l'église Sainte-Anne, 
à Augsbourg, est né en celte ville, le 14 août 
1G90. En 1712, il institua un concert d'ama- 
teurs qui eut pour effet d'étendre le goût de la 
musique à Augsbourg, où il était alors peu 
répandu. Ce concert n'a cessé d'exister qu'en 
1779. Krœuter était mort en 1741, laissant en 
manuscrit des messes, graduels, offertoires, 
vêpres et motets pour tous les dimanches et 
fétes de Tannée. 

KltAFF (Michel), compositeur du dix- 
septième siècle, né dans un village de la 
Franconie, suivant l'avertissement de son re- 
cueil de messes à douze voix, et, selon toute 
probabilité, vers 1580, n'est connu que par les 
ouvrages suivants : 1° Die neun Musen, mit 
8 Stimmen und Generalbass (les Neuf Muses, 
à huit voix et basse continue), Dillingen, 
161G. On trouve à la bibliothèque royale de 
Munich un exemplaire du même ouvrage avec 
ce titre latin : Musse novae octonis vocibus, 
cum duplici bosso ad organum. Sanctx 
Missx sacrificio, horis vespertinis et cœlibus 
festivehonorandisaccomomodatXfDïïUngen, 
apud Greg. lïaculinum, 1610, in-4°. 2° .Vissa? 
12 vocum, op. 6, 1624. 3° Sacri concentus 2, 
3, 4, 7 voctim, Kavensbourg, 1624. 

KRAFFT (Jeaîi-Frédéric), né à Dona- 
wert (Bavière), en 1698, fit ses éludes littéraires 
et musicales au couvent de Benedictbeuern. 
Dans la première édition de cette Biographie 
des musiciens, je l'ai confondu à tort avec les 
Krafft de la Belgique. Feu mon excellent ami 
Joseph Stunz, maître de la chapelle royale de 
Munich, qui a bien voulu m'atder dans mes 
recherches sur les musiciens bavarois, m'a 
fourni sur cet artiste les renseignements qu'on 
trouve ci-dessus, et y a ajouté que Jean-Fré- 
déric Krafft fut directeur de musique de 
l'église des Jésuites d'Augsbourg, et que dans 
ses dernières années il se relira chez sa fille, 
mariée à Ascbaffenbourg , où il mourut le 



29 juillet 1755. Il a publié de sa composition : 
Sex Mis sx brèves pro quatuor vocibus cum 
organo obligato, op. 1, Augsbourg, Lotter. 11 
a laissé en manuscrit des messes allemandes 
avec deux violons et orgue, des psaumes, des 
hymnes et des litanies avec petit orchestre. 

KRAFFT. Trois musiciens de ce nom, et 
qui ont pour prénom François, sont nés à 
Bruxelles à la même époque. Il est difficile de 
les distinguer dans les positions qu'ils ont oc- 
cupées ainsi que dans leurs œuvres. M. Xavier 
Van Elewyck (voyez ce nom), amateur distin- 
gué de musique, à Louvain, qui s'est livré, 
comme mol, à des recherches patientes sur ces 
artistes, a trouvé pour résultat les faits sui- 
vants : 

KRAFFT (François- Joseph), né à Bruxel- 
les, le 22 juillet 1721, était fils de Jean-Lau- 
rent Krafft et de Marie Aubersin. Il fut enfant 
de chœur à Gand dans le même temps que 
Terby, de Louvain, chef et aïeul de la famille 
d'artistes de ce nom. M. Thys dit (1) que 
Krafft a étudié en Italie, et qu'il y obtint un 
prix dans un concours pour la composition 
d'un motet (In convertendo Dominus) j mais 
cela ne peut être exact, car, pendant le dix- 
huitième siècle, il n'y eut en Italie de concours 
que pour des places de maître de chapelle. 
M. Van tlewyck pense que François-Joseph 
Krafft succéda à son père dans la place de 
maître de chapelle de l'église Notre-Dame du 
Sablon ; Gerber dit, dans son Premier Lexique 
des musiciens (l. I, p. 751), qu'il occupait 
celte place en 1760 ; le Dictionnaire des musi- 
ciens de Choron et Fayolle le copie en cela ; 
cependant Krafft, dont le nom se trouve parmi 
ceux des compositeurs de musique et des orga- 
nistes et professeurs de clavecin dans l'espèce 
d'almanach qui a pour titre : le Guide fidèle 
contenant la description de la ville de 
Bruxelles, etc. (Bruxelles, J. Moris, 1761 , 
in-12), n'y figure pas dans la liste des maîtres 
' de chapelle ou directeurs de musique (p. 79), 
composée des noms de Croes, Van Ilelmont, 
Godecharle, Moris cadet et Delhaye. A celle 
époque, Crocs était maître de la chapelle 
royale ; Van Helmont, de Sainte -Gudule ; Jac- 
ques-Antoine Godecharle, de Saint-Nicolas; 
Delhaye, de Noire-Dame du Sablon, et Moris, 
de l'église du Finistère. VMmanach nouveau 
pour Vannée 1766, ou le Guide fidèle, etc. 
(p. 78-79) reproduit encore le nom de Krafft 
parmi les compositeurs, organistes et profes- 
seurs du clavecin, mais on ne le trouve pas dans 

(I) lu Sociétés chorale* en Belgique } %< édit., p. 20*. 



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94 



KRAFFT 



la liste des directeurs de musique et maîtres de 
chapelle, composée de cette manière : Croes, 
Van Helmontj Delpier, Godeeharle, Del- 
haye, Brenqué, Morts cadet } Sincq et Pau- 
tcels. Ce dernier, père du compositeur de ce 
nom, était chanteur' de la chapelle royale et 
dirigeait la musique à l'église des Riches- 
Claires; Delpier était à l'église du Béguinage. 
Or, Krafft quitta Bruxelles deux ans après 
celle date de 1766; il ne fut donc maître de 
chapelle ni de Notre-Dame du Sablon, ni d'au- 
cune autre église de cette ville. On voit dans 
les registres de l'état civil qu'il épousa, à 
Bruxelles, Jeanne-Catherine JfiUems, le 
janvier 1768; il était alors âgé de près de 
quarante-sept ans. Après cette époque on ne 
trouve plus de traces de son existence à 
Bruxelles, ni de celle de sa femme dans les re- 
gistres de l'état civil, parce qu'il alla prendre 
alors possession de la place de maître de cha- 
pelle de l'église Saint-Bavon, à Gand. Il esi 
certain qu'il occupait celte place en 1772, car 
M. Van Elewyck a trouvé à Malines une pièce 
authentique dans laquelle on voit que le ma- 
gistrat de cette ville lui paya les frais de son 
voyage de Gand à Malines, où il était venu 
comme membre du jury d'un concours de ca- 
rillon et d'orgue. Il mourut dans cette position , 
le 13 janvier 1705, suivant un registre de la 
paroissede Saint-Bavon, où on lit : \5januarii 
1795 sepultum est cadaver Francisci Krafft 
mariti Joannx Catharinœ ÎVillems, /m jus 
eathedralis EccUsix Pkonasci qui obierat 
13 hujusdem, medio octavx vespcrtinœ,xta- 
tis su* anno 67 m0 . II y a erreur ici dans l'in- 
dication de l'âge de cet artiste au moment de 
son déoès, car Krafft avait alors soixante-qua- 
torze ans moins quelques mois. Il ne peut y 
avoir de doute sur l'identité de François-Jo- 
seph Krafft avec le maître de chapelle de 
Saint-Bavon, bien qu'il ne soit nommé que 
François dans la mention authentique de 
ses funérailles, car il s'agit de l'époux de 
Jeanne-Catherine "Willems. La liste de ses 
compositions pour l'église, tirée des archives 
de Saint-Bavon, se compose de la manière sui- 
vante : 1° Te Deum à huit voix et orgue (en 
ut majeur), daté de 1769. 2° Messe à cinq voix 
et orgue, 1771 . 3° Ecce panis, duo pour alto et 
lénore (en rè majeur),, à grand orchestre, daté 
de Bruxelles, 1774. Il est vraisemblable que ce 
morceau appartient à un autre musicien du 
même nom, dont il sera parlé tout à l'heure. 
4° Te Deum à huit voix et orgue (en ré ma- 
jeur), Gand, 1774. 5° Te Deum à huit voix cl 
orgue (en la mineur), 1774. 6° Confitebor tibi, 



chœur avec orchestre (en ré majeur), 1776. 
7° Messe à cinq voix et orgue (en la mineur), 
1776. 8° Beatus vir, chœur avec orchestre 
(en ré majeur), 1777. 9°Dixit, à petit orchestre 
(en fa majeur), 1783. 10° Laudate pueri à 
petit orchestre (en mi bémol), 1789. 11° Quis 
sicut Dominus à cinq voix et orgue (en sol 
majeur), 1786. 12 e Ave Hegina Cœlorum à 
petit orchestre (en ré majeur), 1787. 13° Zar- 
tatus «*m, chœur et grand orchestre (en sol 
majeur), 1789. 14° Dixit à six voix et grand 
orchestre (en ut majeur), 1789. 15° Laudate 
pueri, chœur et grand orchestre (en ré ma- 
jeur), 1790. 16° Idem, idem (même ton), 1791 . 
17° Messe à quatre voix et orgue (en ré mi- 
neur), 1791. 18° O Sacrum Convivium pour 
ténor et basse, à grand orchestre (en fa ma- 
jeur), 1792. 19° Idem à huit voix et grand or- 
chestre (en ré majeur), 1792. 20° Jve^erum, 
chœur et orchestre (en fa majeur), 1792. 
21 e O Salutaris h cinq voix et orchestre (en 
fa majeur), 1792. 22° Messe à petit orchestre 
(en sol majeur), sans date. 23° Messe à huit 
voix et orgue (en ré mineur), idem. On con- 
naît, en oulrc, de François-Joseph Krafft le 
motet Super flumina Dabylonis, charmante 
composition à cinq voix, chœur et orcheslre 
dans le slyle dePergolèse : suivant la tradition, 
cet ouvrage lui aurait fait obtenir la place de 
maître de chapelle à l'église du Sablon de 
Bruxelles, et serait au nombre de ses pre- 
mières productions; In convertendo Dominas, 
motet qu'on croit avoir été écrit en Italie dans 
un concours; les Sept psaumes de la péni- 
tence, pour chœur et orcheslre (à la cathédrale 
de Gand) ; In exitu Israël, dernier ouvrage 
de l'artiste et qui, suivant M. Thys (loc. cit.), 
ne fut achevé que quatre jours avant sa mort 
(1795). M. Van EleWyck considère aussi comme 
appartenant à François-Joseph Krafft six 
messes et trois motels qui sont à la paroisse 
de Notre-Dame à Saint-Nicolas (Flandre orien- 
tale) et proviennent de la vente de la collection 
de musique de Terby (père), de Louvain. Elles 
portent le nom de François Kra/ft, mais sans 
indication de lieu et de date. Ces compositions 
ont pour litres : Cum invocarem, motel avec 
orcheslre divisé en huit morceaux; Slat in 
cœlo (en ré), idem; Voces Ixtx (en ré), idem ; 
Missa sotemnis, à quatre voix et orcheslre ; 
Missa solemnis (sans indication de ton), 
idem; Messe de requiem (en /a), idem ; Missa 
solemnis (en ré), idem; Missa solemnis 
(en sot), idem; Messe (en la), idem. Bien 
ne prouve toutefois que plusieurs de ces 
ouvrages n'ont pas clé composés par un des 



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KRAFFT 



9S 



autres musiciens dont les DOlices suivent celle- 
ci. Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que 
François-Joseph Krafft futun artiste de grand 
mérite, et qu'il eût une brillante réputation 
dans les Pays-Bas. Une question reste incer- 
taine à son égard, à savoir si son père, Jean- 
Laurent, était musicien et fut un ancien 
maître de chapelle de l'église du Sablon de 
Bruxelles qui portail le nom de Krafft. Un de 
mes plus anciens souvenirs est que je fis mon 
début comme organiste à l'âge de huit ans, en 
1792, à l'église du chapitre de Sainte-Waudru, 
à Mons, et que j'accompagnai un motet de 
Krafft sur une partie de basse chiffrée dont le 
papier jauni par le temps et l'ancienne nota- 
tion sont encore présents à ma mémoire, et 
indiquaient certainement une époque alors 
plus reculée de soixante-dix ou quatre-vingts 
ans. Le motet était écrit pour quatre parties 
vocales, basse instrumentale exécutée par un 
violoncelle et une contrebasse, et partie d'orgue 
pour l'accompagnement. L'auteur de ce mor- 
ceau, sans aucun doute pour moi, avait pré- 
cédé François-Joseph. Ma conviction intime 
est que les artistes de ce nom étaient Alle- 
mands d'origine. M. Dupuis, employé de l'état 
civil à l'hôtel de ville de Bruxelles, qui a bien 
voulu faire des recherches pour moi à ce su- 
jet, m'a affirmé qu'avant 1 731 , il n'a pas trouve 
trace d'une famille Krafft dans celle ville. 

KRAFFT (Jeaïi-Fraïiçois) , fils de Tho- 
mas-Jean et d'Elisabeth VanHelmont, naquit 
à Bruxelles, paroisse de Sainte-Gudule, le 
7 juillet 1732, et mourut dans la même ville, 
le 10 décembre 1800. 

KRAFFT (Frakçois) , deuxième (ils de 
Thomas-Jean et d'Elisabeth Van Helmont, et 
frère du précédent, naquit le 5 octobre 1733 : 
on n'a pas trouvé la date de sa mort dans les 
livres de l'état civil de Bruxelles. Celui-ci me 
parait avoir été compositeur et maître de 
chapelle à Bruxelles postérieurement au départ 
de François-Joseph et à son établissement a 
Gand comme maître de chapelle de Saint- 
Bavon. Je tire celte induction de plusieurs faits 
qui semblent hors de contestation. Malheureu- 
sement les volumes du Guide fidèle publiés 
après celui de 17G7 ne renferment pas les ren- 
seignements qu'on trouve dans les précédents 
sur les compositeurs et maîtres de chapelle de 
Bruxelles, et la disparition des archives de 
l'ancienne fabrique de l'église Notre-Dame du 
Sablon rend toute vérification impossible en ce 
qui concerne la maîtrise de celte chapelle. 
Une seule induction se tire des Fermischle 
JVachrichten die schœnen Kiinste betreffend 



des Unterhaltungen de Hambourg (ann. 1706, 
n° 3) : on y voit que François Krafft, de 
Bruxelles a publié récemment trois sonates 
pour le clavecin, à Francfort-sur-!e-Mein. 
D'autre part, Gerber indique sous le même 
nom six quatuors pour deux violons, allô et 
basse publiés à Nuremberg en 1761, sous le 
litre <\e symphonies, six duos pour deux flûtes, 
imprimés dans la même ville, ainsi qu'une 
ariette italienne avec deux violons et basse.' 
Or, on a vu dans l'article précédent qu'en 
1761 jusques et y compris 1767, François 
Krafft est à Bruxelles comme organiste, pro- 
fesseur de clavecin et compositeur : il n'est 
donc pas en Allemagne et n'y publie pas de 
musique de sa composition. Je dois à l'obli- 
geance de M. Xavier Van Elewyck "la connais- 
sance du litre exact de l'œuvre de six divertis- 
sements pour clavecin et violon de François 
Krafft indiqué sommairement par Gerber j le 
voici : Sei Divertimenti per it cembalo da 
sonarsi con un violino solo o pure senza. 
dedicati alV eccellenza del Sig re Barone di 
ed in Dalberg etc. Composti da Francisco 
Krafft di Bruxelles, maestro di cappella, e 
compositore di musica. Op. quinta. Si ven- 
dono in Brusseles, appresso Vautore-, — da 
J.-J. Boucherie, Stampatore e Libraio, nella 
strada del Imperadore. A liegi, da Bene- 
detlo Andres intagliatore, etc. Il y a sur ce 
titre quelques observations qui tendent à prou- 
ver que l'ouvrage n'appartient pas à François- 
Joseph Krafft, mais bien à un autre artiste dont 
le prénom était simplement François. Remar- 
quons d'abord que cet œuvre est dédié au 
baron de Dalberg, et que la dédicace se fait 
chez ce seigneur : AlV eccellenza del 
Sig Tt Barona di ed in Dalberg. Or ce baron 
de Dalberg, grand amateur de musique, et 
frère aîné d'un écrivain sur cet art et compo- 
siteur, n'est autre que celui qui devint plus 
tard prince Primat de la confédération du 
Rhin : sa seigneurie était située près de 
Worms. C'est là que fut faite la dédicace. Il 
est plus que vraisemblable que l'auteur de 
l'ouvrage est le même qui avait vécu en Alle- 
magne pendant plusieurs années et y avait 
publié ses compositions. De plus, cet auteur 
prend le litre de maître de chapelle, et son 
ouvrage se vend chez lui, à Bruxelles ; mais on 
a vu, dans l'article précédent, que François- 
Joseph n'eut ce titre qu'après avoir obtenu la 
maîtrise de Saint-Bavon, à Gand. Ou la publi- 
cation de l'œuvre des six divertissements de 
clavecin a précédé l'année 1769, ou elle est 
postérieure à celle date ; dans le premier cas, 



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KRAFFT 



François-Joseph n'était pas maître de cha- 
pelle ; dans le second, il ne demeurait plus à 
Bruxelles. 

Dan* un recueil qui a pour titre : L'Echo, 
journal de musique française, italienne, 
contenant des airs, chansons, brunettes, 
duos tendres et bachiques, etc. (Liège, chez 
B. André, 1760), M. Van Elewyck a trouvé un 
morceau intitulé : Air de l'Opéra l'Enfawt 
" gâté, par François Kra/ft, maître de musique 
à Bruxelles. Où cet opéra a-t-il été représenté ? 
Ce n'est pas à Bruxelles, car j'ai sous les yeux 
l'almanach qui a pour titre : Spectacle de 
Bruxelles y ou Calendrier historique et chro- 
nologique, etc., première partie, 1767: 2*idem, 
1768,2vol. in-18 (Bruxelles, J.-J. Boucherie). 
On y trouve le catalogue des opéras- comiques 
et bouffons représentés sur celte scène depuis 
1753; V Enfant gâté n'y est pas ; la liste des 
compositeurs dont on a joué les ouvrages sur 
le même théâtre n'offre que deux noms belges, 
FanMaldère et JVilzthumb. Si donc cet ou- 
vrage fut représenté, ce fut à Liège. Son auteur 
s'appelait François Kra/ft, non François- 
Joseph. 

Enfin, parmi les ouvrages de musique 
d'église qui se trouvent à l'église Saint-Bavon 
de Gand, sous le nom de Kra/ft, il en est un 
qui est daté de Bruxelles 1774. Or, à cette 
époque, François-Joseph était parti de cette 
ville depuis cinq ou six ans. Il me parait que 
de tout cela l'on peut conclure qu'il y a eu 
deux compositeurs du nom de Rrafft, nés à 
Bruxelles, à savoir François- Joseph, maître 
de chapelle de Saint-Bavon, à Gand, et Fran- 
çois, qui, plus tard, devint maître de chapelle 
dans sa ville natale. Il est vrai que le nom de 
ce dernier ne se trouve pas dans les registres 
de décès de celte ville ; mais il se peut que, 
plus jeune de douze ans que le maître de cha- 
pelle, et connaissant l'Allemagne où il avait 
vécu plusieurs années, il y ait émigré au mo- 
ment de l'invasion de la Belgique par les 
armées françaises, et qu'il y soit décédé. 

KRAFT (Guillaume-Frédéric), docteur en 
théologie et doyen des prédicateurs à Danl- 
zick, naquit à Krautheim, dans le duché de 
Weimar, le 9 août 1713. Après avoir fait ses 
éludes aux universités de Jena et de Lcipsick, 
il fut nommé pasteur à Frankendorf ; quelques 
années après il fut appelé à Gœttingue, et en 
1750, il se rendit à Dantzick, où il parait avoir 
fini ses jours. Parmi ses sermons pour des oc- 
casions particulières, publiés à Jena en 1740, 
in-8°, il y en a un sur le bon usage de la mu- 
sique dans le service divin. 



KRAFT ou KRAFFT (Artoikb), violon- 
celliste distingué, naquit à Rokyzan, en Bo- 
hême, dans l'année 1751. Après avoir achevé 
des cours de philosophie et de droit à l'univer- 
sité de Prague, il prit des leçons d'un maître 
nommé Werner, pour le violoncelle. Plusieurs 
années d'études lui firent acquérir beaucoup 
d'habileté sur cet instrument. Haydn, qui lui 
avait donné des conseils pour la composition, 
le fit entrer comme premier violoncelle dans 
la chapelle du prince Esterhazy. Kraft y de- 
meura treize ans et n'en sortit qu'après la 
mort du prince. Pendant ce temps, il entre- 
prit, avec son fils, âgé de huit ans, un voyage 
à Berlin où il se fit entendre avec succès, en 
présence du roi et de la reine de Prusse. 
A Dresde et â Millau il fut applaudi avec en- 
thousiasme. Ce voyage terminé, il entra dans 
la chapelle du prince de Grasalkowitz, en 
ïïongrie, et y demeura trois ans ; puis il passa 
au service du prince de Lobkowitz, qui le mena 
avec lui plusieurs fois en Bohême. Dans un de 
ces voyages, il donna, le 7 novembre 1802, un 
grand concert à Prague; et quoiqu'il ne rat 
déjà plus jeune, il y fût applaudi avec trans- 
port. Cette occasion fut la dernière où il se fit 
entendre en public. Cet artiste estimable a 
cessé de vivre le 28 août 1820, dansla soixante- 
dixième année de son âge. On a gravé de sa 
composition : 1° Trois sonates pour violon- 
celle et basse, op. 1 ; Berlin et Amsterdam. 
Ilummel. 2° Trois idem, op. 2, Offenbacb, 
André. 3° Trois duos concertants pour violon 
et violoncelle, op. 5; Leipsick, Breilkopf et 
lïaertel. 4° Concerto pour violoncelle et or- 
chestre (en ut), op. 4, ibid. 5° Grand duo pour 
deux violoncelles, op. 5; Vienne, Haslinger. 
6° Idem, op. 6, ibid. 7° Divertissement pour 
violoncelle et basse; Leipsick, Peters. On 
trouve aussi sous son nom, en manuscrit, un 
nocturne pour deux violoncelles, deux violes, 
deux flûtes, deux cors et basse, dans le cata- 
logue de Traeg, de Vienne, 

KRAFT (Nicolas), fils du précédent, est 
né à Esterhazy, en Hongrie, le 14 décembre 
1778. Il n'était âgé que de quatre ans quand 
son père essaya de lui donner les premières 
leçons de violoncelle sur une grande viole ; 
deux ans après, il put exécuter, en présence 
du prince Esterhazy, un concerto que son 
père avait composé pour lui. A l'âge de huit 
ans, il accompagna celui-ci dans plusieurs 
voyages à Vienne, Presbourg, Dresde et Berlin, 
et partout son talent précoce fut admiré. 
Lorsqu'il eut atteint sa treiziè/ne année, ses 
éludes musicales furent interrompues par des 



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KRAFT - KRANZ 



97 



études littéraires, et pendant cinq ans il ne 
cultiva le violoncelle que comme un délasse- 
ment. Cependant son habileté toujours crois- 
sante faisait regretter à plusieurs amateurs de 
haut rang, particulièrement au prince de Lob- 
kowitz, que ses belles facultés ne fussent pas 
uniquement employées au développement de 
son talent. Ce prince rengagea dans sa cha- 
pelle avec Kraft le père en 1796; cinq ans 
après, il renvoya à Berlin chez Louis Duport 
pour qu'il y perfectionnât la qualité de son 
qu'il tirait de l'instrument. Ses progrès sous 
un tel maître furent rapides. Il en recueillit 
les fruits dans un concert d'adieu qu'il donna 
à Berlin au mois de décembre 1801 ; des trans- 
ports d'admiration éclatèrent dans l'assemblée. 
Il fit alors un voyagé en Hollande ; mais le 
prince de Lobkowitz , qui craignait de le 
perdre, lui fit donner Tordre de retourner im- 
médiatement à Vienne. II obéit; mais dans le 
retour il excita l'enthousiasme du public à 
Leipsick, à Dresde et à Prague. En 1800, il fut 
placé comme violoncelliste solo a l'Opéra 
impérial de Vienne, sans perdre toutefois sa 
pension de virtuose de la chambre du prince 
de Lobkowitz. Ce prince lui fit, peu de temps 
après, une pension viagère, sous la condition 
qu'il ne se ferait point entendre, sans sa per- 
mission, ailleurs que dans son palais. En 1814, 
lorsque les souverains alliés se trouvèrent réu- 
nis à Vienne, il joua devant eux avec Mayse- 
der, et le plaisir qu'il fit à ces princes fut si 
vif, que le roi de Wurtemberg et le grand-duc 
de Toscane lui firent offrir immédiatement de 
grands avantages pour le reste de sa vie ; il se 
rendit de préférence aux offres du roi, et se 
fixa à Stuttgàrd, en qualité de musicien de la 
chambre. En 1818, il fit avec Hummel un 
voyage sur les bords du Rhin, et se rendit à 
Hambourg. Romberg, qui s'y trouvait alors, 
lui témoigna beaucoup d'estime pour son ta- 
lent ; et lorsque ce célèbre artiste visita lui- 
même Stuttgàrd, en 1820, il invita Kraft à 
jouer avec lui une symphonie concertante 
dans un concert public. L'année suivante, 
Kraft entreprit un second voyage avec son fils 
{Frédéric, né à Vienne, le 12 février 1807, 
son élève pour le violoncelle, et musicien de la 
chapelle royale de Stuttgàrd). Ils visitèrent 
une partie de l'Allemagne et retournèrent à 
leur poste vers la fin de l'année. En 1824, 
Kraft se blessa l'index de la main droite en 
accordant son instrument ; le mal augmenta 
progressivement pendant dix ans; enfin il dut 
renoncer à jouer du violoncelle, et au mois de 
décembre 1854, il fut rois à la retraite avec 

BIOGA. UMV. DES ■OSlttEM. T. V. 



une pension. Cet artiste a publié de sa compo- 
tion : 1° Concertos pour le violoncelle, n oi 1, , 
2, 3, 4 ; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel, Peters. \ 
2° Polonaise pour violoncelle et orchestre , 
op. 2; Offenbach, André. 3° Boléro idem, 
op. 6; Leipsick, Peters. 4° Scène pastorale 
idem, op. 9, ibid. 5° Rondo à lâchasse idem, 
op. 11, ibid, 6° Pot-pourri sur des thèmes 
du Freyschiïtx, idem, op. 12; Offenbach, 
André. 7° Fantaisie avec accompagnement 
de quatuor, op. 1, ibid. 8° Trois divertisse- 
ments progressifs pour deux violoncelles, 
op. 14, ibid. 9° Trois duos faciles idem, 
op. 15, ibid. 10° Trois grands duos idem, 
op. 17, ibid. 

KRAFT (Nicolas, baron DE), ne doit pas 
être confondu avec le précédent. Il naquit à 
Vienne, vers 1780. On connaît sous son nom : 
1° Chansons tirées des contes de La Fontaine 
(en allemand), avec accompagnement de piano; 
Vienne, Eder, 1800. 2° Variations pour piano 
sur le thème d'Axur : O numi possenti, ibid. 
3° Sonate pour piano seul, op. 4; Vienne, 
1804. 4° Chants pour quatre voix d'hommes, 
ibid. 5° Variations sur un air polonais, ibid. 
6° Marche pour le piano à quatre mains, op. 3 ; 
Vienne, 1803. 

KRAKAMP (E.), flûtiste et compositeur, 
né en Allemagne, vers 1815, a vécu longtemps 
en Italie, particulièrement à Naples et à Mi- 
lan. Je l'ai connu dans cette dernière ville, en 
1850. Il a publié, chez Ricordi, de grandes 
fantaisies de concert sur des thèmes d'opéras 
modernes, des duos pour flûte et piano, des 
caprices, etc. Le nombre de ses productions 
s'élève environ à cent. 

KRANZ (Jeak-Feedebic), violoniste, né à 
Weimar en 1754, a eu pour maître Gœpfert, 
maître de concert en cette ville. A l'âge de 
vingt-quatre ans, il exécuta à la cour un con- 
certo de viole qui lui valut la faveur du duc 
régnant. Ce prince le fit entrer dans sa cha- 
pelle; puis, en 1781, il l'envoya en Italie pour 
qu'il y perfectionnât son talent. De retour en 
Allemagne dans l'année 1787, Kranz s'arrêta 
quelque temps à Munich ; ensuite il retourna 
à Weimar, où il fut placé comme second chef 
d'orchestre. Apres la mort de Zumsteeg, en 
1803, le duc de Wurtemberg l'appela à Stutt- 
gàrd et lui donna la place de maître de con- 
cert, avec un traitement de quinze cents flo- 
rins. Il est mort dans celte position, au com- 
mencement de l'année 1807. Kranz a publié : 
1° Concerto de viole, Darmsladt, 1778. 2° Ro- 
mance (an denschamsten FrUhlingsmorgen), 
1799. 11 a écrit des airs et des chœurs pour 

7 



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98 



KRANZ — KRAUS 



quelques pièces représentées aux théâtres de 
Weimar et de Stutlgard. 

KRASIÏNSKI, pseudonyme. Voyez Mol- 
ler (Ernest-Louis), dit Miller. 

KUASKE (Tobie), né dans la Lusace, au 
dix-septième siècle, fut magister et prédica- 
teur à Francfort-sur-POder en 1600 et dans 
les années suivantes. On a de lui deux opus- 
cules intitulés : 1° Kurze Besehreibung der 
ncuerbauten Orgel bey der Unterkirche zu 
Franc furt (Courte description de l'orgue nou- 
vellement construit dans l'église inférieure 
de Francfort), Francfort-sur-1'Oder , 1690. 
2° Kurze Beschreibung der neuen Orgel bei 
der Oberkirche zu Francfort (Courte descrip- 
tion du nouvel orgue de l'église supérieure 
à Francfort), Francfort-sur-POder, 1605. 

KRATZENSTEIN(Chrétier-Théomhlb), 
docteur en philosophie, en médecine, et pro- 
fesseur de la faculté médicale à l'Université de 
Copenhague, est né à Wernigerodeen 1723. Il 
passe pour être Pinventeur d'une machine in- 
génieuse propre à articuler musicalement les 
cinq voyelles. L'Académie de sciences de Pé- 
tersbourg a décerné un prix à Pauteur de 
celte machine. KraLzenstein a publié dans les 
Observations de physique de Rozier (1783, 
supplément, p. 358) un essai sur la formation 
des voyelles, qui renferme quelques observa- 
tions curieuses. 

K II A US (Antoine), excellent organiste, 
naquit à Winterberg, en Bohême, vers 1745. 
11 y obtint la place de directeur de musique, 
et il y vivait encore en 1795. Cet artiste jouait 
aussi fort bien du violon et du violoncelle. Le 
chœur de Péglise de Raudnitz était, en 1786, 
en possession d'un Requiem et de litanies de 
sa composition. 

KRAUS (Benoît) , directeur de musique à 
Weimar, en 1785, né aux environs de Salz- 
bourg, dans la première moitié du dix-hui- 
tième siècle, fut d'abord engagé comme maître 
de chapelle chez le duc de Bavière, puis eut la 
direction de l'orchestre du Théâtre de la Cour 
ù "Weimar. Il est vraisemblable qu'il perdit 
cette dernière place quelques années avant sa 
mort, car il tomba dans l'indigence. Il a fait 
représenter à Weimar un opéra allemand in- 
titulé : les accidents de Vamour. On connaît 
aussi de sa composition : 1° Une symphonie 
pour orchestre. 2° La Création, grande can- 
tate sur la poésie de Hofbaum, composée en 
1789. 5° Les Pèlerins de Golgotha^ Lcipsick, 
Bieitkopf. 4° Chant de Zacharie, à grand 
orchestre. 

KIVAUS (Joseph-Martih), compositeur, 



naquit à Manheim en 1756. Après avoir fré- 
quenté plusieurs universités d'Allemagne, où 
il fit de brillantes études, il devint élève de 
l'abbé Vogler. Destiné à ne cultiver la mu- 
sique qu'en amateur, il fut contraint de devenir 
artiste par une circonstance inattendue. Il 
avait prêté une somme d'argent assez forte à 
un jeune Suédois, son condisciple ; au moment 
où il dut quitter l'Université, cet étranger ne 
put acquitter sa dette et engagea Kraus à le 
suivre à Hambourg, où, disait-il, il devait 
recevoir beaucoup d'argent. Arrivé dans cette 
ville, le Suédois fut trompé dans son espoir. 
A Copenhague, où ils allèrent ensuite, même 
déception ; il fallut aller jusqu'à Stockholm. 
Kraus y arriva en 1778. Là, l'opéra produisit 
sur lui une impression si profonde, qu'il réso- 
lut de se livrer entièrement à la musique. Le 
roi de Suède, ayant apprécié la portée de son 
talent, lui fournit les secours nécessaires pour 
voyager en Italie. Il y était déjà depuis plu- 
sieurs années, et avait employé ce temps à 
l'étude des œuvres des maîtres anciens et mo- 
dernes, lorsque, en 1786, le roi se rendit lui- 
même en Italie et l'attacha à sa personne pen- 
dant ses voyages à Rome et à Vienne. Après 
avoir demeuré quelque temps dans cette der- 
nière ville, Kraus obtint du roi la permission de 
visiter Paris. Ce fut là qu'il écrivit son premier 
opéra suédois, qui fut représenté à Stockholm 
en 1790. Le mérite de cet ouvrage présageait 
une brillante carrière à son auteur; mais le 
chagrin qu'il eut de la catastrophe où Gus- 
tave III perdit la vie, altéra sa santé et le 
conduisit au tombeau le 15 décembre 1792. 
Les ouvrages connus de ce compositeur sont : 
1° Didon et E née y grand opéra suédois, re- 
présenté à Stockholm en 1792. 2° Musique 
funèbre pour les funérailles de Gustave III, 
exécutée dans l'église cathédrale de Stockholm, 
le 15 avril 1792. Celle composition a été pu- 
bliée à Stockholm, dans la même année. 
3° Stella cœli, motet à quatre voix, orchestre 
et orgue, en manuscrit. 4° Symphonie en 
partition, airs avec orchestre et piano, ca- 
nons, etc., publiés sous le litre d' Œuvres iné- 
dites de J. Kraus, Slockholm, G.-A. Silver- 
slolpe, deux cahiers in-fol. 5° Intermèdes 
pour la comédie d*4mphitryon, Stockholm, 
imprimerie de musique privilégiée, 1792. 
6° Grande symphonie (en ut mineur), Lcipsick, 
Breitkopf et Uaertel. 7° Quinlello pour flûte, 
deux violons, alto et basse, Paris, Pleyel, 
1798. 8° Six quatuors pour deux violons, alto 
et violoncelle, Berlin, Hummel. Kraus a laissé 
aussi en manuscrit : 9° Une symphonie (en ré;. 



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KRAUSE 



99 



10° Concerto pour violon principal et or- 
chestre. 11° Sonate pour violon seul et basse. 
12° Deux sonates pour piano et violon. ifcAn- 
dante, pour deux violons, deux flûtes, deux 
•cors, alto et violoncelle. 14 u Rondo pour piano 
seul. 15° Contredanses à grand orchestre. 
Suivant une note de Pœlchau, qui m'a été 
communiquée par Dehn, Rraus serait l'auteur 
d'un écrit intitulé : Wahnheiten die Musik 
betreffend (Vérités concernant la musique), 
Francfbrt-sur-le-Mein, 1779, in-8°, de cent 
quarante-deux pages. C'est un recueil de pen- 
sées et de maximes sur divers objets de la mu- 
sique. Il parait que Rraus, se rendant en 
Italie en 1779, fit un voyage à Manheim pour 
y voir son maître Vogler; il a donc pu, en 
effet, se trouver alors à Francfort, et y faire 
imprimer son ouvrage, quoiqu'il fût déjà au 
service du roi de Suède. Une notice sur la vie 
et les ouvrages de cet artiste a été publiée en 
suédois, sous ce titre : Biographie bfter 
J.-M. Kraus; Stockholm, 1855, in -8». 

K.RAUS (V.), musicien de la cour àBern- 
bourg, vers la fin du dix -huitième siècle, s'est 
fait connaître comme compositeur pour la 
guitare par les ouvrages suivants : 1° Sonate 
pour guitare et violon, op. 1; Leipsick,Peters. 
2° Sonate pour guitare seule, op. 2, ibid. 
5° An die Mxdchen, polonaise avec accompa- 
gnement de guitare, ibid. 

Il existait à Vienne, en 1840, un pianiste 
nommé Kraus (A.), qui y publiait une fan- 
taisie pour piano et violoncelle, œuvre 14, 
chez Haslioger, et ses œuvres 15 et 16, chez 
Glœggl. On retrouve le même artiste à Lon- 
dres, en 1848, où il donnait un concert. N'y 
aurait-il point identité entre lui et Antoine 
Krause, dont les éditeurs Breitkopf elHœrtel 
publiaient, en 1858, une polonaise à quatre 
mains pour le piano, op. 1 ?. 

KRAUSE (Jean-Henri), organiste très- 
habile, naquit en 1682àKanth, danslaHaute- 
Silésie. A l'âge de neuf ans, il reçut les pre- 
mières leçons de musique : deux ans après, il 
était déjà organiste du couvent des Minorités, 
à Schweidnitz. En 1G94, il devint élève de 
François-Tiburce Vinckler, organiste de la 
cathédrale de Breslau, dont, pendant cinq ans, 
il reçut des leçons. Lorsqu'il eut atteint l'âge 
de dix-huit ans, on lui confia la place d'orga- 
niste en second à l'église cathédrale : en 1706, 
il succéda à son maître comme premier orga- 
niste. Il mourut en 1754, avec la réputation 
d'un des organistes les plus habiles de son 
temps pour les fugues et les préludes. 

KRAUSE (Chrétien Godefroid), né à 



Winzig, en Silésie, en 1710, était fils d'un 
musicien de cette ville. Son père lui enseigna le 
violon et le clavecin. En 1747, il entra chez le 
lieutenant général, comte de Rothenbourg, à 
Berlin, en qualité de secrétaire, et il y resta 
jusqu'en 1755, époque où il fut admis comme 
avocat au Sénat et aux tribunaux français, à 
Berlin. Il mourut Ie91 juillet 1770. Rrausefut 
à la fois compositeur et écrivain sur la musique. 
Il a laissé en manuscrit plusieurs symphonies, 
une cantate à grand orchestre sur le texte du 
psaume 104 ; Ino, cantate ; Pygmalion, id. 
Ses écrits relatifs à la musique sont : 1° Lettre 
à monsieur le marquis de B. sur la différence 
entre la musique italienne et française ; Ber- 
lin, 1748, in-8°.Marpurg a inséré une traduc- 
tion allemande de cet opuscule dans ses Essais 
historiques et critiques, t. II, pag. 1-23, avec 
des remarques contenues pag. 25-40. 2° Von 
der musikalische Poésie (Be la poésie lyrique); 
Berlin, Voss, in-8° de 484 pages; ouvrage 
estimé. 5° Pensées diverses sur la musique 
(en allemand), insérées dans les Essais de 
Marpurg, t. II, p. 181, et t. III, p. 18 et 525. 
KRAUSE (Charles- Joseph), chef de mu- 
sique du premier régiment de la garde du roi 
de Prusse, est né le 15 juillet 1775, à F ors ta, 
dans la Basse-Lusace. Son père, musicien de la 
chapelle du baron de Hohberg, à Plogwitz, lui 
donna les premières leçons de musique, et il 
apprit à jouer de la clarinette sous la direction 
de David et de Springer, artistes d*un rare 
mérite, attachés à la même chapelle. Parvenu 
à l'âge de douze ans, il fut admis chez M. Hart- 
mann, à Grœtz, près de Glogau, et y fut traité 
comme le fils de la maison. Non-seulement il 
y continua avec succès ses études musicales, 
mais il y reçut aussi une instruction conve- 
nable dans les sciences et dans les lettres. En 
1789, lorsque le père de Krause entra dans la 
musique du comte Kœder, à Holslein, près de 
Lowenberg, il y fut aussi engagé comme clari- 
• nettiste ; mais la chapelle de ce seigneur ayant 
cessé d'exister en 1794, il se rendit à Breslau 
avec son frère ; tous deux entrèrent dans la 
musique du comte de Hoym, et obtinrent en 
même temps un emploi dans l'administration 
civile. En 1815, sur la proposition du général 
Perscb, Krause fut engagé parle roi de Prusse, 
en qualité de chef de musique de sa garde : 
comme tel, il a fait la campagne de France en 
1814. Il a arrangé beaucoup de musique pour 
l'harmonie militaire et a publié quelques mor- 
ceaux pour la clarinette, la flûte et le cor, 
entre autres : Adagio et polonaise sur un 
thème du Freyschûts, op. 12; Berlin, Schlc- 

7. 



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100 



KRAUSE 



singer. Krause vivait encore à Polsdam en 
1830. 

RUA USE (Jean-Théophile), frère du pré- 
cédent, est né à Guben, dans la Basse -Lusace, 
le 31 juillet 1777. Il apprit d'abord à jouer du 
cor et du violon ; puis il reçut à Plogwilz des 
leçons de Springer et de David pour la clari- 
nette et le cor de bassette. Plus tard, il alla à 
Hohlstein où son habileté sur la clarinette 
reçut les derniers développements. Il y apprit 
aussi le hautbois sous la direction de Blaha. En 
1794, il se rendit à Breslau avec son frère et y 
apprit encore le basson, sur lequel il acquit un 
talent distingué, sans négliger pourtant la 
clarinette, son instrument favori. En 1805, il 
entra dans l'administration civile et fut con- 
trôleur des contributions de première classe à 
OEls. On a de Krause deux œuvres de duos 
pour deux flûtes, Leipsick, Breilkopf et Haerlel, 
et Berlin, Schlesinger; ainsi que trois duos 
pour deux clarinettes, Berlin et Paris, Dufaut 
et Dubois. 

KttAUSE (CnARLES-CEftÉTIEll-FAÉDÉlIc), 

docteur en philosophie, est né le 6 mai 1781, à 
Eisenberg, dans le duché de Saxe- Gotha. Il 
était fort jeune lorsqu'il fut envoyé à l'univer- 
sité de Jéna; il y suivit les cours de philosophie 
de Fichte et de Schelling. Tour à tour il se 
passionna pour la doctrine de ces hommes de 
génie; celle de Schelling eut surtout de l'at- 
trait pour son esprit, et il en devint un des 
plus zélés partisans. Depuis 1802 jusqu'en 
1804 il vécut en donnant des leçons particu- 
lières de philosophie, de mathématiques et de 
droit naturel ; puis il alla à Rudolstadt, et de 
là à Dresde, où il se livra à des recherches sur 
l'histoire des beaux-arts. En 1815, la guerre 
l'obligea à s'éloigner de Dresde : il se rendit à 
Berlin et y ouvrit des cours gratuits et publics. 
Cependant la difficulté d'y pourvoir à l'exis- 
tence d'une famille nombreuse, et le peu 
d'espoir d'y obtenir un emploi, lui firent 
abandonner cette ville et retourner à Dresde. , 
En 1817, il voyagea avec un de ses amis en 
Allemagne, en France et en Italie. A son 
retour, il obtint une chaire à l'université de 
Goeltingue, dont il a été un des professeurs les 
plus distingués. Dans ses dernières années, il 
fut appelé à Munich par le roi Louis, pour y 
enseigner son système de philosophie trans- 
cendentale. Il est mort en celte ville le 
27 septembre 1832. La musique a occupé une 
partie de la vie de ce savant. Dès 1808 il avait 
déjà publié une méthode du doigter du piano 
sous ce litre : Follstasndige Anweisung allen 
Fingern beider Hsnde zum Clavier und , 



Fortepianospielen in kurzer Zeit gleiche 
Stxrke und Gewardtheit zu verschaffen, etc., 
Dresde, Arnold, in-fol. A l'époque où Krause 
fit paraître cet ouvrage, il vivait en donnant 
des leçons de piano. On trouve, dans sa mé- 
thode, des tables de combinaisons de doigter 
les plus embarrassantes. Deux ans après, il 
donna dans le 12 e volume de la Gazette musi- 
cale de Leipsick (pag. 049 et 1043) deux 
articles sur un perfectionnement essentiel du 
clavier des instruments à touches. Dans les 
volumes 13 e (p. 497) et 14« (pag. 117 et 133) 
de la même gazette, il a aussi donné des 
articles sur une noiation améliorée de la mu- 
sique. Mais l'ouvrage le plus important con- 
cernant cet art , publié pendant la vie de 
Krause, est celui qui a pour litre -. Darstel- 
lungen aus der Geschichte der Musik nebst 
vorbereitenden Lehren aus der Théorie der 
Musik (Exposition de l'histoire de la musique, 
précédée d'instructions préliminaires sur la 
théorie de cet art), Goeltingue, Dietricbs, 
1827, in-8°. Ce livre est divisé en trois parties : 
la première renferme une recherche des prin- 
cipes philosophiques de l'art j la seconde est 
un exposé succinct des principales divisions 
de son histoire ; la troisième contient quelques 
détails sur la vie des plus célèbres artistes, 
avec une appréciation esthétique de leurs ou- 
vrages. Il faut l'avouer, l'exécution du plan 
que s'élait proposé Krause ne répond pas au 
mérite d'un savant si distingué, et l'on a peine 
à comprendre, en lisant la première partie, 
qui devait être la plus intéressante, qu'elle 
appartienne à un homme habitué aux rigou- 
reuses méthodes de Schelling et de Fichte ; car 
on y chercherait en vain soit le principe de la 
construction rationnelle des tonalités, soit la 
discussion dès phénomènes que l'art développe 
dans la conception humaine. Tout le travail 
de Krause, dans celte partie, se borne à quel- 
ques vagues aperçus concernant des faits par- 
ticuliers qui ne constituent pas la science en 
elle-même. Quant à la partie historique, elle 
ne consiste guère qu'en certaines classifications 
d'époques assez arbitraires. A l'égard de la 
dernière partie, on y trouve quelques bonnes 
vues esthétiques concernant la valeur de quel- 
ques grands maîtres ; mais ce travail est trop 
succinct. Après la mort de Krause, ses amis et 
élèves ont trouvé dans ses papiers des ouvrages 
entièrement achevés sur différentes parties de 
la philosophie et les ont publiés à Goeltingue, 
en plusieurs séries, sous le titre général : 
Karl-Christian-Friedrich Krause's hand- 
schriftlicher Nachlass (Écrits posthumes de 



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KRAUSE - KREBS 



401 



Charles-Chrélien-Frédéric Krause), et dont 
chaque ouvrage porte un titre particulier. Dans 
la série de la philosophie de l'art se trouve un 
volume spécial concernant Ta musique, lequel 
a pour titre : Anfangsgrilnde der allge- 
meinen Théorie der Musik, nach Gruno\- 
tœtzen der WestnUhre (Éléments de la 
théorie générale de la musique, d'après les 
principes fondamentaux de l 1 Ontologie). Gœt- 
tingue, Dietrichs, 1838, in- 8°. M. Lindmann, 
de Munich, a publié une notice qui a pour 
titre : Uebersichtliche Darstellung des Lebens 
und der Wissenschaftslehre Krause' s (Ta- 
bleau complet de la vie et de renseignement 
de Krause). Munich, 1839, in-8°. 

KRAUSII A AR (Otto), professeur et com- 
positeur, n'est pas mentionné par les biogra- 
phes allemands. Le premier ouvrage par 
lequel il s'est fait connaître a pour titre : 
Construction der gUichschwebenden Tempe- 
ratur ohne Scheibler'sche Stimmgabeln auf 
musikalische Instruments. Mit Riichsicht 
auf die Scheibler'sche Erfindung (Construc- 
tion d'un tempérament égal pour les instru- 
ments de musique, sans l'appareil de diapasons 
de Scheibler, avec un examen de l'invention 
île celui-ci), Cassel, Kriegcr, 1838, in-8° de 
22 pages. En 1845, M. Kraushaar a fait exé- 
cuter dans un concert, à Cassel, une ouverture 
de sa composition. Ses ouvrages de musique 
pratique publiés sont ceux-ci : 1° Six Lieder 
à voix seule avec accompagnement de piano, 
op. 1, Cassel, Luckhardt; 2° Six idem., op. 2, 
ibid. ; 3° Six idem., op. 3, ibid. ; 4° Six Lieder 
sans paroles pour piano, 1" et 2 e suite, 
op. 4, ibid. 

KRAUSSKOPF (Wiliielm), professeur de 
musique à Zurich, n'est connu que par un ou- 
vrage qui a pour titre : Handbuch beim Un- 
terricht im Gesang fiirLehrer und Lernende 
(Manuel de l'enseignement du chant, à l'usage 
des professeurs et des élèves). Zurich, 1843, 
în-8*. 

KREBS (Frédéric), facteur d'orgues du 
quinzième siècle, est cité par Prœtorius (Syn- 
tagm. mus., t. II, pag. III) comme ayant tra- 
vaillé avec distinction vers les années 1475 à 
1480. 11 faisait déjà à cette époque des claviers 
de pédales fort étendus. 

KREBS (Jeak-Tobie), naquit à Heichal- 
heîmb, dans le duché de Weimar, le 7 juillet 
1690. Il fréquenta d'abord le collège de Wei- 
mar, dans l'intention d'aller ensuite à l'uni- 
versité; mais ayant obtenu en 1710 sa nomi- 
nation d'organiste à Buttelstsedt, il prit pos- 
session de celle place. Ce fut alors seulement 



qu'il commença régulièrement l'élude de la 
composition chez JeanGodefroid Walther, et 
il continua cette élude Jusqu'en 1717, malgré 
la route pénible qu'il devait faire de Butlel- 
sttedt jusqu'à Weimar, pour y aller prendre ses 
leçons. En 1721, son zèle fut récompensé par 
sa nomination d'organiste à Bultstedt, petite 
ville du duebé de Weimar. Il vivait encore en 
1758, mais il commençait à perdre la vue. Ses 
premières compositions consistent en mor- 
ceaux de musique d'église ; plus tard, il a écrit 
des chorals variés pour l'orgue, d'un très-bon 
style. Toutes ces productions sont restées en 
manuscrit. On trouve à la bibliothèque royale 
de Berlin un prélude suivi d'une fugue en ut 
majeur, et une fugue en sol mineur, composées 
par Jean-Tobie Krebs : ces morceaux remar- 
quables sont copiés de la main du célèbre orga- 
niste Fischer, d'Erfurt. 

KREBS (Jbah-HLouis), fils du précédent, 
naquit à Buttelslaedl le 10 octobre 1713. Après 
avoir appris de son père les éléments de la 
musique et de l'art de jouer du clavecin, il 
entra en 1726 à l'école Saint-Thomas de Leip- 
sick, dirigée alors par l'illustre Jean-Sébastien 
Bach. Il y reçut l'instruction commune pen- 
dant neuf ans, puis il entra dans l'école parti- 
culière de ce grand maître, qui en fit un élève 
de prédilection. Ses études musicales termi- 
nées, il suivit à l'université un cours de philo- 
sophie pendant deux ans, puis il accepta en 
1737 la place d'organiste à Zwickau, d'où il 
passa à celle d'organiste du château de Zcitz, 
et ensuite, le 13 octobre 1756, à une position 
semblable à la cour d'AUenbourg. Il mourut 
en celte ville au commencement de 1780, à 
l'âge de 67 ans. Krebs et Friedmann Bach 
furent les meilleurs élèves de Jean-Sébastien, 
et ceux qui approchèrent le plus de leur 
modèle. Le maître lui-même estimait beaucoup 
le talent de son écolier, et disait, par allusion 
à son nom et à celui de Krebs, qu'il n'avait 
jamais pris qu'une écrevisse dans son rtiit- 
seau (1). Krebs a publié de sa composition : 
1° Quatre suites d'exercices pour le clavecin, 
consistant en mélodies chorales variées, fugues, 
petites piècesetsonatines, Nuremberg, 1743-49. 
2° Musikalischer und angenehmer Zeilner- 
treib in 2 Klaviersonaten mit einer Flotte 
(Amusements agréables de musique, en deux 
sonates de clavecin avec flûte), ibid., 1700. 
3° Deux sonates détachées avec flûte, ibid. 
4° Six trios pour flûte, ibid., 1738. 5° Quatre 
suites de pièces, consistant en six préludes, 

(I) Krebs, en allemand, signiûe ane icrtviuty et 
Bach, un ruiistan. 



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103 



KREBS 



petites pièces, une ouverture et un concerto 
pour le clavecin, ibid., 1740 à 1743. 6° Six 
sonates pour clavecin et flûte, Leipsick, 1763. 
On connaît aussi de cet artiste, en manuscrit : 
1° Magnificat, en allemand, pour quatre 
voix et orgue, dont la partition est à la biblio- 
thèque royale de Berlin, ainsi que le motet à 
cinq voix sur le choral : Erfœrsche mich 
Gott. 2° Deux Sanctus , avec orchestre. 
3° Des pièces d'orgue. Je possède de sa com- 
position en manuscrit dix chorals variés à deux 
claviers et pédale, et quatre fugues. 

KREBS (Ehrehfried-Cheétien-Tbaugott), 
fils du précédent, a succédé à son père, en 
1780, dans la place d'organiste de la cour de 
Saxe- Alten bourg. En 1787, il a publié à Leip- 
sick quelques-uns des principaux cantiques 
. variés pour l'orgue. 

KREBS (Jean-Baptiste), ténor allemand 
qui a eu de la réputation, est né à Ueberauchen, 
près de Billingen, dans le pays de Bade, le 
13 avril 1774. Dans son enfance, il apprit le 
chant choral à Billingen et à Constance. Plus 
tard, il reçut quelques leçons de clavecin et 
d'orgue et fit des éludes de philosophie à Do- 
nauesebingen. Après avoir étudié le chant 
sous la direction de Weiss, élève de Raff, il 
développa par de bons exercices la puissance 
de sa voix de ténor, qui était belle. Cependant, 
il ne paraissait pas destiné à devenir chanteur 
de théâtre, car il étudiait la théologie à Do- 
naueschingen et à l'université de Fribourg. 
Enfin, il se décida pour cette carrière, débuta 
en 1795, et fut bientôt attaché au théâtre de la 
cour de Sluttgard, comme premier ténor. Il a 
brillé longtemps dans les plus beaux rôles des 
opéras allemands et français. Après vingt-huit 
ans de service, l'affaiblissement de son organe 
l'a obligé de quitter la scène, et il a chanté 
pour la dernière fois le rôle & Achille, le 
17 septembre 1823. Depuis lors il a rempli les 
fonctions de régisseur au théâtre de Sluttgard. 
Krebs a composé des chansons, des duos et 
des trios, avec accompagnement de piano. On 
lui doit aussi des livrets de plusieurs opéras 
français et italiens traduits en allemand, ainsi 
que plusieurs articles de critique littéraire et 
musicale insérés dans les journaux. Il est le 
même artiste que Gcrber appelle François- 
Xavier. 

KREBS (jEAK-GoDEFRoro), chanteur de la 
cour à Altenbourg, mort en 1803, a publié dans 
cette ville, en 1777, des chansons avec mélo- 
dies et accompagnement de clavecin. La 
seconde partie de ces chansons a paru en 
1783. On trouve aussi une sonate facile 



pour le clavecin, de sa composition, dans le 
recueil de pièces publié par Hiller. Enfin il a 
fait imprimer divertissements pour le même 
instrument, à Altenbourg, en 1796. La biblio- 
thèque royale de Berlin possède de sa compo- 
sition la cantate pour la nouvelle année Lobet 
den fferm, à quatre voix et instruments, en ré 
majeur. 

KREBS (Charles-Auguste), né le 16 jan- 
vier 1804 à Nuremberg, est fils d'acteurs nom- 
més Miedhe; mais il fut adopté par la femme 
du chanteur Krebs, qui le recueillit lorsqu'il 
perdit sa mère, et il prit le nom de sa bien- 
faitrice. Doué de rares dispositions pour la 
musique, il apprit presque en jouant les 
éléments de l'art; puis il fit de rapides progrès 
sur le piano, sous la direction de M. Schelble, 
et reçut des leçons de Jean-Baptiste Krebs 
pour la composition. Il n'était âgé que de sept 
ans lorsqu'il mit en musique le petit opéra 
de Fedora, de Kolzebue. Trois ans après, il 
écrivit des quatuors de violon et beaucoup de 
sonates de piano. Mais bientôt ii lut fallut in- 
terrompre ses travaux de musicien pour étu- 
dier la langue latine dans les collèges, parce 
qu'il se destinait à l'état ecclésiastique. Par- 
venu à sa treizième année, il sentit se réveiller 
son goût pour la musique et se livra de nou- 
veau à la culture de cet art. A l'âge de quinze 
ans, il commença à donner des leçons, et 
malgré son extrême jeunesse, il forma quel- 
ques bons élèves. Cependant, ayant des vues 
plus élevées, il quitta la carrière de l'enseigne- 
ment en 1824, et se rendit à Vienne pour 
étendre ses connaissances musicales. Il y 
devint élève de M. de Seyfried pour la compo- 
sition de la musique instrumentale, et après 
s'être fait connaître avantageusement par la 
composition d'une symphonie à grand or- 
chestre, et de plusieurs morceaux pour le 
piano, il y obtint la place de chef d'orchestre 
de l'Opéra de la cour. La'manière dont il s'ac- 
quitta de ses fonctions lui a fait offrir en 1827 
la direction de la musique au nouveau théâtre 
de Hambourg ; il l'a acceptée, et ses soins ont 
réalisé toutes les espérances que les fondateurs 
de ce théâtre avaient en lui. Il y a fait re- 
présenter deux opéras (Sylva, ou le Pouvoir 
du chant, et Agnès Bernauerin). Le premier 
a été froidement accueilli, mais le second a 
complètement réussi. En 1853, il a fait im- 
primer à Hambourg plusieurs cahiers de chan- 
sons allemandes, et a fondé une école de chant 
d'ensemble dans laquelle il a obtenu des 
succès. Krebs dirigeait encore la musique du 
théâtre de Hambourg en 1850. Après celte 



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KREBS — KREMBËRG 



103 



époque, il est passé à Dresde comme directeur 
de musique. 

KREHL (Théophile-Adolphe), surinten- 
dant à Pyrna, mort en ce lieu, le 10 mars 
1833, est auteur d'un sermon prononcé à l'oc- 
casion de l'érection du nouvel orgue de 
Pyrna : ce discours a été publié dans le Ma- 
gasin pour les prédicateurs, d'Ammon (t. IV, 
p. 1), sous ce titre : Ueber der Ferhxltniss 
des Orgehpiels sur kirchlichen Jndacht 
(Sur les rapports du jeu de l'orgue avec le re- 
cueillement religieux). 

KRE1BE (Jeaw-Cojirad), né à Gotha en 
1792, reçut les premières leçons de musique 
par l'assistance d'un certain baron de Stein, 
puis acheva son éducation par l'étude des 
compositions de Georges Benda. Il séjourna 
pendant plusieurs années à Berlin, puis à 
Dresde, et obtint, en 1765, la place de maître 
de chapelle du prince de Bernbourg, à Ballen- 
stœdl. Il mourut le 25 octobre 1780. Kreibe a 
écrit beaucoup de musique d'église, des sym- 
phonies, des quintettes, des quatuors et des trios 
pour divers instruments. Tous ces ouvrages 
sont restés en manuscrit. 

KREIBE (Bekjamix-Félix-Frédéiic), fils 
du précédent, né à Ballenstsedt, le 3 avril 1772, 
a étudié la musique sous la direction de Aglhe, 
le hautbois chez Rast, et le violon chez Fré- 
déric Albrecht. Après avoir suivi des cours de 
philosophie et de droit, il est entré comme 
simple musicien dans la musique du prince de 
Bernbourg; mais il en a été nommé plus tard 
maître de chapelle. On a de sa composition : 
1° Concerto pour clarinette et orchestre, op. 2, 
Brunswick, Spehr. 2° Concerto pour cor, op. 1 , 
Offenbach, André. 3° Concerto pour basson, 
op. 3, ibid.y et quelques morceaux pour le 
violon. 

KREIBICU (François), né en 1728, à 
Zwickau, près de Kamnilz en Bohême, se 
rendit à Vienne vers 1750 et y excita l'étonne- 
ment par son habileté sur le violon, quoiqu'il 
fût bien jeune encore. En 1770, l'empereur le 
choisit pour diriger la musique de sa chambre : 
il se montra digne de celte faveur par un rare 
talent pour la direction d'un orchestre. Il était 
aussi renommé pour ses préludes sur le 
violon. Jusque dans sa vieillesse, il conserva 
le feu de l'âge viril dans l'exécution de la mu- 
sique des grands maîtres. Il mourut à Vienne, 
le 3 septembre 1707, à l'âge de soixante-neuf 
ans. On ne connaît de sa composition qu'une 
sonate à violon seul, avec accompagnement de 
basse, en manuscrit. 

RIŒIINER (Catbeeue), née à Isen (Ba- 



vière), en 1754, reçut des leçons de chant de son 
parent, le maître de chapelle Camerloher, à 
Frising. Lorsque son éducation musicale fut 
terminée, elle se rendit à Munich, où elle fut 
placée au théâtre de la cour, en qualité de pre- 
mière cantatrice, au mois d'avril 1782. Dans 
la même année, elle épousa Camerloher, se- 
crétaire du cabinet de l'électeur. Mademoiselle 
Kreiner brilla particulièrement en 1787 dans 
le Castor et Pollux de l'abbé Vogler. Elle 
mourut à Munich en 1700, à l'âge de trente- 
six ans. 

KREITEI (Charles), flûtiste, compositeur 
médiocre, mais fécond, et écrivain didactique 
sur la musique, vécut à Vienne, dans la se- 
conde moitié du dix-huitième siècle. Selon Rass- 
mann (Panthéon der Tonkiinstler p. 137), il 
est mort en cette ville dans le courant de 
l'année 1807. On connaît sous son nom environ 
cent vingt œuvres de concertos, duos, solos et 
airs variés pour la flûte ; des pièces d'harmonie 
et des quatuors pour divers instruments à 
vent, etc. Il a aussi publié divers ouvrages pour 
l'enseignement de la flûte, sons ces titres : 
1° Anweisung, trie aile Tœne au f der Flœte 
traversière richlig zu nehmen sind nebst 
ihren gehœrigen Benennungen (Instruction 
sur la manière de produire sur la flûte toutes les 
notes avec justesse, avec leurs dénominations 
respectives), Vienne, Arlaria, 1799. 2° Schule 
fur die Flœte, jedem Spieler dièses Instru- 
ments sehr nutzlich, sowohl fur Finger, aïs 
auch Zunge in 115 Lectionen (Méthode de 
date, très-utile à ceux qui jouent de cet in- 
strument, tant pour le doigter que pour le 
coup de langue, etc.), Vienne, Bermann. 
5° Kurzgefasste Anweisung die Flœte zu 
spieUn (Instruction abrégée pour jouer de la 
flûte), Vienne, Cappi, et Brunswick, Spehr. 

KREMBËRG (Jacques), chanteur, com- 
positeur et poëte, né à Varsovie, vers le milieu 
du dix-septième siècle, vécut d'abord à Mag- 
debourg, puis fut attaché à la chapelle du roi 
de Suède, et se rendit en 1688 à Dresde, où il 
fut employé dans la musique de l'électeur. 
Vers 1704, il alla à Londres et y fit représenter 
deux ans après une sorte d'opéra intitulé En- 
gland' s Glory (Gloire de l'Angleterre), à 
l'occasion de l'anniversaire de naissance de la 
reine Anne. Il vivait encore en 1718, et était 
attaché à la musique de la cour. En 1689, il 
fit imprimer à Dresde un ouvrage qui a pour 
titre : Musikalische gemuthsergœtzung a 
voce sola e contin. odef auch mit der Laute, 
Angclica , Viola di gamba und Cithara 
(Divertissement musical à voix seule et basse 



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<0* 



KREMBERG — KRETSCHMAR 



continue, ou pour le luth, l'angélique, la 
basse de viole ou la guitare). 

KRENGEL (Gbéooibe), luthiste du sei- 
zième siècle, né à Frankenstein, en Silésie, 
est connu par un recueil de compositions qui 
a pour titre : LauternstUcke verschiedener 
Art, jedes aufdoppelte Weise gesetzt (Pièces 
de luth de différents genres, etc.), Francfort 
sur TOder, 1584, in-fol. Gerber possédait le 
portrait de cet artiste, gravé à Breslau en 
1592, arec celle inscription : In vivant 
D. Gregorii Krengel, Musici excellentiss., 
icône m. 

KRENN (François), pianiste et composi- 
teur, né en 1822, vivait à Vienne dans les 
années 1844 à 1848. Si mes renseignements 
sont exacts, il est Bavarois de naissance et a 
fait ses études à Munich, sous la direction de 
Stunz. Il a mis au jour plusieurs œuvres de 
morceaux faciles pour le piano, particulière- 
ment les œuvres 7, 10, 12 et 16. M. Krenn 
écrit de préférence la musique d'église. On 
connaît de lui : 1° Offertoire (O Deus ego 
a mare), pour soprano ou ténor et basse avec 
deux violons, alto, contrebasse et orgue (deux 
clarinettes et deux cors ad libitum), op. 23, 
Vienne, Haslinger. 2° Graduel {Dominus in 
Sion), à quatre voix, deux violons, allô, deux 
haulbois, deux trompettes, contrebasse, orgue 
et timbales, op. 15, Vienne, Diabelli. 3° Bê- 
quiem (en ré mineur), a quatre voix, orgue 
obligé, deux violons et deux cors ad libitum, 
op. 17, Munich, Fa lier. En.1847, une cantate 
avec orchestre de cet arliste, intitulée, Die 
vier letzten Dirige, a élé exécutée à Vienne 
avec succès. 

KREINZ (Hehhi), facteur d'orgues alle- 
mand, vivait vers la fin du quinzième siècle. 
En 1499, il a construit l'orgue de l'église de 
Saint-Basile, à Brunswick. 

KRESS ou KRESSE (Jean- Albert), 
second maître de chapelle à Stultgard, vers la 
fin du dix-septième siècle, s'est fait connaître 
par un trailé d'harmonie intitulé : Manuductio 
novo-methodica ad Bastum générale m , 
Stultgard, 1701, in-fol. On a aussi de lui des 
concerts spirituels à quatre voix et instru- 
ments, ibid., 1681, in-4°, et un cantique alle- 
mand intitulé : Der fusse Name Jésus, oder 
teutscher Jubilus Bernardi, à trois voix, 
ibid., 1683, in-4°. 

KRESS (Jacques), maître de concert du 
landgrave de Hesse-Darmsladl, mourut vers 
1736. Il a fait imprimer de sa composition, à 
Nuremberg, six concertos de violon à cinq 
parties, op. 1. 



KRESS (Georges FaÉDÉnic), peut-être fils 
du précédent, violoniste à Darmstadt, fut 
attaché à la chapelle du duc de Mecklembourg 
en 1756. En 1763, il se rendit à Gœttingueet 
y fut maître de concerts de l'Académie. Il 
mourut dans cette position vers 1783. Le 
caractère de son talent d'exécution consistait 
dans l'agilité ; mais il manquait d'expression 
et de goût. On a imprimé de sa composition à 
Nuremberg, en 1764, une sonate pour le 
violon; il a laissé en manuscrit six solos pour 
violon, et un concerto pour le même instru- 
ment. 

KRETSCHMAR (Jean), musicien alle- 
mand, vécut dans les premières années du 
dix-septième siècle. La position qu'il occupait 
n'est pas connue. On a publié sous son nom 
un trailé de musique élémentaire intitulé : 
Musica latino-germanica eu jus adminieuh 
pueri puelUeque facile brevissimo temporis 
spatio integram recte et bene canendi scien- 
tiam assequi possunt, Lipsiae, 1605, in-8°. 

KRETSCHMAR (Gasfard), chambellan 
h Breslau, né à Neisse, en 1602, mourut à 
Breslau en 1657. On a de lui un livre inli- 
tulé : Ursprung und Fortgang der edelen 
Singekunst (Origine et progrès du noble art 
du chant), Breslau, 1656, in-4*. 

KRETSCHMAR (Jean- André), organisle 
de l'église des négociants à Erlurt, en 1699, 
était auparavant à Weimar. Il y fut le second 
maître de Walther (auteur du Lexique de mu- 
sique) pour le clavecin et la composition. 
Prinz et Walther disent que ce musicien a 
écrit un trailé intitulé Melopoeia, ou l'art de 
la composition (en allemand), qui n'a pas été 
imprimé, mais dont il a été répandu des 
copies. C'est sans doute le même ouvrage qui 
est cité par Matlheson (Grundl. einer musii. 
Ehrenp forte, p. 106). La plupart des biblio- 
graphes de la musique ont confondu le trailé 
dont il est question avec celui de Jean 
Kretschmar (F. ci-dessus), quoiqu'il y ait 
entre les deux auteurs environ quatre-vingts 
ans de distance. 

KRETSCHMAR (Godeproid), magister 
et pasteur primaire à Gorlitz, au commence- 
ment du dix-huitième siècle, a prononcé dans 
cette ville un sermon qui a été publié sous ce 
titre : Einweihungspredigt auf die neue 
Orgel in der Gatrlitzer Pétri und Pauli 
Kirche (Sermon sur l'installation du nouvel 
orgue dans l'église de Saint-Pierre et Saint- 
Paul de Gorlilz), Gorlitz, 1704, in-4* de 40 p. 
Cet ouvrage contient des détails curieux sur 
l'histoire générale de l'orgue. 



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KRETSCHMAR — KREUSER 



405 



KRETSCHMAR (Jean), facteur d'orgues 
à Schweidnitz, vivait dans la première moitié 
du dix-huit -huitième siècle. Il a construit les 
instruments dont voici la liste : 1° A Neisse, 
l'orgue de Saint-Jacques, composé de cin- 
quante-quatre jeux. 2° A Schweidnitz, en 1711, 
celui des Dominicains, composé de trente jeux. 
3* A Meetschutx, en 1735, un orgue de trente- 
cinq jeux. 

KRETSCHMER(Fraiiçois-Jeah-Chahles- 
André), conseiller intime de guerre du roi de 
Prusse, dans la Poméranie, né en 1775 (le lieu 
n'est pas connu), est mort à Anclam, le 5 mars 
1839. Il s'est occupé depuis sa jeunesse de re- 
cherches sur l'histoire et la théorie de la 
musique, et a publié un livre qui a pour titre : 
Ideen xu einer Théorie der Musik (Idées 
d'une théorie de la musique), Stralsund , 
Lœffler, 1833, in 4°. Cet ouvrage, qui renferme 
des idées neuves sur la constitution des tona- 
lités, n'est en quelque sorte composé que de 
fragments d'un livre écrit par l'auteur sur une 
théorie générale de la musique. On trouvera 
dans mon Histoire de la philosophie de la mu- 
sique, faisant suite au système de cette philo- 
sophie, une analyse des principes qui servent 
de base à la théorie de Kretschmer. Ce savant 
a commencé en 1838 la publication d'une col- 
lection de chansons populaires allemandes qui 
fut interrompue par sa mort; elle a été con- 
tinuée et achevée par les soins du docteur 
Massmann, de Munich, de M. de Zuccalmaglio, 
de Varsovie, et de plusieurs autres collabora- 
teurs. Elle forme deux volumes, grand iu- 
octavo et a pour titre : Deutsche VoVkslieder 
mit ihren Original- Weisen (Chansons popu- 
laires allemandes avec leurs formes origi- 
nales), Berlin, 1840. Ce travail n'est pas à 
l'abri de tout reproche, sous le rapport de l'au- 
thenticité traditionnelle des mélodies. 

KREUBÉ (Chables-Frédéric) né à Luné- 
ville, le 5 novembre 1777, apprit la musique 
et le violon dans cette ville, puis fut attaché à 
l'orchestre du théâtre de Metz, en qualité de 
chef d'orchestre. Arrivé à Paris en 1800, il y 
reçut des leçons de Rodolphe Kreutzer pour le 
violon. Bans l'année suivante, il entra à l'or- 
chestre del'Opéra-Comique. Devenu sous-chef 
d'orchestre du même théâtre en 1805, il suc- 
céda à Blasius, comme premier chef, en 181 G, 
et conserva cette place jusqu'au mois de no- 
vembre 1828. Retiré alors avec la pension, il 
vécut depuis ce temps à la campagne, près de 
Saint-Denis. Admis au nombre des musiciens de 
la chapelle du roi en 1814, Kreubé perdit cette 
position en 1830, lorsque cette chapelle fut sup- 



primée. Il est mort dans sa maison de cam- 
pagne, au printemps de 1846. Il s'était d'abord 
fait connaître comme compositeur de musique 
instrumentale et avait publié : 1° Deux pots- 
pourris en quatuor pour deux violons, alto et 
basse; Paris, Gaveaux. 2° Trios pour deux 
violons et basse, op. 0, 21; Paris, Hanry. 
3° Duos pour deux violons, op. 1 1, 24, 25, 2G, 
30; Paris, Hanry, Gaveaux. 4° Thèmes variés 
pour violon; Paris, Hanry, Gaveaux. 5° Trois 
nocturnes pour deux violons, alto et basse, 
op. 23; Paris, madame Duhan. 6° Trois qua- 
tuors pour deux violons, alto et violoncelle, 
op. 51, ibid. Plus tard, Kreubé s'est livré 
à la composition d'ouvrages dramatiques pour 
l'Opéra-Comique. Quelques-uns de ses opéras 
ont réussi; mais ils ont maintenant tous dis- 
paru de la scène. En voici la liste chronolo- 
gique : 1° Le Forgeron de Bassora, en deux 
actes, 1813. 2°£e Portrait de famille, en un 
acte. 1814. 3° La Perruque et la Redingote, 
en trois actes, en collaboration avec Kreutzer, 

1815. 4° La jeune Belle-mère, en deux actes, 

1816. 5° Une nuit d'intrigue^ en un acte, 
\%\§.fr L'Héritière,™ unaetc, 1817. 7° Ed- 
mond et Caroline, en un acte, 1810. 8° La 
jeune Tante, en un acle,l 820.9° Le Philosophe 
en voyage, en trois actes, en collaboration 
avec Pradher, 1821. 10° Le Coq de village, 
en un acte, 1822. 11° Le Paradis de Ma- 
homet, en trois actes, avec Kreutzer, 1822. 
12° Jenny la bouquetière , en deux actes, 
avec Pradher, 1823. 13° L'Officier et le 
Paysan, en un acte, 1824. 14° Les Enfants de 
Maître Pierre, en trois actes, 1825. 15° La 
Lettre posthume, en un acte, 1827. 16° Le 
Mariage à t'anglaise, en un acte, 1828. 
Les partitions du Forgeron de Bassora , 
d'Edmond et Caroline, du Coq de village, 
des Enfants de Maître Pierre et de VOfficier 
et le Paysan ont été gravées à Paris. 

KREUSER ou KREUSSEU (Geoiiges- 
Ajtoixe), né en 1743 à Heidingsfeld, petite 
ville de la Bavière , près de WUrzbourg , 
voyagea en Italie, dans sa jeunesse, pour per- 
fectionner son talent sur le violon et dans la 
composition; puis il parcourut la France cl la 
Hollande, et s'établit dans ce dernier pays 
pendant plusieurs années. Il fut directeur 
d'orchestre et compositeur à Amsterdam, en 
1776; plus tard, il eut la place de maître de 
chapelle de l'électeur de Mayence. Il est mort 
en cette ville dans les premières années du 
dix-neuvième siècle. Les principaux ouvrages 
de cet artiste sont : 1° La Mort de Jésus, 
oratorio, sur le texte de Ramier, exécuté à 



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106 



KREUSER — KREUTZER 



Mayence, en 1790; gravé en partition à ; 
Mayence, chez Scbott. 2° Trois symphonies I 
pour l'orchestre, liv. 1 ; Offenbach, André. , 
ô° Trois idem, liv. 2, ibid. On assure que 
Krcuser en avait composé trente. Il est vrai- 
semblable que le plus grand nombre est resté 
en manuscrit, ou a été publié en Hollande. 
A° Dix-huit quatuors pour deux violons, alto 
et violoncelle. 5° Douze trios pour deux violons 
et basse. 0° Six quatuors faciles pour flûte, 
violon, allô et basse, liv. 1 el 2; Bonn, Si m-' 
rock. 7° Trois sonates pour piano et violon, 
op. 1; Mayence, Schott. 8° Trois sonates faciles 
pour piano seul, op. 50; Paris, Garli. 9°,Ch an- 
sons allemandes avec accompagnement de 
piano; Mayence, Scbott. 

Le frère aîné de Georges-Antoine, Adam 
Kreuser, était beaucoup plus âgé que lui, car 
il naquit à Heidingsfeld, le 22 juin 1727. Il 
(Hait un des meilleurs cornistes de son temps 
cl jouait bien du violon. En 1752, il visita la 
France, puisse fixa à Amsterdam où il mourut, 
le 19 avril 1791, dans la position de chef d'or- 
chestre. On ne connaît pas d'ouvrages de sa 
composition. 

KREUTZER (Rodolphe), violoniste cé- 
lèbre et compositeur, né à Versailles le 16 no- 
vembre 1766, était fils d'un musicien de la 
chapelle du roi, qui lui enseigna les éléments 
de la musique. Dès l'âge de cinq ans, il montra 
les plus heureuses dispositions pour cet art; 
particulièrement pour le violon, qui lui fut j 
enseigné par Antoine Stamitz, violoniste aile- j 
mand d'une certaine réputation, et qui a fondé ; 
une école. Les progrès* du jeune Kreutzer , 
tinrent du prodige : il avait à peine atteint ' 
sa douzième année, que déjà il faisait près- ] 
sentir ce jeu brillant et plein de verve par j 
lequel il excita depuis lors l'enthousiasme du ' 
public dans tous les concerts où il se fit en- j 
tendre. Personne ne lui avait enseigné les i 
principes de l'harmonie, mais son heureuse I 
organisation suppléait au savoir qui lui man- i 
quait, et avant d'avoir acquis des notions sur 
Part d'écrire la musique, il composait des 
concertos. A l'âge de treize ans, il fit entendre 
au concert spirituel son premier ouvrage en 
ce genre : le compositeur et le virtuose furent 
applaudis avec transport. 

Souvent appelé à Trianon, pour les petits 
concerts de la reine, il y chantait avec goût 
cl se faisait ensuite admirer comme violoniste. 
A l'âge de seize ans, il perdit en deux jours 
son père, sa mère, et se trouva chargé de l'en- 
tretien de quatre enfants dont il était l'atné. 
La reine Marie-Antoinette vint heureusement 



à son secours et lui remit, quelques jours après, 
le brevet de la place de premier violon de la 
chapelle royale, que son père avait occupée. 
Plein de courage et de confiante dans ses 
forces, Kreutzer travailla avec ardeur pour 
développer son talent par les occasions fré- 
quentes qu'il avait eu d'entendre Mes tri no et 
Viotli. A peine âgé de vingt ans, il pouvait 
être déjà classé parmi les violonistes les plus 
habiles. 

Ses ouvrages se succédaient avec rapidité, et 
son talent d'exécution se perfectionnait de plus 
en plus. Mais ce n'était pas seulement à la 
musique instrumentale qu'il voulait se livrer 
exclusivement; le besoin de travailler pour la 
scène ne lui laissait point de repos. N'ayant 
pu se procurer un poème pour l'Opéra-Comi- 
què, il se mit à* refaire la musique de deux an- 
ciennes pièces, et cette musique fut répétée à 
la petite salle du château de Versailles, devant 
la cour, grâce aux bontés de la reine, qui avait 
pris le jeune artiste sous sa protection. Une 
occasion se présenta bientôt de mettre à exé- 
cution son projet favori, et de se procurer le 
poème d'opéra, objet de ses désirs. En 1790, 
il était entré au Théâtre Italien, comme pre- 
mier violon ; cette place lui fit faire la con- 
naissance de Desforges, qui lui confia le drame 
historique de Jeanne d'Arc, en trois actes, 
dont la musique fut écrite en quelques jours 
par Kreutzer. Cette pièce fut représentée au 
Théâtre Italien, en 1790, et eut assez de succès 
pour donner de la confiance à d'autres poêles. 
Le 15 janvier 1791, Kreutzer donna au même 
théâtre Paul et Firginie, composition pleine 
de chaleur, d'élégance, de naïveté, et qui se 
fait remarquer par une couleur locale ravis- 
sante d'effet. Le succès fut complet. Au mois 
d'août de la même année, Lodouka fut ac- 
cueillie avec enthousiasme par les habitués de 
l'Opéra-Comique. C'est aussi par un coloris 
analogue au sujet que cet opéra mérite d'être 
placé au rang des bonnes compositions dra- 
matiques ; toutefois, il faut avouer qu'il est 
inférieur à Paul et Firginie, bien qu'il soit 
resté au répertoire, et que son ouverture soit 
devenue populaire. 

Jusque-là, Kreutzer n'avait suivi que son 
heureux instinct dans la composition de ses 
ouvrages; car toute notion d'harmonie lui 
était étrangère. Sa manière de concevoir toutes 
les parties de sa partition consistait à marcher 
à grands pas dans sa chambre, chantant ses 
mélodies et les accompagnant sur son violou. 
Ce fut de la même manière qu'il écrivit, on 
1792, Charlotte et Werther, en un acte, jwur 



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KREUTZER 



107 



le Théâtre Italien ; le Franc Breton, pour le 
même théâtre; et en 1795, le Déserteur de la 
montagne de ffamm, au Théâtre Italien ; le 
Congrès des Rois, auquel il travailla en col- 
laboration avec Grélry, Méhul, Dalayrac, Des- 
bayes, Solié r Devienne, Berton, Jadin, Trial 
fils, Cherubini et Blasitis; le Siège de Lille, 
en on acte, au théâtre Feydeau ; la Journée 
de Marathon, en quatre actes, au théâtre Na- 
tional; On respire, petit opéra improvisé 
après le thermidor, et quelques autres ou- 
vrages de peu d'importance. Ce fut long- 
temps après que Kreutzer, devenu membre 
du Conservatoire,, crut que ses fonctions de 
professeur lui imposaient l'obligation d'être 
savant, et qu'il se mit à faire des éludes tar- 
dives, dont le résultat fut d'arrêter l'élan de 
son imagination. 

Après la mémorable campagne de 1796 et 
le traité de Campo-Formio qui en fut la suite, 
Kreutzer partit pour l'Italie. Il y donna de 
brillants concerts à Milan, Florence et Ve- 
nise (1). Il se rendit ensuite en Allemagne où 
il obtint aussi de beaux succès comme violo- 
niste et comme compositeur, et revint à Paris 
par la Hollande, en passant par Hambourg. 

Le Conservatoire de musique venait d'être 
organisé, Kreutzer y fut appelé comme pro- 
fesseur de violon : Il s'y fit bientôt distinguer 
par les excellents élèves qu'il forma* Sa mé- 
thode d'enseignement se distinguait surtout 
par une qualité précieuse, à savoir l'enthou- 
siasme et la confiance qu'il savait inspirer à 
ses élèves. Dans le même temps, il se faisait 
entendre avec le plus grand succès dans les 
concerts de l'Opéra et du théâtre Feydeau ; ce 
fut pour un de ces concerts qu'il composa la 
symphonie concertante en /a, qui fut exécutée 
par Rode et par lui. Après le départ de Rode 
pour la Russie, Kreutzer lui succéda comme 
violon solo de l'Opéra en 1801 ; conserva cette 
place jusqu'en 1816, où il fut nommé second 

(1) I/auteur de la notice de K rentier, qui se trouve 
dans le supplément de la Biographie universelle de H i- 
ehaud, dit que Bonaparte chargea cet artiste de recueil- 
lir dans les bibliothèques les œuvres non publiés des 
maiircs de la scène italienne : cette assertion n'est point 
exacte; car je tiens de l'illustre géomètre Ronge, alors 
chargé d'une mission générale relative aux sciences et 
aux arts, que ce Tut lui qui, ayant rencontré Kreutzer 
à Milan, lui confia ce soin, et qui, l'ayant retrouvé plus 
tard à Venise, lui fil la renme de caisses où étaient con- 
tenue* les copies des «livres des pics oneiens maîtres 
de l'église do Saint-Mare. Occupé de ses concerts et de 
ses relations avec les artistes, Kreutzer ajourna l'envoi 
qu'il devait faire a Puris de ces caisses. Dans l'inter- 
valle, la guerre recommença; l'armée française fut obli- 
gée de battre en retraite, et les trésors recueillis par 
Mongc furent perdus. 



chef d'orchestre, et devint directeur du même 
orchestre l'année suivante. Entré en 1802 dans 
la chapelle du premier consul Bonaparte, 
comme un des premiers violons, il fut fait 
violon solo de la musique particulière de l'em- 
pereur Napoléon en 1806, et maître de la 
chapelle du roi en 1815, en survivance de 
Planlade. 

Itfalgré tant de travaux et d'emplois, Kreutzer 
n'avait point renoncé à sa passion pour le 
théâtre; il écrivit, en 1801, sa partition 
tfJstianax pour l'Opéra, et commença à 
montrer dans cet ouvrage sa nouvelle direction 
par une facture plus soignée que dans ses 
premières compositions. Ce penchant se dé- 
veloppa dans les ouvrages qu'il écrivit par la 
suite; mais son originalité primitive parut 
s'affaiblir. Une multitude de compositions de 
tout genre furent écrites par lui dans l'inter- 
valle de vingt années qui suivirent la repré- 
sentation de son opéra <TJ$tianax. Le der- 
nier opéra qu'il fit représenter fut Ipsiboé, en 
1825, à l'Académie royale de musique : on y 
trouvait encore de belles choses. 

En 1824, Kreutzer fut fait chevalier de* la 
Légion d'honneur; dans la même année, il 
quitta la direction de l'orchestre de l'Opéra pour 
celle de toute la musique de ce spectacle ; mais 
il ne garda celte dernière position que peu de 
temps : en 1826, il fut admis à la retraite. 
Alors il voulut faire un dernier adieu au 
public par l'opéra de Matilde qu'il avait écrit 
avec soin; mais l'artiste célèbre, qui avait eu 
tant de succès en tous genres, sollicita vaine- 
ment du directeur placé à la tête de l'Opéra 
en 1827, la faveur d'être admis à faire repré- 
senter son ouvrage : il fut repoussé bru- 
talement par l'esprit de monopole qui s'était 
emparé de ce directeur. Kreutzer fut vi- 
vement blessé du refus qu'il éprouvait; un 
profond chagrin s'empara de son âme, et 
plusieurs atteintes d'apoplexie portèrent le 
dérangement dans ses facultés. Pendant plu- 
sieurs années, il fut languissant; enfin on crut 
que l'air de la Suisse et les soins d'un mé- 
decin célèbre de Genève pourraient lui rendre 
la santé; on le conduisit dans cette ville; 
mais les ressorts de la vie étaient usés; il y 
expira le 6 juin 1831. On lit dans la Bio- 
graphie des hommes remarquables du dé- 
parlement de Seine-et-Oise, par MM. Daniel 
(p. 250), qu'un cui'é de celte ville refusa la sé- 
pulture à cet artiste célèbre, parce qu'il avait 
travaillé pour le théâtre. Depuis plus de dix 
ans, Kreutzer avait cessé de jouer du violon, 
par suite d'une chute où il avait eu le bras 



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108 



KREUTZER 



cassé, dans un voyage qu'il fit au midi de la 
France. 

Comme violoniste, Kreutzer avait pris une 
position élevée dans l'école française, où bril- 
laient alors Rode et Baillot; non qu'il eût 
l'élégance, le charme et la pureté du premier 
de ces artistes, ni l'admirable variété de mé- 
canisme et le sentiment profond du second; 
car, dans son talent d'instrumentiste, comme 
dans sa musique, Kreutzer dut tout à son 
instinct et rien à l'école. Cet instinct, riche et 
plein de verve, donnait à son exécution une 
originalité de sentiment et de manière qui * 
portait toujours l'émotion dans l'auditoire, et 
que personne n'a surpassée. Ii avait le son 
puissant, l'intonation juste, et sa manière de 
phraser avait une chaleur entraînante. Le seul 
reproche qu'on lui a fait avec justesse était de 
manquer de variété dans l'accentuation de l'ar- 
chet, et de couler presque tous les traits, au 
lieu d'y introduire le détaché. 

Yoici la liste des principaux ouvrages de ce 
musicien distingué. A l'Opéra A La Journée 
de>Marathon, en quatre actes, 1793.1 °(bis)Fla- 
minius à Corinthe, en un acte, 1800, avec 
Nicolo Isouard. 2° Astianax, opéra en trois 
actes, 1801 . 3° Aristippe, en deux actes, 1808. 
4* La Mort d'Abel, en trois actes, 1810. 
5° Antoine et Cléopdtre, ballet en trois actes, 
1809. 5° (bis) La Fête de Mars, en un acte, 

1814. 0° L'Oriflamme, en deux actes, en 
collaboration avec Méhul, Breton, etc., 1814. 
7° La Princesse de Baby lotie, en trois actes, 

1815. 8° Les Dieux rivaux, en deux actes, 
avec Spontini, Persuis et Berlon, 1810. 9° Le 
Carnaval de Venise, ballet en deux actes, 
avec Persuis, 1816. 10° La Servante justifiée, 
ballet en un acte, 1818. 11° Clari, ballet en 
trois actes, 1820. 12° Jpsiboé, opéra en trois 
actes. 1823. l&Matilde, opéra en trois actes, 
inédit. Ad théâtre Favart : 14° Jeanne d'Arc 
à Orléans, en trois actes, 1700. 15° Paul et 
Virginie, en trois actes, 1791. 16° Lodoïska, 
en trois actes, 1791. 17° Charlotte et Wer- 
ther, en un acte, 1792. 18° Le Franc Breton, 
1792. 19* Le Déserteur de la Montagne de 
Hamm, en un acte, 1793. 19° (bis) On res- 
pire, en un acte, 1794. 20° Le Brigand, en 
un acte, 1795. 21° Jmogène, ou la Gageure 
indiscrète, en trois actes, 1 796. 22° Le Congrès 
des Bois, en collaboration avec plusieurs mu- 
siciens, 1793. An Théâtre Feydeau : 23° Le 
Siège de Lille, en un acte, 1793. 24° Le Len- 
demain de la bataille de Fleurus, en un acte, 
1795. 25° Le Petit Page, en un acte, 1795. 
23" (bis) Les Surprises, ou l'Étourdi en 



voyage, en deux actes, 1806. 26« Jadis et 
aujourd'hui, en un acte, 1808. 27° Fran- 
çois /«, en trois actes, 1808. 28° Le Triomphe 
du mois de mars, en deux actes, 1811. 
29° L'Homme sans façon, en trois *cles, 
1812. 30° Le Camp de Sobieski, en deux actes, 
1813. 31° Constance et Théodore, en deux 
actes, 1813. 32° Les Béarnais, en un acte, 
avec Boieldieu, 1814. 33° La Perruque et la 
Redingote, en trois actes, avec Kreubé. 54° Le 
Matlre et le Valet, en trois actes, 1816. 
35» Le Négociant de Hambourg, en trois 
actes. 1821. Il a aussi arrangé la musique du 
ballet de Paul et Virginie, dont son opéra 
lui a fourni les principaux matériaux. Musique 
instrumentale : 1° Deux symphonies concer- 
tantes pour deux violons, l'une en fa, l'autre 
en mi; Paris, Pleyel et Frey. 2° Symphonie 
concernante pour deux violons et violoncelle, 
Paris, Troupenas. 5° Premier concerto pour 
violon (en sol)-, Paris, Sieber. 4° Deuxième 
idem (en la), ibid. 5°Troisième idem (en mi) ; 
Paris, Leduc. 6 e Quatrième idem (en ut), ibid. 
7° Cinquième idem (en te); Paris, Troupenas. 
8° Sixième idem (en mi mineur) ; Paris, Janet 
et Cotelle. 9° Septième tVfem (en la), ibid. 
10° Huitième idem (en ré mineur); Paris, 
P. Petit. 11° Neuvième idem (en mi mineur); 
Paris, Janet et Cotelle. 12° Dixième idem (en 
ré mineur); Paris, Pleyel. 13° Onzième idem 
(en ut), ibid. 14° Douzième idem (en la)', Paris, 
Érard. 15* N« 13, lettre A (en ré); Paris, Frey. 
16* N« 14, lettre B (en m<), ibid. 17* H» 15, 
lettre C (en la) ibid. 18° N° 16, lettre D (en mi 
mineur), ibid. 10° N° 17, lettre E (en sot), 
ibid. 20° N° 18, lettre F, (en mi mineur), ibid. 
21* N* 19, lettre G (en ré mineur), ibid. 
22° Air provençal varié pour violon et or- 
chestre, ibid. 23° Romance de Joseph, idem, 
ibid. 24° Quinze quatuors pour deux violons, 
alto et basse, op. 1, 2, 3; Paris, Janet, Pleyel, 
Frey. 25° Quinze trios pour deux violons et 
violoncelle, op. 5, 15, 16, lettre A et lettre B; 
Paris, Michel Ozy, Pleyel, Frey. 26° Sept 
œuvres de duos pour deux violons ; Paris, Le- 
duc, Pleyel, Troupenas, Frey. 27° Cinq œuvres 
de sonates pour violon et basse ; Paris, Leduc, 
Frey. 28° Huit œuvres d'études et de caprices 
pour violon seul, ouvrages devenus classiques 
pour l'étude de l'instrument; Paris, Leduc, 
Frey, Troupenas. 29° Plusieurs airs variés 
pour deux violons, en trios, en quatuors, Paris. 
Kreutzer a pris part à la rédaction de la 
Méthode de violon publiée parle Conservatoire 
de Paris. 
KREUTZER (Jean- Nicolas- Auguste), 



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KREUTZER 



409 



frère du précédent, naquit à Versailles en 
1781 (1), et reçut des leçons de Rodolphe pour 
le violon. Lorsque le Conservatoire de Paris 
fut organisé, il entra dans la classe du même 
professeur, et obtint le second prix de violon 
au concours de Tan VIII (1800), puis le pre- 
mier prix Tannée suivante. Sans avoir jamais 
eu l'éclat du jeu de Rodolphe, il appartint 
cependant à son école par une certaine élé- 
gance toute française, très-différente de ta 
manière de Baillot et de celle de Rode. En 
1798, Kreutzer entra à l'orchestre de l'Opéra- 
Coraiquedu théâtre Favart. En 1802, il passa 
de cet orchestre à celui de l'Opéra, et il y 
resta jusqu'au commencement de 1823, époque 
où il se retira avec la pension, après vingt ans 
de service. Pendant plusieurs années, ii avait 
été professeur suppléant au Conservatoire : 
en 1835, il succéda à son frère dans la place 
de professeur de première classe. Une maladie 
de poitrine Ta conduit au tombeau dans Tété 
de 1832. Kreutzer, qui avait été attaché à la 
chapelle de Napoléon, est entré dans celle du 
roi en 1814, et a conservé sa place parmi les 
premiers violons jusqu'à la dissolution de cette 
chapelle en 1830. Cet artiste a publié : 1° 1™ 
et 2* concerto pour violon, Paris, Boieldleu. 
2° Duos pour deux violons, op. 2 et 3, Paris, 
Janet, Naderman. 3 e Trois sonates pour 
violon et basse, op. 1, Paris, Janet. 4« Plu- 
sieurs airs variés et solos pour violon. 

KREUTZER (Léor-Charles-Frarçois), 
fils du précédent et neveu de Rodolphe, est né 
à Paris, le 25 septembre 1817. Après avoir 
appris, dans ses premières années, les élé- 
ments du solfège, il commença, à treize ans, 
l'élude du piano sous la direction de M. Flè- 
che, ancien élève lauréat du Conservatoire. 
Deux ans après, il reçut des leçons de compo- 
sition de M. Benoist, professeur au Conserva- 
toire. A vrai dire, la plus solide instruction 
musicale de Léon Kreutzer fut puisée dans ses 
lectures de partitions et de livres relatifs à 
l'art, dans la comparaison des productions 
d'époques différentes et du style des maîtres. 
Ces études, faites dans l'isolement, ont donné 
pour résultats à l'artiste des théories esthé- 
tiques et des vues sur l'art toutes personnelles, 
indépendantes et peut-être un peu trop exclu- 
sives. Épris d'un amour passionné pour Vart 
pur, il n'a point transigé avec le fait des 

(I) La Biographie universelle des contemporains place 
la naissance de cet artiste en 1778, et H. Gabet, dans son 
Metionnairt îles arlistei de Virole française, la fixe en 
1785. La date que je donne est consignée dans les anciens 
registres du Conservatoire de Paris. 



succès de vogue et des entraînements de la 
mode. Poussant même à l'excès son penchant 
pour le sérieux et sa haine du frivole en mu- 
sique, il n'a pu éviter, comme critique, une 
certaine roideur d'opinions qui, parfois, a 
faussé ses jugements. Les travaux de M. Kreut- 
zer dans la critique musicale ont paru dans les 
journaux dont voici les titres : 1° L'Union, 
depuis 1840 jusqu'au moment où cette notice 
est écrite (1862); M. Kreutzer y fait l'analyse 
des opéras représentés sur les théâtres de 
Paris. 2° Revue et gazette musicale de Paris .- 
sous le titre de l'Opéra en Europe, le critique 
y a donné depuis 1841 un travail éleudu avec 
des exemples de musique pour servir d'éclair- 
cissement au texte. Il y a publié aussi des 
analyses du Faust de Berlioz, de VElie de 
Mendelsohn, et une suite d'articles sur la 
Société des concerts du Conservatoire de Paris. 
3° Revue contemporaine, depuis 1854 : divers 
articles sur les théâtres et une biographie très- 
dé veloppée de Neyerbeer. 4° L'Opinion pu- 
blique. 5° Le Théâtre. Divers travaux dans 
ces deux journaux. 

Compositeur d'un talent solide et «dont les 
tendances ont de l'originalité, M. Kreutzer au- 
rait pu prétendre à des succès qui eussent eu. 
plus d'éclat, si, se tenant moins à l'écart et 
plus soigneux de sa renommée, il se fût donné 
quelque peine pour faire connaître son œuvre, 
très-varié d'ailleurs, et s'il eût attaché plus 
de prix à l'opinion publique, sans laquelle on 
n'arrive à rien, quoi qu'on fasse. C'est un mau- 
vais refuge que celui du dédain pour celle 
opinion : on n'y porte jamais qu'un esprit mé- 
content. Voici la liste des productions de 
M. Kreutzer, publiées et inédites : I. musique 
de puho : 1° Sonate dans l'ancien style, Paris, 
Ricbault. 2* Sonate en si bémol, ibid, 3° So- 
nate en fa mineur, ibid. 4° Six éludes, ibid. 
5° Dix valses et deux écossaises, ibid. 0° Deux 
quadrilles, ibid. 7° Prélude, Paris, ITeugel/ 
8° Romance sans paroles, Paris, Bernard 
Latte. 0° La Gymnastique du piano, Paris, 
Gérard. 10° Ninuetto, Paris, Richault. II. mu- 
sique de chambre : 11° Trio pour piano, violon 
et violoncelle, ibid. 12° Quatuors pour deux 
violons, alto et violoncelle, n" 1, 2, 3, 4, 
ibid. III. musique de crart : 13° Vingt-six 
mélodies avec accompagnement de piano, 
1" suite, ibid. 14° Vingt mélodies idem, 
2 e suite, ibid. 15° Les Cloches de Saïd, idem, 
ibid. 16° L'Enfant pauvre, idem, Paris, 
Gérard. 17° La Fiancée du Marin, idem, 
ibid. IV. musique de violon : 18° Romance en 
sor mineur, Paris, Richault. V. musique d'or- 



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110 



KREUTZER 



chestre. 19° Introduction à la Tempête de 
Shakespeare, Paris, Parent. VI. eoue l'episei- 
gsement : 20° Petit cours d' harmonie, au 
point de vue de la modulation. 

M. Kreutzer a en manuscrit : 21° Quatuors 
pour deux violons, alto et violoncelle, n" 5, 6, 
7, 8. 22° Troisième suite de mélodies. Plu- 
sieurs mélodies tirées des trois suites publiées 
et inédite ont été arrangées avec accompa- 
gnement d'orchestre par l'auteur. Il en est un 
certain nombre qui ont été traduites en alle- 
mand par M. Richard Lindau. 23° Symphonie 
en si bémol pour orchestre. 24° Idem en fa 
mineur.25°Fantaisie burlesque, idem. 26° Idem 
militaire. 27° Concerto sy m phonique en quatre 
parties pour piano et orchestre, musique d*a- 
xatio.de : 28° Serafina, opéra-comique en un 
acte. 20° Les Filles à'Aiur> opéra féerie, mu- 
sique religieuse : 30* Slabat Mater, à deux 
/ chœurs, avec orgue non obligé. 31° Petit traité 
de contrepoint. Il y a beaucoup de distinction 
et de fantaisie dans les ouvrages de M. Kreut- 
zer dont l'auteur de cette notice a eu connais- 
sance. 

KREUTZER (Coïihadin). Un meunier 
dont le moulin était situé à une demi-lieue de 
*Mœssklrch, aujourd'hui sous la domination du 
grand -duc de Bade, avait huit enfants. L'un 
d'eux, Conradin Kreutzer, né le 22 novembre 
1782, jour de Sainte- Cécile, montra dès son 
enfance beaucoup de penchant pour la mu- 
sique. A l'âge de sept ans, ses parents l'en- 
voyèrent chez Rieger, directeur du chœur et 
organiste, qui lui enseigna les premiers prin- 
cipes de la musique appliqués au piano, au 
violon et au chant. Ce fut précisément le jour 
de Sainte-Cécile qu'il arriva chez son maître. 
Ce jour est devenu remarquable par les événe- 
ments qui signalèrent ses progrès et les cir- 
constances principales de sa vie. 

Rieger était un homme de grande sévérité 
pour ses élèves; mais tels étaient le zèle et 
l'aptitude de Conradin, que le maître se laissa 
loucher et qu'il montra toujours une préfé- 
rence marquée pour cet élève. Après une 
année d'étude, le jeune Kreutzer se trouva en 
état de chanter, de manière à satisfaire le 
professeur et le public, un grand solo à l'offer- 
toire de la messe de Sainte-Cécile. Il resta 
encore une année sous la direction de son 
maître, après quoi il passa en qualité d'enfant 
de chœur au monastère de Zwyffallcn. Il était 
alors âgé de neuf ans, et, par une circonstance 
assez singulière, ce fut encore le jour de 
Sainte-Cécile qu'il entra dans le couvent. 

Le monastère de Zwyffallen est situé près de j 



Riedlingen, en A jtriche. C'est là que Conradin 
Kreutzer continua ses éludes et qu'il reçut 
d'un moine, nommé Ernest Weinrauch, di- 
recteur de la musique du couvent, des leçons 
qui exercèrent la plus heureuse influence sur 
sa carrière. Cet Ernest Weinrauch, qui était 
entré à Zwyffallen comme enfant de chœur «t 
qui n'en sortit plus, était un musicien de 
génie, mais un homme si ignorant des choses 
du monde, qu'il n'avait jamais pu comprendre 
l'usage de la monnaie. Conradin Kreutzer 
assure que ses compositions étaient tris- 
remarquables. II possédait aussi un rare 
talent comme organiste j talent qu'il commu- 
niqua à son jeune élève. Les leçons de contre- 
point et d'harmonie données par un maître 
tel que Weinrauch à un élève aussi plein de 
zèle que Kreutzer ne pouvaient manquer de 
produire d'heureux résultats. Le professeur se 
voyait avec joie revivre dans son élève, et 
celui-ci n'avait d'autre pensée, d'autre pas- 
sion que la musique. Telle était l'ardeur de 
Kreutzer pour le travail, qu'il étudiait souvent 
au clair de la lune, et qu'on était obligé de le 
surveiller à cause de la faiblesse de sa santé. 

Dans le monastère de Zwyffallen, comme 
dans beaucoup d'autres, on avait l'habitude 
d'exécuter de symphonies pendant la messe : 
Kreutzer se sentit pressé du désir d'en com- 
poser une. Mais il n'était encore qu'aux pre- 
miers éléments de l'harmonie, et il ignorait la 
manière de disposer les différentes parties 
dans une partition. Pour exécuter son projet, 
il se borna donc à faire un brouillon de la 
partie principale, après quoi il arrangea sépa- 
rément chacune des autres. Son professeur le 
surprit un jour au travail, lorsque sa table et 
le plancher de sa cellule étaient jonchés des 
parties de tous les instruments. Le professeur, 
tout ému de joie, enseigna à son élève les pro- 
cédés de la formation de la partition. 

Après trois années de leçons données à Con- 
radin, le digne Weinrauch cessa de vivre. Un 
jeune moine, venu d'un autre couvent, lui 
succéda; mais il ne possédait ni l'affabilité de 
caractère, ni les hautes connaissances de son 
prédécesseur. Conradin sentit qu'il avait tout 
perdu, et il se décida à quitter le couvent de 
Zwyffallen pour se rendre à celui de Schussen- 
ried, ce qu'il Gt en 1706. Les moines de celui- 
ci appartenaient à l'ordre des Prémontrés, et 
jouissaient d'une grande liberté. Kreutzer 
chanta encore pendant un an comme enfant 
de chœur, mais au bout de ce temps, sa voix 
passa du soprano au ténor. II se borna alors à 
remplir les fonctions d'organiste, elle reste de 



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KREUTZER . 



111 



son temps fut employé à terminer ses études. 
On le jugea bientôt assez habile pour devenir 
professeur, et l'éducation musicale de qua- 
rante élèves du couvent lui fut confiée. - 

Les parents de Kreutzer voyaient avec in- 
quiétude sa passion pour la musique, parce 
qu'ils le destinaient au barreau. On finit même 
par lui interdire absolument l'élude de cet 
art, ce qui lui causa beaucoup de chagrin. 
Devenu orphelin en 1797, il reprit le cours de 
ses travaux favoris ; mais un oncle pharma- 
cien, qui était son tuteur et qui voulait lui 
faire embrasser sa profession, l'obligea à 
quitter Schussenried, et à se rendre à l'univer- 
sité de Fribourg en Brisgau, pour y étudier la 
médecine. Il arriva dans cette ville, en 1799, 
et suivit d'abord le cours de philosophie. 

Cependant il ne cessait d'importuner son 
oncle pour reprendre ses études de prédilec- 
tion; enfin sa persévérance triompha des 
obstacles, et il obtint la permission d'aller à 
Vienne pour y reprendre ses travaux de mu- 
sique. La durée de son voyage fut plus longue 
qu'il ne l'avait imaginé. Les connaissances 
qu'il avait faites dans plusieurs familles no- 
tables de la Suisse furent cause qu'il resta 
jusqu'en 1804 dans la ville de Constance. Au 
commencement de 1803, il avait pris part à la 
première exécution de l'Oratorio la Création 
du monde : il y jouait le premier hautbois. 
L'orgue et la clarinette étaient aussi des instru- 
ments sur lesquels il possédait un talent dis- 
tingué. Le dernier lui procura une certaine 
célébrité à Vienne. 

Lorsqu'il partit pour celte ville, il ne possé- 
dait que quatre-vingt-dix florins et n'avait 
pas une lettre de recommandation : sa seule 
espérance était d'y rencontrer un cousin, avec 
qui il était en relation d'amitié. Gai, dispos et 
léger comme les artistes de son âge, sans ré- 
fléchir aux suites de son entreprise, et sans 
douter du succès de ses projets, il se mit en 
voyage. A quelques lieues de Vienne, dans un 
petit endroit nommé Nusdorf, il lui restait 
quelques florins j il prit une voiture et se fit 
conduire chez son cousin. Quelle fut sa sur- 
prise! il apprit que son parent avait quitté sa 
demeure sans indiquer le lieu de sa nouvelle 
habitation. Cruellement désappointé, il erra à 
l'aventure, et ne fut tiré de sa rêverie et de 
son abattement qu'à la vue des affiches de 
spectacle. Celle de l'Opéra lui apprit que le 
même soir on jouait l'opéra <VAxur de Salieri. 
11 se rendit à l'instant au théâtre, et cessa de 
songer à sa mésaventure. Axur était le pre- 
mier opéra que Kreutzer voyait représenter : 



il produisit sur lui une impression profonde, 
et fixa son attention de telle sorte, qu'il sem- 
blait que toutes ses facultés fussent absorbées. 
Malheureusement le spectacle devait finir; 
l'enchantement se dissipa, et ce fut avec un 
sentiment profond de mélancolie que Kreutzer 
sortit avec les autres spectateurs. Il cherchait 
à ressaisir encore ses illusions, lorsque au mi-» 
lieu de la foule qui s'écoulait, il reconnut avec 
un vif plaisir mêlé de surprise ce cousin qui 
lui avait causé tant d'anxiété, et qui lui était 
si nécessaire ! Celui-ci, charmé de le, voir, 
l'emmena chez lui et l'installa dans son loge- 
ment. Le hasard fit bientôt faire à Conrad in 
Kreutzer la connaissance du célèbre violoniste 
Schuppanzigh, qui le recommanda à Alhrechts- 
berger. L'habile professeur prit le jeune ar- 
tiste en amitié, et se chargea de rectifier ses 
éludes et de les terminer. Pendant deux ans, 
Kreutzer reçut les leçons de ce grand harmo- 
niste. Schuppanzigh reconnut bientôt le talent 
distingué de son protégé ; il s'intéressa vive- 
ment à ce jeune homme, et, pour l'aider à se 
faire connaître, il lui donna le conseil de com- 
poser un concerto de piano. Kreutzer se mit à 
l'ouvrage, et le concerto fut écrit en huit jours. 
Conradin l'exécuta sans répétition dans un* 
concert public, et fit naître l'admiration par 
le mérite de la composition et par celui de 
l'exécution. Schuppanzigh redoubla alors 
d'efforts pour faire connaître le jeune musi- 
cien, et le recommanda particulièrement au 
comte Xavier de Fuchs et à son épouse, née 
comtesse de Gallenberg, une des plus belles 
femmes de Vienne. Bientôt Kreutzer fut admis 
dans les meilleures maisons de celte ville; il 
fit beaucoup de connaissances, entre autres 
celle de Haydn. Ce grand compositeur s'in- 
téressa en faveur du jeune homme, et corrigea 
même de sa main trois sonates pour piano qu'il 
avait composées. 

Après plusieurs années de séjour à Vienne, 
Kreutzer, qui avait composé des messes, des 
quatuors et quelques pièces de moindre im- 
portance, voulut écrire un opéra. Il choisit 
celui de Conradin de Souabe. L'ouvrage étant 
achevé devait être représenté, mais la censure 
s'opposa à la mise en scène. Cette circonstance 
fâcheuse ne rebuta point Kreutzer, qui se mit 
immédiatement à écrire un autre opéra inti- 
tilué Der Raiicher (le Plongeur). Cet opéra 
était destiné par le prince Esterhâzy à être 
joué sur le théâtre de Vienne : la distribution 
en était faite et plusieurs répétitions avaient 
eu lieu ; mais l'armée française entra à Vienne 
I et fit éprouver à cet opéra le sort de Conradin 



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m 



KREUTZER 



de Souabe. Les désastres politiques occupaient 
alors tous les habitants de la capitale de l'Au- 
triche, et Gonradin Kreutzer lui-môme ne 
pensait plus à cet opéra. Lorsque l'empereur 
rentra à Tienne, on songea à faire reparaître 
la pièce ; mais un homme chargé d'arranger 
la musique pour divers instruments avait égaré 
la partition; on crut l'ouvrage perdu; heureu- 
sement les parties de chant furent trouvées 
chez les acteurs ; c'est au moyen de ces parties 
que l'auteur put refaire ensuite son ouvrage, 
qui fut représenté avec beaucoup de succès à 
Vienne, en 1814, et depuis lors sur quelques 
autres théâtres de l'Allemagne. Après la dis- 
parition de la partition du Plongeur de 
Kreutzer, il composa un autre opéra pour le 
théâtre de la cour que dirigeait Weigl. Celui- 
ci, d'un caractère envieux et jaloux, s'opposait 
presque toujours à ce que les jeunes artistes 
se fissent connaître du public. Les tracasseries 
qu'il suscita à Kreutzer firent perdre à celui- 
ci l'espoir de faire représenter sa nouvelle 
composition intitulée : Jery et Bateïy. Cepen- 
dant Weigl, persuadé que la pièce n'aurait 
pas de succès, finit par consentir à la repré- 
sentation ; mais son attente fut trompée, et le 
nombre des partisans du talent de Kreutzer 
augmenta beaucoup après qu'on eut entendu 
cet ouvrage. 

Par suite de ses relations désagréables avec 
Weigl, Kreutzer résolut de quitter Tienne : 
il entreprit un voyage avec son ami Leppig, 
mécanicien habile qui venait d'inventer l'in- 
strument appelé panmelodicon. Kreutzer 
jouait cet instrument avec beaucoup de délica- 
tesse et de goût ; dans toutes les villes où il se 
fit entendre, il recueillit des applaudissements. 
Arrivé à Sluttgard, il donna plusieurs concerts 
et se fit entendre différentes fois à la cour. 
Frédéric, roi de Wurtemberg, voulut que 
t'onradin de Souabe fût représenté sur le 
théâtre de l'Opéra ; le succès du compositeur 
fut complet. Ce succès l'encouragea à com- 
poser un nouvel ouvrage dramatique (Féo- 
dora, de Kotzebue). La représentation de cet 
opéra fut un nouveau triomphe pour lui. Le 
roi le nomma ensuite directeur du Conserva- 
toire, en remplacement de Danzi. Il accepta, 
et se mit en route pour retourner à Tienne, 
où il devait attendre sa nomination défini- 
tive; mais à peine arrivé à Munich, il la 
reçut par estafette. Il retourna alors à Slutt- 
gard où il resta jusqu'à la mort du roi, en 
1816. 

Les promesses du prince de Furstemberg, 
et plus encore les différends qui s'élevèrent 



après la mort du roi entre l'intendant de la 
ville et Kreutzer, décidèrent ce dernier à 
donner sa démission, après quoi il partit pour 
la Suisse, où il resta pendant une année. Il 
résolut de nouveau de se mettre en route pour 
Nuremberg, Golba, Mcinttngen , Leipsick, 
Berlin, Dresde, Prague et Vienne. A Berlin, 
il donna un concert un théâtre royal de 
l'Opéra. A Prague , il fui déterminé à 
composer une tragédie lyrique (O reste) dont 
les vers sont de Reinbeck. Cette pièce fut re- 
présentée et applaudie. Plus tard, lorsqu'il fut 
arrivé à Vienne, ses amis l'engagèrent à en- 
voyer ce dernier ouvrage à la direction de 
l'Opéra. Il s'en défendit d'abord, parce qu'il 
pressentait son sort; enfin, déterminé par ses 
amis, il l'envoya ; mais ses pressentiments ne 
l'avaient point trompé : l'opéra étant acheté fut, 
sans être représenté, déposé dans les archives 
du théâtre. Pendant son séjour à Tienne, Kreut- 
zer obtint du ducCharles-Égon de Furstemberg 
la place de directeur de sa musique à Donaues- 
chingen. Il resta trois ans dans cette position, 
insuffisante pour le développement de ses ta- 
lents. Il leur chercha un théâtre plus élevé, et 
le trouva. En 1821, la comtesse Fuchs, sœur 
du comte de Gallenberg, lui apprit qu'à Tienne 
le théâtre était mieux dirigé, et qu'il pouvait 
espérer d'y trouver un emploi convenable. 
A cette nouvelle, Keulzer demanda sa démis- 
sion ; ce ne fut que sur ses instances réitérées 
qu'elle lui fut accordée. En novembre, il partit 
pour Tienne et y fit monter son opéra inti- 
tulé : Libussa, dont le poème est de Bernard. 
La représentation eut lieu dans le courant de 
l'automne de 1822, et réussit complètement. 
Après ce succès, Barbaja, entrepreneur du 
théâtre impérial (ffofftheater), autorisé par 
l'empereur, lui confia la direction de sa mu- 
sique, avec des appointements de 2,000 florins. 
Après l'expiration, en 1827, du bail de Bar- 
baja, qui ne fut point renouvelé, on ne trouva 
pas de remplaçant à cet entrepreneur. Alors 
.Kreutzer partit pour Paris, où il composa un 
opéra-comique (l'Eau de Jouvence) qui n'eut 
point de succès. L'année suivante, le Théâtre- 
Royal de Tienne fut ouvert de nouveau; Kreut- 
zer s'y rendit et rentra dans son poste. Un 
an après, le directeur Cerf arriva à Tienne, 
et ayant appris que Kreutzer travaillait à 
un nouvel opéra, entra en relation avec lui 
dans le but de l'emmener à Berlin, pour 
y faire étudier et représenter cet opéra inti- 
tulé : Mélusiwty dont le succès lui parais- 
sait assuré, et qui pourtant n'a pas réussi. 
En 1855, Kreutzer fut chargé de la direction 



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KREUTZER 



113 



de l'orchestre du théâtre Josephslsedt : il 
garda cette position jusqu'en 1840 ; mais alors 
il donna sa démission pour voyager en Alle- 
magne avec sa fille, Cécile, cantatrice, sur qui 
il fondait de grandes espérances qui ne se 
sont pas réalisées. Dans la même année, il 
reçut un engagement, comme directeur de 
musique à Cologne. En 1846, la place de di- 
recteur de la musique du théâtre royal de 
Berlin lui fut offerte, après la mort de Ni- 
colal; mais il préféra la position de maître de 
chapelle à Riga, à laquelle il fut appelé dans 
le même temps. Il est mort dans cette ville, le 
14 décembre 1849. 

Kreutzer jouit en Allemagne de la réputa- 
tion d'un compositeur distingué ; toutefois ses 
ouvrages sont plus remarquables par des qua- 
lités de facture et d'expérience, que par le 
don de l'invention . Sa partition la plus origi- 
nale me parait être son monodrame de Cor- 
delta. Il a d'ailleurs été rarement heureux à 
la scène. On connaît de lui les opéras sui- 
vants : 1° L'Enrôlement ridicule (Die laecher- 
liche Werbung), opéra-comique en deux actes, 
composé à Fribourg en Brisgau, en 1801. 
Dans cette pièce, Kreutzer chanta lui-même 
avec succès la partie de premier ténor. 2° Con- 
radin de Souabe, drame lyrique en trois 
actes, composé à Vienne, en 1805, et repré- 
senté à Sluttgard pour la première fois, en 
1812. 5° Les deux Mots ou Une Nuit dans la 
forêts composé à Vienne, en 1803. (Dalayrac a 
composé la musique d'un opéra sur le même 
sujet.) 4°Jery et Bately, composé à Vienne, en 
1805. & Ésope en Phrygie, à Vienne, en 1808. 
6° Der Taucher (le Plongeur) , grand opéra 
romantique, en deux actes, composé à Vienne 
en 1809. 7° Panthea, grand opéra en trois 
actes, composé à Vienne, en 1810 (la repré- 
sentation de cette pièce a été défendue par 
l'autorité). 8° Féodora f opéra-comique en un 
acte, paroles de Kotzebue, composé et repré- 
senté à Sluttgard, en 1811. 9° Les Insulaires, 
opéra en deux actes, composé et représenté à 
Sluttgard, en 1812. 10° Mimon et Zayde, 
opéra en trois actes, composé et représenté à 
Sluttgard, en 1813. 11° Oreste, tragédie lyri- 
que en trois actes, composée en 1815 et repré- 
sentée pour la première fois à Prague, en 1818. 
12° La Chaumière des Alpes (Alpen Jiïutter), 
opéra en un acte, paroles de Kotzebue, com- 
posé et représenté en 181C. 15° Cordelia, 
drame lyrique en un acle, paroles de P. WollT, 
composé el représenté pour la première fois, 
en 1819, à Donaueschingen, et en 1823, à 
Vienne. Celle pièce a été dédiée à M me Milder. 

BI0CD. C51V. DES MUSICIENS. T. V. 



14° Libussa, grand opéra en trois actes, com- 
posé et représenté à Vienne, en 1822. 15° Le 
Plongeur (Der Taucher), corrigé et repré- 
senté à Vienne, en 1823. 16° Siguna, drame 
lyrique, composé et représenté à Vienne, en 
1824. 17° La Laitière de Montfermeil, opéra 
en cinq actes, composé et représenté à Vienne 
en 1827. 18° L'Eau de Jouvence, opéra- 
comique en deux actes, représenté au théâtre 
de l'Odéon à Paris. 19° Le Portefaix des 
bords de la Tamise, opéra en trois acles, 
composé et représenté pour la première fois à 
Prague en 1828. 20° La jeune Demoiselle 
(Die Jungfrau), opéra en trois acles, repré- 
senté pour la première fois à Prague en 1850. 
21° Le Baron Luft, opéra comique en un 
acte, représenté pour la première fois à Vienne 
en 1850. 22° La Montagnarde, opéra en 
un acle, composé en 1831. Il n'est pas encore 
représenté. 25° Mélusine, opéra romantique 
en trois actes, représenté pour la première fois 
sur le théâtre de Kœnigstadt, le 27 février 1833. 
24° Das Nachtlager (la Mauvaise Nuit), à 
Vienne en 1854. Dans la période de 1828 à 
1840, Kreutzer a encore écrit les opéras : 
La Grotte de Waverley, Fridolin, Us deux 
Figaro, la musique pour les drames intitulés 
Raymond et le Dissipateur, enfin, les opé- 
rettes Tom Rick et le Nouveau marié dans 
l'embarras. Dans les neuf dernières années 
de sa vie, l'activité productrice de Kreutzer ne 
s'arrêta pas, car il écrivit les deux opéras 
VÉcuyer, et la Montagnarde du Caucase. 
On trouva dans ses papiers, après son décès, la 
partition V Aurélia, opéra en deux acles, qui 
a été représenté avec succès. De tous ses opéras 
Libussa, Cordelia, la Mauvaise Nuit de 
Grenade, la Montagnarde et le Dissipateur, 
sont ceux qui ont reçu le meilleur accueil dans 
les villes principales de l'Allemagne. Ils ont été 
joués et repris plusieurs fois à Berlin, Vienne, 
Prague, Hambourg, Francfort, Cassel et Wei- 
mar. Les autres n'ont eu que de courtes exis- 
tences dans une seule ville. En musique reli- 
gieuse, Kreutzer a composé un oratorio en deux 
parties intitulé Moïse, qui a été exécuté en 
181* à Sluttgard, et en 1819 à Zurich; la can- 
tate Friedensfeier (la Célébration de la 
paix), exécutée d'abord à Sluttgard en 1815, 
ensuite à Wintcrlhur (Suisse) en 1817. Il a 
écrit aussi trois grandes messes et six petites, 
ainsi que plusieurs offertoires, graduels et un 
Te Deum. 

Parmi les autres compositions de Kreutzer, 
on remarque : 1° Grand septuor pour violon, 
allô, violoncelle, clarinette, cor et basson, 

8 



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4U 



KREUTZER — RRIEGER 



op. 62. 2° Quintelte pour deux violons, deux 
alto» et violoncelle, Vienne, Pennaucr. 5° Va- 
riations pour clarinette et orchestre, op. 35, 
Augsbourg, Gombart. 4° Polonaise pour piano 
et guitare, op. 10, Vienne, Weigl. 5° 1 er con- 
certo pour piano et orchestre, op. 42 (en si 
bémol), Leipsick, Pelers. 6° 2 e idem (en ut), 
op. 50, Bonn, Si m rock. 7° 5 e idem (en mi 
bémol), op. 65, Leipsick, Hofmeister. 8° Di- 
vertissement pour piano, flûte, cor, basson et 
contrebasse, op. 57, Augsbourg, Gombart. 
9° Fantaisie pour piano sur une valse favorite 
de la reine de Prusse, avec quatuor, op. 76, 
Leipsick, Peters. 10° Fantaisie sur un thème 
suisse pour piano, clarinette, alto et violon- 
celle, op. 55, Vienne, Pennauer. 11° Quatuor 
pour piano, violon, alto et basse, Vienne, Has- 
linger. 12° Grandes sonates pour piano, flûte 
et violoncelle, op. 25, Bonn, Simrock. 15° Trio 
pour piano, clarinette et basson, op 45, Leip- 
sick, Peters. 14° Fantaisie mélancolique pour 
piano et violoncelle, op. 77, ibid* 15° Plusieurs 
œuvres de sonates faciles, marches et rondeaux 
pour piano à quatre mains. 16° Plusieurs di- 
vertissements, fantaisies et pot-pourris pour 
piano seul. 17° Plus de vingt-cinq cahiers de 
ebants à plusieurs voix sans accompagnement, 
particulièrement pour des chœurs d'hommes, 
ou à voix seule, avec accompagnement de piano. 

KREYSIG (Frkdéric-Lodis), né à Eilen- 
bourg, près de Leipsick, le 8 juillet 1770, fit 
ses premières éludes à Leipsick et alla les con- 
tinuer à Pavie, en 1792. Il fut professeur de 
médecine à l'Université de Wittenberg, puis 
il eut le titre de conseiller et de médecin du 
roi de Saxe. Il est mort à Dresde, le 4 juin 
1859. On a de lui une dissertation intéressante 
intitulée : s/ ris tôt élis de tout et vocis humante 
nature alque ortu theoria, cum recentiorum 
decretis comparata, Lipsiœ, 1795, in-8° de 
vingt-huit pages. 

KREZ (Gaspard). On a sous ce nom une 
dissertation historique et liturgique intitulée : 
DeLitaniis eccleùx rotnanœ, Tubinge, 1742, 
in-4° de vingt-cinq pages. 

KRIEDEL (Jean-Christophe), organiste 
à Romberg, en Bohême, au commencement du 
dix-huitième siècle, a fait imprimer de sa 
composition : Neuerœffnetes Blumen-Gxrt- 
lein bestehend in sechs Konxerte a voce sola, 
con 2 viotini e org. (Petit parterre nouvelle- 
ment ouvert, consistant en six concerts à voix 
seule, avec deux violons et orgue), Bautzen, 
1706, vingt feuilles in-4°. 

KIUEGCK (J.-.I.), violoncelliste et maître 
de concert du duc de Saxe-MeinUngen, naquit 



à Bibra, près de Mersebourg, le 25 juin 1750. 
A Page de six ans il perdit son père, et peu de 
temps après il suivit sa mère à Dteinttngen, oit 
il fréquenta l'école publique et apprit les élé- 
ments de la musique. Admis d'abord comme 
enfant de chœur dans la musique de la cour, 
il y servit ensuite en qualité de violoniste jus- 
qu'à l'âge de dix-neuf ans; puis il entra au 
service du landgrave de Hesse-Philippstadt, 
qu'il suivit deux fois en Hollande. Ayant ob- 
tenu un congé, il se rendit à Amsterdam et y 
entra dans l'orchestre de l'Opéra hollandais, 
comme premier violon. Après une année de 
séjour dans celle ville, il s'attacha au marquis 
de Taillefer qui le conduisit à Paris. Là, il fit 
la connaissance de Duport et prit de lui des 
leçons de violoncelle. Ses progrès sur cet in- 
strument lui firent abandonner le violon. Un 
an après, il entra comme violoncelliste chez le 
prince de Laval -Montmorency ety resta quatre 
années, perfectionnant pendajH ce temps son 
talent d'exécution, et augmentant ses con- 
naissances. De retour à MeinUngen, il entra 
dans la musique du prince : il y vivait encore 
vers 1810. On connaît de la composition de ce? 
artiste ; 1° Quatre sonates pour violoncelle et 
basse, op. 1, Offenbach, 1795. 2° Trois con- 
certos pour violoncelle et orchestre, op. 2, 5, 4, 
ibid., 1795 à 1798. 

KRIEGER (Adam), musicien de chambre 
de l'électeur de Saxe, et poêle, né en 1628, 
mourut à Dresde en 1666. On a de sa compo- 
sition : 1° Air à deux voix de. dessus avec 
ritournelles pour deux violes, Leipsick, 1656, 
une feuille in-fol. Lorsque ce petit ouvrage fût 
publié, Krieger n'était pas encore au service 
de l'électeur de Saxe. 2° XVI airs pour une, 
deux ou trois voix, avec des ritournelles pour 
deux violons, deux violes, violoncelle et basse 
continue, Dresde, 1667, in-fol. Ce dernier 
ouvrage ne parut qu'après la mort de l'au- 
teur. 

KRIEGER (Jeak -Philippe), maître de 
chapelle du duc de Weissembourg, naquit à 
Nuremberg, le 26 février 1649. Il était âgé de 
huit ans lorsqu'il reçut de Druckser les pre- 
mières leçons de clavecin, et dans le même 
temps il apprit à jouer de plusieurs autres in- 
struments, sous la direction de Gabriel Schutz. 
A l'âge de seize ans, il se rendit à Copen- 
hague chez Jean Schrœder, organiste de la 
cour ei de l'église allemande de Saint -Pierre. 
Le jeune Krieger remplit pendant cinq ans les 
fonctions d'adjoint de ce maître; pendant ce 
temps, il recevait des leçons de composition de 
Georges Ftlrster, maître de chapelle du roi de 



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KRIEGER 



113 



Danemark. Le roi Frédéric HT, ayant eu oc- 
casion de l'entendre, fut si satisfait de son 
talent, qu'il lui offrit un emploi dans sa mu- 
sique ; mais les parents de Krieger s'opposèrent 
à ce qu'il se fixât dans le nord, et il fut obligé 
de retourner dans sa ville natale, prenant sa 
roule parla Hollande et les provinces du Rhin. 
Arrivé à Nuremberg, il s'y fit entendre avec 
tant de succès, que la première place vacante 
lui fut promise, et que le magistrat de la ville 
lui offrit une pension ; mais il préféra la place 
d'organiste de la cour de Bayreuth qui lui fut 
offerte à la même époque, et qu'il échangea, 
après la mort de Coler, contre celle de ce 
maître de chapelle. Quelque temps après qu'il 
eut pris possession de celle-ci, il accompagna 
son maître à Anspacb et à Stutlgard, où se 
trouvaient quelques artistes distingués avec 
lesquels il se lia. En 1672, la guerre ayant 
éclaté entre l'empire d'Allemagne et la France, 
le margrave de Bayreuth se rendit à l'armée, 
et cette circonstance laissa Krieger dans l'inac- 
tion. Il conçut alors le projet d'un voyage en 
Italie, et demanda sa démission : elle lui fut 
refusée ; mais on lui accorda un congé avec la 
jouissance de son traitement. Il partit aussi- 
tôt, se dirigeant par Nuremberg, Augsbourg 
et le Tyrol pour aller à Venise,, où il fit la con- 
naissance de quelques artistes célèbres, tels que 
Rosenmuller, Cavalli, Ziani et Legrenzi. Ca- 
valli et Rosenmuller lui donnèrent des leçons ' 
de composition pour le style dramatique. Après 
huit mois d'études, Krieger alla à Padoue, puis 
à Bologne où il rencontra Jean-Marie Bonon- 
cini, Charles Donati, et d'autres musiciens re- 
nommés. Enfin, il visita Ferare, Florence et 
Rome, s'instruisant toujours par la conversa- 
tion ou les leçons des maîtres. Dans cette der- 
nière ville, il trouva encore d'utiles enseigne- 
ments près de Carissimi, d'Abbatini, cl du 
célèbre organiste Bernard Pasquini. Abbatini 
lui fit connaître l'art d'écrire suivant les tra- 
ditions de l'excellente école romaine, et Pas- 
quini lui donna des leçons de clavecin. Rome 
renfermait alors beaucoup d'artistes, de théo- 
riciens et d'écrivains distingués, parmi lesquels 
on remarquait le vieux François Foggi a, Gian- 
selti, Rircher et d'autres; Krieger se lia 
d'amitié avec la plupart de ces hommes célè- 
bres. Après avoir fait un voyage de peu de 
durée à Naples, il retourna à Venise pour y 
attendre la fin de son congé, et profila de son 
nouveau séjour en cette ville pour prendre 
quelques leçons d'orgue de Jean Rovctto, or- 
ganiste de Sainl-Marc. Rappelé enfin par son 
matlre, il retourna à Bayreuth par la Carin- 



tbie, la Styrie et Vienne. Admis à l'honneur de 
jouer du clavecin devant l'empereur Léopold, 
il charma ce prince et sa cour par la beauté de 
son talent, et reçut en récompense une chaîne 
d'or avec le portrait de l'empereur, vingt-cinq 
ducats et des lettres de noblesse. De retour 
à Bayreuth, il fut chagriné dans son emploi ; 
fatigué des tracasseries qu'on lui suscitait, il 
demanda sa retraite, l'obtint, et partit pour 
Cassel, où l'attendait la place de maître de 
chapelle. Il ne resta pas longtemps dans celte 
nouvelle position; celle de vice-mallre de 
chapelle lui ayant été offerte à Halle, il l'ac- 
cepta et l'occupa conjointement avec celle 
d'organiste de la cour. Dans un voyage qu'il 
fit à Dresde, il joua devant l'électeur Jean- 
Georges II. Charmé par son talent, le duc de 
Weissenfels, qui l'entendit dans celle circon- 
stance, lui offrit la place de mallre de sa cha- 
pelle; Krieger l'accepta et y joignit bientôt la 
direction des chapelles des cours d'Eisenberg 
et de Brunswick. Plus lard, rélecteur de Saxe 
Jean-Georges III voulut l'avoir à son service, 
mais les avantages dont l'artiste jouissait à la 
cour de Weissenfels lui firent refuser les pro- 
positions qui lui furent faites à ce sujet. Après 
quarante années passées au service du prince 
elde son successeur, il mourutle0févrierl725, 
à l'âge de soixante-seize ans. 

On ne connaît pas les titres des opéras qui 
furent écrits par Krieger pour les cours de 
Weissenfels et de Brunswick ; il y a lieu de 
croire cependant que ceux qui ont pour titre : 
Flore, Cécrops et Procris ont été du nombre, 
car on en a publié des airs choisis, sous le nom 
de ce musicien, à Nuremberg, 1600, in-fol. 
obi. Les autres ouvrages dramatiques de sa 
composition, représentés à llambourg, en 
1604, sont : 1* Le Combat de la Fidélité. 
2° Hercule, première partie. 3° Hercule, 
deuxième paitie. On connaît aussi sous le nom 
de Krieger : 4° Douze sonates pour deux violons 
et basse continue, op. 1, Nuremberg, 1687. 
5° Douze sonates pour deux violons et basse 
de viole, op. 2, ibid., 1603. 6° Lustige Feld- 
Musik aufvier blasende oder andere Instru- 
mente gerichtet,etc. (Musique gaie des champs 
pour quatre instruments à vent ou autres, 
consistant en six ouvertures avec les suites); 
Nuremberg. l°MusikalischerSeelenfriede, etc. 
(Paix musicale de l'Âme, consistant en vingt 
morceaux à voix seule avec accompagnement 
d'un ou de deux violons et basse continue, sur 
des textes de psaumes latins el allemands), 
première édition, Nuremberg, 1607. Deuxième 
édition, corrigée, Leipsick, 1717, in-fol. 

8. 



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416 



KRIEGER - KRIESSTEIN 



HRIEGER ( Jeau) , frère puîné du précé- 
dent, naquit à Nuremberg le l rr janvier 1652. 
Dès ses premières années, H montra les plus 
heureuses dispositions pour la musique, quoi- 
que la profession de son père (il était tapissier) 
lui fournit peu d'occasions d'exciter en lui le 
goût de cet art. Admis comme enfant de chœur 
dans l'église de Saint-Sébald, il apprit les élé- 
ments du chant sous la direction de Henri 
Schwemmer ; puis il reçut des leçons de Gas- 
pard Wccker pour le clavicorde et continua 
ses éludes jusqu'à l'âge de seize ans. En 1668, 
il se rendit près de son frère, qui se trouvai! 
alors à Zeitz, pour apprendre les règles de la 
composition. Jean-Philippe ayant été nommé 
organiste de la cour de Bayreuth l'année sui- 
vante, Jean l'y suivit, et lorsque son frère eut 
obtenu le titre de maître de chapelle, il lui 
succéda comme organiste. Plus tard, des dis- 
cussions s'étant élevées entre les artistes ita- 
liens de la chapelle et les Allemands, ceux-ci 
donnèrent leur démission, et Rrieger suivit 
leur exemple. Il retourna alors près de ses pa- 
rents, et dans ses moments de loisir il prépara 
des ricereari à plusieurs sujets sur des thèmes 
de chorals, se proposant de livrer cet ouvrage 
a l'impression; mais son manuscrit lui fut en- 
levé, et depuis lors il ne le revit plus. Après 
avoir demeuré à Halle pendant quelque temps 
il alla, en 1678, prendre possession à Graeiz 
de la place de maître de chapelle du comte de 
Rcuss, et l'occupa pendant trois ans; mais 
après la mort de ce seigneur, il dirigea pen- 
dant un an la musique de la petite cour d'Ei- 
senberg; puis il obtint la place d'organiste de 
l'église Saint-Jean à Zittau, et en remplit les 
fonctions pendant cinquante-quatre ans. L'es- 
lime qu'on accordait à ses talents dans cette 
ville, lui fit -aussi confier l'orgue de l'église 
Saint-Pierre et Saint-Paul après vingt ans de 
séjour. Dans ce long espace de temps, il écrivit 
un grand nombre de morceaux pour l'église, 
des divertissements et des chorals : on n'a pu- 
blié qu'une très-petite partie de ces ouvrages. 
Cet estimable artisleétait âgé de quatre-vingt- 
quatre ans lorsqu'il rencontra (le 17 juillet 
1735) un ami qui, remarquant en lui les signes 
d'une extrême faiblesse, l'engagea à retourner 
chef lui ; mais il ne put l'empêcher d'aller à 
l'église, où il accompagna un cantique. Quand 
il eut achevé ce morceau, ii pria son ami 
d'achever l'office en lui disant : Je sens que je 
n'entrerai plus ici. Le lendemain il fut frappé 
d'un coup d'apoplexie dont il mourut immé- 
diatement. Kricgcr a publié de sa composi- 
tion : 1° Divertissement musical consistant en 



airs à cinq, six, sept, huit et neuf voix, Franc- 
fort et Leipsick, 1684, in-fol. 2° Divertisse- 
ment musical consistant en allemandes, cou- 
rantes, sarabandes, variations et gigues avec 
des bourrées, menuets et gavottes pour les 
amateurs et à jouer sur l'épinelte ou le clavi- 
corde, Nuremberg, Euter, 1697. 3° Exercices 
agréables pour clavecin, consistant en ricer- 
eari, préludes, fugues, chacones, et une loc- 
cate pour l'orgue avec pédale, ibid., 1699, 
in-fol. Ma ttheson compte Jean Krieger parmi 
les meilleurs contrepointisles de l'Allemagne, 
dans son Parfait maître de chapelle (p. 442). 
La Bibliothèque royale de Berlin possède de 
cet artiste, en partitions manuscrites, des mo- 
tets allemands , à quatre voix, avec instru- 
ments; detlx Sanctus, ibid., et des Magni- 
ficat. 

KRIEGER (Jeak-Gotthilf), fils de Jean- 
Philippe, naquit à Weissenfels, le 13 septem- 
bre 1687. Après avoir terminé ses études mu- 
sicales et littéraires au gymnase de celle ville, 
il se rendit à Halle en 1706 pour y suivre un 
cours de droit. Pendant les quatre années 
qu'il passa à l'Université, il apprit les règles 
du contrepoint et de l'art déjouer de l'orgue 
et du clavecin chez le célèbre organiste Zachau. 
Il ne quitta l'Université de Halle que pour 
fréquenter pendant six mois celle de Leipsick ; 
puis il retourna à Weissenfels, où le duc ré- 
gnant le nomma avocat du Consistoire ; mais 
son penchant pour la musique le décida à faire 
un cours de composition sous la direction de 
son père, nonobstant les occupations de sa 
place. Enfin, en 1712, il abandonna celle-ci 
pour devenir organiste de la cour, et en 1725, 
il succéda à son père en qualité de maître de 
chapelle. Il occupait encore cette position en 
1740. On trouve à la Bibliothèque royale de 
Berlin un motet allemand à quatre voix avec 
instruments (Ich verlasse tnick aiif Gottes 
gute). Ce motet, composé à Weissenfels, au 
mois d'avril 1725, est altribué à Jean-Philippe 
Rrieger dans le catalogue : c'est une erreur, 
car cet artiste était mort depuis deux mots à 
celte époque, à l'âge de soixante-seixe ans. 

KRIESSTEIN ou KRIEGSSTEIN 
(Melchior), très-bon imprimeur de musique 
à Augsbourg, dans la première moitié du sei- 
zième siècle, commença à publier les œuvres 
des maîtres célèbres de cette époque vers 
1598. Les produits les plus importants de ses 
presses sont deux collections dont Sigismond 
ou Sigmond Salblinger a été l'éditeur. La pre- 
mière a pour titre : Selectissim* nec non /a- 
miliaris$imw cantionet ultra cçntum, vario 



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KRIESSTEIN - KROLLMANN 



117 



idiomate vocxtm, tam muUiplicium quam 
eiiatn paucarum, etc. August» Vindelicorum 
Melcbior Kriesstein excudebat, anno 1540, 
petit in-8° obi. Ce recueil contient cent chan- 
sons à deux, trois, quatre, cinq et six voix, en 
différentes langues. Les principaux composi- 
teurs sont Ghislain Dankerls, Jean Mouton, 
L. Senfl, A. Willaert, Sixte Dietricht, Arka- 
delt, Benediclus, Noël Baulduin, Ricbafort, 
Josquin Després, Jean Géro (ou Maistre Jean), 
Yerbonnet, Antoine Feuin, Vcrdelot, Jean 
Lebrun, Lupi, N. Benoist, Jules Regiensis, 
Jorius Vender, Huldrich, BraHtel, JeanFrosch, 
Joerg Blankenmuller, Henri Isaac, Grégoire 
Pœschin, Consilium, André de Sylva, Janne- 
quin, Antoine Gardane, Pelletier, Jean Heugel, 
Pierre de la Rue, et Tileman {sic) Susato. La 
seconde collection a pour titre : Cantiones 
septem, sex et quinque vocum longe gravis- 
simx, juxta ac amamissimx, in Germania 
maxime hactenus typis non excusa? 7 August» 
Vindelicorum, Melchior Kriesstein excudebat, 
anno 1545, petit in-4° obi. 

KRIFFT (William DE), amateur de mu- 
sique, né en Angleterre vers 1765, reçut des 
leçons de Clementi, et se fit remarquer vers 
1700 comme pianiste et comme compositeur. 
En 1789, il publia son premier œuvre qui con- 
siste en trois solos pour le piano. Peu de temps 
après, il voyagea en Allemagne, et se fit en- 
tendre avec un brillant succès le 17 février 
1791 dans un concert donné à Coblence, en 
présence de la cour. Il y exécuta un concerto 
de piano de sa composition avec orchestre, 
et le concert commença par une symphonie 
dont il était l'auteur. On connaît aussi de lui 
un Stabat Mater avec orchestre. Parmi ses 
autres ouvrages, on remarque : 1° Siège de 
Québec, sonate pour piano, violon, violoncelle 
et timbale ad libitum, Londres, Bland, 1792, 
in-fol. 2° Trois sonates pour piano, violon et 
violoncelle, op. 9, ibid. 

KRIMMERSHOFF (Jean -Guillaume), 
facteur d'orgues, né à Dusseldorf, dans la se- 
conde moitié du dix-huitième siècle, a été 
breveté du duc d'Oldenbourg en 1801. Le 
principal ouvrage sorti de ses mains est l'orgue 
de Téglise Saint-Lambert, à Oldenbourg, com- 
posé de quarante-sept jeux, quatre claviers et 
pédale. Les différents claviers de cet orgue 
peuvent être combinés de plusieurs manières, 
soit deux à deux, ou trois à trois. 

KROENER, voyez Croeker. 

KROGULSKI (Michel), musicien polo- 
nais, mort à Yarsovie en 1843, fui attaché au 
chœur de l'église des Fîaristes, et a écrit de la 



musique pour le culte catholique, particuliè- 
rement des messes en langue polonaise qui 
ont été chantées à Téglise dans laquelle il di- 
rigeait le chœur. On a aussi de lui des motets, 
deux psaumes pour plusieurs voix, une prière 
a quatre voix, qui a été publiée à Yarsovie, 
un Benedictus, un Offertoire, un Graduel et 
un Ave Maria. 

KROGULSKI (Josbm), fils du précédent, 
né à Yarsovie en 1815, fut élève d'Elsner 
pour la composition, et fut maître de chapelle 
de Téglise des Piaristes. Ses premières produc- 
tions annonçaient un homme de talent; mais 
il mourut en 1843, à Tâge de vingt-sept ans, 
regretté des artistes et de ses compatriotes. 
Pendant sa courte, mais laborieuse carrière, 
il avait écrit dix messes à quatre voix et or- 
chestre, toutes sur le texte polonais, et un 
grand nombre de morceaux de musique reli- 
gieuse, tels que motels, psaumes et prières. Sa 
première messe, la seule qui soit à deux voix 
et orgue seulement, a été publiée dans un re- 
cueil de musique d'église intitulé : Zbior 
spiewowkoscielnyck. Krogulski cultivait aussi 
la musique instrumentale : des variations de 
sa composition pour le piano, intitulées : la 
bella Cracoviana, et un quatuor pour piano, 
violon, alto et violoncelle, op. 2, ont été pu- 
bliés à Leipsick, chez Hofmeister. Il a fait 
paraître aussi à Yarsovie, chez Sennewahl, 
une cantilène pour voix seule avec piano. 
Après la mort de cet artiste, on a trouvé dans 
ses papiers une sonate pour le piano, dédiée à 
Kurpinski, et un second quatuor pour piano, 
violon, alto et violoncelle, œuvre 8. 

KROHTf (Gaspard-Daniel), organiste des 
églises Sainte-Catherine, Saint-Pierre et Saint- 
Jean à Hambourg, vivait en cette ville vers la 
fin du dix-huitième siècle. Il a publié de sa 
composition -. 1° Six sonates pour le clavecin, 
dédiées aux mines de Ch.-Ph.-Em. Bach, 
Hambourg. 2° Six petites sonates idem, ibid., 
1787, in-4° obi. 5° Divertissement avec douze 
variations, sur un thème allemand, ibid. 

KROIXMAIW (Antoine), né le 5 juin 
1798 à Seulingen, village situé près de Gœt- 
tingue, eut pour premier maître de musique 
son père, musicien du bailliage. Celui-ci, 
ayant été placé ensuite à Celle, en qualité de 
choriste, fit faire à son fils des études pour ap- 
prendre à jouer de la flûte, et le confia aux 
soins d'un maître nommé UœnUke, pour ap- 
prendre l'harmonie. Ayant acquis un certain 
degré d'habileté sur son instrument, le jeune 
Krollmann a fait des voyages à Celle, Ha- 
novre, Oldenbourg, et dans les provinces 



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m 



KROLLMANN — KROMMER 



rhénanes. Il jouait aussi du piano et a publié 
pour ccl instrument beaucoup de morceaux 
d'une force moyenne qui ont obtenu un suc- 
cès populaire. En 1821), cet artiste devint chef 
de musique du régiment de la garde du roi de 
Hanovre : il occupait encore cette position en 
1838. Parmi ses compositions, on remarque : 
1° Introduction et rondeau pour flûte et or- 
chestre, op. 0, Hanovre, Bacbmanu. 2° Trois 
grands trios pour trois flûtes, op. 13, ibid. 
3° Trois thèmes variés (tour flûte seule, ibid. 
4° Divertissement pour piano et flûte, op. 10, 
ibid. 5° Idem. op. 19, ibid. 6° Sonates faciles 
pour piano à quatre mains, op. 34, 25, 30, 
Leipsick, Hofmeisler, Peters. 7° Pièces faciles 
idem, op. 26, Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. 
8° Rondeau brillant et facile pour piano seul, 
op. 27, ibid. 

KROMMER (François), compositeur, na- 
quit en 1759 à Kamenitz, en Moravie. Son 
oncle (Antoine Krommer), directeur du chœur 
à Turas, lui donna les premières leçons de 
musique, de clavecin et de contrepoint ; mais 
•ce fut surtout à ses propres efforts qu'il dut 
son instruction musicale la plus solide. A peine 
eut-il atteint sa dix-septième année qu'il fut 
employé comme organiste, et pendant huit 
ans, il en remplit les fonctions sous la direc- 
tion de son oncle. Déjà à celle époque, il écri- 
vait beaucoup pour l'église, cherchant à former 
son style d'après les meilleurs modèles : dans 
le même temps, il s'occupait de l'étude du 
violon. Le comte Ayrum lui ayant offert un 
engagement comme premier violon de sa mu- 
sique, il se rendit à Simonthurn, en Hongrie, 
pour l'occuper. Deux ans après, il fut nommé 
directeur de la chapelle de ce seigneur : il 
acheva de compléter son instruction et de 
perfectionner son goût pendant les quatre an- 
nées qu'il occupa ce poste, par la lecture des 
partitions des plus grands ma lires. Ses pre- 
mières compositions pour des corps de musi- 
que d'harmonie datent de celte époque. Vers 
la fin de 1790, la direction du chœur de 
l'église principale de FUnfkirchen lui fut con- 
fiée. Pendant qu'il la remplissait, il écrivit des 
messes et d'autres morceaux de musique 
d'église, ainsi que des symphonies et des qua- 
tuors qui furent accueillis avec faveur par les 
artistes et les amateurs. Trois ans après, le 
comle Karoli le choisit pour chef de musique 
de son régiment; mais il ne garda pas long- 
temps celle position. Après la mort du comte, 
Krommer se rendit à Vienne, où le prince 
. Krasalkowilz le mil à la léte de sa musique. 
Le décès de son nouveau patron le laissa sans 



emploi au bout de quelques années; mais après 
cet événement, il ne chercha plus à se pla- 
cer, et il vécut dans l'aisance, en donnant des 
leçons et en composant. Plus tard, son revenu 
fut augmenté par sa nomination à la place 
d'huissier des appartements impériaux; espèce 
de sinécure qui ne l'empêcha pas de se livrer 
à ses travaux de composition, et qui lui pro- 
cura de puissantes protections. Lorsque la 
place de directeur de musique de la chambre 
impériale devint vacante en 1814, par la mort 
de Kozelucb, Krommer l'obtint, et en cette 
qualité, il accompagna l'empereur son maître 
dans ses voyages en France et en Italie. 
A Paris, les professeurs du conservatoire l'ac- 
cueillirent avec distinction et lui firent obtenir 
le titre de membre houoraire de celte école. 
De retour à Vienne, Krommer reprit ses paisi- 
bles travaux et montra jusqu'à ses derniers 
jours une infatigable activité. Parvenu à l'âge 
de soixante-onze ans, il composait encore 
et écrivait une pastorale qu'il n'eut pas le 
temps de finir. 11 mourut à Vienne le 8 janvier 
1 831 , après une courte maladie. 

Homme simple et bon, d'une humeur gaie 
et d'une bienveillance sans bornes, Krommer 
s'est peint dans sa musique, qui se fait remar- 
quer par un style facile et clair, d'excellentes 
dispositions d'harmonie, et des mélodies élé- 
gantes et naturelles. Ses pièces d'harmonie 
pour divers instruments à vent lui ont fait 
particulièrement une honorable réputation. 
On connaît aussi de lut des quatuors et des 
quintettes d'une bonne facture. Le seul genre 
dans lequel il ne s'est pas essayé est celui du 
slyle dramatique. Il a beaucoup écrit pour 
l'église, mais on n'a publié qu'une seule messe 
de sa composition, à quatre voix, orchestre et 
orgue (en tif), œuvre 108, OflTenbach, André. 
Ses autres ouvrages sont classés de la manière 
suivante : 1° Symphonies à grand orchestre, 
1", œuvre 12 (en fa)\ OflTenbach, André; 
2 e , op. 40 (en ré), ibid. ; 5 e op. 02, (en ré), 
ibid.; 4 e op. 102 (en ut mineur), ibid.; 
5° op. 105 (en mi bémol), ibid. 2° Harmonie 
à neuf ou dix parties, op. 57, 67, 73, 76, 77, 
78, 79, 83 ; Vienne, Haslinger. 3° Marches et 
pas redoublés, op. 31, 60, 97, 98, 99, 100, 
ibid. 4° Concertos pour violon, 1 er (en te); 
Vienne, Artaria; 2 e , op. 44 (en ré); Vienne, 
Haslinger; 3 e , op. 61 (en ré mineur); OflTen- 
bach , André; 4° op. 64 (en ré), ibid.; 
5 e op. 81 (en mi mineur) ; Vienne, Haslinger. 
5° Quintettes pour deux violons, deux altos 
etvioloncelle ê o\i. 8, 11, 25, 70, 88, 106, 107, 
au nombre de dix-huit; Oflcnbach, André; 



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KROMMER - KRUFFT 



«19 



Parif , Sieber. 6° Quatuors pour deux violons, 
alto et basse, op. 1,3, 4, 5, G, 7, 10, 16, 19, 
23, 24, 26, 34, 40, 53, 54, 56, 72, 85, 00, 02, 
405, au nombre de soixante-neuf ; Vienne, 
chez Arlaria, Haslinger et Cappi ; Offenbach, 
André; Paris, Sieber et Pleyel. 7° Grand trio 
pour violon, alto et boue, op. 96, Vienne, 
Haslinger. 8° Duos pour deux violons, 
op. 22, 33, 35, 51 , 94, ibid. 9° Concertos pour 
flûte, op. 30 (en *o/); Offenbach, André; 
op. 86 (en mi mineur); Vienne, Haslinger. 
10° Quintettes pour flûte, op. 49, 55, 63, 66, 
101, 104, 109; Vienne. Haslinger. 11° Qua- 
tuors pour flûte, op. 13, 17, 75, 89, 93, 97, 
ibid. ; Offenbach, André. 12° Concertos pour 
clarinette, op. 36, 52; Offenbach, André. 
15° Quatuors pour clarinette, op. 21, 82, 
ibid. 14° Symphonies concertantes pour 
divers instruments; concertino pour flûte, 
hautbois, deux altos, deux cors, violoncelle et 
contrebasse, op. 18; ibid.; Concertante pour 
deux clarinettes, op. 35, ibid,; idem pour 
flûte, hautbois, violon-obligé, deux altos, deux 
cors, violoncelle et contrebasse, op. 38 et 39, 
ibid.; idem pour flûte, clarinette et violon 
obligé, op. 70; Vienne, Haslinger; idem, 
op. 80, ibid. 

KROMMER (Auguste), flls du précédent, 
né à Vienne en 1807, était pianiste, violoniste 
habile et compositeur. Admis à la chapelle 
impériale, il y fit exécuter plusieurs morceaux 
de musique religieuse. En 1841, une ouver- 
ture de sa composition fut exécutée à Prague 
avec beaucoup de succès, et Ton entendit, 
l'hiver suivant, dans la même ville, une antre 
ouverture de concert du même artiste, où Ton 
remarqua de l'originalité dans la pensée et 
•dans la forme. Krommer est mort à la fleur 
de Tâge, le 27 mars 1842, à Dornbach, près 
de Vienne. 

KROPACZ (GEonc.r.s), musicien de la 
Bohême, vivait vers le milieu du seizième 
siècle. On connaît sous son nom un recueil de 
messes intitulé : Missarum quinquê vocum 
juxta decachordi modos, dorii scilicet, hypo- 
do rit et lidii accuratè compositus, recensque 
in lucem editus, Venetiis, 1578, in-4°. 

KROPFFGANS (Jean), virtuose sur le 
luth, naquit à Neustadt, en Autriche, le 
12 septembre 1663. A Tâge de neuf ans, son 
père commença à lui enseigner le luth. Trois 
ans après on le mit en apprentissage chez un 
négociant de Leipsick, mais ensuite il reprit 
«on instrument et prit des leçons chez Scba- 
chart, et chez Meley, nouvellement revenu de 
Paris. En 1720, un accident le blessa à la main 



et il cessa de jouer du luth ; mais il s'occupa 
dès lors de la théorie de la musique. En 1732, il 
vivait encore à Breslau, où il était négociant. 

KROPFFGANS (Jean), fils du précédent, 
naquit à Breslau, le 14 octobre 1708. Son père 
lui donna les premières leçons de luth ; plus 
tard il devint élève du célèbre luthiste Weiss. 
Devenu musicien de la chambre du comte de 
Bruhl, après la mort de ce seigneur, il vécut à 
Leipsick. Il s'y faisait encore entendre dans 
les concerts en 1769, quoiqu'il fût alors âgé 
de soixante et un ans. Kropflgans fut nn des 
lnthistes les plus distingués du dix-huitième 
siècle, et surtout un compositeur remarquable 
pour son instrument. On n'a imprimé de ses 
ouvrages que trois solos pour le luth, à Nu- 
remberg, mais il a laissé en manuscrit trente- 
six autres solos pour le môme instrument; six 
duos, trente-deux trios pour luth, violon et 
violoncelle; un quatuor pour luth, flûte, violon 
et violoncelle, et un concerto pour luth, deux 
violons, alto et basse. J'ai acquis plusieurs de 
ces ouvrages manuscrits à la veute du cabinet 
d'assortiment delà maison deBreitkopf etHcer- 
tel, au mois de juin 1836. 

KRUFFT (Nicolas, baron DE), conseiller 
ordinaire de la chancellerie impériale de 
Vienne, naquit en cette ville, le 1 er février 
1779. Dès l'âge le plus tendre, il reçut de sa 
mère les premières leçons de piano, et ses pro- 
grès tinrent du prodige. Sa mémoire était si 
heureuse, qu'il- pouvait exécuter sur le piano 
de longs passages de symphonies de Haydn 
qu'il n'avait entendus qu'une fois. Plus tard, 
Albrechtsberger lui fit faire un cours complet 
d'harmonie et de composition. Son goût pour 
la musique était si vif, que pour ne point man- 
quer aux devoirs de ses emplois, il jouait du 
piano et composait pendant une partie des 
nuits. En vain, sa famille lui représentait-elle 
que sa faible constitution ne pourrait résister 
à ce travail forcé ; son ardeur de travail ne se 
ralentit que lorsque ses forces lurent épuisées 
et que sa santé eut été perdue. Une fièvre ner- 
veuse, résultat d'un travail immodéré, le con- 
duisit au tombeau, le 16 avril 1818, à l'âge de 
trente-neuf ans. Cet amateur distingué a pu- 
blié beaucoup de compositions qui attestent 
ses connaissances dans l'art et sa facilité de 
production. On y remarque : 1° Trois quatuors 
pour deux violons, alto et basse ; Vienne, Me- 
chetti. 2° Grande sonate pour piano et basson 
ou violoncelle, op. 84; Leipsick, Breitkopf et 
Haertel. 3° Idem avec violon obligé, ibid. 
4° Idem avec cor ou violoncelle, ibid. 5° Grande 
sonate pour piano à quatre mains; Vienne, 



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120 



KRUFFT — KRUG 



MechetU. 6° Grande sonate pour piano seul 
(en ut) j Berlin, Schlesinger. 7° Vingt-quatre 
préludes et fugues pour le piano; Vienne, Me- 
chetti ; Paris, Pleyel. 8° Douze grands caprices 
en quatre cahiers; Vienne, Mechetti.0 Thème 
allemand varié pour piano et violon ; Vienne, 
Haslinger. 10° Beaucoup d'autres variations 
pour piano seul. 11° Environ cinquante chants 
allemands à quatre voix. 19° Plus de quatre - 
vingls chansons à voix seule. 13° Quatre 
hymnes pour l'église. 

KRUG (...)> facteur d'orgues à Halle, est 
connu par la restauration de l'orgue de la 
cathédrale de Merscbourg, qu'il a faite en* 
1781, et par la construction de celui de l'église 
Saint-Maurice, à Halle, qu'il a terminé en 
1783. Ce dernier instrument est à trois cla- 
viers, et contient quarante-trois jeux. 

KRUG (Guillaume-Traugott), savant dis- 
tingué, professeur de philosophie à l'Univer- 
sité de Leipsick, naquit à Radis, près de Wit- 
tenberg, le 22 juin 1770. Après avoir fait ses 
premières études au Collège de Pforte, il fré- 
quenta les Universités de Wittenberg, de Jéna 
et de Gœltingue, et cultiva particulièrement la 
philologie et les mathématiques. En 1704, il 
obtint le titre d'adjoint à la faculté de philoso- 
phie de Wittenberg, et pendant sept ans, il en- 
seigna en celle qualité, sans aucun traitement, 
et n'ayant pour vivre que ses travaux particu- 
liers. Un écrit qu'il avait publié lorsqu'il 
n'était encore qu'éludiant à Gœtlingue, sous le 
titre de : Lettres sur la perfectibilité de la re- 
ligion révélée, lui attira de violentes attaques, 
dans une multitude de pamphlets ; l'autorité in- 
tervint dans celte affaire ; Krug fut obligé de 
s'avouer l'auteur de l'écrit, et il lui (Ut défendu 
d'enseigner la théologie. D'abord partisan de 
la philosophie critique de Kant, dont il modi- 
fia ensuite larthéorie par ses idées particulières, 
il s'était déjà fait connaître avantageusement 
par plusieurs ouvrages, lorsqu'il fut appelé 
en 1801 à remplir la chaire de philosophie à 
Francfort-sur rOder. Après la mort de Kant, 
ce fut lui qu'on choisit pour son successeur à 
l'Université de Rœnigsberg, où il se rendit 
vers la fin de 1805. Le désir de revoir son pays 
natal, et d'autres motifs qui ne sont point con- 
nus, lui ayant fait quitter sa chaire en 1809, il 
accepta la place de professeur ordinaire de 
philosophie à l'Université de Leipsick, et la 
conserva jusqu'à sa mort. 

Les livres philosophiques de Krug sont 
nombreux et intéressants pour la science ; il 
ne doit être ici question que de ceux qui ont du 
rapport avec la musique. Le plus important 



est son Esthétique, ou Théorie du goût, qui 
forme la troisième partie de son Système dé 
philosophie Théorétique (System der theore- 
tischen Philosophie), dont la troisième édi- 
tion a été publiée à Kœnigsberg, 1835-1830, 
trois volumes in-8% Il y traite du beau esthé- 
tique dans la musique (t. III, p. 331 etsuiv.). 
Adversaire déclaré de la philosophie de Schel- 
ling, Krug avait nié, dans son Nouvel Orga- 
non de la philosophie, l'unité identique du 
réel et de l'idéal, du subjectif et de l'objectif ; 
à cette identité essentielle, il avait voulu sub- 
stituer une unité synthétique, passagèrement 
établie au sein de la conscience, en raison de 
notre activité intellectuelle. Ce sont ces prin- 
cipes qui l'ont guidé dans son Esthétique, 
comme dans toutes les autres parties de la 
philosophie. Il y établit : que le beau de l'art 
des sons, considéré dans le sens le plus géné- 
ral, se produit sous deux aspects : le premier, 
matériel, consistant dans les rapports des sons, 
dans l'intonation , dans l'intensité, dans le 
timbre et dans la durée j enfin, dans la suc- 
cession, d'où la mélodie, et dans la simulta- 
néité, d'où l'harmonie; le second, intellectuel 
et sentimental, résultant de la forme. Suivant 
lui, le premier genre de beauté constitue 
Vagréuble; c'est celui qui flatte le sens de 
l'ouïe ; le second est le beau en soi, le beau 
esthétique, le beau absolu. Sa conclusion est 
que la plupart des hommes sont plus disposés 
à recevoir les impressions de l'agréable et de 
la beauté matérielle qu'à concevoir le beau 
esthétique pur. Pour eux, le grand est dans la 
puissance du son et dans la cadence du 
rbylhme; c'est pour cela, dit-il, que la musi- 
que militaire plaît tant au peuple, tandis que 
la beauté formai» de compositions d'un ordre 
plus élevé lui échappe. 

Le point de départ de Krug était excellent. 
Il avait généralisé la pensée de Pylhagore à 
l'égard des rapports des sons, et avait aperçu 
les limites de la philosophie naturelle du beau 
matériel et du beau esthétique pur; mais il n'a 
rien fait pour le développement d'une doctrine 
d'après ces données, et cette question si diffi- 
cile de la beauté formate, il l'a seulement in- 
diquée. 11 n'a d'ailleurs rien ajouté dans son 
traité du beau, sur ce qui concerne l'action de 
le sensibilité dans les perceptions de Tari, aux 
principes qu'il avait posés dans son livre inti- 
tulé : Principes pour une nouvelle théorie du 
sentiment et de la sensibilité (Grundsœtfe zu 
einer neuen Théorie d. Gefuhle und des soge- 
nannten Gefuhlsvermœgen), Gœltingue, 1603, 
Kœnigsberg, 1824. Krug a traité de l>caucoup 



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KRUG — KRÛGER 



121 



d'objets relatifs à la musique dans son Dic- 
tionnaire général des sciences philosophi- 
ques (Allgemeine Handwoerterbuch d. philo- 
soph. Wissenschaflen ) , dont la première 
édition a paru à Leipsick, en 1827-1829, et ta 
deuxième avec un supplément, en 1832-1838. 

Krug a publié dans la troisième année de la 
Gazette musicale de Leipsick (p. 57 et suiv.) 
un article intitulé: Remarques sur le langage 
et le chant. 

KRUG (FnÉDÉmc), chanteur en voix de 
baryton, est né à Cassel en 1810, ou, suivant 
d'autres renseignements, à Magdebourg. Les 
théâtres de Leipsick, de Magdebourg, de Cas- 
sel et de Carlsruhe, sont ceux où il s'est fait 
entendre avec succès. Il est aussi compositeur 
et a fait jouer quelques opéras intitulés : La 
Marquise, en un acte, à Cassel, en 1843; 
Mutiler Martin der KUffner und seine Ge- 
sellen (Maître Martin le ventru et ses compa- 
gnons), en 1845, à Carlsruhe; Ver Nacht- 
tcxchter (le Veilleur de nuit), représenté à 
Manheim, en 1846, et à Wiesbaden dans 
Tannée suivante. Krug a pris la direction du 
théâtre de Carlsruhe en 1849. On a publié de 
sa composition environ vingt œuvres de Lieder 
et de chants à voix seule et piano, ou de duos 
pour soprano "et ténor, depuis 1836 jusqu'en 
1845, à Manbeim, Carlsruhe et Mayence. 

KRCJG (Gustave), né à Naumbourg, en 
Prusse, en 1821, a vécu quelque temps à Ber- 
lin, et s'est fixé à Hambourg, en 1844. Les 
biographes allemands gardent le silence sur 
cet artiste, compositeur sérieux elde mérite, et 
les renseignements manquent sur les maîtres 
qui ont dirigé ses études. Les ouvrages publiés 
par M. Krug et dont j'ai connaissance sont ceux- 
ci : 1° Trois quatuors pour deux violons, altoet 
violoncelle, op. 1; Berlin, Traulwein. 2» Trois 
idem, op. 8, ibid. 3° Grand duo pour piano et 
violon, op. 3; lia m bourg, Schubert h. 4° Adagio 
et rondo pour piano et alto, op. 4, ibid. 5° Trio 
(en sol mineur) pour piano, violon et violon- 
celle, op. 5, ibid. 6° Introduction et fugue 
(en mi mineur) pour piano, violon, alto et 
violoncelle, op. 6, ibid. 7° Six Lieder pour 
piano et violoncelle, op. 7; Berlin, Traulwein. 
8° Peintures musicales et caractéristiques 
consistant en trois grandes sonates à quatre 
mains pour piano, chacune composée de quatre 
morceaux très-développés, op. 10; Hambourg, 
Schubert h. 9° Deuxième quatuor (introduction 
et fugue en ut mineur) pour piano, violon, 
alto et violoncelle, op. 11, ibid. 

KRUG (D.), pianiste et compositeur, éta- 
bli à Altona vers 1845, n'est mentionné par 



aucun biographe allemand. On a de lui : 
t° Caprice en forme de tarentelle pour piano, 
op. 2; Hambourg, Scbuberlh. 2* Mazurke pour 
piano, op„ 3, ibid. 3° Fantaisie sur des chants 
de Pjschek, op. 15, ibid. 4° Le Carnaval de 
New- York, variations burlesques sur l'air 
américain : Yankee doddle, op. 16, ibid. 
5° Quatre Lieder à deux voix avec piano, 
op. 18. 6° Deux rondeaux pour le piano sur 
des thèmes d' Aletsandro Stradella, op. 20; 
Hambourg, Bœhme. 7° Grandes fantaisies 
romantiques sur des thèmes d'Alessandro 
Stradella, op. 21, ibid. S 9 La Rose, romance 
transcrite et variée pour piano; Hambourg, 
Schuberlh. 9° Chants du Schleswig-Holstein 
pour quatre voix d'hommes; Altona, Wiebe. 
KRCGER (le docteur Edouard), recteur 
du collège à Emden et rédacteur de la Gazette de 
Hanovre, est né à Lunebourg,eta fait ses études 
à l'université de Goettingue. Dès sa plus tendre 
jeunesse, il a cultivé la musique avec succès. 
Son premier ouvrage fut une thèse académique 
pour le doctorat en philosophie, publiée sous ce 
titre : Dissertatio inauguralis philosophica 
de Musicis Gr&corum organis circa Pindavi 
tempora florentibus, Goettingue, 1830, in-4°, 
de 30 pages. Les points principaux établis 
dans cette thèse sont ceux-ci : 1° La lyre était 
rarement employée comme instrument de mu- 
sique : son usage habituel était de servir de 
guide dans la déclamation ou récitation de la 
poésie. 2° La cithare était particulièrement en 
usage dans la musique instrumentale. 3° La 
musique avait pour objet chez les Grecs, d'une 
part V Ethique , c'est-à-dire la morale et le 
perfectionnement des mœurs ; d'autre part le 
Pathétique, ou l'expression des passions. 
4° Les instruments a cordes étaient considérés 
comme propres à atteindre le premier de ces 
buts; la flûte, comme plus analogue au second. 
Le même savant a publié un autre ouvrage 
plein d'intérêt intitulé : Beitrxge fur Leben 
und Wistentchaftder Toukunst (Essais pour 
le progrès (1) et la science de la musique), 
Leipsick, Breitkopf et Herlel, 1847, un volume 
in- 8° en trois parties. G. Nauenburg a donné 
une analyse de ce livre dans la Gazette gé- 
nérale de-musique (49 e année, pp. 755, 7/0 et 
786). Les objets traités dans ce volume par le 
D r Krttger sont : 1° Le dilettantisme et la vir- 
tuosité. 2° Les académies de musique et les 
sociétés de chant. 5° Les représentations théâ- 
trales et les concerts. 4° Les ré les musicales. 
5° Réminiscences pratiques et créations. 6° De 

(I) Littéralement : EisaU pour la *<t et (• êcùuee de 
/a mtwjfic*. 



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422 • 



KRÙGER - KRUMPHOLZ 



la critique de l'art en général. 7° Tentatives 
systématiques. 8° De la musique religieuse. 
9° De la musique mondaine. 10° Habitudes 
pratiques et science de Part. 41° Connaissance 
du chant. 12° Écoles supérieures de musique. 
13° Doctrine scientifique de Part. 14° Moralité 
de l'art. M. Kruger a présenté de hautes con- 
sidérations sur la musique dans quelques ar- 
ticles qu'a publiés la Gazette générale de mu- 
sique (années 48«, pp. 569, 50 e , p. 481 et 817). 
Comme musicien pratique, il s'est fait con- 
naître par la direction de la Télé musicale 
donnée à Emden, en 1846. On a publié de sa 
composition : Prélude en sol mineur pour 
l'orgue ; Erfurt, Kœrner ; prélude et fugue en 
mi majeur, idem, ibid. 

KllCGER (Wilrelm), compositeur et 
pianiste, fils d'un musicien de la chapelle du 
roi de Wurtemberg, est né à Stultgard, en 
1820. Après avoir voyagé en Allemagne, il a 
vécu à Paris plusieurs années. Il a publié des 
fantaisies et des caprices sur des thèmes 
«l'opéras de Donizetti et autres compositeurs. 
Dans quelques-uns de ses morceaux, il a cher- 
ché des formes nouvelles et romantiques. La 
plupart de ses ouvrages ont été 1 publiés à 
Mayence, chez Scbolt. 

Le frère de cet artiste, Gottlieb Kriiger, 
né à Stuttgard en 1824, est un harpiste de 
talent, attaché à la musique du roi de Wur- 
temberg. Il a publié diverses choses pour son 
instrument. 

RULMBHORiV (Gaspard), organiste de 
l'église Saint-Pierre et Saint-Paul à Liegnitz, 
en Silésie, naquit en cette ville le 38 octobre 
1542. A l'âge de trois ans, il perdit la vue par 
la petite vérole, et peu de temps après son père 
mourut. Sa mère ayant épousé en secondes 
noces un homme dont le nom était StimmUr, 
on ne connut pendant longtemps Krumbhorn 
que sous le nom de V aveugle Stimmler. Ayant 
montré, dans un âge plus avancé, un vif désir 
d'apprendre la musique, il fut confié par son 
frère, pasteur à Waldau, aux soins de Knœbel, 
musicien habile et compositeur à Goldberg, 
qui lui enseigna d'abord la flûte, puis le 
violon, le clavecin et la composition. Les pro- 
grès de Krumbhorn furent rapides, et bientôt 
il fut cité comme un excellent organiste et un 
compositeur distingué. Sur sa réputation, 
l'électeur de Saxe le fit venir, et après l'avoir 
entendu, lui offrit du service à sa cour; mais 
Krumbhorn préféra retourner dans son pays. 
A son arrivée à Liegnitz, il y fut nommé orga- 
niste de l'église principale (il avait alors 
vingt-trois ans), et il occupa cette place pendant 



cinquante-six ans.Dans ce long espace de temps, 
il forma plusieurs bons élèves, et il écrivit un 
grand nombre de morceaux pour l'église et 
pour l'orgue, qui sont restés en manuscrit. II 
mourut le 11 juin 1621, à l'âge de 79 ans. Son 
épitapbe, placée dans l'église Saint-Pierre et 
Saint-Paul de Liegnitz, fournit ces renseigne- 
ments. 

KUUIUBHORIX (Tobie), vraisemblable- 
ment fils du précédent, eut la réputation d'un 
excellent organiste, et fut employé comme tel 
à la cour de Georges Rodolphe, duc de Liegnitz. 
Après avoir fait des voyages en Bohême, en 
Moravie, en Hongrie, en Allemagne et dans les 
Pays-Bas, il retourna à Liegnitz, où il mourut 
le 14 avril 1617. Son épitaphe se trouve dans 
l'église principale de sa ville natale. 

KRUHLOWSKY (Jean), né en Bohême 
au commencement du dix-huitième siècle, Tut 
un virtuose de premier ordre sur la viole 
d'amour. Il vécut d'abord à Prague, puis fut 
attaché au service de la cour de Dresde, et enfin 
retourna dans sa patrie, où il mourut en 1768. 
Il a laissé en manuscrit plusieurs concertos, 
des trios, et des solos pour le violon et la viole 
d'amour. 

KRUMPHOLZ (Jean-Baptiste), excellent 
harpiste et compositeur distingué, naquit à 
Zlowicz, en Bohême, vers 1745. Admis dans 
la musique du prince Estcrhazy en 1766, il 
reçut des conseils de Ilaydn pour la composi- 
tion. Encouragé par le succès que ses ouvrages 
obtenaient en Allemagne, il forma le dessein 
de voyager, obtint un congé, et prit sa route 
vers la France par Dresde, Leipsick, Franc- 
fort et Coblence. Arrivé à Metz, il y fit la con- 
naissance de mademoiselle Meyer qui, bien 
qu'encore enfant, montrait les plus heureuses 
dispositions pour la musique, particulièrement 
pour la harpe. Krumpholz se chargea de son 
éducation musicale, développa son talent, et 
l'épousa lorsqu'elle eut atteint l'âge de seize 
ans. Après son arrivée à Paris, Krumpholz s'y 
fil connaître par ses compositions et par son 
habileté pour l'enseignement. Bientôt il fut le 
seul maître de harpe en vogue. Incessamment 
occupé du soin de perfectionner la harpe, il 
communiqua d'abord ses idées à Naderman, 
qui les exécuta, et le 21 novembre 1787, il fit 
entendre à l'Académie des sciences de Paris 
une harpe construite par ce facteur, où il avait 
fait adapter deux pédales dont la première 
augmentait ou diminuait la force des sons, en 
ouvrant une soupape, et dont la seconde plaçait 
une sourdine sur les cordes. La première de 
ces pédales a été conservée dans la harpe mo- 



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KRUMPHOLZ — KUCHARZ 



123 



derne. Krumpholz a rendu compte de son in- 
vention dans les préfaces de ses oeuvres 14 e et 
15 e pour la harpe. Cependant, convaincu qu'il 
restait beaucoup à faire pour faire disparaître 
les défauts de la harpe à crochets dont il se 
servait, et plein de confiance dans le génie de 
Sébastien Érard, il le sollicita vivement pour 
qu'il s'occupât de la recherche d'un meilleur 
mécanisme. Le célèbre facteur y songea, et 
trouva la solution du problème de la manière la 
plus simple et la plus rationnelle {voyez Érard). 
Déjà le nouvel instrument était prêt et allait 
paraître, quand Krumpholz lui-même, qui 
dans l'intervalle s'était lié d'intérêts à Nader- 
raan, vint prier Érard de ne point mettre au 
jour son instrument, dont la supériorité devait 
faire abandonner la harpe à crochets : et par 
condescendance, l'inventeur consentit à re- 
tarder la publication de sa découverte. Peu de 
temps après, madame Krumpholz, dont le talent 
d'exécution, bien supérieur à celui de son mari, 
excitait la plus vive admiration, partit pour 
l'Angleterre avec un jeune homme qui l'avait 
séduite, et abandonna l'artiste à qui elle devait 
tant de reconnaissance. Cet événement inat- 
tendu, et le mauvais état des affaires de 
Krumpholz poussèrent cet artiste à un acte de 
désespoir : il alla se précipiter dans la Seine, et 
se noya près du Pont-Neuf, le 19 février 1700. 
Un génie original, un profond sentiment 
d'harmonie, et des modulations inattendues, 
se font remarquer dans la musique de Krump- 
holz, et malgré le temps qui s'est écoulé depuis 
qu'elle a paru, les variations de goût et les 
perfectionnements que la harpe -a reçus, elle 
serait encore considérée comme excellente, si 
elle ne s'était dispersée depuis un demi-siècle, 
et si elle n'était devenue fort rare. On connaît 
de cet artiste : 1° Concertos pour harpe et 
orchestre, n ' 1,2, 3, 4, 5, 6, Paris, Coust- 
neau (Lemoine aîné). 2° Quatuor pour harpe, 
violon, alto et basse, op. 5, ibid. 3° Duo 
pour deux harpes, op. 5, ibid. 4° Sonates 
pour la harpe, op. 1, 8, 12, 13, 14, 15, 10, 
17, 18, au nombre de 52, Paris, Lemoine, 
Janel, Naderman. 5° Sonates pathétiques, 
dont une intitulée VA mante abandonnée. 
6° Thèmes variés, ibid. 7° Préludes, ibid. 
8° Symphonie pour harpe, deux violons, 
flûte, deux cors et basse, op. 11, ibid. On 
a publié sous le nom de Krumpholz des Prin- 
cipes pour la harpe, qui ne sont pas de lui : 
ce n'est qu'une fraude mercantile. 

KRUMPHOLZ (M»'), harpiste célèbre, 
femme du précédent, est née à Metz, et 
non à Liège, comme le dit Gerbcr. Son nom 



de famille était Meuer. Devenue l'élève de 
Krumpholz pour la harpe, elle acquit, après 
quelques années d'études, une habileté supé- 
rieure à celle de son. maître. Son expression 
était entraînante, et la nature, qui lui avait 
donné le génie de l'instrument, lui révéla 
le secret d'une multitude d'effets inconnus 
aux autres harpistes, et qui donnaient à son 
jeu un caractère inimitable. Son début à 
Paris avait été brillant, et Krumpholz sem- 
blait être arrivé au moment de recueillir le 
fruit de ses soins, lorsque sa femme se laissa 
enlever par un amant, et conduire à Londres 
au commencement de 1790. Depuis cette épo- 
que jusqu'en 1802, elle fit admirer son talent 
dans les concerts donnés dans celte ville, et 
jouit de tous les avantages attachés à la supé- 
riorité; mais plus tard elle semble avoir dis- 
paru du monde musical, et les biographes 
anglais gardent sur ce qui la concerne le plus 
profond silence. Il parait toutefois certain 
qu'elle vivait encore en Angleterre en 1824; 
mais depuis lors, on n'a plus de renseigne- 
ments sur elle. 

RttUMPKE (...), facteur d'orgues àBres- 
lau, construisit en 1701 l'orgue de l'église 
Saint-Catherine de cette ville a quatorze jeux, 
deux claviers et pédale. 

HURLER (&.-F.), professeur de musique 
de la maison royale des Orphelins, à Stutlgard, 
est auteur d'un livre qui a pour titre : Anlei- 
tung zum Gesangunterrichte in Schulen. 
Ncbst einem Anhange con 55 zwei-und dreis- 
timmigen Gesxngen (Instruction pour l'ensei- 
gnement du chant dans les écoles. Suivie d'un 
appendice de cinquante-cinq chants à deux et 
trois voix). La deuxième édition de cet ouvrage 
a été publiée à StuMgard, Metzter, 1826, in-8* 
de cent quarante-quatre pages. 

KUBUSCH (...), violoniste allemand, était 
né dans la Haute-Lusace, et y mourut en 1780, 
dans la position la plus misérable. Il a laissé 
en manuscrit deux concertos pour le violon. 

KUCH AllZ (Jean-Baptiste), célèbre orga- 
niste, naquitle 5 mars 1751 àChotecz, près de 
Mlazowicz, en Bohême, où son père était au- 
bergiste et cultivateur. Après avoir reçu la 
première Instruction chez son parent, pasteur 
à Mlazowicz, il entra au gymnase des jésuites 
à Koniggraetz, et y fit de brillantes éludes lit- 
téraires et musicales. L'orgue devint particu- 
lièrement l'objet de ses études assidues. Plus 
tard, il fut reçu au Séminaire des jésuites de 
Gitczin en qualité d'organiste, et y continua 
ses humanités. Dès lors il commença à écrire 
quelques petites compositions et à se faire 



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42* 



KUCUARZ — KUCKEN 



entendre sur l'orgue dans des concertos de 
différents maîtres. Ses succès lui persuadèrent 
qu'il pouvait se présenter partout comme un 
des organistes les plus habiles de son temps; 
mais son illusion ne tarda pas à se dissiper 
lorsqu'il se rendit à Prague, pour y étudier la 
philosophie ; car il eut alors occasion d'enten- 
dre Segert, qui était le plus grand organiste de 
la Bohême, et le beau talent de cet artiste lui 
fit comprendre qu'il devait encore étudier long- 
temps avant de pouvoir se mesurer avec un tel 
maître. Bientôt il devint l'élève de ce même 
Segert, dont les leçons le conduisirent, après 
quelques années, au rang des organistes les 
plus distingués de l'Allemagne. Attaché en 
cette qualité à l'église Saint-Henri, de Prague, 
Kucharz devint en peu de temps un des maî- 
tres de musique de cette ville dont on recher- 
chait les leçons avec empressement. L'élude 
des partitions des plus grands maîtres avait 
achevé de former son goût. Après la mort de 
l'habile organiste Jean Wolf, il obtint sa place 
au couvent de Slrahow, dont l'orgue passe 
pour le meilleur de la Bohême. Sa nomination 
à cette place est datée du 1" septembre 1700. 
L'année suivante, il y ajouta celle de chef 
d'orchestre de l'Opéra italien de Prague. Dans 
plusieurs circonstances importantes , particu- 
lièrement aux couronnements de Léopold II, 
en 1791, et de François II, l'année suivante, 
il se montra également grand artiste dans ses 
doubles fonctions de directeur d'orchestre et 
d'organiste. Les musiciens les plus instruits 
ont donné des éloges au jeu de Kucharz sur 
l'orgue; le maître de chapelle Naumann assu- 
rait, après l'avoir entendu dans le couvent de 
Strahow, qu'il ne croyaft pas qu'il y eût en 
Allemagne trois organistes de son mérite. Cet 
artiste, âgé de soixante-quatre ans, vivait en- 
core en 1815, et s'occupait à terminer un 
grand ouvrage à l'usage des organistes et des 
compositeurs de la Bohême, auquel il avait 
travaillé pendant plus de vingt ans. Il ne pa- 
rait pas que ce livre ait été publié. Kucharz 
possédait aussi un talent remarquable sur 
l'harmonica et sur la mandoline. Il a laissé 
en manuscrit : l°Deux concertos pourl'orgue. 
3° Des préludes, fantaisies, toccates et pièces 
finales pour le même instrument. 5° O Salu* 
tari* avec orgue concertant, composé pour le 
couvent de Strahow. 4° Diverses cantates de 
circonstance. 5° Divers morceaux pour l'har- 
monica et la mandoline. Il a aussi arrangé 
pour le piano la plupart des grands opéras de 
Mozart. 
IÏUCI1LER (Jean), bassoniste renommé 



pour son habileté, dans la seconde moitié du 
dix-huitième siècle, était attaché au service 
de l'électeur de Cologne, à Bonn, en 1780. Dix 
ans plus tard, il était membre de la chapelle à 
Mayence. Dans l'intervalle de ces deux épo- 
ques, il fit un voyage à Paris, et joua avec suc- 
cès, au Concert spirituel. On a gravé de sa 
composition, en cette ville, dix-huit quatuors 
pour divers instruments; deux symphonies 
avec basson obligé, un concerto et six duos 
pour violon. Le Calendrier de* théâtres de 
Gotha, de 1792, indique aussi sous son nom 
un opéra intitulé : Jzakia. 

K.CCKEN (Fhédémc Guillaume), compo- 
siteur, né à Bleckede, bourg du royaume de 
Hanovre, le 16 novembre 1810. Son beau-frère 
Luhrs, directeur de musique et organiste du 
château, à Schwerin, lui enseigna la musique 
et le piano. Il était fort jeune encore lorsqu'il 
écrivit des marches militaires qui eurent du 
succès. Elles attirèrent sur lui l'attention du 
grand-duc de Mecklembourg-Schwerin, qui le 
choisit pour maître 'de piano de ses enfants (le 
grand-duc actuel Frédéric-François II et la 
princesse Louise). En 1831, Ktlckcn alla con- 
tinuer ses éludes à Berlin et y prit des leçons 
de contrepoint chez Birnbacb. Ce fut alors 
qu'il fit paraître ses premiers Lieder qui eu- 
rent un succès populaire. Son premier opéra, 
Die Flocht nach der Schtceiz (la Fuite vers la 
Suisse) , fut représenté à Berlin, en 1839. 
Un amour inspiré par une dame noble et 
riche, partagé par celle qui en était l'objet, 
mais traversé par sa famille, obligea Ktlcken 
à s'éloigner de Berlin, en 1841 ; il alla d'abord 
à Paris et y resta six mois ; puis il fut appelé 
en Suisse pour diriger les fétesmusicales d'Àp- 
penzell et de Saint-Gall. De là il se rendit à 
Paris, où il reçut un accueil cordial d'IIalévy 
et de plusieurs compatriotes an nombre des- 
quels était Iïeine,dont il avait mis en musique 
plusieurs poésies. Il y composa pour le théâtre 
de Stuttgard un opéra en trois actes intitulé : 
Der Prétendent (le Prétendant), qui fut re- 
présenté dans celle ville en 1847, puis à Ham- 
bourg et à Berlin, avec un grand succès, et 
dont la partition pour le piano a été publiée. 
Le 11 octobre 1858, Ktlcken a été nommé pre- 
mier maître de chapelle de la cour a Stuttgard, 
en remplacement de Lindpaintner : depuis 
1851, il occupait à la même cour la place de 
second maître de chapelle. 11 a publié à Ham- 
bourg, chez Schuberth, des duos pour piano et 
violoncelle en forme de sonates, et quelques 
petites pièces pour ces deux instruments; mais 
il a rendu surtout son nom populaire par se* 



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KUCKEN — KUFFERATH 



*t 



Lieder et ses morceaux de chant pour diverses 
voix. Le Dombre de ses œuvres en ce genre 
s'élève à plus de soixante ; leurs mélodies sont 
gracieuses, naturelles et faciles à retenir; c'est 
particulièrement à ces qualités qu'elles ont dû 
leur succès. On y remarque un grand nombre 
de pièces pour divers genres de voix seules 
avec accompagnement de piano, des chants à 
deux voix, des quatuors pour soprano, con- 
tralto, ténor et basse, des chants pour des 
chœurs d'hommes, etc. 

KUCZEUA (Geobges), directeur de l'école 
Saint- Adalbert, à Podskal, en Bohême, et bon 
musicien, mort le 91 mai 1757, a laissé en 
manuscrit plusieurs antiennes de la Vierge à 
plusieurs voix, enlre autres un Salve Regina 
estimé. 

KUFF (J.-D.), professeur de musique à 
Ulm, actuellement (1863) vivant, a publié une 
méthode abrégée d'harmonie et d'accompagne- 
ment intitulée : Kurzer, fasslieher, doch voll 
stxndiger UnUrricht im Generalbasse, Uim, 
1817. 

KUFFERATH (Jbaw-Hehman), fils aîné 
d'une nombreuse famille dont six frères se 
sont livrés à la culture de la musique avec des 
succès divers. Jean-Herman est né le 12 mai 
1797, à MUlheim, sur la Ruhr. Dès son en- 
fance, il fit voir d'heureuses dispositions pour 
la musique ; à l'âge de huit ans, il exécuta un 
concerto de violon dans un concert public, 
n'ayant eu jusqu'alors d'autres leçons que 
celles de son père, simple amateur de musique. 
Plus tard, l'habile violoniste Alexander, de 
Duisbourg, développa par ses leçons les fa- 
cultés musicales du jeune Kufferath, qui, sans 
avoir les premières notions de l'harmonie, 
s'occupa aussi de la composition; enfin, il 
parvint à une connaissance assez avancée de 
plusieurs instruments pour en jouer des solos. 
Il n'était âgé que de quinze ans lorsqu'il fut 
choisi pour diriger la musique d'un régiment 
de la Landwehr, et dès ce moment, il s'exerça 
dans l'art d'écrire et d'arranger de la musique 
pour les instruments à vent. Ayant été en 
garnison à Dorlmund, il y reçut des leçons de 
Scheffer, un des meilleurs élèves de Spohr. La 
guerre ayant été déclarée entre la Prusse et 
la France, Rufferalh dut servir pendant trois 
ans comme simple musicien dans un régiment 
de ligne. Pendant quelque temps, il résida à 
Cologne, et lorsqu'il eut obtenu son congé du 
service militaire, il retourna à Mulbeim, où il 
dirigea les concerts, ainsi qu'à Duisbourg et a 
Kleinberg. 

Depuis longtemps, Kufferath désirait rece- 



voir des leçons de Spohr; il jouit de cet avan- 
tage pendant les années 1822 et 1823 où il 
demeura à Cassel. Ce fut aussi à cette époque 
qu'il étudia la composition sous la direction 
de Hauptmann, devenu plus tard directeur de 
l'École Saint-Thomas, à Leipsick. En 1823, 
Kufferath fut appelé à Bielefeld, en qualité de 
directeur de musique- : il y resta jusqu'en 
1830. On lui offrit alors les places de maître de 
.concert à Cologne et de maître de chapelle à 
Paderborn ; mais la régence de la ville d'U- 
trecht lui ayant fait offrir dans la même année 
la place de directeur de musique de- la ville, il 
accepta cette dernière position , à laquelle 
étaient attachées les directions des concerts 
d'hiver et de l'école du chant de la ville, ainsi 
que de la société de chant. Depuis lors, Kuffe- 
rath a puissamment contribué aux progrès de 
la musique dans la ville d'Utrecht par son 
zèle, son activité et son talent. Il y a dirigé 
l'exécution des grands ouvrages de Haydn, de 
Mozart, de Beethoven, de Mendelssohn, de 
Spohr, de Haendel et de Schumann. Comme 
compositeur, il a écrit diverses œuvres de mu- 
sique instrumentale et vocale parmi lesquelles 
on remarque une cantate jubilaire qu'il a écrite 
en 1833, qui fut exécutée dans cette même 
année, puis en 1836 et 1837, et qui a été 
publiée à Leipsick, chez Breitkopf et Hœrlel. 
KUFFERATH (Hubert-Fehdiiund), pro- 
fesseur de piano et compositeur, est né le • 
10 juin 1818, à Mulheim sur la Ruhr, dans la 
province de Clèves-Berg. Dès son enfance, il 
se voua exclusivement à l'étude de la musique; 
à l'âge de dix ans, il jouait du piano, du violon 
et de la flûte d'une manière assez remarquable 
pour se faire entendre sur ces instruments 
dans les concerts. A seize ans, il se rendit à 
Utrecht près dé son frère aîné, qui voulut en 
faire un virtuose violoniste et lui donna des 
leçons pendant trois ans, puis l'envoya à Co- 
logne, chez Hartmann {voyez ce nom), pour 
perfectionner son talent sous sa direction. 
S'élant rendu au festival de Dusseldorf, en 
1839, il eut occasion d'être entendu sur le 
piano par Mendelssohn, qui l'accueillit avec 
beaucoup de bienveillance, et qui, après avoir 
examiné quelques-unes de ses compositions, 
l'engagea à le suivre à Leipsick. M. Kufferath 
avait alors vingt et un ans ; c'est à celle époque 
de sa vie qu'il se livra d'une manière sérieuse 
à l'étude du piano; cependant, par déférence 
pour le désir de son frère, il prit encore des 
leçons de David pour le violon. Pendant deux 
ans et demi il resta sous la direction de Men- 
delssohn pour la composition et eut x>our con- 



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*26 

disciple* chez ce maître, Verhulst, Eckert et 
Horsley. En 1841, il retourna à Cologne et y 
dirigea pendant six mois la société de chant 
Gesang Verein, en remplacement de Conra- 
din Kreutzer, qui venait de s'éloigner de cette 
ville. En 1844, après deux années de voyages, 
M. KufTeralh s'établit à Bruxelles en qualité 
de professeuf de piano et de composition ; de- 
puis lors, il n'a pas quitté cette ville. Les com- 
positions gravées de cet artiste sont celles-ci : 
1° Symphonie à grand orchestre, Bonn; Sim- 
rock. 2° Le même ouvrage arrangé pour piano 
à quatre mains, ibid. o° Ouverture arrangée 
pour piano à quatre mains; Mayence, Schotl. 
4° Concerto pour piano et orchestre, ibid. 
5° Quatuor pour piano, violon, alto et violon- 
celle, ibid. 6° Trio pour piano, violon et vio- 
loncelle, ibid. 7° Six études de concert pour 
piano; Bonn, Simrock. 8° Six idem; Leipsick, 
Ilofmeister. 9° Capriccîo pour piano avec or- 
chestre ; Leipsick, Breitkopf et Hœrlel. 10° An- 
dante, pour violon avec accompagnement de 
piano, Mayence, Schott. 11° Six morceaux ca- 
ractéristiques pour piano, ibid. ; le même 
œuvre transcrit pour violon et piano, par Léo- 
nard, ibid.; idem transcrit pour violoncelle 
et piano par Servais, ibid. 12° Trois pensées 
fugitives pour piano, ibid. 15" Trois morceaux 
pour piano {rêverie, Svherzo, romance), ibid. 
14° Berceuses pour piano, ibid. 15° Romance 
sans paroles pour piano, ibid. 16° Étude de 
salon, idem, ibid. 17° Six divertissements fa- 
ciles idem, ibid. 18° Marche à quatre mains 
idem, ibid. 19° Impromptu à quatre mains 
idem, ibid. 20° Allegro pour piano seul, ibid. 
21° Scherzo idem, ibid. 22° Deux romances 
sans paroles idem, ibid. 23° Quatre cahiers de 
Lieder pour soprano ou ténor. 24°SixZtetfer 
idem, Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. 

KUFFHER (.ÏE*:i-JACQUES-PAUL),né à Nu- 
remberg, en 1715, fuM'ahord organiste en 
celle ville, puis entra au service du prince de 
la Tour et Taxis, à Ralisbonne,en 1750, comme 
claveciniste et compositeur. Il occupa cette 
place pendant trente-six ans, et mourut à l'Age 
de soixante-treize ans, le 12' juillet 1786. Son 
jeu se faisait remarquer par la netteté et l'ex- 
pression, et ses compositions étaient remplies 
de feu et d'idées neuves. On a gravé sous son 
nom à Nuremberg, à Francfort et à Paris, trois 
œuvres de sonates pour clavecin et violon, six 
quatuors pour deux violons, alto et basse, et 
un recueil de petites pièces pour le clavecin. 
La deuxième édition de son premier œuvre de 
sonates a paru en 1762. On trouve aussi dans 
le Catalogue de Traeg, de Vienne, une sonate 



KUFFERATH — KUFFNER 



à quatre mains attribuée à Jean-Jacques-Paul 
Kuffner. 

KUFFNER (GuiLLAUMB-JosBPn) , fils du 
précédent, est né à Kalmunz, près de Ralis- 
bonne, en 1738, et n'a eu pour maître de mu- 
sique et de piano que son père. Vers 1785, sa 
réputation d'habile pianiste et de compositeur 
commença à s'éteindre. Vers cette époque, il 
fit un voyage à Vienne; le prince de Palme l'y 
entendit et l'engagea pour sa musique. Ayant 
parcouru la Bavière dans sa jeunesse, il s'ar- 
rêta à Wtlrzbourg où le retint son amour pour 
Catherine Wassmuth, fille du maître de cha- 
pelle aullque du prince-évêque de ce diocèse. 
Après la mort de Wassmuth, il lui succéda 
dans sa position à la cathédrale. Quelques an- 
nées après, il se rendit à Paris, puis à Lon- 
dres, où il publia quelques sonates pour le 
piano. Il perdit sa femme en 1787, et lui-même 
mourut en 1798, laissant peu de fortune à 
partager entre cinq enfants. 

KUFFNER (Joseph), fils du précédent, 
naquit à Wurzbourg, le 31 mars 1776. Il était 
à peine âgé de onze ans, lorsqu'il perdit sa 
mère. Destiné par son père à la carrière des 
sciences et des lettres, il fut envoyé au collège 
où il fil ses études d'une manière honorable, 
puis il suivit les cours de l'université. En 1793, 
il acheva ses éludes de philosophie. Pendant 
qu'il fréquentait les écoles, son père lui avait 
enseigné les principes de la musique, et Kuff- 
ner s'était épris de passion pour le violon. Le 
maître de concert, Laurence Schmill, lui donna 
des leçons de cet instrument, et les progrès de 
Kuffner furent si rapides, qu'il put exécuter 
dans les concerts d'hiver, en 1794 et 1795, des 
concertos de Mestrino et de Viotti. Ayant fini 
son cours de droit, il entra chez un avo- 
cat pour y faire son stage; mais, en 1797, 
l'évéque le fit attacher à la musique de sa cha- 
pelle comme surnuméraire, avec promesse de 
la première place vacante et d'un emploi dans 
l'administration. La mort de son père changea 
sa position et l'obligea à donner des leçons de 
violon, de clavecin, et même de langue latine, 
afin de pourvoir à son existence. Le peu de 
temps qui lui restait, il l'employait à perfec- 
tionner son instruction dans l'art. Le désir de 
composer l'occupa dès lors ; mais il n'avait au- 
cune notion d'harmonie. Un ami lui prêta le 
livre de Rnecht sur cette matière; il le lut avi- 
dement et se mit à faire quelques essais de 
compositions légères en quatuor pour des in- 
struments à cordes. Les encouragements de 
ses amis l'ayant déterminé à continuer ses 
éludes de composition, il prit des leçons de 



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KUFFNER — KUFNER 



427 



Frœhlich, et bientôt après il commença à se 
faire connaître par de petits ouvrages pour le 
clavecin, la flûte et la guitare. Ses sérénades 
pour guitare, flûte et alto, faites à l'imitation 
de celles de Léonard de Call, obtinrent un bril- 
lant succès. 

En 1802, Wtlrzbourgetson territoire ayant 
passé sous la domination de la Bavière, tout 
espoir d'obtenir des emplois lucratifs dans la 
chapelle et dans l'administration fut perdu 
pour KufTner; il accepta une place de chef de 
musique dans un régi ment bavarois, et son ac- 
tivité productrice se tourna particulièrement 
vers la composition des pièces d'harmonie mi- 
litaire. Pendant plusieurs années, il n'eut pas 
d'autre occupation que son service militaire et 
la composition de ce genre de musique ; mais 
W 11 rz bourg étant échu à l'archiduc Ferdinand, 
comme grand-duché ; ce prince, grand amateur 
de musique, nomma KufTner musicien de la 
chambre et de la cour avec un traitement 
d'environ quatre cents florins, et y ajouta la 
place de chef de la musique militaire, avec un 
autre traitement de trois cents florins. Alors la 
position de l'artiste devint satisfaisante. Il 
s'était marié en 1801 et trouvait dans son 
ménage les joies de la famille : tout lui sourit 
dès ce moment. Ses ouvrages étaient recher- 
chés par les éditeurs, et sa réputation s'éten- 
dait de jour en jour. En 1811, André, d'Offcn- 
bach, avait commencé la publication de ses 
suites pour musique militaire; elles devinrent 
bientôt le répertoire de toutes les sociétés 
d'harmonie. Des offres brillantes furent faites 
à KufTner pour le fixera l'étranger, mais il ne 
les accepta pas et préféra conserver sa vie calme 
et ses douces habitudes. 

En 1814, le grand-duché de Wtlrzbourg fut 
réuni de nouveau à la Bavière, et KufTner fut 
mis à la pension, ainsi que tous les autres 
musiciens de la chapelle; mais cet événement 
qui, autrefois, aurait pu porter le trouble dans 
son existence, n'eut pas alors les mêmes in- 
convénients. Ses ouvrages étaient recherchés 
par tous les éditeurs et lui assuraient une ai- 
sance dont le ebarme s'augmenta par l'indé- 
pendance qu'il avait acquise. En 1837, il écri- 
vit ses deux premières symphonies qui furent 
publiées à la maison Scholt, de Mayence ; bien- 
tôt en parut une troisième, chez André. Ce 
temps est celui où la fécondité productrice de 
l'artiste prit le plus grand essor. Il arrangea 
presque tous les opéras modernes en harmo- 
nie, et fit paraître dans le même temps une 
multitude de productions de différents genres. 
Le nombre de ses ouvrages publiés s'élève à 



plus de trois cents, et plus de soixante inédits 
se sont trouvés après sa mort. A l'époque où 
des sociétés d'harmonie se trouvaient partout, 
particulièrement en Belgique et en Allemagne, 
KufTner était la providence qui les alimentait. 
Chez elles, la réputation de ce musicien eflfa- 
çait toutes les autres. Sa musique ne se distin- 
guait cependant ni par la nouveauté des idées, 
ni par les qualités du style; mais elle était 
brillante pour le temps et d'une exécution fa- 
cile. Lorsqu'il visita la Belgique, en 1829, 
quelques-unes de ces sociétés le fêtèrent à 
l'envi, et toutes lui envoyèrent un diplôme de 
membre honoraire. Au mois d'août 1850, il 
présida à Bruxelles le jury d'un grand con- 
cours où vingt-neuf sociétés se disputèrent le 
prix ; il y fut l'objet d'une véritable ovation. 
En 1855, la société d'harmonie lui offrit son 
portrait peint par Gustave Wappers. Kuffner 
est mort a Wltrzbourg, le 9 septembre 1856, à 
l'âge de quatre-vingts ans et quelques mois. 
Aujourd'hui, toute sa musique est tombée dans 
l'oubli. 

Les œuvres les plus importantes de cet ar- 
tiste sont celles-ci : 1° Sept symphonies à grand 
orchestre, publiées à Mayence, chez Scholt, et 
à Oflenbach, chez André. 2° Dix ouvertures 
ider$, œuvres 74, 130, 172, 173, 174, 175, 
176, 177, 185, 184. 3° Des pièces d'harmonie 
de tout genre a six, huit, dix et douze parties, 
au nombre de plus de vingt cahiers. 4° Des 
pièces de musique militaire, marches, pas 
redoublés, ouvertures, pots-pourris, fantai- 
sies, thèmes variés, etc., au nombre de plus 
de soixante cahiers. 5° Des quatuors pour deux 
violons, alto et basse, œuvres 41, 42, 48, 52, 
89 et 90; Mayence, Scholt; Oflenbach, André. 
6° Concerto pour alto, op. 159; Mayencc, 
Scholt. 7° Quintettes pour flûte,. deux violons, 
alto et basse, op. 32,55 et 66; Paris, Ricliault. 
8° Trios pour trois flûtes et duos pour deux 
flûtes, cinq œuvres, ibid. 9° Plusieurs œuvres 
de duos pour deux clarinettes, ibid. 10° Une 
multitude de morceaux de guitare seule ou ac- 
compagnée. 11° Sonates, duos et pots-pourris 
pour piano et violon, quinze œuvres ; Mayence, 
Scholt; Oflenbach, André, etc. : l'œuvre 510 
est une fantaisie avec variations pour violon 
principal et orchestre. KufTner a composé 
aussi l'opéra comique en un acte, intitulé : le 
Cornet, dont la partition pour piano a été pu - 
bliéeen1842. 

KUFHER (le P. Liberati), né en 1751, 
dans le Haut Palatinat, étudia dès son enfance 
l'orgue et le contrepoint chez un organiste 
nommé Rueder, et fit ses éludes littéraires à 



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1Î8 



KUFNER — KUHLAU 



Amberg. En 1750, il entra dans Tordre des 
Franciscains, et quelques années après, il fut 
choisi comme organiste du couvent de Regel - 
liolzgaden. Il improvisait avec un rare talent 
à quatre ou cinq parties sur des thèmes donnés, 
et a laissé en manuscrit des pièces d'orgue 
qui donnent une haute idée de son mérite. 
Beaucoup de bons élèves ont été formés par lui. 
Il est mort dans son couvent en 1799. 

KUGEL3IAIN (Jean), musicien de la pre- 
mière moitié du seizième siècle, vécut à Kce- 
nigsberg, vers 1525, puis fut tromboniste à 
Nuremberg. Il a publié un recueil qui a pour 
litre : Concentus novi trium vocum, eccle- 
siarum usui in Prussia prxcipue accomo- 
datus. Joanne Kugelmano, tubicinae $ym- 
phontarum aulhore. Item etliche Stuck } mit 
acht, sechs, fiinf und vier Slymmen hin- 
zugethan. Augustx Findelicorum per Met- 
thiorem Kriesstein, 1540, in-8° obi. Outre les 
compositions deKugelman, on trouve dans ce 
recueil des morceaux de Blankmuller, de 
Georges Frœhlich, de Jean Heugel, de Valen- 
tin Scbsllinger et de Thomas Stdlzer. 

KUI1E (Guillaume), pianiste et composi- 
teur de musique de salon, est né & Slutlgard, 
en 1822. Il s'est fixé à Londres comme pro- 
fesseur de son instrument, en 1848. On a pu- 
blié de cet artiste un grand nombre d'oeuvres 
légères pour le piano parmi lesquelles on re- 
marque des Lieder sans paroles, k l'imitation 
de Mendelssobn,op. 12; Stultgard, Ha 11 berger ; 
Chanson d'Amour, romance sans paroles, 
op. 17, ibid.; le Carillon (das Glockenspiel), 
op. 13, ibid. ; Réminiscences de Lucrèce Bor- 
gia, grande fantaisie, op. 16, ibid. 

KUHLAU (Fbédéric) , compositeur, na- 
quit en 1786, àUelzen, dans le pays de Lune- 
bourg, près des frontières du Ilolslein. Avant 
d'avoir atteint Page de sept ans, il fut envoyé 
par sa mère, dans une soirée obscure d'hiver, 
pour puiser de l'eau à une fontaine; chemin 
faisant il tomba, se blessa et perdit un œil. 
Déjà à celte époque, il faisait apercevoir les 
plus heureuses dispositions ; ses parents, bien 
que peu fortunés, se 'décidèrent à les cultiver. 
Ils lui firent donner d'abord quelques leçons 
de clavecin, puis l'envoyèrent à Brunswick, 
pour qu'il y fréquentât l'école de chant. Il ap- 
prit aussi dans celle ville à jouer de plusieurs 
instruments, entre autres, de la flûte. Il ne 
s'éloigna de Brunswick que pour se rendre à 
Hambourg, où Schwenke, directeur de mu- 
sique, compléta son éducalion musicale en lui 
enseignant l'harmonie et les éléments de la I 
composition. Pendant son séjour à Hambourg, I 



Kublau commença k publier ses premières 
compositions, la plupart pour le piano et la 
flûte. Pour échapper à la conscription établie 
sous la domination française, il fut obligé de 
se réfugiera Copenhague en 1810; dès ce mo- 
ment son talent prit un élan qui, jusque-là, 
avait été comprimé par des circonstances peu 
favorables. Kuhlau fut d'abord placé comme 
première flûte à la chapelle de la cour, avec le 
titre de musicien de la chambre. L'Opéra-Na- 
tional était alors dans une situation peu flo- 
rissante en Danemark; Kuhlau conçut le 
projet de travailler à sa reslauralioo, et pour 
l'exécution de ce dessein il écrivit la musique 
d'un drame intitulé : Rœverbergen (la Mon- 
tagne des brigands). Le succès de cet ouvrage 
fut éclatant et produisit une vive sensation 
dans le pays. On oubliait que le musicien était 
Allemand de naissance, et tout le moude l'ap- 
pelait le grand compositeur danois. Il est 
vrai que Kuhlau, empruntant sa couleur 
locale aux chants nationaux du Danemark, 
avait réussi à donner à son opéra le caractère 
particulier de la musique du Nord. Élisa, son 
second ouvrage dramatique, suivit de près le 
premier : il ne fut pas moins bien accueilli, 
quoiqu'il n'eût pas au même degré le mérite 
de l'originalité. Après la première représenta- 
tion, Kuhlau reçut du roi de Danemark le 
titre de compositeur de la conr, avec une dis- 
pense d'assister à l'orchestre comme exécu- 
tant. L'artiste prit alors la résolution de se 
fixer en Danemark, acheta une maison à 
Lyngbye, petite ville peu éloignée de Copen- 
hague, et s'y établit avec ses parents qu'il 
avait fait venir d'Allemagne. Dans son nou- 
veau séjour, il écrivit la plus grande partie 
de cette multitude de compositions instrumen- 
tales connues sous son nom, et ses opéras da- 
nois intitulés : Zulu, la Harpe enchantée, 
Hugo og Jdelheid, et Elverhoe (la Montagne 
des Elfes). Ce dernier ouvrage, qui fut repré- 
senté en 1828, est plutôt une sorte de vaude- 
ville composé d'airs anciens du Danemark, 
qu'un opéra ; mais ces chants ont tant d'at- 
trait pour les habitants du pays, que l'ouvrage 
obtint un succès d'enlhousiasme. Il est vrai 
qu'il y avait beaucoup d'art dans l'usage que 
Kuhlau avait su faire de ces mélodies natio- 
nales. Au surplus, la brillante réputation de 
cet artiste en Allemagne et en France est due 
plutôt & ses compositions instrumentales pour 
la flûte et le piano qu'à sa musique dramati- 
que. Un incendie, qui réduisit en cendres, en 
1850, la plus grande partie de son habitation, 
détruisit les manuscrits de plusieurs ouvrages 



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KUHLAU — KUHMSTEDT 



129 



considérables : 1c chagrin que lui causa cet 
événement, joint à celui qu'il ressentit à la 
mort de son père, ébranla sa santé, qui jus- 
que-là avait été bonne; après une année pas- 
sée dans une situation languissante, une ma- 
ladie sérieuse se déclara et le conduisit au 
tombeau dans Thi ver de 1852. A ses funérailles, 
qui furent faites avec pompe, on exécuta une 
marche funèbre de sa composition , et le 
théâtre, ainsi que plusieurs sociétés particu- 
lières honorèrent sa mémoire par diverses 
solennités. 

On a gravé quelques-unes des ouvertures 
des opéras de Kublau pour l'orchestre, Leip- 
sick, Breitkopf et Hœrtel. Parmi ses autres 
compositions, on remarque : 1° Trois quin- 
tettes pour la flûte, op. 51 ; Bonn, Si m rock. 
2° Trios concertants pour trois flûtes, op. 15; 
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel, Paris, Faire ne; 
op. 86, Hambourg, Bœhme. o° Duos pour deux 
flûtes, op. 10, 59, 80, 102; Leipsick, Breitkopf 
et Hsertel; Paris, Fa rrenc. 4° Sol os, fantaisies, 
divertissements, etc., pour flûte seule, op. 57, 
68, 75, etc.; Leipsick, Hambourg, Paris. 
5° Concertos pour piano, op. 7, 95; Leipsick, 
Breitkopf et Hœrtel. 6° Quatuors pour piano, 
op. 52, 50, tout.; Bonn, Simrock. 7° Sonates 
pour piano et violon, op. 6, 55, 64, 69,71,79, 
33, 85; Leipsick, Bonn, Copenhague, Ham- 
bourg, Mayence, Paris. 8° Sonates pour piano 
a quatre mains, op. 8, 17, 44, 66 ; Hambourg, 
Copenhague. 9° Rondos et variations idem, 
op. 58, 70, 72, 75, 76, ibid. 10° Sonates pour 
piano seul, op. 5, 20, 26, 50, 54, 46, 52, 55, 
59, 60, 88, ibid. 1 1° Beaucoup de rondeaux et 
de divertissements idem, ibid. 12° Beaucoup 
de thèmes variés idem, ibid. 15° Plusieurs 
cahiers de danses, de valses, etc., idem, ibid. 
14° Plusieurs cahiers de chants pour quatre 
voix d'hommes, ibid. 15° Onze cahiers de 
chants à voix seule, avec accompagnement de 
piano, ibid. 

KUHMSTEDT (Frédéric), compositeur, 
directeur et professeur de musique à Eisenach, 
est né & Oldisleben, dans le grand-duché de 
Saxe- Weimar, le 20 décembre 1809. Organisé 
pour la musique, il lit dès sa première enfance 
de rapides progrès dans les éléments de cet 
art, sous la direction de Zœlner, cantor du 
lieu de sa naissance. A l'âge de dix ans, son 
penchant pour la musique était devenu une 
passion ; mais ses parents, le destinant à l'étude 
«le la théologie, multiplièrent les obstacles 
pour l'empêcher d'acquérir des connaissances 
dans un art qui avait pour lui tant d'attraits. 
A l'âge de douze ans, il fut envoyé au collège 

BIOGR. U.XIV. DES ■ US1C1E3S. T. T. 



de Frankcnhausen, petite ville delà princi- 
pauté de Schwarzbourg-Rudolstadt, où se trou- 
vent des eaux thermales qui attirent les 
étrangers. Le lieu était mal choisi pour guérir 
Kuhmstedt de sa mélomanie, car il y vint une 
troupe de comédiens ambulants qui représen- 
tèrent le Freyschiits de Weber, et le jeune 
étudiant y chanta dans les chœurs. .Un monde 
nouveau de musique s'ouvrit dès ce moment 
pour lui : il en eut des vertiges; mais toutes 
ses sollicitations furent vaines : il ne put 
changer les résolutions de ses parents. A seize 
ans, on le plaça au collège de Weimar avec le 
dessein de loi faire suivre plus tard les cours 
de l'université de Jéna. Là, les concerts, 
l'opéra et la musique d'église donnèrent de 
nouveaux aliments à la passion de Kuhmstedt. 
Pendant trois ans, il fut dans un état de souf- 
france de ne pouvoir se livrer en liberté à la 
culture de l'art pour lequel il était né. Enfin, 
parvenu à l'âge de dix-neuf ans, il prit une 
résolution énergique, et seul, à pied, presque 
sans argent, il franchit l'énorme distance qui 
le séparait de Darmstadt, pour aller demander 
au célèbre organiste Rink une instruction 
théorique et pratique dont il éprouvait l'im- 
périeux besoin. Trois années d'études sous cet 
excellent maître suffirent pour faire de Kuhm- 
stedt un musicien instruit, un bon organiste 
et un pianiste habile. De retour dans sa fa- 
mille, il se réconcilia avec elle et parvint à lui 
donner des idées plus justes sur la musique et 
sur ceux qui la cultivent. Ce fut alors qu'il 
écrivit un opéra intitulé Die Schlangen 
Kœnigin (la Reine des serpents), et plusieurs 
autres ouvrages qui furent terminés dans sa 
vingt-troisième année. Il formaitle projet d'un 
voyage d'artiste dans les villes principales de 
l'Allemagne, pour se faire connaître comme 
pianiste, organiste et compositeur, lorsqu'un 
accident funeste, inattendu, vint tout à coup 
dissiper ses rêves de bonheur, et le priver en 
quelque sorte de tout moyen d'existence. Une 
paralysie de la main droite se déclara subite- 
ment, san3 cause apparente, et le mit dans 
l'impossibilité de jouer d'un instrument et de 
faire entendre ses ouvrages. L'espoir de trouver 
quelque remède pour son mal, et le désir de 
faire mettre en scène son opéra, le conduisi- 
rent d'abord à Weimar, puis à Leipsick, et 
enfin à Berlin, mais inutilement pour un but 
comme pour l'autre. Il retourna à Weimar 
pauvre, maladif, et y vécut misérablement, en 
donnant quelques leçons de piano mal payées. 
Quelques années se passèrent ainsi : enfin, la 
place de directeur de musique à Eisenach de- 

9 



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Î30 



KUHMSTÉDT - KÛHN 



vint vacante, et le pauvre artiste l'obtint avec 
le modique traitement de moins de deux cents 
écns de Prusse (à peine sept cent cinquante 
francs). C'était une amélioration à sa situa- 
tion ; mais il n'en avait pas fini avec l'infor- 
tune; car il se maria, et le jour de ses noces, 
sa femme fut frappée de mort subite, en sor- 
tant du temple. Accablé par ce nouveau mal- 
heur, Kuhmstedt resta quelque temps dans 
l'inaction; mais après avoir épuisé cette dou- 
leur, l'amour de l'art lui revint, et il se remit 
au travail. Il avait pris l'habitude d'écrire sa 
musique de la main gauche et maniait sa 
plume avec autant de dextérité qu'il aurait pu 
le faire de sa droite. Ce fut alors que commença 
sa grande activité productrice et qu'il écrivit 
son oratorio de la Résurrection du Christ 
(Die Auferstehung Test*); deux grandes 
symphonies, exécutées à Cassel, en 1843 et 
1844; un autre oratorio intitulé Der Sieg des 
GŒttliçhen (le Triomphe des choses divines); 
une messe solennelle à quatre voix et or- 
chestre ; deux grandes ballades avec chœur et 
orchestre; plusieurs ballades et Lieder avec 
accompagnement de piano; des hymnes, des 
motets et d'autres pièces pour l'église, avec 
et sans accompagnement ; des concertos et des 
sonates pour piano ; des rondos, caprices et 
fantaisies pour le même instrument, op. 15, 
16, publiés à Leipsick, chez Hofmeister; une 
grande fugue de concert à quatre parties, sur 
un thème donné par Liszt, op. 24, Erfurt, 
Kœrner; une bonne introduction à l'étude 
des œuvres de J.-S. Bach, pour les organistes 
et les pianistes, sous ce titre : Gradue ad 
Parnassum, oder Vorschule zu Seb. Bach 
Jttavier und Orgel compositionen, op. 4; 
Mayence, Scholt. Cet ouvrage, composé de six 
suites, renferme des préludes et fugues, dans 
tous les tons majeurs et mineurs, pour l'orgue 
et le clavecin. On a aussi de RUhmstedt : 
Vingt-cinq préludes faciles et mélodieux pour 
l'orgue, à l'usage du service divin, op. 5, 
in«4 9 ; Erfurt, Kœrner; vingt-cinq idem, 
op. 12; Mayence, Schott; huit pièces d'orgue 
de différents genres pour l'étude et pour le 
service divin, op. 17; Erfurt, Kœrner; quatre 
fugues pour servir de conclusions, op. 18, 
ibid.; grande double fugue pour servir de 
pièce de concert d'orgue, op. 28, ibid. ; Fan- 
tasia eroica pour orgue, op. 29, ibid. ; re- 
cueil de fugues et de grands préludes idem, 
op. 19; Mayence, Schott; VArt de préluder 
sur l'orgue (die Kunst des Vorspiels fur 
Orgel), op. C, ibid. Kuhmstedt est aussi auteur 
d'un traité d'harmonie pour ceux qui veulent 



apprendre cette science sans le secours d'un 
maître (Theoretisch-praktische Harmonien- 
und Ausweichungslehre fiir aile diejenigen, 
toelche, ohne den mUndlichen Unterricht 
eines Meisters genieesen xu kœnnen, sich die 
ncèthige praktische Fertigkeit im reinen 
Satz-und harmonische Gewandtheite in 
kurzer Zeit aneignen wollen , Eisenach , 
Bœrnker, 1858, in-4°deXX et de cent trente 
pages. La réputation méritée qu'avaient faite 
à Kuhmstedt ses compositions et ses ouvrages 
didactiques le firent rechercher comme pro- 
fesseur; il eut beaucoup d'élèves, et sa position 
fut heureuse dans ses dernières années. Cet 
artiste estimable est mort à Eisenach, le 
8 janvier 1858, à l'âge de quarante -huit 
ans. 

KCHN (Adam-Ïhederic), magister et rec- 
teur au gymnase de Sorau, mort le 18 octobre 
1795, a public', au nombre de plusieurs savants 
écrits : !• Ueber Lieder fiir die Jugend (Sur 
les chansons pour la jeunesse), Sorau, 1787, 
in-4° de 16 pages. 2° Beytrxg %u einer 
Allgem. Schulgesangbuche fUr die gebilde- 
tere Jugend (Essai d'une méthode générale de 
chant pour la jeunesse bien élevée), ibid., 
1795, in-8*. 

KtJHN (Antoine L.), professeur de piano, 
à Manheim, vers la fin du dix-huitième siècle, 
y a publié : 1° Trois sonates pour clavecin et 
violon, op. 1, 1785. 2° Trois idem, op. 2, 
ibid. 3« Trois idem, op. 3, ibid., 1786. 
4° Trois idem, op. 5, ibid. 5« Petites pièces 
pour clavecin, op. 7, ibid., op. 8, Baie. 

KtJHIX (Joseph), professeur de musique 
élémentaire à Amerbach (Cercle du Mein 
inférieur, en Bavière), est auteur d'un livre 
qui a pour titre : Harmonielehre nebst An- 
leitung %um Generalbass-spielen, mit JVo- 
tenbeispielen (Science de l'harmonie suivie 
d'une instruction pour jouer la .basse continue, 
avec des exemples notés) , Wurzbourg, Struker, 
1825, in-8*. 

KÈHN (Joseph -Ci ables) , professeur de 
musique et compositeur a Liegnitz, est né à 
Elbing, le 30 avril 1803. Après avoir appris 
pendant six ans les éléments de la musique 
et de l'art de jouer du piano, sous la direction 
de M. Urban, conseiller de la ville et directeur 
de musique, il a fait, en 1825, un grand 
voyage en Allemagne, dans lequel il s'est fait 
connaître avantageusement comme virtuose. 
Il s'est ensuite établi à Breslau, pour enseigner 
l'harmonie et la composition, et a écrit pour 
ses élèves dans cette dernière partie de la 
science un manuel spécial intitulé ; la Doctrine 



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KUHN - KÙHNAU 



131 



-des fugues mise en ordre et appliquée par 
■des exemples. Après un séjour de trois ans en 
cette ville, M. Ktibn a recommencé ses voyages 
et a visité l'Autriche et la Bohême; puis il est 
retourné dans la Silésie, d'abord à Neisse, où 
il a fait un séjour de onze mois, ensuite à 
Liegnitz. Depuis ce temps il a écrit un très- 
grand nombre de compositions de tout genre, 
mais il n'en a été publié qu'une petite partie, 
dans laquelle on remarque une fantaisie pour 
clarinette et orchestre, un Miserere à deux 
voix, et quelques chansons avec accompagne- 
ment de piano. 11 a composé trois opéras 
(Fédor et Marie, les Ouvriers mineurs, Ca- 
lypso), qui n'ont point été représentés et qui 
sont encore en manuscrit, ainsi que plusieurs 
messes, un Te Deum à quatre voix et or- 
chestre, deux symphonies, plusieurs ouver- 
tures, concertos et caprices pour hautbois, 
fantaisies pour l'orchestre, concertos et autres 
morceaux pour basson, quatuors, sonates et 
rondeaux pour piano, chansons à plusieurs 
voix, etc. On a aussi de Ktthn un petit ou- 
vrage intitulé : 48 Uébergxnge von C dur 
und C moll nach aller Dur-und Molltonar- 
ten (Quarante-huit transitions des tons d'uf 
majeur et d'tif mineur dans tous les tons 
majeurs et mineurs), op. 10, Vienne, Has- 
linger (1829), petit in -fol. obi. de treize pages. 
Cet artiste montre dans quelques-uns de ses 
ouvrages des qualités estimables et une. cer- 
taine élévation de style. 

KUHN (Georges), né à Montbéliard (Doubs), 
le 26 novembre 1789, fit ses premières études 
musicales dans celte ville. A l'âge de dix-huit 
ans, il se rendit à Paris et fut admis au Con- 
servatoire comme élève de Catel pour l'har- 
monie. Plus tard, il étudia le contrepoint 
sous la direction de Cherubini et devint 
habile dans l'art d'écrire. Le 15 avril 1822, 
il fut nommé professeur de solfège au Con- 
servatoire. Livré à l'enseignement, Kuhn pu- 
blia divers ouvrages élémentaires, au nombre 
desquels on remarque un Solfège des écoles, 
Paris, 1824; un Tableau de la génération 
des accords; un Recueil de contrepoints 
doubles et de fugues scolastiques, et un Sol- 
fège des chanteurs avec accompagnement de 
piano, ou méthode analytique de musique, 
Paris, Benoit et Heissonnier, 1851, gr. in-4°. 
Lorsque les Concerts du conservatoire furent 
rétablis, en 1829, par une association de ses 
anciens élèves qui prit le titre de Société des 
concerts, Cherubini lui confia, en qualité de 
professeur, une classe de chant d'ensemble 
destinée a cet objet. Kuhn enseignait aussi la 



théorie de la musique et le solfège aux élèves 
du pensionnat du Conservatoire. 

Né dans la religion réformée, il dirigeait la 
musique au temple protestant de la rue* des 
Fillettes . En 1832, il publia un recueil de 
chants à voix seule et à plusieurs voix, à 
l'usage de ce culte. Ayant amassé, par ses 
économies, le capital d'un revenu modeste, il 
prit sa retraite de professeur au Conservatoire, 
le 1 CT février 1848, et obtint la pension en 
récompense de ses longs et honorables services. 
En 1849, il retourna à Montbéliard et y passa 
ses dernières années dans le repos et l'étude 
des œuvres classiques. Il y est mort, le 26 sep- 
tembre 1858, à l'âge de soixante-neuf ans. 

KCHNAU (Jean), savant musicien, naquit 
au mois d'avril 1667, à Geysing, en Saxe, sur 
les frontières de la Bohême, où ses ancêtres 
s'étaient retirés à l'époque des troubles reli- 
gieux. Lorsqu'il eut atteint l'âge de neuf ans, 
ses parents l'envoyèrent à l'école de Sainte- 
Croix, à Dresde. Alexandre Bering, organiste 
de cette paroisse, lui donna les premières le- 
çons de musique. II fit sous ce maître de ra- 
pides progrès ; à petne avait-il atteint l'âge de 
douze ans, que déjà il écrivait de petites com- 
positions. Ces premiers essais intéressèrent 
en sa faveur le maître de chapelle Vincent 
Albricci, qui lui permit d'étudier les partitions 
de ses ouvrages, et d'assister aux répétitions 
et aux exercices de la chapelle. Admis dans la 
famille de ce maître, il y recueillit, entre au- 
tres avantages, celui d'apprendre de bonne 
heure la langue italienne, la seule qu'on y. 
parlât. Dans le même temps, il prenait des 
leçons de français. Une maladie épidémique, 
assez semblable à la peste, se manifesta tout à 
coup à Dresde, en 1680, et fut cause que les 
parents de Ktihnau le rappelèrent près d'eux, 
avant qu'M eût eu le temps de se préparer à 
finir ses études à l'Université. A peine de re- 
tour à Geysing, il reçut de Titius, cantor à Zit- 
tau, l'invitation de se rendre au Gymnase de 
celte ville, pour y continuer ses études sous 
la direction de Weiss, alors recteur de celte 
école. Il s'y rendit en effet et sut bientôt ac- 
quérir l'amitié de son maître par ses progrès 
dans les sciences et par son mérite comme mu- 
sicien. L'époque approchait où l'on devait élire 
àZiltau les magistrats de la ville, et l'usage 
exigeait qu'on célébrât cet événement par un 
discours suivi d'une musique solennelle. La 
protection de Weiss valut à Kuhnau l'hon- 
neur d'être choisi pour composer le motet qui 
devait être chanté en celle circonstance. Il 
choisit pour sujet le texte du psaume 20; cl 



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433 



KÛHNAU 



il termina son ouvrage par plusieurs cantiques 
allemands. Ce psaume fut chanté par un 
double chœur que Kuhnau dirigeait lui- 
même. 

En 1682, il alla à l'Université de Leipsick. 
Le titre d'élève d'Albricci le fit accueillir avec 
empressement dans les meilleures maisons de 
la ville. Une circonstance favorable se présenta 
bientôt pour le faire connaître avec avantage. 
L'électeur de Saxe Jean-Georges venait de 
rentrer dans ses États, après avoir vaincu les 
Turcs. Il visita Leipsick à l'époque de la foire, 
et les étudiants de l'Université chantèrent à 
cette occasion un grand morceau composé par 
Kuhnau, et qu'il dirigea lui-même. Cette com- 
position produisit un bel effet. Elle fixa l'at- 
tention générale sur son auteur qui, à la mort 
de Kuhnel, organiste de l'église Saint-Tho- 
mas, fut élu pour son remplaçant, en 1684, 
quoiqu'il ne fût âgé que de dix-sept ans. Cette 
place lui ayant fourni les moyens de continuer 
ses études, il commença celle de la jurispru- 
dence, fréquenta les leçons des meilleurs pro- 
fesseurs, soutint plusieurs thèses surdiffércnts 
sujets, entre autres une en langue grecque, et 
obtint enfin le titre d'avocat. Le savoir, la pru- 
dence et la droiture dont il fil preuve dans les 
procès qui lui furent confiés, lui concilièrent 
l'estime générale. Dans le môme temps, il cul- 
tivait les mathématiques, ainsi que la philolo- 
gie grecque et hébraïque. Il traduisit aussi 
plusieurs ouvrages du français et de l'italien, 
écrivit des compositions musicales de diffé- 
rents genres, et des traités relatifs à l'histoire 
ou à la théorie de la musique. En 1700, on le 
choisit pour remplir la place de directeur de 
musique de l'Université de Leipsick; dans 
l'année suivante, après la mort de Schelle, 
il joignit à ces fonctions celles de cantor ou de 
maître des enfants de l'école Saint-Thomas, 
et de plus il fut organiste des deux églises 
principales de la ville. Il mourut à l'âge de 
cinquante-ciuq ans, le 25 juin 1722. 

Les ouvrages de Ktlhnau relatifs à la mu- 
sique sont : 1° Une thèse académique qu'il 
soutint à l'Université de Leipsick pour ses 
licences d'avocat, et qui est citée parWalther, 
Matlheson, Forkel, Gerber et tous leurs co- 
pistes, sous ce titre : Dissertatio de Juribus 
eirca musicos ecelesiasticos, mais dont le 
titre véritable, bien prolixe à la vérité, est 
celui-ci : Divini Numinis assistentia illus- 
trisque Juriconsultorum in fiorentissima 
Academia Lipsiensi Ordinis indultu Jura 
circa Musicos ecelesiasticos, sub modera- 
mine Dn. Andréas Mylii, /. U. D. Inst. 



Jmp. P. P. et Facullalis Juridicx Assesso- 
ris, Domini Patroni, Prxceplorisque sut, 
omni honoris et observantix cultu œtatem 
suspiciendi ad diem 21 decembris 1688, (oco 
horisque consuetis publics? Eruditorum dis- 
quisitioni submittit Johannes Kuhnau, au- 
tor, Lipsi», Literis Christiani -Blankmanni, 
1688, in-4° de quarante-quatre pages. 2° Ver 
Musikalische Quack-Salber , nicht allein de- 
nen verstendigen Liebhabern der Musik, 
sondern auch allen andern, welche in dieser 
Kunst keine sonderbare Wissenschaft ha- 
ben, etc. (le Charlatan musicien, «te), 
Dresde, Jean-Christophe Mieth, 1700, in-12 
de cinq cent trente-quatre pages. Ce livre est 
une sorte de roman satirique dirigé contre la 
musique italienne, alors en vogue à la cour de 
Saxe, et contre les musiciens italiens qui y 
étaient en faveur. Rempli de plaisanteries 
lourdes et de mauvais goût, de pédanlisme, et 
d'interminables divagations, cet ouvrage, dont 
le héros est un certain Carafa, maître de cha- 
pelle ignorant et charlatan, n'est plus lisible 
aujourd'hui. Les autres ouvrages théoriques de 
Kuhnau sont restés en manuscrit : ils ont pour 
litre : 3° Traclatus de Telracordo seu mu- 
sica antiqua ac'hodierna. 4° Introduciio ad 
compositionem musicalem, 1696. 5° Dispu- 
tatio de Triade harmonica. Walther a indi- 
qué le contenu de ces trois ouvrages, dans son 
Lexique de musique. Le même auteur donne 
les litres suivants des compositions de Kuhnau : 
1 ° Zxcei Theile der Clavier- Ubung aus \4 Par- 
tien zusammen bestehend (Exercices de cla- 
vecin, deux cahiers, en quatorze suites), 
Leipsick, 1689. 2° Die Clavier- Frûchten aus 
7 Sonaten (les Fruits du clavecin, en sept sq- 
nates), 1696; ouvrage d'un excellent style qui 
a servi de modèle à plusieurs compositeurs 
plus modernes. 3° Biblische Historien von 
6 Sonaten (Histoires Urées de la Bible, avec 
les explications, en six sonates), 1700. 

M. Ch. Ferd. Becker, de Leipsick, a publié 
dans celte ville douze pièces choisies dans les 
œuvres des clavecinistes des dix-septième et 
dix-huitième siècles et y a inséré deux mor- 
ceaux de Kuhnau tirés, l'un de la deuxième 
partie des Exercices (Clavier Ùbung), l'autre 
du recueil intitulé : Clavier- Friichten (Fruits 
du clavecin); il donne au premier de ces re- 
cueils la date de Leipsick, 1695, et à l'autre, 
celle de 1710. M. Farrenc,qui a inséré les sept 
sonates de Kuhnau dans la deuxième partie de 
sa magnifique collection intitulée Trésor des 
pianistes, y a joint une bonne notice dans 
laquelle il a rétabli les véritables titres, d'après 



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KUIINÀU 



133 



un exemplaire qui m'appartient, en les ac- 
compagnant de quelques observations. Voici 
ces titres : a Johann Kiihnauens Neuer Cla- 
vier Ùbung andern Tkeil das ist sieben 
Partie n»aus dem Re, mi, fa, oder Tertia 
minore eines jediceden Toni, benebensteiner 
Sonata aus dem B. denen Liebhabern dièses 
Instruments besondern Fergnugen auffge- 
setzet. Leipsick , in Ferlegung des Autors. 
II n'y a pas de date sur le titre ; mais à la fin 
de l'avis au lecteur, gravé, qui suit, on lit : 
Leipsig, anno 1703; mais il est facile de voir 
que la planche a été retouchée, car les carac- 
tères de cette date ne sont pas ceux de l'avis 
au lecteur. 

Le titre de l'autre recueil, dans mon exem- 
plaire, est : Johann Kiihnauens , Frische Cla- 
vier- Frùchte oder sieben Suonaten von guter 
Invention und Manier auff dem Clavier zu 
spielen. Dresden und Leipsick in Verlegung 
Joh. Christoph Zimmermans , 1700. Suit 
l'épltre dédicaloire au comte Jean Antoine 
Los y, à la fin de laquelle on lit : Leipsick, 
4 may 1606. Vient enfin un long avis au 
lecteur. Le titre, gravé sur cuivre comme tout 
l'ouvrage, est renfermé dans une guirlande où 
sont représentées toutes sortes de fruits. 

Les contradictions de dates qu'on remarque 
dans ces ouvrages ne se peuvent expliquer que 
par des tirages faits à des époques différentes 
sur les planches de cuivre, et dont a on voulu 
rafraîchir la publication en changeant l'indi- 
cation des années. Il y a, du reste, beaucoup 
d'obscurité sur tout cela. 

Les pièces de Kuhnau, particulièrement les 
sonates, sont d'un beau style, où se fait recon- 
naître la tradition de la grande école des or- 
ganistes allemands du dix-septième siècle. Le 
caractère en est plus religieux que passiouné. 
Il n'y faut chercher ni les formes, ni le carac- 
tère de la sonate moderne, dont le modèle pri- 
mitif n'existe que dans les œuvres de Charles- 
Phi lippe -Emmanuel Bach. Les sonates de 
Kuhnau sont l'ancienne pièce sérieuse qu'on 
opposait autrefois à ce qu'on appelait Us 
suite*, c'est-à-dire les recueils de morceaux 
courts composés dans les mouvements des 
divers caractères de danses. 

Ilerzog, juge à Mersebourg>a publié l'éloge de 
Kuhnau sous ce titre : JUemoria beati defuncti 
Directoris Chori Musici Lipsiensis Dn. Jo- 
hannis Kuhnau, Polyhisloris musici) et re- 
liqua summopere incliti , etc. } Lipsise, 1723, 
in 4°. 

KCflNAU (Jeas-Cmustopiie), directeur 
de musique et canior à l'église de la Trinité, 



à Berlin, naquit le 10 février 1735, à Volk- 
stadt, village près d'Eislcben. Après avoir ap- 
pris à jouer de plusieurs instruments chez le 
musicien de ville de Magdebourg, il se voua à 
l'enseignement, et fut nommé professeur à 
l'École normale de Berlin, en 1763. Il y éta- 
blit dans la même année un choeur de chant 
qui, jusqu'à la mort de son fondateur, fut con- 
sidéré comme un des meilleurs de l'Allemagne. 
En 1775, le nouvel orgue de l'église de la Tri- 
nité ayant été inauguré, Kuhnau écrivit à 
cette occasion une cantate solennelle qui fut 
exécutée avec succès. Sa nomination de cantor 
à cette église, en 1788, le décida à donner sa 
démission de sa place de professeur à l'École 
normale ; il conserva seulement la direction 
du chœur qu'il y avait fondé. Jusqu'à l'âge de 
soixante -dix ans, il remplit ces fonctions, et 
mourut le 5 octobre 1805. Kuhnau avait trente 
ans lorsqu'il apprit à jouer du clavecin ; il était 
plus âgé encore lorsque Kirnberger lui ensei- 
gna l'harmonie et la composition; néanmoins, 
il a composé quelques cantates qui ne sont pas 
sans mérite. Son Jugement dernier a été pu- 
blié, en 1784, en partition réduite pour le 
piano. En 1790, il fit paraître aussi à Berlin 
des préludes de chorals pour l'orgue, dont une 
partie a été composée par lui, et le reste par 
Kirnberger, Schale, Vierling, C.-P.-E. Bach, 
Harsow. J.-Léon Hassler, Gutterman et Oley. 
Mais le litre principal de Kuhnau au souvenir 
de la postérité est le livre de mélodies chorales 
à quatre voix, qu'il publia sous ce titre : Fier- 
stimmige alte und neue Choralgesxnge, mit 
Provinzial-Abweichungen (Anciens et nou- 
veaux chants chorals à quatre voix, avec les va- 
riantes de différentes provinces), Berlin, 1786, 
in-4° de deux cent trente pages obi. Idem, 
deuxième partie, Berlin, 1790, in-4* de deux 
cent soixante-quatorze pages. Gerber dit que 
ce recueil est un des plus complets qui exis- 
tent, et qu'il a le mérite d'indiquer, outre les 
variantes provinciales, les noms des auteurs, 
ou du moins l'époque à laquelle les mélodies 
appartiennent. Quatre autres éditions de ce 
même recueil ont été publiés par le fils de 
l'auteur en 1817, 1818, 1823 et 1825. 

KUHNAU (Jear-Frédémc-Guillauie) , 
fils du précédent, est né à Berlin, le 29 juin 
1780. Élève de son père, il s'est formé prin- 
cipalement dans l'art de jouer de l'orgue par 
ses propres efforts. En 1814, il a été nommé 
organiste de l'église de la Trinité. Plusieurs 
fois il a donné des preuves de son habileté 
dans des concerts d'orgue, en exécutant des 
pièces de J.-S. Bach. Dans les diverses éditions 



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134. 



KÙHNAU — KUHNEL 



du Une choral de son père, il a introduit 
beaucoup de corrections et d'améliorations. 
On dit que longtemps il s'occupa de grands 
travaux relatifs A l'histoire et a la théorie de 
la musique. Dans son système de construction 
de l'orgue, l'abbé Vogler avait attaqué l'exis- 
tence des jeux de mutation de cet instrument, 
tels que les cymbales et fournitures. Ce système 
a trouvé beaucoup de partisans en Allemagne; 
Kûlinau prit avec juste raison la défense de 
ces jeux singuliers, et démontra très- bien 
qu'ils sont essentiels et caractérisques dans 
l'orgue. Ses observations sur cet objet out été 
publiées dans la Gazette musicale de Ldpskk 
(t. 33, p. 227 etsuiv., et t. 34, p. 65 et suiv.). 
Cet artiste est mort à Berlin le 1 er janvier 
1848. 

KÙHNAU (K.-J.), étudiant en médecine 
à l'université de Gœttingue , a soutenu dans 
cette université une thèse sur les fonctions des 
organes de l'ouïe , qui a été imprimée sous ce 
titre : Dissertatio de organis auditui inser- 
vientibus, Gœttingae, 1799, iu-4°; 

KÙHNAU (Jkak-Christophe-Gujllaume), 
littérateur allemand , mort A Berlin , le 27 août 
1813, est auteur d'une Biographie des célèbres 
musiciens aveugles. Cet ouvrage' a pour titre* : 
Vie Blinder* Tonkùnstlerj Berlin, 1810, chez 
C. Salfeld, petit in-8° de 347 pages, avec 
quelques planches de musique. La préface (de 
xxxx pages) est datée de CarlshofT, près de 
firietzen sur l'Oder, dans le Brandebourg. 
Lichtenthal et F. Becker se sont trompés en 
attribuant l'ouvrage dont il s'agit, le premier, 
à Jean-Christoplie Kuhnau , mort cinq ans avant 
l'impression du livre, le second, A Jean-Frédéric- 
Guillaume. 

KÙHNE (Jean-Gcillacme-Heïuu), suivant 
les indications de Kœrner, ou , d'après les 
Lexiques universels de musique de Gassner 
et de M. Bernsdorf, J érémic- Nicolas t ] est 
né A Erfurt, le 1 er mai 1807. Il n'était Agé que 
de huit ans, lorsque son père* lui enseigna à 
jouer de la flûte. A douze ans , il apprit à jouer 
du violon. Deux ans après, il entra au Collège 
du lieu de sa naissance et y reçut des leçons 
de piano et d'harmonie de Gebhardi ( voyez ce 
nom). Lorsqu'il eut atteint sa seizième année , 
on l'envoya au Séminaire des instituteurs de 
la même ville , et il se livra A l'élude de l'or- 
gue, sons ta direction "de l'excellent organiste 
M. G. Fischer. A peine était-il Agé de dix -neuf 
ans lorsqu'il fut nommé organiste de l'église 
Saint-André, et dans Tannée suivante il ob- 
tint la place de professeur A l'École des pré- 
dicateurs. Après avoir occupé ces places pen- 



dant deux ans , il fut désigné pour la position^ 
de cantor et d'organiste au village de Gebesen . 
près d'Ërfurt. Plus tard, il fut appelé à Cor- 
bach, dans la principauté de Waldeck, en 
qualité de directeur de musique. On a de cet 
artiste plusieurs petites pièces pour le piano, 
quelques œuvres pour le violon , des Lieder et 
chants à plusieurs voix; des pièces de conclu- 
sion pour l'orgue (Erfurt, Kœrner), et une 
cantate a quatre voix avec orgue obligé*, inti- 
tulée : Lobgesang, op. 31, ibid. Kœrner a 
inséré des morceaux de la composition de 
Kûline dans le recueil qui a pour titre : Orgel- 
freund (l'Ami de l'orgue) ; Erfurt, ibid. 

KÛHNEL (Auguste), virtuose sur la basse 
de viole, né à Delmenhorst, le 5 août 1645, 
eut pour maître de composition le célèbre 
abbé Steffani. Vers la fin du dix-septième 
siècle et au commencement du dix-huitième, 
il vécut à Cassel, dans le grand-duché de 
Hesse. Il y a fait imprimer : Sonates ou Par- 
tkien (divertissements) pour une ou deux basses 
de viole, avec accompagnement de basse con- 
tinue; 1698, in-fol. 

KUHNEL (Jean -Michel), luthiste et 
joueur de basse de viole , né dans la seconde 
moitié du dix-septième siècle, fut d'abord atta- 
ché au service de la cour de Berlin, puis, en 
1717, à celui du duc de Weimar, où il eut 
le titre de secrétaire du prince , et enfin passa 
chez le feld-maréchal Flemming, A Dresde. 
Dans les dernier.» temps de sa vie il était à 
Hambourg. Vers 1730 on a gravé de sa com- 
position, A Amsterdam, chez E. Roger : So- 
nates pour une ou deux basses de viole, avec 
basse continue. 

KÛHNEL ( Ambroise) , né en 1770 , était, 
en 1S00, organiste de la cour de l'électeur de 
Saxe, A Leipsick, lorsqu'il s'associa avec Hoflf- 
meister (voyez ce nom) pour l'établissement 
d'un commerce de musique. Après le départ 
de Hoffmeister pour Vienne, Kûnhel continua 
seul jusqu'à sa mort, arrivée le 19 aoet 1813, 
la publication d'un grand nombre d'oeuvres 
intéressantes. Il a eu pour successeur Charles 
Peters. C'est A Ktthnel qu'on doit la publica- 
tion de quelques belles compositions de Jean- 
Sébastien Bach, pour l'orgue et le clavecin, 
qui étaient restées en manuscrit jusqu'alors. 

KÛHNEL (Jean-Wilhelm), né A Stutt- 
gardt, le 17 novembre 1812, perdit son père à 
l'Age de sept ans, et fit son éducation musi- 
cale sous la direction de son oncle Buk, chef 
de musique d'un régiment. 11 apprit A jouer de 
plusieurs instruments A vent, et lorsqu'il eut 
atteint l'Age de quatorze ans / il entra comme 



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KUIINEL — KULLAK 



435 



flûtiste dans la brigade où servait son oncle. En 
1835, il obtint un congé illimité et en profita 
pour faire des éludes sérieuses de Part sous 
la direction de Lindpaintner; puis il se rendit 
a Vienne et y reçut des leçons de composition 
de Seyfried. En 1837, il reprit sa place de mu- 
sicien de brigade, et peu de temps après il ob- 
tint la place de chef de musique de la première 
brigade d'infanterie. Cet artiste a écrit beau- 
coup de musique militaire, le ballet intitulé : 
Majah, qui a été représenté à Stuttgàrdt, plu- 
sieurs symphonies et ouvertures, une immense 
quantité de danses pour Porches Ire telles que 
valses, polkas, galops, masurkas*, publiées à 
Stuttgàrdt, à Manheim , chez Heckel, et à 
Maycnce, chez Scholt; des solos pour divers 
instruments, enfin, des Lieder et ballades à 
voix seule avec piano. 

KtlllNHAUSER (G.), cantor à Zelle, ou 
Celle (Hanovre), en 1719, a composé un ora- 
torio intitulé : Passio Christi secundum 
Matthxum, dont la partition manuscrite esta 
la Bibliothèque royale de Berlin. 

KLHUSIUS (B.), cantor et organiste de 
Berlin, est cité par Mattheson {Mithridate, 
p. 321) comme auteur d'une thèse intitulée : 
De admirandis musices effectibus, qu'il a 
soutenue sous la présidence de L.-J. Schecht, 
et qu'il a fait imprimer, conjointemeut avec 
un autre cantor nommé W.-G. Hackius, au 
commencement du dix-huitième siècle. 

KCHNTFELD (Frédéric), cantor et pro- 
fesseur de musique à Eisenach, vers 1830, s'est 
fait connaître par un livre qui a pour titre : 
Tkeoretischeund praktisehe Jfarmonien und 
Ausrichtungslehre (Science théorique et pra- 
tique de Pharmonie et de ces cas d'exception), 
Eisenach, 1833, in-4°. 

KULENKAMP (Georges- Charles), pia- 
niste et compositeur, est né le 19 mai 1799, à 
Witzenhausen, petite ville de la Hesse- Électo- 
rale, où son père était conseiller du bailliage et 
fermier du domaine. En 1805, celui-ci alla se 
fixer dans les environs de Fulde, et profita du 
voisinage de cette ville pour faire donner à son 
fils des leçons de musique, de piano et de vio- 
lon par un maître nommé Gerlach. Malheureu- 
sement pour le jeune Kulenkamp, cet habile 
musicien fut appelé a une meilleure position 
au bout d'un an, et l'enfant demeura livré à 
lui-même. Lorsqu'il eut atteint l'âge de douze 
ans, on l'envoya au collège, où il reçut quel- 
ques leçons de piano d'un organiste ; mais le 
talent médiocre de cet homme et la situation 
maladive de son élève furent cause que ce- 
lui-ci fit alors peu de progrès. De retour à la 



maison paternelle en 1815, il dut s'occuper de 
l'économie rurale, sans néanmoins négliger la 
musique j mais ayant perdu son père l'année 
suivante, il se rendit à Cassel chez Grosheim, 
qui lui donna le conseil de se livrer exclusive- 
ment à la culture de la musique. Cet avis, 
d'accord avec le penchant du jeune homme, le 
détermina à rester deux ans sous la direction 
de Grosheim. En 1818, il alla è l'Université 
de Gœttingue pour y achever ses études, et il 
y passa cinq années; mais ce qu'il possédait 
ne suffisant pas à ses besoins, il fut obligé 
d'employer une partie de son temps & donner 
des leçons de musique. Cette circonstance lui 
procura la connaissance de plusieurs familles 
distinguées, et lui fit prendre la résolution de 
rester a Gœttingue et de s'y livrer à l'ensei- 
gnement. Devenu habile pianiste, il a fait 
avec succès plusieurs voyages dans quelques 
grandes' villes de l'Allemagne en 1834, 1897, 
1829, 1832 et 1834. De retour à Gœttingue, il 
y a été nommé directeur de musique de la so- 
ciété de Sainte-Cécile, en 1838. On donne 
beaucoup d'éloges au brillant, à l'élégance et 
à l'expression de son jeu. Ses compositions lui 
ont fait aussi une réputation honorable. On a 
gravé jusqu'à ce jour environ soixante œuvres 
qui portent son nom, et parmi lesquels on re- 
marque des ouvertures, concertos, rondeaux, 
grandes variations avec orchestre, quintettes, 
quatuors, trios, duos, sonates, nocturnes, ainsi 
que quelques ballades et chansons. 

KULLAK (Théodore), pianiste et pro- 
fesseur de son instrument à Berlin, est né 
dans cette ville, en 1820. Il se livra d'abord 
à l'étude du droit ; mais il l'abandonna pour 
cultiver en liberté la musique qui lui inspirait 
un penchant irrésistible. En peu d'années, if 
acquit un talent brillant d'exécution et obtint 
des succès à la cour et dans les salons. Re- 
cherché comme professeur de piano, il s'est 
voué à l'enseignement et a obtenu Je titre de 
pianiste de la cour. On a de cet artiste des 
fantaisies, nocturnes, caprices pour le piano, 
beaucoup de pièces de salon et de ces sortes 
d'arrangements que, dans le langage du jour, 
on appelle Transcriptions et paraphrases. 

Un frère de l'artiste dont il s'agit, M. A- 
dolphe Kullak, docteur en philosophie et pro- 
fesseur de musique, à Berlin, écrit, dans les 
journaux de musique de l'Allemagne, des 
articles de critique musicale. On a de lui un 
bon livre intitulé Aesthetik des Clavierspiels 
(Esthétique du jeu du piano, c'est-à-dire : 
Théorie de Part de jouer du piano), Berlin, 
J. Guttentag, 1861, 1 vol. in-8° de 370 pages. 



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436 



RUMLIK — KUMHER 



RUMLIK (Joseph), maître de chapelle et 
professeur à l'école royale de musique de 
PresbOtirg, est né à Vienne, le 10 août 1801. 
Les premières leçons lui furent données par 
son père, maître de musique en cette ville ; 
plus tard, son éducation artistique fut con- 
tinuée par Jacques Kunnert, directeur du 
chœur à la cathédrale de Preshourg. Dans les 
années 1815 et 1814,. il était employé au 
théâtre du baron de Czink, en qualité de cho- 
riste, pour la partie de soprano, et il reçut 
alors quelques leçons de chant; ensuite il 
entra comme élève à l'école de Presbourg, où 
il acquit beaucoup d'habileté sur le piano et 
le violon. Henri Klein était alors professeur 
de composition et de théorie musicale dans 
celte institution ; Kumlik reçut de ses leçons 
et fit de si rapides progrès, qu'en peu de temps 
il fut en état de tenir quelquefois la place de 
son maître pour l'enseignement. En 1828, des 
affaires de famille l'ayant appelé à Vienne, il 
y passa plusieurs mois et employa ce temps à 
étudier l'art du chant et le contrepoint, sous 
la direction de Sechler. A son retour à Pres- 
bourg, on l'adjoignit à Klein pour la direction 
supérieure de l'école de musique, et lorsque 
celui-ci mourut, en 1852, Kumlik reçut sa 
.nomination définitive de directeur et de pro- 
fesseur. L'année suivante, la Société de mu- 
sique religieuse de Presbourg le choisit pour 
son maître de chapelle, et depuis lors son 
existence presque tout entière se partage entre 
ces deux institutions. Quoiqu'il lui reste peu 
de temps disponible, il compose néanmoins et 
a déjà écrit une messe solennelle (en ré), plu- 
sieurs chorals pour le culte éVangélique, un 
Feni Sancte Spirilus à cinq voix, des lita- 
nies, un Salve Regina, un Te Deum, plusieurs 
Tantum ergo à huit voix, différents morceaux 
de musique progressive pour le chant et le 
piano, et des chants à quatre voix d'hommes. 
On assure que ces ouvrages sont d'un ordre 
très -distingué. 

KtlMMEL (Jeah-Vàlertih), compositeur 
de musique instrumentale, parait avoir vécu à 
Hambourg au commencement du dix-huitième 
siècle. On voit par le titre d'un de ses ou- 
vrages, publié en 1714, qu'il était mort à celle 
époque. Cet ouvrage a pour titre : Neuer mu- 
sikalischer Porratk in Suit en fiir Hoboen 
und flœrner (Nouvelle provision musicale 
consistant en suites pour hautbois et cors), 
Hambourg, 1714. 

KtiMMEL (BERNARn-GBniSTOPnE),né dans 
la seconde moitié du dix-huitième siècle, fut 
candidat en théologie, à Muibnuscn, depuis 1 78G 



jusqu'en 1796, puis recteur à Hedemtlnden, cl, 
en 1801, prédicateur à Besenrode. Vers 1796, 
il se présenta au concours pour la place de 
cantor à Goeltingue. L'exercice consistait en 
un morceau de musique d'église avec un cho- 
ral à quatre voix. Le directeur de musique 
Weimar fut chargé de prononcer entre les 
candidats; mais quoique son rapport eût été 
favorable à Ktimmel, des considérations par- 
ticulières empêchèrent celui-ci d'obtenir la 
place. Ses compositions connues sont : 1° Poé- 
sies d'Isaac Maus, mises en musique avec ac- 
compagnement de piano, Leipsick (sans date). 
2° Six sonates progressives pour le clavecin. 
ibid.y 1788. 3° Recueil pour le chant et l'in- 
strument, consistant en chansons et une ro- 
mance avec sept variations pour le piano, 
Casse!, 1799. 4° Heures de récréation musi- 
cale, 1« et 2« cahiers, 1802. 

KUMMER (Gottiilf-Hbrsi), né à Dresde 
le 25 janvier 1777, fut d'abord attaché à l'or- 
chestre de Leipsick en qualité de bassoniste, 
et, en 1801, entra dans la musique de la 
chambre de l'électeur , à Dresde. Homme 
habile sur son instrument, il a voyagé en 
Allemagne el a donné dans plusieurs grandes 
villes des concerts où il a fait applaudir son 
talent. Cet artiste jouait aussi du violon et 
possédait un talent agréable sur cet instru- 
ment. Parmi ses compositions publiées, on 
remarque : 1° Concertos pour basson et or- 
chestre, n° 1, op. 7 ; n° 2, op. 10; n° 5, op. 11 
(facile); n° 4, op. 1G; n» 5, op. 2Î; n° 6, 
op. 25; n° 7 (concertino), op. 27; tous gravés 
à Leipsick, chez Breitkopf et Hœrlel. 2° Airs 
variés pour basson et orchestre, op. 6, 8, 14, 
15, ibid. 5° Trios pour trois bassons, op. 12, 
15; Leipsick, Peters, Breitkopf et Hsertel. 
4° Concerto facile pour violon, avec orchestre 
ou quatuor, op. 20; Leipsick, Hoffmeister. 
5° Duos pour deux bassons, op. 1, 2, 5, Leip- 
sick et Dresde. Kummer est mort à Dresde, 
dans les premiers jours d'avril 1860, à l'âge 
de quatre-vingt-trois ans. 

KUMMEH (Faédérjc-Auguste), violon- 
celliste, né à Meinungen, le 5 août 1797, n'est 
pas le frère du précédent, comme Ta cru 
l'auteur de l'article inséré dans le Lexique 
universel de musique publié par Schilling, 
et n'a même aucun lien de parenté avec lui. 
Son père, nommé comme lui Frédéric-Au- 
guste, fut d'abord hautboïste à Meinungen, 
puis entra au service de la cour de Dresde, et 
mourut dans celle ville. Après avoir appris 
les éléments de la musique dans sa ville natale 
et avoir commencé l'élude du violoncelle sous 



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KUMMEil - KUNC 



437 



un maître obscur, il a reçu quelques leçons de 
Romberg qui est devenu son modèle, et qu'il 
s'est efforcé d'imiter dans le travail constant 
qu'il a fait ensuite seul. Admis dans la cha- 
pelle du roi de Saxe en 1822, il en fut, pendant 
trente ans, le premier violoncelliste. Il tirait 
un beau son de l'instrument, et sa manière de 
phraser avait de la largeur; mais son archet 
manquait de souplesse et de variété. Son 
talent se distinguait particulièrement par la 
dextérité de la main gauche et par une con- 
naissance approfondie de toutes les positions 
sur le manche. Rummer fit quelques voyages 
en Allemagne et en Danemark. Dans les 
années 1850, 1832, 1834 et 1837, il joua aux 
concerts de Leipsick. En 1834, il était à Co- 
penhague; dans Tannée suivante, il visita 
Rudolstadt et Vienne, et joua à la cour de 
AVeimar, en 1836. En 1849, je le vis à l'or- 
chestre de la ehapelle de Dresde. Les compo- 
sitions connues de cet artiste sont : 1° Con- 
certo pour violoncelle (en fa), op. 18; Leip- 
sick, Breitkopf et Haerlel,. 2° Concertino idem, 
avec orchestre et quatuor, op. 16, ibid. 3° Di- 
vertissement pour violoncelle et orchestre, 
op. 2, ibid. 4° Pot-pourri idem, op. 5, ibid. 
5° Adagio et variations brillantes, avec or- 
chestre ou piano (en ta); Hanovre, Nagel. 
6° Divertissement sur des thèmes de la Muette 
de Portici, avec quatuor ou piano, op. 9, 
ibid. 7° Airs russes variés pour violoncelle et 
piano, op. 7; Leipsick, Breitkopf et H sériel. 
8° Amusements pour violoncelle et piano, 
op. 14; Offenbach, André. 

Charles Kusmea, frère aîné de Frédéric- 
Auguste, fut un hautboïste distingué, et suc- 
céda à son père en celle qualité, dans la cha- 
pelle royale de Dresde. Il était né à Meintingen 
en 1795. 

KUMMER (Gaspjjm), flûtiste allemand et 
compositeur laborieux, né le 10 décembre 
1795, à Erlau, près de Scbleusingen, apprit à 
jouer de son instrument chez Ncumeister, 
musicien de celle ville, et reçut des leçons de 
composition d'un cantor nommé Stàps. En 
1855, il entra comme flûtiste dans la chapelle 
de Co bourg; quelques années après, il y a 
obtenu la position de directeur de musique. 
Parmi ses composions, lesquelles sont au 
nombre de cent trente œuvres, on remarque : 
1° Polonaise facile pour deux flûtes principales 
et orchestre, op. 17; Offenbach, André. 2° In- 
troduction et allegro pour flûte et orchestre, 
op. 61 ; Bonn, Simrock. 5° Introduction et 
rondeau idem, op. 73; Leipsick, Breitkopf cl 
Hacrtcl. 4° Concertos pour flûte, op. 2 (en mi 



mineur), 7 (en re), 55 (en ré) ; Bonn, Simrock; 
Offenbach, André. 5° Quintette pour flûte, 
violon, deux altos et basse, op. 66; Leipsick, 
Breitkopf et Haertel. 6* Introduction et varia - 
lions avec quatuor, op. 4,6, 48; Hfayence, 
Offenbach, Leipsick. 7° Quatuors brillants 
pour flûte, violon, alto et basse; op. 16, 37, 
54; Leipsick, Peters ; Bonn, Simrock. 8° Trios 
pour trois flûtes, op. 24, 30, 52, 53, 58, 65, 
72, 77; Offenbach, Bonn, Leipsick. 9° Trio 
pour flûte, violon et basse, Offenbach, André. 
10° Duos pour deux flûtes, op. 3, 9, 14, 20, 
25, 50, 69; Augsbourg, Mayence, Leipsick, 
Offenbach, Bonn, Brunswick. 11° Beaucoup 
de divertissements, de pots-pourris, de varia- 
tions, etc., sur des motifs d'opéras nouveaux, 
pour flûte seule, ou deux flûtes, ou flûte et 
piano, ou flûte et guitare. 

KUMPF (Frahçois-Aktoihe), musicien de 
la cour de Bavière, dans la première moitié du 
dix-huitième siècle, fut nommé, maître de cha- 
pelle à Alternœtting, en 1754. En 1727, il 
avait composé, pour le Collège des jésuites de 
Munich, un drame religieux intitulé : A lots 
Gonzaga. Cet ouvrage fut représenté dans la 
même année et applaudi. 

KUNC (Alots-Mabtih) est né le 1*' jan- 
vier 1832 à Cintegabelle, chef-lieu de canton 
du département de la Haute-Garonne. Son 
père, ayant remarqué ses heureuses disposi- 
tions pour la musique, le plaça comme enfant 
de chœur, dès l'âge de huit ans, à la métropole 
Saint-Élieûne de Toulouse. Il y commença ses 
études littéraires et musicales, dans lesquelles 
il fit de rapides progrès. M. Uazard, maître do 
chapelle de cette cathédrale, lui donna les 
premières leçons de piano, et M. Leybach, 
organiste de la même église, lui fit continuer 
l'étude de cet instrument. A quatorze ans, il 
sortit de la maîtrise, déjà bon musicien, et 
entra au séminaire de l'Esquile pour y ter- 
miner ses humanités, mais sans négliger la 
musique. L'orgue et la composition furent 
particulièrement les objets de ses éludes 
sous la direction de M. Hommey, alors orga- 
niste de ce séminaire, et l'un des professeurs 
les plus distingués du Conservatoire de Tou- 
louse. Au mois d'avril 1849, M. Kuoc, ayant 
été reçu bachelier es lettres, fut nommé pro- 
fesseur dans ce même séminaire où il venait 
de terminer ses études. Déjà à cette époque, 
quelques-unes de ses compositions avaient reçu 
un accueil favorable des meilleurs artistes du 
pays. En 1850, le jour de Pâques, un Ave 
verum, pour voix de basse et orgue, dont il 
est auteur, fut exécuté à la cathédrale du 



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433 



KUNG — KUNKEL 



Toulouse, et dans la même année, H fit 
entendre dans la même église sa première 
messe à trois parties vocales et orgue, pour 
laquelle il reçut les félicitations des connais- 
seurs. 

Au mois de novembre 1852, M. Kunc quitta 
le petit séminaire de l'Esquile pour aller 
remplir les fonctions d'organiste à Notre-Dame 
de Lombez, ancien évéché, maintenant en- 
clavé dans le diocèse d'Auch. Là, pendant 
cinq ans, il se livra avec ardeur à des études 
spéciales sur le plain-chant et la musique 
religieuse. Son premier œuvre gravé, consis- 
tant en un recueil de quinze motets, parut en 
1854. Il en a été fait depuis lors une deuiième 
édition. Au milieu de ses succès d'artiste, un 
malheur vint le frapper : le 25 octobre 1855, 
il s'était allié à Tune des familles les plus 
honorables de Lombez; deux mois après, une 
fièvre typhoïde lui enleva sa jeune épouse. Au 
mois de juillet 1857, M. Kunc fut appelé à 
Auch comme maître de chapelle de la cathé- 
drale, et fut chargé de renseignement du 
chant religieux, tant dans la métropole que 
dans les deux séminaires. Dès ce moment, il 
se consacra tout entier à l'œuvre qui lui était 
confiée; ses travaux didactiques, relatifs au 
plain-chant, ne tardèrent pas à le faire con- 
naître et lui assurèrent une honorable réputa- 
tion. Des témoignages d'estime lui furent 
donnés à ce sujet lorsqu'il se rendit à Paris 
au mois de novembre 1860, pour assister au 
congrès organisé par M. d'Orligue ponr par- 
venir à la restauration du plain-chant et de la 
musique religieuse, ainsi que dans un autre 
voyage qu'il a fait à Rome au mois de juillet 
1861. Pendant son séjour dans la capitale du 
monde chrétien, M. Kunc reçut sa nomina- 
tion de membre des académies de Sainte- 
Cécile et des Quirites. Les principales œuvres 
imprimées de cet artiste sont celles-ci : 1° Le 
Plain-Chant liturgique dans Varchidiocèse 
d'Auch, Auch, 1858, in-8°. 2° Mémoire sur 
le nouveau chant liturgique de Toulouse, 
ibid., octobre 1860, in-8°. & Essai sur le 
rhythme qui convient au plain-chant, ibîd., 
novembre 1860, in-8°. Ce morceau a été lu 
au congrès de Paris. 4° Le Plain-Chant 
romain et le nouveau chant liturgique de 
Toulouse, ibid., 1861 , in-8°. 5° Quinze motets 
pour les fêtes de N. S. et de la sainte Pierge, 
2 e édition. 6° Trente-deux nouveaux canti- 
ques à la sainte, fierge, deux éditions en 
1859 et 1861. 7° Messe à trois voix et orgue 
dédiée à N. S. P. le pape, ibid., 1861 . Beau- 
coup de morceaux d'orgue dans V Album et le 



Journal d'un organiste catholique publiés 
par M. Grosjean, organiste de Saint-Dié 
(Vosges). M. Kunc s'occupe en ce moment 
(1862) d'un ouvrage considérable dont l'objet 
est Vaccompaynement d'orgue des livres de 
chant romain de la commission ecclésiasti- 
que de Digne (Basses-Alpes). La musique de 
piano du même artiste a été publiée & Paris, 
chez Brandus etDufour; elle consiste en fan- 
taisies, chants sans paroles, etc., sous les 
titres suivants : op. 1, Heureux échange ; 
op. 4, Soyez heureux] op. 6, Procession au 
village; op. 7, Isolement; op. 8, C'était un 
rêve; op. 9, Mystère ; op. 10, la Chasse aux 
flambeaux; op. 12, Fantaisie sur le Pardon 
de Ploermel; op. 13, Rêve perdu, élégie; etc. 
Quelques mélodies pour le chant. 

KÙNDlftGEIl (Guillaume), cantor et di- 
recteur de musique à l'église du Saint-Esprit 
de Nuremberg, est né, en 1800, à Kœnigs- 
hofen, près d'Anspach. Son père, cantor et 
organiste de ce bourg, qui se fixa plus tard 
à Nuremberg, lui enseigna les principes de la 
musique. Ktindinger passa ensuite sous la di- 
rection du musicien de ville Zœsinger pour 
la continuation de ses études musicales. £d 
1819, le consistoire d'Anspach le nomma can- 
tor et directeur de musique à Windheim. Il 
profita de la proximité de ce lieu à Wflrzbourg 
pour achever son instruction dans la composi- 
tion chez Frœhlich (voyez ce nom). En 1831, 
la place de directeur de musique de l'église 
principale de Nordlingue lui fût donnée. C'est 
dans cette position qu'il a écrit des cantates 
religieuses pour toutes les fêtes de l'année, et 
qu'il s'est occupé de l'amélioration du chant 
choral dans les écoles et dans les églises de ce 
district. Rappelé à Nuremberg, en 1837, pour 
occuper une position semblable a l'église du 
Saint-Esprit, il y était encore douze ans après, 
lorsque j'ai visité cette ville. La plus grande 
partie des compositions de cet artiste est restée 
en manuscrit.il a publié quelques œuvres pour 
le piano, des chants pour des chœurs 
d'homme, et une cantate pour le vendredi 
saint (Charfreytags-cantate) à quatre voix 
et orchestre, op. 30, en partition , à Nurem- 
berg, chez Endter. 

KUNKEL (Fsuiçois-Joseph) , directeur 
de musique à Bensheim, dans le grand-duché 
de Hesse-Darmstadt, est né le 20 août 1804, à 
Diebourg, petite ville de la même principauté, 
où son père, amateur passionné de musique, 
était boulanger. Dès son enfance, Kunkel re- 
çut une éducation musicale et apprit à jouer de 
la flûte, du violon, du piano et de l'orgue. 



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KUNKEL - KUNTZ 



43» 



A Tâge de dix-huit ans, il entra au Séminaire 
de Beusheim dont il suivit les cours pendant 
deux ans, et aux instruments qu'il jouait avant 
d'y entrer, il ajouta le hautbois, le violoncelle, 
la clarinette et le cor. C'est dans cette même 
école qu'il fit ses premiers essais de composi- 
tion. A l'âge de vingt ans, il obtint une place 
d'instituteur à Heppenheim, dans le Berg- 
strass. Il resta quatre ans dans ce lieu, et 
pendant ce temps, il fit quelques voyages à 
Darmstadt pour recevoir les conseils de Rink 
(voyez ce nom), sur ses compositions. En 
1828, le rectorat de l'école bourgeoise de Bens- 
heim lui fut donné, et il reçut, en 1854, sa 
nomination de professeur de chant au Gym- 
nase (Collège), à laquelle il ajouta plus tard le 
titre de directeur de musique. Après trente 
années de service dans l'enseignement , 
Kunkel demanda sa retraite; il l'obtint en 
1854 avec la pension, et depuis lors il s'est 
fixé à Francfort -sur-le-Mein, cultivant encore 
l'art et fournissant des articles de critique aux 
journaux de musique et de littérature. Parmi 
les compositions de cet artiste, on remarque : 
1° Der Tod fesu (la Mort de Jésus), cantate à 
quatre voix et orgue, en partition, op. 4; 
Manheim, Heckel. 2° Le psaume 130, a 
quatre voix et orgue, en partition, op. 5; 
Spire, Lang. 3° Le motet Gott sei uns gnxdig 
(Dieu nous soit favorable), pour quatre voix 
d'hommes avec accompagnement d'orgue ad 
libitum, op. 9 ; Mayence, Scholt. 4° Messe al- 
lemande pour quatre voix d'hommes, op. 17 ; 
Giessen, Ferber. 5° Trois cantiques à trois 
voix d'enfants pour la première communion, 
op. 19, ibid. 6° Katholische$ Choralbuch fur 
die Mainzer Diocèse vterstimmig , mit zweck- 
nuessigen Eingangs-, Zwitchcn- undNaçh- 
spielen, etc. (Livre choral catholique pour le 
diocèse de Mayence à quatre voix, avec de 
courts préludes, versets et conclusions pour 
l'orgue), Mayence, Scholt. 7° Huit poèmes mis 
en musique pour quatre voix d'hommes, op. 6 ; 
Darmstadt, Pabst. 8° Lieder avec accompa- 
gnement de piano. 9° Neuf pièces d'orgue 
pour les fêtes solennelles, op. 3; Manheim, 
Heckel. 10° Douze préludes de chorals pour 
l'orgue, op. 7; Mayence, Schott. 11° Six pièces 
de conclusions fuguées, idem, op. 8; Spire, 
Lang. 12° Douze petites fugues à l'usage du 
service divin, op. 12; Mayence, Schott. On a 
aussi de Kunkel un petit traité élémentaire de 
musique intitulé : KUine Musiklehre, Darm- 
stadt, Jonghaus,in-8°,et une brochure dirigée 
contre Schindler, à l'occasion de son dénigre- 
ment du Conservatoire de musique de Paris, 



dans récrit intitulé : Die Ferurtheilung der 
Conservatorien (la Condamnation du Conser- 
vatoire). 

KUNLIN (François), maître de chapelle 
de l'Association suisse pour le chant, a pu- 
blié un opuscule intitulé : Musikalisehe Anec- 
dote^ fUr Liebhaber und Tonkiinslîer ge- 
sammelt (Anecdotes musicales recueillies 
pour les amateurs et les artistes), Saint-Gall. 
Weglin et Rœtzer, 1825, in-8° de cent dix- 
huit pages. 

KUNSTUfANN (Jean-Gottfbied), négo- 
ciant à Chemnitz, au commencement du dix- 
neuvième siècle, était un pianiste distingué. 
M a fait exécuter à Leipsick une symphonie à 
grand orchestre qui a été applaudie. On a 
gravé de sa composition : Six quadrilles pour 
deux violons, flûte, petite flûte, clarinette, 
deux cors, basson, trombone et basse; Leip- 
sick, BreilkopfetHaertel, et des chants pour 
un chœur d'hommes avec des solo s, et un ac- 
compagnement de piano ad libitum, Leipsick, 
Klemm, en deux suites. La dernière produc- 
tion de M. Kunstmann, laquelle consiste en 
Chants nocturnes à quatre voix d'hommes, a 
été* publiée chez les mêmes éditeurs, en 1844. 

KUNTE (F.-S.), excellent violoniste, né en 
Bohême, fut au service du comte Buquois, à 
Prague, depuis 1750 jusqu'en 1770. Après 
cette époque, il se fit instituteur. Il a composé 
pour le violon plusieurs concertos qui ont été 
estimés en Bohême, mais qui sont restés en 
manuscrit. 

KUNTZ ( Thomas- Awtoiïie), pianiste et 
compositeur, né à Prague en 1759, s'est fait 
connaître avantageusement par un opéra de 
Pygmalion, qu'il a composé à l'âge de vingt 
et un ans, et dont la partitio/i, réduite pour le 
piano, a été publiée à Prague, en 1781, chez 
Walther. On a aussi gravé de sa composition : 
1° Vingt-quatre chansons allemandes avec ac- 
compagnement de piano; Leipsick, 1799, 
Breitkopf et Hœrtel. 2° Chansons idem; 
Prague, 1807, Ernest Schadl, in-fol. Mais c'est 
surtout pour l'invention d'une sorte de piano 
organisé, appelé Orchestrion y que cet artiste 
a fixé sur lui l'attention publique. Cet instru- 
ment, qui avait la forme d'un piano organisé, 
mais dont la caisse était beaucoup plus 
élevée, renfermait un orchestre complet. On 
y trouvait deux claviers à la main et un cla- 
vier de pédales. Le premier clavier était des- 
tiné! à jouer I e mécanisme d'un piano ordinaire 
et qui attaquait des cordes de métal ; mais ce 
même clavier pouvait également faire vibrer 
des cordes de boyau , par un archet mécani- 



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140 



KUNTZ - KUNZEiN 



que mis en mouvement au moyen d'une ma- 
nivelle. L'auteur appelait ce jeu particulier du 
premier clavier Lautenxug. Le second clavier, 
ainsi que celui de la pédale, étaient destinés à 
l'orgue, qui renfermait quinze registres de 
huit pieds bouchés sonnant le seize pieds, de 
huit pieds ouverts, de quatre et de deux pieds, 
lesquels faisaient entendre des jeux de flûte, 
de clarinette, de hautbois, de basson et de cor. 
Les différents jeux des deux claviers pouvaient 
être réunis par un accouplement. De plus, ces 
jeux avaient le crescendo et le diminuendo. 
Kunz a inventé cet instrument en 1701 , cl en a 
donné la description dans la Gazette musicale 
de Leipsick (tom. 1, p. 88 et suiv.). Après 
avoir vendu son premier Orchestrion, il en a 
fait un deuxième beaucoup plus parfait, qu'il 
a commencé en 1796 et achevé deux ans après. 
Il jouait de cet instrument difficile avec beau- 
coup de succès. Il a fait aussi un piano-viole, 
d'après un système particulier, dont Heusel a 
donné une courte description dans son Dic- 
tionnaire des artistes (t. 1, p. 585). Kunz 
vivait encore à Prague en 1830; aucun autre 
renseignement n'a été fourni postérieurement 
sur sa personne par les biographes alle- 
mands. 

KUINTZEL (Laurent), luthier à Breslau, 
est né à Hofeo (Bavière), en 1700. D'abord 
ouvrier menuisier, il travailla dans plusieurs 
ateliers des diverses parties de l'Allemagne, 
puis il abandonna cette profession pour 
s'exercer dans la facture des instruments à 
cordes. Obligé de servir dans les chasseurs 
bavarois en 1813, il fit* les campagnes d'Alle- 
magne et de France. Après la conclusion de 
la paix, en 1815, il obtint son congé, et s'éta- 
blit à Breslau. Il travailla d'abord chez le 
facteur d'instruments Fichiel, et après plu- 
sieurs années d'études et de pratique, il se 
livra exclusivement à la fabrication des instru- 
ments à cordes. On a de lui de bonnes imita- 
tions des violons et basses de Crémone que 
Paganini, Ole-Bull et Ernst ont approuvées 
dans des lettres flatteuses adressées à cet ar- 
tiste. Kuntzel travaillait encore à Breslau, en 
1850. 

KUNZ (Conbad-Haximilier) , né en Ba- 
vière, vers 1817, a fait ses éludes musicales à 
Augsbourg, puis s'est fixé à Munich comme 
professeur de piano. Devenu directeur d'une 
société de chant, il a dirigé la fête vocale de 
Ralisbonne en 1847. On a de cet artiste : 
1° Méthode pratique de piano (Praktische 
Pianoforte-Schule), op. 2, dont il a été fait 
neuf éditions; Munich, Finsterlin. 2° Lieder 



à voix seule avec accompagnement de piano, 
op. 3; Munich, Aibl. 3° Trois chants à. quatre 
voix d'hommes, op. 4, ibid. 4° Six idem, 
op. 5; Leipsick, Breilkopf et Hœrlel. 5° Mé- 
lodie chorale de Schickt, pour les services 
funèbres, à quatre voix d'hommes, avec ac- 
compagnement de quatre trombones; Munich, 
Aibl. 6° Hymne {an Hertha) pour un chœur 
d'hommes, op. 7, ibid. 7° Trois chants pour 
quatre voix d'hommes, op. 8; Leipsick, Breit- 
kopf et Hœrtel, 1847. 

/. Kunz, directeur de la société de chant 
{Liedertafet) à Freisingen, en 1844, a publié 
aussi des chants pour voix d'hommes, qu'il ue 
faut pas confondre avec ceux de Conrad- 
Maximilien. 

KUNZE (Charles-Hehri), professeur de 
musique et compositeur, vivait à Heilbronn 
vers la fin du dix-huitième siècle et au com- 
mencement du dix-neuvième. On connaît sous 
son nom : 1° Concerto pour la flûte, op. 5; 
Augsbourg, Gombart. 2° Six variations sur un 
air allemand idem, avec accompagnement de 
quatuor, ibid. 3° Trois quatuors pour flûte, 
violon, alto et basse, op. 4, ibid. 4° Trois 
quatuors pour cor, op. 1 ; Oflenbach, André. 
5° Trios pour trois cors, 1 er et 2« livres j Deil- 
bronn. 6° Chansons allemandes avec accom- 
pagnement de guitare. 

KUNZEN (Jean-Paul), architecte et or- 
ganiste à Lubeck, naquit à Leisnig, en Saxe, 
le 30 août 1696. Après avoir appris lcs^lé- 
ments de la musique en ce lieu, il alla conti- 
nuer ses études à Torgau, à l'âge de neuf ans, 
puis à Freyberg. En 1716, il se rendit à Leip- 
sick pour y trouver de l'emploi comme musi- 
cien, et ne possédant qu'un seul florin dans 
sa poche : son mérite l'eut bientôt tiré d'em- 
barras, car il ne tarda pas être admis dans 
l'orchestre de l'Opéra, comme premier violon. 
En 1710, il établit à Wittenberg un concert 
public qui fut fréquenté par tous les amateurs 
de cette ville. Ce fut aussi dans cette ville 
qu'il se maria. Quelques années après, il alla 
à Dresde, où il se lia d'amitié avec Schmidl, 
Hetnichen et Volumier, et il perfectionna son 
goût et ses connaissances sous la direction de 
ces artistes et de Kuhnau. Ils lui procurèrent 
l'occasion de faire entendre ses compositions 
pour l'église, et le succès de ces ouvrages lui . 
fit offrir une place de maître de chapelle de 
rélectrice; mais il préféra se rendre à Ham- 
bourg en 1725. Il y eut l'emploi de composi- 
teur au théâtre, y ajouta des récitatifs à plu- 
sieurs opéras de Keiser et de Mamdcl, puis 
il composa Cadmus et un divertissement inti- 



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KUNZEN 



Ui 



tulé : Critique du théâtre de Hambourg. Il 
paraît qu'il avait peu de talent pour la musi- , 
que dramatique. En 1732, il fut appelé à Lu- 
beck, en qualité d'organiste, et il continua de 
résider en cette ville jusqu'à sa mort, arrivée 
en 1770. Il avait été nommé membre de la 
Société musicale de Miller en 1747. Toute la 
musique de Kunzen est maintenant oubliée, et 
Ton ne cite plus que son oratorio de la Pas- 
sion. Mattheson, qui a publié une notice sur 
ce musicien, le considérait comme un des 
meilleurs organistes de son temps. Je possède 
le manuscrit autographe d'un traité de l'har- 
monie dont ce musicien est auteur : il a pour 
titre .* Anfangsgrunde des Generalbasses 
(Principes élémentaires de la basse continue). 
Douze feuilles in-4*. . 

KUNZEN (Charles-Adolphe), fils du pré- 
cédent, naquit à Witlenberg, le 22 septem- 
bre 1720. Dès l'âge de huit ans, il jouait du 
clavecin de manière à exciter l'étonnement 
de ceux qui l'entendaient. Il fit alors un 
voyage en Hollande et en Angleterre avec son 
père, et partout il produjsit une vive sensa- 
tion. Le docteur Pepusch, qui l'entendit à 
Londres, le considérait comme un prodige. 
Après l'année 1750, qui suivit son retour à 
Hambourg, on le perd de vue jusqu'en 1750, 
époque où il obtint la place de maître de cha- 
pelle à Schwerin. Sept ans après, il se rendit à 
Lubeck pour remplacer son père, qui avait dû 
cesser ses fonctions, à cause de sa mauvaise 
santé. Après une atteinte d'apoplexie qui le 
frappa en 1772, une de ses mains demeura 
paralysée, et l'on fut obligé de lui adjoindre 
son élève Kœnigslow. Il mourut en 1781, lais- 
sant la réputation d'un savant musicien et 
d'un habile organiste. On n'a gravé de sa 
composition que douze sonates de clavecin, 
qui ont paru à Londres. Tous ses autres ou- 
vrages sont restés en manuscrit; ils consis- 
tent en plusieurs symphonies, vingt et un con- 
certos pour violon, huit concertos pour flûte, 
six idem pour hautbois, beaucoup de duos 
pour deux violons et douze sonates pour le 
clavecin. Parmi diverses grandes compositions 
de musique vocale, on remarque un oratorio 
de la Passion, un autre intitulé Die Ga>ttliche 
Berufung des Glaubens Abraham* (l'Appel 
de Dieu à la foi d'Abraham), des cantates et 
des sérénades pour des occasions particulières. 
La bibliothèque du conservatoire royal de 
Bruxelles possède aujourd'hui les manuscrits 
originaux de la plupart de ces ouvrages. 

KUNZEN (FrÉiiÉMc-Louis-ÉMiLE), fils de 
Charles- Adolphe, né à Lubeck, en 1761, a été 



considéré comme un musicien distingué par 
ses contemporains. Après avoir fait sous la 
direction de son père ses études musicales, il 
vécut d'abord à Hambourg comme professeur 
de musique, y reçut des leçons d'harmonie et 
de composition de Naumann, et y publia ses 
premières productions; pujs, en 1784, il alla 
continuer ses études littéraires à l'université 
de Kiel. Là il se lia d'amitié avec Cramer, ré- 
dacteur de l'écrit périodique intitulé Magasin 
de musique, dont les idées originales n'ont 
peut-être pas été sans influence sur la direc- 
tion de ses travaux. Quoiqu'il fût un très-habile 
pianiste et un grand lecteur de musique, il ne 
put d'abord obtenir une place de simple ac- 
compagnateur de la chapelle royale de Copen-* 
hague, où il s'était rendu après avoir quille 
l'université de Kiel; mais au lieu d'être dé- 
couragé par sa mauvaise fortune, il profila 
de ses loisirs pour étendre ses connaissances 
théoriques et pratiques. Son premier essai de 
musique dramatique fut l'opéra inlitulé Hol- 
ger le Danois. Cet ouvrage fut représenté à 
Copenhague en 1790, sous la direction de 
Schulz, et il obtint un brillant succès. On y 
remarquait déjà ce sentiment juste de l'effet 
scénique qui est un don de la nature, et qu'au- 
cune autre qualité ne peut remplacer. Cepen- 
dant, fa ligué de la situation précaire où il se 
trouvait dans la capitale du Danemark, et n'y 
apercevant point de chances favorables pour 
son avenir, il résolut d'aller chercher fortune 
ailleurs. D'après le conseil de Schulz, il se 
rendit à Berlin, où Reicbardt l'accueillit avec 
bienveillance, et n'épargna rien pour lui 
rendre profitable le séjour de cette ville. 
Kunzeu y écrivit la musique d'une petite pièce 
qui ne réussit pas; mais il fut bientôt consolé 
de cet échec par sa nomination de directeur de 
musique au théâtre de Francfort. Cette place 
lui fournit l'occasion de se familiariser avec 
les œuvres de Mozart, et d'en étudier l'esprit 
et la facture. Les opéras de cet homme célèbre 
devinrent dès lors ses modèles. A Francfort, 
il avait épousé une cantatrice du théâtre, 
nommée Zvccherini. Cette femme ayant ob- 
tenu un engagement à Prague, Kunzen la 
suivit dans cette ville et y prit aussi la direc- 
tion de la musique. Ce fut là qu'il fil repré- 
senter son Winzerfest (la Fête des vendan- 
geurs), dont la réussite fut complète. Vers le 
même temps, Schulz ayant demandé sa re- 
traite de la direction de la musique du théâtre 
de Copenhague, le roi lui laissa le soin de dé- 
signer son successeur, et il indiqua Kunzen, 
qui fut mis en effet en possession de la place, 



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14* 



KUNZEN - KUPSCH 



et qui justifia, par le talent qu'il y déploya, 
la confiance qu'on avait eue en lui. Il entra 
en fonctions dans Tété de 1795, et conserva 
la même situation pendant les vingt-deux der- 
nières années de sa vie. Satisfait de ses ser- 
vices, le rot le décora de l'ordre de Danebrog. 
Kunzen mourut à Copenhague le 28 janvier 
1819, à Page de cinquante-six ans. 

Cet artiste a écrit pour le théâtre : 1° Hol- 
ger Danske (Holger le Danois) ou Obéron, 
opéra danois en trois actes, en 1790 ; partition 
réduite pour le piano, avec une traduction 
allemande par C.-F. Cramer, Copenhague, 
Sœnnischsen, 1790, in-4° obi. 2*Z« Vendan- 
geurs, opéra en trois actes, à Prague, 1793, 
gravé pour piano en 1798. 5° Hemmeligheden 
(le Secret), à Copenhague, 1796. 4* JDrage- 
duckken, opéra danois, 1797. 5° Jokeyen, 
idem, 1797. 6° Eric Ejegad, grand opéra 
danois, 1798. 7° Naturens Rœst, (la Voix de 
la nature), opéra danois, 1799. 8° La Harpe 
d'Ossian, opéra allemand en trois actes, 1799- 
9° Le Retour dans Us foyers, opéra danois, à 
Copenhague, en 1802. 10° Le Conquérant et 
le Prince ami de la paix, cantate théâtrale, 
en 18.02. 

Les autres ouvrages de musique vocale com- 
posés par Kunzen sont : 1 1° Chœurs et chants 
pour Jiïermann et Us princes, de Klopstock. 
12° La Résurrection, oratorio danois, de 
Thomas Thaarup. 13° Autre oratorio danois 
dont le titre est inconnu. 14° Jlleluia de la 
Création de Baggesen, en danois, imprimé 
en partition à Copenhague et à Hambourg. 
15* Hymne à Dieu, poésie de Schmidt de 
Phiseldeck, publiée pour le piano à Zurich, 
chez Nœgeli. 16° Cantate funèbre sur la mort 
du maître de chapelle Schulz, exécutée en 1800 
à Copenhague, au concert pour les veuves de 
musiciens. 17° Cantate pour la solennité du 
nouveau siècle, exécutée à l'église de la cour, 
en 1801. 18° Chansons religieuses, tirées des 
poésies de Cramer, avec accompagnement de 
piano, publiées en 1785 par Cramer, comme 
4 e partie de sa Polymnie, à Leipsick, chez 
Breitkopf et Hœrtel. Cramer a donné l'analyse 
de ces mélodies dans la deuxième année de 
son Magasin musical (pag. 503-534). Parmi 
les compositions instrumentales du même 
artiste, on remarque : 19° Ouverture à grand 
orchestre (en ut), n° 1 , Zurich, II ug. 20° Idem 
(en ré), n° 2 ibid. 21° Idem sur le thème de 
l'ouverture de la Flûte enchantée, de Mozart, 
n° 3, Leipsick, Peters. 22° Six sonates pour 
piano, Berlin, 1792. 23° Fantaisie* et varia- 
tions sur l'air allemand : Ohne Lieb und ohne 



Wein (Sans amour et sans vin), exécutée par 
l'auteur avec un brillant succès dans un con- 
cert donné à Berlin en 1791 . 

