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Full text of "Biographie universelle des musiciens et bibliographie génèrale de la musique"

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BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES   MUSICIENS 


TOME  SIXIÈME 


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TYP0GR4HtlË  DE   H.   FIRMIN   DIDOT,    —  MESfflL   (KLRE). 


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BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 

DES  MUSICIENS 


ET 


BIBLIOGRAPHIE  GÉNÉRALE  DE  LA  MUSIQUE 


ox»;»» 


DEUXIÈME  ÉDITION 

BNTièREHKFfT  RRFONDt'E    ET   AUGMENTÉE  DE   PIXS   DE   MOITIÉ 

PAR  F.  J.  FÉTIS 

«AÎTtH   DB  CIIAPBI.UI   DU    ROI   DKS  BBL6M 
OlftBCTBUB    DU   CONSBRVATOIBB    BUYAL   DB    HUSIQUB   VB   BRUULLBS  .   BTC. 


TOMt:  SIXIEME 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  FIRMIN  DIDOT  FRÈRES,  FILS  ET  C" 

IMPRIMEURS   DE  l'iNSTITUT,    RUE  JACO»,    56 

1864 

Tous  «Iroili  refer*è« 


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20  1955    , 

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BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS 


M 


MAUTINI  (le p.  Jea5 -Baptiste),  religieux 
cordelier,  a  été  le  musicien  le  plus  énidit  du 
dtx*httiUème  siècle,  en  Italie.  Il  naquit  à  Bo- 
logne, le  25  avril  1706.  Son  père,  Antoine- 
Marie  Martini,  Yioloniste  qui  faisait  partie  d*une 
troupe  de  musiciens  appelés  /  FrcUdU,  lui 
enseigna  les  éléments  de  la  musique,  et  lui  mit 
en  main  Parchet,  lorsquMl  était  encore  dans 
sa  première  enfance.  Ses  progrès  furent  si  ra- 
pides, que  son  maître  n*eut  bientôt  plus  rien 
à  lui  apprendre,  et  qu*on  fut  obligé  de  lui  en 
chercher  un  plus  savant  et  plus  habile.  Confié 
d*abord  aux  soins  du  P.  Predieri  {voyez  ce 
nom),  pour  le  chant  et  le  clavecin,  il  prit  en- 
suite des  leçons  de  contrepoint  chez  Antoine 
Riccieri,  sopraniste,  né  à  Yicence,  et  savant 
compositeur.  Martini  fit  ses  études  morales  et 
religieuses  sous  la  direction  des  Pères  de 
Toratoire  de  Saint-Philippe  de  Néri.  Fort 
jeune  encore,  il  prit  la  résolution  d*entrer 
dans  un  cloître,  et  ce  fut  Tordre  des  grands 
cordeliers  qu*il  choisit.  Il  prit  Phabit  de  cet 
ordre  dans  le  couvent  de  Bologne,  en  1731,  fut 
envoyé  à  Lago  pour  y  faire  son  noviciat,  et  fit 
sa  profession  le  11  septembre  de  l*année  1722. 
De  retour  dans  sa  Tille  natale,  il  s*y  livra  avec 
ardeur  à  Tétude  de  la  philosophie,  et  acquit 
des  connaissances  si  étendues  dans  la  musique 
théorique  et  pratique,  que  la  place  de  maître 
de  chapelle  de  Téglise  Saint-François  lui  fut 
confiée  en  1735,  quoiquMl  ne  fût  âgé  que  de 
dix-neuf  ans.  Ses  liaisons  d*amitié  avec 
Jacques  Perti,  maître  de  chapelle  de  Saint- 
Pétrone,  n'eurent  pas  une  médiocre  influence 
sur  ses  travaux;  les  conseils  de  ce  maître  lui 
furent  particulièrement  utiles  iMur  ses  com- 

■lOCR.  051V.  DES  ■OSLCICSS.  T.  VI. 


positions  religieuses.  Dans  le  même  temps,  il 
étudiait  aussi  les  mathématiques  sous  la  di- 
rection de  Zanotti,  médecin  et  géomètre  d*un 
grand  mérite,  et  la  lecture  des  traités  anciens 
et  modernes  sur  la  musique  remplissait  une 
grande  partie  du  temps  quMl  n*employait  pas 
à  composer.  Sa  collection  de  livres,  de  ma- 
nuscrits précieux  et  de  musique  de  tout  genre, 
composait  la  bibliothèque  la  plus  nombreuse 
qu*un  musicien  eût  jamais  rassemblée  :  plus 
de  cinquante  années  de  recherches  et  de  dé- 
penses considérables  avaient  été  nécessaires 
pour  parvenir  à  ce  résultat.  Beaucoup  de  per- 
sonnes de  distinction,  qui  avaient  été  ses 
élèves,  avaient  pris  plaisir  à  enrichir  sa  col- 
lection de  tout  ce  qu*el]es  avaient  trouvé  de 
rare  et  de  curieux  ;  et  plusieurs  princes  étran- 
gers avaient  contribué  par  leurs  dons  à  aug- 
menter toutes  ces  richesses.  On  assure  même 
que  le  célèbre  Farinelli  lui  fournit  les  moyens 
de  faire  d*importantes  acquisitions  qui  n'étaient 
point  à  la  portée  de  ses  ressources  person- 
nelles. On  lit  dans  le  Lexique  des  mugiciens 
de  Gerber  que  Boltrigari,  ami  du  P.  Martini, 
lui  avait  légué  sa  riche  bibliothèque  de  mu- 
sique ;  Choron  et  Fayolle,  la  Biographie  uni- 
verselle et  le  Dictionnaire  historique  des 
musiciens,  publié  à  Londres,  en  1824,  n*ont 
pas  manqué  de  répéter  ce  fait,  dont  la  fausseté 
est  pourtant  évidente  ;  car  le  maître  de  cha- 
pelle de  Saint-François  était  né  en  1706,  et 
Botlrigari  était  mort  en  1612.  Au  surplus, 
il  parait  certain  que,  par  des  circonstances 
inconnues,  les  livres  et  les  manuscrits  de  ce 
dernier  devinrent  plus  tard  la  propriété  de 
Martini. 

1 


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MARTINI 


Ce  maître  avait  ouvert  à  Bologne  une  école 
de  composition,  où  se  formèrent  plusieurs 
musicien,  devenus  célèbres.  Parmi  ses  meil- 
leurs élèves,  on  remarque  le  P.  Paolucci, 
maître  de  chapelle  à  Venise,  et  auteur  du  livre 
intitulé  :  Jrte  pratiea  di  contrappunto ;  le 
P.  Sabbatini,  de  Padoue,  qui,  plus  tard,  étudia 
la  doctrine  de  Valotti;  Ruttini,  de  Florence; 
Zanotti,  fils  du  médecin  et  maître  de  chapelle 
de  Saint-Pétrone;  Sarti;  Pabbé  Ottani,  qui 
mourut  maître  de  chapelle  à  Turin,  et  Tabbé 
Stanislas  Matlei  qui  ne  quitta  jamais  son 
maître,  et  qui  lui  succéda  dans  la  direction  de 
son  école.  Partisan  déclaré  des  traditions  de 
Tancienne  école  romaine,  admirateur  sincère 
des  grands  musiciens  qu'elle  a  produits,  Mar- 
tini s'attacha  particulièrement  à  propager 
les  doctrines  qui  avaient  formé  de  si  habiles 
maîtres,  et  à  donner  à  ses  élèves  la  pureté  du 
style  et  une  manière  élégante  de  faire  chanter 
les  parties.  L'excellence  de  sa  méthode  pra- 
tique, et  le  mérite  de  ses  élèves  donnèrent  à 
son  école  une  renommée  européenne.  Les 
plus  célèbres  musiciens  se  faisaient  honneur 
de  recevoir  des  conseils  du  franciscain  de  Bo- 
logne, et  presque  toujours  il  dissipa  leurs 
doutes  sur  les  questions  qu'ils  lui  soumet- 
taient. 

La  renommée  dont  il  jouisait  le  fit  souvent 
prendre  pour  arbitre  dans  des  discussions  éle- 
vées snr  différents  points  de  Tart  et  de  la 
science,  et  pour  juge  dans  des  concours.  C'est 
ainsi  qu'il  fut  prié  de  prononcer  un  jugement 
entre  le  P.  Fritelli,  maître  de  chapelle  de 
l'église  cathédrale  de  Sienne,  qui  enseignait  le 
solfège  d'après  la  méthode  moderne,  rejetant 
les  muances,  et  le  P.  Provedi,  autre  savant 
musicien,  qui  attaquait  cette  innovation,  ad- 
mise alors  en  France,  en  Espagne  et  dans  les 
Pays-Bas.  C'est  ainsi  également  que  Flavio 
Chigi,  de  Sienne,  l'invita,  en  1745,  à  donner 
son  avis  sur  le  nouveau  système  de  solmisa- 
tion  qu'il  voulait  mettre  en  usage.  Appelé  à 
juger  le  concours  ouvert  pour  '  la  place  de 
maître  de  chapelle  à  Sainte  -  Marie  délia 
Scala,  à  Milan,  il  se  prononça  en  faveur  de 
Fioroni,  et  ramena  à  son  avis  les  autres  juges 
qui,  déjà,  avaient  fait  choix  de  Palladino. 
Après  la  mort  de  Fioroni,  ce  fut  encore  le 
P.  Martini  qu'on  chargea  de  désigner  son  suc- 
cesseur. Grégoire  Ballabene,  après  avoir  écrit 
sa  fameuse  messe  à  quarante-huit  voix  réelles, 
la  soumit  à  l'approbation  de  ce  maître,  qui  a 
écrit  sur  ce  sujet  une  dissertation  spéciale. 

Le  P.  Martini  fut  quelquefois  engagé  dans 
des  discussions  de  doctrine  ou  d'application 


pratique  dfe  ses  principes  :  il  y  porta  toujours 
autant  de  itolitesse  que  de  savoir.  Il  n'était, 
âgé  que  de  vingt-six  ans  lorsque  la  première 
polémique  de  cette  espèce  fut  soulevée,  à  l'oc- 
casion d'un  canon  énigmatique  à  trois  par- 
ties, de  Jean  Animuccia,  qui  se  trouvait  à  la 
maîtrise  de  la  cathédrale  de  Lorette.  Les  deux 
premières  parties  de  ce  canon  sont  régulières, 
mais  la  troisième,  où  le  maître  n'avait  point 
mis  de  clef,  a  une  étendue  de  deux  ocUves, 
et  ne  pouvait  être  résolue  qu*au  moyen  des 
deux  clefs  d'uf  (troisième  ligne)  et  de  fa  (qua- 
trième ligne).  Le  P.  Martini  envoya  sa  réso- 
lution au  vieux  Redi,  maître  de  chapelle  de 
l'église  cathédrale  de  Lorette,  qui,  n'ayant 
jamais  vu  de  partie  vocale  écrite  avec  deux 
clefs,  déclara  la  résolution  mauvaise,  et  en  fit 
une  autre,  qui  était  fausse.  Martini  envoya  les 
deux  résolutions    du    problème   à   Pitoni , 
maître  de  Saint-Pierre  du  Vatican,  et  à  Pac- 
cbioni,  de  Modène,  et  ces  savants  musiciens 
approuvèrent  le  travail  de  Martini  et  rejetè- 
rent celui  de  Redi.  Le  vieux  maître,  qui  ne 
voulait  pas  être  vaincu  par  un  jeune  homme, 
fit  une  amère  critique  de  la  décision  des  juges  ; 
mais  le  P.  Martini  termina  la  discussion  par 
une  savante  dissertation ,  datée  du  124  octobre 
1733,  où  il  prouvait,  par  des  exemples  pris 
dans  les  œuvres  de  Soriano,  de  Festa,  de 
J.-M.  Nanini,  et  d'autres  maîtres  du  seizième 
siècle,  qu'on  a  quelquefois  écrit  des  parties 
vocales  sur  deux  clefs  différentes.  On  trouve 
une  relation  de  cette  discussion  dans  un  ma- 
nuscrit de  la  bibliothèque  de  la  maison  Gor- 
sini,  à  Rome,  intitulé  :  Controvenia  fra  il 
P,  M.  F,  Gio.  Sattista  Martini,  ed  ilSig. 
D.  Tomtnaso  Redi,  da  Siena,  maettro  di 
eapp.  di  Loreto. 

Eximeno  avait  attaqué  la  science  des  com- 
binaisons harmoniques  et  du  contrepoint  dans 
son  livre  DeW  origine  delta  musica;  Martini 
défendit  la  science  qu'il  enseignait  dans  son 
Essai  fondamental  pratique  de  contrepoint 
fugué,  et  cette  réponse  provoqua  une  réplique 
du  jésuite  espagnol  (voye%  Exibkho).  Saverio 
Mattel,  Manfredini  (voyez  ces  noms),  et  quel- 
ques autres  attaquèrent  aussi  le  savant  pro- 
fesseur de  Bologne,  considérant  sa  science 
comme  surannée,  et  ses  compositions  comme 
dépourvues  de  génie  :  mais  il  ne  leur  répondit 
pas,  et  son  prudent  silence  fit  tomber  les  hos- 
tilités dans  l'oubli. 

La  simplicité,  la  douceur  et  la  modestie 
composaient  le  caractère  du  P.  Martini.  Son 
obligeance  et  son  empressement  à  satisfaire  à 
toutes  les  questions  qui  lui  étaient  adressées 


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MARTINI 


3 


concernant  la  théorie  ou  Tbistoire  âe  Tart;  le 
soin  quMl  mettait  à  éviter  ce  qui  pouvait 
blesser  Tamour-propre  des  autres  musiciens, 
et  le  bienveillant  accueil  qu*il  faisait  à  ceux 
qui  le  visitaient,  Pavaient  rendu  Tobjet  de  la 
vénération  et  de  Testime  universelle.  Il  entre- 
tenait une  correspondance  avec  beaucoup  de 
savants,  de  princes  et  de  personnages  de  dis- 
tinction qui  lui  témoignaient  de  rattachement 
et  de  la  déférence.  Le  roi  de  Prusse,  Frédé- 
ric II,  à  qui  il  avait  envoyé  son  ffistoire  de  la 
musique,  lui  écrivit  une  lettre  de  remerct- 
ments,  et  lui  fit  présent  d*une  tabatière  ornée 
de  son  portrait  et  enrichie  de  brillants. 
L*électeur  palatin,  la  princesse  de  Saxe  Marie- 
Antoinette,  Frédéric-Guillaume,  prince  héré- 
ditaire de  Prusse,  et  le  pape  Clément  XIV,  lui 
écrivaient  aussi  et  lui  faisaient  de  riches  pré- 
sents. Peu  d'étrangers  visitaient  Bologne  sans 
l*a]ler  voir,  et  sans  admirer  son  profond  sa- 
voir et  les  richesses  scientifiques  qu'il  avait 
rassemblées  autour  de  lui.  Un  grand  désordre 
régnait  dans  sa  cellule,  et  dans  les  chambres 
qu*il  avait  remplies  de  musique  et  de  livres. 
On  trouvait  ces  objets  empilés  sur  son  clave- 
cin^ sur  sa  table,  les  chaises  et  le  parquet,  et 
ce  n'était  pas  sans  peine  qu'il  parvenait  à 
offrir  un  siège  à  ceux  qui  allaient  le  voir.  Cette 
immense  collection  d'objets  d'art  et  de  science 
inspirait  à  tous  les  étrangers  autant  d'étonné- 
ment  que  d'intérêt,  «e  Dans  mes  voyages,  dit 
«  Burney  {The  présent^  state  of  Musie  in 
«  France  and  Itaîy,  p.  â03),  j'avais  souvent 
«  étonné  des  libraires  du  continent  avec  la 
«  liste  de  mes  livres  sur  la  musique,*  mais  à 
«  mon  tour  j'éprouvai  la  plus  grande  surprise 
«  en  voyant  la  collection  du  P.  Martini.  Il  a 
«  une  chambre  pleine  de  traités  manuscrits  ; 
«  deux  autres  sont  remplies  de  livres  impri- 
«  mes,  et  une  quatrième  est  encombrée  de 
«  musique  pratique,  tant  imprimée  que  ma- 
*■  nuscrite.  Le  nombre  de  ses  livres  s'élève  à 
«  dix-sept  mille  volumes  (1),  et  il  en  reçoit 
«  encore  de  toutes  |es  parties  du  monde.  » 

Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  le 
P.  Martini  fut  tourmenté  par  un  asthme,  par 
une  maladie  de  la  vessie,  et  par  une  plaie 
douloureuse  à  la  jambe.  Sa  sérénité  n'en  fut 
jamais  altérée,  ses  travaux  ne  se  ralentirent 

(1)  Il  faat  entendre  ici  par  les  parole^  de  Bamej  non- 
seulement  les  traités  de  musique  manuserlts  et  impri- 
més, mais  toute  la  musique  pratique;  car  il  n*eziste 
pas  même  aujourd'hui  un  nombre  asscs  considérable 
de  traités  de  musique  pour  en  former  une  collection 
<ie  dix-sept  mille  volumes.  La  collection  de  musique 
ancienne  du  P.  Uartini  était  immense. 


point,  etjusqu'au  dernier  moment  il  s'occupa 
de  recherches  pour  la  publication  du  qua*- 
trième  volume  de  son  ffistoire  de  la  musique. 
Son  élève,  le  P.  Stanislas  Mattei,  lui  donna  des 
soins  jusqu'à  ses  derniers  moments,  et  reçut 
s«n  dernier  soupir  le  3  octobre  1784  (l).  Mar- 
tini éUit  parvenu  à  l'âge  soixante-dix-huit 
ans.  De  magnifiques  funérailles  lui  furent 
faites,  et  l'on  y  exécuta  une  messe  de  Requiem 
.composée  par  Zanotti.  Le  2  décembre  suivant, 
les  membres  de  l'Académie  philharmonique, 
réunis  aux  élèves  de  l'illustre  maître,  firent 
faire  un  service  funèbre  dans  l'église  des 
chanoines  de  Lateran  de  Saint-Jean  in  monte^ 
où  l'on  y  chanta  une  messe  composée  par 
treize  maîtres  de  chapelle,  membres  de  l'aca- 
démie. Après  la  messe,  Léonard  Yolpi,  acadé- 
micien philharmonique,  prononça  l'éloge  de 
Martini  en  langue  latine  -,  on  distribua  ensuite 
aux  assistants  plusieurs  compositions  poéti- 
ques dont  le  célèbre  historien  de  la  musique 
éUit  l'objet,  et  deux  épitaphes  en  style  lapi- 
daire par  le  P.  Louis  Tomini,  moine  francis- 
cain. Le  14  décembre  de  la  même  année, 
l'ouverture  des  écoles  publiques  des  PP.  Bar- 
nabites  de  Sainte- Lucie  fut  faite  par  le  P.  Pc* 
draxzini,  professeur  d'humanités,  avec  un  dis- 
cours dont  l'éloge  du  P.  Martini  était  le  sujet, 
et  le  l<r  janvier  1785 ,  un  antre  éloge  de  ce 
maître  fut  prononcé  dans  une  séance  des  aca- 
démiciens Fervidi.  Le  P.  Pacciaudi  avait  fait 
insérer  dans  le  n«  XX  de  son  Jntologia, 
publié  à  Rome,  en  1784,  une  longue  épitaphe 
du  même,  et  le  P.  Guillaume  Délia  Yalle  avait 
récité,  le  24  novembre  de  la  même  année,  une 
élégante  oraison  funèbre  dans  le  service  so- 
lennel qui  avait  été  fait  à  l'église  des  SS.  Apô- 
tres, à  Rome  :  ce  morceau  fut  inséré  dans  le 
Giornale  de'  Letterati  di  Pisa  (ann.  1785, 
t.  57,  p.  979  et  suiv.).  Le  même  P.  Délia  Yalle 
publia  aussi  dans  VAntologia  (Rome,  1784  et 
1785)  une  analyse  de  V  ffistoire  de  la  musique 
du  P.  Martini.  Enfin  il  fit  paraître  dans  l'année 
suivante  des  Mémoires  historiques  de  Martini, 
on  il  réunit  son  analyse  de  V ffistoire  de  la 
musique,  et  beaucoup  de  lettres  de  ce  savant 
musicien  ou  relatives  à  lui.  Son  portrait  fût 
gravé  plusieurs  fois,  et  Tadolini  frappa  une 

(f  )  M.  Farrene  remarque,  dans  la  noiiee  sur  le  P.  Mar- 
tini, qu'il  a  placée  dans  le  troisième  volume  de  son  Tré" 
»or  de*  ]iiant«f««,que  cette  date  est  donnée  par  Moreschi 
(Oroztone  in  Iode  del  Padr§  maestro  Martini/  Bologne, 
1786),  Gaetino  Gandini  {Elogio  di  Gio.  Bûttista  Mar^ 
tinii  Bologne,  1813),  et  par  délia  Vallc  {Menorie  etoriche 
del  P,  M.  Giambattista  Martini;  Naples,  178K) ;  Fantuui 
seul  fixe  la  date  de  la  mort  de  ce  grand  musicien  au 
4  août.* 


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MARTINI 


médaille  qui  offre  d*un  côlé  soa  effigie,  et  de 
Tautre  des  instruments  do  musique,  avec  ces 
mots  pour  exergue  :  Fama  super  mthera  no- 
tut  MDCCLXXXIIII,  C'est  par  ces  hon- 
neurs multipliés  que  Tltalie  témoigna  ses  re- 
grets de  la  pei'te  d*un  si  célèbre  musicien. 
Martini  avait  été  agrégé  à  TAcadémie  de  Tin- 
stitut  de  Bologne  et  à  celle  des  Philharmoniques 
en  1758.  En  1776,  il  fut  élu  membre  des 
Arcades  de  Rome,  sous  le  nom  académique 
à^Aristoiwno  Anfioneo, 

Le  P.  Martini  a  composé,  pour  Téglise,  des 
messes  et  des  motets,  non  dans  Tancien  style 
otservato  de  Pécole  romaine,  comme  je  Pai  dit 
dans  la  première  édition  de  ce  dictionnaire, 
mais  dans  le  style  concerté,  en  usage  à  Tépoque 
où  il  vécut.  Ce  renseignement  résulte  d^une 
lettre  écrite  par  M.  Gaspari  {voyez  ce  nom)  de 
Bologne  à  M.  Farrenc.  La  plupart  de  ces  ou- 
vrages sont  restés  en  manuscrit,  et  se  trouvent 
en  grande  partie  au  lycée  musical  de  Bologne. 
M.  Gaspari  croit  que  les  messes  du  maître 
existent  au  couvent  des  Mineurs  conventuels 
de  cette  ville.  On  a  imprimé  les  compositions 
suivantes  :  1*  Litanix  atque  antiphorue 
finales  B.  Firginis  Mariœ  4  vocibus  cum 
organo  et  instrum.  ad  libitum.  Bononix 
apud  Lelium  a  Folpe,  1734,  in-4«,  op.  1. 
2»  Sonate  {\%)  d'intavolatura  per  l'organo 
e  cembalo,  opéra  3",  chez  Le  Cène,  à  Amster- 
dam, 1742,  in-folio.  5"  Sonate  (6)  per  l'or- 
gano  ed  il  cembalo  di  P.  Gio.  Battista  Mar- 
tini, minor  conventuale  ;  Bologna,  per  Leiio 
délia  Volpe,  1747,  op.  3a.  J'ai  dit,  dans  la 
première  édition  de  la  Biographie  universelle 
des  musiciens,  que  les  sonates  de  Martini 
sont  d*un  style  original,  qu*elles  offrent  de 
grandes  difficultés,  et  qu'elles  sont  estimées 
comme  des  productions  d^un  ordre  fort  dis- 
tingué. Ceci  n'est  applicable  qu*à  l'œuvre  de 
douze  sonates  publiées  à  Amsterdam  ;  quant 
aux  six  sonates  imprimées  à  Bologue,  M.  Far- 
renc les  considère  comme  peu  dignes  d'un  si 
grand  maître.  4<*  Duetti  da  Caméra  a  di- 
versi  voci]  Bologna,  per  Lelio  délia  Volpe, 
1763,  op.  4*.  La  bibliothèque  du  lycée  com- 
munal de  Bologne  possède  en  manuscrit  les 
compositions  suivantes  du  P.  Martini  :  1®  «San 
Pietro,  oratorio.  2<*  Le  même  avec  une  autre 
musique.  Z^  L'Assunzione  di  Salomone  al 
trono  d'JsraellOy  oratorio.  4*  La  Dirindina, 
farsetta.  5»  L'Imprésario  délie  Canarie,  in- 
termezzo. 6«  Il  Don  ChisciottOy  intermezzo. 
7**  //  Maestro  di  musica,  intermezzo. 

Qiioi<|ue  les  compositions  de  Martini  soient 
dignes  d'un  maître  de  si  grand  mérite,. c'est 


surtout  comme  musicien  érudit  et  comme 
écrivain  sur  la  musique  qu'il  s'est  fait  la  répu- 
tation européenne  qui  est  encore  attachée  à 
son  nom.  Son  ouvrage  le  plus  considérable  a 
pour  titre  :  i7^ Storia  délia  musica.  Tomo  I**  ; 
Bologna,  1757,  per  Lelio  délia  Volpe.  Tom.II; 
ibid.,  1779.  Tom,  II J;  1781,  in-4«.  Il  a  été 
tiré  quelques  exemplaires  de  cet  ouvrage  en 
format  in-folio,  encadré  de  vignettes  en  bois  ; 
ces  exemplaires  sont  très-rares.  Une  vaste 
érudition,  une  lecture  immense,  se  font  re- 
marquer dans  ce  livre,  fruit  du  travail  le  plus 
laborieux  ;  mais  on  ne  peut  nier  queTesprit  de 
critique  et  la  philosophie  de  la  science  y  man- 
quent absolument,  et  que  le  plan  est  défec- 
tueux. Quoique  Martini  avoue  dans  sa  préface 
(p.  3)  que  l'on  manque  de  monuments  et  de 
descriptions  suffisantes  pour  4a  musique  des 
premiers  âges  du  monde,  il  ne  s'attache  pas 
moins  à  traiter,  en  dix  chapitres  du  premier 
volume  de  son  Histoire  :  1<*  De  la  musique  de- 
puis la  création  d^Adam  jusqu'au  déluge; 
2»  Depuis  le  déluge  jusqu'à  Moïse  ;  3®  Depuis 
la  naissance  de  ce  législateur  des  Hébreux 
jusqu'à  sa  mort  ;  4<>  Depuis  la  mort  de  Moïse 
jusqu'au  règne  de  David  y-^^  Depuis  ce  règne 
jusqu'à  celui  de  Salomon  ;  6<>  Depuis  la  fonda- 
tion du  temple  jusqu'à  sa  destruction  ;  7«  De 
la  musique  des  Hébreux  dans  les  repas,  les 
funérailles  et  les  vendanges  ;  8"  De  la  musique 
des  Chaldéens  et  des  autres  peuples  orientaux; 
9®  Delà  musique  des  Égyptiens.  Trois  disser- 
tations viennent  ensuite  remplir  le  reste  du 
volume,  et  n'occupent  pas  moins  de  trois  cent 
soixante  pages,  oii  Martini  examine  quel  est  le 
chant  naturel  aux  hommes,  de  quel  chant  les 
anciens  firent  usage,  et  quels  furent  le  chant 
et  les  instruments  dont  les  Hébreux  se  ser- 
vaient dans  le  temple.  Une  multitude  de 
choses  curieuses,  de  citations  pleines  d'intérêt 
et  de  rapprochements  utiles  sont  confondus, 
dans  ces  bizarres  recherches,  au  milieu  de 
divagations  interminables  qui  rendent  la  lec- 
ture du  livre  de  Martini  fatigante,  ou  plutôt 
impossible  ;  car  je  ne  crois  pas  quM  y  ait  de 
courage  humain  capable  d'afl'ronter  la  lecture 
d'un  tel  ouvrage  ;  mais  le  musicien  studieux 
le  consultera  toujours  avec  fruit.  Les  deuxième 
et  troisième  volumes,  traités  de  la  même  ma- 
nière, sont  entièrement  remplis  par  des  re- 
cherches sur  la  musique  des  Grecs,  ou  par  des 
objets  qui  s'y  rapportent  d'une  manière  plus 
ou  moins  indirecte.  Au  commencement  et  à  la 
fin  des  chapitres  de  tout  Touvrage,  le  P.  Mar- 
tini a  fait  graver  des  canons  énigmatiqucs, 
parmi  lesquels  on  en  trouve  de  fort  diiriciics. 


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MARTINI 


Cherubioi  les  a  tous  résolus,  et  eo  a  formé  un 
recueil  fort  curieux.  Le  quatrièipe  volume  de- 
vait renfermer  des  recherches  sur  la  musique 
du  moyen  âge  jusqu'au  onzième  siècle.  On  voit 
dans  un  fragment  d^une  lettre  qu'il  écrivait  au 
P.  Sabbatini,  le  12  mars  1783  (Memor.  stor, 
deL  S.  G,  B.  Martini,  p.  120)  qu'il  se  propo- 
sait d*y  examiner  surtout  le  mérite  des  tra- 
vaux de  Guido  d'Arezzo.  Il  y  parle  de  la  né- 
cessité de  rechercher  toutes  les  copies  qu'il 
pourra  se  procurer  des  ouvrages  de  ce  moine 
célèbre,  quoique,  suivant  le  témoignage  de 
Burncy  (The  présent  state  of  music  in 
France  and  Italy,  p.  302),  il  eût  déjà,  en 
1 771 ,  dix  copies  du  Micrologue  dans  sa  biblio- 
thèque. 

Suivant  une  tradition  répandue  à  Bologne, 
le  manuscrit  de  ce  quatrième  volume  existe- 
rait chez  les  Mineurs  conventuels  de  cette 
ville.  Désireux  que  j'étais  de  l'examiner  pen- 
dant le  s^our  que  je  fis  dans  cette  ville,  en 
1841,  je  priai  Rossiui  de  m'en  fournir  l'occa- 
sion ;  il  eut  l'obligeance  de  me  présenter  au 
bibliothécaire  du  couvent  de  Saint-François, 
et  j'obtins  l'autorisation  de  voir  le  manuscrit 
et  de  le  parcourir;  j'acquis  bientôt  la  convic- 
tion qu'il  ne  contient  pas  une  rédaction  défi- 
nitive du  quatrième  volume  de  VHi$toire  de 
la  musique  de  Martini,  et  qu'il  ne  peut  être 
considéré  que  comme  un  recueil  de  matériaux 
dans  lequel  le  R.  P.  franciscain,  fidèle  à  ses 
habitudes, fait  de  longues  excursions  dans  des 
questions  qui  ne  se  rattachent  au  sujet  que 
d'une  manière  indirecte.  L*époque  de  Gharle- 
magne  y  est  traitée  d'une  manière  lrès-pro« 
lixe,  mais  sans  ordre  et  avec  des  lacunes  sur 
des  choses  importantes,  telles  que  la  notation 
et  les  premiers  essais  de  l'harmonie,  bien  que 
l'auteur  y  touche  au  onzième  siècle  et  y  com- 
mence l'examen  de  la  doctrine  de  Guido 
d'Arezzo.  Avec  beaucoup  de  patience,  on 
pourrait  tirer  quelques  bonnes  choses  de  ce 
manuscrit;  mais  tel  qu'il  est,  on  ne  peut 
songer  à  le  publier,  ni  même  à  le  mettre  en 
ordre  et  le  compléter.  Ce  n'est  qu'un  monu- 
ment curieux  du  désordre  des  idées  de  Martini, 
et  de  sa  méthode  laborieuse  de  travail. 

Après  V Histoire  de  la  musique,  l'ouvrage 
le  plus  considérable  du  P.  Martini  est  celui 
qui  a  |>our  titre  :  Esemplare  o  sia  saggio 
fondamentale  pratieo  di  contrappunto ;  in 
Bologna,  1774-1775,  per  Lelio  délia  Volpe, 
deux  volumes  in-4<*.  Le  premier  volume  est 
relatif  au  contrepoint  sur  le  plain-chant;  le 
second,  au  contrepoint  fugué.  De  courts  élé- 
ments de  contrepoint  précèdent  dans  la  pre-  1 


mière  partie  les  exemples  tirés  des  œuvres 
des  maîtres  célèbres  de  l'ancienne  école,  tels 
que  Palestrina,  C.  Porta,  Morales,  J.  Ani- 
muccia  et  autres  qui,  suivant  le  titre  {£sem^ 
plare)y  remplissent  cet  ouvage.  Après  avoir 
expliqué  la  nature  et  la  constitution  de  chacun 
des  tons  du  plain-phant,  le  P.  Martini  montre 
par  des  morceaux  extraits  des  œuvres  de  ces 
maîtres  la  manière  dont  ils  doivent  être  traités 
dans  le  contrepoint;  et  il  accompagne  ces 
exemples  de  notes  non-seulement  remar- 
quables par  l'érudition,  mais  où  brille  le  mé- 
rite d'une  parfaite  connaissance  pratique  de 
l'art  d'écrire.  Ce  mérite  ne  me  semble  pas 
avoir  été  apprécié  à  sa  juste  valeur  par  quel- 
ques critiques  français.  Ces  critiques  ont  fait 
preuve  de  beaucoup  de  légèreté  lonqu'ils  ont 
reproché  à  Martini  d*avoir  basé  son  ouvrage 
sur  une  tonalité  qui  n'est  plus  en  usage  :  il 
suffisait,  pour  mettre  le  savant  maître  à  l'abri 
de  ce  reproche,. de  lire  le  titre  du  premier  vo- 
lume de  son  livre;  ce  titre  dit  clairement  l'ob- 
jet que  l'auteur  s'est  proposé  :  £ssai  fonda^ 
mental  pratique  de  contrepoint  sur  le 
plain-chant.  Le  but  qu'il  s'est  proposé  est 
d'autant  mieux  atteint,  que  les  exemples 
choisis  par  Martini  sont  tous  excellents,  et 
qu'il  ne  pouvait  offrir  aux  jeunes  musiciens 
de  meilleurs  modèles  pour  le  style  dont  il 
s'agit.  On  a  dit  aussi  que  les  pièces  fuguées  du 
second  volume  sont  plutôt  des  ricercari  que 
de  véritables  fugues,  et  que  la  plupart  de  ces 
pièces,  étant  écrites  également  dans  la  tona* 
Il  té  du  plain-chant,  sont  aussi  peu  utiles  que 
celles  du  premier  volume.  Ces  reproches  ne 
me  semblent  pas  mieux  fondés  que  les  autres; 
car  Martini  n'annonce  point  dans  le  titre  de 
cette  partie  de  son  ouvrage  qu'il  se  propose  de 
faire  un  traité  de  la  fugue  suivant  les  formes 
modernes,  mais  une  analyse  scientifique  d'un 
certain  nombre  de  pièces  en  contrepoint  fugué 
de  l'ancien  style.  L'erreur  fondamentale  des 
critiques  consiste  à  avoir  voulu  transformer  le 
livre  du  P.  Martini  en  un  traité  de  composi- 
tion auquel  il  n'avait  i>oint  pensé. 

Il  est  certain  aussi  que  ceux  qui  nient  l'uti- 
lité de  l'étude  de  l'ancien  contrepoint  de  l'école 
italienne,  objet  du  livre  du  P.  Martini,  n'ont 
aucune  connaissance  de  cette  partie  de  l'art,  et 
sont  incapables  d'en  apprécier  le  mérite.  On 
ne  voit  pas  trop,  dans  les  monstruosités  har- 
moniques des  compositeurs  de  notre  époque,  ce 
qu'on  a  gagné  à  l'abandon  de  cette  étude. 

Les  autres  productions  imprimées  de  ce  sa- 
vant maître  sont  :  1'  Ragioni  di  F,  G.  B» 
Martini  sopra  lo  risoluzione  del  canone  di 


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MARTINI 


Giovanni  Jnimauia  contro  le  opposisioni 
faUegli  dal  iignor  D.  Tommaâo  Hedi,  etc., 
in-4<*,daté  du  S4  octobre  1735,  mais  sans  nom 
de  lieu.  2*  AUeitaii  in  difeta  del  sig.  D.  Ja- 
topo  Jntonio  Jrrighi,  maestro  di  capeUa 
délia  cattedrale  di  Cremona;  in  Bologna, 
perLelio  délia  Yolpe,  1746,  in-4<>  de  six  feuil- 
lets. 8»  Giudizio  di  un  nuovo  sistema  di  âol- 
feggio  dal  signor  Flavio  Chigi  Sanese,  1746, 
in -4*,  sans  nom  de  lieu.  4^  Giudizio  di 
4poUo  contro  D,  Jndrea  Menini  da  Udine, 
€h'  ehbe  l*  ardire  di  manomettere  il  famoeo 
Adoramus  te  del  ceiebre  Giaeomo  Perti  ;  Na- 
ples,  Cesari,  1761 ,  in-4<».  5»  Lettera  del  padre 
maestro  Gio,  Battista  Martini  alV  ahate 
Gio.  Battista  Passeri  da  Pesaro,  etc.,  im- 
primée dans  le  deuxième  TOlume  des  œuvres 
de  J.-B.  Doni.  6«  Qnomasticum  seu  synopsis 
musicarum  grxcarum  atque  obscuriorum 
W)eum,eum  earum  interprétations  ex  operi- 
bus  Joan.  Baptistx  Doni.  Bans  le  même  vo- 
lume; p.  268-276.  7»  Dissertatiodeusupro- 
gressionis  geometrieas  in  musica,  auetore 
Joanne  Baptista  Martini  ordinis  minorum 
eonventualium ^  in-fol.  de  vingt-cinq  pages, 
sans  date,  nom  de  lieu  et  d*imprimeur,  mais 
publié  à  Bologne  par  Lello  della  Volpe,  en 
1766.  Celte  dissertation,  d*après  les  rensei- 
gnements fournis  à  M.  Farrenc  par  M.  Gas- 
pari,  fut  écrite  en  italien  par  Martini,  en 
1764,  avec  Taide  de  son  ami  le  docteur  Baibi 
qui,  vraisemblablement,  la  traduisit  en  langue 
latine  pour  la  faire  insérer  dans  les  Mémoires 
de  V Institut  des  sciences  de  Bologne,  t.  Y, 
deuxième  partie,  p.  572-394,  édition  de  Bo- 
logne, par  Lelio  della  Volpe,  1767,  in-4».  Des 
exemplaires  ont  été  tirés  séparément,  et  on 
trouve  à  la  suite  Touvrage  suivant  :  8<*  Com- 
pendio  della  Teoria  dé*  ntimert  per  uso  del 
musico  da  Gio.  Battista  Martini  min.  con- 
i>ent,y  1769,  sans  nom  de  lieu  ni  dMmprimeur, 
mais  imprimé  par  Lelio  della  Volpe.  in-4<'de 
quinze  pages.  ^  Regole  per  gli  organisa 
per  accompagnare  il  canto  fermo]  Bologna, 
per  Lelio  della  Volpe,  sans  date,  une  feuille, 
in-fol.,  gravée.  Par  une  lettre  qui  se  trouve 
au  Lycée  musical  de  Bologne  parmi  la  corres- 
pondance de  Martini,  et  qui  est  datée  de  Ve- 
nise, le  15  janvier  1757,  le  P.  Paolucci  deman- 
dait à  son  maître  deux  exemplaires  de  ces 
Regole,  dont  la  publication  a  conséquemment 
précédé  cette  date.  lO"  Descrixione,  e  appro- 
vaiione  dei  Chirie  e  Gloria  in  excelsis  del 
Signor  Gregorio  Ballabene,  composti  a  48 
t70Ct  in  dodici  cori.  Cette  description  et  appro- 
bation se  trouve  dans  une  Lettera  diGiuseppe 


Heiberger  romano  academico  flarmonico 
che  serve  dipreludio  alla  Bescrizione  ed  ap- 
provazione  fattasi  daW  Jcademia  de*  Fi- 
larmonici  di  Bologna  ad  una  eomposizione 
musicale  a  48  voet^  del  Signor  Gregorio 
Ballabene,  maestro  di  cappella  romano,  in 
Roma,  1774,  nelUi  stamperia  del  CasaUtti  a 
S.  Eustachio,  in-8*  de  quinze  pages.  W^  Cin- 
quanta  due  canonia  due,  tri  e  quattro  vodr 
Venise,  sans  date,  format  in-B*".  M.  Gaspari 
pense  que  ces  canons  ont  été  publiés  peu  de 
temps  avant  ou  après  la  mort  de  Martini.  Mar- 
tini est  aussi  Tauteur  anonyme  du  catalogue  des 
membres  de  TAcadémie  des  Philharmoniques 
de  Bologne,  intitulé  :  Série  eronologica  de' 
Principi  deW  Jcademia  de  Filarmoniei  di 
Bologna j  e  degli  Uomini  in  essa  fioriti  per 
nobiltà,  dignité,  e  per  le  opère  date  aile 
stampe;  in-24,  sans  date  et  sans  nom  de  lieu 
(Bologne,  1777).  Le  père  Martini  a  laissé  en 
manuscrit,  outre  les  matériaux  pour  la  conti- 
nuation de  son  Histoire  de  la  musique  :■ 
11®  (bis)  Giudizio  ragionato  sopra  il  con- 
corso  di  vari  maestri  alla  cappella  impériale 
de  S.  Maria  della  Scala  in  Milano.  12«  Giu- 
dizio nel  concorso  della  cappella  del  Duomo 
di  Milano.  13®  Sentimento  sopra  una  Salve 
Regina  delsig.  G.-Jndrea  Fioroni.  14»/?a- 
gioni  esposte  in  confirmazione  degli  attes- 
tatiprodotti  alV  aeademia  Filarmonica  di 
Bologna  in  difesa  del  sig.  D.-Jacopo  Ar- 
righi,  maestro  di  cappella  di  Cremona. 
15<»  Correspondance  littéraire  avec  plusieurs 
savants,  concernant  diverses  questions  relatives 
à  la  musique.  On  conserve  aussi  dans  la 
bibliothèque  du  Lycée  musical  de  Bologne  les 
opuscules  inédits  de  Martini  dont  voici  les 
titres  :  16*»  Ragioni  diF.  Gio. -Batta  Martini 
sopra  la  risoluzione  del  Canone  di  Giovanni 
Animuccia  esistente  nella  canturia  di 
S.  Casa  in  Lorelo,  in  difesa  délie  opposi- 
zioni  fatte  del  sig.  D.  Tomaso  Redi,  maestro 
di  cappella  de  detto  santuario,  manuscrit 
in-4*,  de  Tannée  1733.  17®  Controversia  frà 
il  padre  G.-B  Martini  ed  il  sig  Gio.- An- 
tonio Riccieri,  per  un  soggetto  di  fuga  da 
questo  al  padre  suddetto,  con  varie  opposi- 
zioni  fatte  dallo  stesso  Riccieri  e  risposte 
dal  P.  Martini,  manuscrit  in-8®,  de  Pan  née 
1740. 18®  Belle  proporzioni  o  ragioni,  ma- 
nuscrit in-fol.  19®  Regole  per  accompagnare 
sul  cembalo  ed  organo,  manuscrit  auto- 
graphe. 20®  Duetti  buffi  per  caméra  col 
basso  continua,  manuscrit  in-fol.  obi. 

On  peut  consulter,    sur   la   personne  du 
P.  Martini  et  sur  ses  travaux  :  1®  Notizie  degli 


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MARTINI 


Scrittori  Bologneti,  par  Fanliizii,  t.  V, 
pp.  343-353.  2«  £logio  del  Padrt  Giambat- 
tista  Martini,  minore  conwetifvafe,  par  le 
P.  Délia  Valle  ;  Bologne ,  1784,  in-S»;  on 
trouve  aussi  cet  éloge  dan^  Vuintologia  Ro- 
mana,  tom.  XI;  dans  le  Giomaîe  de' Lette- 
rati  diPita,  1785,  tom.  LVII,  pages  279-305, 
et  il  y  en  a  une  traduction  allemande  insérée 
dans  la  Correspondance  musicale  de  Spire, 
1791,  pag.  217  et  suiv.  3®  Memorie  storicke 
del  P.  M,  Giov.  Baitista  Martini,  etc.,  par 
le  môme;  Napies,  1785,  Simoni,  in-8<>.  A^Ora- 
zione  in  Iode  del  P.  M.  Giamhattista  Mar- 
tini, reeitata  nella  solenne  ac€idemia  de* 
Fervidi  l'ultimo  giorno  deW  anno  1784, 
par  Moreschi;  Bologne,  1786,  in-8<*.  5«  Elogio 
di  Gio.  Battista  Martini  letto  nella  grande 
aula  del  Liceo  armonico,  nella  solenne  dis- 
tribuxione  de'  premi  musicali  l'anno  1809, 
par  Gandoiro,  docteur  en  médecine;  Bologne, 
cbe2  les  frères  Masi,  1813,  in<8«  de  vingt- 
trois  pages.  6<*  Elogio  del  R,  P.  Giamb.  Mar- 
tini, par  le  P.  Pacciaudt,  dans  le  journal 
littéraire  du  P.  Contini.  7»  Voir  aussi  les  Me- 
morie per  le  belle  arti,  oti  Tabbé  Gherardo  de 
Rossi  a  fait  insérer  une  notice  sur  ce  savant 
musicien. 

MARTHHI    (JBAif-PAUL-ÉGioE),   dont    le 
nom  véritable  était  iS'cfttvarfjseiuior/';  naquit  le 
l***  septembre  1741,  à  Freistadt,  dans  le  Haut- 
Palatinat.  Il  apprit  de  bonne  heure  le  latin  et 
la  musique  ;  ses  progrès  dans  cet  art  furent 
assex  rapides  pour  qu*il  fût  employé  comme 
organiste,  à  Page  de  dix  ans,  au  séminaire  des 
jésuites  de  Neubourg  sur  le  Danube,  où  il 
était  allé  faire  ses  études.  En  1758,  il  se  rendit 
à  Tuniversité  de  Fribourg  en  Brisgaw,  pour  y 
faire  un  cours  de  philosophie.  Pendant  son 
séjour  en  cette  ville,  il  remplit  les  fonctions 
d*organlste  au  couvent  des  Franciscains.  Ses 
études  terminées,  il  retourna  à  Freistadt; 
mais  des  désagréments  quMl  éprouva  dans  la 
maison  de  son  père,  nouvellement  remarié,  le 
firent  retourner  à  Fribourg,  décidé  à  voyager 
et  à  chercher  des  ressources  dans  ses  connais- 
,      sances  en  musique.   Incertain  de  la  route 
qu^il  devait  suivre,  il  monta  sur  un  clocher  et 
jeta  dans  Pair  une  plume  dont  il  examina  la 
directioh;   le  vent   Payant  poussée  vers  la 
porte  de  France,  ce  fut  par  là  qu*il  sortit,  et, 
sans  argent,  il  s*achemina  vers  Nancy,  s^arré- 
tant  le  soir  dans  des  couvents  où  son  costume 
d'étudiant  lui  faisait  trouver  un  gfte  conve- 
nable. Arrivé  dans  la  capitale  de  la  Lorraine, 
en  1760,  sans  savoir  un  mot  de  français,  et 
d«nué  de  toute  ressource^  il  éprouva  d'abord 


d'assez  grands  embarras;  mais  quelques  con- 
naissances élémentaires  qu'il  possédait  sur  la 
facture  des  orgues  le  firent  accueillir  chez  le 
facteur  Dupont,  qui  le  logea  et  lui  procura  les 
moyens  de  se  faire  connaître.  Son  premier 
soin  (ni  de  se  livrer  à  l'élude  de  la  langue 
française,  et  par  le  conseil  de  son  prolecteur, 
il  changea  son  nom  de  famille,  dont  la  pro- 
nonciation paraissait  difficile  en  France, 
contre  celui  de  Martini.  Longtemps  il  ne  fut 
connu  des  musiciens  que  sous  le  nom  de 
Martini  il  Tedesco  (Harlini  l'Allemand),  et 
ses  premières  compositions  furent  gravées 
sous  ce  nom.  Son  instruction  dans  l'harmonie 
elle  contrepoint  avait  été  négligée;  il  profila 
du  loisir  dont  il  jouissait  dans  le  commence- 
ment de  son  séjour  à  Nancy  pour  se  livrer  à 
la  lecture  de  quelques  traités  de  ces  sciences 
et  de  plusieurs  partitions  de  grands  maîtres, 
où  il  puisa  tout  son  savoir.  Quelques  compo- 
sitions légères  le  firent  connaître  à  la  cour  de 
Stanislas  et  le  mirent  en  crédit.  Ce  prince, 
qui  goûtait  sa  musique,  lui  donna  un  emploi 
dans  sa  maison.  Martini  profita  de  sa  nouvelle 
position  pour  se  marier;  mais,  en  1764,  le 
prince  mourut,  et  le  jeune  musicien  s'éloigna 
de  Nancy  pour  aller  se  fixer  à  Paris.  Il  arriva 
dans  cette  ville  au  moment  où  un  concours 
venait  d'être  ouvert  pour  la  composition  d'une 
marche  à  l'usage  du  régiment  des  gardes 
suisses.  Aussilèt  il  se  mit  à  l'ouvrage;  sa 
marche  fut  exécutée  à  la  parade  dans  la  cour 
du  château  de  Versailles,  et  le  prix  lui  fut  ad- 
jugé par  le  duc  de  Choiseul,  qui  le  prit  sous  sa 
protection.  Un  des  premiers  effets  de  la  faveur 
de  ce  ministre  fut  de  faire  nommer  Martini 
officier  à  la  suite  du  régiment  des  hussards  de 
Chamboran,  ce  qui  lui  assurait  les  honneurs 
et  les  avantages  du  service  militaire,  sans 
l'obliger  à  aucune  fonction,  et  lui  laissait  la 
liberté  de  se  livrer  à  ses  travaux  de  composi- 
teur. Il  en  profila  pour  écrire  une  très-grande 
quantitéde  morceaux  de  musique  militaire,  où 
il  introduisit  le  goût  allemand,  jusqu'alors 
Inconnu  en  France.  II  publia  aussi,  à  cette 
époque,des  symphonies,  desquatuorsde  violon 
et  de  piano,  des  trios,  et  d'au  1res  morceaux  de 
musique  instrumentale.  En  1771,  son  premier 
opéra,  intitulé  :  VJmoureux  de  quinze  ans, 
fut  représenté  au  théâtre  italien,  et  y  obtint 
un  succès  d'enthousiasme.  Martini  se  relira 
alors  du  service  militaire,  et  enlra  chez  le 
prince  de  Condé,  en  qualité  de  directeur  de  sa 
musiqucv  Quelques  années  après,  il  eut  le 
même  litre  chez  le  comte  d'Artois,  et  peu  de 
temps  avant  la  révolution,  il  aclicla  lasuivi- 


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MARTINI 


vance  de  la  charge  de  surintendant  de  la  ma- 
sique  du  roi,  pour  le  prix  de  seize  mille  francs. 
A  répoque  où  le  théâtre  Feydeau  fût  ouvert 
sous  le  nom  de  Théâtre  de  Monsieur ,  pour  la 
réunion  de  Topera  bouffe  iUlien  et  de  Topera- 
comique  français,  Martini  fut  chargé  de  la 
direction  de  la  musique  ;  mais  après  les  événe- 
ments du  10  août  1793,  il  perdit  cet  emploi 
avec  ses  autres  charges  et  les  pensions  qu*il 
tenait  de  la  cour.  Persuadé  que  son  attache- 
ment à  la  famille  royale  TexposeraU  à  des 
persécutions ,  il  sortit  ^secrètement  de  Paris 
et  se  rendit  à  Lyon,  où  il  publia  dans  la  même 
année  sa  Mélopée,  dont  il  avait  emprunté  la 
plus  grande  partie  au  Traité  du  chant  de 
Hiller.  Cependant,  convaincu  bientôt  qu'on  ne 
songeait  point  à  Tinquiéter,  Il  revint  à  Paris, 
écrivit  la  musique  de  quelques  chants  pa- 
triotiques, et  acheva  son  opéra  de  SaphOy  qui 
fut  représenté  en  1794.  Quatre  ans  après,  il 
reçut  sa  nomination  de  membre  du  conrtté 
d'instruction  du  Conservatoire  de  musique  et 
d'inspecteur  de  cette  école.  Compris  ensuite 
dans  la  réforme  de  Tan  X,  il  conserva  pendant 
le  reste  de  sa  vie  un  sentiment  de  haine  et  de 
colère  contre  ceux  qu'il  considérait  comme 
auteurs  de  sa  disgrAce ,  particulièrement 
contre  Méhul  et  Catel. 

Après  la  restauration,  Martini  fit  valoir  les 
droits  que  lui  donnait  à  la  place  de  surinten- 
dant de  la  musique  du  roi  l'acquisition  qu'il 
avait  faite,  avant  la  révolutlan,  de  la  survi- 
vance de  cette  plaqe,  et  elle  lui  fut  accordée 
le  10  mai  1814.  Le  91  janvier  1816,  il  fit 
exécuter  à  Saint-Denis  une  messe  de  Requiem 
qu'il  avait  composée  pour  l'anniversaire  de  la 
mort  de  Louis  XVI  ;  quelques  jours  après,  le 
roi  lui  accorda,  en  récompense  de  cet  ouvrage, 
le  grand  cordon  de  l'ordre  de  Saint-Michel  ; 
mais  il  ne  profita  pas  longtemps  de  cet  hon- 
neur, car  il  mourut  le  10  février  suivant,  à 
l'âge  de  soixante-quinze  ans  et  quelques  mois. 
Martini  était  né  avec  du  talent  :  V Amoureux 
de  quinze  ans,  le  Droit  du  Seigneur,  et  la 
RataiUe  d'Ivry,  renferment  des  morceaux 
d'une  naïveté  charmante.  Ses  mélodies  étaient 
expressives  et  dramatiques  j  ses  romances,  qui 
ont  précédé  celles  de  Garât  et  de  Boieldieu, 
peuvent  être  considérées  comme  des  modèles  en 
leur  genre,  et  l'on  citera  toujours  celle  qu'il  a 
écrite  sur  les  paroles  :  Plaisir  d'amour  ne 
dure  qu*un  moment,  comme  un  chef-d'œuvre 
de  grâce  et  de  douce  mélancolie.  La  musique 
d'église  de  Martini  a  eu  beaucoup  de  renom- 
mécj  mais  elle  a  été  trop  vantée  :  son  caractère 
est  plus  brillant  que  religieux }  d'ailleurs,  elle 


manque  de  simplicité  et  de  netteté  dans  Thar- 
raonie.  Martini  avait  lu  beaucoup  de  traités  de 
composition  publiés  en  Allemagne;  mais  sa 
première  éducation  musicale  avaitété  négligée, 
et  les  anciens  maîtres  italiens,  modèles  admi- 
rables pour  la  pureté  de  style,  lui  étaient  à 
peu  près  inconnus.  Je  me  souviens  que  lors- 
que j'étudiais  l'harmonie  au  Conservatoire  de 
Paris,  sous  la  direction  de  Rey,  Martini  vint 
inspecter  la  classe  de  notre  maître,  et  qu'il  cor- 
rigea une  leçon  que  je  lui  présentai.  Je  Ini  fis 
remarquer  que  dans  un  endroit  sa  correction 
n'était  pas  bonne,  parce  qu'elle  donnait  lien  à 
une  succession  de  quintes  directes  entre  Talto 
etiesecond  violon.  «Dans  le  cas  dont  il  s'agît, 
«  on  peut  faille  des  quintes  consécutives,  me  dit- 
«  il. —  Pourquoi  sont-elles  permises? — Je 
«  vous  dis  que  dans  ce  cas  on  pent  les  faire. — 
«  Je  vous  crois,  monsieur;  mais  je  désire  sa- 
«  voir  le  motif  de  cette  exception. — Vous  êtes 
«  bien  curieux  !»  A  ce  mot,  dont  le  ridicule 
n'a  pas  besoin  d'être  commenté,  tous  les  élèves 
partirent  d'un  éclat  de  rire,  et  la  grave  figure 
de  notre  professeur  même  se  dérida.  Depuis 
ce  temps^  chaque  fois  que  je  rencontrais  Mar- 
tini, il  me  lançait  des  regards  pleins  de  cour- 
roux. Au  surplus,  il  aurait  été  difficile  de  de- 
viner, à  la  brusquerie,  à  la  dureté  de  ses 
manières  et  au  despotisme  qu'il  affectait  avec 
ses  subordonnés,  l'auteur  d'une  multitude  de 
mélodies  empreintes  de  la  plus  douce  sensi- 
bilité. 

Parmi  les  premières  productions  de  cet  ar- 
tiste, devenues  fort  rares  aujourd'hui,  on  re- 
marque :  !•  Six  quatuors  pour  flûte,  violon, 
alto  et  basse,  op.  1;  Paris,  Heina,  17(>5. 
^  Six  trios  pour  deux  violons  et  violoncelle, 
op.  2;  ibid.  3*  Quatre  divertissements  pour 
clavecin,  deux  violons  et  basse,  op.  3;  ibid, 
40  Six  nocturnes  pour  les  mêmes  instruments, 
op.  4;  ibid.  5*  Six  quatuors  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  5;  ibid.  6«  Six  trios 
pour  deux  violons  et  basse,  op.  6;  ibid.  1769. 
Mengal  a  arrangé  en  harmonie  pour  neuf 
instruments  à  vent  un  choix  des  anciennes 
pièces  composées  par  Martini  i)our  l'usage  des 
régiments  français  ;  ces  pièces  ont  été  publiées 
à  Paris,  chez  Naderman.  Les  œuvres  de  mu- 
sique d'église  que  Martini  a  publiés,  ou  qui 
ont  paru  après  sa  mort,  sont  :  1«  Messe  solen- 
nelle à  quatre  voix  et  orchestre;  Paris,  Le 
Duc.  2«  Deuxième  messe  solennelle  à  quatre 
voix  et  orchestre;  Paris,  chez  l'auteur.  3«  Six 
psaumes  à  deux  voix  et  orgue;  Paris,  Le  Duc. 
4»  Messe  de  Requiem  à  quatre  voix  et  01- 
chcslre  ;  ibid.  5»  Deuxième  messe  de  Requiem, 


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MARTINI  —  MARTINIUS 


9 


exécutée  i  Saint-Denis,  le  âl  janvier  1816; 
Paris,  Porro.  6^  Te  Deum  à  quatre  voix  et  or- 
chestre; Paris,  Le  Duc.  7*  Dominé  êolvum 
fae  regem,  à  qoatre  voix  et  orgue;  Paris, 
Érard.  8<>  O  âolutaris  hostia,  à  cinq  voix  et 
orgue  ;  ibid,  Martini  a  donné  au  théâtre  : 
\^  Vuémoureux  de  quintûéim,  en  trois  acles, 
à  la  comédie  italienne,  1771.  3«  Le  Fermier 
eru  sourd,  en  trois  actes,  1773  (joué  sans 
succès).  3«  Le  Rendes-vous  nocturne,  en  un 
acte,  écrit  pour  Versailles,  en  1775,  puis  re- 
présenté au  théâtre  lyrique  et  comique. 
4<'  Menri  IV,  ùu  la  BataiUe  d*Ivry,  en  trois 
actes,  â  la  comédie  italienne,  en  1774.  L^ou- 
verture  de  cet  opéra  a  eu  longtemps  de  la  cé- 
lébrité. 5*  Le  Droit  du  Seigneur,  à  la  comé- 
die italienne,  en  1783.  Cet  opéra,  considéré 
ajuste  titre  comme  une  des  meilleures  pro- 
ductions de  Martini,  a  eu  on  succès  de  vogue, 
qui  s^est  soutenu  pendant  plusieurs  années. 
6<»  L'Jmant  sylphe^  en  trois  actes,  représenté 
â  Versailles,  en.  1785.  7«  Sapho,  drame 
lyrique  en  deux  acles,  représenté  au  théâtre 
Louvois,  en  1794. 8«  jénnette  et  Lubin,en  un 
acte,  â  la  comédie  italienne,  en  1800.  Quoique 
Martini  eût  mis  beaucoup  de  grâce  et  de  naï- 
veté dans  cette  nouvelle  musique  d*un  ancien 
opéra ,  son  ouvrage  obtint  peu  de  succès. 
9"*  Ziméo,  grand  opéra  en  trois  actes,  réduit 
en  opéra  dialogué  et  représenté  au  théâtre 
Feydeau,  en  1800.  Opébas  non  bephésentés  : 
10«  Sophie,  ou  le  Tremblement  de  terre  de 
Messine,  en  trois  actes.  Il»  Ze  Poitesup^ 
posé,  en  trois  actes.  Cet  ouvrage  avait  été 
écrit  en  1782;  mais  le  même  sujet  ayant  été 
traité  par  Laujon  et  Ghampeio,  et  leur  pièce 
ayant  été  représentée  le  33  avril  de  la  même 
année,  Martini  fut  obligé  de  garder  la  sienne 
dans  son  portefeuille.  13«  La  Partie  de  cam- 
pagne,  en  trois  acles.  Les  partitions  de 
l'amoureux  de  quinze  ant,  de  la  Bataille 
d'Ivry,  du  Droit  du  Seigneur,  de  Sapho  et 
de  Ziméo,  ont  été  gravées  à  Paris,  et  le  Droit 
du  Seigneur,  traduit  en  allemand,  a  été  pu- 
blié â  Leipsick,  en  partition  pour  le  piano.  On 
connaît  aussi,  sous  le  nom  de  Martini,  une 
cantate  intitulée  :  ^réabonne,  avec  accompa- 
f^nement  d*orchestre  ou  de  piano;  Paris, 
Ërard  ;  et  six  recueils  d^airs,  romances,  chan- 
sons, avec  accompagnement  de  piano  ;  Paris, 
Naderman.  Enfin,  il  a  écrit,  en  1810,  une 
grande  cantate  à  quatre  voix  et  orchestre  pour 
le  mariage  de  Napoléon  et  de  Marie-Louise. 
Cet  artiste  est  le  premier  qui  a  publié,  en 
France,  des  romances  et  des  airs  détachés 
avec  un  accompagnement   de  piano;  avant 


lui,  tous  les  morceaux  de  ce  genre  étaient 
gravés  avec  une  basse  simple  ou  chiffrée. 

Comme  écrivain  didactique,  Martini  a  pu- 
blié :  1<>  Mélopée  moderne,  ou  V Art  du  chant 
réduit  en  principes;  Lyon,  1793,  in-4<>^  et 
Paris,  Naderman.  Les  principaux  matériaux 
de  cet  ouvrage  ont  été  puisés  dans  le  Traité  du 
chantée  Hitler.  3*  Partition  pour  accorder  le 
piano  et  i*orgue  ;  Paris ,  1794.  3«  École 
d'orgue,  divisée  en  trois  parties;  résumée 
d'après  les  ouvrages  des  plus  célèbres  orga* 
nistes  de  r^Uemo^ne;  Paris,  Imbaolt,  in-fol. 
Ce  titre  n*est  point  exact,  car  on  ne  trouve 
dans  Pouvrage  de  Martini  qu*une  traduction 
de  VOrgelschuU  de  Knecht  (voyez  ce  nom), 
où  le  livre  allemand  est  bouleversé  sans  que  le 
traducteur  y  ait  mis  plus  d'ordre.  Marlinr  a 
aussi  coopéré  â  la  rédaction  des  solfèges  du 
Conservatoire  de  Paris.  Il  a  laissé  en  manu- 
scrit un  Traité  élémentaire  d^harmonie  et  de 
composition,  ainsi  qu*une  volumineuse  col-  • 
lection  d*extraits  et  de  traductions  d*ouvrages 
allemands  sur  les  mêmes  sujets. 

BIARTIIHI  (AiioRÉ)',  célèbre  sopraniste, 
surnommé  IL  SENESITHO,  naquit  à  Sienne, 
le  30  novembre  1761.  Élève  de  Paul  Salulini 
pour  le  chant,  il  débuta  avec  succès  au  théâtre 
de  Lucques,  en  1782.  Un  extérieur  agréable, 
une  voix  pure  et  métallique,  une  excellente 
méthode  de  chant  et  beaucoup  d'expression 
le  firent  rechercher  par  les  entrepreneurs  des 
principaux  théâtres  de  l'Italie.  Après  avoir 
brillé  à  Rome,  Parme,  Venise  et  Milan,  il 
chanta  à  Londres,  à  Madrid  et  â  Lisbonne,  et 
partout  le  public  raccueillit  avec  beaucoup  de 
faveur.  De  retour  en  Italie,  il  cbapla  à  Milan 
pendant  le  carnaval  des  années  1793  et  1795, 
puis  i  Gênes,  Turin,  Venise  et  Naples.  En 
1799,  il  se  retira  à  Florence  où  le  grand-duc 
de  Toscane  l'attacha  à  sa  chapelle.  Il  y  vivait 
encore  en  1812.  Ami  de  Canova  et  du  célèbre 
graveur  Morghen,  il  partageait  ses  loisirs 
entre  une  bibliothèque  choisie,  une  précieuse 
collection  d'estampes,  elsa  belle  villa  de  Scan" 
dicei. 

MARTIPTI  (Joseph  et  Jean -Baptiste 
SAN).   Foyez  SAMMARTIBil,  ou    SAIV 

mautii^i. 

MARTINIUS  (Mathias),  né  à  Freyen- 
hagen,  en  1573,  fut  d'abord  professeur  au  col- 
lège de  Herborn,  puis  paslcur  â  Embden,  et 
enfin  professeur  de  théologie  et  recteur  au 
Gymnase  de  Brème,  où  il  mourut  en  1650, 
dans  sa  cinquante-liuitième  année.  Il  est  au- 
teur d'un  Lexicon  philologicum,  in  quo  la- 
tina!  et  a  latinis  auctoribus  usurpatx  tum 


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HO 


MARTINIUS  —  MARTIUS 


purx  tum  barharaf  voees  ex  originibut  de- 
clarantur,  tic;  Brômc,  1623,  in-fol.  Il  y  a 
tiDC  édition  plus  estimée  de  cet  ouvrage^  Am- 
slerdam,  1701,  deux  volumes  io-fol.,  et  une 
autre  d'IKrecht,  1697,  deux  volumes  iu-fol. 
Mariiolus  y  explique  les  termes  de  musique 
employés  par  les  écrivains  grecs. 

MARTÏIV1\  (Jacques -Joseph-Balteaïar), 
dont  le  nom  véritable  était  MARTIN,  était 
fils  d*uD  musicien  de  la  Bohême,  maître  de 
musique  du  régiment  du  prince  de  Ligne.  11 
naquit  à  Anvers,  le  1*'  mai  1775,  et  apprit  la 
musique,  comme  enfant  de  chœur,  à  Téglise 
collégiale  de  Saint-Jacques,  en  cette  ville. 
A  rage  de  dix  ans,  il  commençait  déjà  à 
écrire  pour  Téglise  :  il  fit  entendre,  en  1793, 
une  messe  solennelle  de  sa  composition.  Peu 
de  temps  après,  il  se  rendit  à  Paris,  où  il  entra 
à  Torchestre  du  théâtre  du  Vaudeville,  puis  à 
celui  de  TOpéra  italien.  Après  Torganisalion 
des  lycées  impériaux,  il  Tut  choisi  comme  pro- 
fesseur de  violon  pour  celui  de  Charlemdgne, 
à  Paris.  Cet  artiste  estimable  est  mort  dans  la 
même  ville,  le  10  octobre  1856.  Il  s'est  fait 
connaître  comme  compositeur  de  musique  in- 
strumentale par  les  ouvrages  suivants:  1<> Pre- 
mière symphonie  concertante  pour  deux 
flûtes  et  basson;  Paris,  Frey.  2*  Deuxième 
symphonie  concertante  pour  flûte,  hautbois, 
cor  et  basson;  Paris,  chez  Tauteur.  3°  Trois 
quatuors  iK)ur  deux  violons,  alto  et  basse, 
op.  1  ;  Paris,  Pleyel.  4°  Trois  idem^  op.  5; 
Bonn,  Simrock.  S^  Un  idem;  Paris,  Janet. 
6°  Duos  pour  deux  violons,  op.  2,  6,  7,  8, 13, 
14,  15,  16,  17,  1»,  19,  21,  22,  23,  24,  29,  30, 
31,  47,  48;  Paris,  chez  tous  les  éditeurs  de 
musique.  7°  Sonates  faciles  pour  violon, 
op.  20  ;  Paris,  Frey.  8»  Trios  pour  flûte, 
violon  et  violoncelle,  op.  25  ;  Paris,  Le  Duc. 
O^Duos  pour  flûte  et  violon,  op.  55;  Paris,  Du- 
faut  et  Dubois.  lO^"  Méthode  élémentaire  de 
violon  ;  Paris,  Frey.  11®  Grande  méthode  de 
violon  ;  Paris,  Hentz-Jouve.  12o  Méthode  élé- 
mentaire pour  alto  ;  Paris,  Frey. 

MARTIWS  (Frawçois),  maître  de  chapelle 
à  Elvas,  en  Portugal,  naquit  à  Evora,  au  com- 
mencement du  dix-septième  siècle,  et  entra  au 
séminaire  de  musique  de  cette  ville,  en  1620. 
Ses  études  terminées,  il  fit  un  voyage  en  Es- 
pagne, puis  il  obtint  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  Téglise  cathédrale  d'Elvas.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  des  messes,  psaumes, 
hymnes  et  motets  qui  étaient  estimés  de  son 
temps. 

MARTINS  (JEAW).  royez  MAUTII^EZ. 

MARTIUS  (ContTiE:i-ER?fEST),  cantor  à 


Weyda,  dans  le  duché  de  Saxe-Weimar,  vers 
le  milieu  du  dix -huitième  siècle,  est  auteur 
dUin  livre  qui  a  pour  titre  :  Jieweii,  da$s  eine 
tDohUingerichtete  Kirchenmusik  Gott  wohl- 
gefjBlUg,  angênehm  und  nUtsU'ch  sei  (Dé- 
monstration qu'une  musique  d'église  bien 
faite  est  agréable  à^ieu,  etc.);  Piauen,  1762, 
in-8«. 

MARTIUS  ou  MARZIUS  (Jacques* 
FAinéaic),  cantor  à  Erlangen,  naquit  dans 
cette  ville  en  1760.  Destiné  à  Téut  ecclésiasti- 
que, il  suivit  d'abord  les  cours  du  Gymnase,  puis 
étudia  la  théologie  à  l'université.  Dès  son  en- 
fance, il  avait  appris  le  chant  et  le  clavecin. 
Son  goût  le  portait  vers  la  musique;  mais  ne 
voulant  pas  contrarier  le  vœu  de  ses  parents, 
il  acheva  ses  études  académiques,  et  ce  ne  fut 
qu'après  avoir  pris  ses  degrés  à  l'université 
qu'il  se  livra  en  liberté  à  la  culture  de  Part, 
objet  de  sa  prédilection.  En  1782,  il  se  fit  cod- 
naître  comme  compositeur,  par  une  collection 
de  pièces  de  piano.  Son  habileté  sur  cet  in- 
strument et  sur  l'orgue  lui  fit  obtenir  la  place 
d'organiste  de  l'église  principale  d'Erlangen  ; 
mais  il  la  quitta,  en  1812,  pour  l'emploi  plus 
lucratif  de  cantor  et  de  maître  d'école  de  la 
ville.  On  lui  doit  un  almanach  musical  inti- 
tulé :  Tatchenbiich  fiir  Freunde  und  Freun- 
dinnen  derMusik  (Almanach  pour  les  ama- 
teurs de  musique);  Nuremberg,  1786,  in-S^*. 
Ce  petit  ouvrage,  qui  fut  continué  pendant 
quatre  ans,  contenait  de  petites  pièces  pour  le 
piano,  des  dissertations  sur  la  musique,  et  des 
notices  sur  quelques  artistes.  On  y  trouve  les 
biographies  de  Seendel  et  de  Graun.  On  a 
aussi  de  ce  musicien  :  \^  Recueil  de  chants  re- 
ligieux, chœurs  et  duos,  avec  un  texte  pour  Tu* 
sage  de  l'église; Erlangen,  1792,  în-8«.  2<» Mé- 
lodies à  Tusage  des  enfants;  ibid, ,  1806. 
3»  Liederbuch  fiir  Schulen  (Livre  de  chant 
pour  les  écoles)  ;  Nuremberg,  deux  petits  vo- 
lumes in-8o.  4'^  Mélodies  pour  des  chansons  de 
fêles,  à  l'usage  des  écoles  et  des  églises;  Nu- 
remberg, 1824,  in-8o.  Martius  a  été  un  des 
collaborateurs  de  la  petite  méthode  de  chant 
par  chiffres,  à  l'usage  des  écoles,  publiée  par 
Stephani,  à  Erlangen,  en  1815,  grand  in-8<^. 
On  lui  doit  aussi  un  article  inséré  dans  la  Ga- 
zette  musicale  de  Leipsicky  en  1815,  où  il 
soutient  que  l'air  anglais  God  save  the  king, 
n'est  pas  ancien,  mais  qu'il  a  été  composé  par 
l'abbé  Vogler,  erreur  aujourd'hui  démontrée 
{voyex  ButL,  John),  et  un  autre  qui  a  paru 
dans  l'écrit  périodique  intitulé  CxcHia  (an- 
née 1820),  où  il  prétend  que  la  jolie  chanson 
allemande  f'ergiss  mein  nicAr  (ne  m'oublie* 


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MARTIUS  —  MARX 


iï 


pas),  attribuée  à  Mozart,  est  du  maitre  de 
chapelle  Frédéric  Schneider,  qui  Ta  écrite 
en  1792. 

MARTORELLI  (Jules-César),  marchand 
de  musique  à  Rome,  a  publié,  en  1809,  le 
commencement  d^un  journal  relatif  à  la  mu- 
sique dramatique  de  Tltalie,  qui  n^a  pas  été 
continué.  Ce  journal  a  pour  titre  :  Foglio  pe- 
riodicoj  e  ragguaglio  de'  spettacoli  musi- 
cali;  Rome,  in-12.  On  a  aussi,  du  même,  un 
almanach  de  spectacles  intitulé  :  Indice,  ossia 
catalogo  de*  teatraïi  spettacoli  italiani  di 
tutta  V Europe  in  cominciando  dalla  quare- 
sima  1819  a  tutto  il  carnevale  1820;  Rome, 
1820.  Cet  almanach  a  été  continué  jusqu'en 
1825.  On  y  trouve  le  catalogue  de  tous  les 
chanteurs,  compositeurs,  petites,  etc.,  avec  les 
titres  des  pièces  représentées  sur  les  divers 
théâtres  d'opéra  italien. 

MARTORETTA  (GiÀir-DosENico),  com- 
positeur italien,  vécut  vers  le  milieu  du  sei- 
zième siècle.  Il  a  publié  plusieurs  livres  de 
madrigaux,  dont  je  ne  connais  que  celui-cî  : 
Libre' terzo  di  Madrigali  a  quattro  voci,  con 
cinque  Madrigali  del  primo  lihro  da  lui  no- 
vamente  corretti  et  dati  in  luce,  eo'l  titolo 
di  coloropereui  H  ha  eompostij  Fenezia, 
appresto  d'Antonio  Gardane  (sans  date), 
in-4»  oblong. 

MARX  (Joseph-Mattebk),  pianiste  et  vio- 
loncelliste, naquit  à  WUrzbourg,  en  1792,  et 
y  fit  ses  études  musicales.  Il  commença  sa 
carrière  d'artiste  dans  Torchestre  du  théâtre 
de  Francfort;  mais  il  y  resta  peu  de  temps, 
ayant  pris  la  résolution  de  voyager  pour  se 
faire  connaître  comme  virtuose  sur  le  violon- 
celle. Vienne  fut  la  première  grande  ville 
qu'il  visita  :  il  s'y  fit  entendre  avec  succès  dans 
les  concerts,  après  avoir  reçu  des  leçons  de 
Merk.  Plus  tard,  il  fut  attaché  à  la  chapelle  de 
Stuttgard  ;  puis,  la  place  de  premier  violoncelle 
de  la  cour  de  Garlsruhe  lui  ayant  été  oflTerte, 
il  l'accepta.  En  dernier  lieu,  il  y  était  direc- 
teur de  musique  lorsqu'il  mourut,  le  11  no- 
vembre 1836.  On  a  publié  de  cet  artiste  : 
jtdagio  et  polonaise  pour  violoncelle  et  or- 
chestre, et  des  chants  pour  quatre  voix 
d'hommes. 

La  fille  de  Marx,  Pauline,  a  brillé  comme 
cantatrice  dramatique  à  Dresde,  à  Berlin  et  à 
Darmstadt.  Les  rôles  où  elle  se  faisait  applau- 
dir étaient  ceux  de  YalentinCi  dans  les  Hu^ 
guenots;de  Fidès,  dans  le  Prophète;  de  Ca- 
therine, dans  V Étoile  du  Nord;  de  Norma; 
de  Donna  Anna,  dans  Don  Juan;  de  FiddiOj 
et  de  Léonorc,  dans  la  Favorite. 


MARX  (  Adolphe-Berrard  ) ,  docteur  et 
professeur  de  musique,  est  né  à  Halle,  le 
27  novembre  1799.  Après  avoir  appris  les  élé- 
ments de  la  musique  et  du  piano,  il  reçut  des 
leçons  de  Tttrk  pour  la  basse  continue  ;  mais 
dans  les  premiers  temps,  Il  ne  cultiva  Tart  que 
d'une  manière  incomplète,  parce  qu'il  était 
obligé  de  se  livrer  à  l'étude  de  la  jurispru- 
dence. Après  que  ses  cours  universitaires 
furent  terminés,  il  obtint  un  emploi  au  tri- 
bunal de  Halle,  mais  le  quitta  bientôt  pour  un 
plus  important  au  collège  de  Naumbourg.  Ce- 
pendant le  désir  de  se  livrer  d'une  manière, 
plus  absolue  à  la  culture  de  la  musique,  pour 
laquelle  il  se  sentait  un  goût  passionné ,  le 
décida  à  se  rendre  à  Berlin,  où  il  espérait  de 
réaliser  dans  cet  art  le  but  de  sa  vie.  Il  ne  fal- 
lait pas  moins  que  la  ferme  volonté  qui  le 
poussait  dans  cette  carrière  pour  vaincre  les 
obstacles  qui  l'environnaient  de  toutes  parts. 
D'abord,  il  lui  fallut  chercher  des  moyens^ 
d'existence  dans  des  leçons  particulières,  et 
pendant  ce  temps,  la  lecture  des  œuvres  des 
grands  maîtres,  particulièrement  de  Jean-Sé- 
bastien Bach,  et  l'étude  des  meilleurs  traités 
de  théorie  et  d'histoire  de  la  musique,  complé- 
tèrent son  instruction  dans  l'art  et  dans  la 
science.  Toutefois,  si  j'en  crois  des  renseigne- 
ments qui  me  sont  parvenus  de  Berlin^  la  vé- 
ritable connaissance  pratique  de  l'art  n'est 
point  devenue  familière  à  S.  Marx.  En  1823, 
la  rédaction  de  la  Gazette  mMicale  de  Berlin 
lui  fut  confiée  par  l'édileur  Schlesinger;  la 
manière  honorable  dont  il  remplit  cette  tâche 
pendant  sept  ans,  c'est-à-dire  pendant  toute 
la  durée  de  cette  entreprise,  le  fit  connaître 
avantageusement,  et  lui  procura,  en  1830,  la 
place  de  directeur  de  musique  à  l'université 
de  Berlin,  qu'il  ar  occupée  depuis  lors.  Posté- 
rieurement, l'uiiversité  de  Marbourg  lui  a 
délivré  le  diplôme  de  docteur  en  musique.  Il 
a  déployé  une  grande  activité  dans  ses  tra- 
vaux pendant  plus  de  trente  ans,  et  a  acquis 
de  l'autorité  parmi  les  artistes  de  l'Allemagne 
par  ses  ouvrages;  mais  sa  doctrine  n'a  point 
obtenu  de  succès  à  l'étranger. 

Parmi  les  productions  de  M.  Marx,  on  re- 
marque celles  dont  les  titres  suivent  :  1" /?»> 
Kunst  des  Gesanges ,  theoretisch'praktisch 
(l'Art  du  chant  théorique  et  pratique)  j  Berlin, 
Schlesinger,  1820,  in-4«  de  trois  cent  cin- 
quante-sept pages.  Cet  ouvrage  est  divisé  en 
trois  parties  :  la  première  contient  les  princi- 
pes de  la  musique;  la  seconde  traite  de  la  théo- 
rie de  la  voix  et  de  sa  formation  ;  de  la  troisième 
renferme  des  observations  irès-déiaillées  sur 


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12 


MARX 


rapplicalion  de  l'art  du  chant  dans  les  divers 
styles  de  musique.  2<»  Ueber  Malerei  in  der 
Tonkun$t.  Ein  Maigruss  an  die  Kun$(phi' 
losophen  (Sur  la  peinture  dans  la  musique  : 
Salut  de  mai  à  la  philosophie  de  Tart);  Berlin, 
G.  Fink,  mat  1838,  in-8*  de  soixante-sept 
pages.  5®  Die  Lehre  von  der  musikalisehen 
Komposition^  prakUsch-theoretisch ,  %um 
Selhstunterricht  (la  Science  de  la  composition 
musicale,  théorique  et  pratique,  pour  s'in- 
struire soi-même),  premier  ?olnme,  de  quatre 
cent  quarante-cinq  pages  ;  Leipsick,  1837, 
Breitkopf  et  Hœrtel;  deuxième  volume,  de 
cinq  cent  quatre-vingt-trois  pages,  ibid,, 
1838,  in-8»;  troisième  volume,  de  cinq  cent 
quatre-vingt-quatorze  pages,  ihid.,  1845 j 
quatrième  et  dernier  volume,  de  cinq  cent 
quatre-vingt-quinze  pages,  avec  trente  pages 
de  musique  pour  exemples  de  dispositions  de 
la  partition.  Dans  son  introduction,  M.  Marx 
expose  Fobjet  général  de  Touvrage.  Le  pre- 
mier livre  renferme  les  éléments  harmoniques 
de  la  composition,  considérés  dans  la  forma- 
tion de  l'échelle  des  sons  et  dans  la  constitu- 
tion des  accords.  A  l'égard  de  l'harmonie,  il 
l'examine  d'abord  dans  la  réunion  de  deux 
vojx,  non  pas  seulement  en  ce  qui  concerne  la 
nature  et  la  classification  des  intervalles,  mais 
dans  leurs  mouvements,  et  dans  la  significa- 
tion formate  que  leurs  successions  peuvent 
avoir.  Il  semblerait,  d'après  cela,  que  l'au- 
teur s'est  proposé  de  commencer  l'étude  de 
la  composition  par  le  contrepoint  simple  à 
deux  voix,  dont  l'objet  répond  à  ce  point  de 
vue  de  la  science;  mais  il  n'en  est  point  ainsi  : 
ce  que  M.  Marx  établit  dans  cette  division  de 
son  ouvrage  n'est  autre  chose  que  la  compo- 
sition libre  en  accords  de  deux  sons  et  en  con- 
sonnances.  Il  y  fait  entrer  des  conditions  de 
rhythme,  parce  qu'il  n'a  pas  fait  de  la  rhyih- 
roique  l'objet  d'une  division  particulière  du 
livre. 

Après  l'harmonie  de  deux  sons,  M.  Marx 
aborde  les  accords  de  trois  et  de  quatre  sons 
dans  le  mode  majeur,'  mais  en  restreignant 
ses  considérations  aux  accords  naturels,  c'est- 
à-dire  aux  accords  parfait  et  de  septième, 
ainsi  qu'à  leurs  dérivés.  Il  y  a  excès  de  déve- 
loppements dans  cette  section  de  son  livre. 
Quant  aux  autres  combinaisons  harmoniques, 
Tordre  manque  absolument  dans  leur  géné- 
ration et  dans  leur  classification.  La  méthode 
de  l'auteur  est  tout  empirique  dans  celte 
^lartie  importante  de  l'art. 

Le  second  livre,  qui  complète  le  premier 
«olume  de  la  Science  de  la  composition^  con- 


cerne l'harmonie  comme  accompagnement  de 
la  mélodie.  M.  Marx  y  traite  avec  beaucoup 
d'étendue  de  l'accompagnement  du  chant 
choral,  et  des  rapports  de  la  tonalité  de  ce 
chant  avec  les  modes  de  la  musique  antique. 
La  troisième  division  de  ce  livre  est  consacrée 
à  l'accompagnement  de  la  mélodie  dans  la  to- 
nalité moderne. 

Dans  le  troisième  livre,  M.  Marx  traite  des 
formes  mélodiques  et  harmoniques  de  la  pé- 
riode musicale.  Dans  les  développements  de 
ce  sujet  important,  il  suit  des  tendances  plus 
instrumentales  que  vocales.  Le  quatrième 
livre  est  entièrement  consacré  aux  imitations 
libres  et  aux  divers  genres  de  fugues.  Celle 
partie  de  l'art  est  traitée  dans  la  Sciencede  la 
composition  suivant  les  principes  de  Marpurg 
et  dans  le  style  instrumental.  Sous  le  titre  de 
Formée  d*inver^on  ou  de  renversement 
{Ifmkehrungsformen)^  il  traite,  dans  le  cin- 
quième livre,  des  contrepoints  doubles  (qui 
auraient  dû  précéder  ce  qui  concerne  les 
fugues,  dont  ils  sont  le  principe  fondamental), 
et  des  canons,  qui  n'y  ont  qu'un  rapport  in- 
dii^ect,  et  sont  une  des  formes  du  contrepoint 
simple.  Il  est  vrai  que  M.  Marx  ne  parle  pas 
de  celui-ci,  et  qu'il  n'a  point  vu  qu'en  ce 
genre  de  contrepoint  repose  tout  l'art  d'écrire 
en  musique. 

Les  sixième  et  septième  livres,  contenus 
dans  le  troisième  volume,  traitent  des  formes 
des  pièces  instrumentales  et  vocales,  et  le  qua- 
trième volume,  qui  renferme  les  livres  hui- 
tième, neuvième  et  dixième,  a  pour  objet  la 
connaissance  des  instruments  et  de  l'instru- 
mentation dans  tous  les  genres  de  composi- 
tions. L'ouvrage  de  M.  Marx  est  parvenu 
jusqu'à  ce  jour  à  sa  cinquième  édition. 
4»  Allgemeine  Musiklehre.  Ein  Hiilfshuch 
fiir  Lehrer  und  Lernende  in  jedem  zweige 
musikalischer  Untenceitung  (Science  géné- 
rale de  la  musique,  etc.)j  Leipsick,  1830, 
Breitkopf  et  Hœrlel,  In^S*»  de  trois  cent  cin- 
quante-huit pages.  Ce  manuel  ou  Aide-mé- 
moire est  un  résumé  de  toute  la  science  de 
la  musique.  5*»  Berliner  allgemeine  musika- 
lische  Zeitung  (Gazette  musicale  de  Berlin)^ 
1823-1828,  sept  volumes  in-4»;  Berlin,  Schle- 
singer.  6»  Ueber  die  Geltung  Hxndelscker 
Sologesxnge  fiir  unsere  Zeit.  Ein  Nachtrag 
zur  Kunst  des  Gesanges  (Sur  la  valeur  des 
solos  de  chant  des  œuvres  de  Htendel  à  noire 
époque.  Supplément  à  r^/rt  dw  cAan()  î  Berlin, 
1829,  Schlesinger,  ln-4«.  7«  Die  alte  Musik- 
lehre im  Streit  mit.unserer  Zeit  (rAncicnne 
doctrine  de  la  musique  en  opposition  à  notre 


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MARX  —  MARXSEN 


13 


temps);  Leipsîck/Breilkopr  et  liaertel,  1841, 
jn-8«.  Ce  litre  dit  clairement  quel  est  Tobjet 
du  livre;  on  ne  trouve  dans  cet  ouvrage  qu*er- 
reurs  et  pétitions  de  principe.  M.  Marx  y 
attaque  sans  ménagement  la  théorie  de  la  gé- 
nération des  accords  exiwsée  par  Dehn  dans 
son  Traité  de  Vharmonie,  bien  qu'elle  soit 
infiniment  préférable  à  la  sienne.  Gollfried- 
Guillaume  Finie  a  Tait  une  juste  et  sévère  réfu- 
tation de  ce  livre  dans  son  écrit  intitulé  :  J}er 
neumusicalische  Lehrjammer^  oderBeleuch- 
tung  der  Schrift  :  Die  aile  Musiklehre  im 
Streit  mitunserer  Zeit  (la  Nouvelle  méthode 
déplorable  de  musique,'  ou  examen  de  récrit 
de  Marx,  etc.)  ;  Leipsick,  G.  Wigand,  1842, 
in-8».  8»  Die  Mutikdes  19/en  Jahrhunderts 
und  ihre  Pflege  (la  Musique  du  dix-neuvième 
siècle  et  la  direction);  Leipsick,  1855,  in-S». 
0^  Zudwig  von  Deethoven,  Zeben  und 
Sehaffen  (Louis  Van  Beethoven.  Vie  et  tra- 
vaux); ibid.,  1858,  deux  volumes  in-8«. 
10»  Betrachtung  iiber  den  heutigen  Zu$tand 
der  deutschen  Oper,  etc,  (Considérations  sur 
Tétat  actuel  de  ropéra  allemand),  dans  récrit 
périodique  intitulé  Cxcilia  (1828),  t.  VII, 
p.  155-183.  110  Plusieurs  articles  biographi- 
ques et  autres  dans  le  Lexique  unirersel  de 
musique,  publié  par  Schilling,  entre  autres, 
Bach,  Beethoven,  Gluck,  Fasch,  Grétry, 
J.  Haydn,  Hœndel,  sur  la  musique  grecque, 
les  tons  du  plain-chant,  le  contrepoint,  la 
fugue,  etc. 

M.  Marx  est  éditeur  de  la  grande  Passion  de 
J.-S.  Bach,  de  la  Messe  en  si  mineur,  et  de 
six  grands  morceaux  d*église  du  môme  com- 
positeur, publiés  à  Berlin,  chez  Schlesinger. 
Comme  compositeur,  il  s*est  fait  connaître 
par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Jery  et  Bately, 
drame  musical,  représenté  au  théâtre  royal 
de  Berlin,  en  1825.  2<*  La  musique  du  mélo- 
drame :  la  Vengeance  attend,  joué  au  théâtre 
de  Kœnigstadt,  en  1827.  3»  Le  Salut  d'On- 
dine,  avec  une  symphonie  de  fête,  exécuté 
au  théâtre  de  Kœnigstadt,  pour  le  mariage 
du  prince  Guillaume ,  en  1829.  4<>  Sym- 
phonie imitative  sur  la  chute  de  Varsovie  (en 
manuscrit).  IS^  Livre  de  chant  choral  et 
d'orgue;  Berlin,  Reimer.  On  y  trouve  environ 
deux  cents  préludes  depuis  les  formes  les  plus 
simples  jusqu'aux  plus  compliquées  du  contre- 
point, du  canon  et  de  la  fugue.  6<*  Nahid^ 
couronne  de  chants  composés  sur  les  poésies 
de  H.  Stieglilz  (en  manuscrit).  7^  Saint  Jean- 
Baptiste ,  oratorio,  exécuté  deux  fois,  en 
1855,  dans  l'église  de  la  Trinité,  par  le  chœur 
académique,  avec  accompagnement  d'orgue 


et  de  trombones.  7^  (bis)  Jffose ,  oralorio. 
8°  Quelques  cahiers  de  chansons  à  voix  seule  et 
de  chants  religieux  et  profanes  en  chœur. 

]IIARXSE1\  (ÉooDARD),  né  le  23  juillet 
1806,  à  Niendsiœdten,  près  d'Altona,  où  son 
père  était  organiste.  Celui-ci  lui  enseigna  la 
musique  dans  son  enfance;  cependant  le  jeune 
Harxsen  était  destiné  à  l'état  ecclésiastique; 
mais  lorsqu'il  entendit  à  Hambourg,  à  l'âge 
de  dix-huit  ans,  un  opéra  pour  la  première 
fois,  le  plaisir  qu'il  éprouva  décida  de  sa 
vocation  de  musicien.  Dès  ce  moment  il  s'ap- 
pliqua â  l'étude  du  piano,  sous  la  direction 
de  Clasing,-et  apprit  de  ce  maître  les  principes 
de  l'harmonie.  Quoiqu'il  eût  à  parcourir  un 
espace  de  deux  milles  d'Allemagne  pour  aller 
prendre  ses  leçons,  îl  ne  mit  pas. moins  de 
persévérance  â  suivre  ses  éludes.  Obligé  de 
rempUcer  son  père  dans  ses  fonctions  pendant 
trois  ans,  il  ne  pouvait  cependant  donner  à 
«es  travaux  artistiques  qu'un  temps  fort  limité. 
En  1850,  son  père  mourut,  et  devenu  libre, 
Marxsen  partit  pour  Vienne  où  il  étudia  le 
contrepoint  chez  le  maître  de  chapelle  Sey- 
fried,  et  le  piano  avec  M.  Bocklet.  Après  un 
séjour  de  seize  mois  à  Vienne,  il  retourna  à 
Hambourg,  où  il  donna  avec  succès  un  con- 
cert le  15  novembre  1854,  et  y  fit  entendre 
un  choix  de  dix-huit  œuvres  qu'il  avait  écrits 
dans  la  capitale  de  l'Autriche.  Depuis  ce 
temps  il  s'est  fixé  à  Hambourg,  où  il  donne 
des  leçons  de  piano  et  de  composition.  On  a 
publié  de  cet  artiste  :  l"  Des  marches  pour 
piano  à  quatre  mains,  op.  1  et  2  ;  Hambourg, 
Bœhme  et  Christiani.  2**  Variations  brillantes 
idem,  op.  3,  Olfenbach,  André.  3«  Divertisse- 
ment tdem,  op.  4;  Hambourg,  Cranz.  4**  Va- 
riations pour  piano  seul,  op.  5  et  6;  Hambourg, 
Bœhme.  5<>  Sonates  idem,  op.  7  et  8  ;  Ham- 
bourg, Melder.  Ô"  Rondo  brillant  idem,  op.  9; 
ibid,  7<>  Plusieurs  autres  rondeaux,  variations 
et  recueils  de  pièces  pour  piano  à  deux  ou  à 
quatre  mains,  grarés  à  Vienne,  Dresde  et 
Brunswick.  Le  nombre  des  œuvres  publiés 
jusqu'à  ce  jour  par  M.  Marxsen  s'élève  à  peu 
près  à  soixante  et  dix.  Il  a  écrit  aussi  des  sym- 
phonies et  des  ouvertures  pour  l'orchestre, 
parmi  lesquelles  on  remarque  :  Ouverture  de 
Phèdre,  exécutée  à  Hambourg ^  en  1845; 
rOmbre  de  Beethoven,  tableau  musical  et 
caractéristique  pour  orchestre  avec  quatre 
violoncelles  obligés,  op.  60,  arrangé  pour 
piano  à  quatre  mains,  Hambourg,  Schuberth  ; 
Symphonie  â  grand  orchestre,  exécutée  dans 
les  concerts  de  cette  ville,  en  1844  et  1845.  On 
,  a  aussi  des  chants  pour  des  chœurs  d'hommes, 


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14 


MARXSEN  —  MASCHEK 


œuvres  53  et  58;  AUona,  Weibc,  et  Hambourg, 
Bœhme. 

IttARZOLA  (PiBr*\c) ,  compositeur  de 
récole  romaine,  était  maître  de  chapelle  à 
Viterbe,  en  1700.  Il  a  beaucoup  écrit  pour 
réglise,  mais  toute  sa  musique  est  restée  eo 
manuscrit.  L*abbé  Santini,  de  Rome,  possède 
de  cet  artiste  :  1*»  Deux  Kyrie  et  Gloria  à 
quatre  voii  avec  des  instruments  à  cordes  et 
orgue.  20  Fexilla  régis,  idem.  3»  Feni  Sancte 
SpiriiuSj  idem.  4*  Niii  />ominti«  à  six  voix, 
avec  quatre  voix  de  ripieno,  5^  Les  Psaumes 
laudate  Dominum  et  Beati  omnes,  à  quatre 
voix  avec  instruments.  6<>  Quatuors  fugues 
pour  deux  violons,  alto  et  basse.  7«  Des  so- 
nates de  clavecin. 

lUASA€ONI  (Pierre),  musicien  florentin 
qui  vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième 
-siècle,  n*est  connu  que  par  le  madrigal  à  cinq 
Toix  Èeco  Signor  FolUrra,  imprimé  dans  le 
rarissime  recueil  qui  a  pour  titre  :  Musiche 
fatu  nellt  Nosze  dello  iUuttri$timo  Duca 
di  Pirtme ,  il  Signor  Coiimo  de  Mediei  et 
délia  iUustrissima  coneorte  $ua  Mad,  Leo^ 
nora  da  Tolkto.  In  Fenetia  nella  stampa 
•d'Jntonio  Gardane  nell  anno  (sic)  dell  Si- 
ijnore  1539^  petit  in-4«. 

MAS APTELLI (Paul),  organiste  de  la  cour 
du  duc  de  Mantoue,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle.  Le  premier  livre  de 
ses  madrigaux  à  cinq  voix  fût  publié  à  Ve- 
nise, en  1586.  On  trouve  aussi  quelques  ma- 
drigaux de  cet  artiste  dans  le  recueil  intitulé  : 
De'  floridi  Firtuosi  d'Italia  il  terzo  libro 
de*  madrigali  a  cinque  voei  nuo^amente 
<:ompotti  et  dati  in  luee;  Venise,  J.  Vincenzi 
et  Richard  Amadino,  1586,  in-4*. 

MASCARA  (Florent),  né  à  Crémone, 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle, 
fut  organiste  à  Brescia,  et  se  distingua  aussi 
par  son  talent  sur  la  viole.  Suivant  Arisi  {Cre- 
mona  litterata),  il  fut  un  des  premiers  artistes 
qui  firent  entendre  sur  Porgue  des  Canzoni 
alla  francese.  Ce  biographe  cite  de  Mascara  : 
Canxoni  a  quattro,  libro  primo;  Venise, 
Gardane;  mais  il  n*en  indique  pas  la  date. 

MASGARDIO  (Guillaume).  Je  suis  obligé 
de  placer  ici  ce  nom,  a6n  de  dissiper  une 
erreur  reproduite  dans  divers  traités  d'his- 
toire, de  bibliographie  et  de  biographie  mu- 
sicale, depuis  environ  soixante  ans.  Arteaga, 
habitué  à  défigurer  les  noms,  dans  son  livre 
sur  les  révolutions  de  Topera  italien,  cite  le 
Commentaire  de  Prosdocimo  de  Bendemaido 
(pour  Prodoscimo  de  Beldomandis)  concer- 
nant les  livres  de  Jean  de  Mûris,  où  il  est 


parlé,  dit-il,  de  Guillaume  Jlascardio,  chan- 
teur célèbre  du  temps  du  commentateur,  dont 
les  œuvres  et  les  opinions  ont  été  avec  tant 
d'autres  soiAStraites  d  la  connaissance  hu- 
maine, etc.  (Le  Rivoluzioni  del  teatro  mus. 
itcU.,  t.  I,  p.  110).  Forkel  a  copié  exactement 
Arteaga  dans  la  traduction  allemande  de  son 
livre,  et  Gerber  a  tiré  de  cette  traduction 
Particle  Mascardio  (Wilhelm)àQ  son  premier 
Dictionnaire  des  musiciens.  Choron  et  FayoUe 
ont  copié  cet  article  dans  leur  Dictionnaire,  et 
Tabbé  Bertini  a  copié  Choron  et  Fayolle.  L*au- 
teur  de  Tarticle  Mascardio,  du  Lexique  uni- 
versel de  musique  publié  par  M.  le  docteur 
Schilling,  a  bâti  un  petit  roman  sur  ce  person- 
nage supposé.  Son  véritable  nom,  dit-il,  est 
Guillaume  de  Mascaredio;  il  fut  un  des  an- 
cêtres des  célèbres  imprimeurs  Mascardi,  de 
Rome,  Puis  il  cite  Taulorité  de  Belmandis 
(Beldomandis)  concernant  le  mérite  de  ce 
Mascaredio.  Or,  il  n'y  a  pas  le  moindre  fonde- 
ment dans  tout  ce  qu*on  a  dit  sur  ce  musicien 
depuis  Arteaga.  L'artiste  dont  il  s*agit  n*a  pas 
vécu  dans  le  quinzième  siècle,  mais  dans  le 
quatorzième;  il  ne  s'appelait  pas  (7u///atime 
Mascardio,  mais  Guillaume  de  Machau 
{voyez  ce  nom),  en  latin  Guillermus  ou  Guil- 
helmus  de  Mascandio;  c'est  ainsi  qu'il  est 
nommé  dans  un  traité  de  musique  manuscrit, 
daté  du  1â  Janvier  1375,- que  je  possède,  dans 
la  copie  de  Prodoscimo  de  Beldomandis  qu'on 
m'a  envoyée  de  Bologne,  d'après  le  manuscrit 
de  l'Institut  de  cette  ville,  et  par  Gafori.  Enfin 
les  ouvrages  de  Guillaume  de  Machau  ne  sont 
point  perdus,  car  il  s'en  trouve  plusieurs 
copies  dans  la  seule  bibliothèque  impériale  de 
Paris,  et  dans  divers  recueils. 

MASCUEK  (Vincent),  virtuose  sur  le 
piano  et  l'harmonica,  compositeur  et  maître 
de  chapelle  h  l'église  Saint-Nicolas  de  Prague, 
naquit  le  5  avril  1755,  à  Zwilcowitz,  en  Bo- 
hême. Dussek  lui  donna  des  leçons  de  piano, 
et  il  apprit  à  Prague  l'harmonie  et  le  contre- 
point, sous  la  direction  du  célèbre  organiste 
Segert.  Lorsque  son  éducation  musicale  fut 
terminée,  il  visita  les  principales  villes  de  l'Al- 
lemagne, et  se  fit  entendre  avec  succès  à 
Berlin,  Dresde,  Halle,  Leispsick,  Hambourg, 
et  plus  tard  à  Copenhague.  Le  21  mars  1791, 
il  donna  un  grand  concert  au  théâtre  national 
de  Prague,  et  s'y  fit  applaudir  autant  par  le 
mérite  de  ses  compositions  que  par  son  talent 
sur  le  piano  et  sur  l'harmonica.  En  1794,  il 
obtint  la  place  de  maître  de  chapelle  de 
l'église  Saint-Nicolas.  Deux  ans  après,  il  fut 
chargé,  par  la  députalion  des  États  de  Bohême, 


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MÂSCHEK 


15 


de  composer  une  cantate  qui  fut  exécutée  au 
théâtre  national,  en  Phonneur  du  prince 
Charles,  généralissime  des  armées  autri- 
chiennes. Vers  1803,  cet  artiste  estimable  se 
fit  éditeur  de  musique.  Il  est  mort  à  Prague, 
le  15  novembre  1831 .  On  connaît  de  sa  compo- 
sition :  lo  Ze  Navigateur  aux  Indes  orien- 
tales, opéra  en  langue  bohème,  représenté  à 
Prague  au  théâtre  national.  3*  Der  Spiegel- 
ritter  (le  Chevalier  du  Miroir),  opéra  repré* 
sente  au  même  théâtre,  le  7  mars  1794. 
Z^  Sentiment  de  reconnaissance  de  la  Bo- 
hême pour  son  libérateur,  Tarchiduc  Char- 
les ,  exécuté  au  théâtre  national  de  Pra- 
gue,  par  cent  musiciens,    le  18  novembre 

1796.  Publié  i  Prague  par  souscription,  en 

1797.  4«  Poèmes  de  Sophie  Albrecht,  mis  en 
musique  avec  accompagnement  de  piano; 
Prague,  1791.  5<»  Huit  messes  solennelles  et 
trente-quatre  motets,  à  quatre  voix  et  or- 
chestre (en  manuscrit).  6<>  Chant  du  matin 
pour  toutes  les  religions  raisonnables;  Prague, 
1790.  7*  CanUte  exécutée  le  10  février  1808, 
à  Toccasion  du  mariage  de  Pempereur  Fran- 
çois I»  avec  Marie  Béatrix  (en  manuscrit). 
8<*  Plainte  et  consolation  sur  la  tombe  d'un 
ami,  cantate  à  voix  seule,  avec  accompagne- 
ment de  piano;  Prague,  1803.  9o  Chansons  à 
voix  seule,  avec  accompagnement  de  piano  ; 
ibid.  10*  Symphonies  à  grand  orchestre  (en 
manuscrit).  11«  Concertino  à  quatre  mains 
pour  le  piano,  avec  deux  flûtes,  deux  clari- 
nettes, deux  cors  et  deux  bassons  ;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hsrtel.  12*  Grand  concerto  pour 
le  piano,  avec  orchestre  complet,  quatre  cors, 
trompettes  et  timbales  (en  manuscrit).  13<>  Qua- 
tuor concertant  pour  piano,  flûte,  violon  et 
violoncelle;  Prague,  Berra.  14«  Sonate  pour 
piano,  à  quatre  mains  ;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hœrtel.  15<>  Grande  sonate  pour  piano  et 
violon;  ibid,,  1807.  16<»  Beaucoup  de  sonates 
pour  piano  seul  (en  manuscrit).  17*  Douze 
variations  pour  piano  sur  un  air  allemand; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  18«  Dix  varia- 
tions sur  un  air  de  danse  d^Mceste  ;  Prague, 
Haas,  1803.  19<»  Six  petits  rondeaux  faciles 
pour  le  piano,  Bonn,  Simrock.  âO^»  Plusieurs 
cahiers  de  danses  pour  le  piano;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hœrtel.  âl«  Sonate  pour  Tharmo- 
nica,  avec  un  écho  pour  des  instruments  à 
vent  (en  manuscrit).  3S«  Variations  pour  har- 
monica et  piano  (idem),  â3<»  Fantaisie  pour 
harmonica  et  orchestre  (idem).  34<>  Duo  pour 
deux  harmonicas  (idem),  35<>  Plusieurs  re- 
cueils de  chansons  avec  accompagnement  de 
piano;  Prague  et  Leipsick. 


MASCHEK  (Paul),  frère  du  précédent, 
naquit  en  1701  à  ZwikowiU,  en  Bohême.  Son 
père,  qui  était  instituteur,  lui  enseigna  les 
éléments  de  la  musique.  Il  était  encore  dans 
sa  première  jeunesse  lorsquMl  commença  à 
écrire  quelques  petites  compositions,  Appelé, 
dans  sa  quinzième  année,  à  Kreziecz,  en  qua- 
lité d'instituteur  adjoint,  il  y  trouvâtes  moyens 
de  continuer  ses  études  musicales  :  plus  tard 
il  étendit  ses  connaissances  à  Zlonitz  et  â  Jar- 
meritz,  en  Moravie,  où  il  remplit  pendant 
quelque  temps  les  fonctions  de  sous-chantre. 
Vers  cette  époque  de  sa  vie,   il  écrivit  des 
messes,  des  litanies  et  plusieurs  autres  mor- 
ceaux de  musique  d^église  qui  le  firent  con- 
naître avantageusement.  Son  talent  sur  Tor- 
gue  et  le  clavecin  le  faisait  rechercher  par 
beaucoup  d*amaleurs  ;  mais  il  trouva  un  pro* 
tecteur  zélé  dans  le  comte  de  Nadasdi,  qui  le 
prit  dans  sa  maison  pour  donner  des  leçons  à 
ses  filles.  Pendant yCinq  ans,  il  fut  attaché  à 
cette  famille  et  fit  avec  elle  des  voyages  à 
Stuhlweissenbourg,  en  Hongrie,  puis  à  Vienne. 
Attaché  ensuite  au  comte  Georges  de  Niczky, 
il  le  suivit  en  Croatie.  En  1793,  il  retourna  à 
Vienne 'et  s*y  fixa.  Cette  époque  de  sa  vie  fut 
la  plus  brillante  et  la  plus  active.  U  se  fit  en- 
tendre plusieurs  fois  avec  succès  à  la  cour  im- 
périale et  dans  des  concerts  publics.  L*époque 
de  sa  mort  n'est  pas  exactement  connue;  mais 
on  croit  qu'il  avait  cessé  de  vivre  avant  1815. 
On  connaît  en  manuscrit,  sous  le  nom  de  cet 
artiste,  des  messes,  des  moteu  et  d'autres 
morceaux  de  musique  d'église,   les   opéras 
der  Riesenkampf  (le  Combat),  et  TFaldraf 
der  Wandertr  (Waldraf  le  voyageur);  une 
cantate  pour  la  société  des  musiciens;  six 
symphonies  à  grand  orchestre  pour  le  théâtre 
national;  six  pièces  à  huit  parties  pour  des 
instruments  à  vent;  des  quatuors,  quintettes 
et  sextuors  pour  violons,  violes  et  violoncelles. 
Parmi  les  morceaux  de  sa  composition  qui  ont 
été  publiés,  on  remarque  particulièrement  : 
!•  Wiener  Aufgebot   (Appel  aux  armes), 
grande  sonate  de  piano  dédiée  au  prince  Fer- 
dinand de  W^urtemberg ,  sous  les  ordres  de 
qui  Maschek  avait  servi  en  qualité  de  premier 
lieutenant;  Vienne,  1799.  2»  Trois  sonates 
pour  piano,   flûte  ou  violon  et  violoncelle; 
Vienne,  Artaria.  3»  Trois  trios  idem;  ibid, 
4<>  Sonate  facile  pour  piano,  flûte  ou  violon, 
Brunswick,  Spehr.  5<»  Trois  duos  pour  piano 
et  violon;  Vienne,  Artaria.  6«  Marche  de  la 
bataille  de  Leipsick,  pour  piano;   Vienne, 
Haslinger. 

MASCHEK  (A.),  fils  de  Vincent,  est  né  à 


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16 


MASCHEK  -  MÂSINI 


Prague,  vers  1802,  et  a  fait  ses  études  musi- 
cales sous  la  direction  de  son  père.  En  1834, 
il  était  directeur  du  chœur  de  Péglise  Saint- 
Nicolas  de  cette  ville.  Il  y  fit  exécuter  dans  la 
même  année  un  Requiem,  à  quatre  voix,  qui 
a  été  publié  à  Prague,  chez  Berra.  Quelques 
années  après,  il  s'établit  à  Bftle  en  qualité  de 
directeur  d'une  société  chorale.  Il  y  éuit  en- 
core en  1841  et  dirigea,  dans  la  même  année, 
la  fête  musicale  de  Lucerne.  De  là,  il  se  rendit 
à  Lausanne,  ou  sa  femme  était  engagée  comme 
canUtrice,  et,  en  1843,  il  alla  se  fixer  à  Fri- 
bourg,  où  il  fut  chargé  de  la  direction  du 
chœur  de  Péglise  des  jésuites. 

MASCITI  (Hicbbl),  violoniste  napolitain, 
né  dans  les  dernières  années  du  dix-septième 
siècle,  se  fixa  à  Paris,  après  avoir  voyagé  en 
Italie,  en  Allemagne  et  en  Hollande,  et  fut 
attaché  au  service  du  duc  d'Orléans,  régent  du 
royaume.  On  a  gravé  de  sa  composition,  à 
Amsterdam  :  1<*  Six  sonates  de  violon  avec 
basse  continue  pour  le  clavecin.  ^^  Quinze 
sonates  idem,  op.  2.  3<*  Douze  sonates  idem, 
op.  3.  4^  Douze  sonates  à  violon  seul,  op.  4. 
5«  Douze  sonates  pour  violon  et  violoncelle, 
op.  5.  6<>  Douze  idem,  op.  6.  7*>  Concertos 
pour  violon  principal,  deux  violons  de  ripieno 
et  basse  continue,  op.  7.  Blasciti  est  mort  à 
Paris  vers  1750.  On  a  aussi  de  ce  musicien 
des  trios  pour  deux  violes  et  basse,  avec  basse 
continue  pour  Torgue. 

MASECOYIUS  (Chrétien),  docteur  et 
professeur  de  théologie,  conseiller  du  Consis- 
toire royal,  et  pasteur  de  l'église  de  Kneiphof, 
à  Rœnigsberg,  au  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle,  a  fait  imprimer  un  sermon 
d'inauguration  pour  le  nouvel  orgue  de  son 
église,  sous  ce  titre  ;  DieKneiphœffitche  laute 
Orgelstimme  welche  in  diesem  1721  Jahre, 
am  XIF  Sonntage  nach  Trinitatit,  etc.; 
Kœnigsberg,  1721,  in-4«  de  quatre  feuilles. 

MASI  (le  P.  FéLix),  né  à  Pise,  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-huitième  siècle,  entra  jeune 
dans  Tordre  des  cordeliers  appelés  Mineurs 
conventuels,  fut  agrégé  au  collège  des  chape- 
lains chantres  de  la  chapelle  pontificale,  en 
1753^  et  obtint  à  Rome  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  l'église  des  Douze-Ap6tres.  Il 
mourut  le  5  avril  1772,  d'un  coup  d'apoplexie 
foudroyante,  après  avoir  dit  sa  messe.  Masi  a 
laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  compositions 
religieuses,  qui  se  trouvent  dans  les  archives 
de  l'église  des  Douze -Apôtres.  En  1770,  il  fit 
chanter  dans  cette  église,  en  présence  du  pape, 
un  Te  Deum  à  deux  chœurs,  de  sa  composi- 
tion. Burncy,  qui  entendit  ce  morceau,  donne 


des  éloges  aux  solos,  mais  dit  que  les  chœurs 
étaient  au-dessous  du  médiocre.  Gerber,  qui 
attribue  au  P.  Masl  un  opéra  bouffe,  repré- 
senté en  1768  au  théâtre  Tordinone,  Ta  con-> 
fondu  avec  le  compositeur  suivant. 

MASI  (JcAïf),  maître  de  chapelle  de  l'église 
Saint-Jacques  des  Espagnols,  à  Rome,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  se  fit 
d*abord  connaître  comme  compositeur  drama- 
tique. On  a  sous  son  nom  :  Lo  SposcUizio  per 
puntiglio,  opéra  bouffe  représenté  à  Rome, 
en  1768.  2»  Il  Govemo  deW  isola  Pana. 
L'abbé  Santini,  à  Rome,  possède  de  ce  maître  : 
l"  Une  messe  à  quatre  voix  avec  orchestre. 
2«  Trois  motets  idem.  S^  Litanies  courtes  à 
huit  voix.  4*  In  virtute  ftia,  à  quatre  voix. 
5*  Des  études  de  solfège  sur  la  gamme,  et  une 
messe  de  Requiem  à  cinq,  avec  orchestre. 

MASUHI  (Antoirx),  compositeur  de  l'école 
romaine,  né  en  1639,  fut  d'abord  attaché  à  la 
musique  particulière  de  la  reine  Christine  de 
Suède,  et  obtint,  le  1^'  mai  1674,  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  la  basilique  du  Vatican. 
Il  mourut  à  Rome  le  20  septembre  1678,  et 
fut  innumé  dans  l'église  Sainte-Marie  In  Pos- 
terula.  L'abbé  Santini  possède  de  ce  musicien  : 
1»  Deux  motets  à  quatre,  en  fugues. '2o  Six 
motets  à  huit.  3<^  Le  psaume  f^oee  mea,  à 
quatre.  4^  Dixit  à  quatre,  avec  orchestre. 

MASII^I  (Louis),  docteur  en  philosophie, 
membre  et  secrétaire  de  l'académie  des  Phil- 
harmoniques de  Bologne,  naquit  en  cette  ville 
et  y  vivait  au  commencement  de  ce  siècle.  Le 
22  août  1812,  il  prononça  un  éloge  du  compo- 
siteur bolonais  Jacques-Antoine  Perti  i^oyex 
ce  nom),  à  l'occasion  de  la  distribution  des 
prix  du  Lycée  musical  de  Bologne.  Ce  discours 
a  été  imprimé  sous  ce  titre  :  Elogio  di  Gia^ 
como  jintonio  Perti  Bolognese,  prof  essore 
di  contrappunto,  recitato  nella  gran*  sala 
del  Liceo  filarmonico;  il  giorno  22  Jgosto 
1812.  Bologna,  tipografia  Masi  ec.  1813, 
in-8«  de  trente* neuf  pages. 

MASII^I  (Faançois),  né  i  Florence  dans 
les  premières  années  de  ce  siècle ,  s'y  livra, 
dans  sa  jeunesse,  à  la  culture  de  la  musique  et 
du  chant.  Fixé  à  Paris  depuis  1830,  il  s'y  est 
fait  connaître  par  la  composition  de  jolies  ro- 
mances françaises,  où  l'on  trouve  quelque 
chose  du  goût  des  mélodies  italiennes.  L'har- 
monie dont  elles  sont  accompagnées  est  suffi- 
samment correcte.  Cependant  les  légères  pro- 
ductions de  cet  artiste  n'ont  pas  obtenu  chez 
les  amateurs  le  succès  de  vogue  qu'ont  eu  des 
choses  du  même  genre  qui  ne  les  valent  pas. 
Parmi  ses  meilleurs  morceaux,  on  remarque  : 


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MASINI  —  MASSAINI 


47 


La  Sœur  des  anges;  Il  Lamento;  Dieu  ni*a 
conduit  vers  vous  ;  Ou  va  mon  âme  f  ;  Chan- 
son bretonne;  Ton  image,  etc.  Les  paroles 
de  la  plupart  des  romances  de  Masini  sont 
d^Émile  Barateau,  qui  s^est  distingué  par  la 
grâce  etrélégance  de  sa  poésie. 

mASLON  (Wencbslas),  vicaire  etdirecteur 
du  chœur  de  Téglise  de  Pelplin  (Prusse  occi- 
dentale), est  né  en  1805,  dans  la  Silésie.  Il  a 
publié  un  livre  qui  a  pour  titre  :  Lehrbuch 
des  gregorianiscken  Kirehengesanges  (Doc- 
trine du  cbant  ecclésiastique  grégorien)  ; 
Breslau,  Georges-Philippe  Aderhol^,  1839, 
gr.  in-4<*,  contenant  quatre  feuilles  de  titre, 
dédicace,  préface,  index,  et  deux  cent  vingt- 
sept  pages  de  texte.  Cet  ouvrage  n^est  qu*un 
extrait  non  déguisé  de  V Histoire  générale  de 
la  musique  de  Forkel,  et  du  livre  d'Antony 
(voyez  ce  nom)  qui  porte  le  même  titre. 

MASLOWSKI  (....),  horloger  à  Posen, 
inventa  vers  1800  un  instrument  à  clavier 
auquel  il  donna  le  nom  de  Clavecin  harmo- 
nique {ffarmonischen  Clavier).  Il  le  fit  con- 
naître à  Berlin  en  1805.  La  Gazette  générale 
de  musique  de  Leipsick  a  rendu  compte  du 
système  de  cet  instrument  dans  son  septième 
volume  (pages  110,  227,  490,  520  et  594). 
Comme  la  plupart  des  instruments  de  fantai- 
sie qui  ont  fixé  Tattention  publique  à  leur 
apparition,  celui-là  est  ensuite  tombé  dans 
roubli. 

MASON  (William),  pocie  et  philologue 
anglais,  naquit  à  Saint-Trinity-Hall,  dans  le 
duché  d'York,  en  1725.  Doué  des  plus  heu- 
reuses dispositions,  il  fit  de  brillantes  éludes 
au  collège  de  Saint- Jean,  à  Cambridge,  prit 
ses  degrés  de  bachelier  en  1745,  et  ceux  de 
maître  es  lettres  en  1749.  Il  fut  ensuite  cha- 
noine d*Tork,  puis  de  Driffield,  et  enfin  cha- 
pelain du  roi  d'Angleterre.  Il  mourut  à  Aston, 
le  4  avril  1797.  Poète  distingué,  Mason  possé- 
dait aussi  des  connaissances  assez  étendues 
en  musique  ;  il  a  composé  un  Te  Deum^  plu- 
sieurs hymnes  et  d'autres  pièces  pour  le  chœur 
d'Tork.  Dans  le  supplément  de  l'Encyclopédie 
britannique,  par  le  docteur  Gleich,  on  lui 
attribue  des  perfectionnements  faits  au  pianO; 
à  l'article  sur  cet  instrument.  Il  a  publié  : 
Acopious  Collection  ofthose  portions  of  the 
psalms  of  David,  Bible  and  liturgy,  which 
hâve  been  set  in  Musie,  and  sung  as  An- 
them»  in  the  cathedral  and  collégiale  chur- 
ches  of  England,  To  which  is  prepxed  a  cri- 
tieal  and  historical  Essay  on  cathedral 
Jifusie  (Collection  nombreuse  de  parties  des 
psaumes  de  David,  de  la  Bible  et  de  la  liturgie 

BIOCI^.  U!<1V.  DES  HDSIGIEM.  T.  VI. 


qui  ont  été  mises  en  musique,  et  chantées 
comme  antiennes  dans  les  églises  cathédrales 
et  collégiales  de  l'Angleterre;  précédée  d'un 
Essai  historique  et  critique  sur  la  musique 
d'église),  York,  1782,  in-4».  L'introduction 
historique  de  cet  ouvrage  a  été  réimprimée  et 
publiée  sous  ce  titre  :  Essay  historical  and 
critical on  English  Church-music^  Londres, 
1795,  in-8». 

MASOIV  (JoHif),  littérateur  et  atnateur  de 
musique  anglais,  vécut  à  Londres  vers  le  mi- 
lieu du  dix-huitième  siècle.  Auteur  de  divers 
ouvrages  concernant  le  rhythme  et  la  proso- 
die, il  y  traite  par  occasion  du  rhythme  mu- 
sical. Ces  ouvrages  ont  pour  titres  :  1°  Essay 
on  the  Power  ofNumbers  and  the  Principles 
of  Harmony  in poeticdl  compositions  ;  Lon- 
dres, 1749,  in  8«.  2«  Essay  on  the  Power  and 
Harmony  of  prosaic  Numbers;  Londres, 
1749,  in-8». 

BIASOTTI  (Jules),  compositeur  de  ma- 
drigaux, naquit  à  Castro-Caro,  dans  les  Etats 
romains,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il 
a  publié  trois  livres  de  madrigaux  à  cinq  voix 
de  sa  composition,  le  premier,  à  Venise,  chez 
Ange  Gardane,  en  1583,  le  deuxième,  en  1580, 
et  le  dernier,  en  1588,  chez  le  même  éditeur. 

MASSAIPil  (Tibvrce),  moine  augustin, 
^né  à  Crémone,  dans  la  première  partie  du 
seizième  siècle,  fit  ses  vœux  à  Plaisance,  où  il 
demeura  pendant  plusieurs  années,  puis  il 
obtint  la  place  de  maître  de  chapelle  de 
l'église  Sainte-Marie  delpopolo,  à  Rome.  En 
1580,  il  fut  appelé  à  Prague  comme  musicien 
de  l'empereur  Rodolphe  II  ;  mais  il  retourna 
ensuite  à  Rome,  oti  il  vivait  encore  en  1605, 
car  il  dédia  des  motets  à  quatre  chœurs  au 
pape  Paul  V,  qui  ne  fut  élu  que  le  16  mai  de 
cette  année.  On  connaît  de  la  composition  de 
ce  maître:  1»  Sacri  modulorum  eoncentus 
qui  6-10  eM2  vocibus  in  duos  tresve  choros 
coalescentes  concini  possunt ;yeneiuSy  1567, 
in-4».  2»  Madrigali  a  quattro  voci,  lib.  1  ; 
Venezia,  app.  Antonio  Gardane,  1569,  in-4*'. 
3»  Madrigali  a  5  voct,  lib.  1  ;  ibid.,  1571. 
4»  Madrigali  a  4  voci,  lib.  2;  ibid.,  1573. 
5»  Concentus  quinque  vocum  in  universos 
psalmos  in  Fesperis  omnium  festorum  per 
totum  annum  frequentatos,  cum  tribus  Ma- 
gnificat quorum  uUimum  9  vocum  modula- 
tione  copulatur;  Venctiis,  1576,  in-4«>.  6«^o- 
tectorum  cum  quinque  et  sex  vocibus  liber 
primus;  Venetiis ,  apud  Josephum  Guiliel- 
mum,  1576,  in-4''.  7<»  Missa?  quinqtie  et  sex 
vocum;  ibid.,  1578,  in-4*.  8«  Salmia  6  voci, 
lib.  Ij  ibid.,  1578.    9»   Moletti  a  5  voci, 

2 


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18 


MÂSSÂINI  —  MASSÉ 


W6.  ///;  ibid.,  1580,  in-4».  9»  (his)  Liber 
primut  eantionum  eeeletiixsticorum  ut  vulgà 
Jtfoteeta  voeant  quatuor  voeum;  Pragae^ 
typisGeorgi  Negrini,  \^%0^  in-4«  obi.  Une 
autre  édition  du  même  ouvrage  a  paru  chez  le 
même  éditeur,  en  1592.  Ces  motets  sont  dé- 
diés à  Philippe  de  Mons,  chanoine  et  tréso- 
rier de  la  cathédrale  de  Cambrai,  maître  de 
chapelle  de  Tempereur.  L^épttre  dédicatoire 
est  datée  de  Prague,  aux  calendes  de  juin 
1580  :  Massai  ni  y  donne  à  Philippe  la  qualifi- 
cation de  Senex  venerandus;  ce  qui  fait  voir 
que  Vàge  de  ce  maître  célèbre  était  dès  lors 
fort  avancé.  10»  Jl  quarto  lihro  di  Madri- 
gali  a  5  voct';  ibid.,  1594,  in-4«.  Il»  Musica 
super  Threnot  Jeremiw  prophet»  5  vocibus 
cône.!  ibid.,  1599,  in-4«.  12«  Misse  a  olto 
voci;  ibid.,  1000. 13«  Motets  à  quatre  chœurs, 
dédiés  au  pape  Paul  Y  (j^ignore  le  lieu  et  la 
date  de  Timpression  de  cet  ouvrage).  14«  Sa- 
erarum  eantionum  7  vocibus  lib.  1  ;  Vene- 
tiiSt  1607,  in-4«.  Cet  ouvrage  est  indiqué 
connue  Tœuvre  33«  de  Tauteur.  Il  est  vrai- 
semblable que  les  titres  cités  en  latin  par 
Draudiuft  ont  élé  traduits  par  lui  de  Titalien, 
suivant  sa  oiétbode  habituelle.  On  trouve  des 
madrigaux  de  Massaini  dans  la  collection  in- 
titulée :  MeXodia  Oh'mpiea  di  diversi  eecel- 
lentissimi  musici;  Anvers,  1594,  in-4»  obi., 
et  dan»  le  Paradiso  musicale  di  Madrigali 
et  canxoni  a  cinquevoci;  ibid.,  1596,  in-4" 
oblong  ;  mais  DIabacz  etGerber  ont  été  induits 
en  erreur  par  Walther  lorsqu'ils  ont  dit  qu'il 
se  trouve  aussi  des  morceaux  de  la  composi- 
tion de  ce  maître  dans  la  collection  publiée 
par  Hubert  Waelrant  sous  le  titre  de  :  Sym- 
phoniaAngeliea;csiV  ce  recueil  n*en  contient 
pas  un  seul.  D'ailleurs,  la  date  de  1583,  citée 
par  Walther,  est  fausse;  la  Symphonia  An- 
gdica  n'a  été  imprimée  qu'en  1594.  L'abbé 
Santini,  de  Rome,  a  de  Massaini  en  partition 
manuscrite  :  1*  Les  Lamentations  à  cinq  voix. 
3<»  Des  psaumes  et  Magnificat  à  huit  voix,  pu- 
bliés à  Venise,  en  1576.  3<»  Vingt-deux  motets 
à  huit  voix.  4<>  Vingt  et  un  motets  à  cinq  voix. 
5«Des  messes  i  quatre  et  cinq  voix. 

9IASSART  (Lambert-Joseph)  ,  professeur 
de  violon  au  Conservatoire  de  Paris,  est  né  à 
Liège,  le  19  juillet  1811.  Dans  son  enfance, 
il  fut  amené  à  Paris  et  confié  aux  soins  de 
Rodolphe  Kreutzer,  dont  les  leçons  dévelop- 
pèrent ses  remarquables  dispositions.  Il 
u*avait  pas  atteint  sa  dix-huitième  année 
lorsqu'il  se  fit  entendre  dans  un  concert  à 
rOpéra,  en  1829,  et  y  produisit  une  vive  im- 
pression par  le  charme  de  son  jeu,  la  justesse 


de  son  intonation  et  la  variété  de  son  archet. 
Dans  la  même  année,  il  fkit  admis  comme 
élève  de  composition  au  Conservatoire;  il  sui- 
vit le  cours  de  contrepoint  et  de  fugue  de  Pau* 
teur  de  cette  notice  jusqu'au  mois  de  juiD 
1839.  Le  talent  de  Massart  s'était  perfectionné 
par  la  persévérance  de  ses  études  ;  malheureu- 
sement, il  se  faisait  rarement  entendre  en 
public  et  vivait  retiré  dans  la  famille  de 
Kreutzer,  où  il  avait  trouvé  une  affection  dé- 
vouée. Il  en  résulta  que  sa  timidité  naturelle, 
loin  de  diminuer  avec  le  temps,  ne  fit  que 
s'accroUre  ;  car  pour  l'artiste  exécutant,  l'exhi- 
bition fréquente  de  son  talent  devant  le  public 
est  de  nécessité  absolue,  s'il  ne  veut  perdre  la 
confianceen  lui-même.  Si  j'ai  bonne  mémoire, 
un  concert  de  la  société  du  Conservatoire, 
donné  le  23  mai  1841,  fut  la  dernière  occasion 
où  Massart  donna  des  preuves  de  son  talent, 
dans  la  sonate  de  Beethoven  pour  piano  et 
violon,  œuvre  47,  qu'il  exécuta  avec  Liszt.  Il 
reçut  sa  nomination  de  professeur  de  violon 
au  Conservatoire,  le  24  janvier  1843.  Au 
nombre  des  bons  élèves  de  cet  artiste,  on  dis- 
tingue en  première  ligne  Henri  V^ieniawski. 
M.  Massart  a  publié  quelques  compositions 
pour  le  violon,  parmi  lesquelles  on  remarque 
une  fantaisie  avec  orchestre  sur  la  romance  de 
madame  Malibran,  le  Réveil  du  beau  jour; 
P^Ms,  Brandus,  et  les  transcriptions  des  .Soi- 
rées musicales,  de  Rossini,  pour  violon  et 
piano  ;  ibid. 

MASSÉ  (Télix-Mahib-Victoh)  ,  composi- 
teur dramatique,  né  à  Lorient  (Morbihan),  le 
7  mars  1822,  fut  admis  comme  élève  au  Con- 
servatoire  de  Paris,  le  15  octobre  1834.  Il  j 
obtint  l'accessit  du  solfège  au  concours  de 
1836,  et  le  second  prix  lui  fut  décerné  dans 
l'année  suivante.  Élève  de  Zimmerman  pour 
le  piano,  il  eut  le  deuxième  prix  de  cet  in- 
strument, en  1838,  et  le  premier  prix  en  1889. 
Lé  premier  prix  d'harmonie  et  d'accompagné» 
ment  lui  fut  décerné  en  1840.  Comme  élève 
d'Halévj,  il  se  présenta  au  concours  de  com- 
position de  l'Institut  de  France,  en  1842,  et  j 
obtint  le  premier  second  prix,  et  dans  l'année 
suivante,  il  eut,  au  Conservatoire,  le  premier 
prix  de  contrepoint  et  de  fugue;  enfin,  ses 
brillantes  études  furent  terminées  en  1844, 
par  l'obtention  du  premier  grand  prix  de  com- 
position à  rinstitut.  Devenu  pensionnaire  du 
gouvernement  français,  à  ce  titre,  il  se  rendit 
à  TAcadémie  de  France,  à  Rome,  et  y  passa 
deux  années;  puis  il  voyagea  en  Italie  et  en 
Allemagne.  De  retour  à  Paris,  il  s'y  fit  con- 
naître par  des  romances  et  par  des  mélodies 


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MASSE  —  MASSET 


19 


dont  la  distinction  fut  remarquée,  particuliè- 
rement sur  tes  Orientales  de  Victor  Hugo.  Son 
début  à  la  scène  se  ût  en  1853,  au  théâtre  de 
rOpéra -Comique,  par  la  Chanteuse  voilée, 
joli  ouvrage  en  un  acte  qui  donna  aux  connais- 
seurs une  opinion  favorable  de  l'avenir  du 
compositeur.  Il  fut  suivi  des  Noces  de  Jean- 
nette (1853),  dont  la  musique  élégante  et  fa- 
cile obtint  aussi  du  succès;  puis  vinrent 
Galathée,  en  deux  actes  (1854),  Tune  des 
meilleures  partitions  de  Tartiste  ;  la  Fiancée 
du  diable,  en  trois  actes,  et  JUiss  Fauvette, 
en  un  acte  (1855);  les  Saisons,  en  trois  actes 
(1856);  tous  ces  ouvrages  furent  joués  au 
théâtre  de  TOpéra-Comique.  La  Reine  Topaze, 
en  trois  actes  (1856),  et  la  Fée  Carahosse, 
en  trois  actes  (1859),  ont  été  représentés  au 
Théâtre -Lyrique.  Bf.  Bfassé  a  écrit  aussi  à 
Venise,  la  Favorila  e  la  Schiava  (1855),  et 
le  Cousin  Marivaux,  en  deux  actes  (1857), 
pour  le  théâtre  de  Bade.  Tout  n*a  pas  été  pro- 
grès du  talent  du  compositeur  dans  cette  série 
de  compositions  dramatiques,  parce  qu'il  y  a 
eu  trop  de  hâte  dans  ses  travaux.  M.  Massé  ne 
s*est  pas  pénétré  d'une  vérité  incontestable, 
à  savoir  que  Texpérience  de  la  scène  et  le  mé- 
tier ne  tiennent  lieu  de  Timaginalion  qu'aux 
dépens  de  la  renommée  d'un  artiste.  Quelques 
hommes  privilégiés  par  la  nature  ont  pu 
écrire  avec  rapidité  un  grand  nombre  d*opéras 
dans  l'espace  de  quelques  années  et  y  jeter 
d'heureuses  inspirations;  mais  ces  organisa- 
tions d'élite  sont  des  exceptions.  M.  Massé  a 
succédé  à  M.  Dietscb,  en  1860,  dans  la  place 
de  chef  du  chant  à  l'Opéra. 

M ASSEI^ZIO  (DoxmiQiiE) ,  compociteur 
du  <iix- septième  siècle,  naquit  à  Ronciglione, 
dans  les  États  romains.  11  fut  d'abord  cha- 
noine de  réglise  collégiale  de  cette  ville,  puis 
doyen  des  bénéficiés  de  l'église  de  Sainte- 
Marie  in  ViaLata,  à  Rome,  et  enfin  maître  de 
chapelle  de  la  congrégation  des  nobles,  dans  la 
maison  professe  des  jésuites.  Ses  compositions 
connues  sont  :  1<>  Six  livres  de  motets  à  une, 
deux,  trois,  quatre,  cinq  et  six  voix  ;  Rome, 
Zanetti,  depuis  161!2  jusqu'en  1624.  Massenzio 
est  un  des  premiers  auteurs  de  motets  â  voix 
seule  ou  à  deux  voix  avec  accompagnement  de 
basse  continue  pour  l'orgue,  ainsi  que  le 
prouve  le  recueil  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  : 
Sacrarum  modulationum  singuHs,  duabus, 
trilms,  quatuor,  quinque  vocibus  irt^ariis 
SS,  solemnitatibus  cum  basso  ad  organum 
eoneinendarum  auctoreDominico  Massentio 
Roncilionens.  Illustriss.  Sodalium  B.  V, 
Aisumptx  in  xdibus  professorum  Soc.  Jes, 


Romx  musicœ  prxfecto  ;  Romœ  ,  1618. 
2«  Trois  livres  de  psaumes  â  quatre  et  cinq 
voix;  Rome,  Zanetti,  1618  à  1623.  S*»  Complu' 
torium  integrum  cum  Ave  Regina  et  Motecti 
duo  octonis  vocibus,  opusS;  Rome,  Masotli, 
1630.  4<>  Quatre  livres  de  psaumes  à  huit  voix; 
Rome,  Masottt,  1630  à  1634.  5<>  Psalmodia 
Fespertina  tam  de  Dominicis  quam  de  apo- 
slolis  cum  Regina  Cœli,  Salve  Regina  et  du- 
plici  Magnificat,  octonis  vocibus  cum  basso 
ad  organum  concinenda  ;  Romx ,  apud  Pau- 
lum  Masottum,  1631,  in-4®.  6°  Motetti,  e 
Litanie  a  più  voci,  libri  due;  ibid.,  1631. 
7°  Sept  livres  de  psaumes  à  quatre  voix; 
Rome,  Grignani,1632  à  1643. 

]IIASS£T  (Nicolas-Jear-Jacqdes)  ,  vio- 
lonisjte  et  chanteur,  né  â  Liège,  le  27  janvier 
1811,  fut  admis  comme  élève  au  Conserva- 
toire de  Paris,  le  31  janvier  1828,  y  reçut 
des  leçons  d'Habeneck  pour  le  violon,  et  fit, 
sous  la  direction  de  Seuriot  et  des  Jelen- 
sperger,  des  études  de  composition  qu'il  ter- 
mina avec  Dourlen  et  Benoist.  Après  avoir 
été,  pendant  deux  ans,  premier  violon  au 
théâtre  des  Variétés,  il  entra  â  l'orchestre  du 
Théâtre-Italien,  puis  à  celui  de  l'Opéra  ;  enfin, 
il  retourna  aux  Variétés,  pour  y  prendre  la 
position  de  chef  d'orchestre.  Ce  fut  à  cette 
époque  qu'il  publia  divers  ouvrages  pour  le 
violon,  parmi  lesquels  ou  remarque  des  fan- 
taisies dédiées  à  Habeneck,  â  S.  M.  Léopold  I^', 
roi  des  Belges;  trois  fantaisies  faciles  avec 
accompagnement  de  piano,  op.  3;  Paris, 
Brandus;  six  caprices,  op.  5;  un  concerto 
pour  violon  et  orchestre,  exécuté  aux  concerts 
du  Conservatoire  par  M.  Dancla  ;  quelques 
morceaux  pour  la  flûte,  joués  par  M.  Dorus,  et 
un  grand  nombre  de  romances,  dontquelques- 
unes  ont  obtenu  du  succès.  Possédant  une  belle 
voix  de  ténor,  il  suivit  le  conseil  de  ses  amis , 
qui  le  pressaient  d'embrasser  la  carrière  de 
chanteur  dramatique,  et  débuta  au  théâtre  de 
rOpéra-Comique,  le  19  septembre  1839,  par 
le  rôle  de  Marcel,  dans  la  Reine  d*un  jour, 
qu* Adolphe  Adam  avait  écrit  pour  lui.  La 
Dame  Blanche,  Zampa,  le  Chaperon  rouge, 
Gulistan,  le  Concert  à  la  cour,  Adolphe  et 
Clara,  enfin,  Richard  Cœur-de-Lion,  furent 
pour  lui  autant  d'occasions  de  succès  et  prou- 
vèrent la  flexibilité  de  son  talent.  En  184^,  il 
quitta  l'OpéraComique  pour  se  rendre  en 
Italie,  où  il  fit  de  nouvelles  études  de  chant. 
Il  débuta  au  théâtre  de  la  Scala  de  Ailan, 
au  carnaval  de  1845-1846,  par  le  rôle  du 
Bravo,  de  Mcrcadante,  et  brilla  dans  cet 
ouvrage  ainsi  que  dans  Ricciardo  e  Zo- 

2. 


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20 


MASSET  —  MASSONEAU 


raidCf  de  Rossini  ;  puis  il  chanta  au  théâtre 
ducal  de  Parme  et  au  théâtre  communal  de 
Crémone.  La  révolution  de  1848  le  ramena 
à  Paris  y  où  Tadministration  de  POpéra  lui 
olTrit  un  engagement  avantageux  pour  les 
rôles  de  premier  ténor  de  Jérusalem^  la  Fa- 
voriie,  Don  Sébastien,  Lucie  de  Lammer- 
moor  et  Freyschiitz.  En  1850,  un  bel  en- 
gagement fut  ofTert  à  Masset  pour  le  théâtre 
royal  de  Madrid:  il  y  joua  avec  succès  les 
rôles  d*OteUo,  d''Emani  et  d^autres  ouvrages 
du  répertoire  italien.  Toutefois,  il  n*avait  ja- 
mais pu  vaincre  le  dégoût  que  lui  inspirait  le 
théâtre;  en  1852,  il  prit  la  résolution  de  se 
retirer  de  la  scène,  et  de  se  livrer  à  rensei- 
gnement. De  retour  à  Paris,  il  réalisa  ce  des- 
sein et  donna  des  leçons  de  chant;  tlans 
Tannée  suivante,  il  reçut  sa  nomination  de 
directeur  de  musique  de  la  maison  impériale 
de  Saint-Denis.  Depuis  lors,  il  a  publié  un 
recueil  de  vocalises  de  soprano  ou  de  ténor 
pour  ses  élèves,  quelques  airs  détachés  et  un 
recueil  de  mélodies. 

]M[ASSI]IIIIHO(FaBoÉii]c),  professeur  de 
chant  à  Paris,  est  né  à  Turin,  en  1775,  et  a 
appris  la  musique  et  le  chant  sous  la  direction 
de  Tabbé  Ottani  (voyez  ce  nom).  Arrivé  à 
Paris  vers  1814,  il  y  établit,  deux  ans  après, 
un  cours  d*enseignement  collectif  de  la  mu- 
sique d*après  un  système  dont  il  était  Tinven- 
teur,  et  dont  on  peut  voir  Tanalyse  dans  le 
premier  volume  de  la  Revue  musicale  (ann. 
1827).  Il  a  écrit  pour  ce  cours  un  ouvrage  qui 
a  pour  titre  :  Nouvelle  méthode  pour  Ventei- 
gnement  de  la  musique.  Première  partie, 
contenant  l'exposition  des  principes  y  le 
mode  d'organisation  d'un  cours  d'après  la 
nouvelle  méthode;  l'indication  des  moyens 
d'enseignement  mutuel,  et  une  première 
suite  de  solfèges  avec  accompagnement  de 
piano;  Paris,  chez  Tauteur,  1819,  iufolio. 
Deuxième  partie,  contenant  une  série  de 
solfèges  à  deux  voix  principales  et  une  basse j 
avec  accompagnement  de  piano;  ibid.,  1820, 
in -fol.  On  a  aussi  de  cet  artiste  :  Chœurs 
français  à  deux  voix  avec  accompagne- 
ment de  deux  pianos  à  quatrei  mains ,  d 
Vusage  des  pensionnats  et  des  écoles  d'ensei- 
gnement mutuel,  liv.  I  et  II;  Paris,  Pacini. 
Massimino  fut  attaché  à  Tinstitution  royale  de 
Saint-Denis,  en  qualité  de  professeur  de  chant 
et  de  solfège.  Il  est  mort  à  Paris,  en  1858. 

MASSON  (GoARLEs),  fut  maître  de  mu- 
sique de  la  cathédrale  de  Châlons-sur-Marne, 
vers  1680,  et  se  rendit  ensuite  à  Paris,  où  il 
remplit  les  mêmes  fonctions  dans  la  maison 


professe  des  jésuites  de  la  rue  Saint-Louis.  Il 
est  auteur  d*un  Nouveau  traité  des  règles 
pour  la  composition  de  la  musique,  par  le- 
quelon  apprend  facilement  à  faire  un  chant 
sur  des  paroles,  à  composer  à  deux,  trois  et 
quatre  parties,  et  à  chiffrer  la  basse  con- 
tinue; Paris,  1694,  in-S».  Dans  cette  première 
édition,  presque  tous  les  exemples  sont  ma- 
nuscrits, et  quelques-uns  gravés.  La  deuxième  > 
édition  est  de  1699,  in-S»;  la  troisième  de 
1705,  et  la  quatrième,  aussi  in-8»,  a  été  pu- 
bliée en  1738,  chezKoger,à  Amsterdam.  Dans 
la  Théorie  des  beaux-arts,  de  Sulzcr,  on  trouve 
rindication  d^une  autre  édition  datée  de  Ham- 
bourg, 1797,  in-A'*,  L^ouvrage  de  Masson  ne 
manque  pas  de  méthode,  et  les  exemples  en 
sont  assez  bien  écrits.  II  parait  que  ce  musi- 
cien avait  cessé  de  vivre  en  1705,  car  PépUre 
dédicatoire  de  la  troisième  édition  est  signée 
par  rimprimcur  Ballard. 

MASSON  (rabbé),  vicaire  de  Téglise  d* Ar- 
gentan (Orne),  s*est  fait  connaître  par  une 
Nouvelle  méthode  pour  apprendre  leplain- 
ehant;  Paris,  imprimerie  de  Duverger;  Ar- 
gentan, Surène,  1839,  in-12  de  quarante- 
huit  pages. 

JUASSONEAU  (Louis),  violoniste  distin- 
gué, né  à  Cassel,  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  a  reçu  des  leçons  de 
violon  de  Heuzé,  maître  de  concert  du  land- 
grave de  Hesse,  et  apprit  la  composition  sous 
la  direction  de  Rodewald.  Massoneau  avait  été 
admis  depuis  peu  de  temps  dans  la  musique  du 
prince,  quand  celui-ci  mourut;  le  licencie- 
ment de  la  chapelle  et  de  TOpéra  Tobligea 
alors  â  chercher  ailleurs  une  position. Pendant 
quelque  temps  il  vécut  à  Gœttingue,  où  il  rem- 
plissait  les  fonctions  de  directeur  du  Concert 
académique.  En  1792,  il  obtint  un  emploi  à 
la  petite  cour  de  DetmoId;mais  avant  qu^il  s'y 
rendit  le  prince  mourut,  et  Massoneau  fut 
obligé  de  reprendre  sa  position  à  Tuniversité 
de  Gœttingue.  En  1795,  il  fut  appelé  à  Franc- 
fort-sur -le-Mein  en  qualité  de  premier  violon 
du  théâtre;  deux  ans  après,  il  alla  à  Altoua 
remplir  la  même  place  qu'il  quitta  en  1798, 
pour  entrer  dans  la  chapelle  du  duc  de  Des- 
sau.  Enfin,  en  1802,  il  entra  au  service  du 
ducdeMecklembourg-Schwerin  et  n'en  sortit 
plus.  Cet  artiste  conserva  longtemps  les  qua- 
lités d^son  talent,  car  on  voit  dans  IsiGazette 
générale  de  musique  de  Leipsick  (20«  année, 
coll.  715),  qu'il  étonna  les  artistes  dans  une 
fête  musicale  donnée  à  Hambourg  en  1818, 
par  la  puissance  de  son  exécution.  Au  mois 
d'octobre  1819,  il  était  encore  à  Ludwigslust  et 


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MASSONEAU  —  MATERN 


SI 


s'y  faisait  admirer  (ibid;  âl«  ann.  col.  777). 
Cette  mention  est  la  dernière  qu'on  trouve  de 
cet  artiste  ;  après  cette  époque,  les  journaux  de 
musique  se  taisent  sur  lui,  et  ce  qu'on  trouve 
chez  les  biographes  allemands  ne  va  pas  au 
delà  de  1802.  Parmi  les  compositions  de  Mas- 
soneau,  on  remarque  :  1^  Symphonies  à 
grand  orchestre,  op.  3,  n^  1  et  â;  OfTen- 
bach,  André.  2°  La  Tempête  et  le  Calme, 
symphonie  imitative,  op.  5;  ibid.  Z^  Con- 
certo pour  violon,  op.  6;  ibid.  A?  Trois  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  4  ; 
ibid.  50  Duos  pour  deux  violons,  op.  1  ; 
Brunswick,  Spehr.  6<>  Trois  duos  pour  violon 
et  violoncelle,  op.  9;  Hambourg,  Bœhme. 
7"  Airs  variés  pour  violon  et  alto,  op.  10; 
Brunswick,  Spehr.  S^  Idem  pour  violon  e,t 
violoncelle,  op.  11  ;  ibid.  9«  Symphonie  con- 
certante pour  deux  flûtes  et  orchestre  ;  ibid. 
lO»  Chansons  allemandes  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  7;  OlTenbach,  André. 

MASTIAUX  (Gasparo-Artoirb  DE),  fils 
aîné  d'un  conseiller  de  l'archevêque  de  Co- 
logne, grand  amateur  de  musique,  naquit  à 
Bonn,  en  176G.  Après  avoir  achevé  ses  études 
de  théologie,  il  obtint  du  pape  Pie  VI  un  ca- 
nonicat  à  Augsbourg,  en  1789,  et  fut  prédi- 
cateur de  la  cathédrale.  En  1803,  il  Tut  fait 
conseiller  de  l'électeur,  et  l'année  suivante, 
directeur  général  des  affaires  provinciales  à 
Munich.  Après  l'organisation  du  royaume  de 
Bavière,  en  1806,  il  conserva  le  titre  de  con- 
seiller privé  du  roi.  Amateur  distingué,  il 
cultiva  la  musique  avec  passion,  et  ne  négligea 
rien  pour  en  rendre  l'usage  populaire  en  Ba- 
▼ière.  Indépendamment  de  ses  messes  et  de 
ses  motets,  qui  sont  considérés  comme  de 
bonnes  compositions,  il  publia  à  Augsbourg, 
en  1800,  un  livre  de  chants  à  l'usage  des 
églises  catholiques,  pour  toutes  les  fêtes  de 
l'année,  en  trois  volumes  ;  puis  il  rassembla 
les  meilleures  mélodies  anciennes  et  mo- 
dernes, pour  le  même  usage,  et  les  fit  paraître  à 
Leipsick  en  six  cahiers,  depuis  1819  jusqu'en 
1817.  On  volt  dans  \^  Lexique  universel  de 
musique  y  publié  par  le  docteur  Schilling 
que  M.  de  Masliaux  a  donné  à  Munich,  en 
1813,  un  livre  sur  le  chant  choral  et  sur  le 
plain-chant  j  mais  on  n'y  trouve  pas  le  titre  de 
cet  ouvrage.  On  a  aussi,  du  même  auteur,  un 
livre  de  chant  pour  les  écoles  élémentaires  de 
Munich  (Landshut,  1817).  Depuis  1818  jus- 
qu'en 1825,  il  a  continué  la  publication  de  la 
Gazette  littéraire jk  l'usage  des  prêtres  catho- 
liques qui  s'occupent  d'instruction  religieuse. 
On  y  trouve  de  bons  articles  sur  la  musique. 


AI ATAUSCHEK  (A.),  ecclésiastique,  né 
en  Bohême  vers  1770,  vécut  à  Vienne  depuis 
le  commencement  du  dix-neuvième  siècle  jus- 
que vers  1810.  Il  s'est  fait  connaître  par  beau- 
coup de  comi>ositions  pour  le  piano,  dans  la 
manière  de  son  compatriote  Gelinek.  Ses 
jirincipaux  ouvrages  sont  :  1»  Sonates  pour 
piano  seul,  op.  14,  37,  37;  Vienne,  Haslinger. 
^  Sonates  pour  piano  et  flûte,  op.  33,  ibid, 
3**  Rondeaux  pour  piano  seul,  n<^  1  et  2; 
Maycnce,  Schott.  A^  Airs  variés  pour  piano, 
op.  17,  29,  38  \  Vienne,  Artaria  et  Haslinger. 
5«  Plusieurs  recueils  de  polonaises,  ibid. 
L'abbé  Matauschek  a  aussi  beaucoup  écrit  pour 
la  flûte. 

MATELART  (Jean),  compositeur  belge, 
vécut  à  Rome,  vers  la  fin  du  seizième  siècle, 
et  y  fut  maître  de  chapelle  de  l'église  collégiale 
deSaint-Laurent  m  ^amaso.  Il  était  Flamand, 
suivant  le  titre  du  seul  ouvrage  de  sa  compost  • 
tion  connu  aujourd'hui  ;  mais  on  n'a  de  ren- 
seignements ni  sur  le  lieu  de  sa  naissance  ni 
sur  le  commencement  de  sa  carrière.  On  con  - 
naît  de  lui  une  collection  de  répons,  d'hymnes 
et  d'antiennes  intitulée  :  Responsoria,  Anti- 
phoruB  et  Hymni  in  processionibus  per  an- 
numquaterniset  quinis  voeibus  concinendo, 
auctore  Joanne  Matelarto  Flandren.  Colle' 
giate  eeelesix  S.  Laurentii  in  Damaso  de 
urbe  eapelljg  magistro.  Roms,  ex  typogr. 
Nicolai  Muta,  1596.  Matelart  a  ajouté  à  ses 
propres  compositions  dans  ce  recueil  six  mo- 
tets de  Palcstrlna. 

JUATELLI  (....),  compositeur  italien, 
était  maître  de  chapelle  à  Munster  en  1784. 
II  s'est  fait  connaître  par  beaucoup  de  com- 
positions instrumentales  et  par  les  opéras 
dont  les  titres  suivent  :  1«  Die  Reisenden 
naeh  Holland  (les  Voyageurs  en  Hollande). 
2«  Der  Brauttag  (le  Jour  des  noces).  Z^  Der 
Tempel  der  Dankbarkeit)  le  Temple  de  la 
Reconnaissance).  4<>  Der  Kœnig  Rabe  (le  Roi 
corbeau).  Ces  ouvrages  sont  restés  en  manu- 
scrit. On  ignora  l'époque  de  la  mort  de  cet  ar* 
tiste. 

WATER]\  ou  MATTEUN  (A.-W^.-F.), 
violoncelliste  distingué,  fut  attaché  au  servie;^ 
du  duc  de  Brunswick,  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  On  dit  qu'il  n'eut  ja- 
mais d'autre  guide  que  lui-même  pour  ses 
études.  On  a  de  cet  artiste  des  symphonies, 
des  concertos  et  des  solos  de  violoncelle,  en 
manuscrit.  Le  douzième  supplément  du  cata- 
logue thématique  de  Breitkopf  indique  un 
concerto  de  Malern  pour  violoncelle,  deux 
violons,  alto  et  basse.  Un  fils  de  ce  virtuose, 


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MATERN  —  MATHIEU 


directeur  de  musique  à  Liegnilz,  en  Silésle,  et 
professeur  de  composition  à  Tacadémie  de 
celte  ville,  a  publié  à  Breslau  des  pièces  pour 
le  piano.  Il  est  mort  à  Liegnilz  le  5  décembre 
1820. 

inATHALIN  ou  BIATHELIN  (Gaii- 
Liao).  Foyex  TAILLASSON. 

MATllER  (Samuel),  fils  d*un  organiste  de 
Sbeffield,  en  Angleterre,  naquit  dans  cette 
ville  en  1771 .  Élève  de  son  père,  Samuel  Mather 
fut  nommé  organiste  de  Téglise  Saint-Jacques 
en  1799.  En  1808,  il  succéda  à  son  père  dans 
la  place  d'organiste  de  Saint-Paul.  En  1822,  on 
lui  a  confié  Torgue  de  la  loge  provinciale  des 
Francs'Maçons.  Ce  musicien  a  publié  de  sa 
composition  un  livre  de  psaumes  et  d*hymnes, 
ainsi  qu'un  Te  Deum  et  des  chansons  avec  ac- 
compagnement de  piano. 

MATHIAS  (MilTBE).  Foyez  MAT- 
THIAS. 

MATHIAS  (Ueumahh),  surnommé  VER- 
REGORENSIS^  d'un  nom  latin  de  lieu  in- 
connu, à  moins  qu'il  n'indique  Ferrés,  bourg 
de  la  Sardaigne;  mais  il  est  plus  vraisemblable 
qu^I/ermann  Maihia$  était  un  musicien  alle- 
mand du  seizième  siècle.  Quoiqu'il  en  soit,  on 
trouve  des  chansons  latines  à  quatre  et  cinq 
voix  de  sa  composition  dans  le  recueil  intitulé  : 
Selecli$$\mai  nec  non  familiarissinue  cantio- 
nés  ultra  centum  vario  idiomate  vocum, 
tam  muUiplicium  quam  etiam  paucarum. 
Fugx  quoque  ut  vocantur,  à  sex  usque  ad 
duos  voces,  elc.  Augusiœ  Vindelicorum,  Mel- 
cbior  Kriesstein  excudebat,  1540,  pelit  in-8*> 
obi. 

MATQIAS  (Georces-Ahédée  Sai5T-Clair), 
comi)ositeur  et  professeur  de  piano,  né  à 
Paris,  le  14  octobre  1826,  montra  dès  son 
enfance  une  heureus'e  organisation  pour  la 
musique.  Admis  au  Conservatoire,  le  4  avril 
1837,  il  n'y  resta  qu'une  année  et  se  retira, 
le  18  avril  1838,  pour  se  livrer  à  l'étude  du 
piano  sous  la  direction  de  Ralkbrenner,  dont  il 
reçut  les  leçons  pendant  plusieurs  années. 
Rentré  au  Conservatoire,  le  18  novembre  1842, 
il  y  devint  élève  d'Halévy  pour  le  contrepoint 
et  de  Bertoo,  pour  la  composition.  En  1848, 
le  second  grand  prix  lui  fut  décerné  au  con- 
cours de  l'Institut.  Il  reçut  aussi  des  conseils 
de  Chopin  pour  le  style  du  piano.  Doué  de  dis- 
tinction dans  les  idées,  M.  Mathias  débuta  par 
des  succès  dans  ses  compositions  pour  l'or- 
chestre. Ses  principaux  ouvrages  en  ce  genre 
sont  :  1»  Symphonie,  exécutée  deux  fois  par 
l'orchestre  de  la  société  de  Sainte-Cécile  et 
vivement  applaudie  par  l'auditoire.  S^  Ouver- 


ture à'Hamlet,  exécutée  aux  concerts  de  la 
même  société.  3«  Camp  de  Bohémiens ,  fan- 
taisie dramatique  idem.  Il  y  a  lieu  de  s'éton- 
ner que,  après  de  si  beaux  commencements, 
cet  artiste  se  soit,  depuis  plusieurs  années, 
condamné  au  silence,  ou  du  moins  se  soit 
borné  à  la  production  d'œuvres  de  musique  de 
chambre.  Parmi,  les  vingt-cinq  on  trente  ou- 
vrages qu'il  a  publiés,  on  remarque  :  1''  Trio 
pour  piano,  violpn  et  violoncelle,  op.  1  ;  Paris, 
Brandus;  ^Jdem,o^  15;  Paris,  Richault; 
Allegro  appassionato,  op.  5j  Feuilles  de 
printemps,  pièces  pour  piano  seul,  op.  8  et 
17;  dix  études  dédiées  à  HaWvy,  op.  10  ;  Paris, 
Brandus;  Romances  sans  paroles,  op.  18; 
Paris,  Lemoine  ;  Sonate,  op.  20;  Paris,  Meis- 
sonnier.  M.  Mathias  a  en  manuscrit  des  quin- 
tettes pour  instruments  à  cordes  et  une  messe 
solennelle.  Il  a  été  nommé  professeurde  piano 
au  Conservatoire  de  Paris,  en  1802. 

mATHIEU  (Michel),  né  à  Paris,  le  28  oc- 
tobre 1689,  entra  dans  la  musique  du  roi  en 
1728,  et  obtint  sa  vétérance  en  176).  Il  mou- 
rut le  9  avril  1708,  à  l'âge  de  soixante-dix- 
neuf  ans.  Mathieu  a  laissé  en  manuscrit  deux 
motets,  des  morceaux  de  musique  instrumen- 
tale, quatre  cantatilles,  deux  divertissements, 
et  le  ballet  de  ia  Paix  exécutés  au  concert  de 
la  reine,  en  1737.  La  femme  de  ce  musicien, 
Jacqueline-Françoise  Barbier,  née  le  20  mai 
1708,  chanta  longtemps  les  solos  de  premier 
dessus  aux  concerts  de  la  reine.  Elle  mourut 
le  17  avril  1773. 

HIATUIEU  (Jclicn-Ahable),  fils  aîné  des 
précédents,  né  à  Versailles  le  1"  février  1734, 
fut  premier  violon  de  la  chapelle  du  roi  de- 
puis 1761  jusqu'en  1770,  puis  succéda  à  l'abbé 
Blanchard,  dans  la  place  de  maître  de  musique 
de  la  même  chapelle.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position, à  Paris,  deux  livres  de  sonates  de 
violon,  deux  livres  de  trios  pour  deux  violons 
et  basse,  un  œuvre  de  quatuors,  et  a  laissé  en 
manuscrit  des  symphonies,  des  concertos  de 
violon,  quarante-cinq  motets  à  grand  chœur 
et  une  messe  avec  orchestre. 

MATHIEU  (Michel -Julien),  connu  sous 
le  nom  de  LËPIDOR,  était  frère  du  précé- 
dent et  naquit  à  Fontainebleau,  le  8  octobre 
1740.  Il  composa  quelques  opéras  qui  sont 
restés  en  manuscrit,  ainsi  que  des  motets, 
neuf  sonates  à  violon  seul,  (rois  quatuors,  six 
trios,  et  six  pièces  de  clavecin.  On  a  publié 
de  sa  composition  plusieurs  recueils  d'airs  et 
de  chansons,  gravés  à  Paris,  en  1765  et  1766. 
Mathieu  écrivit  aussi  la  musique  de  plusieurs 
scènes  et  d'actes,  pour  d'anciens  opéras  qui 


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MATHIEU  —  MATHONDELACOLR 


2a 


n^ont  pas  été  joués  avec  ces  changements,  ou 
qui  o^oot  pas  eu  de  succès.  Parmi  ces  ouvrages, 
La  Borde  cite  V École  des  filie»,  Marthésie, 
ancienne  tragédie  lyrique,  les  Amours  de 
Pspléej  ancien  opéra-ballet,  qui  fut  essayé  au 
théâtre  du  Magasin  de  TOpéra,  en  1778  ;  le 
Départ  des  matelots,  intermède  joué  une 
seule  fois  au  théâtre  italien  (novembre 
1778),  etc. 

MATHIEU  (Léonard),  professeur  de  mu- 
sique et  de  piano,  né  en  1752,  mourut  â  An- 
gouléme  au  mois  d'août  1801.  Il  a  publié  plu- 
sieurs romances  avec  accompagnement  de 
piano,  entre  autres  celle  qui  commence  par 
ces  mois  :  J^entends  sonner  le  trépas.  Cet 
artiste  avait  annoncé  un  nouveau  système  de 
langue  musicale,  dont  il  était  inventeur,  et  qui 
devait  paraître  sous  ce  titre  :  Nouvelle  mé- 
thode télégraphique  musicale,  ou  langage 
exprimé  par  les  sons  sans  articulation  .• 
mais  cet  ouvrage  n*a  point  paru  (voyez  Suore). 

MATHIEU  (Jean-Baptiste),  né  le  2  Jan- 
vier 1762,  à  Billone,  en  Auvergne,  a  eu  pour 
premier  maître  de  musique  Gardot,  maître  de 
chapelle  de  cette  ville.  En  1779,  il  entra  dans 
la  musique  du  régiment  des  gardes  françaises, 
en  qualité  d'élève  :  il  y  jouait  du  serpent. 
Pendant  une  longue  maladie  qui  le  retint  près 
de  six  mois  à  Thôpital  militaire,  il  apprit  seul 
à  jouer  de  la  guitare,  et  devint  assez  habile 
sur  cet  instrument  pour  pouvoir  en  donner 
des  leçons  et  assurer  ainsi  son  existence.  Bientôt 
après,  il  sortit  des  gardes  françaises  pour 
entrer  â  Téglise  Saint -Eustache,  de  Paris, 
comme  serpentiste.  Lorsque  le  Conservatoire 
de  musique  fut  institué,  Mathieu  y  fut  ap- 
pelé pour  enseigner  le  solfège.  Dans  le  même 
temps,  il  avait  aussi  été  chargé  de  renseigne- 
mens  de  la  musique  à  Tlnslilut  des  aveugles  : 
il  écrivit  pour  ses  élèves  un  opéra  intitulé: 
la  Buse  d* Aveugles ^  qui  fut  représenté  rue 
Saint-Victor,  le  2  niv6se  an  V.  Appelé  à 
Versailles,  en  1809,  comme  maître  de  chapelle 
de  Péglise  cathédrale,  il  en  a  rempli  les  fonc- 
lions  avec  zèle  pendant  trente  ans,  et  a  écrit 
beaucoup  de  motets  et  cinq  messes  solennelles. 
Ouclques-unes  de  ces  compositions  ont  été 
«xéculées  avec  succès  dans  diverses  églises  de 
Paris.  Mathieu  a  composé  aussi  près  de  dix 
mille  leçons  de  solfège  pour  ses  élèves  de  la 
maîtrise.  On, lui  doit  un  des  meilleurs  et  des 
plus  instructifs  traités  de  plain-chant  qui  exis- 
tent; cet  ouvrage  a  pour  titi-e  ;  Nouvelle  mé' 
thode  de  plain-chant  à  Vusage  de  toutes  les 
églises  de  France,  traitant  de  tout  ce  qui  a 
rapport  à  Voffice  divin,  à  l'organiste,  aux 


chantreSy  aux  enfants  de  chœur  ;  contenant 
un  abrégé  du  plain-chant  ancien;  précédée 
d'une  notice  historique,  etc.;  Paris,  Auge, 
1838,  un  volume  in-12.  Mathieu  a  traduit 
en  français  le  Dodecachordon  de  Glaréan,  et 
a  mis  en  partition  toutes  les  pièces  de  mu* 
sique  que  renferme  cet  ouvrage.  Un  pareil 
travail  n*a  4>u  être  fait  que  par  un  musicien 
très-instruit.  Cet  artiste  est  mort  à  Versailles, 
en  1847. 

MATHIEU  (Adolphe-  Cbaries-Gbisiaiii), 
conservateur  des  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque royale  à  Bruxelles,  est  né  à  Mons 
(Belgique),  le  22  juin  1804.  D*abord  membre 
de  la  société  des  arts,  sciences  et  belles-lettres 
du  Halnaut,  il  en  a  été  nommé  ensuite  secré- 
taire. Auteur  de  plusieurs  poèmes,  M.  Mathieu 
en  a  publié  un,  intitulé  :  Roland  de  LtUtre 
(Orlando  di  Lasso);  Mons,  1838,  in-18  de 
soixante  -  seize  pages.  Une  préface  histo- 
rique, extraite  de  la  notice  de  Delmott« 
{voyez  ce  nom),  sur  ce  célèbre  musicien,  pré- 
cède le  poème,  qui  est  suivi  de  notes.  Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  ^té  publiée 
à  Mons,  chez  Piérart,  es  1840,  gr.  in-8<»  de 
soixante  et  quatorze  pages. 

MATHO  (Jeah-Baptistb),  né  dans  un  vil- 
lage de  la  Bretagne,  en  1660,  entra  dans  la 
chapelle  du  roi  de  France,  en  1684,  pour  y 
chanter  la  partie  de  ténor,  puis  fut  nommé 
maître  de  musique  des  enfants  de  France.  Il 
était  âgé  de  cinquante-quatre  ans  lorsqu*ihfil 
représenter,  en  1714,  àTAcadémie  royale  de 
musique,  Arion^  tragédie  lyrique  en  cinq 
actes,  de  sa  composition.  Il  mourut  à  Ver- 
sailles, en  1746,  à  Tâge  de  quatre-vingt-six  ans. 

MATHOPr  DE  LA  COUR  (  J ac^^oes  ) , 
membre  de  TAcadémie  des  lettres  et  des 
sciences  de  Lyon,  naquit  dans  cette  ville,  en 
1712,  et  y  mourut  en  1770.  Cet  académicien 
s*occupait  spécialement  de  la  théorie  de  Thar- 
monie,  que  les  écrits  de  JR.ameau  avaient  mise 
en  vogue.  Il  reprochait  cependant  à  ce  grand 
musicien  d^avoir  manqué  de  méthode,  de 
clarté  et  de  précision  dans  Texposé  de  sa  doc- 
trine. Dans  un  premier  mémoire  qu^il  lut  à 
TAcadémie,  il  s*est  proposé  de  faire  connaître 
les  vrais  principes  de  la  composition,  c*est- 
à-dire,  de  la  formation  et  de  remploi  des  ac- 
cords. Un  second  mémoire  de  Mathon  de  la 
Cour  a  pour  objet  de  faire  voir  que  les  accords 
et  les  beautés  de  Tharmonie  sont  le  produit  de 
la  nature,  et  que  c^est  par  le  calcul  qu^on  en  a 
fait  la  découverte  :  vieilles  erreurs  que  ne  peut 
admettre  une  saine  philosophie,  et  dont  j*ai 
démontré  la  fausseté  en  beaucoup  d^endroits. 


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24 


MATHON  DE  LA  COUR  —  MATEl 


Malhpn  de  la  Cour  cherche,  à  la  fin  de  son  se- 
cond mémoire,  la  solulion  d'un  problème  qu'il 
énonce  ,en  ces  termes  :  Trouver  un  »on  qui 
fasse  accord  avec  tous  les  tons  d'une  modu- 
lation donnée.  Il  ne  s'est  pas  aperçu  que 
c*es(  l'inverse  de  cette  donnée  qui  est  le  pro- 
blème véritable,  à  savoir  :  Trouver  des  for- 
mules harmoniques  par  lesquelles  un  son 
donné  puisse  se  résoudre  dans  les  deux 
modes  de  tous  les  tons.  Les  Mémoires  de  91a- 
thon  de  la*  Cour  sont  en  manuscrit  à  la  Bi- 
bliothèque de  Lyon,  dans  un  recueil  d'autres 
mémoires  sur  la  musique^  d<*  965,  in-fol. 

MATHOJX  DE  LA  COUR  (Charles-Jo- 
seph), fils  du  précédent  et  littérateur,  naquit 
à  Lyon,  en  1738,  et  périt  sur  l'échafaud,  au 
mois  d'octobre  1793,  après  la  prise  de  cette 
ville  i/ar  l'armée  révolutionnaire.  Auteur  de 
plusieurs  écrits  médiocres,  il  a  été  aussi  ré- 
dacteur de  VMmanach  musical  pour  les 
années  1775, 1776, 1777  et  1778.  Interrompu 
pendant  plusieurs  années,  cet  almanach  fut 
ensuite  rédigé  par  Luneau  de  Boisgermain 
{voyez  ce  nom).  Mathon  de  la  Cour  a  travaillé 
au  Journal  de  musique  publié  à  Paris,  de- 
puis le  mois  de  juillet  1764  jusqu'au  mois 
d'août  1768.  Ce  recueil  fut  ensuite  continué 
par  Framicourt,  puis  par  Framery. 

MATIELLI  (Jea5-Antoi?(e),  claveciniste 
et  compositeur,  élève  de  Wagcnseil,  vivait  à 
Vienne  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  et  y  avait  de  la  réputation  pour 
sa  méthode  d'enseignement.  En  1783,  il  a  pu- 
blié dans  cette  ville  six  sonates  pour  le  clave- 
cin. On  connaît  aussi,  en  manuscrit,  sous  son 
nom,  plusieurs  concertos  pour  cet  instrument. 

HIATTEI  (Savbrio),  avocat  et  littérateur 
distingué,  né  dans  la  Calabre,  en  1742,  habita 
longtemps  à  Padoue,  et  mourut  à  Naples,  en 
180S.  Des  idées  originales  et  un  slyle  élégant 
se  font  remarquer  dans  le  livre  qu'il  a  publié 
sous  ce  titre  ;  Dissertazigni  preliminari 
alla  traduzione  de'  Salmi;  Padoue,  1780, 
huit  volumes  in-8«.  Cet  ouvrage  est  divisé  en 
un  certain  nombre  de  dissertations  sur  des 
sujets  relatirs  aux  psaumes.  La  neuvième  du 
premier  volume  a  pour  titre  :  JDella  Musica 
antiea,  e  délia  nécessita  délie  notizie  alla 
musica  appartenente,  per  ben  intendere  e 
tradurre  i  Salmi,  La  douzième  du  second  vo- 
lume traite  de  la  psalmodie  des  Hébreux.  La 
dix-huitième  du  cinquième  volume  est  inti- 
tulée :  La  Filosofia  délia  musica,  o  sia  la 
musica  de'  Salmi,  Le  huitième  volume  de  cet 
intéressant  ouvrage  renferme  une  correspon- 
dance de  Maltei  avec  quelques-uns  de  ses  amis, 


et  surtout  avec  Métastase,  concernant  la  mu- 
sique ancienne,  qu'il  considère  comme  supé- 
rieure à  la  moderne.  En  1784,  Matlei  fit 
paraître  à  Naples  une  dissertation  in^^',  inti- 
tulée :  Se  imaestri  di  cappella  sonocompresi 
fra  gli  artigiani  (Si  les  maîtres  de  chapelle 
sont  compris  parmi  les  artisans).  Enfin,  on  a 
du  même  écrivain  des  Mémoires  pour  servir  à 
la  vie  de  Métastase,  où  l'on  trouve  l'éloge  de 
Jomelli.  Cet  ouvrage,  qui  n'a  pas  de  nom 
d'auteur  an  frontispice,  a  pour  titre  :  Aned- 
doti  secreti  délia  vila  deW  ab.  Pietro  Me- 
tastasio,  colla  storia  del  progresso  délia  poe- 
sia  e  musica  teatrale,  memoria  storico-sati- 
rico  curiosa;  Çolle-Ameno,  sans  date  (1785), 
in-8°.  A  la  page  39  commence  VElogio  di 
Jomelli,  0  sia  il  progresso  délia  poesia  e  mu- 
sica  teatrale.  C'est  en  télé  de  cet  éloge  que 
Mattei  a  placé  son  nom.  Il  a  publié  aussi  une 
dissertation  intitulée  :  Memoria  per  la  biblio- 
teca  musica  fondât  a  nel  Conservatorio  délia 
Pietà;  in-8<',  sans  nom  de  lieu  et  sans  date 
(Naples,  1795). 

MATTEI  (l'abbé  Stanislas),  compositeur 
de  musique  d'église,  et  professeur  de  contre- 
point au  Lycée  communal  de  musique^  à  Bo- 
logne, naquit  dans  cette  ville,  le  10  février 
1750.  Son  père,  simple  serrurier,  l'envoya  aux 
écoles  de  charité  pour  y  apprendre  les  élé- 
ments du  calcul  et  de  la  langue  latine.  Le  ha- 
sard l'ayant  conduit  à  l'église  des  cordeliers, 
afipeUs  Mineurs  conventuels  i  où  l'on  exécutait 
chaque  jour  l'ofllce  en  musique,  son  penchant 
pour  l'art  se  développa  rapidement  et  le  ra- 
mena si  souvent  dans  cette  église ,  que  le 
P.  Martini  le  remarqua,  prit  de  l'intérêt  à  lui, 
et  le  fit  entrer  dans  son  couvent  comme  no- 
vice. Dès  ce  moment,  le  jeune  Mattei  reçut  son 
instruction  musicale  de  l'illustre  maître  de 
chapelle  du  couventde Saint-François,  pendant 
qu'il  se  livrait  à  l'étude  de  la  philosophie  et  de 
la  théologie.  A  seize  ans,  il  prononça  ses 
vœux,  et  lorsqu'il  eut  atteintsa  vingt  et  unième 
année,  il  fut  ordonné  prélre.  Une  tendre  affec- 
tion l'attachait  à  son  maître,  dont  il  était 
devenu  le  confesseur;  il  ne  le  laissa  presque 
jamais  seul  dans  ses  dernières  années,  l'aida 
dans  ses  recherches  d'érudition,  devenues  pé- 
nibles à  cause  de  ses  infirmités,  et  lui  prodi- 
gua les  soins  d'un  fils  dans  sa  dernière  ma- 
ladie. Je  sais,  disait  le  P.  Martini  en  mourant^ 
en  quelles  mains  je  laisse  mes  livres  et  mes 
papiers.  Je  ne  sais  pourtant  si  l'abbé  Mattei 
justifia  la  confiance  de  son  maître,  dans  le 
sens  qu'il  y  attachait;  car  un  tel  legs  ne  pou- 
vait être  fait  que  dans  le  but  de  la  cooiinua- 


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MATTEI 


25 


tion  de  ses  travaui,  et  surtôat  du  quatrième 
TOlume  de  VMistoire  de  la  musique,  dont  le 
P.  Martini  {voyex  ce  nom)  s'occupa  jusqu'à 
se$  derniers  moments;  or,  son  élève,  qui 
peut-être  comprenait  son  insuffisance  pour  un 
semblable  travail,  n'en  a  pas  publié  une  ligne, 
quoiqu'il  ait  survécu  trenle-neuf  ans  à  son 
maître. 

Le  P.  Mattel  succéda  au  P.  Marlini  dans 
les  fonctions  de  maître  de  chapelle  de  Saint< 
François  :  déjà,  depuis  1770,  il  en  avait  pris 
possession.  Vers  1776,  il  commença  à  faire 
entendre  ses  propres  compositions  pour 
l'église,  et  depuis  lors  il  écrivit  un  grand 
nombre  de  messes,  de  motels,  d'hymnes, 
de  psaumes  et  de  graduels,  dont  on  trouve 
quelques  copies  à  Rome,  mais  dont  la  plupart 
se  conservent  en  manuscrit  dans  la  Biblio- 
thèque de  Saint-Georges,  à  Bologne.  Lorsque 
les  couvents  furent  supprimés,  en  1798, 
époque  où  Pllalie  était  envahie  par  les  armées 
françaises,  Mattei  se  retira  dans  un  mojleste 
logement  avec  sa  vieille  mère,  et  trouva  des 
ressources  pour  .son  existence  dans  l'ensei- 
gnement delà  composition.  C'est  depuis  cette 
époque  qu'il  a  été  connu  sous  le  nom  de 
l'abbé  Mattei,  De  nombreux  élèves  fréquen- 
tèrent son  école,  et  bientôt  il  acquit  de  la  cé- 
lébrité comme  professeur.  Son  atlach'ement 
|)our  la  ville  où  il  avait  vu  le  jour  lui  avait  fait 
refuser  plusieurs  places  de  maître  de  chapelle 
qui  lui  avaient  été  offertes  ,*  mais  il  accepta 
avec  plaisir  celle  de  Saint-Pétrone,  à  Bologne, 
et  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à  la  fin  de 
sa  vie.  Le  Lycée  communal  de  musique  ayant 
été  organisé  en  1804,  il  y  fut  appelé  pour  ensei- 
gner le  contrepoint,  et  forma  un  grand  nombre 
d'élèves,  dont  les  principaux  sont  Rossini, 
Morlacchi,  Donizetti,  J.-A.  Perotti,  Robuschi, 
L.  Palmerini,  Bertolotli,  G.  Corticellî,  Man- 
cini,  Tadolini,  Tesei  et  Pilotti.  Ce  dernier  lui 
a  succédé  dans  ses  fonctions  de  maître  de  cha- 
pelle à  Saint-Pétrone.  Retiré,  après  la  mort  de 
sa  mère,  chez  son  ami  D.  Batistini,  curé  de 
Sainte-Catherine,  il  passa  ses  dernières  années 
dans  le  calme  d'une  vie  uniquement  remplie 
par  des  travaux  de  cabinet  et  par  les  soins 
qu'il  donnait  à  ses  élèves.  Le  17  mai  18S5,  il 
termina  son  honorable  carrière,  dans  la 
soixante-seizième  année  de  son  âge.  La  so- 
ciété des  Philharmoniques  et  le  conseil  com- 
munal de  Bologne  lui  firent  de  magnifiques 
obsèques, et  lui  élevèrent  un  tombeau,  où  l'on 
a  placé  son  buste.  L'abbé  Mattei  était  membre 
de  la  société  Philharmonique  de  Bologne;  il 
en  fut  le  président  en  1701  et  1704.  A  l'époque 


de  la  formation  de  l'Institut  des  sciences, 
lettres  et  arts  du  royaume  d'Italie  (1808),  il 
fut  choisi  comme  un  des  huit  membres  de  la 
section  de  musique,  et  l'Académie  des  beaux- 
arts  de  rinstilut  royal  de  France  le  nomma 
run  de  ses  membres  associés,  le  24  janvier 
1824.  Les  compositions  de  Mattei,  qui  toutes 
sont  restées  en  manuscrit,  se  trouvent  aujour- 
d'hui dans  la  Bibliothèque  Saint-Georges^  des 
Mineurs  conventuels;  elles  consistent  en  un 
grand  nombre  de  messes,  psaumes,  introlls, 
graduels,  hymnes,  motets  et  symphonies  pour 
offertoires. 

Comme  la  plupart  des  maîtres  italiens  des 
meilleures  écoles,  Mattei  possédait  une  bonne 
tradition  pratique  de  l'art  d'écrire  ;  c'est  par  là 
qu'il  s'est  distingué  comme  professeur  et  qu'il 
a  formé  de  bons  élèves  :  mais  il  n'y  avait  en 
lui  ni  doclrine,  ni  critique,  ainsi  que  le 
prouve  son  ouvrage  intitulé  :  Pratica  d*ac- 
compagnamento  sopra  bassi  numerati,  e 
contrappunti  a  più  voci  sulla  scala  ascen- 
dente  e  discendente,  maggiore  e  minore,  con 
diverse  fughe  a  quatlro  e  otto  (Pratique  d'ac- 
compagnement sur  des  basses  chiffrées,  et 
contrepoints  à  plusieurs  voix  sur  la  gamme 
ascendante  et  descendante  majeure  et  mineure, 
suivis  de  fugues  à  quatre  et  à  huit  parties)  ;  Bolo- 
gne, Cipriani,  1825-1850,  trois  parties  in-fol. 
Toute  la  théorie  de  Mattei  surTharmonie  est 
renfermée  en  six  pages  dans  cet  ouvrage  :  elle 
se  borne  à  l'exposé  de  la  forme  de  l'accord 
parfait,  de  celui  de  la  septième  dominante  et 
de  leurs  dérivés,  avec  quelques  notions  des 
prolongations.  Bu  reste,  les  faits  particuliers 
n'y  sont  rattachés  par  aucune  considération 
générale;  nulle  philosophie  ne  se  fait  aperce- 
voir dans  l'ensemble  de  ces  faits.  Quelques 
règles  de  contrepoint,  avec  les  exemples  qui  y 
sont  relatifs,  composent  toute  la  théorie  de  celle 
partie  de  l'art  dans  le  livre  de  Mattei.  Ces  règles, 
contenues  dans  huit  pages,  sont  présentées 
d'une  manière  empirique  et  sans  aucune  dis- 
cussion  de  principes  ;  mais  elles  sont  suivies 
de  bons  exercices  en  contrepoint  simple,  de- 
puis deux  jusqu'à  huit  parties  réelles  sur  la 
gamme  diatonique  montante  et  descendanle, 
dans  les  modes  majeur  et  mineur.  Ces  exer- 
cices, quoique  bien  écrits,  ont  le  défaut  de 
n'être  pas  bien  gradués,  car,  dès  les  premiers 
pas,  on  y  voit  dans  les  contrepoints  simples  à 
trois  et  à  quatre,  des  imitations  et  des  canons, 
bien  qu'aucune  notion  de  ces  formes  ne  soit 
donnée  dans  l'ouvrage.  Il  parait  que  l'ensei- 
gnement oral  de  Mattei  était  tout  aussi  dé- 
pourvu de  raisonnement  et  de  critique  que  ce 


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MATTEI  —  MATTU/EÏ 


qu*on  a  publié  de  lui  sur  Tbarmonie  et  le 
conlrepoint ,  car  Aossini  me  disait  à  Bologne, 
en  1841  :  «  J*aurais  eu  du  penchant  à  cultiver 
«  les  formes  de  la  musique  sévère,  si  j'avais 
<t  eu  dans  mon  maître  de  contrepoint  un 
«  homme  qui  m'eût  expliqué  la  raison  des 
«  règles  ;  mais  lorsque  je  demandais  à  Mattei 
«  des  explications,  il  me  répondait  toujours  : 
«  C'est  Vutage  décrire  ain$i. Il  m'a  dégoûté 
«  d'une  science  qui  n'avait  pas  de  meilleures 
«  raisons  à  me  donner  des  choses  qu'elle  en- 
«  seignâit.  » 

Je  ne  connais  des  compositions  de  Malte! 
qu'une  messe  à  quatre  voix  sans  instruments  ; 
une  messe  solennelle  avec  orchestre,  et  une 
messe  à  Miit  voix  avec  orgue.  On  cite  de  sa 
composition  un  intermède,intitulé  :  ilLibrajo, 
composé  pour  le  séminaire  de  Bologne,  et  un 
oratorio  de  la  Passion,  qui  fut  exécuté  dans 
rhiver  de  1793.  Les  partitions  de  ces  ouvrages 
paraissent  être  perdues.  La  collection  musi- 
cale de  l'abbé  Santini,  de  Rome,  renferme  une 
messe  pour  deux  ténors  et  basse,  avec  orgue 
et  deux  cors /obligés;  deux  messes  à  quatre 
voix,  avec  orchestre;  un  Tantum  ergo  pour 
deux  voix  de  soprano  et  basse  ;  Kyrie,  Gloria 
et  Credoconcertésàhuitvoix.  Le  portrait  de  ce 
professeur  a  été  gravé  (in-folio)  par  Câpuri,  et 
publié  à  Bologne.  On  a  sur  lui  une. biographie 
i  n ti  tu lée  :  Fita  di  Stanislao  Idattei,  scritta  da 
Filippo  Canuti,  avvocato ,  ail*  Jcademia 
FilarmoHica  di  Bologna  dedicata;  Bologna, 
1829,  in-8o,avec  un  portrait  gravé  parRoma- 
gnoli.  Adrien  De  La  Fage  a  publié  une  notice  de 
Mattei  dans  le  sixième  volume  delà  Revue  et 
gazette  musicale  de  Paris  (année  1839).  Il  en 
existe  un  tiré-à-parl,.et  elle  a  été  reproduite 
dans  les  Misceltanées  du  même  auteur. 

MATTEI  (GiovAHRi),  chapelain  de  l'église 
de  S.  Coslanlino,  et  professeur  de  chant  à 
Parme,  né  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
à  Castelnuovo-di'Garfagnana,  dans  le  duché 
de  Modène,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  : 
EUmenti  di  canto  ferma  o  sia  gregoriano; 
Parme,  de  l'imprimerie  de  Bodoni,  1834,  gr. 
in-8». 

MATTEUCGI  (Mattbo),  célèbre  chanteur 
sopraniste,  naquit  à  Naples  en  1649.  Son  nom 
véritable  serait  ignoré  si  un  passage  d'un 
livre  fort  obscur  ne  nous  l'avait  révélé;  ce 
livre  a  pour  titre  :  Memorie  deW  abate 
D,  Bonifacio  Pecorone  délia  citlà  di  SapO' 
nara,  musico  délia  real  cappella  diNapoli; 
Naples,  1729,  in-4«.  On  y  lit  ce  passage 
(p.  77)  :  Oltre  finalmente  i  forti  impulsi  del 
sig.  J/archese  Matteo  Sassani,  volgarmente 


Afatteuccij  famosissimo  catitor  di  voce  so- 
prano ^  mi  esortarono  di  ricorrerne  a  dirit^ 
tura  al  sig.  Ficerè,  etc.  Ce  passage  nous  ap- 
prend à  la  fois  que  Sassani  était  le  nom  du 
chanteur,  et  son  prénom  Matteo;  de  plus, 
qu'il  avait  le  titre  de  marquis,  quoiqu'il  soit 
appelé  chevalier  par  tous  les  biographes.  La 
circonstance  dont  il  s'agit  dans  ce  passage  se 
rapporte  à  l'année  1708.  Après  avoir  été  long- 
temps au  service  de  la  cour  de  Madrid  et  y  avoir 
acquis  des  richesses  considérables,  il  était  re- 
tourné à  Naples,  où  il  vivait  encore  en  1750. 
Mancini  nous  apprend  (A J/p.praft'cA«  sopra  il 
canto  figur.,  p.  18)  que,  par  dévotion,  il  avait 
l'habitude  de  chanter  alors  dans  les  églises 
tous  les  samedis,  et  que  sa  voix  avait  conservé 
tant  de  fraîcheur,  quoiqu'il  fût  âgé  de  plus  de 
quatre-vingts  ans,  que  ceux  qui  l'entendaient 
sans  le  voir  se  persuadaient  qu'il  devait  être 
dans  la  fleur  de  l'âge.  On  ignore  l'époque  de 
la  mort  de  cet  artiste  extraordinaire. 

MATTHiCI  (Gon&ad)  ,  ayocat  &  Bmns- 
wick ,  y  naquit  dans  la  première  moitié 
du  dix-septième  siècle,  et  fit  ses  études  à 
Kœnigsberg,  où  il  fut  reçu  docteur  en  droit. 
Il  a  fait  imprimer  un  livre  intitulé  :  Kurtzer 
doch  ausfUhrlicher  Bericht  von  den  Modis 
musicis,  welcfien  aus  den  hesten,  xltesten^ 
berufimtesten  und  bewahrtesten  autoribus 
der  Musik  zusammen  getragen,  au  f  den  un- 
beweglichen  Grund  der  Messkunst  gesetzî 
und  mit  Beliebung  der  lœblichen  philoso- 
phischen  FacuUst  Churf,  Br,  Pr,  univer- 
sitxt  zu  Kœnigsberg,  herausgegeben,  etc. 
(Avis  court  mais  suffisamment  détaillé  sur  les 
modes  musicaux,  etc.);  Kœnigsberg,  1652, 
in-4<'.  Bien  que  cet  ouvrage  porte  le  nom  de 
Mallh'sei  au  frontispice,  cependant  il  avoue, 
dans  la  seconde  préface,  qu'il  n'en  est  que  le 
rédacteur,  et  qu'il  en  doit  le  fond  à  un  nommé 
Grymmius  on  Grimmius^  dont  il  ne  fait  con- 
naître ni  la  patrie  ni  la  profession;  mais  il  le 
cite  (p.  15)  comme  auteur  d'un  traité  allemand 
sur  le  monocorde.  Il  est  vraisemblable  que 
l'auteur  dont  il  s'agit  est  Henri  Grimm  (voyez 
ce  nom),  cantor  à  Magdebourg  au  commen- 
cement du  dix-septieme  siècle.  L'ouvrage  de 
Matthœi  a  pour  objet  de  comparer  les  modes 
de  l'ancienne  musique  grecque,  suivant  la 
doctrine  de  Ptolémée,  avec  les  tons  du  plain- 
chant.  On  y  trouve  (p.  65)  d'anciens  vers 
techniques  latins  qui  indiquent  d'une  ma- 
nière beaucoup  plus  claire  que  la  plupart  des 
traités  du  chant  ecclésiastique  les  répercus  - 
sions  des  notes  principales  des  tons  de  ce 
chant  suivant  le  système  des  muanccs. 


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MATTIL-EÏ  —  MATTIIEIS 


MATTHiEI  (He9ihi-Ad€1)Ste),  violoniste 
et  compositeur,  naquit  à  Dresde  le  ôO  octobre 
1781,  et  se  livra  dès  son  eofance  à  Télude  de 
la  musique.  Quoiqu^il  fât  parvenu  à  jouer  avec 
habileté  de  plusieurs  instruments,  le  violon 
était  celui  qu*il  préférait  et  sur  lequel  il  flt  les 
progrès  les  plus  rapides.  Dans  un  voyage  qu'il 
fit  à  Leipsick  en  1805,  il  oblint  un  si  brillant 
succès  au  concert  hebdomadaire,  qu'il  fut  im- 
médiatement engagé  comme  violon  solo  à 
Torchestre  du  théâtre  et  du  concert.  L'intérêt 
que  sa  personne  et  son  talent  inspiraient  dé- 
cida quelques  amateurs  à  lui  fournir  les 
moyens  de  se  rendre  à  Paris  pour  y  perfec- 
tionner son  Jeu  d'après  les  conseils  d'un  grand 
maître.  Rodolphe  Kreutzer  fut  celui  qu'il  choi- 
sit, et  cet  artiste  célèbre  lui  prodigua  ses  soins. 
De  retour  à  Leipsick,  au  mois  de  janvier  1806, 
Matlhœi  étonna  ses  protecteurs  par  le  brillant 
de  son  exécution,  et  justifia  leurs  bienfaits  par 
les  succès  qu'il  obtint  dans  les  concerts.  Dans 
l'automne  de  1809,  il  se  réunit  à  ses  collègues 
Campagnol!,  Voigt  et  Dolzauer  pour  former 
une  société  de  quatuors.  Les  séances  où  ces 
artistes  faisaient  entendre  les  productions  de 
Haydn,  de  Mozart  et  de  Beethoven  excitèrent 
l'admiration  de  tout  ce  qu'il  y  avait  d'amateurs 
à  Leipsick,  et  réunirent  un  auditoire  nombreux. 
Le  SI  juin  1810,  Matihaei  exécuta  à  la  grande 
fêle  musicale  de  la  Thuringe  une  symphonie 
concertante  pour  deux  violons  avec  Spohr,  et 
se  montra  digne  de  se  mesurer  avec  un  tel 
athlète.  Le  16  décembre  de  Tannée  suivante, 
il  donna  un  concert  à  Berlin  et  y  justifia  la 
réputation  qui  l'avait  précédé  dans  cette 
ville.  Après  avoir  fait  un  brillant  voyage 
dans  le  nord  de  l'Allemagne,  il  retourna  à 
Leipsick  où  il  succéda  à  Campagnoli  comme 
maître  de  concert  en  1817.  Depuis  cette  épo- 
que jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  4  novembre 
18o5,  il  a  rempli  cette  place  avec  distinction, 
et  a  montré  beaucoup  de  talent  dans  la  direc- 
tion de  l'orchestre.  M.  Ferdinand  David  lui  a 
succédé  dans  cette  position.  On  a  gravé  de  la 
composition  de  cet  artiste  :  1<» Quatre  concertos 
pour  le  violon,  op.  2,  9,  15  et  20  j  Leipsick, 
Peters  et  Hofmeister.  2<»  Fantaisie  pour  violon 
et  orchestre,  op.  8;  Leipsick,  Peters.  ô<»  Rondo 
idem,  op.  18;  Vienne,  Haslinger.  4^  Quatuors 
brillants,  op.  6  et  12;  Leipsick  et  Hambourg. 
5'  Variations  |K>ur  violon  et  quatuor,  op.  7, 
10,  21  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel,  Hof- 
meister. 6<*  Duos  pour  deux  violons,  op.  3  ; 
Leipsick,  Peters.  7<»  Chants  joyeux  pour  deux 
sopranos,  ténor  et  basse,  op.  19;  ibid.fi^  Airs 
et  chants  allemands  k  voix  seule  et  accomi>a- 


gnement  de  piano,  op.  1,  4,5,  11,  13,  17; 
tbid. 

MATTHEIS  (Nicolas),  violoniste  italien, 
se  fixa  à  Londres  vers  la  fin  du  règne  de 
Charles  II.  Sa  pauvreté  était  extrême  lorsqu'il 
arriva  en  Angleterre,  mais  sa  fierté  égalait  sa 
misère.  Il  parvint  à  se  faire  entendre  à  la 
cour,  mais  il  n'y  plut  pas,  parce  qu'il  se  plai- 
gnait avec  hauteur  du  bruit  que  faisaient  les 
conversations  pendant  qu'il  jouait.  Quelques 
personnes  qui  estimaient  son  talent  parvinrent 
à  lui  faire  comprendre  qu'il  ne  réussirait  pas 
de  celte  manière  à  se  faire  des  amis  :  il  écouta 
leurs  conseils,  et  bientôt  il  eut  beaucoup 
d'élèves  dans  les  familles  nobles.  Il  composait 
pour  eux  des  leçons  qui  eurent  beaucoup  de 
succès  et  dont  on  recherchait  les  copies,  ce 
qui  le  décida  à  les  faire  graver  sur  cuivre.  Il 
en  présentait  des  exemplaires  reliés  aux  per- 
sonnes riches  qui  les  lui  payaient  cinq  ou  six 
guinées.  Ce  fut  le  commencement  de  la  musi- 
que gravée  en  Angleterre.  Matlheis  publia 
quatre  recueils  de  ces  leçons,  sous  ce  titre  : 
j4yres  for  the  violin  to  voit  :  préludes j  fugues, 
allemandes,  sarabands,  courants,  gigues, 
fancies,  and  likexctse  other  passages^  intro» 
ductions  for  single  and  double  stops,  etc. 
Mattheis  fit  aussi  graver  des  leçons  pour  la 
guitare,  dont  il  jouait  fort  bien,  et  un  traité 
de  composition  et  de  basse  continue  dont  les 
exemplaires  sont  devenus  d'une  rareté  exces- 
sive. Il  avait  composé  plusieurs  concertos  et 
des  solos  qui  n'ont  pas  été  publiés.  Les  leçons 
qu'il  donnait  et  la  vente  de  ses  ouvrages  lui 
avaient  procuré  des  richesses  considérables  : 
elles  lui  firent  contracter  des  habitudes  d'in- 
tempérance qui  le  conduisirent  en  peu  de 
temps  au  tombeau. 

JUATTHEIS  (Xicolas),  fils  du  précédent, 
né  à  Londres,  fut  aussi  violoniste  et  composi- 
teur de  mérite.  A  peine  au  sortir  du  berceau, 
il  reçut  de  son  père  des  leçons  de  violon  :  ses 
progrès  furent  rapides.  Vers  1717,  il  se  rendit 
à  Vienne,  où  il  occupa  pendant  quelque  temps 
la  place  de  premier  violon  dans  la  chapelle 
impériale.  Plus  tard,  il  vécut  en  Bohême,  et 
l'on  a  la  preuve  qu'il  était  encore  à  Prague  en 
1727,  par  les  airs  de  danse  qu'il  écrivit  pour 
l'opéra  intitulé  :  Costahza  e  Fortezza,  que  le 
maître  de  chapelle  Fux  avait  composé  pour  le 
ccuponnement  de  Charles  Vi;  car  on  lit  au 
titre  de  cet  ouvrage  :  Con  le  arie  per  i  balU 
dal  sign.  Nicola  Mattheis^  direttore  délia 
musica  instrumentale  di  S.  lif.  Ces.  e  Catt» 
Peu  de  temps  après,  il  retourna  en  Angleterre. 
Le  docteur    Burney    fil   sa    connaissance  à 


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28 


MATHEIS  —  MATTHESON 


Shrewsbury,  en  1737,  et  reçut  de  lui  des  le- 
çons de  musique  et  de  langue  française.  Mal- 
theis  resta  dans  cette  ville  jusqu^à  la  fin  de  ses 
jours  et  mourut  en  1749.  Burney  assure  que 
Matlheis  exécutait  les  sonates  de  Gorelli  avec 
une  grâce  remarquable  et  une  admirable 
simplicité.  On  a  gravé  de  sa  composition,  à 
Amsterdam,  cinq  livres  de  solos  pour  le  vie* 
Ion,  sous  ce  titre  :  ^rte  cantabUi  a^violino 
solo  e  violoncello  o  basso  conlinuo. 

MATTHESON  (Jeau)  ,  compositeur  et 
surtout  écrivain  sur  la  musique,  naquit  à 
Hambourg,  le  28  septembre  1G81.  Son  père, 
ayant  remarqué  ses  heureuses  dispositions 
pour  la  musique,  lui  donna  les  meilleurs 
maîtres  pour  les  développer.  Tour  à  tour,  il 
reçut  des  leçons  de  HanfT,  de  Woldag,  de 
Brunmtlller,  de  Prœlorius  et  de  Kœrner.  Dès 
rage  de  neuf  ans,  il  jouait  déjà  de  Torguedans 
plusieurs  églises,  et  chantait  dans  les  con- 
certs des  morceaux  de  sa  composition  en  s*ac- 
compagnant  de  la  harpe.  Il  apprit  aussi  à 
jouer  de  la  basse  de  viole,  du  violon,  de  la 
flûte  et  du  hautbois.  £n  1690,  on  lui  fit  com- 
mencer ses  études  littéraires.  Après  avoir  ter- 
miné ses  humanités,  il  fit  un  cours  de  juris- 
prudence et  apprit  aussi  les  langues  anglaise, 
italienne  et  française..  Pendant  ce  temps, 
Brunmtlller,  Prœtorius  et  Kœrner  lui  ensei- 
gnaient la  basse  continue,  le  contrepoint  et  la 
fugue,  et  le  maître  de  chapelle  Conradi  lui 
donnait  des  leçons  de  chant.  Pendant  les  an- 
nées 1696  et  1697,  il  chanta  les  parties  de  so- 
prano à  rOpéra  de  Riel  ;  puis  il  retourna  à 
Hambourg,  où  il  donna,  en  1699,  à  Tàge  de 
dix-huit  ans,  son  premier  opéra  intitulé  :  les 
Pléiades.  Vers  le  même  temps,  il  entra  au 
théâtre  de  cette  ville,  en  qualité  de  ténor,  et, 
pendant  plusieurs  années,  il  y  joua  les  pre- 
miers rôles.  On  ignore  sMl  eut  quelque  talent 
dramatique.  En  1703,  il  se  lia  d'amitié  avec 
Hœndel  qui  venait  d*arriver  à  Hambourg.  Ils 
firent  ensemble  le  voyage  de  Lubeck,  dans  le 
but  de  concourir  pour  le  remplacement  du  cé- 
lèbre organiste  Buxtehude;  mais  celui-ci  ne 
consentait  à  se  retirer  qu^à  la  condition  que 
son  successeur  épouserait  sa  fille  ;  obligation 
qui  ne  plut  ni  à  Uœndel  ni  à  Mattheson,etqui 
les  fit  renoncer  à  un  eqiploi  qu*ils  avaient  mé- 
rité par  leur  talent.  On  peut  voir,àrarticIede 
Hsndel,  les  circonstances  d'une  brouillerie  et 
d*un  duel  entre  ces  deux  artistes.  Ils  redevin- 
rent pourtant  amis,  et  pendant  leur  longue 
carrière  ils  conservèrent  des  relations  bien- 
veillantes, ce  qu'il  faut,  sans  doute,  attribuer 
à  la  difl'érence  de  la  direction  qu*ils  prirent 


dans  leurs  travaux.  Mattheson  ne  pouvait 
lutter  avec  Uœndel  dans  la  composition.  Celui- 
ci  lui  était  aussi  supérieur  comme  organiste, 
mais  Mattheson  avait  plus  de  grâce  et  d'élé - 
gance  sur  le  clavecin. 

En  1705,  il  quitta  la  scène  et  alla  à  Bruns- 
wick, où  il  écrivit  un  opéra  français  intitulé  : 
le  Retour  de  VAge  d'or.  Déjà  il  ressentait  les 
premières  atteintes  d^une  surdité  qui  s*accrut 
progressivement,  et  qui  finit  par  devenir  com- 
plète. De  retour  à  Hambourg,  il  y  fut  nommé 
gouverneur  du  fils  de  Tambassadeur  d'Angle  - 
terre,  avec  qui  il  fit  plusieurs  voyages  à  Leip- 
sick,  à  Dresde  et  en  Hollande.  A  Harlem,  on 
lui  offrit  la  place  d'organiste  avec  quinze 
cents  florins  d'appointement;  mais  il  la  re- 
fusa. A  son  retour  à  Hambourg,  le  père  de  son 
pupille  lui  fit  obtenir  remploi  de  secrétaire  de 
la  légation  anglaise.  En  1709,  il  épousa  la 
fille  d'un  ecclésiastique  anglais.  Les  négocia- 
tions où  il  fut  employé  ayant  fait  reconnaître 
en  lui  autant  d'habileté  que  de  prudence,  il 
obtint,  en  1712,  la  place  de  résident  par  inte^ 
rim,  après  la  mort  de  M.  liVirtb,  qui  en  avait 
rempli  précédemment  les  fonctions.  Depuis 
plusieurs  années,  il  occupait  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  Téglise  de  Saint-Michel  à 
Hambourg;  mais  sa  surdité  l'obligea  à  de- 
mander sa  retraite  en  1798  ;  elle  lui  fut  accor- 
dée avec  une  pension  dont  il  eut  la  jouissance 
jusqu'à  sa  mort,  c'est-à-dire  pendant  trente-six 
ans.  Il  cessa  de  vivre  le  17  avril  1764  à  l'âge  de 
quatre-vingt-trois  ans.  Par  son  testament,  il 
avait  légué  à  l'église  Saint-Michel  une  somme 
de  quarante-quatre  mille  marcs,  pour  la  con- 
struction d'un  orgue  qui  fut  exécuté  par  Hilde- 
brand,  d'après  le  plan  de  Mattheson. 

Peu  d'hommes  ont  déployé  dans  leurs  tra- 
vaux autant  d'activité  que  ce  savant  musicien. 
Nonobstant,  ses  occupations  multipliées,  ses 
places  d'organiste  et  de  maître  de  chapelle, 
ses  fondions  de  secrétaire  de  légation  et  de 
résident,  enfin,  les  leçons  qu'il  donnait  à  un 
grand  nombre  d'élèves,  il  a  composé  beau- 
coup d'opéras,  d'oratorios,  de  cantates,  de 
pièces  instrumentales  et  vocales,  a  écrit  une 
quantité  prodigieuse  de  livres  et  de  pamphlets 
relatifs  à  la  musique,  et  a  été  éditeur  ou  tra- 
ducteur de  beaucoup  d'autres  ouvrages.  Sa 
correspondance  était  d'ailleurs  si  étendue^ 
que  le  nombre  de  personnes  dont  il  recevait 
des  lettres  et  à  qui  il  écrivait,  s'élevait  à  plus 
de  deux  cents.  Ses  compositions  ont  de  l'ana- 
logie avec  le  style  de  Keiser,  en  ce  qui  con- 
cerne l'harmonie  et  la  modulation  ;  mais  on 
n'y  trouve  pas,  à  beaucoup  près,  autant  d'ima^ 


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MATTHESON 


S9 


gination.  Cest  surtout  comme  auteur  didac- 
tique et  comme  musicien  érudU  que  Matlheson 
est  maintenant  connu,  quoique  ses  ouvrages 
niaient  plus  aujourd'hui  qu*une  valeur  hislo- 
rique  pour  la  littérature  musicale.  Sa  lecture 
était  immense;  son  savoir,  étendu  dans  la 
théorie  et  dans  la  pratique  ;  mais  son  esprit 
manquait  de  portée,  et  sa  manière  d*exposer 
ses  idées  était  absolument  dépourvue  de  mé- 
thode. Dans  la  polémique,  il  ne  gardait  point 
de  mesure  contre  ses  adversaires,  et  dans  son 
style  grossier,  les  épithètes  blessantes  et  les 
injures  étaient  prodiguées  à  ceux  qui  ne  par- 
tageaient pas  ses  opinions. 

Les  ouvrages  de  Matlheson  sont  devenus 
rares,  et  peu  de  bibliothèques  en  possèdent 
la  collection  complète.  Parmi  ses  composi- 
tions on  cite  les  suivantes:  1*  Les  Pléiades, 
opéra  (allemand)  en  trois  actes;  Hambourg, 
1699.  ^Porsenna,  idem;  ibid.,  1702.  3»  La 
Mort  de  Pan,  idem;  ibid.,  1703.  4»  C/eo- 
pdlre,  idem  ;  ibid,,  1704.  5«  Le  Retour  de 
VAge  d'or;  Brunswick,  1705.  6<*  ^orts; Ham- 
bourg, 1710.  7»  ^etirt'  IF,  roi  de  Castille; 
ibid.,  1711.  On  a  publié  les  airs  choisis  de  cet 
opéra  ;  Hambourg,  1711 .  8«  Prologo  per  il  re 
Lodovico  XF;  1715.  9«  Vingt-quatre  orato- 
rios composés  et  exécutés  à  Téglise  Mainte- 
Catherine  de  Hambourg,  antérieurement  à 
1728.  10«  Pièces  de  musique  d^église  pour  le 
jubilé  de  1717,  en  commémoration  de  la  ré- 
forme luthérienne.  11*  Messe  à  quatre  voix  et 
orchestre,  exécutée  à  ses  funérailles  en  1764. 
120  Différentes  pièces  de  musique  funèbre,  ou 
de  noces,  ou  pour  d^autres  occasions,  au 
nombre  d*environ  quinze  morceaux.  IS»  Epi- 
eedium,  musique  ftinèbre  pour  la  mort  du 
roi  de  Suède,  Charles  XII,  achevé  le  20  fé- 
vrier 1719.  14**  Douze  sonates  pour  deux  et 
trois  flûtes;  Amsterdam,  1708,  trois  parties 
in-fol.  15«  Sonates  pour  le  clavecin;  Ham- 
bourg, 1713.  16»  Monument  harmonique, 
consistant  en  douze  suites  pour  le  clavecin; 
Londres,  1714.  Ce  recueil,  gravé  sur  cuivre, 
l>orte  sur  un  certain  nombre  d*exemplaires  cet 
autre  titre  :  Pièces  de  clavecin  en  deux  vo- 
lumes, contenant  des  ouvertures,  préludes, 
fugues,  allemandeSy  courentes  (sic),  Sara- 
bandes.  Gigues  et  Aires  (sic);  Londres, 
J.-D.  Flelcher,  1714,  in-fol.  17«  Le  Lan- 
gage des  doigts,  recueil  de  fugues  pour  le 
clavecin,  première  partie  ;  Hambourg,  1735; 
td.^  deuxième  partie;  ibid.,  1737.  IS"*  Odeon 
morale,  Jucundum  et  vitale  (Recueil  de 
pièces  de  chant),  paroles  et  musique  de 
Mattheson;  Hambourg,  1751.  10»  Sérénade 


pour  le  couronnement  du  roi  d*Ang1eterre 
Georges  f ,  publiée  à  Londres,  en  1714. 