KUPPLEH (Jean-Georges), facteur d'in- 
struments, neveu et élève du célèbre Stein, s'est 
établi à Nuremberg en 1789, après avoir achevé 
son apprentissage à Augsbourg. Quoiqu'il ne 
soit pas considéré comme un des meilleurs fac- 
teurs de son temps en Allemagne, il s'est néan- 
moins fait remarquer par l'invention de pianos 
à deux tables d'harmonie. Il construisait aussi 
de bons harmonicas. Les pianos à deux tables 
d'harmonie ont été reproduits à l'exposition 
universelle de Paris, en 1855, par le facteur 
Li chien thaï 3 de Pétersbourg, comme une in- 
vention nouvelle. 

KUPSCH (Cbarlss-Gbstave), né le 24 fé- 
vrier 1807, à Berlin, où son père était direc- 
teur d'une école, fut destiné dans sa jeunesse à 
l'étude de la théologie et à la prédication ; 
mais un penchant irrésistible pour la culture 
de la musique le détourna de cette carrière. 
Louis Berger fut son maître de piano ; Benelli 
lui enseigna le chant; Edouard Rietz, le violon; 
il reçut des leçons d'orgue de Guillaume Bach 
et il apprit la composition chez Zelter et chez 
Bernard Klein. A l'âge de dix-huit ans, il ob- 
tint les places de cantor et d'organiste de 
l'église de la Sprée à Berlin et se livra à l'en- 
seignement d'après le système de Logier. Ses 
premières compositions furent écrites pour 
l'église. En 1828, il écrivit la musique d'un 
ballet. En 1831, il abandonna ses places de 
cantor et d'organiste pour aller à Leipsick: il 
y dirigea les concerts de la Société d'harmonie, 
et écrivit la musique d'une pantomime inti- 
tulée : der Zauberkessel (le Chaudron magi- 
que). Peu de temps après, il accepta la place de 
premier chef d'orchestre du théâtre de Lubeek. 
En 1838, il quitta encore cette position et se 
rendit à Rotterdam, où il fut nommé profes- 
seur et directeur de l'Académie royale de 
chant, et chef d'orchestre de la société Eru- 
ditio-Musica. Il y obtint aussi le titre de 
membre honoraire de la Société néerlandaise 
pour l'encouragament de la musique, en 
1839. On ignore les motifs qui lui firent quit- 
ter une situation si honorable, mais on le 
trouve, en 1844, à Fribourg, où il remplissait 
les fonctions de directeur de musique. Deux 
ans après, il enseignait le chant à Berlin, et, 
dans la même année 1840 , il avait déjà 
changé de position et dirigeait une société de 
chœur d'hommes à Nuremberg. On le perd de 
vue après celte époque. Environ vingt œuvres 
de Liederj de danses et de chants pour des 



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KUPSCH - KURP1NSKI 



*43 



voix d'hommes ont été publiées sous le nom 
«le ce musicien. 

KURPINSKI (Chahles), compositeur po- 
lonais, jouit de beaucoup de célébrité parmi 
ses compatriotes. Fils de Martin Kurpinski, 
organiste à l'église de Wloszakowice, village 
du grand-duché de Posen, il naquit dans ce 
lieu en 1785. Son père le destinait à lui suc- 
céder et lui faisait étudier l'orgue et le plain- 
«hant; mais l'arrivée de deux frères de sa 
mère, nommés Roch et Jean Wanski, tous 
deux musiciens de profession, attachés au ser- 
vice du staroste Félix Polanowski, fit changer 
les résolutions de la famille Kurpinski et tira 
•de son village le futur compositeur. Il jouait 
quelque peu de violon ; c'en fut assez pour que 
l'oncle Roch Wanski l'emmenât en Galicie et 
le fit entrer dans la chapelle de son seigneur. 
Devenu membre d'un bon orchestre, Kurpinski 
•eut souvent occasion d'exécuter et d'entendre 
la musique des maîtres, forma son goût, prit 
l'habitude do l'ensemble, et apprit la compo- 
sition dans les partitions de la Création et de 
Don Juan. Après la mort de son oncle, il 
s'éloigna de la Galicie et se rendit dans la 
•capitale de la Pologne. Il avait compris que 
Varsovie était la seule ville de sa patrie qui 
pût lui offrir les moyens d'atteindre le but où 
tendaient ses désirs. Comme acheminement à 
«e but, il obtint bientôt la place de second chef 
«d'orchestre au Théâtre-National ; Elsner occu- 
pait celle de premier chef. Kurpinski fut son 
successeur en 1825. Depuis 1811, il a fait re- 
présenter sur ce théâtre plusieurs ouvrages dra- 
matiques dont la plupart ont été accueillis avec 
enthousiasme par les compatriotes de l'artiste. 
En 1819, une médaille d'or à son effigie lui fut 
offerte après le succès d'un de ses ouvrages. 
A la fin delà même année, l'empereur Alexan- 
dre le nomma maître de chapelle de la cour de 
Varsovie, et au commencement de 1823, il le 
•décora de l'ordre de Saint-Stanislas. Dans cette 
même année, il fit un voyage en Allemagne, en 
France et en Italie, pour connaître la situation 
de la musique dans ces pays où elle est cul- 
tivée avec succès ; il ne retourna à Varsovie 
qu'en 1824. 

Kurpinski était doué de toutes les qualités 
<ies artistes d'élite, à savoir: le sentiment de 
l'art, rénergie, l'activité et la facilité de pro- 
duction. Il cultivait tous les genres de musi- 
que, composait pour la scène, pour l'église, 
pour une multitude de circonstances particu- 
lières et pour les salons, étudiait la théorie de 
«on art, en cultivait la littérature, écrivait des 
livres pour l'instruction des artistes et des 



amateurs, fondait un journal de musique afin 
de stimuler le goût de ses compatriotes pour cet 
art, dirigeait la musique du théâtre et remplis- 
sait les fonctions de directeur du chant à 
l'École royale de musique. Il s'était marié. Sa 
femme, née Sophie Brzowska, débuta à l'Opéra 
de Varsovie dans le Freyschiitz, de Weber. 
Actrice aimée du public, elle ne se retira qu'en 
1842 avec la pension. La dernière composi- 
tion de Kurpinski fut une cantate pour la fête 
de l'empereur de Russie, en 1837. Retiré en 
1841, après trente ans de service, il reçut de 
tous les artistes du théâtre les témoignages 
d'une sincère affection. En 1857, il vivait en- 
core et se plaisait dans une solitude absolue. 

C'est à Kurpinski et à Elsner que la Pologne 
est redevable des progrès qu'elle a faits dans 
la musique depuis le commencement du dix- 
neuvième siècle. Leurs travaux ont doté leur 
patrie d'un véritable opéra national, lequel a 
pris la place des traductions de l'allemand, du 
français et de l'italien qui, précédemment, oc- 
cupaient la scène polonaise. Kamienski avait 
commencé cette ère nouvelle de la musique 
polonaise dans la seconde moitié du dix-hui- 
tième siècle. Kurpinski a donné un grand 
nombre d'opéras qui ne sont pas tous connus 
des biographes allemands. 

En voici la liste la plus complète parvenue à 
notre connaissance : 1° DwieChalki (les Deux 
Chaumières), 181 1 . 2° Palai lueyfera (le Pa- 
lais de Lucifer), 181 1 . Z° Martinotca w Seraju 
(la Femme Martin au sérail), mélodrame co- 
mique en deux actes, 1812. 4° Huyni £abi~ 
lonu (les Ruines de Babylone), en trois actes. 
5° Szarlatan (le Charlatan), [opéra bouffe en 
deux actes, 1814. 6° Laska Imperatora (la 
Faveur de l'empereur), en trois actes, 1814. 
7° Jadwiga (Edwige), opéra qui obtint un 
grand succès, 1814. 8° Agarna pasxczy (Agar 
dans le désert), scène lyrique, 1814. 
9° Alexander i Appelles (Alexandre chez 
A pelles), en un acte, 1815). 10° Obleszenia 
Gdanska (le Siège de Dantzick), 1815. 
11° Naàgrada (la Récompense), 1815. 
12° Mala Szkola Ojcôw (le Mauvais Exemple 
du père), en un acte, 1816. 13° Nowe Krako- 
îciaki (les Cracoviens), en deux actes. 1816. 
14° Dziadek, en un acte, 1816. 15° Ero i 
Leander (Héro et Leandre), scène lyrique, 
1816. 16° Jan Kochânowski (Jean Kocha- 
nowski), en deux actes, 1817. 17° Baterya o 
iednym 'zolniezu (Batterie servie par un seul 
soldat), 1817. 18° CzaromysL en trois actes, 
1818. 19° 2>amek na Czorstynie (le Château 
de Czorstyn), 1819. 20° Le Forestier, en deux 



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KURPINSKi — KURZ1NGER 



actes, 1819. 21° Kalmora , en deux actes, 
1820. 22° Casimir le Grand, pièce à grand 
spectacle. 23° Nasze przebiegi (Nos Trans- 
fuges), opéra comique. 2A°Cécile de PiaScejino, 
grand opéra dont la partition a élé publiée à 
Varsovie. Rurpinski a écrit aussi l'ouverture 
et les chœurs deZbigniew, tragédie, en 1819, 
et des ballets : le Bourgeois gentilhomme. 
Terpsickore sur la Fistule, Mars et Flore, etc. 
Les autres compositions de musique vocale de 
cet artiste sont : 1° Messe à quatre voix sur le 
texte polonais. 2° Hymne polonaise (Oycze- 
nacsz) y à trois voix. 3° Messe à quatre voix, 
chantée à l'église de Saint-Alexandre par les 
élèves du district du Nouveau-Monde (colo- 
nie militaire). 4° Messe latine à quatre voix, 
exécutée dans l'église des Franciscainsde Var- 
sovie.5°Messe sur le texte polonais publiée dans 
le Spiewenik de l'abbé Mioduszewski. 6° Messe 
villageoise sur un texte de Felinski. 7° Messe à 
trois voix (contralto, ténor et basse), avec ac- 
compagnemeut d'orgue, trompettes, trombones 
et timbales, composée pour la confrérie litté- 
raire. 8° Recueil de chants religieux, publiée 
à Varsovie, chez Klubowski. 9° Un graud 
nombre de cantates et pièces pour les fêtes of- 
ficielles et anniversaires. 10° Elégie sur la 
mort de Kosciusho. 11° Cantate pourl'inaugu- 
tion de la statue de Ropernick, exécutée à Var- 
sovie, le 11 mai 1850, à quatre voix et orches- 
tre. 12° Te Deum pour le sacre de l'empereur 
Nicolas, à quatre voix, chœur et orchestre, 
exécuté en 1829, dans la cathédrale de Varso- 
vie, sous la direction de l'auteur. 13° Cantate 
pour la fête de l'empereur, en 1837. La mu- 
sique instrumentale de Rurpinski n'est pas 
toute connue; on en a publié à Leipsick, chez 
Breitkopf et Iiaertel : Symphonie à grand or- 
chestre, op. 15; fantaisie pour piano, op. 8; 
fantaisie idem, op. 10 ; fugue pour piano avec 
introduction; collection de quatorze polonaises 
pour piano, op. 11; trois polonaises idem, 
op. 4. On a publié à Varsovie, chez Brzczina: 
Polonaise à grand orchestre; Nocturne pour 
cor, alto et basson, op. 16; Paysage musical, 
pot-pourri pour cor, basson et quatuor d'in- 
struments a cordes, op. 18; thème varié pour 
piano. Les ouvertures de Kalmora, de la 
Femme Martin, de la Reine Hedwige et des 
Ruines de Babylone ont élé publiées à Leip- 
sick, chez Breitkopf et Haertcl. 

Les œuvres de littérature musicale pro- 
duites par l'activité infatigable de Rurpinski 
sont celles-ci : Wyklad systematyczny zasad 
Musyki na Klawikord (Exposé systématique 
de la musique pour le piano), Varsovie, Rlu- 



bowski, 1819; Zasady Narmonii (Principes 
d'harmonie), i'6icZ.,1821; Tygodnik musyczny 
(Journal hebdomadaire de musique), ibid., 
1820-1821, trois volumes; Coup d' œil sur 
V opéra en Pologne, inséré dans les Annales 
de la Société des Amis des sciences (dout 
Rurpinski était membre), 21 me volume. 

KURZ (Jean), organiste et directeur de 
musique à Calw, dans le Wurtemberg, vers la 
fin du dix- septième siècle et au commencement 
du dix-huitième, est auteur d'un écrit qui a 
pour litre : Neue erfundene Harfe , so 
durch ein Klavier, gleich einem Spinet zu 
schlagen (Harpe d'une invention nouvelle, 
qui se joue au moyen d'un clavier, à la ma- 
nière d'une épinette), Tubingen, 1681. C'est 
l'idée d'un instrument que Dietz {voyez ce 
nom) a réalisé environ cent trente ans plus 
tard. Mattheson parle aussi, dans son Parfait 
maître de chapelle, d'un autre ouvrage de 
Rurz intitulé : Classis prima musices. Il ne 
parait pas que ce livre ail élé imprimé. 

RURZIINGER(Ignacb-Fbahçois-Xavier), 
musicien au service de la petite cour de ffler- 
gentheim ou Marienthal, dans le Wurtemberg, 
vécut vers le milieu du dix-huitième siècle. Il 
a publié à Augsbourg, en 1758, une collection 
de symphonies intitulée : David et Apollo, 
iste profanus Parnassi, ille sacer Cœli uter- 
que rex et jubilaris archiphonascus chori, 
sive VlIIsymphonise solemniores seu brèves, 
tam proecclesia quam aula composite, 
op. 1. On a aussi du même artiste une in- 
struction pour le chant figuré et le violon, 
imprimée à Augsbourg, chez Lotter, en 1763, 
95 pages in-4°. 

KURZINGER, (Paul), fils du précédent, 
né à Wtlrzbourg vers 1760, fut destiné par 
son père à la jurisprudence et suivit des 
cours dans les universités de la Bavière. Mais 
pendant qu'il était occupé de ses éludes, il 
reçut aussi une éducation musicale d'artiste; 
bientôt le goût de l'art devint en lui si pro- 
noncé, qu'il prit la résolution de renoncer au 
barreau. Il se rendit à Munich et entra dans 
la chapelle de l'électeur. En peu de temps, ses 
progrès le conduisirent à écrire un petit opéra 
(la Comtesse) qui obtint du succès sur le 
Théâtre électoral. Il voulut ensuite retourner 
à Wurzbourg; mais il n'y trouva pas de posi- 
tion convenable, et dut quitter cette ville pour 
aller à Ralisbonnc, où il obtint une situation 
honorable dans la chapelle du prince de la 
Tour et Taxis. Le prince, satisfait de ses 
talents, lui confia la composition de la musique 
qui devait être exécutée aux fetes préparées 



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KURZ1NGER - KUTZING 



US 



pour l'arrivée de l'empereur Joseph II à Ra- 
Hsbonne. Ce qu'il écrivit à celte occasion jus- 
tifia complètement le choix qu'où avait Tait de 
lui; l'empereur lui-même fut si satisfait de 
celte musique, qu'il engagea l'auteur à se 
rendre à Vienne, lui promettant une place 
dans sa chapelle. Kurzinger se rendit à cette 
invitation, et fut bien accueilli à la cour. Il 
vivait encore à Vienne en 1807, et y était di- 
recteur de musique dans une maison d'éduca- 
tion. On connaît de lui plusieurs bons mor- 
ceaux de musique d'église : La Comtesse, 
opéra-comique représenté à Munich en 1773; 
l'Illumination, idem, à Vienne, en 1792; 
Robert et Calixte, dans la même ville, en 
1794. Il a fait aussi imprimer : Six chansons 
allemandes avec accompagnement de piano, 
Vienne, Kurzbeck, 1789, et douze chansons 
allemandes pour le piano, Vienne et Darm- 
stadt, 1792. 

KURZWEIL (....)> compositeur de mu- 
sique instrumentale, parait avoir vécu à Vienne 
vers la fin du dix-huitième siècle. On connaît 
sous son .nom, en manuscrit : 1° Symphonie à 
grand orchestre. 2° Symphonie concertante 
pour violon et clarinette, avec orchestre. 
3° Concerto pour violon. 4° Concerto pour 
alto. 5° Concerto pour violoncelle. 6° Trio 
pour clarinette, alto et basson. Kurzweil vivait 
encore en 1806. 

ltCSTEIt (HEitMAK»), directeur de musi- 
que et organiste du Rom à Berlin (1861), a Tait 
ses études de composition dans la section de 
musique de l'Académie royale des beaux-arts 
de cette ville, sous la direction de Rungen- 
hagen. Ses premières productions Turent pu- 
bliées en 1840 et 1841 ; elles consistent parti- 
culièrement en chants pour quatre voix 
d'hommes. En 1843, il fit exécuter à l'Acadé- 
mie de chant l'ouverture et la première scène 
d'un petit opéra de sa composition intitulé : 
la Double Noce {die Doppelhochzeil), et, dans 
la même année, il publia quarante-huit fugues 
pour l'orgue, op. 4, a l'usage des organistes 
de petites villes et de la campagne, Berlin, 
C. Paex. Appelé à Saarbruck, deux ans après, 
en qualité de directeur d'une société de chant, 
il y resta environ deux ans et s'y occupa spé- 
cialement de la composition. Au mois de no- 
vembre 1844, il fit exécuter à l'Académie de 
chant de Berlin, sous sa direction, un oratorio 
dramatique intitulé : Die Erscheinung des 
Kreuzes (l'Apparition de la croix) ; cet ouvrage 
produisit une vive impression sur l'assemblée 
M. K Us ter a été appelé à remplir la place va- 



cante d'organiste du Dom de Berlin, en 1852. 
Postérieurement, il a fait entendre divers ou- 
vrages importants de sa composition, parmi 
lesquels on distingue l'oratorio intitulé : Die 
ewige Heimath (la Patrie éternelle), dont la 
partition réduite pour le piano a été publiée a 
Neu-Ruppin, chez Rodolphe Petrenz. La Ga- 
zelle de Spener, du 14 juillet 1861, a rendu 
un compte avantageux de cet ouvrage. On 
connaît aussi du même compositeur des Lieder 
distingués pour contralto, op. 8, Mayence, 
Scholt, et les psaumes 40, 67, 100 et 149, 
pour un chœur d'hommes à quatre voix; Neu- 
Ruppin, Rodolphe Petrenz. 

KUTSGQKR (G.-F.), professeur de musi- 
que et pianiste à Ratisbonne, actuellement 
vivant (1862), a publié une méthode élémen- 
taire de piano, avec des exercices faciles, sous 
ce titre : Der Anfxnger im Clavierspiel, Ra- 
tisbourg, Reitmayer. 

KtlTTISOIIOIlSKY (Jeah-Népomucbre), 
directeur du chœur au château de Prague ei 
dans l'église de Saint-Benoit, est né en celle 
ville vers 1755. Son père, bon musicien de 
l'église métropolitaine, lui enseigna la musi- 
que. Kultnohorsky entra d'abord en qualité de 
ténor à l'église cathédrale et à celle de Sainte- 
Marie-des-Vicloires, puis il obtint la place de 
directeur ci-dèssus indiquée. Parmi ses compo- 
sitions, qui sont restées en manuscrit, on cite 
deux messes et huit symphonies qui sont 
estimées en Bohême. Kultnohorsky est mort à 
Prague en 1781. 

RtlTZIIHGr (Charles), d'abord facteur 
d'instruments à Coire (Suisse), s'est établi à 
Berne en 1840, et y a transporté ses ateliers. 
Il est auteur d'un manuel théorique et prati- 
que de la construction des pianos, avec une 
indication de toutes les innovations introduites 
dans ce genre d'instruments. Cet ouvrage a 
pour litre : Theoretisch-praktisches Hand- 
buch der Fortepiano-Baukunst mit Bertieh- 
sichliffung der neuesten Ferbesserungen, 
Bonnet Coire, J.-F.-J. Dalp, 1835, in-8» de 
94 pages avec six planches. Kutzing a donné 
comme supplément à ce traité un livre qui a 
pour titre : Beitratge zur praklischen Akustik 
(Essais pour l'acoustique pratique), Berne et. 
Coire, Dalp, 1858, in -8° de 51 pages, avec 
deux planches. On a aussi du même facteur 
d'instruments un manuel théorique et pratique 
de la construction des orgues , sous ce titre : 
Theoretisch-praktisches Handbuch der Or- 
gelbaukunst , Berne et Coire, Dalp, 1845, 
in- 8° de lo7 pages, avec 8 planches. 



Il 06 R. OHIV. DES M C SI Ci ES S. T. V. 



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L 



, LAAG (Henri), organiste et facteur de cla- 
vecins à Osnabrùck, né à Herford (Westphalie), 
le 18 février 1713, remplissait ses fonctions à 
l'église de Sainte-Catherine d'Osnabruck. On a 
de lui un livre intitulé : Anfangsgrûnde zum 
Clavierspielen und Generalbass (Éléments 
du clavecin et de la basse continue); Osnabrùck, 
1774, in-4° de 74 pages. 11 a aussi publié cin- 
quante chansons avec accompagnement de cla- 
vecin, sous ce titre : filnfùg Zdeder mit Mclo- 
dien fur Cla vier ,• Cassel, 1777. Cet artiste a 
écrit sa propre biographie, qui a été publiée après 
sa mort, par un de ses amis, sous ce titre : Le- 
bens-G'eschichte Heinrich Laag's, Organisten 
an der Katharinen Kirche in Osnabrùck, 
von ihm selbst beschreiben und mit einem 
Nachtrage herausgegeben von einem seiner 
Freunde ( Biographie de Henri Laag , organiste 
de l'église Sainte- Catherine à Osnabriick, écrite 
par lui-même, et publiée, avec un appendice, par 
un de ses amis )*, Herford, 1798, in-8° de 248 pa- 
ges. L'éditeur de cette autobiographie nous ap- 
prend que Laag mourut le 30 octobre 1797. 

LABADE1V8 (....), violoniste à Paris, vers 
le milieu du dix-huitième siècle, a publié : Nou- 
velle méthode pour le violon; Paris, Naderman. 
En 1797, Labadens était attaché à l'orchestre de 
l'Opéra; mais il ne faisait plus partie du person- 
nel de cet orchestre en 1802. 

LABARRAQCJE (Antoine - Germain ), 
pharmacien à Paris, est né à Oléron ( Basses- 
Pyrénées), le 29 mai 1777. Après avoir servi 
quelque temps dans la compagnie de grenadiers 
de Latoor d' Auvergne , il entra au service des 
hôpitaux en qualité de pharmacien , fut chargé 
en Espagne de la direction de l'hôpital de 
Beira , et suivit ensuite des cours à l'école de 



médecine de Montpellier. En 1799, il se rendit à 
Paris,' où il acheva ses études. Au mois de juin 
1805, il reçut son diplôme de pharmacien , puis 
il se livra à divers travaux, qui le conduisirent 
à des découvertes utiles ; entre autres celle des 
chlorures d'oxyde de chaux et d'oxyde de soude, 
dont on a fait d'importantes applications dans 
certaines maladies épidémiques et endémiques. 
M. Labarraque est cité ici pour son livre in- 
titulé V Art du boyaudier; Paris, 1822, in-8°. 
Cet ouvrage se rattache a la musique par la 
fabrication des cordes d'instruments. 

LABARRE (Michel DE), flûtiste et 
compositeur, né à Paris, en 1675, mourut en 
cette ville, vers la (in de 1743. On a représenté 
à POpéra, en 1700, un ouvrage de sa composi- 
tion, intitulé : Le Triomphe des Arts, paroles 
de Lamotte; la partition de cet ouvrage fut im- 
primée dans la même année, à Paris, citez Bal- 
lard. Labarre donna aussi, en 1708, un intermède 
intitulé : La Vénitienne. Ou a du même artiste 
quelques œuvres de duos et de trios pour la flûte. 

LABARRE (Trille), guitariste, vécut à 
Paris vers la fin du dix- huitième siècle. On con- 
naît sous son nom : 1° Étrennes de guitare, ou 
recueil des plus- jolies romances qui ont paru 
dans Tannée 1787, suivies d'une sonate pour 
guitare, avec accompagnement de violon obligé, 
op. 2; Paris, Bailleux, 1788. — 2° Nouvelle 
méthode pour la guitare à V usage des per- 
sonnes qui veulent Vapprendre sans maître, 
op. 7; Paris, 1793. — 3° Recueil pour la gui- 
tare, ou leçons graduelles et faciles , Paris , 
1794. 

LABARRE (Louis-Julien CASTELS DE), 
né à Paris, le 24 mars 1771, est issu d'une fa- 
mille noble de Picardie. Après avoir reçu, dans 



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LABARRE 



147 



sa jeunesse, quelques conseils de Viotti pour le 
\ioloo, il fit, en 1790, un voyage en Italie. Admis 
au Conservatoire de La Pietà, à Naples, comme 
-élève, il y apprit le contrepoint sous la direction 
<te Sala, puis il rentra en France, dans l'année 
1793, et y acheva ses études de composition près 
de Méhul. Après avoir rempli pendant deux ans 
les fonctions de premier violon au Théâtre de 
Molière, il entra à l'Opéra en Tan VU ; mais 
après quelques années il quitta cette position pour 
un emploi dans la famille de l'empereur Napo- 
léon. Dans Tan VI de la république (1798) il a 
fait représenter au Théâtre de Molière Les Époux 
de seize ans, opéra en un acte, qui n'obtint point 
de succès et ne fut joué que trois fois. 11 a pu- 
blié deux recueils de romances avec accompagne- 
ment de piano, une scène des Adieux du Cid à 
Chimène , trois œuvres de duos de violon , des 
caprices et des airs variés pour cet instrument. 
LABARRE (Théodore), compositeur et har- 
piste célèbre, est né à Paris, le 5 mars 1805. Dès 
son enfance on lui fit étudier la musique comme 
un détassement ; car il n'était pas destiné à faire 
sa profession de cet art. La harpe fut l'instru- 
ment qu'on lui mit entre les mains; il n'était âgé 
-que de sept ans lorsque Cousineau lui en donnâtes 
premières leçon*. Il continua de s'y exercer sous 
la direction de ce maître jusqu'en 1814. A cette 
époque il devint élève de Rochsa, qui, trouvant 
en lui les plus rares dispositions, lui fit faire de 
rapides progrès. Après le départ inopiné de cet 
artiste pour l'Angleterre, en 1816, Labarre con- 
tinua ses éludes de harpe auprès de Naderman 
jusqu'en 1820 ; mais il n'en reçut que de rares le- 
çons! En 1817, ses parents prirent la résolution 
de faire servir ses talents à sa fortune, et pour 
achever son éducation d'artiste, ils le firent en- 
trer comme élève au Conservatoire , où il apprit 
auprès de M. Dourlen les éléments de l'harmonie; 
puis il devint élève d'Eler, pour le contrepoint. 
Après la mort de ce maître, il continua ses étu- 
des sous la direction de l'auteur de cette notice 
(en 1821), et dans le même temps Boieldieu lui 
enseigna le mécanisme des formes de la compo- 
sition idéale. Bien qu'il ne fût âgé que de dix- 
huit -ans, Labarre se présenta au concours de 
l'Institut, en 1823, pour le grand prix de compo- 
Mtion musicale. Le sujet du concours était la 
cantate de Pyrame et Thisbé, composée de plu- 
sieurs récitatifs, airs et duos. Des mélodies d'un 
goût élégant, un bon sentiment dramatique, une 
harmonie piquante, distinguaient l'œuvre de La- 
barre : le second prix lui fut décerné. Nul doute 
qu'il eut obtenu le premier l'année suivante, si 
les succès qu'il trouvait déjà dans son talent sur 
la harpe et dans ses compositions pour cet ins- 



trument ne lui avaient fait prendre une autre di- 
rection. 

En 1824, il se rendit en Angleterre , où son 
habileté le fit bientôt remarquer. Des concerts 
donnés chaque année & Londres ; d'autres, dans 
des lieux de plaisance, tels que Bat h et Brigh- 
ton ; enfin des voyages en Irlande et en Ecosse 
étendirent sa réputation, et le placèrent à la tète 
des harpistes de la Grande-Bretagne. Dans les 
intervalles des saisons , il revenait en France 
chaque année, et après avoir donné des concerts 
à Boulogne ou dans d'autres villes, il allait pas- 
ser quelques mois à Paris. Dans un de ses voya- 
ges, il visita la Suisse; dans un autre, il se rendit 
à Naples, où il excita autant de surprise que 
d'admiration , au théâtre de Saint-Charles. La 
harpe entre ses mains avait acquis une impor- 
tance plus grande, un caractère plus élevé, une 
variété d'effets, enfin une énergie qu'elle n'avait 
point auparavant. Sa musiqne pour cet instru- 
ment avait paru d'abord trop difficile : peu d'a- 
mateurs et même d'artistes étaient assez habiles 
pour la jouer; ce défaut relatif nuisit à son suc- 
cès dans les premiers temps. Quelques jeunes 
gens formés à son école, tels que MM. Léon Ga- 
tayes et Godefroy, la popularisèrent enfin; il est 
peu de harpistes aujourd'hui qui ne la recher- 
chent. 

Des romances charmantes, qui ont obtenu des 
succès de vogue, avaient commencé la réputation 
de Labarre pour la musique vocale ; ses amis ne 
doutaient pas que s'il essayait son talent à la 
scène, il n'y réussit à merveille ; mais il était 
difficile de trouver un poème favorable à son 
talent. Malheureusement il crut l'avoir rencontré 
dans Les deux Familles, drame en trois actes 
dont il composa la musique, et qui fut représenté 
le 1 1 janvier 1831 au théâtre Ventadour. Cette 
pièce ne réussit pas, et la musique, qui subit 
toujours en France le sort du livret, fut entraî- 
née dans sa chute. Considéré sous le rapport de 
l'art, cet ouvrage n'avait pas réalisé les espéran- 
ces des amis de Labarre. On y trouvait de jo- 
lies mélodies , des détails pleins de goût , mais 
non la hardiesse de pensée qu'on attendait du 
jeune compositeur. Je ne puis rien dire de L'As- 
pirant de marine, opéra-comique en deux ac- 
tes, joué au théâtre de la Bourse (mai '1834), 
n'ayant point entendu cet ouvrage. La Révolte 
au Sérail, ballet en trois actes, joué à l'Opéra 
dans le mois de décembre 1833, fut écrit avec 
beaucoup de rapidité ; néanmoins on y trouve des 
morceaux d'un très-bon effet. 

Après un séjour de quelques années à Paris, 
Labarre retourna à Londres. Il s'y livra avec suc- 
cès à l'enseignement. En 1837, il devint re- 
lu. 



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148 



LABARRE — LABAT 



poux de Mile Lambert, jeune et jolie cantatrice 
qui possédait un talent plein de grâce et d'ex- 
pression. 11 vécut alors pendant quelque temps 
à Paris. Après que Girard eut quitté la direction 
de l'orchestre de l'Opéra-Comique pour passer 
à l'Opéra, Labarre lui succéda dans cette position, 
en 1847. Le 9 août 1845, il avait fait pour ce 
théâtre te Ménétrier, ou les deux Duchesses, 
opéra en trois actes, dont la musique, bien écrite 
et bien instrumentée, renferma il des mor- 
ceaux pleins de mélodie et de distinction ; mais 
la faiblesse du livret en empêcha le succès. En 
1849, Labarre quitta la direction de l'orchestre 
de l'Opéra- Comique. En 1851 il était à Londres; 
mais après le coup d'État du mois de décembre 
de la même année qui fit succéder l'empire à la 
république en France, il revint à Paris et obtint 
la direction de la musique particulière de l'em- 
pereur Napoléon III. Au mois de novembre 1853, 
il a fait jouer à l'Opéra Jovita ou les Bouca- 
niers, ballet en trois tableaux, et au mots de 
janvier 1855 il a donné au même théâtre La 
Fonti, ballet en six tableaux. Cet artiste a pu- 
blié environ cent œuvres de musique de harpe, 
parmi lesquels on remarque : 1° Trios pour 
harpe, cor et basson, op. 6; Paris, Pacini. — 
2° Duos pour harpe et piano, œuvres, 3, 5, 9, 
ibid.; œuvres 43,47,48, 49, 59, 54, Paris, Trou- 
penas. — 3° Duos pour harpe et violon ( avec 
deBériotJ, sur divers motifs des opéras d'Au- 
ber, de Rossini et d'autres compositeurs ; ibid. — 
— 4° Duos pour harpe et cor, n°* 1,2, 3; Paris, 
Naderman;— 5° Nocturnes id., no» i, 2, 3; Paris, 
Pacini. — 6 ° Duo pour harpe et hautbois (Sou- 
venirs de la Dame blanche), Paris , Janet. — 
7° Solos, fantaisies, rondeaux, etc , pour la 
harpe, op. 8, 10, 11, 12; Paris, Pacini; op. 25, 
26, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 39, 40, 44, 46, 
50, 51, 56, 60, 63, 66, 70, 72, 73, 75, 77, 82, 
Paris, Troupenas; op, 90, 91, 92, 93; Paris, De 
Lahanle. Parmi les plus jolies romances de La- 
barre, on cite : Le Contrebandier, la jeune Fille 
aux yeux noirs , La pauvre Négresse , La 
jeune Fille d'Otaïti, Méphistophëlès, La Tar- 
tane, Cora ou la Vierge du Soleil. Il en a pu- 
blié plusieurs recueils en albums. Enfin, on a 
de lui une Méllwde complète pour la harpe, 
ouvrage excellent en son genre, et aussi remar- 
quable par le plan que par l'exécution. 

LÀ BAT (Jean-Baptiste), organiste de la 
cathédrale de Montaubao, est né le 17 juin 
1802, à Venîan ( Tarn-et-Garonne ), oîi son père 
était marchand de grains. Il reçut d'abord des le- 
çons de plain chant, et fut employé dès l'âge de 
huit ans comme enfant de chœur. A neuf ans il 
commença l'étude du solfège pendant qu'il fré- 



quentait l'école d'un bon instituteur pour les lan- 
gues française et latine. Ses progrès dans la mu- 
sique furent rapides. En 1817, son père l'envoya 
à Toulouse pour y continuer l'étude de cet art; 
il yrrçutles leçons de Jacques Causse, habile 
organiste de la cathédrale, qui lui enseigna pen- 
dant qnatre ans Porgue et l'harmonie. En 1821 
M. Labat accepta la place d'organiste de l'église 
de Verdun , devenue vacante. Pendant les six 
années qu'il conserva cette position il perfec- 
tionna et compléta ses connaissances, dans la lit- 
térature et dans les sciences. En 1827, il se ren- 
dit à Paris, et fut admis au Conservatoire, comme 
élève de M. Benoist pour l'orgue, et de l'auteur 
de cette notice pour la composition ; mais appelé à 
Montanban , au mois de septembre de Tannée 
suivante, pour y occuper les places d'organiste 
et de maître de chapelle, il dut quitter cette école. 
La maîtrise de la cathédrale ayant été supprimée 
en 1833, M. Labat ne conserva que la place 
d'organiste. Ne voulant pas toutefois voir cesser 
le progrès à Montauban , dans la culture de la 
musique, il fonda et dirigea nne société philhar- 
monique pour l'exécution des œuvres classiques, 
et ouvrit un cours d'harmonie, dans lequel il a 
formé de bons élèves. On a de cet artiste un 
livre qui a pour titre : Études philosophi- 
ques et morales sur Vhistoire de la mu- 
sique , ou recherches analytiques sur les 
éléments constitutifs de cet art à toutes 
les époques, sur la signification de ses trans- 
formations, avec la biographie des auteurs 
qui ont concouru à ses progrès; Paris, Tecli- 
ner, et Montauban, Forestier, 1852, 2 vol. 
in-8°. Cet ouvrage est bien écrit, mais on y 
trouve beaucoup d'emprunts faits aux écrivain» 
modernes sur la musique, particulièrement a 
l'auteur de la Biographie universelle des mu- 
siciens. 

Les autres productions littéraires de M. Labat 
en ce qui concerne la musique, et dout plusieurs 
ont paru dans les Mémoires des Académies de 
Bordeaux et de Toulouse, sont des études sur La 
mue de la voix; sur le Stabat de Rossini; sur 
les Aoels; sur sainte Cécile; sur Vhistoire de 
Vorgue; sur les Concerts; sur les chant: de 
la chapelle Sixtine; sur le faux-bourdon; 
sur les nombres appliqués à la science musi- 
cale; sur les notations musicales du moyen 
âge, travail couronné par l'Académie de Tou- 
louse ; sur V esthétique des huit modes du plain- 
chant; Biographie de J.-R. Rey (dans le Bio- 
graphe de Tarn et-Garonne); Biographie de 
DonizetU (dans la Revue de Toulouse). Les 
principales compositions de M. Labat, dont plu- 
sieurs ont été publiées, sont: 1° Une Messe so- 



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LABAT — LABLACHE 



149 



iennelle,avec orchestre.— 2° Deux inesses brèves 
avec orgue. — 3° Oratorio de Noél, avec orchestre. 

— 4° Le Siège de Montauban, ouverture à grand 
orchestre. — 5° Grand Magnificat. — 6° Grand 
opéra en deuxactes (inédit). — 7° La Sibylle, ora- 
torio. — 8° Recueil de fugues pour l'orgue. — 9° Re- 
cueil de motets à la sainte Vierge. — 10° Recueil de 
motets et d'adorations au saint Sacrement. — 
1 1° Recueil de cantiques à voix égales. — 12° Re- 
cueil de cantates pour des distributions de prix. — 
13° Deux antiennes à la Palestrina, à six voix. 

— 14° Leçons d'harmonie d'après le système de 
M. Fétis. — 15° Leçons de contrepoint d'après 
le même auteur. — 16° Plusieurs composi- 
tions pour le piano. — 1 7° Plusieurs romances 
et morceaux de chant avec piano. M. Labat est 
membre de l'Académie impériale des sciences de 
Toulouse , de l'Académie impériale des sciences 
de Bordeaux , et de la société des sciences de 
Ta m -et- Garonne, auxquelles il fournit régulière- 
ment des mémoires. 

LABBÉ( Robert), musicien français f vécut 
à la tin du quatorzième siècle et dans le com- 
mencement du quinzième. Suivant les registres 
de l'église métropolitaine de Rouen, il fut 
nommé organiste de cette cathédrale en 1386, et 
fiitconséquemment contemporain de Tagiapeitra 
( ou plutôt, vraisemblablement, Tagliapietra) , 
sixième organiste de la chapelle ducale de Saint- 
Marc, à Venise. Labbé occupa cette place jus- 
qu'en 14 19, et la quitta alors pour celle de maître 
de chapelle de la même église. Au mois de mai 
1423, il cessa temporairement ses fonctions, 
sans doute pour cause de santé , car il les re- 
prit au mois d'octobre de la même année ; puis 
on le Toit remplacé de nouveau par deux sous- 
maltres nommés Nicolas Decan et Jean Do 
quesnes, en 1425. Labbé rentra pour la troi- 
sième fois, en 1431, avec Jean Desquesnes 
pour second maître; mais sans doute il mourut 
en 1433, car il disparaît alors des états, et c'est 
un ancien enfant de chœur de Rouen , nommé 
Jean d'Eudemare, devenu chanoine et maître 
es arts, qui est alors son successeur. Quoiqu'on ne 
connaisse rien jusqu'à ce jour des productions de 
Labbé, son nom, -comme ceux de tous les artistes 
des premiers temps de l'art régulier, a de l'in- 
térêt pour l'histoire. 

LABBÉ. Voyez ABBÉ ( Joseph-Barnvdé 
SAINT-SÊVIN dit V). 

LABITZKI ( Josf.pu ), ou LABITZKY, 
compositeur de musique de danse qui a eu beau- 
coup de vogue en Allemagne , est né le 4 juillet 
1802 à Schœnfeld , petite ville située dans les 
montagnes de la Bohême, près d'Eger. Un an 
après sa naissance, se? parents allèrent s'établir 



à Petscbau. Son père, grand amateur de mu- 
sique, le confia aux soins de Charles Veit, 
maître d'école et directeur du chœur, qui lui en- 
seigna le chant , le piano et le violon. Un peu plus 
tard , Labitzki apprit à jouer de la flûte et s'ins- 
truisit dans les éléments de l'harmonie. A l'Age 
de douze ans il perdit ses parents, et fut obligé 
de pourvoir à son existence. C'est à cet âge qu'il 
essaya ses forces dans de petites compositions. 
En 1 820, il fut engagé comme violoniste pour 
la saison d'été à l'orchestre de Marienbad. Dans 
l'hiver de 1822-1823 il fil son premier voyage 
comme artiste, et visita Ratisbonne, Nuremberg, 
Augsbourg et Munich. Ce fut dans cette der- 
nière ville qu'il fit exécuter ses premiers ouvrages 
de musique de danse, en 1824 et 1825. Il y re- 
tourna dans les années 1827 et 1828, et y obtint 
de brillants succès. Dans les intervalles, il alla 
plusieurs fois à Vienne jusqu'en 1835 : sa musique 
y partagea la vogue de celle de Strauss et de 
Lanner. Il faisait aussi de temps en temps des 
excursions en Allemagne et à l'étranger : c'est 
ainsi qu'il visita Stuttgard et Varsovie. Il se 
trouvait dans cette dernière ville en 1830 lorsque 
la révolution y éclata. En 1835, Labitzki 
prit la direction de l'orchestre des fêtes et bals 
de Carlsbad, et s'établit en ce lieu avec sa fa- 
mille. Depuis lors il a fait quelques voyages avec 
son orchestre , et partout il a obtenu de brillants 
succès. En 1839 il était a Pé te rs bourg, et 
en 1850 à Londres. De ses onze enfants , trois 
se sont livrés à l'étude de la musique : les denx 
premiers, Wilhelm et Auguste, ont fait leur 
éducation musicale comme violonistes au Con- 
servatoire de Prague, puis à Leipsick. Depuis 
lors Wilhelm s'est fixé à Toronto , dans la partie 
anglaise du Canada , et Auguste est un des vio- 
lonistes de l'orchestre de son père , à Carlsbad. 
MUe Tony Labitzki a étudié l'art du chant 
chez M m * Marchesi-Graumann , à Vienne. Elle 
a été engagée comme cantatrice au théâtre de 
Francfort, en 1858. Le nombre de quadrilles, 
de contredanses, de valses, de galops, de po- 
lonaises et de mazourkos pour orchestre et pour 
piano publiés par Labitzki , à Leipsick , chez 
Hofmeister, à Munich , chez Aibl, et surtout à 
Prague, chez Uerra, est immense. Cette musique 
a , en général , les caractères de l'originalité et 
de la verve. Labitzki est un bon artiste, qui 
cultive aussi l'art sérieux : il a écrit des qua- 
tuors de violon restés en manuscrit, et a com- 
posé aussi des concertos , des divertissements et 
des thèmes variés pour le violon, la flûte, la 
clarinette et le cor. 

LABLACHE ( Louis ), acteur et chanteur 
céièbre du théâtre italien, est né à N a pies, le 



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150 



LABLACHE 



6 décembre 1794. Son père, Nicolas Lablaclie, 
avait été négociant à Marseille , et s'était fixé à 
Naples en 1791 ; il fnt une des victimes des per- 
sécutions exercées contre les Français en 1799. 
Plus tard, Joseph Napoléon prit des mesures 
pour améliorer la situation de ceux qui avaient 
été maltraités dans ces circonstances, et le 
jeune Lablache fut placé comme élève au Con- 
servatoire de La Pictà de' Turctoni, à Naples. 
Il était âgé de douze ans lorsqu'il y fut admis. 
Gentilli lui enseigna les éléments de la musique 
et Valesi lui donna des leçons de chant. On lui 
fit aussi commencer l'étude du violon et du vio- 
loncelle; mais il paraissait avoir peu de goût 
et de disposition pour la musique; il était négli- 
gent dans son travail , et n'était pas cité parmi 
ses condisciples pour la régularité de sa con- 
duite. Un incident bizarre vint tout à coup 
faire connaître son aptitude , qui ne s'était pas 
révélée jusque-là. Un de ses camarades devait 
jouer, dans une certaine occasion , une partie 
sur la contrebasse ; ce jeune homme tomba ma- 
lade trois jours avant le concert. Lablache 
n'avait jamais touché de contrebasse; néan- 
moins il offrit de remplacer son condisciple, et 
trois jours lui suffirent pour se mettre en état 
de bien exécuter sa partie. Son succès n'aug- 
menta pas son penchant pour les instruments : 
il ne se sentait de vocation que pour la scène. 
Sa voix juvénile était un beau contralto : il en 
hâta la ruine , au moment où la mue allait se 
déclarer, en chantant les solos du Requiem de 
Mozart à l'occasion de la mort de Haydn, 
en 1809. Il était alors âgé de quinze ans : ses 
efforts pour soutenir sa partie jusqu'à la fin de 
l'exécution de l'ouvrage eurent pour effet de 
le mettre dans l'impossibilité de faire entendre 
on son après la fugue finale. Ses maîtres crai- 
gnaient la perte totale de son organe vocal; 
mais peu de mois après , cet organe se trans- 
forma en une voix de basse magnifique de deux 
octaves d'étendue ( mi bémol grave à mi bémol 
aigu), dont la puissance augmenta d'année en 
année jusqu'à l'âge de vingt ans. Supportant 
avec impalienee le régime sévère des études 
et de la discipline du Conservatoire , Lablache 
aspirait à s'en affranchir. Cinq fois il s'enfuit du 
Conservatoire pour prendre un engagement dans 
les petits théâtres de la cjpitale. C'est à la suite 
de ces escapades qu'une ordonnance royale dé- 
fendit aux directeurs de spectacle d'engager un 
élève du Conservatoire sans autorisation spé- 
ciale , sous peine d'une amende de deux mille 
ducats, et de la clôture du théâtre pendant 
quinze jours. 
Devenu libre enfin , après avoir achevé péni- 



blement ses études, Lablache fnt engagé en 1812- 
au théâtre San-Carlino, à Naples, comme 
buffo napoletano , quoiqu'il ne fût âgé que de 
dix-huit ans. Peu de mois après, il devint l'é- 
poux de la fille du célèbre acteur Pinolti. Cette 
union eut d'heureux résultats pour l'artiste, 
car sa femme sut exciter son émulation , et lui 
faire recommencer avec soin ses études vocales. 
Elle le fit aussi renoncer au patois napolitain, 
seule langue qu'il eût parlé jusqu'alors, et con- 
tracter l'habitude de s'exprimer dans le pur 
idiome italien. L'ouvrage dans lequel il avait dé- 
buté au théâtre San-Carlino était La Molinara 
de Fioravanti. L'année suivante il se rendit à 
Messine pour y remplir le même emploi ; mais 
H ne tarda point à le quitter pour celui de pre- 
mière basse chantante qu'il alla tenir au théâtre 
de Palerme. Il y débuta dans l'opéra de Pavesi , 
Ser M arc- Antonio , et le succès qu'il y obtint 
le décida à rester en cette ville pendant près de 
cinq ans. Bien qu'éloigné du centre de l'Italie , 
il n'y était point inconnu. Insensiblement sa ré- 
putation s'étendit, et l'administration du théâtre 
de La Scala, de Milan, l'engagea en 18(7. 11 
chanta le rôle de Dandlni dans la Cenerentola 
de Rossini , et y fut applaudi avec transport. 
Son jeu et son chant obtenaient les éloges de 
tous les dUeltanti; mais sa mauvaise prononcia- 
tion était l'objet de beaucoup de critiques. Ce 
ne fut pas sans peine qu'il parvint à en corriger 
les défauts; mais sa ferme volonté parvint à 
surmonter tous les obstacles, et plus tard il 
se fit admirer par la pureté , par l'élégance de 
son articulation. Mercadante écrivit ensuite 
pour lui Elisa e Claudio. Dès ce moment 
son nom se répandit dans toute l'Europe. De 
Milan, il alla à Turin où il joua Uberto, 
dans YAgnese de Paer, avec un succès d'en- 
thousiasme. Après avoir paru sur quelques 
théâtres, il revint à Milan en 1827. , puis alla à 
Venise, et enfin à Vienne en 1824. Là il éclipsa 
tous les artistes qui l'entouraient par la beauté de 
sa voix , son intelligence profonde et la vérité de 
son jeu. Dans leur admiration pour un artiste si 
remarquable, les habitants de Vienne firent 
frapper en son honneur une médaille avec cette 
inscription : Actione Hoscio , Joppe canlu r 
comparandus ulrique, lauro coiiseria , am- 
bobus major; Vienne, 1825. 

Après le congrès de Laybach , Lablache obtint 
à Vienne une audience du roi de Naples , Ferdi- 
nand I er , qui l'accueillit avec bonté, le nomma 
chanteur de sa chapelle, et lui fit donner un en- 
gagement pour le grand théâtre de Saint-Charles. 
Après une absence de près de douze années T 
l'artiste retourna à Naples, grandi par ses étude:» 



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LABLACHE — LABORDE 



151 



et ses succès. Admirable dans le rôle d'Assur, 
de la Semiramide de Rossini , il y produisit la 
plus vive sensation. Deux ans plus tard il joua 
à Parme, dans la Zaira de Bellini, dont le 
talent était a son aurore. Arrivé a Paris dans la 
saison de 1830, il y débuta le 4 novembre, et s'y 
fit admirer comme acteur par le talent flexible 
qu'il déployait dans le style bouffe et dans le 
sérieux , et comme chanteur par la puissance 
incomparable de son organe, par la verve de 
son exécution , et par la perfection de son intel- 
ligence musicale. Véritablement grand comédien 
dans le Geronimo du Matrimonio segreto, 
et dans le Podesta de la Gazza Ladra , excel- 
lente caricature dans La Prova d'un opéra 
séria, dans le Dandini et dans le baron de 
Montefiascone de Cenerentoia, il faisait preuve 
d'une rare énergie dramatique et d'une intelli- 
gence parfaite dans Henri VIII tVAnna Bolena, 
dans Norma, enfin dans tous les rôles du 
genre sérieux. Sa belle et noble tête, sa haute 
stature, qui affaiblissait les inconvénients de 
son embonpoint, les qualités de son esprit, 
son instruction variée , ses connaissances éten- 
dues dans la musique, enfin ses habitudes d'un 
monde distingué, composaient dans sa per- 
sonne et dans son talent l'ensemble le plus sa- 
tisfaisant qu'on puisse rencontrer dans remploi 
qu'il remplissait à la scène. D'ailleurs , homme 
estimable et d'une exacte probité dans ses rela- 
tions sociales, il n'était pas moins considéré 
dans la vie privée qu'admiré sur la scène. Après 
avoir brillé à Paris pendant les années 1630, 
1831, 1832 et 1833, il retourna à Naples à 
l'automne de 1833, et y joua avec un prodigieux 
succès YEUsire d'amore et Don Pasquale , 
de Donizetti. De retour à Paris, vers la fin 
de 1834, il y brilla depuis ce temps chaque 
hiver, allant ensuite en Angleterre, au mois 
d'avril^ et s'y faisant entendre au théâtre italien 
de Londres, ainsi que dans les festivals musi- 
caux des grandes villes de province. Charmée 
des qualités précieuses du talent de cet excel- 
lent artiste , la reine Victoria le faisait souvent 
appeler pour des soirées intimes de musique : 
elle voulut qu'il lui donnât des leçons de chant. 
Au commencement de 1852, Lablache reçut un 
engagement pour le théâtre impérial de Saint- 
Pétersbourg : ses succès dans cette grande ville 
ne furent pas moins brillants qu'à Paris , à Lon- 
dres , à Vienne et à Naples. Il avait acquis une 
agréable maison de campagne à Maisons-Laflitte, 
et y goûtait avec délices les rares moments de 
repos que lui laissaient les travaux du théâtre. 
En 1856, sa santé commença à s'altérer, et au 
printemps de l'année suivante il fut obligé d'aller 



chercher du soulagement aux eaux de Kin- 
singen, en Bavière. L'empereur de Russie, 
Alexandre II, qui s'y trouvait, nomma Lablache 
chanteur de sa chambre et lui fit remettre une 
belle médaille d'or à l'effigie de ce prince, avec 
le cordon de l'oçdre de Saint- And ré. Lorsque 
l'artiste , frappé de l'idée de sa fin prochaine, 
reçut ces présents , il dit avec l'accent de la tris- 
tesse : Cela servira à décorer mon cercueil. 
De retour dans sa propriété de Maisons , il y 
passa quelques jours du mois d'août , et en partit 
le 18 pour aller essayer de J'influence de l'air natal 
dans sa villa du Pausilippe; mais au lieu d'y 
trouver l'amélioration qu'il avait espérée pour 
sa sanlé, l'air trop vif de la mer l'obligea à s'en 
éloigner pour rentrer à Naples. Le mal faisait 
chaque jour de nouveaux progrès : Lablache com- 
prit que tout était fini pour lui, et demanda les 
secours de la religion. Ils lui furent administrés 
par un de ses anciens camarades de théâtre, 
qui était entré dans l'ordre des Dominicains* 
L'artiste célèbre. expira le 23 janvier 1858. Son 
corps fut rapporté à Paris et inhumé à Mai- 
sons-Laffitte. Lablache avait deux sœurs : L'aînée 
devint marquise de Braida , l'autre fut abbesse 
de Sessa. De ses nombreux enfants , l'aîné des 
fils suivit la carrière du théâtre, et fut chanteur 
et acteur médiocre : le plus jeune, ancien élève 
de l'École polytechnique, est devenu officier dans 
l'armée française. Une des filles du grand chan- 
teur est femme du célèbre pianiste Thalberg. On 
a de Lablache une Méthode de chant publiée à 
Paris, chez M">« V e Canaux. Cet ouvrage ne ré- 
pond pas à ce qu'on pouvait attendre de l'habi- 
leté et de l'expérience de l'auteur. 

LABORDE (.ïean-Baptiste). Voy. BORDE 
(LA)* 

LABORDE (Jean-Benjamin DE). Voy. BOR- 
DE (DE LA). 

LABORDE (Le comte ALexanwie-Lolis-Jo- 
seph DE)» né à Paris, le 15 septembre 1774, a 
été successivement auditeur au conseil d'État 
(en 1808), maître des requêtes (en 1810), ad mi* 
nistrateurdes ponts et chaussées du département 
de la Seine (en 1811), adjudant-major de la 
garde nationale (en 1814), maître des requêtes 
en service ordinaire (en 1810), puis (1838) mem- 
bre de la Chambre des députés, aide de camp du 
roi , de l'Institut de France (Académie des ins- 
criptions et belles-lettres), et de plusieurs autres 
sociétés savantes. Après avoir fait ses études au 
collège de Juilly, il suivit ses parents dans l'émi- 
gration , et servit en Allemagne dans le9 dragons 
de Kinsky. Rentré en France après le traité de 
Campo-Formio, il se livra à la culture des leltres 
et des arts, fit des voyages en Italie et en L*pa- 



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152 LA BORDE — LACÉPÈDE 

gne, et publia le résultat de ses recherches dans caprice; mais il assure que cet événement le 

des ouvrages de luxe, dont l'examen n'est pas » dégoûta dd théâtre, et qu'il prit la résolution de 

l'objet de cette biographie. Il n'est cité ici que ne plus écrire que de la musique instrumentale, 

pour une Lettre à madame de Genlis, sur. les I 11 parait qu'avant cet événement il avait composé 

sons harmoniques de la harpe; Paris, 1806, ' plusieurs opéras qu'il destinait à succéder a Om- 

in-12. L'auteur de cette brochure prétend que j phale, cardans l'Avant-Propos de sa Poétique 

les sons harmoniques tirés de la harpe par M. Ca- ! de la musique (imprimée en 1785), il dit : « J'i- 

simir Becker, élève de madame de Genlis, sont I « gnore quelle sera la destinée des tragédies lyri- 

un effet renouvelé de la musique des Grecs, et i « ques que j'ai mises en musique, etc. » Il ne 

que ceux-ci suppléaient par ce moyen a l'insuf- j parait pas que sa résolution ait été inébranlable, 

fisance du nombre des cordes de la lyre. Cette ! car en 1786 il lit recevoir deux autres opéras 

thèse ne peut soutenir un examen sérieux. ' (Scanderbrç et Alcine) qui n'ont pas été re- 

LACASSA.GNE (L'abbé Joseph DE). Yoy. . présentés. Beffara, dans ses recherches 6url'Aca- 

CASSAGNE (DE LA). demie royale de musique, assure que M. de La- 

LACENY (Oudaat DE), poëte et musicien cépède composa aussi les paroles et la musique 

du treizième siècle, vivait en 1260. Les inanus- ! d'un grand opéra dont le sujet était pris dans 

crils de la Bibliothèque impériale nous ont con- ! l'histoire de la Perse, et qu'il en écrivit plusieurs 

serve trots chansons notées de sa composition, j autres, parmi lesquels il s > en trouvait trois dont 

LACEPEDE (Le comte Bebnard-Geiwain- i les paroles étaient de Paganel. Tout cela est 
Etienne LAVILLE DE), né d'une famille noble, resté inédit, et sans doute il n'en est résulté au- 
à Agen, le 26 décembre 1706, fit ses premières cun dommage pour la gloire de Fauteur, car les 
éludes dans celte ville. Les livres de Buflon, j amis du comte de Lacépède ont toujours consi- 
qu'on lui mit entre les mains dès son enfance , J déré ses prétentions à la composition comme un 
lui inspirèrent un goût passionné pour, l'histoire i travers. Cependant on assure qu'il y a des beau- 
naturelle. 11 partagea son temps entre l'étude de ' tés dans une messe de Requiem qu'il a laissée 
cette science et celle de la musique, qui avait * en manuscrit, et Ton dit qu'après avoir entendu 
aussi pour lui beaucoup d'attrait. Quelques ! une autre production musicale de sa façon, Gré- 
années d'un travail assidu lui firent acquérir de try le félicita en l'embrassant. Quoi qu'il en soit, 
L'habileté sur plusieurs instruments ; puis il se il est certain que s'il ne se distingua point par 
livra à l'étude de la composition. Avant l'âge de \ le talent, il eut du moins une singulière fécon- 
v-ingt ans, il était occupé à écrire une musique dite, car, outre les ouvrages qui viennent d'être 
nouvelle pour l'opéra d'Armide; mais ayant cités, il a écrit cinq œuvres de sonates, dont 
Appris que Gluck refaisait cet ouvrage, il aban- I deux ont été publiés à Paris chez Boyer, plu- 
donna son travail. Quelques expériences sur t'é- i sieurs symphonies à grand orchestre, trois sym- 



lectricité l'avaient mis en relation avec Buffon; 
H en reçut des encouragements qui le décidèrent 
a se rendre à Paris. Accueilli avec bienveillance 
par l'éloquent auteur de VHistoire naturelle, 



phonies concertantes pour des instruments à 
vent, qui ontété exécutées aux séances publiques 
de l'Académie des beaux-arts et de la Société 
philotechniqiie, cinquante-quatre sextuors pour 



il ne fut pas moins bien traité par Gluck, dont il I deux violons, deux violes et deux violoncelles; 



était admirateur enthousiaste. Les éloges qu'il 
en reçut lui persuadèrent qu'il lui serait donné 
de marcher sur les traces de l'un et de l'autre, 
et lui firent prendre la résolution de se parla- 



enfin, une suite de tableaux en musique -instru- 
mentale descriptive, où il avait voulu exprimer 
toutes les situations du roman de Télèmaque, 
afin de réaliser les théories de sa Poétique de la 



ger désormais entre l'étude de la musique et j musique. Ce dernier ouvrage a été publié à Paris, 

celle de ia nature. Ce fut alors qu'il prit des I en 1785 (2 vol. in-8°). 

leçons de Gossec pour le contrepoint et qu'il j Admirateur de la musique de Gluck, le comte 

suivit les cours de Daubenton , au Jardin des de Lacépède s'était pénétré des idées de ce grand 

Plantes. Le premier fruit de ses travaux dans artiste concernant l'expression dramatique. Il en 

la composition fut un opéra d'Omphale. Lacé- expose la théorie dans le deuxième livre de son 

pède attendit deux ans après la mise en scène de ! ouvrage. Le reste est consacré à ses vues particu- 

eet ouvrage; enfin le jour de la répétition gêné- ' lières sur l'imitation, qu'il considère comme l'objet 

raie arriva (en 1771). Tout semblait présager un . principal de la musique en général. Dans les com- 

beati succès, dit lui-même Lacépède, mais leca- positions de musique religieuse et instrumentale, 

price d'une actrice (vraisemblablement M"" Saint- . il demande avant tout des tableaux : c'est le sys- 

Huberty) fit suspendre indéfiniment lareprésen- tème de la musique descriptive, reproduit plus 

tation. Il n'explique pas ce qui fit naître ce ! tard dans les Essais de Grétry ; système essen- 

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LACÉPÈDE — LACHNER 



153 



faux, qui a toujours eu des prosélytes 
chez les Français. 

Après afoir été jusqu'à l'époque de la révolu- 
tion française garde des cabinets du Jardin du 
Roi à Paris, le comte de Lacépède débuta dans la 
carrière politique par l'emploi d'administrateur 
do département de Paris, et Tut nommé par cette 
fille député à l'Assemblée législative. En 1796 
il entra à l'Institut de France, dans l'Académie 
des sciences. Appelé par l'empereur Napoléon au 
sénat conservateur, il en devint le président en 
1801. L'ordre de le Légion d'honneur ayant été 
institué en 1803, il en fut fait grand chancelier, 
et il obtint en 1804 la sénatorerie de Paris. La 
restauration lui laissa une partie de ses honneurs 
et de ses emplois : une ordonnance royale rap- 
pela à la pairie le 4 juin 1814; mais après les 
événements de 1815 il rentra dans la vie privée, 
et reprit ses travaux scientifiques. Il est mort de 
la petite vérole, à Épinay, près de Saint-Denis, le 
6 octobre 1825. Ce savant a acquis beaucoup de 
célébrité par ses travaux sur l'histoire naturelle, 
particulièrement par ses Histoires des quadrupèdes 
ovipares, des reptiles et des poissons, dont on a 
fait plusieurs éditions, et qui ont été traduites en 
diverses langues. 

LACHANTERIE (Mue Elisabeth), élève 
de Couperin , eut un talent distingué sur l'orgue 
et le clavecin. Elle était en 1770 organiste de 
l'église Saint-Jacques de la Boucherie. On a gravé 
à celte époque deux concertos pour clavecin 
de sa composition, avec accompagnement d'or- 
chestre. 

LA CHAPELLE (A. DE); sous ce nom 
d'un musicien inconnu, on a un ouvrage intitulé : 
Les vrais principes de la musique exposés par 
gradation de leçons; Paris, veuve Boivin, 1736 
et années suivantes, 3 parties in-4°. 

LACHER (Joseph), maître de chapelle à 
Kempten, et virtuose sur le hautbois , la clari- 
nette et le cor anglais, naquit à Haustetten, près 
d'Augsbourg, le S novembre 1739. Fils d'un 
pauvre ménétrier de village, qui jouait bien du 
hautbois et de la clarinette , quoiqu'il ne sut pas 
lire la musique , il en reçut des leçons de violon 
à Tige de sept ans. Plus tard, il apprit aussi à 
jouer du hautbois, et peu de temps lui suffit pour 
le mettre en état d'aider son père dans ses occu- 
pations. Dans le désir de s'élever au-dessus de sa 
condition , il acheta la Méthode de violon de Léo- 
pold Mozart, dont il apprit les exercices; puis il 
se procura un basson du musicien de la ville 
d'Augsbourg, et par une étude constante il ac- 
quit beaucoup d'habileté sur cet instrument. 
Admis en qualité de bassoniste dans la musique 
du régiment impérial de Migaxzi, il fut envoyé en 



garnison à Manheiro. Un médecin de cette ville, 
amateur de musique distingué , qui avait étudié 
la composition chez le maître de chapelle Cam- 
merioher, devint ami de Lâcher et lui enseigna 
les éléments de l'harmonie et du contrepoint. 
Après trois ans de séjour à Manheim , celui-ci 
abandonna son régiment et retourna à Augsbourg, 
où Giulini lui procura un emploi dans la musique 
de la cathédrale. Deux ans après, Lâcher entre- 
prit un voyage en Suisse et sur les bords du Rhin : 
il se fit entendre avec succès dans quelques con- 
certs sur le hautbois et le cor anglais, puis entra au 
service de quelques grands seigneurs, et Tut enfin 
placé, en 1779, en qualité de maître de chapelle 
au couvent de Kempten. Après avoir rempli 
ces fonctions pendant plus de vingt-cinq ans , il 
mourut dans les premières années du dix-neu- 
vième siècle. Cet artiste a beaucoup écrit pour 
divers instruments, entre autres des concertos 
pour basson, hautbois, cor anglais , clarinette et 
violon , ainsi que des quatuors, quintettes et oc- 
tuors pour divers instruments ; mais aucun de 
ces ouvrages n'a été publié. 

LACHMANN (Charles), célèbre philolo- 
gue, naquit à Brunswick, le 4 mars 1793. Après 
avoir fréquenté l'université de Leipsick , il alla 
terminer ses études à Gœttingue, où il suivit les 
cours du savant helléniste Heirmann. Il était âgé 
de vingt ans lorsqu'il s'engagea dans les chasseurs 
prussiens, en 1813, à l'époque du soulèvement 
général de l'Allemagne contre la France. Après 
la paix de 1814, il rentra dans la vie civile et re- 
prit ses travaux d'érudition. En 1827, la chaire 
de littérature grecque à l'université de Berlin lui 
fut donnée, et l'Académie royale de cette ville 
l'admit au nombre de ses membres en 1830. Ce 
savant 'est mort à Berlin, le 13 mars 1851. Au 
nombre de ses ouvrages, on remarque un très- 
bon livre intitulé : De Chorels systemaiis tra- 
glcorum grœcorum libri IV; Berolini, 1819, 
un vol. in-8°. 

LACHNER (François), maître de chapelle 
du roi de Bavière, est né le 2 avril 1804, à Rain, 
petite ville de ce royaume, où son père était or- 
ganiste. Dès ses premières années, on lui enseigna 
la musique, et ses progrès furent si rapides, 
qu'il fallut bientôt songer à lui donner des maîtres 
ni us habiles. On l'envoya d'abord à Neubourg, où 
il fréquenta le gymnase (collège), et reçut des 
leçons d'harmonie, d'orgue et do piano; puis il se 
rendit à Munich, où il vécut quelque temps en 
donnnant des leçons. Déjà son instruction était 
étendue en théorie et dans la pratique de l'art ; 
toutefois , 11 crut qu'il lui restait beaucoup à ap- 
prendre, et il parlit en 1823 pour Vienne, où il 
espérait rencontrer des occasions favorables au 



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151 



LAGIINER 



développement de son talent : son attente ne fut 
pas trompée, car il se lia d'amitié avec les artistes 
les plus distingués de la capitale des États autri- 
chiens, particulièrement avec l'abbé Stadler et 
Simon Secliter, dont les conseils ioi furent utiles. 
Ce fut alors qu'il lut avec avidité tout ce qu'on 
avait écrit de meilleur sur la théorie , la pratique 
et l'esthétique de Part; son goût et son jugement 
se formèrent sur les meilleurs modèles ; enfin, au 
talent d'habile exécutant sur l'orgue , le piano et 
le violon, à celui de compositeur distingué, il 
joignit bientôt le mérite d'une érudition musicale 
étendue. Dans un concours pour la place d'orga- 
niste de l'église évangélique de Vienne , il l'em- 
porta sur trente compétiteurs; mais il ne garda 
pas longtemps cette position, car il la quitta 
l'année suivante pour celle de directeur de mu- 
sique an théâtre de la Porte de Carinthie. En 
1834 il donna sa démission de re dernier emploi 
pour celui de maître de chapelle de la cour du- 
cale à Maniieim. Le plus brillant accueil lui fut 
fait dans cette ville , où il célébra son arrivée 
par l'exécution de sa troisième grande symphonie. 
En 1835, un concours ayant été ouvert à Vienne 
pour la meilleure symphonie, Lachner en a écrit 
une qui a pour titre : Sinfonia passionata, et 
l'a envoyée au jury chargé de prononcer sur le 
mérite des concurrents. ! Le premier prix lui a 
été décerné; M. Strauss, maître de chapelle à 
Carlsrnhe , a obtenu le second. Les deux 
ouvrages couronnés ont été publiés. Lachner 
n'avait pas encore terminé sa symphonie, lors- 
qu'il reçut sa nomination de maître de chapelle 
du roi de Bavière, et il partit pour Munich, lais- 
sant à son frère son emploi de directeur de mu- 
sique à la cour de Maniieim. Sous sa direction, 
l'orchestre du théâtre royal de Munich est devenu 
l'un des meilleurs de l'Allemagne. En 1852, le 
roi de Bavière l'a élevé au rang de directeur gé- 
néral de sa chapelle et de la musique de chambre. 
Avant que Lachner eut été installé à Munich, 
la plupart de ses grandes compositions n'avaient 
été entendues qu'à Vienne , où elles jouissaient 
de beaucoup d'estime. Parmi les principaux ou- 
vrages de cet artiste, on cite : 1° Les Quatre Ages 
de Vhonune, oratorio. — 2° Moïse, idem. — 
3° Première symphonie à grand orchestre, en mi 
bémol. — 4° Deuxième idem (en fa). — 5° Troi- 
sième idem (en ré mineur); — G° Quatrième 
idem, Sinfonia passionata (en mi majeur) : 
couronnée à Vienne. — 7° Cinquième symphonie 
(en ut mineur ). — 8° Sixième idem (en ré). Ces 
ouvrages onlété publiés à Vienne, chez Diabelliet 
Haslinger ; ils ont été exécutés avec succès et 
ont reçu l'approbation des artistes à Vienne, Man- 
iieim , Francfort, Leipsick , Berlin et Munich. 



Les antres compositions de Lachner sont. 
1° Des ouvertures de concert exécutées à Vienne 
et dans plusieurs autres villes de l'Allemagne. — 
2° Un quintette pour des instruments à cordes. 

— 3° Trois quatuors idem, op. 75, 7C et 77. — 
4° Deux quintettes pour .des instruments à vent. 

— 5° Une sérénade pour quatre violoncelles. — 
6° Une élégie pour cinq violoncelles, sur la mort 
de Beethoven. — 7° Deux andante pour 4 cors, 
2 trompettes et 3 trombones. — 8° Deux concertos 
de harpe, exécutés dans les concerts de Vienne; 

— 9°Concertino pour basson. — 10° Trois trios 
pour piano, violon et violoncelle. — 11* Sonate 
pour violon et violoncelle, op: 14; Vienne, Me» 
chetti. — 12° Grande sonate pour piano à quatre 
mains, op. 20 ; Vienhe, Leidesdorf. — 13° Deux 
grandes sonates pour pfano seul, op. 25 et 27; 

I Vienne, Pennauer et Mechetti. — M^Denxnor- 
tnrnes à 4 mains pour le même instrument, op. lî 
et 22; Vienne, Pennauer. — 15° Des rondeaux 
brillants idem, op. 8 et 17. — 16° Des caprices 
et des marches à 4 mains. — 17° Introduction et 
variations brillantes sur un thème original, 
op. 15. — 18° Trois grandes sonates et deux fugues 
pour l'orgue. — 19° Des préludes, fugues et ca- 
nons idem. — 20° Un noneito pour des instru- 
ments à vent. — 21° Plusieurs cantates de cir- 
constance avec orchestre. — 22° Trois messes 
solennelles avec orchestre. — 23° Des offertoi- 
res, hymnes, psaumes et graduels, idem. — 
24° Des chants allemands avec piano, op. 33, 48, 
49, 56, 62 et 63. — 25° Des chants pour 4 voix 
d'homme. Lachner a écrit pour le théâtre : 
A lidia, grand opéra en trois actes, représenté arec 
un brillant succès à Munich, le 12 avril 1839; 
Die Burgschaft (La Caution), grand opéra en 
trois actes, joué dans la même ville en 1834 ; Ca- 
therine Cornaro ( sujet de la Heine de Chy- 
pre), grand opéra joué à Munich, Vienne, Berlin, 
Francfort, Maniieim, Bruxelles, et partout ap- 
plaudi; l'ouverture et les entr'acles du drame 
intitulé Lantissa, représenté à Vienne, en 183^- 
Le dernier ouvrage dramatique de ce composi- 
teur, Bcvenuto Cellini, a été représenté à Mu- 
nich avec succès. 

Lachner est, à juste titre, considéré en Alle- 
magne comme un des artistes les plus recom- 
mandâmes de l'époque actuelle, soit comme com- 
positeur, soit comme directeur de musique. Son 
talent est sérieux, solide, et appartient aux meil- 
leures traditions de l'ancienne école, qui malheu- 
reusement s'effacent dejour en jour dans sa patrie 

LACHNER (Icnace), frère du précédent. di- 
recUurde musique de la cour à Stuttgard, est ne 
à Rain,le 11 septembre 1807. Destiné d'abordàla 
carrière de l'enseignement, il fit ses humanilés au 



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LACHNER — LACHMTH 



155 



gymnase de Neubourg ; mais il cultiva aussi la 
musique et apprit à jouer du piano, de l'orgue, et 
surtout du violon, sur lequel il acquit beaucoup 
d'habileté. Parvenu à Page de quatorze ans, il prit 
la résolution de se vouer spécialement à la culture 
de l'art, et se rendit à Munich pour y acquérir 
une éducation musicale sous les meilleurs maîtres. 
Il était âgé de quinze ans lorsqu'il entra comme 
violoniste à l'orchestre du Théâtre-Royal. Après 
avoir occupé cette position pendant quatre ans, 
il se rendit a Vienne, où l'appelait son Çrère Fran- 
çois, qui devint son maître d'harmonie et de con- 
trepoint. Dès ce moment, toutes les études 
d'Ignace Lachner se tournèrent vers la compo- 
sition. Un an après son arrivée à Vienne, il obtint 
la place d'organiste de l'église réformée, et fut 
attaché comme violoniste à l'orchestre du théâtre 
impérial de l'Opéra, dont il devint ensuite se- 
cond chef et enfin premier. En 1831, il accepta 
la place de directeur de musique dans la chapelle 
du roi de Wurtemberg. Il a fait représenter an 
théâtre royal de Stuttgard, en 1847, l'opéra in- 
titulé Der Geisterthurm (La Tour des reve- 
nants), et deux ans après Die Regenbruder 
(Les Frères de la pluie) : ces ouvrages ne réus- 
sirent pas ; mais on attribue leur chute en Alle- 
magne à la stupidité des livrets. Lachner a écrit 
aussi des ouvertures et des entr'actes pour plu- 
sieurs drames, quelques ballets, une symphonie, 
des quatuors pour instruments à cordes, des so- 
nates de piano, des pièces de concert pour plu- 
sieurs instruments, et une grande quantité de 
chansons allemandes avec piano. Son chant sur 
les paroles Ueberall Du! (Toi partout! ), avec 
cor obligé, a eu un succès de vogue. On connaît 
aussi de cet artiste une Messe à 4 voix, orgue et 
instruments à vent; Stuttgard, Haydn. 

LACHNER (Vincent), autre frère de Fran- 
çois, est né à Bain, en 1811. Destiné, comme 
son frère Ignace , à l'enseignement, il fut envoyé 
à Augsbourgà l'âge de quatorze ans, pour y suivre 
les cours du gymnase. Déjà il avait de l'habileté 
sur le piano et sur le violon ; mais il ne cultivait la 
musique que comme le complément d'une bonne 
éducation. Il était âgé de dix-sept ans lorsqu'il 
fut engagé comme précepteur dans une famille 
noble de Pologne qui résidait à Coscew il z. Obligé 
d'y faire usage de ses connaissances en musique 
pour ses élèves , il sentit alors se développer son 
penchant pour cet art, et l'étudia avec plus de zèle 
qu'il ne l'avait fait jusqu'alors. La lecture des 
traités d'harmonie et de contrepoint , et surtout 
l'étude des partitions des meilleurs maîtres furent 
les sources oh il puisa son instruction dans l'art 
décomposer. Lorsque son frère Ignace fut appelé 
de Vienne à Stuttgard, il alla le remplacer dans 



les emplois d'organiste de l'église réformée et du 
violoniste au théâtre de l'Opéra impérial. En 1838 
il fut appelé à Manheim pour y diriger la mu- 
sique de la chapelle et du théâtre. C'est dans 
cette ville qu'il a écrit la plupart de ses compo- 
sitions. On a de lui plusieurs grandes sympho- 
nies, un quintette pour instruments à cordes, 
considéré comme une production fort remarqua- 
ble, un quatuor pour piano, violon, alto et basse, 
op. 10; des pièces pour le piano, beaucoup de 
Lieder,etàe* chants pour quatre voix d'homme. 
M. Lachner est l'âme de la musique à Manheim. 

L'aîné des frères Lachner (Théodore), né à 
Rain, en 1798, est bon organiste, professeur de 
musique recherché, et occupe au théâtre de Mu- 
nich la place de répétiteur. On ne connaît aucun- 
ouvrage de sa composition. Il a arrangé pour le 
piano la partition de Macbeth, opéra de Che- 
lard, publiée à Munich chez Falter. 

Deux sœurs de ces artistes, Thekla, née à 
Rain, en 1803, et Christine, qui vit le jour dans- 
la même ville, en 1805, ont cultivé aussi la mu- 
sique avec succès. L'aînée était en 1841 orga- 
niste de l'église Saint-Georges, à Augsbourg ; et 
l'autre enseignait le piano et était organiste de 
l'église de sa ville natale. 

LACHN1TH (Louis-Wenceslas), fils de 
François Lachnith, bon musicien attaché à l'é- 
glise des Jésuites de Prague, naquit en cette ville, 
le 7 juillet 1746, et non en 1756, comme il est dit 
dans le Dictionnaire historique des musiciens de 
Choron et Fayolle, et dans la Biographie uni- 
verselle des contemporains. Après avoir 'appris 
de son père les éléments de la musique, il prit 
chez différents maîtres des leçons de violon , de 
clavecin et de cor; ce dernier instrument fut celui 
sur lequel il acquit le talent le plus distingué. 
D'abord employé dans la musique du duc de 
Deux -Ponts, non en qualité de maître de cha- 
pelle , comme on le dit dans tes ouvrages cité» 
précédemment, mais comme simple musicien , il 
se rendit à Paris en 1773, y perfectionna son jeu- 
sur le cor, sous la direction de Rodolphe, el se 
fit entendre plusieurs fois avec succès au concert 
spirituel. Sa mauvaise santé l'obligea ensuite à 
cesser de jouer de cet instrument. Philidor de- 
vint son maître de composition en 1776. Vers le 
m$me temps il commença à se faire connaître 
comme professeur de clavecin, et forma de bons 
élèves. Ses premières productions pour le théâtre 
furent •• 1° L'heureux Divorce, ou la Réconci- 
liation, opéra-comique en nn acte, représenté le 
25 juin 1785. — 2° U Antiquaire, parodié sur la 
musique d'Anfossi, au théâtre de Monsieur, en 
1789. — 3° Eugénie et TJnrat, ou le m au vais 
fils, en deux actes, au théâtre Montansier, 1798. 



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lofi 



LACHNITH — LACOMBE 



Plus lard Lachnith écrivit pour l'Opéra un grand 
ouvrage en trois actes intitulé : Les Fêles lacé- 
démoniennes ,• mais il ne put jamais en obtenir 
la représentation. Ses autres travaux dramati- 
ques n'ont consisté qu'en pastiches et traduc- 
tions. C'est ainsi qu'il a dénaturé La Flûte en- 
chantée, de Mozart, dans une monstrueuse com- 
pilation intitulée : Le* Mystères d'Isis. Saùl et 
la Prise de Jéricho, pastiches du même genre, 
ont été arrangés par lui, en collaboration avec 
Kalkbrenner (père), sur des morceaux puisés 
dans les œuvres des maîtres les plus célèbres. 
Lachnith a écrit pour la musique instrumentale : 
1° Six symphonies à grand orchestre pour les 
concerts de la Loge olympique; elles sont restées 
en manuscrit. — 2° Six symphonies à 10 parties, 
op. 1 ; Paris, Sieber. — - 3° Trois idem, op. 4 ; 
ibid. — 4° Trois idem, op. 1 1 ; ibid. — - 5° Six qua- 
tuors pour 2 violons, alto et basse, op. 7; ibid. 

— 6° Six idem pour deux violons, alto et basse, 
non publiés. — 7° Six trios pour deux violons et 
basse; ibid. — 8° Trois concertos pour cor et 
orchestre, inédits. — 9° Trois trios pour cla- 
vecin, violon et violoncelle, op. 2; Paris, Boyer. 

— 10° Six sonates pour clavecin et violon, op. 3 ; 
Paris, Sieber. — 11° Sjx idem, op. 14; ibid. 

— 12° Six idem, op. ta; ibid. — 13° Trois idem, 
op. 16; ibid. — 14° Trois idem, op. 20; ibid. — 
15° Plusieurs pièces détachées pour le piano et 
pour la harpe. — 16° Méthode ou principe gé- 
néral du doigter pour le forte-piano (avec 
Adam); Paris, Sieber. Il a aussi arrangé huit 
œuvres de quatuors de Pleyel pour piano, violon 
et violoncelle. Lachnith est mort à Paris, le 3 oc- 
tobre. 1820, à ''âge de soixante-quatorze ans, 

LACHNITH (Antoine), frère du précédent, 
a été confondu avec lui par l'auteur de l'article 
inséré dans le Lexique universel de musique pu- 
blié par le docteur Schilling. Celui-ci fut d'à* 
bord musicien de chambre à Deux- Ponts, 
comme son frère, puis retourna à Prague en 
1799, et fut employé dans la musique de la ca- 
thédrale de cette ville, en qualité de trompet- 
tiste. 11 jouait bien du clavecin, et il a laissé en ma- 
nuscrit quelques œuvres de trios et de sonates 
pour cet instrument. Il est mort à Prague, vers 1796. 

LACKMANN (Adam-Henri), savant philo- 
logue, né en 1694, à Weningen, dans le duché 
deLauenbourg, fut professeur d'histoire à l'univer- 
sité de Kiel, et premier assesseur du consistoire, 
dans le duché de Holstein. II mourut à Kiel, le 
17 août 17&3. Parmi ses nombreux et savants ou- 
vrages, on en trouve un qui a pour titre : Ge- 
danken ueber das bey Tondern gefundene 
golden Horn (Pensées sur le cor d'or trouvé 
près de Tondern); Hambourg, 1735, in 4°. 



LACODRE (M.-S.). Voy. BLIN. 

LACOMBE (Jacques), né à Paris, en 1724, 
fut d'abord avocat, puis se fit libraire en 1766, 
et fut chargé pendant plusieurs années de la pu- 
blication du Journal des savants et du Mer- 
cure. Des entreprises trop considérables aux- 
quelles il se livra dérangèrent sa fortune, et Je 
conduisirent, en 1778, à une faillite de 500,000 
francs. Il mourut à Paris, à Page de quatre-vingt- 
sept ans, le 16 juillet 181 1. Choron et Fayolle ont 
dit dans leur Dictionnaire historique des mu- 
siciens que Lacombe était le beau-père de Gré- 
try ; ils ont été trompés par de faux renseigne- 
ments, car il était le beau-frère de ce composi- 
teur. Lacombe a publié un grand nombre d'ou- 
vrages, dont la plupart sont des compilations. 
On trouve des observations sur la musique dans 
ceux dont les titres suivent : Dictionnaire por- 
tatif des beaux-arts, Paris, 1752 ; réimprimé 
en 1753 et en 1759; traduit en italien, Venise, 
1758, in-8 .— 2° Le Spectacle des beaux-arts, 
Paris, 1758, 1 vol. in- 12; réimprimé en 1762. . 

LACOMBE (Louis BROUILLON), pia- 
niste distingué et compositeur, est né à Bourges 
(Cher), le 26 novembre 1818. Il reçut de sa mère 
les premières leçons de musique. A peine âgé de 
sept ans, il joua du piano dans un concert donné 
au théâtre pour les incendiés de Salins. En 1828, 
son père alla s'établir à Paris, afin que son fils 
pût y développer son talent naissant. Admis au 
Conservatoire de Paris, le 10 avril 1829, le jeune 
Lacombe y fut élève deZimmerman pour le piano, 
et obtint le premier prix au concours de 1831 , 
avant d'avoir accompli sa treizième année. Il sor- 
tit de cette école le premier octobre 1832, et bien- 
lot après il entreprit avec son père, sa mère, et s% 
sœur (Félicie Lacombe), devenue son élève, un 
voyage en France, en Allemagne, recueillant par- 
tout des applaudissements accordés à son talent 
précoce. Arrivé à Yienne, Lacombe développa 
ce talent sous le rapport du mécanisme par les 
leçons de Charles Czerny, et apprit, sous la di- 
rection de Fischoff, à interpréter les œuvres 
classiques de Haydn, de Mozart, de Haendel, de 
Bach et de Beethoven. L'instruction du jeune ar- 
tiste se compléta dans l'harmonie et le contre- 
point, dont il fit un cours chez Simon Sechter ; 
le maître de chapelle Seyfried lui enseigna la 
facture de la fugue et l'instrumentation Ce fut 
à Vienne que le jeune Lacombe écrivit ses pre- 
mières compositions, lesquelles consistaient en 
quelques morceaux pour le piano, et deux ouver- 
tures pour l'orchestre. Après plusieurs années de 
séjour dans cette ville, il reprit le cours de ses 
pérégrinations avec sa mère et sa sœur, en 1840, 
visita Dresde, ta Saxe, les villes du Rhin, et ren- 



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LACOMBE — LACROIX 



i:>7 



tra à Paris à ta fin de cette même année. Depuis 
cette époque jusqu'en 1842, il publia quelques 
œuvres brillants et gracieux pour le piano qui 
furent bien accueillis, un quintette en fa dièse 
mineur, un trio en ré mineur pour piano, violon 
et violoncelle, et des études. Jugeant toutefois que 
ses études de composition n'avaient pas été com- 
plètes, il prit des leçons de M. Barbereau pour 
l'harmonie, lut et médita les traités de contrepoint 
de Cherubini et de Paufeur de cette notice, et 
acheva avec courage cette nouvelle excursion dans 
le domaine de la science. 

Marié à vingt quatre ans à une femme qui pos- 
sédait une modeste aisance, Lacombe put se livrer 
avec plus de liberté à la composition : c'est alors 
que parurent Les Harmonies de la nature, pour 
piano, la grande étude en octaves, le second trio 
pour piano, violon et violoncelle (en la mineur), 
supérieur au premier sous le rapport du dévelop- 
pement des motifs et de la facture, ainsi que 
quelques pièces de moindre importance. Le 21 
mars 1847 il donna dans la salle du Conservatoire 
un concert où Ton exécuta une ouverture de 
sa composition, plusieurs morceaux de chant, 
dont un (L'Ondine et le Pécheur) a obtenu un 
succès de vogue, et une symphonie dramatique 
intitulée Manfred, qui appartient au genre des- 
criptif et scénique par lequel Berlioz, Félicien Da- 
vid, M. Douay et quelques autres compositeurs 
ont entrepris de donner une direction nouvelle 
à Paît. Déjà M. Lacombe avait fait entrevoir son 
penchant pour ce genre dans une ouverture qui 
avait pour titre Mitternacht (Minuit), et qui fut 
exécutée à Dresde en 1840, dans un concert qu'il 
y donna. Le 26 mars 1859, une autre symphonie 
dramatique de Lacombe , intitulée Arva, ou les 
Hongrois, fut exécutée dans on second concert 
donné par lui. La marche des Racoleurs, tirée 
de cet ouvrage, et arrangée pour piano, à deux 
et à quatre mains , a été publiée chez Heugel à 
Paris. A l'exception de quelques fragments 
d'une Épopée lyrique, qui ont été exécutés aux 
concerts de la Société de Sainte - Cécile , 
sous la direction de M. Seghers, et de la Société 
des jeunes artistes , dirigée par M. Pasdeloup, 
aucun grand ouvrage du genre de Manfred et 
d 7 Arva y composé par Louis Lacombe, n'a été 
entendu après ceux-ci, quoiqu'il ait beaucoup 
écrit. Ce n'est qu'au prix de grands sacrifices 
qu'un compositeur peut se donner la satisfac- 
tion d'entendre ses productions lorsqu'elles ont 
des proportions gigantesques d'orchestre et de 
chœurs ; car elles occasionnent des dépenses con- 
sidérables pour les répétitions et l'exécution. 
L'exagéré est la maladie des artistes de l'époque 
actuelle : ils ne peuvent se décider à rester dans 



des limites plus modestes, parce qu'ils se persua- 
dent que Veffort est le génie. M. Louis Lacombe 
a fdit représenter au Théâtre-Lyrique, le 16 jan- 
vier 1861, un opéra-comique en un acte, intitulé 
La Madone, où les proportion) de la musique 
étaient en désaccord avec la simplicité du sujet, 
bien qu'il y eût du mérite dans la manière dont 
la partition était écrite. On y remarquait l'er- 
reur qui vient d'être signalée : la haine du 
simple! Parmi le grand nombre de morceaux 
de piano publiés par cet artiste estimable, on a 
distingué particulièrement les œuvres qui ont 
pour titre Deux nocturnes (op. 50) ; Marche 
turque; Simples mélodies ; Larmes et souri- 
res ; douze IAeder pour voix seule, avec àccom* 
pagnement de piano. 

LACOSTE (...). compositeur, entra à l'O- 
péra de Paris, comme choriste, en 1693, et se 
retira avec la pension en 1708. Il vivait encore 
en 1757, suivant VHistoire du théâtre de l'A- 
cadémie royale de musique, publiée par Durey 
de Noinville, d'après les noies de Travenol 
(2"« partie, page 20). Lacoste a composé la mu- 
sique de plusieurs opéras représentés à Paris et 
à Versailles. En voici la liste avec les dates : 
FArtcie, opéra ballet en 5 actes, 1697. — 2° Phi- 
lomèle, tragédie lyrique, représentée en 1705. 
et reprise en 1709, 1723 et 1734. — 3° Brada* 
mante, tragédie lyrique en 5 actes, 1707. — 
<*° Creuse, en 5 actes, 1712. — 5° Télégone, 
en 5 actes, 1725. — 6° Orion, en 5 actes, 1728. 
— V> Biblis, en 1732. — 8° Pomone, pastorale 
en 3 actes. Lacoste a publié à Paris un livre de 
cantates à voix seule avec basse continue. Les 
partitions de Philomèle, Brada mante, Té- 
légone, Orion et Biblis ont été imprimées a 
Paris, chez Ballard, dans les années de leur re- 
présentation. 

LACROIX (Antoine), violoniste distingué, 
naquit en 1756, à Itemberville, près de Nancy, 
Quelques biographes ont fixé par erreur la date 
de sa naissance en 17t>5. Antoine Lorenziti, 
maître de chapelle de la cathédrale de Nancy, 
lui enseigna le violon et la composition. Arrivé 
à Paris en 1780, il s'y fit entendre avec succès, 
et bientôt il jouit de la réputation d'un artiste de 
grand mérite. En 1784 il publia son premier œu- 
vre, consistant en six sonates pour le clavecin, 
avec accompagnement de violon obligé. Les évé- 
nements de la révolution française le décidèrent 
à s'éloigner de la France, vers la fin de 1 /92 il 
alla se fixer à Brème , où s'étaient retirés plu- 
sieurs émigrés français, qui l'accueillirent avec 
faveur. En 1793, Lacroix entreprit un voyage 
en Allemagne jet en Danemark , et partout il 
donna des concerts qui le firent connaître avanta- 



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LACROIX — LADURJSER 



^eusement. Après avoir passé quelques années à 
Leipsick, Hambourg cl Gotha, il obtint, en 1800, 
sa nomination de directeur de musique a Lubeck, 
où il passa le reste de ses jours. 11 est mort eo 
-cette ville, vers la fin de 1812. Neuf ans aupara- 
vant, il avait fondé une maison pour le com- 
merce de musique. Homme d'esprit et de bon ton, 
Lacroix s'était fait autant estimer par son ca- 
ractère qu'admirer par son talent. Sa musique 
n'a point eu à Paris le succès que son originalité 
.aurait dû lui procurer; elle est plus connue des 
Allemand* que des Français. On a de sa compo- 
sition : 1° Duos pour 2 violons, op. 12, 14 , 15, 
16, 18, 20 et 21 ; Paris, Pleyel ; Leipsick, Breit- 
Jiopf el Hœrtel ; Brunswick, Spebr. —2° Quatuors 
pour deux violons, alto et basse, op. 5, 13, 17; 
Hambourg, et Brunswick. — 3° Sonates pour vio- 
lon, avec accompagnement de basse, op. 3; Ham- 
bourg, Boehme. — 4° Thèmes variés pour violon, 
op. 6, 19 ; Hambourg, Bœhme ; Vienne , Cappi. 
— 5° Sonates pour piano et violon, op. 1 , Paris, 
Boyer. — 6° Thème varié pour piano seul. — 
7° Plusieurs recueils de danses allemandes. 

^.ACY (Ropuino), violoniste, né à Biibao, en 
Espagne, le le juillet 1765, d'une famille anglaise, 
est. fils d'un négociant établi dans ce pays. Dès 
l'âge de cinq ans on lui enseigna à jouer du vio- 
lon ; un an plus tard il exécuta un concerto de 
Jarnowick au concert d'un violoniste italien, 
nommé Andreossi. Devenu un de ces prodiges 
de précocité qui souvent ne deviennent que des 
artistes médiocres, il se fit admirer à la cour de 
Madrid à un âge où d'autres ignorent encore les 
éléments de la musique. Au commencement 
•de 1802, on l'envoya commencer ses études au col- 
lège de Bordeaux j il alla ensuite les achever dans 
un lycée de Paris. Elles Turent brillantes, et des 
prix lui furent décernés chaque année dans les 
concours. Devenu élève de Kreutzer, il fit, sous 
Ja direction de ce maître habile, de rapides progrès. 
Au mois de janvier 1805, peu de temps après le 
couronnement de Napoléon, il joua aux Tuileries 
un solo de violon, où il excita l'élonnement. On 
ne le connaissait alors que sous le nom du 
petit Espagnol. De* spéculations malheureuses 
ayant ruiné son père , celui-ci conduisit son 
fils en Angleterre pour <>iui faire embrasser la 
profession de musicien , et le confia aux soins 
de Viotti. Le jeune artiste était alors âgé de dix 
ans; il parlait avec une égale facilité l'anglais, 
le français, l'italieu , l'espagnol, et connaissait 
les éléments de la langue latine. Le patronage 
des ducs de Galles et de Sussex fut le signal de 
la protection que lui accorda toute la noblesse 
de l'Angleterre, et ses concerts, qui furent donnés 
Uans la salle û'Hannover square, eurent le 



t plus brillant succès. A Dublin, il se fit entendre 
; dans le premier concert que M""* Catalani y 
j donna ; à Edimbourg, il joua dans ceux de Corri. 
i Peu de temps après, son père lui fit abandonner 
| la musique pour le théâtre, et le fit engager pour 
les rôles comiques à Edimbourg, puis àGlascow, 
; et enfin à Dublin. Vers le milieu de l'année 1818, 
| on lui proposa de succéder à Yanevicz, comme 
! directeur des concerts de Liverpool ; il accepta, et 
j reprit son violon. De retour à Londres à la fia 
j de 1820, il y eut l'emploi de compositeur de bal- 
lets au Théâtre italien pour la saison de 1821 ; 
mais des discussions avec le directeur lui firent 
| abandonner celte place trois ans après, et re- 
, prendre son emploi de chef d'orchestre à Liver- 
| pool. On a publié de la composition de cet ar- 
| liste plusieurs fantaisies pour le piano, sur des 
[ thèmes d'opéras italiens, trois rondeaux brillants, 
■ un quintette pour deux violons, alto et violon- 
, celle, avec accompagnement de piano, et des 
> chansons anglaises. 

| LADURNER (Ignace- Antoine-François- 
, Xavier), fils d'un organiste-instituteur, naquit à 
I Aldein, dans le Tyrol, le 1 er août 1766, el entra 
j à l'âge de dix ans au monastère de Benedict- 
Bayern, pour y faire ses études. Après la mort 
de son père, en 1782, il dut remplir les fonctions 
de ses deux places, quoiqu'il ne fût âgé que de 
seize ans. Devenu libre en 1784, ayant été rem- 
placé par son frère, il se rendit à Munich pour y 
faire sa rhétorique et continuer ses études musi- 
cales. Peu de temps après il suivit une comtesse 
j de Heiinhauen à Longueville, près de Bar-le-Duc, 
i où elle possédait une propriété. Cette dame, 
j pianiste distinguée, avait engagé Ladurner pour 
; faire de la musique avec elle. Après deux ans de 
! séjour chez elle, l'artiste se rendit à Paris, où il 
! se fit bientôt connaître avantageusement comme 
j professeur de piano et comme compositeur. Il 
j arriva dans cette ville au mois de juillet 1788, 
; et déjà son portrait était gravé en 1790, comme 
celui d'un artiste célèbre. Fink, à qui l'on 
I doit un article sur la famille ladurner t inséré 
j dans le Lexique universel de musique publié 
j par Schilling, dit que depuis le départ de ce- 
I lui qui est l'objet de cette notice, il semble 
avoir oublié les siens et son pays, n'ayant jamais 
I écrit à sa famille pour l'informer de sa situa- 
i tion. Ceux qui ont connu Ladurner ne seront 
I point étonnés de ce silence, car peu d'artistes 
, ont eu une existence aussi active que lui. I* 
l nombre de ses élèves était si grand, pendant 
quarante ans, qu'il employait à ses leçons près 
i de quinze heures chaque jour. Parmi ses élèves, 
i on compte M. Auber et Boely, pianiste et coni- 
1 positeur distingué ( voy, ce nom). Frappé de pa 



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LADURNER — LAEGEL 



150 



ralysie en 1836, il se retira dans sa maison, de 
campagne, à Viiiain, commune de Massy (Seine- , 
et-Oise), où il mourut, le 4 mars 1839. 11 avait ; 
épousé M lie Mussier de Gondrefille, qui s'était • 
fait connaître comme violoniste distinguée, sous i 
le nom de M 11 * de la Jonchère. Cette dame, 
élève de Mestriao, brilla longtemps dans les : 
concerts de Paris. Plus tard, elle fut nommée I 
directrice de la maison royale de Saint-Denis, I 
et mourut le 25 octobre 1823. Fink dit que les I 
œuvres de Ladurner sont au nombre d'environ 
quatre-vingts : son erreur est manifeste. Voici la 
liste des ouvrages de cet artiste : 1° Trois sonates ' 
pour piano seul, op. 1; Paris, Naderman. — , 
2° Trois idem., op. 2 ; Paris, Leduc aîné. — 3° Mé- ' 
lange harmonique pour le piano, op. 3 ; Paris, { 
Carli. — 4* Trois sonates pour piano seul, op. 4 ; 
Paris, Naderman. — 5° Trois sonates pour piano \ 
et violon, op. 5; Paris, Carli. — 6° Sonate pour I 
piano à quatre mains, op. 6 ; ibid . — 7° Trois so- { 
nates pour piano et violon , op. 7 ; ibid . — 8° Trois j 
caprices pour piano seul, op. 8; Paris, Leduc. I 

— 9° Trois sonates pour piano et violon, op. 9; 
Paris, Carli. — 10° Deuxième mélange harmonique 
pour piano seul, op. 10; ibid.— 11° Trois sonates 
pour piano seul, suivies d'un caprice, op. Il ; ibid. 

— 12° Fantaisie pour piano seul, op. 12; Paris, 
Michel Ozi. — 13° Trois divertissements, op. 13; 
ibid. — 14° Trois thèmes variés pour piano seul, 
op. 14; Paris. Carli. — 15° Six. airs variés, liv. 1 
et 2, op. 16; ibid. — 16° Airs irlandais variés, 
op. 17; ibid. — 17° Air des Tremble tirs varié, 
op. 18; ibid. Ladurner a fait représenter au 
théâtre de l'Onéra-Comique : 1° Wenzel, ou le 
Magistrat du peuple, en un acte ; 1793. — 
2° Les vieux Fous, en un acte; 1796. 

LADURNER (Joseph- A lois), frère du pré- 
cédent, né le 7 mars 1769, à Allgund, dans le 
Tyrol, où son père s'était fixé deux ans aupara- 
vant, a fait ses études sous la direction de son 
oncle, professeur et prédicateur à Benedict-Bayern. 
Dès Tage de quatorze ans il était assez avancé 
dans son instruction pour être en état de rem- 
plir les fonctions d'organiste et de maltre'd'école, i 
devenues vacantes par la mort de son père. Il , 
occupa ces places pendant neuf ans. Pendant ce 
temps il perfectionna son talent >ur le piano, en 
jouant beaucoup les œuvres de Clementi, et il ■ 
acheva ses études dans la langue latine. En 1792 ; 
il se rendit à Munich, où il fut admis au lycée 
du Prince électeur : il y resta sept années, pen- | 
dant lesquelles il suivit avec distinction les cours 
de philosophie et de théologie. Pendant la der- 
nière année, Joseph Gratz lui donna des leçons de 
contrepoint. -Appelé à Rrixen en 1798, il y fut 
d'abord collaborateur et secrétaire du consistoire 



et chapelain de la cour. Il était encore plein 
d'activité en 1835, et travaillait avec succès 
comme compositeur de musique instrumentale et 
religieuse. On a publié de sa composition : 
1° Ecce sacerdos magnus, à 4 voix sans accom- 
pagnement; Munich, Faiter. — 2° Graduel, idem ; 
ibid. — 3° Offertoire, idem ; ibid.— 4° Seize va- 
riations sur un thème pastoral, avec introduc- 
tion et fugue pour le piano; ibid. — 5° Seize 
variations sur une valse de Vienne ; ibid. — 
6° Trente-deux cadences, avec modulations variées 
sur une suite d'accords dans les 24 modes ; ibid. 
>— 7° Fantaisie (en ut) pour les commençants ; 
ibid. — 8° Fantaisie (en ré bémol majeur); 
Mayence, Schott. — 9° Rondo à V anglaise pour 
le piano; Munich, Faiter. — 10° Fantaisie, fu- 
gue et sonate sur le thème d'une fugue de Haen- 
del(en fa dièse mineur), ibid. Fink possédait en 
manuscrit les ouvrages suivants du même ar- 
tiste. — 11° Ave Maria à quatre voix sans ac- 
compagnement. - 12° Salut a ris, idem. — 
13° Le 94 e psaume : Venite exullemus, à 4 
voix avec accompagnement d'orgue. 

LAEGEL (Jean-Théophile) , né le 13 dé- 
cembre 1777» à Flaessberg, près de Borna , dans 
le royaume de Saxe , apprit de son père, pau- 
vre musicien de village et maître d'école de l'en- 
droit, les principes de la musique, du violon et 
du piano. Un professeur, nommé Tetzel, qui 
vivait dans le voisinage, le prit ensuite sous sa 
direction et avança son instruction de telle sorte, 
qu'il put entrer en troisième au collège d'Alleu- 
bourg à l'âge de seize ans. Il y continua ses 
études de musique dans le chœur dirigé par 
Krebs, fils du célèbre organiste. Une troupe dra- 
matique ambulante vint s'établir à Altenbourg , 
et y donna des représentations des opéras de 
Mozart, qui commencèrent à former le goàt de 
Laegel et augmentèrent son penchant pour la 
musique. Vers le même temps il prit des leçons 
de l'organiste Krebs, et fut choisi comme sup- 
, pléant du canlor au choeur del'égbse principale. 
En 1800, il était prêt à se rendre à l'université 
de Leipsick, pour y faire des études de théologie, 
lorsque la place de cantor à Weyda, dans le 
Voiglland, lui fut offerte; il l'accepta, et entra 
en fonctions après avoir passé un examen au 
consistoire de Leipsick. Tous ses efforts se diri- 
gèrent dès lors vers le développement de ses fa- 
cultés musicales. Il établit des concerts dont il 
fut le directeur , fonda une école de chant, et se 
livra à l'enseignement ainsi qu'aux autres tra- 
vaux de musicien avec une prodigieuse activité. 
L'art musical lui dut de grands progrès dans, le 
petit cercle où il était placé. Après douze ans de 
séjour à Weyda, il accepta lecantorat d'Ëisennerg, 



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1G0 



L AEG EL — LAFAGE 



qui lui fut offert ; mais il ne le garda que trois 
aiw, parce #|ue la position plus avantageuse de 
cantor et de directeur de musique à Géra devint 
vacante en 18 15 et lui fut accordée. Il y est mort, 
le 5 juin 1843. Les œuvres de Laeget sont au 
nombre d'environ cinquante; on y remarque : 
1° Trois sonates pour le piano, à quatre mains. 
— 2° Canlate de Noël. — 3° Six chants à quatre 
voix pour les sociétés de chant. — 4° Cantate 
pour la fête de Pâques, publiée dans les archives 
de Kalbitz. — 5° Cantate pour la fête de l'Ascen- 
sion. — 6° Cantate pour la Pentecôte. Ces deux 
dernières forment les premiers numéros d'une 
collection d'environ dix morceaux pour l'église; 
les critiques allemands en ont porté un jugement 
favorable. — 7* Plusieurs oratorios. 

LAELIUS (D.-Daniel), luthiste allemand, 
vécut au commencement du dix-septième siècle, 
ïl a fait imprimer un recueil intitulé : Testudo 
spiritualis; Francfort, 1616, in-4*. Cet ouvrage 
contient les psaumes de Lobwasser, arrangés 
|K>ur le luth sur dea motets français à quatre 
parties. 

LAEMMENHIRT (G.), pianiste et com- 
positeur, vivait vers la fin du dix-huitième siècle, 
en qualité de précepteur, dans la terre du comte 
d'Erbach. Il a publié de sa composition : 1° Grande 
sonate pour piano et violon, op. i ; Offenbach , 
André, 1797. — 2° Deux sonates faciles à 4 maias 
pour le clavecin, op. 2; ibid., \19S. 

LAET (Jean), imprimeur de musique â An- 
vers , naquit en cette ville, dans les dernières 
années du quinzième siècle. Un des ouvrages les 
plus rares sortis de ses presses est un recueil de 
psaumes de David, en langue flamande, avec le 
chant, publié sous ce titre : Souier Liedehens 
ghemaechtUr eeren Gods, op aile diePsalmen 
van David, tôt stichiinghc eneengheestelijcke 
vermakinghe van allen christen menschen. 
Gheprcnt Thantwerpen, in de Baye by Jan de 
Laet; 1540, petit in-8°. Laet s'associa avec Hu- 
bert Waelrant, vers 1545, et publia pendant cette , 
- association un nombre assez considérable d'ou- 
vrages des compositeurs de cette époque, particu- 
lièrement de musiciens belges. 

LAET (Jacques de), en latin Laetius, savant 
belge, né à Louvain, vers la fin du seizième siècle, 
a écrit un éloge de la musique (Bncomium mu- 
êices) imprimé à Maestricht. Lipenius ( Bibl , 
pag, 976), Swertius ( Athen. Belg. ), Yalère 
André (Bibl. Belg. ) et Foppens ( Bibl. Belg. ), 
qui ont cité cet ouvrage, ne font pas connaître 
la date de l'impression. 

LAFAGE (Pibbrbdb), musicien français, 
né dans la seconde moitié du quinzième siècle, 
et dont le nom est souvent écrit dans les anciens 



recueils La Faghe, La Fague, et La Farge, se 
doit pas être confondu avec Fougues, Fauques, 
ou Fagus, ou La Fage ( Vincent ), autre musi- 
cien, qui vécut dans la première moitié do même 
siècle (voy. Favcies ). On ne sait rien de la vie de 
cet artiste, mais on trouve sous son nom, dans le 
deuxième livre des Motets de la Couronne, 
imprimé a Fossombrone par Octave Petrucci, en 
1 âl 9, le motet à quatre voix qui commence par 
ces mots : Elisabeth ZacharUe. Pierre Ali- 
gnant a inséré deux motets du même auteur (4 j- 
pice. Domine, et Vide, Domine, afflictionem) 
dans le onzième livre de sa collection de motets 
à quatre et cinq voix intitulé : liber undecinm 
XXVI musicales habet modulos quatuor et 
quinque vocibus editos. Parrhisiis, in vko 
Citharx prope sanctorum Cosmi et Damiani 
templum* In xdibm Pétri Âttaignant, mu- 
sice cakographi; 1534, in-4°, gotli. On trouve 
aussi dea compositions de cet artiste dans le re- 
cueil intitulé : Tomus secundus psalmoru» 
selectorum quatuor et quinque vocum ; Norim- 
berga, apud Jo. Petreium, anno 1539; dans le 
Liber ter tins ; viginti musicales quinque, «r, 
vel octo vocum mot et os habet, etc. ; Paris, At- 
teignant, 1534, petit in-4° obi.; dans le liber 
quartus; XXIX musicales quatuor vel quia- 
que parium vocum modulos habet, etc. ; ibid. 
1534; dans le quatrième livre des Motettidel 
Flore à 4 voix, imprimé à Lyon chez Jacques Mo- 
derne, en 1539; dans le Secundus liber cum 
quinque vocibus de la même collection ; ibid., 
1533; enfin, dans le Quintus liber Motettorvm 
quinque et sex vocum, etc. ; ibid., 1542. 

LAFAGE (/cste-Adrien LENOIR DE), né 
à Paris, le 27 mars 1805, fut enfant de choeur de 
l'église Saint-Philippc-du-Roule dès l'âge desix 
ans. Ses parents, qui le destinaient a l'état ecclé- 
siastique, le placèrent au séminaire : il y com- 
mença ses études ; mais, ne se sentant aucune vo- 
cation pour entrer dans les ordres, il les inter- 
rompit brusquement. On voulut alors le faire 
entrer dans la carrière des armes; mais sud goût 
décidé 'pour la musique le fit résister au désir 
de ses parents, qui, pour le détourner de son 
penchant, lui firent reprendre ses études littérai- 
res. Il s'y livra avec ardeur. A peine furent-elles 
terminées qu'il commença, sous la direction de 
Perne ( voy.ee nom ), à étudier le plain-chaot, 
l'harmonie et le contrepoint. Ce savant musicien 
l'engagea ensuite à se livrer à des recherches 
sur la musique de l'antiquité et du moyen Age. Il 
lui lit faire la connaissance de Choron, et celui-ci 
le prit aussitôt pour élève. Devenu lui-même pro- 
fesseur de solfège et de chant, Lafage se livra 
avec ardeur à l'enseignement; mais en 182S, 



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LAFAGE 



161 



ayant obtenu un subside de la caisse de la liste 
civile pour faire un voyage en Italie , il s'éloigna 
de Paris. Pendant son séjour au delà des Alpes, 
il demeura surtout à Rome, où l'abbé fiaini lui 
donna d'utiles conseils pour l'étude de l'ancien 
style fugué. Lafage séjourna aussi plusieurs mois 
en Toscane, et lit représenter à Florence une farce 
intitulée/ Creditori. De retour à Paris vers la 
lin de 1829, il y fut nommé mettre de chapelle de 
Saint-Étienne-dn-Mont, et reprit ses travaux 
relatifs à l'euseignement. En 1833 il retourna en 
Italie; et pendant trois ans il s'y occupa de re- 
cherches sur la musique. Fixé de nouveau h Pa- 
ris après cette excursion, il s'y est occupé de 
l'achèvement d'un Manuel de musique, com- 
mencé par Choron et laissé imparfait par ce sa- 
vant. Le premier volume de cet ouvrage fut pu- 
blié vers le milieu de 1836; les autres ont paru 
en 1837 et 1838. On a aussi de cet artiste une 
Séméiologie musicale, ou Exposé des princi- 
pes élémentaires delà musique; Paris, 1837. 
Plusieurs articles de sa composition, relatifs au 
même art, ont été publiés dans la Revue musi- 
cale, les Tablettes ' universelles, la Revue 
encyclopédique, les Lunes parisiennes, le Pa- 
norama des nouveautés, le Journal des ar- 
tistes; la Gazette musicale de Paris, et en der- 
nier lieu, dans la Revue universelle. En 1848 
M. de la Fage a fait un troisième voyage en Italie 
et a séjourné à Rome, à Naples et à Florence, 
se livrant à de nouvelles recherches concernant 
l'histoire de ia musique. Dans ce voyage il a fourni 
divers articles à la Gasetta musicale di Milano. 
La liste des ouvrages de M. de Lafage se com- 
pose de la manière suivante : I. Musique instru- 
mentale. 1° Air varié en trio pour 2 flûtes et 
violon. — 2° Six duos faciles pour 2 flûtes. 

— 3° Air varié pour 2 flûtes et piano. — 4° Duo 
pour flûte et harpe. — 5° Fantaisie pour flûte et 
piano sur des airs de Rossini. — 6° Fantaisie 
sur un air de La Dame blanche, pour flûte et 
piano. Ces opuscules ont été publiés avant 1827 
chez David , fiente-Jouve , et Janet , à Paris. 
II. Musique vocale. —7° Plusieurs romances 
françaises et italiennes. — 8° Choix de solfèges et 
morceaux divers à plusieurs voix , d'une exécution 
facile; Paris, 1825. — 9° Cantiques religieux et 
moraux à plusieurs voix; Paris, 1826-1828, 6 li- 
vraisons. — 10° Cent chansons morales à 2 voix ; 
Paris, 1829. — 11° Missa cuititulus: Omnes 
sancti; Paris, 1831. Cette messe est pour deux 
voix de dessus et basse, sans accompagnement. 

— 12° Cinq messes très- faciles à deux, trois ou 
quatre voix, à volonté; Paris, 1832. La dernière 
messe seulement de ce recueil est de M. de Lafage. 

— 13* Âdriani de Lafage mot etorum liber pri- 

nior.it. cxi?. des musiciens. — t. v. 



mus; Paris, 1832-1835. Cet ouvrage contient 
soixante-douze morceaux à une, deux, trois, qua- 
tre et cinq voix ; il a été publié en huit livrai- 
sons. — 14° Ordinaire de V Office divin arrungé 
en'liarmonie sur le plain-cliant; Paris, 1832- 

1835. Deux parties; la première pour le matin, 
l'autre pour le soir. — 15° Domine, Salvum fac 
regem t prière pour le roi à une, deux ou trois 
parties, à l'usage des écoles primaires, suivie d'un 
O £afttfarô;Charleville,Lhuyer; Paris, Masson, 

1836, in-8° obi. — 16° Recueil de motels en 
plain-chant à une ou plusieurs voix, tirés des 
meilleurs auteurs (Rose, Lasceux, Imbcrt, etc.), 
revus et mis en ordre; Charleville, Lhuyer ; 
Paris, Masson, 1836, in-8° obi. — 17° De Pro- 
fundisk huit voix, dédié à la mémoire de F.-L. 
Peroe; Paris, 1836. — 18° Adriani de Lafage 
motetorum liber secundus;P*m, Ni cou, 1837. 
— 1 9° Psalmi vespertini quaternis vocibus cum 
organo; ibid., 1837. III. Écrits didactiques — 
20° Manuel complet de musique vocale et ins* 
trumentale, ou Encyclopédie musicale, par 
A.-E. Choron et Adrien de Lafage; première 
partie, Paris, Roret, 1836, 1 vol. in-18 ; deuxième 
partie, ibid., 1837, 3 volumes in-18; troisième 
partie, ibid., 1838, 2 vol. in-18. Cet ouvrage, 
dont Choron avait fait le plan, n'est, à vrai dire, 
qu'une compilation ; malheureusement ce plan, 
fait d'après ses idées habituelles sur la fusion 
de écoles ( F. Choron ), est très-défectueux, et 
le choix des ouvrages où il a puisé est fort mal 
fait. Les quatre premiers livres avaient été prépa- 
rés par lui. Le premier traite de la théorie des ■ 
éléments de la musique traduits de la Scuola di 
musica de Gervasoni ( voy. ce nom ) ; le second, 
de la mélodie, d'après le Manuel de composition 
de Koch (voy. ce nom ) ; le troisième, de l'harmo- 
nie et du contrepoint , d'après Marpurg, Fena- 
roii et Azopardi ; enfin, le quatrième, consacré 
aux contrepoints simples et doubles, est tiré de 
Fux et de Marpurg. Les huit autres livres, ré- 
digés d'après les plans de Choron, par M. de la 
Fage, traitent des canons et de la fugue, suivant 
plusieurs maîtres allemands et italiens; des ins- 
truments, par Francoeur, de l'union mécanique 
et intellectuelle de la musique et du discours, 
d'après les idées de Framery et de Chabanon. 
Le huitième livre, qui a pour objet les styles, 
est un développement de ce que Choron a écrit 
sur ce sujet dans ses Principes de composition 
des écoles d'Italie,' le neuvième renferme le 
petit traité d'acoustique qu'il a inséré dans le 
môme ouvrage; le dixième est relatif aux insti- 
tutions musicales. On comprend que dans cet 
étrange amalgame il ne peut y avoir trace de 
doctrine ni de véritable méthode. La plus grande 

! 1 



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162 



LAFAGE 



partie des matériaux avait déjà été employée dans 
les Principes de composition des écoles d'Italie. 
Ce Manuel, qui ne justifie pas son titre, est en 
somme un mauvais ouvrage. —21° Séméiologie 
musicale, ou Exposé succinct et raisonné des 
principes élémentaires de musique, etc.; Paris, 
Nicou, 1837, in-4°. Cet ouvrage sert d'introduc- 
tion aux méthodes concertantes de Choron. — 
22° Principes élémentaires de musique; Paris, 
18S7. Ce petit extrait de la Séméiologie est placé 
en tète de quelques petites méthodes d'instru- 
ments publiées par le libraire Roret. •— 23° No- 
tice sur la vie et les ouvrages de Stanislas Mat- 
tel; Paris, 1839, in- 12 de 32 pages, extraite de 
la Gazette musicale de Paris. Elle a été traduite 
en italien par l'auteur , sous ce titre : Memorie 
hvtorno la vita e le opère di StanislaoMaiteo, 
da J. A. de la Fage f Parigino, etc.; Bologne, 
1840, in-8°.— 24° Notice sur Zingarelli ; Paris, 
imprimerie de Bourgogne , in- 8°. — 25° De 
la Chanson considérée sous le rapport mu- 
sical; Paris, 1840, in-8 .— 26° Éloge de Cho- 
ron, lu à F Académie de Caen, dans la séance 
du 7 février 1836; Paris, imprimerie du Duces- 
sois, 1844, in-8° de 48 pages. — 27° ISotice 
sur Bocquillon-Wilhem, écrite en mai 1842; 
ibid., l844,in-8°. —28° Histoire générale de la 
musique et de la danse; Paris 1844, 2 vol. 
in-8°, et deux livraisons de planches. Ces volu- 
mes contiennent seulement la partie de l'histoire 
qui concerne la musique de l'Orient dans l'antiquité. 
La suite n'a pas été publiée. — 29° Notice sur 
* Joseph Baini, écrivain musical et compositeur; 
Paris, 1844, in-8° de 20 pages. — 30° Miscel- 
lanécs musicales ; Paris, (844, 1 vol. in- 8°. L'au- 
teur reproduit dans ce volume ses notices sur 
Zingarelli, Mattei et 'Baini ; on y trouve aussi 
d'autres notices sur Haydn, Martin, Lays, Tritto, 
Bellinî, Pilotti, Pierluigi de Palestrina, etc. — 
31° Orgue de V église royale de Saint -Denis, 
construit par MM. Cavaillé-Coll père et fils. 
Rapport fait a la Société libre des beaux-arts; 
Pari*, 1845, in-8° de 100 pages, avec une planche ; 
2 e édition, Paris, 1846, in-8°de96 pages, avec une 
planche. — 32° Orgue de Saint-Euslache , etc. 
Lettre adressée à M. Eugène Sue ; Paris, 184 G, 

in-8° de 16 pages 33° De la reproduction 

des livres de plain-chant romain; Paris, 
1853, in-8°. — 34 e Lettre écrite à l'occasion 
d'un mémoire pour servir à la restauration 
du chant romain en France, par Vabbè Cé- 
leste Alix; Paris, 1853, in-8°. —35° Cours 
complet de plain-chant, ou Nouveau traité 
méthodique et raisonné de chant liturgique de 
V Église latine, à l'usage de tous les diocèses; 
Paris, 1855-1856, 2 vol. in-8°. — 36° Quinze ri- 



LAFFUXE 

sites musicales à l'exposition universelle de 
1855; Paris, 1855, in-8°. Ce travail est extrait d> 
ia Gazette musicale de Paris. — 37° Prise h 
partie de M. Vabbé Tesson dans la question 
des nouveaux livres de plain-chant romain: 
in-8°. — 38° Extraits du catalogue critique et 
raisonné d'une petite bibliothèque musicale; 
in-8°. — 39° Nicolai Capuani , presbiteri,com- 
pendium musicale; in-8°.— 40° Routine pour 
accompagner le plain-chant t ou moyen prompt 
et facile d'harmoniser à première vue le 
plain-chant prit pour basse, sans avoir c/«- 
dié P harmonie ; Paris, in-8°. Lafage est mort à 
Charenton, le 8 mars 1862. 

LAFFILLAKD (Micuel). Voy. AFFIL- 
LARD (L"). 

LAFFILLÉ (Charles), amateur de mu- 
sique , est ne à Amiens, vers 1772. Jeune encore, 
il entra dans l'administration; en 1798 , il obtint 
l'emploi de receveur des domaines à Bruxelles, et 
il occupa ce poste jusqu'en 1810. Fixé depuis 
lors à Paris f il s'y lia d'amitié avec beaucoup 
d'artiste*, qui réveillèrent en lui le goût de la mu- 
sique; il composa quelques romances, des can- 
tates de circonstance , et se fit éditeur de mu- 
sique. En 1824, sa maison de commerce fut ac- 
quise par A« Petit, et Laffillé, resté sans emploi, 
fonda une agence spéciale des beaux-arts , dont 
il fut le directeur. En 1831, il prit la direction du 
Grand-Théâtre de Bruxelles; mais les agitations 
de la Belgique à cette époque ne furent pas favo- 
rables au succès de son entreprise; il y perdit 
beaucoup d'argent, l'abandonna au mois d'oc- 
tobre de la même année, et retourna à Paris. 
Il y est mort, au mois de novembre 1843. On 
a de cet amateur quelques recueils de poésies , 
publiés à Paris. Comme musicien, il a donné : 
1° Marches et pas redoublés en harmonie, n° s 1 à 
24 ; Paris, A. Petit. L'auteur les a composes pour 
l'usage de la garde nationale de Paris, dont il 
était un des capitaines de musique. — 2° Les Veil- 
lées parisiennes , contredanses pour deux vio- 
lons et basse, livres 1 à 3; ibid. — 3° Valses et 
marches pour 2 clarinettes; ibid. — 4° Les con- 
certs de Bellone, arrangés pour piano par L. J* 
din, liv. 1, 2; ibid. — 5° Douze romances avec 
accompagnement de piano; ibid. — 6° Le retour 
des Lys, cantate à grand orchestre , esécutée à 
l'Opéra de Paris au mois d'avril 1814. LafftHé a 
été l'éditeur d'un joli recueil intitulé : Souvenir 
des Ménestrels , contenant une collection de 
romances inédites, composées par les poètes 
et les musiciens les plus célèbres; Pari*, I8I 3 
à 1828, 16 volumes in-18. Plusieurs romances, 
dont Laffillé a compose les vers ou la musique 
se trouvent dans ce recueil. 



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LAFLÈCHE — LAFONT 



163 



LAFLECHE (J.-A.-M. ), professeur de 
guitare , d'harmonie et de chant, à Lyon , a Tonde 
eh cette ville une école publique de musique qui 
était déjà en activité en 1819. II a publié un 
livre élémentaire qui a pour titre : Méthode de 
guitare, contenant une théorie de musique, 
d'harmonie et d'accompagn em ent ; Lyon, 1818, 
in-4°. 

LAFONT (Charles-Philippe), violoniste 
célèbre, est né à Paris, le 4" décembre 1781. Sa 
mère , sœur de Bertheaume (voy. ce nom), jouait 
du violon ; elle lui donna les premières leçons de 
musique et de cet instrument ; plus tard, Ber- 
theaume lui-même le prit pour son élève , et le 
fit voyager avec lui en Allemagne. Encore enfant, 
Lafont exécutait des solos dans des concerts pu- 
blics en 1792 à Hambourg et à Lubeck, et faisait 
déjà remarquer la parfaite justesse de ses in- 
tonations et sa dextérité. De retour à Paris, il re- 
çut pendant deux ans des leçons de Kreutzer : 
Navoigilie atné , puis Berton , lui enseignèrent 
l'harmonie. Doué de tact et dégoût, il apprit 
seul à chanter, n'ayant pour le guider que ce qu'il 
entendait de Garât. Cette époque était celle des 
concerts du théâtre Feydeau, qu'on établit après 
la réaction politique qui suivit le 9 thermidor. 
Lafont y chanta des airs français et des roman- 
ces qu'on applaudit à cause de l'expression qu'il 
y mettait. Devenu ensuite élève de Rode, il s'ef- 
força d'imiter le fini et la perfection du jeu de 
cet artiste ; dès lors son talent de violoniste com- 
mença à prendre le caractère qu'il conserva 
depuis, et qu'un long travail perfectionna de 
plus en plus. Une justesse irréprochable , un son 
pur et moelleux auquel on aurait désiré quelque- 
fois plus d'énergie, beaucoup de sûreté dans 
l'exécution des traits, enfin un charme irré- 
sistible dans la manière de chanter sur son ins- 
trument, telles étaient les qualités par les- 
quelles Lafont se fit remarquer à son entrée dans 
la carrière, et qu'il a perfectionnées dans la 
suite par des études constantes. En 1 801, il com- 
mença ses voyages en parcourant la Belgique 
pour y donner des concerts avec Gabriel Lemoine, 
faible pianiste , qui ne lui servait guère que d'ac- 
compagnateur. Après cette première tournée, qui 
dura quelques années , Lafont revint à Paris , et 
jeta les fondements de sa réputation dans les con- 
certs qui furent donnés à l'Opéra et au théâtre 
Olympique en 1805 et 1806. Il fit ensuite de* 
longs et nombreux voyages en Allemagne, en Hol- 
lande, dans les Pays-Bas, en Italie, en Angle- 
terre et dans le nord de l'Europe. Après le retour 
de Rode en France, en 1808, Lafont lui succéda 
à Pétersbonrg dans la place de violon solo de l'em- 
pereur de Russie. Son séjour dans cette ville se 



prolongea pendant six ans. En 1812, il lutta 
à Milan avec Paganini. Lorsqu'il revint à Paris , 
en 1815,1e roi Louis XVIII le nomma premier 
violon de la musique de sa chambre; plus tard 
Lafont joignit à cette place le titre de premier ac- 
compagnateur de la duchesse de Berry. Après 
cette époque, il se fit entendre souvent dans de 
grands concerts à l'Opéra et ailleurs; partout le 
public l'accueillit avec des applaudissements 
justifiés par son beau talent. En 1831 , il fit 
avec le célèbre pianiste Henri Herz un nouveau 
voyage en Allemagne; deux ans après il visita- 
la Hollande, et dans l'été de 1638 il parcourut 
une partie de la France. En 1839 il fit une nou- 
velle excursion avec le même artiste ; mais ce 
voyage eut une fin malheureuse , car Lafont y 
trouva la mort, le 14 août (1), par la chute de 1» 
diligence dans laquelle il se trouvait; sur la route 
j de Bagnères de Bigorre à Tarbes. La secousse 
fut si violente, qu'il avait cessé de vivre quand on 
le releva. 

On connaît de cet artiste : 1° 1 er concerto pour 
violon et orchestre ; Paris, Lemoine.— 2° Deuxième 

idem (en ut mineur) ; Paris,jLeduc 3* Troisième 

idem (en mi mineur); Paris, Janet. — 4° Quatrième 
idem (en r^); ibid. — 5© Cinquième idem (en ut) ; 
ibid. — 6° Sixième idem (en fa) ; Paris, Érard. 

— 70 Septième .ident, ibid. — 8° Fantaisie sur 
les airs de La Vestale, avec orchestre; ibid. — 
9° 1 er et 2 e air russes variés pour violon et or- 
chestre; Paris, Leduc. — 10° Souvenirs du 
Simplon, aire suisses variés pour violon et or- 
chestre. — 11° Grande fantaisie et variations 
sur la romance à'Otello , avec orchestre; Paris, . 
A. Petit. — 12° Grande fantaisie et variations 
sur des thèmes de La Gasza ladra et de Cène- 
rentola, avec orchestre, ibid. — 13° Ronde 
à' Emma variée, avec orchestre; ibid. — 
14° Grande fantaisie sur des airs de Léocadie, 
avec orchestre; Paris, Pleyel. — \$° Andanteet 
boléros pour violon principal, 2 violons, alto, 
violoncelle et contrebasse; Vienne, Leidersdorf. 

— 16» Rondeau brillant (en la), avec accom- 
pagnement de quatuor, ibid. — 17° Troisième- 
et quatrième airs variés pour violon principal, 
avec accompagnement de violon, alto et vio- 
loncelle; Paris, Érard.— 18» Les Chevaliers 
de la Fidélité, variations pour piano , violon/ 
et cor; Paris, Janet. — 19° Environ vingt duos r 

' fantaisies et airs variés pour piano et violon , 
; en société avec différents pianistes, tels que 

Kalkbrenner, Herz, M™ Hérault, etc.— 20° Duo 

pour harpe et violon ; Paris, Janet. — 21° Envi- 
ai (quelques biographes placent ce triste événement au 

f S août ; mais Henri Herz, compagnon de voyage de La* 

font, m'a donné la date du 14. 

IL. 



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164 



LAFONT — LAGRAKGE 



ron deux cents romances, dont plusieurs ont eu 
un succès de vogue; Paris, chez tous les éditeurs 
de musique. — 22° Plusieurs morceaux inédits, 
dont un pour violon et orgue. Lafont a composé 
deux opéras; le premier, en un acte, intitulé 
Zélte et Ter ville, a été représenté a» théâtre 
Feydeau, en 1803, et n'a point réussi ; le second 
a été écrit à Pétersbonrg, pour le théâtre particu- 
lier de l'empereur, à l'Ermitage, puis a été re- 
présenté au Théâtre-Français de cette ville. La- 
font était chevalier de la Légion d'honneur. 

Mme Lafont a eu de la réputation comme can- 
tatrice. 

LAGARDE (M. [DE), musicien ordinaire 
de la chambre du roi, fut choisi en 17ô7 pour 
maître de musique des enfants de France. 11 pos- 
sédait une voix de basse fort belle,, fort étendue 
surtout, et passait pour un chanteur habile. La 
Borde dit que rien n'était plus parfait que des duos 
chantés par Lagarde et par Jéliotte; ces deux 
artistes faisaient, dit-il, le charme des soupers de 
leur temps. Eu 1751, Lagarde écrivit l'acte d'i- 
glè dans Topera intitulé Les nouveaux Frag- 
ments : cet ouvrage fut accueilli avec faveur; le 
public applaudissait surtout un chœur et les airs 
de danse. On a aussi de ce musicien trois livres 
de duos de table, quinte livres d'airs à chanter, 
Nouveaux airs à une et plusieurs voix en 
quatre recueils; plusieurs cantates, parmi les- 
quelles on citait particulièrement celle d'Ênée et 
Didon, et La Musette, cantatille. Ces petites piè- 
ces ne manquent pas d'une certaine mélodie na- 
turelle : elles ont eu un succès prodigieux dans 
leur nouveauté, et Lagarde passait pour n'avoir 
point de rival dans ce genre de composition. Ce 
musicien vivait encore en 1780. 

LAG ARIN ( François), violoniste, né a Ge- 
nève, le 10 juin 1814 , commença l'étude de la 
musique dans cette ville, et y fit de rapides pro- 
grès. Le 15 octobre 1824, il fut admis comme 
élève au Conservatoire de Paris, et y reçut des 
leçons d'Auguste Kreutzer pour le violon. 11 ob- 
tint le second prix au concours de 1830, et le 
premier lui fut décerné dans l'année suivante. 
Ses études furent terminées en 1832 , et bientôt 
après il entra à l'orchestre de l'Opéra, d'abord 
comme un des seconds violons, puis comme 
premier. M. Lagarin est aussi membre de la So- 
ciété des concerts du Conservatoire. On a de cet 
artiste quelques compositions pour son instru- 
ment. 

LAGCTTO (....), luthier italien, fixé à 
Paris sous le règne de Louis XIV , a fait des 
violons qui ont été recherchés dans le dix-hui- 
tième siècle. Us sont fabriqués sur le modèle de 
ceux d'André Amati, et sont vernis à l'esprit-de-vin. 



LAGKNER (Daniel), organiste à Lo3dorp v 
au commencement du dix-septième siècle, naquit 
à «Marchpurg, dans la Styrie. Il vécut pendant 
quelques années à Nuremberg, comme maître 
de chapelle de Saint-Sébald, et fut en dernier lieu 
compositeur du comte de Lobenstein. On ignore 
l'époque de sa mort. Ses ouvrages imprimés sont : 
1° Melodia funebris 6 vocum ; Vienne, 1601 , 
in-fol. — 2° Soboles musica, id est cantiones 
sacrx 4-8 vocum; Nuremberg, 1602. — 
3° Florum Jessxorum semina vecibus qua- 
tuor per musicos numéros disseminata, etc.; 
Nuremberg, 1607, in-4°. — 4° Neuwe teutsche 
IÀeder mit 4 Stimmen (Nouvelles chansons 
allemandes à 4 voix) ; Nuremberg, 1606, in-4°. 

LAGO ( Jean DEL ), moine et contrepointiste, 
né à Venise, au commencement du seizième siècle 
a publié un livre élémentaire intitulé : Brève tn- 
troduttione alla musica misurata; Ex prxlo' 
Brandini et Octaviani Scoti fratrum habentur 
excussx Veneliis, 1540, petit in-4°, volume fort 
rare. Giovanni del Lago est le même auteur 
que Possevin appelle Joannes de Lacu (JW- 
blioth. Selecta. lib. XV, tom. H, p. 223). 

LAGOANÈRE (Le chevalier DE), violo- 
niste et compositeur pour son instrument , né 
dans le midi de la France, vers 1785 , servit d'a- 
bord comme soldat , se distingua dans la guerre 
d'Espagne, sous l'empire, fut fait officier et obtint 
la décoration de la Légion d'honneur. Rentré en 
France après la paix, il reprit le violon qu'il avait 
cultivé dès son enfance, et se fit remarquer à 
Paris dans les concerts, en 1817 et dans les an- 
nées suivantes. Après avoir été violon solo de la 
Société des amateurs du Wauxhall, il voyagea et 
s'arrêta quelque temps à Strasbourg, où iï se trou- 
vait en 1824. Plus tard , il se fixa à Lausanne, en 
qualité de premier violon et directeur de musique. 
H est mort au Vigan (département du Gard ), 
dans le mois de janvier 1841. On a publié de sa 
composition : 1° Six duos faciles et progressifs 
pour 2 violons, livres l« r et 2 e ; Leipsick, BreU- 
kopf et Haertel. 

LAGRANGE (Joseph-Louis), illustre géo- 
mètre, naquit à Turin, le 25 janvier 1736, de pa- 
rents français d'origine. Il ne parut pas d'a- 
bord avoir de penchant pour les mathématiques ; 
mais à l'âge de seize ans il commença à étudier 
les ouvrages des anciens géomètres ; un an après, 
la lecture d'un mémoire de Halley développa tout 
à coup son goût pour l'analyse moderne. Deux 
années d'études lui suffirent pour être au courant 
de la science. Dès 1754 il fit paraître un pre- 
mier écrit sur une série de son invention pour 
les différentielles et les intégrales d'un ordre quel- 
conque. Depui* lors, de beaux mémoires et des 



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IAG RANGE 



tf,5 



ouvrages importants sur les principaux objets de 
la science se succédèrent a?ec rapidité. Ce n'est 
point ici le lieu d'en examiner la valeur. Je ne 
dois citer que ceux de ses travaux qui ont du rap- 
port avec la musique. En première ligne se pré- 
sente sa dissertation sur la propagation du son, 
insérée dans le premier volume des Mémoires de 
l'Académie de Turin (1759), et dont Montucla a 
donné une analyse dans le Journal étranger 
(mai 1760). On trouve dans cette analyse le ré- 
sumé suivant du travail du grand géomètre : 

« M. de Lagrange s'attache d'abord à montrer 
l'insuffisance de la théorie de Newton, et à l'aide 
de la méthode des variations, il résout la ques- 
tion par les principes directs et lumineux de la 
dynamique. Toutes les propriétés de la transmis- 
sion du son sont renfermées dans la formule gé- 
nérale de M. de Lagrange. Voici les conséquen- 
ces principales qu'il en tire : 1° que la vitesse 
du son ne dépend aucunement de la vitesse ou 
de la force de l'ébranlement imprimé à l'air; 
2° que le son se propage également de tous les 
côtés du corps qui le produit; 3° que la vitesse 
est la même dans toute l'étendue de la fibre élas- 
tique ; 4° que cette vitesse ne dépend point 
de la longueur de cette fibre, c'est-à-dire, que 
le son se transmet avec la même vitesse dans 
un air libre et dans celui qui est renfermé. La 
plupart de ces conséquences étaient, il est vrai, 
déjà connues par l'observation ; mais nous pen- 
sons qu'il n'y a aucun physicien qui méconnaisse 
le mérite d'avoir déduit ces faits d'une solide 
théorie. » 

Dans le même mémoire, Lagrange fournit une 
nouvelle théorie de la formation des échos; il la 
tire du développement de quelques cas de sa 
formule. On' trouve dans le dernier chapitre la 
solution du problème du troisième son, qui a 
servi de base à la Théorie musicale de Tartini. 

Taylor avait déterminé dans son livre : M e- 
thodus incrementorum directa et inversa 
(Lond., 17 15), la courbe que forme une corde 
vibrante, tendue par un poids donné, en suppo- 
sant : 1° que la* corde dans ses plus grandes 
excursions s'éloigne peu de la direction rectili- 
gnc de l'axe; 2° que tous ses points arrivent 
en même temps à l'axe. Il trouva que cette courbe 
est une troeboïde très-allongée; ensuite il assi- 
gna la longueur du pendule simple qui fait ses 
oscillations dans le même temps que la corde vi- 
brante fait les siennes (l). D'Alembert, Euler 
et Daniel Bernoulli, qui s'étaient ensuite occu- 
pés de la solution de ce problème, en avaient rec- 
tifié la seconde partie, présentée en effet d'une 

(1) Bosnut, Histoire des Mathématiques, tome 11, 
p. 19S et cuIt. 



manière trop arbitraire par Taylor; mais leurs 
solutions, sans conduire à des résultats absolu* 
ment satisfaisants, avaient donné lieu à des dis- 
cussions animées, dans les mémoires de l'Aca- 
démie de Berlin (années 1747, 1748, 1753, 1760). 
Lagrange se livra à une savante discussion de 
cette question dans le même volume de l'Acadé- 
mie de Turin qui a été cité précédemment; puis 
il y revint dans le volume de 1762, et présenta 
sur ce sujet une analyse aussi nouvelle que pro- 
fonde. Depuis lors il a perfectionné sa théorie dans 
les diverses éditions de sa Mécanique analy- 
tique. Lagrange s'était beaucoup occupé de re- 
cherches sur la musique des anciens ; on assure 
que parmi ses papiers, recueillis après sa mort 
par l'Institut de France, il y a quelque chose sur 
ce sujet. 

Les premiers travaux de Lagrange Axèrent 
sur lui les regards de toute l'Europe savante. En 
1759 il fut nommé membre de l'Académie de 
Berlin. Frédéric II l'appela ensuite pour la pré- 
sider, après la retraite d'Euler. En 1787, le roi 
de France lui accorda une pension de 6,000 li- 
vres, un logement au Louvre, et divers autres 
avantages pour qu'il allât se fixer à Paris : il 
s'y rendit immédiatement. Après la révolution, 
il fut successivement professeur à l'École normale 
et à l'École polytechnique, membre de l'fnstikit, 
sénateur, comte de l'empire, et grand officier de 
la Légion d'honneur. Il mourut à Parts, le 10 
avril 1813, s Page de soixante-dix -sept ans. 

LAGRANGE (Anna-Caholine DE), can- 
tatrice célèbre, née à Paris, le 24 juillet 1825, 
montra dès ses premières années une organisa- 
tion musicale tout exceptionnelle. Élève de Stam- 
maty (voyez ce nom) pour le piano, elle fit en 
peu de temps des progrès qui tenaient du pro- 
dige , et déjà le professeur, qui lui transmettait 
le mécanisme de l'école de Kalkbrenuer, prédi- 
sait à la mère de cette jeune fille les succès de 
pianiste les plus brillants, lorsque Bordogni 
(voyez ce nom), ayant un jour essayé sa voix, 
dit à son tour : Jetez ce piano par la fenêtre, 
et ne vous occupez que du chant; il vous con- 
duira à la plus belle renommée ainsi qu'à la 
fortune. On ne jeta pas lé piano; mais son 
étude ne fut plus qu'accessoire, et M"* de La- 
grange devint élève de Bordogni. Douée de la 
plus rare facilité de vocalisation, elle eut bientôt 
dépassé les espérances du professeur. Le premier 
essai de son talent fut fait au théâtre d'amateurs 
que le comte de Castellane avait fait construire 
dans son hôtel du faubourg Saint-Honoré. On y 
devait représenter La duchesse de Guise, opéra 
de M. de Flottow, alors à l'aurore de sa carrière 
de compositeur. Des amateurs distingués, appar- 



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166 



LAGRANGE — LAGUERRE 



tenant à lVHte de la société, de raient chanter 
dans cet ouvrage; mais il fallait pour le rôle prin- 
cipal rie femme un véritable talent d'artiste : on 
eut recours à M 11 * de Lagrange, qui frappa l'au- 
ditoire d'étonnement et d'admiration par la ma- 
nière dont elle chanta ce rôle. Les avis furent 

^unanimes sur les succès qu'elle obtiendrait an 
théâtre si elle se rendait en Italie. Dès ce mo- 
ment la résolution de M mc de Lagrange fut 
prise : elle partit avec sa fille pour Milan. Arrivée 
dans cette Tille, M»« de Lagrange prit des leçons 
de Mandanici (voyez ce nom ), pour se préparer 
aux traditions de la scène italienne; mais ce maî- 
tre ne tarda point à lui dire : Mademoiselle, je 
ne sais plus ce que je pourrais vous apprendre. 
Cependant, elle ne se faisait point illusion, et elle 
comprenait très» bien qu'il lui restait beaucoup à 
faire, parce que la vocalisation, si brillante qu'elle 
soit, n'est qu'une des qualités de l'art du chant. 
Après Mandanici, elle se confia aux soins de 
Lamperti , a cette époque le maître le plus re- 

- nommé de l'Italie, et ce fut sous sa direction 
qu'elle acheva ses études au point de vue de l'art 
dramatique. Cependant, nonobstant l'opinion fa- 
vorable des artistes italiens sur te talent de 
MUe de Lagrange , il existait alors en Italie un 
préjugé contraire aux cantatrices françaises qui 
faisait limiter les entrepreneurs à l'engager pour 
leurs théâtres : enfin, grâce à la protection de la 

• famille Medici , elle fut engagée pour chanter à 
Varese» au mois d'octobre 1842, la Chiara di 
Itosenberg, de Louis Ricci. Le succès qu'elle y 
obtint eut un éclat extraordinaire ; car elle dut 
répéter sa cavatine, et elle fut rappelée douze fois 
pendant le cours de la représentation. A Novare, 
où elle se rendit ensuite, son triomphe fut égal. 
Dans l'année suivante, elle chanta à Plaisance , 
puis à Pavie, et toujours elle rencontra la même 

■. faveur dans le public. En 1844 elle fut engagée à 
Modène pour chanter le Corrado d'Allamura 
de Frédéric Ricci, mauvais ouvrage qu'elle sou- 
tint pendant quelques représentations par le seul 
mérite de son chant. Dans la même année elle 
chanta les Lombardi de Verdi, et y produisit une 
vive impression. Après cette saison, elle fit un 

-voyage en Hollande et en Belgique, puis elle alla 
chanter à Venise la MaresciaUa o? Ancre de 
Nini, qui tomba à plat, mais dans lequel tous les 
morceaux qu'elle chanta furent applaudis avec 
enlliousiasme. De là elle alla à Bologne, où elle 
était engagée pour la Linda de Chamounix de 
Donizetti, elle y eut un brillant succès. Ce Tut 
dans cette ville qu'elle chanta pour la première 
fuis le S (abat Mater de Rossini, dans le palais 
de la princesse Ercolani , pour le jour de nais- 
sance de l'illustre maître (28 février). Les autres 



chanteurs de solos étaient le ténor Iwanofl et 
Zucchini, la meilleure basse italienne de ce 
temps. Rossini tenait le piano. Dès ce moment il 
prit un vif intérêt à cette jeune cantatrice, et loi 
donna des conseils sur les principaux rôles de ses 
ouvrages. Dans la même année (1845) elle fut 
engagée à Turin, puis (1846) elle chanta à Rovigo 
et à Trieste. Dans cette dernière ville elle eut des 
succès d'enthousiasme par la manière dont elle 
chanta VEmani de Verdi, la Sonnanbula de 
Bellini, et le Barbiere di Seviglia de Rossini. 
Ce fut à la suite de ce succès que M"e de Lagrange 
fut appelée à la Scala de Milan, et qu'elle y 
produisit une profonde sensation dans la Norma. 

En 1848, M«e de Lagrange se trouvait à Vienne 
avec sa mère, qui ne l'avait jamais quittée et loi 
avait prodigué ses soins dans les commencements 
difficiles de sa carrière. Elle était engagée pour 
le théâtre italien de cette ville, et venait d'épou- 
ser M. Stankowich, gentilhomme russe, lorsque 
la révolution éclata en Autriche. Bientôt les évé- 
nements devinrent si graves, que les théâtres de 
la capitale furent fermés. M"»« de Lagrange re- 
vint aloH à Paris avec son mari et sa mère. 
L'administration de l'Opéra lui proposa un enga- 
gement à cette époque; elle ne l'accepta que 
conditionnellement, voulant d'abord s'essayer 
dans le genre de musique de ce théâtre, dont 
elle n'avait pas l'habitude et qui a peu d'analogie 
avec le caractère de son talent. Elle y débuta 
dans la traduction A'Olello, le 1 er décembre 1848, 
n'y réussit que médiocrement, et prit le parti de 
décliner l'engagement qui lui élait offert- Depuis 
lors elle a obtenu de grands succès à Vienne, à 
Berlin, à Pétersbourg, dans les États-Unis d'A- 
mérique, dans l'Amérique du Sud et au Brésil, où 
elle a passé plusieurs années avec des avantages 
énormes. Au moment où cette notice est écrite 
(1862), M me de Lagrange citante à l'Opéra de 
Madrid avec ses succès habituels. 

LAGUERRE (Elisabeth-Claude J ACQUET 
DE), née a Paris, en 1669, se fit remarquer dès 
ses premières années par ses heureuses disposi- 
tions pour la musique. A peine âgée de quime 
ans, elle parut à la cour et charma Louis XIV 
par son talent sur le clavecin; cette circonstance 
engagea M me de Montespan a la garder trois ou 
quatre ans chex elle. Elle épousa ensuite Marin 
De Laguerre , organiste de Saint-Séverin et de 
Saint- Gervais, dont elle eut un fils, qui a Page de 
huit ans étonnait ceux qui l'entendaient jouer du 
clavecin, mais qui mourut dans sa dixième année. 
M m * De Laguerre possédait un talent remarqua- 
ble, pour son temps, dans l'art de préluder et 
d'improviser sur l'orgue et le clavecin. En 1694, 
elle lit représenter à l'Académie royale de mu- 



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LÀGUERRE — LAHARPE 



■sique Céphale et JProcra,grand opéra de sa cou* 
position. Elle a publié trois livres de cantates à 
voix seule, un livre de pièces de clavecin, et un 
recueil de sonates pour le même instrument. En 
1721 elle fit exécuter, dans la chapelle du Lou- 
vre, un Te Deum, pour la convalescence du 
coi. Elle mourut à Çaris, le 27 juin 1729» à Page 
de soixante-neuf ans, et fut inhumée à Saint- 
Eastache. * 

LAGUERRE (Marie- Josépbine), cantatrice 
a l'Académie royale de musique, naquit à Paris , 
en 1755. Admise d'abord dans les chœurs, en 
1774, elle débuta en 1776 par le rôle d'Adèle 
de Ponthieu, musique de La Borde , et joua 
avec succès, au mois de juin de la même annéo, 
celui d'Alceste, qui venait d'être créé par sa ri- 
vale, Rosalie Levasseur. Douée d'une voix pure 
et touchante, plus jeune et plus jolie que M t'® Le- 
vasseur, avec qui elle partagea le premier em- 
ploi en 1788, à la retraite de M» e Arnould, elle 
aurait acquis une grande réputation si son in- 
-conduite n'eût avili ses talents et arrêté leurs 
progrès. Piccinni lui avait enseigné son rôle d7- 
phigème en Tauride, qu'elle chanta fort bien à 
la première représentation; mais à la seconde 
elle était ivre en entrant en scène ; elle chan- 
celait et balbutiait au point d'exciter le rire et 
les huées du public. M"* Arnould dit plaisam- 
ment à cette occasion que c'était Iphigénie 
■en Champagne. Elle mourut à Paris, le 14 février 
1783, à l'âge de vingt-huit ans. On trouva dans 
son portefeuille sept à huit cent mille francs 
en billets de la caisse d'escompte; et elle laissa 
en outre 40 mille livres de rente, deux maisons 
et beaucoup de bijoux. 

LAHALLE (Pierre), est né à Rouen, le 9 
novembre 1785, d'une bonne famille du pays de 
-Caux. Il était encore enfant lorsqu'il perdit son 
père, négociant aisé, dont la fortuné fut ensuite 
dilapidée. Jeune encore, il se rendit à Paris et s'y 
livra à l'étude des mathématiques. Peu fortuné, 
il chercha des ressources pour son existence dans 
l'enseignement de cette science. 11 a publié aussi 
•divers ouvrages originaux ou traduits de l'an- 
glais, et a coopéré à la rédaction de plusieurs 
journaux, entre autres au Mercure du dix-neu- 
vième siècle , auquel il a fourni plusieurs arti- 
cles relatifs à la musique, ainsi qu'au supplément 
de la Biographie universelle des contempo- 
rains, publiée par Rabbe et M. de Boisjolîn; 
mais aucun de ces travaux n'a pu le tirer de sa 
position précaire ni lui créer une position dans 
le monde littéraire. Après la révolution de juillet 
1830, un des anciens amis de M. Lahalle, ayant 
été nommé préfet d'un département, l'emmena 
avec lui pour s'aider de ses conseils et de- son 



IH7 

expérience, et celui-ci quitta Paris; malheureu- 
sement une santé délabrée et la perte totale de 
la vue ne laissait d'autre espoir à ce littérateur 
que de voir bientôt arriver la fin d'une vie agitée 
et malheureuse. M. Lahalle a publié un livre inti- 
tulé : Essai sur la musique, ses fonctions dans 
les mœurs, et sa véritable expression ; suivi 
d'une bibliographiemusicale;Pàris, Rousselon, 
1825, 1 vol. in- 18 de 196 page* Cet ouvrage, 
dont le style est agréable, ne renferme que des 
vues d'une esthétique vague, dont les applica- 
tions ne présentent point d'utilité pour l'art. Les 
réflexions de l'auteur contre l'imitation en mu- 
sique, insérées dans le chapitre intitulé Bornes 
de l'art (p. 74 et suiv.), sont ce qu'il y a de 
plus utile dans le livre. 

LAHARPE (Jean-François DE), critique 
célèbre et poète, naquit à Paris, le 20 novembre 
1739. De brillantes études faites au collège d'Har- 
court lui préparèrent des succès ; mais son dé- 
but ne fut point heureux. Quelques vers sati- 
riques contre le directeur de ce collège lui furent 
attribués, et le firent enfermer d'abord à Bicêlre, 
ensuite au For-Lévêque. A l'âge de vingt ans il 
publia ses premières productions» qui consistaient 
en plusieurs héroïdes, genre de poésie alors à la 
mode. Quelques tragédies, parmi lesquelles on 
remarque Warwick, Philoctète et Virginie, 
des discours, des éloges et des poèmes couron- 
nés par l'Académie française et par quelques 
autres sociétés littéraires, les traductions de Sué- 
tone et de la Lusiade de Camoëns, enfin la ré- 
daction du Mercure de France, et V Abrégé de 
l'histoire générale des voyages de l'abbé Pré- 
vost, remplirent sa vie jusqu'en 1786. A cette 
époque il commença an lycée le cours de littéra- 
ture française , qu'il continua pendant quatre ans, 
dont il a pnblié ensuite la rédaction, et qui est 
un de ses plus beaux titres au souvenir de la pos- 
térité. Après avoir adopté avec enthousiasme 
les principes de la révolution française, et même 
après avoir porté jusqu'au fanatisme l'ardeur 
des réformes démagogiques, il chanta la palino- 
die, attaqua ce qu'il avait encensé, se fit exiler 
de Paris, y revint, reprit son cours, et mourut 
le 1 1 février 1803, dans sa soixante-quatrième 
année. En 1777 Laharpe était chargé de la ré- 
daction du Journal de politique et de littéra- 
ture ;il y fit insérer, le 5 mars, a propos d'une 
reprise à'Iphigénie en Aulide, une critique de 
la musique de Gluck, qui lui attira une piquante 
réponse de Suard, dans le Journal de Paris t 
sous le pseudonyme de V Anonyme de Vaugirard. 
Laharpe publia , le 25 du même mois, dans son 
Journal une assez longue réplique, qui fut suivie 
de plusieurs autres lettres de l'anonyme. Le 



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108 



LAHARPE — LÀHOTJSSAYE 



5 octobre de la même année Laharpe rentra 
dans cette polémique, et publia un long article 
critique à propos de l'annonce é'Armide. Ce fut 
le signal d'une nouvelle lutte, plus ardente que 
la première : des réponses de tous genres Turent 
adressées au critique. Toutes ces pièces ont été 
réunies dans le volume intitulé Mémoires pour 
servir à l'histoire de la révolution opérée 
dans la musique par M. le chevalier Gluck. 
Longtemps après, Laharpe a reproduit ses idées 
sur ce sujet dans son Cours de Littérature 
(IIP partie, liv. l* r , chap. 6, iv* section), mais 
avec beaucoup plus de développement. 

LA HIRE (Philippe de), géomètre, pro- 
fesseur de mathématiques et d'architecture au 
Collège de France , et membre de l'Académie 
royale des sciences, né a Paris, en 1640, y 
mourut, le 21 avril 1719. Parmi les nombreux 
mémoires qu'il a fournis à la collection de l'A- 
cadémie royale des sciences , on remarque celui 
qui a pour titre : Explication des différences 
des sons de la corde tendue sur la trompette 
viarine (Tom. IX, pages 500-529). Ce mé- 
moire a été reproduit dans les Œuvres meslées 
de M. De La Hire, Amsterdam, 1759, in-4° 
(pages 330-350). La plupart des faits indiqués 
dans ce mémoire sont empruntés à la le' propo- 
sition du traité de musique du P. Dechalles 
( Cursus seu mundus mathematicus, tom. IV, 
pag. 23), particulièrement l'explication du phé- 
nomène des battements du pied du chef alet sur 
la table d'harmonie, lorsque l'ardiei met en vi- 
bration énergique la corde de la trompette ma- 
rine. Savart {voyez ce nom ) a fait de nouvelles 
expériences sur ce phénomène. On a aussi de La 
Hire des Expériences sur le son, dans le volume 
des Mémoires de l'Académie royale des sciences 
de 1716 ( p. 262-268 ). 

LAHMEYER ( J.-F. ), maître de musique 
du séminaire et organiste de l'église Saint- 
Égide, à Hanovre, est auteur d'un ouvrage qui 
a pour titre : Handbuch der Harmonielehre, 
oder AnweUung sur Théorie der Musik. Zu- 
nxchst zum Selbstunterricht fûrSemhtaristen, 
una angehende OrgeUpieler bestimmt ( Ma- 
nuel de la science de l'harmonie, ou instruction 
sur la théorie de la musique, etc. ), Hanovre, < 
.1823, in-fol. Cet ouvrage a pour base la théorie 
de Gottfried Weber ( voy. ce nom ). 

LAHOU ( Jean- François- Joseph ) , né à 
Lille, le 10 avril 1798 , a été admis comme élève 
au Conservatoire de Paris, en 1815. Après y 
avoir fini ses études , il entra au théâtre de l'O- 
déon comme première Oùte, pendant les années 
1818 et 1819; puis il fut appelé en Hollande, où 
il eut pendant deux ans les fonctions de clief do 



musique du 9* régiment. Devenu, en 1822, pre- 
mière flûte du Théâtre Royal de Bruxelles , il 
conserva cette place pendant quinze ans , et y 
joignit le titre de première flûte solo du roi des 
Pays-Bas. A l'époque de l'organisation du Con- 
servatoire de Bruxelles , il y fut nommé pro • 
fesseor. On lui doit des élèves distingués, parmi 
lesquels on remarque MM. Aerts, Derudder, Léo- 
nard et Demeura. N'ayant pas voulu adopter 
la flûte de Bœhm , que le directeur du Conser- 
vatoire voulait introduire dans l'école, Lahou 
donna sa démission et fut remplacé par son élève 
Demeura. Il établit un hôtel pour les voyageurs ; 
mais cette affaire n'ayant pas réusai , sa tète se 
dérangea, et il mourut aliéné le 12 janvier 1847. 
On a de cet artiste : 1° Concerto pour flûte ; 
Anvers , Scliott. .— 2° Fantaisies et airs varies 
pour flûte principale. — 3° Trois duos pour 
2 flûtes. 

LAHOUSSAYE (Pierrf ), violoniste dis- 
tingué, naquit à Paris, le 12 avril 1735. Doué 
des plus heureuses dispositions , il apprit seul la 
musique à l'âge de sept ans, et parvint» sans 
avoir eu de mattre , à jouer agréablement du 
violon. PhTet, musicien de l'Opéra, sur- 
nommé le grand nez , lui donna ensuite des 
leçons et le mit en état de jouer au concert spi- 
rituel , avant d'avoir atteint sa dixième année. 
Quelque temps après, Lanoussaye fut intro- 
duit cliez le comte de Senneterre, où il eut 
(e bonheur d'entendre les plus célèbres violo- 
nistes de l'époque, entre autres Pagin, Gaviniès, 
Pugnani, Giardiui, Van Maldere, et Domi- 
nique Ferrari. Rassemblés un jour dans cette 
maison, plusieurs de ces artistes jouèrent clia- 
cun une sonate : remarquant l'enthousiasme du 
jeune homme, Ferrari lui présenta son violon, 
et Lanoussaye , après avoir préludé d'une ma- 
nière brillante, exécuta de mémoire plusieurs 
traits de la sonate de Tartini qu'il venait d'en* 
tendre. Des félicitations lui furent adreasées 
par ces maîtres habiles , et Pagin le prit pour 
son élève; puis le fit entrer chez le comte de 
Clermont, en qualité de violoniste de ses con- 
certs. Cependant un vif désir de voir et d'en- 
tendre Tartini tourmentait Lanoussaye , malgré 
l'heureuse position où il se trouvait. Une occa- 
sion favorable se présenta pour réaliser ses 
vœux à cet égard. Le prince de Monaco le prit 
à son service et l'emmena en Italie. Arrivé à 
Padoue, son premier soin fut de se rendre à l'é- 
glise où Tartini devait jouer uu concerto. Rien, 
disait-il longtemps après , ne saurait exprimer 
la surprise et l'admiration que me causèrent 
la justesse, la pureté du son , le charme de 
l'expression, la magie de l'archet, enfin 



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LAHODSSAYE — LAI NEZ 



169 



toutes les perfections dont le jeu de Tartiné 
venait de m'offrir le modèle. Ce grand artiste 
l'accueillit avec bonté, et, retrouvant en lui les 
principes de son école, que le jeune violoniste 
avait puisés cbez Pagin , il lui donna des le-* 
cens. 

Rappelé par le prince de Monaco, Lahous- 
saye dut s'éloigner à regret de Padoue ; mais 
arrivé à Parme, il y trouva un engagement 
avantageux à la cour de Tintant don Philippe et 
l'accepta. Traetta était alors maître de chapelle 
du prince ; il enseigna au jeune violoniste les 
éléments de la composition , et lui fit écrire , 
pour l'exercer, beaucoup d'airs de ballets dans 
ses opéras. Comblé de témoignages de bonté 
par le prince, mais désireux de revoir encore 
celui qu'il appelait le maure des maîtres, La- 
houssaye retourna à Padoue près de Tartini , 
dont il reçut encore des leçons jusqu'en 1769. 
Devenu ensuite chef d'orcliestre dans plusieurs 
grandes villes de l'Italie, il déploya un rare 
talent dans l'exercice de cet emploi. Après 
quinze ans de séjour dans ce pays, il suivit Ou- 
glielmi à Londres en 1772, pour y diriger l'or- 
chestre de l'Opéra italien. De retour à Paris 
en 1775, il y eut en 1779 la direction de l'or- 
chestre du concert spirituel , et en 1781 celle de 
l'orchestre de la Comédie italienne. £n 1790 il 
partagea avec Puppo les fonctions de chef d'or- 
cliestre du théâtre de Monsieur, qui prit ensuite 
le nom de théâtre Feydeau. Il occupait encore 
ce poste en 1800 , et je l'y ai connu , dirigeant 
rorchestre de cette époque avec un rare talent. 
Celait un beau vieillard, dont la ligure calme , 
les trails réguliers, et les cheveux blancs flot- 
tant sur ses épaules, inspiraient le respect. A 
la réunion des deux théâtres Favart et Feydeau, 
il perdit son emploi, et ce digne artiste, qui 
avait rendu tant de services à l'art et en parli- 
oriier au théâtre , fut mis à la retraite sans 
obtenir de pension. A l'origine de la forma- 
tion du Conservatoire, il avait été nommé un 
des professeors de violon de cette école : com- 
pris au nombre des maîtres dont ia réforme fut 
décidée en 1801, il perdit encore cette place. On 
dit que le chagrin qu'il eut des malheurs qui le 
frappaient dans sa vieillesse le porta à des 
excès d'intempérance dans ses dernières an- 
nées, et qu'il tomba dans une profonde misère. 
Le besoin l'avait obligé d'accepter une place de 
second violon à l'Opéra; mais en 1813 la di- 
minution de ses forces et une atteinte de surdité 
ne lui permirent plus de faire son service, et 
il fut réformé. Il est mort à Paris, vers la fin 
de 1818, à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Peu 
de violonistes ont eu une manière plus grande 



et plus belle que -Lahoossaye : la justesse de 
son intonation était parfaite, et le son qu'il ti- 
rait de l'instrument était pur et vigoureux. Je' 
me souviens de lui avoir entendu jouer la so- 
nate du Diable, de Tartini, de manière à 
exciter autant d'étonnement que de plaisir, 
quoiqu'il ne fût déjà plus jeune. Il a publié à 
Paris un œuvre de sonates pour le violon , et 
a laissé en manuscrit douze concertos d'église 
pour le même instrument , sept œuvres de so- 
nates , et trois œuvres de duos. On ignore qui 
a recueilli ses manuscrits après sa mort. 

LAINEZ ou LAINE (Etienne), acteur de 
l'Opéra, était fils d'un jardinier et naquit à Vau- 
girard , près de Paris, le 23 mai 1753. On dit 
que Berton (père), directeur de l'Opéra, l'ayant 
entendu chanter dans une rue où il vendait de la 
laitue , et lui trouvant une assez bonne voix et de 
la justesse, le demanda à ses parents, et lui 
fit apprendre la musique. Laiuez parut en pu- 
blic pour la première fois en 1770 , à l'époque du 
mariage de Louis XVI , dans un acte de ce qu'on 
appelait alors des Fragments. Il fut ensuite ad- 
mis a l'école de chant et de déclamation de l'O- 
péra (en 1771 ), et débuta en 1773 , dans des rô- 
les de peu d'importance. Ses succès le firent 
choisir pour doubler Legros dans Alceste, en 
1777 , et dans Armide, l'année suivante. Après 
que Legros eut pris sa retraite , il devint chef de 
l'emploi de premier ténor, appelé alors haute» 
contre, et pendant quarante-deux ans que dura 
sa carrière théâtrale, il créa beaucoup de rôles 
qui lui firent plus d'honneur comme acteur que 
comme chanteur, particulièrement ceux d'Énée 
dans Bidon, de Dardanus, de Rodrigue dans Chi- 
mène, de Polynice dans Œdipe à Colone, de 
Liciniusdans La Vestale,deTnjan t de Cortez,etc. 
Une physionomie expressive, une démarche 
noble et aisée , une action dramatique pleine de 
chaleur, étaient les qualités qui distinguaient cet 
acteur et lui procuraient de brillants succès, quoi* 
qu'il portât souvent l'énergie jusqu'à l'exagéra- 
tion. A l'égard de son chant, on ne peut rien 
imaginer de plus ridicule. Une voix criarde et 
chevrotante , l'absence de toute éducation vocale, 
si ce n'est d'une articulation fort nette du réci- 
tatif; des sons gutturaux on nasards mêlés à des 
cris; voilà ce qu'on remarquait dans le chant du 
premier ténor de l'Académie royale de musique, 
et ce qui inspirait autant d'étonnement que de 
dégoût aux étrangers qui l'entendaient. Dès le 
commencement de la révolution de 1789 , Lainez 
montra son attachement à la cause de la royauté. 
Applaudi et couronné nar le parti royaliste à la 
fin de 1791, pour avoir chanté avec enthousiasme 
dans Iphigénie en Aulide : Chantons, celé* 



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17J 



LÀINEZ — LALANDE 



brom notre reine, il fut sifflé à outrance quel- 
ques jours après par le parti contraire , qui le 
contraignît à s'excuser, à protester de son ci- 
visme, et à fouler aux pieds la couronne qui lui 
avait été décernée. Il se vengea de cette humilia- 
tion, après le 9 thermidor, par sa véhémence 
lorsqu'il chantait le Réveil du peuple, au com- 
mencement de chaque soirée. Laines se retira de 
t'Opéra le 1 er janvier 1812; puis il alla donner 
•quelques représentations à Marseille et à Lyon. 
Dans la même année il se cliargea de la direc- 
tion du théâtre dé cette dernière ville; mais 
-cette entreprise ne fut point heureuse; elle le 
ruina , et il fut obligé de l'abandonner, ver» la 
tin de 1816. Jl revint alors à Paris, essaya de 
reparaître à l'Opéra, dans Arvire et Evelina , 
mais il ne parut plus supportable, et ne se soutint 
jusqu'à la fia de la représentation qu'à la faveur 
du souvenir de ses anciens services. Il retourna 
à Marseille, y resta quelques mois, puis revint 
-encore à Paris , où il obtint, en 1817 , une place 
-de professeur de déclamation lyrique au Cou* 
servatoire de musique. Les chagrins et les in- 
firmités empoisonnèrent ses dernières années. Il 
mourut le 15 septembre 1822, des suites de l'o- 
pération de la taille , dans la soixante-dixième 
année de son âge. 

LAIOLLE. Voyez LAYOLLE. 

LALANDE (Michel- Richard DE), surin- 
tendant de la musique de Louis XIV et de 
Louis XV, naquit à Paris, le 15 décembre 1667, 
de parents pauvres. Son père était tailleur. La- 
lande fut lequiuzième enfant de ce pauvre homme. 
Placé comme enfant de chœur dans l'église 
Saiut-Germain-l'Auxerrois, il y apprit la musique 
«ous la direction de Chaperon , qui l'affection- 
liait à cause de sa jolie voix. La nature l'avait 
doué d'un esprit sérieux qui le portait au travail, 
«t telle était son ardeur à l'étude , qu'il y passait 
souvent les nuits. 11 apprit presque seul à jouer 
-du violon, du clavecin, de la basse de .viole et 
4e plusieurs autres instruments. A quinze ans il 
perdit sa voix par la mue , et sortit de la mal- 
Irisé où il avait été élevé. Un de ses beaux-frères 
le reçut généreusement chez lui, et donna chaque 
semaine des concerts pour qu'il eût occasion de 
se Taire connaître. Le violon était l'instrument 
dont il jouait alors mieux que d'aucun autre; Il 
parait toutefois qu'il n'y était pas des plus ha- 
biles, même pour son temps , car 6'étant présenté 
à Lulli pour être admis dans son orchestre, il 
ne fut point agréé. Le mauvais succès de sa 
démarche lui causa tant de chagrin, que de dépit 
il brisa son violon, et qu'il renonça pour toujours 
à cet instrument. Il se remit alors a l'étude de 
J'orguc, et y lit de si grands progtès, qu'on le 



choisit pour desservir à la fois quatre orgues des 
églises de Paris , savoir, celles de Saint-Gervais , 
de Saint- Jean, des Jésuites et du petit Saint-An- 
toine. Le P. Fleuriau lui confia la composition 
-des symphonies et des chœurs de plusteurstragé- 
dies destinées an collège des Jésuites : on fut sa- 
tisfait de son travail. Plus tard il se présenta au 
concours pour la place d'organiste du roi * 
Louis XIV l'entendit à Saint-Germain , et Lulli, 
juge de ce concours, déclara que si la place de- 
vait être donnée au plus habile , elle lui appar- 
tenait ; mais on le trouva trop jeune. Ce fut la 
seule fois que Lulli rendit justice à Lalande; on 
a fait la remarque qu'il ne savait pas le nom du 
concurrent lorsqu'il prononça en sa faveur. 

Le maréchal de Noailles avait choisi Lalande 
pour enseigner la musique à ses filles ; sur sa 
recommandation, le roi confia au jeune artiste 
l'éducation musicale des princesses qui furent en- 
suite duchesse d'Orléans et Madame la Duchesse. 
Reconnaissant des bontés du monarque, l'artiste 
mit tant de zèle dans l'exercice de ses fonc- 
tions , qu'il ne sortit du château de Versailles 
pendant trois ans que pour aller passer les 
nuits à Glagny , où Louis XIV lui avait donné 
un logement. Ce prince , qui aimait la personne 
et les talents de Lalande , le combla de faveurs. 
D'abord il lui donna la charge do maître de la 
musique de sa chambre ; puis, en 1683 , après la 
retraite des surintendants de la chapelle Du mont 
et Robert, lorsqu'il fut décidé qu'il y en aurait 
quatre qui serviraient par quartier, il lui accorda 
une de ces places. On, rapporte à ce sujet que Ro- 
bert, qui se relirait, ayant présenté Goupillet, 
l'archevêque de Reims Minoret, et Lulli son 
élève Colasse, chacun exaltant le mérite de son 
protégé et discutant le choix du quatrième surin- 
tendant, le roi leur dit ; « Messieurs, j'ai accepté 
« ceux que vous m'avez présentés ; il est juste 
« que je choisisse à mon tour un sujet de mon 
«goût, et c'est Lalande que je prends pour 
« remplir le quartier de janvier. » Le choix de 
Louis XIV était le meilleur, car Lalande fut le 
plus habile compositeur français de son temps 
pour la musique d'église. En 1684 , le roi lui lit 
épouser Anne Rebel, qui passait pour la meil- 
leure cantatrice de sa chambre , fit les frais de 
la noce et dota la jeune femme. Lalande eut 
deux filles de ce mariage. Elles étaient douées 
de belles voix; leur père ne négligea rien pour en 
faire des musiciennes distinguées. En 1704 , Il les 
fit entendre à Louis XIV, qui , charmé de leut 
talent, les admit dans sa chapelle, et donna à 
chacune mille l|vres de pension. La satisfaction 
que donnaient à Lalande des filles d'un tel 
mérite, dit un historien de in musique , no fut 



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LALANDE 



17f 



pas de longue durée : la petite vérole les lui 
enleva en douze jours, à la même époque où 
la mort du dauphin mit toute la France en 
deuil. Ces jeunes cantatrices moururent en i7il. 
Quelques jours après ce funeste événement, La- 
lande parut à la cour; il n'osait approcher du roi , 
mais ce prince l'appela et lui dit : « Vous avez 
« perdu deux filles qui avaient bien du mérite ; 
« moi j'ai perdu Monseigneur. » Puis il ajouta , 
en lui montrant le ciel : « Lalande , il faut se sou- 
« mettre. » A toutes ses largesses précédentes en la- 
veur du surintendant de sa chapelle, le roi ajouta 
successivement le don de plusieurs pensions, dont 
cne de six mille livres sur l'Opéra, qui fut ensuite 
supprimée par arrêt du conseil , celui du cordon 
de Tordre de Saint-Michel ; enfin, il réunit dans 
sa personne les quatre places de maître de sa 
chapelle, avec tous leurs émoluments et avan- 
tages. 

En 1722, Lalande perdit sa femme t le cha- 
grin qu'il en eut lui fit désirer la solitude et le 
repos ; il supplia le roi de permettre qu'après 
quarante-deux ans de service il remit , gratuite- 
ment et sans aucune réserve , trois quartiers de 
remploi de maître de musique de la chapelle. Il 
présenta pour le remplacer Campra, Bernier et 
Gervais. Le roi (ou plutôt le régent, car Louis XV 
n'était âgé que de, douze ans) récompensa le 
désintéressement de Lalande par une pension de 
(rois mille livres. Cet artiste remarquable s'était 
rpmarïéen 1723 à M"« de Cury, tille d'un chirur- 
gien de la princesse de Conti; il mourut le 16 
juin 1726, à l'âge de soixante-sept ans, après en 
avoir employé quarante-cinq au service de la 
cour. 

Lalande a composé soixante motets avec 
chœurs et orchestre pour le service de la cha- 
pelle de Versailles; ils ont été publiés avec beau* 
coup de luxe aux frais du roi , et divisés en vingt 
livres qni se relient ordinairement en dii volu- 
mes. Ces compositions , qni étaient d'un style 
nouveau en France à l'époque où elles parurent, 
démontrent que Lalande était doué d'imagination, 
et qu'il possédait surtout l'art de bien exprimer 
les paroles. Cependant les éloges qu'on en a faits 
sont exagérés ; rien n'est plus ridicule que de voir 
dans La Borde que c*est depuis Lalande que les 
étrangers accordent aux Français la pri- 
mauté dans la musique oV église sur toutes les 
nations de F Europe (Essai sur ta musique, 
1. III , p. 440). En supposant qu'il ne soit ques- 
tion que de la musique d'église du style concerté, 
et du temps où Lalande écrivait , comment se 
fait-il que La Borde ait ignoré que toutes les for- 
mes de ce style se trouvent dans les ouvrages de 
Caristimi, et que Lalande l'a reniement appro- 



prié au goût français? Ce compositeur eut in- 
contestablement plus de génie que les Goupillât, 
les Minoret, et les autres faiseurs de musique 
d'église qu'on trouvait en France à la fin do dix- 
septième siècle et au commencement du dix-hui- 
tième ; mais ses productions paraîtraient bien 
p&Uss à côté de celtes de Haendel et de Bach , qui 
furent presque ses contemporains. Lalande a écrit 
aussi la musique de.Méliccrte, comédie de Mo- 
lière, mêlée de chants, et le ballet des Élé- 
ments, dont le poète Roi avait fait les paroles. 
L'acte du Feu a été joué longtemps avec succès : 
il formait à lui seul une pièce entière. Ces ou- 
vrages sont restés en manuscrit. Titon du Tillet 
assure que Lalande a travaillé à plusieurs opé- 
ras , mais qu'il n'a jamais permis qu'on en jouât 
rien sous son nom. 

LALANDE (Joseph-Jérôme LEFRANÇA1S 
DE), célèbre astronome, né à Bourg (Ain), le 11 
juillet 1732, fit ses études chez les jésuites, se 
fit recevoir avocat au barreau de Paris, et com- 
mença la pratique chez un procureur. Plus tard 
il abandonna la carrière du droit pour l'astrono- 
mie, qu'il étudia sousMessier, puis sous Lemon- 
nier. Infatigable au travail, il fit beaucoup d'ob- 
servations, et publia un grand nombre de livres ; 
mais il avait l'esprit étroit , et jamais il ne com- 
prit la science dont il s'occupa pendant plus de 
cinquante ans, que dans le mécanisme de ses dé- 
tails. Il mourut à Paris, le 4 avril 1807. Pendant 
les années 1765 et 1766 , il avait fait un voyage 
en Italie, dont la relation, beaucoup trop prolixe, 
a été publiée sous le titre de Voyage d'un Fran* 
çais en Italie ; Paris, 1769, 9 vol. in -8°, et 1786, 
9 vol. in- 12. On y trouve beaucoup de rensei- 
gnements sur la musique et les musiciens de l'I- 
talie à cette époque. 

LALANDE (Henriette-Clémentine MÉR1C), 
et non Marie, comme elle est appelée dans la 
Biographie portative des contemporains, n'est 
point fille d'un comédien, mais d'un directeur 
de musique d'une troupe de province, nommé 
Lamiraux-Lakmde. Elle naquit à Dunkerque, 
en 1798. Son père lui enseigua les éléments de 
la musique. Sa voix avait de la fraîcheur et du 
timbre , et son intelligence ainsi que sa mémoire 
étaient parfaites. On ne lui donna d'abord d'autre 
éducation vocale que les rôles qu'on lui fit ap- 
prendre. En 1814, elle parut pour la première 
fois au théâtre de Nantes, et son début fut heu- 
reux. Je l'entendis à Douai, en 18.15; elle était 
alors une des plus agréables actrices d'opéra-co- 
mique qu'on pût entendre sur les théâtres de 
province. Jusqu'en 1822, elle continua de jouer 
dans les villes les plus importantes de France, 
et partout avec succès. Le bruit de son talent 



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172 

d'instinct était parvenu à Paris , et l'administra- 
tion du Gymnase dramatique, qui avait obtenu 
l'autorisation de faire jouer i'opéra-comique sur 
son théâtre, lui offrit un engagement qu'elle ac- 
cepta. Fille était alors âgée de vingt-quatre ans. 
Mais à peine fut-elle arrivée a Paris, qu'elle com- 
prit, en écoutant les bons chanteurs du théâtre 
italien, que les premières notions de l'art loi man- 
quaient absolument. Sa voix s'était développée, 
avait acquisdu timbre et de la souplesse ; mais elle 
ignorait les principes de l'émission du son et 
de la vocalisation. Garcia loi enseigna de cet art 
ce qui était indispensable pour chanter le rôle 
xV Angélique, dans Les ¥oUe% amoureuses, pas- 
tiche arrangé par Castil-Blaze sur des mor- 
ceaux tirés des opéras de Rossini, de Cimarosa, 
de Paer et de Generali. Elle parut pour la pre- 
mière fois à Paris dans ce rôle le 3 avril 1823, 
et le succès qu'elle y obtint fit naître les plus 
belles espérances pour son avenir. Ce fut à cette 
époque qu'elle devint la femme de Méric, alors 
corniste au théâtre de rOpéra-Comique. Un en- 
gagement avait été offert à M me Lalande par 
l'administration de ce dernier théâtre; mais elle 
suivit ie conseil qui lui fut donné par Garcia 
d'aller en Italie. Arrivée à Milan en 1824, elle y 
prit des leçons de Bonhchi, puis de Banderali. An 
mois de novembre de la même année, elle se 
rendit à Venise, où elle débuta dans la saison du 
carnaval. Ignorée dans cette ville aussi bien que 
dans tout le reste de l'Italie, elle ne fut point 
annoncée avec éclat ; mais à peine eut-elle été 
entendue, que sa réputation s'étendit avec rapi- 
dité. Elle chanta pendant cette saison, avec un 
succès toujours croissant, dans YEgilda de Pa- 
vesi, dans VI Ida oVAvenel, de Morlacclii, et 
dans le Crociato de Meyerbeer. Mortacchi, qui 
l'avait entendue et qui avait reconnu en elle les 
qualités d'un beau talent, la fit engager immé- 
diatement pour le théâtre de Munich, où elle 
joua au printemps suivant dans V Elisabeth, la 
Semiramide et le Mosè de Rossini, Don Juan 
de Mozart et Egilda de Pavesi. Rappelée ensuite 
en Italie, elle chanta à la foire de Brescia dans 
La Donna del Logo et dans Rosa bianca e 
Rosa rossa de Mayer; puis elle alla à Crémone 
pour l'ouverture du nouveau théâtre, et enfin elle 
retourna à Venise, où la rappelait le désir de 
tous les amateurs. Elle y chanta avec de nou- 
veaux succès YAlcibiade de Cordella, le Mosè, 
la Zelmire de Rossini, et YOrdeno edArtulla 
de Pavesi. Depuis lors jusqu'à la fin de 1829 
elle se fit entendre sur les principaux théâtres de 
l'Italie, et partout elle excita l'enthousiasme. Il 
parait toutefois que vers les derniers temps une 
altération commença à se faire sentir dans son 



LALANDE — LAMAN1ÈRE 



' organe, car lorsqu'elle parut an théâtre Favart, 
à Paris, le 2 octobre 1830, dans VUltimo giorno 
di Pompeia de Pacini, on ne lui trouva pas le 
charme qui lui avait procuré ses succès en Italie. 
Après un assez long séjour à Paris, où sa voix 
ne parut pas recevoir d'amélioration sensible, 
elle s'est, dit-on, rendue en Espagne en 1833. 
Aucun renseignement ne m'est parvenu depuis 
lors sur cette cantatrice. 

Une notice biographique sur M"** Méric-U- 
lande a été publiée avec son portrait dans l'ai- 
manach musical intitulé : Teatro délia Fenice , 
Venise, 1826, in-18. 

LALLEMAND ( Jeah-Baptiste-Joseph ), 
médecin de Stanislas, roi de Pologne, né à Lan- 
gres, le 28 août 1705, vivait encore en 1762. Il 
était à cette époque directeur de la Faculté de 
médecine de Paris. Au nombre de ses ouvrages, 
il y en a un qui a pour titre : Essai sur le mé- 
canisme des passions en général; Paris, 1751, 
in- 12. 11 y traite des effets de la musique, et 
analyse la manière dont le chant et la musique 
instrumentale agissent sur les passions. 

LALOUETTE ( Jean-François), ou LAL- 
LOUETTE, né à Paris, en 1651, apprit la mu- 
sique à la maîtrise de Saint-Eustache et eut des 
leçons de violon de Guy-Leclerc, violon de la 
grande bande du roi. Lulli, qui lui enseigna la 
composition, le prit pour un des violons de son 
orchestre, lorsqu'il eut l'entreprise de l'Opéra. 
Lalouette , qui passait pour un des meilleurs 
violonistes de son temps, fnt ensuite chef d'or- 
chestre du même spectacle et battit la mesure 
pendant neuf ans. Il était quelquefois employé 
par .Lulli pour écrire les récitatifs de ses opéras 
et remplir les parties des instruments; car Lulli 
n'écrivait souvent que les parties vocales et la 
basse ; mais on dit que ce compositeur jaloux 
l'obligea de céder sa place de chef d'orchestre à 
Colaase, parce qu'il s'était vanté d'avoir composé 
quelques-uns des plus beaux airs des opéras 
de son maître. Cet événement arriva en 1684. 
Neuf ans après, Lalouette obtint la place de 
maître de chapelle de l'église métropolitaine de 
Rouen ; mais il ne la garda que deux ans, s'étant 
retiré au mois de mars 1695 pour accepter rem- 
ploi de maître de chapelle à l'église Notre Dame 
de Versailles. Il mourut dans cette ville, le I er sep- 
tembre 1728, à l'âge de soixante-dix-sept ans. 
Cet artiste composa la musique de plusieurs bal- 
lets et intermèdes pour l'Opéra; ces ouvrages 
sont restés en manuscrit. On a gravé de sa com- 
position : 1° Motets à plusieurs voix, 1er livre, 
Paris, in- fol., sans date. — 2° Miserere, 2 e livre 
de motets, ibid. 
LA MANIÈRE (Excpèie DE), harpiste et 



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LAMAN1ÊRE — LAMARE 



professeur de son instrument né à Laon, s'éta- 
blit à Paris en 1784 : il y vivait encore en 1302. 
Ce musicien a eu un moment de vogue parmi ies 
amateurs de harpe, par les recueils d'airs variés 
qu'il a publiés pour cet instrument, chez Boyer 
et chez Imbault. Le huitième de ces recueils a 
paru en 1789, chez Sieher. On connaît aussi de 
Lamanière des préludes pour la harpe, œu- 
vre 1 1 , et des romances avec accompagnement 
de cel instrument, dont il avait composé les pa- 
roles et la musique. 

LAM ARCHE ( François DE), docteur en 
théoiogie, chanoine, conseiller et directeur de la 
chapelle de l'évéque d'Ëichstadt, en Bavière, 
vê eut vers le milieu du dix •septième siècle. Il a 
publié un traité élémentaire de musique en forme 
de dialogue, à l'usage des élèves des écoles, sous 
ce titre : Synopsis musica, oder Kleiner inhalt 
wie die Jugend und andere kurzlick und 
mit geringer Mûhe in der Musica auch Ins- 
trumentai abzureicht&n ; Munich , 1 656, # in-8°. 

LAM ARCHE (Jean -Baptiste), médecin de 
la faculté de Paris, né en 1779, est auteur d'un 
mémoire intitulé : Essai sur la musique, con- 
sidérée dans ses rapports avec la médecine ; 
Paris, 1815, in-4°. 

LAMARCK ( Jean-Baptiste-Antoin e DE 
MONNET, chevalier de), naturaliste distingué, 
né le 1er avril 1744, à Bazantin, enire Bapaume 
-et Albert, mort à Paris, le 18 décembre 1829, 
fut d'abord officier au régiment de Beaujolais, 
et plus tard directeur des herbiers du Cabinet 
d'histoire naturelle, professeur de zoologie, mem- 
bre de l'Académie des sciences et de plusieurs 
autres sociétés savantes. On a de ce savant beau- 
coup d'ouvrages sur les sciences naturelles, |»ar- 
ticulièrement une Histoire naturelle des ani- 
maux sans vertèbres^ qui jouit de beaucoup 
d'estime. Il n'est cité ici que pour un mémoire 
qui a été publié dans le Journal de physique 
(ann. 1800), et qui a paru séparément sous ce 
titre : Mémoire sur la matière du son; Paris, 
Beltn, in-4° de 16 pages. Dans ce morceau cu- 
rieux, Lamarck attribue les phénomènes du son 
non à la vibration de l'air et des corps sonores, 
mais à l'existence d'un fluide éthéré, très-sub- 
til, et d'une grande rareté. C'est à ce même 
fluide qu'il attribue les phénomènes de la chaleur. 
Cette opinion, absolument contraire à toutes les 
théories, ne soutient pas le plus léger examen. 
Lamarck ne s'est point aperçu qu'il détruisait 
lui-même son système par l'excessive rareté de 
son fluide, car il est évident qu'il ne pourrait suf- 
fire à des émissions de masses sonores telles que 
de certains grands orchestres et des chœurs 
nombreux de chanteurs. 



173 

LAMARE (Jacques-Michel HURELDE), 
| célèbre violoncelliste, naquit a Paris, le 1er mai 
1772, de parents peu fortunés dont il était le sep- 
tième enfant, mais le fils unique. A l'âge de sept 
ans il entra chez les pages de la musique du roi, 
; où son caractère aimant et généreux lui fit des 
i amis de tous ses camarades , des professeurs 
! et du gouverneur. 11 y reçut une bonne éduca- 
! tion musicale et littéraire. Lorsqu'il eut atteint 
| l'âge de quinze ans, Duport lui donna les pre- 
| mières leçons de violoncelle. H semblait être né 
pour cet instrument ; ses succès tinrent du pro- 
dige. Rentré dans sa famille avant d'atteindre sa 
dix-septième année, il vit bientôt après éclater 
les orages de la Révolution. La nécessité de pour- 
voir à son existence et à celle de ses parents lui 
fit chercher une ressource dans son talent, qu'un 
travail obstiné développait avec rapidité. En 1794 
il entra à l'orchestre du théâtre Feydeau, et il y 
resta jusqu'en 1800. Les concerts de ce théâtre, 
si célèbres dans ce temps, lui fournirent l'occa- 
sion de se faire connaître et de se placer an pre- 
mier rang parmi les violoncellistes français. Déjà 
il avait été admis au Conservatoire, en qualité 
de professeur de violoncelle; mais i) ne garda 
pas longtemps cet emploi, car il partit au coin- . 
mencement de 1801 pour un voyage en Allema- 
gne et en Russie. Arrivé à Berlin, il y fut pré- 
senté au prince Louis-Ferdinand de Prusse (voy, 
ce nom), qui l'accueillit avec le plus vif intérêt, 
s'enthousiasma pour son talent, et fit souvent de 
la musique avec lui. La dernière fois que La- 
mare vit ce prince, avant son départ pour la 
Russie, il en reçut une bague avec la demande 
de l'échanger contre une autre qui appartenait à 
l'artiste. Touché de tant de bonté , Lainare a 
conservé toute sa vie le souvenir de ce malheu- 
reux prince, si digne d'une meilleure destinée. 

Arrivé en Russie, de Laraare y vécut alterna- 
tivement à Pétersbourg et à Moscou, fut atta- 
ché au service de l'empereur, et donna des con- 
certs où son talent excita toujours le plus vif en- 
thousiasme. Son séjour en Russie se prolongea 
jusqu'à la fin de 1808. 11 reprit alors la route de 
France par la Pologne et l'Autriche, et arriva à 
Paris au mois d'avril 1809. Au mois de mai sui- 
vant, il donna à l'Odéon un concert où son talent 
ne produisit pas l'effet que ses amis espéraient ; 
une longue absence de cette ville lui avait laissé 
de l'incertitude sur le goût du public: il n'eut pas 
dans cette séance l'assurance qu'on attendait de 
lui. Depuis lors il ne parut plus en public à Pa- 
ris ; mais on l'entendit dans les cercles particu- 
liers, et loin qu'on trouvât son talent diminué, 
on reconnut qu'il avait acquis plus de fini. Il 
était d'une habileté prodigieuse dans les diffieul*» 



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174 

tés ; maïs il était surtout admirable lorsqu'il exé- 
cutait des quatuors ou qu'il accompagnait : aucun 
violoncelliste, à mon avis , n'entrait aussi bien 
que lui dans l'esprit de la musique, et n'en fai- 
tait aussi bien ressortir les beautés. 

Dans un voyage qu'il lit en Normandie, il con- 
nut une dame qui, charmée de son beau talent 
et touchée par les excellentes qualités qu'elle re- 
marquait en lui, devint sa femme, le 15 mai 1815. 
Dès lors il renonça à la carrière d'artiste, quoi- 
qu'il continuât de l'être par son amour pour l'art 
II vécut heureux pendant quelques années ; mais 
la perte de deux enfants lui causa un chagrin 
profond, qui paraît avoir élé l'origine d'une 
phthisie du larynx à laquelle il succomba , le 27 
mars 1823, à l'âge de près de cinquante-deux 
ans. Il cessa de vivre à Caen ; mais il fut in- 
humé à Saint- Contest, près de cette ville, où il 
possédait une maison de campagne. 

Il me reste à signaler un fait singulier, peu 
commun dans l'histoire des arts, et entièrement 
inconnu dans les pays étrangers, mais qui n'est 
un mystère pour aucun artiste français, et que 
la vérité m'oblige à publier. Il existe sous le 
nom de Lamare des concertos et des airs variés 
pour le violoncelle qui ont obtenu de brillants 
succès, et dont on a remarqué les formes origi- 
nales autant que la piquante harmonie : tous 
ces ouvrages ont été composés par Àuber 
pour son ami de Lamare. Telle était l'impossi- 
bilité où se trouvait celui-ci d'écrire lui-même de 
la musique analogue au caractère de son talent 
d'exécution, qu'il n*a jamais pu fournir à Au- 
ber le moindre trait qu'on pût intercaler dans 
un morceau. Ce ne fut pas sans peine que sa pro- 
bité se lésolut au subterfuge qui trompa le pu- 
blic sur le nom du véritable auteur de ces com- 
positions; mais il ne pouvait faire connaître son 
talent d'exécution que dans de la musique com- 
posée spécialement pour lui ; et pour éerire cette 
musique, Auber, qui ne se destinait point alors 
à la profession de compositeur, n'avait mis qu'à 
celte condition sa plume au service de son ami. 
Lorsqu'il se présenta des occasions de décla- 
rer la vérité à ce sujet, de Lamare les saisit tou- 
jours avec empressement. Les compositions con- 
nues sous le nom de cet artiste sont : 1° Qua- 
tre concertos pour violoncelle et orchestre (en 
la mineur, ré, si bémol et la majeur); Paris, 
Pleyel. — 2° Air varié idem, op. 4, ibid. — 
3° Duos pour 2 violoncelles, op. 5; Paris, Ja- 
net. 

LAM ARIOUSE (... DE), amateur de mu- 
sique, né à Poitiers, dans les premières années du 
dix-neuvième siècle, s'est fait connaître par un 
opuscule qui a pour titre ; Considérations sur 



LAMARE - LAMPERT 



la mvsique;. Poitiers, imprimerie de Sanria, 
1841, in-8° de 12 pages. 

LAMBARD1 (Jérôme), né à Venise, fut 
chanoine régulier du monastère de lo Spirito 
Sanlo, près de cette ville, et vécut au commen- 
cement du dix-septième siècle. Il s'est fait con- 
naître comme compositeur de musique d'église 
parles ouvrages intitulés : 1° Psalmodia vesper- 
tina omnium solemnit. cum cantico Beat* 
Virginis Mariée octo voevm, cum basso ad 
organum, liber secundus. In Cœnobio Sancli 
Spiritus, prope Ve netia, 1 805, in-4°. J'ignore quelle 
est la date de la publication du premier livre des 
psaumes à huit voix du P. Lambardi.Ces psaumes 
sont divisés en deux chœurs, chacun pour so- 
prano, alto, ténor et basse, avec une double par- 
tie de basse pour l'orgue, laquelle a pour titre : 
Armonia (sic) ex basibus desumpta organisas 
deserviens libri secundi psalmonm vesper- 
tinorum octonis vocibvs, etc. Cette double basse 
s'exécutait vraisemblablement l'une sur le cla- 
vier du grand orgue, l'autre par le clavier de 
pédale. Les notes de ces basses ne sont pas 
chiffrées, ce qui indique que la nouvelle inven- 
tion de ces chiffres n'était pas encore générale- 
ment répandue : or, la partie de double basse 
n'étant ni chiffrée ni en partition avec les par- 
ties de chant, il est évident que l'organiste n'exé- 
cutait pas l'harmonie avec la main droite. — 
2 e Salmi vespertini in ogni solewiità dell] 
anno acinque voci: Venise, 1613, cbex les lié 
ritiers d'Angclo Gardano. — 3° VesperUm 
omn. solemn. psalmodia ser vocibvs; ibid., 
1613, in-4°. 

LAMBARDI (Camille), maître de chapelle 
teVAnnunziala, à Naples, vécut dans cette ville 
vers la fin du dix-septième siècle. On connaît 
sous son nom l'ouvrage qui a pour titre : Bes- 
ponsori délia Settimana sauta, con il Ben- 
dictus, e Christusfactus est, a due cori ; Naples, 
1692, in-4°. 

LAMBERT , moine de l'abbaye de Saint- 
Hubert, ordre de Saint-B^nolt, cité dans le Can- 
taiorium, vivait en 1055. Les bénédictins Mar- 
tenne et Durand , premiers éditeurs de cette 
importante chronique du onzième siècle, ont 
fait observer que la mention d'orgues qui s'y 
trouve est un fait très-remarquable à une épo- 
que où elles étaient d'une rareté excessive dans les 
monastères. D'après cette chronique, Lambert 
était organiste de l'abbaye de Saint-Hubert: 
c'est le plus ancien nom connu d'un artiste de 
ce aenre. 

LAMBERT (Pierre), musicien français, 
né à Noyon, en 1493, fut attaché à la chapelle 
pontificale, ainsi qu'on le voit par son épitspue, 



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LAMBERT 

qui est dans î'église Sain .-Augustin à Rome. 
Celte même épitaphe fait voir qu'il mourut à 
Rome, le 1 er des calendes de septembre 1563, à 
l'âge de soixante-dix ans , et que Nicolas Polie- 
Uns, son élève, fut son exécuteur testamentaire. 
Enfin, le même document nous apprend que 
Lambert était néàNoyon. Voici cette épitaplie : 



175 



Petro' Umberto Bclg. ncrvlo 

Norloduneini 
Summor. l'ontlf. Symphonlaco 

Gravi rlro Inocentia 
El erga inopes adroirablii raia 

tflcolau* Polletlus 

Cliens et testamcntl executor 

Munlclpl et patrono de se brncmcrcntl 

P. 

VU» annos LXX 

Obilt 1 sal. sept ann. Sal. MDLXIII. 

Il est vraisemblable que c'est le même artiste 
qui est désigné par plusieurs écrivains italiens du 
seizième siècle sous les noms de Lamberto il 
caldarino (Lambert le petit chaudron ) et de 
Lamberto il caldarajo ( Lambert le chaudron- 
nier ) , peut-être parce qu'il avait exercé d'a- 
bord cette profession. Quelques madrigaux de 
Lambert ont été imprimés avec ceux d'An- 
toine Barré , dans la collection qui a pour titre : 
Primo Ubro délie Muse a quatlro voci , Ma- 
drigal* ariosi di Antonio Barré, et altri di- 
versi autori; Rome, Ant. Barré, 1555, in-4°. 

LAMBERT ( Michel), musicien et maître 
de chant à Paris, dans le dix-septième siècle, eut 
dans le monde élégant et à la cour la réputation 
d'un des meilleurs artistes de son temps. Il na- 
quit en 1610, à Vivonne, dans le Poitou, fut en- 
fant de chœur à la sainte chapelle de Champigny, 
et vint fort jeune à Paris, où Moulinier (voyez 
ce nom ), charmé de son intelligence et de sa jolie 
voix , le fit entrer dans les pages de la musique 
de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII. Après 
plusieurs années passées dans cette situation, il en 
sortit, et se livra à l'étudede plusieurs instruments 
et de la composition. Plus tard, il reçut des le- 
çons de chant de De Niel , ou De Niert , valet de 
chambre du roi et chanteur de sa musique. Ce 
De Niel avait suivi le maréchal de Créqui 'dans 
son ambassade à Rome. 11 prit des leçons de 
chant dans cette ville , et communiqua la mé- 
thode italienne à Lambert lorsqu'il fut de retour 
à Paris. Lambert, qui avait mis à profit ses 
•conseils, chantait d'une manière agréable; de 
Plus, il jouait bien du théorbe, du luth et du 
clavecin. Le cardinal de Richelieu, dont la fa- 
mille était du Poitou, l'admit près de sa per- 
sonne, et lui promit de prendre soin de sa for- 
tune; cependant il ne parait pas que l'artiste en 



ait reçu d'autre faveur que celle de chanter dan* 
ses assemblées (1). 

Il ne parait pas facile de décider quand a 
commencé la réputation de Lambert comme 
maître de chant et comme compositeur d'airs à- 
la mode. Mersenne, dont le livre de Y Harmonie 
universelle fut imprimé en 1636, ne cite pas 
son nom parmi ceux <fes musiciens connus de 
son temps ; cependant Lambert était alors âgé de 
vingt-six ans. Ce qui parait certain, c'est qu'il 
était alors plus homme de plaisir qu'artiste soi- 
gneux de sa renommée. Suivant les habitude* 
des jeunes gens de ce temps, il hantait les ca- 
barets et s'y enivrait parfois. Dans l'une de ces 
maisons, appelée le cabaret du Bel-Air, etqur 
était tenue par un certain Le Puis, il vit 1» 
fille de l'hôte, lui trouva de la beauté, de l'es- 
prit, une voix charmante, en devint amoureux r 
et l'épousa. Tallemant des Réaux rapporte, 
dans ses Historiettes , une autre anecdote, qui 
fait voir jusqu'où il se laissait aller quelquefois r 
même après son mariage. « Un jour, dit-il , que 
h notre Orphée s'était laissé entraîner dans une 
« de ces cave* de vin muscat, à la Croix du ti- 
« roir ( autrement dit du trahoir) , il en sortit 
« la tête en compote, et en s'en retournant il 
« trouva Le Puis , son beau-père , qui lui dit 
« qu'il le cherchait, que le cardinal le demandait,. 
« et qu'il y avait un carrosse au logis qui atten- 
« dait il y avait longtemps. Il fallut aller ; par 
| * bonheur pour lui, il y avait ce jour-là deux 
« comédies chez le cardinal, l'une françoise, 
« l'autre italienne, durant lesquelles il dormit 
« fort bien. On soupa : il n'avait pas besoin de 
« souper, il employa encore ce temps à dormir ; 
« il était dix heures quand on le lit chanter : il 
« n'eut jamais tant de voix. » Le môme Talle- 
mant dit aussi que le mariage de Lambert ne 
fut pas des plus heureux , et que sa femme 
mourut de chagrin, au bout de trois ou quatre 
ans, laissant une fille, Madeleine Lambert, qui 
Jut élevée avec beaucoup de soin par sa jeune 
tante, M lle Hilaire Le Puis. Tout cela appar- 
tient à la jeunesse de Lambert et du vivant du 
cardinal 'de Richelieu , qui mon rut en 1642 ; 
l'artiste n'était alors Âgé que de trente-deux 
ans. 

Ce fut vers cette époque que commença la 
vogue de Lambert comme maître de chant ; elle 
devint telle en peu de temps, qu'il ne put sa- 

(1) J'ai dit dans la prrmlère édition de cette Biogra- 
phie , d'après k Parnasse français de Titon du Tillet , 
que le cardinal de Richelieu fit avoir à Lambert la charge 
de maître de musique de la chambre du roi; mais ec 
fait parait Inexact. Lambert n'obtint cette charge que 
sous le règne de Louis XIV. 



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170 



LAMBERT 



tisfaire aux demandes de tontes les personnes 
de condition qui voulaient prendre de ses leçons. 
Quel que fût son talent, ce n'était pas le seul 
avantage qui lui procurait la faveur de îa ville et 
de la cour ; car il était homme d'esprit , bon 
convive, et fort plaisant dans sa manière de 
conter. Quelques vers de la troisième satire de 
Boilean font voir qu'on recherchait avec em- 
pressement les occasions de se trouver avec 
lui. Tout le monde les connaît : 

Molière avec Tartufe y doit Jouer son rôle : 
Et Lambert , qui plus est , m'a donné sa parole. 
C'est tout dire en un mot , et voua le connolssez. — 
Quoi! Lambert?... — Oui, Lambert : à demain. — Cest 

assez. 

Il parait que ce musicien était obsédé par les 
invitations des oisifs, qui s'amusaient de son chant 
et de ses bons mots; il promettait souvent de 
s'y rendre, pour se soustraire aux importun! tés; 
mais rarement il était fidèle à sa parole : il 
préférait aux plaisirs du monde le repos qu'il 
goûtait dans sa maison de campagne, près de 
Poteaux. 

En dépit de son talent et de la faveur des 
grands, l'existence de Lambert était peu fortunée, 
et son revenu ne reposait que sur des bases assez 
peu solides. 11 aurait pu s'enrichir par ses le- 
çons ; mais il n'y mettait pas beaucoup d'exac- 
titude. Comme la plupart des artistes d'imagi- 
nation, il en éprouvait souvent des dégoûts. Il 
n'y avait point alors de concerts pour le public, 
car ce qu'on appelle aujourd'hui le public 
n'existait pas. Le roi , la cour et les plaisirs des 
grands étaient la seule ressource des artistes : 
la bourgeoisie et le peuple n'avaient d'autre des- 
tination que de travailler et de payer les im- 
pôts. Ajoutons que les musiciens en renom ne 
faisaient pas leurs conditions, comme ils le font 
aujourd'hui, pour aller jouer des instruments 
et clianter dans les salons de la noblesse : ils 
recevaient des cadeaux éventuels, et parfois 
on ne se souvenait d'eux qu'après de longs in- 
tervalles. Lambert en éprouvait souvent d'assez 
grands embarras. Le travail qu'il faisait pour 
les ballets du roi était aussi rétribué d'une 
manière irrégulière. Enfin les airs charmants 
qu'il composait , et qui faisaient les délices de la 
cour et de ta ville, ne lui rapportaient rien , car 
personne alors n'imaginait que les idées d'un 
compositeur eussent une valeur représentée par 
de l'argent. La famille des Bal lard , imprimeurs 
de musique à Paris , avait seule la propriété de 
toute la musique qui s'écrivait en France, sans 
être tenue de l'acheter, parce qu'elle avait pour 
cela privilège de roi. Lambert finit par se fati- 
guer d'une existence si peu convenable pour un 



homme de son mérite. Il se trouva si gueux, 
dit Tallemant , qu'il en eut honte. Toutefois il 
fit peu de démarches lui-même pour sortir de 
cette position : il fallut que ses amis s'entre- 
missent pour lui. M. de Lamoignon , évèque de 
Lisieux, qui aimait avec passion le chant de 
Lambert , fut un des premiers à s'intéresser à 
son sort : il lui donna une pension de mille 
francs sur ses bénéfices. A quelque temps de là 
il en eut une autre, de huit cents livres, de l'e- 
vêque de Langres. Vers 1650 , il en obtint une de 
400 écus sur la cassette du roi ; enfin, Louis XIV 
lui accorda une des places de maître de la 
musique de sa chambre. Cette époque fut la 
plus brillante de sa carrière, et dès lors il goûta 
les douceurs d'une vie exempte de soucis. 

Vers 1655, il quitta la maison de Le Pais, 
avec sa fille et sa belle-soeur Hilaire : tous trois 
allèrent demeurer près des Petits-Pères, chez 
un ami nommé Hervault , qui prit soin de leurs 
affaires , et Lambert ne s'occupa plus que de 
son art. Insensiblement il cessa de sortir de 
chez lui pour donner des leçons, et sauf quel- 
ques grandes dames pour lesquelles il consentait 
à se déranger, ceux qui désiraient l'entendre et 
recevoir ses conseils devaient aller chez lui. Sa 
réputation croissait de jour en jour, son talent 
passait pour incomparable. La Fontaine, fou- 
lant donner l'idée de la perfection du chant, dit 
dans une de ses fables : vous surpassez Lam- 
bert (1), et Le Gallois , bon juge des artistes de 
son temps , cite les plus habiles en ces termes : 
« 11 est certain que quelques-uns d'entre eux 
« ont eu une approbation universelle, qui semble 
« les mettre dans une juste possession de la 
« couronne, comme un Gautier pour le lut, 
« un Chambonière pour le clavessin , un Lam- 
« bert pour le chant , un Francisque Corbelte 
« pour la guitare, etc. (2). » Il y a de charmantes 
mélodies parmi les chansons et les petites can- 
tates de Lambert : on y trouve plus- d'élégance 
et de variété que dans les airs de Lullijmais 
la musique de théâtre, liée à l'intérêt drama- 
tique, aura toujours des succès populaires qui ne 
pourront être balancés par la musique de cham- 
bre. Lambert surchargeait la sienne d'une foule 
d'ornements, tels que le trille, les groupes, 
le coulé , le flatté, le port de voix, etc. 
Ce sont vraisemblablement ces broderies, et 
les doubles ou variations du thème, qui va- 
lurent à Lambert sa réputation de grand chan*. 
tenr. 

fl) Llrre XI, fable 8*. 

(s) lettre de M. Le Gallois à Mademoiselle Kegnavlt 
de Solier touchant ta musique ; Parla, EstieoneMicaallei. 
1680, ln-lî; p. 65 et 66. 



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LAMBERT 



177 



Lulli épousa la fille de Lambert, le 24 juillet 
1662, et reçut de son beau- père une dot de 
20,000 livres. On a remarqué que celui-ci fut le 
seul musicien dont le Florentin ne fut pas ja- 
loux , et pour qui il eut toujours un respect 
qu'on n'aurait pas attendu de son caractère 
brutal. Lambert lui survccut, car il ne mourut 
qu'en 1696, à l'âge de quatre-vingt-six ans. Il 
fut inhumé près de son gendre, dans l'église des 
Petits- Pères. On a de cet artiste un recueil 
d'airs et de brunettes, publié en 1666, chez 
Ballard , petit in-4° oblong. Il en a été fait une 
deuxième édition , augmentée de quelques mor- 
ceaux , chez Christophe Ballard , 1689, in- fol. 
Après la mort de l'artiste , on recueillit un grand 
nombre de ses morceaux de chant épars, et ils 
furent publiés sous ce titre : Airs et dialogues 
à une , deux, trois, quatre et cinq voix , com- 
posez ( sic ) par feu M. Lambert , maître de 
la musique de la chambre du Roi ; Paris , 
Ballard , 1698, in-4°. Dans la même année , il 
parut une autre édilion de ce recueil, à Ams- 
terdam, chez Etienne Roger. Il y a des airs de 
Lambert répandus dans plusieurs recueils, de 
divers auteurs publiés par les Ballard , notam- 
ment dans celui qui a pour titre : Recueil des 
plus beaux vers mis en chant. Il existe aussi 
des recueils manuscrits qui renferment des 
morceaux de la composition de cet artiste, les- 
quels n'ont pas été publiés. Un de ces recueils 
est à la Bibliothèque impériale de Paris : on y 
trouve quarante-trois airs de Lambert avec d'au- 
tres de Boesset, de Camus, etc. La bibliothèque de 
l'Arsenal en possède un autre, sous le titre ô'Airs 
de M. Lambert non imprimés ( copié chez 
Foucault , rue Saint-Honoré , à la Règle d'or ). 
Enfin, la Bibliothèque du Conservatoire de Paris 
est en possession de Leçons des Ténèbres pour 
la semaine sainte et d'un motet de Lambert qui 
n'ont point été mis au jour. 

M. J. Ed. Bertrand a publié dans la Revue 
et Gazette musicale de Paris (l) une mono- 
graphie , ou , comme on dit aujourd'hui , une 
Étude sur Michel Lambert, où il y a de l'intérêt, 
bien qu'un peu diffuse : ce travail nous a été 
utile. Gerber a confondu Lambert avec Saint- 
Lambert , autre professeur de musique et au- 
teur d'un Traité d'accompagnement 

LAMBERT (N.DESAINT-). VoyezSAim- 
LAMBERT. 

LAMBERT (....), luthier lorrain, sur- 
nommé le charpentier de la lutherie, s'est 
moins fait remarquer par le mérite de ses ins- 



(i) Voyez Revue et Gatette musicale de Paris • î« e an- 
, née ( 1859 ) , p. 9, 35, C9, 148, 13V. 

BIOGi; LH1V. DES MILICIENS. — T. V. 



I ? 



truroents que par leur nombre. La quantité de 
violons qui sont sortis de ses ateliers est im- 
mense. 11 a formé quelques bons élèves , parmi 
lesquels on distingue Saunier. Il parait qu'il 
vivait encore à Nancy vers 1750 , car on connaît 
des instruments qui portent son nom et qui ont 
été faits vers le milieu du dix-huitième siècle. 

LAMBERT (Jean-Henri ) , savant mathé- 
maticien et philosophe distingué, naquit le 29 
août 1728, à Mûlhausen, dans la Haute- Al- 
sace. Il fut un des membres les plus actifs de l'A- 
cadémie de Berlin , et mourut dans cette ville, 
le 25 septembre 1777. Parmi ses nombreux écrits 
on remarque les mémoires suivants, sur des su- 
jets relatifs à la musique : 1° Sur quelques ins- 
truments acoustiques (Mém. de l'Académie des 
sciences de Berlin, 1763, p. 87 et suiv.). Il y a 
une traduction allemande de ce 'morceau, avec 
des notes du professeur Huth, publiée non à 
Berlin, comme le dit Lichtenthal, mais à Franc- 
fort-sur-POder, en 1796 — 2° Sur la vitesse du 
son (Mém. de l'Académie de Berlin, ann. 1798, 
p. 70 et suiv.). Lichtenthal s'est trompé en in- 
diquant pour ces deux ouvrages les Mémoires de 
l'Académie des sciences de Paris. — 3° Remar- 
ques sur le tempérament en musique (Idem, 
ann. 1774). Marpurg a inséré une traduction al- 
lemande de ce morceau dans ses essais historiques 
et critiques sur la musique (Histor. krit. Bey- 
trœge, etc., t. V, pages 417-450). — 4° Obser- 
vations sur les tons des /lûtes (Méin. de l'Aca- 
démie de Berlin, 1775) ; mémoire intéressant et 
plein de recherches savantes. 

LAMBERT (Georges- Joseph -Laurent), pro- 
fesseur de chant et compositeur, est né à Arras, 
en 1779. Les premières leçons de musique lui 
furent données par son père ; puis ileut pour maî- 
tre Schorn, mattre de chapelle à l'église Saint- 
Pierre. Il n'était âgé quedëseizeans lorsqu'il fut 
attaché en qualité de chef d'orchestre a une troupe 
de comédiens qui jouaient alternativement dans 
les villes du département du Nord, et pendant 
près de dix ans (1795 à 1804) il en remplit les 
fonctions. En 1805, il se trouvait à Amiens, où 
il écrivit plusieurs morceaux de musique pour 
l'installation de l'évoque. Dans la même année il 
se fixa à Paris, où lise fit bientôt connaître comme 
professeur de chant et comme compositeur de 
romances agréables et de rondeaux qui eurent 
alors de la vogue. Parmi ses romances, celles 
qui ont obtenu beaucoup de succès sont : Qu'il 
est doux ce premier désir; De la pudeur à 
son aurore; Respectez l'aimable candeur; 
Les adieux d'une fille à sa mère; Cécile, ou 
Vamour; Les bords de la Loire, etc. Elles ont 
été toutes publiées à Paris. Une des meilleures 

12 



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178 



LAMBERT — LAMB1LL0TE 



productions de cet artiste consiste en trois qua- 
tuors pour deux violons, alto et basse ; Paris , 
chez l'auteur. Ces quatuors, dont les mélodies 
ont du charme, et dont la facture est fort bonne, 
méritaient plus de succès qu'ils n'en ont obtenu ; 
mais Lambert n'était pas connu pour ce genre 
de musique, et l'on n'a voulu voir en lui que le 
compositeur de romances. On a aussi de cet ar- 
tiste quelques morceaux de musique d'église, 
dont un Domine salvum fac regem à 2 voix 
et orgue; Paris, Baucé; un O Salutaris à 3 voix 
et orgue, ibid. ; un Magnificat à 4 voix et orgue, 
ibid. ; et un Chœur de vierges ( Jesu corona 
virginunij à 3 voix et orgue, ibid. ; enfin, un autre 
Magnificat à 4 voix, chœur et orchestre, qui 
a été exécuté après sa mort, à Paris, au mois de 
juillet 1852. Lambert avait acquis de l'aisance, 
on pourrait presque dire de la fortune, par un 
travail constant et par l'économie. 11 n'était pas 
marié. Libre de tous soins, il aimait à voyager, 
et dans les dix dernières années de sa vie, il vi- 
sita toutes les parties de l'Europe, partant de 
Paris vers le mois de juillet, et n'y rentrant qu'en 
novembre. Ses excursions avaient particulière- 
ment la mu&ique pour objet. 11 est mort a Dijon, 
dans les derniers jours de juin 1852, à Page de 
soixante- treize ans. 

LAMBERT (Charles)', professeur de 
piano, né a Paris, en 1793, a reçu des leçons de 
MM. Adam etZimmerman. Il a publié ; 1° Sonate 
élémentaire doigtée pour piano ; Paris, Janet et 
Cotelle. —2° Recueil de contredanses pour piano ; 
Paris, Omont. —3° Méthode de piano, con- 
tenant le tableau du clavier, les principes du 
doigter, etc. ; Paris, Boieldieu. — 4° Petite mé- 
thode extraite de la précédente ; ibid. La fille de 
ce professeur épousa le harpiste et compositeur 
Labarre. 

LAMBERT (G.-L.) 1 , né à Beverley, dans 
le duché d'York, en 1795, a étudié les principes 
de la musique sous la direction de son père, 
organiste à l'église principale de cette ville. À 
l'Age de seize ans, on l'envoya à Londres pour 
achever son éducation musicale sous la direction 
de Lyon, puis sous le docteur Crotch. En 1818, 
il perdit son père, et le remplaça comme orga- 
niste à Beverley, après avoir obtenu sa place 
au concours. Il a publié : 1° Sonate pour piano 
seul ; Londres, Latour. — 2° Duo pour piano à 
quatre mains ; ibid. — 3° Trois trios pour piano, 
violon et violoncelle ; Londres, Birschall. — 4° Sep- 
tuor pour piano, violon, alto, violoncelle, deux 
cors et contrebasse ; ibid. 

LAMBERTI (Louis) , compositeur, né à 

Savone, le 22 octobre 1769; fit ses études musi- 

. cales sous la direction de L. Mariani, maître de 



chapelle de la cathédrale de sa ville natale, et devint 
un musicien fort habile. Après la mort de son 
maître, il lui succéda dans ses fonctions du maî- 
tre de chapelle ; mais cinq ans après il les aban- 
donna, par caprice, et depuis lors il eut une vie 
agitée et précaire. En 1806 il vint à Paris, y 
vécut sans emploi, et y publia dh erses com- 
positions pour le piano, dont il dédia plusieurs 
morceaux à la princesse Pauline, sœur de Napo- 
léon. On connaît sons son nom en Italie trois 
opéras : 1° l'Amante schernito, farce. — 
2° Orfeo, opéra séria. — 3° / due Frmtelli ori- 
ginali* Il a aussi écrit plusieurs messes concer- 
tantes , des vêpres pour toute Tannée, des leçons 
des ténèbres, un Miserere, deux Tanlum crr,o , 
plusieurs motets, hymnes et beaucoup de sympho- 
nies, dont plusieurs caractéristiques, telles que la 
Mort de Louis XVI et Publius Claudius; des 
quintettes , quatuors et trios pour violon, alto 
et violoncelle ; des duos pour violon', clarinette, 
flûte, beaucoup de pièces en harmonie pour des 
instruments à vent; des concertos pour divers 
instruments ; des sérénades, des sonates de piano 
avec accompagnement de violon ; d'autres à qua- 
tre mains, et des pièces de différents caractères. 
On a publié de sa composition à' Paris : Sonate 
pour piano avec violon ou flûte, op. 37 ; Paris, 
Sieber. Lamberti vivait encore à Paris en 1812; 
j'ignore ce qu'il est devenu depuis ce temps. 

LAMBERT1M (Jean-Thomas) , musicien 
italien du seizième siècle, vécut à Venise, où il 
était, suivant le frontispice de ses Madrigali , 
vice-maltre de chapelle à l'église San- Lorenzo , 
en 1560, et où il publia : Salmi pénitent iali a 
quattro voci ,. 1 569, in-4°. On a aussi de lui : 
Madrigali a quattro, novamente composa so- 
pra quindici stanze di M. Bernardo Tasso, 
con alcuni attri madrigali del medesimo au- 
tore. Lib ro primo; in Venezia, appresso d Anto- 
nio Garda no, 1560, in-4° obi. 

LAMBILLOTE (Le P. Louis), jésuite, ne à 
Charleroi (Hainaut), le 27 mars 1797, montra 
dès son enfance du goût pour la musique. A l'Age 
de sept ans il eut la bonne fortune d'être ren- 
contré par un abbé italien qui demeurait dans 
un château des environs, et qui, remarquant ses 
dispositions mélomanes, lui enseigna les éléments 
du solfège, du clavecin et de l'harmonie. Plus 
tard, il reçut des leçons d'orgue d'un religieux 
de l'ordre de Saint-Augustin, qui le mit en état de 
remplir les fonctions d'organiste à l'église de 
Charleroi, puis à celle, de Dinant sur la Meuse. 
H était parvenu à l'âge de vingt-cinq ans lors- 
qu'un de ses amis le détermina à l'accompagner 
jusqu'à la maison des jésuites de Saint-Acheui. 
Il s'y présenta comme candidat pour la place 



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LAMB1LL0TE 



179 



-vacante de maître de chapelle, et l'obtint. Ce fut 
alors qu'il conçut le dessein d'entrer dans la 
Compagnie de Jésus ; mais il n'avait pas fait d'é- 
tudes littéraires dans sa jeunesse : il dnt se rési- 
gner à les commencer à un âge où il est rare 
qu'on y réussisse. Toutefois son coq rage et sa per- 
sévérance le firent triompher des difficultés et 
acquérir une certaine connaissance «le la lan- 
gue latine. Admis au noviciat, le 15 août 1825, 
il acheva le temps d'épreuves et fut ordonné 
prêtre. Le reste de sa vie s'écoula dans diverses 
maisons de son ordre, à savoir Saint- Acheul, 
Fribourg, Aix (en Savoie), Briegg, Brugelette 
(Belgique), et enfin, Yaugirard. Il est mort dans 
celle-ci, le 27 février 1855, à l'âge de près de 
cinquante- h nit ans. Jusqu'à l'âge d'environ qua- 
rante-trois ans, le P. Lambillote composa une 
grande quantité de musique d'église d'un style 
vulgaire, plus convenable pour les guinguettes 
que- pour le service divin, et de plus fort mal 
écrite. Elle eut cependant du succès dans les 
provinces de France, où le goût est en général 
assez mauvais. 

Le P. Lambillotte s'était fort peu occupé du 
plain-cbant jusqu'en 1842, époque où l'auteur de 
cette biographie , ayant appelé l'attention des 
ecclésiastiques sur les altérations qu'a subies le 
chant grégorien dans un grand nombre de ma- 
nuscrits, ainsi que dans la plupart des éditions, 
et ayant fait connaître ses idées sur la nécessité 
d'en faire une restauration uniforme, cette ou- 
verture fit naître une grande agitation en France 
et en Belgique. Une foule d'écrits de tous genres 
parut à cette occasion, et dans une question qu'il 
aurait fallu étudier avec calme, on vit se pro- 
duire une ardente polémique, où les 'intérêts 
d'amour-propre devinrent bientôt l'objet prin- 
cipal (1). Au lieu de principes certains, qui ne 
peuvent se déduire que d'une étude historique 
des monuments, laquelle, il est vrai, est envi- 
ronnée de grandes difficultés, chacun apporta 
ses opinions et ses vues particulières. Celui qui 
avait été la cause de tout ce bruit s'était pro- 
posé l'unité dans le chant de toute l'église catho- 
lique : au lieu de cela , l'anarchie la plus com- 
plète régna pendant plus dequinze ans, et l'on eut 
pour résultats les livres de chant de Malines, de 
Dijon, de Reims et de Cambrai, de Rennes et de 
Digne, tous dissemblables, tous s'éloignant d'une 

(1) Parmi le grand nombre d'auteurs qui ont pris part 
à ce débat, on peut consulter, pour les ouvrages qu'Us ont 
publiés, les articles Alfieri y Alix, Bonhomme, CtoH, Fra- 
selte et Germain, Ad. de La F âge, Bopaerts, Ducal , De 
loqhU Mlynard, fit isard, Patu de Saint Pincent, <TOr- 
tigue, Schubiger 9 et Tesson, lien est beaucoup d autres, 
qui n'ont écrit sur ce sujet que dans les Journaux ecclésias- 
tiques et autres. 



manière pins ou moins arbitraire du véritable 
but. Le P. Lambillotte s'était jeté dans la mêlée i 
lui aussi se persuada qu'il était appelé à opérer 
l'œuvre de la réforme du chant, et sans possédée 
les connaissances nécessaires, il alla explorer des 
manuscrits en diverses bibliothèques de l'Europe. 
II s'attacha particulièrement à celui de Saint-Gall, 
que des traditions mal fondées présentaient comme 
une copie authentique de l'Antiphonaire de saint 
Grégoire; il en fit faire une copie en fac-similé , 
et la publia sous ce titre : Antiphonaire de saint 
Grégoire, fac-similé du manuscrit de Saint' 
Gall ( vm e siècle ) accompagné : 1° d'une no- 
tice historique; 2° d'une dissertation don- 
nant la clef du chant grégorien ; 3 e de di- 
vers monuments, tableaux neumatiques iné- 
dits, etc. ; Paris, 1851, gr. in-4°. La notice sur 
le manuscrit supposé être une copie authentique 
de l'antiphonairede saint Grégoire envoyée à Char- 
lemagne, en 790, par le pape Adrien I er , est 
tirée d'une chronique du moine Ekkard ou Ek- 
keard, du monastère de Saint-Gall, lequel écri- 
vait au douzième siècle ; mais le savant P. Schu- 
biger, bénédictin de l'abbaye d'Einsiedeln, a 
prouvé que l'écriture de ce manuscrit est du 
dixième siècle ; qu'on y trouve des pièces, entre 
antres la messe de La Trinité, qui n'existaient 
pas au huitième; enfin, que ce manuscrit, coté 
350, n'est pas mentionné dans le catalogue de la 
bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall, dressé dans 
le neuvième siècle, et qui se trouve dans la même 
bibliothèque sous le numéro 728 (voy. Schubi- 
cer). Déjà hauteur de cette biographie avait 
établi, dans une discussion avec le conseiller de 
Kiesewetter (Revue et Gazette musicale de Pa- 
ris, 1844, n" 24, ^, 26), que le manuscrit de 
Saint-Gall n'est pas un antiphonaire, et sur- 
tout n'est pas celui de saint Grégoire, n'étant pas 
conforme à celui qui a été publié par les béné- 
dictins Denis de Sainte-Marthe et Guillaume Bes- 
sin, dans les œuvres de ce saint pontife ( t. 3, 
p. 737-778), d'après un manuscrit authentique 
du neuvième siècle qui avait appartenu à l'église 
de Compiègne. Le P. Schubiger reprend cette ob- 
jection, et la fait valoir par de nouveaux argu- 
ments. Au résumé, le manuscrit de Saint-Gall, 
bien qu'intéressant comme ceux de son époque, 
n'a pas l'authenticité que Kiesewetter et le P. Lam- 
billotte ont voulu lui attribuer. A l'égard du tra- 
vail dont le P. Lambillotte l'a accompagné, sous 
le titre de Clef des mélodies grégoriennes dans 
les antiques systèmes de notations , et de l'u- 
nité dans les chants liturgiques, il se compose 
de deux parties, la première, de monuments his- 
toriques qui ont de l'intérêt; l'autre, de raisonne- 
ments du R. P. jésuite, où souvent il fait preuve 

12. 



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180 



LAMBILLOTE — LAMIA 



âe peu d'intelligeuce de la matière. Les autres tra- 
vaux de ce religieux relatifs au cliant de l'église 
n'ont vu le jour qu'après sa mort, parles soins 
du P. Du four, du même institut. Le premier en 
date est un écrit intitulé : Quelques mots sur la 
restauration du chant liturgique; état de la 
question; solution des difficultés ; Paris 1855, 
in-8° de 46 pages, avec un spécimen du système de 
restauration imaginé par le P. Lambillotte, lequel 
consiste dans la messe de Pâques, en notation de 
plaint-chant et en notation moderne. M. l'abbé 
Bonhomme a fait une analyse accablante du système 
et de l'écrit du R. P. jésuite dans une brochure 
intitulée : Simple réponse à la brochure du P. 
Lambillotte intitulée : Quelques mots ; etc., Pa- 
ris, J. Lecoffre, 1855, in-8° de 48 pages. M. l'abbé 
Jules Bonhomme, très- fort lorsqu'il met en évi- 
dence les inconséquences du P. Lambillotte, ne 
l'est plus autant lorsqu'il veut faire considérer 
comme excellentes les leçons des éditions rémo- 
cambraisienncs du graduel et de l'antiphonaire, 
dont il avait mission de faire l'apologie. Après 
les Quelques mots, le P. Du four a publié l'ou- 
vrage du P. Lambillotte intitulé : Esthétique, 
Théorie et Pratique du chant grégorien res- 
tauré d'après la doctrine des anciens et les 
sources primitives ; Paris, Ad. Leclerc, 1855, 
1 vol.gr. in-8°, de 418 pages. On peut voir dans 
la préface de cette biographie ( p. xxvi , xxvii ) 
les exemples que j'ai donnés de l'absence de 
toute critique et de logique dans cet ouvrage du 
P. jésuite. La dernière .publication posthume 
des travaux de ce religieux est le Graduel et le 
Vespéral endooble notation moderne et de plain- 
chant; Pari*, Ad. Leclerc, 1856. Il est dit dans la 
Biographie^ énérale de MM. Didot, que Vœu- 
vre capital&duP. Lambillotte est sans contre- 
dit la restauration du chant grégorien (t. 29, 
col. 166) : je suis obligé de dire que cette res- 
tauration consiste à l'avoir altéré partout. Le 
P. Lambillotte, qui ne cesse de répéter qu'il faut 
recourir aux manuscrits, ne les consulte que pour 
changer ce cfu'il y trouve. On a aussi de lui : 
1° Choix des plus beaux airs de cantiques ar- 
r anges à deux parties 2° Musée des orga- 
nistes; collection des meilleures fugues com- 
posées pour Vorgue et choisies dans toutes les 
écoles; Paris, 1842-1844, 2 vol. in-4° obi. — 
3° Choix de cantiques sur des airs nouveaux 
pour toutes les fêtes de Vannée, à 3 et 4 voix, 
avec accompagnement d'orgue ou do piano ; Paris, 
1843. — 4° Petits saluts pour les fêtes de 
deuxième classe; Paris, Canaux , 1844-45. — 
5° Première collection de deux saluts pour les 
grandes fêtes de Vannée, avec orgue et or- 
chestre, en 12 livraisons; Paris, 1845.— 6° Quel- 



, ques motets détachés publiés de 1843 à 1846.— 
| 7° Seconde collection de douze saluts pour 
toutes les fêles de Vannée, avec accompagne- 
ment d'orgue ou d'harmonium; Paris, 1854. 
8° Chants à Marie, recueils de cantiques à la 
sainte Vierge, publiés en trois parties de 18U 
û 1854; Paris, 3 vol. in-12 et in-8°. — 9° Trois 
Messes solennelles avec orgue et orchestre ; Paris 
V e Canaux. — 10° Messe solennelle en stylegré- 
gorien du cinquième mode ; Paris, 1855. 

LAMI (Michel), ou LAM Y, prêtre, fut d'abord 
maître de chapelle de l'église desSaints-InnoeenU, 
à Paris, puis obtint la maîtrise de la cathédrale 
de Rouen, en 1697. Il en remplissait les fondions 
depuis trente et un ans lorsqu'il crut devoir don- 
ner sa démission (en 1728), parce que les cha- 
noines de la métropole avaient décidé que les 
musiciens et chanteurs de l'Opéra seraient admis 
à chanter et jouer des instruments dans la chapelle. 
Les scrupules austères de Lami ne lui permirent 
pas d'admettre cette alliance de l'église et du 
théâtre. Il a laissé en manuscrit quelques messes 
qu'on a longtemps exécutées à la cathédrale de 
Rouen, et a fait imprimer un recueil d'ouvrages 
de sa composition, sous ce titre: Cantates, pe- 
tits motets à une, deux et trois voix, et va 
cantique nouveau à deux choeurs et sympho- 
nie ajoutée, propre particulièrement pour la 
fête de Pâques, à V usage des cathédrales; 
Paris, 1721, in-fol. Il examine, dans la préface 
de cet ouvrage, la manière de composer la mu- 
sique d'église, et promet de faire paraître un grand 
nombre de morceaux de ce genre, ainsi qu'an 
traité sur le même sujet, où il se proposait de 
prouver que l'organisation de la musique d'église 
en France était de son temps la meilleure et de- 
vait être préférée à celle de l'Italie. 

LAMIA, célèbre joueuse de flûte de l'anti- 
quité, était née en Egypte; mais elle vécut long- 
temps à Athènes, où ses talents n'excitaient pas 
moins d'admiration que sa beauté. Elle eut beau 
coup d'amants, dont les profusions lui procurè- 
rent d'immenses richesses. Elle se retira à Alexan- 
drie, et elle était devenue la maîtresse de Pto- 
lémée Soter, lorsque la défaite de. la flotte de ce 
prince par Démétrins tit tomBer Lamia entre les 
mains de celui-ci, avec les femmes et les esclaves 
du vaincu. Elle n'était déjà plus dans la pre- 
mière jeunesse ; cependant elle inspira la plus , 
vive passion à Démétrius, moins âgé qu'elle et 
le plus bel homme de son temps. Elle n'usa de 
son crédit dans cette circonstance qu'en faveur 
des Athéniens , à qui Démétrius accorda d'assez 
grands avantages. La reconnaissance des habi- 
tants d'Athènes les engagea à lui dédier un temple 
sous le nom de Venus Lamia. Il existe au ca- 



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LA MU — LAMPADARIUS 



181 



binet de ia Bibliothèque impériale de Paris une 
améthyste gravée, d'un travail exquis, qui offre 
les traits de cette joueuse de flûte, avec son 
nom : cette tête est de la plus grande beauté, et 
justifie les éloges accordés a Lamia par Plutarque 
et par Athénée. 
LAMONINARY (Jean), premier violon du 



casions difficiles, Jarnowick batfit en retraite. 
Après avoir passsé un an à Paris, Lamotle se 
rendit à Londres. Il y pouvait acquérir des ri- 
chesses; mais le goût de la dissipation, et des 
amis dangereux l'entraînèrent à faire beaucoup 
de dettes, et ses créanciers le privèrent de sa li- 
berté. Il languissait dans sa prison depuis plu- 



concert de Valenciennes , né dans cette ville, au \ sieurs années, quand il en fut tiré ainsi que beau- 



commencement du dix-huitième siècle, a publié 
de sa composition deux livres de sonates en trios 
pour le violon ; Paris, sans date. 

LAMORETTI (Pierre), né à Plaisance, 
vers la An du seizième siècle, fut organiste de l'é- 
glise Saint- Augustin de cette ville, ainsi que de 
la chapelle des chevaliers de Latran. Il s'est fait 
connaître par un recueil de madrigaux et de 
chants intitulé : Madrigali concertait al, 3, e 
% voci, con due madrigali pie ni, a 5 voci edun 
ballet (o a cinque. In Venez'' a, app. Aless. 
Vincenii, 1621, in-*°. 

LAMOTTE (François), premier violon de 
la chapelle impériale, à Vienne, naquit dans cette 
ville, en 1751, ou, selon quelques écrivains, dans 
les Pays-Bas. A Pâge,de douze ans, il joua de- 
vant l'empereur et sa cour un concerto de sa 
composition. En 1767, l'empereur le fit voyager. 
11 avait atteint sa seizième année, et déjà il an- 
nonçait un talent de premier ordre. Arrivé à 
Prague, il se fit connaître comme un très-habile 
lecteur capable de jouer à vue toute espèce de 
musique. Boblizeck, secrétaire du prince de Fùrs- 
teinberg, voulut essayer si son talent répondait 
a ses prétentions; il composa pour le jeune vir- 
tuose un concerto fort difficile en fa dièse ma- 
jeur, et ne mit les parties sur les pupitres qu'au 
moment de commencer l'exécution. Pendant le 
tutti de l'orchestre, Lamotte avait examiné ce 
qu'il avait à jouer; il monta rapidement son vio- 
lon un demi-ton plus haut, et joua con séque ra- 
ment le morceau en fa majeur/avec beaucoup 
de facilité. Après que Boblizeck eut éprouvé cette 
mystification , personne ne fut tenté de soumettre 
Lamotte à de nouveaux essais. 

Vers la fin de 1769, ce jeune artiste arriva à 
Paris; il y excita l'étonnement. Jarnowick était 
alors dans cette ville. Jaloux, comme il l'était, 
de tout violoniste de mérite, il voulut essayer 
de compromettre Lamotle, et lui proposa de 
jouer avec lui une symphonie concertante à son 
choix. Quel est le virtuose, lui répondit La- 
motte, qui pourrait se distinguer par là ? Je 
tous offre autre chose, moi : apportez un 
concerto de votre composition, fen ap- 
porterai un de la mienne : vous jouerez le 
mien, je jouerai le vtftre, et Von verra. 
Comme il arrivait presque toujours dans les oc- 



coup d'autres , pendant une émeute excitée par 
lord Gordon. Il s'enfuit en Hollande, et y mourut 
en 1781, à l'âge de trente ans, n'ayant pas réalisé 
les espérances de ses admirateurs. Un prodigieux 
mécanisme de la main gauche , qui lui permet- 
tait déjouer de longs passages sur une seule corde, 
et le staccato le plus brillant qu'on eût entendu 
jusqu'à lut, étaient les qualités qui distinguaient 
particulièrement cet artiste. Il a publié à Paris, 
chez Bailleux, en 1770, trois concertos de violon 
et des airs variés; à Londres, il n'a fait paraître 
que six sonates avec accompagnement de basse. 

LAMPADARIUS ou LAMPADAIRE 
(Jean), chantre grec, vécut à Constanttnople au 
commencement du quatorzième siècle. Son nom 
lui fut donné du mot grec Xajiiraç (flambeau 1 ), 
parce qu'étant second chantre à Sainte-Sophie, 
il remplissait ses fonctions ayant nn flambeau 
à la main , suivant l'usage des églises grec- 
ques d'Orient. La Bibliothèque impériale de 
Vienne possède un traité du chant ecclésiastique 
grec intitulé T6xvo).oY;a trj; u«v7txifc tex^; 
(Traité de la science de ia musique), dont il est 
auteur. Le P. Martini en possédait une copie, 
Quelques chants d'un Troparion de ma biblio- 
thèque portent le nom de Jean Lampadarius. 
Burney a trouvé aussi, dans la Bibliothèque de 
Turin, d'autres chants du même auteur, contenus 
dans un hymnatre grec coté 353, 6. F. 24. 

LAMPADARIUS ou LAMPADAIRE 
(Pierre ), surnommé le Pdléponnësien, parce 
qu'il naquit à Tripolitza, dans la Morée ( l'an- 
cien Péloponnèse), vers 1730, fut prêtre et chan- 
tre de l'église grecque de Constanttnople. Ayant 
conçu le dessein de réduire les divers livres de 
chant du rit grec, trop nombreux et trop volu- 
mineux pour l'usage habituel , à ce qui était 
nécessaire pour le service ordinaire dans la plu- 
part des églises, aux dimanches et fêtes, en écar- 
tant le chant des offices de nuit, qui ne se font 
que dans les monastères, Pierre Lampadaire fit 
un choix intelligent des meilleurs chants anciens 
du Triodion, et en composa un assez grand 
nombre pour compléter son œuvre de réforme. 

Plus tard, Grégoire Lampadaire, de la même 
famille que Pierre et comme lui chantre et pro- 
fesseur de musique religieuse à Constantinople, 
imagina, vers 1815, de concert avec Chrysanth» 



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182 



LAMPADARIUS LAMPE 



de Madyte ( voyez ce nom ) et un autre pro- 
fesseur de chant, un système de simplification 
de la notation excessivement compliquée du 
chant de l'église grecque. Lorsque ce système 
eut été définitivement arrêté et complété, Gré- 
goire Lampadaire nota par cette nouvelle mé- 
thode tout le THodion de Pierre, et Chrysanthe 
de Madyte composa une instruction théorique 
et pratique sur le système de notation qui y était 
employé. Les trois professeurs résolurent alors 
d'envoyer à Paris leur élève Anastase Thamyris, 
pour faire graver les caractères nécessaires et 
surveiller l'impression de ces ouvrages. Pour les 
dépenses de celte entreprise, qui devaient être 
considérables, ils eurent recours à de riches 
familles grecques, qui s'empressèrent de mettre 
à leur disposition tout l'argent nécessaire. Ar- 
rivé à Paris, Thamyris trouva dans son com- 
patriote Nicolo-Poulo ( voyez ce nom ), Grec de 
Smyrne, bon musicien, l'appui dont il avait 
besoin pour établir ses relations. L'imprimerie 
de Rignoux fut choisie pour la confection des 
livres, et M. Léger, artiste habile, grava tous les 
caractères du chant grec, dans l'espace de cinq 
mois. Enfin, l'ouvrage de Chrysanlhe de Madyte 
et le premier volume du chant de Pierre Lam- 
padarius parurent, par les soins du jeunexhantre 
de Constantinople. Le premer volume d'un 
Triodion, précédé d'une préface grecque, ou 
plutôt d'une lettre de Thamyris aux trois pro- 
fesseurs, a pour titre : AoÇoorixa toO éviavioù 
«cûv êeaftOTixûv xai 6sou./)Topixc5v éoprûv, xai 
twv 'éopTo^ojicvwv àyiâv. MeXîaOevca napà Il£rpoù 
Aau.itaâzpiou tou IleXàicowYiatoO. èÇïïpi9r)aav Ô£ 
xati xirçv veàv uiôoôov, irapa rpïflfàptou Aff|ijcaàa- 
piou. T6{jloç ttpwxo; ( Invocations pour les fêtes 
annuelles du Seigneur et de la mère de Dieu, 
ainsi que pour les fêtes des saints, mises en chant 
par Pierre Lampadaire le Péloponnésien. Notées 
selon la nouvelle méthode par Grégoire Lampa- 
daire. Tome premier ). A Paris, de l'imprimerie 
de Rignoux, et à Constantinople, faubourg de 
Galata, chez Castrou, 1821. 1 vol. in- 8° de 
367 pages. Le premier volume seul a paru, 
parce que le soulèvement de la population grec- 
que), qui arriva dans le même temps, la guerre 
et les horribles calamités- qui en furent la suite, 
obligèrent à suspendre l'impression du second 
volume. Les Turcs et les Egyptiens ne furent 
chassés définitivement de la Grèce qu'en 1828, et 
Anastase Thamyris mourut précisément dans la 
même année ; en sorte que la suite de l'entreprise 
fut abandonnée. Le premier volume contient le 
chant des offices depuis le mois de septembre 
jusqu'au 1 er dimanche du carême, avec le chant 
noté : son exécution typographique est fort belle. 



LAMPARELLI (Antoine), professeur de 
chant, naquit.à Turin, en 1761, et y fit ses études 
musicales sous la direction de l'abbé Ambuni, 
chantre de la cathédrale, et musicien instruit. 
Après que l'armée française, commandée par le 
général Bonaparte, se fut emparée de Toi in, 
cette ville perdit de son éclat par l'éloignement 
de la cour : celte circonstance et les sollicitations 
de quelques jeunes officiers français engagèrent 
Lamparelli à aller se fixer à Paris. Ses romance 
et ses chansonnettes italiennes, dont il publia 
plusieurs recueils, le mirent à la mode, et il «ut 
du succès comme professeur de chant. Cepen- 
dant il quitta tout à coup Paris, sans que le mo- 
tif de ce brusque départ fût connu, voyagea quel- 
que temps dans les départements, et finit par 
s'établir à Lille, où il étaitencore en 1816 Vers 
ce temps, il disparut encore de cette ville, sans 
qu'on sût ce qu'il était devèuu. Le hasard me 
Ta fait découvrir à Troyes (Aube) en 1820. Il 
est mort en 1832, à Vitry-le-Français, où il rem- 
plissait les fonctions d'organiste. Lamparelli a 
publié à Paris onze recueils de romances avec 
accompagnement de piano^ chez Naderman. On 
connaît aussi de lui deux chansonnettes : l* Le 
diable emporte l'amour; ibid. — 2° Lechiea de 
la Seine ;ibid. f 1799. 

LAMPADIUS (....), chantre et maître 
d'école à Lunebourg dans la première moitié du 
seizième siècle, était né dans cette ville. Il a fait 
imprimer un livre intitulé : Compendium Mu- 
sices, tam/igurati qwzm plani caïUus, ad 
formant dialogi, in usum ingenux pvbis ex 
eruditissimis musicorum script is accurale 
congestum; quale antehac nunquam vtium, 
etjam recens publicatvm. Adjectis etiam re- 
gutis concordantiarum et componend can- 
tus artificio ; summatim omnia musices prx- 
cepta pulcherrimis exemples illustra iuccincie 
et simpUciter complectens; Berne, 1537, in-8*; 
Berne, 1539, petit iu-8°; Berne, 1546, in-8°. Je 
possède ces trois éditions. Lipenius en indique 
une autre de la même ville, 1554 in-8° (Bi- 
bliôth., p. 997). Le livre de Lampadius est un 
lrès-l>on manuel des éléments de la musique : 
la première partie traite du plain-cliant; la se- 
conde, de la musique mesurée. On y trouve des 
exemples bien écrits. Tout l'ouvrage est en dia- 
logues. 

LAMPE ( Frédéric- Adolphe), théologien 
protestant, naquit le 19 février 1G83, a Detinold, 
dans la principauté de Lippe-Detmold. Après 
avoir fait de bonnes études à Hanovre, il des- 
servit plusieurs églises en qualité de pasteur; 
puis il fut appelé à Utrecht, pour y enseigner la 
théologie et l'histoire ecclésiastique. Dans les 



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LAMPE — LAMPROCLE 



183 



dernières années de sa vie, il occupa la place de . 
pasteur à l'église Saint-Étienne de Brème. Il 
mourut en cette ville, d'une hémorragie, le 3 dé- 
cembre 1729, à l'âge de quarante-six ans. Homme 
savant, mais rempli de cette érudition minu- 
tieuse et Tutiie qui était le défaut principal de 
beaucoup de littérateurs de son temps, Lampe a 
publié plusieurs ouvrages sur les antiquités, où a 
côté de choses bonnes et utiles on trouve beau- 
coup de niaiseries et d'inutilités. Parmi ses écrits, 
on remarque : De Cymbalts veterum libri très, 
in quibus quœcunque ad eorum nomina, dif- 
ferenliam, originem, historiam, ministros, 
ritus pertinent, elucidantur; Utrecht, 1703, 
in-12, fig. Le premier livre de cet ouvrage traite 
des noms et des espèces de cymbales; dans le 
second, Lampe s'est livré à des recherches sur la 
forme de cet instrument de percussion ; le troi- 
sième est consacré à l'examen des usages aux- 
quels il servait. Malgré ses défauts, ce livre est 
précieux pour l'histoire de la musique des anciens, 
parce que l'auteur y a rassemblé tous les passa- 
ges des écrivains et des monuments de l'antiquité 
qui concernentcesujet.il parait, d'après le ca- 
talogue des livres de la bibliolhèqne de Fabricius 
(part. III, pag. 25, n° 42»), que Lampe avait 
fait paraître le plan de son ouvrage trois ans avant 
sa publication , sous ce titre : Delineatio tract, 
de Cymbalis veterum; Brème, 1700, une feuille, 
in-4°. La description d'une agate du cabinet de 
Th. Hase, son ami, lui fournit l'occasion de don- 
ner de nouvelles conjectures sur la forme de la 
cymbale antique, dans son livre intitulé : Exer- 
citationum sacrarum dodecas, quibus psal- 
m us XL Vperpeiuo commentario explanatur ; 
Brème, 1715,1 vol. in-4°. 

LAMPE (Jean-Frédéric), compositeur et 
écrivain sur la musique, naquit en Allemagne, 
dans les premières années du dix-huitième siècle, 
lit ses éludes à Helmstœdt, en Saxe, et se rendit 
si Londres en 1725. Son compatriote Haendel le 
lit entrer alors à l'orchestre de l'-Opéra : on 
croit que ce fut pour y jouer du bassou, parce 
que Haendel fit faire pour lui un contrebasson en 
1727. Cet instrument resta depuis lors dans le 
magasin d'instruments du théâtre, et ne fut joué 
que par Ashley, en 1784, à l'occasion de la 
grande fête musicale en commémoration de Haen- 
del. En 1730, Rien, directeur du théâtre de Co- 
vent-Garden, engagea Lampe pour écrire la mu- 
sique des pantomimes et des intermèdes qu'il 
faisait représenter. Son premier ouvrage de 
quelque importance fut l'opéra burlesque de Ca- 
rey intitulé : Le Dragon de Wanttey. Il obtint 
un succès de vogue. Cet opéra et Margery, qui 
en est la suite, ont été publiés. Dans ce dernier 



ouvrage, Lampe avait fait une parodie assez 
plaisante de la musique italienne et des chan- 
teurs italiens de son temps. Le meilleur opéra 
composé par lui fut représenté en 1732, sous le 
titre à'Âmalia. En 1739, il donna aussi Roger 
et Jean, qui réussit. Il a composé la musique 
de la cantate burlesque de Swift qui commence 
par ces mots :ln hannony would you exccll. 
Lampe n'est plus connu aujourd'hui que par un 
traité d'harmonie et d'accompagnement qu'il a 
publié sous ce titre : A plain and compendious 
method of teaching thorough bass, after the 
most rational manner, with proper rvlcs 
forpractice; Londres, 1737, 1 vol. in 4°. Ce li- 
vre est basé sur le système 'de la basse fonda- 
mentale de Rameau. La partie tliéoriqoe est 
fort succincte; mais on y trouve 93 planches de 
leçons pratiques sur la succession des accords. 
Ces exemples sont assez mal écrits, et remplis de 
redoublements d'intervalles qui donnent lieu à 
des successions d'octaves. Un traité élémentaire 
de musique a été publié aussi par Lampe, sous 
ce titre : The art of Music; Londres, 1740, 
in-4°. C'est, je crois, le même ouvrage sous un 
autre titre. On a aussi de lui un recueil, devenu 
fort rare, qui a pour titre : Cantata and four 
english songs; Londres, in-4° (sans date). 
Lampe avait épousé Isabelle Young, fille de 
Charles Young, et sœur de M™ 8 Arne. Il mou- 
rut en 1756. 

LAMPE (Georges-Frédéric), ténor distin- 
gué du théâtre allemand, naquit à Wolfenbûttel, 
en 1744. En 1779 il brillait sur la scène de 
Hambourg, et se faisait remarquer dans le même 
temps par son habileté sur le piano et sur le 
violon. En 1788 il était attaché au théâtre delà 
cour à Schwedt. Lorsqu'il quitta cette position, 
il se rendit àDusseldorf, où il vécut depuis lors 
en donnant des leçons de chant et de piano. Cet 
artiste a composé la musique de deux petits opé- 
ras intitulés : La Fille dans le bois de chênes, 
et Die Liebe (l'Amour), ainsi qne de la cantate 
funèbre de Galora. On connaît aussi de lui plu- 
sieurs symphonies et divers autres morceaux de 
musique instrumentale, qui sont restés en manus- 
crit. 

LAMPE RT (Ernest-Loois), maître de con- 
cert à Gotha, naquit dans cette ville, où son père 
était éditeur de musique. 11 va fait représenter, en 
184 1, un opéra intitulé Nanon, Ninon, Mainte- 
non, et y adonné en 1845 Didon, opéra sérieux. 
Il occupait encore sa position à la cour de Gotha 
en 1847. On ne trouve pas d'autre renseigne- 
ment sur cet artiste. 

LAMPROCLE, musicien grec, naquit à 
Athènes , et fut le (ils ou le disciple de Midon. Il 



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184 



LAMPROCLE — LAMY 



passa pour le réformateur du mode mixolydien. 
Cette réforme consistait dans une disposition dif- 
férente des tétracordes de Vendécacorde ou 
triple tétracorde (voy. la note 114 de Burette 
sur le dialogue de Plotarque ). 

LAMPRUS. Plusieurs musiciens de l'anti- 
quité ont porté ce nom. Le plus ancien est celui 
dont parle Platon dans scn Ménexène. Suivant 
le dire de ce philosophe, Lamprus n'aurait pas 
eu beaucoup de jugement , car il prétend qu'il 
fut interdit. Quant à son mérite en musique, il 
le rabaisse au-dessous de celui de Konnos, qui 
fut le maître de musique de Socrate. A propos 
de ce passage, Athénée, qui se montre rarement 
favorable à Platon, dit dans le onzième livre de 
son Banquet des savants : « Je n'aurais pas 
« assez de la journée si je voulais rappeler ici 
k tous ceux dont ce philosophe a mal parlé. » 
Dans ses Varias Lectiones (lib. 9, cap. 5), Muret 
cite en faveur de Lamprus un passage de la Po- 
litique d'Aristote (lib. 7, c. 13), où ce grand 
homme, pour faire comprendre Terreur de ceux 
qui font consister le bonheur non dans la vertu, 
mais dans la richesse, ajoute.: Ils raisonnent 
avec aussi peu de sens que le ferait celui qui, 
entendant Lamprus bien jouer de la ci- 
thare, attribuerait cet effet non à V artiste , 
mais à V instrument. Ces paroles donnent une 
opinion plus favorable du talent de Lamprus que 
celles de Platon. Il parait que ce même Lam- 
prus, qui enseigna la musique et la danse h So- 
phocle, était d'une maigreur extrême, car Athé- 
née (lib. 1, cap. 6) dit, en parlant de lui : Lam- 
prus, ce grand buveur d'eau, cet excellent 
auteur de chants plaintifs, ce squelette des 
Muses, qui donnait le frisson aux rossi- 
gnols, ce chantre de Pluton est mort. 

Un autre Lamprus, plus moderne, fut. aussi 
un musicien distingué. Il naquit à Erythrée, et 
fut un des maîtres d'Aristoxène. Suidas, qui 
nous Ta fait connaître, dit qu'il avait écrit un 
très-grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels il 
cite les suivants, relatifs à la musique : 1° Traité 
des joueurs de flûtes, des flûtes et des autres ins- 
truments. — 2° De la manière de forer et de fa- 
briquer la flôte. — 3° De la musique en général. 
— 4° De la danse tragique. 

LAMPUGNANI ( J ban-Baptiste), né à Mi- 
lan , en 1706, écrivit pour le théâtre, pour Té- ' 
glise, et enseigna avec talent le chant, le piano ! 
et la composition. En 1743, il fut engagé pour 
succéder à Galuppi dans la direction de l'Opéra 
italien de Londres. Le premier opéra qu'il y fit 
représenter fut Roxana, le 15 novembre de cette 
année. Le3 janvier 1744, il donna un nouvel ou- 
vrage intitulé Alfonso. Burney ne dit pas quelle 



fut lYpoque où Lampugnani retourna en Italie. 
Gervasoni, qui adonné une. courte notice sur ce 
musicien , nous apprend qu'il mourut peu après 
1772. Imitateur du style de Hasse dans les airs 
et dans les chœurs, il a eu le mérite de mettre 
beaucoup d'expression dans- les récitatifs, et 
d'instrumenter avec goût, pour son temps. De 
tous les opéras qu'il a écrits, on ne connaît au- 
jourd'hui que ceux dont les titres suivent. 1° Esio, 
au théâtre SanVAngiolo, de Venise, en 1737. 
— 2° Angelica e Medoro, an théâtre Saint-Sa- 
muel de Venise, 1738. — 3° Demofoonlc, à Plai- 
sance, en 1738 — 4° Candace t au théâtre Sainl- 
Chrysostome de Venise, 1740. — 5° Roxana; 
Londres, 1743. — 6° Alfonso ; ibid., 1744. — 
7° Alcesle, ibid., 1745. — 8° Tigrane; ibid., 
1747. — 9° Alessandro inPersia, 1748. — 10°5i- 
roe, Milan, 1755. — 11° Artaserse, 1757. - 
12° Amor conladino; à Lodi, 1766. Lampu- 
gnani a laissé en manuscrit beaucoup de mu- 
sique d'église. 

LAMY (Bbrna.ro), prêtre de l'oratoire, né au 
Mans, dans le mois de juin 1645, fit ses huma- 
nités au collège de cette ville, et sa rhétorique 
sous le célèbre orateur Mascaron. A l'âge de dix* 
huit ans, il entra dans la congrégation de l'Ora- 
toire, où il perfectionna ses études. Il fut en- 
suite chargé d'enseigner les belles lettres aui 
collèges de Vendôme et de Juilly, puis la phi- 
losophie à Saumur et à Angers. Partisan enthou- 
siaste de la philosophie de Descartes, il se com- 
promit par ses leçons, dans lesquelles il en dé- 
veloppa les principes, et fut exilé à plusieurs 
reprises. Il mourut de langueur le 29 janvier 
1715, à l'âge de plus de soixante-neuf ans. For- 
kel et d'après lui Lichtenthal ont cité une 
dissertation du P. Lamy, qui a été insérée par 
Ugolinidans son Thésaurus ant. sacrar. (t. 32, 
p. 571-642), et qui a pour titre : De Levitis 
cantoribus, eorum divisione, classibus, de Ht- 
brœorum canticis, musica, instrument, etc.; 
ils disent que cet ouvrage est extrait d'un li- 
vre du P. Lamy intitulé : Apparatus ad htûi- 
ligenda sacra biblia , etc., dont il y a eu phi- 
sieurs éditions à Grenoble, 1687, in -fol., à 
Lyon, 1698, 1724, etc. Cependant on ne trouve 
pas un mot de la dissertation dont il s'agit dans 
cet ouvrage ; mais elle est tout entière dans un 
autre livre du même écrivain qui a pour ti- 
tre : De Tabernaculo fœderis , de sancta 
civitate Jérusalem, et de tewplo ejus y etc.; 
Paris, 1720, in-fol. Ce qu'il y a de plus singu- 
lier dans l'erreur de ces écrivains, c'est que Uge- 
lini a pris soin d'indiquer lui-même d'où il a 
tiré la dissertation ; car il dit : Desumla exlibro 
de Tabernaculo fœderis; or, Forkel etLidr 



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LAMY — LANCTIN 



185 



tenthal ont aussi copié cette phrase; elle aurait 
dû les éclairer. Le morceau historique du P. 
Laray sur les lévites chantres, sur les cantiques 
' des Hébreux, sur la musique et sur les instru- 
ments de ce peuple, est un des meilleurs qui 
existent sur ce sujet : l'auteur y a fait preuve 
de beaucoup d'érudition. Dans les Éléments de 
mathématiques du même savant (Paris, 1704, 
in- 12), il y a un petit Traité de la proportion 
harmonique, dans lequel il a établit que la mu- 
sique est une partie des mathématiques. 

LANA-TERZI (Le P. François), né à 
B rescia, le 1 3 décembre 1631, fut conduit à Rome 
dans sa jeunesse, et entra chez les Jésuites à 
l'âge de seize ans. Après une vie active et tou- 
jours occupée de recherches relatives aux scien- 
ces et aux arts, l'état déplorable de sa santé le 
ramena dans sa famille, à Brescia, où il fonda 
l'académie des Ftlosotici. Il mourut en cette 
ville, à Tâge de cinquante-deux ans, le 26 fé- 
vrier t687. Ce jésuite a traité de la musique dans 
son livre intitulé : Magisterium naturx et ar- 
tis, opus phystco-mathematicum ; Brescia, 
1684, 1686, et Parme, 1692, 3 vol. in-fol. 

LANAUZE (Louis JOUARD DE), savant lit- 
térateur, membre de l'Académie des inscriptions 
et belles-lettres, naquit à Villeneuve d'Agen, le 
27 mars 1696, et mourut à Paris, le 2 mai 1777. 
Dans sa jeunesse, il était entré dans la Compa- 
gnie de Jésus, mais il en sortit pour se livrer en 
liberté aux travaux littéraires. Au nombre de ses 
écrits on trouve deux Mémoires sur les chansons 
de l'ancienne Grèce, dans les Mémoires de l'A* 
demie des inscriptions, t. IX. 

LANCE (Le chevalier DE LA), officier au 
régiment des gardes françaises , né à Verdun , 
sorlit de France pendant les troubles de la révo- 
lution , et demeura quelque temps à Fiancfort- 
sur-le-Mein, où il donnait des leçons de piano pour 
vivre. Il se rendit ensuite en Silésie, pour y faire 
l'éducation musicale de la fille d'un gentil- 
homme. Il s'y trouvait en 1797. Après le 18 bru- 
maire, il obtint la permission de rentrer en 
France, et se retira dans sa ville natale. Composi- 
teur agréable, il a publié : 1° Romance de Zilla; 
Paris. — 2° Trois sonates pour clavecin avec 
violon, op. 2 ; ibid. — 3° Six airs variés pour le 
piano, op. 3; ibid. — 4° Sonate brillante pour 
clavecin, op. 5; ibid. — 6° Trois sonates pour 
clavecin et violon, op. 6 ; ibid. —6° Trois sonates 
pour clavecin , avec violon et basse , op. 8 ; Of- 
fenbach, 1793. — 7° Grand concerto pour le cla- 
vecin, op. 9; Francfort, 1794. — 8° Trois trios 
pour clavecin, violon et basse, op. I0;0ffenbacli, 
1795. — 9° Plaintes de Vénus sur la mort 
d'Adonis, cantate avec accompagnement de 



piano , 2 violons, alto et basse; Mayenee, 1795. 
— 10° Recueil d'allemandes, anglaises, etc., pour 
le clavecin; Vienne, 1798. — 11° Thème avec 12 
variations pou r le clavecin ; 180 1 . — 1 2° Air russe, 
avec sept variations pour le piano. — 13° Qua- 
tuor pour clavecin, deux violons et violoncelle , 
op. 13. — - 14° Deux grands trios pour clavecin, 
violon et violoncelle obligés, op. 14 ; Augsbourg, 
1802. 

LANCELOT (Claude), grammairien de 
Port-Royal, naquit à Paris, en 1615. Après avoir 
été élevé dans la communauté de Saint-Nicolas du 
Chardonneret , il se mit sous la direction de l'abbé 
de Saint-Cyran , qui le fit entrer chez les solitai- 
res de Port-Royal, en 1638. La ncelot organisa 
les écoles de cette maison célèbre d'après les 
plans de cet abbé : il en fut le premier régent. 
Après la destruction de ces écoles, il fit l'éducation 
du duc de Chevreuse et des deux fils du prince 
de Conti. A l'âge de plus de soixante ans, il fut 
exilé à Quimperlé, ou il mourut, le 15 avril 
1695. Parmi les savants ouvrages qu'il a publiés, 
on remarque celui qui a pour titre : Nouvelle 
méthode de plain-chant , plus facile et plus 
commode que l'ancienne; Paris, 1668, in-4°. 
Une deuxième édition a pout titre : L'art de 
chanter, ou méthode facile pour apprendre 
les principes du plain-chant et de la musique; 
Paris, 1685, in-4° oblong. Les deux éditions de 
ce petit ouvrage sont fort rares. 

LANCTIN (Charles-François-Honoré), dit 
DUQUESNOY, naquit en 1759, à Betizet (Bel- 
gique). Après avoir fait des études musicales et 
littéraires comme enfant de chœur, la beauté de 
sa voix de ténor élevé (haute-contre) lui fit pren- 
dre la résolution de suivre la carrière de chan- 
teur dramatique. Ce fut alors que pour satis- 
faire sa famille il changea de nom et prit celui 
de Duquesnoy f sous lequel il a été connu au 
théâtre. Jamais organe plus admirable ne fut en- 
tendu dans Topera français ; par le charme de 
cette voix exceptionnelle , Duquesnoy fit long- 
temps la fortune du théâtre de Bruxelles. En 
1799 il y avait à Hambourg un Opéra français 
pour le grand nombre d'émigrés qui s'y trou- 
vaient ; Duquesnoy y chantait , et le correspon- 
dant de la Gazette générale de musique, 
de Letpsick , écrivait au mois de juin de cette an- 
née : « Si la beauté de l'organe suffisait pour 
« faire un chanteur excellent, je dirais que Du- 
« quesnoy, dont la voix est de la plus grande beauté, 
« est en vérité et incontestablement le chanteur 
« le plus parfait que j'aie entendu (1). » De retour 

(I) .... flœttc nuquc<noy dlrsc (AChœnstcn Stlmmc), so 
ware er unstreHIg der Vollkoromenstc Sacnger dan ich 
kenne. {Allçem. mutlkal. Zeitung, l r Jaluç* p. 730.) 



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LANCTIN — IANDIIN'O 



en Bc-gique, .après la suppression de l'Opéra 
français de Hambourg (1802), Lanctin, que je 
continuerai d'appeler Duqucsnoy, s'établit à Alost, 
et y remplit, pendant plusieurs années, les fonc- 
tions de maître de chapelle; car il était excellent 
musicien et compositeur de mérite pour l'église. 
En 1814, Van Heliuont s'étant retiré de la direc- 
tion de la musique de la collégiale des Saints-Mi« 
chel-ct-Gudule, à Bruxelles, ce fut Duqtiesnoy 
qui fut appelé à lui succéder. Pendant le temps 
qu'il occupa cette position , il donna une impul- 
sion de progrès à l'exécution de la musique reli- 
gieuse en Belgique , et composa un grand nombre 
de motets , d'hymnes et de psaumes, qui furent 
chantés dans la plupart des grandes églises du 
pays. On cite particulièrement au nombre des 
meilleurs ouvrages de cet artiste : Beati om- 
îtes, Victimx paschali , Audi te regcs, Erspec- 
tans exspectavi , Lauda Sion, Mémento Da- 
vid, Deus regnavit,Ave salus, Pie Jcsu, Homo 
quidam, In exitu Israël, tous les motets du 
Saint-Sacrement, ceux de la Vierge , etc. La plu- 
part de ces compositions sont écrites pour or- 
chestre complet. Lanctin, ou Duquesnoy, mourut 
à Bruxelles le 9 mai 1822. Van Helmont, dont il 
avait été le successeur, rentra, après sa mort , 
dans la place de maître de chapelle de l'église 
des Saints-Michel-et-Gudule. 

LANDGRAFF (Jean-Frédéric), né le 21 
mai 1683, à Schloss-Wippach , village du grand 
duché de Saxe-Weimar, apprit la musique et les 
éléments du clavecin chez Gutgesell, organiste de 
l'église des Marchands, à Erfurt. En 1705 il suc- 
céda à son maître dans cette place et fut aussi 
nommé* collaborateur d'une école à Erfurt. Il e>t 
mort dans cette ville le 4 avril 1744 , laissant en 
manuscrit une grande quantité de musique de sa 
composition, particulièrement pour l'église. 

LWDI (Etienne) , compositeur, né à Rome, 
vers la fin du seizième siècle, fut maître de cha- 
pelle de Téglise du Saint à Padoue (ainsi qu'on 
le voit par le titre du premier livre de ses madri- 
gaux , imprimé à Venise en 1619), et maître de 
chapelle à lVglise de Sainte-Marie in Monte; puis 
il retourna à Rome , où il obtint le titre de clerc 
bénéficié de Saint- Pierre du Vatican. Le 29 no- 
vembre 1629 il fut agrégé au collège des chape- 
lains chantres de la chapelle pontificale. On voit 
dans le catalogue de ces chantres, placé à la suite 
des Osservazioni per ben regolare il coro 
délia Cappella Pontificia, d'Adami de Bolsena 
(p. 197), qu'il chantait la partie de contralto; ce 
qui indique qu'il était un de ces prêtres châtrés 
que la nécessité avait fait tolérer dans le service 
divin d'une chapelle où il n'y avait pas d'enfants 
de chœur. Quoi qu'il en soit , Landi fut un mu- 



sicien d'un rare mérite : savant dans le chant ec- 
clésiastique et dans la musique du sh le ancien, 
il joignait à des connaissances étendues un génie 
original, et le don de l'invention dans les form s 
de la mélodie, dans le rhylhme et dans la modu- 
lation. Son draine religieux // Santo Alesito 
renferme une multitude de choses neuves et de 
bon goût. On connaît de sa composition : 1° // 
primo libro di madrigali a Quattro voci; Ve- 
nise, 1619, in-4°. — 2° Madrigali a 5 voci; 
Rome, Robletti, 1625. — 3° Poésie diverse in 
musica; ibid., 1628. — 4° Missa in benedic- 
tione nuptiarum, sex vocum, auctore Ste- 
phano Lando in basilica Principis Apostolo- 
rum clerico benejiciato, nec non in ecclesia 
S. Marix ad montes musicœ prxfeclo , etc.; 
Rome, Robletti, 1628. — 5° Arie ad una e due 
voci, huit livres publiés à Rome , chez Robletti, 
depuis 1627 jusqu'en 1639. — 6° Sahni iniieri 
a 4 voci; ibid., 1629. — 7° Il Santo Alcssio, 
dramma musicale dalV E™°. e R™. sig. 
card. Barberino fatto rappresentare al Ser. 
principe Alessandro Carlo di Polonia; Rome, 
Masotti, 1034, in-fol. — 8° Il libro primo dette 
misse a Cap'ella a 4 e 5 voci; Rome, Grignani, 
1639. — 9° La Morte oVOrfeo, pastorale; ibid., 
1639. 

LAJKD1NO (François), célèbre organiste et 
compositeur italien du quatorzième siècle, fut 
souvent appelé Francesco Cieco, parce que la 
petite vérole l'avait rendu aveugle dans son en- 
fance, et Francesco degli Organi , à cause de 
son talent sur l'orgue. Il naquit à Florence vers 
l'année 1325; son père était un peintre qui jouis- 
sait de quelque réputation , et qui descendait de 
l'illustre famille des Landini. Les biographes 
nous apprennent que le jeune Landino, cher- 
chant des consolations contre le malheur de la 
cécité qui venait de le frapper, chantait des mé- 
lodies populaires. Plus tard, le gont qu'il avait 
pris à ces mélodies le conduisit à l'étude de la 
musique , dans laquelle il fit de rapides progrès. 
En peu de temps 'il fut en état d'accompagner sa 
voix avec l'orgue ou un instrumenta cordes. Telle 
était sa facilité, dans l'Age mûr, qu'il savait jouer 
de presque tous les instruments, quoiqu'il n'eut 
jamais eu de maître. Il cultiva aussi la poésie 
avec succès. Quelques unes de ses pièces de 
vers ont été imprimées dans divers recueils. Lan- 
dino était à Venise vers l'an 1364 , sous la do- 
mination du doge Laurent Celsi , lorsque de su- 
perbes fêtes y furent données au roi de Chypre, 
qui s'y trouvait en même temps que Pétrarque. 
Charmé par le talent de l'organiste aveugle , ce 
prince le couronna de lauriers. M. de WiuterfeM 
a révoqué ce fait en doute ( dans son livre sur 



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« 

j 



LANDÏJNO — LANFRA1NCO 



187 



Jean Gabrieli, part. l re , ch. 2), et a pensé que 
la couronne a été accordée à François Landino 
comme poète plutôt que comme musicien; se 
fondant sur ce que le nom de cet artiste ne se 
trouve pas dans le catalogue des organistes de 
Saint-Marc au quatorzième siècle; mais il me 
semble que Landino , voyageur, étranger à Ve- 
nise, a pu s'y faire entendre sur l'orgue de Saint- 
Marc, sans y être attaché comme organiste, et la 
conjecture de M. de Winteifeld ne me parait pas 
assez bien appuyée pour infirmer le témoignage 
de Philippe Villani, contemporain et compatriote 
àeFranccsco degli Orgaai, qui a rapporté le 
fait dans ses Vite d'illwtri Fiorentini. Landino 
mourut à Florence en 1390. ' 

Chaque siècle, chaque pays a eu quelque 
homme supérieur dans les arts, les sciences et 
les lettres. Rarement les contemporains se trom- 
pent à Tégard de ces supériorités; celle de Lan- 
dino est constatée parles écrivains de son temps ; 
mais, n'ayant aucun moyen de vérifier la justesse 
de leurs éloges, nous étions forcés de les ac- 
cepter sans examen. On ne connaissait aucune 
composition de cet artiste , et l'on ne pensait pas 
qu'il restât rien de lui , lorsque j'ai découvert à 
la Bibliothèque impériale de Paris, dans un 
manuscrit (in-4°, n° 535 du supplément) dont 
aucun écrivain n'avait parlé , et qui est du com- 
mencement du quinzième siècle, cent quatre- 
vingt'dix-neuf chansons italiennes à deux et 
à trois voix, parmi lesquelles il y en a cinq de 
Francesco degli Organi. J'en ai publié une en 
partition et en notation moderne, avec une notice 
du manuscrit, dans le premier volume de la Revue 
musicale (ann 1827, p. 1 1 1 etsuiv.). Le manuscrit 
est malheureusement rempli d'une multitude de 
fautes de copie. J'en ai dû corriger plusieurs dans 
la première partie de la chanson , la seule que 
j'ai publiée , parce que la seconde est si défigurée 
qu'elle n'a aucun sens harmonique en rapport 
avec l'état de l'art au quatorzième siècle. Celte 
chanson et les autres compositions de Landino 
contenues dans le manuscrit justifient les éloges 
qui ont été accordés a leur auteur. On y trouve 
plus de douceur, un sentiment d'harmonie plus 
délicat que dans les pièces des compositeurs de 
la même époque. Jacàpo de Bologne est le seul 
qui soutienne la comparaison sans désavantage. 
Un autre manuscrit qui a appartenu au célèbre 
organiste Antoine Squarcialupi, et qui est aujour- 
d'hui dans la Bibliothèque ducale de Florence , 
semble être un double de celui de la Bibliothèque 
impériale , car il contient les chants des mêmes 
auteurs, particulièrement de Landino. On peut 
consulter sur ce manuscrit l'excellente notice que 
M. Casamorata, de Florence, a publiée sur Squar- 



cialupi, dans la Gazzelta musicale di Milano 
(ann. 1847 n° 48). 

LANDOLFI (Charles-Fermkand), luthier 
de Milan , vécut dans cette ville au milieu du 
dix-huitième siècle. Ses violons sont assez esti- 
més et se vendent de trois à quatre cents francs. 
J'en connais deux, dont un porte la date de 1752 
et l'autre celle de 1753. 

LANDRIANO ( Chablks-Antojne), sopra- 
niste célèbre, organiste et compositeur, né à Mi- 
lan, vers 1626, brilla par son talent aux fêtes 
qui furent données dans sa ville natale, lorsque 
le duc de Parme, Edouard- Fa rnèse , la visita. Il 
obtint à cette occasion la place d'organiste a l'é- 
glise Saint-Raphaël , quoiqu'il fût déjà chantre 
de la cathédrale. Il mourut à l'âge de trente-trois 
ans , peu après 1657. On a 'imprimé de sa com- 
position : Mottetia voce sola; MJlan, 1655. 

LANDSBERG (Louis), professeur de mu- 
sique, naquit à Breslau dans les premières années 
du dix-neuvième siècle. Il commença sa carrière 
comme ténor choriste du théâtre royal de Berlin ; 
puis il se rendit à Rome, où il vécut pendant 
vingt-quatre ans , se livrant à l'enseignement du 
piano. Il y avait établi des concerts d'amateurs 
qui eurent beaucoup de succès. Il est mort dans 
cette ville, le 6 mai 1858. Landsberg se livra à 
l'étude des œuvres des anciens maîtres et de la 
littérature musicale : il avait des connaissances 
étendues dans ces matières et avait rassemblé 
une rare et précieuse collection de musique et de 
livres, pour laquelle il explorait incessamment 
l'Italie et l'Allemagne. Après sa mort, sa collec- 
tion fut transportée en partie à Breslau et en 
partie à Berlin par ses héritiers : on en a fait 
imprimer des catalogues pour en proposer l'ac- 
quisition aux amateurs ; mais, bien qu'ils indi- 
quent encore des choses fort intéressantes, les 
ouvrages les plus importants en ont disparu. 
L'auteur de cette* biographie a pu s'en convaincre 
en comparant ces catalogues avec celui que 
Landsberg lui avait envoyé en manuscrit. 

LANFRANCO ( Jean-Marie), né sur le 
territoire de Parme, vraisemblablement dans les 
dernières années du quinzième siècle , ou dans 
les premières du suivant , fut maître de chapelle 
à la cathédrale deBrescia. Il n'est connu que par 
un petit traité de musique, divisé en quatre 
parties , dont la rareté est excessive. Ce livre a 
pour titre : Scintille o sia regole di musica, 
che mostrano a leggere il canto fermo e figu* 
rato 9 gli accidènli délie note mensuraie, le 
proportioni e tuoni, il contrapunto e la di- 
visione d'il monocordo; con la accordatura 
di varii instrumenti , delta ouate nasce un 
modo, unde ciascun per se stesso imparare 



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188 



LÀNFRÀNCO — LANG 



potrà le vocl di la, sol, fa> mi, ré, ut. In 
Brescia, per Ludovico Britannico, 1533, 142 pa- 
ges petit in-4°. L'opinion de Perne était que 
Lan franco fournit les explications les plus claires 
et les plus satisfaisantes concernant les prola- 
tions. Un exemplaire de ce petit ouvrage, prove- 
nant de la bibliothèque de M. Gaspari, de Bolo- 
gne, a été vendu à Paris, le 29 janvier 1862, 80 
francs; un autre exemplaire avait été vendu en 
1805, dans la même salle de la maison Silveslre, 
1 franc 85 centimes ! Avant que l'auteur de cette 
notice eût fixé l'attention de l'Europe sur la va- 
leur des anciennes œuvres musicales, au point 
de vue de l'histoire, elles ne trouvaient pas d'a- 
cheteur ; aujourd'hui on fait mille folies pour les 
acquérir à tout prix. 

LANG (Gaspabo), musicien allemand du 
dix-septième siècle, est connu par un recueil de 
motets intitulé : Musx 1, 2 und 3 siimtnige Can- 
tiones sacrae tempori et festis accommodatx 
cum violinti; Constance, 1660, in-4°. 

LANG (Jeak-Geobces), né en Bohême en 
1724, y apprit la musique et l'art de jouer de 
l'orgue. En 1749, il.fit un voyage en Italie, étudia 
le contrepoint à Naples, puis retourna en Alle- 
magne, oit il entra en 1760 au service du prince- 
évêque d*Augsbourg. Lorsque cet évêque (Clé- 
ment- Wenceslas , prince royal de Pologne) fut 
fait archevêque de Trêves, il appela Lang à Co- 
blence en qualité de maître de chapelle. Cet artiste 
a publié de sa composition : 1° Six symphonies 
pour l'orchestre; Augsbonrg, Lotter, 1760. — 
2° Six quatuors pour piano, flûte, violon et vio- 
loncelle; Offenbach, 1775. — 3° Deux concertos 
pour piano ;ibid., 1776.-4° Divers'autres mor- 
ceaux pour cet instrument; Nuremberg. — 
5° Deux cahiers de pièces d'orgue; ibid. — 6° Six 
trios pour clavecin, violon et violoncelle ; Augs- 
bourg, Lotter. — 7° Une fugue pour l'orgue à 
trois parties ; ibid. Il a laissé en manuscrit di- 
verses compositions, parmi lesquelles on remar- 
que deux concertos pour piano à quatre mains. 
LANG (Ernest-Jean-BenoIt ), peintre et mu 
sicien distingué, naquit au mois de février 174g 
à llmenau, alors dans le comté de Henneberg. 
Son père, peintre et bon musicien , lui enseigna 
les principes des deux arts qu'il cultivait : la 
harpe fut l'instrument qu'il choisit; il y fit des 
progrès si rapides, qu'à Page de six ans il put 
en jouer devant le duc de Saxe-Hildburghausen. 
Lorsque son père alla se fixer à Nuremberg, il 
l'y accompagna, et apprit à jouer du clavecin 
et du violon, sous la direction du maître de cha- 
pelle Gruber, qui lui enseigna aussi les éléments 
de la composition. Déjà marié, en 1782, il réso- 
lut de voyager et de tirer parti de ses talents pour 



sortir de la pénible situation où il se trouvait. Il 
prit sa route par la Souabe, visita une partie de 
la Suisse , s'arrêta quelque temps à Strasbourg , 
puis se rendit à Bruxelles, où il entra au service 
du duc d'Arenberg, en qualité de musicien de 
la chambre. Après un an de séjour près de ce 
prince , il fut obligé de retourner à Nuremberg 
pour des affaires de famille, et dans sa route il 
donna des concerts à Trêves, Mayence et Franc- 
fort. Obligé de donner des leçons pour vivre, il 
augmenta les vertiges qu'il ressentait depuis plu- 
sieurs années, et il mourut d'une maladie céré- 
brale, à Nuremberg, le 6 mai 1785, à l'âge de 
trente-six ans. Cet artiste a composé plusieurs 
concertos, quatuors) trios et solos pour la harpe ; 
on n'a gravé de ses ouvrages que les suivants : 
1° Sonata per Varpa, accompagnata con il 
violino, composta da Enr. Giov. Bened. Lang, 
virtuoso delVarpa, in Norimberga; Nurem- 
berg, /.-G. Birckmann. — 2° Quelques poésies 
de Bûrger, mises en musique par E.-J:-B. Lang; 
Nuremberg, J.-M. Schmidt, in-fol. oW. 

LANG, famille de musiciens, originaire du 
Palatinat, qui s'est distinguée dans la Bavière. 
Lang (François), né à Manheim, le 30 novem- 
bre 1751, eut pour maître de cor le musicien de 
la cour Zwini. A l'âge de huit ans il joua sur 
cet instrument un concerto, le jour de la fête 
du prince électoral , et fit naître Pétonneraent 
par son iiabileté. En 1763 ff était déjà musicien 
de la cour, et en 1770 il épousa la fille du direc- 
teur de musique Slamitz, excellente cantatrice du 
théâtre de Manheim, puis de Munich. Plus tard, 
Lang fit de longs voyages avec son frère (Martin 
Lang), et partout ils excitèrent l'étonnement par 
leur talent. En 1801, François Lang était encore 
attaché à la musique de la cour de Munich. 

LANG (Martin), frère du précédent, naquit 
à Manheim, le 21 juin 1755, et reçut aussi des 
leçons de cor de Zwini. En 1778 il fut attaché à 
la chapelle de la cour à Munich. En 1784 il fit 
un voyage à Vienne, où il donua des concerts 
avec succès, puis il visita l'Italie avec son frère. 
Le talent de ces deux artistes consistait en une 
belle qualité de son et une grande sûreté dans 
l'attaque des traits difficiles. 

LANG (Catherine), fille de François Lang, 
naquit à Manheim au mois de novembre 1 774(1), 
et suivit son père à Munich à l'âge de quatre ans. 
Plus tard elle reçut de Streiclier des leçons de 
piano, et devint élève de Dorothée Wendling 
pour le chant. En 1789 elle se rendit en Italie, et 

(l) Gerber et les biographes qui l'ont copié ont fait 
»ur cette cantatrice une accumulation d'erreurs ; Us Tont 
confondue avec sa mérc, et ont change son nom en celui 
de Lange, 



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LANG — LANGBECKER 



189 



rrç'it, à Padoue, des leçons de Pacchiarotti. 
Deux ans après elle débuta au grand théâtre 
de Ma n loue avec un brillant succès. A Venise, 
elle chanta avec Crescentini au théâtre de la 
Fenice; à fiergaroeet à Vicence, arec Marches!; 
à Vérone, avec Matteucci. Son talent se soutint à 
côté de ces grands chanteurs; mais, après plu- 
sieurs années , une maladie de l'organe vocal l'o- 
bligea à quitter la scène. Elle retourna à Munich 
et y épousa le chanteur Zuccarini en 1796. Cette 
actrice avait un chant d'expression qui remuait 
le cœur. Elle était excellente pianiste et possédait 
des connaissances étendues dans la musique. Elle 
mourut des suites d'une maladie de larynx, le 
4 mai 1803. 

LANG (Théobald), fils de Martin Lang, na- 
quit à Munich, en 1783. Après avoir terminé ses 
éludes de violon , il prit des leçons de composi- 
tion chez le maître de chapelle François Danzi , 
et entra , en 1798, à l'orchestre de la cour, quoi- 
qu'il ne fût âgé que de quinze ans. En 1802, il reçut 
un. engagement pour l'orchestre de Stuttgard. 
Deux ans après il retourna à Munich, où il 
épousa, en 1808, la cantatrice Régine Hitzel- 
berger. Lang a été un violoniste distiugué, pour 
son temps. 

LANG ( François-Xavier), deuxième fils de 
Martin Lang, né à Munich en 1785, a été un 
bassoniste de mérite. Son maître pour cet ins- 
trument a été Philippe Ruppert, membre de la 
chapelle du roi de Bavière. Lang a écrit quel- 
ques ballets dont la musique n'est pas sans 
mérite. 

LANG (Marguerite), fille de Martin Lang, 
est née à Munich le 20 septembre 1788. Mme Dul- 
ken lui a donné des leçons de piano, et sa mère 
a Tait son éducation vocale. Le 4 avril 1805, 
elle a paru pour la première fois sur le théâtre 
royal de Munich dans le Sacrifice interrompu 
de Winter, et y a été applaudie avec transport. 
Elle a brillé ensuite (en 1807 et 1810) aux théâ- 
tres de Stuttgard et de Francfort 

LANG (Joséphine), sœur de la précédente, 
est née à Munich en 1791. Après avoir reçu des 
leçons de chant et de piano du mattre de chapelle 
Danzi , et avoir appris les éléments de l'art dra- 
matique de sa mère, elle a débuté en 1807 au 
théâtre royal de sa ville natale. Elle jouissait en 
1812 de la faveur publique. 

LANG (Antoine), fils de Théobald Lang, est 
né à Munich en 1804. 11 s'est livré à l'étude du 
piano et de la composition. On a publié de ses 
premiers essais : 1° Gedichte ans Wilhelm 
Meister, de Goethe, pour voix seule et accom- 
pagnement de piano ; Ratisbonne, Reitmayr. — 
2° Sechs Gedichte von J. Paul Richter, Schil- 



ler, etc., pour voix seule et piano. Munich, Sid- 
ler. — 3° Variations pour piano, avec quatuor 
d'accompagnement ; ibid. 

LANG (....), excellent clarinettiste, né en 
Bohême vers 1760, fut maître de musique du 
premier régiment d'artillerie impériale à Prague. 
Un grand concert qu'il donna au théâtre national 
de cette ville, en 1786, lui fit la réputation d'un 
artiste distingué sur son instrument. En 1802, il 
renonça à sa place de maître de musique, et ser- 
vit dans le même régiment comme caporal. On 
n'a jamais connu les motifs de ce changement. 
Enfin il eut son congé en 1808, et entra au ser- 
vice du comte Metrowsky, en qualité de maître 
de musique de son régiment , qui se trouvait en 
Moravie, mais avec exemption de service mili- 
taire et avec des appointements considérables. 
Cet artiste vivait encore dans cette position en 
181 6. Lang a écrit beaucoup de concertos et de 
sonates pour la clarinette, ainsi que des suites 
d'harmonie pour la musique militaire : toutes ces 
compositions existent en manuscrit. 

LANG (Alexandre), docteur en droit et 
professeur à l'université d'Erlangen (Bavière) na- 
quit le 6 mars 1806 à Ratisbonne, où son père 
était conseiller de justice des domaines du prince 
de la Tour et Taxis. Dès son enfance il commença 
l'étude de la musique , et ses parents , qui ai- 
maient cet art, cultivèrent ses heureuses disposi- 
tions. Après avoir achevé ses études de collège, 
il fréquenta les universités d'Erlangen et de Hei- 
delberg, sans interrompre ses études musicales. 
En 1834, il reçut sa nomination de professeur de 
droite l'université d'Erlangen ; mais il ne jouit pas 
longtemps des avantages de sa position , car il 
mourut le 18 février 1837, à l'âge de 31 ans. On 
a publié de cet amateur : 1° Variations pour 
piano à 4 mains. — 2° Polonaise idem. — 3° Grande 
sonate pour piano seul. — 4° Rondeau brillant 
pour piano à 4 mains. — 5° Variations pour piano, 
avec accompagnement de petit orchestre. — 
6° Variations pour piano avec 2 violons, alto et 
violoncelle ; à Munich, chez Sidler. — 7° Intro- 
duction et polonaise de concert, avec orchestre. 
— 8° Quatuor pour 2 violons , alto et violon- 
celle. — 9° Adagio pour guitare et piano. — 
10° Lieder, avec accompagnement de piano. 

LANGBECKER ( Emmanuel -Chrétien - 
Théophile ), né à Berlin, le 31 août 1792 , fit ses 
études littéraires au gymnase (collège) de cette 
ville, puis alla suivre les cours de médecine des 
plus célèbres professeurs ; mais l'invasion de la 
Prusse par les armées françaises interrompit 
ses études , et dès lors il s'occupa des affaires 
industrielles de son père, qui possédait une 
manufacture d'étoffes de laine. Dans ses nio- 



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190 



LANGBECKER — LANGE 



mcnts de loisir, Langbecker s'occupa spéciale- 
ment d'ouvrages relatifs à l'ancienne musique 
d'église, pour laquelle il eut toujours un goût 
passionné. Ses travaux en ce genre le firent con- 
naître avantageusement à la princesse Wilhel- 
mine de Prusse, qui le prit sous sa protection 
et le plaça, en qualité de secrétaire, près de son 
fils, le prince Waldemar. Il occupa cette po- 
sition jusqu'à sa mort, arrivée le 21 octobre 
1843. Les principaux ouvrages de Langbecker 
relatifs à la musique sont : 1° Das Deutsch- 
evangelische Kirchenlied, eine historisch œs- 
thelische Abhandlung zur dritten Jubelfeler 
des Augsburgischen Confession verfasst ( Le 
chant allemand de l'Église évangélique, disser- 
tation historique et esthétique, à l'occasion du 
troisième jubilé séculaire de la Confession 
d'Augsboufg ) ; Berlin, 1830. — 2° Johann 
Cruger's, von 1622-1662 Musikdirector an 
der St-Nicolai Kirche zu Berlin choral Me- 
lodien, etc. (Mélodies chorales de Jean Cruger, 
directeur de musique de l'égJise Saint-Nicolas à 
Berlin, depuis 1622 jusqu'en 1662, tirées des 
meilleures sources originales, et accompagnées 
d'un abrégé de sa vie, etc. ) ; Berlin, 1835, in-4°. 

— 3° Gesangblatte ans dem lùten Jahrhun- 
dert mit einer kurzen Nachricht vont eYsten 
Anfange von evangelischen Kirchenliedes 
und den Entstehen der Gesangblatter, etc. 
( Feuilles de chant du seizième siècle avec une 
courte notice historique de l'origine du chant de 
l'Église évangélique, et de la naissance des feuilles 
de chant); Berlin 1838. Ces ouvrages sont faits 
avec soin et renferment de bons renseignements 
puisés à des sources authentiques. 

LANGDON (Richard), musicien anglais, 
fut organiste à Londres, dans la seconde partie 
du dix huitième siècle. 11 a publié : 1* Deux 
livres de Chansons anglaises; Londres, Preston. 

— 2° Divine harmony , livre 1 er ; Londres, 
Bland. Ce recueil contient environ soixante 
psaumes en partition. — 3° Divine harmony, 
deuxième livre, ibid. Ce second livre renferme 
des antiennes. — 4° Douze glees; Londres, 
Bland. — 5° Canzonets, lib. 7 ; Londres, Pres- 
ton. * 

LANGE ou LANGI US (Jérôme-Grégoire), 
né à Havelberg, dans le Brandebourg, vers 
la première moitié du seizième siècle, fut canlor 
à Francfort- sur- l'Oder, et l'un des musiciens les 
plus instruits de son temps. Frappé de paralysie 
aux pieds et aux mains, il fut obligé de se dé 



instruments cantatu commodissime jam 
primum ht lucem éditât. Fraticofordix Mar- 
chlonum per Andream Eichorn, 1580, in-4°. 
— 2° Cantiones sacrée, 4, 5, 6 et 8 vocum, 
pars I; Nuremberg, 1580. — 3° idem, pars II, 
ibid., 1584. Les deux parties de • cet ouvrage 
sont dédiées au conseil de Breslau. Dans la pré 
face, Lange rapporte l'accident qui l'a privé de 
sa place. — 4° Neuer teutschen lieder mL 
drey Stimmen vcelehe nicht allein Lieblich 
su singen, sondern auch allerley Instrumen- 
ten zu gebrauchen,erster Theil (Nouvelles 
chansons allemandes è trois voix, non-seule- 
ment pour chanter agréablement, mais aussi 
pour l'usage de toute espèce d'instruments, 
I rc partie); Breslau, chez Joh. Schaffenberg, 
1584, in-4° obi. On voit dans la préface de cet 
ouvrage que le magistrat de Breslau avait ac- 
cordé un asile avec une pension à Languis, en 
considération de l'accident qui l'avait privé de 
moyens d'existence. La deuxième partie de ce 
recueil a paru chez le même éditeur, en 1586. 
Après la mort de Langius, il a été lait une 
deuxième édition des deux parties, publiée 
chez Georges Baumann, à Breslau, en 1597- 
1598, in-4°. 