Les  écrits  de  Matlheson  sur  la  musique  se 
divisent  en  théoriques,  didactiques,  historir- 
ques  et  polémiques.  Dans  la  première  classe 
on  trouve  les  suivants  :  1»  Aristoxeni  Ju- 
nior, Phtkongologia  syslematica.  Fersuch 
einer  syttematischen  KlangLekre  noider  die 
irrigen  Begriffevon  diesem  geistigen  fFesen, 
von  dessen  Geschlechten,  Tonarten,  Drey- 
klangen,  und  auch  vom  malhematischen 
Musikanten,  nebst  einer  For-Erinnerung 
wegen  die  der  behaupteten  himmlischen 
Musik  (Phthongologie  systématique  d'Ans- 
loxène  le  jeune,  ou  essai  d'une  théorie  systé- 
matique du  son  opposée  aux  idées  erronées 
sur  cet  objet,  ses  espèces,  etc.  ;  avec  une  préface 
relative  à  la  prétendue  musique  céleste  (harmo* 
nie  des  sphères);  Hambourg,  1748,  in-8<^de  cent 
soixante-sept  pages.  Forkel  dit  {Altgem,  Lit- 
ter,  der  Musik,  p.  230)  que  cet  ouvrage  ren- 
ferme des  observations  acoustiques  beaucoup 
plus  ingénieuses  que  ce  qu'on  trouve  chez  les 
autres  auteurs.  Il  me  semble  que  ce  jugement 
manque  de  solidité.  La  théorie  de  Matlheson 
n'est  que  le  développement  de  cette  proposi- 
tion de  Bacon  de  Verulam  :  Aer  nuUum  pro  • 
créât  sonum  {NovumOrgan,  scient.,  lib.  II)  ; 
base  de  la  théorie  reproduite  depuis  lors  par 
quelques  philosophes  ,  notamment  par  Azaïs, 
qui  a  voulu  substituer  au  principe  de  la  réson< 
nance  de  l'air,  dans  la  production  du  son,  sa 
doctrine  de  l'expansion  des  corps  dans  un 
fluide  sonore  {voyex  ia  Revue  musicale^sinn. 
1 832) .  2«  Réflexions  sur  l'éclaircissement  d'un 
problème  de  musique  pratique;  Hambourg, 
1720,  iu-4«  de  trente-trois  pages.  Ce  petit  ou- 
vrage a  pour  objet  la  constitution  de  la  gamme 
dans  les  modes  majeur  et  mineur.  L'éclaircis- 
sement du  problème  est  d'un  auteur  anonyme  ; 
les  réflexions  seules  sont  de  Mattheson  qui  les 
a  écrites  en  français,  parce  que  l'éclaircisse- 
ment est  dans  cette  langue.  Mattheson  a  aussi 
traité  assez  louguement  des  proportions  mu- 
sicales dans  sa  Grande  École  de  la  basse  con- 
tinue, surtout  dans  la  deuxième  édition.  Dans 
la  classe  des  livres  didactiques  de  cet  écrivain, 
on  remarque  :  3»  Exemplarische  Organisten- 
Probe  im  Artikel  vom  General- B ass  ;  welche 
mittelst  24  leichter  und  eben  so  vieletwas 
schwerer  Exempel,  aus  allen  Tœnen,  etc.; 
nebst  einer  theoretischen  Forbereitung  iiber 
verschiedene  musikalisehe  MerkwUrdigkeiten 
(Science  pratique  de  la  basse  continue  ou  ex- 
plication de  la  basse  continue  mêlée  de  vingt- 
quatre  exercices,  etc.;  précédée  d'une  inlro- 


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80 


MATTHESON 


duc(ion  théorique  concernanl  difTérenles  par- 
lles  importantes  de  la  musique)  ;  Hambourg, 
1719,  in-4».  L'introduction  théorique  de  cet 
ouvrage,  en  cent  yingl-buit  pages,  contient 
des  principes  d'harmonie,  mêlés  de  calculs 
sur  les  proportions  numériquesdes  intervalles, 
et  sans  indication  de  la  génération  des  ac- 
cords qui  ne  se  trouve  dans  aucun  traité  de 
basse  continue  publié  antérieurement  à  1729, 
où  parut  le  livre  de  Rameau  sur  ce  sujet.  Le 
reste  du  livre  est  composé  de  vingt-quatre 
exercices  de  basse  chiffrée  où  Ton  ne  remarque 
aucun  ordre  progressif;  chaque  exercice  est 
suivi  d*nne  explication  plus  ou  moins  étendue 
sur  les  diverses  circonstances  harmoniques 
qui  s'y  rencontrent.  Cette  partie  de  l'ouvrage 
est  composée  de  deux  cent  soixante-quatorze 
pages.  La  seconde  édition  du  livre  de  Matlhe- 
son  a-  pour  titre  :  ^roiie  General- Bau- 
Schule,  Oder  exemplarischen  Organisten- 
Probe  (Grande  École  de  la  basse  continue,  ou 
la  science  pratique  de  l'organiste)  ;  Ham- 
bourg (sans  date),  in-4<>  de  quatre  cent 
soixante  pages.  Il  y  a  un  second  tirage  de  la 
même  édition  qui  porte  la  date  de  1751,  avec 
un  supplément  qui  élève  le  nombre  des  pages 
à  quatre  cent  quatre-vingt-quatre.  Celte  édi- 
tion est  très-différente  de  la  première;  elle 
contient  des  additions  considérables,  particu- 
lièrement dans  l'introduction  théorique.  Ce- 
pendant, il  est  très*remarquable  que  Mattbe- 
son  n'y  fait  aucune  mention  du  Traité  de 
l'harmonie  de  Rameau,  ni  de  l'importante 
théorie  qui  y  est  exposée.  Au  surplus,  il  est 
évident  par  ^analyse  qu'il  a  donnée  du  Traité 
de  Vharmonie^  dans  sa  Critica  mtuiea  (t.  II, 
p.  7-11),  qu'il  n'avait  compris  ni  cet  ouvrage, 
ni  la  théorie  du  renversement  des  accords  qui 
immortalise  le  nom  de  Rameau.  11  existe  une 
traduction  anglaise  de  ce  grand  traité  d'har- 
monie et  d'accompagnement,  intitulée  :  Corn- 
plete  Treatise  of  Thorough-Bass,  contain- 
ing  the  trne  Bules,  v>itk  a  Table  of  ail  the 
figure  and  their  proper  aecompany- 
ments,  etc.;  Londres  (sans  date),  in-fol. 
4*  Kleine  General-Bass-Schuley  worin  nieht 
ntir  Lernende,  sondern  vomemlick  Leh- 
rende^  etc.  (Petite  École  de  la  basse  con- 
tinue, etc.);  Hambourg,  1735,  de  deux  cent 
cinquante-trois  pages;  avec  celte  épigraphe  : 
Utilia,  non  subtilia.  Ce  livre  n'est  pas,  comme 
on  pourrait  le  croire,  un  abrégé  du  précédent, 
mais  un  ouvrage  absolument  différent.  Celui- 
ci  est  un  véritable  traité  d'harmonie,  précédé 
des  éléments  de  la  musique  et  de  la  connais- 
sance du  clavier.  Matthcson  y  explique  la  forme 


et  l'emploi  des  accords  ;  puis,  il  les  applique 
dans  des  exemples.  Il  ne  parle  pas  de  la  géné- 
ration de  ces  accords,  et  garde  un  profond 
silence  sur  la  théorie  de  cette  génération  pu- 
bliée par  Rameau  ;  mais  son  ouvrage  n'est  pas 
moins  le  plus  méthodique  de  ceux  qui  avaient 
été  publiés  en  Allemagne  jusqu'à  cette  époque, 
quoique  la  deuxième  édition  du  livre  de  Hei- 
nichen  {voyex  ce  nom),  soit  plus  riche  de  faits 
harmoniques.  5"  Kern  meiodisehê»  ff^iteen» 
schaft ,  bestekend  in  dur  aueerkeeneten 
Haupt'Und  Grund-Lehren  der  muiikalie^ 
ehen  Set%'kvn$t  oder  Copiposition,  ah  ein 
VorUtuffer  der  Folïkommenen  KapeUmeis- 
ters ,  etc.  (Base  d'une  science  mélodique, 
consistant  dans  les  principes  naturels  et  fon- 
damentaux de  la  composition  ;  Introduction 
au  Parfait  Maître  de  chapelle,  etc.);  Ham- 
bourg, 1787,  tn-4«  de  cent  quatre-vingt-deux 
pages.  Après  une  explication  des  intervalles 
et  de  leurs  proportions,  Mattheson  traite  dans 
cet  ouvrage  des  divers  styles  de  musique 
d'église,  de  madrigaux,  de  théâtre  et  de 
chambre,  puis  des  successions  d^inlervalles 
favorables  ou  défavorables  aux  voix,  de  la 
forme  des  phrases  et  de  la  ponctuation  musi- 
cale, des  pièces  de  musique  vocale  ou  instru- 
mentale en  usage  de  son  temps;  enfin,  du 
style  fugué  et  canonique.  En  1738,  il  fit  im- 
primer à  Hambourg  des  lettres  remplies 
d'éloges  sur  cet  ouvrage  qu'il  avait  reçues  de 
quelques  musiciens,  entre  autres  de  Kunxen 
et  de  Scbeibe.  Ces  lettres,  qui  forment  quinze 
pages  in-4<',  ont  pour  titre  :  GUltige  Zeug- 
nisse  iiber  dieJUngite  Matthe$onisch-musi^ 
ealieehe  Kern-Schrift,  aie  ein  FUglieher 
Anhang  dersélben  (Témoignages  authenti- 
ques en  faveur  du  dernier  écrit  musical  de 
Mattheson,  etc.). 6<*  Der  Follkommene  Kapell- 
meister^  das  ist  grundliehe  Anzeige  aller 
derjenigen  Saehen,  die  efner  ioissen^kœnnen, 
und  vollkommen  inné  haben  muss,  die  einer 
Kapelle  mit  Ehren  und  Nutsen  voretehen 
will,  etc.  (le  Parfait  Maître  de  chapelle,  etc.)  ; 
Hambourg,  1730,  in-fol.  de  quatre  cent  quatre- 
vingt-quatre  pages.  Une  bonne  préface  sert 
d*inlro<luction  à  ce(  ouvrage  qui  renferme  un 
bon  traité  de  Tart  d'écrire  et  de  toutes  les  con- 
naissances nécessaires  à  un  compositeur  et  à 
un  maître  de  chapelle.  Le  Parfait  Maître  de 
chapelle  est  incontestablement  le  meilleur 
livre  sorti  des  mains  de  Mattheson.  Dans  la 
classe  de  ses  écrits  historiques  se  rangent  : 
7»  De  Eruditione  muiica,  sehediasma  epi- 
stolicum.  Accédant  Liters  ad  V,  C.  Christo- 
phorum  Friedericum  Leisnerum  de  eodem 


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MATTHESON 


3t 


argumento  scriptas;  Hamburgi,  17S2,  seize 
pages   io-4<*.  Forkel   ainsi  que   Lichtenlhat 
et  H.  Becker  ont  rangé  cet  écrit  dans  une 
section  de  VE^héliqw  musicale;  mais  la  lec- 
ture de  ce  même  opnscnle  fait  voir  qu^il  est 
purement  historique.  Une  deuiiôme  édition 
de  la  dissertation  de  Mattheson  a  été  publiée  à 
Hambourg,  en  1753,  deux  feuilles  in  ^«.8«JF<- 
was  neues  tinter  der  Sannenl  oder  das  tiit- 
î$nrdi$che  Klippen-Concert  in  Nortoegen, 
au$  gîaubwUrdigen  Urkunden  aufBegehren 
angexeigi  (Quelque  chose  de  nouveau  sous  le 
soleil  ;  ou  détails  sur  les  «concerta  souterrains 
de  la  Norwége,  diaprés  des  documents  authen- 
tiques); Hambourg,  1740,  huit  pages  in>4«.  Ce 
morceau  a  été  publié  aussi  dans  la  BihUO' 
thique  musicale  de  Mizler  (t.  II,  part.  III, 
p.  151).  Mattheson  n'est  auteur  que  de  quel- 
ques notes  dans  ce  morceau  qui  contient  des 
lettres  écrites  de  Christiania  sur  de  prétendus 
concerts  souterrains  qu'on  aurait  entendus 
dans  les  montagnes  de  la  Norwége,  le  jour  de 
No«l.  Un  voyageur  français,  qui  avait  envoyé 
ces  lettres  à  Mattheson,  s'exprimait  ainsi  dans 
la  sienne  :  «  Yoici,  mon  maître,  deux  récits 
a  avérés  de  la  musique  souterraine  en  Nor- 
«  wége,  que  je  vous  envoie  ci>inclus.  Tout 
«  cela  est  très- véritable.  Vous  autres,  philoso- 
«  phes,  examinez  ce  prodige  ;  faites-le  impri- 
«  mer;  dites>en   votre  sentiment  publique- 
«  ment.  Pourquoi  ce  concert  se  fait-il  presque 
«  toujours  à  Noel  ?  Ces  musiciens  des  monta- 
«  gnes,  pourc|Uoi  ne  font-ils  de  mal  à  per- 
tt  sonne,  quand  on  les  laisse  en  repos?  Pour- 
«  quoi  se  taisent-ils  et  s'évanouissent  lorsqu'ils 
M  sont  observés  et  questionnés?  T  a-t-il  de 
«  la  musique  dans  l'enfer?  Je  crois  qu'il  n'y 
«  a  là  que  des  hurlements  et  des  grincements 
«  de  dents,  n  9<*  GrundlageeinerÈhrenp forte 
woran  der  tuchtigsten  Capellmeister,  Corn- 
ponisten,  Musikgelehrten,  Totikiinstler,  etc.^ 
Leben,  Werke,  f^erdienste,  etc.,  erschienen 
sollen  (Base  d'un  arc  de  triomphe   où  se 
trouvent  la  vie,  les  œuvres  et  le  mérite  des 
plus  habiles  maîtres  de  chapelle,  compositeurs, 
savants,  musiciens,  etc.);  Hambourg,  1740, 
un  volume  in-4°  de  quatre  cent  vingt-huit 
pages.  Ce  volume  contient  des  notices  sur  un 
certain  nombre  de  musiciens  plus  ou  moins 
célèbres,  diaprés  des  renseignements  auto- 
graphes fournis  à  Mattheson,  ou  d'ajirès  des 
extraits  de  ses  lectures.  lO^  Die  neueste  Un- 
tersuehung  der  Singspieîe,  nehst  beygefugter 
musikalischen  Gesmacksprobe  (Nouvelles  re- 
cherches sur  le  drame  en  musique,  suivies 
d'un  examen  du  goût  musical,  etc.);  Ham- 


bourg, 1744,  in-8»   de   cent   soixante-huit 
pages.  Quelques  bonnes  choses  mêlées  à  beau- 
coup d'inutilités  et  de  divagations  se  trouvent 
dans  cet  ouvrage,  comme  dans  la  plupart  des 
écrits  de  Mattheson.  1  \'>Da»  erlauterie Setah  ; 
nébst  einigen  anderti  niitxHchen  Anmer- 
kiingen,  underbautlichen  Gedankenuber  Lob 
und  Liebe,  als  einer  Fortsetzung  eeiner  ver- 
mischten  TFerke,  etc.  (Le  Selah  éclairci,  suivi 
de  quelques  autres  observations  utiles,  etc.); 
Hambourg,  1745,   in-S^  de   cent  soixante- 
quatre  pages.  Après  avoir  examiné  les  opi- 
nions des  divers  auteurs  qui  ont  écrit  sur 
l'expression  hébraïque  Selah  qui  se  trouve 
dans  l'inscription  placée  en  tète  de  quelques 
psaumes,  et  qui  a  donné  la  torture  aux  éru- 
dits,  Mattheson  établit  que  ce  mot  devait  indi- 
quer la  ritournelle  du  chant  de  ces  psaumes. 
19«  Behauptung  der  himmlischenMusik  aue 
den  Griifiden  der  Femunft,  Kirchen-Lehre 
und  heiligen  Schrift  (Preuve  de  la  musique 
céleste  tirée  de  la  raison  naturelle,  de  la  théo- 
logie et  de  l'Écriture  sainte)  ;  Hambourg,  1747, 
in-8«  de  cent  quarante-quatre  pages.  Ce  n'est 
pas  sans  étonnement  qu'on  volt  un  musicien 
instruit  tel  que  fl^itlheson,  s'occuper  de  re- 
cherches sérieuses  sur  la  nature  de  la  musique 
que  font  les  anges  dans  le  ciel.  Il  est  encore 
revenu  sur  ce  sujet  dans  un  autre  de  ses  écrits 
dont  il  sera  parlé  plus  loin.  \^^  Philologisches 
Treseepiel,  aie  ein  kleiner  Beytrag  xur  kri- 
tischen  Geschichte  der  duitschen  Sprache^ 
vomehmlich  abermitteUt  geschenter  Jneoen-' 
dung,  in  der  Tonwissenechaft  niitstlich  zu 
gebrauctten  (le  Jeu  philologique  des  Treize, 
pour  servir  à  l'histoire  critique  de  la  langue 
allemande,  et  principalement  de  son  usage 
dans  la  science  de  la  musique);  Hambourg, 
1752,  in-8<»  de  cent  quarante-deux  pages.  Cet 
écrit  est  composé  de  treize  dissertations,  dont 
quelques-unes  seulement  sont  relatives  à  des 
objets  de  l'histoire  de  la  musique.  Mattheson 
y  a  réuni  des  anecdotes  et  des  épigrammes 
contre  les  musiciens  français  de  son  temps, 
particulièrement  contre  Rameau  (p.  05).  Il  ex- 
plique dans  un  passage  de  son  livre,  entrepris 
pour  la  défense  d'un  autre  ouvrage  qu'il  avait 
publié  longtemps  auparavant,  le  titre  bizarre 
qu'il  a  donné  à  celui-ci,  et  pour  lequel  il  a 
forgé  le  mot  Tresespiel,  qui  n'est  pas  aile- 
mand;  par  analogie  avec  un  jeu  de  cartes  ap- 
pelé les  treize,  parce  qu'il  devait  donner  la 
solution  de  treize  difficultés.  Tout  cela  est  fort 
ridicule.  C'est  à  la  suite  de  ce  petit  ouvrage  que 
se  trouve  la  deuxième  édition  de  la  disserta- 
tion De  Eruditionc  muaica.  14«  Gcorg.Irtc- 


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32 


MATTHESON 


derich  Hxndel»  Lehen  Beschreibung ,  nebst 
einem  Ferzeichnisse  uintr  yiusiibungswerke 
und  derer  Beurtkeilung  ilbersetze,  etc.  (His- 
toire de  la  vie  de  Georges-Frédéric  Hœodel, 
suivie  d'un  catalogue  de  ses  ouvrages,  etc.); 
Hambourg,  1761^  in-8«  de  dix  feuilles.  Mat- 
theson  avait  donné  précédemment  une  notice 
sur  Hœndel  dans  sàBased'un  are  de  triomphe.' 
il  y  a  quelques  contradictions  entre  ces  deux 
morceaux. 

Il  y  a  un  livre  de  Mattheson  qui  n^appar* 
lient  proprement  à  aucune  des  classes  précé- 
dentes, ni  à  celle  de  la  critique,  quoiqu'il  par- 
ticipe de  tous;  car  c'est  à  la  fois  un  livre 
didactique;,  historique,  philosophique  et  cri- 
tique. Il  est  composé  de  trois  volume»  qui  ont 
paru  dans  l'espace  de  huit  années,  à  des  dis- 
tances égales,  et  qui  portent  chacun  un  titre 
différent.  Le  premier  est  intitulé  :  IS»  Va» 
Neu-Erœffnete  Orchestre ,  oder  universelle 
und  griindliche  Ànleitung,  wie  ein  Galant 
homme  einen  vollkommennen  Begriff  von 
der  Hoheit  und  Wiirde  der  edlen  Music  er- 
langen,  seinen  Goût  damach  formiren,  die 
Terminos  technicos  verstehen  und  gesehick^ 
lich  von  dieser  vortrefflichen  JFissenschafft 
raisonniren  mœge  (l'Orchestre  nouvellement 
ouvert,  son  instruction  universelle  et  fonda- 
mentale dans  laquelle  un  galant  homme 
pourra  acquérir  une  idée  complète  de  la  gran- 
deur et  de  l'importance  de  la  noble  musique, 
entendre  les  termes  techniques,  et  raisonner 
de  cette  science  excellente  avec  habileté)  ; 
Hambourg,  1715,  tn-8«  de  trois  cent  trente- 
huit  pages.  Le  volume  est  terminé  par  des  re- 
marques de  l'illustre  compositeur  K.eiser,  qui 
commencent  à  la  page  530.  C'est  dans  un  but 
semblable  à  celui  de  Mattheson,  que  cent  dix- 
sept  ans  après  lui  J'ai  écrit  la  Musique  mise  à 
la  portée  de  tout  le  monde.  Le  deuxième  vo- 
lume a  pour  titre  :  Das  Beschulzte  Orchestre, 
Oder  desselben  zweyte  £rœ/fnung,  worinn 
nicht  nur einem  umscklichen Galant  homme, 
dereben  kein  Professions- Terwandter,  son- 
dern  auch  manchem  Musico  selbst  die  aller- 
aufrichtigste  und  deutlichste  Forstellung 
musikalischer  JFissenschafften  trie  sich  die- 
selbe  vom  Schulstaub  tuchtig  geswubert, 
eigentlich  und  wahrhafftig  verhalten  erthei- 
let,  etc.  (rOrchestre  protégé,  ou  deuxième  ou- 
verture de  cet  orchestre,  dans  lequel  on  donne, 
non-seulement  à  un  galant  homme  étranger 
h  la  profession,  mais  aussi  à  plus  d'un  musi- 
cien, la  connaissance  la  plus  exacte  et  la  plus 
claire  des  sciences  musicales,  et  où  l'on  ex- 
plique dans  quel  rapport  elles  sont  Tune  à 


l'égard  de  Tautre,  après  qu^on  en  a  séparé  U 
poussière  de  Pécole,  etc.);  Hambourg,  1717, 
in-8<»  de  cinq  cent  soixante  et  une  pages.  La 
plus  grande  partie  de  ce  volume  est  employée 
k  la  réfutation  du  livre  de  Buttstedt  {voyez  ce 
nom),  intitulé  :  Ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la,  toia 
musiea  et  harmonica  xterna.  Il  y  a  dans 
cette  réfutation  de  la  solidité  mêlée  à  beau- 
coup de  p<^antisme  et  de  divagation.  On  re- 
connaît la  tournure  d'esprit  de  Mattheson  dans 
la  partie  du  titre  de  son  livre  où  il  dit:  Ut, 
ré,  mi,  fa,  sol,  la,  todte  {nicht  tota)  Musiea 
(Non  rotife  la  musique,  mais  la  musique 
morte  ûans  ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la)  (1).  Le  troi- 
sième volume  de  cet  ouvrage  est  intitulé  : 
\7^Das  Forschende Orchestre,  Oder  desselben 
dritte  Erœffnung  darinn  Sensus  vindiciae  et 
Quartx  blanditix,  das  ist  der  beschirmte 
Sinnen-rang  und  der  Schmeichelnde  Quar- 
ten-klang,  etc.  (l'Orchestre  scrutateur,  ou  sst 
troisième  ouverture,  dans  laquelle  on  trouve 
les  droits  des  sens  et  les  flatteries  de  la 
quarte,  etc.);  Hambourg,  1721,  in-8«desept 
cent  quatre-vingt-neuf  pages,  non  compris  les 
tables.  La  première  partie  de  ce  volume,  divi- 
sée en  quatre  chapitres,  est  un  traité  de  la  phi> 
losophle  de  la  musique  considérée  dans  Tac- 
tion  des  sens  relativement  à  la  perception,  au 
Jugement  artistique,  et  dans  la  construction 
rationnelle  de  la  science.  Mattheson,  suivant 
sa  méthode,  y  conclut  plus  souvent  par  auto- 
rité que  par  raisonnement.  La  seconde  partie 
est  curieuse  :  elle  contient  de  savantes  recher- 
ches sur  la  quarte  et  sur  les  opinions  de  quel- 
ques savants,  notamment  de  Calvisius,  de 
Werclcmeisler  et  de  Baryphonus  {voyez  ces 
noms),  à  l'égard  de  cet  intervalle.  \7^  (bis)  Der 
Reformirende  Johannes,  am  andem  Luthe- 
BiscHEN  Jubelfeste,  dem  \7\7,  musikalisch 
aufgefiihret;  Hambourg,  1717,  in-4*.  Ce 
petit  écrit  a  été  pubHé  par  Mattheson  à  l'occa- 
sion de  la  fête  séculaire  de  la  réformation. 

Dans  la  classe  des  écrits  polémiques  et  cri- 
tiques de  Mattheson,  on  trouve  :  18<»  Critica 
Musiea,  dass  ist  :  Grundriehtige  Untersuch^ 
und  Beurtheilung  vicier,  theils  vorge- 
fasslen ,  theils  einfœlligen  Meinungen,  Ar^ 
gumenten  und  Eintvurffe,  so  in  alten  und 
neuen,  gedruckten  und  ungedrttckten  musi- 
calischen  Schrifften  zu  finden  (Musique  cri- 
tique, c'est-à-dire,  examen  et  jugement  ra- 
tionnel de  beaucoup  d'opinions,  d'arguments  et 
d'objections  solides  ou  futiles,  qu'on  trouve 


(1)  Il  y  a  un  jeu  de  mots  dans  rodjcclif  todti  sab- 
•tUtté  à  toia* 


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MATTHESON 


33 


dans  les  livres  sitr  la  musique  anciens  et  mo- 
dernes, imprimés  et  manuscrits]  ;  Hambourg, 
1723-1725,  deux  volumes  in-4«,  divisés  en 
huit  parties  de  trois  numéros  chacun.  Ce  jour- 
nal, le  premier  qui  ait  été  publié  spécialement 
sur  la  musique,  contient  quelques  bonnes  cri- 
tiques, et  même  des  théories  complètes  de  cer- 
tains oljtjeU  de  rart;  par  exemple,  la  qua- 
trième partie  est  entièrement  consacrée  aux 
canons,  et  ce  sujet  y  est  traité  en  plus  de  cent 
vingt  pages  ;  mais  il  y  a  peu  de  sens  et  de  goût 
dans  le  choix  de  plusieurs  objets  de  la  cri- 
tique. Mattheson  y  donne  d'ailleurs  tout  au 
long  des  écrits  relatifs  à  la  musique,  au  lieu 
de  les  analyser;  c'est  ainsi  qu'il  a  réimprimé 
dans  le  premier  volume  tout  le  Parallèle  de  la 
musique  italienne  et  de  la  musique  française, 
de  l'abbé  ]&aguenet,  et  jusqu'à  l'approbation 
du  censeur.  lO^*  Der  musil^liscke  Palriot, 
welcher  $eine  griindliche  Betrachtungen, 
iiber  Geist-und  WeltL-Ifarmonien,  «fc.  (le 
Patriote  musicien  et  ses  principales  médita- 
tions sur  l'harmonie  spirituelle  et  mon- 
dains, etc.);  Hambourg,  1728,  in-4o  de  trois 
cent  soixante-seize  pages.  J'ignore  ce  qui 
a  pu  engager  Forkel,  copié  par  Licbtenthal  et 
M.  Becker,  à  placer  ce  livre  parmi  les  écrits 
relatifs  à  l'histoire  de  la  musique  des  Hébreux, 
parce  qu'il  s'y  trouve  plusieurs  morceaux  sur 
ce  sujet;  car  le  volume  n'est  formé  que  de  la 
réunion  des  numéros  d*un  journal  de  musique 
où  il  est  traité  de  différents  sujets,  et  où  Ton 
trouve  entre  autres  V Histoire  de  V Opéra  de 
Hambourg.  Les  bonnes  choses  qui  se  trouvent 
dans  cet  écrit  périodique  sont  malheureuse- 
ment gâtées  par  le  ton  de  critique  acerbe  et 
même  brutale  qui  se  rencontre  dans  la  plupart 
des  ouvrages  de  Ofallheson.  Elles  lui  attirèrent 
cette  fois  une  rude  attaque  dans  un  pamphlet 
anonyme  intitulé  :  Ein  paar  derbe  musica- 
Usch'patriotische  Ohrfeigen  dem  nichts  ire- 
niger  als  muticalischen  Pairioten  und 
nichts  weniger  ali  patriotiêchen  Musico, 
salv.  venta  Hn.  Mallheson,  welcher  zum 
neuen  Jahre,eine  neue  Probe  seiner  gewohn- 
ten  Calumnianten^Streiche  unvertchivmter' 
toeise  an  der  Tag  geleget  luit,  zu  IVieder- 
kersttllung  seines  verlohmen  gehœres  und 
verâlandes  und  au  Hezeugnung  schujdiger 
Vankbarkeit  auff  beyde  Haeken  in  einem 
zufjpUigen  Discours  iroA/meynend  ertheilet 
von  zween  Brauchbahren  Firtuosen,  Mu- 
sandern  undHarmonio  (Une  Paire  de  vigou< 
reux  soufflets  musicaux  et  patriotiques  admi- 
nistrés, avec  sa  permission,  sur  les  deux  joues 
de  H.  Mattheson,  qui  n'est  rien  moins  que  pa- 

BlOCn.  II2I1V.  DES  aiISICIE^tS.  T.  VI. 


triote  musicien,  et  rien  moins  que  musicien 
patriote,  et  qui  a  mis  au  jour,  au  commence- 
ment de  l'année,  un  nouvel  exemple  de  ses 
traits  calomnieux,  suivant  son  habitude;  ser- 
vant à  rétablir  son  ouïe  et  son  esprit  perdus, 
et  comme  une  marque  de  la  gratitude  qui  lui 
est  due)  ;  une  feuille  in-4«,  1728  (sans  nom  de 
lieu).  20®  Der  neue  Gœtiingische  aber  viel 
sehlechier,  als  die  alten  Lacedxmonisehen^ 
tirtheilende  Ephorus,  wegen  der  Kirchen- 
Music  eines  andern  belehret  (Le  nouvel 
Éphore  de  Gœttingue,  juge  beaucoup  plus  mau- 
vais que  l'ancien  de  Lacédémone,  à  propos  de 
la  musique  d'église,  etc.);  Hambourg,  1727, 
in-4^  de  cent  vingt -quatre  pages.  Cet  écrit 
est  une  critique  fort  dure  de  l'ouvrage  de 
Joachim  Meyer,  concernant  la  musique  des 
peuples  de  l'antiquité  et  de  l'église.  On  peut 
voir,  à  l'article  de  celui-ci,  des  détails  sur  la 
polémique  que  fit  naître  la  critique  de  Mat- 
theson. 210  Mithridai  wider  den  Gift  einer 
welsehen  Satyre,  genannt  :  La  Musica  (Mi- 
thridate  contre  le  poison  d'une  satire  italienne, 
intitulée  :  La  Musica)\  Hambourg,  1740, 
in-8ode  trois  cent  quarante  pages.  Cette  satire, 
réimprimée  par  Mattheson,  avec  une  traduc- 
tion allemande  au  commencement  du  volume, 
est  composée  d'environ  sept  cents  vers.  Elle 
avait  été  publiée  avec  d'autres  morceaux  de 
poésie  à  Amsterdam,  en  1719.  Mattheson  a 
montré  peu  de  sens  en  faisant  un  long  com- 
mentaire sur  ce  morceau  de  poésie  cynique,  où 
la  musique  est  appelée  :  Arte  sol  da  putana 
e  da  bardasse:  une  telle  production  ne  méri- 
tait que  le  mépris.  22<>  Hewxhrte  Panacetty 
als  eine  xugabe  su  das  musicalischen  Mi- 
thridaty  iiberaus  wider  die  leidige  Kacfàxie 
irriger  Lehrer,  schwermiithige  Ferœchter 
und  gottloser  Schxnder  der  Tonkunst,  Er- 
ster  Dosis  (Panacée  certaine,  comme  un 
supplément  au  Mithridate  musical  y  très- 
salutaire  contre  la  fâcheuse  cachexie  d'un 
faux  savant,  d'un  détracteur  atrabilaire  et 
d'un  impie  profanateur  de  la  divine  musique. 
Première  dose);  Hambourg,  1750,  quatre- 
vingt-quatre  pages  in-8<*.  Cet  écrit  est  une 
critique  amère  du  pamphlet  de  Biedermann 
intitulé  :  Programma  de  vita  musica,  où  se 
trouvent  rassemblés  quelques  passages  des  an- 
ciens contre  la  musique  et  les  musiciens. 
23«  ÏVahrer  Begrijf  des  harmonischen  Le- 
bens.  Der  Panacea  xwote  Dosis.  Mit  beyge- 
fiigter  Beantwortung  dreyer  EinwUrffe  wi- 
der die  Behauptung  der  himmlischen  Musik 
(Idée  véritable  de  la  vie  harmonique  ;  avec  une 
i  réponse  péremptoire  à  trois  objections  contre 

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34 


MATTHESON  —  MATTHIAS 


l*asserlion  de  la  musique  célcsle.  Deuxième 
dose  de  la  Panacée);  Hambourg,  1750,  in-8« 
de  cent  dix-neuf  pages.  24»  Sieben  Gesprxche 
der  JFHsheit  undMfisik  samt  ztDO  lieylagen; 
als  die  drilte  Dosis  der  Panacea  (Sept  dialo- 
gues de  la  sagesse  et  de  la  musique,  etc.  ; 
comme  troisième  dose  de  la  Panacée)  ;  Ham- 
bourg, 1751,  in-8»  de  deux  cent  sept  pages. 
25»  Die  neu  angelegte  Freuden  Académie, 
zum  lehrreichen  Forechmack  unbetchreibli- 
cher  Herrlichkeit  in  der  Feste  gattlicher 
Macht  (la  Nouvelle  et  intéressante  Académie 
joyeuse,  pour  donner  dans  les  fêles  rcli< 
gieuses  un  instructif  avant-goût  d*une  inét- 
primable  grandeur);  Hambourg,  1751,  in-8° 
de  trois  cent  deux  pages.  Deuxième  volume  du 
môme  ouvrage,  ibid.,  1755,  in-8«  de  trois 
cent  vingt-deux  pages.  Sô"  Plus-Ultra,  ein 
Stuckwerek  von  neuer  und  mancherley  Art 
(Plus -Ultra,  ouvrage  composé  de  morceaux  de 
différentes  espèces)  ;  Hambourg,  1754,  in -8" 
de  six  cent  six  pages,  divisé  en  trois  parties, 
appelées  provisions  (Forrxthe).  Maltheson 
traite  dans  cet  ouvrage  de  la  musique  dans  le 
culte,  de  la  mélodie  et  de  Tharmonie,  de 
Teffet  de  la  musique  sur  les  animaux,  etc.  Un 
des  meilleurs  morceaux  est  une  analyse  du 
Tentamen  notJC  théorise  musica?  d^Euler. 
On  trouve  à  la  fln  du  deuxième  volume  de  la 
Critica  musica  de  Mattheson  une  liste  de  dix 
ouvrages  concernant  la  littérature,  Tbistoire 
et  les  sciences  qu'ail  a 'publiés,  et  dont  la  plu- 
part sont  traduits  de  Tanglais,  de  Titalien  ou 
du  français.  On  dit  quMl  a  écrit  aussi  un  livre 
concernant  les  longitudes  en  mer.  Enfin,  il  a 
donné  de  nouvelles  éditions  du  Traité  de 
Niedt,  sur  la  basse  continue  et  le  contrepoint, 
et  de  celui  de  Raupach  (voyez  ces  noms)  sur 
la  musique  d^église,  avec  des  préfaces  et  des 
notes. 

Bode  assure,  dans  le  troisième  volume  de  la 
traduction  allemande  des  voyages  musicaux  de 
Burney  (p.  178),  que  Mattheson  a  laissé  en 
manuscrit  soixante  et  douze  ouvrages  prêts  à 
être  imprimés  :  il  y  a  peut-être  de  Pexagéra- 
tion  dans  ce  nombre  ;  mais  il  est  certain  que 
ce  laborieux  écrivain  n*a  pas  fait  imprimer 
tout  ce  qu^a  produit  sa  féconde  plume.  Forkel 
et  Gerber  citent  de  lui  les  ouvrages  suivants 
qui,  selon  eux,  existent  dans  la  Bibliothèque 
de  Hami>ourg  et  dans  d*autres  lieux  :  !•>  Der 
Bescheidene  musikalische  Diclator^  mit 
einen  Intermezzo  fur  den  sogenannten 
Memehen  (le Dictateur  musical  modeste,  etc.). 
2«»  Eloquentia  vertieordia  sonora.  3»  Die 
Thorheit  den  Augenorgelj  welche  sichanjetzt 


von  neuem  regel  (la  Folie  de  Torgue  oculaire 
(du  P.  Gastel),  etc.).  A^Rechte  mathematische 
Form  der  Tonkunst,  mit  den  wohlbestellten 
Paukenspiel  (Véritable  forme  mathématique 
de  la  musique,  etc.).  5*  Nothtoendige  Ferbes- 
serung  der  Sprache  undReime  im  denge- 
uDohnlichen  Kirehenliedem  (Amélioration 
nécessaire  du  langage  et  de  la  rime  dans  les 
cantiques  de  Péglise). 

On  a  gravé  deux  beaux  portraits  de  Mat- 
theson :  le  premier  (in-4<>)  se  trouve  à  la  tête 
des  deux  éditions  de  la  Grande  École  de  ta 
basse  continue;  Pautre  (in-fol.)  est  placé  au 
commencement  du  Parfait  Maître  de  cha- 
pelle. 

MATTHIAS  (MaItre  ou  Mcstre),  ou  M  A- 
THIAS,  musicien  belge  du  seizième  siècle,  a 
été  placé  par  Wallher  et  par  Gerber,  dans 
leurs  dictionnairas,  sous  le  nom  de />e  ^6t>- 
tre  .'  je  crois  qu^ils  ont  pris  pour  le  nom  de 
cet  artiste  la  qualification  de  mattre  qui  se 
donnait  autrefois  aux  ecclésiastiques  qui  culti- 
vaient la.  musique,  et  que  le  nom  véritable  de 
celui  dont  il  s'agit  était  réellement  MAT- 
THIAS. Je  suis  conduit  à  cette  conjecture 
par  un  de  ses  ouvrages  oti  il  est  appelé  M.  Mat- 
thias, Fiamengo,  et  où  l'on  voit  qu'en  1551  il 
•était  maître  de  chapelle  de  l'église  cathédrale 
de  Milan.  Après  la  mort  de  Hans  Walrher,  il 
fut  appelé  pour  le  remplacer  à  la  cour  de 
Dresde  parTélecteur  Maurice  de  Saxe  ;  mais  il 
n'arriva  dans  cette  ville  qu'après  la  mort  de 
ce  prince;  Auguste,  successeur  de  celui-ci,  le 
garda  à  son  service,  en  qualité  de  maître  de 
chapelle.  Il  retourna  vraisemblablement  en 
Italie  après  avoir  publié  à  Dresde,  en  1577, 
ses  chansons  allemandes  et  latines  à  trois  voix; 
car  on  voit  dans  le  Catalogué  script.  Florent., 
qu'il  était  organiste  à  Florence,  en  1589.  On 
connaît  sous  son  nom  :  1«  LaBattaglia  Ta- 
gliana  composta  da  M,  Matthias  ^  Fiamengo, 
maestro  di  cappella  del  duomo  di  MilanOy 
con  alcune  villotte  piacevoli^  nuovamente 
con  ogni  diligenza  stampata  e  corretta,  a 
quattro  voci;  in  Venezia,  G.  Scolto,  1551, 
in-4''  obi.  La  bataille  contenue  dans  ce  re- 
cueil est  une  Imitation  de  celle  de  Marignan, 
par  Clément  Jannequin.  11  y  a  une  autre  édi- 
tion de  cet  ouvrage,  publiée  un  an  après  celle 
de  Scollo;  elle  a  pour  titre:  Bataglia  Taliana 
aggiontevi  anchora  une  Fillotta  a  la  Pado- 
vana  con  quattro  voci;  in  Fenczia^  app. 
d* Antonio  Gardano,  1552,  in-4"obl.  J'ai  vu 
un  exemplaire  de  cette  édition  dans  la  Biblio- 
thèque royale  de  Munich.  2<»  Magnificat  veto 
tonorum;  Dresde,   1557,  in-fol.    o"  Cate- 


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MATTHIAS  —  MAUDUIT 


3K 


ehesis  tribus  vocibus  composita;  Nuremberg, 
1563,  in-4<>.  Geistliche  %md  tceUliche  Ce» 
saenge  mit  Aund  ^  Stimmen  (Chants  religieux 
et  profanes,  à  quatre  et  cinq  voix);  Witten- 
berg,  1566, 10-4».  4»  Motteti  a  5  voci,  lib.  I  ; 
Dresde,  1570.  5»  Offieia  de  Nativitate  et  As- 
cmsioiM  Chriiti  5  vocum;  ibid. ,  1574. 
6»  Teutsehe  und  Latiniêcke  Lieder  von 
3  Stimmen  (Chansons  allemandes  et  latines 
â  trois  voix);  Dresde,  1577.  On  trouve,  dans 
la  Bibliothèque  royale  de  Munich,  des  offices 
de  Matthias  en  manuscrit,  sous  les  n«'  28, 
42  et  43.  Dans  le  recueil  intitulé  :  Motetti 
del  fiore,  dont  il  y  a  des  éditions  de  Venise, 
de  Lyon  et  d^Anvers,  on  trouve  un  motet  de 
Matthias. 

MATTIOM  (le  P.  André),  cordeller,  né  à 
Faenza,  vers  1617,  fut  d'abord  attaché  à  la 
cathédrale  d'Imola,  en  qualité  de  mansionaire 
et  de  directeur  du  chœur,  puis  il  devint  cha- 
noine et  maître  de  chapelle  du  duc  de  Man- 
toue.  Il  occupait  encore  cette  dernière  position 
en  1671.  De  ses  compositions  pour  Téglise,  je 
ne  connais  que  les  ouvrages  dont  voici  les 
litres  :  l*»  Inni  sacri  concertati  al,  2,  3,  4, 
5  e  6  voei,  con  stromenti  e  èenza,  op.  2;  Ve- 
nise, Alex.  Vincenti,  1646;  c'est  une  réim- 
pression. 2®  Salmi  a  otto  voei  pieni  ebrevi 
alla  modema,  op.  4  ;  Venise,  François  Ma- 
gni,  1641.  C'est  au  titre  de  cet  œuvre  qu'on 
voit  que  Mattioli  occupait  alors  la  place  de  di- 
recteur du  chœur  d'Imola.  Une  deuxième  édi- 
tion de  cet  ouvrage,  dédiée  à  Cosme  III  de 
Médicis,  grand-duc  de  Toscane,  a  été  publiée 
sous  ce  titre  :  Al  ierenissimo  Cosimo  Terzo 
gran  duca  di  Toscana,  ete,  Salmi  a  otto 
pieni  e  brevi  alla  modema  del  canonico  An- 
drea  Mattioli  ^maestro  di  cappella  del  serenis- 
simoduca  diMantova,  opéra  quarta;  in  Ve- 
netia,  1671 ,  appresso  Francesco  Magni  detto 
Cardano,  in>4<>.  Suivant  l'usage del'époque où 
il  vécut,  sa  profession  de  prêtre  régulier  n'em- 
pêcha pas  le  P.  Mattioli  d'écrire  pour  le 
théâtre.  En  1650,  il  donna,  h  celui  deFerrare, 
VEsilio  d'amore;  dans  l'année  suivante,// 
Ratto  di  CefalOj  au  même  théâtre;  en  1656, 
Didone,  k  Bologne;  en  1665,  Perieo,  à  Ve- 
nise ;  en  1666,  la  Palma  d'amore,  cantate,  à 
Ferrare,  et,  dans  la  même  année,  Gli  Sforxi 
deldesideriOj  au  même  théâtre. 

JUATTUCCI  (Pierre),  sopraniste,  né  dans 
un  village  des  Abrnzzes,  en  1768,  fit  ses 
éludes  musicales  au  Conservatoire  de  la 
Fieià,  sous  la  direction  de  Sala.  Dans  sa  jeu- 
nesse, il  chanta  i>endant  plusieurs  années  à 
Rome,  sur  le  théâtre  Argentina,  les  rôles  de 


prima  donna.  V\m  tard,  il  parcourut  l'Italie, 
chanta  partout  avec  succès,  visita  Londres, 
l'Espagne,  la  Russie,  et  revint  en  Italie  vers 
1806.  Deux  ans  après,  il  se  fit  entendre  à  Milan, 
pendant  la  saison  du  carnaval.  Vers  1811,  il 
se  retira  à  Naples.  Depuis  celte  époque,  on  n'a 
plus  eu  de  renseignements  sur  sa  personne. 
Gervasoni  dit  qu'il  possédait  une  voix  fort 
étendue  et  fort  égale. 

AI AUCLERC  (Pierre),  duc  de  Bretagne, 
était  fils  de  Robert  II,  comte  de  Dretix.  Il 
mourut  en  1250.  Comme  tous  les  princes  de 
sa  maison,  il  cultivait  la  poésie  et  la  musique. 
Les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  de  Paris 
nous  ont  conservé  une  chanson  notée  de  sa 
composition. 

MAUCOURT  (Louis-Charles),  fils  d'un 
musicien  français,  naquit  à  Paris,  vers  1760, 
et  y  fit  ses  études  musicales  sous  la  directiori 
de  son  père.  Plus  tard,  il  reçut  des  leçons  de 
violon  de  Harranc,  qui  le  fit  débuter  au  Con- 
cert spirituel,  en  1778,  dans  un  concerto  de 
Somis.  D'après  les  conseils  de  son  maître,  Mau- 
court  voyagea;  il  visita  d'abord  la  cour  de 
Manheim;  puis,  il  fut  attaché  à  ia  chapelle 
du  duc  de  Brunswick,  vers  1784.  Il  publia 
alors  un  œuvre  de  trios  pour  deux  violons  et 
basse,  op.  1,  chez  André,  à  Offenbach.  A  cet 
ouvrage  succédèrent  ceux-ci  :  Concerto  pour 
le  violon,  avec  accompagnement  d'orchestre, 
op.  2;  Darmstadt,  Bossler,  1793;  Deuxième 
concerto  pour  le  violon,  idem.,  op.  3;  Bruns- 
wick, 1796;  Sonates  pour  violon  seul  et  basse, 
op.  4;  ibid.,  1797.  A  l'époque  de  la  formation 
du  royaume  de  Westphalie,  Maucourt  fut  ad- 
mis dans  la  chapelle  de  Jérôme  Napoléon.  Une 
attaque  de  paralysie  dont  son  bras  gauche  fut 
frappé  en  1813,  Tobligea  de  prendre  sa  re- 
traite et  lui  fit  obtenir  une  pension  de  ce 
prince.  On  n'a  pas  de  renseignement  sur  les 
dernières  années  de  Maucourt.  On  connaît  de 
cet  artiste,  outre  les  ouvrages  cités  précédem- 
ment, un  quatuor  brillant  pour  deux  violons, 
alto  et  basse,  dédié  à  l'empereur  de  Russie, 
Alexandre  !«';  OfTenbach ,  André,  et  deux 
solos  de  violon  avec  basse,  op.  6;  Brunswick, 
Mayer. 

Le  j^ère  de  Maucourt,  claveciniste  à  Paris, 
y  a  publié,  en  1758,  des  Pièces  pour  le  cta- 
vecin,  avec  accompagnement  d'un  violon. 

MAUDUIT  (Jacques),  musicien  français, 
issu  de  noble  famille,  suivant  le  P.  Mersennc 
(Harmon.  universelle,  liv.  VII,  p.  63),  na- 
quit à  Paris,  le  16  septembre  1557.  Après  avoir 
fait  ses  études  dans  un  collège  de  cette  ville, 
il  voyagea  dans  plusieurs  con  liées  de  TEuropcy 

3. 


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MAUDUIT  -  MAUPIN 


Dotamment  en  Italie,  puis  revint  à  Paris,  où 
il  succéda  à  son  père  dans  la  charge  de  garde 
du  dépôt  des  requêtes  du  palais.  Il  était  fort 
instruit  dans  les  langues  anciennes,  savait 
l'italien,  l'espagnol,  Tallemand,  et  possédait 
des  connaissances  étendues  dans  la  musique. 
Il  mourut  à  Tdge  de  soixante  et  dix  ans,  le 
31  août  1627.  Ami  de  Ronsard,  il  Ht  exécuter, 
au  service  funèbre  de  ce  poète,  une  messe  de 
Requiem  à  cinq  voix,  de  sa  composition,  qui 
fut  chantée  ensuite  i  Tanniversaire  de  la  mort 
de  Henri  IV,  puis  à  celui  de  Mauduit  lui- 
même,  dans  réglise  des  Minimes  de  la  place 
Royale.  Mersenne  a  publié  le  dernier  Requiem 
de  cette  messe  dans  son  Harmonie  univer- 
selle (liv.  7«,  p.  66  et  suivantes),  et  M.  Cb.- 
Ferd.  Becker  Ta  donné  en  partition  dans  la 
quarante-quatrième  année  de  la  GaieUe géné- 
rale de  musique  de  Leipsick.  On  trouve  deux 
autres  morceaux  de  cet  artiste  dans  les  Ques- 
tions sur  la  Genèse  du  même  auteur.  Dans  sa 
jeunesse,  Mauduit  avait  obtenu,  en  1581,  le 
prix  de  Vorgue  d*argent,  au  concours  appelé 
Puy  de  musique,  d'Évrcux,  pour  le  motet  j¥f- 
ferte  Domino,  de  sa  composition.  Son  talent 
sur  le  luth  était  considéré  comme  extraordi- 
naire. Il  a  laissé  en  manuscrit  un  grand 
nombre  de  messes,  vêpres,  hymnes,  motets, 
fantaisies  et  chansons.  Le  ))orlraitde  Mauduit 
a  été  inséré  par  Mersenne  dans  son  Traité 
de  l'harmonie  universelle  (liv.  7*,  p.  63).  On 
peut  voir  dans  la  notice  de  Lejeune  (Claude), 
une  anecdote  qui  fait  honneur  au  caractère  de 
Mauduit. 

BIAUGARS  (Avoe),  prieur  de  Saint- 
Pierre  d'Esnac,  vivait  à  Paris,  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-septième  siècle.  Les  his- 
toriettes de  Tallemant  des  Réaux,  publiées 
par  M.  de  Monmerqué,  fournissent  sur  ce 
musicien  des  renseignements  curieux  mêlés 
d*anecdotcs  assez  fades  (t.  IIl,  p.  108-114). 
u  Maugars,  dit-il,  était  un  joueur  de  viole  le 
w  plus  excellent,  mais  le  plus  fou  qui  ait 
u  jamais  été.  Il  était  au  cardinal  de  Riche- 
u  lieu.  Bois-Robert,  pour  divertir  Téminentis- 
u  sime,  lui  faisait  toujours  quelque  malice.  » 
Après  une  longue  etsotte  histoircsurune mys- 
tification faite  à  Tabbé  Maugars,  Tallemant 
rapporte  cette  anecdote  :  «  Un  jour,  M.  le 
i(  cardinal  lui  ayant  ordonné  de  jouer  avec 
tt  les  voix  en  un  lieu  où  était  leRoi  (LouisXlII), 
tt  le  Roi  envoya  dire  que  la  viole  emportait  les 
u  voix  (c^est-à-dire,  qu^elle  jouait  trop  fort). 
i«  — Maugré  bieu  de  Pignorant!  dit  Maugars, 
a  je  ne  jouerai  jamais  devant  lui.  —  DeNiert, 
«  qui  le  sut,  en  fit  bien  rire  le  Roi.  d  Cette 


aventure  fit  sortir  Maugars  de  chez  le  cardinal 
de  Richelieu.  Plus  tard,  il  alla  à  Rome,  à  la 
suite  d*un  grand  seigneur.  «  Je  Pai  vu  à  Rome 
u  (dit  Tallemant).  A  la  naissance  de  M.  le 
u  Dauphin  (Louis  XIV,  en  1658),  il  joua  de- 
tt  vant  le  pape  Urbain  VIII,  et  disait  que  Sa 
tt  Sainteté  s'étonnait  qu*un  homme  comme  lui 

«  pût  être  mal  .avec  quelqu*un  Maugars 

tt  revint  en  France  et  mourut  quelques  années 
tt  après.  » 

11  était  allé  en  Angleterre  Tcrs  1623,  et  en 
avait  rapporté  le  Traité  de  Bacon  De  Aug- 
mentis  scientiarum qu^W  traduisit  en  français 
sous  ce  titre  :  le  Progrès  et  avancement  aux 
sciences  divines  et  humaines;  Paris,  162-i. 
Plus  tard,  il  donna  aussi  la  traduction  du  petii 
traité  anglcis  du  même  auteur  :  Considéra- 
tions politiques  pour  entreprendre  la  guerre 
d'Espagne;  Paris,  Cramoisy,  1634,  in-4«. 
Celte  traduction,  dédiée  au  cardinal  de  Ri- 
chelieu, lui  valut  le  titre  de  conseiller  secré- 
taire interprète  du  roi  en  langue  anglaise. 
C'est  cette  même  traduction  que  Buchon  a 
insérée  dans  la  collection  des  œuvres  de  Bacon 
(Panthéon  littéraire).  Parmi  ses  écrits,  on  re- 
marque celui  qui  a  pour  titre:  Response  faite 
à  un  curieux  sur  le  sentiment  de  la  musique 
d'Italie  y  écrite  à  Rome,  le  1*'  octobre  1639; 
Paris  (sans  nom  d*imprimeur),  1639,  in-8*. 
Dans  cet  opuscule,  Tabbé  Maugars  parle  avec 
admiration  du  talent  de  Frescobaldi,  qu^il 
avait  entendu  à  Rome.  On  a  réimprimé  ce 
morceau,  sous  ce  titre  :  Discours  sur  la  mu- 
sique d'Italie  et  des  opéras,  dans  le  Recueil 
de  divers  traités  d'histoire,  de  morale  et 
d'éloquence  ;  Paris,  1672,  petitin-13. 

MAULGRED  (Put),  maître  du  chant  à 
réglise  collégiale  de  Saint-Pierre,  à  Lille,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle,  a 
composé  un  recueil  de  motets  publié  sous  le 
titre  de  Cantiones  sacrx  4,  5,  6«8  vocum; 
Anvers,  1603,  in-4«.  On  a  aussi  de  sa  compo- 
sition :  Chansons  honnestes,  à  4  et  5  parties; 
Anvers,  1606,  in-4<>. 

MAUPIN  (M»'),  née  vers  1673,  était 
fille  d'un  secrétaire  du  comte  d*Armagnac^ 
nommé  d'Auhigny.  Mariée  fort  jeune,  elle 
obtint,  pour  son  époux  un  emploi  dans 
les  aides ,  en  province.  Pendant  son  ab- 
sence, ayant  fait  connaissance  d*un  pré- 
vôt de  salle,  nommé  Séranne,  elle  s^en- 
fuit  avec  lui  à  Marseille,  où  elle  apprit  à 
faire  des  armes.  Bientôt  après,  pressés  par  le 
besoin,  les  deux  amants  s*engagèrent  comme 
chanteurs  au  théâtre  de  celte  ville  ;  mais  une 
aventure  scandaleuse  obligea  mademoiselle 


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MAUPIN  —  MAURER 


37 


naupin  de  quitter  le  théâtre  et  de  s^éloigoer 
de  Harseille.  Les  parents  d'une  jeune  personne, 
s*étant  aperçus  de  la  passion  que  cette  actrice 
avait  conçue  pour  elle,  le  hâtèrent  de  renvoyer 
ilans  un  couvent  à  Avignon.  Mademoiselle 
Maupin  alla  s*y  présenter  comme  novice.  Peu 
de  jours  après,  une  religieuse  mourut;  Tac- 
trice  porta  le  cadavre  dans  le  lit  de  son  amie, 
mit  le  feu  à  la  chambre,  et  dans  le  tumulte 
causé  par  Tincendie,  enleva  Tobjet  de  ses  af- 
fections. Après  quelques  aventures  en  pro- 
vince, elle  vint  à  Paris  et  débuta  à  TOpéra  par 
le  rôle  de  PaZ/aj dans  Cadmus,  en  1605.  Elle 
y  fut  fort  applaudie  ;  pour  remercier  le  public, 
elle  se  leva  dans  la  machine,  et  salua  en 
^tant  son  casque.  Après  la  retraite  de  made- 
moiselle Rochois,  en  1698,  elle  partagea  les 
premiers  rôles  avec  mesdemoiselles  Desmatins 
et  Moreau. 

Née  avec  des  inclinations  masculines,  elle 
s^habillait  souvent  en  homme,  pour  se  divertir 
ou  se  venger.  Duménil,  acteur  de  TOpéra, 
i*ayant  insultée,  elle  Pattendit  un  soir  à  la 
place  des  Viclotres,  habillée  en  cavalier,  et 
lui  demanda  raison  Pépée  à  la  main  ;  sur  son 
refus  de  se  battre,  Maupin  lui  donna  des 
coups  de  canne,  et  lui  prit  sa  montre  cl  sa  ta- 
batière. Le  lendemain,  Duménil  raconta  à  ses 
camarades  qu'il  avait  été  attaqué  par  trois  vo- 
leurs, qu*il  leur  avait  tenu  té(e,  mais  qu'il 
n'avait  pu  empêcher  qu'ils  ne  lui  prissent  sa 
montre  et  sa  tabatière.  —  «  Tu  mens  !  »  s'écrie 
Maupin,  «  tu  n'es  qu'un  lâche  j  c'est  moi 
a  seule  qui  t'ai  donné  des  coups  de  bâton,  et 
u  pour  preuve  dece  que  je  dis,  voici  ta  montre 
<(  et  ta  tabatière  que  je  te  rends.  «  Dans  un 
bal  donné  au  Palais-Royal,  par  Monsieur,  elle 
osa  faire  à  une  jeune  dame  des  agaceries  indé- 
centes. Trois  amis  de  cette  dame  lui  en  de- 
mandèrent raison  :  elle  sortit  sans  hésiter, 
mit  ré|>ée  à  la  main,  et  les  tua  tous  trois. 
Rentrée  dans  la  salle  du  bal,  elle  se  fit  con- 
naître au  prince,  <|ui  lui  obtint  sa  grâce. 

Peu  de  temps  après ,  elle  partit  pour 
Bruxelles,  où  elle  devint  la  maîtresse  de  l'élec- 
teur de  Bavière.  Ce  prince  l'ayant  quittée 
pour  une  comtesse,  lui  envoya  quarante  mille 
francs  avec  ortirede  sortir  de  Bruxelles.  Ce  fut 
le  mari  de  la  dame  lui-même  qui  fut  chargé 
de  porter  Tordre  et  le  présent.  Maupin  lui  jeta 
l'argent  à  la  télé  en  lui  disant  que  c'était  une 
récompense  digne  d*un  m...  tel  que  lui.  De 
retour  à  Paris,  elle  rentra  à  l'Opéra,  qu'elle 
quitta  tout  â  fait  en  1705.  Quelques  années  au- 
paravant, elle  avait  eu  la  fantaisie  de  se  rac- 
commoder avec  son  mari,  qu'elle  fit  venir  de 


la  province  ;  on  dit  qu*elle  vécut  avec  lui  dans 
une  parfaite  union  jusqu^à  la  mort  de  ce  der- 
nier, arrivée  en  1701.  Elle-même  mourut  vers 
ia  fin  de  1707,  âgée  de  trente-trois  ans.  On 
trouve  dans  les  Anecdotes  dramatiques j 
t.  III,  p.  333,  une  lettre  que  lui  adressa  le 
comte  Albert  sur  le  projet  qu'elle  avait  conçu 
de  se  retirer  du  monde.  Elle  avait  peu  de  ta- 
lent dans  l'art  du  chant,  mais  sa^voix  était  fort 
belle. 

MAUREU  (JosEPn-BERifARD),  né  à  Co- 
logne, en  1744,  s'est  dislingué  dans  la  mu- 
sique par  des  connaissances  théoriques  et 
didactiques  très-solides.  Il  jouait  bien  de 
plusieurs  instruments,  particulièrement  du 
piano  et  du  violoncelle.  Bon  professeur,  il  a 
compté  parmi  ses  meilleurs  élèves  Bernard 
Klein  et  son  frère  Joseph,  Bernard  Breuer  et 
Zucalmaglio  {voyez  ces  noms).  Maurer  dirigea 
plusieurs  sociétés  musicales  de  sa  ville  natale 
et  fut  longtemps  un  des  plus  fermes  soutiens  des 
progrès  du  goût  de  la  musique  dans  le  cercle 
où  il  vivait.  Il  a  écrit  des  cantates  religieuses, 
des  messes  et  d'autres  œuvres  pour  l'église, 
ainsi  que  des  compositions  instrumentales. 
Cet  artiste  estimable,  est  mort,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-dix-sept  ans,  à  la  fin  d'avril 
1841. 

MAUREU  (TnAifcois-AifTOiNE) ,  chanteur 
allemand,  naquit  à  Pœlten,  près  de  Vienne, 
en  1777.  Ayant  été  admis  fort  jeune  au  sémi- 
naire de  celte  ville,  il  y  fut  remarqué  par  le 
baron  YanSwieten,  qui  lui  fit  donner  une  édu- 
cation musicale,  et  lui  fil  apprendre  les  lan- 
gues italienne  et  française.  La  composition  et 
le  chant  devinrent  ensuite  les  objets  particu- 
liers de  ses  études.  A  peine  âgé  de  quinze  ans, 
il  se  faisait  remarquer  par  de  légères  com- 
positions. En  1706,  il  débuta  au  théâtre  de 
Schikaneder  par  le  rôle  de  Sarastro,  dans  la 
Flûte  enchantée,  où  il  obtint  un  brillant  suc- 
cès. L'étendue  de  sa  voix  dans  le  grave  était 
extraordinaire  :  on  assure  même  qu'il  descen- 
dait jusqu'au  tontre-laj  ce  qui  était  presque 
sans  exemple,  sauf  en  Russie  où  se  trouvent 
des  voix  de  basse-contre  qui  descendent  jus- 
qu'au contre-fa.  Ses  discussions  avec  son 
protecteur,  qui  voulait  qu'il  ne  cultivât  que 
son  talent  de  compositeur,  se  terminèrent  par 
des  scènes  désagréables  qui  l'obligèrent  à 
s'éloigner  de  Vienne.  Il  se  rendit  d'abord  à 
Francfort-sur>le-Meln,  où  il  avait  un  engage- 
ment pour  le  Théâtre-National.  II  y  joua  avec 
succès  jusqu'à  la  fin  de  l'année  1800;  puis  il 
fut  appelé  à  Munich,  dont  les  habitants  ne  l'ac- 
cueillirent pas  moins  bien;  mais  il  ne  jouit 


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3S 


MAURER 


pas  longtemps  des  avantages  de  sa  nouvelle 
position,  car  une  fièvre  ardente  le  conduisit  au 
tombeau,  le  19  avril  1B03.  Comme  composi- 
teur, il  s*est  fait  connaître  par  la  musique 
d*une  traduction  allemande  de  Topera  comique 
intitulé:  Maison  à  vendre,  et  par  un  autre 
petit  opéra  dont  David  Teniers  était  le  sujet. 
On  connaît  aussi  de  loi  de  petites  pièces  pour 
le  piano;  Vienne,  Weigl;  des  airs  détachés  et 
des  scènes  avec  accompagnement  de  piano; 
Offenbach,  André. 

MAURER  (LoDis-GuiLLAirMB),  violoniste 
et  compositeur,  né  à  Potsdam,  le  8  février 
1789,  est  élève  de  Haak,  maître  de  concert  de 
Frédéric  II,  et  violoniste  distingué.  A  Tâge  de 
treize  ans,  il  se  fit  entendre  pour  la  première 
fois  à  Berlin,  dans  un  concert  :  de  vifs  applau- 
dissements accueillirent  son  talent  précoce,  et 
cet  heureux  début  décida  de  sa  carrière  d*ar- 
tiste.  Attaché  d*abord  à  la  musique  de  la 
chambre  du  roi  de  Prusse,  il  y'  puisa,  dans  la 
fréquentation  de  musiciens  de  mérite,  des 
conseils  et  des  modèles  qui  hâtèrent  ses  pro- 
grès. En  1800,  la  chapelle  du  roi  ayant  été 
dissoute  après  la  bataille  de  Jéna,  Maurer  dot 
chercher  des  ressources  en  voyageant.  D'abord, 
il  se  rendit  à  Kœnigsberg,  où  il  fut  bien  ac- 
cueilli, puis  à  Riga,  où  il  connut  Rode  et 
Baillot,  qui  lui  donnèrent  des  conseils^  et  en- 
fin à  Mittau,  d*où  il  se  rendit  à  Pétersbourg. 
Les  concerts  qu^il  y  donna  améliorèrent  sa 
position,  et  le  firent  connaître  avantageuse- 
ment. De  là,  il  se  rendit  à  Moscou,  où  il  re- 
trouva Baillot,  qui  lui  fit  obtenir  la  place  de 
directeur  de  musique  chez  le  chambellan  Wso- 
wologsky,  riche  amateur  de  musique  qui  avait 
formé  un  orchestre  attaché  à  sa  maison. 
Maurer  resta  chez  ce  seigneur  Jusqu^en  1817, 
et  le  suivit  dans  ses  terres,  aux  frontières  de 
la  Sibérie,  à  Pépoque  de  Pinvasion  de  Par- 
mée  française.  De  retour  à  Berlin,  en  1818,  il 
y  resta  peu  de  temps,  et  fit  un  voyage  à  Paris, 
où  il  eut  des  succès  comme  violoniste.  L'année 
suivante,  il  accepta  la  place  de  maître  de  con- 
certs à  Hanovre,  et  il  resta  dans  cette  ville 
Jusqu*en  1833,  époque  où  il  reçut  de  M.  de 
Wsowologsky  iMnvitation  de  se  rendre  à  Pé- 
tersbourg, en  qualité  de  directeur  de  sa  mu- 
sique. Il  y  jouissait  de  beaucoup  d'estime 
comme  virtuose  et  comme  compositeur.  En 
1845,  il  a  entrepris  un  nouveau  voyage  dans 
lequel  il  a  visiléStockholm,  Copenhague,  Ham- 
bourg, Leipsick  et  Vienne;  puis,  il  s'est  fixé  à 
Dresde,  où  il  vivait  encore  en  1859.  Parmi  ses 
ouvrages,  ceux  <|ui  ont  eu  le  plus  de  succès 
sont  sa  symphonie  conccrianie  pour  «luaire 


violons,  qu'il  a  exécutée  pour  la  première  fois 
avec  Spohr,  Muller  et  Wicb,  et  qui  a  été  en- 
tendue à  Paris,  en  1858,  dans  un  concert 
donné  par  Uerz  et  Lafont,  et  son  œuvre  14% 
qui  consiste  en  trois  airs  russes  variés  pour 
violon,  avec  orchestre.  Il  a  écrit  aussi  quel- 
ques opéras  et  ballets,  entre  autres  Alonxo, 
la  Fourberie  découverte  et  le  IS'ouveau  PdriM, 
dont  on  a  publié  les  ouvertures  à  grand  or- 
chestre; mais  il  n'a  point  réussi  dans  ces  com- 
positions. Ses  ouvr4iges  publiés  sont  :  1«  Les 
ouvertures  citées  ci-dessus.  2«  Symphonie 
concertante  pour  quatre  violons,  op.  55; 
Leipsick,  Peters.  3<»  Symphonie  concertante 
pour  deux  violons,  op.  56;  Leipsick,  Uof- 
meister.  4<^  Romance  de  Joseph  variée  pour 
deux  violons  et  violoncelle  principaux,  avec- 
orchestre,  op.  25;  Leipsick,  Peters.  5"  Varia- 
tions pour  deux  violons  principaux  et  or- 
chestre, op.  30  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœr- 
tel.  Q«  Jdem,  op,  47;  Leipsick,  Hofmeister. 
7^  Concertos  pour  violon  principal  et  or- 
chestre, n»»  1,  2,  3,  4,  5,  6,  7,  8;  Leipsick, 
Peters.  8«  Concerti nos  idem,  n"  1  et  2;  Bruns- 
wick, Meyer.  9^  Fantaisies  pour  violon  prin- 
cipal et  orchestre,  op.  60  et  62;  Leipsick,  Hof- 
meister. 10°  Airs  variés  idem,  op.  2,  14,  IG, 
23,  35,  37,  51,  53,  59,  70;  Leipsick,  Hanovre 
et  Brunswick.  U^'  Idem,  avec  accompagne- 
ment de  quatuor.  12o  Quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  violoncelle,  op.  17,  28;  Bonn, 
Simrock;  Hanovre,  Bachmann.  Id*"  Duos  con- 
certants pour  deux  violons,-  op.  61  ;  Leipsick, 
Peters.  14*^ Chansons  allemandes,  avec  accom- 
pagnement de  piano. 

Maurer  a  eu  deux  fils,  JFsevolod  et  Alexis, 
nés  tous  deux  à  Pétersbourg;  le  premier, 
élève  de  son  père  pour  le  violon;  l'autre,  vio- 
loncelliste. Ils  ont  voyagé  ensemble,  pour 
donner  des  concerts,  à  Kœnigsberg,  Leipsick 
et  Berlin,  en  1832  et  1833:  puis  ils  sont  re- 
tournés en  Russie,  où  ils  se  trouvaient  encore 
en  1848. 

MAURER  (J.-M.)'fut  chef  d'orchestre  du 
théâtre  de  Strasbourg,  depuis  1829  jusqu'en 
1830.  Il  ajécrit  la  musique  pour  la  tragédie  de 
Bélisaire,  qui  fut  représentée  dans  cette  ville 
en  1830.  Dans  la  même  année,  il  y  fit  exécu- 
ter son  oratorio  de  la  Jeunesse  de  David, 
Ces  renseignements  sont  les  seuls  que  j'ai  pu 
me  procurer  sur  cet  artiste.  Peut-être  est-ce 
le  même  Maurer  qui  était  chef  d'orchestre  à 
Bamberg,  et  qui  y  fit  représenter,  en  1837,  un 
mélodrame  intitulé  :  jllazeppa,  et  qu'on  re- 
trouve, en  1842,  à  Langenschwalbach,  diri- 
geant une  société  de  chant. 


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MAURICE-AUGUSTE  --  MAXANT 


r,j 


MAURICE-AUGUSTE,  landgrave  de 
Hesse-Cassel,  né  le  25  mai  1572,  fut  un  des 
princes  les  plus  instruits  de  son  temps,  et  joi- 
gnit à  ses  connaissances  littéraires  du  talent 
pour  la  musique.  Il  composa  des  mélodies 
pour  quelques  psaumes  de  Lobwasser,  et  des 
motets  i  plusieurs  voix  dont  quelques-uns  ont 
été  insérés  dans  les  Florilegium  Portenêe  de 
Bodenschatz.  D^autres  compositions  à  plusieurs 
voix  de  ce  prince  ont  é(é  insérées  dans  le  No» 
vum  et  insigne  OpuSj  continens  textus  me- 
tricos  taeros  de  Yalentin  Geuck  {voyez  ce 
nom);  Cassel,  1604.  Fatigué  du  monde,  il  ab- 
diqua, passa  les  dernières  années  de  sa  vie 
dans  la  retraite,  et  mourut  le  15  mars  1632. 

MAURO  (le  père),  religieux  de  Tordre  des 
Servîtes,  né  à  Florence  en  1493,  mourut  le 
27  septembre  1556,  à  l'âge  de  soixante- trot  s 
ans,  et  fut  inhumé  dans  Téglise  de  Vyénnun- 
siata  de  sa  ville  natale,  couvent  où  il  avait 
passé  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  et  dans 
lequel  il  termina  sa  carrière.  Ce  moine  était 
versé  dans  les  lettres,  la  philosophie  et  les 
sciences:  telle  était  retendue  de  ses  connais- 
sances, que,  suivant  Negri  (1),  il  était  appelé 
Bibliothèque  scientifique  (TArchivio  délie 
scienze).  En  1532,  il  ftit  admis  au  nombre  des 
théologiens  de  Tuniversité.  On  le  désignait 
quelquefois  pac  le  nom  académique  de  Philo- 
panofYfo;  maisTAcadémie  à  laquelle  il  ap- 
partint sous  ce  nom  n*est  pas  Indiquée.  Ne- 
gri a  écrit  une  nolice  sur  ce  moine  (2),  sous 
le  nom  de  Maure  di  Fiorenxa,  et  donne  la 
liste  de  ses  ouvrages,  parmi  lesquels  il  s*en 
trouve  un  indiqué  de  cette  manière  :  Corn- 
pendio  delV  una  e  delV  altra  Musiea.  Ce 
livre  exista  en  manuscrit  dans  la  Bibliothèque 
du  couvent  de  VAnnun%iata  jusqu'au  com- 
mencement du  dix -neuvième  siècle;  mais, 
après  la  suppression  des  monastères,  qui  fut 
la  conséquence  delà  domination  française  en 
Italie,  rouvrage  disparut.  On  ignorait  ce  qu'il 
était  devenu,  lorsque  M.  Casamorata,  avocat 
et  amateur  distingué  de  musique  à  Florence, 
Ta  retrouvé  dans  la  Bibliothèque  Mediceo- 
Laurenziana  de  cette  ville,  parmi  les  livres 
des  couvents  supprimés  (armoire  B,  n^  149)  ; 
il  en  a  donné  une  analyse  dans  le  tome  7«  de 
la  Gazzetta  musicale  di  Milano  (1848,  p.  5). 
Le  titre  latin  de  l'ouvrage  de  Mauro  est  ce- 
lui-ci :  UtriusqueMwicesepitome,  M,  Mauro 
Phonaseo  ac  Philopanareto  autore  /  il  est 
suivi  du  titre  italien  :  Dell'  una  a  deW  altra 


(I)  htorla  Je  Fiorentini  Scritiori,  pog.  409. 
(i)  Loc.  cit. 


musica,  piana  e  misurata,  prattica  e  spe- 
cnlativa,  brève  epitome,  etc.  En  traitant  des 
intervalles  et  de  leur  nature,  Mauro  fait  celte 
remarque  (pp.  37*38),  bien  digne  d'attention 
et  qui  renferme  une  grande  vérité,  méconnue 
par  tous  les  théoriciens,  jusqu'au  moment  où 
j'en  ai  donné  la  démonstration  tonale,  à  sa- 
voir que  le  demi-ton  majeur  ne  l'est  que  de 
nom,  mais  non  en  fait,  car  «  l'oreille  le  juge 
mineur.  »  Cette  observation  de  Mauro  s'ap- 
plique aux  demi-tons  constitutifs  de  toute 
gamme  de  modes  majeurs  ou  mineurs,  parce 
que,  contrairement  à  la  théorie  vulgaire  des 
géomètres,  ils  sont  dans  la  proportion  |||. 
Le  vrai  demi-ton  majeur  j^  n'existe  qu'entre 
deux  sons  qui  n'appartiennent  pas  à  la  même 
gamme,  comme  ut-ut  dièse,  fa- fa  dièse,  etc. 
Dans  le  demi-ton  mineur,  les  sons  ont  entre 
eux  de  l'attraction,  comme  mi- fa,  si-ut,  etc.; 
dans  le  demi-ton  majeur,  les  sons  se  repous- 
sent réciproquement.  Sur  cette  simple  base 
repose  toute  la  théorie  de  la  tonalité. 

SIAYIUS  (CuàRLEs),  professeur  de  mu- 
sique à  Leicester,  né  à  Bedford  en  1800,  est 
fils  d'un  musicien  allemand  qui  résidait  à 
Kettering  en  1824.  Élève  de  son  père,  il  fit  de 
si  rapides  progrès  dans  la  musique,  qu'à  l'âge 
de  quatorze  ans  il  obtint  la  place  d'organiste 
à  Kettering.  Plus  tard,  il  est  devenu  élève  de 
Griffln  pour  le  piano,  et  de  King  pour  l'har- 
monie et  le  chant.  En  1820,  il  est  fixé  à  Lei- 
cester. On  a  gravé  de  sa  composition  quelques 
morceaux  de  piano  qui  ont  paru  à  Londres 
depuis  1817. 

MAX  (Maxihiuek),  violoniste  habile,  né  à 
Winterberg,  en  Bohême,  le  27  décembre 
1769,  fit  ses  études  musicales  comme  enfant 
de  chœur  à  l'église  cathédrale  de  Passau,  où 
il  fit  aussi  ses  huftianités  et  son  cours  de  phi- 
losophie. Plus  tard,  il  alla  étudier  la  théolo- 
gie à  Pragne.  En  1792,  il  entra  dans  l'ordre 
des  Prémontrés  à  Tepel.  Après  la  suppression 
de  son  couvent,  il  alla  à  Neumark.  En  1815, 
il  remplissait  les  mêmes  fonctions  à  Czihana. 
Non-seulement  il  a  été  un  des  meilleurs  vio- 
lonistes de  la  Bohême,  mais  il  jouait  aussi  fort 
bien  du  piano  et  de  la  viole  d'amour.  On  a 
gravé  de  sa  composition,  à  Prague,  six  trios 
pour  deux  violons  et  violoncelle. 

MAXAIST  (Jean-Népomdcèwe-Adaliebt), 
organiste  distingué  et  compositeur,  naquit  vers 
1750,  dans  la  seigneurie  de  Rossenberg,  a 
DiwicZ;  en  Bohême.  D'abord  élève  d*un  très- 
bon  organiste,  nommé  Rokos,  il  reçut  ensuite 
des  leçons  de  Koprziwa,  un  des  meilleurs 
élèves  du  célèbre    organiste   Segert.  Après 


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40 


MAXANT  -  MAYER 


avoir  étudié  peDdant  plusieurs  années  sous  la 
direction  de  ce  maître,  il  voyagea  dans  la 
haute  et  basse  Autriche,  fut  attaché  successi- 
vement comme  musicien  au  service  de  plu- 
sieurs couvents,  et  enfin  fut  nommé,  en  1776, 
recteur  du  collège  et' directeur  du  chœur  à 
Friedberg,  où  il  vivait  encore  en  1817.  Cet 
artiste  a  formé  un  nombre  considérable  (Vex- 
cellents  élèves,  dont  la  plupart  ont  été  ou  sont 
organistes  en  Bohême.  Il  a  publié,  à  Linz,  une 
messe  à  quatre  voix  et  orchestre  composée 
pour  les  académiciens  de  cette  ville.  Il  avait 
en  manuscrit:  1<>  Dix-huit  messes  solennelles. 
2o  Six  motets.  5<>  Six  messes  de  Requiem. 
A^  Beaucoup  de  chants  détachés.  5<>  Des  pré- 
ludes et  pièces  d^orgue.  6®  Des  sonates  et  va- 
riations pour  le  piano. 

mAXIMILIEN-JOSEPH  m,  électeur 
de  Bavière,  naquit  à  Munich,  le  28  mars  1727, 
et  succéda  à  son  père  Charles-Albert,  en  1745. 
Une  instruction  solide  dans  les  sciences  et 
dans  les  arts,  un  esprit  droit  et  le  désir  sin- 
cère de  rendre  ses  sujets  heureux,  en  firent 
un  des  princes  les  plus  accomplis  du  dix- 
huitième  siècle.  On  le  surnomma  le  Bien- 
Mméy  dénomination  mieux  méritée  par  lui 
que  par  son  contemporain  Louis  XV,  roi  de 
France.  Il  mourut  à  Munich,  le  30  décembre 
1777.  Ce  prince  Jouait  bien  du  violon,  du  vio- 
loncelle, et  surtout  de  la  basse  de  viole.  Ber- 
nasconi  avait  été  son  maître  de  composition. 
Lorsque  Thistorien  de  la  musique  Burney  vi- 
sita la  Bavière,  le  duc  lui  fit  présent  d*uD 
Stabat  mater  de  sa  composition,  quele  célèbre 
chanteur  Guadagni  considérait  comme  un  fort 
bon  ouvrage.  Précédemment,  une  copie  de  ce 
Stabat  avait  été  poKée  i  Venise  à  Tinsu  du 
prince,  et  le  morceau  avait  été  gravé  sur  des 
planches  de  cuivre  ;  informé  de  cet  événe- 
ment, Maximilien  fit  acheter  toute  Tédition  et 
la  supprima.  On  cite  aussi  de  sa  composition 
des  litanies  et  une  messe  qui  fut  exécutée  par 
les  musiciens  de  sa  chapelle. 

HIAXV^XLL  (Fhahçois  KELLY),  doc- 
teur en  théologie  et  chapelain  de  rhôpital 
d*Édimbourg  appelé  Atylum ,  naquit  en 
Ecosse,  vers  1730,  et  mourut  à  Edimbourg,  en 
1782.  Il  a  fait  imprimer  un  livre  qui  a  pour 
titre  :  y4n  Essay  upon  tune;  being  an  at- 
tempt  to  free  the  scale  of  musie,  and  the 
tune  of  instruments,  from  imperfections 
(Essai  sur  la  tonalité,  ou  tentative  pour  af- 
franchir de  leurs  imperfections  Téchelle  musi- 
cale et  la  consiructionlonale  des  instruments); 
Edimbourg,  1781,  in-S»,  de  deux  cent  quatre- 
vingt-dix  pages,  avec  dix-neuf  planches.  Le 


frontispice  de  cet  ouvrage  a  été  renouvelé, 
avec»  r indication  de  Londres  et  la  date  de 
1704.  Le  livre  est  divisé  en  deux  parties,  dont 
chacune  est  subdivisée  en  sept  chapitres  :  la 
première  est  relative  à  la  construction  ration- 
nelle des  intervalles;  la  seconde,  à  la  con- 
struction des  gammes  majeure  et  mineure  de 
tous  les  tons.  L'objet  du  livre  de  Maxwell  est 
un  Âes  plus  importants  de  la  philosophie  de  la 
musique  ;  il  contient  de  curieuses  recherches 
sur  ce  sujet,  dont  les  difficultés  sont  considé- 
rables :  malheureusement,  Tauteur  part  d^une 
donnée  fausse,  en  considérant  le  système  égal 
comme  le  dernier  terme  de  la  perfection  dans 
la  construction  des  gammes,  et  comme  le  seul 
moyen  de  rendre  régulière  la  conformation  de 
celles-ci.  Quoi  qu'il  en  soit  de  Terreur  de  Max- 
well à  cet  égard,  on  ne  peut  nier  qu'il  ne  fasse 
preuve  de  beaucoup  de  savoir,  et  d'un  esprit 
élevé.  Son  livre,  traité  sous  la  forme  la  plus 
sévère,  n'a  point  eu  de  succès  en  Anjgleterre  ; 
l'édition  a  été  anéantie,  et  les  exemplaires  en 
sont  devenus  d'une  rareté  excessive  ;  ce  n'est 
pas  sans  peine  que  j'ai  pu  m'en  procurer  un  à 
Londres  même. 

MAXYLLEWICZ  (Vihcert),  composi- 
teur polonais,  né  en  1685,  était  depuis  six  ans 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Craco- 
vie,  lorsqu'il  mourut  subitement,  i  l'âge  de 
soixante  ans,  le  24  janvier  1745.  Ces  rensei- 
gnements sont  fournis  par  une  notice  contem- 
poraine, écrite  en  latin,  laquelle  a  été  publiée 
par  M.  Sowinski,  dans  son  livre  intitulé  :  les 
Musiciens  polonais  (1  ),  p.  390.  Quelques  com- 
t>osilions  de  Maxyliewicz  sont  conservées 
dans  la  Bibliothèque  de  la  cathédrale  de 
Cracovie. 

BIAYEIi  (jEAM-FaÉoÉaic),  savant  théolo- 
gien, né  à  Leipsick,  le  6  décembre  1650,  en- 
seigna la  théologie  à  Wittenberg,  à  Ham- 
bourg, à  Greifswald  et  à  Kiel.  Nommé, 
en  1701 ,  surintendant  général  des  églises 
de  la  Poméranie,  il  occupa  ce  poste  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  à  Stettin,  le  30  mars  1712. 
Parmi  ses  nombreuses  dissertations,  on  en 
trouve  une  :  De  hymno  .•  £rhaU  uns  Herr 
bey  deinem  IFort,  etc.;  Riel,  1707,  in-4«  de 
vingt-quatre  pages.  Dans  soa  Muséum  minis- 
tri  wcfesia?  (1600,  in -4»),  Il  traite,  au  deuxième 
chapitre,  p.  27,  de  l'origine,  de  Vantiquité 
et  de  la  construction  primitive  des  orgues. 

MAYER  (GooEFaoïD-DAVio),  docteur  en 
médecine,  et  membre  de  l'Académie  des  scru- 
tateurs de  la  nature,  à  Breslau,  naquit  dans 
cette  ville,  le  9  novembre  1659,  et  y  mourut 
le  28  novembre  1719.  On  a  de  lui  unedisser- 


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MAYER 


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(niion  inlilnlée  :  Jpologia  pro  observatione 
soni  cujusdam  in  pariete  dubii  inviiibilis 
autojnati;  Brcsiau,  1713,  in-4<>.  Elle  a  été 
aussi  insérée  dans  les  Jeta  ertiditorum  de  U 
même  année. 

MAYER  (CenÉTiEn),  professeur  de  philo- 
sophie, naquit  à  Mesrzitz,  en  Moravie,  le 
âO  août  1719,  entra  chez  les  Jésuites,  à 
Mayence,  le  26  septembre  1745,  après  avoir 
terminé  ses  éludes  avec  distinction  à  PUniver- 
sllé  de  Wtlrzbourg,  puis  sortit  de  cette  société, 
et  devint  professeur  de  philosophie  à  Heidel- 
herg,  où  il  mourut  le  16  avril  178?.  La  plupart 
de  ses  travaux  sont  relatifs  à  Tastronomie.  Ce 
savant  a  introduit  dans  Tharmonica  des  per- 
fectionnements dont  il  a  donné  la  descriplion 
avec  des  planches  dans  le  journal  intitulé  f  o?i 
und  fur  Deutschland  (de  PAIlemagnc  et  pour 
elle).  Ce  morceau  D*a  paru  qu*aprcj  sa  mort, 
au  mois  de  juillet  1784. 

MAYEU  (Antoiiib),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Libioz,  en  Bohême,  vers  le  milieu 
du  dix-huitième  siècle,  vécut  quelques  années 
à  P^ris,  puis  à  Londres  et,  enfin,  à  Cologne, 
où  il  fut  maître  de  chapelle.  Il  vivait  dans 
cette  dernière  ville  en  1793.  Il  a  fait  repré- 
senter à  rOpéra  de  Paris  :  !«  Damèle  et  Zul- 
mis,  en  1780.  2®  jipoUon  et  Dapkné,  en  un 
acte,  1782.  VAlmannch  théâtral  de  Gotha 
indique  de  lui  les  opéras  allemands  :  Z^  Da$ 
Irrlicht  (le  Follet).  4«  Die  Lufthagel  (POura- 
gan;  et  les  ballets  :  5«  Marlborough,  6«  Die 
Becher(\e  Boulanger).  On  a  gravé  de  lacompo- 
sition  de  cet  artiste  :  Trois  tq^os  brillants  pour 
deux  violons  et  liasse,  op.  1  ;  Bonn,  Simrock. 

MAYER  (Jean-Bernard),  professeur  de 
harpe,  né  en  Allemagne  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  se  rendit  à  Paris  en  1781,  et 
y  publia  une  méthode  pour  son  instrument, 
en  1785,  et  quelques  compositions  parmi  les- 
quelles on  remarque  :  1**  Divertissement  pour 
harpe  et  flûte  ;  Paris,  Janet.  2»  Duos  pour 
«ieux  harpes,  n»"  1  et  2;  Paris,  Naderman. 
3*»  Divertissement  pour  harpe  seule;  Paris, 
Pacini.  A^  Deuxième  idem;  Paris,  Érard. 
5*  Sonates  pour  harpe  seule,  n*«  1  et  2;  Paris, 
Naderman.  Plus  tard,  il  s'est  fixé  à  Londres, 
où  il  a  été  attaché  comme  harpiste  à  Torchestre 
•le  rOpéra  italien.  Il  est  mort  dans  celte  ville 
en  1820.  Des  variations,  des  fantaisies  et  des 
Iiots-pourris  pour  la  harpe  ont  été  aussi  pu- 
bliés sous  le  nom  de  cet  artiste. 

MAYEIi  ou  BIAYR  (Jean-Sihoh), "com- 
positeur, est  né  le  14  juin  1763  à  Mendorf, 
petit  village  de  la  haute  Bavière.  Son  père,  or 
ganiste  de  Pendroit,  lui  enseigna  les  éléments 


de  la  musique,  pour  laquelle  il  montrait 
d'heureuses  dispositions.  Enfant  de  chœur  à 
Page  de  huit  ans,  il  fut  bientôt  en  état  de 
chanter  à  vue  toute  espèce  de  musique,  et  à 
dix  ans  il  exécutait  sur  le  clavecin  les  sonates 
les  plus  difficiles  de  Schobert  et  de  Bach.  Vers 
cette  époque,  il  entra  au  séminaire  d'Ingol- 
stadt  pour  y  faire  ses  études,  et,  pendant  tout 
le  temps  qu'il  fréquenta  cette  école,  il  négligea 
Pétude  de  la  musique  et  du  piano  ;  mais  à  sa 
sortie  de  Puniversité,  il  se  livra  de  nouveau  à 
la  culture  de  cet  art  et  apprit  à  jouer  de  plu- 
sieurs instruments.  Conduit,  en  1786,  par 
différentes  circonstances  dans  le  pays  des  Gri- 
sons, il  y  demeura  deux  ans,  se  livrant  à  Pen- 
seignement  de  la  musique,  après  quoi  il  se 
rendit  à  Bergame  pour  y  étudier  Pharmonie 
et  Paccompagnement  sous  la  direction  du 
maître  de  chapelle  Carlo  Lenzi.  Déjà,  sans 
autre  guide  que  son  instinct,  il  avait  composé 
quelques  morceaux,  entre  autres  des  chansons 
allemandes  qui  avaient  été  publiées  à  Ratis- 
bonne.  Lenzi,  maître  médiocre,  ne  pouvait 
conduire  fort  loin  son  élève  dans  Part  d'écrire, 
et  les  ressources  de  Mayer  ne  lui  permettaient 
pas  d'aller  chercher  ailleurs  les  conseils  d'un 
harmoniste  plus  habile.  La  difficulté  de  pour- 
voir à  son  exislence  l'avait  même  décidé  à  re- 
tourner dans  son  pays;  mais  les  secours  géné- 
reux du  comte  Pesenti,  chanoine  de  Bergame, 
vinrent  le  tirer  d'embarras,  et  lui  fournirent 
les  moyens  d'aller  continuer  ses  éludes  à  Ve- 
nise auprès  de  Ferdinand  Bertoni,  maître  de 
chapelle  de  Saint-Marc.  Mayer  ne  trouva  pas 
dans  ce  maître  les  ressources  qu'il  avait  espé- 
rées pour  son  instruction.  Soit  que  Bertoni  le 
crût  plus  avancé  qu'il  n'était  réellement,  -soit 
qu'il  n'eût  point  l'habitude  de  l'enseignement 
et  qu'il  n'en  connût  pas  la  marche  progres- 
sive, au  lieu  d'exercer  son  élève,  sur  les  di  • 
verses  espèces  de  contrepoints,  de  canons  et 
de  fugues,  il  se  contenta  de  le  guider  de  ses 
conseils  dans  la  facture  des  morceaux  de  mu- 
sique, et  de  corriger  partiellement  les  fautes 
qu'il  remarquait  dans  ses  ouvrages.  Cette  édu- 
cation pratique  fut  la  seule  que  reçut  Mayer 
dans  Part  d'écrire  j  il  y  joignit  de  lui-même  la 
lecture  de  quelques  bons  livres  didactiques  et 
des  partitions  de  plusieurs  grands  maîtres. 

Apres  avoir  écrit  quelques  messes  et  des 
vêpres,  il  composa,  en  1791,  l'oratorio  Jacoh 
a  Labano  fugiens,  pour  le  Conservatoire  des 
Mendicanti,  à  Venise;  cet  ouvrage  fut  exé- 
cuté en  présence  du  roi  de  Naples,  du  grand- 
duc  de  Toscane,  et  de  Parchiduc,  vice-roi  de 
Milan.  Trois  autres  oratorios  (David,  Tobias 


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MAYER 


matrimonium,  et  Sisara)  furent  ensuite  de- 
mandés àMayerpour  Venise,  et  il  écrivit  pour 
Forli  la  Passion  et  Jepkté.  Le  brillant  succès 
de  toutes  ces  productions  avait  justifié  la  pro- 
tection accordée  au  compositeur  par  le  cha- 
noine Pesenli  :  ce  noble  ami  des  arts  rappela 
près  de  lui  son  protégé,  dans  le  dessein  de  passer 
avec  lui  ses  dernières  années;  mais  à  peine 
quelques  dispositions  avaient-elles  été  prises 
pour  la  réalisation  de  ce  projet,  que  le  comte 
mourut,  et  que  Mayer  resta  livré  à  ses  seules 
ressources.  Cet  événement  le  jeta  dans  la  car- 
rière de  la  composition  dramatique,  où  il  ne 
fût  peut-être  jamais  entré  si  son  protecteur 
eût  vécu.  Il  fut  déterminé  à  écrire  pour  le 
théâtre  par  les  conseils  de  Piccinni,  qui  se 
trouvait  alors  à  Venise.  Son  premier  opéra  fut 
SaffOy  0  sia  I  riti  d*JpoUo  Leucadio  ;  on  le 
représenta  au  théâtre  de  La  Fenice,  à  Venise, 
en  1794.  Depuis  cette  époque  jusqu'en  1814, 
c'est-à-dire  pendant  l'espace  de  vingt  années, 
le  nombre  des  opéras  et  des  cantates  théâ- 
trales composées  par  Mayer  s'est  élevé  à 
soixante-dix-scpt.  La  plupart  ont  été  favora- 
blement accueillis  par  les  amateurs  des  villes 
principales  de  l'Italie,  et  pendant  cette  pé- 
riode, le  nom  de  ce  compositeur  a  joui  d'une 
célébrité  supérieure  à  celle  des  meilleurs  ar- 
tistes italiens.  Quoiqu'il  ne  fût  pas  précisément 
doué  de  facultés  créatrices,  il  y  avait  assez 
de  mérite  dans  ses  ouvrages  pour  qu'on  les 
considérât  comme  le  type  du  style  drama- 
tique de  son  temps.  L'aurore  de  la  carrière  de 
Rossini  marqua  la  fin  de  celle  de  Mayer.  Ce- 
lui-ci n'avait  été  qu'un  homme  de  transition; 
son  jeune  rival  était  destinée  faire  une  trans- 
formation de  l'art.  L'activité  productrice  de 
Mayer  avait  été  prodigieuse  dans  les  premières 
années;  plus  tard,  elle  se  ralentit.  £n  1801, 
on  lui  donna  le  titre  de  membre  honoraire  du 
Collège  philharmonique  de  Venise; dans  l'an- 
née suivante,  la  place  de  maître  de  chapelle 
de  la  basilique  de  Sainte-Marie-Majeure  à  Ber- 
game  lui  fut  confiée,  et  depuis  lors  il  n'a  cessé 
d'en  remplir  les  fonctions.  Diverses  autres  po- 
sitions lui  ont  été  ofTertes  postérieurement  à 
Londres,  à  Lisbonne  et  à  Dresde  ;  mais  son 
attachement  à  la  ville  de  Bergameet  son  goût 
pour  l'existence  paisible  qu'il  y  trouvait  lui 
firent  refuser  les  avantages  qu'on  lui  offrait 
ailleurs.  C'est  par  les  mêmes  motifs  qu'il  n'ac- 
cepta pas  la  place  de  censeur  du  Conservatoire 
royal  de  Milan,  à  laquelle  il  avait  été  appelé 
par  un  décret  du  vice-roi  d'Italie,  daté  du 
29  avril  1807.  Lorsqu'il  eut  cessé  d'écrire 
pour  le  théâtre,  il  ne  s'éloigna  plus  de-  Bcr> 


gamc  et  ne  composa  plus  que  pour  l'église. 
Partageant  son  temps  entre  ses  élèves  et  la 
littérature  de  la  musique,  il  s'est  en  quelque 
sorte  isolé  pendant  vingt-cinq  ans  du  mouve- 
ment musical  qui  l'environnait,  et  n'a  cher- 
ché de  délassement  à  ses  travaux  que  dans  le 
plaisir  de  former  et  d'augmenter  chaque  jour 
une  collection  de  partitions  de  grands  maîtres 
et  de  livres  relatifs  à  la  théorie  et  à  l'histoire 
de  la  musique  qu'il  a  rassemblée  pendant  près 
de  quarante  ans.  La  direction  de  l'Inslitui 
musical  de  Bergame,  fondé  par  un  décret  du 
18  mar^  1805,  et  réorganisé  par  celui  du 
6  juillet  1811,  lui  a  été  confiée  depuis  son 
origine.  Il  y  enseignait  la  composition,  et  y  a 
formé  quelques  bons  élèves,  parmi  lesquels  on 
compte  Donizetli.  En  1841,  j'ai  visité  à  Ber- 
game cet  homme  respectable,  aussi  intéressant 
par  sa  simplicité,  par  sa  bonté  parfaite,  que 
distingué  par  son  talent.  Il  avait  alors  perdu 
la  vue  depuis  plusieurs  années;  mais  sa  cécité 
n'avait  point  altéré  sa  douce*gaieté  naturelle. 
Nous  causâmes  près  de  deux  heures,  et  je  lui 
trouvai  beaucoup  d'instruction  dans  la  littéra- 
ture et  l'histoire  de  la  musique,  particulière- 
ment en  ce  qui  concerne  l'Italie.  VUnion 
philharmonique  de  Bergame  venait  de  faire 
frapperen  sonhonneurune  médaillequ'il  m'of- 
frit avec  autant  de  plai«ir  que  j'en  eus  à  l'ac- 
cepter. Elle  représente  d'un  côté  son  eflîgie,  et 
porte  de  l'autre  cette  inscription  : 

AL  SUO  ISTITCTORE 

L'i'MONE  FILARXOHICA 

*0I  BEAGAHO 

MDCCCXLI 

XIV.  GIUG.IO 

Mayer  a  cessé  de  vivre  le  â  décembre  1845, 
à  l'âge  de  quatre-vingt-deux  ans.  Des  obsè- 
ques magnifiques  lui  ont  été  faites  par  la  ville 
de  Bergame. 

La  liste  des  ouvrages  de  cet  artiste  se  divise 
de  la  manière  suivante  :  I.  Musique  d'église  : 
1*^ Dix-sept  messes  solennelles  avec  orchestre. 
2»  Quatre  messes  de  hequiem,  idem.5<'  Vingt- 
cinq  psaumes.  4<*  Jacob  a  Lahano  fugiens^ 
oratorio;  Venise,  1791.  5^  Sisara,  idem; 
ibid.,  1793.  6®  Tqbisp  matrimoniumy  idem; 
ibid.,  1794.  7»  la  Fâuione,  à  Forli,  1794. 
8»  Davide^  idemj^%Venfsej  1795.  9«7/  Sacri- 
fizio  di  Jtftty  Aem,  à  Forli,  1795.  10«  Tous 
les  psaumes  à  quatre  et  cinq  voix  et  orgue. 
11»  Vêpres  complètes  avec  orchestre.  12*  Six 
IHiserere.  13»  Trois  Benedictus.  14"  Un  Sta- 
bat,  II.  Musique  tiéatrale  :  15»  Femio,  os- 
sia  la  musica  custode  delta  fede  maritale. 


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MAYER 


43 


caolale  à  trois  voix,  à  Venise,  en  1791. 
]0^  £ro,  cantale  à  voix  seule,  pour  la  canta- 
trice Bianca  Sacbetti,  en  1704.  \T^  Saffo,  os- 
sia  I  riti  d'ApoUo  Leucadio,  opéra  séria,  à 
Venise,  1794.  18«  Ternira  edAristOj  cantate 
pour  le  théâtre  de  La  Fenice,  à  Venise,  1795. 
19<>  Lodoiska,  opéra  séria,  ibid,,  1796. 
20«  Un  Pazzo  ne  fà  cento,  opéra  bouffe,  au 
théâtre  Saint-Samuel,  à  Venise,  1797.  21»  Te- 
lemacco,  opéra  séria,  à  La  Fenice,  1797. 
sa*//  Segreto,  farce,  au  théâtre  de  San-Mosè, 
à  Venise,  1797-  23»  rintrigo  délie  Lettere, 
ibid.,  1797.  24®  Le  Sventure  di  Leandro, 
cantate  en  deux  parties  pour  le  comte  Car- 
cano,  de  Vienne.  25*>  Avvi$o  ai  maritati, 
opéra  bouffe,  au  théâtre  Saint-Samuel,  à  Vc- 
nise,  1798.  26*^  Zauso  e  Lidia,  opéra  séria, 
pour  le  ibéâtrede  La  Fenice,  1798.  ^T^Adriano 
in  Sin'a,  idem,  pour  le  théâtra  San-Bene- 
delto.  28»  Che  originali!  farce,  pour  le  même 
théâtre,  1798.  29"  L'Amor.ingegnoso,  â  Ve- 
nise, 1799.  30®  Z'Ubbidienza  per  astuzia, 
farce,  pour  le  théâtre  San-Benedetto,  tWd., 
1799.  31»  Adelaide  di  Guesclino,  opéra  séria, 
pour  le  théâtre  de  La  Fenice,  ibid.,  1799. 
ô'2°L'Avaro,  farce,  au  théâtre  San-Benedetto, 
1799. 33»  Sabino  e  CarloUa,  ibid.  34»  L'Aca- 
demiadimusica,  idem,  ibid.j  1799.  35»  Lo- 
doiska,  avec  une  musique' noavelle,  pour  le 
théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  1800.  36»  Gli 
Scitti,  opéra  séria,  pour  le  théâtre  de  Xa  Fe- 
nice, à  Venise,  1800.  37»  La  Locandiera, 
opéra  bouffe,  pour  Touverture  du  théâtre  ^e- 
rico,  à  Vicence,  1800.  38»  //  Carretto  del 
venditor  d'aceto,tdLrcej  pour  le  théâtre  Saint- 
Ange,  â  Venise,  1800.  39»  L'Equivoco, 
opéra  bouffe,  pour  le  théâtre  délia  Scala,  à 
Milan,  1800.  40»  L'Imbroglione  ed  il  Casti- 
gamatti,  farce,  pour  le  théâtre  San-Mosè,  à 
Venise,  1800.  41»  Ginevra  di  Scozia,  opéra 
séria,  pour  Touverture  du  théâtre  de  Trieste, 
1801 .  42»  Le  Due  Giomate,  opéra  semi-seria, 
pour  le  théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  1801. 
43»  7  Firtuosiy  farce,  pour  le  théâtre  Saint- 
Luc,  à  Venise,  1801.  44»  Argene ,  opéra 
séria,  pour  le  théâtre  de  La  Fenice,  à  Venise, 
1801 .  45»  / Mitteri  Eleusini,  opéra  séria, au 
théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  1802.  46»  Ercole 
in  Lidia,  opéra  séria,  â  Vienne,  1803.  47»  Le 
Finti  rivalif  opéra  boulTe,  au  théâtre  de  la 
Scala,  à  Milan,  1803.  48»  Alfonso  e  Cora, 
ibid.,  1803.  49»  Amor  non  ha  ritegno,  opéra 
bouffe,  ibid.j  1804.  50»  EUsa,  opéra  semi- 
seria,  an  théâtre  San-Benedetto,  à  Venise. 
51»  L*Ero9  délie  Indie,  pour  Pouvcrtiire 
du  théâtre  de  Plaisance,  1804.  52»  Eraldo  ed 


Emma,  opéra  séria,  à  la  Scala,  à  Milan,  1805. 
53°  Di  locanda  in  locanda,  farce,  pour  le 
théâtre  de  San-Mosè,  à  Venise,  1805.54»  L'A- 
mor  conjugale,  opéra  semi-seria,  à  Padoue, 
1805.  55»  La  Roceia  di  Fakenstein,  opéra 
semi-seria,  au  théâtre  de  La  Fenice,  à  Venise, 

1805.  56»  GHAmericani,  opéra  séria,  ibid., 

1806.  57»  Ifigenia  in  Aulide,  opéra  séria,  à 
Parme,  1806.  58»  //  picciol  Compositore  di 
musica,  farce,  au  théâtre  de  San-Mosè,  de 
Venise,  1806.  59»  Adelasia  ed  Aleramo, 
opéra  séria,  pour  le  théâtre  de  la  Scala,  à 
Milan,  1807.  60»  Le  Due  GiornaU,  avec  une 
nouvelle  musique,  pour  le  théâtre  de  La  Fe- 
nice, à  Venise,  1807.  61»  Ne  Vun  neVallro, 
opéra  bouffe,  pour  le  théâtre  de  la  Scala,  à 
Milan,  1807,  et  dans  la  même  ville  une  cantate 
pour  la  paix  de  Tilsit.  62»  Belle  ciarle  e  tristi 
fatti,  opéra  bouffe,  pour  le  théâtre  de  La  Fe- 
nice, â  Venise,  1807.  63»  /  Ckerusci,  opéra 
séria,  pour  le  théâtre  Argentina,  à  Rome, 
1808.  64»  Il  Fero  originale,  opéra  bouffe,  au 
tréâtre  Falle,  1808.  65»  Il  Hitornod'Ulisse, 
opéra  séria,  pour  le  théâtre  de  La  Fenice,  à 
Venise,  1809.  66»  Il  Raoul  di  Crequi,  opéra 
séria,  au  théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  1810. 
67»  Amore  non  soffre  opposizione ,  opéra 
bouffe,  au   théâtre  de  San-Mosè,  à  Venise, 

1810.  68»  Cantate  en  deux  parties,  pour  le 
mariage  de  Tempereur  Napoléon,  exécutée  à 
rinstitut  musical  de  Bergame.69»  Ifigenia  in 
Aulide,  opéra  séria,  avec  une  nouvelle  mu- 
sique, pour  Touverture  du  théâtre  de  Brescia, 

1811.  70»  Il  Disertore  o$sia  Amore  filiale, 
opéra  semi-seria,  au  théâtre  de  San-Môsè,  à 
Venise,1811.71»^/édea;Opéra  séria,  au  théâtre 
de  La  Fenice,  à  Venise,  1812.72»  Tamerlano, 
idem,  au  théâtre  de  la  Scala,  â  Milan,  1813. 
73»  Le  Due  Duchesse,  opéra  bouffe,  ibid., 
1814.  74»  Rosa  bianca  e  Rosa  rossa,  opéra 
séria,  à  Rome,  1814.  75»  Atar,  opéra  séria, 
au  théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  1815. 76»  Elena 
e  Costantinoy  opéra  séria,  ï6id.,  1816. 77»^/- 
cide  al  Rivio,  cantate,  à  Bergame.  78»  En- 
viron dix  cantates  à  plusieurs  voix,  sans  or- 
chestre, pour  rusage  de  rinstitut  musical  de 
cette  ville.  Les  ouvertures  à  grand  orchestre 
d^Adelasiay  de  VEquivoco  et  de  Médée,  ont 
été  gravées  à  Offenbach  et  â  Paris.  Mayer  a 
composé  aussi  plusieurs  morceaux  de  mu- 
sique instrumentale  pour  Pécole  de  musique 
qu'il  dirigeait. 

Comme  directeur  de  rinstitut  musical  de 
Bergame,  il  est  auteur  de  plusieurs  ouvrages 
relatifs  à  renseignement,  entre  autres  de 
ceux-ci  :  laDotlrina  degli  elemenli  musicali, 


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44 


MAYER 


en  manusci'ii;  Brève  metodo  d' accompagna- 
mento,  idem.  On  cite  aussi  de  lui  un  alma- 
nach  musical,  et  une  noUce  sur  J.  Haydn 
inLitulée  :  Brevi  tiotizie  isloriche  délia  vitae 
délie  opère  di  Giuseppe  Ifaydn;  Bergame, 
1809,  iu-8«  de  quatorze  pages.  Ennn,  il  a 
écrit  une  notice  intitulée  :  Cenni  biographici 
di  Antonio  Capuzzi,  primo  violonista  délia 
chiesa  di  S, -Maria  Maygiore  di  Bergamo, 
Ce  morceau  se  trouve  dans  le  recueil  intitulé  : 
Poésie  in  morte  di  Ant,  Capuzzi;  Bergame, 
1818,  in-8°. 

MAYER  (Charles),  pianiste  et  composi- 
teur, est  né  en  1792,  à  Ciauslhal,  dans  le 
Harz,  suivant  VUniversal  Lexikon  der  Ton- 
fcunst,  de  Schilling,  lequel  ajoute  que  son 
premier  maître  de  musique  fut  Torganiste 
Rolirmann,que  son  père  le  destinait  à  Tétudc 
du  droit,  qu*il  ne  le  laissa  se  livrera  la  mu- 
sique qu*aux  heures  de  récréation,  de  manière 
à  ne  point  interrompre  ses  travaux,  et  que, 
parvenu  à  Tâge  de  la  conscription,  Mayer 
Tut  enrôlé  dans  un  régiment  et  ne  fit  point 
d*autre  service  militaire  que  celui  de  secré- 
taire de  son  colonel;  enfin,  que,  conduit  en 
Russie  dans  Texpédition  française  de  1812,  il 
y  fut  accueilli  dans  la  maison  d'un  grand  sei- 
gneur, où  il  resta  pendant  la  retraite.  D'autre 
part,  M.  Bernsdorf  dit,  dans  son  Unicersal 
Lexikon  der  Tonkunst,  que  Charles  Mayer 
est  né  à  Kœnigsbcrg,  en  1802;  ce  qui  le  ra- 
jeunirait de  dix  ans.  Je  pense  que  ces  deux 
notices  sont  également  erronées,  et  j*ai  pour 
garant  de  mon  opinion  une  lettre  écrite  de 
Francfort  à  la  Gazette  générale  de  musique 
de  Leipsick  (1816,  p.  8),  dans  laquelle  il  est 
rendu  compte  d'un  concert  donné,  au  mois 
d'octobre  1815,  dans  cette  ville,  et  où  le  jeune 
Charles  Mayer,  dgé  de  seize  ans,  avait  exé- 
cuté, d'une  manière  remarquable,  un  con- 
certo de  Dussek  et  un  ^Tand  rondo  de  Field, 
son  maître.  Charles  Mayer  est  donc  né  en 
1799. 

Ou  voit,  dans  le  même  compte  rendu, 
que  son  père,  né  à  Francfort,  avait  été  vir- 
tuose clarinettiste  dans  sa  jeunesse;  qu'il  fut 
attaché  pendant  neuf  ans,  en  cette  qualité,  à 
l'orchestre  du  théâtre  de  sa  ville  natale;  qu'il 
fut  ensuite  engagé  dans  la  musique  d'un  régi- 
ment français  avec  lequel  il  fut  en  Russie  dans 
la  campagne  de  1 81 2  ;  que  sa  femme  et  son  ais 
l'y  accompagnèrent;  que  madame  Mayer,  née 
lévéque,  était  une  cantatrice  de  quelque  ta- 
lent, et  «iu'elle  s'établit  à  Pétcrsbourg,  comme 
professeur  de  musique  élémentaire  et  de  chant. 
C'est  alors  que  son  fils  commença  des  études 


sérieuses  de  piano.  Ensuite,  il  s'établit  à  Mos* 
cou  et  y  devint  élève  de  Field.  Par  les  leçons 
de  ce  professeur  et  par  un  travail  assidu  il  est 
devenu  lui-même  un  pianiste  très- distingué. 
Je  l'ai  connu  à  Paris,  en  1818,  et  lui  ai  trouvé 
un  talent  remarquable.  S'étant  rendu  en  Bel- 
gique iK>ur  y  donner  des  concerts,  en  1819, 
il  résida  à  Bruxelles  pendant  près  d'une  an- 
née. Après  avoir  voyagé  en  Allemagne,  il  est 
retourné  à  Moscou,  où  il  jouissait  de  beaucoup 
de  considération  comme  professeur,  et  d'une 
position  fort  heureuse.  Plus  tard,  il  s'est  établi 
à  Pétersbourg,  où  il  se  livrait  avec  succès  à 
l'enseignement,  sans  négliger  ses  propres 
études,  particulièrement  dans  la  composition. 
Quelques-unes  de  ses  œuvres  les  plus  impor- 
tantes se  font  remarquer  par  le  mérite  de  la 
facture  et  par  une  instrumentation  pleine 
d'eflTet.  En  1845,  Charles  Mayer  fit  un  grand 
voyage  dans  lequel  il  visita  la  Suède,  le  Dane- 
mark, Hambourg,  Leipsick,  la  Belgique,  l'Al- 
lemagne rhénane.  Vienne,  la  Hongrie,  Dresde, 
où  il  était  en  1846,  et  qu'il  revit  dans  l'année 
suivante,  après  avoir  passé  six  mois  à  Péters- 
bourg.  Depuis  longtemps  il  éprouvait  du  dé- 
goût pour  l'habitation  en  Russie;  il  m'en 
parlait  souvent  et  avait  même  désiré  obtenir 
une  place  de  professeur  au  Conservatoire  de 
Bruxelles.  Vers  1650,  il  s'est  fixé  à  Dresde, 
où  il  est  mort,  le  2  Juillet  1862. 

Le  nombre  des  œuvres  publiées  de  Charles 
Mayer  s'élève  à  plus  de  deux  cents.  Les  plus 
importantes  sont  :  1«  Grand  concerto  (en  re) 
avec  orchestre,  op.  70;  Berlin,  Paei.  2»  Con- 
certo symphonique  (en  re),  op.  89  ;  Hambourg, 
Schuberth.  5**  Grand  rondo  brillant  avec  or- 
chestre, op.  28;  Leipsick,  Peters.  4«  Premier, 
deuxième  et  troisième  allegro  de  concert  avec 
orchestre;  Leipsick,  Uofmeister.  5<>  GraïKies 
variations  (sur  un  thème  de  Cenerentola) 
avec  orchestre;  Leipsick,  Kistner.  6<>  Grandes 
études  mélodiques  et  de  concert,  en  plusieurs 
recueils  ou  détachées.  7<*  Des  toccates.  8«  Des 
caprices.  9<>Des  nocturnes.  10**  Des  romances 
sans  paroles.  11°  Des  fantaisies  sur  des  thèmes 
d'opéras.  12»  De  grandes  valses.  IS^'Des  varia- 
tions. \A^  Des  morceaux  de  fantaisie.  15<»  Des 
rondeaux  pour  piano  seul,  n«'  1,  2,  5,  4. 
16®  Des  exercices. 

MAYER  (Edouard  DE),  amateur  distin- 
gué de  musique,  né  à  Rotterdam,  dans  les  der- 
nières années  du  dix-huitième  siècle,  était, 
vers  1825,  l'âme  de  l'activité  musicale  dans 
celte  ville.  11  vécut  quelque  temps  à  Vienne, 
et  y  publia  un  grand  concerto  pour  le  piano, 
avec  orchestre,  op.  6  (en  mi  mineur),  chcx 


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MAYER  —  MAYSEDEPi 


45 


'WiUendorf.  Ses  autres  coinposUions  ont  été 
publiées  en  Hollande. 

Un  autre  artiste,  nommé  Edouard  Maynr^ 
était,  en  1848,  directeur  de  musique  à 
lîeu-Strelitz,  où  il  publia  :  1**  Cinq  chants 
pour  soprano,  contralto,  ténor  et  basse,  op.  5, 
chez  Barnewitz.  ^  Cinq  chants  pour  quatre 
voix  d*horomes,  op.  G,  ibid,  3*^  Trois  Lieder 
pour  soprano  ou  ténor,  avec-accompagnement 
de  piano,  op.  7,  ibid. 

On  ne  trouve  rien  sur  ces  artistes  chez  les 
biographes  allemands,  ni  sur  Augutte  Mayer, 
de  Cassel,  chanteur  qui  remplit  les  rôles 
de  basse  à  TOpéra  allemand  de  Dresde,  de- 
puis 1819  jusqu*en  1826  ;  qui  y  fit  représenter, 
en  1823,  le  drame  musical  en  deux  actes  de 
sa  composition  :  die  Burgschafl  (la  Caution), 
d'après  la  ballade  de  Schiller,  et  qui  publia  à 
Leipsick,  chez  Hormeister,  en  1820,  sïxZieder 
pour  voix  de  basse  avec  accompagnement  de 
piano  ;  ni  sur  un  autre  Auguste  Mayer,  de 
Hanovre,  qui  perfectionna  VjEolodicon  de 
Ickler,  et  qui  le  jouait  à  Brème,  en  1827;  ni 
sur  Louis  Player,  violoniste,  qui  publiait  à 
Leipsick,  chez  Hofmeister,  en  1841^  douze 
compositions  brillantes  pour  le  violon^  avec 
accompagnement  de  piano,  ctuvres  80  et  81  ; 
ni,  enfin,  sur  J?fnt7e  Mayer,  qui  faisait  jouer 
à  Linz,  en  1848,  Topera  de  9a  composition 
DonRodrigue,  ou  le  Cid.  Le  biographe  Ernest- 
Louis  Gerber  n'était  pas  un  aigle;  mais  il 
était  plus  soigneux  de  son  travail  que  ses 
successeurs  d'outre-Rhin. 

MAYIVARD  (Jean),  musicien  anglais  et 
luthiste  habile,  vivait  à  Londres  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  un 
recueil  intitulé  :  The  twelve  Wonders  of  the 
World,  set  and  composed  for  the  vioU  da 
gamba,  the  Iule  and  the  voyce,  to  sing  the 
verse,  ail  threejointly  and  none  several,  etc. 
(les  douze  Merveilles  du  monde,  composées 
l>our  la  basse  de  viole,  le  luth  et  la  voix,  etc.)  ; 
Londres,  1611,  in-fol. 

MAYA  (Jéar),  musicien  bavarois  qui  vi- 
vait vers  la  fin  du  seizième  siècle,  naquit  à 
Frisinge,  et  fut  curé  à  Jahrz,  près  de  Munich. 
On  connaît  de  sa  composition  :  Cantiones  sa- 
crx  trium  voeum  elaboratje;  Munich,  1596, 
in-4». 

HIAYR  (Rupert-Igrace),  en  dernier  lieu 
maître  de  chapelle  de  Tévéque  de  Frisinge, 
naquit,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle, 
à  Schardingen,  en  Bavière.  Après  nvoir  été 
successivement  musicien  de  cour  à  Aichstaedt, 
à  Ratisl>onne,  et  violoniste  de  la  chapelle  élec- 
torale de  Munich,  il  entra,  en  1706,  au  ser- 


vice de  révéque  de  Frisinge,  et  mourut,  en 
1716,  dans  cette  position.  Il  a  fait  imprimer 
de  sa  composition  :  1»  Palestra  musica,  con- 
sistant en  treize  sonates  à  deux,  trois  et 
quatre  parties,  et  un  Lamento  à  cinq  parties  ; 
Augsbourg,  1674,  in-folio.  2<' Vingt-cinq  Of- 
fertoria  dominiccUia,  ou  motets  à  quatre  et 
cinq  voix  concertantes,  deux  violons,  trois 
trombones  ou  violes  et  basse  continue.  3«  Sa- 
cri  concentus  psalmorum,  antiphonarum, 
piarum  cantionum,  ex  sola  voce  et  diversis 
instrumentis  compositi;  Ralisbonne,  1681, 
in-4®.  4"  Psalmodia  brevis  ad  vesperas  to- 
tius  anni,  à  quatre  voix,  deux  violons,  trois 
violes  ou  tromi)ones  et  basse  continue  pAugs- 
bourg,  1706,  in-4». 

JUAYIi  (Tobie-Gabriel),  né  en  Souabc, 
était  étudiant  de  runiversilé  d'AUdorfT,  lors- 
qu'il soutint,  pour  obtenir  le  <ioclorat  en  phi- 
losophie, une  thèse  qu'il  a  fait  imprimer  sous 
ce  titre  :  Disputatio  musica  de  divisione 
monocordi  et  deducendis  inde  sonorum  con- 
cinnorum  speciebus\  Altdorfli,  1662,  in-4<^. 

MAYSEDEU  (Joseph),  violoniste  distin- 
gué et  compositeur  élégant,  est  né  à  Vienne, 
le  26  octobre  1789.  Les  éléments  de  la  musique 
et  du  violon  lui  furent  enseignés  par  un 
maître  obscur;  mais  plus  tard  il  devint  élève 
de  Schuppanzigh  qui  le  choisissait  toujours 
pour  jouer  la  partie  de  second  violon  dans  ses 
matinées  ou  soirées  de  quatuors.  Un  son  pur, 
une  exécution  brillante  dans  les  traits,  enfin, 
une  certaine  élégance  de  style,  forment  le  ca- 
ractère de  son  talent  d'exécution,  qui  laisse 
seulement  désirer  un  peu  plus  de  variété  d'ar- 
chet et  plus  d'énergie.  Ses  compositions,  par- 
ticulièrement ses  rondeaux  brillants,  ses  airs 
variés  pour  violon,  et  ses  trios  iK>ur  piano, 
violon  et  violoncelle,  ont  obtenu  des  succès 
européens.  Ces  ouvrages  se  font  moins  remar- 
quer par  le  mérite  de  la  facture  que^  par  un 
heureux  instinct  de  mélodie,  et  beaucoup  de 
goût  dans  les  détails.  Mayseder  a  toujours 
vécu  à  Vienne  et  n'a  fait  aucun  voyage  pour 
se  faire  entendre  en  Allemagne  ou  à  l'étran- 
ger. Successivement  nommé  virtuose  de  la 
chambre  impériale,  premier  violon  solo  de 
l'église  de  Saint-Étienne  et  du  théâtre  de 
la  cour ,  il  a  été  chargé  en  dernier  lieu 
de  la  direction  de  l'orchestre  de  la  cha- 
pelle impériale,  où  il  a  montré  du  talent. 
Cet  artiste  a  publié  environ  soixante  œuvres 
de  musique  instrumentale,  parmi  lesquelles 
on  remarque  :  l'^  Concertos  i>our  violon,  n°  1 
(œuvre  22),  2  (œuvre  26),  3  (œuvre  28); 
Vienne,  Berlin  et  Paris.  2«  Concerto  varié 


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4G 


MAYSEDER  -  MAZAS 


idem,  op.  43;  Yienne,  Diabelli.  3«  Grand 
morceau  de  concert,  op.  47;  t&td.  4*  Polo- 
naises pour  violon  principal,  avec  accompa- 
prnement  d^orcheslre  ou  de  qualuor,  n«'  1  à  6  ; 
Vienne,  Àrlaria,  Diabelli  et  Hasliuger.5<>  Ron- 
deaux brillanls  pour  violon  principal  et  or- 
chestre ou  quatuor,  op.  21 ,  27,  29  et  36;  ibid. 
€<*  Airs  et  thèmes  originaux  variés  pour  violon 
principal  avec  orchestre  ou  quatuor,  op.  18, 
23,  33, 40  et  45;  ibid.  7»  Thèmes  variés,  avec 
accompagnement  de  second  violon,  alto  et 
violoncelle,  op.  1,  4,  15;  ibid.  8«  Quintettes 
pour  deux  violons,  deux  altos,  violoncelle  et 
contrebasse  ad  libitum,  d°»  1  et  2,  op.  50  et 
51  ;  ibid.  9°  Quatuors  pour  deux  violons,  alto 
et  basse,  op.  5,  6,  7,  8,  9,  23;  ibid.  10«  Trios 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  34  et 
41;  ibid.  11<>  Sonates  pour  piano  et  violon, 
op.  16  et  42;  ibid.  Beaucoup  de  morceaux  de 
moindre  importance.  Celle  musique  est  en 
général  agréable,  mais  elle  n*indique  pas  une 
forte  conception  dans  le  développement  des 
idées. 

MAZAS  (JACQDES-FiRBOL),  né  à  Besiers, 
Je  23  septembre  1782,  fut  admis,  le  16  floréal 
an  X  (1802),  au  Conservatoire  de  musique  de 
Paris,  oii  il  devint  élève  de  Baillot  pour  le 
violon.  Le  premier  prix  lui  fut  décerné,  en 
1805,  au  concours  public,  et  bientôt  il  se  fit 
remarquer  par  la  manière  large  et  suave  en 
même  temps  dont  il  exécuta,  aux  concerts  de 
rOdéon,  quelques  concertos  de  Viotti,  et  par 
son  jeu  élégant  et  gracieux  dans  le  concerto 
(en  re)  que  M.  Auber  avait  écrit  pour  lui,  et 
qu'il  joua  dans  les  concerts  du  Conservatoire, 
en  1808.  D'abord  attaché  à  Torchestre  de 
rOpéra  italien,  il  quitta  cette  position,  en 
1811,  pour  voyager  en  Espagne.  De  retour  à 
P^ris,  vers  la  fin  de  1813,  il  visita  TAngleterre, 
Tannée  suivante,  revint  à  Paris  par  la  Hol- 
lande et  la  Belgique,  et  partout  se  fit  entendre 
avec  succès.  En  1822^  il  s'éloigna  de  nouveau 
pour  voyager  en  Italie,  puis  en  Allemagne  et, 
enfin,  en  Russie.  Il  ne  parait  pas  que  cette 
longue  excursion  ait  été  avantageuse  à  sa  for- 
tune, car  plusieurs  années  après  on  le  re- 
trouve en  Pologne  dans  une  situation  fâcheuse. 
Des  liaisons  intimes  avec  une  femme  peu  digne 
d'un  artiste  si  distingué  vinrent  encore  aggra- 
ver sa  position.  Vers  la  fin  de  1826,  il  élait  à 
Lemberg,  sur  les  frontières  de  la  Pologne, 
malade  et  presque  dénué  de  ressources.  Des 
jours  plus  heureux  vinrent  enfin  pour  lui. 
En  1827,  il  reparut  en  Allemagne  et  obtint  de 
brillants  succès  dans  les  concerts  qu'il  donna  à 
Berlin  et  dans  quelques  autres  grandes  villes. 


De  retour  à  Paris  en  1820,  il  se  fit  entendre 
dans  les  concerts  du  Conservatoire;  mais  il  n*y 
retrouva  plus  les  vifs  applaudissements  qui 
l'accueillaient  autrefois.  Ses  meilleurs  amis  ne 
purent  se  dissimuler  que  son  talentavait  pefdu 
quelque  chose  des  qualités  qui  en  faisaient 
autrefois  le  charme.  En  1831,  l'administratioa 
du  théâtre  du  Palais-Royal  l'engagea  comme 
premier  violon;  mais  il  ne  garda  pas  long- 
temps cette  position,  à  laquelle  il  préféra  celle 
de  professeur  et  directeur  des  concerts  à  Or- 
léans. Après  plusieurs  années  de  séjour  en 
cette  ville,  il  accepta  la  place  de  directeur 
de  l'école  communale  de  musique  à  Cambrai, 
en  1837,  qu'il  a  aussi  abandonnée  en  1841. 
Depuis  cette  époque,  je  n'ai  plus  trouvé  de 
renseignements  sur  cet  artiste,  si  ce  n'est  qu'il 
fit  jouer  au  théâtre  de  l'Opéra-Comique ,  au 
mois  de  novembre  1842,  un  ouvrage  en  un 
acte,  intitulé:  le  Kiosque,  dont  le  livret  étaiC 
de  Scribe  et  Paul  Duport.  Il  y  avait  peu  d'in- 
térêt dans  le  sujet  de  cette  pièce  qui  n'obtint 
qu'un  médiocre  succès.  La  Revtu  et  Gazette 
musicale  de  Paris  a  annoncé  la  mort  de 
Mazas  en  1840,  mais  sans  indiquer  le  lieu  ni 
la  date  du  décès. 

Blazas  a  beaucoup  écrit  pour  le  violon  et 
pour  l'alto  :  ses  compositions  ont  été  bien 
accueillies  par  le  public.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  1<>  Premier  concerto  pour  violon 
et  orchestre  ;  Paris,  Naderman.  2*  Premier 
air  varié  pour  violon  et  quatuor,  op.  2  ;  Paris, 
Frey.  S**  Première  fantaisie  pour  violon  et  or- 
chestre, op.  5;  ibid.  4^  Barcarolle  firançaise, 
tdem,  op.  6;  Paris,  Pacini.  5<>  Fantaisie  espa- 
gnole, idem,  op.  19  ;  ibid.  6<>  Fantaisie  sur  la 
quatrième  corde,  op.  20  ;  ibid,  7«  Le  Retour 
du  printemps,  idem,  op.  27;  Paris,  Pleyel. 
8*  La  Babillarde,  scène-caprice,  avec  qua- 
tuor, op.  37  ;  Mayence,  Schott.  9"  Trois  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  7  ; 
Paris,  Pacini.  10®  Trois  trios  pour  deux  vio- 
lons et  allô,  op.  4;  Paris,  Frey.  11<>  Duos  |H>ur 
piano  et  violon,  sous  le  tilre  de  Récréations, 
op.  8,  9,  10,  3i;  Paris,  Pacini;  Leipsick, 
Peters.  12<>  Trois  duos  concertants  pour  deux 
violons,  op.  34  ;  Bonn,  Simrock.  13o Collection 
de  duos  faciles  pour  deux  violons,  op.  38; 
Mayence,  Scholt.  14»  Idem,  op.  39;  ibid. 
15»  La  Consolation,  élégie  pour  l'alto,  avec 
accompagnement  d'orchestre,  op.  29;  Paris, 
Pleyel.  16»  Méthode  de  violon,  suivie  d'un 
traité  des  sons  harmoniques  en  simple  et 
(louble  corde;  Paris,  Frey;  Bonn,  Simrock. 
170  Méthode  pour  l'alto;  ibid.  Ces  ouvrages 
ont  clé  traduits  en  allemand.  IS^  Romances 


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MAZAS  —  MAZZAFERRATA 


•n 


avec  accompagnement  de  piano;  ihid.  Mazas 
a  composé  quelques  pièces  charmanles  en  et 
genre.  Il  a  écrit  la  musique  d'un  grand 
opéra,  intitulé:  Corinne  au  Capitale,  dont 
la  musique  fut  reçue  avec  applaudissement 
après  Taudition  qui  en  fut  faite  à  la  scène,  au 
mois  d'octobre  1820,  mais  qui  n'a  jamais  été 
représenté.  L'ouverture  de  cet  ouvrage  fut 
exécutée  au  concert  de  la  Société  philharmo- 
nique de  Londres,  eo  1822,  et  à  Berlin,  dans 
Tannée  suivante.  Dans  un  concert  qu'il  donna 
à  Vienne,  en  1826,  Mazas  flt  jouer  l'ouverture 
de  Mustapha,  opéra  comique  de  sa  composi- 
tion, et  y  exécuta  un  concerto  héroïque  pour 
le  violon,  qui  obtint  un  brillant  succès. 

MAZIBiGUË  (Jean-Baptiste),  né  à  Sa- 
méon,  canton  d'Orchies  (Nord),  le  50  sep- 
tembre 1809,  y  apprit  les  éléments  du  plain- 
cbant  et  de  la  musique.  Admis  ensuite  comme 
élève  au  Conservatoire  de  Lille  (1823),  il  y  re- 
çut des  leçons  d'harmonie  d'un  professeur  de 
quelque  mérite,  nommé  Baumann^;  mais  plus 
occupé  de  plain-chant  que  de  musique,  et 
en  quelque  sorte  étranger  à  la  tonalité  de  la 
musique  moderne,  il  fit  peu  de  progrès  dans 
cette  science,  quoique  son  instinct  fût  remar- 
quable. On  peut  dire  que  pour  lui  il  n'y  eut 
jamais  de  mode  majeur  ou  mineur  ;  il  ne 
connaissait  que  les  huit  tons  du  plain-chant; 
il  ne  comprit  jamais  autre  chose  et  ne  fut 
sensible  qu'à  cette  tonalité.  Sorti  du  Con- 
servatoire, il  fut  d'abord  simple  chantre  de 
paroisse;  plus  tard,  il  fut  nommé  maître 
de  chapelle  de  Téglise  Saint-Étienne,  à  Lille, 
et  conserva  celte  position  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  le  26  juin  1860,  à  l'âge  de  près 
de  cinquante  et  un  ans.  Sous  sa  direction,  le 
plain-chant  harmonisé  fut  exécuté  dans  le 
chœur  de  Saint-Étienne  avec  une  perfection 
qu'on  chercherait  vainement  dans  les  autres 
églises  de  France.  Lui-même  composa  une 
grande  quantité  de  messes  et  de  psaumes  en 
plain-chant,  dans  lesquels  on  remarque  un 
sentiment  religieux  comparable  au  caractère 
des  plus  belles  pièces  de  l'Antiphonaire.  Il  pu- 
blia ses  productions  en  ce  genre  soûs  ce  titre  : 
Recueil  de  plain-chant  et  de  musique  reli- 
gieuse; Paris,  1845,  deux  volumes  in-4«.  La 
lievue  de  la  musiqw  religieuse  de  M.  Danjou 
(troisième  année,  1847,  p.  75-77),  contient 
une  analyse  de  cet  ouvrage.  On  a  aussi  de  Ma- 
^«"gue  :  les  Psaumes  en  faux-bourdon; 
Lille,  1855,  un  volume  grand  in-8<>.  Cet  ou- 
vrage n'est  qu'une  nouvelle  édition  améliorée 
€t  presque  entièrement  refondue  du  précédent. 

MAZOUYEU  (Nicolas),  maître  des  en- 


fants  de  chœur  de  la  cathédrale  d'Autun,  en 
Boui^ogne,  né  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  obtint  au  concours  du  Puy  de  musique 
d'Évreux,  en  1582,  le  prix  de  la  lyre  d'argent, 
pour  la  composition  de  la  chanson  française  à 
plusieurs' voix,  commençant  par  ces  mots  : 
Mon  Dieu,  mon  Dieu  que  j*aime, 

MAZZA  (Arge),  abbé,  professeur  de  grec, 
né  à  Parme,  le  21  novembre  1741,  est  mort 
dans  celte  ville,  le  11  mai  1817.  Il  est  auteur 
de  trois  odes  qu'il  a, publiées  sous  ce  titre  : 
Gli  effetti  délia  musica;  solennixandosi  il 
giorno  di  Santa  Cecilia  da'  signori  Filar^ 
monici;  Parme,  1776,  in-8<^.  Ces  petits  poèmes 
relatifs  à  la  musique  ont  été  réimprimés  avec  le 
litre  suivant  :  Sonnetli  sulV  armonia;  Parme, 
1801 ,  in-4*'.  On  a  aussi  de  l'abbé  Hazza  des  vers 
remplis  d'enthousiasme,  qu'il  improvisa  en 
quelque  sorte  à  l'occasion  de  la  représentation 
de  VAgnese  de  Paer  (voyez  ce  nom),  à  Parme, 
et  qui  ont  été  publiés  sous  ce  titre  :  MV  aura 
armonica,  versi  estemporanei  rappresentan- 
dosi  nel  teatro  del  Sig,  Fahio  Scotti  /'Agnese 
di  Ferdinando  Paer;  Parma,  nella  stampe* 
ria  imper.,  1809,  petit  in-4«.  Ces  vers  ont  été 
réimprimés  dans  le  tome  III  des  œuvres  de 
l'auteur  (Parme,  1819,  cinq  volumes  in-8«). 

AIAZZA  (Joseph),  de  la  même  famille,  né 
à  Parme,  dans  les  premières  années  du  dix- 
neuvième  siècle,  s'est  fait  connaître,  comme 
compositeur  dramatique,  par  les  opéras  dont 
voici  les  litres  :  1»  La  Figilanna  delusa,  à 
Turin,  en  1827.  ^°L*Mbergo  incantato,  opéra 
bouffe,  à  Florence,  en  1828  ;  le  même  ouvrage 
a  été  joué  à  Naples,  avec  succès,  en  1855. 
5«£/ena  e  Malvino,  à  Rome,  1855.  4«Xa 
Dama  irlandese,  à  Naples,  en  1856.  5»  Cat- 
terina  di  Guisa,  à  Trévise,  en  1858. 6«  Z'Or* 
fantlla  di  Lancia,  à  Milan,  dans  la  même 
année.  7^  Leocadia,  à  Zara,  en  1844. 

La  femme  de  cet  artiste,  Adellna  Mazza, 
était  cantatrice  dramatique  et  chanta,  depuis 
1855  jusqu'en  1846,  à  Naples,  à  Rome,  à 
Trieste  et  à  Ferrare,  mais  surtout  dans  les 
villes  de  second  et  de  troisième  ordre. 

MAZZAFERRATA  (Jean  -  Baptiste  ) , 
compositeur,  né  à  Como  (suivant  les  Notizie 
de*  contrappuntisti  d'Ottavio  Pitoni),  et 
maître  de  chapelle  de  V Académie  de  la  Mort, 
à  Ferrare,  s'est  fait  connaître,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle,  par  plusieurs 
compositions  vocales  et  instrumentales,  dont 
les  plus  connues  sont:  \^  Il  primo  lihrodé* 
Madrigali  a  due  e  tre  voci,  amorosi  e  mo- 
ralij  opéra  «econda; Bologne,  Jacques  Monti, 
1GG8.  Il  en  a  été  fait  une  seconde  édition  qui  a 


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4S 


MAZZAFERRATA  —  MAZZOCCHl 


été  imprimée  dans  la  même  ville,  eo  1685,  chez 
le  même  éditeur.  Le  second  livre  parut  en  1 G75: 
il  en  fut  fait  une  autre  édition,  en  1083,  à 
Bologne,  chez  Monii.  ^  Canzonette  a  due 
voci,  op.  4  ;  ibid.  3<>  Canzonette  e  cantate  a 
due  voci,^  op.  5.  On  a  fait  de  cel ouvrage  une 
première  édition  en  1668  ;  deux  autres  éditions 
ont  été  publiées  en  1677  et  1683.  4«  Cantate 
da  caméra  a  voce  sola,-  Bologne,  1677,  in-4^ 
La  deuxième  édition  est  datée  de  Bologne, 
1683,  in-4'».  5»  Sonate  a  due  vioUni,  con  un 
baisetto  di  viola  se  piace,  opéra  quinta; 
Ulrechl,  1682,  in- fol.  6*»  Salmi  concertati  a 
3  e  4  t70Ci^  con  violini,  op.  6;  Venise,  1684, 
10-4*».  7'*  Cantate  morali  e  spirituali  a  due  e 
trevoci,  op.  7;  Bologne,  1690,  in-4*. 

MAZZAl^TI  (Ferdinaro),  comi>ositeur, 
violoniste  et  chanteur  distingué,  né  i  Rome, 
vivait  dans  cette  ville,  en  1770,  lorsque  Burney 
la  visita.  Il  possédait  une  bibliothèque  consi- 
dérable de  livres  imprimés  et  de  manuscrits 
où  se  trouvaient  la  plupart  des  compositions 
de  Paleslrina.  Il  montra  à  Burney  un  traité  de 
musique  qui  était  à  peu  près  achevé.  Parmi 
ses  compositions,  on  remarquait  des  opéras, 
motets,  quintettes,  quatuors  et  trios  pour  le 
violon.  L^abbé  Santini,de  Rome,  possède  sous 
son  nom  des  canzoneltcs  avec  accompagnement 
de  piano. 

IHAZZINGHI  (Josepd),  planiste  et  com- 
positeur, naquit  à  Londres,  de  parents  Italiens, 
en  1765.  Son  père,  organiste  de  la  chai>elle 
portugaise,  lui  enseigna  les  éléments  de  la 
musique  et  du  piano  :  le  jeune  Hazzingbi  re- 
çut ensuite  des  leçons  de  composition  de  Jean- 
Chrétien  Bach,  puis  de  Bortolinl,  de  Sac- 
chini  et  d'Anfossi.  A  dix  ans,  il  était  déjà 
assez  avancé  pour  remplacer  son  père  comme 
organiste  à  la  chapelle  portugaise;  à  dix-neuf 
ans,  il  était  accompagnateur  et  directeur  de 
musique  à  TOpéra  italien.  On  rapporte  que 
lorsque  le  théâtre  dn  Roi  fut  brûlé,  en  1789, 
on  venait  de  jouer  Topera  de  Paisiello  la  Lo- 
canda,  qui  avait  obtenu  un  succès  d*eothou- 
siasme,  et  tous  les  amateurs  regrettaient 
qu'on  Qe  pût  plus  représenter  cet  ouvrage 
avant  d*avoir  fait  venir  de  Naples  une  autre 
partition;  mais  Mazzinghi,  sans  autre  secours 
que  sa  mémoire  et  les  rôles  des  acteurs,  écrivit 
toute  rinstrumentation  en  quelques  jours. 
C'est  ver«  le  même  temps  qu'il  composa  lui- 
même  l'opéra  italien  //  Tesoro,  qui  fut  bien 
accueilli  du  public.  £n  1791,  il  commença  à 
écrire,  pour  le  théâtre  anglais,  des  opéras, 
ballets  et  mélodrames.  Le  nombre  de  ses  ou- 
vrages en  ce  geiire  est  considérable  :  on  a  re- 


tenu particulièrement  les  titres  de  ceux-ci  : 
\^  j^  Day  in  Turkey  (une  Journée  en  Tur- 
quie), opéra  comique,  au  théâtre  de  Covenl- 
Gai-den.  3»  The  Magician  (le  Magicien),  idem. 
Z^Le  Siège  de  Bangalore,  mélodrame,  idem, 
A'' Paul  et  Virginie,  ballet,  au  théâtre  de  Hay- 
Market.  5«  Les  Trois  Sultanes,  idem. ,  ibid.  y  au 
môme  théâtre.  6«  Sapho,  idem,  ibid.  7»  Za 
Belle  jirsène,  opéra  comique.  8»  Le  Bouquet, 
divertissement,  idem.  d^EUsa,  ballet  pastoral. 
10»  Ramah-Droog,  grand  opéra,  en  société 
avec  Reeve,  au  théâtre  de  Covent-Garden. 
11»  The  Tumpikegate  (la  Barrière),  opéra 
comique,  avec  Reevc,  au  même  théâtre. 
12o  Blind  Girl  (la  Fille  aveugle),  idem. 
13«  fFifeoftwo  Husbands  (la  Femme  à  deux 
maris),  mélodrame.  14«  L'Exilé ,  opéra  co- 
mique. 15»  Free  Knights  (les  Chevaliers  cr-" 
rants).  On  a  gravé  en  partition  pour  le  piano: 
Paul  et  Virginie,  les  Trois  Sultanes,  la 
Belle  Arsène  et  Sapho.  Hazzinghi  a  été  long- 
temps professeur  de  piano  à  Londres,  et  a  ac- 
quis des  richesses  assez  considérables  dans 
Pexerctce  de  cette  profession.  Ayant  étéélové 
au  rang  de  comte,  par  le  roi  Georges  IV,  il  se 
retira  à  Bath,  où  il  fit  un  noble  usage  de  sa 
fortune.  Il  y  est  mort  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
neuf  ans,  le  15  janvier  1844.  On  a  imprimé 
de  sa  composition  soixante-sept  sonates  de 
piano,  divisées  en  vingt-deuX  œuvres,  publiés 
chez  démenti,  Dalmaine,  Broderip,  etc.; 
trois  quatuors  pour  piano,  flûte,  violon  et 
alto,  op.  3,  ibid.;  une  méthode  de  piano  pour 
les  commençants,  intitulée:  Tyro-Musicus , 
being  a  complète  introduction  to  the  piano^ 
forte;  Londres,  Clementi;  une  symphonie 
concertante  pour  deux  violons,  flûte,  alto  et 
basse,  op.  41  ;  des  pièces  d'harmonie  pour 
quatre  clarinettes,  deux  petites  flûtes,  deux 
bassons,  deux  cors,  trompette,  serpent  et 
trombone,  op.  33;  et  beaucoup  de  petites 
pièces  |)our  différents  instruments'. 

MAZZOCCHl  (DoHiifiQUE) ,  compositeur 
de  l'école  romaine  et  docteur  en  droit  civil  et 
canon,  naquit  à  Clviia-Castellana,  vers  la  fin 
du  seizième  siècle,  et  passa  la  plus  grande 
partie  de  sa  vie  à  Rome,  où  il  se  lia  d'amitié 
avec  Jean-Baptiste  Doni,  qui  lui  a  dédié  son 
livre  intitulé:  jinnotasioni  sopra  il  corn- 
pendio  de'  generi  e  de'  modi  délia  musica. 
Pitoni,  dans  ses  notices  manuscrites  sur  les 
compositeurs,  attribue  à  Mazzocchi  la  musique 
d'un  drame,  intitulé  :  le  Catene  d'Adone.  Il  a 
écrit  aussi  les  oratorios  :  //  Martirio  de* 
SS.  AbbundioedJbbitndanzio;Kome,  1631, 
cl  Maziano  e  Giovanni;  ibid.  Parmi  ses  com- 


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MAZZOCCHI  —  MAZZUCATO 


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posilions  imprimées,  oo  connaît  :  1*  Jlfusiche 
morali  a  1,  â,  3  voci;  Rome,  Zanetti,  1695. 
2*ifotem"  a  2,  3,  4,  5,  8, 9  ^oei;  ibid.,  1628. 
5*  Madrigali  a  4  «  5  vœi  concertati  con  [in- 
strumenti;  ibid.,  1640. 4'*  Madrigali  a  5  voci 
inpartitura;  ibid.,  1658.  C'est  dans  la  pré- 
face de  cet  ouvrage  qu'on  trouve  Texplication 
des  signes  d'augmentation  et  de  diminution  de 
rintensité  des  sons  <  >  >  <  <iui,  depuis 
lors,  sont  restés  en  usage,  et  que  Mazzocchi 
employa  le  premier.  5<*  Tutti  H  versi  latini 
del  Som.  Pont.  Urbano  FUI,  posti  in 
musica  a  â,  3,  4,  8  voct;  Rome,  Zanetli, 
1638. 

MAZZOCCHI  (Virgile),  frère  putné  du 
précédent,  naquit  à  Civila-Gastellana,  vers  la 
lin  du  seizième  siècle.  Après  avoir  été  maître 
de  chapelle  de  Saint-Jean-de-Latran,  depuis 
le  mois  de  juin  1628  Jusqu'à  la  fin  de  sep- 
tembre 1629,  il  passa  à  Saint-Pierre  du  Vati- 
can, en  la  même  qualité.  Il  mourut  au  mois 
d'octobre  1646,  dans  un  voyage  quMl  fil  à 
Cîvila-Castellana.  Pitont  dit,  dans  ses  notices 
manuscrites  sur  les  compositeurs,  que  Vir- 
gile Mazzocchi  introduisit  dans  la  musique 
d'église  un  style  plus  agréable  et  plus  brillant 
que  celui  de  ses  devanciers.  Il  établit  aussi  à 
Rome  une  école  de  chant  et  de  composition 
où  se  formèrent  d'excellents  artistes.  Enfin, 
e'est  à  Mazzocchi  qu'on  attribue  les  premières 
améliorations  considérables  qui  furent  intro- 
duites dans  le  rhythme  régulier  de  la  musique. 
On  n'a  imprimé  qu'un  petit  nombre  de  ses  ou- 
vrages :  les  plus  connus  sont  deux  livres  de 
motels  à  quatre  et  à  huit  voix,  publiés  à 
Rome,  chez  Grignani,  1640.  Après  sa  mort,  un 
de  ses  élèves  publia  un  de  ses  derniers  ouvrages 
sous  ce  titre  :  Firgilii  Mazzocchi  in  Fat. 
basiL  musies  prxfecti  psalmi  vespertini 
biniê  ehoris  coneinendi;  Rom»,  Grignani, 
4648.  Mazzocchi  a  laissé  aussi  en  manuscrit, 
dans  les  archives  de  la  chapelle  du  Vatican, 
des  messes,  psaumes,  offertoires  et  antiennes, 
mais  en  petit  nombre. 

MAZZOIil^I  (Jacques),  compositeur  de 
l'école  romaine,  vivait  à  Rome  vers  la  fin  du 
dix-septième  siècle,  et  y  a  fait  représenter  avec 
succès,  en  1694,  l'opéra  intitulé:  to  Cottansa 
in  amor  vin.ce  l*inganno. 

M AZZOI^I  (Jacques),  professeur  de  philo- 
sophie à  l'Université  de  Plse,  naquit  à  Césène 
«n  1548,  et  mourut  dans  la  même  ville,  le 
10  avril  1598.  On  a  de  lui  un  traité  philoso- 
phique intitulé  :  De  Triplici  hominis  vita  : 
activa,  contemplativa  ac  religiosa;  Césène, 
1576,  in-4*.  Il  y  a  plusieurs  autres  éditions  de 

■  lOCa.  UlflV.  DESXUSICIEXS.  T.  VI. 


ce  livre,  où  Mazzoni  traite  de  la  musique  de- 
puis la  question  2684  jusqu'à  la  2777*. 

]llAZZOPlI(AiiT0i?iE),  compositeur  de  mu- 
sique dramatique  et  religieuse,  naquit  à  Bo- 
logne en  1718.  Élève  de  Predieri,  il  étudia  sous 
ce  maître  le  contrepoint  et  le  style  drama- 
tique. Très-jeune  encore,  il  remplit  les  fonc- 
tions de  maître  de  chapelle  de  plusieurs 
églises  à  Fano,  particulièrement  de  celle  des 
Oratoriens  ou  PP.  Filippini,  et  dans  d'au- 
tres villes  de  la  Marche  d'Ancône.  De  retour 
à  Bologne,  il  fut  agrégé  à  l'Académie  des  phil- 
harmoniques, en  1743  ;  dans  l'année  suivante, 
il  partit  pour  l'Espagne  et  composa  plusieurs 
opéras  pour  les  théâtres  de  Madrid  et  de  Lis- 
bonne. On  le  retrouve  en  Italie,  en  1752,  où 
il  écrivait  à  Parme  et  à  Naples.  Dans  les  an- 
nées suivantes,  on  joua  aussi  plusieurs  de  ses 
ouvrages  à  Venise,  à  Bologne  et  dans  d'autres 
villes.  L'Académie  des  philharmoniques  de 
Bologne  le  désigna  comme  prince,  c'est-à- 
dire,  président,  en  1757.  Appelé  à  Pélcrsbourg, 
dans  l'anuée  suivante,  Mazzoni  composa,  pour 
le  Théâtre-Impérial, des  cantates ctdes  opéras 
dont  les  titres  ne  sont  pas  connus;  puis  il  vi- 
sita la  Suède  et  le  Danemark.  Après  son  retour 
à  Bologne,  en  1761 ,  il  fut  choisi  comme  maître 
de  chapelle  de  Saint-Jean  in  3îonte,  église 
des  chanoines  de  Lalran;  puis,  en  1767,  il 
fut  désigné  comme  substitut  de  Caroli,  pour 
la  place  de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale 
de  Saint-Pierre.  En  1775,  il  fut  prince  de 
l'Académie  des  philharmoniques  pour  la  qua- 
trième fois.  II  avait  écrit  en  1756,  pour  le 
théâtre  de  Parme,  l'opéra  bouffe  intitulé  :  / 
Fiaggiatori  ridicoli.  A  Naples,  il  donna 
Achille  in  Sciro.  En  1754,  il  écrivit,  à  Mo- 
dène,  le  A$tuzie  amorose,  opéra  bouffe,  et, 
en  1756,  Ifigenia  in  Tauride,  à  Trévise. 
En  1770,  il  se  trouvait  à  Bologne,  où  il  fit  en- 
tendre un  Magnificat  à  huit  voix  réelles.  Dans 
la  Bibliothèque  royale  de  Copenhague,  on 
trouve  une  messe  â  huit  voix  réelles  de  la 
composition  de  Mazzoni,  et  un  Laudatepueri 
à  voix  seule  avec  orchestre.  Le  catalogue  de  la 
Bibliothèque  du  Lycée  communal  de  musique 
de  Bologne  indique,  sous  le  nom  de  Mazzoni  : 
Musica  sacra  manoscritta,  mais  sans  aucune 
désignation  des  œuvres  qui  y  sont  contenues. 

MAZZLIGATO  (Albert),  compositeur 
dramatique,  professeur  de  chant  au  Conserva- 
toire de  Milan,  et  littérateur  musicien,  est  né 
àUdine  (Frioul),  le  20  juillet  1813.  Dès  son 
enfance,  il  fit  à  la  fois  des  éludes  littéraires  et 
musicales  ;  sa  mère  lui  donna  les  premières 
leçons  de  solfège  et  de  chant  ^  puis  il  suivit  les 

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so 


MAZZUCATO  —  MECKENHEUSER 


cours  de  rUniversité  «le  Padoue  et  y  acheva 
ses  études  de  mathématiques  en  1834.  Ce  fut 
alors  qu'abandonnant  la  carrière  des  sciences, 
il  résolut  de  suivre  son  penchant  pour  la  cul- 
ture de  Tari  vers  lequel  il  se  sentait  un  pen- 
chant irrésistible.  Bresciani,  élève  de  Calegari 
(voyez  ce  nom),  lui  donna  quelques  leçons  de 
composition  ;  cependant  son  instruction  mu- 
sicale était  peu  avancée  lorsqu'il  écrivit  la 
musique  du  drame  :  la  Fidanzata  di  Lam- 
mermoor,  qui  fut  représenté  avec  succès, 
d'abord  à  Padoue,  puis  à  Milan.  La  bonne 
opinion  que  cet  essai  avait  donnée  de  l'avenir 
du  jeune  compositeur,  lui  procura  bientôt 
l'accès  du  théâtre  de  la  Canobbiana,  dans  cette 
dernière  ville,  où  il  fil  représenter  son  opéra 
bouffe  :  il  Don  ChiscioUo.  Celle  fois  Marzu- 
cato  fut  moins  heureux,  bien  qu'on  eût  distin- 
gué dans  son  ouvrage  deux  airs,  deux  duos  et 
plusieurs  chœurs  oii  se  faisait  remarquer  le 
sentiment  dramatique.  Pende  temps  après,  il 
fit  un  vovage  à  Paris,  où  ses  idées  se  modi- 
fièrent à  l'audition  des  symphonies  de  Beet- 
hoven, exécutées  par  l'orchestre  delà  Société 
des  concerts,  et  par  l'impression  quC'firent  sur 
lui  les  opéras  de  Meyerbeer  et  la  Juive,  d'Ha- 
lévy.  Grâce  à  sa  rare  intelligence,  la  lecture 
des  parlilions  de  ces  ouvrages  lui  tint  lieu 
d'études  plus  régulières,  et  lui  fit  faire  de  ra- 
pides progrès  dans  l'art  d'écrire.  De  retour  en 
Italie,  il  y  donna,  dans  son  Esmeralda,  la 
preuve  de  ses  progrès  :  cet  opéra  réussit  éga- 
lement à  Mantoue,  à  Udine  et  à  Milan.  /  Cor- 
sari,  opéra  composé  dans  le  slyle  déclamé  du 
précédent,  eut  une  chute  éclatante  au  théâtre 
de  la  Scala,  de  Milan,  dans  l'année  1839,  et  le 
compositeur,  découragé,  garda  le  silence  pen- 
dant près  de  deux  années.  Au  carnaval  de 
1841,  il  donna,  au  théâtre  i?e,  le  drame  lyrique 
i  Due  Sergenti,  ouvrage  dans  lequel  il  avait 
modifié  de  nouveau  sa  manière,  et  dont  quel- 
ques morceaux  furent  chaleureusement  ap- 
plaudis à  Milan  et  à  Gènes,  luigi  F,  re  di 
Francia,  que  Mazzucato  fit  représenter  le 
25  février  1843,  fut  aussi  bien  accueilli  ,*  mais 
déjà  Verdi  avait  fixé  l'attention  du  public  mi- 
lanais; dès  ce  moment,  il  n'y  eut  plus  de 
vogue  que  pour  lui,  et  les  autres  compositeurs 
ne  marchèrent  qu'à  sa  suite.  Ernani,  dont 
Mazzucato  osa  refaire  la  musique  pour  Je 
théâtre  de  Géncs,  tomba  tout  à  plat  en  1844. 
Dès  1839,  cet  artiste  distingué  avait  suc- 
cédé à  Mauri  dans  le  position  de  professeur  de 
chant  des  jeunes  filles,  au  Conservatoire  de 
Milan.  Il  a  été,  depuis  l'origine  de  la  Gazetta 
musicale  di  JUitano,  un  de  ses  meilleurs  ré- 


dacteurs, et  l'un  des  plus  actifs.  On  a  de  lut 
une  traduction  iUlienne  de  la  Méthode  de 
chant  de  Garcia,  ainsi  qu'une  version,  dans 
la  même  langue,  du  traité  d'harmonie  de 
l'auteur  de  cette  biographie,  laquelle  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  Traitato  compléta  délia 
Teoria  e  délia  pratica  delV  Armonia  ;  Mi- 
lano,  Ricordi,  un  volume  grand  in-8«,  sans 
date  (1845).  Plusieurs  autres  éoriu  et  traduc- 
tions d'ouvrages  relatifs  à  la  musique  sont 
dus  à  M.  Mazzucato;  mais  Je  n'en  ai  pas  les 
titres  exacts. 

MAZZLCHELLI  (Jeah-Mahie,  comte 
DE),  né  à  Brescia,  le  28  octobre  1707,  mort  le 
19  novembre  1765  des  plus  savants  écrivains 
de  son  temps,  en  Italie.  Après  avoir  fait  ses 
études  à  Bologne,  il  se  livra  à  d'immenses  re- 
cherches sur  la  biographie  des  savants  et  des 
littérateurs  italiens.  Ses  Scrittori  d'Jtaiia, 
cioè  notizie  storicheecritiche  intomo  dUe  vite 
ed  agli  scritti  dei  Letterati  italiani  (Brescia, 
1753-1763,  six  volumes  in-fol.)  sont  l'ouvrage 
le  plus  complet  et  le  plus  savant  de  tous  ceux 
du  même  genre.  Il  n'est  point  achevé;  il  était 
même  impossible  qu'il  le  fût  par  un  seul 
homme,  les  forces-humaines  étant  insuffisantes 
pour  un  travail  conçu  sur  un  plan  si'  vaste. 
On  y  trouve  d'excellentes  notices  sur  quelques 
écrivains  qui  ont  traité  de  la  musique,  parti- 
culièrement sur  Guido,  au  mot  jiretino. 

MEAD  (Richard),  médecin  célèbre,  né  le 
i  août  1675,  à  Stepney,  près  de  Londres,  fit  ses 
études  à  Ulrecht,  où  son  père  s'était  retiré 
pour  de  causes  politiques,  et  obtint  le  titre  de 
docteur  à  l'Université  de  Padoue.  Il  mourut  à 
Londres,  le  24  février  1754.  Au  nombre  de  ses 
écrits,  on  trouve  une  dissertation  intitulée  : 
De  Tarentulis  deque  opposita  ii$  Musica  ; 
Londini,  1702,  in-S». 

IMECHËLIIM  (J'U.),  né  en  Finlande, 
dans  la  première  moitié  du  dix- huitième 
siècle, était  étudiant  à  l'Université  d'Abo,  lors- 
qu'il a  fait  imprimer  une  thèse  :  De  Usu  mu^ 
sicei  morali;  Abo,  1763,  in-4». 

HIEGIII  (  Jea!(-Baptiste)  ,  organiste  à 
l'église  Saint-Pétrone,  de  Bologne,  au  com- 
mencement du  dix-huitième  siècle,  a  publié 
de  sa  composition:  Moteltia^y  6,  7  e  8  voeiy 
Venise,  1611,  in-4«. 

MECK  (Joseph),  violoniste  de  la  chapelle 
de  l'archevêque  de  Mayence,  vers  1730,  a  fait 
imprimer  :  AJIJ  Concerti  per  il  violino  a 
5  e  6  srromenf»;  Amsterdam,  Roger.  Il  a  laissé 
aussi  en  manuscrit  quelques  concertos  et  des 
sonates  de  violon. 

MLGHEIMIELiSER  (Jacqoes-Geojiges), 


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MECKENHEUSER  —  MEDERITSCH 


51 


organiste  de  la  cour  et  de  Téglise  de  Saint-  , 
Wipert,  à  Quedlinboarg,  né  à  Goslar,  vers 
1660,  était,  en  1688,  organiste  au  couvent  de 
Hammersieben,  où  il  s^appliqua  à  Télude  des 
maihématiques^  particulièrement  au  calcul  des 
proportions  des  interyalles  et  du  tempéra- 
ment. Longtemps  après,  il  a  publié  sur  cet 
objet  un  livre  intitulé  :  Die  Sogenannte  al- 
Umeuesie  musikalische  Temperatur ,  oder 
die  von  den  Herrn  Kapellmeistem  BUmlem 
und  Mattketon  communicirte  12  rational 
gleiehe  T'ont  minores  oder  semitonia  (le  Tem^ 
pérament  musical  le  plus  nouveau,  etc.),  (sans 
nom  de  lieu),  1797,  in-4o  de  huit  feuilles.  Cet 
écrit  renferme  une  critique  sévère  des  prin- 
cipes de  Matlheson  concernant  les  proportions 
des  douze  demi -tons  de  Téchelle  chroma- 
tique. 

MEDA  (Blancbe),  religieuse  du  couvent 
de  San-Martino  del  leano,  à  Parme,  vers  la 
fin  du  dix-septième  siècle,  s*est  fait  connaître 
par  la  composition  d*un  œuvre  de  motets,  in- 
titulé :  MoteUi  a  una ,  due,  tre  e  quattro 
voci,  eon  violini  e  senza;  Bologna,  J.  Monti,* 
1691,in.4«. 

MÉDARD  (Nicolas),  luthier  lorrain,  vé- 
cut à  Nancy  dans  les  dernières  années  du  dix- 
septième  siècle.  Contemporain  des  Amatî  ftls, 
il  prit  leurs  instruments  pour  modèles.  Ses 
violons,  comme  ceux  des  Amati,  sont  d*un 
petit  patron,  et  n*ontqu*un  son  peu  intense; 
mais  ils  sont  moelleux  et  argentins.  On  les  a 
souvent  confondus  avec  ceux  des  Amati.  Mé- 
dard  se  fixa  à  Paris,  en  1701 .  J*ai  vu  à  Lon- 
ders  an  violon  fait  par  lui,  et  qui  portait  la 
date  :  Pariêiis,  1709. 

MEDEGK  (Madame),  née  dans  la  Lilbua- 
nie,  en  1791,  fut  conduite  fort  jeune  à  Paris, 
où  elle  fit  ses  éludes  musicales  au  Conserva- 
toire. Élève  de  Louis  Adam,  elle  acquit  par 
ses  leçons  un  talent  distingué  pour  le  piano, 
et  commença  à  se  faire  connaître  vers  1814. 
Deux  ans  après,  elle  épousa  Medeck,  violon- 
celliste allemand,  et  voyagea  avec  son  mari 
dans  le  midi  de  la  France  et  en  Espagne. 
Après  avoir  vécu  quelque  temps  à  Valence, 
eUe  s'est  fixée  à  Madrid,  oii  son  mari  était  en- 
gagé pour  la  chapelle  du  roi.  A  la  suite  des 
événements  de  1823,  la  chapelle  ayant  été  sup- 
primée, Medeck  et  sa  femme  ont  continué  de 
résider  dans  la  capitale  de  TEspagne  où  le  ta- 
lent de  celle-ci,  et  son  mérite  comme  profes- 
seur, Tont  mise  en  vogue.  Sa  maison  est  le 
rendez-vous  de  tousies  amateurs  de  cette  ville, 
et  Ton  y  entend  chaquesemaine  de  bonne  mu- 
sique. Madame  Medeck  a  écrit  quelques  mor- 


ceaux pour  le  piano,  qui  sont  restés  en  ma- 
nuscrit. 

MEDEIRA  (Edouard),  savant  Portugais, 
a  fait  imprimer  un  recueil  de  dissertations 
sous  le  titre  :  Novaf  philosophie  et  tnede* 
cirue;  Lisbonne,  16Î50,  in-8«.  On  y  trouve 
deux  morceaux  dont  Tun  a  pour  titre  :  /nati- 
dita  philosophia  de  Firibus  musicx^  et 
l'autre  :  De  Tarentula. 

BIEDËll  (jEAff-YALERTi»),  maître  de  cha- 
pelle à  Dantzick,  naquit  dans  la  Franconle,  en 
1650.  Jusqu'à  TAge  de  quarante  ans,  il  fut  at- 
taché au  service  de  plusieurs  princes  d'Alle- 
magne, en  qualité  de  musicien.  En  1788,  il 
se  rendit  à  Dantzick,  et  y  fut  employé  comme 
maître  de  chapelle;  douze  ans  après,  il  se 
rendit  à  Riga,  où  il  parait  avoir  terminé  ses 
jours.  Quoiqu'il  eût  beaucoup  écrit,  on  n'a  pu- 
blié de  sa  composition  qu'un  recueil  de  pièces 
instmmentales^  intitulé  :  Capricci  a  due  vio^ 
Uni  col  hasso  per  Vorgano;  Dantzick,  1098, 
in-fol.  ^ 

MEDER  (jEAN-GAsaiEL),  fils  d'un  institu- 
teur du  duché  de  Gotha,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  et  parait  avoir 
voyagé  en  Hollande.  Il  a  publié  :  1«  Six  sym- 
phonies à  huit  parties,  op.  1.  2<*  Deux  idem, 
ibid.  Z^  Trois  symphonies  à  douze  parties, 
op.  3  ;  Berlin,  1783.  4<^  Symphonie  à  grand 
orchestre,  op.  4;  Berlin,  Hummel.  5<»  Six 
marches  pour  deux  clarinettes,  deux  cors  et 
deux  bassons  ;  ibid.  6«  L'Illusion  du  prin- 
temps, sonaie  pour  clavecin  avec  violon  et  vio- 
loncelle, op.  6;  ibid.  1797.  7»  Principes  de 
musique  pour  le  chant  avec  douze  solfèges  et 
basse  continue;  ibid.,  1800.  On  connaît  sous 
le  même  nom  un  Mestandro  neW  Indie , 
opéra  sérieux. 

MEDERITSCH  ou  MEBRITSCH 
(Jeau),  surnommé  GALLUS,  mais  dont  le 
véritable  nom  bohémien  est  MEGDRZIGIiY, 
qui  signifie  Coq,  était  fils  d'un  bon  orga- 
niste, et  naquit  à  Nimbourg,  sur  l'Elbe,  vers 
1765.  Après  avoir  commencé  ses  éludes  mu- 
sicales à  Prague,  il  allâtes  terminer  à  Vienne. 
Pianiste  habile  et  compositeur  élégant,  il  eut 
des  succès  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle  et 
dans  les  premières  années  du  siècl«j  suivant. 
En  1794,  il  fut  appelé  à  Ofcn,  en  Hongrie,  pour 
y  remplir  les  fonctions  de  directeur  de  mu- 
sique ;  mais  il  ne  garda  pas  longtemps  cet  em- 
ploi. De  retour  à  Vienne,  en  1796,  il  s'y  éta- 
blit, et  composa  pour  l'église  et  pour  le  théâtre. 
On  connatl  de  lui  les  pelils  ouvrages  suivants^ 
qui  ont  élé  représentés  à  Vienne  avec  succès  : 
1<»  le  Marin.  2»  Les  Recrues j  en  1794.  3»  La 

4. 


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2^2 


MEDERITSCH  —  MEERTS 


Dernière  Débauché  de  l'ivrogne.  4»  Lee 
Ruines  de  Bahylone,  Mederi(&cb  a  composé 
seulemenl  le  premier  acte  de  cet  ouvrage  ;  le 
second  a  été  écrit  par  Wioler.  La  parlition, 
réduite  pour  le  piano,  a  été  gravée  à  Vienne, 
à  OfTenbacli,  à  Leipsick  et  à  Brunswick.  Cette 
pièce  a  été  représentée  pour  la  première  fois, 
ao  théâtre  de  Scbikaneder,  le  23  octobre  1797. 
5<>  Musique  pour  la  tragédie  de  Macbeth. 
6<>  Des  ouvertures  et  des  chœurs  pour  quelques 
drames.  On  a  publié  de  la  composition  de  cet 
artiste  :  l**  Deux  sonates  pour  le  piano,  n«*  1 
et  2;  Vienne,  1791.  2<*  Deux  quatuors  pour 
piano,  violon,  alto  et  basse  j  t6t<l.;  et  OfTen- 
bach,  André.  3<>  Vingt-quatre  variations  pour 
piano  ;  Vienne,  1792.  4«  Trois  sonates  pour 
piano  et  violon j  Vienne,  Artaria,1707. 5«Six  va- 
riations pour  piano  j  ibid.  Q°Six  idem  sur  un 
thème  des  Ruines  de  Babylone,  Ibid.  7<'  Neuf 
variations  sur  un  autre  thème  du  même  opéra, 
ibid'  B<*  Trois  sonates  dialoguées  pour  piano 
et  i^olon  ;  ibid.  On  trouve  aussi  en  manuscrit 
dans  le  catalogue  de  Traeg  (Vienne,  1799)  : 
9^  Six  concertos  pour  le  piano  avec  orchestre. 
10°  Six  sonates  faciles  pour  clavecin.  11<>  Trois 
trios  pour  deux  violons  et  violoncelle,  op.  12. 
12<*  Trois  caprices  faciles  |)our  le  piano. 
130  Stabat  Mater  à  quatre  voix  et  orchestre. 
\A^  Messe  solennelle  (en  ri)  à  quatre  voix  et 
orchestre.  IS"  Autre  idem  (en  ut).  \&*  Chœur 
de  Bandits ^.  à  quatre  voix  17«  Chœur  de 
Chevaliers  du  Temple^  à  quatre  voix,  deux 
flûtes,  deux  clarinettes,  deux  bassons,  deux 
trombones  et  orgue.  L^époque  de  la  mort  de 
Mederilscb  n*est  pas  connue  ]  il  vivait  à  Lem- 
bei^,  en  1830,  et  éuit  âgé  de  soixante-six 
ans. 

HIEDICIS  (LAURE5T),  prêtre  et  noble  de 
Crémone,  vécut  dans  la  première  partie  du 
dix-septième  siècle.  lia  écrit  plusieurs  œuvres 
de  musique  d'église.  Arisi  (Cremona  litte- 
rata,  t.  III,  Jppendix)  ne  cite  que  celui  qui 
a  pour  litre  :  Missarum  octo  vocibus  liber 
primus,  op.  IF.  Nuper  editum  cum  parte 
organi.  Sub  signo  Gardani ,  Fenetis,  1619. 
Gerber  a  confondu  ce  prêtre  avec  Laurent  de 
Médicis,  dit  le  Magnifique,  qui  naquit  le 
l^"**  janvier  1448,  et  qui  succéda,  en  1469,  à 
son  père  Pierre,  dans  le  gouvernement  de  la 
république  de  Florence.  La  méprise  est  un  peu 
forte. 

lUEERTS  (Lambert- Joseph),  professeur  de 
violon  au  Conservatoire  royal  de  musique  de 
Bruxelles,  est  né  dans  cette  ville  en  1802.  Des- 
tiné au  commerce,  il  nVtudia  d'abord  la  mu- 
si<iue  que  comme  art  d'agrément  j  mais  plus 


lard,  des  revers  de  fortune  obligèrent  ses  pa- 
rents à  lui  faire  chercher  des  ressources  dans 
son  talent  précoce.  A  Page  de  quatorze  »nt,  il 
était  répétiteur  des  rôles  et  premier  violon  au 
théâtre  d'Anvers.  Vers  cette  époque,  il  devint 
élève  deFridzeri,  qui  lui  lit  faire  des  progrès 
par  rélude  des  sonates  et  des  concertos  des  an- 
ciens maîtres  italiens.  Plus  tard,  M.  Meerts  fit 
â  diverses  reprises  des  séjours  plus  ou  moins 
prolongés  à  Paris  et  y  reçut  des  leçons  de  La- 
font,  d'Habeneck  et  des  conseils  de^aillot.  De 
retour  â  Bruxelles,  il  s'y  est  livré  i  l'enseigne- 
ment. Entré  à  l'orchestre  de  celte  ville,  en 
1828,  il  y  a  été  nommé  premier  violon  soloeo 
1832,  et  s*est  fait  entendre  avec  succès  pendant 
quatre  ans  dans  cette  position.  La  composi- 
tion occupait  ses  loisirs,  et  sans  autre  guide 
que  son  Instinct,  aidé  seulement  de  quelques 
notions  élémentaires  d'harmonie,  il  écrivait 
des  concertos,  des  fantaisies  et  des  airs  variés 
qui  obtenaient  du  succès  dans  les  concerts  de 
cette  époque. 

Au  mois  d'avril  1833,  Je  vins  prendre  la  di- 
rection du  Conservatoire  de  Bruxelles;  l'un 
de  mes  premiers  soins  fut  d'y  créer  un  en- 
seignement fondamental  et  rationnel  de  l'har- 
monie et  du  contrepoint,  seules  bases  de  l'art 
d'écrire  en  musique,  par  lequel  se  sont  formés 
les  plus  illustres  compositeurs.  Rien  de  sem- 
blable n'était  connu  en  Belgique  avant  que  j'y 
revinsse.  M.  Meerts,  ayant  entendu  parler  par 
mes  élèves  des  progrès  que  leur  faisait  faire 
cet  enseignement,  si  nouveau  pour  eux,  vint 
me  voir  et  me  prier  de  lui  donner  des  leçons 
décomposition  par  ma  méthode,  c«  que  je  lui 
accordai  sans  peine.  Il  fit  avec  moi  un  cours 
complet  de  la  science;  mais  il  tira  de  mes 
leçons  un  fruit  auquel  je  n'avais  pas  songé. 
En  me  voyant  commencer  son  instruction  par 
les  simples  relations  de  deux  voix  qui  chantent 
â  notes  égales  de  simples  consonnances,  lui 
expliquant  la  raison  de  chaque  règle,  et  le  con- 
duisant ainsi  pas  à  pas  du  connu  à  l'inconnu, 
et  de  conséquence  en  conséquence,  jusqu'aux 
combinaisons  les  plus  ardues  d'un  grand 
nombre  de  parties,  il  s'était  dit  que  tout  art, 
exigeantchez  celui  qui  le  cultive  un  mécanisi^e 
complet  d'exécution  et  de  rendu  de  la  pensée, 
ce  mécanisme,  quel  qu'il  fût,  ne  pouvait  être 
bien  enseigné  qu'en  le  décomposant  jusqu'à 
ses  éléments  les  plus  simples,  et  allant,  comme 
dans  le  contrepoint,  jusqu'à  la  réunion  d'un 
tout  complet  et  parfait.  Donc,  se  disait-il,  il 
doit  en  être  ainsi  de  l'art  déjouer  du  violon, 
et  les  véritables  bases  de  l'enseignement  de 
cet  art  sont  encore  à  poser.  Dès  ce  moment, 


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MEERTS 


53 


il  s'opéra  dans  M.  Meerls  une  complète  trans- 
formation d'idées  et  de  vues. 

Je  lui  avais  fait  remarquer  qu'il  y  a  dans  la 
composition  deux  choses  également  nécessaires 
pour  la  production  de  beaux  ouvrages,  à  sa- 
voir, la  faculté  de  création  qui  réside  dans 
l'organisation  de  l'artiste  à  des  degrés  divers, 
et  l'acquit  dans  l'art  de  réaliser  la  pensée  par 
le  mécanisme  de  ce  même  art.  J'enseigne,  lui 
dis-je,  les  éléments  de  l'art  d'écrire;  quant  à 
la  production  des  idées,  quant  à  l'originalité 
de  formes  sous  lesquelles  elles  se  manifestent, 
c'est  à  la  nature  qu'il  appartient  de  faire  son 
œuvre.  M.  Meerts  avait  parfaitement  saisi 
cette  distinction  et  en  avait  conclu  qu'il  y  a 
quelque  chose  de  vicieux  dans  l'enseignement 
des  instruments,, particulièrement  du  violon, 
lorsqu'il  se  fait  par  la  transmission  pure  et 
simple  de  l'exemple,  en  supposant  même  que 
cette  transmission  soit  faite  par  les  plus  grands 
artistes  ;  car  ce  que  le  maître  veut  faire  passer 
alors  dans  le  jeu  de  son  élève,  c'est  sa  propre 
nature  :  au  lieu  d'un  talent  original,  il  ne 
peut  faire  qu'un  copiste.  Ce  qui  fait  le  grand 
artiste  ne  se  peut  enseigner;  mais  celui  que 
la  nature  a  doté  des  facultés  les  plus  heureuses 
n'en  tirera  pas  tous  les  avantages  dont  elles 
sont  susceptibles,  si  l'étude  régulière  et  persé- 
vérante de  toutes  les  difficultés  de  mécanisme 
ne  lui  a  fourni  le  moyen  de  rendre  toujours 
avec  perfection  ce  que  lui  dictent  ses  inspira- 
tions. Mais  quels  sont  les  éléments  du  méca- 
nisme du  violon  ?  Comment  peut-on  les  classer 
d'une  manière  méthodique,  ainsi  qu'on  l'a 
fait  pour  ceux  du  contrepoint? Enfin,  comment 
peut-on  formuler  un  système  d'étude  régulière 
de  ces  éléments?  Tels  furent,  depuis  1835, 
les  sujets  des  méditations  de  M.  Meerts  et  des 
ouvrages  remarquables  qu'il  a  publiés  depuis 
lors. 

Divisant  d'abord  l'art  de  jouer  du  violon  en 
ses  deux  parties  principales  qui  sont  :  1*  la 
main  de  l'archet  ;  ^  la  main  du  manche  de 
riDstrument,  c'est-à-dire  la  main  gauche,  il 
s'occupa  en  premier  lieu  de  l'archet,  prin- 
cipe du  son,  de  l'accent,  de  la  nuance  et  du 
rbytbme,  laissant  à  traiter  séparément  de  la 
main  gauche,  de  laquelle  dépendent  la  Jus- 
tesse des  intonations,  la  division  des  positions, 
le  doigté,  la  sûreté  dans  l'exécution  des 
traits  et  les  combinaisons  de  double  corde. 

L'archet,  comme  producteur  du  son,  est  in* 
dépendant  des  doigts  ;  le  premier  élément  de 
l'art  de  jouer  du  violon  consiste  donc  à  faire 
mouvoir  l'archet  sur  les  cordes  à  vide.  N'ayant 
pas  à  s'occuper  de  justesse  d'intonations,  et 


n'ayant  pas  à  faire  fonctionner  les  doigts  de 
la  main  gauche,  l'élève  porte  toute  son  atten- 
tion sur  la  tenuo  de  l'instrument  ainsi  que  sur 
la  direction  de  son  bras  droit,  en  tirant  et 
poussant  l'archet.  L'action  de  tirer  et  de 
pousser  l'archet  sur  les  cordes,  dans  la  mu- 
sique, répond  à  l'un  de  ces  deux  sentiments, 
le  vif  ou  le  lent.  Décomposant  tous  les  traits 
qui  peuvent  correspondre  à  l'un  ou  à  l'autre  f 
de  ces  deux  sentiments,  M.  Meerts  trouva  que 
tous  ont  pour  principes  six  coups  d'archet 
fondamentaux  qui  constituent  tout  l'art  de 
l'archet,  et  son  premier  ouvrage,  intitulé: 
Études  pour  violon  avec  accompagnement 
d'un  second  violon,  divisées  en  deux  suites 
(Mayence  et  Bruxelles,  Schott),  eut  pour  objet 
de  montrer  l'application  de  ces  six  coups  d'ar- 
chet dans  tous  les  genres  de  difficultés,  en 
mettant  sous  les  yeux,  par  un  dessin  figuré  de 
l'archet,  le  point  d'attaque  dans  chacun  des  six 
coups  fondamentaux.  Pour  se  livrer  au  grand 
travail  d'analyse  exposé  dans  cet  ouvrage, 
M.  Meerts,  ayant  été  nommé  professeur  au 
Conservatoire  de  Bruxelles,  en  1835,  donna  sa 
démission  de  la  placede  violon  solo  du  théâtre. 
Il  fallut  quelque  temps  pour  que  la  valeur  con- 
sidérable du  nouveau  système  d'enseignement 
qu'il  venait  de  produire  fût  comprise  et  appré- 
ciée à  sa  juste  valeur;  mais  les  résultats  évidents 
que  le  maître  obtint  dans  son  cours  au  Conser- 
vatoire, et  l'opinion  de  quelques  artistes  étran- 
gers ayant  fait  connaître  l'excellence  de  cette 
méthode,  plusieurs  éditions  de  l'ouvrage  de 
M.  Meerts  furent  épuisées  en  quelques  années. 
Sous  le  titre  de  Mécanisme  du  violon,  ce 
maître  donna,  en  deux  suites  d'études,  les  dé- 
veloppements transcendants  de  sa  méthode 
analytique  et  progressive. 

Après  avoir  épuisé  les  applications  des  six 
coups  d'archet  fondamentaux,  M.  Meerts  porta 
son  attention  sur  le  mécanisme  de  la  main 
gauche  et  publia  sur  ce  sujet  important  deux 
ouvrages  remplis  de  vues  neuves  concernant 
les  difflcullés  des  changements  de  position, 
particulièrement  en  descendant,  et  sur  la 
double  corde  ;  ces  ouvrages  ont  pour  titres  : 
1<>  Douze  études  considérées  comme  introduc- 
tion à  la  seconde  partie  du  mécanisme  du 
violon  en  ce  qui  regarde  la  double  corde. 
20  Trois  livraisons  sur  l'étude  de  la  deuxième, 
de  la  quatrième  et  de  la  sixième  position. 
Les  avantages  du  mécanisme  des  six  coups 
d'archet  fondamentaux  ont  ensuite  été  mis  en 
évidence  par  M.  Meerts  dans  ses  suites  d'étu- 
des sur  les  difficultés  des  divers  genres  de 
rhylbmes,  particulièrement  dans  ses  Douze 


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54 


MEERTS  —  MEES 


livraisons  d'études  de  rhythmes  sur  des  mo- 
tifs de  Beethoven  ;  car  à  chaque  rhythme  cor- 
respond une  articuialion  particulière  de  Par- 
chet  qui  lui  donne  son  caractère  spécial.  Il 
vient  de  compléter  celte  partie  de  son  œuvre 
par  des  éludes  de  rhythme  sur  les  motifs  de 
Mcndeissohn. 

Enfin,  un  des  objets  les  plus  importants  de 
la  musique  moderne,  Part  de  rendre  toutes  les 
nuances  de  piano,  de  forte,  de  crescendo, 
de  diminuendo,  sans  faire  intervenir  Paction 
du  bras  sur  Parchet,  cet  art  si  riche  d^accen- 
tuation  est  devenu  facile  par  une  découverte  de 
M.  Meerts,  qui  complète  tout  ce  qui  concerne 
le  mécanisme  du  viol<^n.  Les  violonistes  savent 
que  rien  n'est  plus  difllcile  que  de  soutenir  un 
son  fortissimo,  soit  en  tirant,  soit  en  {toussant 
Parchet,  parce  que  l'éloignemeni  plus  ou 
moins  grand  où  se  trouve  le  poignet  de  la 
eorde  qui  résonne  diminue  progressivement 
la  puissance  sonore,  laquelle  devient  presque 
nulle  près  de  la  pointe  de  Parchet,  tandis 
qu'elle  est  très-intense  près  du  talon. 
M.  Meerts  a  démontré  que  Péquilibre  de  la 
force  ne  peut  s'établir  sur  tous  les  points  de  la 
longueur  de  Parchet  qu'en  augmentant  pro- 
gressivement la  pression  des  doigts  sur  la  ba- 
guette de  Parchet  en  raison  de  la  diminution  de 
la  force  musculaire  au  fur  et  à  mesure  que  le  poi  - 
gnet  s'éloigne  de  la  corde  ;  en  sorte  que  cette 
pression,  presque  nulle  près  du  talon  de  Par- 
chet, est  considérable  vers  la  pointe.  Cette  loi  de 
la  pression  balancée  fournit  les  moyens  d^exé- 
cution  des  nuances  les  plus  délicates  et  les  plus 
accentuées.  H.  Meerts,  après  avoir  expliqué 
les  règles  de  Part  de  nuancer  par  ce  procédé, 
a  publié  trois  études  spéciales  sur  cet  objet. 

C'est  ainsi  qu'a  été  accomplie  la  mission 
que  s'est  donnée  dans  son  enseignement  ce 
professeur  digne  de  la  plus  haute  estime.  Ne 
voulant  rien  laisser  dans  le  doute  pour  les  ap- 
plications de  son  système  de  mécanisme  de 
Pinstrumeut,  à  quelque  point  de  vue  que  ce 
soit,  il  a  fait  lui-même  ces  applications  daùs 
quelques  ouvrages  supplémentaires,  parmi  les- 
quels on  remarque:  Trois  études  pour  le  style 
fugtté  et  le  staccato;  le  Mécanisme  de  Var- 
chet  en  douze  études  pour  violon  seul;  le  Tra- 
vail journalier  des  jeunes  solistes  ;  Six 
fugues  à  deux  parties  pour  violon  seul; 
Trois  études  brillantes,  etc.  Tous  ces  ouvrages 
ont  été  publiés  par  les  maisons  Schott,  de 
Mayence  et  de  Bruxelles. 

L'enseignement  de  M.  Meerts  au  Conserva- 
toire de  Bruxelles  a  porté  ses  fruits  en  donnant 
aux  jeunes  violonistes  de  cette  école  une  sû- 


reté de  mécanisme  qui  s'applique  à  tous  les 
effets  de  l'instrument,  et  l'unité  d'archet  qu*on 
admire  dans  l'orchestre  de  ses  concerts.  Ce 
sont  ces  mêmes  qualités  des  instruments  à 
cordes,  qui,  réunies  à  l'excellence  dès  instru- 
ments à  vent,  ont  placé  cet  orchestre  au 
rang  des  deux  ou  trois  plus  célèbres  de  l'Eu- 
rope. C'est  là  surtout  que  se  fait  sentir  le  mé- 
rite de  l'enseignement  analytique  créé  par  le 
digne  professeur.  Les  solistes,  dominés  par 
leurs  facultés  personnelles,  ne  se  soumettent 
pas  aux  conditions  d'un  mécanisme  raisonné  ; 
ils  s'attachent  aux  choses  dans  lesquelles  ils 
réussissent,  en  font  le  caractère  individuel  de 
leur  talent,  et  s^abstiennent  de  celles  où  ils 
sentent  qu'ils  seraient  faibles.  Ce  sont  des  ar- 
tistes d'exception,  à  rnoin^  qu'ils  ne  soient 
complets,  ce  qui  est  une  exception  beaucoup 
plus  rare. 

Parmi  les  virtuoses  violonistes  qui  ont  pour 
les  travaux  de  M.  Meerts  la  plus  haute  estime, 
on  peut  citer  les  noms  de  Vieuxtemps,  Joa- 
chim,  Léonard,  Sivori,  Laub  et  beaucoup  d'au- 
tres. Le  violoncelliste  BockmUhl,  de  Franc- 
fort, a  fait  une  application  de  ses  principes  . 
dans  ses  Études  pour  le  développement  du 
mécanisme  du  violoncelle  (Offenbach,  André)  ; 
Servais  a  transcrit  pour  le  même  instrument 
huit  de  sei  études  de  rhythme,  et  MM.  Warot, 
professeur  de  violoncelle  du  Conservatoire  de 
Bruxelles,  et  Bernier,  professeur  de  contre- 
basse à  la  même  institution,  ont  appliqué 
d'une  manière  très-heureuse  les  mêmes  prin- 
cipes dans  leurs  méthodes  de  violoncelle  et  de 
contrebasse.  M.  Meerts  est  chevalier  de 
POrdre  royal  de  Léopold. 

MEES  (Henri),  né  à  Bruxelles,  en  1757, 
fut  attaché  au  théâtre  de  celle  ville,  en  qua- 
lité de  première  basse-taille.  Un  extérieur 
agréable,  une  belle  voix,  la  connaissance  de  la 
musique  et  de  Part  du  chant,  lui  Drcnt  obtenir 
de  brillants  succès  à  la  scène.  En  170G,  il  éta- 
blit un  opéra  français  à  Hambourg;  mais  son 
entreprise  ne  réussit  pas,  et  il  fut  obligé  de 
s'éloigner  de  cette  ville  pour  se  rendre  à  Pé- 
tersbourg,  où  il  fut  employé  au  théâtre  de  la 
cour.  En  1810,  il  se  retira  â  Varsovie,  avec 
une  pension  de  l'empereur  de  Russie.  Il  est 
mort  dans  cette  ville,  le  31  janvier  1820.  L'es- 
time dont  il  jouissait  fit  assistera  ses  obsèques 
tout  ce  qu'il  y  avait  de  plus  distingué  parmi 
les  habitants  de  Varsovie. 

MEES  (JosEPH-HcNRi),  fils  du  précédent  et 
pctit-fils  deWitzthumb  {voyez  ce  nom),  est  né  ' 
à  Bruxelles,  en  1779.  Ses  études  musicales 
furent  dirigées  par  son  aïeul.  En  179G,  il  sui- 


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MEES  -  MÊIICL 


iz 


vit  SOD  père  à  Hambourg  ]  qiioiqu*il  ne  fût  âgé 
que  de  dix-sept  ans,  il  dirigeait  déjà  Tor- 
chestre  avec  la  partition.  Deux  ans  après,  il 
fût  engagé  au  service  du  duc  de  Brunswick 
pour  remplir  les  mêmes  fonctions.  Depuis  lors, 
il  a  visité  rAHcmagne,  la  Suède,  la  France  et 
rAnîçlclerrc.  De  retour  à  Bruxelles,  en  1810, 
il  y  a  établi  une  école  de  musique  d*après  ta 
méthode  du  Méloplaste,  sous  le  titre  A'jicadé' 
miej  et  Ta  dirigée  conjointement  avec  Snel 
(voyez  ce  nom)  jusqu^en  1830;  mais  les  évé- 
nements de  la  révolution  ayant  porté  alors 
atteinte  à  Texistence  de  cet  établissement, 
Mees  s^est  mis  de  nouveau  à  voyager,  a  visité 
Paris,  ritalie,  l'Angleterre  et  en  dernier  lieu 
la  Russie.  II  avait  établi  d*abord  une  école  de 
musique  à  Varsovie;  mais  la  guerre  et  les 
événements  de  1851  Tobligèrent  à  s'éloigner 
précipitamment  de  cette  ville  et  à  se  réfugier 
à  Kiew.  II  y  ouvrit  une  école,  dans  laquelle 
il  enseignait  la  musique  par  la  méthode  du 
Méloplaste.  Apr«s  avoir  passé  plusieurs  an- 
nées dans  cette  situation  peu  satisraisante,  il 
se  rendit  à  Pétersbourg,  où  il  remplissait 
encore  les  fonctions  de  chef  d^orchestre  de 
rOpéra,  en  1858  (voyez  la  Gazette  générale 
de  musique  de  Leipzick^  40«»«  année,  p.  483). 
Il  est  mort  dans  cette  ville,  peu  de  temps  après 
cette  époque.  Comme  compositeur,  Mees  a 
donné  au  théâtre  du  Parc,  à  Bruxelles,  le  />r- 
mier  belge,  opéra-comique  en  un  acte,  paroles 
•de  Lesbroussart,  en  1810,  et  a  fait  exécuter  à 
Aix-la-Chapelle  une  grande  cantate  pendant 
le  congrès  de  1818.  On  connaît  aussi  de  lui 
rOratorio  Esther,  dont  des  fragments  ont  été 
-exécutés- à  Bruxelles  en  1893,  un  trio  comique 
intitulé  Les  Mirlitons j  qui  fut  chanté  en  Italie 
par  madame  Malibran,  le  ténor  Masi  et  La- 
blache.  Enfin,  il  a  écrit  plusieurs  composi* 
tions  pour  alto  principal.  On  a  de  cet  artiste  : 
1"  Méthode  raisonnée  pour  exercer  la  voix 
et  la  préparer  aux  plus  grandes  difficultés; 
Bruxelles,  1838,  in-4<^  de  quarante  et  une 
pages.  2®  Tableaux  synoptiques  du  Mélo- 
plaste; ibid.,  1827,  in-4'».  3»  Explication  de  la 
basse  chiffrée;  ibid.,  1827,  in-4'>.  4"  Théorie 
'le  la  musique  mise  en  canons,  à  Vusage 
des  écoles  de  musique,  et  disposée  pour  les 
classes;  ibid.,  1828, quatre  parties  in-4'».  Mecs 
a  publié  une  nouvelle  édition  du  Diction^ 
naire  de  musique  moderne,  par  Castil-Blazc 
(Bruxelles,  1828,  un  volume  in-8<*),  et  y  a 
ajouté  une  préface,  un  abrégé  historique  de 
la  musique  moderne,  et  une  Biographie  des 
théoriciens,  compositeurs,  chanteurs  et  mu- 
siciens célèbres  qui  ont  illustré  l'école  fia* 


mande,  et  qui  sont  nés  dans  les  Pays-Bas, 
Ces  additions  sont  de  peu  de  valeur.  Enfin,  on 
doit  à  Mees  une  nouvelle  édition  des  Mémoires 
ou  Essais  sur  la  musique,  par  Grétry,  avec  des 
notes;  Bruxelles,  1829,  trois  volumes  in-18. 

MEGELIN  (Henri),  violoncelliste  à  la 
chapelle  de  l'électeur  de  SaTte,  vivait  à  Dresde 
postérieurement  à  1774.  Il  était  alors  consi- 
déré en  Allemagne  comme  un  des  artistes  les 
plus  habiles  sur  son  instrument.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  plusieurs  concertos  cl  d'autres  mor- 
ceaux pour  le  violoncelle. 

MEGEIILE  (  Abraham  ) ,  chanoine  de 
Saint-Marc  ad  nives  et  maître  de  chapelle  de 
l'église  cathédrale  de  Salzbourg,  vivait  dans 
cette  ville  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  Il  a  publié  de  sa  composition  un  recueil 
d'offertoires,  sous  ce  titre  :  yira  musica,  seu 
offertoria  1-10  voc,  tom.  J,  II,IIIy  cum 
instrumentis;Si\zÏMUtgj  1740. 

MEGL'O  (A.-B.),  régleur  de  papier  et 
typographe  à  Paris,  est  auteur  d'un  livre  qui 
a  pour  titre  :  VJrt  de  la  réglure  des  registres 
et  des  papiers  de  musique;  méthode  simple 
et  facile  pour  apprendre  à  régler,  contenant 
la  fabrication  et  le  montage  des  outils  fixes 
et  mobiles,  la  préparation  des  encres,  et  dif- 
férents modèles  de  réglure;  Paris,  Audot, 
1828,  un  volume  in-18,  avec  une  planche  et 
des  modèles. 

M EflRSCIIEIDT  (...)  ;  on  a  sous  ce  nom, 
qui  est  probablement  celui  d'un  musicien  alle- 
mand, un  ouvrage  intitulé  :  Table  raisonnée 
des  principes  de  musique  et  d'harmonie, 
contenant  ce  qui  est  le  plus  essentiel  à  ob- 
server dans  la  musique  pour  ceux  qui  veulent 
travailler  à  la  composition,  arrangée  d'une 
manière  aisée  pour  que  chaque  musicien 
puisse  voir  d'un  seul  coupd'œil  tout  ce  qu'il 
peut  et  doit  faire  concernant  l'harmonie; 
Paris,  1780.  , 

MÉULX  (ÉTiEifiiE-HEKRi) ,  l'un  des  plus 
grands  musiciens  qu'ait  produits  la  France, 
naquit  à  Givet,  petite  viUe  du  département  des 
Ardcnnes,  le  24  juin  1703.  Jamais  circon- 
stances ne  parurent  moins  propres  à  dévelop- 
per un  talent  naturel  que  celles  qui  accompa- 
gnèrent la  naissance  et  les  premières  années 
de  la  vie  de  cet  artiste  célèbre.  Fils  d'un  cui- 
sinier (1)  qui  ne  put  fournir  qu'avec  peine  à 

(I)  M.  Quatremére  de  Qainey,  dans  une  Notice  histo- 
rique eur  la  vie  et  le»  outfragea  de  Atihul,  o  écrit  qae  le 
père  de  ce  grand  musicien  aTait  servi  dans  le  génie  et 
avait  éié  inspecteur  des  fortifications  de  Cliarleniont.  Le 
fait  est  inexact.  Le  père  de  Méliul  n'avait  aucune  instruc- 
tion :  il  ne  dut  la  place  subalterne  dont  il  a^agit  qu^à 
I  rinOucnce  de  son  fils. 


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56 


MÉllUL 


son  enlretien  et  aux  frais  de  son  éducalion  ; 
n*ayant  pour  s'instruire  dans  la  musique 
d*aulre  ressource  que  les  leçons  d'un  orga- 
niste pauvre  et  aveugle  -y  habitant  un  pays  oit 
Ton  n'entendait  jamais  d'autres  sons  que  ceux 
du  plain-cbant  de  l'église  ou  du  violon  des 
ménétriers;  tout  semblait  se  réunir  pour 
éloufTer  dès  sa  naissance  le  germe  d'un  grand 
talent,  et  pour  faire  un  marmiton  de  celui  que 
la  nature  destinait  à  devenir  le  chef  de  l'école 
française.  Mais  quels  obstacles  peuvent  arrêter 
l'homme  supérieur  dans  sa  carrière?  A  défaut 
de  maîtres,  Méhul  avait  son  instinct,  qui  le 
guidait  à  son  insu.  Sans  être  un  artiste  fort 
habile,  l'organiste  de  Givet  eut  du  moins  le 
talent  de  deviner  le  génie  de  son  élève,  de  lui 
faire  pressentir  sa  destinée,  et  de  le  préparer 
à  de  meilleures  leçons  que  celles  qu'il  pouvait 
lui  donner. 

Méhul  avait  à  peine  atteint  sa  dixième  an- 
née quand  on  lui  confia  l'orgue  de  l'église  des 
Récollets  à  Givet.  BienlAt  le  talent  du  petit  or- 
ganiste fut  assez  remarquable  pour  attirer  la 
foule  au  couvent  de  ces  pauvres  moines,  et 
faire  déserter  l'église  principale.  Cependant, 
il  était  difficile  de  prévoir  comment  il  s'élè- 
verait au-dessus  du  point  où  il  était  arrivé, 
lorsqu'une  de  ces  circonstances  qui  ne  man- 
quent guère  à  ceux  que  la  nature  a  marqués 
du  sceau  d'une  vocation  particulière,  se  pré- 
senta, et  vint  fournir  au  jeune  musicien  l'oc- 
casion d'acquérir  une  éducation  musicale  plus 
profitable  que  celle  qu'il  avait  reçue  jus- 
qu'alors. Le  fait  mérite  d'être  rapporté  avec 
quelque  détail. 

Non  loin  de  Givet,  dans  les  montagnes  des 
Ardennes,  se  trouvait,  avant  la  révolution  de 
1789,  une  communauté  des  Prémontrés  qu'on 
appelait  l'abbaye  de  Lavaldieu,  En  1774, 
l'abbé  de  ce  monastère,  M.  Lissoir  (qui  fut  de- 
puis lors  aumônier  des  Invalides  et  qui  mou- 
rut en  1808),  reçut  du  général  des  Prémon- 
trés la  commission  de  visiter  plusieurs  maisons 
de  cet  ordre.  Arrivé  au  couvent  de  Schussen- 
ried,  en  Souabe,  il  y  trouva  Guillaume  Hanser 
(voyez  ce  nom),  inspecteur  du  chœur  de  cette 
abbaye  et  musicien  distingué,  surtout  pour  le 
style  de  la  musique  sacrée  et  celui  de  l'orgue. 
Charmé  de  ses  talents,  M.  Lissoir  l'invita  à  sa 
rendre  à  Lavaldieu,  pour  y  passer  plusieurs 
années,  ce  qui  fut  accepté.  Ilanser  y  arriva  en 
1775.  A  peine  se  fut-il  fait  entendre  sur  l'orgue 
de  l'abbaye,  que  sa  réputation  s'étendit  dans 
tout  le  pays.  Méhul,  alors  âgé  de  douze  ans, 
pressentit  toute  l'importance  du  séjour  de 
Hanser  à  Lavaldieu  pour  ses  études;  il  n'eut 


point  de  repos  qu'il  ne  lui  eût  été  présenté,  el 
que  le  bon  Allemand  ne  l'eût  adoplé  comme 
son  élève. 

La  musique  est  un  art  difficile,  singulier, 
unique  en  ce  qu'il  est  à  la  fois  un  art  et  une 
science.  Comme  art,  la  musique  est  plus  que 
la  peinture  dans  le  domaine  de  l'Imagination  ; 
sa  fantaisie  est  moins  limitée,  son  allure  est 
plus  libre,  et  les  émotions  qu'elle  éveille  sont 
d'autant  plus  vives,  que  ses  accents  sont  plus 
vagues  el  rappellent  moins  de  formes  conven- 
tionnelles. Comme  science,  elle  est  aussi  d'une 
nature  particulière.  Plus  morale,  plus  méta- 
physique que  mathématique,  elle  appelle  à  son 
secours  le  raisonnement  plutût  que  le  calcul, 
et  repose  bien  plus  sur  des  inductions  que 
sur  des  formules  rigoureuses.  De  là,  la  té- 
nuité des  liens  qui,  dans  cette  science,  ratta- 
chent les  faits  entre  eux;  de  là,  les  imperfec- 
tions de  sa  théorie,  l'obscurité  de  son  langage 
et  la  lenteur  de  ses  progrès;  de  là,  enfin,  la 
difficulté  qu'on  éprouve  à  l'enseigner  et  à  l'ap- 
prendre. Outre  le  talent  naturel  qui,  pour  la 
pratique  des  arts,  est  une  condition  indispen- 
sable, il  faut,  pour  apprendre  la  musique,  un 
professeur  habile,  de  la  patience  et  de  longues 
études.  Il  ne  suffisait  donc  pas  que  Méhul  eût 
trouvé  un  guide,  il  fallait  qu'il  pût  profiler  à 
chaque  instant  de  ses  conseils,  et  qu'il  passât 
sa  jeunesse  sous  ses  yeux.  Mais  l'éloignement 
où  l'abbaye  de  Lavaldieu  était  de  Givet  ne  per- 
mettait point  à  l'élève  de  faire  tous  les  jours 
un  double  voyage  de  plusieurs  lieues  pour  re- 
cevoir les  leçons  du  maître.  D'un  autre  côté, 
les  ressources  bornées  du  père  de  Méhul  s'op- 
posaient à  ce  qu'il  payât  une  pension  pour  son 
fils.  Le  digne  abbé  dont  il  a  été  parlé  leva 
toutes  ces  difficultés,  en  admettant  le  jeune 
artiste  au  nombre  des  commençaux  de  la 
maison.  Plus  tard,  Méhul,  devenu  habile,  s'ac- 
quitta envers  l'abbaye,  en  remplissant  pendant 
deux  ans  les  fonctions  d'organiste  adjoint. 

Rien  ne  pouvait  être  plus  favorable  aux 
études  du  jeune  musicien  que  la  solitude  où  il 
vivait.  Placée  entre  de  hautes  montagnes,  de 
l'aspect  le  plus  pittoresque,  éloignée  des 
grandes  routes  et  privée  de  communications 
avec  le  monde,  l'abbaye  de  Lavaldieu  offrait 
à  ses  habitants  l'asile  le  plus  sûr  contre  d'im- 
portunes distractions.  Un  site  délicieux,  sur 
lequel  la  vue  se  reposait,  y  élevait  l'âme  et  la 
disposait  au  recueillement.  Méhul,  qui  con- 
serva toujours  un  goût  passionné  pour  la  cul- 
ture des  fleurs,  y  trouvait  un  délassement  de 
ses  travaux  dans  la  possession  d'un  petit  jar- 
din qu'on  avait  abandonné  à  ses  soins.  D'ail- 


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MÉIIUL 


57 


leurs,  il  n*y  «prouvait  pas  la  priyation  de 
toute  société  convenable  à  son  âge.  Hanser, 
qui  aimait  à  parler  de  Tart  qu^il  cultivait  et 
enseignait  avec  succès,  avait  rassemblé  près 
de  lui  plusieurs  enfants  auxquels  il  donnait 
des  leçons  d'orgue  et  de  composition  (1),  cir- 
constance qui  accélérait  les  progrès  du  jeune 
MéhuI  par  Témulation,  et  qui  lui  procurait  un 
délassenient  utile.  Il  a  souvent  avoué  que  les 
années  passées  dans  ce  paisible  séjour  furent 
les  plus  heureuses  de  sa  vie. 

Tout  semblait  devoir  Ty  fixer  :  Tamitié  des 
religieux,  rattachement  qu'il  conserva  tou- 
jours pour  son  maître,  la  reconnaissance,  une 
perspective  assurée  dans  la  place  d'organiste 
de  la  maison,  et,  de  plus,  le  désir  de  ses  pa- 
rents, qui  bornaient  leur  ambition  à  faire  de 
lui  un  moine  de  Tabbaye  la  plus  célèbre  du 
pays,  telles  étaient  les  circonstances  qui  se 
réunissaient  pour  renfermer  dans  un  cloître 
l'exercice  de  ses  talents.  Il  n'en  fut  heureuse- 
ment pas  ainsi.  Le  colonel  d'un  régiment,  qui 
était  en  garnison  à  Charlemont,  homme  de 
goût  et  bon  musicien,  ayant  eu  occasion  d'en- 
tendre Méhul,  pressentit  ce  qu'il  devait  être 
un  jour,  et  se  chargea  de  le  conduire  à  Paris, 
séjour  nécessaire  à  qui  veut  parcourir  en 
France  une  brillante  carrière.  Ce  fut  en  1778 
que  Méhul  quitta  sa  paisible  retraite  pour  en- 
trer dans  l'existence  agitée  de  l'artiste  qui 
sent  le  besoin  de  produire  et  d'acquérir  de  la 
réputation.  Il  était  alors  dans  sa  seizième  an- 
née. Un  an  après  il  assistait  à  la  première 
représentation  de  VIphigénie  en  Tauride  de 
Gluck,  et  s'enivrait  du  plaisir  d'entendre  ce 
chef-d'œuvre  ainsi  que  de  l'éclat  du  succès. 

A  peine  arrivé  dans  cette  grande  ville,  il 
s'occupa  du  choix  d'un  maître  qui  pût  perfec- 
tionner à  la  fois  son  talent  sur  le  piano  et  ses 
connaissances  dans  l'art  d'écrire  la  musique. 
Sdelmann,  claveciniste  habile  et  compositenr 
instruit,  fut  celui  qu'il  choisit.  Les  leçons  qu'il 
donnait  lui-même  fournissaient  à  son  entretien 
et  lui  procuraient  les  moyens  de  se  produire 
dans  le  monde.  Il  avait  de  l'esprit,  n'était  pas 
étranger  à  la  littérature,  et  samit  mettre  à, 
profit  ses  relations  avec  les  hommes  distin- 
gués qu'on  appelait  alors  les  philosophes. 

Ses  premiers  essais,  qui  avaient  eu  pour 
objet  la  musique  instrumentale ,  donnèrent 
naissance  à  des  sonates  de  piano,  dont  il  pu- 
blia deux  œuvres   chez  La  Chevardière,   en 

(I)  Aprvs  Bf^liul,  ttax  qui  se  sont  distingués  sont 
Frerard,  de  Bouillon,  qui,  plus  lard.  Tut  organiste  & 
^lais,ei  Georges  Sehejrermann,  de  Monttiermét  habile 
eiaiceinîsic,  qui  est  mort  i  Nantes,  au  mois  de  juin  1627. 


1781 .  Ces  productions  étaient  faibles  et  n'indi- 
quaient pas  que  le  génie  de  leur  auteur  fût 
dans  la  roule  qu'il  devait  parcourir  avec 
gloire.  Méhul  parait  l'avoir  senti,  car  il  re- 
nonça bientôt  à  ce  genre  de  composition.  La 
musique  vocale,  et  surtout  le  style  dramatique 
lui  convenaient  mieux;  aussi  s'en  occupa -t-il 
avec  ardeur.  Le  bonheur  qu'il  eut  d'être  pré- 
senté à  Gluck  et  de  recevoir  ses  conseils  fut, 
sans  doute,  l'événement  qui  influa  le  plus  sur 
la  direction  qu'il  donna  dès  lors  à  son  talent. 
La  régénération,  encore  récente,  de  l'opéra 
français  par  Gluck;  les  vives  discussions  qui 
agitaient  toute  la  nation  à  ce  sujet,  et  qui  la 
partageaient  en  deux  partis  ennemis  (les  pic- 
cinnistes  et  les  gluckistes)  ;  l'importance  que 
chacun  attachait  au  triomphe  de  ses  opinions; 
les  épigrammes,  les  bonnes  ou  mauvaises  plai- 
santeries (2),  tout  prouvait  que  la  véritable 
route  de  la  renommée  était  le  théâtre.  La  con- 
viction de  cette  vérité  fortifia  Méhul  dans  ses 
résolutions.  Il  préluda  à  ses  succès  par  une 
ode  sacrée  de  J.-B.  Rousseau  qu'il  mit  en  mu- 
sique, et  qu'il  fit  exécuter  au  Concert  spirituel, 
en  1783.  L'entreprise  était  périlleuse;  car  s'il 
est  utile  à  la  musique  que  la  poésie  soit  rhylh- 
mée,  il  est  désavantageux  qu'elle  soit  trop  har- 
monieuse et  trop  chargée  d'images.  En  pareil 
cas,  le  musicien,  pour  avoir  trop  à  faire,  reste 
presque  toujours  au-dessous  de  son  sujet. 
Loin  de  tirer  du  secours  des  paroles,  il  est 
obligé  de  lutter  avec  elles.  Il  parait  cependant 
que  Méhul  fut  plus  heureux  ou  mieux  inspiré 
que  tous  ceux  qui,  depuis,  ont  essayé  leurs 
forces  sur  les  odes  de  Rousseau  ;  car  les  jour- 
naitx  de  ce  temps  donnèrent  des  éloges  à  son 
ouvrage. 

Sous  la  direction  du  grand  artiste  qui 
l'avait  accueilli  avec  bienveillance,  il  écrivit 
trois  opéras,  sans  autre  but  que  d'acquérir 
une  expérience  que  le  musicien  ne  peut  at- 
tendre que  de  ses  observations  sur  ses  propres 
fautes.  Ces  ouvrages  étaient  la  Psyché,  de 
Voisenon  ;  VÂnacréon,  de  Gentil-Bernard^  et 
Zausus  et  Lydie,  de  y SiUàdier,  Lorsque  Méhul 
se  crut  en  état  de  se  hasarder  sur  la  scène,  il 
composa  Alonzo  et  Cora,  et  le  fit  recevoir  à 
l'Opéra.  II. était  alors  dans  sa  vingtième  année. 
Bien  que  son  ouvrage  eût  été  favorablement 
accueilli  par  l'administration  de  l'Académie 
royale  de  musique,  six  ans  se  passèrent  inuti- 
lement dans  l'attente  de  la  représentation. 

Irrité  de  ce  qu'il  considérait  comme  une 

[%  On  sait  que  les  déiracleursde  Gluck  indiquaient 
son  adresse  rue  </m  Grand- Il urltur^  et  que  ceux  do  Pic- 
cinnl  le  logeaient  dans  la  vm  des  Pelits-Chantt, 


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MÉIIUL 


iujiislicc,  mais  non  découragé,  Méhii!  songea 
à  se  frayer  une  route  sur  un  autre  ihéàire. 
L'Opéra-Convique  lut  offrait  Tespoir  d'une 
mise  en  scène  plus  prompte  ;  cette  considéra- 
tion le  décida,  et  le  drame  d'Euphroiine  et 
Corradin  vit  le  jour.  C'était  en  1790  :  ainsi, 
(elles  sont  les  conditions  désavantageuses  de 
la  carrière  du  musicien  en  France,  qu*un 
homme  né  pour  opérer  une  révolution  dans  la 
musique  dramatique,  ne  put  se  produire  en 
public  qu'à  l'âge  de  vingt-sept  ans,  et  après 
neuf  ans  d^efforts  pour  arriver  à  la  scène.  S'il 
fût  né  en  Italie,  vingt  théâtres  lui  eussent  ou- 
vert leurs  portes,  et  vingt  ouvrages  auraient 
signalé  son  génie  avant  qu'il  eût  atteint  l'âge 
où  il  put  débuter  dans  sa  patrie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  affirmer  que  la 
mission  de  Méhul  se  trouva  accomplie  tout 
d'un  coup  par  sa  partition  d''£uphro8ine. 
Celait  le  produit  de  longues  éludes  et  de  mé- 
ditations profondes;  aussi,y  trouvet-on  toute 
la  maturité  du  talent.  Les  qualités  de  son  génie 
et  quelques-uns  de  ses  défauts  se  montrent 
dans  cet  ouvrage,  tels  qu'il  les  a  produits  de- 
puis lors  dans  beaucoup  d'autres.  Un  chaut 
noble,  mais  où  l'on  désire  quelquefois  un  peu 
plus  d'élégance;  une  instrumentation  beau- 
coup plus  brillante  et  plus  fortement  conçue 
que  tout  ce  qu'on  avait  entendu  en  France 
jusque-là,  mais  trop  d'attachement  à  de  cer- 
taines formes  d'accompagnement  qui  se  repro- 
duisent sans  cesse;  un  sentiment  juste  des 
convenances  dramatiques;  mai?  surtout  une 
grande  énergie  dans  la  peinture  des  situations 
fortes  :  voilà  ce  que  Méhul  fit  voir  dans  son 
premier  opéra.  Tout  le  monde  connaît  le  beau 
duo:  Gardez 'VOUS  de  la  jaloxisie;  il  n'y  avait 
pas  de  modèle  pour  un  semblable  morceau  : 
c'était  une  création  ;  et  quoiqu'on  pût  désirer 
d'y  trouver  plus  do  mélodie,  les  connaisseurs 
avouèrent  que  jamais  la  vigueur  d'expression 
n'avait  été  poussée  si  loin. 

On  se  doute  bien  que  le  succès  ayant  cou- 
ronné le  début  de  Méhul,  la  représentation  de 
Cora  ne  se  fit  pas  attendre  ;  car  s'il  est  des  dé- 
goûts pour  l'artiste  inconnu,  tout  sourit  à  celui 
dont  les  premiers  pas  ont  été  heureux.  Néan- 
moins, cet  opéra  réussit  peu  et  ne  prit  point 
place  au  répertoire  de  l'Académie  royale  de 
musique.  A  Cora  succéda  (en  \79^)  Stratonice, 
l'une  des  produciions  de  Méliul  qui  onl  le  plus 
conlribué  à  sa  brillante  réputation.  Un  air 
admirable  (Versez  tous  vos  chagrins),  et  un 
quatuor,  oni  surtout  rendu  célèbre  cet  opéra. 
Ce  quatuor,  olvjel  de  l'admiration  de  beaucoup 
d'à r listes  et  d'amateurs^  est,  en  effet,  remar- 


quable par  sa  physionomie  originale  ;  c^cst 
une  empreinte  du  talent  de  son  auteur  avec 
tous  les  développements  qu'elle  com|>orte.  On 
y  trouve  une  manière  large,  une  noblesse,  une 
'  entente  des  effets  d'harmonie,  dignes  des  plus 
grands  éloges.  En  revanche,  les  défauts  de 
Mébul  s'y  font  aussi  remarquer.  Rien  de  plus 
lourd,  de  plus  monolone  que  celte  gamme  de 
basse  accompagnée  d'une  espèce  de  contre- 
point fleuri  qui  se  reproduit  sans  cesse  ;  rien 
de  plus  scolastique  que  ces  accompagnements 
d'un  seul  motif  (d'un  solpasso)  qui  poursui- 
vent l'auditeur  avec  obstination.  L'ensemble 
du  morceau  offre  le  résultat  d'un  travail  fort 
beau,  fort  estimable  sous  plusieurs  rapports, 
mais  ce  travail  se  fait  trop  remarquer  et  nuit 
à  l'inspiration  spontanée.  Toutefois,  le  qua- 
tuor de  Stratonice  aura  longtemps  encore  le 
mérite  de  signaler  HéhuI  comme  l'un  des  plus 
grands  musiciens  français,  parce  que  les  qua- 
lités sont  assez  grandes  pour  faire  pardonner 
les  imperfections. 

Horatius  Codés j  le  Jeune  Sage  et  le  Vieux 
Fou,  Doria,  sujets  peu  favorables  à  la  mu- 
sique, ou  mal  disposés,  n'inspirèrent  point 
heureusement  l'auteur  d^Eupkrosine;  non- 
seulement,  ces  pièces  ne  réussirent  pas,  mais 
de  toute  la  musique  qu'on  y  trouvait,  rien  n'a 
survécu,  si  ce  n'est  l'ouverture  d''fforatius, 
morceau  du  plus  beau  caractère,  qui  depuis 
lors  a  servi  pour  Adrien,  autre  opéra  du  même 
auteur,  écrit  et  reçu  avant  les  autres,  mais 
joué  seulement  en  1799,  par  des  causes  poli- 
tiques. Phrosineet  Mélidor  aurait  dû  irouver 
grâce  devant  le  public  par  le  charme  de  la 
musique,  où  règne  un  beau  sentiment,  plus 
d'abandon  et  d'élégance  que  Méhul  n'en  avait 
mis  jusqu'alors  dans  ses  ouvrages;  mais  un 
drame  froid  et  triste  entraîna  dans  sa  chute 
l'œuvre  du  musicien.  Toutefois,  la  partition  a 
été  publiée,  et  les  musiciens  y  peuvent  trou- 
ver un  sujet  d'étude  rempli  d'intérêt. 

La  rivalité  qui  existait  alors  entre  Tancien 
Opéra-Comique  et  le  théâtre  de  la  rue  Fcy- 
deau,  rivalité  qui  fut  si  favorableàla  musique 
française,  donna  naissance,  en  1795,  à  la 
Caverne,  opéra  de  Méhul  qu'on  voulait  oppo- 
ser à  l'ouvrage  du  même  nom  que  Lesucur 
avait  fait  représenter  au  théâtre  Feydeau 
deux  ans  auparavant.  Ce  dernier  seul  est 
resté  :  on  ne  connaît  rien  aujourd'hui  de 
l'autre  partition.  Adrien,  autre  composition 
du  même  temps,  était  digne  en  tous  points  du 
génie  de  Méhul.  On  y  trouvait  une  multitude 
d'effets  nouveaux,  des  chœurs  admirables  et 
un  récitatif  qui  n'était  point  inférieur  à  celui 


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MËliUL 


de  Gluck;  ttiais  par  une  sorte  de  fatalité,  les 
divers  gouvernements  qui  se  succédèrent 
proscrivirent  l^ouvrage  à  chaque  reprise  qu^on 
en  fit.  En  1797,  un  événement  unique  dans  les 
annales  du  théâtre  illustra  la  carrière  du 
grand  artiste.  II  s'agit  du  Jeune  Henri, 
opéra  comique  dont  Touverlure  excita  de  tels 
transports  d'enthousiasme,  qu'on  fut  obligé  de 
Texécuter  deux  fois  de  suite.  Le  sujet  de 
l'ouvrage  était  un  épisode  de  la  jeunesse  de 
Henri  IV,  roi  de  France.  Ce  fut  une  affaire  de 
partis  :  les  royalistes  espéraient  un  succès, 
mais  les  républicains,  indignés  qu'on  osât 
mettre  en  scène  un  prince,  un  tyran,  et  de 
plus  un  tyran  qui  avait  fait  le  bonheur  de  la 
France,  sifflèrent  la  pièce  dès  la  première 
scène,  et  firent  baisser  le  rideau  avant  qu'elle 
Tùi  finie;  cependant,  voulant  donner  au  com- 
positeur un  témoignage^de  son  admiration, 
le  public  demanda  que  l'ouverture  tùt  jouée 
une  troisième  fois.  L'usage  de  faire  entendre 
ce  beau  morceau  entre  deux  pièces  s'est  con- 
servé longtemps  au  théâtre  de  l'Opéra -Co- 
mique. * 

La  tragédie  de  Timoléon,  par  Chénier, 
fournit  à  Méhul,  vers  le  même  temps,  l'occa- 
sion d'écrire  une  autre  ouverture  et  des 
chœurs  du  plus  grand  effet.  Depuis  Esther  et 
Mhalie,  on  n'avait  point  essayé  de  joindre 
les  accents  de  la  tragédie  à  ceux  de  la  musique; 
le  style  sévère  et  grave  du  grand*  artiste  était 
plus  convenable  pour  celte  alliance  que  celui 
d'aucun  autre.  Malgré  le  peu  de  succès  de  la 
pièce  de  Chénier,  l'ouverture  et  les  chœurs 
ont  laissé  des  traces  dans  la  mémoire  des  con- 
naisseurs. 

Un  silence  de  près  de  deux  ans  suivit  ces 
travaux.  Les  soins  qu'entraînait  l'organisa- 
tion du  Conservatoire  en  occupèrent  tous  les 
moments.  Méhul  avait  élé.  nommé  l'un  des 
quatre  inspecteurs  de  cette  école  ;  les  devoirs 
de  sa  place  l'obligeaient  à  surveiller  l'admis- 
sion dès  élèves,  à  concourir  â  la  formation  des 
ouvrages  élémentaires  destinés  â  l'enseigne- 
ment; enfin,  à  prendre  une  part  active  â  tout 
ce  qui  concernait  l'administration  d'un  grand 
établissement  naissant.  Il  est  vraisemblable 
que  ce  fut  alors  que  Méhul  commença  à  s'aper- 
cevoir de  ri nsu Aisance  de  ses  premières 
études.  Le  compositeur  dramatique  a  plus  be- 
soin d^nspirations  que  de  science  ;  mais  celle- 
ci  est  indispensable  au  professeur.  S'il  ne  la 
possède  pas,  il  éprouve  â  chaque  instant  les 
embarras  d'une  (losition  fausse.  Les  discussions 
«les  comités,  les  instructions  qu'il  faut  élre 
toujours  prêt  à  donner,  les  exemples  qu'il  faut 


écrire  à  l'appui  du  précepte,  obligent  celui  qui 
est  revêtu  de  ce  titre  à  ne  pas  craindre 
l'examen  de  sa  capacité;  or,  Méhul  eut  plus 
d'une  fois  occasion  de  remarquer  l'avantage 
qu'avaient  sur  lui ,  dans  le  Conservatoire, 
des  hommes  qui  étaient  loin  de  le  valoir 
comme  compositeurs.  Les  leçons  qu'il  a  écrites 
pour  le  solfège  du  Conservatoire  sont  même 
plus  faibles  que  celles  de  ses  collègues  Gossec 
et  Martini,  bien  que  le  génie  de  ceux-ci  fût  in- 
férieur au  sien. 

Ce  fut  par  Jrioàant  que  Méhul  reparut  sur 
là  scène,  en  1790.  Cet  ouvrage  contient  des 
beautés  dramatiques  ;  on  y  trouve  un  duo  et 
plusieurs  autres  morceaux  qui  sont  devenus 
classiques,  et  qu'on  a  chantés  longtemps  dans 
les  concerts.  Toutefois,  la  similitude  du  sujet 
avec  celui  de  Montano  et  Stéphanie^  opéra 
célèbre  de  Berton,  nuisit  au  succès  de  la  nou- 
velle production  de  Méhul.  Sans  parler  de  la 
disposition  du  poëme,  qui  n'est  point  heu- 
reuse, ^riodantj  il  faut  le  dire,  ne  se  fait 
point  remarquer  par  la  fraîcheur  d'idées,  la 
grâce  du  chant,  ni  la  variété  de  couleurs  qui 
brillent  dans  Montano,  bien  que  la  partition 
de  Méhul  fût  mieux  écrite  et  plus  riche  d'in- 
strumentation que  l'autre.  Cette  production 
était  une  de  celles  pour  lesquelles  Méhul  mon- 
trait le  plus  de  prédilection.  A  la  même  époque 
où  Ariodant  fut  joué  à  rOpéra-Comique, 
l'administration  du  Grand -Opéra  obtint  du 
directoire  l'autorisation  de  faire  enfîn  repré- 
senter Adrien,  belle  composition  d'un  style 
sévère  qui  obtint  un  succès  d'estime,  mais  qui, 
dépourvu  de  spectacle  et  de  danse,  ne  put  se 
soutenir  à  la  scène.  Bion ,  opéra  comique 
qui  suivit  Ariodant,  était  faible  et  ne  réus- 
sit pas  parce  que  la  pièce  d'Hofman  était 
froide  et  monotone.  Èpieure  trompa  Tatlenle 
des  artistes  et  du  public,  qui  espéraient  un 
chef-d'œuvre  de  l'association  de  deux  maîtres 
tels  que  Méhul  et  Cherubini.  Un  duo  délicieux 
{Ah!  mon  ami,  de  notre  asile,  etc.)  fil,  du 
moins,  reconnaître  l'auteur  de  JHédée  et  de 
Lodotêka;  mais  la  muse  du  chantre  tVEih 
pkrosine  et  d"* Adrien  le  laissa  sans  inspira- 
tion. 

Nous  arrivons  à  une  des  époques  les  plus 
remarquables  de  la  carrière  de  Méhul.  Des 
critiques  lui  avaient  souvent  reproché  de  man- 
quer de  grâce  et  de  légèreté  dans  ses  chants. 
L'arrivée  des  nouveaux  bouffes,  qui  s'établirent 
au  théâtre  de  la  rue  Chanlereine,  en  1801, 
avait  réveillé,  parmi  quelques  amateurs,  le 
goût  de  cette  musique  italienne  si  élégante, 
si  suave,  qu'on  devait  aux  inspirations  de  Pai- 


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MÊHUL 


siello,  de  Gimarosa  et  de  Guglielmi.  On  fai- 
sait entre  elle  et  les  productions  de  Técole 
française  des  comparaisons  qui  n^étaient  point 
à  ravantage  de  celle-ci.  L^amour-propre  de 
MéhuI  s*en  alarma  ;  mais  une  erreur  singulière 
lui  Bt  concevoir  la  pensée  de  détruire  ce  qu*i] 
considérait  comme  une  injuste  prévention,  et 
de  lutter  avec  les  maîtres  que  nous  venons  de 
nommer. 

Méhul ,  persuadé  qu*on  peut  faire  à  vo- 
lonté de  boilne  musique  italienne,  française 
ou  allemande,  ne  douta  pas  quMl  ne  pût  écrire 
un  opéra  boutTe,  où  Ton  trouverait  toute  la 
légèreté,  tout  le  charme  de  la  Molinara  et 
du  Matrimonio  tegreto;  et  sa  conviction 
était  si  bien  établie  à  cet  égard,  qu'il  entre- 
prit Virato  pour  démontrer  qu'il  ne  se  trom- 
pait pas,  et  quMl  fit  afficher  la  première  re- 
présentation de  cette  pièce  sous  le  nom  d*un 
compositeur  italien.  II  faut  Tavouer,  la  plu- 
part de  ceux  qui  fréquentaient  alors  les  spec- 
tacles, étaient  si  peu  avancés  dans  la  connais- 
sance des  styles,  qu'ils  furent  pris  au  piège, 
et  qu'ils  crurent  avoir  entendu,  dans  Virato, 
des  mélodies  enfantées  sur  les  bords  du  Tibre 
ou  dans  le  voisinage  du  Vésuve.  Certes,  rien  ne 
ressemble  moins  aux  formes  italiennes  que 
celles  qui  avaient  été  adoptées  par  le  compo- 
siteur français.  Méhul  a  eu  beau  faire,  il  n*y 
a  rien  dans  son  ouvrage  qui  ressemble  à  la 
verve  bouffe  des  véritables  productions  scé- 
niquesde  Tllalie.  £h!  comment  aurait-il  pu 
en  être  autrement  ?  Il  méprisait  ce  qu'il  vou- 
lait imiter;  il  ne  se  proposait  que  de  faire  une 
satire.  N'oublions  pas  toutefois  que  le  quatuor 
de  Virato  est  une  des  meilleures  productions 
de  l'école  française,  et  que  ce  morceau  vaut 
seul  un  opéra.  Le  succès  que  cet  ouvrage  avait 
obtenu  dans  la  nouveauté  détermina  son  au- 
teur à  traiter  des  sujets  moins  sérieux  que  ceux 
de  ses  premières  productions.  Une  Folie  et  le 
Trésor  supposé  succédèrent  à  Virato  en  180â 
et  1803.  Plusieurs  morceaux  d'une  facture 
élégante  et  facile,  qu'on  trouve  dans  le  pre- 
mier de  ces  ouvrages,  le  firent  réussir;  le 
deuxième  est  très-faible  :  on  peut  même  dire 
qu'il  n'est  pas  digne  du  talent  et  de  la  ré- 
putation de  Méhul.  Joanna,  V Heureux  mal-  \ 
gré  lui,  Héléna  et  Gabrielle  d'Estrées  n'ont  ! 
laissé  que  de  faibles  traces  de  leur  pas-  j 
sage  sur  la  scène;  il  n'en  fut  pas  de  même 
d'(/(Aa{.  Ce  sujet  ossianique,  rempli  de  situa- 
tions fortes,  ramenait  Méhul  dans  son  do« 
maine.  Il  y  retrouva  son  talent  énergique  : 
il  est  vrai  qu'on  y  désirerait  plus  de  mélodie, 
et  que  la  couleur  en  est  un  peu  trop  uni- 


forme (1)  ;  mais  malgré  ses  défauts,  cet  ou- 
vrage n'a  pu  être  conçu' que  par  un  homme 
supérieur.  Un  joli  duo  est  à  peu  près  tout  ce 
qu'il  y  a  de  remarquable  dans  les  aveugles 
de  Tolède;  toutefois  cette  bouffonnerie  spiri- 
tuelle, jouée  en  1806,  eut  un  certain  succès, 
auquel  ne  fut  pas  étranger  le  caractère  ori- 
ginal de  quelques  mélodies  espagnoles,  intro- 
duites par  Méhul  dans  sa  partition. 

C'est  vers  le  temps  où  ce  dernier  opéra  fut 
composé,  que  Chérubin!  se  rendit  à  Vienne 
pour  y  écrire  son  opéra  de  Faniska,  Les 
journaux  allemands  exprimèrent  alors  une 
admiration  profonde  pour  l'auteur  de  cette 
composition,  et  le  proclamèrent  le  plus  savant 
et  le  premier  des  compositeurs  dramatiques 
de  son  temps.  Méhul,  qui  jusqu'alors  avait  été 
considéré  comme  son  émule  et  son  rival, 
souscrivit  à  ces  éloges;  mais  quiconque  l'a 
connu  sait  combien  lui  coûta  un  pareil 
aveu  :  il  ne  le  fit  que  par  ostentation  fie 
générosité  et  pour  cacher  son  désespoir.  Dès 
ce  moment,  il  prit  la  résolution  de  ne  rien 
négliger  pour  acquérir  cette  science  des 
formes  scolastiques  qui  lui  manquait,  etdontle 
nom  l'importunait.  Il  ne  voyait  pas  que  la  vé- 
ritable science  en  musique  consiste  bien  moins 
dans  des  connaissances  théoriques  dont  oo 
charge  sa  mémoire,  que  dans  une  longue  ha- 
bitude de  se  jouer  de  ses  difficultés,  habitude 
qu'il  faut  contracter  dès  l'enfance,  afin  d'élre 
savant  sans  y  penser  et  sans  gêner  les  inspi- 
rations du  génie.  Quoi  qu'il  en  soit,  Méhul  se 
mit  à  lire  des  traités  de  fugue  et  de  contre- 
point, et  à  écrire  des  formules  harmoniques, 
comme  aurait  pu  le  faire  un  jeune  élève.  Il  en 
résulta  qu'il  perdit  la  liberté  de  sa  manière, 
et  que  ses  compositions  s'alourdirent.  Ses  ac- 
compagnements, surchargés  d'imitations  ba- 
sées sur  la  gamn^e,  prirent  une  teinte  de  mo- 
notonie qui  se  répandit  sur  ses  ouvrages. 

Joseph f  qui  n'obtint  d'abord  qu'un  succès 
d'estime  à  Paris  (le  17  février  1807),  réussit 
beaucoup  mieux  dans  les  département»  et  en 
Allemagne.  C'est  que,  malgré  le  défaut  qui 
vient  d'élre  signalé,  il  y  a  dans  cet  ouvrage 
d'admirables  mélodies,  un  grand  sentiment 
dramatique,  enfin,  une  couleur  locale  excel- 
lente. Après  Joseph,  Méhul  garda  le  silence 
pendant  cinq  ans,  peut-être  à  cause  des  succès 


(I)  Ce  rat  i  Toecasion  de  cet  oavrage,  où  les  violons 
sont  remplacés  fiar  des  altos,  que  Gréiry  dit  un  mot  asses 
plaisant  :  Uélial  lui  ayant  demandé  ce  qu*il  en  pensait, 
A  la  fin  de  la  répélilion  générale.  Je  pense,  répondit  le 
malin  vieillard,  fue  ;e  donnerais  volontiers  six  franc% 
pour  SHttndrc  une  c/ta»ieretle. 


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MÉHUL 


61 


jusqtt*a1ors  sans  exemples  de  la  Festale  et  du 
Fernand  Cor tez, de  Si^onlinï  :  dans  cet  inter- 
valle. De  1807  à  1812,  Méhul  n*écrivU  que  la 
musique  des  ballets  le  Retour  d* Ulysse,  et 
Pertée  et  Andromède,  Bans  les  Amazones, 
qiron  joua  à  TOpéra,  en  1813,  et  dans  f^a- 
lentine  de  Milan,  qui  ne  vit  le  jour  que  plu- 
sieurs années  après  la  mort  de  BLébul,  le  dé- 
faut de  lourdeur  est  plus  saillant  que  dansées 
ouvrages  précédents,  et  les  qualités  sont 
afTaiblies  :  ces  opéras  n^ont  pu  se  soutenir 
au  théâtre.  Les  symphonies  de  ce  maître  furent 
exécutées  dans  les  concerts  du  Conservatoire 
qu^on  appelait  modestement  des  exercices. 
Elles  étaient  le  résultat  de  cette  idée  domi- 
nante dans  respi'it  de  Méhul,  qu*il  y  a  des  pro- 
cédés pour  Taire  toute  espèce  de  musique.  Il 
ne  voyait  dans  les  symphonies  de  Uaydn 
qu*un  motif  travaillé  et  présenté  sous  toutes 
les  formes.  Il  prit  donc  des  thèmes,  les  tra- 
vailla avec  soin,  et  ne  procura  pas  une  émotion 
à  son  auditoire.  C'était  un  enchaînement  de 
formules  bien  arrangées,  mais  sans  charme, 
sans  mélodie,  sans  abandon.  Le  pe|i  d^effet 
produit  par  ces  symphonies  sur  les  habitués 
«les  concerts  du  Conservatoire  fut  la  cause 
d'un  des  plus  vifs  chagrins  de  Méhul.  En  1815, 
il  donna  à  TOpéra-Comique  le  Prince  trou- 
badour, qui  disparut  bientôt  de  la  scène. 

Découragé  par  ces  échecs,'  Méhul  sentit  sa 
santé  s*aUérer  sensiblement.  Une  affection  de 
poitrine  que  les  secours  de  Tart  adoucirent 
pendant  plusieurs  années,  le  livrant  à  une 
mélancolie*  habituelle,  ôtait  à  ses  travaux 
Tagrément  qu'il  y  trouvait  autrefois.  Il  tra- 
vaillait encore,  mais  plutôt  entraîné  par  la 
force  de  Thabitudeque  par  une  vive  impulsion 
de  son  génie.  Les  langueurs  d'une  caducité 
précoce  le  forçaient  à  suspendre  ses  travaux, 
et  lui  laissaient  à  peine  la  force  de  cultiver 
des  fleurs,  dans  le  jardin  d'une  petite  maison 
qu'il  possédait  près  de  Paris.  Situation  déplo- 
rable! s'écrie  l'académicien  qui  fut  chargé  de 
prononcer  son  éloge,  dont  l'effet  le  plus  fâ- 
cheux est  que  l'affaiblissement  des  facultés 
morales  n'accompagne  pas  toujours  celui  des 
facultés  physiques,  et  que  l'âme,  encore  de- 
bout dans  la  chute  de  ses  organes,  semble  pré- 
sider i  leur  destruction. 

la  Journée  aux  Aventures,  dernier  ou- 
vrage de  sa  main  débile,  brillait  encore  de 
quelques  éclairs  de  son  beau  talent  :  cet  opéra 
eut  un  grand  succès.  Le  public  semblait  pres- 
sentir qu'il  recevait  les  adieux  de  celui  qui 
avait  consacré  sa  vie  â  ses  plaisirs,  et  vouloir 
lui  montrer  sa  reconnaissance. 


Cependant  la  maladie  empirait  :  Mébul  prit 
enGn  la  résolution  de  quitter  Paris,  pour 
aller  en  Provence  respirer  un  air  plus  favo- 
rable à  sa  guérison.  Mais,  comme  il  arrive 
toujours,  cette  résolution  était  prise  trop  tard. 
Sorti  de  Paris  le  18  janvier  1817,  il  n'éprouva 
dans  le  voyage  que  les  incommodités  du  dé- 
placement, dit  M.  Quatremère  de  Quincy,  et 
dans  son  séjour  en  Provence,  que  le  déplaisir 
de  n'être  plus  avec  ses  élèves  et  au  milieu  de 
ses  amis.  L*air  qui  me  convient  encore  le 
m^etio;^ écrivait-il  â  ses  collègues  de  l'Institut, 
est  celui  que  je  respire  au  milieu  de  vous. 
Le  20  février  de  la  même  année,  il  écrivait 
aussi  à  son  intime  ami,  et  l'un  de  ses  bio- 
graphes :  Pour  un  peu  de  êoleilj  J'ai  rompu 
toutes  mes  habitiuies,  Je  me  suis  privé  de 
tous  mes  amis  et  me  trouve  seul,  au  bout  du 
monde,  dans  une  auberge,  entouré  de  gens 
dont  je  puis  à  peine  entendre  le  langage. 
On  le  revit  à  une  séance  de  l'Académie  des 
beaux-arts,  mais  ce  fut  pour  la  dernière  fois. 
Il  mourut  le  18  octobre  1817,  à  l'âge  de  cin- 
quante-quatre  ans.  Dans  l'espace  de  quatre 
ans,  la  France  avait  perdu  quatre  compo* 
siteurs  qui  avaient  illustré  la  scène  lyrique, 
savoir  :  Grétry,  Martini,  Monsigny  et  Méhul. 

Les  regrets  qui  accompagnèrent  la  perte  du 
dernier  de  ces  artistes  célèbres  prouvèrent 
que  sa  personne  était  autant  estimée  que  son 
talent  ,éuit  admiré.  Il  méritait  cette  estime 
par  sa  probité  sévère,  son  désintéressement 
et  son  penchant  à  la  bienveillance.  Enthou- 
siaste de  la  gloire,  jaloux  de  sa  réputation, 
mais  étranger  à  l'intrigue,  il  ne  chercha  ja- 
mais à  obtenir  par  la  faveur  les  avantages 
attachés  à  la  renommée.  Sa  délicatesse  à  cet 
égard  était  poussée  à  l'excès;  en  voici  un 
exemple  :  Napoléon  avait  songé  â  le  faire  son 
maître  de  chapelle,  en  remplacement  de  Pai- 
siello  qui  retournait  en  Italie  ;  il  lui  en  parla, 
et  Méhul,  par  une  générosité  fort  rare,  pro- 
posa de  partager  la  place  entre  lui  et  Chéru- 
bini  ;  l'empereur  lui  répondit  :  Ne  me  parlez 
pas  de  cet  homme-là  (1)  ;  et  la  place  fut  don- 
née à  Lesueur,  sans  partage.  Lors  de  l'in- 
stitution de  la  Légion  d'honneur,  Méhul  en 
avait  reçu  la  décoration;  il  ne  cessa  de  solli- 
citer pour  qu'elle  fût  accordée  aussi  à  son 
illustre  rival  ;  mais  ce  fut  toujours  en  vain. 

Méhul  avait  beaucoup  d'esprit  et  d'instruc- 
tion; sa  conversation  était  intéressante.  Son 
caractère,  mélange  heureux  de  finesse  et  de 


(I)  On  sait  quelles  étaient  les  préventions  de  Napoléon 
contre  Chérubioi. 


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6â 


MÉHUL  —  MEHWÂLD 


bonhomie,  de  grâce  et  de  simplicité,  de  sérieux 
et  d*eiijoiiemeat,  le  rendait  agréable  dans  le 
monde.  I^éanmoins,  il  D*était  pas  heureux  : 
toujours  inquiet  sur  sa  renommée,  sur  ses  suc- 
cès, sur  le  sort  de  sies  ouvrages  dans  la  posté- 
rité, il  se  croyait  environné  d*ennemis  conju- 
rés contre  son  repos,  et  maudissait  le  jour  on 
il  était  entré  dans  la  carrière  dramatique. 
Dans  ses  moments  de  chagrin,  il  se  plaisait  à 
dire  avec  amertume  qu^après  tant  de  travaux, 
il  ne  tenait  du  gouvernement  qu^une  place  de 
quatre  mille  francs.  Il  savait  cependant  que 
la  moindre  solliciution  de  sa  part  lui  aurait 
procuré  des  pensions  et  des  emplois  lucratifs; 
mais  il  ne  demanda  Jamais  rien  :  il  voulait 
qu'on  lui  offrit. 

Son  opéra  de  Faîentine  de  Milan  ne  fut 
représenté  qu'en  1833,  cinq  ans  après  sa  mort. 
Il  avait  été  terminé  par  son  neveu  H.  Daus- 
soigne,  aujourd'hui  directeur  honoraire  du 
Conservatoire  de  Liège,  qui  avait  été  aussi  son 
élève.  Tous  les  littérateurs  et  les  musiciens  qui 
avaient  travaillé  pour  l'Opéra-Comique  assis- 
tèrent à  la  première  représentation  de  cette 
pièce,  pour  rendre  hommage  à  la  mémoire  du 
chef  de  l'école  française.  Ils  étaient  au  balcon 
et  se  levèrent  lous  lorsque  le  buste  de  Méhul 
ftit  apporté  sur  la  scène  et  couronné  par  les 
acteurs.  Ce  ne  fut  pas  seulement  en  France 
qu'on  rendit  des  honneurs  à  ce  grand  musi- 
cien ;  l'Académie  royale  de  Munich  avait  déjà 
fait  exécuter  un  chant  funèbre  en  son  honneur 
dans  une  de  ses  séances,  et  les  journaux  de 
l'Allemagne  s'étalent  empressés  de  donner  à 
son  Calent  les  éloges  qu'il  méritait  à  tant  de 
titres. 

Outre  les  opéras  cités  précédemment,  Xéhul 
avait  composé  :  HypsipiU,  reçu  à  l'Opéra,  en 
1787;  Arminiusy  idem,  en  1794;  Scipion, 
idem,  en  1795;  Tancrède  et  Clorinde,  idem, 
en  1796;  Sé$ottri$;  j4gar  dans  le  désert. 
Aucun  de  ces  ouvrages  n'a  été  représenté.  Il 
en  fut  de  même  de  la  tragédie  d'Œdipe  roi, 
pour  laquelle  il  avait  écrit  une  ouverture,  des 
enir'actes  et  des  chœurs.  On  lui  doit  aussi  la 
musique  de  quatre  grands  ballets,  le  Jugement 
de  Paris  (1793);  la  Dansomanie  (1800);  le 
Retour  d'Ulysse  (1809);  Perses  et  Andro- 
mède(\^\\)\  nn  opéra  de  circonstance,  inti- 
tulé :  /e  Pont  de  Lodi  (1797)  :  le  petit 
opéra  comique  de  :  la  Toupie  et  le  Pa- 
pillon, joué  au  théâtre  Montansier,  dans  la 
même  année,  elles  Kussites,  mélodrame,  re- 
présenté au  théâtre  de  la  Porle-Saint-lttartin, 
en  1804.  11  a  aussi  travaillé  au  Baiser  et  la 
Quittance,  opéra  comique,  en  collaboration 


avec  Berton,  Kreutzer  et  Nicolo  Isouard,  ainsi 
qu'à  VOrifiamme ,  grand  opéra  de  circon- 
stance, avec  Berton,  Paer  et  KreuUer.  Enfin, 
Méhul  a  écrit  une  multitude  d'hymnes,  de 
cantates  et  de  chansons  patriotiques  pour  les 
fêtes  républicaines,  entre  autres  :  le  Chant 
du  départ,  le  Chant  de  victoire,  le  Chant  du 
retour  et  laChanson  de  Roland  pour  la  pièce 
d^irconstance, intitulée:  Guillaumele Con- 
quérant; de  plus,  une  grande  cantate  avec 
orchestre,  pour  l'inauguration  de  la  statue  de 
Napoléon  dans  la  salle  des  séances  publiques 
de  l'Institut.  Ce  dernier  ouvrage  a  été  gravé 
en  grande  partition.  Les  opéras  écrits  par 
Méhul  sont  au  nombre  de  quarante-deux. 

Cet  artiste  célèbre  a  lu,  dans  des  séances 
publiques  de  l'Institut,  deux  rapports  dont  il 
était  auteur;  le  premier  Sur  l'état  futur  de 
la  musique  en  France;  l'autre,  5ttr  (e«  tra- 
vaux des  élèves  du  Conservatoire  à  Rome. 
Ces  deux  morceaux  ont  été  imprimés  dans  le 
cinquième  volume  du  Magasin  encyclopé» 
dique  (Paris,  1808).  M.  Vieillard,  ami  intime 
de  M(ihul,  a  écrit  une  notice  biographique 
remplie  d'intérêt  sur  ce  grand  artiste  :  elle^a 
été  imprimée  à  Paris,  en  1859,  tn-12  de 
50  pages  ;  Quatremère  de  Quincy  en  a  lu  une 
autre  dans  la  séance  publique  de  l'Académie 
royale  des  beaux-arts  de  l'Institut  (octobre 
1818),  à  Paris,  imprimerie  de  Ftrmtn  Didot, 
1818,  in-4o. 

MEHYKALD  (FAéDÉRiG),  et  non  RIEY- 
WALD,  comme  il  est  écrit  dans  le  Lexique 
universel  de  musique  publié  par  le  doc- 
teur Schilling,  est  né  en  Silésie,  vers  1803.  Il 
a  fait  ses  études  au  Gymnase  catholique  de 
Breslau,  et  dans  le  même  temps  a  été  employé 
comme  premier  dessus  au  chœur  de  l'église 
cathédrale  de  cette  ville,  où  il  apprit  la  mu- 
sique, le  chant  et  la  composition  sous  la. di- 
rection de  Schnabel.  Vers  1835,  il  a  été  ap- 
pelé à  Inner,  en  Silésie,  pour  y  remplir  les 
fonctions  de  chantre  de  l'église  paroissiale  ca- 
tholique et  d'organiste;  mais  il  aquttté  cet  em- 
ploi pour  retourner  à  Breslau,  où  il  se  livre  à 
l'enseignement.  Il  a  publié  quelques  cahiers 
de  chants  à  voix  seule  et  à  plusieurs  voix,  à 
Breslau,  chez  Leukart,  et  on  lui  doit  une  bonne 
biographie  de  son  maître  Schnabel,  publiée 
sous  ce  titre  :  Biographie  Hernn  Joseph- 
Ignatz  Schnabel's,  Weiland  kœnigL  Uni- 
versitxts-Musikdireetors ,  Domkapellmeis- 
ters,  Lehrers  an  katolischen  Seminario^  etc.; 
Breslau,  1851,  deux  feuilles  in-8»  avec  le 
portrait  de  Schnabel.  M.  Mehwald  a  été  ré- 
dacteur de  la  Gazelle  musicale  de  Silésie,  qui 


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MEHWALD  -  MEl 


u 


a  éié  publiée  dans  les  années  1853  et  1834,  à 
Breslau,  chezCranU. 

mi^  (Jêaôhe),  noble  florentin,  savant  dans 
les  langues  grecque  et  latine,  dans  la  philo- 
sophie, les  mathématiques  et  la  musique, 
naquit  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  et  fit 
ses  études  sous  la  direction  de  Pierre  Yeltori, 
à  qui  il  a  dédié  son  traité  de  Modis  musicis. 
Il  ftit  membre  de  T Académie  del  Piano,  sous 
le  nom  de  Decimo  Corinello  da  Peretola. 
Aussi  bizarre  qu^érudit,  il  se  montra  toujours 
peu  sociable  (voyez  Negri,  Jêtoria  de'  Fio- 
reniini  scriUori,  p.  305).  Une  lettre  inédite 
du  P.  Mersenne,  datée  du  jour  de  la  Purifica- 
tion de  Tannée  1635,  et  que  j*ai  extraite  de  la 
collection  de  Peiresc  (Bibliothèque  impériale 
de  Paris)  pour  la  publier  dans  la  Revue  mu- 
sicaie  (ann.  1832,  p.  349  et  suiv.),  contient  un 
passage  où  il  est  dit  que  Hei  était  mort  depuis 
peu  ;  Mersenne  tenait  ce  renseignement  de 
J.-B.  Donl.  Il  y  a  à  oe  sujet  une  difficulté 
assez  grande;  car  Possevin,  qui  écrivait  sa 
Bibliothèque  choisie  vers  1593,  parle  de  Jé- 
rôme Mei  comme  d'un  homme  quni  connais- 
sait bien,  et  dit  qu*il  avait  alors  environ 
soixante-dix  ans  (In  argumentolib.  XF  Bi- 
bliotheete  sélectif,  p.  213,  t.  II).  En  supposant 
que  par  les  mots  mort  depuie  peu  Mersenne 
entende  depuis  dix  ans,  Mei  aurait  cessé  de 
vivre  à  Tâge  de  près  de  cent  ans  :  ce  qui,  au 
surplus,  n'est  pas  impossible.  Il  est  bpn  de  re- 
marquer que  Passertion  de  Poesevin  s*accorde 
avec  le  temps  où  Mei  a  pu  étudier  sous  la  di- 
rection de  Vettori.  M.  Gaffi  (voyex  ce  nom) 
semble  attribuer  à  Mei  (dans  son  Hittoire  de 
la  musique  de  ta  chapelle  de  Saint-Marc  de 
Venise^  t.  I,  p.  216)  les  lettres  publiées  sons 
le  pseudonyme  de  ^roeetno  da  Todi,  contre 
les  inventions  musicales  de  Monleverde  (voyez 
ce  Dom)  :  s'il  en  était  en  effet  Tauieur,  il  se- 
rait mort  postérieurement  à  1608,  car  la 
deuxième  de  ces  lettres  fut  imprimée  à  Venise 
dans  cette  aiéme  année  (voyez  BaACCino).  Au 
reste,  je  ne  connais  aucun  témoignage  con- 
temporain qui  confirme  cette  conjecture.  Mei 
est  connu  des  philologues  par  ses  travaux  sur 
la  Poétique  et  sur  le  traité  de  la  République 
d'Aristote,  et  par  des  corrections  faites  à 
y'Agamtmnon  d'Eschyle.  Il  a  écrit  un  traité 
iniiiulé  :  Consonantiarum  gênera,  qui  se 
trouve  en  manuscrit  à  la  Bibliothèque  du  Va- 
tican. Il  y  traite  des  espèces  et  des  genres  de 
consonnances  suivant  les  doctrines  des  an- 
ciens et  des  modernes.  Pierre  Del  Nero  a  tra- 
duit en  italien  et  abrégé  ce  même  ouvrage 
«lu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  ûiseorso  topra 


lamusiea  antiea  e  modema^  Venetia,  1602, 
in-4^.  Draudius  en  cite  une  édition  antérieure 
publiée  à  Venise,  en  1600,  appretso  Giotti, 
in-A'^^Bibliot,  exoliea);  mais  il  faut  se  tenir 
en  garde  contre  les  fautes  de  ce  bibliothécaire. 
Negri  (loe»  cit.)  et  d'après  lui  plusieurs  biblio- 
graphes ont  cité  aussi  un  autre  livre  dont  il  est 
auteur,  et  qui  a  pour  titre  :  Tractatue  de 
Modis  musicis,  ad  Petrum  Fictorii  prx* 
eeplorem;  mais  aucun  d'eux  n'indique  où  se 
trouve  cet  ouvrage.  Je  puis  fournir  à  cet  égard 
un  renseignement  plus  positif,  car  ce  traité 
est  en  manuscrit  à  la  Bibliothèque  impériale 
de  Paris  (n«  7200,  in-fol.),  sous  le  titre  de 
Tractaius  de  Musica*  Il  contient  cent  quatre- 
vingt-quinze  pages ,  est  divisé  en  quatre 
livres,  et  commence  par  ces  mots  :  Quod  tibi 
perjuGundum  futurum  putavi,  to  libentius 
totam  hane,  Fictori,  de  Modis  musicis, 
qtuestionem  explicandam  suscepi,  etc.  Ce 
traité  est  relié  avec  un  autre  en  langue  ita- 
lienne, intitulé  :  Traltato  di  musica  fatto 
dal  signer  Hieronymo  Mei  gentHuomo  fio  • 
rentino,  et  qui  commence  ainsi  :  Corne  po- 
tesse  tanto  la  musica  appresso  gli  antichi. 
Ce  n'est  pas  la  traduction  de  Pierre  Del  Nero 
qui  a  été  imprimée  à  Venise.  Enfin,  dans  le 
même  volume,  on  trouve  un  autre  traité  de 
Mei  Del  verso  toscane,  en  cent  cinquante  et 
une  pages  in-folio.  Ce  dernier  ouvrage  est 
étranger  à  la  musique.  Tout  ce  qui  concerne 
Mei  et  ses  ouvrages  a  été  i  peu  près  inconnu 
des  bibliographes. 

MEI  (Horace),  né  à  Pise,en  1710,  eut  pour 
maître  de  composition  le  célèbre  Jean-Marie 
Clari,  et  devint  excellent  organiste  et  bon  com* 
positeur.  Ses  études  terminées,  il  obtint  la 
place  d'organiste  à  l'église  cathédrale  de  Pise 
et  la  conserva  jusqu'en  1763.  A  cette  époque, 
il  fut  appelé  à  Livourne  pour  y  remplir  les 
fonctions  de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale. 
Il  est  mort  en  celte  ville,  au  mois  d'octobre 
1787,  à  rage  de  soixante-huit  ans.  Le  carac- 
tère sérieux,  mélancolique  et  timide  de  cet 
artiste  ne  lui  permit  pas  de  se  faire  connaître 
de  ses  contemporains  comme  il  aurait  dA 
l'être  ;  mais  depuis  sa  mort,  les  copies  qui  se 
sont  répandues  de  ses  ouvrages  l'ont  signalé 
comme  un  homme  de  rare  talent.  Ses  fugues 
pour  l'orgue  et  le  clavecin  méritaient  d'être 
publiées  comme  des  modèles  pour  les  jeunes 
organistes.  On  connaît  de  lui  :  l^  La  Circon- 
cision, oratorio  à  quatre  voix  et  instruments. 
2°  Douze  messes  concertées  à  quatre  et  cinq 
voix,  avec  instrumenta.  Ô^  Deux  messes  solen- 
nelles à  quatre   voix,   orgue   et  orchestre. 


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64 


MEl  —  MEIBOM 


4«  Douze  messes  brèves  à  quatre  voix,  deux 
vioIoDS,  viole  et  orgue.  5<*  Huit  messes  à  cinq, 
six  et  huit  voix,  a  Cappella,  avec  orgue. 
€<>  Deux  messes  de  Requiem  Avec  toutes  les 
prières  des  morts,  à  quatre  voix  et  orchestre. 
J*»  Stabat  mater  à  quatre  voix  concertaoles  et 
instruments.  Krause,  qui  entendit  ce  mor- 
ceau à  Livourne,  le  considérait  comme  un 
chef-d*aeuvre  et  en  fit  faire  une  copie.  8<»  Te 
Deum  à  deux  chœurs  et  orchestre.  9<*  Des 
hymnes,  introUs  et  graduels.  lO^  Des  vêpres  à 
quatre,  cinq  et  huit  voix  concertées  avec  or- 
chestre. 11<^  Deux  suites  de  litanies  à  quatre 
voix  avec  orchestre.  12<>  Des  motets  à  quatre 
voix  avec  accompagnement  obligé.  15°  Deux 
idem  à  voix  seule  et  orgue.  lA^  Lamentations 
de  Jérémie  pour  la  semaine  sainte.  15<^  Can- 
tate pour  voix  de  soprano  et  orchestre,  inti- 
tulée :  La  Musica,  16°  Trois  concertos  pour 
le  clavecin.  \7^  Six  sonates  pour , clavecin  et 
violon.  18°  Suites  de  fugues  pour  Torgue  et  le 
clavecin.  Tous  ces  ouvrages  sont  restés  en 
manuscrit. 

91ËI  (RiiMORo),  né  à  Pavie,  en  1743,  a  été 
longtemps  maître  de  chapelle  dans  cette  ville, 
et  y  a  écrit  beaucoup  de  messes  et  de  motets. 
£q  1776,  il  s'est  établi  à  BLarseille  où  il  se 
trouvait  encore  en  1812. 

INlEIBOilI  ou  mEYBAUM,  en  latin  MEl- 
BOJIIIUS  (MiBc),  savant  philologue,  naquit 
en  1626,  à  Tœnningen,  dans  le  duché  de  Sles- 
wig.  Holler,  qui  lui  a  consacré  un  long  article 
dans  sa  Cimbria  Litterata^  n'indique  pas  où 
il  a  fait  ses  éludes.  Après  les  avoir  terminées, 
il  voyagea  et  habita  quelque  temps  en  Hol- 
lande où  il  publia,  en  1652,  le  texte  grec  de 
sept  anciens  traités  sur  la  musique  avec  une 
version  latine  et  des  notes.  Il  offrit  la  dédi- 
cace de  celle  coIlecUon  à  la  reine  de  Suède, 
Christine,  qui  rengagea  à  se  rendre  à  sa  cour 
et  lui  assigha  une  pension.  Bourdelot,  méde- 
cin de  cette  princesse,  lui  suggéra  la  pensée 
de  faire  chanter  par  Meibom  un  des  airs  de 
rancienue  musique  grecque  en  présence  de 
ses  courtisans  ;  ce  savant,  dont  la  voix  était 
aussi  fausse  que  Toreille,  ne  se  tira  pas  trop 
bien  de  cette  épreuve.  Furieux  du  ridicule 
qu'il  s'y  était  donné,  il  se  vengea  par  de  mau- 
vais traitements  contre  Bourdelot,  puis  il 
s'éloigna  de  Stockholm  et  se  rendit  en  Dane- 
mark, où  le  roi  Frédéric  III  l'accueillit  avec 
bienveillance.  La  proleclion  de  ce  prince  lui 
fit  obtenir  une  chaire  à  l'univcrsilé  d'Upsal, 
et  le  roi  le  nomma  son  hibliolhécaire.  Cette 
position  semblait  devoir  fixer  le  sort  de  iMei- 
liomj  mais  par  des  motifs  inconnus,  il  Taban- 


donna  quelques  années  après,  et  retourna  en 
Hollande,  où  il  s^occupa  de  la  découverte  qu'il 
croyait  avoir  faite  de  la  forme  des  vaisseaux  à 
trois  rangs  de  rames  des  anciens,  se  persua- 
dant qu'il  en  iiourrait  faire  adopter  Tusage, 
et  qu*il  en  retirerait  de  grands  avantages  pour 
sa  fortune;  mais  il  ne  trouva,  ni  en  Hollande 
ni  en  France,  quelqu'un  qui  roulût  lui  acheter 
son  secret.  En  1674,  il  fit  un  voyage  en  An* 
gleterre  pour  s'y  livrer  à  des  recherches  phi- 
lologiques, et  dans  l'espoir  qu'il  y  pourrait 
publier  une  édition  de  l'Ancien  Testament, 
dont  il  avait  corrigé  le  texte  hébreu  ;  mais  il 
échoua  encore  dans  celte  entreprise,  et  revint 
un  troisième  fois  en  Hollande  plus  pauvre 
qu'il  n'en  était  parti.  Il  y  passa  le  reste  de  ses 
jours  dans  une  situation  peu  fortunée,  ne  vi- 
vant que  des  secours  qu'il  recevait  des  li- 
braires :  Vers  la  An  de  sa  vie,  il  fut  même 
obligé  de  vendre  une  partie  de  ses  livres  pour 
subsister.  Il  mourut  à  Utrecht.  en  1711,  dans 
un  âge  avancé. 

Ce  savant  n'est  ici  placé  que  pour  ses  tra*- 
vaux  relatifs  à  la  musique.  Parmi  ceux-ci,  on 
remarque  :  t'*  Des  notes  dans  la  belle  édition 
de  Vitruve  publiée  par  J.  de  Laei;  Amster- 
dam, 1649,  in-fol.  Oh  y  trouve  de  bonne 
choses  concernant  la  musique  des  anciens  ; 
particulièrement  sur  l'obscure  description  de 
l'orgue  hydraulique  donnée  parl'auteur  latin. 
3°  Jntiqtup  muêicsf  auctoret  septem,  grxce 
et  latine,  Mareus  Meibomius  rettituit  ac 
notiê  expUcavtl;  Amstelodami,  Ludov.  Elze- 
virium,  1652,  deux  volumes  in-4<*.  Les  au- 
teurs dont  les  traités  de  musique  se  trouvent 
dans  cette  collection  «ont  :  Aristoxène,  Eu- 
clide  (Introduction  harmonique)  ,  Nico- 
maque,  Alypius,  Gaudence  le  philosophe, 
Bacchius  l'ancien  et  Aristide  Quintlllien  (voyej: 
ces  noms).  Meibom  y  a  joint  le  neuvième 
livre  du  Satyricon  de  Martianus  Capella 
(voyez  Capella),  qui  traite  de  la  musique 
d'après  Aristide.  Cette  collection,  dont  l'uti- 
lité ne  peut  être  contestée,  est  un  service  im- 
portant rendu  à  la  littérature  musicale  par 
Meibom.  Toutefois  son  travail  a  été  trop 
vanté  par  des  critiques  qui  n'ont  considéré 
que  le  mérite  littéraire  de  l'œuvre.  La  manie 
de  ce  savant  était  de  voir  des  altérations  dans 
les  manuscrits,  et  d'y  faire  des  corrections 
qui  n'étaient  souvent  que  des  conjectures  ha- 
sardées. C'est  ainsi  que,  d'après  ses  vues  par- 
ticulières sur  le  mètre  hébraïque,  il  fil  des 
changements  considérables  dans  le  texte  ori- 
ginal de  quelques  psaumes  et  d'autres  parties 
de  la  Bible;  entreprise  qui  lui  attira  de  rudes 


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MËIBOM 


65 


attaques  de  quelques  sivanis  allemands,  an- 
glais et  hollandais.  Les  mêmes  idées  Tont  con- 
duit à  mettre   du  désordre    dans   quelques 
parties  des  traités  de  la  musique  grecque  qu'il 
a  publiés.  On  peut  voir,  aux  articles  d*Ari8- 
loxène,  d*ilrislide  Quintillien  et  de  Bacchius, 
des  éclaircissements  sur  quelques-unes  de  ses 
principales  erreurs  à  ce  sujet  ;  on  consultera 
aussi  avec  fruit  les  savantes  remarques  conte- 
nues dans  un  article  de  Perne  sur  la  musique 
grecque,  inséré  dans  le  troisième  volume  de 
la  Revue ^muMicaU  (pp.  481-491).  Pour  ne 
citer  qu'un  fait  qyi  pourra  donner  une  idée  de 
la  légèreté  portée  par  Meibom  dans  cerUioes 
parties  de  son  travail,  il  suffit  de  dire  qu'ayant 
trouvé,  dans  le  premier  livre  du  traité  d'Aris- 
tide, une  série  de  caractères  de  musique  anté- 
rieure à  la  noution  attribuée  à  Pytbagore, 
dont  on  trouve  l'exposé  dans  le  livre  d'Aly- 
pius,  et  n'ayant  pu  en  trouver  l'eiplication, 
il  s'est,  suivant  son  habitude,  élevé  contre  les 
fautes  des  copistes,  et  a  substitué  à  cette  an- 
tique notation  celle  d'Alypius.  C'est  à  Perne 
qu'on  doit  cette  observation.  3«  De  Propor- 
tionihus  dialogui;  Copenhague,  1655,  in-fol. 
Dans  ce  dialogue  sur  les  proportions,  les  inter- 
locuteurs sont  Euclide,  Arcbimède,  Apollo- 
nius, Pappus,  £ulocius,  Théon  (d'Alexandrie) 
et  Hermotime.   Meibom  y  traite,  entre  au- 
tres choses,  des  proportions  musicales,  d'après 
la  doctrine  des  anciens,  dont  il  rapporte  en 
plusieurs  endroits  les  textes  avec  une  version 
latine.  Mais  il  n'a  pas  toujours  saisi  le  sens  de 
cette  doctrine  :  ainsi,  il  s'égare  complètement 
(p.  77)  dans  l'analyse  de  la  valeur  réelle  du 
comma  |^,    et  suivant  son  habitude   il  pro- 
|H)ie,  en  plusieurs  endroits  de  son  livre,  des 
corrections  inadmissibles  dans  certains  pas- 
sages dont  il  avait  mal  saisi  le  sens.  Il  avait 
attaqué  dans  cet  ouvrage  la  latinité  d'un  livre 
de  Guillaume  Lange,  professeur  de  mathé- 
matiques à  Copenhague  :  celui-ci  répondit 
luir  une  critique  solide  des  erreurs  de  Mei- 
bomius,  dans  son  Traité  intitulé  :  Deverita- 
tibu»  Geomeiricis  Libri  II ,  quorum  prior 
contra  Seeptieos  et  SextumEtnpiricum,  pot- 
terior  autem  contra  M,  Meihomii  disputât.  ; 
Copenhague,  1656,  in-4«.  Ce  livre  est  suivi 
d'une  lettre  à  Meibom  que  celui-ci  fit  réim- 
primer avec  une  réponse  remplie  de  gros- 
sièretés, où  il  dit  en  plusieurs  endroits  que 
son  adversaire   l'a  calomnié  impudemment. 
La  lettre  de  Lange  avec  la  réponse  de  Mei- 
bom a  été  publiée  sous  ce  titre  :  JFilhelmi 
langii  epistola,  Acees$it  Marci  Meibomii 
retponêio;  Copenhague  (sans  date),  in-fol.  de 

BI06E.  Umv.  DES  MUSICIE.^S.  T.  VI. 


quarante-huit  pages  en  quatre-vingt-seize  co- 
lonnes. Ce  morceau  est  ordinairement  ajouté 
aux  exemplaires  du  Traité  des  pro|>orlioiîs. 
Le  P.  Fr.-Xav.  Aynscom,  jésuite  d'Anvers, 
fit  aussi  paraître,  dans  le  même  temps,  une 
réfutation  de  ce  livre  :  elle  avait  pour  titre  : 
LibeUum   de   natura    rationum  ,    contra 
M.  Meibomium;  Anvers,  1655,  in-4®.  Meibom 
ne  traite  pas  mieux  cet  adversaire  que  Lange 
dans  sa  réponse  à  celui-ci,  car  il  en  parle  en 
ces  termes  (col.  9)  :  Tux  et  Jesuitx  stupi- 
dietimi  impudentim  atque  ignorantis  di- 
catOy  toti  literato  orbi  ante  oeulos  ponam. 
Mais  il  trouva  dans  Wallis  un  adversaire  plus 
redoutable  qui,  examinant  ses  erreurs  en  ma- 
thématicien de  premier  ordre  et  en  helléniste 
consommé,  le  pressa  de  raisonnements  et  de 
citations  sans  réplique  dans  un  écrit  intitulé  : 
Traetatu  elenchlico  advenus  Marci  Meibo- 
mii Dialogum  de  proportionibus;  Oxford, 
1657,  iD-4<».  Cet  écrit  a  été  réimprimé  dans 
le  premier  volume  des  œuvres  mathématiques 
de  Wallis  (Oxford,  1695,  quatre  volumes  in- 
fol.).  Jamais  l'illustre  savant  ne  s'écarte  des 
règles  de  la  plus  stricte  politesse  dans  sa  cri- 
tique :  la  seule  expression  un  peu  vive  qu'on 
y  remarque,   après  avoir  rapiK>rté  les  opi- 
nions erronées  de  Meibom  concernant  l'in- 
tervalle minime  de  musique  a^ipeléZimma^ 
est  que  ce  sont   absolument  des  rêveries  : 
Omnino  somniasse  videtur  fWallis,  Opéra, 
t.  I,  p.  263).  Il  termine  aussi  par  cette  propo- 
sition accablante   :  Faha  denique  sunt  ea 
omnia  qua,  in  suo  de  Proportionibus  Dia- 
logoj  noveprotulit  Meibomius  (p.  288).  Mei- 
bom comprit  qu'il  ne  pouvait  lutter  contre 
un  pareil  athlète  :  il  garda  prudemment  le  si- 
lence. 

Moller  place  parmi  les  écrits  inédits  de  Mei- 
bom {Cimbria  Literata,  t.  III,  fol.  451)  : 
l»  Le  Traité  des  harmoniques  de  Ptolémée, 
en  grec,  avec  une  version  latine  et  des  notes. 
2*  Les  éléments  harmoniques  de  Manuel 
Bryenne,  texte  grec,  version  latine  et  annota- 
tions. 3«  Le  dialogue  de  Plutarque  sur  la  mu- 
sique, idem;  mais  il  n'avait  d'autre  autorité 
pour  l'existence  de  ses  écrits  que  ce  que  Mei- 
bom en  dit  lui-même  dans  la  préface  de  son 
recueil  des  sept  auteurs  grecs,  cité  précédem- 
ment, et  dans  sa  lettre  à  Gudius  sur  les  écri- 
vains de  musique.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  ces 
ouvrages,  ainsi  que  le  travail  sur  la  seconde 
partie  de  Bacchius  {voyez  ce  nom)  et  le  traité 
grec  anonyme  sur  le  rhylhme,  qu'il  avait  éga- 
lement promis,  n'étaient  qu'en  projet,  car 
parmi  les  manuscrits  qu'on  a  retrouvés  dans 

5 


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66 


MEICOM  —  MEIIlR 


ses  papiers,  il  ne  s^en  est  rien  renconlré.  Pos- 
térieurement, Wallis  a  publié  de  bonnes  édi- 
tions des  harmoniques  de  Ptolémée,  du  com- 
mentaire de  Porphyre  sur  ces  harmoniques, 
du  Traité  de  Manuel  Bryenne  (voyez  WaIlis), 
et  Burette  (voyes  ce  nom)  a  publié  le  texte  du 
dialogue  de  Piutarque  avec  une  traduction 
"" française  et  beaucoup  de  notes  excellentes. 

On  a  de  Meibom  un  petit  écrit  intitulé  : 
Epislola  de  Scriptoribua  variis  muêieis,  ad 
Marquardum  Gudium.  Cette  lettre,  datée  du 
14  avril  1667,  a  été  insérée  dans  le  recueil  des 
Épttres  de  Gudius  publié  à  Utrecht,  en  1607 
(p.  56). 

MEIER  (  Fa£DÉRic-SÉBASTiE!c  )  ,  né  le 
5  avril  1775,  à  Benedict-Bayern,  était  fils 
d*un  jardinier.  Destiné  par  ses  parents  à  Tétat 
monastique,  il  alla  faire  ses  humanités  à  Mu- 
nich, et  y  apprit  la  musique  comme  enfant  de 
chœur  ;  puis  il  fut  envoyé  à  Salzbourg  pour  y 
suivre  un  cours  de  philosophie t  Hais  le  goOt 
de  la  vie  d*artiste  s'était  emparé  de  lui  et  lui 
faisait  négliger  ses  études  scientiDques.  Il 
jouait  de  plusieurs  instruments  et  y  trouvait 
des  ressources,  en  faisant  sa  partie  dans  les 
orchestres  de  danse.  A  Tâge  de  dix-huit  ans, 
il  débuta  au  théâtre  de  Munich  ;  parcourut  en- 
suite une  partie  de  PAllemagne  avec  une 
troupe  de  comédiens  ambulants,  et  enAn  entra 
au  théâtre  de  Schikaneder,  à  Vienne,  vers  la 
fin  de  1703.  Longtemps  il  y  brilla  dans  les 
rôles  de  première  basse.  Plus  tard,  il  réunit  i 
cet  emploi  celui  de  régisseur  en  chef  du 
théâtre,  et  profita  de  Pinfluence  que  lui  don- 
nait celte  place  pour  opérer  un  changement 
dans  le  goût  du  public,  en  faisant  représenter 
les  plus  beaux  opéras  de  Gbérubini,  de  Méhul, 
de  Berlon  et  d*autres  célèbres  compositeurs 
français  :  ce  fut  lui  aussi  qui,  dans  ses  con- 
certs, fit  entendre  à  Vienne  pour  la  première 
fois  quelques-uns  des  oratorios  de  Hsndel. 
À  Tépoque  de  la  réunion  des  trois  théâtres 
principaux  de  la  capitale  de  PAulrtche , 
Meier  entra  au  théâtre  de  la  cour;  mais 
lorsque  M.  de  Metternicb  y  appela  Topera  ita- 
lien, le  chanteur  allemand  comprit  quMl  ne 
pouvait  lutter  avec  son  ancien  répertoire 
contre  la  vogue  des  opéras  de  Rossini,  ni 
contre  des  chanteurs  tels  que  Lablache;  il 
demanda  sa  retraite  et  obtint  la  pension  qu*il 
avait  méritée  par  de  longs  services.  Déjà  il  sen- 
tait les  premiers  symptômes  d*une ossification 
du  larynx,  qui  fit  de  rapides  progrès  et  le  mit 
au  tombeau,  le  0  mai  18*35. 

BIEIFIIED  (Joseph-Éhile),  né  le  23  oc- 
tobre 1703,  apprit  dans  sa  jounesse  la  musique 


et  le  cor,  et  fut  d''al)ord  élève  de  Técole  des 
arts  et  métiers  de  Châlons.  Il  était  déjà  âgé 
de  vingt  et  un  ans  lorsqu'il  se  rendit  à  Paris  et 
entra  au  Conservatoire,  où  il  fut  admis  comme 
élève,  le  30  juin  1815.  Il  y  reçut  des  leçons  de 
Dauprat.  Peu  de  temps  après,  il  entra  à  l'or- 
chestre du  Théâtre-Italien  comme  second  cor; 
mais,  en  1823,  il  abandonna  cette  place  pour 
entrer  à  Porchestre  de  POpéra.  Il  était  aussi 
cor  basse  à  la  chapelle  du  roi  lorsqu'elle  fut 
supprimée  après  la  révolution  de  1830.  Lors- 
que le  cor  à  pistons  fut  introduit  en  France, 
M.  Meifred  perfectionna  cet  instrument  en 
ajoutant  de  petites  pompes  particulières  aux 
tubes  qui  baissent  Pinstrument  dans  le  jeu  des 
pistons,  et  en  appliquant  ces  pistons  aux 
branches  de  Pinstrument  au  lieu  de  les  placer 
sur  la  pompe,  afin  de  donner  à  celle-ci  plus 
de  liberté,  et  de  conserver  les  tons  de  re- 
change. 11  fit  exécuter  ces  perfectionnements 
en  1837,  par  Labbaye,  facteur  d'instruments 
de  cuivre  à  Paris.  L'étude  spéciale  que 
M.  Meifred  avait  faite  des  ressources  dn  cor  à 
pistons,  lui  fit  obtenir,  en  1833,  sa  nomina- 
tion de  professeur  de  cet  instrument  au  Con- 
servatoire pour  la  formation  de  cors-basses 
nécessaires  aux  orchestres.  Il  occupe  encore 
(1861)  cet  emploi,  ainsi  que  celui  de  chef  de 
musique  de  la  troisième  légion  do  la  garde 
nationale  de  Paris.  Cet  artiste  a  publié  : 
i^  Douze  duos  faciles  pour  deux  oors,  op.  1  ; 
Paris,  Zeiter.  3«  De  l'étendue,  de  l'emploi'  el 
des  ressources  du  cor  en  yéniral,  et  de  ses 
corps  de  rechange  en  particulier,  avec  quel- 
ques considérations  sur  le  cor  à  pistons; 
Paris,  Launer,  1830,  in-4«.  3«  Mélodies  en 
duos  faciles  et  progressifs  pour  deux  cors  ; 
Paris,  Brandus.  4«  Méthode  pour  le  cor  à 
deux  pistons,  à  l'usage  du  Conservatoire  de 
Paris  f  Paris,  Ricbault.  5<>  Méthode  de  cor 
chromatique  à  trois  pistons  ;  ibidr,  6*  Notice 
sur  la  fabrication  des  instrumente  de  cuivre 
en  général,  et  sur  celle  du  cor  chromatique 
en  particulier;  Paris,  de  8oye  et  C«,  1851, 
in-8*  de  16  pages  avec  3  planches.  7»  Quel- 
ques mots  sur  les  changements  proposés  pour 
la  composition  des  musiques  d'infanterie. 
Paris,  1853,  in-16  de  14  pages  (Extrait  du 
journal  la  France  musicale).  M.  Meifred  a  pris 
part  à  la  rédaction  de  la  critique  musicale 
dans  plusieurs  journaux.  On  a  publié  de  lui 
trois  opuscules  en  vers  sous  les  titres  sui- 
vants :  1^  Commentaire  du  chantre  Jérôme 
sur  la  première  représentation  des  Hugue- 
nots, opéra  (Paris),  1836,  in-8«.  3*»  Foyage 
et  retour,  silhouette  en  vers,  à  l'occasion  du 


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MEIER  -  MEILAND 


67 


banquet  donné  à  ffabeneck  a{né,  par  les  ar- 
tistes de  l'orchestre  de  l'Opéra,  le  ^Juil- 
let 1841.  Paris;  1841,  iD-8^  S«  le  Café  de 
l'Opéra,  Poème  diéUtctique  (en  vers  libres), 
dédié  aux  amateurs  du  jeu  de  dominos; 
Paris,  18Ô3,  iii-8<>  de  trente-deux  pages.  Ces 
trois  écrits  sont  attribués  à  M.  Meifred  par 
Quérard  {France  littéraire,  t.  VI,  p.  19),  et 
par  les  auteurs  de  la  littérature  française 
contemporaine  (L  V.,  p.  SIS6). 

MEILA^ID  (JAC9VBs),et  non  ME  YLÀI^D, 
comme  Pécril  Samuel  Grosser,  dans  ses  Cu- 
riosités  de  la  lusace  {\),  ni  MAILAIND  ou 
HAYLAND,  variantes  données  par  les  Lexi- 
ques de  Schilling,  de  Gassner  et  de  Bernsdorf, 
fût  un  compositeur  allemand  de  mérite.  Il  na- 
quit en  1542,  à  Senfteuberg,  dans  la  Haute- 
Lusace,  et  non  dans  la  Misnie,  comme  le  pré- 
tend Nicodème  Frischlin  (2).  Il  fit  ses  études 
musicales,  comme  enfant  de  chœur,  dans  la 
chapelle  électorale  de  Dresde.  Ayant  été 
nommé  maître  de  chapelle  de  la  petite  cour 
d*Anspach,  il  obtint  de  son  maître  la  permis- 
sion de  faire  un  voyage  en  Italie,  visita  Rome 
et  Venise,  et  y  étudia  le  contrepoiot  sous  la 
direction  des  meilleurs  maîtres.  De  retour  à 
Anspacb,  en  1565,  il  publia  daos  Tannée  sui- 
vante son  premier  ouvrage,  composé  de  mo- 
tets, sous  ce  titre  :  Cantiones  sacrsf  quinque 
et  sex  vocum,  karmonicis  numeris  in  gra^ 
tiam  musieorum  composite  etjam  primum 
in  lueem  editx;  Noriberg^,  excudebat  Ul* 
ricus  Neuberus  et  fœredes  Joan.  Montant, 
1564,  in-4<*  obi.  Ce  recueil,  qui  renferme 
dou2e  motets  à  cinq  voix,  et  cinq  à  six  voix, 
a  été  inconnu  à  tous  les  biographes  et  biblio- 
graphes :  il  s^en  trouve  un  exemplaire  dans  la 
Bibliothèque  de  Leipsick.  On  a  cru  qu*il  entra 
au  service  du  landgrave  de  Hesse,  lorsqu^il  eut 
obtenu  son  congé  du  landgrave  d'Ans pach,  en 
1575,  et  qu*il  mourut  à  Cassel,  en  1607.  Je 
me  suis  conformé  à  ces  renseignements  dans 
la  première  édition  de  cette  biographie  des 
musiciens;  mais  ils  sont  inexacts.  L*erreur 
provient  de-  ce  qu*il  a  dédié  un  de  ses  ou- 
vrages, en  1575,  à  Guillaume,  landgrave  de 
Hesse,  parce  que  ce  prince  posséda  ej  com- 
mun le  duché  de  Brunswick  avec  Guillaume, 
fils  d'Ernest,  duc  de  Zell  et  de  Luoebourg,  au 
service  de  qui  Meiland  était  entré,  après  avoir 
quitté  la  cour  d'Anspach.  Il  semble  que  Mei- 
land n*alla  pas  directement  d'Anspach  à  Zell, 
et  qaUl  vécut  quelque  temps  à  Francfort  où  il 

(1)  LsLusilziêchen  Merkwunliyheitenf  part.  iV,p.  179. 
^  Orationts  tHsignioret  aliquot.  Strasbourg,  1609, 
in-go. 


a  publié  plusieurs  ouvrages.  M.  de  WInter- 
feld  croit  que,  dans  ses  dernières  années,  il  ne 
fut  que  simple  cantor  (voyez  Des  Evang. 
Kirchengesang ,  t.  I,  p.  339-540).  Ce  ne  fut 
donc  pas  à  Cassel,  mais  à  Zell,  ou  Celle  (au- 
jourd'hui dans  le  royaume  de  Hanovre),  que 
Meiland  mourut,  non  en  1607,  comme  le  dit 
Samuel  Grosser,  ni  en  1592  ou  1593,  suivant 
les  Lexiques  de  Schilling  et  de  Gassner,  mais 
en  1577,  à  Page  de  trente-cinq  ans.  Ces  ren- 
seignements positifs  sont  fournis  par  la  pré- 
face d'Eberhard  Schell,  de  Dannenberg  (Ha- 
novre), éditeur  de  Tœuvre  posthume  de  Meiland 
intitulé  ;  CygnesB  Cantiones  latinje  et  ger- 
manicm. 

Après  Tœuvre  de  motets  publié  à  Nurem- 
bergy  en  1564,  on  ne  trouve  plus  de  composi- 
tions de  Meiland  publiées  avant  1572;  il  est 
vraisemblable  cependant  qu'il  n^est  pas  resté 
huit  années  sans  publier  quelque  ouvrage  dont 
Texistence  a  été  ignorée  jusqu^à  ce  jour. 
Quoi  qu'il  en  soit,  j'ai  trouvé  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Berlin  (fonds  de  Pœlchau)  un  recueil 
de  motets  de  cet  artiste,  intitulé  :  Sclects 
cantiones  quinque  et  sex  vocum;  Noribergx, 
1573,  cinq  volumes  petit  in-4^'.  Aucun  bio- 
graphe ou  bibliographe  n'a  connu  cet  ouvrage, 
après  lequel  viennent  ceux-ci  :  Zf*  Cantiones 
sacra  quinque  et  sex  vocum;  Nuremberg, 
1573,  cité  par  Walther.  On  y  trouve  dix-huit 
moteu.  A'' XXXI II  Motetten  mit  deutschen 
auch  lateinischen  Text;  Francfort,  chei 
Sigmund  Feyerabend,  1575,  in-4<>  obi.  C'est 
cet  ouvrage  qui  est  dédié  à  Guillaume,  mar- 
grave de  Hesse.  On  y  trouve  dix-neuf  motets 
latins  et  quatorze  motets  allemands.  M.  de 
Winterfeld  en  a  extrait  un  morceau  à  cinq 
parties  sur  une  mélodie  populaire  du  quinzième 
siècle,  et  l'a  publié  en  partition  parmi  les 
exemples  de  musique  de  son  important  ou- 
vrage sur  le  chant  évapgélique  (t.  I",  u9  43). 
50  XVIII  tceltliche  teutsche  Gesxnge  %>on 
4  und  5  Stimmen  (Dix-huit  chansons  alle- 
mandes et  mondaines  à  quatre  et  cinq  voix)  ; 
Francfort,  de  l'imprimerie  de  Rab  et  chez 
Feyerabend,  1575,  in-4o  obi.  On  trouve  à  la 
Bibliothèque  royale  de  Munich  un  exemplaire 
du  même  ouvrage  avec  cet  autre  titre  :  Dfeue 
auserlesene  teutsche  Gesdng ,  mit  vier  und 
fiinf  Stimmen  su  singen^  und  auf  allerley 
Instrumenten  zu  gebrauchen  (Chants  alle- 
mands nouvellement  publiés,  pour  chanter  à 
quatre  et  cinq  voix,  et  pour  l'usage  de  toutes 
sortes  d'instruments)  ;  Francfort,  Graben  et 
Sigmund  Feyerabend,  1575,  in-4«  obi.  Ce  re- 
cueil offre  un  intérêt  rbythmique  qu'on  ne 

5. 


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68 


MEILAND  —  MEINEKE 


trouve  pas  cacz  les  compositeurs  allemands  de 
cette  époque  (à  Texception  du  chant  choral), 
en  ce  que  toutes  les  parties  sont  astreintes  à 
un  rbythme  identique,  dont  on  voit  d'intéres- 
sants exemples  dans  les  villanelles  de  Bonati 
et  dans  les  œuvres  de  Croce  et  deGastoldi. 
M.  de  Winlerrelil  en  a  extrait  un  chant  à 
quatre  voix  qu*i]  a  publié  en  partition  dans 
les  exemples  de  musique  (n»  44)  de  Pou v rage 
cité  ci-dessus.  %">  Sacrx  aliquot  cantiones'la- 
tinx  et  germantes^  quinque  et  quatuor  vo- 
cum;  Franco furti  per  Georgium  Corvinum 
et  Sigismundum  Feyerabend,  4575,  in-4» 
obi.  Ce  recueil,  qui  contient  vingt-deux  mo- 
tets, est  à  la  Bibliothèque  royale  de  Munich. 
7«  Caniionee  aliquot  novx,  quae  vulgo  mo- 
tetas  vocant  quinque  vocibua  eompositx; 
quibus  adjuntta  eunt  officia  duo  de  S.  Joanne 
Evangelùta  et  Innoeenlibus  ;  Prancofurti 
per  Georgium  Corvinum  et  SigismunduiA 
Feyerabend,  1576,  in-4«  obi.,  à  la  Biblio- 
thèque royale  de  Munich.  C'est  le  même  ou- 
Trage  qui  a  été  reproduit  à  Erfurt,  en  1588, 
sous  le  titre  de  Harmonix  sacrx  quinque 
vocum.  Cette  édition  se  trouve  aussi  à  la  Bi- 
bliothèque royale  de  Munich  ;  je  Tai  comparée 
avec  rautreetj*ai  constaté  ridentité  de  Pœuvre. 
8<*  Cygneâf  Cantiones  latinx  et  germanicx 
Jacobi  Meilandi  Germani,  quinque  et  qua- 
tuor vocibus,  in  iUustrissima  aula  CeUensi 
(de  Zell),  paulo  ante  obitum  summa  diligen^ 
tia  ab  ipsomet  composita.  Nunc  primum  in 
lucem  editx  opéra  et  studio  Eberhardi  Sehe- 
lii  Dannenbergii.  Cum  prxfatione  ejusdem; 
ïyittebergwy  excudébat  Matthsue  ÏFelack^ 
1500,  in-4<*  obi.  Je  possède  un  exemplaire 
complet  de  cet  ouvrage  très-rare.  Le  portrait 
gravé  en  bois  de  Meiland,'  dans  Tannée  de  sa 
mort,  se  trouve  au  frontispice  de  chacun  des 
cinq  volumes.  Ainsi  qu'on  le  voit  par  le  titre, 
les  pièces  qui  composent  ce  recueil,  au 
nombre  de  vingt -deux,  ont  été  composées  peu 
de  temps  avant  le  décès  de  l'auteur,  c'est-à- 
dire  dans  l'année  1577.  Elles  consistent  en 
neuf  motets  latins  à  cinq  voix,  six  à  quatre 
voix,  quatre  cantiques  allemands  à  cinq  voix, 
et  trois  à  quatre  voix.  A  la  fin  de  l'ouvrage  on 
trouve  un  chant  latin  et  un  allemand,  tous 
deux  à  cinq  voix,  avec  ce  titre  :  Typographus. 
Sequentes  cantiones  ex  psalmo  XÏIJ  de- 
sumptas,  atque  in  honorem  Dn.  Eberhardi 
Schelii,  per  Petrum  Heinsium  Brandebur- 
gensetn;  in  Academûe  TFitebergensis  templo 
ad  arcem  cantorem,  quil^que  vocibus  com^ 
posilas^  ne  pagelltf  vaearent,  fttfc  adjicere 
libent,  vale  et  fruere.  La  préface  de  Schell, 


qui  est  fort  longue,  est  digne  des  commen* 
taires  de  Malhanasius  sur  le  chef-d'antvre^ 
d'un  inconnu;  à  l'exception  de  quelques  ren- 
seignements sur  Meiland,  l'éditeur  y  parle  de 
tout,  sauf  de  l'ouvrage  qu'il  publie.  Il  y  est 
question  d'Aristote,  de  Cicéron,  de  Marsile 
Ficio,  de  la  politique  et  des  tyrans  qui  nais- 
sent pour  le  malheur  de  l'humanité.  Le  rédac- 
teur du  catalogue  de  la  musique  de  la  Biblio- 
thèque, royale  de  Munich  y  a  inscrit,  comme 
un  ouvrage  de  Meiland,  un  fragment  intitulé  : 
Teutsche  Gesànge  mit  fiinf  und  vier  Stim- 
men,  bei  dem  fUrstlicken  LUneburgischen 
ffofflagear  zu  Zell  {s'int  loco  et  anno).  Il  n'a 
pas  vu  que  ces  chanU  ne  sont  que  la  deuxième 
partie  des  Cygne»  cantiones  dont  il  vient 
d'être  parlé. 

Walther  nous  apprend  qu'à  la  sollicitation 
de  quelques-uns  des  amis  de  Meiland,  il  prit 
part  à  la  composition  du  chant  du  psautier 
allemand  de  Luther.  Gerber  pense  que  le  tra- 
vail dont  il  s'agit  consistait  à  mettre  le  chant 
choral  à  quatre  parties;  mais  M.  de  Winter- 
feld  croit  que  Meiland  a  écrit  seulement  quel- 
ques mélodies  chorales  pour  le  Gesangbuck 
de  Wolf,  publié  à  Francfort,  en  1569. 

MEII^CKE  (CiABLEs).  Foyez  ci -après 
MEINEHE. 

MEUNDIIE  (L'abbé  £.),  maître  de  chapelle 
de  la  cathédraled'Agen,  et  professeurde  chant 
ecclésiastique  au  petit  séminaire  de  cette  ville,. 
est  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  Méthode 
élémentaire  et  complète  pour  V accompagne^ 
ment  du  plain-chant.  Dijon,  1858,  in-13. 

MEII^EKE  (Cbabi.e$).  Il  y  a  beauébuf^ 
d'obscurité  sur  la  personne  de  cet  artiste,  sh 
toutefois  il  n'y  en  a  qu'un  seul.  Suivant  VUni- 
versal  Lexikon  der  Tonkunst  de  Schilling, 
Charles  Meineke  est  un  pianiste  et  organiste, 
né  en  Allemagne,  qui,  en  1836,  occupait  lar 
position  d'organiste  à  l'église  Saint-Paul  de 
Baltimore,  dans  les  États-Unis  d'Amérique. 
C'était  alors,  dit  le  rédacteur  de  l'article,  un 
homme  d'environ  quarante-cinq  ans.  Jus- 
qu'en 1810,  il  avait  vécu  en  Allemagne,  mais, 
en  1822,  il  était  déjà  à  Baltimore,  et  il  avait 
fait  exécuter,  en  1833,  un  Te />eufn  pour  vois 
solo  avec  chœur  el  accompagnement  d'orgue  } 
cet  œuvre  avait  été  publié  à  Philadelphie» 
EnOn,  avant  d'arriver  en  Amérique,  M.  Mei- 
neke avait  vécu  quelque  temps  en  Angleterre. 
De  plus,  il  avait  publié  en  Allemagne  des^ 
œuvres  diverses  pour  le  piano  et  i)onr  l'orgue. 
D'autre  part,  on  lit  dans  la  trente  sixième  an- 
née de  la  Gazette  générale  de  musique 
(p.  57-58)  une  notice  sur  la  situation  Uc  U 


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MEINEKE  —  MEISSNER 


musique  i  Oldenbourg,  datée  de  celte  ville,  le 
10  décembre  1833,  où  Ton  voit  que  M.  Pott, 
niattre  de  concert  et  élève  de  Kiesewetter  et 
de  Spobr,  venait  de  prendre  la  direction  de  la 
société  de  chant  qui,  Jusque-là  et  pendant 
douze  ans,  avait  été  dirigée  par  M.  Meineke, 
organiste   et,    précédemment,    musicien    de 
-chambre  {Welcher  (Singverein)    hier  ieit 
ZMoctlf  Jahren^  bis  Jetzt  unter  Leitung  des 
Hm,  OrganisUn,  friiher  Kammerfnusikus, 
Meineke  besteht).  Or,  le  prénom  de  cet  orga- 
niste d*Oldenbourg  est  aussi  Cari  (Charles) 
«ur  les  morceaux  de  sa  composition,  et  en  par- 
liculier  sur  une  messe  à  quatre  voix  et  orgue, 
publiée  à  Leipsick.  Il  est  évident  qu'il  ne  peut 
y  avoir  identité  entre  Torganiste  de  Baltimore, 
habitant  cette  ville  depuis  183S  jusqu*en  183G, 
et  Torganiste  d'Oldenbourg,  qui  y  dirige  une 
«ociété  de  chant  depuis  1891  Jusqu'en  1833, 
bien  que  tous  deux  aient  les  mêmes  noms  et 
prénoms.  Je  pense  que  cette  confusion  ne 
provient  que  d'une  faute  d'impression  au  nom 
de  Meineke,  dans  le  Lexique  de  Schilling,  et 
qu'il  y  faut  lire  Meineke;  car  on  trouve  dans 
la  Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick 
<ann.  1833,  p.  574)  l'analyse  d'une  composi- 
tion qui  a  pour  titre  :  A  Té  Deum,  in  four 
yoeal'PartSy  voith  an  aceomp.  for  the  Or^ 
ijan  or  Piano- forte,  comp.  by  C.  Meineke, 
Organist  of  St,  Paul' s  ehurck  Baltimore; 
Baltimore,  publ.  by  Jobn  Cole.    Bien    que 
l'adresse  de  l'éditeur. soit  ici  à  Baltimore,  on 
voit  dans  l'analyse  que  l'ouvrage  a  été  gravé 
à  Philadelphie.  Il  résulte  de  cet  éclatrcisse- 
fuent  que  tous  les  ouvrages  publiés  en  Alle- 
magne sons  le  nom  de  Meineks  {€.)  appar- 
tiennent   à    l'organiste    d'Oldenbourg.    On 
connaît  de  cet  artiste  :  1^  Six  chansons  maçon- 
niques pour  voix  solo  avec  choeur  d'hommes  et 
accompagnement  de  piano;  OfTenbach,  An- 
dré. 9«  Messe  à  quatre  voix  et  orgue,  op.  35; 
Leipsick,  Siegel.  o«  Variations  pour  le  piano, 
sur  divers  thèmes;  op.  13,  Leipsick,  Peters; 
«p.  13,   Bonn,  Simrock;  op.   14,  Mayence, 
«chott;  op.  30,  Leipsick,  Kistner.  4«  Gammes 
«l  préludes  pour  le  piano,  dans  tous  les  tons; 
OfTenbach,    André;  chants  détachés  à    voix 
seule,  avec  piano;  quelques  pièces  d'orgue. 

MEINËllS  (...),  nis  d'un  employé  du 
gouvernement  autrichien  à  Milan,  a  fait  ses 
études  musicales  au  Conservatoire  de  celle 
ville.  Comme  premier  essai  de  son  talent,  il  a 
écrit,  en  1841,  le  second  acte  de  l'opéra /rafi- 
eesea  di  Rimini.  Dans  l'année  suivante,  il 
donna,  au  théAtrede  la  Scala,  à  Milan,  t7  Di- 
sertore  Sviziero,  dans  lequel  le  public  re- 


marqua plusieurs  beaux  morceaux  qui  le 
firent  considérer  comme  un  artiste  d'avenir. 
Cependant  rien  n'est  venu  Justifier  depuis  lors 
les  espérances  que  son  début  avait  fait  naître. 
En  184G,  M.  Meiners  a  été  nommé  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Vercell.  Il  parait 
n'avoir  écrit,  depuis  lors,  que  de  la  musique 
d'église.    . 

Un  autre  compositeur  du  même  nom 
{G.  de  Meiners),  amateur  de  chant  à  Dresde, 
s'est  fait  connaître  par  des  chants  pour  quatre 
voix  d'hommes,  et  par  des  Lieder  à  voix  seule 
avec  accompagnement  de  piano,  au  nombre 
d'environ  huit  recueils.  Ces  ouvrages  ont  été 
publiés  depuis  1833  jusqu'en  1840.  Depuis 
plus  de  vingt  ans  (1861),  il  n'a  rien  paru  de 
M.  de  Meiners,  ce  qui  peut  indiquer  que  cet 
amateur  est  décédé. 

MEOERT  (Jeah-Heiibi),  facteur  d'or- 
gues à  Lahn,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  a  construit,  en  1740,  celui  de  l'église 
évangélique  de  Freystadt,'  composé  de  cin- 
quante-trois Jeux;  en  1748,  celui  de  llerms- 
dorff,  de  vingt-six  Jeux;  en  1753,  un  bon  in- 
strument de  trente-six  registres  à  Goldberg, 
et  vers  le  même  temps  un  autre  à  HarpesdorfT, 
de  vingt-six  jeux. 

MEISBfER  (Joseph),  chanteur  dlslinguéy 
naquit  à  Salzbourg,  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Dans  sa  jeunesse,  il 
visita  l'Italie,  y  apprit  l'art  du  chant,  et  brilla 
sur  les  théâtres  de  Pise,  de  Florence,  de  Na- 
ples  et  de  Rome,  puis  retourna  en  Allemagne 
et  chanta  avec  succès  à  Vienne,  Munich,  Wurz- 
bourg,  Stultgard,  Cologne  et  Liège.  De  retour 
à  Salzbourg,  il  y  entra  au  service  de  l'arche- 
vêque; mais,  en  1757,  il  fit  un  second 
voyage  en  Italie  et  chanta  à  Padoue  et  à  Ve- 
nise. Dans  l'étendue  extraordinaire  de  sa  voix, 
ce  chanteur  réunissait  les  sons  graves  de  la 
basse  aux  sons  les  plus  élevés  du  ténor. 

MEISSPIER  (PaiLiPPB),  virtuose  clari- 
nettiste, naquit  le  14  septembre  1748,  àBurg- 
preppach,  dans  la  Franconie.  A  l'âge  do  sept 
ans,  il  commença  ses* études  au  collège  de 
Wurzbourg  et  y  montra  de  rares  dispositions 
pour  la  musique,  particulièrement  pour  la 
clarinette.  Lorsqu'il  eut  atteint  sa  douzième 
année,  son  père  consentit  enfin  à  lui  donner 
un  bon  instrument,  et  le  confia  aux  soins  d« 
Ilessler,  clarinettiste  de  la  cour.  Dès  ce  mo^ 
ment,  le  jeune  Meissner  se  livra  avec  ardeur  à 
l'étude,  et  quatre  ans  lui  suffirent  pour  être  en 
état  de  se  faire  entendre  devant  le  prince,  à 
Wurzbourg.  Il  reçut  en  récompense  une 
somme  considérable  pour  voyager,  ci  su  mit 


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70 


MEÏSSNER  —  MEISTER 


en  route  au  mois  de  mai  1760,  se  dirigeant 
vers  Mayence,  HaDheim,  Bruchsal  et  Stras- 
bourg. Arrivé  dans  cette  dernière  fille,  il  y 
fut  attaché  au  service  du  cardinal,  prince  de 
Rohan  qui,  bientôt  après,  le  conduisit  à  Paris, 
la  clarinette  était  alors  peu  connue  en 
Prance  :  Meissner,  quoique  fort  jeune,  eut  la 
gloire  de  faire  comprendre  aux  musiciens 
français  lés  beautés  de  cet  instrument,  et  les 
ressources  qu*on  en  pouvait  tirer  dans  Tin- 
strumentation.  Plusieurs  fois  il  se  fit  entendre 
avec  succès  au  Concert  spirituel  et  à  celui  des 
amateurs.  Gerber  dit  que  Meissner  fut  alors 
attaché  à  l'Opéra  :  c*est  une  erreur,  car  il  n*y 
eut  de  clarinettes  fixées  dans  Torchestre  de  ce 
théâtre  qu'en  1775,  et  les  deux  artistes  qu'on 
engagea  pour  cet  iustrument  étaient  deux 
musiciens  allemands,  nommés  Ernst  et  Scharf. 
Maïs  Meissner  fut  engagé  par  le  marquis  de 
Braneas  pour  la  musique  des  gardes  du  corps. 
Séduit  par  les  offres  avantageuses  du  prince 
Potocki,  iVcoosentit  à  le  suivre  en  Pologne  et 
quitta  Paris  ayee  lui.  Arrivé  à  Francfort,  Il  ne 
put  résister  au  désir  de  revoir  sa  famille,  dont 
il  était  séparé  depuis  dix  ans,  et  il  se  rendit  à 
Wûrzbourg,  où  il  arriva  au  mois  de  mai  1776. 
Ayant  appris  son  arrivée,  le  prince  régnant  le 
fit  venir  à  sa  résidence  de  Weitshœchheim  et 
fut  si  satisfait  de  son  talent,  qu'il  l'engagea 
immédiatement  à  son  service.  Depuis  cette 
époque,  l'artiste  ne  s'éloigna  plus  de  Wttrz- 
bourg,  si  ce  n'est  pour  un  voyage  qu'il  fit  à 
Munich,  à  Dresde  et  dans  la  Suisse.  Il  se  livra 
à  l'enseignement  et  forma  un  grand  nombre 
d'élèves,  parmi  lesquels  on  remarqua  quel- 
ques artistes  distingués  tels  que  Behr,  de 
Vienne,  Gœpfert,  les  deux  frères  Viersnickel 
et  Kleinfaans.  On  peut  donc  considérer  Meiss- 
ner comme  un  des  premiers  fondateurs  de  la 
belle  école  de  clarinette  qui  se  distingua  au- 
trefois en  Allemagne.  C'est  à  cette  école 
qu'appartiennent  Béer,  mort  à  Paris,  et 
M.  Bender,  directeur  de  musique  du  régiment 
des  guides,  en  Belgique.  Meissner  a  composé 
beaucoup  de  concertos  pour  la  clarinette,  des 
quatuors,  des  airs  variés  et  d'autres  pièces  de 
différent  genre.  Il  a  publié  :  1«  Pièces  d'har- 
monie pour  des  instruments  à  vent,  liv.  I  et  II  ; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  f^  Quatuors 
pour  clarinette,  violonj  alto  et  basse,  n<»l 
et  2;  Mayence,  Schotl.  3"  Duos  pour  deux  cla* 
rinettes,  op.  3;  ibid.  4<>  idem ,  op.  4;  ibid. 
Cet  artiste  est  mort  à  Wurzbourg,  vers  la  fin 
de  1807. 

MEISSIHEIl  (AVGUSTE-GOTTLIEB  OU  Tréo- 

»bile),  né  à  Baulzen,  en  1753,  fut  d'abord 


archiviste  à  Dresde,  puis  professeur  à  Prague. 
Il  mourut  à  Fulde,  en  1807.  On  a  de  lui  un 
livre  intéressant,  intitulé  :  Bruehsiiicke  zur 
Biographie  /.  G.  Nauman's  (Fragments 
pour  la  Biographie  de  J.-G.  Naumann); 
Prague,  1803-1804,  deux  volumes  in-8*. 

MEISSOnniER  (Artoihe),  né  à  Mar- 
seille, le  8  décembre  1783,  était  destiné  au 
commerce  par  ses  parents  ;  mais  son  goàt  pour 
la  musique  lui  fit  prendre  la  résolution  de  se 
rendre  en  Italie  i  l'âge  de  seize  ans.  Arrivé  à 
Naples,  il  y  reçut  des  leçons  d'un  maître 
nommé  Interlandi,  tant  pour  la  guitare  que 
pour  la  composition.  Il  y  écrlTit  un  opéra 
bouffe,  intitulé  :  la  Donna  eorretta,  qui  fut 
représenté  sur  un  théâtre  d'amateurs.  Après 
plusieurs  années  de  séjour  à  Naples,  il  rentra 
en  France,  et  alla  s'établir  à  Paris  où  il  a  pu- 
blié une  grande  sonate  pour  la  guitare,  trois 
grands  trios  pour  guitare,  violon  et  alto; 
Paris,  chez  l'auteur;  des  Tariations,  divertis- 
sements et  fantaisies  pour  le  même  instru- 
ment ;  une  Méthode  eimpliftée  pour  la  lyre 
ou  guitare  (Paris,  Sieber),  et  un  grand 
nombre  de  romances.  En  1814,  il  a  établi  â 
Paris  une  maison  de  commerce  de  musique 
qu'il  a  conservée  pendant  pins  de  vingt  ans. 

MEISSONrriER  (JosBra),  frère  du  pré- 
cédent, connu  sous  le  nom  de  JIIEI8SON- 
NIER  JEUNE,  est  né  â  Marseille,  vers  1790. 
Élève  de  son  frère  pour  la  guitare,  il  a  donné 
longtemps  des  leçons  fe  cet  instrument  à 
Paris,  puis  y  a  succédé  â  un  ancien  marchand 
de  musique  nommé  Corhaux.  Depuis  1824, 
il  a  été  éditeur  d'un  nombre  considérable 
d'œuTres  de  musique  de  tout  genre.  Il  a  ar- 
rangé pour  la  guitare  beaucoup  d'airs  d'opé^ 
ras  et  d'autres  morceaux.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  1«  Trois  duos  pour  guitare  et 
violon  ;  Paris,  Hanry .  3«  Trois  rondeaux  tdem, 
ibid.  8<*  Des  recueils  d'airs  connus  pour  gui- 
tare seule,  op.  S  et  4;  Paris,  Ph.  Petit.  4*  Des 
airs  d'opéras  variés  ;  Parts,  Hanry,  Pb.  Petit, 
Dufaut  et  Dubois,  et  chez  l'auteur.  6^  Des  re- 
cueils de  contredanses  ;  idem,  Ibid.  ^^  Deux 
méthodes  de  guitare.  Dans  son  catalogue  gé- 
néral de  la  musique  imprimée,  'Whistling  a 
confondu  les  ouvrages  des  deux  frères  Meis- 
s<tnnier. 

Joseph  Meissonnier  eut  un  fils  qui  lui  suc* 
céda  comme  éditeur  de  musique,  et  qui,  après 
avoir  fait  une  fortune  considérable  dans  son 
commerce^  s'est  retiré  en  1855,  à  cause  de  sa 
mauvaise  santé. 

IIIEISTER  (jEAN-FRÉDéaic),  né  â  Ha* 
novre,  dans  la  première  moitié  du  dix-sep- 


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MEISTER  —  MEJO 


71 


tlème  siècle,  ftit  d^abord  attaché  à  la  musique 
du  duc  de  Brunswick,  puis  entra  au  service  de 
révéque  de  Lubeclc,  à  Eutin,  et,  enfin,  devint 
organiste  de  Téglise  Sainte-Marie,  à  Flens- 
bourg.  Il  mourut  en  cette  ville,  le  38  octobre 
1697.  On  a  publié  de  ta  composition  :  1°  Une 
suite  de  morceaui  de  chant  à  Tusage  des  habi- 
tants du  Holslein,  intitulée  :  Fiirstliehe  ffol- 
stein-GltickburgischeJiiusikaliacheGemuthS' 
Beluêtigungen  ;  Hambourg  ,  169r5 ,  douze 
parties  in-fol.  9<>  RaecoUa  di  diversi  fiori 
fnu$icali  per  Vorgano  osêia  gravicetnhalo, 
corne  MonaUy  fugue,  imitaxioni ,  ctcic- 
cône,  etc.;  Leipsick,  1695. 

MEISTER (Mickel),  caneor  à  Halle  (Saxe), 
a  donné  une  édition  améliorée  du  Compen- 
diutn  mu$ic3f  de  Henri  Faber,  avec  la  version 
allemande  de  Helchior  Yulpius,  et  y  a  ajouté 
une  petite  préface,  à  Leipsick,  en  1694,  petit 
in-8». 

MEISTER  (Aubet-Fr£d£ric-Loi)is),  lit- 
térateur allemand,  né  en  1724,  à  Weichers- 
heim,  dans  la  principauté  de  Hohenlohe,  fit 
ses  études  à  Gœttingue  et  à  Leipsick.  Après  les 
avoir  terminées,  il  fut  d^abord  instituteur, 
puis  professeur  de  philosophie  à  TUniversité 
de  Gœttingue.  Il  mourut  dans  cette  position, 
le  18  décembre  1788.  On  trouve  dans  les  nou- 
veaux mémoires  de  la  Société  royale  de  Gcpt- 
tingue  (t.  II,  p.  159  et  suiv.)  un  discours  qu^il 
prononça,  en  1771 ,  concernant  Torgue  hy- 
draulique des  anciens,  intitulé  :  De  Feterum 
hydraulo.  Ce  morceau  se  fait  remarquer  par 
de  Péruditlon  et  des  considérations  nouvelles. 
On  a  aussi  de  ce  savant  une  dissertation  sur 
rharmonica,  insérée  dans  le  Magasin  de  Ha- 
novre (ann.  1766,  p.  59),  et  dans  les  Noticee 
hebdomadaires  àeYLXWer  (ann.  1766,  p.  71), 
sous  ce  titre  :  Naehricht  von  einem  neuen 
musikalischen  Instrumente  Harmonica  ge- 
nannt. 

MEISTER  (Jeak-Georgcs),  organiste  de 
Téglise  de  la  ville,  professeur  au  séminaire 
de  Hildburghausen  et  organiste  de  Téglise 
principale,  né  le  30  août  1793,  à  Geltershau- 
sen,  près  de  Heldbonrg,  dans  le  duché  de 
Saxe-Meiningen,  est  auteur  d*un  livre  qui  a 
pour  titre:  FoUstxndige  Generalbass-Sckule 
und  Einleitung  %ur  Composition.  Ein  Lehr- 
huch  %um  Selbstunterricht  fur  diejenigen, 
welehe  die  gesammts  theoretisch  Kenntniss 
und  praktische  Fertigkeit  im  Generalbass 
erlemen,  regelmmssig  und  mit  Leichtxgkeit 
moduliren  und  Forspiele  und  Fantasien 
componifen  lernen  woUen  (École  complète 
de  la  basse  continue  et   introduclion   à   la 


composition.  Méthode  pour  sMnslruire  soi- 
même,  etc.);  Ilmenau,  Yoigt,  1834,  in -4"  de 
quatre-vingt-dix  pages.  On  a  aussi  du  môme 
artiste  plusieurs  cahiers  de  pièces  d*orgue, 
parmi  lesquels  on  remarque  :  l»  Six  pièces 
d^orgue  à  Tusage  du  service  divin,  op.  11; 
Schleusingen,  Glaser.  ^  Six  nouvelles  pièces 
faciles  pour  Torgue  ;  €obourg ,  Reimann. 
3«  Douze  pièces  d*orgue  d*une  moyenne  force, 
en  deux  suites  ;  ibid.  L^œuvre  quatorzième, 
renfermant  soixante  pièces  d'orgue  faciles 
pour  jouer  avec  ou  sans  |)édale,  a  été  publié 
en  1841,  à  Erfurl,  chez  Kœrner.  Cet  éditeur  a 
inséré  des  pièces  d*orgue  de  Meister  dans  les 
deuxième  et  troisième  livres  de  son  Postlu- 
dien-Buch  fiir  OrgélspieUr;  Erfurt,  sans 
date. 

MEISTER  (Charles -SE VERIN),  de  la  même 
famille  et  vraisemblablement  iils  du  précé- 
dent, fut  d^abord  professeur  adjoint  du  Sémi- 
naire de  Hildburghausen  et  organiste  d'une 
des  églises  de  cette  ville,  puis  a  été  nommé 
professeur  de  musique  au  séminaire  des  insti- 
tuteurs, à  Montabaur.  Il  occupait  déjà  cette  po- 
sition en  1844.  On  a  de  cet  artiste  une  petite 
fnéthode  pratique  d*orgue,  à  Pusage  des  com- 
mençants, sous  ce  titre  :  Kleine  practische 
Forschule  fiir  angehende  Orgelspieler,  op.  5  j 
Xayence,  Schott.  Ses  autres  ouvrages  les  plus 
imiH>rtant8  sont: Douze  préludes  pourPorgue, 
op.  3;  Bonn,  Simrock;  douze  ^dem^  op.  4; 
Neuwied,  Steiner;  Singwxldleinder  Kleinen, 
collection  de  chants  pour  les  enfants,  op.  2; 
Bonn,  Simrock.  L*œuvre  sixième  consiste  en 
Cent  soixante  cadences  et  petits  préludes 
pour  l'orgue,  dans  les  tons  majeurs  et  mi- 
neurs les  plus  usités j  en  deux  suites  ;  Erfurt, 
Kcerner. 

MEJO  (Auguste- Guillaume),  directeur  de 
musique  à  Chemnitz,  est  né  en  1793,  à  Nos- 
sen,  en  Silésie.  Il  commença  son  éducation 
musicale  à  Oederan,  et  Tacheva  à  Leipsick, 
où  il  fut  pendant  sept  ans  attaché  à  Torchestre 
du  concert.  Plus  lard,  il  alla  s*établir  à  Do- 
manzi,  en  Silésie,  en  qualité  de  directeur  de 
musique  d*une  chapelle  particulière.  Après  y 
avoir  demeuré  pendant  onze  ans,  il  fut  appelé 
à  Ghemnitz,  en  1833.  On  dit  qu*en  peu  d'an- 
nées son  activité  et  sa  connaissance  de  la  mu- 
sique ont  fait  faire  de  rapides  progrès  à  Part 
dans  celte  ville,  où  il  dirige  de  bons  concerts. 
M.  Mejo  est  également  habile  sur  la  clarinette, 
sur  le  violon  et  dans  la  composition.  Il  a  pu- 
blié :  1»  Variations  à  grand  orchestre;  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Hserlel.  2"  Plusieurs  re- 
cueils de  danses  de  différents  caractères,  à 


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n 


MEJO  -  MELCHER 


grand  orchestre.  3**  Des  variations  en  harmo- 
nie, n«»  1 ,  2,  3,  4  ;  ibid.  4»  Rondo  pour  cor  et 
orchestre  ;  t6id.  En  1840,  il  a  fait  représenter 
à  Brunswiclc  un  opéra  intitulé  :  Ver  Gang 
nach  dem  Etsenhammer  (le  Mouvement  du 
martinet),  qui  a  obtenu  du  succès. 

M£LAIHI  (Alexandre),  né  à  Pistoie,  ou, 
suivant  d'autres  indications,  à  Modène,  d'abord 
maître  de  chapelle  à  Saint-Pétrone  de  Bologne 
(en  16G0),  puis  maître  de  chapelle  de  Téglise 
Sainte  Marie  Majeure,  à  Rome,  le  16  octobre 
1667,  quitU  cette  place,  en  1672,  pour  entrer 
en  la  même  qualité  à  Téglise  Saint-Louis  des 
Français.  Il  occupait  encore  ce  poste  en  1682, 
cardans  le  Mercure  galant  du  mois  d'octobre 
de  cette  année  (deuxième  partie,  p.   280), 
où  Ton  rend  compte  d'une  messe  que  le  duc 
d'Estrées  Ot  chanter  dans  l'église  Saint-Louis, 
le  25  août,  à  l'occasion  de  la  naissance  du  duc 
de  Bourgogne  on  lit  :  «  Le  sieur  Melani  y  fit 
«  entendre  une  musique  excellenle  et  des 
«  symphonies  admirables.  »  Ce  compositeur 
vivait  encore  en  1698,  comme  on  le  voit  par 
la  dédicace  de  son  œuvre  quatrième, contenant 
des  Moteltia  una,  due,  tre  e  einque  voct; 
Rome,  1698,  in-4<'.  Melani  est  connu  aussi 
par  divers  opéras,  dont  un  représenté  à  Flo> 
rence,  en  1681,  et  à  Bologne,  au  théâtre  Mal- 
vezzi,  en  1697,  sous  le  titre  :  il  Carceriere  di 
se  medesimo,  et  qui  fut  fort  applaudi.  Le  se- 
cond opéra  de  ce  maître  est  intitulé  :  Amori 
di  Lidia  e  Clori  :  il  fut  représenté  au  théâtre 
de  Bologne,  en  1688,  et  il  fut  Joué  de  nouveau, 
en  1691,  dans  la  villa  Bentivoglio  di  Fog- 
gianova  nel  Bolognese.  L'abbé  Qua^lrio,  qui 
nomme  ce  musicien  (t.  Y,  p.  517),  dit  qu'il 
mit  aussi  en  musique  le  Ruberlo  d'Adtmari. 
6u  voit  aussi  par  les  livrets  de  deux  oratorios 
que  Melani  en  avait  composé  la  musique.  Le 
premier  a  pour  titre  :  Giudizio  diSalomone, 
Oratorio  per  musica  data  in  luce  da  Bona- 
Ventura  jileotti^  min.  Convent,;  Bologna, 
1686,  in-12.  L'autre  est  intitulé  :  Oloferne, 
oratorio  da  recitarsi  nella  Cappella  del  cae- 
tello  di  Ferrara,la  sera  del  Natale  di  N,  S.  ; 
ibid.,  1689,  inl2.  Mais  c'est  surtout  par  ses 
motets  à  trois  et  à  quatre  chœurs  que  ce 
maître  s'est  fait  connaître.  On  les  trouvait 
autrefois  en  manuscrit  dans  l'église  Sainte- 
Marie  Majeure.  L'abbé  Sanlini  possède  sous  le 
nom  de  Melani  :  V  Deux  Crucifixut  à  cinq 
voix.  2'»  Le  psaume  Dilexi  quoniam,  à  huit 
voix.  5»  Deux  Magnificat,  deux  Benedictus, 
et  deux  Miserere  à  huit  voix.  4^  Les  psaumes 
Bixit  Dominus,  Mémento  Domine  et  In 
£xitu  Israël^  à  douze  voix.  5»  Credo,  et  In 


Veritas  mea,  â  huit  voix.  6^*  Deux  litanies  à 
neuf  voix.  L'œuvre  troisième  de  Melani  a  pour 
titre  :  Concerti  spirituali  a  due,  tre,  e  einque 
voci;  Roma,  Mascardi,  1682. 

Malgré  les  éloges  qui  ont  été  donnés  à  ce 
musicien  par  quelques-uns  de  ses  contempo- 
rains, c'était  un  artiste  médiocre,  qui  écrivait 
d'une  manière  Incorrecte,  suivant  ce  que  j'ai 
vu  dans  quelques-uns  de  ses  morceaux  en  par- 
tition, chez  l'abbé  Santini.  Un  de  ses  ouvrages 
a  pour  titre  :  DeUctus  sacrarum  cantionum 
binis,  ternis,  quaternis  quinisque  vocibtts 
coneinendus;  RomtB,  typis  Mascardi,  1673, 
in-4'. 

BIELAIHI  (AaToiNe),  musicien  italien  an 
service  de  l'archiduc  d'Autriche  Ferdinand- 
Charles,  a  fait  imprimer  de  sa  composition  : 
Scherzi  musicali  ossia  capricci,  e  balletti 
da  suonarsi  ad  uno,  2  violini  e  viola; 
Inspruck,  1659,  in-4*>. 

MKLAl^IPPÈDE,  poète -musicien,  né 
dans  l'Ile  de  Mélos,  l'une  des  Cyclades,  était 
fils  de  Criton,  et  vivait  vers  la  soixante-cin- 
quième olympiade.  Plutarque  (De  Musica)  dit 
qu'on  lui  attribuait  l'invention  du  mode  ly- 
dien i  mais  d'autres  ont  accordé  l'honneur  de 
cette  invention  à  un  autre  musicien  nommé 
Anthippe  (t^oyejsce  nom). 

MELGAUI^E  (Jérôme),  surnommé  IL 
MOINTESAUDO,  parce  qu'il  éUit  né  dans 
le  bourg  de  ce  nom  (royaume  de  Naples,  dans 
la  terre  d'Otrante)  fut  maître  de  chapelle  à 
Lecce  (Calabre),  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  com- 
position :  Il  Paradiso  terrestre  eon  motetti 
diversie  capricciosi,  a  1^  2,  3,  4  0  5  voci; 
Venise,  1619,  in-4^ 

MELCHER  (Joseph),  directeur  de  1* Aca- 
démie de  chant,  à  Francfort-snr-rOder,  pia- 
niste et  compositeur  de  mélodies  vocales,  a 
commencé  à  se  faire  connaître  vers  1834.  On 
a  de  lui  des  recueils  de  Lieder  à  voix  seule, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  5  (Lieder 
et  romances  de  divers  poètes) ,  Eislcben,Rein- 
hardt;  op.  6  (Lieder  et  chants),  Berlin,  Paez,* 
op.  7  (trois  chants  pour  soprano  ou  téoor). 
ibid,;  op.  9  (trois  chants  td^m), Berlin, Ende; 
op.  12  (cinq  Lieder  pour  soprano),  Berlin^ 
Bote  ctBocke;op.l3(chants  religieux), Berlin. 
Challier;  chants  à  quatre  voix,  à  l'usage  des 
écoles,  op.  8;  Berlin,  Paez;  six  chants  à 
quatre  voix,  op.  14,  en  deux  suites;  Berlin, 
Bote  et  Bocke;  chant  pour  quatre  voix 
d'hommes,  sur  un  poème  de  Ubiand;  ibid, 
Melcher  a  publié  aussi  quelques  petite;  pièces 
pour  piano. 


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MEIXIIERT  -  MELLE 


!(IELGIIEIIT  (Jules), professeur  de  piano, 
el  compositeur  pour  son  instrument  et  pour  le 
chant,  fixé  à  Hambourg,  a  publié  quelques 
peliles  choses  pour  les  pianistes  amateurs, 
tels  que  deux  rondeaux  agréables,  op.  7] 
Hambourg,  Crauz  ;  deux  morceaux  de  salon, 
op.  11;  ibid.;  valse  d^^deVaïde;  ibid.;  mais 
c'est  surtout  par  ses  compositions  pour  le 
chant  quMI  s^est  fait  une  honorable  réputation 
en  Allemagne.  On  remarque  parmi  ses  ou- 
vrages de  ce  genre  :  !•  Liederkranz  (collec- 
tion de  Lieder)y  en  deux  suites,  pour  voix 
seule  avec  piano,  op.  3;  Hambourg,  Nie- 
mcyer.  ^  Deux  poèmes  de  Reinick,  pour  con- 
tralto et  piano,  op.  16;  ibid.  3<»  Quatre 
Lieder  pour  baryton,  op.  22,  i5id.  4»  Trois 
Lieder  pour  soprano,  op.  27  j  ihid.  ;  el  une 
multitude  de  chants  détachés,  dont  la  Nuit, 
pour  ténor,  op.  17,  ihid.  ;  le  Chant  du  prin- 
tempg,  pour  soprano,  op.  21,  ibid;  Maria, 
de  Novalis,  op.  26;  ibid,  Melchcrt  a  publié 
aussi  des  chants  à  quatre  voix;  ibid. 

MCLDERT  (LÉ05AIID),  musicien  belge,  né 
dans  la  province  de  Liège,  vers  1535,  a  fait  un 
voyage  en  Italie.  Pendant  son  séjour  à  Ve- 
nise, il  publia  le  premier  livre  de  ses  madri- 
gaux à  cinq  voix,  chez  les  héritiers  de  Scotto^ 
,lo78,in-4«. 

IWELETIUS,  moine  grec  du  dixième 
siècle,  vécut  au  couvent  de  la  Trinité,  à 
Slrumizza,  dans  la  Bulgarie  (en  latin  Tiberio- 
polis).  Dans  la  Bibliothèque  du  collège  de 
Jésus,  à  Cambridge,  on  trouve,  sous  le  nu- 
méro 212,  un  traité  manuscrit,  en  grec,  con- 
cernant la  musique  et  le  chant  de  TÉglise 
grecque,  sous  ce  titre  :  Meletius  monachus, 
de  jllusied  et  canticiê  ecelesias  grxex,  cum 
hymnis  musicis.  A  la  suite  des  règles  du 
chant,  on  a  placé  un  recueil  d'hymnes  et  de 
cantiques  notés,  dont  les  auteurs  sont  indiqués 
par  leurs  noms.  Je  pense  que  les  règles  seules 
du  chant  doivent  être  de  Meletius,  car  le  re- 
cueil des  hymnes  date  évidemment  d'un  temps 
postérieur  à  celui  où  vivait  ce  moine,  comme 
le  pouvent  les  noms  de  Jean  Lampadaire, 
Manuel  Chrysaphe,  Jean  Kukuseli,  Georges 
'Stauropole,  etc. 

3IELFIO  (Jean-Baptiste),  compositeur  né 
à  Bisignano,  en  Calabre,  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle,  a  fait  imprimer  :  // 
primo  libro  de'  Madrigali  a  quattro  voci; 
Venise,  1556,  in.40. 

MELGAZ  ou  IVIELGAÇO  (Diego -Dus), 
moine  portugais,  né  à  Cubao,  le  11  avril  1658, 
fut  nommé  maître  de  chapelle  à  Péglise  ca- 
thédrale d'Evora,  et  moiurut  dans  cette  ville,  le 


0  mai  1700.  Ses  compositions,  Irès-nom- 
breuscs,  sont  restées  en  manuscrit  dans  la 
chapelle  qu'il  a  dirigée  :  on  y  remarque  des 
messes,  lamentations.  Miserere,  psaumes, 
répons,  hymnes,  et  un  recueil  dédié  à  l'arche- 
vêque d'Evora,  en  1694,  où  se  trouve  Messa  . 
ferial  a  4  voses,  motetos  de  defuntos  a  4, 
Gloria,  lauset  honor  a  S  roses. 

MELISSA  (Matthieu),  organiste  de  réglisc 
des  Jésuites  à  Goritza,  dans  le  Frîoul,  vers  le 
milieu  du  dix -septième  siècle,  a  publié  de  sa 
composition  un  recueil  de  psaumes  intitulé  ; 
Salmi  concertati  a  2,  3,  4  e  5  voci;  Venise, 
1653,  in-4». 

MELLAHA  (Crari.es),  compositeur  dra- 
matique, né  i  Parme,  en  1782,  a  étudié  l'har- 
monie et  le  contrepoint  sous  la  direction  de 
Fortunatiet  de  Ghiretti.  A  l'âge  de  vingt  ans, 
il  fit  exécuter  à  Parme  une  messe  solennelle 
qui  fut  considérée  comme  un  bon  ouvrage. 
Depuis  lors,  il  a  donné,  à  Vérone,  La  Prova 
indiscretta,  opéra  bouffe;  à  Venise,  Il  Bi- 
zarro  capriccio,  idem  ;  à  Parme,  Zilia,  idem  ; 
à  Brescia,  /  Gauri,  opéra  serai-seria;  et  à 
Ferrare,  La  Nemiea  degli  uomini.  Ce  der- 
nier ouvrage  a  aussi  été  joué  à  Milan,  en  1814. 
On  connaît  un  très-grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  musique  vocale  et  instrumentale, 
sous  le  nom  de  M.  Mellara. 

MELLE  (Renact  {sic)  DE),  ou  DE  IIIELL, 
en  italien  Rinaldo  del  Mêle,  musicien  belge 
du  seizième  siècle,  est  né  vraisemblablement 
dans  le  pays  de  Liège,  où  il  y  a  encore  des 
familles  de  ce  nom.  D'ailleurs,  dansl'épltre 
dédicatoire  de  son  recueil  de  madrigaux  à  six 
voix,  datée  de  Liège,  le  14  juillet  1587,  et 
signée  Rinaldo  del  Melle,  il  dit  que  sa  famille 
a  été  attachée  au  service  du  duc  Ernest  de 
Bavière,  archevêque  de  Cologne  et  évéque  de 
Liège.  Cependant,  au  titre  de  ce  même  ouvrage, 
imprimé  à  Anvers,  en  1588,  14  est  appelé 
gentiluomo  fiamengo,  ce  qui  semble  iadi- 
quer  qu'il  était  de  la  Flandre  ;  car  bien  que 
les  Italiens  aient  appelé  en  général  flamande 
tous  les  artistes  des  Pays-Bas,  on  ne  donnait 
ce  nom,  dans  les  ouvrages  imprimés  en  Bel- 
gique, qu'à  ceux  qui  étaient  nés  dans  les  deux 
Flandres,  ou  dans  le  duché  de  Brabant,  et 
dans  le  marquisat  d'Anvers.  Quoi  qu'il  en 
soit,  Renaut  de  Melle  fut  un  musicien  distin- 
gué du  seizième  siècle.  Walther,  dans  son  / 
Lexikon,  a  placé  vers  1538  l'époque  où  il  flo- 
rissait,  et  son  erreur  à  cet  égard  a  mis  Buroey 
en  doute  si  ce  n'est  pas  Renaut  de  Melle,  et 
non  Goudimel  (voyez  ce  nom),  appelé  Gaudio 
Mell  par  les  Italiens,  qui  a  été  le  maître  de 


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74 


MELLE  —  MELLINÏ 


Preiluigi  de  Palestrina  (Al  Général  history  of 
3Iusic,  t.  III,  p.  18C)î  Hawkins  dit  iwsUi- 
Tement,  dans  son  Histoire  de  la  musique,  que 
ce  fut,  en  efTet,  Renaut  de  Mell  qui  cul  Thon- 
neur  dMosUruire  cet  illustre  musicien.  Mais 
Tabbé  Baiai  a  fort  bien  prouvé  dans  ses 
Mémoires  sur  la  vie  et  les  ouvrjges  de  Pales- 
trina, diaprés  les  notices  manuscrites  dePiioni 
sur  les  compositeurs,  qui  se  trouvent  dans  la 
Bibliothèque  du  Vatican,  que  Renaut  de  Melle 
se  rendit  à  Rome  vers  1580,  environ  six  ans 
avant  la  mort  du  maître  célèbre  dont  on  vou- 
lait faire  son  élève,  et  que  lui-même  y  conti- 
nua ses  éludes,  quoiqu*iI  eût  déjà  été  maître 
de  chapelle  en  Portugal  ;  qu'il  y  fut  attaché  au 
service  du  cardinal  Gabriel  Paleollo,  et  que 
lorsque  ce  cardinal  fut  fait  évéque  de  Sabina, 
en  1591,  il  nomma  Renaut  de  Melle  maître  de 
chapelle  de  son  église,  et  professeur  de  mu- 
sique du  séminaire.  L'abbé  Baini  fait  remar- 
quer enfin  (t.  I,  p.  25)  que  le  cinquième  livre 
de  motels  de  ce  compositeur  est  dédié  à  ce 
même  cardinal  Paleollo,  et  que  Tépllre  dédi- 
catoire  est  datée  de  Magliano  in  Sabina,  le 
l^'mars  1595.  Il  est  nécessaire  de  faire  ob- 
server, toutefois,  que  Renaut  de  Melle  quitta 
rilalie,  en  1587,  après  avoir  publié  à  Venise 
le  quatrième  livre  de  ses  madrigaux  à  cinq 
voix,  pour  faire  un  voyage  dans  sa  patrie, 
ainsi  que  le  prouve  Tépllre  dédicatotre  de  son 
livre  de  madrigaux  à  six  voix  publié  à  Anvers, 
en  1588. 

L'abbé  Baini  nous  apprend  {loc.  cit.)  que 
Renaut  de  Melle  a  publié  de  sa  composition  i 
Venise,  chez  Gardane  :  1"  Quatre  livres  de 
madrigaux  à  trois  voix,  en  1582  et  1583.  Ils 
ont  été  réimprimés  en  1593,  à  Venise,  chez 
le  même.  Une  autre  édilion  fut  faite  dans 
la  même  ville,  en  1596.  â«  Quatre  livres  de 
madrigaux  à  quatre  et  cinq  voix,  depuis  1584 
jusqu*en  1586.  3**  Cinq  livres  de  madrigaux  à 
cinq  voix,  depuis  1587  jusqu'en  1590. 4<>  Deux 
livres  de  madrigaux  à  six  voix,  en  1591.  Le 
premier  livre  de  ceux-ci  est  une  réimpression 
de  celui  que  Phalèse  avait  imprimé  à  Anvers, 
eii  1588,  sous  ce  tilre  :  Madrigali  di  Rinaldo 
del  Melle,  gentiluomo  fiamengo,  a  sei  voei^ 
in-4^  obi.  5<*  Litanie  délia  B.  V.  a  cinqu% 
voei;  Anvers,  1589,  in-8^  6<>  Cinq  livres  de 
motels  à  cinq,  six,  huit  et  douze  voixj  Ve- 
\  nise,  Gardane,  1593  à  1595.  Le  cinquième 
livre  a  pour  titre  :  Liber  quintus  motectorum 
Reynaldi  del  Mel,  chori  ecclesix  cathedralis 
ac  Seminarii  Sahinensi  praifecti,  qux  par- 
tim  senis,  partimque  octonis  ac  duodenis 
vocibusconcinantur;  Fenetiis  ap.  Angelum 


Gardanum,  1595,  ln-4«obj.  L'épUre  dédica- 
toire,  au  cardinal  Gabriel  Paleollo,  est  datée 
de  Manloue,  aux  calendes  de  mars  1595.  Ce 
recueil  conlient  dix-sept  molets  à  six  voix, 
deux  à  huit  voix,  et  un  à  douze  voix.  L'abbé 
Baini  ajoutée  ces  renseignements  qu'il  existe 
beaucoup  d'autres  compositions  manuscrites 
de  Renaut  de  Melle  dans  les  archives  de  quel- 
ques églises  de  Rome. 

MELLI  ou  ]n[ELII(PiEnBE-PAVL),  luthiste 
et  compositeur,  né  à  Reggio,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  fut  connu  générale- 
ment sous  le  nom  de  MELLI  REGGIAI\0, 
à  cause  du  lieu  de  sa  naissance.  Il  fut  attaché 
au  service  de  Pempereur  Ferdinand  II,  qui 
régna  depuis  1619  jusqu'en  1637.  On  a  de  lui 
trois  recueils  intitulés  :  Prime  musiche,  cioè 
madrigali,  arie,  scherzi,  etc.,  a  più  voci; 
in  Fenetia,  Gia.  Fincenti,  1608,  \n -A -^se- 
conde musiche^  )etc.,  ibid.^  1609,  in -4  ;  terze 
musicke,  etc.,  i6tdf.;  1609,  in-4°.  La  collec- 
lion  des  œuvres  de  Melli  pour  le  luth,  ou  plu- 
l6t  Varchiluth,  a  pour  tilre  :  Jntavolalura  di 
Liulo  attiorbato  di  Pietro  Paolo  Melii  du 
Reggio  lautenista  e  musico  di  caméra  di 
S.  M.  Cesarea^  libri  cinque;  in  Fenezia, 
per  Giacomo  Fincenti^  1625  et  années  sui- 
vantes, in-4«. 

]IIELLI1\ET  (Camille),  né  à  Nantes,  vers 
1780,  exerça  la  profession  d'imprimeur,  et 
mourut  dans  cette  ville,  au  mois  d'aoûl  1843. 
Il  était  amateur  de  musique  et  jouait  de  plu- 
sieurs instruments.  On  a  de  lui  un  écrit  qui  a 
pour  tilre  :  De  la  musique  à  Nantes;  Nantes, 
1837,  in-8«.  Mellinet  était  membre  de  la  So- 
ciété académique  de  sa  ville  natale,  dont  les 
volumes  de  mémoires  renferment  plusieurs 
de  ses  écrits. 

MELLINI  (le  P.  Alessardro),  moine  ser- 
vite,  né  i  Florence  dans  la  seconde  moitié  du 
quinzième  siècle,  fui  appelé  à  Rome  par  le 
pape  Léon  X,  non  comme  maître  de  la  cha- 
pelle ponti6cale,  comme  le  disent  Arch. 
Giani  (j^nnal.  Servorum,  part.  II,  cent.  4)  et 
Negri  (/*(ono  de'  Fiorentini  scriU,,  p.  22), 
car  celle  charge  n'exislail  pas  alors,  mais 
comme  chapelain  chantre.  Le  P.  Mellini  mou- 
rut à  Rome,  en  1554,  suivant  Negri,  ou  deux 
ans  plus  tard  suivant  Giani.  Ces  deux  auteurs 
et  Poccianti  (Catal.  Script,  illustr.  Fiorent.) 
disent  que  Mellini  a  fait  Imprimer  beaucoup 
de  madrigaux  à  plusieurs  voix,  des  motets, 
des  hymnes,  et  des  psaumes  pour  les  vêpres, 
mais  ils  n'indiiuent  ni  le  lieu,  ni  les  dates  de 
l'impression  de  ces  ouvrages,  dont  je  n'ai  pas 
trouvé  d'exemplaires  jusqu'à  ce  jour.  Il  est  à 


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MELLINI  —  MELONE 


remarquer  que  le  nom  de  Mellini  ne  figure  pas 
dans  le  catalogue  des  chapelains  chantres  de 
la  chapelle  pontificale,  donné  par  Adamt  de 
Bolsena  dans  ses  Osservaxioni  per  ben  rego- 
lare  ileoro  délia  eappeUa  ponti/leia  (Rome, 
1711,la-4<'). 

MELOINE  (Akiiibal),  musicien,  né  à  Bo- 
logne, dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle,  était,  en  1579,  doyen  dea  musiciens  de 
la  seigneurie  de  cette  ville.  La  discussion  de 
Nicolas  Vicentino  et  de  Yincent  Lusitano, 
concernant  la  connaissance  des  genres  de  la 
musique,  et  le  livre  que  Vicentino  publia  en- 
suite sur  cette  matière  {voyex  Yicbutiiio) 
avaient  fixé  Tattention  des  musiciens  de  toute 
ritalie  sur  la  question  des  trois  genres.  Plu- 
sieurs anDées  après  que  le  traité  de  Vicentino 
eut  paru,  Melone  écrivit  à  son  ami  Botlrigari 
{voyex  ce  nom)  une  lettre  sur  ce  sujet  :  Se  le 
eanzoni  muiieali  moderne  eommunemenle 
dette  madrigali  o  motetti,  $i  possono  ragio- 
nevolmente  nominaxe  di  uno  de'  ire  puri  e 
semplici  generi  armonici,  e  quali  debbono 
esserle  veramente  tali.  Cette  lettre,  publiée 
par  Bottrigari,  fut  Poccasion  de  l'écrit  de  ce- 
lui-ci, intitulé  :  Il  Melone,  dieeorso  armo- 
nico,  ete. 

Le  nom  du  musicien  dont  il  s*agit  et  Ton* 
vrage  de  Bottrigari  //  Vesiderio  ovvero  de' 
concerti  di  varii  Stromenti  mueicali-,  etc, 
ont  donné  lieu  à  une  cumulation  d'erreurs 
vraiment  plaisantes.  Apostolo  Zeno,  qui  pos- 
sédait une  médaille  de  bronze  frappée  en 
rhonneur  de  Bottrigari,  où  Ton  voyait  divers 
emblèmes,  crut  y  apercevoir  la  figure  d*un 
melon,  et  se  persuada  que  ce  melon  représen- 
tait un  instrument  de  musique  dont  Bottrigari 
aurait  été  Tlnventeur,  et  dont  il  aurait  donné 
la  description  dans  son  Melone.  Il  exposa 
toute  cette  rêverie  dans  ses  notes  sur  la  Biblio- 
thèque de  ¥ontanini  (t.  I,  p.  349);  Salfi, 
continuateur  de  V Histoire  littéraire  d'Italie 
de  Gioguené,  voulant  corriger  Zeno  (t.  X, 
p.  420),  dit  que  ce  melon  désignait,  selon 
toute  apparence,  Annibal  Melone,  son  ami  (de 
Bottrigari).  Jfne//ef(ajouie-l-il),c'e«lMW  ton 
nom  anagrammatique  d'*Altmanno  Bonelli 
(Benelli)  que  Bottrigari  fit  paraître  son  ou- 
trage j  intitulé  :\.EÏÏÈsiti.  Or,  le  melon  de 
Zeno  est  le  dos  d*un  luth,  et  Ton  ne  comprend 
pas  ce  que  veut  dire  Salfi  avec  sa  désigna- 
tion d'Annibal  Melone  par  un  melon.  Mais  le 
plus  plaisant  est  Touvrage  intitulé  :  le  Désir, 
suivant  celui-ci.  Il  est  très-vrai  que  Botlrigari 
»'est  caché  sous  le  nom  d'Alemanno  Benelli, 
anagramme d'Annibal  Melone;  mais  en  inti- 


tulant son  dialogue  sur  les  concerts  d'instru- 
ments de  son  temps  //  Desiderio,  il  a  voulu 
honorer  son  ami  Grazioso  Desiderio,  Tun 
des  interlocuteurs  du  dialogue,  et  non  expri- 
mer un  <f^str  quelconque.  Le  Dictionnaire 
historique  publié  à  Paris,  en  vingt  volumes 
in-8<>,  par  Prudhomme,  a  renouvelé  rhistoire 
du  melon.  Gerber,  dans  son  premier  Lexique 
des  musiciens ,  dit  que  M«lone  s'est  rendu 
utile  à  rhistoire  de  la  musique  par  son  ou* 
vrage  :  Desiderio  diJllemano  BeneUi,  ana- 
gramme d'Annibal  Melone.  Il  ajoute  :  v  On 
tt  crut  d'abord  que  Bottrigari  en  était  l'auteur, 
«  et  cette  opinion  acquit  encore  plus  de  vrai- 
«  semblance,  parce  que,  loin  de  la  contredire, 
tt  ce  derpler  fit  publier  sous  son  nom  une  se- 
a  conde  édition  de  l'ouvrage.  »  Voilà  donc 
Bottrigari  dépossédé  de  son  livre*,  mais  voici 
bien  autre  chose  .*  Haym  a  placé  dans  sa  no- 
tice des  livres  rares,  sous  le  nom  de  Benelli,  le 
Desiderio,  dont  il  donne  tout  le  titre,  en 
citant  l'édition  publiée  à  Venise,  en  1594,  par 
Richard  Amadino.  Forkel,  cofvant  Haym,  a 
placé  (Allgem.  Litteratur  der  Musik,  p.  443) 
l'article  Benelli  après  celui  de  Bottrigari,  et  a 
fait  deux  ouvrages  différents  du  même  livre 
portant  le  même  titre;  enfin,  dans  son  se- 
cond Lexique,  Gerber  ajoute  ce  supplément  à 
son  article  Melone  :  u  II  s'appelait  ordinaire- 
«  ment  Alemanno  Benelli,  anagramme  de' son 
a  véritable  nom.  Il  n'était  pas  seulement  com- 
«  positeur,  comme  il  est  dit  dans  l'ancien 
«  Lexique,  mais  aussi  théoricien,  comme  le 
«  prouve  l'écrit  polémique  suivant  dirigé 
tt  contre  François  Patrixio  .*  Il  Desiderio, 
«  ovvero  de'  concerti,  ete.  »  Or,  l'écrit  polé- 
mique dirigé  contre  Patrizio,  ou  Patrizi,  sa- 
vant italien,  zélé  platonicien  qui  avait  attaqué 
Aristoxène  dans  un  de  ses  écrits,  n'est  point 
intitulé  n  Desiderio,  mais  /{  Patrizio, 
owero  de'  tetracordi  armonici  di  Jristos- 
seno,  et  ce  n'est  point  Melone,  mais  Bottrigari 
{voyez  ce  nom)  qui  en  est  l'auteur.  Choron  et 
Fayolle  ont  copié  aveuglément  le  premier 
Lexique, de  Gerber  dans  leur  Dictionnaire 
historique  des  musiciens  (Paris,  1810-1811), 
et  le  Dictionary  of  mueicians  (Londres, 
1824)  l'a  abrégé  en  quelques  lignes.  Fantuzzi, 
dans  l'article  i?o«riVari  de  ses  notices  sur  les 
écrivains  de  Bologne  (t.  II),  dit  que  Bottrigari 
avait  donné  son  ouvrage  à  Melone  avec  la  per- 
mission de  le  faire  imprimer  sous  l'ana- 
gramme de  son  nom;  mais  que  plus  tard 
Melone  divulgua  le  secret  du  pseudonyme  et 
se  donna  pour  r.)uteur  du  livre.  OfTensé  de  ce 
procédé,  Bottrigari  publia  alors   une  autre 


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76 


MELONE  —  WENDEL 


édition  de  ce  même  livre  sous  son  nom.  Il 
esl  au  moins  singulier  que  Licblenthal  et 
M.  Becker,  qui  ont  cité  ce  passage  de  Fanluzzi, 
aient  fait,  comme  Forkel,  deux  articles  pour 
le  même  livre,  et  qu'ils  aient  répété  ses  er- 
reurs sur  le  Patriiio. 

Melone,  qui,  suivant  ce  qui  était  convenu 
entre  Botlrigari  et  lui,  avait  fait  imprimer,  à 
Venise,  Jl  Desidèrio,  sous  Tanâgramme  de 
son  nom  Memanno  BeneW,  puis  avait  révélé 
le  secret  de  cet  anagramme  à  quelques  amis, 
laissant  croire  qu*ii  était  le  véritable  auteur 
de  Pouvrage,  Helone,  dis-je,  voyant  que  Bot- 
trigari  avait  fait  faire  une  nouvelle  édition  du 
livre  à  Bologne,  sous  son  propre  nom,  eut  un 
moment  d^bumeur  qui  le  poussa  à  faire  pa- 
raître ce  qui  restait  d'exemplaires  de  Tédition 
de  Venise  de  1594,  avec  un  nouveau  fronti- 
spice portant  ce  titre  :  //  Desidèrio,  ovvero 
de'  eoncerti  mwieali^  etc.  Dialogo  di  jinni- 
baie  Meîone;  Milano,  appresso  gli  Slampatori 
Arcieplscopali ,  1001.  Mais  bientôt  après,  il 
sentit  ce  qu'il  y  avait  d'indélicat  dans  ce  pro- 
cédé, et  il  se  réconcilia  avec  son  ami.  C'est 
alors  qu'il  lui  écrivit  la  letlre  qui  donna  nais- 
sance à  l'écrit  de  Botlrigari  :  Jl  Melone,  dis- 
corso  armontco,  tffc.  (conférez  cet  article  avec 
celui  de  Bottai  g  ari). 

Melone  était  compositeur.  On  trouve  quel- 
ques-uns de  ses  motets  à  quatre  voix  dans 
les  Mutetx  $acrx  publiés  par  Lechner,  en 
1583. 

MELTON  (  GniLLAUMB  ) .  cbancelier  du 
ducbé  d'Tork,  au  commencement  du'seizième 
siècle,  a  laissé  en  manuscrit  un  traité  De  Mu- 
sied  ecclesiastied. 

MELYIO  (François- Marie),  maître  de 
chapelle  à  Castello,dans  l'État  de  Venise,  vers 
le  milieu  du  dix -septième  siècle,  a  fait  impri- 
mer, à  Venise,  La  Galatea,  recueil  de  chants 
à  voix  seule,  en  1648.  On  a  aussi  de  lui  un  re- 
cueil de  motels  intitulé  :  Cantiones  tacrm 
2-5  voeibus  concinendâs  ;  Venise,  1650. 

MËLZEL  (Georges),  chanoine  régulier  de 
l'ordre  des  Prémontrés,  à  Strahow^  naquit  i 
Tein,  en  Bohême,  en  1634.  Dans  sa  jeunesse, 
il  étudia  la  musique  comme  enfant  de  chœur, 
et  acquit  des  connaissances  étendues  dans  cet 
art.  En  1663,  on  le  chargea  de  la  direction  de 
la  musique  à  l'église  de  Saint-Benoit,  à 
Prague.  En  1660,  il  quitta  cet  emploi  et  fut 
curé  à  Teising,  ensuite  à  Saatz  et  à  Muhlhausen  ; 
puis  11  alla  chercher  du  repos  au  couvent  de 
Slrahow,  où  il  mourut  le  51  mars  1693,  à  l'âge 
de  soixante- neuf  ans.  Il  a  laissé  en  ma- 
nuscrit des  vêpres  et  des  motets  qui  ont  été 


considérés  en  Bohême  comme  des  modèles  en 
leur  genre. 

MENAULT  (PiERRE-RicnARD),  prêtre  cl 
chanoine  de  Châlons,  naquit  à  Beaune,  où  il  se 
trouvait,  en  1676,  comme  maître  des  enfants 
de  chœur  de  l'église  de  Sainte-Marie.  Il  fut 
ensuite  maître  de  musique  de  l'église  collé- 
giale de  Saint-Élienne  de  Dijon,  où  il  se  trou- 
vait en  1691.  On  a  de  lui  :  P  Missa  quinque 
vocibus  ad  imitationem  moduli  0  felix  pa- 
rens;  Paris,  Christophe  Ballard,  1676,  in-fol. 
2«  Missa  sex  vocibus  ad  imitationetn  mo- 
duli Tu  es  spes  mea;  ibid.,  1686,  in-fol. 
3'  Missa  quinque  vocibus  ad  imitaiionem 
moduli  Ave  senior  Stéphane;  ibid.,  1687, 
in-fol.  Â^  Missa  sex  vocibus  Ferle  rosas; 
ibid.,  1691,  in-fol.  5«  Missa  sex  vocf6us  Date 
lilia;  ibid.,  1692,  in-fol.  Meuault  a  fait  aussi 
imprimer  des  vêpres  qu'il  a  dédiées  au  père 
Lachaise,  confesseur  de  Louis  XIV.  Il  est  mort 
en  1694,  âgé  d'environ  cinquante  ans. 

]IIE^DE(Jeaii-Gottl6b),  facteur  d'orgues, 
à  Leipsick,  né  le  3  août  1787,  à  Siebenlehn,  près 
de  Freyberg,  a  construit,  en  1846,  l'orgue  de 
l'église  Sainte-Pauline,  à  Leipsick, et,  en  1847, 
celui  de  l'église  Neuve,  dans  la  même  ville. 

MEi^DEL  (Jeak),  directeur  "de  musique, 
pianiste  et  organisle  de  l'église  principale,  à 
Berne;  professeur  de  piano  et  compositeur, 
est  né  i  Darmsladt,  et  a  fait  ses  études  musi- 
cales sous  la  direction  de  Rink  (voyez  ce  nom). 
Ayant  obtenu,  en  1831,1a  place  d'organiste  à 
Berne,  il  y  ajouta  bientôt  celle  de  directeur  de 
musique  et  devint  en  peu  de  temps  l'àmcde 
l'activité  musicale  de  celte  ville.  Il  y  organisa 
des  concerts  et  dirigea  l'orchestre  avec  lalent. 
En  1840,  il  voulut  revoir  le  lieu  de  sa  nais- 
sance et  son  vieux  maître,  et  le  0  octobre 
1840,  il  donna  un  concert  d'orgue  dans 
l'église  de  Darmstadt,  et  y  Fit  admirer  son 
habilelé.  Cet  artiste  a  publié:  !«  Vingt-quatre 
chants  à  deux  voix  pour  les  écoles  de  garçons 
et  de  filles,  op.  5;  Berne, Dalp,  1833. 3«  Vingt- 
quatre  idem^  op.  6,  ibid.  S"  Theoretische 
prdktiscke  Jnleitung  %um  Schulgesange 
(Introduction  théorique  et  pratique  au  chant 
pour  les  écoles);  ibid.,  1836,  in-13.  4»  lieder 
à  quatre  voix  pour  un  chœur  d'hommes, 
op.  9;  ibid.,  1837.  5«  Jdem,  op.  10  ;  idid., 
1838.  O"  Douze  préludes  d'orgue,  op.  11; 
ibid.,  1840.  7<>  Lieder  àyec  accompagnement 
de  piano,  op.  13;  ibid.,  1841.  8«  Lieder  â 
h  voix  seule  avec  piano,  op.  14;  Mayence, 
Schott.  Ç^  Idem,  op.  15;  ibid.  10«  Chants 
|H)ur  quatre  voix  d'hommes;  Berne,  Uuber. 
Quelques  œuvres  pour  le  piano. 


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MENDELSSOHN  -  MENDELSSOIIN-BARTUOLDY 


BIEiMDELSSOUN  (ittosES  ou  Moïse),  ce- 
Jèbre  philosophe  et  littérateur  Israélite,  naquit 
à  Dessau,  le  9  septembre  1739.  Fils  d*UD  écri* 
vain  puMic  employé  à  faire  des  copies  de  la 
Bible  pour  les  synagogues,  il  passa  une  partie 
de  sa  jeunesse  dans  une  situation  voisine  de 
Ja  misère;  mais  il  trouva  des  ressources  en 
lui-même  pour  son  instruction,  et  son  génie, 
qui  se  maniresta  de  bonne  heure,  Téleva  au- 
dessus  de  tousses  coreligionnaires,  et  le  ren- 
dit un  des  hommes  les  plus  remarquables  de 
son  temps.  Après  une  vie  consacrée  à  des  tra- 
vaux qui  illustrèrent  son  nom  et  qui  exercé* 
l'eut  une  influence  bienfaisante  sur  la  situa- 
tion des  Juifs  en  Allemagne,  il  mourut  k 
Berlin,  le  4  janvier  1786.  La  plupart  des 
écrits  de  Mendelssobn  sont  étrangers  à  Tobjet 
de  ce  dictionnaire  :  il  n'y  est  cité  que  i)Our  ce 
qu'il  a  écrit  concernant  TEsthétique  de  ta 
musique  dans  la  dissertation  sur  les  prin- 
cipes fondamentaux  des  beaux-arts  et  des 
sciences  insérée  dans  le  deuxième  volume  de 
ses  œuvres  philosophiques  (p.  95-153,  édition 
de  Berlin,  1761).  On  trouve  aussi  des  vues  éle- 
vé^ concernant  cet  art  dans  ses  Lettres  sur  les 
sentimenU  (Berlin,  1755). 

JUEI^DELSSOUIN-BARTUOLDY  (Fé- 
lix), compositeur  célèbre,  petit-lils  du  précé- 
dent et  flls  d*un  riche  banquier,  naquit  à 
Hambourg  (1),  le  5  février  1809.  Il  n^était 
âgé  que  de  trois  ans  lorsque  sa  famille  alla 
s'établir  à  Berlin.  Dans  ses  premières  années, 
Mendelssobn  montra  de  rares  dispositions 
lK)ur  la  musique.  Confié  à  renseignement  de 
Berger,  pour  le  piano,  et  de  Zeller,  pour  Thar- 
monie  et  de  contrepoint,  il  fit  de  si  rapides 
progrès,  qu'à  Tâge  de  huit  ans  il  était  ca- 
pable de  lire  toute  espèce  de  musique  à  pre- 
mière vue,  et  d'écrire  de  l'harmonie  correcte 
sut*  une  basse  donnée.  Une  si  belle  organisa- 
lion  promettait  un  grand  artiste.  Le  travail  lui 
était  d'ailleurs  si  facile  en  toute  chose,  et  son 
iulelligence  était  si  pronple,  qu'à  l'âge  de 
seize  ans  il  avait  terminé  d'une  manière  bril- 
lante toutes  ses  études  littéraires  et  scienti- 
litiues  du  collège  et  de  l'univeisilé.  Il  lisait 
les  auteurs  latins  et  grecs  dans  leurs  langues; 
à  dix-sept  ans,  il  fit  une  traduction  en  vers 
allemands  de  VJndrienne  de  Térence,  qui  fut 
imprimée  à  Berlin  sous  les  iniliales  F.  M.  B. 
Enfin,  les  langues  française,  anglaise  et  ita- 
lienne lui  étaient  aussi  familières  que  celle  de 

(I)  J'ai  dit. dam  la  premicre  édition  de  cctfe  Diof/ra' 
Vhie  des  Mmiciens,  que  Mendelssobn  était  né  à  Berlin; 
!e  Lexique  nniwtritt  de  musique^  publié  par  Schilling, 
n'avaii  fourni  ce  renseignement  inexact  (T.  IV,  p.  C54). 


sa  patrie.  De  plus,  il  cultiva  aussi  avec  succès 
le  dessin  et  la  peinture,  et  s'en  occupa  avec 
plaisir  jusqu'à  ses  derniers  jours.  Également 
bien  disposé  pour  les  exercices  du  corps,  il 
maniait  un  cheval  avec  grâce,  était  habile 
dans  l'escrime  et  passait  pour  excellent  na- 
geur. Obligé  de  satisfaireà  tant  d'occupations, 
il  ne  put  jamais  donner  à  l'étude  du  piano  le 
temps  qu*y  consacrent  les  virtuoses  de  profes- 
sion ;  mais  ses  mains  avaient  une  adresse  na- 
turelle si  remarquable,  quMI  put  briller  par 
son  habileté  partout  où  il  se  fit  entendre.  Il 
n*y  avait  pas  de  musique  de  piano  si  difficile 
qu'il  ne  pût  exécuter  correctement,  et  les 
fugues  de  J.-S.  Bach  lui  étaient  si  familières, 
qu'il  les  jouait  toutes  dans  un  mouvement  ex- 
cessivement rapide.  Son  exécution  était  ex- 
pressive et  pleine  de  nuances  délicates.  Dans 
un  séjour  qu'il  avait  fait  à  Paris  à  l'âge  de 
seixe  ans,  il  avait  reçu  de  madame  Bigot 
{voyez  ce  nom)  des  conseils  qui  Ini  furent 
très-utiles  pour  son  talent  de  pianiste;  jus- 
qu'à la  fin  de  sa  carrière,  il  conserva  pour  la 
mémoire  de  cette  femme  remarquable  un  sen- 
timent de  reconnaissance  et  d'affection. 

On  a  vu  ci-dessus  que  l'éducation  de  Men- 
delssobn pour  la  composition  fut  confiée  à 
Zelter  (voyez  ce  nom),  qui  parle  de  son  élève 
avec  un  véritable  attachement  dans  ses  letlres 
à  Gœlhe;  le  jeune  artiste  resta  longtemps 
dans  son  école;  trop  longtemps  peut-être,  car 
la  science  roide  et  scolastique  du  maître  ne 
parait  pas  avoir  laissé  à  la  jeune  imagination 
de  rélève  toute  la  liberté  qui  lui  aurait  été  né- 
cessaire. En  1831,  Zelter  fit  avec  Mendelssobn 
un  voyage  à  Weimar  et  le  présenta  à  Goethe, 
qiU,  dit-on,  s'émut  en  écoutant  le  jeune  mu- 
sicien-né. Déjà  il  jouait  en  maître  les  pièces 
difficiles  de  Bach  et  les  grandes  sonates  de 
Beethoven.  Quoiqu'il  n'eût  point  encore  atteint 
sa  treizième  année,  il  improvisait,  sur  un 
thème  donné,  de  manière  à  faire  naître  l'éton- 
nement.  Avant  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  avait 
écrit  ses  trois  quatuors  pour  piano,  violon,  alto 
et  basse  ;  des  sonates  pour  piano  seul  ;  sept  piè- 
ces caractéristiques  pour  le  même  instrument  ; 
douze  Lieder  pour  voix  seule  avec  piano; 
douze  chants  tdem,  et  l'opéra  en  deux  actes, 
intitulé  :  les  Noces  de  Gamache,  qui  fut  repré- 
senté à  Berlin  quand  l'auteur  n'avait  que  seize 
ans.  S'il  y  avait  peu  d'idées  nouvelles  dans  ces 
premières  œuvres,  on  y  remarquait  une  facture 
élégante,  du  goût,  et  plus  de  sagesse  dans  l'or- 
donnance des  morceaux  qu*on  n^eut  pii  l'at- 
tendre d'un  artiste  si  jeune.  Plus  heureux  que 
d'autres  enfants  prodiges,  à  cause  do  la  i)o$i- 


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78 


MENDELSSOHN-BARTHOLDY 


tioQ  de  fortune  de  ses  parents,  il  ne  voyait 
pas  son  talent  exploité  par  la  spéculation,  et 
toute  liberté  lui  était  laissée  pour  le  dévelop- 
pement de  ses  facultés.  Le  succès  des  Noce$  de 
Gamache  n^ayant  pas  répondu  aux  espé- 
rances des  amis  de  Mendelssobn,  il  relira  son 
ouvrage  de  la  scène,  mais  la  partition,  réduite 
pour  le  piano,  fut  publiée. 

En  1829,  Mendelssobn  partit  de  Berlin  pour 
voyager  en  France,  en  Angleterre  et  en  Ita- 
lie. Je  le  trouvai  à  Londres  au  printemps  de 
cette  année,  et  j'entendis,  au  concert  de  la  So- 
ciété philharmonique,  sa  première  symphonie 
(en  ut  mineur).  Il  éuit  alors  âgé  de  vingt  ans. 
Son  extérieur  agréable,  la  culture  de  son  es- 
prit, et  rindépendance  de  sa  position  le  firent 
accueillir  avec  distinction,  et  commencèrent 
ses  succès,  dont  Téclat  s'augmenta  à  chaque 
voyage  qu'il  fit  en  Angleterre.  Après  la  saison^ 
il  parcourut  TÊcosse.  Les  impressions  qu'il 
éprouva  dans  cette  contrée  pittoresque  lui 
Inspi lurent  son  ouverture  de  concert  connue 
sous  le  titre  de  Fingalkœhle  (la  Grotte  de 
Fingal) .  De  retour  sur  le  continent,  il  se  rendit 
en  Italie  par  Munich,  Salzbourg,  Linz  et 
Vienne,  en  compagnie  de  Hildebrand,  de 
Hubner  et  de  Bendemann,  peintres  de  l'école 
de  Dusseldorf.  Arrivé  à  Rome,  le  2  novembre 
1830,  il  y  trouva  Berlioz,  avec  qui  il  se  lia  d'ami- 
tié. Après  cinq  mois  de  séjour  dans  la  ville 
éternelle,  qui  ne  furent  pas  perdus  pour  ses 
travaux,  il  partit  pour  Naples,  où  il  arriva  le 
10  avril  1831.  Il  y  passa  environ  deux  mois, 
moins  occupé  de  la  musique  italienne  que  de 
la  beauté  du  ciel  et  des  sites  qui  exercèrent 
une  heureuse  influence  sur  son  imagination; 
puis  il  revint  par  Rome,  Florence,  Gènes,  Mi- 
lan, parcourut  la  Suisse,  et  revit  Munich  au 
mois  d'octobre  de  la  même  année.  Arrivé  à 
Pans  vers  le  milieu  de  décembre,  il  y  resta  jus- 
qu'à la  fin  de  mars  1832.  On  voitdans  ses  lettres 
de  voyage  (1)  qu'il  n'était  plus  alors  le  jeune 
homme  modeste  et  candide  de  1820.  Il  se  fait 
le  centre  de  la  localité  où  il  se  trouve  et  se  pose 
en  critique  peu  bienveillant  de  tout  ce  qui 
l'entoure.  Parlant  d'une  des  soirées  de  musique 
de  chambre  données  par  Baillot,  à  laquelle  il 
assista,  et  dans  laquelle  ce  grand  artiste  avait 
exécuté  le  quatuor  de  Mendelssobn  en  mi  ma- 
jeur, il  dit  :  jéu  commencemetU  on  joua  un 
quintette  de  Boecherini,  une  perruque  (Den 
Anfang  machte  ein  Quinlelt  von  Boecherini, 
cine  Perrucke)  !  Il  ne  comprend  pas  que  sous 

(I)  Reisebriefe  von  Félix  Mendelttohn-Dartholdy,  aui 
den  Jahren  1830  bi$  1832.  Lcipsick,  Herraann  Mendels- 
sobn, 18CI,  1  vol.  ia-8«. 


cette  perruque  il  y  a  plus  d*idées  originales  et 
de  véritable  inspiration  qu'il  n'en  a  mis  dans 
la  plupart  de  ses  ouvrages.  Mécontent,  sans 
doute,  de  n'avoir  pas  produit  à  Paris,  par  ses 
compositions,  l'impression  quMl  avait  espérée, 
il  s'écrie  (2),  en  quittant  cette  ville  :  Paris 
e$t  le  tombeau  de  toute*  les  réputations  (Pa- 
ris sel  das  Grab  aller  Beputationen).  Le  son- 
venir  qu'il  en  avait  conservé  fut,  sans  aucun 
doute,  la  cause  qui  lui  fit  prendre  la  résolution 
de  ne  retourner  jamais  dans  cette  grande 
ville,  tandis  qu'il  fit  sept  longs  séjours  en  An- 
gleterre, pendant  les  quinze  dernières  années 
de -sa  vie,  parce  qu'il  y  était  accueilli  avec 
enthousiasme.  En  toute  occasion,  il  ne  par- 
lait de  la  France  et  de  ses  habitants  qu*avec 
amertume,  et  affectait  un  ton  de  mépris  pour 
le  goût  de  ceux-ci  en  musique. 

Un  des  amis  de  Mendelssobn  ayant  été 
nommé  membre  du  comité  organisateur  de  la 
fête  musicale  de  Dusseldorf,  en  1833,  le  fit 
choisir  pour  la  diriger,  quoiqu*il  n'eût  pas 
encore  de  réputation  comme  chef  d^orcbestre; 
mais  le  talent  dont  il  fit  preuve  en  cette  cir- 
constance fut  si  remarquable,  que  la  place  de 
directeur  de  musique  de  cette  ville  lui  fut 
offerte  :  il  ne  l'accepta  que  pour  le  terme  de 
trois  années,  se  réservant  d'ailleurs  le  droit 
de  l'abandonner  avant  la  fin,  si  des  circon- 
stances imprévues  lui  faisaient  désirer  sa 
retraite.  Ses  fonctions  consistaient  à  diriger 
la  Société  de  chant,  l'orchestre  des  concerts  et 
la  musique  dans  les  églises  catholiques,  non- 
obstant son  origine  judaïque.  C'est  de  cette 
époque  que  date  la  liaison  de  Mendelssobn 
avec  le  poète  Immermann,  beaucoup  plus  4gé 
que  lut.  Des  relations  de  ces  deux  hommes 
si  distingués  résulta  le  projet  d'écrire  un 
opéra  d'après  la  Tempête  de  Shakespeare.  Les 
idées  poétiques  ne  manquaient  pas  dans  le 
travail  d'Immermann;  mais  ce  littérateur 
n'avait  aucune  notion  des  conditions  d'un 
livret  d'opéra:  son  ouvrage  fut  entièrement 
manqué  sous  ce  rapport.  Mendelssobn  jugea 
qu'il  était  impossible  de  le  rendre  musical, 
et  le  projet  fut  abandonné.  Cependant  le  désir 
de  donner  au  théâtre  de  Dusseldorf  une  meil- 
leure organisation  détermina  les  deux  artistes 
à  former  une  association  par  actions;  les  ac- 
tionnaires nommèrent  un  comité  directeur,  qui 
donna  au  poêle  Immermann  l'intendance  pour 
le  drame,  et  à  Mendelssobn  pour  l'opéra.  On 
monta  Don  Juan  de  Mozart,  et  les  Deux  Jour- 
nées de  CherubinI;  enfin ,  Immermann  ar- 

(2)  Lcllrc  du  31  mari  1832,  i6iV/.,  328. 


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MENDELSSOHiN-BARïIIOLDY 


79 


rangea  pour  la  scène  allemande  un  drame  de 
Galderon,  pour  lequel  Mendeissohn  composa 
de  la  musique  qui  ne  fut  pas  goûtée  et  qui  n'a 
pas  été  connue.  De  mau?ais  choix  d'acteurs  et 
de  chanteurs  avaient  été  faits,  car  ces  deux 
hommes, dont  le  mérite,  chacun  en  son  genre, 
ne  pouvait  être  contesté,  n*entendaient  rien  à 
Part  dramatique.  Des  critiques  désagréables 
furent  faites;  Mendeissohn,  dont  Tamour- 
propre  n'était  pas  endurant,  sentit  qu'il 
n'était  pas  à  sa  place,  et  donna  sa  démission 
de  la  place  de  directeur  de  musique,  au  mois 
de  juillet  1855.  Je  l'avais  retrouvé,  en  1834,  à 
Aix-la-Chapelle,  où  il  s'éUit  rendu  à  l'occa- 
sion des  fêtes  musicales  de  la  Penlec6te.  Une 
sorte  de  rivalité  s'était  établie  entre  lui  et 
Ries,  parce  qu'ils  devaient  diriger  alternati- 
vement ces  fêles  des  villes  rhénanes.  Malheu- 
reusement, il  n'y  avait  pas  dans  cette  rivalité 
les  égards  que  se  doivent  des  artistes  distin- 
gués. Mendeissohn  parlait  de  la  direction  de 
son  émule  en  termes  peu  polis  qui  furent  rap- 
portés à  celui-ci.  Ries  me  parla  alors  des  cha- 
grins que  lui  causait  le  langage  inconvenant 
de  son  jeune  rival. 

Mendeissohn  avait  écrit  à  Dusseldorf  la 
plus  grande  partie  de  son  Paulus,  oratorio: 
il  l'acheva,  en  1835,  à  Leipsick,  où  il  s'était 
retiré,  après  avoir  abandonné  sa  position. 
Ayant  été  nommé  directeur  des  concerts  de  la 
Ualle-aux-Draps  (Getcandhatu),  dans  la  même 
ville,  il  prit  possession  de  cet  emploi  le  4  oc- 
tobre, et  fut  accueilli,  à  son  entrée  dans  l'or- 
chestre, par  les  acclamations  de  la  foule  qui 
remplissait  la  salle.  Dès  lors,  la  musique  prit 
un  nouvel  essor,  à  Leipsick,  et  l'heureuse 
influence  de  Mendeissohn  s'y  fit  sentir  non- 
seulement  dans  les  concerts,  mais  dans  les  so- 
ciétés de  chant  et  dans  la  musique  de  chambre. 
Lui-même  se  faisait  souvent  entendre  comme 
virtuose  sur  le  piano.  Par  reconnaissance  pour 
la  situation  florissante  où  l'art  était  parvenu, 
grâce  à  ses  soins  dans  cette  ville  importante 
de  la  Saxe,  l'université  lui  conféra  le  grade  de 
docteur  en  philosophie  et  beaux-arts,  en  1836, 
et  le  roi  de  Saxe  le  nomma  son  maître  de 
chapelle  honoraire.  En  1837,  Mendeissohn 
c'pousa  la  fille  d'un  pasteur  réformé  de  Franc- 
fort-su r-le-Mein ,  femme  aimable  dont  la 
bonté,  l'esprit  etla  grâce  firent  le  bonheur  de 
sa  vie. 

Appelé  à  Berlin  en  qualité  de  directeur  gé- 
néral de  la  musique  du  roi  de  Prusse,  il  alla 
s'y  établir  et  y  écrivit  pour  le  service  de  la 
cour  la  musique  intercalée  dans  les  tragédies 
antiques  VJntigone,  VŒdipe  roi,  ainsi  que 


dans  j^thalie.  Ce  fut  aussi  à  Berlin  qu'il  com- 
posa les  morceaux  introduits  dans  le  Songe 
d'une  nuit  d'été  de  Shakespeare,  dont  il 
avait  écrit  l'ouverture  environ  dix  ans  aupa- 
vant.  Cependant  les  honneurs  etla  faveur  dont 
il  jouissait  'près  du  roi  ne  purent  le  décider  à 
se  fixer  dans  la  capitale  de  la  Prusse,  parce 
qu'il  n'y  trouvait  pas  la  sympathie  qu'avaient 
pour  lui  les  habitants  de  Leipsick.  Berlin  a 
toujours,  en  effet,  montré  peu  de  goût  pour 
la  musique  de  Mendeissohn.  Nul  doute  que  ce 
fut  ce  motif  qui  le  décida  à  retourner  à  Leip- 
sick, où,  à  l'exception  de  quelques  voyages  à 
Londres  ou  dans  les  villes  des  provinces  rhé- 
nanes, il  se  fixa  pour  le  reste  de  ses  jours.  Les 
époques  de  ses  séjours  en  Angleterre  furent 
1832,  1833,  1840, 1842,  1844,  1846,  où  il  fit 
entendre  pour  la  première  fois  son  Elie,  au 
festival  de  Birmingham,  et,  enfin,  au  mois 
d'avril  1847.  Celte  fois,  il  ne  resta  à  Londres 
que  peu  de  jours,  car  il  était  de  retour  à  Leip- 
sick à  la  fin  du  même  mois.'  11  avait  formé  le 
projet  de  passer  l'été  à  Yevay  ;  mais  au  mo- 
ment où  il  venait  d'arriver  à  Francfort,  pour  y 
retrouver  sa  femme  et  ses  enfants,  il  reçut  la 
nouvelle  de  la  mort  de  madame  Hansel,  sa 
sœur  bien-aimée.  Cette  perle  cruelle  le  frappa 
d'une  vive  douleur.  Madame  Mendeissohn,, 
dans  l'espoir  de  le  distraire  par  les  souvenirs 
de  sa  jeunesse,  l'engagea  à  parcourir  la 
Suisse  :  il  s'y  laissa  conduire  et  s'arrêta 
d'abord  à  Baden,  puis  à  Laufen,  et,  enfin,  à 
Interlaken,  où  il  resta  jusqu'au  commence- 
ment de  septembre.  Peu  de  jours  avant  son 
départ,  il  improvisa  sur  l'orgue  d'une  petite 
église  de  village,  sur  les  bords  du  lac  de 
Brienz  :  ce  fut  la  dernière  fois  qu'il  se  fit  en- 
tendre sur  un  instrument  de  cette  espèce.  Peu 
d'amis  se  trouvaient  réunis  dans  l'église  :  tous 
furent  frappés  de  l'élévation  de  ses  idées,  qui 
semblaient  lui  dicter  un  chant  de  mort.  Il  avait 
eu  le  dessein  d'aller  â  Fribourg  pour  connaître 
l'orgue  construit  par  Moser;  mais  le  mauvais 
temps  l'en  empêcha.  L'hiver  arrive,  dit-il 
à  ses  amis^  i7  est  temps  de  retourner  à  nos 
foyers. 

Arrivé  àLeipsick,ily  reprit  ses  occupations 
ordinaires.  Bien  que  l'aménité  de  son  cacac- 
lère  ne  se  démentit  pas  avec  sa  famille  et  ses 
amis,  on  apercevait  en  lui  un  penchant  à  la 
mélancolie  qu'on  ne  lui  connaissait  pas  autre- 
fois. Le  9  octobre,  il  accompagnait  quelques 
morceaux  de  son  Elie  chez  un  ami,  lorsque  le 
sang  se  porta  tout  à  coup  avec  violence  à  sa 
télc  et  lui  fit  perdre  connaissance;  on  fut 
obligé  de  la  transporter  chez  lui.  Le  médecin, 


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80 


MENDELSSOIIN-BARTHOLDY 


qu'on  s'était  empressé  d'aller  chercher , 
n'hésita  pas  à  faire  usage  des  moyens  les  plus 
énergiques  dont  l'heureux  effet  fut  immédiat. 
Rétabli  dans  un  état  de  santé  satisfaisant,  du 
moins  en  apparence,  vers  la  fin  du  mois,Men- 
delssohn  reprit  ses  promenades  habituelles, 
soil  à  pied,  soit  à  cheval;  il  espérait  même 
être  bient6t  assez  fort  pour  se  rendre  à  Vienne^ 
pour  y  diriger  l'exécution  de  son  dernier  ora- 
torio et  il  s'en  réjouissait  ;  mais  le  38  du  même 
mois,  après  avoir  fait  une  promenade  avec  sa 
femme  et  dtné  de  bon  appétit,  il  subit  une 
seconde  attaque  de  son  mal,  et  le  médecin  dé- 
clara qu'il  était  frappé  d'une  apoplexie  ner- 
veuse et  que  le  danger  était  imminent.  Les 
soins  qui  lui  furent  prodigués  lui  rendirent  la 
connaissance.  Il  eut  des  moments  de  calme  et 
dormit  d'un  sommeil  tranquille  ;  mais,  le  3  no- 
vembre, l'attaque  d'apoplexie  se  renouvela,  et 
dès  ce  moment  il  ne  reconnut  plus  personne. 
Entouré  de  sa  famille  et  de  ses  amis,  il  expira 
le  lendentfain ,  4  novembre  1847,  à  0  heures 
du  soir,  avant  d'avoir  accompli  sa  trente-neu- 
vième année.  On  lui  fit  des  obsèques  somp- 
tueuses, auxquelles  prit  part  toute  la  popula- 
tion de  Leipsick,  en  témoignage  du  sentiment 
douloureux  inspiré  par  la  mort  prématurée 
d'un  artiste  si  remarquable.  L'Allemagne  tout 
entière  fut  émue  de  ce  triste  événement. 

Si  Mendeissohn  ne  posséda  pas  un  de  ces 
génies  puissants,  originaux,  tels  qu'en  vit  le 
dix-huitième  siècle;  s'il  ne  s'éleva  pas  à  la 
hauteur  d'un  Jean-Sébastien  Bach,  d'un 
Ilœndel,  d'un  Gluck,  d'un  Haydn,  d'un  Mo- 
zart, d'un  Beethoven  ;  enfin,  si  l'on  ne  peut  le 
placer  au  rang  de  ces  esprits  créateurs,  dans 
les  diverses  déterminations  de  l'art.  Il  est  hors 
de  doute  qu'il  tient,  dans  l'histoire  de  cet  art, 
une  place  considérable  iAimédiatement  après 
eux,  et  personne  ne  lui  refusera  jamais  la  qua- 
lification de  grand  musicien.  Il  a  un  style  à 
lui  et  des  formes  dans  lesquelles  se  fait  recon- 
naître sa  personnalité.  Le  scherzo  élégant  et 
coquet,  à  deux  temps,  de  ses  compositions  in- 
strumentales, est  de  son  invention.  Il  a  de  la 
mélodie;  son  harmonie  est  correcte  et  son  in- 
strumentation colore  bien  ses  idées,  sans 
todiber  dans  l'exagération  des  moyens.  Dans 
ses  oratorios,  il  a  fait  une  heureuse  alliance 
de  la  gravité  des  anciens  maîtres  avec  les  res- 
sources de  l'art  moderne.  Si  son  inspiration 
n'a  pas  le  caractère  de  grandeur  par  lequel  les 
géants  de  la  pensée  musicale  frappent  tout  un 
auditoire,  il  intéresse  par  l'art  des  dispositions, 
par  le  goiU  et  par  une  multitude  des  détails 
qui  déccicnl  un  sentiment  fin  et  délicat.  Mal- 


heureusement il  était  préoccupé  d'une  crainte 
qui  doit  avoir  été  un  obstacle  i  la  spontanéité 
de  ses  idées  ;  cette  crainte  était  de  tomber  dans 
certaines  formes  habituelles  par  lesquelles  les 
compositeurs  les  plus  originaux  laissent  re- 
poser de  temps  en  temps  l'attention  :  il  la  poi^ 
tait  jusqu'à  l'excès.  Bans  la  plupart  de  ses 
compositions,  on  sent  qu'elle  lui  fait  éviter 
avec  soin  les  cadences  de  terminaison,  et  faire 
un  constant  usage  de  l'artifice  de  Vinganno, 
appelé  communément  cadence  rompue;  aux 
conclusions  de  phrases,  qui  sont  de  nécessité 
absolue  pour  la  clarté  de  la  pensée,  il  substitue 
avec  une  sorte  d'obstination  ce  même  artifice, 
et  multiplie,  par  une  conséquence  inévitable, 
les  modulations  incidentes.  De  là  un  enchevê- 
trement incessant  de  phrases  accessoires  et 
surabondantes,  dont  l'effet  est  de  faire  perdre 
la  trace  de  la  pensée  première,  de  tomber  dans 
le  vague,  et  de  fiire  naître  la  fatigue.  Ce  dé- 
faut, remarquable  surtout  dans  les  œuvres  in- 
strumentales de  Mendeissohn,  est  un  des  traits 
caractéristiques  de  sa  manière.  Il  y  a  de  belles 
pages  dans  un  grand  nombre  de  ses  composi- 
tions ;  mais  il  est  peu  de  celles-ci  où  l'intérêt 
ne  languisse  en  de  certaines  parties,  par  l'ab- 
sence d'un  rbythme  périodique  bien  senti. 

Parmi  les  œuvres  de  musique  vocale  de 
Mendeissohn,  ses  oratorios  Paulusei  Elie  ne 
sont  pas  seulement  les  plus  importantes  par 
leurs  développemeiAs  ;  elles  sont  aussi  les  plus 
belles.  Ses  psaumes  42«,  05«,  98*  et  114%  avec 
orchestre,  renferment  de  belles  choses,  prin- 
cipalement au  point  de  vue  de  la  facture.  Il  a 
fait  aussi  des  chœurs  d'église  avec  orchestre, 
qui  sont  d'un  beau  caractère,  ainsi  que  d'au- 
tres psaumes  sans  instruments,  composés  pour 
le  Dom-Chorâe  Berlin  ;  enfin,  on  a  de  lui  des 
motels  pour  une,  deux  ou  quatre  voix  avec 
orgue.  Sa  grande  cantate  de  Walpurgische- 
nachtadt  la  réputation  en  Allemagne;  elle  y 
a  été  exécutée  dans  plusieurs  grandes  fêtes 
musicales.  Pour  moi,  après  l'avoir  entendue 
deux  fois,  j'en  ai  trouvé  le  style  lourd.  Men- 
deissohn avait  écrit  cet  ouvrage  à  Rome,  dans 
le  mois  de  décembre  1830,  à  l'âge  d'environ 
vingt-deux  ans  ;  mais  il  le  changea  presque  en- 
tièrement quatre  ou  cinq  ans  avant  sa  mort. 
C'est  sous  sa  dernière  forme  qu'il  est  mainte- 
nant connu.  A  l'égard  de  la  musique  de  l'^n* 
tigone  et  de  VŒdipe  àColone,  de  Sophocle^ 
ainsi  que  de  VAthalie  de  Racine,  écrits  à  la 
demande  du  roi  de  Prusse,  Frédéric-Guil- 
laumc  IV,  on  ne  les  a  publiés  qu'en  partition 
pour  le  piano.  Ces  ouvrages  sont  peu  connus; 
cependant  VŒdipe  a  été  essayé  au  théâtre  de 


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MENDELSSOHN-BARTHOLDY 


81 


rOdëon,  à  Parts,  mais  sans  succès.  Ainsi  qu'il 
a  été  dit  danscette  notice,  le  génie  de  Mendels- 
sohn  n^était  pas  essentiellement  dramatique; 
il  avait  lui-même  conscience  de  ce  qui  lui 
manquait  pour  Tintérét  de  la  scène,  car  son 
goût  ne  se  portait  pas  vers  ce  genre  de  com- 
position. On  sait  que  les  Noces  de  GamacHe, 
ouvrage  de  sa  première  jeunesse,  n*ont  pas 
réussi.  Après  cet  essai,  la  plus  grande  partie 
de  sa  carrière  d'artiste  s'écoula  sans  qu'il  pro- 
duisit rien  pour  le  théâtre.  Il  écrivit  pour  sa 
Tamille  une  sorte  d'intermède,  intitulé  :  Die 
Jfeimkehr  aus  der  Fremde  (le  Retour  de 
voyage  à  l'étranger);  il  ne  le  destinait  pas  à  la 
.  publicité  et  l'avait  gardé  dans  son  porlereuille; 
mais  ses  héritiers  l'ont  Tait  graver  au  Nombre 
de  ses  œuvres  posthumes.  On  y  trouve  qua- 
torze morceaux  é(rits  d'un  style  gracieux  et 
léger,  dont  une  romance,  six  Lieder  pourdir- 
Térenles  voix ,  un  duo  pour  soprano  et  con- 
tralto, deux  trios,  un  chœur  et  un  finale. 
Celte  composition,  à  laquelle  Mendelssohn  ne 
parait  pas  avoir  attaché  d'importance,  est 
néanmoins  une  de  ses  meilleures  productions, 
au  point  de  vue  de  l'inspiration  originale.  Il 
est  un  autre  ouvrage  mélodramatique  de  cet 
artiste  qui  a  droit  aux  éloges,  non-seulement 
des  connaisseurs,  mais  du  public ,  et  qui  fut 
écrit  dans  le  même  temps  que  celui  qui  vient 
d'être  mentionné  :  je  veux  parler  de  la  mu- 
sique composée  pour  la  traduction  allemande 
du  drame  si  original  de  Shakespeare,  le  Songe 
d'une  JVuit  d'été  {Ein  Summernachts- 
traum).  L'ouverture  inspirée  par  ce  sujet 
était  écrite  dès  1829;  mais  le  reste  de  la  par- 
tition ne  fut  composé  que  longtemps  après, 
pendant  le  séjour  de  Mendeissohn  à  Berlin, 
comme  directeur  général  de  la  chapelle  du 
loi  de  Prusse.  Tout  est  bien  dans  cet  ouvrage  : 
les  pièces  instrumentales  des  entr'acles,  la 
partie  mélodramatique  des  scènes,  la  chanson 
avec  le  choeur  de  Temmes,  la  marche  ;  tout 
est  plein  de  verve,  de  fantaisie  et  d'élé- 
gance. 

Mendeissohn  a  peu  réussi  dans  la  sympho- 
nie, une  seule  exceptée.  La  première  (en  ut 
mineur)  n'est  quele  travail  d'un  jeune  homme 
en  qui  Ton  aperçoit  de  l'avenir.  Le  Chant 
dt  louange  (Lobgesang),  ou  Symphonie  can- 
tate (op.  53),  comptée  par  le  compositeur 
comme  sa  seconde  symphonie,  n'est  pas  une 
heureuse  conception  :  on  y  sent  plus  le  travail 
Mue  l'inspiration.  Les  essais  qu'on  en  a  faits 
à  Paris  et  ailleurs  n'ont  pas  été  satisfaisants. 
La  troisième  symphonie  (en  la  mineur)  est  la 
meilleure  production  de  l'artiste  en  ce  genre. 

BlOCn.  VM\.  DES  MUSICIENS.  T.  VI. 


Le  premier  morceau  est  d'un  bon  sentiment; 
il  est  écrit  avec  le  talent  connu  du  maître. 
Le  vivace,  ou  scherzo,  à  deux  temps,  est  une 
de  ces  heureuses  fantaisies  dans  lesquelles  sa 
personnalité  se  manifeste  quelquerois.  Dans 
VadagiOj  la  pensée  est  vague,  diffuse,  et  l'ef- 
fet en  est  languissant.  Le  mouvement  final  a 
de  la  verve;  il  est  traité  de  main  de  maître; 
main  la  malheureuse  idée  qu'a  eue  Mendeis- 
sohn de  terminer  cette  partie  de  son  ouvrage 
par  un  thème  anglais  qui  ne  se  rattache  en 
rien  au  reste  ^de  l'œuvre,  lui  enlève  la  plus 
grande  partie  de  son  effet.  La  quatrième  sym- 
phonie (en  la  majeur),  œuvre  posthume,  ne 
fait  apercevoir  dans  aucun  de  ses  morceaux 
le  jet  de  l'inspiration  Cette  symphonie  n'a  eu 
de  succès  ni  en  Allemagne,  ni  à  Paris,  ni  à 
Bruxelles. 

Dans  le  concerto,  sorte  de  symphonie  avec 
un  instrument  principal,  Mendeissohn  a  été 
plus  heureux;  sou  concerto  de  violon,  parti- 
culièrement, et  son  premier  concerto  de  piano 
(en  sol  mineur),  ont  obtenu  partout  un  succès 
mérité  et  sont  devenus  classiques.  Le  second 
concerto  de  piano  (enrc  mineur),  dont  le  carac- 
tère général  n'est  pas  exempt  de  monotonie, 
a  été  beaucoup  moins  joué  que  le  premier. 
Parmi  ses  œuvres  les  plus  intéressantes  de  ce 
genre,  il  faut  citer  sa  Sérénade  et  Mlegro 
giojoso  pour  piano  et  orchestre,  composition 
dont  l'inspiration  se  fait  remarquer  par  l'élé- 
gance, la  délicatesse  et  par  les  détails  char- 
mants de  l'instrumentation.  Il  ne  faut  pas 
plus  chercher  dans  ces  ouvrages  que  dans  les 
autres  productions  de  cet  artiste  ces  puissantes 
conceptions,  ni  cette  originalité  de  pensée  qui 
nous  frappent  dans  les  concertos  de  quelques 
grands  maîtres,  de  Beethoven  en  particulier; 
mais  après  ces  beaux  modèles,  Mendeissohn 
tient  une  place  honorable. 

Les  ouvertures  de  ce  maître  ont  été  beau- 
coup jouées  en  Allemagne  et  en  Angleterre  ; 
mais  elles  ont  moins  réussi  en  France  et  en 
Belgique.  Elles  sont  au  nombre  de  cinq,  dont 
les  titres  sont  :  le  Songe  d'une  Nuit  d'été, 
qui  est. incontestablement  la  meilleure;  la 
Grotte  de  Fingal  (ou  les  Hébrides)^  en  si  mi- 
neur, bien  écrite  et  bien  instrumentée,  mais 
monotone  et  languissante;  la  Mer  calme  et 
VHeureux  retour  (Meeresstille  iind  gluck- 
liche  Fahrt),  en  ré  majeur;  la  Belle  JHélti" 
sine,  en  fa  majeur,  et  Ruy  Blas,  Il  y  a  de 
l'originalité  dans  ces  comiiositions,  mais  on 
sent,  à  l'audition  comme  à  la  lecture,  qu'elle 
est  le  fruit  de  la  recherche;  la  sponlanéilé  y 
manque. 

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MENDELSSOHN-BARTHOLDY 


La  musique  de  chambre  est  la  partie  la  plus 
riclicilu  domaine  instrumental  de  Mendelssoha; 
la  plupart  de  ses  compositions  en  ce  genre,  soit 
pour  les  instruments  à  archet,  soit  pour  le  piano 
accompagné,  ou  seul,  ont  de  Tintérôt.  La  dis- 
tinction de  son  caractère  8*y  fait  reconnaître. 
II  y  est  plus  à  Taise  que  dans  la  symphonie,  et, 
pour  qui  sait  comprendre,  il  est  évident  qu*il  y 
porte  plus  de  confiance  dans  la  suffisance  de 
ses  forces.  Un  otteCto  pour  quatre  violons, 
deux  altos  et  deux  violoncelles;  deux  quintettes 
pour  deux  violons,  deux  altos  et  violoncelle, 
et  sept  quatuors  (œuvres  12, 13,  44,  80  et  81) 
composent  son  répertoire  dans  cette  catégorie 
de  musique  instrumentale.  VotUUo,  qui  est 
une  des  productions  de  sa  jeunesse,  était  une 
de  celles  quMI  estimait  le  plus  dans  son  œuvre  ; 
il  s*y  trouve  des  choses  intéressantes;  mais  le 
talent  s*y  montre  inégal.  Son  second  quin- 
tette (en  si  bémol,  œuvre  posthume),  et  les 
trois  quatuors  de  Tœuvre  44«  sont,  à  mon 
avis,  les  plus  complets  et  ceux  où  Tinspira- 
tion  se  soutient  sans  effort.  Dans  la  musique 
pour  piano  accompagné,  on  trouve  d*abord 
trois  quatuors  pour  cet  instrument,  violon, 
alto  et  violoncelle  (op.  1,  en  tif  mineur;  op.  2, 
en /a  mineur;  op.  3,  en  si  minçur).  Si  Ton 
songe  à  la  grande  jeunesse  de  Tartiste  au 
moment  où  il  écrivit  ces  ouvrages,  on  ne  peut 
se  soustraire  à  Tétonnement  qn*un  pareil  dé- 
but n*ait  pas  conduite  des  résultats  plus  beaux 
encore  que  ceux  où  son  talent  était  parvenu  à 
la  On  de  sa  carrière.  De  ses  deux  grands  trios 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  le  premier, 
en  ré  mineur,  op.  49,  a  eu  peu  de  succès  ;  son 
caractère  est  monotone;  lès  mêmes  phrases  $*y 
reproduisent  fréquemment  sans  être  relevées 
par  des  traits  inattendus;  enfin,  ce  n*est 
qu*un  ouvrage  bien  écrit;  le  second,  en  ut 
mineur,  op.  66,  est  beaucoup  mieux  réussi  ; 
on  y  trouve  de  la  verve  et  de  Toriginalité. 
On  ne  connaît  de  Mendelssohn  qu*une  sonate 
pour  piano  et  violon  (en  fa  mineur,  op.  4)  ;  ce 
n*est  pas  un  de  ses  meilleurs  ouvrages  ;  mais 
ses  deux  sonates  pour  piano  et  violoncelle  ren- 
ferment de  belles  choses. 

Je  me  suis  souvent  demandé  pourquoi,  avec 
un  talent  si  distingué,  Mendelssohn  n^apu  évi- 
ter une  teinte  d'uniformité  dans  Teffet  de  sa 
musique  Instrumentale;  en  y  songeant,  j*ai 
cru  pouvoir  attribuer  cette  impression  au  pen- 
chant trop  persistant  du  compositeur  |>our  le 
mode  mineur.  En  effet,  sa  première  sympho- 
nie est  en  ut  mineur;  la  troisième,  en  la  mi- 
neur; Touverlure  intitulée:  la  Grotte  de 
Fingal  est  en  si  mineur;  le  premier  morceau 


du  concerto  de  violon  est  en  mi  mineur;  le 
premier  concerto  de  piano  est  en  sol  mineur; 
le  second,  en  ré  mineur;  la  sérénade  pour 
piano  et  orchestre  est  en  si  mineur;  le  pre- 
mier quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et 
violoncelle  est  en  ut  mineur,  le  second  en  fa 
mineur,  le  troisième  en  si  mineur;  la  sonate 
pour  piano  et  violon  est  en  fa  mineur;  le  pre- 
mier trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle  est 
en  ré  mineur;  le  second,  en  nt  mineur.  Son 
deuxième  quatuor  est  en  la  mineur;  le  qua- 
trième, en  mi  mineur,  et  le  sixième,  en  fa  mi- 
neur. Sur  quatre  caprices  qu'il  a  écrits  pour 
piano  seul,  trois  sont  en  modes  mineurs  ;  sa 
grande  étude  suivie  d'un  JcAerzo  pour  le  même 
instrument  est  en  fa  mineur;  deux  de  ses  fan- 
taisies sont  également  en  mode  mineur;  sou 
premier  scAerzo  est  en  si  mineur;  le  second,^ 
en  fa  dièse  mineur;  enfin,  de  ses  Lieder  satis 
paroles,  seize  sont  en  mineur.  Si  Ton  voulait 
faire  une  récapitulation  semblable  dans  la  mu- 
sique de  chant  de  Mendelssohn,  on  constate- 
rait la  même  tendance.  Je  viens  de  parler  de 
ses  Lieder  sans  paroles;  il  est  créateur  dan^ 
ce  genre  de  petites  pièces  instrumentales,  dont 
il  a  publié  sept  recueils;  celui  qui  porte  le  nu- 
méro d'œuvre  38  me  parait  supérieur  aux  au- 
tres. J'en  ai  donné  l'analyse  dans  le  quator- 
zième volume  de  la  Bibliothèque  classique  des 
pianistes  (Paris,  Schonenberger). 

Les  chants  à  voix  seule  avec  piano,  de  Men- 
delssohn, et  ses  Lieder  à  deux,  trois  et  quatre 
voix,  ont  de  la  distinction,  quelquefois  même 
de  la  franche  originalité  ;  cependant  son  ima- 
gination ne  s*élève  jamais  dans  ce  genre  à  la 
hauteur  de  François  Schubert.  Comme  tous  les 
compositeurs  allemands  du  dix  -  neuvième 
siècle,  Mendelssohn  a  écrit  un  grand  nombre 
de  ces  chants,  soit  pour  les  quatre  genres  de 
voix  de  femmes  et  d'hommes,  soit  pour  quatre 
voix  d'hommes  sans  accompagnement. 

Le  cWalogue  systématique  des  œuvres  de  ce 
compositeur  est  formé  de  la  manière  suivante: 
J.  Musique  pour  orchestre:  1^ Symphonie  eu 
ut  mineur,  op.  11  ;  Berlin,  Schlesinger. 
2»  Symphonie  cantate  {Lobgesang)fOp.  53; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  ô°  Troisième 
symphonie  en  la  mineur,  op.  56;  ibid. 
40  Quatrième  symphonie  en  la  majeur, 
op.  00;  ibid.  5®  Ouverture  du  Songe  d'une 
Nuit  d*été  {Summernachtstraum)  y  op.  31; 
ibid.  Co  Idem  de  la  Grotte  de  Fingal  (les 
Hébrides),  op.  26;  ibid.  7°  La  Mer  calme  et 
VHeureux  retour  {Meeresslille  und  gluck- 
licheFahrt),  op.  27;  ibid.  8°  La  Belle  Mélw 
sine  (idem),  op.  52  ;  ibid.  0®  Idem  de  Rug 


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MENDELSSOHN-BARTHOLDY 


83 


BlaSy  op.  95;  Leipsick,  Kistner.  10*  Concerto 
pour  violon  et  orchestre  en  mi  mineur  et  ma- 
jeur, op.  64;  Leipsiclc,  Breitkopf  et  Hœrtel. 
11<*  Premier  concerto  pour  piano  et  orchestre 
(en  sol  mineur),  op.  25;  ihid.  12<>  Deuxième 
concerto  idem  (en  ré  mineur),  op.  40;  ibid. 
15"»  Capriccio  brillant  pour  piano  et  or- 
chestre (en  si  mineur),  op.  22;  ibid.  14»  Ron- 
deau brillant  idem  (en  mi  bémol),  op.  29  ; 
ibid.  15*»  Sérénade  et  allegro  giocoso  idem 
(en  5t'  mineur'et  en  r0),  op.  43;  Bonn,  Sim- 
rock.  16^  Ouverture  pour  des  instruments  à 
vent  (en  ut),  op.  24;  tôtd. -ff.  Musique  de 
CHAMBRE  :  a.  Pour  instruments  à  archet  : 
17°  Ottetto  pour  quatre  violons,  deux  altos  et 
deux  Tioloncelles,  op.  20  ;  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haeriel.  IS^  Premier  quintette  (en  la  ma- 
jeur), pour  deux  violons,  deux  altos  et  violon- 
celle, op.  18;  Bonn,  SimrOck.  19»  Second 
quintette  idem  (en  si  bémol),  op.  87;  Leipsick, 
Breitkopf  elHœrtel.  20o  Premier  quatuor  pour 
deux  violons,  alto  et  basse  (en  mi  bémol), 
op.  12;  Leipsick,  Hormeister.  21<»  Deuxième 
idem  (en  la),  op.  13;  Leipsick,  Breitkopfet 
Hsertel.  22»  Trois  quatuors  idem  (en  ré,  en 
mi  mineur  et  en  mi  bémol),  op.  44  ;  ibid. 
2o<»  Sixième  quatuor  idem  (en  fa  mineur) , 
op.  80  ;  ibid.  24<»  Septième  idem,  Jndante, 
Scherzo,  Capriccio  et  Fugue,  op.  81  ;  ibid. 

b.  Pour  piano  accompagné  :  25*  Premier 
quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle 
(en  ut  mineur),  op.  1  ;  Berlin,  Schlesinger. 
26*  Deuxième  idem  (en  fa  mineur),  op.  2; 
ibid.  270  Troisjème^d^m  (en  fi  mineur),  op.  3  ; 
Leipsick,  Hofmeister.  28<»  Premier  grand  trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle  (en  ré  mi- 
neur), op.  49;  Leipsick^  Breitkopf  et  Hœrlel. 
29*  Deuxième  idem  (en  ut  mineur),  op.  66; 
ibid.  30«  Sonate  pour  piano  et  violon  (en  fa 
mineur),  op.  4;  Leipsick,  Hofmeister.  31  "Pre- 
mière sonate  pour  piano  et  violoncelle  (en  si 
bémol),  op.45;  Leipsick,  Kistner.  52°  Deuxième 
idem  (en  ré  majeur),  op.  58  ;  ibid.  33°  Varia- 
tions concertantes  pour  piano  et  violoncelle 
(en  ré  majeur),  op.  17;   Vienne,  Mechelli. 

c.  Pour  piano  à  quatre  mains  :  34°  jéndante 
et  variations  (en  si  bémol),  op.  83;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hœrlel.  35°  Allegro  brillant  (en 
'a  majeur),  op.  92;  ibid.  d.  Pour  piano 
sml  :  36*  Andante  cantabile  et  Presto  agitato 
(en  si  mineur);  ibid.  37°  Capriccio  (en  fa 
fiièse  mineur),  op.  5  ;  Berlin,  Schlesinger. 
08° Trois  caprices,  op.  16;  Vienne,  Mechelti. 
Ô9°  Fantaisie  (en  fa  dièse  mineur),  op.  28; 
Bonn,  Simrock.  40°  Pièces  caractéristiques, 
Oi».  7;  Leipsick,  Hofmeister.  41°    Étude  et 


Scherzo  (eu  fa  mineur);  Berlin,  Schlesinger. 
42°  Fantaisie  (en  mt  majeur),  op.  15;  Vienne, 
Mechetti.  43°  Six  morceaux  d*enfanls,  op.  72  ; 
Leipsick,  Breitkopf  et  H8ertel.44°Sepi  recueils 
de  romances  ou  Lieder  sans  paroles,  op.  19, 
30,  38,  53,  62,  67,  85;  Bonn,  Simrock.  45° Six 
préludes  et  six  fugues,  op.  35;  Leipsick, 
Breitkopfet  Hœrtel.  46*  Rondo  capriccio  (en 
mi  majeur),  op.  14;  Vienne,  Mechetti.  47°  So- 
nate (en  mi  majeur),  op.  6  ;  Leipsick,  Hof- 
meister. 48°  Dix-sept  variations  sérieuses, 
op.  54;  Vienne,  Mechetti.  40°  Variations  sur 
des  thèmes  originaux,  op.  82  et  83  ;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hsertel.  C  Mvsiqvb  poub  obgue  : 
50*  Trois  préludes  et  fugues,  op.  37;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hœrtel.  51*  Six  sonates,  op.  63; 
t6td.  />.  Obâtokios,  cantates,  psaumes,  etc.  : 
52*  Paulus,  oratorio,  op.  36;  Bonn,  Simrock. 
53*  Élie  (Elias),  idem,  op.  70  ;  ibid.  54°  le 
Christ, oraiorio  non  archevé,  fragments,op.  97; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  55°  Musique  pour 
VAntigone  de  Sophocle,  op.  55;  Leipsickj^ 
Kistner.  56°  Musique  pour  VAthalie  de  Ba- 
cine,  op.  74;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel. 
57*  Musique  pour  VŒdipe  à  Colone  de  So- 
phocle,  op.  93;  ibid.  58*  Musique  pour  le 
Songe  d'une  Nuit  d'été  de  Shakespeare  , 
op.  61  ;  t6td.  59*  Lauda  Sion,  hymne  pour 
chœur  et  orchestre,  op.  73;  Mayence,  Scbolt. 
QO'*  La  première  nuit  de  Sainte- 7F alpurge 
{Die  erste  Walpurgisnacht),  ballade,  op.  60; 
Leipsick,  Kistner.  61*  Chant  de  fêtes.  Aux 
artistes,  diaprés  le  poëme  de  Schiller,  pour 
chœur  d^hommes  et  instruments  de  cuivre, 
op.  68  ;  Bonn,  Simrock.  62*  Chant  pour  la  qua- 
trième fête  séculaire  de  Tinvention  de  Tim- 
prlmçrie ,  pour  chœur  et  orchestre  ;  ibid. 
63*  Hymne  pour  contralto,  chœur  et  orchestre, 
paroles  anglaises  et  allemandes,  op.  96  ;  Bonn, 
Simrock.  B4°  Hymne  pour  soprano,  chœur  et 
orgue;  Berlin,  Bote  et  Bock.  65*  Trois  chœurs 
d'église  avec  solos  et  orgue,  op.  23;  Bonn, 
Simrock.  66*  Trois  cantiques  pour  contralto, 
chœur  et  orgue;  t6id.  67*  Trois  motets  pour 
des  voix  de  soprano  et  contralto  et  orgue, 
op.  59;  ibid,  68*  Trois  motets  en  chœur  avec 
des  solos  pour  le  Dom-Choràe  Berlin,  op.  78; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  69* Psaume  1 15« 
pour  chœur,  solo  et  orchestre,  op.  31  ;  Bonn, 
Simrock.  70*  Psaume  42«  pour  chœur  et  or- 
chestre, op.  42;  Leipsick,  Breitkopfet  Hœrlel. 
71*  Psaume  95«  idem,  op.  46  ;  Leipsick,  Kist- 
ner. 72*  Psaume  114^  ))our  chœur  à  huit 
voix  et  orchestre,  op.  51  ;  ibid.  73°  Trois 
psaumes  pour  voix  solos  et  chœur,  op.  78; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  74°  Psaume  OS*" 

6. 


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8i 


MENDELSSOHN-BARTIIOLDY  -  MENESTRÏÉR 


pour  un  chœur  à  huit  voix  et  orchestre, 
op.  91  ;  Leipsicit,  Kistner.  E,  Opéras  :  75»  £« 
ISoces  de  Gamache,  opéra  comique  en  deux 
actes,  op.  10;  partition  pour  piano  ;  Leipsiclc, 
Uofmeister.  76"  Le  Retour  de  voyage  à 
V  étranger  {ffeimkekr  ans  dem  Fremde),  opéra 
de  salon  en  un  acte,  op.  89;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Ilœrtel.  77«  Loreley,  opéra  non  ter- 
miné, op.  98;  ibid.  Le  finale  du  premier  acte 
seul  a  été  publié  en  partition  pour  le  piano. 
78°  Air  pour  voix  de  soprano  et  orchestre, 
op.  94  ;  ibid.  F,  Chauts  à  plusieurs  toix  : 
a.  Chants  pour  soprano,  alto,  ténor  et  basse, 
op.  41,  48^  59,  88  et  100;  Leipsick,  Breitkopf 
etilaerlel.  6.  Chants  àquatre  voix  d'hommes, 
op.  50,  75,  76;  Leipsick,  Kistner.  c.  Chants^ 
à  deux  voix,  op.  63,  77  ;  ibid,  G.  Chants  a 
Toix  SEULE  AVEC  piAifo  (recucils  de  Lieder), 
op.  8,  9,  34,  47,  57^  71,  84,  86,  99;  Berlin, 
Schlesinger;  Leipsick,  Breitkopf  et  llaerlel. 
Il  existe  aussi  un  certain  nombre  de  com- 
positions de  Mendelssohn,  sans  numéros 
d'oeuvres. 

MEIXDES  (Manuel),  écrivain  sur  la  mu- 
sique et  compositeur  portugais,  né  à  Evora, 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  fut  d'abord 
maître  de  chapelle  à  Portalegre,  puis  alla 
remplir  les  mêmes  fonctions  dans  sa  ville 
natale,  où  il  mourut  en  1605.  Quelques  bons 
musiciens  portugais  ont  été  instruits  par  lui. 
II  a  laissé  en  manuscrit  :  \^  Arte  de'canto 
cAad (Science du  plain-chant).  â<>  Messes  à  cinq 
voix.  3"  Magnificat  à  quatre  et  cinq  voix. 
4°  Motets  à  plusieurs  voix,  et  diverses  autres 
compositions  qui  se  trouvaient  autrefois  à  la 
bibliothèque  royale  de  Lisbonne. 

MEINDES  (Jacques  FRAPfCO-).  ^oyez 
FRAl^CO-MEI^DES  (Jacques). 

lUEIXDES  (Joseph  FRANCO-),  royex 
FRAIXCO-MENDES  (Joseph).    . 

DIENEGHELLI  (Pabbé  Antoine),  vicaire 
de  réglise  du  Saint,  à  Padoue,  a  prononcé 
dans  cette  église,  le  6  mai  1841,  un  éloge  de 
Zingarelli,  à  Poccasion  d'un  service  solennel 
célébré,  le  même  Jour,  en  mémoire  de  ce  com- 
positeur. Ce  discours  a  été  imprimé  sous  ce 
titre  :  Per  le  solenni  Ëtequie  del  Cav.  Nicolo 
Zingarelli,  celebrate  nell*  insigne  BasHica 
delSantoil  di  6  Maggio  del  1841.  Discorso 
deW  Ab.  Antonio  Meneghelli;  Padova, 
coi  tipi  di  A.  Sicca,  1841 ,  in-8<>  de  vingt  et  une 
pages. 

AIENEHOU  (MiCBEL  DE),  maître  des  en- 
fants de  chcBur  de  Péglise  Saint-Maur-des- 
Fossés-lcz-Paris,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  est  auteur  d*un  livre  qui  a  pour  litre  : 


Instruction  familière  en  laquelle  sont  con- 
tenues les  difficultés  de  la  musique,  avec  le 
nombre  des  concordances  et  des  accords,  en- 
semble la  manière  d'en  user;  Paris,  Nicolas 
Du  Chemin,  1555,  in-4®  oblong.  La  deuxième 
édition  est  intitulée  :  Nouvelle  instruction 
familière  en  laquelle  sont  contenues  les  dif- 
ficultés de  la  musique,  avec  le  nombre  des 
concordances  et  accords,  ensemble  la  ma- 
nière d*en  user,  tant  à  deux,  à  trois,  à 
qtiatre  et  à  cinq  parties;  Parh,  Nicolas  Du 
Chemin,  1558,  in-4<*  oblong.  Il  y  a  une  troi- 
sième édition  du  même  ouvrage  qui  a  pour 
titre  :  Nouvelle  instruction  des  préceptes  et 
fondements  de  musique;  Paris,  1571.   Ce 
livre  est  remarquable  en  ce  qu'il  est  le  pre- 
mier publié  en  France  où  l'on  trouve  le  mot 
accord  employé  pour  indiquer  l'harmonie  de 
plusieurs  sons  réunis  :  cependant  on  se  trom- 
perait si,  sur  le  titre  de  l'ouvrage  et  ceux  de 
quelques  chapitres,  par  exemple  du  dix-neu- 
vième (Règles  générales  pour  les  accords 
parfaits),  on  se  persuadait  qu'on  y  trouve  un 
véritable  traité  de  l'harmonie  qui  enlèverait  à 
Viadana  et  à  quelques  autres  musiciens  du 
commencement  du   dix-septième  siècle,    la 
priorité  de  considération  des  accords  isolés; 
car  les  accords  dont  parle  Michel  de  Menehou 
ne  sont  que  des  intervalles,  et  ses  règles  gé- 
nérales pour  les  accords  parfaits  ne  sont  que 
celles  qui  défendent  de  faire  des  octaves  et  des 
quintes  consécutives.  Il  est  vrai  que  les  cha- 
pitres 2â«  et  23*  enseignent  à  faire  un  accord 
à  trois  et  à  quatre  parties;  mais  on  n'y 
trouve  que  les  règles  du  contrepoint  à  trois  et 
à  quatre,  connues  depuis  longtemps  ;  règles 
dont  la  plupart  étaient  arbitraires,  et  ont 
cessé  d'être  admises  dans  les  traités  modernes 
de  l'art  d'écrire.  Il  faut  cependant  remarquer 
que  Michel  de  Menehou  est  le  premier  qui  a 
parlé  des  cadences  parfaites  et  imparfaites 
(cbap.  23,  â4et25). 

BIEIf ESTRIER  (Claude  Fiia!«çois)  ,  sa- 
vant jésuite  et  laborieux  écrivain,  naquit  à 
Lyon,  le  10  mars  1631,  d*une  famille  origi- 
naire de  la  Franche-Comté.  Après  avoir  fait 
ses  études,  il  professa  les  humanités  à  Cham- 
béry,  Vienne  en  Daupbiné  et  Grenoble,  puis 
fut  rappelé  à  Lyon  pour  y  enseigner  la  rhéto- 
rique, et  succéda,  en  1667,  au  P.  Labbe  dans 
l'emploi  de  bibliothécaire.  Il  mourut  à  Paris, 
le  21  janvier  1705,  à  l'âge  de  soixante-qua- 
torze ans.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  qui 
presque  tous  ont  un  intérêt  historique,  on  re- 
marque :  l^  Des  ballets  anciens  et  moderties, 
selon  U$  règlesdu  théâtre ;V iris,  1082, in-12. 


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MENESTRIER  -  MENGAL 


8d 


2°  Des  Heprésentalions  en  musique,  an- 
ciennes ei  modernes;  Paris,  1687,  in-12.  Si 
l*on  a  recueilli  depuis  le  P.  Meneslrier  ud 
plus  grand  nombre  de  faits  concernant  les 
objets  de  ces  deux  livres  ;  si  Ton  a  mis  plus 
de  critique  dans  la  discussion  de  ces  faits,  on 
ne  peut  nier  que  ce  savant  religieux  a  le 
mérite  d*avoir  ouvert  la  voie  à  ces  recherches, 
et  que  ses  ouvrages  renferment  de  curieux 
renseignements. 

MEIHGAL  (Martix- Joseph),  connu  sous  le 
nom  de  MENGAL  .\IPIÉ,  directeur  du  Con  - 
servaloire  de  musique  à  .Gand,  est  né  en  cette 
ville  le  27  janvier  1784.  Son  père  fut  son  pre- 
mier maître  de  musique,  puis  il  reçut  des 
leçons  de  plusieurs  artistes,  particulièrement 
pour  le  cor,  sur  lequel  il  fit  de  rapides  progrès. 
A  Vàge  de  douze  ans,  il  composait  des  morceaux 
pour  cet  instrument  et  d*autre  musique,  sans 
connaissances  d^harmonie  et  sans  autre  guide 
que  son  instinct.  En  1804,  il  entra  comme 
élève  au  Conservatoire  de  Paris  :  il  y  eut  pour 
professeur  de  cor  Frédéric  Duvernoy;  Catel 
lui  enseigna  Tharmonie.  En  1808,  il  obtint,  au 
concours,  le  second  prix  de  cette  science,  et  le 
premier  prix  de  cor  lui  fut  décerné  Tannée 
suivante.  Devenu  ensuite  élève  de  Reicha,  il 
fit,  sous  sa  direction,  un  cours  complet  de 
composition.  Entré  dans  la  musique  de  la 
garde  impériale  au  mois  de  décembre  1804,  il 
servit  dans  les  campagnes  d*Autriche  en  1805 
cl  de  Prusse  Tannée  suivante.  De  retour  à 
Paris  en  1807,  il  obtint  sa  retraite,  reprit  ses 
éludes  et  dans  le  même  temps  entra  en  qua- 
lité de  premier  cor,  à  Torcbestre  de  TOdéon, 
d*oîi  il  passa  à  celui  du  théâtre  Feydeau, 
eu  1813.  Après  treize  années  de  service 
à  ce  théâtre,  il  donna  sa  démission  pour  re- 
tourner à  Gand  comme  directeur  du  théâtre. 
Cette  entreprise  ne  fut  point  heureuse  ;  Mcngal 
Vabandonna  bientôt  après,  pour  prendre  les 
fonctions  de  directeur  de  musique.  Il  remplit 
celles-ci  jusqu*à  la  révolution  de  1830,  puis 
il  alla  prendre  une  position  semblable  au 
théâtre  d'Anvers,  et  retourna  à  Gand  en  1832. 
Bes  propositions  lui  furent  faites  alors  pour 
aller  diriger  Torcbestre  du  théâtre  de  La 
Haye  ;  il  les  accepta  et  occupa  cette  nouvelle 
position  pendant  deux  ans.  De  retour  à  Gand 
en  1835,  il  y  fut  nommé  directeur  du  Conser- 
vatoire de  musique  établi  par  la  régence  de 
celle  ville,  ttengal  est  mort  à  Gand,  des  suites 
(i'une  apoplexie,  dans  la  nuit  du  2  au  3  juillet 
1831. 

Cet  artiste  a  écrit  pour  le  théâtre  :  1»  Une 
^'wi<  au  château,  opéra-comique  en  un  acte, 


joué  au  théâtre  Feydeau  avec  succès ,  en 
1818,  et  resté  pendant  plusieurs  années  au 
répertoire  des  théâtres  lyriques.  La  partition 
a  été  gravée  à  Paris,  chez  Dufaut  et  Dubois. 
2*^  L^Ile  de  Bahilary,  opéra-coroiqùe  en  trois 
actes,  au  même  théâtre,  en  1819,  qui  n*a 
point  réussi.  3*>  Les  Infidèles,  drame  en  trois 
actes,  représenté  au  théâtre  de  Gand  avec  un 
brillant  succès,  en  1825.  4°  Un  Jour  à  Fau- 
cluse,  opéra-comique  en  un  acte,  au  même 
théâtre,  en  1828.  Les  compositions  instru- 
mentales de  Mengal  sont  au  nombre  d'environ 
cent  œuvres  ;  on  y  remarque  :  5"»  Harmonie 
militaire,  plusieurs  suites;  Paris,  Naderman, 
Dufaut  et  Dubois.  6*^  Trios  pour  deux  violons 
et  basse,  op.  1  -,  Paris,  Leduc.  7^  Trois  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse.  8°  Trois 
quintettes  pour  flûte,  hautbois,  clarinette, 
cor  et  basson  ;  Paris,  Pleyel.  9« Trios  pour  flâie, 
violon  et  alto;  Paris,  Naderman.  10^  1"  et 
2'  concertos  pour  cor  et  orchestre,  op.  20  et 
27;  Paris,  Dufaut  et  Dubois.  11<>  Trois  qua- 
tuors pour  cor,  violon,  alto  et  basse,  op.  8; 
Paris,  Naderman.  12®  Duos  pour  cor  et  harpe, 
n"»  1,  2,  3;  Paris,  Janet.  13"»  Idem  pour  cor 
et  piario,  n<«  1,  2,  3,  4;  ibid.  14«  Idem, 
ti^  5  et  6;  Paris,  Frère.  IS®  Fantaisies  pour 
piano  et  cor,  n®'  1,  2,  3;  Paris,  Dufaut  et 
Dubois.  16®  Quatuors  pour  instruments  â 
vent,  plusieurs  œuvres.  17®  Beaucoup  de  ro- 
mances avec  accompagnement  de  piano,  entre 
autres  U  Chevalier  errant  (Dans  un  vieux 
château  de  TAndalousie)  qui  a  obtenu  un 
succès  populaire.  Mengal  a  laissé  en  manu- 
scrit beaucoup  de  morceaux  d*harmonie  pour 
instruments  à  vent;  ouverture  à  grand  or- 
chestre, composée  à  La  Haye;  quintettes  pour 
cinq  cors;  trios  pour  les  mêmes  instruments  ; 
plusieurs  morceaux  de  chant,  entre  autres  un 
chœur  à  cinq  voix  sans  accompagnement,  sou- 
vent exécuté  dans  les  concerts. 

MEPiGAL  (JEAW),  frère  du  précédent,  est 
né  à  Gand,  au  mois  de  mai  179G.  Son  père  lui 
a  donné  les  premières  leçons  de  musique,  puis 
il  a  étudié  le  cor  sous  la  direction  de  son 
frère.  Admis  au  Conservatoire  en  1811,  il 
y  est  devenu  élève  de  Domnich ,  et  quinze 
mois  après  son  entrée  dans  celte  école,  il  y  a 
obtenu  le  premier  prix  de  cor.  Après  avoir  été 
attaché  pendant  plusieurs  années  à  Torcbestre 
du  Théâtre-Italien,  il  est  entré,  en  1820,  à 
l*Opéra  en  qualité  de  premier  cor  solo.  Il  a 
été  aussi,  pendant  plusieurs  années,  membre 
de  Torcbestre  de  la  Société  des  concerts.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  1®  Fantaisies  pour 
cor  et  piano,  n®«  1,  2,  3,  4,  5,  6;  Paris,  Scho- 


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86 


MENGAL  -  MENGOZZl 


nenberger.  2«  Plusieurs  solos  idem.  3*  Fan- 
taisie hrillanle  pour  cor  et  orchestre,  sur  des 
motifs  de  Donizetti,  op.  30;  Paris,  Richault. 
4»  Fantaisie  pour  cor  à  pistons,  avec  accompa- 
gnement de  piano,  sur  des  motifs  de  Guido  et 
Ginevra,  op.  23  j  Paris,  Schleslngcr.  5»  Duos 
pour  deux  cors,  etc. 

BIEIXGEL  (Georges),  né  à  Bamberg,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle,  apprit 
la  musique  dans  son  enfance,  puis  entra  au 
service  militaire,  dans  les  troupes  de  l'électeur 
de  Bavière,  et  parvint  au  grade  de  capitaine. 
En  1640,  il  donna  sa  démission  et  entra  chez 
révéque  de  Bamberg,  en  qualité  de  maître  de 
chapelle.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  composition 
des  psaumes  avec  des  motets  sous  ce  titre  : 
Quinque  limpidissimi  Lapides  Davidici, 
seuPsalmi  151  cum  Moteita  eentupHci  va- 
rietate;  WUrzbourg,  1644,  in-fol.  On  connaît 
aussi  sous  son  nom  :  Sacri  concentus  etdia^ 
logi  1,  â,  3,  4,  5  et  6  voe.  cum  motetta 
A  t'0C.c(2  instrument. y 0^.  4  ;  Inspruck,1662, 
in-4». 

MENGELIUS  (Philippe),  professeur  de 
belles-lettres  et  docteur  en  médecine  à  Tuni- 
versilé  d'Ingolstadl,  dans  le  seizième  siècle, 
fut  instruit  dans  la  musique  et  habile  luthiste. 
Il  se  maria  en  1562  et  mourut  à  Ingolstadt, 
en  1594.  Après  sa  mort,  on  recueillit  ses  poé- 
sies latines,  et  elles  furent  publiées  en  cette 
ville  en  1596.  Parmi  les  pièces  de  ce  recueil 
on  trouve  un  éloge  de  la  musique,  et  deux  au- 
tres morceaux,  intitulés  :  In  Organum  mu- 
sicum  monasterii  Benedicto  Burani;  In 
effigiem  Philippi  de  Monte  muitci ,  etc. 

BIEI^GOLI  (Pierbe),  géomètre,  né  à  Bo- 
logne en  1625,  reçut  des  leçons  de  mathéma- 
tiques du  P.  Gavalierl,  considéré  comme  le 
premier  inventeur  du  calcul  infinitésimal,  et 
^*appliqna  aussi  à  Pélude  de  la  jurisprudence, 
de  la  philosophie  et  de  la  théologie.  Dans  sa 
Jeunesse,  il  enseigna  publiquement,  à  Bologne, 
les  doctrines  de  Zarlino  et  de  Galilée,  concer- 
nant la  théorie  mathématique  de  la  musique. 
Plus  tard,  il  embrassa  Tétat  ecclésiastique, 
obtint  un  bénéfice  et  fut  chargé  d'enseigner 
les  mathématiques  dans  le  Collège  des  nobles. 
Il  mourut  à  Bologne,  le  7  Juin  1686.  Au 
nombre  de  ses  écrits  sur  diverses  branches  des 
inalhématiques,  on  remarque  celui  qui  a  pour 
litre  :  Speculazioni  di  Musica;  Bologne, 
1670,  in-4».  En  1673,  le  frontispice  a  été 
changé,  et  le  livre  a  reparu  comme  une 
deuxième  édition.  Dans  la  première  partie  de 
son  ouvrage,  Mengoli  expose  Panatomie  de 
rorcille,  et  trouve  dans  sa  conformation  le 


principe  des  combinaisons  de  la  musique  et 
des  sensations  qu'elle  développe.  C'est  cette 
idée  fausse  qui,  longtemps  après,  est  devenue 
la  base  du  livre  de  Morel  (i?oy«a  ce  nom),  inti- 
tulé :  Principe  acotutiqw  nouveau  et  uni" 
versel  de  la  théorie  musicale, 

IIIEI^GOZZI  (Berhard),  chanteur  et  com- 
positeur distingué,  né  à  Florence  en  1758,  fit 
ses  premières  études  de  musique  en  cette  ville, 
puis  alla  étudier  le  chant  sous  U  direction  de 
Pasquale  Potenza,  chanteur  de  la  chapelle  de 
Saint-Marc,  à  Venise.  U  brilla  ensuite  sur  plu- 
sieurs théâtres  d'Italie.  En  1786,  il  se  rendit  à 
Londres  avec  sa  femme,  connue  auparavant 
sous  le  nom  d'Anne  Benini.  L'année  suivante, 
il  vint  à  PaRis  et  se  fit  entendre  avec  succès 
dans  les  concerts  donnés  à  la  cour  par  la  reine 
Marie- Antoinette.  Lorsque  l'excellente  trouiw: 
d'opéra  italien  du  théâtre  de  Monsieur  fut 
organisée,  il  y  entra  et  sut  se  faire  applaudir 
à  côté  de  Mandini  et  de  Viganoni.  Après  les 
événements  révolutionnaires  qui  disi>ersèrent 
celte  réunion  de  chanteurs  d'élite,  Mengozzi 
resta  à  Paris,  et  y  vécut  en  donnant  des  leçons 
de  chant  et  écrivant  de  petits  opéras  pour  les 
théâtres  Feydeau  et  Montansier.  A  l'éiwque 
de  l'organisation  du  Conservatoire  de  musique, 
il  y  fut  appelé  comme  professeur  de  chant  et' 
y  forma  plusieurs  élèves,  parmi  lesquels  on  cite 
Batiste,  qu'on  a  longtemps  entendu  à  l'Opéra- 
Comique,  et  qui,  plus  tard,  a  quitté  le  théâtre 
pour  la  place  d'huissier  de  la  chambre  des 
Paiis^  qu'il  occupait  encore  en  1839.  Mengozzi 
a  surtout  contribué  aux  progrès  de  l'art  du 
chant  en  France  par  les  matériaux  qu'il  avait 
préparés  pour  la  rédaction  de  la  méthode  du 
Conservatoire,  et  qu'il  n'eut  pas  le  temps 
d'achever,  parce  qu'il  mourut  au  mois  de 
mars  1800,  des  suites  d'une  maladie  de  lan- 
gueur. Ce  fut  Langlé  qui  rédigea  cet  ouvrage. 
Les  opéras  connus  de  Mengozzi  sont:  1<*  Gti 
Schiavi  per  amorej  opéra  bouffe  eil  deux 
acti  s,  au  théâtre  de  Monsieur,  en  1790.  Quel- 
ques morceaux  de  cet  opéra  ont  été  gravés  en 
partition  avec  les  parties  d'orchestre.  ^L'Isola 
disabitata  j  au  même  théâtre,  en  1790. 
3«  Les  Deux  Fiiirs,  au  théâtre  Montansier. 
4»  Une  Faute  par  amour ^  au  théâtre  Feydeau, 
1793.  ^^Aujourd'hui,  opéra  en  trois  actes, 
au  théâtre  Montansier,  1791.  O**  Isabelle  de 
Salisbury^  en  trois  actes,  au  même  théâtre, 
1791,  en  collal>oraiion  avec  Ferrari.  7**  Le 
Tableau  parlant^  en  un  acte,  au  même 
théâtre,  1792.  Cette  pièce  avait  été  mise  en 
musiiiue  par  Grétry,  dont  elle  est  un  des  meil- 
leurs ouvrages;  la  nouvelle  musique  delUen- 


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MENGOZZI  -  MENTER 


87 


gozii  n*eu(  point  de  succèi.S» Pourceaugnac, 
en  trois  actes,  au  même  théâtre,  1793. 
9«»  L'Amant  Jaloux,  en  trois  actes,  au 
Théâtre  national,  rue  de  Richelieu,  1793. 
10«  Selico,€n  trois  actes,  au  même  théâtre, 
1793.  W  La  Journée  de  V amour,  Ballet  en 
un  acte,  1793. 12»  Brunet  et  Caroline,  en  un 
acte,  au  théâtre  Montansier,  1799.  13«  La 
Dame  voilée,  en  un  acte,  au  théâtre  Favart, 
1799.  140  Les  habitants  de  FauclusCy  en 
deux  actes,  au  théâtre  Montansier,  1800.  Men- 
gozzi  avait  introduit  quelques  morceaux  de  sa 
composition  dans  les  opéras  italiens  qu*on 
Jouait  au  théâtre  de  Monsieur;  on  cite  parti- 
culièrement un  trio  de  Vltaliana  in  Londra, 
et  le  rondo  Se  m'abhandoni,  qu^il  chantait 
avec  une  expression  touchante,  et  qui  eut  un 
succès  de  vogue. 