LANGE ( Joachim), né à Eylau ( Prusse), 
dans la seconde moitié du seizième siècle, fut, 
suivant l'avertissement placé en tète de l'ou- 
vrage cité ci-dessous , organiste an service du 
comte Havata, à Chlum et Koschenberg, en 
Bohême. Il s'est fait connaître par la compo- 
sition d'un recueil de chansons allemandes à 
trois voix, intitulé : Das erste Buch schœner 
netver weltlicher Uedlein mit drey Stimmen, 
componirt durch Joachimum Langium Eu- 
lauiensem Borussum. Pragœ, typts JSigri- 
nianis, 1606, in -4°. On y trouve 24 mor- 
ceaux. 

LANGE (Jean-Gaspard), cantor à Hildes- 
heim, dans la seconde moitié du dix-septième 
siècle, est auteur d'un opuscule qui a pour 
titre : Methodus nova et perspicua in artem 
musicam, das ist : Recht grûndliche Anwei- 
sung trie die edlen Musik mit allen zu gehœ- 
rigen Stiicken auf aller leichteste und geuïs- 
seste nach heutigen neuesten Art, etc. ( Mé- 
thode nouvelle et claire concernant la musique, 
ou instruction solide, etc. ) ; Hildesheim , 1688, 
64 pages in -8°. Ce petit ouvrage est en dialogue. 

LANGE (Joseph), acteur allemand, na- 
quit à Wiïrzbourg, le I er avril 1751. Son père y 



mettre de sa place, et mourut le 1 er mai 1587. « était secrétaire de légation. Après^avoir fait des 
Il a fait imprimer de sa composition : 1° Can- études dans la peinture et dana.Ja musique, il se 
tiones aliquot sacrx , quinque et sex vo- rendit à Vienne pour y per fectiojiner son habileté 
cum tum vives voci 9 tum omnis generis dans ces arts, et y trouva un frère qui y était 



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LANGE — LANGER 



19: 



place comme secrétaire. Tous deux aimaient Part 
dramatique avec passion ; ils s'associèrent avec 
d'autres jeunes gens et fondèrent un théâtre d'a- 
mateurs. C'est là que les vit le conseiller de la 
cour de Sonnenfels, qui, convaincu de la réalité 
de leur talent, les engagea à se vouer à la scène, 
Ceci se passait en 1770. L'aîné des deux frères 
mourut bientôt après; le plus jeune fut en peu 
de temps l'acteur favori des habitants de Yienne. 
Comme musicien , il s'était fait connaître avan- 
tageusement : il jouait bien du piano et compo- 
sait avec goût. Déjà il avait publié quelques 
morceaux de musique instrumentale et des 
chansons, lorsqu'il fit représenter, en 1796, un 
petit opéra intitulé : Adèle de Ponthiett, qui 
fut bien accueilli du public. Après qu'il se fut 
retiré du théâtre, il continua de cultiver la com- 
position et la peinture. Il a aussi obtenu des 
succès dans cet art, et Ton 'connaît de lui de 
grands tableaux d'église qui sont estimés. 
Lange est mort à Vienne, le 18 septembre 1831. 

LANGE ( Louise-Marie- Antoinette ) , née 
DE WEBER, femme du précédent, vit le jour 
à Manheim. En 1779, elle débuta au théâtre de 
celte ville, dans l'opéra ; ensuite elle se rendit à 
Vienne. Là, elle devint élève de Mozart , dont 
elle était la belle-sœur, et ses progrès furent 
rapides sons un tel maître. Elle contracta un 
engagement à l'Opéra de Vienne. Ce contrat ex- 
piré, elle voyagea, se fit entendre avec succès sur 
plusieurs théâtres de l'Allemagne, puis elle re- 
tourna dans la capitale de l'Autriche, où elle fut 
engagée de nouveau, aux appointements de 400 
ducats. Des discussions qu'elle eut avec les en- 
trepreneurs la firent se retirer en 1785. Elle se 
rendit à Hambourg, et y chanta jusqu'en 1798; 
puis elle fut engagée à l'Opéra allemand d'Ams- 
terdam, et y eut 800 ducats de traitement. Cette 
cantatrice a passé pour une des meilleures, de 
son temps; on l'a même comparée à M me Mata, 
quoiqu'elle lui fût inférieure. Lorsqu'elle quitta 
la scène , elle se retira à Francfort, où elle est 
morte en 1830, regrettée de tous ceux qui l'a- 
vaient connue. 

LANGE ( Josepii-Hkniu), compositeur et or- 
ganiste à Brème, fils d'un instituteur, est né dans 
cette ville en 1784. Il était fort jeune lorsque 
son père l'envoya à Munich pour y étudier la 
musique, sous la direction de Winter. De retour 
à Brème, il y obtint la place d'organiste de 
l'église principale. H a publié : 1° Vierstimmige 
ausgeselztes Choralbuch zu dem ncuen Bre- 
mischen Gesangbuche( Livre de chorals arrangés 
à quatre voix pour le nouveau livre de chant de 
Brème); Brème, Kaiser. — 2° Mclodien zum 
neucn Brcmer Gesangbuche, fdrbchulen und 



zum Privai gcbrauche (Mélodies du nouveau 
livre de chant de Brème, à l'usage des écoles, etc.); 
ibid. — 3° Mclodien fur eine und mehrere 
Singstimmen zum Bremischen Liedcrbuche 
furSchulen (Mélodies à une et à plusieurs voix 
chantantes, pour le livre de cantiques de Brème, à 
l'usage des écoles) ; ibid. On a publié de cet ar- 
tiste, dans la même ville, en 1833, la Chanson 
de Sfignon pour quatre voix d'hommes. 

LANGE (le docteur OTTO), né à Berlin, 
dans les premières années du dix-neuvième 
siècle, a fait ses études dans cette ville, et s'est 
attaché à la philosophie de Hegel, dont il s'est 
montré ardent admirateur. En 1847, il est de- 
venu rédacteur de la Nouvelle Gazette musieale de 
Berlin ( Neue Musikzeitung fur Berlin ), pour 
la partie technique, sous la direction de M. Gus- 
tave Bote. On a de M. Lange un écrit intitulé : 
Die Musik als Unterrichtsgegenstand in 
Schuten neben den wissenschaft lichen Lehr- 
zweigen ( La musique, teHe qu'elle est enseignée 
dans les écoles, confrontée avec son but comme 
accessoire scientifique); Berlin, 1841, in-8°. 
Fink a donné une longue analyse de cet ouvrage 
dans la Gazette générale de musique dcLeipsick 
(n° 45, 10 novembre 1841). 

LANGER (Dominique), violoniste du théâtre 
de Breslau, est né en Bohême. On n'a que peu 
de renseignements sur cet artiste, même dans 
la Biographie des musiciens de la Silésie, par 
Hoffmann. On sait seulement qu'il jouait égale- 
ment bien du violon , de la clarinette et du c#r 
de bassette, et qu'il dirigeait avec talent la mu- 
sique dans un jardin de plaisance, à Breslau. Il a 
été publié de sa composition : t° Rondo pour 
piano et violon; Vienne, Mechetti. — 2° Valses 
idem ; Milan, Ricordi. — 3° Polonaises pour le 

piano ; Breslau, Leuckart 4° Danses favorites 

de Breslau ; Breslau, Forster. — 5° Le Temps 
ancien et le moderne, quolibet musical tire 
d'airs connus et de danses, avac piano; Breslau, 
Leuckart. Langer avait en manuscrit une grande 
symphonie dédiée au maître de chapelle Schnei- 
der. 

LANGER (Matthieu), virtuose distingué 
sur le cor, bien que simple amateur, employé près 
du gouvernement à Oppeln, a fait ses études au 
gymnase de Neisse et à l'université de Breslau. 
Il a pris part, dans cette ville, aux concerts de 
l'Académie, en 1822. Il était déjà cité alors pour 
sou talent, mais il Ta beaucoup augmenté par son 
travail depuis lors : vers 1840 il avait peu de 
rivaux. 

LANGER (HermamO, organiste à Leipsick, 
est né le 6 octobre 1819, à Hoeckendorf, village 
du royaume de Saxe, dans rErzgebirge; son édu- 



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LANGER — LANGLÉ 



cation musicale fut faite dans la maison pater- 
nelle, puis à Oschatz, où il apprit à jouer du cla- 
vecin, du violon, et le chant. Un artiste de la 
chambre royale de Dresde cultiva ensuite la voix 
de ténor de Langer, qui contracta un engagement 
comme chanteur de l'Opéra. En 1840 il se ren- 
dit à Leipsick , où il étudia la philosophie, la 
pédagogique et prit des leçons d'orgue de M. C. 
F. Becker. Dans le même temps il étudiait aussi 
la théologie ; mais, après qu'il eut complété son 
instruction scientifique, il s'adonna particulière- 
ment à la musique. En 1843 il fut nommé orga- 
niste de l'église de l'Université, et fut aussi choisi, 
comme directeur de la société de chant dite 
Paulinienne. En 1845, la place de professeur 
de chant liturgique à l'Université lui fut confiée; 
dix ans après, il y ajouta la position de directeur 
de musique de la deuxième société de concerts de 
Leipsick, appelée Euterpe , et en 1856, il fut 
chargé de diriger la société de chant Orpheus . 
Langer s'est particulièrement distingué en 1857 
par le cours qu'il a fait à l'Université sur l'his- 
toire du chant liturgique et sur l'histoire des an- 
tiquités musicales. 

LAN GH ANS ( Cuables-Gottbaro), archi- 
tecte, fut d'abord conseiller intime du roi de 
Prusse, dans l'administration de la guerre, puis di- 
recteur du conseil supérieur des bâtiments publics 
à Berlin. 11 naquit à Landshut (Silésie) en 1733, 
et mourut à Berlin le 1" octohre 1808. Il s'est 
rendu célèbre parmi ses compatriotes par les mo- 
numents dus à ses talents, et parmi lesquels on cite 
particulièrement l'église des Onze mille Vierges, 
la Bourse, et le palais Hatzfeld, à Breslau ; à 
B€ rlin, le Nouveau théâtre d'Opéra,et iaPorte de 
Brandebourg, considérée comme son œuvre ca- 
pitale. Langhans a publié, à l'occasion du théâtre 
construit par lui, un écrit intitulé : Vergleichung 
des neuen Schauspielhauses zu Berlin mit 
verschiedenen altern und neuen Schaus- 
pielhxusern in Rucksicht aiif akustisnhe und 
optische Grundsxtze ( Comparaison du nouveau 
théâtre de Berlin avec divers théâtres anciens 
et modernes, au point de vue des principes 
d'acoustique et d'optique ). Berlin, 1800, 15 pages 
in-4°, avec deux planches. 

LAIVGLÉ (Honoré-François-Marie), com- 
positeur et théoricien de musique, d'une famille 
originaire de Picardie, mais établie en Italie de- 
puis le dix-septième siècle, naquit à Monaco en 
1741. A l'âge de seize ans on l'envoya à Naples 
pour y étudier la composition ; il y entra au Con- 
servatoire de la Pietà dei Turchini, et fit ses 
études d'harmonie, d'accompagnement et de 
contrepoint, sous la direction de Cafaro. Après 
avoir été huit ans dans cette école, où il eut le 



titre de maflre, c'est-à-dire, répétiteur, il se 
rendit à Gênes et y demeura plusieurs années, 
en qualité de directeur de musique du théâtre 
et du concert des nobles. Arrivé à Paris en 1768, 
il se lit une existence honorable en donnant des 
leçons de clavecin , de chant et de composition. 
Il connaissait bien l'art du chant, en ayant étudié 
les principes dans l'école de Naples, la meilleure 
de cette époque. Tourmenté du désir de se faire 
connaître à Paris par ses compositions, il fit exé- 
cuter au concert spirituel et à celui des amateurs 
des cantates et des motets, entre autres les mono- 
logues à'Alcide, de Sapho, de Circé, etc. Lors- 
que le baron de Breteuil eut institué l'École royale 
de chant et de déclamation, en 1784, Langlé fut 
chargé d'y enseigner le chant, et il conserva cet 
emploi jusqu'à la suppression de l'école en 1791. 
A IVpoque de l'organisation du Conservatoire 
de Paris, on le désigna pour remplir les fonctions 
de bibliothécaire, qu'il réunit à celle de profes- 
fesseur d'harmonie ; mais il ne garda pas celle-ci 
longtemps, et la place de bibliothécaire fut la 
seule qu'il conserva en 1802. Il était aussi mem- 
bre du Lycée des arts. Dans les dernières années 
de sa vie, Langlé prenait plaisir à la culture d'un 
jardin qu'il possédait avec une maison de campa- 
gne, à Villiers-le-Bel, près de Paris : il mourut 
dans ce lieu le 20 septembre 1807, à l'âge de 
soixante-six ans. 

Les compositions de Langlé indiquent peu de 
génie : elles manquent de chaleur et do vie, 
quoiqu'on y trouve des mélodies assez faciles. 
J'ai examiné à la bibliothèque du Conservatoire 
tous ses manuscrits , et je n'y ai rien trouvé qui 
eut pu assurer des succès à leur auteur, s'ils 
avaient obtenu les honneurs de la représentation. 
Le seul opéra de Langlé joué à l'Académie royale 
de musiqne est Corisandre, eu trois actes : il fut 
représenté en 1791; on le reprit l'année sui- 
vante, mais il n'excita jamais d'intérêt. Ses au- 
tres ouvrages dramatiques, tous inédits, à l'ex- 
ception à'Antiochus et Stratonice, joué sans 
succès à Versailles, en 1786, sont : 1° Oreste et 
Tyndare, présenté au jury de l'Opéra en 1783 
et en 1780. — 2° Soliman et Éronime,ou Maho- 
met II y en 1792. — 3° La Mort de Lavoisier, 
1794. —4° Le Choix d'Alcide, 1801. — 5° Mé- 
dêc. — 6° L'Auberge des volontaires. — 7° 7"an- 
crede. — 8° Les Vengeances. Langlé a fourni un 
certain nombre de leçons, assez mal écrites, à 
la première édition des solfèges du Conservatoire 
de Paris. Ses ouvrages didactiques sur l'harmo- 
nie et la composition sont ceux qui ont particu- 
lièrement contribué à le faire connaître en 
France. Le premier a pour titre : Traite d'har- 
monie et de modulation; Paris, Naderniao, 



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LANGLÉ - LANGLOIS 



lys 



1797, in- fol. de 90 pages. Aux premiers mots de 
Paveitissement de ce traité, on serait tenté de 
croire qne Langlé avait saisi les vrais principes 
de la science de l'harmonie, qui ne sont autres 
que ceux de ia tonalité; car il s'élève contre 
les traités de cette science , précédemment pu- 
bliés, où les accords sont considérés (Tune ma- 
nière isolée, sans égard a\ix lois de successions 
qui les régissent; mais, immédiatement après, on 
le voit avec étonnement avancer cette singulière 
proposition : QuHl n'y a qu'un seul accord, et" 
lui de tierce* dont tes combinaisons produi- 
sent tous les autres. Et pour la démonstration 
de ce principe, il présente l'exemple de cette 
suite de tierces : fa, la, ut, mi, sol, si, ré, fa. 
Il en tire l'accord parfait du quatrième degré fa, ] 
la,ut; l'accord parfait mineur, la, ut, mi; Tac- < 
cord de la tonique ut, mi, sol ; l'accord relatil ; 
mineur de la dominante, mi, sol, si ; Paccord de ' 
la dominante, sol, si, ré; les accords de septième 
majeure, fa, la, ut, mi, et ut, mi, sol, si; enfin, 
raccord de septième mineure avec tierce mineure, 
la, ut, mi , sol, et l'accord de septième dominante, 
sol, si, ré, fa. C'est à peu près par un procédé 
semblable que Catel a fondé son système d'har- 
monie sur une division arbitraire du monocorde ; 
mais celui-ci a du moins racheté son erreur à. 
cet égard par sa division des accords en natu- 
rels et artificiels; tandis que Langlé confond 
tout en faisant, au moyen de ses générations de 
tierce, des classes d'accords de septièmes, par 
exemple, de toutes les espèces, comme si ces 
rapports existaient par eux-mêmes et abstrac- 
tion faite de toute considération de modification 
par l'altération, la prolongation et la substitution. 
D'ailleurs, les exemples pratiques qu'il donne de 
l'emploi des accords sont mal écrits, et fourmil- 
lent de mauvaises successions d'octaves et de 
quintes. 

Le second ouvrage de Langlé est le Traité de 
ta basse sous le chant, précédé, de toutes les 
règles de la composition; Paris, Naderman, 

1798, in-fol. de 304 pages. Ce que Langlé appelle 
toutes les règles de la composition sont celles 
des contrepoints simple et double, qui enseignent 
en effet l'art d'écrire à plusieurs parties. Mais 
comment un ouvrage destiné à faire connaître 
la manière de mettre une basse sous un chant 
peut-il être précédé de toutes les règles de la 
composition? Un musicien qui sait toutes ces 
règles n'est donc pas capable de faire une basse? 
Quelle absurdité ! Et qu'est-ce, je vous prie, que 
ce qui vient après les règles du contrepoint 
dans le livre de Langlé? Une énorme quantité 
de progressions appelées communément mar- 
ches oVharmonie, la plupart mal écrites, et dont , 

BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS.— T. V. 



on ne trouve presque jamais l'application dans 
la musique mélodique. Cet énorme fatras n'est 
bon à rien : il n'a jamais eu de véritable succès, 
et depuis longtemps il est tombé dans l'oubli, 
comme une multitude de fausses doctrines qui 
ont pris naissanoe depuis nn siècle, en France et 
en Allemagne. 

Le Traité de la fugue ( Paris, 1805, in-folio 
de 100 pages ) est le troisième ouvrage didactique 
de Langlé. Il y débute par une proposition bien 
bizarre : La fugue, dit-il, est le premier mor- 
ceau de musique régulier que Von ail \f ait. S'il 
avait eu quelques notions des plus anciennes 
compositions, il y aurait vu qu'il ne s'y trouve 
pas l'apparence de ce qu'on appelle fugue, 
même dans l'acception la plus générale. Quoique 
l'ordre dans la classification des objets manque 
dans ce livre comme dans tous les autres ouvra- 
ges de Langlé, le début renferme des notions 
assez précises des parties principales de la fugue; 
c'est ce qu'il a fait de mieux. C'est en quelque 
sorte une traduction de ce que le P. Martini a 
placé en tête de son Saggio fondamentale pra* 
tico di contrappunto. La suite est beaucoup 
moins bonne; on y trouve beaucoup de fausses 
réponses à des sujets donnés, et de fugues mal 
faites. Ses fugues à la seconde et à la septième 
sont contraires a tout principe de tonalité. 

On a aussi de Langlé une Nouvelle méthode 
pour chiffrer les accords; Paris, 1801, in -8°. 
Ce livre renferme l'exposé d'un système particu- 
lier que l'auteur avait déjà fait connaître en par- 
tie dans ses traités de l'harmonie et de la basse 
sous le chant. Il s'y sert de plusieurs signes qui 
n'ont jamais été employés par les harmonistes ; 
signes dont l'utilité n'est pas sensible, et qui 
auraient l'inconvénient de manquer de simpli- 
cité. Langlé, comme tous les auteurs de systèmes 
de basse chiffrée, a oublié qu'un ouvrage de ce 
genre, au lieu de présenter de nouveaux signes, 
devrait être seulement l'exposé des systèmes des 
diverses écoles, afin de rendre plus facile l'acr 
compagnement de toute espèce de musique, par 
une bonne synonymie des signes. 

LANGLOÏS (M.), avocat à Gisors, dans la 
dernière partie du dix-huitième siècle, a publié 
un petit écrit qui a pour titre : Éloge funèbre 
de P. Buisson, organiste de Gisors , prononcé 
dans cette ville, devant une société d'ama- 
teurs,\e 2 sentembre 1775; Rouen, 1775, in-8°. 

LANGLOlS (l'abbé), maître de chapelle 
de la métropole de Rouen, et membre de l'Aca- 
démie des sciences, belles-lettres et arts de cette 
ville, est auteur d'un discours prononcé dans 
une séance de cette société, le 28 juin 1850, le- 
quel a pour objet la Revue des maures de cha- 

13 



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191 



LANGLOIS — LANIÈttE 



pelle et musiciens de la cathédrale de Rouen, 
et se trouve dans le Précis analytique des Tra- 
vaux de V Académie de Rouen, 1850, 1 vol. 
in -8°. Ce morceau historique fournit de bons 
renseignements puisés dans les archives de cette 
église métropolitaine. 

LANGSHAW (....), organiste et mécani- 
cien de grand mérite, né en Angleterre vers 1718, 
s'est fait connaître par des cylindres mécaniques 
qu'il a adaptés à un orgue superbe , lequel ap- 
partenait au comte de Bath. Ce seigneur ayant 
demandé à Haendel quelques pièces pour cet 
instrument, le grand musicien les écrivit et 
chargea Langshaw de les noter sur de très-grands 
cylindres qui faisaient leurs révolutions dans di- 
vers systèmes de mouvement, et dont les com- 
binaisons produisaient des effets majestueux. 
Langshaw fut employé par le comte à perfec- 
tionner son ouvrage pendant près de douze ans. 
En 1772 il obtint la place d'organiste à Lanças- 
tre. Il l'occupa pendant plus de vingt-cinq ans, 
et mourut dans celte ville en 1798. 

LANGSHAW (Jean ), fils du précédent, né 
à Londres en 1763, fut élevé à Lancastre, et ne 
commença à étudier la musique qu'à l'âge de 
treize ans. Lorsqu'il eut atteint sa seizième année, 
il se rendit à Londres, et continua ses études mu- 
sicales sous la direction de Charles Wesley et de 
son frète Samuel. De retour à Lancastre, il s'y 
livra à renseignement de la musique : en 1798 il 
succéda à son père dans la place d'organiste de 
cette ville. On a de ce musicien quelques ballades, 
des chœurs de Haendel et de Haydn arrangés, et 
un thème avec variations pour le piano. 

LANIERE (Nicolas) ou LANIER, musicien, 
peintre et graveur, fut chef de la bande de musi- 
ciens du roi d'Angleterre Charles 1 er . Hawkins, 
qui ne cite aucune autorité contemporaine , dit 
qu'il naquit en Italie dans Tannée 1568 (1). Bur- 
ney se borne à dire que Lanière fut un musi- 
cien italien qui se rendit en Angleterre, dans le 
commencement du dix-septième siècle. Il lit, dit- 
il , sa profession de la musique , de la peinture 
et de la gravure; mais il excella surtout dans 
le premier de ces arts (2). Il est de toute évidence 
que Lanière n'est pas un nom italien : si l'ar- 
tiste dont il s'agit naquit en effet en Italie, ce dut 
être de parents français ou neiges. Un magnifique 
portrait de lui, ouvrage du célèbre graveur Lu- 
cas Vosterman , son contemporain, ne nous ap- 
prend rien à cet égard , si ce u'est qu'il était ama- 
teur passionné de tous les arts libéraux , particu- 
lièrement des antiquités de l'Italie, ce qui indique 

(1, A General Historyofthe science and practice of Mu- 
*<c, t. III, p. 880. 
(s) A General HUtory of Music, i. III, p. 846, note n. 



au moins qu'il y était allé et y avait vécu. Void 
cette inscription : Nicolas Lanicr. In aula Se- 
renissimi Caroli Magnœ Brilannue Régis Mu- 
sicx artis directori, admodum insioni piciori, 
exierarumque Artium liberalium maxime 
Antiquitatum Italie admiratori et amatori 
summo f Macenati suo unicè colendo. Quoi 
qu'en disent Hawkins et Burney, il parait pins 
que douteux que Nicolas Laniersesoit rendu d'I- 
talie en Angleterre ; car dans un procès relatif aux 
privilèges accordés par Charles I er aux musiciens 
de sa chapelle , on voit paraître en cause avec cet 
artiste et avec beaucoup d'autres musiciens, Jérôme 
Lanier, Clément Lanier, André Lanier, Jean La* 
nier et Guillaume Lanier, qui sont évidemment de 
sa famille, et dont les prénoms accusent une origine 
française ou neige. Quoi qu'il en soit, il parait cer- 
tain que Nicolas Lanière ou Lanier et Cooper, dont 
le nom italianisé était Coperario (voyez ce nom), 
furent les premiers qui introduisirenten Angleterre 
le style récitatif , depuis peu mis en vogue par 
Jacques Péri et Jules Caccini , puis perfectionné 
par Monteverde (voyez ces noms). Un des pre- 
miers ouvrages cités de Nicolas Lanière est un 
tnatque (divertissement dramatique) composé 
en 1G17 pour lord Hay, sur un poème de Ben 
Johnson. En 1614 il prit part, avec Coperario et 
quelques autres musiciens , à la composition du 
maske of Flowers, pour les noces du comte de 
Sommerset avec lady Frances Howard , femme 
divorcée du comte d'Essex. Ce divertissement 
fut exécuté dans la salle du banquet, à White- 
liall, pendant la nuit de Saint -Etienne. Les per- 
sonnages qui y figurèrent furent le duc de Len- 
nox, les comtes de Pembroke, Do'rset, Salisbury, 
Montgomery , les lords Walden, Scrope, Nortii 
et Hayes, sir Thomas, sir Henri, et sir Charles 
Howard. Plusieurs recueils publiés sous le règne 
de Charles 1 er contiennent des airs de Lanière. 
On en trouve neuf dans un volume manuscrit du 
Muséum britannique (iii-fol. n° 1 1,608 des addi- 
tions de Mss). Le dernier ( Colin, say uhy siVst 
thou see?) est accompagné d'un chœur. Hawkins 
dit que, sous le règne de Jacques 1 er , les musi- 
ciens qui avaient vécu sous le patronage de la 
reine Elisabeth ne furent point en faveur, et 
qu'aucun ne fut employé à la cour , à l'exception 
de Lanière et de Coperario. La position du pre- 
mier de ces artistes sous le règne de Charles I" 
dut le faire vivre dans l'aisance, car son traite- 
ment était de deux cents livres sterling, somme 
considérable pour ce temps (1). Outre le portrait 
dont il est parlé ci-dessus, il en existe un autre 
fort beau, peint par Lanière lui-même, et qui 
(I) Cette somme annuelle lui est assurée par une ordon- 
nance (a çrant) de Charles 1 er , du 11 Juillet 16», laquelle 



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LAINIERE — LANNO\ 



195 



se trouve à l'école de musique à Oxford ; Hawkins 
l'a fait graver pour son Histoire de la musique 
(f. III, p. 380). Enfui, on en connaît un troisième 
en Angleterre, ouvrage admirable de Van Dyck, 
qui Tut la première cause de la fortune de ce 
grand peintre à la cour de Charles 1 er . 

La musique des masques composés par La- 
nière seul, ou en collaboration d'autres musiciens, 
serait aujourd'hui introuvable; mais plusieurs 
morceaux tirés de son œuvre intitulé Musica 
narrai tvaont été imprimés par Playford dans les 
collections de son temps , particulièrement dans 
le recueil intitulé Ayres and dialogues (Londres, 
1653), et dans la seconde partie du Musical 
Companion (Londres, 1667). pans ces recueils, 
la musique de Lanière est d'une grande supé- 
riorité sur tout le reste : on y trouve du senti- 
ment, de la mélodie et du rhythme. Burneydit 
que la cantate Héro et Léandre, de ce composi- 
teur, fut célèbre vers le milieu du dix-septième 
siècle et que le récitatif de cet ouvrage fut consi- 
déré alors comme un modèle de déclamation musi • 
cale, dans le genre italien. Smith a inséré dans sa 
Musica antica un air de Lanière tiré de la masca- 
rade intitulée : Lvminalis , or the Festival of 
Lhjht, qui fut exécutée dans la nuit du mardi 
gras de l'année 1637, et dans laquelle la reine*! 
et les dames du palais prirent des rôles. I 

LANNER (Joseph-François-Charles), cé- 
lèhre compositeur de musique de danse, naquit le 
1 i juillet 1802 , à Vienne, où son père était fabri- 
cant de gants. Dès son enfance, il montra d'heu- 
reuses dispositions pour la musique , et acquit 
une grande habileté sur le violon , quoiqu'il n'eût 
eu que des maîtres médiocres. Il apprit de môme 
Ja composition par la lecture des livres de théo- 
rie et sans maître. Ses premiers travaux consis- 
tèrent en arrangements de morceaux d'opéras, 
d'ouvertures et de marches en quatuors ou quin- 
tettes d'instruments à cordes ; mais bientôt ses 
compositions pour la danse le rendirent populaire 
et le firent rechercher pour les redoutes et les j 
bals de société. Ses ouvrages en ce geure dépas- 
sent le nombre de deux cents. Lanner avait au plus 
haut degré le génie de ce genre de musique. 11 j 
innova dans les formes , dans le rhythme, l'har- 
monie et l'instrumentation. Ses valses particu- : 
lièrement ont un caractère d'originalité très- ; 
remarquable. Il a écrit aussi des marches , des 
pots-pourris à grand orchestre, une ouverture, I 
et la musique de plusieurs mélodrames et panto- 
mimes. Cet artiste distingué est mort dans sa 
quarante et unième année, le 14 avril 1843, à 



est rapportée textuellement dans les Fœdera de Rymer, 
«. XVIII, p. 7tS. 



Oberdœbling, près de Vienne. Plus de vingt mille 
personnes assistèrent à ses funérailles. 

LANNOY (Philippe DE), musicien et fac- 
teur d'orgues , vécut à Anvers dans la seconde 
moitié du quatorzième sièele. Des restes d'un 
instrument construit par lui existent encore 
dans la cathédrale de cette ville. Cet instrument, 
qui n'a pas 'été fait pour la place où il se trouve 
aujourd'hui, a été achevé en 1394, ainsi que le 
prouve cette inscription placée sur la face anté- 
rieur du sommier : Fecit hoc Organ. Ph. de 
Lannoy, an. Sal. 1394. Il fut construit pour l'é- 
glise d'un couvent de moines Augustins. La ca- 
thédrale ayant été détruite par le feu en 1553, 
l'ancien orgue fut réduit en cendres. Après que 
l'église eut été reconstruite sur un nouveau plan, 
les Augustins offrirent leur orgue, considéré déjà 
à cette époque comme un précieux monument 
d'antiquité; leur offre fut acceptée ; l'instrument 
fut démonté et transporté à Notre-Dame ; mais 
le nom du facteur qui fit cette opération et ré- 
para l'ouvrage de De Lannoy est ignoré. 

L'ancien clavier de l'orgue de cet artiste a été 
conservé comme une curiosité historique : son 
octave basse était disposée de cette manière 
bizarre : 




La disposition des autres octaves était sem- 
blable à celle des claviers ordinaires. La dernière 



note à l'aigu était la 




En 1611, Van 



Erpen, facteur d'orgues à Bruges, fit des répara- 
tions à l'orgue de Notre-Dame , et ajouta deux 
touches blanches à l'octave grave pour les notes 
ré et mi, en sorte que les deux premières tou- 
ches noires de cette octave servirent pour les 
notes fa dièse et sol dièse, auxquelles elles ap- 
partiennent. En 1717 , De Lahaye, bisaïeul des 
facteurs de ce nom qui existaient encore en 1835, 
fit de nouvelles réparations et de nouvelles ad- 
ditions à ce vénérable instrument : il porta le 
clavier jusqu'à Vut aigu. Le vandalisme révolu- 
tionnaire de 1793 ne respecta pas ce monument 
des anciens temps de la facture régulière de 
l'Orgue ; une partie des tuyaux fut enlevée , et 
de notables dommages furent faits au mécanisme 
intérieur. De Volder père (voy. ce nom), ayant 
été chargé de la restauration et de l'agrandisse- 
ment de ce même orgue, en a fait un instru- 
ment de bonne qualité , relativement aux con- 



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196 



LANNOY 



dirions qui lui étaient imposées, et a étendu le 
clavier jusqu'au fa au grave et à l'aigu. Plusieurs 
jeux et un clavier ont été ajoutés par lui au tra- 
vail de De Lahaye; mais, dans le but de conserver 
intact , autant qu'il (Hait possible , l'instrument 
primitif de De Lannoy, il en a fait la base du cla- 
vier de récit. 

Au temps de De Lannoy, on ne connaissait 
que le système des tirages directs : c'est celui 
qu'il avait établi dans son orgue. Les abrégés 
n'étaient pas en usage i le petit nombre de jeux 
et le peu d'étendue qu'on donnait aux instruments 
ne les rendaient pas nécessaires : il n'y a donc 
rien de semblable dans l'orgue de Notre-Dame. 
Tout est de la plus grande simplicité dans sa 
construction : c'est sans doute à cette simplicité 
qu'il faut attribuer sa longue conservation. Les 
tuyaux sont en plomb, sans aucun mélange d'é- 
tain. Entièrement oxydés au pied, ceux qui res- 
taient debout n'ont pu être tous conservés, parce 
que leur propre poids les faisait s'affaisser. Je tiens 
de l'amitié de De Yolder un de ceux qu'on a dû 
réformer et je le conserve comme une preuve de 
l'état avancé où était déjà la facture de l'orgue 
vers la (in du quatorzième siècle. Ce tuyau sonne 
la quinte supérieure du la aigu de la mixture : 
ses proportions sont bonnes, le biseau est bien 
fait, et la partie supérieure du tuyau est soudée 
sur ce biseau, comme cela se pratique aujourd'hui. 
Malgré son état de vétusté , il rend un son pur et 
plein. Les jeux qui composaient l'orgue de De 
Lannoy étaient : 1° Opcnflud ( dû te ouverte de 
4 pieds); 2° Dulcian (bourdon de 4 sonnant 
le 8 pieds); 3° Octaf (doublette de 2 pieds); 
4° Rorefluit (flûte de 6 pieds commençant a 
sol); 5° Quintadun ( flûte sonnant la quinte) ; 
6° Sesquialter (jeu composé de l'octave 
aiguë du cornet, et d'une petite tierce) ; 7° Mix- 
tur (plein-jeu de 3 tuyaux); 8° Regalis (jeu 
d'anches très-fort avec de courts tuyaux de 
quelques pouces). Les jeux de régale et de ses- 
quialter ont disparu de l'ancien orgue. 

LANNOY (M roe la comtesse DE), née com- 
tesse de LOOZ CORSWAREM , au château de 
Gray, dans le Brabant, en 1767, épousa le comte 
de Lannoy en 1788, et le suivit dans l'émigration, 
lorsque les Pays-Bas furent envahis par les ar- 
mées françaises. Ses biens furent saisis, et, comme 
beaucoup d'autres personnages de haut rang, 
exilés de leur patrie à cette époque, elle dut 
chercher des moyens d'existence dans l'emploi 
de ses talents. Elle était bonne musicienne, 
jouait bien du piano pour son temps, et même 
composait. Elle s'établit à Berlin et s'y livra à 
l'enseignement. En 1798, elle publia dans cette 
ville : 1° Deux romances françaises avec accom- 



pagnement de piano; Berlin, Hnmmel. — 2° Trois 
sonates pour clavecin, avec accompagnement de 
violon et violoncelle; ibiJ. — 3° Romances avec 
accompagnement de piano ou harpe, 2 e et 3 e re- 
cueils ; ibid., 1801. Peu de temps après cette 
dernière publication, elle rentra en Belgique avec 
sa famille, et y soutint un procès considérable 
d'où dépendait toute sa fortune. Après plusieurs 
années d'attente pénible , elle perdit ce procès, 
dont l'issue la laissait sans ressource, et elle se 
réfugia à Paris, où l'on prétend qu'elle fut assez 
mal lieu reuse pour être obligée de jouer avec ses 
filles des rôles secondaires sur les théâtres des 
boulevards. Je crois qu'elle a cessé de vivre vers 
1822. 

LANNOY (Edouard, baron DE), delà même 
famille que la précédente, né à Bruxelles au 
mois de décembre 1787, suivit sa famille dans 
l'émigration, et s'établit avec elle à Graetz, dans 
la Styrie, où il commença ses études. De retour 
à Bruxelles en 1801, il y entra bientôt après au 
lycée, puis il acheva ses études à Paris. Vers la 
fin de 1806, il retourna dans la Styrie. Depuis 
1813, il vécut alternativement à Vienne et à sa 
maison de campagne, dans les environs de Mar- 
purg. Il est mort à Vienne, le 28 mars 1853. 
Poëte et musioien, il s'est fait connaître avanta- 
geusement par un grand nombre de morceaux de 
littérature et de critique, ainsi que par ses con- 
positions musicales, parmi lesquelles on remar- 
que : 1° Cantate exécutée à Bruxelles, pour la 
distribution des prix, en t806. — 2° Margue- 
rite ou les Brigands, opéra en un acte, repré- 
senté à Graetz en 1814, et à Vienne, en 1819. — 
3° Les Morlaques, opéra en deux actes, à Grelz, 
en 1817. — 4° Libussa, opéra en deux actes, a 
Braun, en 1818. — 5« Ketly, opéra en un acte; 
Vienne, 1827. — 6° Une heure, mélodrame, à 
Vienne, 1822. — 7* le Meurtrier, mélodrame. 

— 8° Emmy Teels, idem — 9° Les deux For- 
çats, idem. — 10° Le Lion de Florence, idem. 

— 1 1° Ouverture et en tr 'actes pour la tragédie 
intitulée le Czar Iwan. — 12° Abu le noir, mé- 
lodrame. Tous ces derniers ouvrages ont été joués 
sur différents théâtres de Vienne et de l'Allema- 
gne, depuis 1823 jusqu'en 1830. Les principales 
compositions instrumentales de M .de Lannoy sont : 

— 13° Grande symphonie en mi majeur, exécu- 
tée au concert de la société musicale de Vienne. 

— 14° Symphonie en ut majeur, exécutée au 
concert spirituel. — 15° Plusieurs ouvertures 
et solos pour divers instruments et orchestre. — 
16° Grandes variations pour piano et violon, avec 
orchestre, op. 13; Mayence, Schott. — 17° Quin- 
tette pour piano , hautbois, clarinette, cor et 
basson, op. 2; Offenbacb, André. — 18° Grand 



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LANJNOY — LAPICIDA . t07 

trio pour piano, clarinette et violoncelle, op. 15; j publiés à Londres. On connaît aussi de lui Po- 

Vienne, Haslinger. — 19° Sonates pour piano et I përa bouffe intitulé le ISozze per fanafîsmo, 

violon, op. 6; Vienne, Mechelti; op. 12, Leip- | et VIngannatrice , ouvrage du même genre, 

sick, Breitkopf et Hacrtel; op. 21 , Bonn, Sim- ' De retour à Naples, en 1812, Lanza fut nommé 

rock. — 20° Sonate pour piano seul, op. 9; | professeur de chant au collège royal de musique 

Vienne, Haslinger — 21° Plusieurs rondeaux, fan- i de San-Pietro a Majella, et du pensionnat 

taisies, variations, etc. Depuis 1830, M. de Lan- royal dei Miracoli. 

noy s'était dévoué exclusivement à la direction LANZA (Gesualuo), fils du précédent, né à 

du Conservatoire de Vienne, dont il était encore j Naples en 1779, a suivi son père en Angleterre 

président en 1S35. Il était aussi entrepreneur du ; dans son enfance, s'y est fixé , et s'y est fait con- 

concert spirituel. ! naître comme un lion maître de chant. I» a publié 

LANZ (J.-M.) f pianiste et compositeur : sur cet art un ouvrage estimable intitulé : The 
allemand, s'est fait connaître à la fin du dix- Eléments of Singtng familiarly exempllfied; 
huitième siècle par les compositions suivantes : Londres, 1817, in-4° obl. Il est mort à Londres, 
1° Chansons pour la loge maçonnique; Dresde, ' en 1859, à l'âge de quatre-vingts ans. 
1788. — 2° Six sonates pour le clavecin, d'une Un autre fils de Joseph Lanza, plus jeune que 
exécution facile, op. 3; Brunswick, 1795. — le précédent, fut aussi un bon chanteur. Après 
3° XXI variations sur God save the King, pour ■ avoir demeurée Londres Jusqu'à l'âge de vingt 
piano, op. 4; ibid., 1795. — 4° Sonate à quatre ans environ, il a voyagé, a vécu pendant quel- 
mains, op. 5; ib., 1796.— 5° Huit variations pour | ques années h Paris, puis dans diverses villes 
clavecin sur l'air: Freut euch des lebens; Ha- ' de province. 11 était en 1838 à Lille, où il se 
novre, 1796.-6° Six écossaises pour le piano ; ] livrait à l'enseignement; mais il en partit en 
Berlin, Sclilesinger. ' 1811 pour aller en Amérique. Un de ses fils a été 

LANZ (Joseph), amateur de musique, à chanteur. bouffe an théâtre de Valparaiso, en 

Vienne, a proposé un nouveau système de nota- î 1845. 

Mon, ayant pour objet la suppression des clefs j LANZKTTI ( Salvàtor), violoncelliste cé- 
au moyen de la lettre C placée sur la troisième ' lèbre, naquit à Naples au commencement du dix- 
ligne de la portée, et qui, se combinant avec , huitième siècle, fit ses études musicales au Con- 
une note noire , avec deux, ou trois, indique | servatoire de Loreto, et passa la plus grande 
une, deux, ou trois octaves au dessus ou au- ! partie de sa vie au service du roi de Sardaigne. 
dessous d'une note donnée, et présente une ' En 1736, on publia à Amsterdam deux livres de 
étendue de sept octaves. L'ouvrage dans lequel sonates de sa composition pour le violoncelle, 
ce système est exposé a pour titre : Dos Quelque temps après il parut en cette ville un 
System der Musik-Schliissel auf die em- j ouvrage méthodique intitulé : Principes du 
fachsten Grundsxtse zuruck gefiihrt, tro- ' doigter pour le violoncelle dans tous les tons, 
durch die Einheit des Schlûssels und grœssere dont il était aussi l'auteur. Lanzetti est mort à 
Rcslimmtkeit, Deuilichkeit, und Bequemlich- j Turin vers 1780, dans on âge fort avancé. 
keit in der Tonbezeichnnng erzielh trird; LANZI (petronio), maître de chapelle à Do- 
Vienne, A. Diabellt, 1842. L'auteur de ce sys- ' logne, dans la seconde moitié du dix-huitième 



tème ne s'est pas aperçu de l'incertitude où se- 
raient les exécutants, particulièrement les pia- 
nistes et organistes , à l'aspect d'une musique 
dont toutes les octaves seraient renfermées dans 



siècle, naquit dans cette ville et fut élève de 
Jacques-César Predieri. Il fut élu deux fois prési- 
dent de la société Philharmonique, et lit exécuter 
en 1770, dans l'église de Saint- Jean in Monte, 



les cinq lignes de la portée, et ne présenteraient ' à l'occasion de sa seconde promotion, une messe 



aucune différence aux yeux. 

LANZA (François-Jossph), professeur de 
chant , né à Naples, y vivait en 1792 et y publia 
€ ariettes italiennes avec accompagnement de 



de sa composition, dont Burney fait l'éloge dans 
son Voyage musical en Italie. 

LAPICIDA (Érasme), compositeur, né dans 
la seconde moitié du quinzième siècle, est quel- 



guitare et violon. Vers le même temps, il s'est fixé J quefois indiqué dans les anciens recueils publiés 

à Londres et y a vécu pendant plusieurs années j par Petrucci de Fossombrone (voy. ce nom) par 

dans la maison du marquis d'Abercorn, en qualité son prénom (Erasmo), écrit aussi Rasmo, ou 

de mettre de musique. lia publié plusieurs recueils j simplement par £. L. Sa patrie n'est pas connue: 

de chansons, entre autres : Six trios pour deux so- } il n'est pas même certain que le nom latin La- 

pranos et basse, op. 13; Londres, Birschall, et ' picida soit le sien, et qu'il ne désigne pas sim- 

six chansonnettes avec récitatifs, ibid. Il a com- { plement la profession que l'artiste aurait exercée 

posé plusieurs œuvres de sonates pour le piano, dans sa jeunesse (tailleur de pierres), signilica. 



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198 



LAPICIDA — LAPORTE 



tion exacte de ce mot). On n'a donc pas jusqu'à 
ce jour de renseignement sur le lieu de sa nais- 
sance ni sur la position qu'il occupa ; mais quel- 
ques-uns de ses ouvrages mêlés à ceux des ar- 
tistes les plus célèbres de son temps dans les re- 
cueils publiés en Italie et en Allemagne, prou- 
vent qu'il était alors estimé pour son mérite. Une 
chanson flamande (Tandernahen) à trois voix, de 
sa composition» se trouve dans le troisième li- 
vre JCantl cento cinquania) de la rarissime 
collection imprimée (en 1501-1503) par Pe- 
trucci, sous le titre : Harmonies Musices 
Odhecaton. Le neuvième livre des Frotlole du 
même imprimeur renferme une pièce de ce genre 
(Lapietàha chiuso le porté), du même musi- 
cien. Le quatrième livre de motets à 4 voix 
publié par le même imprimeur, en 1505, contient 
un Veni Sancte Spiritus-, et le motet Nativitas 
tua Del genitrix, de Lapicida. On trouve aussi 
des pièces de sa composition dans le Lamentatio- 
num liber secundus ; Venise, Octavieu Pelrucci, 
1506 ; dans un recueil de chansons allemandes 
(Ein Aussug guter alterundnewer teutschen 
Liedlein), imprimé à Nuremberg, par Petrejus, en 
1539; et enfin dans les Symphonie jucundx 
atque adeo brèves quatuor vocum, imprimées 
à Wittenberg, par Georges Rhaw, en 1538. 

LA PI NI (Charles), né à Sienne en 1724, 
a été le musicien le plus distingué qu'ait produit 
cette ville pendant le dix -huitième siècle, quoi- 
qu'il soit peu connu. Son caractère indolent, ca- 
pricieux, peu sociable, fut cause de l'obscurité 
où son nom est resté. Distrait jusqu'à l'excès, 
il s'abandonnait parfois aux bizarreries les plus 
extraordinaires, et, dans la conversation, passait* 
souvent d'un sujet à un autre sans aucune tran- 
sition. Il apprit la rousiqne, l'orgue et le contre- 
point sous la direction de François Francbini, 
maître de chapelle de la collégiale, et obtint en 
1743 l'orgue de la chapelle de cette église, quoi- 
qu'il n'ait jamais eu de talent pour cet instru- 
ment. Eu 1757, il succéda à Franchini dans la 
place de maître de chapelle, et en remplit les fonc- 
tions pendant quarante-cinq ans. Il mourut le 28 
octobre 1802. Son portrait, peint parLuigi Campa- 
ni, se trouve dans un des locaux annexés à la collé- 
giale de Provenzano : il y est représenté dans l'at- 
titude d'un homme qui bat la mesure. Lapini était 
en correspondance avec le P. Martini. Jamais 
Piccinni ou Anfosst ne passèrent à Sienne sans 
l'aller visiter. lia laissé en manuscrit beaucoup 
de musique d'église : sa messe de Requicm t exé- 
cutée à l'occasion de la mort de l'impératrice 
Marie-Thérèse, en 1780, était une production de 
premier ordre. Il la termina seulement en 1792, 
pour le service funèbre de l'empereur Léopold. 



LAPIS (Santo), compositeur dramatique, né 
à Bologne, dans les premières années du dix- 
huitième siècle, a passé la plus grande partie de 
sa vie à Venise, où il enseignait le chant et la 
mandoline. Il jouait aussi de plusieurs autres 
instruments. Vers la fin de sa vie, sa position 
était malheureuse. 11 voyagea pour chercher une 
position fixe et arriva, dit-on, à Amsterdam 
vers 1762. II y fit imprimer six duos à deux voix, 
deux suites de chansons françaises et six trio» 
pour flûte, violon et violoncelle. En 1729 il avait 
fait représenter à Venise l'opéra intitulé ; la 
Generosità di Tiberio ; la musique des deux 
premiers actes seulement avait été composée 
par lui : celle du troisième était de Bartholomé 
Cordans. L'année suivante Santo Lapis y donna 
la Fedein Cimento. 

LA PLACE (le marquis Pierre-Simon DE), 
célèbre géomètre, né à Beaumont- en-Auge (Calva- 
dos), le 28 mars 1749,serenditjeuneàParis, fut 
nommé examinateur de la marine à l'Age de vingt- 
trois ans , et entra l'année suivante à l' Acadé- 
mie des sciences. Successivement chancelier du 
sénat conservateur, pair de France, membre du 
bureau des longitudes, de l'Institut, et de beau* 
coup d'autres sociétés savantes, il est mort à 
Paris, le 5 mars 1827. Son Exposition du sys- 
tème du Monde, et surtout sa Mécanique cé- 
leste, lui ont fait un nom illustre parmi les sa- 
vants. Parmi les mémoires qu'il a publies dans 
différents recueils scientifiques, on en trouve un 
intitulé : Développement de la théorie des 
fluides élastiques et applications de cette théo- 
rie à la vitesse du son (voy. Bulletin des 
sciences de la société Philomalhique , 1821, 
p. 161). II avait déjà exposé en partie sa théorie 
sur ce sujet dans son mémoire sur la chaleur 
(Mém. de l'Acad. des sciences, 1780). Biot et 
Poisson ont fait, en 1807, des expériences sur 
la propagation du son, qui ont confirmé cette 
théorie. 

LAPORTE (l'abbé Joseph DE), né à Bë- 
fort en 1713, entra chez les jésuites, après avoir 
terminé ses études, et en sortit au bout de quel- 
ques années pour s'établir à Paris et s'adonner 
à la culture des lettres. Il mourut en cette ville 
le 19 décembre 1779. Parmi ses nombreux écrits 
on remarque les suivants, où se trouvent des 
faits relatifs à l'histoire de l'Opéra : 1° Anecdotes 
dramatiques, contenant toutes les vièces de 
théâtre, tragédies, comédies, pastorales, dra- 
mes, opéras, opéras-comiques, parades et pro- 
verbes; Paris, veuve Dtichêne, 1775, 4 vol. in-8'\ 
— 2° Dictionnaire dramatique; Paris, La- 
combe, 1776, 3 vol. in- 8°. — 3° Almanach des 
spectacles de Paris, ou Calendrier historique 



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LAPORTE — LARRIVÉE 



191 



des théâtres de l'Opéra, des Comédies française 
et italienne et des foires ; Paris, Duchesne , 
17S0 à 1794; 1799, 1800, 1804. En tout 48 vo- 
lumes in-12. Les années 1750 à 1779 ont été 
faites par l'abbé de Laporte ; les autres par Du- 
cbesne et d'autres continuateurs. 

LAPPE (P.), musicien de la chapelle du duc 
de Mecklembonrg-Schwérin, a composé la musi- 
que d'un grand opéra en quatre actes , intitulé : 
Die Obotriten (I), qui a été représenté à Schwé- 
rin, te 6 janvier 1840, avec un brillant succès. An 
mois de février 1841, il donna au même théâtre 
lin opéra comique en 2 actes, sous le titre : 
Petermannchen (Pierre le petit homme) qui 
fut moins heureux. Le même artiste s'est fait 
connaître par d'autres compositions telles qu'ou- 
vertures, morceaux de concert pour divers instru- 
ments, airs, entr'actes pour des drames, et musi- 
que de ballets, à l'usage de la cour de Schwérin. 
LAPPI (Pierre), compositeur, né à Florence 
dans la seconde moitié du seizième siècle, em- 
brassa l'état ecclésiastique et fut nommé maître 
de chapelle de l'église de Sainte- Marie délie 
Grazie, à Brescia, en 1601. 11 a publié de nom- 
breuses compositions pour l'église, parmi les- 
quelles on remarque : 1° Litanie délia madona 
a 4, 5, 7 e 8 voci. — 2° Salmi concert ali a 5 voci ; 
Venise, 1 600. — 3 e Misse a otlo voci, libro 7°, in 
Venezia, app. di Angelo Gardano, 1001. Il y 
a une deuxième édition de cet ouvrage publiée 
à Venise, chez Raveri, en 1607. — 4° Salmi 
vespertini a 5 voci cm Inni e Gloria a 9 voci 
in fine? in Venezia, app. di Ang. Gardano, 
1605. — 5' Omnium solemnitatum vespertina 
psalmodia rribus et quinque vocibus; cum B. H. 
V. Contiens octo vocibus'; ibid., 1607. — &°Mis- 
sarum quatuor, quinque et sex vocum liber 
primus. Venetiis,apudRic. Amadinum, 1613. 
— 7° Misse a 3, 4 e 5 chori ;ibid. f 16 1 6. — 8° Sa- 
crx melodiœ 1, 2, 3, 6 voc. decantandœ, una 
cum Symphoniis et B. ad organum ; Franc- 
fort, 1621, in 4°. Il y aune édition de ces motets 
sous la date d'Anvers, i622,in-4°. —VCampicta 
a 3 et 4 chori, op. 16 ; Venise 1626.— 10° Salmi 
concert ali a 5 voci, op. 18; in Venezia, app. 
Bartol . Magni, 1 657 . — 1 1° Rosarium musicale, 
Venise, 1629. Cet œuvre contient une messe, des 
psaumes, Magnificat, litanies et Te Deum à 2 
et 3 chœurs. 

LARBA ( Jean-Léonard) , musicien italien 
du seizième siècle, a fait imprimer de sa corn posi- 
tion : Canzonette napoletane a tre ; Venise, 
1565, in-4°.On n'a pas d'autre renseignement sur 
cet artiste. 

(1) \jm ObotrUes étaient «ne iribu des anciens Vendes, 
ancêtres de la population du Mecklembourp. 



L ARC H 1ER (Jean), Voyez ARCH1ER 

(Jean L\) 

LARDEMOY (Antoine), écrivain genevois, 
passé sous silence par Senebier, dans son His- 
toire littéraire de Genève, n'est connu que par 
un livre qui a pour titre : Les Psaumes de Da- 
vid, réduits nouvellement en une méthode fa- 
cile pour apprendre le chant ordinaire de 
Véglise; Genève, 1651, in- 8°. 

LARDOIS ( Jehan ou Jean) , premier chape- 
lain ou maître de la chapelle du roi de France 
Louis XI, parait avoir succédé en cette qualité à 
Gallois Gourdin, qui, lui-même, avait été le suc- 
cesseur de Jean Ockeghem , depuis le mois de 
janvier 1462, ainsi que le prouve un compte de 
la maison du roi dressé par Jacques le Camus, 
commis au payement des officiers de cette mai- 
son, depuis 1461 jusqu'au mois de septembre 1464 
(voy. Ockegreh). Un autre compte, dressé 
en 1466 par Pierre Jobert, receveur général des 
finances, démontre qu'à cette époque Jean Lar- 
dois occupait le poste de premier chapelain (voy. 
la Revue musicale, t. Xlï, p. 235). J"ignore 
s'il existe dans quelque manuscrit de la musi- 
que de cet artiste. 

LARIV1ÈRE (EoMo*D),néàParis,en 1811, 
fut admis au Conservatoire de cette ville le pre- 
mier décembre 1820, y apprit le solfège, puis 
devint élève de Zimmerman pour le piano ; mais 
il abandonna bientôt cet instrument pour la harpe, 
dont Naderman lui donna des leçons. Il obtint 
le second prix au concours de 1825, et le premier 
lui fut décerné en 1827. Il fut répétiteur de sol- 
fège dans la même école pendant les années 1827 
et 1828, et se retira au mois d'octobre de cette 
dernière. Après avoir voyagé pendant quelques 
années, Larivière s'est fixé à Londres en 1838, 
et y e3t mort au mois d'août 1842. On a de cet 
artiste environ vingt-cinq œuvres pour la harpe, 
au nombre desquels on remarque : 1° Exercice* 
et études pour la harpe; Paris, Challiot. — 
2° Boléro, larghetto et finale; idem, ibid. — 
3° Duo sur les thèmes de Norma, pour harpe 
et piano, ibid. — 4° Caprice pour harpe seule, 
op. 20, ibid. — 5° Tarentelle; idem, ibid. — 
6° Fantaisie sur Lucie de Lammermoor, idem ; 
Paris, Maraud. — 7° Duo sur les thèmes de Sa- 
rah, pour harpe et piano, ibid. — 8° Fantaisie sur 
Sarah, pour harpe seule, ibid. 

LARRIVÉE ( Henri) , acteur de l'Opéra qui 
eut beaucoup de réputation, et qui parait l'avoir 
méritée par la beauté de sa voix et par son ta- 
lent comme acteur, naquit à Lyon le 8 septem- 
bre 1733. Venu fort jeune à Paris, il fut d'abord 
garçon perruquier. L'exercice de cet état Payant 
* conduit auprès de Rebel , directeur de l'Opéra- 



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200 



L ARRIVEE — LARUE 



relui-ci, frappé de ses dispositions pour léchant, 
de ses avantages ex teneurs et de l'éclat de sa voix 
de busse, l'engagea pour les chœurs et lui fit en- 
seigner la musique. Deux ans après, il fut engagé 
comme seconde basse à 1,200 fr. d'appointe- 
ments et cent écus de gratification . Son premier 
début eut lieu le 15 mars 1755, par le rôle du 
grand-prêtre dans Castor et Pollux, le jour même 
où Jéiiotle joua pour la dernière fois celui de 
Castor. Les succès de Larrivée furent assez bril- 
lants pour le faire parvenir promptement au rang 
de chef d'emploi. Ces succès étaient dus surtout 
à la justesse de sa déclamation et à la pureté de 
son organe plein et sonore. Avant lui, le réci- 
tatif se débitait avec une lenteur monotone et 
fatigante : il fut le premier qui lui donna du mou- 
vement et de Paccent. Les conseils de Gluck dé- 
veloppèrent ce que la nature avait fait pour cet 
acteur; mais, à l'époque où Larrivée était entré 
à l'Opéra, on n'avait aucune idée en France de 
Kart du chant; lui-même avait commencé l'é- 
tude de la musique à un Age où il n'est guère 
possible d'y devenir habile, et Gluck , venu en 
Franre vingt ans après ses débuts, n'avait pu dé- 
raciner des défauts fortifiés par une routine lon- 
gue et vicieuse. D'ailleurs, Larrivée donnait 
malheureusement aux sons élevés un accent nasal 
dont il ne put jamais se corriger, et qui fit qu'un 
plaisant du parterre s'écria un jour : Voilà un 
nez qui a une belle voix î Cette voix parait avoir 
été plutôt un baryton qu'une basse, car les rôles 
d'Agamemnon et d'Oreste, écrits par Gluck pour 
cet acteur, sont si hauts, qu'on ne les chante 
plus qu'avec peine aujourd'hui. En 1779, on 
accorda à Larrivée une pension, qu'il cumula 
avec un traitement annuel de quinze mille francs 
jusqu'en 1786, où il se retira. Alors il voyagea 
dans les provinces et y donna des concerts avec 
sa femme et ses filles, dont l'une jouait de la 
harpe, et l'autre du violon; mais, devenu vieux, 
et dépouillé du prestige de la scène, il ne parut 
plus que l'ombre de lui-même. Retiré à Vincennes, 
où l'emploi de garde-consigne lui avait été donné, 
il y mourut le 7 août 1802, des suites d'une pa- 
ralysie, à l'Age de soixante-neuf ans. Par une 
particularité remarquable, son frère aîné, qui 
était concierge du château de Meudon, fut atteint 
de la même maladie, et mourut le même jour, à 
la même heure. 

LARRIVÉE (Marie-Jeanne), femme du 
précédent et sœur de Lemierre, violoniste habile, 
débuta à l'Opéra en 1750, se retira en 1753, re- 
parut en 1757, et obtint sa |tension de retraite 
en 1778. On vanta la douceur de sa voi\ dans 
quelques journaux de son temps. 

LABTIGAULT ( N. ) : on trouve sons ce 



nom une messe à 5 voix ad imitationem mo- 
dulé : Confirma hoc, Deus, dans la collection 
de messes publiée par les Ballard *. elle porte la 
date de 1644. Lartigauit était vraisemblablement 
chantre dans une .des églises de Paris. 

LARUE on LA RUE (Pierre, ouPier. 
cuon DE), musicien célèbre, né en Picardie, 
vécut dans la seconde moitié du quinzième siècle 
et au commencement du seizième. C'est ce même 
artiste que les contemporains désignent sous les 
noms latins de Petrus Platensis (1), et quelque- 
fois aussi par celui de Pierchon (Pierre). 
Pierre De Larue naquit certainement avant la 
mort de Charles le Téméraire (1477 ) , car les 
comptes de la maison de Marie de Bourgogne 
prouvent qu'il était déjà au service de cette 
princesse en 1492, en qualité de chantre de sa 
chapelle ; et l'on ne peut douter qu'il n'y ait iden- 
tité entre lui et le musicien appelé Pierchon, 
La preuve de cette identité se trouve dans un 
État dé Vhdtcl de Philippe le Beau, dressé 
en 1476; manuscrit qui, après avoir appartenu 
à M. Roovere de Roosemark , a été acquis par 
la Bibliothèque royale de Bruxelles, en 1845 (1). 
Parmi les chapelains chantres de la chapelle 
de ce prince , qui y sont mentionnés , on voit 
figurer Pierchon de La Rue, lequel a pour ap- 
poinlement 12 sols par jour. 

Glaréan dit que De Larue était Français (3); 
mais la plupart des autres écrivains qui en ont 
parlé s'accordent à le placer parmi les musi- 
ciens des Pays-Bas. Cette différence dans la pa- 
trie attribuée à cet artiste peut se concilier, car il 
est une explication facile à donner delà confusion 
qu'il y a eu des deux côtés. Il faut remarquer d'a- 
bord que Pierchon , forme familière du nom de 
Pierre, n'a jamais été en usage dans la Belgique : 
celle forme appartient a la Picardie. Or, celle 
province faisait partie des possessions des ducs 
de Bourgogne, aussi bien que la Flandre française, 
la Belgique et la Hollande : elle était comprise 
dans la dénomination collective de Pays-Bas. 
Mais, après la mort du duc Charles le Téméraire 
( 5 janvier 1477 ), Louis XI s'empara do cette 
province et la réunit au royaume de France. 
Glaréan, qui écrivait son livre vers 1545, a 
donc pu dire aussi que Larue était Français. 

Les Italiens, pour qui les noms de Pierchon 

(I) On ne comprend pas crue traduction latine du num 
de La Rue , et l'on est étonné de la trouver dans le livre 
de Glaréan: platea (large rue, ou place publique) est 
de la première déclinaison. 

|>) Le baron de RcMcnbcrg a publié celle pièce dans 
le XI* volume de* Bulletins de U commission royale 
d'histoire ( de la Belgique ) , pages 678-718. 

(3) .. .. qusm Petrus t'tatensii Câlins drçantissimê 
quatuor Instituit vocibut. ( Dodte , p. i?*|. 



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LA RUE 



201 



de La Rue étaient d'une prononciation trop dif- 
ficile , les ont transformés en ceux de Pierzon , 
Pcrisone, et même Pierazon de la Ruellien. 
Ainsi , le célèbre imprimeur de musique Pe- 
Irucci a publié à Fossombrone , en 1515, un re- 
cucti de messes d'Antoine et de Rol>ert de Fevin; 
avec la messe du quatrième ton de Pierre De 
Larue , sous le nom de Pierzon, et Antoine Gar- 
dane a donné, en 1544, sous celui de Perinne, 
un recueil de madrigaux à 4 voix changées 
( voci mutate ), avec quelques autres de Cy- | 
prien de Bore (1). Enfin il. existe dans les archi- , 
ves de la chapelle pontificale, à Rome, des messes . 
sous les noms de Pierazon de la Ruellien (2). j 

Pierre De Larue fut élève de Jean Ockeghem : 
cela résulte avec évidence de la Déploration sur 
la mort de ce maître , où il est mentionné avec 
Josquin Deprès, Brumel et Compère : 



Acoustrez vous d'habllz de deuil 
Josquin, Brumel, Pterchon , Compère. 



Une partie de la vie de De Larue n'a pu élre ' 
éclair cie jusqu'à ce moment , à cause de l'ab- 
sence de documents authentiques. On ne sait 
en effet où il reçut des leçons d'Ockeghem, ni 
à quelle époque il était près de lui. Il était 
prêtre; mais on ignore quelle fut l'école où il ! 
étudia la tliéologie et quand il reçut les ordres. ' 
La plus ancienne indication de la position qu'il 
occupa se trouve dans un état des chantres de 
la chapelle de Marie de Bourgogne, dressé au 
mois de novembre 1492 (3). Depuis dix ans 
cette princesse était morte alors ; mais son fils, 
Philippe le Beau , bien qu'il fût reconnu souve- 
rain des Pays-Bas , était encore sous la tutelle 
de son père Maximilien 1 er , et la chapelle était 
toujours censée êlre eelle de la fille de Charles- 
le-Téméraire ; mais, après l'élévation de Maximi- 
lien à l'empire, en 1493, la majorité de Phi- 
lippe fut déclarée au mois d'août de la même 
année, et dès lors toute l'ancienne chapelle passa 
à son service personnel, ce qui explique le chan- 
gement apparent de position de Pierre De Larue, 
en 1496, qui résulte du document cité précé- 
demment. On trouve cet artiste au service du 
même prince en 1499, 1500 et 1502 (4) , et l'on 



(I) 11 ne faut pas croire qu'il y ait Ici confusion avec 
Perizone Cambto , chantre français dont le nom a élé 
altère par Italiens; car celui-ci vécut plus d'un siècle ; 
après De Larue, et fut chantre de la chapelle Saint-Marc > 
a Ven:nr. j 

(S) Voyez la note Mi des Mémoires de l'sbbé Baini sur j 
rieriulf I de Palestrina. 

(3) Voyez le Rapport sur les Archives de Lille , par i 
M. Gachard , p. iso. 

(V) Cartons de la maison des souverains, aux archives 
du royaume de Belgique , a Bruxelles. 



voit qu'il avait, en 1501 , une prébende à Cour- 
trai , avec la qualité de chantre de la chapelle 
du souverain , et qu'il y était porté second sur 
le rôle des bénéfices pour en obtenir un à 
Gand (l). Il ne suivit pas en Espagne Philippe, 
devenu roi de Castille , en 1504, comme d'au- 
tres musiciens de la maison de ce prince ; car il 
resta dans la chapelle des souverains des Pays- 
Bas, ainsi qu'on le voit dans un état de celte 
chapelle en 1505. Après la mort de Philippe le 
Beau en 1506, Marguerite d'Autriche , sœur de 
Philippe, ayant été nommée gouvernante des Pays- 
Bas pendant la minorité de son neveu Charles, 
plus tard emfiereur Charles-Quint, De Larue, resté 
toujours dans la chapelle, parait avoir été le mu- 
sicien le plus en faveur près de cette princesse , 
comme on le verra tout à l'heure. Au mois de 
juin 1510, il résigna la prébende dont il jouis* 
sait à l'église Saint- Aubin de Namur, sans 
doute pour un bénéfice plus considérable qui 
lut avait été accordé (2^. Ce renseignement est 
le dernier qu'on ait sur la personne de De Larue ; 
car il disparaît des états subséquents de le 
maison des souverains du pays, il est vraisem- 
blable qu'après avoir résigné sa prébende de Na- 
mur, il obtint un des canonicals qui étaient à 
la. nomination des princes souverains, dans 
une des collégiales du pays , et qu'il mourut 
dans cette situation. L'année de son décès est in- 
connue (*>). 

J'ai dit que Pierre De Larue parait avoir été 
le musicien le plus en faveur près de Marguerite 
d'Autriche : cela se voit avec évidence par le 
soin que prit celle princesse aimable et spiri- 
tuelle de faire transcrire les compositions de ee 
maître dans des manuscrits exécutés avec un luxe 
inusité. La Bibliothèque royale de Bruxelles pos- 
sède un de ces manuscrits, d'une exécution ma- 
gnifique, sur vélin in-folio atlantique, lequel 
contient sept messes de De Larue , dont six à 
cinq voix , et la septième à quatre. Le volume, 
orné de lettres » d'arabesques , de portraits et 
d'autres ornements en couleur, a été fait dans 
les Pays-Bas avant 1530, car Marguerite mourut 
à Malines dans cette année. Il était destiné à 
la chapelle de Jean III , roi de Portugal , qui 



(n Carions de la maison des souverains, aux archives 
du royaume de Belgique , à Bruxelles. 

(î) Voyez les archives des arts, des sciences et des 
lettres | Jnaleetes de M. Plnchart ), T. I, f 4*. 

(S) Le pottle allemand Brutch , ou Bruschius , cilé par 
Priutz ( lierchrekbuny der edlm Sing-und filing-Knntt, 
p. m ), prétend que De Unie composa, rn 1849, les La- 
mentations de J trémie ,-liya Heu de croire qui! était 
mal informé, quoiqu'il écrivit dans le même temps, car 
ce musldcn aurait été alors âgé de plus de quatre-vingts 
ans; toutefois le fait n'est pas absolument Impossible. 



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202 



LARUE 



régna depuis 1521 jusqu'en 1557, et de sa femme, 
Catherine d'Autriche, sœur de Charles-Quint. 
Deux miniatures du second feuillet représentent 
ces princes agenouillés sur un prie-Dieu ; leurs 
armoiries sont attachées à des colonnes. Parmi 
les ornements , on voit à profusion la violette , 
la pensée et la marguerite, emblèmes de la gou- 
vernante des Pays-Bas. On ignore pourquoi ce 
volume est resté en Belgique; mais il parait cer- 
tain qu'il était passé dans la chapelle des princes 
gouverneurs , à Bruxelles , et qu'il en a disparu 
en 1 792, dans la première invasion de la Bel- 
gique par l'armée française. Van Hulthem 
Tacheta plus tard dans une vente publique : il est 
devenu la propriété de la Bibliothèque royale 
de Bruxelles avec toute la collection de livres de 
cet amateur. Les messes de De Lame contenues 
dans ce manuscrit sont : 1° Missx de Concep- 
iione Virginis Marix, quinque vocum. — 
2° Idem sub titulo ; Ista est speciosa fnter filias 
Jérusalem, quinque vocum. - 3° Idem, de 
doloribu.% quinque vocum. — 4° Idem , Pas- 
chale, quinque vocum. — 5° Missa ser vo- 
cum : Ave sanctissima Maria, canon ascen- 
dendo per diatessaron. — 6° Missa de Sancta 
Cruce, quinque vocum. — 7° Missa de feria, 
quatuor vocum. J'ai mis eu partition le Kyrie 
de la messe Ave sanctissima Maria , et j'ai 
reconnu dans ce morceau un chef-d'œuvre de 
facture. 

Un autre manuscrit , d'un format moins grand, 
mais dont l'exécution n'est ni moins belle , ni 
moins riche , et qui renferme cinq messes de De 
Lame, se trouve aux archives de Malines. On 
y trouve aussi les emblèmes de Marguerite d'Au- 
triche , qui le fit faire pour, le service de sa cha- 
pelle. Les messes contenues dans ce volume 
sont : 1° Fors seulement , à 4 voix ( la mi- 
niature représente l'empereur Maximilien rece- 
vant le serment- de ses sujets). — 2° Resur- 
r'exit, à 4 voix (la miniature représente la Ré- 
surrection de Jésus-Christ ). — 3° Sinenomine, 
à 4 voix. Le Kyrie de cette messe est mêlé 
avec l'Oraison dominicale. Ces sortes de Kyrie, 
appelés farcis, étaient en usage dans quelquesclia- 
pelles au quinzième siècle, particulièrement dans 
les Pays-Bas. Les miniatures de cette messe re- 
présentent l'Annonciation et les phases de l'Imma- 
culée Conception , avec des portraits à quelques 
pages. Ces miniatures sont des chefs-d'œuvre de 
délicatesse. — 4° Messe de Sancta Cruce, à 
4 voix. — 5° Missa quinque vocum, super 
alléluia. Les miniatures ne sont pas de la même 
main ; elles sont de peu de valeur. La dernière 
messe est signée Pet-rus de la Rue. 

Un beau manuscrit de la Bibliothèque royale 



de Bruxelles, qui contient des messes et autre» 
pièces pour la semaine sainte, par divers compo- 
siteurs du seizième siècle , renferme la messe, à 
cinq voix, de De Lame, De sepiem doloribus r 
qui est dans le premier manuscrit cité préc£- 
déminent; une autre messe, aussi De septeitt 
doloribus, à quatre voix, et un Stabat Mater 
dolorosa , à cinq voix, sur le thème de la 
chanson française : Comme dame de récon- 
fort, par le même maître. Un manuscrit des 
archives de la chapelle pontificale ( n° 36 ) con- 
tient deux messes de De Lame; la première a 
pour titre : V Amour de moy; la deuxième, O 
gloriosa Margarita! Christum pro nobis 
exora. Le manuscrit coté V de la Bibliothèque 
royale de Munich renferme deux messes du 
même, sine nominc, à 4 et 5 voix; un 
Credo à 4 voix, de ce maître, se trouve dans le 
recueil manuscrit de la même bibliothèque r 
n° LUI; la messe à 4 voix du même sur le 
chant cum jucunditate , et la messe pro de- 
functis, également à 4 voix, sont contenues 
dans le volume n° LY1I ; enfin , l'on trouve dans 
le manuscrit coté XXXIV, de cette riche biblio- 
thèque, deux Salve Regina, et deux Vit a, dul- 
cedo, etc., tous à 4 voix, du même musicien. 

Octavien Petrucci, de Possombrone, a publié, 
en 1513, un livre de • messes de Pierre De 
Lame qui en contient cinq ; en voici les titres : 
I 1° Jltatx Virginis; — 2° Puer nobis est; — 
! 3° Sexti toni, ut, fa; — 4° L'homme armé; 
| — 5° Nunquam fuit pœna major. La cin- 
quième messe du premier livre des Missarum 
diversorum auctorum , publié par le même 
imprimeur, est aussi de Pierre De Lame; elle 
est intitulée : De Sancto Antonio. Un autre 
recueil de messes, publié à Rome, en 1516 r 
in-fol. , par André Antico de Montona , con- 
tient les messes du même compositeur, Ave 
Maria (1), et O Salutaris hostia , à 4 voix, 
Ce recueil a pour titre : Liber quindecim mis* 
sarum electarum qux per excellentissimos 
musicos compositx fuerunt. La collection de 
treize messes à quatre voix intitulée : Missx 
tredecim quatuor rocum a prxstantùsimis 
artificibus compositx (Nuremberg, 1539) ren- 
ferme une réimpression des messes de De Lame, 
Cum jucunditate, O gloriosa , et de Sancio 
Antonio, citées précédemment. Un autre re- 
cueil qui a pour titre : Liber quindecim mis- 
sarum a prxstantissimis musicis composi- 



tx) Cette messe ( Ave Maria) se trouve en manuscrit 
dans un recueil de la bibliothèque de Cambrai (n° 20). 
! Voyei la Notice des collections musicales de cette biblio- 
thèque, par M. de Coussemakcr, p. 55. 



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LA.RUE — LASAGNA 



203 



1arum ( Nuremberg, 1538 ), contient une messe 
du même compositeur qui ne se trouve point 
ailleurs ; elle est à quatre voix , sur le thème 
de la chanson française qui commence par ces 
mots : Tous les regrets. La messe du quatrième 
ton , du même , est imprimée dans le livre dès 
tiissx Antonii de Fevin , publiée par Petrncci 
de Fossombrone ( Voyez Fevin ) , en 1515. D'a- 
près ce qui précède , on voit que le nombre de 
messes de De Lame, à quatre, cinq et six voix , 
connues jusque ce jour, s'élève à vingt-neuf. 
■ Les motet» de ce musicien connus jusqu'au- 
jourd'hui sont en très-petit nombre : on n'a 
imprimé qu'un Salve Regina à 4 voix , dans 
le quatrième livre des MotetU de la Corona 
publié par Petrucci à Venise, en 1505; et un 
Lauda anima mca Dominum , également à 
4 voix, dans le troisième volume de la collec- 
tion de motets publiée à Nuremberg, en 1564. 
Ce dernier morceau a été donné eu partition par 
Forkel , dans son Histoire de la musique (t. 11. 
p. 616 ). Comme tous les compositeurs de son 
temps, De Larue a écrit des chansons à deux , 
trois et quatre voix sur des thèmes d'airs popu- 
laires. Le livre A du rarissime recueil publié à 
Venise, en 1501, par Petrncci, sous le titre 
Harmonica musices Odkecaton , contient sa 
chanson à quatre voix , commençant par ces mots 
Por quoij non ( pourquoi non ). Le livre B du 
même recueil renferme trois chansons à quatre 
voix, du même, à savoir : Ce n'est pas,- Tous 
les regres ( regrets ) ; Fors seulement. Le livre 
C , qui renferme cent cinquante chants à trois 
et quatre voix, contient la chanson à quatre 
voix de De Larue, sur le thème de l'air popu- 
laire flamand Myn heer. Plusieurs chansons du 
même maître, à deux voix, se trouvent dans la 
collection intitulée Bicinia gallica, latina et 
germanica, et quxdam fugœ. Tomi duo. 
Vitebergœ, apud Georg. Rhav, 1545, petit in-4° 
obi. Enfin , De Larue a exercé son talent dans 
le genre madrigalesque des Italiens, car, ainsi 
qu'on Ta vu au commencement de cette notice , 
Antoine Gardane , imprimeur de musique à Ve- 
nise, a publié sous le nom de Perisone, des 
Madrigali a quattro voci mut aie , en 1544. 
Cependant ces madrigaux , dont deux se trou- 
vent dans les extraits de Burney qui sont au Mu- 
séum britannique , à Londres, m'ont paru n'être 
que des traductions de chansons dans le style 
des anciens maîtres français et flamands de la 
fin du quinzième siècle et du commencement du 
suzième. 

LARUETTE (Jean-Louis ) , acteur de l'O* 
péra-Comique et compositeur dramatique, na- 
quit à Toulouse le 27 mars 1731 , et vint dé- 



buter à Paris en 1752 , à l'époque du renouvel- 
lement de rOpéra-Comique, à la foire Saint- 
Laurent. Il prit d'abord les rôles d'amoureux , 
mais son défaut de voix et l'air vieux de sa 
figure l'empêchèrent d'y réussir. Il eut le bon 
esprit de comprendre ses défauts, et les lit 
tourner à son avantage en prenant les rôles de 
pères et de tuteurs , où il se fit une grande ré- 
putation comme acteur. On dut déplorer en- 
suite les succès qu'il obtint dans. cet emploi, 
auquel il a donné son nom , et dont l'influence 
se fit longtemps sentir ; car, ayant établi un ré- 
pertoire où les rôles de pères, qui doivent ap- 
partenir aux voix de basse, sont écrits pour 
le ténor, on peut le regarder comme le type 
de ces acteurs sans voix qui se sont succédé 
sans interruption à l'Opéra-Comique , tels que 
les Dozainville, les Saint-Aubin, les Lesage, les- 
Vizentini, erc., tous excellents comédiens, mais, 
comme l'a fort bien remarqué Castil-Blaze , chan- 
teurs déplorables qui ont empêché qu'une meil- 
leure distribution des rôles ne fût faite dans les 
opéras français , et qui ont retardé l'introduction 
des morceaux d'ensemble dans la musique drama- 
tique eu France. Laruette fut reçu à la Comédie 
italienne en 1762, lorsqu'on y réunit l'Opéra-Co- 
mique, et se retira en 1779 , après avoir fait pen- 
dant vingt-sept ans les délices du public, par le 
naturel de son jeu. Il a composé la musique de 
plusieurs opéras qui ont eu quelque succès dans 
la nouveauté, mais qui sont oubliés mainte- 
tenant : tels sont : Le Docteur Sangrado , 
en 1756; V Heureux Déguisement, en 1758; 
le Médecin de V Amour, en 1758, au théâtre 
de la Foire; en 175Î), V Ivrogne corrigé, 
Cendrillon; à la Comédie italienne, en 1761 , 
le Dépit généreux; en 1763, le Gui de chêne; 
en 1772, les Deux Compères. Laruette est 
mort à Toulouse, au mois de janvier 1792. Il 
avait épousé M'"' Villette, née vers 1740, qui 
avait débuté à l'Opéra en 1758, et qui, après 
y avoir chanté pendant trois ans, était entrée 
à la Comédie italienne, en 1761. La pureté de 
la voix de M me Laruette et son jeu expressif 
lui firent une brillante réputation dans les opéras 
de Monsigny et de Grétry. 

LASAGNA ( Lâchent), né à Gênes en 1777, 
a été bassoniste et compositeur distingué pour 
les instruments à vent. Il vivait encore en 1812, 
dans sa ville natale. Gervasoni assure que sa 
musique est remarquable par l'originalité ( Voir 
Nuova Teoria di Musica) f et qu'il a écrit d'ex- 
cellentes pièces; > ' 

LASAGNlftO (Lodovico), musicien floren- 
tin, vécut dans la première moitié du seizième 
siècle. Ganassi ( voyez ce nom ) cite cet artiste 



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204 



LASAGiSINO — LASALETTE 



ainsi que Juliano Tiburtino, dans le chapitre 
seizième de la seconde partie de sa Regola 
Rubertkna (2 me partie, c. XVI), comme les plus 
habites joueurs de viole de cette époque (1642). 

LASALETTE (P. Joubert DE), né à Gre- 
noble en 1762, entra jeune comme officier dans 
le corps royal d'artillerie, servit avec honneur 
dans cette arme, et parvint, dans les guerres de la 
République, au grade de général de brigade. Plus 
tard il eut le titre d'inspecteur d'artillerie. Il est 
mort dans le lieu de sa naissance, en 1832, lais- 
sant, par son testament,' sa bibliothèque à 
M. Champollion-Figeac, son concitoyen, son ami, 
et qui avait été son éditeur pour plusieurs de ses 
ouvrages. La Salette était membre de la société 
des sciences et arts de Grenoble ; il y' lut en 1799 
le projet dune sténographie de la musique, qu'il 
publia quelques années après , sous ce titre : 
Sténographie musicale , ou manière abrégée 
d'écrire la musique, à l'usage des composi- 
teurs et des imprimeurs; Paris, Goujon, 1805, 
in-8° de 64 pages. L'idée d'une sténographie de 
la musique n'était pas nouvelle. Sans parler de 
quelques prétendues méthodes de simplification 
pour noter la musique, telles que celles du P. Sou- 
liaitty, de Demotz et de Rousseau (voy. ces noms), 
une véritable sténographie musicale avait été 
proposée en 1797, sous le titre de Mélo-tachy- 
graphie, par Michel de Woldemar(tN>y. la Revue 
musicale, ann. 1828, p. 270). Celle-là était 
réellement une manière abrégée de noter la mu- 
sique par des signes de convention ; tandis que 
la méthode de La Salette consiste simplement à 
substituer les lettres c d e f g a h, aux notes , 
avec des points en dessus ou en dessous pour 
distinguer les octaves , et des signes particuliers 
pour les dièses, bémols, bécarres, indications 
de mesures, etc. Rien dans ce système n'a le ca- 
ractère ni l'objet de la sténographie : le titre que 
l'auteur lui a donné n'est donc pas celui qui lui 
convient. 

Eu 1786, La Salette avait fait insérer dans le 
Recueil des connaissances élémentaires pour 
le forte-piano, par J.-C. Bach et F. -P. Ricci 
(Paris, Leduc), une nouvelle méthode d'ac- 
corder les clavecins, et en général tous les 
instruments à demi-tons tempérés. Plus tard il 
traita le même sujet avec plus de développement 
dans une Lettre à M. A.L. Millin sur l'accord 
du forte-piano y datée du 26 juin 1807, et in- 
sérée dans le Magasin encyclopédique de cette 
année (mars), puis publiée séparément; Paris, 
Sajou, 1808, in-8° de 18 pages. La Salette pro- 
pose dans cet écrit de modérer la justesse de la 
quinte par la quarte, afin que les tierces ma- 
jeures ne soient pas trop fortes , et que l'égalité 



des consonnances résulte de l'égalité des douze 
demi-tons de l'octave. Il arrêt?» ensuite, ses idées 
sur cette matière d'une manière plus absolue, 
dans un opuscule qui a pour titre : De la firitê 
et de l'invariabilité des sons musicaux, et de 
quelques recherches à faire à ce sujet dans 
les écrivains orientaux ( Paris , imprimerie de 
Dondey-Dupré , 1824, in- 8° de 12 pages). 11 sou- 
tint le principe invariable de l'égalité de tous les 
demi- tons, contre les théories basées sur le cal- 
cul (voy. Momigny). Uu extrait de ce mémoire (ut 
publié dans le Bulletin universel des sciences 
et de l'industrie (1824)» et dans le Bulletin des 
sciences mathématiques et physiques (atril 
1825, p. 272). Les assertions erronées de La Sa- 
lette furent réfutées par Chladni dans la Gazette 
musicale de Leipsick (1825, n° 40), et par M. de 
Prony , dans le Bulletin des sciences techno- 
logiques (juillet 1825, p. 42). 

En 1810 La Salette publia son meilleur ouvrage, 
intitulé : Considérations sur les divers systèmes 
de la musique ancienne et moderne, et sur le 
genre enharmonique des Grecs; avec une dis- 
sertation préliminaire, relative à l'origine 
du chant, de la lyre, et de la flûte attribuée à 
Pan; Paris, Goujon, 1810, 2 vol. in-8°. La dis- 
sertation qui sert d'introduction à ce livre avait 
été lue par l'auteur à la société des sciences et 
des arts de Grenoble en 1802, et la sixième 
parte, relative au rhylhme, avait été l'objet 
d'une autre lecture, dans la même année. La partie 
de ce livre qui concerne la musique des Grecs 
est la plus étendue; elle n'est pas exempte d'er- 
reurs , surtout en ce qui est relatif au genre 
enharmonique; mais on y reconnaît que l'auteur 
avait de la lecture , et qu'il ne manquait pas de 
sagacité dans l'analyse des faits. La quatrième 
partie de l'ouvrage (tome 2 e ), qui a pour objet 
les changements arrivés dans le système de 
musique, depuis le temps de Gui Arétin jus- 
qu'à rétablissement des vingt-quatre modes 
modernes, est la plus faible de l'ouvrage. La Sa- 
lette ne connaissait pas la musique du moyen 
âge. Le livre de cet écrivain est fort rare, parce 
qu'il n'a point obtenu de succès à l'é(>oque de 
sa publication. Le libraire me disait en 1820 
qu'il n'en avait pas vendu vingt exemplaires. Ce 
libraire n'existe plus, et je crois qu'à sa mort 
toute l'édition a été vendue comme vieux papier. 
Cet ouvrage méritait un meilleur sort. 

On a aussi de La Salette deux opuscules inti- 
tulés : 1° Lettre à M. le rapporteur de la com- 
mission chargée par la seconde classe de l'Ins- 
titut de France d'examiner les mémoires con- 
cernant le prix proposé sur les difficultés qui 
s'opposent à l'introduction d'un rhylhme 



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LA SALETTE — LASSEN 



2o:> 



régulier dans la versification française, le 
\haoiit 1815 (extrait du Magasin encyclopédi- 
que); Paris, Sajou, 1815, in-8° de 30 pages. — 
2° De la notation musicale en général, et on 
particulier de celle du système grec (extrait 
tics Annales encyclopédiques) ; Paris, Lenormant, 
1817, in-8°. 

LASALLE D'OFFEMONT (le marquis 
DE), fils d'un conseiller au Chatelet, naquit en 
1734. Il suivît la carrière des armes, et obtint ie 
grade de lieutenant-colonel, Tut fait chevalier de 
Saint-Louis et commandeur de Tordre de Malte. 
Ayant embrassé les principes de la révolution 
française en 1789, il fut employé dans l'ctat- 
major de la place de Paris , disparut pendant la 
terreur, et reprit ensuite du servie*. Sous le gou- 
vernement consulaire , il fut fait commandant du 
10 e régiment de vétérans, parvint au grade de 
lieutenant général, puis à celui de commandant 
'le la Légion d'honneur. Atteint d'aliénation men- 
tale peu de temps après la restauration, il est 
mort dans une maison de santé, à l'Age de quatre- 
vingt-quatre ans, ie 22 octobre 1818. Passionné 
pour les lettres et les arts, le marquis de Lasalle 
a fait représenter beaucoup de comédies , dont 
quelques-unes ont eu du succès, a écrit des ro- 
mans , et a composé la musique de Berlholde à 
la ville, représenté à l'Opéra-Comique en 1754, 
et celle de V Amant corsaire, joué à la Comédie- 
Italienne le 3t juin 1702» Il a aussi publié un 
opuscule intitulé : Réponse à Vauteur de la 
lettre sur les drames-opéras ; Londres, 1776, 
24 pages in-4 a ( anonyme). 

LASALLE (....), secrétaire de l'Opéra, dans 
les dernières années du dix- huitième siècle, a 
publié un petit écrit intitulé : Lettre du comité 
de V Opéra à Vauteur de Tarare, 7 août 1790, 
suivie dune réponse de Vauteur au comité de 
l'Opéra; Paris, 1790, 8 pages in-8°. 

LASCEUX (Guillaume), organiste à Paris, 
naquit à Poissy le 3 février 1740. Après avoir 
fait ses premières études de musique dans celte 
petite ville, il fut nommé organiste au bourg de 
Clievreuse, à l'âge de dix-huit ans. En 17G2 il 
se rendit à Paris, y devint élève de Noblet, mu- 
sicien médiocre , qui lui enseigna pendant cinq 
ans ce qu'on appelait alors en France la corn* 
position. En 1769 Lesceux fut reçu organiste des 
églises Saint-Etienne du Mont et du séminaire de 
Saint-Magloire. Plus tard, il succéda à son maître 
Noblet dans les places d'organiste de l'église des 
Mathurins, et du collège de Navarre. Il était 
encore organiste titulaire de Saint-Étienne du 
Mont, lorsqu'il mourut en 1829, Agé de quatre- 
vingt-neuf ans. Les compositions de Lasceux 
pour l'orgue sont mal écrites ; il ne possédait 



que des notions insuffisantes de la fugue ; cepen- 
dant ses ouvrages ont obtenu quelque succès 
dans leur nouveauté. H a publié : 1° Six sonates 
pour le clavecin; Paris, 1768. — 2° Journal de 
pièces d'orgue, en 1771 et 1772. — 3° Six sona- 
tes pour le clavecin, op. 2; Paris, 1773. — 
4° Suite de Noèls variés pour l'orgue; ibid. — 
5° Trois quatuors pour piano, deux violons et 
basse. — 6* Te Deum pour l'orgue j Pans, 1785. 
En 1789 il a fait représenter trois opéras-comi- 
ques sur les petits théâtres. Après un long repos, 
il a fait exécuter, en 1804, le jour de Sainte- 
Cécile , une messe solennelle avec orchestre, à 
l'église de Saint-Gervais. Dans les dernières an- 
nées de sa vie, ii a fait paraître pour l'orgue : 
Messe des annuels et grands solennels, n° l ; 
Paris, Janet; Hymnes, proses et répons de 
Voffice de la Fête-Dieu, n° 2, ibid.; Messe 
des solennels mineurs, n° 3, ibid. Il a laissé 
aussi un Essai sur Vart de jouer de Vorgue, 
qu'il avait soumis en 1810 à l'examen de la qua- 
trième classe de l'Institut, et dont le manuscrit 
est, je crois, à la bibliothèque du Conservatoire 
de Paris. 

LASKA (François), excellent organiste, na- 
quit le 2 mai 1750 à Choruschitz, en Bohème. 
Après avoir fait ses études littéraires et musicales 
à Prague, il entra en 1770 dans l'ordre de Saint- 
Benoit, au monastère de Saint- Jean-sous-lc-Ro- 
chçr, La suppression de ce couvent l'obligea 
ensuite à se retirer à Mokarzow, en qualité de 
desservant de la paroisse. Il y est mort le 19 jan- 
vier 1795, laissant en manuscrit plusieurs suites 
de pièces d'orgue. 

LASKE (Joseph ), appelé aussi LASKA, né 
à Ruhmbotirg, en Bohême, le 18 mars 1738, 
fut un très-bon facteur d'instruments. Jacques 
Kolditzlui enseigna les éléments de son art; en- 
suite il voyagea pour étendre ses connaissances, 
et visita Dresde , Berlin, Vienne et Briinn. Dans 
toutes ces villes, il travailla chez les luthiers les 
plus renommés ; puis il retourna à Prague et com- 
mença en 1764 à y fabriquer les instruments qui 
portent son nom. Il y mourut le 30 novembre 
1805. Ses violons , altos, violoncelles, violes d'a- 
mour et mandolines jouissent de beaucoup d'es- 
time en Bohême, en Saxe, en Pologne, et sont 
plus recherchés que les instruments de Vienne 
et d'Italie. 

LASSEN (Édocaro) , . compositeur, est né 
à Copenhague, le 13 avril 1830. Il n'était âgé 
que de deux ans quand sa mère vint avec lui 
rejoindre M. Lassen père, qui, depuis un an en- 
viron, y avait fondé une maison de commerce. 
Dès ses premières années , Edouard Lassen lit 
voir les plus heureuses dispositions pour la mu- 



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206 



LASSEN— LASSER 



rique. Admis comme élève au Conservatoire de 
Bruxelles à Page de douze ans, il y obtint lo 
premier prix de piano au concours de 1844. 
Trois ans après, Je premier prix d'harmonie lui 
fut décerné, et, devenu élève de l'auteur de cette 
notice, il fit, sous sa direction, toutes ses études 
de contrepoint et d'instrumentation .^En 1849 il 
obtint, au grand concours du gouvernement belge, 
le second prit de composition, ayant pour concur- 
rent son coudisciple Alexandre Stadtfeld (voyez 
ce nom ), à qui le premier prix fut décerné. 
Par la composition de la cantate Balthazar, 
Edouard Lassen obtint en 1851 le grand prix du 
gouvernement, et à ce titre devint pensionnaire 
<1e l'État. Déjà, dans Tannée précédente, il avait 
élu couronné à Gand pour la meilleure compo- 
sition d'un chœur, et à Anvers, pour une sym- 
phonie avec chœur. Comme lauréat du grand 
concours de composition, il entreprit les voyages 
prescrits par les règlements, et se rendit d'abord 
«ri Allemagne; il séjourna à Dusseldorf, Leip- 
sick, Casse I, où Spohr lui témoigna de l'intérêt, 
Weimar, où il trouva la généreuse hospitalité 
de Liszt, Dresde et Berlin; puis il alla visiter 
l'Italie, et. passa quelque temps à Rome. De re- 
tour à Bruxelles dans l'été de 1855, il y rapportait 
la partition d'un opéra en cinq actes qui avait 
pour titre le Roi Edgar d. L'ouverture de cet 
-ouvrage fut exécutée avec succès par l'orches- 
tre du Conservatoire , le 26 septembre de la 
même année , aux fêtes nationales. Présenté au 
comité de lecture du théâtre royal de Bruxelles, 
le Roi Edgar d fut refusé , sous prétexte qu'il 
était inexécutable à la scène. Sans être décou- 
ragé par cet échec , Lassen alla porter son ou- 
vrage à Weimar, où Liszt lui ouvrit les portes 
du tkéâtre grand-ducal. Le Roi Edgard, traduit 
«n allemand, y fut représenté au mois de mai 
1857. L'accueil le plus sympathique fut fait à 
cette importante composition par le public et 
par les artistes, et ce succès valut à Lassen 
l'offre d'une place de directeur de musique de la 
cour devenue vacante : il l'accepta et en prit 
possession le 1" janvier 1858. Frauenlob,- au- 
tre opéra en trois actes dont le sujet était pris 
dans les légendes des minnesinyer du moyen 
âge, et dont le livret est de M. Pasqué, fut com- 
posé immédiatement après par Lassen, et repré- 
senté sur le théâtre de Weimar en 1860 : il y 
obtint un brillant succès. Les autres composi- 
tions de cet artiste distingué sont : 1° Un JV 
De\im 9 exécuté à l'église Sainte- Gudule le 16 dé- 
cembre 1860, pour l'anniversaire du jour de nais- 
sance du roi Léopoid 1 er , et au mois de juillet 
1861, pour l'anniversaire du couronnement du 
môme prince. — 2° Une marche pour l'orches- 



tre, composée à l'occasion d'une visite du roi de 
Prusse à la cour de Weimar. — 3° Une sym- 
phonie à grand orchestre. — 4° Des chœurs 
pour voix d'hommes. — 5° Des Lieder. Il n'a pu- 
blié, jusqu'au moment où cette notice est écrite, 
que des romances avec accompagnement de piano ; 
à Bruxelles et à Mayence , chez Schott ; un ca- 
hier de 6 Lieder, à Berlin, chez Schlesinger; on 
second cahier idem, à Leipsick, chezSchuberth; 
et un troisième idem, chez Kùhn, à Weimar. 

LASSER (Jean-Baptiste), célèbre ténor et 
compositeur allemand, naquit à Steinkirchen, dans 
la Basse- Autriche, le 12 août 1751, et fit ses 
études à Linz, où il fut admis en qualité de sémi- 
nariste. Après y avoir passé quelques années, il 
se rendit à Vienne , et y vécut en donnant des 
leçons. Au mois de janvier 1781 , il épousa la 
cantatrice Jeanne Rœthner; l'année suivante il 
alla* avec elle au théâtre de Brûnn ; il y resta 
trois ans, puis il alla prendre la direction du 
théâtre de Linz, d'où il partit après deux années. 
En 1788 il jouait à Grœtz; puis il alla à Munich en 
1791, et depuis lors il ne quitta plus cette ville. 
Il y mourut le 21 octobre 1805. On a de cet ar- 
tiste les opéras dont les titres suivent : 1° Dos 
wilthende Heer (l'Armée furieuse), où l'on re- 
marquait des finales très-développés. — 2° Die 
glûckliche Alaskarade (4'heureuse Mascarade). 

— 3° Der Kappelmeister ( le Maître de chapelle). 

— 4° La Veuve prudente. — 5° Die unrtihige 
Piacht (la Nuit orageuse). —6° La Marchande 
de modes. — 7° Le Juif.— 8° Die Huldigung 
Treue (le Serment de fidélité), prologue, 1791. 

— 9° Cora et Alonzo, grand opéra. Lasser a 
écrit aussi pour l'église, particulièrement des 
messes; mais il a moins réussi dans ce genre 
qu'au théâtre. On a publié de sa musique d'é- 
glise : 1° Missxdiversis vocibusac instrumen- 
tis obligatis et non obligatis, op. 1; eriitio 2; 
Augsbourg, Lotter. — 2° 6 Mi&sœ diversis co- 
cibus, etc. , op . 2 ; i bid . Lasser a publié une méthode 
complète de chant pour les voix de soprano et 
de contralto ; Munich, 1798, hv4°. Cet ouvrage a 
pour titre : Yollstœndige Anweisung ziïr Sing- 
kunst, fur der Sopran und Ait. 

LASSER (Joseph ), fils du précédent, pianiste 
distingué, est né à Vienne en' 1782. Un musicien 
de la cour de Bavière, nommé François Sche- 
menauer, lui enseigna le violon et le piano-, il 
continua ensuite l'étude de ce dernier instrument et 
de la composition sous la direction de Joseph Graetz. 
Lasser n'était âgé que de douze ans lorsqu'il exécuta 
à Vienne un concerto avec le plus grand succès. 
On ne connaît aucune composition de cet artiste* 
Son frère, né à Briinn, le 20 janvier 1784, a 
été placé comme chanteur de la cour à Munich. 



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LASSUS 



207 



LASSUS (Orland ou Roland DE), célèbre 
■compositeur belge du seizième siècle, naquit à 
Mons (Hainaut) en 1520. Beaucoup d'incertitude 
a régné jusqu'à ce jour sur le nom véritable de 
cet artiste et sur l'année de sa naissance. Son 
nom italianisé en celui é'Orlando Lasso, ou Or- 
lando di Lasso, est le seul qui ait été connu en 
Italie, et se trouve sur toutes les éditions des 
oeuvres de Lassus publiées à Venise. Des écrivains 
français (t) ont affirmé qu'il s'appelait Roland 
Lassé, et qu'il l'avait latinisé en celui de Lassus. 
D'autre part , si l'on en croit le passage d'une 
chronique qui sera rapportée «tout à l'heure, Ro- 
land Delattre aurait été son nom véritable. 
Enfin, Tépita plie de Regina Weckinger, femme 
de Lassus, est conçue en ces termes : « L'an de 
- grâce 1600, le 5 juin, décéda la noble et ver- 
« tueuse dame Regina de Lasrin (2), veuve de 
« feu Orland de Lassus, en son vivant maître 
« de chapelle au service des princes Sérénissi- 
« mes de Bavière. R. I. P. Amen. » Un manus- 
crit original des Annales du Hainaut, par 
Vinchant (3) , renferme un passage dont la dé- 
couverte est due à Henri Delmolte (voy. ce nom), 
et dans lequel on lit : « L'an 1520, fut né en la 
« ville de Mons Orland dit de Lassus (ce fust en 
« cest an que Charles V fust couronné empereur 
« à Aix-la-Chapelle); il fut de son temps le 
« prince et phénix des musiciens, d'où vient ce 
•« vers : 

■ Hic lue Oriandus Lassus qui recréât orbera. 

« 11 fut né donc en la rue dicte Gerlande à 
« l'issue de la maison portant l'enseigne de la 
« yoire Teste. Il fut enfant de chœur à l'église 
« «le Saint-Nicolas de la rue de Havrecq. Après 
<« (iue son père fut par sentence judicielle con- 
« traint de porter en son col un pendant de 
« fausses monnoies et avec iceluy faire trois 
« pounnaines (promenades) publiquement à 
« l'en tour d'un hour (échafaud) dressé pour 
« avoir esté convaincu d'estre faux monnoyeur, 
« ledit Orland, qui s'appeloit Roland de Latre, 
« changea de nom et de surnom, s'appellant Or- 
« land de Lassvs, et aussi quitta le pays et s'en 
« alla en Italie avec Ferdinand de Gonzagne, qui 
•« suivoit le party du roy de Sicile, etc. »» 

(i) Histoire de la musique, par don Cafflaux, manus- 
crit delà Bibliothèque Impériale de Paris, n° 16. fonds de 
Corbie, au supplément, et Réflexions sur la poésie et la 
peinture, par l'abbé Dubos t. I e »-, p. 465. 

(2) Dans les actes originaux qui concernent le* a vanta - 
pc< accordés à Regina Weckinger par les ducs de Bavière, 
vile est souvent appelée de Lassin ((crame de Ixusus], el elle- 
«itémc a signé ainsi ses requêtes â la duchesse Maxlnal- 
Jicnne, sœur du duc Guillaume. 

l»l Ce manuscrit est dans la bibliothèque de la ville de 
Mous. 



| Ce passage a paru d'une autorité incontestable 
à Delmotte (1), ainsi qu'à Dehn, qui a donné une 
traduction allemande de sa notice (2). Moi- 
même , j'ai accepté cette tradition dans la pre- 
mière édition de la Biographie universelle des 
musiciens,- mais, depuis l'époque de sa publica- 
; tion, j'ai examiné l'anecdote qui concerne le père 
i supposé de Lassus, et j'y ai trouvé d'assez gran- 
| des difficultés qui me l'ont fait révoquer en doute. 
; Et d'abord, il est à remarquer que Lassus n'é- 
: tait âgé que de douze ans lorsqu'il fut conduit 
en Italie par Ferdinand de Gonzague, suivant ce 
| que Samuel Quickelberg, compatriote et ami 
de l'artiste, a écrit sur sa vie : or ce n'est pas à 
cet Age qu'on est capable de prendre des résolu- 
tions semblables à celles dont parle Vinchant. 
En second lieu, on voit aussi dans la notice de 
Quickelberg que Lassus , lorsqu'il était maître 
de chapelle de Saint-Jean de Latran, à Rome, 
se rendit de cette ville à Mons, pour revoir 
ses parents, qui étaient vieux et malades. S'il 
eût eu honte de son origine, c'est alors sur- 
tout qu'il eût voulu la cacher. Enfin, si le père 
de ce grand artiste eût été condamné comme 
faux monnayeur, nul doute que, suivant les cou- 
tumes de ce temps, il eût été banni de la ville, 
après avoir subi la peine infamante dont parle 
le chroniqueur, et que Lassus n'eût pas eu la 
pensée de le retrouver à Mons. SI donc il y a eu 
I un homme du nom de De Lattre condamné 
I pour avoir fait de la fausse monnaie, il n'était 
; pas le père de Lassus. Laissons donc à celui-ci 
I le nom sous lequel il s'est illustré, que lui-même 
I signait dans toutes ses préfaces , dans les actes 
| authentiques où il est intervenu, dans ses let- 
! très autographes, et que ses fils, petits-fils et 
i descendants jusqu'au cinquième degré ont con- 
I serve, comme on le voit dans le tableau généalo- 
I gique de sa famille publié par Delmotte. 
| Trois dates inexactes ont été données pour la 
naissance de Lassus : Moréri (3) et l'abbé de Fon- 
I tenay (4) donnent celle de 1524 , mais sans indi- 
quer la source où ils l'ont prise. Samuel van Qui- 
ckelberg, dans sa notice, fournit celle de 1530 (5), 
erreur singulière de la part d'un ami intime de 



(l) Notice biographique sur Roland Deiattre , connu 
sous le nom d' Orland de Lassus. Valenciennes, 18SS, 
ln-8«; p. 15-14. 

(s) Biographlsche JVotiz ùber Roland dt Lattre bekannt 
uuUr dem Namen : Orland de Lassus; Berlin, 1837, ln-8°. 

(S) U Grand Dictionnaire historique; Paris, 1759, 10 
vol. in-fol. 

(4) Dictionnaires artistes; Paris, 1716, 1 vol. In- il. 

(5) Cette notice est insérée dans la troisième partie des 
ProsopooraphUe heroum atque illuslrium virorum to- 
tius Germante de Henri Pantaléon, Basilces, ISM, 
ln-4°. 



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208 



PiHustre musicien ; et ce qui n'est pas moins éton- 
nant, c'est que Hawkins donne comme preuve de 
l'exactitude de celte date une épitaplie qu'il dit 
être placée sur son monument (1>! Où a-t-il 
pris cette épitapheP Ii ne le dit pas. De quel mo- 
nument veut-il parler? Du tombeau de Lassus, 
sans doute, car on n'en connaissait pas d'autre 
lorsque Hawkins écrivait son Histoire de la mu- 
sique. Mais le tombeau existe encore, et Pépita- 
phe qu'on y lit ne ressemble en rien à celle que 
l'écrivain anglais a publiée. Rien de plus facile 
que de démontrer l'inexactitude de la date ins- 
crite dans cette épitaplie prétendue ainsi que 
dans la notice de van Quickelberg; car, suivant la 
liste chronologique des maîtres de chapelle de 
l'église Saint-Jean de Latran publiée par l'abbé 
Baini (2), d'après des sources authentique*, Las- 
sus fut nommé à cette place, en 1541 : s'il était 
né en 1530, il serait entré en fonction à l'âge 
de onze ans. Au reste, Delmotle remarque, avec 
beaucoup de vraisemblance, que la date de 1530 
de la notice de Quickelberg, copiée par tous les 
autres, est une faute d'impression (3). 

La troisième date inexacte, plus éloignée en- 
core de la véritable, est celle de 1552 : ce qui la 
rend digne de remarque , c'est que Lassus ayant 
passé la plus grande partie de sa vie en Bavière, 
trois écrivains bavarois , qui auraient dû èlre 
instruits des circonstances de sa vie, à savoir A - 
M. Kobolt (4), Mein (5),et Lipowsky (6), sontlea 
seuls qui l'aient donnée, sans indiquer où ils l'ont 
prise. Ce qui a été dit à l'égard de la date de 
1530 est applicable, à fortiori, à celle de 1532. 

La date de 1520, indiquée par Vinchant, est 
rendue inattaquable par les témoignages de l'his- 
torien de Thou (7), de Swertius (8), et de Lo- 
crius (9), qui, tous, ont écrit dans des temps rap- 
prochés de celui où vécut Orland de Lassus. De 
Thou ne dit pas en termes exprès que Lassus na- 
quit en 1520, mais, suivant sa méthode d'inscrire 
les événements à leur date, dans les Histoires de 
son temps, il dit que le célèbre musicien mourut à 

(1) A General History of the science and practiec af 
Music, t. 1!, p. *W. Voici le commencement de l'épi ta phe 
dont U «'agit : 

Orlandus Lauui, Berge Har.nonUe urbe natus ~~ 
annoM. D. XXX. 

(X) Memoriestorico-crUicfui délia vlta e délie opère di 
CAo. Plerlulgi da Palestrina, t. 1, p. 70. n. 109. 

(3) Noîice biographique sur Roland Dclattrc, p. «o. 

(&) Baierisches Gelehrten-Lexlkon , etc.; Landshutt, 
1793, gr. ln-S°. 

(5} Baierisches Kunstler-Lexlkon, ele , 1. 1, p. S88. 

{6) Baierisches Musik-Lexikon, p. 176. 

<7) HUtor.. Ub. CIX. 

(S) Athenx Bekgicse, Antuerpls, îets, ln-*°, p. 889. 

(9) Chronicon Beigicum; Atrebatl, 1616, petit in-fol. 
Ano. 159*. 



LASSUS 

! 



Munich, le 3 juin 1594, à l'âge de soixante-treize 
ans écoulés (1), ce qui fait voir que la date delà 
naissance de Lassus fut postérieure au mois de 
juin 1520, et qu'il n'avait point accompli u 
soixante-quatorzième année. 

Plusieurs auteurs, et Samuel van Quickelberg 
lui-même, disent que Lassus fut enlevé trois fois 
à ses parents lorsqu'il était enfant de chœur à 
l'église Saint-Nicolas, à cause de sa belle voix; que 
deux fois on le retrouva, mais qu'enfin on con- 
sentit, après Je troisième rapt, à ee qu'il demeurât 
à Saint-Didier, près de Ferdinand de Gonzague, 
général au service de l'empire et vice-roi de Si- 
cile, qui, après la guerre, l'emmena avec lui, à 
l'âge d'environ douze ans, à Milan, puis en Si- 
cile. Celte histoire ne parait qu'un roman à Del- 
motte; pour moi, j'avoue que je n'y vois pas de 
difficulté. U me paraît vraisemblable que celui 
qui a eu tant de renommée comme compositeur 
a montré dans sa jeunesse un rare instinct musi- 
cal, et qu'il y avait dans son chant un accent ex- 
pressif qui pouvait Taire naître le désfr de l'enle- 
ver pour l'attacher au service d'un grand seigneur. 
Quoi qu'il en soit, le général de Charles-Quint em- 
mena son jeune musicien à Milan. Celui-ci y con- 
tinua ses études, puis il suivit Ferdinand de Gon- 
zague en Sicile, où il acheva de s'instruire dans 
son art. A l'âge de dix-huit ans, il s'attacha à 
Constantin Castriotto, qui le conduisit à Naples. 
Arrivé dans celte ville, Lassus entra chez le mar- 
quis de la Terza et y demeura environ trois an- 
nées (2). En 1541, il se rendit à Rome, où le 
car.linal -archevêque de Florence l'accueillit avec 
bienveillance, et le logea dans son palais pen- 
dant six mois. Après ce temps, Lassus obtint la 
place de maître de chapelle à l'église Saint- Jean 
de Latran. Ce fait est constaté par les registres 
de cette église, dont l'abbé Baini a donné un ex- 
trait dans la note 109 de son livre sur la vie et 
les ouvrages de Pierluigi de Palestrina. H fallait 
que le mérite du musicien de Mons fût déjà bien 
remarquable, pour qu'une place de cette impor- 
tance fût confiée à un jeune homme de vingt et un 
ans, à Rome, alors la première ville du monde 
pour la musique, et qui renfermait dans son sein 
des compositeurs du premier ordre pour l'église. 

Depuis deux ans, dit Van Quickelberg, Lassus 
remplissait ses fonctions de maître de chapelle à 
Saint- Jean de Latran, lorsqu'il apprit, en 1543, 

(l) Cclcbratlsslmus Orlandus Lassus ma tara morte Me- 
nait, hoc anno(lS94) III Junlas, decesslt, cutn I.XXXIU 
excessisset. 

(e) Swertius, et d'après lai Foppens. ont été Instruits de 
celte circonstance : ce dernier dit textuellement : JVra~ 
poli tribus circiter annis vixit (Blbllotb. Belglca, t. U, 



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LASSUS 



209 



qu'une maladie grave menaçait les jours de ses 
parents. Le désir de les revoir et de les embrasser 
une dernière fois remporta sur toute autre con- 
sidération ; il donna 6a démission de son emploi, 
s'éloigna de Rome et se rendit à'Mons en toute haie ; 
mais quand il y arriva, ceux qu'il y venait cher- 
cher n'existaient plus. Il y a ici une erreur de date 
évidente; ear Lassus n'eut pour successeur Rubino 
{voy. ce nom) dans sa place de maître de chapelle 
de Saint-Jean de Latran, suivant le catalogue 
chronologique donné par Baini (loc. cit.), qu'en 
1548. Ce ne fut donc que dans celte dernière an- 
née, ou au commencement de 1 549 qu'il revint 
àMons. M'y trouvant plus de liens de famille, le lieu 
de sa naissance ne pouvait plus avoir pour lui 
que de tristes souvenirs; il s'en éloigna, dit Van 
Quickelberg, et, accompagné de Jules-César 
Branciccio, il visita l'Angleterre et la France , 
puis il allas'élablir à Anvers, et y demeura deux 
ans. Il y a ici quelques difficultés assez considé- 
rables qui ne sont point expliquées par le plus 
ancien biographe de Lassus, bien qu'il écrivit en 
loCôou 1566, vraisemblablement sous la dictée 
de son illustre ami. On verra tout à l'heure que 
Lassus ne dut s'arrêter à Anvers que vers le mi- 
lieu de l'année 1554; or, depuis 1549 jusqu'à 
cette époque, il y a un intervalle de cinq années 
dont il est difficile de déterminer l'emploi par le 
célèbre maître. Et d'abord, où trouva-t-il Jules- 
César Brancaccio, de la noble famille napolitaine 
des Brancacci, dont il avait pu faire la connais- 
sance à N a pies huit ou neuf ans auparavant? Il 
y a peu d'apparence que ce soit dans les Pays- 
Bas, et peut-être y aurait-il plus de vraisemblance 
à supposer qu'il retourna à Naples, où aurait été 
décidé le voyage en Angleterre et en France. Ainsi 
serait remplie une partie de la lacune dans la 
vie de l'artiste dont il vient d'être parlé ; car, si 
le départ s'était effectué de quelque ville de la 
Belgique, on ne comprendrait pas que sa durée 
eût élé de cinq ans, et qu'il ne fût resté aucune 
trace du séjour de Lassus à Londres, ou dans 
quelque grande ville de France. Ce voyage en 
France est aussi une cause d'embarras, car, lors- 
que Lassus se rendit à Paris, en 1571, il voyait 
cette ville pour la première fois, ainsi qu'il le 
dit dans l'épitre dédicatoire d'un de ses ouvra- 
ges (1). On a peine à comprendre qu'un sei- 
gneur tel que Brancaccio ait voyagé en France 
sans visiter la ville la plus importante de ce 



(1) Cette dédicace a Guillaume de Bavière, datée de Pa- 
ris, le H juin 1571, se trouve en letc du recueil de mo- 
tets de Laasus intitulé : Modxill qutnis vocibm nunqvam 
hactemts editi, etc.; Paris, Adrtan Leroy et Robert Ballard, 
1571, in- 1° obi. 

BICCB. INIV. D£5 MUSICIENS, T. V. 



royaume. Toute cette partie de la vie de Lassus 
est remplie d'obscurité. 

A Pégard de son séjour de deux années à An- 
vers, il n'est pas douteux. Le récit deVanQuic- 
kelberg sur ce sujet est très-explicite, et sans 
doute il devait être bien informé, car lui-même 
était de celte ville. 

« Après avoir voyagé avec le noble amateur 
« de musique Jules-César Brancaccio, dit-il, d'à- 
« bord en Angleterre, puis en France, il revint 
« à Anvers, où il demeura deux années , vivant 
« dans la société des hommes les plus distingués, 
« les plus savants , et des plus nobles familles, 
« auxquels il inspira le goût de la musique , et 
« de qui il fut aimé et vénéré. C'est de cette 
t ville qu'il fut appelé à Munich, en 1557, 
« avec d'autres Belges, par le duc Albert de Ba- 
ie vière, le plus grand protecteur de l'art musical 
« qu'il y eût alors dans toute l'Allemagne , en 

« qualité de musicien de sa chapelle Lors- 

« qu'il eut été nommé premier maître de cette 
« chapelle, en 1562,.... il revint de nouveau en 
« Belgique et à Anvers, d'où il ramena (en Ba- 
« vière) les meilleurs chantres pour le service du 
« prince (1). » 

Le séjour de Lassus à Anvers pendant deux 
années environ peut aussi se démontrer par 
les ouvrages qu'il y publia à l'époque indiquée 
par Van Quickelberg. Pendant qu'il était maître 
de chapelle de Saint- Jean-de-Latran, il avait fait 
imprimer à Venise, chei Antoine Gardane, son 
premier livre de messes à quatre voix, en 1545, 
dont un exemplaire se trouve dans la collection 
de l'abbé Santini à Rome , et le premier livre de 
ses motets à quatre et cinq voix , chez le même 
et dans la même année, cité par le P. Martini (2) ; 
mais, après cette époque, dix ans s'écoulèrent sans 
qu'aucun recueil de ses compositions fût publié , 
soit en Italie, soit ailleurs, avant que l'artiste 
allât s'établira Anvers, ou du moins je n'en ai trouvé 
d'indication dans aucun catalogue. C'est dans 
cette ville que l'activité de ses travaux semble 
se réveiller; car Tilman Susato y publie, en 

(j) Cum noblll vlro Julio Casare Brancaccio mus'cc? cul- 
tore, prlnium in AngUam, demum in Galliam, ejus quoque 
videndl gratla profectus est. Tandem inde revenu* 
Anluerpix mansit duobus annis, inter vlros ornatksimoa, 
doctlsslmoaet noblliulmes, quos undiqne in muleta excl- 
tatlt, à quitus etlamsumipeadamntuavencratusquc fuit. Ex 
eo loco anno 1557, ab Alberto ttavarta: duce, «umrno om- 
nium Germanie princloura Moccenalc, ▼ocatus est Mona- 

chlum cum aliis Bclgls, utsaceilo roualco «uo Delnde 

anno ises.saeclll musiclsummusprœfectusefflclrbatur 

imo et sublnde In BclRh.ni et Aiituerpiam regressu*, prin- 
clpl sclccttssimo* secum adduxit. [Ittnr, Pantal. Proso- 
pogr., part. III, fol. 5*i) 

(1) Storia délia musica, t. l« r , dans l'indice de* auteur», 
p. 458. 

14 



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210 



LASSUS 



l'avait précédé à Munich, se fit remarquer par 



1555, le second livre de ses motets, sous ce titre : r 
Sacrx cantiones vulgo molcctx appellatw, 
tum viva voce, (um omnis generis inslru- 
mentis caniatu commodisslme. Liber secun- 
dus quinque et sex vocum. Dans Tannée sui- 
vante , Jean Laet, autre imprimeur de musique 
de la même ville, y fait paraître une deuxième édi- 
tion du premier et du second livre des motets de 
Lassus, avec le titre italien : Primo (et seconda) 
libro dcWfotetti a cinque et a sei voci nuova- 
mente posté in lv.ce. 

Massimo Trojano , musicien italien au service 
du duc de Bavière , nous apprend , dans une 
description des fêtes qui eurent lieu à Munich en 
1568 , à l'occasion du mariage du duc héréditaire 
Guillaume avec Renée de Lorraine (1), que Las- 
sus ne fut pas nommé maître de chapelle de la 
cour de Bavière lorsqu'il y arriva, parce qu'il ne 
savait pas fa langue allemande , et qu'il n'eut 
d'abord que le titre de maître de la musique de 
la chambre. A cette époque Daser on Dasser 
(voyez ce nom ) était le maître de chapelle titu- 
laire. Quatre ans après , dit-il, ce maître ayant 
demandé sa retraite et l'ayant obtenue, Lassus 
fut son successeur. Ces dates coïncident à peu 
près à celles qui sont indiquées par Van Q nickel - 
berg. Trojano dit, à la vérité, qu'en 1568 Lassus 
était depuis douze ans au service du duc Albert, 
ce qui semble fixer en 155G l'année où il y entra, 
au lieu de 1557 , date fixée par le biographe 
de l'artiste ; mais la différence est de trop peu 
d'importance pour qu'on s'y arrête. Quickelberg 
dit que Lassus, voulant justifier la réputation qui 



l'étendue de ses connaissances, ses bons mots, 
sa gaieté, sa conduite irréprochable , et surtout j 
par la beauté de ses compositions. Heureux de 
sa position honorable et de la bienveillance dont 
le duc l'honorait, il songea à se marier, et moins 
d'un an après son arrivée dans la capitale de la 
Bavière , il devint l'époux de Régine Weckinger, 
fille d'honneur de la duchesse régnante. En 1562, 
il se trouva à la tête de la meilleure chapelle qui 
existât alors en Europe , soit par le nombre de 

(l) Discorsl di trior\/l, gtostre % apparati, e dette cose 
plù notabili Jatte nette nozze deW illustr. ed excellent. 
Signor Dura Guglielmonte ; Munich, Adam Bcrg, tn-i°, 
p. 64 . Trojano dit dans cet écrit (p. 53) que Lassus fit 
exécuter à la cérémonie du mariage de ce prince un 
Te Deum a six parties, dans lequel il y avait de beaux 
trios et quatuors : celte composition ne figure pas parmi 
celles de l'illustre maître qui ont été publiées. Le lende- 
main (13 février I56t>) il lit entendre dans la chapelle du- 
cale une messe à six parties pour des voix et des instru- 
ments à vent, qu'il avait composée pour cette circonstance. 
Donner des éloges à cet ouvrage, ajoute TroJ ino (p. 57), 
ce serait vouloir ajouter de l'eau à la mer et des étoiles 



au ciel. 



musiciens qui la composaient, soit parleur mé- 
rite (1). Avec de tels moyens d'exécution Lassus 
sentit se développer la puissance de son génie : 
ses plus grandes compositions , au nombre des- 
quelles on remarque ses Psaumes de la pénitence 
et se* Magnificat, sont de cette belle époque de 
sa vie ( 1560 à 1575). La plus grande distinction 
s'attacha à son nom et à tout ce qui venait de sa 
plume. Bien que contemporain de Palestrina, 
qui l'emportait sur lui sous plusieurs rapports, il 
eut une renommée plus universelle, parce que 
les circonstances lui furent plus favorables. En 
Allemagne , en France, en Angleterre et dans les 
Pays-Bas, on lui décerna le titre de Prince des 
musiciens, que les Italiens donnaient dans le 

(i) Matslmo Trojano donne, dans l'écrit cité (note pré- 
cédente), la liste des principaux artistes qui composaient 
cette chapelle en 1568; on y remarque : Hans Fischer 
Franz Florl, Gallo Rueff, Richard et Oclavleo d'Albertt 
(basses chantantes) ; don Carlo, Uvtuano, don Alestandro, 
Ramedello, Cornclio, Giorgio, Wolfgang, Henri et Gioac- 
chin (ténors) ; Gaspard, Piler, Kranclsco dl Spagna, Martin 
et Guillaume (Flamands), Christophe Habcrstoch. et Vil- 
balda (contraltos ou hautes-contre); douze soprani on 
enfants de chœur, tous élèves de Lassu*. Les trois orga- 
nistes étalent : 1° Messer Giuseppe da Lucca , qui avait 
été élève d'Adrien Wlllaert; — î« MnrtoUno y de Crémone, 
homme de grand talent; — 8« Messer ho de Vcnto, com- 
posltcur de mérite (voyez Vettto, Ivo de). Ces organistes 
étaient alternativement de service pendant une semaine. 

M. Léon de Burbure a fait de patientes recherches dans 
les archives de la collégiale de Notre-Dame d* Anvers pour 
découvrir les noms des chantres qui ont suivi Lassas A Mu- 
nich; il en a trouvé six qui ont quitté le chœur de cette 
église depuis le Si Juin 1856 Jusqu'au Ujuln 1*57 ; en vnlci 
les noms : 1° Joachim van Sccveninghe, cantor et vicaire; 
c'est celui que Trojano appelle simplement Cioacchi*. — 
t° Petrus de Edammls (d'Edam). — 3° Cornélius de Bur- 
gos, cantor. appelé Cornelio par Trojano. —4» Martinut 
de Hove, vicaire. — s* Wilhelmus de Dlest : ce sont ces 
deux derniers que Trojano appelle Martin et Guil- 
laume (Flamand»). - 6° Dominus JohannesMartlnL De ces 
six chanteurs quatre étaient donc encore an service da 
.duc de Bavière en «B68; Pierre d'Edam et Jean Martlul 
avalent quitté cette position ou étalent décèdes. Onxe 
autres chantres ont aussi abandonné l'église d'Anvers apréc 
que Lassus eut été nommé premier maître de chapelle, en 
1862: mais il parait douteux qu'ils se soient rendus à Mu- 
nich , car on ne trouve à la chapelle ducale, en 1568, que 
Gaspar tluttcrs, appelé simplement Gaspard par Trojano. 

Les Joueurs de viole , dans la musique du duc de Ba- 
vière, étalent : i° Messer Antoine Morarl, qui Jouait non- 
seulement de la viole da bracclo (dessus de viole), mais 
aussi du cornet, de la basse de viole et de la guitare. — 
V Baptiste Morarl, son frère, contralto de \iole, lequel 
était aussi fort habile sur la basse de viole et le luth. — 
8° Annibal Morarl , dessus de viole, beaucoup plus Jeune 
que ses frères. — *• Cerbono Besutio , ténor de viole. — 
8° Mathieu Besutio, neveu du précèdent, basse de viole*, 
tous deux Jouaient de tous les Instrument a vent. — 
6° Lucio Besutio , dessus de viole, qui Jouait aussi de la lyre. 
Instrument du genre des violes, monté d'un grand nombre 
de cordes qu'on pinçait en accords, ou qu'on Jouait avec 
l'archet en accords ou en arpèges : tous ces artistes étaient 
de Bergame. — 7° Cris loforo, de Crémone , contrebasse 
de viole. 



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LÀSSUS 



211 



même temps à l'illustre compositeur de l'école 
romaine. Les princes , les rois, le recherchèrent 
et lui firent des offres séduisantes : plusieurs 
loi donnèrent des témoignages éclatants do Tes* 
time qu'ils accordaient à son mérite. Le 7 dé- 
cembre 1570, l'empereur Maximilien, «lors à la 
diète de Spire, accorda de son propre mouvement 
à Lassus des lettres de noblesse, ainsi qu'à ses en- 
fants légitimes et à leurs descendants des deux 
sexes. D'autres honneurs lui furent décernés par 
Je pape Grégoire XIII, qui, le 6 avril 1571 , le fit 
chevalier de Saint-Pierre à l'éperon d'or, et chargea 
les nobles chevaliers Honoré Cajetan et A nge Mazza- 
costa de lui chausser l'éperon et de l'armer du 
glaive, dans la chapelle papale de la cour, avec le 
cérémonial accoutumé. En 1571, Lassus fit un 
voyage à Paris : c'était la première fois qu' il voyait 
cette ville, comme il le dit lui-même dans l'é- 
pttre dédicatoire d'un de ses ouvrages (1). Adrian 
Le Roy, célèbre imprimeur de musique de ce 
temps, et lui-même musicien distingué , le logea 
dans sa maison , et lé présenta à la cour, où 
Clwirles IX l'admit à lui baiser la main , le reçut 
avec beaucoup de bienveillance et lui fit de riches 
présents (2). 
Plus tard, ce prince se souvint de Lassus, le 

Parmi les lpstrnment* à reot , en distinguait : 1° Doml- 
tilco , de Venise, qot Jouait du cornet avec beaucoup de 
douceur ainsi que du trombone. — 1° Francesco de Luc- 
ques, ténor de cornet. — S* Sébastlano d' Albert», com- 
positeur, qui Jouait la cinquième partie de cornet — 
4° PhUéne Cornazzano, contralto de cornet et Jeune 
artiste d'un talent remarquable — 5° Simon Gattl, basse 
de eornct. Les instruments à vent ne ne Joignaient aux 
▼oti que dans les offices des dimanches et fêtes. Les vio- 
les ne servaient que pour la musique Instrumentale t ou 
pour accompagner les voix dans la musique de chambre, 
pendant le dessert des repas de la cour, sous la direction 
de Lassus. 

Plus tard le nombre des musiciens attachés A la cha- 
pelle ducale fut encore augmenté : on y comptait seize 
entants, six castrats, treize contraltos on haute-contre, 
quinze ténors, douze basses, et trente Instrumentistes, 
formant un ensemble de quatre-vingt-douze exécutants. 
Otte chapelle était de beaucoup la plus considérable 
qu il y eût en Europe ; mate après la mort d'Albert V, Guil- 
laume, son successeur, fit une grande réduction du 
personnel de la chapelle, car en 159» on n'y trouvait plus 
<iuf huit enfants, six castrats, pour le contralto , sept té- 
nors , cinq basses, onze Instrumentistes et un organiste, 
De tous les artistes de la liste de 1568, Antoine Morari et 
.Mathieu Bcsutio étaient les seuls qui s'y trouvassent en- 
core. 

(i) Voyez la dédicace de Lassus au duc héréditaire Guil- 
laume de Bavière, datée de Paris, le 7 Juin 1571, en tête 
de son recueil de motets intitulé : Moduli quinUvocii/us 
tniquam haclenut edtti. etc.; Paris, Adrian Le Roy et Ro- 
bert Bal lard, 15' l, in V> obi. 

(2) Adrian Leroy parle en termes explicites de ers hon- 
neurs et de ces largesses dans la dédicace A Charles IX 
de l'ouvrage qui a pour titre : Primat fioer modulorum, 
qutnis vocibm constantium, Orlando Latsuslo auctore ; 
Paris, Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1571, in-* obi. 



fit inviter à se rendre près de lui, et lui offrit 
la maîtrise de sa chapelle, avec un traitement 
considérable. Plusieurs auteurs ont dit à ce su- 
jet que les Psaumes de la pénitence, considérés 
comme le plus bel ouvrage de Lassus, lui avaient 
été demandés par Charles IX, et qu'il les avait com- 
posés pour ce prince; mais M. Schmiedhamer, 
savant bibliothécaire de Munich, exprime ainsi 
son opinion contraire sur ce fait , dans une lettre 
qu'il écrivait à Delmotte en 1830 : « Il serait peut- 
« être bon de réfuterj'opinion erronée de plusieurs 
« historiens qui prétendent qu'Orlando di Lasso 
« avait mis en musique les sept psaumes de la 
« pénitence à la demande de Charles IX, roi de 
« France, en expiation du crime de la Saint-Bar- 
« thélemy. Ce fait est évidemment faux, car : 
«t I e Le premier volume contenant la copie de 
« la musique , ainsi que l'explication des tableaux 
« par Van Quickelberg, était déjà achevé en 1565, 
« et le second en 1570 : donc l'original de la 
« composition avait dû être terminé avant 1565, 
« et avant qu'on commençât la copie inagnifi- 
« que dont il s'agit. Or le massacre où plus de 
« trente mille huguenots périrent dans une seule 
« nuit, n'eut lieu que le 24 août 1572. — 2° Sa- 
€ muel Van Quickelberg, dans l'exorde desa pré- 
« face sur l'explication des tableaux du manus- 
€ crit, dit expressément qu'Orlando di Lasso avait 
« reçu du prince Albert Y Tordre de composer 
• cet ouvrage. » 

Quels que fussent les avantages offerts à Las- 
sus par le roi de France, il hésitait à les accepter. 
Le sort heureux dont il jouissait à Munich , la 
bienveillance ou plutôt l'amitié dont l'honorait 
le duc Albert, l'attachaient à la Bavière; mais le 
duc lui-même, quoiqu'il vit à regret le départ 
d'un artiste qu'il appelait la perle de sa chapelle, 
l'engagea à ne pas lui sacrifier sa fortune, et à se 
rendre à l'invitation de Charles IX. Lassus se 
mit en effet en route avec toute sa famille ; mais, 
à peine arrivé à Francfort, il y apprit la mort du 
roi (1574). Sans perdre de temps, il retourna 
à Munich, où le duc le rétablit dans ses fonc- 
tions et le combla de nouveaux bienfaits. Charme 
du retour de son mattre de chapelle, ce prince 
composa un panégyrique en son honneur, et le 
23 avril 1579, il lui assura, pour tout le temps 
de son règne, la jouissance de ses appointements 
(400 florins), sans qu'on pût y faire de réduc- 
tion, pour quelque cause que ce fût. Malheu- 
reusement, ce prince survécut peu ace der- 
nier acte ù>. sa munificence, car il mourut le 
1\ octobre 1579. Son successeur, Guillaume V, 
dit le Pieux, aimait aussi la musique; il té- 
moignait beaucoup d'estime pour les talents de 
Lassus, .et se montra généreux à son égard; mais 

14. 



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212 



LASSUS 



11 n'y eut jamais entre te souverain et son maître 
(U chapelle la douce familiarité qu'on avait re- 
marquée sous le règne précédent. Le 1? janvier 
1587, le duc Guillaume, voulant donner à Las- 
sus un témoignage particulier de sa bienveillance, 
lui lit présent d'un jardin à Meising, sur la route 
de Fiirstenfald, et, le 6 novembre de la même 
année» il accorda à fa femme une pension an- 
nuelle de cent florins. Indépendamment de celte 
propriété de Meising, Lassus en possédait une 
autre à Putzburnn, dans le district de Wol- 
farths Hauen; elle fut vendue en 1588 à un ha- 
bitant de Munich, pour le prix de 425 florins. 

Parvenu à l'âge de soixante- sept ans, Lassu3 
commença à éprouver de la fatigue dans ses fonc- 
tions quotidiennes de maître de chapelle; il dési- 
rait d'être dispensé de ce service, afin de con- 
sacrer ses dernières années à la composition. Ce 
désir devint si vif qu'il se décida, en 1587, à 
demander au duc Guillaume l'autorisation d'aller 
passer quelques mois chaque année dans &a pro- 
priété de Meising, sur l'Amber. Cette permission 
lui fut accordée, mais on lui diminuait son trai- 
tement de moitié, le réduisant à 200 florins. 
Pour adoucir ce que cette réduction avait de pé- 
nible, le duc lui promit d'avoir soin de ses deux 
fils Ferdinand et Rodolphe. Toutefois la perle de 
200 florins parut trop considérable au vieux 
compositeur ; il renonça à son projet de passer 
une partie de l'année à la campagne, et continua 
de remplir avec exactitude ses devoirs de maître 
de chapelle, employant le temps qui lui restait à 
écrire de nouveaux ouvrages ou à perfectionner 
les anciens. Une singulière ardeur de travail se 
manifesta dès lors en lui, comme s'il eût prévu 
la fin prochaine de son génie. Tout à coup ses 
facultés mentales FabarfiJonnèrent : ce fut avec 
effroi que sa femme le vit revenir de Meising, 
où il avait été passer quelques jours. On le ra- 
menait à Munich faible, souffrant, et dans un état 
de démence complète. 11 ne reconnut aucun des 
siens. Dans sa frayeur d'un événement «i terrible, si 
peu prévu, Régine fit avertir la princesse Maxi- 
milienne, sœur du duc Guillaume, qui envoya 
aussitôt son médecin, le docteur Mermann, près 
dû malade. Des soins assidus améliorèrent la 
santé de Lassus, mais sa raison ne revint pas. 
Un air triste, rêveur, avait succédé à son an- 
cienne gaieté. Le duc lui avait fait savoir, par le 
docteur Mermann, qu'il continuerait à jouir, 
malgré son état, de son traitement entier; mais 
cette nouvelle ne put le ranimer. Dans un des 
accès de sa folie, il écrivit au prince « qu'il 
« avait l'intention de quitter entièrement le ser- | 
« vice de la cour, s'il voulait lui laisser Us '• 
a 400 florins que son illustre père, le due Albert, ' 



« lui avait promis, en y ajoutant une somme 
« quelconque à sa volonté. « Sa femme, crai- 
gnant les suites fâcheuses de cette folle démarche, 
lit prier le prince de la considérer comme non 
avenue; et Guillaume fit savoir à Lassus que 
tout resterait pour lui comme par le passé, mais, 
que s'il renouvelait sa demande, il serait libre de 
se retirer et qu'on lui donnerait son congé. L'artiste 
infortuné ne vécut pas longtemps en cet état : sa 
profonde mélancolie le conduisit bientôt au tom- 
beau. 

La date de la mort de cet homme célèbre a 
été longtemps aussi incertaine que celle de sa 
naissance. Ainsi que l'a remarqué M. Schmiedha- 
mer, les auteurs ne se sont accordés que sur le jour 
( le 3 juin) ; à l'égard de l'année, les opinions 
diffèrent chez tous sans qu'on puisse leur accor- 
der aucune confiance. Les uns ont fixé l'année 1 585 
pour celle de son décès, d'autres 1593, beaucoup 
ont choisi 1594, et quelques-uns 1595. Parmi les 
écrivains qui ont indiqué la date 1593, on remar- 
que Philippe Rrasseur (1), de Boussu (2), de la 
Sema Sanlander (3), Feller (4), Locrius (5), Pa- 
quot (6), Vinchant (7), et l'auteur anonyme d'un 
ouvrage intitulé : Belgit Chronicon sacrum us- 
que ad ann. 1603, dont le manuscrit se trouve 
à Bruxelles, dans la Bibliothèque royale (8). On 
aurait dû voir qu'elle est inadmis>ihle, car la 
dédicace de l'œuvre de Lassus intitulé Le La- 
grime di S. Pietro, porte la date du 2* mai 1 594. 
Cet ouvrage, imprimé à Munich, renferme un 
portrait de Lassus, avec la date 1594, et les 
mots xtatis LXII qui prouvent, comme le dit 
Delmottc, que Lassus vivait encore à cette épo- 
que, mais aussi (ce qu'il n'a point remarqué) que 
cet artiste était lui-même incertain de l'année de 
sa naissance, car s'il avait vu le jour en 1520, il 
avait soixante-quatorze ans en 1594. La date de 
1594 est celle qu'on trouve dans l'historien De 
Thon, dans le Dictionnaire des artistes de 
l'abbé de Fontenay, dans les Mélangestirèsd'une 



(1) Sydera illustrUtm Uannoniœ scriptorutn ; Mon*, 
1G37, ln-12. 

(*) Histoire de Vons ; Mons, 1715, ln-4». 

(}) ftlè'Koire historique sur lu bibliothèque publique de 
fiourcofjne, présentement bibliothèque publique d* 
Bruxelles ; Hriiti'llrs, 1809 ln-S°. 

(*) Dictionnaire historique , Llége^ 1789-1794, 8 toL 
In 8«. 

(5) Chronicon Behjicum ; Arrat, 1616, In-fol. 

(6) Mémoires pour servir à l'hittoire littéraire des 
dix-sept provinces des Pays-Bas, etc.; Loavaia, 1768-1770, 
S vol. In-fnl. 

(7) Manuscrit autographe des annales du Hainaut. 

(8) Volrl ce qu'on y lit : yénno u-93, Or tan dus Lassus 
Montibus Hannonire natvs, nuslri sxculi coryphœus at- 
que prînt-rps, Monachii in B avaria, anno setatit 78, mo- 
nter. 



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LASSUS 



213 



grande bibliothèque, par le marquis dePaulmy, 
dans l'histoire manuscrite de la musique de 
Dom Caffiaux, enûn, dans les Dictionnaires his- 
toriques de Morert, de Chaudon et Delandine , et 
de Choron et Fayolle. C'est aussi celle que j'ai 
adoptée dans mon Mémoire sur les musiciens 
néerlandais; enfin les mots obiit 1594 se trou- 
vent au portrait de Lassus gravé par Jean Sadeler. 
Le document le plus extraordinaire et le plus 
erroné concernant la mort de Lassus est certai- 
nement la prétendue inscription de son monument 
rapportée par Hawkins (1), laquelle commence 
ainsi : " 

Orlandus Lassus, Berg* llannnnUc urbe 
natus anno M. D. XXX. 

et finit par ces mots : 

Oblit Monaci anno Sal. M. I). XXCV. JEt. LV. (1). 

CJIe fait naître l'artiste dix ans plus tard, et le fait 
mourir neuf ans plus tôt, à l'âge de cinquanic- 
cinq ans. Mais cette pièce est fausse de toute 
évidence, car elle n'a jamais existé sur le tom- 
beau de Lassus. 

Au surplus toute incertitude a cessé récemment 
pour la date de la mort de l'illustre musicien, 
par la découverte d'une lettre autographe de sa 
veuve, écrite à l'archiduchesse d'Autriche Marie, 
et dans laquelle elle informe la princesse qu'Or- 
land de Lassus est décédé le 14 juin 1594. L'exis- 
tence de ce document dans les archives de la 
cour et de l'État, à Vienne, a été signalée par le 
professeur Dehn, de Berlin, dans une lettre du 
21 mars 1854, adressée au président de la société 
des sciences du Hainaul (3). 

Lassus fut inhumé dans le cimetière de l'église 
des Franciscains, à Munich ; ou lui éleva un 
superbe tombeau en marbre ronge, haut de trois 
palmes et demie (2 pieds 4 pouces), large de sept 
(4 pieds 8 pouces ) , et orné de bas-reliefs repré- 
sentant d'un côté le tombeau du Christ, avec les 

(1) A Central Hiitory e/Jhe science end practice of 
Music, vol. II. p. m. 

(!) Cette Inscription, rapportée par Hawkins in extenso, 
n'etten quelque sorte que l'histoire ?bregce de la vie de 
U«sus, telle qu'on la trouve chez la plupart des auteurs 
contemporains, particulièrement dans l'histoire de ne 
1bou,â l'exception de 4a différence des dates. 

'X Voyez le rapport de Camille Wins, président de crlte 
»<»cielc, publié sous ce titre : De la part que la Société 
<h$ sciences du Huinaut a prise à l'érection de la statue 
dOriandode Lassus, célèbre compositeur mont ois. Mon», 
i*5*. page 17. Voici en quel* termes s'exprime Delin 
concernant la lettre de la veuve de Usmm : « In dem 

• cehelmcn Haus, Hof, und Staats Arch'.v in Wlen befindet 
« Mch dn Brlef von der eigenen Hand der Wlttwe des De 

• Lassus . den diesc an die Erzherzogtn Marie von Ocster- 
>• relch geschrlebcn bat, und lu welchem sle dlcser hohen 

• Krau unterandern Nachrichten auch mlttheilt : dass 
« Orland de Lassus am IV Junl 1594 gestorben i*t. » 



saintes femmes, de l'autre les armoiries de Las- 
sus, lui-même, sa femme, ses enfants et petits- 
enfants agenouillés. Aux deux cotés du bas- re- 
lief, où est représenté le tombeau du Christ, sont 
deux cartouches sculptés sur lesquels on lit 
l'epitaphe suivante, composée par Sébastien Bauer, 
de Haidenkeim : 

Orlandl clneres, eheu ! modo dulce loquentes 

Italie mutos, eheu! flcbills urna prcoilt. 
Lassa? sunt flendo Charités tua funera Lasse, 

Prlnciplbus multum, chareque Cavarlbus. 
Bclglca quem tellus genltrU dedw, ingeniorura, 

Ingcnloram altrlx Boja fovlt humus. 
Corporls cxuvlas eodem quoque Boja tezit, 

Post lustra ac hyemes sena bis acta duas. 
Robora, saxa, feras Orpheus. at hic Orplica trailt. 

Harmonlaeqae duces percutit h a rm on lu. 
Nnnc quia complevit totum concenUbus orbem 

Victor cum snperis certat apud superos. 

Ce tombeau resta dans le cimetière des Fran- 
ciscains jusqu'en 1800. Lorsque ce cimetière fut 
détruit, Heigel, artiste du théâtre de la cour, 
et admirateur passionné des œuvres de Lassus, 
le recueillit et le plaça dans son jardin, devenu 
depuis lors la propriété d'une demoiselle de 
Manntich. Il s'y trouvait encore en 1830. C'est 
là que M. Schmiedhamer l'a découvert alors, et 
en a fait prendre un dessin au trait, que Delmotte 
a lait graver pour le publier dans sa notice, 
avec la description. 

Lassos eut de sa femme, Régine Weckinger, 
morte le 5 juin 1600, quatre fils, Ferdinand, Ro- 
dolphe, Jean et Ernest, et deux filles, Anne, et 
Régine, qui devint la femme d'un seigneur d'Ach. 

Peu de noms d'artistes ont eu autant de re- 
tentissement que celui de Lassus; il n'en est 
point qui ait été plus connu non-feulement' des 
musiciens, mais des gens du monde et même du 
peuple. On a dit de lui : 

Hic ille est Lassus lassum qui recréât orbetn, 
Mscordcmqucsua copulat harmonie. 

Et ces vers ne sont point une vaine flatterie de 
quelque poète obscur; ils s'accordent avec la 
multitude d'éloges dont beaucoup de recueils du 
temps sont remplis. Etienne Jodelle, contempo- 
rain de Lassus, a fait en son honneur un poème 
français en cent soixante-douze vers, dont Duver- 
dier nous a donné les vingt-sept premiers, dans 
sa Bibliothèque française. Les diverses éditions 
des Mcslanges de Lassus, publiées par Adrien 
Le Roy et les Ballard, portent en tète ces vers : 

Bruta Orpheus, saxa Amphion, dclphlnas Arlon 
Trailt; at Ortandus post se terramque fretumqne, 
Post se traxlt Item molem toltu* Olympl. . 
Qnanto Igitur major, quan toque potentlor unus 
Orlandus tribus hls, Amphionr, Arlone et Orpbeut 

Un enthousiasme égal pour ce compositeur se 



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214 



LASSUS 



rencontre dans les œuvres de Philippe Bocquier, 
dans les Sydera Ulustrium Hannonise scrip- 
torum de Brasseur, et dans tes recueils de 
beaucoup d'autres poètes des seizième et dix- 
septième siècles. Adrien Le Roy, qui connaissait 
l'art, et qui en parlait bien, disait de lui, dans la 
préface de son traité de musique ( imprimé en 
1585 ) : «Ce grand maître et suprême ouvrier, 
« l'excellente et docte veine duquel pourrait 
« seule servir de loi et de reigle à la musique , 
« attendu que les admirables inventions, ingè- 
re nieuses dispositions, douceur agréable, pro- 
« prêté nayve, nay veté propre, traits signalés, li- 
« berté hardie, et plaisante harmonie de sa corn- 
» position fournissent assés de sujets pour 
« recevoir sa musique, comme patron et exera- 
« plaire, sur lequel on se peut seurement ar- 
« rêter. » 

Le nombre des éditions des ouvrages de Las- 
sus surpasse tout ce qu'on a fait pour aucun mu- 
sicien de ces temps déjà reculés; elles se succé- 
daient avec une rapidité qui indique clairement 
le prompt débit qu'elles obtenaient. Depuis long- 
temps on avait cessé de réimprimer les œuvres 
des artistes les plus renommés du seizième siècle, l 
tandis que celles de Lassus étaient encore re- | 
produites par la presse. C'est ainsi que les ino- | 
têts de ce compositeur étaient encore publiés 
par les Balianl en 1077. De nos jours même, on 
en a fait de nouvelles publications. 

Une si vaste renommée, des succès si univer- 
sels, si soutenus, offriraient des preuves irrécu- 
sables du mérite de Lassus et de l'influence qu'il 
a exercée sur l'art, lors même que nous ne pos- 
séderions pas aujourd'hui d'autres moyens pour 
nous* éclairer sur la valeur de ses œuvres ; car 
un homme médiocre n'a jamais été l'objet d'éloges 
unanimes de plusieurs générations et de nations 
diverses. L'examen attentif des productions de 
Lassus nous démontre que ces éloges étaient 
mérités . Ce n'est donc pas sans étonnement qu'on 
lit dans les Mémoires sur la vie et les ouvrages 
de Palestrina des paroles de mépris sur son illustre 
contemporain : Roland de Lassus , Flamand 
de naissance^ Flamand de style, stérile de 
bellesmélodies > privé d'dme et de feu, et qui, 
avec quelques messes et quelques motets à 
huit toix du genre choral, a usurpé cet éloge 
outré : Lassum qui recréât orbem (1). Qu'il y a 
d'injustice dans cette amère critique ! Eh quoi ! 

(i) Oriando di Lassus, Flammlngo dl nascita, Fiammingo 
dl stile, Rtenlc di bel cnncelU, prlvo di anima e dl fuoeo, 
e chc conalcune rae^e e motettl ad otlo voci dl stile piano 
si usurpô l'cccessivo elogto : Lassum qui recréât orbem. 
(Mcmor, storico-critiche délia vita et délie opère di 
fitoe, Pierl. da Palestrina, t. », p. 431.) 



Palestrina, le héros de l'abbé Baini, u'est-il 
donc pas assez grand dans l'histoire de l'art, et 
faut-il, pour l'élever encore, lui sacrifier la re- 
nommée du plus illustre de ses contemporains î 
Pour moi, admirateur sans réserve du grand 
maître de l'école romaine, j'ose dire que tout est 
faux et passionné dans ces paroles du savant 
italien. Flamand de naissance! on pourrait 
discuter là-dessus, puisque la langue fait la dif- 
férence des peuples, et que Lassus était né Wallon ; 
au surplus, on ne comprendrait guère qu'il y eut 
une injure dans cette qualification, si la suite de 
la phrase ne lui donnait ce caractère. Flamand 
de style! ceci est une erreur palpable de 
l'abbé Baini. Le style flamand, qui devint le mo- 
dèle du style italien, au quinzième siècle et dans 
la première partie du seizième , était composé 
de recherches plus mécaniques que véritablement 
esthétiques sur des motifs de chansons vulgaires, 
dont les mélodies et les paroles même faisaient 
dans la musique d'église un monstrueux assem- 
blage avec les textes sacrés. Or, ce qui distingue 
particulièrement la musique de Lassus, ce qui fit 
ses succès, ce qui donne à ses ouvrages le carac- 
tère de l'originalité, c'est précisément qu'il se sé- 
para de ce style et prit dans sa musique d'église 
un caractère grave et simple, et dans ses compo- 
sitions légères une manière élégante et facile. 
Si quelquefois il suivit l'exemple des maîtres de 
son temps, en écrivant quelques messes sur des 
chansons populaires, on ne peut lui en faire un 
reproche, car tout jeune artiste commence par 
l'imitation. D'ailleurs, Palestrina lui-même n'a- 
t-il pas fait la messe de l'Homme armé? Sui- 
vant l'abbé Baini , Lassus était stérile de mé- 
lodies (I), privé d'dme et de feu! Eh! mais, 
c'est exactement le contraire; car c'est par la 
mélodie (j'entends ici celle du système de son 
temps) que ce maître se distingue de ses contem- 
porains, et ce sont les chants de ses compositions 
qui ont fait la popularité de ses succès. Si le cri- 
tique italien avait fait remarquer que sa facture 
est inférieure à celle du célèbre maître de l'école 
romaine, il aurait exprimé une vérité inattaqua- 
ble ; car c'est surtout par son admirable correc- 
tion, par son art inimitable de faire mouvoir 
toutes les parties , et par son élégante manière 
de faire chanter toutes les voix et de leur don- 
ner de l'intérêt , que Palestrina s'est placé au- 
dessus de tous les musiciens; mais attaquer Las- 
sus dans ce qui constitue précisément son talent, 
il me semble que c'est plus que de l'injustice. 

(1) Je rends concetti par mélodies parce que Je ne Ma- 
rais lui donner d'autre signification en français sans une 
longue périphrase. Mélodie, dans le sens queje lui donne , 
signifie concert mélodieux. 



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IaASSUS 



2I. R 



L'abbé Baini prétend que Lassus a usurpé un 
éloge outré avec quelques messes, quelques mo- 
tets! D'abord, on n'usurpe pas les éloges de tous 
les peuples, de tous les temps : ceux-là sont tou- 
jours mérités. Mais que veut dire Baini avec 
ces mots : quelques messes, quelques motets? 
Ignore-t-il donc que le nombre des compositions 
de Lasaus est de plus de deux mille? Or re- 
marquez que c'est aussi un des signes du génie 
que cette fécondité et ce besoin * de produire qui 
se manifesta dans la vie du compositeur belge 
jusqu'à ses derniers moments. Concluons île tout 
ceci que la prévention nationale a exercé trop 
d'influence sur le jugement d'un savant, ordinai- 
rement bon juge, et lui a fait hasarder une cri- 
tique acerbe que rien ne justifie. La gloire de 
Lassus n'en restera pas moins intacte, et celle de 
Palestrina ne s'en trouvera pas diminuée. 

On a, vu qu'un souverain, le duc Albert V de 
Bavière, ne crut pas manquera sa dignité en com- 
posant un panégyrique à l'occasion du retour de 
son maître de chapelle à Munich. Déjà ce prince 
avait donné un éclatant témoignage de son admi- 
ration pour le génie de Lassus, en faisant exé- 
cuter une copie de ses Psaumes de la pénitence 
avec un luxe dont il n'y a point d'exemple (1). 
Ce superbe manuscrit est composé de quatre vo- 
lumes in-folio reliés en maroquin avec des garni- 
tures, des fermoirs et des serrures en vermeil ci- 
selé et émaillé, dont le poids total est de 24 li- 
vres. Des armoiries, des portraits en pied et en 
buste du duc Albert, de Lassus, du peintre Jean 
Mielich, qui a exécuté les miniatures, de Samuel 
Van Quickelberg, auteur des descriptions des vo- 
lumes, de Mathieu Frishammer, le calligraphe, de 
Gaspard Lindel, qui a surveillé l'exécution de l'ou- 
vrage entier, de Georges Seyhkein, orfèvre, qui a 
fait les garnitures en argent et en vermeil, de Gas- 
pard Ritter, relieur, enfin de belles miniatures 
de la plus grande dimension, et des lettres his- 
toriées en or et en couleur, en font un monument 
unique. On en trouve la description dans la no lice 
de H. Delmotte (pag. 132-139). 

Liste des compositions de Lassus. Ouvrages 
imprimés ; 

I. Messes : 1° Missarum quatuor vocum 
liber primus. Venetiis , apud Antonium Gar- 
danum, 1545, in-4°. — 2° Cypriani De Rore, 
Annibalis Patavini et Orlandi liber missarum 
quatuor, quinque et sex vocum. Venetiis, 



(l) Je métal» trompé lorsque j'ai dit dans mon mémoire 
sortes musiciens néerlandais que le duc avait fait exécuter 
de cette manière une copie de tous les ouvrage* de Las- 
sus lalnal que me récrivait plus tard Georges Pœlchau, 
les revenus de ses États auraient à peine suffi à une telle 
magnificence. 



1 566, in-4°. — 3° Missx aliquot quinque vocum, 

I Illustrât, principis D. Guilhelmi Comit. Va- 

lat. Rkeni, etc , Uberalitate in lucem editx. 

! Monachii, Adam. Berg, 1574 in-fol. Ce volume 

' fait partie d'une collection imprimée aux frais du 

duc de Bavière, et qui a pour titre général : Pa- 

, trocinium musices. Il contient six messes \ 5 

i voix. — 4° Liber missarum, quatuor et quin- 

t que vocum,- Norimbergae, 1581, in-4°. — 

! 5° Missx cum cantico Beatx Mariée ocio 

| modis musicis ; Parisiis, R. Ballard, 1583, in-fo- 

j lio. — 6° Missx decem cum quatuor vocibus; 

I Venetiis, apud Ang. Gardanum, 1588, in-4°. 

— 7° Missx aliquot quinque vocum ; Monachii, 

excudebatAdamus Berg, 1589, in-fol. Ce volume 

est le deuxième des messes de la collection Pa- 

trocinium musices.— &°Lassi (Orland.) Belgx,. 

i musicorum Orphei, choroque apud sereniss. 

! Bojx principes annis 40 prxfecti. Missx 

| posthumx sex ritu veteri Romano Catholico, 

1 in modos quà senos , quà octonos tempérât œ t 

i hactenùs ineditx; et omnium quas edidit, se* 

I lectissimx : vulgatx demum affeetu, sludio 

\ sumptu superstitis filii Rudolphi de Lasso , 

, sereniss. Bojor. Duci Maximiliano ab odis 

aique organis. Monachii, ex lypographia mus. 

Nicolai Henrici, 1610, in-fol. max. C'est la même 

collection que Draudius a citée sous un titre 

altéré , avec l'adresse du libraire Jean Kroger, 

et la date de 1611. Peut-être a-t-il été fait un 

nouveau frontispice avec ce nom et cette dale. A 

l'égard de l'édition de 1612; citée par le baron de 

Reiffenberg (Lettre à M, Fétis, ctc.,sur quelques 

particularités de Vhistoire musicale de la 

Belgiqué) t je crois qu'elle n'existe pas, et qu'il 

y a erreur de date. 

TI. Magnificat. — 9° Magnificat octo tono- 
rum, quatuor, quinque et sex vocum. Norim- 
bergae, 1567, inr4°. L'éd. de 1568 ciléepar le ba- 
ron deRcifTcnbergcst supposée par Draudius, qui 
s'est souvent trompé sur les dates. — 10° Magni- 
ficat octo tonorum, quinque et sex vocum. No- 
rimbergae, 1572, in-fol. — 1 1° Octo eantica divx 
Marix Virginis qiuv vulgô Magnificat appcl- 
lantur secundum singulos octo tonorum qua- 
ternis vocibus. Monachii, 1573, in-fol. max. 
Une deuxième édition de ces Magnificat a élé 
publiée à Paris par Adrian Le Roy et Robert Bal- 
lard, 1581 , in-4". — 1 2° Magnificat aliquot 4, 5, 
6 et 8 vocum. Monachii, Adaïuus Beig, l.*»76, 
in-fol. Ces Magnificat font partie de la collection 
qui renferme deux livres de inesses, un livre de 
motels, un d'hymnes et d'antiennes pour les 
principales fêtes de l'année, une Passion à 5 voix, . 
les leçons de Job, et les leçons des matines de 
Noël à 4 voix ; elle a élé publiée en 6 volumes 



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LASSUS 



in-fbKo, depuis 1573 jusqu'en 1589, aux Trais du 
duc Guillaume de Bavière avec l'inscription gé- 
nérale de Patrocinium musices. Il a été fait 
en 1580 une deuxième édition des hymnes et an* 
tiennes sous ce titre : Officia aliquot de prae- 
cipuis festis anni, in -fol. — 13° Lassi sereniss. 
Bojorum duels symphoniacorum prxfecti, 
cantica sacra , recens numeris ci modulis mu- 
sicis ornât a, nec alibi antea typis vulgata t sex 
etocto vocibus; Monachii, excudebat Ad. Berg, 
1585, in-4°. C'est ce même ouvrage que Drau- 
dius a donné sous le titre tronqué de Cantica 
sacra 6 et 8 vocum, et avec la fausse date de 
Munich, 1583. — 14° Magnificat 4, 5 et 6 voci- 
bus ad imitationem cantilenarum quorum 
singulari concentus hilaritate excellentium , 
Monachii, Adam. Berg. 1587, in-fol. C'est le 
même ouvrage que Draudius cite avec un titre 
abrégé, sous la date de 158s. — 15 e Magni- 
ficat octo tonorum sua visa, modulât iones qua 
tuor vocum. ; Mediolani, apud Franc, et hared. 
Simon. Tini, 1590. — 1G° Magnificat octo tono- 
rum 4, 5 et 6 vocum. August. Vindel., 1601. 
— 17° Lassi (Orlandi) serenissimorum Ba- 
varix ducum Alberliet Guilielmi music. Prx- 
fecti Jubilus B. Virginis, hoc est centum Ma- 
gnificat, labore et impenso Hodolphi de Lasso 
sereniss. utriusque Bavarix ducis Maximi- 
liani, etc., melopœiet organistes prxlaudati; 
Monachii, 1619, in -4°. Ces Magnificat sont a 
cinq, six, sept, huit et dix voix. C'est le même 
recueil que Draudius a indique sous la fausse date 
de 1621. Précieuse collection de tous les Ma- 
gnificat composes par Lassus et revus avec soin 
par son fils Rodolphe. 

III. PsAUMts — 18° Lassi musicorum apud 
sereniss. Bavariœ ducem Guillielmum, etc., 
Rectoris Psalmi Davidici pamitentiales, mo- 
dis musicis redditi, atque antehac nunquam 
in lucem editi. His accessit Psalmus : « Lau- 
date Dominum de cœlis » quinque vocum ; 
Monachii, Ad. Berg. 1584, in-4°. Une deuxième 
édition de ce recueil a été publiée à Douai, en 
1600. — 19° Psalmi sacri 3 vocum, Monachii, 
1588, in-4°. Les mêmes, traduits en allemand, 
Zurich, 1594, in-4°. — 20° Cinquante psaumes 
de David avec la musique à 5 parties par 
Orlande de Lassus; vingt autres psaumes à 
b et 6 parties par divers musiciens; Heidel- 
berg, Commelin, 1597, . in-4° ( cité par de 
Reiffenberg : Lettre à M. Fêlis, etc.), et sons 
un titre latin , par Paul Ba Ici ua nu s (Biblioth. 
philos., p. 184). 

IV. Lamentations et leçons. — 21° Sacrx 
lectiones novem ex propheta Job, quatuor 
vocum, in officiis defunclorum cantari so- 



litx, etc.; prinetpi Alberto com. Palat. Rheni, 
utriusque Bavarix Duel, etc., dedicatx; Ve- 
netiis, apud Ant. Gardanum, 1565, in-4°. 
Une deuxième édition de cet ouvrage a été pu- 
bliée à Lyon, en 1566, sous ce titre : Novem lec- 
tiones ex historia Job, quatuor vocum. 11 y 
en a une troisième intitulée : Lectiones novem 
ex Job 4 voc; Norimbergœ, apud Gerlacli, 1567; 
et une quatrième, Louvain, 1572. Je doute de 
l'existence des éditions de Venise, 1573, citée par 
Draudius, et de Louvain, 1577, par de Reif- 
fenberg, et je pense que ce sont les éditions de 
1566 et de' 1572 avec de nouveaux frontispices. 
A l'égard de l'édition de Nuremberg, 1597, je fa 
crois réelle. Je possède une édition de ces leçons 
qui n'est citée par aucun biographe et qui a 
pour titre : Lectiones sacrx novem, ex Itbris 
Hiob excerptx, musicis numeris jam recens 
composilx, nec non allx nonnullx pùc 
cant iones, omnibus qui tant vivx vocis quam 
instrumentorum musicorum, cantu non impa- 
rité utuntur, apprimè accommodatx quatuor 
voeum. Monachii excudebat Adamus Berg, 
annoDomini, 1582, in-4°obl. — WPassio 5 vo- 
cum. Item lectiones Job, et lectiones matutinx 
de nativitalc 4 vocum. Monachii, Adam. Berg, 
1575, in-fol C'est le même recueil que Draudius 
cite sous ce titre .* Patrocinii musices, Passio 
quinque vocum, et lectiones matutinx de na- 
tivitatc Christi , quatuor vocum, pars quarta, 
et avec la fausse date de 1565. — 23° Lassi sere- 
niss. Bavarix ducis Guilelmus, etc. sacelU 
magistri Hiercmix prophetx lamentations 
et alixpix cant iones nunquam antehac visa, 
Monachii, Ad. Berg. 1585, in-4*. Il y a des exem- 
plaires de cette édition qui pottent l'adresse : 
Franco furtii , Steinius, 1585. Je crois que ce 
sont les mêmes lamentations de Jèrémit: qui ont 
été réunies avec la Passion à 5 voix (voyez 
n° 22) , dans une édition qui a pour litre : Jere- 
mix prophetx devotissimx lamentationescum 
passione Domini domin. palmarum quin- 
que vocum, auctore Orlando Lasso; Lutetiae 
Parisiorum, apud Adrianum Le Roy et Roberlum 
Ballard, 1586, in -4°. — 24° Moduli quatuor et 
octo vocum partim à queritationibus Job, 
partim è psalm. Davidis et aliis scripturx 
locis desa-ipli, Orlando Lassusio auctore; Ku- 
pellœ (La Rochelle), apud P. Haultinum, 1576, 
in-4°. Une deuxième édition de ce recueil, qui 
contient près de cent morceaux , a été publiée 
a Paris, c-lie.: Adrien Le Roy et Robert Ballard, 
1587, in-4°. — 25° Le Lagilmc di S. Pietro 
descritte dcl Sigiwr Luigi Tansillo; Munich, 
Adam. Berg, 1595, in-fo!. Avec un portrait de 
Lassus (xlatisLXll anno) portant la date 1594, 



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LASSUS 



217 



et une dédicace au pape Clément VIII, datée du 
35 mai de la même année. 

V. Motets. Les indications des recueils de ces 
compositions de Lassus sont souvent trop vagues, 
et les éditeurs en ont fait trop de mélanges dif- 
férents, pour qu'il soit possible d'en faire une 
classification certaine et sans doub'e emploi. 
Il faut aussi remarquer que des motets ont été 
arrangés sur des chansons profanes, ou môme 
obscènes, et que celles-ci ont été quelquefois 
pirodièes sur des motets. — 26° Il primo libro 
de* Motetti di Orlando di Lasso; Venise, Ant. 
Gardane, 1545, in-4°. Le nombre de voix de ces 
motets n'étant point indiqué, j'ignore si le recueil 
suivant est une autre édition du même : Il primo 
libro de* molelti a 5 et 6 voci nuovamente 
posti in luce; In An versa, per Johanne Latio 
(Jean Laet), 1556, in-4°. Cet ouvrage est dédié 
à Antoine Perrenol, évêque d'Arras , depuis car- 
dinal de Granvelle. — 27° Sacrx canliones 
(vulgo moleta appellatx) 5 et 6 vocum; 
liber secundus ; Venetiis, Rampazelto, 1560, 
in-4°. La même collection a été reproduite par le 
même imprimeur, en 1562, avec un nouveau 
frontispice. Une autre édition de ces deux pre- 
miers livres de motets a été publiée à Paris, en 
1571, in-4°, par Adrien Le Roy et Robert Bal- 
lard, et dédiée à Charles IX : elle est à la Biblio- 
thèque royale de Munich. — 28° Sacrx canlio- 
nes quinque vocum cum vivavoce lum omnis 
generis instrumentés canlatu commodissimx; 
Norimbergae, 15G2, in-4 \ Cet ouvrage est dédié 
par Lassus au duc Albert de Bavière, le 1 er juin 
15>'j2; il contient vingt-cinq motels. — 29° Sa- 
cra canliones (vulgo moteta appellatx ) quin- 
que vocum cum vivd voce tum omnis generis 
instrumentis cantaiu commodissima 1 ; Venetiis, 
apud Ant. Gardanum, 1565, in-4°. L'épllre dédi- 
catoire à Albert, duc de Bavière , est datée du 
l* r novembre 1562. Cette édition est la repro- 
duction de celle de Nuremberg, datée de 1562. 
Gardane a publié le second livre de motets, à 5 
et à 6 voix, dans la même année, et Jérôme Scoto 
a donné à Venise, également en 1565, des édi- 
tions du premier et du second livre des mêmes 
motets. Ces éditions se trouvent à la bibliothèque 
du Lycée communal de musique, à Bologne. — 
30° Sac ne canliones (vulgo moteta appellatx) 
b et 6 vocum; liber tertius; Venetiis, apud Ant. 
Gardanum, 1566, in-4°. Cet œuvre contient 
trente motets. — 31° Sacrx cantiones (vulgo 
moteta appellatx ) 6 et 8 vocum ; liber quar- 
fus, ibid. 1566, in-4°. Une autre édition de ce 
quatrième livre a été publiée, à Venise, en 1569, 
in-4°, et il en a paru une troisième en 1586, chef 
le même. Tous ces recueils sont à la bibliothèque 



de Munich. La collection suivante, citée par 
Draudius, parait être un choix des précédentes : 
Motetorum libri duo, quatuor, quinque, sex, 
oclo et decem vocum; Parishs, 1566. Il en est 
de même de celles cl : Selectissimx canliones, 
quas vulgo molclas vocant, pariim omnino 
novx, pariim nusquam in Gcrmania excusx, 
sex et pluribus vocibus composiUe ; Norim- 
bergœ, 1568, in-4°; Selectissimx cantiones, 
quas vulgo motetta vocant, 4 et 5 vocibus, 
ibid., 1568, in-4°. Ce recueil est divisé en deux 
parties ; la première parlie contient cinquante et 
un motets ; la seconde soixante-deux. Ces deux 
recueils sont dans la bibliothèque de Munich. 
Gerber cite aussi : Selectissimx cantiones sex 
vocum, ibid., 1569 : c'est, je crois, l'édition pré- 
cédente avec une date inexacte. Gerlach a donné 
une autre édition de ces motets à 6 et un plus grand 
nombre de voix, a Nuremberg, en 1579, sous ce 
titre : Selectissimx cantiones , sex cl plur. vo- 
cibus, pars prima et altéra. J'ai vu la partie de 
basse de cette édition à Au^shourg, chez le libraire 
antiquaire Butsch. — 32° Lassi Illustr. Bava- 
rix ducis Alberti musici chori magistri selec- 
tiorum aliquot cantionum sacrorum sex vo- 
cum fasciculus adjunctis in fine tribus dlalogis 
oclo vocum, quorum nihil adhuc in lucem est 
editum; Mouachii, excud. Adam. Berg, 1570, 
in-4°. Cette collection , qui contient vingt-trois 
morceaux, est le cinquième livre de motets ; elle 
est dédiée par Lassus à Jean, abbé de Weingar- 
ten. —M°Moduli quints vocibus nunquamhac» 
tenus editi, Monachii Boiorum compositi; 
Lutet ; ae Parisiorum, apud Adriantim Le Roy et 
Robertum Ballant, 1571, in -4°. Sixième livre, 
dédié par Lassus au duc Guillaume pendant son 
séjour à Paris, avec des vers français du com- 
positeur. Une édition de ce recueil a élé publiée 
à Munich, dans la même antiée, et Claude Me- 
rnlo en a donné une autre à Venise, en t569, avec 
le titre : Sesto libro de* Mottelti a cinque voci. 
Celle-ci, comme on voit, avait précédé de deux 
ans celle de Paris, ce qui indique que Lassus 
a seulement revu son ouvrage dans cette ville, 
pour lui donner plus de perfection. Dans la même 
année où ce sixième livre fut. publié par Adrien 
Le Roy et Robert Bailard, les mêmes éditeuis 
avaient donné une édition des trois premiers livres 
à cinq voix sous le litre -. l'rimus liber (secun- 
dus, tertius) Modulorum quints vocibus con- 
stant ium.lte donnèrent ensuite : M oduli quatuor 
et octo vocum, 1572, et Moduli sex, septem et 
duodecim vocum, 1573, petit in-4° obi. — 
34° Cantionum quos motetos vocant opus no- 
vum, pars I. Illustrissimi principes D. Guil- 
helmi comil. Palatin. Rheni etc. liberalitafe 



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218 



LASSUS 



in luccm editum; Monachii, Adam. Berg, 1573, 
in-foï. max.; avec le portrail du duc Guillaume, 
et une dédicace de l'auteur à ce prince. C'est la 
première partie de la collection in-fol. de motels, 
messes, Magnificat, etc., pour l'usage de la cha- 
pelle royale sous le titre général de Pairocinium 
musices. Delmotte a pensé que cette collec- 
tion renferme tout ce que Lassus avait publié 
précédemment ; mais les mots opus novum dé- 
mentent cette opinion. Ces motets doivent for- 
mer le septième livre. Draudius a cru que les 
cinq volumes qui composent celte collection ap- 
partenaient aux motets, et il a cité l'ouvrage 
sous ce titre : Cantumum quos motetos vocant 
. opus novum Vtomisdigestum, quorum \, 2, 
3e/4 in Ivcem prodierunt grandisslmis pro 
ckoro 7iotis et folio regali ; Monachii , Adam. 
Berg, 1573, in-fol. maximo. Une deuxième édition 
de ces motets a été publiée à Nuremberg, en 1575, 
in-4°. Une autre édition de ce recueil a paru à Ve- 
nise, en 1585, sous ce titre : Ilscttimo libro dimo- 
tetti del Orlanâo di Lasso, a cinque voci, in-4°. 
— 36° Novx aliquot ad duos voces canthnes 
suavissimx. Monachii, Ad. Berg, 1577, in-4° 
obi. Le môme ouvrage a été réimprimé sous ce ti- 
tre : Moduli duarumvocum nunquam hactenus 
editi; Lutetix Parisiorum, apud Adrianum, Le 
Roi et Bob. Ballard, 1578. On voit que ces mots 
nunquam hactenus editi étaient une superche- 
rie des éditeurs français.— 37° Lassi musicorum 
apud sereniss. Bavarix ducem Guillelmum 
rectorisMotetta sex vocum; Monachii, ex ou dé- 
bat Adam. Berg, 1582, in-4°. La deuxième partie 
de ce recueil contient des molets à cinq voix: elle 
a pour titre : Lassi musicorum apud sereniss. 
Bavarix ducem Guilielmum, etc., rectoris 
Sacrx Cantiones quinque vocum ; Monachii , 
excudebat Adam. Berg, 1582, in-4°. Draudius et 
Gesner citent ce recueil, avec la même date, 
mais sous des titres différents. J'ignore si cette 
collection doit être considérée comme le huitième 
livre, ou si elle ne renferme qu'un choix de pièces 
des recueils précédents. — 37° Lassi serenissimi 
Bavarix ducis Guilielmi, etc., musicorum 
prxfecti Sacrx Cantiones : antekac nunquam 
visœ, nec typis uspiam (sic) excusx, quatuor 
vocum; Monachii, Adam. Berg, 1585, in-4°. Hui- 
tième ou neuvième livre , avec une dédicace de 
Lassus à Alexandre II Fugger, prévôt de l'église 
cathédrale de Frisinge. Une deuxième édition a été 
publiée sous ce titre : Sacrarum cantionum 
moduli quatuor voclbus contexti. Auctore Or- 
lundo Lassusio ; Lutetiae Parisiorum, apud Adria- 
num Le Roy et Robertum Ballard, 1586, in-4°. 
On a donné à Venise, en 1586, comme huitième 
livre des motets de Lassus, une compilation in- 



titulée : // ottavo libro de Motetti di Orlando 
di Lasso, a 2, 4, G e 8 voci. Les recueils inti- 
tulés : il nono libro de 1 motetti di Orlando di 
Lasso, a sel voci, Venise, 1589, in -4°; Il decimo 
libro de" motetti di Orlando di Lasso, ibid., 
1593, et // undecimo libro de 1 Motetti, sont 
également des compilations. — 38° Sacrx can- 
tiones quinque vocum , qux cum vivx voc, 
tum omnis generis instrumentis musicis corn- 
modissime applicari possunt. Opus plane no- 
vum nunquam ante typis excusum, jam 
pridem summa diligentia composilum, ac 
sine menda in lucem editum, authore Orlan- 
do de Lasso, musicorum apudlllustriss. Bava- 
rix Ducem Guillelmum, etc., rectori. Monachii, 
excudebat Ad. Berg, 1587, in-4°. Si ce titre 
n'est pas une supercherie, qui ne peut se supposer 
dans une ville où vivait Lassus, c'est le neu- 
vième ou dixième livre de motels. — 39° Can- 
tiones sacrx sex vocum, quas vulgo moieclas 
vocant, nunc primum lucem aspic tentes, tum 
vivx vocis, tum omnivario instrmnentorum 
concentui accommodât x, et singulâri confecix 
industria, Authore, etc. Grxtii Styrix t excu- 
debat Georgius Widmanstadius , 1594, in-4°. 
Diverses réimpressions des anciens livres de mo- 
tets ont aussi été faites, mais sans indication de 
numéro d'ordre : je citerai les suivantes : Selec- 
tissimx cantiones, quas vulgo motetos vo- 
cant, partim omnino novx, partim nusquam 
in Germania excusx, sex et pluribus vocibus 
compositXfpcrexcellentissimum musicum Or- 
landum de Lassus; Norimbergae, 1587, in-i*. 
— Moduli quinque vocum, auctore Orlando 
Lassusio ; Lutetiae Parisiorum , apud Adrianum 
Le Roy et Robertum Ballard, 15S8, in 4°. — - 
Moduli sex vocum , auctore Orlando Lassu- 
sio; ibid., 1588, in-4°. — Sacrarum cantionum 
floscuU Orlandi di Lasso; Antuerp., 1G07, 
in-4°. 

Il a été fait plusieurs éditions de collections 
générales des motets de Lassus. La première a 
pour titre : Lassi musici prxstantissimi fas- 
ciculi aliquot sacrarum cantionum cum qua- 
tuor, quinque, sex et octo vocibus, antea 
quidem separatim excusi, nunc vero auctoris 
consensu in unum corpus redacti; Norimbergae, 
in officina Gerlachiana, 1583, 6 vol. in 4°. Après 
sa mort ses fils, Ferdinand et Rodolphe, élevèrent 
un monument à sa mémoire en publiant un re- 
cueil de tous ses motets latins déjà connus ou 
inédits, au nombre de 516. Cette belle et pré- 
cieuse collection est intitulée : Magnum opus 
musicum Orlandi de Lasso Capellx Bavarix 
quondam magistri, complectens omnes can- 
tiones quas vulgo motetos vocant, tant antea 



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LASSUS 



219 



éditas quam hactenus nondum publicatas 2, 
3, i, 5, 6, 7, 8, 10, 12 vocum.AFerdinandose- 
renissimi Bav aride ducis Maximiliani musi- 
corum prxfecto, et Rudolpho, eidem principe 
ab organis, authoris filiîs, summo studio col- 
lectum, et impensis eorundem typis manda- 
tum; Monachii ,N. Henricus, 1604, 6 vol. in- fol , 
qui contiennent : Cantus, Altus, Ténor, Bossus, 
Quinta et Sexta pars. On y a joint un septième 
volume, plus rare que les autres et qui a pour 
litre : In magni illust. rnagni Bojoariœ ducis 
symphoniarchx Orlandi de Lasso magnum 
opus musicum, Bossus ad organum studio 
Casparis Vincentii Audanariensis Arthesii in 
cathedral. Wirceburgensis organajdi. Septima 
pars; Wirceburgi, typis J. Volamari, 1625, in-fol. 
Je ne crois pas que l'édition d'Augs bourg, du 
Magnum opus, citée par Draudius et d'autres , 
existe. 

Des motets de Lassus ont été publiés conjoin- 
tement avec ceux de quelques autres musiciens 
dans divers recueils, dont je citerai les suivants : 
1° Orlandi de Lassus et Cypriani de Bore 
cantionum sacrarum lib. II, 4 vocum ; Lo- 
▼anii, 1569, in-4°. — 2° Premier Itère dûmes- 
lange des psaumes et cantiques à trois parties, 
recueillis de la musique d'Or lande de Lassus 
et autres excellens musiciens de nostre temps 
(sans nom de lieu), 1577, in-8°. — 3° Second 
livre du meslange des psaumes et cantiques à 
trois parties, recueillis de la musique d'Or- 
lande de Lassus et autres excellens musiciens 
de nostre temps (sans nom de lieu), 1578, 
in- 8°. — 4° Thealrum musicum Orlandi de 
Lassus aliorumque prœstantissimorum musi- 
corum selectissimas cantiones sacras, quatuor, 
quinque et plurium vocum reprxsentans. 
Liber primus; Argentorati, 1580, in-4°. — 
ô° Theatrice musici Orlandi de Lassus, alio- 
rumque prœstantiss. musicorum selectissimas 
cantiones 4, 5 et plurium vocum reprœsen- 
tans; liber secundus; ibid., 1580, in-4°. — 
6° Cantiones sacras ab Orlando di Lasso et 
ejus filio Rudolpho, sex vocibus composite, 
typis jam primum subjecte; Monachii, 1601, 
in-4°. —7° Liber primus. Cantiones sacrœ, Ma- 
gnificat vocant, 5 et 6 vocum, auctore Oi m - 
lando Lasso. His accesserunt quatuor ab 
ejusdem Orlandi filio Ferdinando de Lasso 
composite, jam primum in lucem édite; Mo- 
nachii, Nicol. Henricus, 1602, in-4°. On peut 
voir aussi le Flotilegium Portense de Boden- 
schatz et d'autres recueils^ du commencement du 
dix-septième siècle. 

VI. Madrigaux et chansons latines, fran- 
çaises et allemandes — 40° U primo e secondo 



libro de' madrigaU a cinque voci; in Vinegia, 
appresso Girolamo Scoto, 1559 , in-4°. Une édi- 
tion précédente des deux premiers livres de ces 
madrigaux avait été publiée à Venise , chez An- 
toiue Gardane, et 1555 en 1559. — 41° Il 
primo libro de' madrigaU a quattro voci, in- 
siemealcuni madrigaU d'altri auto ri; in Ve- 
netia, appresso di Antonio Gardano, 1560, in-4°. 
La première édition de ce recueil a paru à Rome , 
chez Valerio Dorico, en février 1560, sous ce 
titre : // primo libro delUmadrigali d'Orlando 
Lasso etaltri eccellenti musici, a quatro voci. 
Les autres compositeurs dont il y a des madri- 
gaux dans ce recueil sont Francisco Roselli et 
Jean -Dominique de Nota. Une deuxième édition 
de cet œuvre a été faite à Venise, en 1562. 
Dans la même année, il a été fait une deuxième 
édition du deuxième livre des madrigaux à cinq; 
Venise, chez Jérôme Scoto, in-4°. D'autres 
réimpressions des mêmes madrigaux ont été pu- 
bliées dans la même ville chez Antoine Gardane, 
en 1566, 1668 et 1570. — 42° Di MadrigaU a 
quattro voci il secondo libro; Roma , appresso 
Antonio Barré, 1563, in-4°; réimprimé à Ve- 
nise en 1569 et 1573. — 43° Il terzo libro de' 
MadrigaU del ecce lient issimo Orlando di 
Lasso a quattro voci; in Venetia, appresso 
Gardano, 1564, in-4°. Plusieurs fois réimprimé. 
— 44° Il libro terzo de 1 MadrigaU a cinque 
voci; ibid., 1564, in-4°. La deuxième édition a 
paru sous ce titre : Il terzo libro de' Madri- 
gaU a cinque voci, novamente per Antonio 
Gardano ristampato; in Venetia, 1566, in -4*. 
L'année suivante, un choix des deuxième et troi- 
sième livres de madrigaux à 4 et 5 voix a été 
publié sous ce titre : Il terzo libro de' Madri- 
gaU a 4 e 5 voci; Venezia, 1567, in-4°. — 
45° De* MadrigaU delV ottimo Orlando di Lasso 
a cinque voci il quarto Ubro ; in Venezia, ap- 
presso Antonio Gardano, 1567, in-4*; réim- 
primé dans la même ville en 1587, et vraisem- 
blablement auparavant. Dans l'intervalle, diffé- 
rents choix des madrigaux de Lassus avaient 
été publiés par lui-même, ou par différents édi- 
teurs , entre autres ceux-ci : MadrigaU nova- 
mente composti a cinque voci; Nuremberg, 
Catherine Gerlach, 1585, in-4° (avec une 
dédicace de Lassus au comte Bevilacqua). 
Draudius cite aussi : MadrigaU a 4 , 5 e 6 
voci, Norimbergae, 1587, in-4°,et MadrigaU 
a 4, 5,6 et 8 voci, Anvers, Jean Bellere, 
1593 , in-4°. — 46° // quinto libro de' Madri- 
gaU a 4 voci, del Orlando di Lasso; in VeDezia 
1587 , in-4°. Il est vraisemblable qu'il y en a des 
éditions antérieures. — 47° Il sesio libro de' 
MadrigaU qk et h voci, di Orlando di Lasso 7 



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LASSUS 



in Venezia, 1588, in-4°. — 48° Libro di VU- 
ktnclle, moresche ed altre canzoni a 4, 5, 6 
ed 8 voci ; Paris , Adrien Le Roy et Robert 
Bal lard , in-4° obi.; réimprimé à Anvers en 1582. 
Delmotte reprend Brunet d'avoir écrit dans le 
Supplément de son Manuel du Libraire ( t. 2, 
p. 284), moresche, à quoi il veut qu'on subs- 
titue motesche; mais il se trompe : la mo- 
resque était une sorte d'air en usage dans les 
seizième et dix-septième siècles : motesche n'est 
pas italien et n'a point de signification. — 49° Le 
quatorzième livre à quatre parties contenant 
dix-huit chansons italiennes, six chansons 
françaises et six motets faicts (à la nouvelle 
composition d'aucuns d'Italie ) par Rolando 
de Lassus; nouvellement imprimé à Anvers 
par Tylman Susalo, 1555, in-4°. Ce recueil 
n'est indiqué comme quatorzième livre que parce 
qu'il appartient à une collection de divers au- 
teurs publiée par Tylman Susalo. — 50° Las- 
sus, maislre de la chapelle de Vexcellentis- 
sime et illustrissime duc de Bavière, nou- 
velles chansons à quatre parties convena- 
bles tant à la voix comme aux instruments. 
Le premier livre , en Anvers, par Jean Laet, 
1566, cum privilegio, in-4°. Il doit y avoir des 
éditions antérieures, car le quatrième livre a 
été publié en 1564. — 51° Lassus, le second 
livre des nouvelles chansons tant à quatre 
comme à cinq parties. En Anvers, par Jean 
Laet, 1566, in-4°. — 52° Tiers livre des chan- 
sons à quatre , cinq et six parties convena- 
bles tant aux instruments qu'à la voix, im- 
primé à Louvain , par Pierre P h a lèse, 1566, 
avec grâce et privilège, in»4°. La dernière 
chanson de ce recueil a pour texte ces vers de 
Virgile : 

Tityre , tu patulae recubanssub tegmtnc fjgi, clc. 

— 53° Le quart livre des chansons nouvelle- 
ment composées par Roland de Lassus, conve- 
nables tant aux instruments comme à la voix, 
en Anvers, par Jean Laet, 1564, in-4». Dans 
la même année , une autre édition a été publiée 
sous ce titre : Quatriesme livre des chan 
sons, etc., Louvain. Pierre Pbalèse, 1564, 
in-4°. Un chj>ix de chansons de ces quatre li- 
vres fui donné par le même imprimeur, en 1570, 
avec d'autres chansons de Cyprien de Rore et de 
Philippe de Mons, sous ces titres : Premier livre 
des chansons à quatre et cincq parties com- 
posées par Orlando di Lassus , Cyprian de 
More, etc., convenables tant aux instruments 
comme à la voix, in-4°. — Second livre des 
chansons à quatre et cinq parties , etc. — 
Tiers livre des chansons à quatre , cinq et six 



parties , etc. — Quatriesme livre des chansons 
à quatre et cinq parties, etc. Draudius cite une 
autre édition de ces quatre livres de chansons 
imprimée à Francfort, en 1570, chez Stein, 
in- 4°. — 54° Livre de' chansons nouvelles à 
cinq parties, avec deux dialogues à huicl, 
Paris, 1571, in 4°. Lassus a publié lui-même 
ce recueil pendant son voyage à Paris, avec 
une ode en vers français adressée à Charles IX. 
Le même ouvrage a paru l'année suivante 
à Louvain, chez Pierre Phalèse, in-4°, sous 
ce titre : Livre V de chansons nouvelles à 
5 parties , avec deux dialogues. Il en a été 
fait une troisième édition par la veuve Ballard 
et son fils Pierre Ballard, 1599, in-8°. — 55°Afo- 
duli duobus vel tribus vocibus, auctorc Or- 
lando de Lasso; lib. 1; Monachii ,1582, in-4°. 

— 56° Cantiones elegiaciv suavissimœ duobus 
vocibus, lib. 2; Antuerpiœ, 1598, in-4° obi. 

— 57° Orlandi di Lasso prophétise Sibylla- 
rum quatuor vocibus chromatico more 
singùlari confectx industria et per Rodol- 
phum cjus filium typis datai ; Augusts , apud 
Georg. Willer, 1600, in-8° — 58° Lassus, maître 
de la chapelle ducale bavaroise. Nouvelles 
chansons allemandes à cinq voix, propres à 
chanter sur tous les instruments; Munich, 
Adam Berg, 1567, in-4° — 59° Deuxième 
partie des chansons allemandes à cinq voix ( en 
allemand); ibid., 1573, in-4° — 60° Troisième 
partie des belles chansons allemandes nouvelles 
à cinq voix , avec une gaie chansonnette fran- 
çaise ( en allemand ), ibid., 1576 , in-4°. — 61* 
Teutsche und Franzœsische Gesang mit 6 
Stimmen (Chansons nouvelles allemandes et 
françaises ) ; Munich, Adam Berg , 1 590 , in 4°. 

— 62° Etliche ausserlesene kurze, gute, 
geistliche und weltliche Liedlein mit 4 Stim- 
men, so zu vorin franzœsischer Sprache auss- 
gangen, jelzund àber mit teutichen Texten, 
und mit des Authors Bewilligung in Truck 
gegeben, durch Johann Biihler von Schwan- 
dorff ( Quelques chansons choisies, tant spiri- 
tuelles que profanes , à 4 voix , d'abord compo- 
sées sur des paroles françaises , mais aujourd'hui 
publiées en allemand , etc. Imprimées du con- 
sentement de l'auteur par Jean Biihler de Sclman- 
dorff, en son vivant maître de chapelle de l'em- 
pereur Ferdinand, de glorieuse mémoire, puis 
professeur à l'église collégiale de Ratisbonhe ) ; Mu- 
nich, Adam Berg, 1582 , in-4° .Ce recueil contient 
30 chansons. — 63°Sex cantiones latin», quatuor, 
adjuncto dialogo octo voeu m. — Sechs teutsche 
Lieder mitk Stimmen 9 sammt einem dialogo 
mit 8 Stimmen.— Six chansons françaises nou- 
velles à 4 voix, avec un dialogue à huil.—Sei 



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LASSUS 



221 



madrigali nuovi a quatro, conundialogo a otto 
voci; Monachii, per Adamum Berg,l573, in -4° obi. 
De* tirages différents ont Hé faits du même ou- 
vrage, pour chacune de ce» langues, chez le même 
imprimeur et avec la même date. — 64° Pieue 
(eutsche Liedlein mit filnf Stimmcn... zu 
singcn, und aufallcrley Instrumenten zu ge- 
brauchen. I, II,THTheil. Miinchen, bei Adam 

Berg , 1 567- 1 576, in-4° obi 65 ° Xev e teu tsch e 

*und etliche franzœsische Gesxng mit sechs 
SU min en; Mtinchen, bei Adam Berg, 1590, 
in-4° obi. Après la publication de ce cinquième 
livre par Lassus, il a été fait une multitude de 
collections complètes ou choisies de mélanges, de 
parodies de motets en chansons ou de chansons 
en motets, et de traductions de madrigaux ou 
de chansons allemandes et latines, sur la musique 
de cet homme célèbre. Les plus connues de 
ces publications sont celles dont les titres sui- 
vent : 1° M eslange contenant plusieurs chan- 
sons latines et françaises A4, 5,6, S et 10 
parties; Paris, 1570 , in-4°, avec le portrait de 
Lassus gravé en bois, cinq distiques latins de 
Gahori in effigiem Lassi, et trois hexamètres 
de Jodelle sur le même portrait — 2° Meslanges 
d'Or lande de Lassus , ou recueil de ses plus 
beaux ouvrages en musique ; Paris , Adrien 
Le Roy et Robert Ballard, 1576, in-4°. — 
3° Continuation des meslanges d'Orlande de 
Lassus j Paris, Adrian Le Roy, 1584, in-4°. — 
4° Continuation des meslanges d'Orlande de 
Lassus y Paris, Adrian Le Roy et la veuve 
R. Ballard, 1586, in-4°. Une nouvelle édition 
complète de ces Meslanges a été publiée à Paris, 
chez Pierre Ballard, en 1619, in-8 .— 5° Thrésor 
de musique d'Orlande de Lassus, conte- 
nant ses chansons, à quatre, cinq et six par- 
ties (sans nom de lieu), 1576, in-8°. L'impri- 
meur, en s'adressant aux musiciens , s 'ex/use de 
ne pouvoir publier toutes les chansons d'Or- 
lande à cinq et six parties comme celles qui sont 
à quatre voix , et il promet de prétenter à la 
deuxième édition un thrésor accompli. Cette 
promesse a été réalisée dans Le Thrésor de mu* 
sique d'Orlande de Lassus, prince des musi- 
ciens de nostre temps, contenant ses chan- 
sons françoises, H oit runes et latines, à 
quatre, cinq et six parties : augmentées de 
plus de la moitié en ces te seconde édition 
(sans nom de lieu), l;>82,in-12. Ce recueil 
contient 183 chantons. L'éditeur explique dans 
la dédicace les motifs qui Pont porté à changer 
les parole* peu chastes de la plupart des chan- 
sons de Lassus, pour leur en substituer d'au- 
tres plus honnêtes. On peut lire ce passage cu- 
rieux dans la notice de Delmotte (p. 107 et suiv ). 



La troisième édition du Thrésor a paru chez 
R. Ballard, eu 1594. C'est cette même édition 
que Draudius a citée ( sans nom de lieu ) sous 
le titre latin : Thésaurus musicus cantionum 
GalL Ital. Latin. 4, 5, 6 vocum , et avec la 
fausse date de 1595. Il en a été publié une qua- 
trième à Cologne, dans la même année, in -4°. 

— 6° La fleur des chansons des deux plus 
excellents musiciens de nostre temps, assavoir 
d'Orlande de Lassus et de Claude Goudimcl; 
Lyon, par Jean Bavent, 1574. Premier livre à 
4 parties, in-12 obi. Deuxième livre à cinq 
parties, 1575. Burney en indique une autre édi- 
tion de la même ville, 1576, in-4°. Un litre 
semblable a été choisi pour un recueil de chan- 
sons de Lassus seul : le voici : — 7° La fleur 
des chansons d'Orlando Lassus, maistre de 
la chapelle du sérénissime duc de Bavière, 
à quatre, cincq 9 six et huict parties, en An- 
vers, chez Pierre Phalèse et chez Jean Bellere, 
1592, 6 vol. in-4°. La date de 1593, donnée par 
Draudius , est fausse. Il y a une deuxième édi- 
tion de ce recueil , en Anvers, de ^imprimerie 
de Pierre Phalèse, libraire juré, 1604, 6 vo- 
lumes in-4°. — 8° Chansons nouvelles alle- 
mandes cl françaises à 6 voix, Munich, 
Adam Berg , 1590, in-4°. — 9° Jean Pasquicr, 
la lettre profane des chansons des Mes- 
langes d'Orlando changée en lettre spiri- 
tuelle à 4, 5 et 8 parties, à la Rochelle, 
Pierre Haultin, 1575 et 1576. — 10° Jean Pas- 
quier, cantiques et chansons spirituelles pour 
chanter soubz la musique des chansons pro- 
fanes d'Orlando de Lassus, à 4 et 5 parties, 
à la Rochelle, Pierre Haultin , 1578. — 1 1° Dou- 
zième livre de chansons à quatre et cinq 
parties d'Orlande de Lassus et autres. Im- 
primé en quatre volumes à Paris, 1583, par 
Adrian Le Roy et Rob. Ballard. — 12° Trei- 
zième livre (même titre); ibid., 1573 (Cette date 
prouve que le douzième livre a été réimprimé). 

— 13° Quatorzième livre (même litre); ibid., 
1578. — 14° Quinzième livre, etc.; ibid., I57S. 

— 15° Sesième livre (sic), etc.; ibid., 1579. — 
16° Dix-set ième livre (sic); etc.; ibid., 1579. 

— 17° Dix-huict ième livre , etc., ibid., 1576. 

— 18° Dix-neuvième livre des chansons d'Or- 
lande de Lassus, ilwd., 1581 — 19° Vingtième 
livre idem.; ibid., 1578. — 20° Vingt-unième 
livre de chansons d'Orlande de Lassus et aul- 
très à quatre et cinq parties, ibid., 1571. — 
21° Vingt- deuxième livre, idem ; ibid., 1583. — 
22° Vingt -troisième livre idem ; ibid., 1583. — 
23° Vingt -quatrième livre d'airs et chansons 
à quatre parties d'Orlande de Lassus et 
Claude le Jeune.; ibid., 1587.— 24° Vingt-cin- 



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222 



LASSITS 



quième livre d'airs et chansoiîs à quatre par- 
ties d'Orlande de Lassus et Claude le Jeune : 
ibid., 1587. Toutes ces collectioas existent à la 
bibliothèque royale de Berlin, mais incom- 
plètes. 

Outre le superbe manuscrit des Psaumes de 
la pénitence , la bibliothèque royale de Munich 
possède cent quatre-vingt-onze compositions 
manuscrites de Lassus, parmi lesquelles on re- 
marque 32 messes, dont une de requiem, 53 Ma- 
gnificat, 11 Nunc dimittis, 3 psaumes, 1 of- 
fice complet de la Purification de la Vierge , 
3 Benedictus, 7 litanies de la Vierge, dont une 
à 9 voix en deux chœurs , 30 motets, 34 hym- 
nes, 2 Asperges me, 6 Salve Regina, dont 1 à 
S voix, 1 Ave regina, 1 Aima redemptoris , 
1 Regina cœli, et une Passion. 

Depuis le milieu du dix-septième siècle, la 
transformation de la tonalité et de l'harmonie 
avait fait oublier peu à peu les œuvres de l'il- 
lustre musicien de Mons ; son nom avait con- 
servé sa célébrité , mais ses œuvres étaient à 
peu près inconnues. Dans la seconde moitié du 
dix-huitième siècle, le goût de l'histoire de la mu- 
sique s'éveilla, et la nécessité de l'appuyer sur 
les monuments de l'art se révéla aux historiens. 
La Borde, le premier en France, donna des spé- 
cimens de la musique de Lassus, en partition, 
dans le deuxième volume de son Essai sur la 
musique, mais le choix qu'il fit de deux motets 
de ce maître, dans les Meslanges publiés à Pa- 
ris en 1576, n'est pas heureux; car il s'en faut 
de beaucoup qu'ils soient les plus intéressants, 
soit par les thèmes, soit par la facture. Déjà, 
qoalre ans auparavant (1776), Hawkins avait in- 
séré dans le second volume de son Histoire gé- 
nérale de la musique (1) l'excellent madrigal à 
cinq voix Oh damarissime onde, morceau 
aussi remarquable par la douceur de l'harmonie 
que par les mouvements naturels des voix, et 
par l'élégance de la facture. En 1789 Burney 
donna, dans le troisième volume de son Histoire 
de la musique (2), la chanson latine à quatre voix 
Aima Nemes qux sola, Xemes quai dicere Cy- 
pris altéra, tirée du recueil qui fut publié à An- 
vers, en 1555. 

Mais c'est surtout dans notre siècle que de beaux 
monuments du talent de Lassus ont été publiés 
en partition et ont fourni aux amis de Part les 
moyens de connaître l'importance des travaux de 
ce grand artiste. La plus intéressante de ces pu- 
blications est, sans aucun doute , celle des sept 



(!) A General liistor y of the science and practice of 
Music, t. II, p. soi. 
{*) A Général History of Music, t. III, p. 817. 



psaumes de la pénitence, dont on est redevable 
au savant Dehn. Elle a paru chez Gustave Crantz, 
à Berlin, en 1838, sous ce titre : Psalmos Vif 
pamitentiaUsmodismusicis adaptai it Orlan- 
dus de Lassus, publicijuris fecit et Friderico 
Guilelmo Principi Borussix hœredilario ar» 
tium fautori sacros esse vult S. W. Dehn. En 
1835, M. Pearsall de Willsbridge avait déjà mis 
au jour à Carlsruhe un Magnificat du deuxième 
ton, à 6 voix, du même auteur, et dans la même 
année Rochlitz avait fait paraître le premier vo- 
lume de sa collection de musique vocale des 
maîtres les plus célèbres de toutes les nations (1), 
où Ton trouve un Regina cœli, et un Salve Re- 
gina à 4 voix , le chant de Noël à 5 voix, Angé- 
lus ad pastores ait, et un Miserere à 5 et à 6 
de Lassus. Vers le même temps, Dehn publia à 
Berlin le psaume 33 (Guslate et videte) a 5 voix, 
le motet à 10 voix en deux chœurs Quo prope- 
ras; un Magnificat à 5 voix parut dans la même 
ville, chez Schlesinger, ainsi que l'offertoire Con- 
firma hoc Deus, à 6 voix, chezGuttentag. L'infati- 
gable Dehn a publié, dans sa collection d'ancienne 
musique des seizième et dix-septième siècles (2), 
une suite intéressante de six chansons allemandes 
à quatre voix et un dialogue à huit de Lassus, 
tirésde l'édition imprimée à Munich, chez Adam 
Berg, en 1573 (voy. le numéro 54 du catalo- 
gue précédent). Douze motets et psaumes à 4, 5, 
6, 7 et 8 voix du même maître ont été donnés 
par M. François Commer dans les septième et 
huitième volumes de sa grande collection des 
compositeurs belges intitulée Collectio operum 
Musicorum Batavorum sœculi XVI (Matcnce, 
Schott). Charles Proske, chanoine de la cathé- 
drale de Ralisbonne, en a publié vingt à 4 voix 
dans le second volume de sa belle collection qui 
a pour titre : Musica divina, sive Thésaurus 
concentuum selecl issimorum o?nni cultui di- 
vino totius annijuxta rit um sanctœ Ecclesix 
catholicx inservientium (Hatisbonne, 1855, 
in-4°). Dans le premier volume de la même collec- 
tion, on trouve la messe du huitième ton, et celle 
qui a pour thème la chanson populaire Puisque 
fay perdu, toutes deux à 4 voix. Le même sa- 
vant éditeur a publié aussi dans la première par- 
tie du premier volume de son Selectusnovus mis- 
sarum t prxstant issimorum superioris xviauc- 
torum (Ralisbonne, 1856, in -4°), la messe à 5 voix 
de Lassus sur le thème de la chanson italienne : 



(1) Sammluuç vorUlglichvr Gesangstûcke der anw- 
kannt grœsstcn zur/leir/i'/ùr die Geschlehte der Ton- 
kunst, etc. Mjycnce, Schott, tn-fnï. 

(i) Sammlung altermusik ans dem 16 e und 17* Jakr- 
hundert. herausjegeben von % etc. Berlin, GusU? CranU 
(s. d.), gr. ln-8°. 



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LASSUS 



223 



Quai donna attende a gîoriosa fama, en parti- 
tion. Kn 1847, le pasteur M. Ferrenberg a publié 
à Cologne, chez Heberlé, la messe à 4 voix de Las* 
sus, or sus à coup, avec d'autres compositions 
d'Asola, d'Horace Vecchi et d'Arcadelt. Enfin , 
M. Conimer a fait paraître à Berlin , en 1860, 
six messes inédites de l'illustre musicien de Mon*, 
d'après les manuscrits de la bibliothèque royale 
de Munich. 

Un monument digne de ce grand compositeur 
va £tre élevé à sa gloire dans le pays qui Ta vu 
naître. Sur la proposition et le rapport de M. Char- 
les Rogier, ministre de l'intérieur en Belgique, le 
roi Léopold a décidé, par arrêté royal en date du 

10 novembre 1860, qu'une collection des œuvres 
des musiciens belges les plus célèbres des quin- 
zième et seizième siècles sera publiée en partition, 
sous les auspices du gouvernement, et que la pre 
mière série comprendra les œuvres complètes de 
Lassus. La direction de cette entreprise est con- 
fiée à l'auteur de cette notice. 

Beaucoup de portraits de Roland de Lassus 
sont connus. Parmi les miniatures du beau ma- 
nuscrit de Munich, on en trouve un en buste et 
un autre en pied : Delmotte a fait faire une belle 
lithographie d'après le dessin de celui-ci pour sa 
notice. Le Meslange publié à Paris en 1570 con- 
tient un portrait gravé sur bois; les Lagrtme di 
S. Pietro (1594) en renferment un autre de l'ar- 
tiste, à l'âge de 72 ans. Dans l'Iconographie de 
Reusner, on en trouve un, gravé sur bois, in-8°; 
un autre in-4°, gravé de la même manière, est 
ajouté au Thrésor in-4° de Robert Ballard, 1594. 
N. de Larmessin en a gravé un in-4° en taille- 
douce; Théodore de Bry et Meysens en ont pu- 
blié deux autres également in-4° ; la collection de 
Hawk en renferme un gravé par Cadwal , petit 
in-4°; celui de Jean Sadeler, publié en 1600, est 
en format in-8°; il a été copié dans V Académie 
des sciences et des arts de Bullart et dans la 
Bibliotheca Belgica de Foppens ; il y en a un 
gravé sur bois (in-fol.)dans les Prosopographix 
heroum atque iltustrium virorum totius Ger- 
manise, de H. Pantaleone (Bâle, 1566, 3 e partie, 
p. 541); un autre est dans le livre de Paul Fre- 
lier; Amelingue, célèbre graveur français, en a 
publié un beau en taille-douce, avec les vers : 

Hic Ule, etc. 

11 en est sans doute plusieurs autres qui me sont 
inconnus. 

L'historien de la ville de Mons (de Boussu) as- 
sure , d'après Philippe Brasseur ( Sydera illus- 
1 rium Hannonix srriptor., p. 84), que les ma- 
gistrats de cette ville élevèrent à Lassus une sta- 



tue dans l'église Saint-Nicolas, avec cette inscrip- 
tion sur le piédestal. 

s. p. Q. M. 
MontlgeDC Orlando, quod co nascente renata est 
Musica, Montcn»es boc posuere decus. 

11 ajoute que cette statue a été détruite vers 
1680 ; mais Delmotte a démontré la fausseté de 
ces assertions, et a rendu plus que douteuse l'exis- 
tence de cette statue, à quelque époque que ce soit. 
Depuis que la première édition de la Biographie 
universelle des musiciens a été publiée, une 
belle statue de l'artiste célèbre a été élevée à Mu- 
nich, dans la rue Louis (Ladwigsstrasse), aux 
frais du roi de Bavière. Animée d'un zèle louable 
pour l'honneur de la ville de Mons, la Société des 
sciences, des lettres et des arts de Hainaut prit 
en 1840 l'initiative de l'érection d'un monument 
du même genre, à la mémoire de la plus grande 
illustration de cette cité. Par son zèle et ses ef- 
forts persévérants, et grâce à la part active prise 
par l'administration communale à la réalisation 
de ce vœu, le but a été atteint, et le 25 mai 1853, 
une statue en bronze d'Orland de Lassus, ouvrage 
de M. Frison, a été inaugurée dans le parc de la 
ville qui a vu naître ce grand homme. 

Grand nombre de notices biographiques ont 
été faites sur Roland de Lassus dans les recueils 
généraux et nationaux, ainsi que dans les die. 
tionnaires d'artistes ; mais la plupart des compi- 
lateurs n'ont fait que se répéter en ajoutant 
quelques erreurs nouvelles aux anciennes er- 
reurs. Dans ces derniers temps, de meilleures 
sources ont été explorées et ont donné de bons 
résultats : je citerai particulièrement une excel- 
lente notice insérée dans les n°* 38, 39, 41, 43 et 
47 du journal allemand Das Inland (ann. 1830), 
publié par le libraire Cotta, à Munich, et la cons- 
ciencieuse monographie intitulée : Notice bio- 
graphique sur Roland de Lattre, connu sous 
le nom d'Orland de Lassus, par H. Delmotte, 
imprimerie de Prignet, à Valenciennes , 1836, 
in-8°de 176 pages. Dehn en a donné une tra- 
duction allemande, et il en a été publié une ver- 
sion hollandaise par M. F -C. Kist, sous ce ti- 
tre : Lcvensgeschicdenis van Orland de Las- 
s\is; la Haye, 1841, in-8°, avec le portrait. 
M. Adolphe Mathieu a publié un poème intitulé : 
Roland de Lattre,- Mons, Piérart, 1838, in-18 
76 pages. Ce poëmeest précédé d'une notice bîo- 
grapi.ii]iie extraite de celle de Delmotte, et suivi 
de notes 

LASSUS (Fr-RDiKANn DE), fds de Koland, pa- 
raît avoir été l'ainé des enfants de cet artiste cé- 
lèbre ; mais l'année de sa naissance est inconnue. 
On ignore aussi s'il apprit la musique sous la di- 



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224 



LASSUS 



rection de son père, ou s'il eut pour maître Jean 
à Tosta, \i ce- maître de chapelle chargé de l'ins- 
truction des enfants de chœur. Ferdinand entra 
d'abord au service de Frédéric, comte de Holien- 
zollcrn, en qualité de musicien de sa chapelle; 
puis, ou 1593, il passa comme ténor dans la 
chapelle du duc de Bavière. En 1602 il succéda 
à Jean de Tosta dans la direction de cette cha- 
pelle, et fut en même temps chargé de la surveil- 
lance, de l'entretien et de l'instruction des enfants 
de chœur. Ces enfants étaient logés chez lui; on 
lui accordait pour chacun 132 florins par an. Il ne 
recevait pour ses émoluments de maître de cha- 
pelle qu'une somme annuelle de 300 florins, tan- 
dis que Jean de Tosta avait eu 500 florins de 
traitement (100 florins de plus que Roland de 
Lassus), 10 florins pour un habit, et 20 florins 
pour le logement. Ferdinand était marié et père 
de sept enfants; le duc Guillaume lui accorda la 
faveur d'envoyer en Italie le troisième de ses (ils, 
nommé Ferdinand comme lui, pour y achever 
son instruction dans la musique. Devenu souf- 
frant en 1608, et bientôt hors d'état de remplir ses 
fonctions, Ferdinand languit près d'une année, 
et mourut à Munich, le 27 août 1609. Il avait 
coopéré à la publication du Magnum opus. Fer- 
dinand était compositeur : ou voit parmi les piè- 
ces des archives de Munich qu'il lui fut payé 
1S florins pour un Magnificat, lia publié de sa 
composition : Cantiones sacrx suavissimx et 
omnium musicorum instrumentorum harmo- 
nise per quam accommodatx, alias neevisa?, 
nec unquam Ujpissubjeclx; Graetz, 1587, in-i°. 
A la fin des leçons ôeJob de Roland de Lassus, 
publiées à Nuremberg, en 1588, in 4°, on trouve 
quelques motets de Ferdinand , ainsi que dans 
le recueil de motets à 5 voix (Munich, 159*5, 
in- 4°), et dans le premier livre de Magnificat, 
édition de Munich, 1602, in-fol. Après la mort de 
son fils Ferdinand, on trouva beaucoup de com- 
positions sous le nom de Ferdinand de Lassus, 
majs il y a lieu de croire qu'elles appartiennent 
au petit- (ils d'Orland de Lassus. 

LASSUS (Rodolphe DE>, second fils de Ro- 
land, naquit à Munich. Par une ordonnance de 
Guillaume, duc de Bavière, datée du décembre 
1587, on voit qu'il avait demandé à ce prince la 
permission de se marier, qui lui fut accordée 
avec le titre d'organiste et le traitement de 200 
florins, sous la condition qu'il apprendrait à chan- 
ter aux musiciens de la chapelle, et qu'il les 
instruirait dans la composition. En 1609, son trai- 
tement fut porté à 300 florins. Après une mala- 
die dangereuse, il composa en ICI 6 ses Yirgi- 
nalia cucharistica, qu'il fit présenter par son 
fils au duc régnant. L'année suivante, il lui of- 



frit encore quinze volumes contenant 6 messes, 
6 Magnificat et 6 motets; et enfin, en 161 S, il le 
pria d'accepter la % dédicace de son Sacrum con- 
vivhim. La réputation de cet artiste, digne fils 
d'un illustre père , était celle d'un musicien si 
distingué , que lorsque Gustave-Adolphe, sur- 
nommé le Lion du Nord, vint à Munich, en 
1622, il l'honora d'une visite et lui demanda plu- 
sieurs morceaux de sa composition. Il mourut 
en 1625. Les compositions connues de Rodolphe 
de Lassus sont : Cantiones sacrx quatuor ro- 
cum; Munich, Henrici, 1606, in -4°. — 2° Cirvus 
symphoniacus, ibid.,1609, in-4°. — 3° Moduli 
sacri ad convivium sacrum 2,3 et û vocum ; 
Augsbourg, 1614, in 4°. _ 4° Virginalia Eucha- 
ristica quatuor vocum; Monachii, Henrici, 
1616, in-4°. — 5° Alphabet um marianum tri- 
plici cantionum série ad multifariam vocum 
harmoniam; Munich, 162 1. Ce recueil contient 
57 antiennes de la Vierge. On trouve aussi des 
compositions de Rodolphe de Lassus dans quel- 
ques recueils des œuvres de son père. La biblio- 
thèque royale de Munich ne possède pas les vo- 
lumes manuscrits que Rodolphe fit présenter à 
son souverain, et qui contenaient 6 messes, 6 Ma- 
gnificat et 6 motets ; mais on y trouve le Madrigal 
à 6 voix : Perche fuggi, et un Miserere à 9 voix 
de cet artiste. Rodolphe a été l'éditeur de quel- 
ques œuvres posthumes de son père et le principal 
collaborateur du Magnum opus. 

LASSUS (Ferdinand DE), troisième fils de 
Ferdinand, et petit-fils de Roland, étudia d'abord 
la musique sous la dirèclion de son père, comme 
enfant de chœur de la chapelle ducale. En IG09 
ilfutenvo>éà Rome par l'électeur de Bavière 
Guillaume, pour y achever ses études musicales. 
De retour en Allemagne, il entra en 1616 au 
service du duc Max imi lien. Le 19 ]an\ier 1625, 
l'électeur lui accorda une augmentation de 100 
florins pour son traitement annuel. Par des mo- 
tifs inconnus, il reçut à Pimproviste sa démis- 
sion de maître de chapelle, au mois de novem- 
bre 1629, avec sa nomination de juge du district 
et de caissier à Reispach. Il mourut au com- 
mencement de 1636, laissant en manuscrit un 
grand nombre de compositions que sa veuve of- 
frit en vente à la cour, et dont le catalogue pré- 
sente les ouvrages suivants : 3 Magnificat; 

1 Aima redemptoris; l iVunc dimittis; 8 mo- 
tets; quelques madrigaux à 8 voix; 1 Miserere; 
O quam gloriosa, motet à 16 voix; Miserere 
à 15 voix; idem à 16 voix ; Aima redemptoris 
à 16 voix; quelques madrigaux à 3, 4, 5, G, 7 
voix; d'autres madrigaux à 2, 3 et 4 chœtiis; 

2 Miserere à 2 chœurs et un à trois ; des hym- 
nes pour toute l'année; quelques psaumes â 



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LASSUS — LATILLA 



225 



8 voix ; un Magnificat k 9 voix, et trois idem à 
3 chœurs; deux Te Deum à 4 chœurs; Stabat 
Mater à 2 chœurs; 2 litanies de la Vierge à 
2 chœurs ; 2 messes à 10 voix ; idem à 3 chœurs ; 
quelques motets à 10, 11, 12, 15 et 16 voix; 
un Miserere à 9 en 2 chœurs ; 1 idem à 8 en 
2 chœurs; 1 idem à 15 en quatre chœurs; 1 idem 
à l? en 3 chœurs. Ferdinand de Lassus fils a pu- 
blié un seul ouvrage de sa composition intitulé : 
Apparatus musicus octo vocum varias casque 
sacras et divims officies aptas complectens 
odas; Monachii, 1622, in-4°. Un exemplaire de 
cet ouvrage, devenu d'une rareté excessive, est 
à la bibliothèque royale de Berlin. Les huit voix 
sont divisées en deux chœurs, et il y a une par- 
tie séparée pour raccompagnemont de l'orgue. 
Malheureusement la partie de contralto du se* 
cond chœur manque dans cet exemplaire, le 
seul que j'aie trouvé dans tous les catalogues que 
j'ai vus. 

Quelque incertitude parait avoir régné dans 
l'esprit des bibliatfiécaires de Munich et deDel- 
molte, pour décider si ces compositions appar- 
tiennent à Ferdinand de Lassus père, ou à son (ils; 
pour moi, j'ai la conviction qu'elles sont de celui- 
ci ; car le grand nombre de voix dont elles sont 
formées en général était un des signes carac- 
téristiques de l'école deBenevoli, qui était à Rome 
dans toute sa splendeur quand le jeune Ferdi- 
nand de Lassus s'y rendit; c'est là qu'il a dû 
prendre le goût de ce genre de composition, au- 
paravant peu connu en Allemagne. D'ailleurs 
Ferdinand, fils d'Or la nd de Lassus, était mort 
depuis treize ans quand V Apparatus musicus fut 
publié. 

LASUS, poêle et musicien grec dont paile 
Athénée, naquit à Hermione, dans l'Argolide, 
vers la 50 e olympiade (environ cinq cent-quatre- 
vingt-dix ans avant l'ère chrétienne ) . Athénée 
dit que Lasus fut le premier parmi les Grecs 
qui écrivit sur la musique et qui donna des 
règles pour la composition du chant; mais aucun 
de ses ouvrages n'est parvenu jusqu'à nous. 
Clément d'Alexandrie lui attribue l'invention du 
poème dithyrambique. On croit aussi que ce fut 
lui qui introduisit l'usage de battre la mesure, 
et qui perfectionna la flûte, auparavant rauque 
et grossière. 

LATILLA (Gaétan), né à Bari, dans le 
royaume de Naples, en 1713, apprit la musique 
dans la maîtrise de l'église cathédrale du lieu de 
sa naissance, puis fut envoyé à Naples, pour y 
achever son éducation musicale, sous la direc- 
tion de Dominique Gizzi. Il était âgé de vingt- 
cinq ans lorsqu'il fit représenter à Naples son 
premier opéra, qui réussit et le fit connaître 

RIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. V. 



avec avantage. Appelé à Rome dans la même 
année pour y écrire son Orazio, il y obtint un 
éclatant succès qui lui lit trouver des protecteurs 
et lui ouvrit les portes de la maîtrise de Sainte- 
Marie-Majeure. 11 y fut admis comme second 
maître de chapelle et coadjuteur de Caunicciari, 
le 31 décembre 1738; mais une longue maladie 
ne lui ayant pas permis de remplir ses fonctions, 
il fut remercié le 8 avril 1741, et retourna a 
Naples pour y rétablir sa santé. Sa convalescence 
fut longue et pénible : enfin il put reprendre ses 
travaux, et, pendant plus de vingt ans, il continua 
d'écrire avec succès pour les principaux théâtres 
d'Italie. En 1756, Latilla fut nommé maître du 
chœur du Conservatoire de la'Pielà, à Venise, et 
| le 16 mars 1762 il obtint la place de second 
maître de la chapelle ducale de Saint-Marc, en 
remplacement de Galuppi qui venait d'être élevé 
au poste de premier maître. Son traitement n'é- 
tait que de 120 ducats : au mois de janvier 1765, 
Latilla obtint une augmentation de quarante du- 
cats; mais jamais il ne parvint à faire porter son 
salaire à 200 ducats, qui élait celui du premier or- 
ganiste. Blessé d'une injustice que son mérite, et 
son zèle dans l'exercice de ses fonctions, auraient 
dû lui épargner, il donna sa démission au mois 
de juin 1772 et s'éloigna de Venise, en décla- 
rant qu'il n'y mettrait plus les pieds. Burney, qui 
vit cet artiste dans cette ville en 1770, dit qu'il 
trouva en lui un homme instruit dans la musique 
ancienne et moderne, beaucoup de simplicité 
et de bonté. De retour à Naples vers la fin de 
1772, Latilla y était encore en 1785, lorsque 
Ferrari y arriva et le prit pour maître de com- 
position. Nous devons à ce dernier quelques dé- 
tails intéressants sur le caractère et les habitu- 
des de son maître : il les a publiés dans ses 
mémoires (I). « Latilla (dit-il) était tort habile 
« dans l'art du contrepoint ; mais, dans ses ha- 
« hitudes, c'était un vrai lazzarone : pourvu 
« qu'il eût de quoi acheter un plat de macaroni, 
« il était satisfait. Le prix de ses leçons était d'un 
« carlino pour un Napolitain, de deux pour un 
« étranger en général, et de trois pour un Ao- 
« glais. Comme étranger, je lui offris deux car- 
« Uni : Non, non, me dit-il, tous êtes un Ty- 
« rolien ; et comme Tirolese rime avec Inglese, 
« ergo, vous devez payer comme votre ami sir 
« Thomas Attwood. Il n'y avait rien à répondre 
« a cet argument : je me résignai à payer, et 
«.n'eus qu'à me louer d'avoir trouvé un maître 
« si instruit. Il venait chez moi quatre fois cha- 



(I) Aneddoll piacevoli e interessanti occorti ne lia vit a 
di Giacomo Gotifredo Ferrari. Londres, 1830, s vol. 
in- IX. 



15 



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220 



L ATI LIA — LATROBE 



• que semaine, et nous passions ensemble plu- 
« sieurs heures. » 

Latilla vivait encore en 1788, mais il mourut 
peu de temps après. Peu de compositeurs de 
l'école napolitaine ont eu un style aussi correct 
que lui : sa musique d'église est particulièrement 
remarquable à cet égard. Je possède de lui une 
messe à quatre voix avec orgue, et le psaume 
In exitu à cinq, compositions de grand mérite. 
La liste de ses opéras est composée des ouvrages 
suivants : 1° Demofoonte; Naples, 1738. — 
2° Orazio; Rome, 1738, et Venise, 1743. — 
3° La finta Cameriera; Naples 1743. —4° La 
Gara per la gloria; Venise, 1744. — 5° 3fa- 
dama Gianà , avec Galnppi ; ibid. - 6° Amore 
in (arentola, ibid. 1750. — V La Pastorella al 
soglio, ibid. 1751. —8° Griselda, Rome, 1747. 

— 9° GV Impostori, 1751. — 10° L'Opéra in 
prova alla moda, 1751. — 11° V Isola d'a- 
more.— 12° Vrganostocor , 1752.— 13° Z'O- 
limpiade, 1752.— ik n Amore artigiano, 1701, 

— 15° Alessandro neW Indie, 1753. — 16°J/e- 
rope, 1763. — 17° La Giardiniera confessa. — 
18° La Commedia in Commedia. — 19° Don 
Calascione. — 20° La buona Figliuola cre- 
duta vedova ; Venise, 1768. On connaît aussi 
de Latilla l'oratorio : L'onnipotenza e la mise- 
ricordia divina. Ce compositeur était oncle de 
Piccinni. 

LATOUR (Jean), pianiste et compositeur, 
né à Paris vers 1766, se rendit à Londres dans 
les premières années de la révolution française , 
et s'y livra à renseignement avec beaucoup d'ac- 
tivité. Ses relations avec quelques émigrés de 
haut rang lui furent utiles, et lui procurèrent 
l'entrée de plusieurs grandes maisons. Le titre 
qu'il obtint de pianiste du prince de Galles 
( depuis lors roi d'Angleterre, sous le nom de 
Georges IV) acheva sa fortune. Devenu en quel- 
que sorte le Gelinek de l'Angleterre par ses 
compositions et ses arrangements faciles pour le 
piano, il multiplia les variations, pots-pourris, 
fantaisies, qui obtenaient partout un succès de 
vogue, et en recueillit des sommes considérables. 
Vers 1810 il établit à Londres une maison de 
commerce de musique sous le nom de Chappell 
et C ie ; plus tard, il se sépara de son associé, qui 
fonda une autre maison. Quoique Latour 
vécût alors dans une maison de campagne voi- 
sine de Londres , il conserva encore son com- 
merce pendant quelques années. Vers 1830 il 
quitta les affaires, et quelque temps après il se fixa 
à Paris, où il est mort en 1837. On a, sous le nom 
de cet artiste : 1° Concerto militaire pour le 
piano (en ut) ; Paris, Janet et Cotelle. — 2° Cinq 
duos détachés pour harpe et piano; Londres et 



Paris. — 3° Environ trente divertissements et 
rondeaux détachés pour piano et violon ou flûte r 
la plupart sur des thèmes d'opéras ou des airs po- 
pulaires, gravés à Londres, à Paris, et dans les 
principales villes d'Allemagne. — 4° Environ 
vingt-cinq duos à quatre mains sur différents 
thèmes connus, ibid. — 5° Sonates progressives 
pour piano seul ; Londres, Berlin, Offenbach. — 
6° Sonates faciles et doigtées idem ; Paris, Carli, 
Frey, etc. — 7° Environ soixante suites de va- 
riations, divertissements, caprices, etc, pour 
piano seul, Londres, Paris, et les principales 
villes de l'Europe. — 8° Valses et danses pour 
piano seul, Londres et Offenbach. 

LATOUR DE FRANQUEVILLE (M-* 
DE). On attribue à une dame de ce nom une 
critique amère de tous les passages qui concer- 
nent J.-J. Rousseau dans l'Essai sur la musique, 
de La Borde. Ce pamphlet a pour titre : Errata 
de V Essai sur la musique ancienne et moderne, 
ou Lettre à M*** par J#»«* É * (En Suisse), 
1780, in-12. D'autres personne ont cru que Ga- 
viniès (voy. ce nom) était le principal auteur de 
cette brochure. La Borde répondit avec aigreur 
dans le Supplément à V Essai sur la musique, 
et l'auteur de Y Errata fit une réplique intitulée 
Afon dernier mot, qui termina la dispute. Ces 
deux pièces ont été ajoutées à l'édition complète 
des œuvres de J.-J. Rousseau, publiée à Genève 
en 1782, et à toutes les éditions postérieures. 

LATROBE (Chhétien-Ignace), fils d'un ec- 
clésiastique anglais, naquit à Fulnee, dans' le 
Yorkshire, en 1758. Dès son enfance il mêla l'é- 
tude de la musique à ses études littéraires. Après 
avoir suivi des cours élémentaires dans sa ville 
natale, il fut envoyé par son père, en 1771, au 
collège de la secte religieuse des Frères- unis , 
situé à Niesky, dans la haute Lusace. Il y 
resta treize ans, puis il retourna en Angleterre 
dans l'année 1784, et y entra dans les ordres. 
Depuis lors il a toujours résidé à Londres, où 
il vivait encore en 1824. Quelques concertos 
pour le piano ont été ses premières composi- 
tions; ils sont restés en manuscrit. Vers 1790 il 
a fait paraître 12 variations pour le même instru- 
ment; Londres et Leipsick. A cette publication 
succéda une sonate pour piano et violon obligé » 
ibid. En 1793, lorsque Haydn visita Londres» 
Latrobe lui fit entendre une œuvre de trois so- 
nates, op. 3, qui furent approuvées par le célèbre 
artiste et parurent à Londres dans la même 
année. Quelques antiennes parurent ensuite, et 
furent suivies du Dies ira, hymne du jugement 
dernier, traduit en anglais, de The Dawn of 
Glonj (L'aurore de gloire), hymne sur le' bon- 
heur du rédempteur; de V Antienne du Jubilé y 



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LAÏROBE — LAUCHER 



pour le cinquantième anniversaire de l'avènement 
de Georges III au trône d'Angleterre ; d'un Te 
Deum exécuté dans la cathédrale d'York ; d'un 
Miserere; de quelques antiennes publiées dans 
un livre de chant à l'usage des Frères-unis, et de 
six airs avec accompagnement de piano, dont les 
paroles sont de Cooper et de Miss Anna More. 
En 1806, Latrobe commença la publication d'une 
collection de musique religieuse, dont il avait 
paru cinq volumes en 1824; cet ouvrage a pour 
titre : Sélection ofSacred Music. 

LATROBE ( J.-A.), fils du précédent, na- 
quit à Londres, en 1792. Dès son enfance il se 
livra à l'étude de la musique. Devenu maître de 
chapelle à Liverpool, il a écrit plusieurs antiennes 
à trois et à quatre voix ; mais il est connu sur- 
tout par un livre sur la musique d'église in- 
titulé : Music to the Church considered in Us 
varions branches, congregational and cho- 
ral ; Liverpool, 1837, in-8°. 

LATZEL (Joseph), né le 12 mai 1764, à Ma- 
rientlial, dans le comté de Glatz, était fils d'un 
instituteur qui fut placé à Rosenthal en 1770. 
Dès son enfance, il manifesta les plus heureuses 
dispositions pour la musique. Quoiqu'il ne reçût 
pas de leçons, à cause des occupations multi- 
pliées de son père, et qu'il fût obligé de s'ins- 
truire lui-même, il' fit de si rapides progrès, 
qu'à l'âge de quatorze ans il était en état de 
donner des leçons d'orgue, de violon et de 
solfège. En 1778, il se rendit au gymnase ca- 
tholique de Breslau pour y continuer ses études. 
Son talent précoce attira sur lui l'attention du 
directeur de musique Foerster, qui le prit en 
affection et le dirigea dans ses travaux. En 1787 
il commença un cours de théologie : lorsqu'il 
l'eut terminé, il entra, le 15 octobre 1790, au 
couvent de la Croix, à Neisse, où il fut ordonné 
prêtre deux ans après. Dès lors il put se livrer 
en liberté à la pratique de l'art qu'il aimait avec 
passion. En 1798 il fut nommé directeur du 
choeur de son couvent et professeur de musique 
d'un grand nombre d'élèves, dont plusieurs sont 
devenus depuis lors des artistes renommés dans la 
Silésie. Après une courte maladie, ce digne homme 
a cessé de vrvre le 5 septembre 1827. Il a laissé 
en manuscrit plusieurs vêpres, une messe so- 
lennelle (en ut majeur), beaucoup d'hymnes, 
offertoires et antiennes, quatre Aima, un Regina 
Cœli t et une cantate pour l'anniversaire d'un 
jour de naissance. Tous ces morceaux ont été 
exécutés dans le chœur du couvent de la Croix 
pendant trente ans. 

LAU (Charles), né en Bohême vers le mi- 
lieu du dix-huitième siècle, se fit d'abord connaî- 
tre par son talent sur le cor, et composa quel- 



( ques concertos qui étaient estimés, vers 1780, et 
qui sont restés en manuscrit. Plus tard il alla en 
Russie et y fut employé comme professeur de 
musique à l'université dlekalherinoslaw, où il 

| se trouvait en 1796. Il était aussi dans le même 
temps directeur de la musique du corps impé- 
rial des chasseurs, et en même temps de la garde 

I à cheval. Il travailla longtemps au perfectionne* 
ment de la musique de cors russes lorsqu'il était 
( en 1784) directeur de la musique du prince Po» 
temkin. En 1787, il fit entendre cette musique 
en Crimée, devant l'empereur Joseph II et l'im- 
pératrice Catherine, qui le félicitèrent sur ses 
succès. 

LAUB (Ferdinand), violoniste distingué, fils 
d'un pauvre musicien, est né à Prague, le 19 jan- 
vier 1832. Entré au Conservatoire de cette ville en 
1840, il y devint élève de M. Mildner pour son 
instrument. Ses progrès furent si rapides, qu'à 
l'âge de douze ans il joua dans un concert la 
grande polonaise d'Ernst avec un brillant suc- 
cès. Lorsqu'il eut atteint sa dix-huitième année, 
il voyagea en Allemagne, particulièrement en Ba- 
vière, donna un concerta Augsbourg, et joua au 
théâtre de Munich. Partout il excita l'admiration 
par son talent précoce. Entré à l'âge de vingt ans 
dans la chapelle du duc de Saxe-Weimar, il y 
est resté attaché pendant plusieurs années; puis 
il a été engagé, comme maître de concerts-, à 
Berlin, où il se trouve encore ( 1862). M. Laub 
a fait plusieurs voyages en Hollande et en Bel- 
gique, où il a obtenu de beaux succès. Il a éga- 
lement visité Londres, Vienne et plusieurs au- 
tres grandes villes , où il est considéré comme 
un violoniste de grande valeur. Cet artiste, mu- 
sicien d'une éducation solide, est particulière- 
ment remarquable par le mécanisme de la main 
gauche. Son jeu a de la hardiesse et de l'origi- 
nalité, mais il laisse désirer plus de délicatesse 
et d'élégance. 

LAUBE ( Antoine), né & Brux , en Bohême, 
le 10 novembre 1718, vécut d'abord à Prague 
comme enfant de chœur, et obtint ensuite la 
place de directeur de musique à l'église des Char- 
treux de Saint-Galle, dans cette ville. Après la 
mort de François Brixi , il fut nommé mettra de 
chapelle.de l'église métropolitaine, le 1 er no- 
vembre 1771 , et il y resta jusqu'à sa mort, qui 
arriva le 24 février 1784. Il était aussi membre 
de la confrérie de Sainte-Cécile, à l'église des 
Minorités. On connaît de lui plusieurs messes et 
motets dont le style lâche et sautillant n'est pas 
convenable pour l'église : ces compositions sont 
restées en manuscrit. 

LAUCHER (Joseph- Antoine), corniste et 
compositeur, dans la seconde partie du dix- 

15. 



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228 



LAUCHER — LAUR 



huitième siècle, Tut directeur de musique à Dil- 
lingen sur le Danube, ville qui appartenait au- 
trefois à l'Autriche et qui est maintenanU la Ba- 
vière. Cet artiste a publié : 1° XVIII hymnes de 
vêpres à 4 voix, 2 violons, orgue, violoncelle et 
2 cors, suivis d'un Te Deum et d'un Veni Sancte 
spi rilus complets, Atigsbourg, 1786 — 1° Sacri- 
fie ium mortuorum seu III missx solemnes, 
brèves tamen, de Requiem , occasione exe- 
quiarum felicissimx memorix Josephi II, 
Jlovianorum imperaiorum et EUsabethx im- 
pératrice, in insig. ecclesia collégial a D. 
Pétri Dilling. rite persolut arum decantatx, 
vunc vero in lueem publicam editx. Vocibus 
ordin. conclnnentibus, 2 violinis, alto viola 
et organo necessariis, 2 cornibus vero, 2 clari- 
nette vel obois et violone, partim oblig. par- 
tira ad libit., op. 2; Spire, Dossier, 1792. 

LAUCHER (...), fils d'un trompettiste ha- 
bile, est né à Strasbourg vers 1794. Il était lui- 
même corniste de talent. Cet artiste fut direc- 
teur d'une école de musique qu'il avait fondée 
dans cette ville , et qui a été l'origine du con- 
servatoire actuel. Laucher a écrit une messe so- 
lennelle à 4 voix et orchestre qui a été exécutée 
à Strasbourg en 1840. 

LAUDI (Victor), maître de chapelle de la 
cathédrale de Messine , vers la fin du seizième 
siècle, naquit à Alcaraen Sicile. Il a fait imprimer 
de sa composition : Il primo librode' Madrigali 
a 5 voci ; con un dialogo a otto voci ; Palerme , 
1597, in-4°. 

LAUER (A. baron DK), officier de cavalerie 
au service de Prusse, et amateur de musique 
à Berlin, s'est fait connaître comme pianiste 
et comme compositeur par les ouvrages sui- 
vants : 1 # Rose la Meunière, petit opfcra 
représenté au théâtre de Hambourg en 1829, 
et gravé en partition réduite pour le piano ; Ham- 
bourg, Christiani. — 2° Introduction et varia- 
lions sur l'air allemand : Wenn ich nur aile 
Mxdchen wiisste, op. 1 ; Berlin , Lischke. — 
3° 6 chansons allemandes avec ace. de piano ; 
Hambourg, Christiani. On connaît aussi sous le 
même nom un œuvre de quatuors pour des ins- 
truments à cordes, publié à Berlin, en 1838. 

LAUER (....), professeur de musique à 
Strasbourg, vers 1830, a publié : 1° 50 chants à 
2 voix , dans tous les tons majeurs et mineurs. 
— 2° 24 chants religieux pour les écoles popu- 
laires — 3° Canons à 4 voix idem. 

LAUFFENSTEINER ( .... DK), luthiste 
au service de l'électeur de Bavière, vivait à Mu- 
nioh vers 1760. II a laissé en manuscrit : 1° Six 
divertissements (parlhien) pour le luth. — 2* Six 
duos pour deux luths. 



LAUGIER (l'abbé Marc-Antoine), naquit 
en 1713 à Manosque, en Provence. Après avoir 
fini ses études, il entra chez les jésuites, à Lyon, 
et s'y fit remarquer par son talent pour la pré- 
dication. Appelé a Paris, il eut l'honneur de prê- 
cher devant le roi, et, pendant plusieurs années, 
ses sermons attirèrent la fonte dans les princi- 
pales églises de la capitale. En butte à la jalousie 
de ses confrères , et prévoyant leur intention de 
le renvoyer en province, il sortit de la société, 
et devint abbé séculier. Ses protecteurs lui firent 
obtenir l'emploi de secrétaire d'ambassade près 
de l'électeur, à Cologne. Les services qu'il y rendit 
pendant la guerre de Hanovre furent récompen- 
sés, en 1757, par l'abbaye de Ribeauté qu'on 
lui donna. Il passa le reste de ses jours dans 
une vie tranquille , uniquement occupé de tra- 
vaux littéraires, et mourut d'une fluxion de 
poitrine, le 7 avril 1769. L'abbé Laugier aimait 
passionnément la musique; une partie de sa 
vie fut consacrée à l'étude de cet art. A l'é- 
poque où parut la lettre de Jean-Jacques Rous- 
seau sur la musique française , il prit part à la 
polémique qu'elle fit naître, par la publication 
d'un écrit iutituié : Apologie de la musique 
française, Paris, 1754, in-4°. Boisgelou possé- 
dait le manuscrit autographe d'un autre ouvrage 
de Laugier sur le même sujet ; il avait pour titre : 
Supériorité de ta musique française démon- 
trée. L'abbé Laugier commença en 1756 la pu- 
blication d'un écrit périodique sous le titre de 
Sentiment rf'tin harmonipkile sur divers ou- 
vrages de musique ( voyez Mokambert et Lé- 
ris), in-8°. Il n'en a paru que deux numéros. 

LAUR (Ferdinand), né le 22 février 1791 à 
Markdorf , dans le grand-duché de Bade , près 
du lac de Constance, fut destiné par son père, 
dès son enfance , à la profession pédagogique. La 
musique fut particulièrement l'objet de ses études. 
Il n'était Agé que de dix-huit ans lorsqu'il fut 
chargé d'enseigner les éléments de cet art dans 
une institution à Gottstadt, bourg du canton de 
Berne; mais il n'y resta qu'une année, et en 1810 
il accepta une position semblable à Hofwyl ; il 
l'occupa jusqu'à la fin de 1820. Ce fut alors qu'il 
fut appelé à Baie , en qualité de professeur de 
chant du Gymnase et de l'école primaire des 
filles. Peu de temps après il fut chargé du même 
enseignement à l'université. En 182 '*, il fonda 
dans cette ville une société de chant pour des 
voix d'hommes : il la dirigeait encore en 1856. 
Les compositions de cet homme laborieux con- 
sistent en plusieurs recueils de chants à 2 voix 
pour les écoles , des chants en chœur pour l'é- 
glise , les écoles et les sociétés chantantes , et 
des chœurs pour des voix d'hommes. 



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LAURENBERG — LAURENT 



229 



LAURENBERG (Pierre) , docteur en mé- 
decine et professeur de poésie à Rpstock, né 1 dans 
cette villeen 1585, y est mort le 13 mai 1039. Il est 
auteur d'une facétie intitulée : Belligerasmus, id 
est historia belli exorti in regno musico, que 
Sartorius, organiste de Maximilien, archiduc 
d'Autriche , publia à Hambourg en 1622, ir.-8°. 
Une seconde édition de cet ouvrage parut en 1626 , 
et l'auteur en donna une troisième en 1636 , où 
il se nomme. Enfin, après la mort de Laurenberg, 
une quatrième édition fut publiée fous le titre de 
Musomachia, seu bellum musicale, Roslock, 
1642, in-8°. L'objet de cette plaisanterie est une 
discussion entre la nouvelle musique, représentée 
par Orphée, et la tonalité du plain -chant sous 
la figure d'un personnage appelé Bisthon. Celui* 
ci calomnie son adversaire, qui le confond par ses 
arguments. Opinions diverses sur l'objet de la 
querelle; guerre acharnée, après laquelle vient 
une transaction par laquelle l'autorité du plain- 
chant sera renfermée dans l'église, tandis que la 
nouvelle musique régnera dans les plaisirs mon- 
daine Venu à propos, à l'époque où il parut , ce 
petit ouvrage aurait pu être piquant, si l'exécution 
en eût été meilleure; mais au lieu de l'esprit 
qu'il aurait fallu y mettre, on n'y trouve qu'un 
style src, lourd et pédant. 

LAURENCIN (F.-P., comte), docteur en 
philosophie et amateur de musique, né à Vienne 
vers 1808, est, dit-on, fils naturel de l'archiduc Ro- 
dolphe. Il est auteur d'un écrit qui a pour titre : 
zur Gesehichte der Kirchenmusikbei denlta- 
lienern und Deutschen (Pour l'histoire de la mu- 
sique d'église chez les Italiens et les Allemands). 
Leipsick, H. Matthes, 1856, iD-8°de 108 pages. 

LAURENCINI, ou plutôt LORENZIM 
(....), fut un célèbre luthiste à Rome, dans la 
seconde partie du seizième siècle. Le pape le créa 
chevalier de l'Éperon d'or. Besardus, dont il fut 
le maître , en parle avec admiration dans la pré- 
face de son Thésaurus harmonicus. 

LAURENCIO (Makiani DE), prêtre et cha- 
noine de Noli, en Sardaigne, vécut au commen- 
cement du dix-septième siècle. Il a publié plu- 
sieurs ouvrages de sa composition , dont on ne 
connaît que ceux-ci : 1° // primo libro de' 
Madrigali a 5 voci con un dialogo ad otto, 
Venise, 1602, in-4°. — 2° Salmi, Magnificat, 
falsi bordoni e tfissa a 4 t?oci con il basso 
continuo per Vorgano, op. 5, Palerme, 1624. 

LAURENS (Jean-Bonaventure), archéo- 
logue, dessinateur, organiste et compositeur, né à 
Carpentras, le 14 juillet 1801, occupe, depuis 1835 
environ, la position de secrétaire agent comptable 
de la faculté de médecine à Montpellier. Ama- 
teur passionné de musique, M. Laurens en a 



fait une étude sérieuse dans sa jeunesse, et s'est 
attaché particulièrement à l'orgue. Admirateur 
des ouvrages de Rink (voyez ce nom), aux- 
quels il devait là connaissance pratique de ce 
bel instrument, il fit trois fois le voyage de 
Darmstadt pour chercher près de cet excellent 
maître l'instruction dont il sentait le besoin. Il 
ne tarda pas à devenir son ami dévoné , et fut 
traité comme un fils par ce digne artiste et res- 
pectable vieillard. Depuis une longue suite d'an- 
nées, M. Laurens remplit les fonctions d'orga- 
niste à l'église Saiut-Roch de Montpellier. Porté 
vers l'art sérieux par son sentiment et par ses 
études , il a écrit de la musique d'orgue et de 
chant dont une partie a été publiée à Paris chez 
Richault, entre autre un Stabat à 3 voix et 
orgue, et dont le reste est encore inéJit. Comme 
littérateur musicien, il a donné : 1° La traduc- 
tion française d'une autobiographie de Rink , 
avec des additions et le portrait très -ressemblant 
du célèbre organiste de Darmstadt , dessiné par 
lui , et qui a paru dans le deuxième volume de 
la Revue de la musique religieuse, populaire 
et classique, publiée par M. Danjou (p. 275-284 
et 320-332). — 2° Notice sur Éléazar Genêt 
(voyez ce nom), connu sous le nom de Car- 
pentras, dans le même recueil (t. III, p. 49 et 
72), avec la mise en partition des Lamentations 
de Jérémie pour deux ténors et deux basses, par 
Carpentras. — 3° Quelques articles de critique 
dans la Revue et Gazette musicale de Paris > 
dans plusieurs Revues du Midi et dans le Jour- 
nal de l'Hérault 4° Souvenirs d'un voyage 

à Vile de Majorque; Paris, Arthus- Bertrand, 
1840, g. in -8°, avec 55 planches lithographiées, 
et deux pages de musique. Le onzième chapitre 
de ce volume contient des renseignements sur la 
situation de la musique à Majorque, particulière- 
ment à Palma. M. Laurens a été collaborateur des 
Voyages pittoresques dans V ancienne France 
de MM. Taylor et Nodier. Il est auteur de plu- 
sieurs ouvrages relatifs aux antiquités de ta France 
méridionale et aux arts du dessin, dont la liste 
se trouve dans k Littérature française con- 
temporaine (t. IV, p. 641), et dans la Biogra- 
phie générale, publiée par MM. Firmin Didot 
frères (t. XXIX, col. 926). 

LAURENT (C. ), professeur de harpe à Pa- 
ris, depuis 1810 jusqu'en 1820, s'est fixé ensuite 
à Boulogne, où il vivait encore en 1841. 11 a pu 
blié de sa composition : 1° Sonates pour harpe 
et violon, n°* 1 et 2; Paris, Hanry. — 2° Duo 
pour harpe et piano; Paris, Janel et Cote Ile. — 
3° Fantaisie pour deux harpes sur des thèmes 
de Rossini ; Paris, Pacini . — 4° Sonates pour 
harpe seule, pp. 1 ; Paris, Janel. — 5° Fantaisie 



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230 



LAURENT — LÀUSRA 



sur un air des Mystères d'Isis , op. 7 ; Paris , Pa- 
eini. — 6° Six petits airs variés, op. 8, ibid. — 
7* Pièces de différents genres ; Paris, H. Lemoine. 
— 8° Études progressives , pouvant servir de 
méthode de harpe; Paris, Janet. 

LAURENTI (Pierre), prêtre, clianlre et 
chanoine de l'église de Chartres, vers le milieu 
du dix-septième siècle, a composé une messe à 
quatre voix , ad imitationem moduli Regina 
Cœli, que Bal lard a publiée en 1659, in -fol. 

LAURENTI ( Bartholomé- Jérôme ), excel- 
lent violoniste et compositeur, né à Bologne , en 
1644, fut un des premiers membres de l'Acadé- 
mie des Philharmoniques de cette ville, à l'époque 
de sa fondation (1660). Il fut attaché à la collé- 
giale de Saint- Pétrone, en qualité de premier 
violon , et conserva cette position jusqu'à sa 
mort, arrivée le 18 janvier 1726, à Page de quatre- 
vingt-un ans et quelques mois. Il a fait imprimer 
de sa composition : Sonate per caméra a 
violino et violonccllo , opéra l a , Bologne, 
Mont», 1691. Son second œuvre a pour titre : 
Sei concert i a tre cioè violino, violoncello et 
organo, ibid., 1720. Laurent! était déjà fort âgé 
quand il publia cet ouvrage. 

LAURENTI ( Jérôme-Nicolas ) , fils du pré- 
cédant, apprit de lui les principes du violon, et 
perfectionna son talent sous la direction de Jo- 
seph Torelli et de Thomas Vital i. 11 fut long- 
temps premier violon de Saint-Pétrone et de 
plusieurs autres églises de Bologne. Il obtint le 
titre d'académicien philharmonique en 1698, et 
mourut à Bologne le 26 décembre 1752. On con- 
naît de lui Six concertos pour 3 violons, viole, 
violoncelle et orgue; Amsterdam, Roger. 

LAURENTI (le P. Pierre-Paul), second 
fils de Bartholomé-Jérôme et religieux de Tordre 
de Saint-François, à Bologne, naquit en celte ville 
dans la seconde moitié du dix-septième siècle. 
Dans sa jeunesse il se distingua comme chanteur 
dans les églises et brilla aussi comme violon- 
celliste. En 1698, il fut agrégé à l'Académie des 
Philharmoniques de Bologne pour son talent sur 
son instrument, et le fut en 1701, comme compo- 
siteur. Jacques-Antoine Perti avait été son maître 
de contrepoint. Le P. Laurenli mourut à la fleur 
de l'âge. (Voyez Série cronologiea dé* Principi 
deWAccademia de* Filarmonici, etc., p. 18.) 

LAURENTINO ( Laurent ), né à Husum, 
dans le duché de Sleswig , le 8 juin 1660 , fut 
nommé cantor de la cathédrale et de l'école de 
Brème, en 1684 : il mourut dans cette ville en 1723. 
On a imprimé de sa composition : Geistliche 
Lieder iiber die Sontxgliche Texte. Brème, 
1700, in-4°. ( Voy, /. Molleri Cimbria literata, 
t. I, fol, 336. ) 



LAURENTIUS, ou plutôt LAURENZIO 
( Joseph ), savant italien, né à Lucques, a écrit 
un traité de Conviviis, hospitalitate, etc., où 
se trouve une partie intitulée : Collectio de 
Prxconibus, Cïtharxdis, fhtulis et Tintinna- 
bules, qui occupe trois feuilles d'impression dans 
le tome VIII (p. 1458 et suiv. ) du Trésor des 
antiquités grecques de Gronovius, et que TJgo- 
lini a aussi inséré dans le tome 32 e (p. 111 1 et 
suiv. ) de son Trésor des antiquités sacrées. 

LAURENZI (Filiberto), compositeur italien 
du dix-septième siècle, n'est connu que par la ci- 
tation qu'en fait Allaccî ( Dramalurgia, p. 308 ), 
comme ayant écrit, en collaboration avec André 
Mattioli, de Mantoue, la musique de VEsilio d'à- 
more, opéra représenté à Ferrare en 1651 et 1666. 

LAURETIS ( Gaetano ), compositeur né à 
Naples, élève du Collège royal de musique de 
cette ville, a fait représenter à Civitta-Vecchia , 
en 1844 , l'opéra intitulé : Il Rapimento délie 
spose vendicato, et a donné dans l'année sui- 
vante au théâtre Saint-Charles, de Naples, Ama- 
lia Candiana, qui n'eut ni succès décidé , ni 
chute éclatante. 

LAURO ROSS1. Voy. ROSSI(Lauro). 

LAUSKA ( François-Ignace ), pianiste dis- 
tingué, naquit à Briinn, en Moravie, le 13 jan- 
! vier 1769. Il n'avait point encore atteint aavingt- 
! quatrième année lorsqu'il fut attaché à la musique 
de la chambre de l'électeur de Bavière. Peu de 
temps après, il entreprit de longs voyages, visita 
Francfort, Hambourg, où il publia plusieurs ou- 
vrages de sa composition, Copenhague, et Vienne, 
où il séjourna plusieurs années. Vers 1803 il m* 
fixa à Berlin ; depuis lors il ne quitta plus cette 
ville, si ce n'est pour faire un voyage en Italie. 
Ses élèves étaient en grand nombre ; il en a formé 
plusieurs qui se sont fait remarquer par leur ta- 
lent. Dans le Lexique de musique publié par 
Schilling , il est dit que Lauska est mort à 
Berlin en 1821 ; mais c'est une erreur : il n'a 
cessé de vivre que le 18 avril 1825. Les compo- 
sitions les plus importantes de cet artiste sont : 
1° Sonates pour piano seul, op. 1,4,6,7, 8, 9; 
Hambourg, Boehrae. — 2° idem, op. 19; Leip- 
sick, Breitkopf et Haertel. — ' 3° Idem, op. 20, 21 ; 
Berlin, Grwbenchulz. — 4 e Idem, op. 24, 26; 
Leipsick, Pelers. — 5° Idem, op. 30, 34, 35 ; Ber- 
lin, Schlesinger. — 6* Idem, op. 43, 45, 46; Leip- 
sick, Peter s. — 7 Ô Sonate facile pour piano et 
violon, op. 18; Mayence, Schott. — 8° Sonate 
pour piano et violoncelle obligé, op. 28 ; Berlin, 
Schlesinger.— 9° Introduction et rondoletto idem, 
op. 39, ibid. — 10° Sonate pour piano à quatre 
mains, op. 31, ibid. — 11° Rondeaux pour piano 
seul, op. 23, 27, 44 ; Leipsick et Berlin. — l2°Po- 



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LAUSKA — LAVALLIÈRE 



23/ 



Jonaises idem, op. 25, 29, 36, 42 ; ibid. — 13° Ca- 
prices idem, op. 32, 38 ; ibid. — 14° Plusieurs 
thèmes variés idem; Hambourg et Berlin. — 
15° Plusieurs recueils de divertissements et de pe- 
tites pièces ; ibid. — 16° Une méthode pratique 
pour le piano; Berlin, Sclilesinger. — 17° Des 
chansons de table pour quatre voix d'hommes; 
Berlin, Trautwein. — 18° Deux recueils de chan- 
sons à voix seule, avec accompagnement de 
piano, Hambourg, Bœlime. 

LAUTENSACK (Paul), un des plus an- 
ciens organistes allemands, naquit à Bamberg, 
en 14*78. Il joua l'orgue de l'église Saint-Lau- 
rent à Nuremberg, et mourut en 1561, dans 
un Age avancé. Il a écrit des pièces d'orgue, 
dont trois ont été insérées dans le rarissime re- 
cueil de Schlick (voy. ce nom). Lautensack cul- 
tivait aussi la peinture, les lettres et les sciences 
avec sucrés. 

LAUTIER (Gustave-André), docteur en 
philosophie et écrivain sur la musique de l'épo- 
que actuelle, ne m'est connu que par un livre 
qu'il a publié et qui a pour titre : Praktisch- 
theoretisches System des Grundbasses der Mu- 
sik und Philosophie, als erste Abtheilung eines 
Grundrissesdes Systems der Tonswissenschaft 
(Système pratique et théorique de la. base fon- 
damentale de la musique et de la philosophie, 
comme première partie des éléments du système 
de la science musicale) ; Berlin, Duncker et Hum- 
blot, 1827, in-8° de 14 feuilles. L'analyse dé- 
taillée de ce système se trouve dans la 30 e an- 
née de la Gazette musicale de Leipsick (t828, 
p. 149-153). On a aussi de M. Lautier un article 
sur les successions de quintes, inséré dans la 
Gazette musicale de Berlin (1827, n" 48 et 49). 

L AU VER J AT (Pierre), maître de musique 
de la Sainte- Chapelle de Bourges, an commen- 
cement du dix-septième siècle, a fait imprimer 
•plusieurs messes dont voici les titres : 1° Missa 
5 vocum ad imitalionem moduli Tu ea Petrus; 
Paris, Pierre Ballard, 1613, in- fol. — 2° Missa 
ad imit. module Ne moreris , s roc; ibid., 
1613, in-fol. -— 3* Missa 5 vocum ad imit. 
moduli Confitebor tibi Domine; ibid., 1613, 
in-fol. — 4° Missa 5 voc. ad imit. moduli Fun- 
damenta ejusç ibid , 1613.-5° Missa qua- 
tuor vocum ad imit. hymni Iste Confessor; 
ibid., 1617. — 6° Missa quatuor vocum ad 
imit. moduli Legem pone; ibid., 1617, in-fol. 
— 7° Missa pro defunctis quatuor vocum, 
ibid., 1623, in-fol. — 8° Missa ad imit. hymni 
O gloriosa Domina ; ibid., 1623, in-fol. 

LACXMIN (Sicismosd), jésuite polonais, 
né en 1596, devint en 1656 provincial de son 
•ordre en Lithuanie, et mourut en 1670, dans 



sa 74 e année. On a de lui un petit traité élé- 
mentaire de musique, intitulé Ars et Praxis 
musica, Wilna, 1667, in-4°. 

LA VAINE (Ferdinand), professeur de piano 
au Conservatoire de Lille (Nord) et compositeur, 
est né dans cette ville vers 1810. Dans sa jeu- 
nesse il reçut des leçons de quelques bons maî- 
tre* ; mais la lecture des partitions des composi- 
teurs les plus renommés de cette époque fut la 
principale source de son instruction dans l'art, f 
Il débuta jeune dans la carrière de compositeur, 
et publia vers 1833 ses premiers ouvrages pour 
le piano. Bientôt après il aborda les choses d'un 
ordre plus élevé, écrivit des ouvertures, des 
symphonies , qui furent entendues dans les con- 
certs de Lille, et y fit exécuter, en 1835, La 
Fuite en Egypte, oratorio dont Berlioz a donné 
l'analyse dans la Revue et Gazette musicale de 
Paris (ann. 1837, pages 203 et suivantes). En 
1836 il fit représenter au théâtre de sa ville na- 
tale Une Matinée à Cayenne, opéra en un acte, 
qui fut bien accueilli et eut tout le succès qu'on 
peut obtenir dans une ville de province, c'est-à- 
dire trois ou quatre représentations. Un drame 
en 4 actes, écrit par le beau-frère de M. Lavalne, 
et qui avait pour litre : Artus et Rikemer, lui 
fournit l'occasion d'écrire une ouverture et quel- 
ques morceaux mélodramatiques. Cet ouvrage, 
représenté au théâtre de Lille, au mois de fé- 
vrier 1840, eut du succès. Dans la même année, 
M. Lavaine fit entendre dans la même ville le 29* 
psaume avec chœur et orchestre. En 1841, ce fut 
un De Profundis qui appela de nouveau l'at- 
tention des concitoyens du compositeur. Plein 
d'ardeur et d'ambition, M. Lavaine fit entendre, 
au mois de novembre de la même année, une 
messe solennelle pour voix d'hommes dans l'é- 
glise Saint-Etienne. Enfin , chaque année de la 
carrière de cet artiste fut, marquée pendant près 
de vingt ans par quelque grand ouvrage où des 
qualités estimables se mêlaient à des défauts 
d'expérience ou de goût qu'il est difficile d'éviter 
en province, où l'activité de l'art manque presque 
toujours. Les génies d'exception seuls n'ont be- 
soin que d'eux-mêmes pour créer des œuvres 
d'élite. M. Lavaine a fait graver à Lille et à Paris 
chez Brandus, Richault et autres éditeurs , envi- 
ron soixante-dix œuvres de pièces de différents 
genres pour le piano. 

LAVALLIÈRE (Louis-César DE LA- 
BEAUME-LEBLANC, duc de), grand fau- 
connier de France, né le 9 octobre 1708, mort à 
Paris, le 19 novembre 1780, fut un des biblio- 
philes français les plus distingués , et posséda 
une des bibliothèques les plus belles et les plus 
précieuses de l'Europe. On lui attribue un livre 



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2.Î2 



LAVALLIERE — LA VOTE M1GN0T 



qui a pour titre : Ballets, opéras et autres ou- 
vrages lyriques, par ordre chronologique, 
depuis leur origine, avec une table alpha- 
bétique des ouvrages et des auteurs; Paris, 
1768. Il paraît certain que le duc de Lavallière 
a eu quelques collaborateurs pour cet ouvrage. 

LA VAUX (Amable), professeur de flûte à 
Paris, vers 1730, a publié dans cette ville qua- 
tre livres de sonates pour flûte, en soios, en duos 
i et en trios. 

LA VENU (Louis-Henri), fils d'un flûtiste 
et marchand de musique à Londres, naquit dans 
cette ville, en 1 818. Élève de l'Académie royale de 
musique, il y reçut des leçons de violoncelle, de 
piano et de composition, et lorsqu'il fut sorti de 
cette 'institution, il entra comme violoncelliste au 
théâtre de la reine. On connaît sous son nom 
quelques petites pièces de piano, des Glees et des 
chansons anglaises. Un opéra de sa composition, 
intitulé Loretta, fut représenté à Drury-Lane 
en 1848. Mécontent de sa situation en Angleterre, 
Lavenu se rendit en Australie, et y prit la posi- 
tion de chef d'orchestre du théâtre de Sydney. 
Il est mort dans cette ville, le 1 er août 1859, à 
l'âge de 41 ans. 

LAVIGNA (Vincent), néàNaples, vers 1777, 
étudia le chant et la composition an Conserva- 
toire de la Pietà de' Turchini; puis, sur la re- 
commandation de Paisiello, fut chargé en 1802, 
d'écrire pour le théâtre de la Scala , à Milan , 
La Mutaperamore, ossia il Medico per forza 
(Le médecin malgré lui), qui obtint un brillant 
succès. An carnaval suivant, il écrivit à Ferrare : 
VIdolo di se stesso. A la saison d'automne de 
1804 il composa Vïmpostore avvilito, qui fut 
suivi, a Parme, d* Il Coriolano, en 1806, et à Mi- 
lan, en 1808, Di Posta in posta (traduction du 
Conteur, de Picard) ; de Zaïra, à Florence, en 
1809; de Orcamo, a Milan, dans la saison du 
carême de la même année, et enfin dans la mèine 
ville, au printemps de 1310, de Chi s'è visto s'è 
visto. Lavigna, fixé à Milan, en qualité de pro- 
fesseur de chant et de maestro al cembalo du 
théâtre de La Scala, y vivait encore en 1837; 
mais il est mort peu de temps après. 

LA VIGNE (Antoine-Joseph), célèbre haut- 
boïste, né à Besapçon (Doubs), le 23 mars 1816, 
reçut les premières leçons de musique de . son 
père» qui était musicien dans un régiment d'in- 
fanterie. Admis comme élève au Conservatoire 
de Paris, le 24 janvier 1830, 'il fut obligé d'en 
sortir le 3 mai 1835, pour suivre son père, dont 
le régiment quittait alors Paris, et allait en gar- 
nison dans un département éloigné. Le 17 oc* 
tobre 1836, Lavigne rentra au Conservatoire dans 
Ja classe de M. Vogl, son ancien maître, et obtint 



le premier prix au concours de Tannée suivante. 
M. Lavigne fut attaché à l'orchestre du Théâtre- 
llalien de Paris pendant plusieurs années, comme 
premier hautbois ; puis il se rendit à Londres 
et s'y fixa. Il entra d'abord au théâtre de la 
reine , et fut engagé ensuite comme soliste 
par J ul lien (voy. ce nom) pour ses concerts. 
M. Lavigne fut le premier qui entreprit d'appli- 
quer au hautbois le système de clefs imaginé par 
Bœhm pour la flûte : il 6e rendit ensuite en Al- 
lemagne auprès de cet artiste pour travailler au 
perfectionnement de son instrument, et ne cessa 
de s'en occuper pendant près de quinze ans. Pen- 
dant ce temps il fit aussi des études constantes 
pour donner à son talent de hautboïste toute 
la perfection désirable. Il est aujourd'hui consi- 
déré comme un artiste de premier ordre en son 
genre. 

LAVINETTA (Bernard DE), ou plutôt 
LAV1NHETTE, moine de Tordre des Frères mi- 
neurs et théologien, né dans le Béarn, vers 1475, 
a donné une explication delà doctrine de Raimond 
Lulte, sous le titre : Artis magna? Lullianœ in» 
ierpretatio, Lyon t 1517, 1623, in-4°, qoi a été 
réimprimée à Cologne, en 1612 , par les soins 
d'Alstedius. Il y traite en 6 chapitres de la musi- 
que, suivant la théorie philosophique de Lulle 
(voy. ce nom). 

LAVIT (J.-B.-G.), ancien élève de l'École 
polytechnique, puis professeur de l'Athénée de 
Paris, né dans la seconde partie du dix -huitième 
siècle, s'est fait connaître avantageusement par 
un traité complet de perspective, publié à Paris 
en 1804. On lui doit aussi un livreqni a pour titre : 
Tableau comparatif du système harmonique 
de Pythagore et du système des modernes, 
Paris, 1808. 

L AVOCAT (Pierre), maître de musique à 
Dijon, dans la seconde moitié du dix -septième 
siècle, a composé la musique d'une pièce intitu- 
lée : Le Concert des dieux, dont les paroles 
étaient de Derequeleyné, curé d'Esbarres : cette 
pièce fut écrite pour le mariage du duc de Lor- 
raine; elle fut chantée au château de Fain, et 
publiée à Dijon, chez Reneyre (sans date), 
in-8°. 

LA VOYE MIGNOT ( DE ) , géomètre 
français, né dans la première partie du dix-sep- 
tième siècle, s'est fait connaître par un Com- 
mentaire bref des éléments d'Euclide, Paris, 
1649, in-4°. Il publia ensuite un livre qui a pont 
titre : Traité de musique, revu et augmenté de 
nouveau d'une qufitriesme partie , laquelle 
( outre tous les exemples des principales rè- 
glcs pratiquées par les plus fameux aut heurs) 
contient de plus la manière de composer à 



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LA VOYE MIGNOT — LAWÈS 



233 



deux, à trois, à quatre et à cinq parties, avec 
les plus importantes observations qui se doi- 
vent garder en toute sorte de musique, tant 
vocale qu'instrumentale, conformément aux 
ouvrages des plus rares et des plus célèbres 
maîtres de ce bel art. Seconde édition, 
Paris Robert Ballard, 1666, jn-4°. Cette deuxième 
édition n'est point réelle; on a seulement changé 
le frontispice et l'avant propos, puis ajouté la 
quatrième partie de l'ouvrage, qui forme une pa- 
gination particulière, depuis la page 1 jusqu'à 36, 
et qu'on a placée à la suite de la table des cha- 
pitres, des errata et de l'extrait du privilège des 
trois premières parties. La supercherie se recon- 
naît à ces mots placés au bas de la dernière page 
de la troisième partie : Achevé d'imprimer le 25 
septembre 1656. Le privilège est du 22 septem- 
bre de la même année. Le titre des exemplaires 
publiés alors était celui-ci : Traité de musique 
pour bien et facilement apprendre à chanter 
et composer tant pour les voix que pour les 
instruments. Ce livre était déjà rare en 1722, 
comme on le voit par la table des ouvrages im- 
primés chez les Ballard, placée à la suite du Traité 
d'harmonie de Rameau : il est à présent à peu 
près introuvable. La Voye Mignot a fait preuve de 
connaissances réelles en musique dans cet ouvrage, 
dont les exemples d'harmonie sont bien écrits. 
L'exposé des principes de la musique a pour base 
la gamme du plain-chant avec ses mûances ; il n'y 
est mêmefeit aucune mention de l'existence de la 
gamme moderne. A la fin de la quatrième partie, on 
trouve ce passage : « Afin de ne laisser que le moins 
« que Je pourray à désirer, je tâcherai de mettre 
« au jour quelques ouvrages de ma façon, non- 
a seulement en parties séparées, mais encore en 
« partition, où l'on pourra faire beaucoup de 
* remarques sur quantité de choses dont j'ay 
« parlé en ce présent Traité. » Il ne paraît pas 
que La Voye Mignot ait réalisé son projet à cet 
égard. 

LAWES (Guillaume), fils de Thomas La- 
wes, vicaire de Salisbury, naquit en cette ville 
vers 1585. Ayant montré d'heureuses disposi- 
tions pour la musique dès son enfance, il fut 
placé par le comte de Hertford sous la direction 
de Coperario, qui lui fit faire de rapides progrès 
dans cet art. Après avoir été quelque temps at- 
taché au chœur de Chichester, il obtint en 1602 
une place dans la chapelle royale; mais bientôt il 
abandonna cet emploi pour entrer dans la mu- 
sique particulière de la chambre du roi Char- 
les 1"". Tous ceux qui le connurent, dit Fuller, 
l'aimèrent et le respectèrent à cause de sa droi- 
ture et des qualités de son esprit. Son attache- 
ment pour le prince qu'il servait rengagea à 



prendre les armes en sa faveur. Pour l'éloigner 
du danger, lord Gerrard le nomma commissaire 
de l'armée royale; mais l'activité de Lawes lui 
fit repousser ce poste; il voulut combattre les 
ennemis de son roi, et se fit tuer au siège de 
Chestercn 1645. Charles l^fut, dit-on, si affligé 
de sa perte, qu'il en porta le deuil. La plupart des 
compositions de ce musicien consistent en fan- 
taisies pour des violes et l'orgue ; mais son ou- 
vrage le plus important est une collection de 
psaumes à trois voix et basse continue, sur la 
paraphrase de Sandy, qu'il composa conjointe- 
ment avec son frère Henri, et que celui-ci a pu- 
bliée en 1648, sous ce titre : Choice psalmsput 
into musiefor three voices. Burney a inséré un 
des morceaux de cet œuvre dans son Histoire 
générale de la musique (t. 111, p. 405). Quel- 
ques-unes des fantaisies de Lawes ont été pu- 
bliées dans les collections de son temps. 

LAWES (HtKRi), frère du précédent, mais 
beaucoup plus jeune, naquit à Salisbury en 1600, 
et apprit la musique sous la direction de Cope- 
rario. Au mois de novembre 1625, il reçut sa 
nomination de musicien de la chapelle royale ; 
quelque temps après, il entra dans la musique 
particulière du roi Charles 1 er . Ami de Milton , 
- il mit en musique quelques poésies de cet homme 
célèbre , et le Cornus de l'auteur du Paradis 
perdu fut d'abord composé par Lawes. Depuis 
lors , plusieurs musiciens anglais y ont adapté 
de la musique nouvelle. Cette pièce fut repré- 
sentée en 1634 à Ludlow-Castle, pour l'amuse- 
ment de la famille du comte de Bridgewater et 
d'au très gentilshommes du voisinage. Lawes jouait 
lui-même un rôle dans cet ouvrage, dont la mu- 
sique n'a jamais été imprimée. Ce musicien con- 
tinua son service près du roi jusqu'à l'époque 
de la révolution. Pendant le protectorat, il vécut 
en donnant des leçons. A l'époque de la restaura- 
tion, il rentra dans la chapelle, et composa l'an- 
tienne du couronnement de Charles II. Il mourut 
au mois d'octobre 1662, et fut inhumé à l'abbaye 
de Westminster. Ce musicien a joui pendant sa 
vie de la réputation d'un artiste de premier or- 
dre, chez les Anglais; sa complainte <T Ariane 
fut longtemps considérée comme un chef-d'œu- 
vre; cependant ce morceau, qui n'est ni un réci- 
tatif, ni un air proprement dit, ne justifie pas sa 
renommée. Burney, qui a examiné les ouvrages 
de Lawes, assure qu'ils sont dépourvus de mé- 
rite, et qu'on n'y trouve ni génie, ni savoir. Cet 
écrivain en a rapporté quelques airs, dans son 
Histoire générale de la musique (t. III. p. 406) 
qui ne méritent pourtant pas la sévérité de ce ju- 
gement, car la mélodie n'y est pas dépourvue de 
naïveté. En 1633, Lawes composa la musique 



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234 



LAWES — LAYOLLE 



d'une mascarade qui fut représentée a Whilehall 
devant le roi et la reine : il reçut cent livres 
sterling pour cette production. On connaît sous 
«on nom : 1° Mélodies pour les psaumes de Sandy, 
Londres, 1638, in-fol. Deuxième édition, ibid., 
1676, in-8°. L'ouvrage a Préimprimé sous ce 
titre : Psalmody for a single voice; being 
twenly-four Mélodies for privale dévotions, 
iviih a bass for voice or instrument, elc.; 
Londres, 1789, in-4*. — 2° Choice psalmsput 
into music for three voices, by Henry and 
William Larves brothers and servants tohis 
Majcsty, Londres, 1648. On y trouve des canons 
à quatre et cinq voix par Henri Lawes. — 3° Ay- 
res and dialogues for one, two and three 
voices; Londres, 1653 ;liv.2 a , ibid., 1655;liv.3 e , 
ihid., 1656. L'antienne du couronnement est 
restée en manuscrit. 

LAYOLLE (Fraisçois DE), musicien, né 
vraisemblablement vers la fin du quinzième 
siècle. J'ai donné, dans la première et dans la 
deuxième édition de la Biographie universelle 
des Musiciens, une courte notice sur Francesco 
Ajolla, d'après les renseignements qui m'élaient 
fournis par le Catalogue des écrivains illustres de 
•Florence, par Poccianti , et par VFstoria de'Flo- 
rentini scrittori, de Negri : M. Farrenc, à qui je 
suis redevable des soins qu'il a bien voulu 
donner à la correction des épreuves et de ses 
bons avis sur les erreurs qui me sont échap- 
pées , me fait remarquer que cet Ajolla est le 
même artiste que Francesco delV Aiolle, qui 
fut le maître de chant et de composition du cé- 
lèbre artiste Benvenuto Cellini, et dont Andréa 
del Sarlo a placé le portrait dans son tableau de 
l'Adoration des Mages peint à fresque dans le 
cloître de VAnnunciala de Florence (1). C'est 
aussi le même Francesco delV Aiolle qui est 
appelé François de Layolle dans les recueils de 
messes et -de molfts imprimés en France et en 
Allemagne. Plusieurs considérations me portent 
à croire que le véritable nom de ce musicien .'est 
de Layolle, et que Poccianti et Negri ont erré 
en le faisant naître à Florence : d'abord delV 
Aiolle n'est pas une forme italienne de nom ' 
propre; en second lieu, suivant les autorités 
de Poccianti et de Negri, il aurait composé de 
beaux madrigaux qui auraient été publiés en Italie 
avant qu'il se rendit en France vers 1530; or, 
dans toutes le» grandes bibliothèques publiques 
et particulières que j'ai visitées en Italie, je puis 
certifier qu'il n'existe pas un seul ouvrage sous 
ce nom , et qu'on ne le trouve dans aucun des 

(I) F ita dt Uinvenuto Cellini , arrichita dHllttstra- 
zionine document i inédite dal dottov Francesco Taui. 
Florcnce.Platll, 1829 .tome I« r , p. îs-io) 



nombreux recueils publiés à Venise, à Milan et 
à Rome pour un seul morceau, tandis que les 
compositions de François de Layolle sont impri- 
mées à Venise, à Lyon, à Nuremberg et à Witten- 
berg ; enfin, aucun musicien italien n'est venu se 
fixer en France dans la première moi lié du seizième 
siècle, car ils étaient alors moins avancés dans 
l'art que les Belges et les Français : ceux-ci , au 
contraire, étaient appelés en Italie et y occupaient 
les premiers emplois dans toutes les chapelles, à 
cause de leur habileté supérieure dans la pratique 
de l'art. Je n'hésite donc pas à croire que Fran- 
1 çots de Layolle fut un musicien français qui s'é- 
| tablit à Florence au commencement du seizième 
I siècle, où il exerça les fonctions d'organiste et se 
fit de la réputation par ses talents; qu'il re- 
tourna plus tard dans sa patrie, laissant vraisem- 
I blablement à Florence un fils, dont il sera parlé 
dans l'article suivant; et qu'enfin les Florentins 
ont altéré son nom pour l'ajuster à leurs habitu- 
des de prononciation et à leur orthographe. Quoi 
qu'il en soit , les compositions connues de ce 
musicien sont renfermées dans les recueils dont 
voici les titres : 1° Motet ti del flore cum 
quatuor vocibws liber primus. fmpressum 
Lugduni per Jacobum Modernum de Pin- 
guento, 1532, in-4° obi. — 2° Tertius liber 
(idem) ; ibid., 1539. — 3° Tertius liber Mot- 
tettorum ad quinque et sex voces. Opéra et 
solertia Jacobi Moderni alias dicti Grand 
Jaques in unum coactorum et Lugduni... ab 
codent impressorum, 1538,.in-4° obi. — 
4° Quartus liber mottetorum ad quinque et 
sex voces, etc., ibid, 1539. — 5° Liber quin- 
decim missarum .a pusestantissimis musicis 
compositarum ; etc., Noribergx, apud Joh. 
Petreium, 1538, petit in-4° obi. On y trouve la 
messe de Layolle, Adieu mes amours, à quatre 
voix. — 6° Liber decem missarum, a prxclaris 
et maximi nominis musicis contextus; etc., 
Jacobus Modemus à Pinguenio excudebal 
Lugduni, 1540, petit in-fol. Ce recueil renferme 
les trois messes de Layolle intitulées : Adieu 
mes amours, Osalutaris hostia; ces fâcheux 
Sotz. — 7° Selectissimarum motet arum, par- 
tim quinque, partim quatuor vocum, tomus 
primus; Noribergx, apud Joh. Petreium, 
1540, in-4°. — 8° Tomus tertius psalmorum 
selectorum ; quatuor et quinque, et quidam 
plurium vocum ; Noribergœ, apud Joh. Petreium, 
1542. in 4° obi. — 9° Bicinia gallica , latina et 
germanica et quœdam fugx. Tomidvo. Vite- 
bcrga',Geor%. Rhau, 1545, petit in-4° obi. —-10° Le 
Parangon des chansons, contenant plusieurs 
nouvelles et délectables chansons a deux, 
trois et quatre voix. Livres 1 à 10. Lyon, par 



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LAYOLLE — LAYS 



235 



Jacques Moderne , dit Grand Jacques, 1540- 
1643, in-4° obi. Les livres 1, 2, 3, 4 et 5 contiennent 
des chansons de Layolle à deux , trois et quatre 
parties. Ici se trouve encore une preuve que ce 
musicien était né en France , car jamais, au 
seizième siècle , musicien italien n'a composé de 
chansons françaises. — 1 1° Madrigali a quattro 
voci del Arcadelt insieme con alcuni madri- 
gali da altri autori, con ogni diligenza stam- 
pate et corretle; libri 1, 2, 3, 4 e/ 5. In Ve- 
ntila, nella stampa d'Antonio Gardano, 
1538-1543, in-4°obl. Plusieurs fois réimprimés , 
ces cinq livres de madrigaux ont eu une dernière 
édition, chez le même Gardano, depuis 1550 jus- 
qu'en 1560, in-4° obi. On trouve au premier livre 
de cette collection un madrigal à quatre voix, 
page 25, et un Agnus Dei à trois voix par Franc. 
Layolle; et dans le second livre, deux madri- 
gaux à quatre voix, par le même, pages 24 et 32. 
Il est à remarquer que le nom du compositeur est 
écrit Francesco Layole et Layolle. Enfin , on 
trouve des morceaux de cet artiste dans le Libro 
llamado Silva de Sirenas de Enriquez de 
Valderavano; Valladolid, 1547, gr. in-4°, le- 
quel contient des motets , villancicos, roman- 
ces, etc., mis en tablature de guitare. 

LAYOLLE (Aleman), vraisemblablement 
fils du précédent» paraît être né à Florence 
pendant le long séjour de François dans cette 
ville; car son prénom (Alamanno) est plus 
italien que français. Il est hors de doute qu'il 
suivit son père en France lorsque celui-ci y 
rentra ; car on voit, par le seul ouvrage connu 
de lui aujourd'hui, qu'il était organiste à Lyon 
en 1561 ; mais plus tard il retourna à Florence, 
car un curieux document, dont je dois la con- 
naissance à M. Farrenc, le prouve d'une ma- 
nière irrécusable. Dans un recueil de mémoires 
manuscrits de Benvenuto Cellini qui se trouve à 
la bibliothèque Riccardiana de cette ville , on 
lit ce qui suit : « Aujourd'hui 15 janvier 1569, 
« selon l'usage florentin , et 1570 suivant l'usage 
« commun (i), commencent à courir, pour 
« maître Alamanno Aiolle, organiste, les hono- 
• raires d'un demi-écu par mois (2), dont Je 

(i) Jusqu'en 17M l'année commençait à Florence le îs 
mal, an lien du i» Janvier admit dans la plupart des autrea 
pays depuis la réforme du calendrier. 

(S) Pour avoir une notion approximative de la valeur en 
apparence si minime de ce payement mensuel, il faut faire 
la comparaison delà valeur du marc d'argent fin monnayé 
en 1570 avec sa progression ascendante à différentes épo- 
que* postérieures, et avec le prix des choses nécessaires 
à la vie; or, le marc d'argent qui valait en 1870 quinze 
livres ou Mre,étalt monté à cinquante-quatre lire en 1740, 
et l'ancienne mesure de blé équivalant à trois hectolitres, 
qui se payait alors trois lire, était montée à quinze lire, à 



« premier payement fie trois lire et demie sera 
« fait le 15 février,, selon ce qui a été convenu 
« entre nous , à la condition qu'il viendra chez 
« moi, au moins une fois par jour, pour 
« donner leçon de clavecin à ma fille Liperata, 
« maintenant âgée de six ans (i). » On connaît 
d'Aleman Layolle un ouvrage intitulé : Chan- 
sons et Vauxdevillesà quatre voix; Lyon, Si- 
mon Gorlier, l56t,jn-4°. On voit dans VAdvisà 
un chacun, placé en tête de la partie de te- 
neur, que ce musicien était alors organiste de 
Péglise de Saint-Dizier, à Lyon. 

LAYS (Fhançois), dont le nom véritable 
était LAY, chanteur de l'Opéra de Paris, qui a 
joui d'une brillante réputation, naquît le 14 fé- 
vrier 1758, dans un village de l'ancienne Gasco- 
gne, nommé La Barthe de N estes. Destiné à 
l'état ecclésiastique, il entra comme enfant de 
chœur au monastère de Guaraison, dont le maî- 
tre de chapelle dirigeait d'assez bonne musique. 
L'éducation musicale des élèves, dans ces sortes 
d'écoles, n'était pas brillante, mais solide, et l'on 
en sortait ordinairement bon lecteur. Lorsque 
Lays eut atteint l'âge de dix-sept ans, il se rendit 
à Auch, pour y terminer ses études par un cours 
de philosophie; mais le goût de la solitude le ra- 
mena bientôt à Guaraison, où il se livra à l'étude 
de la théologie. Il possédait une voix de ténor 
grave de la plus grande beauté; cet avantage le 
détourna du dessein qu'il avait eu d'abord d'em- 
brasser l'état ecclésiastique, et il quitta son mo- 
nastère pour se rendre à Toulouse, dans le but 
d'y étudier, le droit. Il ne resta qu'un an dans 
cette ville. La beauté de sa voix avait fait du 
bruit, et déjà l'on s'accordait à classer Lays 
parmi les plus habiles chanteurs, bien qu'il n'eût 
que d'assez faibles notions de ce qui constitue l'art 
du chant. A cette époque, on n'était point en 
vain propre à contribuer aux plaisirs de la cour : 
une lettre de cachet porta à l'artiste l'ordre 



la même époque, c'est-à-dire dans la proportion d'un à 
cinq. La différence est bien plus gr.mde aujourd'hui. Enfin 
le salaire d'un vicaire de grande paroisse était en 1870 de 
76 sous par mois, et une messe se payait 3 sous au curé 
officiant solennellement. On voit donc qu'a raison de to 
sons par*»r«, le payement d'un demi-écu par moi* a Ale- 
man de Layolle était i peu près ce qu'il devait être pour 
cette époque. (Voyez les tables de V Essai sur les monnoies 
ou réflexions sur le rapport de l'urgent et des denrées, 
par Dupré de-Saint-Maur; Paris, 17*8, i vol. tn-4*.) 

(1) A maestro Alamanno Aiolle, organlsta questo dt 18 di 
gennajo i»69, secondo Flrenze, che secondo la chlesa 
slamo nel 70, comlncia la sua provlalone dl uno mezzo 
scudo II mese, che la prima paga gll vlene a dl 15 dl feb* 
brajo, sono lire tre e mezzo d'accordo : e 11 detto promette 
di ventre una voila U manco ognl giorno a casa mla a 
darlezlonedi sonare dl gra vlcembolo alla Liperata mla 
flgliuola, quale è deila ctà dl sel anni appuoto. 



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2Sf> 



LÀYS-LAZZARI 



<le se rendre à Pari* pour y être essayé à l'O- 
péra. 11 arriva dans cette ville au mois d'avril 
1779, et ses débuts eurent lieu au mois d'octo- 
bre de la même année. 

La première fois que Lays se lit entendre à 
l'Académie royale de musique, ce fui à la fin d'un 
ballet, dans un air de Berton père, qui com- 
mence par ces mots : 

Sous les lots de l'hymen 

Quand l'amour nous engage, 

Etc • / 

La beauté de son organe assura son succès. Le 
rôle du Seigneur bienfaisant, qui fut écrit pour 
lui, le classa bientôt parmi les chanteurs les 
plus en vogue. En 1780, il fut attaché aux con- 
certs de la reine, et il y chanta jusqu'en 1791. 
Ses succès au concert spirituel n'avaient pas 
moins d'éclat qu'à l'Opéra; il s'y faisait souvent 
entendre avec la fameuse M' ne Saint-Huberty, et 
les amateurs de l'époque s'extasiaient sur l'ex- 
pression de ces deux coryphées du bon goût. 
Comme acteur, Lays avait néanmoins peu de 
succès, quoiqu'il eût joué les principaux rôles des 
opéras de Gluck, de Piccinni et de Sacchini, 
mais celui de Panurge, écrit pour lui par Gré- 
try, lui fut si favorable, qu'il fit oublier ses dé- 
fauts. Le rôle du marchand d'esclaves dans la 
Caravane, et celui û'Anacréon, mirent le sceau 
à sa réputation. La beauté de sa voix se con- 
serva jusque dans un âge avancé; ce ne fut 
qu'après quarante-trois années de service qu'il 
se retira de l'Opéra, au mois d'octobre 1822. 
Deux ou trois ans après, il reparut dans une re- 
présentation au bénéfice d'un de ses anciens ca- 
marades; mais il était alors âgé de soixante-six 
ans, et il ne parut plus que l'ombre de lui- 
même. 

Lays avait embrassé avec chaleur les principes 
de la révolution de 1789. Au mois dp septembre 
1792, il alla piotnster au conseil général de la 
commune de son zèle peur la liberté et l'égalité; 
puis, en 1793, il parcourut les provinces du Midi 
en missionnaire ardent du système de la terreur, 
et se rangea à Bordeaux parmi les ennemis de la 
faction des Girondins. Il parait que des tracasse- 
ries lui furent suscitées au théâtre, en haine de 
ses principes, car il crut devoir se défendre dans 
lin petit écrit devenu d'une excessive rareté, et 
qui a pour titre : Lays, artiste du théâtre des 
Arts, à ses concitoyens, Paris, 1793, 23 pages 
in 8°. Toutefois, aux différentes époques de réac- 
tion, il ne fut point inquiété, et la seule ven- 
geance qu'on tira de son radicalisme fut de l'o- 
bliger à chanter sur la scène le Réveil du Peu- 
ple, après le 9 thermidor (1794), et des couplets 



pour les Bourbons le 10 avril 1814, devant les 
souverains alliés. 

Lays avait été nommé professeur de chant au 
Conservatoire de Paris, le 9 novembre 1795; il 
en remplit les fonctions jusqu'au mois de sep- 
tembre 1799; mais à cette époque, des discus- 
sions s'élevèrent entre l'administration de cette 
école et celle de l'Opéra , et pour ne point y 
prendre part, il se retira. En 1819, il rentra a 
Y École royale de chant et de déclamation, 
dont l'organisation avait succédé à celle du Con- 
servatoire; mais le désir de jouir enfin du repos 
dont il sentait le besoin après de si longs travaux, 
lui fit demander sa retraite définitive ; il l'obtint 
au mois de décembre 1S26. Ce fut alors qu'il 
partit de Paris pour aller se fixer dans une habi- 
tation sur les bords de la Loire, au village d'In- 
grande, à quelques lieues d'Angers : ses derniè- 
res années s'y écoulèrent en paix. II est mort 
dans ce lieu, le 30 mars 1831, à l'âge de soixante- 
treize ans. il avait élé premier chanteur de la 
chapelle de Napoléon, depuis 1801 jusqu'en 1815; 
mais après la deuxième restauration, on lui fit 
un crime de son ancienne exaltation républi- 
caine, et son emploi lui fut ôté. 

Malgré l'enthousiasme qu'il a longtemps e\ ci lé 
parmi les habitués de l'Opéra, Lays n'était pas 
un grand chanteur : on peut même dire qu'il 
ignorait les éléments de l'art du chant. Sa voca- 
lisation était lourde; il n'avait point appris à 
égaliser les registres de sa voix, et quand il pas- 
sait des sons de poitrine à ceux de la voix mixte, 
c'était par une transition subite d'un organe 
formidable à une sorte de voix flûtée d'un effet 
plus ridicule qu'agréable. Il affectait cependant 
de se servir de cet effet, qui, de son temps, faisait 
pâmer d'aise les amateurs de profession. La plu- 
part des ornements de son chant étaient suran- 
nés et de mauvais goût; mais, malgré ces dé- 
fauts, la beauté de sa voix lui faisait des parti- 
sans de presque sous ses auditeurs, et il n'y 
avait guère de succès possible pour un opéra, si 
Lays n'y avait un rôle. Au reste, il avait de la 
chaleur et savait animer un morceau de musi- 
que : ses défauts étaient ceux de son temps car 
il n'y avait pas en France d'école de chant a l'é- 
poque où il débuta. S'il fût venu plus tard, avec 
sa belle voix et sa connaissance de la musique, il 
aurait pu devenir un chanteur distingué. 

LAZ-ZARI (Albert), carme et compositeur 
né a Venise, fut maître de chapelle en cette ville, 
dans la première moitié du dix-septième siècle. 
Il a publié plusieurs ouvrages de sa composition, 
entre autres : \° Armonie spirituali Concer- 
tât e a 1, 2, 3, k, 5 e 6 voci, con litanie délia 
B.V.ài e S voci se piace. lib. 1 e 2, op. 2; 



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LAZZAR1 — LRBEUF 



237 



Venise, Bart. Magni, 1637. — 2° La Gloria di Vt- 
nczia ed altre musicheavoce solaconilbasso 
continuo,op. 3; Venise, 1637,in-4°. 

LAZZARINI ( SarioN ) , né à An cône en 
1641, entra dans l'ordre des Ermites de Saint-Au- 
gustin, ou Prémontrés, et fut professeur de théo- 
logie. Il cultiva la musique avec succès, et, lit 
imprimer plusieurs ouvrages de sa composition, 
parmi lesquels on remarque : 1° Motelti a due 
e fre voci op. 2; Ancône, Claude Perciminco, 
1674. — 2° Salmi vespertini a tre e cinque voci, 
con due violini, op. 3; ibid. 1675. 

LAZZARINI (Gustave), bon ténor italien, 
né à Padoue , ou, selon d'autres renseignements, 
à Vérone, vers 1765, débuta à Lucqnes en 1781), 
et s'y fit applaudir dans Vlfigcnia in Aulide de 
Zingarellt. En 1794 il chanta à Milan, pendant 
la saison du carnaval, avec M me Grassini et 
Marchesî , dans VArfaserse du même composi- 
teur et le Demofoonfe de Portogallo. Son talent 
se- soutint à côté de ces grands artistes ; épreuve 
difficile que peu de chanteurs auraient pu subir. 
L'année suivante il fut engagé de nouveau dans 
cette ville; en 1798, il y retourna encore, pour 
chanter GU Orazi de Cimarosa, et le Meleagro 
de Zingarelli, avec La Riccardi et Crescentini. 
En 1801 il fut un des acteurs qui composèrent la 
troupe de Y Opéra buffa de Paris. Il y chanta 
avec M™" Slrinasacchi et Georgi Belloc. Déjà 
sa voix avait perdu sa fraîcheur, mais on recon- 
naissait en lui un talent supérieur dans l'art du 
chant et un musicien excellent. Il eut à Paris 
Nozzari pour successeur, en 1803. Son portrait a 
été gravé dans cette ville par Nitôt Dtifrêne, 
acteur de l'Opéra. Lazzarini a publié deux œuvres 
d'ariettes italiennes avec accompagnement de 
piano, Paris, Carli, et une pastorale, idem, ibid. 