]lt£]^0]\  (TUTTOTALO  ou   TUTTUAIB?),  mu- 

sicien  français,  vécut  dans  la  première  moitié 
du  seizième  siècle.  Il  fit,  comme  beaucoup 
d'autres  artistes  français  et  belges,  un  voyage 
en  Italie  et  séjourna  à  Corregio  (1).  Il  fut  le 
premier  maître  de  musique  du  célèbre  orga- 
niste et  compositeur  Claude  Merulo.  On  a  de 
lui  un  ouvrage  intitulé  :  Madrigali  d'Amore 
a  quaitro  voci  composti  da  Tutlovale  Menon. 
Et  nuovamente  stampati,  et  con  diligenlia 
corretti.  In  Ferrara  nella  stampa  di  Gio- 
vanni de  Bulghat  et  Antonio  Stuchercom- 
pagni  del  1558. 

MEI^SGUIIVG  (B.-L.),  étudiant  en  droit 
de  Puniversité  de  Francfort-sur-rOder,  dans 
les  premières  années  du  dix -huitième  siècle, 
cultiva  la  musique  et  fut  compositeur,  ainsi 
qu'on  le  voit  dans  un  volume  qui  a  pour  litre  : 
Secularia  sacra  académie  regix  Fiadrinx  ; 
Francofurti  ad  Fiadrum  (s.  a.),  in-fol. 
Parmi  les  pièces  séculaires  en  vers  et  en  prosfe, 
faites  à  Toccasion  de  Panniversaire  de  la  fon^ 
dation  de  Puniversité  etde  la  présence,  à  Franc- 
fort, de  Frédéric  111,  duc  de  Brandebourg  et 
premier  roi  de  Prusse,  se  trouvent  vingt  pages 
de  musique  en  parlttion,  dont  le  titre  particu- 
lier est  ainsi  conçu  :  Sérénade  présentée  à 
S.  M.  B,  (Sa  Majesté  Royale)  de  Prusse  par 
les  étudiants  de  Franc fort-sur-VOdre  (sic), 
la  veille  du  jubilé,  composée  par  B.-L,  Men- 
sching,  étitdiant  en  droit,  le  ^^ d'avril  1700. 
La  sérénade  renferme  une  ouverture  et  un 
air  chanté  alternativement  avec  les  instru- 
nuntsj  suivi  de  Sarabande,  allemande  et 
gigue. 

(1)  Vojfx  la  notice  de  H.  Angelo  Catelani  inliiuUe  : 
Mtvnoru  délia  viia  t  itllt  opère  di  Ctnudio  Merulo  (>li- 
Jiiao^  Tito  de  Cio.  Ricordi),  p.  16,  note  8. 


ME^SI  (Frauçois),  ecclésiastique  de  la 
Bohême,  naquit  le  27  mars  1755,  à  Bistra,  où 
son  père,  Vénitien  de  naissance,  était  gouver- 
neur chez  le  comte  de  Hohenems.  11  apprit  les 
éléments  de  la  musique  dans  ce  lieu,  puis  à 
Clamecz  et  àRrzinecz.  Ayant  suivi  ses  parente 
à  Prague,  il  y  fit  ses  humanités  chez  les  jé- 
suites, et  étudia  la  philosophie  et  la  théologie 
à  Puniversité.  Ce  fut  aussi  dans  cette  ville  qu'il 
prit  des  leçons  de  violoncelle  de  Joseph  Rei- 
cha,  et  de  composition  chez  Cajetan  Vogel. 
Bientôt  il  fut  considéré  en  Bohême  comme  un 
habile  violoniste  et  violoncelliste,  et  comme 
un  compositeur  distingué.  If  a  écrit  une  très- 
grande  quantité  d*oft*er(oires,  graduels,  an- 
tiennes, litanies,  messes,  symphonies  et  qua- 
tuors, dont  une  partie  se  trouvait  au  couvent 
de  Strahow.  Après  avoir  été  vicaire  à  Smeczo 
pendant  onze  ans,  il  fut  nommé  curé  â  Hro- 
beziez,  puis  à  Pher,  où  il  se  trouvait  encore 
en  1808. 

MEI^TA  (François)  musicien  qui  vécut 
à  Rome,  était  né  à  Venise,  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle.  Il  s^estfalt  connaître 
comme  compositeur  par  les  ouvrages  suivants: 
1«  Madrigali  a  quattro  voci;  Roma,  app. 
Antonio  Barré,  VàW.'i^ Madrigali  a  cinque 
voci,  libro  primo;  in  Fenezia,  app.  Ant. 
Gardane,  1564,  in-4''  obi. 

MEI^TE  (jEAif-FnéoÉaic),  naquit  le  9  no- 
vembre 1698,  à  Rolhenbourg,  sur  POder.  Fils 
de  Samuel  Mente,  bon  organiste  en  cette  ville, 
il  apprit  de  son  père  les  éléments  de  la  mu- 
sique, puis,  en  1715,  il  alla  à  Francfort-sur- 
POder,  et  y  continua  ses  éludes  musicales  chez^ 
Simon,  professeur  de  musique  de  PuniversitC. 
En  1718,  il  visita  Dresde  et  Leipsick,  puis  se 
rendit  à  Glaucha,  où  il  étudia  le  contrepoint 
sous  Meischner.  Après  avoir  été  organiste 
dans  plusieurs  petites  villes,  il  fut  appelé,  en 
1727,  à  Liegnitz,  en  la  même  qualité.  II  mou- 
rut vers  1760,  après  avoir  rempli  son  emploi 
l^endant  trente-trois  ans.  Le  nombre  de  ses 
compositions  pour  Péglise  et  pour  les  instru- 
ments est  considérable,  mais  on  n*a  imprimé 
qu*un  concerto  pour  la  basse  de  viole,  à  Leip- 
sick, et  six  trios  pour  flûte,  basse  de  viole  et 
basse  continue  pour  le  clavecin.  Le  reste  de 
ses  ouvrages  consiste  en  sonates  et  concertos 
pour.Ie  clavecin  et  pour  la  basse  de  viole. 

MEI^TEIi  (Joseph),  violoncelliste  dis- 
tingué, est  né,  le  18  janvier  1808,  à  Teys- 
bach,  près  de  Landshut  (Bavière).  Les  pre- 
mières années  de  son  enfance  se  passèrent 
dans  les  villes  de  Salzbourg,  puis  de  Ralls- 
bonue,  et  enfin  d^Etchslœdt,  où  son  père. 


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MENTER  —  MERCADANTE 


employé  de  TadixiiDistralion  des  fioances,  l^t 
envoyé  tour  à  tour.  Le  premier  instrument 
qu^on  lui  mit  dans  les  mains  fut  le  violon; 
maiSj  plus  tard,  il  devint  élève  de  Moralt,  à 
Munich,  pour  le  violoncelle.  En  1829,  il  fut 
admis  dans  la  chapelle  du  prince  de  Hohen- 
zollern-Hechingen,  et,  en  1835,  il  eolra  dans 
la  chapelle  royale  à  Munich.  Cet  artiste  a 
voyagé  avec  succès  dans  TAllemagne  du  Nord, 
en  Autriche,  en  Hollande,  en  Suisse,  en  Bel- 
gique et  en  Angleterre.  Il  est  mort  jeune  en- 
core, le  18  janvier  1856.  Ses  œuvres  pour  son 
instrument  ont  été  publiées  après  son  décès, 
à  O/fenbacb,  chez  André.  Il  avait  publié  pré- 
cédemment, à  Vienne,  chez  Haslinger,  'ses 
premiers  ouvrages,  parmi  lesquels  on  remar- 
que un  thème  varié  pour  violoncelle  et  piano, 
op.  4,  et  une  fantaisie  pour  violoncelle  et  or- 
chestre, op.  5. 

IttEINZEL  (Igrage),  habile  facteur  d*or- 
gues  à  Breslau,'  vécut  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  \^  L*orgue  de  Téglise  Notre-Dame,  à 
Breslau,  en  1712,  composé  de  trente-six  jeux. 
2°  Celui  de  Téglise  Côrporis  Chrisli,  dans  la 
même  ville,  de  vingt  et  un  jeux.  S^  Celui  de 
Sainte-Barbe,  tdetn,  de  vingt  et  un  jeux.  4®  Ce- 
lui de  réglise  Saint-Pierre  et  Saint-Taul,  à 
LiegnitZjde  trente  et  un  jeux,  en  1722. 5*  Celui 
de  Niemtsch,  en  Silésie,  en  1725,  composé  de 
vingt  jeux.  6«  Celui  de  Landshut,  en  1729, 
composé  de  quarante-sept  jeux. 

]IIEUBACH(Geoages-Fréoéaic),  directeur 
de  la  justice  à  Altdœbern,  dans  la  Basse- 
Lusace,  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
vécut  d*abord  à  Leipsick.  On  a  de  lui  une 
méthode  de  piano  pour  les  enfants,  intitulée  : 
Claviersckule  fur  Kinder;  Leipsick,  1782, 
in-fol.  obi.  de  soixante  et  une  pages.  On  voit  par 
sa  dédicace  à  Homilius  et  à  Uiller  qu*il  était 
élève  de  ces  deux  savants  musiciens.  En  1783, 
il  a  paru  un  supplément  à  cet  ouvrage,  dont 
l'auteur,  qui  a  gardé  Tanonyme,  était  inconnu 
à  Merbach  lui-méme(voyex  Petscbke). 

MERCADAI^TE  (Sayehio),  compositeur 
dramatique  de  Pépoque  actuelle,  n'est  pas  né 
àNaples,  comme  il  est  dit  dans  plusieurs  re- 
cueils biographiques,  mais  à  Altamura,  dans 
la  province  de  Bari,  en  1797.  A  Page  de  douze 
ans,  il  fut  envoyé  à  Naples  et;  y  entra  au  col- 
lège royal  de  musique  de  Saint-SébasUcp.  Ses 
premières  études  semblaient  le  destiner  à  être 
instrumentiste;  il  jouait  du  violon  et  de  la 
flûle;  beaucoup  de  morceaux  de  sa  composi- 
tion pour  ces  instruments  furent  publics  à 
Naples,  et,  peodant  plusieurs  années,  il  tint 


remploi  de  premier  violon  et  de  chef  d'or- 
chestre à  ce  conservatoire.  Zingarelli,  direc- 
teur de  Pécole,  qui  était  son  maître  de  compo- 
sition, rayant  surpris  un  jour  occupé  à  mettre 
en  partition  des  quatuors  de  Mozart,  le  chassa 
impitoyablement.  Il  fut  alors  obligé  de  cher- 
cher des  ressources  dans  la  composition  dra- 
matique, et  il  essaya  ses  forces  dans  une  caa  - 
tate  qu'il  écrivit  pour  le  théâtre  Del  Fonda, 
et  qui  fut   exécutée  en  1818.  L'année  sui- 
vante, il  composa  pour  le  théâtre  Sainl-Cbarle» 
VApoteosi  d'Ercok,  qui  fut  représenté  avec 
succès,  et  dont  on  applaudit  surtout  un  beau 
trio  qui  a  été  publié  avec  accompagnement  de 
piano.  Cet  ouvrage  fut  suivi,  dans  la  même 
année, de  l'opéra  bouffe  FioUnza  e  Costanzar 
représenté  au  théâtre  Nuovo.  Applaudi  de 
nouveau  dans  cette  production,  Mercadantc 
fut  engagé,  en  1820,  pour  donner  à  Saint- 
Charles  Anacreonte  in  Samo,  dont  le  succès 
surpassa  celui  de  ses  premiers  ouvrages.  Dès- 
ce  moment,  son  nom  commença  à  retentir  ea 
Italie,  et  l'administration  du  théâtre  Falle, 
de  Rome,  lui  envoya  un  engagement.  Il  partit 
pour  cette  ville,  et  y  fit  représenter  l'opéra 
bouffe  IlGeloso  ravvedulOf  qui  fut  suivi, dans- 
la  saison  du  carnaval,  de  l'opéra  sérieux  : 
Scipione  in  Cartagine,  au  théâtre  Argen- 
tina  de  la  même  ville  :  ces  deux  ouvrages 
furent  accueillis  avec  faveur.  Au  printemps 
de  1821,  Mercadante  alla  à  Bologne  écrire 
Maria  Stuarda,  qui  n'eut  qu'un  médiocre 
succès;  mais  il  se  releva  brillamment  à  l'au- 
tomne de  la  même  année  en  donnant,  à  Milao, 
son  Eli*a  t  Claudio j  le  meilleur  de  ses  ou- 
vrages, et  celui  qui  a  trouvé  partout  le  meil- 
leur accueil.  Telle  fut  la  fortune  de  cette  par- 
tition, que  les  journaux  parlèrent  d'un  rivât 
trouvé  à  Rosini  :  jugement  téméraire  comme 
on  en  porte  dans  le  monde,  où  le  mérite  se 
mesure  au  succès. 

Chargé  des  lauriers  quNl  avait  cueillis  à 
Milan,  Mercadante  arriva  à  Venise  pour  y 
écrire  VAndronico,  qui  fut  représenté,  pen- 
dant le  carnaval  de  1822,  au  théâtre  de  la 
Fenice.  Là  commença  pour  le  compositeur 
une  suite  de  revers  mêlés  de  quelques  succès. 
A  la  chute  d'Andronico  succéda,  à  Milan,  celle 
de  l'opéra  semi-seria  Adèle  ed  Emerico,  et, 
dans  l'automne  de  la  même  année  (1822),  la 
chute  plus  humiliante  encore  de  VAmleto,  La 
réussite  équivoque  d'Alfonso  ed  Elisa,  re- 
présenté à  Mantoue  au  printemps  de  1823,  ne 
put  indemniser  Mercadante  de  ses  revers  pré- 
cédents; mais  l'enthousiasme  que  fit  éclater 
sa  Didone  à  Turin,  dut  ranimer  son  courage. 


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MERCADANTE 


S9 


De  retour  à  Naples  après  ces  vicissiludes,  il  y 
écrivit,  à  Tautoinne  de  Tannée  1823,  Gli  Sciti, 
opéra  sérieux  qui  fut  représenté  au  théâtre 
Saint-Charles,  el  qui  ne  réussit  pas  ;  mais  il 
se  releva  à  Rome,  au  carnaval  de  1824,  par 
GHJmiei  di  Siraeusà,  Tout  semblait  conspi- 
rer à  assurer  la  fortune  dramatique  de  Merac- 
dante,  car,  depuis  un  an,  Kossini  avait  quitté 
rilalie  pour  s*établir  à  Paris,  Itforlacchi  était 
à  Dresde,  et  les  autres  compositeurs  italiens 
avaient  vieilli,  ou  n*avaient  point  de  crédit 
près  du  public  -y  mais  il  manquait  à  Mercadante 
la  qualité  essentielle  ;  je  veux  dire  Poriginalité 
qui  crée  le  style,  qualité  indispensable  pour 
exercer  à  la  scène  une  domination  non  con- 
testée, et  pour  éviter  les  alternatives  de  succès 
et  de  chutes.  Au  mois  de  juin  1824,  il  arriva  à 
Vienne  et  y  débuta  par  la  mise  en  scène  de  son 
jElisa  e  Claudio,  que  suivirent  de  près  Dora- 
lice,  en  deux  actes,  le  Noxze  di  Telemacco 
ed  Antiope,  drame  lyrique,  et  //  Podestà 
di  Burgos,  Écrits  avec  trop  de  rapidité,  et 
conséquemment  avec  négligence,  ces  ouvrages 
ne  réussirent  point  à  la  scène  et  furent  mal- 
traités dans  les  journaux.  En  1825,  Merca- 
dante donna,  à  Turin,  la  A'tïocrt';  opéra  sérieux 
qui  fut  applaudi;  mais£rod«o«5taJ!farïanna 
tomba  à  Gènes.  Vipermestra,  où  il  y  a  de 
belles  choses,  ne  réussit  pourtant  pas  au 
théâtre  Saint-Charles  de  Naples,  mais  la 
Donna  Caritea^loMée  au  printemps  de  1826, 
à  Venise,  eut  un  succès  d*enlhousiasme. 

Ce  fut  à  cette  époque  que  Pentrepreneur 
du  théâtre  italien  de  Madrid  engagea  Merca- 
dante pour  sept  ans,  aux  appointements  an- 
nuels de  deux  mille  piastres,  sous  la  condition 
qu'il  écrirait  deux  opéras  nouveaux  pour  ce 
théâtre.  On  ne  connaît  pas  les  circonstances 
qui  empêchèrent  ce  contrat  de  recevoir  son 
exécution;  mais  il  estceVtain  que  Mercadante 
revint  à  Turin  â  la  fin  de  la  même  année  pour 
y  écrire  VEzio,  qui  n'obtint  qu'un  succès 
douteux,  puis  //  Montanaro,  au  printemps 
de  1827,  pour  le  théâtre  de  la  Scala,  à  Milan. 
De  là  il  retourna  en  Espagne.  Il  passa  à  Ma- 
drid les  années  1827  et  1828  et  y  fit  jouer 
quelques-uns  de  sts  anciens  ouvrages.  On  le 
trouve  à  Cadix  au  printemps  de  1829  :  il  y 
donna  Topera  bouffe  intitulé  :  La  Rappre- 
siMçlia,  dont  le  succès  fut  brillant,  puis  il  fit 
un  voyage  en  Italie  pour  y  engager  des  chan- 
teurs qu'il  emmena  à  Cadix.  En  18aO,  Merca- 
dante retourna  â  Madrid,  y  prit  la  direction 
de  la  musique  du  théâtre  italien,  et  y  composa 
la  Testa  di  bronzo.  De  là  il  alla  à  Naples,  en 
1831 1  où  il  fit  représenter  la  Zaïra,  qui  reçut 


un  bon  accueil.  L'année  suivante,  il  donna  à 
Turin  /  Normanni  a  Parigi,  ouvrage  qui 
réussit;  puis  alla  à  Milan  écrire  l'opéra  ro- 
mantique Ismala  ossia  Morte  ed  A  more, 
dont  le  succès  fut  contesté. 

Vers  ce  temps,  la  mort  de  Generali  avait 
laissé  vacante  la  place  de  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Novare;  Mercadante  se 
présenta  pour  la  remplir  et  l'obtint  au  com- 
mencement de  Tannée  1833.  Depuis  lors  il  a 
écrit  à  Milan  Jl  Conte  d'Etsex,  qui  a  été  joué 
sans  succès,  et  qui  a  été  suivi  du  drame 
/  Briganti,  d'Emma  d*Antiochia,  de  La 
Gioventii  di  Enrico  V,  de  II  Giuramento, 
mélodrame  et  belle  composition,  où  le  mal- 
heureux Nourrit  se  fit  applaudira  Naples,  el 
de  Le  due  illustri  Rivali,  à  Venise,  au  car- 
naval de  1839.  L'opéra  /  Briganti  avait  été 
composé  pour  Paris;  Mercadante  vint  le 
mettre  en  scène  lui-même,  el  Touvrage  fut 
joué  au  mois  de  mars  1836.  Mais  bien  que  les 
chanteurs  fussent  Rubini,  Tamburini,  La- 
blacheet  mademoiselle  Grisi,  l'opéra  n'eut 
point  de  succès.  Dans  l'opéra  Le  due  illustri 
BivaUj  Mercadante  transforma  son  style,  y 
mit  plus  de  verve,  plus-d^^Jéyatioo,  et  se  plaça 
au  premier  rang  des  compoH^eurs  de  cette 
époque.  Cet  oun^age  a  été  com^iosé  dans  des 
circonstances  pénibles,  car  uiïe  alTeclion 
ophthalmique .aiguë  menaçait  te  compositeur 
de  le  priver  entièrement  de  la  vue.  Retiré  à 
Novare  pendant  ce  temps,  il  était  obligé  de 
dicter  sa  musique  en  l'exécutant  au  piano.  Du 
malheur  qu'on  craignait  pour  Mercadante,  la 
moitié  seulement  se  réalisa  alors  :  il  perdit 
un  œil.  L'artiste  trouva  un  adoucissement  à  ce 
cruel  accident  dans  lè  succès  éclatant  de  sa 
partition.  Postérieurement  il  a  écrit  Gabriela 
di  Fergi,  Elena  di  Feltre,  La  Festale,  Jl 
Bravo,  Jl  Fatcello  di  Gama,  Leonora,  Gli 
Orazzi  ed  i  Curiaci ,  Il  Proscritto ,  Il 
Régente,  Il  Signore  in  viaggio,  la  Soli- 
taria  délie  Asturie,  et  quelques  autres  ou- 
vrages. 

Des  nombreux  ouvrages  de  Mercadante,  on 
a  gravé  en  partition  de  piano,  Elisa  e  Claudio, 
la  Donna  Caritea,  Il  Giuramento,  Ismalia, 
J  Normanni  a  Parigi,  des  choix  de  mor- 
ceaux de  Vipermestra,  I  Briganti,  Emma 
d'Antiochia,  La  Gioventik  di  Enrico  F,  Le 
due  illustri  Rivali,  Il  Bravo,  Elena  di 
Feltre,  Il  Giuramento,  La  Festale,  et  Gli 
Orazzi  ed  i  Curiaci,  ainsi  qu'une  immense 
quantité  d'airs  et  de  duos  détachés,  à  Milan, 
chez  Ricordi,  à  Paris,  chez  Bernard  Latte  et 
ailleurs.  On  connaît  aussi  de  ce  compositeur  ; 


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90 


MERCADANTE  —  MERCADIER 


1°  Deux  recueils  de  six  ariettes  italiennes; 
Vienne,  Arlaria.  S*  Virginia,  cantate; 
Vienne,  Mechelti.  ^"^  Sorge  in  vano,  cantate  ; 
Milan,  Ricordi.  4*  Soirées  italiennes,  col- 
lection de  huit  ariettes  et  de  quatre  duos; 
Paris,  Bernard  Latte. 

Considéré  dans  Tensemble  de  sa  carrière, 
Mercadantc  fait  regretter  qu'il  ait  mis  trop  de 
précipitation  dans  ses  travaux  et  â*ait  pas 
icalisé  ce  qu^on  pouvait  attendre  de  lui.  Le 
don  d*invention,  qui  fait  subir  à  Tari  des 
transformations,  ne  lui  avait  pas  été  accordé; 
mais  il  y  avait  en  lui  assez  de  mélodie  natu- 
relle, de  sentiment  de  bonne  harmonie,  d'ex- 
périence de  rinstrumentation  et  de  connais- 
sance des  voix,  assez  même  de  sentiment 
dramatique,  pour  qu^on  pût  espérer  de  voir 
sortir  de  sa  plume  un  plus  grand  nombre 
d'ouvrages  complets,  dignes  de  Testime  des 
connaisseurs.. Toutefois,  il  est  certain  que  cet 
artiste  est  le  dernier  maître  italien  qui  con- 
serva dans  ses  ouvrages  les  traditions  de  la 
bonne  école.  Ses  partitions  sont  bien  écrites, 
et  Ton  y  trouve  un  sentiment  d'art  sérieux  qui 
a  disparu  après  lui.  Malheureusement  il  aimait 
trop  le  bruit  et  les  effets  de  rhylhme.  Bon  bar- 
moniste,  il  a  donné,  dans  ses  messes  et  autres 
ouvrages  de  musique  d'église,  les  preuves  d'un 
savoir  qui  l'a  fait  choisir,  en  1840,  pour  la 
direction  du  Conservatoire  royal  de  Naples, 
qu'il  a  conservée  jusqu'à  ce  jour  (1862). 
L'Académie  des  beaux-arts  de  l'Institut  de 
France  l'a  choisi  pour  un  de  ses  membres 
associés.  En  18G9,  cet  artiste  distingué  est 
devenu  complètement  aveugle. 

MERCADIER  (Jcam-Baptist^  est  com- 
munément surnommé  DE  BELESTAT, 
parce  qu'il  était  né,  le  18  avril  1750,  dans  le 
bourg  de  ce  nom)  au  département  de  l'A- 
riége.  Destiné  à  l'état  ecclésiastique,  on  lui  fit 
faire  des  éludes  pro]>res  à  le  préparer  à  cet 
étal,  particulièrement  celle  des  langues  an- 
ciennes ;  mais  au  moment  d'entrer  au  sémi- 
naire, il  déclara  à  sa  famille  que  son  goût  pour 
les  mathématiques  ne  lui  permettrait  pas  de 
donner  à  la  théologie  l'attention  qu'elle  exi- 
geait, etqu*il  ne  se  sentait  aucune  disposition 
pour  être  prêtre.  De  retour  à  Mirepoix,  où  de- 
meurait son  père,  il  s'entoura  de  livres  d'al- 
gèbre et  de  géométrie,  et  dès  lors,  il  ne  s'oc- 
cupa plus  que  des  sciences  exactes. 

Après  avoir  rempli,  depuis  1784,  l'emploi 
d'ingénieur  de  la  province  du  Languedoc,  il 
fut  nommé  dix  ans  après  ingénieur  en  chef  du 
dêparl^ent  de  l'Ariége.  Il  est  mort  à  Foix, 
le  14  janvier  1816,  à  l'âge  de  soixante-six  ans. 


La  théorie  de  la  musique  occupa  les  loisirs  de 
ce  savant,  et  après  avoir  étudié  les  systèmes 
par  lesquels  on  avait  cru  Texpliquer,  il  se 
persuada  qu'il  en  avait  trouvé  un  meilleur, 
et  l'exposa  dans  un  livre  intitulé  :  Nouveau 
système  de  musique  théorique  et  pratique; 
Paris,  Valade,  1776,  un  volume  in-8»  de  trois 
cent  quatre  pages  et  huit  planches,  avec  un 
discours  préliminaire  de  lxvi  pages.  La  cri- 
tique que  fait  Mercadier,  dans  son  discours 
préliminaire,  des  systèmes  de  Rameau  et  de 
Tartini,  qui  étaient  en  vogue  de  son  temps, 
ou  du  moins  dont  on  parlait  beaucoup,  est  en 
général  assez  juste;  mais  il  est  moins  heureux 
lorsqu'il  essaye  d'établir  son  propre  système; 
car,  après  avoir  attaqué  Rameau  dans  ses  prin- 
cipes, il  lui  emprunte  l'idée  de  la  génération 
de  la  gamme  par  des  cadences  de  sons  fonda- 
mentaux, celle  de  l'identité  des  octaves,  enfin, 
il  fait  dériver  comme  lui  les  successions  mélo- 
diques de  l'harmonie.  Les  principes  qui  servent 
de  guide  à  Mercadier,  pour  la  recherche  de  la 
base  de  son  système,  sont  en  partie  empi- 
riques, en  partie  arbitraires.  C'est  par  le  té- 
moignage de  l'oreille  qu'il  vérifie  la  justesse 
des  successions  dans  la  multitude  d'intervalles 
que  lui  donnent  toutes  les  divisions  possibles 
d'une  corde  tendue  :  il  ne  remarque  pas  que 
ce  témoignage,  pris  comme  critérium,  n'a  pas 
besoin  de  tout  cet  échafaudage;  il  suffit  pour 
la  construction  de  la  gamme  à  priori,  mais 
il  ne  peut  conduire  à  une  démonstration  ri- 
goureuse de  la  justesse  des  sons. 

MERCADIER  (P.-L.),  fils  du  précédent, 
né  dans  le  département  de  l'Ariége,  en  1805, 
fut  élève  de  l'École  militaire  de  Saint-Cyr. 
Après  y  avoir  terminé  ses  études,  il  fut  nommé 
ofllcier,  en  1831,  dans  le  20«  régiment  de 
ligne,  et  servit  jusqu'en  1838.  Fixé  depuis  ce 
temps  h  Paris,  il  fut  décoré  de  l'ordre  de  la 
Légion  d'honneur  pour  son  honorable  conduite 
dans  les  rangs  de  la  garde  nationale  pendant 
l'insurrection  des  journées  de  juin.  Comme 
son  père,  il  s'est  occupé  de  la  musique,  mais 
au  point  de  vue  de  la  recherche  d'une  méthode 
pour  son  enseignement  élémentaire.  Le  résul- 
tat de  ses  travaux  a  été  publié  sous  ce  titre  : 
Essai  d'instruction  musicale  à  l'aide  d 'un 
Jeu  d'enfant  ;  Varis^  J.  Claye,  1855,  un  vo- 
lume tn-8«de  cent  cinquante-sept  pages,  avec 
un  tableau  mécanique,  et  une  botte  divisée  par 
cases  où  sont  classés  des  dés  qui  portent  les 
noms  des  notes  avec  les  divers  signes  qui  les 
modifient,  pour  la  formation  des  gammes  dans 
tous  les  tons  :  c'est  ce  que  M.  Mercadier  nomme 
un  jeu  d'enfant.  Sa  méthode  n'est  pat  des- 


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MEKCADIEU  —  MERCY 


91 


(inée  aux  écoles  d*artistes,  mais  à  renseigne- 
ment privé. 

MERGHI  (...),  guitariste  et  joueur  de 
mandoline,  naquit  à  Nazies  yers  1730  et  vint 
à  Paris,  en  1753^  avec  son  frère.  Tous  deux 
se  firent  entendre  dans  des  duos  de  eaku- 
cione,  sorte  de  guitare  à  long  manche  eu 
usage  autrefois  chez  le  peuple  napolitain. 
Très-habile  aussi  sur  la  guitare  ordinaire  et 
sur  la  mandoline,  Merchi  fut  longtemps  en 
vogue  à  Paris  comme  maître  de  ces  instru- 
ments. Il  vivait  encore  et  enseignait  en  1789. 
Chaque  année,  il  publiait  un  recueil  d*airs 
avec  accompagnement  de  guitare,  de  préludes 
et  de  petites  pièces  dont  il  avait  paru  vingt- six 
volumes  en  1788.  Le  nombre  de  ses  ouvrages 
l>our  guitare  ou  pour  mandoline  est  d*environ 
soixante.  On  ne  connaît  plus  aujourd'hui  de 
toute  cette  musique,  que  des  trios  pour  deux 
violons  ou  deux  mandolines  et  violoncelle, 
œuvre  9  :  Le  Guide  des  écolier*  pour  la  gui- 
tare, ou  préludes  aussi  agréables  qu'utiles, 
avec  des  airs  et  des  variations,  op.  7,  et  Me- 
nuets et  allemandes  connus  et  variés,  op.  33. 
Merchi  a  aussi  publié  un  Traité  des  agré- 
ments de  la  musiqtie  exécutée  sur  la  guitare, 
contenant  des  instructions  claires  et  des 
exemples  démonstratifs  sur  le  pincer,  le 
doigter,  V arpège,  la  batterie,  l'accompagne- 
ment, la  chute,  la  t&ade,  le  marteliement, 
le  trille,  la  glissade  et  le  son  filé;  Paris, 
1777,  in-8«. 

JMEIICIER  (Albebt),  professeur  de  mu- 
sique à  Paris,  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  a  fait  imprimer  un  petit  ouvrage  inti- 
tulé :  Méthode  pour  apprendre  à  lire  sur 
toutes  les  clefs;  Paris,  1788.  On  a  aussi  gravé 
de  sa  composition,  à  Berlin,  un  air  varié  pour 
lé  violon. 

MERCIER  (Jules),  violoniste  et  composi- 
teur, est  né  à  Dijon,  le  25  avril  1819«Bès  Page 
de  quatre  ans,  il  reçut  de  son  père  des  leçons 
de  violon  qui  lui  furent  continuées  jusqu*à 
Ilarrivée,  àDijon,d*un  bon  violoniste  nommé 
Lejeune,  qui  devint  son  maître.  ATâge  dedix- 
sept  ans,  Mercier  se  rendit  à  Paris  et  fut  ad- 
mis au  Conservatoire  comme  élève  de  Guérin, 
puis  désigné  pour  suivre  le  cours  de  Baillot  ; 
mais  il  ne  reçut  jamais  de  leçons  de  ce  grand 
maître,  parce  qu*une  grave  maladie  lui  fit  sus- 
pendre ses  éludes  et  Tobligea  à  retourner 
dans  sa  ville  natale.  Sa  santé  chancelante  fut 
toujours  un  obstacle  à  la  manifestation  pu- 
blique de  son  talent,  mais  n*a  point  empêché 
ce  talent  de  se  développer  et  d'acquérir  toutes 
les  qualités  qui  font  Tartisle  distingué,  à  sa- 


voir, la  beauté  du  son,  la  justesse  de  Tinto- 
nation,  le  mécanisme  de  Tarchet,  et  le  senti- 
ment juste  de  Tart.  Mercier  s'est  fait  entendre 
avec  succès  dans  les  villes  les  plus  importantes 
de  la  Bourgogne,  de  la  Franche-Comté,  de 
l'Alsace  et  de  la  Lorraine,  ainsi  qu'à  Carlsruhe, 
à  Wurzbourg  et  à  Sluttgard.  Arrivé  à  Franc- 
fort, il  y  fut  atteint  de  nouveau  par  une  longue 
maladie  qui  le  fit  renon^r  à  ses  projets  de 
voyage  et  le  ramena  à  Dijon.  On  a  publié  de 
cet  artiste  :  1<^ Fantaisie  pour  le  violon  sur  la 
Favorite;  Paris,  Brandus.  â<^  Fantaisie  sur 
Robert  le  Diable;  idem,  ibid.  3«  Fantaisie 
dramatique  sur  les  Huguenots;  idem,  ibid, 
4*>  Idem  sur  Charles  VI;  ibid.  5«  Idem  sur 
Robin-deS'Bois.  6«  Idem  sur  le  Pré-aux- 
Clercs.  7«  Caprice  sur  VElisir  d*amore. 
8^  Symphonie  concertante  pour  deux  violons 
sur  Norma.  Cet  artiste  a  aussi  en  ma- 
nuscrit :  9^Concerto  pour  violon  et  orchestre. 
10«  Pastorale  idem.  11»  Trois,  airs  variés 
idem,  12»  Trois  morceaux  de  salon  :  J^%te^ 
Saltarelle,  Fillanelle.  13*  L'Orage,  avec  or- 
chestre. 14^  Six  prières  pour  deux  violons. 
15*  Duos  pour  piano  et  violon.  16<»  Fantaisie 
caprice  pour  violon.  17«»  Divers  morceaux  pour 
musique  militaire;  quadrilles,  pas  redou- 
blés, etc.  On  trouve  une  appréciation  du  talent 
de  Mercier  dans  les  Souvenirs  de  la  musique, 
par  M.  Nault  (Dijon,  Loireau-Feuchot,  1854, 
in-8«). 

MERCKER  (Matthias),  cornettiste  et 
compositeur  du  comte  de  Schaumbourg,  na- 
quit en  Hollande  et  florissait  au  commence- 
ment du  dix-septième  siècle.  Ses  compositions, 
qui  consistent  toutes  en  musique  instrumen- 
tale, sont  les  suivantes  :  \^  Fantasia  seu 
Cantiones  gallics  A  vocum  accommodatas 
cymbalis  et  quibuscunque  aliis  instrument, 
musical.  ;  Arnheim,  1004,  in-4o.  â"  Concen- 
tus  harmoniei  2,  3,  4,  5,0  vocum  et  instru- 
mefttorum  variorum;  Francfort-sur-le-Mein, 
1013,  in-4*.  3**  Neue  kunstliche  mus.  Fugen, 
Paduanen,  Galliarden  und  Intraden,  auf 
allerley  Instrum.  zu  gebrauchen,  mit  2, 
3,  4,  5  t^nd  0  Stimmen;  Francfort,  1014, 
in-4«. 

niERCY  (L'ouïs),  né  en  Angleterre,  d'une 
famille  française,  dans  les  premières  années 
du  dix-huitième  siècle,  se  distingua  par  son 
talent  sur  la  flûte  à  bec,  à  laquelle  il  fil  des 
améliorations  conjointement  avec  le  facteur 
d'instruments  Stanesby,  de  Londres;  mais  il 
ne  put  remettre  en  faveur  cet  instrument,  que 
la  flùtc  traversière  avait  fait  abandonner.  On 
connaît  de  la  composition    de  cet  artiste  : 


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92 


MERCY  -  MEUEAUX 


1<*  Six  solos  pour  la  flûle  à  bec;  Londres, 
Walsh.  2*»  Six  idem,  op.  2j  t6icl.  5«  I>ou2e 
solos  pour  la  flûte  aoglaise  (flûte  à  bec  eu  ul)^ 
«ivec  une  préface  instructive  sur  la  gamine; 
ibid. 

MEREAUX  (Jean-Nicolas  LE  FAOID 
DE),  compositeur,  naquit  à  Paris,  en  1745. 
Après  avoir  terminé  ses  études  de  musique 
sous  divers  maîtres  français  et  italiens,  il  fut 
organiste  de  Tégiise  Saint-Jacques-du-Uaut- 
Pas^  pour  laquelle  il  écrivit  plusieurs  motets, 
ïn  1775,  il.  fit  exécuter,  au  Concert  spirituel, 
l*oratorio  VEsther,  qui  fut  fort  applaudi.  La 
cantate  à^ Aline,  reine  de  Golconde,  fut  le 
premier  ouvrage  qu'il  publia  en  1767.  II  fit 
représenter  à  la  comédie  italienne  les  opéras 
suivants  :  !<>  Le  Retour  de  la  tendresse,  le 
1"  octobre  1774.  2«  Le  Duel  comique,  le 
16  septembre  1776.  Z'^Laurette,  en  1782.  Il  a 
donné  aussi  à  TOpéra  :  4*^  Alexandre  aux 
Indes,  (1785),  dont  la  partition  a  été  gravée. 
5®  Œdipe  et  Jocaste,  en  1791.  Mereaux  a 
laissé  en  manuscrit  :  les  Thermopyles,  grand 
opéra,  et  Scipion  à  Carthage,  Il  est  mort  à 
Paris,  en  1797. 

MEREAUX  (JosEPB-MicoLAsLE  FROID 
DE),  fils  du  précédent,  né  à  Paris,  en  1767, 
fut  élève  de  son  père.  £n  1789,  ce  fut  lui  qui 
joua  de  Torgue  qu*on  avait  élevé  ou  Champ- 
de-]!jfars  pour  la  fêle  de  la  Fédération  du 
14  juillet.  II  entra  ensuite  comme  professeur 
à  Técole  royale  de  chant  attachée  aux  Menus- 
Plaisirs  du  roi.  Depuis  lors,  il  a  été  professeur 
de  piano  et  organiste  du  temple  protestant  de 
rOratoire,  quoiqu*il  fût  catholique.  Il  com- 
posa, à  Toccasion  du  couronnement  de  Napo- 
léon I«r,  une  cantate  à  grand  orchestre,  qui 
fut  exécutée  dans  ce  temple,  en  1804.  Parmi 
les  compositions  de  Uereaux  qui  ont  élé  pu- 
bliées, on  remarque  :  1»  Sonates  pour  piano 
et  violon  ou  flûte;  Paris,  Pacini.  2<>  Nocturne 
pour  piano  et  flûte,  op.  35;  Paris,  Richault. 
3«  Sonate  pour  piano  seul,  op.  5;  Paris, 
Omont.  4*>  Grande  sonate,  idem;  Paris,  Le- 
duc.  5*  Plusieurs  fantaisies  pour  piano.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  une  grande  méthode  de 
piano  non  terminée.  M.  de  Mereaux  a  ïormé 
quelques  élèves  distingués,  au  nombre  des- 
quels on  compte  son  fils  et  mademoiselle  Au- 
guste Compel  de  Saujon,  amateur  qui  brilla 
par  son  talent  d'exécution,  et  qui  a  écrit  de 
jolies  fantaisies  pour  le  piano. 

MEREAUX  (Jeak  Améoée  LE  FROID 
DE),  fils  du  précédent,  est  né  à  Paris,  en 
1805.  Élève  de  son  père  pour  le  piano,  il  fit 
Je  rapides  progrès  sur  cet  instrument,  ce  qui 


ne  Tempécha  pas  de  faire  de  bonnes  éludes 
an  Lycée  Charlemagne,  et  d'obtenir  un  pre- 
mier prix  au  grand  concours  de  Tuniversité.  Sa 
mère  était  fille  du  présidentBlondel,  qui,  jeune 
avocat,  avait  plaidé  la  cause  de  mademoiselle 
crOliva,  dans  la  fameuse  affaire  du  collier  de 
la  reine,  puis  fut  secrétaire  des  sceaux  sous 
Lamoignon  de  Malesherbes,  et  qui  devint 
enfin  président  de  la  Cour  d'appel  de  Paris. 
Cette  dame  voulait  que  son  fils  suivit  la  car- 
rière du  barreau  ;  mais  Torganisalion  musi- 
cale du  jeune  Mereaux  en  décida  autrement. 
A  Vàge  de  dix  ans,  il  fit  avec  Reicha  un  cours 
complet  d'harmonie;  il  était  à  peine  parvenn 
h  sa  quatorzième  année  lorsque  son  père  fit 
graver,  chez  Richault,  ses  premiers  essais  de 
composition.  Après  avoir  terminé  ses  éludes 
de  collège,  il  apprit  de  Reicha  le  contrepoint 
et  la  fugue,  dont  il  avait  étudié  auparavant 
les  premiers  principes  avec  le  vieux  Porta 
{voyex  ce  nom).  Devenu  artiste,  Mereaux  se 
livra  à  l'enseignement  et  publia  un  grand 
nombre  de  compositions  pour  le  piano.  En 
1838,  son  ancien  camarade  de  collège  et  ami, 
l'archéologue  Charles  Lenormant,  lui  fil  avoir 
le  titre  de  pianiste  du  duc  de  Bordeaux,  sinécure 
qu'il  ne  garda  pas  longtemps,  car,  moins  de 
deux  ans  après,  la  révolution  de  1830  changea 
la  dynastie  régnante.  Après  cet  événement, 
Mereaux  parcourut  la  France  en  donnant  des 
concerts;  puis  il  se  rendit  à  Londres,  en 
1833,  et  y  séjourna  pendant  deux  saisons 
comme  virtuose,  professeur  et  compositeur 
|)our  son  instrumenta  Au  nombre  des  élèves 
qu'il  forma  à  cette  époque,  on  compte  made- 
moiselle Clara  Loveday,  qui,  plus  tard,  acquit 
une  certaine  renommée.  Fixé  à  Rouen  vers 
1835,  Mereaux  s'y  est  livré  à  renseignement 
jusqu'à  ce  jour  (1862),  et  y  a  formé  beaucoup 
de  bons  élèves,  parmi  lesquels  on  remarque 
mademoiselle  Charlotte  de  Malleviile,  connue 
plus  tard  sous  le  nom  de  madame  Amédée 
Tardieu,  et  qui  a  mérité  l'estime  des  connais- 
seurs par  la  manière  dont  elle  interprétait 
les  œuvres  classiques.  Bien  qu'absent  de  Paris 
pendant  une  longue  suite  d'années,  Mereaux 
M'y  fut  pas  oublié,  parce  qu'il  y  fit  mettre  au 
jour  plus  de  quatre-vingt-dix  oeuvres,  iiarmi 
lesquels  on  compte  cinq  livres  de  grandes 
études  pour  le  piano,  qui  furent  publiés  e» 
1855,  et  qui,  après  avoir  reçu  l'approbatioD 
de  la  section  de  musique  de  l'Institut  de 
France,  ont  élé  adoptés  pour  renseignement 
au  Conservatoire  de  Paris.  Au  nombre  d»  ses 
compositions  de  musique  vocale,  on  compte 
une  messe  solennelle  à  quatre  voix,  chœur  cl 


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MEREAUX  -  MERK 


93 


orchestre  qui  a  été  exécutée  à  la  cathédrale 
de  Rouen,  en  1852,  des  cantates  pour  diverses 
circonstances, dont  une  a  été  publiée  à  Paris, 
chez  Maurice  Scblesinger,  et  une  autre,  écrite 
pour  le  chantenrBaroilhet,etqui  a  paru  chez  les 
frères  Escudier.  Il  a  écrit  des  pièces  chorales 
à  huit  voix  en  deux  chœurs,  pour  les  Orphéo- 
nistes de  Paris.  Reçu  membre  de  F  Académie 
impériale  des  sciences,  belles-lettres  et  arts 
de  Rouen,  en  1858,  Mereaux  a  prononcé,  à  la 
séance  publique  de  cette  société,  un  discours 
sur  la  musique  et  sur  son  influence  sur  Tédu- 
calion  morale  des  peuples.  Après  avoir  été 
publié  dans  les  mémoires  de  cette  académie, 
ce  morceau  a  été  reproduit  dans  divers  jour- 
naux. Comme  littérateur  musicien,  cet  artiste 
a  pris  part  à  la  rédaction  de  plusieurs  jour- 
naux, et  a  fait,  pendant  plusieurs  années,  la 
critique  musicale  dans  le  journal  principal  de 
Rouen.  Plusieurs  fois  Mereaux  s*est  fait  en- 
tendre à  Paris  comme  virtuose  et  y  a  obtenu 
des  succès.  En  1844,  il  a  donné,  dans  la  grande 
salle  du  Conservatoire,  un  concert  au  bénéfice 
de  r  Associa  lion  des  musiciens,  et  y  a  exécuté  le 
concerto  en  ré  mineur  de  Mozart.  En  1855,  il 
fit  entendre,  pour  la  première  fois  à  Paris,  dans 
un  concert  donné  à  la  salle  Pleyel,  avec  made- 
moisellede  Malleville,son  élève,  le  concerto  en 
tni  bémol  pour  deux  pianos  du  même  maître, 
et  écrivit  pour  cet  œuvre  un  grand  point 
d*orguequi  a  été  publié  chez  l'éditeur  Richault. 

MEIIELLE  (....).  On  a,  sous  ce  nom,  une 
méthode  de  harpe,  divisée  ei^  trois  livres,  et 
intitulée  :  New  and  complète  instmction 
for  the  Pedal  Harp;  Londres,  1800. 

MERIC-LALAINDE  (Hekriette).  Foyez 

lALAISDE     (HEnKlETTE-Ci.iMEIITlllB     M£- 

MC-). 

MERK  (Daniel),  musicien  bavarois^  né 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  fut 
instituteur,  chantre  et  directeur  de  musique  à 
Augsbourg  après  la  mort  de  Georges  Schmetzer. 
11  a  publié  une  méthode  de  musique  instru- 
mentale intitulée  :  jànvoeiiung  zur  Instru-' 
tnentalmusik;  Augsbourg,  1695.  Mcrk  est 
mort  en  1713. 

BIERH.  (Joseph),  violoncelliste  distingué, 
naquit  à  Vienne,  le  18  janvier  1795.  Il  était 
encore  dans  ses  premières  années  quand  on 
lui  fit  commencer  Tétude  du  violon  ;  à  Tàge 
•de  quinze  ans,  il  possédait  déjà  un  talent  re- 
marquable sur  cet  instrument  et  se  faisait 
entendre  avec  succès  dans  les  concerts;  mais 
«n  accident,  qui  pouvait  avoir  les  conséquences 
les  plus  graves,  Tobligea  d*abandonner  le 
violon  et  de  prendre  la  violoncelle  :  mordu 


par  un  chien  de  grande  taille,  aux  deux  bras, 
il  reçut  au  bras  gauche  des  blessures  si  pro- 
fondes, qu*il  lui  devint  désormais  impossible 
de  le  tourner  pour  tenir  le  violon  dans  sa 
position  ordinaire.  Merk  éprouva  beaucoup  de 
chagrin  de  cet  événement;  mais  son  goût 
passionné  pour  la  musique  lui  fit  prendre  im- 
médiatement  la    résolution  de  se   livrer  à 
Pétude  du  violoncelle.  Le  nom  du  maître  qui 
lui  donna  les  premières  leçons  de  cet  instru- 
ment (i^o^t'ndtooJker)  est  à  peine  connu  parmi 
les  artistes  :  cependant  ce  dut  être  un  homme 
de  talent,  car  il  At  faire  à  son  élève  de  si 
grands  progrès,  que  Merk  put  être  engagé, 
après  une  année  d*éludes,  comme  violoncel- 
Nsle  de  quatuors  chez  un  magnat  de  Hongrie. 
Il  vécut  deux  ans  chez  ce  seigneur;  puis  il 
entreprit  un  voyage  pour  se  faire  connaître  et 
se  fit  entendre  dans  les  villes  principales  de 
la  Hongrie,  de  la  Bohême  et  de  TAutriche. 
Après  cinq  années  de  cette  vie  nomade,  il  re- 
tourna à  Vienne  et  entra  comme  premier  vio- 
loncelle à  rOpéra  de  la  cour  (1816).  Admis  à 
la  chapelle  impériale,  en  181 0,  il  vit  sa  répu- 
tation de  virtuose  violoncelliste  s*étendre  dans 
toute  TAUemagne.  Lorsque  le  Conservatoire 
de  Vienne  fut  institué  (en  1823),  Merk  y  fut 
appelé  en  qualité  de  professeur  de  son  instru- 
ment. En  1834,  Pempereurlui  accorda,  con- 
jointement avec  Mayseder,  le  titre  de  virtuose 
de  la  chambre  impériale  ;  distinction  qui  ne 
pouvait  être  accordée  à  un  artiste  plus  digne  de 
Pobtenir.  Dans  ses  voyages,  il  fit  admirer  son 
talent  à  Prague,  Dresde,  Leipsick,  Brunswick, 
Hanovre  et  Hambourg^  d*où  il  se  rendit  à 
Londres.  De  retour  à  Vienne,  en  1839,  Merk 
y  reprit  ses  fonctions  de  professeur,  dans  les- 
quelles Il  s^est   particulièrement  distingué, 
ayant  formé  un  grand  nombre  de  bons  violon- 
cellistes répandus  en  Allemagne  et  dans  les 
pays  étrangers.  Ce  digne  artiste  est  mort  à 
Vienne,  le  16  juin  1852.  On  a  publié  de  sa 
composition  :  1<>  Concerto  pour  violoncelle  et 
orchestre,  op.  5;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrlel. 
3<^  Concertino  idem  (en  la),  op  17;   ibid, 
5^  uédagio  et  rondo  idem  (en  ré),  op.  10; 
Vienne,  Mechetti.  4®  adagio  et  polonaise  (en 
/a)^op.  12;  ibid.  5«  Variations  sur  un  thème 
original  (en  sol),  op.  8;  t6t'd.  6<>  Variations 
sur  un  thème  tyrolien  (en  soQ,  op.  18;  Bruns- 
wick,   Meyer.    7«   Divertissement   sur   des 
thèmes  hongrois  (en  ré  mineur),  op.  19;  ibid. 
80  Introduction  et  variations  (en  ré),  op  31  ; 
Vienne,  Mechetti.  ^  Vingt  exercices  pour  le 
violoncelle,    op.    Il  ;    Vienne ,   Uaslingcr. 
10*  Six  éludes  idem,  op.  20  ;  t6id. 


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»* 


MEHKEL  —  MERKLIN 


MERH.ËL  (Daiikb«ott-£mmaiiijel),  lilté- 
raleur  allemand,  naquit  à  Scbwarizenberg, 
au  pied  des  montagnes  du  Harz,  le  1 1  juin 
1765,  ût  ses  études  à  Zittao  et  à  Leipsick,  puis 
se  fixa  à  Dresde,  oCi  il  mourut  le  4  octobre 
1708,  à  rage  de  33  ans.  Il  cultiva  la  musique 
comme  amateur,  et  publia  un  recueil  de  pièces 
intitulé  :  Quelques  compositions  pour  le 
piano  et  léchant;  Dresde,  Hilscher,  1791. 

MEBKLIPi  (Joseph),  habile  facteur  d^or- 
gués,  est  né,  le  17  janyier  1819,à  Oberbausen, 
dans  le  grand-duché  de  Bade.  Fils  de 
J.  Merklin,  facteur  d*orgues  à  Freibourg, 
dans  la  même  principauté,  il  fit  ses  pre- 
mières études  sous  la  direction  de  son  père^ 
puis  il  compléta  ses  connaissances  par  ses 
voyages  en  Suisse,  en  Allemagne,  et  travailla 
chez  M.  Walker,  à  Louisbourg,  puis  chez 
Korf mâcher,  à  Linnich.  Arrivé  en  Belgique, 
M.  Merklin  posa  les  premières  bases  de  son 
établissement  à  Bruielles,  en  1843.  En  1847, 
Texposition  nationale  belge  lui  procura  Toc- 
casion  de  se  faire  connaître  avec  avantage  par 
les  bonnes  qualités  de  Torgue  qu*il  y  fit  en- 
tendre :  une  médaille  de  vermeil  lui  fut  dé- 
cernée en  témoignage  de  la  satisfaction  idu 
jury.  Dans  la  même  année,  M.  Merklin  appela 
près  de  lui  M.  F.  SchOUe,  son  beau-frère, 
facteur  très-habile,  particulièrement  pour  la 
mise  en  harmonie  dts  jeux.  Ce  fut  peu  de 
temps  après  que  Pauteur  de  cette  notice,  par 
un  rapport  lu  à  (* Académie  royale  des  sciences, 
des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique, 
appela  Paltenlion  des  facteurs  d*orgues  belges 
sur  la  nécessité  de  perfectionner  leurs  instru- 
ments en  ce  qui  concerne  les  divei-ses  parties 
du  mécanisme,  et  d*étudier  les  découvertes 
qui  avaient  été  faites  à  ce  sujet  en  Angleterre 
et  surtout  en  France.  De  tous  les  facteurs 
d*orgues  du  pays,  M.  Merklin  fut  le  seul  qui 
comprit  Timportance  des  considérations  ex- 
posées dans  ce  rapport  ;  sans  perdre  de  temps, 
il  examina  avec  Taltention  la  plusscruiHileuse 
les  améliorations  introduites  récemment  dans 
la  facture  deTorgue  par  les  artistes  étrangers, 
adopta  celles  qui  lui  parurent  résoudre  des 
problèmes  foftdamentaux  de  son  art,  et  en 
puisa  d^autres  dans  son  propre  fonds  pour  la 
production/de  timbres  caractérisés  et  variés , 
fit  disparaître  de  Pinstrumeot  les  anciens  jeux 
qui  forment  double  emploi  avec  d^aulres  et 
compliquent  la  machine  sans  utilité  pour 
PefTet;  enfin,  il  réunit  dans  ses  orgues  tous 
les  éléments  d*une  perfection  relative,  au  fur 
et  à  mesureque  Pexpérience  Péclairail,  et  par- 
vint ainsi,  par  degrés,  en  peu  d*années,  à  se 


placer  au  premier  rang  des  facteurs,  et  à  pro* 
duire  des  orgues  de  toutes  les  dimensions,  qui 
sont  aujourd'hui  considérées  comme  des  mo- 
dèles achevés,  tant  pour  les  détails  de  la 
construction  mécanique  que  pour  la  richease, 
Parapleur  et  la  variété  des  sonorités. 

En  M58,  Merklin,  dans  le  dessein  de  donner 
plus  de  développement  à  ton  industrie,  fonda 
une  société  par  actions,  tous  la  dénomination 
Merklin,  Scbttlze  et  compagnie.  En  1855, 
cette  société  acheta  la  fabrique  d*orgues  de 
Ducroquet,  à  Paris.  Dans  la  même  année,  elle 
obtint  des  récompenses  très-honorables  à 
Pexposition  universelle  de  celte  ville.  En 
1858,  la  société  fut  transformée  en  Société 
anonyme  pintr  la  fabrication  des  or» 
gués,  etc.;  établissement  Merklin-SchUtze. 
Celte  nouvelle  organisation  permettait  à  une 
administration  composée  d*hommes  hono- 
rables et  expérimentés  d'apporter  son  concours 
dans  les  travaux  de  Pétablissement.  Par  la 
bonne  gestion  de  cette  administration  ;  par  la 
réunion  des  deux  grandes  maisons  de  Bruxelles 
et  de  Paris  ;  par  les  travaux  qui  y  sont  exé- 
cutés; enfin,  par  le  talent  incontestable  de 
MM.  Merklin  et  Schutze,  cet  établissement  est 
devenu  sans  égal  en  Europe.  Les  orgues  les 
plut  remarquables  qu'il  a  produites  depuis 
1845  sont  (en  Belgique)  :  1<»  Le  grand  orgue 
de  S.  Barthélemi,  à  Liège;  9»  Celui  de  Pab- 
baye  de  Parc,  près  de  Louvain  ;  3»  Porgue  du 
collège  des  Jésuites,  i  Namur;  4*  Celui  de 
PInstitut  des  aveugles,  faubourg  de  Schaer- 
beek,  à  Bruxelles  ;  5**  Le  grand  orgue  de  trente- 
deux  pieds  pour  le  Conservatoire  de  Bruxelles, 
dans  la  grande  salle  du  palais  des  beaux- 
arts  :  instrument  magnifique,  à  quatre  claviers 
manuels,  clavier  de  pédales,  cinquante-quatre 
registres,  avec  tous  les  accessoires  de  pédales 
de  combinaisons,  d'accouplement  et  d'expres- 
sion. (En  £spap[ne)  :  6«  Le  grand  orgue  de  la 
cathédrale  de  Murcie.  (A  Paris)  :  7»  Le  grand 
orgue  de  Saint-Eustache;  8»  celui  de  l'église 
Saint-Eugène;  9^  celui  de  S.  Philippe  du 
Roule.  (Dans  les  départements  de  la  France)  : 
10»  Le  grand  orgue  de  la  cathédrale  de  Rouen; 
1\^  celui  de  la  cathédrale  de  Bourges;  19<*  ce- 
lui de  la  cathédrale  de  Lyon;  13o  idem  de  la 
caihéiiralede  Dijon  ;  14<*  idem  de  la  cathédrale 
d'Arras;  IS^  l'orgue  de  l'église  Saint-Ni- 
colas, à  Boulogne -sur -Mer;  16*  celui  de 
PégliseSaint-Sernim,  à  Toulouse,grand  trente- 
deux  pieds. 

Par  SCS  travaux  dans  la  construction  des 
harmonium,  M.  Merklin  a  porté  cet  instru- 
ment à  la  plus  grande  perfection  obtenue  jus- 


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MERKtlN  -  MERSENNE 


95 


qu'à  ce  jour  (1865)  ;  perfeclion  qui  ne  semble 
même  pas  pouvoir  élre  dépassée,  taol  pour  le 
fini  el  la  solidité  du  travail,  que  par  la  beauté 
du  son  et  la  variété* des  timbres  des  divers 
registres.  La  société  anonyme  dont  il  dirige  les 
ateliers  a  construit  de  grands  instruments  de 
cette  espèce  dont  la  puissance  sonore  frappe 
d*étonnement  les  connaisseurs  :  ils  tiennent 
lieu  d*orgues  dans  un  grand  nombre' de  petites 
localités,  et  ont  sur  celles-ci  Pavantage  d'oc- 
cuper peu  de  place. 

niERLE  (Jear-Toussairt),  littérateur,  né 
à  Montpellier,  le  10  juin  1785,  Gt  de  bonnes 
études  à  récole  centrale  du  département  de 
THérault,  puis  se  fixa  à  Paris,  en  1803. 
D'abord  employé  au  ministère  de  l'intérieur, 
il  quitta  cette  place  pour  le  service  mili- 
taire, et  ne  revint  à  Paris  que  vers  la  fin 
de  1808.  Tour  à  tour  attaché  à  divers  jour- 
naux, il  le  fut  en  dernier  lieu  à  la  Quoti- 
dienne^ en  qualité  de  rédacteur  pour  la  lit- 
térature. Il  a  fait  représenter  aux  théâtres  du 
Vaudeville,  des  .Variétés  et  des  Boulevards 
beaucoup  de  pièces  dont  quelques-unes  ont 
obtenu  du  succès.  Depuis  1823  jusqu'en  1836, 
il  eut  la  direction  privilégiée  do  théâtre  de  la 
Porte-Saint- Martin.  On  a  de  lui  deux  petits 
écrits,  dont  le  premier  a  pour  titre  :  Lettre  à 
un  compositeur  français,  sur  l'état  actuel 
de  l'Opéra;  Paris,  Barba,  1837,  in-8o  de 
quarante -quatre  pages,  et  l'autre  :  De 
rOpérai  Paris,  Baudouin,  1837,  in-8<>  de 
trente-deux  pages.  J'ai  donné,  dans  la  Revue 
musicale  (  1. 1"  ),  des  analyses  de  ces  opus- 
cules. Merle  est  mort  à  Paris,  le  18  fé- 
vrier 1853. 

MERLIIX  (...),  mécanicien  anglais,  a  in- 
venté à. Londres,  en  1770,  une  machine  pour 
noter  la  musique,  qu'il  a  envoyée  au  prince  de 
Ga1it2iD,  à  Pétersbourg;  mais  les  difflcuKés 
de  la  traduction  des  signes  firent  renoncer  à 
cette  machine,  sur  laquelle  on  trouve  une  no-  : 
tice  dans  le  Correspondant  musical  dé  Spire, 
année  1703,  p.  308. 

]IIERLOG(JoLEs),  professeur  de  musique 
â  l'école  supérieure  des  filles,  à  Magdebourg, 
est  auteur  d'un  livce  d'enseignemen^iémen- 
taire,  intitulé  :  Theoretisch-praktisches  Ge- 
sangS'Cursuê  (Cours  de  chant  théorique  et 
pratique);  Magdebourg,  Heinrichsbofen,  1855. 
Ce  cours  est  divisé  en  quatre  degrés  :  le  pre- 
mier, pour  les  enfants  de  huit  à  neuf  ans  j  le 
second,  d'enseignement  moyen,  pour  ceux  de 
dix  à  onze  ans;  le  troisième,  également  d'en- 
seignement moyen,  pour  l'âge  de  douze  à 
treize  ans,  et  le  dernier,  pour  l'enseignement 


supérieur,  de  treize  à  quinze  ans.  A  cet  ou- 
vrage, M.  Merling  en  a  fait  succéder  un  autre 
qui  a  pour  titre  ;  Der  Gesang  in  der  Schule, 
seine  Bedeutung  und  Behandlung,  etc.  (le 
Chant  dans  les  écoles,  son  importance,  et  l'ap- 
plication qu'on  peut  en  faire,  etc.);  Leipsick, 
1856,  un  volume  in-8«.  Ce  livre  est  l'œuvre 
d'un  esprit  distingué,  dont  les  vues  sont  philo- 
sophiques. Ainsi  que  le  dit  M.  Merling  (p.  7), 
c'est  le  commentaire  du  Cours  de  chant  théo- 
rique et  pratique.  Je  n'ai  pas  de  renseigne- 
ment sur  l'auteur  de  ces  ouvrages. 

MERIHET  (l'abbé  Louis-FaiRçois-EavA- 
ruel),  né  le  35  janvier  1763,  â  Desertin, 
bourg  du  hameau  de  Rouchoux  (Jura),  a  été 
d'abord  professeur  de  belles-lettres  â  l'école 
centrale  du  département  de  l'Ain,  puis  au 
Lycée  de  Moulins,  membre  de  l'Académie  dé 
Montauban,  et  de  la  Société  des  sciences  et 
arts  de  Grenoble.  Il  est  mort  à  Saint-Claude, 
le  37  août  1335.  Ce  littérateur  a  publié  :  ZeN 
tres  sur  la  musique  modernes  Bourg,  1797. 
in-8». 

MEIIMET  (Lovis  BOLLIOUD  DE). 
^oyejsBOLUOUB  DE  MERIHET  (Louis). 

MEIIIIIGK(Abrolo),  organiste  de  l'église 
paroissiale  de  Cirencester,  dans  le  comté  de 
Glocester,  occupait  cette  position  avant  1836. 
II  est  mort  dans  celte  ville,  en  1845.  Cet  ar- 
tiste s'est  fait  connaître  par  la  traduction  an- 
glaise des  œuvres  didactiques^  d' Al brechts- 
berger,  dont  la  deuxième  édition,  augmentée 
d'une  préface  nouvelle,  de  notes  et  d'un  vo- 
lumineux index,  a  été  donnée  par  M.  John 
Bishop,  de  Cheltenham,  sous  ce  titre  :  Method 
of  ffarmony,  figured  Base  and  Composi 
tion,  adapted  for  self  instruction,  etc.  ;  Lon- 
dres, Rob.  Cocks  et C« (sans  date),  deux  volumes 
gr.  in-8«. 

MERSEIVIVE  (le  P.  Mabir).  Si  la  persé- 
vérance et  l'activité  dans  le  travail  suflisaient 
pour  conduire  un  écrivain  â  la  gloire,  nul 
n'aurait  plus  de  droits  â  la  célébrité  que  le 
P.  Mersenne,  religieux  minime  de  la  Place- 
Royale  de  Paris,  sous  le  règne  de  Louis  XIII. 
Malheureusement  ce  bon  moine,  fort  savant 
d'ailleurs,  n'était  pas  de  trop  bon  sens, 
selon  l'opinion  d'un  critique,  et  l'on  ne  peut 
nier  que  le  critique  ait  raison.  Le  P.  Mer- 
senne  a  laissé  beaucoup  d'ouvrages  volumi- 
neux qui  attestent  son  courage  et  sa  patience  : 
mais  les  choses  utiles  qu'on  y  trouve  sont 
noyées  dans  une  multitude  d'extravagances 
plus  étonnantes  encore  que  l'étendue  des  con- 
naissances de  celui  qui  les  a  imaginées.  Au 
reste,  ses  défauts  tiennent  un  peu  de  son 


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96 


MERSENNE 


temps,  où  la  philosophie  des  sciences  n'existait 
point  encore,  en  dépit  du  génie  cl  des  efforts  de 
Bescai'tes.  Le  jugement  qu'on  porte  aujour- 
d'hui des  ouvrages  du  P.  Mersenno  n'était  pas 
celui  de  ses  contemporains.  Le  P.  Parran  le 
considère  comme  un  excellent  théoricien  de 
musique  (1),  et  dit  qu'il  ne  laisse  rien  à  désirer 
sur  la  partie  spéculative  de  son  art.  Le  jésuite 
Kircber,  qui  fait  son  éloge  en  quatre  mots  (2), 
Fir  interpaucos  summus,  ajoute  que  son 
ouvrage  intitulé  :  Harmonie  universelle  est 
justement  estimé,  mais  que  Pauteur  s'y  est 
plus  attaché  à  la  philosophie  des  sons  qu'à  la 
pratique  de  la  musique.  La  Molhe  Le  Vayer, 
ce  sceptique  si  peu  complimenteur,  a  donné 
aussi  de  grands  éloges  au  P.  Mersenne,  en  lui 
envoyant  son  Discours  sceptique  de  la  mu- 
sique (3)  :  «  Je  reconnais,  dit-il,  que  vous 
«  avez  eu-  des  pensées  si  relevées  sur  la  mu- 
«  sique,  que  l'antiquité  ne  nous  en  Tournit 
«  pas  dépareilles...  Vos  profondes  réflexions 
u  sur  celte*  charmante  partie  des  mathéma- 
«  tiques  ne  laissent  aucune  espérance  d'y 
tt  pouvoir  rien  ajouter  à  l'avenir,  comme  elles 
u  ont  surpassé  de  beaucoup  tout  ce  que  les 
«  siècles  passés  nous  avaient  donné,  n 

La  vie  simple,  uniforme  et  tranquille  du 
P.  Mersenne  ne  fournit  guère  de  matériaux 
pour  une  biographie;  c'est  de  lui  qu'on  peut 
dire  avec  jus|^sse  que  son  histoire  n'est  autre 
que  celle  de  ses  ouvrages.  Né  au  bour^d'Oizé, 
dans  le  Maine,  le  8  septembre  1588,  il  fil  de 
bonnes  éludes  au  collège  du  .Mans,  et  alla  les 
achever  à  La  Flèche.  Entré  dans  l'ordre  des 
Minimes,  il  en  prit  l'habit  dans  le  couVenl 
Notre-Dame-de-Grâce ,  près  de  Paris,  le 
17  juillet  1611,  fit  son  noviciat  à  Meaux,  re- 
vint à  Paris  suivre  des  cours  de  théologie  et 
de  langue  hébraïque,  et  fut  ordonné  prêtre 
par  Mgr  de  GondI,  en  1613.  Plus  lard,  ses  su- 
périeurs l'envoyèrent  à  Ne  vers  pour  y  ensei- 
gner la  philosophie  dans  le  couvent  de  son 
ordre,  dont  il  fut  nommé  supérieur.  De  retour 
à  Paris,  il  se  livra  à  de  grands  travaux  sur  la 
philosophie,  les  mathématiques  et  la  musique. 
Trois  fois  il  visita  ritalie  et  y  fréquenta  les  sa- 
vants les  plus  distingués.  On  place  les  époques 
de  ces  voyages  en  1640,  1041  cl  1645.  Lié 
d'amitié  avec  Descartes,  Pascal  le  père,  Rober- 
val,  Peiresc,  cl  la  plupart  des  savants  et  des 
hommes  célèbres  de  son  temps,  il  prit  part 
aux  découvertes  les  plus  imiiortantcs  qui 
furent  faites  à  celte  époque,  et  entretint  une 

(I)  Musique  lliéor.  et  pral.,  p.  6. 

Ci;  Musurg.  univers,  prœf.  ï,  p.  4. 

O)  T.  IV  de  SCS  œuvres,  p.  22.  Paris,  IGCO. 


active  correspondance  avec  Doni,  Huygens  et 
beaucoup  d'autres  savants  hommes  de  l'Italie, 
de  l'Angleterre  et  de  la  Hollande.  Se  livrant  k 
des  expériences  multipliées  sur  des  objets  de 
la  physique,  il  passait  une  partie  de  son  temps 
dans  les  ateliers  ou  dans  le  cabinet  des  artistes 
puis  prenait  des  notes  sur  tout  ce  qu'il  avait 
recueilli  de  faits  et  d'observations.  La  douceur 
de  son  caractère,  sa  bienveillance  habituelle, 
disposaient  tous  ceux  qui  le  connaissaient  à 
élre  de  ses  amis  et  à  l'aider  dans  ses  travaux. 
C'est  ainsi  qu'il  passa  sa  vie,  et  qu'il  arriva  au 
terme  de  sa  carrière,  à  l'âge  de  soixante  ans. 
Il  mourut,  le  l*'  septembre  1648,  des  suites 
d'une  opération  douloureuse. 

L'un  des  premiers  ouvrages  de  Mersenne 
relatifs  à  la  musique  est  celui  qui  a  pour  ti^re  : 
La  Vérité  des  sciences  (Paris,  1625,  in-4o); 
ce  livre  est  le  moins  connu  de  tous  ceux  qu'il 
a  publiés.  Il  roule  presque  tout  entier  sur  la 
certitude  des  principes  de  la  musique,  et  tend 
à  prouver  que  cet  art  repose  sur  une  science 
réelle.  C'est  surtout  à  l'examen  àe  l'objection 
suivante  que  le  P.  Mersenne  se  livre  :  a  La 
«  musique  n'est  rien  qu'apparence,  puisque 
a  ce  que  je  trouve  agréable,  uû  autre  le  trouve 
«  détestable.  L'on  ne  donne  aucune  raison 
«  pourquoi  l'octave,  la  quinte  et  la  quarte 
u  sont  plutôt  consonnances  qu'une  septième 
a  ou  une  seconde.  Peut-être  que  celles-ci  sont 
«  les  vraies  consonnances,  et  que  les  autres 
u  sont  les  dissonances;  car  si  ce  nombre-là 
«  convient  à  l'un,  celui-là  plaira  à  l'autre.  « 
Le  P.  Mersenne,  pour  répondre  à  celle  objec- 
tion, entre  dans  une  longue  discussion  sur  les 
nombres,  les  rapports  des  intervalles  et  les 
proportions.  Du  milieu  d'un  fatras  de  paroles 
inutiles  surgit  cependant  une  idée  dont  Euler 
et  d'autres  grands  géomètres  se  sont  enaparés, 
savoir  :  qu'un  intervalle  est  d'autant  mieux 
consonnant  que  les  rapports  des  sons  qui  le 
constituent  sont  plus  simples.  Le  calcul  des 
longueurs  des  cordes  et  du  nombre  de  leurs 
vibrations  lui  sert  à  démontrer  cette  vérité 
dont  on  attribue  la  découverte  à  Pythagore, 
mais  qui  ne  se  trouve  établie  d'une  manière 
positive,  pour  la  première  fois,  que  dans  l'écrit 
de  Mersenne.  Ce  moine  est  revenu  sur  le  même 
objet  dans  la  deuxième  de  ses  Questions  har- 
moniques (Paris,  1654,  in-8«),  p.  80  :  elle  est 
ainsi  énoncée  :  j^  savoir  si  la  mtisique  est 
une  science j  et  si  elle  a  des  principes  certains 
et  évidents;  mais  il  y  abandonne  le  calcul 
pour  se  livrer  à  l'cxiiosé  de  quelques  faits  his- 
toriques où  il  fait  preuve  de  plus  de  crédulité 
que  de  critique. 


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MERSENNE 


97 


Le  projet  d*un  grand  ouvrage  qui  devait 
embrasser  toutes  les  parties  de  la  musique  oc- 
cupait le  P.  Mersenoe.  Ce  livre  devait  avoir 
pour  titre  :  Traité  de  l'harmonie  universelle. 
En  1637,  II  en  publia  un  premier  essai  en  un 
▼olume  in-8«,  sous  ce  titre  :  Traité  de  Vhar- 
tnonie  universelle,  où  est  contenue  la  musique 
théorique  et  pratique  des  anciens  et  ma- 
demesj  avec  les  causes  de  ses  effets  :  enrichie 
de  raisons  prises  de  la  philosophie  et  de  la 
musique  (Paris,  Guillaume  Baudry).  Ce  vo- 
lume, divisé  en  deux  livres,  renferme  quatre 
cent  quitre -vingt-sept  pages ,  non  compris 
les  épltres,  les  sommaires  et  les  préfaces.  On 
n'y  voit  pas  le  nom  du  P.  Mersenne  au  fronti- 
spice, mais  il  se  trouve  au  bas  de  TépUre  dédi- 
catoire  du  premier  livre,  à  monsieur  du  Re- 
fuge, et  de  celle  du  second,  à  monsieur  Cou  tel, 
conseiller  en  la  Cour  des  aides.  Après  la  pre- 
mière épltre,  on  trouve  une  préface  générale, 
puis  le  sommaire  des  seize  livres  dont  Tou- 
vrage  devait  être  composé.  Ce  .sommaire  est 
suivi  de  la  préface  du  premier  livre  et  de  la 
table  des  théorèmes  de  ce  livre,  au  nombre  de 
trente.  Vient  ensuite  le  texte  du  premier  livre, 
Qui  contient  ce  qu'enseignent  Euclide,  Pto- 
lémée,  Bacchius,  Boèce,  Guy  Aretin,  Faher, 
Glarean,  Folian,  Zarlin,  Satinas,  Galilée, 
Zé'Illuminato,  Cerone,  etc. ,  et  plusieurs 
autres  choses  qui  n'ont  point  été  traitées 
jusques  à  présent.  Dans  ce  premier  livre,  le 
P.  Hersenne  a  donné  une  assez  mauvaise  tra- 
duction française^ de  l'Introduction  à  la  mu- 
sique de  Bacchius,  et  de  la  musique  d'Euclide. 
Après  répUre  du  second  livre,  on  trouve  la 
préface  et  la  table  des  théorèmes,  au  nombre 
de  quinze.  Le  texte  de  ce  second  livre  com- 
mence à  la  page  305. 

Je  possède  un  exemplaire  de  ce  volume  qui 
est  terminé  par  Tapprobation  manuscrite  et 
autographe  de  François  de  la  Noue,  et  de 
F.  Martin  Hérissé,  théologiens  de  Tordre  des 
Minimes,  approbation  qui  se  trouve  imprimée 
dans  les  autres  exemplaires  :  il  y  a  donc 
lieu  de  croire  que  celui-ci  est  Texemplaire 
de  Hersenne ,  formé  des  bonnes  feuilles 
d'épreuves. 

Il  y  a  des  exemplaires  de  cet  ouvrage  qui 
portent,  comme  celui-ci,  la  date  de  1637  et 
qui  sont  évidemment  de  la  même  édition, 
quoiqu'il  s'y  trouve  des  différences  assez  re- 
marquables, dont  voici  l'indication  : 

1«  Après  ces  mots  du  titre  :  De  la  philoso- 
phie et  des  mathématiques f  on  trouve  ceux- 
ci  :  par  le  sieur  de  Sermes.  C'est  le  nom  sous 
lequel  s'est  caché  plusieurs  fois  le  P.  Mersenne. 

BfOCR.  OHIV.  DES  BUSICIEXS.  T.  TI. 


20  Au  lieu  de  l'épUre  à  monsieur  du  Re- 
fuge, on  trouve  une  épltre  dédicaloirede  Vùdï- 
leur  G.  Baudry  à  Pierre  d'Alméras,  conseiller 
d'État. 

30  La  préface  générale  n'y  est  pas,  mais 
après  Tépllre  à  Pierre  d'Alméras  vient  le 
sommaire  des  seize  livres  de  la  musique  , 
la  préface  ^du  premier  livre,  la  table  des 
théorèmes,  puis,  enfin,  le  corps  de  l'ouvrage. 

4°  Le  titre  du  second  livre  porte  aussi  le 
nom  du  sieur  de  Sermes. 

5<>  On  ne  trouve  pas  dans  ces  exemplaires 
l'épltre  dédicatoire  à  M.  Coutel;  mais  immé- 
diatement après  le  titre,  viept  la  table  des 
théorèmes  du  second  livre  suivie  de  la  préface 
au  lieu  d'en  être  précédée.  Après  cette  préface, 
vient  l'extrait  du  privilège  du  roi  qui  n'est 
dans  les  autres  exemplaires  qu'à  la  fin  de 
l'ouvrage.  Enfin,  le  texte  du  livre  suit  celte 
pièce,  et  ce  texte  se  termine,  à  la  page  477,  par 
ces  mots  :  la  lumière  de  la  gloire.  Tout  ce 
,  qui  suit  dans  les  autres  exemplaires  manque 
d^n^  ceux-ci.  On  n'y  trouve  pas  non  plus 
l'avertissement  au  lecteur,  où  le  P.  Mersenne 
se  plaint  des  critiques  qu'on  a  faites  de  son 
ouvrage  ;  d'où  il  parait  que  les  exemplaires  au 
nom  de  de  Sermes  sont  les  premiers  qui  ont 
été  publiés  et  qu'on  a  mis  des  cartons  aux 
autres. 

Forkel  n'a  pas  connu  cet  ouvrage  du 
P.  Mersenne;  quant  à  Lichtenthal,  il  a  défi- 
guré le  nom  de  de  Sermes  en  celui  de  F,  de 
Sermisi  (BibL  délia  mus.,  t.  IV,  p.  220),  et  il 
n'a  pas  su  quelle  est  la  matière  traitée  dans  le 
livre  dont  il  s'agit. 

Rien  n'était  plus  difficile  pour  le  P.  Mer- 
senne que  de  se  renfermer  dans  le  sujet  qu'il 
voulait  traiter;  son  esprit  ne  pouvait  s'accom- 
moder de  l'ordre  dans  les  idées,  et  toujours  il 
se  laissait  entraîner  à  parler  de  choses  qui 
n'avaient  qu'un  rapport  fort  éloigné  à  l'objet 
du  livre  qu'il  écrivait.  C'est  ainsi  qu'on  lui 
voit  proposer,  dans  le  second  livre  de  l'ouvrage 
dont  il  vient  d'être  parlé,  une  multitude  de 
questions  oiseuses  ou  qui  n'ont  qu'un  rapport 
éloigné  avec  l'objet  de  son  ouvrage. 

C'est  encore  celte  divagation  de  l'esprit  du 
P.  Mersenne  qui  l'a  conduit  à  écrire,  comme 
préliminaires  de  son  grand  Traité  de  l'harmo- 
nie,  deux  petits  livres,  dont  l'un  a  pour  titre  : 
Q^testions  harmoniques,  dans  lesquelles  sont 
contenues  plusieurs  choses  remarquables 
pour  la  physique,  pour  la  morale  et  pour  les 
autres  sciences  (Paris,  Jacques  Yillery,  1634, 
in-8<>),  et  l'autre  :  Les  Préludes  de  l'harmonie 
universelle,  ou  questions  curieuses,  utiles 

7 


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MERSENNE 


aux  prédicateurs ,  aux  théologiens,  aux  as- 
trologues,  aux  médecins  et  aux  philosophes, 
composées  par  le  L.  P.  M.  M.  (Paris,  Henri 
Guenon,  1634,  in-8<>).  Dans  le  premier  de  ces 
livres,  le  P.  Mersenne  examine  en  deux  cent 
soixante-seize  pages  les  questions  suivantes  : 
l»  A  savoir  si  la  musique  est  agréable,  si  les 
hommes  savants  y  doivent  prendre  plaisir, 
et  quel  jugement  Von  doit  faire  de  ceux  qui 
ne  s'y  plaisent  pas,  et  qui  la  méprisent  ou 
qui  la  haïssent,  à*»  A  savoir  si  la  musique  est 
une  science,  et  si  elle  a  des  principes  cer- 
tains et  évidents.  5»  A  savoir  s'il  appar- 
tient plutôt  aux  maîtres  de  musique  et  à  ceux 
qui  sont  savants  en  cette  science  déjuger  de 
la  bonté  des  airs  et  des  concerts,  qu^aux 
ignorants  qui  ne  savent  pas  la  musique. 
i^  A  savoir  si  la  pratique  de  la  musique  est 
préférable  à  la  théorie,  et  si  l'on  doit  faire 
plus  d'état  de  celui  qui  ne  sait  que  composer 
ou  chanter  que  de  celui  qui  sait  les  raisons 
de  la  musique. 

Le  livre  des  Préludes  de  l'harmonie  est  en- 
core plus  ridicule,  car  on  y  voit  le  P.  Mer- 
senne  traiter  sérieusement  des  questions  telles 
que  celles-ci  :  \^  Quelle  doit  être  la  constitu- 
tion du  ciel,  ou  V horoscope  d'un  parfait 
musicien?  ^  Quels  sont  les  fondements  de 
l'astrologie  judiciaire  par  rapport  à  la  mu- 
sique? 30  A  savoir  si  le  tempérament  du 
parfait  musicien  doit  être  sanguin,  phleg- 
matique,  bilieux  ou  mélancolique,  pour  pou- 
voir chanter  ou  composer  les  plus  beaux  airs 
qui  soient  possibles,  etc.,  etc.  On  pourrait 
croire  que  Phomme  qui  employait  son  temps 
à  écrire  sur  de  pareils  sujets  était  incapable  de 
rien  Taire  de  sérieux  :  on  se  tromperait  néan- 
moins; le  grand  Traité  de  Vharmonie  uni- 
verselle de  Mersenne  est  un  vaste  répertoire 
où  Ton  trouve  une  multitude  de  renseigne- 
ments fort  utiles, qu*on  chercherait  vainement 
ailleurs,  sur  des  objets  d*ua  haut  intérêt,  sous 
le  rapport  de  rhistoire  de  la  musique.  Ces 
bonnes  choses,  à  la  vérité,  sont  mêlées  à 
beaucoup  de  futilités;  mais  avec  de  la  patience 
on  parvient  à  écarter  ce  qui  est  sans  valeur  et 
à  faire  profit  de  ce  qui  concerne  Part. 

On  a  aussi  deux  autres  petits  traités  de 
Mersenne,  où  il  y  a  quelque  chose  sur  la  mu- 
sique; le  premier  a  pour  titre  :  Questions 
théologiques,  physiques,  morales  et  mathé- 
matiques j  Paris,  1034,  in-8*.  L'autre  :  Les 
mécaniques  de  Galilée,  avec  plusieurs  addi- 
tions, traduites  de  l'italien;  Paris,  1634, 
in-8°. 

Tel  que  Mersenne  Tavait'conçu  ca  1637, 


son  grand  ouvrage  devait  être  composé  de 
seize  livres,  ainsi  que  le  prouve  le  sommaire 
qui  se  trouve  dans  le  volume  dont  j*ai  donné 
la  description.  De  ces  seize  livres,  il  n*en  fut 
publié  que  deux,  dans  le  format  de  ce  volume; 
et,  à  Texceplion  des  deux  petits  traités  des 
Questions  harmoniques  et  des  Préludes  de 
l'harmonie  universelle  qui  parurent  en  1634, 
Mersenne  ne  publia  plus  rien  de  son  grand 
ouvrage  projeté  jusqu'en  1635,  où  il  donna 
un  livre  du  même  genre,  sous  ce  litre  : 
F.  Marini  Mersenni  ordinis  Minim,  Har- 
monicorum  libri  XI J.  Lutetix  Parisiorum, 
Pétri  Ballardi  typographi  regii  charade^ 
ribus  harmonicis ,  sumptibus  Guillielmi 
Baudry  ;  infol.  de  cent  quatre-vingt-quatre 
pages  pour  les  huit  premiers  livres,  et  de  cent 
soixante- huit  pages  pour  les  quatre  suivants, 
sans  y  comprendre  huit  pages  de  préface, 
d'avertissement  et  d'errata.  II  y  a  des  exem- 
plaires de  cet  ouvrage  et  de  la  même  édition 
qui  portent  là  date  de  1636,  et  dans  lesquelles 
il  n'y  a  d'autre  différence  que  l'addition  de 
quatre  propositions  avec  leurs  démonstrations 
relatives  au  mouvement  de  la  lumière,  dans 
la  préface. 

Bien  que  cet  ouvrage  n'ait  été  publié  qu'en 
1635,  on  voit  par  le  privilège  et  par  l'appro- 
bation des  théologiens  que  le  manuscrit  était 
terminé  en  1629.  Peut-être  y  a-t-il  des  exem- 
plaires dont  le  frontispice  porte  cette  date, 
mais  je  n'en  ai  jamais  vu,  et  aucun  auteur 
n'en  a  parlé.  En  1648,  Mersenne,  après  avoir 
refondu  quelques  parties  de  son  livre,  d'après 
son  Traité  français  de  l'harmonie  universelle, 
en  donna  une  édition  nouvelle  sous  ce  titre  : 
ffarmonicorum  libri  XII,  in  quibus  agitur 
de  sonorum  natura,  catisis  et  effectibus  :  de 
consonantiis,  dissonantiis,  rationibus,  ge- 
neribus,  modis,  cantibus,  compositione, 
orbisque  totius  harmonicis  instrumentis. 
Lutetiœ  Parisiorum,  Guill.  Baudry,  in-fol. 
Il  parait  que  cette  édition  fut  faite  aux  frais 
de  Baudry,  de  Gramoisy  et  de  Robert  Ballard, 
et  qu'ils  s'en  partagèrent  le  tirage,  car  on  en 
trouve  des  exemplaires  avec  le  nom  de  chacun 
de  ces  trois  éditeurs.  Dans  quelques-uns,  le 
frontispice  est  noir;  dans  d'autres,  il  est  en 
caractères  alternativement  rouges  et  noirs. 
Forkel  (Litterat.  der  Musik,  p.  407)  et  Lich- 
tenlhal  (/>ûcton.  e  Bibliog.  délia  musiea, 
t.  IV,  p.  310)  disent  qu'on  a  donné,  en  1659, 
comme  une  troisième  édition  du  même  livre 
corrigée  et  augmentée  {editio  nova,  auda  et 
eorrecta)  des  exemplaires  dont  on  n'avait 
changé  que  le  frontispice  ;  je  doute  de  l'exis- 


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MERSENNE 


99 


tence  de  ces  exemplaires  ainsi  changés,  car  le 
P.  Mersenne  ayant  cessé  de  vivre  peu  de  mois 
après  la  publication  de  la  deuxième  édition, 
il  était  évident  quMl  n*avait  point  eu  le  temps 
de  la  corriger  pour  en  préparer  une  troisième, 
et  personne  n*aurait  été  assez  hardi  pour  ha- 
sarder cette  fausseté  littéraire. 

Je  ne  dois  point  passer  sous  silence  une 
autre  erreur  à  laquelle  le  Traité  des  ffarmO" 
niqws  de  Mersenne  a  donné  lieu.  On  dit, 
dans  le  deuxième  volume  du  Dictionnaire 
4es  mu9icien$,  publié  à  Paris,  en  1810-1811, 
que  ce  traité  latin  est  une  espèce  d*abrégé  du 
grand  traité  français  de  VBarmonie  univer^ 
selle  du  même  auteur.  Il  suffit  de  comparer 
les  deux  ouvrages  pour  se  convaincre  que  Tun 
n*est  pas  Tabrégé  de  Tautre;  il  y  a  dans  le 
latin  beaucoup  de  choses  qui  ne  sont  pas  dans 
le  français.  D'ailleurs,  on  vient  de  voir  que 
le  Traité  des  ffartnoniqties  éUit  écrit  en 
1629,  et  la  lettre  de  Mersenne  à  Peiresc,  qui 
a  été  publiée  dans  la  sixième  année  de  la 
i^et^ue  mtwica/e;  démontre  qtt*en  1635  il  tra* 
vaillait  concurremment  à  la  rédaction  et  à 
rimpressioD  de  son  grand  ou?rage  français  et 
latin.  Lichtenthal  dit  {loeoeit,)  que  de  son  livre 
ce  dernier  contient  seulement  quelques  livres 
de  V Harmonie  universelle  française;  cette 
assertion  n*est  pas  plus'vraie  que  Tautre  ;  au- 
cun livre  de  Tun  de  ces  ouvrages  n*est  inté- 
gralement dans  rautre.  Sans  doute  il  s*y 
trouve  des  choses  communes  à  Tun  et  à  Tautre, 
car  il  était  impossible  qu'il  n*y  en  eût  pas  ; 
mais  c'est  le  même  fonds  d'idées  traité  de 
manière  différente. 

Le  Traité  de  VNarmonieuniverselle,  publié 
en  1627,  ne  contient  que  deux  des  seize  livres 
qu'il  devait  renfermer.  Voici  comme  Mersenne 
donne  le  sommaire  de  ces  livres. 

tt  Le  premier  livre  contient  les  définitions, 
«  divisions,  espèces  et  parties  de  la  musique, 
«  explique  la  théorie  et  la  pratique  des  Grecs 
«  et  des  modernes,  les  huit  tons  de  Téglise, 
«  les  douze  modes  de  musique,  et  le  genre 
«  diatonic,  chromatic  et  enharmonie. 

«  Le  second  compare  les  sons,  les  conson- 
«  nances,  et  ce  qui  appartient  à  la  musique, 
«  aux  diverses  espèces  de  vers,  aux  couleurs, 
«  aux  saveurs,  aux  figures,  et  à  tout  ce  qui  se 
«  rencontre  dans  la  nature,  dans  les  sciences 
«  et  dans  les  arts  libéraux,  et  déclare  quelle 
«  harmonie  font  les  planètes  quand  on  con- 
«  sidère  leurs  distances,  leurs  grandeurs  ou 
«  leurs  mouvements.  » 

Aucune  des  choses  du  premier  livre  ne  se 
irouve  ni  dans  le  traité  latin  des  Harmoni- 


ques, ni  dans  le  grand  ouvrage  de  V Har- 
monie universelle  ;  en  sorte  qu'il  est  néces<- 
saire  de  joindre  à  ces  deux  livres  celui  qui  a 
été  publié  en  1627.  Quant  au  contenu  du  se- 
cond livre  de  celui-ci,  on  en  retrouve  quelque 
chose,  mais,  dans  un  autre  ordre  et  expliqua 
d'une  autre  manière,  dans  le  grand  traité  fran- 
çais, au  dernier  livre  intitulé  :  De  l'utilité  de 
l\harmonie. 

Le  troisième  livre  de  l'ouvrage  dont  les  deux 
premiers  ont  été  publiés  en  1627  devait  traiter 
de  la  nature  et  des  effets  de  toutes  sortes  de 
sons;  cette  matière  est  celle  du  premier  livre 
du  traité  latin  des  Harmoniqws,  et  du  grand 
traité  de  V Harmonie  universelle  qui  parut  en 
1636  ;  mais,  dans  le  premier  plan  de  Mer- 
senne, il  devait  établir  la  comparaison  de  la 
théorie  de  l'écho  avec  celle  des  rayons  lumi- 
neux, et  traiter  de  l'optique,  de  la  catoptrique 
et  de  la  dioptrique  ;  or  il  n'y  a  pas  un  mot  de 
cela  dans  le  Traité  des  Harmoniques,  et  l'on 
ne  trouve,  dans  le  grand  Traité  de  l'Harmonie 
universelle,  que  la  vingt-neuvième  proposition 
du  premier  livre  où  les  rapports  des  rayons 
sonores  soient  établis.  Quant  aux  sommaires 
des  autres  livres  indiqués  dans  le  Traité  de 
l'Harmonie  universelle  publié  en  1627^  il 
n'en  a  été  conservé  que  peu  de  chose  dans  les 
deux  autres  grands  ouvrages,  et  l'on  voit  avec 
évidence,  par  la  comparaison  de  ces  trois 
traités,  que  les  idées  de  Mersenne  se  modi- 
fiaient sans  cesse  sur  un  sujet  qui  l'occupa 
toute  sa  vie.  Ainsi,  ce  qui,  dans  le  premier 
plan,  devait  fournir  la  matière  du  treizième 
livre,  est  devenu  l'objet  du  petit  traité  d'as- 
trologie judiciaire  connu  sous  le  nom  des 
Préludes  de  Vharmonie  universelle.  Il  est 
vraisemblable  que  les  conseils  de  Doni  auront 
déterminé  Mersenne  à  renoncer  au  projet  des 
quinzième  et  seizième  livres.  Le  premier  de- 
vait montrer  que  la  philosophie  morale  est 
l'harmonie  de  l'esprit,  dont  les  cordes  sont 
kauuées  ou  baissées  par  les  vérité  ou  par  les 
vices,  et  qu'on  peut  arriver  à  la  perfection 
de  la  vertu  par  la  musique;  et  le  dernier 
était  destiné  à  expliquer  l'harmonie  des  bien- 
heureux et  à  examiner  si  on  se  servira  de  la 
musique  des  voix  et  des  instruments  en  Pa- 
radis quand  les  saincts  auront  repris  leurs 
corps  au  jugement  général.  Ce  sont  ces  idées 
bizarres  qui  faisaient  dire  à  Saumaise,  dans 
sa  vingt-neuvième  lettre  à  Peiresc  :  «  Pour  le 
«  Père  Mersenne,  je  n'attends  pas  grand'chose 
tt  de  lui  ;  il  est  homme  de  grande  lecture,  mais 
«  il  ne  me  semble  pas  écrire  avec  trop  de  ju- 
tt  gement.  » 

7. 


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100 


MERSENNE 


Le  (l'ailé  latin  des  Jlarmoniques  est  le 
plus  satisfaisant  des  ouvrages  de  Mersenne, 
sous  le  rapport  de  Tordre  des  idées  et  sous 
celui  de  la  convenance  des  détails  p^Tr  rapport 
au  sujet.  Les  propositions  y  sont  énoncées 
avec  netteté  et  développées  avec  précision. 
Le  style  en  est  d*aiHeurs  bien  préférable  à 
celui  des  ouvrages  du  même  auteur  écrits  en 
français.  Le  premier  livre  traite  de  la  nature 
et  des  propriétés  du  son  ;  le  second,  des  causes 
du  son  et  des  corps  qui  le  produisent;  le  troi- 
sième, des  cordes  métalliques  et  autres;  le 
quatrième,  des  consonnances  ;  le  cinquième, 
des  dissonances;  le  sixième,  des  diverses 
espèces  de  consonnances  qui  déterminent  les 
modes  et  les  genres  ;  le  septième,  des  chants 
ou  mélodies,  de  leur  nombre,  de  leurs  parties 
et  de  leurs  espèces  ;  le  huitième,  de  la  compo- 
sition, de  i*art  du  chant  et  de  la  voix.  La 
seconde  partie  de  Pouvrage  traite  des  instru- 
ments, en  quatre  livres  :  le  premier  est  relatif 
aux  instruments  à  cordes  ;  le  second,  aux  in- 
struments à  vent  ;  le  troisième,  à  Torgoe,  et  le 
quatrième  aux  cloches,  aux  cynibales,  tam- 
bours et  autres  instruments  de  percussion. 

Dans  ce  Traité  des  Harmoniques  du  P.  Ker- 
senne,  il  se  trouve  plusieurs  choses  assez 
remarquables^  auxquelles  les  écrivains  sur  la 
musique  des  temps. postérieurs  ne  me  sem- 
blent pas  avoir  fait  assez  d'attention.  La  pre- 
mière est  une  proposition  du  deuxième  livre 
(prop.  8,  page  12,  édit.  1635),  dans  laquelle 
Hersenne  dit  que  pour  qu'une  corde  passe 
d'un  son  à  un  autre  plus  aigu,  il  faut  qu*elle 
soit  tendue  par  une  force  qui  soit  en  raison 
plus  que  double  de  l'intervalle  auquel  on  veut 
faire  arriver  le  son.  Par  exemple,  pour  faire 
arriver  une  corde  tendue  par  un  poids  d*nne 
livre  à  l'octave  du  son  qu'elle  produit  et  dont 
l'intervalle  se  représente  par  2,  il  ne  faut 
pas  seulement  un  poids  de  quatre  livres,  double 
de  deux  ;  mais  il  faut  y  ajouter  un  quart  de  livre, 
c'est-à-dire  un  seizième  en  sus  du  poids  total. 
Sans  connaître  le  théorème  de  Mersenne, 
Savart  est  arrivé  aux  mêmes  résultats  par 
des  expériences  multipliées  et  délicates  sur 
les  poids  tendants,  sur  les  longueurs  des 
cordes,  sur  les  colonnes  d'air  vibrant  dans  des 
tuyaux  ouverts  par  les  deux  bouts,  et  sur  les 
dimensions  des  plaques  mises  en  vibration 
par  le  frottement.  Il  en  a  déduit  des  théories 
^nouvelles.  L'abbé  Roussier,  qui  ne  parait  pas 
avoir  lu  le  livre  de  Mersenne,  avait  cependant 
quelque  notion  de  cela  {voyez  Roussier). 

C'est  aussi  dans  le  même  ouvrage  que  Mer- 
senne a  fait  remarquer  (liv.  IV,  page  60}  que 


Jean  de  Murs  ou  de  Mûris  est  le  premier  de» 
écrivains  du  moyen  âge  sur  la  musique  qui  a 
soupçonné  que  les  tierces  majeures  et  mi- 
neures, ainsi  que  leurs  multiples,  sont  de» 
consonnances  ;  celte  remarque  est  fort  juste, 
car  on  sait  que,  par  une  singularité  de  leurs 
habitudes,  les  musiciens  des  onzième,  dou- 
zième et  treizième  siècles  ne  considéraient 
comme  consoûnances  que  les  quintes,  les 
quartes  et  les  octaves  ;  leur  plaisir  à  entendre 
ces  intervalles  était  si  grand,  qu'ils  n'hési- 
taient pas  à  en  faire  de  longues  suites  dans 
leur  diaphonie. 

Enfln,  le  Traité  des  Jlarmoniques  de  Her- 
senne me  parait  être  le  plus  ancien  ouvrage 
où  l'on  trouve  le  nom  de  si  pour  la  septième 
note  de  la  gamme.  Il  nMgnorait  pas  l'exis- 
tence de  la  hocédisation  des  Flamands  dans 
laquelle  cette  note  était  appelée  ni,  car  il  en 
parle  clairement  ;  mais  il  ajoute  que  Le  Maire^ 
vir  admodum  eruditus,  dit-il,  assurait,  de 
son  temps,  avoir  inventé  le  nom  de  si  depuis 
trente  ans  (c'est-à-dire  vers  1605),  quoique  les 
autres  musiciens  ne  voulussent  point  en  con- 
venir. A  l'égard  de  l'usage  de  nommer  la 
septième  note  si  quand  elle  était  par  bécarre, 
et  sa  quand  elle  était  par  bémol,  Mersenne 
dit,  dans  son  Harmonie  universelle  (avertis- 
sement du  5«  livre  de  la  composition),  qu^eile 
a  été  inventée  ou  mise  en  pratique  en  France 
par  Gilles  Granjan,  maître  écrivain  de  la  Tille 
de  Sens,  vers  1630.  Il  est  donc  évident  que 
Jacques  Bonnet  se  trompe  lorsqaMl  dit  {Hist^ 
de  la  Mus. ^  1. 1,  p.  S4)  que  l'usage  du  si  pour 
la  septième  note  fut  introduit  en  France,  ea 
1675,  par  un  cordelier  de  l'^t7e  Maria,  et 
qu'un  écrivain  cité  dans  le  Journal  de  Tré* 
voux  (sept.  1757,  p.  1564)  n'est  pas  plus 
fondé  à  attribuer  l'invention  du  nom  de  cette 
note  à  Métru,  organiste  et  maître  de  chant  de 
Paris,  en  1676.  Tel  est  ce  Traité  des  Harmo- 
niques du  P.  Mersenne,  dont  beaucoup  d'au- 
teurs ont  parlé  sans  l'avoir  lu  et  sans  l'avoir 
comparé  aux  autres  ouvrages  du  même  écri- 
vain sur  le  même  sujet. 

Il  est  difflcile  de  comprendre  comment,  à 
l'époque  où  Mersenne  écrivait,  il  s'est  trouvé 
un  libraire  assez  hardi  pour  faire  les  dépense» 
énormes  occasionnées  par  l'impression  du 
grand  ouvrage  médité  depuis  longtemps  par 
cet  auteur,  et  qui  parut  enfin  en  1656,  sous  ce 
titre  :  Harmonie  universelle^  contenant  la 
théorie  et  la  pratique  de  la  musique,  où  il  est 
traité  de  la  nature  des  sons,  et  des  mouve^ 
ments,  des  consonnances,  des  dissonances, 
des  genres,  des  modes,  de  la  composition,  do 


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MERSENNE 


101 


ia  voix,  des  chants,  et  de  toutes  sortes  d'tn- 
struments  harmoniques,  In-fol.  (Paris,  Se- 
baslien  Gramoisy),  Cet  éDorme  volume,  dont 
la  seconde  partie  fut  publiée  en  1637,  contient 
plus  de  1500  pages  et  renferme  une  immense 
quantité  de  planches  gravées,  d'exemples  de 
musique  et  de  gravures  en  bois  dont  la  fabri- 
cation a  dû  coûter  beaucoup  d'argent.  De  nos 
Jours,  le  nombre  de  personnes  qui  font  de  la 
musique  une  étude  particulière  est  peut-être 
cent  fois  plus  considérable  qu'au  temps  de 
Mersenne;  cependant  ia  publication  d'un  livre 
aussi  volumineux  que  le  sien  serait  à  peu  près 
impossible  aujourd'hui  ;  il  ne  se  trouverait  pas 
un  libraire  assez  hasardeux  pour  l'entre- 
prendre. 

VHarmonie  universelle  est  divisée  en  dix- 
neuf  livres  qui  forment  plusieurs  traités. 
Le  Traité  de  la  nature  des  sons  et  des  mou- 
vements de  toutes  sortes  de  corps  renferme 
trois  livres  :  l^  De  la  nature  et  des  propriétés 
xies  sons;  â<>Des  mouvements  de  toutes  sortes 
4le  corps  î  3»  Du  mouvement,  de  la  tension,  de 
la  force,  de  la  pesanteur  et  des  autres  pro- 
priétés des  cordes  harmoniques  et  des  autres 
«orps.  Ces  trois  livres  sont  suivis  d'un  Traité 
de  mécanique,  qui  n'est  pas  du  P.  Mersenne, 
mais  de  Roberval.  L'introduction  de  ce  traité 
de  mécanique  dans  VJÏarmonie  universelle 
est  une  de  ces  idées  bizarres  qui  ne  se  sont 
rencontrées  que  dans  la  tête  du  P.  Mersenne. 
Le  Traité  de  la  voix  et  des  chants  vient 
ensuite;  il  est  composé  de  deux  livres  dont  le 
premier  traite  de  la  voix,  des  parties  qui  ser- 
vent à  la  former,  de  la  définition  de  ses  pro- 
priétés et  de  l'auXe  :  le  second  livre  traite  des 
cliants  proprement  dits.  Le  quatrième  traité, 
divisé  en  cinq  livres ,  a  pour  objet  ;  l»  les 
consoanances,  3^  les  dissonances,  3^  les  genres 
et  les  modes,  4»  la  composition,  S*»  le  con- 
trepoint. Un  sixième  livre,  relatif  à  VJrt  de 
bien  chanter,  termine  ce  traité. 

Le  Traité  des  instruments  est  divisé  en 
sept  livres.  Le  premier  traite  du  monocorde, 
de  ses  divisions,  de  la  théorie  des  intervalles 
et  des  tensions  des  cordes.  Là  se  trouve  encore 
une  de  ces  choses  qui  peuvent  faire  douter  du 
l)on  sens  du  P.  Mersenne;  c'est  la  onzième  pro- 
position ainsi  conçue  :  Déterminer  le  nombre 
des  aspects  dont  les  astres  regardent  la  terre, 
£t  les  consonnances  auxquelles  ils  répondent. 
Le  second  livre  traite  des  diverses  espèces  de 
Jutbs,  de  guitares  et  de  cistres;  le  troisième, 
de  r^pittctle,  du  clavecin  et  de  plusieurs 
instruments  du  même  genre.  On  y  trouve  cette 
prot)osiiion  singulière  :  Un  homme  sourd 


peut  accorder  le  luth,  la  viole,  Vépinette,  et 
les  autres  instruments  à  chordes,  et  trouver 
tels  sons  qu'il  voudra,  sHlcognoist  la  lon- 
gueur et  grosseur  des  chordes. 

Le  quatrième  livre  traite  des  instruments 
-à  archet  tels  que  le  violon  et  les  diverses 
espèces  de  violes.  Quelques  morceaux  de 
musique  instrumentale  du  commencement  du 
dix-septième  siècle,  à  cinq  et  à  six  parties,  se 
trouvent  dans  ce  livre  ;  ce  sont  des  monuments 
assez  curieux  de  l'art.  On  ne  sait  pourquoi 
Mersenne  y  a  placé  aussi  la  description  des 
instruments  de  la  Chine  et  de  l'Inde  dont  il 
s'était  procuré  des  figures. 

Le  cinquième  livre  traite  de  tous  les  instru- 
ments à  vent  en  usage  au  temps  où  Mersenne 
vivait.  Outre  la  figure  de  ces  instruments,  on 
y  trouve  une  pavane  à  six  parties  pour  être 
Jouée  par  les  grands  hautbois,  bassons,  cour- 
tauts  et  cervelats  (sortes  de  bassons  et  de 
hautbois  de  cette  époque). 

Le  sixième  livre  est  relatif  à  toutes  les 
parties  de  l'orgue.  Le  septième  traite  des  in- 
struments de  percussion.  Le  dernier  livre  de 
l'ouvrage  est  celui  qui  a  pour  titre  De  Vutilité 
de  Vharmonie,  C'est  là  que  le  P.  Mersenne 
donne  carrière  à  son  imagination,  et  se  livre 
sans  réserve  à  toutes  ses  rêveries.  Mille  choses 
étrangères  à  la  musique  s'y  trouvent.  Par 
exemple,  la  septième  proposition  a  pour  objet 
d'expliquer  plusieurs  paradoxes  de  la  vitesse 
des  mouvements  en  faveur  des  maîtres  ou 
généraux  de  l'artillerie,  A  la  suite  de  ce 
livre,  on  trouve  des  observations  phjrsiques  et 
mathématiques  dont  quelques-unes  sont  rela- 
tives à  la  musique,  mais  dont  le  plus  grand 
nombre  est  étranger  à  cet  art. 

Malgré  ses  défauts,  qui  sont  considérables, 
V Harmonie  universelle  du  P.  Mersenne  sera 
toujours  considérée  comme  un  livre  de  grande 
utilité  sous  le  rapport  de  l'histoire  de  la  mu- 
sique, et  particulièrement  de  la  musique  du 
dix-septième  siècle.  Sans  doute,  elle  est  bien 
inférieure  à  l'ouvrage  que  Céronc  a  publié  en 
espagnol;  à  Naples,  en  1GI3,  sous  le  rapport 
de  la  théorie  et  de  la  pratique  de  l'art;  mais 
on  y  trouve  une  immense  quaniitc  île  rensei- 
gnements historiques  qu'on  chercherait  vaine- 
ment dans  le  livre  de  Cerone,  soit  sur  les  in- 
struments, soit  sur  les  artistes  et  les  autres  cu- 
riosités musicales  du  dix-sepiième  siècle.  Sans 
lui,  on  ne  saurait  rien  de  beaucoup  de  musiciens 
français  de  son  temps  dont  les  ouvrages  se  sont 
perdus,  ou  dont  les  talents  d'exécution  sont 
tombés  dans  l'oubli.  Nul  auteur,  par  exemple, 
n'a  parlé  de  la  méthode  de  chant  de  Des  Ar- 


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402 


MERSENNE  -  MERULA 


gués,  géomètre  contemporain  de  Hersenne^ 
Houlinié,  Picot  et  Formé,  maîtres  de  musique 
de  la  chapelle  et  de  la  chambre  du  roi,  ne  se- 
raient pas  connus  comme  des  compositeurs 
renommés  de  leur  temps  si  le  P.  Mersenne 
D*en  avait  parlé  ;  sans  lui,  on  ne  saurait  pas  que 
Roquette,  organiste  de  Notre-Dame,  et  Vin- 
cent, ont  été  d^babiles  maîtres  de  composition; 
Frémaut,  maître  de  musique  de  la  cathédrale 
de  Paris,  Bousignac  et  plusieurs  autres  au- 
teurs de  musique  d*église  seraient  inconnus,* 
on  ne  saurait  pas  que  dans  les  premières  an- 
nées du  dix-septième  siècle  les  plus  célèbres 
luthistes  furent  Jean  Yosmény  et  son  frère, 
Charles  et  Jacques  Hedington,  Écossais,  le 
Polonais  et  Julien  Périchon,  de  Paris,  ni  qu*ils 
eurent  pour  successeurs  TÊnclos,  père  de  la 
belle  Ninon ,  Hérande ,  ]es  Gautier,  et  plu- 
sieurs autres.  Ce  n*est  pas  seulement  sur  les 
musiciens  français  que  H ersenne  nous  fournit 
une  foule  de  renseignements  utiles;  nous  lai 
sommes  aussi  redevables  de  détails  intéres- 
sants sur  plusieurs  artistes  célèbres  de  ritalie. 
Ainsi  il  est  le  seul  auteur  qui  nous  apprenne 
Texistence  d*un  Traité  de  Part  du  chant,  pu- 
blié à  Florence,  en  1621,  par  Jules  Caccini, 
auteur  de  VEuridice;  et,  chose  singulière, 
aucun  bibliographie  n'a  parlé,  d'après  Mer- 
senne,  de  ce  livre  qui  serait  aujourd'hui  d'un 
haut  intérêt  et  qui  parait  être  devenu  d'une 
rareté  excessive.  Toutefois,  il  se  peut  qu'il 
n'ait  voulu  parler  que  de  la  préface  placée 
par  Caccini  en  télé  de  ses  JVuove  musiche 
{voyez  CACCiRi),dans  ses  éditions  de  Florence, 
1601;  de  Tenise,  1607;  de  la  même  ville, 
1615,  ou  peut-être  encore  d'une  autre  édition 
du  même  ouvrage  publiée  à  Florence,  en  1614, 
avec  de  grands  changements,  particulièrement 
en  ce  qui  concerne  l'art  du  chant,  et  dont  on 
doit  la  connaissance  à  M.  Gaétan  Gaspari , 
bibliothécaire  du  Lycée  musical  de  Bologne. 
Dans  cette  hypothèse,  le  traité  dn  chant  de 
Caccini,  imprimé  à  Venise,  en  1621,  serait 
une  réimpression,  en  totalité  ou  en  partie,  de 
l'édition  de  Florence,  1614.  C'est  eucore  à 
Mersenne  qu'on  doit  les  premiers  renseigne- 
ments sur  le  livre  si  rare  et  si  curieux  de  La 
Fontegara  de  Sylvestre  Ganassi  del  Fontego, 
dont  l'abbé  Baini  a  donné,  depuis,  une  notice 
plus  étendue  dans  ses  mémoires  sur  la  vie  et 
les  ouvrages  de  Palestrina. 

C'est  sans  doute  aux  qualités  du  livre  du 
P.  Mersenne,  jointes  à  sa  grande  rareté,  qu'il 
faut  attribuer  le  prix  élevé  qu'il  a  conservé 
dans  les  ventes.  Toutefois  De  Bure  s*est  lour- 
dement trompé  quand  il  a  dit  que  ce  livre  est 


le  plus  rare  de  tous  ceux  qui  ont  paru  sur  la 
musique  {Bibliog.  tnsfruct.);  car  on  pourrait 
en  citer  cinquante  qu^il  serait  plus  difficile  de 
se  procurer.  De  Bure  n'entendait  rien  à  U  lit- 
térature de  la  musique. 

Outre  les  ouvrages  dont  J*at  parlé  précédem- 
ment, on  a  encore  du  P.  Mersenne  un  travail 
relatif  à  la  musique  dans  son  livre  volumi- 
neux, intitulé  :  Quxstiones  ceUberrimaf  in 
Genesim  (Paris,  1623,  in-folio).  A  l'occasion 
de  ce  passage  de  l'Écriture:  Et nomen  fratris 
ejus  Jubal,  Ipse  fuit  pater  eanentium  ci- 
thara  et  organo,  Mersenne  traite  de  la  mu- 
sique en  général,  et  particulièrement  de  celle 
des  Hébreux.  Ce  travail  est  celui  ou  cet  auteur 
s'écarte  le  moins  de  son  sujet.  Ugolini  a  inséré 
toute  cette  partie  de  l'ouvrage  du  P.  Mersenne 
dans  le  trente-deuxième  volume  de  son  Trésor 
d'antiquités  sacrées  (p.  407).  Enfin,  la  col- 
lection de  traités  concernant  les  sciences  ma- 
thématiques, qu'il  a  publiée  quatre  ans  avant 
sa  mort,  renferme  aussi  une  partie  sur  la  mu- 
sique. Cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Cogitata 
physico-mathematiea,  in  quibus  tam  na-- 
turas  quam  arlis  effectus  admirandi^  certis- 
simis  demonstrationibus  explicantur;  Paris, 
1644,  trois  volumes  in-4o.  Parmi  les  traitas 
que  renferme  le  premier  volume  (p.  261  à 
370),  on. en  trouve  un  sur  les  harmonies^  di- 
visé en  quatre  livres.  Le  volume  a  pour  litre  : 
Hydraulica  pneumatica  ;  arsquenavigandi. 
Harmonia  theorica,  practica  ef  mechanica 
phxnomena.  Le  premier  livre  est  relatif  aux 
proportions  musicales  des  intervalles  et  des 
corps  sonores  ;  le  second,  à  la  tonalité  ;  le 
troisième,  à  la  composition  ;  le  dernier,  aux 
instruments.  C'est  une  espèce  d'abrégé  du 
Traité  latin  des  Harmoniques.  On  peut  consul- 
ter sur  cet  écrivain  laborieux  :  Fie  du  R.  P. 
Mersenne,  par  HUarion  De  Coste;  Paris, 
1649,  in-8»,  et  Éloges  historiques  de  Pierre 
Selon,  du  P,  Marin  Mersenne,  de  Bernard 
Lamy,  et  du  P,  Bouvet;  Le  Mans,  1817,  un 
volume  in-8®. 

MEIITEL  (ÉLiE),  luthiste,  vécut  à  Stras- 
bourg, au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  Il  a  fait  imprimer  un  recueil  de  pièces 
pour  le  luth,  intitulé  :  Hortus  musicalis; 
Strasbourg,  1615,  in-fol. 

niEUULA  (Jean-Aictoiiib),  musicien  de 
l'école  romaine,  vécut  dans  la  secondé  moitié 
du  seizième  siècle  et  fut  admis  comme  chape- 
lain chantre  de  la  chapelle  pontificale,  sous  te* 
pape  Paul  IV.  Après  la  bulle  de  Sixte  V  pour 
la  réorganisation  de  cette  chapelle,  Merula  en 
fut  nommé  le  premier  maître,  en  1587  (voyex 


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MERULO 


108 


le  livre  d^Adami  de  Bolsena  :  Osservaz.  per 
ben  regolare  il  coro  délia  Cappella  pontifi- 
eia,  p.  166).  Les  archives  de  la  Chapelle  siX' 
tine  reDferment  des  messes  et  des  motets  de  ce 
maître. 

MEHULA  (Tarqvihio),  chevalier  de  TÉpe- 
ron  d*or,  naquit  à  Bergame  dans  les  dernières 
années  da  seizième  siècle,  et  ftat  d^abord 
maître  de  chapelle  de  Péglise  cathédrale  et 
organiste  de  Sainte- Agathe,  à  Crémone:  il 
occupait  encore  cette  place  en  1698.  Plus  tard, 
il  fut  appelé  dans  sa  ville  natale  pour  y  rem- 
plir les  fonctions  de  maître  de  chapelle  et 
d'organiste  de  la  cathédrale.  Il  vivait  encore 
en  1640,  car  il  fit  imprimer  un  de  ses  ouvrages 
dans  cette  même  année.  Merula  était  membre 
de  la  Société  philharmonique  de  Bologne.  Ce 
maître  est  un  des  compositeurs  italiens  qui 
ont  le  plus  abusé  des  formes  de  mauvais  goût 
du  contrepoint  conditionnel  qui  succéda  aux 
belles  et  nobles  formes  de  Tancien  contrepoint 
de  récole  romaine,  dans  le  commencement  du 
dix-septième  siècle,  et  dont  on  trouve  les 
règles  et  les  exemples  dans  les  Doeumenti 
armoniei  de  Berardi  {voyez  ce  nom).  La  plu- 
part de  ses  ouvrages  sont  remplis  de  morceaux 
établis  sur  un  trait  qui  se  répète  sans  cesse 
(contrapunto  d^un  sol  passo),  ou  sur  une 
basse  contrainte  (hasso  ostinato)^  et  sur 
d'autres  fantaisies  semblables  qui  n*ont  point 
de  but  réel  dans  Part.  On  cite  de  sa  composi- 
tion des  fugues  sur  les  déclinaisons  de  hic, 
hitc,  hoc,  et  de  quiSj  vel  qui,  nominativo, 
qui,  quêp^  quod^  qui  sont  des  morceaux  plai- 
sants dans  rexéculion.  Carissimi  et  d'autres 
musiciens  du  même  temps  ont  écrit  aussi  des 
compositions  de  ce  genre.  Les  ouvrages  con- 
nus de  Merula  sont  les  suivants  :  \^  Motetti  a 
due  e  tre  ton  violette  ed  organo,  lib.  1  ;  Ve- 
nise, 1633.  2«  Coneerti  spirituali,  Ub,  1  ; 
Venise,  1626,  in-4«».  3»  Coneerti  epirituali, 

,  eon  alcune  sonate  o  2,  S,  4  e  5  voci,  lib.  3'; 
Jbid.,  1628. 4"*  Messe  e  salmi  a  2,  3,  4-12  voct 

*  eon  istromenti,  e  senza  sepiace;  ibid.,  1631, 
jn-4«.  5«  Musiehe  eoneertate  ed  altri  madri- 
galia^voei;  Venise,  1633.  6«  lib.  II  délie 
musiehe  eoneertate  eon  ritomelle  a  viol,  e 
hasso;  Venise,  1635.  7^  Canxoni  ovvero  so- 
nate eoneertate  per  ehiesa  e  eamera,  a  2  e  3 
stromenti,  lib,  1,  2,  3  e  4;  Venise,  1637. 
%•  Curxio  preeipitatOy  eantata  burlesca; 
ibid.,  1638. 9«  Missae salmi  aZe  voci, eon 
violini  e  senza;  ibid.  10»  //  Pegaso  musi- 
cale, eioè  salmi,  motetti,  sonate,  litanie 
délia  B,  V,  a  2-5  voei,  op.  XI  j  Venise, 
1640.  Il»  Arpa  Davidica,  salmi  e  messe 


eoneertate  a  3  e  4  voei,  op.  16^  eon  alcuni 
eanoni  nel  fine;  Venise  ,  Alex.  Vincenti , 
1640.  Il  y  a  une  autre  édition  de  cet  œuvre, 
imprimée  à  Venise,  en  1652.  Ce  recueil  con- 
tient un  Confitebor  qui  a  eu  de  la  célébrité  en 
Italie. 

MERULO  (Claude),  organiste  et  compo- 
siteur du  seizième  siècle.  Colleoni,  dans  ses 
notices  sur  les  écrivains  de  Correggio(p.  XLV) 
et  Tiraboschi,  dans  sa  Biblioteca  Modenese 
(t.  VI,  p.  590),  établissent,  d'après  des  actes 
authentiques,  que  son  nom  de  famille  était 
Merlottiy  mais  que  l'artisle  se  servait  de  pré-» 
férence  du  celui  de  Jtferulo.  Ce  nom  provenait 
de  ce  que  les  armoiries  de  la  maison  des  Mer- 
lolti  étaient  figurées  par  un  merle,  en  latin 
Merula  ou  Merulus,  et  dans  l'ancien  italien 
Merulo.  Il  naquit  à  Correggio,  de  Bernardino 
Merlotti  et  de  sa  femme  Jeanne  Gavi,  et  fut 
baptisé  à  l'église  S.  Quirino,  le  8  avril  1533. 
La  dextérité  qu'il  montra  dès  son  enfance 
dans  le  Jeu  de  plusieurs  instruments,  et  ses 
heureuses  dispositions  pour  la  musique,  furent 
causes  qu'après  qu'il  eut  appris  les  premiers 
éléments  de  la  littérature,  ses  parents  le  des- 
tinèrent à  la  culture  de  l'art  musical,  et  lui 
donnèrent  pour  premier  maître  un  musicien 
français  de  mérite,  nommé  Menon,  qui  habi- 
tait alors  à  Correggio,  suivant  Ortensio  Landi 
{Isette  libri  di  Catalogi  a  varie  cose  appar- 
tenenti,  p.  512).  Un  peu  plus  tard  il  devint 
élève  de  Girolamo  Donati,  maître  de  la  collé- 
giale de  S.  Quirino.  Le  désir  de  faire  des  pro- 
grès dans  son  art  conduisit  ensuite  Merulo  à 
Venise,  oii  se  trouvaient  alors  une  réunion 
d'artistes  distingués  et  de  savants  musiciens. 
Cependant,  avant  d'aller  à  Venise,  il  parait 
avoir  été  organiste  à  Brescia,  car  Antegnati  le 
cite  parmi  ses  prédécesseurs,  dans  son  Arte 
organica  (feuillet 5,  verso),  et  dit  de  \u\ilsig. 
Claudio  Merulo,  uomo  tanto  famoso  (1).  Ce 
serait  donc  après  avoir  rempli  cet  emploi,  qu'il 
se  serait  rendu  à  Venise.  Ce  fut  dans  celte  ville 
qu'il  changea  son  nom  de  famille  en  celui  de 
Merulo,  et  l'on  voit  par  les  registres  de  l'église 
Saint-Marc  qu'il  était  déjà  connu  sous  ce  nom 
lorsqu'il  succéda  à  Parabosco  dans  la  place 
d^rganisle  du  premier  orgue  de  cette  église, 
le  2  juillet  1557,  à  l'âge  de  vingt-quatre 
ans  (2).  Il  y  jouit  bientôt  de  toute  la  faveur 

(I)  Costanio  Antegnati, VArte  organiea,  Breccia,  1606. 

It)  Bien  que  M.  Catelani  ne  veuille  pas  mettre  en 

doute  Texactitude  de  ce  fait  mentionné  par  Tirabosclii 

•  et  par  M.  Cafil  {Storta  delta  musica  sacra  nella  giu 

Cappella  Uaeale  di  S.  Marco  di  Venesia,  t.  I,  p.  119), 

il  rapporte  tcxtuellemeoi  le  eontcna  des  registres  des 


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104 


MERULO 


publique  par  son  talent,  suivant  ce  que  nous 
apprend  Sansovlno  (1),  qui  était  son  contem- 
porain et  qui  écrivait  en  1571.  L*estinie  dont 
jouissait  Merulo  était  si  grande,  que  lorsque 
Henri  III  passa  à  Venise,  en  1574,  se  rendant 
de  la  Pologne  en  France,  le  doge  Louis  Moce- 
nigo  fit  composer  par  Frangipani  une  pièce 
qui  fut  représenté  devant  ce  prince  dans  la 
salle  du  grand  conseil,  sous  le  titre  de  Tra- 
gedia^  bien  que  ce  ne  fût  pas  une  tragédie,  et 
Merulo  fut  chargé  d*en  composer  la  musi- 
que (3),  quoiqÙNl  y  eût  alors  à  Venise  d*autres 
musiciens  d'un  grand  mérite.  Cette  musique, 
sans  aucun  doute,  était  du  genre  madrigales- 
que,  le  seul  qui  fût  alors  en  usage  dans  le  style 
mondain. 

J*ai  dit,  dans  la  première  édition  de  cette 
Biographie  des  musiciens,  que  Merulo  établit 
à  Venise,  en  1500,  une  imprimerie  de  musi- 
que et  qu'il  publia  quelques-uns  de  ses  propres 
ouvrages,  ainsi  que  ceux  de  plusieurs  autres 
compositeurs,  mais  qu'il  ne  parait  pas  qu'il 
ait  continué  ces  publications  après  1571, 
parce  que  le  troisième  livre  de  madrigaux  à 
trois  voix,  de  divers  auteurs,  qui  porte  cette 
date  est  le  dernier  qui  parait  être  sorti  de  ses 
presses;  d'où  l'on  voit  que  le  savant  Antoine 
Schmid  s'est  trompé  en  bornant  aux  années 
1500  à  1508  l'activité  de  ces  mêmes  presses 
{Oitaviano  dei  Petrucci  da  Fossombrone, 
p.  150).  M.  Calelani  établit  (Memorie  délia 
Fita  e  delîe  opère  di  Claudio  Merulo  , 
p.  â2  et  23)  que  le  célèbre  organiste  de  Cor- 
reggio  s'associa  pour  celte  entreprise  avec  un 
certain  Fausto  Betanio,  et  que  le  premier  pro- 
duit de  leur  imprimerie  fut,  selon  toute  appa- 
rence, le  premier  livre  de  madrigaux  à  cinq 
voix  de  Guillaume  Textoris,  lequel  porte  la 
date  du  l^**  avril  1500.  li  ajoute  que  le  premier 
livre  de  madrigaux  à  quatre  voix  d'Aurelio 
Roccia  de  Venafro,  qui  fut  corrigé  par  Me- 
rulo, a  été  imprimé,  en  1571,  par  Georges  An- 
gelieri,  ce  qui  démontre  que  Merulo  avait 
cessé  d'imprimer  dans  le  cours  de  la  même 

procnrateuri  de  cette  église  pour  démontrer  que  l« 
date  de  la  nomination  de  Meralo  h  la  place  d'organiste 
de  cette  église  n^y  est  pas  mentionnée.  (Vo^ei  Texcel- 
lente  notice  de  M.  Catelani  intitulée  :  Mtmorie  dettn 
viia  et  délia  opère  di  Claudio  Meralo,  pag.  17-21.) 

(I)  Et  la  (in  Venezia)  honora  mollo  Claudio  Merulo* 
musieo  et  organisia  di  conosciuta  eccelenza,  il  qaaie 
liabitando  in  Venezia  e  grossamente  salarîalo  dalla 
Jtepnblica  Veneiiana  pcr  lo  scrvilio  délia  cliiesa  di 
S.  Marco,  et  il  quale  lia  scriUo  in  quclla  professione 
diverse  cose  elette,  essendo  molto  bcne  amato  e  abbra- 
cialo  dalla  nobiitâ  venetiana.  {Hitratû  délie  Ciità 
d'hnlia,  p.  £>.) 

(2;  Allacci  Dranatargia,  éd.  Vcn,  175:»,  p.  777. 


année.  On  voit  donc  que  rien  ne  contredit  ce 
que  j'ai  avancé  à  ce  sujet. 

Charmé  par  les  talents  d'organiste  et  de 
compositeur  de  cet  artiste,  le  duc  de  Parme, 
Ranuccio  Farnese,  obtint  de  la  République  de 
Venise,  en  1534,  de  l'avoir  à  son  service,  et 
les  avantages  offerts  à  Merulo  furent  si  consi- 
dérables, qu'il  consentit  à  quitter  sa  belle 
position  pour  se  rendre  ^  la  cour  de  Parme.  It 
était  alors  âgé  de  cinquante  et  un  ans.  Il  n'eut 
pas  à  regretter  toutefois  la  résolution  qu'il  avait 
prise,  car  il  ne  trouva  pas  moins  d'honneurs 
et  de  considération  à  Parme  qu'à  Venise.  Il  y 
vécut  encore  vingt  ans  dans  l'exercice  de  son 
art.  Le  dimanche  95  avril  1004,  après  avoir 
joué  les  vêpres  à  la  Steceata,  il  se  promena 
jusque  vers  le  soir.  Rentré  chea  lui ,  il  fat 
saisi  d'une  fièvre  violente  qui  ne  le  quitta  plus 
pendant  dix  jours,  et  il  mourut  le  mardi 
4  mai,  à  l'âge  de  soixante  et  onze  ans.  Le  duc 
de  Parme  lui  fit  faire  de  magnifiques  obsèques 
dans  la  cathédrale;  une  messe  à  deux  chœurs 
fut  chantée,  les  restes  de  l'illustre  artiste 
furent  placés  à  côté  du  tombeau  de  Cyprien 
Rore,  près  de  la  chapelle  Sainte- Agathe,  et 
l'on  mit  sur  sa  tombe  l'épi  la  phe  suivante,  rap- 
portée par  M.  Catelani  (p.  54)  : 


ClAUDII.   MERDLI.  COBAIGIEX  : 

oacAfr  :  pvlsatohis.  exihii. 

ET.  01?IIVM.  ARTIS.  MUSIC  : 

PROFESSOa  :  SViE.  iETAT  :  FACILE. 

PRINCIPIS.  QUI.  SERElfISS  :  PRIIUM. 

VEICET  :  a.  p.  DEf.lDE.  INCLTT  :  PAHM  : 

AC.    PLAC    :    DVCIB    :    OMRIB    :    LIBBBAX.IB    : 

ABTIB  :  OBNAMEST  :  PRJIBIT  : 

TEL.  CABISS  :  EXSTIT  :  ET.  ARA  : 

iET  :  LXXir.  C13.  13.  C.  lY. 

RANVTIVS.  FABRES  :  PARM  :  ET.  PLAC  l 

DirX.    IV.   CASTBI.   V.  S.  B.  £.    YEXILLIP  : 

FEBP  :  ILLIUS.  VIBTVT  :  ADXIBATOB. 

■onvB  :  HOC.  foui,  babbavit. 

Une  autre  inscription,  en  langue  italienne, 
est  gravée  sur  une  pierre  scellée  dans  le  mur, 
au-dessous  du  pupitre  de  l'oratoire  de  Saint- 
Claude,  à  Parme  :  elle  est  ainsi  conçue  : 

QUESTA    FV    PABTE    DE- 

LLA  CASA  DI  CLAUDIO 

MEBULI  DA  COBBEGGIO 

E  PEB  ANTORIO  SVO 

niPOTE  DEDICATA 

ALLO   OBATOBIO  DI 

SANTO  CLAVDIO  E 

DONATA  COR  LORCA- 

KO    DI    DETTO  CLAVDIO 

ALLA  CORPAGRIA      < 

DELLA  SORTE    1G17 


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MERULO 


lOft 


Celte  îDscription  rappelle  deux  faits  relatifs 
à  Texistence  de  Claude  JHerulo  à  Parme  ;  le 
premier  est  que  cet  artiste  avait  acquis  une 
maison  dans  cette  ville,  laquelle  était  située 
dans  un  quartier  connu  aiCJourd'hui  sous  le 
nom  de  ^or^fo  délia  morte,  où  elle  portait  le 
no  3;  Tautre  fait,  plus  intéressant,  et  qui  n'a 
été  signalé  que  par  M.  Calelani  dans  la  notice 
précédemment  citée,  est  que  Merulo  avait 
construit  un  petit  orgue,  donné,  treize  ans 
après  sa  mort,  par  son  neveu  Antoine,  à  la 
confrérie  délia  morte,  et  que  cet  instrument, 
composé  de  quatre  registres,  dont  une  flûte 
de  huit  pieds,  une  de  quatre,  une  doublette  et 
un  flageolet,  existe  encore  dans  la  tribune  de 
roratoire  de  Saint-Claude  (fondé  par  Merulo 
pour  honorer  la  mémoire  de  son  patron),  et 
dans  un  parfait  état  de  conservation.  Le  cla- 
vier a  quatre  octaves  d'ut  en  ut.  Les  tuyaux 
sont  en  étain  tiré  et  soudés  avec  beaucoup 
d'habileté  ;  les  quinze  plus  grands  forment  la 
façade.  L'instrument  est  alimenté  par  deux 
soufflets.  Le  sommier  et  les  soupapes  sont 
construits  avec  une  grande  précision,  et  l'ar- 
ticulation des  notes  se  fait  avec  beaucoup  de 
promptitude.  Le  mérite  de  Merulo,  comme 
facteur  d'orgue,  a  été  ignoré  de  la  plupart  de 
ses  biographes. 

Les  fonctions  de  ce  maître  à  la  cour  de 
Parme  étaientcellesd'organisle  de  la «fteccata, 
église  royale,  et  son  traitement  étaU  de  deux 
cent  vingt-cinq  écus  d'or,  de  huit  livres  par 
ccu.  Il  ne  parait  pas  s'être  éloigné  de  Parme 
depuis  son  entrée  au  service  de  la  cour,  sauf  un 
voyage  qu'il  fit  à  Rome  pour  traiter  de  la  pu- 
liHcation  de  ses  Toccate  d'intavolatura 
d'organo,  dont  le  premier  livre  parut  en 
1598. 

Les  plus  grands  éloges  ont  accordés  à  Merulo 
poui*  ses  talents  d'organiste  et  de  compositeur 
parZarlino,  dans  ses  Dimoetrazioni  armo- 
niche;  par  Loreozo  Penna,  dans  ses  Primi 
nlbori  musicali;  par  le  P.  Camille  Anglerla, 
dans  sa  Regola  del  contrappunto  ;  par  Jean- 
Paul  Cima^  dans  une  lettre  insérée  au  même 
ouvrage  ;  par  Bottrigari,  dans  son  Desiderio  ; 
par  Pietro  délia  Valle,  dans  son  opuscule 
Bella  musica  dell*  età  nostra,  inséré  au 
deuxième  volume  des  œuvres  de  J.-B.  Doni; 
par  Doiri  lui-môme;  par  Jean-Marie Artusi, 
dans  V artusi  ovvero  délie  imper fettioni  délia 
moderna  musica;  par  Banchieri,  dans  les 
Conclustoni*  del  suono  deW  organo^  et  sur- 
tout par  Vincent  Galileo,  dans  son  Dialogo 
délia  musica  antiea  e  moderna.  Celui-ci  ne 
reconnaît  dans  toute  l'Italie  que  quatre  orga- 


nistes, dignes  successeurs  d'Annibal  de  Pa- 
doue,  à  savoir  :  Claude  de  Correggio  (Merulo), 
qu'il  place  au  premier  rang,  Joseph  Guami, 
Luzzasco  de  Luzzaschi,  et  un  quatrième  qu'il 
ne  nomme  pas,  mais  qui  est  vraisemblablement 
Jean  Gabrieii.  Ces  éloges  sont  justifiés  par  ce 
qui  nous  reste  des  œuvres  de  cet  artiste.  Si 
l'on  compare,  en  elPet,  les  Toccate  d'intavo- 
latura  d'organo  de  Merulo  .ivec  les  pièces 
d'orgue  de  ses  prédéces^eurs  vcu.ies  jusqu'à 
nous,  on  voit  immédiatemem  ^u'il  fut  inven- 
teur en  ce  genre,  car  il  ne  se  borne  pas,  comme 
les  organistes  antérieurs,  à  l'arrangement  de 
motets  de  divers  auteurs  pour  l'instrument 
avec  des  broderies  plus  ou  moins  multipliées  : 
sa  forme  est  nouvelle;  c*est  celle  de  la  pièce 
d'invention,  perfectionnée  par  les  Gabricll, 
qui  sont  évidemment  de  son  école.  Merulo  fut 
donc,  à  l'égard  des  organistes  du  seizième 
siècle,  ce  que  Frescobaldi  fut  parmi  ceux  du 
dix-septième.  Dans  sa  musique  vocale,  il  a 
moins  de  hardiesse.  Son  harmonie  est  correcte, 
mais  il  n'invente  ni  dans  la  forme,  ni  dans  le 
caractère  soit  des  motels,  soit  des  madrigaux. 

Merulo  a  formé  de  bous  élèves,  qui,  plus 
tard,  prirent  rang  parmi  les  artistes  de 
mérite.  Les  plus  connus  sont  Diruta,  Camill^e 
Angleria,  François  Stivori,  Jean-Baptiste 
Moslo,  Florent  Maschera,  Jean-Baptiste  Con- 
fort! et  Vincent  Bonizzi  (voyez  ces  noms). 

On  ne  pourrait  ciler  d'artiste  dont  le  por- 
trait ait  exercé  le  pinceau  d'un  si  grand  nom- 
bre de  peintres  que  Merulo  :  M.  Catelani  ne 
compte  pas  moins  de  sept  de  ses  portraits, 
dont  les  deux  plus  beaux,  dit-il,  ont  été  peints 
par  le  Parmesan  et  par  Jean  de  Bruges  (1). 
Le  premier  existe  au  lycée  communal  de  mu- 
sique, à  Bologne,  et  l'autre  dans  la  Bibliothè- 
que ambrosienne,  à  Milan.  Le  portrait  du 
même  maître,  gravé  sur  bois,  se  trouve  dans 
plusieurs  de  ses  ouvrages,  particulièrement 
dans  une  édition  du  second  livre  de  ses  ma- 
drigaux à  cinq  voix,  publiée  par  Angelo  Gar- 
dano,  à  Venise,  en  1604.  Il  y  est  représenté 
avec  la  télé  chauve,  couronnée  de  lauriers;  sa 
barbe  est  longue,  et  l'on  voit  sur  sa  poitrine 
la  chaîne  d'or  que  le  duc  de  Parme  lui  avait 
donnée,  en  le  faisant  chevalier.  Ce  même 
portrait  a  été  reproduit,  également  gravé  sur 
bois,  par  le  neveu  du  compositeur,  Hyacinthe 

(1)  M.  CateUni  a  sans  doute  été  mal  inrormé,  car 
Jean  Van  Eyck,  appelé  par  les  étrangers  Jean  it 
Bruges,  ne  fut  pas  contemporain  de  Merulo,  puisqu'il 
mourut  en  1441.  L'école  des  peintres  de  Rruges  a  iraiU 
leurs  cessé  d'exister  dans  la  première  partie  du  seîxiému 
siècle. 


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406 


MERULO 


Merulo,  qui  Ta  placé  en  léte  d*un  recueil  de 
deux  messes  de  son  oncle,  Pune  à  huit  voix, 
l^autre  à  douze.  Ce  recueil  a  été  publié  en 
1609. 

Les  œuvres  imprimées  de  Merulo  ont  été 
publiées  dans  Tordre  suivant  :  1«  72  primo 
libre  de  madrigali  a  einqiu  voei  di  Claudio 
da  Correggio  nuovamente  posti  in  luce.  Con 
privilégia  ;  in  Yenetia,  appresso  Claudio  da 
Correggio  et  Fansto  Betanio  compagni,  1566. 
I)*autres  éditions  de  cet  ouvrage  ont  été  pu- 
bliées h  Venise,  en  1579  et  1586.  ^ Liber  pri- 
mu$  sacrarum  ,Cantionum  quinqu»  vocum 
Claudii  MeruH  Corrigientis  organittw  S. 
Marci,  a  Domini  nostriJesu  Chri9tiNativi' 
tate,  usque  ad  primo  (sic)  Kalendas  Jugusti. 
Cum  privilégia  s  Venelijs  apud  Angelum  Gar 
danum,  1578,  in-4*  obi.  Des  exemplaires  de 
celte  édition  se  trouvent  avec  le  titre  italien 
//  primo  libre  de*  Motetti  a  cinque  voci  da 
Claudio  Merulo  di  Correggio^  organista  di 
San  Marco;  in  Venezia,  appresso  Angelo 
Gardano,  1578. 3°  liber  secundus  Cantionum 
quinque  vocum  Claudii  Meruli  Corrigiensis 
organista?  S.  Marci,  a  primo  calendas  y/u- 
gusti  usque  ad  Domini  nostri  Jesu  Christi 
Nalivitatem,  Cum  privilégia,  ibid.,  1578. 
4"  //  primo  libro  de  Madrigali  a  quatlro 
voci  di  Claudio  Merulo  da  Correggio,  orga- 
nista délia  illustrissima  Signoria  di  Fe- 
netia  in  S.  Marco,  nuovamente  composti  et 
dati  in  luce;  in  Venetia,  appresso  Angelo 
Gardano,  1579.  5«  Di  Claudio  Merulo  da 
Correggio  organista  délia  Serenissima  si- 
gnoria de  Fenetid  in  S.  Marco,  il  prima 
libro  de  Madrigali  a  tre  voci.  Novamente 
composti  et  dati  in  luce;  in  Venetia,  ap- 
presso Angelo  Gardano,  1580.  UépUre  dédi- 
catoire  de  cet  œuvre  à  Marc-Antoine  Mar- 
tinengo,  comte  de  Villachiara,  est  datée  du 
20  novembre  1580.  Une  autre  édition  de  cet 
ouvrage,  avec  un  titre  identique,  mais  sans 
éptlre  dédicaloire,  a  été  publiée  à  Milan,  chez 
les  héritiers  de  Simon  Tint,  en  1586.  6<>  Di 
Claudio  Merulo  da  Correggio  organista 
délia  Sereniss.  Sig.  di  Fenetia  in  S.  Marco. 
Il  primo  libro  de  Mottetti  a  sei  voci  nova- 
mente  composti  et  dati  in  luce  ;  in  Venetia, 
appresso  Angelo  Gardano,  1583.  Le  même 
imprimeur  a  donné  une  autre  édition  de  cet 
œuvre,  avec  le  même  titre,  en  1595,  mais  avec 
le  mot  ristampato  au  lieu  de  composti  et  dati 
in  luce.  7^  Di  Claudia  Merulo  da  Correggio 
organista  del  Sereniss.  Signor  Duca  di 
Parma  et  Piacenxa,  etc.  Il  seconda  libro  de 
Motetti  a  sei  voci,  con  giunti  di  moUi  a 


setlejper  cancer  ti,  etper  cantare.  Novamente 
da  lui  dati  in  luce;  in  Venezia,  appresso  An- 
gelo Gardano,  1595.  8**  Toccate  d'intavola- 
tura  d'organo  di  Claudio  Merulo  da  Cor- 
reggio organista  del  Sereniss.  Signor  Duca 
di  Parma  et  Piacenza  etc.  Nuovamente  da 
lui  dati  in  lucê,  et  con  agni  diligensa  cor- 
rette.  Libro  primo;  in  Roma,  appresso  Si- 
mone Veruvio,  in-fol.  gravé  sur  cuivre.  9«»  />« 
Claudio  Merulo  da  Correggio j  organista  del 
Sereniss.  di  Parm<u  II  seconda  libro  de 
Madrigali  a  cinque  voei.  Dedicati  a  Mon- 
signor  illustrissima  di  Raccanigi.  Nova- 
mente  dall'  autare  dati  in  luce;  in  Venetia, 
appresso  Angelo  Gardano,  1604.  Bien  que  la 
dédicac'e  soit  datée  du  30  juin  de  cette  année, 
il  est  certain  que  Merulo  était  décédé  avant  ce 
jour;  on  peut  donc  affirmer  que  cette  même 
date  a  été  changée  par  Timprimeur.  10<»  iToc- 
cate  d'intavolatura  d'organo.  Di  Claudio 
Merulo  da  Correggio  organista  del  Sereniss. 
Sig.  Duca  di  Parma  et  Piacenza  etc.  Nuo- 
vamente da  lui  date  in  luce,  et  con  agni  di- 
ligenza  corrette  :  libro  seconda;  in  Roma, 
appresso  Simone  Verovio,  1604.  Con  licenza 
de*  Superiori.  11*»  Hicercari  d'intabolatura 
d'organo  di  Claudio  Merulo  già  organista 
délia  Serenissima  Signoria  di  Fenetia. 
Novamente  con  agni  diligenza  ristampati. 
Libro  primo;  in  Venetia,  appresso  Angelo 
Gardano,  1605.  Le  mot  rûrami^aft  démontre 
qu^il  y  a  eu  une  édition  antérieure;  M.  Gate- 
lani  croit  qu^elle  a  paru  dans  la  même  année  ; 
sMi  en  est  ainsi,  il  est  vraisemblable  qu^elle  a 
été  faite  à  Rome.  Quant  à  une  troisième,  qui 
porterait  la  date  de  1607,  il  est  à  peu  près 
certain  que  ceux  qui  Tout  citée  ont  confondu 
les  Hicercari  da  cantare  avec  les  ricercari 
d'organo.  12»  Di  Claudio  Merulo  da  Cer- 
reggio  organista  del  Serenissima  Signor 
Duca  di  Parma,  il  terzo  libro  de  Motetti  a 
sei  voci;  in  Venetia,  appresso  Angelo  Gar- 
dano, 1606,  in-4<».  Un  exemplaire  de  cet 
œuvre  posthume  existe  incomplet  à  la  Biblio- 
thèque royale  de  Berlin.  13"  Ricercari  da 
cantare  a  quattra  voci  di  Claudio  Meruli 
da  Correggio  organista  del  Serenissima  di 
Parma,  novamente  dati  in  luce  per  Gia- 
cinto  Meruli  Nipote  delV  autore,  Libro  st' 
condo  ;  in  Venetia,  appresso  Angelo  Gardano 
et  Fratelli,  1607. 1^°  Ricercari  da  cantare  a 
quattra  voci.  Di  Claudio  Merulo  da  Cor» 
reggiOj  organista  del  Serenissima  Signor 
Duca  di  Parma.  Novamente  dati  in  luce 
per  ffiacinta  Merulo  nipote  deW  autare. 
Libro  terzo;  in  Venetia,  appresso  Angelo 


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MERULO  —  MESSEMACKERS 


i07 


Gardaoo  et  FratelU,  1608. 15«  Claudii  Meruli 
Corrigtensis  Jffisse  due  cum  octo  et  duodecim 
voeibus  eoncinende  <idditeq.  Litanim  Beatw 
Mari»  Firginis  octo  voeum.  Nuperrime 
impresse.  Cum  parte  orflfonico;  Vcneliis  apud 
ADgelum  Gardanum  et  fratres,  1609.  lO»  Can- 
zoni  alla  france*e  di  Claudio  Merulo.  Cet 
ouvrage  est  cité  par  le  P.  Martini,  diaprés  ua 
catalogue  de  la  libraire  musicale  d'Alexandre 
Tincenti  publié  en  1602,  mais  sans  autre  indi- 
cation. Merulo  lui-même  parle  de  cet  œuvre 
dans  une  lettre  imprimée  au  Tran$ilvano 
de  Diruta  (page  4),  et  déclare  positivement 
quMl  a  composé  ces  chansons  et  les  a  impri- 
mées. Aucun  exemplaire  n*en  a  été  signalé 
jusqu*à  ce  jour  (1861). 

Des  madrigaux  de  cet  artiste  sont  répandus 
dans  an  grand  nombre  de  recueils  publiés  en 
Italie,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle  et  au  commencement  du  dix-septième, 
particulièrement  dans  ceux-ci  :  1°  madrigaux 
de  Cyprien  Rore  et  d'Annibal  de  Padoue 
(Venise,  Gardane,  1561);  2<*  chansons  à  la 
napolitaine  de  Bonagiunta  (Venise,  Scotto, 
1561);  5»  dans  les  Fiamme  a  5  eC  6  voct, 
raccolte  di  G.  Bonagiunta  (Venise,  Scotto, 
1567)  ',  4«  dans  la  Corona  délia  morte  d'An- 
nibal  Caro  (Venise,  Scotto,  1568);  5°  dans  les 
Dolci  frutti  à  cing  voix,  libro  1»  (Venise, 
Scotto,  1570);  6"*  dans  la  Musica  di  tredici 
aulori  illustri,  k  cinq  voix  (Venise,  Gardano, 
1576  et  1589);  7"  dans  il  Primo  flore  délia 
ghirlanda  musicale,  à  cinq  voix  (Venise, 
Scotto,  1578);  8»  dans  U  Corona  di  diversi, 
à  six  voix  (Venise,  Scotto,  1579);  9«  dans  il 
Trionfo  di  musica,  à  six  voix  (Venise,  Scolto, 
1579);  10^  dans  les  Amorosi  ardori,  à  cinq 
voix  (Venise,  Gardano,  1583);  11»  dans  il 
Gaudio  di  diversi,  kirois  voix  (Venise,  Scolto, 
1586);  12«  dans  VJmorosa  Ero,  publiée  par 
Harsolino  (Brescia,  Sabbio,  1588);  13o  dans 
la  Spoglia  amorosa,  à  cinq  voix  (Venise, 
Scotto,  1590);  14°  dans  un  autre  recueil,  sous 
le  même  titre  (Venise,  Gardano,  1592); 
15»  dans  ilLauro  secco,  à  cinq  voix,  lib.  1" 
(Venise,  Gardano,  1596)  ;  16»  dans  la  /'il- 
toria  amorosa,  à  cinq  voix  (Venise,  Vincenti, 
1598);  17«  quatre  Canzoni  da  sonare,  re- 
cneillie  par  Raverij,  (Venise,  Raverij,  1608); 
enfin,  dans  la  Melodia  olympica  di  diversi 
eecellentissimi  musici  (Anvers,  P.  Phalèse, 

ia-4«obl.). 

Herulo  composa  une  partie  de  la  musique 
qui  fut  exécutée  au  mariage  de  François  de 
Kédicis,  grand-duc  de  Toscane,  avec  Rianca 
CjppcUo,  en  1579.  Cette  musique  n'a  pns  été 


publiée,  mais  elle  est  mentionnée  dans  le 
livret  qui  a  été  publié  sous  ce  titre  :  Feete 
nelle  nozxe  del  Serenissimo  Don  Francesco 
Medici  Gran  Duca  di  Toscana  ;  et  délia  Se- 
reniss.  tua  consorte  la  Sig.  Bianca  Cap- 
pello.  Composte  da  M.  Ha/faello  Guatte- 
rotti,  etc;  in  Firenze,  nella  Stamperia  de* 
Giunti,  1579.  On  y  lit  :  «  L'inventione  eradel 
«  conte  Germanico,  le  stanze  del  chiarissimo 
«  signor  Mafflo  Veniezo,  la  musica  di  messer 
«  Claudio  da  Correggio;  e  fatta  da  tali 
«  maestri  non  poteva  essere  se  non  eccellente, 
tt  essendo  essi  eecellentissimi.  »  Les  autres 
compositeurs  de  la  musique  étaient  Alexandre 
Strigio  et  Pierre  Strozzi  ;  parmi  les  chanteurs 
se  trouvait  Jules  Caccini  (voyez  ces  noms)  (1). 

MERULO  (Htacintie),  neveu  du  précé- 
dent, et  second  fils  de  Barlholomé  Merulo. 
M.  Catelani  dit  (Memorie  délia  Fita  et, délie 
Opère  di  Claudio  Merulo ,  p.  51  )  qu'Hya- 
cjnthe  naquit  en  1598  :  il  y  a  sans  doute  une 
transposition  de  chiffres  dans  cette  date,  car 
il  n'aurait  été  âgé  que  de  neuf  ans  lorsqu'il 
publia  le  second  livre  des  Rieercari  da  can- 
tare  de  son  oncle  ;  je  crois  qu'il  faut  lire  1589, 
ce  qui  lui  donnerait  dix-huit  ans  dans  l'année 
1607,  où  parut  cet  ouvrage.  Hyacinthe  Merulo 
fut  élève  de  Christophe  Bora,  qui  succéda  k 
Claude  dans  la  place  d'organiste  du  duc  de 
Parme.  M.  Catelani  a  découvert  un  ouvrage 
intitulé  :  Madrigali  a  4  voci  in  stile  moderno 
di  Giacinto  Merulo.  Libro  primo  con  una 
canzone  a  4  sopra  quella  bella  Amor,  da 
sonare  con  gli  istrumenti.  Al  ser.  Principe 
Ferdinando  Gonzaga  Duca  di  Mantoua,  di 
Monferrato,  etc.  Nuovamente  composti  et 
dati  in  luce.  con  Privilegio.  Stampa  del 
Gardano.  In  Fenetia,  1625,  Appresso  Bar- 
tolomeo  Magni. 

MESSAUS  (Geouge),  musicien  belge,  vé- 
cut à  Anvers  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle.  On  trouve  deux  motets  de  sa 
composition  dans  le  Pratum  musicum^  col- 
lection publiée  à  Anvers  en  1634,  in-40.  Ces 
motets  sont  :  1°  Beata  regina,  pour  deux 
ténors  et  basse  (sous  le  n^*  16)  ;  2»  O  quam 
suaviter^  pour  trois  voix  de  dessus,  ou  trois 
ténors  en  écho  (sous  le  n"  25). 

M£SSE]»IACKERS  (Henri),  né  à  Venloo 
le  5  novembre  1778,  fit  voir  d'heureuses  dis- 
positions pour  la  musique  dès  son  enfance. 

(I)  Je  suis  redevable  des  principaux  renseignements 
qui  ont  servi  pour  la  rédaction  de  celle  notice  au  livre 
de  II.  CalS  sur  la  chapelle  de  Saint-Marc  de  Venise  et 
»oi  Ncmoires  de  U.  Catelani  sur  la  vie  et  les  auvres  de 
Claude  Merulo. 


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i03 


MESSEMACKtRS  —  MESTRhXO 


11  reçut  de  son  père  les  premières  leçons  de 
musiqae  el  de  piano.  A  Tâge  de  seize  ans,  il 
enseignait  le  piano;  deux  ans  après,  le  baion 
d'Hoogbvorsl  le  fit  venir  en  Belgique  pour 
donner  des  leçons  à  ses  enfants'  C'est  depuis 
cette  époque  quMI  s*e8t  livré  à  des  études 
sérieuses  de  Part,  sans  autre  maître  que  lui- 
même.  Lorsque  Steibelt  vint  à  Bruxelles, 
M.  Messemackers  obtint  qu'il  lui  donnât  quel- 
ques conseils.  Depuis  lors,  jusqu'en  1848,  il 
s'est  livré  sans  relâche  à  l'enseignement.  On  a 
gravé^de  sa  composition  :  l"»  Trois  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  Paris,  Garli. 
3<>  Concerto  pour  piano  et  orchestre,  Bruxelles, 
Messemackers.  3<»  Sonates  pour  piano  et  vio- 
lon, n«*  1  et  2,  Bruxelles,  Weissenbruch. 
4<»  Trois  idem,  op.  3,  Bruxelles,  Messemac- 
kers. 5°  Trois  idem,  intitulées  Les  Souvenirs, 
op.  9,  ibid,  6*  Divertissement  pour  piano  à 
quatre  mains,  ihid.  7^  Trois  pots-pourris  pour 
piano  seul,  Bruxelles,  Weissenbruch.  8<>  PIu^ 
sieurs  fantaisies,  airs  variés,  etc.,  pour  piano, 
Bruxelles,  chez  l'auteur.  9<*  Deux  morceaux  de 
salon,  dédiés  aux  jeunes  princes  de  Ligne,  ses 
élèves.  En  1821,  M.  Messemackers  a  écrit  la 
musique  d'un  opéra  en  trois  actes,  intitulé 
La  Toison  d'or,  ou  Philippe  de  Bourgogne, 
qui  a  été  joué  avec  succès  au  Grand  Théâtre 
de  Bruxelles.  Le  poCme  de  cet  ouvrage  était  de 
M.  le  baron  de  ReifTenberg.  Quelque  temps 
après,  M.  Messemackers  a  fait  représenter  au 
Théâtre  royal  les  Deux  Pièces  nouvelles, 
opéra-cojiique  en  un  acte.  M.  Messemackers 
est  parvenu  aujourd'hui  (1862)  à  l'âge  de 
quatre-vingt-quatre  ans. 

MESSEJIIACKEIIS  (Lovis),  Hls  du  pré- 
cédent, est  né  à  Bruxelles,  le  30  août  1809. 
Après  avoir  reçu  de  son  père  des  leçons  de 
musique  et  de  piano,  et  avoir  joué  quelquefois 
avec  succès  dans  les  concerts,  il  s'est  rendu,  à 
l'âge  de  dix- huit  ans,  à  Paris,  où  il  a  reçu  des 
leçons  de  Liszt  pour  le  piano  et  de  Reicba 
pour  la  composition.  Il  a  publié  environ 
soixante-dix  œuvres  pour  le  piano,  consistant 
en  fantaisies,  airs  variés,  rondeaux,  etc.  Fixé 
depuis  longtemps  à  Paris,  cet  artiste  s'y  livre 
(1863)  à  l'enseignement  du  piano. 

MESSËR  (Fbauçois),  né  en  1811,  à  Hof- 
heim,  dans  le  duché  de  Nassau,  fit  ses  études 
musicales  sous  différents  maîtres,  à  Mayence 
et  à  Francfort,  et  reçut  particulièrement  des 
leçons  d'harmonie  de  Schelble,  dans  cette  der- 
nière ville.  Sa  première  position  fut  celle  de 
directeur  de  musique  de  la  Liedertafel^  et 
d'une  société  de  chant  de  dames,  à  Mayence. 
Il  dirigea  ensuite  les  concerts  de  la  Sociélé 


Cœcilia^  de  la  même  ville.  En  1837etl840j  il 
y  dirigea  avec  talent  les  grandes  fêtes  musi- 
cales de  Guttenberg.  Après  la  mort  de  Gubr, 
Messer  fut  appelé  à  Francfort,  en  1848,  pour 
le  remplacer  dans  la  direction  des  concerts  du 
Muséum,  En  1857,  il  en  remplissait  encore 
les  fonctions.  On  connaît  de  cet  artiste  esti- 
mable plusieurs  recueils  de  Zteder  à deuxToiz, 
avec  accompagnement  de  piano,  des  quatuors 
de  voix  de  diverses  espèces,  une  sonate  pour 
le  piano  (en  /a),  une  grande  cantate  de  fête, 
une  ouverture  pour  orchestre,  des  recueils  de 
chants  pour  voix  d'hommes,  etc. 

MESTIIIIHO  (Nicolas)  n'est  pas  né  à 
Meslri,  en  1750,  dans  l'État  de  Venise,  comme 
le  disent  Choron  et  Fayolle  dans  leur  Dic- 
tionnaire historique  des  musiciens^  copié  par 
les  auteurs  du  Dictionnaire  anglais  publié 
en  1834,  et  même  par  Gervasoni  {Nuova 
teoria  di  musica,  p.  186)  ;  mais  il  a  vu  le  Jour 
à  Milan,  en  1748,  ainsi  que  le  prouve  la  lettre 
qu'il  écrivit  au  prince  Charles  de  Lorraine  et 
à  l'archiduchesse  Marie-Christine,  gouver- 
neurs des  Pays-Bas,  lorsqu'il  passa  à  Bru- 
xelles en  1786.  Voici  cette  lettre,  que  j^ai 
trouvée  dans  les  archives  du  royaume  de  Bel- 
gique {Pièces  du  ci-devant  conseil  des  do- 
maines et  finances,  carton  n*  1251)  :  «  ^  leurs 
«  Altesses  HoyaUs  :  Nicolas  Mestrino,  né  à 
«  Milan,  âgé  de  trente-huit  ans,  exitose  avec 
tt  le  plus  profond  respect  qu'il  a  été  attaché 
tt  au  service  du  prince  régnant  d'Esterhazy, 
a  comme  premier  violon,  et  ensuite  à  celui  de 
«  feu  le  comte  Ladislas  d'Erdœdy;  que  ses 
a  voyages  en  Italie,  en  Allemagne  et  dans 
tf  d'autres  pays  ne  l'ont  pas  seulement  per- 
a  fectionné,  mais  ont  encore  établi  sa  repu- 
«  talion,  tant  pour  la  composition  que  pour 
tt  l'exécution.  Et  comme  il  possède  aussi  les 
tt  langues  allemande  et  française,  il  ose  croire 
u  pouvoir  remplir,  à  la  satisfaction  de  Vos  AI- 
u  tesses  Royales,  la  place  de  maître  de  mu- 
tt  sique,  vacante  par  le  décès  de  N.  CroCs,  si 
u  elles  daignent  la  lui  accorder.  C'est  la 
«  grâce,  etc.  Bruxelles,  le  18  août  1786.  « 
Cette  pièce  est  authentique  et  nous  donne 
toute  la  biographie  de  l'artiste  jusqu'au  mo- 
ment où  11  arriva  à  Paris.  Il  n'obtint  pas  la 
place  de  maître  de  musique  de  la  chapelle  des 
arohiducs,  qu'il  demandait  dans  sa  reiiuéte; 
elle  fut  donnée  à  Wilzlhumh,  et  Mestrino  se 
rendit  à  Paris.  Tout  l'article  du  Dictionnaire 
historique  des  musiciens  est  évidemment 
rempli  de  fautes  grossières,  car  si  Mestrino 
était  né  en  1750,  il  était  âgé  de  plus  de  trente- 
deux  ans  lorsqu'il  se  fit  entendre  en  178G,  à 


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MESTRINO  -  METUFESSEL 


409 


Paris.  Le  fait  est  quMl  était  né  en  1748  etqu^il 
était  parvenu  à  I^àge  de  trente-huit  ans  lors- 
qu'il exécuta^,  au  concert  spirituel,  un  de  ses 
concertos,  le  17  septembre  1786.  On  ne  sait  pas 
non  plus  d'où  viennent  ces  assertions  impru- 
dentes des  compilateurs  du  même  ouvrage, 
que  Mestrino  joua  longtemps  dans  les  rues, 
qu'il  parvint  ensuite  à  se  former,  et  qu'il  tra- 
vailla surtout  en  prison.  Le  peu  de  solidité  des 
^  premiers  renseignements  fait  voir  le  cas  qu'on 
doit  faire  de  ceux-ci.  Des  faits  si  graves  ne 
devraient  pas  être  jetés  à  la  légère  ;  des  calonii- 
nies  semblables  ont  pourtant  été  renouvelées 
sur  Paganini.  Mestrino  était  grand  musicien, 
comme  le  prouva  sa  manière  de  diriger  l'or- 
cheslre  du  théâtre  de  Monsieur;  ce  n'est 
point  en  jouant  dans  les  rues  qu'on  acquiert 
des  connaissances  de  ce  genre.  Le  fait  qui 
concerne  la  prison  a  sans  doute  son  origine 
dans  l'ignorance  où  l'on  était  des  circonstances 
de  la  vie  de  l'artiste  lorsqu'il  arriva  à  Paris 
et  fixa  sur  lui  l'attention  ;  mais  cette  igno- 
rance résulte  du  long  séjour  que  Mestrino 
avait  fait  au  fond  de  la  Hongrie,  d'abord  chez 
le  prince  Eslerhazy,  ensuite  chez  le  comte 
Ladislas  d'Erdœdy,  qui  mourut  au  mois  de 
février  1786,  et  dont  la  chapelle  fut  congé- 
diée. 

Après  les  succès  que  Mestrino  obtint  au 
concert  spirituel,  Il  s'établit  à  Paris,  où  il 
forma  quelques  bons  élèves,  parmi  lesquels  on 
cite  mademoiselle  de  la  Jonchère,  connue 
plus  tard  sous  le  nom  de  madame  Ladurner. 
L'Opéra  italien  ayant  été  établi  à  Paris  en  1789, 
par  les  soins  de  Yiolti,  Mestrino  fut  choisi 
pour  diriger  Torcheslre  excellent  qu'on  avait 
formé,  et  justifia  la  confiance  qu'on  avait  en 
ses  talents  par  la  parfaite  exécution  de  cet 
orchestre.  Il  nf  jouit  pas  longtemps  des 
avantages  de  sa  position,  car  il  mourut  au 
mois  de  septembre  1790,  et  fut  remplacé  par 
Puppo  (voyez  ce  nom).  Les  œuvres  gravées  de 
Mestrino  sont  :  1^  Concertos  pour  violon  prin- 
cipal et  orchestre,  n~  1  à  12,  Paris,  Sieber. 
Le  12*  concerlo  (en  st  bémol)  a  été  arrangé 
pour  le  piano  par  Mozin  et  gravé  chez  Nader- 
nian.  ^  Duos  pour  deux  violons,  œuvres  2,  3, 
Paris, Sieber; œuvre 4,  Paris,  Leduc;  œuvre 7, 
Paris,  Naderman.  Z°  Éludes  et  «aprices  pour 
violon  seul,  Paris,  Leduc.  4<>  Sonates  pour 
violon  et  basse,  op.  5,  Paris,  Sieber.  Les  au- 
tres ouvrages  gravés  sous  le  nom  de  cet  artiste 
ne  sont  pas  originaux. 

MESUmUCCI  (LiBORio),  amateur  de  mu- 
sique  à  Palerme,  né  en  Sicile,  a  publié^  à 
l'occasion  d'un  voyage  de  Bellini  dans  sa  pa- 


trie, un  opuscule  intitulé  :  Paraîello  ira  i 
maestri  Rossini  e  Bellini;  Palerme,  1834, 
in-8<^.  Le  patriotisme  de  ce  dilettante  le  porte, 
dans  cet  écrit,  à  placer  l'auteur  de  Norma  au- 
dessus  de  celui  de  Guillaume  Tell,  et  les  Sici- 
liens accueillirent  avec  beaucoup  de  faveur 
cette  extravagance,  qui  fut  réfutée  victorieu- 
sement par  le  marquis  de  San'Jacinto  (voyes 
ce  nom). 

METALLO  (GftAMMàTio),  compositeur  ita- 
lien, vécut  vers  la  fin  du  seizième  siècle  et  dans 
la  première  moitié  du  dix-septième.  Parmi 
les  ouvrages  de  sa  composition,  on  connaît  : 
1^  Canzoni  alla  napoletana  a  4  e  5  voci,con 
3  canzoni  alla  franceee  per  sonate,  libro  4®  : 
Venise,  1594,  in-4<*.  On  voit  par  le  frontispice 
de  cet  œuvre  que  Métallo  fut  maître  de  cha- 
pelle à  la  cathédrale  de  Bassano.  S**  Ricercari 
a  eanto  e  tenore;  Venise,  1595,  in-4<'.  La  date 
de  1665,  donnée  par  Wallher,  est  une  faute 
d'impression  qui  a  trompé  Gerber.  Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée 
sous  ce  titre  :  Dal  Métallo  Ricercari  a  due 
voci  per  sonare  e  cantare,  accresciuti  e  cor- 
retti  da  Prospero  Chiocchia  da  Poli;  Roma, 
1654^  in -40.  Il  y  a  une  troisième  édition  du 
même  œuvre,  laquelle  a  pour  titre  :  Ricercari 
a  due  voci  per  sonare  e  cantare;  novamente 
ristampati,  accresciuti  e  corretti  da  Franc. 
Giannini;  Rome,Mascardi,  1685,  in-4».  3«  Il 
primo  libro  di  Motetti  a  tre  voci  con  una 
Messaa  quattro;in  Fenezia,  appresso  Gia- 
como  Fincenti,  1602,  in-4o.  Le  catalogue  de 
Breitkopf  indique  aussi  en  manuscrit  un  mo- 
tet (Sanctus  Dominus),  à  quatre  voix,  de  la 
composition  de  Métallo. 

METBIFESSEL  (  Albbbt  -  Théophile  ) , 
compositeur  allemand,  est  né  le  30  septembre 
1786,  à  Stadtilm,  dans  la  principauté  de 
Schwarzbourg-Rndolstadt,  où  son  père  était 
maître  d'école  et  cantor  de  la  paroisse.  Ses 
études  commencèrent  sous  la  direction  de  son 
père ,  et  furent  continuées  au  Gymnase  de 
Rudolstadt.  Ses  dispositions  pour  la  musique 
furent  si  précoces,  qu'à  peine  arrivé  à  sa  dou- 
zième année,  il  avait  déjà  composé  plusieurs 
morceaux  que  son  père  fit  exécuter.  En  1807, 
il  alla  passer  une  année  à  Leipsick  ;  puis  la 
princesse  de  Rudolstadt  lui  accorda  une  pen- 
sion pour  aller  terminer  ses  études  musicales 
à  Dresde.  Il  y  passa  deux  années,  puis,  en 
1810,  il  entra  comme  chanteur  au  service  de 
la  cour  de  Schwarzbourg.  Déjà  alors,  il  avait 
publié  quelques  chants  allemands  dans  les- 
quels il  montrait  un  talent  spécial  et  remar- 
quable.  Il   était   aussi  chanteur  distingué, 


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110 


METHFESSEL  -  METKE 


pianiste  et  guitariste.  Ayant  quitté  son  service 
à  Rudolstadt  vers  1815,  il  s'établit  à  Bruns- 
wick et  s*y  livra  à  renseignement  Jusqu'en 
1824,  époque  où  des  propositions  lui  furent 
faites  pour  se  fixer  à  Hambourg,  en  qualité  de 
profesjseur  de  chant.  Il  y  établit  une  de  ces  so- 
ciétés de  chanteurs  répandues  en  Allemagne 
sous  le  nom  de  Liedertafel  .•  cette  société 
existe  encore.  Rappelé  à  Brunswick,  en  1831, 
pour  y  remplir  les  fonctions  de  maître  de  cha- 
pelle, Methfessel  entra  immédiatement  en  pos- 
session de  cet  emploi.  Cet  artiste  8*est  parti- 
calidrement  distingué  comme  compositeur  de 
ballades,  de  chansons  et  de  romances;  mais 
on  a  de  lui  beaucoup.d*autres  ouvrages,  parmi 
lesquels  on  compte  :  i^  Grande  sonate  pour 
piano  à  quatre  mains  ,  op.  6  ;  Leipsick , 
Hofnieisler.  â»  Sonates  faciles,  idem;  ibid. 
Z*  Valses,  idem,  op.  8  j  ibid.  4«  Marches 
idem,  op.  70  ;  Hambourg,  Granlx.  5<*  Six  so- 
nates faciles  pour  piano  seul,  op.  13;  Leipsick, 
Hofmeister.  6^  Variations  idem,  op.  7  et  9  ; 
ihid.  7«  Environ  douze  recueils  de  danses  et 
de  valses  ;  idem.  8«  Six  chorals  avec  des  pré- 
ludes et  des  conclusions  pour  Torgue  ;  Rudol- 
stadt. 9^  Plosieurs  cahiers  de  danses  et  de 
valses  à  grand  orchestre;  Dresde  et  Leipsick. 
10<»  Le  chant  de  Schiller  Es  tanen  die  Nœr^ 
ner  pour  trois  voix  et  trois  cors,  op.  23  ;  Leip- 
sick, Hofmeister.  ll^  Collection  de  chants  à 
plusieurs  voix,  publiée  sous  le  nom  de  Lieder- 
buch,  dont  il  a  été  fait  quatre  éditions,  toutes 
épuisées.  12<»  Autre  collection,  intitulée  : 
Liederkranz,  en  trois  cahiers,  dont  il  a  été 
fait  deux  éditions.  13«  Environ  vingt-cinq  re- 
cueils de  chants  et  de  romances  à  voix  seule 
avec  accompagnement  de  piano;  Leipsick, 
Hofmeister  et  Peters  ;  Bonn  ,  Simrock  ; 
Mayence,  Schott;  Hambourg,  Crantz,  etc. 
Parmi  ces  chants,  on  remarque  surtout  les 
œuvres  11, 12  et  27,  le  Désir  langoureux,  de 
Schiller,  et  l*^rmtnio,  de  Tiedge. 

JMETHFESSEL  (Feéoébic),  frère  aîné  du 
précédent,  licenciéen  théologie,  naquit  à  Stadt- 
ilm,  le  27  août  1771.  Quoiqu'il  fût  destiné  à 
Félat  ecclésiastique,  il  trouva  assez  de  temps 
au  milieu  de  ses  études  spéciales  pour  faire  de 
grands  progrès  dans  la  musique,  et  pour  deve- 
nir habile  sur  le  piano,  la  guitare,  le  violon  et 
dans  le  chant.  Ayant  achevé  ses  éludes  théo- 
logiques  à  runiversilé  de  Leipsick,  en  1796,  il 
fut  obligé  d'accepter  une  place  de  précepteur  ; 
mais  mécontent  de  son  sort,  il  changea  sou- 
vent de  position  et  s'arrêta  tour  à  tour  à  Als- 
bach,  Rheno,  Ratzebourg,  dans  le  Mecklem- 
bourg,    Probsuello,    Saalfcld,    Cobourg , 


£isenach,et^  enfin,  il  retourna  dans  le  lieu  de 
sa  naissance,  ne  trouvant  de  satisfaction  que 
dans  la  culture  de  la  musique.  Bans  les  der- 
niers temps  de  sa  vie,  il  entreprit  la  composi- 
tion d'un  opéra  sur  le  sujet  de  Faust;  mais 
déjà  atteint  par  la  maladie  qui  le  conduisit  aa 
tombeau,  il  ne  put  Tachever,  et  il  mourut  à 
Stadtilm,  au  mois  de  mai  1807,  à  Page  de 
trente -six  ans.  On  a  de  lui  quatorze  recueils 
de  chansons  à  voix  seule,  avec  accompagne- 
ment de  piano,  publiés  à  Rheno;  douze  chan- 
sons avec  accompagnement  de  guitare;  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Hœrtel;  des  ballades  idem, 
ibid.  ;  douzechants  à  trois  voix,  avec  accompa- 
gnement de  piano  ;  Rudolstadt,  1800,  et  trois 
chants  de  l'opéra  de  Faust;  ibid. 

mETHFESSEL  (Esif  est),  parent  des  pré- 
cédents, né  à  Mulhausen,  dans  la  Thuringe 
(les  biographes  allemands  Ignorent  en  quelle 
année  il  a  vu  le  jour).  Un  malire  obscur  de 
cette  ville  lui  enseigna  les  principes  de  la  mu- 
sique et  lui  apprit  à  jouer  de  plusieurs  in- 
struments. Le  hautbois  devint  particolièrenient 
l'objet  de  ses  études,  et  il  fit  beaucoup  de 
recherches  pour  le  perfectionnement  de  cet 
instrument  difficile.  Après  avoir  occupé  pen- 
dant plusieurs  années  une  place  de  hautboïste 
dans  l'orchestre  de  Mulhausen,  il  voyagea 
pour  faire  connaître  son  talent,  parcourut  la 
Suisse,  l'Italie,  visita  Milan,  Bergame,  Na- 
ples,  Francfort,  Berlin,  et  s'y  fit  applaudir. 
Après  avoir  donné  un  concert  à  VITinterthur 
(Suisse),  il  y  fut  engagé,  en  1857,  en  qualité 
de  directeur  de  musique  et  de  chef  d'orchestre. 
Il  occupe  encore  celte  position  au  moment  où 
cette  notice  est  écrite  (1860).  Les  compositions 
de  cet  artiste  sont  les  suivantes  :  i^  Première 
et  deuxième  fantaisie  pour  hautbois,  deux  vio- 
lons, alto,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  6  et 
7;  Leipsick,  Hofmeister.  2^  Goncertino  pour 
hautbois  et  clarinette,  avec  accompagnement 
de  piano,  op.  8  ;  Bâle,  Knop.  3°  Vingt-quatre 
exercices  pour  le  hautbois,  op.  11;  ibid, 
4^  Album  pour  le  chant  à  voix  seule  avec 
piano,  op.  9;  Winlerthur,  Studer.  H^  Chanson 
de  soldats,  à  voix  seule  avec  piano  ;  Mayence, 
Schott.  6«  Duo  à  deux  voix  de  soprano,  avec 
piano,  op.  12;  ibid.  7«  Six  chants  à  voix  seule 
avec  piano,  op.  10 ,  ibid. 

niETKE  (ADOLPne-FaéDÉRic),  né  à  BerliL/, 
le  8  avril  1772,  entra  à  l'âge  de  quatorze  ans 
comme  hautboïste  dans  le  deuxième  régiment 
d'artillerie,  sous  la  direction  de  son  frère,  et 
fit  de  rapides  progrès  sur  le  hautbois,  la  flûte, 
le  violon  et  le  violoncelle.  Dans  l'été  de  1789, 
il  partit  avec  son  régiment  pour  Breslau,  où 


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METKE  -  MITTENLEITER 


Hi 


il  étudia  la  composition  près  du  directeur  de 
musique  Fœrster.  Pendant  le  s^iour  de  Fré- 
déric-Guillaume II  à  Breslau,  Hetke  eut  Thon- 
oeur  de  jouer  deux  fois  du  violoncelle  devant 
ce  prince,  habile  violoncelliste  lui-même,  et 
d'en  être  applaudi.  En  1796,  le  duc  de  Bruns- 
wick-Oels  le  nomma  directeur  de  la  musique 
de  son  ibéâlre.  MellLe  fit  la  coonaissance  de 
Dillersdorf,  dans  la  résidence  du  prince,  et 
continua  avec  lui  ses  études  de  composition.  Il 
fit  représenter  peu  de  temps  après  un  opéra 
comique  intitulé  :  le  Diable  hydraulique,  et 
écrivit  un  prologue  pour  la  fête  du  prince, 
quatre  concertos,  trois  sonates  et  quelques 
variations  pour  la  violoncelle.  Après  la  mort 
du  prince, en  1806,  la  chapelle  fut  congédiée, 
et  Metke  retourna  à  Breslau,  où  il  se  livra  à 
renseignement,  et  organisa  quelques  con- 
certs. Il  vivait  encore  dans  cette  ville,  eu  1830. 
On  a  publié  de  sa  composition  *.  1<>  Variations 
pour  le  violoncelle  sur  le  thème  Sehmne 
Afinka;  Breslau.  2<»  Symphonie  concertante 
pour  deux  violoncelles;  ibid.Z^  Concerto  pour 
violoncelle  (en  5o/  majeur);  t6td. 

AIETIIAG  (A.).  On  a  sous  ce  nom  une  dis- 
sertation, intitulée;  Sur  Vart  musical  de» 
anciens ,  dans  la  Revue  Encyclopédique 
(1820,  t.  VI,  p.  466-480). 

SIETROPH  APIES  (GHaiSTOPOULo),  moine 
grec  du  mont  Alhos,  garde-sceaux  de  Téglise 
patriarcale  dé  Constaniinople ,  né  à  Berœa, 
en  1590,  mourut, en  1658,  à  Tâge  de  soixante- 
neuf  ans.  On  a  de  lui  une  épltre  sur  les 
termes  usités  dans  la  musique  ecclésiastique 
grecque,  que  Pabbé  Gerbert  a  insérée  dans  le 
troisième  volume  de  ses  Seriptores  eecUsias^ 
lici  de  musica  sacra,  avec  une  version  latine 
(p.  398-402).  Cette  épttro,  écrite  le  14  mai 
1626,  avait  été  déjà  publiée  à  Wittemberg. 

METRU  (Nicolas),  organiste,  maître  de 
chant  à  Paris,  vivait  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle.  Gantez,  dans  sa  lettre  sur  les 
maîtres  de  cliapelle  de  Paris,-  ne  dit  rien  de  ce 
musicien,  et  Le  Gallois,  à  qui  nous  devons  de 
bons  renseig^nemeots  sur  les  artistes  de  la  fin 
(lu  règne  de  Louis  XIII  et  du  commencement 
àt  celui  de  Louis  XIV,  dans  sa  Lettre  d  ma" 
demoiselle  Regnault  de  Sollier  touchant  la 
musique,  garde  le  même  silence  à  Tégard  de 
Meiru.  Celui-ci  a  publié,  à  Paris,  en  1663, 
oue  messe  à  quatre  voix,  ad  imitationem 
fnoduli  Brevis  oratio,  in-fol.  Il  fut  un  des 
maîtres  deLully. 

METSCII  (le  P.  Placidb),  moine  bénédic- 
tin, né  en  Bavière,  se  distingua  comme  orga- 
niste. Il  a  fait  tmpripder  deux  recueils  de 


pièces  pour  Porgue,  où  Ton  trouve  de  bonnes 
choses  dans  Tancien  style;  ils  ont  pour  titres: 
1<»  Litigiosa  digitorum  unio,  id  estpream- 
bula  duo  organica  cum  fugis.  Part.  1  e<  2  ; 
Nuremberg,  1759,  in-fol.  ^°  Organœdus  Ec' 
elesiasticO'Aulieus,  Aulico  -  Ecclesiculicus, 
exhibens  prxludiis  et  fugis;  Nuremberg , 
1764,  In-fol. 

JttETTEPÎLEITER  (Jeau-Geobges)  , 
chantre  et  organiste  à  la  cathédrale  de  Ratis- 
bonne,  naquit  le  6  avril  1812,  à  Satnt-Ulricb| 
près  d'Ulm.  Après  avoir  fait  de  solides  études 
musicales  à  Ulm  et  à  Augsbourg,  il  se  fixa  à 
Ratisbonne,  où  il  obtint  les  places  de  directeur 
du  chœur  et  d'organiste  à  la  cathédrale. 
Homme  d*un  rare  mérite,  possédant  de  Pi n- 
struction  littéraire,  une  connaissance  pro- 
fonde du  chant  ecclésiastique,  et  bon  compo- 
siteur, aussi  modeste  que  savant,  Mettenleiter 
consacra  toute  sa  vie  au  travail,  sans  en  reti- 
rer d*autre  avantage  que  le  plaisir  qu*il  y 
trouvait.  Il  est  mort  à  Ratisbonne,  le  6  octobre 
1858,  à  Page  de  quarante-six  ans.  Ses  ou- 
vrages imprimés  sont  ceux-ci  :  1^  Enchiri^ 
dion  Chorale,  sive  selectus  loeupletissimus 
eantionum  liturgicarum  juxta  ritum  S\  Ho* 
manx  ecclesim  per  totius  anni  circttlwn 
prxscriplarum,  Redegit  ao  comitante  or- 
gano  edidit  J.  Georgius  Mettenleiter.  Jussu 
et  approbation»  illustr.  et  reverendiss.  Do- 
mini  Falentini  episcopi  Ratisbonensis  ;  Ra- 
tisbon» ,  typis  et  commissione  Frederici 
Pustet,  1853,  un  volume  in-8<>  de  sept  cent 
soixante-huit  et  ccxr  pages.  9"  JUanuale  brève 
eantionum  ac  precum  liturgicarum  juxta 
ritum  sanetsf  Romatue  Ecelesix.  Selegit  ac 
comitante  organo  edidit,  etc.,  ibid.,  1852. — 
Z^  Der  fUnfundneunsigste  Psalm  fiir  sechs 
Mànnerstimmen ,  partition,  in-fol.,  ibid., 
1854.  Cet  artiste  a  laissé  en  manuscrit  :  l^*  Une 
collection  de  Lieder  allemands  pour  une,  deux 
et  trois  voix  avec  accompagnement  de  piano. 
2«  Chants  à  quatre  voix  d'hommes.  Z"*  Lied  de 
Saphir  pour  deux  chœurs  d*hommes.  4'  Le 
Retour  du  chanteur,  chœur  de  voix  d'hommes 
avec  orchestre.  5«  Environ  dix  chants  pour  un 
chœur  d'hommes  à  quatre  et  cinq  voix.  6<>  Va- 
riations à  quatre  mains,  sur  un  air  allemand, 
pour  le  piano.  7<*  Grande  pièce  de  concert  pour 
le  piano,  avec  accompagnement  d'instruments 
à  cordes.  8«  y^ve  Maria  pour  quatre  voix 
d'hommes.  9<>  Jve  Maria  pour  un  et  deux 
chœui's.  10(*  Ave  Maria  pour  une  double 
chœur  composé  chacun  de  soprano,  contralto, 
ténor  et  basse,  W  Graduel  pour  la  féic  de 
Saint-Michel  à  quatre  voix.  12<>  Crux fidélisa  . 


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ll!2 


METTENLEITER  -  METZGER 


huit  voix.  13«  Jdoramus  pour  quatre  voix 
d^hommes.  14<*  Btnedieite,  inlrolt  |)our  U 
fête  de  Saint-Michel,  à  quatre  voix  d*hommes, 
dans  le  style  de  Palestrina.  IS**  Ecee  crucem 
Dcmini,  à  six  voix.  16»  O  quam  tristis,  à 
quatre  voix.  IT»  Prope  e$t  Dominui,  à  huit 
voix.  18*  Da  paeem^  à  quatre  voix.  19»  O 
sacrum  convivitim,  à  quatre  voix.  ^^Pange 
lingna  sur  le  plain-chant.  i\**  De profundii 
du  quatrième  ton.  9â«  Ftxilla  régit  pour 
quatre  voix  d*honime$.  93*  Z>ofntnii5  /eiti« 
(in  Cœna  Domini),  à  six  voix.  24*  Messe  pour 
la  fêle  de  la  Sainte-Trinité,  à  six  voix,  avec 
orchestre  ad  h'bt'ltim,  S5*  Stabat  Mater  pour 
un  double  chœur  avec  instruments.  26*  Deux 
Miserere:  le  premier  k  quatre  voix  ;  Tautre,  à 
six  voix.  27*  Le  psaume  67*  pour  un  double 
chœur  avec  instruments  ad  libitum,  28*  Deux 
Miserere  du  troisième  et  du  quatrième  tons 
pour  un  double  chœur.  29*  Le  psaume  46%  à 
plusieurs  voix.  30*  Le  psaume  50*  pour  un 
double  chœur.  31*  Messe  pour  deux  chœurs  de 
voix  d*hommes.  32*  Autre  messe  pour  un 
chœur  de  voix  mêlées.  33*  Recueil  de  psaumes 
dans  le  style  ancien,  en  contrepoint. 

METZ  (Jules),  professeur  de  musique  au 
Gymnase  de  Berlin,  1838,  a  publié  plusieurs 
cahiers  de  chants  pour  qnatre  voix  d*hommes, 
à  Berlin,  chez  Wagenfuhr,  el  à  Leipsick,  chez 
Hofmeister. 

METZELIUS  (JiiÔBB),  né  à  Ilmenao, 
dans  la  Thuringe,  au  comté  de  Schwarzbourg, 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle, 
fut  eantor  et  maître  d*école  à  Stade.  On  a  de 
lui  un  manuel  des  principes  de  musique  en 
dialogues  latins  et  allemands,  intitulé  :  Com- 
pendium  musices  tam  ehoralis  quam  figu- 
ralis ,  certis  quibusdam  observationibus 
iisque  rarioribus  exomatum,  in  studium 
juventutis,  etc.;  Hambourg,  1660,  in -8*  de 
cinq  feuilles. 

METZGER  (maître  Ambroisb),  professeur 
au  collège  de  Saint-Égide,  à  Nuremberg,  na- 
quit en  celte  ville  dans  la  seconde  partie  du 
seizième  siècle,  et  fut  promu  au  grade  de  ma- 
gister,  à  Altdorf,  en  1603.  Quatre  ans  après, 
il  abandonna  ce  poste  pour  celui  de  professeur 
à  Nuremberg,  quMI  occupa  jusqu^à  sa  mon, 
arrivée  en  1632,  dans  un  âge  avancé.  On  con- 
naît sous  le  nom  de  Metzger  plusieurs  recueils 
de  chants  intitulés  :  1*  renusblumlein,  etc. 
(Petites  fleurs  de  Vénus,  première  partie  de 
nouvelles  et  gaies  chansons  profanes  à  quatre 
voix);  Nuremberg,  1611,  in-4*.  2*  Idem, 
deuxième  partie,  à  cinq  voix;  i&td.,  1612, 
in-4*.  S*  Le  psautier  de  David,  restitué  dans 


les  tons  les  plus  usités  de  Téglise  et  orné  de 
cent  mélodies  nouvelles;  ibid.,  1630,  iu-8*. 

METZGER  (Jear-Gbokges)  est  appelé 
simplement  {reor^ea  parGerber^qui  a  ignoré, 
ainsi  que  Pauteur  de  Tarticle  du  Lexique  uni- 
verset  de  musique  y  publié  par  Schilling, 
les  circonstances  de  la  vie  de  cet  artiste.  Metz- 
ger naquit  le  15  août  1746,  à  Philipsboui^, 
oii  son  père  était  conseiller  du  prince  évêque 
de  Spire.  La  mort  lui  ayant  enlevé  son  père, 
le  20  février  1746,  avant  qu*il  vit  le  jour,  sa 
famille  tomba  dans  Tindigence,  et  la  musique 
fut  la  seule  chose  que  sa  mère  put  d'abord  lui 
faire  apprendre.  Plus  tard,  la  recommandation 
de  quelques  amis  le  At  recevoii^u  séminaire 
du  prince  électoral,  à  Manheim ,  où  il  conti- 
nua ses  éludes  de  musique.  Il  montrait  de 
rares  dispositions  pour  la  flûte;  son  talent 
précoce  snr  cet  instrument  lui  procura  la 
protection  de'  Pélecteur  palatin  Charles- 
Théodore,  qui  le  confia  aux  soins  du  célèbre 
flûtiste  Wendiing.  Les  leçons  de  cet  habile 
maître  développèrent  rapidement  son  talent, 
et  bientôt  Metzger  fut  compté  au  nombre  des 
virtuoses  de  l'Allemagne  sur  la  flûte.  Admis 
en  1760  comme  surnuméraire  à  Torchestre  de 
Manheim,  il  en  fut  nommé  flûtiste  solo  cinq 
ans  après.  En  1778,  il  suivit  la  cour  i  Munich, 
oti  il  brilla  pendant  quinze  ans  par  ses  compo- 
sitions, la  beauté  du  son  qu'il  tirait  de  son 
instrument,  et  le  brillant  de  son  exécution. 
Il  mourut  jeune  encore,  le  14  octobre  1793. 
Parmi  ses  ouvrages,  on  remarque  :  1*  Six  con- 
certos pour  la  flûte,  n**  1  à  6,  Berlin,  Hummel. 
2*  Six  trios  pour  deux  flûtes  et  basse,  op.  2, 
ibid,  3*  Six  duos  pour  deux  flûtes, op.  3,  ibid. 
4*  Trois  symphonies  concertantes  pour  deux 
flûtes,  op.  4,  ibid.  5*  Six  quatuors  pour  flûte, 
violon,  alto  et  basse,  op.  5,  ibid.  6*  Six  so- 
nates pour  flûte  et  basse,  op.  6,  ibid.  7*  Trois 
concertos  pour  flûte,  op.  7,  n*»  7,  8,  9,  ibid. 

METZGER  (Ghables-Théodore),  fils  atné 
du  précédent,  naquit  à  Manheim,  le  1^  mai 
1774.  Gerber,  qui  s*est  trompé  sur  la  lettre 
initiale  du  prénom  de  cet  artiste,  Ta  indiqué 
par  F.  Junior,  et  Tauteur  de  Tarticle  du 
Lexique  de  Schilling  n'a  pas  hésité  à  en 
faire  un  Frédéric  Metzger,  qui  aurait  été 
très-habile  flûtiste  et  qui  aurait  succédé  à  son 
père,  en  1793,  dans  la  chapelle  de  Munich. 
Mais  je  crois  pouvoir  assurer  qu*il  n*y  a  jamais 
eu  de  Frédéric  Metzger,  et  que  tout  ce  qu'on 
en  a  dit  s'applique  k  celui  qui  est  Tobjet  de 
l'article  présent. Charles-Théodore,  élèvede  son 
père,  devint  aussi  un  flûtiste  très-distingué.  Il 
n'était  âgé  que  de  dix  ans  lorsqu'il  fut  admis 


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METZGER  —  MEURSIUS 


113 


comme  surnuméraire  à  la  chapelle  de  la  cour, 
en  1784; en  1791  il  fut  titulaire  delà  place  de 
seconde  flûte,  et  en  1793  il  succéda  à  son 
père  comme  flûtiste  solo.  Bans  ses  fréquents 
voyages,  il  a  visité  Manheim,  Francfort, 
Prague^  Leipsick,  Dresde  et  la  Suisse  :  partout 
il  a  recueilli  des  applaudissements.  On  a 
imprimé  de  la  composition  de  cet  artiste  : 
1<*  Six  trios  pour  flûte,  alto  et  violoncelle, 
op.  1  ;  Manheim,  Heckel.  S»  Variations  pour 
flûle  avec  accompagnement  de  piano,  n***  1 
à  6  ;  Augsbourg,  Gombart.  S»  Études  ou  ca- 
prices pour  flûte  seule;  Vienne,  Haslinger. 
4®  Études  ou  exercices  ûlem;  Munich,  Falter, 
et  Mayence,  Schott.  S®  Variations  idem  sur  une 
chanson  allemande;  t'dt'd. 

Joseph  Metzger,  second  fils  de  Jean-Georges, 
né  à  Munich,  en  1789,  a  été  élôve  de  son  frère 
Charles-Théodore  pour  la  flûte,  et  a  été  con- 
sidéré aussi  comme  un  artiste  distingué.  Il  a 
^lé  admis  dans  la  chapelle  royale  de  Munich 
en  1804. 

METZGER-TESPERlIIAl^N  (madame 
Claba),  fille  de  Charles-Théodore,  naquit  à 
Munich,  en  1800.  Élève  de  Winter  pour  le 
chant  et  la  composition,  elle  se  fit  entendre 
pour  la  première  fois  en  public  dans  Tannée 
1817,  et  fut  considérée  comme  une  cantatrice 
de  grande  espérance.  Quelque  temps  après  elle 
devint  la  femme  de  Tacteur  Vespermann,  et 
visita  avec  lui. Vienne,  Dresde  et  Berlin  où 
elle  eut  des  succès.  De  retour  à  Munich,  elle  y 
obtint  un  engagement  à  vie  ;  mais  elle  n*en 
jouit  pas  longtemps,  car  elle  mourut  à  la  fleur 
de  rage,  le  6  mars  1827.  On  a  gravé  de  sa 
composition  un  air  avec  variations  qu^elle 
avait  chanté  à  Vienne,  arrangé  pour  le  piano, 
de  trois  manièresr  différentes,  par  Diabelli , 
Leidesdortfet  J.  Schmid. 

METZCrER  (J.-C),  pianiste  et  composi- 
teur, vivait  à  Vienne  vers  1840.  Il  a  fait  gra- 
ver de  sa  composition  :  Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  1  ;  Vienne,  Muller. 

9IETZG£R(FBAiiqois).^oyes]!IEZGER. 

MEUDE-MONPAS(le  chevalier  J.-J.-O. 
RE),  mousquetaire  noir,  sous  le  règne  de 
Louis  XVI,  cultiva  la  musique  et  la  littéra- 
ture comme  amateur.  Élève  de  La  Houssaye 
pour  le  violon,  et  de  Tabbé  Giroust  pour  la 
composition,  il  publia,  en  1786,  six  concertos 
pour  cet  instrument,  avec  accompagnement 
de  deux  violons,  alto,  basse,  deux  hautbois 
et  deux  cors.  Il  prétendait  être  élève  de 
J.*J.  Rousseau,  parce  quMl  avait  adopté  la 
plupart  des  opinions  de  cet  homme  célèbre, 
et  qu'il  affectait  une  profonde  sensibilité. 
BiOCn.  l):ilV.  DES  vusicie-^s.  t.  vi. 


ATaurore  delà  première  révolution  française^ 
il  s'éloigna  de  son  pays,  comme  la  plupart  des 
personnes  attachées  à  la  cour,  et  servit  quel- 
que temps  dans  le  corps  d'émigrés  commandé 
par  le  prince  de  Condé.  Plus  tard,  madame  de 
Genlis  le  trouva  à  Berlin ,  où  il  faisait  im> 
primer  de  mauvais  vers  français  (voyez  Mé- 
moires de  madame  de  Genlis,  t.  V,  p.  28).  Il 
avait  publié  précédemment  un  Dictionnaire 
de  musique,  dans  lequel  on  simplifie  les  ex- 
pressions et  les  définitions  mathématiques 
et  physiques  qui  ont  rapport  à  cet  art  ;  avec 
des  remarques  impartiales  sur  les  poètes 
lyriques,  les  versificateurs,  Us  compositeurs, 
acteursy  exécutants,  etc.;  Paris,  Knapen, 
1787,  in-8<*  de  deux  cent  trente-deux  pages. 
Rien  de  plus  mal  écrit,  de  plus  absurde  et  de 
plus  entaché  d'ignorance  que  cette  rapsodic, 
jugée  avec  autant  de  sévérité  qiie  de  justesse 
par  Framery,  dans  un  article  du  Mercure  de 
France  (ann.  1788,  n^  36).  On  connaît  aussi 
du  chevalier  de  lUeude-Monpas  un  écrit  qui  a 
pour  titre  :  De  Vinfiuence  de  l'amour  et  de 
la  musique  sur  les  mœurs,  avec  des  réflexions 
sur  l'utilité  que  les  gouvernements  peuvent 
tirer  de  ces  deux  importantes  passions; 
Berlin  (sans  date),  in-8<*. 

BIEURSIUS  (Jea:«),  ou  DE  MEURS,  sa- 
vant philologue  et  antiquaire,  naquit  en  1570, 
à  Loosduin,  près  de  La  Haye,  en  Hollande.  Il  fit 
ses  éludes  à  Tuniversité  de  Leyde,  et  ses  progrès 
furent  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  douze  ans,  il 
composait  des  harangues  latines  et  faisait  des 
vers  grecs.  Après  qu'il  eut  achevé  ses  études, 
le  grand  pensionnaire  de  Hollande,  Barnevelt, 
lui  confia  l'éducation  de  ses  fils  et  le  chargea 
de  les  accompagner  dans  leurs  voyages.  Arrivé 
à  Orléans,  Meursius  s'y  fit  recevoir  docteur  en 
droit  en  1608.  De  retour  dans  son  pays,  il  fut 
nommé  professeur  d'histoire  et  de  littérature 
grecque  à  l'université  de  Leyde.  Plus  tard,  le 
roi  de  Danemark  lui  confia  la  place  de  pro- 
fesseur de  droit  public  et  d^bistoire,  à  Sora, 
où  Meursius  mourut  de  la  pierre,  le  20  sep- 
tembre 1639,  à  l'âge  de  soixante  ans.  Ce  sa- 
vant est  le  premier  qui  a  publié  le  texte  grec 
des  traités  sur  la  musique  d'Aristoxêne,  de 
Nichomaque  et  d'Alypius,  d'après  un  manu- 
scrit de  la  bibliothèque  de  Leyde  dont  Meibom 
s'est  servi  plus  tard.  Le  volume  qui  renferme 
ces  trois  traités  a  pour  titre  :  Jristoxenus, 
Nichomachus,  Mypius ,  auctores  musices 
antiquissimi,  hactenus  non  editi,  Joannes 
Meursius  nunc  primus  vulgavit ,  et  notas 
addidit.  Lugduni  Batavorum,  Lud.  Elze- 
virOf  1616,  in-4"  de  cent  quatre -«^ingt-seize 

8 


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il4 


MEURSIUS  —  MEYER 


paf^es.  Gerber,  induit  en  erreur  par  Waltber, 
a  cru  que  chacun  des  traités  forme  un  volume 
Séparé  :  il  a  élé  copié  par  Choron  et  Fayolle. 
Le  manuscrit  dont  Bleursins  8*est  servi  pour 
son  édition  renfermait  beaucoup  de  fautes,  et 
le  traité  d*Aristoxène  particulièrement  y  était 
en  désordre  comme  dans  tous  tes  autres  ma- 
nuscrits ;  lui-même  le  déclare  en  ces  mots  :  Dt- 
tcripsi  ex  codieeBibUothecâs  nostrs  Lugduno 
Batavx  illo  tatis  certè  eorrupto,  et  mutilo 
etiam  loco  non  tino,  etc.  ;  mais  il  a  cherché 
à  corriger  ces  fautes  et  à  expliquer  tes  endroits 
obscurs  dans  des  notes  qui  s^élendent  depuis 
la  page  137  jusqu'à  105.  Il  y  propose  des  cor- 
rections, dont  quelques-unes  sont  plus  hasar- 
dées qu'utiles.  Ce  qu'il  a  publié  d'Alypius  ne 
peut  être  d'aucune  utilité,  car  n'ayant  point  à 
sa  disposition  des  caractères  de  musique 
grecque  pour  faire  imprimer  les  signes,  il  les 
a  tous  supprimés,  et  n'en  a  conservé  que  la 
description.  On  a  réimprimé  le  travail  de 
Meursius  avec  le  texte  grec  et  la  version  latine 
de  Heiboîn,  dans  les  œuvres  complues  du 
même  Meursiys  publiées  par  L.  Lami,  Flo- 
rence, 1741-1763,  douïe  volumes  in-folio.  On 
a  aussi  de  ce  savant  ira  traité  des  danses 
grecques  et  romaines  intitulé  :  Orchestra, 
sive  de  saltationibut  veterum;  Leyde,  1618, 
in-4''.  Ce  traité  a  élé  réimprimé  dans  le 
huitième  volume  du  Trésor  des  antiquités 
^cqtMS  de  Gronovius  (fol.  1-16). 

MEURSIUS  (Jbar),  fils  du  précédent,  né 
à  Leyde  en  1615,  accompagna  son  père  à 
Sora,  et  y  mourut  en  1653^  à  l'âge  de  qua- 
rante ans.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on  en 
trouve  un  intitulé  :  CoUeetanea  de  Tibiis  ve- 
terum; Sora,  1641,  in-8<».  Cet  opuscule  ne 
consiste  qu'en  une  collection  incomplète  de 
passages  des  auteurs  grecs  et  latins  relatifs 
aux  flûtes  des  anciens.  Gronovius  a  inséré  ce 
morceau  dans  son  Thésaurus  antiq.  Grxca- 
rum,  t.  VIII,  p.  2453.  On  le  trouve  aussi  dans 
le  Trésor  des  antiquités  sacrées  d'Ugolini, 
t.  XXXIl,  p.  845. 

MEUSCUEL  (Jeau),  fabricant  de  trom- 
bones à  Nuremberg,  vers  1520,  s'est  acquis  de 
la  célébrité  par  la  bonté  de  ses  instruments, 
qu'on  appelait  Alors  saquebutes  en  France,  et 
busaun  (posaune)  en  Allemagne.  Le  pape 
Léon  X  l'appela  à  Rome,  lui  fit  faire  plusieurs 
trombones  en  argent  pour  des  fêtes  musicales, 
et  le  récompensa  magnifiquement.  Meuscbel 
mourut  à  Nuremberg,  en  1535. 

JUEUSEL  (J EAU  Georges),  docteur  en  phi- 
losophie, naquità£yrichshof,1e  17  mars  1743, 
fut  d'abord  professeur  à  Erfurt,  puis  à  £r-  I 


langen,  et  conseiller  de  cour  h  Quedlînbourg. 
Il  est  mort  à  Erlangen,  le  19  septembre  1820. 
On  trouve  des  renseignements  sur  la  musique 
et  sur  les  artistes  dans  les  ouvrages  suivants 
qu'il  a  publiés  :  1»  Deutsehes  KUnstler^Lexi- 
kon,  Oder  FerxHchniss  der  jetztlebenden 
Â'uf»ir/er  (Dictionnaire  des  artistes  allemands, 
ou  catalogue  de  tous  les  artistes  vivants,  etc.); 
Lemgo ,  1778-1789  ,  deux  volumes  in-8«. 
Deuxième  édition,  1808-1809,  avec  un  troi- 
sième volume  publié  en  1814,  servant  de  sup- 
plément aux  deux  éditions.  On  y  trouve  des 
notices  sur  quelques-uns  des  principaux  mu- 
siciens de  l'Allemagne,  et  sur  divers  objets  de 
la  musique.  ^  Miscellaneen  artistisehen  In- 
halts  (Mélanges  concernant  les  arts)  ^  Erfurt, 
1779-1787,  trente  cahiers  formant  cinq  vo- 
lumes in-8<*.  Différentes  notices  sur  des  musi- 
ciens s'y  trouvent  aussi.  S^ Deu^ches Muséum 
fur  Kiinstkr  und  KUnstliebhaber  (3luséun> 
allemand  pour  les  artistes  et  les  amateurs)  ; 
Manheim,  1787-1792,  dix-huit  cahiers  for- 
mant trois  volumes  in-8«.  Suite  de  l'ouvrage 
précédent,  continuée  dans  lei>^ottueau  Muséum 
(1793-1794),  quatre  cahiers  en  un  volume 
in-8«  ;  dans  les  Nouveaux  mélanges  (Leip- 
sick,  1795-1803,  quatorze  cahiers  in-8«);  en- 
fin, dans  les  archives  pour  les  artistes  et  Us 
amateurs  (Dresde,  1805-1808,  huit  cahiers  en 
deux  volumes  ïn-S°). 

MEUSr^IER  DE  QUERLON  (Autowe- 
Gabkibl).  f'oi/ez  QUERLON. 

m EVES  (Auguste),  professeur  de  piano  et 
compositeur,  né  à  Londres,  en  1785,  est  fils 
d'un  peintre  en  miniature  qui,  par  son  (aient 
distingué  et  son  économie,  acquit  une  fortune 
honorable.  Encouragé  par  flummel,qui  l'avait 
entendu  jouer  du  piano,  le  jeune  Meves  fil  des 
progrès  remarquables.  Il  se  livra  d'abord  à 
renseignement,  à  Edimbourg  ;  mais  après  la 
mort  de  son  père,  il  a  cessédedonnerdes  leçons. 
On  a  publié  de  sa  composition,  à  Londres  : 
1<>  Sonate  pour  piano  seul.  2«  Rondo  brillant 
tdf^m.  3'' Air  allemand  varié.  4*>  Deux  duos  pour 
piano  et  harpe.  S*»  Marche  de  la  flûte  en- 
chantée,  variée.  O^Divertissementdramatique. 

Un  violoniste  nommé  METES  (W.)  éUit  à 
Leipsick,  vers  1840,  et  y  a  publié  des  varia- 
tiens  pour  deux  violons  avec  orchestre, 
op.  1 1  ;  Leipsick,  Ktstner. 

MEYER  (Grécoike),  organiste  à  Soleure 
($uisse),vers  1530,esl  cité  par  Glaréan, dans  son 
Dodecachordon  (p.  354),  comme  auteur  d'un 
canon  à  la  quinte  inférieure. Cet  auteur  rap|K>rlc 
encore  d'autres  morceaux  de  cet  organiste, 
p.  280,  296,  502,  504,  512,  558,  540  et  454. 


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MEYER 


4ii( 


MEYER  ou  MEIER  (Jeah),  bon  facteur 
dVgues  allemand,  vécut  dans  la  première 
moitié  du  dix- septième  siècle.  Ses  principaux 
ourrages  sont  :  1*  L*orgue  de  Téglise  princi- 
pale de  Francfort-sur-le-DIein.  ^  La  répara- 
tion complète  de  Torgue  de  Téglise  cathédrale 
d^UIm,  en  1630. 

MEYER  (Piebbb),  musicien  allemand,  né 
à  Hambourg,  vers  1705,  suivant  Moller  (Ctm- 
bria  literata^  t.  I,  fol.  403),  fut  musicien  de 
ville  dans  le  lieu  de  sa  naissance.  Il  parait 
s'en  être  éloigné  vers  1055,  pour  se  fixer  en 
Hollande.  Il  était  à  Amsterdam,  en  1650. 
On  cite  de  sa  composition  :  V  Der  Edlm 
Daphnis  au$  Cimhrien  Betungene  Flora- 
bella,  Oder  50  weUliche  Lieder,  mit  neuen 
Melodien;  Hambourg,  1651.  II  y  a  une  se- 
conde édition  de  cet  ouvrage,  publiée  dans 
'la  mémo  ville,  en  1666,  in-8«.  S«  Phi- 
lippi  a  Zotm  Diehterischen  Jugend  und  L  te- 
bes/Iamme»  mU  Mehdien;  ibid. ,  1651. 
3»  ChristïicheMueiealiteheKlag'und  Trott* 
Spriiche  von  S  und  A  Stimmen  und  einem 
B,  C.  (Maximes  chrétiennes  et  musicales  de 
complainte  et  de  consolation  à  trois  Ou  quatre 
voix,  avec  basse  continue)  ;  Hambourg,  1653, 
in-4».  4«»  Geistliehen  Seelenluet,  oder  ÎFeeh- 
telgesangeti  xwitchen  dem  himmïischen 
Braiitigen  und  seiner  Braut;  Amstelodami, 
1657,  in-12.  5«  Danses  françaises  et  anglaises 
00  airs  de  ballets  en  duos  pour  viole  et  basse, 
basse  de  viole  ou  autres  instruments;  Am- 
sierdam,  1660. 

MEYER  (Berhaii»),  organiste  et  musicien 
de  chambre  à  Zerbst,  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-septième  siècle,  est  cité  avec  éloge  par 
Prinz„  dans  son  Histoire  de  la  musique 
(cap.  13,  §  63).  Gerber  possédait  de  cet  ar- 
tiste, en  manuscrit  :  1«  Kurzer  JJnterrieht, 
trte  man  den  Generalbass  traktiren  soll 
(Courte  instruction  sur  la  manière  de  traiter 
la  basse  continue).  S*  Différents  morceaux 
pour  Torgue  dans  un  recueil  manuscrit  daté 
de  1673. 

MEYER  (Rupeit-Igracé)  ,  né  à  Schœr- 
ding,  en  1648,  fut  d'abord  attaché  à  la  mn- 
lique  de  l'évéque  de  Freysing,  puis  entra  au 
service  du  prince-évéque  d'Eichstadt,  d'où  il 
passa  dans  la  chapelle  électorale,  à  Munich,  en 
qualité  de  violoniste,  et,  enfin,  retourna  à  ' 
Frising,  comme  maître  de  chapelle.  Il  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  :  1*  Palestra 
musicff,  consistant  en  treize  sonates  à  deux, 
trois  et  quatre  parties,  suivies  d'une  com- 
|>lainlc  à  cinq  voix;  Augsbourg,  1674. 2«Psa/- 
modia  6 revis  *  ad  vesperas   lotius  anni. 


S"*  XXY  offertoria  dominicalia,  ou  motets  à 
quatre  et  cinq  voix  concertantes,  deux  violons 
et  trois  saquebutes  ;  Augsbourg,  1704. 
4^  Psaumes  à  trois,  quatre,  cinq  et  six  voix; 
ibid., 170^. 

MEYER  (Joachih),  né  à  Perleberg,  dans 
le  Brandebourg,  1^  10  août  1661,  fit  ses 
études  musicales  au  collège  de  Drunswick,  où 
il  remplit,  pendant  trois  ans,  les  fonctions  de 
directeur  du  chceur,  continua  ensuite  ses 
études  à  Slarbourg,  et,  après  un  voyage  qu'il 
fit  en  Allemagne  et  en  France,  comme  pré- 
cepteur de  deux  gentilshommes,  obtint  la 
place  de  cantor  au  Gymnase  de  Gcettingue, 
en  1686,  y  fût  nommé  professeur  de  musique 
^n  1695,  et,  enfin,  eut,  en  1717,  les  titres  de 
docteur  en  droit  et  de  professeur  d'histoire  et 
de  géographie  au  même  gymnase.  Plus  tard, 
il  se  livra  à  la  profession  d'avocat;  mais,  en 
1790,  il  eut  une  attaque  de  paralysie,  à  la 
suite  de  laquelle  il  languit  pendant  deux  ans, 
et  mourut,  le  3  avril  1733.  L'usage  des  can- 
tates religieuses  s'étant  établi  de  son  temps, 
il  s'en  déclara  l'adversaire,  les  considérant 
comme  peu  convenables  pour  la  majesté  du 
culte  divin,  à  cause  de  leur  effet  dramatique, 
et  leur  préférant  l'ancienne  forme  des  mo- 
tets. Il  établit  à  cçt  égard  son  opinion  dans 
l'écrit  %  intitulé  :  Unvorgreifliche  Gedanken 
uber  die  neulieh  eingerissene  theatralische 
Kirehenmusikjund  von  den  darinnen  bishero 
iiblick  gewordenen  Cantaten  mit  Ferglei^ 
ehung  der  Musik  voriger  Zeiten  %ur  Verbes- 
serung  derunsrigen  vorgestellt  (Pensées  non 
prématurées  sur  la  musique  théâtrale  intro- 
duite depuis  peu  dans  l'église  et  sur  les  can- 
tates qui  y  sont  devenues  à  la  mode,  avec  une 
comparaison  de  la  musique  des  temps  précé- 
dents ;  écrites  pour  l'amélioration  de  celle  de 
l'époque  actuelle);  Lemgo,  1736,  soixante  et 
dix  pages  in-8<».  L'ouvrage  est  divisé  en  quatre 
chapitres.  Hattheson  (voyez  ce  nom)  attaqua 
les  opinions  de  Meyer  avec  sa  rudesse  ordi- 
naire, dans  un  pamphlet  intitulé  :  Der  neue 
Gœttingische,  aber  viel  schlechter,  als  die 
alten  Laeedxmonisehen,  urtheilende  Epko- 
rus, etc.  (le  Nouvel ÉphoredeGœttingue,  etc.). 
Meyer  répondit  à  son  adversaire  avec  vivacité, 
par  cet  écrit,  beaucoup  plus  étendu  que  le 
premier  :  Der  anmassliche  Hamburgische 
Criticus  sine  Crisi,  entgegengesetzt  dem 
sogenannten  GoHtingischen  Ephoro  Joh. 
Malihesons,  und  deistn  vermeyntlicher  Be- 
lekrungS'Ungrund  in  Ferlkeidigung  der 
theatralischen  Kirehenmusik  gewiesen  (le 
Critique  prétentieux  de  Hambourg  sans  au- 


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MEYER 


lorilé ,  opposé  à  VEphore  de  Gœitingue , 
par  Jean  Mattheson,  etc.);  Lemgo,  173G, 
cent  quatre-vingts  pages  In -8*.  Fuhrmann  prit 
la  dérense  de  Matlbeson  dans  un  pamphlet 
^  aussi  dur  que  mal  écrit,  dont  le  litre  fort  long 
commence  par  ces  mots  :  Gerechte  JFag- 
schal,  darin  Tit.  Herrn  Joachim  Meyers, 
J.  U.  doctorxSj  etc.,  sogenannte  anmasslieh 
ffamhurgUcher  Critieut  sine  Crisi,  etc.  (la 
Balance  impartiale,  dans  laquelle  le  Critique 
prétentieux  de  Hambourg,  etc.,  et  le  nouvel 
Éphore  de  Gœttingue,  du  maître  de  chapelle 
J.  Matlheson,  sont  exactement  pesés,  etc.)  ; 
Altona,  1728,  in-8«  de  quarante-huit  pages. 
Une  réplique  anonyme,  attribuée  à  Meyer, 
termina  la  discussion  ;  elle  a  pour  titre  :  Dei^ 
abgetcurdigte  JFagemeister,  oder  der  fœhch' 
lick  genannten  gerechlen  JFag$chale  eines 
verkapten,  etc,  (le  Commissionnaire  déprécié, 
ou  rinjustice  et  la  tromperie  reconnues  de  la 
balance  faussement  appelée  impartiale,  etc.), 
sans  nom  de  lieu,  1729,  in-S®  de  soixante  et 
une  pages.  Il  y  a  dans  tout  cela  beaucoup  plus 
d'injures  et  de  divagations  que  de  bons  rai- 
sonnements. Au  fond,  Meyer  avait  raison  :  le 
style  dramatique  des  cantates  d'église  était 
moins  convenable  iK>ur  le  culte  que  les  formes 
graves  des  anciens  motets. 

MEYER  (JBAny,  maître  de  chapelle  et  orga- 
niste à  Anspach,  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  fut  élève  de  Bumler,  puis 
voyagea  en  Italie  et  y  étudia  la  composition. 
Il  y  brilla  aussi  comme  chanteur  sur  plusieurs 
théâtres.* Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs 
oratorios,  concertos  et  symphonies. 

MEYER  (Sibraud)  ;  on  a  sous  ce  nom  une 
dissertation  intitulée  :  Gedanken  von  den 
sogenanntenWennder-Jffom  de»  GrafenOtto 
ensten  von  Oldenhurg  (Pensées  sur  le  cor  ap- 
pelé merveilleux  du  comte  Othon  I*'  d'Olden- 
bourg) )  Brème,  1757,  in-8''. 

MEYER  (Philippe- Jacques);  professeur  de 
harpe,  naquit  à  Strasbourg,  en  1757.  Destiné 
à  l'état  ecclésiastique  dans  la  religion  pro- 
testante, il  étudia  la  théologie  dans  sa  jeu- 
nesse, mais  les  leçons  de  musique  qu'il  recevait 
de  l'organiste  avaient  |H>ur  lut  plus  d'attrait 
que  les  cours  de  l'université.  A  vingt  ans,  il 
trouva  par  hasard  une  vieille  harpe  allemande 
sans  pédale,  et  se  livra  à  l'étude  de  cet  instru- 
ment avec  tant  de  persévérance,  qu'il  parvint 
bientôt  à  un  degré  d'habileté  peu  commun  à 
celte  époque.  Ses  succès  comme  virtuose  le 
décidèrent  à  quitter  ses  études  théologiques, 
pour  ne  s'occuper  que  de  la  musique.  Il  se 
rendit  à  Paris.. On  n'y  connaissait  point  alors 


la  harpe  à  pédales  ;  les  trois  premières  furent 
indiquées  à  un  facteur  par  Meyer,  qui  s^cii 
servit  pour  jouer  dans  les  tons  de  fa,  d'u(  et 
de  sol,  les  seuls  qui  fussent  en  usage  pour  la 
harpe.  Après  avoir  publié  sa  Méthode  pour 
cet  instrument  et  quelques  sonates,  Mayer  re- 
tourna à  Strasbourg,  où  il  se  maria,  puis  re- 
vint à  Pari^  mais  pendant  son  absence,  de 
nouveaux  harpistes  plus  habiles  que  lui 
s'étaient  fixés  dans  cette  ville  ;  il  comprit  que 
la  lutte  ne  lut  serait  pas  avantageuse,  et  il 
partit  pour  Londres,  en  1780.  Les  succès  qu'il 
y  obtint  l'engagèrent  à  s'y  établir  avec  sa 
famille,  et  il  s'y  Axa  définitivement  quatre 
ans  après.  Depuis  lors,  il  s'est  livré  à  l'en- 
seignement et  à  la  composition.  Il  est  mort 
en  1819,  à  l'âge  de  quatre-vingt-deux  ans, 
laissant  deux  fils  harpistes  et  professeurs  de 
harpe  comme  lui.  On  connaît  de  cet  artiste  :  « 
1^  Méthode  sur  la  vraie  manière  de  Jouer  de 
la  harpe  J  avec  les  règles  pour  Vaceorder; 
Paris,  Janet  et  Cotelle.  S«  Sonates  pour  la 
harpe,  op.  1,2,  5;  Paris,  Bailleux;  Londres, 
Broderip.  3<»  Deux  grandes  sonates  pour  harpe 
et  viuion  ;  ibid.  4«  Six  fugues  pour  harpe  seule,* 
ibid.  6^  Six  canzonettes  avec  accompagne- 
ment pour  la  petite  harpe  ;  Londres. 

MEYER  (P.),  fils  du  précédent,  né  à  Stras- 
bourg, fut  d'abord  élève  de  son  père,  puis  re- 
çut des  leçons  de  madame  Rrumpbolz,  et  fut 
longtemps  établi  à  Londres  comme  professeur. 
Il  y  est  mort  en  1841.  Il  a  publié  des  airs 
variés  pour  la  harpe  ;  Londres,  Clemenlî. 

MEYER  (FaéoBaiG-CiARLEs),  second  ftls 
de  Philippe- Jacques,  fut  aussi  professeur  de 
harpe  à  Londres.  Il  a  publié  :  1<>  Trois  œuvres 
de  sonates  pour  la  harpe;  Londres,  Clementi. 
2»  Deux  divertissements  tdem;  ibid.  5«  Intro- 
duction et  solos  t'dem/ibid.  4»  Fantaisie  tctem; 
ibid. 

MEYER  (jEAN-HERii-CHiBriBii),  lieute- 
nant au  régiment  hanovrien  de  Saxe*Gotha, 
né  à  Hanovre,  le  18  mai  1741,  mourut  à  Gœt- 
tingue, le  16  novembre  1785.  Il  a  publié  des 
Lettres  sur  la  Auâste  (Gœttingue,  1779,  deux 
volumes  in-S^*) ,  où  l'on  trouve  des  rensei- 
gnements sur  la  situation  de  la  musique  dans 
ce  pays. 

MEYER  (Charles-Hburi),  chef  du  corps 
de  musique  des  Montagnes,  à  Clausthal,  est 
né  à  Nordhausen,  dans  la  Thuringe,  en  1772. 
Élève  de  Willing,  célèbre  tromboniste  et  vir- 
tuose sur  divers  instruments,  il  fit  plusieurs 
voyages,  puis  fut  quelque  temps  attaché  au 
corps  de  musique  de  la  ville  de  Nordhausen. 
En    1800,    il  obtint   U  place  de   chef  du 


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MEYEU 


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corps  de  musique  des  Monlagnes  pour  lequel 
il  a  composé  beaucoup  de  morceaux  de  diffé- 
renfs  genres.  Bans  les  dernières  années  de 
Texercice  de  son  emploi,  il  a  été  atteint 
d'une  surdité  complète  qui  Ta  obligé  à  solli- 
citer sa  retraite  ;  elle  lui  a  été  accordée,  avec 
une  pension,  en  1830.  Les  principaux  ou- 
vrages de  cet  artiste  sont  :  1*  Fantaisie  con- 
certante pour  flûte,  clarinette,  cor,  basson  et 
orchestre,  op.  20;  Leipsick,  Hofmeisler. 
2«»  Journal  d'harmonie,  op.  15,  liv.  I  et  II  ; 
tbid.  3^  Plusieurs  autres  recueils  d'harmonie  ; 
Leipsick,  Peters.  4^  Environ  vingt  recueils  de 
danses  pour  Porchestre.  5<»  Beaucoup  de  con- 
certinoset  morceaux  détachés  pour  clarinette, 
cor  ou  trombone.  6^  Des  fantaisies  et  airs  va- 
riés pour  piano. 

JHËYER  (Louis),  violoniste  et  planiste,  né 
le  6  octobre  1816,  à  Gross-Schwechten,  près 
du  Stendal,  dans  la  Vieille-Marche,  n'était 
âgé  que  dix-neuf  ans  lorsqu'il  s'établit  à  Mag* 
debourg,  en  1835,  comme  professeur  de  mu- 
sique. Depuis  lors,  il  ne  s'est  pas  éloigné  de 
cette  ville.  Il  a  publié  de  sa  composition  quel- 
ques morceaux  pour  le  violon,  et  quatre  trios 
faciles  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  à 
l'usage  des  élèves.  lia  en  manuscrit  quelques 
compositions  pour  l'orchestre,,  des  Lieder,h 
voix  seule  avec  piano,  et  des  chants  pour 
quatre  voix  d'hommes. 

MEYER  (LÉOPOLD  I>£),  virtuose  pianiste, 
fils  d'un  conseiller  de  l'empire  d'Autriche,  est 
né  à  Vienne^  en  1816.  Il  était  âgé  de  dix-sept 
ans  lorsqu'il  perdit  son  père,  au  moment  où  il 
venait  de  terminer  ses  études  de  collège  :  il 
prit  alors  la  résolution  de  se  livrer  à  la  cul- 
ture de  la  musique.  Son  premier  maître  de 
piano  fut  François  Schubert,  qui  lui  donna 
<)es  leçons  pendant  deux  ans;  puis  il  devint 
Olévc  de  Charles  Czerny ,  et  enfin  passa 
pendant  quelques  mois  sous  la  direction  de 
Fischhof.  La  méthode  classique  et  patiente  de 
ces  maîtres  n'avait  pas  d'attrait  pour  Léopold 
de  Heyer,  dont  le  caractère  excentrique  ne  se 
plaisait  qu'aux  tours  de  force  sur  le  clavier, 
li  se  décida,  toutàcoup,  àn*avoir  plus  d*autre 
guide  que  son  instinct,  et  à  se  faire  une  ma* 
nièredont  le  but  était  de  causer  plus  d'éton- 
nement  que  de  plaisir.  A  l'âge  de  vingt  ans, 
il  se  rendit  à  Bucharest  près  de  son  frère  aîné  ; 
mais  il  quitta  bientôt  cette  ville  pour  aller  à 
Jassy,  où  il  donna  deux  concerts  avec  succès; 
puis  il  se  rendit  i  Odessa.  La  protection  du 
prince  Nicolas  Galitzin  et  de  la  comtesse  Wo- 
ronzovr,  femme  du  gouverneur  général  de  la 
Petite  Russie,  l'arrêta  dans  cette  ville  pendant 


trois  mois.  Il  y  brilla  dans  un  concert  donné 
au  bénéfice  des  pauvres,  sous  le  patronage  de 
la  comtesse.  A  la  suite  de  ce  concert,  le  gêné* 
rai  en  chef  de  la  cavalerie  russe,  comfe  de 
Witte,  lui  proposa  de  l'accompagner  à  Péters- 
bourg,  ce  qui  fut  accepté  avec  empressement 
par  l'artiste.  Protégé  par  la  noblesse  de  cette 
grande  ville,  il  donna,  au  théâtre  impérial,  un 
concert  dont  le  produit  fut  de  13,000  roubles. 
Il  Joua  aussi  plusieurs  fois  à  la  cour  et  reçut 
de  beaux  cadeaux  de  la  famille  impériale». 
Après  avoir  visité  Moscou,  il  parcourut  quel- 
ques provinces  de  la  Russie,  d'où  il  passa  dans 
la  Valachie,  puis  à  Constantinople.  Accueilli 
avec  faveur  par  l'ambassadeur  d'Angleterre, 
sir  StrafTord  Canning,  il  fut  logé  dans  son 
palais  et  y  passa  plusieurs  mois,  pendant  les* 
quels  il  fut  admis  à  Jouer  chez  la  sultane 
Validé,  mère  du  Grand-Seigneur.  Au  commen- 
cement de  1844,  Léopold  de  Meyer  retourna 
à  Vienne  et  y  donna  sept  concerts,  à  la  suite 
desquels  il  fut  nommé  membre  du  Conserva- 
toire die  cette  ville.  Au  mois  d'octobre  de  la 
même  année,  il  partit  pour  Paris  et  s'arrêta 
quelque  temps  à  Francfort  pour  y  donner  des 
concerts.  Arrivé  dans  la  capitale  de  la  France, 
il  y  étonna  par  sa  fougueuse  exécution,  mais 
il  eut  peu  de  succès  dans  l'opinion  des  artistes 
et  des  connaisseurs.  A  Londres,  il  réussit 
mieux  ;  mais  il  n'y  resta  que  deux  mois,  farce 
que  la  saison  était  avancée  lorsqu'il  y  arriva. 
Dans  l'automne  de  1845,  il  s'arrêta  à  Bruxelles 
et  y  donna  plusieurs  concerts.  En  1846,  il 
visita  Alger  et  l'Egypte.  Dans  l'année  sui- 
vante, il  était  k  la  Nouvelle-Orléans;  puis  il 
visita  la  plupart  des  villes  des  États-Unis,  et 
donna  des  concerts  â  New- York,  Boston,  Phi- 
ladelphie, Washington  et  Baltimore.  De  retour 
en  Europe,  vers  le  mois  de  juin  1847,  il  se 
dirigea  vers  l'Allemagne  et  vécut  quelque 
temps  à  Vienne.  En  1856,  il  fit  un  nouveau 
voyage  en  Belgique  et  à  Paris,  mais  il  y  fut 
peu  remarqué.  Léopold  de  Meyer  a  des  doigts 
fort  brillants,  mais  il  tire  un  mauvais  son  do 
l'instrument,  et  Ton  reproche  avec  Justesse  à 
son  exécution  de  manquer  de  goût  et  de 
charme.  Étranger  à  la  musique  classique,  il  ne 
connaît  guère  que  ses  propres  œuvres,  si  cela 
peut  s'appeler  des  ouvres.  Dans  le  catalogue 
de  ces  productions,  on  voit  une  Marche  maro- 
caine, qui  a  eu  eu  beaucoup  de  retentissement, 
un  Mr  guerrier  de*  Turcs,  un  Air  national 
des  Turcs,  la  Marche  triomphale  d*Is1y^  une 
Étude  de  bataillCy  une  Fantaisie  orientale 
sur  des  airs  arabes,  la  Danse  du  Sérail,  une 
Fantaisie  sur  des  airs  russes,  des  ^trj 


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MKYER  —  MEYERBEER 


russes  variés,  une  Fantaisie  sur  un  air  5o- 
hémien^  une  Grande  fantaisie  sur  des  airs 
américains,  des  Variations  sur  le  Carnaval 
de  Fenise,  etc. 

MEYER  DE  KNONOW  (Charles-Ah- 
DRÉ),  fadeur  d'instruments,  naquit  à  Schneli- 
Turthel,  dans  la  haute  Lusace,  le  30  octobre 
1744.  En  1759,  il  alla  à  Leipsick  pour  y  suivre 
les  cours  de  Tuniversité,  et  après  y  avoir  passé 
trois  années  il  revint  chez  son  père,  en  1762. 
Deux  ans  après,  il  s'établit  à  Rothenbourg,  où 
il  cultiva  les  sciences  et  la  musique.  En  1785, 
il  vendit  ses  biens  et  alla  se  fixer  à  Gœrlilx,  où 
il  se  livra  entièrement  à  la  facture  des  instru- 
ments, particulièrement  des  harpes  éoUennes 
et  des  harmonicas.  Ses  recherches  le  condui- 
sirent à  faire,  en  1794,  un  piano  à  archet  dont 
on  trouve  la  description  dans  la  Feuille  men- 
suelle de  la  Lusace  (1795),  avec  une  figure  de 
rinstrument.  Deux  ans  après,  Meyer  inventa 
un  nouvel  instrument  du  genre  de  PEuphone 
de  Chladnl,  auquel  il  donna  le  nom  d^Har- 
monikbn.  II  est  mort  à  Gœrlitz,  le  14  jan- 
vier 1797. 

MEYERBEER  (Giaooho),  compositeur  de 
musique  dramatique  et  chef  d'une  école  nou- 
velle, est  né  à  Berlin,  le  5  septembre  1794  (1), 
d'une  famille  riche  et  honorable  dont  plu- 
sieurs membres  ont  cultivé  les  sciences  et  les 
arls'tvec  succès.  Guillaume  Béer,  second  frère 
de  l'artiste  qui  est  l'objet  de  cette  notice,  est 
compté  parmi  les  bons  astronomes  de  l'Alle- 
magne, et  s'est  fait  connaître  au  monde  savant 
par  une  carte  de  la  lune,  qui  a  obtenu  le  prix 
d'astronomie  à  l'Académie  des  sciences  de 
Berlin.  Michel  Béer,  autre  frère  du  célèbre 
compositeur,  mort  à  la  fleur  de  l'âge,  était 
considéré  comme  un  des  jeunes  poètes  alle- 
mands dont  le  talent  donnait  les  plus  légi- 
times espérances.  Sa  tragédie  du  Paria  et  son 
drame  de  Struensée  ont  eu  du  retentissement 
dans  sa  patrie. 

Dès  l'âge  de  quatre  ans,  Tintelligence  musi- 
cale de  Meyerbeer  se  manifestait  déjà  par  des 
signes  non  équivoques  :  saisissant  les  mélo- 
dies des  orgues  ambulantes,  il  les  transpor- 
tait sur  le  piano  et  les  accompagnait  harmo- 
nieusement de  la  main  gauche.  Étonné  de 
voir  de  si  heureuses  dispositions   dans    un 

(1)  I.a  Gazette  géniraU  de  muiique  de  Leip*ig  (38«  tD- 
née,  page  876]  et  le  Dictionnaire  de  la  Conversation, 
suîtIs  par  Schilling,  Gassner  et  d'autres,  ont  fixé  Pannée 
de  la  naîssanee  de  ll«yerbeer  en  1791  ;  cette  erreur  pro- 
vient de  ce  qae,  dans  le  compte  rendu  d'un  coneerl 
donné  k  Berlin,,  le  14  octobre  1800,  où  Mcycrbecr  avait 
fait  admirer  son  habileté  sur  le  piano,  on  le  dît  âgé  de 
neuf  ans,  quoiqu'il  ne  fût  que  dans  sa  scpticnie  année. 


enfant  de  cet  âge,  son  père  résolut  de  ne 
rien  négliger  pour  en  bàler  le  développe- 
ment. Lauska,  élève  de  démenti  et  pianiste 
distingué,  fut  le  premier  maître  auquel  il  le 
confia.  Aux  principes  rationnels  de  mécanisme, 
puisés  dans  l'école  de  son  illustre  professeur, 
Lauska  unissait  l'art  de  bien  enseigner.  Ce  fut 
vers  cette  époque  qu'un  ami  intime  de  la  fa- 
mille Béer,  nommé  Meyer,  et  qui  avait  voué  à 
cet  enfant  une  affection  toute  paternelle,  lui 
laissa  par  testament  une  fortune  considérable, 
sous  la  condition  qu'au  nom  de  Béer  il  ajou- 
terait celui  de  Meyer,  d'où  est  venu  le  nom  de 
Meyerbeer,  Déjà,  la  Gazette  générale  dé  mu- 
siquey  de  Leipsick,  rendant  compte  d'un  con- 
cert donné  à  Berlin,  le  14  octobre  1800,  où  le 
jeune  artiste  s'était  fait  entendre  |H)ur  la  pre- 
mière fois  en  public  avec  un  succès  extraordi- 
naire, avant  d'avoir  accompli  sa  septième 
année,  l'appela  de  ce  nom.  Les  renseigne- 
ments recueillis  sur  les  lieux  par  l'auteur  de 
cette  notice  prouvent  que  les  progrès  de  cet 
enfant  avaient  été  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  six 
ans  il  étonnait  déjà  les  professeurs,  et  que 
dans  sa  neuvième  année  il  était  compté  parmi 
les  pianistes  les  plus  habiles  de  Berlin.  La 
même  Gaiette  musiccle  dit,  dans  l'analyse  de 
deux  concerts  donnés  au  théâtre  de  cette  ville, 
le  17  novembre  1803  et  le  3  janvier  1804, 
que  Meyerbeer  y  avait  fait  preuve  d'une  habi- 
leté et  d'une  élégance  de  style  remarquables. 
L'abbé  Vogler,  organiste  et  théoricien  alors 
fort  renommé  en  Allemagne,  l'entendit  à  celte 
époque.  Frappé  de  l'originalité  qu'il  remar- 
quait dans  les  improvisations  de  l'enfant,  il 
prédit  qu'il  serait  un  grand  musicien.  Plus 
tard,  démenti  visita  Berlin,  et  l'exécution  de 
Meyerbeer  lui  inspira  tant  d'intérêt  que, 
malgré  son  aversion  plus  prononcée  chaque 
jour  pour  l'enseignement,  il  lui  donna  des 
leçons  pendant  toufe  la  durée  de  son  séjour 
dans  la  capitale  de  la  Prusse. 

A  peine  âgé  de  douze  ans^  et  quoiqu'il  n'eût 
jamais  reçu  de  leçons  d'harmonie,  Meyerbeer 
avait  déjà,  sans  autre  guide  que  son  instinct, 
composé  beaucoup  de  morceaux  de  chant  et 
de  piano.  Des  amis  éclairés  y  reconnurent  le 
germe  d'un  beau  talent,  et  décidèrent  ses  pa- 
rents à  lui  donner  un  maître  de  composition. 
Celui  qu'on  choisit  fut  Bernard-Anselme  We- 
ber,  élève  de  Vogler  et  chef  d'orchestre  de 
l'Opéra  de  Berlin.  Admirateur  enthousiaste  de 
Gluck,  passionné  pour  la  belle  déclamation 
musicale  de  ce  grand  artiste,  fort  expert  d'aiN 
leurs  en  matière  de  style  dramatique,  Weber 
pouvait  donner  d'utiles  conseils  à  son  tlcva 


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MEYERBEER 


<ta^ 


«ur  la  coupe  de«  morceaux,  sur  riostrumcn-^ 
lation  et  sur  les  applications  esthéliques  de 
Tari  d*écrire  ;  mais  faible  harmoniste  et  man- 
quant d'instruction  dans  la  didactique  des 
divers  genres  du  contrepoint  et  de  la  fugue,  il 
lui  était  impossible  de  le  guider  dans  ces 
éludes  difficiles.  Pendant  quelque  temps, 
Meyerbeer  01,  un  peu  à  Paventure,  des  efforts 
|)our  s'instruire.  Un  jour,  il  porta  une  fugue  à 
«on  maUre  :  émerveillé  de  ce  morceau,  Weber 
le  proclama  un  chef-d'œuvre,  et  s'empressa  de 
l'envoyer  à  l'abbé  Vogler,  aûn  de  lui  prouver 
qu'il  pouvait  aussi  former  de  savants  élèves. 
La  réponse  se  fit  longtemps  attendre;  enfin 
arriva  un  volumineux  paquet  qui  fut  ouvert 
avec  empressement.  0  surprise  douloureuse! 
au  lieu  des  éloges  qu'on  espérait,  on  y  trouva 
«ne  sorte  de  traité  pratique  de  la  fugue,  écrit 
Hic  la  main  de  Vogler  et  divisé  en  trois  parties. 
Dans  la  première,  les  règles  pour  la  formation 
de  ce  genre  de  morceaux  de  musique  étaient 
exposées  d'une  manière  succincte.  La  seconde 
partie,  intitulée  la  Fugue  de  Vélève,  contenait 
celle  de  Meyerbeer,  analysée  dans  tout  son 
développement  :  le  résultat  de  l'examen  prou- 
vait qu'elle  n'était  pas  bonne.  La  troisième 
partie,  qui  avait  pour  titre  :  la  Fugue  du 
maUre,  était  celle  que  Vogler  avait  écrite  sur 
Je  thème  et  les  contre -sujets  de  Meyerbeer. 
Elle  était  aussi  analysée  de  mesure  en  mesure, 
et  le  maître  y  rendait  compte  des  motifs  qui 
lui  avaient  fait  adopter  telle  forme  et  non  telle 
autre  (1). 

Weber  était  confondu  ;  mais  pour  Meyerbeer 
la  critique  de  Vogler  fUt  un  trait  de  lumière. 
Après  la  lecture  des  deux  analyses  compara- 
tives, un  bandeau  lui  tomba  des  yeux.  Tout 
<:e  qui,  dans  l'enseignement  de  Weber,  lui 
avait  paru  obscur,  inintelligible,  lui  devint 
clair  et  p  resque  facile.  Plein  d'enthousiasme, 
il  se  mit  à  écrire  une  fugue  à  huit  parties, 
d'après  les  principes  de  l'abbé  Vogler,  et  la 
lui  envoya  directement.  Ce  nouvel  essai  ne 
fut  plus  accueilli  de  la  même  manière  par  le 
maître.  «  Il  y  a  pour  vous  un  bel  avenir  dans 
<*  l'art,  écrivait-il  à  Meyerbeer.  Venez  près  de 
«  moi;  rendez-vous  à  Darmstadt;  je  vous 
»  recevrai   comme  un  fils,  et  je  vous  ferai 

(1)  Ce  travail  a  été  imprimé  après  la  mort  de  Vogler, 
sous  ce  litre  :  System  fUr  den  Fugenbau^  al$  Einleiittug 
2»r  harwonigehen  Gestmg^  VerbtHdungs  Lehre  (Système 
•de  la  eonuruclion  de  la  fugue,  comme  introduction  &  I» 
Micnee  da  chant  harmonique  concerte).  OITcnbach, 
André,  în-8o  de  7S  pages  de  texte  avec  35  pages  de  mu- 
*><iue.  Malheureusement  l'analyse  du  maître  manque 
auvent  de  justesse,  et  sa  propre  fugue  n'est  pas  des 
«meilleures. 


»  puiser  à  la  source  des  connaissances  musi- 
»  cales.  » 

Après  une  invitation  si  flatteuse  et  si  for- 
melle, le  jeune  musicien  n'eut  plus  de  repos 
qu'il  n'eût  obtenu  de  se^  parents  la  permission 
d'en  profiter;  enfin,  il  fut  au  comble  de  ses 
vœux.  Il  avait  quinze  ans  lorsqu'il  devint 
élève  de  l'abbé  Vogler.  Ce  maître,  qui  jouis- 
sait alors  de  la  réputation  du  plus  profond 
musicien  de  l'Allemagne,  avait  fondé  une 
école  de  composition  où  s'étaient  formés  autre- 
fois des  artistes  de  mérite,  parmi  lesquels  on 
remarquait  Winter,  Ritter,  Rnecht  et  plu* 
sieurs  autres.  Dans  la  nouvelle  école  établie  à 
Darmstadt,  Gansbacher,  qui  fut  plus  tard 
maître  de  chapelle  de  l'église  Saint-Étienne, 
à  Vienne,  était  le  condisciple  de  Meyerbeer. 
Incessamment  occupés  d'études  sérieuses,  les 
élèves  de  Vogler  avaient  chez  lui  une  exis- 
tence tout  artistique  et  scientifique.  Après  sa 
messe,  le  maître  les  réunissait  et  leur  donnait 
une  leçon  orale  de  contrepoint;  puis  il  les 
occupait  de  la  composition  de  quelque  mor-  ' 
ceau  de  musique  d'église  sur  un  thème  donué, 
et  terminait  la  journée  par  l'examen  et  l'ana- 
lyse de  ce  que  chacun  d'eux  avait  écrit.  Quel- 
quefois Vogler  allait  à  l'église  principale,  où 
il  y  avait  deux  orgues.  Là,  ils  improvisaient 
ensemble,  sur  les  deux  instrtlments,  chacun 
prenant  à  son  tour  le  sujet  deTugue  donné,  et. 
le  développant.  C'est  ainsi  que  se  fit  pendant 
deux  ans  l'éducation  technique  de  l'auteur  de 
Robert  le  Diable,  Au  bout  de  ce  temps,  Vogler 
ferma  son  école  et  se  mit  en  route  avec  ses 
élèves  pour  visiter  les  villes  principales  de 
l'Allemagne,  puisant  dans  ce  qu'ils  enten- 
daient des  sujets  d'entretien  et  de  leçons. 
Avant  de  quitter  Darmstadt,  Meyerbeer,  alors 
âgé  de  dix-sept  ans,  fut  nommé  compositeur 
de  la  cour.  Le  grand-duc  lui  accorda  cette 
distinction  après  avoir  entendu  un  oratorio 
{Dieu  et  la  nature)  que  le  jeune  artiste  venait 
d'achever,  et  qui  fut  exécuté  à  Berlin,  le 
8  mai  1811,  dans  un  concert  donné  par  Weber, 
au  Théâtre  Royal.  Les  solos  furent  chantés 
par  Eunike,  Grell  et  mademoiselle  Schmalz. 
On  trouve  une  analyse  thématique  de  cet 
ouvrage  dans  la  Gazette  musicale  de  Leipsick 
(1  S*' année,  p.  570),  où  l'on  voit  que  déjà 
Meyerbeer  cherchait  des  formes  nouvelles  et 
des  effets  inconnus.  Cette  partition  n'était  pas 
la  seule  qu'il  eût  écrite  dans  l'école  de  Vogler, 
car  il  avait  comi>osé  beaucoifp  de  musique 
religieuse  qu'il  n'a  pas  fait  connaître  jusqu'à 
ce  jour  (1862). 

Le  temps  de  la  production  active  était  arrivé 


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420 


MEYERBEER 


pour  Heyerbeer.  A  dix-huit  ans,  il  fit  repré- 
seoler  à  Munich  son  premier  ouvrage  drama- 
tique, intitulé  :  la  Fille  de  Jephté,  Le  sujet, 
développé  en  trois  actes,  était  plutôt  un 
oratorio  qu*un  opéra.  Encore  tout  saturé  des 
formes  scolastiques,  Meyerbeer  avait  mis  peu 
de  charme  mélodique  dans  cette  composition  : 
elle  ne  réussit  pas.  Jnsqu*alors  il  avait  obtenu 
de  brillants  succès  comme  pianiste  et  comme 
improvisateur;  il  résolut  de  se  rendre  à 
Tienne,  la  ville  des^ianistes,  et  de  s'y  faire 
connaître  comme  virtuose.  Le  soir  même  de 
son  arrivée,  il  eut  occasion  d^eutendre  Hum- 
mel,  alors  dans  tout  Téclat  de  son  talent.  Ce 
talent  n*avait  ni  le  caractère  majestueux,  ni 
réclat  qui  se  faisaient  remarquer  dans  Texé- 
cution  de  démenti  et  qui  se  reproduisaient 
avec  plus  de  jeunesse  et  de  feu  dans  le  jeu  de 
Heyerbeer;  mais  c*était  une  émanMion  pare, 
claire  et  d*un  charme  inexprimable.  Le  jeune 
artiste  comprit  tout  d'abord  l'avantage 
qu^avait,  à  cet  égard,  sur  lui  Técole  viennoise, 
et  ne  voulant  pas  être  vaincu,  il  prit  la  réso- 
lution de  ne  se  produire  en  public  qu'après 
avoir  réuni  aux  qualités  propres  de  son  talenf, 
celles  de  ses  rivaux.  Pour  atteindre  le  but 
qu'il  se  proposait,  il  s'enferma  pendant  dix 
mois,  se  livrant  à  de  continuelles  éludes  sur 
Tart  de  lier  le  jeu  harmoniquement  et  faisant 
subir  à  son  doigter  les  modifications  néces- 
saires. Après  ces  efforts,  dont  une  conscience 
dévouée  d'artiste  était  seule  capable,  Meyer- 
beer débuta  dans  le  monde  élégant  et  fit  une 
impression  si  vive,  que  le  souvenir  s'en  est 
longtemps  conservé.  lfoscbelès,qui  l'entendit, 
m'a  dit  plusieurs  Tois  que  si  ce  grand  artiste 
s'était  posé  alors  uniquement  comme  virtuose, 
peu  de  pianistes  auraient  pu  lutter  avec  lui; 
mais  déjà  d'autres  vues  occupaient  son  esprit. 
C'est  ici  le  lieu  de  mentionner  une  idée  bi- 
zarre qui  tourmenta  sa  jeune  tête  à  celte 
époque  (1813).  Frappé  du  succès  que  l'origi- 
nalilé  de  ses  compositions  et  la  nouveauté  de 
ses  traits  brillants  avaient  obtenues,  il  se  per- 
suada que  les  pianistes  voulaient  s'en  em- 
parer, et  pour  échapper  à  ce  danger  imagi  - 
naire,  il  se  décida  à  relarder  de  quelques 
années  la  publication  de  sa  musique  de  piano. 
]>ans  la  suite,  préoccupé  de  ses  travaux  pour 
le  théâtre,  il  cessa  de  se  faire  entendre  et  même 
de  jouer  du  piano,  en  sorte  qu'il  finit  par 
oublier  la  plus  grande  partie  de  sa  musique 
instrumentale,  dont  il  n'avait  rien  écrit,  et 
que  celte  musique-fut  perdue  pour  Part.  Ce- 
pendant il  a  dû  écrire  certains  ouvrages  dont 
les  journaux  ont  parlé  avec  de  grands  éloges, 


él  dont  les  manuscrits  se  retrouveront  peut- 
être  quelque  jour;  par  exemple,  des  variations 
sur  une  marche  originale,  exécutées  par 
l'auteur  dans  un  concert  donné  à  Leipsick, 
ainsi  qu'une  symphonie  concertante  pour 
piano,  violon  et  orchestre,  composée  par 
Meyerbeer,  et  exécutée  par  lui  et  le  violonisle 
Weit,  à  Berlin,  le -4  février  1813. 

Je  viens  de  dire  que  Meyerbeer  cessa  de 
jouer  du  piano  comme  virtuose  ;  mais  il  lui 
est  resté  de  ses  études  sur  cet  instrument  le 
talent  le  plus  parfait  d'accompagnateur  que 
j'aie  entendu.  Je  ftis  frappé  de  la  beauté  de  ce 
talent  dans  les  concerts  de  salon  donnés  par 
le  roi  de  Prusse  aux  châteaux  de  BrUhl,  de 
Stolienfels  et  à  Coblence',  en  1845,  pour  la 
famille  royale  de  Belgique  et  i>our  la  reine 
d'Angleterre.  En  sa  qualité  de  premier  maître 
de  chapelle,  l'auteur  des  Huguenots  avait  or- 
ganisé ces  concerts  et  y  tenait  le  piano.  Par 
les  nuances  fines,  délicates  et  poétiques  de  sa 
manière  d'accompagner,  je  compris  alors  la 
multiplicité  des  répétitions  exigées  par  lui 
pour  la  mise  en  scène  de  ses  opéras.  Je  doute 
qu'il  soit  jamais  complètement  satisfait  des 
chanteurs  et  de  l'orchestre. 

L'éclat  qu^avaient  eu  à  Vienne  les  succès  de 
Meyerbeer,  comme  pianiste  et  comme  auleur 
de  musique  instrumentale,  enfin,  les  beautés 
qu'on  avait  remarquées  dans  un  monodrame 
avec  chœurs,  intitulé  :  les  Amours  de  Thece' 
linde,  lequel  fut  chanté  par  mademoiselle 
Harlas,  i  Vienne,  en  1813,  inspirèrent  la 
pensée  de  lui  confier  la  composition  d'un 
opéra  comique  pour  le  théâtre  de  la  cour.  U 
était  intitulé  :  AbimeUek,  ou  les  deux  Califes. 
La  musique  italienne  était  seule  en  faveur 
alors  près  de  M.  de  Metternich  et  des  cour- 
tisans auxquels  il  donnait  le  ton  ;  or,  la  par- 
tition 6:*Abimeleck  était  écrite  d'un  slyle 
absolument  différent,  et  dans  un  système 
assex  semblable  à  celui  de  la  Fille  de  Jephté; 
elle  fut  accueillie  avec  beaucoup  de  froideur, 
et  le  résultat  de  la  représentation  dut  être 
considéré  comme  une  chute.  Salieri,  qui  avait 
pour  le  jeune  musicien  une  tendre  affection, 
le  consola  de  cet  échec  en  lui  donnant  Passu- 
rance  que,  nonobstant  la  coupe  vicieuse  de 
ses  chants,  il  ne  manquait  pas  d'heureuses 
dispositions  pour  la  mélodie,  mais  qu'il  n'avait 
pas  assez  étudié  le  mécanisme  de  la  vocalisa- 
tion, et  qu'il  écrivait  mal  pour  les  chanteurs» 
Il  lui  conseilla  d'aller  en  Italie  s'instruire 
dans  Part  de  composer  pour  les  voix,  et  lui 
prédit  des  succès  quand  il  aurait  appris  cet 
an  difficile. 


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MEYERBEER 


121 


Jusqii*a1or5  la  musique  italienne  avait  eu  peu 
d*attraits  pour  Meyerbetir.  II  faut  avouer  que 
la  plupart  des  opéras  de  Micolini,  de  Fari- 
Dellt,  de  Pavesi  et  de  quelques  autres,  qu^on 
jouait  alors  aux  théâtres  de  Vienne  et  de  Mu- 
Dich,  étaient  peu  Taits  pour  plaire  à  une 
oreille  habituée  à  Pharmonie  allemande.  Le 
jeune  artiste  ne  comprenait  donc  pas  bien  la 
portée  des  conseils  deSalieri  ;  cependant,  plein 
de  conAance  en  ses  lumières,  il  partit  pour  Ve- 
nise, où  il  arriva  lorsque  Tanc^-edijdéWcieuse 
production  de  la  première  manière  de  Rossini, 
jouissait  du  succès  le  plus  brillani.  Cette  musi- 
que le  transporta  d^admiration,  et  le  style  ita- 
lien, qui  lui  inspirait  auparavantunc  invincible 
répugnance,  devint  Tobjetde  sa  prédilection. 
Dès  ce  moment,  il  fit  subir  à  sa  manière  une 
complète  transformation,  et,  après  plusieurs 
années  d*études  sur  Tart  de  donner  de  Télé- 
gance  et  de  la  facilité  aux  formes  mélodiques, 
sans  nuire  au  sentiment  d^une  harmonie  riche 
et  puissante,  il  fit  représenter  à  Padoue,  en 
1818,  Romilda  e  Costanza,  opéra  semi- 
séria,  écrit  pour  la  Pisaroni.  Les  Padouans 
firent  un  brillant  accueil  à  cet  ouvrage,  non- 
seulement  à  cause  de  la  musique  et  du  talent 
de  la  cantatrice,  mais  parce  que  Meyerbeer 
était  considéré  par  eux  comme  un  rejeton  de 
leur  école,  en  sa  qualité  d^élève  de  Vogler,  qui 
Tavail  été  du  P.  Valotti,  maître  de  chapelle 
de  Saint-Antoine.  Romilda  e  Costanza  fut 
suivi,  en  1819,  de  la  Semiramide  riconos^ 
ciuta,  écrite  à  Turin  pour  Texcellenle  actrice 
Caroline  Bassi. En  1820,  Emma  di  Resburgo, 
autre  partition  de  Meyerbeer,  fut  jouée  à 
Venise  et  y  obtint  un  succès  d^enlhouslasme, 
peu  de  mois  après  que  Kossini  y  eut  donné 
Eduardo  e  Cristina.  Ce  fut  le  premier  pas 
remarquable  de  Meyerbeer  dans  une  carrière 
quMI  devait  parcourir  avec  tant  de  gloire. 
Son  nom  retentit  bientôt  avec  honneur  dans 
toute  ritalie  :  Emma  fut  jouée  sur  les 
théâtres  principaux;  on  traduisit  cet  ouvrage 
en  allemand,  sou^  le  titre  d*^mma  Fon  Lei- 
tester,  et  partout  il  fut  considéré  comme  une 
des  bonnes  productions  de  Técole  moderne. 

Cependant  les  opinions  n*étaient  pas  toutes 
favorables,  en  Allemagne,  au  changemeqt  qui 
s'était  opéré  dans  la  manière  de  Meyerbeer. 
Ce  n*était  pas  sans  une  sorte  de  dépit  qu*0D  le 
voyait  délaisser  les  traditions  germaniques 
pour  celles  d'une  école  étrangère.  Cette  dis- 
position des  esprits,  qui  se  manifesta  quelque- 
fois par  des  paroles  amères,  augmenta  à 
chaque  nouveau  succès  de  l'auteur  d*^mma. 
Charles-Marie  de  YTeber,  depuis  longtemi>s 


son  ami,  partagea  ces  préventions,  et  peut- 
être  agirent-elles  sur  lui  plus  que  sur  tout 
autre.  Il  ne  pouvait  en  être  autrement,  car 
Weber,  artiste  dont  le  talent  puisait  sa  force 
principale  dans  une  conception  de  l'art  tout 
absolue,  était  moins  disposé  que  qui  que  ce 
soit  à  l'éclectisme  qui  fait  admettre  comme 
également  bonnes  des  déterminations  opposées 
par  leur  objet.  La  hauteur  de  vues,  qui  con- 
duit à  l'éclectisme,  est,  d'ailleurs,  une  des 
qualités  les  plus  rares  de  l'esprit  humain.  J'ai 
vu  presque  toujours  les  génies  capables  des 
plus  belles  inspirations  se  convertir  en  esprits 
étroits  lorsqu'ils  portaient  des  jugements  sur 
les  productions  d'une  école  difFérenle.  On  ne 
doit  donc  pas  s'étonner  de  voir  Weber  con- 
damner la  direction  nouvelle  où  Meyerbeer 
s'était  engagé.  Il  ne  comprenait  pas  la  mu- 
sique italienne  :  on  peut  même  dire  qu'elle  lui 
était  antipathique,  comme  elle  Pa  été  à  Beet- 
hoven et  à  Mendeissohn.  C'était  donc  une  op- 
position de  conviction  qu'il  faisait  à  la  trans- 
formation du  talent  de  Meyerbeer,  et  ce  fut, 
en  quelque  sorte,  pour  protester  contre  les 
succès  obtenus  par  son  ancien  ami  dans  sa 
voie  nouvelle,  qu'il  fit  représenter  à  Dresde, 
avec  beaucoup  de  soin,  sous  le  titre  allemand 
Virth  und  Gast  (Hôte  et  Convive),  Topera 
des  Deux  Califes,  si  frolàement  accueilli  par 
les  habitants  de  Vienne.  Au  reste,  son  amitié 
pour  Meyerbeer  ne  se  démentit  jamais.  On  le 
voit  heureux  d'une  visite  qu'il  en  reçut,  dans 
ces  passages  d'une  lettre  qu'il  écrivait  à  Golt- 
fried  Weber,  leur  ami  commun  :  a  Vendredi 
tt  dernier,  j'ai  eu  la  grande  joie  d'avoir  Meyer- 
«  béer  tout  un  jour  chez  moi  :  les  oreilles 
tt  doivent  t'avoir  tinté  î  C'était  vraiment  un 
tt  jour  fortuné,  une  réminiscence  de  cet  ex- 
«  cellent  temps  de  Manheim....  Nous  ne  nous 
a  sommes  séparés  que  tard  dans  la  nuit, 
tt  Meyerbeer  va  à  Tries  le  pour  mettre  en 
u  scène  son  Crociaio.  Il  reviendra,  avant  un 
«  an,  à  Berlin,  où  il  écrira  peut-être  un  opéra 
a  allemand.  Dieu  le  veuille  !  J'ai  fait  maint 
«  appel  à  sa  conscience.  »  ^ 

Weber  n'a  pas  assez  vécu  pour  voir  réaliser 
ses  vœux  :  huit  ans  plus  tard,  il  eût  été  com- 
plètement heureux-.  Quoiqu'il  eût  déjà  écrit 
de  belles  choses,  et  qu'il  eût  goûté  le  charme 
des  succès  de  la  scène,  Meyerbeer  était  encore, 
en  1824,  à  la  recherche  de  son  individualité^ 
circonstance  dont  il  y  a  plus  d'un  exemple 
dans  l'histoire  des  grands  artistes,  particuliè- 
rement dans  celle  de  Gluck.  Comme  il  était 
arrivé  à  cet  homme  illustre,  un  éclair  est 
veau,  tout  à  coup,  illuminer  Meyerbeer;  et, 


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I2â 


BIEYERBEER 


comme  Gluck,  c'est  à  la  scène  française  qu'il 
a  trouvé  Paliment  de  son  génie.  Quoiqu'il 
désapprouvât  la  route  que  Meyerbeer  avait 
prise,  Weber  connaissait  bien  la  porlée  de 
son  talent;  car,  lorsqu'il  mourut,  il  exprima 
le  désir  que  ce  Tût  son  ami  qui  terminât  un 
opéra  qu'il  laissait  inachevé. 

Le  succès  d^EmmadiBesburgo  avait  ouvert 
à  Meyerbeer  l'accès  des  scènes  principales  de 
l'Italie,  parmi  lesquelles  le  théâtrede  to  5ca/a, 
de  Milan,  est  au  premier  rang.  Il  écrivit  pour 
ce  théâtre,  en  1836,  JUargherita  d* Anjou j 
drame  semi -sérieux  de  Romani,  qui  fut  re- 
présenté le  14  novembre  de  la  même  année, 
et  dont  les  rôles  principaux  furent  chantés 
par  Tacchinardi,  Levasseur  et  Rosa  Mariani. 
Les  préventions  peu  favorables  qu'un  artiste 
étranger  inspire  presque  toujours  aux  Italiens 
cédèrent  cette  fois  au  mérite  de  la  musique,  et 
le  succès  fut  complet.  Une  traduction  fran- 
çaise de  cet  opéra  a  été  faite  plusieurs  années 
après,  pour  le  théâtre  de  POdéon,  et  a  été  jouée 
sur  tous  les  théâtres  de  la  France  et  de  la  Bel- 
gique. A  MarguerUe  succéda  VE$uU  di  Gra- 
nata,  opéra  sérieux  de  Romani,  dont  la  pre- 
mière représentation  eut  lieu  au  même  théâtre, 
le  13  mars  1833.  Les  rôles  principaux  furent 
chantés  par  Adélaïde  Tosi,  madame  Pisaroni, 
Caroline  Bassi-Manna,  Lablache  et  le  ténor 
Winler.  Déjà  le  nom  de  Meyerbeer  avait  ac- 
quis assez  de  retentissement  pour  que  l'envie 
fût  éveillée  :  elle  essaya  de  faire  expier  à 
l'auteur  d'Emma  et  de  Margherila  d'Anjou 
les  applaudissements  obtenus  par  cet  ouvrages. 
VEsuU  di  Granata  fut  mis  en  scène  avec 
beaucoup  de  lenteur,  et  ne  put  être  joué  qu'aux 
derniers  jours  de  la  saison.  La  même  influence 
qui  avait  retardé  l'apparition  de  l'ouvrage  en 
prépara  la  chute  par  mille  ressorts  cachés. 
Tout  semblait  en  effet  la  présager.  Le  premier 
acte  échoua,  et  le  second  paraissait  destiné  au 
même  sort,  quand  un  duo,  chanté  par  Lablache 
et  la  Pisarooi,  enleva  tout  l'auditoire.  Aux 
représentations  suivantes,  le  triomphe  ne  fut 
pas  un  moment  douteux. 

La  saison  terminée,  Meyerbeer  se  rendit  à 
Rome  pour  y  écrire  Jlmansor,  opéra  sérieux 
en  deux  actes,  dont  Romani  avait  écrit  le 
libretto;  mais  (lendant  les  répétitions,  le 
maître  fut  atteint  d'une  maladie  grave  et  ne 
pût  achever  sa  partition  pour  l'époque  déter- 
minée. Il  ne  retrouva  la  santé  qu'en  allant 
passer  l'année  1833  à  Berlin  et  aux  eaux. 
Pendant  ce  temps  de  repos,  il  écrivit  l'opéra 
allemand  intitulé  :  la  Porte  de  Brandebourg, 
Il  était  destiné  vraisemblablement  au  théâtre 


de  Kœnigstadt,  où  l'on  jouait  habituellement 
ces  sortes  d'ouvrages ^  mais,  par  des  motifs 
inconnus,  cet  opéra,  auquel  le  compositeur 
attachait,  sans  doute,  peu  d'importance,  ne 
fut  pas  représenté.  Ici  finit  ce  qu'on  pourrait 
appeler  la  seconde  époque  de  Meyerbeer  :  elle 
avait  eu  pour  lui  d'heureux  résultats;  car, 
d'une  part,  elle  avait  marqué  ses  progrès 
dans  l'art  d'écrire  pour  les  voix,  et  il  avait 
acquis  rexpérience  des  conditions'  de  la  mu- 
sique dramatique  ainsi  que  des  effets  de  la 
scène,  qu'on  n'apprend  qu'en  s'y  hasardant. 
D'autre  part,  la  confiance  dans  son  talent 
s'était  accrue  par  le  succès.  Sa  réputation 
n'était  pas  celle  d'un  maître  vulgaire.  Emma 
di  Resburgo  avait  paru  avec  éclat  et  avait  été 
reprise  plusieurs  fois  i  Venise,  à  Milan,  à 
Gênes,  à  Florence,  à  Padoue;  elle  avait  été 
traduite  en  allemand  sous  le  titre  d'Emma 
vonLeieester,  et  jouée  à  Vienne,  à  Munich,  à 
Dresde ,  à  Francfort ,  sous  ce  titre,  taudis 
qu'une  autre  traduction,  intitulée  :  Emma  de 
Roxburg,  était  chantée  à  Berlin  et  à  Stutt- 
gart. Marguerite  d'Anjou  était  jouée  avec  un 
succès  égal  à  Milan,  Venise,  Bologne,  Turin, 
Florence  et  Trieste;  ep  allemand,  à  Munich 
et  à  Dresde;  en  français,  à  Paris  et  sur  pres- 
que tous  les  théâtres  de  France  et  de  Belgique; 
à  Londres,  en  anglais  et  en  italien.  Toaiefois 
l*ar liste  n'avait  pas  encore  découvert  sa  propre 
personnalité;  il  marchait  dans  des  voies  qui 
n'étaient  pas  les  siennes  ;  il  était  devenu  plus 
habile,  mais  il  n'était  pas  encore  original  ;  il 
avait  du  savoir  et  de  l'expérience,  mais  Tau- 
dace  lui  manquait. 

Remarquons  cependant  cette  année  1825: 
elle  est  significative  dans  la  vie  de  Meyerbeer, 
comme  artiste.  Nul  doute  que,  méditant  alors 
sur  ce  qu'il  avait  produit  depuis  son  arrivée 
en  Italie,  et  faisant  un  retour  sur  lui-même, 
il  n'ait  senti  ce  qui  manque  à  ces  ouvrages 
pour  en  compléter  les  qualités  esthétiques; 
car  on  verra,  dans  la  suite  de  cette  notice,  ses 
efforts  tendre  incessamment  vers  une  mani- 
festation de  plus  en  plus  prononcée  de  son 
individualité.  C'est  à  la  même  époque  qu'il  fit 
à  W^ebcr  la  visite  dont  il  est  parlé  dans  la 
lettre  de  l'auteur  du  Frey$chutz,  citée  pré- 
cédemment, et  sans  doute  celle  journée  de 
causerie  intime  de  deux  grands  musiciens 
n'a  pas  été  perdue  pour  l'auteur  de  Robert, 
des  Huguenote,  de  Struensée  et  du  Pro- 
phète. < 

De  retour  en  Italie,  Meyerbeer  y  donna  son 
Crociato,  non  â  Trieste,  comme  le  croyait 
W'ebcr  et  comme  l'avaient  annoncé  plusieurs 


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MEYERBEEU 


423 


Journaux  allemands,  mais  à  Venise,  où  il  fut 
représenté  le  20  décembre  1824.  Les  rôles 
principaux  avaient  été  écrits  pour  madame 
Meric-Lalande,  alors  dans  tout  Téclat  de  son 
talent,  et  peur  Veluti  et  Lablache.  L'exécution 
fut  bonne,  et  le  succès  surpassa  Tattente  du 
compositeur,  qui  fut  appelé  plusieurs  fois  et 
couronné  sur  la  scène.  Toutes  les  grandes 
villes  de  TlUlie  accueillirent  avec  la  même 
faveur  le  Crociato,  et  Ton  ne  peut  douter 
que,  si  Meyerbeer  eût  fait  succéder  quelques 
opéras  à  cette  partition,  il  ne  se  fût  placé  à  la 
tête  des  musiciens  qui  écrivaient  au  delà  des 
Al|)es  ;  mais  déjà  d'autres  projets  occupaient 
son  esprit. 

Si  Ton  examine  avec  attention  la  partition 
du  Crociato,  on  y  découvre  des  signes  non 
équivoques  de  la  réaction  opérée  dans  la  ma- 
uière  du  compositeur,  et  de  sa  tentative  d'une 
fusion  de  ses  tendances  primitives  avec  le  style 
iUlien  qui  caractérise  Emma  diReiburgo  et 
i¥arjjrueri7e d'Anjou.  L'individualité  du  talent 
«le  Meyerbeer  tendait  à  se  prononcer,  et  son 
heureux  penchant  pour  l'expression  énergique 
des  situations  dramatiques  se  faisait  aperce- 
.voir.  Pour  se  développer,  son  talent  n'avait 
plus  qu^à  se  livrer  à  Tétude  de  la  scène  fran- 
çaise; une  circonstance  favorable  se  présenta 
<lans  rinvitation  reçue  par  Meyerbeer  de  la 
part  de  M.  de  la  Rochefoucault,  pour  qu'il  di- 
rigeât à  Paris  la  mise  en  scène  de  son  Cro- 
ciato ;  car  ce  fut  à  Paris  même  que  s'acheva  la 
transformation  des  idées  de  l'artiste. 

Le  Crociato  n'eut  point  à  Paris  le  succès 
d^enihousiasme  qu'il  avait  obtenu  à  Venise, 
à  Rome,  à  Milan,  à  Turin,  dans  toute  l'Italie, 
enfin,  et  qu'il  eut  plus  tard  en  Espagne,  à 
Lisbonne,  à  Londres  ainsi  qu'en  Allemagne. 
Les  circonstances  ne  le  favoiisaient  pas. 
A  Paris,  on  ne  partage  pas  les  couronnes  : 
elles  tombent  toutes  sur  une  seule  tête.  £n 
1826,  les  habitués  du  Théâtre-Italienne  vou- 
laient pas  qu'il  y  eût  d'autre  compositeur  pos- 
sible que  Rossini^  ni  d'autre  musique  que  la 
sienne.  Trop  sérieuse  pour  la  plupart  des  di- 
lettanus,  la  musique  du  Crociato  ne  fut  ap- 
préciée à  sajuste  valeur  que  par  un  petit 
nombre  de  connaisseurs,  qui  firent  avec  im- 
partialité la  part  des  beautés  et  celle  des  dé- 
fauU.  Personne  même,  il  faut  l'avouer,  ne  de- 
vitaa  la  portée  du  Ulent  de  l'auteur  de  cet  ou- 
vrage; personne  n'aperçut  dans  le  Crociato 
le  génie  qui  devait  produire  les  opéras  dont 
les  larges  conceptions  régnent  sur  toutes  les 
«cènes  des  deux  mondes  depuis  1851 .  Ceux  qui 
estimaient  cette  partition,  ia  considéraient 


comme  le  degré  le  plus  élevé  du  talent  de 
l'auteur;  en  quelque  sorte  comme  son  dernier 
mot.  Le  silence  gardé  par  Meyerbeer  pendant 
plusieurs  années  sembla  justifier  leur  juge- 
ment. Son  mariage  et  la  perte  douloureuse  de 
deux  enfants  avaient  suspendu  ses  travaux  ;  il 
y  revint,  enfin,  en  1828;  mais  lorsqu'il  reprit 
sa  plume,  sa  nouvelle  route  était  tracée  ;  mûri 
par  plusieurs  années  de  méditations,  son  génie 
s'était  transformé,  et  son  talent  avait  le  carac- 
tère qui  lui  est  propre.  Tout  le  monde  sait 
aujourd'hui  quels  ont  été  les  résultats  de  mo- 
difications si  radicales. 

L'achèvement  de  Robert  le  Diable,  retardé 
par  de  fréquents  voyages,  fut  enfin  complet 
vers  la  fin  de  juillet  1830,  et  cette  partition, 
écrite  pour  le  grand  Opéra  de  Paris,  fut  dé- 
posée, par  Meyerbeer,  à  l'administration  de  ce 
théâtre,  vers  la  même  é|K>que.  La  révolution, 
qui  venait  de  s'achever  en  trois  jours  à  Paris, 
en  avait  fait  naître  une  autre  dans  les  cou- 
lisses des  théâtres.  A  la  direction  royale  de 
rOpéra  succéda  bientôt  une  entreprise  parti- 
culière qui,  dans  les  clauses  et  conditions  de 
son  contrat,  n'admit  que  comme  une  charge 
onéreuse  Pobligationde  faire  jouer  l'ouvrage  de 
Meyerbeer.  Ce  ne  fut  qu^au  mois  de  novembre 
1831  que  cet  opéra  fut  représenté  ;  en  dépit 
du  dénigrement  dont  il  avait  été  Tobjet,  avec 
lui  commença  la  fortune  de  ce  qu'on  appe- 
lait alors  VJcadémie  royale  de  musique.  Les 
dernières  répétitions  générales  se  signalèrent 
par  des  incidents  fort  curieux.  Une  multitude 
de  ces  critiques  de  profession,  sans  connais- 
sances suffisantes  de  l'art,  qui  abondent  à 
Paris  plus  qu'en  aucun  autre  lieu,  s'y  trou- 
vaient et  immolaient  l'œuvre  du  musicien  le 
plus  gaiement  possible.  C'était  à  qui  dirait  le 
mot  le  plus  plaisant,  ou  ferait  l'oraison  fu- 
nèbre la  plus  spirituelle  et  la  plus  grotesque 
delà  partition.  Au  résumé,  la  pièce  ne  devait 
pas  avoir  dix  représentations.  L'entrepreneur, 
dont  roreille  avait  été  frappée  de  ces  tristes 
présages,  aperçutdans  la  salle  l'auteur  de  cette 
notice,  et  alla  lui  confier  ses  craintes,  a  Soyez 
«  sans  inquiétude,  lui  dit  celui-ci  ;  j'ai  bien 
«  écouté,  et  je  suis  certain  de  ne  |>as  me 
«  tromper.  Il  y  a  là  dedans  beaucoup  plus  de 
«  beautés  que  d'imperfections.  La  scène  est 
«  saisie  ;  l'impression  sera  vive  et  profonde. 
«  Cela  ira  aux  nues  et  fera  le  tour  du  monde.  « 

L'événement  a  prouvé  que  ce  jugement  était 
le  bon  :  jamais  œuvre  dramatique  ne  fut  plus 
|M>puIaire  ;  jamais  succès  ne  fut  plus  univer- 
sel. Ajoutons  avec  certitude  qu'il  n'en  est  pas 
dont  l'heureuse  fortune   ait   eu  une  durée 


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424 


MEYERBEER 


comparable;  car  elle  sVst  soutenue  pendant 
plus  de  trente  ans  Jusqu^au  moment  où  ceci 
est  écrit  (1862),  et  traisemblablement  elle 
n^est  pas  près  de  finir.  Avec  Robert  le  Diable 
ont  commencé,  àPOpéra,  les  recettes  de  dix 
mille  francs,  qui  y  étaient  auparavant  incon- 
nues. Traduit  en  italien,  en  allemand,  en  an- 
glais, en  hollandais,  en  russe,  en  polonais,  en 
danois,  cet  opéra  a  été  joué  partout  et  vingt 
fois  repris  dans  les  petites  villes  comme  dans 
les  grandes;  partout  il  a  excité  le  même  en- 
thousiasme; son  succès  n*a  pas  été  limité  à 
TEurope  seule  :  à  la  Nouvelle-Orléans,  Robert 
le  Ùiable  a  été  joué  pendant  plusieurs  mois 
sur  les  deux  théâtres  anglais  et  français;  la 
Havane,  Mexico,  Lima,  Alger,  ont  aussi 
voulu  renlendre,  et  Tout  salué  par  d*unaniroes 
applaudissements. 

Un  homme  nouveau  s^est  révélé  dans  cet 
ouvrage.  Ce  D*est  plus  le  Heyerbeer  de  TAlle- 
magne,  élève  roide  e(  guindé  de  Vogler  ;  ce 
n^est  plus  celui  de  Tltalie,  se  jetant  violem- 
ment hors  de  ses  habitudes  d*école  pour  ap- 
prendre, par  imitation  de  Rossini,  Tart  de 
faire  chanter  les  voix  et  de  colorer  les  efTets 
de  rinstrumentalion  ;  ce  n*est  pas  même  la 
fusion  des  deux  manières  pour  arriver  à  des 
effets  variés  ;c*est  une  création  tout  entière, 
où  il  ne  reste  à  Tartiste,  de  ses  premières 
époques,  que  Texpérience  acquise  dans  ses 
travaux.  Six  années  de  repos,  ou  plutôt 
d*études,  six  années  de  méditation,  d*observa- 
tlon  et  d^analyse  ont  enfin  coordonné  en 
un  tout  complet,  original  et  puissant,  ce  que 
la  nature  a  mis  de  sentiments  énergiques 
dans  son  âme,  ce  que  Taudace  donne  de  nou- 
veauté aux  idées,  ce  que  la  philosophie  de 
Tart  prête  d*élévalion  au  style,  et  ce  qu*un 
mécanisme  exercé  procure  de  sûreté  à  Partiste 
dans  les  effets  qu*il  veut  produire. 

Après  réclatant  succès  de  Robert  le  Diable, 
radministratlon  de  TOpéra  avait  compris  que 
les  productions  de  Meyerbeer  exerceraient  dé- 
sormais une  heureuse  influence  sur  son  entre- 
prise ;  elle  ne  négligea  rien  pour  le  déter- 
miner à  écrire  un  nouvel  ouvrage,  et  le  livret 
des  Huguenots  lui  fut  confié;  mais,  afin 
d^avoir  la  certitude  que  le  compositeur  ne 
mettrait  pas  trop  de  lenteur  dans  son  travail, 
un  dédit  de  trente  mille  francs  fut  stipulé 
pour  le  cas  où  la  partition  ne  serait  pas  livrée 
dans  un  délai  déterminé.  Pendant  que  Meyer- 
beer était  occupé  à  écrire  cet  ouvrage,  la 
santé  de  sa  femme,  sérieusement  altérée  par 
une  affection  de  poitrine,  l'obligea,  d'après 
ravis  des  médecins,  à  fixer  monenlanémcnt 


son  séjour  en  Italie.  Dans  cette  situation,  il 
demanda  un  délai  de  six  mois  pour  la  mise  en 
répétition  de  son  opéra  ;  mais  cette  juste  de- 
mande fut  repoussée  ;  alors  Meyerbeer  retira 
sa  partition,  paya  le  dédit  et  partit.  Bientôt, 
cependant,  l'entrepreneur  comprit  la  néces- 
sité de  donner  les  Huguenots,  pour  empê- 
cher le  public  de  s'éloigner  de  son  spec> 
tacle  ;  il  rendit  le  dédit,  et  le  nouvel  opéra 
de  Meyerbeer  fut  représenté  le  21  février 
1836. 

Les  dispositions  du  po«me  des  Huguenots 
n'ont  pas  d'analogie  avec  celles  de  Robert  le 
Diable;  l'action  s'y  développe  aveclenteur, 
et  l'intérêt  ne  commence  que  vers  le  milieu  du 
troisième  acte;  jusque-là,  c'est  de  l'opéra 
de  demi -caractère,  où  le  musicien  seul  adA 
soutenir  l'attention  dans  des  scènes  vides  d'ac- 
tion. Un  talent  supérieur  pouvait  seul  triom- 
pher de  ces  difficultés.  Au  premier  abord,  ni 
le  public,  ni  la  plupart  des  critiques  ne  com- 
prirent le  mérite  que  Meyerbeer  y  avait  dé- 
ployé. Quoiqu'on  avouât  que  le  duo  de  Clé- 
mentine et  de  Marcel,  au  troisième  acte,  la 
scène  du  duel,  tout  le  quatrième  acte  et  une 
partie  du  cinquième,  ont  des  beautés  de  pre- 
mier ordre,  et  bien  qu'on  déclarât  qu'on 
ne  connaissait  rien  d'aussi  pathétique  que  la 
dernière  scène  du  quatrième  acte,  il  fut  con- 
venu que  la  partition  des  Huguenots  était 
inférieure  à  celle  de  Robert  le  Diable,  Plus 
tard,  les  gens  désintéressés  ont  abjuré  leur 
erreur;  pour  eux,  la  valeur  de  l'ouvrage  s'est 
accrue  d'année  en  année,  et  les  plus  récalci- 
trants ont  dû  se  rendre  à  l'évidence  d'an  suc- 
cès constaté  par  plusieurs  milliers  de  repré- 
sentations, données  pendant  vingt-cinq  ans 
dans  toutes  les  parties  du  monde.  Après  les 
deux  premières  années  de  ce  grand  succès,  uo 
parti,  qui  avait  des  intérêts  contraires,  a 
exercé  la  rigueur  et  l'injustice  de  sa  critique 
avec  plus  d'acharnement  que  dans  la  nou- 
veauté de  l'œuvre.  Qu'en  est- il  résulté?  La 
partition  des  Huguenots,  avec  les  quelques 
défauts  et  les  beautés  inhérentes  au  talent  du 
maître,  s'est  maintenue  dans  tpute  sa  re- 
nommée. 

Après  les  Huguenots  ,  un  intervalle  de 
treize  années  s'écoula  sans  que  Meyerbeer  fit 
représenter  aucun  ouvrage  nouveau  sur  la 
scène  française.  Ce  long  silence  eut  plusieurs 
causes.  La  première  parait  avoir  été  dans  les 
modifications  du  personnel  chantant  de 
l'Opéra,  et  dans  son  affaiblissement  pro- 
gressif. Une  autre  cause  explique  l'éloigné- 
ment  où  l'illustre  maître  resta  du  théâtre  de 


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MEYERBEER 


i25 


sa  gloire  pendant  une  période  si  longue; 
elle  se  troufe  dans  Tintérét  que  le  roi  de 
Prusse  lui  témoigna,  à  l^époquedeson  avène- 
ment au  trône,  et  dans  les  fonctions  actives 
que  Meyerbeer  eut  à  remplir  près  de  ce 
prince,  après  sa  nomination  de  premier 
maître  de  chapelle.  La  composition  d^un 
grand  nombre  de  psaumes  et  de  cantates  reli- 
gieuses, avec  ou  sans  accompagnement  d*or- 
chestre,  de  musique  d'église  et  de  mélodies  de 
différents  genres,  dont  il  sera  parlé  plus  loin, 
avait  occupé  une  partie  de  ce  temps.  Le  pre- 
mier ouvrage  oiBciel  qu*il  écrivit  pour  la  cour 
de  Berlin  fut  une  grande  cantate  avec  tableaux, 
intitulée  :  la  Pttta  nella  eorte  di  Ferrara, 
pour  une  fête  donnée  par  le  roi,  en  1845.  Le 
7  décembre  1844,  le  maître  At  représenter, 
pour  rinauguration  du  nouveau  théâtre  royal 
de  cette  ville,  un  opéra  allemand  en  trois 
actes,  intitulé  :  £in  Feldlager  in  SchlesUn 
(un  Camp  en  Silésie).  Cet  ouvrage  de  circon- 
stance ne  produisit  tout  Teffet  que  s*en  était 
promis  Heyerbeer  que  lorsque  la  célèbre  can- 
tatrice Jenny  Lind  tut  chargée  du  rôle  prin- 
cipal. Il  eut  surtout  un  brillant  succès  lors- 
qu'elle le  chanta  à  Vienne,  sous  le  titre  de 
JFielka,  avec  beaucoup  de  changements  et 
d'augmentations,  en  1847. 

L'année  184G  fut  marquée  par  une  des 
plus  belles  productions  du  génie  de  Meyer- 
beer;  œuvre  complète  dans  laquelle  il  n'y 
a  pas  une  page  faible  :  je  veux  parler  de 
la  musique  composée  par  le  maître  pour 
Struensée,  drame  posthume  de  Michel  Béer, 
frère  de  l'illustre  artiste.  Cette  belle  con- 
ception, 0(1  l'originalité  des  idées  du  compo- 
siteur se  révèle  dans  toute  sa  puissance,  ren- 
ferme une  ouverture  magnifique,  du  plus  grand 
développement,  quatre  entr'actes  où  tout 
le  drame  se  peint,  et  neuf  morceaux  qui  s'in- 
tercalent dans  le  dialogue,  à  la  manière  des 
mélodrames.  Quelques-uns  des  motifs  de  ceux- 
ei  sont  traités  dans  l'ouverture  et  développés 
avec  cet  art  de  progression  d'effet  dans  lequel 
Meyerbeer  n'a  |H)int  d'égal.  Les  artistes,  qui 
ne  jugent  pas  la  musique  sur  des  impressions 
fugitives,  comme  le  public,  et  qui  sontcapa- 
l)les  d'analyser,  savent,  en  effet,  que  le  talent 
du  maître  prend  par  celte  qualité  son  carac- 
tère le  plus  élevé.  Le  plan  de  cette  ouverture 
«si  à  lui  seul  un  chef-d'œuvre  en  ce  genre  : 
tout  y  est  disposé  de  main  de  maître  et  avec 
une  connaissance  profonde  de  l'effet  que  doit 
produire  le  retour  des  idées  par  la  variété  des 
formes.  On  dit  que  ce  morceau  capital  n'a  pas 
êlc  compris  par  le  public  de  Paris  :  j'ai  bien 


peur  qu'il  ne  l'ait  pas  été  non  plus  par  l'or- 
chestre auquel  l'exécution  était  confiée;  car, 
lorsque  je  l'ai  fait  jouer  par  l'orchestre  du 
Conservatoire  de  Bruxelles,  un  auditoire  de 
deux  mille  personnes  a  été  jeté  dans  des  trans- 
ports d'admiration. 

Il  faudrait  faire  le  résumé  de  tout  le  drame 
pour  faire  comprendre  ce  qu'il  y  a  de  poésie 
dans  les  entr'actes  et  dans  les  morceaux  de 
musique  dont  Heyerbeer  a  fortifié  l'ouvrage 
de  son  frère.  Chaque  morceau  est  un  tableau 
scénique,ou  exprime  un  sentiment  particulier 
avec  une  puissance,  une  originalité  de  con- 
ception, de  moyens  et  d'accents,  dont  l'effet 
est  irrésistible.  Cette  admirable  composition  a 
été  exécutée  pour  la  première  fois  à  Berlin,  le 
10  septembre  1846. 

Dans  la  même  année,  Meyerbeer  écrivit, 
pour  le  mariage  du  roi  de  Bavière  avec  la  prin- 
cesse Guillelmine  de  Prusse,  une  grande  pièce 
intitulée  FttckeUanz  (danse  aux  flambeaux), 
pour  un  orchestre  d'instruments  de  cuivre. 
Cette  danse  prétendue  est  une  marche  pour 
un  cortège  d'apparat  qui  se  fait  le  soir  aux 
flambeaux,  à  l'occasion  du  mariage  des 
princes  de  Prusse,  et  qui  est  traditionnel 
dans  cette  cour.  Le  caractère  de  cette  compo- 
sition est  d'une  originalité  remarquable  :  elle 
est  riche  de  rhythmes  et  d'effets  nouveaux. 
Une  autre  pièce  du  même  genre  a  été  com- 
posée par  le  maître  pour  le  mariage  de  la 
princesse  Charlotte  de  Prusse  et,  en  1853,  il 
en  a  écrit  une  troisième  pour  le  mariage  de  la 
princesse  Anne. 

Après  une  longue  attente,  le  Prophète, 
souvent  annoncé  sous  des  noms  différents,  fut 
enfin  représenté,  le  10  avril  1849.  C'était  le 
troisième  grand  ouvrage  écrit  par  Meyerbeer 
pour  l'Opéra  de  Paris  :  là,  l'illustre  composi- 
teur se  retrouvait  sur  le  terrain  qui  lui  est 
nécessaire  pour  la  production  de  ses  puissants 
effeU.  Ainsi  qu'il  était  arrivé  pour  Robert  et 
pour  les  Huguenote,  il  y  eut  d'abord  de  l'in- 
certitude, non-seulement  dans  le  public,  mais 
aussi  parmi  les  artistes  et  les  critiques  de 
profession,  concernant  le  jugement  qui  devait 
être  porté  de  la  partition  du  Prophète:  mais 
à  chaque  représenUtion ,  l'ouvrage,  mieux 
compris,  produisit  de  plus  en  plus  l'effet  sur 
lequel  le  compositeur  avait  compté.  L'incerti- 
tude provenait  de  ce  qu'on  cherchait  dans  le 
troisième  grand  ouvrage  du  maître  des  beautés 
analogues  à  celles  qui  avaient  fait  le  succès 
des  deux  premiers;  mais  Meyerbeer  est  tou- 
jours rhomme  de  son  sujet.  Dans  Robert,  il 
avait  eu  à  exprimer  le  combat  des  deux  prjn- 


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425 


MEYERBEER 


cipes,  bon  et  maaraif ,  qui  agissent  sur  la  na- 
ture humaine  ;  dans  les  ffuguenots,  il  a?ait 
opposé  les  nuances  délicates  et  passionnées  de 
ramonr  aux  fureurs  du  fanatisme  religieux. 
Bans  le  Prophète,  c*est  encore  le  fanatisme, 
mais  le  fanatisme  populaire  mis  en  opposition 
avec  les  ruses  de  la  politique,  et  celles-ci,  par  un 
concours  inouï  de  circonstances,  arrîTant  par 
degrés  à  la  plus  haute  expression  de  la  gran- 
deur. Uélémenl  principal  de  ces  trois  ouvrages 
est  la  progression  de  l*intérél,  mais  d^un 
intérêt  de  nature  très-différente.  Les  beautés 
de  sentiment  et  les  beautés  de  conception 
constituent  les  deux  grandes  divisions  esthé- 
tiques de  la  musique  théâtrale;  car  sMl  y  a  un 
art  de  sentiment,  il  y  a  aussi  un  art  de 
pensée.  Trois  facultés  de  Torganisation  hu- 
maine, i  savoir,  Timagination,  la  sensibilité 
et  la  raison,  correspondent  aux  trois  condi- 
tions qui,  tour  à  tour,  dominent  dans  les  pro- 
duits de  Part  dramatique,  c*est-à-dire,  Tidéal, 
le  passionné  et  le  vrai  relatif  au  sujet.  L*ima- 
gi nation  s'allie  tantôt  an  sentiment,  tantj^t  à 
la  raison  :  dans  le  premier  cas,  elle  nous 
émeut  d^une  impression  vive,  mais  vague  dans 
son  objet  et  en  quelque  sorte  indéfinissable  ; 
dans  Pautre,  elle  s*élève  Jusqu'au  grandiose 
et  nous  saisit  de  Tidée  de  puissance.  Or,  c^est 
le  premier  de  ces  effets  qui  domine  dans  la 
scène  d*amour  du  quatrième  acte  des  ffugnê- 
nots,  c'est  Tautre  qui  se  produit  dans  la  con- 
ception du  Prophète.  De  ces  deux  formes  de 
Part,  Pune  n*a  pas  d'avantage  sur  l'autre  ; 
leur  mérite  relatif  consiste  dans  une  juste 
application  au  sujet.  Ému  par  l'exaltation  de 
l'amour  qu'il  avait  à  exprimer,  le  grand  mu- 
sicien a  trouvé,  pour  le  sentiment  dont  les 
amants  sont  pénétrés,  des  accents  de  ten- 
dresse, de  passion  et  même  de  volupté,  dont 
le  charme  est  Irrésistible;  mais  placé  en  face 
des  caractères  vigoureux  du  seizième  siècle, 
ainsi  que  de  la  rudesse  des  mœurs  de  ce  temps, 
et  ayant  i  colorer  le  tableau  d'une  des  époques 
les  plus  saisissantes,  par  le  merveilleux  accord 
de  circonstances  extraordinaires,  l'artiste 
s'est  pénétré  de  la  nécessité  de  donner  à  son 
œuvre  le  grand  caractère  qui  s'y  développe 
progressivement,  afin  de  frapper  l'imaghia- 
tion  des  spectateurs  et  de  saisir  leur  esprit  de 
la  vérité  objective  du  sujet  représenté.  Cette 
œuvre  est  donc  le  fruit  de  ralliance  de  l'ima- 
gination et  de  la  raison,  et  non  celle  de  la 
première  de  ces  facultés  avec  la  sensibilité. 
Rien  ne  peut  mieux  faire  naître  l'idée  de  la 
grandeur  et  de  la  puissance  du  talent  que  le 
développement  du  motif  si  simple  :  Le  voilà 


le  roi  propfiète,  chanté  par  les  enfants  de 
chœur,  dans  la  cathédrale  de  Munster,  au  qua- 
trième acte,  et  qui,  transformé  de  diverses 
manières  dans  les  scènes  suivantes,  finit  par 
devenir  le  thème  principal  des  formidables 
combinaisons  du  finale.  Meyerbeer  seul  par- 
vient à  ces  effets  de  progression  foudroyante. 

Après  le  succès  du  Prophète,  Meyefbeer 
retourna  à  Berlin  et  y  écrivit,  sur  une  poésie 
du  roi  Louis  de  Bavière,  une  grande  cantate 
pour  quatre  voix  d'hommes  et  chœur,  avec 
accompagnement  d'instruments  de  cuivre, 
sous  le  titre  de  Bayetiecher  SchUtxen  M(irteh 
(Marche  des  archers  bavarois).  Cet  ouvrage 
Ait  suivi  d'une  ode  au  célèbre  sculpteur 
Raucb,  à  l'occasien  de  rinauguration  de  la 
statue  de  Frédéric  le  Grand,  composition  de 
grande  dimension  avec  solos  de  chant,  chœur 
et  orchestre,  qui  fat  exécutée,  le  4  juin  185j, 
à  l'Académie  royale  des  beaux-arts  de  Berlin. 
Dans  la  même  année,  l'illustre  compositeur 
écrivit  un  hymne  de  fête  à  quatre  voix  et 
chœur  (a  Capella),  qui  fut  exécntée  au  palais 
pour  le  vingt-cinquième  anniversaire  du  ma- 
riage du  roi  de  Prusse,  Frédéric- Guil- 
laume IV. 

L'altération  sensible  de  la  santé  de  Meyer- 
beer, vers  la  fin  de  1851,  l'obligea  à  suspendre 
ses  travaux.  Au  commencement  de  l'été  de 
l'année  suivante,  il  alla  prendre  les  eaux  de 
Spa,  dont  l'usage  lui  a  toujours  été  favorable. 
Il  s'y  condamna  à  l'observation  rigoureuse 
du  régime  indiqué  par  les  médecins,  faisant 
de  longues  promenades  solitaires  le  malin  et 
le  soir,  tantôt  à  pied,  tantôt  monté  sur  an  4ne. 
Dans  les  longs  séjours  qu'il  a  faits  i  Spa,  pen- 
dant plusieurs  années  consécutives,  le  maître 
est  resté  presque  continuel fement  isolé,  n'ap- 
prochant jamais  des  salles  de  réunion  et  de 
jeu,  prenant  du  repos  après  ses  promenades 
et  ses  repas,  travaillant  menulement  pendant 
qu'il  marche,  ne  recevant  pas  de  visites  pour 
n'être  pas  interrompu  quand  il  écrit,  mais 
allant  voir  lui-même  ses  amis  lorsqu'il  y  a  de 
l'amélioration  dans  sa  santé,  se  promenant 
avec  eux  et  causant  volontiers  de  tout  autre 
chose  que  de  musique.  Meyerbeer  est  la  grande 
figure  de  Spa  pendant  la  saison  des  eaux, 
lorsqu'il  s'y  rend  :  on  se  le  montre  de  loin, 
et  l'on  entend  dire  de  toutes  parts  :  Aoez^ 
voue  vu  Meyerbeer?  Chaque  ouvrage  nouveau 
qu'il  met  en  scène  lui  rend  nécessaire  l'air 
pur  des  montagnes  qui  entourent  ce  séjour, 
ou  bien  les  solitudes  de  Schwalbach,  le  calme 
de  ses  promenades  et  l'effet  salutaire  des  eaux 
cl  du  régime  ;  car  chacun  de  ses  succès  amène 


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MEYERBEER 


il! 


une  altération  sensible  de  sa  santé.  Les  répé- 
tilions  qu*il  fait  faire  avec  des  soins  incon- 
nus aux  autres  compositeurs,  et  les  morceaux 
nouveaux  qu^il  écrit  avec  rapidité  pendant 
les  éludes  de  Touvrage,  lui  occasionnent  une 
grande  fatigue.  A  voir  son  exquise  politesse 
envers  les  artistes  de  la  scène  et  de  Porchestre 
pendant  les  répétitions,  on  nMmaginerait  pas 
ce  quMI  y  a  de  souffrance  et  dMmpatience  dans 
son  âme,  lorsque  les  fautes  de  Texécntion 
gâtent  l'effet  qu'il  s'est  proposé  et  qu'il' veut 
obtenir  à  tout  prix.  Cette  contrainte  agit 
d'une  manière  pénible  sur  son  organisation 
nerveuse.  Quand  la  première  représentation 
l'a  affranchi  de  ces  douloureuses  étreintes,  de 
nouveaux  soins  viennent  le  préoccuper;  car 
alors  commencent  les  luttes  de  ses  convictions 
et  de  sa  conscience  d'artiste  avec  les  jugements 
de  la  critique  qui  rarement,  il  faut  le  recon- 
naître, possède  les  connaissances  nécessaires 
pour  se  placer  au  point  de  vue  de  sa  philo- 
sophie de  l'art,  et  qui,  parfois  aussi,  subit  les 
influences  peu  bienveillantes  des  coteries,  dont 
les  colères  ne  manquent  Jamais  d'éclater  contre 
l'auteur  toujours  heureux.  Des  maux  aigus,  ou 
tout  au  moins  l'aballeroent  des  forces,  .«succè- 
dent à  ces  crises  ;  c'est  alors  que  Meyerbeer 
éprouve  le  besoin  impérieux  de  se  séparer  du 
monde,  de  se  retremper  et  de  puiser  dans  le 
calme  et  dans  les  soins  donnés  à  sa  santé, 
l'énergie  nécessaire  pour  des  luttes  nouvelles. 

Depuis  longtemps,  il  s'était  proposé  d'a- 
Iwrder  la  scène  de  l'Opéra  Comique  et  d'es- 
sayer son  talent  dans  le  domaine  de  la 
comédie.  A  cette  pensée  s'était  associée  celle 
de  trouver  un  cadre  à  la  scène  française  pour 
y  introduire  une  partie  de  la  musique  du 
Camp  de  Silésie;  mais,  ainsi  qu'on  l'a  vu 
pour  d'autres  ouvrages,  le  sujet  de  VEtoile 
du  JYord,  choisi  dans  ce  but,  a  fini  par  trans- 
former les  idées  du  compositeur,  et,  de  toute 
la  partition  du  Camp  de  Silésie,  il  n'est  resté 
que  six  morceaux  dans  la  partition  française. 

VÈtoile  du  Nord  fut  représentée  à  Paris, 
le  16  février  1854.  Dès  le  premier  soir,  le 
succès  fut  décidé  ;  les  tnorceaux  principaux  de 
la  partition  furent  accueillis  avec  des  trans- 
l>orts  d'enthousiasme;  deux  cent  cinquante 
représentations  n'en  ont  pas  diminué  l'effet. 
Cependant,  l'entreprise  avait  été  hasardeuse 
pour  le  maître;  car  ce  ne  fut  pas  sans  un  vif 
déplaisir  que  les  compositeurs  français  lui 
virent  aborder  une  scène  qui  semblait  devoir 
lui  être  interdite  par  la  nature  même  de  son 
talen^.  Depuis  longtemps,  l'opéra  comique  est 
considéré  avec    raison   comme    l'expression 


exacte  du  goût  français  eo  musique.  Pour  y 
obtenir  des  succès,  il  y  faut  porter  des  qualités 
plus  fines,  plus  élégantes,  plus  spirituelles 
que  passionnées  ;  qualités  qui  ne  paraissaient 
pas  appartenir  au  talent  de  Meyerbeer,  dont 
l'expression  dramatique  eit  éminemment  le 
domaine.  En  voyant  ce  talent  s*engager  dans 
une  voie  qui  n'avait  pas  été  la  sienne  jus- 
qu'alors, il  n'y  eut  pas  seulement  du  mécon- 
tentement parmi  les  artistes  :  l'espoir  conso- 
lant d'une  chute  s'empara  de  leur  esprit.  Cer- 
tains journaux  s'aceocièrentàces  sentiments; 
ils  atténuèrent  le  succès  autant  que  cela  se 
pouvait,  affectant  de  le  considérer  comme  le 
résultat  de  combinaisons  habiles,  et  prédisant, 
comme  on  l'avait  fait  pour  les  autres  ouvrages 
du  maître,  la  courte  durée  de  ce  même  succès* 
Cette  fois  encore,  les  prédictions  se  trouvèrent 
démenties  ]Nir  le  fait,  de  la  manière  la  plus 
éclatante.  En  général,  la  critique  n'a  pas  été 
favorable  à  Meyerbeer;  pendant  trente  ans 
environ,  elle  s'est  exercée  sans  ménagement 
sur  son  talent  et  sur  ses  productions  ;  mais  il 
est  remarquable  que  la  plupart  de  ses  juge- 
ments ont  été  cassés  par  le  public.  J'entends 
ici  par  le  public  les  habitants*  de  tous  les 
pays  ;  car  la  légitimité  des  succès  n'est  inat- 
taquable qu'autant  que  le  suffrage  universel  la 
constate. 

Les  mêmes  dispositions  des  artistes  et  de  la 
presse,  les  mômes  circonstances,  le  même  ré- 
sultat, se  reproduisirent  lorsque  Meyerbeer  fit 
représenter  à  l'Opéra-Comique  de  Paris,  le 
4  avril  1859,  un  nouvel  ouvrage  Intitulé  :  le 
Pardon  de  Ploërmel.  A  vrai  dire,  il  n'y  a  pas 
de  pièce  dans  cette  légende  bretonne  mise  sur 
la  scène  :  tout  le  mérite  du  succès  appartient 
au  musicien.  Ce  succès  n'a  pas  eu  moins 
d'éclat  que  les  précédents  obtenus  par  l'illustre 
compositeur.  Son  talent  n'y  avait  pas  trouvé, 
comme  dans  les  ouvrages  précédents,  à  faire 
usage  de  ses  qualités  de  grandeur  et  de  force  ; 
c'est  par  un  certain  charme  mélancolique,  la 
grâce  et  l'élégance,  qu'il  y  brille  ;  mais,  bien 
que  le  style  soit  différent,  le  maître  [s'y  fait 
reconnaître  par  mille  détails  remplis  d'intérêt 
dont  lui  seul  a  le  secret. 

Dans  le  conflit  d'opinions  diverses  qui  s'est 
produit  depuis  le  premier  grand  succès  de 
Meyerbeer,  une  seule  chose  n'a  pas  été  con- 
testée, à  savoir,  l'originalité  de  son  talent.  Ses 
antagonistes  les  plus  ardents  ne  la  lui  ont  pas 
refusée.  On  a  dit  qu'il  n'a  pas  d'inspiration 
spontanée  ;  que  ses  mélodies  manquent  de  na- 
turel et  qu'il  se  complaît  dans  les  bizarreries; 
enfin,  on  lui  a  reproché  de  faire  apercevoir 


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lâS 


MEYERBEER 


partout  dans  sa  musique  Tesprit  de  combi- 
naison et  d^analyse  au  lieu  de  l^essoi*  d*une 
riche  imagination  ;  mais  personne  n^a  pu  lui 
refuser  celte  qualité  précieuse  d^une  manière 
si  originale  qu^elle  ne  rappelle  rien  de  ce 
qu*ont  fait  les  autres  maîtres.  Tout  cequMI  a' 
mis  dans  ses  ouvrages  lui  appartient  en  propre; 
caractère,  conduite  des  idées,  coup^  des 
scènes,  rhylhmes,  modulations,  instrumen- 
tation, tout  est  de  Meyerbeer  et  de  lui  seul, 
dans  Robert  le  Diable,  dans  les  Huguenots, 
dans  le  Prophète,  dans  Struensée,  dans 
V Étoile  du  Nord  et  dans  Us  Pardon  dePloër- 
mel.  Que  faut-il  davantage  pour  être  compté 
au  nombre  des  plus  grands  artistes  mention- 
nés dans  rhistoire  de  la  musique?  Qu'on 
ajoute  à  cela  ses  succès  universels  et  prolon- 
gés, et  qu'on  Juge  de  ce  qui  reste  de  l'opposi- 
tion que  ses  adversaires  lui  font  depuis  si 
longtemps  ! 

Un  dernier  ouvrage  de  Meyerbeer  est  attendu 
depuis  longtemps  ;  il  eut  d'abord  pour  titre  : 
^Africaine;  mais  les  auteurs  du  livret  ayant 
refait  la  pièce,  lui  ont  donné  le  nom  de  Fasco 
de  (?ama.  L'affaiblissement  progressif  du  per- 
sonnel chantant  du  théâtre  de  l'Opéra  de 
Paris,  depuis  1845,  a  décidé  le  compositeur  à 
relarder  la  représentation  de  son  œuvre  jus- 
qu'au moment  oit  celte  notice  est  écrite  (1862). 

Membre  de  l'Institut  de  France,  de  l'Aca- 
démie royale  de  Belgique,  de  celle  des  beaux- 
arts  de  Berlin,  et  de  !  a  plupart  des  académies 
et  sociétés  musicales  de  l'Europe ,  Meyerbeer 
est  premier  maître  de  chapelle  du  roi  de 
Prusse.  Il  est  décoré  de  l'ordre  du  Mérite  de 
Prusse,  qui  n'a  qu'un  seul  grade;  et  comman- 
deur des  ordres  de  la  Légion  d'honneur,  de 
Léopold,  de  Belgique,  et  de  la  Couronne  de 
Chêne,  de  Hollande  ;  chevalier  de  l'ordre  du 
Soleil,  de  Brésil,  de  l'Étoile  Polaire,  de  Suède, 
de  l'ordre  de  Henri  de  Brunswick,  et  de  plu- 
sieurs autres. 

La  liste  générale  des  œuvres  de  ce  maître  se 
compose  de  la  manière  suivante  :  Opêbas  et 
MVSiQUB  DRAMATIQUE  :  \^  Lcs  Amourt  de  The- 
velinde  (en  allemand),  monodrame  pour  so- 
prano, chœur  et  clarinette  obligée,  dont  l'in- 
strumentiste figurait  comme  personnage  du 
drame,  exécuté  à  Vienne,  en  1815,  par  made- 
moiselle Harlass  etBaermann.  ^^  jibimeleck, 
ou  les  Deux  Califes  (en  allemand  Wirth  und 
Gast)^  opéra  bouffon  en  deux  actes,  au  théâtre 
de  la  cour  de  Vienne,  en  1813.  3®  Bomilda  c 
Costanza,  opéra  sérieux  italien,  représenté, 
le  10  juillet  1813,  au  théâtre  Nuovo  de  Pa- 
doue.  4? Semiramide  riconosciuta,  opéra  sé- 


rieux de  Métastase,  représenté  au  théâtre 
royal  de  Turin,  pour  le  carnaval  de  1819. 
5<>  Emma  di  Resburgo,  opéra  sérieux,  repré- 
senté, pendant  la  saison  d'été,  au  théâtre  San 
Benedetlo  de  Venise,  et  traduit  en  allemand 
sous  le  titre  d^Emma  di  Leicester.  ^  Mar- 
gherita  d* Anjou,  opéra  semi-seria,  de  Ro- 
mani, représenté  au  théâtre  de  la  Scala,  à 
Milan,  le  14  novembre  1890,  puis  traduit  en 
allemand  et  en  français.  7«  L'Esule  di  Gra- 
nata,  opéra  sérieux  de  Romani,  représenté 
an  même  théâtre,  le  13  mars  1833.  8«  M- 
manzor,  opéra  sérieux  de  Romani,  écrit  â 
Rome  dans  la  même  année,  mais  non  terminé, 
à  cause  d'une  maladie  sérieuse  du  maître, 
9^  La  Porte  de  Brandebourg  y  opéra  alle- 
mand en  un  acte,  écrit  i  Berlin,  en  1835, 
mais  non  représenté.  10*  Jl  CrocicUo  in 
Egitto,  opéra  héroïque,  de  Rossi,  représenté 
au  théâtre  de  la  Fenice,  â  Venise,  au  carna- 
val de  1834.  11«  Robert  le  Diable,  opéra  faa- 
tastique  en  cinq  actes,  par  Scribe  etBelavigae, 
représenté  à  l'Académie  royale  de  musique  de 
Paris,  le  31  novembre  1831.  En  1839,  Meyer- 
beer y  a  ajouté  une  scène  et  une  prière  pour 
le  ténor  Mario,  dans  la  traduction  italienne. 
13«  Les  Huguenots,  opéra  sérieux  en  cinq 
actes,  de  Scribe,  représenté  au  métdt  théâtre, 
le  21  février  1836.  Le  r6le  du  page,  chanté 
par  l'Alboni,  à  Londres,  en  1848,  a  été  aug- 
menté d'un  rondo,  par  Meyerbeer.  13«  Le 
Camp  de  Silésie,  opéra  allemand  de  Rellstab, 
représenté  le  7  décembre  1840,  pour  l'ouver- 
ture du  nouveau  théâtre  royal  de  Berlin. 
14*  Struensée^  musique  pour  la  tragédie  de 
ce  nom,  composée  d'une  grande  ouverture, 
de  quatre  entr*actes  très-développés,  dont  un 
avec  chœur,  et  de  scènes  de  mélodrame,  exé- 
cutée â  Berlin,  le  10  septembre  1846,  pour 
l'ouverture  du  théâtre  royal.  15»  Le  Prophète, 
opéra  sérieux  en  cinq  actes,  représenté  à 
l'Académie  nationale  de  musique,  le  16  avril 
1849.  16*  L'Étoile  du  Nord,  opéra  de  demi- 
caractère,  en  trois  actes,  de  Scribe,  représenté 
au  théâtre  de  l'Opéra-Comique  de  Paris,  le 
16  février  1854.  17*  Le  Pardon  de  Ploërmel, 
opéra  comique,  représenté  à  Paris,  le  4  avril 
1859.  1^^  L'Africaine,  grand  opéra  en  cinq 
actes,  refait  sur  un  sujet  nouveau,  et  non  en- 
core représenté.  —  Obatoaios:  19*  Dieu  et  la 
Nature^  oratorio  allemand,  exécuté  à  Berlin, 
le  8  mal  1811.  20*  Ze  Fœude/ephtë,  ora-  ' 
torio  en  trois  actes  et  en  action,  représenté  au 
théâtre  royal  de  Munich,  le  37  janvier  1813. 
—  Cantates  :  21*  Sept  cantates  religieuses  de 
Klopstock,  à  quatre  voix  sans  accompagnc- 


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MEYERBEER  —  MEYNNE 


129 


ment.  ^'^  A  Dieu,  bymne  de  Gubitz  à  quatre 
voii.  23«  Le  Génie  de  la  muiique  à  la  tombe 
de  Beethoven,  solos  avec  chœ^Ms.  24*»  Cantate 
à  quatre  voix  avec  chœur  pour  Tinauguration 
de  la  statue  de  Guttenberg,  à  Mayence,  exécu- 
tée, en  1838,  par  un  chœur  de  douze  cents 
Toix  d^hommes.  35®  La  Fête  à  la  cour  de 
Ferrare,  grande  cantate,  avec  des  tableaux, 
•  composée  pour  une  fête  donnée  par  le  roi  de 
Prusse,  à  Berlin,  en  1843.  36''  Marie  et  son 
génie,  cantate  pour  des  voix  soloi  et  chœur, 
composée  pour  les  fêtes  du  mariage  du  prince 
Charles  de  Prusse.  27®  La  Fiancée  conduite 
à  sa  demeure  (sérénade),  chant  à  huit  voix 
(a  capella),  pour  le  mariage  de  la  princesse 
Louise  de  Prusse  avec  le  grand-duc  de  Bade. 
38®  Marche  des  archers  bavarois  y  grande 
cantate,  poésie  du  roi  Louis  de  Bavière,  à 
quatre  voix  et  chœur  d^hommes,  avec  accom- 
pagnement d*instruments  de  cuivre,  exécutée 
à  Berlin,  en  1850.  30®  Ode  au  sculpteur 
Rauch,  pour  voix  solos,  chœur  et  orchestre, 
exécuté  à  TÂcadémie  des  beaux-arts  de 
Berlin,  le  4  juin  1851,  à  Toccasion  de  Tinau- 
guralion  de  la  statue  de  Frédéric  le  Grand. 
50®  Hymne  de  fêle  à  quatre  voix  et  chœur, 
chantée  le  4  juin  1851,  au  palais  royal  de  Ber- 
lin, pour  le  vingt-cinquième  anniversaire  du 
mariage  du  roi  de  Prusse.  31  ®  Amitié,  quatuor 
pour  voix  d'hommes. — Hdsiqub  relicieuse  : 
32®  Le  91®  psaume  à  huit  voix,  composé  pour  le 
chceur  de  la  cathédrale  de  Berlin,  et  publié  en 
partition,  à  Paris,  chez  Brandus  et  C®. 
53®  Douze  psaumes  à  deux  chœurs  sans  accom- 
pagnement, non  publiés.  34®  Stabat  Mater 
(inédit).  35®  Miserere  (idem).  36®  Te  Deum 
(idem).  37®  Pater  Noster  (a  capella).  — Mélo- 
dies (avec  accompagnement  de  piano)  :  38®  Le 
Maine,  pour  voix  de  basse.  39®  La  Fantaisie. 
40®  Le  Chant  de  mai.  41®  Le  Poëte  mourant. 
42®  La  Chansofi  de  Floh,  43®  Le  Cantique 
du  Dimanche.  44®  Ranx  des  Fâches  d'Jp- 
peniell,  à  deux  voix.  45®  Le  Baptême.  46°  Le 
Cantique  du  Trappiste,  pour  voix  de  basse. 
47®  Le  Pénitent.  48®  La  Prière  des  Enfants, 
à  trois  voix  de  femmes.  49®  La  Fille  de  Vair. 
50®  Les  Souvenirs.  51®  Suleïka.  52®  Le  Si- 
rocco. 53®  Le  Premier  Amour.  54®  Elle  et 
Moi.  55®  La  Sicilienne.  56®  A^  une  jeune 
Mère.  57®  Nella.  58®  Printemps  caché. 
59®  La  Barque  légère.  60®  La  Mère^grand*, 
à  deux  voix.  61®  Ballade  de  la  reine  Mar- 
guerite de  Falois.  62®  Le  Fotu  pendant 
l'orage.  63®  Les  Feuilles  de  rose.  64®  Le 
Fou  de  Saint- Joseph.  65®  Bachelà  Nephtali. 
66®  La  Marguerite  du  poêle.  67®  La  Séré- 

BIOCK.  VRIV.  DES  HDSICIERS.  T.  TI. 


nade.  68®  Sur  le  balcon.  60®  La  Dame  invi- 
sible^  à  deux  voix.  70®  Chanson  des  Moisson- 
neurs vendéens.  71®  Le  Délire.' 7^  Seul. 
73»  C'est  eUe.  74®  Guide  au  bord  ta  nacelle. 
75®  Le  Jardin  du  ccntr.  76®  Mina,  chant 
des  gondoliers  vénitiens.  Tous  ces  morceaux 
ont  été  réunis  avec  le  Génie  de  la  musique 
au  tombeau  de  Beethoven,  dans  le  recueil  in- 
titulé :  Quarante  Mélodies  d  une  et  plusieurs 
voix,  etc.;  Paris,  Brandus,  1849,  un  volume 
gr.  in-8®.  77®  Neben  dir  (Près  de  toi),  Lied 
pour  ténor  avec  violoncelle  obligé.  78®  Der 
Jàger  Lied  (le  Chant  du  chasseur),  pour  voix 
de  basse,  avec  des  cors  obligés.  79®  Dichters 
fFahlspraeh  (Devise  du  poète),  canon  à  trois 
voix.  80®  A  Fenezia,  barcarolle.  81®  Des 
Schafers  Lied  (Chanson  du  berger),  pour 
ténor  avec  clarinette  obligée.  82®  Trois  chan- 
sons allemandes,  Murillo,  les  Lavandières, 
Jaundnein  (Oui  et  non).  83®  Beaucoup  de 
pièces  vocales  pour  des  albums,  et  autres 
choses  de  moindre  importance.  —  Musi(^iie 
insTBUMEiiTALE  ;  84®  Première  danse  aux 
/lambeaux  pour  un  orchestre  d*instruments 
de  cuivre,  composée  pour  les  noces  du  roi  de 
Bavière  avec  la  princesse  Guillelmine  de 
Prusse,  en  1846.  85®  Deuxième  danse  aux 
flambeaux',  pour  les  mêmes  instruments, 
composée  pour  les  noces  de  la  princesse  Char- 
lotte de  Prusse,  en  1850.  86®  Troméme  danse 
aux  flambeaux,  pour  les  mêmes  instruments, 
composée  pour  les  noces  de  la  princesse  Anne 
de  Prusse^en  1853. 87®  Plusieurs  morceaux  de 
piano,  composés  à  Page  de  dix-sept  ans,  pen- 
dant le  premier  voyage  de  Tauteur  à  Vienne, 
f  Plusieurs  biographies  de  Meyerbeer  ont  été 
publiées  ;  celles  qui  offrent  de  Tintérêt,  soit 
par  les  faits,  soit  par  le  mérite  du  style,  sont  ; 
1®  i!f.  Meyerbeer,  par  un  homme  de  rien 
(M.  Louis  de  Loménie)  ;  Paris,  1844,  in-8®. 
2®  Notice  biographique  sur  la  vie  et  les  tra- 
vaux de  M.  Meyerbeer;  Paris,  1846,  in-8®. 
3®  Pawlowski  (W.),  Notice  biographique  sur 
G.  Meyerbeer;  Paris,  1849,  in-8®.  (Extrait  de 
VEurope  thédtrale.)  4®  J.-P.  Lyser,  Giaeomo 
Meyerbeer.  Sein  Streben,  sein  Wirken  und 
seine  Gegner  (Giaeomo  Meyerbeer,  sa  force 
(de  production),  son  influence  et  ses  adver- 
saires). Dresde,  1838,  in-8®  de  61  pages. 

]|I£YIV]^£  (Guillaume)  ,  compositeur  et 
professeur  de  piano  à  Bruxelles,  né  à  Nieu- 
port,  le  6  février  1821,  reçut  les  premières 
leçons  de  musique  d'un  maître  d'école  de  cette 
pelitp  ville,  puis  il  alla  les  continuer  chez 
M.  Berger,  organiste  à  Bruges.  A  Page  de 
treize  ans,  il  fut  admis  comme  élève  au  Con- 

0' 


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130 


MEYNNE  —  MEZGER 


servaloire  de  Bruxelles  et  y  reçut  des  leçons 
de  piano  de  Michelol  :  l^auteur  de  cette  no- 
tice lui  enseigna  le  contrepoint.  En  1854,  il 
obtint  le  second  prix  de  piano  au  concours; 
deux  ans  après  le  second  prix  de  composition 
lui  fut  décerné,  et  le  premier  lui  fut  donné  en 
1857.  Peu  de  temps  après,  il  se  rendit  à  Paris, 
pour  Y  perfectionner  son  talent  de  pianiste, 
et  pendant  le  séjour  d*une  année  qu*il  y  fit, 
il  jreçut  des  conseils  d*Halévy.  De  retour  à 
Bruxelles,  il  s*y  livra  à  renseignement  et  cul- 
tiva la  composition  dans  les  moments  de 
loisir  que  lui  laissaient  ses  nombreux  élèves. 
Doué  d^une  heureuse  organisation  musicale, 
que  rétude  des  belles  œuvres  classiques  a 
perfectionnée,  cet  artiste  distingué  commença 
à  se  faire  connaître  par  des  compositions  pour 
le  chant  et  le  piano,  dont  on  a  publié  :  1®  Duo 
pour  ténor  et  basse  ;  Bruxelles,  Lahon.  ^  Air 
pour  basse  avec  accompagnement  de  piano; 
ibid.  3«  Première,  deuxième  et  troisième  fan- 
taisie pour  piano;  Bruxelles  et  Mayence, 
Schott  frères.  4*  Huit  valses  pour  piano;  ibid. 
5<*  Le  Rêve,  romance;  ibid.  6<»  Dix  morceaux 
pour  piano,  sous  différents  titres;  Bruxelles, 
Meynne  aîné.  7^  Recueil  dVxercices  et  de 
gammes  pour  piano;  ibid,  8*>  Duo  pour  piano 
et  violoncelle  ;  ibid.  9<>  Diverses  romances  avec 
accompagnement  de  piano;  ibid.  10<*  Quinze 
morceaux  faciles  pour  piano,  sous  le  pseudo- 
nyme de  Novarre,  Ces  légères  productions 
ont  obtenu  un  succès  de  vogue.  1 1«  Tarentelle 
pour^  piano;  Paris,  Brandus.  IS^  Duo  sur 
Martha,  pour  piano  et  violoncelle;  ibid.  Une 
cantate  avec  chœur  et  orchestre  {Marie- 
Stuart)j  composée  par  H.  Meynne,  fut  exé- 
cutée, en  1837,  au  concert  de  la  distribution 
"  des  prix  du  Conservatoire,  sous  la  direction 
derauteur  de  cette  notice.  En  1841 ,  M.  Meynne 
concourut  pour  le  grand  prix  de  composition 
institué  par  le  gouvernement  belge,  et  obtint 
le  second  prix  pour  la  cantate  intitulée  Sar- 
danapale.  La  cantate  intitulée  MoiSBy  qu^il 
composa  quelques  années  plus  tard,  fut  exé- 
cutée au  Temple  des  Augustins.  En  1845,  il 
écrivit,  en  collaboration  de  Théodore  Jouret, 
une  musique  sur  Topera  comique  le  Médecin 
Turc,  et  Touvrage  fut  représenté  avec  succès 
sur  un  théâtre  de  société  :  le  célèbre  violoniste 
de  Bériot  dirigeait  Torchestre.  M.  Meynne  a 
en  manuscrit  plusieurs  morceaux  de  piano  et 
de  chant;  deux  trios  en  quatre  parties  pour 
piano,  violon  et  violoncelle;  compositions 
d'un  ordre  très-distingué  ;  un  duo  pour  piano 
et  violoncelle  sui^  des  motifs  de  Joseph,  de 
Méhul  ;    une    romance    sans   paroles    pour 


violoncelle  et  piano  ;  mais  ses  ouvrages  les 
plus  importants  sont  :  \^  Une  première  sym- 
phonie à  grand  orchestre  ;  ^  une  ouverture 
idem;  3<*  un  grand  morceau  de  concert  pour 
flûte  et  orchestre.  Ces  trois  œuvres,  qui  font 
le  plus  grand  honneur  au  talent  du  composi- 
teur, ont  été  exécutés  dans  les  concerts  du 
Conservatoire  de  Bruxelles,  et  y  ont  obtenu 
de  véritables  succès,  par  PoriginalUé  des  idées  * 
et  par  le  mérite  de  la  forme.  4«  Deuxième 
symphonie  (en  wii),  inédite. 

lUEYSEI^BERG  (Charles),  fils  d'un  fac- 
teur de  pianos  de  Paris,  naquit  en  1785,  et  fut 
admis  comme  élève  au  Conservatoire,  eo 
1799.  Élève  d*Adam  pour  le  piano,  il  obtint 
le  premier  prix  de  cet  instrument  au  concours 
de  1805;  puis  il  étudia  la  composition,  sous 
la  direction  de  Méhul.  Après  s*étre  livré  pen- 
dant plusieurs  années  à  renseignement  du 
piano,  il  établit  une  maison  pour  le  commerce 
de  musique;  mais  il  mourut  peu  de  temps 
après  (vers  1838).  On  a  de  cet  artiste  :  1°  Ron- 
deau militaire  pour  piano  et  flûte;  Paris, 
Langlois.  2«  Trois  sonates  pour  piano  seul; 
Paris,  Louis.  5«  Concerto  pour  piano  et  or- 
chestre, op.  3  ;  ibid.  4°  Grande  sonate  pour 
piano  et  violon;  ibid.  5<>  Rondeau  pastoral 
pour  piano,  op.  5;  Paris,  Richault.  6^  Douze 
morceaux  faciles  et  brillants,  op.  6;  ibid. 
7°  Quadrilles  et  valses  tirés  du  Solitaire; 
Paris,  Langlois.  8«  Nouvelle  méthode  de 
piano  ;  ibid. 

31EZGËR  (Fbarçois),  pianiste  allemand, 
s'établit  à  Paris,  vers  1785.  On  voit  par 
répUre  dédicatoire  de  son  œuvre  quatrième  de 
sonates,  à  la  duchesse  d'Aumont,  quHl  était 
né  à  Pforzheim,  et  que  la  protection  de  celle 
dame  le  fixa  en  France.  Il  vivait  encore  à 
Paris,  en  1808;  mais  je  crois  qu'il  est  mort  peu 
de  temps  après.  Les  compositions  de  cet  ar- 
tiste ont  eu  du  succès  dans  leur  nouveauté  : 
elles  le  durent  principalement  à  leur  genre 
facile  et  mélodique.  Ses  ouvrages  les  plus 
connus  sont  :  1°  Sonates  pour  piano  et  violon, 
op.  4,  5,  6,  7,  9,  13,  17,  ââ,  au  nombre  de 
trente;  Paris,  chez  Tauteur;  Offenbach , 
André.  2«  La  Bataille  de  Fleurui,  idem,  ibid. 
S»  Trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle, 
op.  14;  ibi(jl.  4«  Sonates  faciles  pour  piano 
seul,  op,  18  ;  ibid.  5«  Airs  variés,  op.  10, 12, 
16;  ibid.  6<*  Divertissements  pour  piano  seul 
n»»  1  à  C;  ibid.  7*  Pots-pourris,  n®»  1,  2,  3; 
ibid.S^  Préludes  dans  tous  les  tons;  ibid. 
9«  Le  Hadeau^  ou  VEntrevue  de»  empereurs 
Napoléon  et  .Alexandre,  pièce  historique, 
ibid.  lO»  Quelques  morceaux  détachés. 


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MÉZIÈRRS  —  IVUCHAEL 


131 


MÉZIERES.  (ËtcÈNE-ÉLÉOKORE  DE  BÉ- 
TMIZY,  marquis  DE),  lieutenant  général, 
mort,  au  mois  de  juillet  1782,  à  Longwy,  dont 
il  était  gouTemear,  se  distingua  par  sa  bra- 
voure et  ses  talents  militaires  à  la  bataille  de 
Fontenoy  et  dans  les  guerres  de  Hanovre.  Sa 
bienfaisance  et  ses  autres  qualités  l'avaient  fait 
Fobjet  de  la  vénération  des  habitants  de  son 
gouvernement.  Les  arts  et  la  littérature  occupè- 
rent ses  loisirs.  Au  nérabre  de  ses  écrits ,  on 
trouve  celui  qui  a  pour  titre  :  Effets  de  Voir  sur 
le  corps  humain ,  considérés  dans  le  son,  ou 
discours  sur  la  nature  du  chant  ;  Amsterdam 
et  Paris ,  1760 ,  in-12  de  soixante  et  onze  pages. 
Faible  production  qui  ne  contient  que  des 
opinions  vagues  sur  la  théorie  de  la  musique, 
ou  sur  les  OBUvres  des  compositeurs  français 
du  temps  de  Tantenr,  et  dans  laquelle  on  ne 
trouve  rien  sur  les  effets  de  Tair  ni  sur  le 
chant.  II  ne  faut  pas  confondre  cet  opuscule 
avec  un  autre  qui  a  pour  titre  :  Essai  des 
effets  de  Vair  sur  le  corps  humain,  traduit 
de  l'ouvrage  anglais  d'Arbuthnot,  par  Bayer 
de  Perrandié;  Paris,  Barrois,  1742,  in-ia. 

MEZZOGORl  (Jean-Nicolas),  maître  de 
chapelle  à  Comachio  (Lombardie),  au  com- 
mencement du  dix-septième  siècle,  a  publié 
^e  sa  composition  :  1*»  Missa,  Motetti  e  un  Mi- 
serere a  quattro  voci;  Venetia,  Ricc.  Ama- 
dino,  1614,  in-4<*.  —  2*  La  céleste  sposa,  Terzo 
libro  degli  concerti  con  motetti  a  2,  3  «  4 
i^oci,'  ibid,  1616.  J'ignore  les  dates  de  publi- 
cation des  antres  livres.  —  3*  Salmi  festivi 
vespertifU  concert ati  a  4  voci;  in  Venezia, 
app.  Bart.  Magni,  1623,  in-4''. 

lilARI  (  ANTOINE  comte  DE  ) ,  d'une  an- 
cienne famille  de  Bel  lune ,  est  né  dans  cette  ville 
le  12  juin  1787.  Son  père ,  amateur  de  musique 
zélé,  encouragea  ses  disposition!»  pour  cet  art , 
et  lui  donna  à  l'âge  de  dix  ans  le  Vénitien  Mus- 
cbietti  pour  mattre  de  piano.  Il  apprit  seul  le 
violon,  et  lorsqu'il  eut  atteint  sa  dix-septième 
année  il  obtint  de  son  père  la  permission  d'aller 
étudier  à  Padoue  la  compositlom  près  du  P.  Sab- 
batini.  Pendant  deux  ans  il  resta  sous  la  direc- 
tion de  ce  maître,  puis  il  aciieva  ses  études  à 
Venise  avec  Ferdinand  Bertont  et  son  élève  Va- 
lesi.  Peu  de  temps  après  son  retour  dans  sa  ville 
natale,  il  y  écrivit  Seleno,  opéra  dont  il  flt  exé- 
cuter avec  succès  des  morceaux  à  Venise.  En- 
couragé dans  ce  premier  essai  par  Maycr  et  Pac- 
cliierotti,  il  se  hvra  depuis  lors  avec  ardeur  à  la 
composition ,  et  écrivit  plus  de  cent  soixante  ou- 
vrages de  tout  genre,  parmi  lesquels  on  remar- 
que sept  opéras  intitulr^s  :  1°  la  Mojlie  indiana; 
—  2"   H  Prigioniero;  —   3°   VAvaro;    — 


4*  Don  Quisciotte;  ^  S"*  La  Prova  in  amore; 
—  6"  La  Hotte  perigliosa  ;  —  T*  Fernando  e 
Adélaïde,  Les  compositions  du  comte  de  Miari 
pour  l'église  renferment  six  messes  solennelles , 
deux  messes  a  capella,  quatre  Requiemy  deux 
vêpres  complètes  avec  orchestre,  six  Miserere, 
une  messe  à  huit  voix  réelles,  VAgonie  du  Savr- 
veursur  la  croix,  oratorio.  Fleurs  de  meU  à 
la  Vierge  Marie,  huit  répons ,  une  litanie ,  trois 
motets,  cinq  Lamentations  de  Jérémie,le  61* 
psaume  et  dix-sept  graduels.  Ses  autres  ouvrages 
consistent  en  cinq  cantates  grandes  et  petites , 
des  airs  détachés,  deux  concertinos  pour  or- 
chestre complet,  trente  symphonies ,  six  con- 
certos pour  divers  instruments,  douze  sonates 
pour  le  piano ,  des  variations  et  fantaisies  pour 
le  même  instrument ,  dont  quelques-unes  ont  été 
publiées  à  Milan,  diez  Ricordi  et  ailleurs,  six  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse,  six  trios 
pour  les  mêmes  instniments,  etc.  Le  comte 
Miari  est  membre  des  sociétés  philharmoniques 
de  Bologne ,  Bergame ,  Turin,  Vérone  et  Venise. 
Il  réside  habituellement  dans  celte  dernière  ville, 
ob  il  a  rempli  les  fonctions  de  député  du  royaume 
lombardo-vénitien. 

MICHAEL  (Roger),  mattre  de  chapelle 
de  l'électeur  de  Saxe,  naquit  dans  les  Pays-Bas 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Après  la  mort 
du  maître  de  chapelle  Georges  Fœrster,  il  fut  ap- 
pelé à  Dresde,  en  XbS7,  i)our  lui  succéder.  Ses 
ouvrages  imprimés  sont  :  1°  Jntroitus  Domi- 
nicorum  dierum  ac  prœcipuorum  festorum 
electoratus  Saxonici  ecclesiis  usitatissimorum 
ad  modum  moieiarum,  quinque  vocibus 
expressi,  Leipsick,  1599,  in-4°  —  7?  Introilus 
anniversaruvi,  5  roc,  ibid.,  1004,  in-4". 

MICHAEL  (ToBie),  fils  du  précédent, 
mattre  de  chapelle  à  Sondershausen,  puis  can^or  et 
directeur  de  musique  à  Leipsick ,  naquit  à  Dresde 
le  15  juin  1592.  En  1601  il  fut  admis  dans  la  cha- 
pelle de  l'électeur  de  Saxe,  qui  le  fit  entrer  en  1609 
àTécole  de  Schulpforte  pour  le  préparer  aux  cours 
de  l'université.  Quatre  ans  après ,  son  père  le 
retira  de  ^ette  école  et  renvoya  à  Wiltenberg 
pour  faire  un  cours  de  théologie  :  il  s'y  fit  éga- 
lement remarquer  par  son  aptitude  aux  sciences, 
et  par  ses  connaissances  dans  la  musique.  De 
Wittenberg  il  alla  à  Jôna,  où  il  passa  quelques 
années.  Le  18  septembre  1619  la  place  de  maître 
de  chapelle  de  IVglise  de  la  Trinité,  nouvellement 
construite  à  Sondershausen,  lui  fut  confiée;  mais 
à  peine  arrive  dans  celte  ville,  il  vit  réduire 
en  cendres  cette  église  avec  l'orgue  excellent  qui 
s'y  trouvait,  et  une  partie  de  la  ville.  Ayant 
perdu  sa  place  par  cet  événement ,  il  ne  trouva 
de  ressources  que  dans  un  minime  emploi  à  la 

9. 


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132 


MICHAEL  —  MICHAELIS 


chancellerie.  En  1631,  on  rappela,  comme  mâUre 
de  cliapelle,  à  Leipsick  :  cette  place  améliora  sa 
situation  et  lui  fit  passer  le  reste  de  ses  jours  à 
Tabri  du  besoin  :  il  ne  connut  plus  diantre  mal 
que  la  goutte,  dont  il  souffrit  beaucoup,  et  qui 
le  conduisit  au  tombeau  le  26  juin  1657,  à  T&ge 
de  soixante-cinq  ans.  Son  occupation  comme 
compositeur  consista  principalement 'à  mettre  en 
musique  les  textes  moraux  de  la  Bible.  On  a  re- 
cueilli les  morceaux  de  ce  genre  qu'il  a  écrits, 
en  deux  volumes  qui  ont  pour  titre  :  Mtisika- 
lische-Seelenlust,  etc.  (  Joie  musicale  de  l'âme, 
où  se  trouvent  50  morceaux  allemands  de  con- 
cert à  plusieurs  voix  et  basse  continue)  , 
l"""  partie,  Leipsick,  1635;  2*  idem,  ibid.,  1637. 

MICHAEL  (  Samuel),  de  la  même  famille 
que  les  précédents,  naquit  à  Dresde  vers  la  fin 
du  seizième  siècle,  et  fut  organiste  à  Téglise 
Saint-Micolas,  de  Leipsick.  On  a  publié  de  sa 
composition  :  f"  Psalmodia  regia,  ou  Maximes 
de  vingt-cinq  psaumes  de  David,  à  2,  3,  4  et 
5  parties,  tant  pour  les  voix  que  pour  les 
instruments  (en  allemand);  Leipsick^  1632, 
in-4**.  —  2*^  PaTanes  et  gailiiardes  pour  divers 
instruments,  f  et  2*  partie,  ibid. 

MICHAELIS  (Daniel  ) ,  compositeur,  né  à 
£isleben  dans  la  deuxième  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle ,  a  publié  un  recueil  intitulé  :  Musi- 
calienvonschœnen  wohlriechenden  Blumlein^ 
so  m  Lustgarten  des  heil.  Geistes  getoacïisen, 
mit  3  Stimmen  (  Musique'  composée  de  fleurs 
odorirérantes  venues  dans  le  parterre  du  Saint- 
Esprit,  à  3  voix);  Rostock,  1616,  in-4*. 

MICHAELIS  (Chrétiem- Frédéric),  fils 
d*un  musicien  de  Leipsick,  naquit  dans  cette 
ville  en  1770.  Élevé  en  1793  au  grade  demagister, 
il  ouvrit  un  cours  particulier  de  philosophie. 
En  1801  il  accepta  une  place  de  précepteur  chez 
le  chambellan  de  Rochow ,  à  Plessow,  près  de 
Potsdam.  En  1803  il  alla  remplir  des  fonctions 
semblables  à  Dresde,' puis  il  retourna  à  Leipsick, 
où  il  reprit  son  cours  de  philosopiiie ,  particu- 
lièrement sur  l'esthétique  musicale ,  à  laquelle 
il  s'efforçait  de  donner  le  caractère  d'une  science 
systématique.  Ses  dernières  années  furent  trou- 
blées par  des  souffrances  aiguës  qui  développè- 
rent en  lui  une  hypocondrie  habituelle.  Il  est 
mort  à  Leipsick  le  1*'  ao6t  1834,  à  Tâge  de 
soixante-quatre  ans.  Amateur  passionné  de  mu- 
sique ,  il  avait  étudie  le  piano  et  Tharmonie  sous 
la  direction  de  Yeidenhammer,  de  Burgmiiller  et 
de  Gœrneck ,  et  Ruhr  lui  avait  donné  des  le- 
çons de  violon.  Quelques  petites  compositions 
pour  le  violon,  la  flûte  et  la  guitare  lui  sont  at- 
tribuées dans  le  Manuel  ou  Catalogue  de  toute 
la  mnsitiue  imprimée,  de  Whistling;  mais  je  crois 


que  c'est  par  erreur,  et  que  ces  morceaux  ap- 
partiennent à  un  autre  musicien  du  même  nom 
qui  parait  avoir  demeuré  à  Brunswick.  C'est 
surtout  comme  écrivain  sur  la  musique  que  Mî- 
chaelis  s'est  fait  connaître,  par  une  multi- 
tude d'écrits,  de  traductions  et  d'articles  de 
journaux.  A  l'époque  où  il  fit  ses  études ,  U 
philosophie  de  Kant  jouissait  dHin  grand  crédit 
dans  les  universités  d*Alleoaagne,  malgré  les 
adversaires  redoutables*  qu'elle  avait  rencon- 
trés dans  Herder,  Mendelasohn,  Jacobi  et  au- 
tres. Micliaelts,  adoptant  les  principes  de 
cette  philosophie  critique ,  voulut  les  appliquer 
à  une  estliétique  spéciale  de  la  musique.  Le  pro- 
gramme de  la  première  partie  de  son  livre.  Sur 
V esprit  de  la  musique ,  se  trouve  dans  ce  pas- 
sage de  PesUiétiquetranscendentalequi  forme  une 
des  divisions  de  la  Critique  de  la  raison  pure 
de  Kant  (  $  I  )  :  «  La  capacité  de  recevoir  des 
«  représentations  par  la  manière  dont  les  objets 
«  nous  affectent  s'appelle  sensibilUé.  Cest  au 
«  moyen  de  la  sensibilité  que  les  objets  nous  sont 
c  donnés  ;  elle  seule  nous  fournit  des  intuitions; 
<c  mais  c'est  par  Tentendement  qu'ils  sont  conçus, 
«  et  c'e«tt  de  là  que  nous  viennent  les  concepts.  » 
L'objet  de  Michaells  était  donc  de  découvrir  le 
principe  du  concept  transcendental  du  beau  en 
musique,  et  de  le  séparer  de  l'intaition  empi- 
rique des  divers  genres  de  beautés;  mais  cette 
tAche  difficile  s'est  trouvée  au-dessus  de  ses 
forces,  comme  elle  Ta  été  à  l'égard  de  la  plupart  de 
ceux  qui  ont  voulu  aborder  ce  sujet.  U  est  juste 
cependant  de  dire  qu'il  aperçut  une  erreur  de 
Kant  qui ,  parlant  de  la  musique ,  dit  qu'elle  est 
un  jeu  régulier  des  affections  de  Vdme ,  et 
en  même  temps  une  langue  de  pure  sensa- 
tion, sans  aucune  idée  intellectueHe(i).DAnB^ 
la  première  partie  de  son  ouvrage ,  Michaells 
fait  voir  que  le  principe  du  Jugement  esthétique 
de  la  philosophie  critique  est  applicable  à  la  mu- 
sique comme  aux  autres  arts ,  ci  que  ce  même 
art  serait  réduit  en  quelque  sorte  au  néant»  s'il 
était  inabordable  à  l'analyse,  et  si  l'esprit  ne- 
pouvait  porter  de  jugement  sur  les  sensations  de- 
Touïe.  £n  un  mot,  il  établit  la  nécessité  d'un  in- 
tellect musical,  sans  lequel,  en  effet,  l'oreille ne- 
percevrait  que  des  séries  de  sons  qui  n'auraient 
aucune  signification.  Mais  lorsqu'il  faut  arriver  à 
l'explication  de  la  nature  des  jugements  portés 
par  cet  Intellect ,  et  surtout  des  jugements  à 
priori  de  la  beauté  formate,  Micliaelis  se  trouve 
faible  en  face  des  difficultés  signalées  plus  haut. 
Ce  furent  sans  doute  ces  difficultés  qui  le  rame- 


Ci)  Beobaehtunçen  HOer  doi  Gtfahl  des  Schanen  uud 
ErhaifeMn ,  lUgSt  17' 1. 


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MIGHAELIS  —  MICHAUD 


tS3 


Dèrent,  dans  la  seconde  partie  do  son  livre,  i 
la  considéralioa  de  Tanalogie  de  la  musique  avec 
la  poésie  et  les  arts  du  dessin ,  quoique  cette 
analogie  n*euste  que  dans  les  parties  accessoires 
de  Tart.  Considérée  comme  art  de  peindre  et 
d'exprimer  certaines  choses  qui  sont  du  do- 
maine de  la  poésie,  de  la  mimique  et  de  la  pein- 
tare ,  la  musique  offre  bien  moins  de  difficultés 
que  dans  sa  partie  purement  idéale ,  et  Michaelis 
's'y  trouvait  plus  à  Taise;  mais  on  comprend 
qu'en  le  limitant  ainsi ,  il  ne  pouvait  proposer 
d'autre  règle  pour  )uger  de  la  beauté  de  ses  pro- 
duits, que  celle  de  la  fidélité  du  rendu,  et  c*est , 
en  effet,  à  peu  près  à  ce  résultat  que  se  borne 
sa  tliéorie,  où  il  retombe  malgré  lui  dans  la 
doctrine  empirique,  quoiqu'il  fasse  des  efTorts 
pour  âever  l'art  jusqu'à  l'idéalisme. 

Dans  la  liste  nombreuse  des  livres  et  articles 
de  journaux  de  Michaelis  sur  la  musiqne,  on 
trouve  :  J*'  Veber  den  Geist  der  Tonkunstmit 
Ewiksickt  aufKants  Kritih  der  œsthetischen 
VrtheiUkraft  (  Sur  l'esprit  de  la  musique ,  en 
égard  à  la  critique  du  jugement  e6thétiqne  par 
Kant ) ;  Leipsick,  l'«  partie,  1795,  in-S^'de  134 
pages;  2Be  partie,  Leipsick ,  1800,  in-8*'  de 
IGO  pages.  Il  est  revenu  à  plusieurs  reprises  sur 
le  même  sujet  dans  les  articles  suivants  :  — 
2*  JSfUwurf  der  AestheUh,  eUs  Leltfaden  bey 
akademische  Vorlesungen  (  Projet  d'esthétique, 
ponr  servir  de  guide  dans  les  leçons  académi- 
ques), Angsbourg,  1796.  -^  3"  Sur  le  sublime 
dans  la  musique  (  f  «'  cah.  de  la  Feuille  menr 
meUe  pour  les  Allemands,  1801  ).  —4"  Quel- 
ques idées  sur  la  nature  esthétique  de  la  mu- 
sique (dans  VSunofUa;  Berlin,  mars  1801  ).  ^ 
5^  Supplément  anx  idées  sur  la  nature  esthé- 
tique de  la  musique  (  ibid;,  avril  1801  ).  —  6®  Sur 
llntéressant  et  le  touchant  dans  la  musique 
(ibid.,  août  1804)  ;  Pensées  d'un  Français  (Re- 
veroni  Saint-Cyr  )  sur  l'analogie  qu'il  y  a  entre 
les  représentations  de  la  vue  et  de  l'ouie,  entre 
la  peinture  et  la  musique  (  Gazette  musicale  de 
Leipsick,  ann.  1804,  n''  21).  —  8"  Sur  l'esprit  de 
U  musique  (  ibid.,  1804,  n^'  50  ).  —  9''  Essai  ten- 
dant à  développer  la  nature  intime  de  la  musique 
(  ibid.,  ano.  1806 ,  n<*  43  et  44  ).  —  10*»  Sur  la 
partie  Idéale  de  la  musique  (ibid.,  1808,  n*'  29  ). 
—  U*»  Quelques  articles  concernant  l'EsUiétique 
dans  ta  Gazette  musicale  de  Berlin  publiée  par  Rei- 
chardt  (ann.  1805, 1806  );  —  12''  et  enfin  dans  le 
livre  publié  par  Michaelis,  sous  ce  titre  :  Mitthei- 
hngen  zu  Befcerderung  der  Bumanitœt  und 
des  guten  Geschmachs  (Communications  sur  Ta- 
vsncementde  l'humanité  et  du  bon  goût  ;  Leipsick, 
UOO),  on  trouve  une  section  sur  la  peinture  mu- 
sieale.  Les  autres  travaux  de  ce  savant  concernant 


la  musique,  lesquels  ont  été  insérés  dans  les  jour- 
naux, consistent  en  analyses  de  compositions  ou  de 
livres  relatife  à  cet  art  (Gazette  musicale  de  Leip- 
sick, 1806,  n"  26  ;  1807,  n**  26  ;  1808,  n*«  1, 2,  3, 
4,5;  1810,  n*^  17),  et  en  articles  sur  divers  sujets 
historiques  ou  de  critique  pure  (Gazette  musicale 
de  Leipsick  ,  1802,  n<»  13  ;  1804 ,  n<^  S,  46  ;  1805, 
n""'  4,  6,  7, 15, 29, 31, 33,  34, 35,  36, 38, 45  ;  1806 
n''»4,21,24,26,27,35;1807,  n*«l6, 17,36;  1810, 
n**  17;  1814,n<'>31,  32;  le  Libéral,  publié  par 
Kohn,  à  Berlin,  1811,  2  articles;  Gazette  musi- 
cale de  Vienne,  ann.  1818,  p.  770-776,  783  ; 
1820,  p.  465-468,  478-484,  497-399;  Cxcilia, 
t.  10,  p.  56-64;  t.  12,  p.  357-262;  t.  15,  p.  179- 
183  ).  On  a  aussi  de  ce  savant  :  Katechismus 
iiber  J.  B.  Logier*s  System  dem  Musikwissenr 
sehaft  und  der  musikalischen  Composition 
{ Catéchisme  sur  le  système  de  la  science  musi- 
cale et  de  la  composition  de  Logier  )  ;  Leipsick, 
1828,  in-8^  de  96  pages.  Michaelis  a  traduit  en 
allemand  différents  ouvrages  relatifs  à  la  mu- 
sique, entre  autres  :  l'Histoire  de  la  musique  de 
Busby,  qu'il  a  enrichie  de  notes  et  qu'il  a  pu- 
bliée sous  ce  titre  :  Allgemeine  Geschichte  der 
Musik;  Leipsick,  1821,  2  volumes  in-8'';  les 
Anecdotes  sur  la  musique ,  de  Burgh ,  réduites 
en  un  volume  et  publiées  sous  ce  titre  :  Arvec- 
doien  und  Bemerkungen  die  Musik  betref- 
fend  ;  Leipsick,  1820,  in-8%  et  le  Mémoire  de 
Yilloteau  sur  la  musique  des  anciens  Égyptiens , 
extrait  de  la  grande  Description  de  l'Egypte, 
et  intitulé  :  Abhandlung  ûber  die  Musik  des 
alten  jEgyptens;  Leipsick,  1821,  in-8^  de 
190  pages. 

MICHAELIS  (F.  A. },  professeur  de  violon 
à  Breslao ,  vers  1830,  vécut  aussi  quelque  temps 
à  Rostock,  puis  à  Stettin,  et  en  lin  retourna  à 
Breslau  vers  1840.  II  a  écrit  environ  cinquante 
œuvres  de  différents  genres ,  parmi  lesquels  on 
remarque  :  1"  Praktische  Violinschule  (Mé- 
thode pratique  de  violon  )  ;  Breslau  ,  C.  Wein- 
liald.  —  2*  Der  Lehrer  und  seine  Schiller 
(  Le  Maître  et  son  élève ,  collection  de  morceaux 
faciles  et  progressifs  pour  2  violons);  ibid.  — 
y*  Variations  faciles  pour  violon  seul  avec  ac- 
compagnement de  piano,  op.  50;  ibid.  — 
4^*  Sechs  schwedische  Lieder  (Six  Chansons  sué- 
doises, avec  accompagnement  de  piano,  op.  25; 
Rostock,  J.  M.  Ueberg,  1835.  —  5"  Herzog 
Magnus  (Le  duc  Magnus  et  la  mer  agitée,  bal- 
lade traduite  du  suédois,  avec  accompagnement 
de  piano),  op.  30;  Stettin,  M.  Bôhme.  —  e^  Secks 
Seelieder  (  Six  Chants  de  mer  avec  ace.  de 
piano ,  op.  32  ;  ibid. 

MICHAUD  (André-Remi),  violoniste,  fof 
attaché  à  Torchestre  de  l'Opéra  en  1770 ,  et  j 


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134 


MICHAUD  —  MICHELI 


resta  jusqu*à  sa  mort,  en  1788.  Il  a  publié  :  l°SiK 
duos  pour  2  violons,  op.  1  ;  Paris,  BaiUeux.  — 
2°  Six  idem,  deuxième  livre,  Paris,  La  Chevar- 
dière.  —'3^  Quatre  Recu/ells  d'airs  arrangés  en 
solos  pour  le  violon  ;  Paris,  Naderman. 

MICHEL  (Guillaume),  maître  de  cbant  à 
Paris,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  fut 
attaché  au  service  du  cardinal  Mazarin,  suivant 
ce  quil  dit  dans  la  dédicace  du  second  livre  de 
ses  chansons  à  M.  de  Latour-Lanzon.  Il  a  publié 
trois  livres  de  Chansons  récréatives  à  voix 
seule  avec  Ifl  basse;  Paris,  Bailard,  1641-1643, 
m-8<»  obi. 

MIC  BEL  ou  MICHL  (François-Louis),  fils 
d'un  flûtiste  distingué  de  la  cour  de  Hesse-Ca^sel , 
naquit  à  Cassel  le  8  janvier  1769,  et  fut  lui-même 
un  virtuose  sur  la  flftte.  11  succéda  à  son  père 
dans  la  chapelle  du  prince  en  1786.  Deux  ans 
après,  il  6t  un  voyage  à  Paris  et  à  Londres,  où 
il  se  fit  enteudre  avec  succès.  On  n^a  pas  de 
renseignements  sur  la  suite  de  sa  carrière.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  1^  Trois  Concertos 
pour  flûte  ;  Paris,  Frey  ;  Londres,  Longman.  ^ 
2°  Nouvelle  Méthode  de  flûte  ;  Paris,  Leduc. 

MICHEL  (Joseph).  Voyez  MICHL. 

MICHEL  (Francisque-Xavier),  philologue, 
né  à  Lyon,  le  18  février  1809,  a  fait  ses  études 
dans  cette  ville»  puis  sVst  rendu  à  Paris ,  où  il 
6*est  livré  à  l'élude  de  la  littérature  du  moyen 
âge.  Dans  les  années  1833  et  1837,  il  a  été  chargé 
par  les  ministres  de  llnstrucliou  publique, 
MM.  Guizot  et  de  Salvandy,  de  faire  des  reclier- 
ches  de  documents  relatifs  à  Thistolre  de  France  en 
Angleterre  et  en  Ecosse.  En  1846  il  a  été  nommé 
professeur  de  littérature  étrangère  à  la  faculté 
des  lettres  de  Bordeaux.  M.  Francisque  Michel 
est  correspondant  de  llnstitut  de  France  (  Aca- 
démie des  Inscriptions),  membre  des  Académies 
de  Vienne ,  de  Turin ,  et  des  Sociétés  des  Anti- 
quaires de  France  et  de  Londres.  Indépendamment 
de  beaucoup  de  travaux  étrangers  à  l'objet  de  ce 
dictionnaire,  on  lui  doit  une  édition  complète  des 
Chansons  du  châtelain  de  Coucy,  revues  sur 
tous  les  manuscrits,  suivies  de  Vancienne  mu- 
siqtte,  mise  en  notation  moderne,  avec  ac- 
compagnement de  piano,  par  M,  Peme;  Paris, 
de  l'imprimerie  de  Crapelet,  1830,  grand  in-8°. 
Cette  édition,  imprimée  avec  luxe,  est  précieuse 
par  ses  éclaircissements  sur  la  vie  du  châtelain 
de  Coucy,  par  la  description  des  manuscrits  où 
se  trouvent  les  chansons  de  ce  trouvère,  ainsi  que 
par  les  corrections  du  texte  de  ces  chansons,  et 
surtout,  pour  l*hi.sloire  de  la  musique,  par  le  tra- 
yait de  Peme  sur  les  mélodies  dans  leur  véritable 
caractère.  11  est  fâcheux  seulement  que  Peme  ait 
eu  Pldée  d'ajouter  à  ces  mélodies  un  accompa- 


gnement de  piano  et  des  harmonies  qui  n*appar- 
tiennent  ni  à  leur  tonalité ,  ni  à  Tépoque  de  ce» 
monuments  de  Fart.  L^édition  donnée  par  M.  Mî* 
chel  sera  un  jour  fort  rare,  n*ayant  été  tirée  qii*à 
120  exemplaires,  numérotés  à  la  presse.  Le  mien 
porte  le  n"*  19.  On  a  aussi  de  M.  Francisque  Michel  : 
Le  Pays  basque;  sa  population ,  ses  moBurs^ 
sa  littérature  et  sa  musique;  Paris,  Firmin  Di- 
dot  frères,  fils,  etc.  ;  1857, 1  vol.  petit  \th9*,  vo- 
lume qui  offre  de  l'intérêt  et  qui  renferme  plo- 
sieurs  chants  basques  avec  les  mélodies  origi- 
nales. 

MICHEL- YOST,  célèbre  clarinettiste. 
KoycsYOST  (Michel). 

MICHEL  (  Ferdinand  ),  professeur  de  musi- 
que à  Rouen,  naquit  dans  cette  ville  verslS05.  On 
connaît  de  lui  :  Principes  appliqués  à  la  mU" 
sique  vocale,  à  Vusage  des  écoles  primaires  ; 
Rouen,  Bonnel,  1838,  in-8'' de  12  pages. 

MICHELI  (OomiaQCE),  compositeur,  né  à 
Bologne ,  suivant  le  titre  d*un  de  ses  ouvrages, 
vécut  dans  la  seconde  partie  du  seizième  siècle. 
On  a  sous  ce  nom  :  1*  MadrigaU  di  Domenieo 
Micheli  da  Bologna ,  a  sei  voei,  dati  in  luce 
da  Claudio  di  Correggio,  libro  terto;  Venise, 
1567,  in-4''  obi.  —  7?  MadrigaU  a  cinque  voci  ; 
Venise,  1581,  in-4°.  On  trouve  aussi  des  madri* 
gaux  de  ce  musicien  dans  le  recueil  qui  a  pour 
titre  :  De'  floridi  ViriuoH  dltalia  il  terto 
Ubro  de'  madrigali  a  cinqv^  voci;  Venise, 
J.  Vincenti  et  R.  Amadino,  1586,  in-4*^. 

MICHEL!  (D.  Romain),  compositeur  distin- 
gué, naquit  à  Rome  en  1575,  car  dans  la  préface 
d'un  de  ses  ouvrages,  imprimé  à  Rome,  1650  ,ildit 
qu'il  était  alors  âgé  de  soixante-quinze  ans.  Après 
avoir  fait  ses  étu<les  musicales  sous  la  direction  des 
célèbres  maîtres  Soriano  et  Manini,il  fut  fait  prê- 
tre et  obtint  un  bénéfice  dans  Téglise  d'AquiJée, 
après  quoi  il  entreprit  de  longs  voyages  dans 
les  principales  villes  dltalie.  Dans  la  préface 
de  son  recueil  de  motets  intitulé  Musica  vaga 
ed  arti^ciosa,  il  donne  Thistoire  de  ces  voyages 
et  fournit  des  renseignements  sur  de  savants  mu* 
siciens  qu*il  a  rencontrés,  et  dont  il  reconnaît 
avoir  appris  quelque  chose  concernant  Tart  et  U 
scienoe,  notamment  Jean  Gabrieli  et  Jean  Croce, 
à  Venise,  Pomponius  Nenna,  Jean  de  Macque, 
Rocco-Rodio  et  Cerreto,  à  Naples,  Luzzasco-Luz- 
zasclii  et  Fioroni  à  Ferrare,  Fulgence  Valesî  à 
Milan,  etc.  Pendant  un  certain  temps  il  s*arrèta 
à  Concordia,  ville  du  duché  de  Mirandole,  pour 
y  enseigner  la  musique  ;  puis  il  fut  rappelé  à 
Rome  par  le  cardinal  de  Savoie,  qui  lui  fit  ob- 
tenir en  1625  la  place  de  maître  de  chapelle  de 
Saint- Louis-des-Français.  Micheli  vécut  jusqu'à 
un  âge  très-avancé ,  car  M.  l'abbé  Baiui  cite  de 


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MICHELI  —  MICHELOT 


135 


lui  un  manifeste  adressé  aux  musiciens  compo- 
sîleurs  dltalie,  et  terminé  par  ces  mois  :  Romano 
Micheli prête  di  Romadi  etàd*  anni  84  (Voy. 
Mem.  Stor.  crit.  délia  vita  e  délie  opère  di 
Plerluigi  da  Palestrina,  t.  II,  p.  34 ,  noie  473.) 

Micheli  fut  engagé  dans  des  discussions  rela- 
tives à  son  art,  la  première  avec  Paul  Syfert 
(  voyez  ce  nom  ),  à  l'occasion  de  la  querelle  éle- 
vée entre  celui-ci  et  Marc  Scacchi,  dans  laquelle 
Syrert  avait  écrit  que  les  musiciens  italiens  n'é- 
taient capables  que  de  composer  des  opéras  et  can- 
zonettes,  et  que  pour  Part  d'écrire,  ils  pourraient 
tous  rapprendre  de  lui  et  de  Fœrster^  à  Pécole  de 
Dantzick.  Micheli  prit  la  défense  de  Scacchi,  et 
envoya  à  Syfert  ses  propres  compositions  pleines 
de  recherches  et  de  canons,  qui  fermèrent  ta 
bouche  à  l'organiste  de  Dantzick.  L'autre  discus- 
sion eut  lieu  entre  Micheli  et  ce  même  Scacchi 
dont  H  avait  pris  la  défense.  Micheli  avait  envoyé 
à  celui-ci  son  œuvre  intitulé  :  Canoni  musicali 
composa  sopra  le  vocali  di  ptù,  parole  da 
Romano  Micheli  romoTio,  del  quai  modo  di 
comporre  egli  è  inventore  ;  Rome,  1645,  în- 
fûl.;  ayant  reçu  cet  ouvrage,  Scacchi  fit  impri- 
iner  à  Varsovie  une  brochure,  datée  du  16  mars 
1647,  dans  laquelle  il  s'efforçait  de  démontrer  que 
Micheli  n*était  pas,  comme  il  le  disait,  l'inventeur 
de  ce  genre  de  canons,  et  que  celte  invention 
était  beaucoup  plus  ancienne.  Micheli  fot  très- 
sensible  à  cette  impolitesse ,  et  composa  un  re- 
cueil intitulé  :  La  potestà  ponti/îcia  diretla 
'dalla  sanctissima  Trinità,  composé  entière* 
ment  de  canons  à  3,  4,  5  et  6  voix,  remplis  d'ar- 
tifices très-ingénieux,  et  y  ajouta  à  la  fin  une  ré- 
ponse péremploire  et  pleine  d'érudition  à  Scac- 
chi. Cet  ouvrage  toutefois  ne  fut  pas  publié  en 
entier,  Fauteur  n'en  ayant  fait  imprimer  que 
quelques  feuilles  détachées  contenant  les  mor- 
ceaux dont  l'exécution  était  la  plus  facile  ;  mais 
le  manuscrit  original  et  entier  a  été  donné  par 
lui  à  la  bibliothèque  de  Saint-Augustin,  où  il  se 
trouve  encore  en  un  volume  coté  D;  8.  4.,  sons 
ce  titre  :  Canoni  musicali  di  Romani  Micheli, 
'  On  y  lit  au  commencement  :  Exdano  auctoris, 
qui  etiam  donavit  kuie  Bibliotkeca  Angelicx 
ratnum  cum  facultale  accomodandi  propter 
impressionum. 

Les  autres  ouvrages  de  Micheli  qui  ont  été  pu- 
bliés sont  :  t<*  Musica  vaga  edartéficiosa,  con- 
ienente  moietti  eon  oblighi,  et  canoni  diversi, 
tanio  per  quelli  cke  si  dilettano  sentire  varie 
eurlositày  qvanto  per  quelli  che  vorranno 
professare  d*hitendere  diversi  studii  délia 
vtusica;  Venise,  1613,  in-fol.  Ce  recueil  con- 
tient cinquante  canons  remplis  de  recherches 
corieuses.  —  5**  Compléta  a  sei  voci,  con  tre 


ienorl,  conceriata  alV  uso  modemo,  con  il 
hasso  continua  per  Vorgano,  e  con  un  altro 
basso  pariicolarepcrlo  maestro  di  cappella, 
et  per  suonare  sopra  esso  il  violone  accampO' 
gnaio  on  altri  stromenti;  Venise,  1616,  in-4*. 

—  3*^  Beaucoup  de  canons  en  feuilles  volantes, 
imprimés  à  Venise  en  1618,  1619  et  1620.  — 
4*  Madrigali  a  sei  voci  in  canoni;  Rome, 
Soldi,  167.1.  —  5*  LiSalmi  a  4;  Rome,  1638. 

—  6**  Messe  a  quattro  voci  ;  ibid.%  1650.  —  7* 
Responsorl  a  cinque  voci,  îbid.,  1658.  Il  y  a 
un  petit  écrit  de  Romani,  concernant  Tinvention 
des  canons  énigmatiques  sur  les  syliat)es  dé- 
tachées de  phrases  données ,  dont  il  était  au- 
teur ;  il  a  pour  titre  :  Lcttere  di  Romano  Mi-» 
cheli  romano  alli  musici  delta  cappella  di 
N.  S.  ed  altri  musici  romani;  Venise,  1618. 

MICHELI  (  Benedetto  ),  naquit  à  Rome, 
suivant  la  Dramaturgia  d'Allacci  (  Édit.  de  1755^ 
p.  208  ).  Il  est  vraisemblable  qu'il  vit  le  jour  dans 
les  dernières  années  du  dix-septième  siècle,  car 
j'ai  vu  dans  la  bibliothèque  de  l'abbé  Santini,  à 
Rome,  un  volume  manuscrit  qui  portait  ce  litre  : 
Componimento  cantato  in  Roma  nel  giorno 
del  gloriosissimo  Nome  delta  5.  C,  C.  R. 
Maesta  delta  impératrice  Elisabetta  Cris- 
tina,  etc;  Poesia  di  Tiberlo  Pulci,  musica  di 
Benedetto  Micheli;  1724.  Ce  musicien  a  dû  pro- 
duire beaucbup  d'autres  ouvrages,  depuis  cette 
époque  jusqu'en  1746,  où  il  fit  jouer  à  Venise 
son  opéra  intitulé  Zenobia. 

MICHELOT  (JBAN-BAPnsTE- Aimé  ),  profes- 
seur de  piano  au  Conservatoire  de  Bruxelles,  na- 
quit à  Nancy  en  1796.  Après  avoir  appris  dans 
son  enfance  les  éléments  de  la  musique,  Il  alla 
terminer,  dans  les  années  1804  et  1805,  son  édu- 
cation musicale  à  Strasbourg,  où  Dumonchau 
se  trouvait  alors.  Pendant  une  longue  maladie 
de  celui-ci,  Michelot  fut  chargé  de  la  direction 
de  l'orchestre  des  opéras  allemands  et  français. 
Ce  fut  aussi  vers  la  même  époque  qu'il  écrivit 
pour  ces  IhéAtres  la  musique  d*environ  50  mélo- 
drames, et  plusieurs  opéras,  dont  un  seul,  inti- 
tulé :  Les  deux  Tantes,  a  été  joué  avec  succès. 
En  1817,  Michelot  vint  s'établir  à  Bruxelles,  et 
depuis  ce  temps  il  y  fut  considéré  comme  un 
professeur  de  piano  de  beaucoup  de  mérite.  At- 
taché au  Conservatoire  de  cette  ville  depuis  son 
organisation  en  1832,  il  a  formé  de  jeunes  ar- 
tistes qui,  devenus  eux-mêmes  de  bons  maîtres, 
ont  propagé  dans  la  Belgique  une  bonne  école 
de  mécanisme  d'exécution,  auparavant  inconnue 
dans  ce  pays.  Il  a  écrit  pour  le  théâtre  de  Bruxelles 
ffélolsej  monodrame,  joué  avec  succès.  Ses 
compositions  pour  le  piano  consistent  en  : 
Exercices  pour  le  doigté  ;  Études  pour  les 


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136 


MICHELOT  —  MICHL 


enfants,  et  plasicors  chants  sans  paroles, 
morceaux  distingués  où  Ton  remarque  totant  de 
nouveauté  dans  les  idées  que  de  sentiment  de 
mélodie  et  d'harmonie.  Tous  ces  ouvrages  ont 
été  publiés  chez  rautear,à  Bruxelles.  On  connaît 
aussi  de  Michelot  plusieurs  jolies  romances,  parmi 
lesquelles  on  remarque  particulièrement  Gène' 
viève  de  Brabant,  En  considérant  le  mérite 
réel  du  peu  d'ouvrages  que  Michelot  a  donnés  au 
public,  je  ne  4>uis  m^empèdier  de  regretter  que  ' 
Tobligation  de  fournir  à  Texistence  d'une  nom-  ' 
breuse  Tamille  n'ait  pas  ^rmis  à  cet  artiste  esti- 
mable de  donner  un  plus  large  développement 
aux  heureuses  facultés  qu'il  avait  reçues  de  la  na- 
ture. Ce  professeur  est  mort  à  Bruxelles,  le  pre- 
mier mai  1852. 

MICHËROUX  (  N.  Chevalier  De  ) ,  fiU 
d*un  ministre  du  roi  de  Naples  (  Murât  ),  né  en 
France,  servit  dans  l'armée  napolitaine  en  qua- 
lité d'officier  supérieur.  Aprèft  la  chute  de  Murât, 
M.  de  Micheroux^  qui  avait  cultivé  la  musique 
avec  amour  depuis  son  enfance,  particulièrement 
l'art  du  chant,  sons  la  direction  des  meilleurs 
maîtres  italiens,  se  relira  à  Milan,  où  il  se  livra 
avec  succès  à  l'enseignement  de  cet  art.  Il  y  fit 
de  bons  élèves,  au  nombre  desquels  fut  la  célèbre 
cantatrice  PaUa.  Dans  ses  dernières  années ,  il 
se  fixa  à  Venise  où  il  était  recherclié  pour  l'a- 
grément de  sa  conversation  et  son  amabilité.  Une 
blessure  grave  qu'il  avait  reçue  en  1815  lui  fai- 
sait souvent  éprouver  de  vives  douleurs.  Il 
mourut  k  Venise  vers  1S40.  On  a  de  cet  inté- 
ressant artiste  des  mélodies  d'un  sentiment  dis- 
tingué qui  ont  été  publiées  à  Milan,  chezRicordi, 
sous  ce  titre  :  Ariette  per  canto  con  piano- 
forte,  dedicaie  alla  célèbre  Signora  Pasta, 
!•'  et  2roe  recueils. 

MICHEUX  (  G.  ),  pianiste  et  compositeur 
d'œuvres  légères  pour  son  instrument,  naquit  en 
Styrie  et  vivait  à  Vienne  en  1829. 11  s'y  trouvait 
encore  en  1840.  Depuis  plusieurs  années  il  est 
fixé  à  Paris.  On  connaît  sous  son  nom  environ 
cent  œuvres  d'études,  fantaisies,  thèmes  variés, 
mazourkes  et  polkas  pour  le  piano. 

fiilGHL  (  JosEPH-lLDEPHONSB  ) ,  violooiste  et 
compositeur,  naquit  à  Neumarkt,  dans  la  Ba- 
vière, en  1708.  Wagenseil,  maître  de  chapelle  de 
la  cour  impériale  de  Vienne,  lui  donna  des  le- 
çons de  composition.  Après  que  son  éducation 
musicale  fut  terminée,  Michi  fut  maître  de  cha- 
pelle chez  le  duc  de  Sulzbach,  et  après  la  mort 
de  ce  seigneur,  en  1733,  il  fut  appelé  à  la  cour 
du  prince  de  la  Tour  et  Taxis,  à  Ralisbonne.  Ha- 
bile violoniste  et  compositeur  de  mérite,  Michl  a 
écrit  pour  diverses  cours  des  opéras  et  des  ora- 
torios; mais   dans  un  accès  de  méiancoliey  il 


brûla  toute  cette  musique  et  ne  conserva  que  six 
concertos  de  violon  qui  sont  en  manascrit  chez 
le  prince  de  la  Tour  et  Taxis.  Il  mourut  è  Ratis- 
l)onneenl770. 

MICHL  (  FERDIN4M0  ),  frère  du  précédent, 
naquit  à  Neumarkt  en  1713.  Après  avoir  appris 
dans  ce  lieu  les  éléments  de  la  musique  et  de  la 
langue  latine,  il  entra  an  séminaire  à  Munich  et 
y  termina  ses  études,  puis  il  obtint  la  place  d'or- 
ganiste à  l'église  des  jésuites ,  dite  de  Saint-Mi- 
chel. Son  talent  distingué  sur  l'orgue  et  sur  le 
violon  le  mit  en  faveur  près  du  duc  de  Bavière,  qui 
le  fit  entrer  dans  sa  chapelle  et  lui  donna  le  titre 
de  second  maître  de  concerts.  Miclil  mourat 
jeune  à  Munich  en  1753.  Il  a  écrit  le  mélodrame 
spirituel  (  Gelstliches  Singspiel  )  qui  a  été  repré- 
senté chez  les  jésuites  de  Munich  en  1747.  On  a 
imprimé  de  sa  composition  :  XI F  symphonigs  tri- 
bus concertanltifus  instrumentis ,  scilicetvio» 
Uno  iet2  ac  bassocontinuo,  op.  1  ;  Augsbourg; 
1740,  in-folio. 

M iCHL  (  JoeePH  ),  neveu  des  précédents, 
naquit  en  1745,  à  Neumarkt,  où  son  père  était 
directeur  du  chœur.  Cet  artiste  est  désigné  dans 
les  catalogues  sous  le  nom  de  Michel;  Gerber, 
Choron  et  FayoUe  et  leurs  copistes  ont  fait  deux 
articles  pour  le  même  artiste,  le  premier  sous 
le  nom  de  Michel,  le  second  sous  celui  de  MichL 
Admis  au  séminaire  de  Munich,  il  y  fit  ses  études 
littéraires  et  musicales,  et,  jeune  encore,  il  se  lit 
remarquer  par  une  rare  habileté  sur  i^oigoe. 
Ses  premières  compositions  furent  des  messes,* 
des  litanies,  des  vêpres  et  des  méditatioiis  pou 
Téglise  des  jésuites.  Déjà  la  plupart  de  ces  ou- 
vrages étaient  écrits  lorsque  l'électeur  de  Bavière, 
Maximilien  lil  l'envoya  chez  le  maître  de  clia- 
pelle  Camerlober  à  Freisingen ,  pour  y  faire  un 
cours  de  contrepoint  et  de  composition.  Pendant 
son  séjour  à  Freisingen,  il  composa  un  oratorio 
qui  lui  mérita  la  protection  de  l'évéque.  De  re- 
tour à  Munich  il  y  écrivit  l'oratorio  Gioas  re 
di  Giuda  :  cet  ouvrage  produisit  une  si  vive 
impression  sur  les  artistes  et  sur  le  public,  qea 
l'électeur  choinit  immédiatement  après  son  exéea- 
tion  Michl  comme  compositeur  de  sa  chambre. 
Son  opéra  intitulé  II  Trionfo  di  CleUa,  repré- 
aeaié  an  théAtre  de  la  cour  en  1776,  justifia  la 
confiance  du  prince  en  ses  talents.  Lorsque  Bur- 
ney  visita  .Munich  en  1772,  il  entendit  un  quin- 
tette instrumental  composé  par  Michl,  qui  lui 
parut  égal  en  mérite  à  ce  qu'on  connaissait  de 
mieux  en  ce  genre.  Après  la  mort  de  l'électeur, 
eu  1778,  ce  compositeur  agréable  reçut  sa  dé- 
mission, et  se  retira  au  couvent  de  Veiem,  dont 
un  de  ses  parents  était  supérieur.  Il  y  occupa 
ses  loisirs  k  la  composition  de  la  musique  d'é- 


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MICHL  —  MIEKSCH 


187 


glise,  qu'il  dirigeait  lui-m6me.  Il  y  écrivit  aussi 
un  opéra  de  Regulus,  qui  fut  représenté  avec 
Ijeaocoup  de  succès  à  FreisiDgeu,  en  1782.  Après  la 

•  suppression  du  couvent  de  Veiern,  en  1803,  il 
retourna  à  Neumarkt,  oii  il  mourut  en  1810. 
Plusieurs  messes,  litanies,  motets ,  oratorios, 
symphonies  et  quatuors  pour  divers  instru- 
ments de  cet  artiste  sont  restés  en  manuscrit. 
)l  a  fait  représenter  an  tliéAtre  de  Municti  les 
opéras  dont  les  titres  suivent  :  l^  H  Triwifo  di 
Clelia,  opéra  sérieux  en  S  actes.  —  2**  IlBarùne 
di  Torre  forte,  opéra  bouffe.  —  3°  Elmire  et 
MUton,  joué  aussi  avec  succè^  à  Mayenc«  et  à 
Francfort.  —  4*  Fremor  et  MeUne ,  drame.  — 
5'  Le  Roi  et  le  Fermier,  —6**  La  Foire  annuelle, 
qui  obtint  un  brillant  succès  à  Vienne,  à  Dresde, 
à  Varsovie,  à  Ratisbonne,  à  Mayence  et  à  Franc- 
fort—  7"*  Il  Re  alla  Caccia,  cantate  drama- 
tique. —  8<»  //  Cacciatore,  idem.  On  a  publié 
en  Allemagne  plusieurs  morceaux  de  sa  compo- 
sition pour  divers  instruments. 

MICH^ A.  (  Adam  d*Oltrodowigz  ),  excellent 
organiste  et  com()ositeur,  naquit  à  Nenhaus,  en 
Bohème ,  et  y  vécut  vers  le  milieu  du  dix -sep- 
tième siècle.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
l'^Un  livre  de  cantiques  àThonneur  delà  Vierge, 

•n  langue  bdième,  à  quatre  voix,  intitulé: 
Laut  na  Maryanska;  Prague ,  16G7,  in-4^  — 
2"*  Cantiques  pour  tontes  les  fêtes  des  saii^ts,  dédié 
an  magistrat  de  Prague ,  sous  le  titre  :  Swato- 
Roçnj  Musika,  aneb  swanteçnj  Kancyonal; 
ibid.  1661,  in-8o.  —  3**  Cantiones  sacrx  pro 
festis  totius  anni  1,2,  3,  4 , 5  «^  6  vocib.  cum 
1,  2, 3,  4  instrumentis  ad  libitum. 

HiCHU  (Louis),  acteur  de  l*Opéra-Gomi- 
que,  appelé  alors  Comédie  Italienne,  na- 
quit à  Reims,  le  4  juin  1764  (1)  et  débuta 
sur  le  tliéAtre  de  Lyon,  d'où  il  fut  appelé 
au  Théâtre  Italien  de  Paris.  Il  y  joua  pour 
la  première  fois,  le  18  janvier  1775,  dans  le 
Magnifique ,  de  Grétry.  D'Origny  ,  contempo- 
rain de  cet  acteur,  dit ,  dans  ses  Annales  du 
Théâtre  Italien  (  tome  2,  page  94),  qne  Michu 
réunissait  les  avantages  de  la  jeunesse ,  de  la 
figure,  de  la  taille  et  les  qualités  qui  font  le  bon 
comédien  et  le  chanteur  excellent.  Toutefois  ce 
dernier  éloge  ne  parait  pas  avoir  été  mérité  : 
comme  la  plupart  des  anciens  acteurs  de  la  Co- 
médie italienne  de  son  époque,  Michu  était  ab- 
solument ignorant  en  musique  et  dans  Part  du 
cbant;  comme  eux,  il  chantait  d'instinct  et  par 


(1)  Le  registre  C  des  ancienne!  archUet  de  l'Opéra-Co- 
nUioe  m'a  foural  iine  faasae  IndicaHon  pour  la  première 
MUlon  de  celte  Biographie ,  en  faisant  naître  Mlebn  à 
NooUu,  en  I7ts. 


routine.  Après  avoir  été  en  possession  de  la  fa- 
veur du  public  pendant  vingt-cinq  ans,  cet  ac- 
teur se  retira  le  27  février  1799 ,  sans  avoir  ob- 
tenu la  pension  qu'il  avait  gagnée  par  ses  longs 
services  (1).  11  prit  alors  la  direction  du  théfttre  de 
Rouen  ;  mais  cette  entreprise  n'ayant  pas  réussi , 
Mtcbu  se  jeta  dans  la  Seine,  et  y  périt  en  1801. 

MIËDKE  (FniDéiUG-GEORGES-LÉONAnD),  un 
des  meiUenrs  chanteurs  dramatiques  de  t'Alie- 
magne,  est  né  à  Nuremberg  en  1803.  Fils  d'un 
régisseur  de  théâtre,  il  fut  transporté  à  Stuttgard 
à  PAge  de  deux  ans ,  et  son  éducation  eut  pour 
objet  d'en  faire  un  acteur.  Après  avoir  chanté 
quelque  temps  dans  les  chœurs,  il  joua  de  petits 
rétles.  £n  1822  il  s'éloigna  de  Stuttgard,  et  s'en- 
gagea au  tliéatre  d'Augsbourg ,  d*où  il  alla  en 
Suisse.  Trois  ans  après  il.  prit  la  direction  du 
théfttre  de  Saint-Gall;  mais  il  y  perdit  beaucoup 
d'argent  et  fut  obligé  de  fuir  secrètement  pour 
se  soustraire  à  ses  créanciers;  ceux-ci  obtinrent 
contre  lui  un  arrêt  qui  le  condamnait  à  passer 
trois  mois  dans  une  forteresse  du  Wurtemberg. 
Remis  en  liberté,  il  alla  à  Wûrzbourg.où  il  a. 
dirigé  le  théfttre  jusqu'en  1836.  Il  s'est  alors  re- 
tiré pour  ne  s'occuper  que  de  la  peinture.  On  dit 
4]ue  cet  aclenr  offrait  le  modèle  de  la  perfec- 
tion dans  Don  Juan,  Figaro  et  le  Vampire. 

MIEKSCH  (Jejin-Aloïs)  (2),  chanteur  et 
compositeur  de  mérite,  naquit  le  19  juillet  1765 
à  S.  Georgenthal ,  en  Bohème ,  où  son  père  jetait 
cantor  et  instituteur.  Dès  l'ftge  de  sept  ans  il 
reçut  les  premières  leçons  de  musique.  En  1777, 
on  l'envoya  à  Dresde^  où  il  entra  dans  la  chapelle 
électorale,  en  qualité  d'enfant  de  choeur,  et  y  eut 
pour  maître  de  solfège  Cornélius ,  chantre  de 
cette  chapelle.  Le  piano  et  l'orgue  lui  furent  en- 
seignés par  Eckersberg  et  Binder;  Zich,  musicien 
de  la  chambre^  lui  donna  des  leçons  de  violon, 
et  pendant  plusieurs  années  il  fit  des  études  de 
composition  sous  la  direction  du  maître  de 
chapelle  Joseph  Schneter.  En  1787,  il  succéda 
au  chanteur  de  la  cour  Stephan;  mais  le  travail 
qu'il  fit  pour  changer  sa  voix  de  baryton  en 
ténor  lui  occasionna  une  inflammation  de  poi- 
trine qui  faillit  le  priver  de  son  organe  vocal ,  et 
même  de  la  vie.  Ph»  lard ,  il  devint  élève  de 
Vincent  Caselli,  bon  chanteur  de  l'école  bolonaise 
de  Bernaeclii,  et  acquit  un  talent  distingué  sous 
cet  habile  maître.  En  1799,  Mieksch  débuta 


(1)  On  a  dft,  dans  plusieurs  Biographies  générales,  que 
MIcbu  ne  put  obtenir  d'être  admis  dans  la  réunion  des 
deux  troupes  d'opéra -comique  des  tMfttres  Favart  et 
Feydeau  ;  mais  II  n'était  pas  quesUon  de  cette  réunion  quand 
il  se  reUra. 

(1)  cet  artisie  est  le  même  qui  est  appelé  Mikseh  dans 
In  première  édition  de  cette  Biographie. 


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MIEKSCH—  MIKULI 


eomme  chanteur  an  théâtre  de  la  cour  pour  l'o- 
péra italien.  En  180I,  il  reçut  sa  nomination  de 
professeur  de  chant  des  enfants  de  la  chapelle 
électorale  ;  et  en  1620  on  lui  confia  la  direction 
des  chœurs  des  opéras  allemand  et  italien.  En 
1824,  le  roi  de  Sa%e  lui  accorda  sa  retraite  et  le 
chargea  de  la  garde  de  sa  bibliothèque  particu- 
lière de  musique.  Mieksch  est  mort  à  Dresde  au 
commencement  d'octobre  1845,  à  TAge  de  quatre- 
vingts  ans.  Ses  compositions  consistent  en 
LiedêTy  airs  arec  accompagnement  d'orchestre, 
cantates,  messes,  Requiem  et  offertoires.  Comme 
professeur  de  chant,  il  a  formé  des  élèves  distin- 
gués, au  nombre  desquels  on  remarque  les 
cantatrices  Funk,  Hase,  Schroeder-Devrient , 
Schebest,  Beltheim,  le  ténor  Bergmann»  et  les 
basses  chantantes  Z^i  et  Misse. 

MIEL  (EDVE-FRA!(çois-A!rroiNB-MAiUE  ),  fils 
d'un  organiste ,  naquit  à  Chàtillon'Sur-Seine,  le 
6  avril  1775.' Après  avoir  fait  de  bonnes  étodes 
an  collège  de  Sainte- Barbe,  il  voyagea,  puis  il 
entra  k  TÉcole  polytechnique  et  y  resta  deux 
années.  Miel  avait  atteint  l'Age  de  vingt-cinq 
ans,  lorsque Frochot,  préfet  du  département  de 
la  Seine ,  son  concitoyen  et  son  ami ,  lui  donna 
un  emploi  dans  le  service  des  contributions  di-- 
rectes  de  la  ville  de  Paris.  En  1816,  il  obtint  le 
titre  de  clief  de  division  de  cette  partie  de  l'ad- 
ministration ,  et  pendant  vingt  ans  il  en  remplit 
les  fonctions.  Cultivant  les  arts,  particulièrement 
la  musique ,  comme  délassement  de  ses  travaux 
administratifs ,  il  prit  dans  plusieurs  joumaui  la 
posifion  de  critique  et  fit  paraître  un  assez  grand 
nombre  de  morceaux  sur  les  arts  du  dessin  et 
sur  la  musique  dans  le  Moniteur  universel, 
dans  le  Journal  général  de  France ,  dans  le 
Constitutionnel  et  dans  la  Minerve.  Il  fut  aussi 
un  des  collatrarateurs  de  la  Biographie  univer^ 
selle  des  frères  Michaud,  et  y  lit  insérer  des 
notices,  qui  ne  sont  pas  sans  mérite ,  sur  Viotti , 
M""*  Bigot  et  Baillot.  Elles  ont  été  tirées  à  part , 
en  brochures  in-S".  Fondateur  de  la  Société  libre 
des  beaux- arts  de  Paris,  Miel  fut  chargé  de  la 
direction  des  Annales  de  cette  société  pendant  les 
années  1830-1840,  et  y  publia  des  notices  sur 
Gluck ,  Garât ,  Adolphe  Nourrit  et  plusieurs  au- 
tres musiciens.  Ces  morceaux  ont  été  imprimés 
séparément.  On  a  de  cet  amateur  une  brochure 
intitulée:  Delà  symphonie^et  de  Beethoven; 
Paris,  1829,  in-8°.  Dans  les  dernières  années  de 
sa  vie.  Miel  s'occupa  d'une  Histoire  de  l'art 
français  considéré  dans  la  peinture ,  la  sculpture, 
la  gravure  et  la  musique  ;  mais  il  n'eut  pas  le 
temps  d'achever  cet  ouvrage  :  une  maladie  de 
poitrine  le  conduisit  au  tombeau  le  28  octobre 
1842.  Les  travaux  de  ce  littérateur,  relatifs  aux 


arts  du  dessin ,  sont  indiqués  dans  le  supplément 
de  la  Biographie  universelle  de  Michaud.  La  cri- 
tique de  Miel ,  en  ce  qui  concerne  la  muAque, 
est  en  général  judicieuse;  mais  elle  a  peu  de 
portée  dans  les  aperçus  et  manque  d'originalité. 
Miel  était  chevalier  de  la  Légion  d'honnenr, 
membre  de  la  société  des  enfants  d'ApoUon ,  et 
de  la  société  d'Émulation  de  Cambrai.  M.  Hittorf, 
membre  de  l'Institut  de  France ,  a  prononcé  aux 
funérailles  de  Miel ,  au  nom  de  la  société  libre 
des  arts  de  Paris ,  un  éloge  de  celui  qui  en  avait 
été  le  fondateur  :  ce  discours  a  été  publié  avec 
une  notice  biographique  dans  les  Annales  de  la 
société  libre  des  beaux-arts  (Puis,  1845,  in-4*). 
n  en  a  été  tiré  des  exemplaires  séparés. 

MIGENT  (Jean-Pibrrb),  bon  facteur  d'or- 
gues allemand,  a  construit  l'orgue  de  l'église  Saint- 
Pierre,  à  Berlin,  en  1748.  Cet  instrument  est 
composé  de  cinquante  registres ,  trois  claviers 
à  la  main  et  pédale. 

MIGLIORUCCI  (VmcENT),  compositeur, 
né  à  Rome  en  1788 ,  a  eu  pour  maître  de  com- 
position Zingarellt ,  alors  maître  de  chapelle  de 
Saint-Pierre  du  Vatican.  Cet  artiste  s'est  fait 
connaître  par  une  messe  solennelle  chantée  à 
Rome ,  un  oratorio ,  une  cantate  exécutée  au 
tliéAtre  Délie  Dame ,  pour  le  couronnement  de 
Napoléon  comme  roi  d'Italie ,  une  autre  cantate 
chantée  au  Capitule,  à  l'occasion  de  l'installation 
de  l'école  des  Beaux-Arts ,  l'opéra  Adriano  in 
SiriOf  représenté  à  Naples  en  1811 ,  et  Paolo  e 
Virginia,  opéra  semi-seria,  au  théâtre  Carcano, 
à  Milan,  en  1813.  On  connaît  aussi  de  Migliorucci 
quelques  morceaux  de  musique  instrumentale  et 
des  Ctnizani. 

MIGNAUX  (Jacques- Antoine  DE),  pro- 
fesseur de  musique  à  Paris ,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle ,  dont  le  nom  vé- 
ritable était  Demignaux,  a  publié  :  i^  Trofs 
trios  pour  clavecin,  harpe  et  violon;  Paris, 
1774.  w  2®  Trois  quatuors  pour  clavecin,  iiarpe, 
violon  et  alto  ;  ibid.  — 3^*  Sonates  pour  clavecia 
ou  harpe,  avec  accompagnement  de  violon  ;  ibid. 
rignore  si  ce  musicien  est  le  même  qui  était 
contrebasse  au  concert  spirituel  et  à  la  chapelle 
du  roi  en  1768. 

MIGiVON  (...),  musicien  français  qui 
vivait  à  Paris ,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle,  n'est  connu  que  par  un  recueil  publiéchex 
Robert  Ballard  en  1064,  sous  ce  titre  :  Airs  à 
quatre  parties ,  par  M,  Mignon,  compositeur 
à  Paris,  in- 12  obi.  Les  morceaux  contenus 
dans  ce  recueil  sont  au  nombre  de  vingt-deut. 
On  n'y  trouve  ni  dé<licace ,  ni  préface. 

MIGNOT.  Votj.  Lk  Vote  Micnot. 

MIKULI  (Chari.es),  musicien  distingué,  né 


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MIKULI  —  MILANOLLO 


189 


à  Ciernowitz  dans  la  MoIdaTîe ,  vers  1820,  a 
vécu  quelque  temps  à  Paris,  puis  s'est  fixé  à 
Lemberg,  où  il  s*est  livré  à  l'enseignement  du 
piano  et  à  la  composition.  Au  nombre  des  ou- 
Trages  intéressants  qu'il  a  publiés ,  soit  pour  le 
chant,  soit  pour  le  piano,  on  remarque  une 
collection  de  quarante- huit  mélodies  populaires 
de  sa  patrie,  en  quatre  suites  de  douze  chacune  ; 
lesquelles  ont  pour  titre  :  Doute  airs  nationaux 
roumains  (  Ballades ,  chants  des  bergers ,  airs 
de  danse,  etc.)  recueillis  et  transcrits  pour  le 
piano  par  Charles  MikuU  :  Léopol,  Kallen- 
bach ,  et  Jassy ,  chez  Bereznicki.  Les  arrange- 
ments de  ces  mélodies  par  M.  Mikuli  ne  ressem- 
blent pas  à  cenx  par  lesquels  on  a  dénaturé  le 
caractère  des  airs  nationaux  de  toutes  les  na- 
tions :  la  tonalité  bizarre  des  chants  de  la  Roumanie 
y  est  conservée  intacte ,  et  Tartiste  intelligent  n'a 
pas  entrepris  d'Iiarmoniser  certains  passages  des 
airs  appelés  Doina  et  Ilora  qui  n'auraient  pu 
être  accompagnés  d'accords  qu'aux  dépens  du 
sentiment  original  qui  les  a  inspirés. 

MILAN  (don  Loois),  gentilhomme,  ama- 
teur de  musique,  né  à  Valence,  en  Espagne, 
dans  les  premières  années  du  seizième  siècle,  est 
auteur  d'un  traité  de  la  viole,  intitulé  :  El 
Maestro  y  o  musica  de  viguela  de  mono;  Va- 
lence, 1534,  in-fol. 

MILANDRE  (....},  musicien  attaché  à  la 
musique  delà  chambre  de  Louis  XV  pour  la  viole, 
a  fait  exécuter,  au  concert  spirituel,  en  1768,  un 
Confitebork  voix  seule  et  orgue.  £n  1776  il  a  fait 
graver  à  Paris  une  symphonie  À  sept  parties.  On 
a  aussi  de  lui  une  Méthode  facile  pour  la  viole 
d'amour;  Paris,  1782,  in-4^ 

MILANl  (François),  né  à  Bologne,  vers  les 
premières  années  du  dix-septième  siècle,  fut 
maître  de  chapelle  de  l'église  San*Petronio ,  de 
cette  ville,  et  membre  de  l'Académie  des  Filaschi, 
où  il  était  appelé  il  soUiario.  On  a  imprimé  de 
sa  composition  :  1^  Vespri  per  tutto  Vanno  a  qua- 
tro  voci  con  Vorgano  e  senza.  In  Venezia,  app. 
Vincenti,  1635.  —  2°  Litanie  e  Motetli  a  2  chori 
da  concerto  e  da  capella;  ibid.  1638,  in-4*. 

MILANO  (  Jacques- FRA^çoIs),  marquis  de 
San-Giorgio  et  prince  d'Ardore,  naquit  le  4  mai 
1700  à  Polistina,  ten*e  appartenant  à  sa  famille, 
dans  la  Calabre  ultérieure.  Après  avoir  achevé 
ses  études  littéraires,  il  voulut  développer  les  dis- 
positions naturelles  qu'il  reconnaissait  en  lui  pour 
la  musique,  et  devint  élève  de  Durante.  Dès 
l'âge  de  vingt-trois  ans,  le  prince  d'Ardore  était 
devena  le  meilleur  claveciniste  de  Naples.  Il  com- 
mença alors  à  composer  des  exercices  pour  le 
clavecin ,  mais  bientôt  il  voulut  s'essayer  dans 
des  productions  plus  importantes  et  mit  en  mu- 


sique plusieurs  drames  de  Métastase,  parmi  les- 
quels on  distingue  Gioasre  di  Giuda,  la  Beiulia 
Uberala^  Angelica  e  Medoro,  de  plus,  des  can- 
tates et  des  messes.  Ces  ouvrages  sont  conservés 
dans  la  Bibliothèque  du  collège  royal  de  musique, 
à  Naples.  Arrivé  à  Paris  en  qualité  d'ambassadeur 
de  sa  cour  près  du  roi  de  France  (Louis  XV), 
le  prince  d'Ardore  y  fit  naître  l'admiration  par 
son  talent  Jean-Jacques  Rousseau  dit  de  cet 
amateur  distingué  (1)  :  «  C'est  par  le  grand  art 
«  de  préluder  que  brillent  en  France  les  excel- 
K  lents  organistes,  tels  que  sont  maintenant  les 
■  sieurs  Calvière  et  Daquin,  surpassés  toutefois 
«  l'un  et  l'autre  par  M.  le  prince  d'Ardore,  am- 
«  bassadeur  de  Naples,  lequel,  pour  la  vivacité 
«  de  l'invention  et  la  force  de  l'exécution,  efface 
a  les  plus  illustres  artistes,  et  fait  à  Paris  Tad- 
«  miration  des  connaisseurs.  »  Le  prince  d'Ar- 
dore mourut  dans  sa  terre  de  San-Paolo,  le  30 
novembre  1780. 

JMILAIVOLLO  (Dohbmica-Maria-Tbresa)  , 
aujourd'hui  M**  Pariie?(tier,  célèbre  violoniste, 
est  née  le  28  août  1827  à  Sayigliano,  près  de 
Turin,  et  non  à  Milan  comme  le  dit  Gassner  (2). 
Son  père  était  un  pauvre  menuisier,  dont  la  famille 
était  composée  de  treize  enfants.  La  vocation 
de  Teresa  se  manifesta  d'une  manière  assez 
extraordinaire.  Elle  n'avait  que  quatre  ans  lors- 
qu'on la  conduisit  entendre  une  messe  en  mu- 
si<iue  à  l'église  de  Savigliano  :  il  y  avait  dans 
cette  messe  un  long  solo  de  violon.  En  sortant  de 
l'église,  Milanollo  dit  à  sa  fille  :  £h  bien  !  Teresa, 
as'tu  bien  prié  Dieu  ?  —  Non,  papa ,  répondit- 
elle,  fat  toujours  écouté  le  violon.  Cet  instru- 
ment avait  agi  de  telle  sprte  sur  elle,  qu'elle  s'en 
occupait  sans  cesse>  et  demandait  à  chaque  ins- 
tant qu'on  lui  en  donn&t  on.  Cette  idée  fixe  de 
l'enfant  inspira  des  craintes  à  son  père  :  il  crut 
devoir  satisfaire  au  désir  de  sa  fille,  lui  acheta 
un  petit  violon  et  lui  fit  apprendre  les  éléments 
delà  musique.  Bientôt  après  elle  fut  confiée  aux 
soins  de  Giovanni  Ferrero,  assez  bon  violoniste 
établi  à  Savigliano.  Une  année  d'études  suffit  pour 
lui  faire  faire  de  si  grands  progrès,  que  des  amis 
de  la  famille  conseillèrent  à  M.  Milanollo  de 
conduire  cet  enfant-prodige  à  Turin.  Teresa 
avait  moins  de  s\\  ans  quand  sa  famille  quitta 
Savigliano.  A  Turin,  Teresa  prit  des  leçons  de 
GebbarOf  violoniste  de  la  chapelle  du  roi  Char- 
les-Albert, puis  de  Afora,  artiste  de  la  même  cha- 
pelle. Après  six  mois  d'études ,  et  avant  d'avoir 
atteint  l'Âge  de  sept  ans,  elle  débuta  à  Turin  dans 
quelques  réunions  particulières  et  chez  des  moi- 


(\)  Dictionnaire  de  musique,  ait.  Préluder, 
[i)  Vniversai  -  Lexlkon  dtr  Tonkunst,  p.  ci  s. 


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140 


I^IILAIVOLLO 


nés,  puis  elle  alla  se  faire  entendre  à  Savigliano 
et  dans  plusieurs  autres  petites  villes  des  en- 
virons. A  Mondovi,  elle  excita  un  vif  intérêt,  et 
l'on  y  fit  son  premier  portrait.  Ces  succès  ne  chan- 
geaient cependant  pas  la  position  de  sa  famille,  qui 
végétait  dans  la  misère.  Milanollo  prit  alors  la  réso- 
lution d'aller  en  France  tenter  la  fortune.  Cette 
expatriation  fut  triste,  et  ce  fut  un  spectacle  tou- 
chant de  voir  un  père  et  une  mère  entreprendre  ce 
voyage  sans  aucune  ressource,  portant  leurs  deux 
petites  filles  dans  leurs  bras,  traversant  à  pied  les 
Alpes  et  souffrant  de  froid  et  de  fatigue,  roai^  sou- 
tenus par  l'espérance  et  pleins  de  confiance  dans 
le  génie  d*un  enfant  de  sept  ans.  La  plus  jeune  des 
filles.  Maria  Milanollo,  dont  il  sera  parlé  plus 
loin ,  n'était  alors  Âgée  que  de  trois  ans.  Dans  ce 
long  et  pénible  pèlerinage,  la  pauvre  famille  passa 
par  Barcelonette,  Digne,-Aix,et  ne  s^arrétaqu^à 
Marseille. 

Ce  fut  dans  cette  ville  que  Teresa  se  fit  en- 
tendre en  France  pour  la  première  fois  :  elle  y 
donna  trois  ou  quatre  concerts  et  y  produisit  une 
vive  impression.  Son  père  y  rencontra  un  ami 
de  Lafont  qui  lui  conseilla  d^aller  directement  à 
Paris,  et  lui  donna  une  lettre  pour  ce  célèbre  vio- 
loniste. Arrivée  dans  la  capitale  de  la  France  en 
1837,  Teresa  fut  conduite  immédiatement  chez  La- 
font, qui,  charmé  de  sa  belle  organisation,  lui  donna 
des  leçons  et  la  fit  entendre  cinq  fois  à  TOpéra- 
Comique;  puis  il  proposa  à  son  père  de  l'em- 
mener en  Belgique  et  en  Hollande,  ce  qui  fut  ac- 
cepté. A  Bruxelles  elle  joua  dans  un  concert  où 
se  faisait  entendre  Servais  et  y  inspira  beaucoup 
d^intérét  par  sa  précoce  habileté.  Lafont  pré- 
senta la  jeune  fille  comme  son  élève  dans  les 
villes  principales  de  la  Hollande  et  la  fit  entendre 
dans  des  solos  et  dans  des  duos  concertants  avec 
lui.  Une  maladie  grave,  dont  la  durée  fut  de  deux 
mois,  la  saisit  à  Amsterdam,  et  l'empêcha  de 
suivre  Lafont  dans  le  reste  de  son  voyage.  Après 
qu'elle  eut  retrouvé  la  santé,  Teresa  joua  à  La 
Haye  devant  le  {f rince  d'Orange,  qui,  charmé  de 
son  talent,  lui  fit  cadeau  d'un  beau  diamant. 
Milanollo  conduisit  alors  sa  fille  en  Angleterre. 
A  Londres,  elle  se  fit  entendre  quatre  ou  cinq  fois 
au  théâtre  de  Covent-Garden  et  y  joua  une  sym- 
phonie concertante  avec  le  violoniste  Mon,  qui 
lui  donna  quelques  leçons  ;  puis  elle  parcourut 
une  partie  de  l'Angleterre,  visita  Liverpool,  Piy- 
mouth,  et  tout  le  pays  de  Galles  avec  le  harpiste 
Bochsa  qui,  spéculant  sur  le  talent  de  cette  enfant, 
la  fit  entendre  dans  quarante  concerts  en  moins 
d'un  mois  et  s'empara  de  tout  le  produit  des  recet- 
tes. Une  fatigue  excessive  fut  le  seul  résultat  de 
cette  tournée  pour  la  jeune  fille.  La  famille  Mila- 
nollo revint  alors  en  France,  et  dès  ce  moment  le 


père  de  la  virtuose  prit  la  résolution  de  s'occuper 
lui-même  des  intérêts  de  sa  fille. 


I  A  son  retour  en  France,  Teresa  donna  un  con- 
;  cert  à  Boulogne  :  elle  y  fit  entendre  sa  sœur, 
Maria,  alors  Agée  de  six  ans  dont  elle  avait  été 
le  professeur,  et  qui  ne  reçut  jamais  d'autres 
j  leçons  que  les  siennes.  Maria  était  aussi  douée 
!  d'une  rare  et  belle  organisation,  il  n'y  eut  jamais 
dans  son  talent  le  sentiment  et  la  déUcatease  qui 
distinguaient  le  jeu  de  sa  sœur  ;  mais  elle  eut  plus 
de  brillant  et  d'énergie  dans  les  difficultés.  Après 
ce  séjour  à  Boulogne,  la  famille  Milanollo  se  rendit 
à  Paris,  où  les  deux  sœurs  donnèrent  des  concerte, 
puis  elles  allèrent  produire  de  vives  émotions  i 
Rouen,  au  Havre,  à  Caen,  à  Dieppe,  Abbeville, 
Amiens,  Arras,  Douai,  Lille  et  Dunkerque.  A 
Lille,  une  médaille  fut  frappée  en  l'iMMineur  des 
deux  sœurs.  Rentrée  de  nouveau  à  Paris  en  1840, 
dans  l'intention  d'y  perfectionner  son  talent  par 
les  leçons  d'un  bon  mattre,  Teresa  voulut  que 
son  séjour  dans  cette  ville  ne  fût  connu  de  per- 
sonne. £lle  se  présenta  donc  chex  Habeneck  sous 
un  nom  supposé  :  étonné  de  trouver  tant  de 
talent  dans  un  enfant,  cet  artiste  célèbre  lui  de- 
manda qui  avait  été  son  maître  :  elle  nomma  La- 
font. Habeneck  se  souvint  alors  que  cet  artiste 
lui  avait  parlé  de  son  élève  avec  entliousiasme  à 
son  retour  de  la  Hollande,  et  il  ne  douta  pas  que 
ce  ne  fût  le  même  enfant;  mais  il  respecta  l'in- 
cognito qu'elle  voulait  garder.  Après  quelques 
mois  d'études,  Teresa  s'éloigna  de  Paris  sans  s'y 
faire  entendre,  n'y  voulant  revenir  que  précédée 
d'une  'renommée  justement  acquise.  Les  deux 
sœurs  allèrent  se  faire  entendre  à  Rennes ,  à 
Nantes,  puis  passèrent  par  Rochefort  et  se  ren- 
dirent à  Bordeaux  où  elles  donnèrent  douze  con- 
certs qui  eurent  un  grand  retentissement;  puis 
elles  revinrent  à  Paris ,  au  commencement  de 
1841,  en  passant  par  Angoulème,  Poitiers,  Tours 
et  Oriéans ,  où  elles  eurent  de  nouveaux  et  bril- 
lants succès.  Elles  se  firent  entendre  ensembledans 
les  salles  Herz,  Pieyel,  Érard,  et  eurent  l'honneur 
de  jouer  devant  la  famille  royale  à  Neuilly.  Ce  fut 
alors  qu'Habeneck,  charmé  des  prodigieux  pro- 
grès} de  son  élève,  résolut  de  la  faire  jouer  dans 
un  concert  du  Conservatoire.  II  éprouva  quelque 
résistance  à  son  désir  dans  le  comité  de  ces  con- 
certs ;  maïs  son  énergie  parvint  à  la  vaincre,  et 
le  18  avril  1841,  Teresa  joua  dans  une  de  ces 
séances  la  grande  polonaise  de  son  maître  :  elle 
y  eut  un  succès  d'enthousiasme,  et  les  plus  grands 
artistes,  au  nombre  desquels  étaient  Chérubiai 
et  Auber,  lui  adressèrent  des  félicitations.  M>i«  Mi- 
lanollo a  obtenu  depuis  lors  d'éclatants  triom- 
phes ;  mais  aucun  ne  lui  a  fait  éprouver  un  plaisir 
aussi  vif  que  celui-là. 


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MILANOLLO  —  MILANUZIO 


141 


En  quittant  Paris  peu  de  temps  après,  Teresa 
se  rendit  à  Boulogne,  où  elle  fit  la  connaissance 
du  célèbre  Tioloniste  de  Btfriot,  qu'elle  suivit  à 
Bruxelles ,  et  dont  elle  reçut  des  leçons  pendant 
plusieurs  mois.  Elle  donna  ensuite  avec  sa  sœur 
environ  soixante  concerts  dans  les  dirférentes 
villes  de  ia  Belgique,  à  Aix-la-Cbapelle,  Cologne 
et  Bonn;  puis  elles  eurent  l'honneur  de  jouer  de- 
vant le  roi  de  Prusse  au  cli&teau  de  Bruhl.  Ar- 
rivées à  Francfort,  elles  y  donnèrent  douze  con- 
certs, sans  épuiser  la  curiosité  publique.  A  Stutt- 
gard,  à  Carlsrube,  elles  n*eurent  pas  moins  de 
succès,  et,  enfin;  elles  arrivèrent  à  Vienne,  où 
leurs  concerts  s'élevèrent  au  nombre  de  vingt- 
cinq,  au  commencement  de  1843.  Dans  cette 
même  année,  les  deux  sœurs  retournèrent  dans 
leur  patrie  et  se  firent  entendre  à  Turin,  à  Milan 
(théâtre  de  la  Scala),  à  Vérone,  Padoue  et  Ve- 
nise. Parties  de  cette  dernière  ville,  elles  retour- 
nèrent en  Allemagne  par  Trieste,  où  elles  donnè- 
rent un  concert  au  mois  de  décembre;  puis  elles 
jouèrent  à  Prague,  Dresde  et  Leipsick.  Arrivées 
à  Berlin  dans  l'hiver  de  1844,  elles  y  donnèrent 
un  grand  nombre  de  concerts  et  jouèrent  plu- 
sieurs fois  à  la  cour.  De  Berlin,  la  famille 
MilanoUo  se  rendit  à  Hambourg,  où  les  deux  sœurs 
donnèrent  onze  concerts  jusqu'au  mois  de  juillet, 
après  quoi  elles  allèrent  prendre  quelque  repos 
en  Belgique.  Dans  Thiver  suivant  elles  allèrent 
en  Hollande  où  leur  succès  eut  tant  d'éclat , 
qu'elles  donnèrent  dix-huit  concerts  à  Amsterdam. 
Au  printemps  de  1845,  elles  firent  un  voyage  à  Lon- 
dres ;  mais  elles  n'y  donnèrent  qu'un  seul  concert, 
où  il  y  eut  peu  d'auditeurs.  Depuis  cette  époque 
jusqu'en  1847»  la  même  activité  se  fit  remarquer 
dans  la  carrière  de  ces  jeunes  artistes,  qui  visi- 
tèrent les  provinces  rhénanes,  la  Bavière,  les 
Tilles  principales  de  la  Suisse  el  le  midi  de  la 
France,  recueillant  partout  les  témoignages  d'in- 
t<^rét  dans  l'immense  quantité  de  leurs  concerts. 
Arrivées  à  Nancy  au  mois  de  juillet  1847,  elles 
s'y  arrêtèrent,  et  M.  MilanoUo  acheta  une  belle 
propriété  à  Maleze  ville,  près  de  cette  ancienne 
capitale  de  la  Lorraine.  Au  mois  de  décembre 
saifaot,  les  deux  sœurs  furent  rappelées  à  Lyon, 
où  elles  donnèrent  encore  dix  concerts*  Lors- 
que la  révolution  du  mois  de  février  1848 
éclata,  la  famille  MilanoUo  se  trouvait  à  Paris, 
où  les  jeunes  virtuoses  étaient  engagées  pour 
jouer  à  ropéra  :  elles  prirent  la  résolution 
de  se  réfugier  à  Maiezeville.  Elles  y  goûtaient 
1^  charmes  du  repos  depuis  quelques  mois 
lorsque  Maria  fut  atteinte  d'une  maladie  grave  : 
OQ  la  conduisit  à  Paris  pour  la  confier  aux  soins 
de  médecins  célèbres  ;  mais  leur  art  fut  impuis- 
«*nt:  Maria  mourut  le  21  octobre  1848,  avant 


d'avoir  accompli  sa  seizième  année,  et  fut  inhu- 
mée au  cimetière  du  père  Lachaise. 

A  près  ce  malheur,  Teresa  qui,  depuis  plusieurs 
années  avait  donné  tous  ses  concerts  avec  sa  sœur, 
passa  plusieurs  mois  dans  ia  retraite  et  ne  voulut 
pas  paraître  en  public.  Plus  lard  elle  ne  reprit  ses 
voyages  que  pendant  l'hiver  et  passa  chaque 
année  la  saison  d'été  à  Maiezeville.  Dans  les  der- 
niers temps  de  sa  carrière  d'artiste.  Tannée  185t, 
fut  une  des  plus  remarquables.  Au  mois  de  jan- 
vier elle  donna  plusieurs  concerts  à  Strasbourg  et 
y  eut  des  succès  d'enthousiasme.  Le  1'*^  février 
elle  quitta  cette  ville  pour  aller  à  Munster,  puis 
elle  parcourut  une  partie  de  la  Suisse  et  donna 
cinq  concerts  à  Bâle.  Au  mois  de  mars  elle  donna 
des  concerts  à  Manbeim  et  à  Heidelberg,  et  le 
mois  d'avril  fut  employé  à  donner  huit  concerts 
au  théâtre  de  Francfort.  Le  dernier  fut  pour  le 
bénéfice  des  membres  de  l'orcliestre,  qui  firent 
frapper  une  médaille  en  son  honneur.  Repassant 
à'  Strasbourg  pour  retourner  à  Maiezeville,  elle 
donna  le  10  mai  un  concert  au  bénéfice  de  l'or- 
chestre du  théâtre.  Ce  fut  dans  ce  voyage  de  1851 
que  la  célèbre  artiste  joua  pour  la  première  fois 
des  fantaisies  de  sa  composition,  dont  une  sur 
les  motifs  de  la  Favorite,  et  l'autre  sur  des  mé- 
lodies de  Guillaume  Tell.  Elle  en  avait  écrit 
l'accompagnement  pour  le  piano  :  un  artiste  de 
talent  (M.  Liebe)  en  fit  l'instrumentation  pour 
l'orcliestre.  Depuis  lors  M""  MilanoUo  a  composé 
des  ou VI  âges  pins  importants ,  au  nombre  des- 
quels est  un  concerto. 

Ayant  épousé  M.  Parmentier  (  voyez  ce  nom  ), 
officier  supérieur  du  génie,  elle  a  cessé  de  pa- 
raître en  pubUc  et  ne  s'est  plus  fait  entendre  que 
de  quelques  amis.  Après  avoir  habité  à  Paris 
pendant  plusieurs  années,  M"*  Parmentier  est 
établie  à  Toulouse  depuis  1860. 

MILANTA  (JBAn-FRANçois),  musicien  Ita- 
lien du  dix-septième  siècle,  né  à  Parme,  fut 
maître  de  cbapeUe  et  organiste  de  la  cathédrale 
d'Asola.  11  est  connu  par  un  recueil  de  compo- 
sitions religieuses  intitulé  :  Missa,  salmi  e  mo- 
ietti  con  sinfonie  a  1,  2,  3,  4,  5  e  8  t;oci  con- 
ceriati,  op,  1;  Venezia,  Aless.  Vincenti;  1649, 
et  par  un  autre  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Il  se- 
condo  lihro  de  Motelti  a  2,  3,  4  e  5  voci  con 
violini  e  Litanie  a  quattro  délia  beaia  Vir- 
gine  Maria,  e  4  Tanium  ergo,  ibid.  1651, 
in-4". 

MILANUZIO  ou  MILANUZZI  (Char- 
les), moine  augustio  de  Santa  Mataglia,  dans 
l'État  de  Venise,  fut  organiste  à  l'église  Saint- 
Étienne  de  cette  ville  vers  1615,  et  plus  tard  à 
Sainte-Euphémie  de  Véione.  Ses  compositions  le 
placent  parmi  les  musiciens  distingués  de  l'Italie 


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142 


MILANUZIO  —  MILDER-HAUPTMANN 


à  cetle  époque.  On  connaît  de  lui  les  oavrageft 
suivants  :  1"  Messe  concertate  a  quaitro  voci, 
op,  2;  in  Venezia,  Âless.  Yincenti^  1G18.  — 
2"*  Litanie  délia  Madonna  a^eS  voci,  op.  5; 
ibid.  1620.  Il  y  a  une  deuxième  édition  de  cet  ou- 
vrage, publiée  chez  le  même  éditeur  en  1642.  — 
3°  Armonia  sacra  di  concerii,  cioe  Messe  e 
CanzoïU  a  cinque  voci  con  il  suo  basso  con- 
tinuo  per  Vorgtmo  di  Carlo  Milanuzii  da 
Santa  Nataglia,  maestro  di  capella  in  Santa 
EitfenUa  di  Verona,  opéra  sesta ,  novamente 
composta  e  data  in  liice^  ibid.  1622,  in-4^  On 
voit  par  ce  titre  que  le  P.  Milanuzio  était  déjà 
attaché  à  Téglise  Sainte-Euphémie  de  Vérone  en 
1622.  L'épltre  dédicatoire,  au  P.  Léonardo  Zorzi, 
premier  organiste  de  la  même  église,  est  datée  de 
Venise,  te  10  mars  1622.  Il  y  a  une  autre  édition 
du  même  ouvrage,  publiée  à  Venise,  chez  le  même 
éditeur,  en  1632.  — >  4°  Sacra  cetra,  concerti 
con  affetii  eeelesiasticia  S,  3,  4  «  5  voci,  con 
Vaggiunta  di  sel  Motetti  commodi  per  il  basso 
solo,  lib,  1  e  2.  op.  12  e  13;  ibid,  1625.  ^ 
5°  Ariose  vaghezse  a  voce  sola,  libri  1,  2,  3, 
4,  5,  6,  7,  8.  ibid  ;  1625.  —  6*»  Salmi  e  Vesperi 
intieri  a  2  0-3  voci  con  il  basso  per  Vorgano; 
ibid,  1628,  in -4°  —  7*  Messe  a  tre  concertate 
chesipossono  cantare  a7  e  ii  voci.  op.  16; 
ibid,  1629,  in-4^  —  8°  Compléta  concertate 
con  le  antifonie  e  litanie,  ai,  2,  3  c  4  voci; 
ibid.  —  9*»  BalUtti,  saltarelli,  e  correntine 
alla  francese,  lib,  1.  —  10*  Concerti  sacri  di 
salmi  a  2  e  3  voci ,  con  il  basso  continua , 
lib,  1 .  op.  14  ;  ibid,  1636.  C^est  une  réimpression. 
Idem,  lib,  2 .  —Il'»  Hortus  sacer  deliciarum, 
seu  motetti,  litaniœet  missa  1^  2  e  3  vocum, 
lib.  3.  op.  19;  Venise,  Vincenti,  1636.  Les  autres 
ouvrages  de  Milanuzio  me  sont  inconnus. 

MILGHMEYER  (  Philippe- Jacques  ),  pro- 
fesseur  de  harpe  et  de  clavecin,  né  à  Francfort- 
sur-le-Mein,  en  1750,  était  fils  d^un  horloger.  Il 
fut  d'abord  attaché  à  la  musique  de  Télecteur  de 
Bavière,  vécut  à  Paris  depuis  1770  Jusqu'en  1780, 
puis  se  fixa  à  Mayence  en  qualité  do  mécanicien 
de  la  cour.  Il  y  inventa  un  piano  mécanique,  dont 
on  trouve  une  description  assez  obscure  dans  le 
Magasin  musical  de  Cramer  (  t.  1,  pag.  lo*24 
et  suiv.).  Cet  écrivain  prétend  que  cet  instru- 
ment avait  trois  claviers,  et  qu'il  pouvait  produire 
deux  cent  cinquante  variétés  de  sonorités,  ce  qui 
est  fort  difficile  à  croire.  On  pouvait  aussi  diviser 
cet  instrument  en  plusieurs  parties,  pour  qu'il 
pût  être  joué  par  différentes  personnes  à  la  fois. 
Milchmeyer  parait  avoir  vécu  quelque  temps  à 
Dresde  dans  les  dernières  années  du  dix-huitième 
siècle,  car  il  y  a  publié  un  traité  de  l'art  de  jouer 
du  piano,  sous  ce  titre  :  Anfangsgrilnde  der 


Muzik  um  des  Pianoforte  sotvohl  inRucksich 
des  Fingersatzes,  als  auch  des  Manieren ,  des 
Ausdrucks  und  richtigen  spielen  zu  lemen 
vonP.  /.  Milchmeger,  Hofmusikus  Sr.  Durchl. 
des  Churfiirsten  von  Baiem;  Dresde,  chrz 
Tauteur,  1797,  in-fol.'  On  trouve  une  analyste 
favorable  de  cet  ouvrage  dans  la  première  année 
delà  Gazette  miMk;aZedeLeipBick  (pag.  117  et 
135).  Vers  1803  Milchmeyer  alla  s'éUblir  à  Stras- 
bourg, comme  professeur  de  piano  :  il  avait  été 
frappé  d'apoplexie  et  ne  pouvait  plus  marcher 
quand  il  arriva  dans  cette  ville.  Il  y  donnait  des 
leçons  chez  lui,  assis  dans  un  fauteuil  à  roatettes, 
et  avait  la  réputation  d'être  bon  maître,  particu- 
lièrement pour  la  tenue  de  la  main  et  le  doigté. 
M.  Parmentier  (voye^cib  nom  ),  qui  a  fait  des  re- 
cherches sur  cet  artiste  dans  les  registres  de  Tétat 
civil,  à  Strasbourg,  a  trouvé  qu'il  est  décédé  dans 
cette  ville  le  1 5  mars  18 13,  à  PAge  de  soÎKante-troîa 
ans.  On  ne  connaît  pas  aujourd'hui  de  compositions 
de  Mildimeyer. 

MILDE  (Tn.  ).  On  a  publié  sous  œ  nom  : 
Uebe^'  dos  Leben  und  die  Werke  der  belieb- 
testen  deuischen  Dichier  und  Tonsetser  (  Sur 
la  vie  et  les  ouvrages  des  meilleurs  poètes  et  mu- 
sictens  allemands) ; Meissen,  1834,  2 parties  in-8^ 
Il  y  avait  un  chanteur  de  ce  nom  à  Wamar  en 
1848  ;  il  est  peu  vraisemblable  que  ce  soit  l'auteur 
de  cet  ouvrage. 

MILDER-HAUPTMANIV  (M**  PiiuuMB 
Anne),  célèbre  cantatrice  allemande,  fille  d'un 
courrier  de  cabinet  de  la  cour  impériale  de  Vienne, 
est  née  en  1 785  h  Constantinople,  où  son  père  était 
en  voyage.  Conduite  ensuite  à  Vienne,  la  mort 
de  son  père  l'obligea  d'entrer  chez  une  dame 
de  condition,  comme  femme  de  chambre.  Scbika- 
neder,  directeur  de  spectacle  à  Vienne,  Tavant 
entendue  par  hasard,  fut  frappé  de  la  beauté  de 
sa  voix,  et  l'engagea  à  se  vouer  au  théâtre,  offrant 
de  faire  les  .frais  de  son  éducation  musicale.  Elle 
accepta  ses  propositions,  et  devint  l'élève  d'un 
maître  de  chant  nommé  Tomascelli,  pois  de 
Saiieri.  Il  parait  toutefois  qu'elle  fit  peu  de 
progrès  dans  i'art  du  chant,  et  qu'elle  dut  sur- 
tout ses  succès  à  la  beauté  remarquable  de  son 
organe.  Cet  avantage  si  rare  lui  fit  obtenir  presque 
à  ses  débuts  im  engagement  au  théâtre  de  la  cour 
impériale.  Sa  réputation  s'étendit  bientôt  dans 
toute  l'Allemagne,  et  des  offres  lui  furent  faîtes 
de  plusieurs  villes  pour  l'attacher  à  leurs  théâtres. 
Elle  brillait  surtout  dans  la  musique  tragique, 
particulièrement  dans  les  opéras  de  Gluck.  5^ 
haute  stature  et  la  beauté  de  ses  traits  semblaient 
d'ailleurs  l'avoir  destinée  à  ce  genre  dramatique. 
En  1608  elle  visifa  quelques  grandes  villes.  De 
retour  à  Vienne  après  un  voyage  couronné  de 


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MILDER-HAUPTMANN  —  MILLER 


148 


succès,  elle  eut  un  nouf el  engagemeot  à  la  cour 
en  qualité  d«  première  cantatrice  En  1810  elle 
devint  la  femme  d'un  riche  bijoutier  nommé 
Hauptmann.  Deux  ans  après  elle  fit  un  voyage  à 
Berlin,  où  elle  débuta  dans  Vlphigéme  enTauride, 
de  Gluck.  Les  connaisseurs  ne  lui  trouvèrent 
pas  un  talent  égal  à  sa  réputation ,  mais  le 
public,  diarmé  par  ses  avantages  naturels, 
Tapplaudit  avec  transport.  Ses  succès  furent 
semblables  dans  quelques  autres  capitales  de 
l'Allemagne  où  elle  se  fit  entendre.  En  1816, 
elle  contracta  un  engagement  fixe  avec  le  tbMtre 
royal  de  Berlin,  où  elle  brilla  pendant  douze  ans 
dans  tous  les  grands  rôles  du  répertoire.  Vers  la 
TiQ  de  1829,  de  vives  discussions  avec  Spontini 
Tobligèrent  à  se  retirer.  Elle  visita  alors  la  Rassie, 
la  Suède  et  le  Danemark  ;  mais  raffaiblissement 
de  son  organe  ne  lui  permit  plus  de  se  faire  en- 
tendre que  dans  des  concerts  où  elle  ne  chantait 
que  des  airs  simples  de  Haendel  et  de  Mozart. 
Elle  n'était  plus  que  Tombre  d'elle-même  lors- 
qu'elle chanta  à  Vienne  en  1836.  Ce  fut  la  der- 
nière apparition  qu'elle  fit  en  public.  Depuis  lors 
elle  vécut  dans  la  retraite.  Les  rôles  à^fphigéfUe, 
d'Àrmide,  d'Elvire  dans  Don  Juan,  de  Médée, 
et  de  Statira  dans  Olympie,  ont  été  ceux  où 
elle  a  particulièrement  brillé.  Mme  Milder-Haupt'- 
mann  est  morte  à  Berlin,  le  29  mai  1838. 

MILDNËR  (Maorice),  né  en  1812  à  Tur- 
dUz  ,  en  Bohême ,  a  reçu  son  éducation  mnsi- 
cale  au  Conservatoire  de  Prague,  et  est  devenu 
un  des  violonistes  distingués  de  Tépoque  actuelle 
en  Allemagne,  sous  la  direction  de  Pixis,  profes- 
seur de  cette  école.  En  1828,  ses  éludes  scolasli- 
qoes  étant  terminées ,  il  est  entré  à  Torchestre 
du  tlié&tre  royal  de  Prague,  en  qualité  de  pre- 
mier violon  solo.  U  a  composé  quelques  mor- 
ceaux pour  son  instrument,  maïs  aucun  n'a 
été  publié  jusqu'à  ce  moment.  M.  Mildner  a  été 
nommé  professeur  du  Conservatoire  de  Prague 
en  1842.  Ses  meilleurs  élèves  sont  Laub  et  Drey- 
schok,  frère  do  pianiste  de  ce  nom. 

MILET  (  Jacques),  cordelier  de  la  stricte  ob- 
servance, né  à  Drogheda  en  Irlande,  vers  1590, 
vécut  au  couvent  des  cordeliers  irlandais  appelés 
de  Saint-Isidore,  à  Naples,  et  y  mourut  en 
1639.  Il  a  écrit  un  traité  de  musique  intitulé  : 
DeW  Arte  musica  ossia  metodo  di  canto, 
%les,  1630,  in  8". 

MILHESC  Isidore),  professeur  de  chant  et 
compositeur,  né  à  Toulouse  vers  1806,  apprit  à 
jouer  du  violon  à  l'âge  de  douze  ans,  et  com- 
mença l'étude  du  chant  en  1824.  Admis  au  Con- 
servatoire de  Paris  comme  pensionnaire,  il  y 
compléta  ses  études  musicales.  Après  avoir  dé- 
^té  comme  baryton  au  théâtre  de  Marseille,  il 


se  rendit  à  Milan  avec  une  lettre  de  reeomman- 
ëation  de  Rossini  pour  le  professeur  de  ehant 
Banderali,  avec  qui  Milh^  travailla  quelque 
temps.  De  Retour  en  France ,  il  a  chanté  au 
théâtre  des  Nouveautés  les  traductions  dV 
péras  italiens;  puis,  en  18S5,  il  fut  attaclié  an 
théAtre  de  Ntnies,  et  danà  Tannée  suivante,  U 
donna  des  représentations  à  celui  de  Toulouse. 
Rentré  à  Paris  vers  la  fin  de  1836^  il  débuta  à 
l'Opéra-Comique  dans  le  rôle  de  Zampa  ;  mais 
n'y  ayant  pas  eu  d'engagement,  il  se  rendit  en 
Amérique.  £n  1840  il  revint  en  £urope  et  fat 
engagé  dans  une  compagnie  italienne  pour  l'Ea- 
pagne.  Fixé  enfin  à  Paris  ,  il  a  quitté  la  scène 
et  s'est  Uvré  à  Teuseigneraent  du  chant.  Comme 
compositeur,  il  a  publié  un  grand  nombre  de  ro- 
mances, de  duos  pour  le  chant,  d'airs,  et  d'hymnes 
religieuses.  On  a  de  lui  une  méthode  de  chant. 

MILHËYRO  (  Antoine  ),  compositeur  por- 
tugais, né  à  Braga,  était,  au  commencement  du 
dix -septième  siècle .  maître  de  chapelle  à  la  ca- 
thédrale de  Coimbre,  puis  fut  appelé  à  Lisbonne, 
où  il  obtint  un  canonicat.  On  a  de  lui  :  Mituale 
romanum  Pauii  V  Jussu  editym,  subjuncta 
missa  pro  defunctis  à  se  musicis  numeris 
adapiata,  cantuque  ad  gêneraient  re^  con- 
suetiidinem  redada  ;  Coimbre»  1618,  in  4*^.  Mil- 
heyro  a  laissé  aussi  en  manuscrit  un  traité  con- 
cernant la  théorie  de  la  musique. 