LAZZARINI (Alexandre), prélat romain 
attaché au service du pape Pie VU, naquit à 
Rome, en 1769. Il accompagna le saint Père en 
France lorsqu'il vint sacrer Napoléon empereur 
des Français, et une seconde fois, lorsque le chef 
de l'Église fut conduit en exil à Fontainebleau. 
De retour à Rome, en 1814, monsrg. Lazzarini y 
reprit le cours de ses études et de ses travaux 
littéraires. On a de lui un curieux traité de l'usage 
des cloches chez les anciens Hébreux et chez les 
autres peuples de l'Orient, sous ce titre : De va- 
rio tintinnabulorum usu apud Hebrœos et 
Ethnie os; Rome, 182?, 2 vol. in 8°. Cet ouvrage 
est rempli de recherches intéressantes, et se re- 
commande par une érudition solide. 

LEACII (....), musicien anglais, vraisem- 
blablement attaché à quelque église de Londres, 
vers la fin du dix-huitième siècle, a publié : 
1* Hymns and psahnluncs for the use of 



churches, chapels and sundrtj schools. Book 
1 and ?.; Londres, Preston. — 2° Collection of 
Hymnslunes and anthems adapted for a 
full choir, publisking in numbers; ibid. — 
3° Trios pour deux violons et basse, ibid. 

LÉAUMONT (Le chevalier DE), officier 
au régiment de Neustrie, vivait à Paris, vers la 
fin du dix-huitième siècle. 11 y fit graver, en 
1786, un duo concertant pour violon et violon- 
celle. 

LEBÈGUE (Antoine-Nicolas). Voyez BÈ- 
GUE (LE). 

LE BESNIER ( L'abbé Anicet) , chanter 
de IVglise paroissiale de Saint-Ouen, à Rouen, a 
fait imprimer un livre intitulé Manuel du chan- 
tre, Rouen, Mégard, 1839, in-8°, et un recueil 
de cantiques qui a pour titre : Chants du mois 
de Marie, en l'église paroissiale de Saint-Ouen, 
recueillis par l'abbé Anicet Le Besnier ; Rouen, 
Mégard, 1840, in- 12 de 72 pages. 

LEBEUF (l'abbé Jban), chanoine et sous- 
chantre de l'église cathédrale d'Auxerre, naquit 
en cette ville le 6 mars 1687. Homme simple, 
modeste et laborieux, il n'a laissé d'autres ma- 
tériaux pour Thistoire de sa vie que ses ouvra- 
ges où l'on remarque beaucoup plus d'érudition 
que de goût et de style. L'Académie des inscrip- 
tions et belles-lettres le choisit, en 1740, pour 
remplacer Lancelot. Le pape Benoit XIV, après 
avoir vu son Martyrologe d'Auxerre, en fut 
si satisfait, qu'il fit proposer à l'auteur de se ren- 
dre à Rome ; mais la mauvaise santé de l'abbé 
Lebeuf fut un obstacle à ce voyage. 11 mourut le 
10 avril 1760, à l'âge de soixante-treize ans. On 
porte à près de cent quatre-vingts le nombre 
de dissertations et d'ouvrages de tout genre dus 
aux recherches de cet infatigable savant. Je ne 
parlerai ici que de ce qui a quelque rapport à 
l'histoire de la musique dans ses travaux ; on y 
distingue : 1° Remarques sur le chant ecclésias- 
tique (dans le Mercure de France, septembre 
1725, p. 1897.) — 2° Lettre contre la nouvelle 
manière dénoter le plain-chan 1 ', inventée par 
M. de Motz (Mercure de février 1728, p. 217). 
— 3° Règles pour la composition du plain- 
chant (ibid., juin 1728, 1 er volume, p. 1162; 
2 ,ne vol. pag. 1300). — 4° Réflexions sur la 
nouvelle manière de noter le plain chant, 
inventée par M. de Motz (ibid., novembre 1728, 
p. 2230, et décembre, 1 er vol., p. 227 1). — 5° Ré- 
ponse aux questions proposées dans le Mer- 
cure de novembre 1728, à Voccasion de quel- 
ques contestations musicales formées à Troyes 
en Champagne (ibid., mai 1720, p. 844). On 
trouve dans le catalogue de Falconet (tome 1 er , 
p. 477, n° 8355) l'indication d'un ouvrage de 



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238 



LEBEUF — LEBLANC 



Tabbé Lebeuf, sous ce titre : Mémoire de Jean 
Lebeuf sur le plain-chant, 1729, in-12. il est 
vraisemblable que ce n'est qu'un tirage à part de 
ce qu'il avait publié sur cette matière, en 1728, 
dans le Mercure de France. — 6° Lettre sur 
les orgues , à l 'occasion de ce qui est dit de 
celles de la cathédrale d'Albi dans le Mercure 
de juillet 1737 (ibM., août 1737, page 1750). — 
7° Recueil de divers écrits pour servir d'é- 
claircissements à l'histoire de France et de 
Simplement à l'histoire des Gaules; Paris, 
173S, 2 vol. in-12. Cet ouvrage est Tonné de la 
réunion de plusieurs dissertations envoyées pré- 
cédemment par l'auteur à différentes académies. 
Parmi ces morceaux historiques, on remarque au 
premier volume une Dissertation sur le lieu où 
s'est donnée en 84 1 la bataille de Fontenay. 
Après avoir éclairci le point principal de la dis- 
cussion, Lebeuf y rapporte une pièce très-curieuse 
sur la bataille de Fontenay, ou Fontanet, qui est 
du temps de cet événement. Cette pièce, en vers 
trochaïques, existe dans un manuscrit de 'Saint- 
Martial de Limoges qui est à la Bibliothèque im- 
périale, à Paris, n° 1154. Elle est composée de 
différentes strophes qui , ainsi que l'a remarqué 
Lebeuf, sont dans le style des complaintes lati- 
nes. Cette pièce commence ainsi : 

VERSUS DE BELLA. QUiS FUIT ACTA FOCTANETO. 

Aurora cum primo m a ne 
Telram uoctcm dhrldens, 
Sabbalum non illud fuit, 
Sed saturai dolluro ; 
Etc. 

Lebeuf la rapporte en entier (pag. 165-168, 
vol. 1.). Il a bien vu par les caractères de nota- 
tion saxonne ( neumes ), placée au-dessus des vers 
de la première strophe, que c'est une sorte de ro- 
mance historique; mais ces caractères ont été 
pour lui un mystère impénétrable. J'ai traduit 
en notation moderne ce morceau, l'un des plus 
curieux et des plus intéressants de l'histoire de la 
musique ( Voyez la planche du Résumé philo- 
sophique de l'histoire de la musique , en tête 
de la première édition de la Biographie uni- 
verselle des Musiciens. ) 

Une dissertation pleine de recherches sur l'état 
des sciences et des arts au temps de Charlema- 
gne se trouve au commencement du deuxième vo- 
lume ; elle renferme des détails qui ne sont pas 
sans intérêt pour l'histoire de la musique, par- 
ticulièrement sur Remi-d'Auxerre et Hucbald. 

— 8° Dissertations sur l'histoire ecclésiasti- 
que et civile de Paris, suivie de plusieurs 
éclaircissements sur l'histoire de France, 
Paris 1739-1745, 3 vol. in-12. On trouve dans le 
deuxième volume de celte collection une benne 



Dissertation sur l'état des sciences en France 
depuis la mort du roi Robert jusqu'à celle 
| de Philippe le Bel. Lebeuf y a réuni quelques 
renseignements sur la situation de la musique 
française depuis Tan 1031 jusqu'en 1304; mais 
il n'a pas connu toutes les sources où il pouvait 
puiser. — 9° Traité historique et pratique 
sur le chant ecclésiastique avec le directoire 
qui en contient les principes et les règles, 
suivant l'usage présent du diocèse de Paris, 
et autres. Précédé d'une nouvelle méthode 
pour l'enseigner et l'apprendre facilement, 
Paris, 1741, in-8°. Les règles de plain-chant 
qu'on trouve dans cet ouvrage ne sont point de 
l'abbé Lebeuf ; elles avaient été composées vers 
la fln du dix-septième siècle par l'abbé Chaste- 
lain , chanoine de Notre-Dame et ami de Bros- 
sard , pour être placées en tète de l'ancien afiti- 
phonaire de Paris. La partie historique seule, 
jusqu'à la page 150, appartient à Tabbé Lebeuf: 
elle contient des choses curieuses qu'on ne trouve 
point dans la plupart des ouvrages sur la même 
matière. Toutefois ce livre a été trop vanté : 
l'abbé Lebeuf n'avait presque aucune connais- 
sance de l'histoire du plain-chant en Italie et en 
Allemagne. Il avait été chargé de travailler en 
1744 au nouvel antiphonaire et au nouveau gra- 
duel de Paris : ce fut ce qui le jeta dans ces re- 
cherches qu'il avait déjà ébauchées autrefois. 

LEBLAN ou LE BLAN (P.-J.), carillon- 
neur de la ville de Gand et compositeur, ne m'est 
connu que par une note de la Bibliographie 
Gantoise, de M. Ferd. Vanderhaegen, p. 190, 
où un article du catalogue Van de Poêle ( im- 
primé à Gand en 1816, p. 45, n° 193) est cité 
de cette manière : Livre de clavecin, par P. J. 
Le Blan, carlllonneur de la ville de Gand. 
Cet ouvrage, dont on n'indique pas la date dans 
le catalogue, était relié avec le traité de musique 
de Jean Van der Elst (voy. ce nom ) intitulé Den 
Ouden ende Nieuwen Grondt Van de Musijke 
Bevangehende. (Gand, Maximilien Graet, 1662, 
in-4°.) 

LEBLANC (Hcbert) , docteur en droit et 
amateur de musique , qui jouait bien de la basse 
de viole, vécut à Paris dans la première moitié 
du dix-huitième siècle. C'était un homme d'un 
caractère bizarre, qui, dans son admiration pour 
la basse de viole, ne connaissait rien qui pût lui 
être comparé, et qui voyait avec chagrin l'aban- 
don de cet instrument se préparer par la vogue 
qu'obtenaient en France le violon et le violoncelle. 
Il écrivit à ce sujet un livre singulier, intitulé : 
Défense de la basse de viole contre les entre- 
prises du violon et les prétentions du violon' 
cel (sic). Amsterdam, 1740, in-12. Il y traite le 



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LKBLANC — LEBORNE 



23î> 



violon d'orgueilleux, d'arrogant, visant à l'empire 
universel de la musique; quant au violoncelle, 
c'est, dit-il , un pauvre hère , qui se cache tout 
honteux derrière le clavecin, et dont la condi- 
tion est de mourir de faim. Le style du livre 
est digne des pensées. Leblanc n'avait pu trouver 
à Paris de libraire pour une telle production ; il 
fut obligé d'envoyer son manuscrit à Amsterdam. 
Lorsqu'il apprit que Pierre Mortier consentait à 
l'imprimer, il en fut si transporté de joie, qu'il 
partit pour la Hollande en l'état où il se trou- 
vait quand la nouvelle lui parvint, c'est-à-dire 
en robe de chambre, en pantoufles , et en bonnet 
de nuit. 

LEBLANC (....)> violoniste et compositeur 
français , né vers 1750, fut d'abord chef d'or- 
chestre au Théâtre Comique et Lyrique, à 
Paris , lequel prit ensuite le titre de Théâtre des 
Jeunes Artistes. Il occupait cette place en 1791. 
Plus tard, il fut attaché au Théâtre d'Ému- 
lation, en qualité de compositeur des opéras 
et pantomimes; il conserva cet emploi jus- 
qu'en 1801. Descendant presque toujours dans 
des positions pires , il fut ensuite obligé d'accep- 
ter une place de second violon au Théâtre sans 
prétention du boulevard du Temple, et enfin, 
dans ses dernières années, il fut réduit à copier 
de la musique. Il est mort à Paris, dans une 
situation malheureuse et dans un âge fort avancé. 
Les premières compositions de Leblanc sem- 
blaient lui promettre une carrière plus heureuse ; 
on y remarquait du talent, et leur succès n'avait 
pas été sans éclat; mais il écrivit presque tous 
ses ouvrages pour les petits théâtre?, où rien ne 
saurait avoir une longue existence. $on premier 
opéra , joué au théâtre des Beaujolais , en 1787, 
était intitulé : La ISoce Béarnaise; il eut un 
succès de vogue. Vinrent ensuite Gabrielle et 
Paulin, au même théâtre, 1788 ; La Folle ga- 
geure, an théâtre Comique et Lyrique, 1790; 
Rosine et Zely, au même théâtre, 1790; Le Ber- 
ceau de Henri IV, en deux actes, au même 
théâtre; Nicodeme dans la lune, en trois actes, 
au même théâtre, qui fil courir tout Paris aux bou- 
levards pendant plus d'une année ; Télémaque, 
pantomime dialoguée, avec des morceau x de chant, 
une ouverture et des entr'actes, au Théâtre 
d'Émulation, en 1797. Leblanc a écrit aussi la 
musique d'une très-grande quantité de pantomi- 
mes, de mélodrames et de ballets pour la plupart 
des théâtres des boulevards. 

LEBL1CQ (Charles-Théodore), né à 
Bruxelles, le 25 août 1833, fut admis au Conser- 
vatoire de cette ville en 1851, et y fut élève de 
l'auteur de ce dictionnaire pour la composition. 
En 1855 et 1857, il prit part aux grands concours 



de composition musicale, institués par le gouviT 
neinent, sans y obtenir ni premier ni second prix. 
En 1856, M. Leblicq fit exécuter à l'église Sainte- 
Gudule une messe solennelle avec orchestre , et 
dans l'année suivante il y donna un salut où l'on 
remarqua de bonnes choses. Il s'est fixé à Paris en 
1859, et a fait représenter au Théâtre-Lyrique, le 6- 
décembre 1861, La Tyrolienne, opéra-comique 
en un acte, dont les journaux ont fait l'éloge en 
cilant ses mélodies naturelles, son harmonie dis- 
tinguée et son instrumentation élégante. 

LEBLOND ( Gaspar MICHEL, surnommé )„ 
abbé et savant antiquaire, naquii à Caen, le 
24 nov. 1738. Venu à Paris, il s'y fit bientôt 
connaître avantageusement, et ne tarda pas à 
être nommé sous- bibliothécaire à la Bibliothèque 
Mazarine. En 1772, il fut reçu à l'Académie des 
inscriptions , où il lut de savants mémoires sur 
divers objets d'antiquité. Pendant la Révolution, 
Leblond ayant été nommé membre de la com- 
mission temporaire des arts, profila de cette cir- 
constance pour enrichir la Bibliothèque Maza- 
rine d'environ 50 mille volumes. Au mois de 
mai 1791 , le directoire du département de Paris 
le nomma conservateur de la même bibliothèque ; 
il devint ensuite membre de la classe des anti- 
quités, lors de la première formation de l'Ins- 
titut. Après l'établissement du gouvernement 
impérial, il se retira à l'Aigle, où il mourut 
le 17 juin 1809, à l'âge de soixante et onze 
ans. 11 ne s'agit point ici de ses travaux litté- 
raires ; je ne le cite que P onr une compilation rela- 
tive à la musique. Lié d'amitié avec l'abbé Ar- 
naud , il s'intéressa à la querelle des Gluckistes 
et des Piccinnistes , et publia la collection des 
pièces qui avaient paru sur cette dispute , sous* 
le titre de : Mémoires pour servir à l'histoire 
de la révolution opérée dans la musique 
par le chevalier Gluck; Paris, 1781, in-8°. 

LEBOEUF. Voy. BOEtfF (LE). 

LEBORNE, musicien français du quator- 
zième siècle, fut attaché à la maison de Louis X, 
dit le Hutin, roi de France, en* qualité de 
joueur de psaltérion , ainsi qu'on le voit par 
une ordonnance de l'hôtel de ce prince, en 
date de 1315 , au chapitre des Ménestrels ( voy. 
la Revue musicale, t. XII, p. 194). 

LEBORNE ( Aimé-Ambroisb-Simon ). fils 
d'un artiste dramatique, est né à Bruxelles, le 
29 décembre 1797. Ses premières études musi- 
cales ont été faites à l'école gratuite de Ver- 
sailles , où la classe de musique était dirigée 
par Desprez, ancien musicien de la chapelle 
du roi. M. Leborne y obtint les premiers prix 
dans les années 1809 et (810. A cette époque, 
son père entra au théâtre de VImpératrice 



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240 



LEBORJNE — LE BOURGEOIS 



(Odéon). Le jenne Leborne le suivit à Paris; il 
fut admis comme élève au Conservatoire le 
8 janvier 1811, et entra dans une classe de 
solfège. Déjà bon lecteur de musique, il eut 
bientôt fini son cours de cette partie élémentaire 
de Part , et le 26 octobre 1812 il commença l'é- 
tude de l'harmonie dans la classe de Berton ; 
mais il reçut toutes ses leçons de Dourlen, alors 
répétiteur de cette classe , et plus tard profes- 
seur. Au mois d'octobre de Tannée suivante il 
devint élève de Cherubini f pour le contrepoint 
et la composition. En 1818 , il concourut à l'Ins- 
titut de France et y obtint le second grand prix 
de composition musicale; deux ans après il se 
présenta de nouveau au même concours et l'em- 
porta sur ses émules. Le premier grand prix lui 
fut décerné, et pendant les années 1821 , 1822 
et 1823, il voyagea en Italie et en Allemagne, 
en qualité de pensionnaire /lu gouvernement. 
De retour à Paris, il s'y est livré à des travaux 
de composition; le 23 février 1828 il a fait re- 
présenter au théâtre de' l'Opéra-Comique Le 
Camp du drap d'or, opéra en trois actes» 
composé* en société avec Hatton et Ri faut ; cet 
ouvrage n'a pas été favorablement accueilli par 
le public. Dans la même année M. Leborne a 
écrit quelques morceaux importants de La Vio- 
lette, opéra de M. Carafa, représenté le 7 oc- 
tobre 1828. Le 15 juin 1833, il a fait jouer au 
Théâtre de la Bourse l'opéra-comique inti- 
tulé : Cinq ans d'entr'acte, en deux actes. Cet 
ouvrage a éle suivi de Lequel, opéra-comique 
en un acte, représenté au même théâtre, le 21 
mars 1838. Successivement répétiteur de sol- 
fège au Conservatoire, en 1816, et professeur 
de la même classe, en 1820, M. Leborne a été 
appelé à remplacer Reiclia comme professeur 
de composition dans la même école, le 13 août 
1836. Le 1" janvier 1829, il a remplacé à 
l'Opéra Lefebvre, son beau-père, en qualité de 
bibliothécaire et d'entrepreneur de la copie , et 
le titre de bibliothécaire de la chapelle du roi 
lui a été donné en 1834. Professeur de mdrite et 
possédant les excellentes traditions pratiques de 
l'ancienne école d'Italie, qu'il a reçues de Che- 
rubini , M. Leborne a formé de bons élèves , 
dont plusieurs ont été couronnés dans les con- 
cours de l'Institut. On lui doit une nouvelle édi- 
tion du Traité d'harmonie de Catel , avec de 
nombreuses additions, non dans le système, mais 
en ce qui concerne la pratique ( Paris , Brandus 
et C", 1848, gr. in-4°. ) 

LEBOUC (Charles- Joseph), violoncelliste 
distingué et compositeur, est né à Besançon , le 
22 décembre 1822. Après avoir appris la musique 
et le violoncelle dans le lieu de sa naissance, il 



se rendit à Paris à l'âge de dix-huit ans , et fut 
admis au Conservatoire, en 1840, comme élève 
de M. Kranchomme pour son instrument. Ses 
professeurs pour la composition furent Col et et 
Halévy. Après avoir obtenu le premier prix de 
violoncelle au concours de 1842, un second prix 
d'harmonie en 1843, un premier prix de cette 
science dans l'année suivante et des accessits de 
contrepoint, M. Lebouc entra à l'orchestre de 
l'Opéra en 1844 et y resta attaché jusqu'en 1848. 
Élu membre de la Société des concerts du Con- 
servatoire en 1842, il en a été secrétaire dans les 
années 1856 et 1860. Fondateur des Soirées de 
musique classique, où l'on entend exécuter par 
de bous artistes de la musique instrumentale de 
chambre et des morceaux de chant tirés d'opéras 
et d'oratorios, M. Lebouc a vu prospérer cette 
institution. Les ouvrages gravés de cet artiste 
sont : op. 1 : Fantaisie pour violoncelle sur des 
motifs des Mousquetaires de la reine; Paris, 
Brandus. — Op. 3 : Trio de concert sur des motifs 
de Rossini (»our piauo, violon et violoncelle; ibid. 
— Op. 4 : La Vision detainte Cécile, mélodie pour 
soprano ou ténor, avec accompagnement de violon- 
celle obligé et de piano; Paris, Girod Op. 5 : 

Duo sur des mélodies d'A.Gouffé pour piano 
et violoncelle ou violon ; ibid. — Op. 6 : Noc- 
turne sur Plaisir d'amour de Martini , pour 
piano et .violoncelle ou violon; ibid. — Op. 7 : 
Souvenirs d'Italie, fantaisie pour violoncelle 
avec accompagnementde piano ; ibid. — Op. 8 : 
Duo sur. des motifs de Gluck pour piano et vio- 
loncelle; Paris, Lemoine. — Op. 9 : Mazurka 
pour violoncelle; Paris, Girod. — - Op. 10 : Ave 
verum à une voix , avec accompagnement de 
violoncelle et orgue; ibid. — Méthode de vio- 
loncelle; Paris, Lemoine. 

LE BOURGEOIS ( Pierre -Auguste ;, 
compositeur né à Versailles, au mois de juin 
1799, suivant les registres du Conservatoire de 
Paris , et d'après celui des inscriptions des 
concours de l'Institut, au mois d'octobre de la 
même année, commença l'étude de la mu- 
sique dans le lieu de sa naissance , sous la di- 
rection de Matthieu ( voyez ce nom ) ; puis il 
fut admis au Conservatoire comme élève du 
cours d'harmonie professé par Dourlen. Devenu 
élève de Lesueur, pour la composition , il con- 
courut à l'Institut en 1823, pour le grand prix, 
qui lui fut décerné par la classe des Beaux -arts, 
après l'examen et l'audition de sa cantate inti- 
tulée Geneviève de Brabant. Cet ouvrage fut 
exécuté à la séance de cette Académie, au mois 
d'octobre de la même année. Devenu pension- 
naire du gouvernement à ce titre, il partit pour 
Rome; mais peu de jours après son arrivée, il 



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LE BOURGEOIS — LEBRUN 241 

mourut au mois de mars 1824» avant «l'avoir son talent At naître les émotions les plus Vives 

accompli sa vingt-cinquième année, laissant en , et qu'il recueillit les applaudissements les plus 

manuscrit beaucoup de compositions vocales et ! flatteurs. Des offres avantageuses lui furent 

instrumentales. \ faites pour qu'il se fixât en cette ville; mais 

LEBRETON (Joàcuw). Voyez BRETON j fidèle à ses engagements avec son prince, il re- 

(LE). : jeta toutes les propositions du même genre qui 

LEBRUN, ou LEBRUNG(Jean), prêtre lui furent faites. Malheureusement cet artiste si 
et musicien , né dans la seconde moitié du quin- distingué n'eut qu'une courte cargère; il mourut 
zième siècle, fut attaché à la chapelle du roi à Berlin, le 16 décembre 1790, à l'âge de 
de France Louis XII, suivant un compte de la quarante-quatre ans. Lebrun s'est fait connaître 
maison de ce prince qui se trouve dans un | comme compositeur par les ouvrages suivants : 
volume manuscrit de la Bibliothèque impériale de j 1° Six trios pour hautbois , violon et basse, ou 
Paris (n° F, MO du supplément). Il était chantre • 2 violons et basse,, op. 1, Oflenbach, André, 
en voix de basse. Les troisième et quatrième ii- — 2° Duos faciles pour 2 flûtes; Paris, Na- 
vres des Motetti de la Corona publiés par Pe- j derman. — 3° Concertos pour hautbois et or- 
Inicci de Fossombrone, en 1519, en contiennent , chestre; n° 1 (en ré mineur), Offenbach, 
deux à quatre voix, sous le nom de Lebrung. j André; Paris, Omont; n° 2*( en sol mineur); 
On trouve aussi le motet à 4 voix, Seul, I n° 3 (en ut)\ n° 4 (en si bémol ); n° 5 ( en 
Saul, quid me, du même artiste, dans le re- | ut) , Paris, Sieber et Oinont; n° 6 (en fa) , 
cueil intitulé ; Fior de motetti e canzonin&vi Paris, Omont; n° 7 (en fa), Paris, Sieber. — 
eomposti da diverse eccellentisshni Musici, et 4° Trios pour hautbois , violon et basse, op. 2, 
imprimé à Rome, par Jacques Junte, en 1523. Paris , Sieber. 

Le recueil de Georges Forster, qui a pour titre , LEBRUN (Françoise)', femme du précé- 

Selectissimarum Motetarum partim quinque , dent et fille du bassiste Danzi, naquit à Man- 

parti m quatuor vocum Tomus pnmus (No- heim en 1756. La nature l'avait douée d'une 



rimbergtt, J Petrejus, 1540), renferme deux 
motets de Lebrun. Enfin , on trouve des compo- 
sitions du même dans le cinquième livre de la 
collection d'Atlaingnant ( Paris , 1 536 ) , ainsi que 



voix aussi remarquable par la pureté des sons 
que par son étendue; dans les notes élevées, 
elle atteignait sans peine au contre-fa. L'étude 
développa ses belles qualités et compléta un des 



dans le huitième livre, et dans le septième livre plus beaux talents de cantatrices que l'AUe- 
de chansons à 5 et 6 parties publié par Tilman magne ait produits. A peine âgée de seize ans, 

Susato (Anvers, 1545). j M ,,e Danzi se fit entendre pour la première fois 
LEBRUN ( Louis- Auccste ) , hautboïste ce- en 1771 , et charma toute la cour. L'année sui- 

lèbre, naquit à Manheim en 1746, et non ' vante elle fut engagée à l'Opéra de Manheim. 

en 1752, comme le dit Lipowsky dans son Die- | Devenue la femme de Lebrun, elle partit avec 

tionnaire des musiciens de la Bavière. A peine , lui pour l'Italie, et chanta à Milan, en 1778, 
parvenu à l'âge de vingt et un ans, il était déjà dans l'opéra de Salieri Europa riconosciuta. 
cité pour son habileté extraordinaire dans sou Sa voix admirable , dont l'étendue était de deux 
pays, où les virtuoses sur le hautbois ne sont octaves, et sa facile vocalisation, excitèrent 
pas rares. En 1767 il entra dans la musique de parmi les Milanais des transports d'enthousiasme, 
l'électeur de Bavière , à Munich, et le prince , malgré les intrigues de la Balducci, prima donna 
qui aimait beaucoup son talent, lui accorda un du théâtre de la Scala. M me Lebrun obtint un 

traitement de quinze cents florins. En l 775 il - succès égal à Londres, dans les années 1781 et 
épousa Françoise Danzi, sœur du compositeur 1783. De retour à Munich en 1785, elle y chanta 
de ce nom; ce fut à dater de cette époque que pendant tout l'hiver, puis elle retourna en Italie 
son nom acquit de la célébrité, parce que, voya- l'année suivante , et obtint à Venise et à Naples / 

géant avec sa femme, artiste du premier on Ire , de brillants succès comme dans toutes les villes 

4>our le chant, il put donner avec elle des : qu'elle avait visitées. Pendant les années 17 as 
concerts dans les plus grandes villes de l'Eu- et 1789 , elle chanta à Munich dans Yldomènèe 
rope. Ayant obtenu des congés, il visita Berlin, de Mozart, dans VArmidc de Prati , et dans le 

Vienne, Londres, Paris : partout il recueillit ; Castor et Pollux de Vogler. Engagée à Berlin, 
des témoignages d'admiration. Son premier elle partit au mois de décembre 1790 pour cette 

voyage à Londres eut lieu en 1781; il y re- ; ville; mais à peine y était-elle arrivée, qu'elle 
tourna en 1785, et chaque fois il y excita au- perdit son mari. Le chagrin qu'elle en éprouva 

tant d'étonnement que de plaisir. Mais c'est j lui causa une maladie de langueur, dout elle 

surtout à Paris, où il se trouvait en 1784, que ' mourut le 14 mai 1791. M 1 *" Lebrun possédait 

BIOGR. UNIV. DES MUSir.ll 4 \S. — T. V. Jti 



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242 



LEBRUN 



aussi on talent remarquable sur le piano , et 
composait avec goût pour cet instrument. Elle 
a publié à Offenbaclt , en 1783, des sonates 
de piano avec accompagnement de violon, et des 
trios pour piano , violon et basse où il y a de 
jolies mélodies et le mérite d'une facture facile. 

M me Lebrun eut deux Mlles. L'aînée ( So- 
phie), née à Londres le 20 juin 1781, eut de 
la célébrité comme pianiste. Après avoir étudié 
la musique sous la direction de Knecht, elle 
reçut des leçons de Streiclier pour le piano , et 
de Scblett pour l'harmonie. Douée d'un senti- 
ment vif et profond, et possédant un méca- 
nisme facile , elle voyagea avec succès et fit ad- 
mirer la perfection de son jeu en France, en 
Allemagne et en Italie. Le 18 avril 1799 elle 
épousa Dulken , facteur de pianos à Munich ; 
c'est surtout sous le nom de M™* Dulken qu'elle 
acquit de la renommée. Elle a composé des 
sonates et d'autres pièces pour le piano , maù 
elle n'en a rien publié. 

Rosine, seconde fille de M rac Lebrun, na- 
quit à Munich, le 13 avril 1785. Après avoir reçu 
des leçon* de Streiclier pour le piano, elle 
fit des études de chant sous la direction de son 
oncle , le maître de chapelle Danii. Ses débuts 
annoncèrent un talent distingué ; mais ayant 
épousé l'acteur de la cour Stenzsch , le 30 no- 
vembre 1801 , elle renonça à chanter Topera 
pour jouer la comédie , où elle a montré du ta- 
" lent. 

LEBRUN ( Jean ) , virtuose sur le cor, na- 
quit à Lyou le 6 avril 17.VJ. Fils d'un amateur 
instroit dans la musique, il apprit fort jeune 
les éléments de cet art, et se forma presque seul 
sur le cor un talent déjà remarquable avant 
qu'il eût atteint sa vingtième année. En 1783, 
il se rendit à Paris , où Rodolphe lui donna quel- 
ques conseils, puis il reçut des leçons de Punto. 
Jamais peut-être il n'a existé un corniste qui 
eut une puissance de lèvres comparable à celle 
de Lebrun pour monter jusqu'aux notes les plus 
élevées , avec une pureté de son et une sûreté 
d'attaque qui n'étaient jamais en défaut. Je l'ai 
entendu en 1802; il exécutait alors en se jouant 
des difficultés qui auraient été inabordables pour 
tout autre artiste. En 1786, il entra à l'or- 
chestre de l'Opéra en qualité de premier cor, 
et il occupa cette position jusqu'en 1792. Les 
troubles de la révolution le déterminèrent alors 
à passer en Angleterre ; mais il y resta peu de 
temps, car dans la même année il entra dans la 
chapelle Royale de Berlin , en remplacement de 
Palsa, décédé. En 1802, il obtint un congé et 
lit un voyage sur le Rhin , en Hollande et dans 
la Belgique. Après la bataille de Jéna, il quitta 



, définitivement la Prusse, comme tous les i 
bres étrangers de la chapelle congédiée , et re- 
tourna à Paris. Son originalité , le peu d'ordre 
qu'il y avait dans sa conduite, et surtout ses 
dédains pour les autres artistes du même genre 
que lui ne lui firent pas d'amis ; il ne put par- 
venir à se placar. Déjà il n'était plus jeune et 
n'avait plus au même degré les qualités bril- 
lantes qui avaient fait autrefois ses succès; ii 
tomba dans la misère, et de désespoir ii se 
donna la mort par l'asphyxie, en 1809. Lebrun 
avait inventé une sourdine composée d'un cône 
de carton ouvert à son sommet et percé d'un 
trou à sa base : en l'introduisant dans le pa- 
villon du cor, il tirait de cette sourdine quel- 
ques beaux effets dans V adagio. 11 avait com- 
posé plusieurs concertos fort difficiles qu'il exé- 
cutait dans ses concerts, mais il n'en a rien fait 
imprimer. C'est Lebrun qui a fourni à Framery 
les matériaux de l'article Cor, inséré dans Y En- 
cyclopédie méthodique. 

LEBRUN (Loc 13- Sébastien), compositeur, 
né à Paris le 10 décembre 1764, entra comme 
enfant de choMir à la maîtrise de Notre-Dame, à 
l'âge de sept ans, et y apprit la musique et la 
composition» Apre* douze années d'études dans 
cette école, il en sortit en 178a, pour remplir, à 
l'église Suint-Germain-rAiixerrois, les fonctions 
de maître de chapelle; mais trois ans apiès t ses 
amis le décidèrent à entrer au théâtre, où l'on 
croyait que sa voix de ténor pouvait lui procurer 
des succès. Il débuta à l'Opéra, au mois de mars 
1787, par lerôledePolynice, dans 0£d ipe à Co- 
Urne. L'événement ne Justifia pas les espéran- 
ces qu'on avait eues, car Lebrun fit peu d'effet 
dans ce rôle, et ne fut jamais qu'acteur médiocre. 
En 1791, il quitta l'Opéra pour passer au théâtre 
Feydeau, où il u'eut guère plus de succès; 
toutefois ii y resta jusqu'à la banqueroute du di- 
recteur Sageret, en 1799. 11 retourna alors à 
l'Opéra comme double, puis se retira de la scène 
en 1803, pour prendre une des quatre places de 
. maître de chant de ce théâtre. Admis comme 
ténor à la chapelle de Napoléon, en 1807, il eut, 
trois ans après, l'emploi de chef du chant de la 
même chapelle. Lebrun ne mettait pas plus de 
génie dans ses compositions que dans son chant; 
cependant des circonstances favorables l'ont. 
quelquefois secondé, et lui ont fait obtenir des 
succès à la scène. Il a donné au théâtre Mon- 
tansier : r VArt d'aimer, ou V Amour au vil* 
loge, opéra-comique en un acte, 1780. —2° lis 
ne savent pas lire, en un acte, 1791. — 3° É léo- 
nore et Dorval, ou la suite de la Cinquan- 
taine, m un acte, 1800.— 4° Les Petits Aveu- 
gles de Franconville , en un acte, 1802. — An 



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LEBRUJS — LECH1NER 



243 



théâtre Lonvois : 5° Emilie et Melcour, 
1797.-6° Un Moment d'erreur, en un acte. 
—7° La Veuve américaine, en deux actes, 1799. 
— Au théâtre Molière : 8° Le Menteur, mal- 
adroit, en un acte, 1798. — Au Jhéâtre Feydeau : 
a f.e Bon Fils, en un acte, 1795. — 10° V As- 
tronome, en un acte, 1798. — 11° Le Maçon, 
en nn acte, 1800. — 12° Marcellin, en un acte, 
1800. — A l'Opéra : 13° Le Rossignol, en un 
acte, 1816. Cet ouvrage a eu un succès de 
vogue et se joue encore, quoique la musique' 
•en soit assez plate. Ce succès a (*tédûau talent de 
M m * Albert H y mm, dans le rôle principal, et à 
celui de Tulou sur la flûte. — U° Zéloïde, ou 
les Fleurs enchantées, en deux actes, 1818. Le- 
brun avait composé la musique d'un opéra en 
linq actes, intitulé : L'An II, pour le théâtre 
Feydean ; mais des considérations politiques en 
ont empêché la représentation. Il a aussi écrit, 
pour l'Opéra, plusieurs grands ouvrages qui 
n'ont point été joués. Quelques partitions des 
opéras de ce musicien ont été gravées; entre 
autres : V Astronome, Marcellin et le Ros- 
signol. H a aussi publié un recueil de ro- 
mances, à Paris, chez Janet. On connaît de lui 
quelques morceaux de musique d'église, parmi 
lesquels on remarque un Te Deum, avec orches- 
tre, exécuté à Notre-Dame, en 1809, à l'occa- 
sion de la victoire de Wagram ; une Messe so- 
lennelle, chantée à l'église Saint-Eustache, en 
1815, pour la fête de Sainte-Cécile ; et une autre 
«nessc en trio avec instruments à contes, exé- 
cutée à Saint-Maur, le jour de Sainte-Thérèse, 
au mois d'octobre 1826. Lebrun est mort à Paris 
le 27 juin 1829. 

LEBUGLE (L'abbé), amateur de musique et 
claveciniste, vécut à Paris depuis 1780 jusqu'à la 
révolution, lka publié de sa composition trois 
oeuvres de sonates de clavecin, avec accompa- 
gnement de violon, un recueil d'airs pour clave- 
cin seul, et un rondeau avec violon. 

LECAMUS (...), chef de la grande bande 
•des violons du roi (Louis XIV), vivait dans la 
seconde moitié du dix -septième siècle. Il n'est 
pas mort en 1677, comme le prétendent Choron 
et Fayolle, dans leur Dictionnaire historique 
des musiciens; car il a publié à Paris, en 1678, 
un recueil intitulé : Airs à deux et trois parties, 
par le sieur Lecamus, maître de la musique 
du roi, in-4°obl. 

LECARPENTIER. Voyez CARPEN- 
TIER (LE). 

LECERF DE LA VIE VILLE (Jeun-Lau- 
rent), seigneur de Fresneuse, garde des sceaux 
du parlement de Normandie, et de la même fa- 
mille que dom Lecerf, bénédictin de la congré- 



gation de Saint-Manr, naquit à Rouen en 1647, 
et mourut dans la même ville le 10 novembre 
1710. Admirateur enthousiaste de la musique de 
Luily, il fut vivement blessé de la préférence que 
l'abbé Raguenet avait donnée à celle des com- 
positeurs italiens, dans son Parallèle des Ita- 
liens et des Français en ce qui concerne la 
musique, publié 'en i*?02; pour venger l'objet 
de son -admiration, il fit paraître une Compa- 
raison de la musique italienne et de la mu- 
sique françoise, où, en examinant en détail 
les avantages des spectacles et le mérite des 
compositeurs des deux nations, on montre 
quelles sont les vraies beautés de la mu- 
sique; Bruxelles, 1704, in- 12, première partie, 
qui contient trois dialogues et une lettre. L'an- 
née suivante, une seconde édition de cette pre- 
mière partie parut accompagnée d'une deuxième 
où sont renfermés une histoire de la musique et 
des opéras, une vie de Luily, une réfutation du 
traité de Perrault sur la musique des anciens 
et un traité du bon goût en musique, Bruxelles, 
1705, in -12. Ces dissertations ont élé réimpri- 
mées dans l'histoire de la musique de Bourdelot 
et Bonnet (voyez ces noms). L'abbé Raguenet 
ayant fait paraître, en 1705, une défense de son 
Parallèle contre les attaques du seigneur de Fres- 
neuse, celui-ci répondit en 1706 par une troisième 
partie de sa Comparaison ( Bruxelles, in- 12), où 
il inséra, outre sa réponse, un discours sur la mu- 
sique d'église et un éclaircissement sur BononcinL 
Dans cette dispute, Lecerf de la Vieville se 
montra plein de préventions et presque étranger 
à la question : tout l'avantage demeura à l'abbé- 
Raguenet (voyez ce nom). On a aussi de Fres- 
neuse : V Art de décrier ce qu'on n'entend pas, 
ou le Médecin musicien, exposition de la 
mauvaise foi d'un extrait du Journal de Pa- 
ris; Bruxelles, Foppens, 1706, in-12, dirigé 
contre Andry, docteur en médecine de la faculté 
de Paris, qui avait attaqué sa Comparaison. 
On trouve l'éloge de Lecerf de la Fresneuse dans 
le Mercure d'avril 1726. 

LECHNER (Léonard), musicien tyrolien 
du seizième siècle, né dans'les environs de 61a- 
rus, sur l'Adige, fut d'abord musicien de ville à 
Nuremberg, et y vécut depuis (570 environ, 
jusqu'en 1594; puis devint compositeur et 
maître de chapelle du duc de Wurtemberg. On 
trouve à la bibliothèque de Munich quelques-uns 
de ses ouvrages, et les antres sont indiqués par 
Draudius,dans sa Bibliothèque classique. En voici 
tes titres : 1° Motectœ sacrxk, 5 et ûvocum, 
ita composiix, ut non solum viva voce com- 
modissimè cantari, sed etiam ad omnis gène- 
ris instrumenta optimè adhiberipossinl. Auc- 

16. 



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244 



LECHNER — LECLAIR 



fore Leonardo Lcchnero. Addiia est in fine 
Motecta octo vocum, ad duos choros eodem 
nuciori; Norimbergx, 1 57ô,iu-4* obi. — 2° tfeue 
teutscher Lieder mit 4 und 5 Stimmen ( Nou- 
Telles chansons allemandes à 4 et 5 voix) ; Nurem- 
berg, Knorr, 1577, in-4°. — 3? Neue teutscher 
Lieder zu drey Stimmen nachArl dcrwelschen 
Villanellen (Nouvelles chansons allemandes 
ponr 3 vois , dans le style des villanelles , ete. ); Nu- 
remberg, Catherine Gerlach, 1577, in-4°obl. — 
4° Newe teutscher Lieder, crstlich durch den 
fûrnehmen und berhûmbten (sic) Jacobum Re- 
gnart componirt mil 3 Stimmen, nach Art der 
welschen Villanellen setz und aber mit 5 Slim 
mengeselz durch Leonardum Lechner (Nouvel- 
les chansons allemandes , composées d'abord à 
trots parties dans la manière des chansons fla- 
mandes, par le noble et célèbre Jacques Regnart, 
mais à présent mises à cinq voix par Léonard 
Lechner ) Con alchuni (sic) madrigali in lin- 
guaitàliana; Nuremberg, Catherine Gerlach, 
1679, in-4° obi. — 5° Sacrarum Cantionum 
Set 6 vocum, lib. I et II, ibid. 1581, u>4° 
obi. —6° Epithalamium 24 vocum, etc. (Épi- 
thalame à 24 voix pour le mariage d'un patricien 
d'Angsbourg) ; ibid., 1682. C'est le plus ancien 
morceau allemand de ce genre venu à ma con- 
naissance ; aucun autre, que je saclie, n'a été fait 
pour un 6Î grand nombre de voix à cette époque. 
— 7° Harmonia panegyrica illustrissimo 
Principi Anhaldino Joachimo Ernesto, 6 vo- 
cibus composita et oblata; ibid., 1582, in -fol. 
■— 8° JUarmoniœ miscellx; ibid., 1583. — 
9° Liber Missarum sex et quinque vocum; 
adjunctis aliquot introitibus in principua 
fesia, ah Adventu Domini usquc ad festum 
Sanctissimx Trinitatis, Norimbergx y typis 
Qerlachianis, 15&4, in-4°. — 10° Bicinia und 
dreystimmige deutsche Villanclle (Villanelles 
allemandes à deux et trois voix), ibid. 1586. — 
11° Psaumes pénitentiaux à 6 voix, ibid. 1587. 
—.12° L'histoire de la Passion sur l'ancien choral 
à 4 voix, ibid. 1594, in -fol. 

LÉCIIOPIÉ ( Pierre-Martin-Nicolas), né 
à Senlis le 5 septembre 1771, a étudié à Paris 
la musique, le piano et la composition sous la 
' direction de Schmitt et de Boutroy. Son éduca- 
tion terminée, il s'est retiré dans sa ville natale, ' 
où il s'est livré à renseignement; il y vivait 
encore en 1845 et y remplissait les fonctions 
d'organiste. On connaît sous le nom de cet 
artiste : 1° Duos pour 2 violons; Paris, G. Ga- 
\eaux. — 2° Trois sonates avec ace. de violon; 
Paris, Pli. Petit. — 3° Duo pour -2 pianos; 
Paris, Langlois. — 4° Six sonates pour piano 
seul; Paris, S. Gaveaux. — ô" Pastorale et 



chasse; Paris, Pacini. — 6° Sonate pour piano et 
violon obligé ; Paris, Leduc. — 7° Polonaise et 
roudeau pour piano seul; Paris, Ph. Petit. — 
8° Six contredanses et valses ; Paris Richault. — 
9° Valses, et sauteuses; Paris, Janet et Cotelle. 
LECIEUX (Léon), violoniste, né le 12 mai 
1821, à Bayeux (Calvados), fut admis au Conser- 
vatoire de Paris, le 13 décembre 1844,* comme 
élève d'Habeneck ; mais il n'y acheva pas ses 
études, n'étant retiré de cette institution an mois 
de juin 1846. 11 s'est fait connaître par plusieurs 
morceaux pour son instrument, au nombre des- 
quels .on remarque : Grande fantaisie sur les 
motifs du Duc d'Olonne {opéra d'Auber), avec 
accompagnement de piano, op. 8 ; Paris, Brandns. 
LECLAIR (Jean -Marie) (1), surnommé 
VAinèi violoniste célèbre, naquit à Lyon en 1697. 
Il était fils d'Antoine Leclair, musicien du roi 
(Louis XIV), et de Benoîte Ferrière. La marquise 
de la Mésangère le recueillit chez elle dans son 
j enfance, et prit soin de son éducation. On lui 
' avait appris à jouer du violon ; mais il ne se ser- 
! vit d'abord de cet instrument que pour la danse. 
! et dans sa jeunesse il débuta comme danseur au 
théâtre de Rouen. Plus tard, il fut maître de 
j ballets à Turin. Somis, qui se trouvait alors en 
I cette ville, lui adressa des compliments sur 
quelques airs de ballets qu'il avait composés, et 
le prit ensuite comme élève. Ses progrès rapides 
le tirent renoncer a la danse pour ta musique. 
Après deux années d'étude, Somis déclara qu'il 
n'avait plus rien à lui apprendre ; mais Leclair con- 
tinua à se livrer lui-même à des exercices particu- 
I iers pou r se fai re une manière personnelle. A rri vé a 
Paris en 1729, il entra dans la même année à 
l'orchestre de l'Opéra, aux appointements de 450 
livres. En 1735, ils furent augmentés de 50 fr. 
Un si faible traitement, pour un homme dont la 
supériorité sur tous les violonistes français de ce 
temps était incontestable, peut causer quelque 
étonnement; et, ce qui peut paraître plus bizarre 
encore, c'est qu'un tel artiste ait été mis au dernier 
rang parmi les ripiénistes qu'on appelait alors le 
grand chœur , comme le prouvent les documents 
authentiques de la direction de l'Opéra, qui 
sont en ma possession. Ce grand chœur ne 
jouait que dans les ouvertures, chœurs et airs de 

{1} Dan* la collée lion des poèmes d'opéras français Im- 
primée parBallard (Paris, r 43-1751, 18 vol. in-lt), le nom 
de cet artiste est écrit I*rler, comme auteur de la mu- 
sique de filancms et Scella (t< 18, p. US). Durey de Nuin- 
ville a adopté cette orthographe dans son Histoire de 
I l'Opéra (t. II. p 164). J'ai eu le tort de les suivre dans 



cette erreur, en écrivant l'introduction de ma Notice ttio- 
(iruphique sur IS'icola t'aganini Paris, Schonenbcrper, 
iwsk quoique j'eusse écrit Leclair, dans la première édi- 
tion le la biographie universelle des Mnski&is. 



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LECLAIR 



245 



Hanse ; l'accompagnement du chant se faisait par 
le petit chœur où, à l'exception de Monteclair, 
il n'y avait que des hommes d'un mérite très- 
Inférieur à celui de Leclair, tels que Favre, les 
deux Baudy, et les deux F rancœur. Mais à cette 
époque, et. longtemps après encore, les meilleurs 
emplois et les meilleurs appointements étaient 
donnés à l'ancienneté plutôt qu'à l'habileté, dans 
l'orchestre de l'Opéra. Leclair profita de son ar- 
rivée à Paris pour étudier la composition , sous 
la direction de Chéron qui, depuis lors, fut d'a- 
bord accompagnateur au clavecin, puis chef 
d'orchestre de l'Opéra. En 1731 Leclair entra dans 
la musique du roi ; mais une discussion qu'il eut 
ensuite avec Guignon, pour la place de chef des 
seconds violons de cette musique, lui fit solliciter 
son congé. Vers te même temps il se retira aussi 
de l'Opéra, et c'est alors qu'il amassa une for- 
tune modeste par ses leçons et par la vente de 
ses compositions, qu'il faisait graver par sa 
femme. 

Leclair était un véritable artiste de cœur; on 
en a la preuve par le voyage qu'il fit en Hol- 
lande pour entendre Locatelli, quoiqu'il ne fût 
déjà plus jeune. Les nouveautés que lui fit con- 
naître le violoniste italien ne furent pas sans in- 
fluence sur son goût : on en remarque des tra- 
ces dans l'œuvre posthume de ses sonates pu- 
blié par sa femme. Ce fut peu de temps après 
son retour de Hollande que Leclair, rentrant 
chez lui à 1 1 heures du soir, fut assassiné près 
de sa porte, le 22 octobre 1764 : l'auteur de ce 
crime n'a jamais été découvert. Cet artiste 
exerça dans son temps la plus heureuse in- 
fluence sur les progrès de l'école française du 
violon : il fut un des premiers qui y mirent en vo- 
gue la double corde, dont il se servait avec un 
rare talent; son second livre de sonates est re- 
marquable par l'emploi qu'il y a fait de ce genre 
de difficulté. Choron et Fayolle disent, dans 
leur Dictionnaire historique des musiciens, 
que Leclair eut deux rivaux redoutables dans 
Baptiste et Guignon : ils ignoraient que Baptiste 
avait quitté Paris depuis vingt-cinq ans pour 
entrer au service du roi de Pologne, quand Le- 
clair y arriva. On a de celui-ci les ouvrages dont 
il a -publié lui-même le catalogue en tête de son 
œuvre douzième, lel que je le donne ici : 
1° Opéra 1 er . Premier livre de sonates à violon 
seul, avec la basse continue; Paris, Boivin 172*. 
Le privilège accordé à l'artiste pour la publica- 
tion de ses œuvres est du 7 octobre de cette même 
année. — 2° Second livre de sonates pour le vio- 
lon et pour la flûte traversière, avec la basse 
continue. Paris, chez l'auteur et chez Boivin. 
Cet œuvre contient douze sonates. — 3° Six sona- 



tes à 2 violons, ibid. —4° Six sonates en trios pour 
2 violons et la basse continue; ibid. — 5° Troi- 
sième livre de sonates à violon seul et la basse 
continue; ibid. Leclair venait d'être nommé Or- 
dinaire de la muaique.de la chapelle et de la 
chambre du roi : pour témoigner à Louis XV sa 
reconnaissance, il lui fit hommage de cet œuyrc, 
qui renferme 12 sonates. — 6° Première récréa- 
tion de musique d'une exécution facile pour 
2 violons et basse continue ; ibid. — 7° 6° Con* 
certiatre violini, alto, bas%o perorganoevio- 
loneello; ibid. — 8° Deuxième récréation de mu- 
sique d'une exécution facile pour 2 flûtes ou 
2 violons et la basse continue; ibid. — . 9° Qua- 
trième livre de sonates à violon seul avec la 
basse continue ; Paris, 1738, ibid. Cet œuvre con- 
tient 12 sonates. — 10° Sei Concerti a tre vto» 
Uni, alto, bassoperorgano o violoncello ;ibid. 
— 11° Glaucus et Scylla, opéra représenté le 4 
octobre 1747, partition gravée. — 12° Second 
livre de sonates à 2 violons sans basse; ibid. — 
13° Ouvertures et sonateâ en trios pour 2 vio- 
lons, avec la basse continue, ibid. — 14° Sonate 
posthume gravée par M«« Leclair; 2"»« édition 
Paris, Cousineau. J'ai dit, dans la première édi- 
tion de la Biographie des Musiciens, que l'o- 
péra de Glaucus et Scylla n'est pas de Leclair, 
mais d'un flûtiste nommé Lecler; je suivais en 
cela les notes des manuscrits de Beffara (voy. 
ce nom) ; mais c'est une erreur, car, dans le ca- 
talogue des œuvre» de Leclair, publié par lui- 
même en tête de l'œuvre 12*, la partition de cet 
opéra est classée comme œuvre II e ; de plus, Le- 
clair dit, dans l'averlissement qui précède son 
œuvre 13* : « J'y ai joint l'ouverture de mon 
« opérât » 

On lit dans le Dictionnaire dramatique de 
l'abbé de Laporte (t. 3, p. 285) : «Il manqua ton- 
« jours à Leclair cette portion de génie qui sert à 
« cacher l'art lui-même, de manière qu'il devienne 
« presque insensible dans la jouissance de l'effet. 
« On peut porter le même jugement de la plu- 
« part de ses opéras ( Leclair n'en a fait qu'un) : 
« ils sont fort au-dessous de ses modèles, et non 
« moins inférieurs à ses contemporains ( quel 
« style!) dans la partie instrumentale. » L'abbé de 
Laporte prouve dans ce jugement qu'il ne connaît 
rien aux choses dont il parle. Les sonates de Le- 
clair renferment de grandes beautés : celles du 
troisième livre particulièrement sont admirables. 

La femme de cet artiste fut cantatrice à l'Opéra 
pour les seconds rôles : elle se retira en 1750 
avec la pension. Elle se livra alors à la gravure 
de la musique et grava plusieurs ouvrages de son 
mari, à qui elle survécut. 

LECLAIR (Amoihb-Beni ), surnommé U 



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246 



LECLAIR — LÉCUREUX 



Cadet y frère du précédent, naquit à Lyon dans les 
premières années du dix -huitième siècle. Il s'est 
fait aussi quelque réputation comme violoniste, 
et a publié vers 1760 un œuvre de douze sonates 
pour le violon. 

LECLER (...), organiste des PP. de la 
Mercy, à Paris, vécut vers la fin du dix-huilième 
siècle. Il a publié en 1785 un journal de pièces 
d'orgue, qui n'a pas eu de succès, et qui n'a pas 
été continué. 

LECLER (....), fils d'un facteur de clave- 
cins établi à Paris, fut attaché à POpéra comme 
flûtiste en 1739. En 1752, il fit un voyage en An- 
gleterre, où son talent sur la flûte fut applaudi. 
Cet artiste avait un frère,'plus jeune que lui, qui 
succéda à son père dans la facture des clavecins, 
et qui se distingua parmi les artistes les plus re- 
nommés en ce genre. Ce dernier vivait encore 
en 1789. 

LECLERC (Jean-Baptiste), député à la 
Convention nationale, naquit à Cbalonne (Maine- 
et-Loire) vers 1755. Appelé à Paris par ses fonc- 
tions législatives, il y vota la nfort de Louis XVI, 
sans appel et sans sursis , sortit de la Conven- 
tion après la chute des Girondins, et reparut en 
Pan iv, au conseil des Cinq-Cents. Élu président 
de cette assemblée le 21 janvier 1799, il sortit de 
la carrière législative la même année, et se re- 
tira dans sa ville natale, où il est mort au mois 
de novembre 1826. Après la seconde restauration 
de 1815, il avait élé exilé en Belgique comme 
tous les conventionnels régicides ; mais peu de 
mois avant sa mort, il avait obtenu l'autorisation 
de rentrer en France. Parmi ses écrits, on re- 
marque : 1° Rapport fait au conseil des Cinq- 
Cents sur rétablissement d'écoles spéciales 
de musique, dam la séance du 1 frimaire an 
Vif; Paris, Imprimerie nationale, 24 pages in-8°. 
— 2° Essai sur la propagation de la musique 
en France, sa conservation et ses rapports 
avec le gouvernement; Paris, 1796, in- 8°. Ces 
deux morceaux contiennent de bonnes vues sur 
l'emploi de Part comme moyen de perfectionne- 
ment moral. 

LECOINTE (EccèwE-JosEPH) , violoniste, 
né a Paris, le 10 mai 1817, entra comme élève an 
Conservatoire de Paris, le 10 décembre 1834, et 
suivit le cours de .violon d'Habeneck. Le second 
prix de cet instrument lui fut décerné en 1835, 
et il obtint le premier au concours de 1837. 

LECOMTE ( J.-L.-M.) , ancien receveur des 
finances, membre de l'Institut historique de 
Paris , et correspondant de la Société impériale 
des sciences , de l'agriculture et des arts de Lille, 
né en 1774, à Romorantin ( Loir-et-Cher) , dans 
l'ancienne Sologne , s'est fait connaître par de 



bons travaux d'histoire de la musique et de 
théorie de cet art. Le seul renseignement que 
nous ayons sur les études musicales de ce savant 
se trouve dans une Notice nécrologique de 
Villoteau ( voyez ce nom ) , qu'il a publiée dans 
la Revue et Gazette musicale \de Paris, 
(année 1839, n° 26, 27 juin ) : il y ditqu'en 1833, 
il était loin de penser qu'il écrirait un jour sur 
des sujets (de musique), vers lesquels la curio- 
sité seule l'avait porté. Le premier écrit de 
M. Lecomte a été publié sous ce titre : Discours 
prononcé au congrès historique européen, 
tenu à Vhdtel de tulle de Paris, à la séance 
du 14 décembre 1835, sur cette question : 
Établir la différence de la musique des Celles 
et de celle des Grecs, avec le chant ambroi- 
sien et mozarabique , et celle du ckant am- 
broisien et mozarabique avec le chant grégo- 
rien, et celle du chant grégorien avec la mu- 
sique du moyen âge, in-8° de 28 pages et un 
tableau , sans nom de lieu ( Paris) et sans date 
( 1836 ) ; extrait des actes du congrès historique. 
En 1839, M. Lecomte a fait insérer dans la 
Revue et Gazette musicale de Paris divers 
morceaux sur les sujets suivants : 1° sur les 
AmbubaitV, musiciennes de la Syrie dans l'an- 
tiquité (n° 1, 6 janvier). — 2° Musique des 
Arabes (n° 7, 17 février, et n° 8, 24 février). 
— 3° Biographie de Glaréan (n° 9, 28 fé- 
vrier ). — 4° Analyse des Principes de mélodie 
et d'harmonie déduits de la théorie des 
vibrations, par le baron Blctn(n 14, 7 avril, 
et n° 16, 21 avril ). — 5° Questions historiques et 
philosophiques sur la musique ancienne 
(n° 23, 9 juin, et n°29, il juillet). — 6° Né- 
crologie. M. Villoteau (n° 26, 27 juin). Le 
dernier écrit de M. Lecomte a pour titre : Mé- 
moire explicatif de l'invention de Sckeibler 
( voy. ce nom ) pour introduire une exactitude, 
inconnue avant lui, dans l'accord des ins- 
truments de musique; Lille, imprimerie de 
Danei, 1856, in-8° de 79 pages, avec un appen- 
dice, une planche et 4 tableaux. Ce travail est 
extrait des Mémoires de la Société impériale 
des sciences de Lille. Si M. Lecomte vit en- 
core, il est aujourd'hui (1862) âgé de quatre- 
vingt-huit ans. 

LECOURT (PiBMtB), fils d'un concierge du 
château de Versailles, né vers 1755, fut organiste 
de la paroisse de Saint-Germain-en-Laye, après 
avoir fait son éducation musicale chez les pages 
de la chapelle du roi. Il a publiée Paris, chez La 
Chevardière, en 1786 : Concerto pour le cla- 
vecin avec accompagnement de deux violons, 
alto, basse, hautbois et deux cors ad libitum. 

LÉCUREUX 'Théodore-Marie) , pianiste, 



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LÉCUREUX — LEDERER 



1M7 



compositeur, et organiste de l'église paroissiale 
de Saint-Sauveur à Brest (Finistère), né dans 
cette ville le 1 er avril 1829, reçut les premières 
leçons de musique et de piano de son père, qui. 
fut pendant plusieurs années chef d'orchestre et 
directeur du théâtre de cette ville. A l'âge de huit 
ans, Théodore Lécureux jouait déjà dans les 
concerts les fantaisies alors en vogue. Dans sa 
onzième année, il fit un voyage à Paris et y reçut 
quelques leçons de piano de M. Laurent, profes- 
seur au. Conservatoire. Quatre ans après , il re- 
tourna à Paris et devint pendant six mois élève 
de Goria ; puis, ayant été admis au Conservatoire, 
il entra dans la classe de Zimmerman au mois 
d'octobre 1844, obtint l'accessit de piano en 
1815, et le second prix au concours de 1847. 
Pendant la durée de ses études au Conservatoire, 
il fit aussi un cours d'harmonie et de contrepoint 
sous la direction de Zimmerman. Les événements 
politiques de 1848 éloignèrent le jeune Lécureux 
de Paris et le ramenèrent au sein de sa famille. Ce 
fut alors que, par reconnaissance pour la ville de 
Brest, dont il avait été. pensionné pendant le temps 
de ses études au Conservatoire, et pour satisfaire 
nu désir d'un grand nombre de ses concitoyens , 
il se détermina à s'y livrer à l'enseignement du 
piano. L'amour du pays natal , toujours puissant 
chez les Bretons , ne fut pas étranger à cette ré- 
solution. On a publié à Paris, de cet artiste, nn 
certain nombre de ces petits morceaux , dans 
les formes à la mode qu'on appelle aujourd'hui 
des œuvres, et parmi lesquels on distingue des 
Etudes de genre, un nocturne intitulé Speranza, 
le Départ des moissonneurs , les Vagues ar- 
gentines. Trois Rêveries, les Adieux de Marie 
Stuart, etc. Il y a dans tout cela un certain sen- 
timent rêveur qui ne manque ni de grâce , ni 
d'élégance; mais il est difficile de se mettre en 
route pour la postérité avec un bagage si léger. 

LÉCUYER (....), musicien de l'Opéra de Pa- 
ris, obtint sa retraite en 1776, après vingt ans de 
service, et mourut vers la fin du dix- huitième 
siècle. Il s'est fait connaître par une brochure 
qui a |K>ur titre : Principes de Vart du chant % 
suivant les règles de la langue et delà proso- 
die française, Paris, 1769, in-8° de 26 pages. 

LEDEBUR (Charles, baron DE), né le 20 
avril 1806 àSchildeische,près de Bilffrid (West- 
phalié), fut destiné à la carrière militaire, et 
reçut son instruction dans l'école du corps des 
cadets, à Potsdam et à Berlin, pendant les an- 
nées 1818 à 1824. Sorti de cette école, il entra 
dans le deuxième régiment de la garde royale et 
y servit jusqu'en 1852. Une chute de cheval qui 
eût des conséquences sérieuses l'obligea alors à 
demander sa retraite, qu'il obtint avec la pension 



du grade de major. Dès sa jeunesse, M. de Le- 
debnr avait aimé et cultivé la musique, particu- 
lièrement les grandes œuvres classiques ; ce pen- 
chant s'accrut après son association à l'Académie 
royale de chant de Berlin , où il eut occasion 
d'entendre souvent une bonne exécution des ou- 
vrages de Bach, de Hœndel, de Palestrina et de 
Lotli. La Biographie de ces artistes illustres 
avait pour lui tant d'attrait, qu'elle devint 
l'objet de ses études spéciales. Ses premiers tra- 
vaux en ce genre furent publiés dans des jour- 
naux périodiques et quotidiens : c'est ainsi qu'il 
donna à la Gazette musicale de Berlin publiée 
par Gtrschner, en 1833 , un bon article nécrolo- 
gique sur Bernard Klein (voyez ce nom). Son 
travail sur V Association musicale de Berlin, 
a paru dans la Gazette musicale de Bock (1855, 
p. 99). a donné dans la même Gazette, en 
1856 (p. 251, 259, 267, et 274) l'Autobiographie 
de François Benda, avec des notes ; dans VÉcho, 
gazette musicale de Berlin rédigée par le doc- 
teur E. Kossak (année 1857, n° 47), une bonne 
notice sur Volumier- et une autre sur l'exécu- 
tion des œuvres de Hwndel à Berlin (n° 43) ; 
enfln un article nécrologique sur Gottfried- 
Wtlhelm Dehn , dans la Gazelle de Spener 
(1858, n° 93). La riche collection de matériaux 
recueillie par M. de Ledebur dans ses recherches 
à la Bibliothèque royale, aux archives de l'Aca- 
démie royale de chant , et au gymnase de Joa* 
chimsthal , de Berlin , l'ont déterminé à publier 
un Dictionnaire des musiciens de Berlin (Ton- 
kûnstler-Lexicon BerUn's), depuis les plus an- 
ciens temps jusqu'à l'époque actuelle; Berlin, 
1860, Lndwig Rœnb, gr. in-8°. Deux livraison* 
de cet ouvrage, formant 128 pages, ont paru en 
1860, et renferment les notices fort bien faites et 
d'une rigoureuse exactitude depuis Abel (Léo- 
pold Auguste) jusqu'à Ehlert (Louis); mal- 
lieureusement rien de cet ouvrage n'a été publié 
depuis lors. 

LEDEHER (Joseph), chanoine régulier de 
l'ordre de Saint- Augustin, né en 1733 à Zie- 
metshausen, dans la Souabe , fit ses vœux au 
couvent de Saint-Michel, à TJIm, et y fut profes- 
seur de théologie. Il mourut au mois d'octobre 
1796, à l'âge de soixante-trois ans. Aussi bon 
musicien que théologien instruit, cet ecclésiasti- 
que a laissé des preuves de son savoir dans les 
ouvrages suivants : 1° Cinq vêpres complètes et 
cinq psaumes pour différentes fêtes de l'année 
avec un Magnificat séparé et unStabat Mater, 
courts et faciles à chanter, À quatre voix, deux 
violons et orgue, Ulm, 1780, in- fol. — 2° Six 
messes courtes et faciles, à l'usage particulière- 
1 irtent des églises de la campagne et des couvents 



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248 



LEDRRER — LEDRAN 



de religieuses, Ulm, 1776, in -fol. Deuxième édi- 
tion; ibid., 1781. — 3° Provision musicale con- 
sistant en 18 vêpres, 17 préludes, menuets, trios, 
trois sonates et un air en partition, pour l'orgue, 
Augsbourg, 1781, in-fol. — 4° Les Jeunes Re- 
crues, opéra-comique en trois actes, paroles et 
musique; 1781. — 5° Cantate, paroles et musi- 
que, en manuscrit. — 6°Neue und erlelchterte 
Art zu solmisiren (Manière nouvelle et plus fa-, 
cile pour solfier); Ulm, 1756, in-4°. Deuxième 
édition, Ulm, Woliler, 1796, in-4°, 

LEDESMA (D. Maruno-Romuguez DE), 
chanteur et compositeur espagnol, naquit à Sa- 
ragosse, le 14 décembre 1779. Admis, comme en- 
fant de chœur, à la cathédrale de cette ville, en 
1787, il y fit ses études musicales et fut nommé 
mancionairc de la même église, en 1798. En- 
tré en 1804, comme premier ténor, au théâtre de 
l'Opéra de Madrid appelé De los canos dcl Peral, 
il obtint, deux ans après, sa nomination de ténor 
de la chapelle royale; mais les événements qui 
suivirent l'invasion de l'Espagne par les années 
françaises déterminèrent cet artiste à se rendre en 
Angleterre, en 1810. Trois années après, il eut 
l'honneur d'être choisi pour enseigner le chant à 
la princesse Charlotte, fille du prince de Galles, 
depuis lors roi d'Angleterre, sous le nom de 
Georges IV. De retour à Madrid en 1815, Le- 
desma fut nommé premier tenor de la chambre, 
puis maître de chapelle surnuméraire de la cour, et 
finalement, en 1836, maître de chapelle titulaire. 
Il est mort à Madrid en 1847, à l'âge de soixante- 
huit ans. Ses œuvres demusique d'église consistent 
en trois messes solennelles, un office des morts, les 
matines de l'Epiphanie, lamentations pour toute 
la semaine sainte, la None de l'Ascension, et un 
Stabat Mater. Le mattre de chapelle Eslava 
a publié de cet artiste cinq motets a 4 voix et 
orchestre dans le 2c volume de la première série 
de la collection intitulée Lira Sacro-if ispana 
(dix-neuvième siècle). Ledcsma est aussi auteur 
d'une suite d'exercices de vocalisation précédée 
d'une instruction théorique, imprimée à Madrid 
(sans date). Onconnatt en Allemagne, sous le nom 
de Ledesma (Mariano) : 1° Boléro favori tiré 
du divertissement espagnol Le Troubadour, 
pour piano et flûte; Leipsick, Bretlkopf et Hœrtei. 

— 2° Divertissement martial; idem, ibid. — 
3° Zapateado, danse espagnole, pour piano et 
flûte; ibid. —4° Six valses pour piano seul; ibid. 

— 5° Trois ariettes pour voix de basse, avec ac- 
compagnement de piano; ibid. — 6° Six chan- 
sonnettes espagnolesjet allemandes, idem; Berlin, 
Schlesinger. 

LEDESMA (D. Nicolas), compositeur espa- 
gnol, né le 9 juillet 1791, à Grisel, dans l'Ara- 



gon, fut enfant de chœur dans l'église principale 
de cette petite ville, et y apprit le solfège et le 
chant D. François Gisbert et D José-Angel 
Martincheque, qui se succédèrent dans la place 
de mattre de chapelle de cette église, lai ensei- 
gnèrent la composition. Ledesma se rendit en- 
suite à Saragosse, et y reçut des leçons d'orgue de 
D. Ramon Ferrenac. A peine âgé de seize ans, il 
obtint au concours la place d'organiste et de 
maître de chapelle à la collégiale de Borja (Ara- 
gon). En 1809, il changea cette position contre 
une semblable à Tafalla, dans la Navarre; 
enfin, en 1830, il fut appelé à Bilbao, en qualité 
de mattre de chapelle, et il occupe encore cette 
position (1862). Ses œuvres pour l'église se com- 
posent de 8 messes avec orchestre, plusieurs psau- 
mes, et beaucoup de motets, VWiancicos, lamen- 
tations, Miserere, et un Stabat Mater, à 3 voix, 
avec quatuor d'instruments à cordes, publié par 
M. Eslava dans le 2me volume de la première 
série de la collection intitulée Lira sacra his- 
pana (dix-neuvième siècle). M. Ledesma a écrit 
aussi beaucoup d'ouvrages pour l'orgue, entre au- 
1res six sonates publiées à Madrid, des offertoi- 
res, une élévation et des versets insérés par 
M. Eslava dans le Museo organico espahol. 
Comme compositeur et comme organiste, M. Le- 
desma est mis par ses compatriotes au rang 
des artistes les plus distingués de l'époque ac- 
tuelle. 

LEDRAN ( ....)> premier commis des affaires 
étrangères , sous le règne de Louis XV, et pen- 
dant l'espace de près de quarante ans , a publié 
un livre intitulé : Sur les signes do, di, ca, pour 
l'indication des accords en musique; Paris, Le 
Prieur, 1765, in-4°. C'est le projet d'une mé- 
thode pour substituer aux signes de la basse 
chiffrée ces trois syllabes qui placées au-dessus 
des notes, auraient indiqué les diverses circons- 
tances de l'harmonie. Ainsi, do aurait signifié 
dominante, et, cette note étant connue , aurait 
indiqué les autres, jusqu'à ce qu'il y eût modu- 
lation. Lorsqu'il n'y aurait rien eu au-dessus des 
notes connues de la gamme , on y aurait fait les 
accords consonnants qui leur appartiennent, à 
moins qu'on n'eût trouvé au-dessus de l'une d'elles 
la syllaberfi , abréviation de dissonance, qui aurait 
fait connaître que l'accord devait être dissonant. 
Enfin la syllabe ca aurait indiqué l'acte de ca- 
dence entre deux notes. Tel est le système dont 
La Borde n'adonné qu'une indication vague, co- 
piée par Gèrber, Choron et Fayolle, Lichtcntlial 
et tous les autres. Il existe parmi les imprimes 
de la Bibliothèque impériale à Paris deux volumes 
in 4° manuscrits (V 1840 6-7), qui renferment 
beaucoup de pièces relatives à ce système, ainsi 



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LKDRAN — LEDW1C1I 



249 



qu'à d'autres objets, et qui paraissent des auto- 
graphes de Ledran. 

LEDUC (Simon), surnommé VAïnè, naquit 
à Paris en 1748, et mourut à la fleur de l'âge, en 
17»7. Élève de Gaviniès pour le violon, il fut ar- 
tiste distingué pour son temps. Dans les der- 
nières années de sa vie, il était un des directeurs 
du Concert spirituel. On a gravé de sa composi- 
tion : 1° Sonates pour le violon avec accompa- 
gnement dfolto, ou de basse, ou de clavecin, op. 1 ; 
Paris, La Chevardière. — 2° Premier concerto 
pour violon et orchestre, op. 2 ; ibid. — 3° Sym- 
phonies pour l'orchestre, op. 3 ; Paris, Bailleux. 
— 4° Sonates pour violon avec accompagne- 
ment de basse, 2 e livre, op. 4 ; Paris , La Chevar- 
dière. ~ 5° Deuxième concerto pour violon, 
op. 5. — 6° Trois symphonies pour l'orchestre, 
2 e livre; Paris, Bailleux. — 7° Symphonie con- 
certante pour deux violons, op. 7; Paris, Bail- 
leux. Il a été fait deux éditions de cette sympho- 
nie, qui a été exécutée au concert spirituel avec 
beaucoup de .succès. — 8° Sonate pour violon 
avec accompagnement de basse, œuvre posthume. 
On trouve dans le Dictionnaire historique des 
musiciens, par Choron et Fayolle, une anecdote 
singulière, relative à cet artiste; la voici : Un 
mois après la mort de Leduc, on répétait une de 
ses symphonies, qui devait être exécutée le len- 
demain au concert des amateurs. Au milieu de 
Yadagio, le cbevalier de Saint-Georges, attendri 
par l'expression du morceau, et se rappelant que 
son ami n'existait plus, laissa tomber son archet, 
et \ersa des larmes. L'attendrissement se com- 
muniqua de proche en proche, et tous les exécu- 
tants, laissant leurs instruments, se livrèrent à 
la plus vive douleur. 

LEDUC (Pierre), frère du précédent, et son 
élève pour le violon, naquit à Paris en 1755. Ses 
dibut* au Concert spirituel et à celui des amateurs 
furent brillants; il y exécuta avec succès des 
symphonies concertantes. Mais ayant fait l'ac- 
quisition du magasin de musique de La Chevar- 
dière , il négligea son talent pour se livrer ex- 
clusivement au commerce. Sa maison a été long- 
temps considérée comme une des premières de 
Paris pour la musique. Il est mort en Hollande 
au mois d'octobre 1816. Son fils atné, Auguste 
Leduc, lui avait succédé comme éditeur de mu- 
sique. Il se fit connaître avantageusement par la 
publication de plusieurs grands ouvrages, entre 
autres des Principes de composition des écoles 
(Vtlalie , par Choron. Zimmerman épousa sa 
lille. 

LEDUC (A. C), pseudonyme sous lequel 
*'est caché le conseiller Kiesewetter (voy. ce 
nom), pour m'attaquer dans plusieurs articles de 



la Gazette générale de musique de Leipsick ( an - 
nées 32 e , p. 1 17, et 33% p. 81 et 101 ), à l'occa- 
sion d'une correction que j'avais proposée, dans 
le 6 me volume de la Revue musicale, pour un 
passage de l'introduction du quatuor en ut 
( œuvre 10 ) de Mozart. On sait que ce passage, 
pénible à l'audition, a toujours été un sujet d'é- 
tonnement pour les connaisseurs. Ma correction, 
basée sur les lois de la tonalité et du contie- 
point, fut hautement approuvée par Cberubini , 
Reicha, Boieldieu , Bertou, et par plusieurs au- 
tres musiciens célèbres; elle a d'ailleurs l'avan- 
tage de la simplicité, de la régularité, et ne 
change rien à la pensée de l'illustre compositeur. 
Cependant Kiesewetter, sous le nom supposé 
qu'il avait pris, m'accuse dans ses articles 
d'avoir insulté sa mémoire, et dit, en forme 
d'argument, que si la loi tonale que j'ai invoquée 
était réelle, Mozart l'aurait connue aussi bien que 
moi; et là-dessus il entasse des extravagances 
antiharmoniques pour démontrer la fausseté de 
cette règle. Lorsque je fis voir à Cherubini ces 
énormités , il me dit : Pourquoi prenez-vous la 
peine de discuter avec un homme qui écrit de 
pareilles choses? Oulibisclieff, parlant de ce 
même quatuor, dans son livre sur la vie et les 
œuvres de Mozart, s'exprime en ces termes : J'ai 
joué et je jouerai toujours l'introduction ainsi 
corrigée, désormais admirable et sublime du 
commencement jusqu'à la fin, grâce à Vheu- 
reuse correction de M. Fétis. Si Kiesewetter 
eût lu ce passage, son indignation n'eût pas connu 
de bornes! 

LEDIIUY (Adolphe), professeur de musi- 
que et guitariste à Paris, s'est fait connaître par 
divers ouvrages dont voici les titres : 1° Prin- 
cipes de musique écrits pour servir de gram- 
> maire à ceux qui veulent apprendre la musi- 
que, de résumé à ceux qui la savent, et d'in- 
troduction à toutes les méthodes ; Paris, 1830, 
1 vol. in-18 avec figures. — 2° Entreliens sur 
la musique; Strasbourg, Levrault, 1834, in -18. 
— 3° Traité de musique divteé en deux par- 
tics, théorie et solfège; Paris, 1834, in-16. 
2mc édition, Paris, 1837, in- 18. Ce petit ouvrage 
fait partie de la Bibliothèque populaire. — 
4° Nouveau manuel simplifié de musique, ou 
Grammaire des principes de cet art; Paris, 
Rorct, 1839, in-18, avec 48 planches de musi- 
que. En 1833, Ledhuy s'associa avec le pianiste 
tiertini pour la publication d'une sorte de journal 
de musique qui avait pour titre : Encyclopédie 
pittoresque de la musique; Paris, 1833-1835, 
in-4°. Ce recueil n'eut qu'une année d'existence. 

LEDWICH (Edouard), ecclésiastique irlan- 
dais, né en 1759, mort à Dublin le 8 août 1823, 



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LEDKWICH — LEFÉBURE 



est auteur trun bon ouvrage, qui a pour titre : An- 
tiquilies of treland; Dublin, 1790, in-4° de 502 
pages. Dans la 1 0* section de ce livre, fauteur traite 
de la musique des anciens Irlandais, depuis les 
bardes, et donne des renseignements intéressants 
sur quelques anciens instruments de l'Irlande. 

LEE (Sébastien ) , violoncelliste né le 24 dé- 
cembre 1805 à Hambourg, y a étudié son ins- 
trument sous la direction de M. Preïl, élève 
de Romberg. En 1830, il commença à se faire 
connaître comme virtuose dans les concerts 
donnés à Hambourg et à Leipsick; puis il 
voyagea, visita Cassel, Francfort, et, arrivé à 
Paris en avril 1832, se fit entendre avec un 
brillant succès au Théâtre -Italien, an mois 
de mai de celte année. Au printemps de 1836, 
M. Lee donna plusieurs concerts avec Gusikow 
( voy. ce nom ) , puis il se rendit à Londres; oh 
il resta jusqu'à la tin de la saison. Il se fixa 
ensuite à Paris , et fut attaché à l'Opéra comme 
violoncelliste solo. On connaît de cet artiste pour 
son instrument : 1° Variations de concert pour 
violoncelle et orchestre sur un thème de l'0|)éra 
de Guillaume Tell, op. 3; Hanovre, Nœgel. — 
2° Scène cuisse, divertissement, idem , op. 4 ; 
Hambourg , Cranz. — 3° Souvenir de Paris , 
introduction et rondo, idem, op. 5 ; Hambourg, 
Bœhme. — 4° Fantaisie sur des motifs de Ro- 
bert le Diable, de Meyerbeer, op. 6; idem, 
Brunswick, Meyer. — 5° Variations brillantes 
sur un thème original, pour violoncelle et qua- 
tuor, op. 7 ; Hambourg, Cranz. M. Lee a publié 
à Paris beaucoup de compositions pour son ins- 
trument, particulièrement quatre œuvres de duos 
pour deux violoncelles, à l'usage du Conservatoire, 
sous le titre d'École du violoncelliste. Il a été 
fait une édition de cet ouvrage à Leipsick, chez 
Breitkopf et Haertel. 

LEE (Louis), frère du précédent, beaucoup 
plus jeune, est né à Hambourg, en 1819. Le vio- 
loncelle et le piano sont les instruments qu'il a 
cultivés et sur lesquels il a acquis beaucoup d'ha- 
bileté. Comme violoncelliste, il a une grande 
dextérité d'archet , mais il ne tire pas un grand 
son : on lui a reproché de manquer de style et 
d'expression. Il a beaucoup voyagé, et a donné 
des concerts à Copenhague , Leipsick, Francfort, 
Cassel , Manheim et dans les principales villes 
rhénanes. Il a aussi visite Paris et y a fait un 
long séjour. 

LEE (Edouard), pianiste, (ils de Sébastien , 
est né à Hambourg. On connaît de lui beaucoup 
de petits morceaux pour le piano, particulière- 
rement des Études de salon, op. 7 ; Hambourg, 
Bœhme. II est mort le 23 décembre 1861, à l'âge 
de vingt-six ans. 



LEEDER (Jeak-Goillaume), maître de con- 
certs à Hildesheim, mort en 1785, reçut des leçons 
de composition de Hupfeld. Il a publié : 1° Sri 
sonates pour la flûte, avec accompagnement de 
violon ; Amsterdam, 1772.-2° Concerto pourfrate 
et orchestre; ibid. — 3° Six duos pour deux vio- 
lons ; Hildesheim. Il y a aussi sons son nom, en 
manuscrit, six concertos pour le violon et quel- 
ques symphonies. 

LEFÉBURE (LouisFbançois-HÔuu), an- 
cien administrateur, écrivain et botaniste, est né 
à Paris, le 18 février 1754. Électeur de Paris et 
membre du conseil général de la commune ea 
1789, il s'opposa avec énergie aux actes de vio- 
lence et de désordre de la révolution, et le 10 
août 1792 il sortit de ce conseil, en déclarant 
au peuple que Manuel et les autres agitateurs 
étaient ses plus perfides ennemis. Arrêté plus tard 
à Avignon, et conduit à Paris par la gendarmerie, 
il eut le bonheur de n'arriver dans cette ville que 
cinq jours après le 9 thermidor. Plus tard, il fol 
charge de missions relatives aux arts dans le midi, 
puis fut administrateur du département de 
Vaucluse , secrétaire général de celui dn Var, et 
enfin, pendant douze ans sou s- préfet à Verdun. 
Retiré des affaires en 1814, il retourna à Pa- 
ris, où il s'occupa de travaux relatifs aux art* 
et aux sciences. H était âgé de vingt-quatre 
ans lorsqu'il publia une brochure intitulée A'oh- 
veau solfège; Paris, Cailleau, 1780, 23 pipes 
in -8°. C'était un nouveau système de solmisa- 
tion, supposé plus facile que celui des maîtres or- 
dinaires et que Gossec trouva assez bon pour le 
mettre en pratique à l'École royale de chant et de 
déclamation. Quelques années après , Lefébwr 
fit paraître un autre ouvrage, qui a pour titre: 
Bévues, erreurs et méprises de différents au- 
teurs célèbres en matière musicale; Par», 
Knapen, 1789, in-12. Ce piquant écrit est dirigé 
contre D'Alembert et d'autres littérateurs qni ont 
voulu traiter de la musique sans là connaître ni 
la comprendre : il est devenu fort rare. La dé- 
dicace de la brochure de Leféburc à la comtesse 
de Provence fut revue et corrigée par le comte 
de Provence lui-même, qui régna sur la France 
sous le nom de Louis XVIII. Gerber s'est trompé 
sur l'auteur de ces ouvrages, et les a faussement 
attribués a Lefebvre-Wély, qu'il appelle Lefé- 
bure de Wély {voy. ce nom ). Au mois de dé- 
cembre 1801, Leféhure a lu dans une séance 
de llnstitut de France une dissertation ayant pour 
objet les effets de la musique dans les maladies- 
nerveuses. Comme professeur à l'Athénée de 
Paris, il a aussi prononcé , en 1 827, un discour» 
sur la musique en général ; morceau qui a été 
remarqué. Enfin. Lclébure a composé quelques 



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LEFEBURE — LEFÈBVRE 



25! 



scènes, plusieurs cantates , et les oratorios d\4- 
bel et Caïn, et de Cambyse. On lui doit de beaux 
travaux sut la botanique et quelques écrits sur 
la peinture. En 1828, cet homme de mérite, que 
je ne connaissais que par ses ouvrages, m'a fait 
l'honneur de me chercher pour m'adresse r des 
félicitations flatteuses sur la R&vue musicale : 
il était alors âgé de soixante-quatorze ans ; néan- 
moins je le trouvai encore plein de feu et d'en- 
thousiasme. Il est mort à Paris, dans les derniers 
jours de novembre 1840, à l'âge de près de qua- 
tre-vingt-sept ans. 

LEFEBVRE, dit LEFÉBURE-WÉLY 
(Antoine), organiste de l'église Saint-Roch, à 
Paris, naquit en cette ville, vers la fin de 1762. En 
1788 il était déjà compté parmi les professeurs de 
piano; il s'appelait alors simplement Lefebvre; 
il ajouta plus tard à son nom celui de Wély, qui 
appartenait à la famille de sa femme, pour se dis- 
tinguer de plusieurs autres artistes nommés Le- 
febvre. Nommé organiste de Saint-Jacques-du- 
Haut-Pas en 1802, il changea ensuite cette posi- 
tion pour celle d'organiste de Saint-Roch, en 1 805. 
On connaît sous son nom les ouvrages suivants : 
1° Trois sonates pour clavecin; Paris, 1790. 
— 2° Quatre idem, op. 2 ; ibid. — 3° Sonate pour 
piano et violon, op. 9 ; Paris, Omont. — 4° Idem, 
op. 10, ibid.— 5° Idem, op. Il, ibid.— 6° Fantai- 
sie pour piano seal, ibid. — 7° Trois recueils d'airs 
arrangés pour piano, op. 3, 4, 5 ; ibid. — 8° Messe 
des grands solennels, Magnificat , Te Deum et 
quelques autres pièces d'orgue, sur le chant pa- 
risien. Paris , chez l'auteur. Cet artiste est mort 
en 1831, à l'âge de soixante-neuf ans. 

LEFÉBURE WÉLY (Lotis -James -Al- 
fred), fils du précédent, est né à Paris, le 13 
novembre 1817. Dès l'Age de trois ans et demi 
il commença l'étude de la musique, sous la di- 
rection de son père. Ses progrès furent si rapides, 
qu'en 1825, a peine âgé de huit ans, il remplaça 
dans ses fonctions d'organiste son père , atteint 
de paralysie dans tout le côté gauche. Après 
avoir langui dans cette situation pendant six ans 
Lelébure-Wély père mourut , et par la protec- 
tion de la reine Amélie (d'Orléans), son fils fut 
nommé définitivement organiste titulaire du 
grand orgue de l'église Saint-Roch, quoiqu'il n'eût 
pas encore atteint sa quinzième année. Admis 
le 11 octobre 1832 au Conservatoire de musique, 
il y devint élève de M. Benoist pour l'orgue et 
de M . Laurent pour le piano ; puis, il eut Zim- 
inerman pour professeur de ce dernier instru- 
ment. En 1834 il obtint au concours les deuxièmes 
prix d'orgue et de piano, et dans l'année sui- 
vante les deux premiers prix de ces deux ins- 
truments lui furent décernés. Admis dans la 



classe de composition de Berton, M. Lefébure 
passa , après la mort de ce maître , dans celle 
d'Halévy. Pendant le cours de ses études au 
Conservatoire , il 'reçut des leçons particulières 
de plusieurs mattres étrangers à cette école : 
ainsi A. Adam lui enseigna la composition , et 
Séjan, organiste de Saint-Sulpice, lui fit connaître 
les effets de l'orgue, et lui fit acquérir l'habi- 
tude de l'improvisation. Déjà il se préparait au 
- concours d l'institut de France, dont le lau- 
réat de chaque année devient pensionnaire d» 
gouvernement; mais il se maria à la même 
époque, et dès lors il dut renoncer aux avanta- 
ges de ce concours. Jusqu'en 1847, M. Lefébnre- 
Wély conserva sa position d'organiste de Saint- 
Roch; alors il fut appelé en la même qualité' 
à l'église de la Madeleine, pour y jouer le bel 
orgue construit par M. Aristide Ca vaille. La 
grande réputation de M. Lefabure- Wély comme 
organiste improvisateur date de cette époque. 
Homme de goût et de sentiment, il se faisait 
remarquer particulièrement par le charme et 
la grâce de ses inspirations ainsi que par les 
heureuses combinaisons de sonorité par les- 
quelles il variait les effets de l'instrument. Cet 
artiste distingué n'a pas eu moins de succès sur 
les instruments à anches libres, auxquels on a 
donné différents noms, et qui se résument tous 
dans l'harmonium de l'époque actuelle. M. Le- 
fébure-Wély en tire des effets charmants. Eu 
1858 il a donné sa démission de la place d'or- 
ganiste de la Madeleine, pour se livrer en liberté 
à la composition dramatique. On a de cet artiste 
50 études pour le piano, environ cent morceaux 
de différents caractères pour le même instru- 
ment, plusieurs ouvrages pour le grand orgue , 
des fantaisies pour l'orgue expressif ou Harmo* 
nium, trois messes, dont deux avec orgue et 
une avec orchestre, un quatuor et un quintette 
pour des instruments à cordes, 3 symphonies à 
grand orchestre exécutées aux concerts populaires 
de M. Pasdeloup, enfin, un opéra en 3 actes re- 
présenté à l'Opéra-Comique , le 11 décembre 
1861, sous le titre: Les Recruteurs. M. Lefé- 
bure-Wély a été fait chevalier de la Légion 
d'honneur le 18 août 1850, et chevalier de l'ordre 
de Charles III, d'Espagne, en 1859. 

LEFEBVRE (Jacques), violoniste de la cha- 
pelle du prince Henri de Prusse, naquit en 1723, 
à Prinzlow, dans l'Uckèrmark. Il étudia la mu- 
sique et le violon sous la direction du maître de 
concerts Grau n : Charles- Philippe -Emmanuel 
Bach rai enseigna la composition. En 1750, il en- 
tra dans la musique du prince Henri,. qui lui 
donna sa démission, après quelques années, pour 
des motifs peu honorables, dit-on. Lefebvre vé- 



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LEFÈBVRE — LEFÈVRE 



2Ô2 

eut ensuite à Berlin comme simple professeur 
de musique; mais un théâtre français ayant été 
établi dans cette ville , il en Tut nommé le chef 
d'orchestre. Celte bonne fortune lui vint trop 
tard, car il mourut en f/77, au moment où il al- 
lait entrer en Tondions. Cet artiste a publié des 
solos pour le violon, des concertos, duos, trios, etc., 
et a laissé en manuscrit une collection d'odes , 
psaumes et chansons. 

LEFEBVRE (François-Charlenagne), fils 
d'un ancien bibliothécaire copiste de l'Opéra, est 
aé à Paris, le 10 avril 1775. Admis dans l'école 
royale de musique instituée par le baron de Bre- 
leuil, il y étudia l'harmonie et le contrepoint sous 
la direction de Gossec. Son éducation musicale 
terminée, il débuta comme compositeur par deux 
petits opéras-comiques dont Moline avait fait les 
livrets, et par la musique de quelques ballets de 
Milon, qui depuis fut chorégraphe distingué à 
TOpéra. Tous ces ouvrages furent représentés 
sur les théâtres des boulevards. En 1794 Le- 
febvre entra à l'orchestre de TOpéra en qualité 
de viole. En 18L4 il succéda à son père dans 
l'emploi de bibliothécaire de ce théâtre. En 1829 
il fut mis à la retraite, après trente-cinq ans de 
service. Admis dans la musique de l'empereur 
Napoléon, en 1810, après un surnumérariat de 
huit années, il écrivit plusieurs cantates fran- 
çaises pour les concerts de la cour. Après la res- 
tauration, il conserva son emploi sous les règnes 
de Louis XVIU et de Charles X. En 1816 il ob- 
tint le titre de compositeur «te la musique des 
gardes du corps du roi, et dans l'exercice de ces 
fonctions il écrivit plusieurs suites d'harmonie 
pour les instrumeuts à vent. Parmi ses travaux 
pour l'Opéra, on remarque la nouvelle instrumen- 
tation du Devin du Village, de J.-J. Rousseau, 
dont il a refait aussi les airs de danse, et surtout 
ses ballets, où l'on distinguait en général du goût 
et un bon sentiment de la scène. Ceux dont il 
a arrangé la musique sont : 1* Pygmalion. — 
2° fféro et Léandre.—'â° Les Noces de G amoche. 
— 4° Lucas el Laurelte. — 5° Les Sauvages de la 
Mer du Sud. — 6° Vénus et Adonis. — 7* Ver- 
tumne et Pomone. Dans ses dernières années, 
Lefebvre imagina un système de musique d'après 
lequel la gamme de la musique moderne serait 
fondée sur l'organisation de la voix humaine; ce 
qu'il a écrit sur cette idée fausse n'a pas été pu- 
blié. Lefebvre est mort dans la quatre-vingt- 
cinquième année de son âge, le 23 mai 1839. 

LEFÈVRE (François-Antoine), jésuite, 
né vers 1670, mort en 1737, est auteur d'un poème 
intitulé Musica, carmen; Paris, 1684, in-12 de 
23 pages. Il en a été fait une analyse dans \eJournal 
des Savants de cette année (p. 1065-1069). L'abbé ' 



d'Olivet a inséré ce poème dans la collection quia 
pour titre : Poemata didascaUcanunc primum 
vel édita vel collecta ,* Paris, Le Mercier, 1749, 
3 vol. in-12. Il a été fait une nouvelle édition 
de ce recueil (Paris, Delalain, 1813, 3 vol. in-n . 
Le poëme du P. Lefèvre a été placé aussi dans 
une autre collection, intitulée Scelta di poemi 
latini délia Compagnia di Giesù ; Venise, 1749. 
Une traduction française de ce morceau a été 
faite par Grain ville, et placée à la suite de sa tra- 
duction du poëme d'Yriai te sur le même sujet 
(Paris, an vin, in-12). L'auteur du poème sur 
la musique en quatre chants qui fut imprimé à 
Amsterdam en 1714 pour la première fois, puii 
à Lyon, et enfin réimprimé dans Les Dons des 
enfants de Latone (Paris, 1734, in-8°), a fait 
une imitation paraphrasée de celui de Lefèvre, 
dans le premier chant ; mais le reste de sou poème 
est plus didactique que celui du jésuite, où l'on 
ne trouve que des allégories. 

LEFÈVRE (André), organiste de Saint- 
Louis, né à Péronne, est mort à Paris, en 1786. 
Il a publié beaucoup de cantatilles, parmi les- 
quelles on remarque : La saison du plaisir; Le 
bonheur imprévu; L'absence; Les regrets; 
L'amour justifié, etc. Dana les années 1756 et 
suivantes , Lefèvre a fait exécuter au Concert 
spirituel plusieurs motets , dont on a gravé ■ 
1° Quant bonus. — 2° Conserva me. — 3 9 Co 
ronate. 

LEFÈVRE (Jean-Baptiste-Nicolas), fac- 
teur d'orgues à Houen , a fait ses ouvrages prin- 
cipaux dans la seconde moitié du dix-builième 
siècle. Le graud orgue de Saint-Martin de Tours 
fut achevé et livré par lut le 24 juillet 1761. Cet 
instrument était composé de 53 jeux, dont un de 
32 pieds ou vert, et un bourdon do 32, cinq clavier* 
à la main et clavier de pédales. Lefèvre construisit 
l'orgue de Hon fleur en 1772 , ainsi que celui du 
Havre. Ce dernier était un grand seize pieds com- 
posé de 40 jeux , 3 claviers et pédale. Aidé de ses 
neveux , Lefèvre a fait aussi les orgues de Saint- 
Pierreet de Saint-Étienne de Caen. Celui-ci, qui fut 
achevé en 1769, était un grand instrument de 16 
pieds composé de 63 registres, cinq claviers à la 
main, pédale et onze souflets. 

LEFÈVRE (Théodore), fils d'un maître de 
ballets de la Comédie-Italienne, et frère de Mine 
Pugazon (voyez ce nom), naquit a Paiis,en 
1759. Après avoir reçu les premières leçons de 
violon d'un .maître obscur, il devint élève de 
Berthaume, et Rodolphe lui enseigna l'harmonie. 
Par l'influence de sa sœur, il obtint, en 1787, 
une des places de premier violon à la Comédie- 
Italienne ; mais des mécontentements lui firent 
abandonner cet emploi quelques années aprè* , 



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LEFÈVRE 



253 



et il entra a l'orchestre do théâtre de la rue Fey- 
deao, en 1794. Deux ans après il occupa la place 
de chef des premiers violons , sous la direction 
de Lahoussaye. Lorsque les deux Opéras-Comi- 
ques furent réunis, en 1801, La Houssaye se re- 
tira t et deux chefs d'orchestre furent nommés 
pour alterner dans le service : le choix des admi- 
nistrateur* dp théâtre se fiia sur Blasius et sur 
Lefèvre. Celui-ci ne se retira qu'en 1820. Cet 
artiste fut un des fondateurs des concerts de la 
rue de Grenelle Saint- Honoré, et en dirigea l'or- 
chestre pendant plusieurs années. Il y fit exécuter 
trois symphonies de sa composition. L'époque de 
sa mort est ignorée. Lefèvre s'est essayé comme 
compositeur dramatique par deux opéras, qui 
n'obtinrent point de succès : le premier, intitulé 
ié Embarras du choix , en un acte, fut joué en 
1788 , et n'eut qu'un petit nombre de représen- 
tations ; l'autre, qui avait pour titre Caroline , 
en trois actes, joué en 1789, ne fut pas achevé. 

LEFÈVRE (Jean-Xavier), clarinettiste 
distingué, né à Lausanne, le 6 mars 1763, se 
livra de ' bonne heure à l'étude de la musique , 
et alla fort jeune à Paris pour cultiver les heu- 
reuses dispositions qu'il avait reçues de la na- 
ture. Il se mit sous la direction de Michel Yost, 
connu généralement sous le nom de Michel, et 
le plus habile clarinettiste de son temps. Ce fut 
aux soins de ce professeur et à ses études cons- 
tantes qu'il dut la belle qualité de son et la net- 
teté d'exécution qui furent les qualités distinctives 
de son talent. Ses études n'étaient pas encore 
terminées 'lorsqu'il entra dans la musique des 
gardes françaises. 

Le 1" novembre 1787, Lefèvre se fit entendre 
pour la première fois en public , au concert spi- 
rituel, dans une symphonie concertante de De- 
vienne, pour clarinette et basson , qu'il exécuta 
avec Perret. Son succès fut brillant , et dès lors 
il y eut peu de solennités musicales où il ne fût 
appelé pour y jouer quelque solo. An mois d'avril 
1791 , U entra dans l'orchestre de l'Opéra, où il 
fut chargé plus tard d'exécuter les solos dans 
les opéras et dans les ballets. Quelques personnes 
se souviennent encore de la manière brillante 
dont il exécutait dans Anacréon, de Grélry, un 
point d'orgue long et difficile , sans accompa- 
gnement , sur lequel on dansait un pas dialogué 
avec l'instrument. Lefèvre ne se retira de l'Opéra 
que le f« r janvier 1817, après vingt-six ans de 
service. 

A l'époque de la formation du Conservatoire 
de musique , il avait été compris parmi les pro- 
fesseurs de cet établissement. Le comité d'ensei- 
gnement le chargea de la rédaction d'une méthode 
de clarinette , qui fut adoptée à l'unanimité par 



ce même comité et qui a été seule en usage jus- 
qu'au moment où des améliorations importantes 
ont été faites à la construction de l'instru- 
ment. Lefèvre y avait ajouté la sixième clef 
(celle de sol dièse); avant lui, la clarinette n'en 
avait que cinq. Une gradation bien entendue des 
difficultés, et d'excellentes observations sur la 
respiration , les coups de langue et les modi- 
fications du son, rendent l'ouvrage de cet artiste 
fort recommandable. Il a été gravé à Paris, en 
1802, in-fol. ; rien ne prouve mieux son utilité 
que la traduction qui en a été faite en allemand 
et qui a été publiée chez André , à Offcnbach', 
car on sait que la clarinette était alors cultivée 
en Allemagne avec beaucoup de snecès. 

Lefèvre a formé beaucoup d'élèves, qui ont oc- 
cupé les premiers emplois de clarinettistes dans 
les divers orchestres de Paris. H ne s'est retiré 
de ses fonctions de professeur qu'au mois de fé- 
vrier 1825, après les avoir remplies pendant 
vingt-huit ans. Entré dans la chapelle de Napo- 
léon , le 7 mars 1807 , il a conservé sa place à la 
restauration, et l'a remplie jusqu'à sa mort. 
Lefèvre était chevalier de la Légion d'honneur. U 
a cessé de vivre le 9 novembre 1829. 

Ses compositions consistent : 1° en Six concer- 
tos pour la clarinette avec accompagnement d'or- 
chestre ; Paris, Sieber, Naderman, Troupenas. — ■ 
2° Deux symphonies concertantes pour clari- 
nette et basson; Paris, Sieber. — 3° 13 ne con- 
certante pour hautbois, clarinette et basson; 
Paris, Janet. — 4° Deux œuvres de quatuors pour 
clarinette, violon, alto et basse; Paris, Hentz- 
Jonve, Sieber. — &• Onze œuvres de duos pour 
deux clarinettes. — 6 e Un œuvre de duos pour 
clarinette et basson. — 7° Six sonates pour 
clarinette et basse. — 8° Six trios pour deux 
clarinettes et basson. Tous ces ouvrages ont été 
publiés à Paris, et l'on en a fait diverses éditions 
en Allemagne. Lefèvre a laissé plusieurs autres 
œuvres en manuscrit. 

La qualité de son que Lefèvre tirait de son 
instrument était volumineuse, mais elle appar 
tenait à l'espèce que les Allemands désignent 
sous le nom de son français, c'est à dire qui est 
plus puissant que moelleux. Il n'aimait pas le 
son de l'école allemande, et peut-être ne rendit- 
il pas au talent de Bœrmann la justice qui lui 
était due. Il ne fut pas non plus partisan des es- 
sais qu'il voyait faire pour le perfectionnement 
de la clarinette; il croyait que la multiplicilédes 
clefs nuit à la sonorité de l'instrument, ce qui" 
pouvait être vrai, car un tube percé de beaucoup 
de trous et chargé de corps étrangers est moins 
sonore qu'un autre qui a moins d'ouvertures ; 
mais U aurait dû comprendre que la qualité prin- 



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254 



LEFÈVRE — LEGNANI 



cipale de l'instrument est la justesse, qui ne peut 
s'acquérir qu'en multipliant les clefs. 

LEFEBVRE ( Victor-Louis- Aimé-Joseph ), 
pianiste et compositeur, naquit à Lille ( Nord ) , 
le 6 janvier 1811. Entré au Conservatoire de 
Paris le 8 octobre 1825, il y reçut des leçons 
élémentaires de conuepoint de Seuriot et de 
Jelensperger, puis il suivit le cours de Reicba. 
. Le deuxième prix lui fut décerné en 1828, et il 
obtint le premier dans l'année suivante. Devenu 
alors élève de Berlon pour le style idéal de la 
composition, il concourut à l'Institut pour le 
grand prix ; mais n'ayant pas réussi , il alla s'é- 
tablir a Douai en 1832, et Vy livra à l'ensei- 
gnement et à la composition d'œnvres instru- 
mentales. On a gravé de cet artiste deux trios 
pour piano, violon et violoncelle; plusieurs 
fantaisies pour piano seul ; quatuor pour 2 vio- 
lons , alto et violoncelle, intitulé Nuit musicale, 
op. 3; Paris, Richault; 1 er solo brillant pour 
piano seul, op. 4 ; ibid ; romances et mélodies 
avec accompagnement de piano. Cet artiste in- 
téressant est mort à Douai , d'une maladie de 
poitrine, vers 1840, laissant en manuscrit plu- 
sieurs œuvres de musique instrumentale, d'un 
style sérieux. 

LEFFLOTH (Je an- Matthieu), organiste 
à Nuremberg, mourut dans cette ville, en 1733. 
Il a publié ; 1° 'Sonata e Fuga per Vorgano. 

— 2° Divertimenlo musicale, consistante in 
unapartita di cembalo. — 3° Deux concertos 
pour le clavecin avec violon ; Nuremberg, 1730. 

— 4° Quatre solospourle violon, ibid. 

LEGAL LOIS. Voyez GALLOIS (LE). 

LÉGAT DE FURCY (Antoine), ama- 
teur, né à Maubeuge, vers 1740, apprit la mu- 
sique dès l'âge de trois ans. Lorsqu'il eut fini ses 
humanités, il se rendit à Paris pour y faire sa 
philosophie; il y étudia le clavecin et l'harmonie 
sous la direction de Noblet. La Borde dit qu'il 
reçut ensuite des' conseils de Rameau , et q ue 
ses progrès lui valurent l'amitié de ce maître. 
Légat de Furcy ne cultiva d'abord la musique 
que comme amateur ; mais des motifs qui ne sont 
point connus lui tirent prendre ensuite le parti 
d'user de ses talents pour vivre. On voit, par le 
Calendrier musical de 1789, qu'il était alors au 
nombre des professeurs de. piano de Paris. On 
ignore l'époque de sa mort. Les premiers ou- 
vrages de Légat de Furcy avaient été des cantates 
et cantal illes; elles avaient obtenu du succès dans 
le monde; il se persuada dès lors qu'il était ap- 
pelé à travailler pour le théâtre , mais le génie de 
la scène lui manquait. Ce fut en vain qu'il écrivit 
pour l'Opéra Philtre, Apollon et Daphné, et 
pour la Comédie Italienne Le Saut de Leucade, 



Le Jardinier de Sid&n et Palmyre; les direc- 
teurs de ces théâtres éludèrent soos différents 
prétextes la représentation de ces ouvrages. Re- 
buté par toutes les difficultés qu'il avait rencon- 
trées , il finit pas renoncer à sa chimère, et se 
contenta de jouir de ses faciles succès de salon. 
La Borde donne la liste suivante de ses ouvrages : 
1° Pièces de clavecin, non gravées» — 2° Can- 
tates et cantatilles en grand nombre, entre autres 
Le retour d'Églé, Les soupirs, La naissance 
de Vénus, V éloge de la voix , etc. — 3° Six 
sonates en duos pour la flûte , • gravées. — 
4* Le Saut de Leucade, ou les Désespères, 
opéra-comique, non gravé. — 5° Palmpre , ou 
le Prix de la Beauté, idem. — 6° Les Rendez- 
vous , idem. — 7° Beaucoup d'ariettes gravées. 

— 8° Deux recueils de duos à deux voix, gravés. 

— 9° Plusieurs recueils d'airs, chansons, ro- 
mances, avec on sans accompagnement, gravé*. 

— 10° Solfèges ou leçons de musique, 1" et ?.c 
parties; Paris, Naderman. — 11° Leçons de 
Minerve, romances morales , liv. l et 2 ; Paris, 
Naderman. Légat' de Furcy a été le collabora- 
teur de La Borde pour son Essai sur la mu- 
sique. 

LEGEXDRE (Jean). Voyez Gexore. 

LEGIPONT (Olivier), moine bénédictin 
du couvent de Rayhroden, près de Brunn , en 
Moravie, passa à celui de Brxecnow en 1744, et 
mourut à celui de Saint- Ma ximin, le 16 juin* 
1758. Ce moine fut un des hommes les plus sa- 
vants de la Bohême dans le dix -huitième siècle. 
On a de lui un recueil de dissertations intitulé : 
Dissertations philologico-bibliographicœ : in 
quibus de adornanda et ornanda bibliolheca 
nec non de manuscriptis, Ubrisque rarioribus 
ac prxstantioribus ; ac etiam de archivo in 
ordinem redigendo, veterumque diploma*um 
crlterio ; deqùe rei nûmmarix ac musices stu- 
dio, et aliis potissimum ad elegantiores lifteras 
spcctanlibusrcbusdisseratur-y Nurem'jerg, 1747, 
in-4°. La cinquième dissertation de cet excellent 
livre (p. 283) est intitulée : De Musica, ejusque 
proprietatibus , origine, progressa, cultori- 
bus , et studio bene instituendo. 

LEGiVANil (Louis), guitariste distingué, né 
à Milan, vers 1790, a donné des concerts dans 
cette ville, en 1819, et y a fait admirer son ha- 
bileté extraordinaire. Au mois d'octobre 1822 il 
arriva à Vienne, où il séjourna pendant quelques 
mois. Les journaux allemands de celle époque 
déclarèrent que rien ne pouvait être comparé aux 
prodiges de l'exécution de cet artiste, et que 
Giuliani lui-ntfme ne pouvait entrer en lice avec 
lui. Pendant les années 1823 et 1824, Legnani 
voyagea pour donner des concerts ; mais en 1825 



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LEGNAJVI — LEGRENZI 



*« 



il se fixa à Genève, où il était encore en 1835, 
jouissant de l'estime de tous les artistes et de 
l'affection des principaux habitants. On connaît 
sous son nom des duos pour guitare et flûte, 
Tienne, Leidesdorf; environ trente œuvres de 
solos pour guitare', exercices, rondos, caprices 
et variations, remplis de grandes difficultés. Le 
premier œuvre, intitulé Terramoto con varia- 
zioni, a été publié à Milan chez Ricordi , les au- 
tres ont paru chez le même éditeur ; à Vienne, chez 
Artaria et Leidesdorf; à Florence, chez Cipriani ; 
à OfTenbach, chez André ; à Paris, chez Richault. 

LEGRAND (Jacques), ou GRAND, en latin 
Jacobus Magnus, on Magni, moine Augustin, 
naquit vers le milieu du quatorzième siècle; à 
Toulouse , enseigna la philosophie et la théologie 
à Padoue, et se rendit célèbre par ses commentaires 
sur la philosophie d'Aristote, et par ses interpréta- 
tions de la Bible. Appelé à Paris, il y brilla comme 
prédicateur, et se fit remarquer paf la hardiesse 
avec laquelle il prêcha contre les vices de la reine 
(Isabeau de Bavière) et contre ceux des courtisans. 
On ignore la date de sa mort, mais on sait qu'il 
vivait encore en 1 422. Au nombre de ses ouvrages 
on remarque celui qui a pour titre: Sophologium, 
ex antiquorum poetarum , oratorum atque 
phUôsophorum gravibus sententiis collectum; 
Paris , M. Crantz, Ulrich Gerlng et Michel de 
Fribourg, 1475, in-fol.; ibid., 1477, in-4° gothi- 
que. Le second livre de cet ouvrage traite des 
sepi arts libéraux, partie» lièrement de la mu- 
sique , mais d'une manière toute spéculative. 
Legrand fit lui-même une traduction française 
<le son livre pour le duc d'Orléans, sous le ti- 
tre : VArcfUloque Sophie, ou grand discours 
de la sagesse. La bibliothèque impériale de Pa- 
ris en possède plusieurs manuscrits, parmi les- 
quels on distingue le n° 686$, in-fol. max., d'une 
rare beauté. On y trouve le résume* de l'ouvrage 
par l'auteur : Legrand y dit : « Le second livre 
* parle des sept ars libéraulx, c'est assavoir 
« grammaire, logique , rhétorique , arismétique , 
« musicq, géométrie et astrologie. » 

LEGRAND (Guillaume), né le 5 mars 1770, 
à Deux-Ponts, se rendit en 1782 chez un oncle 
qu'il avait à Munich, et y reçut des leçons de 
Tausch pour le hautbois. En 1788, il fut admis 
<* qualité de hautboïste dans la musique du 
fM-ince électoral de Bavière, et ce fut vers ce temps 
-qu'il commença seul l'étude de la composition 
<Jans les partitions des maîtres les plus célèbres : 
plus tard , il prit des leçons d'harmonie chez 
Joseph Graetz. Chargé par son oncle de la com- 
position de quelques ballets , il écrivit la mu- 
sique de ceux qui ont pour titres : Le Bal, La 
fête tyrolienne, Le Déluge et La Caravane. 



En 1797 il devint chef du corps des hautboïstes 
des différents régiments en garnison à Munich. 
Il a obtenu sa retraite vers 1825. Parmi les oeu- 
vres de musique instrumentale de Legrand, on 
remarque : 1° Plusieurs suites d'harmonie mili- 
taire pour le service des troupes bavaroises. — 
2° Six pièces d'harmonie pour flûte, 2 clarinettes, 

2 cors et 2 bassons, liv. 1, tirées des opéras de 
Meyerbeer et Nicolini; Leipaick, Breitkopf et 
Hœrtel.— 3° Six pièces idem, liv. 2, tirées desopéras 
de Rossinî, Nicolini et Pacini, ibid. — 4° Plu- 
sieurs cahiers de danses allemandes, valses , etc., 
pour l'orcliestre. Legrand a eu deux frères, 
musiciens distingués attachés à la musique de la 
cour de Munich ; le premier (Chrétien), né à Deux- 
Ponts, le 9 aoûtl775, fut élève de Kleinheinz pour 
le piano, et acquit sur cet instrument un talent 
remarquable; il mourut dos suites d'une maladie 
de poitrine, en 1793. Le plus jeune (Pierre), né 
à Deux -Ponts, le 5 mars 1778, fut un violoncel- 
liste de mérite. Admis dans la musique de la - 
cour, en 1795, il a obtenu ensuite un congé, et 
s'est fait entendre avec succès à Vienne, à Franc- 
fort, à Strasbourg, à Nancy, et dans plusieurs 
villes des bords du Rhin. 

LEGRENZI (Jean), maître de chapelle de 
Saint-Marc, à Venise, et directeur du conservatoire 
dei Mendie and, dans la même ville, fut un des plus 
habiles compositeurs de son temps. Né vers 162.>, 
à Clusone, dans les environs de Bergame, il 
fit ses études musicales dans cette ville, où il 
devint ensuite organiste de Sainte-Marie-Majeure. 
De là il alla à Ferrare pour y remplir les fonc- 
tions de maître de chapelle de l'église dello Spi- 
rito Santo. 11 y était encore en 1664. Eu 1672 
J.-Pli. Krieger letrouva à Venise, où il occupait 
la place de directeur du Conservatoire, dont il a 
a été parlé ci-dessus. Le 23 avril 1685 , il suc- 
céda à Natale Mon ferra to comme maître de la 
chapelle ducale de Saint-Marc. Il mourut dans 
cette situation, au mois de juillet 1690. Ce fut 
Legrenzi qui, par ses demandes aux procurateurs 
de Saint-Marc, lit donner une organisation régu- 
lière à l'orchestre de la chapelle et augmenter 
le nombre des symphonistes. Cet orchestre fut 
composé alors de la manière suivante : 8 violons, 
1 1 petites violes ou molettes pour les deuxième 
et troisième parties ; 2 violes da braccio (ténors) ; 

3 grandes violes da gamba et violone (contre- 
basse de viole) ; 4 théorbes ; 2 cornets, 1 basson, 
3 trombones; en tout trente-quatre instrumen- 
tistes. Les travaux de Legrenzi pour le théâtre fu- 
rent presque tous destinés à celui de Venise. Son 
premier opéra (Achille in Sciro) y fut représenté 
en 1664, et Pertinace, le dernier, fut joué eu 
1684. Parmi les élèves de Legrenzi on compte 



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256 



LEGRENZI — LEHMANN 



lotti et François Gasparini. 11 paraît qu'il 
avait embrassé l'état ecclésiastique, car on Ht 
dans une lettre insérée au Mercure galant 
(mars 1683, p. 278) : « Celui qui a composé la 
« musique de la pièce intitulée Les deux Césars, 
« et représentée pendant le carnaval à Venise, au 
« théâtre Saint-Luc, est Don Giovanni Legrenzi, 
« prêtre, maistre de la musique des filles de 
<• Saint- Lazare , dites communément les mm- 
« décantes, etc. » On trouve dans cette lettre 
quelques détails sur les chanteurs qui jouèrent 
dans Topera dont il est ici question. Les œuvres 
de musique d'église de ce maître sont : 1° Con- 
certo dl Messe e Salmi a 3 c 4 voci con vio- 
lini ; Venise, 1654. — 2° Mottetti a 2, 3 e 4 roci, 
ibid., 1655. — 3° Sacré e festivi Concerté 
Messe e Salmi e due cori , con istrumenti ad 
libitum, op. 9; Venise, Franc. Magni, 1657. 
II y a une deuxième édilion de cet œuvre, datée 

de Venise, 1667 4* Motet ti a 5 voci, op. 5; 

ibid., 1660. — 5° Sentimenti devoté espressé 
colla musica a 2 e 3 voci. Libre primo e se- 
condo, op. 6; ibid., 1660. Il y a une autre édi- 
tion de cet ouvrage, publiée à Venise,. chez Jo- 
seph Sola, en 1683. — 6° Compicte con litanie 
ed antifone delta Beat a Virgine Maria, a 
5 voci,op. 7; Venise, Fr. Magni, 1662.— 7° Ac- 
elamazioni dévote a voce sola , op. il; ibid., 
1688, in -4° obi. — 8° Idée armoniche, a 2 e 3 
voci, op. 13; in Ycnezia, app. Fr. Magni e 
Gardano , 1678. — 9° Motet ti sacré a voce 
sola con tre stromenti,0[>. I7;ibid., 1692,in-4°. 
Les opéras de Legrenzi , au nombre de dix-sept, 
sont : 1° Achille in Sciro, à Venise, 1664. — 
2° Zenobia e Radamisto ; Ferrare, 1665, Brcscia, 
1666 et Vérone, 1667. — 3° Tiridate; Venise, 
1669. — 4° Eteoclc e Polinice; ibid., 1675. — 
5° La Divisione del Mondo; ibid., 1675. — 
6° Adonein Cipro; ibid., 1676. — 7° Germanico 
.sulBeno;\b\â., 1676.— 8° Tott/a; ibid., 1677. — 
9° Antioco il Grande; ibid., 1681 . — 10° IlCreso; 
ibid., 1681. — 11» Pausania; ibid., 1681. — 
12° Ottaviano Cesare Augusto ; Mantoue, 1682. 
— 13° Lisimacco ricamatoda Alessandro; Ve- 
nise, 1682. — 14° / due Cesari; ibid., 1683. — 
15° Giustino; ibid., 1683. — 16° VAnarchia 
delV Impero; ibid., 1683. — 17° Publio Elio 
Perlinace; ibid., 1684. Enfin les œuvres de mu- 
sique de chambre composés par Legrenzi sont 
les suivants : 1° Suonate per chiesa; Venise, 
1655. — 2° Suonate da chiesa e da caméra 
ai; ibid., 1656. — 3° Una muta di .Suo- 
nate; 1664. — 4° Suonate a due violini e 
violone,con ilbasso continuo perVorgano^ op. 
oltava ;ibiù., 1667. — 5* La Cetra, consegrala 
al nome immortale délia S. Cesarea E. M. di 



Uopoldo I, in sonate a 2, 3, 4 strotnend, 
op. 10; ibid., 1673.— 6° X Cantate a voce sola, 
lia. 1 ; Venise, 1 674 .— 7° Edti di Reverenza, etc., 
in XIV cantate a voce sola , op. 14 ; ibid., 
1679, în-4°. — 8° Suonate a 2 violini et tvo- 
loncello; ibid., 1677. — 6° Suonate da chiesa 
e da caméra a 2, 3, 4, 5, 6 e 7 stromenti con 
trombe e senza overo flauti, libro sesto , 
op. 17; ibid., 1693, in-4°. 

LEOROS (Joseph), acteur de l'Opéra, doué 
. d'une des plus belles voix de ténor élevé (ap- 
pelées hautes-contre) qu'on ait entendues en 
France, naquit le 7 septembre 1739, au village de 
Monampteuil, diocèse de Laon, et fut d'abord 
enfant de chœur dans la cathédrale de cette ville. 
Rebel et Francœur, qui dirigeaient l'Opéra de 
puis 1757, ayant eu connaissance de la belle voix 
de Legros, obtinrent un ordre pour le faire en- 
trer à TOpera, où son début eut lieu en effet le 
1 er mars 1764, par le rôle de Titan, dans To- 
pera de Titon et V Aurore. Acteur un peu froid, 
il ne dut d'abord ses succès qu'au timbre admi- 
rable de sa voix; sous ce rapport, il consola le 
public de la perte de Jéliotte; mais dix ans plus 
tard la révolution opérée par Gluck dans la .mu- 
sique dramatique exerça son influence sur le ta- 
lent de Legros ; il sentit le besoin de s'animer, et 
joua d'une manière satisfaisante les rôles à J Or- 
phée, d'Achille, de Pylade f de Renaud et dU- 
lys. Outre ses talents comme acteur, il était très- 
bon musicien et s'était livré à l'étude de la com- 
position. En 1775, il refit, avec Désormery père, la 
musique û'Hylas et Sylvie, en un acte, «et fil 
représenter cet ouvrage à l'Opéra. Legros était 
bel homme, mais son embonpoint étant devenu 
excessif, il fut obligé de se retirer en 1783, avec 
la pension, qu'on accordait alors après quinze 
ans de service. Chargé de la direction du Concert 
spirituel en 1777, il garda cette entreprise jusqu'à 
la suppression de rétablissement en 1791. Alors 
il se relira à La Rochelle, où il est mort, le 20 dé- 
cembre 1793 

LEGROS" (....), fils du précédent, né à Paris, 
vers 1770, était professeur de musique à Paris 
dans les premières années du dix-neuvième siè • 
de. Il y a fait imprimer un livre qui a pour litre: 
Le Jeu d Apollon, ou nouvelle méthode pour 
apprendre en jouant les principes de la mu- 
sique; Paris, (804, in-4°. 

LEHMANN (Antoine) , facteur d'orgues à 
BauUen, vivait dans le seizième siècle. En 1549, 
il construisit l'orgue de l'église paroissiale de 
Danl/k-k, composé de trente et un registres. 

LEHMANN (Basile), autre facteur d'orgues 
allemand, de la même époque, construisit en 
1543 celui de l'église Sainte-Marie à Zwickau. 



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LEHMANN 



257 



LEHMANN (Emmanuel) , magister et rec- 
teur au collège d' Annaberg, né à Scheibcnberg, 
dans la Misnie, vers le milieu du dix-septième 
siècle , a publié un programme académique inti- 
tulé : Programma ad actum valedictorium 
de Musica , Annaberg, mai 1675. 

LEHMANN (Chrétien), frère du précédent, 
né à Sclieibenberg, le 2 décembre 1643, y fit ses 
premières études de musique et de littérature, 
puis entra en 1658 à l'école Saint- Thomas de Leip- 
sick, où il compléta ses connaissances dans le 
chant et la composition. Il y écrivit plusieurs 
morceaux de musique d'église. En 1663 il suivit 
les cours de l'université; deux ans après il alla 
à Wiltenberg, où il fut nommé magister. 11 suc- 
céda ensuite à son père, à Sclieibenberg. Sa prin- 
cipale occupation dans ce lieu fut l'amélioration 
de la musique d'église, et pour atteindre ce but 
il écrivit plusieurs services complets pour les di- 
manches et fêtes, qui sont restés en manuscrit. 
Nommé pasteur à Annaberg, en 1685, il fut ap- 
pelé en cette qualité à Freiberg, en 1697, où il 
mourut, en 1723. 

LEHMANN (Gothilf-David), facteur de 
pianos à Dresde, naquit en 17C4, à Serkewitz, 
près de cette ville. Son père le plaça fort jeune 
chez Wagner, pour apprendre les principes de 
la bonne facture des instruments, pendant le 
terme de six ans. Au bout de ce temps Lelunann 
s'établit lui-même à Dresde, et y fabriqua des 
tlavicordes, des clavecins, des pianos et des har- 
monicas. 

LEHMANN (Frédébic-Adolmb), conseil- 
ler de légation à Dessau, vers 1801, aupara- 
vant lieutenant d'infanterie au service de l'élec- 
teur, passa les dernières années de sa vie à Halle. 
Simple amateur de musique, il avait pourtant 
étudié dans sa jeunesse l'art d'écrire avec au- 
tant de soin qu'aurait pu le faire un musicien de 
profession, et l'on dit que ses premiers ouvrages 
laissent apercevoir des traces de ses travaux sco- 
lastiques ; mais plus tard il s'abandonna davan- 
tage à une imagination libre dans les chansons 
allemandes, où il a occupé le premier rang jus- 
qu'à Schubert. On connaît sous le nom de cet 
amateur : 1° Six marches à grand orchestre ou en 
harmonie ; Leipsick, Peters. — 2° Variations pour 
le piano sur l'air allemand : Freut euch des 
Lebens; Augsbourg, Gombart. — 3° Douze va- 
riations idem sur un air russe ; Pétersbourg. — 
4° Deux marches caractéristiques pour le piano ; 
Leipsick, Hoffmeister. — 5° Chants à 4- voix; 
Beriin, Nicolaï. — 6° Chants à 3 et 4 voix, op. 7 , 
Leipsick, Peters. — V Chansons à voix seule, avec 



; fille, de Schiller, idem; Leipsick, Breitkopf et 
Haerlel, 1801 . —9° Douze chansons allemandes, 
idem ; ibid., 1802. — 10° Petites chansons, idem; 
Leipsick, Peters. — 11° Sept chansons anglaises 
et allemandes idem; Dessau, clez l'auteur. — 
12° Chansons allemandes, idem, 8« recueil, Halle, 
chez l'auteur. Il a paru postérieurement quelques 
autres recueils de pièces du même genre. Leschan - 
sons de Lehmann ont obtenu tant de succès 
après 1812, qu'il a été imprimé quatre éditions de 
quelques-uns de ses recueils. 

LEHMANN (Jean-Traugott), docteur en 
philosophie et professeur de musique à Leipsick, 
est né en 1782, à Neukirch, près de Kœnigshruck, 
dans la Lusace supérieure. Le chant et la guitare 
paraissent avoir occupé particulièrement cet ar- 
tiste. 11 a publié : \° Neue Guitarrenschule, oder 
die einfachten Regelndie Gutlarreauch ohi\c 
Lehrer spielen zu lernen (Nouvelle école de la 
guitare, etc., I re partie) ; Leipsick, Hofmeister. 
La cinquième édition de cette première partie a 
été publiée en 1830. La deuxième édition' de la 

| seconde partie a paru en 1812. Il a été fait une 
traduction française de cet ouvrage, sur la qua- 
trième édition allemande ; elle a été publiée chez 
le même éditeur, en 1826, in-fol. Il a paru aussi 
un abrégé de la même méthode, sous ce titre : 
Kleine Guitarrenschule, oder Anweisung die 
Guitarrc in kurzer Zeit spielen zu lernen ; 
nebst cinigen Uebungstiïcken , in-4° ; Leipsick, 
Hofmeister, 1826. — 2° Grundl. und leicht- 

; fassl. Stimmcn-tystem , oder Anweisung uie 
ein jeder Fortepiano oder Clavier- Instru- 
mente auf die besta Art stimmen han (Sys- 
tème d'accord naturel et facile, ou Instruction 
pour accorder par la meilleure méthode on piano 
ou tout autre instrument à clavier) ; Leipsick , 
Kolmann, 1827, in -8°. — 3° Anleitung die 
Orgel rein und richtig slhnmen zu lernen und 
in guter Stimmung zu erhalten. Nebsl ein 
ausfiihrl. Beschreibung ûber den Bau der 
Orgel (Instruction pour apprendre l'accord pur 
et régulier de l'orgue, etc. ; suivie d'une descrip- 
tion détaillée de la construction de cet instru- 
ment) ; Leipsick, Breitkopf et Haertel, 1831. grand 
in-8° de trente et une pages. — 4° Chansons al 
lemandes à voix seule avec accompagnement de 
piano; Leipsick, Hofmeister. 

LEHMANN (Laurent), fécond compositeur 
de Lieder t vécut à Berlin depuis 1825 jusque vers 
1845. Il paraît qu'il y élait professeur de piano; 
mais on manque de renseignements sur sa per- 
sonne. Ses œuvres , parmi lesquelles on remar- 
que aussi des rondeaux et des fantaisies pour le 



accompagnement de piauo, 1 er cahier ; Drssau, piano, sont au nombre d'environ cinquante. Ses 
Menge, vers 1793. — 8° 1m plainte de la jeune Lieder, dont il y a huit recueils, outre un grand 

MOCR. L.NIV. DLS MLSICIF.NS. — T. V. ,- 



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25*- 



LEHMANN — LEIDESDORF 



nombre qui sont détachés, ont été publiés à Ber- 
lin el à Leipsuk. 

LEIBNIZ (Godefrojd-Guillalme, baron 
DE), illustre philosophe et mathématicien, naquit 
à Leipsick, le 3 juillet 1646, et mourut à Hano- 
vre, le 14 novembre 1716, à l'âge de soixante-dix 
ans. L'histoire de la vie et des travaux de cet 
homme célèbre n'appartient pas à la Biographie 
des musiciens; on la trouve complète et détail- 
lée dans plusieurs biographies générales, et dans 
les histoires spéciales des mathématiques el de la 
philosophie. Ce grand homme n'est cité ici que 
pour ce qu'il a laissé en manuscrit concernant 
l'histoire de la musique, le rhythme, et les prin- 
cipes mathématiques de la théorie de la musique : 
ces morceaux se trouvent 4 la Bibliothèque royale 
de Hanovre, et n'ont jamais été publiés. Leib- 
niz a donné aussi quelques aperçus sur le calcul 
des intervalles des sons, dans une lettre du 
17 avril 1712, adressée à Goldbucli. et qui est 
la 154 e de ses Epistolx ad diverses. C'est dans 
celte lettre qu'il a placé sa fameuse proposition : 
Musica est exercitium arithmeticx occultum 
nescientis se numerare animi : proposition 
parfaitement vraie dans une conception très-gé- 
nérale de Part et de la science ; car dans la créa- 
tion comme dans l'audition de toute musique, il 
n'y a de conception possible que par. l'apprécia- 
tion immédiate et spontanée d'une multitude de 
rapports des sons ; mais dans le sens fini et borné 
de la justesse absolue et invariable des inter- 
valles , que lui donnait Leibniz, elle n'est point 
admissible. Doué du génie le plus vaste, et d'ail- 
leurs bon musicien et jouant de plusieurs instru- 
ments, Leibniz aurait eu tout ce qu'il fallait pour 
porter la lumière dans la théorie de la musique, 
s'il eût connu la constitution des diverses tonalités 
et leurs conséquences. 

LE1BROCK (Joseph- Adolphe), composi» 
teur, né à Brunswick, le 8 janvier 1808, est fils 
d'Auguste Leibrock , littérateur qui a joui de 
quelque réputation en Allemagne. Dès son en- 
fance il étudia la musique, et y tit de rapides pro- 
grès. Maucourt (voyez ce nom) lui enseigna le 
violon , et Gœdeke , musicien de la chapelle 
royale, lui donna des leçons de violoncelle. Pen- 
dant qu'il se livrait à l'étude de ces instruments, 
il suivit les cours de théologie à l'université. 
Plus tard, il obtint un place de violoncelliste à 
la chapelle de Brunswick ; mais il ne se borna pas 
au talent de l'exécution : la composition et l'étude 
de la théorie de la musique devinrent aussi les 
objets sérieux de ses études. En 1840 il accepta 
la place de directeur de musique du théâtre de 
Ratisbonne. Son premier ouvrage important fut 
une ouverture triomphale (Jubel'Ouverture) , 



en ut t qui fut publiée à Brunswick, en 1838. Il 
écrivit ensuite la musique du mélodrame intitulé 
Sechzehn Jahrê (Seize ans), plusieurs autres 
ouvertures, des quintettes pour instruments à 
cordes, et des Lieder. ' 

LEICI1T (....), facteur de pianos à Breslau, 
ne à Pilsen, dans la Bohême, en 1790, apprit 
d'abord la profession de menuisier, puis entra 
chez Weiss, facteur d'instruments à Prague, qui 
lui enseigna les principes de son art. Plus tard il 
visita Vienne, Ratisbonne, Dresde et Berlin, tra- 
vaillant d ms chacune de ces villes chez les plus 
habiles facteurs, pour augmenter ses connais- 
sances. En 1815 il s'établit à Breslau , et depuis 
ce temps il s'est fait connaître avantageusement 
par la bonne qualité de son et le fini du méca- 
nisme de ses grands pianos. 

LEIÛEL (François), viituose sur le haut- 
bois, la flûte et la clarinette, naquit en 1TCI, à 
Schwarz-Kostelecz , dans la Bohème. Après avoit 
appris dans son enfance les éléments de la mu- 
sique à l'école de Bistritz, il entra au monastère 
de Seelau comme enfant de chœur et pottr y 
faire ses humanités; ensuite il alla étudier la 
rhétorique chez les piaristes de Prague, et il lit 
sa philosophie à l'université de cette ville. Déjà, 
lorsqu'il était à Seelau , il avait appris à jouer de 
plusieurs instruments ; mais lorsqu'il fut arrivé 
dans la capitale de la Bohème, il prit la résolu- 
tion de se livrer exclusivement à la musique, et 
dès lors il fit des études sérieuses sur la flûte, 
la clarinette et le hautbois, qui le conduisirent à 
la possession d'un talent de premier ordre , par- 
ticulièrement sur le dernier de ces instruments. 
En 1803 il réunissait les places de première 
flûte et de premier hautbois de l'église métropo- 
litaine de Prague. On ignore si cet artiste a 
laissé quelques compositions en manuscrit. 

LEIDESDORF (M.-J.), pianiste et com- 
positeur, né vraisemblablement à Vienne , a été 
éditeur et marchand de musique en celte ville 
jusque vers 18?7. Il se fixa alors à Florence, où 
il était estimé pour son talent et pour son carac- 
tère bienveillant autant qu'honorable. Il est mort 
dans cette ville, le 20 septembre 1839. Il avait 
fait exécuter à Florence, en 1829, Esthcr, ora- 
torio à 4 voix , avec chœurs et orchestre. On 
évalue à plus de cent cinquante œuvres le 
nombre de compositions de tous genres publiées 
sous son nom; elles ne sont pas connues en 
France, mais elles ont du succès en Allemagne , 
chez l'es amateurs. Les critiques reprochent des 
négligences au style de Leidesdorf. L** prin- 
cipaux ouvrages de cet artiste sont : 1° Premier 
concerto pour piano, op. 100; Vienne, Haslinger. 
— 2° Grand quintetto pour piano, violon» 



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LEIDESDORF — LEJEUNE- 



25* 



clarinette, violoncelle et contrebasse, op. Gfl; 
Leipsick , Breitkopf et Hœrtel. — 3° Rondo bril- 
lant pour piano, flûte, clarinette, alto et violon- 
celle, op. J28; Vienne, Artaria. — - 4 e Qualuoi 
pour piano, violon, alto et basse, op. 123; 
Vienne, Cappi. — 5° Trio pour piano, violon et 
violoncelle, op. 70; Vienne, Arlaria. — 6° So- 
nates pour piano et violon, op. 47, 48, 63, 74, 
133; Vienne et Leipsick. — 7° Sonates pour 
piano seul, op. 30, 50,67, 72, 75, 112, 134 ; ibid. 
Leidesdorf a écrit un très-grand nombre de 
variations, pots- pourris, divertissements, ron- 
deaux, caprices, bagatelles, etc. 

LEIDING (Georges-Théodore), organiste 
à Brunswick , naquit à Bùcken , dans le comté 
de Havn, le 23 février 1664. Son père, écuyer 
dans les troupes françaises, s'était distingué 
pendant la guerre de Trente ans sous le comman- 
dement du duc de Weimar. Le jeune Leiding 
entra , à l'âge de quinze ans, chez l'organiste de 
la cour de Brunswick, Jacques Bœlsche, et reçut 
ses instructions pendant cinq ans. En 1684 il fit 
un voyage à Hambourg pour y entendre Reincke 
et Buxtehude ; pendant son séjour en cette ville, 
il reçut une lettre de Bœlsche, qui était malade, 
et qui l'invitait à aller le remplacer dans ses 
fonctions. Leiding se rendit au désir de son 
maître. Bœlsche mourut peu de temps après, et 
son élève lui succéda dans la place d'organiste 
de Saint-Ulrich. Plus tard Leiding y réunit les 
places d'organiste de Saint-Biaise et Je Saint- 
Magnus : il les garda jusqu'à sa mort, qui arriva 
le 10 mai 1710. 11 avait étudié la composition sous 
la direction de Theile , et a laissé en manuscrit 
beaucoup de pièces declavecin et d'orgue. — Son 
fils, Othon- Antoine Leiding, lui succéda dans ses 
emplois, et mourut le 16 mai 1740. 

LEIGHTOx\ ( William ) , compositeur an- 
glais, vécut à Londres au commencement du 
dix-septième siècle. H s'est fait connaître par 
une collection de musique religieuse à quatre et 
cinq voix, qui a pour titre : The Tears, or 
Lamentations of a sorrowful soûle (Les lar- 
mes et lamentations d'une âme repentante); Lon- 
dres, 16I4,in-fol. Outre les pièces de Leighton 
on trouve dans ce recueil des compositions de 
J. Dowland, John Milton (père du poète), Ro- 
bert Johnson , Thomas Forde, Edmond Hooper, 
Alphonse Ferrabosco, Robert Kindersley, Natha- 
niel Giles, J. Coperario (Cowper), John Bull, 
William Bird, Robert Jones, J. Wilbye, J. Ward, 
Thomas \Yeelkes,Orl. Gibbons, Martin Pearson, 
Thomas Lupo, Fr. Pilkinlon, et Thimolphus 
Thoopeel. 

L.EISRING (Volkmar), né dans la seconde* 
moitié du seizième siècle, à Gebstedt, près de 



} Bullslaedt, dans la Thuringe, Ht ses études à 
i Jéna , et fut nomn»» en 1617 recteur à Schkœ- 
| len, près deNaumbourg En 1619 il fut payeur 
àNohra, près de Weimar, et dans Tannée I62ft 
il alla remplir les mêmes fonctions à Buchfurth, 
où il mourut, en 1637. Cet ecclésiastique fut bon 
musicien, et Ton connaît de lui plusieurs compo- 
sitions où il y a du mérite. lia publié : 1° Épi- 
thalame tiré du 26 e chapitre de Sirach; Jéna, 
1609 — 2° Cymbalum Davidicum 4, 5, 6 et 
8 vocum, ou psaumes Latins et allemands ; Jéna r 
1611. Une deuxième édition, augmentée de plu- 
sieurs pièces, a été publiée à Erfurt, en 1612. — 
3° Épithalames latins et allemands à 4 , 5 et a 
voix ; Erlnrt, t624'. — 4° Strenophanix, consis- 
tant en 21 chants latins et allemands, Erfurt, 
1628. 

LEISTER (JoachuiFrédéric), compost- 
leur et critique, né à Witlstock, vers 1740, fut at- 
taché en 1670, cbmme rédacteur, au Correspon- 
dant impartial de Hambourg, dans lequel il a 
inséré beaucoup de bons articles concernant la 
musique. Il occupait encore la même position en 
1795. J'ignore si c'est le même artiste qui, après- 
avoir quitté Hambourg, se serait rendu à Vienne, 
où il aurait publié, sous le nom de F. Leister, des 
solos et des duos pour la flûte, chez Haslinger, 
Artaria, Cappi, au nombre d'environ quarante 
œuvres. 

LEJEUNE (Claude), connu sous les noms 
de Claudin Le jeune, ou simplement de Clau~ 
din , fut un musicien célèbre , et naquit à 
Valenciennes. J'ai dit, dansjnon Mémoire sur les 
musiciens néerlandais (p. 41), qu'il vit le jour 
vers 1526 ; mais celte date parait trop reculée 
pour l'époque de ses premières publications ; il 
parait plus vraisemblable qu'il naquit vers 1540. 
Quelques auteurs ont confondu Lejeuue , désigné 
seulement par le nom de Claudin, avec Claude 
de Sermisy, maître de chapelle de François 1", 
dont les compositions sont aussi placées sous le 
nom de Claudin , dans les recueils de motets 
publiés par Altaingnant (livre 7 e , Paris, 1583; 
livre 10% Paris, 1534; livre 11', ibid.), dans 
les l el et 3' livres de Chansons musicales à 
quatre parties, mis au jour par le même édi- 
teur en 1529 et 1530, et dans d'autres recueils. 
Mais l'erreur est manifeste , car si Claude .Le- 
jeune avait été déjà au nombre des musiciens 
dont on recueillait les compositions en 1529, il 
est évident qu'il n'aurait pu être maître de la 
musique du roi de France en 159ft, comme on le 
verra plus loin, c'est-à-dire environ soixante- 
dix ans après (1). Varillas s'est trompé d'une 

(l) Pacquot est nu 4r ceux qui te sont trompés h ce su- 
Jet j il dit, dans le premier volume de ses Mémoires Jlt- 

17. 



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2G0 



LEJEUNE 



manière plus singulière encore lorsqu'il a dit dans 
son Hiàtoire de Charles IX (liv. 9, p. 472, édi- 
tion de Paris, in- 12, 1684) : « Mandelot se mit 
« inutilement en devoir d'empêcher, à Lyou, le 
« massacre de treize cents calvinistes et surtout 
« de l'incomparable musicien Goudimel , connu 
« sous le nom de Claudin Le jeune. » Cet écri- 
vain est le seul , je crois, qui a fait cette faute. 
Il y a aussi de l'incertitude chez quelques auteurs 
6ur le véritable nom de famille de l'artiste dont il 
s'agit; car plusieurs semblent croire que ce nom 
était Claudin, puisqu'ils n'y ajoutent le jeune 
que comme un adjectif qui aurait servi à le dis- 
tinguer de l'ancien Claudin (Claude de Sermisy). 
Il est même remarquable que Thomas d'Embry, 
ou d'Ambry, ami de Claude Lejeune, ne le dé- 
signe point autrement dans une anecdote du 
commentaire sur la vie d'Apollonius (1). Toute- 
fois , il est certain que Claudin n'était que le 
prénom et lejeune le nom de famille du compo- 
siteur ; car le premier n'est mis qu'en abrégé au 
titre de la plupart de ses ouvrages, par exemple 
C\, Cl. y ou Claud. y tandis que l'autre est en- 
tier; et, ce qui est plus décisif encore, les psau- 
mes de Claudin, publiés en 1608, après sa mort, 
sont dédiés au duc de Bouillon , prince de Se- 
dan, par sa sœur, qui signe son épttre : Cécile 
Lejeune. D'ailleurs, d'Embry lui-môme s'est 
servi du nom de Lejeune dans uoe ode sur la 
musique de son ami, placée en tète du recueil de 
ce compositeur intitulé Le Printemps. Il y dit : 

Ujeune a falct en sa vieillesse 
Ce qu'une bien gaye Jeunesse 
N'oserait avoir entrepris. 

Et les éditeurs de ce recueil s'expriment ainsi, 
dans leur avis au lecteur : « Je t'ay bien voulu 
« advertir que l'intention de messieurs de Bai f et 
« Lejeune estoit de faire imprimer ces vers 
« mezuréz en l'ortographe propre, etc. » 

Lejeune n'était vraisemblablement pas en 
France, ou du moins à Paris ou à Lyon en 1572, 
époque de la Saint-Barthélémy, car il échappa au 
massacre de cette journée , et Ton a vu plus 
haut que Varillas s'est trompé a cet égard ; mais 
il était certainement à la cour de Henri III en 
1581 , car il écrivit alors de la musique pour les 
noces du duc de Joyeuse avec mademoiselle de 
Vaudemont; c'est à cette occasion que Thomas 
d'Embry, son ami, rapporte l'anecdote suivante : 
« J'ai quelquefois oui dire au sieur Claudin Le- 
« jeune, qui a, sans faire tort à aucun , devancé ! 
a bien loin tous les musiciens des siècles précé- j 

téralres : t Claudio Lejeune, né a Valenciennes, dans le 
.seizième sièclf, vécut en France du temps de François /«r. 
(i)Llv. i,chap. XVI, p. 8«. 



« dents, dans l'intelligence de ces modes (phry- 
« gicnet hypophrygien), qu'il fut chanté un air, 
* qu'il avait composé avec les parties, aux ma- 
« gnificences qui furent faites aux noees du feu 
« duc de Joyeuse du temps d'heureuse mémoire 
« de Henry III, roy de France et de Pologne, que 
« Dieu absolve, lequel, comme on l'essayoit en 
« un concert qui se tenoit particulièrement, fit 
« mettre la main aux armes à un gentilhomme 
« qui estoit là présent , si qu'il commença à jurer 
« qu'il luy estoit impossible de s'empescher de s'en 
« aller battre contre quelqu'un ; et qu'alors on 
« commença à chanter un autre air du mode 
« sous-phrygien, qui le rendit tranquille comme 
« auparavant : ce qui m'a été confirmé encore 
« depuis par quelques-uns qui y assistèrent , tant 
« la modulation, le mouvement et la conduite 
« des voix, conjoints ensemble , ont de force et 
«de puissance sur les' esprits, m Quoiqu'il en 
soit de l'exactitude de l'anecdote , le récit de 
d'Embry ne laisse point de doute sur la considé- 
ration qui s'attachait en France aux œuvres et 
au nom de Claude Lejeune. Après la mort de 
Henri HT, cet artiste passa au service de Henri IY, 
ainsi que le prouvent les titres de ses ouvrages 
imprimés à La Rochelle en 1598, et à Paris en 
1606, 1608 et 1612. Le P. Mersennc rapporte une 
curieuse anecdote sur le danger que coururent 
Claude Lejeune et ses meilleurs ouvrages pen- 
dant la guerre de la Ligue contre Henri IV, et sur 
les secours que Mauduit (voyez ce uom) leur 
porta dans cette circonstance. Pendant le siège 
de Paris, dit-il , Claudin Lejeune s'enfuyait par 
la porte Saint- Denis, emportant ses composi- 
tions, non encore publiées, notamment le Dode- 
cachorde (voyez ci-après, n°2). Il fut arrêté 
par des soldats de la Ligue , et ce fut Mauduit 
qui arrêta le bras du sergent au moment où ce- 
lui-ci lançait toutes ces compositions dans le feu 
du corps de garde ! « car, comme il ( Mauduit] 
« estoit de la justice, et reconnu savant en mu- 
« sique, il persuada aisément à la soldatesque 
« de lui remettre le tout entre les mains, laissant 
« immoler à leur zèle la confession de foy hu- 
« guenotte et séditieuse de Claudin , signée de sa 
« main et fulminante contre la Ligue, qui n'estoit 
« rien moins, en ce rencontre, que l'arrest de sa 
« mort , et sans doute prochaine , si Jacques 
« Mauduit ne s'y fût rencontré, qui leur fil en- 
c tendre qu'il déchiffrerait cette musique, et 
« connoistroit dans peu d'heures s'il y a voit rien 
« contre le service de la ville, et pour ce sujet il 
« demanda le prisonnier pour y estre confronté, 
« ce qu'on luy accorda sur sa preud'horamie» et 
« à la faveur du capitaine son amy , avec quel- 
« ques gardes, qui l'escortèrent jusques au lieu 



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LEJEUJSE 



201 



« de seureté, où il termina cetfe affaire fort adroi- 
« teraent » (Harm. Vniv., liv. "<*, p. 65). Le- 
jeune avait le titre de compositeur de la chambre 
du roi , tandis que du Caurroy était maître de la 
chapelle. J'ai lu quelque part qu'après la décla- 
ration de Louis XIII , datée du 15 septembre 
1612, qui dérendait aux réformés de s'assembler 
sans une permission expresse, Lejeune, zélé 
protestant, se retira' de la cour, et qu'il alla en 
Hollande, où il mourut, peu de temps après; mais 
ces renseignements ne sont point exacts, car 
Tode de Thomas d'Embry ou d'Ambry, que j'ai 
citée plus liant, et qui est imprimée au commence- 
ment du recueil intitulé Le Printemps, publié 
à Paris en 1003 , a pour titre : Ode sur la mu- 
sique de défunct sieur Claudm tejeune. La 
véritable date de la mort de cet artiste célèbre 
se trouve donc entre les années 1598 et 1603. Un 
autre éclaircissement résulte d'un passage déjà 
cité de cette ode; c'est que Lejeune était déjà 
avancé en âge quand il a composé les pièces de 
son recueil de printemps. 

Lrjeunc a faict en sa vieilles, etc.* 

• Or, on ne dit pas d'un homme qu'il est en sa 
vieillesse s'il n'a au inoins soixante ans; il ne pa- 
rait donc pas qu'on puisse placer l'époque de sa 
naissance plus tard que 1604. On a vu plus haut 
que ce musicien avait embrassé le calvinisme; 
mais il est vraisemblable qu'il n'appartint pas 
toujours à la religion réformée, car Pierre Bal- 
lard a publié après sa mort une messe à cinq et 
à six voix , de sa composition, qu'on avait trou- 
vée dans ses papiers. 

Examinant les fondements de la grande répu- 
tation dont Claude Lejeune a joui en France, 
Burney pense que cet artiste a été plutôt un mu- 
sicien savant et laborieux qu'un homme de gé- 
nie (A General HistoryofMusic,t. 3, p. 266); 
mais c'est précisément le contraire qui est vrai. 
Quoique Lejeune ait conservé dans quelques- 
unes de ses productions les formes canoniques 
et le style d'imitations fuguées des mattres du 
seizième siècle , il est souvent incorrect dans sa 
manière d'écrire. On trouve dans sa musique 
beaucoup de dissonances résolues par saut , d'en- 
jambements de parties, et de sauts de sixtes 
majeures dans les voix , qui indiquent des études 
légèrement faites dans l'art d'écrire; mais il y 
a du goût dans le choix des motifs de ses chan- 
sons françaises, et une certaine élégance dans 
celui des repos et des rentrées des différentes 
parties : en un mot, plus d'instinct que de savoir. 
Au surplus , le mérite de ce musicien a été exa- 
géré par ses contemporains de la cour de France : 
ses ouvrages ne peuvent soutenir la comparai- 



son avec ceux des bons maîtres de l'école ro- 
maine de ce temps, et sous le rapport de l'in- 
vention , ils sont inférieurs à ceux des composi- 
teurs vénitiens , de Lassus , et même de quelques* 
anciens compositeurs français, tels que Areadet , 
et surtout Clément Jannequin. Claude Lejeune 
et Du Caurroy commencent l'époque de décadence 
de l'école française, quoiqu'un poète ait dit à 
Claudiu : 

Qui son esprit ne saturait 

En les chants st pleins de mcr?ctllcs 

S'il n'est un âne tout à fait, 

Il en a du moins les oreilles. 

Les psaumes à quatre et cinq parties de sa' 
composition ont eu beaucoup de succès, et l'on 
en a fait plusieurs éditions et des traductions 
anglaises et hollandaises à Paris, Genève, Leyde, 
Amsterdam, Londres , etc. Ces psaumes sont 
écrits presque tous en contrepoint simple de 
note contre note, sur les mélodies du culte pro- 
testant placées dans la partie du ténor, comme 
dans les psaumes de Goudimel ; mais ceux-ci sont 
mieux écrits. On a ajusté sur la même musique 
la version allemande d'Ambroise Lobwasser. Je 
possède un exemplaire magnifique de cette ver- 
sion, imprimée à Amsterdam, chez Louis Elze- 
vier, en 1646, in- 12. Au frontispice gravé se 
trouve, à coté de David et des principaux per- 
sonnages du culte réformé, le portrait de Le- 
jeune. Les différentes voix sont imprimées en 
regard dans ce volume. 

Tout ce que j'ai pu retrouver des œuvres de 
Claude Lejeune se compose de la liste suivante : 
1 ° Livre de mélanges de C. Lejeune à 4, 5, 6 et 
8 voix; à Anvers, de l'imprimerie de Christophe 
Plantin, 1585, 6 vol. petit in-fol. Je crois qu'il a 
dû y avoir une édition antérieure de cet ouvrage, 
qui contient des chansons françaises à 4, 5, 6 et 
8 parties, des madrigaux italiens à 4, 5 et 6 voix, 
des motets latins à 5, 6 et 8, et un échok 10 par- 
ties. Il a été publié une autre édition du même 
recueil à Paris, chez Pierre Bal lard, 1607, 6 vol. 
in-4° obi. — 2° Recueil de plusieurs chan- 
sons et airs nouveaux mis en musique par 
Cl. Le Jeune ; Paris, Adrien Le Roy et veuve 
Ballard, 1594, in- 16 obi. — 3° Dodécacorde 
contenant douze psaumes de David mis. en 
musique selon les douze modes approuvez des 
meilleurs autheurs anciens et modernes, à 
2, 3, 4, 5, 6 et 7 voix, par Claud. Lejeune, 
compositeur de la musique de la chambre du 
roy. A la Rochelle par Hfàrosme Haultin, 
1598, 6 vol. in-4°, obi. Les paroles de ces psau- 
mes sont tirées de la traduction française de Cl. 
Marot. Cet ouvrage est un des meilleurs et des 



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-262 



LEJEUNE — LELLMANN 



mieux écrits de Claude Lejeune : la forme des 
psaumes est développée dans la manière des 
motets italiens. On trouve dans cet œuvre le 
portrait gravé en bois de Claude Lejeune déjà 
âgé, car la tète est chauve et la barbe blanche. Ce 
portrait a été reproduit au burin par Hawkins, 
dans son Histoire générale de la musique (t. 3, 
|>. 204). 11 a été fait une deuxième édition de ces 
psaumes, à Paris, chez Pierre Ballard, 1608, 
«vol. petit in-4 Q obi., et une troisième, à Paris, 
chez le même, 1618, 6 vol. petit in-4° obi. 
— 4° Le Printemps de Clavd. Lejeune, natif 
de Valenciennes, compositeur de la musique 
. de la chambre du roy, à 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8 
parties, à Paris, par la veuve R. Bal lard, et son 
fils le même 1603 , 6 vol petit in -4° obi. 
Les vers de ce recueil sont de Baif. Il parait que 
Lejeune avait laissé des pièces pour les autres sai- 
sons, car l'éditeur dit, dans son avis au lecteur : 
Reste maintenant à te supplier de recevoir ce 
printemps avec ses belles et diverses /leurs, 
espérant les fruits des autres saizons que je 
te présenterai le plustost qu'il me sera pos- 
sible; cependant je ne crois pas* que les autres 
suites aient été publiées. — 5° Missa ad placi- 
tum, auctore Claud. Lejeune, cum quinque 
et sex vocibus; Parisii*, ex offic Pet. Ballard, 
1607, in-fol. Le Kyrie, le Gloria et le Sanctus 
sont à cinq voix, le Credo et VAgnus à six. — 
6° Premier livre contenant cinquante psaumes 
de David mis en musique à 3 parties par 
Claud. Lejeune, natif de Valcnciennes, com- 
positeur en musique de la chambre du roy; 
Paris, Pierre Ballard, 1607, 3 vot. petit in-4° 
obf. Les deuxième et troisième livres de ces 
psaumes à trois parties ont été publiés chez le 
même imprimeur en 1608,in-4° obi. De tous les 
ouvrage» de Lejeune, c'est celui qui parait avoir 
en le moins de succès, car je n'en connais point 
d'autre édition. — 7° Les psaumes de Marot 
et de Théodore de Bèze mis en musique à qua- 
tre et cinq parties par Cl. Lejeune, natif de 
Valenciennes; La Rochelle, J. Haultin, 1608, 
in 4°. Première édition publiée par Cécile Le- 
jeune, sœur du compositeur, et dédiée au duc de 
Bouillon, prince de Sedan. Elle e<t fort rare. Une 
•deuxième édition a été fuite à Paris, en 1613; 
une troisième à Genève, chez Jean de Tournes, 
en 1627, avec le portrait de Lejeune ; une autre 
à Amsterdam, en 1629; une à Paris, dont on 
41 ôté les psaumes à cinq, chez Ballard, 4 vol. 
petit in-4° obi.; une à Amsterdam, en 1633; et 
une à Leyde, clifz Juste Livius, en 163.», aussi 
avec le portrait du musicien. La dernière édition, 
-intitulée : Les cent cinquante Pseaum^s de Da- 
vid, mis en musique à quatre parties par 



Claude Le jaune, natif de Valenciennes, etc., 
à Paris, par Robert Ballard, 1650, 4 vol. in-8" 
obi., est fort belle; j'en possède un exemplaire 
magnifique. Il ne fut plus permis d'imprimer ces 
psaumes en France après la révocation de l'é- 
dit de Nantes. La musique de Lejeune a été 
arrangée sur une traduction hollandaise et pu- 
bliée sous ce titre : Psalmen Darid's, op rijf 1 
Stemmen, doorCl. Lejeune; Schiedam, 1664, 
in- 12. 5 vol. — 8° Airs à trois, quatre, cinq 
et six parties mis en musique par Cl. Le 
jeune; Paris, Pierre Ballard, 1608, 4 vol. in- 16 
ohl. — 9° Oclonaires de la vanité et in- 
constance du monde, mis en musique à 3 et 4 
par tics, par Claude Lejeune, natif de Valen- 
ciennes, k Paris, par Robert Ballard, 1610, 4 vol. 
in -4° petit obi. Cet ouvrage est un recueil de 
36 ctansons françaises, dont 3 sur chacun des 
douze modes. Il y a une autre édition imprimée 
chez le même en 1641. —10° Second livre des 
meslanges de Cl.. Lejeune, compositeur de la 
musique de la chambre du roy; Paris, Pierre 
Ballard, 1612, 4 vol. in-4*ohl. Ce recueil a élé 
publié par Louis Marrfo, neveu de Lejeune, et dé- 
dié à M. de la Planche, avocat au parlement de 
Paris. Un autre édition a été publiée à Anvers, 
en 1617. On trouve dans cette collection quinze 
chansons françaises et 7 madrigaux italiens k 
4 voix, douze chansons à 5, deux canons et cinq 
chansons à 6, deux chansons k 8, deux psaumes 
à 5, un motet à 4 voix divisé en 6 parties, un au- 
tre motet à 5, un Magnificat, k 4, 5 et 7, un 
motet à 10, une fantaisie à 4 et une autre à 5. 
Un essai biographique a été publié sous ce litre : 
Esquisse biographique sur Claude Lejeune, 
natif de Valenciennes, surnommé le Phénix 
des musiciens, compositeur de la musique des 
rois Henri III et Henri IV; Valenciennes, 1845, 
in-8°. 

LELLMANN (Georges-François), clarinet- 
tiste et compositeur pour son instrument, est né 
à Bucke bourg, le 8 avril 1798. Dès son enfance 
il montra beaucoup de penchant pour la musique; 
mnis ses études de collège ne lui permirent pas 
de s'occuper de cet art d'une manière sérieuse 
avant sa treizième année. Il reçut alors des leçons 
de clarinette d'un musicien de la 'Chapelle du 
prince de Lippe-Sclia-inn bourg, nommé Wagner; 
toutefois il se destinait k la carrière des sciences, 
lorsqu'un régiment suédois arriva dans sa ville 
natale, en 1814. Le colonel de ce corps était alors 
à la recherche de quelques bons artistes pour sa 
musique militaire : des offres furent faites à Lell- 
matin , et il accepta la place de première clari- 
nette de ce régiment. Au moment où il arrivait 
en Belgique, le général suédois qui commandait 



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LELLMANN — LEMÀ1TRE 



263 



la brigade où il servait , reçut la nouvelle de la 
signature du traité de paix de Paris, et bientôt 
après, les troupes alliées repassèrent le Rhin. De 
retour dans sa patrie, Lellmann donna sa démis- 
sion, et se relira à Buckebourg, où il prit des le- 
çons de violon de Lubeck, maître de concerts 
de cette petite cour. Quelques années après, une 
place de clarinette solo fut offerte à Lellmann dans 
un régiment du royaume des Pays-Bas, qui était 
en garnison à Ypres : l'artiste accepta, et revit 
la Belgique pour la seconde fois. Il était à Ypres 
depuis deux ans, et son engagement touchait à son 
terme, lorsque la place de chef de musique de 
la Société philharmonique de la petite ville de 
Turcoing (Nord) lui fut offerte : il l'accepta, et 
vécut huit ans dans cette position, faisant seu- 
lement quelques voyages à Paris, où il recevait 
des conseils de Reicha pour la composition. Son 
talentcomme instrumentiste se perfectionna aussi 
par les leçons qu'il reçut du célèbre clarinettiste 
Iwan Millier. En IS33, Lellmann fut appelé à 
Zerbst, en qualité de professeur de langues mo- 
dernes au gymnase, parce qu'il possédait une 
connaissance parfaite du française! de l'anglais. 
Quelquesdissertationsqu'il a publiées depuis cette 
époque lui ont fait décerner le grade de docteur 
en philosophie et arts par l'université de Jéna. 
On a de cet artiste : t° Air varié pour clarinette 
et orchestre; Bonn, Simrock. — 2° Romance de 
Cli. M. de Weber, variée pour clarinette et or- 
chestre; Paris, Zetter et O e , et Leipsick, Breit- 
kopf et Haeiiel. — 3° Air varié pour deux cla- 
rinettes concertantes et orchestre; Bonn, Sim- 
rock. 

LKM (Pierre), né à Copenhague, vers 1753, 
eut pour maître de violon Hartmann, qui, après plu- 
sieurs années de leçons, le fit voyager pour per- 
fectionner son goût et son talent. De retour dans 
sa patrie, Lem eut le titre de premier violon de 
la cour, aux appointements de mille écus (3,750 
francs), et après la mort de son maître, en 1791, 
il eut une augmentation de 200 écus, avec la 
place de professeur de l'école de musique et celle 
de violon solo des concerts. Il a formé de bons 
élèves. On a publié de sa composition à Vienne, 
en 1785, un concerto pour le violon, et Ton 
trouve sous son nom, dans le Catalogue de Traeg, 
un rondeau pour le clavecin, en manuscrit. 

LEMAIRE, ou LE MAIRE, musicien 
français, né vraisemblablement à la On du sei- 
zième 6ÎècIe, ou dans les premières années du 
dix-septième, est cité par Mersenne (Harmonie 
universelle, Traite des consonnances, etc., liv. G, 
prop. 19, p. 342) comme inventeur de la syl- 
labe za 9 qu'il voulait introduire dans la solmisa- 
tion pour la septième note, et pour faire aban- 



donner en France la méthode des muances , qui 
y était encore en vigueur. Mersenne ajoute que 
le môme Leinaire avait imaginé de nouveaux si- 
gnes pour la notation. Brossard, qui écrivait son 
Dictionnaire de musique en 1701 ou 1702, dit 
que Lemaire avait fait celte innovation 40 ou 50 
ans auparavant ; mais elle était plus ancienne, 
car le livre de Mersenne a été publié en 1636. 
Dans un autre endroit, Brossard attribue à Le- 
maire le livre qui a pour titre : Méthode facile 
pour apprendre à chanter en musique, par 
un célèbre maistre de Paris, et il donne à ce 
livre la date de 1666. 11 s'est trompé, car cette 
méthode n'est qu'une troisième édition de l'ou- 
vrage de Nivers (voy. ce nom), qui fut publié en 
1646, chez Ballard, à Paris, sous ce titre : La 
gamme du si, nouvelle méthode pour appren* 
dre à chanter en musique sans muances. La 
deuxième édition fut imprimée sous le même ti- 
tre en 1661, chez le même Ballard, avec le nom 
de fauteur. La troisième édition, citée par Bros- 
sard sous son véritable titre , ainsi que la qua- 
trième, qui parut en 1696, n'ont point d'autre 
indication que par un célèbre fnaistre de Pa- 
ris. On voit d'après ces explications que Lemaire 
n'est pas l'auteur de cet ouvrage. L'invention at- 
tribuée par Mersenne à un musicien de ce nom 
est de beaucoup antérieure à la première édition 
du livre de Ni vers. On n'a point de renseigne- 
ments sur Lemaire ; mais il y avait un Guillaume 
Le Maire dans la grande bande «les violons du 
roi Louis XUI ; ce Lemaire était compagnon de 
Chevalier, musicien habile de ce temps ; il serait 
possible qu'il fut l'auteur de la nouvelle méthode 
de solmisation qu'on lui attribue. Voyez au sur- 
plus sur les méthodes semblables Waelrant, 
Anselme de Parme, Calvisius, Hobmeier, Putte 

(VAN DE), CARAHUEL DE LOBKOWITZ , TjRENA, 

(Pierre), et Buttstedt. 

LEMAIRE (Charles), peut-être fils du pré- 
cédent, entra en 1669 à la chapelle de Louis XIV, 
en qualité de haute-contre, et y continua son 
service jusqu'en 1702. Il obtint alors sa retraite, 
et mourut en 1704. M. de Hoisgelou croyait, mais 
à tort, qu'il était l'auteur de la nouvelle solmisa- 
tion française. On a de cet artiste : 1° Airs à 
chanter avec la basse pour le clavecin ou le théorbe, 
livres 1 à 6; Paris, Ballard, 1674 h 1695. — 
2° Airs sérieux et à boire à deux et trois par- 
ties, par M. Le Maire, ordinaire de la mu- 
sique du roy; à Paris, chez Christophe Bal- 
lard, etc., 1«74. in-12 obi. — - 3° Les quatre 
saisons, cantates à voix seule, livre i, ihid. 
— 4° Recueil de motets, à une et deux voix 
avec bas%econtinuc; Paris, Ballard, 1698, in-fol. 

LEM A.1TRK (Matthieu.), compositeur belge, 



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264 



LEMAITRE — LEMBLLX 



suivant le titre d'un de ses ouvrages, vécut 
dans la seconde moitié du seizième siècle, et pa- 
rait avoir occupé un emploi de chantre ou de 
maître de chapelle en Bavière. Ses ouvrages 
connus sont ceux-ci : I e Catéchèses numeris 
musicis inclusa et ad puerorum captum ac- 
commodata, tribus vocibus composita. Norim- 
bergx, in officina Joannis Montani et Ulrici 
Neuberi, 1563, in-8°obl. — 2° Geistliche und 
weltUche teutsche Gesang mit vier und fûnf 
Stimmen; Wittenberg, durch Johann Schwer- 
tel, 1566, in-4° obi. — 3° Sacrœcantiones, quas 
vuhjo Motetta vocant, quinque vocum, Liber 
primus ; Drcsdx, per Gimel Montanare Lu- 
becensi, 1570, in-4° obi. Au premier de ces ou- 
vrages se trouve, à côté du nom de l'auteur, la 
désignation de Belga. 

LEMAURE (Catherine-Nicole), célèbre 
actrice de l'Opéra, naquit à Paris, le 3 août 1704. 
Ayant été reçue dans les chœurs en 1719, 
elle débuta en 1724, par le rôle de Céphise, 
dans L'Europe galante. « Jamais, dit La Borde, 
« la nature n'a accordé un plus bel organe, de 
« plus belles cadences (trilles), et une manière de 
k chanter plus imposante. M"« Lemaure, petite 
« et mal faite, avait une noblesse incroyable sur 
« le théâtre; elle se pénétrait tellement de ce 
« qu'elle devait dire, qu'elle arrachait des lar- 
« mes aux spectateurs les plus froids; elle les 
« animait et les transportait; et quoiqu'elle ne 
« fût ni jolie ni spirituelle, elle produisait les 
« impressions les plus vives. » Il faut croire à la 
réalité d'un talent qui produit de tels effets sur 
toute une nation, et qui mérite de pareils éloges 
de la part d'un homme qui n'était point étranger 
à la musique. Sans doute Part du chant était 
alors ignoré en France ; mais une belle voix, un 
beau trille naturel, et surtout un accent pathé- 
tique dans l'organe, sont les qualités essentielles 
pour émouvoir dans tous les temps, quels que 
soient d'ailleurs les défauts de la vocalisation. 
Retirée du théâtre en 1727, M* 1 * Lemaure y rentra 
en 1730, et y resta jusqu'en 1735 (1), après l'a- 
voir quitté et repris plusieurs fois. Ayant été 
invitée à jouer à la cour, en 1745, pour les fêtes 
données à l'occasion du mariage du Dauphin, elle 
exigea qu'un .carrosse du roi vint la prendre et 
la conduisit à Versailles, accompagnée d'un gen- 
tilhomme de la chambre. Mon Dieu, s'écria- 
t-elle, que je voudrais être à une fenêtre pour 
me voir passer! Les entrepreneurs du Colisée 
la déterminèrent à y chanter en 1771. Jamais af- 
fluence ne fut comparable à celle des curieux qui 

(1) Cette date est celle des anciens registres de l'Opéra ; 
«lie de 174», donnée par U Borde, et copiée par tous les 
biographes, est fausse. 



allèrent pour l'entendre,et quoiqu'elle eût soixante- 
sept ans, elle y parut fort supérieure à ce qu'on de* 
vait attendre de cet âge. En 1762, elle avait épousé 
un M. de Montbruelle; maison continua de l'ap- 
peler par son premier nom jusqu'à sa mort, ar- 
rivée en 1783. Dans les anciens mémoires manu- 
scrits que je possède sur l'Opéra, on lit une note 
ainsi conçue sur cette actrice : Lemaike : cette 
actrice a la voix plus douce que celle d'un 
rossignol, et les sons des plus beaux. Elle fut 
fort regrettée lors de sa retraite f qui occa- 
sionna un petit mémoire imprimé, où est oit 
déduit le motif de cette retraite, qui estoit 
parce que, ne voulant pas chanter, elle fut 
conduite de l'ordre du roi au For Lèreque. 
LEM AZURIER (Pi erre- IV vid), littérateur, 
naquit à Gisors, le 30 mars 1775. Après avoir 
occupé plusieurs emplois dans l'administration, il 
[ fut longtemps secrétaire du comité de la Coiné- 
| dic-Franyaise. Sa politesse et son amabilité av<c 
| les auteurs lui firent de nombreux amis dans cette 
position difficile. Sa vue, fatiguée par ses travaux, 
s'affaiblit tout à coup en 1830; bientôt il devint 
complètement aveugle, et se vit obligé de re- 
noncer à sa place. Retiré depuis lors k Versail- 
les, il y passa ses dernières années entouré d'une 
famille qui raimaittendrement.il mourut dans 
cette ville, le 7 août 1836. Lemazurier est auteur de 
plusieurs ouvrages, au nombre desquels on re- 
marque L'Opinion du parterre, almanacb théâ- 
tral dont il a publié dix années (1803-1813), Paris» 
10 volumes in -18. Le premier volume n'a pour 
objet que le Théâtre-Français; mais on trouve 
dans tous les autres beaucoup de renseignements 
utiles sur l'Opéra, l'Opéra-Comique et l'Opéra 
italien, ainsi que sur les auteurs, chanteurs, et sur 
les pièces représentées dans le cours de ces dix 
années. 

LEMBLIN (Laurent), musicien belge, vécut 
dans la première partie du seizième siècle, et fut 
attaché comme ténor à la chapelle du duc de Ba- 
vière, antérieurement à 15*0. On trouve des 
motets de sa composition dans les recueils inti- 
tulés : 1° Tomus secundus psalmorum selec- 
lorum quatuor et quinque vocum ; Norim- 
bergx, apud Jo. Petreium, 1739, in-4° obi. — 
2° Select fssim arum Motet arum partim quin- 
que, partim quatuor vocum. Tomus primus. 
Norimbergx,Jo. Petreius, 1640. Ses- chansons 
latines, allemandes et françaises ont été insérées 
dans divers recueils, particulièrement dans ceux- 
ci : — 3° Selectissimx nec non familiarissimsc 
cantiones ultra centum, vario idiomate ro- 
cnm 9 etc., a sex usquead duas vocum; Augus- 
te Vindelicorum , Melchior Kriesstein, 16*0, 
in-4°obl. — 4° Eh\ Auszug guter aller und 



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LEMBLIN — LEMIÊRE DE CORVEY 



265 



newen teutschen Liedlein, etc.; Nuremberg, 
J. Petreius, 1539, petit in-4° obi. — 5° Bicinia 
gallica, latina et yermanica , et quxdam 
fugx , etc. Tomi duo. Vitenbergx, apud Geor. 
Rhau, 1545, petit in-4° obi. 

LEMIÈRE (...), l'atné, violoniste de l'O- 
péra, eut pour maître Gaviniès, dont il fut un des 
bons élèves. Il entra à l'orchestre de l'Opéra en 
1751, et prit sa retraite au mois d'avril 1771; 
mais il ne jouit pas longtemps de sa pension, 
car H mourut dans la même année. Il fut le maî- 
tre du célèbre violoniste Bertheanme. Lemière a 
publié deux livres de sonates à violon seul, et 
un livre de duos pour deux violons. 

LEMIÈRE DE CORVEY (Jean-Fkédé- 
bic-Alcuste), compositeur, né à Rennes, en 1 770, 
apprit la musique dans son enfance à la maîtrise 
de l'église cathédrale de cette ville , et fit, fort 
jeune encore, quelques essais de composition pour 
le piano et le violon, sansavoir fait d'études d'har- 
monie. Engagé comme volontaire dans un ba- 
taillon républicain de la Vendée, il se fit remar- 
quer par l'exaltation de ses opinions, fut nommé 
sous-Hcutenant, et se rendit à Paris le 10 août 
1792. Il prit alors quelques leçons d'harmonie 
chez Berton, et fixa bientôt sur lui l'attention 
publique par la bizarrerie d'une de ses premières 
compositions; il avait mis en musique un ar- 
ticle du Journal du soir sur la sommation faite 
à Ciislines de rendre Mayence, et sur la réponse 
de ce général ; ce morceau fut publié en 1793, et 
eut un succès de vogue. En 1792 il avait donné au 
théâtre Montansier Les Chevaliers errants f pe- 
tit opéra en un acte, qui avait été peu remarqué ; 
peu de temps après il partit pour la Belgique, où il 
servit comme aide de camp du général Thtébanlt, 
qui, grand amateur de musique, l'avait attaché à 
sa personne, à cause de ses talents. De retour à 
Paris en 1794, il y fit représenter quelques opé- 
ras, dont plusieurs furent bien accueillis par le 
public. Pendant les années 1796 et 1797 il suivit 
son général en Allemagne, et y fut blessé. Le traité 
de Campo-Formio le ramena à Paris, et le fit 
rentrer dans la carrière de la composition drama- 
tique. L'attachement qu'il avait pour le général 



Waterloo : ce fut la dernière. Craignant des per- 
sécutions à cause de ses anciennes opinions ré- 
publicaines, il se tint dans la retraite pendant les 
premiers temps de la seconde restauration ; mais 
en 1817 il revint à Paris, et s'y livra de nouveau 
aux travaux de la composition, écrivit pour le 
théâtre, n'y obtint pas de succès, et finit par tom- 
ber dans un élat voisin delà misère; car sa pen- 
sion de retraite était insuffisante pour son exis- 
tence et celle de ses deux filles. Dans les derniers 
temps de sa vie, il était obligé de corriger des 
épreuves de musique pour vivre. Il est mort à 
Paris, du choléra, le 19 avril 1832, à l'âge de 
soixante-deux ans. 

Malgré l'activité de sa carrière militaire, Le- 
mière a beaucoup écrit pour le théâtre et pour la 
chambre. N'ayant encore aucune notion d'harmo- 
nie, il avait fait représenter à Rennes, en 1790, 
un opéra en un acte intitulé : Constance. Après 
son arrivée à Paris, il écrivit les ouvrages sui- 
vants : 1° Les Chevaliers errants, au théâtre 
Montansier, en 1792, un acte. — 2° Crispin ri* 
val, au même théâtre, 1793, un acte. — 3° Le 
Poème volé, en nn acte, 1793. — 4° Scène pa- 
triotique, au théâtre Favart, 1794. — b° La Re- 
prise de Toulon, au même théâtre, 1794, en un 
acte. — 6° Andros et Almona, idem, en 3 ac- 
tes, 1794 : de tons les ouvrages de Lemière, c'est 
celui qui a eu le plus de succès et qui avait le 
plus de mérite. — 7° Le Congrès des Rois, en col- 
laboration avec plusieurs autres compositeurs. — 
8° Babouc, en quatre actes, au théâtre Feydeau, 
1795. — 9* L'Écolier en vacances, au théâtre 
Favart, en un acte, 1 795.— 1 0°Les Suspects, en un 
acte, au théâtre Lonvois, 1795. — 9° La Blonde 
et la Brune, en un acte, même théâtre 1795. — 
\¥ La Moitié du chemin, en trois actes, même 

théâtre, 1 79C Au théâtre Molière : 1 3° Les deux 

Orphelines, en un acte, 1798. — 17° Les deux 
Crispins ( paroles et musique), en un acte, 1798. 

— 14° La Maison changée, en un acte, 1798. 

— 15° La Paix et V Amour, en un acte, 1798. 

— 16° Le Porteur d'eau, en an acte, représenté 
en province, en 1801. — \7°HenrietFêlicie t en 
trois actes, idem, 1808. — 18° La Cruche cas- 



Moreau le fit éloigner de cette ville par le gouver- j sée, ou les Rivaux de village, en deux actes, au 

théâtre Feydeau, 1819. — 19° La fausse Croi- 
sade, en deux actes, au même théâtre, 1825. — 
20° Le Testament, en deux actes, à l'Odéon, 1825. 
— 19° Les Rencontres, en trois actes, au théâtre 
Feydeau, 1828 (en collaboration avec M. Ca- 
trufo). Il a aussi arrangé pour le tliéâtre de 
KOdéon, sur la musique deRossini, La Dame du 
lac, en quatre actes, 1825, et Tancrède, en 
trois actes, 1827. Les autres productions ins- 
trumentales et vocales de Lemière de Corvey 



nement consulaire. Il vécut en Provence jusqu'en 
1806 ; mais alors il obtint de reprendre du ser. 
vice actif, et fit les campagnes de Prusse et de 
Pologne. Puis, en 1808, il alla en Espagne, et 
servit pendant toute la guerre de la Péninsule jus- 
qu'en 1814, où il fut mis à la retraite avec le 
grade de lieutenant-colonel : précédemment il 
avait été fait chevalier de la Légion d'honneur et 
du Mérite militaire. Après le retour de Napoléon 
en 1815, il reprit son épée, et fit la campagne de 



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26G 



LEM1ÈRE DE CORVEY — LEMME 



«ont : 1° Bataille de Jéna, symphonie mili- 
taire à grand orchestre; Paris, Naderman. — 
2° Pot-pourri militaire en harmonie, ibid. — 
3° Trois œuvres de sonates pour piano et violon; 
Paris, Nadermanjjfcrlin, Lischke. — 4° Sonate 
pour piano à 4 mains, op. 9; Paris, S. Gaveaux. 

— 5° Sonates pour piano seul, op. 3 et 8 ; Paris, 
Naderman. — 6° Sept pots-pourris pour piano, 
Paris, chez divers éditeurs. — 7° Environ viugt 
œuvres de petites pièces de différents genres, ibid. 

— 8° Plusieurs cahiers de contredanses, ibid. — 
9° Trio pour harpe, cor et basson ; Paris, Nader- 
man. — 10° Duos pour harpe et piano, op. 23, 24 
et 28, ibid. — 11° Recueils de romance* avec ac- 
compagnement de piano, op. 17, 25, 32,37 ; ibid. 

LEMME (Charles), fils d'un facteur d'in- 
struments, et lui-môme facteur de pianos et or- 
ganiste de l'église Sainte-Catherine et Saint- Ma- 
gnus,à Brunswick, vivait dans cette vil le vers 1 780. 
Quelques modifications qu'il introduisit à celte 
époque dans la facture des pianos lui acquirent de 
la réputation. Une de ses premières améliora- 
tions consista à changer la courbe du chevalet 
pour obtenir une meilleure disposition des cordes 
«t redresser les touches vers leur extrémité, au 
lieu de les faire obliquer, comme on l'avait fait 
jusqu'alors. Il fut aussi le premier qui fil les ta- 
bles d'harmonie de deux planches minces collées 
Tune sur l'autre, à fibres croisées afin que ses 
instruments ne fussent point détériorés par la 
chaleur lorsqu'il les envoyait dans l'Inde. Enfin, 
il fabriqua des piano» ovales, dont la forme hii 
semblait plus régulière et plus agréable que celle 
des grands pianos ordinaires. Lemmc était aussi 
organiste à Brunswick. On a de lui un écrit in- 
titulé: Anwcisungund Bcgcln zu einer zweek- 
micssigen Behandlung englischer und teuts- 
cher Piano forte's und Klavierc nebst einen 
Verzeichnisse der bei dem Verfasser verfertige 
Sorten von Piano forte und Klavieren (Ins- 
tructions et règles d'une bonne méthode pour 
accorder les pianos et clavecins anglais et alle- 
mands, etc).; Brunswick, 1802, in-4°de20 pages. 

LEMME (Charles), fils du précédent, naquit 
à Brunswick en 1769, et travailla longtemps à la 
fabrication des pianos dans les ateliers de son 
père. Vers l'année 1799, il alla se fixer à Paris, 
et s'y fit connaître comme un bon facteur de se- 
cond ordre ; car ses instruments, d'un prix moins 
élevé que ceux d'Érard et de F rendent ha 1er ou 
de Petzold, ne furent jamais recherchés par les 
artistes ni par les amateurs distingués. Cependant 
il en faisait un grand commerce dans les pro- 
vinces et à l'étranger, particulièrement en 
Amérique, et ses travaux pendant plus de vingt 
•cinq ans lui acquirent une fortune honnête. Déjà i 



il avait cessé de travailler et jouissait de son 
indépendance, lorsqu'un nouveau système de 
musique et de construction de pianos vint le 
préoccuper et le fit rentrer dans la fabrication 
de ce genre d'instruments. H exposa ses vues 
dans un petit ouvrage qui a pour titre : Nou- 
velle méthode de musique et gamme chro- 
matique, qui abrège le travail et Viïude de 
la musique; de onze douzièmes on Va ré- 
duite à un douzième; inventée et publiée par 
Charles Lemmc ; Paris, imprimerie de Firmin 
Didot, 1829. Brochure in-8° de 19 pages, avec 
un cahier de 10 planches in-4° obi., et un grand 
tableau. Le titre de cet opuscule ne promettait 
pas un ouvrage bien écrit; mais le fond était beau- 
coup plus singulier que la forme. Lemme ne s'é- 
tait pas seulement proposé la réforme de la con- 
struction des pianos, mais celle de toute la mu- 
sique. J'ai donné une longue analyse de son sys- 
tème dans le 5 e volume de la Reçue musicale 
(p., 49 et suiv.) : je vais en présenter ici un aperçu 
pour ceux qui n'ont pas cet ouvrage. 

Lemme, choqué par l'apparente irrégularité de 
la disposition des touches sur le clavier, ou plu- 
tôt ayant eu entre les mains l'ouvrage de Rohle- 
der (voy. ce nom), et voulant réaliser son sys- 
tème de réforme du piano, en fabriqua où ce 
clavier était divisé par des touches blanches et 
noires qui se suivaient alternativement et dans 
un ordre régulier, depuis la note la plus grave 
jusqu'à la plus aiguë. Il ne s'était pas aperçu de 
l'uiconvénient qui résulte précisément pour l'œil 
de cette régularité de disposition, l'exécutant ne 
pouvant plus discerner les notes au milieu de 
toutes ces touches qui ne sont point distinguées 
par groupes, comme dans les claviers ordinaires. 
D'ailleurs, des instruments construits de cette 
manière auraient changé complètement fart de 
jouer du piano, et auraient donné lieu à un nou- 
veau système de doigter fort difficile. Lesréfoimes 
de Lemme dans le système de la musique des- 
tinée au piano n'étaient ni moins radicales, ni 
moins embarrassantes. II y conservait la diffé- 
rence des rondes, blanches, noires, etc., pour les 
valeurs des sons; mais, ayant supprimé les dièses, 
bémols et bécarres, il ne voulait indiquer les 
noies que par les touches blanches et noires ; et 
il se servait pour cela de blanches un peu plus 
grosses que les blanches ordinaires, et de noires 
également plus fortes que les autres noires ; en 
sorte que telle note, dont la valeur ne doit être 
que celle d'une noire, était représentée souvent 
dans son système par une blanche distinguée seule- 
ment par la dimension, tandis qu'une blanche Pétait 
par une noire. Il y avait beaucoup d'autres incon- 
vénients, dont on peut voir le détail dans l'analyse 



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LEMME — LEMMENS 



267 



citée plus haut. Ce système n'eut aucun succès, 
etLcrame ne fendit pas un seul de ses nouveaux 
pianos. Le chagrin qu'il eu eut commença à dé- 
ranger sa raison; de mauvaises spéculations 
achevèrent l'aliénation de ses facultés, et le con- 
duisirent à un état de démence complète. Il est 
mort à Gharentonau mois d'octobre 1832, à l'âge 
«te soixante -trois ans. 

LEMME-ROSSI. Voy. ROSSI (Leume). 

LEMMENS (Jacques-Nicolas), professeur 
d'orgue au Conservatoire royal de Bruxelles, est 
•éle 3 janvier 1823 à Zoerle-Parwys (province 
d'Anvers). Son père, organiste de ce lieu, lui 
donna les premières leçons de musique; ses 
progrès furent si rapides, que dès l'âge de 7 ans 
il chantait et accompagnait le plain-chant dans le 
service divin. Lorsqu'il eut atteint sa onzième 
année, son père l'envoya à Diest chez M. Yan 
«1er Broeck, organiste, dont il reçut les leçons 
pendant six mois. Eu 1839, il fut admis au Con- 
servatoire de Bruxelles, comme élève de M. Léo- 
fiold Godineau pour le piano ; mais bientôt ses 
études furent interrompues par une maladie de 
aon père qui l'obligea de retourner chez lui poul- 
ie remplacer dans ses fonctions. Vers la fin de la 
même année, la place d'organiste de la grande 
église de Diest devint vacante et fut mise au 
concours; Lemroens seprésenla comme candidat, 
et fut vainqueur dans celte épreuve : la place lui 
fut donnée. Le désir de rentrer au Conservatoire 
«le Bruxelles la lui fit abandonner après l'avoir 
occupée pendant quinze mois, et, vers la fia de 
1*41, il rentra dans cette école comme élève de 
Michelot. Au concours de l'année suivante, le 
premier prix de piano lui fut décerné. Devenu 
élève de l'auteur de cette notice pour le contre- 
point et pour la fugue, il montra dans l'étude de 
cette science une aptitude exceptionnelle. En 
1844 , il obtint au concours le second prix de 
composition, et le premier lui fut décerné en 1845. 
-Ce fut aussi dans cette année qu'il remporta le 
premier prix d'orgue, comme élève de Girschner 
(voy. ce nom). Jugeant alors de l'avenir réservé 
aux rares facultés de ce jeune artiste, le direc- 
teur du Conservatoire, dans le but de fonder 
dans cette institution une école de bons organistes 
<jui manquait à la Belgique, demanda au ministre 
de l'intérieur une pension pour que M Lemmens 
pût aller à Breslau, chez le célèbre organiste 
Adolphe Hesse, étudier les traditions de l'art de 
Jean-Sébastien Bach ; sa demande fut accueillie 
par le gouvernement, et Lemmens partit pour 
la capitale de la Si leste au commencement de 
1846. Après qu'il y eut passé une année, Hesse 
écrivit à l'auteur de cette notice : Je n'ai plus 
rien à apprendre à M. Lemmens : il joue la 



musique la plus difficile de Bach aussi bien 
que je puis le faire. De retour à Bruxelles, 
après avoir parcouru l'Allemagne, le jeune ar- 
tiste obtint l'année suivante le second grand prix 
de composition , dans le concours fondé par le 
gouvernement belge. 

En 1849, Lemmens fut nommé professeur d'or- 
gue au Conservatoire de Bruxelles, en rempla- 
cement de Girschner, * qui venait d'être démis- 
sionné. Alors commença pour lui une carrière 
nouvelle, dans laquelle il a rendu d'éminents 
services à l'art dans sa patrie. A vrai dire, il 
n'existait pas alors d'organiste digne de ce nom 
dans le pays. Le doigter de substitution , sans 
lequel le jeu lié du clavier de l'orgue est impos- 
sible, était ignoré de tous avant que M. Lemmens 
l'enseignât. Quant au clavier de pédale, personne 
en Belgique n'en avait les premières notions ; ces 
claviers étaient même si défectueux dans tous 
les instruments de cette espèce, qu'on n'y pou- 
vait faire que des tenues. La réforme complète de 
ces claviers, comme celle du système de con- 
struction des orgues, comme celle de l'art véri- 
table de l'organiste en Belgique et en France, 
datent de l'enseignement de M. Lemmens au Con- 
servatoire. Dans les quatorze années écoulées 
jusqu'au jour où cette notice est écrite, cet en- 
seignement a produit de si considérables résultats, 
qu'ils ont dépassé toutes les espérances. P<rmi 
les nombreux élèves formés par le savant pro- 
fesseur, on remarque en première ligne MM. Wol- 
lon, organiste à Louvain et professeur de l'École 
des beaux-arts de celle ville ; Mailly, organiste 
de l'église Notre-Dame du Finistère, à Bruxelles ; 
Loret, organiste à Paris, et professeur à l'école 
de musique religieuse; Andlauer, organiste a Ha- 
guenau Bas-fthin) ; Riga, ancien organiste de la 
paroisse des Minimes et.son frère (Jean;, organiste 
à Saint-Jaoques-sur-Caudenberg, à Bruxelles ; Pi- 
rongs, organiste à Londres ; Callaerts, organiste de 
la cathédrale, à Anvers ; Vastersavonds, organiste 
à Assche ; Groven, organiste à Malines 9 Tilborgs, 
professeur à l'école normale de Lierre; Bogaerts, or- 
ganiste à Alost; Guilleinant, organiste à l'église 
Saint-Nicolas, de Boulogne, Lemmens (Edmond), 
organiste à Tirlemont ; Ëstourgies, organiste et 
professeur à l'Ile Maurice ; Lust, organiste actuel 
de l'église des Minimes ; Massage, organiste de l'é- 
glise Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles ; enfin, 
une multitude d'autres artistes qui ont porté la 
réforme du goût de l'orgue dans les provinces, 
et jusque dans les plus petites communes. L'in- 
fluence de M. Lemmens sur la transformation 
du style des organistes français n'a pas été moin- 
dre que sur ceux de la Belgique. Les artistes 
et les critiques se souviennent de l'impression que 



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268 



LEMMENS — LEMOINE 



" produisit son talent lorsqu'il fc fit entendre h 
Paris sur les orgues des églises de la Madeleine 
et de Saint- Vincent-de-Paul , ainsi qu'aux épo- 
ques d'inaugurations de grandes orgues à la ca- 
thédrale de Rouen, à Lille et dans plusieurs au- 
tres villes. Avant lui, les grandes et belles œu- 
vres de Bach étaient inconnues des organistes 
français aussi bien que des Belges, ou du moins 
étaient laissées à l'écart p'arce que pas un n'osait 
en aborder les difficultés ; aujourd'hui, les meil- 
leurs artistes se font gloire de suivre M. Lem- 
mens dans la route qu'il leur a tracée, et le 
prennent pour leur modèle dans l'exécution de 
ces chefs-d'œuvre. 

Non moins distingué dans l'exécution de la mu- 
sique classique de piano, ce savant professeur 
en a fait une élude assidue pendant dix ans au 
château de Bierbais, à quelques lieues de Bruxel- 
les, où il avait trouvé une hospitalité toute pa- 
ternelle. Il ne quittait sa retraite que pour ve- 
nir donner ses soins à ses élèves, se hâtant d'y 
retourner après avoir rempli ses fonctions de 
professeur. Le 3 janvier 1857 il devint l'époux 
de miss Sherrington, jeune cantatrice dont l'é- 
ducation vocale avait été faite au Conservatoire 
de Bruxelles, et qui, depuis lors, s'est fait une 
brillnnte réputation à Londres et dans les villes 
principales de l'Angleterre. 

Les compositions de M. Lemmens , jusqu'au 
jour où cette notice est écrite sont : 1° Dix im- 
provisations pour l'orgue; Mayence et Bruxelles, 
Schott. — 2° Journal d'orgue, r*et 2 e années, 
Bruxelles, l'auteur. La troisième année se com- 
pose d'une messe facile à 3 voix égales. Cet ou- 
vrage fondamental vient d'être reproduit sous 
le titre d'École d'orgue : il est le fruit de la 
graude expérience acquise par M. Lemmens 
dans son enseignement. 11 se distingue d'ailleurs 
par le grand mérite des pièces qui y sont conte- 
nues et marque la nouvelle direction imprimée 
à la musique d'orgue par le savant professeur qui, 
au point de vue du culte catholique, a donné à la 
plupart de ses œuvres un caractère éminemment 
mélodique. — 3° Pièce pour la communion, dans le 
Journal de musique religieuse; Rennes, Vattar. 
---4° Hosanna, grande pièce d'orgue dans la 
Maîtrise, journal de musique religieuse publié 
par Niedenneyer et M. d'Orliguc — 5° Quatre 
morceaux pour le piano; Bruxelles, Meynne. 
— 6° Environ 60 pièces pour l'orgue, dans tous 
les genres, non encore publiées. — 7° Deux 
symphonies pour l'orchestre : la première a été 
exécutée dans un des concerts du Conservatoire, 
à Bruxelles. — 8° Douze œuvres inédites pour 
le piano, dont 2 sonates. — 9° Te Deumh qua- 
tre voix et orchestre (inédit). — 10° Plusieurs 



motfts avec accompagnement d'orgue (idem). 
— 11° Plusieurs morceaux de chant pour voix 
de soprano (idem). 

LEMOINE (Antoine-Marcel), guitariste, 
naquit à Paris le 3 novembre 1763. Ses études 
musicales furent négligées, et ce qu'il apprit, il 
ne le dut qu'à lui-même. Son père, artiste dra- 
matique, qui lui avait fait donner seulement 
quelques leçons de violon , le conduisit à Dole, 
où le jeune Lemoinese maria à l'âge de seize ans 
et demi. De retour à Paris, en 1781, il y fut bien- 
tôt engagé comme violoniste pour le théâtre de 
M Ua Montansier, à Versailles. Après deux ans 
passés dans cet emploi, il retourna encore à Paris, 
y vécut quelque temps en donnant des leçons de 
violon et de guitare, puis entra à l'orchestre du 
théâtre de Monsieur (1789) pour y jouer de l'alto. 
Quoiqu'il n'eût point appris les règles de l'har- 
monie, il était bon musicien d'instinct, et faisait 
peu de fautes lorsqu'il écrivait. Après la révolu- 
tion, il fut chargé successivement de diriger les 
orchestres des théâtres Molière, Mareux et de la 
rue Culture Sainte-Catherine. Il arrangea pour ces 
théâtres la musique de beaucoup de vaudevilles. 
En 1793, il se ût éditeur de musique, et depuis 
lors il continua son commerce jusqu'à l'époque de 
sa mort. Il a cessé de vivre au mois d'avril 1817, à 
l'âge de cinquante-quatre ans. Lemoine a fait 
graver de sa composition environ vingt-cinq 
œuvres d'airs variés et de pots-pourris pour gui- 
tare seule ou guitare et violon. Vers 1790 îl 
avait publié une petite méthode pour guitare, 
Paris, Imbault, dont il fut fait plusieurs éditions 
H en écrivit une plus étendue en 1795, et en fut 
lui-même l'éditeur; elle eut aussi beaucoup de 
succès. Enfin lorsque la guitare à 6 cordes, en 
forme de lyre, eut été mise en vogue (vers 1805), 
Lemoine lit pour cet instrument un nouveau 
traité élémentaire qu'il publia aussi sous le titre 
de Méthode pour la guitare à 6 cordes ; Pa- 
ris, H. Lemoine. Quelques années après, la mé- 
thode de Carulli fit oublier celle de Lemoine. 

LEMOINE (Henhi), quatrième fils du pré- 
cédent, né à Paris le 21 octobre 1786, est entré 
comme élève au Conservatoire de musique, dans 
le mois de floréal an vi (mai 1798). Ses premiers 
maîtres dans celte école furent Matthieu pour le 
solfège, et Nicodami pour le piano; puis il de- 
vint élève d'Adam pour cet instrument. Quel- 
que temps après il fut aussi admis dans une 
classe d'harmonie ; mais des maladies et des mu- 
tations de professeurs retardèrent ses progrès, 
en le faisant passer alternativement sous la di- 
rection de Berton , Éler, Dourlen , Catel , qui 
avaient chacun une méthode particulière pour 
l'enseignement de cette science. En 1805, Le- 



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LEi\fOINE — LEMOYN'E 



269 



moine obtint au concours le deuxième prix d'har- 
monie; Tannée suivante, le deuxième second prix 
de piano lui Tut décerné ; il eut le premier se- 
cond prix au concours de cet instrument en 1807, 
et le premier en 1809. Longtemps après (1821), 
il a recommencé l'étude de l'harmonie sous la 
direction de Reicha, et c'est à ce professeur qu'il 
reconnaissait devoir les connaissances qui lui ont 
permis de rédiger son Traité d'harmonie pratique. 
Pendant longtemps, Lemoine a été un des pro- 
fesseurs de piano le plus activement occupés de 
Paris ; il a formé de bons élèves. A la mort de sou 
père, il lui succéda comme éditeur de musique : 
c'est à lui qu'on fut redevable de la publication des 
premiers ouvrages d'Hérold, de Herz, et de la 
plus grande partie des œuvres de Berlini , en- 
tre autres de ses excellents sextuors et de son 
nonetto. Henri Lemoine est moitié 18 mai 1854. 
Ses ouvrages principaux sont : 1° Sonate pour 
piano à quatre mains; Paris, H. Lemoine. — 
2° Polonaise, op. 5, idem; ibid. — o° Étrennes, 
sonatines faciles et doigtées pour le piano ; ibid. 

— 4" Quelques œuvres de variations, idem; ibid. 

— 5° Différentes suites de petites pièces, idem ; 
ibid. — 6° Plusieurs cahiers de contredanses 
et de valses pour piano et violon, ou piano à 
quatre mains; ibid. — 7° Méthode pratique pour 
le piano, l re édition ; Paris, II. Lemoine, 1827, 
tirée à 6,000 exemplaires; 2 e édition; ibid., 1837. 

— 8° Traité d'hannoùe pratique, ibid., 1836. 

— 9° Solfèges élémentaires, en collaboration 
avec M. Carulli, ibid., 1829. U a été fait plusieurs 
éditions de cet ouvrage : la troisième a été im- 
primée par Eugène Du verger à Paris, en 1843, 
In- 8°. On a aussi de Lemoine : Tabtettes du 
pianiste, Mémento du professeur de piano ,• 
Paris, H. Lemoine, 1844, in-18. 

LEMOINE (Aimé), professeur de musique à 
l'école royale des Ponts et chaussées, d'après la 
méthode du méloplaste, est né à Paris en 1795. 
D'abord élève de Galin ( voyez ce nom i, inven- 
teur de celte méthode , il devint ensuite son col- 
laborateur pour sa propagation, et enseigna con- 
jointement avec lui dans les écoles établies à Pa- 
ris. Après la mort de son maître, il s'est efforcé 
de rendre la méthode plus utile par diverses mo- 
difications qu'il y a introduites. En 1824, il a 
publié à Paris, sous le titre de Méthode du 
Méloplaste pour l'enseignement de la m usique, 
un nouveau tirage du livre de Galin intitulé 
Nouvelle Méthode pour V enseignement de la 
musique (Bordeaux, 1818, in-8°). En 1838, 
M. Lemoine a publié une nouvelle édition du 
même ouvrage, divisée en deux parties, dont 
la première traite de l'intonation , et la seconde 
du rhvthme; elle a pour titre Méthode du Mé- 



loplaste, par P. Galin, de Bordeaux. JVoti- 
velle édition contenant de nouveaux déve- 
loppements, de nouveaux tableaux, et un 
nouveau méloplaste à portée mobile; Paris, 
chez Aimé Lemoine, l vol. in-8°. Ce professeur 
a fini par abandonner la méthode du méloplaste 
pour reprendre renseignement ordinaire. 

LEMOINE (Alexandre), professeur de mu- 
sique au collège de Vendôme, est auteur d'un 
livre qui a pour litre : Cours théorique de mu- 
sique élémentaire et de plain-chant, suivi de 
notions sommaires sur les moyens d'exécu- 
tion musicale; Paris, Troupenas, 1841 , 1 vol. 
in-8° de 168 pages, avec 6 planches de musique. 

LEMOINE DE LIMAY (....), professeur 
de piano à Paris , ne parait pas avoir été connu 
avant 1788, car son nom ne figure pas dans 
VAlmanach musical de cette année, publié par 
Framery, mais on le trouve dans celui de Pan* 
née suivante. Gerber s'est trompé lorsqu'il a cru 
que ce musicien était le même que le composi- 
teur Lemoine. On a de Lemoine de Limay : Trois 
sonates pour clavecin avec ace. de violon, 
op. I; Paris, chez l'auteur, 1788. 

LEMOYNE (Jean-Baptiste MOYXE , dit ), 
fils d'un ancien consul, naquit le 3 avril 1751 , à 
Eymet , dans le Périgord , et apprit la musique 
à Périgueux , sous la direction de son oncle, 
maître de chapelle à l'église cathédrale de cette 
ville. Plusieurs biographes français assurent qu'il 
se rendit ensuite à Berlin , pour y continuer ses 
études , à l'âge de quatorze ans ; mais c'est une 
erreur démontrée par les renseignements que son 
fils a fournis pour le Dictionnaire historique 
des Musiciens de Choron et Fayolle ; car il y est 
dit queLemoync parcourut différentes provinces 
de France, en qualité de chef d'orchestre , avant 
de faire son voyage en Allemagne. Arrivé à Ber- 
lin, il y reçut des leçons de Graun et de Kirn- 
berger pour la composition. Un de ses premiers 
essais fut une scène d'orage qu'il introduisit dans 
l'ancien opéra intitulé Toinon et Toineite , et 
qui fut applaudie. Le prince royal lui témoigna 
sa satisfaction de ce travail par le don d'une ta- 
batière d'or remplie de frédérics. Ce prince le 
nomma aussi second chef d'orchestre de son 
théâtre , et le jeune musicien eut de plus l'hon- 
neur d'être admis aux concerts du roi. Il continua 
ensuite ses voyages et visita la Pologne. A Varso- 
vie il écrivit le Bouquet de Colette, opéra fran- 
çais en un acte dans lequel débuta l'actrice célèbre 
qui a été connue depuis sous le nom de M me Saint- 
Huberiy. Elle était devenue Pélève de Lemoyne, 
qui lui donna des leçons pendant quatre ans. 
De retour en France, ce compositeur s'annonça 
comme élève de Gluck, dont il imita le style 



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27i 



LEMOYNE — LENÀ1N 



dans son Electre, grand opéra en trois actes 
qui fut représenté en 1782. Deux chœurs et 
une scène en récitatif, d'une rare énergie, 
furent applaudis dans cet ouvrage; mais la 
mélodie y était rare , âpre et sans charme ; Le- 
moyne n'avait imité que les défauts de l'au- 
teur iVAlceste, sans avoir, pour les faire ou- 
blier, ses sublimes beautés : les défauts firent 
tomber la pièce- Gluck ne montra point de gé- 
nérosité dans cette circonstance ; car, après avoir 
gardé le silence jusqu'à ce que le sort d'Electre 
eût été décidé , il désavoua pour élève son au- 
teur , dès qu'il le vit attaqué par les critiques 
comme un produit de son école. Lemoyne se 
vengea de ce dédain en étudiant la manière de 
Piccinni et de Sacchini. Le résultai de ses médi- 
tations Tut l'opéra de Phèdre, qu'il fit jouer en 
1786 » et qui obtint un brillant succès dû peut- 
être autant au poème d'Hoffman et au jeu de 
M mc Saint- Hubert y qu'au mérite de la musique. 
Grimm dit en parlant de cet ouvrage , dans sa 
Correspondance littéraire : « La facture des 
a airs et des accompagnements; le récitatif, sen- 
« si blement imité de celui deDidon, tout prouve 
« que le compositeur, abjurant son système tu- 
« desque, s'est rapproché dans cet ouvrage de l'é- 
« cole italienne autant qu'il avait cru devoir s'en 
• éloigner dans son Electre. » Ce jugement a 
beaucoup de justesse. Lemoyne manquait de 
génie et ne pouvait être qu'imitateur. Plus tard il 
se fil aussi le copiste du style français dans les Pré- 
tendus, ouvrage qui, malgré son succès, n'en est 
pas moins une composition lourde et plate Après 
le succès de Phèdre , Lemoyne fit un voyage en 
Italie; il revint à Paris au printemps de 1788, et 
depuis lors il ne cessa de travailler pour l'Opéra' 
et pour le théâtre Favart jusqu'à sa mort, qui 
arriva le 30 décembre 1796. La liste des compo- 
sitions de ce musicien renferme celles dont les 
titres suivent : 1° Le Bouquet de Colette, à 
Varsovie, en 1775, un acte. — 2° Electre, en trois 
actes, à l'Opéra de Paris, 1782. — 3° Phèdre, en 
trois actes, au même théâtre. 1786. — V* Nephté, 
en trois actes, ibid., 1789. A la fin de la pre- 
mière représentation de cet opéra, Lemoyne fut 
demandé par le public : c'était la première fois 
que cet honneur était accordé à un musicien sur 
un théâtre français.— 5° Les Prétendus, en deux 
actes, ibid., 1789. Le mauvais goût qui régna 
longtemps en France a soutenu le succès de cette 
pièce pendant trente-cinq ans. 11 a maintenant 
disparu de la scène, vraisemblablement pour tou- 
jours. — 6° Louis IX en Egypte, en trois actes, 
ibid. , 1790. — 7° Les Pommiers et le Moulin, 
en un acte , ibid., 1790. La musique de ce petit 
ouvrage 9 écrit dans le système du Devin du vil- 



lage, manquait de verve et de gaieté. — 8° El- 
I f ride y en trois actes, au théâtre Favart, 1792; 
I pièce froide qui avait été refusée à l'Opéra, et qui 
j tomba. — 9° Milliade à Marathon, en on acte, 
I ouvrage de circonstance joué à l'Opéra, en 1793. 
: — 10° Toute la Grèce, tableau patriotique, 
| ibid., 1794. — i\° Le Batelier, ou les Vrais 
\ Sans-culottes , en un acte, au théâtre Feydeau, 
I 1794. — 12° Le Compère Luc, en un acte, ibid., 
! 1794. — 13° Le Mensonge officieux', en un 
! acte, ibid., 1795. Lemoyne a laissé en manu- 
scrit .- — 14° Nadir, ou le Dormeur éveillé, eut 
trois actes, qui devait être joué à l'Opéra, et qui 
ne le fut pas parce que les décorations furent dé- 
truites dans l'incendie du magasin des Menus- 
plaisirs, en 1787. — 15° Sylvius Nerva, ou 
la Malédiction paternelle. — 16° L'Ile des 
Femmes, en deux actes, dont les répétitions furent 
interrompues par la mort de l'auteur. Les der- 
nières productions de Lemoyne sont beaucoup 
plus faibles que les autres ; elles nuisirent à sa 
réputation. 

LEMOYNE (Gabriel), fils du précédent „ 
naquit à Berlin le 14 octobre 1772 , et suivit son 
père à Paris à l'âge de neuf ans. Clément lui donna 
les premières leçons de clavecin et d'harmonie; 
il devint ensuite élève d'Edelmann. Pianiste et 
compositeur médiocre , cet artiste n'a fixé snr 
lui l'attention pendant quelques années que par 
son association avec le célèbre violoniste La- 
font dans les voyages qu'ils firent en France et 
dans les Pays-Bas, au commencement de ce siècle. 
De retour à Paris , Lemoyne s'y livra à l'ensei- 
gnement et publia quelques œuvres pour le piano. 
Il est mort à Paris le 2 juillet 1815. La musique 
d'un petit opéra intitulé l'Entresol , joué ait 
théâtre des Variétés en 1802, a été composée par 
lui en collaboration avec Alexandre Piccinni. Il a 
fait jouer aussi deux autres opérettes aux théâtres 
des boulevards , mais il n'y a pas mis son nom- 
Ses principales compositions instrumentales sont z 
1° Premier concerto pour piano et orchestre; 
Paris, Leduc 2° Deuxième idem, op. 20 ; Pa- 
ris, Frère. — 3° Trio pour piano, violon et vio- 
loncelle , op. 12 ; ibid. — 4° Sonates pour piano 
et violon, op. 10 et 22 ; Ibid. — 5° Duo pour déni 
pianos, op. 16 ; ibid. — 6° Sonates pour piano seul, 
op. 1 et 19; ibid. — 7° Caprices, fantaisies , pots- 
pourris et rondeaux pour piano , environ dix 
œuvres ; ibid 8° Romances avec accompagne- 
ment de piano, 4 recueils ; Paris , chez l'auteur. 
LENAIN (...), auteur inconnu d'un livre 
qui a pour titre : Éléments de musique, ou 
Abrégé d'une théorie dans laquelle on peut 
apprendre avec facilité Part de raisonner et 
les principes de cette science ; ouvrage utiie 



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LENAI3V — LEJVTZ 



71 



aux commençants et à ceux même qui ont 
des connaissances plus étendues ; Paris, Des- 
saint, 1766, in- 12. 

L'ENFANT. Voyez BOUCHER (Hector), et 
LNFANT1S. 

LENGENBRUNNER (le P. Jkan), moine 
bénédictin au couvent de Tegcrnsée, dans la 
haute Bavière, (tarissait vers le milieu du seizième 
siècle. Il est auteur d'un livre intitulé : Musices 
haud vulgarecompendium, omnibus perdis- 
cendi eam cupientibus quant utilissimum i nec 
non regulis ac exemples musicalibus jucun- 
dum, in gratiam studiosx juvetituiis fidcliter 
congcstum. Accessit et huic opusmlo in*gne 
qnoddam fundamentum modulandi fistulis 
transversis (ut vocant) caput quant fac&U- 
mum; Augsbonrg, 1559, 7 feuilles. Cet ouvrage 
est, je crois, le plus ancien où il ait été traité de 
l'art de jouer de la flûte traversière. 

LENKER (Christophe- Michel), facteur 
d'instruments à Rudolstadt, fut un des premiers 
artistes (le l'Allemagne qui fabriquèrent de grands 
pianos , et contribua à les propager par la bonté 
de ses instruments. Il Taisait aussi des clavecins 
qui étaient estimés autant que ceux de Silber- 
mann. Il travaillait vers 1765 , et Ton croit qu'il 
mourut avant 1790. 

LENOBLE (Joseph), fils d'un musicien 
français attaché au service de l'électeur palatin , 
naquit à Manheim le 1 er septembre 1753. Élève 
de son père et de Cannabich, il se distingua dans 
sa jeunesse par des compositions instrumentales au 
nombre desquelles on remarquait des sonates de 
piano, des quatuors, et des septuors de violon 
qui furent bien accueillis par les amateurs. En 
1784, Lenoble se rendit à Paris, et dans la même 
année il fit exécuter au concert spirituel son ora- 
torio de Joad , qui fut applaudi. Ce fut à cette 
époque qu'il écrivit la musique d'un opéra en 
trois actes intitulé Lausus et Lydie, en colla- 
boration avec Méhul, fort jeune alors et qui 
ne s'était pas encore fait connaître par les pre- 
miers ouvrages qui ont fondé sa réputation. Cet 
opéra ne fut pas représenté lien fut de même de 
Popéra-ballet V Amour et Psyché , que Lenoble 
écrivit sur un poème de l'abbé de Voiseoon. 
Les partitions manuscrites de ces deux opéras 
sont à la Bibliothèque impériale de Paris. Lenoble 
est mort à Brunoy, près de Paris, le 15 dé- 
cembre 1829. 

LENTZ (Henri-Gerhard), pianiste et com- 
positeur, naquit à Cologne en 1764 , et reçut de 
son père, organiste de mérite, des leçons de 
piano et d'orgue. Encouragé par les applaudis- 
sements de ses compatriotes , il se hasarda à se 
rendre à Paris dans l'espoir d'y briller par son 



talent d'exécution et par ses ouvrages. Il y ar- 
riva vers la fin de 1734 , à l'âge de vingt ans. 
Quelques lettres de recommandation le firent 
accueillir favorablement et lui procurèrent l'a- 
vantage de se faire entendre au concert spirituel, 
en 1785. Il y joua son premier concerto de cla- 
vecin avec orchestre qui, bientôt après, fut publié 
chez l'éditeur Boyer. Cet ouvrage fut suivi de 
plusieurs autres du même genre qui obtinrent 
quelque succès; mais les leçons qu'il donnait à 
plusieurs dames de haut parage furent, pendant 
le séjour de Lentz à Paris , la base la plus so- 
lide de son existence. La vogue dont les compo- 
sitions de Haydn commençaient à jouir à Paris 
par l'exécution de ses symphonies aux concerts 
des amateurs et de la Loge olympique , décida 
Lentz a se faire imitateur du style de ce grand 
artiste. L'imitation se fait particulièrement re- 
marquer dans deux œuvres de trios pour clave- 
cin, violon et basse qu'il publia en 1790. Deux ans 
après il partit pour Londres, où ses concertos et 
deux symphonies de sa composition furent exé- 
cutés aux concerts de Salomon. Son séjour dans 
la capitale de l'Angleterre fut de trois années ; 
mais il ne parait pas y avoir réalisé ses espé- 
rances de fortune, car il prit le parti de s'en 
éloigner en 1795. Il se rendit d'abord à Hambourg 
et y eut des succès comme exécutant et comme 
compositeur. Vers la fin de l'année suivante, le 
prince Louis-Ferdinand de Prusse l'attacha à 
son service. Les fonctions de Lentz , dans cette 
nouvelle position , consistaient à écrire les com- 
positions du prince, sous sa dictée , et parfois à 
l'accompagner avec le violon. Son existence était 
douce , lieureuse dans la maison de son protec- 
teur , qui tolérait les accès de gaieté bruyante 
dont son secrétaire avait l'habitude et qu'il por- 
tait souvent jusqu'à l'inconvenance. Cette situa- 
tion dura pour Lentz jusqu'en 1802 et ne cessa 
alors que par l'arrivée de Dussek en Prusse , et 
par l'intimité qui s'établit entre le prince Louis- 
Ferdinand et l'artiste célèbre : Lentz reçut son 
congé. Il alla d'abord s'établir a Halle ; mais, n'y 
trouvant pas d'emploi pour ses talents, il se 
rendit en Pologne , vécut quelque temps à Lenv 
berg, et finit par se fixera Varsovie, où il 
fonda une fabrique de pianos. Il se maria dans 
cette ville où sa jeune femme, bonne musicienne, 
avait reçu quelques leçons de Kaminski (voy. ce 
nom); elle publia quelques pièces légères de 
chant et de piano où l'on remarquait du talent ; 
mais elle mourut peu d'années après son ma- 
riage , d'une maladie de poitrine. Devenu veuf, 
Lentz contracta une seconde union matrimo- 
niale : il n'eut d'enfants ni de sa première femme, 
ni de la seconde. En 1826, il obtint sa nomioa- 



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272 



LENTZ — LEO 



tîon de professeur d'orgue et d'accompagnement 
pratique au Conservatoire de Varsovie ; mais il 
ne jouit i>as longtemps des avantages de cette 
position, parce que rétablissement Tut Terme après 
les événements de 1831. Lentz continua de se 
livrer à l'enseignement jusqu'à la lin de ses jours. 
Il mourut d'un coup d'apoplexie, le 21 août 
1839, à l'Age de soixante-quinze ans. On con- 
naît sous son nom : 1° 1 er Concerto pour clave- 
vin, op. 4; Paris, Boyer. — 2° Deuxième idem, 
op. 6; ibid. — 3° Troisième idem, op. 7; ibid. 

— 4° Trois trios pour clavecin , violon et basse, 
op. 5; ibid. — 5° Six idem, op 8; ibid. — 
6° Neuf sonates pour clavecin et violon , formant 
les œuvres 1,2 et 3; Paris, la Chevardière. — 
7° Airs variés pour clavecin seul; Paris, 1792. 

— 8° Préludes pour le piano; Londres, Broderip, 
1794. — 9° Trois sonates pour piano , les deux 
premières avec flûte et basse ; la dernière avec 
violon, op. 11. Londres, 1795. — 10° Six chan- 
sons allemandes avec accompagnement de piano, 
Hambourg, 1796. — H°0 ma tendre musette, 
air varié pour piano, op. 12; Leipsick, Kuh- 
tiel. — 12" Première symphonie pour l'orchestre 
f>n vt mineur), op. 10; Paris, 1791. — 13° 2 m c 
idem (en sol ), ibid. 

LENZ (J.-N.), organiste à l'église des Jésui- 
tes à Rotterdam, vers le milieu du dix-huitième 
siècle,, a publié de sa composition trois concertos 
pour le clavecin. 

LENZ (Léopold), chanteur et compositeur de 
Lieder, né à Berlin, vers 1803, brilla longtemps 
comme baryton au théâtre royal de Munich, et 
fut attaché à la chapelle du roi de Bavière. 11 
dirigea aussi pendant plusieurs années une société 
de chant dans la même ville. En 1841, il ac- 
cepta la place de régisseur du théâtre royal; cinq 
ans après il fut nommé professeur de chant au 
Conservatoire de Munich ; mais les événements 
de 1848 le décidèrent à prendre sa retraite et à 
se fixer à Munster, où il vivait encore en 1857, 
comme professeur de chant. Chanteur agréable, 
mais moins remarquable par son talent d'exécu- 
tion que par les chansons allemandes qu'il a com- 
posées, il jouit d'une réputation méritée dans 
ce genre de musique. Ses productions ne se font 
pas seulement remarquer par l'élégance des mé- 
lodies et la justesse de l'expression, mais aussi 
par l'intérêt de l'accompagnement. Son pre- 
mier recueil parut en 1820, à Àugsbourg, chez 
Gombart. On cite particulièrement comme 
ses meilleurs morceaux les chants composés 
pour le Faust de Goethe. On compte envi- 
ron trente recueils de chants publiés par 
Lentz. 

Un autre compositeur du même nom a publié 



douze chants d'église à quatre voix avec orgue on 
piano, op. I; Munich, Sidler. 

Il y a eu aussi un compositeur du nom de Lenz 
qui dirigeait les concerts de l'Académie à Breslau 
en 1839 et 1840. Une ouverture de sa composi- 
tion y fut exécutée dans cette dernière année. Cest 
tout ce qu'on sait de cet artiste, sur qni les bio- 
graphes allemands, et même Kosmaly et Carlo 
(Schlesisches Tonkiinster-Lexikon) gardent le 
silence. 

LENZ (Guillaume DE) , conseiller d'État de 
l'empire de Russie, et amateur de musique, s'est 
fait connaître par un livre intitulé : Beethoven 
et ses trois styles. Analyses des sonates de 
piano, suivies de Vessai d'un catalogue criti- 
que, chronologique et anecdotique de Couvre 
de Beethoven; Saint-Pétersbourg, Bernard, 1852, 
2 vol. in- 8°. Le thème de ce livre est pris dans la 
notice de Beethoven de la première édition de la 
Biographie universelle des Musiciens, où, 
pour la première fois, il est dit que la manière de 
l'illustre compositeur se modifia à trois époques 
de sa vie : mais cette observation, dont la jus- 
tesse a été généralement reconnue, devient, entre 
les mains de M. de Lenz, l'occasion d'une série 
de bouffonneries et d'excentricités. Chez lui l'ad- 
miration va jusqu'au fanatisme, et la raison est 
toujours absente de sa critique. Pour tout musi- 
cien chez qui le goût accompagne les connais- 
naissances techniques, l'inspiration libre et spon- 
tanée s'affaiblit dans la dernière période des tra- 
vaux de Beethoven, et la recherche, parfois péni- 
ble, en prend la place; mais chez M. de Lenz, 
l'enthousiasme s'accroît en raison de l'affaiblisse- 
ment des facultés du grand artiste. Après la pu- 
blication de son livre, il eu traduisit une partie 
en allemand, travailla de nouveau le Catalogne qui 
remplit le second, et le développa de telle ma- 
nière, que l'ouvrage reparut de 1855 à 1860 en 
cinq volumes , sous ce litre : Beethoven. Eine 
Kunststudie; Hambourg, Hofmann et Campe. 
Ce long verbiage est illisible. 

LEO (Jean-Christophe), facteur d'orgues, né 
à Stettin, vers le milieu du dix-septième siècle, 
s'établit à Augsbourg, et se fit connaître avanta- 
geusement en Allemagne par plusieurs orgues de 
bonne qualité, des ciavicordes, des clavecins et 
desépinettes qui ont été recherchés. 

LEO (Jean-Christophe), fils du précédent, né à 
Augsbourg, eut le titre de facteur d'orgues de l'élec- 
teur de Mayence et du margrave d'Anspach : celui- 
ci le chargea de l'inspection de toutes les orgues 
du pays. Dans sa jeunesse il construisit plusieurs 
instruments à Mayence, Bamberg, Anspach et 
dans la Suisse. Plus tard il retourna à Augsbourg, 
et y fit en 1721 l'orgue de l'église de Saint-Ulrich. 



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LEO 



273 



Il a fait aussi des clavecins, des pantaléons et 
des carillons qui étaient estimés. 

LEO (Léonard), compositeur célèbre et l'un 
des chers de la belle école napolitaine du dix-hui- 
tième siècle, naquit en 1694 à San Vilo degli 
schiavi, dans la province de Lecce, £ii royaume 
de Naples. Suivant les notices manuscrites de Si- 
gismondo, ancien bibliothécaire du collège royal 
de musique de Naples, notices copiées par le 
marquis de Villarosa (1) , Léo aurait fait ses 
éludes musicales au Conservatoire de la Pietà 
de* Turchini, sous la direction de Fago, sur- 
nommé il Tarentino. Girolamo Chigi, maître de 
chapelle de Saint-Jean de Latran, élève et ami 
de Pitoni (voy. ce nom), dit dans une notice ma- 
nuscrite qui se trouve à la bibliothèque de la 
maison Corsini alla Lungara, que Léo 3e rendit 
à Rome, et qu'il étudia le contrepoint chez ce 
savant maître; circonstance ignorée par le bio- 
graphe napolitain. De retour à Naples, Léo y ob- 
tint la place de second maître du Conservatoire 
de la Pietà. En 1716, il fut nommé organiste de 
la chapelle royale, et dans l'année suivante on 
le désigna pour la place de maître de chapelle de 
l'église Santa Maria délia Solitaria , pour la- 
quelle il écrivit beaucoup de musique. En 1719 
il donna Sofonisbe, son premier opéra sérieux, 
qui fut bien accueilli et dans lequel le carac- 
tère expressif de son talent se Ht déjà remar- 
quer. Les biographes qui prétendent qu'il fut 
maître du Conservatoire de Lorette se trom- 
pent : c'est au Conservatoire de la Pietà qu'il 
fut d'abord attaché, puis il passa à celui de 
Santo-Onofrio, où il eut pour élèves* quelques- 
uns des compositeurs les plus illustres du dix- 
huitième siècle, entre autres Jomelli et Piccinni. 
Jl ne mourut pas en 1743, comme le dit Piccinni, 
dans une courte notice sur son maître, où il s'est 
aussi trompé sur la date de sa naissance, ni en 
17*2, suivant l'assertion de Burney, mais en 
1746, à l'âge de 50 ans. Le marquis de Villarosa 
dit que Léo fut frappé d'apoplexie pendant qu'il 
écrivait un air bouffe de La finta Frasca- 
tana qui commençait par ces mots : Voiparcke 
gîte di palo in frasca (voy ex Memorie dei 
composiiori del regno di ftapoli, page 106). 
Dans la première édition de la Biographie uni- 
verselle des musiciens, j'ai indiqué la date de 
1756 comme celle du décès, d'après le portrait de 
Léo qui était autrefois au Conservatoire de la 
Pietà, et qui se trouve maintenant au collège 
royal de musique de Naples; mais j'ai reconnu 
plus tard que cette date est erronée. On trouva 



(i) Memorie dei composiiori di mustca del regno di 
Napoii. (Knpoll, 1840, p. 101 

mon»,. lmv..i»:'5 misic i.ns. — t. v. 



Léo la tète appuyée sur son clavecin, el Ton crut 
%1'abord qu'il dormait; mais il avait oessé de vivre. - 

Léo partage avec son prédécesseur Alex . Scar- 
lalti, et ses contemporains Durante et Feo, la 
gloire d'avoir fondé l'école de Naples, d'où sont 
sortis pendant plus d'un siècle une multitude de 
compositeurs dramatiques de premier ordre. Lui- 
même fut non-seulement un grand professeur, 
mais un artiste du plus beau talent. Sa musique 
d'église n'a pas moins de majesté que celle de 
Durante et elle a plus de charme ; elle touche le 
cœur et lui imprime des élans de tendre dévo- 
tion. Son Miserere à deux chœurs est une com- 
position aussi remarquable par l'élévation du 
sen liment qui Ta dictée que par la pureté du style, 
et l'on y retrouve des traces de la belle ma- 
nière de l'éeole romaine, où le compositeur a été 
élevé: Dans sa musique d'église en style concerté 
et accompagné, Léo conserve la simplicité, et se 
fait admirer par la beauté de l'expression. Je 
citerai en ce genre, comme des modèles de per- 
fection, VA ve maris Stella , à voix de soprano et 
orchestre, et son Credo à quatre : rien de plus 
beau n'existe dans ce style. Également remar- 
quable dans sa musique de théâtre, Léo y est 
toujours noble, souvent pathétique el passionné, 
et c'est par des moyens fort simples qu'il y ar- 
rive à de grands effets. Piccinni, assez bon juge 
pour n'être pas accusé d'avoir mis dans son opi- 
nion la partialité d'un élève pour son maître, ac- 
corde les plus grands éloges aux opéras de Léo, 
et cite particulièrement l'air Misero Pargoletto f 
de son Demofoonte, comme un modèle d'expres- 
sion dramatique. Cet air est en effet de la plus 
grande beauté. Arteaga prodigue aussi les éloges 
à cet illustre musicien, dans son Histoire des ré- 
volutions du théâtre musical italien. 

Les productions de Léo, maintenant connues, 
sontcelles-ci : i°Ilgrangiorno d'Arcadia, séré- 
nade à 4 voix, pour le jour de naissance de Léo- 
pold, archiduc d'Autriche, en 1716. -—2° Diana 
amante, sérénade pour la fête de la comtesse 
Daun, vice-reine de Naples; en 1717. —3° Le 
Xozze in dama , pastorale chantée chez le 
prince de San Nicandra, pour les noces du duc 
de Casalmaggiore et de Julie de Capoue, duchesse 
deTermoH,en 1718.-4° Sérénade à la louange 
de sir Georges liingh, plénipotentiaire du roi 
d'Angleterre, chantée par le chevalier Nicolas 
Grimaldi et Marianne Beati Bulgarelli, dite la 
Romanina, en 1719. — 5* Sofonisbe, au théâlre 
San-Bartolomeo, à Naples, en 1719. — 6° Cajo 
GraccOf au même théâtre, en 1720. — 7° Jfa- 
jazette, représenté au palais du vice-roi, en 
1722. — 8° Tamerlano, à Rome, en 1722. — 
9° Timocrate à Venise, en 1723. — H)° Zcao- 



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274 



LEO 



lia in Palmira, drame d'Apostolo Zeno, pour le 
théâtre San-Bartolomeo, en 1725. — 11° As- 
tianatte, de Salvi, chanté par la Tesi et Farinelli, 
en 1725. — 12° La Somiglianza, au théâtre des 
Fiorentini, en 1726. — 13° L'Orismane, ovvero 
degli sdegni gli amôri, au théâtre Nwovo, en 
1726. — 14° Ciro riconosciuto, en 1727. — 
15° Argene, en 1728. — 16° La Zingara, in- 
termède, en 1731. — 17° Intermèdes pour Y Ar- 
gene, en 1731. — 18° C atone, de Métastase, à 
Venise, chanté par Grimaldi, Dominique Gizzi, 
Farinelli et la Facchinelli, en 1732. — 19° Amore 
dà senno, au théâtre Nuovo de Naples, 1733. 

— 20° Emira, avec des intermèdes d'Ignace 
Prota, au théâtre San Bartolomeo, ert 1735. — 
2t° La Clemenza di Tito, en 1735. — 22° Onore 
vince Amore, au théâtre des Fiorentini, 1736. 

— 23° La Simpatia del sangue, au théâtre 
A'm ovo, 1 737. — 24° Si face, en 1 737. — 2$°Festa 
teatrale, en 1739.-26° La Contesa delV Amore 
e délia Virtù, en 1740. — 27° Alessandro, aux 
Fiorentini, en 1741.-28° Demofoonte, an nou- 
reau théâtre Saint-Charles, 1741. Ce Tut dans 
cet ouvrage que Caffarelli chanta pour la pre- 
mière fois. — 29° Andromeda,*m même théâ- 
tre, en 1742. — 30° Vologeso,en 1744. — 31° La 
Finta Frascatana, pour le théâtre Nuovo, 
1744. Cet ouvrage fut terminé parCapranica, parce 
que Léo fut frappé d'apoplexie pendant qu'il y tra- 
vaillait. Les autres opéras de ce maître célèbre 
dont les dates ne sont pas connues sont: 32° Amor 
vuol sofferenza, opéra sérieux. — 33° Aria- 

serse 34° Lucio Papirio. — 35° Arianna e 

Teseo, cantate théâtrale. — 36° VOlimpiade. 
Deux morceaux de cet onvrage ont eu beaucoup 
de célébrité; l'un est le duo : Ne'giorni luoi felici; 
l'autre est l'air : Non so donde viene : tous 
deux sont remarquables par l'expression et le 
charme de la mélodie. — 37° Evergete, en trois 
actes. — 38° Il Matrlmonio anascoso. — 
39° Alidoro. — 40° Alessandro neW Indie. — 
41° IlMedo. — 42° Nitocri,regina di Egitto. 
— 43° Il Pisistrate. — 44° Il trionfo di Ca- 
millo. — 45° LeNozzedi Psiche. — 46° Achille 
in Sciro. Ce dernier ouvrage fut écrit à Turin 
pour le duc de Savoie, vers 1743. Ce prince 
ayant montré le désir d'avoir nn morceau de 
musique d'église composé par Léo, le maître 
écrivit en quelques jours le beau Miserere à 
a voix dont Choron a donné une bonne édi- 
tion à Paris, chez Leduc, en 1808, avec une 
notice biographique. A l'audition de cette ad- 
mirable composition , le duc de Savoie éprouva 
une émotion si vive qu'il accabla l'artiste de pré- 
sents, etlui assura une rente viagère de cent on- 
ces d'argent ; mais Léo ne jouit pas longtemps de 



cette faveur, étant mort dans Tannée suivante 
I» Oratorios. — 47° La Morte d'Abele, ei 
j deux parties, 1732. — 48° Santa Elena al 
Calvario, en deux parties, 1733; ouvrage excel- 
lent, considéré ajuste litre comme une des pi us 
belles productions du maître. — 49° Santa 
Chiara,en deux parties.— 50°// Santo Alcssio, 
cantate religieuse, chantée par les élèves du Con- 
servatoire de San-Onofrio devant la porte du 
monastère de Sainte-Claire. — Musique d'église. 
51° Messe à 4 voix alla Palestrina. — 52° Messe 
à quatre voix avec orchestre (à la bibliothè- 
que du Conservatoire de Paris). — 53° Messe à 
cinq voix (en ré), pour deux soprani/elto, ténor, 
basse et orgue ; composition sublime, écrite en 
1743 pour l'église Saint-Jacques des Espagnols, 
à Rome. — 54° Autre messe à cinq voix (en fa), 
pour soprano, alto, 2 ténors et basse, avec or- 
chestre. — 55° Autre messe à 5 voix (en sol) 
pour 2 soprani, alto, ténor et basse avec 2 vio- 
lons, violes, 2 hautbois, 2 cois, basse et orgue. 
La partition de cet ouvrage, d'un grand dévelop- 
pement, est dans ma bibliothèque. — 56° Credo 
à 10 voix en deux chœurs et orchestre. — 
57° Credo à 4 voix et orchestre. — 58° Dixit à 
4 voix et orgue. — 59° Dixit à 5 voix et orgue 
(en rè). — 60° Dixit à 5 voix, violons, viole et 
orgue. — 61° Dixit à 5 voix , violons, viole, 
2 liâtes, 2 trompettes et orgue. — 62° Dixit à 10 
voix en 2 chœurs et orchestre, composé en 1741. 
— 63° Dixit à 10 voix en 2 chœurs et 2 orches 
très, 1743. — 64° Te Deum à 4 voix et orches- 
tre. — 65° Miserere à 8 voix en 2 chœurs, sans 
orchestre. Lorsqu'il retourna à Naples, après avoir 
écrit ce bel ouvrage dont la réputation s'était ra- 
pidement répandue dans toute l'Italie, les élèves 
du Conservatoire de San-Onofrio prièrent le maî- 
tre de leur permettre d'en prendre une copie ; 
mais il s'y refusa , parce qu'il ne croyait pas que 
cette composition fût encore sa propriété, ayant 
été écrite pour un prince qui l'avait généreuse- 
ment récompensé. Un des élèves, plus adroit 
que les autres, ayant remarqué où le manuscrit 
était déposé, l'enleva furtivement, le divisa entre 
ses compagnons, pour le transcrire avec rapidité, 
puis remit Je manuscrit à sa place. Quelques 
jours après, ils invitèrent le maître à les entendre 
.chanter un morceau nouveati, et exécutèrent le 
Miserere en sa présence. Léo montra d'abord 
du mécontentement de ce larcin; mais il finit par 
en rire, et fit recommencer l'exécution pour lui 
donner le coloris convenable. — 66° Miserere 
à 4 voix et orgue. — C7° Magnificat à 4 voix, 
2 violons et orgue. — 68° Magnificat à 5 voix 
et orchestre. — 69" Leçons pour les mercredi, 
jeudi et vendredi saints. — 70° Responsori à 4 



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LEO — LÉONARD 



275 



voix pour Saint-Antoine de Padoue 71° Res- 

ponsori à 4 voix pour les mercredi, jeudi et ven- 
dredi saints. — 72° Cantata per il glorioso 
San Vincenzo Ferrari o sia moletto a 5 voci 
ton stromenti. — 73 e 'Cantata per il miraeolo 
del glorioso San Qennaro a 5 voci e grande 
orchestra. — 74° Motet Jam surrexit diesglo- 
riosa, à 5 voix et orchestre. — 75° Motet a 2 
chœurs, composé en 1736. — 76° Pangc Lin- 
gua à 4, 1744. — 77° Christus (en ré) à 2 chœurs. 

— 78° Christus (en sol) alla Palestrina. — 
"9° Tu es sacerdos à 4 voix. — 80° Tantum 
ergo à 4 voix . — &1° Alléluia à 4 voix . — 82° Lau- 
date pueri à 2 voix 4e soprano avec chœur. 

— 83° Ave maris Stella pour voix de soprano, 
2 violons, viole et orgue, publié à Paris, chez 
Porro. — Musique instrumentale : 84° Toccates 
pour clavecin. — 85° Deux livres de fugues* pour 
l'orgue. — 66 e . Six concertos pour violoncelle, 2 
violons, viole et basse, écrits en 1737 et 1738. 

— 87° Léo a écrit pour le Conservatoire de San- 
Onofrio six livres de solfèges, dont deux pour so- 
prano ou ténor, deux pour contralto, et deux 
pour voix de basse. — 88° Pour la même école 
il a écrit aussi deux livres de partimenti, ou de 
basse chiffrée. La plupart des ouvrages désignés 
ci-dessus se trouvent en manuscrit dans la bi- 
bliothèque du Conservatoire de Paris, à la Biblio- 
thèque royale de Berlin, dans la collection de 
l'abbé Santini, à Rome, et enfin dans les archives 
du Collège royal de musique à Naples. Celles-ci 
renferment particulièrement de Léo les toccates 
et partimenti pour clavecin, les concertos pour 
violoncelle , les solfèges pour soprano, contralto 
et basse, des cantates fort belles, 56 airs en par- 
tition avec instruments , des duos et des trios 
pour différents genres de voix. 

Léo était de taille moyenne, avait le teint 
brun, l'œil vif et le tempérament ardent. Quoi- 
qu'il fût habituellement sérieux, il ne manquait 
pas d'urbanité. Infatigable au travail, il passait 
la plus grande partie des nuits à écrire, et se trou- 
vait toujours en verve. Il aimait ses ouvrages, 
mais il rendait justice au mérite de ses rivaux 
de gloire. Il mourut regretté de tous, laissant un 
long souvenir et de la valeur de ses œuvres, et de 
l'école admirable dont il fut un des chefs. Il ne 
fut pas seulement un grand compositeur, un 
professeur excellent et un bon organiste, car il 
joua du violoncelle en virtuose et fut un des 
premiers qui mirent cet instrument en vogue 
en Italie. 

LEO (François), compositeur italien, fut 
connu en Allemagne, vers 1754, par un opéra 
intitulé : Il Turco finto. 

LEO (Geobges), est auteur d'un concerto 



pour la flûte d'amour, qu'on trouvait en manu- 
scrit en Allemagne vers 1758. 

LÉON DE SAINT -LUBIN. Voyez 
SAINT-LUBIN. 

LÉONARD (Hubert), professeur de vio- 
lon au Conservatoire de Bruxelles, né à Bellaire, 
province de Liège (Belgique), le 7 avril 1819, 
eut pour premier maître de violon un bon ar- 
tiste de Liège, nommé Jtouma, qui fut un second 
père pour son élève. Léonard n'était âgé que 
de neuf ans lorsqu'il reçut les premières leçons 
de ce professeur. Pour se rendre à Liège, il de- 
vait faire à pied quatre lieues chaque jour fixé 
par le maître pour recevoir ses instructions : cet 
état de choses dura jusqu'à ce que Léonard eut 
| atteint l'âge de seize ans. Alors M™ Francotte, 
femme d'un riche négociant liégeois, s'intéressant 
au sort du jeune violoniste, lui fournit les moyens 
nécessaires pour qu'il se rendit à Paris : il 
y arriva au mois de juin 1836, et le 7 juillet 
suivant il fut admis au Conservatoire, comme 
élève d'Habeneck. Bientôt après il entra à l'or- 
chestre du théâtre des Variétés, d'où il passa à 
celui de l'Opéra-Comique , et de là à l'Académie 
royale de musique (l'Opéra) . Sorti du Conser- 
vatoire au mois de juin 1839, il continua d'ha- 
biter Paris jusqu'en 1844. Ce fut dans cette 
i dernière année qu'il' prit la résolution de voyager 
pour donner des concerts dans les pays étran- 
gers. Après s'être arrêté à Liège pendant quel- 
ques mois , il se rendit à Leipsick , où il joua le 
4 avril au théâtre, dans un entr'acte, des varia- 
tions de sa composition sur un thème de Haydn. 
La Gazette générale de musique de cette ville , 
rendant compte , dans le n° 15 (9 avril) de l'ef- 
fet produit par le jeune artiste, donne beaucoup 
d'éloges à l'élégance de son style, au brillant de 
son staccato, et à l'ampleur du son qu'il tirait de 
son instrument. Présenté à Mendelsohn peu de 
jours après, il trouva chez cet artiste célèbre un 
accueil sympathique, qui bientôt devint une amitié 
véritable. Léonard en reçut des conseils très- 
utiles pour k ses compositions. De Leipsick , il se 
rendit à Bonn, pour les fêtes musicales de l'inaugu- 
ration de la statue de Beethoven, puis il retourna 
| dans la première de ces villes, et le 11 décembre 
1 1845 il joua dans le neuvième concert d'abonnement 
I du Gewandhaus le premier concerto de sa com- 
, position et une fantaisie dans lesquels il obtint un 
brillant succès. Le 27 janvier suivant Léonard joua 
au deuxième conoert d'abonnement, à Dresde, un 
concerto de sa composition; puis il se rendit à 
Berlin, où il joua dans un concert donné au théâtre 
royal le 21 février : il y produisit une vive im- 
pression constatée par un article de la Gazette 
générale de musique de Leipsick (n° 12). Quel- 

18. 



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276 



LEONARD 



ques jours après il joua dans la même ville le 
concerto de Mendelsohn, qu'on y entendait pour 
la première fois, et sa fantaisie intitulée Souve- 
nir de Haydn. Au retour de ce voyage , il se lit 
entendre dans un des concerts des fêtes musicales 
d'Aix-la*Chapelle. 

En 1847, Léonard fit un voyage en Suède et 
donna plusieurs concerts; puis il revint par 
Hambourg , où il se fit entendre dans deux con- 
certs à la salle d'Apollon. Dans l'année suivante 
il se rendit à Vienne; mais bientôt après son 
arrivée dans cette ville la révolution éclata , et 
les événements politiques devinrent si graves, 
que tous les artistes qui s'y trouvaient se hâtè- 
rent d'en partir. Arrivé à Bruxelles , après ce 
voyage malencontreux , Léonard fut nommé pro- 
fesseur de violon au Conservatoire , en remplace- 
ment de Charles de Bériot , que le délabrement 
de sa santé avait obligé à prendre sa retraite. En 
1851, Léonard épousa M» c De Mendi, cantatrice 
distinguée, nièce du célèbre ténor Manuel Garcia. 
Dans Thiver suivant , il donna avec elle deux 
eoncerls à Paris, dans la salle Herz, et y pro- 
duisit une si vive impression qu'il fut, suivant 
l'expression des journaux de musique qui ren- 
dirent compte de ces séances , le lion de cette 
saison dans la capitale de l'empire français. 
Postérieurement, M. et M m * Léonard ont fait 
divers voyages en Hollande, en Danemark, en 
Suède , en Norwége et en Russie ; partout ils ont 
obtenu de brillants succès, et recueilli des témoi- 
gnages d'intérêt des artistes et des amateurs. 

Comme . professeur, M. Léonard s'est montré 
digne de la position à laquelle il a été appelé dans le 
Conservatoire royal de Bruxelles. Il a su commu- 
niquer à ses élèves sa belle et puissante sonorité, 
qualité qui distingue éminemment l'école des 
wolonistes belges de toutes les autres, quel que 
soit d'ailleurs le mérite de celles-ci sous d'au- 
tres rapports. Parmi les compositions de M. Léo- 
nard , on remarque : 1° Six concertos pour vio- 
lon et orchestre ; les deux premiers sont édités 
à Paris chez Richault; les autres, à Mayence 
et à Paris, chez les frères Schott. —2° 24 études 
classiques. — 3° Gammes et exercices à l'usage de 
ses élèves. — 4° Onze grandes fantaisies avec 
orchestre. — 5° Deux élégies avec piano. — 
6° Morceau de salon, idem. — 7° Quatre duos 
pour violon et piano , en collaboration avec Li- 
tolf. — 8° 30 duos idem, avec Joseph Grégoire. 
— 9° Trois duos pour violon et violoncelle, en 
collaboration avec Servais. — 10° Sérénade pour 
violon et piano. — 11° Romance pour violon 
seul. — 12° Duo de concert pour deux violons, 
sans accompagnement. M. Léonard est chevalier 
de l'ordre de Léopold. 



LEONARDI 

LÉONARD (M m « Antonia Sitcher de 
Mendi) , femme du précédent , est née le 20 oc- 
tobre 1827 âTalavera de laReina (Espagne). Son 
père était frère de M rae Garcia, femme du célèbre 
ténor et compositeur de ce nom (voyez Garcia). 
Arrivée à Paris fort jeune, elle y reçut des leçons 
de musique, d'harmonie et de chant de son cousin 
Manuel Garcia . Lorsque son éducation vocale fut 
terminée, elle chanta pour la première fois en 
public la Sicilienne , de Pergolèse , et un air 
à'Orlando, de llœndel, dans un concert du Con- 
servatoire de Paris, le 25 avril 1847. Son suecès 
fat si brillant dans l'air de Haendel qu'elle fut 
obligée de le redire immédiatement. La Société 
des concerts lui envoya une médaille en souvenir 
de cette séance. A la suite de ce début, M »« de 
Mendi fit plusieurs voyages en Angleterre avec 
sa tante (M me Garcia). Ayant épousé M. Léo- 
nard en 1851, elle a fait avec lui plusieurs voyages 
en Hollande, en Suède, en Danemark, en Rus- 
sie, et partout elle a brillé par son talent. Fixée 
depuis lors à Bruxelles, elle s'y livre à l'enseigne- 
ment du chant , et s'est fait connaître aussi par 
la composition de romances dont voici les titres : 
1° Le Pain des pauvres; —2° La Chaumière 
dans les champs; — 3° Florine; — 4° Quand 
viendra la saison nouvelle ; — 5° Anne-Rose; 
— 6° Le vieux Ménétrier; — 7° Chansons 
des Moissonneurs. Tous ces morceaux ont été 
publiés à Mayence et à Bruxelles, chez Schott. 

LEON ARDA (Isabelle), abbesse du couvent 
de Sainte-Ursule à Novare, naquit dans cette 
ville en 1641 , ainsi qu'on le voit dans le pre- 
mier livre de ses Motettiatre voci, libro primo, 
imprimés à Milan , en 1665, où elle dit dans le 
proemio qu'elle était alors âgée de vingt-quatre 
ans. Ses autres ouvrages connus jusqu'à ce jour 
sont : Motetti a una f due e tre voci, con r/o- 
lini e senza, opéra décima lerza , consecrati 
alla beatissima Yirgine di Loreto et augustis- 
sima impératrice de' Cieli; In Bologna per Gia- 
como Monti, 1687, in-4°. Motetti a voce sola , 
op. 17. Bologne, J. Monti, 1695; Vcspere délia 
Beat a Maria Virgine a capclla e Motetti con* 
certati apiù voci; Bologne, J. Monti, 1678; et 
Messeaquattro voci concertateconstromenti, 
e motetti a una, duc e tre voci, pure con stro- 
menti, d'Isabella Leonarda, madré vicaria 
nel nobilissimo collegio de S. Orsola in No- 
vara, opéra décima ottava; Bologne, 1696, 
in-4°. 

LEONARDI (Antoine), musicien et gram- 
mairien , né à Pise , a vécu dans le quinzième 
siècle. Manni rapporte, dans son livre Délia dis- 
ciplina del canto ecclesiastico antico (p. 21), 
une épitaphe qui se trouve dans le Campo- 



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LEONARDI — LEONl 



277 



Santo de Pise, et qui est ainsi conçue : s. p. 

IEOKARDI MAGISrRl DE PISIS CRAMMATICF. MUSICE- 
QUE PKOFESSOR1S ET HEREDIM SUORL'H. HCCCCLVII. 

On ne connaît rien jusqu'à ce jour des produc- 
tions de Leonardi. 

LEONETTI (Le P. Jean-Baptiste), moine 
augustin , fut organiste du couvent de son or- 
dre, à Gïema (Lombardie), et vécut au commen- 
cement du dix-septième siècle. Il a fait impri- 
mer de sa composition : l° Il primo libro di 
Madrigali a chique voci ; in Venetia, appresso 
Giaeomo Vincenti, 1617, in-4°. C'est par Té- 
pitre dédicatoire île cet œuvre au podesta de la 
ville de Crema qu'on apprend que Leonetti était 
moine de Tordre de Saint-Augustin. — 2° Missa- 
rum octo vocunx liber primus,\b\i\. 1617, in-4°. 

LEOMIARD (JeanCiiuistopiie). On a 
sous ce nom une dissertation intitulée : Qux 
schoke Gottingensis, qux modo pxdagogii, 
modo gymnasii nominc quondam insignita 
est , cantus figurâtes, ab suo ortn, ordine re- 
ccnscntur, eorumdemque vilis nonnullx 
scholx pariter de urbis fata inseruntur ; Gœt- 
tingue, 1743. 

LEOXHARDT (Jules-Emile), pianiste et 
compositeur, est né à Laubau, dans la Silésie 
prussienne, le 13 juin 1810. Après avoir vécu 
longtemps à Dresde , il a passé quelques années 
à Leipsick , où il était directeur d'une société de 
chant. Il est aujourd'hui (1802) professeur au 
Conservatoire de Munich. On connaît de cet ar- 
tiste une symphonie qui a été exécutée avec 
succès à Leipsick, en 1845 et 1846, des ouver- 
tures, des sonates de piano , un trio pour piano, 
violon et violoncelle, un psaume exécuté h Ham- 
bourg et à Leipsick, l'oratorio Johannes der 
Txufer (Saint Jean-Baptiste) , et des Lieder: 

LEONI (Léon,) maître de chapelle, non à 
Vienne , comme il est dit dans le Dictionnaire 
des musiciens ^de Choron et Fayolle, ni à Ve- 
nise, comme on le prétend dans le Lexique uni- 
versel de musique, publié par Schilling, mais 
à la cathédrale de Yicence, ainsi qu'on le voit au 
frontispice de ses Sacri Fiori. Il parait être né 
au plus tard vers 1560, car il fut au nombre des 
compositeurs déjà célèbres qui, en 1592, dé- 
dièrent un recueil de psaumes à 5 voix à Pales- 
trina , comme un hommage dû à la supériorité 
de son génie et de son talent. (Voyez à ce sujet' 
le Saggio fondam. praU di conlrappunlo , du 
P. Martini, t. II, p. 74.) D'ailleurs, le premier 
livre des madrigaux à cinq voix de Leoni parut 
en 1588. On n'a aucun renseignement sur le lieu 
de naissance de cet artiste, ni sur les maîtres oui 
dirigèrent ses études. Les ouvrages connus de ce 
compositeur sont : 1° Il primo libro di Madri- 



gali acinque voci; in Venetia, appresso An- 
gelo Gardano , 1588, in-4° obi. Il y a une auJre 
édition du même ouvrage, imprimée chez le mèn.e 
en 1601. — V II seconda ed il terzo libro di 
Madrigali a cinque voci; in Venetia, appresso 
Ricciardo Amadino, 1595, in-4°obl. — 3° Il 
quarto libro di Madrigali a cinque voci. iVc- 
vamente composti et dati in luce ; in Venetia, 
appresso Ricciardo Amadino , 1598, in-4° 
ohl. — 4° BelVAlba di Madrigali a cinque 
voci. Libro quinto de Madrigali di Leone Leoni , 
maestro di capella ncl Duoxno di Vicenza, 
Academico objmpico; in Venetia, appresso 
Ricciardo Amadino, 1602, in-4°. — 5° II 
primo libro de 9 Motet ti aseivoci; ibid, 1603, 
in-4°. — 6° Moletti a due, tre e qualtro voci 
con basso per organo, libro primo ; in Venetia, 
appresso Ricc. Amadino, 1606, in-4°. — 7° Li- 
bro secondo di Motetti a due, tre et Quattro 
voci con il basso per Vorgano ;ibid., 1608, in-4°. 
La deuxième édition de ces deux livres de mo- 
tets a été publiée sous ce titre : Sacri Fiori, mo- 
tetti a due, tre et quattro voci per cantar 
nel organo, et la sua partitvra a commodo 
delli ofpanisli, libro primo; in Venetia, presse 
Vinc. Amadino, 16d9, in-4*, idem : Libro se- 
condo., ibid., 1610, in 4°. —80 II primo libro 
de' Motetti a otlo voci, ibid., 1608, in-4°. — 
9° Libro primo dé* Motetti a una, due et tre 
voci con il basso per organo ; in Venetia, ap- 
presso Alessandro Vincenti, 1609, in-4° obi.— 
10° Libro secondo de* Motetti a una, due' e 
tre voci, con una messa a quattro voci; in 
Venetia y appresso Alessandro Vincenti, 1611, 
in-4°. Il y a une deuxième édition de ces deux 
livres de motets à une, deux et trois voix impri- 
mée à Venise en 1612, chez Richard Amadino. 
— 11° Omnia Psalmodia solemnitatum octo 
vocum; Venetiis, apud Rie, Amadinum, 1613. 
Une deuxième édition de ce Recueil de psaumes 
à 8 voix a été publiée par Bartolomeo Magni , à 

Venise, en 1623 12° Prima parte delVaurea 

corona ingemmai a d'armonici concerti a dieci 
con quattro voci et sei istromenti. In Iode 
délia santissima incoronala di Vicenza, di 
Lean Leoni, Academico olimpico. Et anco a 
voci soli con il basso conlinuo et a due chori 
divisi, adoprando le bassi dclV uno e l'altro 
choro conorgani, chitaroni, e simili. Nova- 
menle composta et data in luce; in Venetia, 
1615, appresso Ricciardo Amadino. On trouve 
des madrigaux à 6 voix de Leoni dans la col- 
lection intitulée // Trionfo diDori (Venise, Gar- 
dano, 1596), dans les Madrigali pastorali a 
se4 voci (Anvers, Phalèse, 1604), dans le Giar- 
dino nuovo bellissimo di vari fiori musicali, 



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278 



LEONI — LEPRËVOST 



recueilli par Borchgrevinck , organiste du roi de 
Danemark (Copenhague, 1605), et les grandes 
collectioris d'Abraham Schade ( Prompluarium 
musicum) et de Bodenschatz (Florilegium Por- 
teuse), renferment des motets du môme maître. 

LÉOPOLD (George- Auguste- Jules), né à 
Leimbach (Saxe) , le 17 octobre 1755, mort le 8 
juillet 1827 , a publié un petit écrit qui a pour 
titre : Pensées et Conjectures sur l'histoire de 
la musique; Stendal, 1780, in-8°de 39 pages. 

LEPE1NTRE , on LE PEINTRE, ou LE 
PAINCTRE (Claude), musicien français du 
seizième siècle, était, en 1576, maître de la 
chapelle de Monsieur de Villeroy, suivant 
un renseignement fourni par un document authen- 
tique (l). Il obtint, dans cette année, au con- 
cours du Puy de musique de Sainte-Cécile , à 
Évreux, le prix de la flûte d'argent, pour la 
composition de la chanson française à plusieurs 
voix dont les premiers mots étaient : Un com- 
pagnon (risque et gaillard. On connaît aussi de 
ce musicien la chanson à trois voix : Toutes les 
nuits, insérée au Tiers Livre de chansons à 
3 parties, composé par plusieurs autheurs ; 
Paris, Adrian Le Roy et Robert Ballar^, 1578, 
et la chanson à quatre voix : Mon Pensement, 
dans le vingt et uniesme livre de chansons 
nouvellement composées, à quatre et cinq par- 
ties, par plusieurs autheurs ; imprimé à Paris 
par Adrian Le Roy et Robert Ballard, imprimeurs 
du Roy, 1569. Dans ce recueil, le nom est écrit 
Lepeintre. 

LEPILEUR D'APLIGNY (....); Voyez 
PILELR D'APLIGNY (LE). 

LEPIN (....), claveciniste et compositeur, 
vivait à Paris, vers 1780. Il a exécuté au Concert 
spirituel plusieurs concertos pour le clavecin , et 
en a fait graver six séparés , à Paris, chez Boyer 
(Naderman). Gerber s'est trompé en lui al tri huant 
un petit opéra qui appartient à Lépine. ( Voy. 
ce nom. ) ' 

LEPINE ( ....), facteur d'orgues, né à Pézé- 
nas, dans la première moitié du dix-huitième 
siècle, fut, dit-on, l'homme de son état le plus 
occupé en France 11 a construit beaucoup de 
grands instruments , parmi lesquels on cite ceux 
de Narbonne, de Pézénas , de la cathédrale de 
Montpellier, l'orgue immense qui était autrefois 
dans l'église des Cordeliers , à Toulouse , celui 
de Saint-Falerand , à Lodève (Hérault), et plu- 
sieurs autres ouvrages considérables. Retiré dans 
le lieu de sa naissance en 1789, Lépine y mou- 
rut peu d'années après , laissant à ses fils une for- 

(i) Puv de musique . érigé à Évreux, en l'honneur de 
madame sainte Cécile; publie d'après un manuscrit du 
seizième siècle, par MM. Bonnin et Chtssnn , p. si. 



tune honorablement acquise par de longs travaux* 

LÉPINE (-.0» musicien peu connu, a 
composé la musique d'un opéra intitulé : Acis el 
Galatée, représenté au théâtre des Beaujolais, 
en 17S7. 

LEPLUS (Gabriel), flûtiste et compositeur 
pour son instrument, né à Lille (Nord), le 1 er 
septembre 1807 , commença ses études musicales 
dans cette ville. Le 14 avril 1824, il fut admis au 
Conservatoire et y devint élève de Guillou pour la 
flûte. Le premier prix de cet instrumentai fut dé- 
cerné au concours de 1825. Retiré de cet te école au 
mois d'octobre 1 826, il y rentra en 1 829 pour suivre 
le cours de composition de Seuriot et de Jelens- 
perger ; mais il n'acheva pas ses études dans cette 
partie de l'art, et se retira de nouveau à la fin 
de l'année scolaire 1830. Leplus fut attaché pen- 
dant quelques années à l'orchestre de l'Opéra- 
Comique ; mais, ayant épousé Jenny Colon, ac- 
trice et cantatrice distinguée, il quitta cette po- 
sition , et accompagna sa femme à Bruxelles, où 
elle était engagée pour le Théâtre-Royal. 11 a publié 
de sa composition environ cinquante œuvres de 
Fantaisies, variations et études pour la flûte, 
avec accompagnement de piano, publiés à Paris, 
chez Brandus, chez Colombier, et à Milan, cliez 
Ricordi. 

LEPREUX (l'abbé), maître de musique de 
la Sainte-Chapelle , à Paris , dans la seconde 
moitié du dix-huitième siècle, a fait exécuter 
quelques messes avec orchestre , de sa composi- 
tion, et a donné au Concert spirituel, en 1787, 
un Te Deum dont on a fait l'éloge , et dans la 
même année l'oratorio intitulé : les Fureurs de 
Soûl. Enfin, le 12 novembre, il a donné à la 
Sainte-Chapelle du palais une messe solennelle 
aVec orchestre , pour la rentrée du parlement. 
Framcry dit, dans son Almanach musical de 
1788 (p. 4), que cet ecclésiastique était déjà connu 
par un grand nombre de compositions estimables. 
L'abbé Lépreux était chargé de l'éducation musi- 
cale des enfants de chœur de la Sainte-Chapelle. 

LEPRÉVOST (Étienne-Alexanore), or- 
ganiste du chœur de l'église Saint-Roch, à 
Paris , et compositeur, est né le 25 novembre 
1812 à Trévise (alors royaume d'Italie), où son 
père était employé de l'administration française. 
Après avoir étudié la musique, le piano et l'orgue, 
f il entra au Conservatoire de Paria, le 2 mars 
1832, pour y faire un cours de composition sous 
la direction de l'auteur de cette notice. Après que 
ce maître eut été appelé à Bruxelles pour en 
diriger le Conservatoire, Leprévost devint élève 
d'Halévy; mai* il cessa de fréquenter les leçons 
de son professeur au mois d'octobre 1833, et se 
livra seul à l'étude des ouvrages des maîtres. 



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LEPRÉVOST — LEROY 



279 



Ayant été appelé aux fonctions de mat Ire de 
chapelle d'une des succursales de Paris et d'or- 
ganiste du chœur de Saint-Roch , M. Leprévost 
s'est particulièrement occupé de composition de 
musique religieuse. Il a fait exécuter à Saint- 
Roch plusieurs messes solennelles à 4 voix, chœur 
et orchestre dans lesquelles on a remarqué le 
mérite de la facture. Il s'est aussi essayé à la 
«cène, et a donné an théâtre de l'Opéra-Comique 
(mars 1848) le Dormeur éveillé, ouvrage en 
un acte, bien accueilli par le public dans sa 
nouveauté. On a publié de cet artiste : 1° Messe 
pour le temps de carême, à 3 voix égales et or- 
gue; Paris, Canaux. — 2° Ave Maria, à 3 voix 
égales avec orgue ; ibid. — 3° Domine salvum 
fac regem, à 3 voix égales avec orgue ; ibid. — 
4° Adoremus, pour ténor solo, avec orgue; ibid. 
— 5° Recueil de pièces d'orgue contenant la 
messe de Dumont complète, et des morceaux 
courts et faciles qui conviennent pour alterner 
avec le chœur dans les Kyrie, Gloria, Magnifi- 
cat t et qui peuvent servir d'antiennes aux 
psaumes des vêpres, en deux livres; ibid. — 
•6° l r * Messe solennelle à quatre voix, chœur et 
orchestre ; Paris, l'auteur. — 7°2"« Messe idem; 
ibid. — 8° 3 me Messe idem ; ibid. 

LEPRINCE (René), littérateur, né à Paris 
en 1753, est auteur de plusieurs ouvrages con- 
cernant les arts au moyen âge, au nombre des- 
quels on remarque des Lettres sur V époque de 
plusieurs inventions du moyen âge, qui furent 
publiées dans le Journal des Savants, depuis 
1779 jusqu'en 1782 , et qu'on réimprima à Paris 
•en 1785, l vol. in-12. Une de ces lettres est un 
morceau curieux et intéressant Sur V origine 
du violon. Fayolle Ta reproduite dans ses No- 
tices sur Corelli, Tartvni, Gaviniès etViotti; 
Paris, 1810, in-8°. 

LERICHE ou LE RICHE (Antoine). Voyez 
OIV1TIS (Antoine). 

LERICHE (Jean-Baptiste), violoniste, s'est 
fait entendre avec succès au Concert spirituel en 
1789, dans un concerto (en la), qui a été gravé à 
Paris, chez Sieber. On a aussi de cet artiste: Six 
Airs variés pour violon; Paris, Boyer; 24 petits 
Duos pour deux violons , op. 4; Paris, Sieber. 

LÉRIS (Antoine m?), premier huissier de la 
Chambre des comptes de Paris, né à Mont- Louis, 
-dans le Roussillon, le 21 février 1723, mourut à 
Paris en 1795. On a de lui une assez bonne compi- 
lation intitulée : Dictionnaire portatif des théâ- 
tres, contenant V origine des différents théâtres 
de Paris, le nom de toutes les pièces qui y ont 
été représentées depuis leur établissement, etc.; 
Paris, Jombert, 1754, 1 vol. in-12. Cette première 
édition est anonyme ; mais le nom de l'auteur est 



dans le privilège infprimé à la fin du volume. La 
deuxième édition, augmentée, a paru à Paris en 
1763, 1 vol. in-12. On trouve dans cet ouvrage 
des renseignements sur les opéras et sur les com- 
positeurs français, avec un catalogue par ordre 
chronologique de ces opéras et de leurs auteurs. 
Quérard dit (France littéraire, t. Y, p. 205) que 
Léris fut le collaborateur de Morambert dans la 
rédaction de récrit périodique intitulé: Sentiment 
d'un harmoniphile sur différents ouvrages 
de musique, dont la publication commença en 
1756; mais ni Morambert ni Léris ne travaillè- 
rent à cet ouvrage, dont l'abbé Laugier fut seul 
auteur. ( Voy. Lauçier et Morambert. ) 

LEROUX (Jean- Jacques), médecin et litté- 
rateur, né à Sèvres, près de Paris, le 17 avril 
1749, est mort du choléra le 10 avril 1832. En 
1791, il fut nommé officier municipal de la com- 
mune de Paris; plus tard il se retira de l'admi- 
nistration et des affaires publiques pour se vouer 
à la médecine. Pendant vingt-sept ans il fut 
professeur de clinique à la Faculté de Paris. On 
lui doit plusieurs ouvrages relatifs à la science qu'il 
cultivait. Comme membre de la commune de 
Paris, il a publié : Rapport sur V Opéra, pré- 
sente au corps municipal, le 17 août 1691 ; Pa- 
ris, 1791, 98 pages in-8°. 

LEROY ou LE ROY (Guillaume), musi- 
cien français de la chapelle de Louis XII, succéda 
à Bardemont, autre musicien de la chapelle, le 
17 septembre 1511, en qualité de chantre basse. 
Dans le recueil publié par Atteignant, sous ce ti- 
tre : Liber septimus XXIII trium, quatuor 
quinque et sex vocum, modulos Domini ad- 
ventus, etc. (Paris, 1533, petit in-4°obl.), on 
trouve un motet deLeRoy sur le texte : Opriensî 
à cinq toix. 

LEROY ou LE ROY (Adrian ou Adrien), 
luthiste et compositeur français, peut-être parent 
du précédent, établit à Paris, vers 1550, une des 
plus célèbres imprimeries de musique de cette 
époque. Il était chanteur de la chapelle du roi 
Henri II. On voit encore son nom figurer dans 
les comptes de dépense de 1584, en la même 
qualité. La Borde s'est trompé lourdement en 
disant que LEROY fut le premier qui eut une 
imprimerie de musique, car Attaignant imprimait 
des œuvres et des recueils de musique plus de 
vingt-cinq ans avant lui; cependant La Borde a 
été copié sans examen dans le Dictionnaire his- 
torique des Musiciens, par Choron et Fayolle. 
Leroy imprima d'abord seul, avec les premiers 
caractères que Guillaume Le Bé grava et fondit 
en 1540. En 1551 il épousa la sœur de Robert 
Bal lard et s'associa avec son beau -frère, qui 
était attaché au service de la cour, et qui obtint 



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i80 



LKROY 



par ses protecteurs, pour Jp nouvelle société, la 
charge de seul imprimeur de la musique de la 
chambre, chapelle et menus plaisirs du roi, 
par lettres patentes de Henri II, en date du 16 
février 1552. H y a lieu de croire que dans celte 
association Leroy, excellent musicien, s'occupait 
du choix des ouvrages à imprimer, de leur cor- 
rection, et de ses propres travaux comme com- 
positeur et comme exécutant, tandis que son 
beau-frère était chargé des détails du matériel 
et du négoce. Le nom d'Adrien Leroy est joint à 
celui de Robert Ballard sur le titre de tous les 
ouvrages qui furent imprimés dans leur maison 
jusqu'en 1588, mais il disparaît en 1589, et de- 
puis cette époque on ne trouve plus que celui de 
Ballard seul ; il y a donc lieu de croire que Leroy 
mourut vers la fin de 1538 ou au commence- 
ment de l'année suivante. Leroy était estimé des 
artistes à cause de son mérite personnel, et en- 
tretenait des relations avec les musiciens célèbres 
de son temps. Ce fut chez lui que Roland ou Or- 
land de Lassus descendit et demeura, lorsqu'il se 
rendit à Paris en 1571. 

Adrien Leroy et Robert Ballard ont publié, de- 
puis 1551 jusqu'en 15G8, vingt livres de Chan- 
sons nouvellement composées en musique à 
quatre parties, par bons et excellents musi- 
ciens; on y trouve plusieurs morceaux de Le- 
roy; entre autres, dans le septième livre, la chan- 
son à quatre voix En un chasteau, qui eslfort 
bien faite. Deux ouvrages ont fait surtout con- 
naître avantageusement cet artiste ; le premier a 
pour titre : Instruction de partir toute mu- 
sique des huit divers tons en tablature de 
luth; Paris, Adrian Leroy et Robert Ballard, 
1557, in-4° obi. Édition très -rare, qui n'est citée 
par aucun auteur, et dont je ne connais que 
l'exemplaire que je possède. Une deuxième édi- 
tion a paru chez les mêmes imprimeurs en 1570, 
et une troisième en 1583, que M. Grasse a prise pour 
un ouvrage différent , et qu'il a citée sous le ti- 
tre de Traité de musique (Lchrbuch einerAllge- 
meine Literargeschichtc t t. III, p. 962, note 20). 
Il a été fait deux traductions anglaises du 
livre de Leroy ; la première est intitulée : A briefe 
and easye instruction to learne the tableture, 
to conducte and dispose the hande unlo (sic) 
the lute; Englished by /. Alford; with a eut 
ofthe lute; London, 15fi8,in 4°. La deuxième a 
paru sous ce titre : A briefe and plaine instruc- 
tion to set ail musicke of eight divers tunes 
in tableture for the lute; with a briefe ins- 
truction how toplay on the lute; with certain 
easie tessons for that purposc; and also a 
ihird booke, conlaining divers new excellent 
tunes. AU first written in French, and now 



translated into EngUsh, by F. Kc, gentleman , 
London, 1574, in-4°. Baron ne parait avoir connu 
ni Adrien Leroy, ni son livre, car il n'en parle 
pas dans son Traité h islorico-théorico- pratique 
sur le luth. Le second livre d'Adrien Leroy est 
une méthode pour apprendre à jouer de la gui- 
tare, intitulée : Briefve et facile instruction 
pour apprendre la tablature, à bien accor- 
der, conduire cl disposer la main sur la gui- 
terne. Paris, Ad. Le Roy et Robert Ballard, 1578, 
in-4°. Je crois qu'il doft y avoir des éditions an- 
térieures à celle-ci. On connaît aussi d'Adriaa 
Leroy ou Le Roy un Litre d'airs de cour mis 
sur le luth. A Paris, par Adrian Le Roy et Robert 
Ballard, 1571. Petit in-4° oblong de 24 feuillets 
numérotés. Sur le premier se trouve Je titre 
ci-dessus ; au verso, est l'epltre dédicatoire dont 
voici le commencement : 

« A très-excellente dame Caterine (sic) de 
« Clermont, contesse (sic) de Retz. 

« Ces jours prochains , Madame , vous ayant 
« présenté l'instruction d'asseoir toute musique 
« facilement en tablature de luth, qui estoit fondée 
« exemplairement sur les chansons d'Orlande de 
« Lassu*, lesquelles sût difficiles et ardues côme 
« pour rompre le disciple de l'art à franchir 
« aprez toutes difficultez : je me suis avisé de 
« lui mettre en queue pour le seconder ce petit 
« opuscule de chansons de la cour beaucoup plus 
« legieres (que jadis on appeioit voix de ville, 
« aujourd'hui airs de cour) tant pour votre ré- 
« création, à cause du sujet (que l'usage lia desja 
« rendu agréable) que pour la facilité d'iceJIes 
« plus grande sur l'instrument auquel vous prenez 
« plaisir, etc. » 

Il est assez singulier que Le Roy dise à une 
grande dame qu'il lui dédie son recueil de chan- 
sons pour sa récréation , à cause du sujet, 
car les paroles de quelques-unes de ces chansons 
sont libres jusqu'à l'obscénité. Les auteurs des 
paroles du recueil sont Sillac, Ronsard, De Baif, 
Desportes , Pasquier. Quelques chansons n'ont 
pas de nom de poètes. M. Farrenc, dont l'obi i- 
geance m'a fourni ces renseignements, pense 
que les mélodies de ces chansons sont des airs 
populaires, et que fharmonie seulement est l'ou- 
vrage de Leroy. On trouve le portrait de l'artiste, 
gravé sur bois , dans ce recueil , qui renferme 
vingt-deux chansons. 

LEROY (Etienne), chanteur renommé sous 
le règne de Charles IX, était chargé du rôle de 
Mercure dans le spectacle que ce prince fit re- 
présenter quatre jours avant la Saint-Barthélémy, 
en 1572. 

LEROY (Eugène), dit ROY, mort à Paris 
en 1816, à l'âge d'environ quarante-cinq ans, 



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LKIIOY — LKSCOT 



281 



avait été musicien daus plusieurs régiments, et 
jouait de presque tous les instrumente. Dans les 
dernières années de sa vie, il était second chef 
d'orchestre des bais champêtres de Tivoli. Le- 
roy fut longtemps chargé de faire pour les mar- 
chands de musique de Paris des arrangements 
d'après des thèmes populaires ou des mélodies 
d'opéras nouveaux, et d'écrire de petites mé- 
thodes pour divers instruments. Après sa mort, 
qui resta ignorée, on se servit encore longtemps 
de son nom pour diverses publications mercan- 
tiles ; en sorte que Leroy ou Roy est, pour beau- 
coup de ces ouvrages, un pseudonyme. On a 
sous son nom : 1° Des marches, des valses et 
des allemandes pour 2 violons. — 2° Idem pour 
la flûle. — 3° Idem pour la clarinette. — 4° Des 
thèmes variés pour divers instruments solos. — 
5° Récréations champêtres ou duos et solos pour 
flageolet. — 6° Pots-pourris pour piano. 11 y a 
de ces morceaux gravés chez presque tous les 
éditeurs de Paris. — 7° Petite méthode de flûte ; 
Paris, PleyeletVignerie. —8° Principes de flûte; 
Paris, Frère.— 9° Méthode de flageolet ; Paris, 
chez tous les marchands de musique. — 10° Nou- 
velle méthode de flageolet, sans clefs et avec 
clefs ; Paris, Janet. — 11° Petite méthode de fla- 
geolet; Paris, P. Petit. — 12° Petite méthode 
de clarinette, Paris, Pleyel. La plupart de ces 
ouvrages ont été traduits en allemand. 

LESCHEN (Guillaume) , facteur de pianos 
de la cour impériale et bourgmestre à Vienne, est 
né le 27 octobre 1781 à Grau, dans le Hanovre. 
Après avoir appris les éléments de sa profession 
chez différents artistes de son pays, il voyagea 
pour perfectionner son habileté. En 1805 il arriva 
à Vienne et travailla dans les ateliers de Kccnick 
et Brodmann, qui avaient alors de la réputation. 
Après cinq années, il obtint la naturalisation de 
bourgeoisie et la maîtrise dans cette ville. Le 
titre de facteur de ta cour lui a été conféré en. 
1830. Las grands pianos de cet artiste sont comp- 
tés parmi les meilleurs instruments de Vienne, et 
ceux de Conrad Graeff sont, dit-on, les seuls 
qu'on puisse leur opposer pour la puissance du 
son et la légèreté du mécanisme. Leschen expé- 
diait chaque année un grand nombre de ses pia- 
nos à l'étranger, particulièrement en Amérique et 
dans l'Inde. 

LESCHEN ET (Didier), composieur français 
du seizième siècle, fut chantre de la chapelle du 
roi Louis XII, et était chanoine de Saint Quentin 
en 1518, ainsi que le prouvent un arrêt du Par- 
lement du 29 juillet de la même année, et un 
passage de l'inventaire de l'église de Saint Quentin 
( tome I er , p. 579, dans les Archives du départe- 
ment de l'Aisne), cités par M. Ch. Gomart (No- 



tes historiques sur la maîtrise de Saint -Quen- 
tin, p. 44). On voit par le compte des chantres de 
la chapelle du roi, dressé en 1532 par Bénigne 
Sevré , receveur des finances , et publié par 
Castil-Blaze (Chapelle-musique des rois de 
France, p. 291 et suiv.), que Leschenet n'é- 
tait pins alors attaché à celte chapelle. On con- 
naît de ce musicien un Magnificat à 4 voix, du 
cinquième ton, publié par Robert Ballard , 
en 1558, dans le recueil qui a pour titre Can~ 
iicum Beat œ Mariai Yirginis(quod Magnificat 
inscribitur) oclo modis a diversis auctoribus 
compositum). Ses chansons françaises à 4 par- 
ties : l° Si vous me donnez jouissance. — 
2° Vous désirez, etc. — 3° Pour vous servir, 
ont été insérées par Adrien Leroy et Robert Ballard 
dans les troisième et septième livres de Chansons 
nouvellement composées en musique à quatre 
parties, etc., Paris, 1554 et 1561, in-4? obi. 
On trouve aussi des compositions de ce musicien 
dans le recueil intitulé : Mellange de chansons 
tant des vieux autheurs que des modernes, à 
cinq f six,sept et huit parties ,• Paris, Adr. Le Roy 
et Rob. Ballard, 1572, in-8<> obi. 

LESCLUSE (Georges DE), premier chape- 
lain ou maître de la chapelle du roi de France, 
occupait cette place en 1480, suivant le compte 
des gens de la chapelle de Louis XI, depuis 
le 1 er octobre 1480 jusqu'au 31 septembre 1483. 
On ignore s'il conserva sa place sous le règne de 
Charles V 1 1 1 , car il n'existe pas d'état nominatif 
des chantres de la chapelle de ce prince : du 
moins je n'en ai pas trouvé. On voit, dans le 
com pie cité précédemment, que les appointements 
de Georges de l'Escluse étaient de 180 livres 
tournois ; or l'ordonnance royale du 2 novembre 
1475 sur les monnaies avait fixé la valeur de la 
livre tournois à 5 francs 5 centimes, et le traitement 
du chapelain ne s'élevait nominativement qu'à 
la somme de 909 francs d'aujourd'hui; mais la 
différence du prix des denrées portait à peu près 
la valeur à 4,000 francs (voyez la Revue mu- 
sicale, t. XII, p. 236). On ne connaît pas jusqu'à 
ce jour de composition de Georges de Lesclnse. 

LESCOT (....), né à Nantes vers 1737, fut 
d'abord maître de musique de l'église cathédrale de 
cette ville, puis il alla en 1760, remplir les mômes 
fonctions à Audi. En 1773 il se rendit à Paris, 
et y entra à l'orchestre de la Comédie italienne, 
où il a fait représenter, en 1789, la Négresse , 
opéra-comique en un acte. Il avait écrit précé- 
demment plusieurs messes, et avait composé les 
paroles et la musique de l'Amour et F Hymen, 
prologue représenté à Auch, en 1761, et de la 
Fêle de Thcmire, pastorale en un acte, jouée 
dans la môme ville et dans la môme année. On 



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£S2 



LESCOT — LESSEL 



a aussi de Lescot un Recueil portatif de chan- 
sons en musique; Paris, 1765, in-8°. 

LESCUREL (Jehannot), musicien français 
du commencement du quatorzième siècle, a été 
inconnu à tous les historiens de la musique. Un 
manuscrit du roman allégorique et satirique de 
Fauvel, qui se trouve à la Bibliothèque impériale 
à Paris (in -fol. max., n° 6812 de l'ancien Tonds), 
et que j'ai fait connaître par une notice très- 
détaillée dans la Revue musicale (t. XII, n° 34), 
contient des ballaâes, rondeaux et dits entés 
sur refrains de rondeaux, composés par ce 
musicien. J'ai démontré, dans ma notice sur ce 
manuscrit, qu'il a été exécuté entre les années 
1316 et 1321, en sorte que l'époque où Lescurel 
a écrit les morceaux qui y sont contenus est 
antérieure à cette dernière date. J'ai fait connaître 
aussi, dans ma notice, la musique d'un rondet 
de ce musicien dans sa notation originale, avec 
sa traduction en notes modernes. Ce rondeau, 
dont les premiers vers sont : 

A vous douce débonnaire 
Al mon cueur donné, 

est d'abord à voix seule (folio 57 du manuscrit), 
puis à trois voix, avec la mélodie dans la partie 
intermédiaire. C'est un morceau très-remarqua- 
ble sou* plusieurs rapports, et du plus grand 
intérêt, à cause de son époque. L'harmonie en 
est beaucoup plus pure que dans d'autres com- 
positions plus modernes, quoiqu'on y trouve 
quelques successions de quintes et d'octaves. Les 
ornements on fioritures y abondent et présentent 
cette singularité que la plupart sont harmonisés 
dans les différentes parties. § 

LESEBERG (Joachw), prédicateur et 
chanoine à Wonstorp, au commencement du 
dix-huitième siècle, a publié une dissertation in- 
titulée : Oratio de honeslorum convtyiorum, 
cum primis musicorum ipsiusque Musices , 
jucunditate et utilitate, HagœSchaumburgico- j 
mm, 1616, in-4*. i 

LESLIE (Henri), compositeur anglais de ! 
beaucoup de mérite, né à Londres le 18 juin 1822, ! 
a fait ses éludes musicales sous la direction de | 
M. Charles Lucas, professeur de l'Académie 
royale de musique de cette ville. Dans sa jeu- 
nesse, M. Leslie ne cultiva la musique que 
comme amateur. Plus tard , il s'est livré avec 
ardeur à la composition et à la direction des 
concerts. A l'époque de la formation de la So- 
ciété musicale des amateurs de Londres (1847), 
il en fut nommé secrétaire honoraire. En 1855, 
on le choisit pour en être le chef d'orchestre : il 
remplit ces fonctions jusqu'à la dissolution de 
celte société, qui eut lieu en 1861 . En 1856, il a 



fondé une société éhorale connue sous le nom de 
Chœur de M* Leslie : il en est le directeur» et 
lui a donné un grand mérite d'exactitude et de 
nuances dans l'exécution. Comme compositeur, 
I M. Leslie s'est fait une honorable réputation 
par les ouvrages dont voici la liste : 1° Qua- 
tuor en la pour deux violons, alto et basse; — 
7° Quintette en ré pour 2 violons, alto, violon- 
celle et contre-basse. — 3° Symphonie en fa à 
grand orchestre. — 4? Ouverture dramatique 
intitulée The Templar (Le Templier). — 5° An- 
tienne festivale (Lel God arise) pour soprano;, 

ténor t double chœur et grand orchestre. 

6° Quintette en sol mineur pour piano , haut- 
bois , clarinette, cor et basson. — 7° Emma- 
nuel, oratorio à plusieurs voix, chœur et or- 
chestre. — 8° Judith, idem. — 9° Romanina ; 

opérette jouée au théâtre anglais de Londres. 

10° Holyrood, cantate pour soprano, contralto, 
ténor, basse, chœur et orchestre, composé pour 
le mariage de la princesse Alice d'Angleterre. — 
11° Un grand nombre de petites pièces vocales et 
instrumentales. Les oratorios de M. Leslie jouis- 
sent de beaucoup d'estime en Angleterre. 

LESNE (M"e), professeur de solfège et de 
piano à Paris, a fait imprimer une méthode élé- 
mentaire de musique intitulée : Grammaire 
musicale basée sur les principes de la gram» 
maire française ; Paris, Pacini , 1820, 64 pa- 
ges in-4°. Quoique cette édition soit annoncée 
comme la deuxième, il n'y en a jamais eu qu'une ; 
le frontispice seul a été changé. L'auteur de Ja 
Grammaire musicale s'est servi de tous les 
termes de la grammaire générale pour expliquer 
ceux de la musique; ainsi, dans son livre, les lettres 
sont représentées par les sons, l'alphabet par Ja 
gamme, les articles par les clefs; les figures de 
notes sont les substantifs; les dièses, liémols 
et bécarres les adjectifs ; les mesures sont des 
verbes, parce qu'elles ont des temps , etc. Rien 
de tout cela n'a de base réelle ni d'utilité , ce n'est 
qu'un jeu de mots. 

LESSEL (François), pianiste et compost- 
siteur, né à Varsovie, en 1780, était fils d'un 
musicien qui fut attaché au service du prince 
Adam Czartoryski , à Pulawy. En 1800, il fut 
envoyé par ses parents à Vienne , pour y con- 
tinuer ses études musicales. M. Sowinski dit 
qu'ii y devint élève de Haydn, et qu'il eut pour 
condisciples Camille Pleyel et Neukomm (!) ; il y 
a dans cette assertion une erreur évidente : jamais 
Camille Pleyel n n alla à Vienne, et son père 
Ignace Pleyel, qui fut véritablement élève de 
Haydn, avait terminé ses études avec ce maître 

(i) Les Musiciens polonais et slaves , p.SS*. 



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LESSEL — LESUEUR 



983 



en 1777. Quoi qu'il en soit, Lessel demeura à 
Vienne pendant dix années et y publia ses pre- 
miers ouvrages. De retour à Varsovie en 1810 , 
il s'y fit entendre comme pianiste dans plusieurs 
concerts, et se livra à l'enseignemeut de son ins- 
trument. Les principaux ouvrages de cet artiste 
sont : 1° Quatuor pour 2 violons, alto et basse, 
op. 3; Vienne, Artaria. — 2° Trio pour piano, 
violon et violoncelle, op. 5 ; Leipsick, Breitkopf 
et Hsertel. — 3° Adagio et rondo pour piano et 
orchestre , op. 9, ibid. — 4° Ouverture à grand 
orchestre (en ut), op. 10, ibid. — 5° Fugue pour 
piano à 4 mains , op. 11, ibid. — 6° Pot-pourri 
pour piano et orchestre, op. 12 ; ibid. — 7° Con- 
certo (en ut) pour piano et orchestre, op. 14 ; 
ibid. — 8° Sonates pour piano seul, op. 2 et 6; 
Vienne, Weigl et Haslinger. — 9° Chants histo- 
riques de J. U. Niemcewicz mis en musique; 
Varsovie, 1818. 

LESSING ( Gotthold- Ephr mm ) , célèbre 
littérateur allemand, né le 22 janvier 1729, à 
Kamenz, petite ville de la Lusace, on, suivant 
d'autres renseignements, à Paserwalk , dans la 
Poméranie, fut guidé dans ses premières études 
par son père, ministre luthérien et savant esti- 
mable. A l'âge de douze ans , il entra dans l'é- 
cole de Meissen , puis il alla compléter son in- 
struction à l'université de Leipsick . Il habita 
longtemps Berlin, visita les principales villes de 
l'Allemagne, et, en 1770, il accepta la place 
de bibliothécaire à Wolfenbûttel. Trois ans après, 
il entreprit un voyage pour rétablir sa santé 
et accompagna le duc Léopold de Brunswick 
dans le nord de l'Italie. De retour à Wolfenbût- 
tel, au commencement de 1774, il y passa le 
reste de ses jours, et y mourut le 15 février 1781, 
à l'âge de cinquante-deux ans. Lessing est un 
des écrivains dont les opinions et le talent ont 
exercé l'influence la plus active sur la littérature 
allemande du dix-huitième siècle ; mais l'appré- 
ciation de ses ouvrages n'appartient pas à la 
Biographie universelle des musiciens. Il n'y 
est cité que pour ceux dont les titres suivent, et 
dans lesquels il a traité de quelques parties de 
la musique : 1° Kleine Schriften, etc. (Bagatel- 
les, ou petits écrits) ; Berlin, 1753 à 1756, in-12. 
On y trouve un fragment d'un poème didactique 
sur les règles des arts et des sciences, particulière- 
ment de la poésie et de la musique. — 2° Dra- 
maturgie de Hambourg; Hambourg, année 1769, 
2 vol. in-8°. Cet ouvrage consiste en une suite 
de lettres sur les ouvrages joués au théâtre de 
Hambourg pendant l'année 1767 et jusqu'au mois 
d'avril 1768. 

LESTAINIER (Jean), organiste de la cha- 
pelle de Yempereur Charles-Quint , à Madrid, 



dans la première moitié du seizième siècle, était 
né vraisemblablement en Belgique, car tous les ar- 
tistes de cette chapelle étaientBelgesou Espagnols. 
Lestainier n'est connu comme compositeur que 
par deux motets insérés dans In collection qui a 
pour titre : Cantiones selectissimx quatuor 
vocum, ab eximiis et prœstantissimis Cxsa- 
rex Majestaiis capelUe Musicis M. Cornelio 
Cane, Thoma CrequUlone, Nicolas Payen, 
Johanne Lestainier organista, compositœ, et 
in comitiis Augustanls studio et impcnsis 
Sigismundi Salmingeri in lumen editœ; 
Augsbourg, Ulhard , 1548, petit in-4° obi. 

LESTOCART ( Pascal DE), musicien fran- 
çais établi à Lyon , dans la seconde moitié du 
seizième sièele, obtint, en 1584 , le prix de la 
harpe d'argent au concours du Puy de musique, 
fondé à Évreux, pour le motet de sa composition 
sur le texte Ecce quam bonum. Il a publié de 
sa composition : 1° Octonaires de la vanité 
du monde à trois, quatre, cinq et six voix; 
Lyon, Barthélémy Vincent, 1582, in-4 # obi. Les 
vers de cet ouvrage , composés par La Roche 
Choudieu, ont été remis en musique par Claftde 
Lejeune. — 2° Les Psaumes en vers latins et 
français, mis en chant à quatre parties, dis- 
tingués en plusieurs livres, en forme de mo- 
tets, ibid. — 3° Mélanges de chansons latines 
et françaises. 

LESUEUR (Jacques), maître de chapelle 
de la cathédrale de Rouen , naquit dans cette 
ville et y fut d'abord enfant de chœur. Musicien 
habile et latiniste instruit, il crut pouvoir pré- 
tendre à l'une des places de maître de la chapelle 
du roi, devenues vacantes par la retraite de Dumont 
et de Robert. Lalande, Goupille!, Colasse et Mi- 
noret étaient ses concurrents. On leur donna pour 
sujet de la composition de concours le psaume 
Beat\ quorum remissœ sunt iniquitates. L'ou- 
vrage de Lesueur fut jugé inférieur à ceux de ses 
compétiteurs, et la place ne lui fut pas donnée. 
De retour à Rouen, il obtint celle de maître de 
chapelle de l'église métropolitaine en 1667 , et la 
conserva jusqu'à sa mort, qui eut lieu en 1693. 
Ce fut Lesueur qui introduisit dans cette église 
l'usage de l'orgue et de la basse de viole. Il avait 
fait exécuter dans l'église des Dominicains de 
Rouen, le 9 septembre 1663 , une messe et une 
symphonie funèbre ; mais aucune de ses com- 
positions n'est parvenue jusqu'à nous. 