MILIONI  (  Piebre),  musicien  du  seizième 
siècle,  né  à  Rome,  a  publié  dans  cette  ville  un 
livre  de  tablature  de  guitare  sous  ce  titre  :  Il 
primo ,  seconde  e  ierso  Ubro  d'inlavolatura, 
sopra  i  quali  ciascuno  da  se  medesimo  puà 
imparare  a  suonare  di  chitarra  spagnuola, 
accordare ,  fare  il  irillo,  il  ripicco,  e  anco 
trasmutar  sonate  da  una  lettera  ail*  aUra 
corrispondente,  Mersenne  en  cite  une  édition 
publiée  à  Rome,  en  1624  {Harmon.  wUv. 
Traité  des  instruments^  livre  U,  p.  96  verso). 
La  quatrième  édition  de  cet  ouvrage  est  datée  de 
Rome,  1627,  in-8'*  oblong.  £.-L.  Gerber  en  cite 
une  de  1638,  sous  le  titre  de  Corona  del primo, 
seconda  e  teno  Ubro  dHntavolatura,  etc« 
C'est  probablement  la  dnquiènie. 

MILIZIA  (François) ,  littérateur  itatien , a 
fourni  des  rensdgnements  sur  les  théâtres  de 
ritaliedans  un  écrit  intitulé  :  Del  Teatro,  Rome 
1771.  IL  en  a  été  publié  une  deuxième  édition  à 
Venise^  1773,  in-4''  de  100  pages. 

MILLER  (  Le  P.  Jean-Pierre),  recteur  et 
sous-prieur  du  monastère  de  Marienthal,  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  est  auteur  d'une 
dissertation  intitulée  :  De  fatis  artis  musiae 
brevisacsuccinctaprolusio  qua  ad  déclama^ 
tiones  aliquot  A.  D,  VI,,»  Apr.  bénigne  au* 


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144 


MILLER 


diendas  patrones  et  fauiores  decenter  invitât 
etc.  Helmstadii,  Midi.  Gunther  Leuekart^ 
1764,  in-4»,  de  16  page». 

MILLER  (ÉnooARD) ,  docteur  en  masiqoe, 
naquit  en  1731 ,  à  Doncaster,  et  fit  ses  études 
musicales  sons  la  direction  de  Bumey,  auteur  de 
THistoire  de  la  musique.  A  TAge  de  Yingt-cinq 
ans  il  fut  nommé  organiste  dans  sa  ville  natale, 
et  pendant  cinquante  ans  il  occupa  cette  place. 
Jusqu'à  ses  derniers  jours,  il  donna  aussi  des 
leçons  de  piano.  Il  mourutàDoncasterle  12  sep- 
tembre 1807,  à  l'Age  de  soixante-seiie  ans. 
On  a  publié  de  cet  artiste  :  r  Six  solos  pour  la 
flûte  allemande ,  sous  ce  titre  :  Solos  for  ihe 
German  flûte  wUh  remarks  on  double  ton- 
guing  ;  Londres,  1752 .  —  2*^  Six  sonates  pour  le 
clavecin  ;  ibid.,  1768.  —  3*»  Élégies  avec  accom- 
pagnement de  clavecin^  1773.  —  4^  Douze  chan- 
sons anglaises  ;  idem,  ibid.  —  5**  Sélection  of 
psalms  (choix  de  psaumes  mis  en  musique); 
ibid.,  1774.  Cette  collection  a  été  si  favorable- 
ment accueillie  du  public,  que  le  noml>re  des 
souscripteurs  s'est  élevé  à  cinq  mille.  —  6^  Quel- 
ques psaumes  de  Watts  et  de  Wesley  à  3  voix, 
à  l'usage  des  méthodistes;  Londres,  1801. 
—  7**  Institutes  of  Music  for  young  beginners 
on  the  A^rp^yiortf(  Principes  de  musique  pour 
les  clavecinistes  commençants);  Londres,  1771. 
Cet  ouvrage  a  obtenu  un  si  brillant  succès,  qu'il 
en  a  été  fait  seize  éditions.  —  8^  Letters  in  he- 
halfofprofessorsof  music residing  in  the  coun- 
iry  (  Lettres  en  faveur  des  musiciens  de  la  campa- 
gne) ;  Londres,  1784,  in-4^  —  Q"*  Eléments  of 
ihe  Thoroughbass  and  composition  (Éléments 
de  la  basse  continue  et  de  la  composition  )  ;  Lon- 
dres, 1787^  in-fol.  Miller  a  traduit  en  anglais  le 
Dictionnaire  de  musique  de  J.-J.  Rousseau, 
mais  sa  traduction,  dont  dix- huit  feuilles  envi- 
ron avaient  été  imprimées,  n*a  point  été  publiée. 
Il  en  existe  trois  ou  quatre  exemplaires  formés 
de  bonnes  feuilles  qui  avaient  été  fournies  à  Paur 
teur  pendant  l'impression  :  c'est  une  rareté  bi- 
bliographique fort  recherchée  en  Angleterre. 
^MILLER  (Jules),  chanteur  et  composi- 
teur, est  né  à  Dresde  en  1782.  Dès  l'Age  de  huit 
ans,  ses  dispositions  pour  la.musique  étaient  re- 
marquables. Il  possédait  'aussi  une  voix  de  so- 
prano si  belle,  qu'il  fut  emmené  à  Prague  en 
1794  pour  chanter  au  couronnement  de  l*empe 
reur.  Cependant  il  ne  recevait  point  de  leçons 
de  musique  et  ne  s'instruisait  dans  cet  art  que 
par  instinct.  Vers  cette  époque  il  commença  ce- 
pendant l'étude  du  violon  sous  la  direction  d'un 
maître  obscur  :  il  parvint  sur  cet  instrument  à 
une  assez  rare  habileté.  En  1799  il  entreprit  un 
voyage  et  donna,  comme  violoniste ,  uu  con- 


cert à  Halle,  qui  fut  dirigé  par  TArk.   De  la  il 
alla  à  Amsterdam,  et  y  débuta  comme  ténor  au 
théAtre  allemand.  Il  y  joua  le  rôle  de  Tamino 
dans  la  Flûie  enchantée.  Cet  essai  fut  heureux. 
Miller  chanta  ensuite  à  Flensbourg  et  ao  tliéâ(re 
de  la  cour,  à  Schlesvrig.  Ce  fut  à  celui  ci  qu'il 
fit  représenter  en  1802  son  premier  opéra  intitulé: 
Der  Freybrief(heFrm\é$e),  qui  lut  applaudi 
avec  chaleur.  L'année  d'après  il  fut  attaché  an 
théAtre  de   Hambourg  :   c'est  là  que  s'établit 
sa  réputation  comme  chanteur  dramatique ,  et  i 
cette  époque  il  fut  considéré  comme  le  meilleur 
ténor  de  l'Allemagne.  A  Breslau ,  où  il  alla  en 
quittant  Hambourg,  il  se  lia  avec  Berner  et  Ch. 
M.  Weber.  L'amitié  de  ces  deux  hommes  re- 
marquables en  des  genres  difTérents,  exerça  une 
heureuse  influence  sur  la  direction  de  Miller 
dans  la  composition,  et  les  connaisseurs  cons- 
tatèrent ses  progrès  dans  l'opéra  qu'il  fit  repré- 
senter à  Breslau  sous  ce  titrée  :  Die  Verwand- 
lung  (La  Métamorphose).  Cet  ouvrage  fut  joué 
avec  succès  dans  plusieurs  grandes  villes  de 
l'Allemagne,  entre  autres  à  Hambourg  et  à  Ber- 
lin. Après  avoir  joué  dans  celle-d,  à  Vienne,  à 
Dessau  et  à  Leipsick,  il  fut  attaché  à  une  troupe 
ambulante  depuis  l'année  1810  jusqu'en  1813; 
situation  peu  convenable  pour  un  artiste  si  re- 
marquable, mais  que  son  .esprit  de  désordre  el 
d'indépendance  lui  faisait  trouver  agréable.  C'est 
dans  cette  période  qu'il  fit  jouer  à  Leipsick  son 
Officier  cosaque,  devenu  populaire   en  Alle- 
magne. 11  avait  pris  la  résolution  de  se  rendre  en 
Russie  ,  et  déjà  il  était  arrivé  à  Varsovie  lors- 
qu'il reçut  de  Kotzebue  une  invitation  pour  se 
rendre  à  Kœnigsberg,  où  il  fut  engagé  pour  le 
théfttre.  Il  y  écrivit  son  opéra  intitulé  :  Die  AI- 
penhUtte  (La  Chaumière  des  Alpes) ,  et  J7er- 
mann  et  Thusnelda  :  les  livrets  de  ces  deux  ou- 
,  vrages  avaient  été  composés  pour.lui  par  Kofase- 
bne.  En  1816  il  se  fit  entendre  de  nouveau  à 
Berlin,  puis  à  Francfort-sur-le-Mein,  où  le  pu- 
blic l'accompagna  en  triomphe  jusqu'à  sa  de- 
meure après  une   représentation  de  La  Clé- 
mence de  Titus,  de  Mozart.  Le  grand-duc  de 
Hesse-Darmstadt  l'engagea    ensuite  pour  son 
théfttre  où  les  conditions  les  plus  avantageuses 
lui  furent  faites.  Cependant  il  n'y  resta  que 
Jusqu'en  1818,  et  de  là  il  alla  à  Hanovre.  En 
1820  on  le  retrouve  i  Amsterdam  où  il  passa 
plusieurs  années,  quoiqu'il  lit  de  temps  en  temps 
des  voyages  en  Allemagne  pour  y  faire  représen- 
ter ses  ouvrages,  entre  autres  sa  Mérope,  que 
Spohr  considérait  comme  une  des  bonnes  pro- 
ductions de  l'époque.  En  1627,  Miller  lit  bo 
voyage  à  Paris  ;  l'année  suivante  il  était  à  Bruxelles, 
où  il  donnait  des  concerts  avec  Drouet.  De  là  il 


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MILLER  —  MILLEYILLE 


145 


alla  donner  des  représentations  à  Riga,  Péters^ 
bourg  et  Moscou.  De  retour  à  Liibeck  et  à  Ham- 
l)oarg  en  1830,  il  ne  s'y  arréU  pas  longtemps , 
car  Tannée  d'après  il  était  à  Berlin,  où  il  don- 
nait des  leçons  de  chant  En  1833,  il  prit  la  direc- 
tion da  théâtre  de  Dessao.  Depuis  ce  temps  le 
désordre  de  sa  conduite  le  jeta  dans  une  sorte 
d^abrolisaement  où  il  ne  lui  resta  plus  même  le 
souvenir  de  sa  gloire  passée.  Séparé  de  sa  femme 
et  de  ses  enfonts  qui  languissaient  à  Dessau  dans 
une  protonde  misère ,  il  traîna  de  ville  en  Tille 
une  existence  dégradée.  II  est  mort  à  Chariot* 
tenbourg,  près  de  Berlin,  le  7  avril  1851.  Outre 
les  opéras  de  cet  homme  singulier,  cités  plus 
haut,  on  connaît  aussi  de  lui  les  petits  opéras 
iutitulés  :  Julie  ou  le  Pot  de  (leurs ,  le  Bou^ 
quel  rendu,  et  Michel  et  Jeannette.  Son  dernier 
ouvrage  dramatique  est  un  opéra-comique  inti- 
tulé  :  Perruque  et  musique ,  qui  fut  représenté 
à  Dresde,  en  1846.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  La  partition  de  VOf/icier  cosaque,  réduite 
pour  le  piano  ;  Dresde,  Hilscher.  —  2®  Plusieurs 
recueils  de  chants  à  trois  et  à  quatre  voix ,  des 
canons,  et  des  chansons  à  voix  seule  avec  ac- 
compagnement de  piano.  Il  avait  en  manuscrit . 
des  messes  à  grand  orchestre,  des  motets,  le 
Paier  noster  de  Klopstock,  et  des  ouvertures 
de  concert.  On  connaît  aussi  de  lui  Six  Chants  à 
voix  seule  et  à  4  voix  avec  accompagnement 
de  piano,  op.  28;  Leipsick ,  Hofmeister;  Six 
Chants  à  4  voix  d'hommes;- Demandent  réponse 
pour  4  ténors  et  4  basses.  —  Une  fille  de  Miller, 
cantatrice,  a  été  attachée  aux  théâtres  de  Dus- 
seldorf,  Cassel,  Berlin  et  Vienne,  depuis  1835 
jusqu*en  1846. 

MILLET  (Jban),  chanoine  et  premier  chantre 
à  la  cathédrale  de  Besançon,  naquit  vers  1620,  à 
Fondremand,  bailliage  de  Yesoul,  de  parents  sim- 
ples cultivateurs.  Après  avoir  été  attaché  comme 
enCsnt  de  chœur  à  la  musique  de  la  cathédrale 
de  Besançon,  et  y  avoir  terminé  ses  études,  il 
embrassa  l'état  ecclésiastique,  et  resta  attaché  à 
la  même  église.  L^archevêque  Antoine-Pierre 
deGrammont,  qui  protégeait  Millet,  le  chargea 
de  publier  de  nouvelles  éditions  des  Livres  de 
chœur.  Il  mourut  vers  1682.  On  a  de  lui  :  ZX- 
redoire  du  chant  grégorien f  Lyon,  1666, 
fo-4^  de  176  pages  ;  bon  ouvrage  où  il  y  a  de 
curieuses  observations  sur  ies  rapports  des 
tnodes  anciens  avec  les  huit  tons  du  plaincLant. 
Oo  lui  attribue  aussi  l'itr^  de  bien  chanter  en 
musique,  ou  la  Belle  Méthode,  qu'on  dit  avoir 
été  gravé  par  Pierre  de  Loisy  ;  mais  l'existence 
de  ce  dernier  ouvrage  n'est  pas  bien  prouvée; 
à  moins  que  ce  ne  soit  le  précodent  présenté 
sous  un  autre  titre;  ce  qui  est  vraisemblable , 

BIOCB.  UNIV.   OBS  MUSICIENS.  —  T.   VI. 


car  le  P.  Martini  cite  ce  dernier  ouvrage  dantf  le 
premier  volume  de  son  Histoire  de  la  musique, 
sous  la  date  de  Lyon ,  1666. 

MILLEVILLE  (  Jean  DE  ) ,  musicien 
français,  vécut  dans  la  première  moitié  du  sei- 
zième siècle ,  et  fut  attaché  au  service  de  Renée 
de  France ,  fille  de  Louis  XII,  qui  avait  épousé 
Hercule  II  d^Este ,  duc  de  Ferrare.  Parmi  les  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris,  on 
trouve,  dans  un  volume  coté  F  540  du  supplé- 
ment, une  pièce  qui  a  pour  titre  :  BoUe  des  genr 
tilshommes,  dames  et  damoiselles,  et  officiers 
de  la  maison  de  très-haute  et  très-puissante 
dame  Benée  de  France,  duchesse  de  Ferrare, 
dressé  par  maure  GuiUcnmie  Barbet,  commis 
de  ses  finances  i  on  y  lit  à  Particle  de  la  cha- 
pelle :  «  Jean  de  Milleville,  que  monseigneur  le 
«  duc  de  Ferrare  amena  de  France  chantre  en 
e  sa  chapelle ,  envoyé  quérir  par  madite  dame 
«  aTeeque  promesse  de  gaiges  qu'il  eust,  et  de- 
«  puis  ayant  ledit  sieur  laissé  sa  chapelle,  elle  l'a 
«  accepté  et  retenu  aux  mêmes  gages  et  estais.  » 
On  trouve  dans  le  huitième  livre  de  motets 
publiés  par  Pierre  Attaignant,  sous  le  titre  de 
Liber  octavus  XXmttsicales  motetos  quatuor, 
quinque,  vel  sex  modulos  habet  (  Paris,  1534, 
in-4^  obi.  gothique),  un  Scce  nos  reliqyUmus 
à  quatre  voix,  indiqué  sous  le  nom  de  Jean  de 
Ferrare  .*  il  y  a  quelque  vraisemblance  que  cette 
composition  est  du  Jean  de  Milleville  dont  il 
s'agit  ici ,  car  il  était  d'usage  alors  de  désigner 
les  artistes  par  quelque  sobriquet,  parle  lien 
de  leur  naissance ,  ou  par  celui  de  lenr  habita- 
tion ajouté  à  leur  prénom.  Jean  de  Milleville 
dnt  aller  à  Ferrare  vers  1630,  car  le  mariage  du 
souyerain  de  cette  ville  avec  Renée  de  France 
n'eut  lieu  qu'à  la  fin  de  Juin  1528 ,  et  l'on  voit 
que  cette  princesse  ne  l'emmena  pas  avec  elle , 
mais  qu'elle  Venvoya  quérir. 

MILLEVILLE  (  ALEXANnas),  excellent  or- 
ganiste, était  fils  du  précédent.  Il  naquit  en  1521, 
non  à  Ferrare,  comme  il  est  dit  dans  la  première 
édition  de  la  Biographie  universelie  des  mu- 
siciens, mais  à  Paris.  Il  était  Agé  de  neuf  ans  . 
lorsque  son  père  alla  se  fixer  à  la  cour  de  Fer- 
rare. J'étais  alors  dans  le  doute  s'il  était  fils  ou 
petit-fils  de  Jean,  parce  que  j'avais  trouvé  dans 
un  catalogue  un  ouvrage  impriiné  sous  le  nom 
de  Milleville  en  1629;  mais  on  Terra  dans 
l'article  suivant  que  cet  ouvrage  appartient  à  son 
fils ,  François  Milleville,  dont  aucun  biographe 
n'a  parlé.  D'autre  part,  on  voit  dans  VApparato 
degli  uomini  illuslri  di  Ferrara  (p.  130), 
.  qu'il  mourut  à  l'âge  de  soixante-huit  ans,  ainsi 
que  l'indique  son  tombeau  placé  dans  l'église 
de  Saint-Roch  à  Ferrare.  Enfin ,  un  recueil  da 

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146 


MILLEVILI.E  —  MILLIN 


Madrigaux  d^Alexandre  Milleville  ayant  été  im- 
primé à  Venise  en  1575,  je  disais  qu'en.8upposant 
quMl  ne  fût  âgé  que  de  tingt  ans  lorsqa'U  écrivit 
cet  oQYrage,  il  serait  né  en  1555,  et  n'anrait  pas 
eu  soixantb-bttit  ans  en  1629,  mais  soixante  et 
quatorze.  Tous  les  doutes  sont  dissipés  aojour- 
d'itui  à  ce  sujet,  car  Frizzi  établit  d^une  ma* 
nière  certaine  dans  ses  Memorie  per  la  Storia 
di  Perrara  (T.  IV,  p.  414)  qu'Alexandre  Mil- 
leville  mourut  ie  7  septembre  1589,  à  Tège  de 
soixante-buit  ans  :  il  était  donc  né  en  1521, 
et  était  fils  de  Jean.  Il  fut  grand  organiste  pour 
son  temps  et  compositeur  de  mérite.  Il  ne  fut 
pas  le  maître  de  Frescobaldi,  comme  on  l'a  cru 
jusqu'à  ce  moment,  car  celai-d  ne  naquit  qu'en 
1587  ou  1588,  comme  je  l'ai  démontré.  Tout  le 
reste  de  la  biographie  d'Alexandre  MiUeviUe  qui 
se  trouve  dans  la  première  édition  de  mon  livre 
appartient  à  son  fils  François.  On  ne  connaît 
d'Alexandre  MiHeville  que  dea  MadrigaU  a 
eimque  vod,  imprimés  à  Venise,  en  1575, 
in-4». 

MILLEVILLE  (  François  ),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Ferrare,  Traisemblablement 
Ters  1565.  Tout  ce  qu'on  trouve  dans  les  ou- 
vrages d'Augustin  Superbi  et  de  Quadrio,  con- 
cernant Alexandre  Milleville,  ne  peut  lui  appar- 
tenif,  parce  que  la  date  de  sa  mort,  donnée  dans 
l'artide  précédent,  ne  peut  se  concilier  avec  les 
faits  rapportés  par  ces  anteurs  :  il  est  donc  évi- 
dent q«e  ces  faits  concernent  le  fils  de  cet  ar- 
tiste, ce  fut  donc  François  Milleville  qui ,  après 
avoir  été  au  service  du  roi  de  Pologne,  passa 
i  celui  de  Rodolphe  II,  et  qui  revint  en  Italie 
en  1612,  après  la  mort  de  ce  monarque,  et  y  re- 
trouva son  ancien  élève  Frescobaldi  (1),  avec 
qui  il  se  rendit  à  Rome  en  1614.  Postérieurement 
é  cette  date,  il  eut  la  place  de  maître  de  chapelle 
de  la  catliédrale  de  Volterra;  mais  il  la. quitta 
quelques  années  après  pour  celles  de  maître  de 
chapelle  et  d'organiste  de  la  cathédrale  de 
Chioggia,  dans  l'État  vénitien,  ainsi  qn'on  le 
voit  par  les  frontispices  de  ses  derniers  ouvrages. 
Il  y  vivait  encore  en  1639,  et  était  alors  âgé  d'en- 
viron soixant&quinze  ans.  On  a  de  cet  artiste  : 
V*  Harmonidfiori,  madrigàU  a  due,  ire  et 
quat(ro  vod,  en  six  livres.  Le  premier  a  paru 
en  1614,  à  Venise,  et  le  dernier  en  1624.  —  2'^  Il 
primo  Ubro  d^  MadrigaU  in  caneerio  aA,be% 
voci  in  occazicne  délie  nosse  del  Sig,  Conte 


(1)  Daof  la  notlof!  de  Frescobaldi,  Yt\  raltl  la  tradition 
et  yat  dit  qnll  fut  élère  d'Alexandre  HlUevtlle,  mais  les 
renselgnemenu  qoe  vient  de  me  fournir  le  livre  de  Frlzxi, 
cité  dansTarticle  précédent,  m'ont  éclairé.  Frescobaldi,  né 
en  1SS7  ou  itst,  n'a  pa  être  i'élére  d'on  homme  moft 
tnlM» 


Vineenso  Cantalamai,  op.  3;  in  Venezia  app. 
Giac.  Vincenti,  1617,  in-4<».  —  3»  Mesta  t» 
concerto.  Domino,  Dizit,  Magnificat  a  oiio 
vod,  e  un  motettoa  9,  op.  5  ;  ibid,  1626,  in-4*^. 
Cest  une  deuxième  édition.  —  4^  Il  seconda 
Ubro  deile  Messe ,  una  a  4  vod  in  concerto ,  e 
due  a  Otto  voci^  op.  6;  ibid,  1617,  in-4^  — 
5^  MotetU  a  2,  3, 4^  6  et  6  vodj  en  sept  livres  ; 
le  dernier  a  paru  en  1626.  —  6^  Letanie  ddla 
B,  V.  con  le  sue  antifone  a  8  vod,  op.  8;  in 
Vene%iaapp.  Aless.  Vincenti,  1619.  — 7*iffase 
e  Salmi  a  3  vod,  op.  17;  ibid,  1620.  — 
8''  Concerta  spirituali  a  1,  2 ,  3 ,  4  vod ,  Ub.  I. 
ibid.  —  9^  Gemme  spirituaU  a2  e  3  voct; 
ibid.,  1622.  —  10''  LdarUe  delta  B,V,aZ  vod 
concert,  op.  19.  et  20;  ibid.,  1639. 

MILLICO  (Jwbpb),  compositeur  et  chan- 
teur distingué,  naquit  en  1739  à  Terlixzi, 
ville  de  la  Pouille,  et  non  à  Milan,  coname 
le  prétend  l'abbé  Bertini.  On  manque  de  ren- 
seignements sur  sa  jeunesse  et  ses  études  ;  oa 
sait  seulement  qu'il  subit  fort  jeune  la  castra- 
tion, et  que  sa  voix  devint  un  fort  beau  soprano. 
Gluck,  qui  l'avait  entendu  en  Italie,  le  considé- 
rait comme  un  des  plus  grands  chanteurs  de 
cette  époque.  Lorsque  Millico  visita  Vienne 
en  1772  et  y  fut  attaché  au  théâtre  de  la  cour, 
cet  illustre  compositeur  le  choisit  pour  donner 
des  leçons  de  chant  à  sa  nièce.  En  1774  Millico 
s'éloigna  de  Vienne  et  se  rendit  à  Londres,  où  il 
chanta  pendant  les  années  1774  et  1775,  pois  il 
alla  à  Berlfn.  De  retour  en  Italie  vers  17ao,  il 
fut  attaché  à  la  musique  du  roi  de  Naples ,  et  y 
jouit  d^nne  faveur  décidée  dont  il  abusa  qoelque- 
fois,  dit-on,  pour  opprimer  d'autres  artistns  qui 
excitaient  sa  jalousie.  Parmi  les  compositions  de 
Millico,  on  remarque:  1"  La  Pietà  d'amore, 
opéra  semi-séria ,  représenté  à  fiaples  on  1785. 

—  2''  La  ZeUnda,  opéra  séria,  ibid.,  1787. 

—  i^  Nonna  per  fore  dormire  i  Bambini; 
Naples ,  1792.  —  4^  Cantates  avec  instruments  : 
Ilpianto  d'Erminia;  La  morte  di  Clorinda, 
La  JSutrice  d'Vbaldo,  —  5''  Ariettes  iU- 
Hennés ,  avec  accompagnement  de  harpe ,  f^^ 
%mt  et  3"**  recueils ,  chacun  de  six  aiieltes  ; 
Vienne,  Artaria.  ~  6^  12  Canzooeltes avec  ac- 
compagnement de  piano  et  violon;  Londres,  1777. 

—  V  Duos  nocturnes  pour  deux  ténors,  deux 
violons  et  piano,  en  manuscrit. 

MILLIN  (  AoBiK-Lovis  ),  connu  particulière- 
ment sous  le  nom  de  MiUinde  Grandmaison, 
naquit  à  Paris  le  19  juillet  1759.  Après  avoir  ter- 
miné ses  humanités,  il  se  livra  à  l'étude  des 
sciences,  do  la  philologie,  et  à  des  recherches 
littéraires.  A  Pépoque  de  l'organisation  dos  écoles 
centrales,  il  fut  nommé  professeur  d'histoire  à 


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MILLIN  —  MIMNERME 


147 


celle  de  Paris;  pois  il  succéda  à  Pabbé  Bartbë- 
Jemy  en  qualité  de  conseiratenr  du  cabinet  des 
antiques  de  la  Bibliothèque  nationale.  Il  con- 
serva cette  place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le 
14  août  1818.  Au  nombre  des  ouvrages  de  ce  sa- 
vant infatigable  on  trouve  nn  Dictionnaire  des 
Beaux-Arts;  Paris,  1806,  3  vol.  in-8'' ;  ouvrage 
recherché  et  devenu  rare ,  qui  n*est  qu'une  tra- 
duction de  la  Théorie  des  Beaux-Arts  de  Suizer, 
avec  l'addition  d'un  certain  nombre  d'articles 
concernant  les  antiquités,  mais  où  Millin  n'a 
pas  fait  entrer  Timportant  supplément  de  Blan- 
kenburg.  On  y  trouve  de  bons  articles  relatifs 
à  la  musique. 

MILLOT  (Nicolas)  était  en  1575  un  des 
maîtres  de  la  chapelle  de  musique  de  Henri  ni, 
roi  de  France.  Il  obtint,  dans  cette  année ,  le 
prix  de  la  lyre  d'argent  au  concours  du  Puy  de 
musique,  à  Évreux ,  pour  la  composition  de  la 
chanson  à  plusieurs  voix  qui  commençait  par 
les  mots  :  Les  espicz  sont  à  Cérès,  (  Yoyex  ré- 
crit intitulé  Puy  de  musique  érigé  en  Vhonneur 
de  Madame  sainte  Cécile^  publié  d'après  un 
manuscrit  du  seizième  siècle,  par  M.  Bonninet 
Chassant,  pi.  53.  )  On  trouve  dans  le  Septième 
livre  de  chansons  nouvellement  composées 
en  mtLsique  par  bons  et  excellents  musiciens 
(Paris,  Nicolas  Dnchemin,  1557,  in-4''),  trois 
chansons  françaises  à  4  voix,  lesquelles  sont  de 
Millot,  sous  les  noms  de  Nicolas ,  et  Nicolas  M. 
Le  diX'neuvième  livre  de  chansons  nou- 
vellement  composées  à  quatre  et  cinq  parties 
par  plusieurs  autheurs^  imprimé  à  Paris, 
en  1567,  par  Adrien  Le  Roi  et  Robert  Ballard, 
contient  trois  chansons  de  Millot ,  dont  les  pre- 
miers moto  sont  :  Ma  Maîtresse  ;  Je  Vay  si 
bien;  Le  Souvenir.  Enfin,  la  chanson  à  trois 
voix  du  même.  Je  m*en  allais ,  se  trouve  dans 
le  premier  livre  des  chansons  à  3  parties,  com- 
posées par  plusieurs  auteurs;  ibid.,  1578. 

MILTITZ  (Ghablbs-Borbomêb  DE  ),  cham- 
bellan du  roi  de  Saxe ,  conseiller  intime  et 
gouverneur  du  prince  royal,  naquit  i  Dresde 
le  9  novembre  1781.  Un  penchant  décidé 
pour  la  poésie  et  plus  encore  pour  la  musique , 
se  manifesta  en  lui  dès  son  enfance.  A  l'âge  de 
onze  ans  il  étonnait  déjà  par  sa  manière  déjouer 
sur  le  piano  les  morceaux  difficiles  de  cette 
époque.  Le  plaisir  qu'il  eut  alors  à  entendre  la 
FliUe  enchantée,  de  Mozart,  lui  inspira  le  vif 
désir  de  composer  aussi ,  et  sans  autre  guide 
que  son  instinct ,  U  se  mit  à  faire  quelques  es- 
sais. Destiné  à  la  carrière  des  armes ,  il  entra  au 
service  &  l'âge  de  seize  ans  ;  mais  la  vie  de  gar- 
nison n'interrompit  pas  ses  études  poétiques  et 
musicales.  Plus  tard  il  entra  dans  la  garde  royale 


,  à  Dresde  et  y  passa  cinq  années  pendant  les- 
:  quelles  il  perfectionna  son  instruction  près  d'un 
I  maître  de  composition  et  par  sa  correspon- 
'  dance  avec  R.ochlitz.  En  1811  il  demanda  sa 
:  retraite  de  la  garde,  et  alla  s'établir  dans  une 
maison  de  campagne  à  Scharffenberg ,  près  de 
I  Meissen,  dans  Pespoir  de  se  livrer  en  liberté  aux 
I  arts  qu'il  aiïectionnait  ;  mais  la  guerre  qui  se 
déclara  l'année  suivante  vint  l'arracher  à  sa  re- 
traite, et  l'obligea  à  reprendre  du  service.  La 
paix  Je  rendit  à  ses  travaux  en  1814;  il  pro- 
fita du  repos  qu'elle  lui  laissait  pour  recom-  > 
mencer  ses  études  de  composition  avec  Wein- 
iig,  élève  de  Pabbé  Mattei ,  et  en  1820  il  fit  un 
voyage  en  Italie  pour  achever  de  s'instruire  dans 
l'art.  Pendant  un  séjour  de  huit  mois  à  Naples, 
il  écrivit  un  opéra  boufie  pour  un  des  théâtres 
de  cette  ville;  mais  cet  ouvrage  ne  fut  pas  re- 
présenté. De  retour  à  Dresde  en  1823,  il  y  fut 
élevé  aux  dignités  de  cliambellan  du  roi  et  de 
gouverneur  du  prince  royal ,  mais  cette  haute 
position  ne  l'empêcha  pas  de  cultiver  les  arts 
comme  il  le  faisait  auparavant.  Il  est  mort  à 
Dresde  le  18  janvier  1845.  Ses  principales  pro« 
duetions  sont  one  messe  solennelle  (  en  sol  mi- 
neur) dont  on  parle  avec  éloge  en  Allemagne, 
une  ouverture  de  concert  inspirée  par  les  poé- 
sies d'Oesiao ,  et  l'opéra  de  Saul ,  joué  avec 
succès  à  Dresde  en  1833,  et  dont  la  partition,  ar- 
rangée pour  le  piano,  a  été  publiée  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf  et  Hœrtel.  Les  autres  opéras  de  M.  de 
Miltits  sont  AUboin  et  Bosamunde,  composé 
e&  1835,  et  Csemi  Georges^  représenté  à  Dresde 
en  1839.  Parmi  ses  compositions  religieuses ,  on 
remarque  un  Stabat  Mater,  exécuté  à  Dresde 
en  1831,  et  un  Requiem  qui  fut  entendu  dans  la 
même  ville  en  1836.  Son  ouverture  pour  le  drame 
de  Schiller,  la  Fiancée  de  Messine^  a  obtenu  du 
succès  en  Allemagne.  M.  de  MiUitz  a  écrit  aussi 
beaucoup  de  morceaux  pour  le  piano  et  des  chan- 
sons allemandes  dont  on  a  publié  quelques-unes 
k  Meissen  et  à  Leipsick.  On  a  aussi  de  lui  de 
bonnes  observations  sur  la  situation  de  la  musi- 
que en  Allemagne  et  en  Italie ,  dans  les  Oranien- 
blsetter  (Feuilles  d'oranger),  qui  parurent  de-, 
puis  1822  jusqu'en  1826,en  trois  volumes  in-8^ 
Enfin,  il  a  fourni  quelques  articles  concernant 
la  musique  à  VAbendzeitung  (Gaz.  du  soir  )  de 
Dresde,  à  la  Gazette  musicale  de  Leipsick,  et 
an  recueH  intitulé  CxciUa  (  t.  16,  p.  282  et  suiv., 
et  t.  17,  p.  180  et  suiv.). 

MIMIliîEBJIIE.  joueur  de  flûte  et  poète  élé- 
giaqne,  était  originaire  de  Colophon ,  de  Smyrne 
on  d'Astypalée.  U  fut  contemporain  de  Selon,  et 
se  distingua  surtout  par  ses  élégies,  dont  il  ne 
nous  reste  que  quelques  fragments  conservés  par 

10. 


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148 


.MIMNERME  —  MINGOTTI 


Stobée.  Horace  préférait  MimnermeàCallimaque, 
et  Properce  dit  qa*en  matière  d*aniour  ses  vers 
Talaient  beaucoup  mieux  que  ceux  d^Homère  :      , 

Plus  in  amore  valet  Mtomerml  versut  Homcro.  I 

iUb.I,£b9. 9,vers.ll.)  I 

On  peut  consulter  sur  ce  poète  musicien  :  , 
1^  Scbœnemann  (Pbilippe-Christtan-Cbarles),  | 
Commentatio  de  vita  et  carmitUbus  Mimtiermi; 
Gottiogue»   1823,  iD-4^2<»  Marx  (Christian), 
Dissertatio  de  Mimnermo;  Coesfeld,   1831, 
■iu•4^ 

MIIVÉ  (  Jacques-Clàcde-Adolphe),  organiste 
du  chœur  de  l'église  de  Saint-Roch,  à  Paris, 
est  né  le  4  novembre  1796.  Admis  le  5  sep- 
tembre 181 1  comme  élève  au  Conservatoire  de 
musique,  il  y  a  étudié  le  violoncelle  et  Thar- 
monie.  Miné  était  neveu  de  Perne ,  ancien  ins- 
pecteur de  rÉcole  royale  de  chant  et  de  décla- 
mation. Après  avoir  rempli  ses  fonctions  d'or- 
ganiste et  s'i&tre  livré  à  l'enseignement  pendant 
plus  de  vingt  ans ,  Miné  a  obtenu  la  place  d'or- 
ganiste de  la  cathédrale  de  Charlres.  Il  est  mort 
dans  cette  ville  en  1854.  Il  a  publié  :  i*"  Fan- 
taisie pour  piano  et  violon,  op.  1  ;  Paris,  A. 
Meissonnier;  op.  16;  Paris,  Simon  Gaveaui. 
—  7.^  Moctarne;  idem,  op.  15  ;  Paris ,  Hanry.  — 
3*"  Fantaisie  pour  piano  et  violoncelle ,  op.  25  ; 
Paris ,  A.  Meissonnier.  —  4'  Concerto  de  so- 
ciété pour  le  piano  ;  ibid.  —  ô°  Plusieurs  trios 
pour  piano,  violon  et  violoncelle.  —  6^  Sonates 
faciles  pour  piano  seul ,  op.  4  ;  Paris,  Frère.  — 
T*  Beaucoup  de  morceaux  de  différents  genres 
pour  piano  et  d'autres  instruments ,  seul  ou  en 
société  avec  d'autres  artistes.  —  V*  Méthode  de 
violoncelle;  Paris,  A.  Meissonnier.  —  9"  Idem 
pour  la  contrebasse  ;  ibid.  —  10*  Livre  d*orgue 
contenant  Voffice  de  Vannée,  tout  leplainr 
chant  arrangé  à  trois  parties,  et  suivi  de 
pièces  d'orgue,  op.  26  ;  Paris ,  A.  Meissonnier. 
Cet  ouvrage  a  pour  base  le  pUin^ihant  parisien, 
et  ne  peut  plus  être  utile.  Miné  a  été  col- 
laborateur de  Fessy,  dans  la  collection  de 
messes,  hymnes,  proses,  etc.,  arrangées  pour 
l'orgue,  et  publiée»  sous  le  titre  de  Guide  de 
Z'Or^OTiifto;  Paris,  Troupenas,  1839,  12  livrai- 
sons in-folio.  Enfin,  on  connaît  sous  son  nom 
un  journal  de  pièces  d'orgue,  dont  il  a  paru 
ô  années,  sous  le  titre  de  L'Organiste  français 
( en  collaboration  avec  Fessy  );  Paris,  Richault, 
et  des  Pièces  Sorgue^  en  2  suites,  op.  54;  ibid. 
Miné  a  écrit  aussi  pour  la  collection  des  Manuels 
de  Roret  un  traité  de  plain-chant  sous  ce  titre  : 
Plain-Chani  ecclésiastique  romain  et  fran* 
çais;  Paris,  Roret,  1837,  1  vol.  in-ie.  C'est  un 
livre  très-défectueux  et  rempli  d'eneurs.  Enfin,  ^ 


on  a  de  cet  artiste  :  Cinquante  Cantiques -à  voix 
seule  avec  accompagnement  de  piano  ou 
orgue,  à  Vusage  des  confréries;  Paris,  1848, 

I  vol.  in- 18. 

MINELLl  (Pierbe-Marie),  né  à  Bologne 
vers  1666.  En  1684  il  devint  élève  de  Jean-Bap- 
tiste Mazzaferrata,  célèbre  compositeur  de  cette 
époque.  Après  que  ses  études  furent  terminées, 
il  obtint  la  place  de  maître  de  chapelle  de  l'é- 
glise Sainte- Lucie ,  dans  sa  ville  natale.  L'Aca- 
démie des  philharmoniques  l'admit  au  nombre 
de  ses  membres  en  1695;  il  en  fut  prince  (pré- 
sident) pour  la  seconde  fois  en  1699,  pour  la 
troisième  en  1704,  et  pour  la  quatrième  en  1709. 

II  mourut  en  1712.  On  trouve  dans  la  biblio- 
thèque de  l'abbé  Santini,  à  Rome,  une  collection 
de  motets  à  voix  seule  avec  2  violons  et  basse 
continue  pour  l'orgue,  de  Pierre-Marie  Mi- 
nelli,  en  manuscrit. 

MINELLl  (Jean-Baptiste),  un  des  pins 
savants  chanteurs  sortis  de  l'école  de  Pistocchî, 
naquit  à  Bologne  en  1687,  et  fut  sonmis  fort 
jeune  à  la  castration.  Sa  voix  était  un  contralto 
de  la  plus  belle  qualité.  Il  excellait  surtout  dans 
le  chant  d'expression,  quoiqu'il  ne  manquftt  pas 
d'agilité  dans  les  traits  et  qu'il  eftt  un  trille 
excellent.  Il  brillait  à  Rome  Ters  1715. 

MlNELLI  (Le  P.  Angiolo-Gabbielb), 
moine  de  l'ordre  des  Franciscains  appelés  Mi- 
neurs conventuels ,  vécut  au  couvent  de  Bo- 
logne vers  le  milieu  du  dix -huitième  siècle.  Il 
est  connu  par  un  petit  traité  de  musique  qui  a 
pour  titre  :  Rislretto  délie  regole  piû  essen- 
ziali  délia  musica;  in  Bohgna,  neUa  stam- 
peria  di  Lelio  deUa  Volpe.,  1732,  in-i*»  de 
32  pages.  Il  a  été  fait  unie  deuxième  édition 
de  cet  opuscule  chez  le  même  libraire,  en  17 é 8, 
in-4». 

MINGOTTI  (  RécniE)  (1) ,  célèbre  canU- 
trice  du  dix-huitième  siècle,  dont  le  nom  de 
famille  était  Valentini,  naquit  &  Maples  en 
1728,  de  parents  allemands.  Elle  n'était  Agée 
que  de  dix  mois  lorsque  son  père ,  officier  au 
service  de  l'Autricbe,  reçut  l'ordre  de  se  rendre 
à  Graetz,  en  Silésie,  et  l'emmena  avec  lui.  Restée 
orpheline,  elle  eut  pour  tuteur  un  oncle  qui 
la  mit  au  couvent  des  ursulines  à  Gnctz.  La  mu- 
sique qu'on  y  chantait  au  chœur  fit  sur  elle  une 
impression  si  vive ,  qu'elle  supplia  l'abbesse  de 
lui  donner  quelques  leçons  de  chant,  afin  qu'elle 
pût  faire  aussi  sa  partie.  L'abbesse  fit  ce  qu'elle 


(t)  Elle  est  appelée  Catherine  par  Gerber,  Ctaoroa  et 
FayoUe,  et  tout  les  copiâtes  de  ces  auteora  ;  mais  Min- 
cloi.  coDtemporaln  deli  MlDgotti,  lui  donne  aon  véritable 
prénom. 


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MINGOni  —  MINGUET 


149 


dëâirait  et  lui  enseigna  les  éléments  de  la  musique 
et  du  solfège;  mais  avant  qu'elle  eût  atteint  sa 

quatorzième  année  y  son  oncle  mourut,  sa  pen- 
sion cessa  d*êlre  payée  au  couvent ,  et  elle  re- 
tourna près  de  sa  mère  et  de  ses  sœurs.  Inha- 
bile aux  soins  du  ménage ,  elle  fut  en  butte  aux 
railleries  de  sa  famille  ;  sa  voix  et  son  goût  pour 
le  chant  excitaient  surtout  la  mauvaise  humeur 
de  ses  seeurs.  Pour  se  soustraire  à  des  tracasse- 
ries sans  cesse  renaissantes,  Régine  épousa  Min- 
gotti ,  Vénitien  déjà  vieux  qu'elle  n'aimait  pas , 
mais  qui  avait  à  ses  yeux  le  mérite  de  l'arraclier 
à  de  mauvais  traitements.  Cet  homme  était 
directeur  de  lapera  de  Dresde  :  il  comprit  le 
parti  qu'il  pouvait  tirer  de  la  ieUe  voix  de  sa 
femme,  et  la  conûa  aux  soins  de  Porpora ,  alors 
maître  de  chapelle  de  la  cour,  et  le  plus  célèbre 
professeur  de  chant  de  cette  époque.  Sous  la  di- 
rection d^un  tel  maître ,  la  jeune  Mingotti  fit  de 
rapides  progrès.  Attachée  au  théâtre  de  Télec- 
teur,  elle  n'eut  d'abord  que  des  appointements 
peu  considérables  ;  mais  bientôt  ses  ^ccès  lui 
procurèrent  des  avantages  plus  dignes  de  son  ta- 
lent. Ses  succès  eurent  tant  d'éclat,  que  la  cé- 
lèbre cantatrice  Faustine  Bordoni ,  alors  au  ser- 
vice de  la  cour,  ne  put  dissimuler  sa  jalousie ,  et 
qu'elle  s'éloigna  de  Dresde  pour  aller  en  Italie. 
La  réputation  de  la  Mingotti  se  répandit  bientôt 
jusqu'en  ce  pays,  et  des  propositions  lui  furent 
faites  pour  le  grand  théâtre  de  Naples.  Elle  y 
parut  avec  éclat  en  1748,  dans  V Olympiade  de 
Galuppi,  et  n'étonna  pas  moins  les  Italiens  par 
la  pureté  de  sa  prononciation  que  par  la  beauté 
de  sa  voix  et  de  son  chant.  Après  un  pareil 
triomphe,  elle  reçut  des  propositions  d'engage- 
ment de  tontes  les  grandes  villes  de  l'Italie  ;  mais 
elle  les  refusa  parce  qu'elle  en  avait  un  avec  la 
cour  de  Dresde. 

De  retour  en  cette  ville,  elle  y  chanta  son  rôle 
de  VOlimpiade  avec  un  succès  prodigieux.  Hasse 
et  sa  femme  (  Faustine  )  étaient  alors  revenus  dané 
la  capitale  de  la  Saxe;  ce  compositeur  y  remplis- 
sait les  fonctions  de  maître  de  chapelle.  Burney, 
qui  a  connu  la  Mingotti  à  Munich,  en  1772,  rap- 
portie,  d'après  elle ,  l'anecdote  suivante  :  Dans  la 
crainte  que  la  jeune  rivale  de  sa  femme  ne  la  fit 
oublier,  Hastte  écrivit  pour  la  Mingotti,  qui  devait 
jouer  un  n&ledans  son  DemofooniCy  un  air  dif- 
ficile qui  n'était  accompagné  que  de  quelques 
notes  pincées  parles  violons,  espérant  que,  n'é- 
tant  point  soutenue  par  l'harmonie,  son  intona- 
tion s'égarerait.  Séduite  par  la  beauté  de  cet  air 
(  Se  tutti  i  maU  miei),  elle  s'empressa  de  l'é- 
tudier; mais  bientôt  elle  reconnut  le  piège,  et 
mit  tant  de  soin  dans  Texécution  du  morceau, 
qu*il  devint  pour  elle  Toccasion  d'un  nouveau  ' 


triomphe.  M.  Farrenc  me  fait  remarquer  quMl  a 
trouvé  dans  le  Demofoonte  de  Hasse  (scène 
6ine  du  2me  acte)  un  air  de  mezzo  soprano 
sur  les  paroles  se  sapessl  i  mali  miei,  et  non  se 
tutti  i  mali  miei;  cet  air,  facile  d'ailleurs,  et  dont 
l'étendue  vocale  n'est  que  d*ut  grave  à  fa  sur  la 
cinquième  ligne  de  la  clef  de  sol ,  n'a  pas  d'ac- 
compagnement j><S£ica/o  ;  en  sorte  que  l'anecdote 
parait  plus  que  douteuse.  Il  est  possible  toute- 
fois qae  Hasse  ait  changé  cet  air  pour  faire  dis- 
paraître les  traces  de  sa  ruse  malveillante.  Il  est 
difficile  de  croire  que  la  Mingotti  Inventa  cette 
histoire  vingt-quatre  ans  après  la  date  de  l'événe- 
ment. En  1751,  elle  s'éloigna  de  Dresde  pour 
aller  à  Madrid,  où  elle  chanta  avec  Gizziello, 
sous  la  direction  de  Farinelli.  Charmé  par  la 
beauté  de  sa  voix ,  celui-ci  mettait  tant  de  prix 
à  la  réserver  uniquement  pour  les  spectacles  et 
les  concerts  de  la  cour,  que  non -seulement  il 
loi  défendait  de  se  faire  entendre  ailleurs ,  mais 
qu'il  ne  voulait  même  pas  qu'elle  étudiât  dans  une 
chambre  où  elle  pouvait  être  entendue  de  la  rue. 
Après  deux  ans  de  séjour  en  Espagne,  elle  se  ren- 
dit à  Paris,  puis  à  Londres,  à  l'automne  de  1754, 
et  ses  succès  n'eurent  pas  moins  d'éclat  dans 
ces  villes  qu'à  Madrid,  â  Dresde  et  à  Naples. 
Plus  tard  elle  chanta  dans  les  villes  principales 
^de  l'Italie,  et  partout  elle  causa  autant  d'étonne- 
ment  que  de  plaisir.  Cependant  elle  resta  atta- 
chée à  la  cour  de  Dresde  tant  que  le  roi  Auguste 
vécut  :  après  sa  mort,  en  1763,  elle  s'établit  à 
Munich ,  où  elle  jouissait  de  l'estime  générale. 
Lorsque  Burney  visita  cette  ville  en  1772,  la  Min- 
gotti avait  conservé  la  beauté  de  sa  voix ,  et 
parlait  delà  musique  avec  une  connaissance  pro- 
fonde de  l'art.  Sa  conversation  était  animée  ;  elle 
pariait  également  bien  l'allemand,  le  français, 
ritalien ,  et  pouvait  suivre  une  conversation  en 
anglais  et  en  espagnol.  Elle  chanta  devant  Burney 
pendant  plusieurs  heures  en  s'accompagnant 
elle  même  au  piano.  En  1787  elle  se  retira  à 
Neubourg,  sur  le  Danube,  où  elle  est  morte  en 
1807,  à  l'âge  de  soixante- dix-neuf  ans.  Son  por- 
trait, peint  au  pastel  par  Rosalba,  est  dans  la 
galerie  de  Dresde. 

MINGUET  (  Pacl  ),  musicien  espagnol,  fut 
attaché  à  la  chapelle  royale  de  Philippe  V  et  de 
Charies  111.  11  est  auteur  de  deux  traités  de 
musique  dont  le  premier  a  pour  titre  :  Beglas, 
y  advertencias  générales^  que  ensenan  el 
modo  de  taner  iodos  las  instrumentos  majo- 
res, y  mas  usuales ,  come  son  la  guitarra^ 
tiple,  vendolUf  cythara,  clavicordis,  organo, 
harpa^psalterio,  bandurria,  violin,  flauta 
traversa,  y  la  flaufilla^  con  varias  (anidos, 
danzas,  contradamas,  y  otras  cosas  semejan- 


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150 


MINGUET  —  MIRABELLA 


tes,  etc.;  Madrid,  Joaqam  Ibarra,  1752-1754. 
Le  second  ouvrage  est  intitulé  :  Quademillo 
niievo,  que  en  ocho  Laminas  firuis  demues' 
Iran  y  explican  el  arte  de  la  musica ,  con 
todos  sus  rudimentos  para  saber  solfear,  mo- 
dular,  transportar,  yotras  curiosidades,  wuy 
utiles^  Madrid,  Manuel  Marlinsgrave,  sans  date. 
Forkel  présume  que  ce  livre  a  paru  en  1774  ; 
M.  Soriano-Fuertes  confirme  cette  conjecture 
(  Historia  de  la  musica  espanola ,  tome  IV , 
p.  193  ). 

MINOJA  (  ÂMBRoiSB  )f  compositeur  et  pro- 
fesseur de  chant,  naquit  le  21  octobre  17â2  à 
VOspitalettOf  près  de  Lodi.  11  dtait  Agé  de  qua- 
torze ans  lorsqu'il  commença  à  cultiver  la  mu- 
sique pour  son  amusement  :  plus  tard  il  en  fit 
sa  profession,  moins  par  nécessité  que  par  goAt, 
car  il  était  né  dans  l'aisance.  Après  avoir  fait, 
sous  la  direction  de  Sala ,  un  cours  de  composi- 
tion ,  il  alla  demeurer  à  Milan,  où  il  succéda  à 
Lampugnani  dans  la  place  d^accompagnateur  de 
l'opéra,  au  théâtre  de  la  Scala.  En  1787,  il  écrivit 
pour  ce  théâtre  l'opéra  sérieux  intitulé  Tito  nelle 
Gallie.  L^année  suivante  il  alla  à  Rome,  où  il 
composa  pour  le  théâtre  Argentina  la  Zenobia. 
De  retour  à  .Milan ,  il  y  fut  nommé  maître  de 
chapelle  à  l'église  des  PP.  de  la  Scala,  et  dès 
lors  il  n'écrivit  plus  que  de  la  musique  reli- 
gieuse. Lorsque  les  Français  entrèrent  en  Italie' 
sous  la  conduite  du  général  Bonaparte ,  Minoja 
concourut  pour  une  marche  et  une  symphonie 
funèbre  en  l'honneur  du  général  Hoche ,  et  ob- 
tint le  prix,  qui  consistait  en  une  médaille  de  la 
valeur  de  cent  sequins.  La  société  italienne  des 
sciences,  arts  et  belles-lettres  ayant  été  organisée 
avec  le  royaume  d'Italie ,  Minoja  fut  un  des  huit 
membres  de  la  section  de  musique  de  cette  aca- 
démie, et  obtint  la  place  de  censeur  du  Con- 
servatoire de  Milan.  Il  écrivit,  pour  le  couronne- 
ment de  Napoléon  à  Milan,  un  Veni  Creator  et 
un  Te  Deum  à  trois  voix  et  orchestre ,  qui  fu- 
rent exécutés  à  la  cathédrale,  par  deux  cent  cin- 
quante musiciens.  Il  écrivit  aussi  une  cantate 
pour  le  théâtre  de  la  Scala,  à  Toccasion  du 
mariage  d*Ëugène  Beauharnais,  vice- roi  dltalie. 
Minoja  est  mort  à  Milan  le  3  août  1825.  Outre  les 
compositions  précédemment  citées  de  cet  ar- 
tiste ,  on  connaît  de  lui  des  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  intitulés  :  /  divertimenti 
délia  Campagna  ;  des  sonates  de  piano,  publiées 
à  Brunswick;  un  Deprofundis  à  3  voix  et  or- 
chestre, qui  se  trouve  dans  les  archives  de  la 
société  des  arts  et  des  lettres  de  Livourne,  et 
qui  a  été  publié  à  Milan,  chez  Ricordi;  une 
messe  de  Requiem  conservée  à  Milan  et  chez 
Pabbé  Santini ,  à  Rome  ;  un  De  profundis  à  4 


voix  en  langue  italienne;  des  leçons  de  Job  à  3 

voix  ;  d'autres  leçons  pour  voix  de  soprano  et 

chœur  ;  un  Sanctus  à  3,  et  une  messe  solennelle 

à  4.  Minoja  a  publié  :  Leltere  sopra  il  canio  ; 

Milan,  Mussi,   1812,  in-8^  de  26  pages.  On  a 

fait  une  traduction  allemande  de  cet  écrit;  elle 

est  intitulée  :  Minoja,  iiber  den  Gesang ,  ein 

Sendschreibcn  an  B.  Asioli  ;  Leipsick ,  Breit- 

kopf  et  Hsertel,  1815,  tn-8''  de  29  pages. 

I      MINORET  (Gcilladme),  maître  de  mu- 

I  sique  de  Saint-Victor,  fut  aussi  un  des  quatre 

I  maîtres  de  chapelle  de  Louis  XIV.  Il  mourut  à 

I  Paris  en  1717,  dans  un  âge  avancé.  En  1682,  il 

'■  composa  le  Te  Deum  qui  fut  chanté   à  Saint- 

I  Victor  pour  la  naissance  du  duc  de  Bourgogne. 

I  On  connaît  de  lui  en  manuscrit  plusieurs  rjotets 

1  parmi  lesquels  on  cite  comme  les  meilleurs  : 

I  1°  Lauda  Jérusalem  Dommuwi  —  2*  Quemad- 

\  modum  desiderai.  —  3*  Venite  exuUemus,  — 

I  4''  /Vfsi  Dominus.  On  trouve  en  manuscrit,  à 

la  bibliothèque  impériale  de  Paris  une  messe  de 

Minoret  sur  des  mélodies  de  Noël. 

MINOZZI  (Marcel),  maître  de  chapelle 
de  Téglise  cathédrale  de  Car  pi ,  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle,  est  connu  par 
un  recueil  de  compositions  intitulé  :  Salmi  per 
vespri,  Sinfonie  e  Litanie  a  3,  4  6  5  voci,  con 
violini;  Venise,  Alex.  Vincenti,  1638,  in.4^ 

MION  (  Jean-Jacques-Henri  )^  maître  de 
musique  des  enfants  de  France,  obtint  sa 
charge  en  1743.  11  vivait  encore  en  1761  ;  maïs 
il  ne  parait  plus  dans  un  état  des  officiers  de 
la  maison  du  roi  pour  l'année  1765,  que  j^aî 
consulté.  En  1741  if  a  fait  représenter  i  l'Opéra 
de  Paris  Nitétis,  tragédie  lyrique  en  cinq  act«5, 
de  sa  composition.  Il  a  écrit  aussi  la  musique  de 
L* Année  galante,  ballet  représenté  à  Ver»iilles 
le  14  mars  1747  ,  et,  à  Paris,  le  11  avril  suivant 
AUQUEL  (J.-E.)  jeune,  professeur  de 
musique  à  Montpellier,  est  auteur  d'un  système 
de  notation  de  la  musique  dont  il  a  donné  l'ex- 
plication dans  un  ouvrage  Intitulé  :  Arithmo- 
graphie  musicale ,  méthode  de  musique  sim» 
plifi^ée  par  l'emploi  des  chiffres  ;  Paris,  1842, 
in-S**  de  48  pages ,  avec  26  pages  de  musi<iue. 
UArithmographie  musicale  est  une  tablature 
numérique  produite  par  la  combinaison  des 
chiffres  avec  certains  signes  de  la  notation  mo- 
derne, et  avec  la  portée  réduite  à  une  seule 
ligne ,  telle  qu*on  la  voit  dans  certains  manus- 
crits du  moyen  âge. 

MIRABËLLii  (Vincent),  noble  sicilien 
et  savant  antiquaire ,  né  en  1570  à  Syracuse , 
s'appliqua  dès  sa  jeunesse  à  l'étude  des  mathé- 
matiques, de  la  géographie,  de  l'histoire  el  cul- 
tiva la  musique  et  la  poésie.  Il  mourut  à  Modica 


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MIRABELLA  —  MIROGLIO# 


«n  1624.  ËD  1606,  il  a  publié  à  Palerme  le  pre* 
mier  livre  de  ses  madrigaui  à  quatre  toîx. 
Daas  ua  ?olume  qu'il  a  fait  paraître  en  1603  à 
Salerne ,  sous  le  titre  de  Infidi  Luvii ,  concer- 
nant les  antiquités,  on  trouve  quelques  disser- 
tations relatives  à  la  musique. 

MIREGKI  (François),  né  à  Craoovie  en  1794. 
A  l'âge  de  quatre  ans  il  jouait  déjà  du  piano.  Il 
n'en  avait  que  ù\  lorsqu'on  lui  fit  donner  un 
concert,  dans  lequel  il  exécuta  un  concerto  de 
Haydn  et  une  sonate  de  Beethoven  avec  accom- 
pagnement de  Tioloncelle.  Après  avoir  fait  ses 
études  littéraires  au  collège ,  à  l'école  normale 
et  à  Tuniversité  de  sa  ville  natale ,  il  se  rendit  k 
Vienne  en  1814.  Des  artistes  célèbres,  tels  que 
Beethoven,  Salieri,  Hummel,  Moscheles  et  Pixis, 
s'y  trouvaient  alors  réunis ,  et  l'on  y  entendait 
^6  bonne  musique  bien  exécutée.  Mireckl  s'y  lia 
avec  la  plupart  de  ces  hommes  d 'élite ^t  y  forma 
son  goût  pour  Tart  sérieux.  Il  reçut  des  leçons 
•de  Unmmel  pour  le  piano  et  pour  la  composi- 
tion ,  tandis  que  le  professeur  Preindl  Ini  ensei- 
gnait la  théorie  de  l'harmonie.  Cependant  ses 
études  furent  interrompues  par  la  proposition 
que  lui  fit  le  comte  Ossolinski  de  raccompagner 
dans  sa  terre  :  il  y  passa  environ  deux  années, 
pendant  lesquelles  il  écrivit  ses  premières  com- 
positions. En  1816,  Mirecki  se  rendit  à  Venise: 
il  y  demeura  environ  une  année,  pendant  laquelle 
il  étudia  la  méthode  italienne  de  diant  et  se  livra 
à  des  travaux  littéraires;  pais  il  alla  à  Milan  avec 
une  lettre  de  recommandation  pour  l'éditear 
Ricordi,  qui  lui  fit  bon  accueil  et  publia  quel- 
ques-uns de  ses  ouvrages.  Vers  la  fin  de  1817 , 
le  jeune  artiste  arriva  à  Paris,  où  son  existence 
fnt  assez  pénible  dans  les  premiers  temps.  Ce- 
pendant quelques  œuvres  de  sonates  et  un  bon 
irio  pour  piano,  yiolon  et  violoncelle,  qu'il  y 
publia  commencèrent  k  le  faire  connaître,  et 
lui  firent  trouver  des  élèves  pour  le  piano.  L'é- 
diteur Carli ,  qui ,  à  la  recommandation  de  Ri- 
oordi,  avait  fait  paraître  ces  ouvrages,  l'em- 
ploya à  donner  des  éditions  des  psaumes  de 
Marcello,  des  duos  et  trios  de  Clan  et  des  duos 
de  Dorante ,  avec  accompagnement  de  piano. 
Pendant  son  séjour  à  ^aris,  Mirecki  écrivit  un 
opéra  polonais  intitulé  Cygunia  (les  Bohémiens  ) 
qui  fut  représenté  à  Varsovie  en  1820.  En  1823 
il  retourna  à  Milan  et  écrivit  la  musique  des 
4)aUeU  OUavia,  le  Château  de  Kenilwarth, 
et  /  BaccanaU  aboliU ,  qui  eurent  du  succès. 
Ces  ouvrages  furent  publiés  pour  le  piano ,  chez 
Ricordi,  ainsi  que  des  sonates  iadies  pour  le 
piano  et  on  traité  d'instrumentation  en  langue 
italienne.  En  1824,  Mirecki  écrivit  pour  le 
thé&tre  de  Gènes  Evandro  in  Pergamo ,  opéra 


151 

sérieux,  qui  ne  put  être  représenté  qu'au  mois 
de  décembre  de  cette  aimée,  à  cause  de  la  mort 
du  roi  de  Sardaigne.  Dans  l'intervalle  il  fit  un 
Toyage  dans  le  midi  de  tltalie  et  visita  Florence, 
Rome  et  Naples.  De  retour  à  Gènes  »  il  y  donna 
son  opéra  qui  fut  accueilli  avec  faveur  et  obtint 
vingt-six  représentations  consécutives.  Après 
ce  succès,  il  accepta  la  direction  du  théAtrede 
Lisbonne  et  s'y  rendH  ayec  une  compagnie  de 
clianteurs  et  de  danseurs.  Au  mois  de  mars  1826 
il  y  donna  son  opéra  /  due  Fonati ,  qui  fut 
accueilli  avec  firoideur.  Il  y  écrivait  Adriano  in 
Stria  lorsque  la  mort  du  roi  de  Portugal,  Don 
Juan  VI,  interrompit  les  représentations  et  fit 
cesser  son  entreprise.  En  quittant  Lisbonne,  il 
visita  l'Angleterre,  puis  retourna  à  Gènes,  où 
il  s'était  marié  ;  il  y  vécut  pendant  douze  ans 
dans  la  position  de  professeur  de  chant.  En 
1838,  le  sénat  de  la  ville  libre  de  Cracovie  l'ap- 
pela pour  diriger  dans  cette  ville  une  école  de 
chant  dramatique  :  il  s'y  rendit  et  depuis  lors, 
il  ne  s'en  est  éloigné  pendant  quelques  mois  que 
pour  aller  faire  représenter  à  Milan,  en  1844, 
Comelio  BenHvogUo,  opéra  sérieux  qui  ne 
réussit  pas.  Dans  l'année  suivante  il  fit  jouer  à 
Cracovie,  par  les  élèves  de  son  école,  on  opéra 
polonais  dont  le  titre  était  Une  nuit  dans  VApen* 
nin.  Depuis  lors ,  Mireckl  a  écrit  deux  messes, 
des  oratorios  et  une  symphonie.  Les  principaux 
ouvrages  de  cet  artiste  estimable  sont  deux 
trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op  14  et 
36;  des  sonates  pour  piano  seul,  op.  18,  21  et 
24  ;  sonates  pour  piano  et  violon ,  op  22  ;  adagio 
et  allegro  pour  piano,  2  violons,  alto,  violon- 
celle et  contrebasse  op.  38  ;  des  rondeaux  pour 
piano,  op,  7, 12  et  26  ;  plusieurs  suites  de  varia- 
tions ;  une  fantaisie  avec  variations,  op  13  ;  plu- 
sieurs recueils  de  polonaises  et  de  mazourkes  ; 
des  divertissements  et  tarentelles.  Son  traité 
d'instrumentation  a  pour  litre  :  Traltato  intorno 
agU  stromenti,  ed  alCistrumentasione  ;  Milan, 
Ricordi,  1825,  in-fol.  Mirecki  vivait  encore  à 
Cracovie  en  1858. 

MIREGOURT ( Eugène  de),  pseudonyme* 
Voyez  JACQUOT  (  Cqarles-Jean-Baptistb  ). 

MIRO  (...),  compositeur  portugais,  né  à  Lis- 
bonne, y  fit  ses  études  musicales  sous  la  direc- 
tion de  Bontempo.Il  y  prit  la  direction  du  théâtre 
d'opéra  en  1836  et  y  fit  représenter  en  1837  Atar, 
opéra  sérieux.  En  1840,11  y  a  donné  aussi  Vir- 
ginia, 

MIROGLIO  (Pierre-Jean),  fils  d'un  viokn 
niste  italien  établi  i  Paris  comme  marchand  de 
musique,  naquit  dans  cette  ville  vers  1750 ,  et 
fut  élève  de  son  père  pour  ;ie  violon.  Il  a  fait 
graver  de  sa  composition  cinq  livres  de  sonates 


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152 


MIROGLIO  —  MITHOBIUS 


pour  violon  et  basse,  et  plusieurs  livres  de  duos 
pour  deux  violons. 

MIRUS  (  AoAM-EBDXàim  ),  magister  et  rec- 
teur adjoint  au  g]rmnase  de  Zittau,  naquit  à  Adorf 
(Saxe)  le  26  novembre  1656,  et  mourut  à  Zittau  le 
3  juin  1727.  Ce  savant  est  auteur  d'un  livre  rem- 
pli de  détails  curieux^  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  : 
KurzeFragen  ans  derMusica  sacra  worinnen 
den  JUebkabem  bey  Lesung  der  biblischen 
Historien,  etc.  (  Ck>nrtes  questions  sur  la  mu- 
sique sacrée,  dans  lesquelles  on  donne  aux  ama- 
teurs qui  lisent  les  histoires  bibliques  des  rensei- 
gnements spéciaux,  avec  des  tables  nécessaires  )  ; 
Gœrlitz,  1707 ,  in-12.  Deuxième  édition;  Dresde, 
1715,  in-s**.  On  trouve  aussi  des  renseignements 
sur  la  musique  des  lévites  dans  le  Lexique  des 
antiquités  bibliques  du  même  auteur  (  Leipsick, 
1714,  in-S^"),  pages  32,  164,  240, 345, 750 et  £68. 

M I R  Y  (Charles)  ,  professeu  r  de  composition  et 
cbcf  d'orchestre  au  Conservatoire  de  Gand ,  est 
né  dans  cette  ville,  le  14  avril  1823.  D'abord  élève 
de  la  même  école,  il  y  reçut  de  Mengal  {voyet 
ce  nom)  des  leçons  d'harmonie  et  de  contre- 
point. Ses  premiers  essais  de  composition  ayant 
excité  l'iniérét  de  ses  concitoyens,  l'administra- 
tion communale  de  Gand  lui  accorda  pendant  deux 
années  un  subside  pour  qu'il  allât  terminer  son 
éducation  musicale  à  Paris.  De  retour  daus  sa 
patrie,  M.  Miry  a  voulu  témoigner  sa  reconnais- 
sance aux  magistrats  en  dédiant  à  la  ville  de 
Gand  une  symphonie  qu'il  venait  de  terminer, 
et  qui  fut  exécutée  avec  succès.  Devenu  sous- 
chef  d^orchestre  du  tliéAtre,  directeur  de  la  so- 
ciété des  Mélomanes  de  sa  ville  natale ,  et  di- 
recteur du  Cercle  musical,  il  a  écrit  beaucoup  de 
musique  de  daube,  des  chœurs,  des  composi- 
tions pour  l'orchestre,  des  pièces  d'harmonie 
pour  les  instruments  à  vent,  des  fanfares  et  des 
romances.  Son  premier  essai  de  musique  drama- 
tique fut  un  opéra  flamand  en  3  actes ,  intitulé 
Brigitta,  qui  fut  représenté  en  1847  au  théâtre 
Minard,  de  Gand.  £n  1851  une  médaille  et  une 
prime  lui  furent  décernées  dans  un  concours  ou- 
Yert  par  la  Société  royale  des  beaux-arts  de  sa 
Tille  natale  par  la  composition  d'une  ouverture 
et  d'un  chœur,  et  deux  ans  après,  l'association 
dite  r^ederduitsch  Taelverbond,  de  Gand,  lui 
accorda  une  mention  et  une  prin^  pour  trois 
chœurs  flamands,  genre  dans  lequel  il  réussit. 
Ses  chants  pour  des  voix  d'hommes  Vlaemsche 
Lieuw  (  Lion  flamand  )  et  La  Belgique ,  sont 
devenus  populaires.  En  1854  M.  Miry  a  fait  re- 
présenter au  grand  théâtre  de  Gand  La  Lanterne 
magique ,  opéra  en  3  actes  qui  a  été  joué  aussi* 
avec  succès  à  Bruxelles  et  à  Louvain.  Son  ou- 
Trage  dramatique   le  plus  important  est  son 


Charles-Quint ,  opéra  en  5  actes  joué  au  grand 
théâtre  de  Gand,  et  qui  a  reçu  un  accueil  favorable 
dans  les  villes  principales  de  la  Belgique.  Ce  fut 
au  succès  de  cet  opéra  que  M.  Miry  fut  rede- 
vable de  sa  nomination  de  professeur  de  compo- 
sition au  Conservatoire  de  la  ville  en  1857.  Poa- 
térieurement,  il  a  publié  des  collections  de  cliants 
flamands  pour  une  et  plusieurs  vois  sur  des 
paroles  de  M.  Destanberg,  lesquels  sont  destinés 
aux  écoles  primaires.  Ces  chants  se  font  remar- 
quer par  le  naturel  des  mélodies  et  par  le  carac- 
tère rtiythmique. 

MISGIA  (  Antoine  ),  virtuose  sur  la  viole , 
sur  la  guitare  à  sept  cordes  et  sur  Vaccordo, 
grand  instrument  à  archet  monté  de  onze  cordes. 
Il  vivait  à  Napics  en  1601  (  voyez  la  Praiica 
musica  de  Cerreto,  p.  157). 

MISEAIUS  (  Ggorges-Théooore  ) ,  cantorii 
Meissen,  tians  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  a  publié  un  manuel  des  principes  de  mu- 
sique sous  ce  titre  :  Quxstiones  musicx  in 
usum  scholas  Meisnensis;  Gœrlitz,  lô73,in-8^ 

MISEROCCA  (  BàSTiEN  ),  maître  de  cha- 
pelle et  organiste  de  l'église  St.-Paul,  à  Massa, 
naquit  à  Ravenne,  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  â  Venise,  chez 
Vincenti,  en  1609  et  1611,  plusieurs  messes,  vê- 
pres et  motets.  On  connaît  aussi  de  lui  /  pie- 
tosi  affetti  a  una,  due ,  tre  et  quattro  voci 
con  Letanie  délia  Beata  Virgine  a  set  voci, 
libri  1, 2, 3,  in  Venezia,  appresso  G.  Vincenti, 
1614-1618,  in-4^ 

MISL1WE€ZEK  (  Joseph  ).  Voy,  MYS- 
LIWECZEK. 

MITFORD  (  Jean  ) ,  écrivain  anglais  de 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  a  pu- 
blié un  livre  qui  a  pour  titre  :  Essay  on  the 
harmony  of  Language,  etc.  (  Essai  sur  Pbar- 
monie  du  langage  )  ;  Londres,  1774,  in-8''.  On  y 
trouve  des  observations  sur  l'union  de  la  poésie 
et  de  la  musique. 

MITHOBIUS  (  Hector  ),  docteur  en  théo- 
logie, surintendant  général  du  pays  de  Meck- 
lenbourg,  et  pasteur  primaire  à  Ratzebourg,  na- 
quit i  Hanovre  en  1600,  et  mourut  en  1655.  Dix 
ans  après  sa  mort  on  a  publié  un  ouvrage  de  sa 
composition  intitulé  :  Psalmodia  Christiana, 
das  ist  grundliche  Gewissens-Belehrung ,  was 
von  der  christlichen  Mi^ca  sowohl  vocali 
aU  instrumentali  zu  halten,  allen  aUen  und 
neuen  Music-finden ,  absonderlich  aber  des 
meinung  Sel.  h.  m.  Theophili  Grossgèbauers 
hiseinerneulich  edirten  WxchterstimmeCap. 
XI,  entgegen  gesetzet  (  Psalmodie  chrétienne, 
ou  éclaircissement  fondamental/  dans  lequel  il 
est  traité  de  la  musique  chrétienne,  tant  vocale 


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MITHOBIUS  —  MIZLER  DE  KOLOF 


153 


qDMnstromeDtale  )  ;  Jéna,  1665,  m-4*'.  Il  y  a 
aussi  des  exemplaires  de  la  même  date  portant 
^indication  de  Brfiine  et  de  Wittenberg.  Ce  livre 
contient  trois  sermons,  une  dédicace,  une  préface 
et  un  appendix  où  l'on  trouve  des  choses  fort 
carieuses  pour  Tbistoire  de  la  musique. 

MITSGHA  (  Le  chevaiier  Frànqois-Aoaii 
DE),  compositeur,  né  le  11  janvier  1746  à 
Jaromeritz  ou  Jaromerz  (Bohème)  mourut  à 
Graetz,  où  il  était  conseiller  impérial,  le  19  mars 
1811.  En  1790,  il  fit  représenter  à  Vienne  Topera 
intitulé  Adraste  et  Isidore,  qui  eut  quelque 
succès.  On  connaît  en  manuscrit  de  cet  amateur  : 
1*"  Douze  symphonies  pour  orchestre  ;  <-  2**  Onze 
nocturnes  pour  sept  et  neuf  instruments  ;  — 
3"  six  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  base  ;  — 
i^  un  trio  pour  deux  violons  et  violoncelle,  et  des 
pièces  d'harmonie  pour  2  liautbois,  2  clarinettes, 
2  cors  et  2  bassons. 

MITTAG  (  Jean-Godefroid  ),  directeur  de 
musique  à  Ueizen ,  naquit  à  Leipsick  au  com- 
mencement du  dix- huitième  siècle.  A  l'occasion 
de  l'inauguration  du  nouvel  orgue  de  Ueizen , 
constniit  pas  Jean-Georges  Stein ,  il  a  publié  un 
écrit  qui  a  pour  titre^  ;  Historisch'Abhandlung 
pon  der  Er/indung,  Gebrauchy  Kunst  und 
YollkommenheU  der  Orgeln,  mUAnmerkungen 
erlxuteri  und  bei  Gelegenheit  der  solewnen 
Einweihung  des  neuen  Orgelwerks  in  der  Ma- 
rienkirche  zu  Ueizen  herausgegeben  (  Traité 
historique  de  l'invention,  de  l'usage,  de  l'art  et 
de  la  perfection  des  orgues,  éclairci  par  des  no- 
tes, et  publié  à  l'occasion  de  \a  dédicace  solen- 
nelle de  l'orgue  nouvellement  construit  dans  l'é* 
glise  de  Sainte-Marie  à  Ueizen  )  ;  Lunebourg, 
17à6,  in-é"  de  15  pages. 

MITTENRÊYTTER  (  Jean  ) ,  facteur 
d'orgues  &  Leyde,  a  construit  en  1765  l'orgue  de 
l'église  luthérienne  de  Delft,  composé  de  23  re- 
gistres, 2  claviers  à  la  main  et  pédale,  et  l'orgue 
de  i'égUse  catholique  de  Leyde. 

ftllTTËRMA YER  (  Georges  },  né  le  3  jan- 
vier 1783  à  Fûrtb,  près  de  Ratisbonne,  apprit  la 
musique  au  couvent  de  Windberg^  près  de 
Slraubingy  et  fit  ses  premières  études  littéraires 
à  Landshut ,  puis  entra  au  lycée  de  Munich  où 
il  reçut  des  leçons  de  chant  de  Winter.  La 
beauté  de  aa  voix  de  basse  et  sa  bonne  méthode 
le  firent  engager  en  1805  en  quaUté  de  chanteur 
de  la  cour;  Tannée  suivante,  il  débuta  au 
théâtre  royal  de  Munich  avec  succès.  Il  y  brilla 
panicuiièrement  dans  les  opéras  de  Paër  et  de 
Picnsini.  Retiré  avec  la  pension,  après  vingt- 
huit  ans  de  service ,  il  s'est  hvré  à  l'enseigne- 
ment du  chant.  Il  est  mort  à  Munich,  le  16 
janvier  1858 ,  à  l'âge  de  soixante^uinze  ans.  On 


a  gravé  de  lui  des  variations  pour  le  chant,  sur 
le  thème  Nel  cor  piû  non  dU  sento;  Munich, 
Faiter.  Les  membres  deiaLiederkranz  de  Munich, 
ayant  mis  en  musique  quelques  poésies  du  roi 
Louis  de  Bavière ,  les  chantèrent  en  présence  de 
ce  prince  le  25  mai  1829,  et  les  publièrent 
sous  ce  titre  :  Gedichie  Seiner  Majestxt  des 
Kœnigs  Ludwig  von  Bayem  in  Musik  gesetzt 
und  gesangen  von  den  Mitgliedem  des  Lie- 
derkranzes,  etc.  ;  Munich ,  Faiter,  et  Mayènce , 
Schott.  On  trouve  dans  ce  recueil  le  Lied  an  die 
Liebende  pour  4  voix  d'hommes,  composé  par 
Mittermayer. 

Un  fils  de  cet  artiste  (Edouard),  né  à  Mu- 
nich, en  1814,  a  été  violoniste  distingué, 
membre  de  la  chapelle  du  roi  de  Bavière,  et 
professeur  au  Conservatoire  de  Munich.  Il  avait 
reçu,  à  Paris,  des  leçons  de  Baillot  pour  son 
instrument  et  se  faisait  remarquer  par  la  beauté 
du  son  et  la  pureté  du  style.  Il  est  mort  à 
Munich  le  21  mars  1857,  à  Page  de  quarante- 
trois  ans. 

Le  second  fils  de  Georges  Mittermayer  (Lotis) 
bon  violoniste  aussi,  fut  d'abord  attaché  à  la 
chapelle  du  roi  de  Bavière ,  puis  est  entré  au 
service  de  la  cour,  k  Carlsruhe ,  en  qualité  de 
premier  violon. 

MIZLER  (  ETIENNE- André  )  ^  né  à  Greitz 
(Saxe),  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  une  thèse  académique  sous 
ce  titre  :  De  campanis  in  electorati  ad  AWim 
academiaXVI  Calend.  Novemb.  A.O.R.  1695. 
(Magistn)  Stephanus  Andréas  Mizler  et 
Joannes  Christophorus  Senfftem  Greilshei- 
mio,  et  VirobergaFranci  publiée  disputabant 
in  audit.  philosoph.jU^iief  1696,  m-4^  de 
16  pages. 

MIZLER  DE  KOLOF  (  LAURENT-CnRis- 
tophe),  fils  du  bailli  de  Wettelsheim,  près  d'Ans- 
pach,  naquit  en  ce  lieu  le  25  juillet  171 1.  Ayant 
été  envoyé  au  gymnase  d'Anspach  ,  il  y  apprit  la 
musique  et  le  chant  sous  la  direction  d'Kbren- 
mann;  Cari  fut  son  maître  de  violon,  et  sans 
autre  guide  que  lui-même  Mizler  étudia  la  flûte.  En 
1735  il  se  rendit  à  l'université  de  Leipsick:  trois 
ans  après  il  y  fut  gradué  magister,  Entraîné  vers 
la  culture  des  sciences  et  des  arts ,  il  alla  ensuite 
à  l'université  de  Wittenberg  pour  y  suivre  un 
cours  de  jurisprudence,  puis  il  retourna  à  Leip- 
sick et  y  étudia  la  médecine.  En  1736  il  ouvrit 
dans  cette  ville  des  cours  publics  de  mathémalfr- 
ques,  de  philosophie  et  de  musique.  Son  goût 
pour  cet'  art  s'était  développé  par  les  occasions 
qu'il  avait  d'entendre  souvent  l'illustre  J.  S.  Bach 
et  les  concerts  de  Leipsick,  ainsi  que  parla  lecture 
des  écrits  de  Maltheson  et  d'autres  théoriciens» 


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154 


MIZLER  DE  KOLOF  —  MOCRER 


Préoccupé  de  la  pensée  dVlever  la  musique  à  la 
dignité  d'une  science  philosophique ,  il  publia ,  en 
1736,  une  dissertation  intitulée:  Quod  musica 
scientia  sit  Deux  ans  après  il  fonda,  avec  le 
comte  Lucchesmi  et  le  maître  de  chapelle 
Bumler,  une  société  centrale  de  musique  dont  il 
fut  nommé  secrétaire,  et  qui  avait  pour  objet 
de  résoudre  les  problèmes  et  les  questions  qui 
pourraient  être  proposés  concernant  cet  art- 
science.  Pour  atteindre  ce  but,  la  société  devait 
publier,  sous  la  direction  de  Mizler,  une  sorte 
de  journal  paraissant  par  cahiers  à  des  époques 
indéterminées.  Ce  journal  eut  le  titre  de  Biblio- 
thèque musicale  :  il  en  fut  publié  trois  volumes 
et  un  cahier  dans  l'espace  de  dii-huit  ans.  Les 
statuts  de  la  société  musicale  fondée  par  Miiltr 
se  trouvent  dans  le  deuxième  cahier  du  troi- 
sième volume  de  la  Bibliothèque  musicale.  La 
rédaction  d'une  grande  partie  de  cet  écrit  pério- 
dique lui  appartient  (1).  Musicien  érudit ,  mais 
sans  génie,  il  voulut  cependant  faire  des  essais 
de  composition,  dans  des  études  d'odes  pour 
le  clavecin  dont  la  médiocrité  excita  Thilarité 
des  artistes.  Il  en  parut  un  éloge  ironique  dans 
VEhrenp forte  de  Mattheson;  Mizler  prit  cet 
éloge  au  sérieux,  et  y  fît,  dans  sa  Bibliothèque, 
une  réponse  qui  augmenta  le  nombre  des  rieurs. 
Appelé  en  1745  à  Konskie,  en  Pologne,  pour 
enseigner  les  malhématiques  aux  fils  du  comte 
Malakowski ,  il  fît,  avant  son  départ  de  Leipsick, 
quelques  dispositions  pour  assurer  l'existence 
de  sa  société,  et  même  il  conserva  la  librairie 
quMl  y  avait  établie ,  afin  de  faciliter  la  publi- 
cation de  la  suite  de  la  Bibliothèque  musicale  ; 
mais  il  ne  put  empêcher  que  cette  publication  ne  se 
ralentit  et  que  la  société  ne  fût  dissoute  par  le  fait, 
quelques  années  après.  £n  1747 ,  il  fut  gradué 
docteur  en  médecine  i  Erfurt.  Plus  tard  il  alla 
s'établir  à  Varsovie,  et  le  roi  de  Pologne  lui 
accorda  des  titres  de  noblesse.  C'est  depuis  ce 
temps  qu'il  ajouta  le  tilre  de  Kolof  à  son  nom 
de  Mizler.  Vers  1754  il  transporta  à  Varsovie  sa 
librairie  et  y  établit  une  imprimerie.  Il  mourut 
dans  cette  ville  au  mois  de  mars  1778 ,  à  l'Age 
de  soixante-sept  ans. 

Les  ouvrages  publiés  de  Mizler  sont  :  1^  Dis- 
sertatio  quod  musica  scientia  sit  et  pars  eru- 
ditionis  philosophiez;  heipslckf  1734,  in-4«; 

(I)  1^  membres  de  cette  société  de  musique  étalent  : 
!•  le  comte  de  Luecbeslol;  t*  UUIer;  )•  George  Henri 
Bumier ,  maître  de  chapelle  à  Anspach  ;  4»  Christophe - 
Théophile  Schroetel,  organiste  à  Nurdhausen  ;  S*  Henri 
Bockmeyer,  cantor  à  Wolfenbuttet  ;  <•  Klemann.  mattre 
de  chapelle  a  Hambourg;  7*  Stoeizer ,  maître  de  cha- 
pelle à  Gotha  i  S*  G.  F.  Lingke;  »•  Spleas,  compositeur  et 
auteur  d'un  traité  de  composition }  iO*>  Hsndcl  ;  il*  W. 
Webs.  ' 


Une  deuxième  édition  a  paru  en  1736 ,  in-4*'  à% 
24  pages.  —  7?  Lustu  ingenii  de  prxsetUi 
bello  augu^iss.  aique  invictiss.  imperaloris 
Caroli  VI,  cum  fœderatis  hostibus,  ope  to- 
norum  musicorum  illustrato;  Wiltenberg, 
1735.  —  3**  iseu  erœffnete  Musikalische  Bi- 
bliothek  oder  gi'undliche  rfachricht  ndst 
unpartheischen  Vrtheil  von  musikalischen 
Schriften  und  Bûchem  (  Bibliothèque  musi- 
cale nouvellement  ouverte,  ou  notices  exactes  et 
analyses  impartiales  d'écrits  et  de  livres  sur  la 
musique,  etc, .)  premier  volume,  composéde 6  par- 
ties publiées  séparément,  depuis  1736  jusqu'ca 
1738,  avec  le  tilre  général  donné  ci-dessus,  i  Leip* 
sick,  1739,  in-8^.  Deuxième  volume,  en  quatre 
parties  publiées  depuis  1740  jnsqu*en  174S,  avec 
le  titre  général;  Leipsick,  1743^  in  8^.  Troisièiue 
volume,  divisé  en  quatre  parties  formant  778 
pages,  non  compris  les  tables,  depuis  1746 
ju&qu*en  1752,  avec  le  titre  général;  Leipsk^k, 
1752,  in-8''.  Quatrième  volume,  dont  la  pre- 
mière partie  seulement,  renfermant  182  pages, 
a  été  publiée  à  Leipsick  ,  en  1754.  —  4**  Mmi- 
kalischer  Staarstecher,  in  welcheni  redit- 
schaffener  Musikverstxndigen  Fehler  bexhei- 
den  angemerckt,  etc.  (  L'oculiste  musicien  qui 
découvre  et  annote  modestement  les  fautes  de 
musique,  et  persifle  les  folies  des  soi-disant 
compositeurs);  Leipsick,  1740,  in-8^.  Ce  jour- 
nal n*a  pas  été  continué.  —  5^  Die  AnfangS' 
grande  der  Generalbasses,  nach  ^nathema- 
tischer  Lehrart  abgehandeU^  etc.  (ÉlémeDls 
de  la  basse  continue,  traités  d'après  la  méthode 
mathématique,  et  expliqués  au  moyen  d*une 
machine  inventée  à  cet  effet  )  ;  Leipsick  ,  1739, 
in-8°.  La  description  de  cette  machine  se  trouve 
dans  la  Bibliothèque  musicale.  —  ô'*  La  traduc- 
tion allemande  du  Gradus  ad  Parnassum ,  on 
traité  de  composition  de  Fux ,  sous  ce  titre  : 
Gradus  ad  Parnassum  oder  Ànfuhrung  sur 
regelma'ssigen  musikalischen  Composition, 
etc.  i  Leipsick,  1742,  iD-4**.  Misler  a  publié  de 
sa  composition  :  Odes  morales  clioisies  pour 
Tutilité  et  Famusement  des  amateurs  de  cla- 
vecin, etc.  ;  Leipsick,  1740-1743.  Trois  suites, 
et  quatre  sonates  pour  la  flûte  traversière,  le 
hautbois  ou  le  violon,  arrangés  de  manière 
qtt*on  peut  aussi  les  exécuter  snr  lexlavecin; 
Leipsick,  in- fol. 

MOGKER  (....},  professeur  de  musique  et 
première  clarinette  du  grand  théâtre  à  Lyon, 
en  1790  et  années  suivantes,  a  publié  de  sa 
composition  :  i*  Duos  pour  deux  clarineltes, 
op.  1  ;  Lyon .  Arnaud.  —  2*  Nocturne  pour 
basson  et  piano,  op  3;  ibid.  —  3"*  Fantaisie 
concertante  pour  clarinette  et  piano  ,  op.  4  ;  ibld. 


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MOCKER  —  MODERNE 


155 


MOCKER  (Ernest),  fils  dn  précédent, 
pianiste  et  compositeur,  professeur  à  Lyon,  a 
publié  :  1*  Grande  sonate  pour  piano  ;  Paris , 
Dufaut  et  Dubois  (Schœnenberg).  —  2«  Quatre 
divertissements  pour  piano  seul,  op  2;  ibid.  — 
4^  Fantaisie  sur  des  airs  de  la  Dame  blanche; 
ibid. 

MOCKERT  (. . . ,),  facteur  d'orgues  à  Hal- 
bersladt,  vers  ta  fin  du  dix-septième  siècle, 
naquit  à  Langenstein,  près  de  cette  yille.  Après 
avoir  construit  plusieurs  instruments  renommés 
de  son  temps,  il  s'est  retiré  en  1717  au  courent 
de  Rossieben. 

MO€KERT  (Christophe),  fils  dn  précé- 
dent, habile  facteor  d'orgues^  né  k  Halber- 
stadt,  en  1689,  s'est  fait  connaître  ayantageuse- 
ment  par  dix-huit  instruments  qu'il  a  constnrits 
en  différentes  yilles.  Après  avoir  Yécii  trente- 
six  ans  à  Rossieben ,  il  y  est  mort  en  1753. 

MOCKERT  (  Jr.Aif-CHRi8T0PnB),  fils  de 
Christophe ,  né  à  Rossieben ,  s'est  fait  connaître 
aussi  comme  un  bon  facteur  par  les  orgues 
qu'il  a  construites  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
tième siècle  à  Erfnrt,  à  Rossieben ,  à  Rehmusen 
sur  la  Saale,  k  Niemstadt  et  à  Naumbourg. 

MOCKWITZ  (IFréoéric),  arrangeur  de 
musique  pour  le  piano,  naquit  en  1773,  à  Lauter- 
bach,  près  de  Stolpen  (Saxe),  où  son  père  était 
prédicateur.  Après  avoir  étudié  le  droit  à  Wit- 
tenberg,  il  s'adonna  particulièrement  à  la  cul- 
ture de  la  musique,  qu'il  enseigna  à  Dreade  pen- 
dant une  longue  suite  d'années.  Il  mourut  dan» 
cette  ville,  au  mois  de  décembre.1849.  Il  a  ar-^ 
rangé  à  quatre  mains  pomr  le  piano  des  sympho- 
nies ,  ouvertures  et  quatuors  de  Haydn,  Mozart 
et  Beethoven.  On  a  de  sa  composition  des  Ueder 
avec  piano  et  des  danses  allemandes. 

MODELLICJS  (J.-G.)  était  étndiani  à  Tu- 
niversité  de  Wittenberg  lorsqu'il  publia  une 
tlièse  intitulée  :  An  campanarum  sonitus  etc.  ; 
Wittenberg,  1703,  in-4^ 

MODERNE  (Jàgqobs),  musicien  français  du 
seizième  siècle,  surnommé  GrandJacques,k  cause 
de  sa  taille  élevée,  fut  maître  de  chapelle  de  Notre- 
Dame  du  Confort,  à  Lyon,  et  établit  dans  la  même 
^lle  une  imprimerie  de  musique.  Sur  les  ouvrages 
sortis  de  ses  presses ,  il  prend  le  nom  de  Jacques 
Moderne  de  Pinguenio  aUfts  Grand  Jacques. 
Gessoer  cite  de  sa  composition  (Bibliothèque 
nnivers.,\ib.  VII)  les  ouvrages  suiTants  :  r  Chan- 
sons françaises  à  quatre  parties.  —  2^  Motets  à 
cinq  et  à  six  voix,  lib.  3.  Le  plus  ancien  recueil 
de  motets  imprimé  par  Jacques  Moderne  porte 
l«dale  de  1532;  le  dernier  est  de  l'année  1556. 
l^  premier  de  ces  recueils  a  poar  titre  général  : 
Moteiti  del  Fiore,  parce  qu'on  y  voit  au  fron- 


.  tispice  une  fleur  gravée  sur  bois.  Bien  que  ce  titre 
'  soit  en  italien,  chaque  livre  en  particulier  en  a  un 
I  en  latin,  par  exemple  :  Liber  primus  cum  qua- 
'  tuor  vocibus.  Le  premier  livre,  le  troisième,  le 
I  quatrième  et  le  cinquième  contiennent  les  motets 
I  à  quatre  voix  ;  le  deuxième  livre  ne  renferme  que 
des  motets  à  cinq.  Le  premier  et  le  second  livre 
ont  paru  en  1532;  le  troisième  parait  avoir  été 
réimprimé  en  1539,  et  les  quatrième  et  cinquième, 
en  1542.  La  plupart  des  auteurs  dont  les  motets 
remplissent  les  cinq  livres  de  cette  collection, 
dont  la  rareté  est  maintenant  excessive,  sont 
français,  mêlés  de  quelques  noms  belges  et  espa- 
gnol. Ces  artistes  sont  :  Hilaire  Penet,  Loiset 
Piéton,  André  de  Silva,  Lupus,  Hesdin,  Nie.  Gom- 
bert,  F.  de  Layolle,  Claudin,  J.  Courtois,  Adrien 
Willaert,  Ricliâfort,  L'HériUer,  Verdelot,  Archa- 
delt,  Jaqiiet;  A.  Momablc,  N.  Fauchier,  Bene- 
dictus,  Hottinet  Bara,  P.  Mancliicourt,  Hnglier, 
Jo.  de  Billon,  Carette,  Gardane,  P.  de  Yillers , 
F.  du  Lys,  C.  Daibi,  Consilium-,  H.  Fresneau, 
P.  Colin,  P.  de  la  Fasge,  Robert  Nacèle,  Laurens 
Lalleman,  Jan  des  Boys,  Hugues  de  la  Chapelle, 
Claudin,  Jo.  Preiau,  Louis  Narbays,  Jacques  Ha- 
neuze,  Mord,  ËrnouU,  Caussia,  N.  Benoist,  Mor- 
tera,  Lupi,  Morales,  et  Pierre  Moulu. 

Les  livres  premier,  troisième,  quatrième  et 
cinquième  sont  complets  à  la  Bibliothèque  royale 
de  Mnnicti;  le  deuxième  livre  est  à  la  Biblio- 
tlièqnc  impériale  de  Vienne. 

Quatre  autres  volumes  très-rares  sont  sortis  des 
presses  de  Jacques  Moderne;  le  premier  a  pour 
titre  :  Liber  decem  Missarum,  à  prxclaris  et 
maximi  nominismnsicis  contextus  ^nuperrime 
adiunctis  dtuibus  viissis  nunquam  hactenus 
in  lucem  emissis,  etc.  Jacobus  Modemus  à 
Pinguento  excudebai  ;  Lugduni,  1540,  petit-in- 
fol.  Ce  recueil  contient  des  messes  de  Moulu,  de 
Layolle,  de  Richafort,  de  J.  Mpoton,  de  Guil- 
laume Prévost,  de  Gardane,  de  Lupus,  de  Janne* 
quin,  de  Jean  Sarton  et  de  Villers.  Les  autres 
volumes  contiennent  les  messes  de  Pierre  Colin 
et  de  Morales  (voyez  ces  noms  ).  Jacques  Mo* 
derne  a  publié  une  collection  en  onze  livres  sous 
le  titre  :  Le  Parangon  des  chansons,  contenant 
plusieurs  nouvelles  et  délectables  chansons 
que  oncques  ne  furent  imprimées  au  singulier 
prouf/lt  et  délectation  des  musiciens;  im* 
primé  à  Lyon, par  Jacques  Moderne  dit  Grand 
Jaques f  etc.  1 538-1 543,  in-4°  obi.  Le  premier  livre 
contient  26  chansons,  le  second  livre  31,  le  troi- 
sième 26,  le  quatrième  32,  le  cinquième  28,  le 
sixième  25,  le  septième  27,  le  huitième  30,  le 
neuvième  31,  le  dixième,  29,  le  onuème  29. 
Quelques-uns  de  ces  livres  ont  été  réimprimés, 
car  il  existe  à  la  bibN»thèque  royale  de  Munich 


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256 


MODERNE  —  MOERS 


UD  exemplaire  des  quatre  premiers  ]i?re8  qui 
portent  les  dates  de  153S'1539,  et  un  autre 
exemplaire  des  dix  premiers  livres  imprimés 
en  1540-1643;  enfin,  le  premier  livre  de 
l'exemplaire  du  dernier  catalogue  de  la  biblio- 
f  thèquft  Libri,  dont  la  vente  s*est  faîte  à  Londres 
au  mois  de  juillet  1862 ,  était  sans  date.  Cet  exem- 
plaire ,  qui  renfermait  les  neuf  premiers  livrés, 
reliés  en  un  volume ,  a  été  vendu  deux  mille 
francs.  Les  quatre  parties  de  chaque  chanson 
sont  imprimées  en  regard  et  opposées  les  unes 
aux  autres,  en  sorte  que  le  chanteur  du  mperius 
est  en  face  du  ténor,  et  Valtus  en  face  du  bas^ 
sus.  L'existence  du  onzième  livre  a  été  inconnue 
jusqu'à  ce  jour  :  un  exemplaire  de  ce  livre  ap- 
partient à  M.  Farrenc.  Enfin ,  M.  Brunet  cite , 
dans  son  Manuel  du  Uhraire  :  Le  Dif/icne 
des  chansons ,  livre  contenant  des  chansons 
nouvelles  à  quatre  parties,  en  quatre  livres, 
de  la  composition  de  plwieurs  maures; 
Lyon,  Jacques  Moderne ,  1555-1556,  petit  in-4'' 
obi. 

liOEHRIIVG  (FERDm4Hn),  pianiste  et  com- 
positeur, né  à  Berlin,  vers  1816,  a  fait  ses  études 
musicales  à  r  Académie  des  beaux -arts  de  cette 
▼ille^  sous  la  direction  de  Rungenhagen.  Vers  la 
fin  de  1839,  il  s'établit  h  Sar/'ebrock  comme  pro- 
fesseur; mais,  en  1845,  il  fut  appelé  à  Nenrup- 
pin,  en  qualité  de  directeur  de  musique.  Une 
ouverture  et  une  symphonie  de  sa  composition 
ont  été  exécutées  à  Berlin  et  à  Leipsick  en  1837 
et  1840,  et  l'Académie  royale  de  chant  de  la  pre- 
mière de  ces  villes  a  fait  entendre,  en  1840,  un 
psaume  qui  obtint  Tapprobation  des  connais- 
seurs. Postérieurement  M.  Moehring  s'est  parti- 
culièrement livré  à  la  composition  de  JUeder  à 
voix  seule  avec  accompagnement  de  piano,  ou 
pour  plusieurs  voix,  de  chants  pour  des  voix 
d'hommes,  et  d^  petites  pièces  telles  que  des  noc- 
turnes pour  piano. 

liOELLER  (J.-C),  claveciniste  et  compo- 
siteur allemand,  vivait  vers  1780.  Il  a  fait  impri- 
mer à  Francfort  et  à  Spire  des  quatuors  pour 
piano,  violon,  alto  et  basse,  des  préludes,  des 
quatuors  pour  violon,  et  quelques  bagatelles  pour 
le  chant. 

MOELLER  (JBATi-GoniFBom),  professeur 
de  piano  à  Leipsick,  au  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle,  étudiait  la  théologie  à  l'uni ver- 
sité  de  cette  ville,  en  1797.  Il  fut  élève  du  célèbre 
•  organiste  Kiltel,  à  Erfurt.  On  a  gravé  de  sa  com- 
position :  1**  Sonate  pour  piano  à  quatre  mains; 
Leipsick,  1797.  —  2*  Douze  variations  pour  piano 
seul  ;  ibid.  —  8»  Seize  variations  ;  idem,  îbid.  — 
4"^  Fantaisie  et  fugue,  idem;  ibid.  1805.  Gerber 
paraît  incertain,  dans  son  nouveau  Lexique  des 


musiciens,  s'il  n'y  a  pas  identité  entre  cet  artiste 
et  le  précédent,  et  si  les  initiales  de  prénoms  de 
celui-ci  ne  sont  pas  une  fante  d'impression;  mais 
si  la  date  de  1780,  donnée  par  lui,  comme  étant 
celle  où  J.  C.  Moeller  vivait  à  Francfort  et  j 
publiait  des  quatuors  pour  piano  et  pour  violon, 
si,  dis-je,  celte  date  est  exacte^  ce  musicien  ne 
peut  être  le  même  que  celui  qui  étudiait  la  mu- 
sique et  la  théologie  à  Leipsick  <;n  1797,  et  qui, 
sur  le  titre  de  la  sonate  à  4  mains  publiée  à  Leip- 
sick dans  cette  année,  plaçait  ces  mots  après  son 
nom  :  studiosus  theoL  et  musices. 

MOERING  (  Michel  ),  né  à  Hildburghausea, 
le  11  octobre  1677,  fréquenta  le  collège  de  cette 
ville  jusqu'en  1C95,  puis  entra  au  gymnase  de 
Cobourg,  et  alla  achever  ses  études  à  l'unÎTer- 
sité  de  Jém  en  1698.  En  1704,  le  duc  de  Hild- 
burghausen  le  nomma  première  basse-taille  de 
sa  chapelle,  puis  gouverneur  de  ses  pages.  Ei 
1712,  l'emploi  de  cantor  à  Sddenstadt  lui  fut 
contié  ;  mais  il  le  quitta  Pannée  suivante  pour  aller 
remplir  les  mêmes  fonctions  dans  le  lieu  de  sa 
naissance,  et  enfin  il  fut  appelé  à  Cobourg,  en  1720, 
comme  cantor  et  magister.  Il  y  a  écrit  beau- 
coup de  morceaux  de  musique  d'église  qui  ont 
eu  de  la  réputation  dans  le  première  moitié 
du  dlx-huilième  siècle,  et  qui  sont  restés  en  ma- 
nuscrit. 

HOERING  (Jean-Pierre),  né  à  Ilild- 
burghausen,  en  1700,  était  attaché  à  la  chapelle 
du  prince  d'Anhalt-Zerbsl,  en  1756,  comme  vio- 
loniste. Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  mor- 
ceaux de  musique  instrumentale.  Il  est  incertaio 
si  cet  artiste  est  le  même  qui  était  directeur  de 
musique,  en  1765,  à  Œhringen,  dans  le  royaume 
de  Wurtemberg. 

MOERL  (GcsTAVE- Philippe),  né  à  Nurem- 
berg, le  26  décembre  1673,  y  devint  prédicateur 
à  Saint-Sébald  en  1724,  puis  fut  président  do 
Consistoire,  bibliothécaire  de  la  ville,  et  profes* 
seurde  théologie.  Il  mourut  le  7  mai  1750.  Ad 
nombre  de  ses  écrits,  on  tronve  deux  sermons, 
le  premier  prononcée  l'occasion  de  TinstalIatioD 
d*un  nouvef  orgue,  h  l'église  de  Saint-Égide,  et 
publié  sous  le  titre  :  Das  rein  gesiimmte  Or- 
gelwerk  unsers  Herzens,  oder  chrlstUche  Etn- 
weihungspredigt  eines  neu  verfertigten  Orgel- 
werks,  welches  vor  die  allbereit  13  Jahr  w 
Ascke  Uegende  Egidien-Kirche  angeschaf- 
fet,  etc.;  Nuremberg,  1709,  in-4*.  L'autre,  à 
l'occasion  de  Pinauguration  du  nouvel  orgue  de 
Péglise  des  Dominicains,  }nt\iu\é:  Eingeweihungs- 
Predigt  der  neuen  Orgel  in  der  Dominicaner- 
Kirche;  ibid.,  1709,  in.4*. 

MOERS  (Marc),  organiste  et  facteur  d'ins- 
truments à  Lierre,  dans  la  Campine  (Belgique), 


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MOERS  —  MOHAMMED  BEiN  AHMED  EL-HADDEL 


157 


est  itfentionné  dans  le  registre  n^  F  195  de  la 
otiambre  des  comptes,  aux  archives  du  départe- 
ment du  Nord,  à  Lille,  comme  ayant  reçu,  an 
mois  d'août  1508|  trente  et  une  livres  cinq  sous 
pour  rachat  d'ungmanicor  (  Manichordium  )  que 
Monseigneur  (Parchiduc  Charles,  plus  tard  em- 
pereur  Charles-Quiot)  a  fait  achetter  de  lui 
pour  son  desduit  et  passetemps. 

MOESGHL(Cbrisante),  moine  franciscain, 
naquit  à  Neubourg,  dans  la  Bavière,  près  de  la 
forêt  de  Bohème,  en  1745.  A  Tâge  de  dix-neuf 
ans,  il  entra  dans  son  ordre,  et  fut  nommé  orga- 
niste de  son  couvent.  Kamerlober  lui  lit  faire, 
vers  cette  époque,  un  cours  de  composition. 
Mœsclil  vivait  encore  en  1812,  au  couvent  d'In- 
golstadt.  Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  com- 
positions pour  Téglise,  entre  autres  un  oratorio. 
On  a  gravé  de  sa  composition  à  Berlin,  vers  1730, 
un  recueil  de  pièces  intitulé  :  Unterhaltung  beym 
Clavier  (Amusements  pour  le  clavecin). 

MŒSER  (CHARLEs-FnÉnÉRic),  violoniste 
et  chef  d'orchestre  du  théâtre  royal  de  Berlin, 
naquit  dans  cette  ville,  le  24  janvier  1774.  Dès 
ses  premières  années,  il  montra  d*henreuses  dis- 
positions pour  la  musique  :  son  père,  trompette- 
major  du  régiment  de  hussards  de  Ziethen,  lui 
donna  les  premières  leçons  de  violon  dès  qu'il  eut 
atteint  sa  sixième  année.  11  n^était  Agé  que  de 
huit  ans  lorsqu'il  se  fît  entendre  avec  succès  dans 
un  concert  public.  Le  roi  de  Prusse,  Frédéric- 
Guillaume  II ,  l'ayant  entendu ,  le  prit  sous  sa 
protection,  et  le  fît  entrer  à  l'âge  de  quatorze  ans 
dans  la  chapelle  du  margrave  de  Schwedt.  Après 
la  mort  de  ce  prince,  Mœser  retourna  à  Berlin  et 
7  entra  bientôt  après  dans  la  chapelle  do  roi.  Ce 
fat  alors  qu'il  reçut  des  leçons  de  Haake  pour  le 
Tiolon,  et  qu'il  étudia  le  mécanisme  de  cet  ins- 
trument d'après  une  méthode  régulière.  Ses  pro- 
grès furent  rapides;  mais  une  intrigue  amoureuse 
avec  la  comtesse  de  la  Marck,  fille  naturelle  du 
roi,  le  compromit,  et  vint  arrêter  le  cours  de  ses 
études  en  le  faisant  exiler  de  Berlin.  Le  roi  eut 
la  bonté  de  lui  envoyer  cent  ducats  pour  les  frais 
de  son  voyage.  Moeser  se  dirigea  vers  Hambourg 
par  Brunswick,  se  fit  entendre  dans  plusieurs 
villes,  et  commença  sa  réputation  de  virtuose. 
Les  liaisons  qu'il  eut  le  bonheur  de  former  à 
Hambourg  avec  Rode  et  Viotti  l'initièrent  aux 
principes  d'une  école  de  violon  qui  sera  toujours 
le  modèle  delà  pureté  et  de  l'élégance.  Les  voya- 
ges qu'il  fit  en  Danemark ,  en  Norwége  et  sur- 
tout à  Londres  furent  avantageux  à  sa  fortune, 
et  l'auraient  été  davantage  si  une  liaison  avec  une 
cantatrice  italienne  ne  lui  eût  fait  oublier  à  Go- 
peoliague  un  engagement  que  Salomon  lui  avait 
envoyé  pour  ses  concerts.  Après  la  mort  de 


Frédéric-Guillaume  II,  il  lui  fut  permis  de  re- 
tourner à  Berlin,  et  dès  lors  commença  pour  lui 
une  carrière  d'artiste  plus  sérieuse.  Admis  dans 
l'intimité  du  prince  Louis-Ferdinand,  il  y  connut 
Dussek,  et  reçut  du  beau  talent  de  ce  grand  ar- 
tiste une  salutaire  impulsion.  En  1804,  il  alla  à 
Vienne  et  reçut  de  Haydn  et  de  Beethoven  des 
éloges  flatteurs  sur  sa  manière  d^exécuter  leurs 
quatuors.  La  suppression  de  la  chapelle  du  roi 
de  Prusse,  après  les  événements  de  la  guerre  de 
1806,  troubla  l'existence  de  Mceser,  comme  celle 
de  beaucoup  d'autres  artistes,  et  il  dut  alors  cher- 
cher des  ressources  dans  des  voyages  en  Pologne  et 
en  Russie.  Son  séjour  dans  ce  dernier  pays  se 
prolongea  pendant  plus  de  quatre  ans.  De  retour 
à  Berlin  en  1811,  il  y  donna  des  concerts  où  sou 
talent  excita  les  plus  vifs  applaudissements.  La 
réorganisation  de  la  chapelle  royale  l'attacha  an 
service  du  roi  en  qualité  de  premier  violon,  et  en 
1823  il  eut  le  titre  de  maître  de  concerts.  Dix  ans 
après  il  a  fait  on  voyage  à  Parts  avec  son  fils  (Au- 
guste) qui  annonçait  d'heureuses  dispositions  pour 
le  violon.  A  son  retour,  il  a  visité  Bruxelles  et  m*a 
remis  une  lettre  de  recommandation  que  Chem- 
bini  lui  avait  donnée.  Il  ne  se  faisait  plus  enten- 
dre dès  lors  qu'en  accompagnant  son  fils.  Il  se 
proposait  de  faire  avec  celui-ci  un  nouveau  voyage 
en  Hollande  et  en  Belgique,  maii»  je  ne  l'ai  plus 
revu.  En  1841,  le  roi  de  Prusse  lui  a  accordé  le 
titre  de  maître  de  chapelle  lionoraire,  en  consi- 
dération de  ses  longs  services.  11  est  mort  à  Ber- 
Hn,le  27  janvier  1851,  à  l'âge  de  soixante-dix-sept 
ans.  La  vie  de  cet  artiste  est,  dit-on,  rempûa 
d'aventures  romanesques.  On  connaît  de  Mœser 
une  Poltmaise  qui  a  eu  de  la  vogue,  et  quelques 
morceaux  de  salon. 

iUOESER  (Adgcste),  fils  du  précédent,  né  à 
Berlin,  le  20  décembre  1825,  montra  dès  ses  pre- 
mières années  les  plus  heureuses  dispositions  pour 
le  violon.  Son  père  lui  donna  sa  première  instruc- 
tion sur  cet  instrument  A  l'âge  de  dix  ans,  il 
étonnait  déjà  les  professeurs  par  son  habileté 
précoce.  Ce  fut  alors  que  son  père  me  le  présenta 
etjeradroiB  au  Conservatoire  de  Bruxelles  comme 
élève  de  Bériot.  Ses  progrès  furent  rapides  et  en 
peu  d'années  il  devint  un  virtuose  remarquable, 
particulièrement  pour  les  difficultés  vaincues  de 
mécanisme.  Sorti  du  Conservatoire  à  l'âge  de  dix- 
huit  ans,  il  voyagea  en,  Allemagne,  en  France,  en 
Angleterre,  et  partout  se  fit  entendre  avec  de 
brillants  succès.  Malheureusement,  la  vie  de  ce 
jeune  artiste  fut  courte;  il  mourut  en  1859,  dans 
une  tournée  en  Amérique. 

MOHAMMED  BEN  AHMED  EL* 
HADDEL»  Arabe  d'Espagne,  vécat  k  Grenade 
et  mourut  l'an  561  de  l'hégire  (1165  de  Tère 


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158 


MOHAMMED  BEN  AHMED  EL-HADDEL  —  MOITESSIER 


chrétienne).  Il  est  auteur  d'un  traité  de  mu- 
sique dout  le  manuscrit  est  à  la  bibliothèque 
royale  de  Madrid,  et  qui  est  mentionné  dans 
la  Bihliotheca  arabico-hispana  de  Casiri^ 
t.  H ,  73. 

MOHAMMED  BEN  AHMED  BEN 
HABR^  écrivain  arabe  des  Alpuxarres,  dans  le 
royaume  de  Grenade,  vécut  dans  la  première 
moitié  du  quaiorzième  siècle,  et  mourut  Tan  de 
l'hégire  741  (1340  de  Tère  chrétienne).  On  a  de 
lui  un  traité  de  musique  dont  le  manuscrit  est  à 
la  bibliothèque  de  l'Bscurial  (voy.  Casiri,  t.  Il, 
80).  Casiri  a  traduit  le  titre  arabe  par  De  musica 
sacra  ;  mais  le  baron  Hammer  Purgstall  est  d'avis 
que  l'ouvrage  est  plut6t  un  Abrégé  des  principes 
de  la  musique  mondaine. 

MOHAMMED  BEN  ISA  BEN  ASSAH 
BEN  Kerinsa  ebn  àsùkujm  Hossameddin  ben- 
FGTBEUDUf  EL  Hamberbi  (1) ,  pbiloso|»lie  et  juris- 
eonaulte,  né  l'an681  de  l'h^ire  (1282  dePère  chré- 
tienne), vécut  au  Caire  et  y  fit  des  cours  publics 
de  musique.  Il  mourut  en  763  (1361).  L'auteur  du 
grand  recueil  biographique  arabe,  Ehel  Mehusin 
Jussufel  Fa§hrikerdif  qui  a  écrit  la  vie  de  Mo- 
hammed, dit  avoir  suivi  ses  leçons  pendant  Vàu- 
née  745  (1344).  Mohammed  a  laissé  un  traité 
de  musique  dont  le  titre  arabe  signifie  :  Le  but 
désiré  dans  la  science  des  sons  et  des  temps 
rhyihmiques.  Il  en  existe  an  roanuaerit  au  Mu- 
séum britannique. 

MOHAMMED  BEN  ADOLMED- 
SCHID,  écrivain  arabe  sur  la  musique,  né  à 
Latahié,  dans  la  Syrie,  eat  moit  dans  l'année 
deriiégire  848  (I448de  J.-C.).  Son  traité,  intitulé 
Fethidjet,  est  le  plus  complet  et  le  plus  renommé 
des  livres  arabes  concernant  la  musique  mo- 
derne. 11  est  divisé  en  deux  parties,  dont  la  pre- 
mière traite  de  la  composition  des  modes,  et  le 
second,  du  rhpthme.  Il  est  dédié,  suivant  le 
.  baron  Hammer  PurgstalU  au  sultan  Bajasid,  ou 
Bajazet  II  :  s'il  en  est  ainsi ,  Moliammed  ben 
Adolmedschid  n'est  pas  mort  en  1444,  car  Ba- 
jazet n'a  succédé  à  son  père  Mahomet  II  qu'en 
1481.  L'ouvrage  de  cet  écrivain  se  trouve  parmi 
les  manuscriU  de  la  Bibliothèque  impériale  h 
Yienne. 

MOHNIKE    (  TnéOPRlLB-CBRÉTIEN-FBlÊDé- 

Bic),  né  le  6  janvier  1781,  k  Grimmen,  dans  la 
Poméranie  dtérienre,  commença  ses  études  au 
gymnase  de  Stralsund ,  et  les  acheva  aux  univers 
sites  de  Oreifswalde  et  de  Jéna.  Après  avoir  rem- 


ci)  Ce  nom.  suivant  l'usage  des  Arabe»,  indique  tonte  one 
généalogie  :  il  signifie  :  Mohammed  ^Jlls  ^Isa,  fils  dVf- 
sah,/Usd«  Kerima,  nevéM  di: Abdallah  eouameddin,  fUs 
de  Fetheddtn,  etc. 


pli  pendant  sept  années  les  fonctions  de  précep- 
teur dans  une  famille  particulière,  il  obtint,  en 
1811,  une  place  de  professeur  à  Técole  de  Greifs- 
walde,  et  fut  nommé  deux  ans  après  recteur  du 
même  établissement.  Devenu,  en  1818,  pasteor 
de  la  paroisse  Saint-Jacques,  de  Stralsund,  il 
résida  dans  cette  ville  jusqu'à  sa  mort,  qui  ar- 
riva le  6  juillet  1641,  à  la  suite  d'un  violent  accès 
de  goutte.  Au  nombre  des  ouvrages  de  ce  sa- 
vant, on  remarque  celui  qui  a  pour  titre  : 
Geschichte  des  Kirchengessenges  in  Neuvor- 
pommemvon  der  Reformaiion  bis  aufunsere 
Tage  (Histoire  du  chant  de  Péglise  dans  la  Kou- 
velle-Poméranie  citérieure,  depuis  la  rëforniation 
jusqu'à  nos  jours  )  ;  Stralsund,  1831, 1  toL  in-S*. 
La  première  partie  de  ce  livre  renferme  des  ren- 
seignements pleins  d'intérêt  sur  le  sujet  dont  elle 
traite. 

MOITA  (Jean- Baptiste),  compositeur  ita- 
lien, né  dans  la  seconde  partie  du  seizième  siède, 
a  publié  iMadrigali  a  sei  voci;  Anvers,  1600, 
in■4^ 

MOITESSIER  (Prosper-Antoike),  fac 
teur  d'orgues,  né  à  Carcassonne  (dépt  de  l'Aude) 
en  1607,  apprit  dans  sa  jeunesse  Tart  du  luthier, 
puis  reçut  en  1819  et  1820  les  premières  no- 
tions de  la  facture  des  orgues  d'un  ouvrier  des 
Vosges  nommé  Pilot.  Désirant  augmenter  ses 
connaissances  dans  cet  art,  il  alla  trayailler 
dans  les  ateliers  de  Mirecourt  ;  puis  il  se  rendit 
à  Paris  et  y  entra  comme  ouvrier  chez  M.  ISéte 
(  Voyez  ce  nom).  Cependant  la  facture  des  or- 
gues ne  paraissant  pas  présenter  d'avenir  en 
France  à  cette  époque^  Moitessier  retourna  dans 
sa  ville  natale  en  1826,  ety  pi^ssa  plusieurs  an- 
nées dans  une  sorte  d'oisiveté  forcée.  Fatigué  de 
cette  situation,  il  alla  s'établira  Montpellier,  vers 
1830,  et  n'y  fut  pas  d'abord  plus  heureux  ;  noais 
enfin  on  lui  proposa,  en  1836,  d'entreprendre  la 
restauration  de  l'orgue  du  temple  protestant, 
construit  autrefois  par  le  grand -père  de  M.  Aris- 
tide Cavaillé.  Son  succès  dans  cet  ouvrage  loi 
fit  confier  la  restauration  de  l'orgue  de  Saiot-Fol- 
crand  à  Lodève  (Hérault),  fait  parL'Épineen  1750. 
Vers  1837  il  imagina  d'appliquer  à  l'orgue  les 
claviers  transposi leurs  semblables  à  ceux  dont  on 
faisait  usage  pour  les  pianos  :  ce  qui  déjà  avait 
été  fait  en  1829  par  Lété  au  petit  orgue  d*ac- 
compagnement  de  Saint-Leu.  Depuis,  M.  Moites- 
sier a  construit  ou  réparé  les  instrumenta  dont 
voici  la  liste  :  1^  Orgue  de  8  pieds  avec  pé- 
dales à  la  chapelle  Salnte-Marie ,  à  Montpdiîer, 
en  1840.^  2^  Grand  8  pieds  à  4  daviers  avec 
pédales  de  16  pieds  ouverts  et  bombarde  pour 
Sainte- Madeleine,  à  Bézier8,en  1841.  —  s*"  Be- 
construction  du  grand  orgue  de  Saint* Yiacent, 


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MOITESSIER  —  MOLIEa 


lôu 


à  Garcassonne,  en  1S42.  >—  4^  Grand  8  pieds  à 
8  claviers  et  pédales,  à  l'église  paroissiale  de  Saiot- 
Remy  (  Bouclies-do*Rb6ne  ),  en  1842.  —5^  Or- 
gne  de  8  pieds  à  trois  clariers,  à  Téglise  parois- 
siale de  Sainte*Afrrique(A.Teyron)y  en  1843.  — 
6°  Grand  huit-pieds  à  3  claviers,  à  Cette  ^Hé- 
ranlt),  en  1843*  —  T  Huit-pieds  pour  la  cha- 
pelle des  Pénitents-Blancs,  en  1844.  —  S""  Huit- 
pieds  pour  la  paroisse  Bainte- Anne,  en  1845.  — 
9*"  Restauration  de  Torgue  de  Notre-Dame  à 
Montpellier.  Cet  oiigne,  construit  par  le  célèbre 
D.  Bédos  pour  l'abbaye  de  Sainte  -  Uibérie,  en 
1751,  ayait  été  replacée  Montpellier  en  1806. 
Cette  restauration  fat  faite  en  1846.  —  10<^  Grand 
buit-pieds  à  l'église  Sainte-Marthe  de  Tarascon, 
en  184e.  >-  11°  Grand  huit-pieds  pour  Téglise 
de  Fcnrcalquler  (Basses- Alpes),  en  1847 —  12' 
Grand  seiie-pieds  en  montre,  de  quarante-six 
jeux^  à  l'église  de  la  Dalbade,  à  Toulouse,  en 
1847. 

MOJON  (BbnoIt),  médecin  iUUcn^  est  né 
à  Gènes  en  1770,  et  a  fait  ses  éludes  à  Montpel- 
lier. D'abord  professeur  d'anatomie  et  de  physio- 
logie à  l'université  impériale  de  cette  yille,  puis 
médecin  en  chef  de  rh6pital ,  il  se  fixa  à  Paris 
vers  1814,  et  y  exerça  la  médecine.  Il  y 
est  mort  au  mois  de  juin  1849.  Il  était  mem- 
bre de  beaucoup  de  sociétés  de  médecine  et 
de  sciences  naturelles.  An  nombre  des  écrits 
de  ce  savant,  on  remarque  :  1^  Mémoire  sur 
lés  effets  de  la  castration  dans  h  corps  hu-» 
main;  Montpellier,  1804,  in-8^  La  troisième 
édition  de  cetledissertation  aété  publiée  k  Gênes^ 
chez  Gravier,  1813»  in-4^  de  40  pages.  Il  y  eu 
a  une  traduction  italienne  intitulée  :  Disserta- 
zione  suUi  effetti  délia  etutratura  nel  corpo 
umano  ;  Milan,  Pirotto,  1822,  in- 8^  de  55  pages. 
—  2''  Memoria  suW  vtilità  délia  mttsica,  si 
nello  stato  di  soluté,  tome  in  queUo  di  ma- 
lattia  ;  Gènes,  1802,  in-8*.  Une  traduction  fran- 
çaise de  ce  morceau  a  été  faite  par  le  professeur 
de  médecine  Mugetti,  et  publiée  suus  ce  titre  : 
Dissertation  sur  l'utilité  de  lamusique;  Paris, 
Foumier,  1803,  in-8*. 

MOLCK  (  JEAN-HB!faf-Coc«RAD  ),  organiste  et 
professeur  du  collège  de  Peina,  dans  le  Hanoyre, 
naquit  le  24  avril  1798  à  Hoheneggelsen,  dans  la 
province  de  Hlldesheim,  où  son  père  était  cantor. 
Après  avoir  appris  dans  la  maison  paternelle 
les  premiers  principes  de  la  musique,  le  jeune 
Moick  alla  continuer  ses  études  au  gymnase  de 
Hlldesheim,  et  y  reçut  quelques  leçons  d'harmo- 
nie d'nn  organiste  de  cette  ville.  En  1815,  son 
I^re  le  At  entrer  à  l'école  normale  des  institu- 
teurs d'Alfeld  :  il  y  fit  de  bonnes  études  de  con- 
trepoint sous  la  direction  d'un  organiste  de  mé- 


rite, nommé  Schœp|)e.  Après  avoir  passé  trois 
années  dans  cette  école,  MoIck  obtint  en  1818 
les  places  d*organiste  et  de  cantor  à  Peina.  Plus 
tard,  il  fut  chargé  de  la  direction  de  l'école  su- 
périeure des  filles  de  cette  ville ,  et  obtint  la 
place  d'organiste  de  l'église  principale.  Il  dirigea 
la  fête  des  professeurs  de  chant ,  à  Hlldesheim, 
en  1840  et  1841.  On  connaît  sous  son  nom  en- 
viron ving-cinq  œuvres  de  Liederà  voix  seule 
avec  piano  et  de  chants  à  plusieurs  voix  de  dif- 
férents genres  ou  pour  un  chœur  d'hommes.  La 
plupart  de  ces  ouvrages  ont  été  gravés  h  Ha- 
novre et  à  Brunswick.  MoIck  a  aussi  publié  des 
mélodies  chorales  pour  le  royaume  de  Hanovre, 
en  1837.  Molck  est  le  frère  puîné  du  clianteur 
Moltke  (voyez  ce  nom)  de  Weimar^  qui  a  changé 
l'orthographe  de  son  nom. 

MOLDENIT  (  JoÀCHiM  DE),  gentilhomme 
danois,  amateur  de  musique,  naquit  à  Gluck- 
stadt  dans  les  premières  années  du  dix-huitième 
siècle.  En  1733,  il  publia  à  Hambourg  :  Set  So- 
nate a  /lauto  traversa  e  basso  conUnuo,  con 
un  discorso  sopra  la  maniera  di  sonar  il 
/lauto  traverso.  L'art  de  jouer  de  la  flûte  était 
si  peu  avancé  à  l'époque  où  parut  cet  ouvrage, 
que  Moldenit  blâme  Quantz  pour  avoir  introduit 
le  coup  de  langue  dans  le  jeu  de  cet  instrument. 
La  flûte  pour  laquelle  il  a  écrit  ses  sonates  des- 
cendait jusqu'au  la  grave  :  il  attachait  beaucoup 
de  prix  à  cette  invention,  qui  a  été  renouvela 
de  nos  jours.  Je  possède  un  autre  écrit  de  Mol- 
denit sur  le  même  svyet,  qui  prouve  l'existence  de 
deux  autres  discours  relatifs  aux  six  sonates  de 
sa  composition;  il  a  pour  titre  :  Dritter  neuester 
und  letzter  Discours  uber  sechs  Sonaten  fur 
die  Querflœte  und  Bass  (  Troisième  nouveau  et 
dernier  discours  sursis  sonates  pour  la  flûte  tra- 
versière  et  basse),  da  Gioacchino  Moldenit, 
nobile  danese  da  Glûckstadt,  dilettante  in 
Hamburgo,  2  feuilles  iu-4<^,  sans  nom  de  lieu  et 
sans  date;  mais  le  chronogramme  formé  parles 
noms  Gioacchino  Holdenit  indique  1753.  Après 
une  introduction  où  l'auteur  rapporte  les  félicita- 
tions qu^il  a  reçues  sur  l'invention  de  sa  flûte, 
on  trouve  une  épttrc  en  vers  allemands  au  lec- 
teur sur  les  sonates  dont  il  s'agit,  pois  des  éloges 
en  vers  du  même  ouvrage  par  diverses  personnes, . 
et  eofin  un  chant  de  remerclment  sur  un  air 
connu. 

MOLIER,  ou  MOLLIER  (Louis  DE  ),  dit 
DE  IIULIÈRE,  musicien  français,  était  en 
1642  gentilhomme  servant  ou  écuyer  de  la  com- 
tesse de  Soissons,  mère  du  comte  qui  fut  tué  à  la 
Marféc.  Après  la  mort  de  cette  princesse,  Moller 
fut  admis  dans  la  musique  de  la  chambre  du 
roi.  Il  y  fut  employé  particulièrement  à  la  corn* 


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leo 


MOLIER  —  MOLINET 


position  des  airs  de  ballets  de  ia  cour,  où  il  pa- 
rait avoir  assez  bien  réussi.  En  1654,  il  fit  avec 
Jean-Baptiste  lîoesset  la  musique  du  Ballet  du 
Temps,  Au  sujet  de  la  réception  de  la  reine 
Christine  de  Suède,  dans  le  ch&teau  de  Chante- 
Merle,  près  d^Essone,  Jean  Loret,  auteur  d'une 
espèce  de  Journal  des  événements  de  ce  temps, 
en  mauvais  vers,  s^exprime  ainsi  : 

Le  lendeauin  k  son  réveil, 
HesieUn,  esprit  uns  parell,- 
Poor  mieux  féliciter  sont  eêUê 
La  noble  et  glorteoae  hoslene. 
Lai  fit  ouïr  de  Jolis  rers 
Animés  pat  de  forts  beaux  airs 
Que  Sune  façon  singuUéri 
Avait  fait  le  sieur  de  MoUère, 
Lequel,  outre  le  beau  talent 
Qull  a  de  daoaeur  excellent, 
Met  heureusement  en  pratique 
La  poésie  et  la  musique. 

Il  paraît,  d'après  ces  vers,  que  Molier  n'était 
pas  seulement  musicien  du  roi,  mais  un  des  dan- 
seurs des  ballets  de  la  cour.  C'est  ce  qu'on  voit 
d'ailleurs  dans  la  .pièce  composée  pour  une  de 
ces  fêtes,  sous  le  titre  :  Les  Plaisirs  de  l'Ile  en- 
chantée, qui  fut  représentée  le  7  mai  1664.  Mo- 
lière y  jouait  les  rôles  de  Lyciscas  et  de  Moron 
de  la  Princesse  d*Élide,  et  Molier  y  représen- 
tait on  des  huit  Maures  qui  dansent  la  seconde 
entrée  du  Palais  d'Akine,  ballet  On  retrouve 
son  nom  dans  la  plupart  des  divertissements  de 
cette  époque,  ainsi  que  celui  de  sa  fille.  II  maria 
cette  fille,  en  1664,  à  Ytier,  célèbre  théorbiste 
de  ce  temps,  attaché  comme  loi  à  la  musique  de 
la  cliambre  du  roi.  Le  7  Janvier  1672 ,  une  pièce 
héroïque  fut  Jouée  au  thé&tre  du  Marais  avec  des 
machines,  des  ballets  et  des  airs  chantés  et  dan- 
sés, sous  le  titre  Le  Mariage  de  Bacchus  et 
d'Ariane.  La  pièce  était  de  Visé,  auteur  du 
journal  Le  Mercure  galant,  et  la  musique  avait 
été  composée  pour  Molier.  Ce  même  Visé,  ren-  j 
dant  compte  de  sa  pièce,  dans  le  Mercure  ga- 
lant, dit  :  «  Les  chansons  en  ont  paru  fort  agréa- 
bles ,  et  les  airs  en  sont  fiu'ts  par  ce  fameux  M.  , 
«  de  Molière  dont  le  mérite  est  si  connu ,  et  qui  a 
«  travaillé  tant  d'années  aux  airs  des  ballets  du 
«  Roy.  »  Les  mêmes  auteurs  avaient  déjà  donné 
sur  le  même  théâtre  le  ballet  héroïque /^es  Amours 
du  soleil.  On  ne  sait  plus  le  titre  d'un  autre  ou- 
vrage dont  parie  M^e  de  Sévigné  dans  une  de 
ses  lettres.  «  Je  vais  (  dit-elle  )  à  un  petit  opéra 
«  de  Molière,  beau  père  d^ftier,  qui  se  chante 
R  chez  Pélissari;  c'est  une  musique  trèspar- 
«  faite;  M.  le  Prince,  M.  le  Duc  et  Mm«  la  Du- 
«  chesse  y  seront  (5  février  1674).  »  L^habitude 
qu'on  avait  de  dénaturer  le  nom  de  Molier  en 
celui  de  Molière,  a  fait  confondre  souvent  l'au- 
teur de  quelques  airs  de  danse  et  de  chansons 


avec  le  grand  poète;  ce  qui  a  fait  croire  que 
rimmortel  auteur  du  Misanthrope  et  de  Tar- 
tuffe était  musicien.  Molier  mourut  à  Paris  le 
18  avril  1688. 

MOLIN A  (  BARTHOLOMé  ),  moine  frandscain 
espagnol,  né  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle,  est  auteur  d'un  traité  du  chant  ecclésias- 
tique intitulé  :  Arte  de  canto  llano,  Valladolid, 
1509,  in-folio. 

MOLINARI  (  Piebrb),  compositeur  et  pré- 
dicateur à  Murano,  lie  de  l'État  de  Venise,  vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle,  a  fait  repré- 
senter à  Venise,  en  1660,  l'opéra  intitulé  :  Ipsi- 
eratea,  et  en  1664  Le  Barbarie  del  Caso,  à  Mu- 
rano. M.  Caffi  cite  aussi  du  même  La  Venere 
travestita,  qui  aurait  été  jouée  en  1693;  maè 
Allacci  n'en  parle  pas  dans  sa  Dramaturgia. 

MOLINARO  (  SiHOH  ),  mattra  de  chapelle 
de  l'église  cathédrale  de  Gènes,  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-septième  siècle,  fat  con- 
sidéré comme  un  des  luthistes  les  plus  remarqua- 
bles de  son  temps.  Il  naquit  dans  cette  ville,  car 
il  est  appelé  Genovese  aux  titres  de  ses  ouvrages. 
Il  dit ,  dans  l'épltre  dédicatoire  de  son  premier 
livre  de  madrigani  au  prince  de  Piombino,  qu'il 
était  neVeu  de  Jean-Baptiste  Délia  Gostena  (  Voyei 
Crostena  ),  qui  fut  comme  lui  serviteur  de  la 
maison  du  prince,  et  composa  des  madrigaax 
par  Tordre  du  père  de  ce  seigneur  (  B  perche 
sd  che  quanto  le  sono  io  ServUor,  altretianto 
fà  alla  casa  sua  vivendo  Gio.  Baitista  tieila 
Gostena  mio  zio;  vi  hd  inserito  tre  madri- 
gaH  da  lui  fatti  a  commando  del  Signer 
suo  padre  ).  Buraey  cite  de  sa  compositioii  : 
Concerti  ecclesiastici ;  Venise,  1605,  in-i^.  On 
connaît  aussi  de  cet  artiste  :  1*  /Z  primo  liàro 
de  MadHgali  a  cinque  voci  ;  in  Milano,  ap- 
pressa  Vherede  di  Simon  Tini  et  'Francesco 
Besozzi,  1 599,  in-40.  -.  2o  Motectorum  quinque 
vocibw  et  Missa  10  vocUms  Uber  primue  ;  in 
Venetia,'  app.  Bicc,  Amadino^  1597 —  3®  il 
terzo  libro  di  MotelU  a  5  wci  ;  in  Venetia, 
app.  Raveri,  1609,  in-4**.  —  4®  Fatiche  spiri- 
ttuiliossia  Moteitiasei  voci;  in  VeneUaf  app. 
Ricc.  Amadino,  1610,  in-4^ 

MOLINE  (  PiERRB-Louis  ) ,  auteur  drama- 
tique, né  à  Montpellier  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
tieme  siècle,  fut  d'abord  avocat  au  parlement, 
et  pendant  la  Révolution  eut  la  charge  de  secré- 
taire-greffier de  la  Convention  nationale.  Il  est 
mort  à  Paris  en  1821.  Auteur  de  beaucoup  de 
livrets  d'opéras  fort  médiocres,  il  a  écrit  aassi 
une  brochure  intitulée  Dialogue  entre  lAMy, 
Rameau  et  Orphée  (  Gluck  ),  dam  les  Champs 
Élysées;  Amsterdam  (  Paiis  ),  1774,  in-8^ 
MOLINET,  nom  d'un  musicien  da  qoin- 


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MOLINET  —  MOLIQUE 


16] 


ziàrae  siècle,  dont  on  trouve  une  chanson  à  quatre 
yoix  dans  le  livre  C  de  la  collection  intitulée 
narmonice  M\mces  OdhecatoUy  imprimée  par 
Ottaviano  Petrucci  de  Fossombrone,  à  Venise, 
1501-1503.  Ce    lîTre  C,  qui  est  le  troisième,  a 
pour   titre   particulier    :  Ccmti  C,  IP  Cento 
cinquanta .  La  chanson  de  Molinet,  sur  ces  pa- 
roles :  Tariara  mon  cor,  est  le  124»  morceau 
du  recueil.  Quel  était  ce  Molinet?  Était-il  Fran- 
çais ou  Belge?  Cette  chanson  est  la  seule  com- 
position connue  sous  ce  nom,  auquel  n*est  joint 
aucun  prénom*    Peut-être  ne  faut-il  pas  cher- 
cher d'autre  auteur  que  Jean  Molinet,  poète   et 
historiographe  de  la  maison  de  Bourgogne,  né 
dans  un  village  du  Boulonais,  vers  1420,  et  qui 
eut  un  canonicat  à  Valenciennes.  Il  fut  contem- 
porain d'Okeghem  et  de  Busnoyâ ,   leur  ami,  et 
ieur  adressa  des  vers.  Il  mourut  à  Valenciennes 
en  1507  dans  un  âge  avancé.  Rien  ne  prouve 
qu'il  ait  été  musicien,  mais  rien  ne  s'oppose,  dans 
ce  qu'on  connaît  de  lui,  à  croire  qu'il  ait  cultivé 
la  musique,  bien  qu'avec  moins  d'activité  que  la 
poésie.  II  aimait  cet  art  et  en  parle  bien  en  plu- 
sieurs endroits  de  ses  écrits.  Okeghem,  Busnoys, 
Régis,  et  autres  musiciens  belges  qui  vécurent  de 
son  temps  sont  précisément  ceux  dont  les  pro- 
ductions se  trouvent  avec  la  sienne  dans  le  re- 
cueil cité  ci-dessus.  Au  surplus,  il  ne  s'agit  que 
d'une  simple  conjecture. 

MOLINEUX  (  James),  professeur  de  chant 
à  Londres,  au  commencement  du  dix -neuvième 
siècle,  s'est  fait  connaître  par  un  traité  élémen- 
taire de  Part  du  chant,  intitulé  :  Singer's  Syste  ■ 
matic  Guide  in  the  science  of  Music,  to  the 
formation  and  training  of  the  varions  classes 
of  voice;  to  the  facture  and  application  of 
the  Omamenis  in  Singing  ;  Londres,  sans  date, 
3  parties  in-fol. 

MOLINO  (  liOtis  ),  violoniste  italien,  élève 
de  Pugnani,  lui  a  succédé  en  1798  comme  premier 
violon  de  l'Opéra  de  Turin.  En  1809,  il  fit  un 
voyage  à  Paris ,  et  s'y  fit  entendre  avec  succès 
sur  le  violon  et  sur  la  harpe ,  dont  il  jouait  fort 
bien.  On  a  gravé  de  sa  composition  :  l«  ic^  con- 
certo pour  violon  (en  ré);  Paris,  Pleyel.  — 
2^  Trois  duos  concertants  pour  2  violons,  op.  8, 
U,  13,  Paris,  Cousineau.  —  3**  Trois  idem,  lettre 
A,  Paria,  Frey.  —:  4*  Concertos  pour  harpe  et 
orchestre,  n**«  1,  2,  3,  Paris,  Cousineau.  — 
6*  Grande  sonate  pour  harpe  seule,  ibid.  ^ 
6»  Fantaisie  idem  ,  op.  10,  îbid.  —  7°  Ariettes 
italiennes ,  Milan,  Ricordl.  —  8^  Six  romances 
avec  sec.  de  piano,  Paris  Leduc.  On  a  confondu 
l'artiste  dont  il  s'agit  ici  avec  celui  qui  est  l'objet 
de  l'article  suivant,  dans  le  Catalogue  général  de  I 
la  musique  imprimée,  publié  par  Whistling. 

«lOCR.   CKIV.  DES  MUSICIENS.  —T.   M. 


MOLINO  (Fhakçois),  guitariste  distin- 
gué, né  à  Florence  vers  1775  ,  s'est  fixé  à  Paris 
en  1820,  après  avoir  longtemps  voyagé  en 
Espagne.  On  considère  cet  artiste  comme  un  de 
ceux  qui  ont  le  mieux  analysé  le  mécanisme  de 
la  guitare  :  la  méthode  qu'il  a  publiée  pour  cet 
instrument  passe  pour  la  plus  savante  et  la 
mieux  raisonnée.  Ses  principaux  ouvrages  con- 
sistent en  :  1**  Trios  pour  guitare,  flûte  et  alto , 
op.  4,  19,  30;  Leipsick,  Breitkopf  et  Huîrtei; 
Paris ,  chez  l'auteur.  —  2"  Sonates  pour  guitare 
et  violon,  op.  2,3,7,  10,  22,  29;  Paris  et 
Leipsick.  —  3''  Nocturnes  idem,  op.  30^  38; 
ibid.  —  4^  Nocturne  pour  guitare  et  piano, 
op.  44;  ibid.  —  5*'  Sonates  pour  guitare  seule, 
op.  1,  C,  15,  ibid.  —6°  Rondeaux  idem,  op.  11, 
28;  ibid.  —  7**  Thèmes  variés  idem,  op.  5, 
9,  12,  I8y  21,  31,  35;ibid.  —  8*»  Nouvelle 
Méthode  complète  de  guitare,  texte  italien  et 
français,  2*  édition;  Paris,  Gambaro.  li  y  a 
une  traduction  allemande  de  cet  ouvrage ,  Leip- 
sick ,  Breitkopf  et  Hœrtel.  Molino  est  mort  à 
Paris  en  1847. 

MOLINOS-LAFITTE  (M™'),  fille  de 
Boursault,  ancien  entrepreneur  des  jeux  de  Paris, 
est  née  en  cette  ville  vers  1798.  Élève  de  Zim- 
merman  pour  le  piano,  elle  a  brillé  comme 
amateur  pendant  plusieurs  années.  On  a  grave 
de  sa  composition  :  Variations  pour  le  piano 
sur  le  pas  de  Zéphir;  Paris,  Leduc.  Cette 
dame  a  épousé  M.  Molinos,  architecte  à  Paris. 

MOLIQUE  (  Bernahd  ),  violoniste  et  compo- 
siteur pour  son  instrument,  est  né  à  Nuremberg 
le  7  octobre  1803.  Son  père,  musicien  de  ville,  a 
été  son  premier  maître,  et  lui  enseigna  à  jouer  de 
plusieurs  instruments  ;  mais  le  violon  était  celui 
que  préférait  le  jeune  artiste  et  sur  lequel  ses 
progrès  étaient  rapides.  A  l'flge  de  quatorze  ans 
il  fut  envoyé  à  Munich  et  placé  sous  ia  direc- 
tion de  Rovelli ,  premier  violon  de  ta  chapelle 
royale.  Deux  ans  après,  il  se  rendit  à  Vienne , 
où  il  fut  placé  à  l'orchestre  du  théâtre  An  der 
Wien.  En  1820  il  retourna  à  Munich  et  y  suc- 
céda à  son  maître  Rovelli  en  qualité  de  premier 
violon  de  la  cour,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de 
dix-sept  ans.  Dans  les  deux  années  qui  suivi- 
rent, M.  Molique  s'attacha  à  donner  à  son 
talent  un  caractère  grandiose,  énergique.  En 
1 822 ,  il  crut  être  arrivé  assez  avant  dans  l'art 
pour  entreprendre  des  voyages  et  se  faire  en- 
tendre dans  de  grandes  villes.  Il  obtint  un  congé 
et  visita  Leipsick,  Dresde,  Beriin,  Hanovre  et 
Cassel  •  où  il  se  fit  entendre  avec  succès.  £n  1826 
il  fut  engagé  à  la  cour  de  Stuttgard  en  qualité 
de  maître  de  concerts.  Là  il  s'est  fait  conualtrc 
par  un  nouveau  talent  où  ses  qualités  de  grand 

U 


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162 


MOLIQUE  —  MOLITOR 


musicien  se  sont  développées  :  je  veux  parler  de 
la  direction  d^un  orchestre,  où  il  fait  remarquer 
autant  de  précision  que  de  goût  et  de  sentiment 
des  nuances.  £n  1836,  M.  Molique  a  fait  un 
voyage  h  Paris ,  et  a  exécuté  à  la  Société  des 
concerts  du  Conservatoire  un  de  ses  concertos 
pour  le  Tiolon.  Les  journaux  qui  ont  parlé  de 
PefTet  de  ce  morceau ,  ont  rendu  justice  h  la 
beauté  de  la  composition  ;  mais  suivant  leur  rap- 
port, l'exécution  n^a  pas  paru  produire  sur 
i*auditoire  l'impression  qui  semblait  devoir  ré- 
sulter du  talent  de  l'artiste.  Au  surplus ,  il  est 
bon  de  remarquer  que  pareille  chose  a  eu  lieu 
pour  la  plupart  des  violonistes  de  Técolc  alle- 
mande qui  se  sont  fait  entendre  à  Paris,  et  que 
Spolir  et  Lipinski ,  dont  la  réputation  est  grande 
ailleurs,  n'y  ont  pas  produit  d'effet.  En  1849, 
M.  Molique  a  donné  sa  démission  de  la  place 
de  maître  de  concerts  à  Stuttgard  et  s*est  fixé  à 
Londres ,  où  il  s'est  fait  une  honorable  répu- 
tation et  une  bonne  position  comme  professeur 
et  comme  exécutant.  II  a  été  nommé  professeur 
de  composition  à  l'Académie  royale  de  musique 
en  1861.  Les  ouvrages  publiés  par  M.  Molique 
ont  étendu  sa  renommée  d'une  manière  bril- 
lante depuis  plusieuris  années;  on  y  remarque  : 
1^  Concertos  pour  le  violon  :  l"",  op.  2,  Leipsick, 
Peters;  2*  (en  la),  op.  9,  Leipsick ,  Breitkopf 
et  Haertel;  3«(en  r^ mineur),  op.  to,  ibid. — 
2^  Variations  et  rondo  sur  un  thème  original, 
op.  11,  ibid.  —  3**  Trois  duos  concertants  pour 
2  violons  ;  Mayence,  Schott.  —  4^  Duo  concer- 
tant pour  flûte  et  violon,  ibid;  —  5**  Concertino 
pour  violon  et  orchestre,  op.  i,ibid.  — 
6'  Quatrième  et  cinquième  concertos  pour  violon 
et  orchestre;  Leipsick,  Hofmeister.  —  7^  Duos 
concertants  pour  piano  et  violon,  n""  1 ,  2 ,  3  ; 
Hambourg,  Schuberih  et  C^".  —  8^  Quatuors 
pour  2  violons ,  alto  et  violoncelle ,  n^  1 ,  2 ,  3 , 
4,  5,  6;  Leipsick,  KIstner.  ^  9®  Trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  27;  Vienne, 
Haslinger.  —  10*  Messe  en  si  mineur  pour  4  voix 
et  orchestre,  op.  32;  ibid.  —  11''  Des  fantai- 
sies pour  violon  et  orcliestre;  Hambourg,  Schu- 
bertli.  —  12^  Des  morceaux  de  salon  pour  violon 
et  piano.  13**  Des  Ueder  à  voix  seule,  avec  ac- 
compagnement de  piano.  Une  symphonie  pour 
l'orchestre  de  M.  Molique  a  été  exécutée  aux 
concerts  de  Leipsick,  en  1837. 

MOLITOR  (Ingénu),  moine  franciscain, 
organiste  du  couvent  de  Botzen,  dans  le 
Tyrol,  naquit  à  Habach;  il  vivait  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle.  Il  a  publié  : 
l^Six  canzoneltes  pour  2  violons,  viole,  basse 
de  viole  et  basse  continue.  —  2*  XIX  motets 
pour  deux  voix  de  soprano,  2  violons  et  basse  ; 


Augsbourg,  1668,  m-4®.  —  3«  FoKiculus  mu- 
s/ca(i$  ou  Collection  de  motets  ;  Inspruck,  1668, 
in-4°. 

MOLITOR  (FiDèLE),  prêtre  de  l'ordre  de 
Ctteaux ,  dans  un  monastère  près  de  Baden ,  fut 
directeur  de  musique ' en  Suisse,  vers  le  milieo 
du  dix-septième  siècle.  H  a  fait  imprimer  de  sa 
composition  :  i<^  Prœgustus  mtASicx ,  seu  mo- 
tetœ;  Inspruck,  in-fol.  —  2°  Cantianes  sacrx  a 
voce  sola  unà  cum  2  insirumentis  ;  Inspruck, 
1664,  in-folio. 

MOLITOR  (Valektim),  moine  de  Saint- 
Gall ,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  a  publié  :  1**  Odx  GenetfiUacx  adChrisii 
cunas  a  1,  2,  3,6  t-oc.  cum  2  violim] 
Kempten,  1668;  in-folfo;  2'"*'  édition,  Uim, 
1670 ,  in-fol.  -^  2^  UUsa  cum  tribus  moteiis 
in  solemni  iranslatione  SS.  MM,  Sergii^Bac- 
chl,  Hyacinthi  et  BrasnU,  ab  odo  vocibus 
et  7  imtrumeniis;  Saint-Gall,  16bl,  in-4°.  — 
S**  Directorium  seu  cantus  et  responsoha  in 
processionibus ,  in-8^. 

MOLITOR  (Jean-Georges  ) ,  musicien  alle- 
mand du  dix-huitième  siècle,  naquit  à  Donaues- 
chingen,  et  fut  attaché  à  une  des  églises 
d'Augsbourg  en  qualité  de  directeur  de  musique. 
On  a  publié  dans  cette  ville,  en  1736  »  six  trios 
pour  deux  violons  et  basse  de  cet  artiste.  On 
connaît  aussi  de  sa  composition  :  Sacra  Har- 
monia ,  consistant  en  huit  motets  pour  offer- 
toires à  Yoix  seule ,  2  violons  et  orgue  ;  Augs- 
boiirg,  1750. 

MOLITOR  (B.),  autre  musicien,  vrai- 
semblablement de  la  même  famille ,  a  fait  im- 
primer k  Augsbourg,  vers  1800,  des  chants  à 
trois  voix  sans  accompagnement ,  puis  il  s'est 
fixé  à  Vienne ,  où  il  a  publié  des  danses  pour 
2  violons  et  basse ,  d'autres  pour  le  piano,  et  des 
pièces  pour  la  guitare. 

MOLITOR  (SÉBASTIEN),  guitariste  ûxé  à 
Vienne  depuis  1800  jusqu'en  1820  environ,  était 
né  à  Liège,  suivant  le  Lexique  universel  de 
musique  de  Schilling  (tome  IV,  p.  730).  U  > 
publié  de  sa  composition  :  1°  Deux  grandes 
Sonates  concertantes  pour  guitare  et  violon; 
Vienne,  Mechetti.  —  2<*  Deux  Trios  concertants 
pour  guitare,  violon  ou  flûte  et  alto  ;  ibid.  — 
3"*  Deux  Sonates  pour  guitare  seule;  ibid.  — 
4*  Uue  suite  de  Variations  pour  le  mémeiwfru- 
ment;  ibid.  —  5^  Un  Rondeau  idem;  IbM.  — 
6^  Des  Lieder  à  3  voix. 

MOLITOR  (Simon),  nom  sons  lequel  on 
trouve,  dans  la  quarantième  année  de  la  Gazette 
musicale  de  Leipsick,  une  dissertation  critique 
sur  l'anecdote  concernant  Francesco  Conti , 
rapportée  par  Mattheson,  dans  son  Parfait 


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MOLITOR  —  MOLTKE 


163 


Mattre  de  chapelle,  et  que  j'ai  discutée  dans 
la  nouvelle  édition  de  eettc  Biographie  unioer- 
selle  des  Musiciens.  Deux  articles  biograpliiques 
et  eritiques  sur  le  baron  d'Astorga  ont  paru  sous 
le  même  nom  dans  la  4i"  année  de  la  même 
Gazette  musicale.  Je  crois  ètie  certain  que 
ce  nom  de  Simon  MoUtor  est  un  des  pseudo- 
nymes sous  lesquels  Kiesewetter  se  cachaftquand 
il  voulait  ro'attaquer  sur  quelque  point  de  doc- 
trine ou  sur  des  faits  qu'il  croyait  iti<eux  con- 
naître que  moi. 

MOLITOR  (Loois),  directeur  d'une  so* 
ciété  chorale  d'hommes  (  Liederiafel  )  à  Spire, 
vers  1842  et  années  suivantes.  On  a  de  lui 
quelques  recueils  de  Lieder  pour  soprano  ou 
ténor  avec  accompagnement  de  piano;  Spire, 
Lang;  et  des  chants  pour  quatre  voix  dMiom- 
mes,,  dont  un  a  pour  titre  :  Eine  Liederkranz 
Probe  (La  répétition  d'une  société  de  chant), 
fantaisie  burlesque;  Mayence,  Scliott. 

MOLLE  ( Henri) y  musicien  anglais  qui 
vécut  à  la  fin  du  dix-septième  siècle,  n'est  connu 
que  par  deux  Services  du  soir  à  quatre  voix  ;  le 
premier  en  r^,  le  deuxième  en  fa.  On  les  trouve 
dans  une  collection  recueillie  par  le  Dr  Thomas 
Tudway,  professeur  de  musique  à  l'université  de 
Cambridge,  et  transcrite  en  six  volumes ,  pour 
Lord  Harley  dans  les  années  i7l5>1719.  Ce  ma- 
nuscrit est  aujourd'hui  au  Muséum  britannique , 
sons  les  n<"  11587  et  liô89  du  supplément 

MOLLER  (Jean),  organiste  de  la  cour  à 
Darmstadt,  naquit  dans  la  seconde  moitié  du 
seizi^'m»  siècle.  Il  a  paru  de  sa  composition  : 
1*  tiewe  Paduannen  und  darauff  gehcerige 
Galliarden  von  5  Stimmen  (  Nouvelles  pavanes 
avec  leurs  gaillardes  à  cinq  parties  )  ;  Francfort, 
1610  ;  2«  édition,  1625,  in-4*.  —  2'  Aewe  Quod- 
libet  mit  4  Stimmen  (Nouveaux  quolibets  à 
4  voix);  ibid.,  ICJO,  in-4^  —  3°  Teutsche 
MoUetten  von  5,  6  und  8  Stimmen  (  Motets  al- 
lemands à  5,  6  et  8  voix);  Dannstadt,  1611.  — 
A*»  jitidere  newe  Paduannen,  itcr  Theil  (  Au- 
tres nouvelles  pavanes,  ir«  partie);  Darm&tadt, 
1611,  in-4**;  2*  partie,  ibid.,  1613. 

MOLLER  (Je4n  ),magister  et  recteur  à  l'é- 
cole sénatoriale  de  Francfort-sur-l'Oder,  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle,  a  rempli  ces  fonc- 
tions pendant  trente-six  ans.  Le  3  janvier  1667 
il  prononça,  pour  la  réception  d'un  nouveau 
chantre,  nn  discours  latin  De  Musicd  e jusque 
excellent id ,  que  son  fils,  Jacques  Moiler,  publia 
avec  un  autre  discours  à  Erlangen  en  16S1,  et  qui 
fut  réimprimé  dans  les  Dissertaliones  MoUe- 
rianx;  Leipsick  et  Gœrlilz,  1706,  in-8''  (p.  58- 
W). 

MOLLER  (Olaus),  pasteur  à  Flensbourg, 


dana  le  duché  de  SchJeswig ,  puis  recteur  du  col- 
I  lége  de  Husum ,  a  fait  imprimer  un  discours  De 
;  enufi/j^mtisict^;  Flensbourg,  17I&,  in-4^ 
'  MOLLER  (  Jean  ),  savant  philologue ,  na- 
quit à  Flensbourg  en  1661.  Après  avoir  fréquenté 
les  universités  de  Kiel,  de  Jéna  et  de  Leipsick^ 
il  fut  nommé  en  1685  régent  du  collège  de  sa 
ville  natale ,  puis  recteur  en  1701.  11  passa  pai* 
siblement  sa  vie  entière  dans  l'exercice  de  ses 
fonctions ,  uniquement  occupé  de  recherches  lit- 
téraires^  et  mourut  le  26  octobre  1725.  L'ouvrage 
le. plus  important  de  ce  savant  a  pour  titre  :  Cim» 
Ma  Litleraia  seu  historia  scriptorum  du- 
cat^  utriusque  Sleswicensis  et  Holsatiçi,  qui-' 
bus  Lubecenseset  Hamburgenses  aceenseniur  ; 
Copenhague,  1744,  3  vol.  in-fol.  On  y  trouve 
d'excellentes  notices  sur  beaucoup  de  musiciens 
et  de  savants  qui  ont  écrit  sur  la  musique  dans 
ces  contrées  septentrionales. 

MOLLET  (  Jacques  ) ,  musicien  français  de 
la  première  moitié  du  dix -septième  siècle,  est 
connu  par  huit  motets  à  deux ,  trois  et  quatre 
voix ,  qui  ont  été  insérés  dans  le  Pratum  mu* 
sicum,  Imprimé  à  Anvers  en  1634,  in-4^ 

MOLN AR  (  Jean  ) ,  prédicateur  des  églises 
évangéliques  de  Pesth  et  d'Ofen ,  né  en  Hongrie 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
mourut  à  Pe&th,  le  28  novembre  18119.  Il  a  pu- 
blié un  écrit  qui  a  pour  titre  :  Ueber  die  Kir- 
ehen-Singchore ,  deren  Nothwendigkeit,  Be- 
grundwig,  Sinrichtung,  Vervollkommnung  ; 
den  Wort  %u  seiner  Zeit,  von  Joh.  Nia,  For- 
kel  mit  cinigen  nothwendigen  Abandcrungen, 
Zusœtsen  und  Vorrede,  etc.  (  Sur  les  chœurs 
chantants  des  églises ,  leur  nécessité ,  leur  fon- 
dation, leur  organisation  et  leur  amélioration, 
etc.  )  ;  Pesth ,  1818,  grand  in-S**  de  35  pages.  Cet 
écrit  parut  d'abord  dans  la  neuvième  année  du 
Nouveau  Magasin  de  Hanovre  (p.  i437  et 
suivantes  ),  sous  ce  titre  :  IJeber  die  Vetbesse' 
rungen  der  Singechore  (Sur  les  améliorations 
des  chœurs  chantants  ).  Forkel  a  iuVroduit  ensuite 
cette  dissertation  dans  le  deuxième  volume  Je 
sou  Histoire  de  la  musique  (  p.  31  et  suivantes), 
et  Moinar  l'a  repioduite  avec  des  changements, 
des  additions,  une  préface  et  les  notes  de  Forkel, 
dans  l'édition  indiquée  ci-dessus. 

MOLTENI  (  Bf.nedett\-Emilia  ).  Voyez 
AGR1COLA  (  Beneoetta-Emilia  ). 

MOLTKE  (  Charles  -  iMELcaion-  Jacques ), 
chanteur  et  compositeur  de  Lieder,  naquit  le  21 
juillet  1783  à  Garmseu,  près  de  IliUleshcim  (Ha- 
novre), où  son  père  était  maître  d'école.  Après 
avoir  fait  ses  humanités  au  Gymnase  de  Hildes- 
heim,  puis  à  Uruuswick,  et  y  avoir  appris  la  mu- 
sique, il  suivit  un  cours  de  théologie  pour  satis- 

11. 


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1G4 


MOLTKE  —  MOMBELLÏ 


faire  à  la  TOlooté  Je  son  père;  mais  son  penchant 
invincible  pour  la  musique  le  décida  à  renoncer 
à  réglise  et  à  s'établir  à  Brunswick,  comme  pro- 
fesseurde  musique.  Il  y  resta  jusqu'en  1806,  épo- 
que où  les  malheurs  de  la  guerre  dans  laquelle  PAl^ 
lemagne  était  alors  engagée  contre  la  France  vin  - 
rent  porter  atteinte  aux  intérêts  des  personnes  ai- 
sées que  Moltke  comptait  parmi  ses  élèves.  Ce  fut 
alors  qu'il  prit  la  résolution  de  tirer  parti  de  sa  belle 
TQi\  de  ténor,  et  de  suivre  la  carrière  du  théâ< 
tre.  Après  avoir  débuté  au  théâtre  de  Brunswick, 
puis  chanté  à  celui  de  Magdebourg,  il  fut  engagé 
à  Weimar,  vers  la  fmde  1806.  Ce  fut  là  que  son 
talent  de  chanteur  se  développa  et  acquit  des  qua- 
lités dramatiques.  Plus  tard,  sans  abandonner 
sa  position  de  Weimar,  il  voyagea  et  se  fit  en- 
tendre sur  les  théâtres  de  Hambourg,  Leipsick, 
Carisruhe,  Sluttgard  et  autres  villes.  Étant  à  la 
fête  musicale  d'Erfurt,  qui  eut  lieu  dans  les  jour- 
nées du  2  au  5  août  1831,  il  y  fut  saisi  d'une 
fièvre  nerveuse,  et  expira  le  9  du  même  mois. 
Ce  chanteur  a  eu  de  la  réputation  en  Allemagne 
à  cause  de  la  beauté  de  sa  voix  et  du  caractère 
dramatique  de  son  talent.  Comme  professeur  de 
chant^  il  a  formé  de  bons  élèves  à  Weimar.  On 
a  de  Moltke  plusieurs  cahiers  de  Ueder  qui  ont 
obtenu  des  succès.  Sa  femme  et  sa  fille  étaient  can- 
tatrices à  Weimar. 

MOLTIVËR  (Balthasar),  professeur  au 
collège  de  Schleiisingen ,  dans  les  premières  an- 
nées du  dix-seplième  siècle ,  a  fait  imprimer  de 
sa  conil)osition  :  Mofette  /"uro  Stimmcn,  auf 
den  Tod  der  'Fr.  Lattcrmannin  zu  Eisfeld 
(  Motets  à  6  voix  sur  la  mort  de  Mme  Lalter- 
mannin  d'Eisfeld  )  ;  Cobourg,  1614,  in-4**. 

MOLYiVEUX  (Thomas),  médecin,  né  à 
Dublin  vers  1660,  mourut  le  19  octobre  1733. 
Parmi  plusieurs  mémoires  qu'il  a  insérés  dans  les 
Transactions  philosophiques,  on  remarque  ce- 
lui-ci ;  A  Lctter  io  the  Right  licvcrend  Saint- 
Georges,  lord  bishop  of  Clogher  in  Ireland, 
coniaining  some  Thoughts  conceming  ihe  an- 
dent  Greek  and  Roman  Lyre,  and  an  Expia- 
nation  ofan  obscure  passage  in  one  of  Ho- 
race's  odes  (Lettres  au  très-révérend  Saint- 
Georges  ,  lord  évêque  de  Clogher  en  Irlande , 
contenant  quelques  doutes  sur  l'ancienne  lyre 
des  Grecs  et  des  Romains,  et  l'explication  d'un 
passage  obscur  d'une  des  odes  d'Horace),  Philos. 
Transact.f  an.  1702,  n°  282,  p.  1267-1278.  Il 
s'agit  des  deux  vers  d'Horace  : 

Sonante  mMum  tiblU  carnocn  lyra , 
Hac  Doriatn,  lULi  Barbanim. 

qui  depuis  lors  ont  fait  croire  au  P.  Du  Cerceau  et 
à  Chabanon  que  les  anciens  ont  connu  l'harmonie. 


MOMBELLÏ  (DoMiNiQCB),  célèbre  diui- 
teur,  n'est  pas  né  en  1755,  comme  on  Ta  écrit 
dans  quelques  notices  biographiques,  mais  le 
17  février  1751,  à  Vilianova,  près  de  VerceU.  Il 
apprit  la  musique  à  Casale-Monferralo,  sous  la 
direction  d'un  mattie  nommé  Otlone,  En  1775, 
il  obtint  la  place  d'organiste  dans  la  petite  ville 
de  Crescentino,  où  il  mit  en  musique  la  Didone 
de  Métastase,  pour  on  théâtre  de  société.  Quel- 
ques contrariétés  qu'il  éprouva  en  ce  lieu  le  dé- 
cidèrent à  le  quitter.  Il  se  rendit  dans  ta  ville 
natale,  partagea  son  mini«  patrimoine  à  ses 
sœurs,  et  se  lança  sur  la  scène,  où  il  se  fit  une 
belle  réputation  comme  ténor.  Il  débuta  à  Parme  * 
en  1779,  puis  se  fit  entendre  avec  succès  à  Bo- 
logne, à  Rome,  et  enfin  à  Naples»  où  il  arriva 
en  1783.  Il  fut  engagé  Tannée  suivante  au 
théâtre  de  Saint-Charles ,  comme  premier  ténor, 
et  pendant  six  ans  >  brilla  dans  la  plupart  de» 
ouvrages  qui  y  furent  représentés.  A  l'automne 
de  l'année  1790,  il  chanta  à  Livourne,  et  au  car- 
naval suivant  à  Padoue.  A  cette  époque,  jus- 
qu'en 1800,  il  partagea  avec  Giacomo  Davide  la 
gloire  d'être  considéré  comme  un  des  meilleurs 
ténors  de  l'Italie.  Dans  les  premières  années  du 
dix-huitième  siècle,  il  vécut  à  Madrid ,  où  il 
avait  été  engagé  à  des  conditions  avanta- 
geuses. A  son  retour,  on  trouva  sa  voix  af- 
faiblie; mais  il  avait  alors  plus  de  cinquante 
ans.  Cependant  il  se  main^nt  encore  honora- 
blement au  théâtre  et  brilla  même  à  Vienne,  où 
il  fut  considéré  comme  un  grand  chanteur. 

MombeUi  a.vait  épousé  la  cantatrice  Louise 
Laschi  en  1782;  mais  ce  mariage  fut  stérile.  Sa 
seconde  femme  fut  Yincenza  Vigano ,  sœur  du 
célèbre  compositeur  de  ballets  :  il  en  eut  douxe 
enfants,  dont  sept  vivaient  encore  en  1825. 
Quoique  âgé  de  plus  de  soixante  ans ,  il  chanta 
encore  en  1812  à  Rome,  avec  ses  deux  filles 
Esther  et  Annelte,  dans  le  Demefrioe  Polibio 
de  Rossiui,  alors  à  l'aurore  de  sa  carrière.  Peu 
de  temps  après  il  se  retira  à  Bologne,  où  il  vécut 
dans  l'aisance  avec  le  bien  qu'il  avait  acquis 
par  ses  travaux.  Le  roi  de  Sardaigne  lui  avait 
accordé  le  titre  honorifique  de  premier  chanteur 
de  sa  chapelle.  MombeUi  est  mort  à  Bologne  le 
15  mars  1835,  à  l'âge  de  qualie-vingt-quatre ans. 
Cet  arli.^te  a  composé  beaucoup  de  musique  d'é- 
glise, l'oratorio  irxWMé:  La  Gcrusolemme  libc- 
rata,  et  des  opéras,  parmi  lesquels  on  remarque  : 
VAdriano  in  Stria,  écrit  pour  l'onverlurc  du 
théâtre  de  Como.  Il  a  publié  :  1°  6  ariettes  ila- 
lienncs  avec  accompagnement  de  piano  ou  harpe  ; 
Vienne,  Ariaria,  1791.  —  2**  8  idem,  op.  2; 
ibid.,  1794.  —  3®  G  Duettini  per  2  sopratù, 
op.  3;  ibid.,  179).  —  Alexandre  MombeUi,  fils  de 


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MOMBELLÏ  —  MOMIGNY 


^65 


Dominique,  était  professeur  de  chant  au  lycée 
communal  de  musique  de  Bologne»  en  I84i, 
lorsque  j'ai  visité  cet  établissement.  11  avait  au- 
trefois clianté  comme  ténor  sur  plusieurs  théâ- 
tres de  ntalie  et  à  Lisbonne ,  mais  sans  y  faire 
une  impression  favorable. 

MOMBELLI  (Estmeb),  fiiie  du  précédent, 
née  à  Naple^t,  en  1794,  n'eut  point  d'autre  maître 
que  son  père  pour  Tart  du  chant.  Elle  parut  pour 
la  première  fois  sur  la  scène  au  théâtre  Valle, 
k  Rome,  en  1812,  dans  le  Demetrio  e  Polibio  de 
Rossini.  Le  succès  qu'elle  obtint  dans  cet  ouvrage 
la  fit  rechercher  par  les  entreprises  de  plusieurs 
théâtres.  Elle  était  à  Turin  en  1818,  et  elle  y 
excita  l'enthousiasme  dans  la  Cenerentola,  Ar- 
rivée à  Paris  en  1823,  elle  y  fut  considérée  comme 
une  cantatrice  d'un  rare  mérite,  surtout  à  cause 
de  l'énergie  qu'elle  déployait  dans  quelques-uns 
de  ses  rôles.  Ses  qualités  consistaient  moins  dans 
une  correction  irréprochable  que  dans  une  verve 
entraînante.  Cependant,  vers  la  fin  de  son  séjour 
dans  cette  ville,  elle  tomba  dans  une  mélan- 
colie habituelle.  En  1826  elle  chantait  à  Venise 
avec  de  grands  succès  ;  mais  au  printemps  de 
1827,  elle  épousa  le  comte  Gritti  et  quitla  la 
scène. 

MOMBELLI  (Annettb),  deuxième  fille  de 
Dominique,  est  née  à  Naples  en  1795.  Élève  de 
son  père,  elle  débuta  avec  sa  sœur,  à  Rome,  en 
1812,  dans  le  Demetrio  e  Polibio.  L'année  sui- 
vante elle  fit  avec  son  père  et  sa  sœur  l'ouverture 
du  théâtre  de  Verceil  dans  VEvelina  de  Morlac- 
chi.  Depuis  lors  elle  a  chanté  avec  succès  sur 
plusieurs  théâtres  de  l'Italie,  parliculièrcnicnt 
àMilan  en  1814, 1815  et  1816.  En  1817,  elle  dis- 
parut de  la  scène,  et  depuis  lors  on  n'a  plus  eu 
de  renseignements  sur  sa  personne. 

MOMIGAY  (Jérôme-Joseph  DE) ,  né  à  Phi- 
lippeville,  en  1766,  apprit,  dès  ses  premières 
années,  les  éléments  de  la  musique.  Des  revers  de 
fortune  ayant  ruiné  ses  parents ,  il  fut  conduit  à 
Saint-Omer^  où  un  oncle  maternel  prit  soiu  de 
son  éducation.  A  douze  ans,  il  était  organiste  dans 
cette  ville.  Appelé  en  cette  qualité  à  l'abbaye 
royale  de  Sainte-Colombe,  il  vécut  plusieurs 
années  dans  cette  retraite  religieuse,  livré  à  l'étude 
et  à  la  méditation.  C'est  aussi  à  cette  époque  qu'il 
fit  ses  premiers  essais  de  composition.  Cependant 
la  nécessité  d'entendre  et  d'être  guidé  par  des 
modèles  lui  fit  prendre  la  résolution  de  se  rendre 
à  Paris.  Il  y  arriva  en  1785.  M.  de  Monleynard, 
ministre  de  Louis  XVI,  avait  été  prié  par  sa  sœur, 
abbesse  de  Saint-Pierre,  à  Lyon,  de  lui  envoyer 
■un  organiste;  il  jetâtes  yeux  sur  M.  de  Momigny, 
et  celui-ci  accepta  les  propositions  qui  lui  étaient 
faites  à  ce  sujet.  Établi  à  Lyon,  il  se  fit  connaître 


comme  professeur  de  piano  et.  comme  composi- 
teur. Nommé  en  1793  secrétaire  de  sa  section,  il 
fut  ensuite  officier  municipal  au  moment  où  Lyon 
venait  de  se  soustraire  par  la  révolte  au  joug  du 
gouvernement  révolutionnaire.  Mis  hors  la  loi, 
après  la  prise  de  cette  ville,  Momigny  parvint  à 
se  réfugier  en  Suisse,  où  il  vécut  quelque  temps 
dans  une  position  précaire.  Arrivé  â  Paris  en  1800, 
après  l'établissement  du  Consulat,  il  y  fonda  une 
maison  de  commerce  de  musique,  et  s'y  livra  à 
renseignement.  La  protection  du  comte  de  La- 
cépède  lui  fut  alors  utile.  C'est  chez  ce  savant, 
placé  dans  les  hautes  dignités  de  l'empire,  qu'il 
fit  entendre  ses  compositions,  particulièrement 
ses  quatuors  de  violon.  Mais  déjà  à  cette  époque, 
la  composition  n'était  plus  qu'un  accessoire  dans 
les  travaux  de  M.  de  Momigny  ;  toutes  ses  vues 
s'étaient  tournées  vers  une  réforme  de  la  théorie 
de  la  musique  qui  lui  paraissait  nécessaire.  L'i- 
solement où  il  avait  v<içu  jusqu'alors  à  l'égard 
des  artistes  célèbres,  les  éloges  sans  réserve  de 
ses  amis ,  la  faiblesse  de  ses  études  pratiques,  et 
son  ignorance  absolue  de  la  littérature  et  de  l'his- 
toire scientifique  de  la  musique  dans  les  pays 
étrangers,  dans  l'antiquité  et  dans  le  moyen  âge, 
lui  avalent  domié  une  confiance  illimitée  en  lui- 
même,  un  langage  hautain,  et  lui  avaient  fait 
considérer  comme  d'admirables  découvertes  de 
son  génie  des  opinions  débattues  depuis  plusieurs 
siècles.  Il  produisit  sa  théorie  *pour  la  première 
fois  dans  un  livre  intitulé  :  Cours  complet 
d'harmonie  et  de  tomposition  d'après  une 
théorie  neuve  et  générale  de  la  musique,  basée 
sur  des  principes  incontestables,  puisés  dans 
la  nature,  d'accord  avec  tous  les  bons  ouvra- 
ges pratiques,  anciens  et  modernes,  et  mis  par 
leur  clarté  à  la  portée  de  tout  le  monde^ 
Paris,  chez  l'auteur,  1806,  in-8%  3  volumes. 
Se  mettant  au  point  de  vue  de  Levens,  de  Bail- 
1ère  et  de  Jamard,  pour  la  recherche  des  bases 
de  la  constitution  de  la  gamme,  M .  de  Momigny 
les  trouve  dans  les  divisions  d'une  corde  sonore 
d'après  la  progression  arithmétique  qui  donne 
pour  résultat  la  gamme  ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la^ 
5<  bémol;  mais  attendu  que  cette  gamm&ji'eat 
pas  conformera  celle  delà  musique  européenne 
moderne,  et  que  le  si  bécarre  ne  se  trouve  qu'à 
la  quinzième  division  de  la  corde,  M.  de  Momi- 
gny, au  lieu  d'adopter  comme  Levens  et  ses 
imitateurs  une  gamme  de  huit  notes  avec  le  si 
bémol  et  le  si  bécarre,  imagine  de  ne  point  con- 
sidérer la  corde  ainsi  divisée  comme  une  toni- 
que, mais  comme  une  dominante,  en  sorte  que 
sa  gamme  est  sol,  la,  si,  ut,  ré,  mi,  fa.  U  énu- 
mère  longuement  les  avantages  qui  résultent  de 
la  position  de  la  tonique  au  milieu  de  la  gamme, 


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166 


MOMIGM 


comme  le  soleil  au  centre  des  planètes^  par 
exemple,  de  troo?er  les  deux  demi-toDS  dans 
les  sept  notes,  saos  la  répétition  de  la  première 
à  Toetave,  de  diviser  la  gamme  en  deux  quartes 
justes,  et  d'avoir  les  demi-tons  aux  mêmes  places 
dans  ces  quartes  ;  car  une  des  plus  sévères  ob- 
jections de  M.  de  Momigny,  contre  la  forme  de 
la  gamme  commençant  par  la  tonique,  porte  sur 
la  quarte  majeure  ou  triton,  que  forment  entre 
elles  la  quatrième  et  la  septième  note  ;  ne  remar- 
quant pas  que  c'est  précisément  cette  relation  qui 
est  constitutive  de  la  tonalité,  et  qui  conduit  h 
la  conclusion  finale  de  toute  mélodie  et  de  toute 
harmonie.  Ainsi  que  la  plupart  de  oeux  qui  ont 
examiné  ces  questions,  M.  de  Momigny  se  fait  il- 
lusion par  des  propriétés  d^arrangement  de  notes 
qui  ne  sont  que  des  objets  de  curiosité  et  non 
des  produits  directs  des  lois  de  tonalité.  D'ail- 
leurs, ces  considérations  de  M.  de  Momigny  n'é- 
taient pas  nouvelles  :  elles  avaient  frappé  Levens, 
qui,  le  premier,  les  a  livrées  à  Tattention  des 
musiciens,  et  longtemps  auparavant  par  Joachim 
Thuring,  parti  d'un  autre  point  de  vue,  dans  son 
Opusculum  bipartiium  de  primordiis  musids. 
Quant  à  son  système  complet  engendré  par  des 
progressions  de  qointes'et  de  quartes,  M.  de  Mo- 
migny remprunte  à  l'abbé  Roussier. 

Les  divisions  d^une  corde ,  considérée  comme 
dominante,  conduisent  M.  de  Momigny,  en  ce 
qui  concerne  Tharmonie,  aux  mêmes  résultats 
que  Catel  avait  obtenus  par  les  mêmes  moyens 
dans  sa  théorie  d'harmonie  publiée  en  1802.  Quel- 
ques aperçus  qui  ne  manquent  pas  de  justesse 
sur  la  mesure  et  le  rhythme,  et  à  l'égard  de  la 
partie  esthétique  de  Tart,  la  musique  considérée 
comme  une  langue,  avec  l'application  de  ce  prin- 
cipe dans  l'analyse  de  quelques  morceaux  de 
musique,  complètent  cet  ouvrage,  que  son  au- 
teur soumit  h  l'examen  de  la  section  de  musique 
de  rinstitut  en  1807.  Ce  corps  académique,  com- 
posé d'artistes  célèbres  qui  ne  s'étaient  jamais  oc- 
cupés de  ces  questions  philosophiques,  et  qni 
ne  possédaient  pas  les  connaissances  nécessaires 
pour  les  résoudre,  voulut  éviter  de  donner  son 
avis,  en  déclarant  que  son  règlement  s*opposait  à 
ce  qu'on  fit  un  rapport  sur  un  ouvrage  imprimé. 
Mais  la  protection  de  M.  de  Lacépède  lit  revenir 
6ur  cette  première  décision,  et  il  fut  résolu  que 
M.  de  Momigny  ferait  Texposé  de  son  système 
dans  une  séance  de  l'Académie,  le  17  décembre 
1808,  et  que  le  rapport  aurait  pour  objet  cet 
exposé.  Cependant,  grâce  à  l'adresse  de  MéhuI, 
la  décision  ne  fut  pas  ce  que  voulait  l'auteur  du 
système  i  car  le  rapport  disait  que  le  public  était 
seul  juge  d'une  tiiéorie  livrée  à  son  examen  dans 
QD  ouvrage  imprimé.  M.  de  Momigny  publia  peu 


de  tero|>s  après  son  Exposé  succinct  du  seul 
système  musical  qui  soit  vraiment  bon  et 
complet,  du  seul  système  qui  soit  partovi 
d'accord  avec  la  nature,  avec  la  raison  et 
avec  la  pratique  ;  lu  à  la  classe  des  beaux- 
arts  de  l'Institut,  le  17  déc.  1808,  Paris,  Mo- 
migny, 1809,  in-8''  de  70  pages,  avec  2  planclies. 
Quoique  blessé,  non  de  ne  pas  obtenu  un  juge- 
ment de  sa  théorie,  mais  le  triomphe  public  qu'il 
se  décernait  à  lui-même,  M.  de  Momigny  adopta 
les  conclusions  du  rapport  de  l'Institut,  en  s'a- 
dressant  au  public  pour  le  faire  juge  de  la  ques- 
tion, dans  un  cour»  qu'il  ouvrit  à  PAtbénée  de 
Paris.  Il  ne  parait  pas  que  ce  cours  ait  rallié 
beaucoup  de  partisans  au  système  de  réfomnation 
de  la  théorie  de  la  musique,  car  Pon  n'en  parla 
pas  et  le  cours  finit  bientôt.  Mais  ime  occasion 
se  présenta  pour  répandre  cette  théorie  lorsque 
l'éditeur  de  V Encyclopédie  méthodiqMC  par 
ordre  de  matières  chargea  M.  de  Momigny  d'a- 
chever le  Dictionnaire  de  musique  commencé  par 
Ginguené  et  Framery,  puis  par  l'abbé  Feytou,  et 
par  Surremain  de  Missery,  pour  quelques  articles 
de  théorie  musicale,  et  dont  la  première  partie 
était  publiée  depuis  près  de  vingt-cinq  ans.  Ce 
monstrueux  ouvrage,  dont  les  différents  rédac- 
teurs étaient  en  contradiction  perpétuelle  d'opi- 
nions, atteignit  le  comble  du  ridicule  quand 
M.  de  Momigny  eut  entrepris  la  rédaction  de  ce 
qui  restait  à  faire  ;  car  tous  les  grands  article? 
de  son  travail  furent  employés  à  l'exposition  de 
son  système,  et  à  la  critique  de  tout  ce  qui  pré- 
cédait. L'ouvrage  fut  achevé  en  1816;  il  a  pour 
titre  :  Encyclopédie  méthodique.  Musique, 
publiée  par  MM.  Framery,  Ginguené  et  de 
Momigny,  Paris,  1791-18(8,  2  vol.  in-4%  le 
l«r  de  760  pages,  le  2'  de  558,  avec  114  plan- 
ches. 

Soit  que  l'effet  de  cette  publication  n^eût  pas 
répondu  à  l'attente  de  M.  de  Momigny  ,  soit 
qu'il  pensât  que  le  moment  était  venu  d^occu- 
|)er  par  tous  les  moyens  possibles  l'opinion  pu- 
blique de  son  système  favori ,  trois  ans  après 
que  le  Dictionnaire  de  munique  de  l'Encyclopédie 
eut  paru,  il  donna  le  livre  qui  a  pour  titre  :  La 
seule  vraie  théorie  delà  musique,  utile  à  ceux 
qui  excellent  dans  cet  art ,  comme  à  ceux 
qui  en  sont  aux  premiers  éléments,  ou  moyen 
le  plus  court  pour  devenir  mélodiste,  harmo- 
niste, contrepointiste  et  compositeur.  Ouvrage 
dédié  à  ses  collègues  de  la  Société  acadé- 
mique des  enfants  d'Apollon,  aux  grands  ar* 
listes  de  l'Académie  royale  de  musique ,  à 
la  tête  desquels  est  le  célèbre  Viotti,  et  à  tou^ 
les  hommes  de  sens  et  de  génie,  par  J.-J.  de 
Momigny j  Paris,   chez  l'auteur  (sans  date)» 


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MOMIGNY 


167 


ÎD-fol.,  gravé.  Ce  livre  a  été  traduit  en  italien 
sous  ce  titre  :  La  sola  e  vera  teoria  délia  mu- 
sica  delsignor  G.  G.  de  Momigiiy^  vcrsione 
delfrancesedi  E.M.  E.  Sanierre,  accademico 
fiUzmianico;  Bologoa,  1823,  Cipriaiii,  {0-4**  de 
132  pages  avec  84  pages  d'exemples  iilliogra- 
pliiés.  DaDS  cet  ouvrage,  ie  point  de  dé|)art 
de  la  division  d^ine  corde  par  une  progression 
aritbnaétique  est  abandonné  poar  faire  place  à 
des  considérations  de  formules  de  notes  qui 
conduisent  Tauteur  au  même  résultat.  M.  de 
Momigny  pose  en  principe  quMl  n^y  a  que  douze 
demi-tons  égaux  dans  Foclave ,  mais  que  les  tou- 
ches d'un  instrument  à  clavier  qui  mettent  sons 
les  yeux  ces  demi-tons,  ayant  une  triple  relation 
intellectuelle,  et  nullement  physique,  à  savoir,  une 
relation  diatonique,  une  chromatique,  et  une 
enharmonique ,  représentent  vingt-sept  touches 
par  octave,  pour  chaque  ton ,  au  lieu  de  douze, 
ou  324  pour  tous  les  tons.  De  là,  il  arrive  à  la 
conclusion  que  la  nécessité  du  tempérament  e^t 
une  absurdité  (1).  Mais  (dit-il)  comment  dé- 
truire les  preuves  mathématiques  qui  établis- 
sent la  nécessité  du  tempérament?  Sa  ré- 
ponse est  curieuse  et  mérite  d'être  rapportée;  la 
voici  :  «  Ces  preuves  n'en  sont  pas,  ce  qui  se 
«  contredit  ne  pouvant  êtie  la  vérité.  L'expres- 
A  sion  numérique  de  la  quinte,  prise  du  nombre 
•  de  ses  vibrations,  étant  -j,  celle  de  Toc- 
«  tave  ^,  et  celle  de  la  tierce  majeure  j  (2) ,  il 
H  est  impossible  qu'il  ne  résulte  pas  d'une  part 
«  81^  et  de  l'autre  80»  car  en  triplant  3  on  a 
«  9  ;  en  triplant  9 ,  27  ;  et  en  triplant  27  on  a 
«  81  ;  comme  en  doublant  20,  40,  et  en  dou- 
te blants  on  a  10,  en  doublant  10,  20;  en  dou* 
«  blaot  40,  80.  Que  s'ensuit-il  de  là?  Que  6o 
«  est  l'unisson  parfait  de  81,  et  que  la  diffé- 
«  renée  de  80  à  81  est  nulle  de  fait,  malgré  sa 
«  réalité  en  ce  qui  concerne  les  chilTres;  cette 
«  différence  étant  un  résultat  nécessaire  du 
«  tiiplé  comparé  au  doublé  :  s'il  en  était  autre- 
«  ment,  il  s'ensuivrait  que  la  quinte  ne  serait  pas 
«  la  quinte,  ou  que  i'octave  ne  serait  pas  l'octave; 
«  car  la  quinte  d'tt^  ne  peut  être  la  quhite  léelle 

(1)  Il  est  remarquable  que  ceUe  conclusion  tmpUqnc 
contndtctlOQ  ;  car  s'il  n'y  a  qoe  douze  demi-tons  égaux  duns 
une  octave,  comment  te  fatt-U  que  l'IntelligeDceaU  besoin 
de  Tingt-aept  touches  par  octave  pour  en  comprendre 
l'emploi  daoA  les  trois  genres?  Et  s'il  esit  en  effet  besoin 
de  vmgt-sept  touches,  comment  concevoir  le  clavier 
des  Instruments  où  U  n'y  en  a  que  douze  sans  le  tempé- 
rament ? 

(î)  Momigny  tombe  Ici  dans  de  singulières  erreurs, 
qui  prouTent  qtt*en  fainant  la  critique  des  proportions 
numériques  des  Intervalles  il  parle  de  choses  qu^il 
Ignore.  L'ezprcs&ion  numérique  de  la  quinte  n'est  pas  -j 
nala  j,  et  celle  de  la  tierce  majeure  n'est  pas  j.  mais  i 


h  du  ton  d'ti^ ,  qu'autant  qu'elle  s'accorde  en 
n  tout  avec  la  tonique  et  ses  octaves  et  avec  les 
a  autres  intervalles  de  la  gamme  et  de  leurs  oc- 
«  taves,  sans  quoi  il  n'y  aurait  pas  d'unité  dans 
«  le  système  musical,  et  par  conséquent  point 
«  d'échelle,  de  gamme  ni  de  musique.  »  On  voit 
que  M.  de  Momigny  avait  entrevu,  mais  d'une  ma- 
nière vague,  les  erreurs  des  géomètres  à  l'égard  de 
l'application  des  proportions  à  la  musique  moder- 
ne ;  mais  dans  son  embarras  pour  discerner  les  li- 
mites de  cette  théorie,  il  a  trouvé  plus  commode 
d'en  nier  la  vérité.  En  réalité,  il  confond  tout 
dans  cette  prétendue  critique,  et  mêle  la  tbéo  - 
rie  delà  progression  triple  avec  la  doctrine  ordi- 
naire des  géomètres.  Lt  seule  vraie  théorie  de 
cet  écrivain  ne  peut  être  d'ailleurs  d'aucune 
utilité  pour  former  des  harmonistes  ;  les  exem- 
ples sont  en  général  fort  mal  écrits,  et  ce  qui 
concerne  le  contrepoint  et  la  fugue  indique  une 
plume  inhabile  dans  ces  formes  de  l'art  d'écrire, 
et  une  ignorance  complète  des  principes  de  cet 
art. 

L'oovragede  M.  de  Momigny  fut  critiqué  avec 
sévérité  par  Morel  (voyez  ce  nom)  dans  des 
Observations  sur  la  seule  vraie  théorie  de  la 
musique,  de  M.  de  Momigny  (Paris,  liachelter, 
1822,  in-8°  de  66  pages  }  ;  mais  celui-ci  tomba 
dans  les  anciennes  erreurs  de  son  Principe 
acoustique,  en  voulant  réfuter  celles  de  la 
vraie  théorie,  et  M.  de  Momigny  fit  très-bien 
voir  ces  erreurs  dans  un  petit  écrit  intitulé  : 
Réponse  aux  observations  de  M.  Morel,  ou  à 
ses  attaques  contre  la  seule  vraie  théorie  de 
la  musique,  ouvrage  de  M,  de  Momigny; 
Paris  (sans  date),  16  pages in-8^  La  persévé- 
rance de  celui-ci,  malgré  le  mauvais  succès  de 
ses  ouvrages ,  de  ses  cours,  de  se^^  articles  de 
journaux  relatifs  à  son  système,  malgré  Tindif- 
férence  des  artistes  et  du  public  pour  cette  théo- 
rie qu'il  proclamait  la  seule  vraie,  cette  persévé- 
rance, dis-je,  n'était  point  encore  lassée  en  1831, 
car  il  insistait  à  cette  époque  pour  obtenir  un 
rapport  de  la  classe  des  beaux-arts  qui ,  sur  la 
demande  du  ministre  de  l'intérieur,  s'occupa 
de  la  théorie  dont  il  s'agit,  et  posa  à  M.  de  Mo- 
migny diverses  questions  auxquelles  il  répondit 
par  cet  écrit  :  A  l'Académie  des  beaux-arts, 
et  particulièrement  à  la  section  de  musique , 
en  réponse  aux  sept  questions  adressées  par 
celle-ci  à  M,  de  Momigny,  le  25  avril  de  cette 
année  1831  ;  Paris,  1831,  in-8°  de  24  pages.  De- 
puis lors  il  a  publié  :  Cours  général  de  musi- 
quCf  de  piano,  d'harmonie  et  de  composition 
depuis  A  Jusqu'à  Z,  pour  les  élèves,  quelle 
que  soit  leur  infériorité,  et  pour  tous  les  mu  • 
siciens  du  monde,  quelle  que  soit  leur  supé- 


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iC8 


MOMIGNY  —  MONCOUTEAU 


riorité  réelle  ;  divisé  en  douze  parties  théori- 
ques et  pratiques;  par  J,-J,  de  Momigny, 
d'après  ses  découvertes  nombreuses  et  incon- 
testables de  vérité ,  d'utilité  et  de  nécessité 
pour  les  enseignés  et  les  enseignants  ;  Paris, 
chez  l'auteur,  1834,  iQ-4^ 

Les  composilions  publiées  par  M.deMoniigny 
sont  :  1°  Quatuors  pour  deux  tîoIods,  alto  ^t 
basse,  op.  l  et  2  ;  Paris,  chez  i'autenr.  — 
2"*  Sonates  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  9 
et  10;  Paris,  Pieyel.  —  3**  Idem,  op.  14,  16, 18; 
Paris,  Momigny.  —  4<*  Trio  idem,  op.  22  ;  ibid. 
—  5^  Sonates  pour  piano  et  violon  ,  op.  2  et  4  ; 
Paris ,  Couperin.  —  6^  Sonates  pour  piano  seul, 
op.  3  et  7  ;  ibid.  —  7**  I%ntaisies  et  pièces  diver- 
ses, idem;  Paris,  Moooigny.  —  8°  Air  varié, 
idem;  Paris,  Hanry.  —  9*"  Cantates  avec  ac- 
compagnement de  piano  ;  Paris ,  Momigny.  — 
10°  Sept  recueils  de  romances  avec  accompagne* 
ment  de  piano;  ibid.  On  a  aussi  du  même  .* 
Première  année  de  leçons  de  piano'forte. 
Oum-age  élémentaire  aussi  utile  à  ceux  qui 
enseignent  qu'à  ceux  qui  veulent  apprendre 
à  jouer  de  cet  instrumeiit  ;  à  Paris,  (liez  l'au- 
teur. M.  de  Momigny  s'est  iixé  à  Tours  depuis 
longtemps.  Il  y  vivait  encore  en  1855,  et  était 
âgé  de  quatre-vingt-neuf  ans. 

MOMPOCR  (F.-J.),  organise  de  TégUse 
Saint-Remi,  à  Bonn,  a  publié  en  1830,  À  Francfort 
sur-Ie-Mein,  chez  F. -F.  Duust,  une  instruction 
abrégée  d'harmonie  pratique  sous  ce  titre  : 
Kurtzer  Inbegriff  der  Atlgemeinen  HarmO' 
nielehre  fiir  angehende  Tonkunsller.  Le  sys- 
tème de  basse  chiffrée  employé  par  cet  auteur 
est  à  peu  près  illisible,  à  cause  de  la  multipli- 
cité des  signes. 

MONARI  (Bartholomé),  compositeur,  né  à 
Bologne  vers  1604,  fut  surnommé  il  Monarino. 
Élève  de  D.  Augustin  Filipuzzi  (  voyez  ce  nom  ) 
pour  le  contrepoint  et  Torgue,  il  devint  compo- 
siteur et  organiste  distingué.  En  1670  il  obtint 
la  place  d'organiste  de  San-Petronio,  et  fut 
agrégé  à  TAcadémie  des  Philharmoniques  de 
Bologne.  Après  la  mort  de  son  maître  (Filipuzzi), 
la  place  de'  maître  de  chapelle  de  IVglise  Saint- 
Jean  in  Monte  lui  fut  donnée.  En  1088  il  fit 
représenter  au  théâtre  Formagliari  de  Bologne, 
l'opéra  Catone  H  Giovane. 

MONARI  (Clément),  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Reggio ,  dans  les  premières 
années  du  dix -huitième  siècle,  naquit  dans  le 
duché  deModène.  En  1705,  il  fit  représenter  au 
théâtre  ducal  de  Milan  VAretusay  qui  fut  suivi 
de  VAmazona  Corsara,  Allacci  n'a  pas  eu 
connaisisance  de  ces  deux  ou\ rages  :  il  cite  seu- 
lement Clément  Monari  comme  compositeur  du 


second  acte  du  drame  musical  II  Teuzaane , 
dont  le  mattre  de  chapelle  Paul  Magni  avait 
écrit  le  premier,  et  qui  fut  représenté  au  théâtre 
ducal  de  Milan,  en  1706. 

MONASTERIO  (Jésus),  virtuose  violo- 
niste et  professeur  de  son  instrument  au  Con- 
servatoire royal  de  Madrid,  est  né  en  1836  à 
Potes,  province  de  Santander  (  Espagne  ). 
Doué  des  plus  remarquables  dispositions  pour 
la  musique,  il  n'était  âgé  que  de  dix  ans  lorsqu'il 
excita  une  véritable  émotion  dans  le  public  par 
son  talent  précoce  en  jouant,  le  6  juin  184S,  nn 
concerto  de  violon  dans  on  entr^acte  au  théâtre 
del  Principe f  à  Madrid.  Recommandé  aa  direc- 
teur du  Conservatoire  royal  de  Bruxelles,  il 
fut  admis  dans  cette  institution  en  1849,  et  y 
reçut  les  leçons  de  Charles  de  Bériot.  Après  trois 
années  d'études  sous  ce  mattre,  Monasterio  ob- 
tint le  prix  d'honneur  au  concours  en  1852  en 
partage  avec  M.  Beumer,  aujourd'hui  (  1862  )  pre- 
mier violon  solo  du  théâtre  royal  de  Bruxelles ,  et 
professeur  adjoint  au  Conservatoire  de  cette  ville. 
De  retour  en  Espagne  dans  Tannée  suivante, 
M.  Monasterio  a  été  nommé  par  la  reine  profes- 
seur de  violon  au  Conservatoire  de  Madrid,  puis 
premier  violon  solo  de  la  chapelle  royale  et 
de  la  musique  de  la  chambre.  A  différentes 
époques,  il  a  voyagé  en  France,  en  Belgique  et 
en  Allemagne  pour  s'y  faire  entendre  dans  les 
concerts.  Au  mois  de  décembi^  1861,  il  a  joué 
avec  un  brillant  succès,  h  l'un  des  concerts  du 
Conservatoire  de  Bruxelles ,  un  concerto  de  sa 
composition,  et  s'est  fait  également  applaudir  à 
Gand,  Bruges,  Anvers;  puis  il  s'e^t  rendu  en 
Allemagne.  A  Leipsick  ,  il  a  produit  une  vive 
impression,  à  l'un  des  concerts  du  Gewandkaus, 
dans  plusieurs  morceaux  de  sa  composition. 
Les  qualités  du  talent  de  cet  artiste  sont  an  beau 
son,  une  parfaite  justesse,  de  la  sûreté  dans  les 
traits  d'exécution  et  du  goût  dans  la  manière  de 
chanter. 

MONCOCJTEAU  (Pierre- François),  or- 
ganiste de  IVglise  Saint-Germain-des-Prés,à  Paris, 
aveugle  de  naissance,  est  né,  le  3  janvier  1805,  à 
Ville-Juif,  près  de  cette  ville.  Admis  à  l'âge  de 
sept  ans  à  ^institution  des  Jeunes -Aveugles  fondée 
par  Valentin  Haiiy,  il  y  reçut  son  éducation  lit- 
téraire et  musicale;  pois,  suivant  l'usage  de  cette 
maison,  il  y  enseigna  lui-même  le  calcul,  la  mu- 
sique, la  grammaire  et  la  géographie.  Il  en  sortit 
en  1825,  et  commença  à  prendre  position  parmi 
les  organistes  de  Paris  en  jouant  l'orgue  de  l'é- 
glise des  Missions-Étrangères  ;  puisil  fut  suppléant 
de  Séjan  {voyez  ce  nom)  à  Saint-Sulpice  et 
aux  Invalides.  En  1841,  il  obtint  au  concours 
l'orgue  de  Saint-Germain-des-Prés,  et  depuis  cette 


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MOr«COUTEAU  —  MONDONVILLE 


169 


(époque  jusqu'à  ce  jour  (1862)  ii  est  resté  eu  pos- 
session de  cet  emploi .  Dès  sa  sortie  de  rinstitution 
des  Aveugles,  M.  Moncoiileau  s'était  proposé  de 
se  livrer  à  l'enseignement  de  riiarmonie  :  ii  s'y  était 
préparé  par  des  études  suivies  avec  persévérance 
et  avait  même  transcrit  une  partie  du  Traité  decon- 
trepointetde  fugue  de  l'auteur  de  la  Biographie 
des  Musiciens^  à  l'aide  d'une  notation  de  la  mu- 
sique en  points  saillants  de  son  invention.  Pour- 
suivant son  dessein  avec  une  ferme  volonté, 
M.  Moncouteau  s'est  fait  connaître,  depuis  1845 
environ,  comme  un  des  meilleurs  professeurs 
d'harmonie  de  Paris,  et,  dans  la  vue  de  popula- 
riser cette  science,  il  a  publié  les  ouvrages  soi« 
rants,  qui  ont  obtenu   du  succès  :  1°  Traité 
dliarmome,  contenant  les  règles  et  les  exer- 
cices nécessaires  pour  apprendre  à  bien  ac- 
compagner un  chant ,  ouvrage  dédié  à  M.  Félix 
Clément;  Paris,  Al.  Grus.  —  2^  Résumé  des  ac- 
cords appliqués  à  la  composition;  ibid.  » 
3°  Traité  du  contrepoint  et  de  la  fugue,  pré- 
cédé d^une  récapitulation  de  toute  Vharmonie; 
ibid.  -^  4®  ExpUcation désaccords,  manuel  des 
éléments  de  Tharmonie;  ibid.—  ô""  Exercices 
harmoniques  et  mélodiques;  ibid.  —  6'  Re- 
cueil de  leçons  d'harmonie;  ibid.  —  7**  Ma- 
nuel de  transposition  musicale;  ibid.  Cet  ar- 
tiste s'est  fait  connaître  aussi  comme  compositeur 
par  quelques  morceaux  de  musique  d'église  à 
2  et  3  voix,  et  par  de  petits  morceaux  pour  le 
piano. 

MOIVDO  (  J.^.  Dominique),  professeur  de 
langue  italienne  à  Niort,  a  traduit  de  rifalien  : 
r  Les  HaydineSy  ou  Lettres  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  du  célèbre  compositeur  Haydn, 
par  Joseph  Carpani;  Paris,  1836,  in- 8*.  — 
2^  Dictionnaire  de  musique  par  le  docteur 
licktenfhal;  Paris,  1839,  2  volumes  grand 
in-S". 

MONDODONO  (  Jérôme:  DE  ),  prêtre  vé- 
nitien du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  de 
!^a  composition  :  1^  Missa ,  Salmi  e  falsi  Bor- 
doniacinque  voci;  Venise,  1657.  —  2°  Salmi 
a  quattro  v<fi'i  con  una  letania  délia  B.  V.; 
Venise ,  1663. 

MONDONVILLE  (Jean-Joseph  CASSA- 
NEA  DE),  compositeur, naquit  à  Narbonne,  le 
24  décembre  1715  (1),  ou  1711,  selon  les  ren- 
^ignemcnts  de  Beffara  (2),  d'une  famille  noble 
mais  pauvre ,  originaire  de  Toulouse  et  qui 
•vait  possédé  la  belleterre  de  Mondon ville ,  dont 

(1)  ta  date  da  SI  décembre  qu'on  a  donnée  dans  quel- 
ques biographies  est  une  erreur;  c'est  celle  du  baptême 
de  MandooTlUe. 

Il)  Lot  travaux  de  Beffara  concernant  tout  ce  qui  a  rap-  | 
port  a  l'Opéra  de  Paris  l'emportent  en  général  pour  l'exao- 


II  prit  le  nom  quoiqu'elle  ne  lui  appartint  plus. 
Ses  premières  (études  de  musique  enrent  le 
violon  pour  objet,  et  il  fit  de  rapides  progrès 
sur  cet  instrument.  Il  était, à  peine  âgé  de  dix- 
neuf  ans  lorsqu'il  se  mit  à  voyager.  Arrivé  à 
Lille ,  dans  la  Flandre  française,  où  il  avait  été 
appeléif>oar  y  remplir  l'emploi  de  premier  violon, 
il  y  écrivit  trois  grands  motets  qui  furent  goûtés, 
et  qu'il  alla  faire  entendre  au  concert  spirituel 
de  Paris,  en  1737;  ils  y  furent  applaudis.  Ce 
succès  et  ceux  qu'il  obtint  comme  violoniste  dans 
les  mêmes  concerts,  furent  le  commencement 
de  sa  fortune ,  car  ils  lui  procurèrent  une  place 
dans  la  musique  de  la  chambre  du  roi ,  et  plus 
tard  (  1744  )  sa  nomination  de  surintendant  de  la 
cbapellede  Versailles,  après  la  mort  de  Gervais. 
Ces  motets ,  qui  depuis  lors  ont  été  imprimés 
avec  luxe,  étaient  un  Magnus  Dominus,  un 
Jubilate  et  un  Dominus  regnavit.  Mondon- 
ville  fit  aussi  paraître  des  sonates  et  des  trios 
pour  le  violon,  des  pièces  de  clavecin  avec 
accompagnement  de  violon,  et  des  concertos 
d*orgue  auxquels  Balbètre  procura  une  grande  re- 
nommée par  sa  manière  brillante  de  les  exécuter 
au  Concert  spirituel.  Il  s'essaya  aussi  à  l'Opéra  ; 
mais  sa  pastorale  historique  d^Isbé ,  jouée  en 
1742,  n'y  réussit  point.  Plus  heureux  dans  son 
Carnaval  du  Parnasse,  jouée  en  1749,  il  vit  cet 
ouvrage  arriver  à  la  trente-cinquième  représenta- 
tion :  on  le  reprit  en  1759  et  en  1767.  Complai- 
sant et  souple  avec  les  grands,  Mondon  ville  s'é- 
tait fait  à  la  cour  de  puissants  protecteurs  qui 
exagérèrent  son  mérite  et  lui  procurèrent  des 
succès  de  pen  de  durée.  En  1752  une  troupe  de 
chanteurs  italiens  était  arrivée  en  France  et  avait 
donné  lieu  à  ces  discussions  connues  sous  le 
nom  de  guerre  des  bouffons.  On  sait  que  la 
cour  s'était  prononcée  en  faveur  de  la  musique 
française  contre  l'italienne  :  M^e  de  Pompadour, 
particulièrement,  s'était  faite  la  protectrice  des 
compositeurs  français.  L'abbé  de  la  M^re  avait 
laissé  en  manuscrit  le  poème  de  l'opéra  intitulé  : 
Tiion  et  VAurore;  Mondonville  y  fit  mettre  la 
dernière  main  par  l'abbé  de  Voisenon,  le  mit 
en  musique  et  le  fit  jouer  en  1753.  La  première 
représentation  fut  considérée  comme  décisive 
dans  la  guerre  des  bouffons,  et  de  part  et  d'autre 
on  se  prépara  à  soutenir  les  intérêts  de  la  mu- 
sique italienne  et  de  la  française.  Le  jour  de  la 
première  représentation ,  le  parterre  de  l'Opéra 
fut  occupé  par  les  gendarmes  de  la  maison  du  roi, 

tltude  sur  tout  ce  qu'on  a  fait  sur  ce  sujet.  J'ai  en  de  lot 
cette  date  de  17ii  ;  mais  le  temps  m'a  manqué  dana  mes 
voyages  à  Paris  pour  aller  vérlûer  dans  ses  manuscrits,  à 
la  bibllotliéque  de  la  ville ,  sur  quelles  données  U  avait 
adopté  celte  date. 


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170 


MONDONVILLE  —  MOiNE 


les  mousquetaires  et  les  clievau-légers  :  lesparli- 
sans  des  bouffons ,  appelés  le  coin  de  la  reine, 
ne  purent  trouver  de  place  que  dans  les  corri- 
dors. Grâce  à  ces  précautions,  la  pièce  réusait 
complètement,  et  le  parti  vainqueur  fit  partir  le 
même  soir  un  courrier  pour  porter  au  roi ,  qui 
était  à  Choisy,  la  nouvelle  de  la  victoire.  Celle- 
ci  était  complète',  car  le  lendemain  le  renvoi  des 
bouffons  fut  décidé,  et  TOpéra  français  reprit 
ses  anciennes  habitudes  et  les  avantages  de  son 
monopole. 

L'année  suivante ,  Mondonviile ,  parvenu  par 
son  succès  à  la  plus  haute  faveur,  à  la  ville  comme 
à  la  cour,  fit  représenter  sa  pastorale  de  Daphnis 
et  Alcimadure  en  patois  languedocien,  dont 
la  douceur  a  beaucoup  d'analogie  avec  la  langue 
italienne  |K>ur  la  musique.  Jéliotte,  Latour  et 
M"c  Fel ,  qui  chantaient  les  principaux  r6les , 
étaient  nés  dans  les  provinces  méridionales  de 
la  France  et  parlaient  ce  langage  avec  facilité. 
Ils  rendirent  Pilhision  complète  et  procurèrent 
à  l'ouvrage  un  succès  d'enthousiasme.  On  en 
contesta  cependant  la  propriété  à  Mondonviile , 
et  l'on  prétendit  qu'il  était  connu  dans  le  Midi 
sous  le  nom  de  l'Opéra  de  Frontignan,  ei 
que  le  fond  en  était  pris  dans  les  airs  populaires 
du  Langifedoc.  En  1768,  Mondonviile  remit  au 
théâtre  cette  pastorale  traduite  par  lui-même  en 
français  ;  mais  elle  ne  fut  plus  aussi  favorable- 
ment accueillie ,  soit  que  la  naïveté  primitive 
fût ,  comme  on  Fa  dit ,  devenue  niaise  dans  la 
traduction,  soit  que  Legros  et  M"'  Larrivéc, 
qui  avaient  succédé  à  Jéliotte  et  à  MHe  Fel , 
eussent  moins  de  grâce  et  d'abandon.  On  reprit 
cependant  encore  la  pièce  en  1773.  Les  autres 
opéras  de  Mondonviile  sont  :  «  Les  Fêtes  de 
Paphos,  composé  de  deux  actes,  Vénus  et  Ado- 
nis, Bacchus  et  Érigone,  écrits  autrefois  pour 
le  théâtre  de  Mme  ae  Pompadoor,  à  Versailles , 
et  joués  à  Paris  en  1758;  Psyché,  en  1762, 
devant  la  cour  à  Fontainebleau ,  et  en  1769  à 
Paris;  Thésée,  sur  le  poëme  de  Quinault  et 
avec  les  récitatifs  de  Lully ,  qui  tomba  â  la  cour 
en  1765,  et  à  Paris  en  1767  ;  enfin.  Les  Projets 
de  V Amour,  ballet  héroïque  en  trois  actes,  re- 
présenté en  1771. 

Après  la  mort  de  Royer,  Mondonviile  obtint , 
au  mois  de  janvier  1755,  la  direction  du  Con- 
eert  spirituel,  où  il  fit  exécuter  ses  motels  avec 
beaucoup  de  succès.  Il  fut  le  premier  qui  fit  en- 
tendre dans  ce  concert  des  oratorios  imités  de 
ceux  des  maîtres  italiens.  Parmi  ceux  qu'il  a 
composés ,  on  cite  :  Les  Israélites  au  mont 
Oreb,  les  Fureurs  de  SaûUi  les  Titans.  Après 
avoir  administré  ce  concert  avec  beaucoup  de 
cèle  pendant  sept  ans ,  il  fut  remplacé  par  Dau- 


vergne  en  1762.  N'ayant  pu  s'entendre  sur  les 
émoluments  qui  devaient  être  payéii  à  Mondon- 
viile pour  la  possession  de  ses  motels  et  de  ses 
oratoires,  Dauvergne  se  vit  enlever  cette  mn- 
sique  par  son  auteur  ;  mais  les  habitués  du  Con- 
cert spirituel  la  demandèrent  avec  tant  (Tin- 
stances  qu'il  fallut  traiter  avec  MondoRvilk' 
moyennant  une  somme  de  27,000  fr.  pour  pd 
avoir  la  possession,  à  la  condition  qu'il  en  (iiii- 
gérait  lui-même  l'exécution. 

Mondonviile  avait  beaucoup  de  vanité,  et  al- 
fichait  la  prétention  de  passer  pour  liomme  de 
lettres  en  même  temps  que  compositeur;  et  la 
plupart  des  poèmes  de  ses  opéras  étaient  po- 
bliés  sous  son  nom ,  quoique  l'abbé  de  \oi.«enofl 
en  fût  le  véritable  auteur.  En  1768,  il  obtint  dh 
pension  de  1,000  francs  sur  l'Opéra.  Contre  ro^ 
diuaire  des  musiciens  de  son  temps,  il  était  avaiï 
et  avait  acquis  une  fortune  assez  cm^- 
rable  (1).  Sa  répugnance  à  faire  la  moindre  dé- 
pense fut  cause  qu'il  mourut  sans  aucun  stcmn 
de  la  médecine ,  dans  sa  maison  de  campagoî 
de  nelleville,  le  8  octobre  1773.  MondonTille 
avait  épousé  M"'  de  Boucan,  fille  d'un  gentil- 
homme fort  riche,  en  1747,  et  en  avait  eu  un 
fils,  objet  di'  la  notice  suivante. 

MONDONVILLE  (....)»  fil*  ^o  P^^^^^^'' 
né  i  Paris  en  1748,  passait  pour  un  habile  tIo 
loniste  de  son  temps.  Il  n'était  âgé  que  de  dii 
neuf  ans  lorsqu'on  grava  de  sa  composition  sn 
sonates  pour  violon  et  basse.  Plus  tard,  il  étuJi^ 
le  hautbois  et  en  joua  dans  les  conceits.  lie>< 
mort  à  Paris  en  1808. 

MONE  (François-Joseph),  savant  littérateur 
et  archéologue,  issu  d'une  famille  hollandaise  dont 
le  nom  véritable  éUit  Moonen,  est  &éà  Mingpk 
heim  près  de  Heidelberg,  le  12  mai  1792.  Apr^ 
avoir  étudié  le  droit,  la  philologie  et  l'histoirf  a 
l'université  de  Heidelberg,  il  en  devint  lui-ntof 
ensuite  professeur  et  bibliothécaire.  Appelé  «> 
1827  à  l'université  deLouvain,  en  qualité  de  pr(h 
fesseur  de  politique  et  de  statistique,  il  ^^^ 
cette  position  pendant  trois  ans;  mais  il  la  ^■ 
dit  par  la  révolution  de  1830.  Defretourà  Hei 
delberg.  il  s'y  occupa  de  profondes  refi^erfhf^ 
archéologiques  jusqu'en  1835.  H  f"t  alors  appe 
à  Carisruhepour  y  prendre  la  place  dedueci^^^ 
des  archives,  qu'il  occupe  encore  (1862) 
partie  des  travaux  historiques  et  archéologiq» 

(1)  D«Dson  trûTaU  *péclal  wr  MondonTlIlc,  pubM^'^ 
la  Revw  et  Gaxeite  musicale  de  Parit.  M-  Arin  ^  ^^  ^ 
a  repoussé  celte  accaMtton  contre  le  ""  j,fBh 
mostcteoi  mMs  J'ai  snltl  en  cet»  les  "°  l^pn 
fournis  par  BeWara,  qu\  doit  arolr  eo  dr»  ^°'^^^ 
ponraTancer  au  tel  fa»,  car  U  était  d'une  eu 
sévère. 


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MONE  —  MONFERRATO 


171 


de  ce  savant  ne  concerne  |>ns  ce  dictionnaire  ; 
iDHÏs  il  doit  y  Aire  cité  pour  deux  collections  qui 
ont  de  rintérdt  pour  riiistoîre  du  chant  des  di- 
Teraes  églises  au  moyen  Age  Le  premier  a  f^our 
titre  :  Lateinische  tind  Griechische  Messen 
aus  dem  zweiten  bis  sechsten  JahrJ\undert. 
Messes  latines  et  grecques»  depuis  le  deuxii^me 
siècle  jusqu'au  sixième);  Francfort-sur  -  le- Meiii, 
C.  B.  IJlzius,  1850,  1  vol.  in-4*'.  lia  première 
division  de  ce  volume  renferme  les  dissertations 
et  les  notes  sur  les  messes  gallicanes  ou  franci- 
ques qui  furent  en  usage  dans  les  divers  systèmes 
liturgiques,  depuis  le  quatrième  siècle  jusqu'au 
sixième,  et  sur  les  manuscrits  qui  les  contiennent, 
puis  les  textes  particuliers  de  onze  de  ces  messes  ; 
enfin,  des  recherches  sur  la  langue  employée  dans 
ces  messes  jusqu'au  tempe  de  Pépin  et  de  Char- 
lemagoe,  et  des  remarques  sur  cette  liturgie.  Lé 
seconde  partie  renferme  des  dissertations  sur  les 
messes  africaines  de  la  fin  du  deuxième  siècle 
et  du  commencement  du  troisième ,  sur  celles 
de  la  seconde  moitié  du  troisième  siècle ,  du 
quatrième  et  du  commencement  du  cinquième, sui- 
vies de  recherches  sur  cette  liturgie.  Les  messes 
romaines  remplissent  la  troisième  partie,  dans 
laquelle  se  trouvent  aussi  de  savantes  recherches 
sur  les  plus  anciens  manuscrits  de  ces  monu- 
ments. La  quatrième  partie  est  consacrée  à  la 
liturgie  grecque  primitive  et  à  ses  diverses  modi- 
Gcations. 

Non  moins  important,  le  second  ouvrage  de 
M.  Mone  est  une  collection  générale  des  hymnes 
latines  du  moyen  âge ,  publiées  d'après  les  ma- 
nuscrits et  commentées  (Lateinische  Bymnen 
des  MitteltUien,  aw  Bandsckriften  heraus- 
geg9hen  und  erklaert)  ;  Fribourg  en  Brisgau, 
Uerder,  1663-1855,  3  vol.  gr.  in  8**.  Le  premier 
volume  contient  les  cluints  À  Dieu  et  aux  anges  ; 
le  second  volume,  les  chants  à  la  Vierge  Marie; 
le  troisième,  les  hynuies  et  les  séquences  des 
saints.  Les  notes  qui  remplissent  ces  trois  volu- 
mes sont  des  modèles  de  savante  et  substantielle 
critique. 

MONELLl  (  Fratiçois  ) ,  compositeur  au 
service  du  duc  de  Plaisance,  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  n^est  connu  que  par  un 
ouvrage  intitulé  :  Ereole  neW  Erimanto  per  un' 
halleito  fatto  in  Piacenza  dal  Seren .  Sig. 
2>vca  il  camevcde  dell*  atmo  1651 .  Invenziane 
«  poesia  drammatiea  del  Cav  B.  M.  (  Ber- 
nardo  Morando),  posta  in  muslca  da  Fran- 
cesco  MonelU,  Le  livret  de  cet  opéra-ballet  a 
été  imprimé  sons  ce  titre  à  Plaisance ,  chez  Baz- 
ncchi,  1«5I,  10-4». 

MO\ETA  (  JosRPB),  n(^  à  Florence  en  1761. 
fut  atiadié  au  service  du  grand- duc  de  Toscane 


en  qualité  de  compositeur.  Il  occupait  encore 
cette  place  en  1811.  On  a  donné,  sur  divers 
tliéAtres  de  Tltalie,  les  opéras  suivants  de  sa  corn* 
position  :  f"  Il  Capitano  TenagUa,  opéra 
boufTe;  à  Livoume,  1784.  —  l""  La  Muta  per 
amore;  idem,  à  Alexandrie,  1785.  —  3**  Amar 
vuol  gioventù;  h  Florence,  1786.  —  k^  UEqui- 
voco  del  nastro;  Ibid.,  1786.  —  5*  /  due  Tu- 
tori,  1791,  à  Rome.  —  ù"  Il  Conte  PolicrorUo, 
opéra  bouffe,  à  la  résidence  royale  de  Poggio, 
en  1791. 

MONFERRATO  (P.  NADAL  ou  NA- 
TALE), prêtre  vénitien,  né  dans  les  premières 
années  du  dix-septième  siècle ,  fut  élève  de  Ro- 
^vetta  {vog.  ce  nom),  pour  Porgue  et  le  con- 
trepoint. Après  la  mort  de  Toiiganiste  de  Saint - 
Marc,  Jean-Baptiste  Beiii,  en  16S9,  il  prit  part 
au  concours  ouvert  pour  remplacer  cet  artiste  ; 
mais  ce  fut  Cavalii  {voy.  ce  nom)  qui  obtint  la 
place,  le  23  janvier.  Un  mois  après ,  c'est-à-dire 
le  VI  février,  Monferrato  dut  se  contenter  d'en- 
trer dans  la  même  chapelle  en  qualité  de  diantre; 
mais  lorsque  son  maître  Rovetta  fut  appelé  à  la 
position  de  maître  de  cette  chapelle,  il  lui  suc- 
céda dans  celle  de  vice-maitre ,  le  20  jan- 
vier 1647.  Trente  années  s'écoulèrent  pendant 
qu^il  en  exerçait  les  fonctions ,  et  ce  ne  fut  que 
le  30  avril  1676  qu'il  obtint  la  place  de  maître 
titulaire,  après  la  mort  de  Cavalii.  11  la  conserva 
jusqu'à  son  décès,  qui  eut  lieu  au  mois  d'a- 
vril 1685.  Outre  les  places  qu'il  occupa  à  L'é- 
glise ducale  de  Saint- Marc,  Monferrato  en  eut 
plusieuis  autres,  parmi  lesquelles  on  cite  celles 
de  directeur  du  chœur  des  jeunes  filles  du  Con- 
servatoire des  Mendicanti ,  et  celle  de  maître 
de  chapelle  de  la  paroisse  Saint-Jean-Clirysos- 
tome,  dans  laquelleil  habitait.  Il  avait  établi  dans 
ce  quartier  une  imprimerie  de  musique,  en  so- 
ciété avec  un  certain  Joseph  Scala,  qui,  en 
mourant,  lui  laissa  sa  part  de  la  propriété.  De 
plus ,  il  donnait  beaucoup  de  leçons  de  chant 
et  de  clavecin  dans  les  familles  patriciennes. 
Toutes  ces  sources  de  revenu  procurèrent  à 
Monferrato  des  richesses  considérables^  dont  il 
disposa  en  faveur  de  neveux  et  nièces ,  d'insti- 
tutions religieuse*  y  et  même  de  personnes  de 
haut  rang ,  par  un  très-long  testament  écrit  de 
la  main  d'un  notaire  nommé  Pietro  Brachi,  le 
16  novembre  1684.  Le  buste  en  marbre  de  ce 
maître  fut  placé  au-dessus  de  la  porte  de  la  sa- 
cristie de  l'église  Saint  JeanChrysostome,  avec  une 
inscription  latine  à  sa  louange.  Les  œuvres  im- 
primées et  connues  de  Monferrato  sont  celles 
dont  voici  les  titrent  :  1^  Salmi  concertad  a  5, 
6^8  voci,  con  violini  ed  or^a7»o,,lib.  1  et  2  ; 
Venise,  Franc.  Magni,  1647  et  1050.  —  2"  Afo- 


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172 


MONFERRATO  —  MOKOIN 


ietti  a  quattro  voci,  con  violini  e  violeita^  j 
lib.  1.  2,  3;ibid.,  1635,  1659,  1671.  —  3'  Mo- 
tetii  concertali  a  b  e  ù  voci;  ibid.,  1660.  — 
4<»  Moteiii  concertati  a  le  à  voci ,  libro  i°  ; 
ibid.,  1660,  in -4*».  —  5°  Motetii  a  voce  sola,  vio- 
lini ed  organo,  op.  6  ;  in  Venezia,  presso  Ca- 
millo  Bartoli,  1666,  în-4^  —  6*»  .Vo^eWi  conc^- 
tati  a  2  €  3  voci,  lib.  ir  ;  m  Venezia ,  app. 
Fr.  Magni,  1669,  in-4**.  —  7**  Salmi  concertati 
a  3^  4,  5,  6,  7,  8  voci  con  stromenti  e  senzGf 
;i7).ir,op.8,ibid.,  l669,in-4**.— 8°  Salmi  brevi 
a  Otto  pieni ,  op.  9  ;  ibid.  1675.  C'est  une 
réimpression.  —  9**  Sacri  concenti  ossia  Mo- 
tetii a  vocesola,  con  due  violini  et  violetta, 
lib.  Il**,  op.  10;  ibid.,  1675.  —  10*»  Salmi  con- 
certati a  due  voci  con  violini ^  op.  il  ;  ibid., 
1 176.— 1 1  *»  Salmi  a  vocesola  con  violini^  lib.  1 U", 
op,  12;  m  Veneûa,  app.  Gins.  Sc^te,  1677. 
Il  y  a  une  autre  édition  de  1681.  —  12*  Missx 
ad  'usum  capellarum  quatuor  et  quinque 
vocum,  op.  13  ;  ibid.,  1677.  Celte  date  provient 
d'un  cliangement  de  frontispice.  —  tz^  Salmi 
concertati  a  due  voci  con  violini  e  senza, 
op.  16  ;  ibid.,  1676.  —  14**  Ântifone  a  vocesola 
con  basso  continuo  ed  organo ^  op.  t7  ;  ibid., 

1678 ib'^Mofettia  2  e  Svoci,  lib.  IIP, op.  18; 

ibid.,  1681.  Monrerrato  fut  un  bon  musicien 
qui  écrivait  bien ,  mais  inférieur  pour  l'invention 
à  son  mattre  Rovetla ,  et  à  ses  contemporains 
Cavalli ,  Legrenzi  et  Ziani. 

'MOXGE  (Gaspard),  illustre  mathématicien 
a  qui  l'on  doit  la  création  delà  géométrie  descrip- 
tive, naquit  à  Beaune  le  10  mai  1747.  Après 
avoir  fait  ses  études  chez  les  PP.  de  l'Oratoire  de 
sa  ville  natale  età  Lyon,  il  fut  employé  à  des  tra- 
vaux de  fortifications,  où  il  se  fit  remarquer  par 
son  élégante  manière  de  dessiner  les  plans ,  et 
devint  successivement  professeur  suppléant  de 
mathématiques  et  professeur  titulaire  de  phy- 
sique à  l'école  de  Mézières.  Mais  bientôt ,  don- 
nant l'essor  à  son  génie,  il  jeta  les  premiers 
fondements  de  la  science  qui  l'a  immortalisé ,  en 
généralisant  par  des  principes  féconds  les  procé- 
dés graphiques  de  la  coupe  des  pierres ,  de  la 
charpente  et  des  autres  parties  de  constructions 
géométriques  qu'on  enseignait  alors  dans  les 
écoles  d'artillerie,  du  génie  et  de  la  marine. 
Après  avoir  lutté  longtemps  contre  la  routine 
qui  repoussait  ses  découvertes ,  il  attira  sur  lui 
l'attention  du  monde  savant ,  se  fixa  à  Paris  et 
devint  successivement  professeur  h  l'école  d'iiy- 
drodynamiqae  du  Louvre,  examinateur  des 
élèves  de  la  marine,  membre  de  l'Académie  des 
sciences,  piiis^  après  la  révolution ,  ministre  de 
la  marine,)  professeur  à  l'École  normale  et  à 
l'École  polytechnique,  commissaire  du  gouverne- 


ment en  Italie,  de  la  commission  des  sciences 
de  Texpédition  d'Egypte ,  sénateur  et  comte  de 
l'empire.  11  mourut  à  Paris  le  28  juillet  1818. 
Comme  la  plupart  des  grands  géomètres  do  dii- 
huitième  siècle ,  il  s'occupa  du  problème  de  la 
corde  vibrante  ;  mais ,  suivant  la  direction  de 
son  génie,  il  en  donna  la  solution  par  une  cons- 
truction géométrique.  Supposant  qu'une  corde 
vibrante ,  placée  horizontalement  pour  plus  de 
simplicité ,  soit  pincée  dans  une  direction  verti- 
cale ,  et  que  le  plan  se  meuve  selon  une  direc- 
tion perpendiculaire ,  il  a  démontré  que  la  corde 
doit  décrire ,  par  son  double  mouvement  de  si- 
bralion  et  de  translation ,  une  surface  doot  les 
sections,  faites  par  des  plans  parallèles  ao  pre- 
mier, donnent  pour  chaque  instant  la  figure  de  la 
courbe.  Monge  a  exécuté  cette  surface  dont  le 
modèle  se  trouve  à  l'École  polytechnique.  Ama- 
teur passionné  de  musique ,  il  avait  profité  de 
sa  mission  en  Italie  pour  faire  faire  à  Venise  des 
copies  des  œuvres  de  tous  les  anciens  maîtres 
de  la  chapelle  de  Saint-Marc ,  et  en  avait  empli 
des  caisses  qu'il  confia  aux  soins  du  célèbre 
violoniste  Kreutzer,  voyageant  alors  en  Italie; 
mais  celui-ci  négligea  sa  mission,  et  quand 
l'armée  française  fut  forcée  d'opérer  sa  retraite, 
les  caisses  tombèrent  au  pouvoir  des  alliés  et 
furent  transportées  en  Angleterre. 

MONGEZ  (Antoine),  né  à  Lyon,  en 
1747,  entra  fort  jeune  dans  Tordre  des  GénoTé- 
fains.  Mommé,  sous  le  gouvernement  du  direc- 
toire, un  des  administrateurs  de  l'hâtel  des 
monnaies  de  Paris ,  il  a  conservé  cette  place 
jusqu'en  1827.  A  l'époque  de  la  formation  de 
rinstitnt,  il  fut  appelé  dans  la  classe  de  litté- 
rature ancienne.  Éliminé  de  ce  corps  en  1S16,  0 
y  e«t  rentré  deux  ans  après.Ii  est  mort  le  30  juillet 
1825.  Au  nombre  des  mémoires  que  ce  savant  a 
fait  insérer  parmi  ceux  de  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres,  on  remarque  ceux-ci  : 
1**  Rapport  sur  les  moyens  de  faire  entendre  les 
discours  et  la  musique  des  fiâtes  nationales  par  tous 
les  spectateurs,  en  quelque  nombre  qu'ils  puissent 
être  (  Anciens  Mémoires  de  l'Institut  nationalj 
classe  de  littérature  et  beaux-arts,  t.  III, 
1801).  —  2^  Mémoire  sur  les  harangues  attri- 
buées [>ar  les  anciens  écrivains  aux  orateois, 
sur  les  masques  antiques,  et  sur  les  moyens 
que  l'on  a  cru  avoir  été  employés  par  les  ac- 
teurs, chez  les  anciens,  pour  se  faire  entendre  de 
tous  les  spectateurs  (  ibid.,  tome  IV,  1803  ). 

MONGIN  (  CuABLES-FRAMçois-JoecPH),  pro- 
fesseur de  musique  à  Besançon^  né  dans  le 
département  du  Doubs  en  1809,  est  auteur  d'un 
ouvrage  intitulé  :  Nouvelle  Méthode  élémenr 
taire  pour  V enseigne fiient  duplain^chantel 


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MONGIN  —  MONNAIS 


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thi  chant  musical ,  suivi  d'im  recueil  de  mo- 
kfSi  Paris,  Hachette,  1836,  in-S''  de  120  pages. 
M.  Mongin,  qui  a  eu  pourcolialroiateur  M.  Ber- 
ikioty  inconnu  dans  ie  monde  musical,  est  mort 
à  Besançon  ,  au  mois  d^octobre  1861 ,  à  Tàgedc 
cinquante-deux  an?. 

MOKGIN  (Mlle  Marie-Louise),  est  née  le 
H  juin  1841  à  Besançon,  où^on  père  exerçait  la 
profession  d*aYocat .  A  Tâge  de  quatre  ans  sa  mère 
lui  donna  les  premières  leçons  de  musique  et  de 
piano;  elle  eut  ensuite  pour  professeur  M.  Ron- 
canlio,  organiste  de  Téglise  Saint- Pierre.  Une  in* 
telligcnced*élite  ainsi  que  Tapplication  aux  éludes 
fe  manifestèrent  de  bonne  heure  chez  la  jeune 
Marie,  et  ses  progrès  furent  rapides.  Elle  était 
À  peine  âgée  de  onze  ans  lorsque,  par  une  heu- 
reuse inspiration,  ses  parents  se  décidèrent  à 
venir  habiter  Paris  pour  qu'elle  pût  recevoir 
1rs  leçons  des  meilleurs  professeurs.  Au  mois 
de  janvier  1853,  Mli«  Mongin  entra  au  Conser- 
vatoire, dans  la  classe  de  piano  de  M*"*  Far- 
renc,  et  dep«iis  lors  elle  se  distingua  constamment 
par  la  douceur  de  son  caractère,  son  zèle  et  son 
assiduité.  Kn  1855  elle  remporta  le  deuxième 
prix  de  solfège  et  le  premier  Tannée  suivante. 
£n  1859  le  premier  prix  de  piano  lui  fut  décerné, 
et,  enfm,  en  1861,  elle  obtint  le  premier  prix 
d'harmonie,  après  quelques  années  d'études,  dans 
h  classe  de  M.  Bienalmé. 

Habile  virtuose,  grande  musicienne  et  lectrice 
de  premier  ordre,  cette  jeune  artiste  a  fait-  une 
itude  approfondie  des  compositions  des  auteurs 
Massiques  et  de  celles  des  plus  célèbres  claveci- 
nistes des  seizième,  dix-sepiièmc  et  dix-huitième 
siècles.  Toutes  les  fois  qu'elle  a  fait  entendre  en 
public  les  œuvres  qui  forment  la  belle  collection 
intitulée  Le  Trésor  des  pianistes,  que  publient 
en  re  moment  (1863)  M.  et  M"*  Farrenc, 
M'ie  Mongin  a  obtenu  les  plus  brillants  succès 
d  le  suffrage'  des  connaisseurs. 

MOIVIGLIA  (  JE4ff-ANDRÉ),  compositeur 
dramatique,  né  à  Florence  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle,  est  connu  par  les 
opéras  suivants  -A'*  Il  Teseo^  représenté  à  Dresde, 
en  1667.  —  2"  Giocasta,  drame,  à  Dussel- 
doff,  en  1696. 

MO^IOT  (Jean),  poète  et  musicien  du 
trezième  siècle,  était  né  à  Arras  et  fut  con- 
temporain de  saint  Louis.  On  ignore  si  le  nom 
de  MoTùot  était  celui  de  sa  famille,  on  si  c'est 
un  «obhquet  qui  signifie  petit  moine.  Le  ma- 
nuscrit de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris  , 
(^)té  1172  (ancien  fonds),  contient  quatorze  chan- 
sons notées  de  sa  composition. 

MOiKIOT  (Jean  ) ,  contemporain  du  pn^cé- 
dtnt,  est  connu  sous  le  nom  de  Moniot  de 


Paris,  parce  quMI  était  né  dans  cette  ville.  Il 
était  aussi  poète  et  musicien.  On  trouve  sept 
chansons  notées  de  sa  composition  dans  un 
'  manuscrit  coté  65  (  fonds  de  Cangé  ),  à  la  biblio- 
thèque impériale. 

MONN  (  Matthied-Jean  ) ,  compositeur,  que 
Gerber  croit  avoir  vécu  à  Vienne  vers  la  fin  du' 
I  dix-huitième  siècle,  est  connu  par  Tindication  de 
'  nombreux  ouvrages  manuscrits,  dans  ie  cata- 
I  logue  de  Traeg  (Vienne,  1799).  En  Yoici  la 
I  liste  :  1**  Instruction  sur  la  basse  continue  — 
I  2°  Oratorio  intitulé  :  Entretiens  salutaires,  — 
j  3»  Prières.  —  4°  Requiem  à  4  voix ,  2  violons  et 
;  orgue.  ^  5^  Messe  à   4  voix  et  4  instruments. 

—  6**  Messe  à  4  voix  et  à  grand  orchestre.  — 
I  7°  Chœurs  et  motets  à  voix  seule.  —  8®  Six 
I  symphonies  pour  l'orchestre.  —  9"*  Un  concerto 
,  pour  violon.  —  10^  Un  idem  pour  Tioloncelle.  — 
I   1 1  ^  Dix-huit  quatuors  pour  2  violons,  alto  et  kuisse. 

— 12**Quinzedivertissementspourles  mêmes  ins- 
truments. —13°  six  trios  pour  2  violons  et  basse. 

—  14°  Trois  idem  pour  flûte,  alto  et  t>asse.  — 
15°  Trois  idem  pour  flûte,  violon  et  basse.— 16° So- 
nates pour  violon  et  basse.  -*  17°  Musique  mili- 
taire à  10  parties.  —  IS""  Douze  concertos  pour  ie 
clavecin  avec  accompagnement.  —  19°  Trente 
divertissements  pour  clavecin  seul.  —  20°  Six 
sonates  idem.  —  21°  Diana  e  Aviore ,  opéra. 

MOîMNAIS  ( Guillaume- ÉDouARD-DésiRÉ) , 
littérateur  français  et  amateur  zélé  de  musique , 
est  né  à  Paris,  le  27  mai  1798.  Après  avoir  ter- 
miné ses  études  et  fait  un  cours  de  droit,  il  fut 
reçu  avocat  en  1828;  mais  il  préféra  la  littérature 
au  barreau,  et  les  mémoires  à  consulter  cédèrent 
le  pas  aux  vaudevilles  et  aux  comédies.  Ses  pre- 
miers travaux  pour  ie  théàlre  datent  de  1826;  il 
eut  pour  collaborateurs  dans  ces  légères  pro- 
ductions Dartois,  Paul  Dnport,  Saint-Hilaire  et 
Vulpian.  Les  ouvrages  donnés  par  lui  à  divers 
théâtres  sont  :  ^f^di  ou  l'Abdication  d*une 
femme.  -—  Le  Futur' de  la  Grande  Maman.  — 
La  Première  Cause.  —  La  Contre-Lettre.  — 
Les  Trois  Catherine.  —  La  Dédaigneuse.  — 
Le  Chevalier  servant.  —  Un  Ménage  pari^ 
sien.  —  Deux  Filles  à  marier.  —La  Dame 
d'honneur. —  LeCent-Suisse  (à  l'Opéra-Comi- 
que).—  Sultana  (idem).  Dans  une  direction  plus 
sérieuse  M.  Monnaisprit  partatlx  ouvrages  de  Mar- 
changy  et  de  Tissot,  de  l'Académie  française,  et 
dirigea  les  Éphémérides  universelles  (Paris, 
1828-1833,  13  vol.  in-8'),  dont  il  fut  aussi  un  des 
principaux  rédacteurs.  Dès  1818, -M.  Monnais 
avait  fait  les  premiers  essais  de  sa  plume  dans 
divers  journaux  auxquels  il  fournissait  des  ar- 
ticles sans  être  attaché  spécialement  à  aurun  ; 
maià  au  mois  de    juillet  1832  il  entra  au  Cour- 


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MONNAIS  —  MONPOU 


rier  français^  comme  rédacteur  <hi  feuilleton  de« 
théâtres.  Au  mois  de  novembre  1839,  il  fut  nommé 
directeur  adjoint  de  POpéra.  Depuis  1840  il  a  le 
titre  et  les  fonctions  de  commissaire  du  gonver- 
nement  près  des  théâtres  lyriques  et  du  Conserva- 
toire ;  comme  tel,  il  a  pris  part  À  tous  les  travaux  du 
comité  d^eoseignement  de  cette  école.  Depuis  1835, 
M.  Monnals  est  un  des  rédacteurs  principaux  de 
la  Revue  et  Qazette  musicale  de  Paris,  où  ses 
articles  sonl  signés  du  pseudonyme  Paul  Smith, 
Il  y  a  publié  en  feuilletons  des  nouvelles  ou  ro- 
mans dont  les  sujets  se  rattachent  à  la  musique, 
et  qui  ont  été  réunis  ensuite  en  volumes  ;  tels 
sont  :  1*  Esquisses  de  la  vie  d*artiste  (Paris, 
1844,  2  vol.  in-8^).  —  V  PortefeuiHe  de  deux 
cantatrices  (Paris,  1845,  in-8*).  —  3*2^  sept 
Notes  de  la  gamme  { Paris,  1846,  in- 8*).  Sous  le 
même  pseudonyme  paratt  aussi  cha()ue  année, 
dans  le  même  journal,  une  revue  annuelle  de  tous 
les  événements  musicaux,  de  quelque  genre  que 
ce  soit.  Enfin,  M .  Monnats  y  est  chargé  de  rendre 
compte  des  ouvrages  représentés  à  TAcadémie 
impériale  de  musique  (TOpéra),  ainsi  qu'au 
Théâlre  Italien.  Sa  critique  se  distingue  par  la 
l)ienveii lance,  l'esprit  et  la  politesse.  M.  Mounais 
a  fourni  quelques  articles  de  critique  musicale  à 
la  Revue  contemporaine,  sous  le  pseudonyme 
de  Wilhelm,  Dans  les  années  1851,  1863,  1859 
et  1862,  ce  littérateur  distingué  a  été  chargé  d'é- 
crire les  poèmes  des  cantates  pour  les  grands  con- 
<ours  de  composition  musicale  à  TAcadémie  des 
beaux-arts  de  llnstitut;  ces  cantates  ont  pour  ti- 
tres :  i^e  Prisonnier;  Le  Rocher  d'Appentel;  Sa- 
jazet  et  le  Joueur  de  flûte,'  Louise  de  Mézières. 
MONNET  (Jean),  né  à  Condrieux  ^  près 
de  Lyon ,  demeura  jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans 
chez  un  oncle  qui  négligea  son  éducation  au 
point  que,  parvenu  à  cet  âge,  il  savait  à  peine 
lire.  Il  se  rendit  alors  à  Paris,  et  fut  placé  dans 
la  maison  de  la  duchesse  de  Berry  (fille  du  ré- 
gent), qui  lui  donna  quelques  maîtres  d'agré- 
ment; mais  ayant  perdu  sa  bienfaitrice ,  le  20 
juillet  1719,  il  se  trouva  sans  ressources,  et 
mena  pendant  plusieurs  années  une  vie  dis- 
sipée et  orageuse.  Enfin,  en  1743,  il  obtint  le 
privilège  de  TOpéra- Comique ,  mais  il  ne  le 
garda  pas  longtemps.  En  1745  il  était  directeur 
du  théâtre  de  Lyon,  et,  en  1748,  d'un  théâtre 
français  à  Londres.  De  retour  à  Paris,  il  reprit,  i 
en  1752,  la  direction  de  l'Opéra -Comique,  et  la 
garda  jusqu'en  1758.  Ce  fut  sous  sa  direction  , 
que  ce  spectacle  prit  du  développement,  et  cessa 
d'être  un  théâtre  de  vaudeville.  Favart,  Se-  | 
daine,  Dauvergne,  Philidor  et  Duni  préparè- 
rent, par  leurs  ouvrages,  les  Français,  à  en- 
tendre de  la  musique  plu»  forte  et  plus  drama- 


tique, et  Ton  ne  peut  nier  que  Monnet  n'ait 
beaucoup  contribué  à  cette  révolution.  Il  est 
mort  obscurément  à  Paris,  en  1785.  On  a  de 
lui:  Anthologie  française,  ou  chansons 
choisies  depuis  le  treiûème  siècle  jusqu  *à  pré- 
seni;  Paris,  1765,  3  vol.  in-8^y  avecles  sirs 
notés.  On  trouve  en  tête  du  recueil  une  préface 
ou  Mémoire  historique  sur  la  chanson,  qoi 
est  de  Meusnier  de  Querlon.  Ce  recueil  est  esti- 
mé. Un  quatrième  volume,  donné  comme  sup- 
plément, est  intitulé  :  Choix  de  chansons 
joyeuses;  Paris,  1765,  in-8''.  On  trouve  des 
renseignements  sur  la  vie  aventureui^  de 
Monnet  dans  un  livre  intitulé  :  Supplément  a\s 
Roman  Comique,  ou  Mémoires  pour  servira 
la  vie  de  Jean  Monnet  ^  Paris,  1722,  2  vol. 
in-12 ,  avec  le  portrait.  Cet  ouvrage  est  éeiit 
par  Monnet  lui-même. 

MOXNIOTE  (D.  JBAif-FnAifçois),  ouMO- 
NIOT,  bénédictin  de  Saint-Gerroain-des-Piés, 
né  à  Besançon,  en  1723,  mourut  à  Figery,  près 
de  Corbeil,  le  29  avril  1797.  Oo  lui  a  attribué 
VArt  du  facteur  d^orgues,  publié  sous  le  nom 
de  Dom  Bedos  de  Celles  ;  mats  j'ai  démontré,  à 
Tarticle  de  celui-ci,  que  cette  tradition  n'est 
pas  fondée. 

MONOPOLI  (Jacques).  Voye».  INSAN- 
GUINE. 

MONPOU  (  Hippoltte)  ,  compositeur  dra- 
matique, né  à  Paris  le  12  janvier  1804 ,  entra 
dans  la  maîtrise  de  Téglise  métropoUtaioe  de 
cette  ville  à  l'âge  de  neuf  ans ,  conmie  enfant 
de  chœur,  et  y  apprit  les  éléments  de  la  musique 
sous  la  direction  de  Desvigne  {vog.  ce  nom). 
Plus  tard,  Choron  l'admit  au  nombre  des 
élèves  de  l'école  qu'il  venait  de  fonder  (1817), 
et  le  choisit  deux  ans  après  pour  remplir  le 
fonctions  d'organiste  à  la  catliédrale  de  Tours, 
quoique  Monpou  fût  à  peine  entré  dans  sa  sei- 
zième année.  Incapable  d'occuper  cette  place,  il 
fut  bientôt  cont^édié ,  revint  à  Paris,  et  rentra 
dans  l'école  de  Choron ,  où  il  eut  l'emploi  de 
répétiteur- accompagnateur.  Cependant  lecteur 
médiocre,  pianiste  inhabile,  et  fort  ignorant 
dans  la  science  de  l'harmonie ,  il  nVait  rien 
de  ce  qu'il  fallait  pour  un  tel  emploi  ion- 
qu'il  lui  fut  confié;  toutefois,  incessamment  en 
exercice  avec  ses  condisciples,  parmi  lesquels 
on  remarquait  MM.  Dnprex,  Boulanger,  Scudo, 
Vachon,  Renaut,  Canaplcs,  Wartel,  et  se  li- 
vrant sans  relâche  à  Tétude  des  partitions  des 
grands  maîtres  italiens,  allemands  et  français, 
il  acquit  par  degrés  des  connaissances  pratiques 
qui  suppléaient  à  l'instinct,  lent  à  se  développer 
en  lui,  et  aux  défauts  d'une  éducation  première 
mal  fhite. 


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MONPOU 


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En  1822,  Taufeur  de  cette  notice  fut  prié  par 
Clioron  de  faire  dans  son  école  un  cours  dMiar- 
inonie  pour  les  élèves  qui  viennent  d'élre 
nommés.  Monpou  en  suivit  ies  leçons  avec  as- 
siduité, mais  ses  progrès  étaient  aussi  lents 
et  pénibles  que  ceux  de  Duprez  étaient  rapides. 
Les  concerts  de  musique  ancienne  qui  com- 
mencèrent en  1828  dans  cette  même  école, 
connue  alors  sous  le  nom  d'Institution  royale 
de  7nusique  religieuse ,  Tournirent  à  Monpou 
de  fréquentes  occasions  de  remplir  ses  fonc- 
tions d'accompagnateur  devant  le  public ,  et  lui 
firent  acquérir  Taplomb  qui  lui  manquait  aupara- 
vant. Les  événements  politiques  de  1830  ne  firent 
pas  seulement  cesser  ces  intéressantes  séances , 
mais  ils  compromirent  Texistence  de  Pécole  à 
laquelle  Choron  avait  consacré  ses  dernières 
années ,  et  finirent  par  en  amener  la  dissolution» 
Jeté  tout  h  coup  par  ces  événements  dans  un 
monde  qu'il  ne  connaissait  pas ,  et  passant  de 
la  vie  contemplative  d'une  sorte  de  Thél>aïde, 
à  TAge  de  près  de  trente  ans,  dans  Peiis- 
lence  agjt^  d'un  artiste  qui  cherche  dn  pain  et 
de  la  renommée,  Monpou  semblait  à  ses  amis 
i'Iiomme  le  moins  propre  à  atteindre  ce  double 
but.  Son.  extérieur  ne  prévenait  pas  en  sa  fa- 
veur; ses  manières  incultes  repoussaient  la 
sympathie.  Néanmoins,  au  grand  étonnement 
de  ceux  qui  le  connaissaient ,  sa  fortune  d'ar- 
tiste  fut  assez  rapide.  En  dépit  des  études  classi- 
ques qui  avaient  occupé  toute  sa  jeunesse ,  il  se 
passionna  tout  à  coup  pour  le  romantisme, 
dont  on  fai&ait  alors  beaucoup  de  bruit,  et 
s'enrôla  parmi  les  novateurs  qui  rêvaient  une 
transformation  de  l'art.  Ses  premiers  ouvra- 
ges furent  des  liallades  et  des  romances.  Dès 
1828  il  avait  produit  un  gracieux  nocturne  à 
trois  voix  sur  les  paroles  de  Béranger  :  Si 
fêtais  petit  oiseau,  et  ce  premier  essai  avait 
été  suivi  de  quelques  jolies  chansonnettes; 
mais  ce  fut  sa  romance  de  VÀndalouse,  pa- 
roles d'Alfred  de  Musset,  qui  fut  le  signal  de 
la  nouvelle  direction  donnée  à  ses  idées,  et 
qui  commença  la  popularité  dont  il  jouit  pen- 
dant quelques  années.  Le  lever,  Sara  la  Bai» 
gneuse,  Madrid,  la  chanson  de  Mignon,  le 
Fou  de  Tolède ,  et  beaucoup  d'autres  petites 
P'èces  se  succédèrent  rapidement ,  et  eurent  du 
retentissement  parmi  les  adeptes  de  Técoie  h 
laquelle  il  s'était  affilié.  Il  y  a  dans  tout  cela 
une  originalité  incontestable;  mais  une  origina- 
lité bizarre ,  qui  ne  connaît  d'autres  règles  que 
celles  de  la  fantaisie.  Des  passages  empreints  de 
grâce  et  de  sensibilité  y  sont  répandus ,  çk  et  là  ; 
mais  Monpou  se  li&te  d'abandonner  ces  idées 
naturelles  pour  se  jeter  dans  des  extravagances. 


,  Il  semble  se  persuader  que  le  génie  ne  se  mani« 
feste  que  par  l'insolite.  Sa  phrase  e.st  mal  faite  ; 
son  rhyllime  est  boiteux  ;  sa  cadence  tombe 
souvent  à  faux.  Soit  par  ignorance,  soit  par 
système,  il  prodigue  dans  son  harmonie  des 
successions  impossibles ,  au  point  de  vue  <le  la 
^  résolution  des  dissonances ,  de  lit  modulation  et 
I  de  la  tonalité.  Mais  ces  défauts ,  qui  révoltaient 
le  sentiment  des  musiciens,  étaient  précisément 
.  ce  qui  obtenait  du  succès  dans  le  monde  à  part 
I  qui  avait  entrepris  la  déification  du  laid, 
I  En  1835 ,  Monpou  osa  aborder  la  scène  et  faire 
représenter  au  théltre  de  rOpéra-ComIque  Les 
deux  Reines,  petit  ouvrage  en  un  acte  dont 
Soulié  lui  avait  donné  le  livret.  Cette  témérité 
ne  fut  pas  justifiée  par  .le  mérite  de  l'ouvrage , 
mais  par  le  succès.  Non-seulement  tous  les  dé- 
fauts de  la  manière  du  compositeur  s'y  trou- 
vèrent réunis;  non-seulement  il  y  fit  preuve 
d'une  impuissance  complète  à  se  servir  de  Tins- 
trumentation  ;  non-seulement  la  forme  de  la 
plupart  des  morceaux  de  son  ouvrage  était 
défectueuse,  mais  Toriginalité  qu'on  avait  par- 
fois remarquée  dans  ses  mélodies  lui  fit  ici  dé- 
faut. Les  réminiscences  et  les  idées  vulgaires 
s'y  présentaient  à  chaque  instant  Un  joli  chœur, 
une  romance  (  iid^eu^  mon  beau  navire)  furent 
les  seules  choses  qui  échappèrent  au  naufrage 
de  cette  informe  production.  Le  Luthier  de 
Vienne ,  autre  opéra  en  un  acte,  joué  au  même 
théâtre,  en*  18S6,  fit  voir  dans  la  facture  de 
Monpou  quelques  progrès  depuis  son  précédent 
ouvrage.  On  y  remarqua  un  joli  duo  et  la 
ballade  du  Vieux  chasseur,  que  le  talent  de 
M""*  Damoreau  rendit  populaire.  Piquillo, 
œuvre  plus  importante,  en  3  actes,  fut  jouée 
vers  la  fin  de  1837 ,  et  fit  constater  de  nouveaux 
progrès  dans  le  talent  de  Monpou.  Alexandre 
Dumas  était  l'auteur  du  livret  de  cet  opéra.  Le 
compositeur  n'y  avait  pas  renoncé  à  ses  habi- 
tudes de  décousu  dans  les  phrases ,  et  ^a  ma- 
nière d'écrire  sentait  toujours  le  musicien  in- 
complet; mais  des  idées  originales  étaient  ré- 
pandues dans  les  deux  premiers  actes.  Les  pro- 
portions du  finale  du  second  acte  s'étaient 
trouvées  au-dessus  des  forces  de  l'artiste,  et 
le  troisième  acte  était  faible  et  négligé.  Un  Conte 
d'autrefois  et  le  Planteur,  joués  à  l'Opéra-Co- 
mique  en  1839,  où  Ton  retrouvait  les  formes 
mélodiques  et  les  excentricités  du  compositeur, 
parurent  monotones,  firent  peu  d'impression 
dans  leur  nouveauté,  et  furent  bientôt  oubliés. 
Vers  la  fin  de  la  même  année,  Monpou  donna 
au  théâtre  de  la  Renaissance  la  Chaste  Suzanne, 
opéra  en  quatre  actes.  On  y  remarqua ,  comme 
dans  tous  ses  autres   ouvrages,  l'instinct  du 


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MON  POU  —  MONSIGNY 


compositeur  de  romances ,  et  l'absence  des  qua- 
lités du  musicien  férieux.  Cependant  un  air  de 
basse  et  celui  de  Daniel,  an  troisième  acte,  sont 
mieux  conduits  et  développés  que  ce  qu'il  avait 
écrit  précédemment.  L'instrumentation  de  cet 
opéra  était  la  partie  faible,  comme  dans  toute  la 
musique  dramafique  de  Monpou. 

Depuis  longtemps  il  désirait  obtenir  un  livret 
d'opéra  de  Scribe,  auteur  aimé  du  public  et 
qui  avait  fait  la  fortune  de  plusieurs  composi- 
teurs. Il  obtint  enfin  cet  ouvrage  ;  mais  en  le  lui 
confiant,  le  directeur  de  ropéra«€omique  lui  im- 
posa la  condition  d'un  dédit  de  30,000  francs 
dans  le  cas  où  il  ne  livrerait  pas  le  manuscrit  de 
sa  partition  à  la  fin  du  mois  d'août  1841.  Mon- 
pou travailla  avec  ardeur,  et  déjà  il  avait  écrit 
deux  actes;  mais  la  fatigue  se  fit  sentir,  et  bien- 
tôt une  inflammation  d'entrailles  et  d'estomac  se 
déclara.  Les  médecins  ordonnèrent  le  repos  et  le 
changement  de  climat  :  l'artiste  s'éloigna  de  Paris 
et  se  dirigea  vers  la  Touraine  ;  mais  arrivé  à  La 
Ciiapelle  Saint-Mesmin,  sur  les  bords  delà  Loire, 
son  état  devint  si  alarmant^  que  sa  famille  le  ra- 
mena à  Orléans  pour  avoir  le  secours  des  méde- 
cins. Leurs  soins  ne  purent  empêcher  les  progrès 
du  mal,  et  le  10  août  1841,  Monpou  mourut  dans 
celle  ville,  à  Page  de  trente-sept  ans.  Sa  veuve 
voulut  ramener  ses  restes  à  Paris  ;  une  messe  de 
Requiem  en  musique  fut  célébrée  à  l'église  de 
Saint-Roch,  et  Tartisle  fut  inhumé  avec  pompe 
au  cimetière  du  Père-Lachatse.     / 

MOîKRO  (Henri),  fils  d'un  musicien  de  Lin- 
coln^ est  né  dans  cette  ville  en  1774.  Apràs  avoir 
fait  ses  premières  études  musicales  comme  enfant 
de  chœur  à  l'église  cathédrale,  il  reçut  des  le- 
çons de  piano  d'Ashley^  puis  .se  rendit  à  Londres 
où  il  devint  élève  de  Dflssek  et  de  Corri.  En 
1796  il  fut  nommé  organiste  à  Newcastle,  et 
ne  quitta  plus  celte  ville,  où  il  était  encore  en 
1824.  On  a  gravé  à  Londres  plusieurs  ouvrages 
de  sa  composition  :  entre  autres,  ui\e  sonate  pour 
piano  ti  violon,  un  air  varié,  et  un  rondo. 

MONSERRATE  (André  DE) ,  né  en  Cata- 
logne dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
était  en  1614  chapelain  de  l'église  paroissiale 
Saint- Martin,  à  Valence.  On  a  de  lui  un  bon  traité 
du  cliantecclé.siastique  en  langue  espagnole,  sous 
ce  titre  :  Arts  brève  y  compendiosa  de  los  dif- 
ficuUadesquese  ofrecenen  la  musicapratica 
del  cantollano,  Ditigidaala  purissima  Vir^ 
gen  Maria  madré  de  Bios  y  senora  nuesira. 
En  Valencia,  en  casa  de  Pedro  Patricia  Mey, 
1614,  in-4^  de  124  pages. 

MO\SIGKY  (Pierre- Alexandre), compo- 
siteur dramatique,  issu  d'une  famille  noble,  na- 
quit le  17  octobre  1729,  à  Faiiquemberg,  bourg 


du  Pas-de-CalaiSj  près  de  Saint-Omer.  Son  père 
ayant  obtenu  un  emploi  dans  celte  ville,  lui  (il 
faire  ses  études  littéraires  au  collège  des  jésuites. 
Doué  d'un  heureux  instinct  pour  la  musique,  le 
jeune  Monsigny  cultivait  cet  art  dans  tous  les  ins-  ! 
tants  de  repos  que  lui  laissait  le  travail  des  clas- 
ses. Son  instrument  était  le  violon  :  il  acquit  plu> 
tard  une  habileté  remarquable  sur  cet  instiumeut, 
et  s'en  servit  toujours  pour  composer.  Il  perdit 
son  père  peu  de  temps  après  avoir  achevé  »€$ 
cours.  La  nécessité  de  pourvoir  aux  inorens 
d'existence  de  sa  mère,  d'une  sœur  et  de  jeune» 
frères,dont  il  était  l'unique  appui,  lui  imposa  ro> 
hligation  d'embrasser  une  profession  lucratire  : 
il  se  décida  pour  un  emploi  dans  la  finance  qui, 
alors  comme  aujourd'hui^  conduisait  rapideioeol 
à  la  fortune  quand  on  y  portait  l'esprit  des  affaires. 
En  1749  il  alla  s'éUblir  à  Paris,  où  il  obtint  une 
position  avantageuse  dans  les  bureaux  de  la  comp- 
tabilité du  clergé.  L'amabilité  de  son  caractère  lui 
avait  fait  de  nombreux  et  puissants  amis  quiVai- 
dèrent  à  placer  ses  frères,  et  à  procurer  à  $& 
mère,  à  sa  sœur  une  aisance  suffisante.  Plus  tard 
ses  protecteurs  le  firent  entrer  dans  la  maisoo 
du  duc  d'Orléans,  en  qualité  de  maître  d'iiùtel. 
Il  y  passa  paisiblement  près  de  trente  années, 
et  puisa  dans  la  haute  soci  été  qu'il  y  voyait  noe 
élégance  de  manières  qu'i  1  conserva  jusqu'à  ses 
derniers  jours.  Depuis  son  arrivéeà  Paris,  il  avait 
négligé  la  musique  :  ce  fut  en  quelque  sorte  le 
hasard  qui  le  ramena  vers  l'art  et  qui  fit  de  lai 
un  compositeur  d'opéras.  Il  assistait  enl7&4à 
une  représentation  de  la  Servante  inaùresie^ 
de  Pergolèse  ;  l'effet  que  produisit  sur  lui  cette 
musique  d*un  style  alors  nouveau  fut  si  vif, 
que  dès  ce  moment  il  se  sentit  tourmenté  du 
besoin  d'écrire  lui-même  de  la  musique  de  théâ- 
tre. Mais  son  éducation  musicide  avait  été  si  faible, 
si  négligée,  qu'il  n'avait  pas  les  plus  légères  no- 
tions d'harmonie,  d'instrumentation,  et  qu'il  avait 
même  beaucoup  de  peine  à  faire  le  calcul  dei 
valeurs  de  notes  pour  écrire  les  mélodies  que  son 
instinct  lui  suggérait.  Cependant,  entraîné  par  son 
goût  pour  la  musique  d'opéra- comique,  il  prit  on 
maître  de  composition.  Ce  fut  Gianotti  {voy^'^ 
ce  nom)  qui  lui  enseigna  les  éléments  de  l'iiar- 
monie  par  les  principes  de  la  basse  fondamentale. 
Cinq  mois  de  leçons  suffirent  à  Monsigny  pour  ap- 
prendre ce  qui  lui  semblait  nécessaire  pour  écrire 
les  accompagnements  d'un  air  d'opéra.  Après 
quelques  essais  informes,  il  parvint  à  écrire  «a 
partition  des  Aveux  indiscrets,  opéra-comique 
en  un  acte,  qu'il  fil  représenter  au  théâtre  de  la 
Foire,  en  1769.  Il  était  alors  âgé  de  trcnle  ans. 
Le  succès  de  cet  ouvrage  l'encouragea;  cependant 
il  crut  devoir  garder  l'anonyme,  à  cause  de  m 


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MONSIGNY 


177 


p:)3i(ion  dans  la  inaiM>n  d*Orléans.  En  1760  il 
donna  au  même  théftlre  le  MaÛre  en  Droit  et 
le  CacU  dupé,  La  verve  comique  qui  brille  dans 
ce  dernier  ouvrage  fit  dire  au  poëte  Sedaine, 
après  avoir  entendu  le  duo  du  Gadi  et  du  Tein- 
turier :  Voilà  mon  homme!  EnefTet,  il  se  lia 
avec  Monsigny  et  devint  son  collaborateur  dans 
plusieurs  drames  et  opéras-comiques,  parlicu- 
iièrement  dans  celui  qui  a  pour  titre  :  Onne  $*a' 
vise  jamais  de  touty  joli  ouvrage  de  Tanden 
style^  représenté  à  l'Opéra- Comique  de  la  foire 
Saint-Laurent,  le  17  septembre  1761.  Cette  pièce 
fut  la  dernière  qu'on  joua  à  ce  théfttre,  qui  fut 
fermé  sur  les  réclamations  de  la  Comédie  italienne, 
dont  la  jalousie  avait  été  excitée  parles  succès  de 
Monsigny.  Les  meilleurs  acteurs  de  TOpéra-Co- 
mique,  parmi  lesquels  on  remarquait  Clairval  et 
Laruette,  entrèrent  à  la  Comédie  italienne.  C'est 
pour  ces  deux  théâtres  réunis  en  un  seul  que 
Monsigny  écrivit  ses  autres  opéras,  où  sa  manière 
s'agrandit,  le  Roi  et  le  Fermier^  en  3  actes,  fut 
joué  en  1762.  Dans  cette  pièce,  le  talent  du  com- 
positeur pour  l'expression  pathétique  se  révéla 
au  public  et  à  lui-même.  Rose  et  Colas,  opéra- 
comique  en  un  acte,  parut  en  1764.  Aline,  feine 
de  Golconde,  en  trois  actes,  fut  joué  à  TOpéra 
deux  ans  après;  puis  Monsigny  donna  à  la  Co- 
médie italienne,  en  1768,  Vile  sonnante,  opéra- 
comique  en  trois  actes;  en  1769,  le  Déserteur, 
drame  en  trois  actes,  où  son  talent  atteiguit  sa 
plus  haute  portée;  le  Faucon,  en  1772;  to  Belle 
Arsène  (  3  actes),  en  1775;  Ze  Rendez-vous  bien 
employé  (un  acte),  en  1776;  et  Félix  ou  V En- 
fant trouvé,  drame  en  3  actes,  en  1777.  Ce  fut 
son  dernier  ouvrage.  Toutes  les  partitions  de  ces 
opéras  ont  été  publiées  à  Paris. 

Quoiqu'il  n^eût  connu  que  des  succès,  Monsigny 
n'écrivit  plus  de  musique  après  Félix.  Il  avait 
en  manuscrit  deux^'opéras  en  un  acte  intitulés 
Pagamm  de  Monègue^  et  Philémon  et  Baucis  ; 
mais  ces  ouvrages  étaient  déjà  composés  vers 
1770.  J*ai  connu  cet  homme  respectable,  et«ie 
lui  ai  deoiandé  en  ISIO,  c'est-à-dire  trente-trois 
ans  après  la  représentation  de  son  dernier  opéra, 
s'il  n^avait  jamais  senti  le  besoin  de  composer 
depuis  cette  époque  :  Jamais,  me  dit-il  ;  deptUs 
le  jour  où  j'ai  achevé  la  partition  de  Félix, 
la  musique  a  été  comme  morte  pour  moi  :  il 
ne  m'est  plus  venu  une  tefe^.  Cependant  il  avait 
conservé  une  rare  sensibilité  jusque  dans  l'âge  le 
plus  avancé.  Choron  nous  en  fou  mit  une  preuve 
singulière  dans  Tanecdote  suivante  :  «  Il  faut  que 
«  la  sensibilité  de  ce  compositeur  ait  été  bien  vive, 
«  pour  qu'il  en  ait  autant  conservé  à  l'àgc  de 
«  quatre- vugt-deux  ans.  Dernièrement,  en  nous 
«  expliquant  la  manière  dont  il  avait  voulu  rendre 

BIOGR.   UNIV.   DES  MUSICIENS.  —  T.  VI. 


«  la  situation  de  Louise  (dans  le  Déserteiiir), 
«  quand  elle  revient  par  degrés  de  son  évanouis- 
R  sèment,  et  que  ses  paroles  étouffées  sont  con- 
«  pées  par  des  traits  d^orchestre,  il  versa  des  lar- 
«  mes,  et  tomba  lui-même  dans  Taccablement 
«  qu^il  dépeignait  de  la  manière  la  plus  exprès- 
«(  sive.  »  Cette  sensibilité  fut  son  génie,  car  il  lui 
dut  une  multitude  de  nnélodies  toudiantes  qui 
rendront  dans  tons  les  temps  ses  ouvrages  dignes 
de  Tattention  des  musiciens  intelligents.  Grimm 
a  dit  :  M,  de  Monsigny  n*ese  pas  musi' 
cien  (1).  Non,  sans  doute,  il  ne  l'est  pas  comme 
nous;  sa  pensée  h^est  pas  complexe;  la  mélodie 
l'absorbe  tout  entière.  Sa  musique  n'est  pas  une 
œuvre  de  conception  :  elle  est  toute  de  sentiment 
Monsigny  est  musicien  comme  Greuze  est  peintre. 
Il  est  original,  ne  tire  que  de  lui-même  les  chants 
par  lesquels  il  exprime  le  sens  des  paroles  et  les 
mouvements  passionnés  des  personnages;  il  y  a 
de  la  variété  dans  ses  inspirations  et  de  la  vérité 
dans  ses  accents.  Des  qualités  si  précieuses  ne 
peuvent-elles  donc  faire  oublier  rîuhabileté  de  cet 
artiste  d'instinct  dans  l'art  d'écrire?  Il  ne  man* 
quaitpas  d'un  certain  sentiment  d'harmonie,  mais 
il  ne  faut  pas  chercher  dans  sa  musique  un  mé- 
rite de  facture  qui  n'y  existe  pas,  qu'il  n'aurait 
pu  acquérir  avec  des  études  aussi  faibles  que  les 
siennes,  et  qui  d'ailleurs  ne  se  trouve  dans  les 
productions  d'aucun  musicien  français  de  son 
temps,  à  l'exception  de  Philidor. 

Monsigny,  qui  avait  échangé  depuis  plusieurs 
années  sa  position  de  maître  d'hôtel  du  duc  d'Or- 
léans pour  celle  d'administrateur  des  domaines 
de  ce  prince  et  d'inspecteur  général  des  canaux, 
avait  perdu  ces  places  à  la  Révolution,  ainsi  qu'une 
partie  de  sa  fortune.  Connaissant  l'état  de  gêne 
où  l'avaient  jeté  ces  événements,  les  comédiens 
sociétaires  de  l'Opéra-Comique  lui  accordèrent, 
en  témoignage  de  reconnaissance,  pour  les  suc- 
cès qu'il  leur  avait  procurés,  une  pension  via- 
gère de  2,400  francs,  en  1798.  Après  la  mort  de 
Piccinni,  en  1800,  il  le  remplaça  dans  les  fonctions 
d'inspecteur  de  l'enseignement  au  Conservatoire 
de  musique  :  mais  il  comprit  .bientôt  qu'il  lui 
manquait  les  qualités  nécessah'es  pour  cet  emploi, 
et  deux  ans  aprè^i  il  s'en  démit.  Successeur  de 
Grétry  à  la  quatrième  classe  de  rinstitut,en  1813, 
il  obtinten  18161a  décoration  de  la  Légion  d'hon- 
neur; mais,  parvenu  à  une  extrême  vieillesse, 
il  ne  jouit  pas  longtemps  de  ces  honneurs,  car 
il  mourut  à  Paris  le  14  janvier  1817,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-huit  ans.  On  a  sur  Monsigny  une 
notice  biographique  lue  à  la  séance  publique  de 
l'Académie  des  beaux-arts  de  l'Institut,  le  3  oc- 

(i)  Correspondanco  littéraire,  Lellre  du  !«'  déccmhre 
17«2;  tome  III,  p.  166,  édit.  de  1819. 

12 


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178 


MONSIGNY  —  MONTANOS 


tobre  1818,  par  M.  Qiiatrfimère  do  Qaincy,  et  pu- 
bliée sous  le  titre  de  Notice  historique  sur  la  vie 
et  les  ouvrages  de  Monsigny  (Paris,  Firmin 
Didot,  1818,  in-4^  de  U  pages);  une  autre  notice 
par  M.  Bédouin  (F.  ce  nom),  sous  le  litre  d*^- 
loge  de  Monsigny  (Paris,  1820,  in-8'').  Enlin, 
M.  Alexandre,  littérateur  peu  connu,  a  publié  un 
Éloge  historique  de  P.  À.  Monsigny,  couronné 
par  V Académie  d'Arras;  Arras,  1819,  in- 8**. 

MONTAG  (  Ernest),  pianiste  et  compositeur, 
néTers  1814  à  Blankenhain,  près  de  Weimar,  a 
fait  son  éducation  musicale  sous  la  direction  de 
Tœpfer  (  voy.  ce  nom),  organiste  de  Téglise  prin- 
cipale de  cette  Tille.  De  rares  dispositions  et  de 
bonnes  études  en  firent  un  artiste  distingué.  Pen- 
dant plusieurs  années  il  se  lina  à  l'enseignement 
du  piano  à  Weimar  et  8*y  fit  ente.idre  dans  des 
concerts,  ainsi  qu*à  Jena.  En  l'846  il  obtint  le  litre 
de  pianiste  de  la  cour;  mais  il  parait  s*ètre  fixé 
postérieurement  à  Rudolstadt.  Le  docteur  K. 
Stein  a  publié,  au  mois  de  mars  1842,  dans  la 
Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick,  une 
analyse  élogieuse  du  talent  de  cet  artiste,  dont  on 
a  publié  :  1^  Capriccio  pour  le  piano,  op.  i  ; 
Leipsick,  Hofmeister.  -^  2^  Trois  Lieder  sur  la 
poésie  de  H.  Heine,  à  toîx  seule  avec  accompa- 
gnement de  piano,  op.  2;  Rudolstadt,  Millier. — 
3*^  Études  pour  le  piano,  op.  3  ;  ibid.  —  4**  Mélo- 
dies sans  paroles  pour  le  piano  ;  op.  4;  ibid. 

MONTAGNANA.  (Rinaldo  DA),  musicien 
italien  du  seizième  siècle.  Il  est  Traisemblable  que 
Montagnana  est  le  npm  du  lieu  de  sa  naissance; 
soit  qu^il  ait  vu  le  jour  dans  la  ville  ainsi  appelée 
des  États  de  Venise,  soit  qu'il  ait  tiré  ce  nom  d'un 
bourg  du  duché  de  Modène.  lïtna/elo  n'est  qu'un 
prénom.  L'artiste  dont  il  s*agit était  de  noble  ex- 
traction puisqu'il  est  appelé  Don  Rinaldo  au  seul 
ouvrage  par  lequel  il  est  connu  et  qui ,  a  pour 
titre  :  Délie  Canzone  di  Don  Rinaldo  da  Mon- 
tagnana  con  alcuni  madrigali  ariosi  a  quat- 
tro  voci  libro  primo,  aggiuniovi  anchora  una 
canzon  di  fra  Daniele  Vicendno,  In  Vine- 
gia^  appresso  Girolamo  Scotto,  1555,  in-4°obl. 

MONTAGNAT  ( ....),  médecin,  né  h  Am- 
herieux ,  dans  le  Bugey,  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  se  rendit  jeune  à  Paris  et  y  fit 
ses  études  sous  la  direction  de  Ferrein.  Son  pre- 
mier écrit  fut  une  thèse  dans  laquelle  il  exposait 
le  système  de  oe  savant  médecin  concernant  le 
mécanisme  do  la  voix  humaine;  elle  a  pour  titre  : 
Quœstio  physiotogicoy  an  vox  Humana  a  fidi- 
hus  sonorisplectro  pneumalico  modsoriatur  ; 
Paris,  1744,  in-4<*.  On  trouve  une  analyse  de 
celte  thèse  dans  le  Journal  des  Savants,  de 
la  même  année.  Après  que  Ferrein  eut  expliqué 
lui-même  son  système  dans   les  Mémoires  de 


l'Académie  des  sciences,  il  fut  attaqué  par  dciiv 
autres  médecins  nommés  Bertin  et  Burhn. 
Montagnat  prit  avec  chaleur  la  défense  de  sod 
nuittre  dans  ces  écrits  intitulés  :  Lettre  à 
M.  l'abbé  Defontaines,  en  réponse  à  la  criU- 
que  de  M.  BurUm  du  sentiment  de  M .  Ferrein 
sur  la  formation  de  la  voix;  Paris,  174à, 
in- 12.  —  2®  Éclaircissements  en  formé  de 
lettres  à  M,  Berlin^  au  sujet  des. découvertes 
que  M.  Ferrein  a  faites  du  mécanisme  de 
la  voix  de  Vhomme;  Paris,  David,  1746,in-i2. 

MONTANARl  (GcRMiNiANo),  astronome  et 
professeur  de  mathématiques,  naquit  à  Modèoe 
en  1632.  Après  avoir  fait  ses  éludes  à  Florence^ 
il  voyagea  en  Allemagne,  où  il  fut  reçu  docteur  en 
droit,  puis  retourna  à  Florence,  et  y  exerça  la 
profession  d'avocat.  Plus  tard  il  fut  astronome 
des  Médias,  professeur  de  mathématiques  à  Bolo- 
gne, et  enfin,  en  1674,  professeur  d'astronomie  à 
Padoue.  Il  mourut  dans  cette  ville  le  13  octo- 
bre 1697.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on  trouve 
celui  qui  a  ponr  titre  :  La  Tromba  parlante; 
discono  accademim  sopragli  effetti  délia 
tromba  da  parlar  da  lontano,  con  altreconsi- 
derazioni  sopra  la  natura  del  suono  e  deïï 
écho  ;  Guastalla ,  1678,  in-4''  {Voyez  MoauiiP.) 

MO\TAi\ARl  (François),  violoniste  dis- 
tingué, naquit  à  Padoue  vers  la  fin  du  dix -sep- 
tième siècle.  En  1717  il  se  fixa  à  Rome  et  fut  al- 
taché  à  la  basilique  de  Saint-Pierre  du  Vatican,  en 
qualité  de  premier  violon  solo.  Ilmoorut  enl730. 
On  a  publié  à  Bologne  de  sa  composition  douze 
sonates  pour  violon ,  qui  ont  été  réimprimées  à 
Amsterdam',  et  qu'on  a  arrangées  pour  la  flûte. 

MONTANELLO  (  BàRTOLOMEO  ) ,  pseudo- 
nyme. Voyez  CALVI  (Girolamo). 

MONTANOS  (François  DE),  musicien  4!S- 
pagnol ,  né  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  eut  une  charge  ecclésUtsUque  à  l'église  de 
Valtadolid.  On  a  de  lui  un  traité  de  plain-cliant 
intitulé  :  Artê  de  canto  Uano;  Salamanque, 
I6é0,  in-4''.  Il  a  été  publié  nne  deuxième  édition 
de  cet  ouvrage,  avec  des  augmentations  par 
D.  Joseph  de  Terres  ;  Madrid,  1728,  in-4'*.  U 
troisième  édition  a  pour  titre  :  Arte  de  canio 
llano ,  con  enionaciones  comunes  dé  coro,  y 
altar,  yotras  cosas  diversas,  como  se  vera 
en  la  tabla,  composta  por  Francisco  de  Mon- 
tanos,  y  corregido  y  emendado  por  Sébastian 
Lopes  de  Velasco,  capellan  de  Su  Mt^festad, 
y  maestro  de  su  real  capella  de  la  Descalsas: 
en  Zaragoza  (Saragosse),  en  la  imprenta  de 
Francisco  MorenOy  anno  1756,  în-4'  de  166 
pages.  On  a  aussi  de  Monlanos  un  traité  général 
de  la  musique  intitulé  :  Arte  de  Musicatheorica 
y  pratica  ;  Valladolid,  1592,  in-4^ 


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MONTANUS  —  M(MTÉCLAIR 


179 


MONTANUS  (IRENEUS).  On  a  mos  ce  pseu- 
donyme un  traité  curieux  des  cloches,  de 
leur  origine,  de  leur  composition  métallique, 
de  leur  asage  et  de  l'abus  qu'on  en  fait ,  sous 
ce  titre  :  Bistoriéche  riachrichi  von  den 
Glocken,  oder  allerhand  curieuse  Anmer' 
kungen  von  Ursprung,  Mateiie,  Nutzen,  Ge- 
brauch  und  Missbrauch  der  Glocken;  Chem- 
nitz,  1728,  in-8^  de  136  pages.  Suivant  une 
notice  de  Pœlcliau,  qui  se  trouve  dans  le  cata- 
logue manuscrit  de  la  Bibliotlièque  royale  de 
Berlin,  Pauteur  véritable  de  cette  dissertation 
serait  Jean  Godefroid  Ifauck,  carillonneur 
de-Téglise  de  Saint-Pierre  à  FreybeVg.  Il  cite, 
comme  source  de  ce  renseignement,  le  livre  de 
Martin  Grulich  intitulé  -,  HUiorisch  Sabbath, 
oder  Betrachtung  der  Wege  Gotfs  (Le  Sabbat 
historique,  ou  Contemplation  de  la  Voie  de  Dieu, 
p.  338);  Leipsick,  1753, in -4°. 

MONTBUISSON  (Victor  DE),  luthiste 
du  seizième  siècle,  naquit  à  Avignon.  On  trouve 
quelques  pièces  de  luth  de  sa  composition  dans 
le  Thésaurus  harmonicus  de  Besard. 

MONTDORGE  (Antoine  GAUTHIER  DE), 
né  à  Lyon  vers  la  fin  du  dix- septième  siècle,  y 
fut  matlre  de  la  chambre  aux  deniers  du  roi.  II 
est  mort  à  Paris  le  24  octobre  1768.  On  a  de  lui 
un  petit  ouvrage  intitulé  Réflexions  d^unpeintre 
sur  Popéraj  Paris,  174i,in-12. 

MONTECLAIR  (Michel  PIGNOLET  DE), 
né  en  1666 ,  à  Chaumonten  Bassigny,  d'une  fa<* 
mille  noble,  mais  pauvre,  entra  fort  jeune  comme 
enfant  de  chœur  à  la  catfiérale  de  Langres,  où 
il  fit  ses  études  sous  la  direction  de  Jean-Bap- 
tiste Moreau ,  qui  y  était  alors  maître  de  musi- 
que. Après  avoir  été  attaché  à  diverses  églises  de 
province,  il  entra  an  service  du  prince  de  Vandé- 
mont  et  le  suivit  en  Italie,  comme  maître  de  sa 
musique.  Il  est  vraisemblable  que  son  séjour  à 
Rome,  avec  ce  seigneur,  fut  favorable  à  se^  pro- 
grès dans  l'art.  De  retour  à  Paris  vers  1700,  il 
eebra  à  l'Opéra  en  1707,  en  qualité  de  basse  de 
rorchestre  d'accompagnement  qu'on  appelait  le 
petit  chœur.  Il  fut  le  premier  qui  y  joua  la  seule 
contrebasse  qu'on  trouvait  dans  l'orchestre  de 
ce  théâtre,  et  qui  succéda  à  l'usage  du  violone , 
ou  grande  viole  à'  sept  cordes.  Mis  à  ia  pension 
le  ter  juillet  1737,  il  ne  jouit  pas  longtemps  du 
repos  acquis  par  ses  longs  travaux,  car  il  mourut 
au  mois  de  septembre  suivant  dans  sa  maison 
de  campagne,  près  de  Saint-Denis,  à  l'âge  de 
soixante  et  onze  ans.Montéclaîr  a  fait  représenter 
â  l'Opéra  Les  Fêtes  de  l'été ,  ballet-opéra,  en 
1716 ,  «t  Jephté,  grand  opéra  en  3  actes ,  en 
1732.  Le  chœur  de  ce  dernier  ouvrage ,  Tout 
tremble  devant  le  Seigneur ^  a  eu  longtemps  de 


la  réputation  en  France.  On  a  aussi  du  même 
artiste  :  i""  Cantates  â  voix  seule  et  basse  conti- 
nue, ICT,  2«  et  3«  livres  ;  Paris,  1720.  —  T  Six 
concerts  (duos)  à  2  flûtes  ;  ibid.  —  3^  Six  con- 
certs pour  flûle  et  basse  ;  ibid.  -^  4*^  Quatre  re 
eneils  de  menuets  anciens  et  nouveaux  qui  se 
dansent  aux  bals  de  l'Opéra,  contenant  77  menuets 
de  Plessis  ( l^r  violon  de  l'Opéra) ,  Montéclair, 
Lardeau , Lemaire  et  Matthieu;  ibid.,  1728.  — 
5**  Six  trios  en  sonates  pour  deux  violons  et  basse  ; 
ihid.  — 6^  Premier  recueil  debrunettes  pour 
la  flûte  traversière  et  le  violon.  Ses  motets  sont 
restés  en  manuscrit  :  on  en  trouve  deux  à  la  Biblio- 
tlièque impériale  à  Paris  (in-4%  V,  276).  Il  a 
aussi  laissé  une  messe  de  Requiem  qui  a  été 
chantée  à  l'église  Saint-Sulpice,  à  Paris,  en  1736. 

Le  premier  ouvrage  qui  fit  connaître  Montéclair 
est  intitulé  :  Méthode  pour  apprendre  la  musi- 
que, avec  plusieurs  leçons  à  une  et  deux  voix 
divisées  en  quatre  classes;Pwn9,\7O0y  ln-4°.  Une 
deuxième  édition  de  cet  abrégé  a  paru  à  Paris  en 
1737.  L'auteur  le  refondit  en  entier  dans  un  autre 
ouvrage  plus  considérable  intitulé  :  Nouvelle 
méthode  pour  apprendre  la  musique  par  êtes 
démonstrations  faciles,  suivies  d*un  grand 
nombre  de  leçons  à  \  et  1  voix,  avec  des 
tables  qui  facilitent  Phabitude  des  transpo- 
sitions, dédiée  à  M.  Couperin;  Paris,  1709, 
in-folio  de  64  pages.  Une  deuxième  édition 
gravée  du  livre  ainsi  refait  a  paru  en  1736,  à 
Paris.  Cette  Nouvelle  Méthode  est  un  bon  ou- 
vrage pour  le  temps  où  il  a  été  écrit.  Montéclair 
s'y  montre  très-supérieur^aux  musiciens  français 
qui  écrivaient  alors  des  traités  élémentaires  de 
leur  art.  Sans  s*écarter  de  renseignement  ordi- 
naire, il  y  introduit  des  procédés  ingénieux  qui  ont 
souvent  été  imités  plus  tard.  Personne  n'a  mieux 
traité  de  la  transposition,  et  n'en  a  rendu  l'in- 
telligence plus  facile.  Montéclair  a  aussi  publié  : 
Méthode  pour  apprendre  à  Jouer  du  violon, 
avec  un  abrégé  des  principes  de  musique  né- 
cessaires pour  cet  instrument  ;  Paris,  1720, 
infol. ;  2' édition,  Paris,  1736. 

Malheureusement  pour  sa  mémoire, Montéclair, 
jaloux  de  la  gloire  de  Rameau,  attaqua  avec  vio- 
lence les  bases  du  système  de  la  basse  fonda- 
mentale, par  une  dissertation  anonyme  qui  pa- 
rut au  mois  de  juin  1729  dans  le  Mercure  de 
France,  sous  le  titre  de  Conférence  sur  la 
musique.  Rameau  y  fit  une  vive  réponse  intitulée  : 
Examen  de  la  Conférence  sur  la  musique  :  elle 
fut  insérée  dans  le  Mercure  d'octobre  1729. 
Montéclair  répliqua  dans  le  même  journal ,  en 
1730,  et  ne  garda  plus  de  ménagements  contre 
son  adversaire,  l'accusant  même  de  plagiat. 
Une  dernière  réponse  de  Rameau,  simple  et 

12. 


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180 


MONTÉCLAIR  —  MOJSTEVERDE 


noble  à  la  fois,  qui  parut  dans  le  Mercure  de 
juhi  1730,  mil  tin  à  celte  querelle. 

MONTEIRO  (Jean  MëKDÈS)  ,  composi- 
teur, naquit  à  Ëvora ,  en  Portugal,  dans  la  se- 
conde moitié  du  seizième  siècle.  Après  avoir  fait 
ses  études  musicales  sous  la  direction  de  son 
compatriote  Manuel  Mendès,  Il  fut  maître  de 
chapelle  du  roi  d*Espagne.  La  plupart  de  ses 
compositions  consistaient  en  motets,  qo*on 
trouvait  en  manuscrits  à  la  Bibliothèque  royale 
de  Lisbonne^  à  Tépoque  où  Macliado  écrivait  sa 
Biblioiheca  LusUana. 

MOXTELLA  (Jean-Dominique),  composi- 
teur napolitain,  cité  par  Cerreto  {Délia  prattica 
mv^ca  vocale,  et  strumerUale,  lib.  3,  p.  166), 
vivailàNaplesen  1601.  Il  était  lutliiste  excellent. 

MONTESANO-DA-MA.1DA  (Don  Al- 
phonse ) ,  gentilhomme  espagnol  attaché  au  ser- 
vice du  vice-roi  deNaples,  au  commencement 
du  dix-septième  siècle,  cultivait  la  musique  avec 
succès,  et  a  fait  imprimer  de  sa  composition  : 
MadrigaU  a  cirique  voci ,  libro  primo  ;  Na- 
poli,  par  Octavio  Beltrani,  1632,  in-4**. 

MONTESARDO  (Jérôme),  guiUriste  du 
commencement  du  dix -septième  siècle ,  naquit 
à  Florence  et  vécut  dans  cette  ville.  11  a  fait 
imprimer  un  traité  de  la  tablature  de  la  guitare, 
par  des  signes  particuliers  de  son  invention,  sous 
ce  titre  :  nuova  inveiizione  d'intavolatura  per 
sonore  i  balletti  sopra  la  chitarra  spagnuola, 
senza  numeri  e  note;  Florence,  1606,  in-4^ 

MONTE VENUTl  (Charles), né  à  Faénza, 
dans  les  dernières  années  du  dix-septième  siècle, 
fut  élu  membre  de  l'Académie  des  philharmoniques 
de  Bologne,  en  1721,  et  devint  mattre  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Rovigo ,  en  1727.  il  mourut 
dans  cette  ville  en  1737.  On  a  imprimé  de  sa 
composition,  à  Bologne  :  Sonate  da  Chdesa  a 
più  strumewti.  Une  antre  édition  de  ces  sonates  a 
été  publiée  à  Amsterdam,  cliez  Roger  (sans  date) . 

MONTE VERDE  (  Cladds),  compositeur 
illustre,  naquit  à  Crémone  en  1568,  suivant  Arisi 
(  Cremona  litterata,  t.  III  ),  qui  dit  que  ce 
grand  artiste  était  &gé  de  soixante^iuinze  ans 
lorsqu'il  mourut,  en  1643.  Cette  date  de  1568  est 
aussi  adoptée  par  M.  Fr.  Cafli,  dans  la  notice  de 
Monteverde  insérée  au  premier  volume  de  sa 
Storia  delta  musica  sacra  nella  già  cappella 
ducale  diSan-Marco  in  Venezia(  page  215). 
Dans  la  première  édition  de  la  Biographie  uni- 
venelle  des  Musiciens^  j'ai  exprimé  des  doutes 
sur  l'époque  précise  de  la  naissance  de  Monte- 
verde, parce  que  Gerber  parle,  dans  son  Nouveau 
Lexique  des  Musiciens,  d'un  Recueil  de  Canzo» 
Tiette  à  trois  voix  de  ce  musicien  célèbre,  im- 
primé à  Venise  en  1584;  depuis  lors,  j'ai  vu  cet 


>;c  ^ 


œuvre  à  la  Bibliothèque  royale  de  Munich  :  il  est 
en  effet  imprimé  à  Venise  en  1584,  cliez  Jacques 
Vincent!  et  Richard  Amadino  (1).  Il  n'y  a  donc 
plus  de  doute  possible  :  Monteverde  n'était  ftgé 
que  de  seize  ans  lorsqu'il  mit  au  jour  ce  premier 
produit  de  son  talent.  Cinquante-huit  ans  après 
cette  époque,  il  écrivait  encore  pour  la  scène ,  et 
donnait  au  thé&tre  Saint-Jean  et  Saint-Paul  de 
Venise  (  1642  )  son  Incaronazione  di  Poppea, 

Fils  de  pauvres  parenU,  Monteverde  parait 
avoir  appris  lam'nsiqne  dès  ses  premières  années,  \i.l4iv 
car  il  était  fort  jeune  lorsque  son  talent  sur  la  i^^j 
viole  le  fit  entrer  au  service  du  duc  de  Mantoue  ;  i 
mais  bientôt  son  génie  se  révéla  et  lui  fit  oom-  j  ^' 
prendre  qu'il  n'était  pas  né  pour  être  un  simple 
exécntant,  et  qu'il  était  appelé  k  de  pins  hantes 
destinées.  Marc- Antoine  Ingegneri,  maître  de 
chapelle  du  duc,  lui  enseigna  le  contrepoint; 
mais  à  l'examen  de  ses  ouvrages,  il  est  facile  de 
voir  que  son  ardente  imagination  ne  Ini  laissa 
pas  le  loisir  d'étudier  avec  attention  le  méca- 
nisme de  l'art  d'écrire,  car  les  incorrections  de 
toute  espèce  abondent  dans  ses  ouvrages  ;  heu- 
reusement elles  sont  rachetées  par  de  si  belles  in- 
ventions, que  ces  défauts  se  font  oublier.  Monte- 
verde parait  avoir  succédé  à  son  maître  dans  la 
direction  de  la  musique  du  duc  de  Mantoue;  car 
on  voit  par  le  frontispice  du  cinquième  livre  de  ses 
madrigaux,  imprimé  à  Venise  en  1604,  pour  la  pre- 
mière fois,  qu'il  avait  alors  le  titre  de  maître  declia- 
pelle  de  ce  prince.  Le  19  août  1613  il  succéda  à 
Jules-César  Martinengo,  dans  la  place  de  mattre 
de  cliapelle  de  Saint-Marc  de  Venise,  et  garda  cet 
emploi  jusqu'à  sa  mort.  On  voit  dans  le  livre 
intitulé  :  Le  Glorie  delta  poesia  e  delta  musica 
contenute  delV  esaita  noUzia  de*  teatri  délia 
città  di  Venezia,  qu'il  écrivit  en  1630  l'opéra 
intitulé  Proserpina  rapita  :  il  devait  être  alors 
âgé  de  plus  de  soixante  ans. 

Arisi  (  toc,  cit.  )  dit  que  Monteverde  entra 
dans  l'état  ecclésiastique  après  la  mort  de  sa 
femme,  dont  il  n*indique  pas  la  date.  La  source 
où  il  a  puisé  ce  renseignement  est  un  éloge  du 
grand  artiste,  fort  mal  écrit  et  rempli  de  niaise- 
ries, par  Matteo  Caburloiio ,  curé  de  l'église 
San  -  Tommaso  de  Venise;  cet  éloge  se  trouve 
en  tête  d'un  recueil  de  poésies  à  la  louange  de  ce 
mat  Ire  qui  fut  pubi  ié  immédiatement  après  sa  mort, 
et  qui  est  intitulé  Fiori  poetici.  Au  surplus,  le  fait 
dont  il  s'agit  n'est  pas  douteux,  cart  Monteverde 
eut  deux  fils  :  l'abié  (  François),  prêtre  comme 

(i)  J'ignore  sar  quelle  autorité  H.  Caffi  fait  remonter  à 
1592  les  premières  compositions  de  Monteverde.  dont  U 
n'indique  pas  le  titre. 


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MONTEVERDE 


181 


soD  père,  et  chanteur  habile^  entra  comme  ténor 
à  ia  chapelle  de  Saint-Marc,  le  1*''  juillet  1623  ; 
Tautre  (Maximilien)  exerça  la  médecine  à 
Venise.  Le  décret  de  l'élection  de  Monteverde  en 
qiialUé  de  premier  maître  de  la  chapelle  ducale 
de  Saint-Marc  est  rempli  de  témoignages  de  la 
plus  haute  considération.  Les  procurateurs  de 
cette  cathédrale  lui  accordèrenf,  de  leur  propre 
mouvement,  50  ducats  comme  indemnité  de  ses 
dé|)eDses  de  voyage  de  Mantoue  à  Venise  ;  le  trai- 
tement de  ses  prédécesseurs  était  de  200  ducats  : 
Je  sien  fut  porté  immédiatement  à  trois  cents, 
et  le  24  août  1616,  Il  fut  élevé  k  400  ducats, 
outre  plusieurs  gratifications  de  cent  ducats 
quMl  reçut  à  diverses  époques.  Enfin,  par  une 
exception,  qni  ne  fut  faite  que  pour  lui,  on  lui 
donna  pour  habitation  une  maison  située  dans 
l'enclos  canonial,  et  qui  fut  restaurée  et  ornée 
convenablement  pour  son  usage.  Monteverde  se 
montra  digne  des  honneurs  qu*on  loi  rendait  et 
des  avantages  qui  Ini  étaient  faits  par  la  bonne 
organisation  qu'il  donna  à  la  chapelle  ducale,  et 
par  la  perfection  relative  d'exécution  quMI  y  in- 
troduisit. La  gloire  que  Monteverde  avait  ac- 
quise par  ses  ouvrages  était  si  grande,  quMl  n'y 
avait  pas  de  solennité  soit  à  Venise ,  soit  dans 
les  cours  et  les  villes  étrangères,  où  il  ne  fût  ap- 
pelé pour  y  produire  quelque  composition  nou- 
velle. C*est  ainsi  qu'en  1617  il  fut  demandé  par 
le  duc  de  Parme  pour  écrire  la  musique  de  qaatre 
intermèdes  sur  le  sujet  des  amours  de  Diane  et 
d'Endymion  ;  qu'en  1621  il  composa  une  messe 
de  Requiem  et  un  De  profundis  pour  les  ob- 
sèques du  duc  de  Toscane  Gosme  de  Médicis  II  ; 
qu'en  1627  la  cour  de  Parme  rappela  de  nou- 
veau pour  écrire  cinq  intermèdes  sur  les  sujets 
de  Bradamctnle  et  de  Didon  ;  enfin,  qu'en  1629 
la  ville  deRovigo,  pour  fêter  la  naissance  d'un  fils 
de  son  goiiTemeur,  Vito  Morosini,  lui  demanda 
la  faveur  d«  composer  la  musique  d'une  cantate 
intitulée  II  Rosajo  fiorito,  qui  fut  exécutée  à 
l'Académie  di  Concordé  scienUftco-Uiteraria, 

Monteverde  avait  été  appelé  à  la  position  de 
mattre  de  chapelle  de  la  cour  de  Mantoue  en 
1603;  car  on  a  vu  précédemment  qu'il  passa  de 
cette  place  à  celle  de  mattre  de  la  chapelle  ducale 
de  Saint-Marc  au  mois  d*août  1613  ;  il  dit  dans 
la  dédicace  dn  septième  livre  de  ses  Madrigaux 
à  la  duchesse  de  Mantouo,  Catherine  de  Médicis 
Gonzague,  sous  la  date  du  13  décembre  1619  : 
Ces  compositions ,  telles  qu'elles  sont,  seront 
un  témoignage  public  et  authentique  démon 
affection  dévouée  à  la  sérénissime  maison  de 
Gonzague,  que  j'ai  servie  avec  fidélité  pen- 
dant dix  ans  (l).  Il  parait  qu'il  lit  un  voyage  à 

(1)  Questi  mUi  componimenti  ^  quali  fi  iieno  ,/aranno 


Rome,  qu'il  y  séjourna  quelque  temps,  et  qu'il  y 
fut  présenté  au  pape,  non  Pie  V,  comme  le  dit 
M.  Caffi,  car  ce  souverain  pontife  mourut  en  1572, 
mais  gémeniyiLI,  qui  gonverna  l'Église  depuis 
le  30  janvier  1592  jusqu'au  5  mars  1605.  Ce 
voyage,  entrepris  à  l'occasion  des  chagrins  que 
donnèrent  à  l'illustre  compositeur  les  critiques 
amères  de  ses  ennemis,  à  la  tête  desquels  s'é- 
taient mis  Artusi  de  Bologne,  et  Jérôme  Mei  de 
Florence,  a  dû  se  faire  entre  les  années  1600  et 
1603.  L'éclat  des  succès  de  Monteverde  à  la  cour 
de  Mantoue  dans  VAriane  de  Rinuccini,  et  dans* 
VOrfeo  du  même  poète ,  qu'il   mit  en  musique, 
ainsi  que  dans  le  ballet  délie  Ingrate,  imposa 
silence  à  ses  détracteurs  ;  enfin,  après  son  entrée 
si  honorable  dans  la  chapelle  de  Saint-Marc  de 
Venise,  il  n'y  eut  plus  pour  Ini  que  de  l'admi- 
ration. Bologne  même,  d'où  étaient  venues  les 
plus  rudes  attaqoes  contre  ses  ouvrages  dans  ia 
première  année  du  dix-septième  siècle,  voulut 
les  lui  faire  oublier  vingt  ans  après,  lorsqu'il  se 
rendit  en  cette  ville  sur  l'invitation   qu'il  avait 
reçue.  Un  cortège  des  habitants  les  pins  distin- 
gués et  des  artistes  les  plus  renommés  le  reçut 
à  son  arrivée  et  l'accompagna  à  San- Michèle  in 
Bosco f  ou  des  harangues  furent  prononcées  à  son 
honneur  et  suivies  de  musique  ;  enfin,  pour  que 
rien  ne  manquât  aux  témoignages  de  respect  pro- 
digués au  grand  artiste,  VÀcademia  Floridains- 
crivit  solennellement  son  nom  parmi  ceux  de  ses 
I  membres,  le  1 1  juin  (  1^20  ). 
I      En  1630,  Monteverde  écrivit  la  musique  d'une 
,  nouvelle  action  dramatique  de  Jules  Strozzi,  in- 
*  titnlée  Proserpina  rapita,  pour  les  noces  de  la 
I  fille  du  sénateur  Mocenigo  avec  Lorenzo  Gius- 
!  tiniani.  L'effet  de  cette  représentation  surpassa 
I  tout  ce  qu'on  avait  entendu  jusqu'alors,  et  les 
'  chants,  les  chœurs,  les  danses  et  l'instrumenta- 
tion de  cet  ouvrage  firent  naître  le  plus  vif  en- 
I  tliousiasme.  Jusqu'à  cette  époque,  les  représen- 
tations théâtrales  en  musique  avaient  été  réser- 
vées pour  les  palais  des  princes  et  des  grands  : 
en  1637,  les  poètes  et  musiciens  Ferrari  et 
ManelU  conçurent  le  projet  d'ouvrir  à  Venise  4e 
premier  théâtre    public   d'opéra   (  voy,  leurs 
noms  )  ;  Monteverde  avait  été  leur  modèle  pour 
ce  genre  de  spectacle  :  lui-même,  en  dépit  de  son 
âge  avancé,  comprit  bientôt  que  celte  voie  était 
la  véritable  ponr  les  progrès  de  l'art,  ainsi  que 
pour  la  gloire  de  l'artiste,  et  que  le  moment  était 
venu  d'abandonner  les  succès  de   palais  pour 
ceux  du  grand  public.  Son  opéra  VAdone,  joué 
au  théâtre  Saint-Jean  et  SainlrPanl  en   16M, 

pubblico  ed  mitentieo  testimonio  del  tnio  divoto  (tf/etiç 
verso  la  Ser.  eaia  Coniaça,  da  me  scrvita  eon  ogni 
fedeltà  per  dectne  cToiini. 


V 


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182 


MONTEVERDE 


occupa  la  scène  pendant  Tautomne  de  cette 
année  et  le  carnaval  de  1640.  Immédiatement 
après,  rourerlure  du  théâtre  San'Mosé  se  fit 
avec  son  Ariana.  En  1641  il  fit  représenter  le 
Nozze  (PEnea  con  Lavinia,  et  dans  la  même 
année  il  donna  II  Ritomo  d' Ulisse  in  patria. 
Enfin,  en  1642,  il  termina  sa  glorieuse  carrière 
par  Vlneoranazione  di  Poppea.  Ce  fut  le 
chant  du  cygne,  car  l'illnstre  nnaltre  mourut  dans 
les  premiers  mois  de  1643.  Des  obsèques  magni- 
fiques lui  furent  faites  par  la  chapelle  ducale  de 
Saint-Marc.  Sa  perte  fut  un  deuil  pour  la  ville 
de  Venise,  et  tous  les  arlistes  de  l'Italie  expri- 
mèrent des  regrets  honorables  pour  la  mémoire 
de  ce  grand  homme. 

Dans  les  deux  premiers  livres  de  ses  Madri- 
gaux, Monteverde  ne  montra  la  hardiesse  de  son 
imagination  que  par  les  nombreuses  irrégula- 
rités du  mouvenoent  des  voix  et  de  la  résolution 
des  dissonances  de  prolongations.  A  vrai  dire,  on 
y  remarque  plus  de  négligences  que  de  traits  de 
génie  ;  il  est  évident  que  ce  grand  artiste  éprou- 
vait un  certain  embarras  dans  le  placement  des 
parties  de  son  harmonie,  car  on  y  voit  à  chaque 
instant  toutes  ces  parties  monter  ou  descendre 
ensemble  par  un  mouvement  semblable,  et  pro- 
duire des  successions  dont  l'aspect  est  aussi  peu 
éli^gant  que  l'effet  est  peu  agréable  k  Toreille. 
Rendous  grâce  pourtant  à  cette  sorte  d'inhabileté 
du  compositeur  dans  ses  premiers  travaux,  car 
elle  fut  sans  doute  la  source  de  l'audace  qu'il 
mit  dans  Texploration  d'une  harmonie  et  d'une 
tonalité  nouvelles,  devenues  les  bases  de  la  mu- 
sique moderne.  Le  génie  du  maître  se  manifesta 
d'une  manière  plus  large  et  plus  nette  dans  le 
troisième  livre  de  ses  Madrigaux  à  cinq  voix , 
publié  en  1598.  Il  parait  hors  de  doute  que  les 
idées  de  Gàlilei,  de  Corsi ,  de  Péri  et  de  quelques 
antres  musiciens  distingués  de  Florence,  qui 
vivaient  vers  la  fin  du  seizième  siècle,  concer- 
nant la  nécessité  d'exprimer  par  la  musique  le 
sens  des  paroles,  au  lieu  d'en  faire,  comme  la 
plupart  des  anciens  maîtres,  le  prétexte  de  con- 
trepoints bien  écrits,  mais  dépourvus  d'expres- 
sion, il  paraît,  dis-je,  que  ces  idées  avaient  fixé 
l'attention  de  Monteverde  et  lui  avaient  révélé  la 
portée  de  son  génie  ;  car,  à  l'exoepUon  de  négli- 
gences harmoniques,  on  ne  retrouve  presque  rien 
de  l'auteur  des  deux  premiers  livres  de  Madri- 
gaux à  cinq  voix  dans  celui  du  troisième.  Le 
P.  Martini  a  rapporté  dans  son  Bsemplare  di 
confrappurUo/ugalo  (  t.  Il,  p.  160  et  suiv.  )  le 
madrigal  Stracciami  pur  il  core,  extrait  de  ce 
livre  :  on  le  trouve  aussi  dans  le  troisième  vo- 
lume des  Principes  de  composition  des  écoles 
d'Italie,  publiés  par  Choron,  et  dans  le  troi- 


sième volume  de  l'Histoire  de  la  musique  de 
Bumey  (  p.  237  ).  C'est  vraiment  une  intéres- 
sante conception  que  celle  de  ce  morceau,  sous  le 
rapport  historique.  Sonrhythme  a  plus  de  mou- 
vement ;  sa  prosodie  est  meilleure  que  ce  qu'on 
trouve  dans  les  ouvrages  de  la*  plupart  dea  pré- 
décesseurs de  Monteverde  ;  la  cadence  tonale, 
si  rare  chez  les  maîtres  dn  seizième  siècle,  se 
fait  sentir  à  cliaque  instant  dans  ce  moroean  : 
mais  ce  qui  le  rend  surtout  digne  d'attention,  ce 
sont  les  nouveautés  harmoniques  qui  9*y  trouvent 
en  abondance.  Monteverde  n'y  attaque  point  en- 
core les  dissonances  naturelles  sans  préparation, 
mais  il  y  fait  entendre  la  prolongation  de  nen- 
vième  avec  l'harmonie  de  la  sixte,  condamnée 
par  les  anciens  compositeurs,  parce  qu'elle  doit 
*se  résoudre  sur  l'octave  de  la  note  mférieure  du 
demi-ton  qu'ils  appelaient  ml,  et  que  cette  octave 
est  obligée  à  faire  un  monvementde  soccession 
qui  traliit  la  tonalité;  c'est  enfin  dans  ce  même 
morceau  que  se  trouvent  pour  la  première  fois, 
sur  les  mots  non  pu^  morir  d'amore,  les  dis- 
sonances doubles,  par  prolongation,  de  neuvième 
et  quarte,  de  neuvième,  septième  et  quarte,  de 
quarte  et  sixte  réunies  à  la  quinte  :  celle-ci  pro- 
duit un  des  effets  les  plus  désagréables  qu'on 
puisse  entendre,  car  il  en  résulte  trois  notes  si- 
multanées placées  à  la  distance  d'une  seconde 
l'une  de  l'autre.  L'audace  de  Monteverde  lui  fait 
braver  toutes  les  règles  dans  cet  ouvrage  :  c'est 
ainsi  que  dans  la  quatrième  mesure  du  madrigal 
cité  précédemment,  il  réalise  dans  la  partie  du 
ténor  une  dissonance  de  passage  pour  en  faire 
une  prolongation  ;  c'est  encore  ainsi  qu'en  plu- 
sieurs endroits  il  donne  à  des  notes  placées  à  des 
intervalles  de  seconde  le  caractère  de  neuvièmes 
par  prolongation. 

Si  Monteverde  n'attaquait  point  encore  sans 
préparation  les  dissonances  naturelles  de  la  do- 
minante, lorsqu'il  écrivit  son  troisième  livre  de 
Madrigaux  à  cinq  voix,  il  y  déterminait  néan- 
moins le  caractère  de  la  tonalité  moderne  par  le 
fréquent  usage  du  rapport  harmonique  du  qua- 
trième degré  avec  le  septième,  et  par  là  il  cons- 
tituait celle-ci  en  véritable  note  sensible  qni  trou- 
vait toujours  sa  résolution  sur  la  tonique.  Or,  ce 
sont  précisément  ces  rapports  du  quatrième  de- 
gré et  de  la  note  sensible,  et  ces  appellations  de 
cadences  qui  distinguent  la  tonalité  moderne  de 
celle  du  plain  chant,  où  il  n'y  a  jamais  d'autres  ré- 
solutions nécessaires  que  celles  des  dissonances 
facultatives  produites  par  les  prolongations  (1). 
(1)  Pour  comprendre  ce  que  Je  dis  M  conceraant  tes 
différences  de  la  touallté  des  madrigaux  composés  par 
ies  anciens  maîtres,  et  celle  des  pièces  du  même  genre 
contenues  dans  le  troisième  UTre  de  Monteverde,  il  suffit 
de  comparer  le  beau  madrigal  de  Palestrina  ^éUa  riva. 


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MOINTEVERDE 


18S 


Dans  son  cinquième  livre  de  Madrigaux  à  dnq 
voix^Monteverde  donna  le  dernier  essor  à  ses 
hardiesses  en  attaquant  sans  préparation  la  sep- 
tième et  la  neuvième  de  la  dominante,  le  triton, 
la  quinte  mineure  et  sixte,  et  la  septième  dimi- 
nuée. Par  là  il  acheva  complètement  la  transfor- 
mation de  la  tonalité,  créa  Taccent  expressif  et 
dramatique  ainsi  qu'un  nouveau  système  d'har- 
monie. ]L  trouva  même  dès  le  premier  pas  et  Thar- 
roonie  naturelle  de  la  dominante ,  et  le  principe 
de  la  substitution  ;  car  on  sait  que  la  neuvième 
de  la  dominante  et  la  septième  diminuée  ne  sont 
pas  autre  chose  que  des  substitutions.  On  peut 
voir  dans  VEsemplare  du  P.  Martini,  et  dans 
les  Principes  de  composition  des  écoles  d'I» 
talie,  compilés  par  Cboron,  toutes  ces  nouveau- 
tés réunies  dans  le  madrigal    Cruda  Amarilli. 

Deux  ans  après  la  publication  du  troisième 
livre  de  Madrigaux  de  Monteverde,  Àrtusi  (  toy. 
ce  nom  ),  clianoine  régulier  de  Saint-Sauveur  à 
Bologne,  se  fit  Torgane  de  Tindignation  des  mu- 
siciens contre  les  nouveautés  de  cet  ouvrage,  et 
publia  à  ce  sujet  le  Jivre  intilulé  V Artusi,  ovvero 
délie  imperfezzioni  délia  modema  musica 
(  Bologne,  1600  ).  On  ne  peut  nier  que  ce  savant 
musicien  u^eût  pour  lui  la  raison  dans  ses  at- 
taques contre  les  nombreuses  imperfections  qui 
déparent  cette  importante  production  ;  mais  sa 
critique  des  découvertes  harmoniques  de  Monte- 
verde prouve  qu'il  n'en  avait  compris  ni  les  avan- 
tages  ni  le  but.  Au  reste,  Monteverde  lui-même 
ne  parait  pas  avoir  aperçu  la  portée  de  ses  inven- 
tions ;  car  dans  Tépltre  au  lecteur  qu'il  a  placée 
en  tète  de  son  cinquième  livre  de  madrigaux,  pour 
sa  défense,  et  qui  a  été  reproduite  par  son  frère 
(Jules-César  Monteverde)  au  commencement  des 
Scherzi  musicali  a  tre  voci  (Venise,  1607),  il 
n'aborde  ftas  la  grande  question  des  tran forma- 
tions de  rharmonie  et  de  la  tonalité,  et  ne  se  doute 
pas  de  l'importance  de  ce  qu'il  a  fait.  Monteverde 
avait  été  dirigé  è  son  insu  par  son  génie  dans 
toutes  ces  innovations^  et  sans  aucune  direc- 
tion philosophique.  Ce  qui  n'est  pas  moins  cu- 
rieux, c'est  que  ces  transformations  ne  furent 
aperçues  que  longtemps  après.  II  n'est  pas  inutile 
de  remarquer,  pour  l'explication  de  ce  fait  sin- 
gulier, que  les  musiciens  n'étaient  pas  encore 
arrivés ,  à  cette  époque ,  à  la  considération  de 
l'harmonie  par  accords  isolés,  quoique  longtemps' 
auparavant  Zarlino  eût  entrevu  le  mécanisme  du 
renversement  des  intervalles.  (Voy.  Zarlino./ 

Plusieurs  critiques  ont  essayé  de  contester  la 
réalité  des  innovations  harmoniques  de  Monte- 

del  Ttbro  «tcc  celui  du  maître  de  Crémone  Straeciami 
pure  il  cmty  dans  le^  ouvrages  cités  de  Martini  et  de 
Choron. 


verde»  et  de  l'origine  de  la  tonalité  moderne  que 
je  lui  ai  attribuée.  Je  crois  avoir  mis  au  néant  ces 
objections  dans  mon  Traité  complet  de  Vhar- 
monte.  On  avait  prétendu  que  les  maîtres  de 
l'école  romaine  antérieure  avaient  fait  usage  de 
ces  harmonies  longtemps  avant  lui  :  j'ai  fait  voir, 
par  l'analyse  de  morceaux  entiers  de  Palestrina, 
qui  avait  été  cité  en  particulier,  que  l'harmonie 
et  la  tonalité,  dans  les  œuvres  de  ce  grand  maître, 
n'ont  aucun  rapport  avec  les  hardiesses  de  l'iU 
lustre  auteur  d'Or/eo  et  à'Ariana.  Je  défie  en 
effet  qui  que  ce  soit  de  trouver  dans  toute  la 
musique  religieuse  ou  mondaine  du  seizième  siè« 
cle,  un  seul  exemple  de  ces  harmonies  de  neu- 
vième et  de  septième  de  la  dominante  qu'on  ren- 
contre dans  ce  passage  du  madrigal  de  Monteverde 
Cruda  Amarilli  : 


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184 


MOÎNTEVERDE 


Et  dans  cet  autre   passage  rliythmique  de 
VOrfeo  :  j 


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Qui  le      na-pee        Te»- 


^ 


Qui  le     na-pee  tcx  • 


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*     ■ 


Si  les  critiqaes  qui  ont  cru  pouvoir  attaquer 
les  ▼érités  fondamentales  par  lesquelles  j*ai  dis- 
sipé les  ténèbres  de  Tiilstoire  de  la  musique  mo- 
derne avaient  connu  le  livre  d'Artusi ,  princi- 
pal adversaire  de  Monteyerde  et  son  contempo- 
rain, ils  y  auraient  lu  ces  paroles  décisives  dans 
la  question  dont  il  s'agit  :  Nos  aticiens  n'ensei* 
gnèrerU  jamais  que  les  septièmes  se  dussent 
employer  d'une  manière  si  absolue  et  à  dé- 
couvert (I). 

Des  découvertes  aussi  belles  que  celles  dont* 
il  vient  d'être  parlé  sembleraient  devoir  rem- 
plît la  vie  d'un  artiste  :  néanmoins  Monteyerde 
s'est  créé  bien  d'autres  titres  à  l'admiration 
de  la*  postérité.  J'ai  dit  dans  le  Résumé  philoso- 
phique de  Vhistoiredela  musique  (pag.  ccxvm 
et  ccxix  (2)  >  et  aux  articles  de  Caccini  et  de  Ca- 
valière, quels  furent  les  commencements  du  drame 
lyrique,  dans  les  dernières  années  du  seizième 
siècle,  et  dans  les  premières  d»  suivant  :  Monte- 
Terde,  s'emparant  aussitôt  de  celte  nouveauté,  y 
porta  toutes  les  ressources  de  son  génie.  On  vient 
de  voir  qu'en  1607  il  écrivit  pour  la  cour  de 
Mantoue  son  opéra  d'Ariana.  Bien  supérieur  à 
Péri,  à  Caccini,  et  même  à  Emiliodel  Cavalière,  > 
pour  l'invention  de  la  mélodie,  il  mit  dans  cet 
ouvrage  des  traits  dont  l'expression  pathétique 
exciterait  encore  aujourd'hui  l'intérêt  des  artistes. 

fi)  Le  nostrl  recehl  non  IniegnaroDO  mal,  che  le  settline 
•Idoveuero  n»are  cotl  auolute  et  scoperte  (VjirtuH, 
9vero  delk  imperfettiùnl  de// 1  moéërna  musica,  p.  kk). 

|f)  Au  l«r  TOluroe  de  la  première  édUton  de  la  Biogra- 
phie un^cerielte  de$  Mviicielit. 


Je  citerai  comme  exemple  le  chant  à* Ariane  : 
Lasciatemi  morire,  La  basse  incorrecte  et  Tliar- 
monie  heurtée  et  bizarre  dont  le  compositeur  a 
accompagné  ce  morceau  ne  nuisent  point  au  câ> 
ractère  de  mélancolie  profonde  qu'on  y  remarque. 
Dans  son  Orfeo,  il  trouva  de  nouvelles  formes 
de  récitalM^,  inventa  le  duo  scénique,  et  «ans  au- 
cun modèle,  imagina  des  variétés  d'instrumenta- 
tion d'un  effet  aussi  neuf  que  piquant  (  voyez  au 
f  volume  de  la  f*  édition  de  la  Biographie  uni- 
terselle  des  Musiciens  le  Résumé  phUosophi" 
que,  page  ccxix).  Ses  airs  de  danse,  particulière- 
ment dans  son  ballet  délie  Ingrate,  représenté 
à  Mantoue  en  1608,  pour  les  noces  de  François  de 
Gonzagueavec  Marguerite  de  Savoie,  sont  remplis 
de  formes  trouvées  et  de  rliythmes  nouveaux  et 
variés.  C'est  lui  qui,  le  premier,  y  a  introduit  une 
modulation  de  quarte  en  quarte  et  de  quinte  en 
quinte,  qu'on  a  beaucoup  employée  depuis  lors,  et 
dont  il  avait  fait  le  premier  essai  dans  le  madrigal 
Cntda  Amarilli.  Enfin  l'i^pisode  du  combat  de 
Tancrède  et  de  dori ode,  qu'il  fit  exécuter  en  1624 
dans  la  maison  de  Jérdme  Mocenigo,  à  Venise,  lui 
fournit  l'occasion  d'inventer  les  accompagnements 
de  notes  répétées  à  tous  les  instruments  dans  un 
mouvement  plus  ou  moins  rapide  :  système  d'ins- 
trumentation conservé  par  les  compositeurs  de- 
puis cette  époque  jusqu'à  nos  jours,  et  qui  fut 
l'origine  du  trémolo,  Monteverde  rapporte,  dans 
la  préface  de  son  huitième  livre  de  madrigaux, 
qu'il  eut  beaucoup  de  peine  à  faire  exécuter  ce 
nouvel  effet  par  les  musiciens  ;  ceux  ci  s'obsti- 
nèrent d'abord  à  ne  faire  entendre  qu'une  seule 
note  par  mesure,  au  lieu  de  la  répéter  autant  de 
fois  qu'il  était  nécessaire  :  plus  tard  ils  avouèrent 
que  cette  nouveauté  était  d'un  grand  effet. 

Tel  fut  l'artiste  prédestiné  qui  contribua  plus 
qu'aucun  antre  à  la  complète  transformation  de 
la  musique ,  aiusi  qu'à  la  création  des  éléments 
de  l'art  moderne  ;  génie  fécond  dont  la  portée 
ne  fut  pas  comprise  par  ses  contemporains ,  ni 
peut-être  par  lui-même;  car  ce  qu'il  dit  de  aes 
inventions  dans  les  préfaces  de  quelques-uns  de 
ses  ouvrages  ne  prouve  pas  qu'il  ait  vu  qu'il  avait 
introduit  dans  l'harmonie  et  dans  les  résolutions 
harmoniques  un  système  nouveau  de  tonalité , 
absolument  différent  de  celui  du  plain-chant ,  et 
qu'il  avait  trouvé  le  vcritabie  élément  de  la 
modulation.  Ce  qu'il  s'attribuait,  avec  juste 
raison,  était  l'invention  du  genre  expressif  et 
animé  (  concitalo  )  ;  personne ,  en  efTet ,  ne  peut 
lui  disputer  la  création  de  cet  ordre  immense  de 
beautés  où  réside  toute  la  musique  moderne, 
mais  qui  a  conduit  à  l'anéantissement  de  la 
véritable  musique  d'église  ^  en  y  introduisant  le 
dramatique.  Il  est  remarquable  que  cette  création 


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MONTEVERDE 


185 


de  la  tonalité  moderne  et  de  tontes  ses  consé- 
quences, due  à  Monteverde,  n*a  été  aperçue 
par  aucun  historien  de  la  musique. 

Le  nombre  des  œuvres  de  Monteverde  parait 
peu  considérable  pour  un  génie  si  actif,  si  puis- 
sant, et  pour  sa  longue  carrière;  mais  j*ai 
appris  de  Monge  qu'il  avait  trouvé  dans  les  ar- 
chives de  Saint-Marc  une  grande  quantité  de 
musique  d*église  sous  le  nom  de  ce  grand  ar- 
tiste, et  qu'il  en  avait  fait  faire  des  copies  dont  la 
perte  est  d'autant  plus  regrettable ,  quMl  ne  se 
présentera  peut-être  plus  de  circonstance  favo- 
rable pour  en  obtenir  d'autres.  (  Voy.  Monge.) 
De  toute  la  musique  d'église ^e  Monteverde, 
on  n'a  publié  que  les  œuvres  suivants  :  1**  Selva 
morale  e  spirituale  nella  quale  si  trova 
Messe ,  Salmi,  Hymni,  Magnificat,  Motetti, 
Salve Regina e Lamento ,  a  1,2,3,4,  5,6, 
8  voci  con  viollni  ;  Venise,  R.  Amadino,  1623 , 
iD-4**.  Il  y  a  une  deuxième  édition  de  ce  recueil 
publiée  par  Bartliolomé  Magni,  à  Venise,  en 
1641,  in-4^  La  dernière  pièce  est  une  complainte 
de  la  Vierge  à  voix  seule  sur  le  chant  de  VA' 
rianna  du  conipositeur  (  Pianto  délia  M  adonna 
sopra  il  lamenio  de  l'Àrianna  ) —  2*  Missa 
senis  vocibus ,  ad  ecclesiarum  choros ,  et  veS' 
perx ,  plufibus  decantanda:^  cum  nonnullis 
SQcris  concentibtu,  ad  sacella,  sive  prmcipum 
cvbicula  accommodaiis.  Opéra  a  Claudio 
Monteverde  nuper  effecta,  et  sanctissimo 
Patri  Paulo  V  consecrato;  Venetiis,  apud 
Riccardum  Àmadinum ,  1610.  —  3*  Messe  a 
quatlro  voci ,  e  salmi  a  una,  due,  tre,  quat- 
tro  y  cinque,  sei ,  seite  e  otto  voci  concertate  e 
parte  a  cappella, con  le  Litanie  délia  B,  F., 
di  Claudio  Monteverde,  glà  maestro  di 
cappella  délia  Sereniss,  republica  di  Venezia, 
op.  postvBma  ;  in  Venezia  appresso  Àlessandro 
Vincenti,  16&0,in•4^  Parmi  les  œuvres  théA- 
Iralesde  Monteverde,  on  trouve  l'indication  des 
opéras  dont  les  titres  suivent:  '-^'*  Artanna^ 
opéra  sérieux  ,  à  la  cour  de  Mantoue,  en  1607. 
La  plainte  d'Ariane  (  Lasciatemi  morire  ),  ex- 
traite de  cet  ouvrage,  a  été  publiée  plusieurs 
fois,  notamment  dans  le  livre  de  M.  de  Winter- 
teld  sur  Jean  Gabrieli  (2«  partie,  p.  226).  VA- 
Tian-ML  fut  reprise  à  Venise  en  1640,  et  fut  le 
premier  opéra  représenté  au  théâtre  San-Mosè. 
*  &°  OrfeOf  opéra  sérieux,  à  Mantoue,  en 
1608.  Cet  opéra  a  été  publié  à  Venise  en  1609 , 
et  réimprimé  en  1615  avec  quelques  change- 
DKnls.  La  première  édition  est  dans  ma  biblio- 
tlièque;  l'autre  se  trouvait  dans  la  collection  de 
Umlsberg,  en  1S41.  Selon  les  notes  manuscrites 
de  Boisgelou ,  suivies  par  Choron  et  Fayolle , 
cet  ouvrage  aurait  été  composé  dès  1600:  c'est 


une  erreur.  On  trouve  des  extraits  de  VOrfeo  dans 
le  troisième  volume  de  l'ilistoirede  la  musique  de 
Hawkins  (p.  433),  et  dans  le  quatrième  de 
l'Histoire  de  Borney  (  pag.  32  ).  —  6"  Le  ballet 
dette  Ingrate,  représenté  à  Mantoue  en  1808. 
M.  de  Winterfeld  a  donné  quelques  extra iU 
d'ail  s  de  danse  de  ce  ballet,  fort  remarquables 
par  le  rhythme,  et  un  passage  de  récitatif  où  les 
accords  de  lierce,  quarte  et  sixte,  du  mode 
mineur,  et  de  septième  diminuée  sont  employés 
de  la  manière  la  plus  heureuse  (/.  Gabrieli  und 
sein  Zeitàlter,  3''  partie,  p.  108  et  109  ).  — 
7"  Proserpina  rapita^  opéra  sérieux,  joué  dans 
le  palais  de  Jérôme  Mocenigo,  i  Venise,  en 
1630.  —  S""  L'Adbne,  pastorale  ,  au  théâtre 
Saint-Paul  et  Saint-Jean  de  Venise,  en  1639. 

—  i)<»  Il  Ritorno  d^Ulisse  in  patria ,  au  théâtre 
San-Mosè  à  Venise,  en  1641.  —  10*  Vlncoro- 
nazione  di  Poppea,  au  théâtre  San-Mosè,  en 
1642.  Cet  ouvrage  fut  repris  en  1646^  au  même 
théâtre.  Les  œuvres  de  musique  de  cluimbre 
qui  ont  été  publiés  sont  :  —  1  r  Canzonelte  a 
tre  voci;  Venise,  Jacques  Vincenti  et  Richard 
Amadino,  1584,  in-4*.  —  il.''  Il  primo  libro 
dé*  Madrigali  a  5  voci;  Venise,  1587,  m •4''. 

—  13"  /^  seconde  libro  de»  M€uirigali  a  5  voci  ; 
ibid.,  1593,  in-4°.  Le  premier  et  le  second 
livre  de  Madrigaux  de  Monteverde  furent  ré- 
imprimés à  Venise,  chez  Raverj,  en  1607, 
in-4*».  — 14*».  Il  terzo  Ubro  de*  Madrigali  a 
5  voci;  Venise,  Richard  Amadino,  1594,  in-4^; 
la  deuxième  édition  a  été  publiée  par  le  même 
en  1598.  Il  en  a  été  lait  une  troisième  chez  le 
même,  en  J600,  in-4%  et  une  quatrième  en  1611, 
in-4''.—  15*»  //  quarto  libro  d^  Madrigali  a 
5  voci  ;  in  Venezia,  app.  Ricciardo  Amadino, 
1597,  iD-4''.  Autres  éditions,  ibid.,  1615;  Anvers, 
Pierre  Phalèse,  1615,  et  Venise,  1621.  — 
16"  Scherzi  musicali  a  tre  voci  ;  Venise ,  1607 , 
in^^.  Cet  ouvrage  a  été  publié  par  les  soins  de 
Jules-César  Monteverde,  frère  du  compositeur. 
Il  en  a  été  fait  une  deuxième  édition  à  Venise , 
en  1615.  Il  y  a  aussi  une  édition  des  mêmes 
Seherù  musicali  en  partition  publiée  par  Ricc. 
Amadino,  en  1609 ,  petit  in* fol.  ~  16"*  (  bis)  Il 
quinto  libro  de  Madrigali  a  bvod;  in  Vene- 
zia, presso  Ricc.  Amadino,  1599 ,  in.4''.  Il  y  a 
d'autres  éditions  de  Venise,  1604 ,  1608 ,  1612 , 
1615;  Anvers,  Phalèse,  1615,  et  Venise,  1620, 
toutes  in- 4'.—  trilsesto  libro  de  Madrigali 
a  5  voci,  con  un  dialogo  al',  in  Venezia^ 
app.  Ricc.  Amadino,  1614,  in-4*.  11  y  a  des 
exemplaires  de  cette  édition  qui  ont  un  nouveau 
frontispice  avec  la  date  de  1615.  Une  autre  édi- 
tion a  été  publiée  par  le  même  imprimeur,  en 
1620  in-^".  — 18<»  Concerto,  Il  settimo  Ubro 


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186 


MONTEVERDE  —  MONTGEROULT 


de*  Madrigali  a  una^due,  tre,  quattro  et  sei 
voeit  can  altri  generi  di  canti;  in  Venetia, 
app.  Barlolomeo  MagrUf  1619,  ia-4^  Une 
autre  édition  de  cet  ouvrage  a  paru  chez  le  même 
imprimeur,  en  1641.  Les  cinq  premiers  livres 
ont  été  publiés  à  Anvers ,  chez  Pierre  Phalèse , 
en  1615,  ùi-4''  obi.  11  a  été  feit  une  nouvelle 
édition  des  sept  premiers  livres  à  Venise,  en 
1621.  —  19®  Madrigali  guerrieri  eamorosi, 
con  alcuni  (^uscoU  in  génère  rappresenta- 
tivo  f  che  serviranno  per  brevi  episodii  fra 
i  canti  senza  geslo,  lib.  8;  Alexandre  Vin- 
centi ,  i63S ,  10-4**.  CTest  dans  ce  recueil  que  se 
trouve  le  combat  de  Tancrède  et  de  Clorinde , 
dont  M.  de  Winterfeld  a  donné  des  extraits  dans 
la  troisième  partie  de  son  livre  sur  Jean  Ga- 
briel! (pages  109  et  suiv.).  Un  choix  de  madri- 
gaux et  de  canzoni  de  Monteverde  a  été  publié  à 
Venise,  en  1615,  dans  la  collection  qui  a  pour 
litre  MadrigaU  de  setto  autori  a  einque  voci. 
On  trouve  aussi  quelques-uns  de  ses  madrigaux 
dans  le  Parnasse  des  musiciens  bergamasques , 
publié  à  Venise  en  1615,  et  dans  la  collection  de 
Profe. 

Monteverde  lut  un  des  premiers  membres  de 
r  Académie  des  philharmoniques  de  Bologne.  Dans 
une  lettre  écrite  en  1620 ,  le  P.  Andrien  Ban- 
chieri  félicitait  cette  académie  d*une  si  glorieuse 
acquisition. 

MONTFAUGON  (bebnaroDE),  savant 
bénédictin  de  la  congrégation  de  Saint-Maur, 
naquit  le  17  janvier  1655 ,  au  chAteau  de  Sou- 
lage ,  dans  le  Languedoc,  d'une  famille  noble  et 
ancienne.  A  l'Age  de  dix- sept  ans  il  entra  cobame 
volontaire  dans  le  régiment  de  Languedoc,  et 
6t  deux  campagnes  sous  les  ordres  de  Turenne  ; 
mais  après  la  mort  de  ses  parents  il  prit  la 
résolution  de  renoncer  au  monde ,  et  entra  à 
Toulouse  dans  l'ordre  de  Sàint-Benolt.  Ce  fut 
alors  qu'il  recommença  ses  études,  ft>rt  négli- 
gées dans  son  enfance:  il  ne  dut  qu'A  ses 
propres  efforts  le  savoir  qu'il  acquit  dans  les 
langues  anciennes  et  dans  Tarchéologle.  Appelé 
A  Paris  par  ses  supérieurs,  en  1667,  il  visita 
ritalie  trois  ans  après.  De  retour  A  Paris,  il  s'y 
livra  A  de  grands  travaux  liltéraires ,  et  mourut 
presque  subitement  le  21  décembre  1741 ,  A 
rigede  quatre-vingt-sept  ans.  Au  nombre  des 
ouvrages  qu'on  doit  A  ce  savant  infatigable,  on 
remarque  ceux-<n:  1^  PaUeographia  grxca, 
live  de  ortu  et  progressa  litteratum  grœca- 
rum;  Paris,  1708,  in-fol.;  il  y  traite  de  ia  no- 
tation de  la  musique  dans  la  division  intitulée  : 
De  notis  musicis  tant  veteribus  quam  recen- 
tioribus  carptim.  —  2^»  L'Antiquité  erpfiquée 
et    représentée   en  figures;  Paris,   1719-24, 


16  volumes  in-fol.  On  trouve  dans  le  troisième 
volume  et  dans  le  supplément  les  figures  de 
beaucoup  d'instruments  anciens  avec  les  expli- 
cations :  mais  il  faut  se  défier  de  ces  représes- 
talions  de  nionumoits,  qui  sont^en  général  peu 
exactes. 

MONTFORT  (Comcillb  DE).  Voyez 
BllOCKLAlSD. 

MONTFORT  (  Alexandre  ) ,  né  A  Paris  m 
1803,  fit  toutes  ses  études  d'harmonie  et  de  coetre- 
point  au  Conservatoire,  sous  la  direction  de  Tau- 
teur  de  ce  Dictionnaire  ;  puis  il  reçut  des  leçou 
de  Berton  pour  le  style  dramatique.  Admis  aa 
concours  de  i*Institut«  il  y  obtint  le  deuxième 
prix  de  composition  en  1829,  et  le  premier  ea 
1830.  Pensionnaire  du  gouvernement  A  titre  de 
lauréat,  il  visita  l'ilalie,  séjourna  A  Rome,  à 
Maples,  puis  parcourut  rAUemagnc.  De  retour  à 
Paris,  il  fit  exécuter  des  ouvertures  et  d'autres 
morceaux  dans  plusieurs  concerts.  Au  mois 
d'octobre  1837  il  fit  représenter  A  rOpéra  le 
ballet  de  La  Chatte  métamorphosée  en  femme, 
dont  il  avait  composé  et  arrangé  la  musique.  Âu 
mois  de  juin  1839  il  fit  jouer  avec  succès  PoU' 
chinelle,  opéra-comique  en  un  acte.  A  cet  ou- 
vrage succédèrent  :  La  Jeunesse  de  Charles- 
Quint^  opéra  en  deux  actes,  joué  avec  succès  au 
théâtre  de  l'Opéra-Comiqne,  au  mois  de  dé- 
cembre 1841.  —  Sainte  Cécile,  opéra  eu  farois 
actes,  représenté  au  mois  de  septembre  1844.  — 
La  Charbonnière ,  opi^a  en  trois  actes,  joué  au 
mois  d'octobre  1845.  —  L'Ombre  d'Argentine, 
opéra  bouffon  en  un  acte ,  représenté  le  28  avril 
1853.  —  Deucalion  et  Pyrrha,  opéra-comique 
en  un  acte,  joué  le  8  octobre  1855.  Cet  artistes 
aussi  publié  quelques  morceaux  pour  le  piano, 
parmi  lesquels  on  remarque  un  Jtondoleito, 
Paris,  Lemoine,  et  des  valses  brillantes,  ibid.  Le 
ballet  de  La  Chatte  métamorphosée  a  été 
gravé  pour  le  piano,  et  PotichineUe ,  en  grande 
partition.  Montfort,  dont  le  talent  était  gracieux, 
élégant  et  correct ,  est  mort ,  après  une  courte 
maladie,  le  13  février  1856. 

MOrjTGEROULT  (  M»*  hélèke  DE 
NERVODE),  comtesse  DE  CHARNAY,  née  à 
Lyon,  le  2  mars  1764,  eut  pour  premier 
maître  de  piano  llulmandel,  et  reçut  des  le- 
çons de  Dussek  lorsque  cet  artiste  célèbre  visita 
Paris  en  1786.  Les  conseils  de  ce  grand  pianiste 
et  de  Viotti ,  qui  conserva  pour  M?**  de  Montge- 
roult  des  sentiments  d'amitié  jusqu'A  la  fin  de  ses 
jours,  développèrent  l'heureux  talent  qu'elle  afsit 
reçu  de  la  nature.  Douée  d'un  sentiment  exquis  et 
de  l'esprit  d'analyse,  elle  acquit  sur  le  piano  le 
plus  beau  talent  qn'urie  femme  ait  possédé  de  son 
iemps.  Sortie  de  France  pendant  les  troubles  de 


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MOiSTGEROULT  —  MOINTONA 


187 


la  Révolution ,  elle  se  rendît  à  Berlin,  où  elle  pu- 
blia, en  1796,  une  sonate  de  piano;  mais  vers 
la  fin  du  gouvernement  du  Directoire,  elle 
obtint  sa  radiation  de  la  liste  des  émigrés  et  re- 
vint à  Paris,  où  elle  forma  quelques  bons 
élèves ,  parmi  lesquels  on  remarque  Pradher  et 
fioëly.  Dans  un  âge  avancé ,  elle  avait  conservé 
toute  Pénergie  de  son  sentiment  musical.  Au 
mois  d'octobre  1835 ,  elle  fit  un  voyage  en  Italie 
et  passa  l'hiver  à  Florence.  Elle  mourut  dans 
cette  ville  le  20  mai  1836,  à  Tâge  de  soixante 
ans.  Son  tombeau  est  placé  dans  le  clottre  de 
l'église  délia  SnrUa  Croce,  à  Florence;  on  y 
voit  une  inscription  qui  fournit  les  dates  pré- 
cises de  sa  naissance  et  de  son  décès.  On  a 
publié  de  la  composition  de  M*"*  de  Montge- 
rouit  :  1°  Trois  sonates  pour  piano  seul,  op  l  ; 
Paris,  Troupenas.  —  T^^Troisiclem,  op.  2;  ibid. 
'~'3f*  Sonate  en  fa  mineur;  Berlin,  Lischke. 
—  4"  Pièces  détachées  pour  piano  seul ,  op  3  ; 
Paris ,  Érard.  --  ô^  3  sonates  pour  piano  seul, 
op.  5  ;  ibid.  —  6*  Fantaisies,  idem,  n'»  l ,  2 ,  3  ; 
Paris,  Janet  et  Cotelle.  —  T*  Six  nocturnes  ita- 
liens et  français  à  deux  voix  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  6  ;  Paris,  Érard.  On  doit  aussi 
à  Mo>«  de  Montgeroult  un  ouvrage  intéressant 
pour  les  artistes,  intitulé  :  Cours  complet  pour 
Venseignement  du  forté-piano,  conduisant 
progressivement  des  premiers  éléments  aux 
plus  grandes  difficultés,  Parjs,  Janet  et  Co- 
telle, 3  parties  in-folio. 

MONTI  (  Gaétan  },  compositeur  dramatique 
né  à  Fusignano ,  près  de  Ferrare ,  vers  1 760 , 
est  connu  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  La  Cork' 
ladina  accoria  y  opéra  bouffe,  représenté  à 
Dresde  en  1782.  —  2*  jCo  StudentCf  opéra 
booMè,  à  Naples,  en  1784.  —  3^  Le  Donne 
vendicate,  idem,  ibid.,  1784.  Mon ti  était  frère 
akié  du  célèbre  poëte  Vincent  Monti.  Il  est 
mort  à  Naplesen  1816. 

MONTI  (Henri  D£),  professeur  de  musique , 
naquit  à  Padoue  vers  1758.  Dans  ^  jeunesse  il 
se  rendit  en  Autriche,  vécut  quelque  temps  à 
Vienne,  puis  à  Prague,  et  enfin  se  fixa  à  Glas- 
cow  (Ecosse),  où  il  vivait  encore  en  1830.  Il  se 
rangea  dans  le  parti  des  maîtres  de  musique 
anglais  contre  Jean-Baptiste  Logier,  à  Toccasion 
de  sa  Nouvelle  Méthode  d'enseignement  de  la 
nuMqne  et  du  piano ,  et  écrivit  contre  ce 
système  im  pamphlet  intitulé  :  Strictures  on 
M,  Logiefs  System  of  musical  éducation  (  Voy, 
Lociek)  ;  Glascow,  1817,  gr.  in-8*». 

MOKTICELLl  (  Ange-Marib),  né  à  Milan 
vers  1715,  chanta  à  Naplea  avec  la  Mingotti ,  en 
1746,  puis  Ik  Vienne  et  à  Londres.  En  1756, 
Hasse  rengagea  pour  le  théâtre  de  Dresde.  Il 


mourut  dans  cette  ville  en  1764.  Monticcili 
était,  dit-on,  aussi  remarquable  comme  chanteur 
que  comme  acteur. 

]lfONTl€HIARO  (Jean),  luthier,  né  à 
Brescia  vers  la  fin  du  quinzième  siècle,  est  cité 
par  Lanfranco,  son  concitoyen  et  contemporain 
(Scintille  di  Musica;  Brescia,  1533,  p.  143  ), 
ainsi  que  Jean- Jacques  Dalla  Coma ,  pour  la 
bonne  fabrication  des  luths,  lyres  et  violons  ou 
petites  violes.  On  peut  donc  considérer  Monti- 
ckiaro  comme  un  des  fondateurs  de  la  lutherie 
bresclane  où  se  sont  formés  les  maîtres  renom- 
més Gaspcwd  de  Salo  et  Jean-Paul  MaginU 

MONTILLOT  (  Moblot  DE },  musicien  qui 
vivait  à  Paris  vers  1786,  y  a  fait  graver  six  sym*> 
phonies  pour  l'orchestre.  On  ne  sait  rien  de  cet 
artiste,  qui  ne  figure  dans  aucune  liste  de 
musiciens  de  cette  époque. 

MGNTOiVA  (André  ANTICO  DE).  An- 
iico  est  le  nom  véritable  du  personnage  dont  il 
s'agit  dans  cette  notice;  celui  de  Montona,  qui 
y  est  joint,  indique  la  ville  où  il  reçut  le  Jour, 
laquelle  est  située  en  latrie  et  appartint  autrefois 
à  la  république  de  Venise.  M.  Catelani  (  voyez 
ce  nom  )  conjecture  avec  beaucoup  de  vraisem- 
blance  qu* André  Antico  de  Montona  est  identi- 
(juement  le  même  mi* Andréa  db  Antiquis 
VenetuSy  compositeur  et  auteur  de  frottole  pu- 
bliées par  Petrucci  de  Fossombrone,  dans  ses 
recueils  de  pièces  de  ce  genre  en  1504,  1&05, 1507 
et  1508  (1).  Antico  fut  le  premier  qui  établit  à 
Rome  une  imprimerie  de  musique  ;  il  obtint  à 
cet  effet  un  privilège  du  pape  Léon  X,  imprimé 
en  tète  du  seul  ouvrage  connu  pour  être  sorti  de 
ses  presses.  Ce  volume  est  une  collection  de 
messes  composées  par  Josquin  Deprès,  Brumel, 
Pipelare,  etc.,  qui  a  pour  titre  :  Liber  qudndecim 
missarum  electarum  quœ  per  excellentissimos 
musicos  composite  fuerunt  ;  Rome,  1516,  in-  fol. 
max.  gothique.  Un  exemplaire  de  cette  rarissime 
collection  se  trouve  à  Paris,  dans  la  Bibliothèque 
Mazarine.  Le  titre  qu'on  vient  de  lire  est  celui 
de  cet  exemplaire.  M.  Catelani  en  rapporte  un 
autre  qui  se  trouve  dans  le  volume  au-dessous 
du  bref  de  Léon  X,  et  qui  est  ainsi  conçu  :  Misse 
quindecim  a  diversis  opiimis  et  exquisitissimis 
aucioribus  édite  per  Andream  Aniiquum  de 
Montona  sociorum  sumptibus  emendafissime 
atque  accuratissime  ;  Rome  Impresse  Anno 
Domini.  M.  D.  XVI.  Die  nana  mag.  ponti/i' 
catv>s  sanctissimi  Domini  nostri  Leonis  de- 
cimi  anno  quarto,  in-fol.  L'exécution  typogra- 
phique du  volume  de  ces  messes  est  magnifique, 


(1)  GazzHta  musicale  di    Miîano,  anno  XIX,  n.  8f, 
ta  diTcembre  IMI. 


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188 


WOINTONA  —  MOJNZA 


et  a  dà  occasionner  de  grandes  dépenses  et 
d*imnienses  travaux.  C'est  le  premier  exemple 
de  grands  caractères  pour  l'impression  de  la 
musique.  Toutes  les  voix  sont  placées  en  regard. 
Un  passage  des  Institutions  harmoniques  6e 
Zarlino  (p.  327,  édition  de  1573)  semble  in- 
diquer qu'André  Antico  établit  une  imprimerie 
de  musique  à  Venise ,  sans  doute  après  que  le 
privilège  obtenu  dans  cette  ville  par  Octavien 
de  Petrucci  fut  arrivé  à  son  terme. 

MOIMTU  (BENotT),  né  à  Turin,  en  1761,  se 
livra  dès  sa  jeunesse  à  Pélude  des  matliématiques 
et  vint  à  Paris,  oh  il  trouva  un  protecteur  dans 
son  illustre  compatriote  Lagrange.  La  recom- 
mandation de.celui-ci  fit  obtenir  à  Montu  une 
place  de  proresseur  de  matliématiques  dans  les 
écoles  centrales  de  Paris ,  puis  dans  un  lycée. 
11  est  mort  dans  celte  ville  en  1814.  Montu  avait 
conçu  le  plan  d*un  grand  instrument  destiné  à 
donner  la  mesure  exacte  des  intervalles  des  sons, 
.  et  à  faire  voir  leurs  rapports  avec  les  dislances 
et  les  mouvements  des  astres,  suivant  le  système 
de  Keppler.  Cet  instrument,  appelé  Sphère  hnr- 
moniquCf  était  fort  compliqué.  Une  commission, 
nommée  par  le  ministre  Cliaptal  pour  en  faire 
l'examen,  le  fit  déposer  dans  Tancienne  galerie 
de  la  bibliotbèque  du  Conservatoire,  où  il  était 
encore  en  1S27  :  lorsque  cette  bibliothèque  fut  en- 
levée de  sa  salle  pour  être  transportée  dans  un 
autre  local,  l'instrument  de  Mon  tu  disparut.  M.  de 
Pontécoulant  (  voy^s  ce  nom)  Ta  retrouvé  depuis 
lors  dans  un  grenier.  La  commission  chargée  de 
Texamen  de  celte  machine,  et  composée  de  Lacé- 
pède,  Prony,  Charles,  Gossec  et  Martini ,  fit  en 
1799  un  premier  rapport  sur  les  plans  que  Montu 
lui  avait  communiqués ,  et  conclut  à  ce  qu'une 
avance  de  3,000  fr.  fiU  faite  à  Tauteur  pour 
l'exécution  de  son  projet.  En  1802,  elle  en  fit 
nn  autre  sur  l'instrnment  même  qui  était  achevé, 
et  l'estima  à  la  somme  de  12,000  francs,  qui  fut 
payée  à  Monlu  par  le  gouvernement.  La  descrip- 
tion de  la  Sphère  harmonique  se  trouve  dans 
\es  Archives  des  découvertes  (Paris,  1809,  n**  14). 
Montu  avait  inventé  un  nouveau  sonomètre,  qui 
a  été  soumis  à  l'examen  de  la  même  commission. 
On  a  aussi  de  ce  savant  un  mémoire  intitulé  : 
numération  harmonique,  ou  échelle  d^ arith- 
métique pour  servir  à  ^explication  des  lois 
de  l  harmonie  ;  Vw'is,  1802,  in-4**. 

MONTUCLA  (Jear-Étienne),  membre  de 
r Académie  de  Berlin  et  de  l'Institut  de  France, 
naquità  Lyon  le  5  septembre  1725,  d'un  négociant 
qui  le  destinait  à  la  carrière  du  commerce;  mais 
les  progrèsqu'il  fit  dans  ses  études,  et  particulière- 
ment dans  celle  des  raatbématiques ,  révélèrent 
sa  vocation.  Resté  orphelin  à  l'âge  de  seize  ans, 


il  alla  finir  ses  études  à  Toulouse ,  et  ne  lard, 
point  à  se  rendre  à  Paris,  où  il  se  lia  avec  d'A- 
lembert  et  plusieurs  autres  savants.  Ce  fut  alors 
qu'il  conçut  le  projet  de  son  Histoire  des  Mo- 
thématiques,  dont  il  publia  denx  volumes  en 
1758  (à  Paris).  On  y  trouve,  pag.  122-136 
du  1er  volume,  un  précis  de  la  mnsique  grecque, 
qui  est  très-superficiel.  Montucla  y  parait  abso- 
lument étranger  à  la  matière  qu'il  traite.  Ce 
qu^on  trouve  de  mieux  sur  ce  sujet  dans  cet 
ouvrage  consiste  en  détails  purement  liltéraires 
ou  philologiques  sur  les  écrivains  grecs  qui  ont 
traité  de  la  musique;  mais  tout  cela  est  tiréilc 
la  Bibliothèque  grecque  de  Fabricius.  Il  y  a 
une  seconde  édition  augmentée  de  VHiitoire 
'des  mathématiques,'  Paris,  1799-1S02,  4  vol. 
in-4°.  Montucla  est  mort  à  Versailles,  le  IS  dé- 
cembre 1799. 

JHONTVALLON  (André  BARRIGUE  m], 
né  à,Marseille  en  1678,  futun  magistrat  distingué 
à  qui  Ton  doit  de  savants  ouvrages  sur  le  droit 
et  la  jurisprudence.  Il  eut  la  charge  déconseiller 
au  parlement  d'Aix,  et  mourut  dans  celle  ville, 
le  18  janvier  1759.  Amateur  de  musique  etcia- 
veciniste  habile,  il  a  publié  un  livre  qui  a  pour 
titre  :  Nouveau  systèîne  de  musique  sur  les 
intervalles  des  tons  et  sur  les  pwpor lions  des 
accords,  où  Von  examine  les  systèmes  propo- 
sés par  divers  auteurs  i  Aix,  1742 ,  in-S".  Cet 
ouvrage  avait  été  soumis  à  l'examen  de  l'Aca- 
démie des  sciences.  On  en  trouve  un  extrait  dans 
rhistoire  de  cette  société  savante  (1742),  et  le 
P.  Caslel  en  a  donné  uneanalyse  dans  le  Journal 
d^  Trévoux  de  la  même  année.  Cependant  !e 
livre  ne  se  vendit  pas,  et  Montvallon  fut  oblige 
de  le  faire  reparaître  avec  un  nouveau  frontispice 
intitulé  :  Nouveau  système  sur  la  iranstiUS" 
sion  et  les  effets  des  sons ,  sur  la  proportion 
des  accords  et  la  méthode  d'accorder  juste 
les  orgues  et  clavecins;  Avignon,  1756, 
in-8**. 

MOXZA  (  Charles-Antoine)  ,  né  à  Milan, 
vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  fut  élu,  eu 
1735,  dianoine  et  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Verceil,  où  il  mourut  en  1739. 
On  a  imprimé  de  sa  composition  à  Turin  :  Pièces 
modernes  pour  le  clavecin, 

MONZÂ.  (Le  chevalier  Crarles),  maître  de 
chapelle  de  la  cour  et  de  la  cathédrale  de  Milan, 
naquit  dans  cette  ville  en  1744.  Élève  de  Fioroni, 
il  devint,  sous  la  direction  de  ce  maître,  un  des 
musiciens  les  plus  instruits  de  I Italie.  I>oaé 
d'une  grande  fécondité ,  il  a  écrit  beaucoup  de 
messes,  de  vêpres  et  de  motets  pour  diverses 
églises  de  Milan,  et  a  composé  pour  les  th^ftlres 
de  cette  ville,  de  Turin,  de  Rome  et  de  Venise, 


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MONZA  —  MORALES 


189 


plusieura  opéras  parmi  lesquels  od  remarque  : 
]**  Temistocle^  en  3  actes,  À  MUan,  en  1766. 
—  2"  mteiti,  à  Venise,  en  1776.  —  3'  Cajo  Mor 
riOf  dans  ta  même  ville,  en  1777.  —  4**  T/igetiia 
in  Tauride,  à  Milan,  en  1784.  —  5*  Ert^le,  à 
Turin,  en  1786.  Bnrney  entendit  à  Milan,  en 
1770,  dans  l'église  Santa-Maria  sécréta ,  une 
messe  de  Monza  qu'il  considérait  comme  une 
œuvre  de  génie.  On  a  gravé  de  la  composition 
de  cet  artiste  :  1°  Six  trios  pour  deux  violons  et 
violoncelle,  op.  1  ;  Londres,  1786.  —  2''  Six 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  2 
ibid.,  1788.  —  3°  Six  sonates  pour  clavecin 
et  violon ,  op.  3  ;  ibid.  Monza  est  mort  à  Milan, 
aa  mois  d'août  1801. 

MONZANI  (  Tebaldo),  né  dans  le  duclié  de 
Modène  en  1762,  acquit  fort  jeune  une  grande 
habileté  sur  la  Aille.  Vers  1783  il  se  rendit  à  Lon- 
dres, où  il  se  fixa  et  passa  le  reste  de  ses  jours. 
D'abord  admis  au  théâtre  italien  comme  première 
flûte,  il  fut  ensuite  attaché  aux  concerts  de  la 
musique  ancienne  et  à  ceux  de  Salomon.  En  1800 
il  établit  un  magasin  de  musique  et  une  fabrique 
de  flûtes  :  cette  dernière  est  devenue  florissante 
par  ses  soins  et  ceux  de  son  fils.  Monzani  est 
mort  à  Londres  le  14  juillet  1839,  à  l'Age  de 
soixante^ix-sept  ans.  On  a  gravé  de  sa  compo- 
sition :  i°  Six  trios  pour  2  flûtes  et  basse;  Lon- 
dres, Preston.  —  2'  Duos  pour  2  flûtes,  op.  5, 
8, 10, 12  ;  Londres,  Longman,  Preston.  —  3^  Choix 
de  90  airs  écossais  pour  flûte  seule.  —  4**  Pas- 
iicciOy  choix  de  préludes,  airs,  variations,  etc., 
d"*  1,  2,  3;  Londres,  chez  l'auteur;  Bonn,  Sim- 
rock.  —  5°  Airs  variés  pour  flûte,  op.  4,  7,  1*1  ; 
ibid.  —  6"  Préludes  et  airs,  idem  (  3  recueils); 
ibid.  —  7*  Trois  divertissements,  idem;  ibid.  — 
»^  Douze  nocturnes  pour  deux  flûtes;  ibid.  — . 
9" Trois  sérénades,  idem;  ibid.—  10*  histruction 
Book,  containing  ihe  rudiments  ofMusic,  ihe 
^rt  offingering,  lipping  and  slurring  tke  notes 
on  ihe  flûte,  etc.  (  Métliode  contenant  les  élé- 
ments de  la  musique ,  Tart  du  doigté,  de  Tem- 
bouchure  et  du  coup  de  langue  sur  la  flûte,  etc.  ); 
Loudres,  Monzani,  1'**  et  2'  parties.  Il  a  été  fait 
quatre  éditions  de  cet  ouvrage. 

MOORHEAD  (Jean),  compositeur,  né  en 
Irlande,  vers  1768,  apprit  la  musique  à  Dublin, 
el  fut  employé  pendant  quelques  années  comme 
simple  musicien  d'orchestre  dans  plusieurs  Tilles 
<le  province.  £n  1798,  il  accepta  une  place  dans 
celui  du  théâtre  de  Covent-Garden,  à  Londres  ; 
«nais  bientôt  après  il  fut  employé  par  l'entrepre- 
neur de  ce  spectacle  pour  composer  la  musique 
de  plusieurs  pantomimes  et  ballets,  parmi  lesquels 
on  cite  :  Le  Volcan,  ou  le  Rival  d'Arlequin,  le 
^Het  pantomime  de  La  Pérouse,  et  une  partie 


de  l'opéra  intitulé  Le  Cabinet.  Moorhead  est  mort 
àXjondresen  1804. 

MOOSËR  (Aloys),  facteur  d'orgues,  né  à 
Fribourg,  en  1770,  s'est  également  distingué  dans 
la  construction  des  pianos  et  des  orgues.  On  cite 
comme  un  ouvrage  achevé  l'orgue  qu'il  a  fait 
pour  le  temple  neuf,  à  Berne.  Les  Étrennes  frU 
bourgeoises  àtVdiïmé^  1810  contiennent  une  des- 
cription d'un  beau  piano  organisé  qui  venait  de 
sortir  de  ses  mains,  et  qu'il  appelait  instrument 
orchestre.  Le  chef-d'œuvre  de  cet  artiste  est  le 
grand  orgue  de  Fribourg,  dont  on  trouve  une 
description  dans  la  Gazette  musicale  de  Paris 
(ann.  1838,  n**  50).  Mooser  est  mort  à  Fribourg, 
le  19  décembre  1839,  à  i'&ge  de  soixante-neuf  ans. 
Le  grand  orgue  de  Fribourg  est  composé  de 
quatre  claviers  à  la  main,  clavier  de  pédale,  et 
62  registres,  non  compris  deux  registres  acces- 
soires de  copule  et  de  tremblant.  Cet  instrument, 
dont  les  qualités  ne  justifient  pas  la  célébrité,  est 
mal  construit  quant  à  la  partie  mécanique.  Les 
tirages  sont  mal  disposés  et  fonctionnent  avec  trop 
de  lenteur  ;  les  claviers  sont  durs  et  ont  trop 
d'enfoncement  ;  la  soufflerie  manque  d'égalité  dans 
sa  pression  et  agit  par  secousse.  L'harmonie  des 
jeux  est  la  partie  la  plu^  satisfaisante  :  les  jeux 
de  fond,  particunèreinent  ceux  qui  imitent  les 
instruments  à  ardiet ,  comme  les  gambes,  sa- 
licionaU  et  quintatones,  sont  de  bonne  qualité  ; 
mais  les  jexix  d'anche  ^  trop  iieu  nombreux,  ont 
une  sonorité  rauque  et  dure  ;  enfin,  le  timbre  des 
Jeux  de  mutation  est  criard.  La  voix  humaine  de 
l'orgue  de  Fribourg  a  une  réputation  européenne, 
qu'elle  doit  moins  à  sa  quaUté  spécifique  qu'à  la 
place  qu'elle  occupe  dans  l'instrument,  der- 
lière  tous  les  grands  jeux,  de  telle  sorte  que  ses 
sons  s'épurent  dans  le  trajet  avant  d'être  en- 
tendus dans  l'église. 

MORAES  (Jean  DE  SYLVA),  maître  de  cha- 
pelle de  la  caMiédrale  de  Lisbonne,  y  était  né 
eu  1689.  £n  1727  il  obtint  son  emploi,  qu'il  rem- 
plissait encore  en  1747.  Il  a  laissé  en  manuscrit 
beaucoup  de  motets,  de  répons,  d'hymnes,  de 
messes,  dont  le  catalogue  remplit  deux  pages  in- 
fol.  dans  la  Bibliotheca  Lusitana  de  Machado 
(t.  If,  p.  755et  suiv.). 

MORALES  (Chbistophe),  célèbre  musicien 
espagnol,  naquit  à  Sévilledans  les  premières  an- 
nées du  seizième  siècle,  fit  ses  études  dans  la 
catiiédrale  de  cette  ville,  et  se  rendit  d'abord  à 
Paris,  où  il  publia  un  recueil  de  messes,  puis  à 
Rome,  où  le  pape  Paul  III  le  fit  entrer  Ters  1540 
dans  la  chapelle  pontificale,  en  qualité  de  cha|)elain 
chantre.  Son  portrait  existe  dans  cette  chapelle. 
On  le  trouve  gravé  à  l'eau-forte  dans  les  Osser- 
vazioni  per  ben  regolare  il  coro  délia  capella  - 


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190 


MORALES  —  MORALT 


pontificia ,  d'Adami  (  p.  104  ),  et  Hawkins  l'a  re- 
produit dans  son  Histoire  de  la  musique.  LVpo- 
que  de  la  mort  de  cet:  artiste  n'est  pas  connue. 
Morales  est  un  des  compositeurs  de  musique  d'é- 
glise les  plus  distingués  parmi  les  prédécesseurs 
de  Palestrina.  Son  style  est  grave  ;  sa  manière  de 
faire  chanter  les  parties,  naturelle,  et  Ton  peut 
dire  qu^il  est  un  des  prentiers  qui  ont  secoué  le 
joug  des  recherches  de  mauvais  goût  dans  la 
musique  religieuse.  Adami  cite  le  -motet  de  sa 
composition  Lamentabatur  Jacob,  qui  se  chante 
à  la  chapelle  pontificale  le  quatrième  dimanche 
de  carême,  comme  un  chef-d'œuvre  d^art  et  de 
science.  On  a  publié  de  sa  composition  :  't**  Liber 
I  Missarum  quatuor  vocum;  Lugduni,  1&46, 
in-fol.  max.  Il  n'y  a  pas  de  nom  d'imprimeur  au 
volume  ;  mais  l'ouvrage  est  sorti  des  presses  de 
Jacques  Moderne.  Cest  une  seconde  édition  ;  la 
première  a  été  imprimée  à  Paris  { sans  date  )  par 
Nicolas  Ducbemin.  —2*'  Magni/Uat  oeio  tonorum 
cum  quatuor  vocibus,   liber  prJmtM;Romc, 

1541,  in-fol.;  Venise,  i4n/ontoGar(fano,  in-rol. 

1542,  ibid.  1 545.  Ces  Magnificat  sont  en  deux  sé- 
riesy  chacune  des  huit  tons, 'dans  le  mèroe  vo- 
lume; à  la  suite,  on  trouve  deux  Magnificat  à 
quatre  voix  deCarpentras(ÉléazarC;enet),  du  pre- 
mier et  du  huitième  tons,  un  de  Jachet  (?),  du 
quatrième  ton,  et  un  de  Richafortjdu  cinquième  ton, 
ouvrage  très-remarqnable,  1562,  1575,  1614,  in- 
fol.  —  3**  Moiettx  4  vocum^  lib.  I  et  11;  Venise, 
1543-154Q.  —4*  Motettia  5  roci,  lib.  I  ;  Venise, 

1543,  —  5*  Lib.  II  Missarum  cum  quatuor  et 
quinque  vocibus;  Rome,  lô4'i,  in-fol.;  Venise, 

1544,  in-4*;  Lyon,  1552;  Venise,  1563 6»Xff- 

mentationi  a  quattro,  dnque  etsei  voci;  Ve- 
nezia,  oppressa  d'Antonio GardanOf  15C4,in-4° 
obi.  —  7**  Missa  quatuor,  cum  quatuor  vocibus; 
Vendais  apud  Àlexandrum  Gardanum,  1580, 
in-4**  obi.  —  8°  Moralis  Hispani  et  multorum 
eximix  artis  virorum  Musica  cum  vocibus 
quatuor,  vulgo  motecta  cognominata,  cujus 
magna  pars  paribus  vocibus  cantanda  est; 
Venetiis  apud  Hieronymum  Scottum,  1543,  in- 
4^  obi.  On  trouve  aussi  de  lui  les  messes  de 
VHommearmëei  De  Beat  a  Virgine,  dans  le 
recueil  qui  a  pour  titre  :  Quinque  Missarum  har- 
monia  Diapente,  idest  quinqtie  voces  referens; 
Venise,  Antoine  Gardane,  1547,  in -4^.  Plusieurs 
messes  de  Morales  sont  en  manuscrit  dans  les 
archives  de  la  chapelle  pontificale.  Kirchcr 
a  placé  un  Gloria  de  ce  musicien  dans  sa  Musnr- 
gie  (lib.  VIII,  c.  7  ),  et  Ton  trouve  quelques  mor- 
ceaux de  sa  composition  dans  les  Concenfus  de 
Sablinger  (Augsbourg,  I5ft5  ),  dans  VEsemplare 
du  P.  Martini,  et  dans  VArtepratica  di  Contrap- 

-punto,  de  Paolucci  (tome  II).  Plusieurs  autres 


collections  renferment  aussi  des  morceaux  delà 
chés  de  Morales.  Les  œuvres  capitales  de  ce  ooro- 
positenr  sont  les  Magnificat  en  deux  suites  des 
iiuittons  de  l'Église,  et  son  second  livre  de  me^^^^es, 
bien  supérieur  au  premier  sous  le  rapport  du  mé- 
rite de  la  facture. 

MORALT  (tes  frères),  artistes  longtemps 
oélèbres  à  Munich  piir  leor  manière  parfaite 
d'exécuter  les  quatuors  de  Haydn,  étaient  tous 
musiciens  au  service  du  roi  de  Bavière;  mais  ils 
moururent  jeunes,  et  leur  bel  ensemble  n*a  été 
remplacé  que  par  les  frères  Mûller.  Ils  étaient  cinq 
frères.  L'atné,  Joseph,  né  à  Schwetzingen,  près 
de  Mannheim,  le  5  août  1775,  apprit  avec  ses 
frères  la  musique  chez  le  musicien  de  la  ville 
Geller,  puis  il  reçut  des  leçons  de  violon  de  Lops, 
et  Winter,  maître  de  chapelle  du  due  de  Bavière, 
aciieva  son  éducation  musicale.  En  1797,  il  entra 
dans  la  musique  de  la  cour,  et  se  fit  reraarqoer 
par  son  talent  sur  le  violon.  Trois  ans  aprè$,  îi 
entreprit  un  voyage  en  Suisse,  se  fit  entendre 
avec  succès  k  Lyon,  à  Paris  et  à  Londres,  et  re- 
tourna en  Allemagne  en  donnant  des  concerts  i 
Francfort  et  dans  d'antres  grandes  villes.  Le  10 
mai  1800,  il  obtint  sa  nomination  de  maître  de 
concerts  de  la  cour  de  Bavière  ;  quelque  temps 
après  il  entreprit  un  voyage  avec  trois  de  ses 
frères»  et  parcourut  l'Allemague,  en  donnant  par- 
tout des  séances  de  quatuors  où  ils  firent  admirer 
l'ensemble  le  plus  parfait  qu*on  eût  jamais  en- 
tendu à  cette  époque.  Joseph  Moralt  est  mort  à 
Munich  en  1828. 

Jean-Baptiste,  frère  puîné  de  Jos«pli,  naquit  à 
Mannheim,  en  1777.  Après  avoir  appris  les  princi- 
pes de  la  musiqne,il  devint  élèvedcCannabich.  En- 
tré comme  surnuméraire  de  la  chapelle  àMuntcb, 
en  1792,  il  reçut  sa  nomination  définitive  en  1798. 
Bon  violoniste,  il  jouait  le  second  violon  dans  les 
quatuors  où  son  frère  jouait  le  premier.  Mais 
c'est  siiftoiit  comme  compositeur  quil  s*est  fait 
connaître  avantageusement.  Gfœtz  loi  avait  en- 
seigné l'harmonie  et  le  contrepoint.  On  a  graré 
de  sa  composition  :  1^  Symphonie  à  grand 
orchestre,  n'  1  (en  wi)  ;  Bonn,  Simrock.  - 
2* Deuxième  idem  (en  sol);  Leipsick,  Breiikopf 
et  Hsertel.  -—  3"  Symphonie  concertante  pour  deux 
viotons;  Mayence,  Schott.  —  4*  Leçons  métlio* 
diques  pour  deux  violons,  liv.  1  et  2  ;  MaTence, 
Schott.  —  5"  Quatuor  pour  fiûte,  violon,  alto  et 
basse;  Munich,  Faiter. — 6*  Deuxième  idem,  op. 6; 
Munich,  Sidler.  Cet  artiste  estiinal)le  est  mort 
le  7  octobre  1825,  laissant  en  manuscrit  one 
messe  allemande  et  plusieurs  autres  compositions 
pour  l'église.  La  perte  d'un  fils  avait  commenr*^ 
à  déranger  sa  santé  en  1823. 

Jacques  et  Philippe  Moralt,  frères  jumeaux  de 


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MORALT  —  MORARl 


191 


Joseph  et  de  Jean-Baptiste,  sont  nés  à  Munich 
en  1780,  et  non  à  Mannheim  en  1779,  comme  il 
est  dit  dans  le  Lexique  universel  de  musique  pu- 
blié par  Schilling.  Le  premier  s'était  livré  à 
l'élude  du  violon  sous  la  direction  d'un  musicien 
de  la  cour  nommé  Christophe  Geitner.  Il  entra 
dans  la  chapelle  de  la  cour  en  1797,  et  mourut 
à  Tflge  de  vingt-trois  ans  en  1803.  Philippe  reçut 
les  premières  leçons  de  violoncelle  de  Virgili^ 
musicien  de  la  chapelle,  et  acheva  son  éducation 
musicale  chez  le  violoncelliste  Antoine  Sdiwartz. 
Il  entra  dans  la  musique  de  la  cour  en  1795.  Il 
est  mort  à  Munich  en  1829  (suivant  le  Lexique 
de  M.  Bernsdorf),  et  seulement  en  1855  (d'après 
le  Lexique  portatif  de  M.  Charles  Gollmick  ). 

Georges,  né  à  Munick  en  1781,  a  été  aussi  at- 
taché à  U  musique  de  la  diapelle  royale  de  Ba- 
vière, pour  la  partie  d'alto.  11  est  mort  danscetfe 
position,  en  1818. 

Des  descendants  de  cette  famille  ont  été  tous 
attachés  à  la  chapelle  du  roi  de  Bavière.  L'un 
d'eux,  dont  le  prénom  n'est  pas  indiqué,  fut  maître 
de  concert  et  directeur  delà  musique  delà  cour: 
il  fut  pensionné  en  1839;  nn  autre  (Antoine) 
fut  corniste  distingué.  Le  troisième  (  Pierre)  fut 
violoniste  de  la  cour  de  Munich,  et  se  fit  entendre 
avec  succès  à  Berlin,  Hambourg,  Leipsick,  Wei- 
mar  et  Erfurt,  dans  les  années  1841  à  1847.  En- 
fin Joseph  Moralt,  violoncelliste,  brilla  dans 
les  concerts  de  Hambourg  et  de  Leipsick,  en 
1847. 

MORAMBERT  (Antoine-Jacques  LUB- 
BOT,  abbé  de)^  né  à  Paris,  en  1721,  fut  profes- 
seur de  musique  et  de  chant  dans  cette  ville. 
Blankenbarg,  dans  son  supplément  à  la  Théorie 
des  beaux-arts  de  Suizer,  et  Barbier,  dans  sou 
Dictionnaire  des  anonymes,  lui  attribuent,  mais 
à  tort,  l'écrit  de  PabbéLaugier  intitulé:  Senti- 
ments d'un  harmoniphile  sur  différents  ou- 
vrages de  musique.  Boisgelou,  contemporain 
de  Laugier  et  de  Morambert,  et  qui  connaissait 
la  bibliographie  et  l'histoire  anecdotique  de  la 
musique  française  de  son  temps,  attribue  cet 
écrit  périodique  au  premier  de  ces  auteurs,  dans 
son  Catalogne  manuscrit  des  livres  de  musique 
de  la  bibliothèque  impériale  de  Paris.  (  Voyez 
Laugier  et  Léris.  ) 

MORAND  (Pierre  DE),  poète  médiocre, 
née  Arles  en  1701,  fut  d'abord  destiné  au  barreau^ 
mais  son  goAt  décidé  pour  les  arts  et  les  lettres 
lui  fit  abandonner  l'étude  du  droit.  11  mit  beau- 
coup de  zèle  au  rétablissement  de  l'académie  de 
musique  d'Arles,  et  prononça  un  di.scoors  pour 
ton  ouverture,  qui  eut  lieu  en  1729.  Morand  vint 
à  Paris  en  1731,  et  fut  admis  aux  rénnicnslit- 
téraîpes  du  comte  de  Clermont  et  de  la  duchesse 


du  Maine.  II  se  livra  alors  au  théâtre,  et  donna 
des  tragédies  et  des  comédies,  qu^il  n'est  point 
de  notre  objet  d^examiner.  Nous  ne  citerons  de 
lui  qu'une  brochure  q^'il  publia  dans  la  polémi- 
que occasionnée  parla  Lettre  de J.-J. Rousseau 
sur  la  musique  française;  elle  est  intitulée  : 
Justification  de  la  musique  française,  contre 
la  querelle  qui  ItU  a  été  faite  par  un  Alle- 
mand et  un  Allobroge,  adressée  au  coin  de 
la  ReinCf  le  jour  de  la  reprise  de  Titan  et 
V Aurore;  Paris,  1754,  in-8*(  anonyme)  (1).  L'au- 
teur y  attaque  vivement  Grimm  et  J.-J.  Rousseau, 
et  accuse  ce  dernier  d'avoir  pris  une  grande  partie 
de  ce  qu'H  a  écrit  sur  la  musique  française  dans 
V Esprit  des  beaux-arts  d'Estève  :  c'est  un  re- 
proche auquel  Rousiseau  ne  s'attendait  pas  sans 
doute.  Morand  avait  été  malheureux  dans  tout 
ce  qu'il  avait  entrepris,  et  le  dernier  trait  qui  le 
frappa  ne  fut  pas  le  moins  piquant  :  ses  dettes 
étaient  payées,  et  11  allait  toudier  le  premier  quar- 
tier d'une  rente  de  cinq  mille  francs  qui  lui  res- 
tait, lorsqu'il  mourut  le  26  juillet  1757.  Ses  re- 
vers n'altérèrent  jamais  sa  gaieté  et  n'abattirent 
point  son  courage. 

MORANDI  (Pierre),  compositeur,  n'est 
pas  né  à  Sinigaglia,  comme  le  prétend  Gerber, 
mais  à  Bologne,  en  1739.  Le  P.  Martini  lui  en- 
seigna la  composition.  Il  fut  maître  de  chapelle  à 
Pergola,  petite  ville  dss  États-Romains.  En  1764, 
il  avait  été  agrégé  à  l'Académie  des  Philharmo- 
niques de  Bologne.  Il  a  écrit  pour  l'église  beau- 
coup de  messes,  de  vêpres  et  de  motets.  En 
1791^  il  fit  représenter  à  Sinigaglia  rop<^ra  bouffe 
intitulé  :  Gli  Usurpatori  delusi,  et  l'année  sui- 
vante il  composa  pour  le  théâtre  d'Ancône  Vln- 
glese  stravagante.  Vers  le  même  temps  11  fut 
nommé  maître  de  cha|)elle  dans  cette  ville  :  il  y 
vivait  encore  en  1812.  On  connaît  sous  le  nom  de 
Morandl  douze  duos  pour  soprano  ett>asse^  gravés 
à  Venise. 

MORANGE  (A.  DE),  chef  d'orchestre  du 
théâtre  des  Jeunes  Élèves  à  Paris,  en  1800,  a  écrit 
pour  ce  théâtre  la  musique  de  deux  petits  opéras- 
comiques  intitulés  :  1^  Les  Quiproquo  noctur- 
nes, en  un  acte.  —  2°  Les  petits  Auvergnats, 
en  un  acte,  1799.  Plus  tard,  il  a  écrit  la  musique 
de  plusieurs  mélodrames  pour  les  Uiéâtres  des  bou- 
levards, entre  autres  La  Bataille  des  Dunes, 
et  V Enfant  prodigue,  dont  les  ouvertures  ont 
été  gravées  pour  le  piano;  Paris,  Min«  Duhan. 

MORARl  (Antoine),  né  à  Bergame  veas  le 
milieu  du  seizième  siècle,  fut  directeur  de  la  mu- 


(1)  Cet  opuscule  est  mal  à  propos  attribué  au  cheTalier 
deMouhy,  dans  la  correspondance  de  Griiun,  tome.  1, 
page  lis,  et  i«ar  d'autres  à  Bstéve. 


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1U2 


MORARI  —  MOKEAU 


sique  instrumentale  da  duc  de  Bavière.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  :  Il  primo  libro  de 
madrigaU  a  qualtro  voci  ;  Venezia,  presse  An* 
gelo  GardanOy  1587,  in-é**. 

MORATO  (Jean  Vaz  Barrados  Muito 
Pamg  ),  compositeur  portugais  et  écrivain  sur  la 
musique,  naquit  à  Portalègre  en  1689.  Les 
circonstances  de  sa  vie  sont  entièrement  Igno- 
rées. On  connaît  de  lui  les  ouvrages  suivants  : 
1^  Domingas  da  madré  de  Deos,  e  exercitio 
quolidiano  revelado  pela  metma  Senhora  ; 
Lisbonne,  1733.  Ce  sont  des  prières  et  des 
antiennes  à  la  Vierge  mises  en  musique.  — 
2"  Preceitos  ecclesiasticos  de  Canlo  chdo  para 
beneficio  e  uzo  commun  de  iodos  (  Principes 
de  piain-chant  à  Tusage  de  tout  le  monde); 
Lisbonne,  1733 ,  in-4'*.  —  3°  Flores  musicaes 
colhidas  da  jardim  da  milhor  Liçao  de 
varios  authores,  Arte  pratica  de  Canto  de 
orgad.  Indice  de  cantoria  para  principiantes 
con  hum  brève  resuvio  das  tegras  maes 
principaes  de  Canto  chdo,  e regimen  do  coro 
'c  uzo  romano  para  os  subchantres,  e  orga- 
nistas  (  Fleurs  musicales  cueillies  dans  le  jardin 
des  nteilleurs  ouvrages  de  divers  auteurs.  Art 
pratique  du  chant  mesuré ,  et  recueil  de  solfèges 
pour  les  commençants,  avec  un  abrégé  des 
règles  du  plain>chant,  et  la  discipline  du  chœur, 
à  l'usage  des  sous-chantres  et  organistes  )  ;  Lis- 
bonne, 1735 ,  in-4°.  Une  deuxième  édition,  avec 
quelques  changements  dans  le  titre ,  a  été  pu- 
bliée en  1738 ,  in-4'*.  La  partie  qui  concerne  le 
plain-chant  a  été  publiée  séparément ,  sous  ce 
titre  :  Brève  resumo  de  Canto  chdo  com  as 
regras  maes  principaes,  e  a  forma  que  dcve 
guardar  o  director  de  coro  para  o  susiantar 
firma  na  corda  chomada  na  cor  al,  o  or- 
ganista  quando  o  acompariha;  Lisbonne, 
1738,  in-é". 

MORAVVETZ  (  Jeam)  ,  compositeur  né  en 
Bohême,  vers  1760,  parait  avoir  vécu  à  Vienne, 
et  se  trouvait  en  qualité  de  chef  d^orchestre ,  en 
1S09,  à  Pesth  en  Hongrie.  Il  a  laissé  en  manuscrit  : 
l**  Trois  symphonies  à  onze  et  douze  instruments. 
—  2°  Concertino  à  neuf  instruments.  —  3"*  Huit 
nocturnes  pour  flûte  d'amour,  flûte  traver- 
sière,  deux  violes,  deux  cors  et  basse.  —  4**  Sex- 
tuor pour  2  violons ,  hautbois,  flûte ,  alto  et  vio- 
loncelle. —  5^  Plusieurs  morceaux  de  musique 
d'harmonie  à  8  parties. 

MORE  ALI  (Gaetano),  Italien  de  naissance, 
fut  professetir  de  langue  itah'enne  à  Paris ,  vers 
1836,  et  s'établit  à  Rouen  quelques  années  après. 
On  a  imprimé  de  lui  :  Dictionnaire  de  musique 
italien-français,  ou  Vinterprèto  des  mots 
italiens    omplojjés    en  musique,   avec   des 


explications,  commentaires  et  notices  htstori' 
ques;  Paris,  1839,  in- 10. 

MOREAU  (Jean-Baptiste),  maître  de 
musique  de  la  chambre  du  roi ,  naquit  à  Angers 
en  1656,  et  reçut  son  éducation  musicale 
comme  enfant  de  choeur  à  Téglise  cathédrale 
de  cette  ville.  Ses  études  étant  terminées,  il 
obtint  la  place  de  maître  de  chapelle  k  Langres, 
puis  à  Dijon.  Sans  posséder  aucune  ressource  et 
sans  recommandation ,  il  vint,  jeune  k  Paris  poar 
y  chercher  fortune.  On  ignore  le  moyen  qu'a 
employa  pour  pénétrer  un  jour  jusqu'À  la  toi- 
lette de  la  Dauphinc,  Victoire  de  Bavière.-Sa- 
chant  que  cette  princesse  aimait  la  musique,  il 
eut  la  hardiesse  de  la  tirer  par  la  manelie,  et  kii 
demanda  la  permission  de  chanter  un  air  de  »a 
composition.  La  princesse  rit  de  sa  naïveté ,  et 
hii  accorda  ce  qu*il  désirait.  Satisfaite  de  la 
chanson  do  Moreau ,  elle  en  paria  an  roi,  qui 
voulut  Tentendre,  et  qui  l'admit  à  son  service. 
Un  des  premiers  ouvrages  de  Moreau  fut  un  di- 
vertissement pour  la  cour,  intitulé  Les  Bergers 
de  Marly;  puis  il  mit  en  musique  les  chœurs  de 
Jonathas,  tragédie  de  Duchéu  Ce  fntMui  que 
Racine  choisit  pour  composer  la  première  mu- 
sique des  chœurs  d'Esther  tt  à* Àthalie.  H  mit 
en  musique  plusieurs  chansons  et  cantates  do 
poëte  Lainez  ;  ces  morceaux  eurent  du  succès. 
Enfin,  on  connaît  de  lui  en  manuscrit  le  psaume 
In  exitu  Israël,  et  une  messe  de  Requiem. 
Titon  du  Tillet  dit  aussi,  dans  son  Parnasse 
français,  qu'il  a  laissé  un  traité  de  la  mualqne 
intitulé  VArl  mélodique  ;  mais  il  ne  parait  pas 
que  cet  ouvrage  ait  été  publié.  Moreau  a  formé 
de  bous  élèves ,  parmi  lesquels  on  remarque 
Clérambault  et  Dandrieu.  Il  est  mort  à  Paris,  le 
24  août   1733. 

MOREAU  (Jean),  facteur  d^orguea  à 
Rotterdam ,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
s'est  fait  connaître  comme  artiste  de  mérite  par 
l'orgue  qu*il  a  achevé  à  l'église  de  Saint- Jean,  de 
Gouda,  en  1736,  après  y  avoir  employé  trois 
années  de  travail.  Cet  instrument  est  composé 
de  trois  claviers  à  la  main,  pùdale  et  52  registres. 

MOREAU  (Henri),  né  à  Liège  le  15  juillet 
1728,  et  baptisé  le  lendemain  à  l'église  Saint- 
Nicolas-outre-Meuse  ,  fut  un  des  musiciens  dis- 
tingués de  la  Belgique  dans  le  cours  du  dix- 
huitième  siècle ,  et  dirigea  avec  talent  la  mu- 
sique de  la  collégiale  de  Saint- Paul  dans  sa 
ville  natale ,  dont  il  était  maître  de  chapelle.  Oa 
n'a  pas  de  renseignements  sur  la  manière  dont 
ses  études  avaient  été  dirigées;  mais  ce  que 
Grétry  rapporte  des  premières  leçons  de  com- 
position qu*il  reçut  de  Moreau,  prouve  que  ce 
maître  connaissait  la  bonne  méthode  pour  en- 


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MOREAU  —  MOREL 


193 


seigner  l'art  d'écrire  (1).  On  ne  cUe  de  la  corn- 
posilion  de  Moreau  que  des  chants  de  Ffoei , 
devenus  populaires  dans  la  province  de  Liège; 
mais  il  est  à  (leu  près  liors  de  doute  qull  a, 
pendant  sa  longue  carrière,  écrit  plusieurs  motets 
pour  ^e  service  de  la  collégiale  de  Saint-Paul. 
C'est  comme  écrivain  didactique ,  particulière- 
ment, qu'il  s'est  Tait  coimaltre  ;  son  ouvrage  a 
pour  titre:   L'harmonie  mise  en  pratique, 
avec  un  tableau  de  tous  les  accords,  la  mé- 
thode de  s*efi  servir,  et  des  règles  utiles  à 
ceux  qui  étudient  la  composition  ou  l* accom- 
pagnement ;  Liège ,  J.  G.   M.  Loxhay,  1783, 
in-S"*  de  128  pages ,  avec  15  planches  de  musi- 
que. A  ia  suite  d'un  rapport  favorable  fait  à 
Pinstitut  de  France  par  Grélry  sur  cet  ouvrage, 
en  1 797 ,  Moreau  fut  nommé  correspondant  de 
cette  Académie.  M.  le  ctianoine  de  Vroye,  de 
Liège ,   possède  le  manuscrit  original  d'un  ou- 
vrage de  ce  maître ,  lequel  a  pour  titre  :  Nou- 
veaux principes  d'harmonie ,  selon  le  système 
d'Antoine  Ximenès ,  précédés  d'observations 
sur  la  théorie  de  Rameau ,  et  suivis  de  re- 
morques sur  plusieurs   dissonances,   ainsi 
que  des  règles  pour  la  composition  de  la  mu- 
sique à  2 ,  3,4  parties  et  phis.  Moreau  est 
mort  à  L.i^e  le  3  novembre  1803 ,  à  l'&ge  de 
soixante-quinze  ans. 

mOAl!:  AU  (  JEAif-AnoRÉ),  né  à  Paris  le  13 
mai  1768,  entra  comme  enfant  de  chœur  à  la 
cathédrale  d'Amiens,  dès  l'âge  de  six  ans,  et  y 
fut  le  condisciple  de  Lesueur.  A  l'âge  de  dix- 
huit  ans ,  il  sortît  de  cette  école ,  et  obtint  au 
concours  la  place  de  mattre  de  chapelle  à 
Béthune.  Deux  ans  après,  il  quitta  cette  place 
pour  celle  d'organiste  à  la  collégiale  de  Péronne. 
Venu  à  Paris  pendant  les  troubles  de  la  révolu- 
tion, il  s'y  livra  d'abord  à  l'enseignement,  puis  se 
maria,  et  acheta  au  Palais-Royal  l'ancien  caré  du 
CaveaUy  où  il  eût  pu  acquérir  des  richesses  con- 
sidérables ;  malheureusement  Timportunité  d'un 
marchand  de  billets  de  loterie  lui  en  fit  un  Jour 
acheter  on  avec  lequel  il  gagna  une  forte  somme; 
dès  ce  moment  la  passion  de  ce  jeu  dangereux 
s'empara  de  lui;  ses  affaires  se  dérangèrent,  et 
la  nécessité  de  payer  ses  créanciers  l'obligea  à 
vendre  sa  maison.  II  obtint  quelque  temps  après 
ane  place  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire; 
mais  le  chagrin  abrégea  ses  jours,  et  il  monrut 
vers  1828.  Moreau  a  fait  entendre  dans  les  con- 
certs de  la  rue  de  Grenelle  plusieurs  ouvertures 
de  sa  composition,  dans  les  années  1804  et  1806. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  1"*  Fantaisie  pour 

(f)  Voyez  les  Mémoirei  ou  Essais  sur  la  Wusique  de 
Gr«r7.   l- 1,  P-  »• 

BIOGR.  Vmy,  DES  Ml'SiaE.>S.  —  T.   VI. 


piano  sur  les  airs  de  Wallace;  Paris,  Laffilé. 
—  2**  Valse  du  ballet  de  Figaro,  variée  pour 
le  piano;  Paris,  Pliilip|)e  PetiL  —  3**  Contre- 
danses et  valses, liv.  1  et  2;  Paris,  Leduc.  — 
4'^  Tlième  varié  pour  piano  et  violon  ;  Paris, 
Sieber.  —  ô^  Deux  recueils  de  romances;  Paris , 
Leduc.  Moreau  a  laissé  en  manuscrit  des  qua- 
tuors et  des  quintettes  pour  violon. 

MOREL  (Nicolas),  né  à  Rouen,  vers  le 
milieu  du  seizième  siècle,  fut  mattre  des  enfants 
de  chœur  de  la  cathédrale  de  cette  ville.  En  1584 
il  obtint,  au  concours  du  Puy  de  musique 
d'Évreux,  le  prix  de  la  lyre  d'argent  pour  la 
composition  de  la  chanson  française  à  plusieurs 
voix  commençant  par  ces  mots  :  Je  porte  en 
mon  bouquet;  et  en  1586  il  eut  le  prix  du  luth 
d'argent ,  pour  la  chanson  :  D'où  vient  belle. 
Un  autre  Morel  (Clément),  musicien  français 
d'une  époque  antérieure,  a  écrit  des  chansons 
françaises  à  quatre  parties  ;  il  en  a  été  publié 
deux  dans  le  douzième  livre  contenant  XXX 
chansons  nouvelles ,  etc.,  publié  par  Pierre  At- 
taingnant,  à  Paris,  en  1543 ,  petit  in-4''  obi. ,  et 
deux  autres  dans  le  XP  livre  contenant  XXIX 
chansons  amoureuses  à  quatre  parties^  etc  ; 
à  Anvers,  chez  Tilman  Susato ,  1549,  in-4^. 

MOREL  (  Frédéric),  célèbre  imprimeur  de 
Paris  et  l'un  des  plus  savants  hellénistes  du  sei- 
zième siècle,  naquit  à  Pitris  en  15JS,  et  mourut 
dans  la  même  ville,  le  27  juin  1630.  Parmi  ses 
nombreux  écrits  on  remarque  une  édition  de 
Vlntroduction  à  la  musique,  de  Bacchius  lo 
Tieux,  oii  le  texte  grec  est  accompagné  d'une 
version  latine  dont  il  est  auteur;  Paris,  1623, 
in*8°.  La  version  de  Morel  est  oubliée  depuis 
qu'on  a  celle  de  Meibom.  Morel  avait  un  tel 
amour  du  travail,  que  rien  n'était  capable  de  le 
distraire  lorsqu'il  était  dans  son  cabinet.  11 
s'occupait  de  la  traduction  des  œuvres  de  Liba^ 
nius  lorsqu'on  vint  lui  annoncer  que  sa  femme, 
dangereusement  malade,  demandait  à  le  voir. 
»  Je  n'ai  plus  que  deux  mots ,  répondit-  il  ;  j'y 
serai  aussitôt  que  vous.  »  Dans  l'intervalle,  sa 
femtne  expira.  On  se  hâta  de  Ten  prévenir. 
Hélas!  ùM'\\,f  ensuis  bien  marri,  c'était  une 
bonne  femme;  et  il  continua  son  travail. 

MOREL  (...),  chanoine  de  Mont|)elIier,  vé- 
cut vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  On  a 
de  lui  un  petit  ouvrage  intitulé  :  Nouvelle  théorie 
physique  de  la  voix;  Paris,  1746,  in-12  de  32 
pages.  De  l'Épine,  doyen  delà  faculté  de  médecine 
de  Paris,  dit,  dans  Tapprobation  de  cet  écrit, 
que  l'auteur  y  a  fait  une  application  ingénieuse 
du  système  de  Fer  rein  (voyez  ce  nom  )  ;  mais 
cela  n'est  pas  exact,  car  la  théorie  de  Morel  n'est 
nouvelle  que  parce  qu'elle  combine  les  deux 

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MOREL  —  MORELOT 


systèmes  de  Dodart  (  voyez  ce  nom  )  et  <ie 
FerreiD.  £d  erfct ,  le  clianoine  de  Montpeiiii>r 
suppose  que  l'appareil  vocal  est  à  la  fois  un 
instrument  à  cordes  et  un  instrument  à  vent 
qui ,  tous  deux ,  résonnent  à  Tunisson  pour  la 
formation  de  chaque  son  de  la  voix  de  poitrine, 
qu'il  appelle  voix  pleine.  Il  donne  le  nom  de 
voix  or4janisée  à  celle  qui  se  produit  par  l'ac- 
tion de  Tair  sur  la  glotte,  et  celui  de  voix  lufhée 
ik  celle  qui  se  forme  par  les  cordes  vocales.  Dans 
son  système,  les  mouvements  de  la  glotte  cessent 
dans  les  sons  de  la  voix  de  iéte  ou  de  fausset, 
et  la  faiblesse  des  sons  qu'elle  produit  pro- 
vient de  ce  que  les  cordes  vocales  résonnent 
seules. 

MOREL  (Alexandre- Je  an),  né  à  Loisey 
(  Meuse  ),  le  2C  mars  1776,  entra  comme  élève  à 
l'Ëcoie  polytechnique,  à  l'époque  de  sa  formation, 
y  devint  chef  de  brigade,  puis  professeur  de 
mathématiques  à  Pécole  d'artillerie  de  la  garde 
royale.  Il  est  mort  à  Paris  le  31  octobre  1825.  Ama- 
teur passionné  de  musique,  il  s'est  livré  particu- 
lièrement à  l'f^tude  de  la  théorie.  Persuadé  qu'il 
était  appelé  à  faira  une  réforme  dans  cette  science, 
il  crut  trouver  dans  Ja  structure  de  Toreille 
le  principe  du  sentiment  de  la  tonalité ,  et  sur 
cette  idée  fausse,  il  établit  un  système  qui  ne 
soutient  pas  le  plus  léger  examen ,  et  publia  ses 
vues  à  ce  sajet  dans  un  livre  intitulé  :  Principe 
aeousti(/ue  nouveau  et  universel  de  la  théorie 
musicale,  ou  la  musique  expliquée;  Paris, 
Bachelier,  1816 ,  1  vol.  in-S^  de  506  pages,  avec 
des  planches.  Il  est  évident  que  les  opérations 
attribuées  par  Morel  aux  phénomènes  de  l'audi- 
tion ,  sont  des  actes  de  ren(end«ment.  Le  peu 
de  succès  qu'obtenait  son  livre ,  lui  lit  publier  un 
petit  écrit  où  il  donnait  une  analyse  de  ses  prin- 
cipes. Ce  morceau,  qui  parut  chez  Fain,  à  Paris, 
1821,  in-8*^  de  28  pages,  porte  le  même  titre 
que  son  livre;  il  est  extrait  du  Dictionnaire  des 
découvertes.  On  a  aussi  de  Morel  :  Observations 
sur  la  seule  vraie  théorie  de  la  musique  de 
M.  de  Momigny;  Paris,  Bachelier,  1822,  in-8** 
de  72  pages.  M.  de  Momigny  (voy,  ce  nom)  lui 
fit  une  rude  réponse  dans  un  écrit  de  quelques 
pages.  Morel  a  écrit  aussi  quelques  articles  con- 
cernant la  musique  dans  le  Moniteur, 

MORELLET  (André),  de  l'Académie  fran- 
çaise,  naquit  à  Lyon  le  7  mars  1727,  d'un  mar- 
chand papetier.  Après  qu'il  eut  fait  ses  premières 
études  au  collège  des  jésuites ,  il  vint  a  Paris 
les  terminer  à  la  Sorbonne.  11  se  livra  dès  lors 
à  des  études  sérieuses  sur  l'économie  politique , 
et  les  entremêla  de  travaux  plus  légers  sur  la 
littérature  et  les  arts.  Parmi  ses  ouvrages  on 
remarque  unedis.sertation  intitulée  :  De  l'exprès- 


,  sion  en  musique,   qui  a  été  publiée  dans  le 

Mercure  de  1771,  novembre,  p.  113,  et  dans  les 

Archives  littéraires,  t.  VI,  p.  145.  On  y  trouve 

des  idées   ingénieuses.   L'abbé  Morellet   s'était 

I  rangé  parmi  les  picdnistes  ;  mais  les  partisans 

de  Gluck,  qui  connaissaient  la  finesse  de  son 

esprit  et  la  vivacité  de  ses  reparties,  n'osèreot 

s'attaquer  à  lui.  Dans  sa  vieillesse,  le  goût  qu'il 

^  avait  toujours  eu  pour  la  musique  s'accrut  encore, 

:  et  il  cherchait   avidement   les  occasions   d^en 

'  entendre.  Il  est  mort  le  12  janvier  1819. 

MORELLl  (JosEPu),  bon  chanteur  conlrat- 
I  tiste,  naquit  à  Bisaccia  eu  1726,  commença  ses 
études  musicales .  à  Naples  ei   les  termina   à 
Rome.  En  1750,  il  était  attaché  au  service  de 
la  cour  à  Lisbonne.  Cinq  ans  après,  il  chanta  au 
théâtre  de  Madrid,  puis  il  se  ht  entendre  avec 
un  brillant  succès  au  cxmcert  spirituel  de  Pari». 
£n  1757,  il  fut  engagé  au  théâtre  de  Cassel  ;  mais 
I  le  landgrave  de  Hesse-Cassel  étant  mort  peu  de 
.  temps  dprèi:,  Morclli  fut  appeléàHildburghausen, 
I  pour  y  donner  des  leçons  de  chant  à  la  princesse 
I  régnante.  Dans  la  suite  il  se  retira  avec  une  pension 
i  à  Spangenbergj  petite  ville  de  la  Hesse,  où  il 
I  mourut  dans  un  âge  avancé,  en  1S09. 
I      MOUELLl   (Jacques),    célèbre  bibliotlié- 
I  caire  de  Saint-Marc,  à  Venise,  naquit  dans  cette 
I  ville  le  14  avril  1745<Un  goût  prononcé  pour  le 
travail,  une  aptitude  rare  et  un  éloignement 
invincible  pour  les  plaisirs  du  monde,  tirent  de 
Morelli  un  critique  habile,  un  bon  archéologue  et 
un  homme  instruit  dans  Thistoire,  les  sciences 
et  les  arts.  Comme  son  savoir,  ses  travaux  sont 
immenses,  et    le  nombre  de  ses  ouvrages    pu- 
bliés est  prodigieux.  Parmi  ceux-ci,  ou  remarque 
Les   fragments   rhythmiques   d'Aiistorèiw , 
qu'il  avait  découverts  dans  un  manuscrit  de  la 
bibliotli(''que  Saint-Marc,  et  qu'il  lit  imprimer 
avec  d'autres  opuscules,  sous  le  titre  de  .4risiidis 
Oratio  adversus  Leptinem,  Libanii  déclama- 
I  tio  pro  Socrate ,  Aristoxem  rhythmicorum 
elemcntorum  fragmenta,  ex  bibtiotheca  Ve- 
nela  D,  Marci  nunc  primum   édita,  cum 
annotationibus,  grâce  et  latine;  Venise,  178â, 
in-8''.  Morelli  est  mort  le  5  mai  1819,  k  Page  de 
soixante-quatorze  ans. 

MORELOT  (Stëphen),  prêtre,  né  à  Dijon 
(  Cûte-d'Or  ),  le  12  janvier  1820 ,  est  iils  d'un  sa- 
vant jurisconsulte  qui  remplit  encore  (1863)  les 
fonctions  de  doyen  de  la  faculté  de  droit  de  celte 
ville.  Après  avoir  clé  reçu  licencié  en  droit  et 
avocat,  M.  Morclot  se  rendit  à  Paris  et  y  de- 
vint élève  de  l'École  des  chartes;  puis  il  tut  un 
des  fondateurs  et  membre  de  la  société  acadé- 
mique formée  par  les  anciens  élèves  de  cetti' 
école,  a  qui  l'on  doit  la  publication  de  mémoin*^ 


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MORELOT  195 

remplis  dMntérêt  et  remarquables  par  uu  excettent  ,  du  Jara.  Parmi  ses  publications,  on  remarque  : 
•esprit  de  critique  ainsi  que  par  une  solide  crudiliou.   ^   1°  Du  vamlttUs>ne  musical  dans  les  églises, 
M.  Morelot  avait  fait  dans  sa  jeunesse  des  éludes  \  lettre  à  M.  le  comte  de  Montalembert  {Revue 
de  musique  dont  il  a  fait  plus  tard  une  applica-  i  de  la  musique  religieuse,  1. 1  ).  — 2**  Ques- 
tion spéciale  au  ciiant  ecclésiastique ,  ainsi  qu'aux     ques  observations  sur  la  psalmodie  (  ibîd.)*  — 
diverses  parties  de  Tart  qui  sW  rapportent.  Lié  '  3**  Sainie-Cécile  (  ibid.  )  —  4°  Artistes  contem" 
d'amitié  avec  M.  Danjon  (  votjez  ce  nom),  alors  i  porains.  A.  P.  F.BoHg  ( ibid., t.  II  ).  —  5'*Z>tt 
organiste  de  la  métropole  de  Paris,  il  prit  part     chant  de  V Église  gallicane  (ibid.,  t.  III).  — 
à  la  rédaction  de  la  Revue  de  la  musique  reli-  '  &*  De  la  solmisaiion  (  ibid.  ).  ~  7°  Du  chant 
gieuse ,  populaire  et  classique ,  que  celui-ci  '  ambrosien   (ibid.,   t.   IV).   Ce  dernier  mor- 
fonda  eu  1845,  et  y  publia  de  très-bons  articles  |  ceau,  fruit  de  recherches  laites  k  Milan  et  au 
<;iitiqucs  et  historiques.  En  1847,  M.  Danjon  fut  |  Dame,  est  d'une  haute  valeur,  nonobstant  le  dé« 
chargé  par  M.  de  Salvandy,  alors  ministre  de  <  nueraent  de   livres  où  se  trouvait  Pauteur  au 
rinstruction  publique,  de  faire  un   voyage  en  i  moment   du  travail   auquel  il   se   livrait.   Âu 
Italie  pour  y  faire  des  recherches  relatives  au  i  double  point   de  vue  de  la.  liturgie   et  de   la 
chant  ecclésiastique  et  à  la  musique  religieuse;   |  constitution  du  chant ,  il  est  également  satisfai- 
11  obtint  de  M.  Morelot  qu'il  voulût  bien  Tac-      sant.  M.  Morelot  y  dissipe  beaucoup  d'erreurs 
compagner  dans  cette  excursion  archéologique.   I  au  sujet  de  ce  chant,  sur  lequel  on  n'avait  que 
€e  fut  en    réalité  une  bonne  fortune  pour  les  ,  des  renseignements  vagues.  Désormais,  lorsqu'on 
musiciens  érudits,  car  M.  Morelot  déploya  pen-  i  voudra  s'occuper  des  origines  et  des  variétés  du 
dant  son  séjour  en  Italie  une  prodigieuse  acti-     chant  ecclésiastique,  il  faudra   recourir  à  cette 
vile  de  travail  et  fit  preuve  de  grandes  connais-   '  source.  —  S^  Du  caractère  de   la  musqué 
sauces  dans  la  diplomatique,  par  la  faciUté  avec  I  d'orgue  et  des  qualités  de  ^organiste,  Let- 
laquelle   il  lut  un  grand  n'ombre  de  traités  de     ires    (  au  nombre   de  quatre)  à  un  honwie 
musique  inédits,  distingua  c«ux  qui  étaient  les  |  d'église  (dans  le  Journal    de   musique   reli- 
pliis  dignes  d'attention ,  et  les  copia  avec  une     gieuse  intitulé   la   Maîtrise,!"  et  2"   année 
rapidité  qui  tient  du  prodige;  prenant  d'ailleurs,  i  ]857-lttô8).    —  9**  Sainte  Cécile  et  son  pa- 
siir  tous  les  autres,  des  notes  et  des  analyses ,      tronage  sur  la  musique   ibid.,    i'^'^  année), 
c'est  ainsi  qu'il  explora  les  bibliothèques  de  Rome,  i  —10^  Manuel  de  Psalmodie  en  faux-bour- 
de  ¥lorence,  de  La  Gava,  de  Ferrare,  deVe-  ,  dons    à  4    voix,  disposé   dans    un    ordre 
liise,  de  Milan  et  autres  lieux  riches  en  monu-     nouveau,   clair  et  facile;   Avignon,  Seguin, 
meuts  littéraires.  Cet  immense  travail),  achevé  |   1855,  in-S**   obi.   M.  d'Orligue,  dans   un  court 
dans  moins  d'une  année  avec  M.  Danjon,  a  paru  j  compte-rendu,  inséré  dans  la  Maîtrise  (  fe  an- 
en  partie   dans  V Histoire  de   Vharmonie  au     née,   col.  79),  déclare    ne  pouvoir  admettre 
moyen  dge,  de  M.  de  Coussernaker ,  dont  il  est  '  l'harmonie  des  faux -bourdons   de  M.  Morelot, 
la  portion    la  plus    intéressante.    De  retour  à  i  parce  qu'elle  n'est  pas  conforme  à  la  constitution 
Paris ,  M.   Morelot  fut  nommé  membre  de  la  ;  de  la  tonalité  ecclésiastique ,  telles  que  lui  et 
commission  des  arts  et  des  édifices  religieux  au   ;  Nicdermayer  l'ont  comprise  et  exposée  dans  leur 
ministère  des  cultes  (1848),  et  chargé  en  cette      Traité  de  l'accompagnement  du  plain-chani; 
qualité  de  plusieurs  réceptions  d'orgues  de  ca-  i  mais  c'est  précisément  ce  système  de   tonalité 
lliédrales.  Cette  commission  cessa  de  fonction-      et  d'accompagnement  qui  est  erroné  ,  inadmis- 
ner  après  1852.  sible  et  repoussé  de  toutes  parts.  Sans  parier 

Helire  à  Dijon  vers  cette  époque,  M.  Morelot  de  la  disposition  nouvelle  et  très-ingénieuse  de 
continua  ^le  s'y  occuper  de  la  musique  dans  son  ;  la  psalmodie  imaginée  par  M.  Morelot,  je  n'ai, 
application  religieuse ,  ainsi  qu'au  point  de  vue  moi,  que  des  éloges  à  donner  à  son  système 
iiislorique  et  archéologique.  £n  1858,  il  se  rendit  d'harmonisation^  dicté  par  un  très- bon  senti- 
à  Rome,  s'y  livra  à  dos  études  théologiques,  ment  tonal.  -^  il"  De  la  musique  au  quin- 
fut  ordonné  prêtre  en  1860  et  reçu  bachelier  en  zïème  siècle.  ?iotices  sur  un  manuscrit  de  la 
droit  canonique.  Dans  la  même  année,  il  fut  '  Bibliothèque  de  Dijon;  Paris,  Y.  Didron  et 
agrégé  à  TAcadémie  et  congrégation  pontificale  <  Ulanchet,  1836,  gr.  in  4*  de  28  pages  avec  un 
de  Sainte-Cécile,  en  qualité  de  maître  honoraire  |  appendice  de  24  pa^^es  de  musique,  dans  les- 
de  la  classe  des  compositeurs.  Après  avoir  fait,  quelles  M.  Morelot  a  traduit  en  notation  moderne 
Ters  la  fin  de  la  même  année  et  au  commence-  {  et  en  partition  plusieurs  motets  et  chansons  de 
ment  de  1861,  nu  voyage  en  Orient ,  il  est  rentré  i  Dunstaple  ou  Dunslable^  de  BitichoiSf  et  de 
en  France.  Si  je  suis  bien  informé,  M.  l'abbé  Hayne  (  voyez  ces  noms  ).  Cette  notice  fut 
Morelot  habite  maintenant  dans  le  dopa.'^fement     écrile  pour  être  insérée  dans  les  Mémoires  de  la 

13. 


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MORELOT  —  MORETTI 


19C 

commission  archéologique  de  la  Côle-d'Or,  dont  ^ 
rauteur  est  membre  :  on  n'en  a  fait  qu'un  pelit  | 
nombre  de  tiréA  à  part.  Le  précieux  manuscrit  ; 
qui  y  est  analysé  provient  de  la  bibliothèque  des  ; 
ducs  de  Bourgogne,  cl  a  été  séparé,  par  des  cir- 
constances ignorées,  de  la  riche  oollection  placée 
dans  la  bibliothèque  royale  de  Belgique.  Comme 
tout  ce  que  produit  la  plume  M.  Morelot,  son 
travail  a  le  mérite  de  la  clarté  ainsi  que  celui 
de  rérudilion.  Les  aperçus  qu'il  y  hasarde  sur 
plusieurs  points  d'histoire  de  la  musique  sont 
d'une  justesse  parfaite»  et  ses  traductions  de  la 
notation  difficile  du  quinzième  siècle  en  nota- 
tion moderne  sont  irréprochables.  —  12*  Le 
dernier  ouvrage  publié  jusqu'à  ce  jour  par 
M.  l'abbé  Morelot  a  pour  titre  :  Éléments 
d'harmonie  appliqués  à  Vaccompagnement 
du  plain-chantf  d'après  les  traditions  des 
anciennes  écoles;  Paris,  P.  Lethielleux  ,  18fil, 
on  vol.  gr.  in-8'  de  196  pages.  —  De  tous  les 
ouvrages  publiés  en  France  sur  le  même  sujet , 
vers  la  même  époque,  celui-ci  n'est  pas  seule- 
ment le  meilleur,  car  c'est  le  seul  qui ,  sans 
système  préconçu ,  présente  les  vraies  traditions 
des  écoles  et  des  temps  où  IMiarmonie  n'avait 
pour  base  que  la  tonalité  du  plain-cliant.  En 
composant  son  livre,  M.  l'abbé  Morelot  est  entré 
dans  la  seule  voie  où  le  succès  est  possible.  Les 
organistes  catholiques  ne  peuvent  faiic  de  meil- 
leure élude  que  celle  de  cet  ouvrage,  pour  la 
parlie  de  leurs  fonctions  qui  consiste  dans  l'ac- 
compagnement du  chant.  Ils  y  trouveront, 
outre  les  principes  et  la  pratique  d'une  harmo- 
nie pure  et  bien  écrite,  une  source  d'instruction 
profiuble  sur  des  sujets  importants  relatifs  à 
leur  art,  ijinorés  malheureusement  de  la  plu- 
part d'entre  eux ,  et  qui  sont  présentés  ici  avec 
la  méthode  rationnelle  et  la  lucidité  par  lesquelles 
les  travaux  de  l'auteur  se  distinguent.  Le  livre 
de  M.  l'abbé  Morelot  est  un  service  considé- 
rable rendu  à  la  restauration  de  l'art  religieux. 

MORESCIIl  ( Jean-Baptiste-Alexandre)  , 
membre  de  l'Académie  des  Fervidi,  à  Bologne, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
a  lu  dans  cette  académie,  le  31  décembre  1734, 
un  éloge  du  P.  Martini,  qui  a  été  publié  sous  ce 
titre  ;  Orazione  in  Iode  del  P.  G.  B.  Martini, 
recitata  nella  solenne  academia  de'  Fervidi 
Vuliimo  giorno  delV  anno  1784  ;  Bologne,  1786, 
in-8'^. 

MORET  (  Théodore)  ,  jésuite,  né  à  Anvers 
en  1602,  vécut  quelques  années  à  Prague,  puis 
à  Olmutz ,  et  enfin  à  Breslau,  où  il  mourut  le 
6  novembre  1667,  après  avoir  été  professeur  de 
philosophie  et  de  théologie,  puis  recteur  du  col- 
lège de  Klattau.  On  lui  doit  un  traité  assez  cu- 


rieux intitulé  :  De  Magnitudine  soni;  Breslau, 
1664,  in-4**. 

MORET-DE-LESCER  (  Astoise-Chak- 
LES),  professeur^  de  musique,  né  à  Cliarlcvilte 
en  1741,  se  fixa  à  Liège  ver*  1765,  et  publia  ua 
solfège  précédé  de  principes  de  musique  sous  ce 
litre  :  Science  de  la  musique  vocale;  Liège, 
1768,  in-4*».  En  1775,  il  annonça,  dans  VEsprit 
des  Journaux  (septembre  1775,  p.  402),  un 
livre  qu'il  disait  terminé,  et  qui  devait  être  inti- 
tulé :  Dictionnaire  raisonné,  ou  Histoire  géné- 
rale de  la  musique  et  de  la  lutherie,  enrichi 
de  gravures  en  taille-douce ,  et  d'un  petit 
dictionnaire  de  tous* les  grands  maîtres  rfr 
musique  et  musiciens  qui  se  sont  rendus 
célèbres  par  leur  génie  et  leurs  talents ^  13 
vol.  in-8^  de  400  pages  chactin.  Un  ouvrage  si 
considérable,  qui  ne  se  recommandait  point  par 
un  nom  connu,  ne  pouvait  être  accueilli  avec  fa- 
veur :  il  Q>  eut  point  de  souscripteurs ,  et  le 
livre  ne  fut  pas  publié. 

MORETl  (Le  chevalier  ),  général  espaç^noi, 
mort  à  Madrid  en  1838,  est  auteur  d'un  traite  de 
musique  intitulé  :  Grammatica  razonadn 
musical,  compuesta  en  forma  de  dialo(jo$ 
para  losprincipiantes;  Madrid,  en  la  impreola 
deSancha,  1821,  iu-8^ 

MORETTI  (André),  surnommé  il  macs- 
trino  délia  cetera  (  le  petit  maître  de  la  citliarc, 
ou  plutôt  de  tous  les  instruments  à  cordes  pin- 
cées), naquit  à  Sienne  (Toscane),  vers  le niilitu 
du  seizième  siècle.  Il  jouait  particulièrement 
du  hith  et  du  violon,  ctexcellait  sur  le  grand  m- 
truraent  appelé  \At  les  Italiens  cetarone,  ou 
chitarone,  qu'il  rapporta  de  Pologne  après  de 
longs  voyages  suivant  le  P.  Azzolini  Ugurgieri 
(  dans  ses  Pompe  Senesi  ),  et  qu'il  enrichit  de 
quatre  cordes  pendant  un  séjour  qu'il  lit  à  Bo- 
logne. Moretti  fut  au  service  de  Ferdinand  de 
Médicis,  et  concourut  par  son  talent  à  Tédat 
des  fêtes  somptueuses  qui,  pendant  un  mois  entier, 
eurent  lieu  à  Florence  et  dans  les  autres  ville* 
de  la  Toscane,  à  l'occasion  du  mariage  du  duc 
avec  la  princesse  Christine  de  Lorraine,  en  1589. 
Ugurgieri  rapporte  que  pendant  un  séjour  de  I* 
cour  à  la  villa  de  PrcUolim,  celte  princesse  ac- 
corda à  Moretti  le  singulier  honneur  de  pouïou 
appuyer  un  pied  sur  le  siège  où  elle  était  as- 
sise ,  pendant  qu'il  jouait  de  son  chitarone.  Le 
prince  lui  fit  un  avantage  plus  solide  en  le  déco- 
rant d'une  riche  chaîne  d'or.  Moiottl  fut  aussi  aii 
service  de  D.  Antoine  de  Médicis,  fils  naturel 
du  duc  François-Maric  et  de  Bîanca  Capcllo. 
qui  fut  marquis  de  Capistrano.  Il  se  livra  a 
renseignement,  et  forma  beaucoup  de  bons  oie- 
ves  ;  enfin,  dans  la  seconde  moitié  de  sa  Tie,  il 


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MORETTl  —  MORGENROTH 


197 


obtint  un  traitemeni  annuel  de  ia  cathédrale  de 
Sienne,  à  raison  de  son  habileté  dans  Vart  de 
jouer  du  luth  et  dit  ihéorbe.  Il  est  Traisem- 
l)Iable  qu^il  était  emp1o>é  dans  cette  église  à 
exécuter  sur  ces  instruments  raccompagne  ment 
de  la  basse  continue»  dont  Tusage  s*établit  au 
conunencement  du  dix-septième  siècle. 

MORETTI  (Felice),  compositeur  napoli- 
tain, fit  ses  études  musicales  au  collège  royal  de 
S.  Pietro  a  MajeUa ,  et  fut  élève  de  Zingarelll. 
Sorti  de  cette  école,  il  fit  le  premier  essai  île  son 
talent  dramatique  dans  un  petit  opéra  intitulé  II 
Tcnente  e  il  Colonelle,  qui  fut  représenté  à 
Pavie,  en  1830.  Suivant  La  Miner  va  Ticinese, 
journal  de  cette  époque,  la  musique  de  Popérette 
de  Moretti  était  brillantissime  et  pleine  de  vie. 
On  y  voit  aussi  que  le  compositeur  fut  rappelé 
sur  la  scène  par  le  public  pendant  plusieurs 
soirées.  Les  espérances  données  par  ce  début 
ne  se  réalisèrent  pas,  car  tous  les  autres  ouvragés 
du  niérae  artiste,  la  plupart  joués  an  théâtre 
isuovo  de  Naples,  n'ont  pas  réussi.  //  Prizio- 
niera  dl  Colobrieno,  représenté  en  1831  ,  Xa 
Famiglia  indiana,  dans  la  même  année,  VOs- 
sesso  itnaginario,  en  1836,  I  due  Forzati,  en 
1842,  et  VAdelina,  en  18)6,  n*ont  eu  que  des 
cliutes,  ou  une  courte  existence.  Morelti  était 
professeur  de  chant  à  Naples. 

MORGAGNl  (Jean-Baptiste),  un  des 
plus  célèbres  médecins  du  dix-huitième  siècle, 
naquit  à  Forli  le  25  février  1682,  étudia  d'abord  à 
Bologne»  puis  à  Venise,  et  enfin  à  Padone,  où  il 
remplit  plus  tard  la  chaire  de  médecine,  et  celle  d'a- 
natomie.  La  plupart  des  sociétés  savantes  de  l'Eu- 
rope Padmirent  au  nombre  de  leurs  membres.  Il 
mourut  à  Padouc  le  6  novembre  1771.  Parmi  les 
ouvrages  de  ce  savant,  on  trouve  vingt  ériltres 
anatomiqucs  servant  de  commentaires  aux 
œuvres  du  célèbre  médecin  Valsalva,  particu- 
lièrement sur  le  traité  De  Aure  humana.  Ces 
cpttres  de  Morgagni  ont  été  réunies  sous  ce  titre: 
Joannis  Baptisix  Morgagni  epistolx  anaio* 
viicœ  dxiodeviginti  ad  script  a  pertinentes  ccle- 
brrrimi  viri  Antonii  Mariœ  Valsalvx;  Venise, 
1740,  2  vol.  in-4'*.  Les  treize  premières  épitres 
forment  ie  premier  volume  composé  de  531 
pa$;es  :  elles  sont  toutes  relatives  à  Tanatouiiede 
roreille.  Ces  dissertations  réunies  au  travail  de 
Valsai  va  {Tradatusde  Aure  humana;  Venise, 
1740,  in-4^  avec  plusieurs  planches),  formaient 
la  monographie  la  plus  complète  de  Touïe,  avant 
que  le  livre  de  M.  Itard  {voyez  ce  nom)  eût 
pani  :  elle  est  encore  la  plus  savan^te. 

MORGAN  (Joun),  né  en  1711  à  Ncwburgh, 
dans  nie  d'Anglesey,  fut  le  dernier  barde  du 
pays  de  Galles  qui  ait  joué  de  l'ancien  instrir- 


ment  à  archet  appelé  crouth  ou  cruth.  Il  vivait 
encore  en  i771 ,  et,  quoique  âgé  de  soixante  ans, 
s'exerçait  chaque  jour  sur  ce  vieil  instrument, 
;connu  en  Europe  dès  le  sixième  siècle,  et  vraisem- 
blablement plus  tôt  (V.  Archxolofjia  ortniscelt. 
tracts  relating  to  antiquity  ^  t.  HT,  p.  32  ). 

MORGAN  (T.-K.),  professeur  de  musique 
à  Londres,  au  commencement  du  dix*neuvième 
siècle ,  a  fait  graver  un  jeu  de  cartes  pour  ren- 
seignement des  principes  de  musique,  et  a  pu- 
blié ce  petit  ouvrage  sous  le  titre  de  Harmonie 
pasiimes,  being  cards  consdtuted  on  ihe 
principles  of  Music,  but  intended  as  well  for 
the  amitsements  of  ihe  musical  World  in  ge^ 
neral,  asof  those  who  are  totally  unacquain- 
tedwith  the  science  ;  Londres,  1806. 

MORGENROTH  {Frakçois-Antoine),  mu- 
sicien au  service  de  la  cour  de  Dresde,  naquit  le 
8  février  1780 ,  à  Ramslau ,  en  Silésie.  Son  père 
lui  donna  les  premières  leçons  de  musique  et 
de  violon.  Admis  au  gymnase  de  Breslau  en 
1792  Jl  y  a  fait  ses  éludes  pendant  six  ans ,  et 
pendant  ce  temps  a  reçu  des  leçons  de  piano  de 
Torganiste  Debisch.  En  1798,41  se  rendit  à  Var- 
sovie, dans  l'espoir  d*y  obtenir  un  emploi.  Après 
plusieurs  années  de  surnumérariat,  il  eut  en 
1805  celui  de  contrôleur  au  d<^partement  des 
domaines.et  de  la  guerre.  L'indépendance  et  le 
loisir  que  lui  procurait  cet  emploi  lui  permirent 
de  se  livrer  à  son  penchant  pour  la  musique, 
dans  laquelle  il  fit  de  grands  progi'ès.  La  guerre 
de  1800  vint  troubler  son  bonheur  et  lui  enlever 
son  emploi  :  il  ne  lui  resta  alors  d'autre  res- 
source que  Tart,  où  il  n'avait  cherché  Jusqu'alors 
que  des  jouissances,  il  se  rendit  à  Dresde ,  et  y 
obtint  un  engagement  pour  la  chapelle  royale; 
mais  «près  cinq  années  d'attente,  pendant  les- 
quelles il  étudia  la  composition  sous  la  direction 
de  M.  Weinlig^il  fut  obligé  de  donner  des  le- 
çons pour  vivre.  Il  obtint  d'abord  remploi  de 
second  maître  de  concert  de  la  cour,  puis  fut 
nommé  premier  maître  on  premier  violon  solo 
et  chef  d'orchestre  en  1836.  Morgenroth  est  mort 
à  Dresde  le  14  août  1847.  On  a  gravé  de  sa  com- 
position :  1*^  Thèmes  variés  pour  violon  principal 
et  quatuor,  op.  1  et  2  ;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haortel.  —  2**  Deux  polonaises  pour  piano  i 
quatre  rnains;  Damberg,  Lachmuller.  —  3**  Trois 
idem  ;  Cobourg  ,  Biedermann.  —  4^  Ouverture  à 
grand  orchestre  (en  ré  majeur),  arrangée  pour 
le  piano;  Dresde,  Uiischcr.  —5^  Idem  (en  ut) 
arran.:;ée  à  quatre  mains;  Dresde,  Meinhold. 
—  6*"  Dix-huit  chansons  allemandes  à  voix  seule 
avec  accompagnement  de  piano;  Meissen, 
Klein lieiclit.  —  7**  Six  Liedcr  h  4  voix,  avec  ac- 
compagnement de  piano  ;  Leipsick ,  Breitkopf. 


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198 


MORGENROTH  —  MORI 


—  8^  Six  chansons  à  voix  seule;  ibid.  Morgen- 
rotli  A  laissé  en  manuscrit  :  i°  Àgnus  Dei  à 
4  voix  et  accoRipagnement  de  piano.  —  2"  Sanc- 
tus  idem.  ^  Z**  Salve  Regina  à  4  voix  etorclies- 
trc.  —  k"*  Ave  Regina  à  4  voix  et  piano.  — 
5"*  Veni  Sancte  apiritus,  idem.  ^  6^  Cantate 
funèbre  à  4  voix  et  orchestre.  ~  ?•  Deux  con- 
eertos  |K>ur  violon  et  orchestre.  —  8^  Sicilienne 
avec  variations  pour  violon  et  orchestre.  -* 
9°  Symphonie  en  ré   majeur    pour  orclicslre. 

—  10°  Idem  en  mi  mineur. 
MOHGEl\ST£Ri\  (Charles  DE),  con- 
seiller d^État  en  Russie,  et  professeur  d'éloquence 
et  de  belles- lettres ,  naquit  à  Magdebourg  le  28 
août  1770.  11  commença  ses  études  dans  cette 
ville,  et  les  termina  à  Tuniversité  de  Jéna.  En 
1797 ,  il  fut  nommé  professeur  de  philologie 
classique  et  de  philosophie.  L^année  suivante,  il 
alla  occuper  la  chaire  d^éloquence  à  l'athénée 
de  DanUick  ;  et  après  y  avoir  enseigné  avec  dis- 
tinction pendant  quatre  ans ,  il  accepta  la  place 
de  professeur  d'éloquence  et  de  t)ellcs-lettres  k 
Tuniversité  de  Dori^t.  Les  travaux  de  ce  savant 
sur  les  œuvres  de  Platon  jouissent  en  Allemagne 
d'une  estime  méritée.  Au  nombre  de  ses  écrits 
on  trouve  :  Grundnss  eiiter  £inleUung  zur  | 
jEstheiik  (  Projet  d'une  introduction  à  Pesthé-  i 
tique)  ;  Dorpat,  1815,  in-4''. 

MORGLATO  (  MOREL LA),  ancien  luthier  ; 
italien ,  travailla  à  Mantoue ,  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle.  Il  était  renommé  pour  ses  violes 
et  ses  luths.  S.  Agn.  Maffeî  parle  avec  éloge  de 
Morglato  Morella  et  de  la  bonne  qualité  de  ses 
instruments,  dans  ses  Annali  di  Alantova 
(fol.  147). 

MORGiVER(CHR.-G.  ).0n  a  sous  ce  nom 
un  ouvrage  intitulé  :  Vollsiœndige  Gesang- 
schule,  JSin  Bcitrœg  zur  Befœrderuny  und 
Yerhcsscrung  des  Gesanges  in  Stadt-und 
Laivdschulen  (  Ecole  complète  du  chant.  Essai 
pour  l'avancement  et  le  perfectionnement  du 
chant  dans  les  écoles  des  villes  et  des  campagnes  ) , 
Leipsick,  Friese^  1835,  in -8°  de  77  page»,  avec 
58  chants  à  plusieurs  voix.  On  ne  trouve  chez  les 
biographes  allemands  aucun  renseignement  sur 
l'auteur  de  cet  ouvrage. 

MORBEIM  (  rBÉDénic-CHRÉTiEN  ),  maî- 
tre de  chapelle  à  Dantzick,  naquit  à  Neuroarkt,  I 
dans  la  Thuringe,  où  son  père  était  cantor  et  j 
maitre  dY^cole.  11  fut  le  prédécesseur  de  Lœhlein,  ; 
à  Dantzick,  et  mourut  en  1780.  On  n*a  gravé  i 
qu'une  sonate  de  piano  de  sa  composition  :  elle 
a  |)aru  à  Dantzick.  Morheim  a  laissé  en  manu-  | 
scrit  plusieurs  morceaux  pour  le  clavecin,  tels  | 
que  concertos  et  sonates,'  des  préludes  pour  1 
l'orgue,  et  la  cantate  do  Dryden  intitulée  la  ^ 


Fête  d* Alexandre,  à  quatre  voix  et  orcliestre. 