LESUEUR (Jean-François), compositeur 
et écrivain sur la musique, né à Drucat-Plessiel, 
près d'Abbevi Ile, le 15 janvier 1763, d'une an- 
cienne famille du comté de Ponthieu, fut admis, 
à l'âge de sept ans, à l'école de la maîtrise d'Ab- 
beville. Peu de mois après, il entra comme enfant 



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LESUEUR 



de choeur à la cathédrale d'Amiens. C'est là qu'il 
fit pendant sept ans à peu près toutes ses études 
pratiques de musique, et qu'il apprit les éléments 
des langues latine et française. Sorti de cette maî- 
trise à l'âge de quatorze ans , il entra au collège 
d'Amiens pour y faire sa rhétorique et sa philo- 
sophie ; mais il n'acheva point ses études, parce 
que la place de maître de musique de la cathé- 
drale de Séezlui fut offerte dès qu'il eut atteint 
l'âge de seize ans. 11 alla en prendre possession 
en 1779; six mois après, il quitla cet emploi 
pour celui de sous- maître de musique à l'église 
des Saints -Innocents de Paris. Ce fut alors qu'il 
reçut quelques notions d'harmonie chez l'abbé 
Roze , qui ne pouvait lui enseigner autre chose, 
n'ayant fait lui-même que d'assez faibles études. 
Tout ce que Lesueur acquit ensuite de connais- 
sances dans l'art d'écrire, il le dut à lui-même 
et à ses propres observations. En 1781 , il quitta 
l'église des Innocents pour la place de maflre de 
musique de la cathédrale de Dijon ; deux ans 
après, il accepta une position semblable au 
Mans ; mais, malgré les avantages qui lui furent 
offerts pour conserver celle-ci, il l'abandonna 
en 1783, pour la direction du chœur de Saint- 
Martin de Tours. Appelé à Paris, en 1784, pour 
faire exécuter plusieurs morceaux de sa compo- 
sition au concert spirituel , il y obtint la maîtrise 
des Saints-Innocents, sur la recommandation 
de Gossec, de Grétry et de Philidor. Sacchini 
était alors à Paris ; le jeune maître de chapelle 
de l'église des Innocents lui inspira de l'intérêt ; 
il revit quelques-uns de ses ouvrages, et lui con- 
seilla d'écrire pour le théâtre. Devenue vacante, 
la place de maître de musique de la cathédrale 
de Paris fut mise au concours en 1786, et Le- 
sueur, qui s'était mis sur les rangs, l'emporta sur 
ses rivaux et fut mis en possession de cet emploi. 
La règle l'obligeait à prendre le petit collet pour 
en t emplir les fonctions ; il dut s'y soumettre , et 
dès lors il fut connu sous le nom ô'abbé Le- 
sueur, quoiqu'il n'ait jamais été dans les ordres. 
Agé de vingt-trois ans, et n'ayant obtenu 
jusque-là que d'éphémères succès , le jeune ar- 
tiste n'était point connu du public; mais, dès ce 
moment, ses travaux prirent une direction qui fixa 
sur lui l'attention , et dont il ne s'est plus écarté 
jusqu'à la fin de ses jours. Ses pressantes solli- 
citations avaient obtenu de l'archevêque de Paris 
et du chapitre de Notre-Dame qu'une musique à 
grand orchestre fût établie dans cette église pour 
les fêtes solennelles; les moyens d'exécution 
que lui présentait cette réunion de voix et d'ins- 
truments lui permirent de réaliser ses vues con- 
cernant la musique d'église , et de faire entendre 
des motets qui excitèrent une assez vive sensa- 



tion. Les études de Lesueur avaient été faibles, 
parce que les circonstances n'avaient pas été fa- 
vorables pour qu'il en fit de meilleures. D'ailleurs, 
il n'y avait réellement pas d'école en France 
dans sa jeunesse ; les doctrines et les beaux mo- 
dèles des grandes écoles d'Italie y étaient abso- 
lument inconnus. C'était donc en lui-même qu'il 
devait chercher le principe de sa direction , et 
son instinct le conduisit à le trouver dans l'imi- 
tation , et lui fit considérer la musique descrip- 
tive comme la meilleure , quel que fût l'objet <?e 
sa destination. Il est rare que les convictions de 
la jeunesse accompagnent un artiste dans les tra- 
vaux de toute sa vie» sans être modifiées par sa 
propre expérience ou par des influences étran- 
gères ; mais la suite de cette notice fera \oir que 
ces convictions furent inébranlables dans l'esprit 
de Lesueur, et que le principe d'imitation qui le 
guidait dans ses premiers travaux, le dirigeait 
encore au terme de sa carrière. C'est une consi- 
dération qu'il ne faut point perdre de vue , si 
l'on veut apprécier avec justesse la valeur des 
œuvres de ce compositeur, et lui assigner la place 
qui lui appartient dans l'histoire de l'art de son 
temps. 

Dans les années 1786 et 1787 , la foule se 
pressa à l'église Notre-Dame pour entendre les 
motels de Lesueur ; les journaux de ce temps 
émirent des jugements divers sur le mérite de 
ces morceaux , particulièrement sur un Regina 
cœli, sur un Gloria in exeelsis, et une ouver- 
ture (nouveauté inouïe) que le nouveau maître 
de musique avait écrite pour la messe de Pâques. 
Les gens du monde approuvaient fort cette mu- 
sique brillante ; d'autres la condamnaient comme 
peu convenable à la majesté du culte, au recueil- 
lement delà prière; parmi ceux-ci, les plus 
emportés appelaient la musique de Notre-Dame 
l'Opéra des gueux, Lesueur, persuadé qu'il était 
nécessaire qu'il expliquât sa pensée, et qu'il fit 
connaître l'objet qu'il se proposait dans sa trans- 
formation de la musique d'église, fit paraître, au 
mois de février 1787, un écrit intitulé: Essai de 
musique sacrée , ou musique motivée et mé- 
thodique, pour la fe'te de Noël, à la messe du 
jour. Paris, Hérissant, broch. in-8°. Il y expo- 
sait ses vues , à l'occasion de la messe qu'il avait 
fait exécuter le 25 décembre 1786, premier jet 
de sa Messe de Aoel, une de ses productions les 
plus originales. Le succès de cet écrit ne réalisa 
passes espérances. Dans un pamphlet anonyme, 
daté de Vile des Chats fourrés, on attaqua avec 
violence le principe d'une musique qui transfor- 
mait l'office divin en un spectacle, et l'on accusa 
Lesueur de s'être serti de la plume d 'autrui 
pour écrire son Essai. 11 répondit par une lliéorie 



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LESUEUR 



285 



plus étendue de son système dans un ouvrage 
qui a pour titre : Exposé d'une musique une, 
imitaUve, et particulière à chaque solennité, 
où Von donne des principes généraux sur 
lesquels on l'établit , et le plan d'une musique 
propre à la fête de Noël. Paris, V e Hérissant, 
1787, in- 8°. La préface de ce livre ne laisse au- 
cun doute sur l'objet que se proposait Lesueur, 
car il dit en tenues exprès , à propos des inesses 
qu'il avait écrites pour Noël , Pâques, Pentecôte, 
l'Assomption , qu'il veut rendre la musique d'é- 
glise dramatique et descriptive. Ce système 
était certainement une grave erreur, car la prière 
est une acte de dévotion , où l'âme s'efforce de 
s'isoler des passions humaines , et conséquem- 
ment du principe dramatique, pour s'élever jus- 
qu'à Dieu , principe de toute sagesse. Et c'est 
pour avoir parfaitement compris ce dernier prin- 
cipe que Palestrina et les grands maîtres de son 
école ont, dans la musique d'église, une incon- 
testable supériorité sur tous les autres composi- 
teurs. 

Dans le même temps où Lesueur publiait ses 
livres et faisait exécuter sa musique d'église, il 
présenta au comité de l'Académie royale de mu- 
sique son Télémaque, grand opéra en trois actes 
qui fut reçu pour être représenté ; mais, après 
plusieurs années passées en sollicitations infruc- 
tueuses, il fut obligé de retirer son ouvrage et de 
rendre deux mille francs qu'il avait reçus à titre 
d'avances. Ce même opéra fut arrangé plus tard 
pour ic théâtre Feydeau au moyen de la sup- 
pression du récitatif. D'autres tracasseries com- 
mencèrent pour lui dans le même temps. Le 
penchant qu'il laissait percer pour le théâtre et 
sa résistance aux désirs de l'archevêque et du 
chapitre de Notre Dame, pour qu'il entrât dans 
i>s ordres, lui nuisirent dans l'esprit des cha- 
noines, dont le plus grand nombre désapprou- 
vaient sa nouvelle musique comme trop mon- 
daine et trop dispendieuse. Pendant les vacances 
de 1787 , on profita de son absence pour la sup- 
primer cl rétablir l'ancien usage des messes com- 
posées pour des voix et des violoncelles et contre* 
basses. Lesueur n'avait accepté la maîtrise de la 
cathédrale qu'à la condition d'y réaliser ses idées 
de musique nouvelle; l'affront qui lui était fait en 
cette circonstance le détermina à se retirer. Ce 
ne fut pas le seul chagrin qu'il eut alors, car, à 
l'occasion de discussions qui s'élevèrent entre lui 
et le grand chantre de Notre-Dame pour le 
règlement des comptes de dépenses du chœur et 
de l'orchestre, ses ennemis prétendirent qu'il 
avait été chassé honteusement, et publièrent un 
pamphlet où sa probité était attaquée de la ma- 
nière la plus violente. Roquefort possédait un 



exemplaire de cet abominable libelle, qui avait 
pour titre : Dessert des plats de son métier que 
M. Vabbé £*** ajait servir à Son E. Monsei- 
gneur Varchevéque de Paris et à messieurs 
du chapitre de la métropole (sans nom de 
lieu ni d'imprimeur), une demi-feuille in-8°. 11 
ne fallut pas moins qu'un mémoire publié par 
un conseiller au parlement, ami du jeune com- 
positeur, et les certificats honorables des cha- 
noines de Notre-Dame, pour lui rendre favorable 
l'opinion publique, un instant égarée dans cette 
a (Ta ire. Mais tel est l'effet de la calomnie qu'il 
en reste toujours quelque chose. Longtemps après, 
Lesueur, engagé dans de nouvelles discussions, 
vit reproduire par ses ennemis ces injurieu- 
ses' imputations. Fatigué de ces intrigues et 
découragé par la calomnie, il se relira à la 
campagne chez M. Bochard de Champagny, vers 
la fin de 1788, et y passa quatre années, les plus 
heureuses de. sa vie, uniquement occupé de com- 
position. La mort de son bienfaiteur le ramena 
à Paris, en 1792. L'année suivante il fit représenter 
au théâtre Feydeau la Caverne, opéra an 3 actes, 
dont le succès fut populaire, et qui fut suivi, en 
1 794, de Paul et Virginie, ouvrage froid et rempli 
de longueurs, mais où Ton remarque de beaux 
chœurs, particulièrement un hymne au soleil, qui 
fut exécuté dans les concerts de Feydeau, après 
que la pièce eut disparu de la scène ; puis on re- 
présenta au même théâtre le Télémaque, destiné 
autrefois à l'Opéra, et dont on avait remplacé le 
récitatif par un dialogue parlé. 

Désigné dès l'origine du Conservatoire de mu- 
sique de Paris comme un des inspecteurs, et mem- 
bre du comité d'enseignement, Lesueur en- 
tra en fonctions en 1795, et coopéra avec Mé- 
hul, Langlé, Gossec et Catel, à la rédaction des 
Principes élémentaires de musique et des 
solfèges de cette école. Il prononça en cette 
qualité, aux obsèques de Piccinni, le 8 mai 1801, 
un éloge de ce grand musicien, ou plutôt un 
discours sur la musique dramatique, suivant ses 
propres idées. Peu de jours après commença au 
Conservatoire et au dehors de cet établissement 
une lutte d'intérêts où Lesueur. n'eut peut-être 
pas toute la prudence nécessaire, et dont il fut 
victime. Deux de ses ouvrages ( les Bardes, et 
la Mort d'Adam) avaient été reçus à l'Opéra, 
et leur rang de réception lui donnait le droit de 
les faire représenter; mais, soit que la musique 
de ces opéras ne fût pas achevée et que les par- 
titions n'eussent pas été livrées, comme le pré- 
tendit alors Chaptal, ministre de l'intérieur, dans 
deux lettres qu'il écrivit à Lesueur à ce sujet, 
soit que des considérations d'une mise en scène plus 
facile et plus prompte leur eussent fait préférer 



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LESUEUR 



la Sémiramis de Catel, premier ouvrage drama- 
tique de ce compositeur, ce fut ce dernier que 
l'administration choisit et mit à l'étude. Irrité de 
ce qu'il considérait comme une injustice, Lesueur 
écrivit à Guillard, auteur des poèmes de ses 
deux opéras, retiré à la campagne, et réclama 
son appui ; mais ce littérateur, fatigué des tra- 
casseries du théâtre, , répondit avec indifférence. 
Ce fut alors que parut un écrit de Lesueur qui 
amena une rupture éclatante entre lui et Sarrette, 
directeur du Conservatoire et protecteur de Catel. 
Cet écrit fut le signal d'une guerre violente entre le 
Conservatoire et ses détracteurs ; il a pour titre : 
Lettre en réponseà Guillardsur l'opéra de la 
Mort d'Adam, dont le tour de mise en scène ar- 
rive pour la troisième fois au théâtre des Arts, 
et sur plusieurs points d'utilité relatifs aux 
arts et au* lettres,' Paris, Baudoin, brumaire an x 
(octobre 1801), in-8° de 111 pages, avec un aver- 
tissement de 24 pages. Il faut l'avouer, cet écrit 
ne se fait remarquer que par de vaines et lon- 
gues déclamations, des assertions hasardées, et 
des insinuations peu bienveillantes contre plu- 
sieurs artistes distingués et hommes honorables 
de ce temps. A peine eut-il paru que tous les 
vieux musiciens de l'Opéra et les partisans des 
anciennes écoles des maîtrises de cathédrales se 
réunirent autour de Lesueur pour lui former un 
parti, et que plusieurs pamphlets ainsi que des ar- 
licles-de journaux furent publiés contre le Conser- 
vatoire, dont les brillants débuts annonçaient une 
génération nouvelle d'artistes remarquables ; c'est 
ainsi que, dans l'espace de peu de mois, on 
vit paraître le Russe à l'Opéra, ou Réflexions 
sur les institutions musicales de la France 
(Paris, 1802, une feuille in- 8°) ; une diatribe vio- 
lente dans le Censeur des Théâtres (18 ger- 
minal an x), une Lettre à M. Paisiello, par les 
amateurs de la musique dramatique (Paris, 
an x, in-8°) ; et la Fantasmagorie des Menus 
(Paris, 1802, in-8°), où le système d'enseigne- 
ment suivi dans le Conservatoire était amère- 
ment critiqué , tandis que celui des anciennes 
maîtrises était propos* comme un modèle par- 
fait. Déjà Lesueur lui- même, oubliant sa position 
dans le Conservatoire, avait donné l'exemple de 
ce dénigrement, dans un écrit anonyme intitulé : 
Projet d'un plan général de l'instruction 
musicale en France; Paris, an ix (1801), in-4° 
d'une feuille. Vivement irrités de ces attaques 
imprévues et multipliées, le directeur, les inspec- 
teurs et les professeurs du Conservatoire firent 
rédiger et publièrent une sorte de factum inti- 
tulé : Recueil de pièces à opposer à divers 
libelles dirigés contre le Conservatoire de 
musique (Paris, an x, de l'imprimerie de P. Di- 



> dot), in-4°de 40 pages. Dam cet écrit, de vifs 
reproches étaient adressés à Lesueur, à l'occa- 
sion de certaines expressions de sa lettre à Guil- 
lard, considérées comme des attaques contre ses 
collègues, et l'on y rapportait des lettres sévères 
du ministre Chaptal à ce compositeur. Un ami 
de Lesueur, Ducancel (voyez ce nom), fit paraître, 
en réponse à ce factum un volume in-8° de 208 
pages intitulé : Mémoire pour J.-F. Lesueur, 
i Vun des inspecteurs de l'enseignement un Con- 
I servatoire de musique, au conseiller d'État 
chargé de la direction et de la surveillance 
' de l'instruction publique , en réponse à la 
\ partie d'un prétendu Recueil de pièces, im- 
primé soi-disant au nom du Conservatoire, 
et aux calomnies dirigées contre le citoyen 
Lesueur par le citoyen Sarrette, directeur 
de cet établissement, et autres, ses adhérents, 
etc., Paris, vendémiaire an xi (1802). Ce mé- 
moire, malheureusement empreint d'un carac- 
tère passionné, ne fut point utile à celui qu'on 
voulait défendre, car, lorsqu'il parut, Lesueur 
venait d'être destitué. Gerber a été trompé par 
de faux renseignements lorsqu'il a dit ( Neues 
Lexikon der Tonkunstl.) que justice lui avait 
été rendue, et que Sarrette avait perdu sa place. 
Forcé de quitter le logement qu'il avait occupé 
au Conservatoire pendant sept ans , ne tirant au- 
cun produit de ses ouvrages, et privé de tout 
revenu, Lesueur, père de famille, tomba dans la 
situation la plus malheureuse, et connut toutes 
les horreurs de la gène. Je le vis alors chez Rey, 
mon vieux maître d'harmonie et son ami : Je 
souvenir du désespoir qui l'accablait n'est pas 
sorti de ma mémoire. 

Un événement inattendu vint tout à coup le 
tirer de sa pénible situation, pour le placer au 
poste le plus élevé qu'un musicien pût alors oc- 
cuper en France. Depuis deux ans, Paisiello était 
maître de chapelle du premier consul Bonaparte : 
des considérations de santé lui firent deman- 
der sa retraite, au mois de mars 1804. N'ayant 
pu le déterminer à rester près de lui , Napo- 
léon lui dit de désigner son successeur, et Pai- 
siello, ami de Lesueur, le présenta comme le 
plus digne de le remplacer. Ce fut ainsi que de 
l'excès du malheur il passa sans transition à une 
position enviée par les plus grands artistes. 11 
profita de sa nouvelle situation pour faire re* 
présenter les Bardes à l'Opéra. Cette pièce fut 
jouée en effet au mois de juillet 1804, et ob- 
tint un des plus beaux succès qu'il y eût eu à ce 
théâtre depuis Œdipe à Colone. La messe et 
le Te Devm qu'il écrivit immédiatement après 
pour le couronnement de l'empereur lui valurent 
la faveur de Napoléon, qui, ayant assisté au 



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LESUEUR 



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mois de décembre à une représentation des 
Bardes, envoya quelques jours après au com- 
positeur une riche tabatière avec celte inscrip- 
tion : L'empereur des Français à V auteur des 
Bardes. En 1809, Lesucur fit représenter à l'O- 
péra la Mort et Adam, cause première de ses 
chagrins passés; il n'en fut point indemnisé par 
le succès, car le public n'accueillit qu'avec froi- 
deur cet ouvrage écrit dans un système lourd, 
monotone et dépourvu de charme. En 1814, après 
la restauration, il rat nommé surintendant et 
compositeur de la chapelle du roi, et eut pour 
collègue d'abord Martini, puis Cherubini. Ces 
fonctions' n'ont cessé pour lui qu'après la ré- 
volution de juillet 1830. Élu membre de la qua- 
trième classe de l'Institut de France, en 1813, 
pour y remplacer Grétry, il a fait ensuite partie 
de l'Académie royale des beaux-arts. En 1817, 
lorsque le Conservatoire de musique a reçu une 
nouvelle organisation, sous le titre à'École 
royale de chant et de déclamation, Lesueur y 
fut appelé comme professeur de composition, et 
conserva son titre et son emploi lorsque l'école a 
repris son ancien nom. Membre du jury musi- 
cal de l'Opéra, depuis 1806 jusqu'en. 1824, il a 
fait aussi partie de celui de l'Opéra- Comique. 
L'Académie royale de musique de Stockholm le 
nomma un de ses' membres le 22 janvier 1819, 
et la Société philharmonique de Vienne lui fit 
le même honneur, le 8 août 1827 ; enfin les Aca- 
démies de Dijon, d'Amiens, d'AbbeviJle et de 
Tours lui envoyèrent des titres de membre as- 
socié ou de correspondant. Décoré de l'ordre de 
la Légion d'honneur le 17 juillet 1804, il reçut 
le grand cordon de celui de Saint-Michel le 
1 er mai 1821, et la croix de Hesse-Darmstadt, le 
22 décembre 1822. Enfin, comblé d'honneurs et 
de témoignages de distinction pendant les trente 
dernières années de sa vie, après avoir passé les 
quarante premières au milieu de toutes les agi- 
tations qui peuvent troubler la carrière d'un ar- 
tiste, Lesueur a cassé de vivre le 6 octobre 1837, 
à l'âge de soixante-quatorze ans. 

On a vu précédemment que l'expression imi- 
talive et dramatique a été le principe qui a guidé 
Lesueur dans sa musique d'église. 11 y a subor- 
donné toutes ses pensées, et en a développé les 



Conservatoire, lui ont toujours reproché le dé- 
faut d'élégance, les redites fréquentes, et les lon- 
gueurs interminables de la plupart de ses ouvra- 
ges. Quoique mieux disposé à reconnaître les 
qualités réelles du talent de Lesueur, je dois dire 
pourtant que ces critiques ne sont pas dénuées 
de justesse. Dans la musique de théâtre, il a quel- 
quefois saisi le sentiment dramatique avec un 
rare bonheur; les Bardes et la Caverne of- 
frent des scènes entières empreintes de beautés 
réelles, particulièrement l'expression des sen- 
timents énergiques; mais, dans le cours d'un 
opéra, la plupart de ses défauts se reproduisent 
avec des inconvénients plus graves que dans ia mu- 
sique d'église, parce que les exigences de la scène 
rendent bien plus sensibles la lourdeur, la mo- 
notonie et l'allure languissante. Sevelinges, qui a 
fort maltraité Lesueur dans son pamphlet anonyme 
intitulé le Rideau levé, lui reproche d'avoir mis 
du dramatique dans ses messes et d'en avoir man- 
qué dans ses opéras : quoique en apparence assez 
juste, cette observation ne soutient pas un exa- 
men sérieux. Le dramatique se trouve sans doute 
dans la musique d'église de Lesueur, et Ton a vu 
par ses propres paroles qu'il a voulu l'y mettre; 
mais il est aussi dans ses drames. Si quelques 
parties de ceux-ci paraissent languissantes , et , 
comme on l'a dit quelquefois, sont plus sembla- 
bles à des chauts religieux qu'à des mélodies 
passionnées, c'est qu'il y a eu dans l'esprit du 
musicien quelque dessein de vérité locale ou his- 
torique qu'il faudrait examiner pour en bien ap- 
précier la valeur. Sans doute, la musique théâ- 
trale n'atteint son but qu'autant qu'elle émeut 
avant d'être analysée; mais, si l'on peut condam- 
der le système de Lesueur, ce n'est pas à dire 
que son génie ne lui ait fourni de belles choses 
dans celte fausse direction où il s'égarait Au 
reste, il ne faut fias essayer de faire l'analyse des 
œuvres de cet artiste en séparant les défauts 
des qualités : les uns et les autres composent la 
physionomie de son talent. Sa modulation était 
souvent étrange, quoiqu'il n'y employât guère 
que des accords consonnants, parce qu'il ai- 
mait à mettre en contact des tons qui n'avaient 
entre eux aucun rapport d'analogie , persuadé 
qu'il était de faire revivre ainsi les formes de la 



conséquences avec une incontestable originalité, ' musique antique. Au lieu d'étudier celle-ci dans 
soit par le rhy thme, soit par les formes de la ' le peu de monuments historiques parvenus jus- 
mélodie, soit par la singularité des successions ! qu'à nous, il l'avait refaite d'après un système 
harmoniques. Les adversaires les moins indu!- qui n'avait de base que dans son cerveau ; ce 
genta de Lesueur n'ont pu lui refuser l'indivi- qui n'empêchait pas qu'il eût une foi robuste 



dualité de son talent sous ces divers rapports ; 
mais, en avouant qu'il ne puisait ses inspirations 
qu'en lui-même, la plupart des artistes français , 
particulièrement ceux qui se sont formés au 



dans cette musique antique, fruit de son ima- 
gination, comme s'il l'eût reçue toute faite des 
' mains des premiers habitants du monde. Sa 
partition de la Mort d'Adam est , à cet égard, 



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283 



LESUEUR — LÉTE 



un monument unique dans l'histoire de l'art. 
Chaque page est surchargée de notes écrites tan- 
tôt en français, tantôt en italien, où il offre ses 
propres idées comme des chants des patriarches. 
]l y parle incessamment de la nécessité de mettre 
dans l'exécution la simplicité des accents de ces 
premiers hommes de l'Orient, et il en indique 
les diverses nuances avec autant de confiance que 
s'il eût réellement entendu ces mélodies de l'an- 
tiquité la plus reculée, avec les traditions cer- 
taines sur la manière de les rendre. Et remarquez 
que, selon toute apparence, la vérité est préci- 
sément dans le contraire de ce qu'a imaginé 
Le sueur; car tout ce qui nous est venu de ren- 
seignements sur la plus ancienne musique de 
l'Inde et de l'Arabie, depuis les recherches de la 
société asiatique de Calcutta, de Vi Ilot eau et 
d'autres savants, démontre qu'au lieu d'être sim- 
ples, les chants orientaux qui remontent à plu- 
sieurs milliers d'années étaient surchargés d'or- 
nements. Lesueur s'est occupé toute sa vie de 
l'histoire de la musique ; mais il la faisait à son 
gré, au lieu de l'étudier. 

Dans la liste de ses ouvrages, on remarque : 
I. Opékas. 1° La Caverne, drame lyrique en trois 
actes, représenté au théâtre Feydeau , en 1793, 
gravé en partition, Paris, Naderman. — 2° Paul 
et Virginie, drame lyrique en trois actes, au môme 
théâtre, 1794, partition gravée, ibid. — 3° Télë- 
maque dans Vile de Calypso, en trois actes, au 
même théâtre, 1796, partition gravée, ibid. — 
4° Ossianou les /tardes, grand opéra en cinq ac- 
tes, à l'Opéra, 1801, partition gravée ; Paris, Ja- 
nct. — 5° L'Inauguration du Temple de la Vic- 
toire, divertissement en un acte (en collaboration 
avec Persuis), à l'Opéra, 1 807 . — 6° Le Triomphe 
de Trajan (avec le même), 1807. Lesueur n'a 
écrit qu'un petit nombre de morceaux pour cet ou- 
vrage. — 7° La Mort d'Adam et son Apothéose, 
grand opéra entrais actes, à l'Opéra, 1809, parti- 
tion gravée. — 8° Tyrtéc , en trois actes, reçu à 
l'Opéra en 1794, mais non représenté. — 9°i4r- 
iaxerec, en trois actes, reçu à l'Opéra en 1 80 1 , mais 
non représenté. — 10° Alexandre à Babylone, en 
trois actes, reçu en 1823, mais non représenté. — 
IL Musique religieuse. Lesueur a écrit 33 messes, 
motets et oratorios, tant pour le service des 
églises où il a été maître de musique, que pour 
la chapelle de l'empereur et du roi. De toute 
cette musique, il a fait graver : 1 1° Messe ou 
Oratorio de Noël; Paris, A. Petit, 1820. — 
12° Messe solennelle, à 4 voix, chœur et orches- 
tre ; Paris, chez Pauleur, 1827. — 13° Deborah, 
oratorio; ibid., 1828. — 14° Trois Te Deum; 
ibid., 1829. — 15° Trois motels sous le titre d'O- 
ralorios pour le carême; ibid., 1829 à 1833. 



— 16° Deuxième messe solennelle; ibid. t 1831. 
! — 17° Marche du Couronnement de CEmpe- 
j reur, à grand orchestre. Elle a été gravée pour 
j le piano. — 18° Musique pour la fête du I er ven> 
| démiaire an îx, exécutée aux Invalides par 4 or- 
\ chestres, non publiée. Outre les écrits indiquas 
1 précédemment,' Lesueur a fait aussi pour la tra- 
duction française tfAnacréon, du professeur Gail, 
une Notice sur la Mélopée, la Rhythmopèe 
et les grands caractères de la musique an- 
cienne. Ce morceau ne doit être lu qu'avec dé- 
fiance, car Lesueur s'est trompé presque sur tous 
les points importants de son sujet. O.n a aussi 
; de lui une Notice sur Palsiello, Paris, 1816, 
1 in-8°; elle a été imprimée dans U deuxième 
| année des Annales de la musique, par Gar- 
; deton (pages 175 à 204). L'Académie royale des 
1 beaux-arts, de l'Institut de France, qui s'occupe 
depuis longtemps de la rédaction d'un Diction- 
1 nuire technique et historique de ces arts, avait 
1 chargé Lesueur du travail relatif à la musique; 
les articles nombreux qu'il a écrits pour cet ou- 
| vrage m'ont été communiqués par la commis- 
sion du Dictionnaire, et j'y ai vu avec regret que 
Lesueur a remplacé presque partout les rails 
réels de l'histoire par ses vues particulières, 
contredites en général par les monuments- Je 
présume que Y Histoire de la musique qu'on a 
i cru trouver dans ses papiers, et qui a été an- 
I noncée par Berlioz dans la Gazette musicale 
de Paris ( ann. 1837 ), n'est que ce travail entre- 
pris pour le Dictionnaire des beaux-arts. Dans 
les observations qui couvrent toutes les pages 
de la partition de la Mort d'Adam, Lesueur a 
, renvoyé pour les éclaircissements de ses notes 
à un Traité sur la musique en général et sur le 
caractère de la musique antique, en particulier, 
! dont il annonçait en 1822 la publication comme 

prochaine, mais qui n'a point paru. 
I LETA (D. Anaclet ne), étudiant en musi- 
que à l'université de Salamanque, dans la seconde 
1 moitié du dix-huitième siècle, est auteur d'un écrit 
qui a pour titre : Cartalaudatoria a Dom ï i- 
cente Adan, en accion de gracias para la 
publicacion de su obra infitulada : Documen- 
tes para instruccion de mu^icos. En Madrid 9 
1786, petit in-8° de 80 pages. 

LËTÉ (Nicolas-Anto^k), facteur d'orgues, 
né à Mirecourt, le 19 mars 1793, est fils d'un mar- 
chand d'instruments de musique de pacotille qui 
se fabriquent dans cette ville. Les ouvriers qui 
travaillaient pour son père lui apprirent Part de 
fabriquer des orgues à cylindres. A l'âge de 
vingt et un ans, il se rendit à New- York avec un 
assortiment d'instruments, en compagnie de trois 
associés. Il parcourut pendant sept années les 



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LÉTE — LEVASSEUR 



États-Unis d'Amérique, puis la Havane, où il 
répara quelques orgues, et enfin revint en France 
ne possédant qu'une instruction assez imparfaite 
de la construction des*orgues. Arrivé à Paris 
en 1821, il fréquenta les ateliers de quelques 
facteurs, particulièrement ceux de Sébastien Érard 
où il vit construire l'orgue qui fut mis à l'expo- 
sition du Louvre, en 1823, et celui qui, plus 
tard, fut fait pour la chapelle des Tuileries. 
En 1829, il fit pour l'église de Saint-Leu, près 
de Paris, un orgue d'accompagnement avec un 
clavier transpositeur. En 1832 il se* retira à Mire- 
court avec l'intention d'y vivre de sa modeste 
fortune ; mais l'activité qui règne dans ce centre 
de la lutherie de commerce changea ses résolu- 
tions et le lit rentrer dans la fabrication des orgues. 
M monta un établissement important d'où sont 
sorties environ quatre-vingts orgues à cylindres, et 
vingt- trois grandes orgues d'église, au nombre 
desquelles on remarque celui de Saint-Pierre , à 
Bar- sur- Aube, composé de 42 registres; celui 
d'Annecy en Savoie avec trois claviers à la main, 
pédales et 34 jeux, dont un 1G pieds ouverts et 3 
bourdons de 16; l'orgue de Nantua, à 3 claviers, 
pédales, et 4 5 jeux, avec 4 pédales de combinai- 
sons. 

LETENDART (N.), professeur de piano, 
ne à Paris en 1770, reçut des leçons de l'orga- 
niste Balbétre, dont il a été considéré comme le 
meilleur élève, et a lui-même formé quelques 
artistes distingués. Il a fait entendre dans les 
concerts plusieurs concertos et des sonates pour 
son instrument; mais ces morceaux n'ont pas 
été publiés. Cet artiste est mort à Paris, vers 

1S20. 

JLETTNER (François-Xavier), pasteur à 
Vohebourg, en Bavière, naquit à Pfaffenhofen , 
le 12 janvier 1760. Après avoir commencé son 
éducation littéraire et musicale au séminaire du 
couvent d'I ndersdorf, qui depuis lors a été sup- 
primé, il entra au Lycée de Munich, où il acheva 
son cours de latinité. Il y apprit aussi à jouer de 
plusieurs instruments, et les éléments de l'har- 
monie et de la composition. Pendant plusieurs 
années qu'il demeura à lngolstadt pour y étudier 
la théologie, il exécuta dans plusieurs concerts 
des concertos de violon, et y fit applaudir sa 
dextérité. Il s'est fait connaître avantageusement 
par la composition de deux messes à 4 voix, avec 
accompagnement de deux violons, viole et orgue , 
lithographiées en 1803, à Munich, chez Senne- 
felder. 

LEUCOIVEUS (Philippe), musicien de la 
Bohême, fut pasteur dans un village près de Pra- 
gue, vers la fin du seizième siècle. Il a publié 
de sa composition des litanies en langue bohème 

1II0CA. t.MV. DES MUSICIENS. — T. T. 



2SÎ) 

avec les mélodies, sous ce titre : Sedmery zpvsvb 
spywany litanie. Prague, 1590, in-4 y , l re par- 
tie. La deuxième partie a paru en 1591. 

LEUTHARD ( Jea*-Dakiel), claveciniste et 
compositeur, né a Ileilsberg, près de Rudolsfadt 
le 14 juin 1706, apprit en 1723 à jouer du ela- 
vecin chez Yogler, organiste renommé de ce 
temps, puis étudia le violon et la composition 
chez Graff, maître de chapelle à Rudolstadt. 
En 1730, il entra au service du duc de Saxe-Wci- 
mar, en qualité de copiste et, vers le même temps, 
il commença à composer pour le clavecin. Devenu 
valet de chambre du prince héréditaire de Ru- 
dolstadt, en 1735, il fut attaché à sa musique; 
puis il entra comme musicien dans la chapelle 
du margrave de Brandebourg. Depuis 1741 jus- 
qu'en 1755, on a imprimé de sa composition 
quatre œuvres de pièces pour le clavecin. 

LEUTIIOLDT ( JEAN-GobEFRov), célèbre 
fabricant d'instruments de cuivre, né en Saxe, 
mort vers 1780, s'est fait une réputation brillante 
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, par 
la bonne qualité de ses cors, trompettes et trom- 
bones. 

LEUTWEIN «(Chrétten-Louis), pasteur 
dans le Wurtemberg, mort le 23 juillet 1799, 
est auteur d'un livre qui a pour titre : Versueh 
einer richtigen Théorie von der biblischen 
Verskunst, etc. (Essai sur la théorie delà poésie 
biblique, etc.) Tuhingue, 1777, in-8°. Il y explique 
les divers rhythmes de la poésie et l'usage des 
accents musicaux des Hébreux. 

LEVA ( Beytivoclio ) , organiste de l'église 
de Saint-Étienne à Isola délia Scala, naquit à 
Vérone en 1587. On connaît de sa composition 
un ouvrage intitulé Messe e Moteiti concer- 
lati a tre e quatro voci; in Vcnezia, presso 
J. Vincenti, 1619, in-4°. Leva indique le lieu 
et l'année de sa naissance dans Péptlre dédi- 
catoire, où il se dit Veronesc et âgé de trente- 
deux ans. 

LEVASSEUR(PiERRE.FRANçois),diU^rM 
violoncelliste, né à Abbeville, le 11 mars 1753, 
fut d'abord destiné à la prêtrise, et fit des études 
pour entrer dans les ordres. A dix-huit ans, il re- 
nonça à l'état ecclésiastique pour se faire musi- 
cien. Pendant trois mois il reçut des leçons d'un 
maître obscur nommé Bel levai ; puis il étudia seul 
le violoncelle. Arrivé à Paris vers 1782, il y reçut 
quelques leçons de Duport atné, dont il imita la 
manière et acquitta belle qualité de son. En 1789, 
il joua des concertos de Duport jeune au con- 
cert spirituel ; plus tard il se fit entendre aux Con- 
certs du théâtre Feydeau. Entré à l'orchestre 
de l'Opéra en 1785, il obtint sa pension de 
retraite en 1815, après trente ans de service, 

19 



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290 



LEVASSEUR — LEVE1SS 



•et à l'âge de soixaDle-huit ans. Il est mort peu 
de temps après. On connaît de Levassenr : i° Six 
duos pour deux violoncelles, op. I ; Paris, Leduc. 
— 2° Six idem, deuxième livre; ibid. 

LEVASSE UR ( Jean-Henri), dit le jeune, 
pour le distinguer du précédent, quoiqu'ils ne 
fussent pas de la même famille, naquit à Paris, 
vers 1765. Élève de Cupis pour le violoncelle , 
il reçut aussi des leçons de Louis Du port. En 1789 
'il entra à l'orchestre de l'Opéra, où il occupa en* 
suite la place de premier violoncelle jusqu'en 1 823. 
Désigné comme professeur du Conservatoire de 
•musique à l'époque de sa formation, il «y ensei- 
gna pendant trente-huit ans. Ses principaux élèves 
' ont été Lamarre, Baudiot et Norblio. Levasseur fut 
aussi attaché à la musique de l'empereur Napo- 
léon, puis à la chapelle du roi. Il est mort à Paris, 
■en 1823. Parmi le petit nombre de compositions 
de cet artiste pour son instrument, on remarque : 
•1° Sonates pour violoncelle, op. l; Paris, Na- 
-derman. — 5° Duos pour deux violoncelles , liv. 
1 et 2 ; Paris, Louis. — 3° Exercices pour le vio- 
loncelle, op. 10; Paris, Langlois. Levasseur a été 
un des principaux collaborateurs de la méthode 
de violoncelle rédigée par Baillot et adoptée pour 
l'enseignement dans le Conservatoire de Paris. 

LEVASSEUR ( L. ), professeur de piano et 
compositeur pour cet instrument, ne m'est 
connu que par ses ouvrages, parmi lesquels on 
-remarque : 1° Deux sonates faciles pour piano 
seul, op. 4 ; Paris, Langlois.' — 2° Trois sonates 
pour piano et violon, op. 5 ; Paris , Vaillant — 
5° Sonate facile à quatre mains, op. 6; ibid. — 
4° Grande sonate pour piano seul, op, 16 ; Paris, 
H. Le moine. — 5° Dix rondos pour piano seul ; 
Paris, chez tous les éditeurs de musique. — 
•6° Un très -grand nombre de fantaisies, airs va- 
riés, marches , exercices et recueils de contre* 
danses. 

LEVASSEUR (Nicolas-Prosper), fils d'un 
laboureur de la Picardie, est né le 9 mars 1791. 
Admis comme élève au Conservatoire de Paris, le 
29 décembre 1807, il entra dans la classe de chant 
de Garai te 5 février 1811, et commença bientôt 
après à se faire remarquer, dans les concerts du 
Conservatoire, par le beau timbre de sa voix de 
basse et par l'élégance de son chant , qualité fort 
rare chez les chanteurs qui ont ce genre de voix. 
Le 14 octobre 1813, il débuta à l'Opéra dans la 
Caravane, où il obtint le plus brillant succès. 
Mais cet ouvrage était à peu près le seul à celte 
époque où il pût se faire entendre avec avantage; 
•car tout le répertoire tragique était ou trop haut 
pour sa voix, ou peu favorable à l'art du chant 
qu'il avait étudié suivant la méthode italienne. 
On l'essaya dans quelques autres rôles, où il ne 



réussit que médiocrement, parce qu'il n'y faisait 
point entendre les cris que le public avait alors 
l'habitude d'applaudir. Sa position au théâtre 
ne répondait donc pas aux espérances que son 
éducation musicale et son début avaient données. 
Levasseur, péniblement affecté du dédain que 
l'administration affectait pour son talent, rompit 
tout à coup avec elle, et partit pour Londres, 
où il chanta pendant la saison de 1816. De re- 
tour à Paris , il rentra à l'Opéra en qualité de 
remplacement, suivant l'expression en usage à 
ce théâtre, pour désigner l'acteur placé entre le 
chef d'emploi et son douhle. Ses succès comme 
chanteur datent de cette époque. Lié d'amitié 
avec Ponchard depuis le temps de leurs études, 
il se faisait souvent entendre avec lui dans les 
concerts ; et tous deux faisaient admirer ia pu- 
reté et le fini de leur chant. En 1822, Levasseur 
obtint un congé pour aller en Italie ; il se rendit 
.à Milan, où Meyerbeer lui confia un rôle dans sa 
Marguerite d'Anjou ; il s'y fit applaudir, et le 
succès commença à fixer sur lui l'attention de 
ses compatriotes. La fin de son congé l'ayant 
ramené à Paris, l'administration de l'Opéra, qui 
gérait aussi l'entreprise du Théâtre Italien , le fit 
entrer à celui-ci, pour y jouer en partage arec 
Pellegrini et Zuchelli les rôles de basse. Après 
avoir chanté cinq ans à ce théâtre, sans y pro- 
duire de vive sensation, il le quitta pour rentrer 
de nouveau à l'Opéra. Depuis quatre ans , Ros- 
sini usait de son influence pour changer la direc- 
tion de ce spectacle, et y substituer l'opéra chanté 
à la tragédie lyrique, afin d'y préparer les succès 
de ses ouvrages. La réforme commença par l'en- 
gagement de M l,c Cinti ( voy, Mme Damorfxi ) , 
et ia mise en scène du Siège de Corinthe ; cette 
cantatrice excellente et Ad. Nourrit offraient de 
grandes ressources aux compositeurs, mais il 
fallait une véritable basse chantante, et l'on songea * 
à Levasseur, qui vint en effet compléter le trio. 
Il débuta dans le Comte Ory, en 1828; depuis 
lors, le talent dont il fait preuve dans Guil- 
laume Tell, le Philtre, et surtout dans Ro- 
bert le Diable et la Juive , lui a procuré de 
brillants succès, et l'a placé à la tête des basses 
chantantes des théâtres français. En 1841 il fut 
nommé professeur de déclamation lyrique au Con- 
servatoire. Levasseur a pris sa retraite de l'Opéra 
en 184ô. ' 

LEVENS (....), maître de musique de l'é- 
glise métropolitaine de Bordeaux, vers le milieu 
du dix-huitième siècle , a publié un livre qui a 
pour titre : Abrégé des règles de l'Harmonie, 
pour apprendre la Composition, arec un nou- 
veau projet sur un système de musique sans 
tempérament ni cordes mobiles; Bordeaux, 



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LEVENS — LÉVÊQUE 



J. Chapuis, 1743, in-4°de 92 pages. Ce livre et son 
auteur méritaient d'être plus connus, car Levées 
prouve, dans ia première partie de cet ouvrage, qu'il 
était à la fois bon musicien et écrivain plus correct 
que la plupart des auteurs de traités de musique. 
Cette première partie est relative à la pratique de 
l'harmonie, telle qu'elle était connue de son 
temps , et suivant les principes de Rameau, qu'il 
n'a pas cependant toujours bien entendus et 
qu'il contredit quelquefois. On y trouve trois cha- 
pitres contenant des règles pour composer à deux, 
trois, quatre et cinq parties, qui renferment de bons 
principes. La seconde partie, où se trouve l'exposé 
du nouveau système, est la plus importante de 
l'ouvrage par son objet, quoique la théorie en 
soit fausse. Telle qu'elle est, Levens est le pre- 
mier qui Ta présentée, et il a raison de dire, dans 
sa préface, qu'il est inventeur à cet égard. 11 
avait remarqué que la progression harmonique 
ne peut engendrer une gamme diatonique coin- 



291 

plète, la quatrième note n'en étant pas nécessai- 
rement le produit ; car, dit-il, aucun des nombres 
de celte progression ne saurait en trouver d'autre 
qui soit avec lui dans la proportion de 3 à 4, qui 
est celle de la quarte. 11 propose, à cause de cela, 
d'avoir recours à la progression arithmétique, 
conjointement avec la progression harmonique, 
celle-ci en montant, l'autre en descendant, et il 
divise d'après ces progressions deux cordes qui 
lui donnent pour produit une série de sons ascen- 
dante qui est celle des instruments harmoniques 
tels que le cor et la trompette, c'est-à-dire avec 
le septième degré abaissé d'un demi-ton et sans 
note sensible. Procédant d'une manière inverse 
pour la deuxième corde par progression arithmé- 
tique, il trouve une série descendante qui loi 
donne le quatrième degré et le système abaissé 
d'un demi-ton. Les deux séries , mises en rap- 
port, offrent le tableau suivant : 



ct 




CT 
1 




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CT 
1 


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I 


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1 


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CT 




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CT 


LA 


bémol 


FA 




Ré 




CT 


SI 


bémol 


LA 


bémol. 



Levens trouvait dans son système trois tons 
différents, savoir : le ton majeur, dans la pro- 
portion de 7 à 8; le ton parfait , dans celle de 
8 à 9 ; et enfin , le ton mineur, dans celle de 
-9 à 10. Par l'expérience qu'il en a faite, dit-il, il 
résulte de cette diversité de tons une variété fort 
agréable. Pour compléter l'échelle chromatique, 
il ne lui restait plus qu'à diviser le ton majeur en 
deux demi-tons inégaux dans les proportions de 
14 à 15, et de 15 à 16; le ton parfait en deux 
autres demi-tons dont les proportions sont de 
16 à 17 et de 17 à 18; enfin le ton mineur en 
deux demi-tons comme 18 à 19, et 19 à 20. 

Le défaut de ce système, défaut capital et qui 
le fait crouler par sa base, c'est qu'il ne répond 
à la constitution d'aucune tonalité; maison doit 
avouer qu'il est fort ingénieux et qu'il peut exci- 
ter quelque intérêt , si on ne le considère que 
comme une curiosité spéculative. Vingt et un ans 
après la publication de l'ouvrage de Levens, Bail- 
lière (voyez ce nom) fit paraître une théorie de 
la musique basée sur les sons harmoniques du 
cor et sur fa progression arithmétique; plus tard 
l'abbé Jamard développa cette dernière (voyez 
Jamaro); mais ni l'un ni l'autre n'ont fait men- 
tion des travaux antérieurs de Levens. 

LÉVÊQUE ( Jean-Goillacme ) , Français 



d'origine, né à Cologne, en 1759, quitta le lieu de 
sa naissance à l'âge de trois ans, pour aller à 
Paris avec ses parents. On lui fit faire des études 
pour qu'il pût succéder à un oncle, qu'il avait à 
Paris, et qui y possédait un bénéfice. Il eut aussi 
un maître de violon qui lui fit faire de si rapides 
progrès dans la musique et dans l'art de jouer 
de cet instrument, que le jeune Lévêque prit la 
résolution d'abandonner la théologie pour cet art, 
et qu'il quitta secrètement la maison de son père. 
Après quelques voyages dans les provinces de 
France, où il donna des concerts, il se rendit en 
Allemagne, et accepta la place de maître de con- 
certs chez le prince d'Œttingen-Wallerstein. 
Quelques années après, il fot appelé chez le prince 
de Nassau- Weilbourg, pour y remplir les mêmes 
fonctions. La guerre qui suivit la révolution fran- 
çaise ayant obligé ce prince à supprimer sa mu- 
sique, Lévéque voyagea de nouveau , visita la 
Suisse, où il séjourna deux ans, puis l'Autriche 
et la Hongrie. A son retour, il s'arrêta à Passau, 
où le prince-évêque le nomma son maître de 
concerts. Treize ans après, il entra au service de 
la maison de Hanovre. Après l'institution du 
royaume de Westphalie, son emploi fut supprimé, 
mais il garda le titre de maître de concerts 
jusqu'à sa mort, qui arriva vers 1816. Cet artiste 

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LÊVÊQUE — LÉVESQUE DE LA RAVALIÈRE 



a joui de ta réputation d'un des violonistes les 
plus agréables de l'Allemagne; on vantait surtout 
sa manière élégante et gracieuse de phraser. On 
connaît sous son nom plusieurs solos,duos, trios, 
quatuors et concertos; mais la plupart de ces 
compositions sont restées en manuscrit. 

LEVER1DGE ( Richard), chanteur de To- 
pera anglais, né en 1669 , fut attaché comme 
basse chantante au théâtre de Lincolris-Inn- 
Fields depuis 1698 jusqu'en 1717. Sa voix était 
étendue et d'une puissance peu commune ; mais 
les écrivains anglais avouent qu'il chantait sans 
goût. Il n'avait point reçu d'éducation , et ses 
manières étaient grossières ; mais son esprit na- 
turel et sa gaieté le Taisaient rechercher dans les 
clubs et assemblées joyeuses, et lui avaient pro- 
curé beaucoup d'amis. Vers 1726, il ouvrit un 
café où se réunissaient beaucoup d'amateurs de 
ses chansons ; mais il parait que cette vogue ne 
se soutint pas et que ses affaires ne prospérèrent 
point; car un médecin de la cité ouvrit, dans la 
vieillesse de ce chanteur émérite, une souscrip- 
tion pour une pension annuelle , qu'il continua 
de recevoir jusqu'à sa mort, arrivée en 1758; il 
était alors âgé de près de quatre-vingt-dix ans. Le- 
veridge avait composé tous les airs de son rôle 
dans le drame musical arrangé parMotteaux, sous 
le titre de Indian Princess (la Princesse indienne) ; 
l'opéra Pyramus and Thyibe , représenté 
en 1716, était entièrement de sa composition. 
Quelques auteurs anglais disent que les mélodies 
du second acte de Macbeth? publiées dans l'édition 
de Shakspeare donnée par Rowe , sont de Leve- 
ridge; mais il est plus vraisemblable qu'elles ont 
été composées par Mathieu Lock. Leveridge a 
publié en 1727 un recueil de ses chansons avec 
la musique, en deux petits volumes bien gravés. 
11 a été gravé à Londres deux beaux portraits 
de cet artiste. 

LÉVESQUE ouLÉVÉQUE (!)(...), basse- 
taille delà chapelle du roi, figure sur l'état du per- 
sonnel de cette chapelle, depuis 1 759 jusqu'en 1781. 
' En 1763, il avait été nommé maître de musique 
des pages de la chapelle de Louis XV. C'est pour 
l'éducation musicale de ces jeunes gens que Lé- 
vesque recueillit avec Bêche, haute-contre de la 
musique du roi et sous-maitre à l'école des pages, 
les leçons dont la réunion forme la compilation 
connue sous le nom de Solfèges d'Italie. La pre- 
mière édition, gravée par Heina, parut en 1768, 
sous ce titre : Solfèges d'Italie, avec la basse 
chiffrée par Léo, Durante, Scarlatti, Masse, 
Porpora , etc. Bailleux en donna une édition 

(1) Le nom est écrit des deux manières sur les états de 
k chapelle du rot. 



plus correcte, et depuis lors il en a été publié 
plusieurs autres à Paris, à Lyon et à Vienne. Iians 
certains livres sur la musique, fabriqués en France 
avec beaucoup de légèreté , on accorde à cette 
compilation la qualité d'excellente, et pourtant 
il était difficile de la faire plus mauvaise. La clas- 
sification des leçons est absolument vicieuse, soit 
sous le rapport des tonalités, qui ne s'enchaînent 
point par ordre d'analogie, soit sous celui des 
difficulté», qui ne sont point graduées. Beaucoup 
de leçons y sont d'ailleurs beaucoup trop élevées 
pour les voix de dessus auxquelles on le* a don- 
nées, parce qu'elles ont été composées originaire- 
ment pour le ténor. L'harmonie de plusieurs de 
ces leçons est d'ailleurs trop mal écrite pour 
être des maîtres à qui on les attribue. II est re- 
marquable qu'aucun des solfèges donnés dans ce 
recueil sous le nom de Porpora ne se trouve dans 
le manuscrit original des leçons de ce célèbre 
musicien qui m'a été donné en 1810 par Asioli, 
et qu'aucune de celles-ci n'est dans la compilation 
de Lévesque et de Bêche : un bon recueil de sol- 
fégas d'Italie est encore à faire. 

LÉVESQUE (Pierrr-Charles), littérateur, 
né à Paris. le 26 mars 1737, mort dans lamémetille, 
le 12 mai 1812, fit ses études d'une manière bril- 
lante au collège Mazarin ; puis, à la recommanda- 
tion de Diderot, il fut nommé, par l'impératrice 
de Russie, professeur de belles lettres à l'érole 
des cadets nobles de Pétersbourg, en 1773. C'est 
dans cette ville qu'il recueillit les matériaux de 
son Histoire de Russie, qui, avec sa traduction 
de Thucydide, composent ses plus beaux titres 
au souvenir de la postérité. De retour en France, 
en 1780, il obtint une place de professeur au 
collège royal, puis entra à l'Académie des inscrip- 
tions et belles-lettres. La révolution lui fit per- 
dre ses emplois; mais, eu 1797, il fut désigné 
comme membre de l'Institut. Parmi ses nom- 
breux écrits, on remarque ceux-ci, où il a 
traité de la musique des Grecs : 1° Considéra- 
tions sur les trois poètes tragiques de la 
Grèce ; Paris, 1797,in-8°. — 2° Études de l'his- 
toire ancienne et de l'histoire de la Grèce ; 
Paris, 1811. b vol, in- 8°. 

LÉVESQUE DE LA RAVALIÈRE (i) 
(Pierre-Alexandre), savant littérateur, né à 
Troyes, le 6 janvier 1697, était fils d'un greffier 
de l'élection de cette ville. 11 alla faire son cours 
de droit à Orléans, puis revint daus ses foyers en 
172G, avec le projet de succéder à son père dans 
l'emploi de celui-ci. Mais bientôt le dégoût que 

(l) Forkc], Gcrber, et d'après eux tous ies copistes, oot 
cité cet écrivain mus le nom de La Ravalière, et en ont 
fait un évéque. 



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LÉVESQUE DE LA RAVALIÈRE — LEWALD 



293 



lui inspirait le travail du greffe, et des chagrins 
d'amour, le décidèrent à se rendre à Paris pour 
cultiver les lettres. Ses travaux relatifs à l'his- 
toire Tayant fait connaître avantageusement, l'A- 
cadémie des Inscriptions et belles-lettres l'admit 
au nombre de ses membres en 1743. Un rhume 
négligé le conduisit au tombeau, le 4 février 1762, 
à Page de soixante-cinq ans. Il avait épousé la 
fille d'un conseiller au parlement de Metz; et 
c'est d'un fief qui appartenait à sa femme qu'il 
prit le nom de La Bavalière. Lévesque est par- 
ticulièrement connu par l'édition qu'il a donnée 
des Poésies du roi de Navarre; Paris, Gnérin, 
1742, 2 vol. in-12. Ces poésies sont, comme on 
sait, les chansons de Thibaut, comte de Cham- 
pagne, qui fut appelé au trône de Navarre, au 
mois d'avril 1234. Parmi les pièces dont Léves- 
que les a accompagnées , on remarque un bon 
discours sur Vancicnneté des chansons, avec 
quelques détails sur la musique. A la fin du 
deuxième volume, il a placé plusieurs airs notés 
de ces anciennes chansons, mais complètement 
défigurés; Lévesque s'est servi de manuscrits in- 
corrects, ou n'a pas connu la valeur des signes. 
LEVÊTT (...), musicien anglais , vivait à 
Londres dans la seconde moitié du dix -huitième 
siècle. On a publié sous son nom : 1° Introduc- 
tory lessons on singing, pariieularly on psal- 
mody, to which are annexed several Psalm- 
tunes (Leçons élémentaires sur le cliant, parti- 
culièrement sur la psalmodie, auxquelles sont ajou- 
tées différentes mélodies de psaumes à quatre par- 
ties) . Londres, Preston.— 2° New yeafs Anihems 
( Nouvelles antiennes de l'année); ibid. — 
3° Hymn for Easter day ( Hymne pour le jour 
de Pâques); ibid. — 4° Hymn for Chrislmas 
day ( Hymne pour le jour de Noël ) ; ibid. — 
b° Hymn for Whitsunday (Hymne pour la 
Pentecôte), ibid. 

L,EVEZOW(Le chevalier Cojrab DE), 
savant antiquaire allemand, conservateur du mu- 
sée de Berlin, actuellement vivant, ne m'est connu 
que par ses excellentes dissertations latines et 
allemandes sur divers sujets d'antiquité et d'ar- 
chéologie, ainsi que par son catalogue raisonné 
des vases grecs du musée de Berlin. Jl est sin- 
gulier que les diverses éditions du Lexique de 
la conversation publiées à Leipsick, ni les 
recueils biographiques allemands ne fournis- 
sent aucun renseignement sur cet homme de 
mérite. II doit être né vers 1770, car son pre- 
mier ouvrage a paru en 1795. Parmi ses pro- 
ductions, on trouve une notice sur la cantatrice 
de la cour de Prusse Marguerite Louise Schick, 
intitulée : Leben uad Kunst der Frau Marga- 
retha Luise Schick, Kœnigl. Preuss-Kammcr- 



sanigerinn ; Berlin , Dunkcr et Humbold, 1809» 
in-8°. 

LEVI (M""), née en Bretagne, vers 1715, ac- 
quit un talent très-remarquable sur le par-dessus 
de viole, et se fit entendre avec un brillant suc- 
cès au Concert spirituel en 1745. Elle tirait de 
cet instrument des sons doux et purs, et exé- 
cutait de grandes difficultés avec beaucoup d'ai- 
sance. Cette dame a fait graver à Paris 6 solos 
pour pardessus de viole, in-fol. obi., chez Le- 
clair. 

LEVI ( Samuel ), compositeur dramatique, 
né à Venise, en 1813, de parents Israélites, a 
donné en 1837 , au théâtre de la Fenice, son 
premier opéra , intitulé : Jginia d'Asti , qui 
obtint quelque succès. Dans Tannée suivante il 
fit représenter à Trieste Ginevra degli Almieri. 
On retrouve ce compositeur à Venise en 1844, 
où il fit jouer Judith, opéra sérieux, qui n'eut 
que trois représentations. On n'a pas d'antres 
renseignements sur cet artiste. 

LEVRIER DE CHAMP-RION (Gml- 
lauhe-Denis-Tiiohas), littérateur, né à Meulan, 
le 21 décembre 1749, fitses études à Paris, et fut 
placé fort jeune dans les bureaux de l'intendance 
de cette ville. En 1777 , il entra à la bibliothè- 
que du roi, comme employé au département des 
manuscrits. Après avoir occupé cette place pen- 
dant vingt ans, il eut le chagrin de la perdre, 
en 1798, parce qu'il déplaisait à Legrand d'Aussy, 
homme dur et fantasque, alors conservateur des 
manuscrits français. Lévrier de Champ-Rion ob- 
tint en 1800 une place d'expéditionnaire à la di- 
rection générale de l'enregistrement et des do- 
maines. Nommé commis d'ordre dans la môme 
administration, le 27 octobre 1808, il fut mis à 
la retraite le 12 août 1818, et mourut aliéné, 
le 10 mars 1825, à soixante-seize ans. Ce lit- 
térateur a écrit plusieurs livrets d'opéras-comiques 
qui ont eu du succès. Il a publié, dans le cin- 
quième volume des Mélanges de littérature 
étrangère, une traduction française de quatre 
lettres de Métastase relatives à l'opéra italien et 
à la nécessité d'y opérer une réforme. Ces lettres 
ont été réimprimées sous ce titre : Lettres sur 
la musique, traduites de l'italien, de Métas- 
tase; Paris, I7S6, in-12. Lévrier de Champ-Rion 
avait rassemblé avant 1810 les matériaux d'une 
Histoire générale de V Opéra-Comique : cet 
ouvrage u'a point été publié. 

LEWALD (Auguste), littérateur qui vivait 
a Nuremberg en 1825, a donné une traduction 
libre de l'Abrégé de l'histoire de la musique par 
M 1 ™ de Bawr, sous ce titre : Geschichte der 
Musik fur Frcunde und Verehrer dieser Kunst; 
Nuremberg, 1826, in-8°. 



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294 



LEWY - LIBANUS 



LE \VY ( Edouard-Constantin ), corniste de 
talent, naquit à Saint-Avold (Moselle), le 3 mars 
1796. Son père, Élie Lewy, avait été musicien 
au service du duc de Deux Ponts. En 1812 il 
entra dans la musique d'un régiment après avoir 
été élève au Conservatoire de Paris, où il reçut 
des leçons de Doninich pour le cor. Après la Ba- 
taille de Waterloo , Lewy voyagea en France et 
en Suisse; il se. fixa à Baie, en 1817. Conradin 
Kreutzer, qui Pavait connu dans cette ville, et 
avait apprécié son talent, rappela à Vienne 
en 1822, et le fit entrer au théâtre de la cour, 
en qualité de cor solo. En- 1834 il fut nommé 
professeur au Conservatoire, et dans l'année 
suivante il reçut sa nomination de premier cor 
de la chapelle impériale. Il est mort à Yienne, 
lé 3 juin 1846. On ne connaît aucune composition 
de cet artiste. 

LEWY (Joseph-Rodolphe), frère puîné 
du précédent et son élève pour le cor, est consi- 
déré comme un des virtuoses de l'Allemagne 
sur cet instrument. Après avoir été attaché pen-. 
dant plusieurs années à la chapelle royale de 
Stnitgard, il alla rejoindre son frère à Vienne, et 
devint son collègue à l'orchestre du théâtre de 
la cour. En 1834 il voyagea en Russie, en Suède, 
en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, donnant 
partout des concerts avec succès. En 1837 il 
alla passer l'hiver à Paris, puis il accepta la 
place de premier cor de la chapelle royale , a 
Dresde. On connaît de cet artiste plusieurs duos 
pour cor et piano. 

LEYKAM (Christophe-François- Ambroise, 
baron DE), né à Vienne, en 1777 , fut un des 
amateurs de musique les plus distingués de cette 
Tille sur le violon et le violoncelle. Vers 1803 • 
il s'est fixé à Naples, où il résidait encore en 1812. 
On a gravé de sa composition : 1° Trois cava- 
tines pour voix de soprano ; Vienne, Weigl. — 
2° Trois chansons allemandes, sur des poésies 
deReissig; ibid. 

LEYMERIE ( Alexandre ) , amateur de 
musique à Paris, s'est fait connaître par la pu- 
blication des ouvrages suivants : 1° Variations 
pour violoncelle, avec accompagnement de piano 
sur l'air : Un bouquet de romarin; Paris, 
Hanry. — 2° V Harmonie en dix leçons, à Vu- 
sage des personnes qui veulent apprendre 
à faire un accompagnement de piano, de 
harpe, trio, quatuor, etc., sans faire une 
étude approfondie de la musique j Paris, chez 
l'auteur, 182C, in-4° de 16 pages, avec une plan- 
che de musique. 

LEYSER (Georces-Sicismond), facteur d'or- 
gues à Rothembourg sur la Tauber, vers la fin du 
dix-septième siècle, ne fut d'abord qu'un simple 



ouvrier menuisier. En 1688 il travaillait comme 
tel chez un docteur Weinlein à Rothembonrg; 
mais ses progrès furent si rapides, qu'il fut en 
état de faire en '1691 non-seulement des répa- 
rations considérables à l'orgue de Saint-Sébald, 
de Nuremberg, mais même d'y ajouter an regis- 
tre double de son invention, auquel il donna le 
nom de Scharfonet. 
! L'BOSTE. Voyez HOSTE (Spirito I/). 
i L'HOYER (Antoine) , guitariste distingué, 
i né en France , entra fort jeune dans la troupe 
1 des comédiens français au service du prince 
1 Henri de Prusse à Rheinsberg. Vers 1800, il s'est 
établi à Hambourg, où il s'est livré à renseigne- 
ment de son instrument. Quelque années après 
! il s'est rendu à Paris. Au nombre des œuvres 
qu'il a publiés pour la guitare, on distingue : 
I 1° Concerto pour guitare , avec quatuor, op. 16 ; 
j Hambourg, Bœhme. — 2° Airs dialogues pour 
1 quatre guitares ; Paris, Schœnenberger. — 3° Trio 
i pour trois guitares , op. 29 ; Paris, Pleyel. — 
! 4° Idem pour guitare , violon et alto ; Paris, Si- 
mon Gaveaux. — 5° Trois sonates pour guitare 
I et violon obligé, op. 17 ; Hambourg, Bœhme. - 
6° Duo idem, op. 28 ; Paris, Pleyel. — 7° Trois 
duos pour 2 guitares, op. 31 ; Paris, S. Gâteaux. 
— 8" Trois idem, op. 34; Paris, Frey; — 9° Six 
idem, op. 35; Paris, Meissonnier. — 10° Six se 
rénades faciles pour 2 guitares, op. 36; Paris, 
Janet et Cotelle. — 11° Six duos nocturnes 
idem, op. 37 ;Paris, Meissonnier. — 12° Plusieurs 
œuvres de sonates, exercices, études, airs variés 
et fantaisies pour guitare seule, Paris, chez tous 
les éditeurs. 

LIBAKUS (Georges), appelé Libvn par 
M. Sowinski (i), mais dont le nom allemand 
pourrait bien être Weihrauch ( encens ) t naquit 
vers 1480, àLiegnilz (Silésie). Les circonstances 
de sa vie sont inconnues ; on sait seulement 
qifii était prêtre , qu'il se fixa en Pologne et fut 
professeur de langue et de littérature grecques à 
l'université de Cracovie, où il se trouvait déjà 
antérieurement à 1528. Un éloge de la musique, 
attribué par Meusel (Hisl. Uter. Bibliogr. Ma- 
gasin, 7e liv., 1794) à Sébastien de Felsztyn 
(voy. ce nom), et, d'après lui, par Gerber, 
Lichtenual et Becker, paraît néanmoins appar- 
tenir à ce Libanus, si, comme le dit J. Lelewel 
( Bibliographie polonaise, l re partie ) . on lit an 
verso du titre : Per M. Georgium Libanum 
Legnicensem, dum utriusque musices clc- 
menta tironibus ejusdem negotii studiovs 
pr.rlcgerat. Cracovix excusum per Joan. 
Halycz, anno Deitatis incarnatœ 15*0. 

(i) Us Musiciens polonais, etc., p. M». 



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LIBANUS — LIBERTI 



395 



Quoi qu'il en soit, voici le titre exact de 
l'ouvrage dont il s'agit : De Musica laudi- 
bus oratio , seu adhortatio quxdam ad mu-' 
sicse sludiosos. Cui annexa est , qux in scalis 
et musicx tractatus multorum vocabulorum 
grxcorum interprétatif) , cum octo tonorum 
proprietatibus et tolidem eorum melodiis, 
tetraphonis haud inconcinnis 9 atque alia 
nonnulla qux sequens ostendit paginula. 
Mis octo tonis, tanguant auciarium, addi- 
tur peregrinus, quasi post Uminis revenus, 
qui cum cœteris tonis, fratribus suis, in pris- 
thutm redit notitiam; Cracovia? , 1540, in-8°. 
Au nombre des ouvrages de Libanus, Daniel 
Janoçki, qui en donne la liste (Janociana, 
tom. I, p. 163 et suiv.), indique une dissertation 
intitulée : De accentuum ecclesiasticorum 
exquisita ratione ; Cracoviœ, 1529,8 feuilles 
in- 8*. Cet écrit concerne l'accentuation dans le 
chant ecclésiastique. 

LIBER ( Antoine-Joseph ), né à Sulzbach , 
près de Ralisbonne , en 1 732 , apprit dans cette 
ville le violon et la composition chez Joseph 
Riepel, homme d'un mérite très-remarquable, et 
fut ensuite placé, comme maître de concerts 
et compositeur, à la petite cour de Dona- 
werl, puisa Ratisbonne, chez le princede La Tour 
et Taxis. Un grand nombre de messes, de sym- 
phonies et de concertos a été laissé par lui en ma- 
nuscrit. Cet artiste est mort à Ratisbonne, en ) 809. 

LIBER (Wolfcang), fils du précédent, na- 
quit à Donawert, le 31 octobre 1758. Né avec 
d'heureuses dispositions, il fit de si rapides pro- 
grès dans la musique, sous la direction de son 
père, qu'à Page de huit ans il fut en état de jouer 
en public un concerto de violon fort difficile, et 
avec succès. Il entra peu de temps après au col- 
lège de Ratisbonne, pour y faire ses études lit- 
téraires. Devenu bon organiste, il apprit' la com- 
position; puis il visita plusieurs abbayes, entre 
autres celle des Bénédictins de Michelfeld, qui 
lui plut, et où il fit profession, le 17 octobre 1779. 
Après la suppression de ce couvent, il se rendit 
à Ratisbonne, où il vivait encore en 1817. On 
connaît de sa composition cinq- concertos pour 
violon, quelques messes, des antiennes, et quel- 
ques autres morceaux de musique religieuse. 

LIBERATI (Antimo), né a Foligno, dans la 
première moitié du dix-septième siècle, eut pour 
premier maître de musique Grégoire Allegri (voyez 
ce nom), ainsi qu'il le dit lui-même dans un de 
ses écrits ; après la mort de ce savant musi- 
cien, il passa dans l'école d'Horace Benevoli. Au 
sortir de cette école, il fut engagé au service 
de la chapelle de l'empereur Ferdinand III, puis 
de Léopold, son successeur. De retour en Italie, 



< Liberati obtint les places d'organiste et de maître 
de chapelle de Sainte-Marie delV Anima , h 
Rome. Le 29 novembre 1661, il fut agrégé an 
collège des chapelains chantres de la chapelle 
pontificale. En 1675, il étaii aussi maître de cha- 
I pelle de la Santissima Trinità de* Pellegrini,et 
' de l'église dite délie Stimate. On ignore en quelle 
| année il mourut, mais on sait qu'il vivait eneore 
en 1685, car c'est dans celte année qu'il publia 
son dernier ouvrage. Beaucoup de madrigaux et 
d'airs composés par ce musicien existent dans 
plusieurs volumes manuscrits qui appartenaient 
autrefois à la famille Colonna, et qui ont passé 
depuis en la possession de l'abbé Baini. Ses 
oratorios sont dans les archives de Sainte-Marie 
in Vallicella ; enfin on trouve quelques-uns de 
ses psaumes dans une collection publiée par 
Caifabri , à Rome, en 1683. Liberati avait été 
consulté par un de ses amis sur le mérite de cinq 
candidats qui aspiraient à la place de maître de 
chapelle d'une des églises de Milan ; il répondit 
par un écrit rempli de bonnes observations et de 
faits intéressants pour l'histoire de la musique. - 
Ce morceau, qui a été publié, a pour titre : Let- 
tera scritta dal sig. Antimo liberati in ris- 
posla ad una del sig. Ovidio Persapegi ,. 
Rome, 1684, in-4°. Liberati a laissé aussi un 
Epitome istorico délia musica, qu'il dédia au 
pape Alexandre VII, et qui se trouve aujourd'hui 
en manuscrit dans la bibliothèque de l'illustre 
maison Chiggi, à Rome. On lui doit aussi une 
défense d'un passage du troisième trio de l'œu- 
vre deuxième de Corelli, publiée sous ce titre : 
Lettera sopra un seguito di quinte ; Rome, 
1685. Enfin, le même musicien est auteur d'un 
Raggualio deilo ttato del Çoro delta cappella 
pontifiera, qui se conserve dans les archives de 
l'église Sainte-Marie in Vallicella. Adami a 
donné le portrait de Liberati dans ses Osser- 
vazioni per ben rcgolare il Coro délia cap- 
pella pontificia (page 200). Hawkins a repro- 
duit ce portrait dans son Histoire générale de la 
musique ( tome 4, page 226 ). 

LIBERT (Herri ), organiste de l'église cathé- 
drale d'Anvers, né à Groningue, dans la seconde 
moitié du seizième siècle, a eu de la réputation 
comme compositeur et comme exécutant , vers 
1620. On a imprimé de lui un recueil de motets 
à quatre et cinq voix, intitulé : Contioncs sacrx 
et suavissimx cum vocibus quatuor et quinque 
composilx ; Anvers, P. Phalèse, 1621, iu-4° obi. 
On trouve le portrait de ce musicien dans l'œu- 
vre de Vandyck. 

LIBERTI (Vincent), compositeur, né à 
Spolette, dans la seconde moitié du seizième 
siècle , parait avoir vécu à Venise au commen- 



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296 



LIBERTI — LICHTEJNSTEIGER 



cément du dix-septième. Ses ouvrages connus 
sont : 1° .11 primo libro dï Madrigali a cin- 
que voci. In Venetia , appresso Ricciardo 
Amadino, 1608, in-4°. Ces madrigaux n'ont pas 
été mis au jour par l'auteur; Giuseppe Agabito 
Campelli, son concitoyen et ami, en fut l'édi- 
teur, et Ton voit, dans sa dédicace au cardinal 
Borgliese, datée deSpolète, le 28 septembre 1607, 
qu'il a recueilli ces compositions à cause du 
succès qu'elles obtenaient lorsqu'elles étaient 
exécutées dans la maison d'un certain signor Ce- 
ciliOf Ton des principaux habitants de cetle 
ville. — Il secondo libro di Madrigali a cin- 
quevoci.; ibid., 1609, in-4°. L'épltre dédica- 
toire au cardinal Barberino est datée de Venise , 
le 18 avril de la même année. 

LIBON (Philippe) (I), né de parents fran- 
çais, à Cadix, le 17 août t775, apprit en cetle 
ville les éléments de la musique et du violon. 
Ses progrès furent rapides : à l'âge de quatorze 
ans, il jouait déjà si bien de l'instrument qu'il 
avait choisi, qu'on crut qu'il était destiné à pos- 
séder un talent de premier ordre, et sa famille 
prit la résolution de l'envoyer à Londres conti- 
nuer ses études, sous la direction de Yiotli. Six 
années passées près de ce maître célèbre, et la 
fréquentation des artistes distingués <;ui étaient 
alors réunis dans la capitale de l'Angleterre, don- 
nèrent à son talent les qualités solides par lesquelles 
il se fit remarquer. Dans le même temps, il 
fit aussi un cours de composition avec Cimador. 
Violti, qui avait de l'affection pour son élève, lui 
fit exécuter des concertos dans quelques concerts 
publics , et joua même avec lui ses symphonies 
concertantes à Haymarket. Lorsque Haydn alla 
composer à Londres ses grandes symphonies, 
Libon eut l'honneur de lui être présenté, et ce 
grand homme le félicita sur sa manière d'exécu- 
ter ses quatuors. Passant à Lisbonne, en 1796, 
pour retourner à Cadix, Libon se fit entendre à 
la cour, et le prince royal de Portugal fut si sa- 
tisfait de son talent, qu'il l'attacha à son service, 
en qualité de violoniste solo. En 1798, il se ren- 
dit à Madrid, où il fut engagé pour la musique 
particulière du roi ; mais depuis longtemps il était 
préoccupé du désir de visiler Paris, et il aban- 
donna bientôt son poste pour se rendre dans cette 
ville, où il arriva au mois de novembre 1800. Il 
donna peu de temps après un concert au théâtre 
île la rue de la Victoire, et s'y rit applaudir dans 
un concerto de sa composition. Plus tard, il joua . 
aussiavec succès aux concerts de MM""» Calalani 

(l) tl y a erreur dans le prénom de Pierre qu'on a 
donné a cet artiste au lexique universel de musique pu- 
blié par le docteur Schilling. 



et Col bran. En 180i, l'impératrice Joséphine rat- 
tacha à sa musique particulière, et en 1810 l'im- 
pératrice Marie-Louise le choisit pour accompa- 
gnateur. Lors de la restauration , il conserva sa 
position dans la musique particulière du roi. Cet 
artiste estimable est mort à Paris, le 5 février 
1838, à l'âge de soixante-trois ans. On retrouvait 
dans l'exécution de Libon les qualités didactiques 
de la belle école où il avait été élevé; mais son 
jeu était dépourvu de génie; tout ce qu'il faisait 
était de bon goût; mais on eût désiié en lui plus de 
sensibilité et d'inspiration. Comme compositeur, 
il s'est fait connaître par les ouvrages suivants : 
l° Premier concerto pour violon ( en ré mineur); 
Paris, Pleyei. — 2° 2 me idem (en ut); Paris, 
Frey. — 3° 3«»e idem (en mi); Paris, Henlz- 
Jouve. — 4° 4rac idem (ré); Paris, Momigny. 

— 5° 5me \dem (en sol mineur ) ; Paris, Pleyei. 

— 6° 6«n« idem (en ré mineur) ; Paris , Nader- 
man. — 7° Airs variés pour violon et orchestre, 
op. 8, liv. 1 et 2; Paris, Pleyei.— 8° Airs variés 
pour violon et quatuor ou piano, op. 12, iiv. i 
et 2 ; Paris , Naderman. — *J° Trois trios pour 
2 violons et violoncelle, op. 3 ; Paris, Leduc. — 
10° Trois idem, op. 6 ; Paris, Pleyei. — 1 1° Trois 
grands duos concertants pour deux violons, 
op. 4; Paris, Pleyei. — 12° 30 caprices pour violon 
seul, op. 15; Paris, Janet. — 13° Deuxième re- 
cueil d'airs variés pour violon et quatuor, op. 12; 
Paris, Naderman. 

L1CHNOWSKI (Le prince), amateur dis- 
tingué de musique, pianiste et compositeur, fut 
un des premiers prolecteurs et des plus grands 
admirateurs de Beethoven. Il était issu d'une 
des plus nobles familles de la Pologne, et vivait 
à Yienne vers la lin du dix-huitième siècle, et 
au commencement du suivant. On a grave de sa 
composition sept variations pour le piano sur le 
thème IS'el cor più non mi sento; Vienne, 1798. 
Il avait aussi en manuscrit beaucoup d'autres 
productions. La princesse Lichnowski était à 
cette époque une des pianistes les plus remarqua- 
bles de Vienne. 

LICRTENAUER (....), maître de cha- 
pelle de l'électeur de Trêves, vers 1730, fut en- 
suite organiste à l'église cathédrale d'Osnabriick. 
Il a fait imprimer : 24 Offertoria in honorem 
sancti Szcramenti, gloriam Virginis mundique 
contemptum, quatuor vocum et instrumentés; 
Augsbourg, 1736. 

LICHTENSTEIGER (Jean- Ernest), mu- 
sicien au service du duc de Saxe-Meinungen, pa- 
rait avoir vécu d'abord à Amsterdam, où il pu- 
blia, en 1762, douze sonates pour le clavecin, 
op. 1. Plus tard, il fit paraître à Nuremberg deux 
sonates pour le même instrument. 



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LICHTENSTEIN — LICHTENTHAL 



297 



LICHTENSTEIN (Loui>), baron DE , 
compositeur dramatique et violoniste, né avant 
1770, à Lalim, dans le cercle du Bas-Mein , fut 
envoyé jeune à l'université de Gœttingue, 
l>our y faire ses éludes. 11 y continua aussi à 
cultiver son talent sur le violon, et acquit 
sur cet instrument une habileté' remarquable. 
Pendant son séjour à Gœttingue, il brillait dans 
les concerts dirigés par Forkel. Ses études ter- 
minées, il eut le titre de gentilhomme de la cham- 
bre de l'électeur de Hanovre. Déjà, il était re- 
vêtu de cette dignité lorsqu'il composa à Bamberg, 
en 1795, ses premiers opéras. Vers 1798 le prince 
d'Anhait-Dessau le nomma intendant du théâtre 
de sa cour et son chambellan. La situation de 
ce théâtre était alors peu florissante ; le baron 
de Lichtenstein fit de notables améliorations 
dans le personnel des chanteurs et de l'orches- 
tre, et le 26 décembre 1798 il y fit représenter 
son opéra intitulé : Bathmendi y dont il avait 
arissi composé les paroles. Le succès ne répon- 
dit pas à ses espérances, et il se vit dans l'obli- 
gation de faire de tels changements à sa pièce , 
qu'il n'en resta plus que le titre et la musique. 
L'année suivante, il donna un nouvel opéra, qui 
avait pour titre : Die sleineme Braul (la Fian- 
cée de pierre), dont le succès fut des plus bril- 
lants. Lichtenstein et sa femme y remplissaient 
les principaux rôles. C'est ce môme ouvrage qui 
a fourni le sujet de Zampa, opéra d'Hérold. Au 
commencement de 1800, Lichtenstein conduisit 
sa troupe dramatique à Leipsick, et y donna 
quelques représentations, qui prouvèrent que 
celte troupe était alors une des meilleures de 
l'Allemagne, et lui valurent des applaudissements 
universels. Ce triomphe lui ayant inspiré le désir 
de briller sur une scène plus vaste, il se démit de 
son intendance de Dessau, au mois d'août de 
la même année, et se rendit à Vienne, où le ba- 
ron de Braun, directeur du théâtre de la cour, 
l'accueillit avec distinction et lui confia la direc- 
tion de la musique de ce spectacle, ne se réser- 
vant que l'administration financière. Cédant au 
goût passionné qu'il avait pour la scène, Lich- 
tenstein parut souvent lui-même dans les opéras 
qu'il faisait représenter ; on vantait alors l'expres- 
sion de son chant, et surtout son action drama- 
tique. Après les événements de la guerre de 1805, 
des réfonnes furent faites à la cour de Vienne, 
et Lichtenstein, resté sans emploi, reçut du roi 
de Prusse un engagement pour la régie générale 
du théâtre royal de Berlin. Il ne quitta plus cette 
ville depuis lors; mais il s'y est moins occupé de 
la composition que de là traduction des opéras 
français. En 1831, il a adapté à la musique de 
Guillaume Tell, opéra de Rossini, la pièce an- 



glaise intitulée André Ho fer. Ce travail est, je 
crois, le dernier qu'il fit pour la scène. Les 
compositions connues de Lichtenstein sont : 
Knallund Fall (l'Éclat et la Chute), opéra en 
deux actes, poésie et musique, à Bamberg, en 1795. 
Cet ouvrage- fut d'abord représenté dans une so- 
ciété particulière, puis en public. — 2° Batk- 
mendi, grand opéra, à Dessau, en 1798. La 
partition, réduite pour le piano, a été gravée à 
Vienne, chez Weigl. — 3° Die sleinerne Braut 
(la Fiancée de pierre), opéra, à Dessau , 1799. — 
4° La Sympathie, petit opéra, en vaudevilles, 
Dessau, 1800. — 5° Endegut, ailes gui (la Fin 
couronne l'œuvre), ibid. — 6° Die deutschen 
Herrenin Nurnberg, représenté à Berlin, en 1833. 
— 7° André Hofer, parodié sur la musique de 
Guillaume Tell, de Rossini. On a aussi du ba- 
ron de Lichtenstein une histoire de l'Académie 
de chant de Berlin, sous ce titre : Zur Gesctiickle 
der S ing- Académie in Berlin; Berlin, 1843, 
in-4°. 11 est mort dans cette ville, le 10 septem- 
bre 1845. 

LICHTENTHAL (Pierre), docteur en 
médecine, compositeur et écrivain sur la musique, 
naquità Presbourg, en Hongrie, dans l'année 1780. 
. L'abbé Bertini dit qu'il se rendit en Italie dans 
sa jeunesse, et qu'il y lit ses études de médecine 
sous le docteur Frank (I) ; je n'ai pu vérifier l'as- 
sertion, aucun dictionnaire biographique de ces 
derniers temps ne fournissant de renseignements 
sur ce savant. Quoi qu'il en soit , il demeura à 
Vienne pendant plusieurs années avant qu'il 
se fixât à Milan, où il résida depuis 18(0 
jusqu'à la fin de ses jours. On ignore le nom 
du maître qui dirigea ses études musicales. Je 
le vis à Milan, en 1841, et je trouvai en lui un 
homme aimable, fort obligeant, aimant l'art avec 
passion, peu favorisé de la fortune, mais n'en dé- 
sirant pas les avantages. Je le retrouvai dans la 
même situation en 1850, mais ayant conservé sa 
douce sérénité. 11 m'avait promis des renseigne- 
ments pour sa notice ; ils ne me sont pas parvenus. 
Lichtenllial est rnorhà Milan, vers 1858. Ses pre- 
mières compositions furent instrumentales; il 
a publié : 1° Quatuor pour piano, violon, alto 
et basse (en la), op. 4; Vienne, Haslinger. — 
2° Trio pour piano, violon et violoncelle, op. 8, 
ibid. — $• Trio pour piano, violon et alto, ibid. — 
4° Variations pour piano seul, op. 3, ibid. — 5* So- 
nate (en ut) pour piano seul ; Leipsick, Breitkopf 
et Haertel. — 6° Marches pour piano à quatre 
mains; Milan, Ricordi. Lichtenthal a com- 
posé ou arrangé une partie des ballets intitulés : 

(I) DUlonario storico-crltico d/çli scrlttori dl mu- 
Uea, etc., t. III, p. 14. 



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298 



LICHTENTHAL — LICKL 



// Conte cTEsscx, représenté a» théâtre de la 
Scala, à Milan, en 1818; Cimene, ibid., 1820; 
Alessandro , ibid., IH20., Mais t'est surtout 
comme écrivain sur diverses parties de la mu- 
sique qu'il s'est fait connaître avantageuse- 
ment. Son premier ouvrage fut un petit traité 
d'harmonie et d'accompagnement, à l'usage des 
dames, intitulé : Barmonik fur Damen, oder 
Kurze Anxveisung die Regeln des Generalbas. 
ses ouf eine leichtfassliche Art zu erlernen 
(Harmonie pour les dames, ou courte instruction 
pour apprendre par une méthode facile les règles 
de la basse continue) ; Vienne, Hofmeister, 1806, 
21 pages in- fol. obi. Cet opuscule fut suivi d'un 
traité de l'influence de la musique dans les mala- 
dies, publié en allemand, sous ce titre : Der musi- 
kalisch Artz , oder Abhandlung von dem Ein- 
/lusse derMusik aufdcnmenschlichenKorper, 
und von ihrer Anwendungin gewissen Krank- 
heiten ; Vienne, Wappler et Beek, 1807, in-8° de 
107 pages. Une traduction italienne de cet ouvrage 
a paru à Milan, en 1811, chez Maspero; elle est 
intitulée : Trattato delV itifluenza délia mu- 
sica sul corpo umano, e del suo uso in certe 
maladie. Dans la même année où l'édition alle- 
mande de cet ouvrage fut publiée, son auteur fit 
paraître aussi une petite méthode de composition 
sous ce titre : Orpheik, oder Anweisung die 
Regeln der /Composition auf eine leichte und 
fassliche Art zu erlernen (Art d'Orphée, ou 
instruction pour apprendre la composition par 
une méthode courte et facile); Vienne, Steiner, 
23 pages in-fol. obi., avec 42 pages d'exemples. 
Une notice biographique sur la vie de Mozart a 
été publiée par Lichtenthal; elle a pour titre : 
Cenni biografici intomo al célèbre maestro 
W.-A. Mozart, estratti da dati autentici. Mi- 
lan, Si Iv est ri, 1814, in-8° de 40 pages. Cette no- 
tice contient quelques faits intéressants qui ne 
sont pas dans celles qui avaient été publiées pré- 
cédemment. Après cette publication, M. Lich- 
tenthal s'est livré à la rédaction d'un dictionnaire 
et d'une bibliographie de la musique ; il employa à 
cet ouvrage, le plus considérable de ses travaux, 
douze années de recherches. Le livre parut enfin 
sous ce titre : Dizionario e Bibliografia délia 
musica; Milan, Fontana, 1826, 4 volumes in-8°. 
Les deux premiers volumes renferment le diction- 
naire technique et historique de l'art. Cette par- 
tie du travail de M. Lichtenthal est fort estima- 
ble ; on y trouve un grand nombre d'articles où 
la matière est bien traitée, et qui ne sont pas, 
comme l'a prétendu un critique français , une 
simple traduction du Lexique de Koch. Les deux 
autres volumes contiennent la bibliographie. Les 
bases du travail sont la Littérature générale de la 



musique, par Forkel, et le nouveau Lexique des 
musiciens de Gerber. Un peu trop conGant dans 
l'autorité de ces deux auteurs , surtout du premier, 
Lichtenthal a souvent copié leurs fautes, et lui- 
même y a ajouté quelques erreurs ; de plus, un 
grand nombre de fautes typographiques , particu- 
lièrement dans les noms propres et les dates, obli- 
gent à n'user de son livre qu'avec précaution ; 
néanmoins, les additions nombreuses qu'il a faites 
au travail de ses devanciers, pour continuer le ta- 
bleau de la littérature de la musique jusqu'à l'é- 
poque de sa publication, donnent du prix à celle- 
ci, malgré ses défauts et ses omissions. Une tra- 
duction française des deux premiers volumes du 
livre de Lichtenthal, par M. Dominique Mondo, 
a paru sous ce titre : Dictionnaire de musique 
par le X> r . Pierre Lichtenthal, traduit et aug- 
menté, etc. ; Paris, 1839, 2 vol. gr. in 8 # . Le der- 
nier ouvrage de Lichtenthal est un traité de la 
théorie du beau dans les arts, particulièrement 
dans la musique ; il a pour titre : Estetica, ossia 
dottrina del bello e délie belle arti. ; Milan, 1 83 1 , 
in-8° de 435 pages. Dans la première partie de ce 
livre, l'auteur traite du l>eau , ou de l'esthétique 
en général ; dans la seconde il analyse chaque 
art en particulier , et spécialement la musique 
(pages 210 à 272). Il s'y montre partisan du sys- 
tème de l'imitation comme principe du beau. En 
général, ses vues manquent de profondeur. 

LICKL (Jean-Georces), né le il avril 1769, 
à Kornneubourg, dans la basse Autriche , s'est 
fait connaître à Vienne comme compositeur et 
professeur de piano. I) a joui aussi de la réputa- 
tion 'd'un organiste distingué. Parmi les opéras 
qu'il a écrits pour le théâtre Schikaneder, on re- 
marque : 1° Der Zaaberpfeil ( La Flèche en- 
chantée). — 2° Der Bruder von Kakrau (Le 
Frère de Kakrau). — 3°Astaroth,der Yerfûhrer 
(Astarolh le séducteur). — 4° Faust Leben, Tha- 
ten und Hœllenfahrt (La Vie, les aventures et 
la descente de Faust aux enfers ). — 5° Derver- 
meinte Hexenmeister (Le Sorcier supposé). — 
6° Der Orgelspielcr (L'Organiste). — 7° Der 
Durchynarsch (La Traversée). — 8° Der Bri- 
gitta-Kirchtag (Le Jour de S te- Brigitte), etc. 
En 1 806, Lickl a été nommé maître de chapelle 
de l'église principale de Fûnfkirchen, en Hongrie; 
depuis ce temps il a écrit beaucoup de messes r 
vêpres, psaumes, motets, antiennes, hymnes, 
litanies, et autres compositions religieuses, dont 
il n'a été publié qu'un petit nombre. Cet artiste 
est mort à Fûnfkirchen, le 12 mai 1843, Ses 
principaux ouvrages gravés sont : 9* Deux suites 
d'harmonies à 6 parties ; Vienne, Haslinger. — 
10° Quintette pour flûte, hautbois , clarinette , 
cor et basson; ibld. — 11° Trois grands quatuors 



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LICKL — LIFJBE 



290 



pour 2 voilons, alto et violoncelle, op. 1 ; Ofïen- 
bach, André. — 12° Trois trios pour violon, alto 
et basse, on. 17; Augsbourg, Gombart. — 13° Trois 
quatuors pour flûte ou hautbois , violon , alto et 
basse, op. 28; Vienne, Haslinger. — 14° Quatuor 
pour piano, flûte, alto et violoncelle, op. 20 ; ibid. 

— 15° Trois sonates pour piano, violon et vio- 
loncelle, op 2 ; Vienne, Cappi. — 16° Grande so- 
nate brillante pour deux pianos, op. 30; Vienne. 
Haslinger. — 17° Sonate pour piano à 4 mains, 
op. 3; Vienne, Cappi. — 18° Sonate brillante, 
idem. y op. 31 ; Vienne, Haslinger. — 19° Trois 
sonates pour piano seul, op..5; Vienne, Artaria. 

— 20° Plusieurs thèmes variés; idem. — 21° Plu- 
sieurs cahiers de valses et de danses ; idem, ibid. 

— 22° Litanies à 4 voix avec 2 violons , 2 clari- 
nettes, 2 cors, contrebasse et orgue, N°» 1 et 2 ; 
ibid. — 23° Deux Regina cœlu à 4 voix, 2 vio- 
lons, t clarinettes , 2 cors, basson , contrebasse 
et orgue; ibid. — 24° Deux Salve Regina à 4 voix 
avec 2 violons, 2 clarinettes, 2 cors, basson, 
contrebasse et orgue; ibid. — 25* Offertoire 
pour viole solo, quatre 'voix, quatuor et orgue; 
Vienne, Trenlsensky. 

LICKL ( Charles-Georges), fils du précédent, 
né à Vienne le 28 octobre 1801, employé dans 
les bureaux de la cour impériale, n'a point eu 
d'autre maître que son père pour la musique. Il 
joue bien du physharmonica. On a gravé de sa 
composition : 1° Polyhymnia, suite de pièces 
choisies pour physharmonica ou flûte et piano, 
Vienne, Mechetti. — 2° Les Quatre saisons de 
Vannée, poëme en musique caractéristique pour 
piano, op. 17; Vienne, Cappi. —3° Les Charmes 
de Presbourg, rondo pour le piano, op. 16; ibid. 

— 4° Environ dix autres rondos ou rondinos ; 
idem., ibid. — 5° Des Variations sur différents 
thèmes, idem.; Vienne, Haslinger et Pennauer. 

— 6° Des danses et des valses, idem. 
LICKL (Égide-Charles) , deuxième fils de 

Jean-Georges , est né à Vienne, le 1 er septem- 
bre 1803. H est aussi élève de 6on père, et 
s'est fait remarquer comme pianiste, guitariste et 
compositeur. Il est fixé à Trieste. Ses œuvres 
se composent de musique religieuse et fnstru- 
mentale : j'ignore s'il en a été publié quelques 
morceaux. 

LIDL (Antoine), né à Vienne, vers 1740, a 
été un des virtuoses les plus distingués sur le 
baryton ou violoncelle d'amour. Il brillait encore 
à Berlin en 1784; mais Burney nous apprend, 
dans son Histoire générale de la musique, que 
cet artiste avait cessé de vivre en 1789. On a 
gravé de sa composition sept œuvres, chacun de 
six pièces consistant en duos, quatuors et quin- 
tettes, pour violon, flûte et violoncelle. On con- 



naît aussi de lui un andante avec des variations 
pour le clavecin, gravé à Berlin en 1784 : enfin, 
il a laissé en manuscrit quelques pièces pour la 
basse de viole. 

LIEBAU ( Frédéric -Guillaume) , organiste 
à l'église Saint-Benoit de Quedlinbourg, est 
né le 14 novembre 1802, à Wickerodo, dans 
le comté de Stolberg. 11 est élève de Hummel 
pour le piano, l'orgue et la composition. En 
1837, il fit un voyage en Suède et (it exécuter à 
Stockholm son oratorio Die Pfadezur Gottkeit 
(Les Voies de la Divinité). Dans la même an- 
née, un autre oratorio de sa composition, inti- 
tulé Die Reue des Petrus (Le Repentir de 
saint Pierre), fut exécuté à Quedlinbourg. On 
connaît anssi de lui des cantates, des Lie- 
der, etc. Cet artiste a publié peu d'ouvrages, 
mais il a en manuscrit les psaumes 96 et 
146, avec orchestre, sur le texte de Mendels- 
sohn, ta Feie de la musique , grande cantate , 
plusieurs chanta avec ou sans accompagnement, 
des quatuors, des sonates et d'autres ouvrages, 
pour le piano. On a imprimé de sa composition : 
Les Délassements musicaux du soir, pour les 
amateurs, consistant : 1° en Un quintetto pour 
piano, deux flûtes et deux violons, avec vio- 
loncelle ad libitum. — 2° Variations sur un 
thème connu, idem ; Quedlinbourg , Basse. Cet 
artiste est mort à Quedlinbourg, le 27 juil- 
let 1843, à Page de quarante ans et quelques 
mois. 

LIEBE (Chrétien), organiste à Frauenstein, 
en Misnie, naquit à Freyberg, le 5 novembre 1654. 
Ses études furent brillantes, et il apprit en peu 
de temps le latin, le grec, l'hébreu et le syriaque. 
Il cultivait aussi la poésie avec succès , et a 
laissé, comme organiste , un grand nombre de 
compositions pour l'église, qui sont restées en 
manuscrit. En 1690, il fut appelé à Zschopau, 
en qualité de recteur de l'école; il y mourut, 
le 3 septembre 1708. 

LIEBE (Edouard-Louis), pianiste et compo- 
siteur, né à Magdebourg, le 26 novembre 1819, 
y reçut sa première éducation musicale de son 
parent le professeur Schwarz. En 1841 il alla 
à Cassel étudier le contrepoint, chez le directeur 
de musique Baldewein. Il y reçut aussi des 
leçons de composition de Spohr. Ce musicien 
célèbre fit exécuter par les musiciens de la cha- 
pelle ducale un psaume à 4 voix et .orchestre, 
et l'ouverture pour le drame de Schiller, Gui/- 
laume Tell, de la composition de M. Liebe. . 
En 1344, cet artiste fut nommé directeur de mu- 
sique à Coblence, et dans la même année il 
visita le midi de la France avec une troupe d'o- 
péra allemand ; puis il fut directeur d'une société 



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300 

de musique d'église à Mayence, où il écrivit une 
messe solennelle, qui obtint le suffrage des con- 
naisseurs. En 1 846, M. Liebe fut appelée Worms 
pour y diriger la société de musique ; quatre ans 
après il s'est fixé à Strasbourg, comme professeur 
du piano : il y était encore en 1856. On a publié 
de sa composition un grand nombre de Lieder avec 
accompagnement de piano, ou de piano et vio- 
loncelle ; des ballades pour voix de basse, op. 6 
et 7 ; des chants pour des choeurs d'hommes, 
op. 8, 9 et 12 ; des fantaisies pour piano, op. 16 
et 18 ; des chants sans paroles pour le même ins- 
trument, op. 15, et beaucoup d'autres ouvrages 
du môme genre. M. Liebe a en manuscrit de 
grandes compositions, telles que symphonies, ou- 
vertures , psaumes avec orchestre , messes , etc. 

LlEBEiWVEIN (Gaspard), chanteur du 
chœur, à la cathédrale de Grxtz, et professeur de 
chant choral à la maîtrise de cette église, vers 1830, 
est auteur d'un petit ouvrage élémentaire intitulé : 
Theorelisch-praktische Anleitung zum Cho- 
ralgesang (Introduction théorique et pratique 
au chant choral); Graetz, Keiser, 1832, in-4° de 
31 pages. 

L1EBER ( . . . ), secrétaire et conseiller du 
comte de Spauer, président de la chambre de 
Wetzlar, mort vers 1780, a fait graver de sa 
composition six sonates pour le clavecin, avec 
accompagnement dé violon ; Manheim, 1775. 

LIEBESKIND (Georges -Goithilk), célèbre 
flûtiste allemand, naquit à Altenbourg, le 22 no- 
vembre 1732. 11 n'avait que huit ans lorsqu'il 
suivit à Bayreuth son père, bassoniste distingué. 
Celui-ci voulait faire apprendre le basson à son 
fils; mais le jeune Liebeskind ayant montré de 
l'aversion |>our cet instrument et un goiït pro- 
noncé pour la flûte, on lui laissa le choix de ce 
dernier instrument, sur lequel il fit de rapides 
progrès. A l'âge de dix-sept ans, il fut admis dans 
la chapelle du margrave de Bayreuth, qui le 
confia aux soins de Quanz, en 1756. Ce maître, 
obligé de résider à Potsdam pour son service 
près du roi, conduisit Liebeskind à Berlin, près 
de Lindner, son ancien élève , et première flûte 
de la chapelle royale. De retour en celte ville 
dans la même année, Quanz s'occupa lui-même 
à perfectionner le talent du jeune flûtiste , et 
l'affection qu'ils prirent l'un pour l'autre fut si 
vive, que le maître donnait deux leçons par jour 
à son élève , et qu'ils ne se quittaient point. 
Ko 1759, Liebeskind dut retourner à Bayreuth; 
il y resta jusqu'à la mort du prince ; puis il alla 
à Anspach en 1769, avec tout l'orchestre de la 
cour de Bayreuth. Il est mort à Anspach, en 1800. 
Cet artiste n'a rien composé; mais son talent 
d'exécution était si parfait, qu'il a joui d'une 



LIEBE — ^lEBlCH 



réputation de grand artiste dans toute l'Alle- 
magne. 

LIEBESKIND (Jean-Henri ), fils du pré- 
cédent, né à Bayreuth, en 1768, apprit de son 
père à jouer de la flûte, et fit de bonnes études 
littéraires et scientifiques. Après avoir obtenu 
le grade de docteur en droit, il fut nommé 
conseiller de la haute cour de justice de Bavière, 
à Bamberg, où il vivait encore en 1808. Amateur 
distingué sur la flûte, il ne s'est pas borné au 
talent d'exécution, car on lui doit une excellente 
dissertation insérée dans la Gazette musicale de 
Leipsick (1807, n" 7 et suiv., 47 et suiv. ; 1808, 
n" 6 et 7), sous ce titre : Fragments d'un essai 
philosophico- pratique, non imprimé , sur la na- 
ture du son et le jeu de la flûte allemande. Il 
a donné aussi dans la douzième année du même 
recueil un bon article sur le double coup de lan- 
gue^ p. 665 et suiv.). 

LIEBICH (Godefroid-Sicismond), directeur 
de la chapelle du comte de Reuss-Plauischen et 
secrétaire intime du prince, naquit à Frankeu- 
berg, en Misnie, le 2*2 juillet 1672. Son père, 
canlor du lieu , lui enseigna les éléments de la 
musique, puis, il fréquenta le collège de Baulzen, 
et alla ensuite à Jéna pour étudier la médecine ; 
mais son penchant pour l'art musical lui fit 
abandonner cette science, et après un an de sé- 
jour à l'université, il se rendit à Dresde pour 
suivre sa nouvelle carrière, favorisé par une belle 
voix de ténor, qui lui procura de l'emploi dans 
les églises. En 1695 il obtint la position de se- 
crétaire chez le comte de Reuss, à Schleitz, 
dans le Voiglland, puis il fut chargé des fonctions 
de maître de chapelle. Il mourut le 1er juin 1727. 
Parmi les compositions qu'il a laissées en ma- 
nuscrit, on remarque : 1* Motets sur les textes 
des évangiles, pour une année entière, à voix 
seule, 2 violons, 2 violes et basse continue. 
— 2° Une année complète de motets sur les 
mêmes textes, à 4 voix et orchestre. 

LIEBICIi ( Ernest-Jean -Gotti.ob), facteur 
d'instruments à archet établi à Breslau , naquit 
le 27 octobre 1796, à Reibnilz, près de Hirscb- 
berg (Silésie). Son oncle, Gotlfried Liebich, fa- 
bricant de violons à Breslau, le reçut jeune dans 
sa maison, et lui enseigna les éléments de son 
état. Après la mort de ce parent, en 1812, le père 
d'Ernest Jean-Gottlob Liebich , vint recueillir la 
succession de son frère, et s'établit dans son ate- 
lier. Ernest continua de travailler dans cette 
maison, et par son activité, son application et ses 
études, il parvint à établir, en 1819, une mai- 
son pour la fabrication des instruments à archet, 
des harpes et des guitares. Les soins qu'il don- 
nait à la fabrication de ses instruments l'eurent 



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LIEBICH — LIGOU 



301 



bientôt fait connaître avantageusement, et sa répu- 
tation franchit les frontières de la Silésie. Peu 
d'artistes de ce pays jouent d'autres instruments 
que ceux qui sont sortis de ses ateliers, li en 
expédie aussi en Pologne, en Russie, et dans les 
provinces prussiennes de la mer Baltique. Lie- 
bich a beaucoup étudié la construction des ins- 
truments de Stradivarius et de Guarnerius, 
consultant aussi les artistes et les acousticiens 
dans le but de perfectionner ses produits. Au 
moment où cette notice est écrite (1862), il est 
âgé de soixante-six ans et conserve Pactivité 
de sa jeunesse. 

LIEUMAMV (Mme Hélène), née REISE, 
amateur de musique, pianiste distinguée, est née 
à Berlin, en 1796. Élève de Lauska, elle étonna 
par son habileté dans un concert donné à Ber- 
lin en 1806, quoiqu'elle ne fût âgée que de dix 
ans. En 1314, elle s'est mariée; deux ans après, 
elle s'est rendue à Londres, où elle parait s'être 
li\te. Les compositions de cette daine se font 
remarquer par un sentiment expressif et par des 
traits brillants. On a gravé sous son nom : 
1° Quatuor pour piano, violon, alto et violon- 
celle, op. 13 ; Leipsick, Peters. — 2° Trios pour 
piano, violon et violoncelle, op. 11 et 12; ibid. 
— 3° Sonates pour piano et violon, op. 9 et 14 ; 
ibid. — 4° Sonates pour piano seul, 3 œuvres; 
ibid. — 5° Thèmes variés pour piano seul ; Vienne, 
Meclietti , Arlaria et Mollo. — 6° Des danses 
allemandes pour piano ^ Vienne, Artaria. — 
7° idem ; Berlin. 

LIEUTAUD (Pierre), instituteur à Vai- 
son, est né Carpentras, en 1799. On a de lui 
un ouvrage intitulé : Manuel des soixante 
heures musicales; méthode v nique et garantie 
infaillible pour apprendre soi-même et en- 
seigner aux autres à lire, vocaliser, solfier 
el chanter la musique, etc. ; Avignon, impri- 
merie de Peyri, 1838, in -8°. 

LIGHT (E.), guitariste anglais, vivait à Lon- 
dres vers la fin du dix-huitième siècle, et y a pu- 
blié : The Art ofplaylng the guitar, to which 
is annexed a sélection of the most familiar 
lessons, divertissements, songs, airs, etc. (L'Art 
de jouer de la guitare, etc.) ; chez Preston, 1795. 

IJGIITFOOT ( Jean), orientaliste anglais, 
né à Stoke, dans le comté de Stafford, en 1602, 
commença ses études au collège de Morton-Green, 
et les acheva à l'université de Cambridge. De- 
venu bachelier, il fut le collaborateur de White- 
head, son premier maître , et enseigna pendant 
deux ans le grec dans le collège de Rapton ; puis 
ayant été ordonné prêtre, il Tut successivement 
chapelain de lord Colton, pasteur à Hone, el en 
1642 ministre de la paroisse Saint-Barthélémy , 



à Londres , docteur en théologie en 1652 , et 
chancelier de l'université de Cambridge. Il mou- 
rut à Ely, dont il était chanoine, le 6 décembre 
1675. Au nombre des livres de ce savant on 
en trouve un qui a pour titre : Description 
of the Temple, as it slood in the days of our 
Saviour (Description du temple de Jérusalem, 
tel qu'il était an temps de notre Sauveur); Lon- 
dres, 1650, 1 vol. in-4°. Il en a été fait une tra- 
duction latine, publiée à Rolterdam", 1686, in-fol. 
Dans la deuxième section du premier livre de 
cet ouvrage (chap. 7), Lightfoot traite des chan- 
tres et de la musique du temple, ainsi que des 
instruments qui y étaient en usage. 

LIGiXE (Le prince Charles DE), fils aîné du 
prince de ce nom, si célèbre par son esprit, na- 
quit au château deBelœil, dans le Hainaut, 
en 1769, reçut une éducation brillante, et entra 
de bonne heure au service militaire en Autriche. 
Vers 1790 il vivait à Vienne; mais ayant voulu 
servir comme volontaire dans l'expédition des 
Prussiens en Champagne, il fut tué dans un 
combat, le 14 septembre 1792. Aussi distingué 
par ses talents que par sa valeur et sa haute nais- 
sance, ce prince cultivait la musique avec succès. 
11 a publié à Vienne, chez Artaria, en 1791, trois 
recueils d'airs français, variés pour le clavecin. 

LIGNE VILLE (Le marquis Eugène DE), 
prince de Conca, né près de Nancy, en 1730, 
chambellan de l'empereur d'Autriche, directeur 
général de la musique de la cour de Toscane, et 
membre de l'Académie des Philharmoniques de 
Bologne, eut un talent distingué comme amateur 
de musique. En 1768, il a fait graver à Florence 
un Salve Regina de sa composition, en canon 
perpétuel à trois voix. Il a publié un autre Salve 
Regina à 2 voix avec orgue , à Bologne , chez 
Lclio délia Vol ne (sans date), in-4°. Bnrney pos- 
sédait aussi en manuscrit un Dixit à 4 voix et 
orchestre de cet amateur, et l'abbé Santini a , 
sous le môme nom , un Stabat Mater, en canon 
perpétuel h trois voix. J'en possède aussi une co- 
pie. C'est une composition d'un mérite fort dis- 
tingué et d'une inspiration originale. 

LIGOU (Pierre), né à Avignon, en 1749, fit 
ses études au séminaire de cette ville, et fut long- 
temps appelé Vabbè, parce qu'il avait porté le 
petit collet, tant au séminaire qu'au chœur de 
l'église cathédrale. En 1769, il obtint la place 
d'organiste à Alais, et conserva cette position 
toute sa vie. 11 y était encore , âgé de soixante- 
treize ans, en 1822. Ligou a fait jouer aux petits 
théâtres de Paris : 1° Argent fait tout, opéra- 
comique en un acte. — 2° Les deux Aveugles 
de FranconviUe, idem. Celui-ci a obtenu un 
brillant succès. Ligou avait aussi en manuscrit : 



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302 



L1GOU — LIM^AJSDËR DE NIEUWENHOVE 



Armide, opéra en cinq actes, de Quinault, et 
JSamson, de Voltaire. Il a écrit des messes, des 
motets, et un Te Deum, qui ont eu de la répu- 
tation dans le midi de la France. Ligou était ai- 
mable, bon et spirituel : il fut lié d'amitié avec 
Mme BourdicViot Quelqu'un demandait à cette 
dame ce qu'elle avait trouvé de curieux dans la 
petite ville d'Alais, elle répondit : Je n'y ai vu 
que Vabbé Ligou. 

LIL1EN CM me la baronne Antoinette DE), 
amateur de musique et pianiste distinguée, vécut 
à Vienne vers la fin du dix -huitième siècle. Elle 
y a fait graver en 1799 : 1° Huit variations pour 
le piano, sur le thème : Pria ch'io l'impcgno. 
— 2° Sept variations sur un thème du ballet 
d'Alcine, op. 2 ; ibid., chez Eder. — 3° Neuf va- 
riations idem sur un thème original; ibid. 

L1LIEN (M«nc la baronne. Joséphine DE), 
sœur de la précédente, cultiva aussi la musique 
avec succès, et fit graver de sa composition : 
1° Dix variations pour le piano sur le thème 
d'une romance; Vienne, Eder, 1800. — 2° Dix 
variations idem sur le thème : La Rachelina , 
op. 2, ibid. 

LILLO (Joseph), compositeur dramatique, 
est né vers 1813, à Galatina, dans la province de 
Lecce, au royaume de Naples. Entré fort jeune au 
collège de musique de S. Pietro a Magella, à 
Naples* il y fit toutes ses études pour le chant, le 
piano et la composition. Son premier essai pour 
le théâtre fut La Moglie per ventiquattr'ore , 
représenté sur la petite scène du Lycée mu- 
sical. L'opéra bouffe il GioieUo, du jeune ar- 
tiste, fut représenté au théâtre Nuovo de Naples, 
en 1836, et fut bien accueilli par le public. Cet 
ouvrage ne fut pas moins heureux à Florence , 
en 1838, et fut remis en scène à Naples 
Tannée suivante. Quelques morceaux de cet 
opéra ont été publiés avec accompagnement de 
piano, à Milan , chez Ricordi. M. Lillo écrivit 
en 1837 Odda di Bernauer, drame musical qui 
n'eut qu'un succès médiocre à Naples, et ne réus- 
sit pas mieux à Milan, en 1840. Ricordi a publié 
quelques morceaux de cet opéra. En 1838 , on 
joua du même compositeur Rosamunda à Ve- 
nise, et dans la même année M. Lillo écrivit à 
Rome Alisia di Rieux. Son opéra // Conte di 
C fia lais, fut représenté au théâtre Saint-Charles 
de Naples, en 1840 , et dans la même année il 
donna à La Pergola, de Florence, La Modista, 
à laquelle succéda, à Naples, en 1841, L'Osteria 
di Andujar, qui fut joué deux ans après à la 
Scala de Milan. Cristina di Scozzla fut joué 
aussi à Naples en 1841, et n'eut qu'un succès con- 
testé. Après un repos de deux années, M. Lillo 
donna, dans lamême ville, Lara, drame musical, 



qui ne réussit pas. Je n'ai plus de renseigne- 
ments sur cet artiste dans la suite de sa carrière. 
On connaît de M. Lillo quelques petites pièces 
pour le piano, publiées à Milan, chez Ricordi. 

LIMMER (François), compositeur, pianiste et 
violoniste distingué, est né à Vienne, et y a eu pour 
maître le chevalier de Seyfried, maître de chapelle 
de la cour. Ses premiers ouvrages ont été publiés 
en 1830. Parmi ses plus importantes composi- 
tions, on remarque : 1* 1 er quatuor pour deux 
violons, alto et basse, op. 10 (en sol); Vienne, 
Mechetti — 2° Grand quintette pour piano, vio- 
lon, viole, violoncelle et contrebasse , op. 13 ; 
Leipsick, Breitkopf et Haertel. Un opéra du 
même artiste, intitulé Die Alpenkutie (La Chau- 
mière des Alpes), a été représenté en Allema- 
gne, dans Tannée 1845. VUniversal Lexikon 
der Tonkunst, de M. Bernsdorf, ne fournit au- 
cun renseignement sur cet artiste. 

LIMNANDER DE NIEUYVEMIOVE 
( Armand ) , compositeur, né à Gand , le 22 mars 
1814, d'une famille honorable, anoblie en 1683, 
fut envoyé, dans sa jeunesse, par sa famille au 
collège des Jésuites de Fribourg, pour y faire ses 
études littéraires. Il y resta plusieurs années, 
et cultiva aussi la musique. Le P. Lambillotte fat 
un de ses maîtres pour cet art. De retour en 
Belgique, M. Limnander se maria et s'établit à 
Maiines. Animé du désir d'y faire prospérer le 
goût de la musique, il y réunit quelques amis et 
fonda la société Symphonique des amateurs, dont 
il fut nommé directeur. Parmi les membres de 
cette société, quelques-uns avaient de bonnes voix 
de ténor et de basse : M. Limnander en forma 
une section chorale de cette même société qui, 
pendant l'hiver de 1838-1839, commença ses 
exercices. M. Limnander écrivit pour ces ama- 
teurs des chants à plusieurs voix, qui furent les 
premières bases de sa réputation, et dont il di- 
rigea l'exécution avec autant d'intelligence que 
de sentiment vrai de l'art. En 1841 , l'associa- 
tion chorale dont il était le chef, et qui était 
alors composée d'environ vingt-cinq chanteurs, 
prit le titre de Réunion lyrique, ouvrit des 
concours de chœurs et entra en lice avec les 
meilleures sociétés chorales de la Belgique. Cette 
époque est celle où les facultés de M. Limnander 
pour la composition prirent leur essor ; il écri- 
vit une multitude de chœurs remplis d'effets 
nouveaux, parmi lesquels on remarque ceux qui 
ont pour titres : ma charmante ! Hymne à 
VFJarmonie, Boléro, les Gueux de Mer, les 
Enfants de la ISuil, Hymne à V Amitié, le 
Départ des Pasteurs, l'Aube du jour, la Re- 
vue des Ombres, etc. Toutes ces productions 
ont été gravées. 



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LIMNANDER DE MEUWENHOVE — LIND 



SOS 



Ce fut au milieu de ses succès que M. Lirn- 
tiander comprit que son instruction dans Tait 
•«récrire correctement la musique était incomplète. 
Il vint alors demander des conseils à l'auteur 
<Jece Dictionnaire, qui l'encouragea et lui fit faire 
un cours de composition. En 1845, poussé par 
le désir de travailler pour la scène, il fil un pre- 
mier voyage à Paris, et, porteur de lettres de 
recommandation du marquis de Rumigny , 
alors ambassadeur de France à Bruxelles, 
il fut bien accueilli par le roi Louis- Philippe et 
par les principaux personnages de sa cour. 
Dans une nouvelle excursion qu'il fit à Paris, 
en 1846, M. Limnander obtint du succès par 
l'exécution de quelques-uns de ses chœurs, dans 
lesquels il fit entendre les effets d'un chœur a 
hocca chiusa accompagnant un chant solo, effets 
jusqu'alors inconnus en France. Enfin, en 1847, 
M. Limnander prit la résolution de se fixer à 
Paris, et le 31 mars 1849 il fit jouer au théâtre de 
t'Opéra-Comique Les Monténégrins, drame mu- 
sical en trois actes. Bien qu'il y eût encore dans 
cet ouvrage un resté d'inexpérience dans l'art 
d'écrire, un sentiment énergique de l'expression 
dramatique s'y faisait remarquer dans les finales 
fin premier et du second acte et l'on y distinguait 
de beaux chants et des chœurs d'un effet pitto- 
resque. Le succès de l'ouvrage fut complet. 
Le Château de la Barbe-Bleue, opéra en trois 
actes joué au même théâtre, le 1 er décembre 1 851, 
lit voir que le talent de M. Limnander avait 
/ait de grands progrès dans l'art d'écrire et d'ins- 
trumenter. Si cet ouvrage, dans lequel les 
idées ont de la distinction et dont la partition 
renferme plusieurs beaux morceaux, n'a pas 
obtenu le succès d'éclat des Monténégrins, la 
froideur du livret en fut la cause ; mais la répu- 
tation du compositeur n'en fut pas moins en 
progrès dans le public et parmi les artistes. La 
mauvaise influence d'un sujet mal choisi et 
<Tune pièce mal faite se fit sentir davantage 
encore à la représentation du Maître chan- 
teur, grand opéra en deux actes, qui fut joué 
Je" 20 octobre 1853. Ainsi que l'ont dit les cri- 
tiques des journaux de musique, l'ouvrage 
ne fut sauvé à la première représentation 
•que par l'œuvre du compositeur. Quoique 
jeune et désireux de se faire une carrière ac- 
tive au théâtre. M. Limnander mettait de longs 
intervalles entre chacune de ses productions, à 
cause de la rareté des bons livrets destinés à la 
musique, et surtout par la mauvaise organisation 
<]<*s théâtres lyriques de Paris, dont les privilè- 
ges sont donnés habituellement à des spécula- 
teurs inintelligents, étrangers à l'art et incapables 
d'apprécier le talent d'un artiste et le mérite 



d'un ouvrage. M. Limnander fit la dure épreuve 
des effets de eette déplorable organisation après 
Le Maure chanteur, en dépit du rang honorable 
qn'il tient parmi les meilleurs compositeurs dra- 
matiques de la France; car six années s'écou- 
lèrent avant qu'il pût faire représenter au 
théâtre de l'Opéra- Comique son Yvonne, le 29 
novembre 1859: Yvonne, drame lyrique en trois 
actes, est incontestablement un des meilleurs 
opéras joués depuis dix ans à ce théâtre : ce- 
pendant cet ouvage, après avoir attendu long- 
temps son tour de représentation au théâtre 
Lyrique, dut être transporté à l'Opéra-Comique, 
et quoiqu'il ait complètement réussi, et que les 
journaux se soient accordés sur les éloges 
donnés à la partition de M. Limnander, la dé- 
testable administration qui mettait alors ce théâtre 
en péril n'en fit donner qu'un petit nombre de 
représentations. 

M. Limnander s'est livré aussi à la composition 
de la musique religieuse : en 1845, il a écrit 
un Te Deum qui fut evécuté à l'église Sainte- 
Gudule de Bruxelles, à l'occasion de l'anni- 
versaire du couronnement du roi. Une messe de 
Requiem lui fut demandée par le gouvernement 
belge pour l'anniversaire des journées de septem- 
bre 1830, et fut exécutée en 1852. Il est enfin 
l'auteur d'une cantate exécutée à Bruxelles à la 
majorité politique du duc de Brabant, et d'un 
Chant solennel pour les fêtes nationales de 1856. 

LIND (Jenny), plus tardM<"GOLDSCHMlDT, 
cantatrice célèbre, est née à Stockholm, le 8 fé- 
vrier 1820. Le comte Piïcke, directeur du théâtre 
de la cour, l'admit à l'école de chant qui y est 
attachée : elle y reçut des leçons d'un maître 
nommé Berg. Elle joua d'abord 1 h Stockholm le 
rôle à 1 Agathe dans le Freyschûtz , puis ceux 
(TEurianlhc, d'Alice (dans Robert le Diable ), 
et enfin de La Vestale : dans tous elle obtint un 
brillant succès. Cependant M lle Lind avait com- 
pris qu'il lui restait beaucoup à apprendre pour 
posséder le mécanisme de l'art du chant : elle 
prit la résolution d'abandonner momentanément 
la scène, et se rendit en 1841 à Paris, où elle re- 
çut des leçons de Manuel Garcia, pendant neuf 
mois. Ce professeur ne discerna pas dans son 
élève les précieuses qualités qui allaient bientôt 
la rendre l'objet d'un enthousiasme sans exemple : 
il lui préférait M" e Nissen , dont il dirigeait aussi 
l'éducation vocale, à la même époque. Meyer- 
heer, qui se trouvait alors à Paris, et qui eut oc- 
casion d'entendre Jenny Lind, en jugea mieux, 
et lui prédit la brillante carrière qu'elle allait 
parcourir. Ayant obtenu une audition à l'Opéra 
en 1842, elle n'y produisit aucun effet, et ne fut 
pas engagée, Blessée dans son amour-propre à 



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304 



LIND 



cette occasion, elle prit la résolution de ne jamais 
rentrer en France, et rien n'a pu la décider depuis 
lors à retourner à Paris. Au mois d'août 1844, 
le maître la retrouva à Berlin, où elle apprenait 
l'allemand. Appelée a Stockholm au mois de sep- 
tembre suivant, pour la fête du couronnement 
du roi Oscar, elle s'y rendit ; puis elle retourna 
en octobre à Berlin, ou elle avait contracté un en- 
gagement avec l'administra lion du théâtre royal, 
pour chanter le rôle principal dans Le Camp de 
Silésie, nouvel opéra de Meyerbeer. Elle débuta 
par le rôle de Norme, dans lequel elle excita des 
transports d'admiration, qu'elle retrouva aussi 
dans l'ouvrage de l'auteur de Robert et des Hu- 
guenots. Elle resta à Berlin jusqu'au mois de 
mars 1845. Au mois d'avril, elle chanta à Ham- 
bourg, après quoi elle se rendit, au mois d'août 
de la même année, à Cologne, et chanta aux con- 
certs de la cour de Prusse au château de Bruhl, 
à celui de Stolzenfels et à Coblence, à l'occasion 
de l'inauguration de la statue de Beethoven , à 
Bonn. Je l'entendis dans ces concerts, et lui trou- 
vai un charme remarquable dans l'organe et une 
vocalisation facile et -correcte ; mais sa manière 
de phraser manquait de largeur et d'accentuation 
expressive. Après cette excursion, elle retourna 
à Stockholm par Copenhague, où elle se fit en- 
tendre avec le même succès. Un engagement 
lui ayant été offert à Vienne, elle l'accepta et ar- 
riva dans cette ville le 18 avril 1846. En 1847 
elle débuta au théâtre de la Reine, à Londres, et 
y excita des transports frénétiques. De retour à 
Stockholm, à la fin de la même année, elle y fut 
l'objet d'ovations extraordinaires, et les coupons 
de places, pour les représentations qu'elle y donna, 
furent mis à l'enchère. Les événements qui agi- 
tèrent l'Allemagne et une partie de l'Europe en 
1848 la décidèrent à rester en Suède pendant 
toute cette année, à l'exception d'un voyagequ'elle 
fit à Manchester pour le festival qui y fut donné 
au mois de septembre. De retour à Londres, au 
printemps de 1849, elle reparut au théâtre de 
la Reine pendant toute la saison , et y produisit 
une si vive émotion, qu'aucun autre artiste ne 
put fixer l'attention publique, en quelque genre 
que ce fût. Jamais rien de semblable ne s'était 
vu. La reine, le prince Albert, la cour et la hante 
aristocratie ne manquèrent pas d'assister à tou- 
tes les représentations, et, bien que le prix des 
places eût été doublé, la salle fut encombrée de 
spectateurs pendant toute la durée de la saison 
théâtrale, et les recettes de chaque soirée s'éle- 
vèrent à la somme de 2,000 livres sterling. 
Tel était l'engouement, qu'après le spectacle, 
les abords du théâtre étaient remplis par une 
foule compacte pour voir la cantatrice monter 



dans sa voiture , et que les places les plus rap- 
prochées de la sottie du théâtre étaient louées plu- 
sieurs shillings. 
I Après avoir chanté avec non moins de succès 
; sur la même scène pendant toute la saison de 
| 1350, Jenny Lind s'embarqua pour l'Amérique, 
i accompagnée du compositeur Benedicl. Elle avait 
| passé un contrat avec l'entrepreneur Barnum, 
i qui lui avait assuré une somme énorme pour un 
certain nombre de représentations ; mais l'entltou- 
I siasme qu'elle fit naître chez les habitants des 
I États-Unis dépassa de beaucoup ce que le spé- 
; culateur avait espéré. La cantatrice comprit alors 
i qu'elle pouvait espérer des bénéfices plus consi- 
' dérables de son talent sans l'intervention de Bar- 
num : elle rompit avec lui, à l'expiration du con- 
I Irat, et parcourut toutes les contrées de l'L'nîon 
I en compagnie de Benedict , qui l'accompagnait 
< au piano partout où elle s'arrêtait. Embarquée 
! sur les grands fleuves de l'Amérique, elle s'ar- 
I rétait dans tous les lieux qui lui paraissaient of- 
frir les chances d'une recette de quelque impor- 
tance. Le piano était tiré du bateau à vapeur; 
des commissionnaires, chargés de grandes affiches 
sur lesquelles le nom de Jenny Lind était im- 
primé en caractères d'une dimension colossale, 
parcouraient le bourg ou la ville et annonçaient la 
mise aux enchères des billets du concert. La cu- 
riosité excitée par ce nom qui retentissait dans 
toute l'Amérique , et qui partout était salué par 
les acclamations populaires, faisait porter les en- 
chères à des sommes fabuleuses. On cite un tail- 
leur qui, dans un bourg de peu d'apparence, . c e 
rendit adjudicataire du premier billet d'un de 
ces concerts impromptus, moyennant le prix de 
200 dollars. Cette folie fit sa fortune, car on ne 
voulut plus être habillé que par ce tailleur mé- 
lomane. Une heure suffisait pour tout cela; une 
autre heure était employée pour le concert, après 
quoi la cantatrice s'embarquait de nouveau et 
allait, â quelques milles de là, faire la même 
opération dans une autre localité. C'est ainsi 
qu'elle amassa, dit-on, pins de trois millions, 
pendant un séjour de moins d'une année aux 
États-Unis. Ce fut pendant ce séjour qu'elle de- 
vint la femme du compositeur et pianiste Otto 
Goldschmidty dont elle avait fait la connaissance 
à Hambourg. Je tiens ces détails de Benedict, 
qui l'accompagna dans toute sa tournée. 

De retour en Europe, M 016 Goldsclimidt cessa 
de se faire entendre, et alla s'établir à Dresde, 
où elle vécut dans le repos pendant plusieurs 
années. Les journaux ont parlé des institutions 
de charité qu'elle fonda à la même époque , et 
auxquelles elle consacra des sommes considéra- 
bles. En 1856 elle est retournée de nouveau à 



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LI1SD — LINDNER 



305 



Londres. Depuis lors elle y a donné une série 
de concerts, où la foule s'est portée avec le même 
empressement qu'aux représentations où elle 
avait chanté pendant son premier séjour. Cepen- 
dant sa voix n'a plus la même fraîcheur. 

Comme actrice, M mc Goldschmidt était douée 
d'un instinct naturel de la scène supérieur à 
celui des autres cantatrices ; mais les connais- 
seurs lui reprochaient d'exagérer l'expression pa- 
thétique, et (l'y mettre un certain caractère ner- 
veux et violent, qui ne pouvait avoir de succès 
qu'en Angleterre 

On a publié plusieurs notices sur cette cantatrice 
célèbre; j'ai recueilli les titres de celles-ci : i* Jenny 
Lind, die sehwedische NachlgaU; biogra- 
phische Skizze (Jenny Liud, le rossignol suédois ; 
esquisse biographique) ; Hambourg, 1845, in-8°, 
avec portrait. Une traduction eu langue suédoise 
a paru sous ce titre : Jenny Lind, denSivenska 
Naktergal, en biogra/lske Skizzc; Nordkôpp, 
1845, in-8°. — 2° Jenny Lind. Skizze ihres 
Lebens und ihrer Kunstler Laufbahn (Jenny 
Lind. Esquisse de sa vie et de sa carrière d'ar- 
tiste, par Jules Alfred Bêcher); Vienne, 1846, in-4°. 
Deuxième édition, augmentée; Vienne, 1847, 
in-« . — 3° G. Meyerbeer und J. Und, Frag- 
mente aus dem Tagebuche eines allers Musi- 
lcers (Giacomo Meyerbeer et J. Lind, Fragment 
du journal d'un vieux musicien, par Jean-Pierre- 
Lyser) ; Vienne, 1847, in-8°. — 4° Memoirs of 
Jenny Lind. Loudres, 1847, in-8°, avec portrait. 
— • 5° Review ofthe performances of mademoi- 
selle Jenny Lind, during her engagement at 
Her Majesty's Théâtre, etc., with a notice of 
her life (Revue des représentations de M llc Jenny 
Lind, pendant la durée de son engagement au 
théâtre de Sa Majesté; avec une notice de sa 
vie ) ; Londres, 1847, in -8°. — 6° Jenny Lind. 
Shildring af hanner Lefnad (Jenny Lind. 
Tableau de sa vie d'artiste); Stockholm, 1848, 
in-8». 

LINDBLAD (A. -F.), compositeur suédois, 
est né près de Stockholm, en 1804. Il lit ses étu- 
des musicales à Berlin, sous la direction deZelter, 
et vécut pendant plusieurs années dans cette 
ville ; mais il s'est fixé dans la capitale de la 
Suède en 1835, et ne s'en est plus éloigné depuis 
lors. Le genre auquel il s'est livré de préférence 
est celui des chants suédois à voix seule , avec 
accompagnement de piano; il s'y est distingué 
par le caractère de l'originalité, et a mérité le 
nom de Schubert du Nord. Il en a publié divers 
recueils en Allemagne et à Stockholm. On cite 
comme un chef-d'œuvre d'expression et de nou- 
veauté dans la forme son chant intitulé Kloster- 
raub. Une symphonie de M. Lindblad a été 

BIOCll. UNIV. DES MUSICIENS. — T. V. 



exécutée à la Gevandhaus de Leipsick , en 1839 . 
On connaît aussi de sa composition un duo poi-r 
piano et violon, op. 9; Leipsick, Breitkopf et 
Hœrtel. 

LINDEMANJV (Jean), canior *X musicien 
de la cour à Gotha, entra au service de cette cour 
en 1571. 11 mourut en 1630. On a de lui trois 
suites de motets à quatre et cinq voix, publiées 
sous ce litre : Décades amorum fila Ùei ,- Er- 
furt, 1594, 1596 et 1598, in-4°. 

LINDLEY (Robert), violoncelliste anglais, 
né en 1772, à Rolherham, dans le Yorkshire, re- 
çut fort jeune de son père des leçons de violon ; 
puis à l'âge de neuf ans il commença l'étude 
du violoncelle. Lorsqu'il eut atteint sa seizième 
année Cervetto l'entendit, et fut si satisfait de la 
justesse de son intonation et de la belle qualité 
de son qu'il tirait de l'instrument, qu'il en fit son 
élève. Après avoir été quelque temps attaché à 
l'orchestre du théâtre de Brighton, il succéda à 
Sperati comme premier violoncelle au théâtre du 
Roi, en 1794. Depuis lors il a été attaché aux 
concerts de la musique ancienne et de la Société 
philharmonique de Londres,. en qualité de pre- 
mier violoncelliste. Lindley est mort à la fin du 
mois de juillet J855. Il est dit dans le Dictionary 
of musicians (Londres, 1824, t. II) que cet ar- 
tiste n'était inférieur à aucun autre violoncelliste 
de l'Europe; celte assertion n'est point exacte. 
Cet artiste se distinguait par un beau son et 
beaucoup de justesse ; mais il était entièrement 
dépourvu de sentiment, de style, et, dans .les dif- 
ficultés comme dans l'expression, il est resté loin 
de Romberg, de Lamare, de Bo tirer et surtout de 
Servais. 11 a publié chez Broderip, à' Londres, 
quatre concertos pour violoncelle et orchestre. Ses 
autres ouvrages connus sont : 1° Duos pour vio- 
lon et violoncelle, op. 5; Londres, Clementi. — 
2° Trios pour basson, alto et violoncelle, op. 7; 
ibid. — 3° Duos pour deux violoncelles, op. 0, 
8, 10 et 27; ibid. — 4° Soios pour violoncelle, 
op. 9; ibid. — 5° Grand trio pour violon , alto 
et basse; ibid., et Bonn, Simrock. — 6° Airs va- 
riés et pots-pourris pour violoncelle , plusieurs 
œuvres; ibid. Lindley a eu un fils, violoncelliste 
aussi, qui s'est fait entendre en public pour la 
première fois en 1812, à l'âge de quinze ans. 

LINDNER (Frédéric), né à Liegnitz, en 
Silésie, vers 1540, entra fort jeune dans la cha- 
pelle de l'électeur de Saxe, à Dresde. Ce prince 
l'envoya ensuite à l'école de Pforle, puis à l'u- 
niversité de Leipsick. Parti de cette ville, il alla 
à Anspach, où il obtint de l'emploi dans la cha- 
pelle du landgrave Georges-Frédéric. Après dix 
années passées au service de ce prince, il reçut 
en 1574 sa nomination de cantor à- l'égliso 

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306 



LINDNER 



Saint-Égide de Nuremberg. Fl paraît avoir passé 
le reste de sa vie dans celte situation. Lindner 
a publié plusieurs recueils de motets et de ma- 
drigaux de sa composition ou de quelques mu- 
siciens célèbres de son temps. Voici les titres 
de ceux qui sont connus: 1° Cantioncs* sacra*; 
Nuremberg, 1585. — 2° Idem, deuxième par- 
tie; ibid*, 1588. — 3° Missx quinque vocum, 
ibid., 1591, in-4°. — 4° Gemma mttsicalis, 
selectissimas varii styli cantiones quatuor, 
quinque, sex et plurium vocum continens , 
qux ex diversis prxstantissimorum musico- 
rum libellés, in Jtalia excusis, descriptœ, et 
in gratiam utriusque muslcx siudiosorum, 
uni quasi corporl insertx et in lucem edilx 
sunl; collection de soixante-quatre madrigaux 
italiens composés en partie par Lindner, mais 
dont le plus grand nombre appartient à d'autres 
musiciens célèbres de ce temps , tels que Lelio 
Bertani , Jean de Macque , Jean-Marie Nanini , 
Soriano, etc. ; Nuremberg, Cath. Gerlacchix, 
1588, in-4° obi. —5° Idem, 2« partie, ibid. ; 1589. 

— 6° Idem, 3 e partie ; ibid. , 1590, in-4° obi. 

— 7° Corollarium cantionum sacrarum 5, 6, 
7, 8 et plur. vocum de festis prxcipuis anni 
quorum antea aprxstantissimisnostrxxtatis 
musicis Italix séparât im editx sunt, quxdam 
verà nuperrime concinnatœ nec uspiam typis 
excusx, ac mine in unum quasi. corpus re- 
dactx, studio et opéra Frederici Lmdneri; 
Norirobergae, 1590, in -4°. II y a aussi dans ce 
recueil quelques motets de Lindner. — 8° Idem, 
2* partie, ibid.; 1590, in-4°. 

LINDNER (Eue), organiste de l'église ca- 
thédrale de Freyberg, vers 1730, eut la réputa- 
tion d'un artiste distingué. Il était d'ailleurs bon 
mathématicien et mécanicien ; ce fut lui qui 
traça le plan de l'excellent orgue de Freyberg, 
composé de .quarante-cinq jeux. 

LINDNER (Georges-Frédéric) : on a sous 
ce nom un petit ouvragre sur l'usage de la mu- 
sique dans le service divin, intitulé : Vom recht- 
mxssigen und Gott tvoklgefxlligen Gebrauch 
der Musik ; Kœnigsberg, 1747, in-8°. 

LINDNER ( Jean-Joseph-Frédéric), flûtiste, 
né à Weikersheira , en Franconie , dans la pre- 
mière moitié du dix-huitième siècle, reçut des 
leçons de musique de Pisendcl, frère de sa 
mère, puis devint élève de Quanz. Vers 1754, il 
fut admis dans la musique du roi de Prusse , à 
Berlin. Il y continua son service jusqu'à l'avè- 
nement au trône de Frédéric-Guillaume , qui lui 
accorda sa retraite avec une pension. Il se relira 
depuis lors dans une petite ville de la Prusse oc- 
cidentale, où il mourut, en 1790. Cet artiste a 
passé longtemps pour un des plus habiles flûtistes 



de l'Allemagne. On ne connaît point de compo- 
sitions sous son nom. 

LINDNER (François), organiste de l'église 
de Grunau, naquiten 1736, à P) inkau, en Bohême. 
Lorsqu'il eut atteint sa onzième année, on l'en- 
voya comme enfant de choeur à Schosnberg, en 
Silésie, où il fit ses études de musique. Plus tard, 
il fut nommé organiste adjoint de cette école, et 
en 1760 il reçut sa nomination d'organiste à 
Grunau. Il est mort en ce lieu, le i2 septembre 
1793, laissant en manuscrit quelques ouvrages 
concernant l'art de jouer de l'orgue. Il a publié à 
Leipsick quelques recueils de chansons alleman- 
des , avec accompagnement de piano. Lindner 
était instruit dans la composition et dans toutes 
les parties de la musique; ce fut lui qui fit à 
l'orgue de Grunau des réparations considérables. 

LINDNER (Frédéric-Guillaume), docteur 
en théologie, né le 12 décembre 1779, a Weyda, 
était encore en 1840 professeur de philosophie h 
l'université de Leipsick et à l'école de l'ensei- 
gnement moyen dans la même ville. Il a donné, 
dans la 13e année de la Gazette musicale de 
Leipsick, une dissertation divisée en quatre arti- 
cles (p. 3, 17, 33, 49), sur cette question : Was 
ist bis jetzt fur die Gesangbildung geschehen ? 
(Qu'a-t-il été fait jusqu'ici pour la culture du 
chant?) On a aussi de lui une suite progressive 
d'exercices de chant, à l'usage de la jeunesse, 
extraits des œuvres des meilleurs maîtres alle- 
mands, sous ce titre : Musikalischer Jugend- 
freund, oder instructive Sammlung von Gc- 
sxngen aus den ^Yerken der berùhmtesicn 
Meister, etc., à 2, 3 et 4 voix, avec ou sans 
accompagnement de piano, 4 numéros , Leipsick, 
Yogel. L'ouvrage le plus important de ce sa- 
vant a pour titre : Dos Nothwcndigsle und 
Wissenswurdigste aus dem Gesammtgebicte 
der Tonkunst. Ein Handbuch fur den Unfer- 
richt und die Selbstbelehrung von, etc. (Ce qui 
est le plus nécessaire et le plus digne d'être su 
dans toutes les parties du domaine de la mu- 
sique ; Manuel pour enseigner et s'instruire soi- 
même); Leipsick, Fr. Christ. Wilh. Vogel, 1840, 
un volume in-8° de vi et 394 pages. 

LINDNER (Henri), compositeur de peu de 
mérile, an commencemeul de ce siècle, a été 
probablement attaché à la musique de quelque 
régiment, en Allemagne. Il a publié : 1° Recueil 
de pièces pour la musique militaire ; Leipsick , 
Breitkopf et Haertel. — 2° Duos pour deux vio- 
lons ; op. 2 et 3 ; Leipsick, Hofmeister et Peters- 
— 3° Quintette pour flûte, hautbois, clarinette» 
cor et basson, op. 1 ; Leipsick, Hofmeister. — 
4° Quatre pièces brillantes pour piano et violon ; 
Leipsick, Breitkopf et Haertel. 



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LINDNER — LINDPAINTNER 



307 



LINDNER (Frédéric), compositeur, violo- 
niste et clarinettiste, est né ie 5 juillet 1798, à 
Dessau, où son père était vétérinaire. Il lit ses 
études à Berlin, où il fut pendant trois ans cla- 
rinettiste à l'orchestre de l'Opéra , ce qui ne 
l'empêcha pas de recevoir pendant ce temps des 
leçons de Moeser, pour perfectionner son talent 
sur le violon. En 1817, Lindner entra dans la 
chapelle du ducd'Anhalt-Dessan : il y fut nommé 
maître de concerts en 1827. Il est mort dans cette 
position, le I* r août 1846. Lindner avait étudié 
la composition, en 1821, chez le maître de cha- 
pelle Frédéric Schneider. On a de lui : 1° Quin- 
tette pour intruments à vent, op. 1. — 2° Polo- 
naise pour violon et orchestre, op. 2. — 3° Duos 
pour deux violons , op. 3. — 4° Lieder avec 
accompagnement de piano , op. 4.-5° Quatre 
morceaux brillants pour piano, op. 5. — 6° Piè- 
ces à quatre mains pour le même instrument, 
op. 6. —7° Danses pour des fêtes, à grand 
orchestre, op 7. Lindner a laissé en manuscrit 
des concertos, des ouvertures à grand orches- 
tre et des quatuors pour des instruments à 
cordes. 

LINDNER (Roderic-Acguste), fils du pré- 
cédent, né à Dessau, le 29 octobre 1820. Élève 
de Drechsler, membre de la chapelle du prince, 
il est devenu violoncelliste distingué et est en- 
tré en cette qualité à la chapelle royale de 
Hanovre, en 1837. Compositeur de talent, cet 
artiste a écrit des concertos et des pièces de salon 
et de concert , ainsi que des choses de différents 
genres pour le chant. 

LINDPAINTNER (Pierre Joseph), mal-, 
tre de chapelle du roi de Wurtemberg, membre 
de plusieurs sociétés musicales, est né à Coblence, 
le 8 décembre 1791. Fils d'un ténor de la mu- 
sique de l'électeur de Trêves, il suivit le prince 
avec sa famille à Augsbourg lorsque l'électorat 
fut envahi par les armées françaises. C'est dans 
cette ville que commença son éducation , dès 
l'âge de cinq ans ; depuis ce moment jusqu'à ce 
que sa seizième année eut été accomplie, il fré- 
quenta le gymnase catholique et le lycée , s'y 
adonnant aux études littéraires et scientifiques. 
La musique n'était alors cultivée par lui que 
comme un complément de son éducation, quoi- 
qu'il eût pour cet art un goût passionné. Plœdterll, 
directeur de la musique de l'électeur , fut son 
maître de violon, et Wetzka, maître de cha- 
pelle de la cathédrale, lui enseigna dans le même 
temps le piano et l'harmonie. Son talent se dé- 
veloppa avec rapidité; ses progrès remarquables 
décidèrent rélecteur a envoyer le jeune Lind- 
paintner à Munich pour y acliever ses études 
sous la direction de Winler. Suivant le Lexique 



universel de musique publié par le docteur 
Schilling, où je puise les élémens de cette notice, 
l'auteur du Sacrifice interrompu ne possédait 
pas l'art d'enseigner , et Lindpaintner n'apprit 
point de lui les vrais principes de l'art d'écrire : 
Winter, y est-il dit, se borna à cultiver dans son 
élève les heureuses dispositions qu'il avait reçues 
de la nature pour la poétique de Part. C'est dans 
cette direction que le jeune artiste termina sons 
les yeux de son maître son premier opéra (De- 
mophon), une messe et un Te Deum, qui fu- 
rent exécutés à Munich en 1811. Le succès ob- 
tenu par ces ouvrages fit prendre à l'électeur la 
résolution d'envoyer son protégé en Italie pour 
qu'il achevât Me s'instruire dans la composition \ 
mais la mort de ce Mécène, en 1812, empêcha la 
réalisation de ce projet. Cet événement obligea 
Lindpaintner à accepter une place de chef 
d'orcliestre au théâtre «Je la cour, nouvelle- 
ment construit : il la conserva jusqu'en 1819. 
Plusieurs compositions qu'il lit exécuter dans 
les premiers temps de sa nouvelle position 
furent applaudies, et ces succès lui firent négli- 
ger ses études ; mais les avis sévères d'un ami 
lui firent voir que de tels succès sont éphé- 
mères, et qu'il n'y a de productions durables 
que celles qui réunissent toutes les condition» 
de l'art. Dès lors il reprit ses éludes scolasti- 
ques avec courage. Joseph Grœtz lui enseigna le 
contrepoint, et lui fit faire de longs exercices 
dans toutes les parties de l'art d'écrire, qui com- 
plétèrent son éducation musicale. En 1819, la 
place de maître de chapelle de la cour de Stutt- 
gard fut offerte à Laindpaintner ; il l'accepta, et 
eu remplit les fonctions avec autant de zèle que 
de talent. Personne n'entendait mieux que lui la 
direction d'un orchestre et ne saisissait mieux 
l'esprit de la musique qu'il faisait exécuter. Mal- 
heureusement pour son amour- propre d'artiste, 
il était rare que le roi de Wurtemberg occupât 
son talent à autre chose ; car le goût de la mu- 
sique étrangère était dominant à Stuttgard comme 
dans toute l'Allemagne, et les compositeurs de 
la nation n'apparaissaient que de loin en loin sur 
la scène royale. Lorsque je visitai la capitale du 
Wurtemberg (septembre 1838), Lindpaintner me 
tint sur sa position et celle des autres composi- 
teurs de cette époque un langage de décourage- 
ment, pénible dans la bouche d'un tel artiste. 
« Mon cher monsieur ( me dit-il ), un jeune mu- 
« sicien allemand, enthousiaste des beautés mer- 
« veilleuses d'un Don Juan , d'une FliUt en- 
« chantée ou d'un Fidelio , ne rêve d'abord que 
« gloire et que succès à marcher sur les traces 
« des immortels auteurs de ces chefs-d'œuvre. Son 
« esprit est dans une perpétuelle agitation jusqu'à 

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306 



LINDPAINTNER 



■ ce qu'il se soit procuré le livret qui doit servir 
« de base à ses inspirations ; mais à peine a-t-il 

■ mis la main à l'œuvre, que tout change d'as- 
« pect, et que ses illusions se dissipent doulou- 
« reusement. La première vérité qui le frappe , 
« c'est que les entrepreneurs de théâtre n'atta- 
« client point de prix à son œuvre, et qu'ils con- 

■ sidèrent l'engagement de le faire jouer comme 
« une charge onéreuse plutôt que comme un 
« avantage. A-t-il enfin vaincu ces premiers ob- 
« stades, de plus tristes déceptions viennent l'ai- 

■ teindre; car il avait compté sur la sympathie 
« de ses compatriotes, et au lieu de cela il ne 
« trouve que de 1'indilTérence. En général , ce 
« sont les cours qui donnent le ton dans les 
« États de l'Allemagne, et nos princes n'ont d'es- 
« time que pour les opéras qui nous viennent 
« d'Italie ou de Paris; de Paris surtout, car 
« tout ce qui nous vient de cette ville nous pa- 
ît ralt avoir reçu la plus solide sanction du goût. 
« Jamais un opéra allemand n'obtient de ces suc- 
« ces dVclat tels qu'on en voit chez vous ; sou- 
« vent ce n'est qu'après la mort de leur auteur 
« qu'il s'établit une sorte de religion en sa fa- 
n veur. Ne savons- nous pas que, pour tout éloge 
« de Don Juan, l'empereur Joseph II dit à 

* Mozart qu'il y trouvait trop de notes, et que 
« ce grand homme , justement blesse, osa lui 
« répondre qu'il y en avait précisément autant 
« qu'il en fallait? Ne savons-nous pas que Fide- 
« lio fut abandonné après la troisième représen- 
« tation, et qu'on ne le reprit que plusieurs an- 
« nées après? Si le Freyschûtz a fait naître de 
« l'enthousiasme chez les Allemands, il le doit 
« en partie au sujet de la pièce. Le diable est 

• partout populaire, mais il l'est surtout chez 
« une nation exaltée et rêveuse. Obéron est aussi 
« une conception pleine d'originalité; Euryan- 
« the fourmille de beautés, et pourtant ces pro- 
« ductions de l'auteur du Freyschûtz n'ont excité 
« que peu d'intérêt parmi nous. D'ailleurs au- 
« cune sorte d'indemnité n'est offerte a l'auteur 
« d'un opéra pour son travail. La vente de quel- 
« ques copies de sa partition est tout ce qu'il a 
« droit d'en attendre, si par hasard sa pièce est 
« bien accueillie du public. La dernière vérité 
« dont le compositeur acquiert la conviction , 
« c'est qu'en supposant même qu'il obtienne des 
« succès, le théâtre ne le conduira qu'à l'hôpital. » 
— « Que faites- vous là? « dis-je à M. Lînd- 
paintner, qui me tenait le langage dont je viens 
de donner la substance, en voyant sur son pu- 
pitre une composition nouvelle dont il était oc- 
cupé. — « Un opéra, me répondit-il. — Comment ? 
Et ce que vous me disiez tout à l'heure ? — « Que | 
« voulez-vous ! devenu maître de chapelle du roi 



« de Wurtemberg, j'ai du pain pour ma famille ; 
« mais je n'ai que cela : mon prince ne s'inté- 
« resse pas plus à mes ouvrages que le roi de 
« Hanovre à ceux de Marschner, ou le duc de 
« Hesse -Casse! à ceux de Spohr. Il me reste ce- 
ci pendant un besoin d'artiste à satisfaire : ce be- 
« soin est celui de travailler : je fats cet opéra 
» pour Vienne, où il doit être joué au mois de 
« décembre, et je partirai dans huit jours pour 
« aller le mettre à l'étude, quoi qu'il en doive 
« être de son succès. » Ce succès a eu tout l'é- 
clat que son auteur pouvait désirer; l'ouvrage 
était l'opéra intitulé La Génoise. Postérieure- 
ment il a écrit à Stuttgard La Rosière^ opéra en 
trois actes, en 1843, et Lichtenstein, pour l'ou- 
verture du nouveau théâtre de cette ville. Appelé 
a Londres, en 1855, pour y diriger les concerts 
de la Société philharmonique, il y a fait exécuter 
quelques-unes de ses compositions avec succès. 
De retour en Allemagne , Lindpaintner est mort, 
le 21 août 1856, à Nonnenhorn , près de Frie- 
drichshafen, sur le lac de Constance. Le roi de 
Wurtemberg l'avait fait chevalier de son ordre, 
à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de 
son entrée au service de ce prince, en qualité de 
maître de chapelle. Il était membre de la société 
hollandaise de Rotterdam pour les progrès de 
la musique. 

La liste des otivrages de Lindpaintner est éten- 
due; on y remarque : I. Opéra*. 1° Démophon, 
à Munich, I8fl. — 2° Alexandre à Éphèse, 
opéra sérieux. — 3° Der blinde Gœrtner (Le 
jardinier aveugle), Singspiele on petit opéra de 
la jeunesse de l'auteur, dont la partition pour le 
piano a été gravée à Leipsick, chez Breitkopf et 
Haertel. — 4° Die Pflegeklnder (Les Pupilles), 
partition pour piano ; Leipsick , Hofmeister. 

— b*Dcr Bergkœnrg (Le Roi de la montagne), 
à Berlin, en 1830; partition pour le piano; 
Manheim, Heckel. — 6° Le Vampire, opéra 
fantastique représenté à Vienne avec succrè, 
et dont le sujet a été traité postérieurement par 
Marschner. La partition de piano a été gravée à 
Leipsick, chez Breitkopf et Haertel. — 7° La 
princesse de Cacambo. — 8° La reine des As- 
tres. — 9° Sentimeiit pour Vart et pour Va- 
mour. — 10° Tintantes, opéra sérieux sur le 
sujet de Démophon, autrement traité. — 11° Uans 
Max Giesbrecht. — 12° Pervonte, ou les sou- 
haits. — 13° Sulmona.— 14° Les filles des roses. 

— 15° V Amazone, à Stuttgard, en 1831. — 
16° Musique pour le Faust de Goethe, dans 
la même ville, en 1832. — 17° L'Otage. — 
\B° Aglaja, ballet. — 19° Zëphire et Flore, 
idem. — 20° Jocko, ou le Singe du Brésil, 
ballet. — 21° Zeila, idem. — 22° La Cloche 



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LINDPA1NTOER — LINGKE 



309 



de Schiller, mélodrame sur le sujet de la célè- 
bre ballade. — 23° Le Sacrifice d'Abraham , 
idem. —24° Moïse sauvé, idem. — 25° Frédé- 
ric le Victorieux, idem. — 26° Timoclée , 
idem. — 27° Le pouvoir de la chanson, petit 
opéra très-remarquable. — 28° La Génoise, 
opéra en trois actes, joué h Vienne, au mois 
de décembre 1838. — 29° Les Vêpres siciliennes, 
à Stuttgard, en 1843. — 30° La Rosière, ibid. 

— 31* Lichtenstein, ibid., 1845. La plupart des 
opéras de Lindpaintner ont été composés sur de 
mauvais livrets qui ont nui au succès de la mu- 
sique. — II. Oratorios et musique d'église. 
32° Le jeune homme de Naïm, oratorio, dont 
on vante le style simple, élevé, et la beauté des 
chœurs, mais auquel on reproche d'être dépourvu 
d'expression dramatique. — 33° Le Sacrifice d'A- 
braham, différent du mélodrame. — 34<> Judas 
Macchabée, oratorio de Hœndel, avec une ins- 
trumentation moderne, qui a reçu beaucoup d'é- 
loges dans quelques journaux allemands. — 
35° Herr Gott dich loben wir, motet allemand 
à 4 voix et orchestre, sur un texte de Klopstock, 
gravé en partition à Lcipsick, chez Breitkopf et 
Hœrtel. — 36° Chant funèbre à 4 voix d'hommes, 
avec 5 cors et 3 trombones ou piano ad libitum ; 
Stuttgard, Zumsteeg. — 37° Messes, Te Deum, 
psaumes, Pange lingua, cantates en manuscrit. 

— 111. Musique instrumentale. 38° Ouverture 
à grand orchestre pour la tragédie intitulée Le 
Paria; Breitkopf et Hœrtel. — 39° Ouverture 
du Sacrifice d'Abraham; idem, ibid. — 40 # 
Ouvertures idem de la plupart des opéras et 
ballets, ibid. —41° Ouverture solennelle pour la 
grande fête musicale de Halle» en 1835. — 
42» Symphonie concertante pour 2 cors, op. 23; 
ibid. — 43° Idem pour Hôte, hautbois, clarinette, 
cor et basson , op. 36 ; Mayence , Schott — 
44° Seconde idem, op. 4 ; ibid. — 45° Fantaisie, 
variations et rondeau pour 2 cors et orchestre, op. 
49 ; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.— 46° Sympho- 
nie à grand orchestre, en manuscrit. — 47° Con- 
ceriiito pour violon, op. 35; Mayence, Schott. 
—48° Idem, op. 42 ; Leipsick, Probst. —49° Pre- 
mier quatuor pour 2 violons, alto, et basse ; Leip- 
*ick, Peters. — 50° Trois grands trios pour vio- 
lon , alto et violoncelle, op. 52 ; Leipsick , Probst. 

— 51° Concertos pour la flûte, op. 28 et 46; Leip- 
sick, Breitkopf, Probst.— -52° Polonaise idem, àYec 
orchestre, op. 47; Leipsick, Breitkopf et Hsertel. 

— 53» Pot-pourri , op. 62 ; ibid. — 54° Concerto 
pour clarinette ; Mayence, Scholt. — 55° Concerta 
■os idem, op. 19, 41; Leipsick, Breitkopf et Hœr- 
tel ; Mayence, Schott.— 56° Rondo brillant idem, 
op. 45; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.— 57° Ron- 
deau pour basson et orchestre, op. 24 ; ibid. - 



58o Concertino pour le cor, op. 43; Leipsick , 
Probst.— 59° Romance et Rondeau, op. 48 ; Leip- 
sick , Breitkopf et Hœrtel.— 60<> Divertissement 
pour 2 pianos, ibid.— 61 Quelques pièces de diffé- 
rents genres pour piano. — IV. Musique vocale de 
chambre. 62o Six chants pour 4 voix d'hommes, 
op 39 ; Mayence, Scholt— 63* Die Frauen (Les 
Femmes), Six chants pour 4 voix d'hommes, sur 
des poésies de Wagner, op. 54; Manheim, Heckel. 

— 64° Quelques canons, avec accompagnement de 
piano; Leipsick , Breitkopf et Hœrtel. — 65° En- 
viron 50 chants et chansonnettes à voix seule, 
avec accompagnement de piano. Lindpaintner 
s'est fait dans ce genre une réputation brillante 
et méritée en Allemagne. 

LINDSAY (Thomas) , flûtiste anglais, vivait 
à Londres vers 1830. On a de lui un ouvrage élé- 
mentaire pour la flûte, intitulé : Eléments of 
flûte playing, according to the most approved 
1 principles of modem fingering. In tuo parts; 
Londres (sans date), in-fol. 

L1NDSEY ( Christophe) , professeur de mu- 
sique à Londres, et membre du chœur de l'é- 
glise de Saint-Paul vers 1780, a publié un ta- 
bleau de la distance réelle des intervalles de la 
gamme, sous ce titre : A Scheme shewing the 
distance of intervais 1 Londres, Broderip, 
1793, in-fol. La fille de cet artiste, connue sous 
le nom de Miss Anna Lindsey, a eu de la célé- 
brité comme cantatrice, surtout pour les ballades 
écossaises. Elle a composé la chanson de Robin 
Gray, qui a obtenu un succès de vogue. 

L1NELLI (Vekturi), ancien luthier de 
Venise, vécut au commencement du seizième 
siècle. Il fabriquait des lulhs, des mandores et 
des violes de plusieurs espèces. Dragonetti, cé- 
lèbre contrebassiste (voyez ce nom) a possédé 
un accordo de cet artiste; c'était une viole de 
la plus grande espèce, semblable à celle qu'on voit 
dans le tableau des Koces de Cana, de Paul Ve- 
ronèse, et qui était montée d'un grand nombre 
de cordes assez serrées sur le manche, pour exé- 
cuter des accords. Cet instrument portait la 
date de 1514, laquelle était incrustée en écaille 
dans la table d'harmonie. 

LIN G (Guillaume), musicien à Londres, 
vers la fin du dix-huitième siècle, a publié de sa 
composition : 1° Trois sonates pour le piano avec 
accompagnement de flûte, op. 1; Londres, Ralfe. 

— 2° Duos pour deux flûtes, op. 2 ; Londres, 
Broderip. — 3° Variations pour Je piano sur l'air 
anglais : The Rising ofthe lark (L'Ascension de 
l'alouette ) ; Londres, Ralfe.— 4° Grande marche 
pour le piano, ibid. 

LINGKE (Georges- Frédéric), conseiller des 
mines du roi de Pologne, électeur de Saxe, se fit 



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310 



LINGKE — LIjNKE 



recevoir en 1742 dans la société musicale , 
fondée par Mizler. Deux ans après, il pré- > 
senta à cette société un tableau des interval- 
les de musique, suivant un nouveau système, 
qui fut approuvé, et qui devint la base d'un 
ouvrage publié par Lingke sous ce titre : Die 
Sitzeder musikalischen Hauptsœttte in einer 
karlen und weichen Tonart, und trie man 
damit fortschreitet und ausweichet. (Les 
bases des principes transcendants de la musique 
dans une tonalité majeure et mineure, etc.) ; Leip^ 
sick, Breilkopf, 1766, in-4° de 60 pages. Dans 
un livre plus étendu, il développa les conséquences 
de son système; ce livre est intitulé : Kurze 
Musiklehre , in, welcher nickt a (le in die 
Vencantschafi aller Tonleilern, sondern 
auch die jeder zukommenden harmonisenen 
Sxtzc gezeigt und mit practischen Beispielen 
erlaiitert werden (Instruction abrogée de mu- 
sique, dans laquelle non-seulement (affinité des 
échelles des tons, mais aussi les principes de 
l'harmonie propre à chacune d'elles sont expli- 
qués, avec des exemples pratiques ) ; Leipsick, 
Breitkopf, 1779, »n-4°de 11 feuilles. La mort de 
Lingke, survenue pendant l'impression de son 
ouvrage, fit confier les soins de l'édition à Hiller, 
qui y a joint une préface. On n'a pas fait assez 
d'attention à la théorie de Lingke, qui n'est point 
exempte d'erreurs, mais où l'on trouve un 
aperçu de la véritable philosophie de la tonalité. 
On a aussi de cet amateur quelques autres petite 
écrits relatifs à la musique ; le premier a pour 
titre : Vertheidigungsschreiben an Hernn 
Mattheson ( Apologies adressées à M. Matthe- 
son); Leipsick, 1753. Je ne connais ce morceau 
que par son titre; mais il est vraisemblable qu'il 
s'agit d'une critique faite par Mattheson du sys- 
tème tonal de Lingke. Le second opuscule est 
un article en réponse à une autre critique de son 
premier ouvrage qui avait paru dans VAllgemeine 
deutsch Bibliothek (t. 5, n° 2, p. 12); cet ar- 
ticle est inséré dans les Notices hebdomadaires 
de Hiller (ann. 1768, p. 321 ). Une réponse de 
l'auteur de la critique fut publiée dans le même 
recueil (ann. 1769, pag. 183-191 ), et Lingke y 
lit une dernière réplique divisée en trois ar- 
ticles (ibid., p. 363, 371, 379). 

LINGKE ( Jean- Théodore ) , né le 20 no- 
vembre 1720, surintendant à Torgau, mort en 
oette ville, le 10 avril 1802, dans un Age très- 
avancé, a rempli ses fonctions pendant cin- 
quante-sept ans. 11 possédait des connaissances 
étendues, particulièrement dans la littérature 
orientale et dans la musique. On lui doit l'inven- 
tion d'un instrument auquel il a donné le nom 
de Stahlspiel , parce qu'il était composé de 



lames d'acier mises en vibration par le frottement. 

L1N1KE (Jean-Georges), violoniste et com- 
positeur, né vraisemblablement en Prusse, dans 
la dernière partie du dix-septième siècle, apprit 
la composition sous la direction de TheUc, à 
Berlin. D'abord attaché à la chapelle royale de 
Prusse, il quitta cette position en 1713 ponr 
aller à la cour de Weissenfels en qualité de maî- 
tre de concert. Vers 1722 il obtint un congé 
pour se rendre en Angleterre, où il demeura pen- 
dant trois ans; puis il alla à Hambourg en 1725, et 
y fut attaché au théâtre comme chef d'orchestre, 
lies autres circonstances de sa vie sont ignorées. 
Il a écrit pour le théâtre de Hambourg un pro- 
logue en 1725, puis le Combat de la Poésie, de 
la musique et de la Peinture , autre prologue. 
Le catalogue de Breitkopf ( 1760 ) indique, en ma- 
nuscrit , sous le nom de ce musicien : 1° Lungi 
da mio pensier f cantate pour voix de soprano, 
2 violons, viole et elavecin . — 2° Ho utia pena 
intorno al cor, idem. — 3° Credo amore, etc. 
Cantate pour soprano et clavecin. Gerber pos- 
sédait aussi une symphonie de Linfke , en ma- 
nuscrit. 

LINKE (Joseph) , violoncelliste et composi- 
teur, né le 8 juin 1783, à Trachenberg,enSilésie, 
reçut les premières leçons de musique de son 
père, employé au service du prince deHatz- 
feld , et administrateur de la fondation des 
enfants trouvés. Après la mort de celui-ci, le 
jeune Linke eut pour maître Oswald, succes- 
seur de son père. A l'âge de douze ans, il entra 
comme enfant de chœur chez les dominicains 
de Breslau. Hanisch, habile organiste, lui donna 
des leçons d'orgue et d'harmonie. Vers le 
même temps , il commença l'étude du violon- 
celle, sous la direction de Lose et de Flemming; 
ses progrès furent rapides, et lorsque Lose se re- 
tira de l'orchestre du théâtre, alors dirigé par 
Charles-Marie de Weber, Linke fut en état de 
le remplacer. En 1808 il prit la résolution de se 
rendre à Vienne, où il arriva au mois de juin. 
Bientôt après, le prince RasumofTsky l'admit dans 
sa musique. Là, il eut le bonheur de connaître 
Beethoven et de recevoir ses instructions sur la 
manière d'exécuter sa musique ; ce fut ainsi que 
Linke parvint à rendre , avec Sckuppaozigh et 
Weiss, les quatuors de ce grand artiste avec une 
perfection qui n'a pu être égalée que difficile* 
ment par d'autres. Après huit années de séjour 
à Vienne, Linke accepta une place dans la mu- 
sique de la comtesse Erdœdy-Niczky, en Croatie; 
mais il ne la garda que deux ans, et de retour à 
Vienne, en 1818, il entra comme violoncelliste solo 
au théâtre An der Wien. Après en avoir rempli 
les fonctions pendant treize ans, il a été admis 



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LINKE — LINLEY 



SU 



en la même qualité et comme collègue de Merk 
à l'orchestre de l'Opéra de la cour. Il est mort à 
Vienne, le 26 mars 1837. Les compositions de cet 
artiste qui ont été publiées sont : 1° Concerto 
pour Tioloncelle ; Vienne. — 2° Adagio et polo- 
naise, idem, ibid. — 3° Thème varié avec ace. de 
quatuor, op. 3; Vienne, Cappi. — 4° Rondoletto, 
idem, ibid. — 5° Caprices sur des thèmes de 
Bossini, idem. — 6° Variations avec accompagne- 
ment de guitare, Vienne, Mechetti. — 7° Va- 
riations sur l'air Schœne Minka, avec accomp. 
de piano ; Vienne, Mechetti. Linke avait aussi 
en manuscrit des Jlièmes s ty riens variés avec 
orchestre, et des Souvenirs de la Croatie. 

LINLEY (Thomas), compositeur anglais, était 
fils d'un charpentier, et naquit vers 1735, dans le 
comté de Gloucester. 11 avait embrassé la pro- 
fession de son père. Son état le fit un jour ap- 
peler pour travailler chez le duc de Bedfort, à 
Bodmiston ; là, il eut occasion d'entendre Chilcot, 
alors organiste à Bath, qui chantait et jouait du 
clavecin. Le plaisir que lui fit cette musique le 
décida à déclarera son père qu'il ne voulait plus 
être charpentier, et qu'il serait musicien ; puis il 
se rendit à Bath, et y devint l'élève d# Chilcot. 
Paradies, ou plutôt Paradisi, compositeur ins- 
truit de l'école de Naples, compléta son éducation 
musicale, vers 1768, en lui donnant des leçons 
d'harmonie et de contrepoint. Fixé à Bath comme 
professeur de chant, Linley s'y était marié, et 
avait eu douze enfants, parmi lesquels on a dis- 
tingué deux fils et deux filles. L'une de celles- 
ci, citée pour sa beauté sous le nom de la 
vierge de Bath, devint à l'âge de seize ans la 
première femme du célèbre Sheridan. En 1775, 
Linley fit un voyage à Londres pour faire repré- 
senter au théâtre de Covent-Garden un opéra- 
pastiche, intitulé The Ducnna ( La Duègne ) 9 
dans lequel il avait placé de jolis airs. Le suc- 
•cès de cet ouvrage le décida à se fixer à Lon- 
dres, et dans la même année il quitta Bath avec 
sa famille. Au^nois d'avril 1776, il écrivit pour 
Covent-Garden Le Camp, mélodrame mêlé de 
chant. Peu de temps après il acheta, eu société 
avec Sheridan, la part de Garrick, dans l'en- 
treprise du théâtre de Drury-Lane, pour la 
somme de trente- cinq mille livres sterling ( en- 
viron huit cent mille francs ). Dans cette asso- 
ciation, Linley fut chargé de la direction de 
toute la musique, et pendant plus de quinze ans 
il donna des preuves d'habileté dans l'exercice 
de ses fonctions. Le nombre d'opéras, de drames 
et de ballets qu'il écrivit aussi pour le théâtre 
de Drury-Lane est considérable. Il mourut à 
Londres , le 19 novembre 1795, et fut inhumé 
dans l'église de Wells, près de ses filles, 



, Mmes Sheridan et Tickell, qui l'avaient précédé 
: dans la tombe. Il serait difficile de rassembler 
aujourd'hui les titres de toutes les pièces dont 
| Linley a composé ou arrangé la musique ; on connaît 
I ceux-ci : 1° The Duenna (La Duègne) , opéra- 
| comique représenté à Covent-Garden, en 1775, 
| gravé en partftiou réduite pour le piano ; chez Bro- 
! derip. — 2° Le Camp, mélodrame; ibid., 1776. 
, —3° Le Carnaval de Venise, opéra-comique, à 
I Drury-Lane, 1781, gravé pour le piano ; Londres, 
! Broderip. — 4° Gentle Shepherd ( Le pâtre bien 
né). pastorale; ibid., 1781.-5° The Triumph 
ofmirth (Le Triomphe de la joie)'; ibid., 1782. 
— 6° The Spanish Maid ( La jeune Espagnole) ; 
ibid., i783. — 7° Selima and Azor (Selime et 
I Azor), opéra -comique, ibid., 1734, gravé en par- 
tition pour le piano, chez Broderip. - - 8° Tom 
Jones, opéra-comique, ibid., 1785, en partition 
pour le piano, ibid. — 9° Spanish Rivais {La 
Rivaux espagnols), opéra-comique, 1735. — 
ie° Strangers at home (Les Étrangers chez 
eux ), opéra -comique, ibid., 1786 ; en partition 
pour le piano, ibid. — 1 1° Love in the Jiïast 
(L'Amour dans l'Orient), opéra-comique, ibid., 
1788. — 12° Robinson Crusoe, pantomime. — 
13° Le Mendiant, opéra-comique, ibid., 1787 : 
un des meilleurs ouvrages de cet artiste. Parmi 
ces .compositions, Le Carnaval de Venise et Se- 
lima et Azor se font particulièrement remarquer 
par l'originalité de la mélodie. Les airs de Linley 
ont en général une grâce et une mélancolie tendre 
qui les placent au premier rang parmi les com- 
positions anglaises de ce genre. On cite comme 
des modèles un recueil de six élégies qu'il a pu- 
blié en 1792. Après sa mort, il a paru un recueil 
de ses compositions posthumes et de celles de 
sou fils atné, consistant en glees, chansons, ma- 
drigaux, élégies et cantates; Londres, Preston, 
2 volumes in-folio. 

LINLEY (TnoMAs), fils aîné du précédent, 
naquit à Bath, en 1756. Ses dispositions pour la 
musique étaient si précoces, qu'à l'âge de boit 
ans il exécuta un concerto de violon dans un 
concert public. De si rapides progrès firent 
croire qu'il était destiné à devenir un artiste de 
premier ordre, et son père, l'envoya à Londres 
pour achever son éducation musicale sous la 
direction de Boyce. En 1770, il se rendit à 
Florence pour continuer ses études de violon 
près de Nardini, qui le prit en affection et eut 
pour lui les soins d'un père. Ce fut dans cette 
ville que le jeune Linley, alors âgé de quatorze 
ans, se lia d'amitié avec Mozart,~qni avait aussi 
le même âge. De retour à Bath en 1772, il se fit 
entendre avec succès dans les concerts et les 
oratorios dirigés par son père. Dans l'année sui- 



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812 



LINLEY 



vante, il écrivit à grand orchestre et avec chœur 
l'antienne Let God arise, qui fut exécutée à la 
cathédrale de Worccster, le 8 septembre 1773. 
Associé dès ce moment aux travaux de son père, 
il écrivit l'ouverture, un air de l'introduction, 
une sérénade et le finale du premier acte de La 
Duègne, opéra-comique représenté à Covent- 
Garden, en 1775. L'année suivante il ajouta à 
La Tempête de Shakspeare un chœur d'esprits 
conjurant l'orage, et quelques autres morceaux. 
Cette musique fut exécutée sous sa direction à 
Drory-Lane, et obtint un brillant succès. Mais 
le plus beau de ses ouvrages fut une ode intitu- 
lée The Witches and Fairies of Shakpeare 
(Les Sorcières et les fées de Shakspeare), qu'il 
fit entendre au même théâtre, en 1776. Suivant 
les biographes anglais, les beautés d> cette com- 
position, où l'on trouvait une ouverture, des 
chœurs , duos, airs, etc., n'étaient point infé- 
rieures aux plus belles productions de Mozart 
et de Purcell (!). Après cet ouvrage, le jeune Lin- 
ley ajouta des instruments à vent à l'ancienne 
partition de Macbeth, et composa un oratorio 
intitulé The Song of Moses, qui fut exécuté à 
Drury-Lane. De si beaux commencements an- 
nonçaient une brillante carrière d'artiste; mal- 
heureusement une fin prématurée ne permit pas 
de voir réaliser de si belles espérances. Dans 
une promenade sur Peau, que Linley faisait avec 
quelques amis, la barque chavira, et il se noya, 
le 7 août 1778, à l'âge de vingt-deux ans. Quel- 
ques pièces de sa composition ont été publiées 
avec les œuvres posthumes de son père, en un 
recueil, chez Preston. 

LINLEY ( William), le plus jeune des en- 
fants de Thomas Linley, et frère du précédent, 
naquit à Bath, en 1771 . Il commença ses études 
a l'école de Harrow, puis alla les terminer à la 
maîtrise de Saint-Paul de Londres. Son père ne 
le destinait point à la profession de musicien, 
mais il voulait que tous ses enfants eussent une 
connaissance approfondie de la musique, et le 
jeune Linley fut placé sous la direction d'Abel, 
qui lui enseigna le contrepoint. On le destinait 
à la carrière militaire; Sheridan le présenta au 
duc de Kent, qui l'accepta pour aide de camp ; 
mais Fox, ami de sa famille, lui ayant offert un 
emploi plus avantageux dans l'Inde , il partit 
pour Madras en 1790. La fâcheuse influence du 
climat de cette colonie sur sa santé l'obligea à 
retourner en Angleterre en 1795. Pendant son 
séjour à Londres à cette époque il écrivit la 
musique de deux opéras-comiques intitulés : 
The Honey Moon (La Lune de miel), et Le 
Pavillon. Ces ouvrages furent représentés au 
théâtre de Drury-Lane, ainsi que les panto- 



mimes Arlequin captif, ou le feu magique, 
et The Vortiger (Les Tourbillons), que Linley 
écrivit en 1796. Rappelé dans l'Inde en 1800, et 
ne voulant plus y retourner, il donna sa démis- 
sion des places de payeur provincial de Vellore et 
de sous-trésorier dn fort Saint -Georges. Depuis 
lors, Linley a vécu alternativement à Bath et à 
Londres. Il est mort en cette dernière ville, le 
6 mai 1835, dans la soixante-quatrième année 
de son âge. Un recueil de glees assez médiocres, 
de sa composition, avait été publié en 1799, cbez 
Preston ; mais Birchall en a publié, en 1809, 
une autre suite , où l'on remarque autant de 
grâce dans la mélodie que d'élégance dans l'ac- 
compagnement ; et depuis lors il en a paru deux 
autres recueils, également estimés. Linley a laissé 
en manuscrit beaucoup d'antiennes et d'autre 
musique d'église qui a été souvent exécutée à 
l'abbaye de Bath. On lui doit une publication 
fort intéressante pour l'histoire de l'art; elle 
consiste en un recueil de toute la musique 
écrite en Angleterre par les meilleurs artistes de 
toutes les époques pour les pièces de Shakspeare, 
avec une préface et de bonnes remarques his- 
toriques .*Ce recueil a pour litre : Shakspeare's 
Dramatic Songs, in two volumes, consisting 
of ail the songs, duels, trios t and choruscs 
in character, as introduced by htm in his 
varions dramas; the Music partit/ new and 
parti y selected, with new Symphonies and 
accompanimenls for thjn piano-forte, front 
the works of Purcell, Ftelding, Dr. Boy ce, 
tiares, Arne, and Cooke, MM. J. Smith, 
J.-S. Smith, Th. Linley Jun. and il.-/. -S. 
Sterens; to which are prefixed a gênerai in- 
troduction of the svbject, anql explanatory 
remarks to each play; Londres, Preston, 1816, 
2 vol. in- fol. 

LINLEY (Frakçois), né en 1774, & Doncas- 
ter, dans le duché d'York, était aveugle de 
naissance. Malgré sa cécité, ses parents, doot la 
position n'était point aisée, voulurent lui donner 
un état qui pût le faire vivre indépendant, et ils 
le mirent sous la direction de Miller, organiste 
de Doncaster, et auteur connu de plusieurs ou- 
vrages concernant l'harmonie. Après nvoir ter- 
miné ses études de musique sous ce maître, 
Linley se rendit à Londres, où il obtint la place 
d'organiste de la chapelle de Peutonville, après 
avoir vaincu quinze compétiteurs dans nn con- 
cours. Peu de temps après, il devint l'époux 
d'une jeune dame, aveugle comme lui, et qui 
possédait des biens considérables. Une fâcheuse 
fantaisie poussa Linley à se faire éditeur de mu- 
sique; ses affaires se dérangèrent, il fut pour- 
suivi, et sa femme l'abandonna dans cette triste 



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LINLEY — LIPAWSO 



313 



situation. Ses amis lui donnèrent alors le con- 
seil d'aller en Amérique pour y tirer parti de 
ses talents. Il y fut, dit-on, bien accueilli; néan- 
moins, il n'y resta pas longtemps. De retour en 
Angleterre vers le milieu de 1799, il mourut, à 
Doncaster, au mois d'octobre de l'année suivante, 
à Page de vingt-six ans. Ce musicien avait de 
l'instruction et a laissé quelques bons outrages. 
On connaît sous son nom : 1° Trois sonates pour 
le piano avec accompagnement de flûte, op. 1 ; 
Londres, Longmann et Broderip. — 2° Sonate, 
idem, n° 40 du journal des pièces de clavecin, 
ibld. — 3° Introduction of the organ (Intro- 
duction à l'art de jouer de l'orgue) ; Londres, 
Raife, in 4°. — 4° Organ pièces, interludes, 
fugues, etc. (Collection de pièces, préludes et . 
fugues pour l'orgue, etc.), op. 6 , Londres ; chez 
l'auteur. — 5 e Plusieurs suites de solos et de 
duos pour flûtes. Gerber, Liehtentbal et M. F. 
Becker, ainsi que le Dictionnaire universel de 
musique publié par Schilling, ont pris tous 
les Linley l'un pour l'autre, et les ont même con- 
fondus avec le violoncelliste Lindley. 

LINTANT (C), violoniste et guitariste, né 
à Grenoble, en 1758, fit ses premières études de 
musique dans sa ville natale, puis alla jeune à 
Paris, où il reçut des leçons de violon de Bec- 
tlieaume. Il eut pour mattre de guitare Benoit 
Pollet, qui jouissait alors de quelque réputation. 
Après le départ des chanteurs italiens du théâtre 
Feydeau, Sageret ayant pris la direction de ce 
théâtre, Lintant, qui était son beau-frère, y entra 
comme premier violon, sous la direction de La- 
houssaye et de Blasios ; mais la faillite de Sa- 
geret, quelques années après, lui fit perdre cette 
place. Il vécut quelque temps à Paris en don- 
nant des leçons de guitare. Vers 1810, il se fit 
entrepreneur de théâtres dans les départements : 
en dernier lieu, il eut la direction du théâtre 
de Grenoble. Il est mort en cette ville, le 17 
mars 1830, à l'âge de soixante-douze ans. Cet 
artiste a publié de sa composition : 1° Trois 
quatuors pour deux violons, alto et violoncelle, 
op. 1 ; Paris, G. Ga veaux. — 2° Trois idem, 
liv. 2, op. 4, Paris, Carli. — 3° Trois duos pour 
2 violons, op. 7 ; Paris, Érard. — 4° Trots duos 
pour deux guitares, Paris, Naderman. — 
5° Trois grandes sonates pour guitare et violon ; 
Paris, Porro. — 6° Sonates progressives pour 
guitare et alto; Paris, Frey. — 7° Plusieurs re- 
cueils d'airs variés et de petites pièces pour gui- 
tare. — 8° Méthode suivie d'un abrégé des prin- 
cipes des accords fondamentaux pour apprendre 
à faire un accompagnement; Paris, G. Ga veaux. 
— 9° Plusieurs recueils de romances avec 
accompagnement de guitare ; Paris , Janet. 



LINUS, né àChalcis, dans l'Ile d'Eubée, fut 
c elon les fables grecques, fils d'Apollon et de 
Terpsichore ou d'Eu ter pe. Plutarque, d'après 
Héraclide de Pont, lui attribue l'invention des 
chants plaintifs. Il passait pour avoir été le 
maître de musique d'Orphée, de Thamyris et 
d'Hercule. On dit qu'il reçut d'Apollon la lyre 
à trois cordes ; mais lorsqu'il voulut perfection- 
ner cette invention, en substituant aux cordes 
de lin celle de boyau, beaucoup plus harmo- 
nieuses, le dieu, irrité, lui ôta la vie. Le tombeau 
de Linus était honoré à Thèbes dans une fête 
lugubre, appelée Manéros (1), où l'on exécutait 
des chants plaintifs qui portaient son nom. Dans 
le vrai sens mythologique , Linos on Linus était 
l'incarnation grecque de la musique. 

LIPAWSKY (Joseph), pianiste et com- 
positeur, naquit à Hohenmauth, en Bohême, le 
22 février 1772. Avant l'âge de sept ans il com- 
mença l'étude de la musique, d'abord à Roke- 
nitz, ensuite à Bernwald, près de Glatz. En 
pen de temps il surpassa touB ses condisciples. 
Son goût passionné pour la musique lui faisait 
désirer de se livrer uniquement à l'étude de cet 
art; mais ses parents exigèrent qu'il entrât dans 
un collège pour apprendre 4a langue latine. H 
suivit d'abord les classes inférieures à Leutomis* 
chel ; puis il acheva ses humanités à Koenig- 
gratz. Ce fut dans ce lieu qu'il eut. pour mattre 
de clavecin et d'orgue l'habile organiste Haâs. 
Après avoir achevé son cours de philosophie à 
Prague, ii se rendit à Vienne pour étudier le 
droit ; mais il ne tarda pas à renoncer à cette 
science, et à se livrer sans réserve à son pen- 
chant pour la musique. Pasterwitz, savant moine 
bénédictin, *lui enseigna la composition, et ses 
liaisons d'amitié avec Mozart et Wanhall ache- 
vèrent de perfectionner son goût. Comme pia- 
niste et comme compositeur, il se fit en peu 
d'années une brillante réputation. Pendant deux 
ans, il fut attaché à la famille du comte Tcleky, 
comme professeur de piano ; ce seigneur lui fit 
ensuite obtenir un emploi dans la cour des 
comptes. Lipawsky mourut à la fleur de l'âge, 
le 7 janvier 1810. On connaît sous le nom de 
cet artiste : 1° Ver gebesserte Hausteufel ( Le 
Démon domestique corrigé ), imitation de l'opéra 
français Le Diable à quatre. Cet ouvrage a été 
représenté à Kornenbourg, an bénéfice des pau- 
vres et des orphelins. — 2° Die Nymphen der 
Silberquelle (Les Nymphes de la Source argen- 
tée), opéra joué avec succès au théâtre Schika- 

(1) T/origlne égyptienne de ce mot (MovS^oc) est évi- 
dente; les chanta lagabres des fétes d'isys cherchant le 
corps de son flla s'appelaient de ce nom. 



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314 



LIPAWSKI — LIPINSKI 



neder, à Vienne. — 3° Bernadone, opéra re- 
présenté à Prague. — 4° Sonate pour piano et 
-violon; Prague, Wedtmann, 1798. — 5° Idem, 
op. 9; ibid. —6° Grande sonate pour piano, 
violon et violoncelle, op. 18; ibid. — 7° Idem, 
op. 11 ; Vienne, Steiner (Haslinger). — 8° Grande 
sonate pathétique pour piano seul , op. 27 ; 
Leipsick, Breitkepf et Haerlel. — 9° Grande 
sonate idem, op. 32 ; Vienne, Haslinger. — 
10° Trois andanie pour piano seul, op. 19; 
ibid. — 11° Rondos idem, op. 23 et 30; ibid. 
— 12° Fugue sur la marche des Deux Jour- 
nées, de Cherubini, op. 24; ibid. — 13° Six fu- 
gues pour piano seul, op. 29 ; ibid. — 14° Beau- 
coup de thèmes variés, polonaises, menuets, etc. 
LIPINSKI (Charles) (1), violoniste cé- 
lèbre, est né à Radzyn, en Pologne, au mois de 
novembre 1790. Son père, amateur distingué de 
musique, lui enseigna les premiers éléments de 
cet art à l'âge de six ans , et fut le seul maître que 
Charles Lipinski eut jamais. Ses progrès furent 
rapides ; mais ils firent interrompus par les études 
littéraires qu'on lui fit (aire. Le premier instrument 
qu'il étudia fut le viohncelle ; en peu de temps il 
parvint à jouer sur cet instrument les concertos 
de Romberg. Son ami M. Ferdinand Kremes, 
employé du gouvernement à Lemberg, amateur 
distingué et violoncelliste remarquable, l'encoura- 
geait dans ses efforts et faisait avec lui de la 
musique. Plus tard , Lipinski abandonna le vio- 
loncelle pour le violon, sans autre maître que lui- 
même, et 'se proposant principalement d'at- 
teindre dans son jeu la plus grande puissance de 
son possible. Ses études constantes lui firent ré- 
soudre ce problème. Même à la tin de sa car- 
rière, la bravoure dans les traits diftyciles et l'am- 
pleur du son étaient les qualités les plus remar- 
quables de son talent. Il n'était âgé que de 
vingt-deux ans lorsqu'on le choisit, en .1812, 
pour chef d'orchestre du théâtre de Lemberg : 
il en remplit les fonctions pendant deux ans, et ] 
compléta de cette manière son instruction musi- , 
cale, en dirigeant l'exécution des meilleurs opéras | 
allemands, italiens et français. Pendant ce temps, | 
son talent d'exécution acquit tout son dévelop- 
pement et prit toute la largeur qui est son ca- 
ractère distinctif. En 1814, l'annonce qu'il lut ! 
dans les journaux de l'arrivée de Spohr à Vienne 
le décida à s'y rendre pour entendre ce maître, 
dont le jeu lui plut, dit-on, beaucoup. De retour 
■ à Lemberg, il donna sa démission de chef d'or- 
chestre du théâtre pour se livrer en liberté à la 

(l) Les correction* Caftes Ici à l'égard de quelques faits 
concernant la vie du célèbre violoniste et compositeur 
Charles Lipinski m'ont été indiquées par sou fils, M. Gus- 
tave Charles Lipinski, docteur en droit, a Dresde. 



culture de son talent et pour donner des con- 
certs. C'est aussi à cette époque qu'il écrivit 
ses premières compositions publiées à Leipsick. 
Fink, qui a donné sur Lipinski une notice assez 
étendue dans le Lexique universel de musique 
publié par Schilling, rapporte qu'en 1817 le 
violoniste polonais ayant appris que Paganini 
commençait à fixer sur lui l'attention publique, 
partit peur l'Italie , dans le seul but de l'en- 
tendre, donnant des concerts sur sa route et 
jusque dans le nord de l'Italie ; qu'il entendit Pa- 
ganini à Plaisance, et qu'il lui fut présenté; 
que le célèbre artiste génois lui proposa de jouer 
des symphonies concertantes dans des concerts 
publics, et que tous deux y brillèrent à un égal 
degré. Dans la première édition de la Biogra- 
phie universelle des musiciens, j'ai élevé des 
doutes sur ce fait, parce qu'en 1817 Paganini 
était malade à Rome; mais suivant l'explication 
qui m'a été donnée par M. Gustave-Charles 
'Lipinski, fils du virtuose, la contradiction ne 
provient que d'une faute d'impression dans la 
date donnée par Fink. En réalité, Lipinski a joué 
dans deux concerts à Plaisance avec Paganiai; 
les affiches originales qui sont en la possession 
de M. Gustave-Charles Lipinski et qui ont été 
communiquées à M. Furstenau, artiste de la 
chapelle royale de Dresde, en sont une preuve 
sans réplique. 

De retour en Allemagne, Lipinski y donna des 
concerts dans plusieurs villes, puis retourna à 
Lemberg, où il était en 1823. Vers la fin de la 
même année il se fit entendre à Kiew, eu il obtint 
de brillante succès. En 1825 il était à Pétersbourg ; 
il y donna, au mois de juin, un concert dans la 
grande salle de la redoute, où avant lui aucun 
artiste ne s'était fait entendre. Liszt est le seul qui 
après lui ait tenlé cette épreuve avec succès. 
À l'époque du couronnement de l'empereur Ni- 
colas à Varsovie, et dans le moment même où 
Paganini donnait des concerts avec son succès 
accoutumé, Lipinski en donna un le 5 juin ai 
grand théâtre, et y excita l'enthousiasme de ma- 
nière à soutenir le parallèle avec son prodigieux 
émule dans l'opinion publique. On peut voir dans 
la Gazette de Berlin rédigée par Voss (juin et 
juillet 1829) des relations de ce concert et de 
l'effet produit par l'artiste polonais. On retrouve 
celui-ci à Leipsick et à Francfort en 1835. Dans 
l'année suivante il fit un voyage à Paris et à 
Londres. De retour en Allemagne, il se rendit à 
Vienne, et y donna, pendant les mois de mai et 
juin 1837, dans la grande salle de la redoute, 
quatre concerts, où sou talent produisit la plus 
vive impression. Il ne s'éloigna de celte ville que 
pour retourner à Lemberg, où il ne s'arrêta que 



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LIPINSKI — LÏPOWSKI 



315 



quelques mois, puis il traversa la Pologne et en- 
treprit son second «voyage en Russie. Pendant 
l'hiver de 1838-1839, il se fit entendre de nou- 
veau à Pétersbourg et à Moscou, où il donna plu- 
sieurs concerts au grand théâtre de t'Opéra im- 
périal. Le 1 er juillet 1839 il .se fixa à Dresde en 
qualité de premier maître de concerts de la cour 
•et de la chapelle royale de Saxe. A l'époque de 
mon premier séjour à Dresde. (1849), je fis la 
connaissance de cet artiste intéressant, et je le 
trouvai- plein de feu et d'enthousiasme pour l'art, 
bien qu'il touchât à sa soixantième année. En 
1854, le feu roi Frédéric- Auguste le nomma che- 
valier de l'Ordre d'Albert de Saxe, en récompense 
de son mérite et de ses services . 

Les compositions publiées de Lipinski sont : 
1° Variations pour violon et orchestre, op. 5 ; 
Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 2° Deux polo- 
naises idem, op. 6; ibid. — 3° Rondo alla po- 
iacca, idem, op. 7; ibid. — 4* Sicilienne variée 
pour violon et quatuor, op. 3; Leipsick, Peters. 

— 5° Variations idem, op. 4; ibid. — 6° Trois 
polonaises idem, op. 9 ; Leipsick, Breitkopf et 
Haertel. — 7° Trio pour 2 violons et violoncelle, 
op. 8 ; ibid — 8° Deux caprices pour violon seul, 
avec accompagnement de basse, op. 2; Leipsick, 
Peters. — 9° Trois idem, op. 10; Leipsick, 
Probst. — 10° Trio pour deux violons et violon- 
celle, op. 12 ; Leipsick, Peters. — 11° Variations 
avec accompagnement de piano, op. il et 15 ;ibid. 

— 12° Rondo alla polacca avec piano, op. 13; 
Vienne, Haslinger. — 13° Rondo de concert pour 
violon et orchestre, op. 18 ; Leipsick, Peters — 
14° Rondo alla polacca idem, op. 17; ibid. — 
1 5° 1" Concerto idem (en fa dièse mineur) op. 14 ; 
ibid. — 16° Concerto militaire idem (en ré), 
op. 21 ; Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 17° 3*"* 
concerto idem ( eh mi mineur ), op. 24 ; Leipsick, 
Hofmeister. — 18° Variations idem sur la cava- 
tine du Barbier de Séville (Ecco ridente il 
cieto), op. 20 ; Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 
19° Variations.de bravoure idem (en ré), op 22; 
Leipsick, Peters. — 20° Adagio elegiaco à l'usage 
des concerts idem (en mi): Berlin, Schlesinger. 

— 2t° Fantaisie et variations idem sur des motifs 
des Hugu*not$(en mi), op. 26 ; ibid. — 22° Rémi- 
nucences des Puritains, grande fantaisie idem, 
op. 28 ; Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 23°4*n»e 
concerto idem (en la), op. 32 ; Leipsick, Hofmeis- 
ter. — 24° Fantaisie idem (sur des motifs de 
de l'opéra de Steffani : Les Cracoviens), op. 33 ; 
ibid. — 25° Trois caprices pour violon seul, 
op. 29; Hambourg, Schubert!» . On doit aussi 
à Lipinski une intéressante collection de chants po- 
pulaires de la Galicie (ancienne PelitePologne), au 
nombre de 169, avec accompagnement de piano : 



Cette publication, faite avec le savant littérateur 
polonais Vcnceslas Zalewski, a pour titre : Piesni 
polskie i ruskie ludu Galicyiskiego z musyka 
instrumentowana; Lemberg, Piller, 1834,2 vol. 
gr. in-8°. 

LÏPOWSKI (Thadée-Ferbinand), né à 
Saint-Martin en Bavière, le 28 décembre en 1738, 
commença ses études à Passau, puis suivit à 
Salzlwurg des cours de philosophie, de mathé- 
matiques et de droit. Son éducation musicale se 
fit en même temps que son éducation littéraire et 
scientifique ; il apprit en peu d'anuées à bien jouer 
du clavecin, du violon et du basson. Le violon 
fut surtout l'instrument qu'il cultiva avec succès. 
Léopold Mozart, père de l'immortel compositeur, 
lui enseigna aussi l'harmonie et le contrepoint. 
Son premier ouvrage fut un opéra en langue la- 
tine, intitulé: Musse in Parnasso Salisbur- 
gensi. Les étudiants de l'université le représen- 
tèrent en 1759, pour la fêle du prince évêque. 
L'année suivante Lipowski alla terminer son 
cours de droit à l'université d'Ingolstadt. De re- 
tour à Munich, il s'y fit connaître par son talent 
distingué sur le violon. En 1763, il fut nommé 
conseiller de justice à Weissensteig, en Souabe 
(maintenant au royaume de Wurtemberg). 11 y 
avait en ce lieu un chapitre de chanoines séculiers 
de Sainl-Cyriaque, où se trouvaient beaucoup de 
bons musiciens et un choeur bien organisé ; cette 
circonstanceexcita le zèle le Lipowski, qui écrivit 
en peu d'années des messes, litanies , offertoires, 
symphonies, concertos,, quatuors, trios, etc. Dans 
un voyage qu'il fit à Munich il joua nn concerto 
de violon chez le prince électoral Maximilien III, 
qui, charmé de son talent, le fit nommer con- 
seiller de la cou[ à Munich et administrateur 
des droits de brasserie ; mais au moment où il 
allait prendre possession de ses nouveaux em- 
plois, une fièvre cérébrale le conduisit au tom- 
beau, le 18 mars 1767. Peu de jours avant sa 
mort, il avait achevé une messe de Requiem, qui 
fut exécutée à ses obsèques, et dont le manuscrit 
a été conservé au chapitre de Saint-Cyriac. 

LIPOWSKI (Félix-Joseph), fils du pré- 
cédent, né à Weissensteig, en 1765, s'est fait con- 
naître comme un des écrivains les plus féconds 
de la Bavière. Il s'est exercé sur tontes sortes de 
sujets, mais surtout sur des points d'histoire, 
de littérature, d'arts et de sciences, relatifs à son 
pays. Fixé à Munich dès son enfance , il y a pu- 
blié tous ses ouvrages. Le premier a paru en 1794 ; 
le dernier en 1831. Au nombre de ses écrits, on 
trouve un dictionnaire historique des musiciens 
de la Bavière, intitulé : Baierische Musik-Lcxi- 
kon; Munich, Giel, 1811, 1 vol, in-8°. Ce livre 
parait avoir été fait avec précipitation ; néanmoins 



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3IG 



L1P0WSKI — LIROU 



on y trouve quelques renseignements utiles. 
L1PPARIÎVI (Le P. Guillaume), moine 
augustin, né à Bologne, vers la fin du seizième 
siècle, Tut maître de chapelle de l'église cathédrale 
de Como. Il vivait encore en 1637, car il publia 
dans cette année son œuvre quatorzième. On con- 
naît sous son nom : 1° Il primo libro de motetti 
a 7, 8 c 15 voci; Venezia per il Roveri, 1609, 
jn-4°. — 2° Madrigali a cinque voci; ibid., 
1614. — 3-» Messe a 8 e 9 voci ; ibid. —4° Lcia- 
nie délia B. Virgine «1,2, 3 voci con il basso 

per l'organo; ibid, 1623, in-4° b°Sacri laudi 

a 3, 4, 5, 8 voci, op. 12; Venezia, per il Vin- 
cent!, 1634, in-4°. —6° Sacri concerli a 1,2, 
3, 4 voci con letanie e sonate, op. 13; ibid., 
f635, in-4°. — 7° Salmi concertait a 8 voci 
con l'organo, op. 14; ibid., 1637, in-4 # . — 
8° Sacri concerli a 4, 5, 6, 8, 10 voci. lib. 2; 
ibid., 1637, in-4°. 
.LIPPIUS (Jean), docteur et professeur de 
théologie à Strasbourg, né dans cette ville, le 
24 juin 1585, étudia d'abord à l'université de 
Wittenberg, puis à Jéna, et enfin à Giessen, où 
il fut gradué docteur. Il mourut à Spire, le 24 sep- 
tembre 1612, au retour d'un voyage qu'il avait 
fait à Giessen, et lorsqu'il allait prendre posses- 
sion de sa chaire dans sa ville natale. Lippius 
soutint à Wittenberg une thèse sur la théorie 
des intervalles de la gamme, qui a été imprimée 
sous le titre de : Disputatio de musica, Witte- 
bergœ, 1 609, 8 pages in-4°. Cette dissertation fut 
suivie de deux autres sur le môme sujet, impri- 
mées dans la même ville, en 1G09 et 1 6 10. La 
deuxième dissertation forme deux feuilles et de- 
mie, et la troisième, quatre feuilles. Lippios les 
réunit ensuite, et les publia, lorsqu'il était à l'u- 
niversité de Jéna, avec le titre suivant : Themata 
musica t ut multis forte paradoxa, ita hoc 
maxime sxculo notanda et a Musophilis pu- 
bliée discutienda atque explicanda, exhibens. 
Jéna, 1610, in-4°. Il y établit que la musique n'est 
point une science métaphysique (Musica non est 
scientia melaphyslca) t et qu'elle n'est pas préci- 
sément physique, parce que le son, bien que chose 
naturelle, n'est pas un corps : donc (ajoute-t-il') 
elle est mathématique. Cette opinion erronée 
a été reproduite après Lippius par la plupart des 
géomètres. Il y ajouta ensuite un supplément in- 
titulé : Themata fontem omnium errantium 
musicorum operantia, etc., Jéna, 1611, in-4°. 
Il est vraisemblable que cette dernière disserta- 
tion est la même qui est citée par Wallherdans 
son Lexique de musique sous ce titre : Brevicu- 
lum errorum musicorum veterum et recen- 
tiorum. Toutes ces pièces sont de la plus grande 
rareté; mais nul doute que toute la doctrine 



qu'elles renferment a été reproduite par Lippius 
dans son livre intitulé: Synopsis mvsicx norx 
omnino verx atque methodicx unïversx, in 
omnis sophix prxgustum TcapepYw; inventx, 
disputatx et propositx omnibus philomusis; 
Strasbourg, Paul Ledertz, 1612, in- 8°. L'épltre 
dédicatoire est datée du dimanche de Lxtare 
1612. A la fin dePouvrage, on trouve huit vers 
à la louange de Lippius, par Calwifz ou Calvi- 
sius. Le livre de Lippius est une doctrine com- 
plète des proportions musicales et de la théorie 
mathématique de la musique. On peut le consi- 
dérer comme un bon ouvrage pour le temps où 
11 a été écrit. Gerber a fait une de ses bévues 
ordinaires en disant que la première édition de 
ce livre a paru en 1592, quoiqu'il eût donné lui- 
même la date de 1585 pour celle de la naissance 
de Lippius ; en sorte que ce savant aurait été 
âgé de sept ans lorsqu'il aurait publié son livre. 
On a aussi de Lippius un écrit intitulé : Philo- 
sophix verx ac sincerx in quibus continen- 
tur: 1° Prxparatio per musicam, 2* Perfedio 
inlerior realis per metaphysicam , rationalis 
per logicam, exterior realis perethicam, e(c« 
Strasbourg, 1612, in-8°. Erfurt, 1614, in-12. Ce 
qui concerne la musique dans cet ouvrage forme 
cinq feuilles d'impression. 

LIPPRAND(Jean), organiste à Rudolstadf, 
vers le milieu du dix-septième siècle, a mis en 
musique à quatre voix une ode funèbre sur la 
mort du fris du bourgmestre de celle ville. Elle 
est imprimée à la suite d'un éloge historique de 
ce jeune homme; Rudolstadf, 1669, in-4*. 

LIROU (Jean-François ESPIC, chevalier 
DE), né à Paris, en 1740, entra dans les mous- 
quetaires du roi, et fut décoré de la croix de Saint- 
Louis. Amateur passionné de musique et de 
poésie, il composa la Marche des mousque- 
taires, qui fut exécutée pour la première fois à 
la revue de la plaine des Sablons en 1767, et qui 
a continué d'être jouée à la tête de ce corps jus- 
qu'à la révolution de 1789. Louis XV paraissait 
avoir du goût pour ce morceau, et demandait 
souvent la marche de son mousquetaire. M. de 
Lirou écrivit aussi les livrets de plusieurs opéras, 
entre autres Diane et Endymion, mis en mu- 
sique par Piccinni, et représenté à l'Opéra, en 
1784, ThéageneetChariclée, et Jason, présentés 
au jury du même théâtre, mais non reçus. L'ou- 
vrage le plus important du chevalier de Lirou 
est un livre intitulé : Explication du système de 
Vharmonie, pour abréger V élude de la com- 
position, et accorder la pratique avec la théo- 
rie; Londres (Paris), 1785, 1 vol. in- 8° L'auteur 
de cet ouvrage est le premier écrivain français 
qui, dans un livre sur l'harmonie, se soit séparé 



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LIROU — LISTE 



HT 



complètement du système de la basse fondamen- 
tale de Rameau, pour chercher les lois de suc- 
cession des accords dans les rapports de tonalité, 
qui sont en effet les bases certaines de toute 
musique. Malheureusement les idées de Lirou 
manquaient de netteté à l'égard de ce critérium 
de la science. Au lieu de chercher le principe de 
la tonalité des sons par ordre de succession, il a 
pris son point de départ dans la résonnance har- 
monique des corps sonores , supposée uniforme. 
Ut, dit-il, produit mi, sol; sol engendre si, ré; 
de plus, ut peut être considéré comme quinte 
de fa, d'où fa, la, ut. Ainsi, ut étant placé comme 
intermédiaire, on trouve dans les résonnances 
harmoniques de /a, d'uf, et de sol, la suite de 
sons mi, fa, sol, la, si, ut , ré, mi, qni ren- 
ferme tous les intervalles de notre gamme ma- 
jeure, et qui correspondent au deux tétracordes 
île la musique grecque mi, fa, sol, la; si, ut, 
ré, mi. Et parce que par un procédé tout arbi- 
traire et mécanique ii est parvenu à trouver les 
notes qui composent la gamme, il croit avoir 
une tonalité, et se persuade qu'il ne s'agit que de 
changer la disposition de ces notes, en commen- 
çant par ut au lieu de mi. Il ne sait pas que toute 
la difficulté est précisément dans la détermina- 
tion de la première note de l'échelle. Arrivé à 
ce résultat, il dispose les notes en un cercle qui 
lui représente les deux progressions -ascendante 
et descendante ut, mi, sol, si, ré, fa, la, et ut, 
la, fa, ré, si, sol, mi, qu'il considère comme 
bases de toutes les constructions d'accords, de 
toutes les successions harmoniques, des modes 
et de la modulation. L'exposé de ce début du 
système suffit pour indiquer ce qu'on doit atten- 
dre d'une théorie d'harmonie fondée sur de 
telles bases. Le chevalier de Lirou est mort 
à Paris, en 1806, d'une goutte remontée. 

LIS ( Charles-Auguste ) , compositeur ama- 
teur, naquit à Bruxelles, le premier juillet 1784. 
Fils d'un riche négociant de cette ville, il était 
destiné à suivre la carrière du commerce ; mais 
des spéculations malheureuses de son père ayant 
anéanti sa fortune, Charles Lis fut obligé d'accep- 
ter une place dans l'administration des finances 
du royaume des Pays Bas, et alla à Amsterdam 
occuper cet emploi, depuis 1814 jusqu'en 1831. 
De retour à Bruxelles, après la révolution qui 
sépara la Belgique de la Hollande, il entra dans 
les bureaux du ministère des finances, et il y 
fut employé jusqu'à sa mort, qui arriva le 28 juin 
1 845. Lis avait appris la musique dans son en- 
fance : dès l'ûge de vingt ans il composa des ro- 
mances charmantes, qui eurent un succès de vogue. 
Parmi ces pièces légères on remarque celles qui 
commencent par ces mots : Portrait charmant, 



portrait de mon amie; fleuve du Tage ; 
Non, je ne Vaime pas, etc. On trouve une 
notice sur cet amateur distingué, par M. Ar- 
thur de Mornay, dans le Nécrologe universel 
du dix-huitième siècle (Paris, année 1846, 
in-8° ). 

Ll SCO VI US onLISKOVIUS ( Charles- 
Frédéric-Salouon ), docteur en médecine et mé- 
decin praticien à Leipsick , est né dans cette 
ville, le 8 novembre 1780. lia publié une disser- 
tation concernant la théorie de la voix, sous ce 
titre : Dissertatio philologica sistens theoriam 
vocis ; Leipsick, 1814, in-8° de 70 pages. Dans la 
même année, il en a donné une traduction alle- 
mande intitulée : Thorle der Stimme; Leipsick, 
Breitkopf et Haerlel, in-8° de 106 pages, avec une 
planche représentant les détails de l'appareil 
vocal. Dans ce petit ouvrage , Liscovius se livre 
à l'examen des théories de la voix humaine de 
Ferrein , de Chladni , de Cuvier et de Bur- 
dach ; puis il présente son propre système, 
qui consiste à considérer l'organe comme produi- 
sant de certains sons par l'action de ce que Fer- 
rein a appelé les cordes vocales, c'est-à-dire 
par les ligaments de la glotte, et d'autres par le 
brisement de l'air sur les bords de l'ouverture du 
larynx. Il examine avec soin les divers phéno- 
mènes du mécanisme de la voix, dans la parole 
et dans le chant, les causes probables de la di- 
versité qu'on remarque dans cet organe, et les 
influences auxquelles il est soumis. 11 traite aussi 
de la voix chez les oiseaux et les animaux amphi- 
bies ; enfin, la dernière partie de l'ouvrage est re- 
lative à l'hygiène de la voix. Une analyse delà 
dissertation de M. Liscovius par le docteur Hell- 
wig a été donnée dans les volumes 16 e et 18* 
de la Gazette musicale de Leipsick. Liseovius 
a publié aussi des remarques sur l'hypothèse 
physico- acoustique de Gottfried Wcber, concer- 
nant la voix humaine, dans le 4 e volume de l'é- 
crit périodique intitulé Cœcilia, p. 161-166. 

LISSIEUX (...), facteur d'instruments à 
vent, établi à Lyon, vers 1660, était renommé 
pour la bonté de ses musettes et de ses hautbois 
( voyez le Traité de la Musette, de Borjon, 
page 39). 

LISTE (Antoine), chanteur, pianiste et 
compositeur, né à Hildesheim, en 1774, fit ses 
études à Yienne, et fut, dit-on, d'abord élève 
de Mozart, puis d'Albrechtsberger. En quittant 
l'école de ce dernier, il entra chez le comte 
Westphal en qualité de maître de musique de la 
famille de ce seigneur. En 1804 il vivait sans 
emploi àHeidelberg; c'est là qu'il commença à se 
faire connaître par deux sonates pour le piano, 
qui ont été publiées dans le 9 e cahier du Réper- 



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LISTE — LISZT 



toire des clavecinistes, par Nœgeli. De Heidel- 
berg, Liste se rendit à Zurich où il parait s'être 
fixé. Il y vivait encore eu 1828. Les ouvrages 
les plus connus de cet artiste distingué sont : 
1° Grand concerto pour piano en forme de fan- 
taisie, op. 13 ; Leipsick, Breitkopf et Hœrlel. — 
2° Grande sonate pour piano et basson ou violon- 
celle, op. 3 ; Zurich, Hug. — 3° Grande sonate 
pour piano à 4 matas, op. 2; Leipsick, Breitkopf 
etHîertel.— 4° Sonates pour piano seul, op. 1/6, 
8 et 12 ; Zurich et Leipsick. — 5° Pièces carac- 
téristiques pour piano, op. 10 ; Leipsick, Hofmeis- 
ter. — G° Variations sur le thème : Nice, se più 
•/ton rn'ami, op. 7 ; Leipsick, Breitkopf et Haertel. 
— 7° Chansons allemandes, op. 17, liv. 1 et 2; 
Bonn, Si m rock. 

LISTENIUS (Nicolas) , écrivain sur la mu- 
sique, naquit à Brandebourg, au commencement 
du seizième siècle. Cette circonstance de sa vie 
est la seule connue ; «Ile serait vraisemblablement 
ignorée si Listenius n'en avait fait mention dans 
Tépitre dédicatoire du livre qu'il a publié. Cet 
ouvrage, qui renferme un traité élémentaire de 
musique à l'usage des écoles primaires , parut 
la première fois sous ce titre : Rudimenta mu- 
sicœ, in gratiam sludiosx juvenlutis diligenter 
comporta! a; Wittenberg, Rhau, 1533, in-8° de 
six feuilles. Peu de livres ont été aussi souvent 
réimprimés que celui-là : Gerber porte à dix- 
sept le nombre des éditions qu'on en a faites, et 
avoue qu'il ne les connaît vraisemblablement 
pas toutes. Il est vrai que j'en ai vu quelques- 
unes qu'il ne cite pas, et peut-être y en a-t-il 
d'autres encore. La deuxième édition a paru en 
1536, chez le même Georges Rhau ou Hhaw, à 
Wittenberg. On en trouve un exemplaire à la 
bibliothèque royale de Berlin, et j'en possède 
un de la même date. En 1539, le même édi- 
teur on a donné une autre, intitulée : Musica 
Nicolai Listenii, ab authore denuo recognila, 
mvltisgue no vis regulis et exemples adaucla. 
Petit, iu-8° de 6 feuilles. Toutes les autres édi- 
tions imprimées chez Rhau en 1542, 1544, et 
1554, ont le même titre, qui a été copié aussi 
dans une réimpression faite à Leipsick, en 1554, 
par Georges Hantsch. Il en est de même de celles 
qui ont été imprimées à Leipsick, chez Michel 
Blum, en 1543, 1546 et 1553. Ce même titre se 
trouve aussi en tête d'une autre édition qui m'a 
été indiquée par le savant M. Gaspari, de Bologne, 
mais avec une addition à la fin. Ce litre est : 
Musica Nicolai Listenii , denuo recognita 
multisquc noris regulis et exemplis aucta, 
ac correctius quam antea édita. Aoribcrgx 
excudebat Theodoricus Gerlatzenus; 1569, 
petit in-8°. Cette même édition a été reproduite 



en 1570, avec un autre frontispice. La quatrième 
édition a pour titre : Nicolai Listenii Rudi- 
menta musiae, ab authore aucta et reeo- 
gnita;NoriUergx f apud. Joan. Petreium, 1540 r 
in-8°. Les autres éditions publiées par le même 
imprimeur en 1544, 1549, 1553, 1577, et chez ses 
héritiers, 1588 et 1600, toutes in-8°, sont sim- 
plement intitulées : Musica Nie, Listenii ab au- 
thore recognita et aucta. Enfin, il y en a une, 
sans date, publiée à Francfort-sur-l'Oder, et une 
autre imprimée à Breslau, en 1573, dont Hoff- 
mann a donné la description dans son livre sur 
les musiciens de la Silésie (voyez Hofmann). La 
bibliothèque royale de Berlin possède une édi- 
tion donnée à Leipsick, en 1559 : j'ignore le non» 
de l'imprimeur. M. Charles-Ferdinand Becker a on 
exemplaire d'une édition imprimée à Nuremberg, 
sans date, et une autre édition, également sans 
date, de Francfort-sur-le-Mein. La simplicité du 
style de Listenius et la clarté de ses définitions ont 
été vraisemblablement les causes principales do 
succès de son livre. 

LISTON (Henri), ecclésiastique écossais, 
ministre de l'église unique du comté de Lin- 
lithgow et de la ville de ce nom, près d'Edim- 
bourg, vécut au commencement de ce siècle. 
En 1811 , il soumit à l'examen de William 
Sliield, de Samuel Wesley, de J. Davy et d> 
Greatorex, un orgue de son invention, auquel i! 
donnait le nom d* enharmonique, et qui arait 
été construit par un facteur de Londres, sons 
sa direction. Ces artistes approuvèrent le système 
de cet instrument, le considérant comme uft 
progrès, particulièrement en ce qui concerne les 
moyens de fixer la justesse la plus satisfaisante. 
Quelques mois après, le révérend Liston pu- 
blia un traité sur l'intonation, avec un grand 
nombre d'exercices, sous ce titre : An Essag 
on perfect intonation ,■ Edimbourg, Peter HiM; 
Londres, Longman, 1812, 1 vol. in-4°. Cet ou- 
vrage a pour objet de faire connaître les avan- 
tages de l'orgue enharmonique pour la perfec- 
tion des intonations dans le chant. 

LISZT (François ou Franz), l'un des ar- 
tistes les plus extraordinaires de notre temps, 
n'a été considéré dans la première édition de la 
Biographie universelle des musiciens qu'an 
point de vue de son talent de pianiste : vingt- 
deux années se sont écoulées depuis lors; dans 
cet intervalle, Liszt s'est ouvert une carrière 
nouvelle, et j'ai àparlerdelui non-seulement pour 
les prodiges de son exécution, mais pour ses tra- 
vaux de maître de chapelle, et pour ses entre- 
prises de transformation de l'art dans la compo- 
sition symphonique. De plus, il me faudra le 
suivre aussi dans ses travaux de littérature ; car 



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sa vigoureuse organisation intellectuelle a saisi 
l'art sous tous ses aspects. 

Liszt est né le 22 octobre 1811, à Rœding (1), 
village de la Hongrie, non loin de Pestli. Son 
père, employé dans l'administration des biens du 
prince Esterhazy, était bon musicien et jouait 
avec habileté de plusieurs instruments. Le prince 
employait ses talents dans sa chapelle; ce fut là 
qu'Adam Liszt se lia d'amitié avec Haydn, qui 
mourut deux ans avant la naissance de son fils.Dans 
sa sixième année le jeune Liszt montra ses heu- 
reuses dispositions pour la musique, en écou- 
tant attentivement son père qui exécutait sur le 
piano le concerto de Ries en ut dièse mineur, 
dont il chanta le même soir le thème et les prin- 
cipales mélodies. Dès ce moment, on le mit à 
Fétude du piano. Les tendances de son esprit 
vers le recueillement mélancolique commencè- 
rent à se manifester un peu plus tard, par le 
goût passionné qu'il prit à la lecture du René de 
M. de Chateaubriand. Pendant près de six mois, 
ce livre ne sortit pas de ses mains, et souvent 
on le trouva les yeux baignés de larmes pendant 
sa lecture. A l'âge de neuf ans, il se fit entendre 
pour la première fois en public à Œdenbourg, et 
quoiqu'il eût été pris de la fièvre au commence- 
ment du concert, il exécuta le concerto de Ries 
en mi bémol, et une fantaisie improvisée , de 
manière a exciter le plus vif étonnement. Le 
prince Esterhazy, qui l'entendit dans cette 
séance, lui fit beaucoup de caresses et lui ac- 
corda un présent de 50 ducats. Peu de temps 
après, Liszt commença ses voyages avec ses pa- 
rents, et se rendit à Presbourg. Il y trouva dans 
les comtes Amaden et Zopary deux protecteurs, 
qui se réunirent pour lui assurer une pension de 
600 florins pendant six ans, dans le but de l'aider 
à compléter son éducation. Alors commença à se 
réaliser l'avenir de bien-être que le père de Liszt 
avait espéré pour son fils. Il le conduisit à Vienne, 
et le confia aux soins de Czerny. Les premières 
leçons du maître blessèrent le jeune orgueil de 
Pélève, parce que Czerny présenta à Liszt des 
sonates de démenti que celui-ci considérait 
comme au-dessous de son talent et qu'il joua 
avec «dédain. Il fallut aborder de plus grandes 
difficultés, et bientôt il y en eut à peine d'assez 
grandes, pour le pianiste enfant, dans les œuvres 
de Beethoven et de Hummel. On rapporte à ce 
sujet que le jeune Liszt se trouvant un jour avec 
quelques artistes chez l'éditeur de musique qui 
venait de publier le concerto en si mineur de 

(1) Cette date se trouve dans toutes les notices biographi- 
ques de Liul ; Je crota pourtant que les renseignements qui 
me sont parvenus de Vienne, et qui font remonter la nais- 
sance de l'artiste à deux années plus tôt, sont exacts. 



Hummel, il le joua sans hésiter à première vue- 
Cette aventure fit du bruit; il en fut parlé dans 
les salons de Vienne, et chacun voulut entendre 
le jeune virtuose. Le prix convenu entre le père 
de Liszt et Czerny, pour un certain nombre de 
leçons, était une somme *de trois cents florins ; 
mais lorsque vint le payement, le mattre 
refusa, disant que les succès de son élève t'in- 
demnisaient de tous ses soins. Pendant les 
dix-huit mois que Liszt passa sous la direction 
de Czerny, il reçut aussi quelques leçons de 
composition do vieux Salieri. Après ce temps 
d'études, il donna son premier coneert : le» 
artistes les plus célèbres y assistèrent, et pré- 
dirent à l'enfant précoce une carrière glorieuse. 
Ce fut alors que Liszt et sa famille se dirigèrent 
vers Paris, donnant partout des concerts, et par- 
tout obtenant de brillants succès. 

Le père du jeune artiste s'était proposé de le • 
faire entrer au Conservatoire et de le conlicr aux 
soins de Cherubini pour le contrepoint ; mais sa 
qualité d'étranger opposa à ce projet un obstacle 
que ne purent écarter les recommandations de 
M. de Metternich lui-même. Liszt était arrivé à 
Paris vers le commencement de 1823; il se fit en- 
tendre pendant cette saison dans plusieurs con- 
certs à l'Opéra, et y causa autant d 'étonnement que 
de plaisir. Il n'y paraissait pas seulement comme 
un de ces enfants prodiges dont on a vu beau- 
coup d'exemples depuis lors, mais comme un mu- 
sicien déjà aussi remarquable par son aplomb que 
par sa brillante exécution. Ses improvisations 
n'étaient pas riches d'idées neuves ; mais elles in- 
diquaient dans leur auteur une rare intelligence de 
l'eflet, et beaucoup de sang-froid dans la con- 
duite du plan. On n* parla bientôt plus que du 
petit Liszt, et celte locution devint si familière, 
qu'on le désignait encore ainsi à Paris après 
qu'il eut atteint l'âge et la taille d'un homme. 

Malgré ses succès , ses études de piano conti- 
nuaient sous la sévère direction de sou père. 
Celui-ci obligeait son (ils à jouer chaque jour 
douze fugnes de Bach, et à les transposer à 
l 'improviste dans tous les tons ; c'est à ce tra- 
vail que LUzf est redevable de cette prodigieuse 
habileté dans la lecture et l'exécution à pre- 
mière vue de toute espèce de musique , quelle 
qu'en soit la diflicullé. Au mois de mai 1824 il 
partit pour Londres avec son père; ses succès 
n'eurent pas moins d'éclat à la cour de Georges IV 
qu'à Paris, où il retourna au mois de septembre 
de la môme année. 11 y reprit ses études, et 
commença à composer. L'année suivante , au 
»mois d'avril, le père et le fils retournèrent à 
Londres, et recueillirent dans plusieurs eoncerls 
d'abondantes récoltes, dues à l'admiration qu'ins- 



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pirait le taient du jeune artiste. De retour à Pa- 
ris, Liszt fut excité par son père à écrire des 
sonates, des fantaisies, des variations, et même 
un opéra de Don Sanche , ou le Château de 
V Amour, qui Tut représenté à l'Académie royale 
de musique, le 17 octobre 1825, et que le public 
écouta avec indulgence, à cause de l'intérêt qui 
s'attachait au nom do jeune musicien. Au mois 
de février 1826, Liszt s'éloigna de Paris avec sa 
famille, dans le dessein de visiter les principales 
villes de France. Ses concerts à Bordeaux, et 
plus tard à Toulouse, Montpellier, Nîmes , Mar- 
seille et Lyon, furent pour lui une suite de triom- 
phes. 

Cependant jusqu'alors il avait plus appris la 
composition par instinct et par observation que 
par des études suivies et systématiques. Le 
besoin de s'instruire mieux dans cet art se fit 
' sentir en lui vers cette époque ; Reicha se char- 
gea du soin de le diriger dans son travail, et lui 
fit commencer un cours qui, je crois, ne fut 
jamais achevé, parce que les sentiments d'une 
dévotion mystique et contemplative commencè- 
rent alors à pénétrer dans Pâme du jeune Liszt. 
Dans leurs progrès , ces sentiments lui inspirè- 
rent du dégoût pour l'art qui jusqu'à ce mo- 
ment lui avait procuré plus de contrainte que de 
véritables jouissances. Combattu par son père , 
son nouveau penchant ne fit que s'accroître ; 
alors, pour l'arracher à des méditations trop 
précoces, on le fit voyager, et pour la troi- 
sième fois il visita l'Angleterre, après avoir 
parcouru la Suisse jusqu'à Berne. Ce fut au re- 
tour de ce voyage à Londres que Liszt perdit son 
père , à Boulogne. Alors commença pour lui le 
'temps de la liberté et de la disposition de ses 
facultés ; bonheur qu'il dut d'autant mieux ap- 
précier, lorsque sa douleur fut calmée, qu'il n'a- 
vait connu jusque-là que le despotisme d'une 
volonté plus forte que la sienne. « Pauvre enfant 
dont on avait exploité la précoce habileté, il était 
venu dans les pays étrangers chercher un tribut 
d'admiration qu'on payait à son âge. Ce fut mer- 
veille vraiment que, soumise à celte rude épreuve, 
son enfantine vanité n'ait point fait avorter son 
talent, comme cela est arrivé de tant d'autres. 
Heureusement, l'amour de l'art était aussi puis- ! 
sant en lui que la soif de la renommée était ar- 
dente ; lorsqu'il put se diriger lui-môme, il corn- j 
prit, au milieu de ses irrésolutions, que pour I 
donner à l'homme fait des succès comparables à ' 
ceux qu'avait obtenus l'enfant prodige, il lui fal- ' 
lait réaliser plus de merveilles qu'un antre, et son 
courage ne recula pas devant le travail qu'il fal- 
lait faire pour atteindre à ce but. Des études 
persévérantes de mécanisme lui parurent néces- 



saires pour qu'aucune difficulté ne pût l'arrêter 
et pour que ses doigts fussent toujours prêts à 
rendre , sans restriction , tout ce que sa tête 
pouvait lui suggérer. Dès lors sa vie fut cachée ; 
pendant plusieurs années, il ne se lit plus en- 
tendre, et lorsqu'il reparut, ce fut pour frapper 
d'étonnement par l'incomparable vélocité de ses 
doigts, par leur habileté à vaincre toutes les 
difficultés , par leur aptitude à l'expression de 
tous les accents. » 

Une grave maladie, dont 1* convalescence dura 
près de deux ans, vint le surprendre au milieu 
de ses travaux ; elle contribua au développement 
de la tendance religieuse de son esprit. Sa dé- 
votion devint austère , et la fréquentation des 
églises occupa la plus grande partie de son temps. 
Tout à coup, on le vit briser avec ses habitudes 
mystiques, rentrer dans le monde et prendre des 
allures dégagées. C'est ainsi que des variations 
fréquentes se sont fait remarquer dans ses goûts 
en toute chose et ont témoigné de la mobilité de 
ses sentiments el de ses opinions. Son talent 
même a pris tour à tour différents caractères. 
Nonobstant les succès d'enthousiasme qu'il obte- 
nait chaque fois qu'il se faisait entendre, on pou- 
vait remarquer, dans les variations fréquentes 
du système de son jeu, que lui-même n'était pas 
satisfait, et que l'incertitude agitait toujours son 
esprit. On lui avait reproché de trop accorder 
à la mécanique des doigts : il voulut prouver qu'il 
y avait en lui un foyer de chaleureuses inspira- 
tions, et il se mit à improviser en quelque suite 
des fantaisies sur les ouvrages des plus célèbres 
compositeurs, ne les considérant en quelque sorte 
que comme des thèmes qu'il pouvait varier et 
modifier à son gré. Lui-même a reconnu plus 
tard son erreur, et s'en est expliqué en ces 
termes : 

« J'exécutais alors fréquemment, soit en pu- 
« blic, soit dans les salons (où l'on ne manquait 
« jamais de m'objecter que je choisissais bien 
<c mal mes morceaux ), les œuvres de Beetho- 
« ven, Weber et Hummel, et, je l'avoue à ma 
« honte , afin d'arracher les bravos d'un public 
« toujours lent à concevoir les belles choses 
a dans leur auguste simplicité, je ne me faisais 
« nul scrupule d'en altérer le mouvement et les 
« intentions ; j'allais même jusqu'à y ajouter in- 
« solemment une foule de traits et de points d'or- 
« gue, qui, en me valant des applaudissements 
« ignares, faillirent ro'entratner dans une fausse 
« voie, dont heureusement je me suis dégagé bien- 
« tôt (1). .» 
Au milieu des fluctuations de goût qui se fai- 

(i) Gaiette musicale 4e Paris, *• année, p. K 



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salent remarquer dans le talent de Liszt, son ha- 
bileté dans l'exécution des plus grandes difficultés 
acquérait chaque jour plus de développement. 
Par degrés, cette habileté a surpassé celle de la 
plupart des grands pianistes, et l'on peut assurer 
que l'art de jouer du piano n'a plus rien dout ne 
puisse facilement triompher la puissante exécu- 
tion de Liszt. En 1835, il s'éloigna de Paris, vi- 
sita la Suisse et s'arrêta à Genève, où il resta 
jusqu'au mois de septembre 1836. De retour à 
Paris, il rappela sur lui l'attention des artistes 
et du public par quelques compositions pour le 
piano , remplies de difficultés que lui seul pou- 
vait bien exécuter/ et produisit une vive sensation 
par sa merveilleuse habileté dans les concerts où 
il se fit entendre pendant l'hiver suivant. Déjà il 
avait publié quelques articles concernant sa per- 
sonne , ses opinions et ses impressions , dans la 
Gazette musicale de Paris. 

Vers la fin de l'été de 1837, Liszt s'est éloigné de 
nouveau de Paris, et s'est rendu à Milan, où il a 
fait un long séjour, interrompu seulement par un 
voyage à Vienne. Salué dans la capitale de l'Au- 
triche par d'unanimes acclamations, il y laissa 
un vif souvenir de son talent admirable. Après 
avoir visité Venise, il se dirigea vers Rome, où 
il s'arrêta pendant plusieurs mois. 

De retour à Vienne, vers la fin de 1839, Liszt 
y eut des succès plus brillants encore que pendant 
son premier séjour. Quelque éclat qu'ait eu son 
talent dans toutes les grandes villes de l'Europe, 
il est certain qu'aucune ne lui fit un accueil aussi 
sympathique : il en fut véritablement le héros. 
En quittant la capitale de l'Autriche, il se rendit 
à Londres, en passant par Prague, Dresde et 
Leipsick, où son talent produisit aussi une vive 
impression. Dans l'année 1841, il fit un voyage 
en Danemark, et se fit entendre, à son retour, à 
Hambourg, Leipsick, Francfort, Coblence et 
Cologne , d'où il se rendit à Bruxelles. Ses 
succès dans cette Tille et à Liège eurent un éclat 
digne de sa prodigieuse habileté. 

En 1842, Liszt visita Weimar, Berlin, et fit 
une excursion à Paris, où il passa quelques mois 
se préparant à un voyage en Russie , dont il 
avait formé le projet depuis plusieurs années. Le 
retentissement qu'avaient eu les succès de sa 
virtuosité en France, en Italie, en Allemagne et 
en Belgique , avait inspiré aux habitants de 
Pétersbourg et de Moscou un vif désir de l'en- 
tendre. Son nom était populaire dans toutes les 
classes, et le moujick comme le grand seigneur 
ne se le figuraient que comme un être surnatu- 
rel. C'est dans cette disposition que Liszt trouva 
la population de Pélersbourg lorsqu'il y arriva. 
Il ne faut donc pas s'étonner que la recette du 

BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. T. 



premier concert qu'il y donna se soit élevée à la 
somme presque fabuleuse d'environ 50,000 francs. 
Emu d'une ardente curiosité, le peuple encom- 
brait les avenues de la salle, dans l'espérance de 
voir l'artiste lorsqu'il s'y rendait. A Moscou, 
mêmes démonstrations d'enthousiasme. Le pre- 
mier concert de Liszt y fut donné le 25 avril 
1843, et pour satisfaire l'avide désir de l'en- 
tendre qui animait la population de cette grande 
ville, il en dut donner d'autres le 27 , le 29 du 
même mois, le 2, le 5 et le 12 mai. A son re- 
tour, il visita la Bavière et donna des concerts à 
Munich et à Augsbourg. 

Après avoir visité de nouveau Berlin, Dresde, 
et plusieurs autres villes du nord de l'Allemagne» 
Liszt s'arrêta à Weimar, où le grand-duc! le 
nomma son premier maître de chapelle ; puis il 
se dirigea vers l'Espagne en 1844, donnant des 
concerts dans quelques villes du midi de la France. 
Le reste de cette année et le commencement de 
1845 furent employés par lui à visiter l'Espagne 
et le Portugal. A Madrid, à Cadix, a Barcelone, à 
Lisbonne , il excita des transports d'admiration. 
Après cette longue et fatigante excursion, il 
revint en Allemagne pour l'inauguration de la 
statue de Beethoven à Bonn. Dans un des élans 
si fréquents de son noble coeur, il avait offert pour 
l'érection de ce monument une somme beaucoup 
plus importante que le produit de toute la sous- 
cription- à laquelle des princes avaient pris part 
Là ne se bornèrent pas ses sacrifices ; car il s'é- 
tablit à Bonn plusieurs mois avant les fêtes mu- 
sicales qui se préparaient pour cette occasion 
solennelle, afin d'en disposer les éléments, com- 
poser une grande cantate , et diriger toutes les 
répétitions partielles et d'ensemble. Il prit à sa 
charge des frais énormes, afin que tout fût digne 
du grand homme dont on allait honorer la mé- 
moire, et pour prix de tant de dévouement, 
d'efforts et de générosité, il ne recueillit que des 
témoignages d'ingratitude et de dénigrement. 
L'envie s'était éveillée au bruit de ses succès, 
trop universels pour que la médiocrité pût les 
pardonner. Je le retrouvai, quelques jours après 
ces fêtes, à Coblence , fatigué, découragé , et à 
peu près ruiné. Mais bientôt son âme énergique 
retrempa sa force vitale, et de nouveaux triom- 
phes le vengèrent de ses ennemis. 

Les trois années suivantes furent remplies par 
de courts séjours de Liszt à Weimar, et par ses 
voyages en France, en Hollande, en Bohême, en 
Hongrie, dans les provinces de la Russie, et à 
Constantinople. Les événements de 1848 et 1S49 
vinrent mettre un terme à ses excursions , et le 
ramenèrent à Weimar, où il prit définitivement 
possession de ses fonctions de premier maître de 

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chapelle, et dont il ne «'est éloigné depuis lors 
que pour des fêtes musicales qu'il a dirigées, ou 
pour de courts voyages. Cette époque est celle d'une 
transformation complète dans la carrière de cet 
artiste célèbre. Par ses soins , la composition de 
la chapelle du grand-duc de Weimar s'est pro- 
gressivement améliorée ; des artistes d'un talent 
remarquable y ont été successivement appelés, 
et l'Opéra de cette petite ville, auparavant peu 
renommé , a bientôt fixé l'attention du monde 
musical. C'est là qu'ont été entendus les ouvrages 
dramatiques de Richard Wagner, dont Liszt s'est 
fait l'apôtre ; c'est là que le Lohengrhi fut en- 
tendu en Allemagne pour la première fois. Ce 
qu'il fallut de soins , de patience, de conviction 
pour parvenir à une exécution à peu près satis- 
faisante de ce chaos de combinaisons sonores avec 
des moyens à peine suffisants, il serait difficile 
d'en donner une juste idée. Wagner doit une re- 
connaissance dévouée à Liszt pour de tels efforts 
et pour les résultats qu'ils ont eus ; car c'en 
était fait de sa musique de l'avenir lorsque le 
premier maître de chapelle du grand-duc de 
Weimar entreprit de lui rendre l'existence, non- 
seulement en la faisant entendre, mais par des 
plaidoyers en sa faveur et par son influence 
dans les journaux de l'Allemagne. Tannhaeuser 
était tombé sans ressource à Dresde en 1848 ; 
puis était venue la révolution qui avait jeté son 
auteur dans l'exil : à peine osait-on prononcer 
son nom ; à peine se souvenait-on de ses œuvres 
musicales. Ce fut précisément après la révolution 
de 1848 que Liszt entreprit à Weimar en faveur 
de Wagner ce qu'on n'aurait osé faire en aucun 
autre lieu. Le retentissement européen qu'il sut 
donner aux représentations du Tannhœuscret du 
Lohengrin fixa l'attention de quelques directeurs 
de spectacles : un parti se forma en faveur de 
ces drames bizarres , caries excentricités ne man- 
quent jamais de partisans ; or, il était d'autant 
plus vraisemblable qu'il y en aurait de nombreux 
en cette occasion, que la politique s'y mêlait. De 
là tout ce qu'on a vu depuis lors , ce qu'on a dit 
et écrit, vraisemblablement ce qui se dira et s'é- 
crira encore pendant un certain temps; après 
quoi viendra l'oubli, comme pour beaucoup d'au- 
tres choses dont on a fait grand bruit à diverses 
époques. 

Il ne faut pas croire que Liszt se soit fait le 
protecteur de cette musique de propos délibéré : 
de tout temps il s'est senti du penchant pour les 
tentatives de révolutions dans l'art. Tout en ren- 
dant hommage aux beautés simples des maîtres 
devenus classiques, il s'est persuadé que le 
temps de la simplicité est passé, et la nouveauté 
des moyens et des formes lui a paru la nécessité 



du temps présent. Si nous le suivons avec at- 
tention dans toute sa carrière, nous le verrons 
incessamment sous l'empire de ces idées. Dès 
sa jeunesse, sa foudroyante exécution crée le 
piano-orchestre ,• car le clavier tout entier est 
sous ses mains : il en tire des effets qu'on n'a- 
vait pas même supposés possibles avant lui. C'eut 
été assez pour la gloire et pour l'ambition d'un 
autre ; mais, dans sa pensée , ce n'était qu'un 
acheminement à de plus grandes choses. Il rêvait 
une alliance intime du piano et de l'orgue ; et 
poursuivant avec persévérance la réalisation de 
son utopie, il stimulait le zèle des facteurs dans 
la recherche des procédés qui auraient pu con- 
duire à ce résultat. Il crut un moment que le 
but était atteint , lorsque le facteur Alexandre 
eut réuni dans un seul instrument les combi- 
naisons d'un piano d'Érard avec toutes les res- 
sources d'un grand harmonium perfectionné. 
Le piano-melodium ( tel était le nom donné à 
cet instrument ) était sans aucun doute une 
curiosité intéressante au point de vue de certains 
effets particuliers de sonorité (1); l'invention 
était ingénieuse, et le travail de la fabrication 
était en tous points digne d'éloges; mais bientôt 
Liszt acquit la conviction par lui-môme que le 
piano et l'orgue ne sont point faits pour aller 
ensemble; qu'ils ont chacun leur destination 
spéciale, absolue dans l'art, et qu'il ne faut 
chercher dans chacun que ce qui est conforme 
à sa nature. En supposant un but imaginaire , 
Liszt aurait manqué celui de la réalité : il le com- 
prit enfin, et revint au piano. 

Le sentiment de la grandeur domine l'organi- 
sation de Liszt; c'est le principe de son talent. 
! Ce caractère se manifeste dans la plupart de ses 
I études de piano, dans son recueil de pièces inti- 
! tu lé Années de pèlerinage , dans ses Rhapso- 
j dies hongroises, où règne une rêverie ruélanco- 
I lique, et dans les développements de certains 
thèmes auxquels il a donné les noms de para- 
phrases et d'illustrations. Sous ce rapport, la 
1 supériorité de Liszt est de toute évidence ; mais, 
I ainsi qu'il advient toujours d'une qualité poussée 
I à Pexcès, celle-ci a conduit l'artiste a l'exagéré, 
I et lui a fait négliger cette autre qualité indispen- 
sable aux œuvres d'art, et surtout aux produc- 
tions musicales, laquelle se désigne d'une ma- 
nière générale par le nom de charme. La mélodie 
simple n'est pas dans sa nature ; le chant, lorsqu'il 
lui donne accès dans ses ouvrages ( ce qui mal- 

(1) Voyes le Rapport sur la fabrication des Instrumente 
de musique mis à l'exposition universelle de Part*, en 
1SM, par Tanteur de la Biographie universelle des musi- 
ciens, Parts, 18B6, dans les deux éditions com piétés publiées 
par le gouvernement français, et dans le tiré à part, p. SX 



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heureusement est assez rare ), a toujours quelque 
chose de heurté , de violent, ou d'assombri par 
l'harmonie dont il est accompagné. Si par hasard 
sa phrase a le caractère du calme, on sent que* 
e'est le calme précurseur de l'orage. C'est sur- 
tout dans les compositions pour l'orchestre , de 
Liszt , appelées par lui Poèmes symphoniques 
( Symphonische Dichtungen ), que l'absence de 
charme est frappante : partout il est remplacé par 
l'agitation nerveuse, maladie endémique de l'é- 
poque actuelle. Le choix des sujets de ces œuvres 
appartient à une erreur capitale de notre temps ; 
erreur que j'ai combattue en plusieurs endroits 
de mes écrits. Elle consiste à changer la destina- 
tion de la musique, en l'enlevant au domaine de 
l'idéal pur, pour la transformer en art imitatif 
et pittoresque. En vain toutes les entreprises de 
ce genre ont-elles abouti à des déceptions , en 
dépit du talent des auteurs ; quelques artistes ne 
sont pas moins persuadés , je dirais presque con- 
vaincus, que cette voie est celle de l'avenir de la 
musique. Liszt, plus que tout autre, a foi en 
cet avenir. De là le choix de ses poèmes sym- 
phoniques , dont voici les titres : 1° Ce qu'on 
entend dans la montagne (d'après le poème 
de Victor Hugo ). — - 2° Le Tasse ( Lamento e 
trionfo). — 3° Les Préludes. — 4° Orphée. — 
5° Prométhée. — 6° Mazeppa. — 7° Fest- 
klœngc (Bruits de fôte). — 8° Héroïde funèbre. 
— 9° Hungaria. — 10° La divine Comédie de 
Dante. — 11° L'idéal. Tous ces ouvrages ont été 
publiés en partition, à Leipsick, chez Breitkopf 
et Hœrtel. 11 est difficile de n'être pas saisi d'un 
sentiment pénible à la lecture de ces immenses 
combinaisons d'effets d'orchestre, où le talent 
s'égare en cherchant un but impossible. Pour 
comprendre ces énigmes, un livret serait- né- 
cessaire à chaque ouvrage ; une explication de- 
vrait être jointe à chaque page. Dans une des 
dernières entrevues que j'eus avec Liszt , il me 
dit, à propos de ses tendances vers ce geure de 
musique : « Nous sommes en Allemagne un cer- 
• tain nombre d'intelligents qui comprenons et 
m voyons clair dans la destinée future de l'art. Ce 
« que les classiques appellent les obscurités de la 
« musique nouvelle n'existe pas pour nous. » 
Eh bien, soit ; admettons que ces Œdipcs mo- 
dernes sont de force à défier le Sphinx ; qu'en 
pourrons-nous conclure ? Qu'il est des esprits 
assez "subtils pour trouver un sens à des choses 
où nous n'en voyons pas? Mais quoi ? s'agit-il de 
la science ou de l'art ? La connaissance et l'intel- 
ligence composent le domaine de la première; 
l'autre n'existe qu'à la condition d'affecter le sen- 
timent avant d'arriver à la conception. En écou- 
tant une oeuvre musicale, qu'importe la réalité 



de l'objet pris pour thème par l'artiste? Ce qui im- 
porte, c'est que nous soyons émus et que nous 
le soyons par les moyens les plus simples ;car le 
simple seul est beau. L'imagination n'a rien à 
faire avec le réalisme; mais sans elle l'art vert» 
table, l'art qui émeut, qui impressionne et qui 
procure à l'âme de pures jouissances, n'existe 
pas. Liszt a fait des efforts immenses d'intelli- 
gence pour arriver à des résultats impossibles , 
dans les conditions où il s'est placé : il les eût 
réalisés sans peine s'il n'avait pris pour guide que 
son sentiment du beau. Ne parlons pas de la mé- 
lodie absente, ou du moins indiquée par de trop 
courts fragments pour que sa signification soit 
saisie par l'esprit le plus attentif; mais l'harmo- 
nie, mais la tonalité ! ces bases essentielles de 
toute musique sentimentale, où les trouverons- 
nous respectées dans Festhlxnge , dans V Hé- 
roïde funèbre, dans Hungaria et ailleurs ? Évi- 
demment tout cela est sacrifié à une pensée énig- 
matique. 

L'œuvre de Liszt renferme un nombre très- 
considérable de pièces de tout genre, lesquelles 
sont classées en douze séries caractérisées de cette 
manière : 1° Études, où l'on trouve 12 études 
d'exécution transcendante, 3 grandes études 
de concert, et les grandes études de Paganini 
transcrites pour le piano. — 2° Compositions 
originales pour le même instrument, lesquelles 
renferment 7 suites intitulées Harmonies poéti- 
ques et religieuses ; Années de Pèlerinage; la 
première année contient 9 compositions écrites 
en Suisse ; dans la deuxième sont les morceaux 
composés en Italie; une Sonate; un grand Solo 
de concert; des Ballades; des Marches; trois 
morceaux intitulés Apparitions; six autres qui 
ont peur titre Consolations; des Polonaises ,• 
des Caprices et Valses; deux concertos avec 
orchestre; une fantaisie idem; un grand Galop 
chromatique. — 3° Rhapsodies hongroises, au 
nombre de quinze. — 4° Fantaisies, Polonaises 
et Caprices avec orchestre. — 6° Fantaisies, 
Réminiscences, Polonaises et variations de bra- 
voure sur des thèmes d'opéras. — 6* Para- 
phrases de concert sur des thèmes de tout 
genre. — 7° Partitions de piano, ou arrangements 
pour piano seul de la symphonie eu ut mineur, 
de la symphonie pastorale, de la septième et de 
la neuvième symphonie de Beethoven, des sym- 
phonies fantastiques de Harold, de Berlioz, des 
ouvertures d'Oôeron, de Freischiitz et Jubel 
ouverture de Weber, de Guillaume Tell, de 
Rossini , du septuor de Beethoven, des ouvertures 
des Francs-Juges et du Roi Lear, de Berlioz, 
de Tannh&uscr, de Richard Wagner, d'une 
ouverture de fête religieuse d'Otto Nicolaï, et 

21. 



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324 



LISZT — LITOLFF 



d'une cantate de Liszt pour l'inauguration de la 
statue de Beethoven; véritables prodiges, où 
toutes les combinaisons de l'orchestre sont re- 
produites. — 8° Transcriptions de musique 
vocale pour piano seul, parmi lesquelles 
on trouve 45 mélodies de Schubert; V Adélaïde 
de Beethoven et 18 autres chants du même 
maître; 6 Lieder de Mendelssohn; 13 Lieder 
de Robert Franz; d'autres chants de J. Dessauer, 
de Robert Schumann , de Weber et de Meyer- 
beer; 9 Lieder et chants de Liszt; les Soirées 
musicales de Rossini; les Soirées italiennes de 
Mercadante; les Nuits d'été au Pausilippe, de 
Donizetti; des chansons napolitaines, polonaises , 
russes et béarnaises. — 9° Transcriptions ins- 
trumentales d'à près Schubert, Ferdinand David 
et autres. — 10° Si* préludes et fugues. — 
11° Compositions vocales de Liszt: six recueils 
et quelques pièces détachées; Chants pour 
quatre voix d'hommes, 4 recueils ; M issa qua- 
tuor vocum adœquales (2 ténors et 2 basses) 
concinnente organo ; Pater noster et Ave Maria 
pour 4 voix d'hommes et orgue; Missa so- 
lemnU quam ad mandatum eminentissimi 
ac reverendissimi Domini Joannis Scitovszky 
a Nagyker S. R. ecctes. Presbyteri Cardi- 
nalis, archiepiscopi Strigoniensis, principis 
primatis regni Hungariœ , etc. ; Viennx 
Austriacorum , typis Cxs. Rcg. status offici- 
ne, 1859, in-folio maximo. Cette messe, écrite 
pour quatre voix, chœur, orchestre et orgue, 
est imprimée en caractères de musique mobiles, 
avec un luxe inusité. La partition est à 28 portées. 
— La dernière division du catalogue des œuvres 
de Liszt renferme les poèmes symphoniques pour 
orchestre, dont les titres sont donnés ci-dessus. 

Comme écrivain sur l'art, Liszt a publié : 
1° De la fondation de Gœfhe à Weimar, in-8°; 
Leipsick, F. A. Brockhaus, 1851. — 2° Lohen- 
grin et Tannhxxtser de Richard Wagner, 
1 vol. in-8*; ibid., 1851. Une édition en langue 
allemande de cet ouvrage a paru dans la même 
année à Cologne et à Essen. — 3° Fréd. Cho- 
pin, 1 vol. iu-8°; Leipsick , Breitkopf et Haerlcl. 
Cette étude sur la vie , le talent et les œuvres 
de l'artiste célèbre avait paru précédemment dans 
le journal intitulé La France m usicale. — 4° Die 
Zigeuner und ihre Musik m Vngarn ( Les 
Bohémiens et leur musique en Hongrie), traduit 
en allemand et publié par Pierre Cornélius; 
Pesth, 1861, 1 vol. petit in-8° de 259 pages. Un 
grand nombre de morceaux détachés publiés dans 
lesjournaux, particulièrement dans la Revue et 
Gdïfette musicale de Paris. 

Beaucoup de notiees et de fantaisies sur Liszt 
oijt jfehi en Allemagne et en France, aux diverses 



époques de sa vie; les plus importantes sont ; 
i 9 Franz Liszt, nacli sein Leben und Wirken, etc. 
(Fr. Liszt. Sa vie et sa valeur artistique), par Chris- 
tern, in-12; Hambourg, Schuberth et C'. — 
2° Fr. Liszt. Lebensskizze (Fr. Liszt. Esquisse de 
sa vie), par Rellstab, in 8°; Berlin, Trautwein et 
C'e.— 3° Franz Liszt. Sein Leben und Wirken, 
par G. Schilling, in- 8°; Stuttgard. Stoppant, avec 
le portrait de Liszt. — 4° Notice biographique 
sur Franz Liszt, par Duverger. Extrait de la 
Revue générale biographique, politique et lit- 
téraire; Paris, Amyot, 1843, in-8°. — 5° Franz 
Liszt. Eine Biographie (Franz Liszt, Biographie), 
dans le recueil intitulé : Die Componisten der 
neueren Zeit (Les Compositeurs de l'époque 
actuelle, par W. Neumann ) , 16 e livraison; 
Cassel, Balde, 1855, in-8°. Il existe un grand 
nombre de portraits lithographies et gravés aux 
diverses époques de la vie de l'artiste, aiusi que 
des médailles grandes et petites , médaillons en 
bronze, bustes et statuettes. Docteur en philo- 
sophie et arts , par diplôme de l'université de 
Kœnigsberg, Liszt est membre de la plupart des 
sociétés musicales de l'Kurope, de plusieurs aca- 
démies, un des soixante chevaliers de Tordre du 
mérite de Prusse, commandeur de la Légion 
d'honneur, chevalier de l'ordre de Léopold , du 
Faucon de Saxe-Weimar, et de plusieurs autres 
ordres. 

LITERES (D. Antoine), dont le nom se 
prononce Litérès, musicien espagnol, vécut vers 
le milieu du dix -huitième siècle , et fut nommé 
deuxième organiste de la chapelle royale de 
Madrid, en 1756. Il jouit de beaucoup d'estime 
dans sa patrie, pour son talent sur l'orgue et 
ponr ses œuvres de musique d'église. Son compa- 
triote Feyoo parle avec enthousiasme de ses com- 
positions dans le Tcatro Critico umversal 
{voyez Feyoo). La chapelle royale de Madrid 
possède 4 messes avec orchestre, 1 4 psaumes , 
8 Magnificat, 10 hymnes et un Miserere com- 
posés par Literes. 

LITOLFF (Henri), pianiste et compositeur, 
maître de chapelle honoraire du duc de Saxe- 
Cobourg-Gotha, est né à Londres, non en 1820, 
comme il est dit dans VUniversal Lexikou der 
Tonkunst de M. Bernsdorf, mais en 1818, sui- 
vant la note qui m'a été remise par l'artiste lui- 
même, dans sa jeunesse. Son père, soldat fran- 
çais, né à Colmar (Haut-Rhin), avait été fait 
prisonnier en Espagne et avait été conduit en 
Angleterre : après la paix, il se maria à Londres 
avec une Anglaise , et en eut le fils qui est l'objet 
de cet article. La situation des parents de Litolff 
n'était pas fortunée : son éducation fut négligée; 
mais la nature l'avait doué d'une grande intelli- 



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LITOLFF 



325 



gence et d'une riche organisation musicale. Il 
était âgé de douze ans lorsqu'il reçnt les pre- 
mières leçons de piano d'un maître obscur, sous 
lequel néanmoins il fit de si rapides progrès, que 
deux ans après, c'est-à-dire lorsqu'il eut atteint 
l'âge de quatorze ans , le hasard ayant conduit 
Mo8chelès chez un faeteur de pianos , ce maître 
l'entendit étudier sur un instrument de cette 
maison, et charmé de son habileté précoce , lui 
offrit de le prendre pour élève. Une proposition 
si avantageuse ne pouvait être refusée; Litolff 
reçut donc les leçons de Moscehlès , qui pendant 
trois ans donna des soins à son éducation de 
pianiste. A l'âge de dix-sept ans , épris d'amour 
pour une jeune fille dont les parents ne voulurent 
pas lui accorder la main, Litolff l'enleva, l'épousa 
et partit avec elle pour la France, sans autre res- 
source qu'an talent encore incomplet. Ne pou- 
vant vivre à Paris, où il était inconnu, il s'établit 
dans la petite ville de Melun, à neuf lieues de 
cette capitale. Il y inspira de l'intérêt à quelques 
amateurs de musique, par son talent, sa jeunesse 
et celle de sa femme. Pendant les trois années de 
séjour qu'il y fit, son exécution sur le piano ac- 
quit plus de fermeté et commença à prendre le 
caractère chaleureux et passionné par lequel il 
s'est distingué , sans acquérir toutefois une cor- 
rection irréprochable, qu'il n'eut jamais. Il avait 
vingt ans, et le désir de se faire connaître le 
préoccupait incessamment : plein de confiance 
en lui-même, il prit enfin le parti de se rendre à 
Paris, où il se fit entendre avec succès dans plu- 
sieurs concerts (1), particulièrement dans la salle 
de Pape, facteur de pianos, dont il joua les ins- 
truments , et qui lui fournit généreusement des 
moyens d'existence. Ce fut ce même facteur qui 
l'amena à Bruxelles et me le présenta , en me 
priant de le protéger et de le faire jouer dans un 
des concerts du Conservatoire. Il y joua en effet 
en 1839 le troisième concerto de Beethoven, et y 
produisit une vive sensation. A -cette époque, Li- 
tolff trouva un zélé protecteur dans la personne 
du duc de Looz, qui l'emmena à sa terre près de 
Wavre. Ce fut là que le génie de Litolff prit son 
essor et qu'il écrivit sa première grande compo- 
sition, à laquelle il donna le titre de concerto- 
symphonie (en ré). Dans cet ouvrage, le rôle 
de l'orchestre n'était pas borné à celui cfaccom- 

(1) On Ht dans la Gazette générale de musique de Lelp- 
alck (qnarante-bntUèiDc année, p. WQ) que Litolff )oua 
alors dans un des concerts du Conservatoire ; c'est une 
erreur: la collection des programmes de tous les concerts 
donnes par cette Institution, depuis 1SM Jusqu'en 1MO, 
publiée par M. Etwart. dans son Histoire de la Société 
de» concerts du Conservatoire impérial de musique (Pa- 
rla, 1*60,', démontre que le nom de Lltelff ne s'j troure 



pagnateur; il entrait en lutte avec le piano. Li- 
tolff n'était guère alors harmoniste que d'instinct, 
et son inexpérience de l'instrumentation était 
grande ; cependant, ce qu'il ne savait pas, il le 
devinait. Son œuvre était remplie de traits har- 
dis et d'effets trouvés. Il me pria de la faire en- 
tendre, à lui d'abord , qui peut-être ne savait 
pas très- bien ce qu'il avait fait, puis au public, 
car il avait l'audace qui est un des attributs 
du talent. Dès la première répétition , en dépit 
des fautes et d'un certain désordre d'idées , je 
vis qu'il y avait là quelque chose pour l'avenir : 
le succès de l'exécution me prouva que je ne 
m'étais pas trompé. Malheureusement Litolff n'a- 
vait pas les habitudes d'une vie régulière; il s'en- 
detta, sa liberté fut menacée , et quelques amis 
furent obligés de lui procurer les moyens de s'é- 
loigner de Bruxelles en secret. Cela se passait 
dans l'hiver de 1841 à 1842 (1). Un grand si- 
lence se fit alors sur l'existence de l'artiste : il 
est expliqué par l'article de la Gazette générale 
de musique de Leipsick , cité précédemment, et 
par la notice qui se trouve dans VUniversal 
Lexikon der Tortkunst, de M. Bernsdorf : il y 
est dit que Litolff alla directement à Varsovie , 
où il remplit pendant trois ans les fonctions de 
chef d'orchestre du Théâtre national; suivant ces 
notices, le terme de ces trois années aurait com- 
mencé à l'automne de 18 il. Cependant une cor- 
respondance de Francfort du mois de janvier 
1843, insérée dans la Gazette générale de mu- 
sique de Leipsick ( février de cette année, p. 93), 
nous apprend que Litolff était dans ceUe ville au 
mois de décembre précédent et qu'il ne s'y fit 
pas entendre. Il y a sur cette époque de la vie de 
l'artiste une obscurité qu'il serait difficile de dis- 
siper; car dans ces mômes notices où on lui 
fait diriger pendant trois ans l'orchestre du Théâtre 
national de Varsovie il est dit qu'il fut si long- 
temps malade dans celle ville, qu'il ne put se faire 
entendre. 

Ce fut au mois de novembre 1844 que Litolff 
reparut avec éclat dans le monde musical, bien 
que sa santé fût alors dans un état déplorable. 
Nonobstant un tel état de souffrance, il joua, dans 
un concert du Gewandhause, son second con- 
certo-symphonie (œuvre 22), qui obtint un bril- 
lant succès. Au mois de janvier 1845, il était à 
Prague, où il donna cinq concerts : dans le pre- 
mier, il étonna les amateurs en jouant seul et 
sans orchestre tous les morceaux du programme, 
à l'exception de la sonate en la majeur de Beet- 
hoven, pour piano et violoncelle , qu'il exécuta 

(0 Pins tard, Litolff a payé in(égrftl<*mrnt loin «es 
créanciers. 



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326 



LITOLFF 



avec le violoncelliste Traeg. Ses quatre autres 
concerts furent donnés au théâtre avec orchestre : 
dans un de ceux-ci il exécuta son premier con- 
certo-symphonie , composé à Bruxelles. Dans la 
même saison, il joua aussi à Dresde , mais sans 
y faire entendre ses propres compositions, et il y 
fit peu d'impression. A Berlin, ou il se rendit en- 
suite, il n'en fut pas de même, car il y balança 
les triomphes de Jenny Lind. Il était arrivé dans 
cette ville presque mourant : les journaux exci- 
tèrent l'intérêt public en parlant de la fin pro- 
bable et prochaine d'un artiste si remarquable. 
On sut ensuite que le célèbre médecin M. Schœn- 
lein avait promis de lui rendre la santé, et quel* 
que temps après parurent les annonces de son 
premier concert. La foule envahit la salle dès 
son ouverture. Dès que Litolff parut sur l'estrade, 
des applaudissements unanimes l'accueillirent, et 
pendant que l'orchestre exécutait l'introduction 
de son deuxième concerto-symphonie, ces applau- 
dissements éclatèrent de nouveau avec enthou- 
siasme, avant même que Litolff eût mis les mains 
sur le piano. Le correspondant de la Gazette 
générale de musique de Leipsick s'exprime 
ainsi dans le compte rendu des concerts de Litolff : 
« A la fin du poétique morceau éclata une véri- 
« table tempête d'applaudissements. Rarement on 
« vit une pareille victoire de l'esprit sur la.ma- 
« tière. On avait peine à comprendre que cet 
« artiste au corps presque diaphane, qui quelques 
« jours auparavant était aux frontières d'un pays 
« dont le voyageur ne revient jamais, était celui 
« qui, maintenant assis au piano, triomphait avec 
« me énergique bravoure des plus grandes dif- 
« Acuités et défiait hardiment la masse de l'or- 
« chestre. Tout l'auditoire était ému aux puissants 
« accents de cette aine d'artiste. Le concerto 
m même, comme composition, fit un grand effet 
« sur le public et dans les cercles de musique ; 
« on en parla plus longtemps qu'on n'eût fait d'un 
« opéra nouveau représenté avec succès. » Après 
quatre concerts qui ne* furent pas moins favora- 
bles à Litolff, il joua dans quelques concerts d'ar- 
tistes et de bienfaisance , eut l'honneur d'être 
entendu par la famille royale , et termina par un 
concert d'adieu, dans lequel son concerto de vio- 
lon fut joué par Léonard, aujourd'hui professeur 
au Conservatoire de Bruxelles. Litolff y fit aussi 
exécuter sous sa direction l'ouverture de son 
opéra Catherine Howard, « grande et im- 
« portante composition (dit le journaliste alle- 
« mand ), dont le caractère sombre et passionné 
a exprime hien la détresse de l'infortunée souve- 
« raine, et dans laquelle se font remarquer des 
« effets étonnants d'instrumentation. » L'artiste 
fit chanter dans le même concert plusieurs mor- 



ceaux de son opéra inédit intitulé Salvator 
Rosa. 

Parti de Berlin au mois de janvier 1846, Li- 
tolff se rendit à Londres, où il avait des arrange- 
ments à prendre pour régler sa séparation d'avec sa 
femme, qui depuis plusieurs années était retour- 
née dans sa famille. Il parait qu'un piège lui avait 
été tendu par les parents de cette jeune femme 
pour l'attirer dans la capitale de l'Angleterre. A 
peine y fut-il arrivé , qu'une action lui fut inten- 
tée pour affaires d'intérêt privé : il fut con- 
damné à payer à cette famille une somme consi- 
dérable. Le jugement fut immédiatement exécuté 
par la saisie de sa personne, et il fut conduit à 
la prison pour dettes. Il y languissait depuis 
plusieurs mois, lorsque le hasard lui fournit les 
moyens d'en sortir furtivement et de se rendre 
en Hollande, où il obtint de grands succès, comme 
pianiste et comme compositeur. Ce fut pendant 
son séjour à Amsterdam qu'il écrivit son troisième 
concerto-symphonie, dont un des morceaux a 
pour thème un chant national hollandais. De re- 
tour à Brunswick au commencement de 1847, 
il y termina l'opéra intitulé Die Braut von 
Kynast (La Fiancée de Kynast), qui fut repré- 
senté dans cette ville et à Francfort-sur-le-Mein. 
En 1848, Litolff entreprit un nouveau voyage, et 
se rendit à Vienne , où la révolution éclata peu 
de jours après son arrivée. Il n'y put donc 
donner de concert , mais il écrivit une marche 
pour la légion des étudiants. Les soulèvements de 
la plus grande partie de l'Allemagne à cette épo- 
que n'étant pas favorables aux projets de cet ar- 
tiste, il retourna de nouveau h Brunswick, où il 
trouva une généreuse hospitalité chez Meyer, 
éditeur de musique. Il y composa deux ouver- 
tures pour des drames de Griepenkerl, dont les 
sujets sont Robespierre et Les Girondins; puis 
il fit un second voyage en Hollande. Dans l'inter- 
valle, son ami Meyer, de Brunswick , mourut 
Lorsque Litolff retourna dans cette ville, il était 
atteint d'une affection nerveuse d'un caractère 
très-grave qui le jetait dans de fréquents accès 
d'hypocondrie, et dont la durée fut d'une année 
entière. Revenu enfin à la santé, il épousa, en 
1851, la veuve de Meyer, et fit passer sous son 
nom la firme de la maison de commerce de cette 
dame; d'où il faut conclure que son divorce 
avec sa première femme avait été prononcé pos- 
térieurement à son voyage à Londres. Pendant 
trois ans après son mariage, Litolff sembla ou- 
blier sa destination d'artiste, et ne s'occupa que 
d'affaires commerciales, travaillant incessamment 
dans son bureau comme aurait pu le faire un 
négociant vieilli dans les affaires. Tout à coup , 
son génie se réveilla ; le besoin des émotions de 



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LITOLFF 



327 



la vie d'artiste se fit sentir en lui de nouveau ; et 
les villes principales de la Hollande furent visi- 
tées en 1854, pour la troisième fois, par cet 
homme extraordinaire, dont l'existence a toujours 
présenté des alternatives d'activité fiévreuse et 
d'inertie absolue. Ce fut pendant ce séjour dans 
le royaume des Pays-Bas que Litolff écrivit son 
quatrième concerto- symphonie, composition que 
des succès d'enthousiasme ont accueillie partout. 
Dans l'hiver suivant, Litolff revit Bruxelles, où 
il n'était pas venu depuis douze ou treize ans. 
II joua son quatrième concerto-symphonie dans 
un concert du Conservatoire, sous ma direction, 
et y causa une grande impression, par le carac- 
tère d'originalité de cette musique. Plusieurs 
concerts suivirent cette première audition -. Li- 
tolff y fit entendre ses troisième et quatrième 
concertos-symphonies , ses ouvertures de Robes- 
pierre et des Girondins, ainsi que plusieurs au- 
tres compositions nouvelles; toutes y furent 
accueillies avec la même faveur. Au milieu de 
ces succès, il fut saisi d'une des atteintes de 
la maladie nerveuse de la poitrine qui avait mis 
plusieurs fois ses jours en danger ; avertie de la 
situation où il se trouvait, M"* Litolff-Meyer ac- 
courut de Brunswick pour lé soigner, lui prodi- 
gua ses soins, et, après le retour de sa santé , le 
ramena chez lui. Mais le charme était rompu ; 
l'artiste venait de retrouver la vie agitée, pleine 
d'émotions, et l'air fébrile nécessaire à son exis- 
tence. Plus de bureau, plus d'affaires, plus de 
chiffres : rien de tout cela n'est fait pour lui; ce 
qu'il lui faut, c'est une salle resplendissante de 
lumières , un bon orchestre, un public enthou- 
siaste, des succès , des éloges . et même de la 
critique pour lui donner des accès de colère. 
Voilà ce que pensait Litolff en touchant le seuil 
de sa maison de Brunswick. Il n'y resta pas 
longtemps : des voyages à Gotha pour y revoir 
le duc de Saxe-Cobourg , dont la protection lui 
était nécessaire pour les projets qui déjà préoc- 
cupaient sa tète , remplirent une partie de l'été ; 
puis il parcourut les provinces rhénanes; l'hiver 
le ramena en Belgique : il donna de nouveaux 
. concerts à Bruxelles et dans d'antres villes prin- 
cipales du pays, particulièrement à Liège. De re- 
tour à Bruxelles après ces excursions, il y fut 
saisi d'une nouvelle atteinte de sa maladie ordi- 
naire, et ne put sortir de sa chambre pendant 
plusieurs mois. Rendu à la santé , il reprit sa 
vie nomade, et ne fit plus à sa maison de Bruns- 
wick que de courtes apparitions. Enfin, il se ren- 
dit à Paris, et y produisit en 1858 uffe émotion 
extraordinaire, en exécutant son quatrième con- 
certo-symphonique et quelques autres composi- 
tions dans on concert des jeunes artistes dn 



Conservatoire dirigé par M. Pasdeloup , et dans 
un autre concert qu'il donna dans la salle du 
Conservatoire. 

L'abandon de ses affaires, de sa maison et de 
sa femme, pour l'existence aventureuse dans la- 
quelle il était rentré, avait eu les résultats qu'il 
devait prévoir : une demande de divorce avait 
été formée par M me Litolff-Meyer; son mari y 
acquiesça, et la séparation fut prononcée. Pen- 
dant ce terni», Litolff, retiré dans une maison de 
campagne de M™* de Larocbefoucaiild , près de 
Fontainebleau , s'y occupait de la composition 
d'un opéra (Rodrigue de Tolède), qui n'a point 
été représenté. Au printemps de 1860, Litolff re- 
parut en Belgique, joua à Bruxelles, à Liège , à 
Anvers, puis se rendit sur les bords du Rhin, et 
organisa à Wtesbaden un grand concert, auquel il 
donna le nom de Festival , et qui fut donné au 
mois d'août de la même année. La Revue et 
Gazette musicale de Paris, rendant compte de 
ce concert, dans son n° 36 (2 septembre), ter- 
minait son article par cette phrase : « Au nombre 
« des personnes d'élite qui y assistaient (au 
« concert ), on remarquait M"e Louise de La- 
<c rochefoucauld, fille du comte Wilfrid de La- 
« rochefoucauld, petite* fille du duc de Laroche- 
ce tbucauld, ambassadeur en Prusse sous l'empire, 
a nièce de la princesse Borghèse, etc., qui doit, 
« dit-on, le mois prochain échanger le nom 
« illustre qu'elle porte contre celui de 
« M **« Henri Litolff, » Ce mariage se fit en 
effet au mois d'octobre suivant. Depuis lors le 
silence s'est fait sur l'existence étrange de l'artiste 
qui est l'objet de cette notice. 

Le talent de Litolff dans la composition est 
une alliance de qualités précieuses et de défauts 
considérables. 11 est éminemment poète par l'i- 
magination, par l'inspiration et par la sponta- 
néité de l'idée ; il a de la mélodie, et cette mélodie 
a sou vent de la distinction. Plus coloriste que pen- 
seur, il a l'instinct des effets de l'instrumenta- 
tion et réussit presque toujours ceux qu'il ima- 
gine ; mais il s'abandonne à la divagation dans 
presque tous ses ouvrages; répète les mêmes 
phrases jusqu'à satiété, manque d'ordre dans la 
disposition des idées, et ne sait pas finir à propos. 
Doué- d'un bon sentiment d'harmonie, il n'y 
obéit pas toujours , cherchant par système des 
combinaisons de sons qui blessent le sentiment 
tonal. Ses meilleures choses sont les troisième 
et quatrième concertos-symphonies pour piano 
et orchestre ; son concerto de violon , intitulé 
Eroica, est très-inférieur à ces compositions. 
Dans ses trois trios pour piano, violon et violon- 
celle, Litolff s'est jeté dans un système vague, 
recherché, tourmenté, qui ne parait pas apparte- 



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328 



LITOLFF — LIVERATI 



nir à son organisation ; il semble avoir été sous 
l'impression des dernières œuvres de Beethoven, 
en écrivant ces ouvrages. Ses ouvertures offrent 
un mélange de ses qualités et de ses défauts : on 
y trouve des endroits saisissants d'effet que dé- 
parent des parties mal ordonnées, d'où la sim- 
plicité de la pensée est presque toujours bannie. 
Un seul but se fait remarquer dans ces produc- 
tions, plus fantastiques que musicales, à savoir la 
production d'un grand effet de force pour le cou- 
ronnement de l'œuvre. Dans les petites choses 
pour le piano, Litolff a de la fantaisie et de la 
grâce; mais il n'y est pas toujours égal à lui- 
même. Jusqu'au moment où cette notice est écrite, 
il n'a pas réussi dans ce qu'il a écrit pour le 
théâtre : doué d'instinct dramatique, il n'a su 
l'appliquer qu'à la musique instrumentale, res- 
semblant en cela à plusieurs des musiciens de 
notre époque, lesquels placent volontiers le drame 
dans une symphonie , et ne trouvent plus rien 
lorsqu'ils sout soumis aux exigences de la scène. 
On ne pourra toutefois juger Litolff sous ce rap- 
port qu'après la représentation de son Rodrigue 
de Tolède. Au résumé, cet artiste singulier est 
incontestablement un homme de génie , arrivé 
à un point avancé de sa carrière sans avoir 
réalisé par des ouvrages complets ce qu'on pou- 
vait attendre de ses hautes facultés. 

LITZIUS (G. J.). On a sous ce nom un 
livre élémentaire intitulé : Anleitung den Gène- 
ralbass praklisch zu lernen (Introduction à 
l'art d'accompagner la basse continue) ; Mayence, 
Schott (sans date), in-4°. Le même auteur a 
publié aussi : Praklische Anleitung zum Ge- 
sangunierrichte fur Schulen ( Introduction pra- 
tique à renseignement du chant pour les écoles ), 
a parties ; ibid. On connaît aussi de ce musicien 
quelques bagatelles pour la guitare, le piano et 
léchant. 

LIVERATI (Jean) , compositeur, né à Bo- 
logne, en 1772, reçut les premières leçons de mu- 
sique de deux frères nommés Joseph et Ferdinand 
Tibaldi. A l'âge de quatorze ans, il passa sous la 
direction de l'abbé Mallei (voyez ce nom) pour la 
composition , et il apprit le chant de Laurent 
Gibelli, bon maître qui a formé beaucoup d'é- 
lèves pour le théâtre et pour l'église. Les pre- 
mières productions de Liverati furent quelques 
psaumes qu'on chanta en 1789 dans l'église de 
Saint- François à Bologne. Dans le même temps, 
il se faisait remarquer comme chanteur dans les 
oratorios et les concerts. Des engagements avan- 
tageux lui furent offerts pour différentes villes 
de l'Italie, mais il les refusa. En 1700 il fit re- 
présenter son premier ouvrage dramatique, petit 
opéra en un acte, intitulé : II Divertimento 



in campagna; puis il écrivit une messe à deux 
voix avec accompagnement d'orgue, une messe 
de Requiem à quatre, avec orchestre, et l'oratorio 
(les Sept paroles de Jésus-Christ sur la croix. 

j En 1792, il fut engagé comme premier ténor an 
théâtre italien de Barcelone; puis il passa à Ma- 

l drid en la même qualité. Appelé à Potsdam par 
le roi de Prusse pour y diriger l'Opéra, il publia, 
sous les auspices de ce prince, un œuvre de qua- 
tuors pour 2 violons, alto et basse. En 1800 il 
quitta Potsdam, pour aller diriger la musique du 
théâtre de Prague. Pendant les trois années de 
son séjour eu cette ville, il écrivit pour différents 
opéras des morceaux détachés, ainsi qu'une 
cantate pour le prince de Kinsky , et une messe 
solennelle. Appelé à Trieste eu 1804, il y fit re- 
présenter son opéra II Maestro di mustca, qui 
fut bien accueilli. Précédemment il avait écrit son 
Maestro fanatico, qui obtint un brillant succès 
à Vienne, dans l'année suivante. Liverati s'établit 
dans cette dernière ville en qualité de maître de 
chant, et y vécut pendant près de dix ans. Il y 
lia des relations d'amitié avec Haydn, Beethoven, 
Kozeluch et Salieri. Les ouvrages de ce dernier 
devinrent ses modèles dans ses compositions. 
Parmi celles-ci, on distingue surtout David, 
opéra en deux actes; Enea in Car tagine, La 
Prova générale, et La Presa d'Egea, qui 
furent représentés dans les palais impériaux. 
Liverati écrivit aussi à Vienne , pour le prince de 
Lobkowilz, deux opéras allégoriques intitules : 
Il Tempio deW éternité., et II Convito degli 
Dei. Enfin, il composa, par ordre de l'impératrice 
Marie- Thérèse de Naples , les grandes cantates 
Il Trionfo d'Ausonia, Miltiade, et l'oratorio 
VAdorazione dei pastorie dei maggi ; cette 
princesse chanta la partie de Marie dans l'exécu- 
tion de cet ouvrage. Une messe solennelle écrite 
pour le prince Esterhazy, une cantate et beau- 
coup d'airs, de duos, de trios et de romances 
furent les autres productions de Liverati pendant 
son séjour à Vienne. En 1814 il alla à Londres, 
en qualité de compositeur du théâtre du roi* 
Pendant les trois années où il remplit ces fonc- 
tions, il fit représenter / Selvaggi, en deux actes ; 
Il Trionfo di César e, Gastone e Bajardo, Gli 
Amanti fanatici, et II Trionfo d'Alàione. Il 
publia aussi à Londres des ariettes à voix seule, 
avec .accompagnement de piano, op. 2, 7, 13; 
cantate sur la mort de la princesse tiliarlottf, 
op. 3 ; duos à deux voix de soprano, op. 4, 8, 9, 
12, 19, 21; des airs, op. 6, 15, 17, et quelques 
autres coifpositions légères. Liverati est retouroé 
en Italie vers la fin de 1817, et a été remplacé 
à Londres par Pucita. Son opéra intitulé David 
a été publié à Vienne, en partition, pour le piano. 



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LIVERZIALI — LOBE 



S29 



LIVERZIALI (Joseph), musicien romain 
et compositeur, est auteur d'un livre intitulé : 
Grammatica délia musica, dont la première 
partie a paru à Rome, en 1797, chez Pilucchi 
Cracoa, mais dont la suite n'a pas été publiée. 

Ll VRY (Le comte Hippolyte DE ) naquit au 
château de Livry, en 1771. Son éducation fut 
négligée, car il avoue dans une de ses lettres 
qu'il ne connaissait que sa langue maternelle, et 
qu'il était étranger à toute notion d'art et de 
science. Cependant il était amateur passionné de 
musique, quoiqu'il n'en sût pas une note ; et il 
croyait juger mieux de cet art que ceux qu'il 
appelait de prétendus connaisseurs. Affectant 
une sensibilité très-ex pansive, il exaltait le mé- 
rite de la musique de Grétry au-dessus de toute 
autre, et son admiration pour les oeuvres de 
ce compositeur allait jusqu'au fanatisme. Il fit 
faire en 1805 une statue en marbre de cet artiste 
par le sculpteur Stouf. Cette statue fut placée en 
1807 sous le péristyle du théâtre Feydeau, et y 
resta jusqu'à la démolition de celte salle, en 1830. 
J'ignore ce qu'elle est devenue depuis lors. Le 
comte de Livry a publié un Recueil de lettres 
écrites à Grétry ou à son sujet ; Paris, Ogier 
(sans date), in-8° de 157 pages. Ces lettres, fort 
mal écrites, sont remplies d'extravagances. L'au- 
teur est mort a Paris, en 1822. 

LOBE (Jean-Chrétien), compositeur et 
écrivain distingué sur la musique, est né à Wei- 
mar, le 30 mai 1797. Son père, enlumineur de 
l'imprimerie en taille douce de Bertcch, jouait 
de plusieurs instruments, qu'il avait appris lui- 
même ; ce fut de lui que le jeune Lobe reçut les 
premières leçons de musique pratique' et de 
flûte. Le hasard ayant procuré à cet enfant l'a- 
vantage d'être entendu au parc par la grande* 
duchesse, protectrice des arts et des artistes, 
cette princesse le confia aux soins do maître de 
chapelle -M aller et du directeur de musique Rie- 
înann. Ses progrès furent si rapides sur la flûte 
et le violon, qu'à l'âge de onze ans il put exécu- 
ter des concertos de ces deux instruments dans 
les concerts publics. II fréquentait alors le Gym- 
nase pour y faire ses études ; mais il ne les 
> poussa que jusqu'en troisième, et il quitta l'é- 
cole pour entrer à la chapelle de la cour en qua- 
lité de violoniste. Les connaissances qn'il acquit 
ensuite dans la littérature allemande et dans les 
langues étrangères, il ne les dut qu'à lui-même, 
à ses études persévérantes, et au courage qui 
lui fit surmonter les embarras de sa position. Jl 
n'eutjamais de maître pour la composition ; la 
lecture attentive de quelques bons traités d'har- 
monie, l'étude des meilleures partitions, et ses 
observations à l'orchestre de la cour, où il était 



I employé comme flûtiste lui en tinrent lieu. A 
l'égard de son talent d'exécution sur la flûte, il 
I atteignît un haut degré de perfection, suivant le 
témoignage de ses compatriotes. En 1819, Lobe , 
fit à pied le voyage de Vienne ; et dans Tannée 
suivante il alla à Berlin, où il eut de grands 
succès comme instrumentiste. Ses relations avec 
quelques artistes de cette ville, et la musique 
qu'il entendit au théâtre royal, achevèrent le 
développement de son goût pour la composition 
dramatique. De retour à Weimar, il y écrivit 
son Witikind, opéra en deux actes, qui fut joué 
en 1821 , et qui eut quelques représentations. Il 
en avait lui-même composé le livret. La Cage, 
petit opéra en un acte, suivit ce premier essai ; 
puis, à des intervalles plus ou moins éloignés, 
Lobe produisit Le Flibustier, La Princesse de 
Grenade, en 1846, pour l'ouverture du théâtre 
de la cour à Weimar, puis à Leipsick et à Cas- 
sel, et qui a été publiée en partition pour le 
piano ; Le Domino rouge, joué à Weimar, en 
1830, et enfin Kônig nnd Pàchter (Roi et Fer- 
mier), joué à Weimar, en 1846. La plupart de 
ces productions se font remarquer par l'origina- 
lité des idées, un vif sentiment d'harmonie, et 
un heureux instinct dans les effets de l'instru- 
mentation. Malheureusement, l'auteur de ces 
compositions a langui longtemps' dans une po- 
sition subalterne au service d'une petite cour; 
il en est résulté qu'il n'a pas pris assez de con- 
fiance en lui-même, et que l'activité de son sen- 
timent artistique s'est ralentie. En 1840, Lobe 
obtint sa retraite de la chapelle de Weimar, avec 
le titre de professeur pensionné. Il alla alors 
se fixer à Leipsick, où il fonda un Institut pour 
l'étude de la composition. La maison Breitkopf 
et Ha?rtel le chargea de la rédaction de la Gazette 
générale de musique pendant les années 1846- 
1848. Dans cette dernière année ce journal in- 
téressant cessa de paraître après avoir rendu de 
grands services à l'art pendant un demi-siècle. On 
a de Lobe beaucoup de musique instrumentale, où 
brille un mérite réel. Voici la liste de ses ou- 
vrages les plus connus : 1° Le Flibustier, paroles 
de Gehr, partition réduite pour le piano ; Leip- 
sick, Breitkopf et Hsertci. — 2° La Princesse de 
Grenade, partition gravée; Mayence, Scliolt. — 
3° Ouverture de La Cage ( Der Kxfich), pour 
l'orchestre; Bonn, Simrock. — 4° Ouverture 
détachée pour l'orchestre, op. 10; Leipsick, 
Breitkopf et Haertel. — 5° Ouverture de concert, 
intitulée Les Charmes du voyage, op. 26 , pu* 
bliée à grand orchestre. — 6° Peinture des sons, 
symphonie à grand orchestre exécutée à Weimar. 
— 7° Nouvelle Peinture des sons, idem. — 
8° Concerto (en sol) pour la flûte, ibid. — 



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aao 



LOBE — LOBSTEIN 



9* Variations pour flûte principale, op. 3 ; ibid. 
— 10° Trois thèmes variés; idem, ibid. — 11° 1 er 
quatuor pour piano, violon, alto et basse, op. 8 ; 
ibid. — 12°2 me iàem, op. 9; Ibid. — 1 3° Caprices 
pour le piano, op. 7; ibid. Lobe a publié dans ia 
Gazette générale de musique de Leipsick (t. 33 et 
34) quelques articles, particulièrement sur l'usage 
de la fugue dans la musique d'église. De plus, il y 
a fait insérer beaucoup d'autres morceaux de cri- 
tique pendant les trois années où il fut chargé de 
la rédaction de ce journal. On lui est redevable 
aussi de plusieurs ouvrages où il a fait preuve 
non-seulement de connaissances solides dans son 
art, mais de philosophie et de talent dans l'art 
d'écrire. Le premier a pour titre : Die Lehre 
von der themattschen Arbeit, etc. (La Science du 
développement des thèmes daus ia composition) ; 
Weimar, 1844. Le second ouvrage est un ca- 
téchisme de musique (Catcchismus der Mu- 
sik), publié à Leipsick, et dont il a été fait quatre 
éditions ainsi qu'une traduction hollandaise, 
intitulée : Katechismus der Muzijk van J.-C. 
Lobe; S' Gravenhage (La Haye), 1857, in-8° 
de 151 pages. La Doctrine de la composition 
musicale (Lehrbuch der musikalischen Kom- 
position) est le livre didactique le plus impor- 
tant de Lobe. Le premier volume, qui contient la 
théorie de l'harmonie, et son application dans le 
style instrumental , a été publié à Leipsick, chez 
Breitkopf et Ha?rtel, en 1850, et réimprimé en 
1858. Le deuxième, qui a paru en 1855, ren- 
ferme un traité d'instrumentation. Le troisième 
volume est un traité de la fugue et des canons. 
Sous le pseudonyme de Un Bien connu (Eines 
Wohlbekannten) , Lobe adonné des Lettres 
musicales (Musikalische Briefe) en 2 volumes 
petit in-8° (Leipsick, Baumgaertner, 1852); ces 
lettres furent suivies des Feuilles volantes 
pour la musique (Fiùgende Blaetter fur Mu- 
sik), qui parurent par livraisons, et qui forment 
trois volumes in-8°. Lobe s'est caché sous ce 
pseudonyme, parce qu'il craignait les haines que 
ferait naître la critique spirituelle et pleine de 
raison qu'il fait des erreurs de ses compatriotes 
et de ses contemporains concernant la musique. 
LOBEDANZ (G.-L.-F.), archiviste de la 
haute cour de Schleswig, est né dans cette ville, le 
1 er mars 1778. Son père, conseiller de justice 
et notaire du siège provincial, lui fit apprendre 
le violon à l'âge de sept ans : mais ses progrès 
furent si rapides, qu'on lui fit abandonner la 
musique, dans la crainte qu'il ne s'y livrât avec 
trop de passion. Obligé de faire des études sé- 
rieuses, qui lui firent négliger cet art, il parvint 
à l'âge de vingt ans sans avoir acquis de talent 
comme instrumentiste; mais alors il se remit ' 



f au violon, et prit des leçons de piano et de chant. 
En 1800 il étudia l'harmonie et le contrepoint, 
et deux ans après il publia une collection de 
chants pour une et plusieurs voix avec accom- 
pagnement de piano, qui fixa sur lui l'attention 
des amateurs de musique. Depuis lors il s'est 
fait connaître avantageusement par des compo- 
sitions plus importantes, telles que des ouver- 
tures pour l'orchestre, la musique du, drame 
Jeanne do Mont faucon, un Sanctus avec or- 
chestre, exécuté en 1809 à la cathédrale de 
Schleswig, et l'Ode de la Résurrection, par 
Klopstock, à 4 voix. M. Lobedanz a publié, dans 
l'écrit périodique intitulé Cxcilia (t. 1], p. 264), 
un article sur cette question : Y a*t-il dans 
la musique différentes écoles comme dans 
la peinture, et comment pourrait-on les ca- 
ractériser? 

LOBKOWITZ. Voyez CARAMUEL 
DE LOBKOWITZ(Jean) 

LOBO (D. Alphonse), compositeur portu- 
gais, né vers 1555, fut d'abord maître de cha- 
pelle à Lisbonne. Le 18 septembre 1601, il fut 
nommé mattrede la chapelle de l'église primatiale 
de Tolède : il y passa le reste de sa vie. Lope 
de Vcga a fait l'éloge de Lobo comme étant un 
des plus grands artistes de son temps. Il a pu- 
blié unr livre de motels dont M. Kslava a ex- 
trait le Magnificat à 8 voix inséré dans la Lira 
sacra hispana. Plusieurs messes de Lobo se 
trouvent à la bibliothèque du monastère de V Es- 
cortai, daus fa chapelle royale de Madrid, et 
dans plusieurs églises d'Espagne. 

LOBBY (Charles-Joseph), fils d'an graveur 
de musique de Paris, naquit en cette ville, vers 
1760. Ayant été admis parmi tes pages de la mu- 
sique du roi, il y fit ses études et reçut des le- 
çons de clavecin de Cardonne. F rancœur lui en- 
seigna la composition. Il a publié : 1° Sonates 
pour piano senl, op. 1, et 7; Paris, Naderman. — 
2° Mélanges d'airs, pots-pourris, fantaisies et 
caprices ( environ 15 œuvres ); ibid. — 3° Thè- 
mes variés (environ 10 œuvres), ibid. — 4° Con- 
tredanses, ibid. 

LOBSINGER (Jean), artiste de Nuremberg, 
né dans cette ville, en 1510, suivant son portrait, 
à l'âge de vingt-neuf ans, gravé sur cuivre a Nu- 
remberg en 1539, est considéré comme l'inven- 
teur de plusieurs perfectionnements introdnits 
dans la construction des soufflets d'orgue : il les 
imagina en 1550, et mourut à Nuremberg, en 1570. 
LOBSTEIN (J F. ), avocat à Strasbourg, 
né dans cette ville, vers 1802, est auteur d'un 
livre qui a pour titre : Beitrxge zur Geschichtc 
der Musik im Xïsass und besonders in stras - 
burg von den àllesten bis aufdie neuestë Zeit 



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LOBSTKIN — LOCATELLI 



831 



(fcssai pour l'histoire de la musique en Alsace et 
en particulier à Strasbourg, depuis les temps les 
plus anciens jusqu'à l'époque actuelle); Stras- 
tiourg, 1840, in-8° de 147 pages, avec 3 planches 
Jilhographiées. Cet ouvrage parut dans la même 
année où Conrad Berg publia son Aperçu histori- 
que sur l'état de la musique à Strasbourg pen- 
dant les cinquante dernières années, (V. Berg.) 
LOBWASSER (Ambroisr), jurisconsulte 
«t conseiller de l'électeur de Brandebourg, né à 
Schneeberg,le4avril 1515, mourut à Ratisbonne, 
Je 27 novembre 1587, à l'âge de soixante-dix ans. 
Il traduisit en vers allemands les psaumes de 
Marot et de Théodore de Bèzc, avec les mélo- 
dies de Goudimel ; cette traduction fut publiée 
sous ce titre ; Psalmen des Kamiglischen Da- 
vids in teutsche Reimen verstxndlich und 
deullich gebracht nach franzœsischer Mélo- 
die, etc.; Leipsick, 1573, in-8°. D'autres éditions 
de celte traduction calviniste ont paru à Hei- 
delberg en 1574, à Leipsick en 1679 et 1584, et 
à Strasbourg en 1597. Il en a été Tait une édition 
magnifique à Franc for l-sur-le-Mein, sons ce titre: 
Psalmen Davids nach franzœsischer Melodey 
mit gegrabenen Noten in teutsche Reimen ge- 
bracht sxmmpt etlich geistliche Gesœnge D. 
Luthers, 1605, in-fol. Le nom de Lobwasser, 
qui en allemand signifie éloge de Veau 9 a donne 
lieu à quelques jeux de mots dans l'esprit de son 
temps, et qui démontrent que les luthériens 
n'aimaient pas sa traduction des psaumes. Martin 
Opitz, dans sa préface pour le psautier, dit que 
les vers de Lobwasser sont aquatiques ou plutôt 
marécageux (Omnia surit valde aquea, sive 
pot tus aquosa). Le professeur Heller, de Leip- 
sick, disait dans son cours de théologie, en par- 
lant de la traduction des psaumes de ce même 
Lobwasser : Ern anderer lob Wasser, Ich lob 
den Wein( au lieu de louer l'eau, j'adresse mon 
éloge au vin ) ; enfin, le professeur Omeis, d- Ait- 
dorf, dans ses observations sur les traductions al- 
lemandes des psaumes, s'écrie, en parlant de Lob- 
vasser : Lob was erf (Quel éloge mérite -t il ?) 
LOCATELLI ( Pierre), violoniste célèbre, 
né à Bergame, en 1698, était fort jeune lorsque 
ses heureuses dispositions pour la musique dé- 
cidèrent ses parents à l'envoyer à Rome, pour 
étudier le violon sous la direction de Corelli. 
Presque toutes les circonstances de sa vie sont 
ignorées ; on sait seulement qu'après avoir beau- 
coup voyagé il arriva en Hollande et se fixa à 
Amsterdam, où il établit on concert public. 
Lorsqu'il mourut, en 1764, les membres de la 
Société des amateurs d'Amsterdam prirent le 
deuil. Locatelli méritait cette distinction par un 
•latent plein d'originalité et de hardiesse. S'il ne 



fonda point d'école, c'est qu'il fallait être doué 
d'une singulière dextérité pour exécuter les traits 
remplis de nouveautés et de difficultés, jus- 
qu'alors inconnues, dont «il a* rempli quelques- 
uns de ses ouvrages. Le comte de San-Rafeele, 
1 qui avait entendu cet artiste, lui accorde les 
plus grands éloges {Lettere suV arte del 
suono). Burney prétend que les compositions 
de Locatelli excitent plus d'étonnement que 
de plaisir : cette critique prouve seulement que 
cet historien de la musique n'avait point coin- 
! pris le mérite des œuvres du violoniste berga- 
masque. Il est vrai que parmi les contemporains 
de cet artiste il en est peu, même chez les pro- 
fesseurs, qui aient aperçu tout ce qu'il y avait 
, de neuf et d'inventé dans ses Caprices énig- 
matiques; mais ses autres sonates et ses con- 
certos sont remplis d'idées gracieuses, et se font 
remarquer par une facture élégante. Ces Ca- 
prices, que je viens de citer, ont été peu jouésj 
à cause de leur difficulté. Locatelli y a fait usage 
de beaucoup de procédés nouveaux, dont Paga* 
nini a fait son profit. 
1 Le premier œuvre de Locatelli, contenant 
en douze grands concertos (Concerti grossi ), 
parut à Amsterdam, en 1721. L'artiste y a imité 
le style de son maître. Le deuxième œuvre, pu- 
blié en 1732, renferme des sonates de flûte, 
avec accompagnement de basse. Le troisième, 
intitulé VArte del violino, contient douze con- 
certos et' vingt-quatre caprices pour premier et 
deuxième violon, viole, violoncelle et basse 
d'accompagnement pour le clavecin; il a été 
publié en 1733. On en fait de nouvelles éditions 
à Paris. L'œuvre quatrième, publié en 1735, 
est composé de six concertos avec des intro- 
ductions. L'année suivante parut l'œuvre cin- 
quième, contenant six sonates en trios pour deux 
violons et basse. L'œuvre sixième, contenant 
douze sonates pour violon seul, a été gravé en 
1737. Il en a été fait d'autres éditions à Paris ; 
la dernière a été publiée en 1801, pour l'usage 
des élèves du Conservatoire. L'œuvre septième, 
qui renferme six Concerti a quattro, a été pu- 
blié en 1741. Le huitième, qui contient des trios 
pour deux violons et basse, a paru l'année sui- 
vante; il en a été (ait une deuxième édition en 
1750, et d'autres à Paris. Le neuvième a pour 
titre : VArte di nuova modulazione ,* c'est dans 
cet ouvrage que Locatelli a placé toutes ses in- 
ventions nouvelles sur les diverses manières 
d'accorder le violon, et sur des combinaisons 
d'effets auparavant inconnues. Les éditions fran- 
çaises modernes portent le titre de Caprices 
énigmatiques. Le dixième œuvre, qui passe 
pour le plus beau, était intitulé dans la pre- 



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332 



L0CÀTELL1 — LOCK 



mière édition : Contraste armonico ; il contient 
des concertos à quatre, remarquables par le 
sentiment de ia bonne harmonie. 

LOCATELLO (Jean-Baptiste), composi- 
teur de l'école romaine an seizième siècle, fut le 
contemporain des grands maîtres de la même 
école qui vécurent depuis 1550 jusque vers Tan- 
née 1600. Il n'est connu que par quelques ma- 
drigaux et motets insérés dans les collections 
suivantes : 1° Dolci affettl; madrigali a S voci 
di divers* eccellenti musici di Roma ; Rome, 
«Alexandre Gardanc , 1 585 , et Venise , chez les 
héritiers de Jérôme Scoto, même année. — 
2° Symphonia angelica, di divcrsi eccellen- 
tissimi musici a 4, 5 et 6 voci, nuovamente 
raccolta per Huberto Waelrant e date in luce; 
In Anversa, appresso Pietro Bellasio e Gio- 
vanni Beltero, 1594, in-4° obi. — 3° Selectx 
jcantiones excellentissimorum auctorum octo- 
nis vocibusconcfnnendx, a Fabio Constant ino, 
romano, urbevitanxcathedralis musicoe prœ- 
fecto, in lucem editsc; Komœ, ex typographia 
Bartholomet Zanet ti, 1614. 

LOCATELLO (Dominique), premier orga- 
niste de l'église Saint- Antoine, à Padoue, était un 
artiste distingué lorsque Burney visita cette ville, 
en 1770. 

LOCCHINI (Antoine), né dans la Pouille, 
vers 1740 , fut d'abord élève, puis maître au 
Conservatoire de VOspedaletto , à Naples. En 
1766 il fit représenter au théâtre des Fiorentini 
de celte ville un opéra boulTe intitulé Tutti 
quanti sono pazzi. Il donna au théâtre de 
Parme l'opéra sérieux Scipione in Cariago. 
Il est vraisemblable que Locchini était mort 
avant 1787, car on ne trouve pas son nom dans 
la liste des compositeurs existants de Vfndice 
teatrale publié dans cette même année. 

LOCHNER (Joiiachiv), musicien allemand 
du seizième siècle, a fait imprimer à Nuremberg 
des Magnificat à 4 voix, dans les huit tons de 
l'église. 

LOCHNER (Charles), violoncelliste de l'or- 
chestre do Manheim, né à Pforzheim, vers 1760, 
mourut d'un coup de sang, en 1795. Il s'est fait 
connaître avantageusement en Allemagne comme 
compositeur de chansons par les recueils sui- 
vants : 1° XII chansons, dont une partie par 
J.-A. André; Offenbach, 1792. — 2° Six idem, 
avec accompagnement de clavecin, l rr collection ; 
Manheim, 1793. — 3° Six idem, 2 e recueil ; ibid., 
1793. — 4° Chansons de J.-B. Reck, mises en 
musique, 3 e recueil ; Heilhronn, 1794 . — 5° Chan- 
sons de buveurs; idem, ibid. On connaît aussi 
de cet artiste la musique é'Orphcus, opéra ou 
mélodrame joué à Hambourg. 



LOCHON (Charles), violoniste français, né à 
Lyon, vers 1760, reçut des leçons de Bertheaume, 
et fut admis à l'orchestre de UOpéra en 1787. 
Après trente ans de service, il a obtenu sa pen- 
sion de retraite an mois d'avril 18 17. Il était 
aussi attaché à l'orchestre de l'ancien Concert 
spirituel. On a gravé de sa composition, à Lyon, 
en 1780, Six duos pour deux violons, op. 1. 

LOCK (M attuieu), musicien anglais, naquit à 
Exeter, dans la première partie du dix-septième 
siècle , et reçut son éducation musicale au chœnr 
de l'église cathédrale de cette ville, sous la di- 
rection d'Edouard Gibbons. Devenu bon orga- 
niste et compositeur habile, il eut d'abord l'em- 
ploi de chantre à l'église d'Ex et er ; mais ayant 
été chargé de composer la musique pour rentrée 
de Charles II, à la restauration , ce prince l'at- 
tacha à sa personne en qualité de compositeur 
ordinaire de sa chambre. Vers la fin de sa vie, 
Lock abjura la religion réformée et se fit catho- 
lique. Il mourut à Londres, en 1677, avec le titre 
d organiste de la reine Catherine. 11 était d'une 
humeur irritable, et se créa souvent des disputa 
avec d'autres musiciens, ou l'on mit de part et 
d'autre plus d'emportement que de raison. Si 
première querelle eut pour objet la critique qu'on 
avait faite d'un de ses ouvrages : c'était une 
collection de morceaux de musique d'église pour 
le service du matin, où la prière , après chaque 
commandement, avait une musique différente. 
Cette innovation fut blâmée, et Lock* publia son 
ouvrage en partition, avec une préface où il se 
plaignait amèrement d'une critique qu'il consi- 
dérait comme une injustice. Lui-même se fit le 
censeur d'un autre musicien, dans une critique 
sévère du livre de Salmon sur la suppression des 
clefs. Une vive discussion s'ensuivit entre eux. 

Parmi les compositions de Lock , on remar- 
que ": 1° La musique de Macbeth , drame de 
Shakspeare, en 1672. Cette musique eut un bril- 
lant succès. — 2° Celle de La Tempe'te, pour 
la pièce de ce nom , du même auteur, 1673. — 
3o Psyché, opéra en 5 actes, traduit de Quinaolt 
par Shadwell, et mis en musique en collaboration 
avec Draghi. Cette pièce a été réunie à ia musique 
de La Tempête, et publiée sous ce titre : The 
English Opéra, or the vocal Music in Psyché, 
with the instrumental therein intermixd. To 
which is adjoyned the instrumental Music in 
the Tempest, by Matthew Lock, composer in 
ordinary to his Majesty and organist to the 
Queen; Londres, 1675. — 4° Little concert of 
3 parts for viols and violins ( Petit concert 
à 3 parties pour des violes et violons), Londres, 
1657. — Hymn and anthems (Hymnes et an. 
tiennes) ; Londres, 1G6C. A la tête de ce recueil 



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LOCK — LODI 



333 



se trouve une longue prérace où Lock prend la 
défense de son ouvrage; cette prérace, quia 
été imprimée séparément dans la même année, 
a pour titre : Modem Church music preaccu- 
sed, censured,\and obstructed m Us perfor- 
mance before his Majesty, april 1, 1666; 
rindicated by the author M. Lock (La mu- 
sique d'église moderne attaquée, censurée et gâ- 
tée dans son exécution devant Sa Majesté, le 
i tr avril 1660; vengée par l'auteur, 51. Lock); 
Londres,, 1666, in-4°. Une deuxième édition de 
ce morceau a paru sous ce titre : The présent 
practice music vindicated; Londres, 1673, in-8*. 
Lock parait être l'auteur du plus ancien traité 
d'accompagnement pratique ou de basse conti- 
nue qui ait été publié en Angleterre; ce livre a 
pour titre Melothesia; Londres, 1673, in-4°obl. 
Lorsque parut le livre de Salmon sur la néces- 
sité de réduire le nombre des clefs et sur une no- 
tation uniforme pour tous les instruments, Lock 
l'attaqua avec violence dans un écrit qui a pour 
litre : Observations upon a laie book tntitled 
An Essay to the advancement of Music, etc.; 
Londres, 1672, in-8°. Le pamphlet de Lock n'ayant 
point eu de succès, on y ajouta deux morceaux 
critiques de Phillips et de Jean Playfbrd sur le 
même ouvrage, et il fut remis en vente sous ce 
nouveau titre : The présent practice of music 
rindicated ogainst the exceptions and new 
uay of attaining Music , lately published by 
Th. Salmon, with a duellum musicum, writ- 
ten by John Phillips, and a letler from John 
PUujford to M. T. Salmon, by way of confu- 
tation of his Essay to the advancement of 
Music, etc.; Londres, 1173. Salmon répondit à 
, la critique de son ouvrage par un petit écrit in- 
titulé : A vindication of an Essay to the ad- 
vancement of Music, from M. Lock's observa- 
tions, et*.; Londres, 1673, in-8°. A propos de 
jette dispute , Gerber a fait, dans son premier 
Lexique des Musiciens , une de ces lourdes mé- 
prises qui lui étaient familières ; car ayant mal en- 
tendu un passage de l'Histoire de- la musique de 
Hawkins, il attribua a Lock le livre de Salmon. 
Il a été copié dans cette faute par les auteurs du 
Dictionnaire historique dès Musiciens ( Paris, 

1810). 

LOCKMAN (Jean), poète anglais et ama- 
teur de musique, était membre de la Société d'A- 
pollon, qui existait à Londres vers le milieu du 
dix-huitàùtme siècle. Les recueils de musique que 
cette société publia vers 1740 contiennent quel- 
ques morceaux de la composition de Lock ma n , * 
Il est aussi auteur du poème de l'opéra de Ko- 
salinde, qui fa£ mis en musique par Jean-Chris- 
tophe Smith, et dont il parut une deuxième édi- 



tion en 1740. En tête de cette édition on trouve 
un discours de Lockman sur l'origine et les 
progrès de l'opéra en général. Marpurg a donné 
une traduction allemande de ise morceau, dans 
le quatrième volume de ses Essais ( Uistorisch- 
Kril. Beitrxge zur Aufnahme der Musik). 

LODER (Georges), compositeur anglais dont 
la musique a de la fantaisie, est né à Batb , en 
1816. Il a composé plusieurs symphonies à grand 
orchestre, qui ont été exécutées avec succès en 
Allemagne. En 1845 il s'est fixé à New-York 
en qualité de directeur de musique. Loder a écrit 
quelques opéras qui ont été représentés sur les 
théâtres de Londres. 

LOOI (Démétkius), moine camaldule et com- 
positeur de musique , né à Vérone, dans la se- 
conde moitié du seizième siècle, a publié divers 
ouvrages de musique concertée pour les voix et 
les instruments, dans le style de Jean Gabrieli. 
Walther cite de lui des Canzoni o sonate con- 
certate per chiesa à une, deux et trois partie? ; 
mais il n'indique ni la date ni le lieu de l'im- 
pression. Le P. Lodi a fait aussi paraître à Ve- 
nise, en 1623, un œuvre de sonates pour instru- 
ments. 

LODI (Joseph ), surnommé Sterkel, qu'il ne 
faut pas confondre avec l'abbé Jean-François- 
Xavier Sterkel ( voyez ce nom ), brillait en Alle- 
magne comme compositeur pour le piano, vers 
la fin du dix-huitième siècle. Il parait avoir vécu 
quelque temps à Varsovie. En 1799 il fit un voyage 
à Vienne, et y publia plusieurs morceaux pour le 
piano. On n'a point d'autres renseignements con- 
cernant la vie de cet artiste. II y a de l'élégance 
dans sa musique , mais son harmonie est en gé- 
néral incorrecte. Gerber et les catalogues des 
éditeurs allemands ne font connaître de lui que 
les ouvrages suivants t 1° Sonate pour piano 
seul ( en ut ), op. 9; Augsbourg , Gombart. — 
2° Grand concerto pour piano et orchestre (en ut), 
op. 10; ibid. — 3° Caprice pour piano seul, 
op. 16; Leipsick , Breitkopf et Hsertel.— 4° La 
Morte di Mozart, sonate pour piano seul, op. 27 ; 
ibid. — 6° Variations (en ut) pour le piano, 
op. il; Augsbourg, Gombart. Une sonate de 
piano, en ut mineur, a été gravée sous le nom 
de cet artiste, comme son œuvre 18% chez Breit- 
kopf, à Leipsick ; cette sonate est de Wreifi , qui 
en a réclamé la propriété par une lettre adressée 
à Lodi, laquelle est insérée dans la deuxième 
année de la Gazette générale de musique de 
Leipsick ( Intell. Blatt, p. 40). Cependant cette 
même sonate a été arrangée à 4 mains par A. L. 
Crelle, avec des augmentations en forme de 
canons et d'imitations, sous le nom de Lodi, et 
publiée en 1832, chez Breitkopf et Hœrtel,à 



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834 



LODI — LOEHLE 



Leipsick. Dans le compte rendu de cette publi- 
cation (A%em. musikal. Zeitung , 34° année, 
n° 45), Fink nous apprend que Lodi vécut à Dresde 
pendant six mois, en 1796, et que ce fut à cette 
époque qu'il publia la sonate dont il s'agit, sous 
son nom. On y voit aussi que ce musicien vi- 
vait encore en 1832. L'article de Finb renferme 
de curieux renseignements sur ce personnage. 
LODI ( Angelo), pianiste, organiste et com- 
positeur, naquit a Fiume, dans le Frioul , le 

10 mai 1777. Son premier maître de musique 
fut son compatriote Briggio Petrucci , maître de 
chapelle de la cathédrale de cette ville. Lodi alla 
ensuite étudier le contrepoint à Bologne, sous la 
direction du P. Stanislas Mattei. De retour dans 
sa ville natale, il obtint la*pl ace de sous-maltre 
de chapelle de la cathédrale. Il eut aussi le grade 
de capitaine inspecteur et instructeur de la mu- 
sique militaire du premier bataillon de la garde 
civique, et conserva ce titre jusqu'à la fin de sa 
vie. Lodi mourut à Fiume, le 11 février 1839. 

11 était membre des Académies philharmoniques 
de Ferrare, Bologne et Rovigo, de l'Odèon de 
Venise, de la Société philharmonique de Modène, 
et de l'Athénée de Forli. On connaît plusieurs 
messes de cet artiste, des symphonies avec or- 
chestre, des morceaux pour le piano, et des can- 
zonette. Plusieurs de ces ouvrages ont été pu- 

« bliés. Lodi avait formé une collection intéressante 
de musique ancienne des maîtres italiens. 

LOEBER (Jean-Frédéric), magisteret rec- 
teur à Géra, naquit dans cette ville, en 1634, et 
mourut en 1696. 11 est auteur d'une dissertation 
intitulée : De Musicse qulbusdam admirandis; 
Géra, 1695, in-4°. 

LOEBER (Jean-Ernest) , organiste, de la 
ville, à Weimar, vers 1630, a fait imprimer a 
Erfurt : Concert de noces à deux voix et basse 
continue; Erfurt, 1632. 

LOEBMANN (F.), violoniste et composi- 
teur, est né en 1804, à Yolschau, dans la Basse- 
Lusace, et a passé sa jeunesse à Muskau ( Silésie ), 
où sou père était musicien de ville. Il reçut sa 
première éducation musicale dans la maison pa- 
ternelle, puis il se rendit à Berlin, où il fut em- 
ployé comme alto à l'orchestre du théâtre royal. 
Ce fut dans cette ville qu'il se livra à l'étude de 
l'harmonie, sous la direction de Léopold Schefer, 
puis à celle du contrepoint, chez le professeur 
Dehn. Appelé à Riga, comme premier violon et 
répétiteur du théâtre, il quitta ensuite cette po- 
sition pour celle de cantor et de directeur de 
musique, qu'il occupait en 1847. Il était en même 
temps directeur de la Société de chant de cette 
ville et chef d'orchestre des concerts d'abonne- 
ment. Cet artiste s'est fait connaître comme corn* 



positeur par le 121 e psaume pour un chœur 
d'hommes avec orchestre, qui fut exécuté à Riga 
en 1847, et par des solos de violon avec orches- 
tre. On a gravé de lui une ouverture de concert 
et un quatuor pour des instruments à cordes. 

LOEFGROEN (Antoine), né en Suède, dans 
les premières années du dix-huitième siècle, fit 
ses études à l'université d'Upsal, où il soutint, 
en 1728, une thèse sur la basse fondamentale, 
dont Rameau avait donné les principes six ans 
auparavant dans son Traité de l'harmonie. 
Cette dissertation a paru sous ce titre : De basso 
fundamentali. Disput. academ.; Upsalie, 
1728, in-4°. 

LOEHLE (François-Xavier), ténor dis- 
tingué de T Allemagne, est né le 3 décembre 1792, 
à Wiessensteig, petite ville située au pied de la 
chaîne des montagnes du Wurtemberg. Son père 
y était directeur du chœur au couvent du chapitre 
et professeur de langue latine. Homme instruit 
et musicien habile, il se chargea lui-même de 
l'éducation littéraire et musicale du jeune Lœhle: 
celui-ci n'était âgé que de cinq ans lorsqu'il lui 
enseigna les éléments du chant. Six mois après 
le jeune Lœhle était en état de chanter au 
chœur les parties de contralto. Sa voix en avait 
pris dès le premier moment le timbre franc et 
décidé. Lorsqu'il eut atteint l'âge de huit ans, 
on Tenvoya à Augsbourg, où il reçut, au cou- 
vent de Saint-Maurice, une instruction solide, 
sous la direction de Witschka, alors directeur du 
chœur, et plus tard maître de chapelle a la ca- 
thédrale d' Augsbourg. Il continua aussi dans 
celle ville ses études littéraires et scientifiques. 
Admis, en 1803, comme enfant de cliœur au sé- 
minaire de Munich, il fut employé comme con- 
traltiste à la chapelle de la cour et dans quel- 
ques r£les d'enfant au Théâtre royal. Ce fut là 
qu'il reçut les premières leçons pratiques de 
l'art du chant en écoutant Brizzi, M m * Benedetti, 
et quelques autres bons artistes de l'Italie. Aux 
vacances dn mois de septembre 1807, il alla voir 
ses parents à Wiessensteig. Dans un concert qui 
s'y donna, en présence du roi de Wurtemberg, 
à l'occasion d'une partie de chasse, il chanta un 
air de Sarti, qui fit tant de plaisir au roi, que ce 
prince se chargea des frais de ses études et du 
soin de son avancement. A son arrivée à Stutt- 
gard, au mois de novembre de la même année, 
Lœhle fut confié aux soins du maître de chapelle 
Danzi, chez qui il resta jusqu'à l'automne de 1809 ; 
puis il devint élève du premier ténor Krebs, à 
«qui il attribue la plus grande partie de son sa- 
voir. Après avoir chanté quelque temps les par- 
ties de deuxième et de troisième ténor, au théâ- 
tre, il y joua, en 1812 , le rôle de Joseph^ dans 



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LOEHLE — LOEHLEIN 



33S 



l'opéra de Méhul. Après la mort du roi, en 1316, 
il reçut un engagement de premier ténor pour le 
théâtre de Hanovre. Il épousa, dans cette ville, la 
fille de Pauly, acteur de la cour. Dans le cours 
de la même année , un autre engagement avan- 
tageux de premier ténor au théâtre de Stuttgard 
lui fut offert ; il l'accepta, et y retourna au mois 
de janvier 1818. Ayant obtenu la permission 
d'aller donner quelques représentations a Munich, 
au mois de mai suivant, il s'y rendit, et le suc- 
cès qu'il y obtint le fit engager par un contrat à 
vie pour lui et sa femme , avec un traitement 
de 3,500 florins et une pension à l'époque de sa 
retraite. Cet engagement commença à recevoir 
son exécution le 3 mars 1819. Depuis lors Lœhle 
ne s'est éloigné momentanément de Munich que 
pour aller donner des représentations à Vienne 
en 1820, à Carlsruhe en 1822 et en 1823, à Pesth 
en 1826, à Berlin deux ans après, et à Stuttgard 
en 1830. Retiré du théâtre au mois d'octobre 1833, 
il a été pensionné, et s'est livré à l'enseignement 
du chant et à la composition. En 1828 , il avait 
fondé la société de la Liederkranz (Couronne ou 
guirlande du chant), qui compta en peu de temps 
environ 600 membres ; mais Lœhle s'en étant re- 
tiré en 1834, elle se dispersa. Il a aussi institué 
l'école centrale de chant de la Bavière, où l'on ins- 
truit 120 élèves. Ses succès dans cette entreprise 
l'ont décidé à la transformer en un conservatoire, 
où toutes les parties de la musique sont ensei- 
gnées : on croit que cet établissement sera sou- 
tenu par un subside de l'État. Lœhle a été marié 
deux fois ; mais il a perdu ses deux femmes ; la 
première a cessé de vivre le 5 septembre 1822; 
la seconde, le 29 juillet 1836. Lui-même est 
mort à Munich, le 29 janvier 1837. 

Parmi ses compositions, on remarque : 1° Six 
chansons pour quatre voix d'hommes; Augs- 
boiirg, Gombart. — 2° Liebcsklage , von 
Ludwig, Kœnig von Baiern, fur 4 Manner- 
siimmen (Élégies amoureuses de Louis, roi*de 
Bavière, pour 4 voix d'hommes, avec accompa- 
gnement de piano ad libitum, Munich. Falter. 
— 3° Vingt-quatre chansons allemandes à trois 
voix pour les écoles. — 4° Vingt-quatre chansons 
religieuses. — 5° Douze messes allemandes à 

4 voix, avec accompagnement d'orgue. — 
6° Douze idem latines. — 7° Trente chants à 4 et 

5 voix sans accompagnement, pour la société 
de Liederkranz. Le Lexique universel de mu- 
sique publié par Gustave Schilling , d'où les 
matériaux de cet article sont tirés, cite un ou- 
vrage didactique de Lœhle, sous ce titre : 
AUgemeine Anleitung zu einer Elementar- 
Mnsikschule, vorzûglich berechnet fiir den 
Cesang nach Pestalozzischcn Grundssrtzen 



(Introduction générale pour une méthode élémen- 
taire de musique, adaptée principalement au 
chant, suivant les principes de Pestalozzi), 4 vo- 
lumes ; mais il n'indique ni le lieu ni la date de 
l'impression. 

LOEHLEIN (Georges-Simon), maître de 
chapelle à Dantzick, né en 1727, à Neustadt sur 
la Heide , dans le duché de Saxe-Cobourg , fut 
enlevé à Potsdam, à Page de seize ans, au mo- 
ment où il allait partir pour Copenhague , et 
enrôlé dans les troupes prussiennes. Après avoir 
fait plusieurs campagnes, il tomba sur le champ 
de bataille de Collin et fut abandonné comme 
mort. Cependant les Autrichiens, vainqueurs 
dans ce combat, remarquèrent en lui quelques 
signes de vie et le firent transporter dans un hô- 
pital, où il fut guéri de ses blessures. Il retourna 
chez ses parents, et y arriva lorsqu'on portait 
encore le deuil de sa mort. En 1760 il se rendit 
à Jéna, dans le dessein d'y faire ses études. Là, 
son habileté sur la harpe lui procura beaucoup 
d'amis et de protecteurs : les meilleures mai- 
sons de la ville lui furent ouvertes. En 1761, la 
place de directeur de musique, devenue vacante 
par le départ de Wolf, appelé comme maître de 
chapelle à Weimar, lui fut accordée. Après le 
traité de paix de 1763, il alla à Lcipsick, et y vé- 
cut en donnant des leçons de clavecin et de 
violon. Admis dans la société du grand concert 
de cette ville, il y fut employé comme violoniste 
à l'orchestre, et comme claveciniste dans les 
concerts. Quelque temps après, il établit lui- 
même un concert d'amateurs, composé de la 
plupart de ses élèves. 11 y jouait de presque tous 
les instruments, et y faisait exécuter beaucoup' 
de morceaux de sa composition, qu'il gravait 
lui-même à l'eau forte. Appelé à Dantzick en 1779. 
en qualité de maître de chapelle, il s'y rendit ; 
mais le climat ne convenait point a sa santé 
délicate, qui bientôt s'altéra, et il mourut au 
commencement de 1782, à l'âge de cinquante- 
cinq ans. Ses compositions , au nombre de six 
œuvres, qu'il a toutes gravées depuis 176G, con- 
sistent en sonates , trios , quatuors et concertos 
pour le clavecin et le violon. Lœhlein n'est main- 
tenant connu que par ses ouvrages élémentaires; 
le premier a pour titre : Klavierschulc , oder 
kunze und griindliche Anweisung zur Mélodie 
und Harmonie durch-gehends mit proktischen 
Beyspielen erklœret (École du clavecin, ou 
instruction courte et raisonnée pour apprendre 
la mélodie et l'harmonie , expliquée par des 
exemples), Leipsick, 1765, in-4°. La troisième 
édition a été publiée à Leipsick, 1779. La qua- 
trième fut imprimée à Ziillichau, en 1782. Witt- 
bauer en donna une cinquième, avec des 



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336 



L0EHLE1N — LOEILLET 



augmentations, en 1791, Zullicïiau et Leipsick. 
La deuxième partie de cet ouvrage a paru en- 
suite , sous ce titre : Klavierschule, zweyter 
Band, worinnen eine vollstxndige Anweisung 
zur Begleitung der unbezifferten Basse, und 
andern im ersten Bande fehlenden-Har- 
monien gegeben wird : durch 6 sonaten, 
mit Begleitung einer violine erklxret ( École 
du clavecin, 2 e volume, où Ton donne une ins- 
truction complète sur l'accompagnement de la 
basse chiffrée et d'autres choses concernant les 
harmonies, omises dans le premier volume. Le 
tout éclairci par six sonates avec accompagne- 
ment de-violon. On y a ajouté un traité du réci- 
tatif); Leipsick, 1781, in 4°. Une édition posté- 
rieure de tout l'ouvrage a été donnée avec des 
augmentations par Witlhauer. C'est cette même 
méthode qui est devenue plus tard la base de 
celle qui a été publiée sous lenom de À.-E. Millier, 
et dont Charles Czerny a donné une dernière 
édition. La méthode de violon de Lœhlein est 
intitulée : Anweisung zum violhispielcn , mit 
prakl'tschen Beyspielen und zur Uebung mil 
24 hleinen Duetten erklœret (Méthode de violon, 
expliquée par des exemples, avec 24 petits duos 
pour exercices); Leipsick, 1774, in-4°. La 
deuxième édition a paru en 1781 ; la troisième, 
corrigée et augmentée, a été publiée par J.-F. 
Reichardt, à Jéna, chez Frommann, 1797, in-4°. 

LOEHNER (Martin), fontainier de Nu* 
remberg, né le 15 février 1636, mort le 2 octo- 
bre 1707, a construit un orgue hydraulique pour 
une représentation artificielle du Parnasse. Cet 
instrument jouait plusieurs morceaux. On ignore 
quel mécanisme Lcehner avait employé dans sa 
construction. 

LOEHNER ( Jean ), compositeur et orga- 
niste, naquit à Nuremberg, le 21 décembre 1745. 
A Tâge de huit ans il perdit son père, et sa mère 
le laissa orphelin avant qu'il eût atteint sa 
quinzième année. Wecker, son beau-frère, ex- 
cellent organiste de Saint-Sébald, le recueillit 
alors chez lui, lui enseigna la musique, et lui fit 
étudier le latin chez le recteur Gresmann. Lœh- 
ner fit ensuite un voyage à Vienne ; à son retour, 
il se fit entendre à la cour de l'archevêque de 
Salzbourg, qui le récompensa dignement. De 
là, il alla à Leipsick, pour faire la connaissance 
de quelques-uns des musiciens les plus distin- 
gués de la Saxe. De retour à Nuremberg, il ob- 
tint d'abord la place d'organiste de IVglise No- 
tre-Dame, puis un poste semblable à l'église du 
Saint-Esprit, et enfin, après la mort de Lunsds- 
dœrffer, on le nomma organiste de Saint-Lau- 
rent, une des églises principales de Nuremberg 
après Saint-Sébald. Il en remplit les fonctions 



jusqu'à l'âge de soixante ans, et mourut le 2 avril 
1705. Ses ouvrages imprimés sont : 1° Zwolf 
Arien mit einer Singstimme und 2 Violmen 
(Douze airs à voix seule et deux violons) ; Nurem- 
berg, 1680, in-4° obi. — 2° Auserlesene Kirche 
und Tafei-Musih (Musique choisie pour l'église 
et la table); Nuremberg, 1682, in-4°. — 3° XLIV 
Arien aus der Opéra von Theseus, in Music 
(sie) gebracht durch etc. ( Quarante- quatre 
airs de l'Opéra de Thésée, mis en musique par 
Jean Lœhner, etc.) ; Nuremberg, 1688, in-4°obl. 

— 4° Trauungslust, oder Erdenfreunde (Plai- 
sir du mariage, ou joie céleste) ; ibid., I607,in-fol. 

— 5° Suavissimx canonum musicalium de- 
licix, S, 4> 5-8 voc; ibid ., 1700, in -4°. — 6° Chr. 
Ad. Xegeleins dite Zions-Harfe in Melodien 
gebracht (L'ancienne Harpe de Sion, de Chris- 
tian-Adolphe Negelein, mise en musique); ibid., 
1693. 

LUEUR (Jean- Joseph ), docteur en philo- 
sophie, est auteur d'un petit écrit dans lequel il 
a expliqué la nature de l'invention de Scheibler 
( voy. ce nom ) pour l'accord des instruments à 
clavier. Celte explication était nécessaire , car 
celle qu'a donnée l'auteur de l'invention est fort 
obscure, souvent même tout à fait inintelligible. 
L'opuscule de M. le docteur Loehr a pour titre : 
Veber die Scheibler 'sche Er/indung ûber- 
haupt und dessen Piano forte und Orgelslim- 
mung insbesondere (Sur l'invention de Schei- 
bler en général et sur l'accord du piano et de 
l'orgue en particulier) ; Crefeld, Schûller, 1837, 
in-8° de 45 pages. Les biographies allemandes 
ne fournissent aucun renseignement sur l'auteur 
de cet écrit. 

LOEILLET (Jean-Baptiste), néàGand, 
dans la seconde moitié du dix-septième siècle, 
se livra fort jeune à l'étude de la flûte traversiez, 
alors peu en usage, et parvint à un rare degré 
d'habileU pour son temps. Il se rendit à Paris 
en 1702, et y fit graver quatre œuvres de sonates 
pour flûte seule, un livre de sonates pour 
deux flûtes, et des trios pour le même instru- 
ment. En 1705 il alla s'établir à Londres, où il 
entra à l'orchestrede l'Opéra. H établit vers 1710 
un concert hebdomadaire d'amateurs chez lui 
(Uart-Street , Covent-Garden ) , et les prodoits 
de ces séances, joints à ceux de ses leçons et de 
la vente de ses ouvrages, lni firent amasser une 
somme de 16,000 livres sterling (environ 400,000 
francs), qu'on trouva chez lui après sa mort , 
arrivée en 1728. Lœillet jouait aussi du clavecin, 
et il a publié quelques compositions pour cet 
instrument. Outre les ouvrages qui ont été cités 
plus haut, on connaît de ce musicien : 1° Six 
leçons pour le clavecin; Londres, Walsh. — 



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L0E1LLET — LQESENfcR 



337 



2° Six sonates pour divers instruments, tels que 
hautbois y flûtes douces, flûtes allemandes, ou 
violon, ibid. Ses sonates pour flûte seule et pour 
deux flûtes, avec basse continue, ont été gravées 
a Londres , chez Walsh, et à Amsterdam, chez 
Roger. On connaît aussi de cet artiste : Twelve 
Suifs of lessons for the Harpsichord, in most 
ofihe keys 9 witfi variely of passages and va- 
riation'* throughout the work (Douze leçons 
pour le clavecin, dans les tons les plus usités, etc.); 
Londres (sans date). 

LOEIV ( Jean-Michel DE) , né à Francfort- 
sur-le-Mein, le 21 décembre 1694, fit ses études 
aux universités de Marbourg et de Halle, puis 
fut conseiller intime du roi de Prusse, et prési- 
dent de la régence des comtés de Tockenbourg 
et de Lingen. Il mourut le 22 juillet 1776. Ses 
œuvres diverses ont été recueillies et publiées 
par J.-E. Schneider et J.-B. Muller, à Francfort, 
1749-1752; 4 parties in- 8°. La quatrième partie 
renferme des remarques sur Part du théâtre , 
sur la musique, et sur les oratorios* 

LCESC1IER (Gaspard), docteur et profes- 
seur de théologie à Wittenberg , naquit le 8 
mai 1636, à Werda-sur-la-Pleisse. Depuis 1656 
jusqu'en 1668, il fit ses études à l'université de 
Leipsick, d'où il fut appelé à Sondershausen, en 
qualité de pasteur et de surintendant. Huit 
ans après il quitta cette position pour celle de 
pasteur à Erfurt. En 1679, les fonctions de 
surintendant lui furent offertes à Zvrickau; il 
les accepta , et demeura dix ans en cette ville, 
qu'il ne quitta que pour aller à Wittenberg, 
en 1C87 , comme professeur primaire de théolo- 
gie, assesseur du consistoire» pasteur à l'église 
Sainte-Marie, et surintendant général. Il y mou- 
rut, le H juillet 1718. Walther (Musikal. Lexi- 
con) lui attribue une dissertation intitulée : De 
Saule per musicam curato , dont la troisième 
édition fut publiée à Wittenberg, en 1705, in-4°; 
mais c'est une erreur : Loescher n'était que le 
président de l'exercice académique où cette thèse 
fut soutenue. Le véritable auteur de cette dis- 
sertation est Henri Pipping( t?oy. ce nom). 

LOESCHHORN (Charles-Albert), pia- 
niste et compositeur pour son instrument, est 
né à Berlin, le 27 juin 1819. Son père, musicien 
de cette ville, lui fit commencer l'étude de son 
art à l'âge de cinq ans. Les progrès de Loeschhorn 
furent si rapides, qu'à peine âgé de huit ans il se 
faisait déjà remarquer par son talent naissant. 
Bientôt après il commença ses études littéraires, 
qu'il termina dans sa dix-huitième année. Ce 
fut alors qu'il reçut des leçons de Louis Berger 
( voyez ce nom) pour le piano; mais après une 
année d'études sous sa direction, la mort de cet 

BIOGR. UNIV. DBS MUSICIENS. — T. V. 



excellent maître le laissa livré à lui-même pour 
le développement de son talent. Il entra peu de 
temps après à l'Institut royal de musique reli- 
gieuse, et y reçut les leçons de Guillaume Bach et 
de Grell, pour l'harmonie et la composition . Il y 
continua aussi l'étude du piano, sous la direc- 
tion de Killilschgy, un des plus anciens élèves 
de Berger. Après la mort de ce professeur, en 
1850, Loeschhorn lui succéda dans cette école, 
et s'y, livra avec ardeur à l'enseignement. Dès 
1846 il avait fondé, avec les frères Stahlknestel , 
des soirées de trios pour piano, violon et vio- 
loncelle. En 1853, il entreprit arec ces artistes 
un voyage en Russie, où leurs séances de trios 
obtinrent de grands succès. Les compositions de 
Loeschhorn pour le piano appartiennent au 
genre brillant et léger de L'époque actuelle. On y 
remarque des variations, fantaisies, études de 
concert, nocturnes et autres pièces de salon, 
des polkas, valses et tarentelles. La plupart de 
ces productions ont été publiées à Berlin. 

LŒSEL (Jean-Georges), maître de chapelle 
du prince de Lœwenstein, naquit en Bohême, 
et vécut à Prague dans la première moitié du 
dix-huitième siècle. On connaît sous son nom 
trois oratorios allemands. Le premier a pour 
titre : Die obstegende Liebe iïber die Ge- 
reichtigkeil, mit welcher Jésus den durch die 
Siinde todten Menschen zum Leben aufge- 
richtety etc. (L'amour vainqueur de la justice 
avec lequel Jésus rappelle à la vie (éternelle) 
(es hommes morts par le péché ). Cet ouvrage a 
été exécuté en 1724 dans l'église Saint-Cajetan, 
à Prague. Le second oratorio, intitulé : Das bit' 
tere Leiden Jesu ( Les amères souffrances de 
Jésus), a été exécuté dans la même église en 
1726. Le dernier, composé longtemps après (en 
1745), a pour titre : Das beweinte Grab des 
Heilands (Le tombeau déploré du Sauveur). 

LGESENER (J.-G.), né en 1769, à Salz- 
wedel, en Saxe, fit ses premières études musi- 
cales sous la direction de Leiss , canior et théo- 
ricien instruit. Il apprit de ce maître à jouer de 
l'orgue et du clavecin ; et lui-même acquit une 
.certaine habileté sur les instruments à cordes. 
Après avoir achevé l'étude de la théologie à l'u- 
niversité de Halle, il retourna dans sa ville na- 
tale, et y fut nommé, en 1791, professeur du 
gymnase ( collège), et organiste de l'église Saint- 
Marie {Marienkirche), quoiqu'il ne fûtâgéque de 
vingt-deux ans. Sa manière sur l'orgue était sim- 
ple et toujours appropriée au caractère du choral 
qu'il accompagnait, ou pour lequel il exécutait 
des préludes. Malheureusement il improvisait 
toujours et n'écrivait pas; en sorte qu'il n'est 
rien resté de ses inspirations en ce genre. Dans 

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338 



LOESEISER — LOEWE 



sa Vie retirée et toute consacrée à son art, il ne 
négligea rien de ce qui pouvait répandre autour 
de lai le goût de la musique, et les concerts de , 
Salzwedel lui durent longtemps leur éclat. Il 
est mort dans cette Tille, le 5 février 1829, a : 
l'âge de soixante ans. Le plus grand nombre de 
ses compositions est resté en manuscrit. On en | 
a publié : 1° Ouverture à grand orchestre, op. 5; ' 
Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 2° Variations j 
pour clarinette et orchestre, op. 4; ibid. — | 
3° Variations pour cor de bassette, sur une ro- • 
mance de Délia Maria, avec ace. de 2 violons, j 
alto, basse , 2 flûtes et 2 cors, op. 3; ibid. — j 
4° Six variations idem avec orchestre; ibid. | 

LOEWE (Jean-Jacques), compositeur aile- j 
mand, naquit à Eisenach, dans la première 
moitié du dix-septième siècle, fit ses éludes mu- , 
sicales à Vienne et en Italie, sous la direction de 
plusieurs musiciens célèbres. Vers 1060 il était 
maître de chapelle à la cour de Brunswick; 
quelques années plus lard il entra au service 
du duc de Zeitz. On a imprimé de lui les com- 
positions suivantes : 1° Sinfonien, Intraden, 
Gagliarden, Arien, Balletten, Courantcn, 
Sarabanden, mit 3 oder 5 Instrumenten 
(Symphonies, entrées, gaillardes, airs, ballets, 
courantes et sarabandes pour 3 et 5 instruments) ; 
Brème, 1657, in-fol. — 2° 12 newe geistliche 
Concerten mit 1, 2, 3 Stimmen zu singen 
und 2 Violinen nebst der Grundstimme fur 
die Orgel (Douze Concerts spirituels nouveaux 
pour \, 2 et 3 voix chantantes, avec 2 violons 
et basse continue pour l'orgue ) ; Wolfenbutlel, 
1060, in-4°. — 3° Canones 2, 3, 4 bis 8 Stim- 
mig, Theils fur Instrumente und Theils fur 
Sxnger, Theils leicht und Theils schwer, etc. 
( Canons à 2, 3, 4 et jusqu'à 8 voix, en partie 
pour des instruments, et en partie pour des 
chanteurs, les uns faciles et les autres diffi- 
ciles, etc. ), 1664. 

LOEWE ( Je\n- Henri ), compositeur et vio- 
loniste, né à Berlin, en 1766, y eut pour profes- 
seur de violon le mattre de concerts Hauck. At- 
taché d'abord au service du vicomte de Schwedt, 
il vécut ensuite à Hambourg, où il donnait des 
leçons de violon et de piano; puis, en 1794, il 
alla s'établir à Brème, où les places de violon 
solo et de chef d'orchestre lui avaient été offertes. 
11 mourut dans cette position, en 1815, à l'âge 
de cinquante et un ans. On connaît sous le nom 
de cet artiste : 1° Concerto pour violon et or- 
chestre, op. 1 ; Offenbach, André. — 2° Trois 
grandes Sonates pour piano, avec accompagne- 
ment de violon et violoncelle, op. 2 ; ibid. — j 
3" Concerto pour violon, op. 3 ; ibid. — 4° Noc- 
turne à huit parties, op. 5 • ibid. — 5° Duos pour 



2 violons, op. 6; ibid. — 6° Neuf Variations 
pour violon et alto sur un air allemand , op. 4; 
ibid. — 7° La Fille du pasteur de Taubenhaim 
opérette, en partition réduite pour le piano. 

LOEWE (Frédéric-Auguste-Léopûld), frère 
du précédent, naquit à Schwedt, en 1777. Il 
débuta comme acteur au théâtre de Brunswick, 
et se fit remarquer par l'expression et le goût 
de son chant. Le 1 er juin 1797, il fit représenter 
avec un succès brillant l'opérette : Die Insel 
der Verfûhrung (L'Ile de la Séduction), dont 
il avait composé la musique. La partition de 
cet ouvrage, réduite pour piano, a été publiée à 
Brunswick, chezSpehr. Plus tard, Lœve fut engagé 
au théâtre ae Brème. En 1810 il était à Lubeek, 
où il obtint ensuite la direction du théâtre, li 
parait avoir renoncé à la culture de la musique 
longtemps auparavant. 

LOEWE ( Dobothée-Fréoérique- Amélie ) , 
sœur des précédents, et fille de l'acteur Jean- 
Charles Lœwe, naquit à Schwedt, en 1779. Son 
père dirigea son éducation musicale et drama- 
tique. En 1798 elle était première chanteuse au 
théâtre de Brunswick. Plus tard elle chanta avec 
succès au théâtre de Hambourg, sous la direction 
de son frère Jean-Henri. Vers 181 a elle s'est re- 
tirée de la scène, et Ton n'a plus eu de rensei- 
gnements sur sa personne. 

LOEWE (Jean-Charles-Gooefroid), direc- 
teur de musique à Stettin, est né le 30 novembre 
1796, à Lœbejûn, près de Halle. Son père, cantor 
et mattre d'école de cet endroit, lui enseigna les 
éléments de la musique dans un âge si tendre, 
que Lœwe n'a conservé aucun souvenir de ses 
premières études. Jouissant d'une entière liberté, 
il se livra dès ses premières années à des exer- 
cices et à des plaisirs champêtres dont il a con- 
servé le goût plus tard, et qui ont exercé sur 
ses compositions une heureuse influence. A Page 
de dix ans, on l'envoya au collège de Cœthen : 
il y fut employé comme enfant de chœur. Après 
y avoir achevé ses études élémentaires, il fré- 
quenta le gymnase de Phospice des orphelins à 
Halle. Le savant théoricien Tûrk, qui habitait 
cette ville, se chargea du soin de terminer son 
éducation musicale. Une certaine originalité sau- 
vage se faisait remarquer dans les premières com- 
positions de Lœwe : les formes inusitées de ces 
productions excitaient souvent le rire de son 
maître ; l'élève défendait ses idées avec chaleur, 
et souvent il s'ensuivait des discussions orageuses, 
qui se terminaient par le renvoi de l'élève. Mais 
bientôt après, Turk le rappelait. Les événements 
de 1813 et la mort du maître' interrompirent 
le cours de ses études de musique. Lœwe re- 
tourna alors au gymnase, s'y livra de nouveau 



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LOEWE 



339 



à la littérature et aux sciences, puis, en 1817, 
il suivit les cours de l'université. Il s'y adonna 
particulièrement à la philosophie et à la théolo- 
gie , sans négliger toutefois la musique. Ce fut 
à cette époque qu'il parvint à on certain degré 
d'habileté sur Je piano, en jouant les œuvres de 
Mozart, de Dussek et de Beethoven. Il donnait 
alors des leçons de musique pour vivre, et pre- 
nait part aux exercices de chant dirigés par Maas 
et Naue. Dans l'hiver de 1819 à 1820, Lœwe 
visita Dresde, et y fit la connaissance de Charles- 
Marie de Weber, qui le prii en affection et l'en- 
couragea dans ses travaux. Dans Tété suivant, 
il fit un voyage à Weimar, où il visita Hummel, 
et à Jéna, où il offrit à Goethe un recueil de 
chansons de sa composition. Bientôt après, il 
accepta à Stettin les places de cantor à Saint- 
Jacques et de professeur au gymnase. La ma- 
nière dont il remplit ses fonctions lui valut en- 
suite sa nomination de directeur de musique à 
la même église, au gymnase et au séminaire 
des instituteurs. Devenu le centre d'activité de 
la musique dans sa nouvelle position, il em- 
ploya toute son énergie à mettre cet art en pro- 
grès autour de lui. C'est de ce moment que 
datent les nombreuses compositions qu'il a pu- 
bliées et celles qui sont restées en manuscrit. 
Sa réputation commença par des ballades, où 
brille un rare mérite d'expression et d'originalité. 
Il en a fait imprimer un grand nombre, parmi 
lesquelles on cite comme les plus belles : Le 
Roi des Erles, La Nuit de Sainte- Walpurge , 
La Nonne de la Sprée, La Caverne des amants, 
La Revue nocturne, La Première Nuit de 
Sainte - Walpurge ( pour voix de solos et 
chœurs), La Fiancée de Corinthe, La Maison 
sainte, etc. Dans des compositions de plus 
grande importance, on remarque ses oratorios : 
1° La Destruction de Jérusalem, qui fut exé- 
cutée la première fois à Stettin, puis à Berlin, et 
qui a partout obtenu un succès décidé. — 
2° Die sieben Schlxfer (Les sept Dormants). 
— 3° Le Serpent d? airain, pour des voix seules 
sans orchestre, écrit pour la deuxième grande 
fête de Jéna, et qui a été exécuté en 1834. — 
4° Les Apôtres de Philippe, autre oratorio 
purement vocal, exécuté à Jéna, en 1835, et 
considéré en Allemagne comme la plus belle 
composition moderne de ce genre. — 5° Gu- 
tenberg, cantate pour voix d'hommes cônïposée 
pour l'inauguration de la statue de cet homme 
célèbre, à May ence. —6° Jean Huss, oratorio 
exécuté à Berlin, en 1842, et publié en partition 
réduite pour le piano. Moins heureux au théâtre, 
Lœwe a écrit les opéras suivants, qui sont res- 
tés en manuscrit : 1° La Chaumière des Alpes, 



opérette en un acte. — 2° Rodolphe, ou le sei- 
gneur allemand, grand opéra romantiqtie en 
trois actes. — 3° Malek Adhel, opéra tragique 
en trois actes, qui n'a point été représenté, mais 
qu'on a exécuté avec succès au concert de Stet- 
tin. — 4° Les Taquineries, opéra-comique en 
trois actes. — 5° Chœurs en entr'actes pour Le 
Conte enreve, fantaisie dramatique deRaupacth 

— 6° Ouverture, chœurs et entr'actes pour 
Themiste, tragédie par le même, représentée à 
Berlin. On cite aussi de cet artiste Trois années 
complètes de cantates et de motels composés 
pour l'église de Stettin. On a publié de 'ses ou- 
vrages : l° Die Zerstœrung van Jérusalem 
( La Destruction de Jérusalem), oratorio en deux 
parties,en partition, op. 30 ; Leipsick, Hofmeister. 

— 2° Das Gebet des Herrn und die EinseU 
zungsworte des leib. Abendmahles (L'oraison 
dominicale et les paroles sacramentelles de la 
sainte Cène), op. 2 ; Halle, Kummel. — 3° Die 
Walpurgisnacht (La nuit de Sainte- Walpurge), 
ballade de Gœthe pour voix solos, chœur et 
orchestre, op. 25, en partition ; Berlin, Schlesin- 
ger. — 4° Trois ballades de Herder, IThland et 
Gœthe, op. I; ibid. — 5° Trois idem, deThéod. 
Kœrner, Herder et Willibald Alexis, 2e recueil; 
ibid. — 6° Trois idem, de Herder et Uhland, 
op. 3; ibid. — 7° Six chants de Byron, sur la tra- 
duction allemande de Theremin, op. 4 ; ibid. — 
8° Beaucoup d'autres ballades, en recueils on 
détachées, op. 5, 6, 7, 8, 9, 10, 13, 14, 15, 16, 
17 , 20, 21, 23, 29; ibid. — 9° Six chants pour 
4 ou 5 voix d'hommes, op. 19, partition et parties ; 
Berlin, Wagenfûhr. — 10° Cinq chants spirituels 
à 4 voix d'hommes, op. 22. — 1 1° Trois quatuors 
pour 2 violons, alto et basse, op. 24 ; Berlin, 
Wagenfûhr. — 12 Quatuor spirituel, idem, 
op. 26; Berlin, Trautwein.— 13° Grand trio pour 
pfano, violon et violoncelle, op. 12.— 14° Grand 
duo pour piano à quatre mains, op. 18; ibid. — 
15° Grande sonate pour piano seul (en mi), 
op. 16; Berlin, Wagenfûhr. — 16° Fantaisie 
idem, op. H ; ibid. — 17° Mazeppa, poème mu- 
sical d'après Byron , idem, op. 27. — 18° Sonate 
élégie pour le piano; ibid. — 19° Le Frère mi- 
séricordieux, poème musical idem, op. 28 ; ibid. 
Lœwe a aussi en manuscrit des symphonies, 
des ouverture*, des concertos de piano et d'au- 
tres compositions. 

Comme écrivain didactique et comme critique, 
il s'est fait connaître par une méthode de mu- 
sique et de chant intitulée : Gesanglehre, prak- 
tisch und theoretisch fur Gymnasien, Semi- 
narien und Bûrgerschulen entwiirfen; Stet- 
tin, chez l'auteur, 1826, in-4° de 96 pages. 
Une deuxième édition, corrigée et perfectionnée, 
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340 



LOEWE — LOGIER 



de cet ouvrage a paru à Berlin, chez W. Logier, 
1828, in-4°. Il en a été publié une troisième, à 
Steltin, en 1834. On doit à Lœwe uue critique du 
système de Logier, insérée dans la Gazette mu- 
sicale de Berlin (ann. 1825, n<» 4, 5, 6, 8, 
9,10). 

Lœwe vivait encore à Stettin en 1859. 
W. Nenmann a publié sa Biographie dans le 
recueil intitulé : Die Komponisten der ncuen 
Zeit ( Les Compositeurs de l'époque actuelle) ; 
Cassel, 1857, livraisons 14-1 0. 

LOEWE (Jeanine-Sophie), cantatrice disv 
tinguée, petite-fille de Frédéric-Auguste-Léopold, 
est née à Oldenbourg, en 1815. Après avoir reçu 
sa première éducation musicale à Manheim, où 
son père, Ferdinand Lœwe, était attaché au 
théâtre de la cour, puis à Francfort-snr-le-Mein, 
elle se rendit à Vienne, où elle prit des leçons 
de plusieurs maîtres, et en parliculier de Cicci- 
viara, bon professeur de chant. Le succès 
qu'elle obtint dans un concert en 1832 la fit 
engager par la direction du théâtre Kœrnthner- 
thor, où se fit son début sur la scène. Après y 
avoir brillé pendant plusieurs années, elle fit son 
premier voyage en Allemagne dans Tannée 1837 
et visita d'abord Berlin ; puis elle chanta à Ha- 
novre et à Hambourg. De retour à Vienne en 
1832, elle y resta jusque dans les premiers 
mois de 1840, et se fit entendre de nouveau à 
Hambourg, puis à Leipsick et à Francfort. Pen- 
dant les années 1841 à 1843 elle chanta sur les 
théâtres italiens de Paris et Londres, d'où elle 
se rendit a Milan en 1844, et chanta dans les 
années suivantes à Turin, Venise, Gènes, Naples, 
Bologne et Vérone. Le caractère de son talent 
consistait dans la beauté de sa voix et dans l'in- 
telligence de son action dramatique. Après 1848, 
les renseignements manquent concernant la suite 
de sa carrière. 

LOEWEN (Jean-Frédéric), secrétaire à la 
cour de Schwerin , vers 1758, est auteur de 
deux dissertations, la première, sur la poésie 
de l'ode (Anmerhungen ûber die Oden poésie) ; 
la seconde, sur la poésie de la cantate d'église 
( Anmerhungen ûber die geistiiche Cantaten- 
poesie). Elles ont été insérées dans le recueil d'é- 
crits sur la musique de Hœrtel (n° 1, p. 1-25, 
ii° 2, p. 138-165). Lœwen y examine les rap- 
ports de la coupe et du rh y trime de ces genres 
de taésie avec la musique ; mais ses vues sont 
superficielles. 

LOEWENSKIOLD (Hehmank de), com- 
positeur danois, vivait à Copenhague en 1839, 
et s'y trouvait encore en 1847. Il y fit repré- 
senter son premier opéra, intitulé Sara, qui ob- 
tint un brillant succès et fut repris plnsiours 



fois. En 1849, il donna, sur le théâtre royal de 
celte ville, Le Printemps à Athènes, ballet dont 
il avait écrit la musique. On a imprimé environ 
20 œuvres de sa composition pour le piano et 
pour le chant, parmi lesquels on remarque des 
pièces caractéristiques pour piano seul, op. 12, 
des fantaisies, et recueil de ballades à voit 
seule, avec accompagnement de piano. 

LOEWENSTERN (Matthias- Apelle DE), 
conseiller du prince de Mœnsterberg et d'Oels, 
naquit à Neustadt, dans la haute SUésie, le 
20 avril 1594. Il était fils d'un sellier nommé 
Lœwe. Après avoir fréquenté l'université de 
Francfort, il retourna dans sa ville natale. Peu 
de temps après, on l'appela à Lcobscbùti, pour 
diriger la* musique de l'église du Lycée. Le mar- 
grave de Brandebourg l'engagea à se rendre a 
Troppau ; mais Lœwenstern préféra «a situation 
de Leobschûtz, que la guerre de Trente ans put 
seule lui faire quitter. A cette époque, le duc 
Henri Wenceslas d'Oels l'attira à sa cour, et le 
nomma directeur de sa musique, puis préfet 
du gymnase de Bernstadt, et enfin» en 1631, 
conseiller et secrétaire de son cabinet. Dans cette 
même année, Lœwenstern fut nommé directeur 
de musique à la cour de l'empereur Ferdinand II. 
A la mort de ce prince, son successeur lui ac- 
corda des lettres de noblesse. Tant de faveurs 
ne furent que de faibles adoucissements aux 
douleurs de la goutte et de la gravelle qui tour* 
mentèrent ses dernières années. Il mourut à 
l'âge de cinquante-quatre ans, le 3 avril 1648. 
La plupart de ses productions musicales sont 
pour l'église. Ses mélodies , dit Hofmann dans 
sa Biographie des musiciens de la Silésie, sont 
simples, naturelles et remplies d'expression. 

11 publia, sous le titre de Symbol a, un re- 
cueil d'airs religieux pour 1, 2, 3 et 4 voix; 
Breslau, sans date. 

LOFEIER (Joseph-Frédéric), intendant 
des bâtiments de Salzbach, né le 20 juillet 1766, 
s'est distingué comme amateur par ses talent* 
sur le piano et l'alto, et par quelques compo- 
sitions, telles que symphonies, ouvertures, et 
morceaux d'église. On a gravé sous son nom -. 

12 variations (en rc) pour piano sur un 
thème original; Nuremberg, Winterschmidt, 
1801. 

LOGI. Voyez LOSI (Le comte DE). 

LOGlER (Jean-Bernard), inventeur du 
système d'enseignement de la musique qui porte 
son nom, descend d'une famille française ré- 
fugiée en Allemagne après la révocation de l'c- 
ditde Nantes. Il est né en 1780 à Katser&lautern, 
dans le Palatinat, où son grand-père et son père 
avaient été organistes. Ce dernier accepta en 



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LOGIER 



341 



1796 une place de premier violon dans la cha- 
pelle du prince électeur de Hesse, à Cassel , puis 
se rendit à Gœltingue, où il fut jusqu'à sa mort 
chef de pupitre des concerts dirigés par Forkel. 
A l'âge de neuf ans, Logier reçut de son père 
les premières leçons de musique et de piano; 
mais son instrument de prédilection était la flûte, 
qu'il étudia sous la direction de Weidner. Ses 
progrès sur cet instrument furent si rapides, 
qu'à l'âge de dix ans il put jouer dans un 
concert public une symphonie concertante avec 
le fils de son maître. Peu de temps après, il 
perdit ses parents, et on lui donna un tuteur, 
qui voulut lui faire abandonner la musique pour 
le commerce; mais Logier s'enfuit à M ar bourg, 
où il avait un oncle, frère de sa mère. Il y fit 
la connaissance d'un Anglais qui remmena à 
Londres, et le traita comme un fils pendant deux 
ans, n'exigeant de lui, en retour du bien-être 
qu'il lui procurait, que de jouer chaque jour un 
peu de flûte et de piano. A cette époque (1805), 
Je marquis d'Abercorn organisa un corps de 
musique pour son régiment : Logier y entra 
comme flûtiste, et suivit son corps dans une 
ville du nord de l'Irlande. Wilmann, Allemand 
de naissance, et père de l'excellent clarinettiste 
de Londres, était chef de musique de ce régi- 
ment : Logier épousa sa fille. Dans ses heures 
de loisir, il composait de la musique et donnait 
des leçons de piano. Cette dernière occupation 
lui suggéra ses premières idées sur la réforme 
de renseignement. Après la paix, le régiment de 
lord Abercorn fut licencié, et Logier, resté sans 
emploi, accepta la place d'organiste à Westpor- 
1er, en Irlande, qui lui fut offerte par lord AU 
tamund. Bientôt ses nombreuses occupations 
dans cette ville lui firent désirer de trouver un 
aide pour ses fonctions d'organiste, et il imagina 
d'y employer sa tille, âgée seulement de sept 
ans. Mais la faiblesse des doigts et la mauvaise 
disposition de la main de cet enfant était un 
obstacle à la réalisation de ses projets. L'idée 
Jui vint alors d'une machine destinée à cor- 
riger les défauts de la main. Il la composa 
d'une tringle qui a toute la longueur du clavier, 
et sur laquelle posent les mains ; d'une autre 
tringle cylindrique sur laquelle glissent deux es- 
pèces de gantelets ouverts à la partie inférieure, 
destinés à y placer les doigts pour les maintenir 
dans une position convenable. C'est à cette ma- 
chine que Logier donna le nom de chiroplaste, 
et ce nom fit sa fortune. Ce qui n'avait eu d'a- 
bord qu'un but d'intérêt particulier, lui parut 
pouvoir devenir la base d'un enseignement. Il 
ne tarda point à aller s'établir à Dublin, où il 
commença à mettre sa méthode en pratique : 



ses succès dépassèrent ses espérances, et bien- 
tôt il fut considéré comme le meilleur maître de 
piano de l'Irlande. Les élèves lui venaient de 
toutes parts. Il avait accepté en arrivant à Dublin 
la direction de la musique du théâtre de Jolins- 
ton; mais la chute de cette entreprise lui ren- 
dit la liberté dont il avait besoin pour donner 
tous ses soins à son système. Dès 1814 il avait 
pris un brevet pour le chireplaste : ce brevet 
lui donnait le droit d'exploiter seul son sys- 
tème d'enseignement, ou d'en faire des con- 
cessions. Ses succès, constatés par les rapides 
progrès de ses élèves en certaines parties de la 
musique, fixèrent l'attention publique sur cette 
méthode; l'habileté qu'il mit à la répandre, dans 
des voyages qu'il fit pendant l'année 1816 en 
Ecosse et en Angleterre, lui procura des transac- 
tions avantageuses avec beaucoup de maîtres 
de musique, et des écoles de chiroplaste s'éta- 
blirent à Li ver pool, Manchester, Chester, Glas- 
cow, Preston, etc., etc. Samuel Webbe, un des 
professeurs de Londres le plus en vogue, fit 
môme le voyage de Dublin pour venir visiter 
Logier, d pour s'instruire dans le mécanisme 
d'enseignement de la nouvelle méthode, qu'il mit 
en pratique dans un cours public. 

Cependant les succès mêmes de cette mé- 
thode causèrent à Logier beacoup de tracasseries. 
Il avait publié dans l'été de 1816 une explica- 
tion de son système dans un écrit intitulé : An 
explanation and description of the royal 
patent Chiroplaste or hand'directorto piano- 
forte, etc. ; Londres, Clementi, in-4°. Cet écrit 
et le bruit des résultats de la nouvelle méthode 
éveillèrent la susceptibilité de tous les profes- 
seurs de piano, et leur firent craindre l'engoue- 
ment de la mode pour cette nouveauté, et l'a- 
bandon de leurs élèves. Ils commencèrent à se 
réunir contre le danger qui semblait les mena- 
cer, et. l'attaque commença par le pamphlet 
anonyme qui avait pour titre : General obser- 
vations upon Music and remarks on M. Lo- 
gicr*s System of musical éducation, with ap- 
pendix ( Observations générales sur la mu- 
sique, et remarques sur le système d'éducation 
musicale de M. Logier, avec un appendice). 
Edimbourg, Robert Burdie, 1817, in-8°. Ce 
pamphlet, tiré à grand nombre d'exemplaires , 
fut répandu dans toute l'Angleterre. On y criti- 
quait la nouvelle méthode avec amertume. M. A. 
de Monti, maître de musique à Glascow, suivit 
l'exemple de l'anonyme, et montra aussi peu de 
bienveillance pour le chiroplaste dans un écrit 
intitulé : Strlctures on M. Logicfs System of 
musical éducation ( Remarques sur le système 
d'éducation musicale de M. Logier); Glascow, 



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342 



LOGIER 



W. Turnbull, 1817, in-8°. Ces deux pamphlets 
ne produisirent pas l'effet que s'en étaient pro- 
mis leurs auteurs, car l'attention publique en 
fut plus vivement excitée. 

Logier, attaqué avec si peu de ménagement, 
crut qu'il ne pourrait se défendre avec avantage 
qu'en se rendant à Londres pour établir lui- 
même des écoles de chiroptaste. Arrivé dans 
cette ville, il invita les membres de la Société 
philharmonique et d'autres musiciens à un exa- 
men des élèves de Webbe, qui eut lieu le 17 
novembre 1817. Presque tous les artistes et 
professeurs de quelque renom qui se trouvaient 
alors à Londres, y assistèrent. Les avis furent par- 
tagés, mais les pianistes les plus distingués don- 
nèrent leur approbation à l'invention de Logier. 
Celui-ci rendit compte de cet examen, et le pré- 
senta sous le jour le plus avantageux dans une re- 
lation intitulée : An authentic Account of the 
examination ofpupils instructed on the new 
System of musical éducation, by J. B. Logier 
(Relation authentique de l'examen d'élèves ins- 
truits par le nouveau système d'éducation mu- 
sicale); Londres, R. Hunter, 1818, in-&°. Mais 
ses adversaires ne voulurent pas le laisser jouir 
en paix do son triomphe; ils vinrent le troubler 
par une critique de mauvaise humeur qui avait 
pour titre : An Exposition of the new System 
of musical éducation of M, Logier, with 
strictures on his chiroplast; published by a 
committee of professors in London ( Expo- 
sition du nouveau système d'éducation musicale 
de M. Logier, avec des remarques sur son chiro- 
plaste ; par un comité de professeurs de Londres) ; 
Londres, Budd et Calkin, 1818, in- 8*. Parmi 
les noms de ces professeurs, on remarque ceux 
d'Atlwood, du docteur Crotch, de La tour et 
de Ries. Irrité par les attaques dont il était l'ob- 
jet, Logier répliqua à cet écrit, avec un peu 
trop d'aigreur, par un autre intitulé : A Réfuta- 
tion of the fallacies and misrepresentafions 
contained in a pamphlet entitled : An ex- 
position of the new System, etc. (Réfutation 
des faussetés et des méprises contenues dans un 
pamphlet intitulé : Exposition d'un nouveau 
système, etc.); Londres, Hunter, 1818, in-8°. 
Le ton de cette réplique et le peu de ménage- 
ment que Logier y montrait pour ses antago- 
nistes n'étaient pas de nature à faire cesser la 
polémique engagée contre son système et contre 
sa personne. De nouveaux pamphlets, où la 
satire et les plaisanteries plus ou moins grossières 
lui étaient prodiguées, se succédèrent avec ra- 
pidité. Je ne connais vraisemblablement pas 
tout ce qui a été publié à ce sujet; mais j'ai re- 
tenu les titres suivants de brochures où Ton pré- 



sentait sous un aspect ridicule Logier et son 
système : 1° The Logerian System of teachiwj 
Music ( Le système logérien de l'enseignement 
de la musique); Londres, Philips (sans date), 
in-8°. — Ayrton, qui plus tard fut rédac- 
teur en chef du journal de musique The Bar- 
monicon, est l'auteur de ce pamphlet. — 2° The 
musical Tour of Dr. Minim ABC (Voyage 
musical du docteur Minime ABC); Londres, 
W. Glindon, 1818, in 12; diatribe violente dont 
Graham, professeur de musique à Londres, 
est auteur. — 3° Joël Collier redivivus, an 
entirely new édition of that celebrated au- 
thor's musical travels, etc. (Joël Collier res- 
suscité, édition entièrement nouvelle des voyages 
musicaux de ce célèbre auteur) ; Londres, J. As- 
perne, 1818, in- 8°; nouvelle édition d'une plaisan- 
terie mordante publiée autrefois contre Burney 
(voy. ce nom), à laquelle on avait ajouté des notes 
où Logier était bafoué. L'éditeur nouveau et auteur 
des remarques était un certain Georges Veal t qui 
pendant longtemps joua l'alto à l'orchestre du 
théâtre italien. — 4° Logerian sensibility, or 
Marsyas in tlie Chiroplast (Sensibilité logé- 
rienne, ou Marsyas dans le chiroplaste ) ; Batii, 
1819, in- 8°. Le dernier écrit de Logier relatif à 
son enseignement a paru sous ce titre : A short" 
Account of the progress of 3. B. Logiefs Sys- 
tem of musical éducation in Berlin ( Courte 
notice concernant les progrès du système d'é- 
ducation musicale de J. A. Logier, à Berlin); 
Londres 1824, in-8°. 

L'éclat qu'avait eu cette dispute eut pour ré- 
sultat de mettre à la mode le système d'ensei- 
gnement du chiroplaste. L'association de Logier 
avec Kalkbrenner, pour l'exploitation de ce sys- 
tème dans des cours établis à Londres, fut l'évé- 
nement le plus heureux pour le succès de la 
nouvelle méthode. Dès lors les personnes les 
plus distinguées de la société s'empressèrent de 
fréquenter ces cours , et Logier fit de très-con- 
sidérables bénéfices sur les produits des écoles , 
sur la vente des chiroplastes et de la musique 
écrite spécialement pour ses cours , et sur les 
concessions de brevets pour les villes de pro- 
vince. Le bruit des succès de cette méthode se 
répandit bientôt en France et en Allemagne. A 
Paris, Zimmerman ouvrit un cours de piano par 
la méthode du chiroplaste, qui eut pendant deux 
ans un succès de vogue, et qui ne fut abandonné 
qu'à la suite d'une longue et dangereuse maladie 
du professeur. Sur les rapports qui lui furent 
faits de la méthode de Logier, le roi de Prussr 
envoya Fr. Stoepel à Londres pour l'étudier près 
de l'inventeur, et fit à celui-ci l'invitation de se 
rendre à Berlin, pour y organiser des cours. Lo- 



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LOGIER 



343 



gier y arriva le 16 août 1822, et y fonda une école 
dont l'examen parut si satisfaisant einq mois aprè?, 
que le roi chargea Logier du soin d'instruire 
vingt maîtres pour répandre sa méthode dans 
les villes principales de la Prusse. Ces proposi- 
tions ayant été acceptées , l'inventeur du chiro- 
plaste passa trois ans a Berlin, retournant chaque 
année trois mois à Londres pour ses affaires. 

En 1826, il se fixa de nouveau à Dublin, où il 
vécut dans la retraite, jouissant du fruit de ses 
travaux. F. Stoepel établit à Munich une école 
d'après le système de Logier, en 1826 ; plus tard' 
il vint fonder un établissement du même genre 
à Paris; mais cette éeole n'eut qu'un médiocre 
succès. Leipsick, Dresde, Francfort-sur-le-Mein , 
Francfort sur l'Oder, Stetlin, Nauembourg, Stutt- 
gard et Hambourg, ont eu aussi successivement 
des cours de piano par le chiroplaste. Girschner, 
alors organiste à Berlin, F. Stoepel, C.-F. Mùller, 
C.-G. Webner ( V. ces noms), et d'autres pro- 
fesseurs et critiques de l'Allemagne ont écrit sur 
cette méthode, et en ont fait valoir les avantages. 
On trouve aussi de longs articles analytiques 
sur le même système dans le Quarterly musical 
Magazine and Review (t. J, pag. 111 à 139), 
et dans la Gazette musicale de Leipsick ( t. 23 
et -24). Logier est mort à Dublin, le 27 juillet 
1846, à l'âge de soixante-cinq ans. 

Le système de Logier se compose d'éléments 
divers, qui doivent être examinés séparément pour 
être apprécies avec justesse. Divisé en deux par- 
ties principales, qui sont l'exécution au piano et 
Wiarmonie/ce système a deux choses qui lui sont 
propres dans la première section, savoir : le chi- 
roplaste et l'exécution simultanée d'un certain 
nombre d'élèves sur plusieurs pianos. Le chiro- 
plaste ne peut être considéré comme une néces- 
sité de l'enseignement; car il n'est destiné qu'à 
corriger les positions vicieuses de certaines mains 
on les déviations des doigts. Les mains naturel- 
lement bien placées n'ont pas besoin de ce se- 
cours. D'ailleurs, ii a l'inconvénient de ne per- 
mettre aux doigts que les mouvements les plus 
élémentaires, puisqu'il leur interdit tout mouve- 
ment de translation de la main, soit par substi- 
tion de doigts, soit par le passage des doigts sur 
le pouce, ou du pouce sous les doigts. Kalkbren- 
ner parait avoir reconnu 6es défauts à cet égard, 
car il l'a abandonné pour lui substituer le guide- 
mains, qui n'est que la partie inférieure du 
chiroplaste, séparée du reste de l'appareil ; mais 
l'emploi de cet appareil n'a pas eu de succès : 
Liszt Ta tué d'un mot , en appelant ce guide" 
main le guide-âne. A l'égard de l'enseignement 
individuel du mécanisme, Logier n'y a introduit 
aucun changement : il n'y avait rien en effet a y 



faire, et l'inventeur du chiroplaste n'a pu se dis- 
penser de faire donner à ses élèves des leçons 
particulières de ce mécanisme, par les procédés 
ordinaires. 

La partie la plus importante du système con- 
siste dans l'exécution simultauée d'un certain 
nombre d'élèves sur plusieurs pianos. C'est poir 
cette partie de son système que Logier a écrit 
l'ouvrage qu'il a publié sous ce titre : The first 
Companion to the royal patent Chiroplaste or 
hand-director> a new invented apparatusfor 
facililing the attainment of a proper exécu- 
tion on piano-forte, by the inventor, Dublin, 
in-4° de 42 pages. Cette méthode, à laquelle il 
a été ajouté trois suites d'études, de duos et de 
trios pour plusieurs pianos (Londres, Clementi), 
a été traduit en français et publiée sous ce titre : 
Compagnon du chiroplaste , ou Méthode de 
piano- forte, divisée en 4 liv., avec des exercices 
progressifs), Paris , Carli. Il y en a aussi une 
édition allemande; Berlin, W. Logier. Les diffé- 
rentes parties des morceaux destinés à être joués 
à deux, ^ quatre ou à six mains sur divers pia- 
nos, et par un certain nombres d'élèves, étant 
calculées d'après les divers degrés d'avancement 
de ces élèves, présentent un moyen fort ingénieux 
pour faire acquérir promptemeut, même aux plus 
faibles, un bon sentiment de mesure et d'harmo- 
nie. Ce mode d'enseignement est pour la musique 
instrumentale ce que le chant d'ensemble est pour 
les voix, et l'on peut dire que c'est une véritable 
création, qui devrait être en usage dans toutes 
les grandes écoles. L'auteur de cette notice a 
écrit pour le cours de Zimmerman des morceaux, 
parmi lesquels il y a jusqu'à des septuors dont 
toutes les parties à deux mains ont un objet dé- 
terminé et un degré d'avancement particulier ; 
il résultait de leur exécution un effet assez riche 
et de rapides progrès chez les élèves. Plusieurs 
de ces morceaux ont été gravés, mais le plus 
grand nombre est resté en manuscrit. 

L'harmonie , seconde partie du système de Lo- 
gier, parait être celle qui a particulièrement fixé 
son attention, et qu'il a travaillée avec plus de 
soin. I«e premier essai qu'il publia sur ce sujet 
se trouve dans une des suites de son Compa- 
gnon du chiroplaste; plus tard il publia : Xo- 
gier's practical Thorough bass, being siudies 
on the works of modem composers; Londres, 
Clementi, in- 4°. 11 a été fait une traduction al- 
lemande de cet ouvrage; elle a pour titre : An- 
weisung zum Unterricht im Clavier spiH und 
musikaUsche Composition, etc.; Berlin, 1819, 
1 vol. in-4°. Cet ouvrage est une application pra- 
tique des principes de l'auteur du chiroplaste, 
dans l'analyse de quelques morceaux de plu 



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344 



LOGIER — LOISEL 



compositeurs célèbres. Quelques années après, 
Logier refondit toutes ses idées sur l'Iiarmonie 
dans un ouvrage qu'il publia à Berlin, el qui a 
pour titre : System der Musik Wissenschaft 
und der musïkalischen Composition, mit In- 
begriff dessen, was geirœhnUch unter dem 
'Avxdruckc Gêner al- Bass versianden wird; 
Berlin, II. A. \V. Logier, 1827, in-4°. Dans le 
même temps parut une traduction française de 
ce livre, intitulée : Nouveau système (rensei- 
gnement musieat, ou Traite de composition; 
Paris, Sclilesinger, in-4*, de 289 pages. J'ai 
donné, dans le troisième volume de la Revue 
musicale (p. 61-66), une analyse détaillée de 
cet ouvrage, que je ne répéterai pas ici : on pourra 
la consulter en son lieu. Je me bornerai à dire 
qu'en résumant mon opinion , j'ai fait remarquer 
que le livre de Logier n'était point un traité de 
composition, mais un traité d'harmonie auquel il 
a mêlé des notions de mélodie et de rliythme, et 
qu'il a trop développé. 

Indépendamment de toutes les productions 
qui ont pour objet son système d'enseignement, 
Logier a publié comme compositeur : 1° Grand 
concerto pour le piano (en mi bémol), op. 13 ; 
Berlin, \V. Logier. — 2° Sonate pour piano, flûte 
et violoncelle, op. 7 ; ibid. — 3° Sonate facile 
pour piano et flnte, op. 8; ibid. — 4° Introduc- 
tion et grande marche pour piano a 4 mains , 
op. 14 ; ibid. — 5° Introduction, fugue et 2 ca- 
nons, op. 18; ibid. — 6° Grande sonate pour 
piano à 4 mains (en ut mineur) ; ibid. — 7° Pe- 
tite sonate pour piano seul, op. 10; ibid. — 8° Aire 
anglais variés pour piano seul ; Bonn, Simrock; 
Berlin , W. Logier. — 9° Grande sonale pour 
piano , flûte et violoncelle , op. 23 ; ibid. — 
10° Quelques marches et morceaux pour musi- 
que militaire; Londres, Clemenli. — 11° Com- 
plète introduction io the keyed bugle (Intro- 
duction complétée Part de jouer du cor à clefs); 
Dublin et Londres, in-4°. 

LOGROSCINO (Nicolas), compositeur cé- 
lèbre dans le genre bouffe, naquit à Naples, vers 
1700. Les premiers essais dans le style bouffe 
furent dus à Léo, à Pergolèse et à Hasse; mais 
Logroscino, leur contemporain, l'emporta sur 
eux par la verve, par la gaieté, et surtout par 
l'effet qu'il leur donna au moyen de l'invention 
des finali. Depuis plusieurs années, il était con- 
sidéré comme n'ayant point de rival, lorsque les 
premiers opéras de Piccinni^ représentés sur le 
théâtre des Florentins avec un succès prodigieux, 
lui firent connaître que son règne était passé. Il 
quitta Naples en 1747, et se rendit à Palerme , 
Où il devint premier maître de contrepoint au 
Conservatoire dei Figliuoli dispersi. il y fit de 



bons élèves, parmi lesquels on compte Muratori 
et Yermiglioli. De retour à Naples, il y est mort, 
en 1763. Parmi ses nombreux ouvrages, on dis- 
tingue : 1° Giunio Brnto, opéra séria. — 2° 11 
I Governatore, opéra butta en deux actes. — 3° Il 
vecchio Marito ; idem. — 4° Tanto bene, lanto 
maie ; idem. 

LOHELIUS (Jean). Voyez OELSCHLEGEL 
(Jean Lohelius). 
LOHENSTE1N (Daniel-Gaspard DE), *yn- 
, die de Breslau, né à Nimptsch, en Silésie, le 5 jan- 
vier 1635, fit ses études à Breslau, Leipsick et 
Tubingue, puis visita les principales parties de 
l'Allemagne et de l'Europe. En 1666, il fut nommé 
conseiller impérial et syndic de Breslau. Il mou- 
rut dans cette ville, en 1683. Parmi ses nombreux 
ouvrages, on remarque un roman historique in- 
titulé : Arminius et Thusnelda, qui parut après 
sa mort, à Leipsicb, en 1689, 2 vol. in-4°. H 
y traite de la puissance de la musique (t. î, 
p. 907). 

LOHET (Simon), organiste de la cour à Stuit- 
gard, vers 1600, est connu par vingt-quatre fugues 
pour l'orgue qui ont été insérées dans la Nova 
musices organices tabulatura (Bâle, 1617, 
in -fol ), de Woltz, organiste de Heilbronn. Il y a 
lieu de croire que Lohet était Français de nais- 
sance ou d'origine. 

LOHR (Michel), né A Marienboorg, fut 
cantor à Dresde, dans la première moitié du 
dix -septième siècle. On connaît sous son nom 
* un recueil intitulé : Neue teutsche und latei- 
nische Kirchen-Gesœnge und Concerten in 
fiinfzehn 1 und 8 stimmigen Motetten (Nou- 
veaux chants allemands et latins, et concerts en 
15 motets à 7 et 8 voix), r* partie; Dresde, 
1636, in-4°. 

LOISEL (Jean ), chanoine régulier de l'ordre 
des Prémontrés au monastère de Saint-Norbert, 
dans la petite ville de Ninove en Belgique, floris- 
sait vers le milieu du dix-septième siècle. On a 
1 de lui plusieurs collections de messes et de mo- 
• têts, parmi lesquels on remarque les ouvrages 
| suivants : 1° Musica haclenus inaudit a, «tv 
Missx IV quinque etsex vocum, novo ac mo~ 
derno modulamine concertais! cum instru- 
mentés et ripieno duplici ( seu duobus aliis 
chorU) siplacet ; Aovers, 1644, in-4°. — 2° Mo- 
tetta sacra duarum et trium vocum cum basso 
continua ad organum; Anvers, 1649, in-4. 
i Quelques chants à 4, 5 et 6 voix de Loisel ont 
! été insérés dans la collection qui a pour titre : 
> Cantiones natalitùe, seu Laudes B. Marix, 
! quatuor, quinque et sex vocum (Gand, 1651 , 
I in-4°), avec d'autres de Philippe Van Steelant, 
1 el de Liberti. 



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LOISEL — LOLLI 



345 



LOISEL (Jean-Feéuébic), violoniste, vécut 
à Paris vers 1780, et y mourut jeune. Il y a pu- 
blié : 1° Six quatuors pour 2 violons, altoet basse, 
op. 1. Une deuxième édition de cet ouvrage a 
été faite à Offenbach , chez André. — 2° Trois 
concertos pour violon et orchestre, op. 2. 

LOISET ou LOYSKT. Voyet PIÉTON. 

LOKENBURG (Jean DE), compositeur al- 
lemand du seizième siècle , est connu par deux 
messes à plusieurs voix qui se trouvent dans les 
manuscrits de la Bibliothèque royale de Munich 
(n°* 51 et 54). 

LOLLI (Antoine), violoniste célèbre, naquit 
à Bergame en 1728, ou en 1733, suivant des 
renseignements fournis à Boisgelou, par Wolde- 
mar, son élève. D'autres notices insérées dans la 
Gazette musicale de Leipsick (an. l 1 *, p. 78,609 
et 685) en font un Vénitien, et placent la date de 
sa naissance en 1740; mais Gervàsoni (Des- 
rrizione storico-critica degli scrittori filar- 
monici italiani) et l'abbé Bertini (Dizzionario 
storico-critico degli scrittori di musica), qui 
étaient bien placés pour se procurer des dé- 
tails précis, ne parlent point de cette circons- 
tance, et font naître Lolli à Bergame. D'ailleurs 
la date de 1740 est peu vraisemblable, car les 
premiers concertos de cet artiste furent gravés à 
Amsterdam en 1760, et à Paris deux ans après. 
Quoi qu'il en soit, il parait qu'il n'eut point de 
maître de violon, et quHI ne dut qu'à lui-même 
le talent qu'il acquit sur cet instrument. De là 
vient qu'il fut médiocre musicien. On ignore 
remploi de ses premières années, mais on croit 
qu'il voyagea dans les Pays-Bas et en Hollande, 
vers 1760, d'où il se rendit en Allemagne. En 1762 
il entra au service du duc de Wurtemberg, à 
Stuttgard. L'auteur anonyme d'une notice insérée 
dans la Gazette musicale de Leipsick dit qu'il 
y trouva Nardini, qui lui était supérieur en talent, 
et qu'il demanda au duc un congé d'une année, le- 
quel fut employé à des études presque continuelles 
dans un village isolé ; puis qu'il revint à Stutt- 
gard, et que son jeu y excita tant d'étonnement, 
que Nardini ne put lutter avec lui et qu'il re- 
tourna en Italie. Tous ces détails me paraissent 
manquer d'exactitude. Si l'on compare les deux 
concertos de Lolli, qui forment le deuxième œu- 
vre de ses compositions, et qui ont été gravés en 
Hollande en 1760, avec les six concertos, op. 1, 
de Nardini , on trouvera dans les premiers des 
difficultés incomparablement pins grandes que 
dans les autres. Nardini brillait surtout par son 
expression dans l'adagio; mais ce genre ne fut 
jamais celui de Lolli. De plus, Nardini ne quitta 
Stuttgard qu'en 1767, lorsqu'une partie de la 
chapelle du duc fut réformée. 



I Après un séjour de onze ans dans la capitale 
du Wurtemberg, Lolli accepta les propositions 
qui lui furent faites par la cour de Russie, et se 
rendit à Pétersbourg vers la fin de 1773. Son ta- 
lent excita l'admiration de l'impératrice Cathe- 
rine II, qui, dit-on, lui donna un archet où l'on 
voyait écrit de sa main : Archet fait par Cathe- 
rine Il pour l'incomparable Lolli. Malgré la 
faveur qu'il trouvait près de cette princesse, il 
prétexta le besoin de rétablir sa santé pour ob- 
tenir un congé, et s'éloigna de la flnssie en 1778. 
Ayant rencontré le compositeur Dittersdorf à 
Johannisberg, il lui dit qu'il ne se plaisait plus à 
Pétersbourg, et qu'il n'y retournerait pas. Il es- 
pérait obtenir sa démission lionorablede l'impé- 
ratrice en lui envoyant un certificat de médecin. 
Il parait néanmoins qu'il conserva son titre 
de maître de concert de la coin- de Russie, car 
c'est ainsi qu'il se qualifiait encore dix ans plus 
tard en Italie. En 1779 il arriva à Paris : son talent 
y fit une vive impression au concert spirituel. Ce- 
pendant les connaisseurs le trouvèrent inégal ; per- 
sonne en effet ne le fut plus que lui. Son talent con- 
sistait particulièrement en une singulière dextérité 
à vaincre les difficultés de la main gauche ; mais 
il y avait trop peu de raison dans sa tète pour 
qu'on pût attendre de lui de l'ordre et de la sa- 
gesse dans son jeu. On rapporte qu'ayant été 
pressé un jour de jouer un adagio , il répondit : 
Je suis de Bergame, et les habitants de cette 
ville sont trop fous pour pouvoir jouer V ada- 
gio. Lorsqu'il quitta Paris, il se rendit en Espa- 
gne ? on manque de renseignements sur son sé- 
jour dans cette contrée. Burney «lit, dans son 
Histoire de la musique (t. IV, p. 680), que Lolli 
arriva à Londres au commencement de 1786, et 
que, par un caprice de conduite semblable à ceux 
de son exécution, il s'y fit rarement entendre. Si 
bizarre , dit-il, était son style de composition et 
d'exécution, que la plupart de ses auditeurs le consi- 
déraient comme un fou Néanmoins, Burney ajoute 
qu'il s'est convaincu que, dans ses intervalles 
lucides, il avait un talent admirable d'expression 
pour les choses larges et sévères. Cette opinion 
coïncide avec celle que Schultz et Kirnberger 
s'étaient faite du talent de cet artiste singulier. 
Incapable d'accompagner un chanteur ou un 
instrumentiste , parce qu'il était peu musicien et 
n'avait pas le sentiment de la mesure, il était 
lui-même fort difficile à suivre dans l'exécution 
de ses morceaux. L'abbé Bertini rapporte que 
la première fois que Lolli se fit entendre dans un 
concert au théâtre de Palerme, en 1793, il apos- 
tropha publiquement le premier violon de l'or- 
chestre, qu'il accusait d'avoir manqué à la 
mesure; cependant, ajoute Bertini, la faute 



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346 



LOLLI — L0ND1CER 



avait été faite certainement par Lolli lui-même. 

Après avoir joué un soir dans un oratorio à 
Londres, il disparut tout à coup de cette ville, 
à la sourdine, suivant l'expression de Burney. 
11 retourna alors en Italie, et s'y fit entendre dans 
plusieurs concerts. Plus tard, il lit avec son fils, 
jeune violoncelliste distingué, un voyage en Al- 
lemagne. En 1791 ils étaient à Berlin, où le fils 
reçut du roi cent Frédérics d'or, après avoir joué 
à la cour. De là ils allèrent à Copenhague. On 
vient de voir que Lolli était à Palermeen 1793 ; 
l'année suivante , on le trouve à Vienue , puis 
Rombcrg l'entendit à Naples en 1796. Jl n'était 
plus alors que l'ombre de lui-même. Enfin, il 
retourna en Sicile, où il mourut, en 1802. Il Tut 
inhumé honorablement, dans l'église des capucins 
de Palerme , hors de la ville, suivant les rensei- 
gnements donnés par l'abbé Bertini. Lolli n'a 
formé que deux élèves, Jarnowick et Woldemar, 
qui n'étaient guère moins fous que lui. 

Les compositions connues de Lolli sont : 
1° Six sonates à violon seul et basse , op. 1 ; 
Amsterdam, 1760 ; Paris, gravées par M me Oger. 

— 2° Deux concertos pour violon et orchestre, 
op. 2; ibid. On a gravé à Berlin, chez Hummel, 
trois concertos séparés comme œuvres 1, 2 et 3. 

— 3° Deuxième livre de sonates, op. 3 ; Paris, 
Heina, gravé par M™e Vendôme. — 4° Troisième 
concerto pour violon et orchestre, op. 4; Paris, 
Heina. — 5° Deux concertos pour violon et or- 
chestre, op. 5; ibid. — 6° Trois concertos avec 
un divertissement, op. 6; ibid. — 7° École du 
violon, avec alto et basse, op. 8 ; Paris, Sieber ; 
Berlin, Hummel ; Offenhach, André. — 8° Six so- 
nates pour violon solo et 2 e violon d'accompa- 
gnement, op. 9 ; Paris, Sieber. — 9° Six idem , 
avec accompagnement de basse, op. 10; ibid. On 
peut consulter sur Lolli un écrit de Jean-Baptiste 
Rangoni intitulé : Saggio sut gusto délia mu- 
sica, co'l carattere di Ire celebri suonatori di 
violino Nardini, Lolli e Pugnani\ Livourne, 
1790, in-8°. 

LOLLI (Philippe) , fils du précédent , né à 
Stuttgard, en 1773 , étudia le violoncelle dès ses 
premières années, et n'avait que dix-huit ans 
quand il se fit entendre à Berlin, en 1791. Le 
roi fut si satisfait de son talent, qu'il lui donna 
100 frédérics. Vers la fin de la même année, le 
jeune Lolli se trouvait à Copenhague avec son 
père. En 1794 , il se fit entendre à Vienne, où 
l'on a gravé douze variations pour violoncelle, 
op. 2, de sa composition. Depuis cette époque 
on n'a plus eu de renseignements sur cet artiste ; 
mais je crois que M. Lolli, professeur de violon- 
celle, qui vivait à Caen en 1822, n'est autre que 
ce fils du célèbre violoniste. 



LOMBARD1 (Camille), compositeur napo- 
litain cité par Cerreto (Délia prattica musicale, 
lib. 111, p. 156) , vivait à Naples en 1601. Il 
excellait sur le luth. 

LOM B A RDO (Jérôme), compositeur sici- 
lien, a fait imprimer de sa composition, vers 
1600, quatre messes à 4 et 5 voix, avec la basse 
, continue. 

LOMMATZSCH ( Cdables -Heiuu - Gode- 
froid) , docteur en théologie et surintendant a 
Annaberg, né à Kindelbruck, le 22 juin 1772, est 
mort le 17 août 1824. Il a publié : 1° Predigl 
sur Éinweihung einer nenen Orgel in der 
Kirchezu Wolkenslemin Jahre 1818 (Sermon 
pour l'inauguration d'un nouvel orgue dans l'é- 
glise de Wolkenstein); Annaberg, 1818, in-8*. 
— 2° Predigl sur Einweihung der neuerbau- 
ten Kirche und Orgel su Drebach (Sermon 
pour la dédicace de l'église nouvellement cons- 
truite et de l'orgue à Drebach); ibid. 1823, in-8°. 

LOMMTZKY (Simon), poète couronné de 
la Bohême, naquit à Budin, dans la première moi- 
tié du seizième siècle, et fut recteur du collège 
de Kardoscb, où il vivait encore en 1594. On 
a de lui deux recueils précieux de chansons, 
en partie historiques, en langue bohème, avec 
les mélodies qu'il parait avoir composées. Ces 
recueils, devenus d'une rareté excessive, ont pour 
tilre : 1° Kancyonal Nedeîny w Girijka A>- 
gryna z Nygropontu; Prague, 1580, in-4°. -* 
2° Kancyonal, a neb Pysne nowé Hystorycht 
Swatych; Prague, 1594, in-4\ 

LOJVATI( Charles- Ambroise), compositeur 
dramatique, né à Milan, vers le milieu du dix- 
septième siècle, a fait représenter au théâtre San- 
Salvador , de Venise, en 1684, un opéra intitulé : 
Ariberto et Flavio régi de 1 Lombarde. 

LONDICER (Ernest-Jean), organiste de 
l'église Sainte-Marie-Madeleine, à Stockholm, 
naquit dans cette ville, en 1717, et fut un des en- 
fants les plus précoces du dix-huitième siècle. 
Un officier du régiment suédois-allemand loi donna 
les premières leçons de musique, et ses progrès 
furent si rapides, qu'à l'âge de sept ans il dédia 
au maréchal de Dillen un prélude à quatre par- 
ties avec un menuet. Dans les années suivantes, 
1724 et 1725, il excita l'admiration générale, tant 
à la cour qu'à l'église Saint-Jacques, par sa ma- 
nière d'accompagner les chorals et d'improviser 
les préludes. On l'envoya ensuite à Cassel pour 
y achever ses études. De retour à Stockholm 
en 1730, il y obtint les places d'organiste de la 
cour et de l'église Sainte-Marie-Madeleine, quoi- 
qu'il ne fût âgé que de treize ans ; et il célébra 
son entrée en fonctions, à la fête de la Toussaint, 
par l'exécution d'une musique qu'il avait coropo- 



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LOJNDICER — LOPEZ 



347 



sée. Les renseignements qu'on a sur cet artiste 
ne vont pas au delà de cette époque. 

LONGUE VAL, appelé en Italie LON- 
GHEUAL, musicien français, vécut au commen- 
cement du seizième siècle, et fut chantre de la 
chapelle du roi de Franc» Louis XII. Petrucci a 
inséré le motet de ce musicien, à quatre voix , 
sur le texte : Benedicai nos imperialis majestas, 
dans le premier livre des Motet ti délia Corona; 
Fossombrone, 1514, petit in-4^obl. On trouve 
aussi deux motets de Longueval, à quatre voix, 
dans le recueil intitulé : liber undecimus, XXVI 
musicales habet modulos quatuor et quinque 
vocibus editos ; Paris, Pierre Attaingnant, 1534. 

LOOSMAN ( Etienne-Théodore VAN), 
maître d'école et organiste à Yest, dans la Frise, 
a fait imprimer : 1° Muzikaale A, B, C ,of het 
Kort Begrip wegens de Behandeltoig van het 
Orgel en Clavecymbel (ABC musical , on 
abrégé de la manière de jouer l'orgue et le cla- 
vecin); 1760 — 2° Te Deum laudamus in't 
latyn en in't nederduits voorde viool, dwars- 
/luit, violoncel en basso continuo (Te Deum 
laudamus, en latin et en hollandais, avec vio- 
lons, flûte douce, violoncelle et basse continue) ; 
1760. 

LOOTENS (....), écrivain hollandais, cité 
par Hess [Korte Schets vandeAllereerste uit- 
vinding en verdere voortgang in het ver- 
vaardigon der Orgelen, p. 24 ) comme auteur 
d'un livre intitulé : Aanmerking over de oudste 
Orgelen (Remarques sur les anciennes orgues), 
mais sans faire connaître la date ni le lieu de l'im- 
pression. Toutefois, d'après quelques ^rapproche- 
ments de certaines dates rapportées dans des 
passages cités par Hess, cet ouvrage a dû paraî- 
tre vers 1760. Un des paragraphes tirés textuel- 
lement du livre de Lootens par Hess offre beau- 
coup d'intérêt, en ce qui concerne le clavier de 
pédales de l'orgue, dont l'invention est commu- 
nément attribuée à Bernard Muret (Voyez Muret) , 
mais qui , suivant le fait rapporté par l'auteur 
hollandais, aurait été connu déjà au commence- 
ment du douzième siècle. Voici la traduction du 
passage dont il s'agit : 

« Le (acteur d'orgues Albert van Os, de Fies- 
« singue, a trouvé, il y a environ soixante-dix 
« ans (vers 1670), en enlevant un orgue de Yé- 
« glise Saint-Nicolas à Utrechf, sur le sommier 
« du grand -clavier, la date de 1120. Ce sommier 
« n'avait ni tirans ni registres, mais douze rangs 
« de tuyaux, dont le plus grand était un prestant 
« de douze pieds. Sur chaque touche , tous les 
« tuyaux parlaient à la fois , sans qu'on pût en 
« détacher un seul; en sorte que ce qu'on enlen- 
« dait ressemblait à une fourniture criarde. Le 



clavier commençait par fa grave ^E 

m 



TT 



,et 



« s'étendait jusqu'au la aigu : 



! il renier- 



« mait conséquemment trois octaves et une tierce. 
« Le clavier supérieur avait des registres fixes (?) ; 
« le second clavier des registres mobiles (?). Za 
« pédale n'avait qu'une seule trompette. » Ce 
passage a beaucoup d'intérêt pour l'histoire de 
l'orgue : mais il est regrettable que la description 
de cet ancien instrument ne soit pas plus com- 
plète, et que le facteur Van Os n'ait pas fait 
mention de ce qui lui présentait des traces de 
restauration postérieures à ta date de 1120 ; car il 
est impossible que l'instrument ait servi pen- 
dant cinq cent cinquante ans sans être plusieurs 
fois remanié. 

LOPEZ on LOBO (Dcarte ou Edouard) , 
appelé Lupus en latùr, compositeur portugais, 
clerc bénéficié et maître de chapelle de l'église 
cathédrale de Lisbonne, vers 1600 v est connu 
par un grand nombre d'œuvres de musique pour 
l'église, dont voici la liste : 1° Opuscula musiea 
nunc primum édita ; Anvers, 1602, in-4°. — 
2° Natalitiw noctis responsoria , 4-8 voc. — 
3° Missa ejusdem noctis, 8 voc. — 4° B. Ma- 
rte Virginis antiphonx , 8 wc. — 5° B. Mariée 
Virginis Salve , 1 1 vocum in 3 chor. — ■ 6° B. 
Marias canticum : Magnificat, 4 voc. Ces cinq 
dernière ouvrages sont renfermés dans le même 
œuvre ; Anvers, 1605, in-folio. — 7° Canticum 
Magnificat, 4 voc.; xVnvers, 1605, grand in-fol. 
On y trouve seize Magnificat dans les différents 
tons. — 8° Missœ 4, 5, 6 et 8 vocum, Anvers, 
1621 ; grand in-fol. — 9© Missœ 4, 5, 6 vocuntr T 
ibid., 1039, grand in-folio. — to° Offtcium de- 
functorum em canto chaâ; Lisbonne, 1603, in*4°. 
— 11° Liber processionum et Stattonum eccle- 
six Olyssiponensis in meliorem formam redac- 
tus; Lisbonne, 1607. On trouve en outre en ma- 
nuscrit dans la bibliothèque royale de Lisbonne : 
1 2° Doz psalmos de vesperas de di versas vozes ; 
n° 814. — 13° Cinco missas a 4. Liçoens de 
defunctos, e a sequencia da Missa a 4,6, 8 . 
9 mais vozesf n° 806. — 14° Motet es de de- 
functos; n°810. — 15° Dous vilhancicos ac 
Santissimo Sacramento , n° 703. Le style de 
Lopez a beaucoup d'analogie avec celui de Bene- 
voli, mais il est moins pur. Vers la fin de sa vie, 
qui se prolongea jusqu'à l'âge de cent trois ans , 
il fut nommé recteur du séminaire de l'évêché. 
Son maître de composition avait été Manuel Men- 
dez d'Evora. Lopez a joui d'une grande réputa- 
tion parmi ses compatriotes. 



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343 



LORBKPi - LOREiNZINl 



LOR RE R (Jean-Christophe), poète lauréat 
et avocat ordinaire de la cour de Weimar, naquit 
le 19 avril 1645, et mourut le 16 avril 1722. Il 
a écrit un poërae en Yen allemands sur la mu- 
sique, intitulé : Lob der edlen Musik (Eloge de 
la noble musique } ; Weimar, 1696, in-8° de 1 12 
pages. On a aussi de Lorber un autre écrit inti- 
tulé : Vertheidigung der edlcn Musik, uïdcr 
einen angemussten Mwikvenechler ausgefer- 
tigt (Défense de la noble musique contre un 
calomniateur de cet art) ; Weimar, 1697, in-8' de 
26 pages. Ce pamphlet est dirigé contre le pro- 
gramme académique de Vockerodt qui a pour ti- 
tre : Consultatif) IX de cavenda falsa men- 
tium intemperatarum medicina, sive abusu 
musicorum exercitiorum, etc. ( Voyez Vocke- 
rodt.) 

LORENTE (André), né en 1631 dans la pe- 
tite ville d'Archuelo, près de Tolède, fil ses étu- 
des à l'université d'Alcala, et Tut gradué dans la 
faculté des arts de cette même université. Ayant 
été nommé successivement commissaire de l'in- 
quisition de Tolède, et prêtre prébende à Àlcala 
de Hénarès, il joignit encore à ces dignités ecclé- 
siastiques la qualité d'organiste de l'église Saint- 
Juste dans cette dernière ville. C'était un savant 
musicien, qui avait étudié les ouvrages des grands 
maîtres italiens du seizième siècle , et qui était 
aussi habile dans la pratique de son art que savant 
dans la théorie, comme on le voit par un ouvrage 
important qu'il a publié sous ce titre : El Porque 
délia musica en que se contiene los quatro art es 
de ella, canto llano, canto de organo, contra- 
punto y composition (Le Pourquoi de la musi- 
que, où sont contenues les quatre parties de cet 
art, à savoir ; le plain-chanl, le chant mesuré, 
le contrepoint et la composition) ; Alcala de Hé- 
narès, 1672, in fol. Je crois avoir vu citer quelque 
part une traduction italienne de ce livre, sous le 
litre de II Perche délia musica; mais je pense 
que le titre seul était traduit. Lorente dit dans 
cet ouvrage (lib. Il, p. 218) qu'il a écrit un livre 
De organo , dans lequel il a traité de tous les 
instruments, particulièrement de l'orgue. On 
ignore si re livre a été publié. 

LORENZ (Frédéric-Auguste), musicien de 
la chambre du roi de Saxe, et virtuose sur le 
basson, est né à Chemnitz, au mois de février 
1796. Cet artiste jouait aussi de plusieurs instru- 
ments, tels que le violon, la harpe, le czakan , la 
guitare, etc. Il a été d'abord employé dans les 
églises de Prague, comme violoniste. On connaît 
sous son nom les œuvres suivantes : 1° Variations 
pour violon; Prague, Berra. — 2° Adagio et 
rondo pour deux violons; Prague; SchœdI. — 
3* Thèmes variés pour le czakan; Vienne, H as 



linger. — 4° Marctie d'Aline variée pour guitare 
et czakan ; Ibid. — 5° Trois sonates pour la harpe à 
crochets, avec accompagnement de violon; Ham- 
bourg, Boelime. — 6° Trois, idem, op. 8 ; ibid. 

— 7° Collection de pièces pour harpe, avec et 
sans préludes, à l'usag»des commençants, op. 7; 
Copenhague, Lose. — 8° Thème varié pour harpe 
à crochets, op. 10; Leipsick, Hofmeister. — 
9° Sonate pour harpe à crochets, op. 11; ibid. 

— t0° Six chansons allemandes avec accompa- 
gnement de piano ; Copenhague, Lose. — 1 1° Six 
romances françaises, idem, ibid. 

LORENZ (Oswald), organiste à l'église Saint 
Jean de Leipsick, est né en 1806, à Johanngeor- 
genstadt (Saxe). Il fut un des premiers rédac 
leurSde la Nouvelle Gazette de musique de Leipsick 
(Neucs Zeiischrift der Musik) , fondée par Ro- 
bert Schumann et ses amis. Kœrner a publié do 
bons préludes d'orgue composés par Lorenz 
(Ërfurt,s.d., in-4°obl.). On a aussi de cet artiste 
des Lieder et des romances pour voix seule, avec 
accompagnement de piano. 

LORENZ ANI (Paul), compositeur de mu- 
sique' d'église, né à Rome, dans la première moi- 
tié du dix-septième siècle, fit ses études musi- 
cales sous la direction de Benevoli. Après avoir 
été maître de chapelle à l'église des jésuites-, à 
Rome , il passa en la même qualité a l'église 
cathédrale de Messine, en Sicile. Dans un 
voyage qu'il fit à Paris, il fit exécuter à la cha- 
pelle de Versailles quelques-uns de ses motets, 
qui plurent beaucoup à Louis XIV. Ce prince le 
chargea du choix de quelques boi.s chanteurs ita- 
liens en roix de soprano pour sa chapelle; Lo- 
renrani accepta cette mission, et ramena d'Italie, 
en 1679, cinq de ces chanteurs, qui ont été long- 
temps au service du roi. Dans la même année, 
Christ. Ballard publia à Paris un livre de motets 
à quatre voix, composé par Lorenzani. Cet ar- 
tiste retourna ensuite à Rome , où il succéda à 
François Beretta dans la place de maître de cha- 
pelle à la basilique du Vatican, le 19 juillet 1664. 
11 mourut en 1703, et fut inhumé le 13 octobre 
de cette année à l'église du Saint-Esprit in Sas- 
sia. En 1690, on a imprimé à Rome des Magni- 
ficat à neuf voix en deux chœurs, de la compo- 
sition de cet artiste, lia laissé aussi en manuscrit 
des psaumes à quatre chœurs, dans la manière 
de son maître. 

LORENZINI (Rmmond), né à Rome, dans 
la première moitié du dix-huitième siècle, entra 
comme organiste à l'église Sainte-Marie-Majeure 
en 1751, et en remplit les fonctions pendant 
trente-cinq ans. Puis il fut nommé maître de 
chapelle dans la même église le 7 septembre 1786. 
Il est mort ù Rome, dans les derniers jours de 



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LORKJNZIM — LORTZING 



319 



mai 1806. M. l'abbé Santini possède en manus- 
crit les compositions suivantes de ce musicien : 
1° Messe de Requiem, concertée à quatre et à 
huit voix. — 2° Quatre motets à 3 ou à 4 voix 
pour l'office des morts. — 3° Motet à quatre voix 
(0 quam suavis). — 4° Tantum ergo pour voix 
de soprano et alto. — 5° Salve Regina pour so- 
prano et alto, chœur et orchestre. — 6° Onze so- 
nates pour clavecin. — 7° Six divertissements 
pour clavecin avec deux violons obligés. — 8° Six 
nocturnes pour deux clarinettes, deux cors, bas- 
M>n et serpent. 

LOREÏXZITI (Antoine), fils d'un musicien 
Malien au service du prince d'Orange à La Haye, 
naquit en cette ville, vers 1740 , et fit ses études 
sous la direction de son père. Il reçut des leçons 
«le violon de Locatelli. En 1767 il obtint la place 
de maître de chapelle de l'église principale de 
Nancy, et y passa le reste de ses jours. On a 
gravé de sa composition : 1° Trios pour violon, 
*lto et basse, op. 1 ; Amsterdam ; Paris, Heina. 

— 2° Six trios pour 2 violons et basse, op. 2 ; 
ibid. — 3° Six duos pour violon et alto, op. 3 , 
gravé comme œuvre 10 par Heina. — 4° Six 
quatuors pour 2 violons, alto et basse, op. 4; 
ibid. — 5° Six quatuors concertants idem, op. 5 ; 
Paris, Leduc. — 6° Six duos concertants pour 
2 violons, op. 8; Paris, Heina, 1775. — 7° Six 
quatuors agréables et faciles pour 2 violons, alto 
et basse, op. 9 ; ibid. 

LORENZIT1 (Bernard), frère et élève du 
précédent, naquit à Kircheim, dans le Wurtem- 
berg, vers 1764. Après avoir fait ses études musi- 
cales à Nancy, il vint à Paris, et entra à l'or- 
chestre de l'Opéra, comme second violon, en 
1787. A la fin de 1813, il s'est retiré avec la pen- 
sion, après vingt-cinq ans de service. Cet artiste 
écrivait de la musique de tout genre avec autant 
de facilité que de négligence. Il portait lui-même 
le nombre de ses ouvrages à près de deux cent 
cinquante*, il en a été publié environ quarante, 
parmi lesquels on remarque : 1° Trois concertos 
pour violon et orchestre; Paris, Boyer, Louis. — 
2° Trois trios (tour violon, alto et basse ; Paris, 
Naderman. — 3° Douze variations en forme d'étu- 
des pour violon, avec violon et basse; Paris, Pleyel. 

— 4° Onze œuvres de duos pour deux violons ; 
Paris, chez tous les éditeurs. — 5° Environ dix 
œuvres d'études, caprices, airs variés pour violon 
seul ou deux violons ; ibid. — 6° Quelques duos 
et airs varies pour flûte et violon ; ibid. — 7° Con- 
certo pour alto et orchestre ; Paris, Boyer. — 
8° Principes ou nouvelle méthode pour apprendre 
facilement à jouer du violon ; Paris , Madtrman. 

LORENZO ( Nicole ) , professeur de chant, 
organiste et compositeur, est né à Trieste, le 



30 octobre 1789. A l'âge de douze ans, il com- 
mença l'étude du violon sous la direction de Pia- 
nametti, qui plus tard fut nommé chef d'orchestre 
du théâtre de cette ville. En 1810, M. Lorenzo se 
rendit à Vienne , où Salieri l'accueillit avec bonté 
et lui enseigna le chant et la composition. Apres 
s'être livré à l'enseignement à Dresde pendant 
plusieurs années, il se rendit à Paris en 1830, et 
quelques années plus tard il y obtint au concours la 
place d'organiste de l'église Sainte-Elisabeth, qu'il 
a occupée pendant plus de quinze ans. On a im- 
primé de sa composition des antiennes de ta 
Vierge et du saint Sacrement, à quatre voix et 
pour ténor et basse ; un Tantum ergo en chœur 
qu'on a chanté souvent à Saint- Roch, et dans 
d'autres église de Paris; Paris, Canaux ; trois fu- 
gues pour l'orgue ; quatre pièces pour le même 
instrument ; trois offertoires et trois élévations, 
idem; six morceaux pour harmonium et divers 
thèmes variés et fantaisies pour le piano, sur des 
motifs d'opéras italiens. Tous ces ouvrages ont 
paru chez le même éditeur. 

LORENZON1 (Antoine). Le docteur Lich- 
tenthal indique sous ce nom, dans sa Bibliogra- 
phie de la musique (tome IV, page 171), un 
livre intitulé : Saggioperben suonare il flauto 
traverso, con alcune notizie generali ed utili 
per qualunque istromento, ed altre concer- 
nenti la storia délia musica; Venise, t77D, 
in-4° de 90 pages. M. Gaspari, de Bologne, m'a 
indiqué une édition datée de Vicence dans la 
même année : il doute de l'existence de l'édition 
de Venise. Un exemplaire de cette édition de 
Vicence se trouve à la bibliothèque royale de 
Berlin ; un autre est dans la bibliothèque de 
M. de Farrenc, qui a cité l'ouvrage dans les Pré- 
liminaires du Trésor des pianistes (Des signes 
d 'agrément, p. 3). 

LOREJVZOÏMI (Adrien), professeur de lit- 
térature, au lycée communal de musique à Bolo- 
gne, pour la préparation à l'étude du contrepoint, 
est auteur d'un petit ouvrage intitulé : Délia 
nécessita d'applicare la filosofia alla musica, 
discorso di , etc. ; Bologne, 1817, in-8° de 48 
pages. 

LORTIIE (Gabriel- Antoine DE), professeur 
de musique vocale à Saint-Denis, près Paris, a 
publié un petit ouvrage intitulé : Moyens derec- 
ti/ier la gamme de la musique et de faire 
chanter juste; Paris, 1791, in-8°. 

LORTZING (Gustave-Albert), compo- 
siteur dramatique, acteur et chef d'orcliestre, né 
à Berlin, le 23 octobre 1803, était fils de Jean- 
Gottlob, marchand de cuir dans cette ville. Sa 
mère, Charlotte-Sophie, née Seidel, qui, dans sa 
jeunesse, était agréable et spirituelle, aimait à 



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360 



LORTZING 



jouer la comédie dans une société d'amateurs 
avec son mari. Le théâtre où se donnaient les re- 
présentations de cette société s'appelait Uranie. 
Ce Tut là que se passèrent les premières années du 
jeune Lortzing, et qu'il prit le goût de la scène. 
Admis à l'Académie royale de chant de Berlin, il 
y reçut de Rimgenhagen les premières leçons de 
musique, et fit de rapides progrès sous la direc- 
tion de ce maître. Lortzing n'était âgé que de 
neuf ans lorsque ses parents, renonçant au 
commerce, et s'abandonnent à leur passion pour la 
comédie, quittèrent Berlin, et acceptèrent un enga- 
gement au théâtre de Breslau. Dans la suite, ils 
jouèrent à Baraberg, AschalTenbourg, Strasbourg, 
Fri bourg en Brisgau, Bade, Coblence, Cologne et 
Aix-la-Chapelle, où leur fils remplissait les rôles 
d'enfant , pendant qu'il continuait ses études de 
musique. 11 apprit à jouer du piano, du violon, dn 
violoncelle, et la lecture des ouvrages d'Albrechts- 
berger et d'autres traités didactiques lui enseigna 
les éléments de la composition. Dans les années 
1819 à 1822, Lortzing fut attaché au théâtre de 
Dusseldorf en qualité de ténor pour les rôles co- 
miques : ses premiers essais de composition fu- 
rent faits a la même époque. Sa voix ayant acquis 
du développement, il fat engagé par le directeur 
de spectacle Ringelhardt, en 1823, pour les rôles de 
premier ténor, et joua sous sa direction à Co- 
logne et à Brunswick ~ Ce fut dans cette même 
année qu'il épousa M"« Ailles, actrice de talent. 
En 1824 il écrivit son premier opéra, Ali, pacha 
de Janina, qui fut joué avec succès à Cologne, 
puis à Detmold, Munster, Osnabrûck et Pyr- 
mont, dont ta direction théâtrale engagea Lort- 
zing et sa femme en 1826. Puis ils jouèrent à 
Hambourg, retournèrent à Cologne en 1829, et 
enfin ils furent attachés au théâtre de la cour 
de Manbeim en 1830. Lortzing y écrivit en 1832 
deux petits ouvrages dramatiques, intitules Le 
Polonais et son Enfant, et Une Scène de 
la vie de Mozart. Dans l'année suivante, Rin- 
gelhardt, qui venait de se charger de la direc- 
tion du théâtre de Leipsick, engagea Lortzing 
pour y remplir les rôles de premier ténor des 
opéras-comiques. Alors commença la période la 
plus heureuse de la vie de l'artiste : elle s'étend 
depuis 1833 jusqu'en 1844; ce fut aussi celle de 
sa plus grande activité dans les travaux de la 
composition dramatique. Le premier ouvrage 
qu'i I écri v it à Leipsick avait pour titre : Die beiden 
Tornister (Les deux Militaires) , auquel on sub- 
. stitua plus lard celui de Die beiden Schiitzen 
(Les deux Tirailleurs); le sujet était pris du 
vaudeville français Les deux Grenadiers, Cet 
opéra fut représentée Leipsick, le 20 février 1837 ; 
il obtint un brillant succès. Dans la même année 



(le 22 décembre), Lortzing tit représenter an 
même théâtre Czar und Zimmermann ( Le Czar 
et le Charpentier ), opéra en trois actes, considéré 
comme son œuvre capitale, et qui obtint un suc- 
cès égal dans toutes les villes de t'Allemage, ainsi 
qu'en Russie et en Danemark. Lortzing écrivit 
ensuite Die Schatskammer des Inka (Le Trésor 
de l'Inca ) , opéra sérieux, sur un livret de Robert 
Blum; mais cet ouvrage ne fut pas représenté, et, 
par une circonstance inconnue, la partition n'a 
pas été retrouvée dans les papiers du compositeur. 
Le 20 septembre 1839, Lortzing fit jouer la pre- 
mière représentation de Caramo, ou Le Harpon? 
nage, opéra romantique, qui fut froidement ac- 
cueilli par les habitants de Leipsick, à cause du dé- 
faut d'intérêt du sujet; mais le brillaot succès de 
Hans Sachs, joué le 23 juin 1840, vint consoler 
le compositeur d'un échec qui d'ailleurs n'avait 
rien de blessant pour son amour propre. Hans 
Sachs avait été écrit par Lortzing pour fêter le 
quatrième anniversaire séculaire de l'introduction 
de l'imprimerie à Leipsick : les mélodies de cet 
ouvrage sont d'une remarquable fralclieur. Ca- 
sanova, joué le 31 décembre 1841, et Wild- 
schûiZy oder die Stimme der Natur (L'Arque- 
busier, ou la Voix de la Nature), d'après le 
Rehbock de Kotzebue, et qui fut représenté le 
31 décembre de l'année suivante, achevèrent de 
répandre dans toute l'Allemagne la réputation de 
Lortzing : tous les directeurs de théâtre s'em- 
pressaient de mettre ses ouvrages en scène, et ses 
partitions, arrangées pour le piano, étaient re- 
cherchées par les amateurs. 

Au commencementde 1844, Ringelhardt cessa 
d'avoii la direction du théâtre de la ville de 
Leipsick (Stadttheater), laquelle passa entre les 
mains du docteur Schmidt. Ce fut alors que 
Lortzing cessa de paraître sur la scène, et qu'il 
accepta la position de chef d'orchestre du même 
tliéâtre. Il en prit possession le 1er août de 
cette même année : le premier ouvrage qu'il 
dirigea fut le Don Juan. Dans le même temps 
il écrivit Vndine, opéra qui fut représenté à 
Hambourg dans l'hiver de 1845, puis à Leipsick 
et sur les principaux théâtres de l'Allemagne. 
Peu de temps après, Lortzing contracta un 
engagement avec l'entrepreneur Pockorni pour 
diriger, dans' la capitale de l'Autriche, l'orchestre 
du théâtre sur la Vienne , et pour y mettre en 
scène son nouvel opéra Der Waffenschmid 
(L'Armurier), qui fut joué le 30 mai 1846, 
sous la direction de l'auteur. Autant la ville de 
Vienne lui offrait d'agrément pour les habitudes 
de la vie, autant il en avait peu dans ses rapports 
avec son théâtre. Ses lettres à ses amis sont 
remplies de plaintes concernant le défaut d'ordre 



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LORTZING — LOSSIUS 



351 



«t de convenance des représentations, ainsi que 
sur ta pauvreté du répertoire. La perte de sa mère 
vint à cette époque ajouter un vif chagrin aux en* 
nufs que lui faisait éprouver sa situation comme 
chef d'orchestre d'un théâtre mal organisé. Pen- 
dant son séjour à Vienne, il écrivit son opéra 
en trois actes, Le grand Amiral* qui Tut mis 
en scène à Leipsick, au mois de décembre 1847, 
et un autre ouvrage intitulé Regina, que des 
«considérations politiques ne permirent pas de 
représenter, et dont on a retrouvé la partition 
parmi les manuscrits de l'auteur. Dans l'hiver 
de 184B à 1849 il composa son opéra Die Ro- 
landshnappen (Les Écuyersde Roland), qui fut 
représenté au théâtre de Leipsick, à la fin de mai 
1849, et accueilli par des applaudissements unani- 
mes. Cependant un chagrin inattendu vint le frap- 
per dans cette ville, après son retour de Vienne. 
1! désirait y reprendre son ancienne position de chef 
d'orchestre du théâtre, devenue vacante ; mais 
pendant son absence de quelques années, Rietz s'é- 
tait fait connaître avantageusement par son talent 
fwur la direction des orchestres : ce fut lui qu'on 
préféra. Lortzing en eut une véritable affliction, 
qui lai fit prendre la résolution de s'éloigner de 
Leipsick pour se rendre à Berlin, ou le nouveau 
théâtre Frédéric-Guillaume (Friedricft-Wil- 
Jielmstaedtischen Theater) venait d'être ouvert. 
Lortzing en fut nommé chef d'orchestre, et prit 
possession de ses fonctions le 18 mai 1850. Il 
écrivit dans la même année pour ce théâtre une 
ouverture d'inauguration, de jolis morceaux dans 
le vaudeville Eine berliner Grisette ( Une Gri- 
sette berlinoise), et Poperette Die Opernprobe 
(La Répétition de l'Opéra) , qui fut le chant du 
cygne. Sa santé déclinait depuis quelque temps et 
sa gaieté naturelle avait fait placée la mélancolie: 
toutefois sa femme était loin de la pensée que 
sa fin fût prochaine, lorsqu'il fut frappé d'apo- 
plexie, le 21 janvier 1851. Se sentant indisposé, 
il avait envoyé chercher un médecin, qui le 
trouva mort en arrivant. Artiste de talent, homme 
aimable et bon, Lortzing inspirait de l'affection 
à toutes les personnes qui le connaissaient; sa 
perte fut généralement regrettée. De tous les 
compositeurs dramatiques de l'Allemagne, il fut 
le plus populaire. Sa pensée ne s'éleva jamais 
jusqu'aux grandes conceptions ; le caractère de 
i'originalité manque à ses ouvrages; mais il 
avait le sentiment de l'effet scéniqne, de la mé- 
lodie ; son harmonie était facile et son instru- 
mentation, sans être bruyante, avait de l'éclat. 
On ferait une appréciation exacte du talent de 
Lortzing en le considérant comme l'Adolphe 
Adam de l'Allemagne. M. Ph. J. Duringer, ami 
iatime de cet artiste intéressant, a publié sur lui 



un écrit intitulé Albert Lortzing, sein Leben 
| und Wirken( Albert Lortzing, sa vie et ses pro- 
ductions); Leipsick, Otto Wigand, 1851, petit 
in-4°de 126 pages, avec le portrait du composa 
teur. On trouve dans ce petit volume une partie 
de la correspondance de Lortzing. Une antre 
biographie de cet artiste est insérée dans le re- 
cueil de W. Neumann, intitulé Die Komponisten 
der neuern Zeit ( Les Compositeurs des derniers 
temps) , sixième livraison. On a aussi : Notice 
nécrologique sur Gustave- Albert Lortzing, 
compositeur de musique, par Charles Mayer ; 
Paris, 1852, in-8°, extraite du Nécrologe uni- 
versel du dix-neuvième siècle. 

LOSI ou LOS Y (Le comte DE), dont 
le nom a été changé par Baron (Histôl* theor. 
und pract. Vntersuchung des Instrum. der 
Lauten, p. 73 ) , par Walther et par Gerber, en 
celui de Logi, naquit en 1638, dans une petite 
ville de la Bohême. Il fut un des plus célèbres 
luthistes de son temps; peut-être même surpassâ- 
t-il en habileté tous ses contemporains. On dit 
que ce fut l'empereur Léopold qui, après l'a- 
voir entendu, le créa comte. Dans sa jeunesse, 
fil parcourut l'Allemagne, la France et l'Italie pour 
entendre les meilleurs musiciens et pour perfec- 
tionner son talent. En 1697, il vivait à Leipsick, 
où il y eut une sorte de combat musical entre 
lui sur le luth, Kuhnau sur le clavecin, et He- 
benstreit sur le pantalon. Plus tard, il se fixa à 
Prague, jouissant d'un revenu de 80,000 florins, 
dont il faisait un noble usage. Ses compositeurs 
favoris étaient -Lulli et Fux; il faisait exécuter 
chaque soir dans sa maison quelques morceaux 
de leurs ouvrages. Une atteinte d'apoplexie, qui 
le frappa dans ses dernières années, contracta 
tous les traits de son visage et en fit nn monstre 
de laideur. Il mourut à Prague en 1721, à l'âge 
de quatre-vingt-trois ans. 

LOSSIUS (Lucas), né à Vacha, dans la 
Hesse, le 18 octobre 1508, fut recteur à Lunebourg, 
et mourut le 8 juillet 1582. Il fut un des plus sa* 
vants musiciens de son temps, et s'occupa avec 
succès du chant choral appliqué au culte luthérien. 
Bachmeister (voyez ce nom ) a publié son éloge 
en langue latine, sous ce titre : Oratio de Luca 
Lossio, in qua etiam mentio fit urb. Rkegii, 
Herm. Tulichii , aliorumque in urbe Lune- 
burga prxstantium virorum (Rostock , 1585), 
in-4°. Ce savant musicien a recueilli une col- 
lection de chants chorals et de cantiques qn'il 
a fait imprimer, et qui est intitulée : Psalmodia, 
hoc est cantica sacra veteris ecclesix selecta. 
Quo ordine et melodiis per toi tus anni cur- 
riculum cantarl usitata soient in templis 
de Deo, et de Filio ejus Jesti Christo, 



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352 



LOSSIUS — LOTTI 



de reçmo ipshis, doctrina, vita, passione, 
résurrections et ascentione, et de Spi- 
rilu Sancto, etc. Cum prxfatione Philippi 
Melcmchtmiis. La première édition de ce livre 
précieux est si rare, qu'elle avait été inconnue 
à tous les bibliographes ; le savant Antoine 
Schmid (voy. ce nom) n'en a eu connaissance 
qu'après l'impression de son ouvrage concer- 
nant le célèbre imprimeur Octavien Petrucci, et 
ne l'a mentionnée que dans les corrections et ad- 
ditions qui terminent le volume. Cette édition a 
été donnée à Wittenberg, en 1552, par Georges 
Rliaw. lien résulte que l'édition imprimée à Nu* 
remberg, par le gendre de Petreius, en 1553, n'est 
que la deuxième (Noribergx, apud Gabrielem 
llayn, Joh. Petrei generum, 1553, in-folio). 
Une troisième édition de ce recueil a paru avec 
la préface de Mélanchtbon ; Wittenberg, chez les 
héritiers de Georges Rhaw, en 1561, in-4°de 677 
pages (non compris la préface). Cette édition, 
pins complète et meilleure que les précéden- 
tes , a été inconnue à Forkel, Gerber, Lich- 
teothal, et à leurs copistes. Gerber a cité 
comme la seconde une quatrième, publiée 
à Wittenberg, en 1569, par Jean Schwer- 
telius, in-4° de 720 pages (non compris 
V index et la préface). Il y en a une cinquième 
édition, imprimée par André Scbœn, à Witten- 
berg, en 1580, in-4°. Toutes les cinq sont au- 
jourd'hui fort rares. On a aussi de Lossius un 
Traité des éléments de la musique , écrit pour 
l'usage de l'école de Lunebourg. Cet ouvrage 
a pour titre : Erotemala musicœ practic3C t 
ex probatissimis kujus dulcissimx ariis 
scriptoribus aceurate et breveter selecta, 
et exemples pueriÙ instiiuiioni accommo- 
dés illustrata. Item meloduv sex generum 
carminum usitatiorum, in primis suaves, in 
gratiam puerorum selectx et editœ; Nurem- 
berg, chez Jean Montanus et Ulrich Neuber, 
1563, in-8° de 12 feuilles et 3 feuilles de mélo- 
dies à 4 voix, parmi lesquelles on trouve un 
morceau sur les premiers vers du premier chant 
de l'Enéide : 

Arma vlrnmqoe cano, Troie qui prlraus ab orls 
Itallam, fato proiugus, Lavluaquc retilt 
Uttora. Etc., etc.; 

un autre sur l'épigramme de Martial : 

Vttam que faclnnt bcallorem, 
Jacundlastme Hartlalis. bec sunt ; 

et un troisième sur l'ode du premier livre d Ho- 
race : 

Jani satls terris Dlvls atquc dlrx 
Graodtate mtelt pater, et rabente 
Oeitera sacras Jaculatus arecs, 
Trrrult urbem. 



, Cet ouvrage est écrit en dialogue, entre le 
; maître et l'élève; il est divisé en deux livres : 
I le premier traite de la musique chorale ; le se- 
cond, du chant figuré ou mesuré. Les exemples 
à trois voix répandus dans celui-ci sont bien 
écrits. On y trouve quelques passages curieux 
, de l'emploi des prolations. Les autres éditions, 
| toutes fort rares, sont de Nuremberg, 1565, 
in-8°; ibid., 1570, publiée par Jean -Christophe 
Prœtorius; Wittenberg, 1574; Nuremberg, 1579, 
in-8°, et 1590, in-8° de 13 feuilles. 

LOTH ( Urbain ) , compositeur de musique 

d'église, au commencement du dix-septième 

I siècle, a fait imprimer un recueil de motets in- 

| Utulé : Musica melica, ou concerts solennels à 

une, deux ou trois voix ; Passait, 1616, in-4°. 

LOTHERUS(Melchior), compositeur al- 
lemand qui vivait au commencement du seizième 
siècle, est connu par un recueil intitulé Rtspon* 
soria; Leipsick, 1522. 

LOTI CH 1US (Jacques). On a imprimé sous 
ce nom une dissertation intitulée : Oratio de 
, Musica ; Dorpati Livonorum (Dorpat, en Livo- 
I nie), 1640, in-4°. 

| LOTTERI (. . ..), professeur de droit à Chiari, 
• a publié : Dissertaùone suite qualitù consti- 
I tuendi il vero compositore in musica ; Chiari, 
, 1827, in-12. On trouve dans celte dissertation la 
, biographie de l'organiste Marc Arici. 

LOTTI ( Antoine) , illustre compositeur de 
l'école vénitienne, est moins connu par les évé- 
nements de sa vie que par la beauté de ses pro- 
ductions. Il est vraisemblable qu'il naquit en 1667, 
à Hanovre, où son père, Matleo, était maître 
de chapelle de la cour électorale, laquelle était 
alors catholique ; mais il est hors de doute que 
sa famille était vénitienne d'origine , car lui- 
même se donne la qualité de Vénitien au titre de 
son livre de madrigaux. D'ailleurs, M. CafTi (i) 
fait la remarque concluante que François Lotit, 
frère d* Antoine, fut racionaire du collège des 
procurateurs de Saint-Marc , et que cet emploi 
ne pouvait être donné qu'à un Vénitien. Antoine 
Lotti alla fort jeune à Venise, et eut pour maî- 
tre Jean Legrenzi ( voyez ce nom ) , qui fut en- 
suite maître de chapelle de Saint-Marc. Le 31 
mai 1692, Lotti fut nommé organiste du second 
orgue de la chapelle ducale de Saint-Marc. De- 
puis 1687 il était chantre de la même chapelle, 
Le 17 août 1704 il obtint la place d'organiste du 
premier orgue de cette église : il en remplit les 
fonctions pendant quarante-trois ans, et ne les 
quitta que pour prendre possession de la place 

(1) Storia délia Musica sacra nelta già captlla ducale 



di San Marco in Penaid, t. I, p. S». 



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L0TÎ1 



353 



de maître de chapelle de la même église, le 
2 avril 1736. Une jouit pas longtemps des avan- 
tages de cette dignité, car il mourut le 5 jan- 
vier 1740, à l'âge d'environ soixante-treize ans, 
suivant le registre mortuaire de Saint-Marc. II 
fut inhumé dans l'église de San-Geminiani, où 
Ton voit encore son tombeau. 

Lolti s'est distingué comme compositeur dans 
les deux genres de musique religieuse et drama- 
tique. Dans la musique vocale de chambre, il s'est 
également placé au premier rang des maîtres de 
son temps. L'électeur de Saxe, qui avait entendu 
ses ouvrages à Venise, en 1712, et qui avait 
admiré son talent sur l'orgue, l'appela à Dresde 
en 1718, pour y écrire un opéra. Lotti y composa 
Gli Odi delusi dal sangue , ouvrage faible, qui 
ne répond ni à la renommée ni au talent de son 
auteur. De retour à Venise vers la lin de la 
même annér , Lotti y reprit ses fonctions d'or- 
ganiste et ses travaux de compositeur ; mais il 
n'écrivit plus que pour l'église. 

Le sentiment vrai, l'expression profonde sont 
les qualités dominantes des compositions de 
Lotti. Son style est simple et clair, et nul n'a 
possédé mieux que lui, dans les temps modernes, 
l'art de faire chanter les voix d'une manière na- 
turelle. Dans ses opéras, on ne trouve pas assez 
de vivacité dramatique ; mais dans les madri- 
gaux et dans la musique d'église, il est au moins 
légal d'Alexandre Scarlatti, et sa supériorité sur 
tous les autres maîtres de son temps est incontes- 
table. Pour bien connaître ce grand artiste, il 
aurait fallu pouvoir puiser dans les archives de 
Saint-Marc, où se trouvait autrefois une immense 
quantité de ses ouvrages : le peu qu'on en connaît 
aujourd'hui lui assure cependant un rang élevé 
parmi les compositeurs de son école. Voici la liste 
de ses opéras, telle qu'elle est indiquée dans la 
Dramaturgia d'Allacci: tous ont été représentés 
sur le théâtre de Venise : 1° Giustino, 1G83. — 
2° II TrionfodHnnocenza, 1693. — 3° Le premier 
acte de Tirsi, 1696. — 4° Achille placalo, 1707. 

— 5° Tcuzzone, 1707. — 6° Amapiùchi mensi 
crede, 1709. — 7° // Commando non inteso ed 
ubbidito f \109. — 8° Sidonio, 1709. — 9 Q Isac- 
cio Tiranno, 1710. — 10° La Forza dcl san- 
gue, 1711. — 11° Il Tradimento traditor di 
se stesso. — 12° Ulnfcdelià, punita, 1712. 

— 13° Porsenna, 1712. — 14° Irène Augusta, 
1713. — 15° Il PoUdoro, 1714. — 16° Foca 
superbo, 1715.-17° Alcssandro Severo, 1717. 

— 18° Il Vincitor generoso, 1718. — 19° Gli 
Odi delusi dal sangue, 1718. 

Lolti recueillit une collection de ses duos, trios 
et madrigaux à 4 et 5 voix, les dédia à l'empe- 
reur Léopold , et les publia à Venise en 1705. 

BIOCR. IXIV. DES MUSICIENS. T. V. 



Ce prince lui fit remettre en récompense une. 
chaîne d'or et une somme d'argent. Le titre du 
recueil dont il s'agit est celui-ci : Duetti, terzetti- 
e Madrigali consacrai i alla C. R. Maestà ai 
Giuseppe I imperatore, da Antonio Lotti Ve- 
neto, organista délia cappella diS. Marco; Ve- 
nezia 1705, per Antonio Bertali. C'est dans 
cet ouvrage que se trouve le madrigal In una 
siepe ombrosa, que Bononcini fit imprimer plus 
tard à Londres, sous son nom, et qui lui conta 
sa fortune et son honneur (voyez Bononcini). 
Nonobstant la beauté achevée de la plupart des 
pièces de ce recueil, il en parut une critique sé- 
vère peu de temps après, sous le voile de l'ano- 
nyme; on sait aujourd'hui que l'auteur de ce 
pamphlet était Benoit Marcello (voyez ce nom), 
célèbre compositeur d'une collection de psaumes, 
sur la traduction italienne de Giustiniani. La cri- 
tique porte particulièrement sur des hardiesses 
d'harmonie inconnues avant Lotti , mais qui 
depuis lors sont entrées dans le domaine de l'art. 
Elle est d'ailleurs injuste en ce qui touche la 
forme de la plupart de ces compositions, laquelle 
décèle un maître de premier ordre. Le célèbre 
madrigal à 5 voix avec basse continue In una 
siepe ombrosa, que Bononcini s'était attribué,, 
sera toujours considéré comme une œuvre parfaite, 
et par la forme, et par le sentiment. Marcello se 
montra ingrat dans sa critique anonyme ; car Lotti 
avait été un de ses maîtres. Il y a d'autres ma- 
drigaux de Lotti que ceux qu'il a placés dans ce 
recueil. J'en possède dix à quatre et cinq voix qui 
n'y sont point, et qui peuvent être cités comme 
des modèles d'expression , de grâce et d'élégance. 
M. l'abbé Santini, à Rome, a aussi douze duetti 
da cameradiflérentsdeceuxdu recueil de 1705. 
On trouve chez le même trois messes de Lotti, à 4 
voix et a cappella , des motets à 4, avec instru- 
ments, des motets à deux voix, un madrigal à 4 
qu'on chantait autrefois à Venise, le jour de l'As- 
cension, un Salve Regina, et un Regina cœli, à 
4 voix, enfin un Miserere h 4 , probablement le 
même que celui qui était autrefois à Leipsick, 
chez Breitkopf, et a Londres, chez Burncy. Cet 
historien de la musique possédait aussi une messe 
(en ut) à 4 parties, et une antre (en fa), de 
Lotti. J'ai de ce maître, outre les madrigaux 
dont il est parlé précédemment : 1° Messe de 
Requiem à 4 voix sans accompagnement (en fa). 
Cette messe a été chantée pendant plus de cin- 
quante ans, près de son tombeau, le jour anni- 
versaire de sa mort. — 2° Messe du cinquième 
ton , à 4 voix sans orgue et sans orchestre. — 
3° Messe .à 2 voix (basse et ténor), avec orgue 
(en ré mineur ). — 4° Messe brève à 3 voix 
(alto, ténor et basse), en ut. — 5° Dcnedichis 

23 



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3*4 



LOTTI — LOUET 



Dominus Deus Israël, et Miserere, à 4 voix sans 
accompagnement (en ré mineur); admirable 
composition, d'une expression touchante et re- 
marquable par la richesse et la nouveauté de 
l'harmonie autant que par le profond sentiment 
de tristesse qui y règne d'un bout à l'autre. Ce 
Miserere a été considéré pendant le dix-huitième 
siècle comme un des chefs-d'œuvre de l'école ita- 
lienne : l'histoire de l'art confirme ce jugement. 
— 6° Autre Benedictus Dominus Deus Israël 
et Miserere (en sol mineur), à 4 voix sans accom- 
pagnement, composé en 1733. Il est aussi fort 
beau et rempli de grandes hardiesses d'harmo- 
nie- — 7° Laudate pueri à 3 voix ( 2 soprani 
et contralto), avec 2 vioions, alto et basse , dans 
le style moderne. Ce psaume a été écrit pour les 
jeunes filles du Conservatoire degli incurabili , 
à Venise. — 8° Salve Regina à 4 voix, a cap- 
pella, sans accompagnement. — 9° Y ère lan- 
guores nostros , pour 2 ténors et basse , sans 
accompagnement. — 10° Madrigal à 4 voix (Spi- 
rito di Dio), composé en 1736, pour la cérémo- 
nie dans laquelle le doge accompagné des séna- 
teurs montait sur le vieux vaisseau historique 
appelé Le Bucentaure. Ce morceau, où règne 
un caractère de joie douce et calme, se fait aussi 
remarquer par l'élégance de la forme.— 1 1° Quar- 
tetto pastorale, à 4 voix, avec des violons» alio 
et basse (Sommo Duce in trono assiso), char- 
mante composition de style moderne concerté. 
On a gravé à Berlin, chez Bote et Bock, la messe 
pour ténor et basse, le motet Vere languores 
nostros, pour 2 ténors et basse, et le psaume I 12 
{Laudate pueri), pour ténor et basse, de Lotti, 
tous trois en partition. 

Lotti fut un grand maître de chant et de com- 
position : le nombre de ses élèves était si consi- 
dérable, qu'on s'étonne qu'il ait eu le temps d'é- 
crire tous les ouvrages connus sous son nom. 
Parmi les maîtres sortis de son école* on remar- 
que Saratelli, qui fut son successeur dans la 
chapelle Saint -Marc, Dominique Alberti, Je' 
rdme Bassani, Michelange Gasparini, Pes- 
cetti, et le célèbre compositeur dramatique 
Balthasar Galuppi, pour qui il eut toujours un 
sentiment de prédilection. 

Lotti avait épousé une cantatrice bolonaise, 
nommée Santa Stella, qui lui apporta en dot 
une somme de 18,600 ducats (environ 60,000 
francs), et qui brilla longtemps sur les théâtres 
de Venise, ainsi qu'à Dresde, lorsque Lotti y fut 
appelé pour y écrire un opéra. Elle survécut à 
son mari, et l'on voit par son testament qu'elle 
avait eu, avant son mariage, une fille naturelle, 
nommée Lucrèce Marie Basadonna, qui fut 
religieuse. 



LOTTIX ( Denis ), maître de musique et de 
violon, né à Orléans, le 19 novembre 1773, com- 
mença à l'âge de douze ans l'étude de la mu- 
sique , sous la direction d'un maître de la ville. 
Fridzeri, passant ensuite à Orléans, crut remar- 
quer en lui d'heureuses dispositions, remmena à 
Rennes, et le mit au nombre de ses élèves. Après 
trois années d'études sous ce professeur, Lot tin 
retourna dans sa ville natale, et y continua seul à 
s'exercer sur le violon. 11 fit ensuite plusieurs 
voyages à Paris , et y prit des leçons de Gras- 
set pour cet instrument. Fixé depuis 1805 à Or- 
léans, il y a rempli la place de premier violon au 
théâtre, et a dirigé l'orchestre du concert des 
amateurs jusqu'à sa mort, en 1826. Cet artiste a 
publié : 1° Vive Henri IV en symphonie; Pari?, 
Janet. — 2° 1 er Concerto pour violon, op. S; 
Orléans, Demar. — 3° 2 e Concerto idem ; Paris, 
Sieber. — 4° Six œuvres de duos pour deux 
violons, op. 3 , 4, G, 9, 17, 19; Paris, Leduc, 
Sieber, Dufaut et Dubois. — 5° Trois sonates 
pour violon seul, op. 20; Paris, Dufaut et Dubois. 
— 0° Plusieurs airs variés pour violon. — 7° Prin- 
cipes élémentaires de musique et de violon; Paris, 
Leduc. 

LOUEL (Aristius), professeur de musique 
à Nantes, est auteur d'un petit ouvrage qui a 
pour litre : Qrammaire musicale , ou Abrège 
des principes de musique , divise en douze 
leçons, par demandes et par réponses ; Nantes, 
imprimerie de Mellinet, 1840, in -8° de 20 pages, 
avec 9 pages de musique. On connaît du même 
artiste des fantaisies pour le piano , gravées à 
Paris, en 184'*. 

LOUET (Alexandre), dont le nom a été 
défiguré par Gerber et ses copistes en ceux de 
Louvet, Louve et Louette, naquit à Marseille , 
en 1753, d'une famille opulente, et cultiva d'a- 
bord la musique comme amateur. Dans un 
voyage qu'il fit à Paris, en 1786, il fit représenter 
à la Comédie Italienne un petit opéra intitulé : 
La double Clef, ou Colombine commissaire T 
dont les paroles étaient de Desfaucherets, auteur 
de la jolie comédie du Mariage secret. La 
double Clef tomba à plat, et le tumulte du 
parterre fut tel pendant la représentation , qu'à 
peine put-on entendre un seul morceau de la mu- 
sique. La révolution ayant enlevé à l'auteur de 
cette musique toute sa fortune, il fut obligé de se 
rendre à Paris pour y chercher des ressources 
dans ses talents. Il donna au théâtre Feydeaii, 
en 1797, Amélie, opéra en trois actes, qui ne 
réussit pas. Obligé alors de se faire accordeur de 
pianos pour vivre, il publia une brochure inti- 
tulée : Instructions théoriques et pratique* 
sur Vaocord du pano-fortè; ouvrage qui «rp- 



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LOUET — LOUIS-FERDINAND 



35S 



prendra en très- peu de temps aux personnes 
les moins exercées à accorder parfaitement 
cet instrument; Paris, Leduc, 1798, in-8° de 
63 pages. 11 a été fait une seconde édition de cet 
écrit en 1804. Cependant, la situation de Louet était 
toujours précaire ; on lui persuada de passer en 
Russie. Ce voyage n'améliora pas ses affaires : il 
revint à Paris vers 1810 , et reprit sa profession 
.d'accordeur. Je l'ai connu alors, vieilli par le 
chagrin, infirme, et dans une position très-mal- 
heureuse. On a gravé de sa composition : 1° So- 
nates pour piano seul, op. 1, 2, 3, 4; Paris, 
Gaveaux. — 2° Quatre sonates pour clavecin 
avec accompagnement de violon, op. 5 ; ibid. — 
30 Pot-pourri pour piano , ibid. — 4° Six ro- 
mances tf Estelle àxec accompagnement de piano, 
ibid. Louet est mort à Paris, en 1817. 

LOUIS XIII» roi de France, né à Fontai- 
nebleau, le 27 septembre 1601, succéda à son 
père, Henri IV, le 14 mai 1610, et mourut à 
Saint-Germain, le 14 mai 1643. Ce prince avait 
appris la musique ; il l'aimait et la cultivait avec 
succès. Le P. Kircher a rapporté (Musurgia uni- 
vers., t.. I , p. 690 ) la chanson à quatre voix 
Tu crois, 6 beau soleil, de sa composition. Ce 
morceau est bien écrit, et l'harmonie en est pure. 
La Borde, qui Ta aussi donnée, à la fin du 
deuxième volume de son Essai sur la musique, 
Ta gâtée par une harmonie barbare, qui n'ect 
point de Louis XIII. Le P. Mersenne a aussi 
inséré ce morceau dans le Traité des instru- 
ments, de son Harmonie universelle (p. 391), 
mis en'tablature pour l'épinette; l'harmonie du 
roi y est conservée. 

LOUIS (M me ), femme d'un architecte de 
Paris qui a eu de la réputation à la fin du dix- 
huitième siècle, eut un talent d'amateur fort dis- 
tingué dans la musique. Le 19 août 1776, elle fit 
jouer au Théâtre-Italien un opéra de sa composi- 
tion intitulé : Fleur d'épine. D'Origny(,4na. du 
Théâtre-Italien, t. II, p. 104) dit en parlant de 
cet ouvrage: « La musique, qui estde Mme Louis, 
« a des beautés réelles. Celles qui ont frappé le 
« plus sont un trio en dialogue , un air du som- 
« uieil et un grand air d'exécution. » On a gravé 
de cette dame, à Paris : 1° Six sonates pour le 
clavecin seul. — 2° Recueil d'ariettes choisies , 
avec accompagnement de piano. La révolution 
de 1789 ayant obligé M. Louis à sortir de France, 
à cause de ses fonctions dans les bâtiments de 
la liste civile , sa femme le suivit dans l'émigra- 
tion. On ignore quelle a été sa destinée depuis 
lors. Peut-être est-ce à elle qu'il faut attribuer 
les deux ouvrages suivants, qui existaient en 
manuscrit à Vienne, en 1799, chez l'éditeur de 
musiqrfe Traeg, sous le nom de Louis (Pn). : 



1° Du doigté, des manières et de l'esprit de 
Vexécution sur le piano. — 2° Principes de 
la doctrine de l 'accompagnement. 

LOUIS ( N. ) , violoniste, pianiste et compo- 
siteur, commença à se faire connaître à Paris par 
de légères compositions, vers 1834» Ces premiers 
essais ayant obtenu du succès, l'artiste multiplia 
ses productions, où il montrait plus de fécondité 
que de soin dans leur facture et d'originalité dans 
la pensée. Peu difficiles d'exécution et renfer- 
mant beaucoup de mélodies quelque peu bour- 
geoises, les ouvrages de Louis trouvèrent un 
débit assuré ; par cela même les éditeurs les re- 
cherchèrent, et peu d'années suffirent pour en 
voir porter le nombre jusqu'à plus de trois cents. 
Études, divertissements et fantaisies pour le vio- 
lon ; variations, rondos, fantaisies pour le piano- 
sur des thèmes d'opéras et sur des mélodies de 
divers auteurs; trios pour piano, violon et vio- 
loncelle, pièces à quatre mains, valses et qua- 
drilles, Louis aborda tous les genres. Il se livrait 
aussi s l'enseignement ainsi que sa jeune femme r 
M me Jenny Louis , pianiste comme lui. N. Louis 
est mort à Paris, jeune encore , au mois de dé- 
cembre 1857. 

LOUIS-FERDINAND ( Frédéric-Chré- 
tien), prince de Prusse, était fils d'Augusle-Fer- 
dinand, frère de Frédéric-Guillaume II. Il naquit 
à Berlin, le 18 novembre 1772. Doué de tous les 
avantages extérieurs, d'une âme noble, de beau- 
coup d'esprit et d'imagination, il aurait pu par- 
courir une carrière glorieuse ; mais dominé par 
ses passions, il ne sut point les régler, et ses 
désordres furent souvent un scandale pour son 
pays. Son instruction avait été confiée aux soins 
d'un précepteur français, qui lui donna des con- 
naissances plus étendues que n'en possèdent 
d'ordinaire les princes. La musique était en- 
trée dans , son éducation : il y fit de rapides 
progrès. Sa brillante bravoure dans la campagne 
de l'armée prussienne , en 1792, lui concilia l'es- 
time des généraux et l'amour des soldats. Cette 
guerre fut de courte durée. Rentré dans un 
repos forcé, qui ne s'accordait point avec ses 
désirs de gloire, le prince rechercha les plaisirs 
avec excès, et ne connut plus d'autre occupation 
sérieuse que la musique. L'arrivée de Dussek à 
Berlin fortifia son penchant pour cet art. L'artiste 
célèbre fut honoré de son amitié, et des relations 
intimes s'établirent entre eux, comme si les posi- 
tions sociales eussent été les mêmes. Les leçons de 
Dussek perfectionnèrent le talent, déjà foçt re- 
marquable, de Louis-Ferdinand sur le piano, et sa 
musique devint le modèle que le prince se pro- 
posa dans ses compositions. Lorsque l'excellent 
violoncelliste Lamarre passa à Berlin, pour se 

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356 



LOUIS-FERDINAND - LOOLIÊ 



rendre en Russie, son talent excita l'enthousiasme 
de ce protecteur zélé des arts, qui lui donna un 
logement dans son appartement, et qui passa sou- 
vent des nuits entières .à exécuter avec lui de la 
musique de piano et de violoncelle. Au milieu 
de cet exercice, il arriva un jour que Louis-Fer- 
dinand parla de la France avec toute la violence 
de sa haine contre ce pays : Monseigneur, dit 
Lamarre, j'ai l'honneur de rappeler à votre 
altesse royale que c'est de ma patrie qu'elle 
parle ainsi ! — C'est juste, mon cher La- 
marre, répondit le prince. J'ai tort» Laissons 
ce sujet, et reprenons notre musique. Leur 
séparation fut celle de deux frères. Avant de le 
quitter, le prince proposa à l'artiste l'échange de 
deux bagues : Lamarre a conservé jusqu'à son 
dernier jour ce témoignage honorable d'une 
amitié bien rare entre des hommes placés dans 
des positions si différentes. 

La guerre, ardemment désirée par Louis-Fer- 
dinand, se ralluma, en 1806, entre la France et 
la Prusse : on en sait les résultats. Chargé du 
commandement d'une division d'avant-garde, le 
prince attaqua les Français à Saalfeld, le 9 octo- 
bre, fut vaincu, et trouva la mort dans ce combat. 

Ses compositions musicales annoncent une 
organisation forte et passionnée. Quoique assez 
incorrectement écrites, elles ont assez de mé- 
rite pour démontrer que leur auteur aurait pu 
prendre une place élevée parmi les artistes , si 
son rang lui eût permis de faire de l'art l'ob- 
jet de méditations plus sérieuses et plus sui- 
vies. On a gravé sous son nom : i°Quintetto 
pour piano, 2 violons, alto et violoncelle ( en ut 
mineur), op. 1; Leipsick, Breitkopfet Haertel. 

— 2° Ottetto pour piano, clarinette, 2 cors, 2 vio- 
lons et 2 violoncelles (en fa mineur); ibid. — 
3° Nocturne pour piano, flûte, violon, alto, vio- 
loncelle obligés, et 2 cors ad libitum, op, 8; 
.ibid. — 4° Larghetto varié pour piado, violon, 
.alto, violoncelle et contrebasse, op. 11; ibid. 

— 5° Rondeau pour piano et orchestre, op. 13, 
ibid. — 6° Andante pour piano, violon, alto et 
violoncelle, op. 4 ; ibid. — 7° .Quatuor idem ( en 
mi bémol), op. 5; ibid. — 8° Idem (en fa mi- 
neur), op. 6; ibid. — 9? Trio pour piano, violon 
et violoncelle, op. 2; ibid. — 10° Idem (en mi 
bémol), op. 10; ibid. —11° Fugue à 4 parties 
pour piano seul, op. 7 ; ibid. — 12° Variations 
pour piano seul (en mi bémol); Paris, H. Le- 
moine. 

LOULIÉ (Etienne) (1), maître de musique à 



(l) La Borde, copié par Forkel, Ocrber, Llchten- 
thal, BccJter et d'autres, a donné A Loulié le prénom de 
François; U n'avait Tratsemblablcment pas lu l'épitrc 



Paris et musicien au service de mademoiselle de 
Guise, dans la seconde moitié du dix -septième 
siècle, n'est connu que par ses ouvrages. Il pa- 
rait avoir été le premier qui imagina de cons- 
truire un instrument pour mesurer les temps 
dans la musique. Cet instrument, qu'il appela 
chronomètre , était composé d'un tableau gra- 
dué depuis 1 jusqu'à 72 degrés de vitesse, avec 
un pendule mobile composé d'une boule de 
plomb suspendue à un cordonnet, qu'on allon- 
geait ou raccourcissait au moyen d'une cheville 
attachée au cordonnet, et qu'on plaçait dans des 
trous correspondants à toutes les divisions de l'é- 
chelle. C'est ce chronomètre, avec quelques mo- 
difications dans l'échelle , que Jean-Étienne Des- 
préaux a reproduit cent vmgtans plus tard comme 
une nouveauté ( voyez Despréaux ). Loulié ima- 
gina aussi de se servir d'un instrument appelé 
sonomètre, pour l'accord des clavecins. U en 
construisit deux sur des modèles différents, et 
les présenta à l'approbation de l'Académie des 
sciences de Paris. Le rapport qui fut fait sur 
ces instruments dans l'histoire de l'Académie 
(ann. 1699, p. 121) dit qu'au moyen du sono- 
mètre toute personne qui n'aurait jamais ac- 
cordé de clavecin pourrait le faire aussi facile- 
ment que les maîtres, pourvu qu'elle eût assez 
d'oreille pour mettre une corde à l'unisson ou 
à l'octave d'uneautre. Les figures lies deux so- 
nomètres de Loulié sont dans le recueil des ma- 
chines approuvées par l'Académie (année 1699, 
p. 187-189 ). Le chronomètre a été approuvé par 
la même société savante en 1701. D'Ons-Em- 
bray, auteur d'un mêtromètre pour battre les 
mesures et les temps de toutes sortes éCairs, 
dit dans sa description de cet instrument (Mé- 
moires de l'Académie des sciences, ann. 1732, 
p. 182) que Loulié fut aussi l'inventeur de la 
patte à régler les papiers de musique. Les ou- 
vrages imprimés de Loulié sont : 1° Éléments 
ou principes de musique, mis dans un nouvel 
ordre, très-clair, très- facile et très-court, et 
divisez en trois parties : la première pour 
les enfants; la seconde pour les personnes 
plus avancez (sic) en dge ; la troisième pour les 
personnes qui sont capables de raisonner sur 
les principes de la musique. Avec l 'estampe ; 
la description et Vusage du chronomètre ou 
instrument de nouvelle invention, par le 
moyen duquel les compositeurs de musique 
pourront désormais inarquer le véritable 
mouvement de leurs compositions, et leurs 
ouvrages, marquez par rapport à cet instru- 

dédlcatoire des Éléments au principes de musique* qui 
est signée Estimne Loulié. 



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LOULIÉ — LOVY 



ment , se pourront exécuter en leur absence 
comme s'ils en battaient eux-mêmes la me- 
sure. Paris, Christophe Bal lard, 1690, in-8° de 
96 [âges, et une planche représentant lechrono- 
mètte. Je n'ai rapporté ce titre fort long que pour 
faire voir que la pensée de l'usage du chronomè- 
tre pour indiquer les mouvements des morceaux 
de musique, reproduite de nos jours par Maelzel, 
avait élé conçue à la fin du dix -septième siècle. 
J'ajouterai que Loulié prend aussi la minute pour 
unitéde temps. Une deuxième édition de ce livre a 
été publiée à Amsterdam, chez Roger, 1698, in-8° 
de 1 10 pages. — 2° Abrégé des principes de 
musique, avec plusieurs leçons Sur chaque dif- 
ficulté de ces mesmes principes. Paris, Chris- 
tophe Ballard, 1696, in-8° obiong de 47 pages. 
Cet ouvrage, espèce de solfège abrégé, est entiè- 
rement différent du premier. C'est le même dont 
H a été fait une édition à Amsterdam (sans date), 
sous ce titre : Élémcnsou principes de musi- \ 
que, avec la manière du chant. — 3° Nouveau j 
système de musique ; ou nouvelle division du \ 
monochorde, avec la description et l'usage 
du sonomètre t instrument de nouvelle inven- 
tion pour apprendre à accorder le clavecin; 
Paris, Christophe Ballard, 1698, in-S°. Je crois 
devoir encore faire remarquer que le monocorde 
et le chronomètre, pris comme bases de rensei- 
gnement par Choqtiel ( voyez ce nom ), dans son 
livre intitulé La musique rendue sensible par 
la méchanique, sont précisément aussi les fon- 
dements du système publié par Loulié soixante 
ans auparavant. 

LOULIÉ (A.), né à Paris, vers 1775, reçut 
des leçons de, violon de Gaviniès, et entra à l'O- 
péra- Comique comme un des seconds violons, 
lors de la réunion des deux théâtres Favart et 
Feydeau, en 1801. Retiré en 1832 avec une pen- 
sion, il est mort peu de temps après. On a de 
cet artiste : 1° Six duos pour 2 violons, op. 1 . ; 
Paris, Jane t. — 2° Trois duos pour violon et 
alto, op. 2 ; Paris, Louis. — 3 9 Trois duos pour 
deux violons , op. 3 ; ibid. — 4° Trois idem, 
op. 4 ; ibid. — 5° Trois duos pour violon et alto, 
op. 5 ; ibid. Gerber a confondu ce Loulié avec le 
précédent, qui vivait plus d'un siècle avant lui. 

LOUYS (Maître Jran), ou LOYS, musicien 
belge du seizième siècle, fut attaché au service des 
empereurs Maximilien I er et Ferdinand, en qualité 
de diantre de leur chapelle. JoannelH a publié 
quelques-uns de ses motels dans le Thésaurus 
97tttsfcu5,imprimé à Venise,chez Gardane,en 1568. 
On en trouve aussi dans le recueil intitulé Hor- 
tus musarum 9 imprimé chez Pierre, Phalèse, 
à Louvain, en 1552. Des chansons, françaises à 
trois parties de Jean Louys ont été insérées 



357 

dans les recueils qui ont pour titres : 1° Jardin 
musiqualj contenant plusieurs belles fleurs de 
chansons à trois parties, choysies d'entre les 
œuvres de plusieurs autheurs excellents en 
Vart de musique. Le ^premier livre. En An- 
vers, par Hubert Vaelrant et Jean Laet 
(sans date, mais vraisemblablement en 1565), 
in-4°. — 2° Recueil des fleurs produictes de la 
divine musicque à trois parties, par Clément 
non Papa, Thomas Cricquillon, et aultres ex- 
cellents musiciens. Louvain; de V imprimerie 
de Pierre Phalèse, Van 1569. On a aussi de Jean 
Louys 50 psaumes de David mis en musique ; 
Anvers, 1555, in-4°. Cet ouvrage, cité par Ger- 
ber, est à la bibliothèque royale de Munich. 

LOUYS ( Le seigneur ), gentilhomme fran- 
çais attaché au service du cardinal le Richelieu, 
fut un des plus habiles joueurs de guitare, au 
commencement du dix-septième siècle. M a pu- 
blié un Livre de chansons en tablature de gui- 
tare; à Paris, chez Ballard, 1626, in»4<>. Louys 
a noté ses chansons en tablature double, à sa- 
voir les chiffres français et les lettres majuscules 
italiennes, suivant les méthodes de Misioni et de 
Colonna. 

LOVY (Israël), hazan ou chantre, et mi- 
nistre officiant de la synagogue de Paris, fut 
doué par la nature d'une voix admirable, qui 
réunissait les registres de basse et de ténor, et y 
ajouta le double mérite d'être bon chanteur et 
d'imaginer des chants où le caractère oriental 
s'alliait d'une manière originale avec les formes 
mélodiques des belles écoles de l'Italie. Israël 
Lovy naquit près de Dantzick, au mois de sep- 
tembre 1773. Son père ainsi que son aïeul 
avaient rempli les fonctions de hazan dans les 
temples israélites de la Pologne ou de la Pomé- 
ranie ; quant à lui , on le destinait aux études 
qui pouvaient le conduire au rabbinat. Très-jeune 
encore, il accompagna ses parents à Glogau, en 
Silésie, où son père était appelé en qualité de 
chantre de la synagogue. Élevé au milieu des 
docteurs et des rabbins de cette ville, le jeune 
Lovy fit de rapides progrès dans les éludes 
tatmudiques; mais sa vocation musicale fut 
un obstacle invincible aux projets de sa fa- 
mille. Déjà il chantait au temple avec son père, 
et ses coreligionnaires remarquaient avec satis- 
faction sa manière large et accentuée de réciter 
la mélodie traditionnelle de la Bible et des prières 
hébraïques : il joignait à l'intelligence parfaite 
des textes sacrés le charme d'un organe doux et 
sonore qui en faisait sentir l'éloquence et la poé- 
sie. A près 'deux années d'études complètes de 
tout ce qui compose le savoir d'un chantre 
israétite, Israël Lovy entreprit son pèlerinage de 



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358 



LO VY — LOW 



hazan , et visita les synagogues de la Silésie, de 
la Saxe, de la Bohême, de la Moravie , d'une 
partie de l'Autriche et de la Bavière, accompa- 
gné de deux aides chanteurs qui l'avaient vu 
naître; ce fut dans ces voyages que son éduca- 
tion musicale se développa , par la connaissance 
qu'il fit des œuvres des grands maîtres, particu- 
lièrement de Haydn et de Mozart. 

Après six ou sept ans d'une vie nomade, Lovy 
arriva à Furth (Bavière), en 1799. On l'y re- 
tint , et il s'y maria. Son séjour dans cette ville 
(1799-1806) fut une des époques les plus heu- 
reuses de sa vie. Ce Tut alors qu'il étendit ses 
connaissances en musique , étudiant avec une 
égale ardeur le piano, le violon et le violon- 
celle. Dans le même temps il apprenait aussi 
le français, d'un émigré logé dans sa maison, 
ainsi que la langue italienne. En 1806, Israël 
•Lovy passa de Furth à Mayence, où il resta trois 
ans, pois à Strasbourg, où son séjour fut de 
huit années, sauf un voyage de quelques mois 
•qu'il fit en 1816, pour revoir ses parents de 
Glogau, et qui lui procura l'occasion de se 
faire entendre dans les" synagogues de Berlin et 
de Francfort. La réputation croissante de son 
talent lui fit faire, en 1817, des propositions 
avantageuses pour le fixer à Londres , au temple 
Israélite. Il partit pour s'y rendre, mais avec le 
dessein de s'arrêter d'abord à Paris, où il ar- 
riva au mois de février 1818, après avoir chanté 
à Metz, à Thionville et à Verdun. Ce voyage, 
qui dans sa pensée ne devait être qu'une excur- 
sion de quelques mois, aboutit à un établisse- 
ment définitif. Les israélites de Paris l'accueil- 
lirent avec enthousiasme, et bientôt on parla 
dans les salons des artistes les plus célèbres, et 
des amateurs d'élite , du chant du hazan de la 
synagogue comme d'une merveille inouïe. On 
courait pour l'entendre dans les temples de la 
rue Sainte-Avoie et de la rue du Chaume, et les 
caresses les plus séduisantes lui étaient prodi- 
guées pour l'attirer chez les dilettanti qui don- 
naient alors le ton. L'engouement fut poussé 
jusqu'à vouloir transformer le ministre officiant 
du culte judaïque en acteur de l'Opéra. Plus sage 
que ses admirateurs, Israël Lovy sut résister à 
cet entraînement. Revenu d'un éblouissement 
passager, il disparut des 6alons de Paris, aban- 
donna son projet de voyage à Londres, et signa 
un engagement définitif avec le consistoire Israé- 
lite de Paris. Une modification liturgique du 
culte fut le résultat de son engagement : ce fut 
lui qui particulièrement en fut chargé. Un nou- 
veau temple avait été bâti : l'inauguration en 
fut faite le 5 mars 1822, et les anciennes tra- 
ditions furent abandonnées pour de nouveaux 



chants composés par Lovy ; pour la première 
fois la synagogue retentit d'un chœur de voix 
d'enfants et des sons de l'orgue chrétien. On lit 
dans une notice placée en tête de l'édition pos- 
thume des chants composés par Lovy : « Ces ré- 
« formes, qui suscitèrent d'abord quelques récla- 
« mations parmi tes plus orthodoxes, bien qu'elles 
« ne touchassent en rien au dogme, finirent par 
« triompher de tous les scrupules, grâce à l'ex- 
« cellence des résultats : » A ne considérer que 
la musique en elle-même, il y avait sans doute 
du charme dans les nouveaux chants de Lovy, 
dans leur exécution par lui-même, avec sa belle 
voix d'une étendue extraordinaire et sa facile 
vocalisation, ainsi que dans le chœur harmo- 
nieux qu'il avait organisé : j'en ai plusieurs fois 
admiré l'effet; mais au point de vue de l'intérêt 
historique, on ne peut nier que ces formes mo- 
dernes et celte harmonie euroj>éenne ne fussent 
une altération regrettable de l'ancien caractère 
oriental du chant du temple. Il existe encore des 
traditions de chants originaux qui ont traversé 
les siècles, et qui, dans leur contexture ainsi que 
dans leurs ornements primitifs , conservent le 
cachet d'une antiquité non contestable ; mais il 
est à craindre que la réforme entreprise par Lovy, 
et continuée par ses successeurs, n'efface bien- 
tôt les restes de ces monuments de Tart an- 
tique. 

Les fatigues occasionnées à Lovy par ses efforts 
pour l'accomplissement de son œuvre finirent 
par ébranler sa forte constitution. Déjà malade, 
il ne continua pas moins de célébrer les offices 
du samedi , et les jours de fête ij chantait pres- 
que tout le jour, et rentrait épuisfi dans sa de- 
meure. Quand il voulut prendre du repos, il n'é- 
tait plus temps : une maladie de poitrine s'était 
déclarée ; elle le mit au tombeau , le 7 janvier 
1832, à l'Age de cinquante neuf ans. Ses chants 
ont été recueillis par son fils, M. Jules Lovy, 
rédacteur en chef du Journal de musique, le Mé- 
nestrel, aidé par MM. David et Calien, lauréats 
du concours de composition de l'Institut de 
France, et par M. Naum bourg (voyez ce nom), 
ministre officiant : le recueil de ces chants re 
ligieux a été publié à Paris, chez Heugel, avec le 
portrait d'Israël Lovy. 

LOW (Edouard), musicien anglais, né à Sa- 
lisbury, dans la première moitié du dix-septième 
siècle, étudia les principes de son art sous la direc- 
tion de J. Holrn, organiste de la cathédrale, et 
fut d'abord simple choriste dans cette église. Vers 
1650, il eut l'emploi d'organisle de l'église do 
Christ, à Oxford, et il succéda, en 1661, au doc- 
teur Wilson dans les fonctions de professeur de 
musique à l'université. Il mourut à Oxford, le 



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LOW — LUCAN 



359 



11 juillet 1682. On a de ce musicien un livre 
intitulé : Some short directions for the per- 
formance of catkedral service (Quelques rè- 
gles courtes pour l'exécution de la musique 
-d'église). Oxford, 1661, in-8°. Il a été publié une 
deuxième édition de ce petit ouvrage, avec des 
additions et le portrait de l'auteur; à Oxford, 
1664, in- 12. 

LOYSET , c'est-à-dire Petit Louis, prénom 
sous lequel on désignait quelquefois le musicien 
COMPÈRE , [voyez ce nom ). Voyez aussi PIÉ- 
TON. 

LUBBERT (Émile-Timotrée), ancien di- 
recteur de l'Opéra de Paris, est né à Bordeaux, 
le 18 février 1794, d'une famille originaire de 
Hollande. Destiné à jouir % d'une fortune consi- 
dérable, il avait reçu une éducation brillante, seul 
bien qui lui resta quand le système continental 
de Napoléon eut causé la ruine des entreprises 
commerciales de son père. Il venait d'achever 
à Paris ses études avec distinction, lorsque son 
parent Garât, directeur de la Banque de France, 
lui lit obtenir une place d'inspecteur de la loterie, 
au ministère des finances. Ce fut alors qu'il devint 
élève de l'auteur de cette notice et fit sous sa di- 
rection un cours d'harmonie et de composition. 
Le 14 avril 1823, il a fait représenter au théâtre 
•Feydeau un opéra-comique en un acte , intitulé : 
Amour et Colère, Cet ouvrage n'a pas réussi. 
Plus tard, il a écrit un autre opéra, en deux actes, 
sur un livret de M. Scribe ; mais diverses cir- 
constances en ont empêché la représentation. 
Nommé directeur de l'Opéra en 1827, il a mon- 
tré d'abord quelque intelligence dans son admi- 
nistration ; mais bientôt il s'est abandonné à l'in- 
dolence de son caractère, n'a pas su profiter des 
succès qu'il obtenait avec quelques beaux ou- 
vrages, et a mis cliaque année le ministre de la 
maison du roi dans la nécessité de combler d'é- 
normes déficits. Après la révolution de juillet 
1830, la malveillance s'est fait contre lui une 
arme de ses fautes, et l'administration du pre- 
mier théâtre de Paris lui a été retirée pour être 
mise en entreprise particulière. Ses nombreux 
amis auraient pu réparer cet échec et lui faire 
obtenir quelque place avantageuse, mais la mal- 
heureuse fantaisie qu'il eut de prendre en 1831 
l'entreprise du théâtre de l'Opéra-Comique à ses 
risques et périls le conduisit bientôt à sa ruine. 
Forcé d'abandonner Paris, il se rendit en Egypte, 
où il fut chargé de l'organisation des fêtes et di- 
vertissements de Mehemet-Ali. Plus tard il y eut 
le titre de wesquil (chargé d'affaires). Il est 
mort au Caire, dans le mois de mars 1859. 

LUBER (Antoine ) , écrivain didactique alle- 
mand de l'époque actuelle, est connu par un 



traité général de musique et d'harmonie , inti- 
tulé : Versuch fiiner griindlichen und fassli- 
chen Anleitung ûber die Begeln der Tonsetz- 
kunst (Essai d'une introduction naturelle et fa- 
cile aux règles de la composition ) ; Coblence, 
J. Hœïscher, 1830, 2 parties in-4°. 

LUBIN (Léon de SAINT-); voyez SA1NT- 
LUBIN. 

LUBOM1RSKI (Le prince Casimir), des- 
cendant des princes Stanislas Lubomirski qui 
s'illustrèrent dans le dix-septième siècle, et dont 
un fut grand maréchal de la couronne, en Po- 
logne, est né vers 1815. Amateur passionné de 
musique, il a cultivé cet art dès son enfance, et 
s'est livré à la composition avec quelque succès" 
On a publié de lui, tant en Allemagne qu'à Var- 
sovie, des chants à voix seule avec piano, et des 
danses polonaises pour cet instrument. Dans le 
nombre de ces légères productions on remarque : 
1° Deux chants allemands et une romance ita- 
lienne pour soprano et piano, op. 3; Dresde, 
Meser. — 2° Trois Mazourkes pour piano, op. 9; 
ibid. — 3° Trois idem, op. 10; ibid. — 3° Trois 
idem, op. H ; ibid.— V Le Dialogue et Le Som- 
meil, deux poèmes pour voix seule et piano ; Leip- 
sick , Kistner. — 5° Galop du Postillon et 
Mazoures, op. 50 ; Pétersbourg et Hambourg; 
ia\ — 6° Polonaise et deux Mazoures, op. 51 ; 
Dresde, Meser. — 7° Plusieurs romances avec 
piano; Varsovie. 

LUCACIH (Jean), compositeur, néàScbe- 
nico (Dalmatie), dans les dernières années du 
seizième siècle, fut maître de chapelle de la ca- 
thédrale de cette ville. On a de lui un ouvrage 
intitulé : Sacrœ cantiones singulis, hinis, ter- 
nis, qualernis, quinisque vocibus concinnatx 
a Jacobo Finetio Anconitano, in ecclesia ma- 
gna domus Venetiarum musices magistro , in 
lucemeditx. Sub signo Gardant; Venetiis , 
1620, in-4°. Dans la préface, le P. Finetti (voyez 
ce nom) dit qu'ayant fait un voyage en Dalmatie, 
il fut frappé du mérite des motets de Lucacih, et 
qu'il les recueillit pour les faire connaître à tous 
ceux qui se délectent de bonne musique. Un 
exemplaire complet de cet ouvrage rare se trouve 
à la bibliothèque royale de Berlin. 

LUCAN (Matthieu), musicien de l'église ca- 
thédrale de Dijon, est auteur d'un livre qui a 
pour titre : Méthode de plain-chant parisien, 
divisée en deux parties; Dijon, Douillier, 1826, 
in- 12 , avec 3 planches. Une deuxième édition 
de cet ouvrage, considérablement augmentée, a 
paru à Lyon et à Paris, chez Rusand, 1828, 
in- 12. 

LUCAN (Henri), compositeur et professeur 
de musique à Hanau, en 1842, fut auparavant 



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360 



LTJCAN — LUCCHESl 



attachéàla famille du prince Nicolas Dolgoroucky, 
en qualité de professeur de piano. Il a publié 
quelques œuvres pour cet instrument, La Chan- 
son de soldat y ballade pour voix seule avec 
piano, op. 5 , Offenbach, André, et trois Lieder 
pour voix de soprano, avec piano, op. 6, ibid. 

LUCARIO (Jean-Jacques), prêtre et maître 
de chapelle de l'église Santa-Croce, à Venise, 
vivait vers le milieu du seizième siècle. On a im- 
primé de sa composition un recueil de motets à 
quatre voix, sous ce titre : D. J. Jacobi Lucarii 
conceniuum qui vulgo Motelia nuncupantur 
liber primus quatuor vocum ; Venetiis, apud 
Ant. Gardane, 1547, in-4° obi. 

LUC AS (Ignace), né à Krinlzen, en Silésie, 
le 29 avril 1762, alla faire ses études au gymnase 
Léopoldin à Breslau, en 1773, et y apprit le 
chant. Dix ans après il quitta le gymnase, et 
entra à l'église Saint-Vincent en qualité de chan- 
teur. Sa voix de basse était d'un beau timbre. 
Il jouait bien de plusieurs instruments , mais 
particulièrement du violon, sur lequel Ditters- 
dorf assure qu'il possédait un talent remarqua- 
ble. Cet artiste s'est distingué par la composition 
de danses qui ont eu de la vogue en Silésie. 

LUCAS (Louis), né à Reims, vers 1818, est 
membre de l'Académie et de la société des Bi- 
bliophiles de cette ville. Après avoir publié quel- 
ques opuscules qui furent peu remarqués^ 
M. Lucas vint à Paris, et y fut rédacteur en chef 
du journal qui avait pour titre <Le Dix Décembre. 
Plus tard, il obtint un consulat en Amérique, si 
nous sommes bien informé. Nous ignorons les 
motirs qui lui ont fait abandonner la carrière di- 
plomatique et l'ont ramené à Paris, où on le re- 
trouve en 1854. En 1849, M.Louis Lucas publia 
un livre qui avait alors pour titre : Une révo- 
lution dans la musique. Essai d'application 
à la musique d'une théorie philosophique f 
Paris, Paulin et Lechevalier, t volume in -18°, 
de 326 pages, avec une préface de xxx pages 
par M. Théodore de # Banville, ami de l'auteur. 
Bousquet ( voy. ce nom) rendit compte du livre 
de M. Lucas dans le numéro de V Illustration 
du 9 février 1850; mais l'indifférence du public 
pour l'ouvrage persista en dépit de cette annonce, 
car on n'en vendit pas trois exemplaires. Revenu 
à Paris, M. Lucas a essayé de ranimer en sa fa- 
veur l'attention des artistes et des amateurs, au 
moyen d'un nouveau titre et d'une couverture qui 
donnent aux exemplaires du seul tirage qui ait été 
fait l'aspect d'une seconde édition. Cette édition 
supposée est intitulée : V Acoustique nouvelle, 
ou essai d'application d'une méthode philoso- 
phique aux questions élevées, de l'acoustique, 
de la musique et de la composition musicale ; 



Paris, l'auteur, 1854, 1 vol. in- 18. Comme beau- 
coup d'autres qui ont cru avoir découvert le prin- 
cipe de la science de la musique, M. Lucas com- 
mence par faire le procès aux théories qui ont 
précédé la sienne. Voici son début .- 

« Après une étude patiente et laborieuse des 
« phénomènes qui ont lieu en musique , je me 
« suis assuré que l'absence de principes vraiment 
« rationnels et l'introduction de trois grandes er- 
« reurs, avaient particulièrement entravé les 
•< progrès de la science pure. » Le principe in- 
voqué par M. Lucas est Vat traction (des sons), 
qui donne naissance aux lois spéciales de suc- 
cession, consonnance, et comparaison, qui chez 
lui signifie la tonalité. Les grandes erreur* con- 
sistent : 1° dans les fonctions attribuées aux 
dissonances; 2° dans les formules de résolu- 
tion de ces dissonances; 3° dans la croyance 
à une tonalité absolue. Avant d'aller plus loin , 
constatons que M. Lucas emprunte la loi d'at- 
traction et ses conséquences à la doctrine expo- 
sée dans tous les ouvrages de l'auteur de cette 
biographie. Constatons encore que le rôle actuel 
et futur de l'enharmonie, appelée par M. Lucas 
Yenh armonisme, est encore un emprunt fait 
par lui à la même source ; mais qu'il nV com- 
pris ni la nature ni la signification de ces choses 
dans leurs résultats. Comme tous les savants qui 
ont l'habitude des sciences défaits, et qui essayent 
de porter leurs méthodes dans la musique, il ou- 
blie que la science d'un art qui n'a de base que 
dans le sentiment ne peut être traitée de la même 
manière que les sciences physiques et mathéma- 
tiques, et, comme tous ses devanciers» il s'égare 
dans ses déductions de principes, dont la signifi- 
cation n'est pas celle qu'il leur attribue. 11 n'y a 
de vrai dans son livre que ce qu'il emprunte : 
quant aux applications qu'il en fait, elles ne sont 
qu'un tissu d'erreurs, ou bien elles ne sont que 
la reproduction de ce qu'on a écrit avant lui. A 
la fin de son ouvrage il a reproduit la vieille tra- 
duction française du livre de la musique d'Eu- 
clide, par Forcadel ( V. ce nom), et le dialogue 
de Plutarque sur la musique traduit par Burette 
(F. ces noms). L'ouvrage de M. Lucas a rebuté 
les lecteurs par son style pédantesque,.et n'a 
eu aucun succès. 

LUCATELLO (Jean-Baptiste). Voyez 

LOCATELLO. 

LUCCHESl (André), compositeur, naquit 
le 27 mai 1741, à Motta, dans le Frioul Vénitien. 
Ses mattres de contrepoint furent le P. Paolucci, 
savant musicien dont on a un bon traité de compo- 
sition pratique (F. Paolucci) et Saratelli, maître • 
de chapelle à Venise. Cocchi, maître napolitain, 
lui donna ensuite des leçons pour le style théfttrai. 



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LUCCHESI — LUCE 



301 



En 1771, il se rendit à Bonn avec une troupe 
italienne de chanteurs d'opéras ; il y entra au 
service de l'électeur, eu qualité de maître de cha- 
pelle, avec un traitement de mille florins. Excel- 
lent organiste , il se faisait remarquer par un 
talent de nature absolument différente de la ma- 
nière allemande. Comme compositeur, il cultivait 
en homme habile les genres dramatique , reli- 
gieux et la musique instrumentale. Il parait avoir 
vécu a Bonn jusqu'au commencement du dix- 
neuvième siècle. Ses ouvrages pour le théâtre 
sont : 1° V Isola délia Fortuna ; Venise, 1765. 

— 2° Il Marilo geloso; ibid., 1766. — 3° Le 
Donne sempre donne ; ibid. — 4° il Matrimo- 
nio perastuzzia ; ibid., 1771. — 5° Il Giocatore 
amoroso , intermède à deux personnages. — 
G° Cantate pour une fête que la république de 
Venise donna en 1767 au duc régnant de Wur- 
temberg. — 7° // Natal di Giove. — 8° Uln- 
ganno scoperto. Ces deux dernières pièces à 
Bonn. — 9° Ademira, à Venise, en 1775. — 
10° Quelques autres intermèdes et cantates i 
Bonn. Lucchesi a composé pour l'église : 11° Vê- 
pres à deux chœurs. — 12° Un oratorio latin. 

— 13° Te Deum. Ces trois compositions ont été 
écrites pour le conservatoire des Incurables , à 
Venise. — 14° Messe de Requiem pour les ob- 
sèques du duc de Monte Allegro, ambassadeur 
d'Espagne à Venise. — 15° Messe pour la collé- 
giale de Saiut-Laurent , dans la même ville. — 
16° Messe et vêpres pour la fête de la Conception 
de la Vierge, à Vérone. — 17° Plusieurs messes 
et motets pour la chapelle de Bonn. On a gravé 
de sa composition : — 18° Trois symphonies pour 
l'orchestre. — 19° Six sonates pour clavecin et 
violon. — 20° Trio pour clavecin, violon et vio- 
loncelle. ^21° Deux concertos séparés pour cla- 
vecin. II a laissé en manuscrit plusieurs autres 
concertos et quatre quatuors pour le même ins- 
trument. 

LUCCHESI (Jules-Mabie), violoniste et 
compositeur, né a Pise, vers le milieu du dix* 
huitième siècle, eut pour premier maître de violon 
Moriano, puis reçut quelques leçons de Nardini. 
H se livra ensuite à l'élude du contrepoint sous 
la direction de Cecchi. Après avoir vécu quel- 
que temps à Vienne, il entra au service de l'ar- 
chevêque deSalzbourg. En 1799 il est retourné 
en Italie, où il paraît avoir cessé de vivre peu de 
temps après. On a gravé de sa composition : 
1° Trois duos pour deux violons, op. 1 ; Vienne, 
1794. Us ont ét&réimprimés à Bàle en 1795. — 
2° Trois duos idem, op. 2; Augsbourg, 1796. — 
3° Six sonates pour piano et violon, op. 3; ibid., 
1796. On connaît aussi en Italie, de la composi- 
tion de cet artiste, quelques symphonies à grand 



orchestre, et plusieurs morceaux de musique vo- 
cale. 

LUCCHES1NI (Jacques, comte DE), d'une 
famille noble deLucques, entra jeune au service 
de l'Autriche, sous le règne de l'empereur Char» 
les VI, et fut chef d'escadron au régiment de 
cuirassiers de Schri. Il fut tué en 1739, à la ba- 
taille de Krotska. Lorsque Mizler forma sa so- 
ciété de musique, le comte de Lucchesini en fut 
le premier membre. On connaît de lui quelques 
concertos et des cantates en manuscrit. 

LUCCBINI (Matteo), compositeur véni- 
tien, né dans la seconde moitié du dix-septième 
siècle, a écrit en collaboration avec Jérôme Bas- 
sani la musique d'un opéra intitulé Amor per 
forza, qui fut représenté au théâtre S. Mosè, de 
Venise, en 1721. 

LUCE (Georges), facteur d'orgues, né à 
Jersey, en 1799, exerça d'abord la profession 
de menuisier, et s'établit à Lisieux. Il était âgé 
de vingt-huit ans lorsqu'il commença à s'occuper 
de la facture des orgues. Ses principaux ouvrages 
sont : 1° L'orgue de Saint- Denis à Lisieux (8 pieds 
avec pédale de 16), construit en 1838. — 2° La 
réparation de l'orgue de Saint Germain d'Argen- 
ton, dont la montre de 16 pieds et la bombarde 
de pédale ont été refaites à neuf par lui en 1839. 
— 3° La restauration de l'orgue de Notre-Dame 
de Saint-Lô, grand 8 pieds en montre, avec pé- 
dale de 16, en 1840. — 4° L'orgue de Cormeille, 
8 pieds avec trompette et récit, soufflerie à dou- 
ble pompe, réglée par des parallélogrammes, en 
1841 . — 5° L'orgue de 8 pieds du couvent de la 
Providence, à Lisieux, en 1841. — 6° La recons- 
truction à neuf de l'orgue de l'église de Saint- 
Pierre à Dreux, en 1843. L'instrument, originai- 
rement construit par Clicquot , est remarquable 
par la bonté des jeux : M. Luce a refait les som- 
miers, le mécanisme et les claviers. — 7° La 
restauration de l'orgue de l'église de Saint-Mar- 
tin, à l'Aigle, en 1844. 11 en a fait à neuf le som- 
mier du grand orgue, le mécanisme, et la souffle- 
rie à double pompe. — 8° L'orgue des Lyre 
(dép ( de l'Eure), grand 8 pieds à 2 claviers, sans 
pédales; en 1845. — 9° Un orgue semblable a 
Labarre (Eure), en 1845. — 10° Le grand orgue 
de Saint-Jacques, à Lisieux, terminé le 9 juillet 
1846, à 3 claviers, 39 jeux, soufflet à lanterne 
et deux pompes. Cet instrument a coûté 25,000 
francs. — lio La restauration de l'orgue de No- 
tre-Dame d'Alençon, dont M. Luce a refait tous 
les sommiers, la soufflerie, le mécanisme, le récit 
enfermé dans une boite à jalousie, et la montre 
de 16, avec des bombardes à la pédale. M. Ha- 
roel dit (Nouveau Manuel complet de Vorgve, 
t. III, p. 458) que les ouvrages de ce facteur 



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LUCE — LUCIO 



sont bien disposés, exécutés avec beaucoup de 
soin, et que les matériaux en sont d'une qualité 
et d'un eboix remarquables. 

LUCE-VARLET (C), violoniste et com- 
positeur amateur, né à Douai , le 13 décembre 
1781, commença dans cette ville ses éludes 
musicales. En 1801, il fut admis au Conserva- 
toire de Paris, et y Tut élève de Baillot pour le 
violon, de Catel pour l'harmonie, et de Gossec 
pour le contrepoint. De retour à Douai en 1805, 
il s'y maria et s'y fixa. Devenu dès lors le centre 
d'activité de la culture de la musique dans cette 
ville, il y établit des concerts d'orchestre dont il 
fut le chef, et des séances de quatuors, où il 
jouait le premier violon avec talent. Il se livra 
aussi à la composition, et produisit beaucoup 
d'ouvrages de tout genre, parmi lesquels on 
compte quatre œuvres de quatuors pour instru- 
ments à cordes, un quintette pour les mêmes 
instruments, 3 trios pour deux violons et basse , 
Paris, Schonen berger; une ouverture à grand 
orchestre en ut ; deux concertos pour le violon 
avec orchestre; plusieurs airs variés pour le 
môme instrument ; deux trios pour piano , vio- 
lon et violoncelle ; des entr'actes pour des dra- 
mes représentés au théâtre de Douai ; beaucoup 
de cantates, hymnes et chœurs, dont un Hymne 
à l'humanité, pour ténor et chœur avec or- 
chestre ou piano, gravé à Paris, chez Henri Le- 
moine, des stances avec chœur et grand or- 
chestre, à l'occasion de la naissance du duc de 
Bordeaux, gravées à Paris, chez Frey , et les 
opérés intitulés : 1° Caroline de Tytzdenz, en 
un acte, représenté à Douai, en 1820; — 2° La 
Prévention, en un acte, représenté à Douai . 
Valenciennes et Cambrai, en 1822 et 1825; — 
3° La Mort de Paul 1<*> en trois actes, en col- 
laboration avec Victor Lefèvre (voy. ce nom) et 
Bovery ; cet ouvrage fut représenté à Douai, en 
1834; — 4° Les Ruines de Mont-Cassin, opéra 
sérieux en trois actes, représentée Douai, en 1836 ; 
— 5° L'Élève de Presbourg, en un acte, re- 
présenté avec succès au théâtre de l'Opéra-Co- 
mique, à Paris, le 24 avril J8'i0, et dont la par- 
tition a été gravée chez Henri Lemoine. Luce- 
Yarlct a été fait chevalier de la Légion d'hon- 
neur, en 1845. Il est mort à Douai, en 1856. 

LUCELBURG (André), auteur sur qui l'on 
ne sait rien, mais à qui Draudius (Bibl. class., 
p. 1641) et Lipenius (Bibl. philos., p. 976) 
attribuent un pelit traité de musique intitulé 
Musica practicx libri duo ; Cobourg et Jena, 
1604, in-8°. 

LUCIEN, écrivain grec, naquit à Samosate 
en Syrie, et vécut entre les années 120 à 200 de 
l'ère chrétienne. Après avoir fait ses études lit- 



téraires dans les écoles publiques, il embrassa 
la profession d'avocat, et plaida près des tribu- 
naux d'Anliochc, puis parcourut l'Asie, la Grèce 
et la Gaule, prononçant des discours sur les 
questions qui lui étaient proposées, et recueil- 
lant un produit considérable de son talent d'o- 
rateur. Fixé plus tard à Athènes, il s'y livra à 
des travaux plus sérieux et y composa ses ou- 
vrages les plus importants. Un emploi lucratif 
qu'il obtint de l'empereur Commode le fna en 
Egypte, où il vécut jusqu'à un âge avancé. L'é- 
dition complète des œuvres de Lucien donnée 
par Hemsterhuys et Reitz (Amsterdam, 1743-46, 
4 vol. in-4°) a longtemps passé pour la meil- 
leure ; elle a été réimprimée avec quelques va- 
riantes à Deux-Ponts (1789-93, 10 vol. in-8°); 
mais celle qui a été publiée à Leipskk, 1821-31, 
11 vol. in-8° f est préférable. Un des ouvrages de 
Lucien, intitulé : Les Hannonidcs, traite spé- 
cialement de la musique. Il y a aussi plusieurs 
fragments sur cet art dans ses Dialogues des dieux 
et dans sa Dissertation sur la danse. 

LUC1NI (François) ou LUC1NO, né à Mi- 
lan, dans la seconde moitié du seizième siècle, 
fut un des plus anciens chanteurs célèbres de 
l'Italie. Attaché à l'église cathédrale de Milan, 
depuis Tan 1600 jusque vers 1630, il en fut la 
meilleure basse chantante. On a sous son nom ; 
Concerli di diversi aulori a due, tre e qualtro 
voci in questa terza impressions correttiet 
aggiuntovi altri concerli a dueequattro voci, 
conuna Missa a quattroc due Magnificat ; Mi- 
lano, raccolli daFilippo Lomazzo, t616,in-4°. — 
Concerti di diversi autori a due, tre e quat- 
tro roci, seconda aggiunta con Litanie délia 
Beat a Virgine, e MCanioni; ibid., 1617, in-4°. 
Une partie des compositions contenues dans ce 
recueil est de Lucini. La première édition de 
cette collection, con partitura, a été publiée à 
Milan, en 1608. 

LUCIO (François) ou LUZZO, compositeur 
vénitien, vécut vers le milieu du dix-septième 
siècle. Il a écrit la musique des opéras dont voki 
les titres : 1° Amori di Alessandro Magno e 
di Rossanc , représenté en 1652 , au théâtre 
des SS. Apostoli, de Venise. Le succès de cet 
ouvrage fut grand, car il fut joué aussi à Gènes, 
en 1652, à Naples, en 1654, à Modène, dans la 
même année, et il fut repris à Venise, au 
théâtre San-Mosè, en 1667. — 2° Il Pericle 
effeminato, au théâtre des SS. m Apostoli de Ve- 
nise, en 1653. — 3° Euridamante, au théâtre 
San-Mosè, en 1654. — 4° Medoro, au théâtre 
de .S.S. Jean et Paul, à Venise, en 1658. On 
connaît aussi de ce musicien des Motetti con- 
certait a duc e tre voci co'l basso per orgcmo f 



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LUCIO — LUDWIG 



363 



iibro primo ; in Venezia, appresso Alessandro 
Vincenti, 1649, in-4°. 

LUCOT ( Alexandre ), littérateur français de 
l'époque actuelle, a publié : Art lyrique, poème 
■avec notes et variantes, suivi d'une table des 
rompositeurs* anciens et modernes; Paris, Fan- 
tin, 1821, in- 18. C'est cet auteur qui est cité 
sous le nom de Lucet (Alexis), dans la Ga- 
zette musicale deLeipsick (t. 32, p. 698). 

LUDECIUS (Matthieu), chantre de l'an- 
cienne église catholique de Witlenberg, vers la 
fin du sejzième siècle, a donné des soins à la 
-dernière édition des livres du citant romain pu- 
foliée dans l'Allemagne protestante. Ces livres, 
<|ui sont devenus fort rares , sont intitulés : 
l° Missale, id est cantica et preces atque lec- 
tiones sacrx qux ad missx officium, ex 
orimo xvo ecclesix pio insliiuto , in templis 
christ ianorum cantari soient , in duas partes 
<i't3iributx : prior est detempore, posterior 
de Sanctis. Vitebergœ, 1589, in-fol. max. — 
ï° Vespérale et Matutinale, hoc est cantica, 
hymni et collecta, sive precationes ecclesias- 
ficx qux in primis et secundis Vesperis, 
itemque Matutinis precibus, per totius anni 
rirculum, in eccles'iis et religiosis piorum 
rongressibus , cantari usitatx soient, notis 
rite adplicatx, et in duas parles ordine di- 
{jeslit; ihid., 1589, in-fol. max. 

LUDEKE ( Christophe-Guillaume ), doc- 
teur en théologie, premier pasteur et assesseur 
•du consistoire dans la paroisse allemande de 
.Stockholm , naquit à Sçhœnberg, dans la Vieille 
Marche, le 3 mars 1737. En 1768 il était pas- 
teur de l'église Sainte-Catherine à Magdebourg ; 
il quitta ce poste en 1775, pour aller prendre 
possession de ses emplois à Stockholm. Il est 
mort dans cette ville, le 21 juin 1805. Au nom- 
bre de ses écrits, on en trouve on qui a pour 
titre : Rede und Predigt bel Einweihung einer 
neuen Orgel in Gegenwaii des Kcenigs von 
Schxvedcn (Discours et sermon à l'occasion d'un 
nouvel orgue, prononcés en présence du roi de 
Suède); Stockholm et Leipsick, 1781 , in- 8°. 
•Dans son livre intitulé : Allgemein Schwedisches 
-Gelehrtsamheitsarchiv, unter Gustav ///(Ar- 
chives universelles de l'érudition suédoise, sous 
le règne de Gustave III), Leipsick, Brockhaus, 
4781-96, 7 parties in-8°, il traite de la littéra- 
ture de la musique. 

LUDEIV (Hekri), professeur d'histoire à 
Jéna, né le 10 avril 1780, à Lockstadt, près de 
Brème, est auteur d'un livre intitulé : Grundzûgc 
aslhetischer Vorlesungen (Introduction aux 
principes fondamentaux de l'Esthétique), Gœt- 
tingue, 1808. U y traite du beau dans la musique. 



LUDEN1US (LAUREirr), docteur et profes- 
seur de droit, d'éloquence et de poésie, biblio- 
thécaire à Dorpat, en Livonie, naquit à Ecklen- 
furt, dans le Holstein, vers la lin du seizième 
siècle, et mourut à Dorpat, le 21 avril 1654, à 
Page de soixante-deux ans. Avant de se fixer 
dans cette ville, il avait enseigné pendant dix- 
sept ans, à Greifswalde, la poésie, l'histoire, 
puis les mathématiques et la philosophie. On lui 
attribue un écrit intitulé : Oratio de mvsica. 

LUDER8 (Jean-Henri), célèbre organiste à 
Flensbourg, naquit le 24 février 1677, à Relling, 
bourg du comté de Pinneberg. Depuis trois gé- 
nérations, sa famille avait fourni de bons orga- 
nistes an pays. A douze ans, il entra à l'école 
latine de Glûckstadt, où l'habile organiste Fran- 
çois-Henri Millier lui enseigna pendant cinq 
ans le chant et le clavecin. Plus tard, il prit à 
Itzehoe des leçons de composition chez Jean 
Conrad Resenbosch ; il contiuua cette étude jus- 
qu'à l'âge de vingt ans ; puis il voyagea pour 
entendre les meilleurs artistes et former son 
goût. C'est ainsi qu'il demeura quatre ans a 
Hambourg pour étudier la manière de Lubeck, 
organiste de Saint-Nicolas. En 1706 il fut ap- 
pelé à Flensbourg en qualité d'organiste, et il 
occupait encore cette place en 1740. Après ces 
renseignements fournis par Mattheson, dans son 
Grundlage einer Ekrenpforte, etc., on ne trouve 
plus rien sur cet artiste. Cet écrivain nous four- 
nit l'indication des ouvrages suivants de Liiders» 
qui sont restés en manuscrit : 1° Une année en- 
tière de musique d'église pour les dimanches et 
fêtes, à trois voix, 2 violons, violé et orgue. — 
2° Oratorio de la Passion, à cinq voix et neuf 
instruments. — 3° Douze suites de pièces pour 
le clavecin. 

LUDOVIC! (Thomas), musicien italien,' vi- 
vait à Rome vers la fin du feizième siècle. Il a 
fait imprimer de sa composition : Hymni to- 
tius anni 4 vocum ; una cum IV psalmis prx- 
cipuis festivitatibus m S vocum; Rome, 1591, 
in-fol. max. 

LtlDOVICl (Jacques-Frédéric), vice-chan- 
celier et premier professeur de droit à l'univer- 
sité de Giessen, naquit a Vacholshagen, dans la 
Poméranie, et mourut le 14 décembre 1723, a 
l'âge de cinquante-deux ans. Au nombre de ses 
écrits, on trouve une dissertation concernant les 
cloches, intitulée : De eo quodjustum est circa 
campanas. Il en a été fait une édition en 1739, 
et une autre en 1780. 

LUDWIG (M. Godefroid), né à BayreutU, 
le 26 octobre 1670, fut recteur du gymnase de 
Schleusingen, dans le comté de Henneberg, et y. 
mourut, le 21 avril 1724. Il est auteur d'un livre 



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364 



LUDWIG — LUESTJSER 



qui a peur titre : Schediasma sacrum de hym- 
nes et hymnop&is Hennebergicis ; Hennebcrg, 
1703, in-8°. 

LUDWIG (Chbétien-Gottlob), docteur en 
médecine à Leîpsick, connu par un grand nom- 
bre d'ouvrages relatifs à cette science, mourut le 
7 mai 1773. Il a publié, dans la Collection de 
pièces pour servir à l'histoire critique de la 
langue allemande ( n° 8, pag. 648-661), un petit 
écrit intitulé : Versuch eines Beweises, dass 
ein Singspiel oder eine Oper nickt gut sein 
kœnne ( Essai d'une démonstration qu'un vau- 
deville ou un opéra ne peut être bon). Ce 
morceau a été publié aussi dans la bibliothèque 
musicale de Mizler (t. II , p. 1-27), avec des 
notes de ce critique. 

LUDWIG (Jean -Adam -Jacques), né le 
1er octobre 1730, à Sparneck, dans le margra- 
viat de Bayreuth, fut membre de la Société des 
Abeilles de la haute Lusace, et de la Société éco- 
nomique du Palatinat. Il remplit à flof les fonc- 
tions de secrétaire de la poste, et mourut dans 
cette ville, en 1782. On lui doit divers écrits re- 
latifs à la facture des orgues ; ils ont pour titres : 
1° Versuch von den eïgcnschaftencinesrechts- 
chaffenen Orgelbauers (Essai sur les qualités 
nécessaires à un bon 'constructeur d'orgues); 
Hoff, J.-A. Hetschel, 1759, in-4° de 15 pages. 
— 3° Schreiben an Herrn J. S. Hoffmann, 
Oberorganisten in Breslau ( lettre à M. J. S. 
Hoffmann , premier organiste à Breslau ) ; ibid., 
1759, in-4°. —'3° Vertheidigung des H. Sorge 
wider H. Marpurg (Défense de M. Sorge con- 
tre M. Marpurg); ibid., 1760, in-4° 4° Ge- 

danken Uber die grossen Orgeln, die aber 
deswegen kcine Wunderwerke sind (Idées sur 
les grandes orgues, qui néanmoins ne sont pas des 
merveilles) ; Leîpsick, Breitkopf, 1762,in-4°de 
15 pages. — 50 Von den unverschœmten En- 
tehrern der Orgeln (Des impertinents détrac- 
teurs des orgues) ; Erlang, 1764, in-4© de 22 pages. 

LUEBECK (Vincent), organiste distingué, 
naquit à Podingsbuttel, près de Brème, en 1654. 
Il était encore enfant quand son père fut appelé 
à Flensbourg en qualité d'organiste. Ce fut sous 
sa direction que Vincent Lnebeck lit ses études 
musicales. En 1674, il obtint la place d'organiste 
à l'église SS.-Cosme et Damien de Stade. Après 
un séjour de vingt-huit ans dans cette petite 
ville, il fut appelée Hambourg pour y remplir 
les fonctions d'organiste de l'église Saint-Nicolas. 
Le reste de sa vie s'écoula paisiblement dans 
celte situation modeste, où il faisait admirer sa 
grande habileté. H mourut le 9 février 1740, 
dans la quatre-vingt-sixième année de son âge. 
La bibliothèque royale de Berlin possède en 



manuscrit, de cet artiste, un recueil de bons 

j préludes pour des chorals. 

j LUEBEKE (Adolphe), directeur de musique 
et artiste de la chambre ducale à Cobourg, fut 

! d'abord chef d'orchestre du théâtre de Gotha. 

: Il mourut au mois de mars 183&, dans tin âge 

1 peu avancé, estimé pour son talent* Il n'est fait 
connaître comme compositeur dramatique en 
1832, par l'opéra intitulé Der Glockengiesser( Le 
Fondeur de cloches), représenté à Gotha avec suc- 
cès. L'ouverture de cet ouvrage, arrangée pour 
le piano par E. Lampert, a été publiée à Gotha. 
On connaît aussi de Luebeke : 1° Trois qua- 
tuors concei-tants pour deux violons, alto 
et violoncelle, op. 1 ; Brunswick, A. Mayer. 
— 2° Quatre chants pour quatre voix d'hommes ; 
Gotha, Lampert. 

LUEHRSS (Charles), compositeur et pro- 
fesseur de piano à Berlin, est né à Sclrwerin, 
dans le Mecklembourg , le 7 avril 1824. 11 com- 
mença Tétiidc de la musique sous la direction de 
son père, musicien de la cour et organiste du 
château ; et dès l'âge de dix ans il se fit re- 
marquer par son habileté sur le piano. Lors- 
qu'il eut atteint sa seizième année , il fut en- 
voyé à Berlin, où il fut admis comme élève 
dans l'Académie royale de chant. Pendant qu'il 
suivait les cours de cette institution , il eut la 
bonne fortune d'être remarqué par Mendelssoho, 
qui lui donna des leçons de piano et de compo- 
sition. Ce maître célèbre s'étant rendu à Lon- 
dres pour l'exécution de son Elias, il y fit 
connaître et y publia les premiers essais de com- 
position de Luehrss pour le piano. Dans l'hiver 
de 1845 à 1846, Luehrss accompagna M"' 
de ScheremeteflT à Rome, comme professeur de 
musique de la famille de celte dame. De retour 
en Allemagne, il s'établit d'abord à Schwerin, et 
s'y livra à l'enseignement et à la composition ; 
postérieurement ( 1853) , il s'est fixé à Berlin et 
s'y est marié. Cet artiste s'est distingué comme 
compositeur de Licder à voix seule avec accom- 
pagnement de piano, Dp. 5, 6, 9, 10, 11, 12, 19; 
Berlin, Gottentag , Schlesinger ; Bonn , Simrock. 
Parmi ses ouvrages pour le piano , on remarque 
un trio pour cet instrument, violon et violon- 
celle, op. 16, Berlin, Schlesinger; des sonates 
pour piano seul et pour piano et violon, un qua- 
tuor pour piano, violon, alto et violoncelle, des 
pièces de salon pour piano seul. Deux sympho- 
nies à grand orchestre (en mi majeur et rè mi* 
neiir) , de sa composition , ont été exécutées à 
Leîpsick et à Berlin. M. Luehrss a fait entendre 
aussi à Schwerin le 108 me psaume pour voix 
seules, chœur et orchestre. 
LUESTNER (Ignace-Pierre), violoniste, 



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LUESTNER — LULLE 



365 



né le 22 décembre 1792, à Poischwiss , près de 
Jauer (Silésie), reçut sa première éducation mu- 
sicale de son père, instituteur à l'école catho- 
lique de ce lieu. Dès l'Age de douze ans il était 
parvenu à une assez grande habileté sur la cla- 
rinette, pour pouvoir jouer des concertos de cet 
instrument. Mais bientôt il l'abandonna pour se 
livrer à l'étude du violon : en 1814, il se rendit 
à Breslau, dans le dessein de perfectionner son 
talent sur cet instrument, mais n'y trouvant pas 
le maître habile qu'il cherchait, il alla passer une 
année à Paris, s'y lia avec les artistes les plus 
renommés, étudia leurs principes de mécanisme 
d'archet, et, riche d'observations , il retourna à 
Breslau, s'y établit comme professeur de son ins- 
trument, et y demeura deux ans. A la fin de 1817, 
il accepta les propositions du comte Henkel de 
Donnersmark pour jouer le premier violon du 
quatuor que ce seigneur avait réuni dans son 
château. Il quitta cette position en 1819, pour 
.entrer au service du prince Karoloth-Schœnaich, 
i eu qualité de premier violon de sa musique. Il y 
demeura cinq ans, après quoi la musique du prince 
ayant été congédiée, Luestner retourna à Breslau, 
entra à l'orchestre du théâtre comme premier vio- 
lon solo, et établit avec ses frères Charles, Otto et 
Louis des séances de quatuors qui eurent de 
grands succès. Il fit dans les années suivantes 
quelques voyages en Allemagne. En 1844 il fonda 
à Breslau une école de violon, d'où sont sortis 
quelques bons élèves. Il eut le malheur, en 1 854, 
de se faire une blessure grave à la main, qui le 
mit pour toujours dans l'impossibilité de jouer 
du violon. Luestner est le violoniste le plus dis- 
tingué qu'ait produit la Silésie. 

LUFT (Henri), hautboïste allemand, s'est fixé 
à Saint-Pétersbourg, vers 1830, et y a toujours 
résidé depuis lors. CeLartiste s'est fait remarquer 
par la beauté du son qu'il tirait de l'instrument 
et par la précision de son exécution. 11 a publié 
de sa composition : 1° Vingt-quatre études pour 
le hautbois, op. 1 ; Lejpsick, Peters. — 2° Varia- 
tions (6cène suisse), en ut, pour hautbois et 
orchestre ; Leipsick , Kistner. — 3o 1 er Concer- 
tino brillant pour hautbois, orchestre, ou qua- 
tuor, ou piano, op. 5 ; ibid. 

LUGE ( François), directeur de musique et 
régent du chœur à l'église catholique d'Oppeln, 
naquit dans cette ville, en 1776, et y mourut, 
le 12 avril 1828. Il s'était fait remarquer, pen- 
dant sa carrière trop tôt terminée, par ses qua- 
lités comme professeur de chant au gymnase, 
et par son activité dans la direction de la mu- 
sique. On ne cite aucun ouvrage de sa composi- 
tion. 

LUGE (Charles), frère du précédent, né à 



Oppeln, est directeur de musique au théâtre de 
Breslau. Vers 1805, il s'est fixé dans cette ville, 
et après avoir été pendant quelque temps répéti- 
teur et second chef d'orchestre au théâtre, il en 
est devenu le directeur. Comme violoniste , cet " 
artiste appartient à l'école de Rode; on vante la 
qualité de son qu'il tire de l'instrument et l'ex- 
pression de son jeu. Son meilleur élève est 
M. Panofka. On connaît de sa composition des 
variations pour violon, sur un thème de Himmei ; 
Breslau, Fœrster. Il a arrangé pour le piano, en 
1814, la partition de l'opéra de Weigl : Le Vil- 
lage dans les montagnes , et l'a publiée chez 
le même éditeur. 

LUIGI (Alessandro). Je dois corriger ici 
une faute qui a été faite dans le premier vo- 
lume de cette nouvelle édition de la Biographie 
universelle des musiciens, en conservant l'ar- 
ticle Alessandro (Louis). de la première édition ; 
car, ainsi que le remarque M. Casamorata, dans 
la Gazzetta musicale di Milano ( 1847, n° 47 , 
p. 372), le nom de l'artiste dont il s'agit est 
Luigi, et le prénom Alessandro. Mais cette 
faute n'est pas la mienne : elle appartient à Ger- 
vasoni (Nuova Teoria di Musica, p. 80) , qui 
fut compatriote et contemporain de Luigi, et qui 
a changé son nom de famille en celui d' Ales- 
sandro. C'est lui qui a été mon guide dans tout 
ce que j'ai dit de cet artiste. Quoi qu'il en soit, 
Luigi, né à Sienne, succéda, au mois de juin 1786, 
à Borsini dans la place de maître de chapelle de 
la cathédrale de cette ville, et mourut, non le 
29 janvier 1794 , comme le dit Gervasoni , et 
comme je l'ai répété d'après lui, mais le 28 juin 
de la même année, suivant le catalogue des maî- 
tres de chapelle de la cathédrale de Sienne. A l'é- 
gard de la réputation dont la musique d'église de 
Luigi aurait joui de son vivant, Gervasoni est 
contredit par M. Casamorata, qui fait de ce maî- 
tre un musicien obscur. 

LU1Z (François), religieux portugais, com- 
positeur et maître de chapelle de Lisbonne, naquit 
en cette ville, vers le milieu du dix-septième siè- 
cle, et mourut le 27 septembre 1693. H a laissé 
en manuscrit : 1° Un service complet à quatre 
voix pour les dimanches de la Passion, des Ra- 
meaux et pour la semaine sainte. — 2° Psaumes 
et vilhancicosà plusieurs voix. 

LULLE (Raymond), écrivain du treizième 
siècle, longtemps célèbre par sa méthode philo- 
sophique, appelée Ars lulliana, naquit vers 1235, 
à Palma, dans l'Ile de Maïorque. Élevé à la cour 
de Jacques 1er, roi d'Aragon, il eut une jeunesse 
dissipée; mais ensuite un. retour sur lui-même 
le ramena vers des sentiments religieux, et le 
jeta dans des études sérieuses, qui le conduisirent 



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806 



LULLE — LULLY 



à la découverte d'une méthode philosophique 
pour la recherche de la vérité en toutes choses. 
C'est cette méthode, dont il a fait ensuite de nom- 
breuses applications , qu'il a appelée Art géné- 
ral, et qui a ensuite porté son nom. Il l'expli- 
qua lui-même à Maïorque dans un collège fondé 
pour cet objet par le roi d'Aragon Jacques II, 
puis en divers autres lieux. Après des voyages 
multipliés en diverses parties de l'Europe et dans 
l'Orient, Lulle mourut, en 1314. Dans trois cha- 
pitres de son Arbor scientiœ, qui forme la qua- 
trième partie de VArs generalls sive magna, 
il traite de la musique suivant les principes de sa 
méthode. La première édition de cette partie 
a été publiée à Barcelone, en 1482, in-fol. Il en a 
paru d'autres à Venise, 1514, et à Lyon, 1515, 
1635. Des traductions espagnoles en on tété faites, 
l'une par M. de Guevara; Madrid, 1584, tn-8°, 
l'autre par Alphonse de Zepeda; Bruxelles, 1663, 
in-fol. Perroquet en a aussi donné une traduc- 
tion française, d'après l'édition de Proazza. Toutes 
les parties de VArs magna ont été réunies dans 
une collection complète des œuvres de Lulle, sous 
ce titre : Lulli opéra omnia; Mayence, 1721 , 
10 vol. in-fol. La plupart des biographes, trompés 
par les mots Ars magna, ont cru que les livres 
de Lulle traitaient du grand œuvre, et les ont 
rangés parmi ceux delà philosophie hermétique : 
c'est une erreur d'autant moins excusable, qu'on 
sait que Lulle consacra toute sa vie à la défense 
et au triomphe de la foi catholique. 

LULLE ( Antoine) , grammairien du seizième 
siècle, né dans l'Ile de Maiorque, de la même 
famille que le précédent, fut appelé à Dole, en 
1535, pour y enseigner la théologie. Il mourut 
à Besançon, le 12 janvier 1582, dans un Age 
avancé. On a de cet écrivain un traité De ora- 
tione, libri VU; Bâle, 1558, in-fol. Il y traite 
dans le cinquième livre de l'application de la 
musique à l'art oratoire. Il dit aussi à la fin de 
ce livre qu'il a écrit un traité générai de la mu- 
sique : cet ouvrage n'a point été imprimé, et l'on 
n'en connaît point aujourd'hui de copie manus- 
crite. 

LULLY ou LULLI (Jean-B\ptiste DE), 
fondateur de l'Opéra français, naquit à Florence, 
en 1633, suivant l'opinion la plus répandue, ou 
près de cette ville, d'après une autre version. 
Un homme qui a soutenu contre lui un procès 
scandaleux, Guichard, dans un mémoire publié 
à Paris, en 1675 , avance que ce musicien célè- 
bre était fils d'un meunier des environs de Flo- 
rence. Voici comment il s'exprime (p. 16 de 
ce mémoire ) : « Chacun sait de quelle trempe 
« et de quelle farine est Jean-Baptiste. Le mou- 
« Un des environs de Florence, dont son père 



« était meunier, et le bluteau de ce moulin, qur 
« a été son premier berceau marquent encore 
« aujourd'hui la bassesse de son origine. Un vent 
« meilleur que celui de son moulin le poussa en 
« France à l'âge de treize ans. » Le témoignage 
d'un homme que Lully avait profondément 
blessé n'est guère recevante quand il parle de son 
adversaire (1) ; il parait plus juste de consulter 
des tilres sinon décisifs, au moins probables. 
Ces tilres semblent établir d'une manière cer- 
taine que Lully était gentilhomme, ce qui im- 
porte peu pour sa gloire, mais ce qui intéresse 
la vérité. D'abord , les lettres de naturalisation 
qui lui furent accordées par Louis XIV au mois- 
de décembre 1661 , et qui furent enregistrées en 
la chambre des comptes le 30 juin 1662, lui 
donnent le titre ù'écuyer, et le déclarent fils de 
Laurent de Lully, gentilhomme florentin, et de- 
Catherine del Sert a. A ces lettres était joint 
son acte de naissance en italien, légalisé en la- 
tin. En second lieu, son contrat de mariage, qui* 
fut passé le 14 juillet 1662, et signé par le roi, 
la reine, la reine mère, etc., le 23 du même 
mois, lui donne les mêmes qualités. Enfin, on 
lit ce qui suit dans la Gazette de France du 21 
mai 1661 , page 476, à l'article Fontaine- 
bleau : « Le roi, voulant conserver sa musique 
« dans la réputation qu'elle a d'être des plus 
« excellentes, par le choix de personnes ca- 
« pables d'en remplir lesdites charges, a gra- 
« tifié le sieur Baptiste Lully, gentilhomme 
« florentin, de celle de surintendant et compo- 
« siteur de la musique de sa chambre, et Je sieur 
« Lambert de celle de maître de ladite musique, 
« vacante par le décès du sieur Cambefort. » 
A l'égard de l'orthographe du nom de Lully, on a 
remarqué qu'étant Italien il ne pouvait être ter- 
miné par un y; mais il est certain que c'est par 
cette lettre que son nom finit dans tous les actes 
authentiques qui se rapportent a lui, et que lui- 
même signait ainsi. 

Un vieux cordelier lui enseigna à lire et a 
écrire, lui donna quelques leçons de musique, 
et lui apprit à jouer de la guitare. Lully en était 
à ce point de ses études musicales lorsque le 
chevalier de Guise, qui voyageaiten Italie, passa 
par le lieu où il demeurait. La vivacité de l'enfant 
lui plut, et comme ce courtisan, en prenant 
congé de mademoiselle de Montpensier, lui avait 
promis de lui amener un petit Italien, il pro- 



(0 Lully avait exclu Guichard de l'entreprise derOpéra; 
celui-ci lui Intenta un procès, et publia contre lui an fac- 
tura injurieux. Lully se vengea des attaques de son ad- 
versaire en l'accusant d'avoir voulu l'empoisonner, ce qui 
donna lieu à une instruction au criminel. (foires Giri- 

CBARD.) 



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LULLÏ 



367 



posa à Lnlly de le suivre en France; ce qui fut 
accepté avec empressement, la gentil homraerie 
du père de notre musicien ne le mettant vraisem- 
blablement pas dans une situation fort aisée. 
Lully avait alors douze ou treize ans. Il parait 
que le chevalier de Guise ne se mit pas fort en 
peine de réaliser les promesses qu'il lui avait 
faites , car le fondateur futur de l'Opéra n'entra 
chez mademoiselle de Montpensier qu'en qualité 
de marmiton; rude apprentissage pour le fils 
d'un gentilhomme. Dans les intervalles de ses 
occupations, il s'amusait avec un mauvais vio- 
lon. Le comte de Nogent, qui l'entendit par 
hasard , fat étonné de ses dispositions, et rendit 
compte à Mademoiselle du talent précoce de son 
apprenti cuisinier, ajoutant qu'il méritait un 
maître habile pour hâter ses progrès. Lully ne 
tarda point à mériter d'être mis au nombre des 
musiciens de cette princesse, et bientôt il de- 
vint célèbre autant par son violon que par les 
airs qu'il composait. Malheureusement il lui ar- 
riva d'en écrire un sur des paroles satiriques 
contre Mademoiselle : cette princesse lui fit 
dire de se retirer. C'est par cette marque d'in- 
gratitude que les vices de son cœur, égaux à ses 
talents, commencèrent à se faire connaître. 

Lully était trop jeune quand il vint en France 
pour avoir pu faire des études concernant l'art 
d'écrire la musique, en sorte qu'on était dans 
l'ignorance sur les lieux et le temps où il avait 
appris cet art, lorsque l'auteur de. cette notice a 
découvert à ce sujet des renseignements authen- 
tiques dans un mémoire publié par les orga- 
nistes de Paris, à l'occasion de leur procès contre 
le roi des ménétriers. On y voit que Lully a fini 
par abandonner le violon pour se livrer à l'é- 
tude du clavecin et de la composition, sous 
la discipline des sieurs Met ru, Roberdet et Gi- 
gault, organistes de Saint-Nicolas-des- Champs, 
Tout autre que Lully se serait trouvé dans un fâ- 
cheux embarras après son expulsion de la mu- 
sique de Mademoiselle ; mais son parti fut bien- 
tôt pris. Ses talents lui avaient donné de la ré- 
putation ; il en profita pour se faire recevoir 
dans la grande bande des violons du roi, et 
composa des airs de violon qui le firent connaître 
de Louis XIV. Ce monarque voulut l'entendre, 
et en fut si satisfait, qu'il lui donna en 1652 (à 
rage de dix-neuf ans ), l'inspection générale de ses 
violons, et qu'il créa pour lui une nouvelle bande 
qu'on appela petits violons, pour les distinguer 
des vingt-quatre violons de la chambre, connus 
sous le nom de la grande bande. Ces nouveaux 
violons, dirigés par Lully, devinrent bientôt les 
meilleurs de France, ce qui n'était pas beaucoup 
dire à une époque où il n'existait pas en ce pays 



un seul musicien en état de jouer sa partie, s'il 
ne l'avait apprise par cœur. C'est pour cette 
même bande qu'il écrivit des symphonies, espèces 
d'ouvertures entremêlées d'airs de danse de ce 
temps , tels que sarabandes, courantes et gigues. 
11 existe plusieurs copies manuscrites de ces 
symphonies; mais il ne parait pas qu'elles aient 
été gravées. L'habileté de Lully sur le violon 
surpassa celle de tous les autres violonistes de 
France. Personne, dit de Fresneuse, son con- 
temporain ( Comparaison de la musique ita- 
lienne et françoise, 2 me partie, p. 187) n'a 
tiré du violon les sons qu'en tiroit Lully. 

Avant l'établissement de l'Opéra, le roi donnait 
tous les ans de grands spectacles, qui por- 
taient les titres de ballets ou mascarades; ils 
étaient composés d'un grand nombre d'entrées 
de danses, mêlées de récits, qui souvent n'a- 
vaient aucune liaison entre eux. Lully composa 
d'abord quelques airs pour ces ballets, où le roi 
dansait; puis il fit la musique entière des pièces 
de ce genre. Parmi ces divertissements, on re- 
marque celui à'Alcidione, dont Benserade fit les 
vers, et qui fut donné en 1658. Le ballet des 
Arts, joué à la cour, en 1663, celui de V Amour 

r déguisé, qui parut l'année suivante au Palais- 
Royal, et plusieurs autres divertissements furent 
mis en musique par Lully. En 1664 il se lia d'a- 
mitié avec Molière, et composa pour lui la mu- 
sique de La Princesse d'Élide, comédie-ballet en 
cinq actes, qui fut jouée pendant les Têtes que 
Louis XIV donna à Versailles. Cette pièce fut suivi 
de V Amour médecin, autre comédie de Mo- 
lière, avec un divertissement dont Lully fit aussi 
les morceaux. Dès ce moment tout ce qu'il y 
eut de musique au théâtre de Molière fut écrit 
et dirigé par lui. Longtemps il avait joué et 
dansé dans les ballets de la cour, sous le nom 
de Baptiste : c'est ainsi qu'il est désigné dans la 
liste des danseurs de ces pièces, depuis 1653 
jusqu'en 1660. Alors il reprit le nom de sa fa- 

r mille, et vécut avec plus de dignité. Cependant 
les avantages que Molière lui offrit pour jouer 
dans ses pièces quelques rôles comiques , où il 
se faisait remarquer par une verve peu com- 
mune , le décidèrent à reparaître sur la scène. 
C'est ainsi qu'il joua avec beaucoup de succès 
le rôle de Pourceaugnac, en 1669, et celui 
du Mufti, dans le Bourgeois gentilhomme, 
l'année suivante. On rapporte à ce sujet qu'ayant 
indisposé le roi contre lui par une aventure scan- 
daleuse (1), il ne consentit à jouer le rôle de 

(l) De Fresneuse dit, dans sa Comparaison èe la mu- 
sique italienne et de la musique françoise ( %• parti , 
p. 18 ), que Lully, étant déjà surin tendant de la musique 
du roi, courut risque d'être cuasstf une ou deux (dis. 



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368 



LULLY 



Pourceaugnac que dans l'espoir de regagner les 
bonnes grâces de Louis XIV par ses bouffon- 
neries : ce stratagème lui réussit; car dans sa 
fuite devant les apothicaires, u sauta dans l'or- 
chestre et brisa un clavecin. Le roi rit beau- 
coup de cette farce, et pardonna à celui qui Pa- 
vait imaginée. 

La faveur dont Lully jouissait a la cour n'eut 
bientôt plus de bornes. Louis XIV ne voulait 
plus entendre d'autre musique que la sienne. Le 
rusé Florentin en écrivit une énorme quantité 
pour la chambre, l'église et le théâtre. Le bril- 
lant succès qu'elle obtenait était pour lui une 
source inépuisable de grâces et de faveurs ; dans 
l'espace de vingt ans, outre les gratifications 
sans nombre qu'il reçut, il obtint du roi neuf 
brevets (l), et des lettres patentes du mois de 
mars 1672 qui lui accordaient la permission d'é- 
tablir à ParU une académie royale de musique 
(l'Opéra). Lully éprouva de l'opposition à l'en- 
registrement de ces lettres, de la part de Jean 
de Grenouillet et de Henri Guichard, qui 
se prétendaient cessionnaires du privilège ac- 
cordé à Perriu pour ce spectacle, par lettres 
patentes du 28 juin 1669. Ce fut à ce sujet qu'eut 
lieu le procès dont il a été parlé précédem- 
ment ; mais telle était l'adresse de Lully dans ses 
manœuvres, qu'il obtint une lettre de la main 
du roi au lieutenant de police pour faire fermer 
le théâtre de Guichard, et qu'un arrêt de la cour, 
en date du 27 juin 1672, ordonna que, sans s'ar- 
rêter aux oppositions, les lettres patentes du 
mois de mars seraient enregistrées (2). 

C'est de cette époque que date la gloire de 



(l) Voici la liste de ces laveurs constatées par des actes 
authentiques : 

Le 16 mars 165S, brevet par lequel le roi lui confère la 
charge de compositeur de la musique instrumentale, va- 
cante par le décès de Latarln. 

Le 16 mai 1661, deux brevets portant que le roi lui a fait 
don des charges de compositeur et de surintendant de la 
chambre, vacantes par la mort de Cambefort. 

Au mois de décembre de la même année, lettres de 
naturalisation, avec exemption des droits. 

Le 3 juillet 1661 : i* Brevet par lequel le roi lui accorde 
la charge de maître de musique de la famille royale, que 
Michel Lambert tenait en survivance. s° Brevet qui fixe 
à 10,000 livres la somme qui devra être payée aui héri- 
tiers de Lambert et de Lully pour la charge de maître de 
musique, si ceux-ci viennent a décéder. 9» Brevet qui Cxe 
à i0,000 francs l'indemnité qui devra être payée S la veuve 
et aux héritiers Lully, pour être pourvu après lui des 
charges de compositeur et de surintendant de la musique 
de la chambre du roi. 

l-c « avril 1668, brevet par lequel le roi accorde la sur- 
vivance des trois charges de Lully a calul de ses enfants 
qu'il voudra choisir, et fixe la valeur de ces charges à 
30,000 livres. 

») Voy. Titres concernant V Académie royale de mu> 
tique; Paris, Christophe Ballard, n*0, ln-V> de 171 pages. 



Lully. Non-seulement on le vit donner tous ses 
soins à l'administration du nouveau théâtre qu'il 
venait de fonder ; former des acleurs, des dan- 
seurs et des musiciens d'orchestre , qui n'exis- 
taient point auparavant ; être à la fois directeur, 
régisseur, maître de ballets, maître de musique, 
et machiniste de son spectacle : il trouva aussi 
le temps de composer tous les ouvrages qu'on y 
représentait, et son génie eut, an milieu de tous 
ces travaux, la force nécessaire pour produire 
dix-neuf opéras dont le succès a duré près d'un 
siècle, et qui même aujourd'hui méritent encore 
à de certains égards l'estime des connaisseurs. 
Cependant il était dans sa quarantième année 
lorsqu'il écrivit le premier de ces ouvrages. H 
est vrai qu'il fut puissamment aidé par les cir- 
constances, les encouragements de la cour, et le 
génie de Quinault, dont il avait su deviner le ta- 
lent et qu'il s'attacha par un traité qui obligeait 
le poète à lui fournir annuellement un opéra pour 
le prix de 4,000 liv. Quinault faisait le plan de 
plusieurs opéras et les portait au roi , qui en 
choisissait un. Lorsque ce choix était fait, Lully 
prenait connaissance du sujet et du plan, et fai- 
sait la musique des divertissements , des danses 
et l'ouverture, pendant que le poêle versifiait sa 
pièce. Lorsque Quinault avait terminé son tra- 
vail, il le lisait à l'Académie, et faisait les correc- 
tions qui lui étaient indiquées ; mais Lully ne te- 
nait aucun -compte de l'avis de l'Académie. Il 
corrigeait, faisait les suppressions et les change- 
ments qu'il Jugeait nécessaires pour sa musique. 
Il fallait que Quinault fit ce qu'il voulait et re- 
tournât versifier de nouveau. Si Lully était satis- 
fait du poème, il faisait le chant et la basse des 
scènes dans l'ordre où elles se trouvaient dans 
la pièce, et remettait ensuite ses brouillons à ses 
élèves Lalouette et Colasse, pour qu'ils écrivissent 
les parties d'orchestre sur ses indications : sorte 
de travail qu'il n'aimait pas et qu'il ne faisait pas 
avec facilité. Pour comprendre ceci, il ne faut 
pas oublier qu'an temps de Lully on n'avait point 
encore appris à donner à l'instrumentation ces 
formes variées et pittoresques qu'on lui voit au- 
jourd'hui, et que les violons et hautbois ne fai- 
saient guère que suivre les voix, en brodant quel- 
ques traits. Tant que Lully vécut, son génie suffit 
à tout pour donner à l'Opéra un intérêt toujours 
soutenu et pour y. attirer la foule. Il y fit sa 
fortune'; mais tout le succès reposait sur lui. 
Après sa mort, les choses changèrent, et de l'é- 
tat le plus prospère l'Opéra passa à la décadence : 
les administrateurs s'endettèrent. C'est ce qu'on 
voit avec évidence par le préambule du règlement 
donné en 1713 par Louis XI Y, lequel commence 
par ces mots : « Sa Majesté étant informée quede- 



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LULLY 



364 



« puis le décès du feu sieur Lulty on s'est relâché 
« insensiblement de la règle et du bon ordre de 
« Pintérieur de l'Académie royale de musique..., 
« et que par la confusion qui s'y est introduite 
« ladite Académie s'est trouvée surchargée de 
« dettes considérables et le public exposé à la 
« privation d'un spectacle qui depuis longtemps 
« lui est toujours agréable, etc» » 

Lully était homme de plaisir et fort recherché 
des grands seigneurs, qu'il amusait par ses sail- 
lies. Us allaient, souvent le voir travailler chez 
lui. Pendant une maladie qu'il eut avant la re- 
présentation d'Armide, son confesseur avait 
exigé qu'il brûlât la partition de cet opéra. Le 
prince de Conti étant allé le voir le même jour 



par Bonnard sont aussi accompagnés de vers 
louangeurs à sa mémoire; mais si les éloges 
qui lui ont été accordés comme artiste sont una- 
nimes, les jugements sévèrâsettes traits satiri- 
ques n'ont pas manqué à sa personne et à 
son caractère. Courtisan jusqu'à la bassesse près 
des grands, dont la protection pouvait être utile à 
ses desseins, il était insolent et brutal avec toute 
autre personne. Le crédit dont il jouissait à la 
cour lui donnait une puissance dont il abusait 
souvent pour humilier ou perdre quiconque es- 
sayait de lui résister. Jaloux jusqu'à la frénésie 
de tout artiste dont le talent lui inspirait la crainte 
que le roi ne le remarquât, il ne négligeait rien 
pour récarter. Cambert et Bernier furent persé- 



« Eli quoi, Baptiste ! lui dit ce prince, tu as pu | eûtes par lui , et son élève Lalouette fut chassé 

de l'orchestre de l'Opéra pour s'être avoué l'au- 
teur du meilleur air d'un de ses ouvrages. Véri- 
table tyran de ses acteurs et des musiciens de 
son orchestre, il lui arriva plus d'une fois d'ar- 
racher à ceux-ci leur instrument pendant l'exécu- 
tion et de le leur briser sur le dos: Au moment 
où son opéra à'Armide allait être joué pour la 
première fois, une grossesse de la fameuse can- 
tatrice Rochois en arrêta les représentations. 
Dans sa colère, Lully l'aborda sur le théâtre : 
Qui Va fait cela? lui crie-t-il : n'en recevant 
aucune réponse , il lui donna un coup de pied 
qui lui fit faire une fausse couche. Quelquefois 
sa brusquerie ne respectait pas même les person- 
nages les plus élevés : voici deux anecdotes qu'on 
rapporte à ce sujet. A l'un des divertissements 
de la cour, le roi, fatigué de la longueur des pré- 
paratifs, lui fit dire qu'il s'ennuyait d'attendre ; 
Lully répondit an gentilhomme de la chambre : 
Le roi est bien le maître, il peut s'eRnuyer 
tant qu'il lui plaira. En 168 1, Louis XIV lui 
ayant fait compliment sur la manière dont il 
avait joué le rôle du Mufti dans le Bourgeois 
gentilhomme, à une fête de Saint-Germain : 
« Sire, dit-il, j'ai pourtant regret d'y avoir été 
« obligé pour le service de Votre Majesté; j'a- 
ie vais dessein d'être secrétaire du roi : messieurs 
« vos secrétaires ne voudront plus me recevoir. 
» — Us ne voudront plus vous recevoir ? répon- 
« dit le monarque : ce sera bien de l'honneur 
« pour eux ; allez, voyez M. le chancelier. » Lully 
alla trouver te marquis de Louvois , qui lui re- 
procha sa témérité, en lui disant que toute sa 
recommandation était d'avoir fait rire. Eh , tête- 
bleu! lui répondit Lully, vous en feriez bien 
autant si vous le pouviez! On a révoqué en 
doute cette anecdote , disant que personne en 
France n'aurait osé tenir un pareil langage à 
Louvois , mais il ne faut pas oublier quel homme 
était Lully, et quelle fut sa faveur près de 

24 



« jeter au feu un si bel ouvrage? — Paix, paix, 
« monseigneur, répondit il ; je savais bieu ce que 
« je faisais, j'en avais une autre copie. » Étant à 
l'extrémité, il fut visité par le chevalier de Lor- 
raine : « Oh ! vraiment vous êtes fort de ses amis, 
« lui dit madame Lully ; c'est vous qui l'avez 
« enjvré le dernier, et qui êtes cause de sa mort. » 
« Lully répondit aussitôt : Tais- toi , nia chère 
« femme; si j'en réchappe, ce sera lui qui 
« m'enivrera le premier. » Après une maladie de 
Louis XIV, Lully composa un Te Deum pour 
sa convalescence, et le fit exécuter aux Feuillants 
de la rue Saint-Honoré, le 8 janvier 1687. Dans 
la chaleur de l'exécution, il se frappa le bout du 
pied en battant la mesure avec sa canne. Il y 
vint un petit abcès, qui devint ensuite un mal 
considérable. On lui conseilla d'abord de se faire 
couper le doigt, puis le pied, et enfin la jambe ; 
mais un charlatan, qui se faisait appeler le mar- 
quis de Carrette, répondit de sa guérison. 
MM. de Vendôme, qui aimaient beaucoup Lully, 
promirent à cet homme 2,000 pistoles s'il par- 
venait à sauver l'artiste; mais la générosité de 
MM. de Vendôme et les efforts du charlatan fu- 
rent inutiles : Lully mourut à Paris , le samedi 
22 mars 1687, à l'âge de cinquante-quatre ans, 
dans une de ses maisons, rue de la Ville-rÉvêque. 
Il fut inhumé dans une chapelle des Petits-Pères 
de la place des Victoires , et sa famille y fit éle- 
ver un superbe mausolée, qui fut exécuté par 
Cosson. Sanleuil fit pour ce tombeau une belle 
épitaphe,* ainsi conçue : 

Perflda mors, Infmlca, aodax, temenrla et excor% 
Crudclisque, e c*ca probrts te absolvimu* talls. 
Non de te querlmur tua «tôt hsec mania magna. 
Se«l qoando per te popall regtaqoe voluptas, 
Non ante aaditls rapult qui cantibus orbrro, 
Lullius ertpltur, querlmur modo turda fulsll. 

Les portraits de Lully gravés par Edelinck et 

B10CR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. V. 



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370 



LIÎLLY 



Louis XIV. Quoi qu'il en soit, il eut la charge 
qu'il désirait. 

Ingrat envers ses meilleurs amis, et toujours 
occupé de ses intérêts, sans s'informer s'il bles- 
sait ceux d'autrui, il s'est brouillé avec Molière 
pour avoir pris les meilleurs morceaux des bal- 
lets et divertissements qu'il avait composés pour 
ses pièces , et en avoir formé la pastorale des 
Fêtes de V Amour et de Bacchus, qu'on joua a 
l'ouverture du théâtre de l'Opéra. A peine ce 
grand homme eut-il rendu le dernier soupir, que 
Lully fit chasser sa troupe du tbé&tre du Palais- 
Royal, dont il s'empara pour son spectacle. Après 
avoir décidé par ses instances La Fontaine à écrire 
pour lui la pastorale de Daphné, il ne voulut 
point la mettre en musique, et lui déclara qu'elle 
ne valait pas le diable. Peut-être l'illustre 
poète se serait consolé de sa mésaventure si^Li- 
gnière, poète chansonnier de ce temps, n'eût fait 
sur mi ce couplet . 

Ah! que J'aime La Fontaine, 
D'avoir fait un opéra I 
On verra finir ma peine, 
Aussitôt qu'on le jouera. 
Par l'avis d'un fin critique 
Je vais me mettre en boutique, 
Pour y vendre des sifflets : 
Je serai riche a jamais ! 

Désespéré d'être ainsi bafoué, La Fontaine se 
vengea par une énigramme, qu'on ne trouve pas 
dans toutes les éditions de ses œuvres , et qui 
commence ainsi : 

Le Florentin 
Montre a la fin 
Ce qu'il sait faire. 

II écrivait plaisamment à M*»« de Bouillon : 
Je me suis laissé enquinauder. Boileau avait 
eu sans doute aussi quelque grave sujet de plainte 
contre Lulry lorsqu'il écrivait ces vers de son 
épttre à Seignelay, où il le désigne avec tant 
d'amertume : 

En vatn par sa grimace pn bouffon odieux 

A table nous fait rire et divertit nos yeux : 

Ses bons mots ont besoin de farine et de plâtre ; 

Prenez-le tête a tête, ôtez-lul son théâtre , 

Ce n'est plus qu'un cœur bas, un coquin ténébreux : 

Son visage essuyé n'a plus rien que d'affreux. 

De tous ceux qui eurent à se plaindre de Lully, 
aucun n'a montré plus d'animosité dans sa ven- 
geance, que Sénecé, valet de chambre de la reine 
Marie- Thérèse, femme de Louis XIV. Ce poète 
courtisan avait été chargé de la composition de 
plusieurs divertissements et de morceaux de cir- 
constance que Lully avait mis en musique. Comme 
beaucoup d'autres, il fut victime de sa fourberie. 
Sa position à la cour lui avait fait voir les res- 
sorts secrets mis eu usage par le musicien pour 



accroître sa fortune et pour obtenir des hon- 
neurs ; mais la crainte que lui inspiraient son 
crédit et sa méchanceté lui avait fait garder le 
silence tant que Lully avait vécu. Rendu plus 
hardi par la mort du compositeur, et choqué des 
honneurs qu'on rendait à sa mémoire, il voulut, 
en rendant hommage aux talents de l'artiste, 
faire justice de sa personne. Son dessein fut 
réalisé dans un écrit intitulé : Lettre de Clé» 
ment 3farot à Monsieur de***, touchant ce 
qui s f est passé à Varrivée de Jean-Baptiste 
Lully aux Champs-Elysées '(1). Le portrait 
qu'il fait de sa personne n'est pas séduisant; 
mais il parait avoir été exact. « Sur une espèce 
« de brancard (dit il), composé grossièrement 
« de plusieurs branches de laurier, parut, porté 
« par douze satyres, un petit homme d'assez mau- 
« vaise mine et d'un extérieur fort négligé. De 
« petits yeux bordés de rouge, qu'on voyait à 
« peine (2), brillaient d'un feu sombre qui mar- 
te quait tout ensemble beaucoup d'esprit el beau- 
« coup de malice ; un caractère de plaisanterie 
« était répandu sur son visage, et certain air 
« d'inquiétude régnait dans toute sa personne. » 
Sénecé fait ensuite un tableau sévère des vices 
de Lully, et le représente comme un homme de 
mœurs infimes (3), d'une âme noire et d'une ava- 
rice sordide. 

Ce célèbre musicien avait épousé Madeleine 
Lambert, One unique de ce Lambert dont parle 
Boileau dans sa troisième satire. Celui-ci avait 
donné une dot de 20,000 francs à sa fille. Le 
mariage se lit à la paroisse Saint-Eustache , le 
24 juillet 1662. Jamais union ne fut mieux as- 
sortie, car si Lully était habile à se procurer des 
richesses, sa femme savait les faire fructifier par 
l'ordre et par l'économie qui régnait dans sa 
maison. Lully ne s'était réservé pour ses menus 
plaisirs que le prix de la vente de ses ouvrages, 
qui s'élevait annuellement à sept ou huit mille 
francs. Outre le produit de l'Opéra et le revend 

(l) La première édition de cette Lettre parut à Cologne. 
In-», 1688 ; 11 en a été fait une réimpression à Lyon, it&, 
ln-8» de 88 pages. 

(S) Lully avait en effet la vue fort basse. 

(S) L'accusation qui concerne ses mœurs a été repro- 
duite A l'occasion du aomptuenx tombeau qu'on lui avait 
élevé dans l'église des Petits-Pères. Ce tombeau fut grave; 
parmi les vers assez mauvais qu'on avait placés au bas 
de l'estampe, on lisait ceux-ci : 

Pourquoi, par un faste nouveau, 
Noos rappeler la scandaleuse histoire 
D'un libertin, indigne de mémoire. 
Peut-être même indigne du tombeau ? 
Venez, 6 Mort! faites descendre 
Sur ce buste honteux votre fatal rideau; 

Et ne montrez que Je flambeau 
Qui devrait pour jamais ravoir réduit en 



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LULLY 



371 



de ses emplois à la cour, il jouissait de 7,000 li- 
vres de rente sur les aides et gabelles, qu'il te- 
nait de la munificence du roi. De plus, il avait 
lait bâtir la maison qui existe encore au coin des 
mes NeuTe-des-Petits-Champs et Sainte-Anne, 
sur laquelle on voit des attributs de musique; 
une maison rue des Moulins, appelée alors rue 
Roy aie, et deux autres, ruede la Ville-l'Évêque (1). 
De son mariage il eut six enfants, trois filles et 
trois garçons (2). Deux de ses fils ont suivi la 
même carrière que lui , mais avec moins de 
gloire. 

Parmi les productions du génie de ce musi- 
cien célèbre, on trouve une multitude de sym- 
phonies, de trios et d'airs de violon, de mor- 
ceaux de circonstance, de divertissements et de 
danses. Une de ses premières compositions de 
cette espèce fut la suite d'airs de danse qu'il 
ajouta a la partition du Xercès de Cavalli, pour 
une représentation qui en fut donnée à la cour. 
Bien que cet ouvrage n'eût pas alors de succès, 
Lully en comprit le mérite, et Cavalli devint 
un de ses modèles. On lui doit aussi plu- 
sieurs grandes compositions pour l'église ; entre 
antres un Te Deum t un Exaudiat, le psaume 
Plaudite gentes, le Vent Creator, un Jubi- 
late, un Miserere, un De profnndis et un 
Libéra. Il ne réussissait pas moins bien dans 
ce genre qu'au théâtre, et n'y produisait pas 

(1) Par l'Inventaire des biens de Lully, fait après sa mort, 
le 8 avril 1687 et Jours suivants, son argenterie est esti- 
mée 16,707 livres ; ses Joyaux et pierreries, 13,000 livres; 
ses deniers comptants, 150,000 livres j le mobilier de l'O- 
péra, 11,000 livres, et la salle M ( 000. Par acte dn 18 avril 
1688, 11 avait loué sa maison de la rue Royale t,600 livres 
par an, et la partie de la maison de la rue Neuve-des-Pe- 
ttts-Ghamps que sa famille n'occupait pas, 8,000 francs. Sa 
charge de secrétaire du roi fut vendue par sa veuve, le 8 
avril 1687, moyennant le prix de 71,000 livres. Le Cerf de 
la VlevlUe de Frcsneuse, contemporain de Lully, s dit 
dans sa Comparaison de la musique italienne et de ta 
musique françotse [f partie, p. 107 ) que ce musicien avait 
laissé dans ses coffres six cent trente mille livres en or; 
tons les biographes ont répété le même fait, et moi-même, 
Je crois as olr dit cela quelque part ; mais n'effara, qui m'a 
fourni les renseignements que je viens de donner, les a 
vérifies sur des actes authentiques. 

(l) Ces enfants furent : 1* Catherine-Madeleine de Lully, 
baptisée à l'église Saint- Eustache, le 1 er mal 1668. — 
S* Lools de Lully (votez son article). — s* Jean-Baptiste 
de Lolly, né an mois d'août 1668, A qui Louis XIV donna 
l'abbaye de Salnt-HUalre prés de Narbonne, et qnl mou- 
rat à Sslnt-Cloud, le Juin 1701. — *• Gabrlelle-IIUalre 
de Lully, née au mois d'octobre 1666, qui épousa Jacques- 
DumonUn, dont une fille fut mariée au marquis de Conv 
breux, et dont les descendants sont le marquis et le comte 
de Damplerre, ainsi que la veuve du général marquis Des- 
soles, qui fut pair de France et ministre de la guerre. — 
I 9 Jean-Louis de Lolly ( voyez son article). — 6° Marie- 
Louise de Lully, baptisée A l'église Sslnt-Roch, le 10 sep- 
tembre 1668. A. l'égard de Chrétien LttUy, dont parlent 
Gerber, Choron et Fayolle, il n'a point existé. 



, moins d'effet. M mo de Se vigne, en parlant de 
| la pompe funèbre du chancelier Seguier ( lettre 
, du 6 mai 1672), s'exprime ainsi sur la musique 
| de Lully : * Pour la musique, c'est une chose 
« qu'on ne peut expliquer. Baptiste avait fait un 
« dernier effort de toute la musique du roi. Ce 
« beau Miserere y était encore augmenté. Il y 
* eut un Libéra où tous les yeux étaient pleins 
« de larmes : je ne crois point qu'il y ait une 
« autre musique dans le ciel. » Perne possédait 
en manuscrit une messe de Lully à quatre voix 
sans accompagnement ; elle est aujourd'hui dans 
ma bibliothèque : c'est un ouvrage de peu de 
valeur. La collection des motets de Lully, en 
partition, copiée pour le comte de Toulouse par 
Philidor atné, forme cinq volumes in-fol. Les 
Motets à 2 chœurs composés pour la chapelle 
du roi ont été publiés à Paris, par Christophe 
Ballard, en 1684, in-4° obi. 

Les titres des ballets, divertissements et co- 
médies pour lesquels Lully a écrit de la musique 
et qu'on a retenus, sont les suivants : 1° AlcU 
dione, à Saint-Germain. — 2* Airs de ballets 
de Xercès, opéra italien de Cavalli, représenté 
dans la grande galerie du Louvre, le 22 novem- 
bre 1660. — 3° Le ballet de La Railleiie. — 
4° Celui de L'Impatience. — 5° Hercule amou- 
reux, idem. — 6° Les sept Planètes, idem. — 
7° L'Amour malade, comédie. — 8° la Noce 
au village , ballet. — 9° Le Ballet des Arts. 
— 10° Les Amours déguisés, idem. — 11° La 
Princesse d'Élide, comédie- ballet. — 12° Ca- 
riselli, ballet pour Fontainebleau. — 13° Le 
Mariage forcé, comédie de Molière. — 14° La 
Naissance de Vénus, divertissement. — 
15° Le Ballet des Gardes. — 16° Le Ballet 
de Créqui. — 17* Le Ballet des Muses. — 
18* La Fête de Versailles, avec Molière. — 
19° Le Ballet de Flore. — 20° V Amour mé- 
decin, comédie de Molière. — 21° Monsieur 
de Pourceaugnac, idem. — 22° Le Ballet de 
Chambord, ou le Bourgeois gentilhomme, 
idem. — 23* Le Ballet des Nations, suite 
du Bourgeois gentilhomme. — M Les Jeux 
Pythiens, ballet. — 25° Airs de danse de 
Psyché, tragédie-ballet. — 26° Entractes d'(E- 
dipe, tragédie de Corneille, pour une représen- 
tation donnée à Versailles, en 1659. 

Lully doit sa gloire la plus solide à ses opé- 
ras. Le premier, intitulé : Les Féies de VA- 
mour et deBacchus, fut représenté en 1672: 
ce n'était qu'une sorte de pastiche composé de 
fragments de divers morceaux écrits précédem- 
ment par lui pour des comédies on des ballets; 
mais dans l'année suivante parut Cadtnus, tra- 
gédie lyrique en cinq actes, poésie de Quinault* 



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372 



LULLY 



où le génie véritablement dramatique du com- 
positeur s'éleva tout à coup à une grande hau- 
teur. Alors sans interruption se succédèrent Ah 
ceste, tragédie en cinq actes, 1674; Thésée, 
idem, 167ô; Le Carnaval, mascarade et en- 
trées; Atys, tragédie lyrique en cinq actes, 
1676; Isis, idem, 1677; Psyché, idem, 1678; 
Bellérophon, idem, 1679; Proserpine , idem, 
1680; Orphée, 1680; Le Triomphe de PAmour, 
ballet en vingt entrées, 1681 ; Persée, tragédie 
Crique en cinq actes, 1682; Phaëton, idem, 
1683; Amadis, idem» 1684; Roland, idem, 
1185; V Idylle de la Paix et L'Églogue de 
Versailles, divertissement, 1685; Le Temple 
de la Paix, ballet en six entrées, 1685; Ar- 
mide, tragédie lyrique en cinq actes, 1686 ; Acis 
et Galatée, pastorale héroïque en trois actes, 
1687. On a aussi attribué à Lully le premier 
acte à' Achille et Polixène, opéra de Colasse, 
joué en 1677 ; il parait certain qu'il en avait écrit 
quelques morceaux ; mais on s'est trompé lors- 
qu'on a dit que c'était cet ouvrage que son con- 
fesseur lui fit brûler. 

Si Ton compare le style de Lully à celui des 
grands musiciens italiens de son temps, on n'y 
trouvera d'abord rien qui lui appartienne en j 
propre. Les chœurs et le système d'inslrumen- , 
tation rappellent la manière de Carissimi; les 
airs ne sont évidemment que des copies de ceux 
de Cavalli ; mais le sentiment dramatique qui 
aoime tout cela et qui a longtemps soutenu le 
succès de ses ouvrages, avait sa source dans 
Tame du Florentin. C'est dans ce sentiment 
que Lully puisa la force d'expression que les 
hommes exempts de préjugés de temps et d'é- 
cole estimeront toujours. C'est ce même sen- 
timent qui , malgré le défaut de variété dans 
les formes, a fait vivre pendant un siècle ses ou- 
vrages, premiers essais de Part en* France. 
Trente ans après la représentation des premiers '• 
opéras de Lully, leur mérite fut attaqué dans 
un Parallèle entre les Italiens et les François [ 
en ce qui regarde la musique et les opé- 
ras (1) ; mais l'auteur de cette brochure trouva j 
peu de sympathie parmi ses lecteurs. Cinquante i 
ans après, c'est-à-dire lorsque quatre-vingts an- 
nées de succès non partagés eurent fatigué l'at- 
tention de plusieurs générations pour ces mêmes 
ouvrages, la renommée de Lully fut mise à une 
plus rude épreuve par l'arrivée a Paris d'une 
troupe italienne qui fit entendre quelques com- 
positions de Léo, de Pergolèse et de Marcello 
de Capoue, bien supérieures aux siennes par l'é- 
légance des formes, les grâces et la variété de 

(i) Par l'abbé Raguenet; paris, not, in-iî. 



la mélodie, maia peut-être moins puissamment 
dramatiques. Tous les beaux esprits, les hommes 
dont la parole avait le plus d'autorité, se dé- 
clarèrent on faveur de cette musique, ai nouvelle 
à des oreilles françaises, et se persuadèrent que 
les psalmodies de Lully, comme ils les appe- 
laient, ne soutiendraient pas le parallèle. Des 
multitudes de brochures, à la tête desquelles il 
faut placer la lettre de Jean-Jacques Rousseau 
sur la musique française, furent publiées à cette 
occasion; cependant, malgré le crédit littéraire 
de ses adversaires, le vieux Lully sortit encore 
vainqueur de cette lutte. N'oublions pas enfin 
que le génie de Rameau même fut impuissant à 
bannir de la scène les œuvres de son prédéces- 
seur, et qu'après un siècle il ne fallut pas moins 
que les sublimes inspirations de Gluck pour en 
finir avec cette longue existence. La dernière 
représentation d'un opéra de Lully {Thésée) fut 
donnée en 1778 ; il y avait cent trois ans que le 
même ouvrage avait paru pour la première fois. 
On joua dans la même année Armide, Jphigé- 
nie, Orphée, de Gluck, Roland, de Piccinni, et 
les meilleurs opéras italiens de ce dernier, 
d'Anfossi et de Paisiello. Tel fut le cortège im- 
posant dont on environna les obsèques musi- 
cales du surintendant de la musique de Louis XIV. 
Que les musiciens de nos jours , dont le dédain 
accueille d'un sourire de pitié le nom de ce 
vieux maître, n'oublient pas qu'il y a des 
beautés réelles dans des œuvres qui jouissent 
d'une si longue vie, et qui font palpiter les 
cœurs de plusieurs générations chez une na- 
tion sensible et polie. Sans doute il y a trop d'u- 
niformité dans le style de Lully; trop souvent 
il a fait usage des mêmes rhythmes ; les mêmes 
finales s'y reproduisent trop fréquemment dans 
les phrases mélodiques, et son instrumentation 
manque d'effet; mais puisque ces défauts mêmes 
n'ont pu nuire à ses succès, il faut bien avouer 
que chez lui les qualités de l'expression ont dû 
être puissantes, pour en triompher. D'ailleurs, 
on ne peut apprécier avec justesse le mérite d'un 
artiste qu'en se plaçant au point de vue de 
circonstances où il s'est trouvé et en examinant 
l'influence qu'il a exercée sur ce qui l'entourait; 
or c'est dans un pareil examen que la valeur de 
Lully se manifeste tout entière. Tout était nul en 
France autour de lui, car le récitatif y était in- 
connu, et l'on n'y avait d'autre genre de mélodie 
que celui des chansons. Le chant dramatique et 
les chœurs d'action y étaient des nouveautés 
inouïes. Ce fut Lully qui créa tout, qui anima 
tout, qui devint le modèle sur lequel on se for- 
mula, et qui donna à l'art une existence qu'il 
n'avait pas. 



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LULLY 37* 

Les opéras de Lully , en partitions d'orches- sous le voile de l'anonyme, une sorte de biogra- 
tre, ont été imprimées m caractère* mobiles ; les phie satirique de Lully dans le pamphlet intitulé : 



mêmes partitions réduites pour le chant avec une 
partie de Yiolon et l'indication des rentrées 
d'instruments plus la basse, ont été gravées. 
Voici l'indication de celles que je connais 



Lettre de Clément Marot à Monsieur de ***, 
touchant ce qui s'est passé à l'arrivée de 
Jean-Baptiste de Lully aux Champs-Elysées. 
A Cologne, chez Pierre Marteau, 1688, petit 



1° Les Fêtes de V Amour et de Bacchus, pas- ! in- 12. 

torale, 1™ édition imprimée, Paris, 1679; LULLY (Louis DE), fils aîné du précédent, 

2* idem, ibid., 1717. — 2* Cadmus, tra- né à Paris, le 4 août 1604, eut, après la mort de 



gédie lyrique, 1" édition imprimée, Paris, 
1679; 2* idem, ibid., 1719. — Z°Alccste, réédi- 
tion imprimée, Paris, 1678; 2 e idem, parti- 



son frère Jean-Louis, la charge de surintendant 
et de compositeur de la chambre du roi. Par un 
acte decessiondu privilège de l'Opéra en 1713, 



lion gravée, Paris, 1708. — 4° Thésée, 1" édi- on voit qu'il vivait encore ; l'époque précise de 
tion imprimée, Paris, 1678; 2* idem, gravée, ! sa mort est ignorée. Il écrivit avec son frère 
Paris 1711. —5° Le Carnaval, mascarade, j Jean-Louis la musique de Popéra Zéphire et 
partition imprimée, Paris, 1720. — 6° Atys, Flore (en trois actes), qui fut représenté le 22 mars 
1" édition imprimée, Paris, 1679; 2<* idem, par- 1688. En 1690 il donna, avec son frère Jean- 
tition gravée, Paris, 1709. — 7° Isis, \' 9 édition i Baptiste, Orphée, en trois actes, qui eut peu de 
imprimée, Paris, 1677; 2* idem; ibid., 1719.— ; succès. Trois ans après, il fit représenter Alcide, 
8° Psyché, partition imprimée, Paris, 1720. — ou le Triomphe d'Hercule, dont il avait corn- 
D° Bellérophon, l" édition imprimée, Paris, j posé la musique en collaboration avec Marais. 
1679; autre gravée, Paris, 1712. — 10° Pro- ; Enfin il donna au mois d'octobre 1695, avec 
serpine, partition imprimée, Paris, 1680; Colasse, le Ballet des Saisons, en quatre en- 
2« idem, ibid., 1707. — 11° Le Triomphe de trées. Dans le voyage de la cour à Fontainebleau 
l'Amour, ballet, partition imprimée; Paris, en 1703, il fit exécuter devant le roi une can- 
1681. — 12° Persée, l n édition imprimée, Pa- tate intitulée : Le Triomphe de la Raison. 
ris, 1682 ; 2* idem, gravée, Paris, 1710. J'en ai j LULLY (Jean- Baptiste DE), deuxième fils 
le manuscrit de la main de Colasse et signé par du célèbre compositeur, naquit à Paris, au mois 
lui. — 13° Phaéton, l re édition imprimée, Pa- d'août 1665. Élève de son père pour la musique, 
ris, 1683; 2e idem, gravée, ibid., 1718. — I il fit des études littéraires et théologiques au 
WAmaéb, 1" édition imprimée, Paris, 1684; I séminaire de Saint -Sulpice. Louis XIV lui donna 
îc idem, gravée, ibid., 1711.-15° Roland, ! l'abbaye de Saint-Hilaire, près de Narbonne, ce 
l'e édition imprimée, Paris, 1685 ; 2e idem, gra- qu j n'empêcha pas qu'il eût une pension sur 10- 
vce, ibid., 1709.— 16* Le Temple de la Pair, j p , îraj après | a mor t <fc «>„ p è re . Il mourut à 
l>allet; Paris, 1685, imprimé. — il L'Idylle de la , Saint-Cloud, le 9 juin 1701. Avant d'entrer an sé- 
Paix et L'Éghgue de Versailles, partition impri- I minaire, il avait composé avec son frère Louis 
mée.Paris, 1685.— 18° Armide, première édition j a musique d'Orphée, opéra en trois actes, qui fut 
imprimée, Paris, 1686; 2e idem, gravée, ibid., représenté en 1690. On cite aussi de sa com- 
1710. — 19° Acis etGalatée, partition im- position quelques cantates et des symphonies, 
primée, sans date, mais vraisemblablement pu- j LULLY ( Jeah-Locis DE ), troisième fils de 
bliée en 1687. On y trouve le portrait de Lully, : Jean -Baptiste, fut baptisé à l'église de Saint- 
gravé parBonnard. ' Rocli, le 24 septembre 1667. Désigné pour la 

On a plusieurs biographies de Lully : la pre- i survivance des places que son père occupait à 
mière en date a été donnée par Le Cerf de la ' la cour, il n'en jouit pas longtemps après le dé- 
Vieville de Fresneuse, dans la deuxième partie ' ces de celui-ci, car il mourut à l'âge de vingt et 
de la Comparaison de la musique italienne UD ans, le 28 décembre 1688, et fut inhumé le 
et de la musique françoise (p. 182-239), Titon lendemain aux Petits-Pères. On ne connaît de 
du Tillet en a inséré une autre dans le Par- , sa composition que Topera- ballet de Zéphire 
nasse françois. Il en existe une mieux faite, et flore, qu'il fit avec son frère Louis, et qui 
sous le 'titre de Lulli musicien , brochure in-8° : fat représenté »e 22 mars 16S0. 
sans date (1779) et sans nom de lieu (Paris). 

Cette biographie est l'ouvrage de François Le f phlea dhomroe5 f<Hèbrc% qtte f0 oUit publier une «nriéré 
Prévost d'ExmeS (I). Sénecé a donné aussi, j d'hommes de lettres; mais cette entreprise ne réussit 

' pas et ne fut pas continuée. Les eiemplalres de la Notice 

(1) Ainsi nommé parce qu'il était de la petite vlUc ' sur Lully, tirés à part, sont très-rares. Le Prévost d'Ex- 
d'Kimes (Orne). Littérateur de mérite, mais peu fortuné, , mes mourut de mtière, à l'hôpital de la Charité, en 1798. 
Le Prévost écrivit cette notice pour un recueil de Btogra- Il était né le st septembre 17». 



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374 



LUMDYE — LUNEAU DE BOISJERMAW 



LUMBYE (H. C. ), compositeur de danses 
et chef d'orchestre danois, surnommé le Strauss 
du' Xord, est né à Copenhague, vers 1816. Il 
commença à se faire connatlre dans sa patrie 
vers 1839 , et obtint tout d'abord de brillants suc- 
cès par l'originalité de ses mélodies dansantes, 
la variété des rhythmes et le brillant de l'ins- 
trumentation. En 1841, il établit des concerts de 
danse à l'hippodrome de Copenhague, avec un 
orchestre qu'il avait formé et qu'il dirigeait avec 
talent, à l'imitation de Strauss et de Lanner. Ses 
compositions, bientôt répandues dans le Nord , 
en Allemagne, en France, en Angleterre, furent 
arrangées pour le piano , à deux et à quatre 
mains, et publiées à Leipsick , chez Breitkopf et 
Haertel. En 184 à il se rendit à Paris avec son or- 
chestre, et s'établit dans la salle qui existait alors 
rue Vivienne : il y fit une vive impression sur 
l'auditoire des premières soirées ; mais à cette 
époque il n'y avait d'enthousiasme oossible dans 
cette grande ville que pour les concerts de Mu- 
sard, quoique sa musique de danse fût bien 
moins originale et moins piquante que celle du 
compositeur danois. Lumbye, qui ne pouvait 
prolonger la lutte, à cause des frais énormes oc- 
casionnés par le personnel de son orchestre, 
prit le parti de retourner en Danemark, où bien- 
tôt ses succès eurent réparé ses pertes. En 1846 
il visita Berlin, et deux après il se rendit à Ham- 
bourg et à Leipsick. Les quadrilles, valses, galops 
et polkas de cet artiste s'élèvent au nombre de 
plus de trois cents. 

LUMPP (Léopolo), organiste et maître de 
chapelle à la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, 
est né le 4 janvier 1801 , à Baden-Bade, où son 
père était organiste et directeur de musique. 
Lumpp pire ayant été appelé plus tard à Ras- 
tadt, en qualité de professeur de l'école des 
instituteurs primaires, Léopold lit ses éludes 
littéraires au lycée de cette ville, puis à l'uni- 
versité de Fri bourg. Pendant qu'il y suivait 
les cours de théologie, il continua de s'instruire 
dans la musique, qu'il cultivait depuis son en- 
fance. Après qu'il eut été ordonné prêtre, le 24 
mai 1823, à Rothenbourg sur le Necker, il fut en- 
voyé comme vicaire à l'église paroissiale de Ras 
tadt. En 1825, il y fut nommé professeur et se- 
cond maître de musique de l'école normale. 
Lors de l'érection de l'archevêché de Fri bourg, 
en 1827, Lumpp y fut appelé comme bénéficier 
de la cathédrale, et chargé d'enseigner le plan- 
chant au séminaire; en même temps il remplis- 
sait les fonctions d'organiste. En 1838 il reçut sa 
Domination de maître de chapelle de la cathé- 
drale. Ses ouvrages sont ceux-ci : 1° Sammlung 
der bei Kirchlichcn Fcicrlichkeiten ublichen 



Choralgesxnge fur Katolische Gci&tltehe etc. 
( Collection de plain-çhants a l'usage des solen- 
nités de l'église pour le clergé catholique, etc. ) ; 
Fiïbourg, Herder, 1830. Une deuxième édition a 
paru sous ce titre : Der Ckoralgesangen nach 
der Cul tus der Katholischen Kirche fur Geùl- 
Uche, Cantoren und Organisten (Manuel do 
chant de l'église catholiqne à l'usage des ecclé- 
siastiques, des chantres et des organistes ); ibid., 
1837. — 2° Messes allemandes, à quatre voix, 
6 suites ; ibid., 1833. — 3* Huit chants à voix 
seule, avec accompagnement de piano, deux ca- 
hiers ; ibid. 1837. — 4° Edouard et Julie , chant 
alternatif pour ténor et soprano, avec ace. de piano; 
ibid., 1838. — 5° Livre de cantiques pour le dio- 
cèse de Fribourg,-en collaboration avec Gassner 
(voy. ce nom) ; ibid., 1839. — 6° Préludes pour 
l'orgue, première et deuxième partie; ibid. — 
7° Recueil de préludes et de finales pour l'orgue, 
snivi de pièces faciles, ibid. 

LUND ( Jean ) , pasteur luthérien à fon- 
dera, dans le duché de Schleswig, naquit à Ftas- 
bourg, en 1638, et mourut en 1686. On a de lui 
un livre intitulé : Alte jûdische HeUigt humer, 
Gottesdienste und Gewohnheiten des gamen 
levitischen Priesterthum* ( Antique sanc- 
tuaire judaïque, cérémonies et coutumes reli- 
gieuses de tout le ministère des lévites), dont la 
deuxième édition, publiée par Mùhlius, a paru à 
Hambourg, en 1738, in-fol. Lund y traite, dans 
les chapitres 4 e et 5* du 4« livre, des instru- 
ments et du chant des lévites. 

LUND (Daniel), savant suédois, né à 
Fogdœ, dans la Sudermanie, le 1 er août 1666, 
fut professeur de langues orientales à Abo et à 
Upsal, puis êvéque de Strengnaês. II mourut 
le 25 décembre 1747, à l'âge de quatre-vingt- 
un ans. Parmi les nombreuses dissertations aca- 
démiques qu'il a publiées, on en trouve une in- 
titulée : De mu sic a Hebrxorum antiqua, Up- 
sal, 1707, in-8°. 

LUND ( Chrétien- Ernest ) , né dans un vil- 
lage près de Glûckstœdt, en Danemark, le 13 
mars 1683, étudia la théologie à \ViUenberg;j| 
fut ensuite professeur au collège de Flensbourg, 
puis, en 1712, diacre dans la même ville, où il 
mourut, le 21 janvier 1767. On a de lut une dis- 
sertation intitulée : ratio de rcqaisitis bonx 
cantoris; Flensbourg, 1739. 

LUNEAU DE BOISJERMAIN (Prauus- 
JosEpn-FRANÇois ) , littérateur médiocre, connu 
par un commentaire sur Racine, est né à Issou* 
dun, en 1732. Après avoir achevé ses études au 
collège de Bourges, dirigé par les jésuites, il 
entra dans leur société ; mais bientôt, dégoûté 
de l'état qu'il avait embrassé, il le quitta, et alla 



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LUNEAU DE BOISJERMAIN — LUPI 



375 



s'établir à Paris, où il se livra d'abord à des spé- 
culations de librairie, qui ne furent point heu- 
reuses. Il passa le reste de sa vie dans l'obscurité, 
et mourut le 25 décembre 1801 . Parmi ses écrits, 
on remarque un Almanach musical dont il a 
paru trois années, en quatre parties, 1781-83, 
4 vol. in- 12: c'est un recueil fait sans discerne- 
ment et sans connaissance de Fart. 

LUPA€CHh\O(BBRNAitmN0) DELVASTO, 
compositeur de l'école romaine, dans le seizième 
siècle, succéda à Paul Animuccia comme maître 
de chapelle de Saint-Jean-de-Latran. L'abbé 
Baini nous apprend, d'après les registres de 
cette église , que le chapitre lui accorda six 
ècus pour le délivrer de la poursuite de ses 
créanciers ; mais que son congé lui fut donné en 
1555, parce qu'il faisait souvent des excès d'in- 
tempérance, après avoir terminé son service à 
l'église. Ce fut Palestrina qui lui succéda dans 
son emploi. Lupacchino fut un musicien de beau- 
coup démérite. Pitoni dit de lui, dans ses notices 
manuscrites sur les compositeurs, qu'il était ex- 
cellent maître de chant, et qu'il avait écrit de 
bons solfèges et des ricercari à deux voix. On 
connaît sous son nom : 1° Madrigali à quattro 
voci, lib. I; Venise, Ant. Gardané, 1546. — 
2° idem, lib. II ; ibid., 1546. — 3° Madrigali 
a S voci, lib. I ; Venise, 1547, in-4°. Dans une 
collection publiée à Venise, par Gardane, en 
1559, on trouve aussi des madrigaux de ce 
musicien. 

LUPI ; LUPUS. Beaucoup de recueils de 
compositions du seizième siècle renferment des 
morceaux sous ces noms. On a souvent confoodu 
les artistes qui les ont portés. De nouvelles re- 
cherches m'ont permis de débrouiller ce cahos. 
Ainsi que je l'ai dit dans la première édition de 
cette Biographie, les désignations sont quelque- 
fois assez claires pour distinguer avec certitude les 
artistes qui ont porté le nom de Lupi; ainsi 
l'un est appelé Jean Lupi; un autre, Lupus 
Lupi; un troisième, Didier Lupi, appelé souvent 
Didier Lupi second; enOn, il y a aussi Man- 
fred Lupi, compositeur né au commencement 
du seizième siècle, à Correggio, dans le duché 
de Modène,et dont le nom de famille était Lupi 
Barbarini. Pour tous, Lupi est le nom de fa- 
mille; Johannes ou Jean, Lupus, Didier, Man* 
fred, les prénoms. Jean Lupi et Lupus Lupi 
étaient Flamands, et leur nom de famille était, sans 
aucun doute, Wolfi Loup), dont la traduction 
latine est Lupus; mais d'après l'usage général 
des Pays-Bas, les noms de famille flamands ou 
latins se mettaient au génitif, tandis que les 
prénoms étaient toujours au nominatif. H 
suit de là que Lupus est le nom patrony- 



mique, car il y a dans le calendrier trois saints 
du nom de Loup (enlalin Lupus) t tous trois 
évéques. Ainsi Johannes Lupi signifie Jean 
Wolf ; Lupus Lupi , Loup Wolf. A l'égard de 
Didier Lupi, il était Français, et son nom de fa- 
mille était Lupi; il vécut plus tard que les au- 
tres, et ne peut être confondu avec eux. Man- 
fredi Lupi était Italien ; son nom de famille 
était Lupi Barbarini. La difficulté consiste en 
ce que, dans les recueils de composition du 
seizième siècle, on trouve quelquefois Lupi , 
seul, et quelquefois Lupus, également seul. 
Si c'est Lupi, il est incertain si le morceau 
appartient à Jean Lupi ou à Lupus Lupi 
si c'est Lupus, il est douteux si l'ouvrage 
est de Lupus Lupi ou de Lupus Hellinc 
( voyez Hellinc) , qui vécut dans le même temps. 
Toutefois il est à remarquer que les éditeurs ont 
pris le soin, en général, de nommer ce dernier 
par son nom de famille. J'ai distingué , autant 
qu'il m'a été possible, dans les articles suivants, 
ce qui appartient à chacun de ces artistes. 

LUPI ( Jean ) , musicien flamand , dont le 
nom était Wolf, fut un des artistes distingués 
de la première moitié du seizième siècle. On 
ignore quel fut le lieu de sa naissance et dans 
quelle école il fit ses études. M. de Coussemaker 
pense qu'il fut enfant de chœur de la cathé- 
drale de Cambrai, parce qu'il a trouvé le nom 
Johannes lupus écrit sur la garde d'un manus- 
crit de la bibliothèque de cette ville, lequel pro- 
vient du chœur de la cathédrale (1). Bien que la 
conclusion de ce fait soit un peu forcée, la chose 
n'est pas impossible. Quoi qu'il en soit, la plus 
ancienne mention authentique de la position de 
Jean Lupi est celle qui a été découverte par 
M. Pinchart, chef de section aux archives du 
royaume de Belgique, dans les comptes de la 
collégiale de Nivelles. Sa note est conçue en ces 
termes : « En 1502, Johannes Lupi est rem- 
« placé en qualité d'organiste du chapitre de Ni- 
« veltes, ou plutôt de l'église collégiale de Sainte- 
« Gertrude, par Otlion de Pont. Le motif de son 
« remplacement n'est pas indiqué. » M. Pin- 
chart conjecture que Jean Lupi a été élève de 
Jean Tinctoris, qui , dans les dernières années 
du quinzième siècle, était chanoine de la même 
collégiale, et peut-être aussi maître des en- 
fants de chœur. A l'égard du motif qui fit 
abandonner par Jean Lupi sa position d'orga- 
niste de l'église de Nivelles, on en trouve l'ex- 
plication dans les registres de l'église Sainte- 
Marie d'Anvers, où Ton voit qu'il fut chapelain 



(I) Notice »ur le$ collection 
ihèq>te de Cambrai, p. 35 et 40. 



mustcalêi de la WWto- 



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376 



LUPI 



chantre de cette collégiale dans la première moitié 
du seizième siècle, et qu'il mourut en 1547. Les 
ouvrages de sa composition portant les noms de 
Joh., ou Jo., ou J. Lupi, sont ceux-ci : 1° Jo. 
Lupi Musicx cantioncs quai vulgo MotetU 
nuncupantur 8, 6, 5 et 4 vocum ; Parisiis, ex 
officina Pétri Attatngnant et Huberti JaUet, 
1542, in-4° obi. — T Joh. Lupi Mutetx qua- 
tuor et quinque vocibus concinendœ; Venetiis, 
apud Ântonium Gardanum, 1545. Les recueils 
où Ton trouve des morceaux sons les mêmes 
noms sont : 1* MotetU de la Corona , Libro 
secundo; impressum Forosempronii, per Oc* 
tavianum Petrutium, etc., 1519, petit in-4\ Le 
motet Postquam consummati sunt, qui est le 
cinquième de ce livre, est de Jean Lupi.— 2° Mo* 
tetti del Trutto. Liber primus (sic). In Vene- 
tia, Antonio Gardane, 1538, petit in-4° obi. 
On y trouve deux motets de Jean Lupi. — 3° Fior 
di Mottelli tratti dalli Mottetti del Fiore. In 
Venetia, per Antonio Gardane, 1539, petit in-4° 
obi.— 4o Missarum quinque liber primus, cum 
quatuor vocibus ex diversis authoribus excel- 
lent issimisnoviler inunum congestus. Yenetiis, 
apud Hieronymum Scotum, 1544, petit in-4° 
obi. On y trouve la messe Peccata mea de Jean 
Lupi. — 5» Selectissimx necnvn familiaris- 
simx cantiones uUra centum, publié par S. Sal- 
blinger (voy. ce nom ). Augustx Vindelicorum, 

Melchior Kriesstein, 1560, petit in-4* obi 

6o Cantiones septem, sex, et quinque vocum, 
publié par le même éditeur ;ibid., 1545, petit 
in-4o obi. — 7o Concentus octo , sex, quinque 
et quatuor vocum; Augustx Vindelicorum , 
Philippus Vhlardus, 1545. — 8* Novum et 
insigne opusmusicum, sex, quinque, et qua- 
tuor vocum; Noribergx,arte Hieronymi Gra- 
p1»«i, 1539, in-4o obi. — 9° Liber quindccim 
missarum a prxstantissimis musicis compo- 
sitarum; Noribcrgx, apudJo. Petreium, 1538, 
petit in-4o obi On y trouve, sous le n° VIII, la 
messe Hercules dvx Fcrrarix, de Lupi, sur 
le même chant que celui de la inesse de Josquin : 
cette messe est aussi dans le Liber decem mis- 
sarum a pra'claris maximi nominis musicis 
contexlus; publié par Jacques Moderne de Pin- 
guento, à Lyon, 1540, petit in-fol. - 10° Tontus 
secundus et tomus tertius psalmorum selec- 
torum quatuor et quinque vocum; Xoribergœ, 
apud Jo. Petreium, 1539 et 1542, in-40. — 
1 1° Selectissimarum Motetarum partim quin- 
que et partim quatuor voeu m . Tom us primus ; 
iiid., 1540. — 12° Liber primus quinque et 
viginti musicales quatuor vocum motetos 
complectitur ; Parisiis, apud Petrum Attain- 
gnant, 1534, petit in-4° obi. — J3° Liber octa- 



rus, XX musicales motetos quatuor, quinque 
et sex vocum modulos habet, etc. ; îbid., 1534. 
— 14° liber nonus, XXII I DavUicos (sic) mu- 
sicales psalmos habet; ibiâ. f (634. — 15° Liber 
tertius, et liber quartus cum quatuor vocibus , 
impressum Lugduni , per Jacobum Moder- 
num de Pinguento. Anno Domini 1539, in-4° 
obi. Ces deux recueils sont des collections de 
motets. — 16° Quartus liber Mottettorum ad 
quinque et sex voces; ibid., 1539. — \7° Chan- 
sons à 4 parties, auxquelles sont contenues 
XXXI nouvelles chansons , convenables tant 
à la voix qu'aux instruments, livre /; impri- 
mées à Anvers, par Tylman Sosato, 1543. — 
18° Le deuxième livre des chansons à quatre 
parties; ibid., 1544. — 19* Le cinquième livre, 
contenant XXXII chansons à 5 et 6 parties : 
ibid., 1544. — 20° Le treizième livre, con- 
tenant XXVI chansons musicales et nouvelles 
à 5 parties; ibid., (sans date). — 21° Cantiones 
sacrx, quas vulgo Moietta vocant, ex opti- 
mis quibusçue hujus xlatis musicUselectx.IA- 
bri quatuor. Ed. Tilemannus Susato. Antrer- 
piœ, apudTiUemannv.m{m) Susato, i 546-1547, 
gr. in-4©. — 22° Libro llamado Silva de Sire» 
nos, compueslo por et excelente mvsico Anri- 
quez de Valderavano, etc. En ValladoUd, per 
Francisco Fernande? de C or do va y impi essor, 
gr. in-4°. — Plusieurs messes de Jean Lopi 
sont contenues dans les anciens volumes manus- 
crits de la chapelle pontificale, à Rome. 

LUPI (Lupus), musicien belge, dont le nom 
de famille fut Wolfet le prénom Lupus (Loup), 
vécut dans la première partie du seizième siè- 
cle. La position qu'il occupa n'est pas connue 
les recherches patientes de MM. de Burbure et 
Pinchart, ainsi que les miennes, ne nous ont rien 
fait découvrir à ce sujet. Hermann Finck en 
parle avec éloge dans sa Practica musica , 
comme s'il l'avait connu; d'autre part on peut croire 
qu'il a vécu en Italie, comme beaucoup d'artistes 
de sa nation à celte époque , car l'abbé Baini, 
maître de la chapelle pontificale, dit dans une 
note de son livre sur Palestrina (l) : Le opère di 
Lupo Lupi si trovano nella raccoUa indicato 
del Fiore, nella raccolla del Frulto, et varie se 
ne conserva no inédite net nostro archivio. Plu- 
sieurs messes à quatre et cinq vois de Lupus Lupi 
se trouvent dans les volumes des archives de la 
chapelle pontificale à Rome. Le volume XVI des 
manuscrits de la bibliothèque royale dé Munich, 
provenant de l'ancienne chapelle ducale, contient 
un motet à 4 voix de Lupus Lopi, et le volume XLI 
de la même bibliothèque renferme une messe à 

* (i) t. n t p»g. ss», note «w. 



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LIÏP1 — LUPUS 



377 



cinq voix de»cet artiste. Les autres recueils qui 
contiennent de ses compositions sont : 1° Mottetti 
del Fiore; Venise, Ant. Gardane, 1552. On y 
trouve : 1° le motet de ce maître Panis quem 
ego dabo. — 2° Mottetti del Frutto, libro se- 
condo; Venise, Ant. Gardano, 1544. Le motet 
Jlierusalem luge , qui se trouve dans le hui- 
tième livre des Musicales motetos quatuor, 
quinque, vel sex vocum (Parisiis, P. Attain- 
gnant, 1543, in,-4° obi.) est aussi de lui. 

LUPI (Didier), musicien français, vécut dans 
la seconde moitié du seizième siècle, et parait 
avoir été employé dans quelque église de Lyon, 
ou du moins avoir vécu dans cette ville ; car ses 
ouvrages y ont clé imprimés. Didier Lupi est 
nommé dans le prologue du quatrième livre de 
Rabelais, parmi les musiciens français qui eurent 
de la célébrité vers le milieu du seizième siècle. 
Les notes de Le Ducbat et des autres commenta- 
teurs de ce passage ne nous apprennent rien 
de plus, et les renseignements fournis sur cet 
artiste par son contemporain Dtiverdier, dans sa* 
Bibliothèque, sont dénués d'intérêt. Il était sou- 
vent désigné sous le nom de Lupi second, pour 
le distinguer de Jean Wolf, ou Lupi d'Anvers, 
f on prédécesseur immédiat ( F. Lupi (Jean). Les 
ouvrages connus de Didier Lupi sont les suivants : 
1» Chansons spirituelles de Guillaume Guer- 
ret mises en musique à quatre parties ; Lyon, 
chezGodefroid et Marcellin Beringer frères, 1548, 
in-4<>. Une deuxième édition de cet œuvre a été 
imprimée à Paris, par Nicolas Duchemin, 
en 1571, in- 4° obi. — 2° Tiers livre, contenant 
trente-cinq chansons à 4 parties*; ibid., 1548, 
in-4o obi. — 3° Psalme trente du royal Pro- 
phète David, traduits en françois par Giles 
Daurigny, dit le Pamphile, et mis en musique 
par D. Lupi second; Lyon, par Godefroid et 
Marcellin Beringer frères, 1549, in-4<> obi. Dans 
le deuxième livre du Recueil des recueils de 
chansons composées à quatre parties par 
plusieurs auteurs (Paris, Adrien Le Roy et Ro- 
bert Ballard, 1584, in- 4°) , on trouve deux chan- 
sons à 4 voix sous le nom de Luppi. Un pré- 
cieux manuscrit qui a appartenu à la duchesse 
d'Orléans, mère du roi Louis-Philippe, lequel 
contenait une nombreuse collection de motets et 
de chansons à 4 voix, renfermait une très-jolie 
chanson de Didier Lupi, sur ces paroles : Re- 
viens vers moi, qui suis tant désolé ! 

LUPI (Mario) , chanoine et primicerio de 
l'église cathédrale de Bergame, camérier d'honneur 
du pape Pie VI, naquit à Bergame , d'une famille 
noble, en 1710. Il fit ses éludes dans sa ville natale 
et au collège Cerasoli à Rome. Par ses travaux 
littéraires il acquit la réputation d'un nomme 



savant. II mourut dans sa patrie, le 7 novembre 
1789. On connaît de lui, en manuscrit, une 
Dissertazione intorno al suono. 

LUPI BARBARIN1 (Manfred); Yoy. 
BARBARINl ( Manfred-Lwi ). 

LU POT (Nicolas), luthier distingué, naquit 
en 1758, à Sluttgard, où son père, Français de 
naissance, exerçait la même profession. Celui-ci 
quitta la capitale du Wurtemberg lorsque son 
fils eut atteint l'âge de neuf ans, et alla se fixer 
à Orléans. C'est dans l'atelier qu'il y établit que 
le jeune Lupot étudia les principes de la facture 
des instruments à archet, et qu'il y acquit des 
connaissances étendues. En 1794 , ii s'éloigna 
d'Orléans, pour aller s'établir à Paris. Aucuu 
luthier de son temps n'avait étudié avec autant 
de soin les proportions, les qualités des instru- 
ments anciens, et ne les connaissait aussi bien. 
Stradivari était devenu particulièrement son mo- 
dèle, à cause de la perfection de ses formes : 
c'est sur les patrons des beaux instruments de 
cet artiste que Lupot fit lui-même de très-bons 
violons et des basses estimées. Il prenait quel- 
quefois plaisir à choisir des bois convenables 
pour la construction d'un quintette complet, 
composé de deux violons, deux altos et violon- 
celle, et à donner à ces instruments une analogie 
parfaite 4 pour la qualité des sons. Quelques 
amateurs ont eu de ces collections d'instruments , 
devenues rares aujourd'hui. Lupot excellait aussi 
dans la restauration des anciens instruments dv 
prix , se bornant à y faire ce qui était néces- 
saire. Il avait recueilli sur la facture des anciens 
luthiers et les qualités de leurs instruments un 
certain nombre d'observations qu'il confia à 
l'abbé Si birc, et qui servirent de matériaux à 
celui-ci pour son litre intitulé : La Chélonomie^ 
ou le parfait luthier. ( Yoy. Sirire.) Lupot est 
mort à Paris, le 13 août 1824. Son gendre et 
son meilleur élève, M. C.-F. Gand, a conservé 
ses principes dans la construction des instruments 
à archet 

LUPRANO ou LURANO (Philippe DE ), 
compositeur de la fin du quinzième siècle, né 
vraisemblablement dans les États vénitiens, a été 
un des auteurs de frottoles recueillies et im- 
primées par Petrucci de Fossombrone en neuf 
livres, depuis 1 505 jusqu'en 1508. On trouve des 
pièces de cet artiste dans les neuf livres. 
i LUPUS (ÉDOtARD), chanoine de la collé- 
giale Sainte-Marie, à Anvers, vers la fin du 
seizième siècle, a publié dans cette ville un ou- 
vrage cité par Paul Balduanus(£i6U0lA. philos., 
p. 182) , seus. ce titre : Opuscula musica; Au- 
vent, 1602, in-4°. Foppens ne parle pas de cet 
écrivain dans sa Bibliotheca belglca. 



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378 



LUR1N — LUSIGNAM 



LURIX (J.-M.), avocat à la cour royale 
de Lyon, littérateur et amateur de musique, est 
auteur d'un bon livre intitulé : Éléments du 
rhythme dans la versification et la prose 
françaises ; Lyon, Bauchu, et Paris, Gaume frè- 
res, 1850, 1 vol. in-8°. M. Lurin est, après le 
littérateur français Fr.-B. Hoffmann, et Castil- 
Blaze, le premier qui se soit occupé en France 
d'une manière sérieuse du rhythme de la ver- 
sification dans ses rapports avec la musique. 
« Après des erreurs nombreuses, dit -il (Préface, 
« p. 5), de longs et pénibles tâtonnements, je par- 
« vins, en m'appuyant toujours sur les principes 
« de la musique, en feuilletant sans cesse les 
« poètes et les musiciens, à construire une théo- 
« rie complète du rhythme de la versification et 
« de la prose françaises. »On ne peut faire à M. Lu- 
rin d'autre reproche que celui de s'être trop oc- 
cupé de la versification dans l'antiquité, où le 
mètre était en continuel conflit avec le rhythme 
musical et souvent l'absorbait; maïs dans la 
partie qui concerne spécialement les formes de 
la versification française , quant à la symétrie 
rhylhmique, on trouve de très-bonnes observa* 
tions. Au reste, le même sujet a été traité récem- 
ment d'une manière bien plus profonde et plus 
complète par M. Van Hasselt, inspecteur géné- 
ral de l'enseignement en Belgique, dont le travail, 
lorsqu'il Sera publié, résoudra tous les problèmes 
de l'accord de la poésie et de la musique , dans 
la versification lyrique. 

LUSCINIUS (Otiihar), dont le nom alle- 
mand était NACHTGALL (Rossignol) , naquit à 
Strasbourg, en 1487. Après avoir fait ses études 
dans cette ville, à Paris, à Louvain, à Padoue et 
a Vienne, il retourna dans sa patrie en 1514. 
Pendant son séjour à Vienne, il avait reçu des 
leçons de musique de Hoflliaimer, organiste de 
l'empereur, à qui il a accordé de grands éloges 
dans un de ses ouvrages. Lui-même y fit des 
icours de cette science, et eut un grand nombre 
d'élèves. Il remplit ensuite les fonctions de prédi- 
cateur à l'église de Saint-Maurice d'Augsbourg, et 
de lecteur de littérature grecque chez les Béné- 
dictins de Saint-Ulrich et Afra. Le goût de la 
littérature et des arts le ramena en Italie en 1517, 
et on le retrouve à Rome en 157.0. Il y a ici quel 
que embarras dans les dates ; car on voit dans 
Y Essai sur l'histoire de la musique en Alsace, 
et particulièrement à Strasbourg, de M. Lob- 
stein (i), que le 8 août 1517 Olhmar Lusci- 
nius fut nommé organiste de l'église Saint-Tho- 
mas, par le chapitre de cette collégiale. Suivant 
M. Lobstein il ne quitta celte position ,ct ne s'é- 

(l) Beltrtege tur c.eschlchtê der 3lusik im Eltats und . 
bttonden in Strasbourg, p. 58. 



loigna de Strasbourg, pour altère Augsbourg, 
qu'en 1523. Lui-même nous apprend qu'il a fait 
de longs voyages ; qu'il a demeuré quelque temps 
en Turquie, puis qu'il a parcouru presque toute 
l'Europe et une partie de l'Asie; enfin, qu'il a fait 
un long séjour en Hongrie et dans la Transyl- 
vanie. De retour à Strasbourg, il y fut pourvu 
d'un canonicat à l'église de Saint-Etienne, en 1521. 
Ami des Fugger, riches banquiers d'Augsbourg , • 
il obtint aussi par leur crédit un bénéfice, qu'il 
abandonna en 1526 pour se retirer à Bàle, où il 
eut l'emploi de prédicateur; mais les progrès de 
la réforme l'obligèrent à s'éloigner de cette ville, 
et il se retira à Fribourg en Brisgau, où il par- 
tagea l'appartement d'Érasme. Son caractère 
difficile et les sarcasmes qn'il lançait souvent 
contre ses meilleurs amis le brouillèrent bientôt 
avec cet homme illustre. Il retourna à Strasbourg, 
où Pon croit qu'il mourut, en 1535, mais certaine- 
ment à tort, car l'épllre dédicatoire de sa Afu- 
surgia est datée de Strasbourg , 1536. On a de 
Luscinius de bonnes éditions grecques et latines 
de quelques-uns des auteurs classiques, et deux 
livres sur la musique. Le premier de ceux-ci a 
pour titre : Institutiones musicœ a nemine un- 
quam prius pari facilitât e tentaiœ, Strasbourg, 
1515, in-4°. C'est dans la préface de ce petit ou- 
vrage que Luscinius nous apprend qu'il a ensei- 
gné la musique à Vienne, avec succès. Le second 
livre que nous lui devons sur la musique est 
intitulé : Musurgia, seu praxis musicx, illius 
primo qux instrument is agitur ceria ratio, ab 
Ottomaro Luscinio, Argentino, duobus abso- 
Ma. Ejusdem de concentut polyphoni, idest 
ex plurifariis vocibus compositi, canonibus , 
libri totidem; Strasbourg, 1536, in-4© ohlong 
de 102 pages. Une deuxième édition du même 
livre a été publiée également à Strasbourg, en 1 542, 
in-4<> obi. L'une et l'autre sont rares ; cependant 
elles ne sont pas introuvables , comme l'a cru 
Gerber, car j'en connais des exemplaires dans 
beaucoup de grandes bibliothèques, et moi-même 
j'en possède des deux éditions. La Musurgia de 
Luscinius offre beaucoup d'intérêt par les figures 
et les descriptions de la plupart des instruments 
en usage à la fin du quinzième siècle, et an 
commencement du seizième. Il a fait beaucoup 
d'emprunts pour son livre à l'ouvrage de Sébas- 
tien Wirdung (voy. ce nom ) , et même il l'a 
copié quelquefois littéralement. 

LUS1GNANI (VracEitzo), fut connu généra- 
lement sous le nom de Vincenzo da Modena, 
parce qu'il était né à Modtoe. Il est cité sous son 
nom véritable dans le catalogue des artistes il- 
lustres de cette ville, lequel est annexé à la Chro- 
nique manuscrite de Lnnrilotlo. On y voit que 



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LUS1GNANI — LUSTIG 



379 



Vincent Lusignani oa Lu signa no était un organiste 
excellent, au service du pape Léon X, et qu'il 
jouissait d'un traitement considérable (t). Lucas 
/Gaurico fournit des renseignements précis sur 
cet artiste, dans son traité d'astrologie. Il nous 
apprend qu'il était né le 23 février 1469; qu'il 
surpassait tous ses contemporains dans le jeu de 
l'orgue et du clavecin, et qu'avec ses longs doigts 
il touchait ces instruments avec autant de véio- 
•cilé que de douceur. Le traitement que lui ac- 
cordait le pape Léon X était, dit-il, de sept cents 
■écus d'or, somme énorme pour ce temps et qui 
parait exagérée. Déplus, il recevait des aliments 
•pour lui et son serviteur. Enfin, on voit dans le 
•même passage que Vincent enseigna à son neveu 
Jules (voy. Segni) l'art de jouer de l'orgue et 
des autres instruments à clavier (2). 

Jérôme Pasio ajoute à ces renseignemenl8,dans 
sa chronique, imprimée en 1525, que Vincent de 
Modène avait été d'abord au service d'un royal 
patron, qu'il nomme Frédéric (3) ; puis, qu'il passa 
à celui de Léon X; devenu pape en 1513, et 
-qu'enfin il était mort au moment où écrivait 
•Je chroniqueur (4). Aucune composition de Lu- 
signani n'est parvenue jusqu'à nous, ou du 
moins n'est connue jusqu'à ce jour. 

LUSITANO (Vincent) , musicien du sei- 
zième siècle, né à Olivença, en Portugal, vivait 
à Rome en 1551. Il y a lieu de croire que 
le nom sous lequel il est connu n'était pas ce- 
lui de sa famille, mais plutôt une désignation de sa 
nation, parce qu'il était Portugais ( Lusiiano ) de 
naissance ; au surplus, je n'ai aucun renseignement 
à cet égard, et mon opinion n'a que la valeur 
-d'une simple conjecture. Forkel l'appelle Vi- 
cente, d'après Machado ; mais Vicente ou Vin- 
•cenzo ne sont évidemment que le prénom. Une 
discussion s'était élevée entre ce musicien et D. 



\\) M. Vlcenzo Luslgnano, organlsta dlgnimlmo, cbe gtt 
«te eon In Santlta <fl Papa Léon X, con buonisslma pro- 
wiglone per suonare. 

(S) VlncenUns Mutlnensts organisa clarlsMmus r In pul- 
«andis Organtcla Instrumenta et cyrobalis erat pro cctrrts 
«rolnentl&slmus, com dlgttls longls et macilentls veloctisl- 
anus atqne dulcisttmus. Habebat pro salario qoolannis a 
: Leone X aareoa 700, et sportulun pro ipso et famulo : 
-edocolt Joli ara, ejus nepotem, Inpnlsandi* et ta m organb 
orphlcam. Anno i*e». Mense Februarlo, die ts, h. s. m. 60. 
i Tract, astrolog. nativ. p. 85. ) 

(S) Peut-être Frédéric III, dit le Sage, duc de Saie, qui 
commença à régner en i486. Ce prince aima beaucoup les 
sciences et les arts,fonda l'université de Wlttenberg, m t sot, 
-mais se sépara plus tard de l'Eglise catholique en deve- 
nant le protecteur de Luther. 
(4) Da Modetta Vmcenzo almo organista, 

Morto Federico suo real Padrone, 
Sonô pol In Roma al declmo Leone : 
Horsona col propheta Citharlfta. 

(Crow., p. W.) 



Nicolas Vicentino (voy. ce nom) sur ce que celui* 
, ci prétendait qu'aucun musicien compositeur ne 

savait en quel genre était la musique qu'il écri- 
| vail; ce qu'il offrait de prouver. V. Lusitano 

soutenait, au contraire, que tout bon musicien 
. connaissait le genre de la musique qu'il écrivait 

ou qu'il chantait. Le pari (ut de deux écus d'or, 
i et les adversaires choisirent Bartholomé Esco- 



hedo et Ghiselin Dankerts, chantres pontificaux, 
pour juges de leur différend. Après avoir remis 
par écrit leurs propositions aux arbitres, ils plai- 
dèrent tous deux en faveur de leur opinion, le 7 
juin 1561, dans la chapelle du Vatican, en pré- 
sence de tous les chantres de la chapelle ponti- 
ficale, et de plusieurs personnages éminents. 
Yincentino fut condamné à payer les deux écus, 
et les juges déclarèrent que Vincent Lusiiano 
avait prouvé qu'il entendait bien en quel 
genre était la musique qu'on exécutait commu- 
nément. Arteaga,qui a parlé de cette discussion 
dans ses Rivolusioni del teatro musicale ila- 
liano (t 1, pag. 222), n'a. pas compris l'état 
de la question. M. l'abbé Baini rapporte en dé- 
tail toute cette affaire (Memor. i$tor.~crit. 
délia vita e délie opère de Giov. Pierl. da 
Palestrina, I. 1, n°424 ), d'après des pièces au- 
thentiques et originales qui existent dans la cha- 
pelle pontificale. On a de V. Lusitano un petit 
traité de musique intitulé : Introduttione, faci- 
lissima e novissima, di canio ferma ', figu- 
rato,contraponto semplice % et inconcerio, con 
regole gênerait per far fughe differenti so- 
pra il canto fermo a 2, 3e A voci, e composi- 
tioni y proportions, generi diatonico,cromatico f 
enarmonico ; Rome, Antoine Blado, 1553, in-4° 
de 86 pages, avec le portrait de l'auteur. 11 y a une 
deuxième édition : In Venetia, appresso Fran- 
cesco Marcolini, 1558, in-4° de 23 feuillets dou- 
bles et une troisième imprimée à Venise, en 1561, 
chez Fr. Rampazetto. Tout ce qui concerne les 
fugues, ou plutôt les imitations et les genres, 
dans ce petit écrit, depuis la page 17 jusqu'à la 
page 23, de la deuxième édition, est digne d'in- 
térêt et contient de fort bonnes observations 
qu'on chercherait vainement dans d'autres ou- 
vrages. Une traduction portugaise du livre de Lu* 
silano, par Bernard de Fonseca, a été publiée à 
Lisbonne, en 1603. 
LUSTIG ( Jacques-Guillaume ), organiste à 
! l'église Saint-Martin de Groningue, naquit à 
; Hambourg, le 20 septembre 1706. Élève de son 
père, organiste de l'église Saint-Michel dans 
celte ville, il fit de si rapides progrès, qu'à l'âge 
de dix ans H pouvait déjà remplacer son maître 
dans ses fonctions, et lorsque celui-ci mourut 
il obtint sa place, quoiqu'il ne fût âgé que de 



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380 



LUST1G — LUTGERT 



seize ans. II étudia alors la théorie de la musique 
et la composition, sous la direction de Maîth - 
son, et apprit de Telcmann tout ce qui concer- 
nait la pratique de l'art. La fréquentation des 
théâtres et des concerts forma son goût. L'illus- 
tre J. -S. Bach, qu'il eut occasion d'entendre, 
devint son modèle pour l'orgue. En 1728, il con- 
courut à Groningue pour la place d'organiste de 
Saint-Martin, et l'obtint. Six ans après, il fit un 
voyage à Londres, pour entendre les opéras de 
Haendel et les célèbres chanteurs italiens de cette 
époque. De retour à Groningue, quelques mois 
après, il ne s'en est plus éloigné. Lorsque 
Bnrney visita cette ville en 1772, Lustig y rem- 
plissait encore ses fonctions d'organiste avec 
talent, quoiqu'il fût âgé de soixante-six ans. Il y 
avait alors quarante-quatre années qu'il occupait 
sa place d'organiste. On n'a plus eu de rensei- 
gnements sur cet artiste après la publication du 
voyage musical de Bnrney ; on sait seulement 
qu'il vivait encore en 1770, car il donna dans cetle 
année une traduction des voyages musicaux de 
Durney. Il avait alors soixante-dix ans. Lustig a 
publié de sa composition : 1° Six sonates pour 
le clavecin, gravées à Amsterdam. — 2° Suite 
aux amusements de musique de Mahaut, consis* 
tant en vingt ariettes spirituelles et dix mondai- 
nes. Mais c'est surtout comme écrivain sur la 
musique qu'il s'est fait connaître avantageuse- 
ment. Parmi ses travaux en ce genre, on remar- 
que : 1° Inleyding tôt de musikkunde, uit 
klaare onweder-spreekelyke gronden, de in* 
nerlykc geschapenheit, de oorzaken van de 
sonderbaare uttwerkselen, etc. ( Introduction 
à la connaissance de la musique ) ; Groningue, 
1751, in-8°. Il y a une deuxième édition perfec- 
tionnée de ce livre ; Groningue, 1 77 1 , in-8°. Dans 
le catalogue delà bibliothèque Van Hulthem, on 
en indique (n° 9800) une édition d'Amsterdam, 
1758 ; mais j'ai vérifié l'exemplaire : c'est la pre- 
mière édition dont on a changé le frontispice. 
Ce traité est purement théorique : Lustig y fait 
preuve de savoir et de philosophie. — 2° Muzy- 
kaale spraakkonst, of Duidelyke aanwyùng 
en verklaaring van allerhande ucetenswaar- 
dige dingen, die in de gehecle musykaale 
praktyk toteenen grondslag konnen verstrek 
ken. (Grammaire musicale, ou instruction et 
explication claire de toutes les' choses dignes 
d'être sues, et qui peuvent servir de base à toute 
la pratique de la musique) ; Amsterdam, Olofsen, 
1754, in-8° t— 3° Twaalf redeneeringen over 
nuttige musykaale ondetwerpen, verhande- 
tende ; 1° Algemeene beginselen, etc. (Douze 
arguments sur des sujets de musique fort utiles, 
contenant : 1° Principes généraux, — 2° Le vrai 



rapport des notes ut, ré, mi f etc., — 3° et 4° Les 
tons fondamentaux des psaumes, — 5° Le bon 
emploi de la musique de chant, — 6° L'origine 
de l'art du chant, — 7° L'essence de la mu- 
sique, — 8° Le goût musical, — 9° La poésie mu- 
sicale, — 10° Un nouveau système des inter- 
valles, — 11° et 12° L'harmonie musicale et un 
traité complet des chants de l'église, enrichis de 
quelques suppléments qui font comprendre l'état 
actuel de la musique (avec 20 planches ) ; Ams- 
terdam, Olofsen, sans date ( 1756 ), in-8° de 699 
pag. avec une table générale. Cet ouvrage a para 
sous la forme d'un journal, en 12 numéros, de 
mois en mois. Il est écrit en dialogues, et ren- 
ferme des choses fort bonnes et très-curieuses. 
Dans le numéro 10 on trouve la description du 
piano de Bartboiomé Cristofali , avec la figure 
du mécanisme, traduite de l'italien, deMaffei. 

Lustig a aussi traduit en hollandais plusieurs 
bons ouvrages relatifs à la musique, et les a en- 
richis de notes savantes et éradites, entre autres: 
io L'essai d'une méthode pour apprendre a jouer 
île la flûte par Quantz, sous ce titre : Grondig 
onderwys der dwars/luit, etc., Amsterdam, 
1754, in-4°, — 2° La Mxuico-Theologia de 
J.-M. Schmidt, intitulée: MuHco-Tkeologia, of 
stigtelyke toepassing van musikaale tcaarke* 
den; Amsterdam, Olofsen, sans date (1756), 
in- 12 de 261 pages et 3 tables des passages de 
l'écriture, des auteurs et des matières. — Z°VOr- 
ganum Gruningense redîvivum, de Werkmeis- 
ter, etc. — 4° L'introductiou à l'art de jouer du 
clavecin, de Marpurg, sous ce titre ; Aanleidîng 
tôt het clavier spielen ; Amsterdam, Olofsen, 
1760, iu-4°. — 5° La méthode de violon fie 
Wodiczka {voyez ce nom), intitulée: Korle 
Instruciie voor de viool , etc. ; Amsterdam , 
Olofsen, 1757. — 6° La méthode de flûte de Ma- 
haut. — 7° Les voyages musicaux de Burney, 
sous ce titre : Dagboek van zyne muzikaaie 
reize door Frankryk, Italien cnDuitschland ; 
Groningue, 1776, in-8°. — On a aussi de Lustig 
des notices sur 146 musicien!*, insérées dans le 
deuxième volume des lettres critiques de Mar- 
purg ; le plus grand nombre est sans intérêt, 
mais il y en a quelques-unes qui fournissent des 
renseignements utiles, particulièrement sur de* 
artistes hollandais. 

LU1GERT (F.-H. ), musicien à Hambourg, 
vivait à la fin du dix-huitième siècle. Il a fait 
graver de sa composition : 1° Douze chansons 
allemandes, avec accompagnement de piano; 
Hambourg, 1797. — 2° Six variations sur l'air : 
Contre les chagrins de la vie pour piano, op. 2 ; 
ibid., 1798. — 3° Journal de la musique de piano 
extrait des meilleurs opéras allemands et fran- 



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LUTGERT — LUTHER 



381 



çais ; Hambourg, Meyer. — 4° Huit variations 
pour le piano sur un air allemand ; ibid. v 180 1. 

LUTHER (Martin), célèbre réformateur, 
naquit le 10 novembre 1494, à Kisleben, dans le 
comté de Mansfeld, en Saxe. Il commença ses 
éludes à Mansfeld, les continua à Eiscnacli, et 
alla les terminer à Erfurt, où il fut gradué maî- 
tre de philosophie en l&Oô. 11 se destinait alors 
au barreau; mais la mort funeste d'un ami tué a 
ses cotés, par un coup de tonnerre, frappa son 
imagination d'une terreur qui le conduisit à s'en- 
fermer au couvent des Auguslins d'Ërfurt. Il y 
fit profession, et bientôt il s'y distingua par son 
éloquence et son savoir L'histoire des circons- 
tances et des motifs qui le conduisirent a sa 
doctrine de la réformation n'appartient pas à cet 
ouvrage : on la trouve dans tous les diction- 
naires biographiques. Luther mourut à Eislcben, 
le 18 février 1546. Il fut inhumé avec pompe 
dans l'église du château de Wittenberg. 

Luther n'était pas seulement théologien; il 
cultivait aussi avec succès la poésie et la 
musique. La nature l'avait doué d'une belle 
voix et d'un goût passionné pour le chant et 
pour Tharmonie. Encore enfant , il apprit les 
éléments de l'art au collège de Mansfeld ; à Mag- 
debourg, il continua ses études musicales, et à 
Kiscnach il fut admis au chœur de V église. 11 a 
laissé des témoignages non équivoques de son 
amour pour la musique dans deux lettres, dont 
la première, adressée au compositeur Louis 
Senfel (voy. ce nom) , est datée de Cobourg, le 4 
octobre 1530 (l), et dont l'autre, intitulée En- 
comium musices, a été écrite à Wittenberg, en 
1538(2). «La musique (dit-il) gouverne le 
* monde; elle rend les hommes meilleurs; elle 
« adoucit leurs mœurs. La musique est le meil- 
a leur soutien des affligés ; elle rafraîchit l'Ame 
« et la rend à la félicité. On ne peut mettre en 
« doute ( ajoute-t-il dans un autre endroit) que 
« les esprits sensibles à la musique ne renfer- 
« ment le germe de toutes les vertus ; mais ceux 

(1) Elle a été publiée dan* la collection des lettres de 
Luther, par François Budcc. p. Si 3. Foikcl la donnée 
au«sl dans son almanach musical pour l'année 1781, 167 
et sulv. 

(«) On trouve cette lettre daos ses œuvres, t. VIII , 
p. 140 de l'édition de Jena. Werkmetoterl'a insérée dans son 
livre : J^Qrde, Cebrauch und MisOrauctider edten Mu- 
ùkhuntt, 1691, in-*°, p se. Enfin on la trouve dans la Bi- 
bliothèque musicale de Mlzler, t. Il, p. 50; dans le livre 
de Win ter intitulé De cura prlnclpum et magistratuum 
piorum in tuendo et contervando cantu ecclesiatico ; et 
dans le petit volume de M. FA. Recck. qui a pour titre : 
Dr. Martin Luther't Cedankm veber Mu$ik (Opinions 
de Martin Luther concernant la muilquc) , p. xxi. J. C. 
S. Ktcfhaher a aussi publié la lettre a Senfel, avec des 
notes, a Munich, en 1817. \Foici Kiifbaber.) 



« qu'elle ne peut toucher, je ne puis mieux les 
« comparer qu'à des morceaux de bois ou de 
« pierre. La jeunesse doit Être élevée dans cet 
* art divin, qui rend les nommes meilleurs ; 
« enfin la musique est nécessaire dans les écoles, 
» et je ne considère pas comme un instituteur 
« celui qui ne sait pas chanter. » 

Bien qu'il ne fût pas un savant musicien, Lu- 
ther |x>ssédait des connaissances assez étendues 
dans la musique pour cultiver cet art avec 
fruit. Non-seulement il était en état de chanter 
des chorals à première vue, mais il pouvait lire 
avec facilité toute espèce de musique. Il con- 
sacrait h cet art toutes les soirées qu'il passait 
au milieu de ses enfants et de ses amis. Ils 
chantaient alors de beaux motets de Senfel, de 
Josquin et d'autres grands maîtres : Lutlier fai- 
sait venir, pour les exécuter, des musiciens exer- 
cés, et organisait chez lui 9 de petits concerts. 

« A moins de se montrer injuste (dit le pasteur 
« Rambach, dans son excellent livre intitulé : 
« De V influence de D. Martin LUther sur le 
« chant d'église (i) , on est forcé d'avouer que 
« personne n'était plus apte que Luther à orga- 
« niser noblement et d'une manière utile le chant 
« religieux et le service divin. Réunissant fi- 
« inagination à la sensibilité, la persévérance à 
« l'amour du peuple, le goût et la connaissance 
« théorique et pratique du chant à beaucoup 
« d'autres qualités qui se rencontrent rarement 
« ensemble, il était plus capable qu'aucun autre 
« de faire pour le citant d'église ce qu'il fit en 
« effet. » 

Dans sa liturgie, il insiste sur la nécessité de 
retrancher les antiennes et cantiques de la Vierge, 
l'offertoire, les chants de vigffe et de la messe 
des morts, qu'il considérait comme contraires à 
l'esprit évangélique. Les proses furent aussi sup- 
primées par lui ; il les estimait peu, et les consi- 
dérait comme ne faisant point essentiellement 
partie du culte. En général , il ne conserva des 
anciennes pièces de chant que ce qui con- 
tenait des louanges de l'Éternel et l'expression 
de la reconnaissance pour ses bienfaits. 

Luther ne fit pas disparaître absolument les 
chants latins de l'office divin, il n'approuvait 
même pas ceux qui le firent; mais, en beau- 
coup d'endroits il remplaça par de simples 
chorals en langue vulgaire, en faveur du peuple, 
des pièces plus longues et plus difficiles. Au 
reste il n'y eut point en cela d'innovation ; car 
Mélanchthon a fort bien remarqué, dans son Apo- 
logie de la Confession d'Augsbowg, quel'usage 



(i) Veber Dr, Uither Ferdienste um den*Kirchençe- 
sane, etc. ; Hambourg, 18 J 8. 



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382 



LU THER 



du chant allemand par le peuple, dans le culte, 
est fort ancien. M. Henri Hoffmann a prouvé, 
dans son intéressante Histoire des chants d'é- 
glise jusqu'au temps de Luther (1), que ces 
chants existaient avant le douzième siècle, et en 
a rapporté des exemples. 

Convaincu de la nécessité d'une réforme dans 
le chant d'église, et voulant surtout lui donner une 
assez grande simplicité pour que le peuple pût 
lui-même chanter les psaumes et les cantiques 
dans l'office divin, il choisit dans les anciennes 
mélodies religieuses du culte catholique celles 
qui répondaient à ses vues, et composa lui- 
même d'autres chants, devenus des modèles 
<;u'on a imités depuis Ion. Les chants anciens 
qu'il conserva sont ceux des hymnes qu'il tra- 
duisit 'du latin; ainsi la mélodie du canti- 
que Der du bist drei in Ewigheit, etc., est 
la même que celle de, beata lux trinitas; 
celles de Christum Wir sollen loben tchœn , 
et de Komm, Gott schoepfer , heiliger 
Geist, sont v les mêmes que celles de Veni 
Creator spiritus, et de Ortus cardine. A 
l'égard des hymnes Veni Redemptor (num 
Komm der heiden Heiland) et Te Deum 
laudamus (Herr Gott, dich loben Wir), 
Luther y fit de notables changements. Les 
chants composés par Luther se divisent en deux 
classes : 1° ceux des traductions en prose de la 
Bible ; — 2° ceux des cantiques versifiés. Les 
premiers se distinguent par une mélodie simple, 
plusieurs syllabes étant placées sur la même in- 
tonation, ce qui leur donne de l'analogie avec 
l'ancienne psalmodie. Des modulations plus va- 
riées, plus fortes, plus expressives, caractérisent 
au contraire la seconde classe. Parmi les chants de 
la première classe, on remarque particulièrement 
ceux que Luther composa à Witteriberg, pour la 
messe allemande, et qu'il publia d'abord dans sa 
liturgie, en 1516, pois dans sa Formula missx et 
communionis pro ecclesia (Wittenberg, 1523, 
2 vol. m-4°). Les principaux sont : 1° deux 
chants différents pour l'épitre ; — 2° celui de 
l'évangile; — 3 a le Pater (Vater unser). A 
l'égard des cantiques de Zacharie, de Siméon, 
de Marie, et des litanies allemandes, attribués à 
Luther, il n'est pas certain qu'ils lui appartien- 
nent L'épitre et l'évangile ne se chantent plus; 
on les récite simplement. Les autres chants ont 
été conservés dans la partie de l'Allemagne où 
les formes de la messe et l'usage de la musique 
pendant l'office divin existent encore. 

La seconde classe des compositions est plus 



(1) CeschlcMe des deutschen KirchenUedes Hs aufLu- 
her$ Zeit ; Brestou, is»t, to-S»'. 



intéressante, et par elle-même, et parce 
qu'elle est encore en usage dans les temples de 
l'Allemagne protestante. . On n'est pas d'ac- 
cord sur le nombre de cantiques dont les 
mélodies lui appartiennent. Turk n'en compte 
que seize dans son livre Des principaux de 
voirs d'un organiste (1) ; d'autres le portent 
jusqu'à vingt, et même davantage. Mais il en 
est plusieurs qu'on lui a attribués, et.'qui ne sont 
point de lui : tels sont les cantiques Mensch r 
uillst du leben, ttc; Dies sinddie heil'gen,eic. 
N'oublions pas que lui-même dit dans la préface 
de sa liturgie, publiée en 1557 : « L'hymne A» 
« last uns den lÀeb begraben, qu'on chante 
« aux funérailles, porte mon nom, mais elle 
« n'est pas de moi. Si je la renie, ce n'est pas 
« que je ne la trouve excellente; mais elle 
« est de Jean Weiss, et je ne veux pas 
^ m'approprier son ouvrage. » Suivant le» 
meilleures autorités et les livres de mélodie» 
chorales publiés vers le milieu du seiiièree 
siècle, Luther parait être auteur de celles-ci : 
' 1° Nun freut euch 9 lieben Christen gemein, etc. 
— 2° Christ lug in Todesbanden. — 3° Ein 
neues Lied wir haben an, etc. — 4° Au* 
tiefer tioth schrei Ich zu dir, etc. — 5° Ack 
Gott, vom Himmel sieh darein, etc. — 6° E$> 
tcolV uns Gott gnxdig seyn, etc. — 7° Wir 
glauben alV an einen Gott, etc. — 8° Mit 
Fried' und Freund* Ich fahr'dahin , etc. — 
»• Jesaia, dem Propheten, etc. - 10° Wohl 
dem, der in Gottes furent steht, etc. — 11° Jé- 
sus Christus, unsci* Heiland. - 12° Es spricht 
der unweisen Mund. — 13° Wœr Golt nicht 
mit uns dièse Zeit. — 14° Verleih uns Frieden 
gnœdiglich, etc. — 1 5° EMfeste Burg ist unser 
Gott, etc. — ld° Vom Himmel hoch da komm 
Ich, etc. — 17° Vater unser im Himmel- 
reich, etc. — 18° Christ unser Herr, etc. — 
19° Erhalt uns, Herr. — 20° Sie ist mir 
Lieb, etc. 

Si l'on a attriboé à Luther des mélodies de can- 
tiques qui ne lui appartiennent pas, il ne faut 
pas imiter l'auteur de La Harpe de Sion (1), 
qui lui dispute non-seulement les cantiques 
Wir glauben alVan einen Gott f etc., Verleih 
uns Frieden gnœdiglich, etc., mais qui pré- 
tend que la mélodie Bin'feste Burg ist unser 
Gott n'est que l'hymne du culte catholique Exul- 
tet cœlum laudibut; que celle de Sun freut 
euch, lieben Christen gemein est semblable au 

(l) Von den. uichtigttcn Pfllchten eines OrgwH*- 
ten, etc ; Halle, 1787, in-8». 

(») Die SiOM'Harfe oder Àbhandlund ûber dos icesm, 
die CcschteMe vnd die LUeratur der Kathoi. Kirchm- 
geswnge. 



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LUTHER 



383 



chant Fortem virili pectore: que JSrhaltuns, 
Uerr, bei deinem Wort, est sans aucun chan- 
gement l'hymne Jesu corona virginum, et qu'il 
en est de même de plusieurs autres. Cependant 
un examen attentif ne fait découvrir entre ces 
morceaux que de faibles analogies. A ceux qui 
prétendent contester à Luther la composition 
des mélodies de ses cantiques , et qui affirment 
que toutes ces mélodies sont l'ouvrage de J. 
Walther, de Conrad Rupff, de Martin Agri- 
cola, de Senfel, de Henri Isaak, de Georges 
Rhaw, de Thomas Stœlzer et d'autres, on peut 
opposer le témoignage de Jean Walther lui-même 
qui, dans la préface de son Cantional, s'exprime 
ainsi : « Il y a quarante ans, lorsqu'il (Luther) 
« voulut établir la messe allemande à Witten- 
« berg, il écrit it au prince Jean, de glorieuse 
« mémoire, pour que son professeur de chant, 
« Conrad Rupff, et moi vinssions à Witten- 
« berg, afin de se concerter avec nous sur la 
« musique chorale. Il employa le huitième ton 
« pour l'épi tre, et le sixième pour l'évangile, en 
« disant : « Les paroles de Jésus-Christ étant 
« remplies de douceur, nous consacrerons 
« le sixième ton à V évangile; et saint Paul 
« étant un aptftre austère, nous emploierons 
« te huitième ton pour Vépttre. Il composa 
« aussi la musique des épttres , des évangiles, 
« du Qui pridie, me la chanta et me demanda 
« mon avis. Il me retint pendant près de trois 
« semaines à Wittenberg, occupé a écrire 
a la musique de ses évangiles, de ses épî- 
« très, jusqu'à ce que la première messe aile- 
« mande eût été célébrée dans tes paroisses. Je 
« fus obligé de les écouter attentivement, d'en 
« emporter une description à Torgau, et de la 
« présenter au prince de la part du docteur. Il 
« entreprit de composer des vêpres pour ta 
« jennesse, et il écrivit à cet effet de beaux 
« cantiques allemands , qu'il entremêla ce- 
« pendant d'anciens cantiques latins; etc. » 
Ce témoignage est irrécusable, et démontre que 
Luther est réellement auteur du chant de quel- 
ques-unes des mélodies de l'ancien Choralbuch, 
quoiqu'il soit certain que beaucoup d'autres 
ont été composées par J. Walther, C. Rupff, G. 
Rhaw, J. Agricole, Speratus, Stœlzer, Die- 
trtclit, et d'autres anciens musiciens allemands. 
La première édition du Choralbuch (livre 
choral ) fut publiée à Wittenberg, en 1524 ; elle 
ne contenait que huit mélodies de Luther. Il en 
parut une autre, plus étendue, en 1525. J'en pos- 
sède une fort rare intitulée Enchiridion geistli- 
cher Gesenge und Psalmen fur die Leien, 
mit vicl andern zuuort gebessert , petit in-8° 
carré de sept feuilles. A la fin du volume on lit : 



i Gedruckt durch Michael Blum, 1528 (sans 
! nom de lieu ). Ce livre contient quelques psaumes, 
les cantiques, les vêpres, matines, compiles, li- 
tanies et la messe allemande, avec les mélodies 
gravées sur des planches de bois, l'indication de 
celles qui sont tirées de l'antiphonaire et du 
graduel romain, et les noms des auteurs des 
chants allemands : parmi ceux-ci on remarque 
celui de Luther aux. cantiques Nun freui euch, 
lieben Christ en gemein, etc.; Jésus Christus 
unser ffeiland, et à sept autres. Il y a aussi 
une autre mélodie sur Jésus Christ us unier 
Beiland, indiquée comme l'ouvrage de Jean 
Huss, perfectionné par Martin Luther. Les édi- 
tions, plus ou -moins augmentées, du livre cho- 
ral se multiplièrent rapidement. J'en possède 
environ quarante, tontes du seizième siècle, en 
différents formats, et ce n'est pas à beaucoup 
près toutes celles qui ont été publiées. Elles ont 
toutes pour titres Enchiridion geistlicher Ge- 
sœnge, ou geistlicher Lieder D. Mart. Lu- 
ther f s. Une des plus belles est celle qui a été 
donnée par Yalentin Bapst, à Leipsick, en 1545, 
in-8°, avec la musique bien imprimée, et le nom 
de Luther à tous les cantiques qui lui appar- 
tiennent. Toutes les pages sont encadrées de jo- 
lies vignettes, et l'on trouve en différents en- 
droits de belles figures en bois. Les mêmes mé- 
lodies ont été adaptées à des traductions des 
cantiques et des psaumes dans les différents 
patois de l'Allemagne, et dans ses différents 
dialectes. J'en possède plusieurs en patois de 
Hambourg, de Magdebourg, de Berne, en lan- 
gue dalmate, et même en Bohême et en polonais. 
Tous ces livres de chant, qui portent le nom de 
Luther, sont antérieurs à 1580. M. K. Grell a 
aussi publié les cantiques de Luther, avec ses 
opinions sur la musique, sons ce titre iLuther's 
geistliche Lieder nebst dessen Gedanhen uber 
die Musik; Berlin, 1817, in-8». 

On peut consulter avec fruit, sur Luther et 
sur ses, travaux dans la liturgie musicale des 
églises réformées, les ouvrages suivants, dont 
quelques-uns ont été publiés à l'occasion de la 
troisième fête séculaire de la réformation : 
1° Dr. J. G. W. Augusti de Hymnorum sa- 
crorum debemus in Historia dogmatum usu ; 
Breslau, 1817. — 2° O. L. Ramhach UeberLu- 
ther's Verdienste um dem Kirchengesœnge 
(Sur l'influence de Luther dans le chant d'é- 
glise); Hambourg, 1813. — 3°Luther's Ver- 
dienste um Musik und Poésie von Knecht 
( Influence de Luther sur la musique et la poé- 
sie, par Knecht); Ulm, 1817. — 4° Luther's 
Verdienste um die Musik, von Mûllcr (In- 
fluence de Luther sur la musique, par Millier ); 



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384 



LUTHER — LUZZASGO LUZZASCHI 



Erfort, 1817. — 6° Mortimer, Dcr Choralge- 
sang zur Zeit der Reformation ( Le Chant 
choral au temps delà Réformation) ; Berlin, 1821, 
in-g<». ^_ 6° Ueber die, zur Dreihundert jah- 
ringen Jubelsfeier der Reformation verschie- 
nenen Schriflcn (Sur les ouvrages publiés à 
l'occasion de la Tète du troisième siècle de la ré- 
formation); Nuremberg, 1817. —7° Index li- 
brorum ad celebranda sacra sxcularia refor- 
mations ecclesiasticx tertio, quos bibliotheca 
regia Berolin., comparavit jussu V. E. et J. 
ab AUenstein editus ; Berlin, 1821. —8° Dr. 
Martin Luther's Gedanken HJber die Musik, 
von F.- A. Beeck (Opinions de M. Luther con- 
cernant la musique, par M. Frédéric-Adolphe 
Beeck) ; Berlin, 1825, in-8 .— 9° Une suite de 
bons articles sur les auteurs des mélodies cho- 
rales de l'église réformée, dans les quatre pre- 
miers volumes de l'excellent écrit périodique 
publié aBreslau, par M. J.-G. HientzscU, sous 
ce titre : Eutonia, eine hauptsœchlich Musik 
Zeitschrift. J'ai puisé dans ces divers ouvrages 
les éléments de cet article. 

LUX (Frédéric), violoniste et maître de 
concerts à Dessau , né le 24 novembre 1820 à 
Ruhla, dans le duché de Saxe-Cobourg-Gotha, 
fit ses premières études musicales à Eisenach, 
et devint élève de Frédéric Schneider, a Dessau, 
en 1839. En 1846 il fit exécuter une cantate de 
ftte dans cette ville ; elle obtint -un succès si 
brillant, que les daines lui firent offrir une cou- 
ronne d'argent. Le 24 mars de la même année, 
il fit représenter sur le théâtre de la cour Topera 
de sa composition Dos Kœthehen von Heil~ 
bronu (Catherine de Heilbronn), dont la musique 
fut fort applaudie. Postérieurement M . Lux s'est 
fixé à Mayence, comme professeur de musique. 

LUYR (Adam), savant musicien du seizième 
siècle, naquit à Aix-la-Chapelle. Glaréan le vit 
dans sa jeunesse à Cologne, où il enseignait les 
mathématiques. On trouve dans le Dodecachor- 
don du savant de Glaris (pag. 291) une chanson 
latine d'Adam Luyr à trois voix, fort bien faite, 
et qui offre un curieux exempte de l'emploi des 
prolalions parfaite et imparfaite. 
. LU YTON ( Charles ), bon organiste et com- 
positeur de l'empereur Rodolphe II , vécut à 
Prague depuis 1577 jusqu'en 1611, époque où il 
mourut en cette ville, dans un âge avancé. On 
connaît de cet artiste : 1° Épigramme latine sur 
le blason des maisons nobles Berka de Dub et 
de Lypa, mise en musique; Prague, 1579. — 
2° Madrigali acinque voci ; Venise, 1582. — 
3° Selectissimarum sacrarum cantionum sex 
vocibus compositarum, nunc primum in lu- 
cem editanim, fasciculus prhnus ; Pragx, typis 



Georgii Nigrivi, anno 1603. Ce recueil contient 
29 motets à six voix. — 4° Opus musicum in 
Lamentationis Hieremix prophetœ ; Pragx , 
typis Georgii Nigrini , 1604. — 5° Collectio Mis- 
sarum 7 vocum, Pragœ, typis Mcolai Stravs, 
1609. Cet ouvrage, dédié à l'empereur Rodolphe, 
a été réimprimé à Francfort-sur-le-Mein, en 161 1, 
in-fol. — 6° Popularis anni Jubilus, seu man- 
tisse, a Georgio Bertholdo Pontono e Brei- 
tenberg scripta, et a nobili clarissimoque 
Carolo Luyton,organista Cxsaris antepaucos 
annos, suavissima melodia exornata; Franc- 
fort, 1595, in-4°. 

. LUZZASCO LUZZASCHI, célèbre orga- 
niste et compositeur du seizième siècle, naquit à 
Ferra re, et fut attaché, en qualité de maître de 
chapelle, à l'église cathédrale de cette ville et au 
service du duc Alphonse II. Il mourut à fige de 
soixante-deux ans, et fut inhumé dans l'église des 
Carmes. Claude Merulo le considérait comme le 
plus grand organiste italien de son temps, et Vin- 
cent Galilée l'a placé au nombre des quatre mu- 
siciens les plus distingués de cette époque. Pierre 
Pontio le cite dans la deuxième partie de son 
Dialogo ove si trotta delta teoria e pratka 
di musica (p. 49), comme auteur de ricercari 
excellents pour l'orgue ; deux de ces ricercari, du 
premier et du deuxième ton, ont été publiés par 
Diruta (wy.ee nom), dans la seconde partie de son 
Transilvano. La première partie du même ou- 
vrage contient une toccate du quatrième ton, par 
Luzzasco Luzzaschi. On connatt de Luzzasco : 
1° Madrigali a quattro voci; Naples, 1576. — 
2° Madrigali a cinquevoci, lib., 1 ; Venise, Ant. 
Gardano, 1575.-3° Idem, lib. 2; Ferrare, 1576. 
- 4° Idem, lib 3 ; ibid., 1581. — 5° Idem, lib. 
4; ibid, 1584. L'abbé Requeno cite Luzzasco 
Luzzaschi parmi les musiciens du seizième siècle 
qui tentèrent de ressusciter le genre enharmo- 
nique des Grecs, et assure qu'il avait fait un cla- 
vecin dont le clavier était disposé de manière à 
pouvoir exécuter de la musique dans les trois 
genres, diatonique , chromatique et enharmoni- 
que ( voy. Saggi sut ristabilmente delV arte 
armon., t. 2, p. 123). Requeno a été mal in- 
formé ; le clavecin dont il s'agit avait été cons- 
truit d'après les idées de Nicolas Vicentino (voy. 
ce nom), et se trouvait chez le duc de Ferrare, 
suivant ce que nous apprend Bottrigari dans son 
livre intitulé 77 Desiderio, overo dé* concerti di 
varii sirumenti musicali (pp. 40 et 41, édition 
de 1599). Bottrigari ajoute que cet instrument 
était l'effroi des accordeurs et des exécutants par 
le grand nombre des touches de son clavier; 
mais que Luzzasco, premier organiste du duc, 
avait triomphé de ces difficultés et qu'il jouait le 



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LUZZASCO LUZZASCHI — LY-KOÀNG-TY 



88a 



clavecin de Vicentino, dont il tirait de beaux 
effets d'harmonie dans des pièces qu'il avait écri- 
tes spécialement pour cet instrument. 

LVOFF (Alexis-Tukodorb), général major 
et directeur de la chapelle impériale de Russie, 
né le 25 mai 1799, à Réval, enEsthonie, révéla 
dès son enfance d'heureuses dispositions pour la 
musique. Le violon était l'instrument pour lequel 
son penchant était décidé : on lui donna un mal- 
tre, et ses progrès furent si rapides, qu'à Page 
de huit ans il exécutait déjà des concertos diffi- 
ciles. Lorsqu'il eut atteint sa dix-septième année, 
il prit la résolution d'étudier seul les œuvres de 
Corelli, de Bacli, deGaviniès, de Viotti, de Bail- 
lot et -de Kreutzer; un travail constant le fami- 
liarisa avec la manière de chacun de ces artistes , 
et de leur fusion il se fit un style personnel. La 
lecture des partitions de Hœndel, de Gratin, de 
Jomelli, de Durante, de Gluck, de Mozart, de 
Haydn et de Beethoven , devint aussi la source 
de ses connaissances pour la composition. Tous 
les moments de liberté que lui laissaient ses de- 
voirs du service de l'État, où il était entré fort 
jeune, suivant l'usage établi dans la noblesse 
russe, il les consacrait à l'art pour lequel il se 
sentait une passion invincible. C'est ainsi que 
par des travaux persévérants pendant plus de 
trente ans, M. Lvoff s'est fait une juste réputa- 
tion de violoniste et de compositeur. Servant 
honorablement son souverain et son pays, il par- 
vint par degrés au rang de général major, et 
l'empereur Nicolas, ayant apprécié son mérite 
dans la musique, lui confia, en 1836, la place 
de directeur de la chapelle impériale. En 1840, 
M. Lvoff a visilé Paris et Leipsick : il s'y est 
fait connaître avantageusement comme violo- 
niste et comme compositeur. Un de ses opé- 
ras (Bianca e Gualtiero) fut représenté à 
Dresde avec succès, en 1845, après avoir été 
joué à Pétersbourg. Les Académies philharmo- 
niques de Bologne, Sainte- Cécile de Rome, des 
Amis de la musique de Vienne, royale de chant 
de Berlin, et d'autres de Londres et de Péters- 
bourg, ont décerné à cet amateur distingué le 
titre de membre honoraire. Parmi les ouvrages 
les plus connus de M. Lvoff, ou remarque : 1° Six 
duos instructifs pour deux violons; — 2° Air 
varié pour violon avec accompagnement de qua- 
tuor, gravé à Pétersbourg. — 3° Stabat Mater 
de Pergoièse arrangé en chœur et instrumenté à 
grand orchestre - r publié à Berlin ; — 4° Première 
fantaisie pour le violon, avec orchestre, Ber- 
lin, Schlesinger. — 5° Seconde fantaisie idem, 
ibid. — 6° Le Ditel f divertissement pour violon 
et violoncelle, avec orchestre, op. 4 ; ibid. — 
7° Concerto pour violon avec orchestre ; Leipsick. v 

BIOGR. IFNIV. DES MUSICIENS. — T. V. 



— 8° Duo cantica quatuor vocibus cantanda, 
op. 6 ; Berlin, Schlesinger. — 9° Grand chœur 
militaire sur des thèmes russes, avec orchestre, 
dédié àF.Mendelssohn-Bartholdy, op. 15; gravé 
en partition, Leipsick, Breitkopf et Hasrtol. 

— 10° Hymne national russe, qui a en un grand 
succès populaire dans toute la Russie, composé en 
1833, gravé à Pétersbourg et à Berlin. — il Qua- 
torze mélodies de Schubert et autres arrangées 
avec une partie de violon obligé, Paris, Richaoit, 
et Saint-Pétersbourg.— 12° Six psaumes et vingt- 
huit chants détachés, composés pour le chœur 
des chantres de la cour impériale, gravés à Pé* 
tersbourg. — 13° Stabat Mater à quatre voix 
en chœur et grand orchestre, texte latin et al- 
lemand, gravé en partition, à Vienne. Cet ouvrage 
est une des productions capitales de M. Lvoff. 

— 14° Chants antiques de toutes les parties de 
l'office divin, du rit grec de Russie, harmonisés 
à quatre parties sur le texte slave; onze gros 
volumes in-4°, gravés à Pétersbourg; travail 
immense, qui fait beaucoup d'honneur au direc- 
teur de la chapelle impériale. Les ouvrages dra- 
matiques- de M. Lvoff représentés à Pétersbourg 
sont : — 15° Le Bailli de village , en trois actes, 
texte russe. — 16° Bianca e Gualtiero, opéra 
lyrique en deux actes, texte français, gravé en 
partition à Pétersbourg. — 17° Ondine, Opéra 
féerique en trois actes, texte allemand, représenté 
à Vienne en 1846, à Pétersbourg en 1848, et 
gravé en partition pour le piano, à Vienne. — 
iS°La Brodeuse, en un acte, texte russe, repré- 
senté et publié à Pétersbourg. 

LYCHOR (Samuel), savant et littérateur 
suédois, a fait imprimer une dissertation acadé- 
mique intitulée : Disputatio de intendendis «v 
nis ; Hafnix, 1693, in-8°. 

LY-KOANG-TY, écrivain chinois sur la 
musique , ministre d'État, et membre du pre- 
mier tribunal des lettrés, vécut à la tin du dix- 
septième siècle et au commencement du dix- 
huitième. Il avait composé un grand ouvrage 
concernant la doctrine des musiciens chinois, et 
son livre était terminé, quand un incendie dé- 
truisit sa maison en 1705, et anéantit le manus- 
crit qui renfermait le fruit de ses recherches. 
Plein de courage, il se remit au travail, et refit 
son ouvrage , mais sur un plan moins étendu. 
Voici ce qu'en dit Tsing-tchi, fils ôeLy-Koang- 
tu, éditeur de l'ouvrage de son père, dans la 
préface qu'il y a ajoutée : « Il ( Ly-Koang-ty ) fit 
< un recueil de tout ce qu'il avait pu trouver 
« sur l'ancienne musique dans les livres tes 
« plus estimés et les plus authentiques ; il le 
« mit en ordre, et le divisa en huit parties, dont 
« voici les titres : 1° Théorie de la musique en 

25 



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886 



LYTTICH 



« général; — 2° Effets de la musique; — 3° Ex- 
« plication des différentes espèces de musique ; 
« — 4° Des règles de la musique. — 5° Des 
« instruments dont on se servait anciennement 
« dans l'exécution de la musique; — 6° De la 
« musique vocale; — 7° De la musique qu'on 
« employait anciennement pour les danses et 
« la comédie; — 8° De l'usage de chaque es- 
« pèce de musique en particulier. L'ouvrage 
« achevé, ajoute Tsing-tchi, le feu prit a notre 
« maison, et consuma dans un instant le fruit 
« d'un travail immense. Ge fâcheux accident ar- 
« riva Tannée du cycle y-yeou (1703). Dans 
« Tannée ou-tsée ( 1708 ), mon père eut réparé 
« en partie la perte qu'il avait faite. Il avait 
« fouillé de nouveau les sources où il avait puisé 
« auparavant ; mais ne les ayant pas toutes sous 
« la main, et beaucoup de choses s'étant effa- 
« céesde sa mémoire, il raccourcit son ouvrage, 
« et le renferma dans des limites plus étroites. 
« Enfin dans Tannée Ting-ouei ( 1727 } l'ouvrage 
« fut mis entre les mains des imprimeurs , qui 
« en peu de mois eurent achevé la première 
« édition. * 

Le jésuite Amiot, missionnaire à la Chine 
(voy. Anior ), fit, vers 1756, avec l'aide de quel- 
ques lettrés chinois, une traduction française de 
l'ouvrage de Ly-Koang-ty, lequel a pour titre : 
Kouyo-King- tchouen (Commentaire sur le livre 
classique qui concerne la musique ancienne } , 
et envoya le manuscrit de cette traduction à 
Boogainville, secrétaire perpétuel de l'Académie 
des inscriptions et belles-lettres, qui le reçut en 
1764. Ce manuscrit fut communiqué à Rameau, 
sois a Tabbé Roussier, qui le garda longtemps; 
ji passa ensuite dans plusieurs mains , et finit 
par s'égarer. Klaproth a possédé un exemplaire 
de l'ouvrage original de Ly-Koang-ty, et me Ta 
communiqué : plus tard il Ta vendu au biblio- 
graphe anglais Dibdin. Ce livre est sans doute au- 
jourd'hui dans' quelque grande collection en 
Angleterre. 

LYNG-LUN, personnage fabuleux de la cour 
de Hoangty, empereur de la Chine, à qui les 
anciens auteurs de traités chinois de musique 
attribuent la découverte des proportions néces- 
saires des tuyaux de bambou pour former les 
douie demi-tons de l'octave, en prenant pour 
son le plus grave celui qui correspond à fa de la 
gamme européenne. Ces douze demi-tons sont 
appelés lu par les Chinois. La découverte de 
Lyng-lun rat faite, disent les auteurs" anciens de 
musique, dans la soixantième année du règne de 
Hoang4y, qui répond à Tan 2637 avant l'ère 
chrétienne. Toutes les circonstances relatives à 
cette découverte prétendue, et que rapportent 



les mêmes auteurs, sont autant de merveilles fa- 
buleuses. 

LYSANDRE, citharède grec, naquit à Si- 
cyone. Philochore, cité par Athénée (liv. 14,c.9, r 
dit qu'il changea le jeu de la cithare simple, eu 
prolongeant les sons aigus, en sorte qu'il rendit 
les sons de cet instrument analogues à ceux de 
la flûte , c'est- à-dire qu'il trouva les sons har- 
moniques ; invention dont Épigone propagea l'u- 
sage. Lysandre fut aussi le premier qui ôta aux 
instruments appelés Magadis et Sambuqve, 
l'espèce de son sifflant qu'on y remarquait au- 
paravant. J'avoue que cette dernière partie du 
texte d'Athénée me parait fort obscure ; il est 
difficile de se faire une idée juste du perfection- 
nement attribué à Lysandre. 

LYSER (Jean-Pierre), peintre et amateur de 
musique à Dresde, né dans cette ville, en 1804, a 
fait imprimer dans la Nouvelle Gazette de musi- 
que de Leipsick (année 1834) des nouvelles musi- 
cales sur Doles, Mozart, Beethoven et Hmndel. Ces 
morceaux ont été imprimés séparément à Leip- 
sick , 1835, in-8°. On a aussi de M. Lyser : Cv> 
cdta y ein Taschenbuch fur Freunde der 
Tonkunst ( Cècilia, annuaire pour les amis de 
la musique), l re année (la seule qui a paru), 
in-8*. avec des gravures et de la musique, Ham- 
bourg, 1833 ; et une biographie développée de 
Meyerbeer, ou plutôt une étude sur sa tendance, 
son style et ses antagonistes. Cet écrit a pour 
titre : Giacomo Meyerbeer, sein Wbrken uni 
seine Gegner ; Dresde, Wagner, 1838, in- 8° de 
61 pages. On a aussi du même auteur un écrit in- 
titulé: G. Meyerbeer und J. Und. Fragmente 
ausdem Tagebuche einer allers Musikers (G. 
Meyerbeerg et J. Lind. Fragments du journal 
d'un vieux musicien); Vienne, 1857, in-8°. 
M. Lyser vit habituellement à Vienne. 

LYSONS (Daniel), ecclésiastique anglais, , 
recteur de Rodmarton, dans le comté de Glouces- 
ter, au commencement du dix -neuvième siècle, 
est auteur d'un livre qui a pour titre ; History 
of the origin andprogress of the Meeting of 
the three choirs of Gloucester, }Yorcester and 
Hereford (Histoire de l'origine et des progrès de 
la réunion des trois chœurs de Gloucester, Wor- 
cester et Hereford); Gloucester, D. Walker, 1811, 

I vol. gr. in- 8°. La seconde partie de cet ouvrage» 
depuis la page 159 jusqu'à la page 268, renferme 
les annales des festivals de musique. 

LYTTICH (Je.ui), professeur an gymnase 
(collège) du comté Mansfeld* à Eisieben, et 
cantor de IVglise Saint-Nicolas, de cette ville» 
naquit à Plauen, vers la fin du seizième siècle. 

II a fait Imprimer les ouvrages de sa composition 
sous les titres suivants : 1° Venus Glaklem, 



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LYTT1CH 



3*7 



oder newewelUiche Gesxnge,mit anmuthigen 
Melodien und lustigen Texten, auffk und 5 
Stimmen componirl ( La Clochette de Vénus , 
ou Nouveaux Chants mondains, avec des mélo- 
dies agréables et des textes plaisants, composés 
pour quatre ou cinq voix) ; Jéna, 1610, in-4° — 
2° Sales Yenerex musicales, oder neœe denU 
sche Politische (?) Gesxnge, mit anmuthigen 
lustigen Texten und Melodien von vier und 
fiinff Stimmen (Plaisanteries musicales de Vé- 
nus, ou nouveaux chants politiques allemands, 
avec des textes joyeux et des mélodies agréables 



à 4et s voix) ; Jéna, 1610, in-4°. — 3° Musila- 
Usehe Streitkranzlein hiebevorn von den ai- 
lerf&rtreflichsten und beruhmbtesten compo- 
nisten, in welcher Sprach, pro cert aminé, 
mit sonderlichen Fleiss, und auffskindlichst, 
mit 6 Stimmen auffgesetzt, ete.<Petite Couronne 
tressée de fleurs musicales, etc., à 6 voix); 
Nuremberg, Kauflmann, 1612, in-4*. — 4* Rom*> 
thaï oder newe xrtige Melodien mit lustigen 
polilisehen Textenauffb und S Stimmen; Nu- 
remberg, 1609, in-4°. 



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M 



MAASS (Nicolas), facteur d'orgues dans 
le seizième siècle, au service du roi de Dane- 
mark, construisit à Stralsund, en 1543, un 
instrument de quarante-trois jeux, à trois cla- 
viers et pédale, dont on trouve la disposition 
dans les Syntagma de Prœtorius (tome II, 
op. 167). 

MAASS (Jeak-Glebbahd-Hokoré), profes- 
seur de philosophie, né à Krottendorf, dans les 
environs de Halberstadt, le 26 février 1766, fut 
d'abord simple magister à Halberstadt, puis, en 
1791, devint professeur de philosophie à Halle, 
où il est mort le 23 décembre 1825. De bons ou- 
vrages relatifs à h philosophie et aux mathé- 
matiques l'ont fait connaître avantageuse- 
ment. Il n'est cité ïci que pour quelques ar- 
ticles relatifs à la musique, imprimés dans 
différents journaux allemands. Les principaux 
sont : 1° Sur la musique instrumentale, dans 
la Nouvelle bibliothèque des belles-lettres 
(tom. 48, ann. 1791, pag. 1-40). 2« Supplé- 
ment à l'article Accent musical de la Théorie 
des beaux-arts de Sulzer, inséré dans l'ou- 
vrage Sur les caractères des principaux 
poètes de toutes le» nations, par une société 
de savants (Leipsick, 4793, tom. II, n° 2). 
3° Sur les sons harmoniques (dans la Gazette 
musicale de Leipsick, ann. XVIII, p. 477). 
4° Notice sur Turk (ibid., t. XVI, p. 609). 
5° De la représentation des sons parles chiffres 
(ibid., t. XVII, p. 85, 105, 125). 6» Compa- 
raison des rapports des sons {ibid., p. 735). 
7° De la perception des sons aigus (ibid., 
tom. XVIII, p. 17). 8° Analyse de l'Essai de 
M. G. Weber sur une thèse générale de la mu- 
sique {ibid., t. XIX, pag. 637, 661 ; t. XX, 
p. 477). 

MABELLINI (THKODULE),composiieurdis- 
tingué, est né à Pistoie, le 2 avril 1817. Son 
père, Vincent Mabellini, était bon mécanicien 
cl habile trompettiste. Ce fut lui qui donna les 
premières leçons de musique à Théodule, dont 
les dispositions pour cet art étaient si remar- 
quables, que dès l'âge de neuf ans il jouait 
déjà les œuvres des pianistes les plus renom- 
més, exécutait de grandes difficultés sur la ( 



flûte, et faisait admirer sa belle voix de so- 
prano au chœur de la cathédrale. Frappé de 
Theureuse organisation de cet enfant, Joseph 
Pilotti, l'un des meilleurs élèves du P. Mâllei, 
et maître de la chapelle de Pistoie, à cette 
époque, le prit en affection et lui fit com- 
mencer Pétude de l'harmonie et do contre- 
point. A l'âge de douze ans, Mabellini avait 
déjà produit beaucoup d'oeuvres instrumen- 
tales, particulièrement pour la musique mili- 
taire. Appelé à Bologne en qualité de profes- 
seur de composition au Lycée communal, Pi- 
lotti ne put continuer l'éducation musicale de 
Mabellini; mais avant son départ, il donna 
aux parents du jeune artiste le conseil de 
l'envoyer à Florence, pour qu'il y continuât 
ses études sous la direction de quelque bon 
maître. Mabellini se rendit en effet dans cette 
ville lorsqu'il eut atteint l'âge de seize ans. Il 
y arriva en 1833 et y resta jusqu'à la fin de 
1836; mais les cours du lycée musical ne lui 
offrant pas les ressources qu'il avait espéré y 
trouver pour son instruclion, il cessa de les fré- 
quenter, et se remit à Pétude de ses instru- 
ments favoris, le piano et la flûte, sans autre 
guide que lui-même. Vers le milieu de 1835, 
ses parents et ses protecteurs, au nombre des- 
quels était le chevalier Rossi, de Pistoie, 
affligés de lui voir perdre ainsi ses plus belles 
années, lui donnèrent le conseil de faire effort 
pour fixer sur lui l'attention publique par un 
ouvrage d'une certaine importance , ce qu'il fit 
en écrivant la musique de l'opéra intitulé .Va- 
tilda a Toledo, qui fut représenté avec succès 
au théâtre Alfieri, dans l'automne de 1836. 
Le résultat en fut heureux, car il obtint du 
grand-duc de Toscane une pension pour aller 
étudier son art chez Mercadante, alors maître 
de chapelle à Novare. On ne pouvait choisir 
un meilleur guide, car Mercadante est, sans 
aucun doute, le compositeur dramatique de 
l'éialie qui possède l'instruction la plus solide. 
Mabellini resta près de ce maître (tendant 
trois ans et demi, l'accompagnant partout où il 
allait mettre en scène ses opéras, et s'inMrui- 
sant autant par l'exemple et par la pratique 



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MABELL1NI 



389 



que par les travaux didactique! qu'il faisait 
sous la direction du maître. Pendant toute 
cette période d'études, Mercadante montra 
pour son élève une affection toute paternelle. 
A cette époque, Mabellini écrivit la Chasse, 
pour chœur et orchestre, qu'il fit exécuter à 
un concert de la courde Florence et qu'il offrit 
au grand-duc de Toscane, comme un tribut 
de reconnaissance pour ses bienfaits : cet ou- 
vrage fut suivi d'une messe solennelle à quatre 
voix et orchestre, qui fut exécutée à la cathé- 
drale de Novare* 

En 1840, Mabellini écrivit la partition de 
Rolla, opéra qui fut représenté au théâtre de 
Carign$n, à Turin, et qui obtint un brillant 
succès, non-seulement dans celle ville, mais 
à Trieste, Naples et Milan; Ricordi en a 
publié la partition pour le piano. Cet ouvrage 
fut suivi de Ginevra degli Almieri, repré- 
senté dans la même ville et au même théâtre 
pendant la saison d'automne 1841. Dans 
Tannée suivante, Mabellini retourna à Pis- 
toie : il y fut élu membre de l'Académie 
des sciences, lettres et beaux-arts, et com- 
posa une grande cantate en honneur de 
Raphaël Sanzio, pour une fête donnée par 
cette société savante, le 27 juillet. Une partie 
de cette cantate a été publiée à Milan, chez 
Ricordi. Appelé à Florence en 1843, il écrivit 
pour le théâtre de la Pergola son opéra il 
Conte de Savagna, qui fut chanté par la Bar- 
bieri Nini, la Brambilla, mademoiselle Casle- 
lan, et Ollolini Porta. Le succès de cet ou- 
vrage eut beaucoup d'éclat ; il occupa la scène 
pendant une grande partie de la saison : 
Sienne, Rome et Naples ne lui firent pas un 
moins bon accueil ; la partition pour le piano 
fut publiée à Milan, chez Ricordi. Dans cette 
même année, Mabellini fut rxmmé directeur 
delà Société philharmonique de Florence; il 
ne tarda pas a lui donner l'impulsion qui a 
fait la prospérité de cette institution naguère, 
languissante. Au printemps de 1844, il se 
rendit â Rome pour mettre en scène au théâtre 
jjpollo son nouvel opéra i Veneziani a Cos- 
tanlinopoli, qui ne réussit pas. De retour â 
Florence, il fut chargé par le duc de Toscane, 
en 1845, décomposer la musique de l'oratorio 
Eudossia e Paolo, qui fut exécuté dans la 
grande salie dei Cinquecenti, au Palaszo 
VecchiO) par cinq cent cinquante chanteurs et 
musiciens d'orchestre, à l'occasion de la fête 
de saint Jean, patron de Florence. En 1846, Ma- 
bellini s'établit définitivement dans celte ville 
et se maria. Dans la même année, il composa 
pour le théâtre de la Pergola l'opéra Maria 



di Francia, et la cantate il Hitorno, qui lui 
avait été demandée par le grand-duc. Sa nomi- 
nation de maître de chapelle de la Cour de 
Toscane, au commencement de 1847, fut la 
récompense de ces travaux. Ses Responsori â 
huit voix en deux chœurs, qu'on a exécutés 
chaque année dans la semaine sainte, furent 
écrits à la même époque ; cet ouvrage, l'une 
des meilleures compositions de cet artiste, a 
été publié. à Florence, chez Guidi, en grande 
partition. Des cantates, des hymnes, et l'ora- 
torio le Dernier jour de Jérusalem, furent les 
seuls ouvrages écrits par Mabellini pendant 
les années 1848 et 1849 : en 1850, il com- 
posa sa grande messe de Requiem, qui fut 
exécutée pour la première fois au mois de 
mars 1851, dans l'église de Saint-Gaétan, et 
dont la partition a été publiée â Paris, chez 
Richault. Celte production, que j'ai sous les 
yeux en écrivant cette notice, prouve que son 
auteur est du petit nombre des maîtres italiens 
qui conservent encore les bonnes traditions de 
l'art d'écrire la musique sérieuse. Elle est 
dédiée â la reine d'Espagne, Dona Isabelle II, 
qui a récompensé l'auteur en lui envoyant la 
croix de l'ordre d'Isabelle la Catholique. Il 
Venturiero, opéra composé par Mabellini, en 
collaboration avec son ami Gordigiani, fut 
représenté, en 1851, au théâtre de Livourne, 
et, dans l'année suivante, il donna â Florence 
Baldassar , grand opéra dont le finale du 
second acte excita l'enthousiasme des specta- 
teurs. Depuis lors, Mabellini n'a plus écrit 
que de la musique d'église, à l'exception de 
Fiametta, opéra bouffe représenté â la Per- 
gola, en 1857. 

Les compatriotes de Mabellini lui reprochent 
d'être trop savant. Peu de maîtres, si toute- 
fois il en est parmi les Italiens de l'époque 
actuelle, pourraient mériter ce blâme. Dans le 
nombre d'ouvrages dramatiques qui se sont 
produits pendant les dernières années au delà 
des Alpes, une partition bien écrite est in- 
contestablement une œuvre très -originale. 
Aujourd'hui, les graves événements politiques 
qui agitent la nation sont un temps d'arrêt 
pour les arts : espérons qu'après le retour à la 
tranquillité, celle grande diversion aura pour 
effet d'opérer une réforme salutaire dans le 
goût musical des Italiens. 

Les œuvres de musique d'église composées 
par Mabellini jusqu'en 1859 sont celles-ci : 
1° Messe à quatre voix et orchestre, â Novarc, 
en 1858. 2° Responsori à deux chœurs (1847), 
à Florence, chez Guidi. 3* Messe de Requiem 
(1850); Paris, Richault. 4° Messe à trois voix, 



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MABELLINÏ - MABLY 



chœur et orchestre (1855), ibid. 5° Libéra me 
Domine, à quatre voix, chœur et orchestre, 
ibid. 6° Messe solennelle à quatre voix, chœur 
ctoi-cheslrc(1843).7°MesseM?m, ibid. (1848). 
8° Messe a capella, à trois voix (1849). 9° Messe 
idem (1851). 10- Motel (O Pater), pour ba- 
ryton, chœur et orchestre. 11° Motet (Spes 
impii) , pour basse, chœur et orchestre. 
12* Stabat mater, pour basse, chœur et or- 
chestre. 13° Te Deum à quatre voix, chœur et 
orchestre. 14° Vexilla Régis, à quatre voix, 
chœur et orchestre. 15° Iste confessor, idem. 
16° Domine ad adjuvandum, idem. 17° et 
18* Deux Dixit, idem. 19° Magnificat, pour 
ténor et basse, chœur et orchestre. 20° Lau- 
date ptieri, pour ténor, chœur et orchestre. 
2t a Loquebar, à quatre voix, chœur et or- 
chestre. 22° Loquebar, à trois voix et orgue. 
25» Audi filia, à quatre voix, chœur et or- 
chestre. 24° Offerentur } à trois voix et orgue. 
25° Ecce sacerdos magnus, à quatre voix, 
chœur et orchestre, exécuté à la cathédrale de 
Florence, en présence du pape Pie IX, en 
1857. 26° Unguentem, à quatre voix et or- 
chestre. 27° O gîoriosa Virginum, idem. 
28* Exnltet , à trois voix et orchestre. 
29* O Salutaris pour ténor, basse et orgue. 
30° Tantum ergo, pour ténor, basse et or- 
chestre. 31° Tantum ergo, pour contralto, 
ténor et orchestre. 32° Gaudeamus, à quatre 
voix et orchestre. Musique de concert et de 
«ambre : 33° La Chasse, chœur et orchestre, 
1837. 33° (bis) Raphaël Sanzio, cantate, 1842. 
34° Six valses pour le piano; Milan, Lucca, 
1839. 35° Grande fantaisie pour flûte, clari- 
nette, cor, trompette et trombone, composée 
par ordre du grand-duc de Toscane pour les 
artistes de sa chapelle Ciardi (flûte), les frères 
Bimhoni, (clarinette et trombone), Paoli (cor) 
et Brizzi (trompette), avec orchestre, 1846. 
36° L % Addio, romance pour baryton, avec 
violoncelle obligé et piano, 1847; Florence, 
Loicnzi. 37° Cantate élégie vir la mort du 
célèbre sculpteur Bartolini, de Florence, 1846. 
38° // Ritorno, cantate, 1846. 39° Fantaisie 
militaire pour flûte, clarinette, cor, deux 
trompettes, trombone et orchestre, 1847. 
40° Jtalia risorta , hymne pour soprano, 
chœur, orchestre, 1848; Florence, Lorcnzi. 
41° La buono Andata, chanson devenue 
populaire; Florence, Cuidi, 1847. 42 e E spero 
di tomate, idem, ibid., 1848. 45° L'Etruria, 
cantate; Florence, Lorenzi, 1849. 44° Bou- 
quet de Florence, album de douze morceaux 
«le chant -avec accompagnement de piano; 
Paris, Richaull, 1855. 45 rt Élégie pour chant 



et piano; Florence, Guidi, 1850. 46° Cantate 

pour baryton, chœur et orchestre, intercalée 

dans Saut, tragédie d'Alfieri. 47° Hymne 

national toscan, 1858. 48° Un grand nombre 

de romances, petites cantates, avec piano, 

marches et fantaisies pour musique militaire. 

MABILLON (Jear), savant bénédictin de 

la congrégation de Saint-Maur, naquit à Sainl- 

Pierremont, village dn diocèse de Reims, le 

23 novembre 1632. Après avoir achevé de 

brillantes études au collège de Reims, il 

entra au séminaire, où il passa trois années; il 

n'en sortit que pour prononcer ses vœux à 

l'abbaye deSainl-Remi, au mois de septembre 

1654. Ce n'est point ici le lieu d'examiner les 

travaux importants de ce savant homme : on 

en trouve l'indication et l'analyse dans les 

dictionnaires historiques généraux; je ne 

citerai que ses ouvrages qui renferment des 

objets relatifs à la musique : 1° De Liturgid 

gallicane libri ires, P aris, 1685: ibid, 1729, 

in -4°. Mabillon y traite de la musique d'église, 

dans la première partie, sous le litre de Mu 

sicjp status. 2° Annales ordinis S. Benedicli, 

in quibus non mode res monastic* sed etiam 

eccksiasticâs historié non minima pars con- 

tinetur, Paris, 1713-39, vol. in~fol. 3° Acla 

Sanctorum ordinis S. Benedicli in sxculo- 

rum classes dislributa, Paris, 1668-1702, 

9 vol. in-folio. On y trouve des renseignements 

curieux sur l'histoire de la musique d'église. 

Mabillon est mort à l'abbaye de Saiut-Ger- 

main-dcs-Prés, le 27 décembre 1707, à l'âge 

de soixante-quinze ans. 

MABLY (Gabriel BOI>I\OT DE), frère 
de l'abbé de Condillac, naquit à Grenoble, le 
14 mars 1709, d'une famille parlementaire du 
Dauphiné. Après avoir fait ses éludes au Col- 
lège de Lyon chez les jésuites, il se rendit à 
Paris où le cardinal de Tencin, son parent, le 
fit entrer au Séminaire de SainUSulpice; mais 
il ne tarda pas à se dégoûter des études théolo- 
giques, qu'il abandonna pour se livrer à celle 
de l'histoire et du droit public. Sans autre 
ambition que celle de se faire un nom par ses 
écrits, et satisfait du médiocre revenu de trois 
mille francs, qui composait toute sa fortune, 
il consacra sa vie entière à la composition de 
ses ouvrages. Il est mort à Paris, le 23 avril 
1785. Parmi des écrits d'un genre tout diffé- 
rent, on est étonné d'en trouver un qui a peu 
de rapport avec ses autres travaux, et qui est 
intitulé : Lettres à madame la marquise de 
P... (Pompadour) sur l'Opéra, Paris, Î741 y 
in- 12 de cent soixante-six pages, réimprimé 
en 1752, in-12. C'est une poétique assez 



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MABLY - MAGE 



391 



vague de ce genre «le spectacle. Il la publia 
^ous le voile de l'anonyme. L'abbé Goujet en 
a parlé avantageusement, sans en connaître 
Tauteur, dans sa Bibliothèque française, t.III, 
p. 539. Cet opuscule n'a point été recueilli 
dans les diverses éditions complètes de Mably. 
MACARI ou MACCAIU (Jacques), com- 
positeur dramatique, né à Rome dans les pre- 
mières années du dix-huitième siècle, esteonnu 
par les opéras suivants, tous représentés à Ve- 
nise : 1° Adodldo furioso, en 1727. 2° Aris- 
tide, 1735. & Ottaviano trionfante di Marc- 
Antonio, 1755. A La Fondazione di Fenezia, 
1736. 

MACAIIUY (Pierbe), professeur de mu- 
sique à Marseille, s'est fait connaître par un 
t'crit intitulé : Questions sur la diversité 
d'opinions et de doctrines des auteurs didac- 
tiques en musique, adressées à Messieurs les 
professeurs et membres du Conservatoire de 
France, Paris, 1827, in-8° de soixante-huit 
pages, avec deux planches. Ces questions sont 
relatives aux divers systèmes d'harmonie : j'en 
ai donné une analyse dans la Revue musicale 
(t. I, p. 245 et suiv. j 324 et suiv.). 

MACCARI (Antoine), chantre de la cha- 
pelle ducale de Saint-Marc, à Venise, concou- 
rut, en 174Ô, pour la place de maître de celle 
chapelle. Mais on lui préféra Lotti [voyez ce 
nom). M. Caifi dit que Maccari s'était l'ait 
connaître par de bonnes compositions pour 
l'église (1). Cet artiste a écrit aussi pour la 
scène et a fait représenter : Luerezia romana 
in Costantinopoli, au théâtre &: Samuele, de 
Venise, en 1737, et La Contessina, opéra 
bouffe, au même théâtre, en 1743. Dans la 
première édition de la Biographie des Musi- 
ciens, ces ouvrages étaient attribués par er- 
reur à Jacques Macari, de Rome (voy. ce nom). 
MACCHEItlNI (Joséphine), cantatrice 
qui a joui de quelque réputation, principale- 
ment dans le style d'expression, était née à 
Bologne en 1745. Ayant quitté le théâtre en 
1788, elle se retira dans sa ville natale, où elle 
est morte, le 19 septembre 1825, à l'âge de 
quatre-vingts ans. 

MAC DONALD (Jean), ancien lieutenant- 
colonel du génie et commandant en chef de 
l'artillerie à rétablissement anglais de Suma- 
tra (2), naquit en 1 709 dans les Hébrides, d'une 
famille attachée aux Sluarls. Il revintde l'Inde 

(I) Sloria delta mutica sacra, nella già cappella di 
S. Marco, etc., lomc I, p. 3C8. 

(ï) C'est par erreur qu'il a Hé dit, dans la première 
•édition de la Biographie universelle des Musiciens, que 
?!aedonald était ecclésiastique anglican. 



en 1796, et se fixa à Londres. Cultivant les 
sciences et la musique avec succès, il se livra 
à des recherches curieuses sur la théorie des 
sons harmoniques qui peuvent se produire sur 
les instruments à archet. Le résultat de ses 
découvertes furent publiés, en 1811, à Lon- 
dres, chez Monzani, sous ce titre : A Treatis* 
on thepractice, theory and harmonie System 
(Traité sur la pratique, la théorie et le système 
des harmoniques). Le traité des harmoniques 
du violoncelle parut séparément chez le même, 
en 1813, et en 1815, avec des additions; mai» 
les deux ouvrage» ont été refondus, avec de 
nouvelles recherches, dans le volume qui s 
pour titre : A Treatise on the harmonie 
System arising from the vibrations of the 
aliquot divisions ofSlrings according to the 
graduai progress of the notes, from the 
midle, to the remole extremis, explaining 
simply. by curved délineations, the manner 
in which the harmonie tones, halfand quar- 
ter notes, are generated and produeed on 
every corresponding part of the String 
(Traité sur le système harmonique provenant 
des vibrations des parties aliquotes des 
cordes, etc.), Londres, PrestOn, 1822, in-fol.,. 
avec beaucoup de planches ; ouvrage imprimé 
avec luxe. Ce savant est mort à Exeler, le 
12 août 1831. 

MAGE (Thomas), luthiste anglais, naquit 
en 1613, et fut attaché longtemps au Collège 
de la Trinité, à Cambridge, en qualité de clerc. 
En 1690, il quitta cette profession, et se rendit 
à Londres, où il annonça par les journaux une 
vente d'instruments et de musique. Il fit aussi 
connaître par la même voie qu'il donnait des 
leçons de lhéorbe,delulh, de viole et de com- 
position. Hawkins nous apprend que ce musi- 
cien mourut en 1709, à l'âge de quatre-vingt- 
seize ans. On lui doit un livre singulier qui a 
pour titre : Musik's Monument; or, a re- 
membrancer of the best practical Mustek, 
both divine and civil, that has ever been 
knoum to hâve been in thé world (Monument 
de musique, ou conservateur de la plus belle 
musique pratique, divine et humaine, connue 
dans le monde), Londres, T. RatclifTe, 1676, 
in-fol. de deux cent soixante-douze pages. Cet 
ouvrage est divisé en trois parties. La pre- 
mière traite de la musique d'église, que Mace 
distingue en musique de paroisse et musique 
de cathédrale. La seconde renferma *m traité 
fort étendu du lulhetduthéorbe, avec un grand 
nombre de préludes et de pièces en tablature 
pour ces instruments. Mace y donne la figure 
et la description d'un double luth de son in* 



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S92 



MACE — MACHADO 



yention, qu'il appelle diphone. Dans la troi- 
sième partie, on trouve un traité de la viole et 
de la musique en général, avec le plan d'une 
salle de concert et la figure d'un orgue-table 
inventé par Mace. Cette troisième partie est 
beaucoup moins étendue que les premières. Il 
y a des choses utiles dans ce livre ; mais le 
style en est bizarre. Mace y fait preuve de 
beaucoup d'originalité et de gaieté. Il parait 
qu'il avait un goût passionné pour la poésie, 
car son livre est rempli de pièces de vers. 

MACE (Denis), musicien de la chambre 
du roi de Frauce, vers le milieu du dix- 
septième siècle, a publié : Cantique» du 
Pirennée d'Eu mis en musique, Paris, 
Christophe Ballard. Il y en a deux éditions, 
sans date. 

MACEDOIVO DI ANTIO (Jeaw-Viïi- 
cert), chevalier napolitain, amateur distingué 
de musique, vivait au* commencement du dix- 
septième siècle. Il a fait imprimer de sa com- 
position : Madrigali a cinque voct, libro 
primo, Napoli, Costanzo Vital i, 1605, in-4°. 
MACER. Foye% MACM- 
MACFARLANE (Geoiges), chef de mu- 
sique d'un régiment d'infanterie anglaise, est 
auteur d'un ouvrage intitulé : Comopean In- 
structor, containing ths elementary Princi- 
pes ofMusiCy together uHth Exercises, Pré- 
ludes, Mrs, and Duetts in every Key in 
which the Instrument is playable with effect 
(le Maître du cor àclefs, contenant les principes 
de musique, avec des exercices, préludes, airs 
etduos dans tous les tons où l'instrument est 
jouable avec effet), Londres (sans dale), in-fol . 
MACFARREN ( Georges - Alexandre ) , 
compositeur et professeur de musique d'un 
mérite distingué, est né à Londres en 1813. 
Ayant donné, dès ses premières années, des 
indices d'une bonne organisation pour la mu- 
sique on lui fit apprendre les éléments de 
cet art; mais ce ne fut qu'en 1897 qu'il en fit 
une étude régulière, lorsqu'il fut placé sous 
la direction de M. Lucas, professeur assez re- 
nommé à cette époque. Après avoir reçu ses 
leçons pendant deux années, M. *'-»cfarren 
entra à l'Académie royale de musique, où la 
composition devint l'objet principal de ses 
éludes, sans négliger toutefois le piano, dont 
il jouait depuis l'âge de quatorze ans. Sollicité 
aussi par les administrateurs de l'école, pour 
qu'il apprit à jouer d'un instrument d'or- 
chestre, il choisit le trombone. Parvenu à la 
connaissance complète de l'art d'écrire en 
musique, il sortit de l'Académie royale de 
musique pour se livrer à l'enseignement et à 



la composition; mais il y rentra en 1858, en 
qualité de professeur d'harmonie. Deux ans 
après il fut un des fondateurs de la société des 
Musiciens antiquaires de Londres, pour la 
publication des œuvres des musiciens anglais 
les plus célèbres des seizième et dix-septième 
siècles. Malheureusement, vers le même temps, 
la vue de M. Macfarren commença à s'altérer; 
le mal s'agrava d'année en année, et enfin la 
cécité devint complète. Nonobstant cette pé- 
nible situation, cet artiste justement estimé 
n'en a pas moins continué à* se livrer à la 
composition et à l'enseignement. 

Le premier ouvrage de quelque importance 
produit par M. Macfarren est sa symphonie à 
grand orchestre (en fa mineur), qui fut exé- 
cutée le 27 octobre 1854, par l'orchestre de la 
société des British Musicians. Sa seconde 
symphonie (en ut mineur) a été exécutée 
avec succès dans plusieurs concerts. Ces deux 
symphonies ont été arrangées à quatre mains 
pour le piano, par l'auteur, et publiées à Lon- 
dres. Il a écrit plusieurs ouvertures, dont une 
a été exécutée au concert du Gewandoaus, de 
Leipsick, en 1845, sous la direction de Men- 
delsohn. On a aussi gravé du même artiste, à 
Londres : 1 er quatuor pour deux violons, alto 
et basse, op. 37; 2 me quatuor idem, op. 54; 
1" sonate pour le piano (en mi bémol) ; 
2 W idem, intitulée Ma cousine (en la); 
pièces de différents caractères pour le même 
instrument; beaucoup de mélodies avec piano, 
et d'autres productions de musique vocale et 
instrumentale. Le premier ouvrage dramatique 
de M. Macfarren fut joué à l'Opéra anglais de 
Londres, en 1837, sous ce titre : DeviVs opéra 
(l'Opéra du Diable), et obtint un succès d'estime 
parmi les connaisseurs. En 1846 il donna au 
même théâtre son Don Quixote, dont le succès 
fut complet et qui obtint une suite de repré- 
sentations fructueuses. Son opéra Chartes II 
fut représenté en 1840, â Princess's Théâtre, 
et reçut de la population de Londres un 
accueil enthousiaste. Un des plus beaux ou- 
vrages de M. Macfarren est la cantate in- 
titulée The Sleeper awakened (Le dormeur 
réveillé), qui fut exécutée au concert national 
du théâtre de la Reine, en 1850, et dont la par- 
tition arrangée pour le piano a été publiée à 
Londres, chez Cramer, Beale et C e . Le dernier 
ouvrage important de M. Macfarren est son 
opéra intitulé Robin Hood, représenté au 
théâtre anglais, en 1861, avec un très-brillant 
succès. 

MACHADO (Marcel), musicien de la cha- 
| pelle du roi de Portugal, naquit à Lisbonne 



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MÀCHADO — MACQUE 



393 



flans la seconde moitié du seizième siècle, et y 
vivait en 1010, Il eut pour mattrc de compo- 
sition Duarte Lobo, un des meilleurs artistes 
portugais. On trouvait dans la Bibliothèque 
- royale de musique de Lisbonne, avant le dé- 
sastre de 1750, les ouvrages suivants de la 
composition deMachado: 1° Cogilavii Domi- 
nas. 2° Salve Regina, à huit voix. 3° Vilhan- 
cicos à plusieurs voix. 

MACHAULT (Guillaume DE), Voyez 
GUILLAUME DE MACIIAU. 

WACHETTI (le P. Théophile), moine 
camaldule, maître de chapelle de l'église pri- 
miziale de Pise, naquit à Venise et non à Bo- 
logne, comme il est dit dans la première édi- 
tion de cette Biographie. Il vécut dans la se- 
conde moitié du dix-septième siècle. On connaît 
sous son nom : 1 °Salmi a quattro voci e quattro 
stromenti , Bologne, Jacques Monti, 1687. 
2° Saeri concerti di Salmi a quattro voci, 
ibid., 1693, in-4*. 

MACHOLD (Jean), compositeur allemand 
du seizième siècle. Gerber le croit né dans la 
Thuringe. On connaît sous son nom : \°DieHis- 
toria vom Leiden und Sterben Chris ti mit 
o Stimmen componirt (l'Histoire de la Passion 
et de la mort de Jésus-Christ, à cinq voix), 
Erfurt, 1593, in-4°. 2° Motets à cinq voix, 
i&td., 1595. Paul Balduanus cite de ce musi- 
cien (Bibliotheca philosophica, p. 179, edit. 
Jcnae, 1616), un traité de musique intitulé : 
Compendium Germanico-Latinum Musitue 
practicx qusestionibus txpositum, Erphor- 
diœ, 1595, in-8°. Cet ouvrage n'est indiqué 
par aucun autre bibliographe. 

.MAC II Y (le sieur DE), maître de viole, 
à Paris, sous le règne de Louis XIV, a Tait im- 
primer de sa composition : Pièces de viole en 
musique et en tablature, Paris, 1685, in-4° 
oblong. 

MACICIOWSKI (Stanislas) , violoniste 
polonais, est né à Varsovie, le 8 mai 1801. 
Doué d'heureuses dispositions pour la musique, 
il se livra à l'élude du violon sous la direction 
d'un violoniste nommé Ruzyczka. En 1821, 
Maciciowski s'éloigna de Varsovie, dans le but 
d'aller à Berlin pour y prendre des leçons de 
Mocser {voyez ce nom). Plus tard, il se rendit à 
llesse-Cassel pour y entendre Sp'ohr, qui dès 
lors devint son modèle ; puis il parcourut l'Al- 
lemagne et la France. Établi à Angers, vers 
1855, il s'y livra à l'enseignement; puis il 
visita Bordeaux et Agen; enfin, ii alla se fixer 
en Angleterre. A Londres, il se fit entendre 
avec succès aux concerts de la Société philhar- 
monique ; il ne fut pas moins heureux dans 



les concerts qu'il donna à Manchester et dans 
plusieurs autres villes. On connaît de lui une 
fantaisie pour violon et orchestre, un rondeau 
dans le genre des polonaises, une mélodie dra- 
matique d'après Spohr, et divers autres ou- 
vrages. 

MACQUE (Jean DE), compositeur belge, 
fut organiste du vice-roi de Naples. vers le 
milieu du seizième sièle. Il occupait déjà cette 
place en 1540 lorsqu'il publia ses litanies à 
huit voix ; mais longtemps après, c'est-à-dire 
en 1592, il était encore au service de la même 
cour, en qualité de maître de chapelle, car 
Fabio Colonna lui fit alors entendre un orgue 
hydraulique qu'il avait construit d'après les 
descriptions des anciens (1). Son maître de 
contrepoint avait été Philippe de Mons : c'est 
ce que nous apprend le titre de son premier 
livre de madrigaux à six voix conçu en ces 
termes : Di Giovanni de Maeque diseipulo 
di M. Filippo de Monte il primo libro de* 
Madrigali a sei voci, novaménte da lui 
composti e dati in luce, in Vcnetia, presso 
Ang. Gardano, 1576, in-4°. On doit conclure 
de là que de Maeque reçut son éducation mu- 
sicale comme enfant de chœur de la collégiale 
de Soignies où Philippe de Mons (voyez ce 
nom) était chantre dans les premiers temps de 
sa carrière. Cerreto nous apprend {Délia P rat- 
tica Musica, lib. 3, p. 156), que de Maeque 
vivait encore à Naples, en 1601 ; il devait être 
alors fort âgé. On connaît sous le nom de cet 
artiste : 1° Litanie a 8 voci, Naples, 1540. 
2 J Canzonette alla napoletana a 6 voci, Na- 
ples, 1555. 3° Di Giovanni de Maeque, etc.. 
il primo libro de* Madrigali a sei voci 
(comme ci-dessus). 4° // secondo libro de' Ma- 
drigali a cinque voci. Novaménte composa e 
dati in luce, in Venezia, presso Giac. Vîn- 
centi, 1587, in -4°. L'cpllre dédicatoire, datée 
de Naples, le 20 mai 1587, est adressée à don 
César d'Avalos d'Aragona. 5° Madrigali a 
4 voci. libro terzo, in Napoll, presso Gar- 
gano, 1604, iu-4°. C'est une réimpression 
comme l'ouvrage suivant : 6° H sesto libro 
de' Madrigali a 5 voci, in Venezia, app. 

(I) Cette circonstance est rapportée par l'éditeur delà 
deuxième partie de Viiittoire de* Planut, de Fabio Co- 
lonoa (Rome, 1616, in -4»); toîei ses paroles : Habtbit 
itidem Organi Hydraulici à ne mine hactenu* bent intel- 
Uclîverain déclarai ionem, qaod auctor noiter non moe'o 
perfteil, ted sœpiuê triant à Jeanne de Maeque Belga in 
eaeello regio Neanotitauo mueiee* prmfeeto, «4 eum mh- 
eiea «oca/i, et instrumentait sono «ho yroprio amdirttmr 
effecit. Une faute d'impression s'est glissée dans la cita- 
tion de ee passage faite par Léonarri'Nicorlemo,d.-ins se.* 
additions à la BiWoteea napoleiana de Toppi (p. 72): 
On y lit De Marque pour De Maeque. 



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MACQUE - MACROPEDIUS 



rerede di Bart. Magni, 1615, in -4°. 11 y a une 
troisième édition du troisième livre des ma* 
drigaux à quatre voix, imprimée en 1610, 
a Naples, chec B. Gargano, in-4°. 7° Madri- 
galetti a 6 voci, Anvers, 1600, in-4°. Les re- 
cueils suivants contiennent aussi des morceaux 
de sa composition : 1° Voici affclti; Madri- 
gali a 5 voci di diversi eccellenti musici, 
Rome et Venise, 1585. 2° Harmonia céleste, 
de diversi eccellentissimi musici a 4, 5, 6, 7 
et 8 voci, nuovamente raccolta per Andréa 
Pevernage, etc., Anvers, P. Phalèse, 1593, 
in-4° obi. 5° Simphonia Angelica, di 4i- 
versi eccellentissimi musici a 4, 5 et 6 voci, 
nuovamente raccolta per Huberlo JVael- 
rant, etc., ibid., 1594, in-4° obi. 4° Il lauro 
ver de, Madrigali a sei voci, composti da 
diversi eccellentissimi musici, ibid., 1591, 
in-4° obi. 5° // Trionfo di Dori, descritto da 
diversi e posto in musica da ait r citant i au- 
thori, Venise, 1596; Anvers, 1506; ibid., 
1601 ; ibid., 1614, in-4° obi. 6«» Paradiso 
musicale di Madrigali e canzoni a cinque 
voci, Anvers, P. Phalèsc, 1596, in-4" obi. 

M ACM (Paul), compositeur, né à Bo- 
logne vers le milieu du seizième siècle v est 
connu par les ouvrages suivants : 1° Motetlia 
cinque voci, Venise, Scolto, 1581, in-4°. 
4° Zamentationes Jtremix a 5, 6, 7, 8 ef 10 
vocum, Vcnet. per Ricardum Amadinum, 
1597, in-4». 

MACIUZI Foyes MAKItïZI. 

MACROBE, philosophe platonicien et 
grammairien latin, vécut à la cour de Théo- 
dose le Jeune, au commencement du cin- 
quième siècle. Ses noms latins sont : Aurelius- 
JfacrobiuS'Ambrosius-Theodosius. On ne 
connaît pas le lieu de sa naissance, et la plu- 
part des circonstances de sa vie sont ignorées. 
Un passage du code théodosien nous apprend 
seulement qu'il était, en 422, grand maître de 
la garde-robe de l'empereur Théodose. Parmi 
les ouvrages de Macrobe, on remarque un 
commentaire fort curieux sur le Songe de 
Scipion, fragment du sixième livre de la Ré- 
publique de Gicéron. Cet ouvrage est divisé en 
deux livres : il contient une exposition du sys- 
tème du monde, suivant tes idées des anciens. 
Dans le sixième chapitre du premier livre, et 
dans les quatre premiers du second, l'auteur 
traite de l'harmonie des sphères et de la mu- 
sique d'après la doctrine de Pylhagore. La 
première édition de YExpositio in Somnium 
Scipionis a paru avec les Saturnales, le plus 
important des ouvrages de Macrobe, à Venise, 
chez Janson, en 1472, in- fol. On a reproduit ce 



livre depuis lors plusieurs fois, notamment da us 
l'édition complète des œuvres de Macrobe, cum 
notisvariorum, publiée parGronovius, Leyde, 
1670, in-8°, dans celle de Jean-Charles Zeune, 
Leipsick, 1774, in-8°; et enfin dans celle de 
Deux-Ponts, 1788, deux vol. in 8°. Il existe 
une traduction française des mêmes œuvres, 
par Ch. De Rosey; Paris, Firmin Didot, 1827, 
deux vol. in-8°, et une autre traduction fran- 
çaise se trouve dans la deuxième série de la 
Bibliothèque latine-française de Panckoucke, 
Paris, 1845, 3 volumes in-8°. On est étonné 
de lire, dans le Dictionnaire historique des 
musiciens de Choron et Fayolle, que les Sa- 
turnales et le Songe de Scipion ont été écrits 
en grec, par Macrobe : il existe une version 
grecque du commentaire sur le Songe de 
Scipion; mais elle est de Maxime Planudcs, 
moine de Nicomédie, qui vivait à Conslanli- 
nople dans le quatorzième siècle. 

MACROPEDIUS (Georges), grammai- 
rien, poète et philosophe, naquit à Gcmert, 
village des environs de Bois-lc-Duc, dans les 
Pays-Bas, vers la fin du quinzième siècle. Il 
entra dans y ordre des frères de Saint- Jérôme, 
et fui préfet du collège d'Ulrccht, puis ensei- 
gna pendant quelques années les lettres grec- 
ques et latines à Bois-lc-Duc. Il mourut dans 
celte ville, en 1558. Macropedius écrivait en 
latin avec élégance, el possédait bien les 
langues grecque, hébraïque, chaldaïque, les 
mathématiques el la philosophie scolastique. 
Il a écrit des rudiments des langues grecque 
et latine, un traité de la syntaxe, un autre sur 
la prosodie, un livre sur la dialectique, sur le 
comput ecclésiastique et le calendrier, des 
scolies sur les évangiles cl épltres de toute 
Tannée, et d'autres sur les hymnes et les 
séquences (Bois-le-Duc, 1552, in -4°). Tous ces 
ouvrages ont été imprimés en Hollande et à 
Francfort. Macropedius fut un des premiers 
qui écrivirent, au temps de la renaissance, des 
comédies latines, avec des chœurs en mu- 
sique : elles ont été recueillies au nombre de 
onze et publiées sous ce titre : Omnes Georgii 
Macropediifabulxcomicœ, denuo recognit*, 
et justo ordine (prout édite sunt) in duas 
partes divisa; Ultra jecli, Harmannus Bor~ 
culous excudebat, 1553-55, petit in-8 e . Les 
chants des chœurs ont le caractère rbythmique 
des chanls populaires d'après lesquels les 
hymnes de l'église ont élé notées dans les 
treizième el quatorzième siècles. Je crois 
devoir rapporter ici un de ces chanls lequel 
appartient à un chœur de la comédie intitulée: 
PetriscuS) à cause de Pintérêlqui s'y attache, 



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MACR0PED1US — MADONIS 



395 



f>our l'histoire du théàlre vers le milieu du 
-seizième siècle. Le rhythme de ce chant est 
«limètre cataleclique : 



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bus. 



ren - li 

Le même chant se répète sur les onze 
-strophes prononcées par le chœur, à l'unisson. 

Foppens, qui adonné une notice sur Macro- 
pedius {in Bibliot. £elg. 1. 1, p. 5-59), y a joint 
-son portrait. 

MADEYSKI(M.), compositeur, né a Lem- 
t>erg, vers 1821, y enseigne le chant et le 
piano. II s'est Tait connaître par la publication 
-d'un album de chant intitulé Spiewick, par 
•deux mélodies sans paroles pour le piano, 
gravées à Vienne, chez Mechetli, et par un 
Jioel {Kolenda) pour le même instrument. 

MADIN (Henri), abbé, était fils d'un gen- 
tilhomme irlandais qui suivit en France le 
roi Jacques II. Il naquit à Verdun, en 1698, 
cl fit ses éludes chez les jésuites de cette ville. 
La musique fut particulièrement l'objet de ses 
travaux. Jeune encore, il obtint la place de 
maître de chapelle de l'église métropolitaine 
«le Tours; en 1737, il quitta celle place pour 
•celle de maître de la cathédrale de Rouen, 
qu'il conserva jusqu'en 1741. Il reçut alors sa 
.nomination de sous maître de la chapelle du 
roi. En 1744, il succéda à Campra dans la 
charge de gouverneur des pages de la musique 
«lu roi, et, le 24 avril 1746, il obtint un cano- 
fiicat a la collégiale de Saint-Quentin; mais il 
<ne jouit pas longtemps des avantages attachés 
.à cette position, car il mourut à Versailles le 
4 février 1748. Dans la collection de messes 



de divers auteurs imprimées par J.-B. Ballard, 
à Paris, en grand format de chœur, on trouve 
trois messes de l'abbé Madin, à quatre voix. 
La première a pour titre : Dico ego opéra mea 
régi; la seconde, Vivat pax; la dernière, 
Velociter currit Sermo ejus. La Bibliothèque 
du Conservatoire royal de Bruxelles possède 
un exemplaire de toutes trois ; de plus elle en 
a les partitions manuscrites. Elle possède 
aussi les partitions de deux autres messes du 
même auteur, la première intitulée : Fivat 
rex, composée au commencement de 1741, 
lorsque l'auteur était encore «naître de cha- 
pelle de la cathédrale de Rouen, l'autre, Inci- 
pite Domino, également à quatre voix, écrite 
en 1745. On trouve, à la Bibliothèque impé- 
riale de Paris , les manuscrits des motels 
Diligam fe, à grand chœur, et Notuê in 
Judea, idem. L'abbé Madin s'est aussi fait 
connaître comme écrivain didactique par un 
livre intitulé : Traité du contrepoint simple 
ou du chant sur le livre; Paris, 1742, in-4°, 
gravé. Cet ouvrage, où l'on ne trouve ni doc- 
trine, ni critique, contient des exemples de 
contrepoint, fort mal écrits, qui ne donnent 
pas une haute idée du savoir de son auteur. 

MADLSEDER (Noukos), bénédictin et 
supérieur du monastère de Saint-Gall, à An- 
dich, en Bavière, est mort jeune encore, dans 
ce couvent, au mois de mars 1773. Il s'est fait 
connaître par des compositions de musique 
d'église intitulées : 1° Offerloria XV pro 
principalioribus festivitatibus Domini cum 
4 vocibus ordinariis, violijriis duobus oWt- 
gatis, viola obligata y juxta stylum novissi- 
mum, op. I, Augsbourg, M. Rieger, 1765. 
2° Offerloria XV solemnia de feslis Sanc- 
torum in communi cum 4 vocibus, 2 viol., 
viola, clar. et corn, ad lib., op. II, ibid., 

1767. 5° Miserere V et Stabat Mater I pro 
tempore quadragesimate cum 4 voc. ord. 
2 violinis , viola, clar., cornib. et tribus 
trombis cum dupl. basso, op. III, ibid., 

1768. 4° Vesperx sotemnes sed brèves 4 voc, 
ord.) 2 viol., viola, clar., vel cornib. cum 
dupl. basso; impressae in principali tnonas- 
terio S. Galli, Andich, 1771, op. IV. 

MADOMS (Jean), violoniste distingué, 
né à Venise dans les dernières années du dix- 
septième siècle. Quanz l'entendit à Venise, 
en 1725, et lui trouva un talent digne des plus 
grands éloges. L'année suivante, Madonts se 
rendit à Breslau avec une troupe de chanteurs 
italiens, en qualité de chef d'orchestre. Arrivé 
à Paris, dans les premiers mois de 1729, il se fit 
entendre avec succès au concert spirituel qui 



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396 



M ADONIS - MAELZEL 



fut donné aux Tuileries le 1" mai de celle 
année, et fut engagé comme un des violons 
ordinaires de la musique du roi. En 1731, il 
fut appelé à Saint-Pétersbourg, et l'impéra- 
trice lui accorda un traitement de trois mille 
roubles. Quinze ans après, il se trouvait dans 
la même ville et y jouissait de beaucoup d'es- 
time. On voit dans la composition de l'or- 
chestre de la chapelle de Saint-Marc, à Venise, 
décrétée le 28 février 1786, qu'un des violo- 
nistes de celte chapelle se nommait Joseph 
M adonis. M. Cafll croit que cet artiste était 
celui qui se fit. entendre à Paris, en 1729 (1); 
mais, outre la différence du prénom, il est de 
toute évidence que celui-ci ne pouvait encore 
être employé dans un orchestre cinquante-sept 
ans plus lard. C'était ou un fils, ou un membre 
de la même famille. On a gravé à Paris quel- 
ques compositions de cet artiste, entre autres 
des sonates à violon seul, op. 1 (sans date), et 
trois concertos en un recueil. 

MADRE DE DIOS (Ahtoiîie DE), reli- 
gieux portugais, compositeur de musique 
d'église, né à Lisbonne, fut musicien de la 
chambre à la cour de Jean IV, puis maître de 
chapelle d'Alfonse VI. Sa vie d'artiste est ren- 
fermée entre les années 1620 et 1660. Ses 
compositions pour l'église étaient conservées 
dans la bibliothèque royale de musique avant 
le désastre de Lisbonne, en 1756. 

MADRE DE DIOS (A^tohe DE), carme 
portugais, né à Lisbonne, fût second maître 
de chapelle de son couvent, cl mourut dans 
celte ville, en 1600. Son maître de musique et 
de composition avait été Manuel Caldoso. Ce 
moine a écrit beaucoup de psaumes, ré- 
pons, etc., dont il y a des copies manuscrites 
dans les églises de Lisbonne. 

MAELZEL (jEAN-NtPOMUcÈ5fc) , mécani- 
cien célèbre, né àRatisbonne,le 15 août 1772, 
était fils d'un facteur d'orgues, habile dans la 
mécanique. Son père lui At apprendre la mu- 
sique et le piano, et ses progrès furent si ra- 
pides, qu'à Page de quatorze ans, il élait déjà 
considéré comme un des meilleurs pianistes 
de Ratisbonne. Depuis 1788 jusqu'en 1702, «1 
donna des leçons de son instrument. La méca- 
nique était cependant son occupation princi- 
pale; pour augmenter ses connaissances dans 
celte partie des mathématiques appliquées, il 
fil plus tard des voyages à Paris et à Londres. 
La nature lui avait donné le génie de celte 
science : il résolut de l'employer à des objets 
relatifs à la musique, et le premier fruit de 

(1) Sloria nêlla musiea tuera nelle jtâ cappella ducale 
di S. Marco m Venezia, *©l. H, p. «,. 



ses méditations fut le Panharmonicon, or- 
chestre mécanique dans lequel il avait imité 
de la manière la plus heureuse le son de pla- 
neurs instruments, particulièrement ceux de 
la trompette, de la clarinette, de la viole et du 
violoncelle. Cette machine avait d'ailleurs 
une puissance de son qui frappait d'étonne- 
ment, et les nuances de piano et de /brie s'y 
exécutaient parfaitement. JEn 1805, cet instru- 
ment était déjà Aoi et Maelzel le faisait en- 
tendre à Vienne. Deux ans après, il le trans- 
porta à Paris où son exhibition causa autant 
d'étonnement que de plaisir. Cherubi ni écrivit 
alors pour le Panharmonicon un écho, mor- 
ceau d'une rare suavité et d'une facture digne 
du grand maître. Vers la fin de 1807, Maelzel 
vendit cet instrument soixante mille francs, et 
en commença une autre où il avait introduit 
plusieurs perfectionnements, et qui était déjà 
achevé en 1808. Environ dix-huit ans après, 
il transporta celui-ci à Boston, où il a été, 
dit-on, vendu à une société pour la somme 
énorme de quatre cent mille dollars. 

De retour à Vienne, en 1808, Maelzel s'y 
occupa d'une nouvelle invention, son trom- 
pette automate qui, par la pureté des sons et 
la netteté de l'articulation dans les passages 
les plus compliqués, fui considéré comme un 
morceau parfait. La réputation de l'habile ar- 
tiste s'étendait progressivement : l'empereur 
d'Autriche récompensa ses travaux en le nom- 
mant mécanicien de la cour. Vers celle 
époque, il s'occupa du perfectionnement du 
métronome de Slœckel (voyez ce nom), dont le 
volume trop grand lui semblait un obstacle à 
l'usage ordinaire; mais n'ayant rien trouvé de 
satisfaisant à cet égard, il profila d'un voyage 
qu'il fil en Hollande, au commencement de 
Tannée 1812, pour proposer la résolution du 
problème à Winkel (voyez ce nom), mécani- 
cien à Amsterdam. Celui-ci le résolut en 
homme de génie, par le seul déplacement du 
centre de gravi lé, pour les diverses nuances de 
lenteur ou de vitesse des vibrations, au moyen 
d'un poids glissant le long de la lige du balan- 
cier. Winkel ne fit point mystère de sa décou- 
verte à Maelzel qui, s'en emparant, l'appliqua 
à une échelle graduée des mouvements de la 
musique, et en fit le métronome connu depuis 
sous son nom. Il soumit celle machine à l'exa- 
men de l'Inslilut de France, obtint son appro- 
bation dans un rapport qu'il fit imprimer avec 
des déclarations de plusieurs compositeurs à 
la suite d'une Notice sur le Métronome de 
J. Maelzel (Paris, 1816, in-8° de vingt-quatre 
pages; ibid.y 1822, in-8° de huit pages à deux 



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MAELZEL — MAERZ 



397 



colonnes), et forma à Paris une société com- 
merciale pour la fabrication de cet instru- 
ment. Informé du larcin que Maelzel lui avait 
fait, Winkel réclama la priorité d'invention 
dans le n° 25 de la Gazette musicale de Leip- 
siek (ann. 1818). Quelques années après, Mael- 
zel se trouvant à Amsterdam avec l'automate 
joueur d'échecs, Winkel demanda à l'Institut 
des Pays-Bas qu'une commission fût nommée 
pour juger le différend survenu entre lui et le 
prétendu inventeur du métronome. On fil 
droit à sa requête, et la commission examina 
avec soin cette affaire. Dans une séance où il 
ne donna pas une haute idée de ses connais- 
sances en mathématiques, Maelzel fut obligé 
d'avouer qu'il était redevable à Winkel de 
l'idée première de son métronome, et ne ré- 
clama que la propriété de l'échelle, qui ne lui 
était pas contestée par son adversaire. Procès- 
verbal fut dressé de cette séance et déposé 
dans les archives de l'Institut des Pays- 
Bas (1). 

En 1817, Maelzel était retourné à Vienne, 
d'où il avait répandu le métronome dans toute 
l'Europe. Deux ans après, il s'établit à Paris 
avec le Joueur d'échecs qu'il avait acheté à 
Vienne, après la mort de Kempeien son inven- 
teur (voyez ce nom), et y fit connaître sou 
danseur de corde automate, chef-d'œuvre de 
mécanique, et son plus beau titre de gloire, si 
toutefois il en était l'inventeur, ce qui peut 
être mis en doute, après l'affaire du métro- 
nome, et lorsqu'on se souvient qu'il s'attri- 
buait aussi faussement l'invention du joueur 
d'échecs, auquel il avait seulement adapté la 
machine parlante du même Kempeien, pour 
prononcer les mots échec et mat. Il se donnait 
aussi pour auteur de cette dernière invention, 
et il prît un brevet à Paris, pour des poupées 
parlantes qui disaient bonjour papa, bonsoir 
maman. A l'égard de l'automate joueur d'é- 
checs, qui a tant exercé la curiosité publique, et 
que son inventeur avait déjà fait voir àParis en 
1785, c'est une machine fort ingénieusement 
conçue pour l'exécution de tous les mouve- 
ments que doit faire l'automate pour porter le 
J>ras vers la pièce qui doit être jouée, ouvrir 
la main, saisir la pièce en la refermant, l'en- 
lever et la mettre sur la case où elle doit aller, 
suivant les directions particulières à toutes les 
pièces. Mais les problèmes relatifs à tous ces 
mouvements sont les seuls que la mécanique a 

(I) On |»cul voir, sur celte affaire, une Ictlrc de BI.J. De 
Vos Willem*, secrétaire perpétuel de Uquairicmcclassc 
<d' i Institut des Pays-Bas, et l'un des commissaires, in- 
s-rtfc clans !a Hevnt m\uic*lc (t. VI, ann. 1819, p. 50 cl s). 



pu résoudre, car un peu de réflexion suffit pour 
faire comprendre qu'il sera toujours impos- 
sible de faire une machine intelligente : les 
combinaisons du jeu d'échecs sont donc l'of- 
fice d'un joueur habile, caché dans l'intérieur 
du socle où est contenu le mécanisme, et qui 
fait mouvoir les différents ressorts, lorsque 
les mouvements des cases mobiles de l'échi- 
quier de l'automate'lui indiquent le coup qui a 
été joué, et qu'il exécute aussitôt sur un petit 
échiquier placé devant lui et éclairé d'une 
bougie. Arrivé à Paris , Maelzel engagea 
d'abord M. Boncourt, très-bon joueur d'échecs, 
pour faire jouer l'automate daus les séances 
publiques qu'il donnait chaque soir; mais la 
taille élevée de ce joueur lui faisait éprouver 
une fatigue excessive lorsqu'il était coqché 
dans l'étroit espace réservé à ses fonctions; il 
dut y renoncer, et M. Alexandre, puis M. Mou- 
ret, autres joueurs très-habiles, le remplacè- 
rent, et accompagnèrent Maelzel à Londres, 
où ils lui firent gagner des sommes considéra- 
bles, qu'il dissipa bientôt dans la débauche. 
Des discussions d'intérêt, survenues entre lui et 
ses joueurs, furent cause que ceux-ci se sépa- 
rèrent de lui et divulguèrent son secret. Cette 
circonstance, jointe aux poursuites de ses 
créanciers, détermina Maelzel à se rendre en 
Amérique, en 1836, avec ses automates et 
son panharmonicon. On dît que le succès de 
ces machines à New-York, à Philadelphie et à 
Boston, lui ont procuré une grande opulence. 
Suivant quelques renseignements, parvenus 
aussi de Boston, où il avait fixé son séjour 
dans ses dernières années, il aurait exécute 
un automate à larynx mécanique qui exécutait 
des gammes diatoniques et chromatiques, en 
montant et en descendant. M. Bienaimé-Four- 
nier, horloger-mécanicien à Amiens, ayant 
exécuté, en 1829, un métronome qui faisait 
entendre, outre les vibrations du pendule, des 
coups plus forts pour les combinaisons de ces 
vibrations en mesures à temps binaires ou ter- 
naires, Maelzel fit à son métronome une mo- 
dification du même genre, mais dont le méca- 
nisme était plus simple et meilleur, et céda la 
propriété de cette machine à M. Wagner, hor- 
loger-mécanicien de Paris, qui, pendant plu- 
sieurs années, a construit tous les métronomes 
dont on fait usage en France. Maelzel est mort 
au commencement du mois d'août 1838, dans 
un voyage de La Guayra a Philadelphie, à l'âge 
tic soixante-six ans. 

MAERZ (Conrad), facteur d'orgues de la 
cour de Bavière, naquit à Haimbourg, arron- 
dissement de Pfaffenhofen, le 20 février 1765. 



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MAERZ — MAGÀLHAENS 



Il servit d'abord dans l'artillerie de l'armée 
bavaroise, et fut envoyé en garnison à Ingol- 
stadt, où il apprit les principes et la pratique 
de la construction des orgues chez le facteur 
Gaspard Kœnig. Après avoir employé quatre 
années à ce genre de travail et d'étude, il entra 
dans le corps des archers de la garde du 
prince électoral. Le facteur d'orgues et de 
pianos de la cour, Joseph Gloner, qui demeu- 
rait à Munich, était alors fort âgé et ne pou- 
vait plus remplir ses fonctions : le prince 
Charles-Théodore lui donna Maerz pour suc- 
cesseur en 1800, et celui-ci se retira alors du 
service militaire. Il avait déjà construit à 
Glon, près de Zinnenbourg, en 1796, un bon 
•orgue, et à Eschenbach un autre instrument 
d'une excellente qualité. En 1800, il refit à 
neuf l'orgue de l'abbaye de Waldsassen. 
Depuis lors il a produit plusieurs bons instru- 
ments. 

91 AESTMNI (.....)» compositeur drama- 
tique de peu de mérite, né à Florence, a fait 
représenter, dans l'automne de 1837, au petit 
théâtre délia Piazza de celle ville, un opéra 
intitulé : Jmelia y dont l'existence ne fut pas 
longue. En 1844, il fit jouer à Pistoie, pendant 
la saison du printemps, Margherita Pus- 
terla, opéra en trois actes, dans lequel il n'a- 
vait pas négligé de mettre un orgue et un 
Salve Regina, comme dans les Lombardi, de 
Verdi, qui avaient alors grand succès en Ita- 
lie. Le même opéra fut joué, dans l'année sui- 
vante, au théâtre Alfteri, de Florence. Ce 
maestro Maestrini est un des plus pauvres 
maestrinetti de notre pauvre époque. 

MAFFEI (J ban-Camille), savant italien, 
né à Solofra, dans le royaume de Naples. au 
commencementdu seizième siècle, est auteur de 
plusieurs traités de philosophie, parmi lesquels 
on remarque le plus ancien traité connu de 
Tari du chant proprement dit, confondu par 
Forkel et les autres biographes allemands 
avec l'Enseignement des principes de la mu- 
sique, qui en est le préliminaire. L'ouvrage 
«le Hïaffei a pour titre : Discorso filosofico 
délia voce, e del modo dHmparare di cantar 
di garganta, raccolte da D. VaUrio de* 
Paoli da Limosinano; Napoli, appresso 
Raymondo Amato, 1503, in-12de 130 pages. 

MAFFEI (le marquis François-Scifior), 
célèbre littérateur, «également distingué par 
ses poésies, pièces de théâtre et ses savantes 
recherches sur l'histoire et les antiquités, 
naquit à Vérone, le !«• juin 1675, et mourut 
le 11 février 1755, à l'âge de quatre-vingts 
ans. Dans le tome 5 e du Giornale de' letterati 



d'Italia (Venise, 1711), qu'il avait entrepris 
de concert avec Apostolo Zeno et VaUUnieri r 
il a inséré une description du forté-piano, qoi 
venait d'être inventé par Cristofali, sons le- 
litre de Nuova invenzione d'un gravetem- 
balo eol piano e forte; aggiunte alcune con- 
siderazioni sopra li strommti m%uicah\ 
Une traduction allemande de cette dissertation 
a été placée par Mattheson dans sa Crititm 
musica, t. 11, p. 335. On en trouve une tra- 
duction hollandaise dans l'écrit périodique de 
Luslig intitulé : Tvoaalf redeneeringen over 
musijkaale onderwerpen, etc. 

MAFFEI (Madame FESTA). Foyez 
FESTA (Françoise). 

MAFFOLI (Vincent), célèbre ténor ita- 
lien, né à Reggio vers 1760, commença à se 
faire connaître en 1783. La beauté de sa voix, 
son habileté dans l'art du chant et son mérite 
comme acteur, lui procurèrent bientôt les- 
plus brillants succès. En 1787, il chantait av 
théâtre Aliberli à Rome, et son talent y pro- 
duisit une si vive impression que le public 
s'écria un soir, plein d'enthousiasme : M*of- 
folol M'affolissimo! Pendant les saisons «fit 
carême et du printemps 1780, il eut ans» de- 
brillants succès à Milan, où il chantait avec îa 
Morichelli Bosello. En 1790, il alla à Reggio, 
sa patrie, puis à Sienne; au printemps de 
1791, il était à Florence, où il se fit admirer 
dans l'oratorio Débora e Sisara, de Gugliehuî. 
Dans l'automne de la même année, il chanta 
â Turin, puis il partit pour Vienne, on il 
demeura pendant les années 1793 et 1793. 
Les représentations du théâtre italien ayant 
cessé, vers la fin de cette dernière année T 
dans la capitale de l'Autriche, MafTolî re- 
tourna en Italie; mais depuis cette époqur, 
on n'a plus de renseignements sur sa per- 
sonne. 

MAGALHAENS (Philippe DE), malne 
de chapelle du roi de Portugal, naquit dans les. 
dernières années du seizième siècle à Azeîtam, 
au diocèse de Lisbonne. Son maître de musi- 
que et de composition fut Manuel Mendes. S» 
réputation de savant musicien était déjà si 
bien établie, lorsqu'il eut achevé ses étoiles, 
qu'il obtint immédiatement sa position <taa* 
la chapelle du roi. Compositeur laborieux, il 
a laissé en manuscrit beaucoup de messes ri 
de motels qui étaient conservés dans la Bi- 
bliothèque royale de musique, à Lisbonne,, 
sous le numéro 809. On n'a imprimé de lui 
que les ouvrages dont les titres suivent z 
1° Cantiea beatissimx Firginis, Lisbonne, 
Craesbeck, 1630, in- fol. max. 2° Alissje qum- 



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MAGALHAENS - MAGGI 



39» 



tuor, qitinque et sex vocibus conslantibus, 
ibid., 1635) in-fol. max. Z'Cantus eccUsias- 
ticus commendandi animos corporaque se- 
peliendi defunetorum : Missa et stationes 
juxta ritum sacro-sanctœ Romanœ pc- 
clesiœ breviarii tnissalisque Romani Clé- 
ment ; FUI et Urbqni FUI, recogni- 
tionem ordinata, Lisbonne, Craesbeck, 1641, 
in -4°. La même édition a reparu en 1642, 
avec un nouveau frontispice; Lisbonne, An- 
toine Alvarez. Longtemps après, il a été fait une 
autre édition de ce recueil, à Anvers, chez 
Henri Aerlsen, 1691, in-4°. 

1WAGDEBLRG (Joachim) fut d'abord, et 
postérieurement à 1552, diacre à l'église de 
Saint-Pierre, à Hambourg, puis fut appelé 
comme pasteur à Magdebourg, en 1558. On 
connaît de sa composition un recueil de chants 
à quatre voix, imprimé à Erfurt, en 1572. 

iHAGE (DE), organiste à Saint-Quentin, 
vers 1752, était élève de Marchand. On a 
de lui un livre de pièces d'orgue qui parut en 
1753. 

MAGENDIE (Fhakçois), médecin et ana 
tomiste célèbre, est né à Bordeaux, le 15 oc- 
tobre 1785. A Page de quinze ans, il avait 
déjà terminé ses humanités, et bientôt après 
il commença l'étude de la médecine. II se livra 
particulièrement à des recherches d'anatomie 
qui lui ont fait faire de belles découvertes. 
Parmi ces travaux, ceux qui ont pour objet la 
conformation et les fonctions des organes de 
la voix ont fait honneur à Magendie : ce sont 
ceux qui doivent être ici mentionnés. Ne se 
bornant pas, comme ses prédécesseurs, a con 
sidérer ces organes dans l'état de nature 
morte, il a fait un grand nombre d'expé- 
riences sur des animaux vivants, dont il avait 
mis à découvert, avec beaucoup d'adresse, le 
larynx et les autres parties du mécanisme de 
la phonation. C'est ainsi qu'il est parvenu a 
déterminer l'action des principaux muscles du 
tuyau vocal. Dans une de ses expériences, il a 
reconnu que l'épiglotte est étrangère à la pro- 
duction du son, car il a coupé impunément 
cette partie de l'appareil vocal avec tous ses 
muscles : la voix n'a été détruite que lorsqu'il 
a coupé le milieu des cartilages aryténoïdes, 
dont la section détruisait la glotte. A l'égard 
de son système général de la phonation, il se 
range parmi ceux qui compaVent l'appareil 
vocal à un instrument à vent. Suivant lui, les 
muscles Ihyro-aryténcldiens vibrent à la ma- 
nière des anches. L'intonation varie, dit-il) 
en raison de la longueur, de la grosseur, de la 
tension, et conséquemment de l'élasticité de 



ces muscles. Cette théorie est opposée à celle 
de Savart, qui est revenu à l'ancienne idée de 
l'analogie du mécanisme vocal avec celui des 
instruments à vent du genre des flûtes. Ma- 
gendie a exposé avec beaucoup de détail tout 
ce qui concerne la voix, son appareil, et son 
mécanisme dans le chant et dans la parole, au 
premier volume de son Précis élémentaire de 
Physiologie (p. 220-275 de la deuxième édi- 
tion). La première édition de cet ouvrage a 
paru en 1816, à Paris, deux vol. in-8°; la 
deuxième en 1825; la troisième avec des ad- 
ditions, en 1853, deux vol. in-8°. On a aussi 
de ce savant : Mémoire sur les usages du voile 
du palais dans le chant et dans la parole, 
Paris, 1808, in-4°. Magendie était médecin en 
chef de la Salpétrière, membre de l'Académie 
royale des sciences, de l'Académie royale do 
médecine, et de beaucoup de sociétés savantes. 
Il est mort à Paris, le 7 octobre 1855. 

MAGGH1ELS (Jean), compositeur fla- 
mand de la fin du seizième siècle, a publié un 
recueil de chansons à quatre, cinq et six voix; 
Douay, 1600, in-4°. 

MAGGI (Jérôme), savant du seizième 
siècle, naquit à Anghiari, dans la Toscane, et 
non en Angleterre, comme le disent les auteurs 
du Dictionnaire historique des musiciens 
publié en 1810. Après avoir fréquenté les uni- 
versités de Pérouse, de Pise et de Bologne, où 
il étudiait le droit et les antiquités, Maggi 
obtint, en 1558, une place de juge à Amatri- 
cani) dans le royaume de Naples.'Vers 1560, 
il s'établit à Venise, où il publia quelques 
ouvrages qui commencèrent sa réputation. 
Nommé ensuite juge dans l'Ile de Chypre, il se 
trouva au siège de Famagouste, dont il retarda 
la prise pendant plusieurs mois par des ma- 
chines de son invention ; mais enfin cette ville 
étant tombée au pouvoir des Turcs, Maggi Tut 
emmené en esclavage à Constantinople. Sans 
autre secours que celui de sa mémoire, il com- 
posa dans sa prison deux petits traités, l'un 
De Tintinnabulis (des clochettes), l'autre 
De Equuleo (du chevalet), qu'il dédia aux am- 
bassadeurs de France et d'Autriche. Tous 
deux s'occupèrent alors de son rachat; mais 
pendant qu'ils le négociaient, Maggi trouva 
moyen de s'enfuir et de se réfugier chez l'am- 
bassadeur d'Autriche. Y ayant été découvert, 
il fut ramené dans sa prison et étranglé, dans 
la nuit du 27 mai 1572. Le traité De Tintin- 
nabulis a été publié, pour la première fois, à 
Hanau, 1608, petit in-8». Une seconde édition, 
avec la vie de l'auteur et des notes, par 
F. Swcriius, parut à Amsterdam, en 1664, 



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400 



MAGGI — MAGINI 



in-12. Toutefois il n'est pas exact de dire, 
comme tous les bibliographes, et même comme 
la Biographie universelle des frères Michaud, 
que cette édition fut donnée par Swerlius lui- 
même, car ce savant était mort en 1659; 
mais il l'avait préparée. On en a une troisième 
édition datée d'Amsterdam, 1089, in-12. 
Sallengre a inséré celte dissertation dans son 
Thésaurus novus antiquit. Roman., t. 11, 
p. 1157. On a aussi de Maggi : Varia Lec~ 
Uones $eu MisceUanea; Venise, 1564, in-8°. 
Il y propose une correction pour un passage 
d'Aulugeile relatif a la forme de quelques 
instruments de musique des anciens, lib. I, 
cbap. 13 ; et le chap. 33* c du quatrième livre 
est intitulé : Musica in humanos animos in 
qua eorpora ipsa vim esse maximam. 

MAGGI (le comte Sebastier), prêtre véni- 
tien, ex-moine de l'ordre de Saint -Philippe, a 
publié, sous le voile de l'anonyme, un écrit 
intitulé : Dissertazione sopra il grave disor- 
dine ed abuso délia moderna musica vocale 
ed istromentale che si è introdotta e si usa a 
nostri di nelle ckiese e ne divine uflUii (Dis- 
sertation sur le grave désordre et sur l'abus 
de la musique moderne, vocale et instrumen- 
tale, qui s'est introduite de nos jours dans les 
églises, et dont on fait usage dans le service 
divin), Venise, 1821, in-8° (1). 

MAGGIORE (François), compositeur na- 
politain, vécut vers le milieu du dix-huitième 
siècle, voyagea longtemps, et mourut en Hol- 
lande dans un étal voisin de la misère, 
en 1782. Parmi ses compositions pour le 
théâtre, on cite I Raggiri délia cantatrice, 
opéra bouffé représenté en 1745, et Gli scherzi 
di Jmore y 1762. Ce musicien, qui aurait 
dû chercher dans ses talents une existence 
honorable, préféra se donner en spectacle 
dans la plupart des villes qu'il visita, et re- 
cueillir des applaudissements par son adresse 
à imiter le chant et les cris de divers ani- 
maux. 

MAGHERINI (Joseph -M abie), né près de 
Milan, en 1752, fit son éducation musicale en 
celle ville. En 1770, on a exéculé à Londres 
un oratorio de sa composition intitulé : le Ju- 
gement de Salomon. Dix ans après, six trios 
pour deux violons et basse ont été gravés sous 
son nom dans la même ville. 

MAGIELLI (Dominique), compositeur ita- 
lien du seizième siècle, né à Valeggio, dans 
la Lombardie, a publié de sa composition : 
1° Madrigali a cinque voci, lib. 1, Venise, 

(1) Vojrei le Ditsiontrio di Opère anonime e ptendo- 
nime di Strmori itëlûmi, di G. M.> tome I, p. 319. 



1567. 2* Madrigali a cinque voci, lib. 2, 
Venise, 1568, in-4°. 

MAGINI (Jeav-Paul), excellent luthier, 
né à B rescia dans la seconde moitié du sei- 
zième siècle, établit ses ateliers dans cette 
ville, et se distingua particulièrement dans la 
facture des violons. Suivant les recherches que 
j'ai faites, depuis que la première édition de 
cette Biographie a été publiée, cet artiste tra- 
vailla depuis 1590 jusqu'en 1640 environ. Le 
patron de ses violons est en général fort grand: 
cependant il y en a quelques-uns de pelit 
format ; les voûtes en sont élevées et s'étendent 
près des bords. Les tables d'harmonie sont de 
bonne qualité et assez fortes; le dos, assez 
aplati vers les extrémités supérieure et infé- 
rieure, est considérablement renflé près des 
éclisses qui' ont peu d'élévation et dont le* 
courbes sont adoucies vers les angles. Un 
large filet double règne sur la table et sur le 
dos; il se termine quelquefois sur cette der- 
nière partie de l'instrument en un ornement 
placé au-dessous du manche et au-dessus de 
l'attache du tire cordes ; cet ornement repré- 
sente une large feuille de trèfle. La plupart 
de ces instruments sont vernis à Pes prit -de- 
vin, d'une belle couleur brun clair. Ce vernis 
est remarquable par sa finesse. Les dimensions 
en étendue et la combinaison des voûtes avec 
les épaisseurs donnent à la plupart des instru- 
ments de Magini un son grandiose, grave et 
mélancolique. Ce son a moins de velouté que 
celui des Stradivari, et moins de puissance que 
les Joseph Guarneri; il a plus d'analogie avec 
celui de la viole ; mais il a beaucoup de charme 
dans le quatuor d'instruments à cordes. 

MAGINI (Pietho-Sahto), luthier de Bres- 
cia , vraisemblablement de la même famille 
que le précédent, a été souvent confondu avec 
lui. 11 travailla dans le dix-septième siècle, 
environ vingt ans plus lard que Jean-Paul. 
Bien qu'il ait fabriqué des violons qui ne sont 
pas dépourvus de qualilé, il s'est distingut- 
particulièrement par des contrebasses, qui 
sont renommées en Italie comme les meilleur- 
instruments de ce genre. 

MAGINI (François), compositeur italien 
de musique vocale, vécul vers le commence- 
ment du dix-huitième siècle. Gerber le cite 
comme auteur de cantales avec accompagne- 
ment de clavecin qui existent en manuscrit 
dans diverses bibliothèques de Leipsick. Ou 
connaît aussi de lui des solfèges à deux voix, 
datés de 1702, et des sonates pour trois trom- 
bones, qui se trouvent en manuscrit dans la 
bibliothèque de l'abbé Sanlini, à Rome. 



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MAG10 — MAGNI 



401 



ItfAGIO (FftAirçois), compositeur sicilien, 
né à Castro Velrano, dans la première partie 
du dix septième siècle, a publié : Sacra Ar- 
monia, e mitsiculi eoncenti a 2, 3, 4 e 5 voci, 
con una mes$a a 6 concertata; Milan, 1670, 
in-4». 

MAGIRUS (Jbaic), prédicateur et pasteur 
a l'église de Saint-Biaise a Brunswick, naquit 
à Cassel vers 1550, et Tut d'abord eantor a 
l'école de Sainte-Catherine, dans la première 
de ces deux villes. On a de lui un livre inti- 
tulé : Artis musicx methodieè legibus logicis 
informât* libri duo ad totum musices arti- 
fieium et rationem componendi valdè acco- 
modati; Francfort, 1596, in 8° de cent cin- 
quante-huit pages. Ce traité fut composé par 
Magirus pour l'usage de l'école de Sainte- 
Catherine. La seconde édition a été publiée à 
Brunswick, en 1611, in-8°, mais avec des 
changements considérables dans la forme du 
livre et dans le fond des choses. La préface 
de ce livre, adressée aux élèves de l'école de 
Sainte-Catherine de Brunswick, est de Charles 
Bumann, recteur de cette ville. Elle est suivie, 
conformément à l'usage du temps, de plusieurs 
pièces de vers latins à la louange de Magirus. 
Le premier livre, qui traite des éléments de la 
musique, est divisé en vingt-trois chapitres ; 
le second livre traite de la tonalité, de l'har- 
monie, de la composition et de la forme des 
pièces de musique. Il contient trente chapitres. 
La discussion concernant l'ordre et le nombre 
des modes, qui termine le livre, est savante et 
indique chez son auteur un jugement très-sûr. 
Après avoir fait remarquer (page 133) la diver- 
sité d'opinions des musiciens concernant le 
nombre de ces modes, et les avoir discutées 
toutes, Magirus se prononce en faveur de celle 
de Glaréan (page 137) et dit : Atqui tam in 
choraliquaminfigurati cantu inusu artifi- 
cium sunt iêti, quos diximus, modi duode- 
cim. Magirus est mort d'apoplexie en 1631. 

MAGIUS (Jérôme). Voyez MAGGI. 

MAGLIARD (Pierre). Voyez MAIL- 
LANT. 

MAGNELLI (JosErn), compositeur de 
musique d'église, naquit à Florence en 1767. 
Élève de Louis Braccini, il étudia pendant dix 
années sous la direction de ce maître, et devint 
un des plus savants musiciens italiens des der- 
niers temps. On connaît de lui beaucoup de 
musique estimée; sa messe de Requiem avec 
orchestre, exécutée pour la première fois à 
Florence en 18C0, pour l'anniversaire de l'As- 
sociation des musiciens, passe pour son chef- 
d'œuvre. Cet artiste est mort à Florence, 

BlOSn. UMV. DES HUSICIF.SS. T. V. 



le 31 décembre 1847, à l'âge de quatre-vingts 
ans. 

MAGNI (Beredetto), compositeur vénitien, 
né à Ravenne vers 1580, était neveu d'Ange lo 
Gardano, compositeur, imprimeur et éditeur de 
musique à Venise. Tl fut organiste du cardi- 
nal Aldobrandini, à la cathédrale de Ravenne. 
On a imprimé de sa composition : 1° Concerti 
o Mottetti a 1 , 2, 5, 4 voci, con basso con- 
tinuOj opéra 1, lib. I. Venise, chez l'héritier 
d'Ange Gardane (Bartholomé Magni), 1612, 
in-4°. Il y a des exemplaires qui portent les 
noms de Richard Amadino, avec la même 
date ; sans doute par suite d'échanges entre cet 
éditeur et B. Magni. 2° Concerti o Mottetti 
a 2, 3, 4, 5e6t?oct, op. 1,lib. II, iot'tf.,1612. 
3° Concerti o Mottetti a 1, 2, 3, 4 e 8 voci, 
lib. III, ibiâ. . 1616. 4° Messe concert ate a otto 
voeï, lib. 1, H otlll, ibid. Une collection des 
madrigaux de Magni à cinq voix a été recueil- 
lie par son second frère, et publiée sous ce 
titre : Madrigali a cinque voci da Benedetto 
Magni, raccolti da Bastiano (Sebastiano) 
Magni da Ravenne suofratello, opéra terza, 
in Venetia, 1613, appresso l'Herede di Angelo 
Gardano, in-4°. Dans la dédicace, datée du 
1 er décembre 1612, Sébastien Magni dit que 
depuis que son frère cultive la composition de 
la musique religieuse, il dédaigne les madri- 
gaux , fruits de sa jeunesse, et les laisse 
ignorés du public au fond d'une armoire; Sé- 
bastien s'est décidé à les tirer de l'obscurité et 
les publie. 

MAGNI (Bartholomé), célèbre imprimeur 
et éditeur de musique, parait être né à Ra- 
venne; il vécut à Venise, au commencement 
du dix-septième siècle. Il a mis au jour une 
grande quantité de motets et de madrigaux des 
artistes les plus renommés de son temps. Bar? 
tholomé Magni était neveu d' Angelo Gardano 
et frère de Benedetto Magni, compositeur. Après 
la mort de leur oncle, ils lui succédèrent dans 
son imprimerie et dans sa librairie musicale, 
la gérèrent en société; mais après le retour 
de Benedetto à Ravenne, Bartholomé resta 
seul chargé de la typographie et du commerce 
des livres de musique. Ses premiers produits 
parurent en 1613. Sébastien Magni, frère de 
Bartholomé et de Benoit, parait avoir vécu à 
Venise, où vraisemblablement il était l'associé 
de Bartholomé. 

MAGNI (Joseph), maître de chapelle de la 
cathédrale de Foligno, naquit en celle ville 
dans la seconde moitié du dix-septième siècle. 
Il était considéré vers 1700 corn me un des bons 
musiciens de son temps. Parmi ses ouvrages, 



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40â 



MAGNI - MAGNIEN 



ou cite : Decio in Foligno, mélodrame reli- 
gieux exécuté dans l'église cathédrale de celte 
ville, en 1697. 

Un autre musicien, nommé MAGNI 
(Paolo), qualifié de maître de chapelle de la 
cour royale de Milan, dans la Dramaturgia 
d'AUacci, a écrit la musique des deuxième et 
troisième actes à'Ariovisto, drame, musical, 
représenté au nouveau théâtre ducal de Milan, 
en 1699. La musique du premier acte avait été 
écrite par Antoine Perli. Paul Magni a com- 
posé aussi la musique du premier acte de Teuz- 
zone, opéra représenté au théâtre ducal de cette 
ville, eu 1706. La musique des deux autres actes 
avait été composée par Clément Monari, ma lire 
de chapelle de la cathédrale de la môme ville. 

mAGUilEIX (Victob), directeur du Con- 
servatoire de musique de Lille (Nord), violo- 
niste, guitariste et compositeur, est né à Épinal 
(Vosges), le 19 novembre 1804, et fut baptisé 
le 22 du même mois, jour de sainte Cécile, ce qui 
était de bon augure pour un musicien futur. 
Victor Magnien avait atteint Page de dix ans 
lorsque les armées alliées en vahiren l la France ; 
toutes les administrations furent bouleversées, 
et M. Magnien père, qui était alors receveur des 
contributions indirectes dans le déparlemeut 
de la Ilaute-Marne, reçut sa démission, comme 
tous les employés des droits réunis. C'est alors 
que Victor Magnien reçut les premières leçons 
de violon. Son père, ayant obtenu un nouvel 
emploi en 1817, l'envoya à Paris pour conti- 
nuer des études plusieurs fois interrompues, et 
pour prendre des leçons de Rodolphe Kreutzer. 
Carulli devint aussi dans le même temps son 
maître de guitare. Ses progrès furent rapides; 
après deux années d'études, il était devenu 
un des guitaristes les plus habiles de Paris, et 
son talent sur le violon le plaçait à un rang 
honorable parmi ses émules. En 1820, il alla 
revoir sa famille qui alors était à Colmar; il 
était âgé de seize ans. Ses talents le firent bientôt 
accueillir avec distinction chez les principaux 
habitants de cette ville. N'étant pas desliué à 
faire sa profession de la musique, il allait en- 
trerdans une administration publique, lorsque 
son père, compromis dans l'affaire politique 
du colonel Caron,fut destitué. Par une consé- 
quence de ce fâcheux événement, le jeune Ma- 
gnien dut songer à venir eu aide à sa famille, 
et la musique, qui n'avait été destinée qu'à ses 
plaisirs, devint sa ressource la plus solide. 
Bien que fort jeune et inexpérimenté dans 
renseignement, il se mit à donner des leçons 
de ses deux instruments, et la sympathie qu'il 
trouva dans les familles les plus distinguées 



de Colmar le soutint dans son entreprise. Peu 
de temps après, une situation plus lucratif c 
pour la culture de son art lui fut offerte à Mul- 
house; il l'accepta et alla s'établir dans cette 
ville. Ce fut là qu'il écrivit ses premiers ou- 
vrages. Chaque année il allait passer trois 
mois à Paris, où il trouvait chez Baillol, La- 
font, quelques autres artistes distingués, et 
chez Pau leur de celte notice, des encourage- 
ments et des conseils. L'éditeur de musique 
Richaull l'accueillit aussi et publia ses pre- 
miers ouvrages pour la guitare et pour le 
violon. Des excursions que fit M. Magnien en 
Allemagne eureut aussi pour résultat de com- 
pléter ses connaissances et de perfectionner 
son goût par l'audition des œuvres des grands 
maîtres de cette époque. De 1827 à 1851, l'édi- 
teur Richaull fit paraître trente-deux œuvres 
de sa composition. Après la révolution de 1830, 
M. Magnien avait résolu de se fixer soit à Paris, 
soit dans une ville qui en fût peu éloignée; ce 
projet fut réalisé par l'engagement qu'il con- 
tracta avec la ville de Beauvais (Oise), pour y 
diriger l'orchestre de la Société philharmonique 
et y remplir les fonctions de directeur des 
écoles élémentaires de chant, ainsi que celles 
de membre de la commission d'examen pour 
l'enseignement primaire. Il s'y maria et se fit 
estimer comme homme et comme artiste pen- 
dant les seize années de son séjour dans celle 
ville. L'impulsion qu'il y avait donnée, tant 
dans l'instruction musicale de la population 
que dans la culture de Part, fixa sur lui Pal- 
lenliou de l'autorité, qui le choisit pour diriger 
le Conservatoire de Lille (Nord), succursale 
du Conservatoire impérial de musique. M. Ma- 
gnien occupe celte position au momen'l ou 
celte notice est écrite (1862), et imprime aux 
études musicales un mouvement de progrès 
dans l'institution confiée à son expérience. 
Parmi ses compositions publiées on remarque : 
1° Des duos pour violon et guitare, Paris, Ri- 
chaull. 2° Des thèmes variés pour violon, 
avec accompagnement de quatuor, ibid. 
5° Des duos et nocturnes pour deux guitares, 
ibid. 4° Des fantaisies, rondeaux, thèmes va- 
riés et andante pour guitare seule, ibid. 
5 U Une me.sse à plusieurs voix avec orgue. 
Plus de cinquante œuvres de sa composition 
ont été publiés chez Richaull. Parmi les 
vingt derniers ouvrages, très-supérieurs aux 
premiers, on distingue surtout : Concerto pour 
violon (en mi), op. 45; fantaisie caprice pour 
violon avec piano, op. 41) ; études pour violon, 
op. 41 ; le Soir au bord d'un lac suisse, mé- 
lodie pour piano, op. ol ; divertissement cl 



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MAGNIEN — MAHU 



403 



boléro pour violon, op. 32. On a anssi de 
M. Magnien : Théorie musicale ou Réponse 
au programme arrêté par le ministre de 
l'instruction publique pour V interrogatoire 
des aspirants des deux sexes aux brevets de 
capacité, Paris, Richault, 1837, in-8°. 

MAGWUS (Richard), compositeur alle- 
mand, dont le véritable nom est vraisembla- 
blement latinisé, vécut au commencement du 
dix-septième siècle, et fit imprimer : Conti- 
cum cantieorum Salomonis, 4, 5 « 8 voct- 
bus, Francfort, Slein, 1615. 

MAGIMJS, prénom sous lequel s'est fait 
connaître un pianiste, dont le nom de famille 
estDEUTZ. Il est né à Bruxelles en 1838. 
Ayant été admis au Conservatoire royal de 
musique de cette ville, il y obtint le second prix 
de piano en 1843, eut un second prix d'har- 
monie dans Tannée suivante, et le premier 
prix de piano lui fut décerné au concours 
de 1845. Sorti de l'institution où il avait l'ail 
son éducation musicale, M. Magnus Deutz alla 
s'établir à Paris, où il recul des conseils de 
quelques artistes renommés. Depuis lors il s'y 
est fait entendre dans plusieurs concerts et s'y 
est livré à l'enseignement. 11 a voyagé aussi 
en Allemagne et a publié à Vienne quelques 
petites compositions pour le piano, entre autres 
La danse des esprits, caprice, oeuvre 12, et 
Les pleurs de la jeune fille, œuvre 13. 

MAGRIM (Louis), professeur de physique 
à Milan, a publié un petit écrit intitulé : Pen- 
sieri sulla musica e sut magnetismo ani- 
male, Milan, Resinati, 1842, in-8° de trente- 
six pages. Le nom de l'auteur n'est pas indi- 
qué au litre de l'ouvrage, mais la dédicace est 
signée du nom de M. Magrini. L'objet qu'il 
s'est proposé dans celle brochure est de con- 
stater, par des expériences, les effets divers 
produits par la musique, et ses conclusions 
sont que ces effets sont le résultat d'une in- 
fluence magnétique. 

M AH AULT (Antoine) ,et non MAH AUT, 
comme les auteurs du Dictionnaire historique 
des musiciens (Paris, 1810-1811) écrivent son 
nom, était flûtiste à Amsterdam en 1737; 
époque où fut imprimé son premier ouvrage. 
Ses créanciers l'obligèrent à prendre la fuite 
et d'abord il vint à Paris ; mais, ne s'y croyant 
pas en sûreté, il se relira dans' un couvent 
vers 1760. Mahault mérite quelque estime 
pour ses compositions. On a de lui : 1° Sym- 
phonies pour plusieurs instruments. 2° Trios 
pour trois flûtes. 3° Deux livres de duos pour 
deux Unies. 4° Trois livres de sonales pour le 
même instrument. 5° Trois livres d'arîeitcs 



hollandaises, françaises et italiennes. Elles ont 
pour titre : Maandelijks musikaal Tijdver- 
drijf, bestaande in nieutoe hollandsche can- 
zonetten, gecomponeerd doorA. Mahault, etc. 
(Agréables passe-temps musicaux, consistant 
en nouvelles chansons hollandaises, composées 
par A. Mahault, etc.), Amsterdam, A. Olofsen, 
(.sans date), in-4°. Quelques-uns de ces ou- 
vrages ont paru à Amsterdam; les autres ont 
été publiés à Paris. En 1759, Mahault donna 
un des premiers ouvrages véritablement mé- 
thodiques qui ont été publiés pour la flûte ; cet 
ouvrage a pour litre : Nouvelle méthode pour 
apprendre, en peu de temps, à jouer de la 
flûte traversière, à l'usage des commençants 
et des personnes plus avancées. Quelques an- 
nées après, il en parut une .édition nouvelle, 
augmentée de douze planches de musique. 

MA11IEU, surnommé DE GAÏND, parce 
qu'il était né dans celte ville, fut poète et mu- 
sicien vers le milieu du treizième 6ièclc. Le 
Mss. n° 66 (fonds de Cangé) de la Bibliothèque 
impériale de Paris nous a conservé deux chan- 
sons notées de sa composition. On en connaît 
quatre autres dans différentes Bibliothèques. 

MAI1JMOLD-SCI1IRAFI, encyclopé- 
diste persan , commentateur du théoricien de 
musique Ssalfl-Eddin (voyez ce nom); est 
considéré comme un des meilleurs écrivains 
persans sur cet art. Son ouvrage a pour titre : 
Durret el Tadsch (Perles de la Couronne); il 
se trouve à la Bibliothèque royale de Madrid. 
Mahmoud-Schirafi mourut l'an 716 de l'hégire 
(1315 de l'ère chrétienne). 

JWAllx^E (Guillaume-Léonard), philologue 
distingué, né à Amsterdam vers 1760, fut 
d'abord professeur au Collège de cette ville, 
et occupait cette place en 1793. En 1808, il 
était recteur du collège d'Amersfoort, en Hol- 
lande. On a de ce savant une excellente dis- 
sertation sur la vie et les écrits d'Arisloxène 
(voyez ce nom), intitulée : Diatribe de Aris- 
toxeno philosopho peripatetico , Amslelo- 
dami, lypis Pclri den Hcngsi, 1793, in-8° de 
deux cent dix-neuf pages. 

MAIIR (Jean-André), mécanicien et fac- 
teur d'instruments à clavier de la cour du duc 
de Nassau, à Wiesbaden, vers 1788. Il était 
associé avec son frère, et fabriquait avec lui 
des instruments auxquels il donnait le nom de 
Clavi-Mandores. Gerber cite aussi de lui «le 
bons clavecins et un piano à queue considéré 
alors comme excellent. 

A1A1IU (étiesne), ancien compositeur aile 
mand, est placé par Forkel et Gerber dans sou 
activité artistique vers 15:20 j nuis il appar- 

21» 



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404 



MAHU — MAIGRET 



tient à une époque un peu plus reculée, sui- 
vant un passage de la Practica Musica d'Uer- 
raann Finck {voyez ce nom). On voit par le 
Novus thésaurus musicte de Pierre Joannelli 
(voyez ce nom) que Mabu fut un des chantres 
de la chapelle de Ferdinand I er , d'abord vi- 
caire de l'empire, puis empereur d'Allemagne. 
Il avait cessé de vivre avant la mort de ce 
prince (1564) , car son nom ne parait pas 
parmi ceux des autres chantres qui composè- 
rent des pièces de musique a la louange de 
Ferdinand et des princes de la famille impé- 
riale, lesquelles se trouvent dans le cinquième 
livre du recueil de Joannelli. Cet artiste eut la 
réputation d'un des musiciens les plus remar- 
quables de son temps; il la mérita sans aucun 
doute, car ses Lamentations de Jérémie, à 
quatre voix, qui se trouvent dans le premier 
livre de cette collection, sont un des meilleurs 
ouvrages de la première partie du seizième 
siècle. Lo style de ces compositions indique 
que l'auteur les a écrites, au plus tard, vers 
1520; car, après celte époque, l'art se modifia 
et prit une allure plus libre et plus légère. Il y 
a lieu de croire qu'il n'était plus jeune lors- 
qu'il produisit celle œuvre, car sa notation est 
celle des maîtres du quinzième siècle. On 
trouve de Mahu deux Magnificat du huitième 
ton, à quatre voix, dans le manuscrit de la Bi- 
bliothèque royale de Munich, coté XLIII. Un 
cantique a cinq voix, de la composition de 
Mahu, rapporté en partition par Forkel, dans 
son histoire de la musique (t. H, p. 686-691), 
d'après un recueil imprimé à Wiltenberg, en 
1544, justifie les éloges qui lui ont été donnés, 
car il est fort bien écrit; les imitations sont 
bien choisies, les mouvements des voix ont de 
l'élégance, la tonalité est bien suivie et l'har- 
monie a de la plénitude. Le Caucional de 
HansWalthcr contient des mélodies chorales 
<le Mahu. La rare collection publiée, en 1540, 
par Meichior Kriesstein, à Augsbourg, sous le 
litre : Selectissinue tiec non familiarissimte 
cantiones ultra centum, contient des mor- 
ceaux de Mahu. On en trouve aussi dans les 
Modulationes aliquot quatuor vocum, im- 
primées à Nuremberg, par Petrejus, en 1558, 
ainsi que dans lesiVeicer Teutschen Liedlein 
(Nouvelles chansonnettes allemandes), impri- 
mées par le même, en 1550, et dans les Selec- 
tissimarum jVoletarum partira quinquepar- 
thn quatuor vocum, etc., chez le même, en 
1540. Le cantique, publié par Forkel, est tiré 
du recueil qui a pour litre : JYewe geistliche 
Cesxnge C XX III mit 4 und 5 Slimmen 
(Nouveaux chants spirituels au nombre de cent 



vingt-trois, à quatre et cinq voix), Wittcn- 
berg, Georges Rhau, 1544. De ces diverses 
productions résulte la preuve qu'Etienne Mabu 
fut un des fondateurs de la bonne école alle- 
mande des premiers temps. 

M AICHELBECK ( François- A vroisc ), 
directeur de musique, professeur de langue 
italienne, et bedeau de la cathédrale de Frey- 
berg, a publié à Augsbourg, en 1756, huit 
sonates pour le clavecin, sous ce litre : Dk 
auf dem Klavier spielende und das Gehar 
"ergniigende Cxcilia, etc., op. 1. Le second 
œuvre de sonates, divisé en trois parties, et 
destiné à l'enseignement de l'art de jouer du 
clavecin, a paru en 1738; il est intitulé : Dit 
auf dem Klavier Lehrende Cxcilia, welche 
guten Unterricht ertheiUt, toi* mon nie ht 
. allein in Partitur selbst Schlagsliïcke ver- 
fertigen , und allerhand Lxufc erfinden 
kœnne. In drey Theile abgetheilet ; dertn der 
erste de Clavibus, Mensuris et Notant m 
valore, der ztœyte de Fundamentis Parti- 
tur* handelt; der dritteaber mit Extmplis 
Tonorum et Versuum versehen ist. On con- 
naît aussi sous le même nom : PI pompeuse, 
schœne, leichte und auf den neuesten ila- 
lianischen Stylum fur aile Chœr dienliche 
Missen, etc. (Six messes solennelles, belles, 
faciles et dans le plus nouveau style italien;. 
Fribourg en Brisgau, 1750. 

M AIEM (Grégoire), compositeur allemand, 
vécut vers le milieu du seizième siècle. Jacques 
Paix a arrangé et publié quelques morceaux 
de ce musicien dans son recueil de pièces 
d'orgue en tablature, Lauingen, 1586, in-fol. 

MAIER (Josefr-Frédéric-Berkaro -Gas- 
pard) : voyez M A JEU. 

MAIEH (L.), musicien au service de l'élec- 
teur palatin, dans la seconde moitié du dix- 
huitième siècle, s'est ensuite établi à Paris, 
où il a été connu comme maître de piano 
jusqu'en 1805. On a gravé de sa composition : 
1° Trois sonates pour clavecin avec accompa- 
gnement de violon obligé ,'Manhcim, 1782. 
2° Six symphonies pour deux violons, alto, 
basse, deux hautbois et deux cors, op 2, 
Paris, 1785. 

MAIER (Catrerihe), née SCHIATTI, 
pianiste et compositeur, vivait à Saint-Péters- 
bourg vers la fin du dix-huitième siècle. De- 
puis 1795 jusqu'en 1798, elle a fait imprimer 
onze œuvres de fantaisies, trios et variations 
pour le piano. 

M AIGU ET (Robert), musicien français, 
né au Mans, fut un bon Compositeur de chan- 
sons à quatre voix. Il mourut dans sa ville 



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MAIGRET — MAILLARD 



405 



natale au mois d'aoAt 1568, a l'âge de plus de 
soixante ans. On trouve trois chansons de sa 
composition dans le Recueil des recueils com- 
posés à quatre parties par plusieurs au- 
t heur s, 3 rae livre; Paris, Adrien Le Roy et 
Robert Ballard, 1565, in-4° obi. 

M AI LAN D (Eugène). Je n'ai pu me pro- 
curer aucun renseignement biographique sur 
locuteur d'un bon livre qui porte ce nom, et 
qui a pour titre : Découverte des anciens ver- 
nis italiens employés pour les instruments 
à cordes et à archet. Paris, imprimerie de 
Ch. Lahure et C% 1859, 1 vol. in-12. H. Mailand 
a fait une étude sérieuse de ce sujet difficile et 
rempli de mystères : non-seulement il a lu les 
traités modernes sur les vernis de Watin (1 ), 
de Zingry (2) et de M. Tripier-Devcaux (5), 
non-seulement il a analysé les formules de 
fabrication de vernis des auteurs anciens, 
tels que les Secrets des arts (publiés en 1550), 
le Miroir universel des arts et des sciences, 
de Fioravanti (4), le Recueil abrégé des secrets 
merveilleux (5), VOculus artificialis du 
P. Zahn (6), VEpitome cosmographique de 
Cofonelli (7), le Traité des Vernis du 
P. Bonanni (8), et d'autres; mais il a fait lui- 
môme un grand nombre d'expériences et a 
trouvé enfin des formules qui reproduisent 
l'aspect des vernis des anciens maîtres de 
Crémone. 

MAILLA ou plutôt MAILLAI (Joseph- 
Awne-Maiue DE MOYR1A DE), célèbre 
missionnaire, naquit en 1670, au château de 
Maillac, dans le Bugey. Après avoir terminé 
ses études, il entra chez les jésuites, et fut 
envoyé à la Chine, en 1703. Il y passa qua- 
rante-six ans, et y mourut le 38 juin 1748. 
On a de ce jésuite une Histoire générale de la 
Chine, ou Annales de cet empire, traduit du 
Thoung-Kian Kangmou, Paris, 1777-83, 
douze vol, in -4°. Les sections 128-148 de cet 
ouvrage traitent de la musique des Chinois, 
«t la section 186 contient une notice du Yo- 
King, livre de musique sacrée. 

MA1LLAUD (Jeah), musicien français 
«lu seizième siècle, parait avoir vécu à Paris, 
suivant l'épltre dédicaloire d'un recueil de 
motets à quatre parties qu'il a publié; mais on 
ne sait rien sur sa position comme artiste. 

(1) Paris. 1773, In-8«. 

(2) Gènes, 1803, in-8", 
<5) Paris, 1845, in-8». 

(4) Bologne, ISGi, in-4°. 

(5) Paris, Itifr3, in-12. 

(G, Nuremberg, J(i83, 5 vol. % 

(7) Venise, 109S. 

CS) Rorar, «715, in-4». 



Son nom ne figure pas dans les combles de la 
chapelle, à la fin du règne de François I er , ni 
sous les successeurs de ce prince, Henri II et 
François II. Ce musicien parait avoir joui de 
quelque renommée, car il est peu de recueils 
publiés de son temps, en France, où l'on ne 
trouve quelque morceau de sa composition. Le 
manuscrit n* 76 des archives de la chapelle 
pontificale, à Rome, contient une messe de 
•Maillard. On en trouve une autre a cinq voix 
dans le recueil publié à Paris, en 1557, par 
Adrien Leroy et Robert Ballard, in- fol. roax. 
Elle a pour litre -;Missa adimitationem mo- 
duli Miss» Virginia Mariœ. On connaît aussi 
de lui : Missa ad imitationem moduli ; Aux 
regretz, cum quatuor vocibus, Ltitctiae, apud 
Adr. Le Roy et Roberlum Ballard, 1557, 
in-fol. Maillard a fait imprimer une collection 
de motets à quatre voix intitulé : XX Can- 
tiones sacras seu Motectx quatuor vocum. 
Luteti&Parisiorum, apud Ad. Le Roy et Robert 
Ballard; 1561. L'épltre dédicatoire à Messire 
Cautelin d'Hesdin, conseiller au présidial de 
Paris, est datée de cette ville, le 19 avril 1561. 
On trouve des * chansons françaises à quatre 
parties, de Maillard, dans les recueils dont les 
titres suivent : 1° Second livre de chansons 
nouvellement mises en musique à quatre 
parties, par bons et sçavans musiciens, 
Paris, Ad. Leroy et Robert Ballard, 1554, 
in-4° obi. 2° Idem, sixième livre, ibid, 1556. 
5° Tiers livre de chansons nouvellement 
composées en musique à quatre parties, par 
N. Jaques Arcadet et autres aut heurs, ibid., 
1561, in-4°obl. 4° Quart livre, idem, ibid., 
1561 . 5° Premier recueil des recueils composés 
à quatre parties, de plusieurs aulheurs, ibid., 
1559, io-4°, deuxième édition, 1567. 6° Idem, 
second livre, ibid., 1564, in 4°. II y a aussi 
un motet a quatre voix composé par Maillard, 
dans la collection qui a paru sous ce titre : 
Liber primus Musarum cum quatuor vo- 
cibus, seu sacra Cantiones, quos vulgo Mot- 
tela appe liant, etc., Mediolani, apud Anton. 
Barré, 1588. Enfin, il y a des morceaux de 
Maillard dans la Bicinia gallica, lalina et 
germanica, publiée par Georges Rhau, à 
Wittenberg, en 1545. 

MAILLARD (Gilles ou Égide), compo- 
siteur français, né à Thérouanne (Pas-de- 
Calais), vécut à Lyon, dans la dernière partie 
du seizième siècle. On connaît sous son 
nom : la Musique , contenant plusieurs 
chansons françaises à quatre, cinq et six 
parties. Lion (sic), chez Jean tic Tournes, 
1581, in-4°. 



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406 



MAILLARD — MA1LLART 



MAILLARD (Marie-TherèseDAVOLX, 
connue sous le nom de Mademoiselle), naquit 
à Paris, le 6 janvier 1766. Dans son enfance, 
elle reçut quelques leçons de musique à l'école 
de Corrette père et fils; puis elle Tut admise 
dans Pécole de danse du magasin de l'Opéra. 
A Page de douze ans, elle dansait dans les di~ 
Tertisscments du théâtre d'Opéra-Comique qui 
avait été établi au bois de Boulogne ; les succès 
qu'elle y obtint la firent engager pour les spec- 
tacles de la cour de Saint-Pétersbourg. De re- 
tour à Paris, en 1780, elle fut entendue par 
Berton, alors directeur de l'Opéra, qui la fît 
entrer dans l'école de chant de ce théâtre ; 
ses progrès furent si rapides, qu'elle put débu- 
ter, le 17 mai 1782, à r Académie royale de 
musique, dans îe rôle de Colette du Devin du 
village, quoiqu'elle ne fût âgée que de seize 
ans. La beauté de son organe, sa taille impo- 
sante et sa précoce intelligence la firent ac- 
cueillir avec faveur par le public. Après avoir 
remplacé madame Saint-Huberty dans ses 
rôles les plus importants, pendant quelques 
années, elle succéda à cette actrice célèbre, 
lorsque celle-ci se relira. Alceste, Artnide. 
Didon, Jphigénie en Tauride } furent les 
rôles qui d'abord établirent sa réputation j 
mais ce fut surtout dans Clytemnestre (d'TpAi- 
gënie en Aulide) et dans Hécube que sa ma- 
nière noble et l'énergie de son expression dra- 
matique lni firent prendre, comme actrice, un 
rang où aucune autre n'a pu la remplacer de- 
puis lors. Retirée du théâtre, après plus de 
trente ans de service, au mois d'avril 1813, 
elle ne jouit point du repos qu'elle pouvait es- 
pérer après de si longs travaux : des chagrins 
domestiques lui causèrent une maladie de lan- 
gueur qui la conduisit au tombeau, le 16 oc- 
tobre 1818. 

MAIL LA UT (Pierre), écrivain sur la 
musique, est l'objet d'une multitude d'ereurs de 
la part des bibliographes. Doni, qui voulait 
sans doute approprier le nom de cet écrivain 
à la prononciation italienne, l'appelle Ma- 
gliard {Comp. dêl Trattato de'generi, e de' 
modi délia musica, p. 127), et Matlheson (qui 
cite inexactement le titre de son livre) a copié 
Doni sans examen (Grundlage einer Musik 
Ehrenpf., p. 218). Walther n'a pas connu le 
titre français du livre de Maillart, mais il ne 
s'est trompé ni sur l'orthographe de son nom, 
ni sur sa personne. Forkel aurait dû suivre les 
indications de ce lexicographe; mais au lieu 
de cela, il fait deux articles; le premier sur 
M a gliard (Pierre), qui aurait été chanoine et 
chantre à Tournai, et qui serait- auteur d'un 



traité De Tonis musicis ; l'autre sur Mail- 
lard (Pierre), jésuite d'Ypres, né en 1585, 
qui aurait aussi écrit un traité De Tonis (voyez 
Allg. Litler. der Musik, p. 274). On est étonné 
de voir faire de pareilles fautes à un savant tel 
que Forkel. Mais voici bien autre chose ! Sur 
l'indication du jésuite, prise par Forkel dans 
le Lexique de Jœcher, Gerber a pris dans la 
Bibliothèque des écrivains de la Société de 
Jésus, par Alcgambe, les renseignements sur 
le jésuite Pierre Maillart (qu'il appelle Mail- 
lard), recteur du collège de Bois-le-Duc, au- 
teur de plusieurs traités de théologie en langue 
flamande, a mêlé tout cela avec ce qu'on sait 
sur le chanoine de Tournay, et n'en a fait 
qu'un seul personnage. Lichlentlial n*a pas 
manqué de le copier (Dizion. e Bibliog. délia 
musica, t. IV, p. 86). M. Charles-Ferdinand 
Becker, qui a trouvé dans la Bibliothèque de 
la ville de Leipsick un exemplaire du livre de 
Maillart, a rétabli la vérité en disant que cet 
écrivain était né à Valencienncs, mais il n'est 
pas exact dans la citation du titre (System. 
Chronol. Darstellung der Musik. Ztfer.. 
p. 272). Ce titre et l'épltre dédicatoire nou> 
apprennent, en effet, que Maillart était né à 
Valenciennes. Lui-même nous infornedu nom 
de son maître dans ce passage : « Je pourroys 
« ici alléguer l'authorilé de mon maistre, le 
« sieur Jean Bonmafché, homme de grand 
« savoir, etc. n (Les Tons de M. Pierre Mail- 
lart, p. 540.) Or, j'ai fait voir, dans la notice 
sur Jean Bonmarché, ou de Bonmarchié. 
qu'il était chanoine et maître des enfants de 
chœur de la cathédrale de Cambrai, au mois, 
de décembre 1564, et qu'il ne quitta cette po- 
sition qu'au commencement de l'année sui- 
vante, pour se rendre à Madrid, en qualité de 
maître de la chapelle flamande de Philippe II. 
De nouvelles découvertes, faites dans les ar- 
chives du royaume de Belgique, par M. Pin- 
chart, démontrent que ce maître était encore 
en possession de cet emploi au mois de mai 
1569, mais qu'au mois de novembre 1572, son 
successeur était Gérard de Turnhout; d'où il 
suit que Bonmarché était mort antérieurement 
à cette date. II parait donc certain que l'édu- 
cation musicale de Pierre Maillart se fit a la 
maîtrise de Cambrai, en qualité d'enfant de 
chœur, pendant que Bonmarché y était, c'est- 
à-dire avant 1565 ; car, bien que ce maître ait 
fait chercher en Belgique des enfants de 
chœur pour, le service de la chapelle royale de 
Nadrid, en 1568, ce^ n'est pas en Espagne que 
Maillart aurait été son élève, puisque Bonmar- 
ché était maître de celte chapelle et non 



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MAILLART — MA1NBERGER 



407 



maître des enfanls de chœur, ce qui, alors, 
étail différent. De tout cela on peut conclure 
qu'il avait environ quinze ans à la fin de 1564, 
et cou séq item me nt qu'il naquit à Valenciennes 
vers 1550. Devenu habile musicien, il fut ap- 
pelé à Tournay, où il obtint un canonicat et 
remploi de premier chantre de l'église cathé- 
drale. De nouvelles recherches faites dans les 
archives de la cathédrale de Tournay, par M. le 
chanoine Voisin, prouvent que Maillart entra 
dans ses fonctions de cette place au mois de 
novembre 1583, et qu'il y succéda à Georges de 
la Hèle, après un intérim de trois années, qui 
avait été rempli par un musicien nommé Phi- 
lippe Durieu. Il est hors de doute que Maillart 
mourut dans Tannée oh parut son livre , ou 
au commencement de Tannée suivante, car 
Omar Mussellis, suivant les registres de la 
cathédrale de Tournay, y remplit les fonctions 
de premier chantre depuis 1611 jusqu'en 1621 . 
Le livre publié par Maillart a pour titre : les 
Tons ou discours sur les modes de la musi- 
que, et tes Tons de V église, et la distinction 
entre iceux, de Pierre Maillart Valencen- 
nois, chantre et chanoine de l'église cathé- 
drale de Tournay; divisez en deux parties; 
auxquelles est ddioustée la troisiesme par le 
dict au i heur, en laquelle se traicte des pre- 
miers élément et fondemens de la musique, 
à Tournay, chez Charles Martin, 1610, in-4° 
de trois cent quatre-vingts pages, non com- 
pris une longue épltre ilihiiufwi et la table 
«le» matières. Ce livre, fort mal .écrit, est rem- 
pli de recherches savantes et curieuses qui 
ont pour objet de démontrer que les douze 
modes de la musique ancienne ne sont pas 
identiques avec les huit tons du plain-chant. 
Maillart entreprend d'y prouver que les douze 
modes (suivant Glaréan, mais plus exactement 
les quatorze) ont pour base Toctave divisée en 
deux parties inégales, c'est-à-dire une quinte 
et une quarte, tandis que, scion lut, les tons du 
plain-chant sont fondés sur Thexacorde. De là 
vient qu'il rejette (p. 06 et 67) la septième syl- 
labe bi proposée par II. Van de Putte, dans sa 
Musathena, comme inutile dans la tonalité 
du plain-chant, et qu'il veut conserver à celle- 
ci ses trois gammes par nature, par bémol 
et par bécarre, avec les muances qui en sont 
inséparables. Ses distinctions entre les deux 
systèmes de tonalité sont plus ingénieuses 
que solides. Un de ses meilleurs arguments, 
pour prouver que le moyen âge n'a jamais re- 
connu que huit tons, consiste à faire voir qu'il 
n'y a que huit neumes (récapitulations des 
Tons en formules) dans la psalmodie; mais il 



n'est pas sans réplique; car les neumes sont 
une invention moderne relativement à la for- 
mation du système de tonalité du plain- 
chant. 

MAILLART (Louis, dit AIMÉ), compo- 
siteur dramatique, né à Montpellier (Hérault), 
le 24 mars 1817, fit ses premières éludes mu- 
sicales dans le lieu de sa naissance. A Vàge de 
seize ans, il se rendit à Paris et fut admis au 
Conservatoire, le 6 mai 1853. Il reçut d'abord 
des leçons de violon dans la classe de M. Gué- 
ri n et continua l'élude de cet instrument jus- 
qu'en 1836. M. Elwart lui enseigna l'harmo- 
nie et le contrepoint élémentaire, puis il devint 
élève de M. Leborne pour le contrepoint su- 
périeur, la fugue et la composition. Le premier 
prix de fugue lui fut décerné en 1858, el il 
obtint le premier grand prix de composition 
au concours de l'Institut en 1841. Devenu 
pensionnaire du gouvernement à ce titre, il 
partit de Paris pour se rendre à Rome, à la 
fin de la même année. Après un séjour de deux 
ans en Italie, il visita Vienne et les princi- 
pales villes de l'Allemagne, puis il retourna à 
Paris. Après plusieurs années d'efforts infruc- 
tueux pour obtenir un poème d'opéra et faire 
connaître son talent, il parvint à faire repré- 
senter pour l'ouverture du Thédtre-National, 
au mois de novembre 1847, Gastibelza, opéra 
en trois actes, dans lequel l'instinct scénique 
du compositeur se fit remarquer comme qua- 
lité dominante. Cet ouvrage fut suivi du Mou- 
lin des Tilleuls, opéra comique en un acte, 
joué le novembre 1840; le 10 juillet 1852, 
M. Maillart donna au théâtre de l'Opéra -Co- 
mique la Croix de Marie, en trois actes, qui 
n'eut qu'une courte existence à la scène, quoi- 
qu'il y eût du mérite dans la partition. Les 
Dragons de Fillars, opéra comique en trois 
actes, joué au Théâtre- Lyrique, le 19 sep- 
tembre 1856, ont prbeuré à M. Maillart le 
succès le plus décidé de sa carrière de compo- 
siteur dramatique. Le 17 décembre 1860, il a 
donné au même théâtre les Pécheurs de t'a- • 
tane, opéra comique en trois actes. 

MAILLERIE (A. DE LA), musicien 
français qui vivait au commencement du dix- 
huitième siècle, n'est connu que par les ou- 
vrages suivants : I e Trios pour toutes sortes 
d'instruments, Amsterdam, Roger, 171 0.2° Six 
sonates pour deux flûtes et basse continue, ibid. 

MAIINBEUGK1V (Jean -Charles), né à 
Nuremberg, en 1750, étudia le violon, l'har- 
monie et l'orgue chez Grttbcr, dont il Tut plus 
lard le successeur. Il apprit aussi à jouer de 
plusieurs instruments à vent, cl, en 1768, il 



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406 



MAhNBERGER - MAINZER 



obtint la place de hautbois à l'orchestre de la 
ville de Nuremberg. Cependant il jouait de 
préférence le clavecin et l'orgue. Son habileté 
sur ces instruments était remarquable. En 
1770, la place d'organiste de la ville lui fut 
confiée, et dix ans après il fut appelé à remplir 
les mêmes fonctions a l'église Saint-Laurent. 
Il est mort d'une atteinte d'apoplexie à Nu- 
remberg, le 22 avril 1815. Ses premières com- 
positions datent de 1790; on cite particulière- 
ment celles-ci : 1* Der ehrliche Schweizer 
(l'honnête Suisse), opérette représenté sur 
plusieurs théâtres particuliers. 3° Musique fu- 
nèbre pour la mort de Joseph II, exécutée le 
18 mai 1790. 3° La Résurrection et V Ascen- 
sion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, orato- 
rio de Rammler, exécuté le 31 mars 1793. 
4° Der Spiegelritler (le Chevalier du Miroir), 
opéra en trois actes, paroles de Kolzebuc. 
5° Deux années complètes de musique d'église 
pour les dimanches, contenant ensemble cent 
quatorze morceaux. 0° Vingt-cinq grandes 
compositions religieuses, telles que messes, 
Te Deum, etc. 7° Quatre cantates d'église, 
avec et sans accompagnement. 8° Deux grands 
morceaux d'harmonie pour onze et seize instru- 
ments à vent. 9° Les Fureurs de la guerre, 
fantaisie musicale, publiée, en 1813, au profit 
des blessés. 10° Sonates et concertos pour le 
piano. 11° Quelques symphonies pour l'or- 
chestre. 

MAlNEIllO (Geobges), maître de cha- 
pelle de l'église d'Aquilée, naquit à Parme 
ters 1545, Il s'est fait connaître, comme com- 
positeur, par un recueil de Magnificat^ inti- 
tulé : v Sacra Canttca Beatissimx Maris 
Pirginis omnitonum sex vocum parium ca- 
nenda, nunc primum in lucem édita; Vene- 
tiis, apud Angelum Gardanum, 1580, in-4* 
obi. L'épllre dédicaloire est datée d'Aquilée, 
le 30 août 1580. 

MAIN VIELLE-FODOïl (madame). 
Foyez FODOU (madame Joséphine M A1H- 
.VIELLE). 

MAINZER (Frédéric), musicien au ser- 
vice du roi de Bavière, virtuose sur le violon 
et bon clarinettiste, né vers 1700, Tut d'abord 
attaché à la musique de la chambre du mar- 
grave de Brandebourg-Schwcdt, puis entra au 
service du duc de Mecklembourg-Strelilz en 
1795. Il quitta cette place en 1807 pour passer 
dans la chapelle du roi de Bavière. Il parait 
avoir obtenu sa retraite de cette position anté- 
rieurement à 1827, et depuis lors on manque 
de renseignements sur sa personne. On a 
gravé de sa composition : 1° Trois quatuors 



pour flûte, violon, alto et basse, op. 1, Offen- 
bacb, André. 3* Trois idem, op. 2, ibid. 
3° Rondo espagnol varié pour violon prin- 
cipal, deux violons, alto et basse, Vienne, 
Diabelli. 4° Cantiques allemands a quatre 
voix, Mayence, Schott. 

MAINZEK (l'abbé Joseph), né à Trêves, 
en 1807, était fils d'un boucher de cette ville. 
Son penchant pour la musique décida ses 
parents à lui faire suivre comme enfant de 
chœur les cours de la maîtrise de la cathé- 
drale, où il resta pendant huit ans. Après avoir 
achevé ses études élémentaires, il eut le désir 
d'être ingénieur des mines, et, suivant les 
usages de la Prusse, il commença cette car- 
rière comme ouvrier dans les houillères de 
Dontweiler et de Sattzbach, près de Saar- 
bruck. Bientôt fatigué par les rudes travaux 
auxquels il était employé, il prit en dégoût sa 
profession cl retourna à Trêves. Cédant alors 
aux sollicitations de ses parents pour lui faire 
embrasser l'état ecclésiastique, il fut admis 
au séminaire pour y faire un cours de théo- 
logie, puis fut ordonné prêtre, en 1826. La 
protection de l'évêque lui fournit les moyens 
de voyager en Allemagne et en Italie pour 
perfectionner son instruction, particulière- 
ment dans la musique. De retour à Trêves, il 
fut chargé de l'enseignement du chant au sé- 
minaire, et publia, pour l'instruction de ses 
élèves, une méthode de chant, précédée des 
principes généraux de la musique, sous ce 
litre : Singschule, oder praktische Anwei- 
sung zutn Gesang , verbûnden mit einer 
allgemeinen Musiklehre ; Trêves, 1831 , in-4*. 
Des relations politiques attribuées à Mainzer 
par le gouvernement prussien, et quelques 
écrits le compromirent pendant l'insurrection 
de la Pologne, et lui firent donner l'ordre île 
s'éloigner de Trêves ; il se rsndit à Bruxelles 
et commença à s'y occuper spécialement de la 
composition dramatique. Son premier essai 
fut un opéra intitulé : le Triomphe de la Po- 
logne. Ce triomphe, trop tût chanté, se ter- 
mina comme on sait; l'ouvrage de Mainzer, 
destiné au théâtre royal de Bruxelles, ne put 
être représenté, mais quelques morceaux 
furent entendus comme essais dans une répé- 
tition. Vers la fin de 1833, Mainzer prit part 
a la rédaction d'un journal intitulé t'jértiste* 
cl y donna quelques articles concernant la 
musique. Peu de temps après, il se rendit à 
Paris où il ouvrit des cours de chant et de 
musique pour les ouvriers. Il devint aussi un 
des coopéra leurs de la Gazette musicale de 
Paris, et fut chargé delà rédaction du fcuil- 



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MAINZER — MAIROBfcftT 



409 



Jeton musical dans te National, journal poli- 
tique. Depuis lors il a publié : 1° Méthode de 
chant pour les enfants; Paris, 1835, in-8°. 
2"' édition, ibid., 1838. 2° Méthode de chant 
pour voix d'hommes, à V usage des col- 
lèges, etc.; ibid., 1836, in-8«. Il a paru une 
deuxième édition de cet ouvrage. 3° Biblio- 
thèque élémentaire du chant (séries de 
chants à l'usage des écoles élémentaires); 
ibid., 1856, in-8°. 4° Méthode pratique de 
piano pour les enfants ; ibid., 1837. 5° Abé- 
cédaire de chant, à Vusage de la première 
enfance; ibid., 1837. 6° École chorale, à 
l'usage des écoles de chant; ibid.., 1838. 
7° Cent mélodies enfantines destinées aux 
salles d'asile, aux écoles primaires, etc.? 
Paris, 1840, in-8°. 8° Esquisses musicales ou 
souvenirs de voyages; Paris, 1838-39, 1 vol. 
in-8°. Ce livre devait avoir deux volumes ; le 
premier seul a paru. 9° Chronique musicale 
de Paris, 1" livraison, ibid., 1838, quatre- 
vingt-quinze pages in-8°. Toute cette livrai- 
son renferme une critique amère des talents 
de Berlioz, comme compositeur et comme 
écrivain sur la musique. Mainzer a écrit la 
musique de 2a Jaqucrie, opéra en quatre 
actes, qui fut représenté sans succès au 
théâtre de la Renaissance, le 10 octobre 1839. 
Mainzer était dépourvu de sentiment dramati- 
que et d'imagination. N'ayant à Paris qu'une 
situation précaire, il se décida à passer en 
Angleterre, au commencement de 1841. Il 
s'établit d'abord à Londres, essayant d'y ou- 
vrir des cours de musique, qui furent peu 
suivis. Une place de professeur de musique à 
l'université d'Edimbourg étant devenue va- 
cante eu 1842, il se mit au nombre des can- 
didats pour l'obtenir ; mais elle fut donnée au 
compositeur Henri Bisbop. Mainzer finit par 
s'établir à Manchester, où il ouvrit des cours 
populaires de musique qui prospérèrent. Alors 
sa position fut fixée, et il put donner une 
grande extension à son enseignement de la 
musique pour les enfants du peuple et les ou- 
vriers. 11 publia un petit écrit qui eut beau- 
coup de retentissement en Angleterre, sous ce 
titre : Address to the public of Great Bri- 
tain. Association for popular and gratui- 
tous Instruction in singing, as a powerfull 
auxiliary in the religious and moral éduca- 
tion of the people. Cet appel fut entendu par 
la nation anglaise; les souscriptions vinrent 
en foule, et les cours, établis par Mainzer dans 
plusieurs villes et dans les campagnes, furent 
suivis par près de cent mille élèves. Il en rêvait 
un million, comme on le voit par le titre d'uh 



ouvrage élémentaire, en cahiers de seize 
pages qu'il publia sous ce titre : Singing for 
the Million. A practical course of musical 
instruction, etc. La sixième édition de cet 
ouvrage, divisé en deux parties, a été publiée 
à Londres, en 1842, 1 vol. in-8° de deux cent 
cinquante-trois /pages. Il donna aussi, pour 
des cours supérieurs, une Grammaire musi- 
cale {Musical Grammar), et des traductions 
anglaises des ouvrages publiés précédemment 
à Paris ; mais la fatigue, causée par cet excès 
d'activité, altéra sa santé, et il mourut à Man- 
chester le 10 novembre 1851. Des traductions 
allemandes de tous les ouvrages de Mainzer 
ont paru à Mayence, chez Schott. On trouve 
dans la Bévue des Deux Mondes (1825, 
1 er mars), un article signé de son nom, inti- 
tulé Musique et chants populaires de V Italie ; 
il a fourni aussi quelques morceaux au recueil 
qui a pour litre : Les Français peints par 
eux-mêmes (t. IV). 

MAMAN (Jean -Jacques DOKTOU8 
DE), mathématicien et littérateur, né à 
Béziers en 1676, fut admis à l'Académie des 
sciences en 1718, y succéda à Fontenelle en 
1740 dans la charge de secrétaire perpétuel, 
entra à l'Académie française en 1743, et 
mourut à Paris, le 20 février 1771, à l'âge de 
quatre-vingt-treize ans. Parmi les ouvrages 
publiés par cet académicien, on remaque : 
Discours sur la propagation du son dans les 
différents tons qui le modifient, dans les Mé- 
moires de l'Académie des sciences, année 
1737, p. 1-20. Éclaircissements sur le discours 
précédent, même année, }>. 20-58. Le discours 
est divisé en six parties : 1° Sur la différence 
des particules de l'air entre elles. 2° Sur l'ana- 
logie du son et des différents tons avec la 
lumière et les couleurs en général. 3° Sur 
l'analogie particulière des tons et des couleurs 
prismatiques. 4° En quoi l'analogie du son et 
de la lumière des tons et des couleurs, de la 
musique et de la peinture est imparfaite ou 
nulle. 5° Sur l'analogie de propagation entre 
les sons et les ondes par rapport à l'expérience 
dont il est fait mention. 6° Sur la manière 
dont les vibrations de l'air se communiquent 
à l'organe immédiat de l'ouïe. Une traduction 
allemande de ce discours, par Sleinwerlb, a 
été publiée dans les Mémoires de physique 
de l'Académie de Breslau , 1748, t. XII, 
p. 209. 

MAÏROllERT (Mathieu-François PI- 
DAfNZAT DE), écrivain polémique, né à 
Chaource, en Champagne, le 20 février 1727, 
fit ses études à Paris, et devint censeur royal 



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410 



MÀlROBERT - MAJER 



et secrétaire des commandements du duc de 
Chartres, depuis lors duc d'Orléans, père 
du roi Louis- Philippe. Compromis dans les 
affaires du marquis de Biunoy el du fermier 
général Par in de Montmartel, où sa probité 
ne parut pas intacte, il fut blâmé par arrêt du 
parlement, en 1779. Le chagrin qu'il éprouva 
de ce déshonneur le porta à se donner la mort 
par un coup de pistolet, après s'être ouvert les 
veines dans un bain chaud, le 27 mars, jour 
même de l'arrêt. Mai robe rt avait pris part à la 
querelle des bouffons et de l'Opéra français, 
par la publication d'un pamphlet intitulé : 
Les Prophéties du grand prophète Monnet; 
Paris, 1753, in-8°. 

MAISONCELLE (M. DE), contrôleur d<> 
la maison du duc de Bourbon, vers le milieu 
du dix-huitième siècle, est auteur d'un petit 
écrit intitulé : Réponse aux observations sur 
la musique, les musiciens et les instruments; 
Avignon (Paris), 1758, in-8°. Cet opuscule a 
pour objet une brochure Intitulée : Observa- 
tions sur la musique, etc.; Paris 1757, in-8°, 
publié sous le voile de l'anonyme par Ancclel, 
major des mousquetaires noirs (voyez An- 
cblet). Celui-ci fit paraître une Réplique à 
la réponse aux observations sur la musique, 
les musiciens et les instruments; Amsterdam, 
(Paris), 1758, vingt pages in-8». 

MAISONS (Gilles DE), ou DE VIEUX- 
MAISONS; poète el musicien, vivait dans le 
treizième siècle, sous le règne de saint Louis. 
On trouve deux chansons notées de sa com- 
position dans un manuscrit de la Bibliothèque 
impériale, coté 05 (fonds de Cangé). 

M A JEU (Joseph-Frédéric BLnn ard-Gas- 
pard), cantor et organiste de l'église Sainte- 
Catherine à Hall, en Souabe, vécut dans la 
première partie du dix-huitième siècle. Son 
premier ouvrage est une méthode pour l'ensei- 
gnement de la musique, intitulée : Nodegus 
musicuSj Halœ Suevorum, 1718, in-8°. Il pu- 
blia ensuite un traité général, mais succinct, 
<le la musique vocale et instrumentale, sous 
ce titre : Muséum musicum theoretico-prac- 
ticum, dos ist : Neu-erœffneter theoretisch 
und praktischer Musiksaal, darinnen gelehri 
wird 7 wie mon sowohl die vocal als instru- 
mentai Musik griindlich erlernen,etc, Halle 
en Souabe, 1752, in-4° de cent quatre pages. 
Une seconde édition de ce livre est intitulée : 
Neu-erœfftieter theoretisch und praklischer 
Musiksaal, das ist : Kurse, doeh vollstsm- 
dige Méthode, sowohl die auch die heut xu 
Tag ùblich und gewœhnlichste blasend, 
schlagend und streichende Instrumente, etc. 



(Salon de musique théorique et pratique, ou 
méthode succincte, mats complète, pour ap- 
prendre la musique vocale et instrumen- 
tale, etc.), Nuremberg, J. J. Cremer, 1741, 
in -4° de cent dix-sept pages. Outre la mé- 
thode générale de musique eontenue dans cet 
ouvrage, on y trouve une méthode abrégée de 
flûte à bec, dessus, alto, ténor et basse, de 
flûte traversière, de basson, de cornet à six 
trous, de flageolet, de clarinette, de trompette, 
de corde chasse, de trombone, de clavecin, de 
luth, de théorbe, de harpe, de cistre, de tim- 
bales, de violon, de viole, de violoncelle, de 
contrebasse, de basse de viole et de viole 
d'amour. A vrai dire, ces méthodes ne sont 
guère que les tablatures de ces instruments 
dont l'auteur donne les figures. On y voit Pétat 
où étaient ces instruments à l'époque où le 
livre a paru. La flûte traversière n'a qu'une 
clef, la clarinette en a deux et le basson trois. 
Les violes sont divisées en pardessus ^ violes 
alto, ténor et basse. La contrebasse est montée 
de six cordes accordées ainsi : 



m 



S 



L'ouvrage de Majer' est curieux et utile pour 
l'histoire de la musique, vers le milieu du dix- 
huitième siècle. Il est pour celte- époque ce 
que sont les livres de Sébastien Virdung, de 
Nachlgall (Ottomarus Luscinius)ti de Martin 
Agricola pour le seizième «iècle, de Michel 
Prœtorius et l'Harmonie universelle du 
P. Mersenne pour le dix- septième (voyez ces 
noms). 

MAJER (le chevalier Ahork), amateur des 
arts et littérateur, né à Venise le 8 juin 1705, 
est mort à Padoue le 12 mars 1857. Connu 
par quelques écrits sur la peinture et sur la 
langue italienne, il a publié trois opuscules 
relatifs à la musique. Le premier a pour litre : 
Discorso intorno aile vicende délia Musica 
italiana; Rome, Mordachini, 1819, une feuille 
in-8°. Ce petit écrit avait déjà paru à la suite 
de l'ouvrage du même auteur intitulé : Dell' 
imitazione pittorica, deW eccellenza délie 
Opère di Tiziano, etc., Venise, 1818, t. III, 
p. 95-110. Ce discours n'était que l'ébauche 
du travail plus considérable que Majer rédigea 
sur l'histoire de la musique en Italie, après un 
voyage qu'il fit à Rome, en 1819 et 1820, 
pour recueillir des renseignements sur ce 
sujet, puisés à de bonnes sources. Il fit paraître 



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MAJER — MAJO 



41 1 



son nouvel ouvrage sous ce tilre : Discorso 
sulla origine, progressi e slato altuale délia 
musica italiana; Padoue, 1821, in-8°, de 
cent soixante-treize pages. Le docteur Joseph 
de Valcriani, ancien Jurisconsulte, profes- 
seur de langue et de littérature, en a donné 
une traduction française intitulée : Essai de 
littérature musicale concernant Vorigine, 
les progrès et les révolutions de la musique 
italienne, avec des remarques critiques sur 
les véritables causes de sa décadence et sur 
le nouveau style de Rossini; Augsbourg, 
Wirth, 1827, in-8°. Celte traduction a reparu 
à Ratisbonne en 1820, avec un nouveau fron- 
tispice. Le mérite d'une érudition variée, de 
connaissances positives dans la théorie de la 
musique, et d'un goût épuré, recommande 
l'ouvrage de Majer; on ne peut lui reprocher 
qu'un peu de partialité en faveur des Grecs, 
qui le conduit à leur accorder la connaissance 
de certaines parties de la musique qui n'ont 
certainement point été à leur usage, et la 
sévérité de ses jugements sur les travaux des 
anciens musiciens de l'école belge, qui ont été, 
sans aucun doute, les maîtres des Italiens dans 
les quatorzième, quinzième et seizième siècles. 
Le dernier opuscule de Majer, relatif à la 
musique, a pour litre : Sulla conoscenza che 
aveano gli an tic ht del contrappunto. Il le fil 
paraître dans le troisième volume de la JVuova 
Raccolta di scelle opère italiane e straniere 
di sciente, lettere ed arti (Venise, 1822); 
mais on en fil un tirage séparé, sans date ni 
nom de lieu, petit in -8° de trente-six pages. 
Majer s'est proposé d'établir dans ce morceau 
que les anciens ont fait usage de l'harmonie 
dans leur musique. Il base son système sur un 
passage du Songe de Scipion, extrait du 
sixième livre de la République de Cicéron, 
que nous ne connaissions que par le commen- 
taire de Macrobe, avant que M. l'abbé Maj eût 
retrouvé tout ce sixième livre, avec d'autres 
parties de l'ouvrage, dans un manuscrit pa- 
limpseste de la Bibliothèque du Vatican. Voici 
la portion de ce passage qui parait concluante 
.à Majer : Qux quum intuerer stupens, ut me 
recepi, Quid? Hic, inquam, quis est, qui 
complet aures meas, tantus, et tant dulcis 
sonus? Hic est, inquitille, qui intervalle 
conjunctus imparibus, sed tamen pro rata 
portione distinctis impulsu et motu ipsorum 
orbium conficitur : qui acuta cum gravibtts 
tempérons, varios xquabiliter concentus 
efpcit. Nec enim silentio tanti motus inci- 
tari possunt, et natura fert ut exlrema ex 
altéra parte graviter, ex altéra aulem acutè 



sortent (1). Celle doctrine de l'harmonie des 
sphères célestes est empruntée par Cicéron à- 
Pytbagorc. Ou peut douter, par Je vague de la 
dernière phrase, qu'il l'ait bien entendue. Au 
surplus, je rappellerai ici ce que j'ai dit ail- 
leurs, savoir, que plusieurs passages du traité 
grec sur la musique, d'Aristide Quintilicn, le 
plus clair et le plus méthodique des écrivains 
de Tantiquilé sur celte matière, prouvent que 
par l'harmonie des intervalles, les anciens 
entendaient celle qui résulte de la succession 
des sons qui les composent. Voyez, au surplus, 
sur ce sujet mon mémoire sur cette question .* 
Les Grecs et les Romains ont-ils connu l'har- 
monie simultanée des sons, etc. G. Carpani a 
publié des lettres sur les ouvrages de Majer 
relatifs aux arts, sous le titre : Le Majeriane y 
Padoue, 1825, in-8°. 

MAJO (Joseph DE), compositeur de mu » 
sique d'église, né à Naples, en 1608, fut 
d'abord destiné à la profession d'avocat, v mai» 
abandonna le droit pour la musique à l'âge de 
vingt ans, et fil ses éludes musicales sous la 
direction d'Alexandre Scarlalti. Lorsque Du- 
rante quitta (en 1727) le poste de maître de la 
chapelle palatine, pour se livrer entièrement 
à ses fonctions de directeur du Conservatoire 
dei Poveri di Gesù-CristOj Majo lui succéda 
dans cette place, et se montra digne par son 
talent de remplacer ce savant maître. Les 
autres circonstances de la vie de cet artislc 
sont ignorées. Je possède de sa composition : 
1° Dixit ad otto reali in duo cori. 2° Miserere 
mei a tre, cioè due soprani e tenore, con due 
violini ed organo. 3° Lelanie délia Mudona 
a quattro voci, 2 violini, violetta ed or- 
gano. 

MAJO (François DE), appelé par les Na- 
politains Ciccio de Majo, fils du précédent, 
naquit à Naples en 1745 (2). Doué d'un génie 
plein d'originalité et de force dramatique, il 
fut un des plus illustres compositeurs de l'école 

(1) « Dés que je me remit, après avoir été frappé «ie 
stupeur a la \ue de ces choses : Quel est, lui dis- je, ce 
sou si grand rt si doux qui remplit mes oreilles? C'est, 
mg répondit-il, celui qui, formé d'intervalles inégaux. 
mais distribués dans une proportion bien entendue, 
provient tic l'impulsion et du mouvement dts corps 
célestes eux-mêmes, cl qui, accordant les sons aigus 
avec les graves, produit des concerts variés. De si grands 
mouvements ne peuvent en effet s'exécuter en silence, 
et la nature veut que les extrêmes résonnent les uns au 
grave, les autres a l'aigu. • 

(2) L'auteur de l'article Majo du Dictionnaire uni- 
versel de musique publié par le docteur Schilling est 
dans une erreur manifeste en plaçant la naissance de 
cet artiste en 1710, puisque son perc n'était alors âge 
que de douze ans. 



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412 



MAJO — MÀJORANO 



napolitaine de son temps, si fertile en grands 
artistes. Son père dirigea ses premières études; 
plus tard, il compléta son instruction dans les 
conservatoires de Naples, sous les meilleurs 
maîtres de cette époque. Il était Tort jeune 
lorsqu'il commença à écrire pour l'église et 
pour le théâtre : ses premières productions 
Axèrent sur lui l'attention des artistes et des 
amateurs, et le placèrent au rang des maîtres 
les plus distingués. Son premier opéra Tut 
VArtaserse, représenté à Naples, en 1762; il 
n'était âgé que de dix-sept ans lorsqu'il l'écri- 
vit; néanmoins le succès Tut complet. Cet ou- 
vrage fut suivi d'ïfigenia in Aulide, Naples, 
1762; Catone in Utica, ibid., 1763; Démo- 
foonte, à Rome, 1764; Montezuma, à Turin,' 
1765; chef-d'œuvre d'expression où se trouve 
le bel air : Ah! numi tiranni; Adriano in 
Siria, Naples, 1766; AUssandro neW Tndie, 
ibid., 1767; Antigono, ibid., 1768; Didone 
abbandonata, ibid., 1769; Misse, Rome, 1769; 
Ipcrmestra, Naples, 1770; l'JÊroe Cinese, 
1771. Appelé à Rome pour y écrire l'opéra 
tVEumene, Majo, dont la santé était chance- 
lante depuis près de deux ans, ne put écrire 
que le premier acte de cet ouvrage, et mourut 
avant de l'avoir terminé en 1774, à l'âge de 
vingt-neuf ans, laissant à l'Italie de vifs regrets 
pour la perte d'un si grand artiste (1). Peu de 
compositeurs ont eu dans le style sérieux au- 
tan!, de profondeur et de mélancolie que Majo; 
presque tous ses ouvrages contiennent des 
morceaux où brille une grande force drama- 
tique; son J permettra j une de ses dernières 
productions, est particulièrement remarquable 
à cet égard. Ses airs : Sono in mar, non 
veggo spondc, etc., Per lei fra l'armi. etc., 
et celui de Montezuma, A morir mi con- 
danna, seront éternellement des modèles de 
sentiment et de vérité. Il ne réussit pas 
moins dans la musique d'église du style con- 
certé. Il y réunit le rare mérite d'une mélodie 
expressive , et de beaucoup de pureté dans 
l'harmonie. On connaît de lui cinq messes, 
dont une à deux chœurs et deux orchestres, 
des psaumes pour les vêpres, plusieurs gra- 
duels, dont un à quatre voix et orchestre 
pour la fête de la Pentecôte, et quatre Salve 
regina, pour soprano solo, deux violons, 
viole et orgue. Un de ces derniers morceaux 

(1) Suivant le livre du marquis de Viltarosa sur let 
compositeurs de musique du royaume de Naples (p. 106), 
Majo serait mort & Tige de vingt-sept ans, en 1774; d'où 
il suit qu'il serait i^é en 1747, el qu'il n'aurait été Agé 
que tic quinze ans lorsqu'il donna son Artaierse A Na- 
ples. La date de 1745 est la véritable. 



(en fa) est un chef-d'œuvre de grâce et de 
facture. 

MAJOCCHI (Louis), compositeur, naquit 
à Codogno (Lombardie) en 1809, et fît ses 
éludes musicales â Milan, puis à Bergame, 
sous la direction de Simon Mayr. Il écrivit 
pour la Scala, de Milan, Rosamunda, qui fut 
représenté en 1831, et donna â Parme, deux 
ans après, Il Segreto. Cet artiste mourut â 
l'âge de vingt-sept ans, dans sa ville natale, 
en 1836. 

MAJONE (Slaïiio), compositeur napoli- 
tain, cité par Gerreto {Pract. musica, p. 157), 
vivait à Naples en 1601. Il était un des meil- 
leurs organistes de Naples et virtuose sur la 
harpe. Cet artiste a laissé beaucoup de com- 
positions pour l'orgue et les voix. 

MA JOR AGIUS (àktoise-Mabie COHTI, 
connu sous le nom de), naquit le 26 octobre 
1514, dans le Milanais. Après avoir fait ses 
études sous les plus habiles maîtres de son 
temps, il fut fait professeur d'éloquence â 
Milan, où il mourut en 1555. On a de lui un 
recueil de harangues et d'autres pièces, remar- 
quables par leur belle latinité, publié sous le 
litre de Orationes ; Leipsick, 1638, in 8 e . Le 
vingt-troisième discours a pour objet la mu- 
sique, qu'il considère dans son origine et dans 
ses progrès. 

MAJORANO (Gaétan), célèbre chanteur 
connu sous le nom de CAFFARELLI, na- 
quit â Bari, dans le royaume de Naples, le 
16 avril 1793. Fils d'un pauvre laboureur, il 
était destiné à la profession de son père; mais 
son goût passionné pour la musique lui fît né- 
gliger les occupations où l'on voulait l'em- 
ployer, et résister aux châtiments qui lui 
élaienl infligés pour l'émpécher d'aller en- 
tendre chanler dans les églises. Un musicien, 
nommé Caffaro, remarqua l'assiduité du jeune 
paysan à la chapelle où il était employé, el lui 
entendit joindre sa voix avec justesse â celle 
des autres chanteurs: cet enfant lui inspira de 
l'intérêt. Voulant s'assurer de la réalité de 
ses dispositions, il le fil venir chez lui, l'in- 
terrogea et lui fît chanter la gamme avec ac- 
compagnement de clavecin. Convaincu qu'il ne 
s'était pas trompé sur l'organisation du jeune 
Majorano*, il se rendit chez le père de cet en- 
fant, et lui fit un tableau si séduisant delà for- 
lune destinée à son fils par le talent qu'il pou- 
vait acquérir, que le paysan de Bari se laissa 
persuader, et consentit à ce que le futur vir- 
tuose fût envoyé à Norcia, pour qu'on lui fil 
l'opération de la castration. Lorsque le jeune 
Majorano revint à Bari, Caffaro le prit chez 



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NAJORANO 



4J3 



lui, lui fit apprendre à lire et à écrire, et lui 
enseigna les éléments de la musique; puis il 
renvoya à Naples chez Porpora, aussi grand 
maître de chant que compositeur savant. Dès 
ce moment, le protégé de Caffaro prit par re- 
connaissance le nom de Caffarelli. 

La méthode'de Porpora était celle des plus 
anciens maîtres de l'Italie; méthode lente, 
mais sûre, et dont les résultats ne sont jamais 
douteux quand elle s'applique à de beaux or- 
ganes. Épurer le son; le préserver de toute 
inflexion gutturale ou nasale ; le développer 
dans toute son amplitude possible; étendre les 
limites de l'organe, tant au grave qu'à l'aigu ; 
égaliser les registres laryngien et surlaryn- 
gien; donnera la fois à la vocalisation de la 
souplesse, de l'agilité, de la fermeté et de la 
liaison; enfin, donner à l'articulation delà 
parole chantée la plus grande netteté possible 
dan» les modifications de ses divers accents; 
tels étaient les objets que se proposait cette 
méthode : tel est tout l'art du chant. Mais si 
l'exécution de ces choses est difficile, les élé- 
ments en sont fort simples. On ne doit donc 
pas s'étonner, si, comme on le rapporte, Por- 
pora fit étudier son élève pendant cinq ans 
sur une seule feuille de papier de musique où 
il avait (racé des gammes lentes et vives, des 
trilles, des mordens, des appogiatures simples 
et doubles, et quelques-uns de ces traits prin- 
cipaux qui entrent dans les combinaisons de 
tous les autres. On a dit qu'en agissant ainsi, 
le maître s'était proposé d'abaisser l'orgueil de 
son élève ; d'autres ont révoqué en doute la 
réalité de l'anecdote, ne pouvant se persuader 
qu'on pût employer cinq ans à apprendre si 
peu de chose. Ce fut cependant après cette 
longue élude sur la feuille de musique que 
Porpora dit à son élève : Fa, mon fils; je n'at 
plus rien à t' apprendre; tu es le premier 
chanteur du monde. C'était assez mal termi- 
ner les leçons de modestie qu'il avait voulu lui 
donner, mais c'était dire une incontestable 
vérité ; car le mécanisme du chant est la seule 
chose que puisse enseigner un maître : la 
création, l'accent qui émeut, la conception de 
formes nouvelles dans les ornements, appar- 
tiennent au génie de l'artiste; on ne peut rien 
lui apprendre à cet égard qui ait quelque va- 
leur pour son avenir. 

En 1724, Caffarelli débuta au théâtre Falle, 
à Rome, et parut pour la première fois dans 
un rôle de femme, suivant l'usage de ce temps 
pour les sopranistes. La beauté de sa voix, la 
perfection de son chant cl la régularité îles 
traits de son visage lui procurèrent un succès 



d'enthousiasme. Recherché par les principaux 
théâtres d'Italie, il s'y fit entendre, et partout 
il recueillit des témoignages d'admiration. Do 
retour à Rome, en 1728, il chanta au théâtre 
Argentina, pendant la saison du carnaval, le 
rôle de primo Uomo, avec un succès d'éclat 
dont il n'y avait point eu d'exemple jusque-là. 
Plusieurs femmes de haut parage s'éprirent 
alors pour lui de violentes passions; les bonnes 
fortunes lui venaient de toutes parts. Elles 
faillirent lui coûter cher, car se trouvant près 
d'une dame du plus haut rang, il se vit con- 
traint, pour fuir la colère d'un mari jaloux, 
de se tenir caché jusqu'à la nuit au fond d'une 
citerne vide qu'il trouva dans le jardin. Il 
n'en sortit qu'avec un rhume violent qui le 
retint au lit près d'un mois. La dame qui le 
protégeait, connaissant jusqu'où pouvait aller 
le ressentiment de son époux, mil Caffarelli 
sous la garde de quatre spadassins qui le sui- 
vaient de loin partout où il allait. Cette aven- 
ture n'eut pas de suites plus fâcheuses, et le 
célèbre chanteur sortit de Rome en 1730, pour 
se rendre à Londres. Après y avoir passé plu- 
sieurs années et acquis des richesses considé- 
rables, il reprit la roule de l'Italie. Turin, 
Gènes, Milan, Florence et Venise, l'accueilli- 
rent avec enthousiasme. A Naples, son talent 
excita un véritable délire. Pendant qu'il était 
dans cette ville, il apprit que Gizziello {voyez 
Corti) devait débuter à Rome; ne connaissant 
pas ce chanteur, dont il avait souvent entendu 
vanter le mérite, il prit la poste, voyagea 
toute la nuit, et, arrivé à Rome, se rendit au 
théâtre, enveloppé dans son manteau. Placé 
au parterre, il écoula d'abord en silence ; 
mais, entraîné par le plaisir qu'il éprouvait, 
il s'écria : Bravo! bravissimo, Gizziello! è 
Caffarelli chi te lo dice. Puis il retourna à Na- 
ples avec la même précipitation. Quand il y 
arriva, on faisait beaucoup de conjectures sur 
sa disparition : il n'eut que le temps de s'ha- 
biller pour jouer son rôle, dans la représen- 
tation d'un opéra sérieux. En 1740, il retourna 
à Venise où il eut huit cents sequius anciens 
(neur mille six cents francs) d'appointements, 
cl une représentation de sept cents sequins 
(huit mille quatre cenls francs) pour trois 
mois, somme considérable alors et qu'aucun 
chanteur n'avait obtenue avant lui. Après celle 
saison, Caffarelli sembla avoir renoncé au 
théâtre ; mais il reparut à Turin en 1746, puis 
il alla à Florence et à Milan La grande dau- 
pbine de France, princesse de Saxe, qui ai- 
mait la musique, le fit venir à Paris en 1750; 
il y cuan.'a dans plusieurs concerts spirituels, 



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414 



MÀJORANO — MALAGOLI 



et quoiqu'il fût alors âgé de quarante-sept ans, 
il y excita autant d'élonnemenl quede plaisir. 
Louis XV chargea un de ses premiers gentils- 
hommes de lui Taire un présent : le gentil- 
homme crut remplir la volonté du roi en fai- 
sant remettre à l'artiste une boite d'or par son 
secrétaire. «Quoi, monsieur, dit Caffarelli, le 
vi roi de France m'envoie cela? Tenez (et il 
« ouvrit son secrétaire), voici trente boites 
« dont la moindre a plus de valeur que celle- 
« là. Si du moins on y avait mis le portrait du 
« monarque!... — Monsieur, répondit le secré- 
« taire, Sa Majesté ne fait présent de son por- 
« trait qu'aux ambassadeurs. — Cependant, de 
« tous les ambassadeurs du monde, or ne fe- 
u rait pas un Caffarelli ! » Cette conversation 
fut rapportée à Louis XV qui en rit beaucoup, 
et qui la redit à la dauphine. Cette prin- 
cesse envoya chercher le chanteur, lui donna 
un diamant de prix et lui remit en même 
temps un passeport. « Il est signé du roi, lui 
« dit-elle j c'est pour vous un grand hon- 
« neur; mais il faut vous hâter d'en faire 
« usage, car il n'est valable que pour dix 
« jours. » Caffarelli partit assez mécontent, 
«lisant qu'il n'avait pas gagné les frais de sou 
voyage. 

Rentré en Italie pour n'en plus sortir, 
et ayant acquis de grandes richesses, il acheta 
le duché de Sanlo-Dorato , dont il prit le 
titre, et qu'il laissa après sa mort à son neveu, 
avec un revenu de quatorze mille ducats (en- 
viron quarante-cinq mille francs). Peu de 
temps avant son décès, il fit aussi bâtir un pa- 
lais où il mit celte orgueilleuse inscription : 
Amphyon Thebas,ego domum. On dit qu'un 
plaisant écrivit au-dessous: llle cum, sine 
tu. Caffarelli mourut dans sa terre de Sanlo- 
Doralo, le 30 novembre 1783, ou, selon d'au- 
tres renseignements, le 1" février de la même 
année, à Naples, avec la réputation d'un des 
chanteurs les plus étonnants de l'Halie. La 
beauté de sa voix ne pouvait être comparée à 
aucune autre, tant pour retendue que pour la 
force unie a la douceur des sons. Également 
remarquable dans le chant large et dans les 
traits rapides, il exécutait avec une perfection 
auparavant inconnue le trille et les gammes 
chromatiques. Il parait avoir introduit le pre- 
mier dans l'art du chant cul le dernière espèce 
de traits, dans des mouvements très-vifs. Il 
jouait bien du clavecin, lisait toute musique 
à livre ouvert, et souvent improvhail. Enfin, 
il n'y eut que Farinclli, parmi les chanteurs 
<Ie la première moilié du dix-huitième siècle, 
qui put soutenir sans désavantage le parallùle 



avec lui ; mais, plus modeste, Farinelli sut se 
faire pardonner sa supériorité par ses rivaux, 
tandis que Caffarelli révolta souvent les ar- 
tistes et le public par son orgueil. 

IUAKOWECZRY (...), virtuose sur le 
cor, naquit en Bohême vers 1760, et se rendit 
dans sa jeunesse à Paris, où il devint élève de 
son compatriote Punlo. En 1786, il commença 
à voyager pour donner des concerts, et il s'ar- 
rêta à Berlin, où il reçut le titre de musicien 
de la chambre de la reine de Prusse. Il était 
à Hambourg en 1790; mais les renseigne- 
ments manquent depuis cette époque sur sa 
personne. On sait seulement qu'il a fait gra- 
ver, en 1802, à Leipsick, chez Breilkopf et 
Hserlel, un duo pour cor et alto, et un quatuor 
pour cor, deux violons et basse. 

MAKUIZI (Abou- Ahmed -Mohmxd 
TAKY-EDD1N, surnommé), ou plutôt EL 
MAKUIZI, parce qu'il était né au bourg de 
Makrizi, près du Caire, entre l'an 760 et l'ao 
770 de l'hégire (1358 et 1368 de Jésus-Christ). 
Après avoir fait ses études en cette ville, il fut 
revêtu de la charge de commissaire de police 
du Caire et exerça plusieurs autres emplois 
relatifs à la religion. La place de cadi de Da- 
mas lui fut offerte, mais il la refusa pour ne 
point renoncer à ses habitudes de retraite et 
d'étude. Il mourut au mois de ramadan 845 
(janvier 1442), à l'âge d'environ quatre-vingts 
ans. Parmi les nombreux écrits de Makrizi, 
dont la plupart sont relatifs à l'histoire, on 
trouve un traité de l'action salutaire de la mu- 
sique contre la mélancolie, dont le manuscrit 
esta la Bibliothèque de l'Escurial (Espagne). 

MALABUAINCA (Latiscs), religieux do- 
minicain, connu aussi sous le nom d'Orsint, 
qui était celui de sa famille maternelle, et 
sous celui de Frangipani, fut créé cardinal 
par son oncle Jean-Gaétan Orsini, qui fut 
pape sous le nom de Nicolas III. En 1278, ce 
pontife le nomma évéqued'Oslie elde Vellelrî. 
Plus tard, Malabranca fut gouverneur de Rome 
avec le cardinal Jacques Colonna, et cul la 
légation «le Bologne. Il mourut au mois de 
novembre 1294. Le recueil d'Isidore de Thes- 
salonique, intitulé Mariale, contient deux 
proses de Malabranca, en l'honneur de 11 
Vierge. Quelques écrivains de son ordre lui 
attribuent la célèbre prose des morts, Dies 
irae, plus généralement reconnue comme 
l'truvre de Thomas de Celano. Voyez l'examen 
de cette question à l'article Celaio. 

MALAGOLI (Gaeta*o), ancien maître de 
I chapelle do la cathédrale d'Imola, né à Reg- 
I çio, est auteur d'un ouvrage qui a pour litre : 



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MALAGOLI — MALCOCM 



415 



Melodo brève, facile e sicuro per appren- 
dere bene il canto ; Bologne, 1834, in-8 Q . Ce 
livre, où abondent les erreurs les plus gros- 
sières, a pour objet de faire abandonner l'élude 
du solfège. Malagoli, qui était fixé à Modène, 
dit qu'il a fait pendant trente ans l'expérience 
des bons résultats de sa méthode. Il était 
académicien philharmonique de Bologne, de 
Parme, de Modène et de Reggio. 

MALAISE (Jacques), chanoine régulier 
de l'ordre des prémontrés, à l'abbaye de 
Leffe, près de Dinant sur la Meuse, vers le 
milieu du dix-septième siècle, s'est fait con- 
naître par des motets à trois voix qu'il a pu- 
bliés sous ce titre : Motetta sacra trium 
vocum opus primutn; Anvers, 1645, in-4°. 

M AL AN (CÉSAH- H esri- Abraham), docteur 
en théologie de l'université de Glascow, né à 
Genève, le 8 juillet 1787, a été fait ministre 
de l'évangile en 1810, et a pris place immé- 
diatement parmi les pasteurs de l'église de 
Genève. En 1823, il s'en sépara pour entrer 
dans une secte de méthodistes mystiques con- 
nue sous le nom de Mômiers (Comédiens) ; 
peu de temps après, il en est devenu le chef. 
On a de ce sectaire un recueil de cantiques 
dont il a aussi composé le chant en grande 
partie; ce recueil a pour titre : Chant» de 
Sion, ou Recueil de cantiques de louanges, 
de prières et d'actions de grâces à la gloire 
de T Eternel^ Genève, imprimerie de S. -A. Bon- 
naut, 1834, 1 vol. in -12. La deuxième édition, 
revue et augmentée, a paru à Genève en 1828. 
La cinquième est intitulé : Chants de Sion, 
ou Hecueil de cantiques, d'hymnes , de 
louanges et d'actions de grâces à la gloire 
de l'Eternel, composés et mis en musique par 
C. Malan; Paris, Delay, 1841, 1 vol. in-12. 

MALAMOTTE (Adélaïde), cantatrice 
distinguée, née d'une famille honorable et 
aisée, à Vérone, en 1785, n'apprit d'abord la 
musique et le chant que pour compléter la 
bonne éducation qu'elle avait reçue; mais ses 
dispositions pour cet art étaient si heureures, 
qu'après un petit nombre de leçons, elle put 
se (V»ire entendre dans les concerts publics ou 
particuliers, et qu'elle y excita l'admiration 
générale. Ses succès eurent dès lors tant 
d'éclat, que le poète Pendemonte les célébra 
dans des vers qui ont été imprimés. Épouse 
d'un Français, nommé Montrésor, clic donna 
le jour a deux enfants. Des malheurs do- 
mestiques l'obligèrent tout à coup à cher- 
cher des ressources dans le talent qui n'avait 
élr jusqu'alors pour elle qu'un amusement. 
Elle recommença ses éludes de chant sous la 



direction de lions maîtres , et débuta au 
théâtre de Vérone, en 1806. Après avoir paru 
sur quelques théâtres secondaires jusqu'en 
1809, elle prit rang parmi les meilleures can- 
tatrices, et se fit entendre avec succès à Turin, 
à Gènes et à Naples, considérés comme des 
théâtres de premier rang. Sa belle voix de con- 
tralto, son expression à la fois énergique et 
tendre, n'avaient cependant point encore ren- 
contré le rôle où ces qualités eussent pu se 
produire dans tout leur éclat, lorsque Rossini, 
la trouvant à Venise en 1813, écrivit pour elle 
son Tancredi. Cette pièce mit le sceau à la 
réputation de la Malanotte. En 1817, elle 
chanta de nouveau à Venise, puis au prin- 
temps de 1818, elle joua à Brescia dans la 
Ginevra diScozxia, et dans la même année, 
dans le Teodoro de Pavesi. Une maladie 
cérébrale l'atteignit peu de temps après, et sa 
santé en fut si ébranlée, qu'elle ne parut plus 
que l'ombre d'elle-même lorsqu'elle chanta à 
Bergame et à Bologne, en 1821. Retirée depuis 
lors à Salo, elle y eut une existence languis- 
sante. Vers l'automne de 1832, elle voulut 
essayer du séjour de Brescia pour le rétablis- 
sement de sa santé, mais les progrès de son mal 
lui firent interdire le voyage par ses médecins. 
Elle mourut le 31 décembre de la même 
année, à l'âge de quarante-sept ans. 

MALATIGN1 MODENttjO (c'est-à-dire 
de Modène), musicien italien du quinzième 
siècle, n'est connu que par une inscription 
funéraire qui se trouve dans l'église de Saint- 
Lorenzo, à Padoue, et qui a été conservée par 
Salomoni(fr'rot's Patav. Inscript., p. 312); la 
voici : 

Osso M odes m clauduntur marmore t.into 
Quem tulii a Mulinu proies M alatig.iu quondam. 
llusicus ipse fuit palriac splendorqoe dtcu.sque 
Aique suis palriam merilis ad sidéra duxit. 

Forci roi i, qui rapporte aussi cette inscrip- 
tion dans ses Monumenti inediti, dit que 
Malatigni mourut en 1420. 

HIALCOLilI (Alexandre), savant écossais, 
né à Edimbourg en 1687, n'est connu que par 
un livre qui a pour titre : A Treatise of Mu- 
sick spéculative, practical and hislorical; 
Edimbourg, 1721, 1 vol. in-8°. La même édi- 
tion a été reproduite quelques années après, 
avec un frontispice nouveau ainsi conçu : 
A Treatise of Musick, spéculative, practical 
and hislorical : conlaining an explica- 
tion of the philosophical and rational 
grounds and principles thereof; thz na- 
ture and office of the seule of musick; the 
wholeart ofwriting notes j and the général 



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416 



MALCOLM — MALGAIGNE 



rtiles of composition. Wilh aparticularac- 
count ofthe ancient musick } and a compari- 
son thereof with the modem (Traité théori- 
que, pratique et historique de musique ; con- 
tenant une explication des bases et des 
principes philosophiques et rationnels de cet 
art; la nature et l'usage de la gamme; la 
notation et les règles générales de la compo- 
sition; avec une nolice particulière de la 
musique ancienne, et une comparaison de 
celle-ci avec la moderne); Londres, J. Osborne 
et T. Longman, 1730, un vol. in-8° de six 
cent huit pages, avec six planches. Ce livre, 
qui contient d'excellentes choses, particuliè- 
rement sur la théorie physique et mathéma- 
tique des intervalles et la constitution de la 
gamme, est divisé en quatorze chapitres. Le 
premier traite de l'objet de la musique, de sa 
nature et de sa division en tant que science. 
Le second, du son, considéré dans sa nature 
et ses diverses intonations. Le troisième, des 
consonnances et des dissonances. Les qua- 
trième, cinquième et sixième, de la théorie 
arithmétique et géométrique des proportions 
des intervalles. Le septième, de l'harmonie. 
Les huitième et neuvième, de la gamme et de 
son usage. Le dixième, des défauts des instru- 
ments à sons fixes et du tempérament. Le 
onzième, de la notation, des clefs et de la 
transposition. Le douzième, de la mesure du 
temps en musique. Le treizième, des lois de 
la composition. Le dernier, de la musique des 
anciens et de sa comparaison avec la musique 
moderne. Un maigre abrégé du livre de Mal- 
cotm, fait avec assez peu d'intelligence, a 
paru sous ce litre : Malcolm's Treatise of 
music, spéculative, practical and historical, 
corrected and abridged by an eminent mu- 
sician; Londres, 1776, in-8° de treize feuilles. 
MALEDEN (M.), professeur de musique et 
d'harmonie, est né à Limoges, vers 1806. Il 
reçut sa première éducation musicale dans 
cette ville, puis se livra à l'enseignement; 
mais son esprit d'analyse lui fit bientôt com- 
prendre qu'une instruction plus solide lui 
manquait pour remplir sa mission, et sa réso- 
lution fut prise de ne rien négliger pour l'ac- 
quérir. Il se rendit à Paris, en 1838, et vint 
demander à l'auteur de celte nolice de lui 
ouvrir la voie d'un cours d'études sérieuses. 
Après dix-huit mois de leçons et de conversa- 
tions avec ce maître, il partit pour l'Allemagne 
dans le but de comparer les méthodes et s'ar- 
rêta à Darmstadt, près de Gourried Weber, 
en qui il trouva un ami et un pèce. Son séjour 
à Darmstadt se prolonga pendant les an ne es 



18*50 et 1851. De retour à Paris, il n'y resta 
que quelques mois, et riche d'observations 
recueillies avec discernement, il alla fonder 
une école de musique à Limoges, sa villr 
natale. Les succès que M. Haleden y obtint le 
décidèrent à transporter son enseignement à 
Paris, où il s'établit définitivement en 1841. 
Ses cours analytiques de musique élémentaire 
et d'harmonie y ont prospéré : il y a formé 
beaucoup de bons élèves. On est redevable a 
M. Maleden de perfectionnements importants 
dans la méthode, particulièrement en ce qui 
concerne l'intonation et le rhylhme. On a de 
ce professeur distingué les ouvrages suivants : 
1° Introduction d'une revue des études et de 
renseignement musical; Limoges, impri- 
merie de Chapouland, 1841, in-4° de vingt- 
quatre pages. 2° Les sept clefs rendues 
faciles, méthode sûre et prompte pour lire à 
toutes les clefs, déduite d'observations et 
d'analyses très-simples sur la portée et la 
notation ; Paris, Prilipp, 1843, in-8» de vingt- 
quatre pages. 3° Du Contrepoint et de son 
enseignement, considérés en eux-mêmes et 
dans leurs rapports aux études de la com- 
position musicale; Paris, Bernard Latte, 
1844, in 8° de cinquante-six pages. 

MALETTI (Jean DE), compositeur fran- 
çais, qui vivait dans la seconde moitié du 
seizième siècle, naquit à Saint-flfaximin en 
Provence. On connaît de sa composition : Les 
amours de Ronsard, mis en musique à 
quatre parties; Paris, Adrien Le Roy, 1558, 
in-4*. 

•HALGAtGINE (J.F.), docteur et pro- 
fesseur de la faculté de médecine de Parts, 
né le 14 février 1806, à Charmes (Vosges), 
a adressé, en 1850, une réclamation à l'Aca- 
démie royale des sciences de l'Institut, à l'oc- 
casion du rapport de Cuvier sur la théorie de 
la voix parBennati. Il y disait qu'après avoir 
lui-même établi une théorie nouvelle de la 
voix humaine chantée et articulée, il avait été 
conduit à examiner comment le larynx étant 
à son plus haut degré d'ascension, lorsque 
ta glotte semble avoir épuisé tous les moyens 
de production des sons, le chanteur retrouve 
pour ainsi dire une voix nouvelle de l'étendue 
d'une octave et plus, dans ce qu'on nomme 
vulgairement le fausset. Ce mémoire a été 
publié postérieurement sous ce litre : Nou- 
velle théorie de la voix humaine. Mémoire 
couronné par la société médicale d'émula- 
tion; Paris, Béchet jeune, 1831, in-8°. Celte 
dissertation a été insérée dans les Archives 
gcncrulcs de médecine, 1831, tome XV. L'ana- 



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MALGÀIGNG — MALIBRAN 



417 



lyse des travaux de M. Malgatgne, en ce qui 
concerne la science médicale, ne peut trouver 
place ici. 

MALGAMNI (Federico), musicien au 
service du duc de Mantoue, dans la première 
moitié du dix-septième siècle, a publié un 
œuvre de motels avec orgue, sous ce titre : 
Motetti a una, due, tre e quattro voci co' l 
basso continuo per Vorgano, fatti da diversi 
musici servitori del serenies. Signor Duca 
di Hfanlova, e racolti da Federico Malga- 
rini pur anch'egli servitore, e musico di 
delta ait tua. Novamente composli e dati in 
luce, dedicati ail' illuslriss. Signor principe 
di Pozzolo. In Fenetia, app. Giac. Fin- 
centi, 1618, in-4°. 

M ALIBIVAIH ( Mabib - Félicité ) , née 
GARCIA, en dernier lieu épouse du célèbre 
violoniste DE BÉMOT, naquit le 24 mars 
1808, à Paris, où son père {vogex Garcia) n'é- 
tait arrivé qu'environ deux mois auparavant. 
C'est par l'éclat des succès de cet énergique 
chanteur que fut saluée la venue de celle qui 
devait être la cantatrice la plus étonnante de 
son siècle. A l'âge de trois ans, elle suivit sa 
famille en Italie. Arrivée à Naples, elle joua 
en 1813 le rôle de l'enfant dans VAgnete, de 
Paer, au théâtre des Fiorentini. Après quel- 
ques représentations de cet ouvrage, elle en 
avait si bien retenu la musique^ qu'elle se mit 
tout à coup à chanter la partie d*Agne*e dans 
le beau duo du second acte, et le public ap- 
plaudit à cette audace de bon augure. Deux 
ans après, Panseron, qui se trouvait à Naples, 
lui enseigna le solfège, et le compositeur 
Hérold, arrivé dans celte ville vers le même 
temps, lui donna les premières leçons de 
piano. En 1816, Garcia s'éloigna de Naples et 
se rendit à Paris , puis à Londres où il em- 
mena sa famille, vers la fin de 1817. Déjà la 
jeune Marie parlait avec facilité l'espagnol, 
l'italien et le français; deux années et demie 
de séjour à Londres lui rendirent aussi fami- 
lier l'usage de la langue anglaise. Plus tard, 
elle apprit l'allemand presque en se jouant, 
malgré les difficultés inhérentes à cette langue. 
Le séjour de Londres fut aussi employé par 
elle à l'étude du piano; les leçons de bons 
maîtres et le travail forcé que lui faisait faire 
son père développèrent rapidement son talent, 
et tels furent ses progrès sur cet instrument, 
que lorsqu'elle revint avec sa famille à Paris, 
au mois de novembre 1819, elle jouait déjà les 
pièces de clavecin de J.-S. Bach, que Garcia 
aimait avec passion. 

Lorsqu'elle eut atteint l'âge de quinze ans, 

COCU. L'.MV. DES MUSICIENS. T. V. 



une nouvelle existence commença pour elle : 
Garcia lui fit commencer l'étude du chant sous 
sa direction, et prépara par ses excellentes 
leçons ce talent original dont les succès ont 
effacé ceux de tous les autres chanteurs. Déjà 
Marie laissait entrevoir ce qu'on devait at- 
tendre d'une âme ardente comme la sienne, et 
des trésors d'imagination dont la nature l'avait 
douée Malgré la crainte que lui inspiraient 
les violences de son père, elle se laissait sou- 
vent aller à ces élans d'inspiration qui décèlent 
le génie de l'art. Après deux années d'études 
sévères, elle se fit entendre pour la première 
fois, en 1824, dans un cercle musical doiit 
Garcia venait d'essayer l'établissement. Elle y 
produisit une vive sensation; tous ceux qui 
l'entendirent alors ne doutèrent pas qu'un 
avenir de gloire ne fût réservé à ce talent, si 
jeune encore. Deux mois après, Garcia re- 
tourna à Londres en qualité de premier ténor 
du Théâtre du Roi ; il y ouvrit un cours de 
chant où l'éducation vocale de Marie fut ter- 
minée. Une indisposition de madame Pasta 
hâta son apparition sur la scène. En deux 
jours, elle apprit tous les récitatifs du Barbier 
de Sévilte, dont elle savait les morceaux, et, 
le 7 juin 1825, elle joua le rôle de Rosine au 
Théâtre du Roi. Le public l'y accueillit avec 
tant de faveur, qu'elle fut immédiatement en- 
gagée pour le reste de la saison (six semaines 
environ),aux appointements de cinq cenlslivres 
sterling. Le 25 juillet suivant, elle chanta le 
rôle de Felicia dans la première représenta- 
tion du Crociato de Meyerbeer. La saison ter- 
minée, Garcia quitta Londres, alla chanter 
avec sa fille, aux festivals de Manchester, 
d'York et de Liverpool, puis s'embarqua dans 
celte dernière ville pour aller prendre la direc- 
tion du théâtre de New-York. C'est là que le 
talent de Marie prit un caractère de fermeté 
qui ne peut s'acquérir qu'à la scène, et que ses 
admirables qualités se développèrent progres- 
sivement dans Olello, Romeo, Don Juan, 
Tancrède, Cenerentola, et dans deux opéras 
(L'Amante astuto et la Figlia deW aria) 
écrits pour elle par son père. Un enthousiasme 
frénétique accueillait chaque soir son entrée, 
sur la scène. Malibran, négociant français, 
établi à New-York, déjà parvenu à l'âge mur, 
mais qui passait pour être riche, quoique ses 
affaires fussent embarrassées depuis long- 
temps, demanda à Garcia la main de sa fille, 
et l'obtint malgré la répugnance de Marie 
pour cette union. Le mariage fut célébré le 25 
mars 1826. Il ne Tut point heureux; il ne pou- 
vait l'être, car jamais organisations ne furent 

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418 



MALIBRAN 



moins assorties que celles deMalibran et de sa 
femme. Celle-ci, tout excentrique, passionnée 
pour l'art, avide de succès et de gloire, ne 
pouvait se plaire dans les habitudes froides et 
régulières de la maison d'un négociant. Un an 
s'était à peine écoulé lorsque l'époux de Marie 
fut obligé de déclarer sa faillite. Il ne pouvait 
quitter le sol de l'Amérique avant que ses 
affaires fussent arrangées; mais elle était 
libre ; elle partit de New-York, au mois d'août 
4837, et arriva en France dans le mois sui- 
vant. 

* Déjà les journaux avaient signalé son jeune 
talent comme une des merveilles de l'époque, 
avant qu'elle eût revu le continent européen. 
Ils annoncèrent son arrivée à Paris; des 
succès de salon l'attendaient dans cette ville 
avant qu'elle débutât en public. Enfin, au 
mois de janvier 1828, elle chanta le rôle de 
Sémiratnis, dans une représentation donnée 
a l'Opéra, au bénéfice de Galli. Ce génie tUi 
chant, la nouveauté de ses fioriture, et quel- 
ques éclairs d'un beau sentiment dramatique 
firent voir ce qu'elle devait être bientôt, quoi- 
que l'émotion eût nui en plusieurs endroits au 
développement de ses rares facultés. Toutefois, 
on apercevait dans l'ensemble de son chant 
un défaut de goût, car elle y multipliait les 
traits de tous genres sans examiner s'ils 
avaient entre eux les rapports nécessaires, ni 
s'ils s'appropriaient à la mélodie, ou même à 
l'harmonie. Quelques observations critiques 
des journaux, les occasions fréquentes qu'elle 
avait d'entendre de bonnes choses à Paris, et 
surtout son instinct admirable, donnèrent 
bientôt une meilleure direction à son talent. 
Engagée au Théâtre Italien, elle y joua sa pre- 
mière représentation le 8 avril. Déjà un chan- 
gement notable se faisait remarquer dans sa 
manière : elle avait compris la justesse des 
critiques qu'on avait faites de son premier 
essai. Peu de personnes comprirent alors 
quelle était la portée du talent de cette canta- 
trice : le public se montrait incertain. Ce ne 
fut qu'après ravoir entendue dans Olello, 
Cenerentola cl la Gazza, où son inépuisable 
verve et la nouveauté de ses conceptions lui 
fournissaient à chaque représentation des effets 
différents, qu'elle se classa enfin dans l'opi- 
nion comme la première cantatrice de son 
époque. Par la réunion des deux voix de con- 
tralto et de soprano aigu, elle frappait toujours 
d'élonnement ceux qui l'entendaient passer de 
l'une à l'autre avec des traits hardis, rapides 
et qui ne ressemblaient à rien de ce qu'on 
avait entendu. Sou instinct de l'action drama- 



tique était admirable, quoiqu'il s'y mêlât par- 
fois des fantaisies bizarres. Avide de succès 
populaires, elle ne négligeait rien pour les 
obtenir ; de certaines petites ressources de 
charlatanisme n'étaient même pas dédaignées 
par elle pour atteindre à ce but, quoique per- 
sonne n'en eût moins besoin. 

L'administration du Théâtre Italien de Paris 
ayant pris la résolution de le fermer pendant 
les étés de chaque année, et de ne donner de 
représentations que depuis le commencement 
d'octobre jusqu'à la fin de mars, les princi- 
paux chanteurs de ce théâtre souscrivirent des 
engagements avec l'entrepreneur du Théâtre 
du Roi, à Londres, pour la saison qui ne com- 
mence en cette ville qu'au 1 er avril. Déjà, en 
1828, mademoiselle Sontag avait obtenu à 
King's Théâtre, dans les concerts et dans les 
festivals , un succès d'enthousiasme justifié 
par son beau talent. Madame Malibran prit la 
résolution d'aller à Londres, en 1829, et d'y 
vaincre celle qu'on lui opposait comme une 
rivale. Le résultat de ce voyage ne fut pas 
celui qu'elle s'était promis, car les couronnes 
furent partagées entre elle et mademoiselle 
Sontag ; mais elles laissèrent l'une et l'autre le 
souvenir de deux beaux talents dans des genres 
différents; l'un grand, sublime, fantasque, cl 
quelquefois inégal ; l'autre, moins élevé, mais 
pur, parfait dans son exécution, et toujours 
guidé par un goût délicat. De retour à Paris à 
l'automne de la même année, ces deux grandes 
cantatrices se partagèrent la faveur publique. 
Réunies dans quelques pièces, elles offrirent 
le plus bel ensemble qu'on eût jamais en- 
tendu. L'enthousiasme du public, lorsqu'il les 
entendait dans Tancrède et dans Von Juan, 
se manifestait par des trépignements et par 
des cris d'admiration. 

Au mois de janvier 1850, l'administration 
du Théâtre Italien renouvela l'engagement de 
madame Malibran, moyennant la somme de 
mille soixante-quinze francs pour chaque re- 
présentation. Peu de temps après, mademoi- 
selle Sontag quitta le théâtre pour épouser le 
comte de Rossi, ambassadeur du roi de Sar- 
daigne à La Haye. Resiée seule, madame 
Malibran fil voir que l'émulation de la rivalité 
ne lui était pas nécessaire pour la porter à 
l'élude : son talent prit chaque jour un carac- 
tère plus élevé; sa vocalisation se perfectionna 
de plus en plus. Elle continua de chanter al- 
ternativement à Paris et à Londres, et ses 
succès acquirent plus d'éclat dans chaque 
saison. En 1850 une liaison se forma entre la 
célèbre cantatrice cl le violoniste De Bériot ; 



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MAL1BRAN 



419 



depuis lors ils ne se quittèrent plus. En 1831, 
ils firent l'acquisition d'une maison à Bruxelles, 
et plus tard ils firent construire une belle ha- 
bitation dans un faubourg de cette ville, où 
ils allaient se reposer chaque année des fati- 
gues de l'hiver. Vers le mois de juin 1832, au 
moment où le choléra décimait la population 
de Paris, Lablacho partit d'Angleterre pour 
se rendre en Italie, et prit sa route par la 
Belgique, afin d'éviter les cordons sanitaires 
de France. Arrivé à Bruxelles, il vit De Bériot, 
madame Malibran, et leur fit en plaisantant 
la proposition de l'accompagner jusqu'à 
Naples. Mais avec une imagination ardente 
comme celle de cette femme extraordinaire, 
l'imprévu ne pouvait manquer d'être bien 
accueilli : quelques heures après, des chevaux 
de poste l'emportaient sur la route de l'Italie. 

Ici commence une nouvelle époque de sa vie 
d'artiste : époque sinon plus brillante, au 
moins plus agitée, plus conforme à ses goûts. 
Arrivée à Milan, elle y chanta dans quelques 
soirées chez le gouverneur et chez le duc Vis- 
conti : ce chant si nouveau, si suave et à la 
fois si énergique, fit une profonde impression 
sur l'enthousiaste auditoire qu'elle y trpuva. 
Ce voyage d'Italie ne fut en quelque sorte 
qu'une série de triomphes emportés à la course. 
Six représentations données au théâtre Folle, 
de Rome, vers la fin de juillet, firent pousser 
des cris d'élonnement et de plaisir à la popu- 
lation romaine. Dans les premiers jours du 
mois d'août, début à Naples et même succès. 
Vers la fin de septembre, début à Bologne, et 
fanatisme presque inconnu auparavant dans 
cette ville de paisible existence. Les Bolonais 
ne bornèrent pas les témoignages de leur 
plaisir à des applaudissements; ils firent exé- 
cuter, en marbre, le buste de la cantatrice, 
et ce buste fut inauguré sous le péristyle du 
théâtre. 

De retour à Bruxelles, au mois de novembre, 
madame Malibran y mit au monde une fille 
qui n'a point vécu : déjà elle avait un fils. Au 
printemps de 1833, elle alla à Londres, où elle 
était engagée pour jouer l'opéra anglais, au 
théâtre de Drury-Lané, où elle était engagée 
au prix de quatre-vingt mille francs pour 
quarante représentations; à quoi il faut ajouter 
le produit net de deux représentations à son 
bénéfice qui s'élevaient à près de cinquante 
mille francs. Les avantages qui lui étaient 
offerts augmentaient chaque année dans une 
proportion dont il n'y avait pas d'exemple : 
ainsi, aux mois de nui et de juin 1855, on lui 
donna à l'Opéra italien de Londres deux mille 



sept cent soixante-quinze livres sterling 
(soixante-neuf mille trois cent soixante-quinze 
francs) pour vingt-quatre représentations. 
Dans la même année, elle souscrivait à Milan 
un engagement pour cent quatre-vingt-cinq 
représentations moyennant quatre cent vingt 
mille francs ; enfin, elle reçut aux mois d'avril 
et de mai 1855, la somme énorme de deux mille 
trois cent soixante-quinze livres (cinquante- 
neuf mille trois cent soixante-quinze francs) 
pour vingt représentations, et lorsqu'elle 
mourut, elle venait de contracter de nou- 
veaux engagements pour près de six cent 
mille francs. 

Après avoir joué à Londres les traductions 
anglaises de la Somnambule, de Bellini, et du 
FideltOy de Beethoven, elle retourna à Na- 
ples où elle resta jusqu'au mois de mai 1834 ; 
puis elle alla à Bologne et de là à Milan. L'Ita- 
lie entière répétait alors son nom avec enthou- 
siasme, et retentissait du bruit de ses succès 
inouïs. Elle débuta à Milan dans la Norma, 
de Bellini, où madame Pasta avait brillé peu 
de temps auparavant. Mais les succès de la 
nouvelle cantatrice firent bientôt oublier ceux 
de la grande tragédienne lyrique. Cependant 
elle ne se fit entendre que dans quatre soirées 
parce qu'elle avait promis de se rendre à Lon- 
dres pour chanter dans un concert au bénéfice 
de son frère, Manuel Garcia. Ce voyage dans la 
capitale de l'Angleterre ne fut qu'une course 
rapide, car elle était déjà de retour à Siniga- 
glia au mois de juillet pour y chanter pendant 
la saison de la foire. Partie de cette ville, le 
11 août 1854, madame Malibran se rendit à 
Lucques, où l'attendaient de nouveaux triom- 
phes. Lorsqu'elle sortit du théâtre après sa 
dernière représentation, le peuple détela les 
chevaux de sa voiture et la reconduisit chez 
elle en triomphe. Au mois de septembre, elle 
retourna à Milan : ce fut alors que le duc Vis- 
conti lui fit signer un contrat pour un grand 
nombre de représentations dont chacune de- 
vait être payée deux mille cinq cents francs. 
Elle ne quitta la capitale du royaume Lom- 
bardo- Vénitien que pour aller à Naples, où elle 
chanta pendant tout le carnaval au théâtre 
Saint-Charles. Pendant cette saison, sa voiture 
ayant versé au détour d'une rue, elle se démit 
le bras, et quinze jours se passèrent avant 
qu'elle pût reparaître à la scène. Elle ne put 
même jouer les premières représentations qui 
suivirent cet accident qu'avec le bras en 
écharpe. 

La saison théâtrale achevée, madame Ma- 
libran s'éloigna de Naples, le 4 mars 1855, 

27. 



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420 



MALIBRAN 



pour aller à Venise. A. rapproche de la gon- 
dole qui la portait, des fanfares annoncèrent 
son arrivée. Une foule immense bordait les 
quais; l'affluence était si grande lorsque la 
cantatrice traversa la place Saint -Marc, 
qu'elle en fut effrayée, et qu'elle se réfugia 
dans l'église, qui fut bientôt remplie. Ce ne fut 
qu'avec beaucoup de difficultés qu'on parvint 
à lui ouvrir un passage jusqu'à son hôtel. Son 
talent répondit à l'attente des Vénitiens, dont 
l'enthousiasme alla jusqu'au délire. De Venise, 
madame Malibran alla a Paris où elle s'arrêta 
quelques jours, puis à Londres, pour y chauler 
pendant la saison d'été. Au mois d'août, elle 
arriva à Lucques où l'attendait Vlnès de 
Castro, que Persiani avait écrit pour elle ; 
puis elle passa l'hiver à Milan. L'énergie de 
son chant dramatique parut acquérir de nou- 
neaux développements dans la Maria 
Stuarda de Donizelti. Ce fut pendant cet 
hiver que les tribunaux de Paris prononcèrent 
la nullité de son mariage avec Malibran, 
comme n'ayant pas été contracté devant l'au- 
torité compétente de New- York. Le 29 mars 
1830, elle épousa de Bériot à Paris, et le len- 
demain ils se rendirent à Bruxelles, où ils se 
firent entendre tous deux, la première fois 
âans un concert au bénéfice des Polonais, la 
seconde, dans un autre qu'ils donnèrent eux- 
mêmes au Théâtre-Royal. 

Au sein de l'enivrement de ses succès, ma- 
dame Malibran de Bériot n'apercevait qu'un 
avenir de fortune et de gloire ; cependant elle 
approchait du terme de sa carrière d'agitations 
et de succès. Arrivée à Londres, à la fin du 
mois d'avril, elle fit une chute de cheval dont 
les suites eurent les conséquences les plus fu- 
nestes. Traînée sur le pavé à une longue dis- 
tance, elle eut le visage déchiré et reçut a la 
télé des contusions violentes dont elle ne se 
remit pas. Son énergie sembla d'abord sur- 
monter le mal. Elle revint à Bruxelles, et de 
là se rendit à Aix-la-Chapelle, où elle donna 
deux concerts avec de Bériot; mais elle n'était 
plus la même; son caractère avait changé, et 
pour ses amis, il était évident que son cerveau 
avait reçu quelque lésion. Un engagement la 
rappelait au mois de septembre en Angleterre 
pour le festival de Manchester : elle s'y ren- 
dit et s'y fil entendre le premier jour; mais le 
lendemain elle s'évanouit, après avoir chanté 
.un duo iTJndronico avec madame Caradori. 
Il fallut l'emporter. A peine arrivée chez elle, 
des convulsions la saisirent; on la saigna; 
mais le mal fit d'effrayants progrès, et le 25 
septembre 1850, elle expira dans les douleurs 



aiguës d'une fièvre nerveuse, à l'âge de vingt- 
huit ans. 

Telle fut la fin prématurée de la cantatrice 
la plus étonnante dont il soit fait mention 
dans l'histoire de l'art. Des obsèques magnifi- 
ques lui furent faites à Manchester, où l'on 
voulut d'abord conserver ses dépouilles mor- 
telles ; mais plus lard ces tristes restes furent 
rendus à sa famille, transportés à Bruxelles, 
et inhumés avec pompe dans le cimetière de 
Laeken. M. de Bériot y a fait élever un mau- 
solée, où la statue de l'illustre artiste a été 
placée. Cette statue, en marbre, est l'ouvrage 
du célèbre sculpteur Geefs. 

Bien des appréciations contradictoires ont 
été faites du talent de madame Malibran de 
Bériot : mais on n'a pu lui refuser les qualités 
qui assurent à un artiste une supériorité non 
contestable. Ces qualités sont celles du génie 
qui invente des formes, qui les impose comme 
des types, et qui oblige non-seulement à les 
admettre, mais à les imiter. La voix «le madame 
Malibran n'était pas précisément belle ; on y 
remarquait même d'assez grands défauts, par- 
ticulièrement dans les sons du médium, les- 
quels étaient sourds et inégaux. Pour triompher 
des imperfections de cette partie de son organe, 
elle était obligée de faire chaque matin des 
exercices de vocalisation. Dans le choix des 
ornements de son chant, il y avait toujours de 
la hardiesse, souvent du bonheur, quelquefois 
du mauvais goût : non que le sien ne fût pur; 
niais avide de succès populaires, elle faisait 
souvent, pour plaire à un public ignorant, ce 
qu'intérieurement elle condamnait. L'auteur 
de cette notice lui a souvent reproché ses com- 
plaisances à cet égard. « Au degré d'élévation 
« où vous êtes parvenue (lui disait-il), vous 
u devez imposer votre sentiment au public, 
a non subir le sien. » Mais sa réponse était 
toujours : « Mon cher grognon (c'était son ex- 
a pression favorite avec lui), il y a â peine 
u deux ou trois connaisseurs dans une grande 
« salle où je chante ; ce ne sont pas eux qui 
« font les succès, et ce sont des succès que je 
u veux. Quand je chanterai pour vous seul, je 
u ferai autre chose. » Pour bien comprendre 
la portée du talent de celle femme extraordi- 
naire, il fallait l'entendre à la scène. Là, son 
imagination s'exaltait ; les plus heureuses im- 
provisations lui venaient en foule; ses har- 
diesses étaient inouïes, et nul ne pouvait résis- 
ter à l'entraînement de son chant expressif et 
pathétique. Au concert, une partie de ces 
avantages disparaissaient. 

Madame Malibran a composé beaucoup de 



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MALIBRAN — MALOUIN 



421 



nocturnes, de romances et de chansonnettes; 
on en a gravé plusieurs, parmi lesquelles oo 
remarque : 1° Le Réveil d'un beau jour, 2« La 
voix qui dit .• Je t'aime ! 3° Le Village. 4° La 
Tarentelle. 5° Les Refrains. 6° Rataplan. 
7° La Bayadère. 8° La Résignation. 9° Le 
Ménestrel. 10° Enfants, rames. 11° Le Re- 
tour de la Tyrolienne. Après sa mort, on a 
recueilli les légères productions de ses dernières 
années, et Ton en a formé un Album qui a été 
publié sous ce titre : Dernières Pensées musi- 
cales de Marie- Félicité Garcia de Bériot; 
Paris, Troupenas (Brandus et Dufour), in-4°, 
orné de charmantes lithographies. 

Plusieurs portraits de madame Malibran ont 
été gravés et lithographies : un des plus beaux 
la représente dans le rôle de Desdemona, ap- 
puyée sur une harpe écossaise. 

On a publié diverses notices biographiques 
de cette grande cantatrice ; en voici les titres : 
1° Cenni biografici di Madama Maria Gar- 
cia Malibran /Venise, 1835, in-8«. 9?Notitie 
biografiche di Maria-Félicité Malibran, da 
Gaetano Barbieri; Milan, 1850, in-8°, avec 
le portrait. 3° Madama Maria Malibran e 
il suo secolOj Lucques, 1830, in-8°. 4° Life of 
Madame Maria Malibran de Bériot, by 
John Nathan; Londres, 1830, in-12. Cet ou- 
vrage a été traduit en allemand, par A. de 
Treskow, et publié à Quedlinbourg, en 1837, 
in-8°. 5° Loisirs d'un» femme du monde, 
par madame la comtesse Merlin ; Paris, 1838, 
deux volumes in-8°. Sous ce titre, madame la 
comtesse Merlin a prétendu donner une bio- 
graphie de Marie Malibran-dc Bériot; mais la 
plus grande partie de cette biographie est un 
roman. On en a publié une traduction alle- 
mande intitulée : Maria Malibran als Weib 
und KlUnstlerin, nebst Characterzûgen und 
Anecdolen aus ihren £e6en;Leipsick, 1839, 
in-8°. On a aussi du révérend Richard Par- 
kinson : Sermon, etc., on the day after the 
funeral of Madame Malibran; Manchester, 
1830, in-8 9 . 

MALIBIt AIV (Alexandre), violoniste, com- 
positeur et critique, né à Paris le 10 novembre 
1823. étudia la musique dès son enfance et 
reçut des leçons de violon de M. Sauzay, qui 
lui transmit les principes de l'école de Baillot. 
Déjà marié a l'âge de vingt-deux ans, il se 
rendit en Allemagne avec sa femme, pianiste 
de talent, donna quelques concerts, puis s'éta- 
blit en 1845 à Cassel (Ilcsse-éleclorale), où 
Spohr l'admit au nombre de ses élèves et eut 
pour lui rafleclion d'un père. De retour à 
Paris, quelques années après, M. Malibran y 



fonda un journal de musique sous le titre 
à* Union instrumentale et annonça la forma- 
tion d'une société dont l'objet était d'organi- 
ser des concerts populaires de symphonie. Ces 
entreprises ne réussirent pas, et M. Malibran 
retourna en Allemagne. Établi à Francfort- 
sur-le-Mein, depuis 1858, il y rédige le feuille- 
ton musical du journal français de cette ville. 
Dans sa critique, dont la forme est d'ailleurs 
vive et spirituelle, il se montre musicien in- 
struit, homme de goût et appréciateur judi- 
cieux. Parmi les compositions de cet artiste, 
on remarque : 1° Ouverture pour la tragédie 
d'/famfef; 2° Le dernier jour d'un con- 
damné, fantaisie pour l'orchestre; 5° Fie du 
marin, symphonie à grand orchestre; 4° La 
Fie du soldat, idem ; 5° JVonetto pour instru- 
ments à cordes et à vent, dédié à Spohr ; 0° Trio 
pour piano, violon et violoncelle; 7° Messe 
pour Tordre de la Légion d'honneur, à quatre 
voix d'hommes et instruments à vent. M. Mali- 
bran a publié une biographie de son maître 
Spohr, en langue allemande, sous ce titre : 
Louis Spohr, sein Leben und Wirken; dar- 
geslellt von seinem Schùler Alexander Ma- 
libran. Francfort, J. D. Sauerlander, 1800, 
1 vol. in-12 de 247 pages, avec le portrait 
de Spohr. 

M ALIPIERO (FRAWçois),composlteur dra- 
matique, né en 1822, à Rovigo, a fait jouer à 
Padoue, en 1842, puis à Lugo et à Bologne, 
l'opéra sérieux Giovanua J* di D/apoli, 
avec plus ou moins de succès. Au carnaval de 
1840, il donna, au théâtre San-Benedetto, de 
Venise, V Attila, qui prit plus tard, à Milan, 
le titre d'Ildegonda di Borgogna. Cet .ou- 
vrage lut traité sévèrement à sa première ap- 
parition ; le correspondant de la Gazette gé- 
nérale de musique de Leipsick écrivait alors 
(t. XLYÏII, p. 120) que la mélodie de la parti- 
tion de M. Malipiero était nulle, l'harmonie 
mal écrite, et que l'orchestre faisait un tapage 
impertinent. Je ne connais pas les opéras 
écrits, par le même artiste, après V Attila. 

MALISZEWSKI (Antoine), musicien 
polonais de l'époque actuelle, et professeur de 
son art à Cracovie, a publié un livre de chant 
pour les enfants, intitulé : Spietcniczek piesni 
naboznych dla dzieci; Cracovie, Gieszkowski, 
1849. 

MALOUIN ( (Paul- Jacques), médecin et 
chimiste de l'Académie royale des sciences, 
professeur au Collège royal de France, naquit 
à Caen, en 1701, et mourut à Paris, le 3 jan- 
vier 1778. Au nombre des dissertations qu'il 
a publiées, on en trouve une intitulée : An 



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422 



MALOUIN — MÀNCHICOURT 



ad sanitatem musicè; Paris, 1757, in-4°. Le 
véritable auteur de celle thèse est César Coslc, 
d'Arles, qui Ta défendue sous la présidence de 
Malouin. 

MALTIZ(Gottiiilf- Auguste, baron DE), 
littérateur allemand et amateur de musique, 
né à Kœnigsberg, le 9 juillet 1704, est mort 
à Dresde, le 7. juillet 1857, Après avoir occupé 
dans l'administration forestière un emploi 
qu'il perdit pour avoir composé une satire 
contre ses supérieurs, il alla s'établir à Berlin, 
d'où il fut ensuite obligé de sortir, parce 
qu'il avait fait jouer, au théâtre Kœnigsladt, le 
drame intitulé: le Fieil Etudiant, rempli 
d'allusions sur les souffrances des Polonais. Il 
vécut alors pendant deux ans à Hambourg et y 
écrivit des notices sur des musiciens célèbres, 
pour un recueil biographique qui se publiait 
alors. Ces notices ont été réunies et publiées à 
part, sous ce titre : Denkmal den beriihmten 
musikalischen Kunstlern Mozart, Beethoven, 
Hummel, Kalkb rentier, Field. IFeber, Ries, 
Moscheles et Czerny (Monument élevé aux 
célèbres artistes musiciens Mozart, Beet- 
hoven, etc.); Leipsick, II a m bourg et Ilzehoe, 
Schubert et Niemeyer (sans date), in-8°. M. de 
Maltiz était pianiste distingué et avait un 
goût passionné pour son instrument; ce qui 
explique le choix des artistes dont il a écrit 
les notices. Arrivé à Paris après la révolution 
de 1830, il y vécut une année; puis il alla se 
fixer à Dresde, où il finit ses jours à l'âge de 
quarante-trois ans. 

MAL VOISIN (Robert DE), issu d'une 
des principales familles du comté de Vexin- 
lc-Fnançais, était neveu de Gui, châtelain de 
Coucy, avec (fui il se croisa, en 1108 (voyez 
Fillehardouin. et Du Cange, Observations 
*u»* Fillehardouin, p. 159). Il était poète, 
musicien, et a laissé deux chansons notées 
qu'on trouve dans les manuscrits de la Biblio- 
thèque impériale de Paris. 

MALZAT (Jean- Mien el), virtuose sur le 
hautbois et le cor anglais, naquit vers 1750, à 
Vienne, où son père était musicien de la 
chambre impériale. Après avoir vécu quelque 
temps dans celle ville, il entra au service du 
prinec-évéque de Salzbourg. Quelques années 
plus tard, il voyagea en France, en Italie, 
dans la Suisse, et enfin il se fixa à Bassano, 
dans IcTyrol, où il vivait encore en 1784. Le 
catalogue de Traeg (Vienne, 1799) indique les 
compositions suivantes comme appartenant à 
cet artiste : 1° Trois symphonies concertantes 
pour hautbois et cor anglais. 2° Deux con- 
certos pour le hautbois. 5° Deux idem pour 



cor anglais. 4° Deux idem pour basson. 
5° Un tdem pour violoncelle. 6° Septuor pour 
cor anglais et divers instruments. 7° Trois 
sextuors pour le hautbois. 8° Quatre quintettes 
pour hautbois et pour flûte. 9° Onze quatuors 
pour flûte, ou hautbois, ou cor anglais, ou 
basson. 10° Deux symphonies concertantes 
pour hautbois et basson. Gerber s'est trompé 
lorsqu'il a donné à Malzatle prénom <V Ignace. 

MAMERT (Claude), en latin MAMER- 
TUS, et quelquefois MAMEftCUS, frère de 
Marner t, évéque de Vienne, fut son vicaire, 
et vécul dans le cinquième siècle, vers Tan 
400. Il est connu par un traité de la nature de 
l'âme, qu'il dédia à Sidoine Apollinaire. Son 
contemporain Gcnnade de Marseille lui attri- 
bue, dans son livre sur les écrivains ecclésias- 
tiques (ch. LXXXIII), le chant et les paroles 
de l'hymne Pange lingua gloriosi prarlimn 
certaminis , dont Sidoine a fait l'éloge {In 
Epist., 1. 4, 5), et que d'autres ont attribué à 
Venance Fortunat. Au reste, le chant de cet 
hymne, tel qu'il se trouve dans l'antiphonaire 
romain, n'est pas celui donlttamcrl était Pau- 
leur. 

JHAMMINI (Aloïs), maître de chapelle de 
la cathédrale de Crémone, dans la secoode 
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer 
de sa composition : Miss.v et P s al mi domini- 
cales eum Salve Regina 5 vocibus ; Bologne, 
Jacques Monti, 1078, in-4°. 

MAIXAUA (FnAKCESco), chantre de l'église 
Saint-Antoine de Padoue, vers le milieu du 
seizième siècle, a publié de sa composition : 
Madrigali a quattro voci, libro primo; in 
Venezia, appresso d'Antonio Garda no, 1555, 
in -4° obi. 

AIANARA (le P. Jeaw-Astoise), domini- 
cain, né à Venise, en 1058, fit ses vœux au 
couvent de Bologne. En 1000, époque de /a 
fondation de l'Académie des Philharmoniques 
deeelte ville, il en fut un des premiers mem- 
bres, et le titre de prince de celte sociéié lui 
fut décerné en 1008. Il a composé la musique 
de l'oratorio intitule : Cuor Umano ail* in- 
canlo, dedicato alla Gloriosissima Fergine 
Maria dèl santissimo Rosario, ed a tutti li 
sttoi divoti, dont le pol'mc a été imprimé à 
Venise en 1085, in-8°. Deux autres oratorios 
de sa composition dont les titres sont inconnus 
ont été exécutés à Bologne en 1005 cl 1072. 

MAIXCHICOU UT (Pierre), compositeur, 
né à Béthunc en Artois, vers 1510, fut d'abord 
chanoine d'Arras, puis maître des enfants de 
chœur de l'église cathédrale de Tournay, 
comme on le voit par le litre d'un de ses ou- 



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.MANCHICOURT — HANCINI 



4*3 



v nages, imprime en 1545. D'après les recher- 
ches faites dans tes archives de la cathédrale 
«le Tournay, par M. le chanoine Voisin, vicaire 
général de ce diocèse, pour former la liste 
authentique des maîtres de chapelle de cette 
cathédrale, recherches qu'a bien voulu me 
•communiquer M. Xavier Van Elewyck (voyez 
ce nom), Manchicourt parait être resté dans 
celte position jusqu'en 1557, et avoir eu pour 
successeur un maître nommé Florent Fillain, 
car celui-ci est mentionné dans les comptes 
•do 1558. Il parait, d'après la Description des 
Pays-Bas, de Guichardin, que Manchicourt 
quitta ce poste pour se rendre à Anvers, où il 
vivait au commencement de 1500. C'est par 
erreur que La Croix du Maine le lait naître à 
Tours (voyez sa Bibliothèque française, édit. 
de Rigoley de Juvigny). Manchicourt fut appelé 
-à Madrid pour succéder à Nicolas Payen (dé- 
cédé avant le mois d'avril 1550), en qualité de 
maître de la chapelle royale. Il figure comme 
ici dans les comptes de cette chapelle au mois 
de novembre 1561 , et on le trouve encore dans 
la môme position au mois de juillet 1565 ; mais 
il y a là quelque erreur de date, et probable- 
ment on doit lire juillet 1564; car, dans une 
lettre de Philippe II à la duchesse de Parme, 
datée du 7 juillet 1564, on voit que le maître 
de chapelle (Manchicourt) était mort, et que 
ce prince demandait un maître belge pour lui 
succéder (voyez Bokmarché). Manchicourt 
jouissait d'une prébende à l'église Sainle-Wau- 
dru, dt* Mons. Les ouvrages de ce compositeur 
connus jusqu'à ce jour sont : 1° Liber decimus 
quarlus XIX inusieas eantiones continet, 
<iuctore Petro de Manchicourt ; Parisiis apud 
Petrum Altaingnant et Hubertum Jallet, 1539, 
petit in-4° oblong. Il parait par le titre de ce 
recueil que Pierre de Manchicourt était maître 
de chapelle de l'église collégiale de Tours, 
•en 1550; c'est vraisemblablement ce qui a 
trompé La Croix du Maine surlc Heu de sa nais- 
sance. 2° Liber Modulorum musicalium, auc- 
tore etc.; ibid. 1545, petit in-4° obi. Ce sont 
des motels à quatre parties. Cet ouvrage est 
divisé en trois volumes; le premier contient 
dix-neuf motels, le deuxième quinze, et le 
troisième quatorze. 5° Le neufiesme livre de 
chansons à quatre parties, auquel sont con- 
tenues vingt -neuf chansons nouvelles, com- 
posées par maislre Pierre de Manchicourt, 
maislre de chappelle isic) de Notre-Dame de 
lournay. Correctement imprimé en envers 
par Jylinan Susalo, 1545, in 4°. 4° Liber 
quinlus cantionum sacrarum, vulgo Motelta 
vocanl, quinque et sex vocuin a D, magislro 



Petro Manchicurtio Betunio, insignis eccU- 
sim Tornaeensis phonasco , mine primum 
in lucem edilus; Lovanii apud Petrum Phale- 
sium, 1558, in -4° obi. D'après ce litre, il 
semble que Manchicourt était encore maître 
de la cathédrale de Tournay en 1558 ; d'où 
l'on doit conclure qu'il n'avait quitté cette 
position que depuis peu, et que celle circon- 
stance était ignorée de l'imprimeur Phalèse, 
5° Dans le recueil des messes de Cerlon, pu- 
bliées, en 1546, par Aliaingnanl, on trouve 
deux messes de Manchicourt, l'une sous le 
titre : C'est une dure départie, l'autre sous 
celui de Povre cœur. On connaît aussi de lui : 
Missa quatuor vocum cui titulus : Quo abiit 
dileclusluus; Paris, Nicolas Duchemin, 1508, 
in-folio max°. Le septième livre de motets à 
quatre, cinq et six voix, publié par Altaingnant 
(Paris 1554), contient le motel ô Thoma Di- 
dyme du même musicien. On trouve deux de 
ses motels dans le recueil intitulé : Fior de 
Motletti tratti dalli Mottetti del Fiore; Ve- 
nise, Antoine Gardane, 1559, et deux autres 
dans la Bicinia gallica, latina et germanica 
(t. II), publiée à Willenberg, chez Georges 
Rhau, en 1545. Le Liber quintus XII trium 
primorum tonorum Magnificat continet, im- 
primé par Attaingnant, en 1554, en renferme 
un de Manchicourt. Les XII e et XIV e livres de 
chansons nouvelles à quatre parties (Paris, 
Altaingnant, 1543) en renferment quelques- 
unes du même maître. Enfin les recueils de 
Jacques Moderne, de Lyon, et de Pierre Pha- 
lèse, de Louvain, contiennent des motets du 
même. 

MANCINELLI (Asdré), flûtiste italien, 
vint à Paris vers 1775, puis se fixa à Londres, 
où il est mort en 1802. On a gravé de sa com- 
position cinq œuvres de duos pour deux 
flûtes ; à Paris, chez Sieber, et à Londres, chez 
Longman. 

BIAINC1NI(Coiiiio), compositeur de l'école 
romaine, fut nommé maître de chapelle de la 
basilique de Sainte-Marie-Majeure au mois de 
septembre 1580, et donna sa démission Ac 
celle place au mois de décembre 1591. En 
1607, il obtint l'emploi de maître de chapelle 
de Sainl-Jean-de-Latran ; l'année suivante, il 
eut pour successeur Abbondio Anlonelli, el il 
alla prendre possession de la place de maître 
de chapelle de la Santa Casa de Lo relie. Ce 
musicien â laissé en manuscrit trente-deux 
motets à quatre, cinq, six, sept cl huit voix, 
cl a publié, en 1608, des litanies à huit voix. 
Ces compositions se trouvent "dans la collec- 
tion de l'abbé Satuini, à Home. On connaît 



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424 



MANCINI 



aussi de lui : II primo Ubro de' Madrigali a 
cinque voci, in Venetia, appresso Giacomo 
Vincenli, 1595, in-4°. Une seconde édition du 
même ouvrage fut imprimée chez le même, 
en 1605. 

MANCINI (Fhakçois), compositeur na- 
politain, né en 1674, fit ses éludes musicales 
au Conservatoire de Loreto, puis devint un 
des maîtres de cette école. En 1697, il écrivit 
la musique de Topera Alfonso, qui fut repré- 
senté au collège des nobles dirigés par les 
jésuites. VAriovisto? opéra sérieux, fut son 
premier ouvrage représenté au théâtre San 
Bartolomeo, en 1702. Bans la même année, 
Mancini écrivit les oratorios VArca del Tes- 
tamento in Gerico, et il Laccio purpureo di 
Raab, pour la congrégation du Rosaire, à 
Palazzo. En 1705, il donna au théâtre San 
Bartolomeo Gli amanti generosi, et au même 
théâtre, où chantait la Bulgarini, en 1706, 
Alessandro il Grande in Sidone. Devenu 
directeur d'orchestre de ce théâtre, il ajouta 
quelques airs à VArtaserse de Joseph Orlan- 
dini, représenté en 1708. Dans Tannée sui- 
vante, il écrivit VEngelberto, pour le palais 
du vice-roi, et obtint le titre de second maître 
de la chapelle royale. En 1710, il donna au 
théâtre San Bartolomeo II Mario fugitive; 
trois ans après, il écrivit pour le théâtre du 
palais royal VArtaserse re di Persia, â l'oc- 
casion du jour anniversaire de la naissance 
de Tempereur Charles VI. Dans la même 
année, il donna au théâtre San Benedelto // 
gran Mogol cl ajouta quelques scènes bouffes 
à V Agrippina de Hœndel, ioué au même 
théâtre. Cet usage de scènes burlesques mêlées 
aux sujets sérieux était dans le goût de ce 
temps. Mancini osa écrire, en 1714, la musi- 
que d'un drame intitulé : // Génère umano in 
catena (le genre humain dans les chaînes), 
mais il ne parait pas que cet ouvrage ait été 
exécuté. Le titre de premier maître du Con- 
servatoire de Loreto fut donné â cet artiste, 
en 1720, et, dans la même année, il écrivit il 
Cavalier brettone pour les élèves de celle in- 
stitution. En 1725, i\ donna son Trajano au 
théâtre San Bartolomeo, avec des intermèdes 
bouffes. H était devenu premier maître de la 
chapelle royale, en 1728, car il en prend le 
titre sur sa partition de VOrontea 7 i\\\\ fut re- 
présenté dans cette année. En 1752, Mancini 
écrivit la musique de V Alessandro nelle 
/ndie,i\c Nétastase, avec l'intermède intitulé 
fa Levantina, pour le théâtre San Barto- 
lomeo. On connaît aussi sous son nom Idaspe, 
opéra sérieux, et // Maurizio; mais on ignore 



quand ils ont été représentés. Sa partition de 
l'Elia, oratorio écrit en 1753, existe au col- 
lège royal de musique de San Pietro in Ma- 
jella, à Naples. On connaît aussi de lui Tora- 
torio VAmor divino trionfante nella morte 
di Cristo, et un Magnificat à huit voix réelles. 
Mancini mourut à Naples, en 1739. 

MANCINI (Jean-Baptiste), professeur de 
chant â la cour impériale d'Autriche, et mem- 
bre de l'Académie des Philharmoniques de 
Bologne, naquit, en 1746, à Ascoli, ville des 
'États romains. Dans sa jeunesse, il fut envoyé 
â Bologne et confié aux soins de Beroacchi, 
dont l'école de chant élait à juste titre con- 
sidérée comme une des meilleures de TItalie. 
Des études longues et sévères conduisirent in- 
sensiblement Mancini â la connaissance par- 
faite de Tartdu chant. Considéré plus lard 
comme nn habile maître dans cet art, il fut 
appelé à Vienne pour l'enseigner aux archi- 
duchesses, antérieurement à 1761, comme 
nous l'apprend un passage de ses Réflexions 
pratiques sur le chant. Mancini avait reçu des 
leçons du célèbre P. Martini pour le contre- 
point. Il est mort à Vienne â Tàge de quatre- 
vingt-trois ans et quelques mois, le 4 janvier 
1800. Cet artiste est avantageusement connu 
par un bon livre qu'il a publié sous ce titre : 
Pensieri e riflessioni pratiche sopra il canto 
flgurato; in Vienna, 1774, in-4*. A peine 
l'ouvrage eut-il paru, que l'auteur reconnut 
des lacunes dans son travail, et en prépara 
une réimpression qui parut à Milan, en 1777, 
in-8°, et qui est indiquée au frontispice comme 
une troisième édition. Tous les biographes 
ont parlé en effet (depuis Forkel jusqu'à 
M. Ch. Ferd.Becker) de cette troisième édition, 
sans rechercher les preuves de la réalité d'une 
édition intermédiaire entre celles de 1774 et 
de 1777; mais il suffit de lire la préface de 
cette prétendue troisième édition pour acqué- 
rir la conviction qu'elle n'est que la seconde, 
et que les mots terza edizione sont ou une 
faute typographique, ou une fraude du li- 
braire, qui aurait voulu par là recommander 
l'ouvrage à la faveur publique. Un petit ou- 
vrage intitulé : Metodo per ben 'insegnare 
d'apprendere Varte del cantare , ossiano 
osservazioni pratiche su questo nobile e diffi- 
cile arle, a été imprimé â Florence, en 1807, 
petit in-8° de quatre-vingt-une pages. L'au- 
teur le représente comme un livre nouveau qui 
manquait â l'enseignement du chant; mais ce 
n'est qu'un extrait de celui de Mancini, dont 
on n'a pas même changé le style en plusieurs 
passages. Une traduction française, ou plutôt 



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MANCIN1 — MANDINi 



425 



nn extrait de la première édition du Traité de 
Blancini fut publiée par Desaugiers (voyez ce 
nom), sous le litre : l'Art du chant figuré; 
Paris, 1776, in-8° de sojxante-quatre pages. 
Une autre traduction plus complète, faite sur 
Pédilion de Milan, et intitulée Réflexions 
pratiques sur le chant figuré (Paris, an m, 
ou 1796, un volume in-8°) a été publiée par 
M. de Rayneval, qui a gardé l'anonyme. Le 
livre de Mancini est, avec celui de Tosi, ce 
qu'on a fait de mieux concernant l'art du 
chant. On y trouve une multitude de bonnes 
observations pratiques qui décèlent le profes- 
seur expérimenté, et des renseignements his- 
toriques qu'on chercherait vainement ailleurs 
sur beaucoup de chanteurs, distingués. Hiller 
en a donné une traduction allemande dans son 
traité de l'art du chant (voyez Hiller). On a 
aussi de Mancini une lettre dirigée contre 
Vincent Manfrèdini qui avait critiqué son 
livre; elle a pour litre : Lettera di Giambat- 
tista Mancini diretta aWillust. Sig. Conte 
N. IV., Vienne, M.-A. Schmidt; elle est datée 
du 7 avril 1796. La violence empreinte dans 
cet écrit était peu convenable pour l'âge de 
l'auteur (il avait alors quatre-vingts ans), el 
n'ajoute rien à ses arguments en faveur de 
son livre. 

MAIXCIiMJS (Tmomas), né dans le Meck- 
lembourg, en 1560, fut maître de chapelle de 
l'évéque d'Halbcrstadt et du prince de Bruns- 
wick, vers la fin du seizième siècle. On voit par 
son portrait gravé sur bois à l'âge de trente- 
cinq ans, en 1596, qu'il était alors maître de 
chapelle à Brunswick. Il a été imprimé de sa 
composition : 1° Newe lustige und hœfflicke 
weltliche Lieder mit 4 und 5 Stimmen (Nou- 
velles chansons profanes, gaies et honnêtes, à 
quatre et cinq voix); Helmstadt, 1588, in-4°. 
2° Hoc hzeit- Lied von 5 Stimmen, etc. (Chant 
de noce à cinq voix, à l'honneur de Georges 
Bu renard, secrétaire de l'évéque d'Halber- 
sladt, et à l'occasion de son mariage); Helm- 
stadt,. 1591, in-4°. 

MANDANICI (Placido), compositeur et 
membre de l'Académie des beaux-arts de 
Naples, naquit, en 1798, dans la petite ville 
de Barcellona, située dans la vallée de De- 
mone en Sicile. A l'âge de quinze ans, il se 
livra à l'étude de la musique et trouva un pro- 
tecteur dans le comte Nicolaci, dilettante qui 
jouait un peu de violoncelle et qui lui en 
donna quelques leçons. Lorsqu'il eut atteint 
sa dix-septième année, Mandanici entra au 
Conservatoire de Palerme, où il continua 
l'élude de son premier instrument et appril à 



jouer de plusieurs autres. En 1830, il était 
attaché à l'orchestre du théâtre de Reggio, en 
Calabre, comme contrebasse; mais déjà il 
s'adonnait avec ardeur à l'étude du piano, 
afin de pouvoir quitter la position de simple 
symphoniste. En 1824, il se rendit à Naples 
et y étudia la composition, sous la direction 
de Raimondi. De 1824 à 1834, il fut attaché 
aux théâtres royaux de cette ville, comme 
compositeur de musique des ballets. Bans >a 
même période, il a écrit les opéras l'Isola 
disabitatapour le théâtre du Fondo; Argent, 
pour celui de Saint-Charles ; // Marito di mia 
moglie, pour le théâtre Nuovo, et Gli Amanti 
alla prova, pour le Fondo. Vers la fin de 
1834, il se rendit à Milan, et s'y livra à l'en- 
seignement du chant et de la composition. En 
1836, il écrivit à Turin, pour le théâtre Cari- 
goano, l'opéra il Segreto. De retour à Milan," 
il y donna II Rapimento, en 1837. Outre les 
ouvrages qui viennent d'être cités. Mandanici a 
écrit un grand nombre de ballets, beaucoup 
de musique instrumentale et de la musique 
d'église. En 1841, il donna à Milan l'opéra 
bouffe II Buontempone délia porta Ticinese, 
qui eut du succès et fut repris en 1845. Appelé 
à Palerme, en 1843, il y écrivit l'opéra 
sérieux Maria degli Albixzi, puis il retourna 
à Milan. Il est mort à Gènes, le 5 juin 1852, 
à l'âge de cinquante-quatre ans. Mandanici a 
publié plusieurs œuvres de musique vocale et 
instrumentale, chez Ricordi, à Milan, et 
vingt-quatre exercices de vocalisation, chez 
Lucca, éditeur de la même ville. Ses œuvres 
de musique religieuse sont : 1° Ave Maria à 
trois voix, chœur ad libitum et orgue ; Milan, 
' Ricordi. 2° Pater noster à quatre voix, chœur 
et orgue ; t'6td. 3° Salve Regina à trois voix 
et orgue ou piano ; ibid. 

MAINDEUSCHEID (Nicolas), facteur 
d'orgues à Nuremberg, naquit à Trêves, le 
2 avril 1580. Il était âgé de soixante dix-sept 
ans lorsqu'il construisit, en 1657, le second 
orgue de Saint-Sébald à Nuremberg; cet in- 
strument est composé de treize jeux. Mander- 
scheid est mort i Nuremberg, ie 2 avril 1662. 
Walsch avait gravé son portrait en 1654. 

MANlUAi IPaul), excellent ténor, né à 
Arezzo, en 1757, a eu pour maître de chant 
Saverio Valenlo, homme d'un rare mérite, 
qui a formé beaucoup de bons chanteurs dans 
la seconde moi lié du dix-huilième siècle. 
En 1777, Mandim débuta a Brescia dans des 
rôles de demi-caractère, et son entrée dans la 
carrière dramatique fut marquée par un si 
beau succès, qu'en 1781 il fut appelé au grand 



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426 



MAND1NI — MANFRED1NI 



théâtre de Milan, pour y chanter pendant l'au- 
tomne avec la célèbre cantatrice Anne Mori- 
chclli Bosello. H s'y fit entendre dans II Fa- 
legnamo, de Cimarosa, et dans H F'ecchio 
geloso, d'Alessandri. Turin, Parme, Bologne 
et Rome l'applaudirent ensuite. En 1787, il se 
trouvait à Venise ; Tannée suivante, il retourna 
à Milan avec la Moricbelli, et y chanta pen- 
dant les saisons du printemps et de l'automne. 
Ce fut alors que ViotU rengagea pour le 
théâtre de Monsieur ? à Paris, où il ht admirer, 
pendant les années 1789, 1790 et 1791, son 
talent plein de finesse, d'élégance et d'expres- 
sion dramatique, ainsi <jue la perfection de 
sou jeu. Les terribles événements politiques 
de 1792 ayant dispersé celte belle troupe ita- 
lienne, dont le souvenir n'est point encore ef- 
facé, Mandini retourna en Italie, et chanta à 
Venise au carnaval de 1794. Longtemps après 
(1805), il était à Berlin; mais il ne parut plus 
que l'ombre de lui-même. Peu de temps après, 
il se retira à Bologne, où il est mort, à l'âge 
de quatre-vingt-cinq ans, le 27 janvier 1842. 

IttANELLi (François), compositeur dra- 
matique, né à Tivoli, au commencement du dix- 
septième siècle, a écrit la musique de V Andro- 
mède, premier opéra qui fut représenté publi- 
quement à Venise, en 1037. Cet ouvrage fut 
suivi de La Maga fulminata, au même théâ- 
tre, en 1058, et à Bologne, en 1041, au théâtre 
Formagliari* Benoit Ferrari {voyez ce nom), 
auteur des livrets de ces deux opéras, (Il les 
frais de leur représentation. Les noms des 
chanteurs de cet ouvrage sont imprimés en 
léle du livret; ce sont : Félicité Vga, Ro- 
maine, Antoine Panniyée Rcggio ; François 
Angeletti, d'Assise; Jean-Baptiste Bifurci, 
de Bologne; François Pesarini, de Venise; 
et Madeleine Manelli, Romaine, femme du 
compositeur. La nouveauté et le charme de ce 
spectacle portèrent les Vénitiens à bâtir des 
salles de spectacle destinées à l'Opéra. Les 
deux premiers théâtres furent ceux de San- 
Cassiano : Monteverde et Cavalli y firent re- 
présenter leurs premiers ouvrages. Manelli 
écrivit encore Temistocte , à Florence, en 
1059; Aleale, dans la même ville, en 1042; 
Ercole nedl* Èritnanto, à Plaisance, eh 1031 ; 
Jl Ratio d'Europa, dans la même ville, en 
1055; J Sei Gigli, â Ferra re, en 1000. 

MANELLI (Pierre), chanteur italien, était 
le premier boufl'e chantant d'une troupe ita- 
lienne d'opéra qui parut en France, en 1752. 
Elle joua d'abord à Rouen, puis fut appelée à 
* Paris, et donna des représentations dans la 
salle de l'Académie royale de musique, alter- 



nativement avec l'opéra français. On sait 
quelles discussions s'élevèrent entre les pari - 
sans de la musique italienne et de la musique 
française, à cette occasion, et la guerre de 
plume soulevée par le Petit Prophète de Boc- 
miehbroda. de Grimm, et par la Lettre, de 
J.-J. Rousseau, sur la musique française. 
Manelli jouait les principaux rôles dans l<s 
opéras bouffes ou intermèdes de Pcrgolèse, de 
Rinaldo de Capua, et d'autres compositeurs 
italiens, qu'on entendait alors à Paris pour la 
première fois. Il parait avoir été le seul de sa 
troupe qui eut quelque talent.' Son portrait, 
peint au pastel par Latour, a été exposé au 
Louvre, en 1754; il était représenté dans le 
costume du rôle de l' Imprésario qu'il jouait 
dans le Maestro di musica. Au mois de fé- 
vrier 1754, l'opéra italien fut banni de l'Aca- 
démie royale de musique, et Manelli retourna 
en Italie. Depuis lors on n'a plus entendu par- 
ler de lui. 

MANFBElDI (Louis), cordelier qui vivait 
à Venise vers le milieu du dix-septième siècle, 
a fait imprimer de sa composition : \° Motet li 
a quattro e cinque voci; Venise, 1058. 2" Con- 
certa ossia Madrigali a 5 voci, Ub. 1 , 2, 5, 
4, tôid., 1041. 

MANFREDI (Marie-Madeleine) , canta- 
trice renommée au commencement du dix- 
huitième siècle, était, en 1720, au service du 
roi deSardaigne, à Turin, 

MANFREDI (Philippe), violoniste dis- 
tingué, né à Lucques vers 1758, fut élève de 
Tartini. Compatriote de Roccherini, il se lia 
d'amitié avec lui, et tous deux entreprirent un 
voyage en 1709. Après avoir visité plusieurs 
villes de la Lombardie, et s'être arrêtés long- 
temps à Turin et dans le Midi de la France, 
les deux amis arrivèrent à Paris en 1771. 
Manfredi y exécuta les trios et quatuors de 
Boccherini avec un succès d'enthousiasme. En 
quittant Paris, les deux amis se dirigèrent 
vers l'Espagne, où l'infant don Louis, frère du 
roi Charles 111, les accueillit et leur donna 
une position. Manfredi était devenu le premier 
violon de la musique de ce prince,- mais il ne 
jouit pas longtemps de cet avantage, car il 
mourut à Madrid, en 1780. On a gravé de sa 
composition à Paris, en 1772, six solos pour 
le violon, op. 1. Six sonates pour violon avec 
basse, du même artiste, ont été publiées à 
Lcipsick, en 1852. Il a laissé en manuscrit 
plusieurs concertos et des trios qui se trouvent 
en Espagne. 

MANFltKDffNI (François), violoniste et 
compositeur, naquit à Bologne, en 1675. Il a 



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MANFREDINI 



427 



fait imprimer de ses ouvrages : 1° Concertini 
par caméra a violino e violoncello; op. 1, 
Bologne, G. Silvani, 1704, in-fol. 2° Sinfonia 
da chiesa a due violini con l'organo obli- 
gatoe viola ad libitum ; op. 2, ibid., 1709, 
in -fol. Cel ouvrage a élé réimprimé à Amster- 
dam, chez Roger, sous ce titre : Quarteltia 
due violini, viola e basso continuo.&Concérti 
a due violini e basso, con violait violini di 
rinforzo; Bologne, G. Silvani, 1718, in-fol., 
op. 3. Manfredini fut élu membre de l'Académie 
des Philharmoniques de Bologne en 1704. 

MANFHEDIINI (Viwcent), compositeur et 
écrivain sur la musique, n'est pas né à Bo- 
logne, comme le disent Gerber, Choron et 
Fayolle, M. Ch.-Ferd. Becker et le Lexique 
universel de musique, publié par Schilling, 
mais à Pistoie, comme il nous rapprend lui- 
même dans un de ses articles du Giornale 
Enciclopedico de Bologne. C'est aussi par lui 
<|iic nous savons qu'il apprit à Bologne et à 
Milan la composition sous la direction de Perli 
•et de Fioroni. En 1755, il s'éloigna de l'Italie 
pour aller à Pétersbourg avec quelques chan- 
teurs. Chargé d'écrire la musique de plusieurs 
ballets, il y réussit de manière à inspirer 
•quelque confiance dans son talent, et l'impéra- 
trice le choisit pour enseigner le clavecin au 
grand-duc Paul I er , dont il dirigea ensuite la 
musique. Quelques opéras qu'il composa sur 
•des poèmes de Métastase, entre autres VOlim- 
piade, le mirent en réputation à la cour de 
Russie. Il écrivit aussi, pour son élève le grand- 
<lnc, six sonates de clavecin, qui furent vive- 
ment critiquées dans le journal intitulé : 
amusements littéraires, de Hambourg ; mais 
l'impératrice consola Manfredini de cet échec 
«n iui accordant une somme de mille roubles 
lorsqu'il lui présenta un exemplaire de son 
ouvrage. L'arrivée de Galuppi à Pétersbourg, 
<l sa nomination de premier maître de cha- 
pelle de la cour impériale, ruinèrent les espé- 
rances do Manfredini ; car il n'était pas en 
état de lutter avec un pareil athlète. Après 
Avoir repris pendant deux ou trois ans son 
premier emploi de compositeur de ballets, il 
quitta Pétersbourg, en 1769, et alla se fixer à 
Bologne, où les sommes qu'il avait amassées 
eu Russie lui procurèrent une existence indé- 
pendante. Renonçant dès lors à la composition, 
il se livra à l'élude de la didactique et se fit 
écrivain sur la musique. Son premier ouvrage 
<Ie littérature musicale parut sous ce litre : 
Regole armoniche,o sieno precetti ragionali 
per apprender i principj délia musica, il 
portamento dcl basso sopra gli stromenti 



da tasti, corne Vorgano , il cembalo, etc. ; 
Venise, 1775, soixante-dix-sept pages in-4* 
avec des planches. Ce livre est divisé en quatre 
parties : la première contient un exposé des 
éléments de la musique; la seconde traite des 
accords, de leur origine, de leurs renverse- 
ments, et renferme une méthode simple et 
facile d'accompagnement; dans la troisième, 
on trouve les principes abrégés de l'art du 
chant avec des exemples; enfin, la quatrième 
traite des éléments du coutrepoinl, et renferme 
dans le dernier chapitre des réfutations de 
quelques principes de Rameau, de d'AIcmhert 
et de Tarlini concernant la base fondamentale 
des accords naturels delà gamme, ainsi qu'une 
discussion de l'opinion du P. Martini sur la 
nécessité de prendre le plain-chant pour base 
de l'élude du contrepoint. Rameau et Tarlini 
avaient cessé de vivre quand parut l'ouvrage 
de Manfredini, et le P. Martini, bien que vi- 
vant encore, dédaigna de lui répondre; mais 
il n'en fut pas de même de Mancini, dont il 
avait attaqué les Réflexions pratiques sur le 
chant figuré (voyez Mancini), car celui-ci 
riposta avec la supériorité d'un maître con- 
sommé, dans la deuxième édition de son livre 
publiée à Milan, en 1777. Près de vingt ans 
après, Mancini revint sur ce sujet dans sa 
Lettera...diretla aWillust.Sig. Conte N.N., 
et Manfredini répliqua avec humeur dans une 
deuxième édition de ses Regole armoniche, etc. , 
considérablement augmentée; Venise, 1707, 
in -8°. Dans cette nouvelle édition de son livre 
il annonçait la prochaine publication d'un 
autre ouvrage intitulé : Saggio di Musica ; 
mais il ne l'a point fait paraître. Manfredini 
était, en 1785, un des rédacteurs du Giornale 
Enciclopedico de Bologne; il y rendit compte, 
dans le numéro du mois d'avril, des deux pre- 
miers volumes du livre d'Arteaga (voyez ce 
nom), intitulé : le Rivoluzioni del teatro mu* 
sicale italiano, et attaqua d'une manière assez 
dure quelques opinions contenues dans cet 
ouvrage, notamment la préférence que l'au- 
teur y donne à la musique ancienne sur la nou- 
velle ; enfin il y émit cette proposition au moins 
singulière de la part d'un homme dont l'édu- 
cation musicale avait élé faite dans une bonne 
école d'Italie : Que dirons-nous, si M. Arteaga 
semble être précisément du nombre de ces 
vieux déprédateurs, en louant avec excès 
les ouvrages de Carissimi et de Paleslrina 
de préférence aux plus modernes, qui sont 
cent fois meilleurs et plus parfaits (1)? Ar- 

(I) Cosa diremo noi, se il Signor Arloagn sombra esser 
oppuiito nel uunicro di quci luli vccclii $|irvxzjloii 



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4:8 



MANFRED1NI — MANGOLD 



teaga répondit avec énergie à son critique dans 
des observations placées à la fin du troisième 
volume de son ouvrage (p. 285-301). Ces ob- 
servations, dont la dialectique était pressante, 
donnèrent naissance à un nouvel ouvrage de 
Manfredini, intitulé : Diftta délia musica 
moderna e de' suoi eelebri esecutori; Bologne, 
C. Trenti, 1788, in-8*. On n'a imprimé des 
compositions de ce musicien que six airs et un 
duo de VOlimpiade, avec deux violons, viole, 
basse et deux cors, i Nuremberg, en 1765, et 
six sonates de clavecin, à Pélersbourg, en 
1766. On croit que Manfredini est mort avant 
1800, mais je n'ai pas de renseignements po- 
sitifs a cet égard. 

ItfANFROCE (Nicolas), compositeur, né 
à Pal ma, dans la Calabre citérieure, en 1701, 
montra, dès son enfance, les plus heureuses 
dispositions pour la musique. Devenu élève de 
Tritto, il acheva ses éludes dans le collège 
royal de musique à Naples. Plus tard, il reçut 
aussi, à Rome, quelques conseils deZingarelli. 
A peine âgé de quinze ans, il commença à com- 
poser et montra dans ses ouvrages un génie qui 
aurait pu peut-être lutter avec celui de Ros- 
sini; mais il mourut à Naples, en 1813, à l'âge 
de vingt et un ans et quelques mois. En 1810, 
U donna, à Rome, Jlzira, son premier opéra, 
qui fut reçu avec enthousiasme. Cet ouvrage 
fut suivi d'Armida, grande cantate en deux 
parties, exécutée au théâtre Saint-Charles, à 
Naples, dePiramo e Tisbe, opéra sérieux, dont 
l'ouverture fut considérée comme la plus belle 
qu'on eût écrite en Italie avant Rossini, et de 
la Nascila d'Mcide, grande cantate exécutée 
à Saint-Charles pour l'anniversaire de la nais- 
sance de Napoléon, en 1813. La suavité et 
l'expression de la mélodie de ces ouvrages, la 
force et l'originalité de l'harmonie, la nou- 
veauté de l'instrumentation, tout présageait 
un talent de premier ordre, que la mort est 
venue arrêter dans son développement. L'air 
No, che non pud difenderlo, de Manfroce, a 
i:ii un succès de vogue. On citait aussi, en 
1813, de ce jeune et brillant artiste, deux 
messes à quatre voix et orchestre; des vêpres 
idem; une messe à huit parties réelles et deux 
orchestres; un Miserere à trois chœurs; six 
symphonies pour l'orchestre, dogt une du 
plus grand efTet, intitulée : VArmonica ; des 
airs, des duos, et beaucoup d'autres morceaux 
détachés. La partition oVAlzira, réduite pour 
le piano, a été publiée à Milan, chez Ricordi. 

lodando egli moltissino U opère del Carissimi, del 
Palcslrina, cre, a prelerenxo dMle più moderne, ckc 
sono cento voile migiiori e più pcrfcite ? 



MANGEAN (...), violoniste français d'un 
mérite distingué, était, en 1750, attaché an 
concert spirituel de Paris. Il mourut dans 
cette ville en 1756. On a gravé de sa composi- 
tion deux livres de duos pour deux violons, un 
œuvre de solos pour le même instrument, cl 
deux trios pour deux violons et basse. 

MAIN GIN (...), d'abord professeur de mu- 
sique à Orléans, se fixa ensuite à Nancy, et s'y 
livra à l'enseignement. 11 a publié : Éléments 
de musique, précédés d'une dissertation sur 
cet art, avec des planches contenant tous les 
signes; Nancy, Hancr, 1837, in -8° de quatre- 
vingts pages et six planches. 

MANGO (l'abbé Vihcwt), né à Païenne, 
en 1741, d'une famille noble et ancienne, fut, 
suivant l'abbé Bertini (Dizion. stor. criticol 
degli scrittori di Musica, t. IV, supplem. 
p. 36), doué du génie d'invention, et posséda 
une rare instruction dans les sciences et dans 
les lettres. Les défauts de son oreille ne lui 
avaient permis ni de chanter, ni de jouer de 
quelque instrument; néanmoins, parla seule 
force de son intelligence, il acquit une parfaite 
connaissancedes systèmes de musique anciens 
et modernes, et entreprit la réforme de la 
science de cet art. Les ouvrages qu'il a écrits 
sur celte matière sont restés en manuscrit; 
ils pourraient former environ deux forts vo- 
lumes in-8°. Si l'on en croit l'abbé Bertini, 
bien que dégagés de tout échafaudage de cal- 
culs, ils offrent des principes et des règles in- 
variables tirés de la nature même des choses, 
et exposés avec autanl de clarté que d'élé- 
gance et de concision. Voici la liste qu'il donne 
de ces ouvrages : 1° Elementi délia moderna 
musica conforme aile correzzioni fatte aile 
sue parti artificiali. 3° Discorso sopra t ca- 
ratteri délia musica. 3° Progetto délie noie 
novelle délia musica. 4° Discorso sopra la 
reforma délie note volgari délia musica. 
5° Sopra la moderna musica e suo tempera- 
mento. 6° Origine storica del canto fermo 
ecclesiastico diatonico. 7° Origine délia wm- 
sica lealrale diatonico cromatica. 8° Ori- 
gine storica dei volgari caratteri délia 
musica. 

MANGOLD (Hesm) , pianiste et com- 
positeur, a vécu à Brunswick, vers 1815, 
puis s'est fixé à Halberstadt. On a publié de 
sa composition : 1° Six sonates pour piano 
seul, op. 1 ; Brunswick, Spehr. 3° Six sonates 
faciles idem, op. 3 : ibid. 3° Six pièces à 
quatre mains, op. 5; Spire. 4*» Six marches 
pour le piano, op. 15; Halberstadt, Voglcr. 
1 5° Dix-huit variations sur un air allemand, 



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MANGOLD 



4*9 



op. 10; ibid. 6* La Fiancée et l'Organiste, 
cantate, avec accompagnement de piano, 
ibid. 7° Dix valses et deux bacchanales, op. 5; 
Brunswick, Spehr. 8° Dix-huit écossaises pour 
le piano, op. 4;t'otd. 

MANGOLD, famille d'artistes attachée 
au service de la cour de Darmsladt, a eu pour 
chef Jean-Henri Mangold , né en 1680 à 
Umstadt, petite ville de la liesse, dans la pro- 
vince de Starkenbourg. Il y fut musicien de 
ville, et mourut en 1775. 

MANGOLD (Jeak-Wilhelm), son fils, na- 
quit, en 1736, à Umstadt. En 1764, il se rendit 
a Darmsladt. Le grand-duc de Hesse-Darm- 
stadt l'admit dans sa chapelle, en 1781 , comme 
violoniste et professeur de divers instruments. 
Il mourut à Darmstadl, en 1806, laissant cinq 
fils qui, tous, furent attachés au service de la 
cour, et qui sont indiqués dans les notices 
suivantes. 

MANGOLD (Georges), fils aîné du précé- 
dent, né à Darmsladt, le 7 février 1767, apprit 
dans sa jeunesse à jouer du violon, et devint 
plus lard élève de Schick, maître de concert de 
la cour de Mayence. Il acquit un talent remar- 
quable sur son instrument; il se distinguait 
particulièrement par son exécution délicate 
daus les quatuors. Appelé à la position de 
maître de concert de la cour de Darmsladt, il 
fut fait chevalier de Tordre de Louis en 1816, 
et dans l'année suivante, il oblint la place de 
directeur de musique de la chapelle ducale. Il 
mourut à Darmsladt, le 18 février 1835. 

MANGOLD (Auguste Damiel), deuxième 
fils de Jean-Wilhelm, naquit à Darmsladt, le 
25 juillet 1775. Son premier instrument fut la 
clarinette; plus lard, il l'abandonna pour le 
violoncelle. En 1708, il entra dans la musique 
particulière d'un amateur opulent d'Offen- 
bach, nommé Bernard, et fut ensuite chargé 
de la diriger. De là, il passa à l'orchestre du 
théâtre de Francfort, où il se trouvait dans les 
premières années du dix-neuvième siècle. En 
1805, il entreprit avec son neveu, Wilhelm 
Mangold (voyez ce nom), un voyage en Aile- 
magne et en Hollande : partout il fil admirer 
son exécution sur le violoncelle. En 1814, il 
entra dans la chapelle de la cour de Darmsladt; 
il mourut, en 1842, avec le litre de maître de 
concert de cette chapelle. 

MANGOLD (Louis), deuxième frère de 
George», né à Darmsladt, en 1777, fui simple 
violoniste de la chambre du prince, et mourut 
4ii 1820. Son fils, Georges-Charles , né à 
Darmstadl, en 1812, fut élève de llummel 
pour le piano, et s'esl fixé à Londres, comme 



professeur de son instrument, pour lequel il a 
publié quelques -compositions. 

MANGOLD (Paul) né à Darmsladt, en 
1780, était le quatrième fils de Jean-Wilhelm. 
Il se distingua par son talent sur le basson et 
joua aussi fort bien de l'alto. Après avoir été 
quelque temps attaché à la musique d'un régi- 
ment français, il entra dans la chapelle ducale 
de Darmstadl, en 1808. Il y était encore lors- 
qu'il mourut en 1851 , à l'âge soixante et onze 
ans. 

MANGOLD (Cbarlbs-Fbédéiuc), le plus 
jeune des fils de Jean-Wilhelm, naquit à 
Darmstadl, en 1784. Il a été considéré comme 
un des bons cornistes de l'Allemagne. Après 
avoir servi avec son frère Paul dans la mu- 
sique d'un régiment français, depuis 1801 
jusqu'en 1808, il entra dans la cliapelle ducale 
de Hesse-Darmstadt. En 1840, il fut mis à la 
retraite avec une pension. Son fils, Louis 
Mangold, né en 1813, est aujourd'hui membre 
de la chapelle de la cour. 

MANGOLD (Wilhelm), maître de cha- 
pelle du grand-duc de Hesse-Darmstadt, et fils 
atné de Georges, naquit à Darmsladt, le 
19 novembre 1700. Les premières leçons de 
violon lui furent données par son père : Rink 
et l'abbé Vopler lui enseignèrent l'harmonie. 
En 1816, ii se rendit à Paris pour y continuer 
ses éludes musicales à l'école royale de musi- 
que. Il y reçut des leçons de contrepoint de 
Cherubini, et Rodolphe Kreutzer fut son maître 
de violon. Après trois années de séjour dans 
cette ville, il retourna à Darmsladt en 1810. 
Admis d'abord comme simple membre de la 
musique de la cour, il y obtint ensuite la po- 
sition de maître de concert. Vers le même 
temps, il voyagea en Allemagne et en Hol- 
lande avec son oncle Auguste-Daniel, et oblint 
dans ses concerts des succès comme violoniste 
et comme compositeur. En 1825, il reçut 
l'ordre de Louis. Wilhelm Mangold remplit 
ses fonctions jusqu'au 1 er janvier 1858, épo- 
que où il fut pensionné. Parmi les composi- 
tions de cet artiste, on remarque : 1° Mérope, 
opéra sérieux, et le Comte Ory, tous deux 
inédits. 2° Cxcilia, cantate à quatre voix, 
avec accompagnement de piano; Mayence, 
Scholt. 3° Plusieurs cantates pour le service 
de la cour. 4° Quelques symphonies. 5° La 
musique du drame intitulé Zxoei beiden Ga- 
leeren-sklaven (les deux Galériens). 6° Thème 
varié pour violon et orchestre, op. 4; OflTen- 
bach, André. 7° Idem avec quatuor (en si 
bémol), op. 2; ibid, 8° Idem, (en ré), op. 3 ; 
ibid. 0° Pot-pourri pour violon cl violoncelle; 



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430 



MANGOLD — MANN 



Mayence, Scholt. 10° Douze pièces pour quatre 
cors; Offenbacb, André. 11 A Trois polonaises 
pour piano et violon, op. 8; Mayence, Scbott. 
12° Trois quatuors pour deux violons, alto et 
basse, op. 5; Offenbach, André. 13* Trois 
sonates faciles pour le piano, op. 7 ; Mayence, 
Schott. 14° Un quintette pour des instruments 
a vent. 15° Des canzonettes à voix seule, avec 
piano. 10° Des chants maçonniques à plusieurs 
voix. Deux fils de cet artiste, Paul, né en 1855, 
cl Georges, né en 1836, se sont fixés dans 
l'Amérique du Nord, et s'y livrent à l'ensei- 
gnement. 

MANGOLD (Ciiarles-Aïand), composi- 
teur, frère du précédent, est né à Darmstadl, 
le 8 octobre 1815. Son père lui donna les pre- 
mières leçons de violon, de piano, de chant et 
d'harmonie. A l'âge de dix-huit ans, il fut 
aclnû? dans la chapelle du grand- duc, au 
nombre. des violonistes. En 1854, il fit un 
voyage à Londres en compagnie de son frère 
aîné, qui y était engagé pour diriger l'or- 
chestre de l'opéra allemand qu'on venait d'y 
établir. En 1850, Charles-Amand Mangold se 
rendit h Paris pour y continuer ses éludes 
musicales. Admis au Conservatoire, il y reçut 
des leçons de Bordogni pour le chant et de 
Berlon pour la composition. M. Sausay, 
gendre et élève de Baillot, se chargea de per- 
fectionner son talent de violoniste. Pendant 
son séjour à Paris, il fut associé de Mainzer 
{voyez ce nom) pour les cours de musique et 
de chant populaire que celui-ci y avait fondés : 
il écrivit pour ces écoles plusieurs morceaux 
de chant d'ensemble. De retour à Darmstadt à 
la fin de 1859, il obtint, en 1841, la place de 
co-répélileur du théâtre de la cour, et dans 
les années suivantes, il fut chargé de la direc- 
tion musicale de la société de chant d'hommes 
connue sous le nom de Sxngerkranz, et de la. 
société de dames appelée Cxcilia. Enfin, en 
1848, Mangold obtint la place de chef d'or- 
chestre de la musique de la cour (Hofmusik 
Director). Le grand-duc de Hcsse-Darmstadl 
l'a décoré, en 1858, de la grande médaille 
d'or pour Varl et la science. Parmi les ou- 
vrages connus de cet artiste, on remarque : 
1° Das KaehUrmœdchen (la Fille du charbon- 
nier), opéra représenté à Darmstadl, en 1845. 
2° Der Tannhœuser, opéra sérieux, sur le 
même sujet que le drame de Richard Wagner 
(voyez ce nom); cet ouvrage fut représenté à 
Darmstadl, en 1846. 5° Die flermannschlacht 
(laBalailled'Hcrmann),en 1848, dans la même 
ville. 4° La musique du drame Dornrœschen 
(l'Épine des roses). 5° Symphonie canlaie in- 



titulée Elysium. 6° Ouverture en ut, couronnée 
dans un concours à Manheim. 7° Des Mxd- 
chensklage (la Plainte de la jeune fille), scène 
pour mezzo soprano, chœur et orchestre. 
8° Jeanne d'Arc, air de concert composé 
pour le prince de Hechingen. 0° Beaucoup de 
Lieder détachés ou en recueils, pour voix seule 
avec accompagnement de piano. 10° Douze 
chants pour quatre voix, op. 22, etc. 

MANGON (Richard), organiste du collège 
de Tubinge, naquit i Aix-la-Chapelle vers 
1580. On connaît de sa composition Canticum 
canticorum Salomonis, 4-8 vocibus, Franc- 
fort, 1609, in-4*. 

MANGONE (Jean-Baptiste), surnommé 
il Piccino (le Petit), né à Pavie, dans la se- 
conde moitié du seizième siècle, vécut dans 
cette ville, où il exerçait les professions d'avo- 
cat, de maître de chant et d'organiste. Il s'est 
Tait connaître par un livre devenu rarissime, 
lequel porte ce titre singulier : Ghirlanda 
musicale del Sig. GioBattista Mangone, 
detto il piccino, in cui si scorge Veccellenza 
délia musica, fondamento de W art i libérait, 
et un finto sonno nel capitolo sisto, co'se- 
guenti. Al Sereniss. Signor, il signor Ha- 
nuccio Farnese Duca di Parma et Pia- 
cenza, etc. Appresso pot si vede un discorso, 
si deW ufflcio del sopr' intendente di musica, 
çuanto deW esercizio de concertati canton , 
all'Hlustriss. et eccellentiss. Sig. don Ot- 
tavio Farnese. Opéra nuova, ma dot ta. di- 
lettevole, vaga et utile a ciascuno, et in 
particolar al musico e cantore. In Pavia . 
appresso Giovanni Negri, 1615, co» licenza 
di superiorij in -4°. 

MANGONO (Jean- Astoixe), compositeur, 
né à Caravaggio (Lombardie), dans la seconde 
moitié du seizième siècle, fut organiste de 
Sainte-Marie-Majeure, à Bergame. Il a public 
de sa composition : Sacra cantica siue mo- 
tecta Deiparae Firginis quatuor vocibus 
concinnenda a Jo. Antonio Mangono Cara- 
vagiensi, organ. in Ecclesid S. Mar. Maj. 
Bergam. édita. Fenetiis, ap. Jacob. Fin- 
centium, 1617, in-4°. 

MANN (Matri as-Georges), né en 1720 ou 
1721, dans la ba«se Autriche, fut enfant de 
chœur à Klosler-Neubourg , et y reçut son 
éducation musicale et littéraire. Il fut ensuite 
organiste de l'église Saint-Charles à Vienne, 
et mourut dans celle position en 1751, à l'âge 
de trente ans. Il jouait bien du violon, de 
l'orgue, et composait pour l'église de la mu- 
sique d'un bon style qui est restée en manu- 
scrit, ainsi que ses quatuors et trios pour des 



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MANN — MANRY 



43! 



instruments^ cordes. Didacticien instruit, il 
a formé de bons élèves, à la télé desquels se 
place Albrcchtsberger (voyez ce nom). 

MANN (Frédéric-Théodore), prédicateur 
à Berlin et amateur de musique au commen- 
cement de ce siècle, y vivait encore en 1850. 
Outre ses ouvrages de théologie, on lui doit la 
rédaction d'un almanach de musique intitulé: 
Musicalisches Taschen-Buch auf das Jahr 
1805, herausgegeben von.... mit Musik von 
TFilhelm Schneider. 2* Jahr gang. Pcnig, 
1805, in-12. La première année de cet alma- 
nach, publiée en 1803, avait été rédigée par 
les frères Jules et Adolphe Werden. 

M ANNA (Gexxaro ou Jauvier), composi- 
teur distingué, né à Naples en 1731, reçut son 
éducation musicale au Conservatoire de Lo- 
reto. En 1747, il écrivit son premier opéra 
pour le théâtre de Ferrare: le titre de cet ou- 
vrage est maintenant ignoré. L'année sui- 
vante, il donna dans la même ville Jdriano 
placato. En 1750, il. alla à Turin composer 
Bumene, et en 1751 il donna à Venise Didone 
abbandonata, de Métastase. On connaît aussi 
de lui : Siroe, Venise, 1755 ; Achille in Sciro, 
Milan, 1755, et Ternis toc le, Plaisance, 1761. 
Après la mort de Durante, Manna fut chargé 
temporairement, en 1756, d'instruire les élèves 
du Conservatoire de Loreto. Plus tard, un 
concours ayant été ouvert pour la nomination 
définitive du maître de celte école, il ne se 
présenta pas de concurrent pour disputer la 
place à Manna; elle lui fut donnée en partage 
avec un maître peu connu, nommé Ignace 
Gallo, suivant les Mémoires des compositeurs 
napolitains, par le marquis de Villarosa; 
mais il y a là quelque erreur, car Gallo, élève 
d'Alexandre Scarlatli, était alors âgé d'environ 
soixante-dix ans, et fut attaché au Conservatoire 
de la Pietà de' Turchini. La nouvelle position 
de Manna ne l'empêcha pas de parcourir en- 
core l'Italie et d'écrire pour les théâtres de 
plusieurs grandes villes. De retour à Naples 
vers 1764, il cessa d'écrire pour la scène, et 
composa beaucoup de musique d'église qu'on 
exécutait encore dans les couvents et dans les 
paroisses de cette ville en 1790. Il Trionfo 
di Maria Vergine assunta in Cielo, orato- 
rio, passe pour un des meilleurs ouvrages de 
ce compositeur. Manna est mort à Naples en 
1788. 

MANNA (Gaétaïi), neveu du précédent, 
naquit à Naples vers 1745, et fil son éducation 
musicale au Conservatoire de Loreto, où il 
reçut des leçons de son oncle pour le chant et 
pour la composition. Attaché comme maître à 



plusieurs églises, il a écrit pour leur usage 
onze messes solennelles, neuf Di xit, un Credo, 
trois Benedictus, le psaume Confitebor. un 
Magnificat, un Lauda Sion, un Te Deum et 
vingt- ci qq motets. Toute celte musique est 
restée en manuscrit. 

JIIANNI (Dominique-Marie), imprimeur, 
grammairien et antiquaire, naquit à Florence 
le 8 avril 1690, et mourut dans la même ville, 
presque centenaire, le 30 novembre 1788. 
Parmi les nombreux ouvrages de ce savant, 
on trouve celui qui a pour litre : Délia 
disciplina del canto ecclesiastico antico ra- 
gionamento, Florence, Stecchi, 1756, in-8\ 
On trouve quelques renseignements sur les 
essais faits à Florence des premiers opéras 
ians le livre du même auteur intitulé : De 
Florentinis inventis commentarius ; Fer- 
rare, 1751. 

HANNSTEIN (He^ri-Ferdirard), ama- 
teur de musique à Dresde, a publié, en alle- 
mand et en français, une méthode de chant 
intitulée : Système de la grande méthode de 
chant de Bernacchi de Bologne, avec des vo- 
calises classiques jusqu'à présent inédites de 
maîtres de chant formés dans la même école; 
Dresde et Leipsick, Arnold, 1855, in-fol. 
L'auteur de ce livre nous apprend qu'il est 
élève de M. Jean Micksch, chanteur de la 
chapelle royale de Dresde. Cet ouvrage a été 
suivi de ceux dont voici les titrés : 1° Die So- 
genannte Praktik der Klassischen Gesang : 
ein Handbuch fiir Komponisten, Gesang - 
lehrer, Sxnger, Canto ren und aile Kenner 
und ForliererderKunst (les Règles pratiques 
du chant classique; manuel pour les composi- 
teurs, professeurs de chant, chanteurs, can- 
tors, etc.); Dresde et Leipsick, Arnold, 1859. 
2° Follstxndiges Ferzeichniss aller Compo- 
sitionen der Kurfurstl. Sxchs. Kapellmeis- 
ters Naumann, etc. (Catalogue général de 
toutes les compositions de Naumann, maître 
de chapelle de la cour électorale de Saxe, etc.)*, 
Dresde, Arnold, 1841. 3° Geschichte, Geist 
und Ausùbung des Gesanges Fon Gregor 
dem Grossen bis auf unsere Zeit (Histoire, 
esprit et pratique du chant depuis Grégoire 
le Grand jusqu'à notre époque); Leipsick, 
Teubner, 1845. M. Mannstein a fourni des ar- 
ticles sur divers sujets à la Gazette générale 
de musique de leipsick. 

MANOIll (Guillaume DU). Foyez DU- 
MANOIR. 

AIAN11Y (CnARLES-CASiam), compositeur, 
né à Paris le 8 février 1823, est fils du docteur 
J. Manry, médecin de l'hôpital Saint-Louis et 



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432 



MANRY — MANTIN 



membre de l'Académie de médecine. Destiné 
au barreau, M. Charles Manry fréquenta 
l'école de droit et passa sa thèse d'avocat; 
mais, indépendant par sa position de fortune, 
il prit la résolution de s'abandonner à son 
penchant pour la musique et de se livrer à 
l'étude de la composition. Après avoir reçu 
pendant plusieurs années de M. Elwart (voyez 
ce nom) des leçons d'harmonie et de contre- 
point, il 6t exécuter à l'église Saint-Jacques 
du Haut-Pas, le 1 er novembre 1844, sa pre- 
mière messe à trois voix, avec accompagne- 
ment d'orgue. Depuis celte époque il s'est fait 
connaître par un grand nombre d'ouvrages de 
musique religieuse exécutés dans les églises 
de Paris, et par des compositions instrumen- 
tales. Ses productions les plus importantes 
•ont : 1° La messe à trois voix citée ci-dessus. 
2° Messe à quatre voix d'hommes, sans accom- 
pagnement, exécutée à l'église Saint-Philippe- 
du-Roule, le jour de Pâques 1852. 5° Messe à 
trois voix avec accompagnement d'orgue et 
d'instruments à cordes, exécutée dans la même 
église le jour de Noël 1855, et à Saint-Thomas 
d'Àquinle jour de l'Ascension 1856. 4° Messe à 
grand orchestre avec solos et chœurs, exécutée 
àrégliseSaint-Rochlel er mail860,etàSainl- 
Euslache le 25 décembre de la même année. 
5° Deuxième messe à trois voix (soprano, ténor 
et basse), avec accompagnement d'orgue. 
6° Te Deum à quatre voix seules et chœur. 
7° Huit motels à trois voix avec orgue ou seu- 
les. 8° Plusieurs O Salutaris, Ave Maria , 
Salve Regina } et Regina Cœli pour différentes 
voix avec accompagnement d'orgue. 9° Sym- 
phonie pour l'orchestre , en mi bémol. 
10° Trois quatuors pour deux violons, alto et 
basse. 11° Trio pour violon, alto et violon- 
celle. 12° Sérénade pour orchestre. 13° La 
Sorcière des eaux, ouverture pour l'orchestre. 
14° Grand duo pour piano et violon, en trois 
pat-lies. lS° Les Nachtex, oratorio. 10° Les 
Disciples d'EmmaUs, mystère à trois voix, 
chœur et orchestre. 17° Les deux Espagnols, 
opéra bouffe représenté au théâtre des Néo- 
thermes, àParis, le 19 décembre 1854, etc., etc. 

MANSUY (Claude-Charles), professeur 
«te musique à Amsterdam, dans la deuxième 
moitié du dix-huitième siècle, s'esl fait con- 
naître par la compositiou d'un opéra-comique 
en deux actes intitulé : Jérôme et Suzette. 
Cet ouvrage a été représenté au théâtre 
d'Amsterdam, en 1785. 

AIA.NSUY (Fiuicçois-Charles), (Ils du pré- 
cédent, né i Amsterdam le 18 février 1785, 
eut pour maître de musique et de piano son 



père, jusqu'à l'âge de quinze ans; puis il s'est 
livré, sous sa propre direction, a des études 
sérieuses, particulièrement à celle des fugues 
de J.-S. Bach qu'il jouait d'un mouvement 
excessivement rapide, et qui lui ont fait ac- 
quérir une très-grande habileté. Après avoir 
voyagé avec succès en Allemagne, où il a 
fait imprimer quelques-unes de ses composi- 
tions, il a parcouru la France en donnant des 
concerts. Tour à tour il s'esl livré à l'ensei- 
gnement du piano à Lille, i Lyon, à Bor- 
deaux, à Nantes, où il s'est marié, et dans 
plusieurs autres villes. En dernier lieu, il est 
retourné à Lyon, s'y est enfin fixé, et y est 
mort dans les premiers jours du mois d'octo- 
bre 1847, laissant deux filles qui se sont livrées 
à la culture de la musique. Il a publié de sa 
composition : 1° Premier concerto pour piano 
et orchestre ; Paris, Ph. Petit. 2° Grand quin- 
tetto pour piano, violon, alto, cor et violon- 
celle; Paris, Pacini. 3° Pastorale en trio pour 
piano, violon et violoncelle ; ibid. 4 e Grand 
duo pour piano et violon, op. 18 ; ibid. 5° Duo 
brillant idem, op. 20 ; ibid. 6° Duo pour piano 
et clarinette, op. 23 ; Paris, Schœnenberger. 
7° Nocturne pour piano et cor ; ibid. 8° So- 
nate pour piano et violon; Paris, Chanel. 
9° Trois grandes sonates pour piano seul, 
op. 6; Paris, Leduc. 10° Grande sonate idem 
(en fa mineur), op. 11; Bonn, Simrock. 
11° Sonate idem, op. 28; Paris, Erara. 
12° Grande sonate idem, Paris, Janet. 13° Des 
fantaisies, rondeaux, études, pots-pourris, 
fugues et canons, environ vingt œuvres ; 
Paris, Pacini, Pleyel, Troupenas, Schlesinger, 
Petit, etc. 14° Environ dix œuvres d'airs 
variés, ibid. Mansuy a laissé en manuscrit un 
concerto pour piano, un quinlelto pour deux 
violons, deux altos et violoncelle, une sym- 
phonie à grand orchestre, une ouverture 
idem, et un opéra représenté au théâtre de 
Nantes. 

MARTIN (C), professeur à l'école gra- 
tuite du plain-chant, à Orléans, est auteur 
d'un bon livre qui a pour titre : Traité de 
Psalmodie, ou exposé des règles qui la con- 
cernent; Orléans, Niel, 1846, un volume gr. 
in-8* de cent quarante-huit pages. La matière, 
aujourd'hui peu connue, de la psalmodie est 
bien traitée dans cet ouvrage. M. Hantin a 
publié aussi une Nouvelle méthode de plain- 
chant; Orléans, Pelisson, 1835, in-12, dont 
il a paru une seconde édition, augmentée 
d'un Essai en faveur du plain-chant contre 
ses détracteurs, et de notions sur l'histoire 
cl la théorie de ce chant ; Orléans, 1840, in-8 a . 



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UANT1US — MARA 



433 



MAUTIUS (Édouabd), premier ténor du 
théâtre royal de Berlin, né à Schwerin, le 
18 janvier 1808, alla suivre un cours de droit 
à l'université de Halle, après avoir achevé 
ses humanité. Jusqu'à l'époque de son séjour 
dans celte ville, il ne s'était occupé de la mu- 
sique que comme d'un amusement; mais la 
beauté de sa voix l'ayant fait rechercher dans 
plusieurs sociétés de chant, il se livra à l'étude 
de cet art dans l'académie dirigée par Naue. 
Admis à se faire entendre dans la grande fête 
musicale des bords de l'Elbe, à Halle, il y fit 
une si vive sensation, que Spontini, Schnei- 
der, et d'autres artistes célèbres, qui assis- 
taient à cette solennité, le pressèrent pour 
qu'il abandonnât le droit, afin de se livrer à 
la carrière du théâtre. Il ne s'y décida qu'avec 
peine, mais enfin il débuta à Berlin, en 1839, 
dans le rôle deTamino de la Flûte enchantée, 
et le public l'accueillit avec faveur. L'air 
Dièse Biîdniss décida le succès du jeune chan- 
teur. Mantius a brillé sur les principaux 
théâtres de l'Allemagne du Nord et à Vienne, 
quoique sa taille fût si petite qu'elle pût à 
peine être considérée comme suffisante à la 
scène. On a publié de sa composition des Lie- 
der à voix seule, avec accompagnement de 
piano. 

MANUCE (Alde), le jeune, fils aîné de 
Paul Manuce, célèbre imprimeur, naquit à 
Venise le 15 février 1547. Son enfance fut re- 
marquable par des dispositions prématurées, 
qu'il ne justifia point par la suite. Nommé, 
en 1576, professeur de belles-lettres aux écoles 
de la chancellerie de sa ville natale, et secré- 
taire du sénat, en 1584, il quitta ces emplois 
pour la chaire d'éloquence qu'il alla remplir 
en 1585. De là, il se rendit à Pise en 1587, et 
ensuite à Rome, où Clément VIII lui confia 
la direction de l'imprimerie du Vatican. Il est 
mort d'one suite de débauche, le 38 octobre 
1597. On a de ce savant une épltre sur les 
flûtes des anciens, adressée à Barthélemi 
Capra, et imprimé à Venise, en 1570, sous le 
titre de Epistolade tibiit veterum. Gruter l'a 
placée dans son recueil, tom. IV, pag. 351, 
G ravi us dans son Thesaur. Antiq. Roman., 
t. IV, p. 1310, et Ugolini, dans son Thesaur. 
Antiq. Sacr., tom. XXXII, p. 861. Cet ou- 
vrage n'apprend rien sur cette matière, qui 
reste encore à traiter. 

1KANUSARDI (Cesam), professeur de 
musique de l'institution des aveugles à Milan, 
a fait jouer dans cette ville les opéras intitulés : 
\° L' Ammalata ed il Consulte (la Malade et le 
Médecin), en 1857. 3* Il Birrichino di Pariai 

BIOGR. UftIV. DES M0S1CIEM. V. V. 



(le petit Sergent de Paris), en 18*41 j et Un 
sogno di primavera (un Rêve du printemps), 
en 1847. Je n'ai pas d'autres renseignements 
sur cet artiste. 

MANZA (Ci arles), compositeur drama- 
tique, né à Brescia dans la seconde moitié du 
dix-septième siècle, s'est fait connaître par les 
opéras P aride in Ida, représenté en 1706, 
et Alessandro in Susa, 1708. 

MAWZI (Guillaume), né à Civila-Vecchia 
vers 1784, mort à Rome en 1831 , fut bibliothé- 
caire de la Barberina : il a publié un ouvrage 
intitulé : Discorso sopra gli spettacoli, le fette 
ed il lusso degV Jtaliani nel secolo XIV y 
connote ed illustrazioni ; Rome, Mordachini, 
1818, in-8°. On y trouve d'intéressantes no- 
lices relatives à la ^isique. 

MANZINI (Paul), auteur inconnu d'un 
pamphet intitulé : A IV autore delV Osserva- 
zioni in lingua francese sopra la musica e 
la danza in llalia; Venise, Carlo Palese, 
1775. L'ouvrage dont il s'agit a pour litre : 
Remarques sur la musique et la danse. Let- 
tres de M. G. à Milord Pembroke; Venise, 
Charles Palese,1775,in-13de cent trente pages. 

1KANZUOLI (Jean), chanteur distingué 
de l'ancienne école italienne, naquit à Flo- 
rence vers 1730. Il était déjà célèbre en Italie 
lorsqu'il se rendit en 1745 à Londres, où son 
talent fit une profonde sensation. En 1755, 
Farinelli l'appela en Espagne pour chanter au 
théâtre de Madrid, avec tin traitement consi- 
dérable. En 1705, il était à Vienne; mais peu 
de temps après, il se relira à Florence, sa pa- 
trie, avec le titre de chanteur de la cour du 
grand-duc de Toscane. Burney l'entendit dans 
cette dernière ville, en 1770 ; il chantait alors 
dans les églises et n'avait rien perdu de son 
goût et de l'expression de son chant. Au nom- 
bre de ses élèves, on cite l'excellente canta- 
trice Céleste Collellini. 

MARA (Cajetah), moine augustin, naquit 
à Teutschbrod, en Bohême, le 4 septembre 
1719. Après avoir achevé son cours de 
philosophie, il entra dans son ordre et y fit 
profession en 1759. Excellent organiste et 
musicien instruit dans la composition, il fut 
chargé pendant treize ans de la direction du 
chœur de l'église des Augustins, puis il remplit 
les mêmes fonctions pendant dix- neuf an- 
nées à l'église Saint-Wencelas, de Prague. 
Admirateur du mérite des anciens maîtres des 
écoles italiennes et allemandes, il passa la 
plus grande partie de sa vie à mettre leurs 
ouvrages en partition : on assure qu'il a fait 
ce travail pour environ trois csnls messes. On 



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434 



MARA 



connaît aussi plusieurs oeuvres de sa composi- 
tion, entre autres des pièces d'orgue. Frappé 
d'une atteinte d'apoplexie en 1788, il languit 
quelque temps et mourut deux ans après à 
J)eutschbrod. 

MAUA (I en a ce), violoncelliste, frère du 
précédent, naquit à Deutschbrod vers 1721. 
Une belle qualité de son et beaucoup d'expres- 
sion étaient les caractères principaux de son 
talent dans sa jeunesse. En 1742, il alla de- 
meurer à Berlin, s'y maria, et quelques années 
après fut admis dans la musique de la cham- 
bre du roi de Prusse, Frédéric II. Il mourut 
à Berlin en 1783, après avoir rempli ses fonc- 
tions de musicien du roi pendant trente -cinq 
ans. Il a laissé en manuscrit des concertos, 
des solos et des duos pouq^s violoncelle. 

MAttA (Jean), fils d'Ignace, habile vio- 
loncelliste comme lui, naquit à Berlin en 1744. 
Son père lui donna des leçons et lui fit faire de 
rapides progrès. Lorsque son talent fut formé, 
4-1 entra dans la musique particulière du prince 
Henri de Prusse, et alla demeurer habituelle- 
ment au château de Rheinsbcrg. Le prince 
l'employa aussi comme acteur dans les opéras 
qu'on jouait sur son théâtre, et il montra 
quelque talent à la scène. Malheureusement, 
il était hautain, querelleur, débauché; plus 
tard, il joignit l'ivrognerie à ces vices. En 
1775, il épousa la cantatrice Gerlrude-Élisa- 
beth Schmaehling, qui, depuis lors, acquit une 
grande céjébrilé, sous le nom de Madame 
M ara. Les appointements considérables dont 
elle jouissait à la cour de Prusse fournirent à 
son mari les moyens de pourvoir à ses dé- 
penses, et la conduite de celui-ci devint chaque 
jour plus mauvaise. Pour se soustraire au des- 
potisme du roi, qui traitait les artistes de sa 
musique comme ses soldats, un projet de fuite 
fut concerté entre les époux; mais ils furent 
arrêtés avant d'avoir passé la frontière, et le vio- 
loncelliste Ait transformé en tambour et placé 
dans une forteresse. Les larmes de M n,c Mara 
ne purent fléchir le roi, et ce ne fut que 
par l'abandon d'une partie de son traitement 
qu'elle obtint la mise en liberté de son mari. 
Cependant les débauches de Mara et ses folles 
dépenses finirent par fatiguer l'amour de sa 
femme; elle se sépara de lui ; mais elle conti- 
nua de lui envoyer de temps en temps des 
sommes considérables qu'il dissipait prompte- 
ment. Il tomba enfin dans l'abrutissement, 
dans, la misère, et perdit son talent. Vers 
1799, il vivait dans une triste situation aux 
environs de Berlin. En 1801, il visita Sonde rs- 
hausen et s'y fit entendre à Gerber qui lui 



trouva encore de l'expression dans V adagio, 
et qui ne remarqua point en lui les habitudes 
d'ivresse où il était enclin. Peu de temps après, 
Mara se rendit en Hollande où il s'abandonna 
sans réserve à son penchant à l'intempérance. 
Bans les derniers temps de sa vie, il ne sortait 
pas des plus misérables cabarets, occupé à 
jouer des danses pour les paysans, afin de se 
procurer les moyens de boire. Enfin il mourut 
à Schiedam, près de Rotterdam, en 1808, à 
l'âge de soixante-quatre ans. Le grand cata- 
logue de Breitkopf et Hsertel (1826) indique 
en manuscrit sous le nom de Mara : 1° Deux 
concertos pour violoncelle et orchestre. 
2° Douze solos pour violoncelle avec accom- 
pagnement de basse. 3° Un duo pour violon- 
celle et violon. 4° Une sonate pour violoncelle 
et basse. 

MAUA ( M me Gebtrude-Élisabetr) , née 
SCHH EHLING, fut une des plus célè- 
bres cantatrices de la fin du dix-huitième 
siècle. Elle naquit à Cassel le 25 février 1749. 
Sa mère mourut peu de temps après sa nais- 
sance, et son père, pauvre musicien de ville, 
n'ayant pas le moyen de lui faire donner des 
soins pendant qu'il vaquait à ses travaux hors 
de chez lui, l'attachait dans un fauteuil et la 
laissait dans une solitude complète. L'enfant, 
ainsi privée de soins et de mouvement, tomba 
dans le rachitisme. Schmœhling s'occupait 
quelquefois à raccommoder de vieux instru- 
ments ; sa fille, alors âgée de quatre ans, par- 
vint à atteindre un violon dont elle fit réson- 
ner les cordes. Elle était encore livrée au 
plaisir que lui procurait cet exercice lorsque 
le père rentra chez lui : il lui infligea un châ- 
timent, lui défendant de toucher â aucun in- 
strument à l'avenir. Mais la tentation était 
trop vive pour la pauvre petite : elle eut soin 
seulement de tromper la vigilance de son 
père. Cependant il la surprit encore un jour, 
et son étonnement fut extrême lorsqu'il enten- 
dit cet enfant qui, sans maître, avait appris à 
jouer la gamme avec justesse. Dès lors il se 
mit à lui donner des 'leçons, et bientôt elle 
parvint à jouer avec lui des duos. Ce prodige 
fit du bruit, et plusieurs personnes demandè- 
rent à entendre la petite Gertrude; mais quoi- 
qu'elle fût dans sa cinquième année, elle ne 
pouvait se soutenir sur ses jambes, et son père 
était obligé de la porter dans tous les lieux 
où elle était appelée. Quelques amateurs, 
touchés du sort de cet enfant, lui donnèrent 
des secours, et l'un d'eux, appelé par ses 
affaires à la foire de Francfort, y conduisit le 
père et la fille, ils s'y firent entendre dans 



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MARA 



435 



plusieurs sociétés, et l'élonnemenr que la 
petite Schmtthling y excita engagea des per- 
sonnes aisées et charitables à ouvrir une sous- 
cription dont le produit permit de lui donner 
une meilleure éducation physique et morale. 
Sa santé s'améliora, et lorsqu'elle eut atteint 
sa neuvième année, son père entreprit avec elle 
le voyage de Vienne. Ils y donnèrent des con- 
certs. L'ambassadeur d'Angleterre, charmé 
par l'habileté précoce de la petite Schmœhling, 
donna à son père le conseil de la conduire à 
Londres, où elle pourrait gagner beaucoup 
d'argent. Le pauvre musicien de Gassel, séduit 
par la perspective d'une meilleure fortune, 
partit avec des lettres de recommanda- 
tion de cet ambassadeur, et n'eut pas lieu 
de se repentir d'avoir suivi ses conseils. Ac- 
cueillie par les grands, protégée même par la 
reine, la jeune fille n'éprouva d'autre désa- 
grément que d'être obligée de renoncer à 
un instrument que les dames anglaises trou- 
vaient indigne d'une femme. Elfe possédait 
déjà une voix sonore : quoiqu'elle n'eût point 
appris à la diriger par l'art, elle obtint beau- 
coup d'applaudissements dans les morceaux 
qu'elle chanta d'instinct. Des secours furent 
accordés à son père pour qu'il lui donnât un 
bon maître. Elle fut confiée aux soins du 
chanteur Paradisi, et reçut quelque temps ses 
leçons. Il lui fit faire de bons exercices sur la 
gamme pour développer son organe, et ses 
progrès furent rapides; mais on s'aperçut 
bientôt de la nécessité de la soustraire aux 
penchants vicieux de ce castrat. L'inléréi 
qu'elle avait excité dans les premiers temps 
s'affaiblit insensiblement, et son père comprit 
qu'il ne pouvait mieux faire que de retourner 
à Cassel. Il avait espéré placer sa fille à la 
cour, mais le prince ne voulait entendre que 
des chanteurs italiens. Le public montrait pour 
elle de la bienveillance; mais il n'en résul- 
tait rien d'avantageux pour son existence, 
dans une ville ruinée par la guerre de sept 
ans. Ces circonstances décidèrent Schmsbliog 
à prier Hiller de recevoir sa fille dans l'école 
de chant qu'il venait d'ouvrir à Leipsick. Elle 
y entra en 1706 et y passa cinq années entiè- 
res. Lorsqu'elle en sortH, en 1771, elle était 
aussi remarquable par l'étendue et la beauté 
de sa voix, que par sa profonde connaissance 
de la musique et sa brillante vocalisation. 
Considéré dans son ensemble, son talent était 
certainement le plus complet qu'eût |tossédé jus- 
qu'alors une cantatrice allemande. Hiller avait 
d'ailleurs orné sa mémoire des plus beaux airs 
-de liasse, Graun, Benda, Jomelli, Pergolèsc, 



Porpora et Sacchini. Hasse était particulière- 
ment son maître de prédilection, à cause de la 
facilité que tout chanteur trouvait dans l'exé- 
cution de sa musique. Sa voix s'étendait, avec 
une égale sonorité, depuis le sol grave jus- 
qu'au mt suraigu. 

L'essai qu'elle fit de son talent dans le rôle 
principal d'un opéra de Hasse, au théâtre de la 
cour de Dresde, fut heureux. On en parla, et 
la réputation de mademoiselle Schmœhllng 
commença à s'étendre. A cette époque, le roi 
de Prusse, Frédéric II, ayant perdu quelques 
dents, avait cessé déjouer de la flûte. Son goût 
poilr la musique s'en était attiédi, et il accor- 
dait moins de protection aux musiciens. Les 
personnes qui approchaient ce monarque pen- 
sèrent que s'il était possible de ranimer son 
penchant pour cet art, sa morosité habituelle 
sedissiperait; elles lui proposèrent d'entendre 
la jeune cantatrice de Gassel ; mais il accueillit 
fort mal celte proposition, disant qu'il aimait 
autant entendre hennir son cheval que chanter 
une Allemande. On obtint pourtant qu'il la fit 
venir à Potsdam et qu'il lui entendit chanter 
quelques airs de ses compositeurs favoris. Elle 
choisit pour le premier morceau un air de 
Graun que le roi aimait : il parut frappé du 
mérite de la cantatrice et demanda si elle chan- 
tait aussi à première vue. Sur sa réponse affir- 
mative, il alla chercher un autre air de Graun, 
fort difficile, et dont il avait seul le manuscrit : 
elle le chanta sans faute, et le roi avoua qu'elle 
possédait un beau talent. Plusieurs fois rap- 
pelée à Potsdam dans les semaines suivantes, 
elle reçut enfin la proposition d'entrer au 
service de la cour avec un traitement de trois 
mille écus de Prusse (1 1 ,950 francs) pour toute 
sa vie: ce qui fut accepté avec joie. II y avait 
alors à la cour de Frédéric deux très-habiles 
chanteurs italiens (Concialini et Porporino), 
qui devinrent les modèles de la nouvelle can- 
tatrice pour l'adagio, et qui achevèrent de 
perfectionner son goût et le fini de son exé- 
cution. 

Son existence était assurée, sa position ho- 
norable et son talent distingué. Plusieurs 
artistes, séduits par tant d'avantages, essayè- 
rent de lui plaire ; mais elle montra pour tous 
beaucoup d'indifférence jusqu'à ce que le vio- 
loncelliste Mara se fût présenté à ses yeux : il 
triompha de sa froideur et la décida à l'épouser. 
En vain lui représenla-1-on les défauts de cet 
homme, son inconduite, ses débauches; rien 
ne put ébranler sa résolution. Deux fois le roi 
refusa son consentement; mais elle revenait 
toujours à la charge;, il finit par l'accorder. 

2à. 



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436 



MARA 



Elle ne tarda pourtant point à acquérir la 
preuve que ses amis ne Pavaient pas trompée; 
fatiguée de voir dissiper toutes ses ressources 
par son mari, qui se perdait lui-même dans 
d'affreux désordres , elle finit par se séparer 
de lui ; mais elle continua de lui fournir des 
secours. 

Cependant sa renommée grandissait chaque 
jour : il lui vint des offres secrètes d'nn enga- 
gement a Londres pour quelques concerts, 
moyennant 2,500 livres sterling (63,500 fr.) ; 
mais elle n'osa demander un congé, qui lui 
aurait été refusé. Après une couche malheu- 
reuse, les médecins lui conseillèrent l'usage 
fies eaux thermales de la Bohême; madame 
Mara demanda la permission de s'y rendre; 
mais le roi répondit que les nains de Freien- 
wald étaient aussi bons. Peu de temps après, 
elle rappela qu'une clause de son contrat lui 
concédait le droit de faire un voyage en Italie. 
Soit, dit Frédéric; mats elle ira seule, son 
mari doit rester en Prusse. Insensiblement 
elle s'irrita contre ce despotisme et résolut de 
se faire donner son congé, par la négligence 
de son service. Une occasion se présenta bien- 
tôt de mettre son projet à exécution. Le czaro- 
wi u, depuis Paul 1 er , était venu passer quelques 
jours à Berlin, où des fêtes brillantes lui furent 
données. Un opéra où madame Mara devait 
remplir le rôle principal fût indiqué pour 
certain jour; elle feignit d'être malade. Le roi 
lui fit dire le matin qu'elle eût à se bien porter 
et à chanter comme elle pouvait le faire; mais 
elle resta couchée. Deux heures avant le spec- 
tacle, une voiture escortée de huit dragons 
s'arrêta a sa porte, et un capitaine entra dans 
sa chambre en lui déclarant qu'il avait ordre 
de la mener au théâtre, morte ou vive. — 
« Mais vous voyez que je suis au lit! — 
S'il n'y a que cette difficulté (dit le militaire 
habituée ne point connaître d'obstacles contre 
les ordres qu'il avait reçus) , je vous prends 
avec le lit. » Il fallut obéir. Baignée de lar- 
mes, elle se laissa conduire au magasin du 
théâtre et habiller, bien résolue de chanter 
sans âme, sans goût , et de manière à faire 
repentir le roi de ses violences. Tout alla de 
cette façon pendant le premier acte ; mais en- 
suite il lui vint dans l'esprit qu'elle ne devait 
pas laisser une fâcheuse opinion de son talent 
au grand-duc de Russie, et dans un air bril- 
lant, elle déploya toutes les ressources de son 
habileté, particulièrement dans un trille 
qu'elle soutint au delà de tout ce qui parais- 
sait possible, le ballant avec une agilité mer- 
veilleuse, et modifiant la puissance de sa voix 



depuis le son le plus faible jusqu'au plus in- 
tense, puis le diminuant par degrés. Ravi de 
ce qu'il entendait, le prince se jeta presque 
hors de sa loge, et applaudit avec transport. 
Ce fut à la suite de cette circonstance que, 
fatiguée du despotisme qui pesait sur elle, 
madame Mara résolut de s'en affranchir parla 
fuite : on peut voir dans l'article précédent 
quelles furent les suites de cette démarche, 
qui rendit sa situation plus triste pendant plu- 
sieurs années. Enfin, elle parvint à se rendre 
secrètement à Dresde, où l'ambassadeur de 
Prusse la retint jusqu'à ce qu'il eût reçu des 
instructions de sa cour. Frédéric II, dont le 
goût pour la musique s'affaiblissait chaque 
jour davantage, envoya le congé de la canta- 
trice et ne voulut plus entendre prononcer 
son nom. Devenue libre, madame Mara re- 
trouva sa gaieté, sa santé altérée par le cha- 
grin, et résolut de visiter l'Allemagne et la 
France. En 1780, elle arriva à Vienne avec 
son mari. L'empereur Joseph II avait fait 
venir alors dans cette ville un opéra bouffe 
italien dont la cantatrice Slorace était la prima 
donna; il n'aimait que ce genre de musique, 
qui n'avait point d'analogie avec le caractère 
de talent de la Mara : celle-ci fut donc ac- 
cueillie froidement par le monarque; mais 
l'impératrice Marie-Thérèse, bien que fort 
âgée et vivant dans la retraite, prit à elle un 
intérêt bienveillant, et lui donna une lettre 
pour sa fille, Marie-Antoinette, reine de 
France. Madame Mara se fit entendre dans 
plusieurs grandes villes de l'Allemagne, de la 
Hollande et de la Belgique : elle arriva à Paris 
en 1789. Madame Todi (voyez ce nom), can- 
tatrice italienne de beaucoup de mérite, s'y 
trouvait alors, et passait, dans l'opinion de 
beaucoup d'amateurs et d'artistes, pour la plus 
habile de son temps. Après avoir chanté à 
Versailles devant la reine, qui l'accueillit avec 
bonté, madame Mara se fit entendre au Con- 
cert spirituel dans un air de Naumaon (Tu 
m'entends), où elle excita autant d'étonne- 
ment que d'admiration. On lui trouva deux 
qualités dont la réunion est rare : une bril- 
lante exécution dans le chant de bravoure, et 
beaucoup d'expression dans l'adagiq. Après 
le premier essai du talent de la cantatrice 
allemande, il se forma deux partis parmi les 
amateurs : on les distingua sous les noms de 
Maratistes et de Todistes. Suivant l'habitude 
des Français, il fut débité des quolibets, des 
bons mots et des calembours à cette occasion. 
On rapporte celui-ci : Dans un concert où elles 
chantaient toutes deux, un amateur deman- 



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MARA 



437 



ttait à son voisin quelle était la meilleure : — 
C'est Mara, répondit celui-ci. — C'est bien 
Todi (bientôt dit), reprit un troisième interlo- 
cuteur. 

Après avoir passé près de deux années à 
Paris, madame Mara partit pour Londres où 
l'attendaient de plus grands succès encore. 
Elle y arriva en 1784, au moment du festival 
en commémoration de Haendel. Les adminis- 
trateurs de cette solennité lui confièrent les 
solos de la première partie de soprano, et le 
talent qu'elle y déploya prouva qu'elle était 
digne de cet honneur. Elle-même acquit la 
conviction , dans cette importante circon- 
stance, que l'oratorio était le genre de musi- 
que où ses facultés se déployaient avec le plus 
d'avantages. A la scène, elle manqua toujours 
de grâce; elle était gauche, embarrassée dans 
l'action dramatique ; mais le genre sévère et 
large de l'oratorio convenait à sa profonde 
connaissance de la musique et à sa puissante 
exécution. Ses succès eurent tant d'éclat en 
Angleterre, que dans l'espace de quinze, jours 
elle gagna 70 mille francs. Elle chantait quel- 
quefois cinq ou six morceaux dans une seule 
soirée, et le prix qu'elle avait fixé était de cin- 
quante guinées pour un seul air. L'avantage 
de parler la langue anglaise, qu'elle avait ap- 
prise à Londres dans sa jeunesse, lui permet- 
tait de bien chanter la musique de Haendel 
et de Purcell, qui excitait alors des transports 
d'admiration dans toutes les classes de la so- 
ciété. Il n'y eut bientôt plus de concert, plus 
de solennité musicale possible sans madame 
Mara : elle devint l'idole de la nation anglaise. 
Après quatre années de séjour dans la Grande- 
Bretagne, elle partit pour l'Italie et chanta au 
théâtre royal de Turin pendant le carnaval, 
en 1788. Quoiqu'elle n'y brillât pas comme 
actrice, elle y obtint des succès par la beauté 
de son chant. L'année suivante, elle eut un 
véritable triomphe à Venise. De retour à Lon- 
dres en 1790, elle y chanta pendant la saison; 
puis elle alla remplir un engagement pour le 
carnaval, à Venise. En 1702, elle retourna de 
nouveau à Londres, et cette fois son séjour en 
Angleterre fut de près de dix ans. Vers 1801, 
elle sentit un affaiblissement assez remarqua- 
ble dans son organe -, elle était alors âgée de 
cinquante-deux ans. L'année suivante, elle 
qui lia Londres, pour retourner sur le conti- 
nent. Avant son départ, le public lui donna un 
témoignage de l'intérêt qu'il prenait à sa per- 
sonne par l'empressement qu'il mit à se rendre 
;. -son dernier concert : la recelte fut de près 
de vingt-sept mille francs. Arrivée à Paris, 



elle désira s'y faire entendre, et son ancienne 
réputation lui fil offrir avec empressement la 
salle de l'Opéra pour son concert. Je l'en tenais 
alors; sa manière de dire le récitatif était belle, 
mais dans les traits qui exigent de la force, sa 
voix était impuissante. Elle fit peu d'effet. 
Madame Grassini, qu'on avait entendue peu 
de temps auparavant, et qui était dans l'éclat 
de son talent, fit faire des comparaisons qui 
n'étaient point à l'avantage de madame Mara. 
Celle-ci prit alors sa route par l'Allemagne et 
donna des concerts à Francfort, àWeimar, 
à Leipsick, à Berlin, et à Vienne. En 1804, elle 
alla en Russie, chanta d'abord à Pélersbourg, 
puis se fixa à Moscou, où elle acheta une 
maison. 

Madame Mara, dont l'esprit était borné et 
l'organisation passionnée, avait toujours été 
à la merci des hommes qu'elle avait aimés, et 
s'était laissé dépouiller par eux de tout ce 
qu'elle avait gagné par son talent. Longtemps 
son mari avait dissipé les sommes considéra- 
bles qu'elle lui abandonnait avec une généro- 
sité mal entendue. Plus tard, elle eut pour 
amant un flûtiste italien nommé Florio 
{voyez ce nom), quoiqu'elle eût déjà plus de 
cinquante ans, et le même désordre continua 
de régner dans ses affaires. Effrayée par l'ap- 
proche de la vieillesse et par la perte de sa 
voix, elle aperçut trop tard la fâcheuse situa- 
tion où l'avaient placée ses folles prodigalités. 
Alors, pour la première fois, des idées d'éco- 
nomie lui vinrent. Pendant six ans, elle 
donna des leçons de chant à Moscou et parvint 
à réunir une somme assez considérable, dont 
elle plaça le capital chez un négociant, après 
avoir acheté sa maison : faible ressource en 
comparaison des sommes énormes qu'elle 
avait autrefois gagnées et dissipées ! Un sort 
fatal voulut qu'elle perdit encore cette der- 
nière planche de salut : car l'incendie de 
Moscou, en 1812, détruisit sa propriété et 
ruina le négociant dépositaire de son argent. 
Déjà âgée de près de soixante-quatre ans, elle 
dut chercher encore des moyens d'existence 
dans ce qui lui restait de savoir et d'expé- 
rience; mais elle montra de la résignation dans 
celte adversité, et se mit à voyager dans la 
Livonie, où elle reçut un bon accueil : elle se 
fixa enfin dans la petite ville de Revel, passant 
une partie de chaque année dans des châteaux 
à instruire dans l'art du chant déjeunes f.lles 
nobles. Après quatre ans de ce genre de vie, 
elle eut la singulière fantaisie de revoir Lon- 
dres, où elle espérait gagner encore quelque 
argent. Elle y arriva en 1810, et y donna un 



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488 



MARA - MARAZZOLI 



concert au théâtre du Roi : le produit fut 
avantageux ; mais le public, par respect pour 
le souvenir d'un grand talent, ne put que 
garder le silence. De retour en Livonie dans 
l'été de 1820, elle y reprit ses habitudes, el Tut 
entourée de soins par ses amis jusqu'à ses 
derniers jours. Elle a cessé de vivre à Revel, 
le 20 janvier 1835, à l'âge de quatre-vingt- 
quatre ans. Peu de temps avant sa mort, elle 
avait reçu de l'illustre Goethe un poème sur 
l'anniversaire de sa naissance, G.-C.'Gros- 
heira a publié à Cassel, en 1823, une biogra- 
phie de cette célèbre cantatrice, sous le titre 
de Dos Leben der Kiinstlerin Mata. On en 
doit une plus intéressante à Rochlitz, insérée 
dans le premier volume de son recueil fur 
Freunde der Tonkunst (p. 49-117). Je me 
suis servi de ces deux écrits pour les rensei- 
gnements de cette notice. Il y a plusieurs 
portraits de madame Mara ; le plus beau est 
celui qui a été gravé par Collyer, à Londres, 
en 1794. 

MARAIS (Maris), célèbre violiste, né à 
Paris, le 31 mars 1656, fut d'abord enfant de 
chœur à la Sainte-Chapelle du Palais, puis 
devint élève de Hotlemann, el en dernier lieu 
de Sainte-Colombe, pour la viole. Lully lui 
donna aussi quelques leçons de composition, 
particulièrement pour le style dramatique. En 
1685, il entra dans la musique de la chambre 
du roi, en qualité de viole solo et conserva 
cette place jusqu'en 1725. Il mourut à Paris, 
le 15 août 1728, dans sa soixante-treizième 
année. Marais avait eu dix-neuf enfants, dont 
la plupart cultivèrent la musique. Sa fille 
aînée avait épousé le compositeur Bernier. 
Trois de tes fils et une fille cultivèrent la viole 
avec succès. Le plus célèbre de ses fils fut Ro- 
land Marais, objet de l'article suivant. La 
basse de viole, cultivée en France avec succès 
par Ilotlemann, avait acquis de nouvelles 
ressources sous la main de Sainte-Colombe, 
Desmarels et du Buisson ; mais Marais alla 
plus loin que ces artistes dans l'art de jouer en 
harmonie sur ce bel instrument. II y ajouta 
la septième corde, qui n'était point en usage 
avant lui. On dit aussi qu'il fut le premier 
violiste qui fit filer en fil de laiton les trois 
grosses cordes del'inslrument pour leur don- 
ner plus de tension et conséquemment plus 
de sonorité sans en augmenter la grosseur, et 
sans leur donner trop d'élévation au-dessus de 
la touche. On a de lui cinq livres de pièces de 
viole, dont le cinquième a été gravé à Paris, 
en 1725; ces œuvres ont pour titre: 1° Pièces 
à um et deux violes, avec basse continue. 



liv. I er . 2° Pièces de viole avec basse conti- 
nue, liv. II, III, IV, V; Paris, sans date, 
in-4° obi. On connaît aussi sous son nom : 
Pièces en trios pour les flûtes, violons et 
dessus de viole; Paris, Ballard, 1692, in-4° 
ohl. Marais s'est fait connaître comme com- 
positeur dramatique par les opéras suivants : 
1° Mcide, tragédie lyrique, en société avec 
Louis de Lully, 1693. Cet ouvrage fut re- 
pris en 1705, 1716 el 1744. *» Ariane et 
Bacchus, 1696. 3° Mcione, tragédie lyrique, 
en 1706; repris en 1719, 1730 et 1741. 
4° Sémélé, en 1709. Les partitions de ces 
opéras ont été imprimées à Paris, chez Bal- 
lard, in-4° obi. Trois ou quatre ans avant sa 
mort, Marais se relira dans une maison qu'il 
avait achetée rue de l'Oursine, pour y cnltiver 
des fleurs. Il donnait cependant encore des 
leçons de viole deux ou trois fois chaque se- 
maine. 

MARAIS (Rolakb), fils du précédent, fat 
aussi un violiste distingué. En 1725, il obtint 
la place de violiste solo de la chambre du roi, 
en remplacement de son père, dont il avait 
eu la survivance pendant plusieurs années. 
Quantz l'entendit en 1726, et il en parle comme 
d'un artiste fort habile. Marais a publié une 
méthode de musique sous ce titre : Nouvelle 
méthode de musique, pour servir d'introduc- 
tion aux auteurs modernes; Paris, Chr. Bal- 
lard, 1711, in-4°. On a aussi de cet artiste : 
1° Premier livre de pièces de viole, avec la 
basse chiffrée en partition, dédié à Mgr le 
duc de Béthune Charost; Paris, l'auteur, 
1735, petit in-folio, gravé sur cuivre. 
2° Deuxième livre de pièces de viole, avec ta 
basse chiffrée en partition, dédié à Mgr le 
Dauphin; ibid., 1738. 

MARAZZOLI ou MARAZZUOLI 
(Marc), né à Parme, dans les premières années 
du dix-septième siècle, fut agrégé comme 
chapelain chantre de la chapelle pontificale, 
le 23 mai 1637. Virtuose remarquable sur la 
harpe, il fut aussi un des meilleurs composi- 
teurs d'oratorios et de cantate* de son temps. 
Il obtint un bénéfice à l'église Sainte-Marie- 
Majeure, et le pape Urbain VIII lui donna 
l'emploi de bussolante (1). Il lut aussi attaché 
à la musique de la reine Christine de Suède, 
qui avait voulu à tout prix le compter parmi les 
virtuoses de sa chambre. Gerber dit, dans son 
ancien Lexique îles musiciens, que Marazzoli 
abandonna la chapelle pontificale pour aller à 
Venise faire représenter un opéra; mais c'est 

(1} Directeur des cérémonies de I'égliie. 



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MARAZZOU — MARCA 



43» 



une erreur. La Borde, qui en a fait un Véni- 
tien, d'après la dramaturgie d'Allacci, a aussi 
fait une faute, car il est certain que Marazzoli 
était de Parme. Il mourut le 24 janvier 1663. 
Il avait laissé une fondation pour l'anniver- 
saire de sa mort, consistant en une messe 
cbanléc par les chapelains chantres de la 
chapelle pontificale, dans l'église de Saint- 
Grégoire {voyez Adami da Bolsena , Osserva- 
zioni per ben regolare il coro délia Capella 
pontificia, p. 155). Les titres des principaux 
ouvrage-s de ce musicien sont : 1° Amori di 
Giason* e d'Isifile; dramma, owero festa 
teatrale recitata nel teatro de' santi Gio. e 
Paolo di f'enezia, l'anno 1642. 2° L'Arme, 
e gli Amori; dramma musicale recitatopiù 
volte nel palazzo Barberini alla presenza 
délia regina di Suezzia. 5° Bel maie il bene; 
dramma musicale posto in musica dall'Ab- 
batini e dal Marazzoli, recitato cou l'occa- 
zione délie nozze de' signori il principe di 
Paleslrina e donna Olimpia Giustiniani, e 
di nuovo più volte alla presenza délia regina 
di Suezzia nello stesso palazzo. 4° La Fila 
umana, owero il Trionfo délia pietà; 
dramma musicale rappresentato , e dedicato 
alla serenissima regina di Suezzia nel pa- 
lazzo Barberini, parole di Giulio Rospi- 
gliosi (depuis Clément IX), musica del Ma- 
razzoli; Roma, Mascardi , 1658. Quelques 
cantates morales de ce musicien ont été insé- 
rées dans le recueil des Poésie morali poste 
in musica da Giuseppe Giamberti; Orvielo, 
1628. Beaucoup de ses oratorios sont dans les 
archives de Sa in le- Ma rie in Vallicella, à Rome. 
L'abbé Baini possédait aussi beaucoup de ma- 
drigaux, d'airs et de petites cantates dans des 
volumes qu'il avait acquis à la vente de la Bi- 
bliothèque de la maison Colonna.Tout cela est 
aujourd'hui à la Bibliothèque de la Congréga- 
tion de la Minerve, a Rome. 

M A UBAC II (Chrétien), magister et pas- 
teur à MerlschUtz, en Silésie,dans la première 
partie du dix-huitième siècle, est auteur d'un 
livre intitulé : Evangelische-Singe-Schule, 
darinnen diejenigen Dinge deuilich gelehrt 
und wiederhalt werden, etc. (Méthode de 
chant évangélique, dans laquelle on enseigne 
d'une manière claire les choses qui sont en 
général nécessaires et utiles à tout chrétien 
évangélique, pour l'édification et la propaga- 
tion de la dévotion du chant agréable à Dieu) ; 
Breslau et Leipsick, 1726, in-8° de deux cent 
seize pages. 

MAKBECK (Jean), bachelier en musique, 
et organiste de la chapelle Sainl-Gcorgcs à 



Windsor, naquit au commencement du sei- 
zième siècle. Il posséda des connaissances 
étendues dans la musique, et précéda Tye et 
Tallis, considérés à tort comme les plus an- 
ciens compositeurs de l'Église reformée d'An- 
gleterre. Vers 1544, il se forma "à Windsor 
des associations qui avaient pour but de favo- 
riser la réformation suivant la doctrine de 
Luther; Marbeck était un des chefs de cette 
association; l'évéque de Winchester, chargé 
d'une procuration du roi Henri VIII pour sé- 
vir contre ces rassemblements, le fit arrêter 
avec trois autres qui furent condamnés à être 
brûlés vifs, et exécutés le lendemain du juge- 
ment. Quant à Marbeck, les dispositions favo- 
rables de l'évéque en sa faveur le sauvèrent. 
On n'exigea pas même qu'il rétractât publi- 
quement ses opinions religieuses; il reprit ses 
fonctions d'organiste et les études de son art. 
Il vivait encore en 1576, et mémo vraisembla- 
blement en 1581, car on imprima dans cette 
dernière année plusieurs ouvrages de sa com- 
position. On a de Marbeck le plus ancien livre 
de chant simple qui ait été publié pour l'usage 
de l'Église anglicane. Ce livre a pour titre : 
The Boke ofeommon Praier, noted. Imprin- 
ted by Richard Grafton , printer to the 
Kinges Majesties, 1550. Il est d'une rareté 
excessive. Un exemplaire, médiocrement con- 
servé, a été vendu à Londres, en 1847, par 
M. Chapell, éditeur de musique et amateur 
d'antiquités musicales, pour la somme de 
dix-huit guinées (quatre cent soixante-douze 
francs). Le chant qu'on y trouve est peu diffé- 
rent de celui qui est encore en uf âge aujour- 
d'hui dans la liturgie anglicane. M. Robert 
Jones, organiste de la cathédrale d'Ely, a 
donné une édition nouvelle du livYe de Mar- 
beck, d'après un' exemplaire qui se trouve à la 
Bibliothèque de l'Université de Cambridge. 
L'éditeur a substitué la notation moderne à la 
vieille notation de l'original, et a publié l'ou- 
vrage sous ce titre : Marbeck's Book of 
common prayer for voices in unison, ar- 
rangea for modem use, with an ad- libi- 
tum Organ-Bass accompanimenl ; Londres, 
R. Cooks, 1847, un volume io-4°. Hawkins a 
inséré un hymne à trois voix de Marbeck (a 
Firgin and Mother) dans le troisième vo- 
lume de son Histoire générale de la musique 
(p. 246-249); c'est un morceau bien écrit. 
On trouve aussi un Te Deum de Marbeck dans 
le premier volume de la Musica antiqua de 
Smith, et une messe à cinq voix de cet artiste 
se trouve dans la musique du Muséum bri- 
tannique, sous le n° 226. 



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4*0 



MARCA - MARCELLO 



MARCA (Léowabd), carme déchaussé et 
facteur d'orgues à Nuremberg, dans la seconde 
moitié du quinzième siècle, fit, en 1479, des 
réparations au grand orgue de l'église Saint- 
Laurent de cette ville, et y ajouta un positif 
qui renfermait quatre cent cinquante-quatre 
tuyaux; mais on fit ensuite peu d'usage de cet 
instrument, et il fut remplacé, en 1525, par 
l'orgue de l'église des Dominicains. 

MARCELLO (BenoIt), noble vénitien, fils 
d'Augustin Marcello et de Paule Gappello, na- 
quit à Venise, le 24 juillet 1686, et reçut, 
ainsi que ses frères Alexandre et Jérôme, une 
éducation brillante et solide dans la maison de 
leur père, qui dirigea lui-même leurs études. 
La poésie et la musique occupèrent particu- 
lièrement tout le temps qu'il put dérober aux 
affaires publiques, où l'appelaient sa naissance 
et sa position sociale. Dans sa première jeu- 
nesse, il avait commencé l'étude du violon; 
mais les difficultés de mécanisme de cet in- 
strument le lui firent bientôt abandonner. Le 
chant et la composition avaient seuls du 
charme pour lui. Quoique Benoit Marcello an- 
nonçât du génie pour les arts, l'étude des 
règles lut paraissait pénible, et ce n'était 
qu'avec peine qu'on obtenait de lui qu'il 
s'y livrât. Cependant, son application à la 
musique était devenue si ardente, que son 
père, craignant les conséquences fâcheuses 
d'un travail immodéré, l'emmena à la cam- 
pagne, et le priva de tous les moyens de s'oc- 
cuper de son art favori. Mais le génie de Be- 
noit était éveillé ; trompant la vigilance de son 
père, il se procura du papier réglé, et écrivit 
une messe remplie de beautés. Convaincu alors 
que la contrainte serait inutile, Augustin Mar- 
cello laissa son fils se livrer à son goût. Peu 
de temps après il mourut, et Benoit retourna 
à Venise, où la culture des arts et les affaires 
publiques partagèrent son temps. Une société 
d'amateurs de musique s'était formée au Ca- 
sino de' Nobili; il y entra et y fit souvent 
exécuter ses ouvrages. C'est aussi à cette 
époque que, convaincu de la nécessité d'aug- 
menter son savoir dans l'art du contrepoint, 
il devint élève de Gasparini, alors maître du 
chœur des jeunes filles du Conservatoire de la 
Pietà. Il eut toujours beaucoup de déférence 
pour ce maître, et soumit la plupart de ses 
productions à son examen. Lui-même forma 
plusieurs élèves, au nombre desquelles on 
compte la célèbre cantatrice Fausline Bordoni, 
qui depuis fut la femme de liasse; cependant 
il est vraisemblable que cette virtuose n'en 
reçut que des conseils pour la partie drama- 



tique de son art, car son maître de ebant fut, 
comme on sait, Michel-Ange Gasparini. 

Nonobstant ses travaux importants dans la 
poésie, la littérature et la musique, Marcello 
ne négligea pas les devoirs de sa position so- 
ciale. Ainsi que la plupart des nobles véni- 
tiens, il se livra dans sa jeunesse à l'exercice 
de la profession d'avocat. A l'âge de vingt-cinq 
ans, il en prit l'habit, et jusqu'à trente, il 
remplit les fonctions de diverses magistratures. 
Plus tard, il fut pendant quatorze ans membre 
du conseil des quarante, et, en 1730, il alla 
comme provédileur à Pola. L'air insalubre de 
cette ville fut nuisible à sa santé : il y perdit 
toutes ses dents. De retour à Venise eu 17?8, 
il y resta peu de temps. A sa demande, le 
gouvernement l'envoya à Brescia, en qualité 
de camerlingue (trésorier). Le climat de cette 
ville est renommé par son excellence, mais il 
ne put rétablir la santé délabrée de Marcello. 
A peine celui-ci commençait-il à jouir des 
avantages de sa position, que la mort vint 
l'enlever aux arts et à sa patrie : il cessa de 
vivre à B rescia, le 24 juillet 1739, et fut in- 
humé avec pompe dans l'église de Sai nt- Jo- 
seph -des -F ranciscains. On plaça sur sa tombe 
l'inscription suivante : 

Bénédicte. Marcello 
Patririo. Veneto. 

Pientitiimo. 

Philologo. Poetee 

Musieee. ptineipi 

Qtuutori. Brixienti 

V. H. 

Anno MDCCXXXIX. VIII. Kal. Auç. 

Potuit 

Yixitûnn. LU, mens. XI, d. XXII !. 

Marcello fut membre de l'Académie phil- 
harmonique de Bologne, et de la Société des 
Jrcadi, sous le nom de Driante Sacreo. 

Dans sa jeunesse, il aimait le plaisir et re- 
cherchait la société des artistes, particulière- 
ment les femmes de théâtre, dont plusieurs 
surent toucher son cœur. Homme du monde, 
avide d'honneurs et de distinctions, il consa- 
crait à ses relations sociales tout le temps 
qu'il n'employait pas à la production de ses 
ouvrages. Un événement extraordinaire vint 
changer son humeur et ses habitudes, à l'âge 
de quarante-deux ans. Le 16 août 1726, il as- 
sistait, dans l'église des SS. Ayotoli, au ser- 
vice divin : tout â coup une pierre sépulcrale 
sur laquelle il se trouvait s'écroula sous ses 
pieds et l'entraîna jusqu'au fond de la tombe. 
Il ne se fit aucun mal ; mais il se persuada 
que cet accident était un avertissement du 
ciel; les sentiments religieux dans lesquels il 
avait été élevé se réveillèrent, et dès ce mo- 



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MARCFXLO 



441 



ment H 8e renferma dans la solitude, éloigna 
tous ses anciens amis, rompit avec ses habi- 
tudes de dissipation, et même, dit-on, perdit 
le goût passionné qu'il avait toujours eu pour 
la musique. Il est du moins certain qu'il ne 
s'en occupa plus que de loin en loin. Quel- 
ques prêtres devinrent sa société habituelle, 
et les œuvres des philosophes chrétiens furent 
désormais les objets de ses lectures et de ses 
méditations. La poésie remplaça la musique 
dans ses travaux d'imagination ; mais ce fut 
dans un but plus grave que ses autres Ira- 
vaux; car l'ouvrage dont il s'occupa fut un 
poème sur la Rédemption. Cependant une de 
se» plus belles productions musicales, sur un 
sujet religieux, dont il sera parlé plus loin, 
fut composée en 1755. 

Il avait épousé secrètement une belle fille, 
d'une condition obscure, qui avait été son 
élève ; mais il n'en eut point d'enfants. Un 
intérêt romanesque s'attache aux circon- 
stances qui la lui firent connaître. Bans les 
belles soirées de l'été, des gondoles remplies 
de jeunes filles parcouraient alors le grand 
canal, et de ces barques résonnaient des airs 
populaires chantés par dés voix fraîches et 
pures. L'une de ces voix frappa Marcello par 
ses accents angéliques. Il envoya ses domesti- 
ques à la recherche de la bnrqne d'où se faisait 
entendre cette voix incomparable, afin qu'ils 
la fissent approcher de son palais. Rosana 
Scalft était le nom de celle qui possédait cet 
organe enchanteur; la beauté de ses traits 
égalait la douceur de son chant : Marcello fut 
séduit par les yeux autant que par les oreilles. 
Rosana devint d'abord son élève : plus tard 
«lie fut sa femme. 

B. Marcello esta juste titre considéré comme 
un des plus beaux génies qui ont honoré non- 
seulement Venise, mais l'Italie. Il fut à la 
fois écrivain éloquent, poète distingué et 
compositeur d'un mérite remarquable. L'ou- 
vrage qui a particulièrement immortalisé son 
nom est la musique qu'il a composée sur une 
paraphrase en vers italiens de cinquante 
psaumes par Jérôme Ascagne Giustiniani. Les 
quatre premiers volumes de cette belle collec- 
tion parurent sous ce titre : Estro Poetico- 
Armonico. Parafrasi sopra i primi venti- 
cinque talmi. Poesia di Girolamo Ascanio 
Giustiniani, Musica di Benedetto Marcello 
de' patrizi Vencti-, in Venezia,appresso Do~ 
menieo Lovisa, 1724, io-fol. Les vingt-cinq 
derniers psaumes furent publiés par le même 
«•ditenr, en 1726 et 1727, sous le litre : E$tro 
Poetico- Jrmonico. Parafrasi sopra i sc- 



conâî venticinque Salmi , quatre volumes 
in-fol. Marcello a écrit ces psaumes pour une, 
deux, trois et quatre voix, avec une basse 
chiffrée pour l'accompagnement de l'orgue ou 
du clavecin, et quelques-uns avec violoncelle 
obligé ou deux violes. Un rare mérite d'ex- 
pression poétique, beaucoup d'originalité et 
de hardiesse dans les idées ; enfin, une singu- 
lière variété dans les moyens, sont les qualités 
qui non-seulement ont fait considérer ce grand 
ouvrage comme le chef-d'œuvre de son auteur, 
mais comme une des plus belles productions 
de l'art. Marcello a emprunté quelques-uns 
des thèmes de ses psaumes aux intonations des 
juifs d'Orient, d'Espagne ou d'Allemagne sur 
les mêmes psaumes, ou même à la psalmodie 
de l'Église latine; la manière dont il a traité 
ces motifs n'est pas un des moindres témoi- 
gnages de l'élévation de son talent. Quelques 
incorrections de style, quelques dissonances 
mal résolues, ne sont que de légères taches 
dans un si bel ouvrage, et c'est avec raison 
que cet œuvre jouit depuis plus d'un siècle de 
la réputation d'une des plus belles productions 
de la musique moderne. 

Toutefois, la vérité m'oblige à dire qu'on 
s'est en général trompé lorsqu'on a considéré 
Marcello comme l'inventeur de la plupart des 
formes dont il a fait usage dans la com- 
position de ses psaumes. Si les ouvrages de 
Lolti étaient plus connus, on y verrait que 
Marcello y a puisé la plupart de ces formes : il 
doit aussi beaucoup à Clari qui l'avait précédé 
par la publication de ses duos et trios, et dont 
le système de modulation se retrouve en beau- 
coup d'endroits dans les psaumes. Si je fais 
cette remarque, ce n'est pas assurément pour 
diminuer la considération attachée à l'œuvre 
de Marcello, dont je suis sincère admirateur, 
mais parce que je crois qu'il s'agit d'un fait 
important de l'histoire de la musique. Matttae- 
son, qui a parlé des psaumes de Marcello, 
dans sa Critica musica, n'en a pas compris 
d'abord le mérite ; mais après en avoir entendu 
une bonne exécution à Hambourg, son opinion 
devint plus favorable à cette originale compo- 
sition. Burney a montré beaucoup de légèreté 
dans l'appréciation de ce bel ouvrage^ Ge- 
neral history ofmusic, t. IV, p. 543). 

Avison, auteur d'un Essai sur l'expression 
musicale, a publié à Londres une belle édition 
des psaumes de Marcello avec une traduction 
anglaise; le dernier volume de cette collection 
a paru en 1750. Peu de temps -après, une nou- 
velle édition italienne fut donnée à Venise, 
par Dominique Pompeati. En 1805-1808, Sé- 



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4i2 



MARCELLO 



baslien Valle, imprimeur dans la même ville, 
en a publié une fort belle, en huit volumes 
grand in-folio, avec un portrait de Marcello 
gravé par Zuliani, la préface de la première 
édition, des lettres relatives à i 'ou y rage par 
Giustiniani, Marcello, Gasparini, etc., la vie 
de Marcello par Fr. Fontana, qui avait paru, 
en 1782, dans le neuvième volume des Vit» 
Jtalorum, etc., de Fabroni, et enfin le cata- 
logue des ouvrages de Marcello. En dernier 
lieu ces psaumes ont été réimprimés avec un 
accompagnement de piano arrangé par Fr. Mi- 
recki ; celle édition est intitulée : 50 Salmi di 
Davidde parafrasati da Giustiniani, a 2, 
ô e 4 voci, in partitura, con accompagna- 
menlo di piano- forte, etc.; Paris, Carli, quatre 
parties en douze livres gr. in«r4\ M. Caffl dit (1) 
que d'au 1res éditions avaient été projetées à 
Venise par le typographe Pielro Bellini, par 
le P. Anselme Marsand, et enfin par Pietro 
Tonassi, professeur de contrebasse; mais au- 
cune n'a paru. 

Les au lies ouvrages publiés par Marcello 
sont : 1° Concerti a cinque istromenti, opéra 
prima. In Yenezia, presso il Sala, 1701. 
3° Sonate di cembalo, op. 2«, ibid. 5° Sonate 
a cinque, eflauto solo col basso continuo; 
ibid., 1712. 4° Canzoni madrigalesche, ed 
Arie per caméra a due, a tre, a quattro voci, 
di Benedetlo Marcello, nobile Veneto, Aca- 
demico filarmonico ed Arcade, opéra quarta; 
Bologna, 1717, presso G. A. Silvani, très- 
grand in-4° obi. 5° Calisto in Orta, pasto- 
rale a cinque v"oci ad uso di scena ; in Yene- 
zia, per Domenico Lovisa, 1725, in-4°. Poésie 
et musique de Marcello. La musique n'a pas 
été imprimée. 6° La Fede riconosciuta. 
Drammà per musica rappresentato nel 
teatro di Piaiza di Vicenza; in Yicenza, 
1702. La même pièce a été reprise, en 1720, 
sous le* titre de la Comedia di Dorinda. La 
poésie et la musique étaient de Marcello ; la 
musique n'a point été publiée. 6 e (bis). 
Arumu, intreccio scenico musicale a cinque 
voci, poésie de Yincenzo Cassani, Yénitien. 
Le livret seul a été imprimé à Venise, sans 
date et sans nom de lieu, in-4°. La musique 
est restée en manuscrit. 7° Giuditta y oratorio 
per musica (poésie et musique de Marcello) ; 
in Yenezia, per Domenico Lovisa, 1710, in-8°. 
Burney possédait la musique de cet ouvrage, 
en manuscrit. 8° // Teatro alla moda, o sia 
metodo sicuro e facile par ben comporre, ed 
eseguire le opère italiane in musica, etc. (Le 

(1) Storia delta wutiea $nera nella già Cappella ducale 
di Sam Marco in Yenezia, lorac II, p. 208. 



théâtre à la mode, ou méthode certaine pour 
bien composer et exécuter les opéras italiens 
en musique, dans laquelle on donne des avis 
utiles et nécessaires aux pot'les, compositeurs 
de musique, musiciens de l'un et de l'autre 
seie, entrepreneurs, instrumentistes, machi- 
nistes, décorateurs, tailleurs, habilleurs, corn* 
parses, copistes, protecteurs et mères des 
actrices, et autres personnes attachées au 
théâtre). Slampato in Broglio di Belinsania 
per Aldiviva Ligante,alVinsegna delVOrso 
in Prata. Si vende nella strada del Corallo, 
alla porta del Palazzo d'Orlando; e si stam- 
perà og/i'anno con nuova aggiunta, in -8° 
(sans date). Cette ingénieuse satire en prose 
est imprimée sans nom d'auteur. Suivant le 
catalogue de tous les drames en musique im- 
primé à Venise, chez Antoine Gruppo, en 1745, 
cet opuscule aurait été imprimé en 1727 ; mais 
il est à peu près certain que la première édi- 
tion est antérieure à celle date, car Apostolo 
Zeno parle de l'ouvrage avec éloge dans une 
lettre au chevalier Antoine François Marmi, 
écrite de Vienne le 2 avril 1721. Il y a une 
autre édition sa us date, absolument semblable 
à celle dont le titre est rapporté ci-dessus, 
avec celte seule différence qu'après les mots : 
Si vende nella strada del Corallo alla porta 
del Palazzo, on lit ceux-ci : Corne pure in 
Milano da Francesco Agnelli. Le P. Martini, 
qui a dû avoir connaissance de l'époque pré- 
cise de la première publication, la fixe à 1720. 
J'ignore sur quels renseignements Gerber a 
dit dans son ancien Lexique des musiciens que 
l'opuscule de Marcello a été imprimé en 1722; 
peut-élre , en effet , esl-ce dans celle année 
que l'une des éditions sans date a été publiée, 
fflazzucbclli, dans une notice sur la vie et les 
ouvrais de Marcello,insérée au dixième volume 
des Memorie per servire alla Storia lette- 
raria (p. 157 et suiv.), cile une édition avec 
date imprimée en 1733 ; j'en possède une autre 
qui a pour titre : Il teatro alla moda, o sia 
metodo sicuro e facile, per ben comporre ed 
eseguire opère itaffane alVuso moderno, nel 
quale, etc. Stampatore, Borghi di Belisaniaz 
Venezia, 1738, in-8° de soixante -douze pages. 
Une nouvelle édition de ce spirituel opuscule 
a été publiée sous ce titre : // teatro di mu- 
sica alla moda; Florence, de l'imprimerie 
de G. Pialli, 1841, in-8° de cinquante et une 
pages. 

Forkel a cru qu'un autre opuscule de Mar- 
cello a été imprimé ; il est intitulé : Lettera 
familiare d'un Academico filarmonico ed 
Arcade, discorsiva sopraun librodiduetti, 



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MARCELLO 



44* 



terzetti e madrigali a più voci, stampato in 
Fenezia da Antonio Bartoli, 1705; mais ce 
petit ouvrage, critique amère d'un des plus 
beaux ouvrages de Lotti , est resté en manu- 
scrit. Burney en avait rapporté une copie faite 
à Venise et qui a été achetée trots shillings 
six pence à la vente de sa bibliothèque. Une 
faute d'impression de la notice de Fontana 
insérée dans les Fitx Jtalorum, etc., de Fa- 
broni (t. IX, p. 375) a causé Terreur de Forkclj 
au Heu de stampato in *Fenezia, qui se rap- 
porte au recueil de duos et de trios de Lolli, 
dont il s'agit dans cette lettre, on lit stam- 
pata } etc., qui semble indiquer que la lettre a 
été imprimée dans cette année. L'auteur du 
Dizionario di opère anonime epseudonime di 
Scrittori italiani indique le même ouvrage 
(t. II, p. 80) sous cet autre titre : Lêttera cri- 
tiea, ossiano osservazioni contro i Madri- 
gali posti in musica da Antonio Lotti ; 
Fenezia, al principio del secolo XF11I. 
M. Caffl a mis en doute, dans sa notice sur la 
vie et les œuvres de Benedetto Marcello, qu'il 
soit le véritable auteur de cette critique injuste 
et envieuse d'un excellent recueil de compo- 
sitions accueillies par le public et par les 
artistes avec applaudissement. Marcello, dit-il, 
ne s'en déclara jamais l'auteur; ce qui ne 
prouve rien, car il est assez ordinaire de 
nier les choses peu honorables. Un des meil- 
leurs arguments de M. Caffl consiste a établir 
que Marcello ne fut nommé de l'académie des 
Philharmoniques de Bologne qu'en 1712, 
c'est-à-dire sept ans environ après que les 
copies de la Leltera familiare se forent ré- 
pandues. Malheureusement le caractère natu- 
rellement satirique de Marcello, et le peu 
d'estime qu'il avait, en général, pour les œu- 
vres des compositeurs de son temps, donnent 
beaucoup de vraisemblance à l'opinion qui lui 
attribue cette diatribe. Marcello, comme plu- 
sieurs autres grands artistes, réservait toutes 
ses affections pour sa propre musique. Il ne 
faut pas oublier que le P. Fontana, qui fut le 
confesseur de Marcello, dit positivement, dans 
la notice de sa vie, qu'il écrivit en 1705 contre 
les madrigaux de Lotti. 

Outre les ouvrages cités précédemment, on 
a publié de Marcello des recueils de vers, de 
sonnets, des drames et des poèmes burlesques. 
Son poème d'opéra Arato in Spart a, a été 
mis en musique par Ruggieri, et représenté 
au théâtre de Sant'Angelo à Venise, en 1709. 

Marcello a laissé en manuscrit : 1° Teoria 
musicale ordinata alla modernaprattica. Si 
traita de'principi fondamentali del canto, 



e suonOj in particolare d'organo, di gravi- 
cembalo, e del compôrre. Opéra utilissima 
tanto agit studenti, quanto a*maestri per il 
buon metodo d*insegnare. Ce traité, écrit 
en 1707, lorsque l'auteur n'était âgé que 
de 91 ans, est divisé en trois parties : ta pre- 
mière est relative aux proportions ; la seconde, 
au système musical ; la troisième, aux conson- 
nances harmoniques. Les deux premières par- 
ties de cet ouvrage se sont égarées : la troisième 
seulement est à la Bibliothèque de Saint-Marc, 
à Venise. Elle passe pour être l'original sorti 
de la main de Marcello; mais M. Caffl croit 
que ce n'est qu'une copie. 2° Alcuni avverti- 
menti al Feneto Giovanetlo Patrizio, di 
Benedetto Marcello, per istruzionedel nipote 
di lui Lorenxo Alessandro. 5° Cassandra f 
cantate à voix seule et basse continue. 4° Ti- 
moteOj cantate à deux voix, sur une traduction 
italienne, par l'abbé Conti, du Banquet 
d'Alexandre de Dryden. Ces deux cantates, 
qui ont une grande célébrité, sont comptées 
parmi les plus belles productions du génie de 
Marcello. 5° Serenata da cantarsi alla corte 
di Fienna il primo d'ottobre 1725 ; poésie et 
musique de Marcello. 6° Deux madrigaux à 
quatre voix ; le premier pour deux ténors et 
deux basses, qui se moquent des sopranos et 
des altos; le second pour deux sopranos et 
deux altos, en réponse aux basses et aux 
ténors. Cette pièce bouffonne a été écrite pour 
tourner en ridicule les castrats sopranistes et 
altistes ; les paroles et la musique y sont dis- 
posées de manière que les chanteurs imitent 
un troupeau bêlant. 7° Leltera scritta dal 
signor Carlo Antonio Benatti alla signora 
Fitloria Tesi, posta in musica dal Marcello. 
Dans celte lettre, écrite de Bologne, il est parlé 
de beaucoup de chanteurs célèbres dont Mar- 
cello a imité la manière dans sa musique. 
Cette bouffonnerie est une véritable satire. 
8° Gioas, oratorio à quatre voix et instru- 
ments, en deux parties. 9° La Psiche, intreccio 
musicale a cinque voci, poésie de Vincenzo 
Cassani. Le livret a été imprimé à Venise, sans 
nom d'imprimeur et sans date. La musique 
est restée en manuscrit. 10° Vingt-six cantate» 
pour voix de soprano, de contralto, de ténor 
bu de basse, avec instruments. 11° Vingt-sept 
duos, avec basse continue. Le P. Martini a 
publié un de ces duos dans son Esemplare os- 
sia Saggio fondamentale pratico di contrap 
punto (t. I, pag. 21). 12° Un très-grand 
nombre de cantates à voix de soprano ou de 
contralto sans autre accompagnement que le 
clavecin. 15° Miserere pour deux ténors et 



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444 



MARCELLO — MAKGESSO 



basse. 14° Messe à quatre voix et orchestre 
composée pour l'église Santa- M aria délia 
Celés tina. Cette messe fut écrite par Marcello, 
à l'occasion de la prise d'habit de sa nièce 
dans le monastère de Sainte-Céleste. 14° {bis) 
Deux autres messes, dont une avec accompa- 
gnement d'orgue. 15° Lamentations de Jéré- 
mie. 16° Tantum ergo, à six voix, en canon. 
1 7° In omnem terram, idem. 1 8° Salve Regina, 
à sept voix, en canon. 19° Il Trionfo delta 
poesia e délia musica nel celebrarti la morte, 
la esaltazione, e la incoronazione di Maria, 
sempre vergine assunta in cielo; oratorio 
sagro a 6 voci, musica di Benedetto Mar- 
cello, 1735. Cet ouvrage, l'une des plus belles 
et des plus considérables productions de son 
auteur, n'a été connu d'aucun des biographes 
de Marcello. J'en possède la partition manu- 
scrite de l'époque même où cet oratorio a été 
composé. Les interlocuteurs sont la poésie, la 
musique, le soprano, le clavecin, le ténor et 
la basse. On y trouve trois chœurs, le premier 
composé de poètes, le deuxième, des arts libé- 
raux, et le dernier, de vieux musiciens (Musici 
vetterani). L'instrumentation se compose de 
deux parties de violon, d'alto, violoncelle et 
orgue. La partition renferme quatre cent 
trente pages. L'originalité et le sentiment ex- 
pressif sont les caractères distinctifs de l'ou- 
vrage et l'instrumentation est d'un remar- 
quable effet, pour l'époque où Marcello écrivait. 
Le P. François Fontana, de la congrégation 
de Saint-Paul de Brescia, qui-avait assisté Mar- 
cello à ses derniers moments, fit insérer une 
notice sur sa vie dans le neuvième volume des 
Fitte Italorum doctrine eœcellentium , de 
Fabroni. Une critique assez vive de cette notice 
fui faite par le savant littérateur italien Save- 
rio Mattei, dans une note de ses Libri poetict 
délia Bibblia. Le P. Fontana donna, quelques 
années après, une nouvelle édition de sa no- 
tice, en langue italienne, avec une réponse à 
la critique de Mattei, sous ce titre : Vita di 
Benedetto Marcello Patrizio Veneto, con 
Vaggiunta délia riposta aile censura del sig. 
SaveHo Mattei, con l'indice deW opère stam- 
pate e manoscritte,e cliquante testimoniale 
intorno aW insigne suo merito nella facoltà 
musicale; Venise, Zalta, 1788, in -8° de cent 
sc|>t pages. Suivant les renseignements fournis 
par le catalogue des livres rares de la biblio- 
thèque de M. Gaspari (voyez ce nom), la tra- 
duction de la notice du P. Fontana a été faite 
par le P. Sacchi, qui n'y a pas mis son nom. 
Ces pièces ont été réimprimées en tête de 
l'édition des Psaumes; Venise, 1803. Blon- 



deati a publié une traduction française de la 
notice de Fontana, en tête de la Nouvelle mé- 
thode de chant, par Marcello Perino etc.; 

Paris, Evrard. 1839, in-8*. M. Caffl (voyez ce 

nom) est auteur d'une notice très-supérieure 
à celle de. Fontana, pour l'ordre et la clarté 
laquelle a été publiée sous ce titre : Délia 
vita e del comporre di-Bcnedetto Marcello, 
uatrizio Feneto, sovranominato Principe 
délia Musica. JVarrazione di Francisco 
Caffi, Feneziano. Fehezia, dal Pieotti, 1830, 
trente et une pages. in-8°. Il est dit dans la 
Gazette générale de musique de Leipsick 
(33 e année, n° 1 1), que cet opuscule ne fut tiré 
qu'à cinquante exemplaires, pour les amis de 
l'auteur. Elle a été reproduite postérieurement 
dans le deuxième volume du grand ouvrage de 
M. Caffl intitulé : Storia délia musica sacra 
neUa già Cappella ducaje di S. Marco in 
Fenezia (p. 173-290). On a aussi de M. Crevé! 
de Charlemagne, littérateur français et ama- 
teur de musique, auteur de beaucoup de ro- 
mances .- Sommaire de la vie et des ouvrages 
de Benedict Marcello) Paris, imprimeaie de 
Duverger, 1841, in8«. Il existe deux portraits 
gravés de Marcello; le premier, par Jean- 
Antoine Zuliani, au premier volume de ses 
psaumes, édition de Venise, 1803; l'autre, en 
manière noire, par Jacques Zatta, graveur 
vénitien. 

MARCELLO (Alexandre), frère aîné du 
précédent, naquit à Venise vers 1684, et fut 
amateur distingué de poésie et de musique. 
Il avait fait une élude particulière de ces arts, 
de la philosophie et des mathématiques. Sa 
maison était ouverte à tous les artistes et aux 
étrangers amateurs de musique : chaque se- 
maine il y donnait un concert, où l'on exécu- 
tait particulièrement ses compositions. Il 
mourut à Venise, en 1750. On connaît sous 
son nom : 1° Cantate da Caméra a voce sola: 
Venise, 1715. 9° Douze solos pour violon, 
Augsbourg, J737. 3* FI Concerti a 2 flauti 
trav. o violini prtncipali, 2 violini ripieni, 
viola o violoncello obligato, e cembalo; ibid., 
1738. 4° La Cetra, concerti di Eterio Stin- 
falico (surnom qu'il avait pris dans l'Académie 
ûes jéreadi), parle prima, oboe o traversieri 
co'l violino principale, publicati da Gio. 
Christiano Leopold; Augsbourg, 1738. 

MARCELLO DI CAPUA. FoyezBEK 
XAUÛIM (Mabcello). 

MARCE88O (Bartholomé), compositeur 
italien du dix-septième siècle, est connu par 
un ouvrage intitulé : Sacra Corona, o sia 
Motettiadue e tre voci; Venise, 1656. 



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MARCHAND 



'M 



MARCHAND (Louis), organiste qui eut 
une grande réputation dans son temps, na- 
quit à Lyon, le 2 février 1669 (1), et dut le 
jour a Jean Marchand, maître de musique, qui 
lui donna les premières notions de son art. 
Selon £. Gerber {Lexikon der Tonkunstltr) , 
et le Dictionnaire des muêiciens (Paris, 
1810-1811), Marchand, fort jeune encore et 
dépourvu de ressources, serait allé à Paris , 
où le hasard l'aurait conduit chez les jésuites, 
au collège de Louis le Grand, précisément au 
moment où Ton attendait vainement l'orga- 
niste de la maison ; le jeune homme aurait 
offert de le remplacer, et aurait montré une 
habileté si rare pour son âge, qu'il aurait été 
reçu au collège et aurait obtenu les secours 
nécessaires pour continuer ses études. Mais 
Tilon du Tillet, qui, en général, a fait preuve 
d'axaclitude dans ses notices, dit que Mar- 
chand fut reçu organiste à la cathédrale de 
Nevers, n'ayant encore que quatorze ans, et 
que, dix ans après, il alla remplir la même 
place à celle d'Auxerre, où il séjourna cinq ou 
six ans $ en sorte qu'il ne serait venu à Paris 
que vers 1697 ou même en 1698, et qu'alors 
seulement il aurait obtenu la place d'organiste 
chez les jésuites. Il Ta gardée longtemps, et la 
réputation qu'il s'y fit lui en procura plu- 
sieurs autres : il en eut même jusqu'à cinq ou 
six à la fois. Il obtint l'orgue de la chapelle 
du roi, à Versailles, et fut décoré du cordon 
de Saint-Michel. Tout semblait devoir assurer 
sa fortune; mais son inconduite, son carac- 
tère capricieux et bizarre y mirent toujours 
obslacle : il finit par se compromettre d'une 
manière si grave, qu'il fût exilé de France 
en 1717. 

Il se rendit à Dresde, et joua devant le roi 
de Pologne, qui goûta son jeu au point de lui 
offrir la place d'organiste de la cour, avec 
un traitement considérable. Mais Volumier, 
maître de concert à cette cour, craignant le 
voisinage d'un pareil antagoniste, et désirant 
l'éloigner, invita secrètement Jean-Sébastien 
Bach, alors organiste du duc de Weimar, à 
venir à Dresde, afin de disputer la palme à 



(I) PapilloD (BiblioOtfqms de» tuteurs de Bourgogne), 
qui donne à Hirchand les prénoms de Jean-Louis, le 
fait naître à Aoxonne ; c'est une erreur. Il a confondu 
ecl organiste avee Jean-Louis, fils de Pierre Marchand, 
organiste i Auxonne, né le 10 octobre 1679. Voyez 
l'acte de naissance de l'un et de l'autre dans une lettre 
d'Amanton à Chardon de la Rochette, insérée an Afaoo- 
tin tncycl., 1812, tom. IV, p. 311. La Borde donne aussi 
à Marchand les prénoms de Jean- Louis [Estai sur ta 
musique, tom. 111, p. 449) ; il en est de même de Gerber, 
dans se» deux Lexiques, et de ses copistes. 



Marchand. Bach s'y rendit, et assista incognito 
au concert du roi, où Marchand se fit entendre 
dans un air français qu'il varia, et qui fut fort 
applaudi. Volumier invita alors Bach à se 
mettre au clavecin : ce grand artiste y ayant 
consenti, joua, dit-on, l'air et les variations 
de Marchand, et y en ajouta douze nouvelles, 
plus difficiles et plus brillantes que celles de 
son rival, après quoi il présenta à celui-ci un 
thème qu'il venait de noter au crayon, en l'in- 
vitant à une lutte sur l'orgue ; mais Marchand, 
effrayé de ce qu'il venait d'entendre, et voulant 
éviter une défaite assurée, n'attendit point le 
jour fixé, et s'éloigna de Dresde en toute hâte. 

Tel est le récit que fait Marpurg de cette 
anecdote : il la tenait de Bach lui-même. Si 
l'on songe au talent prodigieux de cet homme 
extraordinaire • si l'on compare ses ouvrages 
aux misérables œuvres qui nous restent de 
Marchand, ou ne sera point tenté de la révo- 
quer en doute, et l'on s'étonnera seulement 
qu'on ait songé, en Allemagne, à faire une 
semblable comparaison. Marchand pouvait 
avoir une exécution brillante, mais ses idées 
sont triviales, son harmonie pauvre et incor- 
recte,* il n'avait d'ailleurs que des notions fort 
incomplètes du style fugué, sans lequel on ne 
saurait produire de grands effets sur l'orgue; 
enfin, il ressemblait à la plupart des organistes 
français du dix-huitième siècle qui ont eu de 
la réputation, habiles à tirer des effets variés 
de l'instrument, mais qui, si l'on excepte 
François Couperin, appelé le grand, et Ra- 
meau n'ont rien laissé qui soit digne de passer 
à la postérité. 

On lit dans l'informe compilation de La 
Borde {Essai sur la musique, t. III, p. 450) : 
« Le célèbre Rameau, son ami (de Marchand), 
« el son plus dangereux rival, nous a dit plu- 
ie sieurs fois que le plus grand plaisir qu'il 
« ait eu en sa vie, était celui d'entendre Mar- 
« chand ; que personne ne pouvait lui être 
« comparé pour manier la fugue, et qu'il 
« n'avait jamais pu concevoir qu'on eût une 
« pareille facilité pour jouer de téle(impro- 
« viser). » Ce jugement d'un si grand musi- 
cien pourrait causer de l'élonnement, si l'on 
ne savait que Rameau n'avait jamais entendu 
de grand organiste allemand ou italien, qu'il 
ne connaissait rien de leurs ouvrages, et que 
la fugue véritable n'avait jamais existé dans 
la musique française. Tout ce qui est parvenu 
du dix-huitième siècle en ce genre, dans les 
productions des organistes et clavecinistes 
français, est pitoyable. 

Après le retour de Marchand à Paris, sa répi - 



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416 



MARCHAND 



talion s'accrut au point qu'on se croyait obligé 
•de prendre de ses leçons pour être compté 
parmi les gens dégoût. Quoiqu'il se fit payer 
un louis par leçon, le nombre de ses élèves 
était si grand, qu'on assure qu'il avait loué des 
appartements dans plusieurs quartiers diffé- 
rents, ne demeurant guère qu'un mois dans 
chacun, et changeant son domicile selon la 
convenance de ses élèves, ou plutôt selon ses 
caprices. Mais, quoique son revenu s'élevât de 
cette manière à près de dix louis par jour, il ne 
put suffire à ses folles dépenses, car il mourut 
dans la misère, le 17 février 1752. Sept ans 
auparavant, il avait été blessé au bras gauche, 
mais il continua néanmoins à toucher de l'orgue 
avec la main droite, en se servant des pédales 
pour la basse. On a de lui: 1° Un livre de pièces 
de clavecin (in-4 , Paris, Ballard, 1705). 2° Deux 
livres de pièces de clavecin, dédiés au roi 
(in-4°, 1718). 3° Un livre de pièces d'orgue, 
gravé. 4° La musique de l'opéra intitulé: Py- 
rame et Thisbé : cette pièce n'a jamais été re- 
présentée. Le portrait de Marchand, gravé par 
Dupuis, d'après Robert, est dans la collection 
d'Odieuvre. 

MARCHAND (Jeju-Baptiste), joueur de 
petit luth à la chambre du roi de France et 
dessus de violon de la chapelle, en 1691, s'est 
fait connaître comme compositeur par une 
messe à quatre voix (en sol mineur) qu'on 
exécutait autrefois à l'église Notre-Dame de 
Paris, et qui existe encore en manuscrit dans 
les archives de cette chapelle. Elle est intitu- 
lée: Quis est Vf us? Jean-Baptiste Marchand 
«'tait frère cadet de Jean-Noe*l Marchand, qui 
avait été reçu en qualité de violoniste de la 
chapelle du roi, en 1680. 

MARCHAND (Joseph), fils du précédent, 
violoniste d'un certain mérite, eut la charge 
de premier violon de la musique du roi de 
France, en 1717, et mourut à Paris, en 1737. 
Il a publié à Paris un livre de sonates qui a 
pour titre : Douze sonates pour flûte traver- 
siez, ou hautbois, ou violon avec basse 
continue; Paris, 1709, in-4°. Il a été fait une 
seconde édition decel œuvre, à Parisien 1732, 
in -4° obi. gravé. 

MARC H AND (Louis- Joseph), né à Troyes, 
le 1 er janvier 1692, fut élève de la maîtrise de 
la cathédrale de Bourges, où il apprit le chant 
et les principes du contrepoint. De retour dans 
sa ville natale , après avoir terminé ses 
éludes, il entra au séminaire. On voit dans les 
registres capilulaires de Saint-Maxe, à Bar- 
le-Duc, qu'il Tut tonsuré le 15 avril 1713, et 
qu'il reçut l'ordre de la prêtrise, le 16 avril 



1718. Il parait que, peu de temps après, il 
obtint un bénéfice à la cathédrale d'Auxerre, 
et qu'il y eut une place de chantre dans la mu- 
sique du chœur. Après avoir occupé ce poste 
pendant plusieurs années, il fut maître de 
chapelle à Chalon-sur-Saône, puis à Besançon, 
et, enfin, au chapitre de Saint-Maxe, à Bar- 
Je-Duc. Sa nomination à la maîtrise de cette 
église est du 23 août 1735 : il y remplaça 
Champret, qui avait été appelé à l'économat 
de Revigny. Le 26 novembre 1767, Marchand 
se démit de cet emploi, parce qu'il venait 
d'être pourvu d'un canonicat à la métropole 
de Troyes. Il mourut dans cette situation, le 
29 novembre 1774 (1). Cet ecclésiastique est 
auteur d'un Traité du contrepoint simple ou 
chant sur le livre; Bar-le-Duc, 1756, in -4° de 
quarante-deux pages. Ce petit ouvrage ne 
contient que quelques règles pour faire le 
chant sur le livre ou contrepoint improvisé à 
deux parties. 

MARCHAND (Marguerite), fille du cé- 
lèbre acteur et directeur de théâtre Théobald 
Marchand, et femme du compositeur Danzi, 
naquit à Nanheim en 1768. Dans son enfance 
elle jouait déjà de petits rôles avec une rare 
intelligence qui faisait prévoir qu'elle serait 
un jour une actrice remarquable. Lorsque la 
troupe dirigée par son père suivit la cour pa- 
latine a Munich, mademoiselle Marchand 
trouva dans cette ville des maîtres qui déve- 
loppèrent ses heureuses facultés, et qui en 
firent une pianiste distinguée, et une canta- 
trice habile. En 1787, pendant l'absence de la 
célèbre madame Lebrun, elle débuta au grand 
théâtre de Munich dans le Castor et PoUux 
de Vogler j le succès qu'elle y obtint lui valut 
immédiatement le titre de première cantatrice 
de la cour. En 1790, elle épousa Danzi, dont 
les leçons perfectionnèrent son talent. Deux 
ans après, elle chanta l'opéra italien à Prague, 
puis elle fut engagée à Florence. De retour à 
Munich en 1796, elle y reprit son emploi; 
mais déjà sa santé commençait à s'altérer, 
par suite de la fatigue qu'elle avait éprouvée 
à Prague et à Florence, en jouant presque tou3 
les jours; une maladie de poitrine se déclara 
cl la conduisit au tombeau, le 11 juin 180O, à 
l'âge de trente-deux ans. L'accent mélanco- 
lique et pénétrant de sa voix, le charme de 
son action dramatique et l'expression de sa 

(I) Je suis redevable de la plupart de ees renseigne- 
ment* à l'obligeance de II. Picquot, auteur d'une Iris- 
bonne notice biographique de Koecbcrini (Voyez Pic- 
quot), qui a bien voulu faire,* ma prière, des recherches 
a ttar-ie-Duc cl à Troyes. 



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MARCHAND - MARCHES! 



447 



pantomime composaient un des talents les 
plus agréables qu'il y ait eu à la scène alle- 
mande. Son meilleur rôle était la Nina, de 
Paisiello. Comme pianiste, elle a eu aussi de 
la renommée. On a gravé de sa composition : 
1° Trois sonates pour piano et violon obligé, 
op. 1, Munich, Falter. Î Andante, avec va- 
riations pour le piano, gravé à Munich, avec 
une sonate de Danzi. 

MARCHAND (Hehii), fils de Théobald 
Marchand, né à Manbeim en 1774, apprit le 
violon et la composition à Salzbourg, chez 
Léopold Mozart, et devint un des violonistes 
allemands les plus célèbres de son temps. Il 
jouait aussi fort bien du piano. Ses études ter- 
minées, il entra dans la musique du prince de 
la Tour et Taxis, à Ratisbonne. Plus tard, il 
fit un voyage à Paris. On a gravé de sa compo- 
sition : 1° Dix variations sur un thème de 
Joseph Haydn, pour piano seul, op. 1, Munich, 
Falter. 2° Romance de Koulouf, variée pour 
piano, Paris, Pleyel. 3° Grande valse pour 
piano, Paris, Naderman. 

MARCHE (Hugues DE LUSIGNAN, 
comte DE LA), se révolta plusieurs fois 
contre saint Louis, qui, rayant vaincu à la 
bataille de Taillebourg, l'obligea à se sou- 
mettre. II avait épousé Isabelle d'Angoulême, 
veuve de Jean Sans Terre, mort le 10 octobre 
121 G. Le comte de La Marche était poète et 
musicien; il a laissé trois chansons notées de 
sa composition, qu'on trouve dans les manu- 
scrits de la bibliothèque impériale, à Paris. 

MARCHE (François DE LA), docteur en 
théologie, conseiller ecclésiastique et maître 
de chapelle du prince-évéque, à Eichsladt, 
vers le milieu du dix-septième siècle, est au- 
teur d'un livre qui a pour titre : Synopsis 
Musiea, oder kleiner Inhalt wie die Jugend 
und andere kiirzlich und mit geringer 
Miïhe in der Musiea , auch Instrumenter* 
abxurichten (Abrégé de musique, ou petit 
traité de la manière d'enseigner en peu de 
temps et avec peu de peine la musique et les 
instruments à la jeunesse), Munich, 165C, 
in -4° de trois feuilles. On connaît aussi sous 
son nom un recueil d'airs allemands distri- 
bués d'après Tannée et les saisons. 

MARCHES! (Louis), chanteur célèbre 
désigné quelquefois sous le nom de Marche- 
imt, naquit à Milan en 1755. Son père, cor- 
niste au théâtre de Modène, cultiva d'abord 
lui-même les dispositions extraordinaires du 
jeune Marches! pour la musique, et lui fil ap- 
prendre la musique ; mais la beauté de sa voix 
ayant été remarquée par quelques amateurs, 



on engagea le corniste (Je Modène à en conser- 
ver les avantages, et l'opération qui trans- 
forma Marchesi en sopraniste fut faite à Ber- 
game. Confié ensuite aux leçons du castrat 
Caironi et du ténor Albujo, Marchesi fit de 
rapides progrès dans l'art du chant, et com- 
pléta son instruction musicale près de Fioroni, 
maître de chapelle de la cathédrale de Milan. 
Il chantait au chœur de celte église, et pen- 
dant plusieurs 4 années il excita l'admiration de 
la population milanaise aux grandes fêles où 
il se faisait entendre. Cet exercice, dans le 
vaste local d'une église, développa la puis- 
sance de sa voix d'une manière remarquable. 
Ce chanteur, dont le talent a eu tant d'éclat 
turtous les grands théâtres de l'Europe, parut 
pour la première fois à Rome, en 1774, dans 
un rôle de femme. L'année suivante il chanta 
à Milan une partie de second contralto avec 
Pacchiarotti, et à Venise avec Millico. Dans la 
même année il occupa le premier emploi à 
Trévise. Vers la fin de 1775, l'électeur de 
Bavière, grand amateur de musique, engagea 
le jeune sopraniste pour le service de sa cha- 
pelle ; mais la mort prématurée de ce prince, 
deux ans après, rompit l'engagement qui avait 
été contracté, et Marchesi quitta Munich pour 
retourner à Milan. Il y débuta, en 1778, dans 
les rôles de femme au théâtre Interinale } où 
l'on jouait l'opéra, depuis l'incendie de la 
Scala. A l'automne de 1776, il chanta à Flo- 
rence dans le Castore e Polluce, de Bianchi, 
et V Achille in Sciro, de Sarli. Le charme 
qu'il mit dans l'exécution du rondeau de ce der- 
nier opéra , Mia speranxa, io pur vorrei, 
transporta d'enthousiasme son auditoire, et 
pendant plusieurs années, ce morceau et le 
talent du chanteur occupèrent toute l'Italie, 
et furent le sujet de toutes les conversations. 
Dès ce moment, Marchesi passa pour le pre- 
mier chanteur de l'Europe, et fut recherché 
par tous les directeurs de spectacles. De retour 
à Milan en 1780, il y chanta dans VArmide 
de Misliwececk, où il intercala le fameux ron- 
deau de Sarti, ainsi que l'air de Bianchi, Se 
piangi e pent, qui n'eut guère moins de suc- 
cès. Le portrait de Marchesi fut gravé dans la 
même année à Pi se : les amateurs de chant en 
recherchèrent avidement les épreuves. Suc- 
cessivement appelé à Turin, à Rome, à Luc- 
ques, à Vienne, à Berlin, où il chanta avec le 
même succès, il se rendit en 1785 à Pélers- 
bourg, avec Sarli et madame Todi ; mais le 
rigoureux climat de la Russie lui ayant paru 
nuisible à sa voix et à sa santé, il s'éloigna de 
ce pays, et accepta un engagement à Londres, 



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448 



MARCHKS1 — MARCHETTO 



où il arriva en 1788. Il y chanta dans le 
GiulioSabino, de Sarli. 

Rarement Marchesi avait consenti à chanter 
deux saisons de suite dans la môme ville ; il 
aimait à occuper la renommée presque dans le 
même temps en des pays différents. C'est 
ainsi qu'à son retour de Londres, il parut a 
peu de distance sur les théâtres de Venise, de 
Reggio, de Napleset de Mantoue. La plupart 
des airs qu'il avait embellis des grâces de son 
chant devinrent populaires. Je me souviens du 
temps où Ton parlait encore avec enthou- 
siasme du talent prodigieux qu'il déployait 
dans Vo morte ad incontrar, de Pirro, dans 
la cavatine Ma ehi s' avanza, de Vira 
d'Achille, dans le rondeau de Sarli, et d'au-' 
très. Marchesi revenait toujours avec plaisir 
se faire entendre dans sa ville natale; on re- 
marque qu'il parut au théâtre de la Scala, en 
1780, dans Vl/igenia, de Cberubini, puis en 
1782, 87, 88, 92, 04, 1800, 1803, et dans le 
carnaval de 1805. Ce fût au printemps suivant 
qu'il quitta la scène, à l'âge de cinquante ans. 
Le fameux air Féroce a lei sembrar saprà, 
de Lodoïska, de Mayer, et celui de Castor* e 
Polluée, de Federici, 

DilU ehe l'aura %ù tpiro 
D'un eut tranfuillo « vago ; 

furent les derniers accents d'une voix qui 
avait charmé toute l'Europe. 

Marchesi passa le reste de sa vie dans sa 
patrie, et fit pendant ses dernières années un 
noble usage de la fortune qu'il avait acquise. 
Il aimait encore à faire et surtout à entendre 
de la musique; les jeunes chanteurs trouvaient 
en lui un maître toujours prêt à leur donner 
les conseils d'une longue expérience et d'un 
savoir profond. Il est mort à Milan, lieu de sa 
naissance, le 15 décembre 1829, à l'âge de 
soixanle-quatone ans. On connaît de la com- 
position de Marchesi deux livres d'ariettes 
italiennes qui ont été publiés à Londres, chez 
Clementi ; à Vienne, chez Cappi; et à Bonn, 
chez S ira rock. On a gravé aussi de lui un air 
(In seno quest' aima) qu'il avait introduit 
dans plusieurs opéras. 

MAItCHESI (Gaetaro), professeur de 
musique, né en Lombardie, dans les dernières 
années du dix-huitième siècle, s'établit à 
Vienne vers 1825. Il a proposé un nouveau 
système de notation musicale dans un petit 
ouvrage intitulé : Die Elemente und da$ 
Alphabet der Musik (les Éléments et l'alpha- 
bet de la musique); Vienne, vVallisbauser, 
1855, in -8° de vingt-cinq pages. Le système 



exposé dans cet opuscule consiste en une 
portée de quatre lignes, sur laquelle se placent 
les lettres e, l, a, b, n, disposées de diverses 
manières. 

M ARCHET TI - FANTOZZI ( José- 
phine), naquit le 14 mars 1786, à Naples, où 
sa mère chantait au théâtre Saint-Charles. 
A l'âge de neuf ans, elle suivit sa mère à 
Berlin , où elle fit son éducation musicale. 
A l'âge de seize ans, sa voix était déjà remar- 
quable par sa beauté; des offres furent faites 
à sa mère pour qu'elle consentit à l'engager 
aux théâtres de Prague et. de Dresde; elle 
préféra cette dernière ville à la première, et 
la jeune Marchetti y débuta en 1802. Après 
avoir chanté pendant trois ans les seconds 
rôles, elle quitta la capitale de la Saxe pour 
aller à Munich, où elle chanta devant le roi, 
dans un concert de la cour en 1805, puis elle 
fut engagée comme première femme au théâtre 
royal. Après avoir chanté les principaux rôles 
dans les opéras de Mozart, dans Sargines, de 
Paer, et dans Calypso, de Winter, elle obtint 
un congé pour aller en Italie, en 1808, et 
chanta avec succès à Vérone et à Trente. De 
retour à Munich', elle y épousa, au mois de 
mars 1809, le chanteur de la cour Weixel- 
baum, avec qui elle a brillé pendant plu- 
sieurs années dans les opéras allemands et 
italiens. 

MARCHETTO ou MARCHETO, sur- 
nommé DE PADOUE, à cause du lieu de sa 
naissance, vécut dans la seconde moitié du 
treizième siècle. On voit par un de ses ou- 
vrages, intitulé : Lueidarium in arle mutiat 
plan*, dans le manuscrit de la Bibliothèque 
ambrosienne de Milan , qu'il demeura quel- 
que temps â Césène, et qu'il était à Vérone en 
1274, car à la fin de ce livre, on lit : Inchoa- 
tutn Ceeerue , perfectum Ferons 1274. Il 
retourna ensuite â Césène, car à la fin de son 
Pomerium Artit mutiem mensurabilis, on 
trouve ces mots : Conditum Cesenz in domo 
Baynaldi de Cyntris (1). Des difficultés se 
présentent â l'égard des époques où Marchetto 
aurait écrit ses ouvrages. Je crois devoir faire 
connaître ici en quoi elles consistent. On a 
vu que le lueidarium est daté de 1274, dans 

(I) Le manuscrit du quatorzième siècle des Trmitët de 
Marchetto de Padoue, que je possède, ne se termine pas 
ainsi ; j'jr lis : Exjilicit Pomerium musicœ mensurmbiti* 
Marchtti de Podua condilum Cesene m dama Doutiui 
Baynaldi eiriiati*. Amen; construction dusses mauvaise 
latinité, car il faudrait au moins hujus eititatiê. Toute- 
fois il est vraisemblable que le copiste employé par 
l'abbé Gerbert a mal lu, car de cyntris ne signifie rien 
et ne peut élre un no» italien. 



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MARCHETTO 



le manuscrit de Milan. D'autre part, l'épltre 
dédicaloire de cet écrit commence par ces 
mots : Magnifico milili et potenti Domino 
suo, Domino Raynerio Domim Zaccharix 
de urbe veteri, illustrit principis Domini 
Joannis clarx et excelsx memorix Domini 
Karoli régie Jérusalem et Sicilix gloriosi 
filii, eomitiê Gravinx et Honoro 7 montis 
Sancti AngeM Domini in provincia Roman- 
diolx vicario générait , Marehetus de Paduu 
se ipsum paralum ad omnia gênera man- 
datorum. Or. le prince Jean, comte de Gra- 
vi na } fils de Charles, roi de Sicile, dont H est 
ici question, ne peut être que le fils de 
Charles II, qui ne commença son règne qu'en 
1285. D'ailleurs, Rainier, prince de Monaco 
et seigneur d'Orviète, surnommé le Chevalier, 
est Rainier H, qui ne fut général au service 
de Charles II, roi de Sicile, que postérieure- 
ment à Tannée 1500. Si donc le Lucidarium 
a été fini en 1974, comme l'indique 4e manu- 
scritde la Bibliothèque ambrosiennede Milan, 
la dédicace ne parait pas avoir pu être faite 
avant l'année 1300. Il y a même lieu de croire 
qu'elle est postérieure au mois de mai 1309, 
car les mots clarx et excelsx memorix Do- 
mini Karoli régis Jérusalem et Sicilix 
semblent prouver que Charles H avait cessé 
de vivre : or il n'est mort que le 5 de ce mois 
et de cette année. 11 est vrai que Muratori 
(Antiquit. Jtal. medii xvi> t. III, p. 876) 
croit que Marchetto a pu employer par hon- 
neur ces expressions clarx et excelsx memo- 
rix en parlant au roi vivant encore. Au sur- 
plus le beau manuscrit du quatorzième siècle 
qui renferme les ouvrages de Marchetto, et 
qui est dans ma bibliothèque, n'a pas la date 
de 1274 à la fin du Lucidarium in arte mu- 
sicx planx; on y trouve seulement : Explicit 
Lucidarium Marcheti de Padua in musica 
plana. Je suis donc porté à croire que cette 
date (1274) est arbitraire et a été ajoutée par 
le copiste , lequel n'aura pas aperçu les rai- 
sons qui la rendent à peu près inadmissible. 
A l'égard du Pomerium, il est dédié, dans le 
manuscrit de Milan, à Robert, roi de Sicile, 
qui succéda à son père Charles II en 1309; 
mais suivant Burney (A gênerai Historyof 
mûrie, t. II, p. 162), ce même ouvrage se- 
rait dédié a Charles I", vers 1283, dans le 
manuscrit des œuvres de Marchetto, qui se 
trouve à la Bibliothèque du Vatican. Ce der- 
nier fait est rejeté comme une erreur dans le 
Dictionnaire des musiciens de Choron et 
Fayolle (art. Mahoietto); j'ignore ce qui en 
est à l'égard du manuscrit du Vatican; mais 

BlOCn. B51V. DES MUSICIENS. T. V. 



Pépllre dédicatoire de celui que je possède 
commence, comme le manuscrit de Milan, 
par ces mots : Prxclarissimo principum 
Domino Roberto Dei gratia Ierusalem et 
Sicilix Régi Marehetus de Padua recom- 
mendationem humilem et devotam, etc. 

Quoi qu'il en soit de ces différences dans les 
manuscrits, on peut considérer les écrits de 
Marchetto comme des monuments historiques 
du plus haut intérêt. Le Lucidaire de la mu- 
sique plaine est divisé en seize petits traités 
dont la plupart sont eux-mêmes subdivisés en 
un certain nombre de chapitres. Après avoir 
dit, dans le quatrième chapitre du second 
traité, que tous les auteurs ont divisé le ton 
majeur en neuf parties (commas) dont le ton 
mineur contient huit, il rejette celte division, 
et dit (chap. V), que le ton doit être divisé en 
cinq parties, ni plus, ni moins (Sciendum est, 
quod tonus habet quinque partes, et non 
plures neque pauciores). Ce qu'il appelle la 
démonstration de ce principe est un raison- 
nement plus spécieux que solide. Prodoscimo 
de Beldomandis, commentateur de Jean de 
Mûris, au commencement du quinzièmesiècle, 
se prononça contre Marchetto sur ce poini de 
doctrine ; mais plus lard Tinctoris {Définit or. 
Mus.), Nicolas Vicentino (Antica Musica ri- 
dotta alla modernaprattica), Fabio Colon na 
(Sambuca Lincea), et d'autres ont adopté 
celte théorie. Quelques théoriciens ont pré- 
tendu qu'il est indifférent de diviser le ton en 
cinq parties, en sept ou en neuf, pourvu qu'on 
admette la différence du ton majeur au mi- 
neur; mais cette différence étant précisément 
dans la proportion de huit à neuf, il est évi- 
dent que ce n'est que par la division du ton 
majeur en neuf commas qu'on peut la repré- 
senter. Il n'est indifférent d'adopter l'une ou 
l'autre division que lorsqu'on n'admet qu'une 
seule sorte de ton, comme l'on fait les auteurs 
du système égal et les pythagoriciens. 

Le Lucidaire est surtout remarquable par 
les exemples d'harmonie chromatique qu'il 
renferme dans les deuxième, cinquième et 
huitième traités. Les successions harmoni- 
ques présentées dans ces exemples sont des 
hardiesses prodigieuses pour le temps où elles 
ont été imaginées (1). Elles semblaient devoir 
créer immédiatement une nouvelle tonalité ; 
mais trop prématurées, elles ne furent point 
comprises par les musiciens, et restèrent sans 
signification jusqu'à la fin du seizième siècle. 

(I) Vojei à ce sujet, dans la préface de cette nouvelle 
édition (p. xxviu-xxxv), la discussion des objections qui 
m'ont cic faites contre ce paragraphe. 

2!) 



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450 



MARCHETTO — MARCONCINI 



Le Pomerium musicar mensurats est un 
long et savant commentaire sur la doctrine de 
la musique mesurée exposée par F rançon de 
Cologne. Ainsi que le Lucidarium, il est di- 
visé en un certain nombre de traités, dont 
chacun a un objet particulier. Cet ouvrage 
fournit beaucoup de lumières sur une multi- 
tude de difficultés relatives à la notation en 
usage à la fin du treizième siècle et au com- 
mencement du quatorzième. 

L'abbé Gerbert a publié le Lucidarium et 
le Pomerium dans le troisième volume de ses 
Scriptores ecclesiastici de Musica (p.65-188), 
d'après le manuscrit de la Bibliothèque de 
Milan : on y trouve quelques fautes singulières, 
non -seulement dans les exemples notés, mais 
même dans le texte. 

A la suites des deux traités de Marchelto de 
Padoue contenus dans mon manuscrit se 
trouve un résumé anonyme fort bien fait, par 
demandes et réponses, de la doctrine de la 
notation proportionnelle noire de cet auteur, 
avec des exemples très-bien notés. Cet écrit, 
de neuf pages in-4°, d'une écriture très- 
menue, est de la seconde moitié du quatorzième 
siècle. Il a pour titre : Jncipit brevis compi- 
latio magistri Marchetti de Padua 7 musice 
mensurate pro rudibus ex modernis. Je ne 
connais rien d'aussi satisfaisant de cette époque. 

MARCHETO ou MARCHETTO , de 
Padoue, compositeur, vécut vers la fin du 
quinzième siècle et au commencement du 
seizième. Il appartenait vraisemblablement à 
la même famille que le précédent. Le genre 
dans lequel il a exercé son talent est celui des 
frottole. On a de lui un morceau de cette 
espèce sur le sonnet : Sio sedoalombra, amor, 
dans le cinquième livre des Frottole, publié 
par Petrucci de Fossombrone, à Venise, en 
1505, et un autre {Piangea la donna mia), 
dans le recueil également rare, intitulé: Can- 
zont, Frottole, et Capitoli, da diversi eccel- 
lentitsimi Musici composti. Libro primo; 
imprimé à Rome, pour Jacques Junte, par 
Jean-Jacques Pasoli et Valerius Dorich, au 
mois d'avril 1526. 

MARC HI (Jeaïi-Majue), compositeur, né 
à Milan, vécut dans la première moitié du 
dix-huitième siècle. En 1756, il fit représenter 
au théâtre Saint-Samuel de Venise, pour la 
foire de l'Ascension, son opéra intitulé : Gé- 
nérosité politica. Quelques airs de cet opéra 
sont connus en manuscrit. Le catalogue de 
Traeg (Vienne, 1799) indique de la composi- 
tion de Marchi : tétanie a 4 toc», a cappella, 
datée de 1711. ■ 



BIARCOLINI (François), écrivain, gra- 
veur en caractères et architecte, naquit a 
Forli, en 1500. Il fut un des premiers impri- 
meurs de musique à Venise, après Octavien 
Petrucci. Il établit son imprimerie dans celle 
ville, en 1530, et y imprimait encore en 1536; 
plus tard, il se fixa à Vérone. On ne connaît 
aujourd'hui qu'un seul ouvrage sorti de ses 
presses, par un exemplaire qui esta la Biblio- 
thèque impériale de Vienne. Cet ouvrage, qui 
renferme des pièces de lulh en tablature, de 
Francesco de Milan, d'Alberto de Mantoue et 
de Marco de VAquileo, a pour litre : Inta- 
bolatura di liuto da diversi con la Bataglta 
et altre cose bellissime, di M. Francesco da 
Milano, stampata nuovamente per Fran- 
cesco Marcolini di Forli } con gratia et pri- 
vilégie». Le volume est un petit in -4° obi. de 
cinquante-trois feuillets ; on Ht au dernier : 
In Vimgia per Francisco (sic) Marcolini da 
Forli, in la Contra di Santo Apostolo, ne la 
casa de Frati di Crosachieri, negilanni (sic) 
delSignore 1536 del mese di Magio. Dans la 
préface, Marcolini dit que le monde a une 
grande obligation à Petrucci de Fossombrone, 
pour avoir inventé les caractères à imprimer 
la musique comme on imprime les livres; 
mais que la musique de luth de son temps 
n'exigeait pas pour la tablature la multitude 
de signes que l'art plus avancé de Francesco 
de Milan, d'Alberto de Mantoue et d'autres y 
a introduits ; et que lui, Marcolini, a perfec- 
tionné l'invention de Petrucci sous ce rapport. 
Il promet aussi de publier bientôt un livre de 
messes ? un livre de motets et un livre de ma- 
drigaux de lo stupendo Adriano (Willaert). 
Ces ouvrages, s'ils ont paru, n'ont pas été re- 
trouvés jusqu'à ce jour. 

MARCOLINI (Mariette), cantatrice dis- 
tinguée, commença à se faire connaître en 
1805, et joua avec succès dans plusieurs 
grandes villes de l'Italie. Au printemps de 
1809, elle chanta au théàlre de la Scala, à 
Milan; retourna dans la même ville au prin- 
temps de 1811, et alla dans l'automne de la 
même année à Bologne, où Rossini, alors âgé 
de dix-neuf ans, écrivit pour elle VEquivoco 
stravagante. Elle a aussi chanté d'origine 
Ciroin Babilonia, à Rome, en 1812; laPietra 
del Paragone, à Milan, dans la même année, 
et Vltaliana in Alger i, à Venise, en 1813. 
Celte cantatrice parut pour la dernière fois an 
théâtre Ré de Milan, en 1818. Peu de temps 
après, elle se relira de la scène. 

MARCOIN'CIIW (JosEm), un des meil- 
leurs luthiers modernes de l'Italie^ travailla 



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MARC0NC1NI — MARENZIO 



451 



dans sa Jeunesse chez Storioni, élève de 
l'école de Slradivari, à Crémone, puis se fixa 
à Ferrare, où il est mort dans un âge avancé, 
le 17 janvier 1841. Ses violons sont classés 
parmi ceux du troisième ordre; mais il en 
existe quelques-uns de patron moyen qui éga- 
lent ceux de son maître. 

MARCOU (Pierre), violoniste, fut admis en 
1790 dans la musique du roi de France; puis, 
après la dissolution de la chapelle royale, il 
alla s'établir à Rouen, où il fut quelque temps 
attaché à Porches tre du théâtre. De retour à 
Paris trois ans après, il entra comme un des 
premiers violons à l'orchestre du Théâtre- 
Lyrique, en 1798. Ce théâtre ayant été fermé 
deux ans après, Marcou se rendit à Nancy; 
puis, en 1804, il alla s'établir comme profes- 
seur de musique à Bourges, où il était encore 
en 1812. Il avait cessé de vivre en 1890. Ce 
musicien est auteur d'un livre intitulé : Élé- 
ments théoriques et pratiques delà musique; 
Londres et Paris, veuve Ballard, 1789, in-8° 
de cinquante-huit pages. Pendant son séjour 
à Nancy, il en donna une deuxième édition 
avec beaucoup de changements, sous ce titre : 
Eléments de musique, rédigés par le ci- 
toyen M*** ; Nancy, Vincent, an xi (1803). 
Enfin, il en a paru une troisième, intitulée : 
Manuel du jeune musicien, ou éléments 
théoriques et pratiques de la musique en gé- 
néral, suivis du discwrs sur l'harmonie, 
par Gresset; Paris, Duponcet, 1804, in-12. 

MARCUORI (Adamo), maître de chapelle 
de la cathédrale de Pise, né à Arezzo, vers le 
milieu du dix-huitième siècle, est mort à 
Montenero le 5 avril 1808* C'était, dit-on, un 
musicien de génie, qui écrivait pour l'église 
des compositions expressives et pathétiques. 
Il a laissé en manuscrit beaucoup de messes, 
motels, psaumes, deux Salve Regina, un 
Stabat Mater à deux voix et instruments, 
des vêpres complètes, et un Te Deum. Tous 
ces ouvrages se trouvent dans la cathédrale de 
Pise. 

MARCUS (Joachim), compositeur allemand 
de la An du seizième siècle, a publié â Stettin : 
Sacrm Cantiones 5, 0, 7, 8, 9 et plurimum 
vocum. Walther cite une deuxième édition de 
ce recueil, publiée à Leipsick en 1608. 

MARD (Rêmord DE SAINT). Voyez 
RÉMON D DE SALYr-MARD (Tous- 
sai ht). 

MARE (Guillaume DE LA), cordelier du 
treizième siècle, né en Angleterre, vécut vers 
1290, et fut docteur en théologie et professeur 
à Oxford. Il est auteur d'un traité, intitulé : 



De Arte musical* , lib. 1, qui se trouve en 
manuscrit dans la Bibliothèque bodléienne. 

MARE (André-Jacques), violiste à Pa- 
ris, dans la première moitié du dix-huitième 
siècle, s'est fait connaître par un recueil de 
pièces intitulé : Solos pour le pardessus de 
viole, Paris, 1759. Il était attaché à la 
musique de la chambre du roi. 

MARECZEK (...), compositeur hongrois, 
de race Israélite, est né en 1823. Il était en 1&42 
maître de chapelle à Agram, en Croatie. En 
1843, il fil représenter à Brttnn, Hamlet, 
opéra sérieux en trois actes, qui fut bien ac- 
cueilli par le public. Dans l'année suivante, il 
s'est établi à Nancy, comme directeur de mu- 
sique d'une société de chant. 

MARENZIO (Luc) , illustre compositeur 
du genre madrigalesque , dans le seizième 
siècle, naquit de parents pauvres, à Coccaglia, 
près de B rescia, vers 1550. André Mezetto, 
archiprétre de ce* lieu, le recueillit et lui fit 
faire ses premières études ; c'est à ce véné- 
rable religieux qu'il fut redevable de ses vertus 
et des connaissances qu'il acquit dans les let- 
tres. La beauté de sa voix et ses heureuses 
dispositions pour la musique ayant été remar- 
quées, il fut confié aux soins de Jean Contint, 
maître de chapelle de Brescia et l'un des mu- 
siciens italiens les plus instruits de celte 
époque, qui lui fit apprendre tout ce qui con- 
cernait la musique, l'art du chant et la com- 
position. Ses premiers recueils de madrigaux 
l'ayant fait connaître avantageusement, le roi 
de Pologne l'engagea à son service; mais après 
quelques années passées à sa cour, la fâcheuse 
influence du climat du Nord sur la santé de 
Marenzio l'obligea à demander sa retraite. Il 
se rendit à Rome, en 1581, et fut placé chez 
le cardinal d'Esté, en qualité de maître de 
chapelle, puis chez le cardinal Aldobrandini, 
neveu du pape Clément VIII, qui prit ce cé- 
lèbre artiste sous sa protection. En 1595, il fut 
agrégé au collège des chapelains chantres de 
la Chapelle pontificale. Il mourut le 22 août 
1599, et fut inhumé dans l'église Saint-Lau- 
rent in Lucina. 

Marenzio est considéré avec raison comme 
un des plus grands compositeurs italiens du 
seizième siècle. L'admiration qu'on avait pour 
ses ouvrages l'a fait appeler par quelques 
musiciens il dolee cigno } et Sébastien Raval, 
savant contrapuntiste espagnol, l'appelle, dans 
l'épllre dédicatoire de son premier livre de 
madrigaux à cinq voix : il signor Luca Ma- 
renzio, divino eompositore. Le mérite de ses 
madrigaux consiste bien moins dans les corn* 

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MARENZIO 



binaisons savantes el dans la pureté de style 
que dans l'expression tendre, gracieuse on 
mélancolique des paroles, et dans des har- 
diesses d'harmonie qu'on est étonné de ren- 
contrer à Tépoque où parurent ses premiers 
livres de ce genre de pièces. 

Plusieurs auteurs, particulièrement H. de 
Winterfeld dans son livre concernant Jean 
Gabi ieli et quelques maîtres de son temps, ont 
considéré, avec raison, Harenzio comme un 
des premiers musiciens qui ont établi dans 
des pièces entières le système de la musique 
chromatique; cependant, il ne faut pas se 
tromper sur la signification du mol chroma- 
tique employé dans ce cas, et ne pas croire 
que Harenzio ait fait usage des dissonances 
naturelles attaquées sans préparation, qui dé- 
terminent immédiatement des modulations 
nécessaires ; car, ainsi que ses contemporains, 
ce compositeur ne connaissait d'autre harmo- 
nie fondamentale que l'harmonie consonnante 
dans laquelle il introduisait des prolongations 
ou des notes de passage plus ou moins har- 
dies. Ce n'est point là ce qu'a fait Monteverde 
(voyez ce nom), vers la fin de la carrière du 
même Marenzio. Les œuvres publiées de ce 
grand musicien sont : 1* Neuf livres de ma- 
drigaux à cinq voix , publiés et réimprimés 
plusieurs fois à Venise, chez Ange Garda ne et 
ses successeurs, en 1580, 1581, 1582, 1583, 
1584, 1585, 1586, 1587, 1589; réimprimés en 
1594, 1595, 1602, 160?, 1605, 1608 et 1609, 
in-4*. Une édition complète de ces neuf livres 
de madrigaux a été publiée sous ce titre : Di 
Luca Marenzio, musico eccellentissimo, Ma- 
drigali a cinqne voci ridotti in un corpo, 
nuovamente potti in luce, e con ogni dili- 
gent ia correlti. Jn Anuersa,appresso Pietro 
Phalesio e Giovanni 2fc/fero, 1593, in-4* obi. 
Le même Phalèse a aussi réimprimé quelques 
livres séparés de cette collection en 1594. 
2* Six livres de madrigaux à six voix, publiés 
à Venise en 1582, 1584, 1585, 1587, 1591, 

1609, in-4°. Phalèse en a donné de nouvelles 
éditions, à Anvers, en 1594, 1597, 1603 et 

1610, in-4* obi. La dernière de ces éditions a 
pour titre : Di Luca Marenzio, musico eccel- 
lentissimo, il primo, secondo, terzo, quarto, 
quinto e sesto libro de' Madrigali a set voct, 
novamentiristampatied in un corpo ridotti, 
in-4° obi. Il a été donné aussi à Nuremberg 
des éditions des madrigaux à cinq et à six voix, 
en 1601 et 1608. 5° Madrigali a quattro voci, 
lib. I, Venise, 1592, 1608. Ces madrigaux 
doivent être classés parmi les plus beaux ou- 
vrages de Marenzio. A° MoUtti a 4 voci, lib. II, 



in Fenezia, par Aless. Fincenti, 1588, in-4*. 
5° Motetti a 4 voci, lib. II, ib., 1592, in-4". 
5° {bis) Mottetti a 12 voci, Venise, 1614, in-4*. 
6° Sacri concenti quinque, sex et sept, voc.; 
Venetias, J. M. Piccioni, 1616, in-4°. 7° Corn- 
pletorum ae Anliphonx sex voc.; Venetiae, 
1595, in-4°. 8° Cinq livres de villanelles alla 
Napoletana,! trois voix; Venise, 1584,1586, 
1589, 1592, 1600 et 1605, in-4*. Ces villa- 
nelles ont été réimprimées à Nuremberg, avec 
un texte allemand, en 1606. Parmi les manu- 
scrits de la collection Eler, appartenant à la 
.bibliothèque du Conservatoire de Paris, on 
trouve deux madrigaux à six voix de Marenzio, 
en partition, et un motet à quatre. Le P. Mar- 
tini a publié de cet auteur 4 , en partition, les 
madrigaux à quatre : Ahiï dispietata morte; 
Ma per me lasso; Zefllro torna ; le madrigal 
à cinq voix, Ah, tu mel ntghi! Fezzos' au* 
gelli; et le madrigal O fortuna volubile, dans 
le second volume de VEsemplare, o siasaggio 
fondamentale pratico dicontrappunio. M. de 
Winterfeld a donné aussi en partition le ma- 
drigal a cinq voix : O voi cbe sospirate, dans 
la troisième partie de son livre sur Jean 
Gabrieli. Enfin, Choron a réimprimé dans ses 
Principes de composition des écoles d'Italie 
les madrigaux publiés par le P. Martini. Tous 
les madrigaux de Marenzio, à quatre, cinq et 
six voix, sont en partition dans la collection 
de Pabbé Santini, a Rome. Beaucoup de col- 
lections, publiées vers la fin du seizième siècle 
et au commencement du dix-septième, ren- 
ferment des morceaux de Marenzio; j'en ai 
trouvé dans celles dont voici les titres : 1° Spo~ 
glie amorose; madrigali a 5 voci di diverti 
eccellentissimi musici; in Venegia, appresso 
V herede di Girolamo Scoto, 1585, in-4*. 
2* Musica divina di XIX autori illuslri 
a 4, 5, 6 et 7 voci nuovamente raccolta da 
Pietro Phalesio; Anvers, 1595, in-4* oblong. 
3* Harmonia céleste di diversi eccell. musici 
a 4, 5, 6, 7 e 8 voci, nuovamente raccolta 
per Andréa Pevernage; Anvers, P. Phalèse 
et J. Bellere, 1593 in-4* oblong. 4* Sympho- 
nia angelica di diversi eccell. musici, imio- 
vamente raccolta per ffuberto TFaelrant, 
ibid., 1594, in-4* obi. 5* Melodia olimpica 
di diversi eccellentissimi, ec., nuovamente 
raccolta da Pietro Philippi, Inglese; ibid. , 
1594, in-4* oblong. 6* Il Lauro ver de, ma* 
drigali a sei voci, composti da diversi eccell. 
musici, ec.; ibid, 1591, in-4*. 7* // Trionfo 
di Dori, descritto da diversi, e posti in 
musica da altrettanti autori a 6 voci; Ve- 
nise, Gardane, 1596, in* 4°; Anvers, Phalèse, 



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HARENZIO — MARET 



433 



15%, in-4« oblong; ibid., 1601; t&to\,10l4. 
S°Paradiso musicale dé madrigali e canzoni 
a 5 voci; ibid, 1596. 0° Ghirlanda di madri~ 
gali a sei voci di diversi eccellent. auto ri; 
ibid., 1601, in-4°obl. 10? Madrigali a otlo 
voci di diversi eeceUenti e famosi autori 9 
ibid., 1506. 

MARESCALCHI (Louis), compositeur, 
né à Rome, suivant Gerber, mais pins vrai- 
semblablement à Napies, eu il y a des familles 
de ce nom, étudia le contrepoint sous la direc- 
tion du P. Martini, à Bologne. Cependant il fut 
plutôt un musicien d'instinct et de goût qu'un 
maître remarquable par son savoir. En 1770, 
il demeurait à Venise, où il avait établi une 
maison de commerce pour la musique gravée. 
En 1780, il écrivit à Florence le ballet de 
Méleagro. Quatre ans après, son opéra IDiser- 
tori felici obtint un brillant succès à Plai- 
sance. Un duo de cet ouvrage (Sventurato, a 
chi fin or a) a été gravé a Venise, avec accom- 
pagnement de deux violons et basse. En 1784, 
il a écrit a Rome Andromeda e Perseo, opéra 
sérieux. L'année suivante, il transporta à Na- 
pies son commerce de musique. Le Rivolu- 
xioni del seraglio, ballet en trois actes, fut 
représenté en 1788; et il donna Giulietta e 
Romeo, à Rome, en 1789. On connaît plu- 
sieurs morceaux détachés tirés des opéras de 
Harescalchi, nn concertino à quinze instru- 
ments, et quatre quatuors pour deux violons, 
alto et basse, gravés à Paris. Sous le nom de 
Boccberini, on a gravé, comme œuvre 7 ae , 
des trios pour deux violons et violoncelle qui 
n'appartiennent pas à ce compositeur, mais à 
Marescalchi. C'est une supercherie d'éditeur 
qui a été faite par Marescalchi lui-même. Le 
véritable œuvre 7 m * de Boccherini est composé 
de six sonates pour violon. Marescalchi a pu- 
blié un petit ouvrage élémentaire pour le 
piano, sous ce titre' : Scale simplici e doppie 
per piano- fort* in tutti i dodici tuoni mag- 
giori e minori, seconde il metodo antico, 
aggiunte le scale de' tuoni minori colle teste 
minori ascendenti, corne pure la scala géné- 
rale cromatica o sia semituonala. Il tutto 
colla numerica dette dita, per l'esecuzione se- 
conda il nuovo metodo; Napies, Marescalchi ; 
Milan, Ricordi, in- fol. obi. de onze pages. 

MARESCH (J.-A.), corniste, né en Bo- 
hême, en 1709, alla s'établir en Russie vers 
1744 et entra au service de la cour impériale. 
Son talent le fit remarquer du prince Narisch- 
kin, qui lui proposa, en 1751, de s'occuper 
du perfectionnement de la musique de cors 
russes. Depuis longtemps les chasseurs de 



cette nation se servaient d'un cor de cuivre 
jaune, dont la forme était à peu près semblable 
à un cône parabolique, et qui ne rendait qu'un 
son. Maresch en fit fabriquer trente-sept qui, 
par leurs grandeurs différentes, rendaient 
tous les demi-tons compris dans l'étendue de 
trois octaves. Les cors destinés aux sons les 
plusgraves avaient environ sept pieds de long; 
les plus petits n'avaient qu'un pied. Depuis 
lors on a fait des tubes de douze pieds pour la 
note la plus grave, et de quelques pouces seu- 
lement pour la plus aiguë. Maresch distribua 
ses trente-sept cors à un nombre égal de chas- 
seurs, et, par un exercice dont la sévérité 
n'était praticable que dans un pays d'esclaves, 
il parvint à leur faire exécuter les traits les 
plus difficiles et les plus rapides. Rangés sur 
plusieurs lignes, les exécutants attendent dans 
celle musique l'instant ou il doivent faire son- 
ner leur note; car chacun d'eux n'en saurait 
produire davantage. Le mérite consiste à le 
faire exactement dans le temps nécessaire, et 
avec le degré de force qui convient pour la mu- 
sique qu'on exécute. Le premier essai de cette 
musique fut fait en 1755, en présence de la cour 
impériale, à la maison de chasse IsmaYlow, à 
peu de distance de Moscou. L'effet frappa 
d'étonnement tous ceux qui l'entendirent. De 
près, les cors réunis produisent l'effet d'un 
grand orgue; de loin, on croit entendre un 
puissant .harmonica. Maresch, après avoir été 
récompensé avec magnificence, vécut encore 
près de quarante ans. 11 est mort à Saint-Pé- 
tersbourg, en 1794, laissant une fille qui a eu 
de la réputation comme pianiste. 

MARESCH ALL (Samuel), voyez MAR- 
SCHALL 

MARESSE (Louis), pianiste et composi- 
teur, né à Évreux en 1797, vint à Paris vers 
1810 et se fit connaître par un petit opéra- 
comique, intitulé - l'Habit retourné. On a 
gravé sous son nom : 1° Des trios pour piano, 
violon et violoncelle, op. 5 et 9; Paris, Dufaut 
et Dubois. 2° Des duos pour piano et violon, 
op. 6 et 7; ibid. 5° Fantaisie sur un air suisse 
pour piano seul, op. 4; ibid. 4° Trois airs va- 
riés détachés pour piano; ibid. 5° Deux recueils 
de valses pour piano, op. 8 et 10; ibid. En 
1828, M. Maresse s'est éloigné de Paris, et 
depuis lors on n'a plus eu de renseignements 
sur sa personne. 

MARET (IIucues), né à Dijon en 1726, 
mort dans la même ville le 11 juin 1786, fut 
docteur en médecine de l'Université de Mont- 
pellier, démonstrateur de chimie à Dijon, 
médecin du roi et de la généralité de Bour- 



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MARET — MA1É 



gogne, censeur royal, membre de plusieurs 
académies, et secrétaire perpétuel de celle de 
Dijon. C'est en cette qualité qu'il a prononcé 
en 1700 un Éloge historique de Rameau, qui 
a été imprimé dans le volume des Mémoires 
de l'Académie de Dijon publié dans la môme 
année. Cet éloge a été imprimé séparément; 
Dijon, 1766, in-8°. On a aussi de Maret, 
VÉloge de Durey de Noinville, auteur de 
V Histoire de l'Opéra. Cet éloge est imprimé 
parmi les Mémoires de l'Académie de Dijon 
(1769). 

MAREX ou MARCKX (Charles), né a 
Alost,* vers 1720, a été nommé maître de 
chant, ou chef du chœur à l'église de Sainte - 
Walburge, d'Audenarde, le 12 mars 1761. 
Après avoir occupé cette position pendant 
vingt-sept ans, il mourut le 28 juillet 1788, 
laissant dans les archives de l'église d'Aude- 
narde : 1° Six Ave Maria à plusieurs voix 
avec instruments. 2° Six Tantum ergo, idem. 
5° Messe de Requiem ^ à .quatre voix, avec 
quatuor d'instruments à cordes, tous de sa 
composition. 

MARGRAFF (Ahdré), né à Egger, en 
Bohême, dans les dernières années du quin- 
zième siècle, fut instituteur et chantre à 
Schwandorf, près de Ratisbonne. Il a fait im- 
primer de sa composition le cent vingt-hui- 
tième psaume à cinq voix; Amberg, 1536. 

DIARIANI (Jean-Baptiste), compositeur 
dramatique de l'école romaine, vécut vers le 
milieu du dix-septième siècle. Il fit représen- 
ter à Viterbe, en 1659, Amor vuol gioventù, 
opéra qui a été trouvé fort beau à celte 
époque. 

• MARIANI (Paul), chanteur célèbre, né à 
Urbino, vécut vers 1710. 

MARIANI (Jear-Lagubrt), compositeur 
de musique d'église, né à Lucques en 1737, 
fut maître de chapelle de l'église cathédrale 
de Savone, et mourut dans cette ville en 1793. 
Élève du P. Martini, il fut un des plus savants 
musiciens de son temps. On connaît un grand 
nombre de messes, de vêpres, de psaumes, 
d'hymnes, d'antiennes et de litanies de sa 
composition, la plupart à six, sept et huit 
voix réelles, dont les copies manuscrites se 
trouvent dans plusieurs grandes bibliothèques. 
M. l'abbé Santini, de Rome, possède de ce 
musicien un Miserere à quatre voix, avec 
instruments, et deux Salve Regina. 

M AME -AN TOINETTE -AMÉLIE , 
duchesse de Saxe-Gotha, fille d'Ulric de Saxe- 
Mcinungcn, née le 17 septembre 1752, eut 
des talents qui auraient fait honneur à un 



artiste sur le clavecin et dans la composition. 
On a imprimé de sa composition des cansoni 
italiennes avec des variations pour le clave- 
cin, auxquelles on a ajouté d'autres variations 
de Benda, Schweitzer, Scheidler, etc., Leip- 
sick, 1782, in-fol. Elle a aussi fait paraître à 
Gotha, en 1786, Chansons d'un amateur de 
musique. Enfin, il existe une symphonie à dix 
parties, composée par celte princesse. 

MARIE (...), chanteur dramatique, né à 
Paris, en 1814, fut admis, vers l'âge de dix 
ans, dans l'institution de musique religieuse 
.dirigée par Choron, et y fit de bonnes études 
musicales. Lorsque cette institution fot sup- 
primée, après la révolution de juillet 1830, 
Marié n'avait pas encore atteintsa dix-septième 
année. Il fut obligé de chercher des ressources 
pour son existence en chantant dans les 
églises, particulièrement à Safnt-Eustacae. 
Plus tard, le besoin lui fît accepter une place 
tle choriste à l'Opéra-Comique : il entra à ee 
théâtre sous le nom de Mécène. Cependant, 
artiste par le sentiment, musicien d'une édu- 
cation solide, et possédant une bonne voix de 
ténor, il était fait pour occuper une meilleure 
position : il le sentit et se prépara, par l'étude 
du répertoire, à tenir sur un théâtre de pro- 
vince l'emploi de premier ténor. Un engage- 
ment lui fût offert pour le théâtre de Metz : 
il y débuta au commencement de Tannée 
théâtrale 1838. Sa voix, où se faisaient remar- 
quer de beaux sons dans toute l'étendue d'un 
bon ténor, n'avait pas été convenablement 
travaillée par des exercices de vocalisation 
bien dirigés ; elle manquait de souplesse et 
d'égalité; mais elle était accentuée. Marié 
possédait un sentiment pur, une manière large 
de phraser, et de plus il était très-non mu- 
sicien. Ses succès eurent du retentissement; 
les journaux de Paris le signalèrent à l'atten- 
tion publique, et le directeur du nouveau 
Thédtre de la Renaissance engagea l'artiste 
pour l'année 185Q; mais le directeur de 
l'Opéra-Comique le réclama, en vertu d'une 
clause de son privilège qui ne permettait pas 
à un chanteur sorti de son théâtre de paraître 
sur une autre scène de Paris avant le terme de 
trois ans révolus. Un procès s'ensuivit, et le 
tribunal ayant donné gain de cause à M. Cros- 
nier, alors directeur de l'Opéra-Comique, 
Marié fut obligé de rentrer à ce théâtre avec 
le titre de premier ténor. Il y parut pour la 
première fois dans la Symphonie, opéra écrit 
pour lui par Clapisson. Il y eut un véritable 
succès, parce que le compositeur avait com- 
pris ce qu'il fallait pour le caractère large de 



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MARIE — MARIN 



455 



son chant; mais bientôt l'administration du 
théâtre put comprendre qu'elle avait fait une 
faute en obligeant Marié à y entrer, car le 
répertoire courant n'avait pas un rôle qui 
loi convint. En 1840, cet artiste fut engagé 
par l'administration de l'Opéra, pour chan- 
ter les principaux rôles en remplacement de 
Duprez, qui commençait à se fatiguer. Il y 
réussit d'abord, mais aucun rôle n'ayant été 
écrit pour lui, dont la direction ne sut pas 
comprendre la destination spéciale, Marte 
perdit insensiblement la faveur du public. 
Sorti de l'Opéra, il parcourut les départements 
et la Belgique, où il obtint des succès ; puis, il 
alla en Italie, s'y essaya dans les rôles de 
baryton, revint à Paris, et rentra à l'Opéra, 
dans une situation secondaire, où il s'est 
effacé. C'est ainsi qu'un vrai talent de senti- 
ment et de distinction fut perdu et ne parut 
jamais ce qu'il valait, parce qu'il ne fut com- 
pris, ni parles directeurs de théâtres, ni par 
la critique vulgaire. 

MARIN (Fabrice), né dans le Piémont 
vers 1540, a mis en musique à quatre parties : 
Airt sur aucunes poésies de Baïf, Ronsard, 
Jamin si Desportes; Paris, Adrien Le Roy, 
1578, in-4° obi. 

MARIN (Fbauçois-Louis-Claude MA- 
RIN I, dit), littérateur, connu principalement 
par un bon ouvrage intitulé : Histoire de Sa- 
ladin, sultan d'Egypte et de Syrie, naquit 
à la Ciotat, en Provence, le juin 1721 . Venu 
à Paris, vers 1743, après avoir été enfant de 
chœur, puis organiste, et enfin ecclésiastique, 
il quitta le petit collet, et fut reçu avocat au 
Parlement. On ne rappellera pas ici toutes 
les circonstances de la vie de ce littérateur, 
qui ne figure dans ce dictionnaire qu'à l'oc- 
casion d'un opuscule relatif à la musique : ces 
-détails d'une carrière assez agitée sont con- 
signés dans les divers dictionnaires histori- 
ques publiés depuis quelques années. Je me 
bornerai à dire qu'après avoir été successive- 
ment censeur royal, censeur de la police; se- 
crétaire de la librairie et directeur de la Ga- 
zette de France, il perdit ces places, se retira 
dans sa ville natale, en 1778, et y acheta 
la place de lieutenant-général de l'amirauté. 
Mais la révolution l'ayant privé de cette 
charge et d'une partie de sa fortune placée 
sur l'ÉUt, il vint à Paris recueillir les débris 
de son ancienne opulence, s'y Axa et y vécut 
jusqu'à l'âge de quatre-vingt-neuf ans. Sa 
mort eut lieu le 7 juillet 180'J. Il s'était marié 
et avait eu un fils, grand amateur de musique, 
mais étourdi et dissipateur, qui épousa une 



fille de Grétry, ne la rendit point heureuse, et 
mourut peu de temps après son père. On a de 
Marin un petit écrit publié à l'occasion des 
querelles sur la musique française que la lettre 
de J.-J. Rousseau avait fait naître. Cet opus- 
cule est intitulé : Ce qu'on a dit, ce qu'on a 
voulu dt're, lettre à madame Foliot; Paris, 
1752, in-8*. Marin s'y range parmi les défen- 
seurs de la musique française. 

MARIN (Guillaume MARCEL DE), né 
à la Guadeloupe, le 22 mai 1757, descendait 
des Marini qui ont donné des doges à Ve- 
nise. Sa famille était établie en France depuis 
1402. Il vint à Paris à l'âge de dix ans, et fit 
ses études au collège de Louis le Grand; mais 
il ne les acheva pas. A quatorze ans, il em- 
brassa la carrière des armes; à quinze, il se 
livra à l'élude des mathématiques et de la 
musique. Il entreprit alors, sans maître, l'étude 
du violon, et ses efforts le conduisirent à jouer 
avec facilité les caprices de Localelli. Plus 
tard, Gaviniès et Pagin lui donnèrent des le- 
çons, et Rameau lui enseigna l'harmonie. On 
a gravé un Stabat de sa composition, pour 
quatre voix et orchestre; Paris, Leduc. 

MARIN (Marie-Martin MARCEL DE), 
fils du précédent, est né à Saint-Jean -de-Luz, 
près de Bayonne, le 8 septembre 1769. Lors- 
qu'il eut atteint l'âge de quatre ans, son père 
lui enseigna la musique; à sept, il composa 
un concerto de piano. Plus tard, il fit un 
voyage en Italie, où il reçut des leçons de Kar- 
dini pour le violon. Son admirable organisa- 
lion musicale lui fit faire de rapides progrès 
sous la direction de ce maître, qui le considé- 
rait comme son meilleur élève. De retour en 
France, M. de Marin prit de Hocbruckcr des 
leçons de harpe; mais bientôt les idées qu'il 
se forma des ressources qu'on pouvait tirer de 
cet instrument le décidèrent à n'avoir plus 
d'autre maître que lui-même. La musique de 
harpe qu'on possédait alors était plate et mi- 
sérable : Krumpholz seul savait écrire pour 
cet instrument; mais M. de Marin alla plus 
loin que lui dans les hardiesses harmoniques 
et dans la variété des styles. Comme violoniste, 
il était l'amateur le plus remarquable de son 
époque; comme harpiste, il n'avait point de 
rivaux. Dans un second voyage qu'il fit en 
Italie; en 1783, il fut reçu, à Page de quatorze 
ans, membre de l'Académie des Arcades de 
Rome, improvisa sur la harpe dans une séance 
publique, joua des fugues de Bach sur cet in- 
strument, et accompagna des airs de Jomcllt 
et d'autres compositeurs, comme on aurait pu 
le faire sur le piano. La célèbre improvisa* 



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456 



MARIN — MARIN! 



trice Corilla, présente à celle séance, fit un 
impromptu sur les merveilles d'un lalenl si 
précoce et si solide. 

A son retour d'Italie, M. de Marin, âgé de 
quinze ans, entra à l'école militaire des che- 
vau-légers, à Versailles. Il en sortit en 1786, 
avec le titre de capitaine de dragons. Peu de 
temps après, il sollicita et obtint un congé 
pour voyager, visita l'Autriche, la Prusse, 
l'Espagne, et mit a profit tout ce qu'il enten- 
dit, pour développer son triple talent de violo- 
niste, de harpiste et de compositeur. Éloigné 
de sa patrie, au moment où la révolution fran- 
çaise éclata, il fut mis sur la liste des émigrés, 
et sollicita vainement la faveur de rentrer 
dans sa patrie, où ses biens avaient été sé- 
questrés. Il prit alors le parti d'aller en An- 
gleterre et d'y chercher des ressources- dans 
ses talents. C'est là que son habileté sur la 
harpe a atteint le plus haut degré de perfec- 
tion. Sa qualité de gentilhomme, la beauté ac- 
complie de sa personne, ses manières nobles et 
la variété de son instruction, rendaient plus 
facile l'exercice de son talent, dont il lira des 
produits considérables qui lui permirent de 
soulager l'infortune de beaucoup d'émigrés. 
De retour en France sous le consulat, M. de 
Marin obtint la restitution de ses biens qui 
n'avaient pas été vendus, et se retira à Tou- 
louse, où la musique ne fut plus pour lui qu'un 
délassement. Labarre qui, dans sa jeunesse, a 
eu occasion d'entendre M. de Marin et de 
jouer devant lui, a compris le mérite de ce 
grand artiste amateur, et s'est proposé de 
continuer sa manière en l'appliquant aux 
formes de la musique actuelle : c'est à celle 
direction de son talent, autant qu'à son organi- 
sation personnelle, que Labarre fut redevable de 
sa supériorité comme harpiste. On ignore si 
M. de Marin vit encore au moment où celle 
notice est revue (1861). 

La musique de harpe de M. de Marin est vé- 
ritablement classique ; elle restera comme mo- 
dèle et comme un monument historique. Il 
n'a pas publié tout ce qu'il a écrit, mais on a 
gravé de lui : 1° Quintetlo pour harpe, deux 
violons, alto et basse, op. 14; Paris, Cousi- 
> neau. 2° Duo pour harpe et piano, op. 17; 
Paris, Érard. 5* Duo pour harpe et violon ; 
f. Paris, Pleycl. 4 P Sonates pour harpe seule, 
? op. 5, 15, 16, 22, 31, 52 ; Londres, Clemenli; 
Paris, Lemoinc atné, Érard et Schlesinger. 
5° Airs variés pour harpe seule, op. 4, 7, 11, 
15; Londres, Clemenli; Paris, Lcmoine aine. 
6° Trois trios pour violon, alto et basse, 
op. 20; Paris, Érard. 7° Air varié pour violon, 



avec accompagnement de violon, allô et basse, 
op. 35; ibid. 8° Douze romances avec accom- 
pagnement de harpe, liv. I, II, III ; Hambourg, 
1798. 

MARIN ATI (AunÉLiEH), docteur endroit, 
né à Ravenne, vers le milieu du seizième 
siècle, a publié un livre qui a pour titre : La 
prima parte délia Somma di tutte le sciemxe, 
nella quale si tratta délie Mette arti libérait, 
in modo taie cke eiascuno potrà daté intro- 
dnrsi nella Grammatiea , Retorica, Logiea T 
Musica, Aritmetica, Geometria et Astrolo- 
gia; Rome, 1587, in -4°. L'abrégé de musique 
qui comprend depuis la page 73 jusqu'à la 98 e 
est Irès-bon, pour le temps ou ce livre a 
paru. 

MARIHELLI (le P. Jules-Cssii), reli- 
gieux servite de Monte-Cicardo, vers le milieu 
du dix-seplième siècle, a publié un bon traité 
de plain-cbant sous ce titre : Fia reita délia 
voce corale overo osservationi intorno al 
retto esercitio del canlo ferma, divisa in 
cinque parti, etc.; Bologne, Mooli, 1671, 
in-4°. Ce livre est rare. 

MARINELLI (Gabtiho), compositeur na- 
politain, né. en 1760, fit ses éludes musicales 
au Conservatoire de la Pieia, ou, suivant le 
marquis de Yillarosa, au Conservatoire de Lo- 
reto, et fut attaché comme compositeur au ser- 
vice de l'électeur de Bavière, vers 1790. 11 
s'est fait connaître au théâtre par les opéras 
suivants : 1° Le tre Bivali, ossia il Matri- 
monio inaepettato; Rome, 1784. 2* Gli Ve- 
cellatori; Florence, 1785. 5° Jl Trionfo d*t 
a more. 4° // Letterato alla moda. 5° La Bo- 
chetta in equivoco.Q LueioPapirio ;Naples, 
1791 . 7° il Fillano al governo, ossia Amore 
aguzza Vingegno. 8° La Vendttta di Mcdea, 
opéra séria, au théâtre de Saint-Samuel, à 
Venise, en 1702. 0» Jl Coneorso délie spose; 
Venise, 1795. 10* Iquattro Rivali in amore r 
Naples. 11° Alessandro in Efeso; Milan, 
1810. 12° L'Eqnivoco fortunato ; ibid., 181 1 - 
15° La finta Prineipessa. 14° Quinto Fabio? 
Rome. 15° La bizarra Contadina. 16° Gli 
accidenti inaspettali. 17» La Fillanella 
sempliee. 18° // Barone di Sarda fritta. 
19° TobiaeSara, cantate à quatre voix. On 
cite aussi avec beaucoup d'éloges son oratorio 
tï Baldassaro, écrit à Naplcs. 

MARINI (Alexasdrb), chanoine de La- 
ie ran et compositeur, naquit à Venise et (ta- 
rissait en celle ville vers le milieu du seizième 
siècle. Les ouvrages de sa composition dont 
nous avons connaissance sont : 1* Psalmi 
vesperarum et Magnificat quatuor vocum ; 



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MARIN! 



457 



Venise, chez les héritiers de Jérôme Scolo, 
1578, in -4o obi. 2°Psalmi omnes qui ad ï es- 
péras decantantur sex vocibus; ibid., 1579, 
in -4° obi. La seconde édition a élé publiée à 
Anvers, en 1637, in- 4°. 5° Motetti a sei 
voci; Venise, 1588, in-4*. C'est une seconde 
édition. 

MARINÏ (Jean) , compositeur vénitien , 
vécut dans la seconde moitié du seizième siècle, 
et fut maître de chapelle de l'église de la Ma- 
dona dcW Orto. On a imprimé de sa compo- 
sition : 1° Madrigali a einque voci, libro 
primo; Venezia, app. Ang. Gardano, 1571, 
petit in-4°. 2° Madrigali a einque voci, libro 
secondo ; in Venezia, app. Fincenti, 1618, 
in-4°. C'est une réimpression. 

M A REM ou MARirSO (J eau-Baptiste), 
poète italien qui a eu de la célébrité, naquit à 
Naples, au mois d'octobre 1569. Destiné à la 
profession d'avocat par sa famille, il préféra 
la culture des lettres et s'exposa à la colère de 
son père pour suivre son penchant. Après 
avoir été pendant quelque temps secrétaire du 
prince de Tonca, il alla à Rome, où le cardinal 
Aldobrandini le prit sous sa protection; puis 
il fit un assez long séjour à la cour de Turin. 
D'abord, il jouit de la faveur du duc de Savoie ; 
mais ayant élé desservi près de ce prince par 
des envieux, il fut jeté en prison. Rendu a la 
liberté, après quelques mois de détention, il 
se rendit à Paris, en 1615, et fut accueilli 
avec beaucoup de bienveillance par Marie de 
Médicis, qui lui assura une pension de deux 
mille écus. Ce fut pendant son séjour en 
France qu'il publia son célèbre poème de 
VAdone-, dont le goût faux et maniéré est au- 
jourd'hui condamné parles connaisseurs, mais 
qui fut fort vanté quand il parut. En 1622, 
Marini s'éloigna de Paris et retourna à Rome ; 
mais après la mort de son protecteur , le pape 
Grégoire XV, il alla finir ses jours à Naples, le 
25 mars 1625. Au nombre de ses ouvrages, il 
en est un qui a pour titre : Dicerie sacre. Tu- 
rin, 1614, un vol y me in-12. La deuxième édi- 
tion a paru dans la même ville, en 1620 ; la 
troisième, à Venise, en 1628, et la quatrième 
également à Venise, en 1642. Le deuxième 
discours contenu dans ce volume est intitulé : 
La Mutica, dieeria seconda sopra le sette 
parole dette da Cristo in croce. Il occupe 
environ deux cents pages dans le volume; 
toutefois, il est sans intérêt pour l'art, auquel 
il ne touche qu'indirectement, et d'une ma- 
nière presque toujours allégorique. 

MARINI (Biagcio ou Blaise), composi- 
teur, né a Brescia, dans les dernières années 



du seizième siècle, fut d'abord maître de cha- 
pelle à l'église cathédrale de Vicence, puis oc- 
cupa un poste semblable dans sa ville natale, 
vers 1620. Plus lard, il se rendit en Allemagne 
et entra, en 1621, au service du comte palatin 
Wolfgang Guillaume, qui le fit chevalier. De 
retour en Italie, il entra au service du duc de 
Parme, en 1623, comme compositeur et pre- 
mier violon de sa musique. Marini est mort à 
Padoue vers 1660. Il jouait fort bien de plu- 
sieurs instruments, particulièrement du vio- 
lon. On connaît sous le nom de ce musicien : 
\°Arie, madrigali e corrente a 1 , 2 e 3 voci; 
Venise, 1620. 1»(Ws) L'Ordine quarto délie 
musiche a 1, 2, 3, 4, 5 e 6; Venise, 1622, 
in 4°. 2° Saltni a 5 voci; Venise, Garda ne. 
2° (fris) Le Lagrime d'Erminia, canzoni 
a voce sola ; Parme, 1Ô23, in-4°. 3° Musiche 
da caméra a 2, 3 e 4 voci ; ibid. 4° Miserere 
a 2, 3, Avocieviolini; ibid. 5° Composizioni 
varie, madrigali a 3, 4, 5 e 7 con violini ; 
Venise, Alexandre Vicenli. 6° Madrigali e 
sinfonie a 2, 5 e 4 voci; ibid. 7°Arie «1,2, 
3 e Musiche a 1, 3, 4, 5 voci, lib. 4, 5, 7; 
ibid. 8° Sonate, Canzoni, Passamezzi, Bal- 
letti, Correnti, Gagliarde, Ritornelli, a 1, 
2, 3, 4, 5, 6 voci; Venise, BartolomeoMagni. 

MARINI (Joseph), maître de chapelle à 
Pordenone, dans l'État vénitien, au commen- 
cement du dix-septième siècle, est connu par 
un recueil de madrigaux, imprimé à Venise, 
en 1618. 

MAUIIXI (le P. Marie), moine camaldule, 
né à Pesaro, dans les premières années du 
dix-septième siècle, fut maître de chapelle de 
la république de Saint-Marin. Il a publié de 
sa composition : Concerli e Motetti a una, 
due, tre, quattro, einque, sei e sette voci con 
stromenti, libro primo. In Venezia, presso 
BartolomeoMagni, 1637, in-4°. 

MARINI (Charles-Antoine), violoniste et 
compositeur, né à Bergame vers le milieu du 
dix-septième siècle, fut attaché à l'église 
Sainte-Marie Majeure de cette ville. On con- 
naît de sa composition : 1° Douze sonates, 
op. 3, dont les huit premières pour deux vio- 
lons, violoncelle et basse continue, et les au- 
tres pour six instruments; Venise, 1606. 
2° Ballet ti allatfrancese a 5, op. 5; Venise, 
1609. 3° Douze sonates, op. 6, dont six pour 
deux violons, violoncelle et basse continue, et 
six à deux violons, viole, violoncelle et basse 
continue, op. 7. 4° Douze sonates pour violon 
seul et basse continue, op. 8. Il a paru une 
autre édition de cet œuvre chez Roger, à Am- 
sterdam, en 1706. 



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458 



MARIO — MARLE 



MARIO (comle DE CÀNDIA), ténor, 
qui a obtenu de brillants succès aux théâtres 
italiens de Paris et de Londres, est né vers 
1813, à Gènes, d'une famille ancienne et 
considérée. Doué d'une voix de ténor de la 
plus belle qualité, il ne la cultiva d'abord que 
pour l'agrément qu'elle lui procurait dans la 
société. Arrivé à Paris en 1830, il y fut re- 
cherché dans les salons, non-seulement pour 
son talent de chanteur amateur, mais aussi 
pour l'élégance de ses manières. Sollicité 
longtemps par l'administration de l'Opéra, 
pour qu'il se vouât à la carrière du théâtre, 
il finit par céder à ces instances, séduit par le 
chiffre des appointements qui lui étaient 
offerts, et le 30 novembre 1858, il débuta par 
le rôle de Robert, dans l'opéra de Meyerbeer. 
Nonobstant son inexpérience de la scène et 
les imperfections qu'il laissait apercevoir 
dans son chant, la beauté de son organe fil 
naître l'enthousiasme du public. Mario resta 
au même théâtre pendant l'année 1839; mais 
en 1840, il passa au Théâtre Italien, où ses 
avantages naturels se produisirent avec plus 
d'éclat. Le travail et l'habitude de la scène 
marquèrent chaque jour de nouveaux progrès 
de son talent, et pendant plus de quinze ans, 
il fut en possession de la faveur publique, soit 
à Paris, soit à Londres ou en Amérique. Il est 
fâcheux que, devenu riche, il n'ait pas quitté 
la scène lorsqu'il a senti les premières at- 
teintes de l'altération de sa voix, et qu'il en 
ait exposé les ruines à la critique dans les 
dernières années. Il est attaché â l'Académie 
impériale de musique (l'Opéra) de Paris au 
moment où celle notice est écrite (1863). 

MARKULL (Frédéric-Guillaume), né le 
17 février 1816 â Reichenbach, près d'Elbing, 
reçut les premières leçons de piano et d'orgue 
de son père, cantor et organiste de l'église 
Sainte-Anne, a Elbi'ng. Lorsqu'il eut atteint 
Page de dix ans, il devint élève de Charles 
Kloss pour le piano, et le directeur de mu- 
sique Urban lui enseigna les éléments de 
l'harmonie. En 1833, Markull fut envoyé par 
son père à Dessau, pour y continuer ses 
éludes de composition et d'orgue, sous la 
direction de Frédéric Schneider. Après deux 
ans de séjour dans l'école de c% maître, il re- 
tourna à Elbing au printemps de 1855, et s'y 
livra à l'enseignement du piano, et, dans l'été 
de l'année suivante, il obtint la place d'orga- 
niste à l'église Sainte-Marie de Danlzick; en 
1845, il ajouta à cet emploi celui de profes- 
seur de chant au Gymnase (collège), et deux 
ans après, il eut le litre de directeur royal de 



musique. Son activité dans l'exercice de ses 
fonctions a imprimé un remarquable progrès 
dans la culture de la musique parmi les habi- 
tants de cette ville. On connaît environ qua- 
rante œuvres de sa composition, parmi les- 
quelles on remarque : I e L'opéra intitulé JUaja 
und Mpinoj qui fut représenté à DanUick, le 
23 décembre 1843. 2° Drei ftachspiele fur 
die Orgel (Trois conclusions pour l'orgue); 
Erfurt, Kœrner. 3° L'oratorio Dos Gedacht- 
niss der Enlschlafenen (la Commémoration 
des morts), gravé en partition pour le piano. 
4" Le quatre-vingt-sixième psaume poorroix 
solos, chœur et orchestre. 5° Deux symphonies 
pour l'orchestre, la première en ut mineur, 
la seconde en"re. 6° Johannes der Taûfer 
(S. Jean le bap liseur), oratorio. 7* Le rot de 
Sion, opéra. 8° la fête de Walpurg. 9« Des 
pièces caractéristiques et de salon pour le 
piano. 10° Lieder et chants pour une et plu- 
sieurs voix. 12° Livre choral pour le nouveau 
livre de chant de Danlzick. 

MARKWORT (Jeam-Cmétiih) , direc- 
teur du chœur au théâtre de Darmsladl, s'est 
fait connaître comme écrivain sur la musique 
par les ouvrages suivants : 1° Umrisseiner 
Gesammt-Ton-Wissenschaft; wieauch einer 
Sprach-und Tonsxtzlehre und eitierGesang, 
Ton und Redevortraglehre inbesonders (Plan 
d'une théorie complète de la musique, etc.), 
Darmstadl, C.-W. Liske, 1826, in-8* de 
soixante-quatre pages. 2° EUmenlar- l'nler- 
richt fur da$ Piano- For te } etc. (Instruction 
élémentaire pour le piano, etc.), Francfort- 
sur -le- Mein (sans date), chez Fischer, in-4* de 
vingt-quatre pages de texle cl de vingl-lrois 
planches d'exemples. M. Markworl a fait aussi 
insérer dans la Gazette musicale de Leiptick 
(tom. XIX, pag. 517 et 533) un Essai sur la 
manière d'indiquer par la notation l'expres- 
sion musicale {Idem, pag. 569, 589, 605,- et 
tom. XX, pag. 273), sur la manière d'indiquer 
la valeur du temps musical ; (idem, p. 461 j 
497 et 513), sur la réalité du.rhylbme et sur 
son application à la poésie; dans le jUusikal. 
Hausfreund (3« année, 1824, p. 15-22), pre- 
mière introduction à la connaissance de la 
musique. 

MARLE (Nicolas DE), est souvent indi- 
qué dans les recueils de compositions du sei- 
zième siècle par le simple prénom de Nicolas. 
Il est vraisemblable que ce musicien n'est pas 
connu par son véritable nom de famille, et 
que De Marie est la désignation du lieu de sa 
naissance (Marie, petite ville du département 
de l'Aisne, à quelques lieues de Laoo). Quoi- 



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MARLE — MÀRM0NN1ER 



439 



qu'il en soit, il est est certain qu'il vécut vers 
le milieu du seizième siècle, et qu'il fut 
maître des enfants de chœur de l'église de 
Noyon. On connaît de sa composition : 
l°Mi$*a ad imitationem tnoduli Panis quem 
«go dabo; auctore Nicolao de MarU, cum 
quatuor vocibus, nunc primum in lucem 
édita, l.uteliœ, apud Adrianum Le Jloi et Ro- 
berluin Ballard, 1559, in-fol. 2>Missa ad imi- 
tationem moduli ie suis déshéritée, auctore 
etc., ibid, 1559, in-fol. max. 3° âtissa qua- 
tuor vocum cui titulus gente brunette. Pa- 
risiitj ex typoy raphia Nicolai Duchemin, 
1568, in-fol. max. Le XV 9 livre, contenant 
trente chansons nouvelles à quatre parties, 
imprimé par Pierre Attaingnant, à Paris, en 
1544, en contient deux de De Marie. Le sep- 
tième livre de chansons nouvellement corn- 
posées en musique à quatre parties (Paris, 
Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1556, in-4°) 
renferme trois chansons par Nicolas D. M. 
On en trouve aussi dans le XVII e livre des 
trente-cinq livres de chansons nouvelles à 
quatre parties de divers auteurs, en deux vo- 
lumes, imprimés par Pierre Attaingnant, à 
Paris, 1539-1549, in-4* obi. Enfin, un beau 
recueil manuscrit de chansons françaises à 
quatre voix , lequel a appartenu à Ja du- 
chesse d'Orléans, mère du roi Louis-Phi- 
lippe, contient onze chansons sous le nom de 
Nicolas. 

MARLIANI (le comte Acrèle), né en 
Lombardie, d'une famille noble et opulente, 
vers 1805, s'enrôla dans le carbonarisme, dis- 
sipa sa fortune au service de son parti, et, 
compromis par ses imprudences politiques, 
fut obligé de se réfugier à Paris, en 1830. 
Ayant reçu dans sa patrie une bonne éduca- 
tion musicale, il trouva des ressources dans 
l'enseignement du chant : c'est à ses leçons 
que Julie Grisi dût le perfectionnement de 
son talent. Plus lard, la position du comte 
Marliani s'améliora lorsqu'il fut nommé con- 
sul général d'Espagne à Paris. Après la révo- 
lution de février 1848, il retourna dans son 
pays et prit les armes pour son affranchisse- 
ment. Son dévouement à la cause de l'Italie 
lui fut fatal, car il fut tué sous les murs de 
Bologne, au mois de juin 1849, pendant l'at- 
taque de cette ville par l'armée autrichienne. 
Marliani s'est fait connaître comme composi- 
teur par Le Bravo, opéra en trois actes, re- 
présenté au Théâtre-Italien de Paris, au mois 
de janvier 1834, et qui fut ensuite représenté 
à Vienne, en 1835, à Prague, à Gèrfes, à Na- 
ples et à Plaisance, en 1856. Le Marchand 



forain, opéra en trois actes , dont Marliani 
avait composé la musique, fut joué sans succès 
au théâtre de l'Opéra-Comique, le 1 er octobre 
1834. La Xacarilla (danse espagnole), en un 
acte, ouvrage écrit pour madame Slolz, fut 
représenté avec succès au théâtre de l'Opéra, 
au mois d'octobre 1839. La musique écrite par 
Marliani pour ce petit drame était élégante et 
facile. Sous le titre de Lasarillo , cet opéra 
fut bien accueilli à Vienne, à Milan et à Ve- 
nise. La dernière production dramatique de 
Marliani fut l'opéra sérieux Jldegonda, qu'il 
écrivit pour Florence, et qui fut représenté en 
1841, au théâtre de la Pergola, et deux ans 
après à la Scala de Milan. On a aussi de lui 
des canzoni, des romances avec accompagne- 
ment de piano, des pots-pourris pour cet in- 
strument, à deux et à quatre mains, sur les 
thèmes de la Xacarilla. 

IttARLOW (Isaac), écrivain anglais, vécut 
à la fin du dix-septième siècle. Il n'est connu 
que par un pamphlet intitulé : Controversia 
of Singing brought to an end (Controverse 
sur le chant arrivée à sa fin); Londres, 1696, 
petit in-8°. Cet écrit a été occasionné par une 
discussion élevée à propos d'une brochure ano- 
nyme qui avait pour titre : On Singing (Sur 
le chant) ; Londres, 1691, in-8°. Un certain 
Robert Sleed en fit une .critique intitulée : 
EpistU concerning Singing (Lettre concer- 
nant le chant) ; Londres, 1692. L'auteur de 
l'ouvrage anonyme y répondit par uu livre 
dont le titre est : A Reply to Mr. Robert 
Steed's Epistle concerning Singing (Réplique 
à la lettre de M. Sleed concernant le chant); 
Londres, 1692, in-8°, qui donna lieu à un autre 
écrit intitulé : Jnswer to a late Book stiled a 
Reply, etc. (Réponse à un livre récemment 
publié et intitulé Réplique, etc.), Londres, 
1695, in-8°. Plusieurs autres brochures sur 
le même sujet se succédèrent pendant les 
années suivantes. L'écrit de Marlow a pour 
but de clore la discussion. 

MARJUADUKË OVEREIW. Voyez 
OVEKEIM) (Marmaduke). 

MAIlJHOftNIEIl(A.-J. -M.), ecclésiastique 
et chantre de la Collégiale de Vienne, en Dau- 
phiiié, a publié, sous le voile de l'anonyme, 
un livre qui a pour titre : Manuel du Cliantre 
viennois, on méthode universelle de chant, 
appliquée particulièrement au chant vt'en- 
nois, et qui peut également servir à toutes 
les églises; Lyon, Rusanri, 1855, un vol. gr. 
in-12, de trois cent trente-deux pages. Ce livre 
est divisé en leçons, dont chacune a un objet 
spécial. 



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460 



MÀRMONTEL — MARNEF 



MARMONTEL (Jeah-Frakçois), littéral 
leur qui a joui de beaucoup de célébrité, 
naquit le 11 juillet 1723, à Bort, petite ville 
du Limousin, et mourut d'apoplexie à Abbe- 
ville, le 31 décembre 1790. Nommé membre 
de P Académie française, en 1763, il y succéda 
à d' Alembert, en 1783, dans la place de secré- 
taire perpétuel. Dans la querelle des gluckistes 
et des piccinnisles, Marmontel s'enrôla sous 
la bannière de ceux-ci, et fournit à Piccinni 
trois opéras (Roland, de Quinault, refait, 
Bidon, et Pénélope), que ce grand compositeur 
mit en musique. Déjà Marmontel s'était dé- 
claré en faveur du musicien italien et contre 
Gluck dans une brochure publiée en 1777, 
sous le litre d'Essai sur les révolutions de la 
musique en France (Paris, in-4°). Cette espèce 
de déclaration de guerre lui valut une attaque 
directe de la part de Gluck, dans une lettre de 
V Année littéraire, en 1778, une multitude de 
critiques dans les écrits polémiques de Suard, 
et beaucoup d'épigra m mes de l'abbé Arnaud. 
. Il n'y fut point insensible; pour se venger, il 
composa un poëme en douze chants, intitulé : 
Poiymnie, où il prend la défense de Piccinni 
contre les admirateurs du musicien allemand, 
et dans lequel la satire n'est point épargnée. 
Ce poème, où l'on trouve plus de force que 
dans les autres ouvrages en vers de Mar- 
montel, n'était connu que par de longs frag- 
ments lorsqu'il fut publié en entier, en 1810, 
in-8°; mais presque toute Pédition fiu aussitôt 
supprimée sur 1? demande de M. Marmontel 
fils. 

Marmontel fut le premier qui procura à 
Grélry l'occasion de se faire connaître par le 
petit opéra le Huron, et successivement il 
donna avec lui Lucile, le Sylvain, Zémireet 
Aior, l'Ami de la maison, la Fausse Magie 
et Céphale el Procris. Malgré les succès que 
lui valut la musique de Grélry, à dater de 1775 
îl y eut du refroidissement entre l'homme de 
lettres et le musicien. Marmontel attaque le 
célèbre compositeur en plusieurs endroits de 
ses Mémoires; il semble être persuadé de la 
supériorité de ses canevas sur la musique; peu 
s'en faut même qu'il n'accuse celle-ci d'avoir 
gâté sa poésie! le pauvre homme ! • 

MARMONTEL (Abtoih b-Fhamçois) , né à 
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le 18 jan- 
vier 1816, fut admis au Conservatoire de Paris, 
le 51 mai 1827, dans la classe de solfège dé 
M. Lanneau, el entra dans la classe de piano 
de Zimmerman. En 1828, il obtint le premier 
prix de solfège; dans l'année 1830, le deuxième 
prix de piano lui fut décerné au concours : il 



obtint le premier prix en 1833; le deuxième 
prix d'harmonie et d'accompagnement pra- 
tique lui fut également décerné gans la même 
année, et, devenu élève d'Halévy, il eut le 
second prix de contrepoint et de fugue en 
1853. Dans le même temps, il suivait le cours 
de composition de Lesueur; mais il s'en retira 
en 1837, pour se livrer exclusivement à Pen- 
seignement du piano. Après avoir rempli, 
pendant un an, les fonctions de professeur de 
solfège, M. Marmontel succéda à son maître, 
Zimmerman, dans la place de professeur de 
piano, à laquelle il fut appelé le 15 octobre 
1848. Déjà il avait remplacé Henri Herz, pen- 
dant le voyage de celui-ci en Amérique, depuis 
1846. M. Marmontel est depuis plus de quinze 
ans un des professeurs les plus recherchés 
pour le piano. Le nombre de ses élèves est 
immense. Parmi ceux qu'il a formés au Con- 
servatoire, on remarque Joseph Wieniavrski, 
Tourner, Jules Cohen, Deschamps, Bizet, 
Ghys, Diesner et Planté. Environ cinquante 
oeuvres de musique de piano, composés par 
cet artiste, ont été publiés. On y compte 
quinze morceaux faciles, sans numéros d'oeu- 
vres, quarante mélodies, des romances, des 
dueltinos , quatre livres d'études pour divers 
degrés de difficulté (Paris, Grus), une sonate 
pour piano seul, des nocturnes, romances sans 
paroles, polonaises, valses et marches. 

MAUINEF (Godefroid), imprimeur de 
Paris, au commencement du seizième siècle, 
est un des plus anciens typographes français 
qui ont imprimé du plain-chant en caractères 
mobiles, avec les signes des ligatures. Un des 
premiers ouvrages concernant la musique, 
sorti de ses presses, est la troisième édition du 
traité de Guerson (voyez ce nom) intitulé : Lti- 
lissimse musicales regulx plani cantus, etc.; 
il le publia en 1515, in-4". Ses caractères sont 
les mêmes que ceux dont François Regnault 
s'était servi, en 1500, pour la deuxième édition, 
et dont Jehan Petit, autre imprimeur de Paris, 
avait fait usage, en 1508, pour VEnchiridion 
musices de Nicolas Wollic. A l'égard de la 
première édition du livre de Guerson, publiée 
sans date par Michel Tolose, tous les exemples 
de plain-chant y sont en planches gravées sur 
bois ; ce qui prouve que les caractères mobiles 
parisiens ont été gravés et fondus peu de 
temps avant 1508. Jérôme et Denis Marner, 
fils de Godefroid, succédèrent à leur père, et 
imprimèrent, en 1550, une nouvelle édition 
des Utilissimx musicales regulx plani 
canlus, qui parait avoir élu la dernière de ce 
livre. 



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MARONCELLI — MARPURG 



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MARONCELLI (Pibiii), littérateur ita- 
lien de l'époque actuelle, né vers 1796, a été 
inculpé par le gouvernement autrichien pour 
des écrits politiques, et mis dans une forte- 
resse avec Silvio Pellico. Dans son cachot, une 
de ses jambes se gonfla, et le mal devint si 
considérable qu'on fut obligé de lui en faire 
faire l'amputation par un barbier de village. 
Sorti de prison, il s'est rendu à Paris où il a 
donné des soins à de nouvelles éditions de 
quelques classiques italiens. Il a fait imprimer 
dans les Vite* Ritratti d'illustri ItaHani 
(Milan, Beltoni, 1819), une notice sur la vie 
d'Arcangelo Corel li. 

M A KOHI (Jean), maître de chapelle de 
l'église cathédrale de Lodi, où il vivait encore 
en 1620, naquit à Ferrare, dans la seconde 
moitié du seizième siècle. 11 avait été long- 
temps maître de chapelle à l'église cathé- 
drale de cette ville. Il a laissé en manuscrit 
beaucoup de messes, de motets , de madri- 
gaux, etc. 

MAROTHI (Gbobges), né à Debreczin, en 
Hongrie, le 11 février 1715, fit ses études à 
Berne, à Baie et à Groningue, puis retourna 
dans son pays, où il enseigna les langues 
grecque et latine, la géographie, la géométrie 
et la musique. Il a traduit les psaumes en 
langue hongroise, les a mis en musique, et les 
a publiés en 1751. Il est mort à Debreczin, le 
16 octobre 1755. 

MAROTTA (Éiasu), né àRadunazzo, en 
Sicile, vers la fin du seizième siècle, entra 
dans la société des jésuites en 1612, fut rec- 
teur du collège de Messine, et mourut à Pa- 
ïenne, le 6 octobre 1641. Il a publié des re- 
cueils de motets à plusieurs voix, àPalerme, et 
a composé, en 1630, la musique de VAminte, 
pastorale du Tasse. 

MARPALU. On trouve sous ce nom deux 
bonnes dissertations intitulées : Traités de 
V harmonie et de ceux qui Vont inventée, 
de ton usage et de ses effets, dans le Mercure 
galant, juillet 1680, t. XI, p, 240-275; 
octobre 1080, t. XII, p. 56-76 et 312-350. 

MARPURG (FftÉDÉnic-GuiLLAUHE), célè- 
bre écrivain sur la musique, naquit à Seehau- 
sen, dans la Vieille -Marche de Brandebourg, en 
1718. Peu de circonstances de sa vie sont con- 
nues; on sait seulement qu'après avoir fait de 
bonnes études, non-seulement dans les lan- 
gues anciennes et modernes, mais aussi dans 
tes mathématiques et la musique, il fit, en 
1<46, un voyage de quelques mois à Paris; 
qu'il y connut Rameau, dont il étudia le sys- 
tème de la basse fondamentale; que de retour 



à Berlin, il fut quelque temps secrétaire d'un 
ministre, puis résida à Hambourg, et enfin 
retourna à Berlin, où il fut nommé directeur 
de la loterie et eut le titre de conseiller du roi 
de Prusse. Depuis lors sa vie fut sans événe- 
ments, et quarante années d'une existence 
paisible lui permirent de composer et de pu- 
blier un grand nombre d'ouvrages sur la 
théorie et la littérature de la musique. Le ti- 
rage de la loterie était la seule chose qui, pé- 
riodiquement, rompait la monotonie de ses 
habitudes; il y prenait un vif intérêt. En 
1793, Gcrber le vit à Berlin et le trouva un 
jour fort triste, parce que l'administration de 
la loterie avait éprouvé une perte considérable 
dans le tirage fait le malin. C'était d'ailleurs 
un vieillard rempli de bonhomie et de gaieté. 
Il était fort gros, mangeait beaucoup et buvait 
de même. De son mariage, il avait eu un fils 
et une fille qui, tous deux, cultivèrent la mu- 
sique avec succès. Il mourut à Berlin, le 
22 mai 1795, à Page de soixante-dix-sept 
ans. i 

Marpurg jouit en Allemagne de la réputa- 
tion d'un savant théoricien et d'un critique de 
premier ordre : il la mérite à beaucoup 
d'égards, quoique dans la didactique il ait 
manqué quelquefois de netteté dans les idées 
et d'ordre dans la classification des faits. 
C'est surtout dans ses ouvrages critiques qu'il 
s'est montré supérieur à tous ses contempo- 
rains en Allemagne : il y fait preuve d'une 
instruction très-variée. La multiplicité des 
écrits qu'il publia dans l'espace d'environ 
vingt-cinq ans prouve une prodigieuse activité 
dans ses travaux : les vingt dernières années 
de sa vie furent beaucoup moins laborieuses, 
Parmi ses traités didactiques de musique, on 
remarque les suivants : 1° Die Kunst dos Kla* 
vier zu spielen (l'Art déjouer du clavecin); 
Berlin, 1750, in-4°, première partie. Une 
deuxième partie a paru dans la même ville, 
en 1751, in-4°. Toutes les deux sont anonymes 
et ont seulement pour indication l'auteur du 
Musicien critique de la Sprée. Il y a eu plu- 
sieurs éditions de cet ouvrage : la deuxième 
est indiquée par Gerber, Lichtentbal et 
M. Becker comme ayant paru en 1751, in-4°. 
La troisième porte la date de 1760; la qua- 
trième, augmentée et corrigée, est de 1762. 
Toutes ont paru à Berlin et sont dans le for- 
mat in-4°. Dans la première partie on trouve 
l'application des principes de la musique au 
clavier, et des règles de doigter pour les deux 
mains. La deuxième partie est un traité d'har- 
monie pratique et d'accompagnement du cla- 



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MARPURG 



veein. 2° Anleitung zum Clavierspielen, der 
schœnen Ausiibung der heutigenZeit gemass 
entvcorten (Instruction pour jouer du cla- 
vecin, etc.); Berlin, 1755, in-4° de soixante- 
dix-huit pages et dix-huit planches d'exemples. 
Une deuxième édition améliorée a été publiée 
en 1765 à Berlin. Forkel a cru que la deuxième 
partie de l'ouvrage précédent appartenait à 
celui-ci : c'est une erreur. V Anleitung zum 
Clavierspielen est un traité spécial de l'art de 
jouer du clavecin, considéré dans la partie 
élevée et philosophique de cet art, tandis que 
le premier ouvrage est purement élémentaire. 
Harpurg a donné lui-même une traduction 
française de son livre, sous ce titre : Prin- 
cipes de clavecin, avec vingt planches; Ber- 
lin, 175C, in-4°. II a été publié à Paris une 
autre édition de cette traduction ; elle est inti- 
tulée : VArt de toucher le clavecin selon la 
manière perfectionnée des modernes ; divisé 
en deux parties : la première contenant dif- 
férents exemples pour le doigter du clavecin ; 
la seconde, douze leçons pour V exercice des 
deux mains; Paris, Naderman,- in-fol. obi., 
gravé (sans date). Lustig (voyez ce nom), a 
fait aussi une traduction hollandaise de ce 
livre, avec de bonnes notes. L'ouvrage de 
Marpurg contient d'excellentes observations 
générales; il devrait être plus connu des 
maîtres, qui y puiseraient des principes fé- 
conds pour une bonne méthode d'enseigne- 
ment. 5° Handbuch von dem Generalbasse 
und der Composition mit 2, 5, 4, 5, 6, 7, 8 
und mehrer Stimmen, nebst einem vorlaiif- 
figen kurzen Begriff der Lehre vom Général- 
basse fur Anfxnger (Manuel de la basse con- 
tinue et de la composition, à 2, 3, 4, 5, 6, 7, 
8 et un plus grand nombre de voix, avec une 
idée abrégée de la science de la basse con- 
tinue pour les commençants); Berlin, 1755, 
in-4°de soixante-dix pages, avec huit planches 
d'exemples.Ce premier jet d'un grand travail de 
Marpurg concernant l'harmonie fut réimprimé 
l'année suivante à Berlin, comme première 
partie du grand manuel, dont la deuxième 
partie Tut publiée en 1757, et la troisième et 
dernière en 1758. Un supplément aux trois 
parties a paru ensuite sous ce titre : Anhang 
zum Handbuche bey dem Generalbasse und 
der Composition; Berlin, 4760, in -4°. Le 
nombre total des pages des trois parties et du 
supplément est de trois cent quarante et une, 
et celui des planches, trente-sept. Une 
deuxième édition de tout l'ouvrage, aug- 
mentée en quelques parties, mais où Marpurg 
a supprimé l'idée abrégée de la basse con- 



tinue, qui formait onze pages dans la pre- 
mière édition, a été publiée à Berlin en 1762, 
in-4°. Une traduction française de ce livre a 
éléplacéedans la deuxième partie du jVouueaw 
Manuel complet de musique vocale et instru- 
mentale de Choron et Ad. de Lafage (Paris, 
1836-1838). On a aussi traduit en langue sué- 
doise l'introduction de la première édition ; 
cette traduction a- pour titre : Kort begrep 
om Generalbassen ; Stockholm, 1782, in-4°, 
avec deux planches. Le système d'harmonie 
de Marpurg, sous le rapport de la génération 
des accords, est une modification de celui de 
Rameau : j'en ai indiqué les inconvénients 
dans un article critique de la Gazette musi- 
cale de Paris (sixième année, 1839, n° 20). Je 
ne répéterai point ici ce que j'en ai dit; on 
pourra consulter cet- article où les considéra- 
tions de théorie sont développées. 4° Abhand- 
lung von der Fuge nach den Grundsxtzen 
und Exempeln der besten deutschen und 
ausUendischen Meister entusorfen (Traité de 
ta fugue, rédigé d'après les principes et les 
exemples de meilleurs maîtres allemands et 
étrangers), première partie, Berlin, 1753; 
deuxième partie, toid., 1754, in-4°, avec cent 
vingt-deux planches d'exemples. Unedeuxième 
édition de cet ouvrage a été publiée à Leip- 
sick, chez À. Kuhnel, en 1806, un volume, gr. 
in-4° de texte et un volume in-folio oblong de 
planches. Marpurg a donné lui-même une tra- 
duction française de son livre, sous ce titre : 
Traité de la fugue et du contrepoint, divisé 
en deux parties , accompagné de cent vingt- 
deux planches; Berlin, 1756, in-4°. Cette 
traduction a été réimprimée à Paris, chez I ru- 
ban lt (sans date), in-fol. Choron l'a ensuite 
insérée dans ses Principes de composition 
des écoles d'Italie (Paris, 1808), en interca- 
lant les exemples dans le texte; avantage qui 
rend cette édition préférable aux autres. Pos- 
térieurement, le même savant a donné place à 
cet ouvrage dans son Nouveau Manuel de 
musique vocale et instrumentale. Marpurg a 
particulièrement traité de la fugue, de l'imi- 
tation, des canons et du contrepoint dans le 
style instrumental. Il y a de bonnes observa- 
tions de détail dans son livre, mais il n'a pas 
connu les vrais principes de l'imitation cano- 
nique, ni des deux parties les plus impor- 
tantes de la fugue, qui sont : le sujet et la ré- 
ponse. Les objets sont d'ailleurs disposés dans 
son livre en sens inverse de l'ordre naturel, 
car il ne traite des contrepoints doubles 
qu'après la fugue, dont les contre-sujets ne 
peuvent être établis que d'après le contrepoint 



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MARPURG 



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double à l'oc lave, et il place les canons après 
les contrepoints doubles, quoique ce genre de 
composition appartienne naturellement aux 
contrepoints non susceptibles de renverse- 
ment. Choron, qui n'avait pas aperçu ce dé- 
faut radical d'ordre, Ta maintenu dans ses 
Principes de composition; mais il Ta corrigé, 
d'après mon Traité du contrepoint et de la 
fugue, dans son Nouveau Manuel. 5° Anlei- 
tung zur Singcomposition (Introduction à la 
composition du chant); Berlin, 1758, in-4« de 
deux cent six pages. Excellent ouvrage, su- 
périeu r à tout ce que l'on a fait sur le même 
sujet, et qui n'a pas eu le succès qu'il méri- 
tait. 6 ° Anleitung zur Musik iiber haupt und 
zur Singkunst bezonders , mit Uebungs 
Exempeln erlxutert und den beriihmten 
Herren Musikdirectoren und Cantoren 
Ueutschlands zugeignet (Introduction à la 
musique en général, et à l'art du chant en 
particulier, etc.); Berlin, 1763, in-8° de cent 
soixante et onze pages. Cet ouvrage est divisé en 
trois parties dont la première traite des prin- 
cipes de l'art du chant; la seconde, des élé- 
ments de la musique, et la troisième renferme 
des exercices pour une, deux, trois et quatre 
voix. 7° Anfangsgriinde der theoretischen 
Musik (Éléments de la musique théorique); 
Leipsick, Breitkopf, 1757, in -4° de cent 
soixante -seize pages. Cet ouvrage contient la 
théorie mathématique de la musique et traite 
du calcul des intervalles et du tempérament. 
8° Anfangsgriinde der progressional figur- 
lichen Zijferkalkuls (Éléments du calcul des 
progressions arithmétique et géométrique ap- 
plicables à la théorie de la musique); Berlin, 
1774, gr. in-8° avec quarante-quatre planches 
gravées. 9° Versuch ilber die musikalische 
Temperatur, nebst einem Anhang iiber den 
Rameau-und Kimbergerschen Grundbass , 
und vier Tabellen (Essai sur le tempérament 
musical, suivi d'un supplément sur la basse 
fondamentale de Rameau et de Kirnberger, 
avec quatre planches); Breslau, 1776, in-8°de 
trois cent dix-neuf pages. Cet ouvrage n'est 
pas, comme on pourrait le croire, un rema- 
niement du précédent. La manière y est traitée 
d'une manière plus générale et plus philoso- 
phique. 10° Neue Méthode, allerlei Arten 
vom Temperaturen dem Claviere aus be- 
quemste mitzutheiien, etc. (Nouvelle méthode 
pour concilier les divers systèmes de tempéra- 
ment dans l'accord du clavecin); Berlin, 1779, 
in-4° de quatre cents pages. Une deuxième 
édition de cette méthode, purement pratique, 
a été publiée à Berlin, en 1790, in- 4°. 



OOVBAGES mSTOBIOUBS ET CRITIQUES. 1 1° KH- 

tische Einleitung in die Geschichte tmd 
Lehrsxtze der alten und neuen Musik (Intro- 
duction critique à l'histoire et à la connais- 
sance de la musique ancienne et moderne); 
Berlin, 1759, in-4°dedeux cent quarante-six 
pages, non compris la préface et la table, avec 
huit planches. Ce livre a pour objet principal 
d'examiner la question : Si les Grecs ont 
connu l'harmonie. Marpurg y a fait preuve 
d'érudition et de saine critique, 12° Légende 
einiger Musikheiligen. Ein Nachtrag zu den 
musikalischen Almanachen und Tusehen- 
bùchemjetziger Zeit von Simon Metaphras- 
tes denjungcm (Légendes de quelques saints. 
Suite aux almanachs musicaux et aux livres 
de poche de l'époque actuelle, par Simon Mé- 
taphrastes le jeune); Cologne, Pierre Rani- 
mer, 1786, in-8° de trois cent trente et une 
pages, avec deux planches de musique. Ce 
livre, qui n'a point de nom d'auteur, est 
attribué à Marpurg. On y trouve un grand 
nombre d'anecdotes sur des musiciens célè- 
bres. 13° Der kritische Musikus an der 
Spree (Le Musicien critique de la Sprée); 
Berlin, 1750, in-4° de quatre cent six pages 
avec cinq planches. Cet écrit est le premier 
journal de musique publié par Marpurg. Il 
lui a donné le nom de Musicien critique de 
la Sprée pour le distinguer du Kritischer 
Musicus, autre journal critique de musique 
publié par Scheibe (voyez ce nom), à Ham- 
bourg, douze ans auparavant. L'écrit de Mar- 
purg a paru sous la forme d'une publication 
hebdomadaire, en cinquante numéros d'une 
feuille. Marpurg fut attaqué, à l'occasion de cet 
écrit, par un musicien de Berlin qui se cacha 
sous le pseudonyme de Flavio Anicio Olibrio 
(voyez ce nom). Il répondit avec plus d'hu- 
meur que d'esprit à cette attaque, dans les 
numéros 4, 5 et suivants du Musicien cri' 
tique; mais ses réponses lui attirèrent des 
censures plus sévères, dans un autre écrit 
signé du même pseudonyme. Il parut aussi 
une critique de la prédilection manifestée par 
Marpurg pour la musique française, dans le 
numéro 37 des Freye Urtheile und Nach- 
richten (12 mai 1750) de Hambourg; mais un 
musicien anonyme de Halberstadt prit la 
défense de Marpurg, dans un écrit intitulé : 
Gedanken iiber die Welschen Tonkunstler 
(Idées sur les musiciens Welches); Halberstadt, 
1751, in-4° de vingt-trois pages. 14° Histo- 
risch-kritische-Beytrxge zur aufnahme der 
Musik (Notices historiques et critiques pour 
servir au progrès de la musique); Berlin, 



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MARPURG — MARQUE 



1754-1762, cinq volumes in-8°, composés 
chacun de six numéros de. plusieurs feuilles, 
publiés à des époques irrégulières. Ces deux 
recueils renferment des recherches curieuses 
sur plusieurs points historiques, et de très- 
lionnes critiques de divers ouvrages relatifs 
à la musique. 15° Krititcke Briefe iiber die 
Tonkuntt , mit kleinen ClavierstUeken und 
Singoden begleitet von musikalischer Gesell- 
schaft in Berlin (Lettres critiques sur la 
musique, etc.); Berlin, 1759-1764, deux vo- 
lumes in-4°. Chaque volume est divisé en 
quatre parties, et chaque partie renferme 
seize numéros d'une feuille d'impression, qui 
paraissaient chaque semaine. Ces lettres, dont 
la publication commença le 23 juin 1759 et 
finit lé 15 janvier 1763, renfermentune mul- 
titude de renseignements et d'intéressantes 
discussions sur toutes les parties de la musique 
considérée comme art et comme science. 
Quelques-unes sont adressées à des musiciens 
célèbres, tels que Ch.-Ph. Emmanuel Bach, 
son frère Friedmann, Kirnberger, Riepel, 
Agricola et d'autres. 

Marpurg eut une discussion sur la théorie 
«le Tharmonie exposée par Sorge (voyez 
ce nom) dans son Compendium haimo- 
nicum. Dans cet ouvrage, Sorge avait fait 
une critique de quelques principes du savant 
musicien de Berlin; Marpurg se vengea en 
faisant réimprimer l'ouvrage de son adver- 
saire avec de savantes remarques, où l'amé- 
nité de son caractère s'est un peu démentie. 
L'ouvrage a pour titre : 16° Herrn Georg. An- 
dréa» Sorgent Anleitung zum Generalbqss 
und zur Composition. Mit Anmerkungen^tc. 
{Instruction sur l'harmonie et la composition 
de M. Georges-André Sorge, avec des remar- 
ques, etc.); l'épigraphe du livre est celle-ci : 
Voue l'avez voulu, George Dandin, vous 
l'avez voulu; Berlin, Lange, 1760, in -4° de 
cent cinquante-deux pages. Marpurg revint 
encore plus tard sur cette discussion dans le 
cinquième volume de ses notices historiques 
(p. 131-202, 265-285) (voyez Sorge). On doit 
à ce savant une traduction allemande des Élé- 
ments de musique de d'Alembert, intitulée : 
Systematiscke Einleitung in der musika- 
lUche Setzkunst nach des Lehrsxtzen du 
Herrn Rameau. Mit Anmerkungen, etc., 
Leipsick, Breitkopf, 1757, in-4° de cent 
trente-six pages. Les remarques du traduc- 
teur commencent à la page 119. Lorsque 
Gerber visita Marpurg à Berlin, en 1793, 
celui-ci était occupé de la rédaction d'une 
histoire de l'orgue, que la mort ne lui a pas 



permis d'achever, Sa veuve envoya à l'auteur 
du Lexique des musiciens tous ses papiers et 
les dessins relatifs à cet ouvrage. Ils appar- 
tiennent maintenant à la Société impériale de 
Vienne pour les progrès de la musique. 

Comme compositeur ou comme éditeur, 
Marpurg a publié : 1° Kyrie eum Gloria, 
Sanetus et Agnus, quatuor vocum, violinis, 
violis et organo, inpartitura; Berlin, 1756, 
in -4°. 2° Neue Lieder zum Singen beym 
Clavier (Nouvelles chansons avec clavecin); 
Berlin, 1756, in-4°. 3°GeisUiclie, moralische 
und weltliehe Odcn, mit Klavier (Odes spiri- 
tuelles, morales et mondaines avec accompa- 
gnement de clavecin); Berlin, 1758, petit 
in -fol. On en connaît cinq recueils sous son 
nom. 4° Sei eonate per il cembalo\ Nurem- 
berg, 1756. 5° KlavierstUke fur Anfxnger 
und Geiiblere mit einem practitchen C/nfer- 
richt (Pièces de clavecin pour les commen- 
çants et les élèves plus instruits, avec une 
instruction pratique), trois suites; Berlin, 
1762. 6° Fughe e capricci per il clavicembalo 
e per Vorgano; Berlin, 1777. 7° Baccolta 
délie più nuove composizionidi clavicembalo 
per l'anno 1756 ; e Baccolta 2° per l'anno 
1757; Nuremberg. Marpurg n'est que l'éditeur 
de ce dernier ouvrage, ainsi que d'un recueil 
de fugues de Graun, de Kirnberger, et d'au- 
tres savants musiciens allemands; ce recueil a 
pour titre : Fugen Sammlung, efc, première 
partie; Berlin, 1758. Il en avait promis la 
suite avec l'analyse : mais rien de tout cela 
n'a paru. 

Le portrait de Marpurg se trouve au com- 
mencement de son Introduction critique à 
l'histoire de la musique, et en tête de la neu- 
vième année de la Gazette musicale de Leip- 
sick. 

MARQUE (Charles -Auguste), d'abord 
amateur, puis professeur de musique à Paris, 
naquit à Amiens en 1773. II y vivait encore en 
1827, mais il est mort peu de temps après. Il 
s'est fait connaître par quelques jolies ro- 
mances, parmi lesquelles on remarque V Ab- 
sence y l'Origine de la troisième Grâce, 
Malvina, et la chansonnette Poilà le plaisir, 
mesdames. Tous ces morceaux ont été graves 
chez Naderman. 

MARQUE (Pierre), violoniste et compo- 
siteur de musique de danse , est né a Paris, 
le 26 janvier 1781. Fils d'un amateur de mu- 
sique qui jouissait d'une certaine aisance, 
mais qui fut ruiné par les suites de la révolu • 
tion de 1789, le petit Marque commença l'étude 
du violon à l'âge de trois ans; à cinq ans, il 



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MARQUE — MARSALO 



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jouait déjà de petits morceaux avec une jus- 
tesse d'intooalion qui causait autant d'éton- 
nement que de plaisir aux témoins de son 
habileté précoce. En 1789, le chevalier de 
Saint-Georges l'entendit à Versailles et fut si 
charmé par l'organisation de cet enfant, qu'il 
offrit à son père de l'adopter comme son 
propre fils et lui promit d'en faire un artiste 
de talent. Celle proposition fut rejetée, ce qui, 
toutefois, n'empêcha pas que Saint-Georges 
n'entreprit l'éducation musicale de Pierre 
Marque. Engagé dans des intrigues politiques 
en 1791, et forcé de s'éloigner momentané- 
ment de Paris, il confia son élève aux soins 
de Nawigille (voyez ce nom), qui lui donna 
des leçons jusqu'à la fin de 1793. Dans l'année 
suivante, Pierre Marque fut admis, par une 
protection spéciale, dans V Ecole des enfants 
des défenseurs de la patrie, quoique son père 
n'eût jamais été militaire. Quelques mois 
après, l'école fut transférée à Liancourt, dans 
le château du duc de Larochëfoucault. Marque 
y tomba dangereusement malade, et l'on fut 
obligé de l'envoyer à l'hospice de Beau vais, 
où il se rétablit. Rentré à l'école de Lian- 
court, il y eut une rechute et obtint un congé 
pour retourner à Paris près de sa famille. Il 
retrouva dans celle ville son ancien maître 
Navoigille qui, connaissant la détresse des 
parents de son élève, et considérant la diffi- 
culté de lui procurer alors une occupation 
lucrative pour son talent, lui donna le conseil 
de cultiver la musique de danse. Cet avis, 
adopté par le jeune artiste, eut des résultats 
avantageux. Marque put alors venir au secours 
de sa famille. A vingt-deux ans, il était re- 
cherché comme chef d'orchestre de bal, et les 
recueils de contredanses qu'il publiait obte- 
naient des succès de vogue. Sous l'empire, 
il eut un rival dangereux dans Julien Clar- 
chies; mais la restauration lui fut favorable, 
à cause de ses opinions royalistes bien con- 
nues, et l'aristocratie de celle époque accorda 
presque toujours la préférence à Pierre 
Marque pour la direction de ses bals. Cepen- 
dant la danse n'avait pas fait perdre à cet 
artiste le goût de la musique sérieuse : il 
avait une passion véritable pour les quatuors 
et quintettes de Boccherini, dans lesquels il 
faisait sa partie avec talent. Il a publié des 
duos pour violon el alto, et des études remar- 
quables pour ce dernier instrument, dont il 
jouait avec sentiment et délicatesse. En 1853, 
Musard, qui estimait Pierre Marque, l'attacha 
aux concerts des Champs-Elysées fondés par 
Masson de Puyneuf, en qualité de chef des se- 

BIOGft. U31V. DES MCSiCIOS. T. V. 



conds violons. Retiré de la vie active depuis 
1848, il a joui depuis lors d'un repos et d'une 
indépendance acquis dans une carrière labo- 
rieuse et par des habitudes d'économie. Au 
moment où celle notice est écrite (1861), il est 
âgé de quatre-vingts ans. On a publié de sa 
composition environ Vingt-cinq recueils de 
contredanses 'pour l'orchestre, en quatuor et 
pour le piano. 

MARQUET (F iuhçois- Nicolas), médecin 
et botaniste, né à Nancy en 1687, termina sa 
carrière à l'âge de soixante-douze ans, le 
29 mai 1759. On a de lui un ouvrage plus cu- 
rieux qu'instructif, sous le titre de Méthode 
pour apprendre, par Us notes de la musique, 
à connaître le pouls de l'homme, et les chan- 
gements qui lui arrivent, depuis sa nais* 
sance jusqu'à sa mort; in-4°, Nancy, 1747. 
Buchoz, gendre de Marquet, a donné une nou- 
velle édition de ce livre; Paris, 1808, in-12. 

MARQUEZ(AsTOiHELESBIO),mallrede 
chapelle du roi de Portugal, naquit à Lis- 
bonne vers 1660. Littérateur instruit, poète et 
musicien savant, il obtint, en 1698, la place 
de maître de la chapelle royale, et mourut le 
1 er novembre 1709. Un seul ouvrage de sa 
composition a été imprimé ; il a pour titre : 
Filhancicos que se cantaraô ne Jgreja de 
N. Senhore de Nazareth das religiosos des- 
calças de S. Bernardo em as Matinas e Festa 
do gloHoso S. Gonçala (Vilhancicos qui ont 
été chantés à l'église Jésus de Nazareth des 
religieux .déchaussés de Saint-Bernard, aux 
matines de la fête du glorieux saint Gonsalve) ; 
Lisbonne, Michel Manescal, 1708, in-4°. On 
conservait autrefois dans la Bibliothèque 
royale de Lisbonne des messes, Magnificat, 
Miserere, répons, etc., en manuscrit, com- 
posés par Marquez. Ces productions jouissaient 
de beaucoup d'estime. 

MARS (J. DE), organiste à l'église cathé- 
drale de Vannes , connu sous le nom de 
MARS LE CADET, élait célèbre vers 1750 
par son habileté à jouer de l'orgue et du cla- 
vecin. On a de lui un livre de pièces d'orgue, 
gravé à Paris, en 1747. Sa fille, Henriette- 
Louise de Mars, était fort habile sur le clavecin; 
elle a publié, en 1753, à l'âge de quinze ans, 
deux canlatilles qui ont eu de la vogue. 

MARSALO (Pie&he-Maue), compositeur 
sicilien, vécut dans les dernières années du 
seizième siècle et au commencement du dix- 
septième. Il est auteur de quatre livres de ma- 
drigaux à cinq voix qui ont été publiés à Ve- 
nise, chez Vincenli. Le quatrième livre a paru 
en 1609, chez cet éditeur. 

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466 



MARSAND — MARSCHNER 



MARSAND (le P. àsselme), religieux 
bénédictin au monastère de Saint-Michel, à 
Murano, près de Venise, naquit en 1769, dans 
celte ville, où son père était banquier. Élève 
de Furnalello, il acquit sous la direction de ce 
maître une profonde connaissance du contre- 
point, et fut un des plus savants musiciens de 
l'école vénitienne, dans les derniers temps de 
la musique classique. En 1828, il succéda à 
Antoine Calegari dans la place de maître de 
chapelle de Saint-Antoine, à Padoue. Il est 
mort dans celte situation, le A janvier 1841. 
Le P. Marsand s'est fait connaître par un 
grand nombre de compositions pour l'église, 
parmi lesquelles on remarque des psaumes, 
des messes, des hymnes, des motets et des 
pièces d'orgue, outre beaucoup de morceaux 
détachés à deux, trois ou quatre voix, avec 
instruments ou sans accompagnement, soit 
pour la chambre, soit pour des circonstances 
particulières. On m'a dit à Venise, en 1850, 
que le nombre des ouvrages de ce maître est 
de plus de six cents. Il en écrivit quarante 
pendant l'exercice de ses fonctions à l'église 
du Saint (il Santo), à Padoue. Ce fut le 
P. Marsand qu'on chargea d'écrire le Feni 
Creator à quatre voix, pour l'élection du pape 
Pie VII. On lui demanda aussi un Te Deum 
qui fût chanté dans l'église Saint-Grégoire, à 
Rome, à l'occasion de l'élection du pape Gré- 
goire XVI. Parmi ses messes, on en distingue 
une solennelle qu'il a écrite pour l'église 
Saint-Michel, de Murano, et deux autres, la 
première à quatre voix, l'autre à six, en deux 
chœurs, composée pour l'église de S.-Ge- 
minianOy de Venise, dont il fut maître de 
chapelle pendant plusieurs années. On n'a 
publié de ce maître que le psaume Exaltabo 
te Domine en double canon, qui a paru à la 
lithographie musicale de Barozzi, à Venise, et 
qui a été l'objet de critiques assez dures dans 
la Cicala, de Venise (1858), et dans le Fi- 
garo, de Milan, dans la même année. Les au- 
teurs de ces critiques étaient les professeurs 
de musique Pascal Negri et Pierre Tonazzi. 
Marsand répondit par un article inséré dans la 
Gazette privilégiée de Denise; mais, ainsi 
qu'il était facile de le prévoir, celte réponse 
lui attira de nouvelles attaques. Il a réuni 
toutes les critiques, ainsi que ses réponses, 
dans une brochure qui a pour titre : Marsand 
sopra gli articoli nei n. 4 ed 1 1 délia Cicala, 
di Venezia, e 70 del Figaro, di Milano, nel 
corrente 1858, usciti contro il suo salrno a 
doppio canone Exaltabo te Domine. CoW ag- 
giunta d'un saggio deicommenti che sipo- 



trebbero fare agit articoli stessi, compilai 
da alcuni teorico-pratici amatori délia ve- ■■ 
ritd; Venise, Andrcola , 1858, in-8° de 
soixante et une pages. Le P. Marsand a cor- 
rigé les épreuves de la grande édition des 
psaumes de Marcello, publiée à Venise, eu 
1805, chez Sébastien Valle, en huit volâmes 
in -fol. 

MARSCHALL (Samuel), né à Tourna?, 
dans le Hainaut, en 1557, fut en dernier lieu 
notaire, musicien de l'Université de Bile, et 
organiste de cette ville, où il vivait encore 
en 1627, à l'âge de soixanle-dix ans. ffé dans 
l'église catholique, il avait abjuré sa foi et 
s'était fait protestant. On connali de sa com- 
position : 1° Der ganlze PsalterH. Àmbrosii 
Lobwassers mit 4 Stimmen (Tout le psautier 
de Lobwasser, à quatre voix) ; Leipsick, 1594; 
Baie, 1608, in-12. 2° Psalmen David* , Kir- 
chengesang und geistliche Lieder vom Dr. 
M. Lulhers , efc, mit 4 Stimmen; Baie, 
Rœnig, 1606, in-12. 

Balduanus cite aussi Marschall (Bibliotk. 
philosopha p. 181) comme auleurd'un traité 
élémentaire de musique, intitulé : Porta mu- 
sices j das ist Einfuhrung zu der edltn 
Kunst Musica, mil et ne m kurtzen Bericht 
und jinleitung zu der violen, etc. (Introduc- 
tion au noble art de la musique, avec un coort 
avertissement pour apprendre à jouer de la 
viole, etc.); Bâle, 1592, in-4*. 

MARSC1JINER (Henri), compositeur dra- 
matique, est né le 16 août 1795, à Zittau,daos 
la haute Lusace. Ses heureuses dispositions 
pour la musique se manifestèrent dès ses pre- 
mières années. Sa mémoire étail si bonne rt 
sa conception si prompte, qu'il retenait sans 
peine les airs les plus difficiles. Lorsqu'il eut 
atteint l'âge de six ans, on lui donna un 
matlre de piano; mais ses progrès furent si 
rapides, qu'après six mois de leçons, il étail 
plus habile que son professeur. Il en fut de 
même d'un second, puis d'un troisième; après 
quoi, son père n'étant pas assez riche pour 
payer le meilleur matlre de la ville, les leçons 
furent interrompues pendant un an. Ce fut 
alors qu'il entra dans le chœur des enfants du 
Gymnase, où il occupa bientôt la place de 
chanteur solo, à cause de son habileté dans la 
lecture, et de sa jolie voix de soprano. A cette 
époque, ce choeur était placé sous la direction 
de Fr. Schneider, devenu célèbre depuis lors 
par la composition de ses oratorios. L'orga- 
niste de Bautzen ayant entendu le jeune ar- 
tiste dans un concert, lui offrit un engagement 
pour entrer dans le choeur de son église: Tcs- 



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MARSCHNER 



467 



poir d'étudier l'harmonie en même temps que 
le chant, lui fit accepter cette proposition ; 
mais son attente fut trompée. Bergt, chantre 
de Bautzen, repoussant toujours les sollicita- 
tions de Marschner pour qu'il lui donnât des 
leçons de basse continue, ne lui enseignait 
que le grec et le latin. Le séjour de Bautzen 
devint dès lois désagréable au jeune musicien 
qui retourna à Zitlau, plus pauvre qu'aupara- 
vant, car il avait perdu sa voix de soprano, 
et avec elle ses moyens d'existence. Blessé de 
son brusque départ pour Bautzen, le directeur 
de la musique de l'église ne voulut plus le re- 
cevoir au nombre de ses élèves, et Marschner 
fut obligé de développer sans guide ce goût de 
la composition qui le tourmentait depuis son 
enfance. Dans ses heures de loisir, il écrivait 
tout ce qui lui venait à la télé. Chansons, mo- 
tets, musique de piano, il abordait tous les 
genres, ne s'instruisant que par ses propres 
fautes. Une troupe de danseurs, qui vint à 
Zittau, lui fournit même l'occasion de compo- 
ser un ballet, dont le litre était la Fière 
Paysanne. Le jour de la répétition, le jeune 
compositeur, caché dans un coin obscur du 
théâtre, observait de loin l'effet de l'instru- 
mentation, dont il n'avait pas les premières 
notions, et qu'il n'avait faite que d'instinct. 
L'ouverture, espèce de valse, allait assez bien, 
lorsque tout à coup l'orchestre s'arrêta. Les 
cors, dont Marschner ignorait la portée, de- 
vaient entonner des notes qui n'existent pas 
dans l'instrument. Persuadé qu'il y avait des 
■fautes de copie, on examina la partition, et 
les mêmes fautes s'y retrouvèrent. Alors ce fut 
à qui se divertirait aux dépens du pauvre ar- 
tiste. L'émotion de Marschner avait été jus- 
qu'à la fièvre, au commencement de la répé- 
tition; mais quand il entendit ces railleries, 
sa douleur fut si vive, qu'il s'évanouit. Recon- 
duit chez lui, il y fut retenu six semaines par 
une maladie grave. Pendant ce temps, la 
troupe de danseurs quitta Zittau, et Marschner 
n'entendit jamais la Fière Paysanne, ou- 
vrage dont cette troupe profita longtemps. Il 
écrivit cependant encore pour cette même so- 
ciété deux autres ballets dans lesquels il eut 
soin d'éviter les fautes précédemment faites 
dans l'emploi des instruments. En 1812, He- 
ring, connu par plusieurs bons ouvrages sur 
la musique, arriva à Zittau, et fil tout ce qui 
dépendit de lui pour procurer à Marschner 
les moyens de s'instruire. Malheureusement, 
ce dernier ne put profiler longtemps de ses 
leçons, diverses circonstances l'ayant obligé 
de se rendre à Prague. Ce fut dans celle 



ville qu'il se lia avec Tomascheck, distingué 
comme professeur et comme compositeur, et 
dont les conseils lui furent profitables. Weber 
dirigeait alors l'orchestre de l'excellent Opéra 
de Prague; trop occupé pour suivre l'éduca- 
tion du jeune Marschner, il lui sacrifia cepen- 
dant le peu d'instants dont il pouvait disposer. 
A l'expiration de l'armistice, sa qualité de 
Saxon obligea Marschner à quitter Prague; il 
revint à Zittau, d'où il partit bientôt pour 
aller, suivant le désir de son père, étudier le 
droit à Leipsick. L'amour de la musique n'en 
était pas moins le goût dominant du jeune ar- 
tiste. L'excellent maître Schîcht s'intéressa à 
ses progrès, et c'est à ce compositeur qu'il est 
redevable de la plus grande partie de ce qu'il 
sait. Il composa sous sa direction plusieurs 
motels; mais son penchant l'entraînait à tra- 
vailler pour le théâtre. A défaut de livret, il 
essaya ses forces sur une traduction du Titus f 
de Métastase. Cet ouvrage, quoique entière- 
ment achevé, est cependant resté inconnu. Un 
concert que Marschner donna à Carlsbad, pen- 
dant Tété de 1815, lui fit faire la connais- 
sance de plusieurs personnages distingués de 
la Hongrie et de l'Autriche, et principalement 
celle de M. le comte Thadée Amadée. La pro- 
tection de ceseigeur lui procura assez d'élèves 
pour qu'il pût jouir d'une existence aisée, tout 
en lui laissant assez de loisir pour se livrer à 
l'étude. Les relations qu'il eut à celle époque 
avec Beethoven , Kozeluch et le professeur 
Klein, de Presbourg, lui furent d'une grande 
utilité. D'après les conseils de Beethoven, 
Marschner composa un grand nombre de mo- 
tets, de sonates, de. symphonies, etc., afin 
d'acquérir plus d'habileté dans l'art d'écrire. 
En 1810, il composa le petit opéra der Kiff- 
hauser JSerg (la Montagne de Kiffhaus) qui 
eut du succès sur plusieurs théâtres en Au- 
triche. L'année suivante, on représenta à 
Dresde son opéra de Henri IF et d'Aubigné, 
ouvrage en trois actes, qui, malgré le grand 
nombre de fautes qu'il renferme, fut cepen- 
dant bien accueilli du public. Ce fut vers la 
même époque qu'on représenta à Presbourg 
son Saidar y opéra en trois actes, qui réussit 
également. Marschner eut l'immense avantage 
d'entendre souvent ses ouvrages et de pouvoir 
éviter, dans ses nouveaux essais, les fautes où 
il élait tombé. Malheureusement il n'y a pas 
en Allemagne d'institutions qui procurent aux 
jeunes compositeurs le même avantage; très- 
rarement les directions de théâtre ont du goût 
pour les nouveautés, et peu d'artistes ont des 
protections assez puissantes pour vaincre les 

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468 



MARSCHNER 



préventions des entrepreneurs contre des noms 
peu connus. 

En 1821, Marschner retourna en Saxe, et 
choisit Dresde pour sa résidence. A la même 
époque, Tieck mit sur la scène le drame inti- 
tulé le Prince de Hambourg, et désira à cet 
effet une musique particulière pour l'intro- 
duction et les enlr'actes. L'intendant géné- 
ral, M. de Konneritz, en chargea Marschner; 
celui-ci réussit et eut l'approbation de Tieck 
et de Weber. Ce fut en 1822 qu'il acheva son 
grand opéra de Lucrèce. Dans la môme an- 
née, il composa la musique de l'opéra de 
F. Kind, la Belle Ella. Celte pièce Tut assez 
mal accueillie à Francfort, où d'ailleurs l'exé- 
cution fut médiocre. A Berlin, où elle devait 
être représentée, diverses circonstances l'éloi- 
gnèrent longtemps de la scène. Enfin, à Mu- 
nich, le théâtre fut détruit par un incendie 
quelques jours avant la représentation. Plu- 
sieurs morceaux de cet ouvrage, que l'on peut 
considérer comme un des meilleurs de son 
auteur, eurent un grand succès dans les con- 
certs. Son opéra d 1 Mi-Baba n'eut pas un 
meilleur sort que les autres au théâtre. Ce 
poème, qu'il préféra â celui des Galériens, fut 
mal reçu du public. Malgré toutes ces contra- 
riétés, Marschner ne perdit pas courage; à* 
chaque nouvelle production, il se sentait plus 
de facilité à rendre ses idées, à introduire dans 
ses ouvrages plus d'effets dramatiques et à 
mieux observer les convenances de la scène. 

L'idée d'un genre de musique moins sévère 
que celui des drames en usage sur les théâtres 
allemands, mais plus vigoureux que celui des 
simples opérettes, qui ne sont guère que des 
vaudevilles, occupa quelque temps Marschner, 
qui en donna le modèle dans son Voleur de 
bois (der Holzdieb), dont les paroles étaient de 
F. Kind. Marschner destinait celte pièce, et 
d'autres qu'il voulait écrire dans le même 
genre, à des théâtres de société, afin de déve- 
lopper le goût de la musique dramatique alle- 
mande dans sa nation, et de diminuer l'in- 
fluence des traductions d'opéras étrangers. Il 
fit à cet égard un appel aux poètes et musi- 
ciens allemands dans l'amanach musical inti- 
tulé Polyhymnie, où fut insérée la partition 
du Voleur de bois, réduite pour le piano ; 
mais cet appel ne fut pas entendu. Cependant, 
ce joli ouvrage, où l'on trouve plusieurs mor- 
ceaux d'un très-bon goût, obtint beaucoup de 
succès sur plusieurs théâtres d'amateurs et 
de petites villes. Peut-être Marschner ne se 
serait-il pas laissé rebuter par l'indifférence 
de ses collègues, si ses occupations multipliées 



lui avaient laissé le temps de continuer son 
entreprise. En effet, directeur de la musique 
de l'Opéra allemand et italien, conjointement 
avec "Weber et Morlacchi, depuis 1823, il était 
souvent chargé de tout le travail, par suite des 
absences ou des indispositions fréquentes de 
ses collègues. Ses relations avec ces deux der- 
niers furent toujours amicales. Cependant 
Weber, après ses grands succès, se refroidit 
un peu à l'égard de Marschner ; leur différence 
d'opinion sur la nouvelle musique italienne, 
particulièrement sur Rossini, était une des 
des causes de ce refroidissement. D'ailleurs, 
Marschner ayant préféré la place de directeur 
de musique de Dresde à une autre qu'on lui 
avait offerte à Amsterdam, Weber se vit con- 
trarié dans le projet qu'il avait formé de f ai re- 
venir à Dresde son ami Gansbacber. 

Les grands succès des œuvres de Rossini 
déterminèrent Marschner à donner dans ses 
propres ouvrages un libre cours à la mélodie, 
et à attacher moins de prix à un travail com- 
pliqué d'harmonie et de contrepoint. Néan- 
moins, il ne traitait pas l'harmonie en subor- 
donnée, parce que, d'après sa manière de 
voir, la mélodie et l'harmonie doivent être 
unies constamment. En outre, il s'efforçait, 
dans ses ouvrages dramatiques, même dans 
ceux qui sont sans paroles, de présenter à 
l'auditeur, au moins d'une manière générale, 
non -seulement le sentiment à exprimer, mais 
aussi le caraclère des personnages chan- 
tants. On voit, par les derniers ouvrages de 
Marschner, le Vampire et le Templier, jus- 
qu'à quel point ce compositeur a atteint le but 
qu'il s'était proposé. Malgré d'incontestables 
défauts, il est certain qu'on trouve dans ces 
deux opéras des mélodies originales, bien ap- 
propriées au caractère des personnages et à 
la situation dramatique. 

En 1826, Marschner épousa mademoiselle 
Marianne Wohlbruck, cantatrice bien connue, 
et se lia avec Wohlbruck, son frère. Dans la 
première entrevue qu'ils eurent ensemble, ils 
s'entretinrent du sujet du Vampire. Celte re- 
marque est nécessaire pour réfuter le reproche 
fait à Marschner par la Gazette musicale de 
Berlin d'avoir travaillé sur un sujet déjà 
choisi par Lindpaintner, son ami; l'ouvrage 
de Marschner fut, au contraire, annoncé le 
premier par les feuilles publiques, et ce fût 
postérieurement que la Gazette musicale de 
Leipsick fit mention de celui de Lindpaintner. 
Au mois de juin 1826, époque de la mort de 
Weber, Marschner eut dans ses fonctions une 
grande augmentation de travail, et, n'ajan* 



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MARSGHNER 



\m obtenir de succéder à ce compositeur dans 
remploi de premier directeur de la musique 
de l'Opéra de Dresde, il donna sa démission de 
ses autres emplois. 

Au mois d'août 1820, il se rendit à Berlin, 
où madame Marschner obtint de brillants suc- 
cès sur le théâtre de la cour; ils y reçurent 
tous deux, de la part des artistes de la capi- 
tale, l'accueil le plus honorable. Le souhait 
général était de voir Harschner prêter son se- 
cours au théâtre de Kœnigstadt en composant 
plusieurs opéras comiques; mais les circon- 
stances ne lui permirent pas d'accéder à celle 
proposition. Les époux quittèrent Berlin pour 
visiter Breslau, Posen, Kœnigsberg et Dant- 
zick ; ce fut dans cette dernière ville que 
Marschner reçut le premier acte du Vampire, 
auquel il travailla immédiatement. Au mois 
de mars 1827, il revint â Berlin; mais la né- 
cessité de s'entretenir avec l'auteur du Vam- 
pire, sur quelques détails, le détermina â se 
rendre à Magdebourg et â y séjourner jusqu'à 
ce que tout ce qui concernait l'opéra fût ar- 
rêté. Au mois de juin de la même année, il 
entreprit un nouveau voyage. A Brunswick, il 
reçut une lettre de Kuslner, alors directeur 
du théâtre de Leipsick, qui offrait à ma- 
dame Marschner un engagement pour les pre- 
miers rôles. Les conditions étant de nature à 
être acceptées, Marschner et sa femme se ren- 
dirent à Leipsick, où ils arrivèrent le 12 août 
1827. Au mois de décembre de la même année, 
le Vampire fut terminé : la première repré- 
sentation fut donnée le 28 mars 1828. Un 
beau succès couronna cette composition. Rap- 
pelés sur la scène après la représentation, le 
compositeur et les acteurs furent accueillis 
avec enthousiasme. La renommée de cet opé>a 
s'étendit rapidement; tel fut, dit-on, l'em- 
pressement des théâtres de l'Allemagne à 
monter cet ouvrage, que les copistes ne pou- 
vaient satisfaire à toutes les demandes de par- 
titions. Beaucoup de morceaux du Vampire 
devinrent populaires. Cependant le comte de 
Gallenberg, entrepreneur du théâtre de l'Opéra 
allemand de Vienne , ne put obtenir de la di- 
rection de la police la permission de le faire 
jouer, quoiqu'il eût déjà été donné à Prague et 
à Pestb. La direction du théâtre de Berlin, qui 
avait pris des engagements pour le Vampire 
de Liodpaintner, ne put faire jouer celui de 
Harschner. Une traduction anglaise de ce der- 
nier fut jouée à Londre» avec un brillant suc- 
cès. 11 était aussi destiné à paraître à Paris, 
en 18-30; mais l'acteur qui devait être chargé 
du rôle principal fut si mal accueilli dans le 



Faust de Spohr, qu'on n'osa l'en charger. I! 
a élé fail aussi une traduction du Vampire en 
polonais. 

En 1828, Marschner avait commencé à 
écrire le Templier et la Juive; mais il ne 
l'acheva qu'au mois d'août de l'année suivante. 
Le brillant succès qu'avait obtenu le Vampire, 
décida le directeur du théâtre de l'Opéra an- 
glais à offrir à Marschner cinq cents livres 
sterling pour composer un opéra sur des pa- 
roles anglaises, et cent livres pour diriger les 
cinq premières représentations, sous la condi- 
tion que l'ouvrage resterait la propriété du 
compositeur sur le continent. Ce marché 
conclu ; Marschner se mit avec ardeur à étu- 
dier la langue anglaise. Déjà, au mois de fé- 
vrier 1830, il était assez avancé dans cette 
nouvelle composition pour se préparer au 
voyage, lorsque la nouvelle de l'incendie du 
théâtre lui parvint. Le changement que cette 
circonstance faisait éprouver à sa destination 
détermina Wohlbruck à lui écrire une pièce 
nouvelle, intitulée : la Fiancée du Faucon- 
nier. Marschner s'occupa immédiatement de 
cet ouvrage, qui fût achevé au mois de no- 
vembre 1850, malgré le voyage qu'il avait 
fait à Berlin pour la mise en scène du Tem- 
plier. La Fiancée a été représentée pour la 
première fois à Leipsick, en 1832. 

Au mois de septembre 1830, ce compositeur 
fut appelé à Hanovre en qualité de maître de 
chapelle du roi. Il s'est rendu en cette ville 
au mois de décembre. Ce fut alors qu'il com- 
mença son opéra le Château au pied du mont 
Etna; mais à peine s'en était-il occupé, qu'il 
reçut le poème de Ed. Devrient, If ans ffei- 
ling. Le sujet de cet ouvrage le séduisit si 
bien, qu'il y travailla immédiatement. Dans 
une lettre que Marschner écrivit alors, il s'ex- 
primait ainsi : « Si l'on pouvait composer un 
« opéra d'un seul trait , je l'eusse fait, tant 
« j'étais inspiré par cet ouvrage, que je con- 
« çus tout d'un jet. » Malgré ses nombreuses 
occupations et une assez grave maladie, cet 
opéra fut terminé au mois de juillet 1832 et 
représenté le 24 mai 1853, sous la direction 
de son auteur. Il obtint du public l'accueil le 
plus favorable. Le sort du Château au pied 
du mont Etna fut moins heureux en 1836. 
Un nouvel opéra que Marschner ni représenter 
à Berlin en 1858 ne réussit pas mieux. Cet 
ouvrage avait pour titre der Falktiers Braùt 
(la Fiancée du Fauconnier). Fixé à Hanovre 
dans une position agréable, Marschner fut oc* 
cupé par la cour à écrire des cantates de fêles, 
des symphonies et d'autres morceaux de cir- 



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MARSCHNER — MARSKLLI 



constance. Pendant les premières années, il 
suspendit ses travaux dramatiques. Ce ne fut 
qu'en 1844 qu'il fit représenter au Théâtre- 
Royal de Hanorre son grand opéra intitulé 
Adolphe de Nassau, considéré comme une 
île ses meilleurs productions, et qui fut aussi 
représenté avec succès à Dresde, à Hambourg 
et à Breslau. 

Je vis Marschner a Hanovre en 1849 et 
trouvai en lui un homme aimable et bienveil- 
lant. Il était alors satisfait de sa situation; 
mais plus tard il éprouva des désagréments 
par la fâcheuse influence d'un chanteur du 
théâtre de la Cour, et demanda sa retraite, qui 
lui fut accordée avec une pension. Marschner 
avait pris la résolution de se fixer à Paris ; il 
y avait fait un voyage pour préparer son éta- 
blissement, lorsqu'il mourut après une courte 
maladie, à Hanovre, dans la nuit du 14 au 
15 décembre 1801 , à l'âge de soixante-six ans. 

Cet artiste fut un des hommes les plus re- 
marquables parmi les compositeurs allemands 
de son temps. On ne peut lui refuser le mérite 
d'être un des successeurs de Weber qui ont 
montré le plus de sentiment dramatique dans 
leurs ouvrages. Il ne réussit pas seulement 
dans le drame sérieux : on peut même assurer 
qu'il est du très-petit nombre des compositeurs 
allemands qui ne tombent pas dans le trivial 
en traitant le genre comique. Ses mélodies sont 
expressives; mais sa manière d'écrire est né- 
gligée, et souvent il abuse de l'emploi des tran- 
sitions. Nonobstant cette critique, l'auteur du 
Vampire, du Templier et de Hans Heiling , ne 
laissera point un nom vulgaire dans l'histoire de 
l'art Si ses dernières années ont compté moins 
de succès que les autres, il en faut accuser les 
mauvaises pièces qu'il a mises en musique. 
En général, les drames allemands destinés à 
la musique sont au-dessous du médiocre. 

Marschner s'est fait connaître en Allemagne 
comme compositeur.de musique instrumen- 
tale par environ cinquante œuvres pour le 
piano. Ses ouvrages publiés sont : 1° Der 
Holzdieb (le Voleur de bois), en partition ré- 
duite pour le piano, dans la Polyhymnie; 
Leipsick, Hartmann. Il y en a une nouvelle 
édition publiée â Glogau, chez Heymann. 
2° Ouverture et entr'actes du drame le 
Prince de Hombourg, à grand orchestre. 
Leipsick, Breitkopf et Htertel. 3° Ouverture et 
airs du drame La belle Ella, en partition 
réduite pour le piano; Leipsick, Hofmeister. 
4° Le Vampire, opéra en trois actes ; idem, 
ibid. On a publié l'ouverture à grand or- 
chestre j ibid. 5° Le Templier et la Juive, 



grand opéra romantique, en partition réduite 
pour le piano, ibid. Ouverture à grand or- 
chestre, ibid. 6° La Fiancée du Fauconnier 
(Das Braut der Falkner), en partition pour le 
piano; Leipsick, Breitkopf et Haertel. 7° Hans 
Heiling, opéra romantique, idem; Leipsick, 
Hofmeister. 8° Environ dix recueils de chants 
pour quatre voix d'hommes (deux ténors et 
deux basses); Leipsick et Hanovre. 9° Environ 
vingt recueils de chansons, romances et airs 
italiens et allemands, pour voix seule, avec 
accompagnement de piano; Leipsick, Hom- 
bourg, Magdebourg, Brunswick et Hanovre. 
10° Quatuor pour piano, violon, viole et basse, 
op. 36; Leipsick, Hofmeister. 11° Trios pour 
piano, violon et violoncelle, op. 29 et 50 ; 
Leipsick, Probst et Hofmeister. 12° Divertis- 
sements, Polonaises et Marches pour piano à 
quatre mains, op. 7, 13, 16, 28; Leipsick, 
Hofmeister, Breitkopf et Htertel. 13° Sonates 
pour piano seul, op. 6, 24, 33, 38, 39, 40; 
ibid, 14° Rondeaux et fantaisies idem, op. 10, 
11, 15, 18, 19, 20, 21,22, 23, 25, 31, 33, 37, 
49, 57, 58, 59, 64, 71 , 74; ibid. 15° Variations 
pour piano seul, op. 48, 69; ibid. 

MARSELLI (Nicolas), philosophe napo- 
litain et amateur des sciences et des arts, né 
vers 1825, s'est livré à l'élude de la philoso- 
phie allemande, particulièrement de la doc- 
trine de Hegel, et en a adepte les principes. 
On a de lui divers ouvrages, parmi lesquels 
on remarque des Essais de critique histo- 
rique, l'architecture comparée, et un livre 
intitulé : La for ta délia natura e il metodo 
délie scienze naturali, desquels on n'a point 
à parler ici. Il n'est mentionné dans ce dic- 
tionnaire biographique que comme auteur 
d'un volume qui a pour titre : La ragione 
délia musica modema\ Naples, 1859, in -8* 
de XXXIII et deux cent cinquante -six pages. 
M.Marselli, fidèle au principe de l'idéal phi- 
losophique de son maître, pose d'abord cet 
axiome : que les arts indéterminés ne peu- 
vent être soumis à la critique définie. Tous 
les arts, dit-il, ont l'élément idéal, parce qu'ils 
agissent dans la sphère du sentiment; et la 
valeur de cet élément s'accroît en raison de 
la diminution de la matérialité de l'art. Si 
donc la part de l'indéfini est faible dans l'ar- 
chitecture et dans la sculpture, elle est plus 
grande dans la peinture; dans la musique 
elle est immense, jusqu'à ce que son union 
avec la parole en diminue la portée, parce que 
celle-ci a pour objet d'en déterminer la signi- 
fication. Le vague sentiment de la musique ne 
peut donc être soumis à une critique rigou- 



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MARSELLI 



471 



reusement scientifique. Néanmoins, il y a 
aussi dans l'art un élément défini et définis- 
sable, c'est-à-dire, susceptible de critique. 11 
y a également un moyen de circonscrire entre 
certaines limites les opinions diverses qui se 
produisent sur les beautés d'une œuvre musi- 
cale : il consiste à établir exactement la no- 
tion, ou, ce qui est la même chose, la nature 
de la musique en elle-même, puis à voir 
quelle forme recevra celte notion dans le 
cours de son développement historique. Ces 
deux recherches appartiennent à l'esthétique 
musicale; car l'histoire ne s'étudie pas dans 
ses minimes particularités, mais dans les gé- 
néralités illuminées par la notion première. 
Aidé par ces principes, nous pourrons étudier 
le caractère d'une œuvre musicale, ce qui est 
l'objet spécial de la critique. Alors beaucoup 
d'erreurs seront abandonnées, les vaines dé- 
clamations seront réduites au silence, et l'on 
portera sur chaque maître un jugement aussi 
raisonnable que possible. Si nous nous per- 
suadons que le principe de la musique réside 
dans l'indéfini, nous ne considérons plus les 
déterminations expressives des passions comme 
le couronnement final de l'art; d'autre part, 
si nous savons que la musique doit devenir 
dramatique par une nécessité de son dévelop- 
pement historique, nous ne déprécierons plus 
le Robert de Meyerbeer, parce qu'on y re- 
marque la pénurie de mélodies à la Bellini et 
autres. 

Telles sont les Idées d'après lesquelles 
M. Marselli divise son livre en deux parties, 
dont la première concerne la musique en 
elle-même, et l'autre, le développement histo- 
rique de cet art. Cette dernière partie se 
subdivise en trois sections, lesquelles traitent 
de la musique du passé, de la musique du 
présent, et de celle de l'avenir. Pour obtenir 
des jugements d'une valeur incontestable sur 
ces diverses conceptions de l'art, il ne repousse 
pas seulement la critique rigoureusement 
scientifique et absolue : il est, dit-il, une 
autre critique vulgaire, qui, n'ayant d'autre 
base que des opinions personnelles, de vagues 
aperçus, et des habitudes de sensations irré- 
fléchies, s'exprime d'un ton tranchant, par 
exclamations et par épithètes plus ou moins 
brutales. En parlant de celle-ci, il attaque 
personnellement M. Scudo, qu'il appelle un 
des coryphées de la critique vulgaire (1). En 



(I) A fint di fortt tu rilieco il cattioo audaxzo éTuna 
falta critira, ho preso a parlart di M. Scudo, partndomi 
«10 dt'corifei delta critica volgarc, cte. 



effet, il attaque résolument le rédacteur de la 
critique musicale de la Revue des Deux 
Mondes , dont le grand tort à ses yeux est 
d'avoir méconnu la valeur des œuvres de Mer- 
cadante et de Verdi qui, avec les opéras de 
Meyerbeer, lui paraissent l'expression néces- 
saire de la musique du présent; car, bien 
qu'il aime les produits du génie de Rossini, il 
ne les considère que comme appartenant au 
passé de l'art, et eomme une forme épuisée. 

Après avoir laissé M. Marselli exposer les 
points fondamentaux de sa doctrine, il reste 
à apprécier son ouvrage au point de vue des 
applications qu'il fait de ses principes. Disons 
d'abord qu'il a bien vu que la musique réside 
tout entière dans les facultés de l'âme appelées 
sentiment et imagination. Les évolutions de 
l'idée, principe esthétique de Hegel, l'ont con- 
duit à ce qu'il appelle les développements 
historiques et nécessaires de Vart, en raison 
des phases de l'histoire de l'humanité. Jusque- 
là tout est bien, et M. Marselli est dans le vrai. 
Mais, de ce que le sentiment se modifie inces- 
samment dans l'indéfini de l'art, qui n'est 
représenté que par la musique instrumentale, 
il ne résulte pas nécessairement qu'une cri- 
tique scientifique et absolue ne lui soit point 
applicable; car, si l'objet de l'œuvre est in- 
déterminé; la forme est patente. Or, la forme 
est un des attributs de la beauté sentimentale; 
attribut toujours saislssable et analysable. 
M. Marselli n'y a pas pris garde : que serait-ce 
que considérer la musique en elle-même, si 
le sentiment seul était en action, et si la pré- 
sence ou l'absence des qualités de la forme 
ne pouvaient être constatées de manière qu'il 
en résultât un jugement? On en serait pré- 
cisément à ces impressions personnelles, à 
ces vagues aperçus, à ces habitudes irréflé- 
chies qu'il reproche à la critique vulgaire. Il 
est .à supposer que ce qui est appelé par 
M. Marselli une critique rigoureusement scien- 
tifique n'est autre chose que la critique pure- 
ment technique, dont on a quelquefois abusé. 
Celle-ci, sans aucun doute, doit être réservée 
dans ses jugements, surtout lorsque l'origi- 
nalité du sentiment revêt des formes inusitées ; 
mais, si la critique technique a pour devoir 
de ne pas précipiter ses jugements, elle doit 
se garder d'abdiquer ; car, si elle est absente, 
on tombe immédiatement dans la diversité 
arbitraire des opinions personnelles, laquelle 
prend sa source dans les variétés d'organisa- 
tion des individus ; dans ce cas, aucun moyen 
de conciliation n'est possible. 

N'oublions pas que l'objet du livre de 



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472 



MARSELLl — MARSH 



M. Marselli est la ration d'être de la musique 
moderne, c'est-à-dire, de la musique ac- 
tuelle. Cette raison, il la trouye dans le pen- 
chant de la génération existante pour le 
drame émouvant et pour les ébranlements 
nerveux. A merveille : mais il a reconnu 
aussi la nécessité d'examiner la musique en 
elle-même, ce qui suppose qu'il y a dans cet 
art des conditions absolues, indépendantes des 
temps, et auxquelles le génie de l'artiste doit 
se soumettre pour donner à son œuvre les 
qualités d'où dépendra son existence au delà 
du moment qui la voit naître. Ces conditions 
sont donc susceptibles d'analyse et d'appré- 
ciation, bien que le sentiment soit indéfini. 
Une critique scientifique est donc possible au 
point de vue dont il s'agit; car, que serait 
sans cela l'examen de la musique en elle- 
même? Non seulement cette critique est pos- 
sible, mais c'est la seule qui ait de la valeur 
pour assigner à une composition musicale la 
place qu'elle doit occuper dans l'histoire de 
Part. Toute autre critique n'est que contin- 
gente et ne peut avoir pour objet que les qua- 
lités transitoires. 

De ce qui précède, résulte la démonstra- 
tion que M. Marselli, après avoir posé des 
principes fort justes de «cilique, qui lui ont 
été fournis par V Encyclopédie des sciences 
philosophiques de Hegel, et surtout par le 
Cours d 1 Esthétique de ce penseur célèbre, 
s'est égaré dans l'application qu'il en a faite. 
En rejetant la critique scientifique, par le 
motif que le sentiment indéfini n'est pas ana- 
lysable, il s'est privé de toute possibilité 
d'appréciation certaine. 

MARSH (Narcissb), issu d'une famille 
saxonne établie dans le comté de Kent, na- 
quit en 1638, à Hannington, dans le comté de 
Wilts, et obtint, en 1064, le grade de docteur 
en théologie à l'Université d'Oxford. Après 
avoir exercé les fonctions de chapelain dans la 
maison du chancelier Hyde, comte de Claren- 
don, il fut nommé principal du collège d'Al- 
ban-Hall à Oxford, et devint, en 1678, prévôt 
du collège de Dublin. La dignité d'évéque 
de Leigblin et Feras lui fut confiée en 1683; 
puis il fut appelé, en 1690, à l'archevêché de 
Cashell ; à celui de Dublin, en 1699, et enfin, 
quatre ans après, à celui d'Armagb, qu'il con- 
serva jusqu'à la fin de sa vie. Il mourut en 
1713. Grand amateur de musique et profondé- 
ment instruit dans les sciences, il a écrit 
V Essai d'une introduction d la théorie des 
sons, contenant des avis pour le perfectionne- 
ment de l'acoustique. Ce mémoire est inséré 



dans la première série des Transactions 
philosophiques. Marsh est aussi connu jpar 
quelques ouvrages de théologie et de philo- 
sophie. 

MARSH (Jean), amateur distingué, est né 
en 1752, à Dorking, dans le comté de Surrey. 
Son père, capitaine de la marine royale, s'éta- 
blit, en 1758, avec sa famille, à Greenwich, où 
il avait été nommé commandant d'un yacht 
royal. Ce fut alors que le goût naturel du 
jeune Marsh pour la musique, et surtout pour 
l'orgue, se manifesta. L'orgue de la chapelle 
de l'hôpital, joué alors par Lupton ReMe, lui 
causait de si agréables sensations, que ce 
n'était pas sans peine qu'on parvenait à l'en 
éloigner. En 1761, son père fut chargé de ra- 
mener l'ambassadeur de Hollande à Uellevoel- 
sluys sur son yacht; il prit son fils avec lui, 
et tous deux firent une tournée, dans laquelle 
ils eurent la satisfaction d'entendre l'orgue 
de Harlem, qui fit sur l'enfant une impression 
profonde. Depuis sa huitième année, H avait 
commencé ses études au collège de Greenwich ; 
il désirait y apprendre la musique comme plu- 
sieurs de ses camarades ; mais son père par- 
vint à lui faire attendre la fin des cours qu'il 
suivait. En 1766, il apprit à jouer du violon 
dans la petite ville de Gosport, puis il reçut 
des leçons d'orgue et quelques notions d'har- 
monie d'un organiste obscur nommé Wofer. 
En 1768, on l'envoya à Romsey pour étudier 
le droit : il y resta cinq ans. Ayant perdu son 
père en 1772, il se maria deux ans après et 
alla se fixer à Salisbury, où il fit exécuter dans 
des concerts des symphonies de sa composi- 
tion. Ce fut là qu'il selivraà l'étudede l'orgue, 
et qu'il écrivit ses premiers recueils de fantai- 
sies et de préludes pour cet instrument. Un 
héritage considérable qu'il fit, en 1781, lui 
permit de quitter la carrière d'avocat et de 
s'établir à la campagne dans une belle maison 
où il fit construire un grand orgue. Il passa 
le reste de sa vie dans cette retraite, unique- 
ment occupé de la culture des sciences et des 
arts. Son frère et ses fils, devenus ses élèves 
pour la musique, exécutaient souvent des qua- 
tuors et des quintettes dans des concerts 
d'abonnés. M. Marsh vivait encore en 1824, à 
l'âge de soixante-douze ans. Il a publié à 
Londres : 1° Huit symphonies à plusieurs par- 
ties. 2° Symphonie pour deux orchestres. 
3° Quatuor pour deux violons, alto et basse. 
4° Trois morceaux finals, pour l'orgue. 
5° Trois ouvertures à cinq parties, idem. 
6° Ouverture et six pièces idem. 7° 24 volun- 
taries for the organ (Préludes et fantaisies 



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MARSH -- MARTIN 



473 



pour l'orgue); Londres, Près ton. 8° Idem, 
deuxième, troisième, quatrième et cinquième 
recueils ; ibid. 0° Ouvertures et sonates pour 
le piano; Londres, Clementi. 10° Neuf an- 
tiennes et seize psaumes à quatre voix ; Lon- 
dres, Rolfe. 11° Beaucoup de chansons et de 
glees a une, deux et trois voix; ibid. 12° Ou- 
verture et dix pièces pour musique militaire. 
13° Rudiments on thorough-bass (Éléments 
de la basse continue); Londres, Payne, in -4°. 
Une deuxième édition a été publiée sous le 
titre de Thorough-Bass catechism. \A°Hintt 
to young composera (Conseils aux jeunes 
compositeurs) ; ibid., 1798, in-8°. 15° Essay 
on Harmonies (Essai sur les accords); ibid., 
1801 , in-8 9 . 16° Sixteen movementt from 
différent eomposers in score for the use of 
musical students (Seize morceaux de diffé- 
rents compositeurs, pour l'usage des étudiants 
en musique). 17° Tables of transposition of 
consonant intervais (Tables de transposition 
des intervalles con sonnants) ; Londres, Long- 
mann et Broderip. 18° First Book of eighteen 
voluntaries, chiefty intended for the use of 
young practitioners, to which is prefixed an 
explanation of the différent stops of the or- 
gan, and of the several combinations that 
may be mode thereof, with a feu> thoughts 
on style, ex tempore playing, modula- 
tions, etc. (Premier livre de dix-huit pré- 
ludes, principalement destinés à l'usage des 
commençants, précédé d'une explication des 
différents jeux de l'orgue, et des différentes 
combinaisons qu'on en peut faire, avec quel- 
ques réflexions sur le style, l'improvisation, 
les modulations, etc.); Londres, Prcston, 
1800, in-4». 19° Deuxième livre idem. Marsh 
avait en manuscrit beaucoup de musique vo- 
cale et instrumentale, ainsi qu'une descrip- 
tion de l'orgue qui n'a pas été imprimée après 
sa mort. 

MARSHALL (William), docteur en mu- 
sique de l'Université d'Oxford, organiste de 
l'église calhérale du Christ, de la chapelle du 
collège de Saint-Jean, et de l'église de Tous 
les Saints, à Oxford, est l'auteur d'un petit 
ouvrage qui a pour titre : The art ofreading 
ChurchMusic; founded on a simple expia- 
nation of the first principles ofMusic (l'Art 
de lire la musique d'église, basé sur une expli- 
cation simple des premiers principes de la 
musique); Oxford, J. Vincent, 1842, in- 8°. 

MARSOLO (PiETto-MAtiKo), maître de 
chapelle de la cathédrale de Ferra re, et de 
l'Académie des Intrepidi de cette ville, au 
commencement du dix-septième siècle, est au- 



teur de deux livres de motets à cinq voix pour 
toutes les fêtes de Pan née, lesquels ont été pu- 
bliés sous ce titre : Motetta quinque tantum 
vocibus decantanda in totius anni solemnio- 
ribus diebus. Liber primus; Venetiis, apud 
Jacob. Fincentium, 1612, in -4°. Ztoer se- 
cundus; ibid., 1614, in-4°. 

MARSYAS, fameux joueur de flûte, était 
fils de Hyagnis et naquit à Celènes, en Pbry- 
gie. On le croit inventeur delà flûte à plusieurs 
tuyaux connue sous le nom de flûte de Pan. 
La fable de sa dispute avec Apollon est con- 
nue. Il rencontra, dit-on, ce dieu à Nyse, lui 
proposa un défi de musique, fut vaincu, et, 
pour prix de sa présomption, fut écorebé 
vif. 

MARTELIUS (Élis), luthiste célèbre au 
commencement du dix-septième siècle, vécut 
à Strasbourg, sa patrie. Il a publié un recueil 
de pièces pour le luth, sous ce titre : Jfortus 
musicalis novus: Strasbourg, 1615. 

MARTELLI (...), maître de chapelle à 
Munster, vers 1790, s'est fait connaître à cette 
époque, en Allemagne, par la composition de 
quelques opérettes, parmi lesquels on re- 
marque : 1° Die Reisenden nath Holland 
(les Voyageurs en Hollande). 2° Der Tempel 
der Dankbarkeit.(\e Temple de la Reconnais* 
sance). 5° Der Kœnig Robe (le Roi Corbeau). 

MARTIGNONI (Don Ignace), professeur 
de droit à Como, né au mois de juin 1757, 
mourut dans cette ville, le 23 mars 1814. 
Dans ses Opérette varie (Milan, Galeazzi, 
1784) on trouve (p. 59-92) des considérations 
sur les effets moraux de la musique et sur 
l'histoire de la musique dramatique. On a du 
même écrivain un traité d'esthétique intitulé : 
Del bello e sublime; Milan, Mussi, 1810, in-8°. 
Il a été donné une seconde édition de cet ou- 
vrage avec la vie de l'auteur, par le profes- 
seur Louis Calenazii; Como, 1826, in-12. Le 
quatrième chapitre traite du beau dans la mu* 
sique. 

MARTIN (Clame), écrivain sur la mu- 
sique, naquit à Couches en Bourgogne, dans 
la première moitié du seizième siècle, et non 
à Autun, comme le prétendent La Borde et 
ses copistes, car lui-même a indiqué le lieu 
de sa naissance par le mot Colchensis, placé 
après son nom, au frontispice de l'édition la- 
tine de son traité de musique (I). On voit, par 
l'épltre dédicatoire de ce même traité de mu- 
sique, qu'il vivait à Paris en 1550. Aucun 
autre renseignement ne nous est parvenu sur 

(I) Couches eit une petite ville du département de 
Saône-et-Loire, à cinq lieues d'Autun. 



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474 



MARTIN 



ce musicien, à qui Ton doil un bon livre inti- 
tule : Elementorum mus i ces practica? pars 
prior, libris duobus absoluta, nunc primutn 
in lucem édita, Accesserunt exercitationes 
nonnullx quos qui noverit, omnium ferme 
prxceptorum cognitionem habuerit; Parisiis, 
ex officinâ Nicolai Du Chemin, 1550, in -4° 
obi. Les mots pars prior indiquaient l'inten- 
tion de publier une deuxième partie, qui n'a 
point paru. Le premier livre de celle-ci, di- 
visé en huit chapitres, traite du plain-chant; 
le deuxième contient les principes de la mu- 
sique mesurée, en dix chapitres; l'ouvrage est 
terminé par un motet à quatre voix qui parait 
avoir été composé par Claude Martin. Six ans 
après la publication de ce traité, il fit un 
extrait de son livre en français, et le fit 
paraître sous ce titre : Institution musicale, 
non moins brève que facile, suffisante pour 
apprendre à chanter, et qui a cours aujour- 
d'hui entre les musiciens; extraite de la 
première partie des éléments de musique de 
Claude Martin, et par lui-même abrégée; 
Paris, de l'imprimerie de Nicolas Du Chemin, 
1556, in-4° obi. Cet abrégé du deuxième livre 
est fort différent de l'original latin, et ne con- 
tient que six feuillets. On trouve à la Biblio- 
thèque impériale de Paris un manuscrit 
daté de 1608 (n° 7377, in -4°) contenant 
plusieurs petits traités des sciences, parmi 
lesquels il y en a un intitulé : D. Martin 
Tractatus de Musicd. Je n'ai pu vérifier si 
c'est une copie du traité de Claude Martin ou 
un autre ouvrage, parce que le volume était 
prêté lorsque j'ai voulu faire cette recherche. 
Claude Martin s'était fait connaître comme 
compositeur par des Magnificat des cinq 
premiers tons à quatre voix, imprimés à 
Paris, en 1540, par Pierre Attaingnanl. Un 
exemplaire de cet ouvrage rarissime est chez 
l'abbé Sanlini, à Rome. 

MARTIN, surnommé PEU D'ARGENT, 
musicien belge, vécut vers le milieu du sei- 
zième siècle, et fut maître de chapelle du duc 
de Clèves et de Juliers. Il était contemporain 
de Nicolas Gombert, de Créquillon, de Clé- 
ment (non papa) et d'autres musiciens célè- 
bres. Jean Orydrius (voyez ce nom), son 
élève et ami, dit de lui , dans la préface du 
second livre de ses PracticB musiew utrius- 
que prxcepla brevia :« Cum quibus {Th. Cre- 
« quiUon, Jae. Clemens [non papa), et 
o plerique alii) equidem optimo jure memo- 
« randum censeo imà sequandum, suavis- 
« simumet candidissimum hominem, ami- 
« cum meum inlegerrimum M. Marlinum 



« peu d'argent, collegii musici illustriis. 
« Principis Guillelmi ducis nosiri clemen- 
« tiss. prxfectum dignissimum. Qui mihi 
u sub auspicium hujusprofessionismusicr, 
« pro suo in me candore animi, ac benevo- 
« lentia familiari, non semelauctor horta- 
u torque fuit, etc. » Le même auteur ajoute 
que Martin a publié deux livres de motets et 
de chansons à quatre et cinq parties dont il 
vante la suavité. 

MARTIN (Nicolas), musicien du seizième 
siècle, né à Saint- Jean-de-Maurienne, en 
Savoie, vivait à Lyon, vers 1560. Il a fait im- 
primer de sa composition : Chants sur la 
nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, 
tant en vulgaire françoys que langage savoi- 
sien, dit paloys, imprimés avec la musique, 
à Lyon, par Marc Bonhomme, 1506, in-8°. 

MARTIN (Jean), bachelier en théologie 
de la faculté de Paris, et curé de Treze, au 
diocèse d'Auxerre, vers le milieu du dix-sep- 
tième siècle, a composé deux messes à quatre 
voix, l'une ad imitationem moduli Audits, 
l'autre ad imitationem moduli Jubilate, qui 
ont été publiées chez Robert Ballard, en 1653, 
in-fol. 

MARTIN (François), violoncelliste fort 
distingué, vivait à Paris en 1750. Il y était 
attaché au duc de Grammont. Il s'est fait 
connaître avantageusement comme composi- 
teur par des motets qu'il a fait exécuter an 
concert spirituel, et surtout par un Cantate 
Domino, dont le Mercure du mois de janvier 
1751 a rendu compte avec beaucoup d'éloges : 
on cite aussi de lui un Lxtentur cœli. Ses 
autres ouvrages consistent en trois cantatilles 
(le Soupçon amoureux, le Suisse amoureux 
et le Bouquet de Thémyre), deux livres de 
sonates en trio pour violon, et deux livres de 
sonates pour le violoncelle. Martin est mort à 
Paris en 1773. 

MARTIN Y COLL (Awtoise), né dans la 
province de Caslille, vers 1680, fut moine de 
l'étroite observance de Saint-François et or- 
ganiste de son couvent, à Madrid. On a de lui 
un traité du plain-chant qui a pour titre : 
Arte de Canto llano y brève resumen de sus 
principales reglas para cantores de choro r 
dividido in dos libros; Madrid, 1719, 1 vol. 
in -4°. Plus tard, il a ajouté a ce volume un 
traité de la musique mesurée qui forme le 
troisième livre de l'ouvrage, et qui est inti- 
tulé : Libro tercero donde se contienen las 
reglas mas notabks y précisas, que escri- 
van todos los doctos escriptore* de el arte de 
canto de organo (sans date). 



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MARTIN 



475 



MARTIN Y SOLAR (Vikcbst), appelé 
par les Italiens Martini, ou lo Spagnuolo, 
naquit en 1754 à Valence, chef-lieu de la 
province de ce nom, en Espagne. Après avoir 
fait ses éludes de musique comme enfant de 
chœur dans une maison de chanoines régu- 
liers (prémontrés) de cette ville, il remplit 
quelque temps les fonctions d'organiste à 
Alicante; mais son penchant pour la musique 
de théâtre le porta à donner sa démission de 
cette place pour se rendre à Madrid. Il y 
trouva un chanteur napolitain, nommé Gu- 
glietti, pour qui il écrivit quelques airs, et 
qui lui donna le conseil d'aller en Italie, lui 
prédisant des succès. Martin y arriva vers 
1781, et écrivit à Florence, pour la saison du 
carnaval, Jfigenia in Aulide. Il alla ensuite 
à Lucques où il fit représenter Astartea, qui 
ne réussit pas ; puis le grand ballet en trois 
actes La Regina di Golconda. Quelques 
autres ballets, écrits à Gènes et à Venise, pré- 
cédèrent l'apparition des opéras qui lui firent 
une brillante réputation et lui procurèrent un 
instant de vogue a une époque où se faisaient 
remarquer en Italie des compositeurs du plus 
haut mérite, tels que Paisiello , Cimarosa et 
Guglielmi. En 1783, Martin était à Turin, où 
il écrivit La Dora festeggiata, prologue; 
puis VAccorta Cameriera, opéra bouffe. Ces 
ouvrages furent suivis de VIpermestra, jouée 
à Rome en 1784. 

Martin se rendit à Vienne en 1785, dans 
l'espoir d'y écrire pour le théâtre de la Cour. 
Il y trouva une protectrice zélée dans l'ambas- 
sadrice d'Espagne, amie de l'impératrice : 
elle lui fit obtenir la faveur qu'il désirait, et 
d'Apo n te écrivit pour lui le livret de l'opéra 
bouffe 11 Burbero di buon cuore (le Bourru 
bienfaisant), qui obtint du succès et le mit à 
la mode. Mais ce furent surtout La Cota rara 
et V Arbore di Diana, ouvrages charmants, « 
composés sur des livrets du même poète, qui 
lui donnèrent, à Vienne, une vogue que 
n'avaient obtenue ni les Noces de Figaro, 
ni Don Juan, de Mozart, représentés à la 
même époque. L'empereur Joseph II récom- 
pensa magnifiquement Martin, et l'admit sou- 
vent près de lui, ne se lassant pas de lui 
entendre chanter les mélodies naturelles, fa- 
ciles, expressives, de la Cosa rara. Mozart 
rendit justice aux productions de cet artiste; 
mais il leur reprochait avec raison de man- 
quer des qualités solides qui -font vivre les 
œuvres d'art dans la postérité, et prédit que 
lorsque la vogue serait passée, les opéras de 
Martin tomberaient dans un profond oubli; 



ce qui s'est vérifié. L'auteur de Don Juan lui 
a fait l'honneur d'intercaler un air de la Cosa 
rara, arrangé en harmonie d'instruments à 
vent, dans le second acte de ce grand ouvrage. 

En 1788, Martin fut appelé à la cour de 
Catherine II : il partit pour Pétersbourg, où 
il fut chargé de la direction de l'Opéra. Il y 
écrivit GUSposi in contrasto, opéra bouffe, 
et 11 Sogno, cantate à trois voix. Paul I" lui 
donna, dix ans après, le titre de conseiller. 
Dans ses dernières années, le génie de Martin 
s'éteignit complètement. L'Opéra français 
ayant remplacé l'Opéra italien en 1801, Martin 
perdit son emploi, et il ne lui resta d'autre 
ressource que de donner des leçons pour 
vivre. Il est mort à Pétersbourg au mois de 
mai 1810. On a gravé de sa composition : 
1° L'Arbore di Diana, partition réduite pour 
le piano; Paris, Leduc; Bonn, Simrock. 
2° La Capricciosa corretta, idem; ibidem. 
3° GUSposi in contrasto, idem; Vienne, Ar- 
laria. 4° La Cosa rara, idem, ibid. ; Paris, 
Leduc ; Bonn, Simrock. 5° 6 Canoni a 5 voci, 
con ace. di piano-forte; Brunswick, Spehr, 
6° 12 Canoni d f amoro, idem; Leipsick, Pe- 
ter*. 7° Il Sogno, cantate à trois voix, avec 
accompagnement de piano; Leipsick, Breil- 
kopf et Hœrlel. 8° Douze ariettes italiennes à 
voix seule et piano; Brunswick, Spehr. Elles 
ont été traduites en allemand et publiées à 
Bonn et à Hambourg. Les ouvertures et mor- 
ceaux détachés des opéras de Martin ont été 
arrangés pour divers instruments, et gravés à 
Paris, Vienne, Londres, etc. On connaît aussi 
de la composition de cet artiste un TeDeum 
à quatre voix et orchestre, en manuscrit. 

MARTIN (Jean-Blaise), acteur célèbre de 
l'Opéra-Comique, naquit à Paris, le 14 oc- 
tobre 1769. Petit-fils d'un peintre dont le ta- 
lent a été célébré par Voltaire, il perdit son 
père dans ses premières années, et fut élevé 
par un oncle, qui prit soin de son éducation. 
A l'âge de sept ans, on lui fit commencer 
l'élude de la musique; à neuf ans, il était déjà 
bon lecteur. Sa jolie voix de soprano le faisait 
rechercher dans le monde, et pendant quatre 
ans, il chanta les solos dans la plupart des 
concerts de société. L'âge de la mue de la voix 
l'obligea de suspendre cet exercice ; il se livra 
alors à l'étude du violon et acquit beaucoup 
d'habileté sur cet instrument. Obligé de cher- 
cher des ressources dans son talent, il essaya 
de se faire admettre dans l'orchestre de 
l'Opéra, mais n'ayant pu réussir dans ce pro- 
jet, il tourna ses regards vers la scène. Sa voix 
avait pris le caractère d'un beau baryton qui, 



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476 



MARTIN 



dans les cordes élevées, atteignait aux limites 
des ténors les plus élevés, et qui, dans les sons 
graves, avait la sonorité d'une basse. Malgré 
cet avantage, il ne put se faire recevoir à 
l'Opéra, parce qu'on ne lui trouva pas assez 
de puissance dans l'organe pour le chant, ou 
plutôt pour les cris alors en usage à ce théâtre. 
Martin n'eut qu'à s'applaudir du mauvais 
accueil qu'on lui avait fait à l'Opéra, comme 
symphoniste et comme chanteur, car ce fut la 
cause première de la direction qu'il prit en- 
suite dans sa carrière d'artiste, et des succès 
qu'il obtint sur une autre scène. On donnait, 
en 1788, des concerts à l'hôtel de Bullion, rue 
Plâtrière, où la musique en vogue était parti- 
culièrement empruntée à l'Italie. Quelques 
morceaux de cette musique chantés par Martin 
à ces concerts le mirent en réputation parmi 
les amateurs ; lorsque le théâtre de Monsieur 
fut organisé, on le choisit pour y chanter les 
rôles de baryton. Il y débuta à la An de l'an- 
née 1788, par celui du Marquis de Tulipano, 
opéra de Paisiello traduit en français, et y 
obtint un succès brillant, dû autant à la 
beauté de sa voix qu'à la fraîcheur de la mu- 
sique. Il n'était point acteur; sa gaucherie 
était même si excessive, qu'on était obligé de 
lui tracer sur le plancher sa position dans les 
différentes scènes. Cependant, insensiblement 
il acquit de l'habileté, et vers la An de sa car- 
rière théâtrale, il était parvenu sinon à être 
cité pour la Anesse de son jeu, au moins à/ 
animer la scène et à rendre convenablement 
les rôles dont il était chargé. L'opéra italien, 
qui jouait dans les premiers temps alternati- 
vement avec l'opéra comique français au 
théâtre Feydeau, offrait à Martin les plus 
beaux modèles de chant dans les talents de 
Viganoni, de Mandini et de madame Mori- 
cbelli ; celte école ne lui fut sanr doute pas 
inutile : cependant il ne parait pas avoir bien 
compris le mérite de leur excellente méthode, 
car i) conserva toute sa vie d'assez grands dé- 
fauts; par exemple, celui d'une vocalisation 
saccadée de fort mauvais goût qui paraissait 
plaire beaucoup aux spectateurs habituels de 
l'Opéra-Comique. Le mérite principal de Mar- 
tin consistait dans la beauté incomparable de 
sa voix, la fraîcheur de l'organe, qu'il con- 
serva pendant plus de trente ans, une grande 
habileté à passer de la voix de poitrine aux 
sons surlaryngiens, dont il se servait avec 
beaucoup d'adresse, du feu, de l'animation, 
enfin, dans une connaissance profonde de la 
musique et beaucoup d'aplomb dans les mor- 
ceaux d'ensemble. 



Les rôles de Crispin, dans le Nouveau don 
Quichotte, cl de Frontin, dans les Fisitan- 
dineSy avaient fondé sa réputation ; il faisait 
la fortune du théâtre Feydeau, et balançait 
seul les succès de toute l'excellente troupe de 
l'ancienne Comédie italienne; celle-ci com- 
prit la nécessité de se débarrasser d'une con- 
currence si redoutable; des efforts furent faits 
auprès de Martin pour l'engager au théâtre 
Favart; il Anit par accéder aux propositions 
qui lui étaient faites, et il entra à ce théâtre 
en 1704. C'est là que secondant Elleviou, ma- 
dame Saint-Aubin, Chenard et madame Du- 
gazon, il forma avec ces excellents acteurs un 
ensemble parfait qu'on ne reverra plus vrai- 
semblablement à l'Opéra-Comique. Gulnare, 
Z or aime et Zulnar , Maison à vendre, 
Trente et quarante, lui fournirent des occa- 
sions pour donner à son talent une spécialité 
qui, dans les arts, fonde toujours les réputa- 
tions les plus solides ; spécialité qui a été long- 
temps un embarras pour les théâtres de pro- 
vince; car, suivant l'habitude qu'on a dans 
ces théâtres de désigner les emplois par les 
noms des acteurs qui les remplissent à Paris, 
il fallait dans toutes les troupes dramatiques 
un Martin, et ce n'était pas sans peine qu'on 
parvenait à trouver des voix qui pussent 
chanter d'une manière passable les rôles éta- 
blis d'origine par le véritable Martin, de Paris. 

A la réunion des troupes d'opéra comique 
des théâtres Feydeau et Favart, en 1801, 
Martin devint sociétaire et membre du comité 
d'administration de la nouvelle société. II pro- 
fila de cette position pour partager, plus tard, 
avec Elleviou la plus grande partie de la sub- 
vention accordée à l'Opéra-Comique par Napo- 
léon. Cet avantage était acquis à deux artistes 
sur qui reposait toute la fortuue de ce spec- 
tacle. L'influence de Martin augmenta encore 
.en 1813, après qu'Elleviou se fut retiré du 
théâtre, car seul il attirait encore le publie; 
seul il procurait à la société d'abondantes re- 
celtes. L'Jrato, une Folie, ma Tante Au- 
rore, les Confidences, Picaros et Diego, Gu- 
listan , Kouloxtf, les Maris garçons, le 
Charme de la Voix, Jean de Paris, Lully et 
Quinault, le Nouveau Seigneur de village, 
Joconde, Jeannot et Colin, le petit Chape- 
ron et les Voitures versées, lui valurent tour 
à tour de nouveaux succès, et firent admirer 
longtemps la fraîcheur et la conservation de 
son organe, autant que les progrès de son ta- 
lent dans le chant scénique. 

Une légère altération commença à se faire 
apercevoir dans la pureté de la voix de Mar- 



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MARTIN 



477 



tin, en 1839. Déjà, deux ans auparavant, il 
avait paru vouloir se retirer et n'avait con- 
senti à rester au théâtre que moyennant une 
gratification de trente mille francs. Mais dès 
qu'il crut que son organe ne lui fournirait 
plus les mêmes moyens d'exécution, il ne 
voulut pas voir diminuer ses succès, et il prit 
sa retraite le 31 mars 1823, après avoir chanté 
pendant trente-cinq ans à la scène. Logé alors 
dans un des quartiers les plus éloignés du 
centre de Paris, il semblait avoir oublié le 
théâtre de sa gloire, lorsque en 1826 le direc- 
teur de TOpéra-Comique l'engagea pour quel- 
ques représentations. Plusieurs années de 
repos avaient rendu à sa voix la souplesse et 
le moelleux; il étonna encore les artistes par 
la vigueur de son exécution dans quelques- 
uns de ses anciens rôles. Cependant il reprit 
bientôt après ses habitudes de retraite. Huit 
années s'étaient écoulées depuis lors, et Mar- 
tin était âgé de soixante-cinq ans, lorsqu'une 
nouvelle apparition du chanteur émérite fut 
annoncée en 1834. Il reparut en effet ; mais 
alors les ravages du temps se firent apercevoir, 
surtout dans les traits rapides et qui exi- 
geaient de l'énergie; cependant il y avait 
encore beaucoup d'adresse dans la manière de 
Martin lorsqu'il chantait de la musique d'un 
caractère doux et élégant. C'est â cette époque 
que Halévy écrivit pour lui la Fieilhsse de 
Lafleur, opéra comique en un acte, où il eut 
encore des éclairs de son ancien talent. Re- 
tiré définitivement dans la même année, il ne 
prit plus de participation â l'art que par les 
leçons de chant qu'il donnait an Conserva- 
toire. Il avait été appelé à remplir les fonc- 
tions de professeur dans cette école en 1825. 
La fin de son existence s'écoulait paisible- 
ment; mais la mort d'une fille, en 1836, lui 
causa une vive douleur qui ébranla sa consti- 
tution, et qui le conduisit au tombeau le 18 oc- 
tobre 1837. Ce fut à laRoncière, maison de 
campagne de son ancien camarade Elleviou, 
près de Lyon, qu'il mourut. Il avait été ténor 
de la chapelle de Napoléon, puis de celle des 
rois Louis XVIII et Charles X. 

Martin avait reçu des leçons de Candeille 
pour la composition; en 1796, il fit repré- 
senter, au tréâtre Feydeau, les Oiseaux de 
mer, opéra comique en un acte, qui ne réussit 
pas. Il a conservé longtemps son talent sur le 
violon, car il était déjà au théâtre depuis plus 
de quinze ans lorsqu'il étonna le public et les 
artistes par la manière dont il exécuta un solo 
sur cet instrument, dans l'opéra intitulé : le 
Concert interrompu. 



MARTIN (Ciescentia), cantatrice, naquit 
en 1770, à Babenhausen, en Bavière, où son 
père était directeur de la chancellerie. Élevée 
dans un couvent à Landsbach, elle y apprit la 
musique; puis elle reçut des leçons de chant 
du célèbre Raff, à Munich. Pendant plusieurs 
années, elle donna des concerts en Suisse, en 
Hongrie, en Autriche et particulièrement à 
Vienne. En 1800, elle embrassa la profession 
de cantatrice dramatique, et parut sur divers 
théâtres sous le nom de madame Dorse. De 
retour à Munich, en 1811, elle y débuta au 
théâtre de la cour; mais déjà elle n'était plus 
jeune et sa voix avait perdu sa fraîcheur: elle 
eut peu de succès et ne tarda pas à se re- 
tirer. 

MARTIN (ÀRTomt), professeur de mu- 
sique au collège de Saint -Maxent, est né à 
Rocbefort, en 1805. Il apprit presque seul le 
piano, le violon et la clarinette. On connaît 
sous son nom quelques compositions pour les 
deux premiers de ces instruments, et les 
Délassements de l'étude pour le piano. 

MARTIN (Julien) connu sous le nom de 
MARTIN D'ANGERS, est né dans cette 
ville vers 1808. Après y avoir fait ses pre- 
mières études musicales, il se rendit à Paris et 
y acheva de s'instruire dans cet art, sans 
suivre toutefois les cours du Conservatoire. 
Sur la recommandation de M. Danjou, il ob- 
tint, en 1841, la place de maître de chapelle de 
l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. En 1845, 
il imagina un nouveau système d'harmonisa- 
tion du plain-chant ou de faux-bourdon, 
qui fut annoncé par les journaux religieux 
sous le nom de Nouveau mode de plain-chant 
et fort vanté par ces feuilles; ce n'était au 
rond que d'assez mauvaise harmonie, comme 
on en a fait, depuis lors, beaucoup d'autres 
essais dans des systèmes divers. Celui que 
proposait M. Martin consistait à faire chanter 
la mélodie chorale à l'octave par les dessus et 
les ténors, en l'harmonisant à trois parties 
par le baryton et la basse. L'auteur de ce 
plain-chant harmonisé en publia un spécimen 
dans une brochure intitulée : Plain-chant 
populaire pour tous les offices de l'année, 
noté dans la voix naturelle du clergé et des 
fidèles, et harmonisé d'après un nouveau 
procédé musical déposé, sous cachet, dans 
les archives de l'Institut, le 24 janvier 1840, 
par J. Martin d'Angers, maître de chapelle 
et organiste accompagnateur de la paroisse 
royale de Saint-Germain-VAuxerrois et du 
collège royal de Saint- Louis. Première livrai- 
son . Spécimen de l'office du malin qui est sous 



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478 



MARTIN — MARTINENGO 



presse; Paris, 20 janvier- 1846, in-8°. Des 
analyses de ce système et de l'œuvre en elle- 
même furent publiées dans la Revus de la 
musique religieuse, populaire et classique 
(l. II, p. 169-171 et 285-395), ainsi que dans 
la Revue el Gazette musicale de Paris (année 
1846, n« 34). Une ardente polémique en fut la 
suite, tant par les journaux que par de petites 
brochures anonymes; mais la mauvaise harmo- 
nisation du plain-chant qui en était l'objet ne 
peut résister à la critique qui en avait été faite, 
et elle fut abandonnée. On a aussi de M. Martin 
un petit écrit intitulé : De l'enseignement 
musical dans les collèges royaux de Paris; 
Paris, 1841, in-8° de vingt-quatre pages. Ce 
travail avait déjà été publié dans la Revue et 
Gazette musicale de Paris. Comme composi- 
teur, M. Martin a fait exécuter à Saint-Ger- 
main-rAuxerrois, le jour de Pâques 1846, une 
messe solonnelle avec orchestre, et une messe 
de Requiem. Il a publié plusieurs romances 
avec accompagnement de piano; Paris, Ca- 
naux; Prière de la jeune fille, mélodie avec 
accompagnement de piano et de violoncelle ; 
ibid. ; Galerie musicale, ou série de mor- 
ceaux de chant faciles à deux et trois voix, 
avec accompagnement de piano, à l'usage 
des pensionnats ; ibid. Cet artiste a pris part 
à la rédaction du journal intitulé la France 
musicale, pendant les années 1845 et 1846. 

MARTIN (Toussaint), professeur de mu- 
sique à Paris, n'est connu que par un petit 
ouvrage élémentaire intitulé : Principes 
méthodiques de musique vocale et instru- 
mentale; Vaugirard (près Paris), in-4° de 
trente-quatre pages, lithographie. 

MARTIN (Casimir), facteur de pianos à 
Paris, est inventeur d'un appareil destiné à 
donner de la souplesse aux doigts des per- 
sonnes qui se livrent à l'étude du piano, et 
auquel il a donné le nom de Chirogymnaste. 
M. Martin a publié une instruction pour l'usage 
de cet appareil, sous le titre de Méthode de 
chirogymnaste, ou gymnastique des doigts; 
Paris, 1845, in-8° avec six planches. Il a été 
fait deux éditions de ce petit écrit. 

MARTINE (J.-D.), littérateur français, 
né à Genève, vivait à Paris vers 1815, et s'est 
fait connaître par un commentaire sur l'Art 
poétique d'Horace. Il a aussi publié un livré in- 
titulé : De la musique dramatique en France, 
ou des principes d'après lesquels les compo- 
sitions ly ri- dramatiques doivent être jugées; 
des révolutions successives de Vart en France, 
de ses progrès et de sa décadence; des compo- 
siteurs qui ont travaillé pour nos spectacles 



lyriques, et de leurs productions restées au 
théâtre; Paris, Dentu, 1813, in-8°. Cet écrit, 
rempli de fausses vues et de préjugés, a pour 
objet de démontrer que l'ancienne comédie à 
ariettes et les anciennes formes de l'opéra 
français étaient préférables aux formes plus 
musicales de l'opéra moderne. 

MARTINEAU (Adaibh), professeur de 
musique à Nantes, est auteur d'un livre qui a 
pour titre : Nouvelle grammaire de la langue 
musicale, mise en rapport avec la grammaire 
française ; Nantes, imprimerie de Forest ; 
Paris, Heugcl, 1845, in-8°. 

MARTINELLI (Georges), musicien au 
service du duc de Parme, dans la seconde 
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer 
de sa composition : Moletti e le quattro Ju- 
tifone délia Beala Virgine a due, tre e 
quattro voci. op. 1, Bologne, Jacques Monti, 
1676, in-4°. 

MARTINEIXI (Viscekt), docteur en 
droit, né à Turin dans la première moitié du 
dix-huitième siècle, résidait à Londres vers 
1750; de là il se rendit à Paris, où il fit in- 
sérer plusieurs morceaux dans les écrits pé- 
riodiques jusqu'en 1763. Il avait travaillé 
longtemps à une histoire de la musique qu'il 
n'a point achevée, et dont il n'a rien paru. 
On a de lui un recueil intitulé : Lettere fa- 
miliari critiche; Londres, 1758, in- 8°. Les 
lettres 27, 28, 30, 51 , 54 et 56 sont relatives 
à la musique. Il a publié aussi une Lettre Sur 
la musique italienne, dans le premier nu- 
méro du recueil intitulé : L'amateur, ou 
nouvelles pièces et dissertations françaises 
et étrangères; Paris, 1762, in-12. 

MARTIN ELLI (Louis), excellent chan- 
teur bouffe italien, commença à se faire con- 
naître vers 1795, et fut bientôt recherché sur 
les principales scènes de l'Italie. En 1801, il 
chanta au théâtre de la Scala, à Milan, pen- 
dant les saisons de l'automne et de l'a vent. Il 
vint ensuite à Paris, où il chanta avec beau- 
coup de succès les grands airs boufTes de Ci- 
marosa et de Guglielmi. On le retrouve à Mi- 
lan en 1807. Après cette époque, les renseigne- 
ments manquent sur sa personne. 

MARTIN ENGO (Jdles-César), composi- 
teur, né à Vérone, dans la seconde moitié du 
seizième siècle, fut d'abord maître de chapelle 
à Udine, dans le Frioul, puis fut appelé à 
remplir les mêmes fonctions à Saint-Marc, de 
Venise, le 22 août 1609. Il mourut jeune en- 
core dans cette ville, en 1615, et eut pour 
successeur Claude Monleverde. On conmit 
sous le nom de Martinengo trois livres de 



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MARTINENGO — MARTINEZ 



479 



madrigaux à quatre, cinq et six voix, publiés 
à Venise; le troisième a paru en 1605. Il est 
vraisemblable qu'il a laissé en manuscrit de 
la musique d'église dans les archives de Saint- 
Marc. 

MARTINENGO (Jeàn-Paui.), organiste 
de la cathédrale de Pavie, vers le milieu du 
dix-septième siècle, n'est connu jusqu'à ce 
jour que par un Adoro te, et un Congratula- 
mini, à deux voix de soprano ou de ténors 
(a duoi soprani overo tenori) qui se trouvent 
dans l'œuvre de Gaspard Gasati intitulé Mo- 
tetti concertati a 1,2, 5e 4 voci con una 
messa a 4; Venise, Alexandre Vincenti, 1643, 
in-4°, dont il y a une édition antérieure, et 
une autre publiée à Venise, en 1651. 

MARTINES ou MARTINEZ (Ma- 
rianne), femme d'un mérite distingué dans la 
musique, a passé pour la nièce de Métastase. 
Elle était fille de Nicolas Martines, maître de 
cérémonies de la chambre du nonce aposto- 
lique à Vienne, et naquit dans cette ville vers 
1745. Sa famille était napolitaine, d'origine 
espagnole, et, sans doute, l'orthographe pri- 
mitive de son nom fut Martinet; Vs rem- 
plaçant le x fut une altération produite par le 
temps; il est d'ailleurs remarquable que le 
célèbre poète Métastase, ami du père de Ma- 
rianne, et qui vécut dans l'intimité de cette 
famille pendant cinquante-deux ans, écrit 
Martinex dans les articles de son testament 
et de son codicille qui la concernent ainsi que 
ses frères. Kiesewetter place la date de la 
naissance de Marianne Martines vers 1750 (1), 
mais elle vit le jour évidemment plutôt, car 
Métastase lui laissa , par l'article 7 de son 
testament, fait en 1765, une somme de douze 
mille florins, pour donner une faible ré- 
compense à ses mœurs pures et à ses hon- 
nêtes et louables études. Si Marianne Mar- 
tines était née vers 1750, elle aurait eu quinze 
ans à l'époque où le poète lui faisait ce legs, 
et Ton aurait pu s'étonner qu'à cet âge ses 
mœurs n'eussent pas été pures. La date de 
1745 que j'ai adoptée, dans la première édi- 
tion de ce dictionnaire comme dans celle-ci, 
parait donc plus rapprochée de l'exactitude. 
Mademoiselle Martines eut le bonheur de re- 
cevoir de Haydn, jusque-là peu connu, 
«les leçons de musique et de clavecin, et Por- 
pora lui enseigna l'art du chant et la compo- 
sition. Ses progrès furent rapides. Claveciniste 
d'un talent élégant et gracieux; cantatrice 
dont le chant était suave et d'une expression 

(1) Calëlog der Sammlung aller àltuik, p. 53. 



aussi vraie que pénétrante; compositeur doué 
d'une vigueur de conception rare etd'unsavoir 
très-étendu, elle réunissait en elle seule les 
qualités de plusieurs artistes distingués. Bur- 
ney, qui l'entendit à Vienne en 1772, en parle 
avec admiration. Par un codicille du 17 août 
1 780 Métastase porta à vingt mille florins le legs 
qu'il avait fait à Marianne Martines. Par l'ar- 
ticle 8 de son testament, daté du 5 août 1765, 
il lui avait légué son clavecin, ses épi nettes et 
toute sa bibliothèque musicale. En 1796, elle 
vivait à Vienne dans l'aisance. Les samedis de 
chaque semaine, elle donnait chez elle des 
concerts, dont l'entrée était ouverte à tous les 
étrangers. Elle avait aussi institué une école 
de chant, où elle forma de bons élèves. Burney 
cite avec éloge de sa composition des sonates 
de piano, beaucoup de chants italiens sur des 
poésies de Métastase, un Miserere à quatre voix 
concertantes et orgue, composé en 1768, qui 
se trouve dans plusieurs grandes bibliothè- 
ques, notamment à la bibliothèque impériale 
de Vienne, plusieurs psaumes italiens sur dos 
traductions de Métastase, à quatre et à huit 
voix, avec orchestre, parmi lesquels on remar- 
que Vin exitu Israël à quatre voix concer- 
tantes, chœurs à quatre voix et instruments ; 
l'abbé Gerbert a tenu entre ses mains une 
messe et un oratorio écrits par elle ; l'abbé 
San Uni, de Rome, possède le psaume 41 e à 
quatre voix et orchestre, de sa composition, 
qui se trouve aussi à la bibliothèque impériale 
de Vienne. Marianne Martines avait été 
nommée, en 1773, académicienne honoraire 
des Philharmoniques de Bologne., dans la 
série des compositeurs. Elle mourut à Vienne, 
en 1812, à l'âge d'environ soixante-sept ans (1). 
MARTINEZ (Jean), prêtre espagnol, fut 
maître de chapelle à l'église cathédrale de 
Séville, vers le milieu du seizième siècle. Il a 
fait imprimer un livre qui a pour titre : Jrte 
de canto llano puesta y reducida nuova- 
mente en su entera perfeccion segun la pra~ 
tica (l'Art du plain-chant, rétabli dans son en- 
tière perfection, selon les règles de la prati- 
que); Séville, 1560, in-8°. Machado (Bibliot. 
Lusit.) t. II, p. 692) cite cet auteur sous le 
nom de Martins, comme un poêle portugais, 
de qui l'on a imprimé un livre intitulé : Arle 
do Canto chaô posta e reducida em sua en- 
teira perfeçaô segundo a practica délia, 
muito necessaria para todo o sacerdote , 
e persoas que haô de saber cantar, etc.; 
Coimbre, Manoel de Araujo, 1605, in-8° ; se- 

(I) Je suis redevable A M. Farrcne des renseignements 
d'après lesquels celte notice a été refaite. 



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4S0 



MARTINEZ - MARTINI 



coode édition, Coîmbre, Nicolas Carvalho, 
1612, in-8°; 3« idem, revue et augmentée par 
Antoine Cordeyro; Coîmbre, 1635. L'identité 
de personne et d'ouvrage est évidente; il est 
vraisemblable que le livre portugais n'est 
qu'une traduction de l'espagnol, et que l'exis- 
tence de celui-ci, antérieure à l'autre de plus 
de quarante ans, est réelle. 

MARTINI (Jacques), professeur de phi- 
losophie à l'université de Wittenberg, au 
commencement du dix-septième siècle, a 
publié des recherches sur beaucoup de ques- 
tions philosophiques et politiques, sôus ce 
titre : Centuria quœstionum illustrium phi- 
losopkiearum) Wittenberg, 1600-1610, in-4°. 
Dans la cinquième centurie, il examine ces 
questions : An vocalis et instrumentales 
Musica omni xtati conveniat? Musica ad 
quid conducat ? 

MARTINI (Cmistofbs), musicien hollan- 
dais, vivait vers le milieu dn dix-septième 
siècle. On a de lui un livre intitulé : If and- 
bock van waren loop der Toonen (Manuel du 
véritable enchaînement des tons); Amsterdam, 
1641, in-4». 

MARTINI (Adas-Si€ishord) , eantor à 
Giessen, vers la fin du dix-septième siècle, fut 
ensuite appelé à Hambourg en la même qua- 
lité. Il a fait imprimer un traité élémentaire 
de musique qui a pour titre : Griindliche und 
leichte Ùnterweisung, tête man nach Anlei- 
tung des deutschen Alphabets die ganse 
Wissenschaft der heutigen Focalmusik 
fassen hann (Méthode naturelle et facile pour 
apprendre la musique vocale d'après l'alpha- 
bet allemand, etc.); Giessen, 1700, in-8°. 

MARTINI (Martin), religieux franciscain, 



né en Bavière, vécut dans la première partie 
du dix-huitième siècle. On a de sa composi- 
tion : 1° Soixante-deux motets a une et deux 
voix, pour toutes les fêtes de l'année, avec 
deux violons et basse continue; Augsbourg, 
Lotler. 2° Vêpres à quatre voix pour les fêtes 
de la Vierge et des apôtres, ibid. 3* Litanies 
et Salve Regina avec accompagnement de 
deux violons et basse continue, ibid., 1717. 

MARTINI (Geohges-Hewri), né en 1732 à 
Tanneberg, en Misnie, fut professeur d'élo- 
quence à Ratisbonne, puis à, Altcnbourg, où il 
est mort le 33 décembre 1704. Au nombre de 
ses ouvrages, on trouve deux dissertations 
relatives à l'histoire de la musique. La pre- 
mière a pour litre : Fersueh von den tnujt- 
kalischen Wettsireiten der Alten (Des luttes 
musicales des anciens). On trouve ce morceau 
dans la Nouvelle bibliothèque des sciences et 
beaux-arts (Neuen Bibl. der schœnen Wis- 
sensch. und freyen Kiinste), t. 7, p. 1-37, et 
205-331. Hitler l'a aussi insérée dans la troi- 
sième année de ses notices, p. 150-231. La 
seconde dissertation de Martini est intitulée : 
Beweis, dass der neueren Vrlheile iiber die 
Tonkunst der Alten nie zutenglich and eut- 
scheidend sein kœnnen (Démonstration que 
les jugements des modernes sur la musique 
des anciens ne peuvent jamais être décisifs); 
Ratisbonne, 1764, in-4° de douze pages. 

MARTINI (....), facteur d'orgues et de 
clavecins à Friederichstadt, près de Dresde, 
naquit vraisemblablement dans les dernières 
années du dix-septième siècle : il vivait encore 
en 1740. Il a construit quelques bons instru- 
ments dans les églises de la Saxe, et a eu de 
la réputation pour ses clavecins. 



fis nu tome ciftcuiêxe. 



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