MORHOF  (  D4XiEiy-GE0RGEs  ),l*un  des  ploi^ 
savants  et  des  plus  laborieux  philologues  de  l'Al- 
lemagne, naquit  le  6  février  1639  à  Wismar,  dans 
le  duché  de  M ecklerobourg.  Après  avoir  fait  de 
brillantes  éludes  à  Stettin  et  à  Rostock,  il  devint.en 
1657,professeur  de  poésie  dans  celte  dernière  ville, 
fut  appelé  à  Kiel  en  1673  pour  y  occuper  la  chaire 
d'histoire,  et  fut  nommé,  en  tnSO,  bibliothécaire 
de  l'Académie.  11  mourut  à  Lubeck  le  80  juillet 
1601.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Amsterdam, 
Morhof  ayant  eu  occasion  de  voir  un  marclMod 
de  vin  qui  rompait  des  verres  à  boire  par  la 
seule  force  de  sa  voix,  et  l'expérience  ayant  été 
répétée  plusieurs  fois  en  sa  présence,  il  écrivit 
sur  ce  sujei Epistolu  ad  Jon.  Daniele  majoro» 
de  Scypho  vitreo  per  certum  vocis  hummi 
sonum  a  ISicol,  Pettero  rupio,  qu'il  publia 
d'abord  en  Hollande,  1672,  et  ensuite  à  Kit*!, 
1673,  in  4".  Plus  tard,  il  revit  celte  lettre,  y  joi- 
gnit des  observations  physiques  relatives  à  PefTet 
du  son  sur  différents  corps,  et  refondit  le  tout 
dans  hi  forme  d'une  dissertation,  sous  le  titre  de 
SieiUor  hyaloclastes  sive  de  Scypho  vitreo  pcr 
certum  humanœ  t^ocis  sonum  fracio  ;Di$sey' 
tailo  qua  soni  natura  non  parum  illustra- 
tur*  Editio  altéra  priori  longe  auctior;  Ki- 
liont,  1683,  in -4**.  H  y  a  de  cet  écrit  une  autre 
édition  préférable^  laquelle  a  été  publiée  à  Kiel, 
en  1703,  in-i".  Morhof  a  traité  de  la  musique  en 
plusieurs  endroits  de  son  Polyhistor  Uterarius 
philosophions  et  practicus  (  Lubeck,  iTii, 
in-4"  ). 

Plusieurs  biographies  de  ce  sayant  ont  été  pu- 
bliées; les  meilleures  sont  :  1^  Celle  qu'il  a  écrilp 
lui-même  et  continuée  jusqu'en  1671,  puis,  qui  a 
été  achevée  et  publiée  par  Gas|)ard  Thurmann, 
sous  ce  titre  :  D.  G.  Morkofii  vita  propria  nb 
anno  natali  1639  ad  167i  cnm  anonymi  con- 
tinuatione  usqne ad  annnm  mortnaleni  169'; 
Hambourg,  1699,  in.4*\  —  2*romwKJn/fl//o  ^^ 
vila,  mcrilis  scripiisque  Dan.  Geo.  Morkofii f 
auct  /o.  3/0 //m  ;  Rostock,  1710,  in-8**. 

MORI  (  J.vcijCES  ),  compositeur,  né  h  Via- 
dana,  en  Lombard ie,  dans  la  seconde  moitié  ilu 
seizième  siècle,  s'est  fait  connaître  par  un  re- 
cueil de  motets  intitulé  :  Concerti  ecclesiastici 
1 , 2, 3, 4  rociimy  eu  m  bassogenerali  ad  organo  ; 
Anvers,  1623,  in-4**.  C'est  une  réimpression. 

MORI  (  PiKhRE),  madré  de  chapelle  de  l'é- 
glise collf'giale  de  San^Geminiano,  en  Toscane, 
fut  d'abord  organiste  de  la  cathédrale  de  Vollerre, 
et  vécut  vers  le  mifieu  du  dix  septième  siècle.  On  a 
imprimé  de  sa  composition  :  l"  Compietae  lita- 
nie délia  B.  V,  a  quattro  voci  in  concerto  ; 
Venise,  Alexandre  Vinccnti,    1041,    in-4^  — 


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MORI  —  WORÏCHELLl 


199 


2"*  Salmiaà  vod  conceriati  ;  op.  1°  ;  ibkl.,  I64d. 
Une  seconde  édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée 
chez  le  même,  en  1647.  —3"  Vespertina  psal- 
modia concert ata  quatuor  vocibus  ;  ibfd. ,  1 647. 
—  4°  31  esse  a  quatlro  e  cinque  in  concerto, 
op.  4;ibid.y  1651. 

MORI  (  François  ),  Tioloniste  et  compositeur 
pour  son  îDstrument,  est  né  à  Londres,  de  pa- 
rents italiens,  en  1793.  Son  éducation  musicale 
commença  sous  quelques  maîtres  |)eu  connus  ; 
mais  il  eut  le  bonheur  de  recevoir  des  leçons  de 
Viotti  pendant  quelques  mois,  et  ses  heureuses 
t'acullés  se  développèrent  rapidement  sous  les 
conseils  d'un  tel  maître.  Très-jeune  encore,  il  se  fit 
entendre  dans  les  concerts,  et  y  obtint  des  succès. 
Il  tirait  un  grand  son  de  Pinstrument,  et  sa  main 
gauche  avait  une  remarquable  dextérité.  De- 
venu premier  violon  des  concerts  delà  Société 
philharmonique,,  il  dirigea  souvent  Pexécution 
avec  beaucoup  de  feroaeté  et  d'entrain;  car  il 
était  excellent  musicien.  On  n*a  gravé  qu*nn  pe- 
tit nombre  de  morceaux  de  sa  composition  ;  deux 
concertos  que  je  lui  ai  entendu  jouer  dans  les 
concerts  de  Londres  sont  restés  en  manuscrit. 
Mori  s'était  fait  éditeur  de  musique  et  avait  suc- 
cédé à  Lavenu  ;  mais  ses  afTaires  commerciales 
ne  prospérèrent  pas.  Cet  artiste  est  mort  à  Lon- 
dres vers  1S42.  Il  a  laissé  un  fils,  professeur  de 
chant  à  Londres,  et  compositeur  de  choses  lé- 
gères. 

yv^f-  Mori,  sœur  de  François,  née  à  Londres, 
fut  une  cantatrice  de  la  bonne  école  et  posséda 
une  belle  voix  de  contralto.  Elle  était  très-bonne 
musicienne;  et  chantait  avec  talent  Tancienne 
musique  classique.  En  1832,  elle  était  attachée  à 
ropéra  de  Paris  ;  plus  tard,  on  la  retrouve  en 
Italie,  où  elle  chanta  jnsqu^en  1844  à  Sienne,  à 
Spolète,  à  Yicence,  à  Vérone  et  h  Mantoue. 

MORIANI  (  JosEPu  ),  violoniste,  né  à  Li- 
vourne  le  IGaoût  1752,  eut  pour  premier  mattre 
Cambini,  puisreçutdes  leçonsde  Nardini.II  étudia 
le  contrepoint  sous  la  direction  de  Charles  Roc- 
chinij  et  reçut  ausài  quelques  conseils  d'Horace 
Mei,  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Li- 
vourne.  Moriani  n^était  pas  seulement  un  violo- 
niste distingué,  mais  un  bon  chef  d*orchestre.  11 
excellait,  dit-on,  dans  lexéctition  des  quatuors 
de  Haydn  et  des  quintetti  de  Boccherini.  On 
connaît  en  Italie  des  sonates  et  des  concertos 
pour  violon  de  sa  composition.  En  1812,  il  était 
chef  d*orchestre  du  théâtre  de  Livourne. 

MORIANI  (  NAPOLÉoiv  ),  ténor  qui  a  eu  de 
la  célébrité  pendant  quelques  années,  à  cause 
delà  beauté  de  sa  voix,  est  né  à  Florence  vers 
1S06.  Appartenant  à  une  famille  distinguée,  il 
reçut  une  bonne  éducation,  et  se  livra  à  l'étude  du 


droit  pour  exercer  la  profession  d*avocat.  Culti- 
vant la  musiqtie  comme  amateur,  il  obtenait  des 
'  succès  dans  les  salons,  où  Ton  admirait  lu  lieaoté 
j  de  sou  organe  vocal,  et  ses  amis  lui  prédisaient  une 
I  belle  carrière  de  chanteur  sM  prenait  la  résolu - 
i  tion  d'aborder  le  théâtre.  Les  sollicitations  fini- 
rent par  le  décider  à  tenter  un  début  dramatique  : 
il  le  fit  au  théâtre  de  Pavie  en  1833.  Le  succès 
couronna  cet  es.sai,  et  dès  iors  la  route  de  Mo- 
riani Tut  tracée.  En  1834,  il  chanta  à  Crémone,  puis 
à  Gènes,  à  Florence,  àLucqnes,  à  Livourne,  à  Bo- 
logne, en  1837,  et  à  Naples.  Sa  réputation,  gran- 
dissant chaque  jour,  le  fit  appeler  k  Rome  en 
1838,  et  dans  la  même  année  il  chanta  à  la  foire 
de  Sinigaglia.  A  Venise  il  excita  l'enthousiasme 
des  dilettanti.  Florence  le  revit  en  1839,  et  dans 
le  même  temps  il  brilla  au  théâtre  de  la  Scala, 
de  Milan,  puis  à  Trieste.  Rappelé  dans  ces  deux 
villes  %n  1840,  il  y  mit  le  sceau  à  sa  renommée 
de  premier  ténor  de  l'Italie.  Après  avoir  chanté 
à  Vérone,  en  1841,  il  fut  appelé  à  Vienne,  où 
Pempereur,  charmé  de.  la  beauté  de  sa  voix,  lui 
donna  le  titre  de  chanteur  de  sa  chambre.  En 
1842,  Moriani  clianta  à  Turin,  puis  à  Venise  et 
de  nouveau  à  Bologne,  après  quoi  il  se  fit  en- 
tendre à  Reggio,  à  Dresde  et  à  Prague.  Appelé 
ensuite  à  Londres,  il  y  chanta  pendant  les  saisons 
1844  et  1845.  Déjà  à  cette  époque,  une  altération 
assez  sérieuse  commençait  à  se  faire  sentir  dans 
son  organe  vocal  ;  néanmoins  il  obtint  ensuite  de 
grands  succès  h  Lisbonne,  à  Madrid,  à  Barce- 
lone, en  1 846,  et  la  reine  d'Espagne  le  décora 
de  Tordre  dlsa belle  la  Catholique.  De  retour  en 
Italie ,  Moriani  chanta  encore  h  Milan  pendant 
Tautomne  de  1847,  mais  la  maladie,  toujours  incu- 
rable, de  sa  voix,  marqua  immédiatement  après 
le  terme  de  sa  carrière  théâtrale. 

MORICUELLI  (Anne  BOSELLO),  excel- 
lente cantatrice,  née  à  Reggio,  en  1760,  avait 
reçu  de  la  nature  une  voix  pure  et  flexible.  Gua- 
dagni,  un  des  meilleurs  sopranistes  de  cette 
époque,  lui  apprit  à  tirer  parti  de  ce  rare  avan- 
tage, et  en  fit  la  femme  la  plus  remarquable  des 
théâtres  de  l'Italie,  dans  la  dernière  partie  du 
dix-huitième  siècle.  En  1779,  elle  débuta  à  Parme 
avec  le  plus  brillant  succès .  Au  carnaval ''sui- 
vant, elle  brilla  au  théâtre  de  Venise,  puis  à 
Rome,  et  dans  l'automne  de  1781,  elle  excita  le 
plus  vif  enthousiasme  à  Milan,  où  elle  clianta 
avec  Mandini ,  dans  le  Falegname  de  CImarosa. 
Appelée  à  Vienne  après  cette  saison,  elle  y 
brilla  pendant  les  années  1781  et  1782  :  ce  ne 
fut  même  pas  sans  peine  qu^eile  obtint  de  l'em- 
pereur Joseph  II  la  permission  de  s'éloigner  de 
cette  ville  pour  aller  remplir  un  engagement 
qu'elle  avait  contracté  à  Turin.  En  1785 ,  elle 


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MORICHELLI  —  MORIN 


r<itourna4i  Milan,  et  y  chanta  pendant  les  saiaons 
(iu  carnaval  et  du  carême.  Naples  voulut  ensuite 
^entendre,  et  Tapplaudit  pendant  les  années 
1786  et  1787.  De  retour  à  Mitan,à  ^automne  de 
1788,  elle  s'y  retrouva  avec  MandinI,  et  y  resta 
pendant  le  carnaval  et  le  carême  de  t'789.  Ce  fut 
après  cette  dernière  saison  que  Viottt  rengagea 
pour  le  théâtre  de  Monsieur^  nouvellement  ou- 
vert è  Paris.  Elle  fut  un  des  plus  beaux  orne- 
ments de  la  compagnie  excellente  de  chanteurs 
qui  brilla  à  ce  théâtre  jusqu'au  10  aoAt  1792. 
Garât,  bon  juge,  qui  l'avait  entendue  pendant 
trois  ans,  m'a  dit  plusieurs  fois  que  M"*'  Mori- 
chelli  possédait  le  talent  de  femme  le  plus  com- 
plet et  le  plus  parfait  qu'il  eAl  entendu.  Elle  était 
aussi  remarquable  par  son  jeu  que  par  Tesprit 
de  son  chant.  Les  événements  qui  lui  Orent 
quitter  Paris  en  1793  la  conduisirent  à  Londres, 
où  elle  brilla  en  1793  et  1794.  Le  poêle  Lo- 
renzo  d'Aponte,  qui  la  trouva  dans  cette  ville  au 
théâtre  où  lui-même  était  attaché ,  fait  d'elle  ce 
portrait  dans  ses  Mémoires:  «  La  moitié  de  la 
«  saison  théâtrale  (1792)  était  écoulée  lorsque 
«  arrivèrent  à  Londres  deux  actrices  de  renom , 
«  rivales  entre  elles  :  la  Baoti ,  qui ,  à  celte 
•«  époque,  était  une  chanteuse  des  plus  célèbres  en 
«  Europe  dans  le  genre  sérieux,  et  la  Morichelli , 
«  qui  ne  lut  cédait  en  rien  comme  talent  et  qui 
«  brillait  dans  le  genre  opposé.  Toutes  deux  n'é- 
M  talent  plus  de  la  première  jeunesse  et  n'a- 
«  valent  jamais  été  citées  pour  leur  beauté  : 
«  elles  étaient  très  en  vogue  et  se  faisaient  payer 
«  un  prix  exorbitant  :  la  première  pour  le 
m  timbre  de  sa  voix  ,  seul  don  qu'elle  eût  reçu 
«  de  la  nature,  l'autre  pour  sa  tenue  sur  la 
m  scène  et  la  noblesse  de  von  jeu ,  plein  d'ex- 
K  pression  et  de  grâce.  Toutes  deux  étaient 
N  l'idole  du  public  et  la  terreur  des  composi- 
n  leurs,  poêles,  chanteurs  et  directeurs.  Une 
«  seule  de  ces  deux  femmes  aurait  suffi  pour 
«  porter  le  trouble  dans  un  théâtre  ;  qu'on  juge 
«  des  difficultés  que  devait  rencontrer  le  di- 
M  recteur  qui  les  avait  réunies  toutes  les  deux. 
n  Quelle  était  la  plus  dangereuse  et  la  plus  à 
«  redouter  n'est  pas  facile  à  dire.  Égales  en 
«I  vices,  en  passions  et  en  fourberies,  toutes  deux 
41  manquant  de  cœur,  mais  d'un  caractère  dia- 
«  métralement  opposé,  elles  poursuivaient  en 
«  sens  contraire  le  même  sysème  pour  la  réali- 
«  sation  de  lears  projets. 

«  La  Morichelli,  douée  de  beaucoup  de 
«  fmesseet  d'esprit,  agissait  avec  ruse  etdissi- 
H  mulalion ,  et  tous  ses  actes  s'accomplissaient 
R  dans  l'ombre;  elle  prenait  ses  mesures  à 
«  l'avance,  ne  se  confiant  à  qui  que  ce  soit,  ne 
«  se  laissant  jamais  emporter  par  la  passion, 


«  et,  bien  que  de  mœurs  dissolues ,  sa  tenue  était 
■  si  modeste  et  si  réservée,  qu'on  l'eût  prise 
«  pour  une  Ingénue  ;  plus  amer  était  le  fiel  que 
«  distillait  son  cœur,  plus  angéliqiie  était  le  sou- 
«  rire  de  ses  lèvres.  Elle  était  femme  de 
«  théâtre.  Ses  dieux  étaient  ceux  de  toutes  ses 
«  pareilles  ;  elle  était  dévote  à  leur  culte.  Ces 
«  dieux  étaient  l'intérêt ,  l'orgueil  et  l'envie.  • 
Retournée  en  Italie  après  la  saison  de  1794, 
MB«  Morichelli  parait  avoir  quitté  la  scène  peu 
de  temps  après. 

MORIGl  (Piurre),  chanteur  excellent,  né 
dans  la  Romagne,  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle ,  fut  soumis  dans  son  enfance  à 
l'opération  de  la  castration,  et  étudia  Tari  du 
chant  dans  l'école  de  Pistocchi,  à  Bologne.  De 
tous  les  sopranistes  de  son  temps ,  il  fut  celui 
dont  la  voix  eut  le  plus  d'étendue  vers  les  sons 
aigus.  Après  avoir  brillé  sur  plusieurs  théâtres 
de  l'Italie ,  particulièrement  à  Rome,  il  fut  en- 
gagé à  Pétersbourg  en  1734.  Bien  qu'il  fût  âgé 
d'environ  cinquante-quatre  ans  lorsqu'il  chanta 
à  Londres  en  1768,  il  s'y  fit  encore  admirer. 

MORIGl  (ANCfOLo) ,  né  à  lUmini  en  1762, 
reçut  des  leçons  de  violon  de  Tartini,  et  apprit 
le  contrepoint  à  Padoue,  sous  la  direction  de 
Yalotti.  En  1758,  il  fut  engagea  la  cour  de  Parme 
en  qualité  de  premier  violon,  et  quelques  années 
après  il  eut  le  titre  de  directeur  de  la  musique  du 
prince.  11  mourut  à  Parme  en  17S8.  On  a  gravé 
de  sa  composition,  chez  Joseph  Patrini^  â 
Parme  :  l'Six  sonates  pour  violon  seul,  op.  1. 
—  2**  Six  trios  pour  2  violons,  violoncelle,  et 
basse  continue  pour  le  clavecin^  op.  2.  — 
3*  Six  Cmxcerti  grossi  pour  violon;  Parme,  1758, 
réimprimé  à  Amsterdam  en  1762.  —  4"*  Six 
idem,  dédiés  à  rinfant  D.  Philippe,  op.  4; 
Parme,  1759.  Morigi  passait  pour  un  bon  nialtie 
de  composition.  Parmi  ses  élèves,  on  remarque 
B.  Asioti.  Celui-ci  a  publié,  sans  doute  par 
reconnaissance  pour  la  mémoire  de  son  maître, 
un  petit  traité  du  contrepoint  et  de  la  fugue  par 
Morigi ,  ouvrage  de  peu  de  valeur ,  qui  a  fwur 
titre  :  Trattato  di  conirappunto  fugato; 
Milan,  Rlcordi,  in-8''  de  35  pages.  Michaeiis  a 
fait  une  traduction  allemande  de  cet  opuscule, 
intitulée  :  Abhandlung  iiber  denfugirien  Cofi' 
trapunct  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel ,  181C, 
in-g"  de  43  pages. 

MORIN (Jcan-Baptiste),  fils  d'un  tisserand, 
naquit  à  Orléans  en  1677.  Après  avoir  fait  ses 
études  musicales  à  la  maîtrise  de  Saint-Aignan , 
il  devint  frère  servant  dans  l'ordre  équestre  de 
Saint-Lazare.  Plus  lard ,  l'abbcsse  de  Cliciles , 
troisième  fille  de  Philippe  d'Orléans,  rrgcnt  (tu 
royaume,  rattac!:a  à  sa  maison  en  qualité  de 


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MORIN  —  MORLACCIII 


2C1 


maître  de  cliapeUe.  Elle  lui  donna  uue  peasion  de 
500  livres  sur  sa  cassette,  puis  une  autre  pension 
de  1,500  livres  sur  rarchevéclié  de  Rouen,  lui  lit 
doii  de  son  médaillon  gravé  par  Leblanc,  ainsi 
que  de  son  portrait  en  pied,  et  eut  pour  lui  d'au- 
tres bontés  (V.  Les  Hommes  illustres  de  VOr- 
léonais,  tome^  T^  p.  74,  et  les  notes  manuscrites 
deBoij^gelou).  Morin  mourut  à  Paris  en  1745, 
et  fut  enlerré  au  cimetière  des  Innocents.  Ce 
musicien  a  publié  à  Paris,  chez  Ballard,  en  1707 
et  1 709,  deux  livres  de  Cantates  françaises  à 
\me  et  deux  voix,  mêlées  de  symphorûes  de 
violons  et  basse  continue,  en  partition.  Il  fut  le 
premier  musicien  français  qui  écrivit  des  mor- 
ceaux de  ce  genre ,  à  Timitalion  des  Italiens  ; 
mais  les  cantates  de  Bernier  tirent  bientôt  ou- 
blier celles  de  Morin,  quoiqu'elles  ne  valus- 
sent guère  mieux.  On  a  aussi  de  Morin  deux 
livres  de  motets  imprimés  à -Paris,  obez  Bal- 
lard. 

MORIIVT  (Ferdinand),  compositeur  et  violo- 
niste, né  à  Florence,  fut  attaché  à  la  musique 
particulière  du  grand-duc  de  Toscane,  Léopold  H, 
jusqu'à  la  révolution  de  1859,  qui  a  produit  Tor- 
ganisalion  du  royaume  d'Italie.  Cet  artiste  labo- 
rieux s'est  fait  connaître  avantageusement  par 
le^  ouvrages  dont  voici  la  liste  :  1°  Symphonie  à 
grand  orclicstre  (en  mi  bémol  ),  en  quatre  mou- 
vements ,  dédiée  à  Pauteur  de  cette  notice.  — 
2"  Ouverture  ent*/,  à  grand  orchestre.  —  3"  Ou- 
verture en  mi  mineur  idem,  —  4"*  Variations 
(en  mi  )  pour  violon  et  orchestre.  —  5'  Varia- 
tions (en  la)  idem.  —  6**  Grand  concerto  mi- 
litaire (en  ut  )  pour  orchestre  et  chœur,  divisé  en 
quatre  mouvements.  —  V  Quintette  pour  violon 
principal ,  second  violon ,  deux  altos  et  violon- 
celle. —  8*  Il  Trionfo  delta  gloria,  cantate  de 
Métastase  p4)ur  ténor  et  orchestre.  Admirateur 
pa<isioDné  du  génie  de  Beethoven ,  M.  Morini  a 
arrangé  à  grand  orchestre  sotis  le  titre  de  Con- 
cnioni  (grands  concertos)  :  l**  Le  premier  trio 
(in  mi  bémol)  pour  piano ,  violon  et  violoncelle. 

—  2"^  Le  trio  en  sol  du  même  œuvre.  — 3*  Le  trio 
m  ut  mineur,  idem,  —  4**  La  sonate  en  la  pour 
piano  et  violon  dédiée  à  Kreutzer.  —  5"  La  sonate 
•'H  mi  bémoly  oeuvre  12.-7  6*^  La  sonnte  en  sol, 
op.  36.  —  7^  La  sonate  en  la  mineur,  op.  23. 

—  7**  La  sonate  en  ut  mineur,  op.  30.  «-  8^  La 
sonate  en  fa,  op.  24.  —  9*  Le  trio  pour  piano, 
>iolon  et  violoncelle,  op.  11.  —  9°  Le  quintette 
pour  piano  et  instruments  à  vent,  op.  16.  — 
10''  Les  quatuors  en  si  bémol ,  en  fa  et  en  ut  mi- 
netir,  de  l'œiivre  I8<*.  —  1 1"  Les  deux  quintette 
tn  ut  et  en  mi  bémol  pour  instruments  à  cordes. 
De  plus,  M.  Morini  a  tiré  de  divers  ouvrages  de 
6.  ellioven  1 2  quintettes  pour  ilûte,  2  violons,  alto 


et  basse ,  et  c  quintettes  pour  cbrinette  et  les 
mêmes  instruments  à  cordes. 

MORITZ  (C.-T.) ,  pianiiitcct  compositeur  al- 
lemand de  Tépoque  actuelle  (1850),  n'estconnu  que 
par  les  ouvrages  qu*il  a  publiés.  Parmi  ces  com- 
positions, on  remarque  :  1*"  Sonates  pour  piano 
et  note  ou  violon,  op.  2,  4,  8,  9  ;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hœrtel,  Pcters.  —  2*  Sonate  pour  piano, 
flûte  et  violoncelle,  op,  3  ;  Leipsick,  Breitkopf  et 
l^œrtel.  —  3°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  13  et 
14.  —  4**  Chanta  à  trois  on  quatra  voix,  op.  10 
et  11  ;  Leipsick,  Peters.  —  ô^ChanU  ttUeder  à 
voix  seule,  avec  accompagnement  de  piano,  op.  5, 
6, 7, 12,  15  ;  Leipsick  et  Hambourg. 

Un  facteur  d'instruments  de  Berlin,  nommé 
Moritz  (Jean-Gode froid),  mort  le  30  juillet 
1840,  fut  le  premier  qui  appliqua,  en  1835,  les 
pistons  aux  instruments  de  basse  en  cuivre  it 
construisit  le  Èassiuba ,  qui  a  remplacé  Tophi- 
cléide  avec  avantage.  (Voy.  la  Gazette  générale  de 
musique  de  Leipsick,  anuée  1840,  page  1049.) 

MORLA.GCHI  (François),  compositeur 
renommé,  naquit  à  Pérouse,  le  14  juin  1784. 
Son  père,  habile' violoniste,  lui  donna  les  pre- 
mières leçons  de  musique  et  de  violon  dès  Tâge 
de  sept  ans.  Jusqu^à  dix-huit  ans ,  il  se  livra 
aussi  à  Tétude  du  piano,  de  Torgueet  de  Taccompa 
gnement.  Ses  premiers  maîtres  turent  Louis  Ca- 
ruso,  compositeur  napolitain,  alors  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Pérouse,  et  direc- 
teur de  récole publique  de  musique  de  cette  ville; 
Louis  Mazzetti,  organiste  de  la  cathédrale  et 
oncle  de  sa  mérc,  qui  le  dirigeait  dans  Tétude 
du  clavier  de  Torgue.  Dans  le  même  temps, 
Morlacchi  fréquentait  les  classes  du  Lycée 
communal,  et  y  faisait  ses  études  littéraires.  Son 
penchant  pour  la  composition  s'était  développé 
de  bonne  heure,  et  avant  d*avoir  atteint  sa  dix- 
huitième  année  il  avait  écrit  Toratorio  intitulé 
Gli  AngeU  al  scpolcro.  Une  production  si  im- 
portante pour  un  jeune  homme  da  cet  Age  fixa 
sur  lui  Pattention  de  plusieurs  amateurs,  et  sur- 
tout du  comte  Pierre  Baglioni,  qui  prit  Morlacchi 
sous  sa  protection,  et  l'envoya  étudier  Tart  sous 
la  direction  de  Zingarejli ,  alors  maître  de  cha- 
pelle de  la  Santa-Casa  à  Loreto.  Morlacchi  avait 
alors  dix'huit  ans;  il  était  amoureux  d'une 
jeune  fille  nommée  Anna  Fabrizi,  et  ce  fut  avec 
peine  qu'il  s'éloigna  de  Pérouse  pour  aller  à 
Lorette.  L'enseignement  de  Zingarelli,  tout  de 
tradition,  était  lent,  timide  même  et  peu  fait  pour 
satisfaire  une  imagination  impatiente.  L*ennui 
s'empara  de  l'esprit  de  Morlacchi  ;  il  comprit 
quMl  ne  ferait  pas  de  progrès  avec  le  maître  qui 
lui  avait  été  donné,  et  sa  résolution  de  retourner 
près  de  lobjet  de  sa  tendresse  ne  tarda  paa 


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202 


!^I0RLACCH1 


h  Hte  réalisée.  Peu  après  son  arrivée  à  Péroiise, 
iidevÎDt  répoux  d'Anna  Fabrizzi.  Cependant,  cod- 
Taincu  qu'il  lui  restnit  encore  beaucoup  à  ap- 
prendre dans  Part  dNcrire  la  musique, il  se  ren- 
dit à  Bologne,  en  I805,  pour  y  faire  un  cours 
complet  de  contrepoint  so;i5  ^a  direction  du 
F.  Stanislas  Maltci,  mineur  conventuel,  le 
meilleur  élève  du  P.  Martini  et  son  successeur 
dans  la  savante  école  fondée  par  ce  maître. 
Dana  la  même  année,  Morlacchi  fut  chargé  de 
composer,  à  Tocçasion  du  couronnement  de  Na- 
poléon Bonaparte  comme  roi  dltalie,  une  can- 
tate qui  fut  exécutée  au  théâtre  de  Bologne. 
Pendant  la  durée  de  ses  études,  il  écrivit,  an  mois 
de  décembre  ld05,  un  Te  Dcum  qui  fut  exé- 
cuté dans  l'église  de  la  Miséricorde,  ainsi  que 
trois  hymnes  et  un  Pater  noster,  qui  furent 
snlvi*:,  en  1806,  de  deux  Tant u m  ergo,  chan* 
tes  à  ri'glise  de  la  Trimtéy  d^une  cantate  à  la 
louange  de  la  musique,  et  d'un  psaume  pour  la 
musique  des  Philharmoniques,  à  Saint-Jean  in 
Monte,  ^i  enfin  du  XXX1U™«  chant  de  C Enfer 
du  Dante.  En  1807  (  février)  il  donna  avec  suc- 
cès au  théâtre  de  la  Pergola ,  de  Florence, 
la  farce  intilalce  //  Poêla  in  campagna»  De 
retour  à  Bologne ,  il  y  écrivit  un  Miserere  à 
16  voix,  qui  fut  exécuté  dans  l'église  de  IVln- 
nimziata  et  obtint  Tapprobalion  des  connais- 
seurs. La  réputation  que  couimençaient  à  lui 
faire  ces  divers  ouvrages  lui  procura  un  engii- 
gemcnt  pour  aller  écrire  à  Vérone  son  premier 
opéra  bouffe  intitulé  il  Rifratto,  dont  la  réussile 
fut  complète.  F.u  18U8,  Ramhaldi,  entrepreneur 
du  théâtre  de  Parme,  appela  Morlacchi  pour  y 
composer  la  musique  du  mélodrame  //  Cor- 
radlno  :  treize  jours  lui  suffirent  pour  écrire  la 
partition  de  cet  ouvrage,  dont  le  succès  fut 
brillant.  Le  genre  qu'il  y  avait  adopté  participait 
du  style  de  Paer  et  de  celui  de  Mayer,  alors  les 
deux  compositeurs  dramatiques  les  plus  renom- 
més de  rita1ie\  Dans  la  même  année,  Morincchi 
écrivit  Enone  e  Paride ,  pour  le  théâtre  de 
Livourne,  ainsi  que  VOreste,  qui  fut  représenté 
pour  la  première  fois  sur  le  théâtre  de  Parme. 
En  180»  parurent  Rinaldo  d'Asti,  à  Parme, 
La  Pîincipessa  per  ripicgo ,  à  Rome,  il  S/- 
monclTio,  au  théâtre  Valle  de  la  même  ville,  et 
Le  AiH'enture  diunagiomata/a  Milan.  Ra|»- 
pelé  à  Rome  en  1810,  U  y  composa  |H)ur  le 
théâtre  Argentina  Topera  sérieux  le  Danaide, 
dont  le  succès  éclatant  détermina  le  choix  que 
fit  de  lui  te  roi  de  Saxe  pour  diriger  la  musique 
du  théâtre  italien  à  Dresde.  Ayant  accepté  les 
propositions  qui  lui  étaient  faites,  Tartiste  arriva 
dans  cette  ville  le  :>  juillet  1810,  à  Tâgo  de 
Tingt-six  ans.  Un  an  plus  tard,  il  fut  engage  |)our 


toute  sa  vie  avec  un  traitement  considëiable, 
et  un  congé  de  plusieurs  mois  chaque  année 
fut  stipulé  avec   faculté  d*en  faire  usage  pour 
écrire  pendant  ce  temps  partout  où  il  voudrait. 
Jusqu'à  cette  époque,  Morlacchi  avait  fait  loir 
dans  presque  tous  ses  ouvrages  des  éclairs  de 
talent  qui  semblaient  devoir  donner  à  l'Italie  un 
de  ces  grands  musiciens  qui  marquent  une  éfxt- 
que  du  sceau  de  leur  individualité.  La  plupart 
de  ses  opéras  contenaient  des  morceaux  d  une 
heureuse  conception  ;  ainsi  le  trio  du  souterrain 
dans  le  deuxième  acte  de  Corradino ,  produisit 
une  vive  impression  sur  les  habitants  de  Panne, 
et  le  succès  de  l'ouvrage  fut  si  grand,  que  le 
buste  du  compositeur  fut  exécuté  en  martre, 
pour  être  placé  au  théâtre,  avec  celte  inscrip- 
tion :  Orphœa  mutescii  lyra ,  Morlacchiqt'e 
Camamur  svspiciunt  gcnium.  Mais  la  tapidile 
du  travail  nuisait  chez  Morlacchi ,  comme  cl)e/ 
la  plupart  des  compositeurs  dramatiques  italiens, 
aux  soins  qui  seuls  peuvent  conduire  à  des  pro- 
ductions durables  les  artistes  que  la  nature  a 
doués  de  plus  de  talent  que  de  génie.  Arri%e  on 
Allemagne ,   il  y  ressentit  au  bout  de  quelque 
temps  rintltience  du  pays  où  Pharmonie  e^l  na- 
turellement plus  forte  et   plus  colorée ,  et  .«es 
ouvrages  eurent,  depuis  cette  époque,  une  p'os 
grande   valeur.  Sa  première  composition  écnte    | 
à  Dresde  fut  une  messe  pour  la  cbapelledu  roi; 
on  y  trouve   un  Aqnvs  d'un  frand  effet  pour 
des  voix  sans  accompagnement.  Au  mois  d'avril 
1811,  il  écrivit  son  Raoul  de  Créqtii ,  le  meii-    j 
leur  do  ses  ouvrages.  Chaque  année  lui  vit  pro- 
duire une  quantité  considérable  de  musique  tk 
tout  genre.   Vers  la  fin  de  1813,  la  domination 
russe  pesa  d'un  joug  de  fer  sur  la  Saxe,  long- 
ten)p8  alliée  de  la  France  ;  Morlacchi  éprouva 
les  effets  de  cette  oppression  :  car  le  prince 
Repnin,  lui  ayant  fixé  un  terme  pour  la  compo- 
sition d'une  cantate  destinée  à  Tanniversairp  di- 
la  naissance  de  l'empereur  de  Ru««sie,  le  neciafa 
de  l'envoyer  en  Sibérie  s^i  l'ouvrage  n'était  pas 
terminé  au  jour  indiqué;  mais  la  cantate  fut 
prête  avant  le  temps,  et  k  compositeur  écrivit 
aussi  une  messe  pour  deux  voix,  seules,  en  lan- 
gue slavonne,  suivant  le  rit  grec,  à  Pusage  de  U 
chapelle  particulière  du  prince  Kepnin.  A  la 
même  époqtie,  la  chapelle  royale  de  Dresde  dul 
sa  conservation  au  zèle  de  Morlacchi ,  car  il  fit 
le  voyage  de  Francfort  pour  y  voir  Tempereur 
Alexandre,  qui  révoqua  le  décret  di'  suppres- 
sion. Le  retour  du  roi  de  Saxe  (Frédéric)  dans 
.sa  capitale,  en  1814,  fut  salué  avec  enthousiasme 
par  ses  sujets  :  Morlacchi  ne  fut  pas  des  derniers 
à  témoigner  la  joie  qu'il  en  ressentait.  II  écrifit 
sa  troisième  messe  solennelle,  qui  fut  exécuté* 


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MORLACCHI 


203 


en  action  de  grâces  à  IVgii^e  catlioltque  de  Dresde,  . 
et  composa  pour  le  tliéÂtre  royal  il  Barbiere  dl 
Sivigliay    qni  précéda  d'une  année  celui  que 
Rossini  écrivit  à  Rome  sur  le  même  sujet  ;  celui 
de  Moriacclii  obtint  un  brillant  succès.  Dans  la 
même  année,  il  écrivit  une  cantate  à  l'occasion 
de  Centrée  des  alliés  à  Paris,  le  3t  mars.  Parmi 
ses  diverses  compositions  écrites  en    1815  on 
remarque  25  morceaux  de  musique  religieuse , 
tels  que  psaumes;  offertoires,  antiennes,  «tc.^ 
pour  le  service  de  la  chapelle  catholique  de  la  | 
cour,  SIX  canzonette  a?ec  accompagnement  de  ' 
piano ,  et  une  cantate  pour  le  jour  de  naissance  | 
de  la  comtesse  Thérèse  Lopuska ,  à  Dresde.  En 
1S16,  Morlacchi  écrivit  aussi  l'Auroraj  cantate 
pour  des  voix  seules ,  à  Toccaston  du  jour  de  , 
naissance  de  la  reine  de  Saxe  :  cet  ouvrage  Tut 
exécuté  à  Pillnitz.  Le 21  Juin  de  la  même  année,  ' 
il  Tut  élu  membre  de  T Académie  des  beaux -arL< 
de  Florence. 

Souvent  appelé  en  Italie  poinr  écrire  de:i  opéras 
nouveaux,  il  mit  dans  ses  travaux  une  activité  peu 
commune.  Couronné  en  1815  dans  sa  ville  natale 
après  Texécution  de  ses  Darutïdei  et  de  son  ora- 
torio de  la  Passion,  il  obtint  du  pape  la  déco- 
ration de  rÉperon  d*or  pour  ce  dernier  ouvrage. 
Dans  Vlsacco^  figura  del  Redeiiiore,  que  Mor- 
lacchi composa  après  son  retour  à  Dresde  en!  817, 
il  fit  Tessai  d^un  nouveau  genre  de  chant  rh>th- 
mique,  pour  remplacer  le  récitatif;  ce  chant  eut  un 
très-grand  succès.  Ce  bel  ouvrage  fut  suivi  de 
la  quatrième  messe  solennelle  du  compositeur, 
exécutée  au  mois  de  juillet  à  la  chapelle  royale, 
et  du  mélodrame  La  Semplicetta  di  Pima, 
représenté  an  mois  d'août.  Au  mois  de  septembre 
suivant,  Morlacchi  partit  pour  Naples,  où  il  donna 
aiilhéûtre  Saint-Charles  (janvier  1 81 8  )4a  cantate 
dramatique  La  Bodicea  ;  puis   il  alla  écrire  à 
Milan  Gianni  di  Parigi,  l'un  de  ses  plus  beaux 
ouvrages,  dont  la  représentation  fut  pour  lui  un 
véritable   triomphe.  Son  retour  à   Dresde  fut 
niarqué    par  la  composition  de  sa  cinquième 
messe  solennelle,  exécutée  au  mois  de  septembre 
1818,  pour  célébrer  le  jubilé  du  règne  du  roi  Pré- 
déric-Auguiite,  et  pour  la  même  occasion  il  écrivit 
on  hymne,  une  cantate  solennelle  et  une  épode 
à  deux  chœurs,  exécutées  par   400  musiciens, 
avec  la  coopération  de  Ch.- Marie  de  Weber,  et  qui 
augmentèrent  sa  réputation  en  Allemagne.  A  Toc- 
casion  de  la  dédicace  du  nouveau  temple  de 
Bischofswerda,  -une  députation  du  magistrat  de 
cette  ville  le  pria  de  doouer  ce  morceau  pour  le 
commencement  du  service  divin,  et  le  droit  de 
bourgeoisie  lui  fut  accordé  par  le  même  magistrat 
en  témoignage  de  reconnaissance.  Parmi  ses  der- 
niers opéras,  un  de  ceux  qui  obtinrent  le  plus  de 


succès  fut  celui  de  Tebaldo  ed  Isolina  :  il  fut 
joué  sur  la  plupart  des  théâtres  de  Tltalie.  En 
1827,  il  écrivit  pour  Venise  l  Saraceni  in  Sici- 
lia ,  et  Tanui^e  suivante ,  pour  le  théâtre  Carlo- 
Feîice  de  Gènes,  Il  Colombo,  dont  la  musique  fit 
naître  l'enthousiasme  des  habitants  de  cette  ville 
et  procura  au  compositeur  des  ovations  Inaccou- 
tumées. De  retour  à  Dresde ,  il  reprit  ses  tra- 
vaux de  musique  d*église  et  de  tliéâtre.  Ce  fut 
en  cette  même  année  que,  dans  l'espace  de  treize 
jours,  il  composa  sa  messe  de  Requiem,  consi- 
dérée comme  un  de  ses  chefs-d'œuvre,  et  qui  fut 
exécutée  le  32  mai  dans  la  chapelle  catholique, 
avec  une  grande  pompe,  pour  les  obsèques  du 
roi  Frédéric- Auguste  1''.  A  ce  bel  ouvrage  succé- 
dèrent une  multitude  de  compositions  de  tout 
genre.  En  1829,  il  écrivit  pour  le  théâtre  royal 
Topera  bouffe  II  Disperato  per  eccesso  di  buon 
cuore.  Dans  les  années  suivantes,  ses  messes  so- 
lennelles furent  portées  au  nombre  de  dix,  et  dans 
le  même  temps  Morlacchi  produisit  son  épisode 
du  Canie  UgoUno,  compté  parmi  ses  plus  belles 
inspirations.  Enfin,  des  vêpres  de  la  Vierge,  un 
Magnificat,  et  beaucoup  de  petites  œuvres  dé- 
tachées se  succédèrent  sans  interruption.  Cette 
activité  productrice  se  soutint  jusqu'en  1840, 
nonobstant  une  altération  progressive  de  la  santé 
du  compositeur.  Son  dernier  ouvrage  fut  un  opéra 
de  Francesca  di  Rimini,  qu'il  n^acheva  pas. 
Cependant  l'état  maladif  de  Morlacclii  augiuentait 
chaque  jour,  et  la  décroissance  de  ses  forces  ins- 
pirait de  vives  Inquiétudes  à  ses  omis.  Après 
une  consultation  de  ses  médecins,  du  mois  de 
septembre  l841,Fartiste  prit  la  résolution  de  se 
rendre  à  PIse,  accompagné  du  docteur  Bierling; 
mais  arrivé  à  Inspruck  (Tyroi),  le  25  octobre, 
une  attaque  de  paralysie  pulmonaire,  occasion- 
née par  la  fatigue,  Tobligca  do  s'y  arrêter,  et  il 
y  expira  le  28  du  même  mois,  à  Tàge  de  cin- 
quante-sept ans;  il  en  avait  passé  trente  et  un 
au  service  de  la  cour  de  Saxe.  Des  honneurs 
furent  rendus  à  sa  mémoire  à  Dresde  et  à  Pé- 
ronse. 

Il  serait  difficile  de  citer  toutes  les  produc- 
tions de  Morlacchi  ;  les  plus  connues  sont  :  I-  Potit 
l'église,  1®  Te  Deum,  Pater  noster,  plusieiii^ 
Tantum  ergo  et  un  Miserere  à  seize  voix,  à 
Bologne,  ainsi  que  trois  motets,  à  Parme,  1807. 
_  2°  Première  messe  solennelle,  à  Dresde  eu 
1810.  —3*  Vêpres  complètes  ibid.,  1811.  — 
4**  La  Passion,  oratorio,  1812.  —  5°  Deuxième 
messe,  ibid.  —  6*  Miserere  à  trois  voix,  san.^i 
accompagnement,  morceau  devenu  célèbre  en  Al- 
lemagne. —  T*  Troisième  messe,  à  Dresde,  en 
1814.-8°  Quatrième  messe,  en  langue  slavonne 
suivant  le  rit  grec,  ibid.  —  9°  Psaumes  à  quatre 


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I 


20-1 


MORLACCHÏ  —  MORLAYK 


voix  et  orchestre,  ibni.,  1815.  —  10*  Antiennes, 
f(l.  ibid.,  1S15.—  iroffertoirea,  id.  Ibid.,  1815. 

—  n*"  Cinquième  messe  solennelle,  ibid.,  1818. 
i3^/Ar/cco,oralorio,ibid.—  14*  i«  Morte  d'A- 
hele,  oratorio,  1820.  —  lo**  Messe  de  Reqxùcm^ 
composa  en  dix  jours,  pour  les  funérailles  de 
Frédéric-Auguste,  roi  de  Sane.  —  16*  Sixième 
messe  solennelle,  à  Dresde,  en  1825 —  17**  Pla- 
sieurj  motets  et  antiennes  pour  des  fôtes  particu- 

.  lères.  —  \T  bis  Septième,  huitième,  neuvième  et 
d<xième  messes  solennelles,  à  Dresde,  1827àl839. 

—  iT*  ter  Vépreîi  de  la  Vierge ,  Magnificat  et 
hymnes,  ibid. —  II.  Poun  letdéatre:  iè^IlPoeta 
in  campagna,  farce,  à  Florence  (février  1807). 

—  19**  Il  Bitratto,  opéra  l)ouffeen  un  acte,  à  Vé- 
rone, dans  U  même  année.  ^  20°  Corradifw,k 
Parme,  1808. — 21**  Enone  e  Paride^  à  Livourne, 
1808.  —22*  Oreste,  k  Parme,  1808.— 23*iiinaWo 
d'Asti,  opéra  bouffe,  à  Parme,  1809.— 24*  Il  Si- 
moncino,  farce,  ibid.  — 25*  La  Principessa per 
i'impiego,  à  Rome,  1809.  —  26*  Le  Avventure 
d*una  giornata^  Milan,  1809.  —  27*  Le  Da- 
naïde,  à  Rome,  1810.  —  28*  IlCorradino,  avec 
une  musique  nouvelle,  à  Dresde,  en  1810.  — 
29*  Raoul  de  Crequi,  à  Dresde,  181 1.  —  30*  la 
Capricciosa  pentita,  ibid.,  1812.  —  31*  // 
Suovo  Barbiere  di  Siviglia,  ibid.,  1815.  — 
32*  La  Bodicea,  cantate  dramatique,  à  Naples, 
en  1818.  —  33*  La  Semplicetta  di  Pirna,  à 
Pillnitz.  —  34*  Donna  Aurora,  opéra  bouffe,  à 
Dresde,  1819.  —  Zb'^Tebaldo  ed  IsoWia/\b\d,, 
\S20.  -^ZG"  La  G ioventùdi  Enrico  V,  ibid. 
1821.  —  37*  Vllda  d'Avenelle,  ibid.,   18î3.  I 

—  38*  Laodicea,  en  1825.  —  39*  /  Saraccni 
in  Siciliafh  Venise,  1827,—  40*.  Il  Colombo, 
à  Gênes,  1828.  —  41*  //  Disperato  pcr  ec- 
cesso  di  buon  cuore^  à  Dresde,  1829.  — 
42»  Gianni  di  Parigi ,  à  Milan,  1829.  —  43*  I 
>:araceni  in  Sicilià,  avec  une  musique  refaite  en 
|)artie  sur  un  livret  allemand,  1830.  —  44*  Fran- 
cesca  da  Riminiy  pour  Venise,  mais  non  achevé. 

—  m.  Musique  dIveiise  -.  45*  Cantate  pour  le 
couronnement  de  Napol('^)n,  à  Bologne,  1807. 
^  46*  Idem ,  pour  la  naissance  du  roi  de  Rome, 
à  Dresde,  1811.  ^47*  Mem,  pour  le  roi  de 
4^a\e,  ihid.,  181 1  —  48*  Grande  cantate  pour  l'as- 
semblée des  rois  et  de  Napoléon  à  Dresde,  juillet 
a^l2.  —  49*  Dans  la  même  année,  cinq  autres 
«antates,  à  Dresde.  —  50*  Cantate  |>our  Tanni- 
▼ersaire  de  la  naissance  de  l'empereur  Alexandre , 
à  Dresde,  1813.  —  51*  Cantate  de  victoire  pour 
la  prise  de  Paris,  ibid.,  1814.  —  52«  Cantate 
pour  le  roi  de  Saxe,  ibid.,  1818.  —  63*  Épode  h 
1  chœurs  ibid.,  1818.  — -  54*  Fragment  du 
XX  X*  chant  de  V Enfer  du  Dante ,  pour  voix  de 
basse.  -  55*  Trente-six  ariettes  et  chahsons  ita- 


liennes à  voix  seule,  avec  accompagnement  de 
piano,  en  dix  recueils;  Leipsick ,  Breilkopf  el 
HiTrtcl.  —  56*  Quelques  pièces  instrumentales, 
à  Parme,  en  1S08.  —  57*  Quelques  sonates 
d*orgi)e,  h  Dresde. 

Morlacchi  s'est  fait  estimer  à  Dresde  par  son 
noble  caractère.  Il  a  toujours  vécu  avec  ses  col- 
lègues Weber  et  Reissiger  dans  des  relations  d'a- 
mitié et  sans  aucun  sentiment  de  jalousie.  M.  An- 
toine Mezzanottt ,  de  Pérouse ,  a  publié  un 
Elogio  funèbre  del  cavalière  Francesco  Mor- 
lacchi, Perugino  ;  Pérouse,  1842,  in-4*,  et  M.  le 
comte  Jean-Baptiste  Rossi-ScotU,  concitoyen  du 
célèbre  compositeur,  a  donné  une  très-intétes- 
santé  notice  intitulée  :  Délia  vita  e  délie  opère 
delcav.  Francesco  Morlacchi  di  PerugiOf  etc.; 
Perugia,  iipografia  di  VincenzQ  BartelU^ 
1861,  un  volume  in-4*  de  140  pages,  avec  des 
documents  justiiicatifs  et  le  portrait  lithogra- 
phie de  Morlacchi.  J'ai  tiré  de  cet  ouvrage  les 
moyens  de  rectifier  quelques  parties  de  la  notice 
qui  avait  paru  dans  la  première  édition  de  cette 
Biographie  universelle  des  Musiciens. 

MORLAND  (Samuel),  baronnet,  méca- 
nicien anglais,  naquit  à  Sulhammstead,  vers  iG2â. 
Après  avoir  passé  près  de  dix  ans  dans  TunlTer- 
site  de  Cambridge ,  où  Tétude  des  mathémati- 
ques l'occupa  particulièrement ,  il  fut  employé 
dans  des  missions  diplomatiques  en  Suède  et  en 
Piémont,  sous* le  gouvernement  de  Cromweli. 
Retiré  des  affaires  après  la  restauration  à  la- 
quelle il  avait  contribué,  il  se  livra  uniquement 
aux  sciences.  Il  s'occupa  surtout  avec  succès  de 
Phydraulique  et  de  l'hydrostatique.  C'est  â  lui 
qu'on  doit  Tinvention  du  porte-voix ,  dont  il  a 
donné  la  description  et  la  figure  dans  un  livre 
en  langues  française  et  anglaise,  intitulé  :  Des- 
cription de  la  Tuba  stentorophonica  ou 
porte- voir;  Londres,  1761,  in-folio.  Les  expé- 
riences (ailes  en  préi^nce  de  Charles  II  prouvent 
que  Morland  avait  inventé  cet  instrument  dans 
le  même  temps  que  Kircher  à  Rome.  On  trouve 
un  extrait  de  Touvrage  de  Morland  dans  les 
Transactions  philosophiques  (ancien  recueil» 
n*  70 ,  p.  3056).  On  croit  aussi  que  la  première 
idée  de  l'usage  de  la  vapeur  comme  force  mo- 
trice appartient  à  Morland.  Il  mourut  pauvre 
en  1697. 

MORLAIVE  (l'abbé  DE),  guilariote  i 
Paris,  inventa  en  1788  une  nouvelle  espèce  de 
guitare  à  sept  cordes ,  à  laquelle  il  donna  le  oon 
de  lyre.  Cette  guitare,  exécutée  par  le  luthier 
PIron ,  n'eut  fwint  de  succès  d'abord  ;  mais  plus 
tard  elle  eut  un  moment  de  vogue  après  qu'on 
l'eut  réduite  à  six  cordes. 

MORLAYC  (GiiLLAiME),  luthiste  français, 


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IMORLAYE  —  xMORLEY 


205 


▼irait  k  Paris  vers  ie  niilieu  du  seizième  siècle. 
Il  a  publié  des  recueils  de  pièces  pour  la  gui- 
tare et  pour  le  luth.  Ceux  qu'on  connaît  ont 
pour  titres  :  1*^  Tabulaiuredeguitenie  (guitare), 
01^5071^  chansonif  gaillardes,  pava9tes,  braïu- 
les,  allemandes^  fantaisies,  etc.  ;  Paris,  Michel 

Feiendat,  1 550 2**  Tabulature  de  luth,  cori' 

tenant  plusieurs  chansons,  fantaisies^  etc. 
Livres  /,  //,  ///;  Paris,  par  Michel  Fezen- 
(lat,  1552-1555,  in^**  oblong.  —  3*  Premier 
livre  de  psalmes  mis  en  musique  par  Pierre 
Ccrton;  réduitz  en  tabulature  de  lent  (luth) 
par  maure  Guillaume  âforlaye,  réservé  la 
partie  du  dessus ,  qui  est  notée  pour  chanter 
en  jouant;  Paris,  par  Michel  Fezcndat,  15â4, 
Jn-4'*  obi. 

MOBLEY  (TuoMAs),  musicien  anglais  du 
seizième  siècle,  n'est  connu  que  par  ses  ouvrages. 
On  sait  seulement  quMl  fut  élève  de  William  Bird, 
à  qui  il  a  dédié  le  meilleur  traité  de  musique 
publié  en  Angleterre;  quMl  avait  été  gradué  ba- 
chelier en  musique  à  Tuniversité  d'Oxford^  le  6 
juillet  1588;  que  la  re'me  Elisabeth  l'admit  dans 
sa  chapelle  le  25  juillet  1592  ;  et  .qu'il  cessa  de 
vivre  à  Londres  en  1604  dans  un  Age  peu  avancé, 
et  après  avoir  passé  ses  dernières  années  dans 
un  état  de  souffrance  presque  continuel.  La  ré- 
putation de  Morley,  comme  compositeur,  n'égale 
pas  chez  ses  compatriotes  celle  de  son  maître; 
toutefois  il  est  certain  que  son  harmonie  est  en 
général  mieux  écrite;  que  sa  mélodie  est  plus 
gracieuse ,  et  que  par  son  élégante  manière  de 
faire  chanter  les  parties,  il  fait  voir  qu'il  avait 
étudié  avec  fruit  les  œuvres  de  Palestrina.  Les 
compositions  connues  de  Moriey  sont  :  l''  Can^ 
zonets,  or  Utile  short  songs  for  3  voyees;  Lon- 
dres, Th.  Este,  1593.  Cet  œuvre  a  été  traduit 
en  allemand,  et  publié  d'abord  à  Cassel,  en  1612, 
puisa  Roslock,  en  1G24.  —  2*^  The  first  bookof 
Madrigals  to  4  voyees  ;  ibid.,  1594,  in-4".  — 
3»  Canzonets,  or  short  aires  to  five  or  six 
voyees;  ibid.,  1595.  —  4"  The  firsl  book  of 
Canzonets  for  iwo  voyees;  ibid.,  1595.  Cet 
ouvrage  a  été  réimprimé  en  1619.  Une  nou- 
velle édition  des  madrigaux  de  Moriey,  à  trois 
et  quatre  Toix  ,  a  été  publiée  sans  date  (  vers 
1825)  en  partition  par  les  RK.  \V.  W.  Holland 
et  W.  Cooke,  à  Londres.  —  5"  The  first  book  of 
ballets  to  5  voyees;  ïbïd.,  1595,  in-4*'.  Une 
traduction  allemande  de  cet  ouvrage  a  été  publiée 
par  Valentin  Haussmann,  à  Nuremberg,  en  1609, 
10-4°.  Les  Ballets ,  sortes  de  madrigaux  d'un 
niouvement  animé,  pour  quatre  on  cinq  Toix, 
étaient  destinés  à  être  chantés,  et  quelquefois 
aussi  dansés  aux  accents  de  cette  musique  Tocale, 
C'e«t  ce  que  Moriey  explique  bien  dans  sa  Plaine 


and  easie  Introduction  to  practical  Musick 
(voyez  ci-après),  où  après  avoir  parié  de«  Villa^ 
nelles,  il  dit  :  «  Il  y  a  une  autre  espèce  (d'airs) 
a  d'une  plus  grande  Taleur,  laquelle  est  appelée 
«  ballets  ou  danses,  sortes  de  chansons  qui, 
«  étant  chantées,  peuvent  être  également  dan- 
«  sées  (1),  etc.  «Ainsi  que  le  remarque  aussi 
Moriey,  les  ballets  sont  originaires  de  l'Itatie, 
et  Gasloldi  (voyez  ce  nom)  est  le  premier  qui 
écrivit  des  pièces  de  ce  genre.  M.  le  Dr.  lulonard 
Rimbault  a  donné  une  belle  et  correcte  édition 
en  partition  de  la  première  suite  des  Ballets  de 
Moriey  dans  la  précieuse  collection  de  la  société 
des  antiquaires  musiciens;  Londres,  Chappell,  1 842 
un  volume  in- fol.  —6*  Madrigalsto  b  voyees; 
ibid.,  1595,in-4*'.— 7**  Canzonets,  orUttleshori 
ayres;  Londres,  1597.  — 8*  The  first  book  of 
ayres  or  Utile  short  songs  to  sing  andplay  to 
the lute  with  the  basse-viole;  ibid.,  1000.  Mor- 
iey a  laissé  en  manuscrit  des  antiennes  et  des 
bymnes  quiontété  recueillies  dans  la  collection  de 
lord  Harlcy,  en  1715 ,  et  se  trouvent  aujourd'hui 
au  Muséum  britannique,  parmi  les  manu- 
scrits de  Harley,  n»»  7337-73i2.  Boyce  a  inséré 
son  service  funèbre  dans  le  recueil  intitulé  C'o- 
thedral  services.  On  a  aussi  de  ce  musicien  des 
pièces  de  clavecin  on  d'épinette  dans  le  Virginal- 
book  de  la  reine  Elisabeth.  Moriey  est  é<iiteur 
d'une  collection  de  madrigaux  italiens  traduits 
en  anglais,  sous  ce  titre:  Madrigals  to  5  voyees, 
colleciedout  ofthe  bestitalian  authors;  Lon- 
dres, lâ98.  C'est  aussi  lui  qui  a  publié  un  recueil 
de  madrigaux  anglais  composés  à  la  louange  d'E- 
lisabeth par  divers  musiciens,  et  dont  ilavait  com- 
posé les  numéros  13  et  24.  Ce  recueil  est  intitulé 
The  Triumphs  of  Oriana  to  5  and  6  voyees , 
composedby  several  authors  ;  honôrvs ,  1601. 
Ce  titre  fait  allusion  à  Oriane,dame  d^Ainadis 
de  Gaule,  et  miracle  de  beauté  et  de  sagesse 
comme  était  supposée  Elisabeth.  Les  compositeurs 
des  chants  à  5  et  6  voix  réunis  dans  ce  recueil 
sont  :  Thomas  Moriey  »  Michel  Est ,  Daniel  Nor- 
comb,  Jean  Mundy,  £lUs  Gibbons,  Jean  Benat, 
Jean  Hilton,  Georges Marson ,  Richard  Carlton, 
Jean  Holmes,  Richard  Nicolson,Thomab  Tomkinft, 
Jean  Farmer,Jean  Wilbye  ,  Thomas  Weelkes, 
Jean  Milton,  Georges  Kirbye,  Robert  Jones,  Tho- 
mas Bateson,  Gior.  Croce  et  François  Pilkîngton. 
M.  William  Hawes  a  donné  une  bonne  édition 
en  partition  delà  Collection  The  Triumphs  of 
Oriana;  Londres  (sans  date),  in-fol.  Il  est  re- 


(I)  Tbere  le  aluo  another  Uadmore  l(i;ht  Ihan  this  {ni' 
ianelle  ) ,  whicb  Uiej  teann  Ballets  or  danees,  and  are 
songs,  wbicli  brlng  aong  to  a  dlttie  ma;  likcwlse  bc  danced, 
etc.  {The  tkird  part,  p.  180.) 


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206 


MORLEY  ~  MORNABLE 


marquable  que  dans  la  même  année  où  furent 
imprimés  Tke  Triumphs  of  Oriana  (  1601  ), 
Pierre  Phalèse  publia  à  Anvers  :  t^  Trionfo  di 
Dori,  deseritto  da  diversi,  et  posti  in  mu- 
sical da  aUretanti  auiori  a  sei  roei  ;  in  An- 
versa,  etc.  Chose  singulière!  le  nombre  des 
chants  du  Trionfo  di  Dori  est  de  29,  comme 
celui  des  triomphes  d^Oriane  ;  celui  des  poètes  et 
celui  des  musiciens  est  le  même  dans  les  deux 
collections  ;  enfin,  dans  celle  d'Anvers  on  lit  en 
tète  de  ciiaque  pièce  :  Viva  la  bella  Dori  !  et 
chaque  madi  igal  de  la  collection  anglaise  a  aussi  : 
Long  lïve  fair  Oriana,  Laquelle  de  ces  collec- 
tions a  été  faite  à  rimitation  de  Tautre?  Enfin, 
Morley  a  été  Téditeur  d*ane  collection  de  pièces 
instrumentales  pour  un  orchestre  composé  de  luth, 
pandore,  guitare,  basse  de  viole,  flûte  et  dessus 
de  viole;  cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Consort  Les- 
sons,  mode  by  divers  exquisite  authors,  for 
6  différent  instruments  to  platj  iogether^  viz  : 
ihe  treble  Iule,  pandora^  citterne,  base  vioU, 
flûte  and  treble  violl,  2<ne  édition  ;  Londres, 
1011,  in  4^ 

Les  transformations  subies  par  la  musique  de- 
puis la  fin  fia  seizième  siècle  ont  fait  tomber 
dans  Toubli  les  compositions  de  Morley;  mais 
son  nom  vivra  longtemps  dans  Thisloire  de  la  lit- 
térature musicale,  par  le  livre  excellent  qu'il  a  pu- 
blié sous  ce  titre  :  A  plaine  and  easie  introduc" 
iion  to  practical  Mxisick ,  set  downe  in  forme 
ofa  dialogue  idividedinto  three  parles,  ihe 
first  teachelh  to  sing  with  ail  tkings  necessary 
for  (lie  ktwwledge  of  prichtsong  ;  the  second 
treatelh  of  discante,  etc;  tke  third  and  last 
pari  treatelh  of  composition  of  three ,  fourc , 
fi  ve  or  more  part s^  etc.  (  Introduction  complète 
et  facile  à  ta  musique  pratique,  en  forme  de  dia- 
logue ;  divisée  en  trois  parties ,  dont  la  première 
enseigne  à  chanter,  avec  toutes  les  choses  néces- 
saires pour  la  connaissance  du  solfège;  la  .se- 
conde traite  du  contrepoint  ;  la  troisième  et  der- 
nière partie  renferme  les  règles  de  la  composi- 
tion à  trois,  quatre,  cinq  et  un  plus  grand 
nombre  de  parties,*  etc.);  Londres,  imprimé 
par  Pierre  Short,  1597,  petit  in-fol.  Ce  livre 
renferme  une  multitude  de  choses  relatives  à 
l'ancienne  notation  ,  à  la  mesure  et  à  la  tonalité, 
qu'on  ne  trouve  point  dans  les  autres  traités  de 
musique  du  même  temps.  La  preuîière  parîie 
est  terminée  par  de  très-bons  solfèges  à  deux  et 
trois  voix,  qui  ont  beaucoup  d'intérêt  sous  le 
rapport  historique.  La  seconde  partie  contient 
des  exemples  de  contrepoint  sur  le  plain-chant, 
fort  bien  écrits*.  On  y  trouve  une  table  des  dis- 
positions de!«  intervalles  dans  les  accords  de 
tierce  et  quinte ,  et  de  tierce  et  sixte ,  qui  peut 


être  considérée  comme  no  des  premiers  essai» 
de  systèmes  d'harmonie.  La  troiâième  partie  est 
aussi  un  des  meilleurs  traités  de  'Compbsilion 
écrits  au  seizième  siècle;  c'est  même  celui  où  la 
connaissance  pratique  de  Part  est  la  plus  étendue. 
A  la  suite  de  cette  troisième  partie,  Morley  a 
placé  des  notes  très-développées  sur  tout  l'ou- 
vrage ,  particulièrement  sur  ce  qui  concerne  la 
notation.  Gerber,  Uurney ,  Hawkins  et  WatU , 
dans  sa  BibUotheca  Britannica,  citent  une 
édition  du  livre  de  Morley  publiée  à  Londres  en 
1608;  mais  cette  édition  prétendue,  dont  j'ai  \u 
des  exemplaires,  n'est  antre  que  la  première  oà 
l'on  a  changé  le  frontispice.  Une  deuxième  édi- 
tion réelle  a  paru  à  Londres  en  1771,  iQ-4^ 
chez  W.  Randall;  elle  est  beaucoup  moins  rare 
que  la  première. 

MORLIÈRE  (  Charles -Jacques  -  Locts- 
AUGCSTE  ROCHETTË  DE  LA  },  né  à  GrcHahie 
en  1701,  fut  d'abord  mousquetaire,  et  devint, 
on  ne  sait  à  quel  titre ,  chevalier  de  l'ordre  du 
Christ  de  Portugal.  Fixé  l  Paris  ,  il  s'y  adonna 
à  la  culture  des  lettres ,  mais  ne  produisit  que 
des  ouvrages  médiocres,  parmi  lesquels  on 
eompte  une  brochure  qu'il  publia  à  Toccasion 
des  querelles  sur  la  musique  française,  sous  le 
litre  de  Lettre  d'un  sage  à  un  homme  respec- 
table, et  dont  il  a  besoin,  sur  la  musique  ita- 
lienne et  française^  Paris,  1754,  in-i2.  La 
Morlière  est  n^ort  à  Paris  au  commencement  de 
février  1785. 

MORi\ABLE  (  Antoine  ) ,  musicien  fran- 
çais, vécut  dans  la  première  partie  du  seizième 
siècle.  11  est  connu  par  des  motets  et  des  clian- 
sons  à  quatre  parties,  qui  se  trouvent  dans  plu- 
sieurs recueils  publiés  à  Paris ,  particulièrement 
dans  ceux  qui  ont  pour  titre  :  Liber  septimus 
XXII JI  trium ,  quatuor,  quinque  et  sex  vo- 
cum  modulos  domimci  ad  vent  us,  nativitatiS' 
que  ejus  ac  sanclorum,  etc.  Parisiis,  apiid 
Petrum  Attaingnant,  1533,  in-4*  obi.  Il  s'y 
trouve  deux  motets  de  Mornablc.  Liber  qiiintvs- 
II  trium  primorum  tonorum  Magmficai 
continet  ;  ibid  ,  lo34,in-4°.  Le  Magnificat  de  Mor- 
nahle  est  du  2'"e  ton.  —  A7'  livre ,  contenad 
XXVII l  chansons  nouvelles  à  quatre  parties; 
en  unvoUuneet  en  deux.  Imprimées  par  Pierre 
Attaingnant  et  Hubert  Jallety  1542,  petit  io- 
4^  obi.  —  Bicinia  gallica,  latina  et  germa- 
nica,  et  qiuvdam  fugx^  tomi  duo  ;  Vitebenja:, 
ajnid  Georg.  Rliav,  1545,  petit  iû-4°  obi.  - 
Motetti  del  Fiore,  Tertius  liber  cum  quatuor 
vocibus.  Impressum  Lugduni  per  Jacobum 
Modernum  de  Pinguenlo.  Anno  Domini  1539, 
iii-40  —  Trente-cinq  livres  de  Chansons  nou- 
velles à  quatre  parties,  de  divers  auteurs,  en 


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MORNABLE  —  MORTABO 


207 


Àcux  relûmes;  Paris,  par  Pierre  Attain' 
(jiumt,  1539-1549,  m-4''  obi.  On  y  trouve  des 
chansons  de  Moroable  dans  les  livres,  2,  5,  9, 
II,  14,15.  16,  19,  24,26,  28,  29  et32.  — QUAT^ 
livre  de  Chansons  composées  à  qwitre  par- 
ties par  bons  et  excellents  musiciens;  Paris, 
1653,  chez  Adrien  Le  Roy  et  Robert  Ballard, 
iD-4*.  —  Quart  livre  de  Chansons  nouvelle- 
ment composées  en  musique  à  quatre  parties, 
par  M.  Jacques  Arcadet  et  autres  autheurs; 
Paris,  Adrien  Le  Roy  et  Robert  Ballard,  1561, 
in-i".  Un  livre  de  motets  de  Mornable  se  trouve 
à  la  bibliothèque  royale  de  Munidi  (  n"*  137, 
D.  à  ) ,  sous  ce  titre  :  Motetorum  musicaUum 
fualuor  vocum,  liber  primus;  Parisiis,  apud 
Vetrum  Atiaingnant  (sans  date),  petit  in-4° 
obi. 

MORO  (Jy^CQUES),  moine  servite,  né  à 
Viadana,  dans  la  province  de  Mantoue,  vécut 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle  et  au 
commencement  du  dix -septième.  On  connaît  de 
lui  les  ouvrages  dont  voici  les  titres  :  1**  Can- 
zoneUe  alla  napolitana;  libro  primo  a  tre 
voci;  con  un  dialogo  e  due  canzonette  a 
qualtrovoci;  Veneila,  app.  Angelo  Gardano, 
1581,  in-4°.—  2*»  Motetti,  Magnificat  e  falsi 
bnrdoni  a  1,  2,  3,  4,  6  et  8  voci;  una  com- 
pléta a  8  voci,  con  le  antifone  delta  Beaia 
Virgim  ;  —  3°  Messe  a  otto  voci ,  Letanie  et 
Canzoni  a  Quattro  voci,  op.  8,*  in  Veneùa, 
Giac.  Vincenti,  1604,  in-4°.  —  4'  Il  primo  libro 
dé*  madrigali  a  5  voci;  Venezia,  app.  Teredc 
di  Bart.  Magni,  1613,  in-4''. 

MORS  (Antoine),  facteur  dVguesà  Anvers,' 
naquit  dans  cette  ville  vers  1480.  11  livra  à  la 
cour  (de  Gand),  en  1514,  un  orgue  pour  la 
chapelle,  qui  lui  fut  payé  115  livres  (1).  Au 
mois  de  juin  1516,  il  livra  aussi  une  paire 
d'orghes  au  roi  Charles  (  Charles-Quint  )  pour 
s  en  servir  à  son  très-noble  plaisir  (2).  Au  mois 
de  mars  1516,  il  vendit  on  clavichordium  à 
Tarchiduchesse  Éléonore,  pour  la  somme  de 
16  livres,  et  à  la^èine  époque  il  reçut  146  livres 
pour  Vcstoffe  et  la  fachon  (  façon ,  travail  ) 
d'unes  nouvelles  orcfhes  que  monseigneur 
(  Charles-Q(iint)  lui  avait  fait  acheter  pour 
servir  journellement  en  sa  chapelle  (3).  An- 
toine Mors  vivait  encore  en  1529,  car  il  reçut 
alors  20  livres  pour  sa  peine  et  salaire  d'avoir 
refait  et  raccousiré  les  orgues  de  la  chappelle 
de  madame  (Marguerite  d* Autriche,  gouver- 


(11  nfglstre  n»  F  I09  d«  la  Chambre  des  comptes  aux 
Archiveii  de  UUe  (  dëpartemeot  du  Nord). 
(2)  Registre  F  Mè,  Ibid. 
lî|  Regislre  F  *3i ,  «bid. 


nante  des  Pays-Bas  )  et  fait  trois  souf/leis  avec 
leurs  contrepoids  de  plomb  servant  ausdicts 
orgues  (1).  Si  cet  Antoine  Mors  est  le  même  dont 
il  est  parlé  dans  la  Chronique  de  Schwerin,  et  qui 
fournit,  en  1559,  à  Jean  Albert,  duc  de  Mecklem- 
bourg ,  un  orgue  destiné  à  être  placé  dans  la  ca- 
thédrale de  Schwerin ,  il  devait  être  âgé  d'environ 
soixante-dix-neuf  ans.  11  est  dit  dans  la  chro- 
nique (2)  qu*Antoine  Mors  était  né  à  Anvers. 
Cette  même  clironique  mentionne  un  Jérôme 
Mors ,  fils  dudit  Antoine ,  qui  mourut  à  Schwe- 
rin en  1593,  à  Tàge  de  soixante-dix-neuf  ans,  et 
que  le  duc  Albert  appela  près  de  lui  lorsqu'il 
n'avait  encore  que  dix-sept  ans,  c'est-à-dire 
en  1536.  La^Chroniqne  dit  que  ce  Jérôme  Mors 
exerçait  sa  profession,  aidé  par  ses  lils  Antoine 
et  Jacques  et  ftar  ses  vingt  filles. 

MOHS  (  Henri  ),  facteur  d'orgues,  vraisembla- 
blement de  la  même  famille  que  le  précédent,  vé- 
cut à  Anvers,an  commencement  du  seizième  siècle. 
On  voit  dans  le  registre  n°  ¥  199  de  la  Chambre 
des  comptes ,  aux  Archives  du  département  du 
Nord,  à  Lille ,  quMl  reçut,  au  mois  de  mai  1517, 
la  somme  de  62  livres  10  sous,  pour  avoir 
vendu  au  roi  Charles  (  Charles- Quint  ) ,  de 
petites  orgues,  pour  s'en  servir  en  sa  capelle, 
et  les  porter  avec  lui  en  son  pourckain 
voyaige  d'Espaigne ,  pour  ce  que  celles  que 
Von  jouait  estoient  trop  grandes  et  trop  pé' 
santés. 

MORT  ARC  (  Antoine  ),  moine  franciscain, 
né  à  Brescia  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
fut  organiste  des  églises  cathédrales  d'Ossaro  et 
de  Novare,  puis  remplit  les  mêmes  fonctions  an 
couvent  de  son  ordre,  à  Milan.  11  retourna  en  1610 
à  Brescia,  et  se  relira  au  couvent  de  Saint-Fran- 
çois de  cette  ville,  où  il  mourut  en  1619.  Coz- 
zando  cite  {Libraria  Bresciana,  p.  46)  les 
ouvrages  suivants  de  la  composition  de  ce  reli- 
gieux :  r  Fiamelle  amorose  a  tre  voci,  libri 
1,  2,  3,  4,  Venise,  Amadino,  1599.  Il  y  a  une 
édition  antérieure  publiée  par  le  même  en  1594, 
in-4^  —  2°  Messe ,  Salmi ,  Magnificat,  can- 
zoni da  suonare,  e  falsi  bordoni  a  13  voci  in 
paWf7«ro;  Milan,  1610.  —  2°  Canzoni  a  ^  voci 
con  il  basso  per  suonare,  Itb.  II;  Venise, 
Alexandre  Yindenli,  1611,  réimprimé  en  1623. 
—  4^  Letanie  a  quattro  voci  con  il  basso  per 
Vorgano;  Venise.  On  connaît  aussi  du  P. 
Mortara  :  —  5**  Primo  libro  de  canzoni  da 
soiuire  a  quattro  voci;  in  Venetia,  appresso 

(i)  Kcgistre  n»  180S  de  la  Chambre  des  comptes,  aux  Ar- 
chives du  royaume  de  Belgique. 

(2)  Voir  le  ChrnnieoH  Swriuic,  pnr  Bernard  Hedcziciis, 
col.  1667  et  1681,  et  les  lUiiletinxde  la  Commission  royaie 
d'histoire  (de  la  Belgique) ,  U«  aérke,  t.  IV,  p.  861.) 


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208 


MORTARO  —  MORTIMER 


niccardo  Amndlnoy  1600,  iii-4'*.  Cet  ouvrage 
est  dédié  à  Constant  Antegnati,  célèbre  orga- 
niste de  Brescia.  Diruta  (  voy.  ce  nom  )  a  extrait 
de  ce  premier  livre  le  canzone  intitulé  VAlbfir- 
gona,  qu'il  a  inséré  dans  son  TransUvano, 
en  partition  des  quatre  parties ,  et  en  tablaïuie 
pour  être  exécutée  sur  Forgue  et  sur  le  clavecin, 
avec  les  diminutions  (  variations  )  qu'y  a  faites 
le  même  Diruta.  Celte  pièce  a  pour  litre ,  dans 
le  Transilvano  :  Canine  d'Antonio  Mortaro 
delta   VAlbergona,   pardta   et   intavolala. 

—  C*  Psalmi  ad  vespcras  iriaque  cantica 
Ueatdc  Virginis  octo  vocibus  Antonii  Mortari 
Brixiensis  in  ecclesia  divi  Francisci  Medio- 
lani  orgonistx;  ibid.,  1599,  in-4*'.  r 

MORTËLLARl  (Michel),  compositeur 
dramatique,  né  à  Palcrmc  en  1760,  entra  dans 
son  enfance  comme  élève  an  Conservatoire  de* 
FigliuoU  dispersi  de  Muratori ,  puis  fut  envoyô 
à  Naples ,  où  il  reçut  des  leçons  de  Piccinnl.  11 
n^était  âgé  que  de  vingt  ans  lorsqu'il  écrivit  à 
Rome  son  premier  opéra,  intitulé  Ti'oja  dis- 
trutta.  Cet  ouvrage  fui  suivi  de  Didone  abban^ 
donata  ;  Naples,  1771.  Il  lit  ensuile  représenter  : 
Le  Astuzie  amorosCj  Venise,  1775;  Don 
Gualterio  in  civeita,  1776;  Ezio ,  à  Milan, 
1777;  Annida,  1778;  Troja  distrutta^  avec 
nne  musique  nouvelle,  à  Milan,  1778;  Alessan- 
dro  nell'  Indie,  1779;  Il  Barone  di  Lago 
Kero,  à  Florence,  1780;  Antigone ,  à  Rome, 
1782;  la  Fat  a  benc/icatk  Varèse,  1784;  Se- 
miramide,  k  Milan,  1785  ;  L'Infanta  suppostOy 
à  Modène,  1785.  Vers  la  fin  de  cette  année, 
Mortellari  se  rendit  à  Londres.  Il  y  fit  repré- 
senter en  1786  son  Armide,  oîi  la  cantalrice 
Mara  chanta  le  premier  rôle.  Il  parait  qu'il  se 
fixa  dans  cette  ville,  car  on  ne  le  retrouve 
plus  en  Italie  après  cette  époque ,  et  il  eut  un 
fils  qui  était  professeur  do  musique  à  Londres 
en  1809.  On  a  gravé  dans  le  journal  de  musique 
italienne  à  grand  orchestre  commencé  par 
Bailleux,  treize  airs  extraits  des  opéras  de  Mor- 
tellari, avec  les  parties  séparées.  On  connaît 
aussi  sous  son  nom  :  1**  6  canzonefs  with  an  ac- 
companiment  for  the  piano  forte  or  harp, 

—  2"  XVIII  Italian  catches  and  glees  for 
3  voices.  —  3**  VIII  canzonets  with  an  acconi' 
paniînent  for  the  piano  forte  or  hàrp.  Tous 
ces  ouvrages  ont  paru  à  Londres  vers  1799.  — 
4*  Six  sextuors  pour  2  violons ,  hautbois ,  flûte , 
alto  et  violoncelle  ;  Paris,  Naderman. 

MORTIMËR  (  Pierre  ) ,  littérateur  musi- 
cien ,  de  la  secte  des  frères  moraves ,  naquit  le 
5  décembre  1750,  k  Putenham,  dans  le  comté 
de  Surrey  (  Angleterre),  et  fit  ses  études  au  col- 
lège théologique  de  Niesky,  village  de  la  Silésie 


dont  la  population  est  de  la  communion  niorarp. 
puis  à  Barby,  petite  ville  de  la  Saxe  qui  est  de 
la  même  religion ,  et  où  se  trouvait  alors  m 
institution   scientifique  fondée   par  la  Société. 
Nommé  professeur   à  Pécole   d*£bers(lorf,  ea 
1774,  il  n'y  resta  qu'une  année,  ayant  étésp- 
pelé  au  pxdagogium  de  Niesky  en  i775.  Deu\ 
ans  après ,  il  fut  envoyé  À  Ncowied  (lias-Rliio), 
où  il  prit  part  à  la  rédaction  du  journal  publié 
par  les  frères   de  la  communauté ,  jusqu'à  re 
que    les  infirmités  de  Page  l'eussent   oblig^^  a 
cesser  tout  travail  :  alors  il  se  retira  à  Hf^rm- 
huit ,  ville  de  Saxe  (  aux  frontières  de  la  Silôcie , 
dont  tous  les    habitants  appartiennent  à  cdlr 
secte.  Il  passa  ses  dernières  années  dans  lerepoi, 
soit  à  Herrnhutt,  soit  à  Dresde.  Une  alUque 
d'apoplexie  le  frappa  le  6  janvier  1828,  et  il 
mourut  le  8   (1).   Doué  d'un  esprit  supérieur, 
Mortimer  était  un  savant,  dans  toute  TacceptioD 
du  mot  :  il  excellait  particulièrement  dans  h 
mathématiques,  la  musique  et  la  poésie  lab'oe. 
Il  s'est  fait  connaître  comme  écrivain  p«r  nn: 
Histoire  de  la  Société  des  missions  en  Angleterre. 
et  par  la  traduction  de  l'Histoire  des  Églises,  de 
Millner.  On  a  de  lui  un  fivre  excellent  sur  U 
tonalité  du  chant  choral  de  l'l^gli.<;e  réformée. 
où  il  examine  les  avantages  des  ancien»  rood^ 
grecs  sur  la  tonalité  moderne ,  et  es$a>edc(U^ 
montrer  que  les  mélodies  du  chant  choral  ap- 
partiennent toutes  à  trois  de  ces  modes,  savoir  : 
l'hypoionien,  l'hypodoricn  et    rhypomixolydieo. 
Quoique  celte  dernière  partie  de  son  système  ne 
soit  pas  clairement  prouvée,  il  n'est  pas  moii» 
vrai  que  le  travail  de  Mortimer  est  digne  du  pio^ 
vif  intérêt,  et  qu'il  renferme  des  vues  aussi  noD^ 
▼elles  que  lumineuses.  Il  ne  faut  pas  chercher  dans 
ce  livre  les  bases  de  la  tonalité  dans  les  espèces 
de  quartes  et  de  quintes  qui  constituent  les  Ions 
du  plain-cliant  ;  le  but  de  l'auteur  est  riiarmonit* 
que  doit  faire  l'organiste  dans  raccompagnciueot 
des  psaumes  et  cantiques ,  en  raison  du  rapp<Tl 
de  la  mélodie  avec  le  caractère  hypoionien,  hjpo- 
dorien ,  ou  hypomixolydien  des  modes  grecs  de 
l'antiquité.   Ce  qu'il  cherche,  c'est  l'onitc,  |«3r 
des  règles  fixes,   de   l'harmonie  chorale,  pour 
l'usage  de  la  secte  religieuse  dans  laquelle  il  M 
né.  Tous  ses  exemples  de  chant  des  psaames  ei 
des  cantiques  sont  pris  dans  le  plus  ancien  li^i^ 
choral  des  frères  moraves ,  descendants  des  lius- 
sites,  lequel  a  été  imprimé  en  1566,  saos  dow 
de  lieu,  avec  le  portrait  de  Jean  Huss,  sous« 

(I)  Ces  renseignements  sont  Urés  d'onc  notice  ln«*rf 
dans  le  Nouveau  MsKasIn  de  la  Lusace  (^r«mM»'"- 
titchen  ÂtagaUn  ) ,  laqucOe  â  été  publiée  par  M.  Uo- 
pold  Haupr,  prédicateur  à  cœrllU  ,  spcréiaîrc  de  U  So- 
ciety des  sciences  de  la  Lusaoe  supérieure 


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MORTIMER 


209 


tifre  :  Kirchengesetig  darinnen  die  Heubtar- 
iicket  des  christlichen  glaubens  kuriz  gefasset 
uiul  ausgeleget  sindU  1  vol.  in  4°  de  291  pages. 
Le  livre  de  Mortimer  a  pour  titre  :   Der  Cho- 
ral-Gesang  zur  Zeit  der  Refomtation,  oder 
Versuch  die  Frage  zu  beantworten  :  tvoker 
kommt  es,  dass  in  den  Choral- Melodien  der 
Allen  etwas,  toas  zu  Tage  nicht  mchr  erreickt 
mrd?  (Le  Chant  choral  au  temps  de  la  Rëfor- 
malion,  etc.);  BerliD,  Georges  Reimer,    1821, 
in -4**  de  153  pages,  avec  112  pages  d'exemples. 
Alortimer  avait  annoncé  la  publication  prochaine 
de  son  livre  par  une  lettre  au  rédacteur  de  la 
Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick  ,  qui  fut 
insérée  dans  les  numéros  17  et  18  de  Tannée  1819. 
Il  y  donne  un  aperçu  de  la  doctrine  exposée 
dans  l'ouvrage.  Une  autre  lettre  »  qui  fait  suite 
à  la  première ,   a  été  publiée  dans    le  même 
journal ,  no«  3,  4  et  5  de  Tannée  1821.  L'auteur 
de  ce  livre  intéressant  a  vécu  dans  une  si  grande 
4)bscunté,  qu'en  Allemagne',  et  a  Dresde  même, 
il  était  à  peu  près  inconnu.  On  ne  saurait  rien 
sur  sa  personne  si  Zelter,  dans  sa  correspon- 
dance  avec  Gœtlie ,  ne  nous  avait  fourni  sur 
lui  quelques    renseignements   dans  une   lettre 
•datée  de  Dresde,  le  29  mai  1822.  Je  crois  de- 
voir rapporter  ce  qu'il  dit  : 

<(  Un  littérateur  de  Herrnhutt,  nomnté 
«  Pierre  MorUmer,  vieillard  de  soixante-douze 
«  ans ,  envoya  à  Berlin ,  il  y  a  cinq  ou  six  ans , 
<  par  rintermédiaire  du  vieux  Kœrner,  un  rra- 
<x  nuscrit  dans  lequel  il  établit  sur  des  bases 
^  solifles  la  tonalité  des  modes  dû  chant  d'é{;Iise, 
«(  considérés  comme  étant  aussi  les  modes  do  la 
«  musique  des  Grecs.  Depuis  longtemps  ce  sujet 
^<  m^intcressait ,  et  j'avais  cherché  à  faire  revivre 
«  ces  modes ,  comme  tu  auras  pu  le  remarquer 
«  dans  quelques-unes  de  mes  mélodies,  entre 
«  autres  Mahadok^  le  roi  de  Thulé,  et  d'au- 
«  très.  Avec  le  secours  de  notre  ministre ,  je 
«(  suis  parvenu  à  livrer  à  l'impression  ce  manu- 
el scrit.  Voulant  me  mettre  en  correspondance 
«  avec  Tauteur,  je  lui  envoyai  de  nouveaux  es- 
«  sais  comme  des  réalisations  de  sa  théorie 
^  fondamentale;  mais  il  ne  me  répondit  pas, 
«I  et  me  fît  seulement  dire  un  jour  que  ce  que 
<>  j'avais  fait  était  bon ,  ce  qui  me  fâcha  beau- 
«  coup  contre  lui. 

«  Cependant  j'étais  décidé  à  connaître  cet 
«  homme.  Notre  ministre  m'avait  autorisé  à 
«  voir  Pierre  Mortimer  dans  son  herrnhuttoise 
«  demeure.  Les  renseignements  pris-  sur  lui  près 
»  des  frères  moraves  résidant  à  Berlin  et  ailleurs 
«  ne  s^accordaient  pas.  Les  uns  disaient  quMI 
«  ne  fallait  pas  y  regarder  de  trop  près  avec 
«  lui ,  parce  que  c'était  un  vieillard  rempli  de 

BIOGK.  UNIV.   DES  UUSIQENS.  —  T.  V|^ 


a  bi7.arreries ;  d'autres  assuraient  quil  ne  pou- 
I  «  vait  écrire  parce  quMl   était  perclus   par  la 


«  goutte;    enfin   j'appris    qu'il    demeurait    à 


«i  Dresde,  et  lui  seul  fut  l'objet  de  mon  voyage 
«  en  cette  ville.  Je  le  trouvai  fort  bon  homme, 
«  plein  de  savoir  ;  beau  vieillard  dont  les  yeux 
j  a  brillent  comme  la  santé  même ,  quoiqu*il  ait 
ff  le  corps  courbé  et  qu'il  marche  pénible- 
«  ment. 

«  Il  a  passé  sa  vie  à  faire  des  vers  latins  pour 
«  des  circonstances  relatives  à  la  communauté 
«  des  frères  moraves  (on  dit  que  ces  vers  sont 
«  fort  beaux  ) ,  à  traduire  de  différentes  langues 
«  des  écrits  de  mission ,  et  enfin  à  composer 
«  pour  lui  Touvragc  précité  sur  le  chant  évan- 
«  gélique ,  avec  le  secours  de  quelques  vieux  H* 
te  Très  de  chant  du  seizième  siècle. 

«  Mortimer  est  fort  pauvre.  Sa  bonne  femme 
«  m'apprit  cela  en  me  disant  qu'elle  regrettait 
«i  de  ne  pouvoir  mWfrir  à  dîner,  parce  qu'ils 
<i  prenaient  ce  qu'ils  mangeaient  dans  la  maison 
«  des  Frères.  Or,  il  faut  savoir  qu'on  fait  dans 
Il  cette  maison  la  cuisine  pour  tous  ceux  qui 
«  doivent  vivre  avec  économie ,  à  raison  de  6, 
«  8  ou  10  gros  (75  centimes,  un  franc  et  un 
«  franc  vingt-cinq  centimes  ) ,  non  par  jour,  mais 
«  par  semaine.  Tu  comprends  facilement  qu'on 
«  ne  peut  pas  avoir  des  poulets  rôtis  pour  ce 
R  prix.  C'est  cette  pauvreté  de  Mortimer  qui 
«  fut  cause  qu'il  ne  me  répondit  pas  ;  il  n'osait 
«  prier  personne  de  payer  l'affranchissement  de 
«  sa  lettre,  et  lui-même  ne  possédait  pas  de 
«  quoi  remplir  cette  formalité  (t). 

«  Le  premier  jour  de  fête ,  je  me  suis  rendu 
«  avec  lui  à  la  prière  du  matin.  C^était  à  huit 
«  heures;  à  dix,  le  sermon  était  fmi.  Je  Tenga- 
«  geai  alors  à  venir  dans  ma  chambre ,  pour  y 
«  causer  de  ce  qui  nous  intéressait.  Le  vin 
A  (  que  je  lui  servis)  lui  plut,  et  le  rendit  moins 
«  réservé.  Je  reconnus  en  lui  un  homme  hon- 
<i  nête  et  bon.  Il  est  si  timide  qu'il  n'ose  pas 
«  même  s'ouvrir  à  sa  femme  ou  à  sa  fille;  il  ne 
a  jouit  point  de  considération  dans  la  ville,  et 
«  son  mérite  y  est  inconnu  :  on  m'écoutait  avec 
Cl  étonnement  quand  je  disais  qu'on  pourrait 
«  faire  quarante  milles  d'Allemagne  (environ 
«  quatre-vingts  lieues)  pour  voir  un  tel  homme. 
«  Personne  ici  ne  connaît  son  ouvrage  sur  le 
«  chant  choral,  dont  il  n'a  lui-même  qu'un 
«  exemplaire,  seul  salaire  que  le  libraire  lui 
(c^ait  donné  pour  son  manuscrit.  Il  écrit  birn 
«  en  allemand  ;  son  style  est  clair  et  facile.  J'ai 

(I)  Le  changement  fréquent  deA  admlnlRtratlons  de 
postes  en  Allemagne  est  cause  que  tonte  lettre  doU  Otre 
affranchie.  Sans  cette  précaution  elle  ne  parviendrait 
pas  £  sa  destination. 

14 


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250 


MORTIMER  —  MOSCA 


«  obtenu  de  lui  la  promesse  qu'il  répondra  à 
n  mes  lettres.  » 

On  86  sent  serrer  le  cœur  lorsqu'on  songe 
que  cet  homme  si  peu  connu,  si  misérable,  est 
Tauteur  du  meilleur  li?re  qu'on  ait  écrit  sur  une 
matière  obscure  et  difricile ,  et  que  cet  éciit 
renferme  des  recherches  historiques  qui  indi- 
quent un  savoir  d'une  rare  étendue.  Lorsque 
Mortimer  est  mort ,  pas  un  journal  n'a  dit  un 
mot  de  lui,  et  rindifTérence  des  hommes  l'a  pour- 
suivi jusqu'au  delà  du  tombeau.  Ce  n'est  que 
douze  ans  après  son  décès  que  M.  Léopold 
Haupt  a  rendu  à  sa  mémoire  l'hommage  dont 
son  savoir  et  sa  vertueuse  existence  le  ren- 
daient si  digne ,  par  une  bonne  notice  biogra- 
phique. 

MORTIMER  (Joseph  )  ne  parait  pas  avoir 
été  parent  du  précédent,  quoiqu'il  appartint 
au$isi  à  la  communion  des  frères  moraves.  Il 
naquit  le  21  octobre  1764,  à  Mouroa,  dans  le 
nord  de  Tlriande ,  et  fut  élevé  dans  l'Institution 
des  Frères  à  Fulneck  (  Moravie),  puis  k  îïiesky 
et  à  Barby.  Il  fut  cantor  et  prédicateur  à  Neu- 
wied,  Fulneck  et  Sarepta  (Russie).  Ayant  du 
savoir  comme  organiste,  il  en  remplit  souvent 
les  fonctions,  et  se  livra  à  renseignement  du 
piano  et  du  chant.  11  mourut  à  Neuwied  le 
29  décembre  1837.  Par  une  inadvertance  bien 
singulière,  Touvrage  de  Pierre  Mortimer  est  at- 
tribué à  Joseph ,  dans  le  supplément  du  grand 
Lexique  de  musique  de  Schilling;  Gassner  n'a 
pas  manqué  de  copier  dans  son  Uni  versai- 
Lexikon  der  Tonkunst ,  cette  faute  que 
M.  tiernsdorf  a  évitée  dans  le  sien ,  en  ne  par- 
lant ni  de  Pun  ni  de  l'autre. 

MORTOIV,  ou  MOURTOIV,  ou  MOR. 
THOiV  (  Messire  Robert  ) ,  clerc  de  chapelle  de 
Philippe  le  Bon ,  duc  de  Bourgogne ,  suivant  un 
état  de  celte  chapelle  dressé  en  1464  (1),  se 
trouvait  encore  au  tableau  de  cette  chapelle 
en  1478,  suivant  l'état  qui  en  fut  fait  dans  cette 
même  année,  après  la  mort  de  Charles  le  Té- 
méraire. H  parait  que  Morton  fut  attaché  parti- 
culièrement au  service  de  ce  dernier  prince  pen- 
dant la  vie  de  Philippe  le  Bon ,  car  on  lit  à  côté 
du  nom  de  ce  musicien,  dans  l'état  de  1464, 
l'observation  suivante  :  Robert  Morton,  qui  du 
bon  plaisir  de  Monseigneur  a  été  devers  et 
au  service  de  Monseigneur  le  comte  de  Cha- 
rollai  pour  les  mois  de  Juin ,  Juillet,  aoust , 
septembre,  octobre  et  novembre  MIIIV 
LX1III{2).  J'ai  dit,  dans  la  notice  de  Charles  le 

(1)  Registre  lois,  f»  i.vu  recto,  aux  Arciilves  du  royaume 
de  Belgique. 

(?)  Registre  1  Ht, /•  aux  recto,  aux  Arclilres  de  Bel- 
gique, 


Téméraire  (  voy.  ce  nom  ) ,  qu'il  avait  demand  • 
Morton  au  duc  de  Bourgogne,  ponr  apprendre 
de  lui  à  noter  les  chansons  qu'il  composait: 
d'où  l'on  doit  conclure  que  ce  musieieu  était 
considéré  comme  un  des  plus  Habiles  dans  cet 
art.  Néanmoins,  Morton  n'eut  que  le  titre  ik 
clerc  dans  la  chapelle  de  ces  princes,  parce  qu'il 
n'était  pas  ecclésiastique.  Il  parait  y  avoir  quelque 
contradiction,  en  ce  qui  le  concerne,  dans  le» 
états  de  la  chapelle;  car  son  nom  figure  dan« 
les  états  de  payement  des  officiers  et  geos  de 
l'hdtel  des  ducs  de  Bourgogne  à  a  fin  du  mois 
d'août  1474»  mais  il  n'y  est  plus  à  la  date  da 
9  avril  1475.  Cependant  on  le  retrouve  dans  ie 
tableau  de  la  chapelle  en  1478.  M.  l'abbé  Morelol, 
dans  sa  Notice  sur  un  manuscrit  de  la  Bi- 
bliothèque de  Dijon  (p.  16  ),  a  rapporté  ks> 
paroles  d'une  chan.son  qui  s'y  trouve  et  qu^ 
commence  ainsi  : 

La  plus  grant  clilère  de  Jamais 
Ont  fait  h  Cambray  la  cité . 
Morton  et  tlayne.  En  vérité, 
On  De  le  poarroit  dire  huy  nwl*. 

Cette  clianson  se  rapporte  au  séjour  fait  à 
Cambrai  par  les  deux  chantres  de  la  cliaiielle 
des  ducs  de  Bourgogne,  Hayne  {voy.  Giii- 
seghem)  et  Morton,  dans  un  voyage  fait  pour 
le  compte  de  la  cour,  et  dont  on  trouve  des 
traces  dans  les  registres  de  la  Chambre  des 
comptes  qui  sont  aux  Archives  du  royaume  de 
Belgique.  Il  n'a  pas  été  retrouvé  jusqu'à  ce  jour 
de  composition  de  Morton  ,  mais  il  n'est  \>di 
douteux  qu'il  en  existe  dans  quelque  mauuscril 
encore  inconnu. 

MOSGxV  (JosF.PH),  né  à  Naples  en  1772» 
étudia  le  Contrepoint  et  l'accompagnement  so»s  \» 
direction  de  Fenaroll,  au  Conservatoire  de  Loreto. 
A  l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  écrivit  son  premier 
opéra,  Silvia  e  Nardone,  pour  le  théâtre  Tor- 
dinone,  à  Rome,  puis  il  donna  Chi  si  conlenUi 
gode,  à  Naples;  La  Vedova  scaltroy  à  Rome; 
Il  ToUetto,  à  Naples;  /  Matrimoni,  à  Milan, 
en  1798;  I/igenia  in  Àulide  (  pour  M™<  Cata- 
lani);  VAppurenza  ingann^ ,  à  Venise;  .4 r- 
inida,  à  Florence  ;  Le  Gare  fra  Limella  e  re  la 
ficco,  farce  en  patois  vénitien;  Za  Gastafda,(»T(i 
dans  le  même  patois,  à  Venise  ;  Ilsedicenie  fUo- 
so/b,  à  Milan, en  l^Oi;  La  Ginevra  di  ScoisiO: 
[ Ciarlatanif  Tomiriregina  d'Egitto  (ballet), 
à  Turin  ;  La  fortunata  Combinazione,  à  Milas, 
en  1802;  Chi  vuol  troppo  veder,  dive)ita 
cieco,  ibid.,  1803.  En  1803,  il  aima  à  ?»•»« 
en  qualité  d'accompagnateur  au  clavecin  du 
j  Théâtre-Italien.  Je  l'ai  connu  alors  ;  c'était  ui> 
'  musicien  sans  génie ,  mais  doué  d'ane  prodi- 


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MOSCA  —  MOSCIIELES 


211 


gieuse  facilité.  Il  écrivit  à  cette  époque  beau- 
coup de  morceaux  qui  furent  intercalés  dans  les 
opéras  qu'on  représentait  au  Théâtre- Italien.  Il 
composa  aussi  pour  ce  tliéâtre  II  Ritomo  inas- 
pettato,  et  L'ImpoUwra;  niais  ces  ouvrages 
ne  rénssirent  pas.  Lorsque  Spontini  prit  la  direc- 
tion du  Tliéàtre- Italien,  en  1809,  Mosca  retourna 
en  Italie,  et  écrivit  à  Milan  Con  amore  jion 
sischerza,  en  1811  ;  IPretendenti  delusi,  ibid., 
1811;  RomildOy  à  Parme;  1  tre  Mariti,  À 
Rome  ;  Il  finto  Stanislao,  à  Venise  ;  Amore 
ed  armi,  à  Naples;  Le  Bestie  in  uomini,  à 
Milan,  1812  ;Xa  Diligenza,  k  Naples;  La  Ga- 
zetta,  CarloUaed  Enrico;  Don  Gregorio  in 
imharazzo;  Awiso  al  publicOj  à  Milan^  1814. 
En  1817  Mosca  fut  nommé  directeur  de  musique 
au  théâtre  de  Païenne.  Il  écrivit  pour  ce  théâtre 
H  Federico  secondo;  La  Gioventù  d'En' 
rico  F/  Attila  in  Aquilea  ;  Il  Marcotondo  ossia 
Vimpostore;  V Amore  e  F  Armi,  k  Florence, 
en  1819  ;  /£  Filosofo,  k  Yicence,  dans  la  même 
année.  Les  troubles  qui  éclatèrent  en  Sicile  le 
ramenèrent  h  Milan  en  1821;  il  y  écrivit  de 
nouveaux  ouvrages ,  entres  autres  La  Sciocca 
per  astuizia  et  Emiro.  A  Turin,  il  donna 
en  1823  La  Voce  misterioia  ;  k  Naples ,  en  1823, 
La  Principcssa  errante ,  et  en  1826 ,  VAbhate 
ielV  Epée,  Rappelé  en  Sicile  dans  l'année  1823, 
il  fut  nommé  directeur  de  musique  du  théâtre 
de  Messine,  il  mourut  dans  cette  ville  le  14  sep- 
tembre 1839,  àTâgede  soixante-sept  ans.  Mosca 
employale  premier  dans  ses  ouvrages  lecresceiuto, 
dont  Rossini  a  fait  ensuite  tant  d'usage  dafts  quel- 
ques-ans deses  opéras.  Le  grand  eiret  qu'obtint 
cet  effet  de  rhylhme  et  de  sonorité  le  fit  crier 
au  plagiat  :  il  fit  imprimer  et  répandre  partout 
une  valse  de  son  opéra  /  Pretendenti  delusi, 
joué  à  Milan  en  1811,  oà  se  trouve  cet  effet,  et 
qui  contient  des  phrases  employées  par  l'auteur 
du  Barbiere  di  Siviglia;  mais  Rossini  ne  fit 
que  rire  de  tout  ce  bruit. 

MOSCA  (  Locis),  frère  du  précédent,  né  à 
Naples  en  1775,  a  reçu  aussi  des  leçons  de  Fe- 
naroli.  Pendant  plusieurs  années  il  fut  attaché 
ail  Uiéàlre  Saint-Charles,  de  Naples,  comme  ac- 
compagnateur. Il  se  rendit  à  Palerme  en  1806  et 
j  écrit it  une  messe  solennelle  pour  la  profession 
d'une  fille  du  duc  de  Luocliesi  Palli.  11  y  com- 
posa aussi  l'oratorio  de  Gio{u,  qui  fut  exécnté 
*u  tliéâtre  de  Sainte-Cécile,  et  qui  ent  quelque 
succès.  De  retour  à  Naples ,  Mosca  fut  nommé 
professeur  de  chant  au  collège  royal  de  ma- 
nque de  Saint-Sébastien ,  et  second  maître  de 
la  chapelle  du  roi,  Il  est  mort  à  Naples  dans  Tété 
de  1824.  Parmi  les  opéras  de  ce  musicien,  on 
cite  :  1°  La  Vaideita  /emminina,  à  Naples, 


en  180S.  2''  Vltaltana  in  Algeri ,  à  Milan, 
en  1808.—  3*  V amoroso  Inganno,  —4°  VAu- 
dada  delusa.  —  h*"  I  /inti  Viaggiatori.  — 
0°  VImpresario  burlalo,  —  V  GU  Sposi  in 
cimento.  —  8*  Le  Stravaganze  d'amore,  — 
9**  Il  Salto  di  Leucade.  Ces  sept  derniers  ou- 
vrages ont  été  représentés  à  Naples.  On  connaît 
en  Italie  des  messes  et  quelques  autres  composi- 
tions religieuses  de  Louis  Mosca. 

MOSGHË  (CuABLES),  professeur  de  mu- 
sique au  gymnase  de  Lubeck,  né  dans  cette 
ville  en  1809,  s*est  fait  connaître  comme  com- 
positeur par  les  ouvrages  suivants  :  1^  Le  UO*' 
psaume  pour  soprano,  alto,  ténor  et  basse, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  1,  Leipsick; 
Friese,  1834.  —  2*  Dem  Erloser  (  Au  Sauveur  ), 
motet  pour  les  mêmes  voix,  avec  piano,  ou  or- 
gue ad  libitum,  op.  2;  Leipsick,  Scliuberth.  — 
3^  Six  chansons  allemandes  avec  ace.  de  piano, 
op.  3.  —4''  Six  idem,  op.  4;  Lubeck,  Hoffmann 
et  Knibel.  On  a  inséré,  sous  le  nom  de  cet  ar- 
tiste, dans  le  quinzième  volume  du  recueil  inti- 
tulé Cxcilia  (  pag.  149-176),  un  article  concer- 
nant les  principes  de  Logier  sur  la  classification 
des  accords.  Cet  article  renferme  une  critique 
raisonnée  du  s>stème. 

MOSCHELËS  (1)  (Ignace),  virtuose  sur 
le  piano  et  com|K)siteur  célèbre ,  doit  être  consi- 
déré comme  un  des  principaux  fondateurs  de 
l'école  moderne  du  piano.  Fils  d'un  négociant 
Israélite,  il  naquit  à  Prague  le  30  mai  1794.  Ses 
premiers  maîtres  furent  des  musiciens  obscurs, 
nommés  Zahradka  et  Zozalsky  ;  mais  en  1804  il 
reçut  une  éducation  plus  digne  de  ses  heureuses 
dispositions  chez  Denis  Weber,  directeur  du 
Conservatoire  de  Prague.  Ce  maître  distingué 
occupa  les  premiers  temps  de  Tinstruction  de 
son  élève  en  lui  faisant  exécuter  les  œuvres  de 
Mozart,  qui  furent  suivies  de  celles  de  Hœndel  et 
de  Jean-Sébastien  Bach.  La  prodigieuse  facilité 
et  le  travail  assidu  de  Moscheles  eurent  bientôt 
triomphé  des  difficultés  de  ces  compositions ,  et 
la  tête  du  jeune  artiste  s'accoutuma  de  bonne 
heure  aux  combinaisons  de  leur  vigoureuse  har- 
monie. C^est  à  cette  éducation  sérieuse  qu'il  faut 
attribuer  le  style  élevé  qu'il  prit  lui- môme  plus 
tard  dans  ses  propres  ouvrages.  Les  sonates  de 
démenti  devinrent  aussi  pour  Moscheles  l'objet 
d'une  étude  constante ,  et  contribuèrent  à  lui 
donner  le  brillant  et  l'élégance  qu'il  fit  admi- 
rer dans  son  exécution.  A  peine  parvenu  à  l'âge 
de  douze  ans,  il  parut  en  1806  dans  les  con- 
certs publics  de  Prague,  et  y  obtint  des  succès 
qu'aurait  enviés  un  artiste  consommé.  On  re- 


(1)  On  prononce  MotckeUt, 


14. 


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212 


MOSCHELES 


connut  alors  la  niîcessUé  de  renvoyer  à  Vienne , 
où  les  moyens  d'instruction  et  le»  beaux  mo- 
dèles se  trouvent  réunis  Déjà  il  avait  fait  quel- 
ques essais  de  composition  sans  autre  guide  que 
son  instinct;  arrivé  dans  la  capitale  de  rAutriche, 
il  y  prit  des  leçons  d^haridonie  et  de  contrepoint 
chez  Albrecbtsberger,  et  fut  dirigé  dans  la  partie 
esthétique  de  Tart  par  les  conseils  de  Salicri , 
qui  Pavait  pris  en  affection.  A  peine  âgé  de 
seize  ans ,  il  commença  à  fixer  sur  lui  Tattention 
des  artistes  à  Vienne  et  à  briller  dans  les  con- 
cerUî.  Meyerbcer  élait  alors  dans  celte  ville  et 
se  faisait  remarquer  comme  planiste.  La  rivalité 
qui  s^étabiit  à  cette  époque  (1812)  entre  ces 
jeunes  artistes  n'altéra  jamais  les  sentiments 
d'amitié  qu'ils  s'étaient  voués  réciproquement, 
mais  aiguillonna  le  zèle  de  tous  dciix  et  hftta 
leur:;  progrès.  Infatigable  dans  l'étude ,  Mosciie- 
les,  qui  se  proposait  de  modifier  l'art  de  jouer 
du  piano,  et  d'y  introduire  des  hardiesses  in- 
connues à  ses  devanciers ,  s'attachait  de  préfé- 
rence à  des  recherches  sur  les  moyens  de  varier 
tes  accents  et  les  qualités  du  son  par  le  tact.  Il 
y  trouva  beaucoup  d'effets  nouveaux  qui  étonnè- 
rent le  monde  musical  lorsqu'il  sortit  de  Vienne 
pour  parcourir  l'Allemagne  et  les  pays  étrangers. 
En  1810,  il  entreprit  son  premier  voyage,  et  £e  fit 
entendre  à  Munich,  Dresde,  Leipsick,  et  dans 
quelques  autres  grandes  villes.  Partout  les  applau- 
disseinents  les  plus  vifs  l'accueillirent.  De  re- 
tour à  Vienne ,  il  y  reprit  ses  travaux,  et  perfec- 
tionna, par  un  travail  constant,  les  qualités  spé- 
ciales qui  venaient  de  le  signaler  comme  le 
créateur  d'une  école  nouvelle.  Après  avoir  par- 
couru, en  tS20,  l'Aliemagne  du  Rhin,  la  Hol- 
lande et  les  Pays-Bas,  il  arriva  à  Paris,  où  la 
nouveauté  de  son  jeu  produisit  une  vive  sensa- 
tion, et  fut  le  signal  d'une  transformation  dans 
l'art  de  jouer  du  piano.  Plusieurs  concerts  donnés 
à  ropéra  par  Moschelcs  attirèrent  une  affluence 
extraordinaire  d'amateurs  ;  les  applaudissements 
furent  prodigués  à  l'artiste,  et  les  jeunes  pia- 
nistes s'empressèrent  d'imiter  les  qualités  les 
plus  remarquables  de  son  talent.  Ce  n'était  pas 
seulement  par  sa  brillante  exécution  que  Mos- 
cheles  prenait  dès  lors  une  position  élevée  ;  son 
mérite  comme  compositeur  le  classait  aussi 
parmi  les  maîtres  les  plus  distingués  qui  ont 
écrit  pour  le  piano.  Si  sa  musique  ,  trop  sérieuse 
pour  les  amateurs  de  cette  époque,  n*a  point  ob- 
tenu de  succès  populaire,  elle  est  considérée  par 
les  connaisseurs  comme  des  productions  où  l'ex- 
cellence de  la  facture  égale  l'élégance  et  la  nou- 
veauté des  idées.  Bien  des  œuvres  qui  jouissent 
maintenant  de  la  vogue  seront  depuis  longtemps 
cublioes,  quand   plusieurs  concertos,  trios,    et 


études  de  Moschelea  vivront  encore  avec  hon- 
neur dans  l'estime  des  artistes. 

Après  un  long  séjour  à  Paris,  Moscheies  se 
rendit  à  Londres,  où  ses  succès  n'eurent  pas 
moins  d'éclat  :  il  y  devint  un  des  maîtres  fi. 
voria  de  If  haute  société ,  et  depuis  ce  temps 
(  1821  ) ,  il  s'y  fixa  ,  jouissant  de  l'estime  pa- 
blique,  autant  par  ses  qualités  personnelles  que 
par  ses  talents.  En  1823,  il  voulut  revoir  sa  fa- 
mille, et  traversa  TAIIemagne,  se  faisant  entendre 
à  Munlcii,  Vienne,  Dresde ,  Lcipsick,  Berlin  et 
Hambourg.  Partout  il  fut  accueilli  par  de  vifs 
applaudissements.  Déjà  une  tendance  nouvelle  se 
faisait  apercevoir  dans  son  jeu  ;  son  style  deve- 
nait plus  grand ,  plus  mftie,  et  le  genre  de  ses 
nouveaux  ouvrages  participait  de  cette  trans- 
formation,  qui  6*est  complétée  depuis  lors,  et 
qui  a  fait  de  Moscheies  le  compositeur  alle- 
mand, pour  le  piano,  le  plus  classique  de  son 
époque.  Les  voyages  qu'il  a  faits  en  Angle- 
terre, en  Ecosse,  en  Irlande,  en  Allemagne, 
dans  les  Pays-Bas  et  à  Paris,  ont  toujours 
été  pour  lui  des  occasions  de  brillants  saccès. 
Il  s^est  distingué  d'ailleurs  de  beaucoup  de  Tir- 
tuoses  de  notre  temps  par  des  connaissances 
étendues  dans  son  art  :  il  est  dn  peUt  nombre 
de  pianistes  qu'on  peut  appeler  grands  musi- 
ciens, et  sa  mémoire'  est  meublée  des  œuvres 
des  maîtres  les  plus  célèbres  des  époques  anté- 
rieures. Personne  n'a  connu  mieux  que  lui 
le  style  d'exécution  qui  convient  à  la  musique 
de  chacun  de  ces  maîtres,  même  des  plus  anciens, 
et  n'a  su  aussi  bien  varier  sa  manière  à  propos. 
Il  a  fourni  une  preuve  éclatante  de  cette  apti- 
tude dans  d'intéressantes  séances  données  à 
Londres.  Tour  à  tour  il  y  a  fait  entendre  des 
pièces  de  Bach,  de  Scarlatti,  de  Ha?ndel,  de 
Haydn ,  de  Mozart,  de  démenti ,  de  Wœin,  de 
Beethoven ,  enfin  des  hommes  les  plus  illustres 
de  tous  les  temps  et  de  toutes  les  écoles,  sans 
oublier  les  jeunes  et  hardis  novateurs  de  nos 
jours  ;  et  dans  chaque  chose  il  n'a  pas  excité 
moins  d'étonnement  par  son  habileté  à  trans- 
former son  style,  que  par  le  goût  et  rexp(^rience 
qui  lui  en  faisaient  saisir  la  propriété  spéciale. 

L'art  d'improviser  a  été  dans  le  talent  de 
Moscheies  une  rare  faculté  développée  par  le 
travail  et  par  la  méditation  :  la  ricliesse  d'idées 
qu'il  y  faisait  paraître,  les  ressources  qu'il  y  dé- 
ployait étaient  même  si  prodigieuses,  que  des 
doutes  ont  quelquefois  été  manifestés  sur  la 
spontanéité  de  ses  Inspirations;  quelques  per- 
sonnes ont  cru  que  le  cadre  au  moins  des  fan- 
taisies qu'il  improvisait  était  tracé  d'avance  ;  mais 
il  suffit  d^avoir  entendu  Partiste  répéter  plusieurs 
fois  oes  opérations  singulières  de  l'esprit,  et  de 


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MOSCHELES 


213 


lui  voir  y  jeter  une  remarquable  Yariété,  poar 
acquérir  la  preuve  du  travail  iustantané  de  son 
imagination.  L'ordre  qu'il  mettait  dans  ses  id^es 
pendant  nmproviaation  était  sans  doute  te  fruit 
de  l'étude  et  de  Texpérience  :  on  peut  le  comparer 
à  celui  qu*un  orateur  ^e  talent  établit  dans  ses  dis- 
cours. Le  sujet  de  Timprovisation  étant  donné, 
fartistedouéde  ce  talent  en  saisit  à  l'instant  les  res- 
sources, et  y  établit  une  gradation  d*intérèt  qui 
se  soutient  jusqu'au  bout  :  que  du  sein  de  cet 
ordre  parfait  jaillissent  à  cliaque  instant  des  éclairs 
inattendus,  c*est  ce  qui  distingue  la*musique  im- 
provisée de  la  musique  écrite.  Peu  d'artistes  pos- 
sèdent un  talent  si  précieux  :  aucun  ne  Ta  porté 
plus  loin  que  Moscheles.  Je  Tai  vu,  à  Bruxelles, 
vers  la  fin  de  1835,  recevoir  à  la  fois,  dans  un 
concert ,  trois  tbèmes  parmi  lesquels  il  devait 
choisir  celui  de  son  improvisation  :  mais  il  les 
traita  successivement  tous  les  trois ,  puis  les  réu- . 
uit  dans  un  travail  exquis,  les  faisant  passer  al- 
ternativement d^une  main  à  l'autre ,  et  se  servir 
mutuellement  d'accompagnement ,  âans  qu'il  y 
eût  un  seul  instant  d'hésitation,  et  sans  que  la 
progression  d'intérêt  s'arrêtât.  Ce  triomphe  du 
talent  fut  accueilli  par  des  applaudissements  fré- 
nétiques. Pour  moi,  j'avoue  que  je  croyais  à  peine 
a  ce  que  je  venais  d'entendre.  Pendant  son  long 
séjour  à  Londres,  Moscheles  avait  rempli  les 
fonctions  de  professeur  de  piano  à  l'Académie 
royale  de  musique ,  et  avait  été  uA  des  membres 
directeurs  des  concerts  de  la  Société  philharmo- 
nique. En  1846,  cédant  aux  instances  de  Men- 
Uelssohn ,  il  accepta  la  position  de  professeur  de 
piano  au  Conservatoire  de  Leipsick ,  et  depuis 
lors  il  s'est  fixé  dans  cette  ville  avec  sa  famille.  An 
nombre  dfs  lions  élèves  .qu'il  y  a  formés  on  re- 
marque M.  Brassin. 

Parmi  les  plus  Mies  compositions  de  Mos- 
r.lieles,  il  faut  placer  en  première  ligne  les  con- 
certos en  sol  mineur  (  n**  3  ) ,  en  mt  (  n"*  4  ) ,  en 
u<  (  n^  5  ) ,  le  concerto  fantastique  et  le  concerto 
pnlliétique;  le  grand  sextuor  pour  piano  ,  violon, 
llùte,  2  cors  et  violoncelle  (op.  35),  le  grand 
trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle ,  l'excellent 
duo  pour  deux  pianos,  la  sonate  caractérisa 
tique  (.op.  27  ),  la  Sonate  mélancolique 
(up.  49),  les  allégros  de  bravoure  (dédiés  à 
Cramer  ),  les  deux  suites  ô'Éludes,  les  études  de 
concert,  op.  1 1 1 ,  ses  sonates  pour  piano  et 
violon,  et,  dans  un  autre  genre,  la  fantaisie 
de^  Souvenirs  (VlrtandCj  morceau  aussi  remar- 
quable par  la  fraîcheur  et  l'élégance  que  par  le 
mérite  de  la  facture.  Lorstfue  Moscheles  réunit 
l'orchestre  au  piano,  il  sait  lui  donner  un  intérêt 
soutenu,  sans  rien  diminuer  de  l'importance  et 
du  brillant  de  la  partie  principale  :   ce   mérite 


eot  fort  rare,  et  les  pins  célèbres  artistes  ont 
souvent  échoué  devant  les  diflicultés  du  pro- 
blème :  car  ou  l'inslmment  concertant  résume 
tout  en  lui ,  et  laisse  à  Taccompagnemeut  une 
harmonie  sans  valeur,  on  l'instrumentation  de- 
vient une  symphonie  dans  laquelle  le  piano 
n'exécute  que  sa  partie,  comme  le  violon  ou  le 
hautbois.  Schlesinger  a  publié  à  Paris  les  œuvres 
complètes  de  Moscheles  pour  le  piano  :  celte 
collection,  souvent  réimprimée  dans  les  princi- 
pales villes  de  l'Europe,  renferme  les  ouvrages 
suivants.  Puno  et  orchestre  :  l*'  Concerto  de 
société  avec  quatuor  ou  petit  orchestre ,  op.  45.' 
-  2"  Deuxième  concerto  (  en  mi  bémol  ) , 
op.  56.  —  3""  Troisième  idem  (  en  sol  mineur } , 
op.  58.  —  4**  Quatrième  idem  (  en  mi  )  >  op.  04. 

—  5**  Cinquième  idem  (en  ut),  op.  87.  — 
6*  Concerto  fantastique,  n"  6  (en5i  bémol, 
op*  90.  —V  Concerto  pathétique ,  n<»  7  (en  ut 
mineur),  op.  93.  —  7*^  (  bis)  Concerto  pastoral. 

—  8**  Marche  d'Alexandre  variée,  op.  32.  — 
9^  Rondo  français  concertant,  pour  piano  et 
violon,  avec  orchestre,  op.  48.  —  10^  Fantaisie 
et  variations  sur  l'air  :  Au  clair  de  la  lune, 
op.  50.  —  1  !•  Souvenirs  d'Irlande ,  fantaisie, 
op.  69.  —  12"  Fantaisie  sur  des  airs  de  bardes 
écossais ,  op.  80.  —  13"  Souvenirs  de  Dane- 
mark, fantaisie  sur  des  airs  nationaux  danois, 
op.  83.  —  Puno  avec  divers  instruments  : 
14"  Sestetto  pour  piano,  violon,  flûte,  2  cors  et 
violoncelle,  op.  35.  —  15"  Grandes  variations 
sur  une  mélodie  autrichienne,  avec  2  violons, 
alto,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  42.  — 
16"  Grand  rondo,  brillant,  idem,  op.  43.  ->  17* 
Grand  septuor  pour  piano,  violon,  alto,  clari- 
nette, cor,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  88.  •— 
18"  F^ntaisie  sur  un  air  bohémien,  pour  piano, 
violon,  clarinette  et  violoncelle,  op.  46.  — 
19"  Introduction  et  variations  concertantes  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  17.  —  2"  Grand 
trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  81. 

—  21^  Duos  pour  piano  et  divers  instruments, 
op.  34,  37,  44,  63,  78,  79,  82.  —  Piano  seul  : 
22"  Pièces  à  4  mains,  op.  30,  31,  32,  33,  47. 

—  23"  Sonates  pour  piano  seul ,  op.  4,  6,  22, 
27,  41  et  49.  —  24"  Rondeaux,  op.  Il,  14,  18, 
24,  51,  52,  54,  61,  66.  67,  68,  74,  85.  -— 
25"  Fantaisies,  op.  13,  38,  57,  68,  72,  75,  87, 
94,  114.  —  26"  Polonaises,  op.  3,  19,  53,  108. 
.^  27"  Divertissements ,  caprices  et  pièces  di- 
verses,  op.  9,  25,  26,  28,  55,  .58,  62,  65,   89. 

—  28"  Études,  op.  70,  liv.  et  2,  op,  95,  111,  ou- 
vrages remarquables  en  leur  genre.  —  29"  50  pré- 
ludes ,  dans  tous  les  tons  majeurs  et  mineur<t, 
op.  73.  Moscheles  a  écrit  des  symphonies  pour 
l'orchestre,  qui  ont  été  exécutées  à  Londres, 


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214 


MOSCHELES  —  MOSEL 


mais  qui ,  je  crois .  n*ont  pas  été  publiées.  Il  a 
traduit  de  l*allemand  en  anglais  le  livre  de  Schind- 
1er  sur  Beetiioven  >  auquel  il  a  ajouté  une  pré- 
face, des  lettres  de  Tillnslre  compositeur  et  de 
ses  amis,  tirées  de  l'écrit  de  Ries  et  Wegeler, 
ou  de  sources  originales ,  de  détails  sur  les  der- 
niers moments  de  Beethoven,  xur  ses  funérailles, 
et  de  notes.  L^ouvrage  a  pour  titre  :  The  Life 
of  Beethoven  including  his  correspondence 
with  hisfricnds,  numerous  oaracteristic  traits, 
and  remarks  on  his  musical  tvorks;  Londres 
Henri,  CoHuirn,  t841,  2  vol,  ln-8%  avec  le  por- 
trait de  Beethoven  lilhographié,  un  fac-similé 
de  sa  notation  et  de  son  écriture. 

MOSCHETTI  (Charles),  sopraniste,  né 
à  Brescia,  dans  la  première  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle,  étudia  la  musique  et  le  chant  sous 
la  direction  de  Pellegrini,  matlre  de  chapelle  de 
réglise  cathédrale  de  cette  ville,  et  acquit  une 
rare  habileté  dans  Texécution  des  traits  les  plus 
difficiles.  11  brilla  sur  plusieurs  théâtres  d'I- 
talie et  fut  attaché  comme  chanteur,  vers  1670, 
à  régli^e  des  ji^suites  de  Brescia. 

MOSEL  (JEA^i-FÉLix),  né  à  Florence  en  1754, 
a  brillé  en  Italie  comme  violoniste,  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle.  Élève  de  son 
père,  qui  Tétait  lui-même  de  Tartini,  il  fit  de  ra- 
pides progrès,  et  joua  avec  succès  dans  plusieurs 
iïoncerls  avant  Tâge  de  quinze  ans.  Plus  tard,  il 
reçut  des  leçons  de  Nardini.  Il  était  fort  jetme 
encore  quand  le  grand-duc  Léopold  l'admit  dans 
sa  musique.  En  1793,  il  succéda  à  son  maître 
dans  la  place  de  chef  d'orchestre  de  la  chapelle 
du  prince;  en  1812,  il  était  premier  violon  du 
théâtre  de  la  Pergola.  Après  ces  renseignements 
fournis  par  Gervasoni  (1),  on  ne  trouve  plus 
lien  sur  ^cet  artiste.  On  connaît  de  sa  compo- 
sition :  l^Six  duos  pour  deux  violons  ;  Florence, 
1783;  Paris,  Pleyel.  —  2°  Six  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse;  ibid.,  1785.  —  3"  Six 
duos  pour  2  violons,  op.  3;  Venise,  1791.  — 
4**  Sérénade  pour  llùtc,  2  violes  et  violoncelle; 
ibid.  Mosel  a  laissé  en  manuscrit  des  sonates 
pour  violon  seul  avec  accompagneuient  de  basse, 
des  trios  pour  deux  violons  et  violoncelle ,  et  des 
symphonies.  J'ignore  hi  M.  Eg.  Mo^el ,  auteur 
d'une  symphonie  dramatique  intitulée  VVltima 
BattatjUa,  exécutée  à  Floœnce  en  1841,  est 
lils  de  Jejin-Félix. 

MOSËL  (Ignace-François  DE),  connu 
sous  le  nom  de  Edler  (  Noble  )  de  Mosel,  con- 
seiller en  sirrvice  ordinaire  de  la  cour  impériale, 
et  premier  conservateur  de  la  bibliothèque  de 
i'empereur,  est  né  à  Vienne  le  2  avril  1772.  A 

(l)  Nuova  Teot'ia  dl  Musica,  p.  193. 


Page  de  sept  ans ,  il  commença  Pélude  du  violon 
sous  la  direction  d'un  bon  maître,  nommé  Jo 
seph  Fischer,  et  quelques  années  de  travail  le 
rendirent  assez  habile  pour  qu'il  piH  exécuter 
des  concertos  de  Viotti.  Lorsqu'il  eut  atteint  sa 
douzième  année,  les  travauiL  du  ooUége  et  lé- 
tude  des  langues  vivantes  interrompirent  ee'ie 
de  la  musique;  plus  tard,  la  Uiéorie  et  l'esliié- 
tique  de  Part  détournèrent  M.  de  Mosel  de  la 
pratique.  En  1788  il  entra  dans  les  emplois  ci- 
vils, quoiquMl  ne  fût  âgé  que  de  seize  aQs,i!t 
depuis  lors  il  n*a  cessé  de  remplir  ses  foncboDs 
au  service  de  la  cour  impériale.  En  1811,  il  fit 
son  premier  essai  de  musique  dramatique  dans 
le  petit  opéra  intitulé  :  Die  Fener  Probe  (  TÉ- 
preuve  par  le  ftu),  qui  fut  représenlc  a«ec 
succès  sur  le  théâtre  de  la  cour.  Cet  oaxnst 
fut  suivi  de  la  cantate  Herman  et  Flora,  et  de 
la  tragédie  lyrique  Salem  (  paroles  «le  Gastelli  ), 
jouée  aussi  sur  le  théâtre  de  la  cour.  En  18 13,  il 
a  publié  son  essai  d'une  esthétique  de  la  com- 
position dramatique  sous  ce  titre  .-  Ven\i/di 
einer  jEsthelik  der  dramalischen  Tonsetzes 
'  (  Vienne,  Strauss ,  tn-S**  de  83  pages  ).  Tnns  ans 
'  après  il  acheva  son  grand  Ofiéra  Ctfrus  et  As- 
'  (y âges,  qui  ne  fut  joué  qu^en  1818,  et  qui  n'ob- 
I  tint  qu'un  succès  d'estime.  Ce  fut  dans  celle 
I  même  année  que  l'empereur  lui  accorda,  en  ré- 
compense de  ses  services,  des  letlres  de  nohl««e 
'■  pour  lui  et  ses  descendants.  En  1821  il  aobleou 
'  le  titre  de  conseiller,  et  en  1829  celui  de  cini- 
'  servateur  de  la  bibliothèque  impériale.  Cet  ama- 
teur distingué  est  mort  à  Vienne,  le  S  aviil  1844. 
M.  de  Mosel  a  traduit  en  allemand  lesteitesan- 
I  glais  de  plusieurs  oratorios  de  Ho'udel  qui  ont 
:  été  exécutés  à  Vienne. .On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion :  l<*  Ouverture  de  Cyrus  et  Astyages,  à  grand 
orchestre ,  en  partition  ;  Vienne,  Haslinger.  - 
2^  Trois  marches  de  l'opéra  intitulé  Les  lins- 
sites ,  arrangées  pour  piano  à  4  mains;  iin'd.  - 
3**  Ouverture  de  la  tragédie  Oltokar,  arrangée 
I  pour  le  piano;  Vienne,  Diabelli.  ^  k"*  Idem  de 
Salem  ;  Vienne,  Meclietli.  —  5**  le  1 20«»e  psanme, 
à  quatre  ^oix;  Vienne,  Elaslinger.  —  0**  Trois  • 
hymnes  avec  orchestre ,  en  partition;  ihid.  — 
7"  Plusieurs  recueils  d'airs  allemands ,  -avec  ac- 
compagnement de  iHano;  ibid.  Ou  doit  à  M.  de 
Mosel  une  bonne  biographie  de  Salieri ,  intitnk^  : 
Uetter  das  Lcben  und  die  Wcrke  des  Anton 
Salieri,  K.  A'.  Hofkapellmeisters,  etc.; 
Vienne,  J.  -  IJ.  Willishanser,  1827,  in-«^  de 
212  pases.  Une  analyse  de  la  partition  oîiginale 
du  Requiem  de  Mozart,  qui  se  trouve  à  la  bi- 
bliothèque im|K^riale  de  Vienne,  a  été  publiée 
par  M.  de  Mosel ,  sous  ce  titre  :  lft>er  die 
original  partit  ur  des  Requiem  rvn  \V,  A.  Mo- 


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MOSEL  —  MOSEWIUS 


2iS 


zart;  Vienne,  1829,  in-8^.  Le  même  liltërateur 
musicien  a  fait  insérer  dans  la  Gazette  viusl" 
cale  de  Vienne  (ann.  1818,  pag.  437-443,  et 
449-452  )  des  obser rations  sur  Tétat  actuel  de 
la  miisiqae  dramatique  en  France,  et  dans  le 
même  journal  (ann.  1820,  pag.  681-685,  689- 
692,  607-701)  des  articles  sur  les  difTérents 
genres  de  pièces  en  musique.  Il  a  donné  aossi 
dans  récrit  périodique  intitulé  Cœcilia  (t.  Il, 
pag.  233-239  ) ,  un  morceau  sur  Topera.  Dans 
son  Histoire  de  la  Bibliothèque  impériale  de 
Vienne,  il  a  placé  (pag.  345-355)  des  notices 
&ur  quelques  livres  rares  de  musique  qui  s'y 
trouvent. 

MOSEL  (  Cathekine  DE),  née  LAMBERT, 
deuxième  femme  da  précédent ,  a  vu  le  jour  à 
kloster-^eubourg ,  dans  la  Basse-Autriche,  le 
15  avril  1789.  Élève  de  Schmidt,  organiste  du 
couvent  de  ce  lie» ,  elle  fit  de  si  rapides  progrès 
qu'à  neuf  ans  elle  exécuta  un  concerto  d'orgue 
dans  la  grande  église  du  monastère.  Plus  tard , 
les  leçons  de  Hummel  en  firent  une  pianiste  dis- 
tinguée. Plusieurs  fois  elle  s'est  fait  entendre 
avec  succès  dans  les  concerts  de  la  cour. 
En  1809  elle  épousa  M.  de  Mosel.  On  a  gravé 
de  sa  composition  :  Variations  pour  le  piano  sur 
im  thème  de  M.  le  comte  de  Dietriclistoin; 
Vienne,  Hasiingcr.  Mme  de  Mosel  est  morte  i 
Vienne,  le  10  juillet  1832. 

AlOSEL  (Prospeu),  chanoine  régulier  de 
Kloster-Neubourg ,  près  de  Vienne,  vécut  an 
commencement  du  dix-neuvième  siècle.  Ama- 
teur de  musique  et  violoniste ,  il  a  publié  de  sa 
composition  :  T  Six  variations  et  fantaisies 
pour  violon  et  alto;  Vienne,  Traeg,  1806.  — 
2"  Six  duos  pour  deux  violons  ;  ibid.  ~  3*  Grand 
trio  pour  violon,  avec  accompagnement  d*un 
second  violon  et  basse ,  op.  3,  ibid. 

MOSENGEL  (Jean-Josué),  facteur  d'orgues 
allemand,  vivait  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle  et  au  commencement  du  suivant.  Il  a 
construit  l'orgue  do  Lœbe ,  en  Pnisse,  composé 
de  48  jeux ,  en  1698,  et  celui  de  Sackheim ,  de 
14  jeux  ,  en  1707. 

MOSEIl  (  P.  Maurcs),  religieux  du  roonas* 
(ère  de  Benedicibeuern  (  Bavière  ) ,  et  composi- 
teur du  dix-septième  siècle,  est  connu  par  un  re* 
cneil  de  motets  intitulé  :  Viridiarum  mmicum, 
seu  Cantiones  sacrx,  tel  2  vocum,  cura  vio» 
Unis;  Ulm,1686. 

MOSER  (Frédéric),  conseiller  intime  au 
conseil  des  travaux  publics  de  la  Prusse ,  né  à 
Berlin  en  1767,  fut  amateur  de  musique  et  bon 
violoniste.  Il  est  auteur  d'un  petit  écrit  en 
langue  française  publié  sous  ce  simple  titre  : 
Pierre  Rode;  dédié  à  ses  amis;  Berim,  1831, 


14  pages.  On  y  trouve  des  dates  ntiles  pour  la 
biographie  du  célèbre  violoniste  Rode,  dont 
Moser  avait  été  l'ami ,  comme  il  fut  celui  de 
Mozart  dans  sa  jeunesse. 

MOSES  (  Jean-Godeproid  ) ,  organiste  à 
Âmerbach ,  dans  le  Voigtland ,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle ,  a  publié  de  sa  composition  : 
1^  Odes  et  chansons  à  voix  seule  et  clavecin, 
1"  2"  et  3«  recueils;  Leipsick,  1781-1783.  — 
2**  Handbuch  fiir  Orgelspieler,  etc.  (  Manuel 
de  l'organiste  )  dont  la  première  partie  renferme 
des  préludes  et  fantaisies;  la  deuxième,  des 
trios ,  et  la  dernière ,  des  fugues  de  différents 
genres;  Dresde,  1783.  Il  avait  aussi  en  manu- 
scrit à  cette  époqne  le  psaume  84,  des  trios  pour 
le  clavecin  et  quelques  antres  morceaux. 

MOSEWIUS  (Jean-Tuéodore),  docteur 
en  musique  à  l'université  de  Breslau ,  est  né  à 
Kœnigsberg,  le  25  septembre  1788.  Après  avoir 
fait  ses  études  au  gymnase  et  à  l'université  de 
cette  ville,  il  prit  tout  à  coup,  en  1807,  la  ré- 
solution de  se  vouer  au  théâtre ,  et  débuta  par 
le  iOle  de  l'oracle  dans  VObéron  de  Wranitxky. 
Dans  sa  première  jeunesse,  il  avait  joué  du  violon 
et  de  la  flûte;  sa  vocation  pour  le  théâtre  le 
décida  à  reprendre  ses  études  de  musique.  Car- 
tellieri  lui  enseigna  le  chant ,  et  Frédéric  Uiiler 
l'harmonie.  Après  avoir  chanté  à  Berlin  pendant 
les  années  18 il  et  1813,  il  reçut  de  Kotzebue 
un  engagement  pour  diriger  l'Opéra  de  Kœnigs- 
berg, en  1814.  Ses  meilleurs  rôles  étaient  ceux 
de  Leporello  et  de  Figaro,  dans  les  opéras 
de  Mozart.  Sa  femme,  Wiuielmine  Muller,  était 
également  au  théâtre  comme  cantatrice.  Tons 
deux  se  retirèrent  ensemble  de  la  carrière 
dranuitique  et  jouèrent  pour  la  dernière  fois 
en  1816,  au  théâtre  de  Kœnigsberg;  cependant 
Mosewins  resta  attaché  à  ce  même  théâtre,  en 
qualité  de  régisseur,  jusqu^en  1825.  Fixé  ensuite 
à  Breslau ,  il  y  obtint  la  place  de  second  profes- 
seur de  musique  de  Tuniverâité,  au  mois  de 
juillet  1827,  après  la  mort  de  Berner,  et  il  en 
fut  nommé  directeur  de  musique  :  à  cette  place  il 
joignit  la  direction  de  l'Institut  royal  de  Bres- 
lau. Cet  institut  est  une  académie  de  chant 
fondée  par  lui  à  l'imitation  de  Tacadémie  de 
Berlin,  et  destinée  à  l'exécution  des  grandes  œu- 
vres classiques,  particulièrement  de  J.  S.  Bach  et 
de  Hœndel.  Mosewius  a  publié  quelques  petits 
écrits  concernant  des  oratorios  exécutés  dans 
rinstitut  royal ,  particulièrement  sur  le  Moïse 
de  Marx ,  Leipsick ,  Breitkopf  et  Haertel  ;  Sur 
le  Paulus  de  Mendelssohn,  ib\ô.;  sur  l'Ora- 
torio Les  Sept  Dormants  y  de  Lobe;  Breslau, 
Hainauer  ;  V Académie  de  chant  de  Breslau 
pondant  les  vingt-cinq  premières  années  de 


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216 


MOSEWIUS  —  IMOTZ 


son  existence  (Die  Breslanisclie  Sing-Akade- 
mie  in  den  ersten  25  Jaliren  ihres  Bestehens  ), 
gr.  in- 8",  ibid.  L'ouvrage  1«  plus  important  de 
Moscwius  est  son  analyse  des  cantates  d'église 
de  J.-S.  Bacti,  intitulée  :  Johann- Sébastian 
Bach  in  seinen  Kirchen-CantcUen  und  Cho- 
ralgesœngen;  Berlin,  Guttentag,  1845,  gr.  in-4° 
de  31  pages  de  texte  et  26  pages  de  musique. 
On  counait  de  lui,  à  Breslau,  beaucoup  de  com- 
positions ,  notamment  des  cantates  de  circons- 
tance, des  chants  pour  des  chœurs  d'hommes 
et  des  Lieder;  mais  il  n'en  a  rien  publié.  Dans 
un  voyage  que  fit  Mosewius  en  Suisse ,  il  avait 
pris  place  dans  un  omnibus  qui  faisait  le  trajet 
de  Zurich  à  Schaflhouse;  il  se  plaignit  d'une  dou- 
leur dans  tous  les  membres.  Arrive  à  Scliaff- 
bouse,  on  le  transporta  dans  sa  chambre  et  un 
médecin  fut  appelé  ;  mais  un  instant  après  Mo- 
sewius,  frappé  d'apoplexie,  mourut  dans  les  bras 
de  sa  femme,  le  15  septembre  1858.  Il  était 
membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  de  Ber- 
lin, et  chevalier  de  l'ordre  de  TAigle  Rouge  de 
Prusse. 

MOSSl  (Jean),  violoniste  et  compositeur, 
né  à  Rome  vers  la  lin  du  dix-septième  siècle,  Tut 
élève  de  Corelli ,  dont  il  imita  le  style  dans  ses 
ouvrages.  Mossi  brillait  à  Rome  vers  1720.  Il  a 
publié  :  l''  Sonate  a  vlolino  solo  e  continuo, 
op.  !.  —  2'  VIJI  Concerti  aZ  e  h  stromenti, 
op.  2.  ^-  3"  XI f  Concerti  a  3  e  S,  cioè  viO' 
Uni,  viole,  violoncello  e  continuo j  op.  4.  — 
4°  Sonate  a  violino  solo  e  violoncello ,  op.  5. 
Tous  ces  ouvrages  ont  été  gravés  à  Amsterdan) , 
en  1730. 

MOSSLER  (Michel),  habile  constructeur 
d'orgues,  naquit  à  Nuremberg  en  1626.  Sa  pro- 
fession fut  d'abord  celle  de  souffleur  d'orgues,  à 
Saint-Lienhart;  en  l'exerçant  il  étudia  la  cons- 
truction de  l'instrument  qu'il  voyait  chaque 
jour,  et  acquit  des  connaissances  assez  <ftendues 
pour  devenir  lui-même  bon  facteur.  On  a  gravé 
son  portrait  en  1672,  à  l'Age  de  quarante-six  ans. 

MOSTO  (Jean-Baptiste),  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Padoue,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  fut  ensuite  maître  de 
chapelle  de  Sigismond  Battori,  prince  de  Transyl- 
vanie. 11  a  publié  de  sa  composition  :  MadriguU 
a  5  voci,  Ubro  primo  et  secondo  ;  in  Venczia, 
pressa  Giacomo  Vincent i  et  Ricciardo  Ama- 
cfi/io,  1584,  in-4°  obi.  Une  édition  de  ces  ma- 
drigaux a  été  publiée  à  Anvers,  chez  Pier.e 
Phalèse  et  Jean  Bellere,  en  1588,  in-4"  ohl.  On 
a  aussi  de  ce  compositeur.  Di  Giovan  Battista 
MqstOy  maestro  di  capella  del  Serenissimo 
Principe  di  TransUvantOy  Madrigali  a  sei 
voci ,  novamente  composa  et  dati  in  luce. 


In  Venctia,  pressa  Ricciardo  Amadino  ^  1598, 
in-4*'  obi.  Pierre  Phalèse  en  a  donné  une  édition 
à  Anvers,  1600,  in-4*'  obi.  Mosto  fut  un  des 
douze  compositeurs  qui  mirent  en  musique  une 
collection  de  sonnets  dédiée  à  la  grande-ducties^^e 
de  Toscane,  intitulée  :  Corona  di  dodici  so- 
nelti  di  Gio.  Battista  Zuccarini  alla,  gran  du- 
chessa  di  Toscana,  posta  in  musica  da  dodià 
eccellentissimi  autori  a  cinque  voci;  Venise. 
A.  Gardane ,  1 686. 

Un  autre  musicien,  nommé  François  Mosto , 
fut  chantre  de  la  chapelle  de  l'électeur  de  Ba- 
vière ,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
On  trouve  des  madrigaux  à  5  voix  de  sa  compo- 
sition dans  le  second  livre  d^m  recueil  publié 
par  un  autre  musicien  de  la  roâme  chapelle, 
sous  ce  titre  :  Secondo  Ubro  de  madrigali  a 
cinque  voci  conuno  a  dieci  defloridi  virixmt 
del  serenissimo  Duca  di  Baviera,  cioe  :  Or- 
lando  di  Lasso,  Giuseppe  Guami,  Ivo  de 
Vento,  Francesco  di  Lucca,  Antonio  Ma- 
rari,  Giovanni  ed  Andréa  Gabrielli,  Antonio 
Gossuino,  Fraivcesco  Laudis,  Fileno  Coma> 
zani,  Francesco  Mosto,  Josquino  Salem ^ 
Cosimo  Bottegari  ;  Vencziat  appresso  VHerede 
(sic)  rfi  Girolamo  Scotto,  1575,  in-4^ 

lllOTIIE-LE-VAY£R    (François  DE 
La),  naquit  à  Paris,  en  1588,   d'une  famille 
noble,  originaire  du  Maus.  En  1625,  il  succéda  à 
son  père  dans  Jes  fonctions  de  substitut  du  pro- 
cureur gônéral  au  parlement  ;  mais  le  goût  de  la 
littérature  l'emportant  chez  lui  sur  tout  autre,!} 
quitta  bientôt  la  magistrature  pour  les  lettres. 
Peu  de    temps  après  son  établissement,  l'Aca- 
démie   française    lui    ouvrit    ses    porter,   le 
14  février  103U.  Chargé  d'abord  de  réducation 
du  duc  d'Orléans,  frère  de  Louis  XIV,  on  lui 
confia  aussi  le  soin  de  terminer  celle  de  ce  mo- 
narque, qu'il  ne  quitta  qu'après  son  mariage, 
en  1060.  Il  mourut  on  1672,  à  l'Age  de  quatre-    ' 
vingt-cinq  ans.  A  la  suite  d'un  Discours  pour 
montrer  que  les  doutes  delà  philosophie  scep- 
tique sont  d'un  grand  usage  dans  les  sciences , 
Pari.s  ,1668,  in-a",  on  trouve  un  Discours  sur  la 
musique,  adressé  au  père  Mersenne,  ami  de  l'au- 
teur, qui  l'avait  consulté  sur  ce  sujet.  C'est  un 
écrit  de  peu  d'intérêt  et  d'utilité.  On  le  trouve 
aussi  dans  les  diverses  collections  des  œuvrer  de 
I  la  Mothe-le-Vayer  publiées  à   Paris,  en    1654 
I  et  16ÔG,  2  vol.  in-fol.,  1662,3  vol.  in-fol.  cl  à 
I  Dresde,  1756-59,  14  vol.  in-8°. 
I      MOTZ  (  Georges  ) ,  chantre  et  maître  d'école 
;  à    Tilse,    en    Prusse,   naquit    à    Augsbourg, 
en   1663.  Dès  son  enfance,  il  apprit  U  musique 
I  et  reçut  des  leçons  du  chantre  Schmetzcr  jus- 
qu'à TAge  de  seize  ans.  Alors  il  entra  au  collège 


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MOTZ  —  MOUGIN 


217 


de  Worms.  qu*il  ne  quitta  que  pour  aller  à  i*u- 
nirersilé  de  GœttiDgne.  Mais  la  nécessité  de 
donner  des  leçons  pour  \ivre  lui  laissait  si  peu 
de  temps  pour  fréquenter  les  cours ,  qu'il  prit 
la  résolution  de  s*adonner  exclusivement  à  la  mu- 
sique. 11  partit  bientôt  après  pour  Vienne,  où  il 
entra  dans  la  musique  du  prince  d*£ggeiiberg. 
Ce  prince  avait  l'habitude  de  rester  à  Eggenberg 
pendant  Tété,  et  d'habiter  Vienne  chaque  hiver. 
Une  partie  de  sa  maison  restait  à  Vienne  chaque 
année  au  moment  du  départ  pour  ICggenboiig; 
Motz  saisit  cette  occasion,  en  1679,  pour  de- 
mander à  son  maître  de  visiter  Tltalie  -•  elle  lui 
fut  accordée,  avec  une  somme  suffisante  pour 
les  frais  du  voyage.  Pendant  quatre  mois ,  Motz 
visita  Venise,  Padoue,  Ferrare,  Bologne ,  Flo- 
rence et  Rome,  et  partout  il  augmenta  ses  con- 
naissances par  la  musique  qu'il  entendit  et  par 
ses  conversations  avec  les  musiciens  instruits. 
De  retour  à  Eggenberg,  il  y  fut  atteint  d'une 
maladie  grave ,  et  obligé  de  demander  sa  dé- 
mission, qui  lui  fut  accordée  en  1680.  Il  s'a« 
cheminait  vers  sa  ville  natale,  lorsqu'il  apprit 
qne  Vienne  était  désolée  par  la  peste;  il  se  hâta 
d'arriver  à  Linz  [K>ur  franchir  le  cordon  sani- 
taire avant  que  la  route  fût  fermée  ;  mais  déjà  il 
était  trop  tard.  11  ne  lui  resta  plus  d^autre  res- 
source que  de  se  rendre  â  Krumlau,  en  Bo- 
hème ,  où  le  frère  du  prince  d*E)ggenberg  le  prit 
à  son  service ,  en  qualité  d'organiste.  Le  sort  qui 
le  poursuivait  ne  le  laissa  qu'un  an  dans  cette 
heureuse  position,  parce  qu'un  jésuite,  qui  n'a- 
vait pu  le  convertir  à  la  foi  catholique,  fit  en- 
tendre à  son  mattre  que  son  salut  ne  lui  per- 
mettrait pas  de  garder  on  hérétique  dans  sa 
maison.  Motz  visita,  pendant  toute  l'année  1681, 
Prague,  Dresde,  Witlenberg,  Berlin,  Brande- 
bourg, Hambourg,  Lubeck ,  Dantzick  et  Kœnigs- 
berg,  mais  il  ne  parvint  point  à  s'y  placer.  £nlin, 
il  arriva  le  2  février  1682  à  Tilse,  où  la  place 
de  canior  était  vacante  :  il  la  demanda  et  Tob- 
tint.  Après  en  avoir  rempli  les  1  onctions  pen- 
dant trente-huit  ans,  il  demanda,  en  1719,  à 
être  remplacé,  et  passa  les  dernières  années 
de  sa  vie  dans  la  retraite,  occupé  de  la  rédac- 
tion d'un  livre  sur  la  musique  d'église,  dont  le 
manuscrit  était  achevé  en  1721.  Mattheson, 
il  qui  Ton  doit  ces  détails,  insérés  dans  son 
Ehrenp forte ,  parle  de  Motz  comme  d'un 
homme  qui  ne  vivait  plus  en  1740;  mais  il  ne 
fait  pas  connaître  la  date  de  sa  mort. 

Molz  avait  écrit  de  la  musique  d'église;  mais 
il  en  parle  lui-même  avec  (>eu  d'estime.  C'est 
surtout  comme  écrivain  polémique  qu'il  s'est  fait 
connaître,  à  l'occasion  du  livre  où  Chrétien  Ger- 
ber  (  voy,  ce  nom  ) ,  pasteur  à  Lockwilz ,  avait 


attaqué  r.vec  une  violence  exagérée  les  abus  dp. 
la  musique  d'église.  La  réfutation  que  Motz  fit 
des  opinions  de  Gerber  est  intitulée  :  Die  ver- 
theidigte  Kirchen-Musickoder  klarunddeui- 
Ucher  Beweis,  welcher  Gcstalien  Hr,  Ai. 
Christian  Gerber,  pastor  in  Lockwits  bel 
Dresden,  in  seinen  Bûche,  etc.  (  Apologie  de 
la  musique  d'église ,  ou  démonstration  claire  et 
précise  que  M.  Chrélien  Gerber,  pasteur  à  Lock- 
witz,  près  de  Dresde,  a  erré  dans  le  81*^  cha- 
pitre de  son  livre  intitulé  :  Péchés  inconnus 
du  monde,  V>ù  il  traite  de  l'abus  de  la  musique 
religieuse  et  prétend  qu'il  faut  abolir  l'harmonie 
musicale),  sans  nom  de  lieu,  1705,  in-8^de- 
264  pages.  A  la  réponse  que  fit  Gerber  à  cet 
écrit,  Motz  opposa  la  réplique  suivante  :  Ab' 
genœthigte  Fortsetzung  der  vertheidigten 
Kirchen-Musik,  in  welcher  Hrn.  M,  Chr, 
Gerber,  nochmalem  auf  sein  LXXXI  cap. 
des  Buchs  dur  unerkannten  Sunden,  etc. 
(Continuation  nécessaire  de  l'Apologie  de  la 
musique  d'église ,  où  il  est  de  nouveau  répondu 
au  8l«  chapitre  du  livre  de  M.  Chr.  Gerber,  etc.  ), 
sans  nom  de  lieu ,  170S,  in-8^  de  deux  cent  huit 
pages.  En  1721,  Motz  envoya  à  Mattheson  le  ma- 
nuscrit d'un  livre  dont  le  titre  allemand  signi- 
liait  :  De  la  grande  et  incompréhensible  sa- 
gesse de  Dieu  dans  le  don  qu'il  a  fait  à 
l'homme,  du  chant  et  de  la  musique.  xMat- 
theson,  qui  accorde  beaucoup  d'éloges  à  Cet  ou- 
vrage dans  son  Ehrenpforte,  ajoute  qu'il  n'a 
pu  trouver  d'éditeur.  Ë.  L.  Gerber  croit  que  le 
manuscrit  a  dû  être  déposé ,  avec  les  Uvres  de 
Mattheson,  dans  la  bibliotlièque  du  conseil, à 
Hambourg. 

MOUGIN  (  G.-J.  ) ,  pianiste  et  compositeur, 
est  né  en  1809  à  Charquemont  (  département 
du  Doubs).  Après  avoir  suivi  pendant  quelques 
années  les  cours  du  Conservatoire  de  musique  de 
Paris,  il  s'établit,  en  1833,  à  Bourg  (  Ain  ),  comme 
professeur  de  piano.  Au  mois  de  mars  1835,  il 
obtint  la  place  d'organiste  de  la  cathédrale ,  et 
dans  l'année  suivante,  il  reçut  sa  nomination  de 
professeur  à  l'école  normale  du  département  de 
l'Ain.  En  1840,  il  établit  une  école  de  chant,  qui 
fut  transformée  en  école  municipale  dans  l'aimée 
suivante.  M.  Mougin  occupa  simultanément  tous 
ces  emplois  jusqu'à  la  On  de  septembre  1846,  et 
le  1'"  octobre  suivant  il  alla  se  fixer  à  Dijon. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  V*  Une  cantato 
avec  chœur  et  orchestre,  exécutée  à  Bourg  le 
24  août  1843 ,  pour  l'inauguration  de  la  statue 
de  Hichat —  2""  Une  Messe  à  quatre  voix  avec 
orgue,  violoncelle,  contrebasse  et  instrumenlsà 
vent ,  exécutée  à  la  cathédrale  de  Dijon,  au  rouis 
de  juin  1832.  -^  Salve  Regina  pour  voix  seule 


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21ft 


MOUGIN  —  MOULU 


et  orgue.  —  4*^  Quelques  motets  inédits.  — 
5*  Recueil  de  huit  pièces  d^orgue,  dont  six  of- 
fertoires fugues;  Paris,  V*  Canaux,  1847.  — 
C**  Quelques  morceaux  pour  piano ,  publiés  à 
Paris,  cliez  Lemoine.  —  7°  Journal  classique 
de  l'Organiste,  en  dix  livraisons;  Paris,  Girod. 

MOULET  { JosEPU-AcRicoLE  ),  né  ii  Avignon, 
le  4  septembre  1766,  fut  admis  à  l'-Age  de  huit 
ans  comme  enfant  de  choeur  à  l'église  cathédrale 
d'AIais,  où  son  onde,  Tabbé  Ligou ,  était  orga- 
niste, et  reçut  de  celni-ci  des  leçons  de  piano.  A 
VAge  de  dix-huit  ans  il  s'engagea  dans  le  régiment 
de  Turenne.  Après  y  avoir  servi  pendant  sept 
années,  il  alla  s¥tablir  comme  organiste  k  Va- 
lognes,  en  1792.  Il  y  reçut  des  leçons  de  harpe 
de  M"»'  Frick,  et  s'attacha  particulièrement  à 
cet  instrument.  Arrivé  à  Paris  en  1794,  pour  se 
livrer  à  renseignement,  ii  n'a  plus  quitté  cette 
ville,  et  y  a  publié  des  petites  pièces  de  harpe, 
et  près  de  cent  romances.  On  lui  doit  aussi  un 
Cycle  harmonique,  tableau  gravé  et  publié 
en  1804,  ainsi  qu'un  Tableau  harmonique  des 
accords  chiffres  d^une  nouvelle  manière, 
pour  facdUer  l'étude  de  l'accompagnement 
(in-plano,  1805  ).  Le  goût  passionné  de  Mouiet 
pour  le  jeu  d'échecs  lui  a  fait  abandonner  insen- 
siblement toutes  ses  leçons  pour  fréquenter  le 
Café  de  la  Régence,  où  il  restait  chaque  Jour 
près  de  dou7.c  heures ,  uniquement  occupé  de  ce 
jeu ,  quoiqu'il  n'y  parvint  qu'à  une  habileté  mé- 
diocre. Ce  penchant,  pous$:6  à  l'excès,  le  fil  tom- 
l)er  dans  Tindigcnce.  Il  est  mort  ignoré,  vers  la 
tin  de  1837,  à  l'âge  de  soixante-onze  ans.  C'était 
un  homme  d'esprit,  dont  les  saillies  méridio- 
nales étaient  souvent  fort  plaisantes. 

MOULINGHt:]!!  (  Jkan-Uaitiste).  né  a 
Harlem  en  1751,  apprit  à  jouer  du  violon  à 
Amsterdam,  et  se  rendit  à  Paris,  où  il  entra 
comme  violoniste  à  la  Comédie  italienne,  en  1774. 
Après  trente-cinq  ans  de  service ,  à  rorchestre 
de  ce  théâtre,  il  s'est  retiré  en  1809,  avec  la 
pension,  et  a  cessé  de  vivre  peu  de  temps  après. 
Cet  artiste  a  écrit  la  musique  des  Nymphes  de 
Diane,  opéra-vaudeville  représenté  h  la  Co- 
m(^die  italienne,  six  qiiatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse;  Paris,  Louis,  1775,  et  une  sym- 
phonie à  grand  orchestre,  pour  le  concert  des 
amateurs;  Paris  Boyer,  1784. 

MOULIIMGHëM  (Louis-CiuRi.Es),  frère 
du  précédent,  né  à  Harlem,  en  1753,  apprit 
aussi  à  jouer  du  violon  à  Amsterdam ,  et  s'é- 
tablit d'abord  à  Rriixelles,  où  il  entra  dans  la 
nmsique  de  la  chafielle  du  prince  Charles  de  Lor- 
raine; mais  des  moti'^s  de  méconlenicment  lui 
firent  quitter  cette  place  pour  la  position  du  chef 
d'orchestre  de  plusieurs  troupes  d'opéra  en  pro- 


vince. En  1785  il  arriva  à  Paris,  et  s'y  livrai 
l'enseignement.  Depuis  cette  époque,  on  n'a  |iiut 
de  renseignements  sur  sa  personne.  Il  a  composé, 
pour  des  tiiéâtres  de  province,  la  musique  d«$ 
opéras  intitulés  :  Les  Deux  Contrats;  U  Mari 
sylphe;  le  Vieillard  amoureux;  les  Rmei 
de  l'amour;  les  Amants  rivaux;  les  TalehU 
à  la  mode;  le  Mariage  malheureux, 

MOULINIÉ  (  ETIENNE  ) ,  né  en  Languedoc, 
dans  les  premières  années  du  dix -septième  siècle, 
s'établit  à  Paris  en  1626,  et  entra,  non  dan$  la 
musique  du  roi ,  comme  il  a  été  dit  dans  la 
première  édition  de  ce  dictionnaire,  mais  chez  le 
duc  d'Orléans ,  en  qualité  de  directeur  de  «a 
musique.  Après  la  mort  de  ce  prince,  il  obtint 
la  place  de  maître  de  musique  des  États  de 
Languedoc.  H  a  publié  cinq  livres  d'airs  de  rour 
avec  une  tablature  de  luth.  Le  cinquième  lirre  a 
paru  chez  P.  Ballard  on  1635,  ttt-4*'  obi.  Od 
connaît  aussi  sous  son  nom  Missa  pro  defûncds 
quinque  vocum ;  Paris,  P.  Ballard,  ifiaj.io- 
I  fol.  max.  Moulinié  vivait  encore  en  1668,  car  il 
i  publia  cette  année  :  Mélange  de  sujets  chré- 
tiens à  quatre  et  cinq  parties.  £nOu,  dans  la 
même  année  il  a  donné 5ijr  Livres  d'AirshqmUt 
parties  avec  la  basse  continue;  Paris,  Robert 
Ballard,  1GG8,  in- 12  obi.  Les  airs  du  premier 
livre  sont  au  nombre  de  vingt;  les  paroles  do 
dernier  air  sont  en  langue  es|iagnole  et  com- 
mencent ainsi  : 

Oorl  sobr*  ci  lido  dcl  mar 
Dczla  conbos  pledosa. 

La  dédicace  de  ce  premier  livre  porte  :  à  Mem- 
gneurs  des  États  de  la  province  de  Langue- 
doc, convoquez  en  la  ville  de  Monlpelier, 
Van  mil  six  cens  soixante-sept.  On  y  voit 
qu'il  avait  offert  à  la  même  province  des  mo- 
tets qu'on  chantait  à  la  cérémonie  religiai^ 
avant  l'ouverture  des  États. 

MOULU  (Pierre),  ou  MOLU,  musiciea 
français,  élève  de  Josquin  Deprés,  vécut  ao 
commencement  du  seizième  siècle.  Les  arciii^es 
de  la  chapelle  pontificale  à  Koroe  contienneDt 
plusieurs  messes  et  motets,  en  manuscrit,  de 
ce  compositeur,  entre  autres  (vol.  39)  la  mes-^ 
Aima  Redemptoris  Mater,  La  rarissime  et 
précieuse  collection  intitulée  Liber  quindcà^ 
missanim  a  pncstantissimis  musicis  cow- 
positarum ,  etc.  (  Norimbergai ,  apud  Jo.  P^ 
treium,  1538),  renferme  la  messe  de  P.  Molu 
qui  a  pour  titre  :  Missa  duarum  facicruîHiti 
qui  est  la  dernière  du  recueil.  C'est  celle  m^me 
messe  qui  se  trouve  dans  un  manuscrit  fl'3) 
(\<i  la  Bibliothèque  de  Cambrai,  sous  le  titre 
iMissa  sans  pause ,  i*t  qui  porte  le  second  titre 
de  la  cîianson  vulgaire  A  deux  visaiges  et  pl^h 


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MOULU  —  MOUTOJN 


219 


que  M.  de  Coussemaker  a  lu  :  i4  devx  villai" 
ges  (1).  Celte  messe  est  en  elfet  sans  panses, 
par  une  de  ces  recherches  sans  objet  réel  qui 
étaient  de  mode  parmi  les  musiciens  des  quin- 
zième et  seizième  siècles.  Une  autre  messe  du 
même  maître  se  trouve  dans  un  recueil  non 
moins  rare  qui  a  pour  titre  :  Liber  decetn 
Missarum,  a  prxclaris  et  maxinii  nominis 
musicis  amtexius  :  nuperrime  ndjunctis  dua- 
btis  missis  nunquam  hactenus  in  luccm 
omissis,  aucHor  redditus,  etc.  (Jacobus  Mo- 
dernusà  Pinguento  excudebal  Lugdum^  1540.  ) 
La  messe  de  Moulu  est  la  première  du  recueil  ; 
elle  a  pour  titre  :  Stéphane  gloriose  ;  elle  est  à 
quatre  voii.  Le  deuxième  livre  de  motets  à  cinq 
Toix,  imprimé  par  le  même  Jacques  Moderne»  à 
Lyon,  en  1532,  in^é**,  contient  deux  motets  de 
Peirus  MouUu  (  sic),  llans  le  dixième  livre  de 
motets  publiés  par  Attaingnant,  à  Paris,  en  1534, 
in-4''  obi.,  contenant  les  offices  des  dimanches 
de  la  Passion ,  des  Rameaux  ,  et  de  la  semaine 
sainte ,  on  trouve  un  In  pace  et  un  A>  proji- 
dos  à  cinq  voix,  de  Moulu.  Les  trois  livres  de 
motets  k  trois  voix  de  divers  auteurs  imprimés 
par  Pierre  Phalèse,  à  Louvain,  en  tb%9,  sous 
le  titre  Seteclissimarum  sacrarum  Canlionum 
{((uas  vulgo  Molela  vacant)  Flores,  etc., 
contiennent  des  motets  de  Moulu.  Le  livre  de 
Henri  Faber  (  voyez  le  premier  des  deux  arti- 
cles sous  ces  noms)  intitulé  :  Àd  musicani  prac- 
ticam  introductio,  etc.,  dont  iJ  y  a  plusieurs 
éditions^  contient  un  morceau  extrait  d'un 
motet  de  Moulu. 

MOUiXT-EDGECUMBE  (Le  comte). 
Voyez  EDGECUMBE. 

MOURA  (  PiBRBE  ALVAREZ  DE  ) ,  corn- 
positeur  portugais ,  naquit  à  Lisbonne  vers  le 
milieu  du  seizième  siècle,  et  fui  chanoine  à 
CoUnbre,  où  il  fil  imprimer  en  1694  nn  livre  de 
motets  à  4,  5,  6  et  7  voix.  La  Bibliothèque 
royale  de  Lisbonne  possédait  autrefois  une  colr 
lection  manuscrite  de  messes  à  plusieurs  voix 
de  sa  com|H>sition. 

MOUUET  (Jean-Joseph  ),  compositeur,  né 
à  Avignon,  en  1662,  était  fils  d'un  marchand  de 
Boie,  qui  lui  donna  une  bonne  éducation.  Dès 
•on  enfance ,  il  montra  un  goût  très-vif  pour  la 
musique  :  quelques  morceaux  qu'il  avait  com- 
posés avant  Tâge  de  vingt  ans  ayant  eu  do  la 
vogue  dans  son  pays»  on  le  détermina  à  se  rendre 
à  Paris,  où  il  arriva  en  1707.  Un  extérieur 
Agréable,  de  l'esprit,  de  la  gaieté,  ses  saillies  pro- 
vençales et  une  voix  assez  belle,  le  firent  re- 

(1)  /Vol/ce  sur  Ut  coHertUnu  muiicale.i  ât  la  MbHo- 
thiqueit  Cambrai,  v.  n. 


chercher  par  la  t>onne  compagnie,  et  bientôt  il 
devint  surintendant  de  la  musique  de  la  duchesse 
du  Maine.  Ce  fut  alors  qu'il  composa  la  musique 
de  plusieurs  divertissements  pour  les  fêtes  magni- 
fiques que  celte  princesse  donnait,  et  qui  étaient 
I  connues  sous  le  nom  de   IS'uils  de  Sceaux, 
j  Parmi  ces  bagatelles,  on  distin^^ue  particulière- 
,  ment  Hagotide,  ou  la  Soirée  de  village',  qui 
I  réussit  également  à  TOpéra,  en  1742.  Il  y  avait 
déjà  donné  six  opéras  et  ballets ,  sous  ces  titres  : 
I  Les  fêles  de  ThaUe,   1714;  Ariane,   1717; 
j   Pirilhoiis,  1723  ;  Les  Amours  des  Dieux,  1727 , 
j  repris-  ensuite  en    1737,     1746  et    1757;    Le 
I   Triomphe  des  Sens,  1732,  repris  en  1740,  et 
I  Les  Grâces,  1735.  Les  partitions  de  ces  opéras 
ont  été  imprimées  à  Paris.  Outre  ces  ouvrages, 
,  il  a  com|H>sé  et  publié  des  cantates,  des  can- 
tatilles,  trois  livres  d'aire  sérieux  et  à  boire ^ 
j  des  sonates  poundeux  flûtes  ou  violons,  des 
1  fanfares  f  six  recueil.)  âe  divertissements  pour 
I  la  Comédie  italienne,  et  quelques  divertisse" 
>  ments  pour  la  Comédie  française.  Tout  cela  est, 
!  ajuste  titre,  complètement  oublié  aujourdMiuî. 
I  Le  style  de  ses  opéras  est,  comme  celui  de  tous 
I  les  compositeurs  français  qui  ont  précédé  Ra- 
I  meau,  une  imitation  servile  de  la  manière  de 
I  Lully,  mais  où  l'on  ne  trouve  .rien  de  son  gé- 
I  nie.  On  aperçoit  d*a illeurs  dans  la  musique  de 
I  Mouret   Pabsence  totale  de  bonnes  éludes;  la 
disposition  des  voix,  rinstrumentation ,  tout  y 
est  gauche  et  embarrassé.  Toutefois  il  est  juste 
de  dire  qu'on  trouve  dans  les  divertissements 
de  ce  compositeur  des  airs  où  il  y  a  du  naturel 
et  de  la  facilité  ;  plusieurs  ont  été  longtemps 
populaires ,  et  ont  servi  de  timbres  aux  couplets 
de  Panard  et  de  Favart  :  on  cite  particulièrement 
ceux  de  Cahin-Cafia ,  et  Dans  ma  jeunesse. 

Mouret  avait  été  successivement  nommé  mu- 
sicien du  roi,  directeur  du  concert  spirituel  et 
compositeur  de  la  Comédie  italienne;  mais  privé 
tout  à  coup  de  ces  deux  dernières  places, 
en  1736,  et  la  mort  du  duc  du  Maine  lui  ayant 
aussi  fait  perdre  la  surintendance  de  la  musique 
de  la  ducliesse,  il  ne  put  résister  à  ces  revero, 
qui  lui  enlevaient  environ  5,000  francs  de  re- 
venu; sa  raison  s'aliéna  et  sa  folie  se  déclara  à 
une  représentation  où  il  entendit  chanter  le 
cliœur  de  Rameau,  Brisons  nos  fers  :  il  ne 
cessa  depuis  lors ,  de  chanter  ce  morceau ,  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  le  22  décembre  1738,  diez 
les  Pères  de  la  charité ,  à  Charenton ,  où  Pon 
avait  été  forcé  de  le  transporter. 

MOUTON  (Jean),  musicien  célèbre  du 
seizième  siècle,  était  né  en  France,  suivant 
Glaréan,  qui  le  vil  à  Paris  en  1521,  et  s'entre- 
tint avec  lui  au  moyen  d'un  interprète.  Ce  lé« 


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220 


Î^ÏOUTON 


nioignage  est  plus  certain  que  celui  de  GuJcciar- 
dini ,  qui  fait  de  Mouton  un  Beige.  Willaert , 
élève  de  ce  musicien ,  nous  apprend .  par  Zar- 
ïino,  qu'il  avait  eu  pour  maître  Josquin  Deprès. 
L'épttaptie  de  cet  artiste  fait  connaître  que  son 
nom  était  Jean  de  Hollingue,  dit  Mouton. 
Toutefois  il  se  peut  que  le  nom  de  Hollingue 
soit,  non  celui  du  musicien,  mais  bien  celui  du 
lieu  où  il  vit  le  jour;  car  on  sait  qu'il  fut  d'u- 
sage, jusqu'au  commencement  du  dix- septième 
siècle,  de  désigner  souvent  les  personnes  par 
leur  prénom  joint  au  nom  du  lieu  de  leur 
naissance.. Or  Hollingue^  où  HolUng,  est  un 
village  situé  dans  le  département  de  la  Moselle, 
à  sept  lieues  de  Metz.  Tavoue  qne  l'igno- 
rance où  l'on  a  été  jusqu'à  ce  jour  du  nom 
de  Jean  de  Hollingue  ^  tandis  que  celui  de 
Mouton  se  trouve  placé.sur  loutes  les  œuvres 
de  l'artiste  et  dans  nne  multitude  de  recueils , 
me  fait  attacher  quelqne  importance  à  cette 
conjecture,  et  que  Jean  de  Hollingue  dit 
Mouton  est,  pour  moi,  Jean  Mouton,  né  à 
Hollingue'.  Plusieurs  auteurs  ont  fait  de  Jean 
Mouton  un  maître  de  chapelle  de  Louis  XII  et 
de  François  r%  rois  de  France ,  et  Kiesewetter 
dit  positivement,  dans  son  Mémoire  sortes  mil- 
siciens  néerlandais ,  qu'il  succéda  à  son  maître 
Josquin  Deprès  dans  cette  positron  :  cependant, 
outre  qu'il  est  à  peu  près  certain  que  celui-ci 
n'a  pas  eu  l'emploi  dont  il  8'a.;;it  à  la  cour  de 
Louis  XII,  l'épilaphe  dont  il  vient  d'être  parlé 
lève  tous  les  doutes  à  cet  égard  et  prouve  que 
Jean  Mouton  était  chantre  du  roi  (  sous  les  rè- 
gnes de  Louis  XII  et  de  François  1"  ) ,  chanoine 
de  Thérouanne ,  qu'il  mourut  chanoine  de  la  col- 
légiale de  Saint-Quentin,  le  30  octobre  1522, 
et  qu'il  fut  inhumé  dans  cette  église,  près  de 
la  porte  du  vestiaire.  L'épitaphe  mise  sur  sa 
tombe ,  et  rapportée  par  M.  Ch.  Gomart  (1) ,  d'a- 
près un  manuscrit  de  Quentin  Delafons,  est 
ainsi  conçue  :  Cigist  maistre  Jean  de  Hol- 
lingue dit  Mouton,  en  son  vivant  ekantredu 
Rotj,  chanoine  de  Thèrouaneet  de  cette  église, 
gui  trespassa  le  penultiéne  jour  d'octobre 
M  D  XXn.  Priez  Dieu  pour  son  âme.  On 
voit  qne  Glaréan  était  bien  instruit  lorsqu'il  ne 
donnait  à  Mouton  que  la  qualilication  de  musi- 
cien de  François  T""  {symphonela)  dans  son 
Dodecackordon  (  pages  16  et  296  ).  Il  est  au 
surplus  remarquable  que  Mouton  ne  survécut 
pas  longtemps  à  l'époque  où  Glaréan  le  connut  à 
Paris,  c'est-à-dire  en  1521,  car  il  mourut  dans 
Tannée  suivante. 
L'épitaphe  n'indique  pas  Page  de  Mouton  au 

(1)  Notes  Httoriques  sur  la  maitrisede  Saint-Quentin 
et  svr  les  célébrités  musicales  de  cette  ville ,  p.ngc  (l. 


moment  de  sa  mort,  en   sorte   qu'on  ne  peut 
fixer  d'une  manière  certaine  la  date  de  sa  nais- 
sance; mais  elle  doit  être  placée  au  plus  tard 
en  1475,  car  il  avait  déjà  de  la  oélébrité  en  1^5, 
I  puisque  Petrucci  insérail  deux  morceani  de  sa 
'  composition  dans  le  quatrième  recueil  des  motels 
!  de  divers  auteurs,  sorti  de  ses  presses  dans  la 
I  même  année.  Or,  dans  ce  temps  de  lentes  com- 
,  mimlcations,  Mouton  ne  pouvait  avoir  moins  de 
!  trente  ans  avant  que  ses  œuvres  fussent  conçues 
'  en  Italie.  Il  est  donc  vraisemblable  qu'il  était  âgé 
d'environ  47  ans  lorsqu'il  mourut. 

Le  canonicat  de  Saint- Quentin  fut  donné  sans 
doute  par  Louis  XI  là  Mouton,  en  dédommagement 
delà  iwrtede  son  bénéfice  de  Thérouanne,  car  celte 
ville,  alors  considérable,  avait  été  prise  par  les 
Animais  en  1513,  et  ne  fut  rendue  à  la  France 
qu'en  1527,  cinq  ans  après  la  mort  de  l'artiste. 
Glaréan  nous  apprend  que  ce  compositeur 
dédia  des  messes  au  pape  Léon  X,  qui  lui  en  té- 
moigna sa  satisfaction.  Ces  messes  se  trouTeot 
sans  doute  parmi  celles  du  même  auteur  quel'oo 
conserve  en  manuscrit  dans  les  archives  de  la 
chapelle  pontificale ,  à  Rome.  Octave  Pelmcci 
de  Fossombrone  a  publié  un  livre  de  cinq  messes 
de  Mouton,  en  1508.  Ces  messes  sont  Intitulées: 
1»  Sine  nomine,  n»  1 .  —  2"»  il  Ueluia,  -  3"  Mm 
Redemptoris.  —4»  Sine  nominef  n°  2.  —  b^'Be- 
gina  mater.  Une  deuxième  édition  de  ces  messes 
a  été  publiée  par  Petrucci,  à  Fossombrooe,. 
en  1515,  sous  le  litre  :  Missarum  Joaim 
Mouton  liber  primus.  Le  ténor  seul  de  l'édi- 
tion de  1508  est  à  la  Bibliothèque  impériale  de 
Paris  ;  mais  des  exemplaires  complets  de  celle 
de  t5l5  sont  au  Muséum  britannique,  et  à  la 
Bibliothèque  impériale  de  Vienne.  Le  volume  39 
des  manuscrits  de  la  chapelle  pontificale  contient 
la  messe  sur  la  chanson  française  Dites-moi 
toutes  vos  pensées.  On  trouve  aussi  des  messes 
de  Mouton  en  manuscrit  à  la  bibliothèque  royale 
de  Munich  (cod.  7  et  57  );  la  messe  Aima  Be- 
demptoris  du  recueil  de  Petrucci  a  <!té  réim- 
primée dans  la  collection  publiée  à  Home,  ea 
1516  (un  volume  in-folio),  par  André  Antiquo, 
de  Montons,  avec  la  messe  à  quatre  voix,  Dites- 
moi  toutes  vos  pensées,  qui  est  dans  le  voloroe 
manuscrit  de  la  chapelle  pontificale  Cne  autre 
messe  de  Jean  Mouton,  inUlulée  Quamdicunt 
homines ,  est  imprimée  dans  un  recueil  qui  * 
pour  titre  :  Liber  dccem  Missarum  aprxstim- 
Ussimis  musicis  contextus,  etc.;  Lyon ,  Jacques 
Moderne,  1540,  in-fol.  Enfin,  on  trouve  une 
messe  de.  Mouton  à  cinq  voix  inUluIée,  Ave  Be- 
gina  cœlorww ,  dans  le  recueil  iotil nié  :  ^^rcfta- 
delt  (  Jacobi  )  Hegii  musici  et  card.  à  loinor 
ringio    sacclli    prscfecii  Missx   treit  ^ 


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MOUTON  —  MOZART 


22t 


quatuor  et  quinque  vocibus  ad  imitationum 
moduloi-um  Noe,  ^œ;  Parisiis,  apud  Adria- 
Aum  Le  Boy  et  Robertum  Batlardy  1S57,  in-fol. 
max.  La  messe  de  Mouton  est  la  quatrième  de 
ce  volame,  où  toutes  les  paiiies  sont  en  regard. 
On  Toit  par  ces  indications  que  M.  de  Coasse- 
inafcer  a  été  mal  informé  lorsqu'il  a  dit,  dans 
sa  JSotice  sur  les  collections  musicales  de  Cam^ 
brai  (  p.  27  et  suiv.  ) ,  qu'à  Pexception  des  cinq 
messes  publiées  par  Pelrucd  de  Fossombrone 
tontes  les  autres  messes  de  ce  maître  sont  iné- 
dites. A  regard  des  messes  de  Mouton  non  encore 
publiées  et  qui  sont  connues  jusqu'à  ce  jour,  on 
trouve  dans  un  Tolume  in-fol.  manuscrit  du 
seizième  siècle,  de  la  Bibliothèque  de  Cambrai 
<  n^  3),  la  messe  à  quatre  voix  intitulée  Missa 
sans  cadence,  et  dans  le  manuscrit  n**  VII  de 
la  BiblioUièqne  royale  de  Munich  la  messe  à 
4  voix  qui  a  pour  titre  De  Aimanta,  La  messe 
ii'me  iwmifie ,  à  4  voix,  qui  se  trouve  dans  le 
volome  manuscrit  de  la  même  bibliotbèqae 
n""  LVlf,  est  le  numéro  2  de  la  collection  de 
Petrucci.  Le  premier  livre  des  Motetti  de  la  Co- 
rona,  publié  en  1514  par  Octave  Petrucci,  con- 
tient neuf  motets  à  quatre  voix  du  même  ;  le 
second  livre  de  la  même  collection ,  publié  ' 
en  1519,  onze  motets;  le  troisième  livre 
(  Fossombrone ,  1519  ) ,  deux  motets  ;  le  qua- 
trième livre  des  motets  à  cinq  voix  {fmpreS' 
sum  Venetiis  per  Ociavianum  Petrutium 
,  Forosempronensem ,  1505),  deux  motets.  Le 
motet  Gaude  Virgo  Katarina,  du  même,  se 
trouve  dans  le  Liber  septimus  XXI III  trium, 
quatuor,  quinqucy  vel  sex  vocum  modulas 
Dominici  adoenius,  Paris,  P.  Attaingnant,  1534, 
in-4^  obi.  gothique.  Le  huitième  livre  de  la  même 
collection  contient  le  motet  Gloriosi  principes , 
et  le  onzième  (  Paris ,  Attainj^nant ,  1534  ) ,  celui 
qui  commence  par  ces  mots  :  Jeri,  et  si,  etc. 
Le  motet,  Gaude  Virgo  Kalarina  avait  déjà 
été  publié  dans  la  collection  intitulée  :  XII  mo- 
/etz  à  quatre  et  cinq  voix  composés  jtar  les 
autheurs  cy-dessoubz  escripts.  Imprimés  à 
Paris  par  Pierre  Attaingnant  demourant  à  la 
rue  de  la  Harpe,  prés  de  l'église  Saint- 
CosmCf  1529  ;  desquels  la  table  s'ensuyt,  etc. 
Le  recueil  publié  par  J.  Ott,  de  Nuremberg , 
sous  ce  titre  :  JSovum  et  insigne  opus  mttsicum, 
ser,qyiinqueet  quatuor  vocum,  etc.  (Nurem- 
berg, Jérôme  GrafT,  ou  Graphœus,  1537  )  con- 
tient trois  motets  de  Mouton.  On  en  trouve 
quatre  à  quatre  voix  dans  le  premier  tome  de 
la  collection  intitulée  ;  Evangelia  dominicarum 
et  festorum  dierum  musicis  numeris pulcher- 
rime  comprehensa  et  ornata  quatuor,  quiji- 
que  etsex  vocum  tomi  sex,  etc.  (Xoribergas, 


in  of/icina  Jo.  Montant  et  L'irici   Tieuberi , 
1554-1556,  in-4**  obi).  Les  motets  de  Mouton 
sont  les  n***  8,  1 1, 17  et  37.  On  trouve  du  même 
le  motet  Pater  peccavi ,  dans  la  collection  des 
Mottettorum  a  Jacobo  Modemo  alias  Grand 
Jacques  in   unum  collecium  liber   primus 
(  Lyon ,  Jacques  Moderne,  1532,  in-4^  obi).  Les 
deux  premiers   volumes   du   recueil   intitule   : 
Psalmorum    selectorum    a   prxsiantissimis 
musicis  in  fiarmonias   quatuor  et  quinque 
vocum   redactorum  libri   quatuor  (Norim- 
bergae,  apud  Joli.  Petreium),  renferment  trois 
psaumes  du  même  compositeur.  Les  sixième  et 
treizième  livres  des  chansons  nouvelles  à  5  et 
0  parties,  publiés  parTylman  Sosatu,  a  Anvers, 
en  1543-1547,  renferment  plusieurs  pièces   de 
Jean  Mouton ,  ainsi  que  les  chansons  musicales 
à  cinq  parties ,  imprimées  chez  le  même  (  sans 
date),  in -8^  Glaréan  a  inséré  dans  son  Dodeca' 
chardon  (  p.  300  )  un  Domine  salv um  fac  regem, 
à  4  voix  (  p.  322),  on  Miseremini,  à  4  voix,  et 
(  p.  464  )  un  Salve  Mater,  à  4  voix.  Ce  dernier 
morceao  a  été  mis  en  partition  dans  le  deuxième 
volume  de  THistoire  de  la  musique  de  Hawkins 
(  p.  482-484  ).  Burney  a  aussi  inséré  dans  son 
Histoire  générale  de  la  musique  (t.  II,  p.  537)  le 
motet  à  trois  ténors  et  basse  Quam  pulchra  es, 
en  partition.  Il  y  a  aussi  des  motets  de  Mou- 
ton dans  les  Concentus  de   Salbiingcr  ;  Aiigs- 
bourg,  1545,  in-4°,  et  Gesner  cite,  dans  sa  Bi- 
bliothèque universelle  ,  des  motets  à  trois  voix 
du  même,  mais  sans  eu  indiquer  la  date.  Enfin 
Forkei  a  publié  en  partition ,  dans  son  Histoire 
delà  musique  (t.   H,  pag.   660  et   suîv.  ),  le 
motet  Confltemini,  On  cite  aussi  le  motet  rion 
nobis  Domine,  composé  par  Mouton,  en  t509, 
à  Poccasion   de  la    naissance  d'une  fille-  de 
Louis  XII,  et  celui  qu'il  a  fait,  en  1514,  pour  la 
mort   de  la  reine  Anne  de  Bretagne.  Dans  un 
autre  genre,  on  peut  voir  le  madrigal  û  six  voix. 
Vrai  dieu  d* amour,  composé  par  Mouton ,  qui 
se  trouve  dans  le  premier  volume  de  la  collection 
Ëler,  à  fa  bibliothèque  du  Conservatoire  de  Paris. 
MO  Vins  (Gaspard),  sous-recteur  de  Pé- 
oole  de  Straisund ,   naquit  dans  la  Marche  de 
Brandel>ourg  vers   Tannée    1600.  Il  est  auteur 
d*une  collection  de  chants  d*église  et  de  psaumes 
à  6  et  à  8  voix,  publiée  sous  ce  litre  :  Tiium' 
phus  musicus  spiritualis ,  dos  ist   :  Newe 
geistliche  deutsche  Kirchengesxnge  und  Psal- 
men ,  mit  6  und  8  Stimmen,  sampt  den  Basso 
continua:  Rostock,  1640,  in -4*. 

MOZART  (JEA7(-GEOHGES-LÉuroLD  ),  père 
de  riiluslre  compositeur  de  oe  nom,  était  fils  df'un 
relieur  de  livres  ;  il  naquit  à  Augsbonrg  le  14  no* 
venibrc  1719.  Après  avoir  fait  ses  études,  parti- 


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322 


MOZART 


culièreraent  un  cours  de  jurisprudence  à  Salz- 
bourg,  il  entra  chez  le  comte  de  Thurn,  en 
qualité  de  valet  de  cliambre  musicien.  Une 
place  de  violoniste  étant  devenue  vacante  dans 
la  chapelle  du  prince  évèque  de  Salzbourg,  il 
l'obtint  en  1743.  Peu  de  temps  après,  il  se  ma* 
ria.  Ses  compositions  le  firent  connaître  avanta- 
geusement en  Allemagne;  mais  sa  réputation 
s'étendit  principalement  par  la  méthode  de 
violon  qu'il  publia  en  1756,  et  qui  .ftit  considérée 
comme  le  meilleur  ouvrage  de  ce  genre,  pendant 
cinquante  ans.  En  1762,  Mozart  obtint  la  place 
de  second  maître  de  chapelle  de  la  cour  de  Salz- 
bourg.  De  sept  enfanls  qu'il  eut  de  son  mariage, 
il  ne  lui  re.<ita  que  le  fils  devenu  si  célèbre,  et 
une  lilte  dont  les  succès  dans  l'enfance  annon- 
çaient un  talent  qui  ne  s*est  pas  réalisé.  L'édu- 
cation musicale  de  ses  enfants  occupait  tout  le 
temps  que  laissaient  à  Mozart  ses  fonctions  et 
ses  ouvrages.  Peu  de  temps  après  sa  nomination 
de  second  maître  de  chapelle ,  il  commença  de 
longs  voyages  avec  son  fils  et  sa  fille,  visita 
les  principales  cours  de  TAllemagne»  la  Hol- 
lande, l'Angleterre,  la  France,  et  passa  plusieurs 
années  en  Italie.  De  retour  à  Salzbourg,  riche 
d'espérances  pour  l'avenir  de  son  fils,  mais 
ayant  dissipé  dans  de  lointains  voyages  le  faible 
produit  du  talent  de  celui-ci ,  il  ne  quitta  plus 
la  résidence  de  son  prince  depuis  1775.  Cons- 
tamment occupé  du  soin  d'améliorer  la  situa- 
tion de  sa  famille^  il  ne  parvint  point  à  son  but, 
car  il  s'appauvrit  de  plus  en  plus  ;  mais  les  pra- 
tiques d'une  dévotion  minutieuse,  lui  fournirent 
des  consolations  daus  ses  chagrins  et  dans  les 
souffrances  de  la  goutte  dont  il  fut  tourmenté 
pendant  ses  dernières  années.  Il  mourut  à  Salz- 
boucg  le  28  mai  1787.  Léopold  Mozart  a  laissé 
en  manuscrit  beaucoup  de  musique  d'église, 
composée  pour  la  chapelle  de  Salzbourg,  parti* 
culièrement  un  Offertorium  de  Sacramento,  à 
4  voix,  2  violons,  basse,  2  cora  et  orgue  ;  une  messe 
brève  (  en  la  majeur  ) ,  idem ,  et  des  LHanisc 
brèves  (en  sol,  en  si  bémol  et  en  ml  bémol) 
pour  les  mêmes  voix  et  instruments  avec  des 
trombones  obligés;  douze  oratorios;  les  opéras 
Sémiramis ,'  la  Jardinière  supposée  (  en  alle- 
mand); la  Cantatrice  ed  il  Poêla,  intermède 
italien  à  deux  personnages;  et  un  divertissement 
mWUAéMusikalùiche  Schlititnfàhrt  (Promenade 
musicale).  Ce  dernier  ouvrage,  arrangé  pour  le 
piano,  a  été  gravé  à  Leipsick,  chez  Kuhuel.  En 
1740,  Léopold  Mozart  a  publié  aussi  à  Salzbourg 
six  trios  pour  deux  violons  et  basse,  et  eu  1759, 
douze  pièces  de  clavecin ,  à  Augsbourg ,  sous  le 
titre  5  Ver  Morgen  und  der  Abtnd  (  Le  Matin 
et  le  Soir).  On  connaît  aussi  sous  son  nom  des 


pièces  d'orgue ,  trente  grandes  sérénades  pour 
plusieurs  instruments ,  des  concertos  pour  diven 
instruments  à  vent,  et  beaucoup  de  symphonies 
pour  l'orchestre;  les   tlifimes  de  dix-huit  de 
celles-ci  se  trouvent  dans  le  Catalogue  thémaliqœ 
de  Breitkopf(  Leipsick,   1762,  in-8''),  et  dans 
les  suppléments  publiés  en  1766  et  1774.  Quel- 
ques-unes de  ces  symphonies  ont  été  attribuées 
au  fils  de  Léopold  Mozart.  La  métliode  de  vidoo 
publiée  par  ce  musicien  distingué  a  poor  titre  : 
Versuche'mer  grundlichen  VioUnschule  (Es- 
sai d'une    méthode   (école)   fondanoentale  de 
violon),  Augsbourg,   1756,   35  feuilles  in-r, 
avec  le  portrait  de  l'auteur  et  4  planches  repré- 
sentant les  différentes  positions  de  la  tenue  de 
l'archet  et  du  violon.  Cet  ouvrage,  composé  soi- 
vanl  la  doctrine  de  Tartini,  renferme  d'excel- 
lentes choses,  et  sera  toujours  lu  avec  fruit  par 
les   violonistes  qui  voudront  réfléchir  sur  leur 
art.  La  2*^  édition,  perfectionnée,  a  para  sons 
ce  titre  :  Griindlidie  VioUnschuU  (  École  fon- 
damentale du  violon) ,  Augsbourg,  Lotter,  1770, 
in-4^  de  268  pages ,  4  planches  et  un  tableao. 
Une  troisième  édition  a  été  publiée  dans  la  même 
ville  en  1785,  in -4*;  elle  est  absolument  sem- 
blable à  la  précédente.  Les  éditions  subséquentes 
ont  paru  à  Vienne,  citez  Yoécke,  en  1791,  in-4*; 
à  Leipsick,  chez  Knhnei,  en  1804,  par  les  soins 
de  Neukomm,  in-fol.;  à   Vienne,   cliez  Cappi; 
dahs  la  même  ville  chez  Wallishauser,  arec  des 
additions  de  IMriinger,  et  au^si  dans  cette  ville, 
chez  Hasiinger,  par  les  soins  de  Scliiedernisyer. 
Enfin,  on  en  connaît  des  éditions  publiées  à 
Hambourg ,  chez  Boème,  à  Mayence,  chez  Sdiott, 
et  à  Posen ,  chez  Simon.  Valentin  Reeser  a  dooné 
une  traduction  française  du  même  ouvrage ,  soos 
le  titre  de  Méthode  raisonnée  de  violon ,  pai 
Léopold  Mozart,'  Paris,  Boyer,  1770,  in-folw; 
et   Woldeinar  (  votjez  ce  nom  )  a  donné  une 
deuxième  édition  de  celte  traduction  :  elle  estia- 
titulée  :  Méthode  raisonnée  pour  apjfrendre  à 
jouer  du  violon,  par  L,  Mozart  ;  nouvelle  édi- 
tion enrichie  des  chefs'd*ceuvre  de  CorelU, 
Tartini,  Geminiani,  LocatelU,  etc.;  Paris, 
Pleyel,  1801,  in-fol.  Il  a  été  fait  aussi  uneha- 
duction  hollandaise  de  la  méthode  de  Mozart. 
MOZART  (Jean  -  Chry808Tohe-\Volfg4NC- 
TnÉopiiiLE),  illustre  compositeur,  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Salzbourg  le  27  janvier  1756.  Il  y 
a  eu  de  l'incertitude  sur  les  prénoms  de  ce  graod 
ariiste  ;  lui-même  a  signé  deux  de  ses  lettres  de 
cette  manière  :  Johamies  Chrysostomvs  SigiS' 
mundus  Amadeus  Wolfgang.  Ses  premières 
œuvres  publiées  à  Paris,  en  1764,  portent  sur 
les  frontispices  :  /.-C  -Wolfgang  ;  enfin  la  plu- 
part des  lettres  et  des  œuvres  de  Mozart  sont  si- 


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MOZART 


223 


gnées  Wolfgang-Amadr,  on  simplemeut  W.-A. 
Un  document  authentique  qui  a  appartenu  à  Aloys 
Fnchs ,  employé  du  gouvernement  autrichien  et 
chanteur  delà  chapelle  impériale,  et  que  M.  Otto 
Jaim  a  publié  dans  sa  grande  monographie  de 
Mozart,  a  dissipé  tous  les  doutes  à  cet  éj^ard.  Ce 
document  est  Tacte  de  naissance  du  fils  de  Léo- 
pold  Mozart,  délivré  par  Balthazar  Schitter, 
curé  de  la  cathédrale  de  Salzbourg,  le  16  dé- 
cembre 1841 ,  et  .duquel  il  résulte  que  Jeart' 
Chrysostome-  Wolf gang-Théophile ^  fils  légitime 
de  noble  M.  Léopold  Mozart,  musicien  de  la  cour, 
et  de  Marie-Anne  Perllin  sa  fenune,  né  le  27  jan- 
vicr  1756 ,  à  huit  heures  du  soir,  a  été  baptisé 
suivant  le  rit  catholique  par  M.  le  chapelain 
de  ville  Léopold  Lamprecht,  le  28  janvier  1756, 
À  10  heures  avant  midi,  en  présence  de  noble 
M.  Jean -Théophile  Permayr,  conseiller  de  justice 
et  négociant  (i). 

Jamais  organisation  ne  fut  plus  heureuse  pour 
la  musique  et  ne  se  manifesta  par  des  signes  plus 
certains.  Mozart  était  à  peine  âgé  de  trois  ans, 
lorsque  son  père  commença  à  donner  des  leçons 
à  sa  sœur  aînée  (Marie -Anne  Mozart,  néd  le 
29  août  1751)  :  dès  ce  moment  toute  son  at- 
tention se  concentra  sur  le  davecin.  11  y  cher- 
chait souvent  seul  des  tierces,  et  quand  il  les 
avait  trouvées,  il  témoignait  sa  joie  par  une, 
agitation  excessive.  Presque  en  jouant,  il  apprit 
les  éléments  de  la  musique  et  les  principes  du 
doigté.  A  peine  arrivé  à  sa  quatrième  année, 
il  jouait  {Cvec  un  goût  et  une  expression  remar- 
quables de  petites  pièces  qui  ne  lui  coûtaient 
qu'une  demi-heure  d'étude,  et  déjà  il  composait 
des  menuets  et  .d'autres  petits  morceaux  que  son 
père  écrivait  sous  sa  dictée.  Le  conseiller  de 
Nissen  a  publié  ces  premiers  essais  dans  sa 
grande  monographie  de  Mozart,  d'après  les  ma- 
nuscrits originaux,  au  nombre  de  vingt-deux. 
Tous  ont  été  composés  dans  les  années  1760 
à  1762 ,  c'est-à-dire  depuis  Tàge  de  quatre  ans 
jusqu'à  six  :  on  se  sent  frappé  d'étonneroent  à  la 
Vue  de  ces  premières  productions  d'un  génie  qui 
a  toujours  grandi  jusqu'à  la  mort  prématurée 
de  l'artiste.  £n  1762,  Léopold  Mozart  fit  un 
voyage  à  Munich  avec  ses  enfants.  Ils  y  excilè- 

(1  )  Bezeagt  (  Balthazar  Schtlter,  Domprarrer  zu  Salx- 
^urg,  etc.)  aus  deoi  Taufbuche  der  Dompfarre  zu  Salz- 
burg  vom  Jahr  lise,  p.  î,  dau  Johannes  Càrgsost.  froff- 
vangiu  ThêophUus,  ehrlicker  Sohn  des  Edien  Hcrm 
Uopold  Mozart,  Hof-Mu.iikcrs ,  nnd  der  Maria  Anna 
Pmiio,  dnscm  Gattla,  am  l'ten  Jânuar  17S6  uin  8  Uhr 
Abeadi  geboreo  und  am  S8tcn  JAnuar  lise  uin  lO  Uhr 
VormlUagi  Ira  Beyscyn  des  Kdlen  Merra  Johann  Théo- 
Pbilua  l'ergmayr,  bûrgerlicben  Rathes  und  Handelmannea 
IP-  (.  tponsi)y  vom  Stadt-Kaplan  Léopold  Lamprecht 
"ach  KalUoUsdicn  Ritus  getauft  worden  acj.  v 


rent  l'étonnement  ;  mais  l'admiration  fut  tout 
entière  pour  Wolfgang  qui ,  à  l'âge  de  six  ans , 
exécuta  un  conœrto  devant  Téieçleur.  Dans 
l'automne  de  la  même  année,  la  famille  Mozart 
visita  Vienne^ et  y  fit  la  même  sensation  qu^à  Mu- 
nich. L'empereur  s^était  approché  du  clavecin 
où  étail  le  virtuose  enfant;  mais  celui-ci  demanda 
qu*on  appelât  Wagenseil,  maître  de  chapelle  de 
la  cour  impériale.  Monsieur,  lui  dit  le  jeune  Mo- 
zàrt,  je  Joue  un  de  vos  concertos^  ayez  la  bonté 
de  me  tourner  les  feuilles.  Cette  assurance  en 
lui-même  fut  un  des  traits  du  caractère  de  Mozart 
en  toutes  les  circonstances  de  sa  vie  d'artiste. 

Son  père  lui  avait  acheté,  à  Vienne,  un  petit 
violon  qu'il  porta  à  Salzbourg,  et  dont  il  ne  sem- 
blait s'occuper  que  comme  d'un  joujou.  Un  jour 
Weozel ,  musicien  de  la  chapelle  du  prince, 
étant  venu  consulter  Léopold  Mozart  sur  un  nou- 
veau trio  qu'il  avait  écrit,  on  voulut  en  essayer 
Tcffct  :  Wenzel  prit  la  partie  du  premier  violon, 
Schachtner,  autre  musicien  de  la  cour,  se  chargea 
du  second,  et  Léopold  Mozart  joua  la  basse.  Pen- 
dant les  préparatifs  des  exécutants,  l'enfant  vint 
se  placer  près  de  Schachtner  avec  son  petit 
violpn,  et  prétendit  doubler  sa  partie,  malgré  les 
remontrances  de  son  père.  Il  fallut  enfin  céder 
à  son  désir  et  l'on  commença  ;  mais  à  peine 

I  eut-on  joué  quelques  mesures,  que  les  trois  ar- 

j  listes  se  regardèrent  avec  étonnement  en  voyant 
un  enfant  de  sept  ans,  qui  n'avait  jamais  reçu  de 

I  leçons  de  violon,  jouer  sa  partie  avec  exactitude. 
Émerveillé  de  ce  qu'il  entendait,   Schachtner 

!  cessa  de  jouer,  et  le  jeune  Mozart  alla  jitsqu'au 
bout  du  trio  sans  hésiter. 

Au  mois  de  juillet  1763,  Léopold  Mozart  en- 
treprit un  long  voyage  hors  de  l'Allemagne  avec 
ses  enfants.  Munich  fut  la  première  ville  qu'ils 
visitèrent.  L'enthousiasme  que  l'enfant  prodige 
y  avait  excité  précédemment  se  réveilla  lorsqu'on 
l'entendit  jouer  dans  le  même  concert  un  concerto 
de  piano,un  de  violon^  et  improviser  sur  des  thèmes 
qu'on  lui  donnait.  Augsbourg,  Manbeim,  Mayence, 
Franêforl,  Coblence,  Cologne,  Aix-la-Chapelle  et 
Bruxelles,  accueillirent  ensuite  les  jeunes  artistes 
par  de  vifs  applaudissements.  Arrivée  à  Paris  au 
mois  de  novembre ,  la  famille  Mozart  n'y  trouva 
d'abord  d'appui  qu'auprès  du  baron  de  Grimm, 
qui  a  donné  d'intéressants  détails  sur  l'enfance  de 
l'illustre  compositeur  dans  sa  Correspondance  liU 
1er  aire.  De  nos  jours,  malgré  les  prodiges  qui  ont 
fatigué  l'attention  publique,  un  enfant  aussi  ex- 
traordinaire que  Mozart  s'adresserait  simple- 
ment au  public,  et  l'admiration  générale  assure- 
rail  à  la  fois  sa  fortune  et  sa  renommée  ;  mais 
alors  il  n'en  était  point  ainsi.  Le  Concert  spiri- 
tuel possédait  un  privilège  exclusif,  et  ce  n'était 


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224 


MOZART 


que  par  la  cour  qa*UD  artiste  pouvait  réussir. 
Grâce  à  la  protection  de  Grimm,  qui  lui  procura 
celle  du  baroki  d^Holbacli ,  du  comte  de  Tessé, 
du  duc  de  Chartres  et  de  la  comtesse  de  Cler- 
roont,  la  famille  Mozart  Tut  invitée  à  se  rendre 
à  Versailles ,  et  eut  IMionneur  d'être  présentée 
au  roi.  Wolfgang  joua  du  clavecin,  improvisa  et 
reçut  des  témoignages  unanimea  d'admiration. 
La  faveur  dont  il  jouissait  près  de  la  famille  royale 
était  si  décidée,  que  les  princesses^  Tiilcs  du 
roi,  et  la  daupliine,  l'ayant  rencontré  dans  une 
galerie  du  chftteau ,  lui  donnèrent  leur  main  à 
baiser  et  Tembrassèrent  sur  la  joue,  au  grand 
étonnement  de  toute  la  cour.  Les  duchesses  et 
les  marquises  ne  manquèrent  pas  d'imiter  ces 
augustes  personnages  ;  mais  on  était  plus  prodi- 
gue de  caresses  que  de  dons  avec  le  virtuose 
enfant  ;  car  Léopold  Motart  écrivait  à  sa  femme  : 
«  Si  tous  les  baisers  qu'on  prodigue  à  Wolf^ang 
o  pouvaient  se  transformer  en  bons  louis  d*or, 
H  nous  n'aurions  pas  à  nous  plaindre.  Le  mal- 
«  heur  est  que  les  aubergistes  ni  les  traiteurs  no 
n  veulent  pas  être  payés  en  baisers  :  esj[>érons 
«  toutefois  que  tout  ira  bien,  et,  pour  ne  rien  né- 
«  gliger  à  cette  fin,  ayez  soin  de  faire  dire -une 
K  mesÀC  chaque  jour,  pendant  une  semaine.  »  Cet 
âpre  dé^rdu  gain  qui  semble  tourmenter  lesous- 
mattre  de  chapelle  de  la  cour  de  Salzbourg  dans 
sa  longue  correspondance  de  dix  années  de 
voyages,  n'était  pas,  comme  on  pourrait  le 
croire,  le  résultat  de  calculs  faits  pour  s'eniichir 
aux  dépens  d'un  enfant  précoce;  Léopold  Mozart 
croyait  sincèrement  qu'il  préparait  le  bonheur  et 
la  gloire  de  son  fils  en  lui  faisant  parcourir  l'Eu- 
rope, dans  le  butd^exciter  partout  la  même  ad- 
miration qu'il  éprouvait  lui-même  pour  le  talent 
de  celui-ci.  L'argent  qu'il  désirait  n'était  destiné 
qu'à  fournir  aux  dépenses  de  ses  longues  courses  : 
car  lui-même  mourut  pauvre.  Cependant,  le  fré- 
quent exercice  de  ce  talent  aurait  pu  Pépuiser 
avant  Tâge,  si  la  constitution  morale  de  Mozart 
eût  été  moins  forte,  et  sMI  n'y  eût  eu  en  lui  assez 
d'étoffe  de  grand  homme  pour  effacer  une  mer- 
veilleuse enfance.  Avant  de  quitter  Parts,  c'est- 
à-dire  dans  l'espace  de  quelques  mois,  le  jeune 
virtuose  publia  deux  œuvres  de  deux  sonat&s 
chacun  pour  le  clavecin  avec  accompagnement 
de  violon  ;  le  premier  était  dédié  à  la  princesse 
Victoire,  seconde  fille  du  roi,  et  avait  pour  titre  : 
//  Sonates  pour  le  clavecin  quipeuven  e 
jouer  avec  V accompagnement  de  violon  ^  dé' 
dices  à  Madame  Victoire  de  France ,  par 
J.-G.  Wolfgang  Mozart  de  Salzbourg,  âgé  de  sept 
ans ,  œuvre  premier  ;  l'antre,  à  la  comtesse  de 
Tessé,  //  Sonates  pour  le  clavecin  qui  peu- 
vent se  jouer  avec  l'accompagnement  deviO' 


Ion,  dédiées  à  Madame  la  comtesse  de  TeiU, 
dame  de  Madame  la  Dauphine,  par  J.-G. 
Wolfgang  Mozart  de  Salzliourg,  âgé  de  sept 
ans,  œuvre  IL  Les  épitres  dédicatoires  avaient 
été  rédigées  parGrimm ,  qui  en  fit  quelque  chose 
de  fort  ridicule.  Ainsi  un  enfant  de  sept  ans  dit  à 
M™«  de  Tessé  :  «  Vous  ne  voulez  pas ,  Madame, 
«  que  je  dise  de  vous  ce  que  tout  le  public  en  dit; 
a  cette  rigueur  diminuera  le  regret  que  j'ai  de 
«  quitter  la  France.  Si  je  n'ai  plus  le  bonheur 
«  de  vous  faire  ma  cour,  j'irai  daus  un  pays  où 
«  je  parlerai  du  moins  tant  que  je  voudrai  et  de  ce 
«  que  vous  êtes,  et  de  ce  que  je  vous  dois.  »  Laissant 
à  part  les  dédicaces ,  ces  sonates,  qu'on  trouve 
dans  la  collection  de  ses  œuvres,  sont  charmanlcs, 
et  auraient  fait  honneur  aux  artistes  ie^  pla^ 
renom  mes  de  cette  époque  ;  cependant  leur  au- 
teur était  à  peine  parvenu  à  sa  huitième  ann>S^. 

Le  iO  avril  1704,  Léopold  Mozart  s'emharqua 
à  Calais  avec  ses  enfants  pour  se  rendre  à  Lod- 
dres.  Wolfgang  n'y  excita  pas  moins  d'étonné- 
ment  et  d'admiration  qu'à  Paris.  Après  avoir  joué 
de  l'oigue  devant  le  roi  (Georges  III),  il  donna 
plusieurs  concerts  où  le  public  se  rendit  en  foule. 
La  plupart  des  symphonies  exécutées  dans  ces 
concerts  étaient  de  sa  composition.  Il  y  écrivit 
aussi  six  [sonates  de  clavecin,  formant  son  troi- 
sième œuvre  qu'il  dédia  à  la  reine  (1).  La  sen- 
sation profonde  que  produisit  en  Angleterre  cet 
enfant  extraordinaire  a  été  décrite  dans  la  no- 
tice anglaise  de  Daines  Barrington,  témoin  ocu- 
laire de  l'engouement  général  pour  un  si  rareplié- 
nomène,  et  qui  rapporte  des  traits  de  riiabileté  du 
jeune  Mozart,  qu'on  serait  tenté  de  croire  fabu- 
leux. 

Le  24  juillet  1765,  la  famille  Mozart  s'éloigna 
de  Londres,  où  elle  avait  passé  environ  quinze 
mois.  Débarquée  à  Calais ,  elle  visita  les  prin- 
cipales villes  de  l'Artois  et  de  la  Flandre  française, 
puis  se  rendit  en  Hollande,  parCourtrai,  Gand 
et  Anvers.  Partout  Wolfgang  joua  sur  les  orgues 
des  églises  cathédrales  et  collégiales.  Arrivés  à 
La  Haye,  lui  et  sa  sœur  furent  admis  à  se  faire 
entendre  devant  la  princesse  d'Orange ,  qui  Ici 
prit  sous  sa  protection .  Mais  peu  de  jours  après 
la  jeune  fille  fut  atteinte  d'une  fièvre  maligne,  et 
son  frère  éprouva  bientôt  les  effets  de  cette  ma- 
ladie, qui  les  mit  tous  deux  aux  portes  du  tom- 
beau. Désespéré  par  la  crainte  de  perdre  ces 
enfants  si  tendrement  aimés ,  le  bon  Léopold 


(1)  Ces  sonates  ont  pour  Utre  :  Six  Sonata  jtour  /« 
clavecin  qui  peuvent  se  jouer  acte  l'aecompttçHfmmt  âf 
violon  ou  flûte  traversière,  très -humblement  dédiées  à  Sa 
Majesté  Charlotte,  reine  de  la  Grande' Bret'jgnef  com- 
posées jmr  J.'-C-frol/gaitg  Mozatt,  4ffé  de  huit  ans, 
OlMire  lir. 


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MOZART 


225 


Mozart  écrivait  à  chaque  instant  à  sa  remme 
pour  lui  enjoindre  de  faire  dire  des  messes  à 
riionneur  de  tous  les  saints  du  calendrier.  Enfin 
ses  vœux  furent  enaacés  ;  rendus  k  ia  sanlé,  ses 
enfants  donnèrent  deux  concerts  à  La  Haye ,  et 
Wolfgang  y  dédia  un  oeuvre  de  six  nouvelles  so- 
nates de  piano  à  la  princesse  de  Nassau-Weil- 
bourg.  Après  quatre  mois  de  séjour  en  cette 
ville,  la  famille  se  rendit  à  Amsterdam ,  où  le 
jeune  Mozart  composa  des  symphonies  et  d*au- 
tres  morceaux  pour  Tinstallation  du  statliouder. 
Au  mois  de  mai  1766,  Léopold  Mozart  se  mit  en 
route  avec  ses  enfants  pour  retourner  à  Salzbourg 
par  Paris,  Lyon,  la  Suisse  et  Munich. 

Kentré  dans  le  calme  de  la  vie  de  famille,  après 
trois  années  d^absence^  Mozart  reprit  à  Salzt)ourg 
ses  études  de  composition  sous  la  direction  de 
son  père  (1).  Les  principaux  ouYrages  de  Hsendel 
qiril  avait  rapportés  de  Londres,  et  ceux  de 
Cliarles-Philippe-Emmanuel  Bach,  devinrent  ses 
modèles  classiques.  Dans  l'année  1767,  il  lut  aussi 
les  jtartitions  de  quelques  anciens  maîtres  italiens 
de  la  lin  du  dix-septième  siècle  et  du  commen» 
cément  du  dix-huitième,  qui,  sans  doute,  lui 
enseignèrent  Tart  de  faire  chanter  les  parties 
d'une  manière  facile  et  naturelle  jusque  dans 
les  combinaisons  les  plus  compliquées  :  qualité 
par  laquelle  il  est  supérieur  aux  compositeurs 
allemands  de  toutes  les  époques.  Les  premières 
compositions  vocales  de  cet  enfant  prodigieux 
datent  du  même  temps  ;  ou  en  trouvera  Tindi- 
cation  dans  le  catalogue  général  de  ses  œurres 
qui  termine  cette  notice. 

Ail  mois  de  septembre  de  la  même  année ,  la 
famille  Mozart  entreprit  un  nouveau  voyage  à 
Vienne  :  il  ne  fut  pas  heureux  dans  ses  résultats. 
Peu  de  jours  après  l'arrivée  dans  la  capitale  de 
rAutricbey  et  pendant  que  Léopold  faisait  des 
démarches  pour  faire  entendre  son  fils  à  la  cour 
impériale,  nue  archiduchesse,  fiancée  du  roi  de 
Naples,  mourut ,  et  dans  le  mènkc  moment ,  la 
petite  vérole  fit  de  grands  ravages  parmi  les  en- 
fants à  Vienne.  Léopold  Mozart  s'en  éloigna  en 
toute  hâte  avec  ses  enfants  et  se  réfugia  à  01- 
miitz  (Moravie) ,  où ,  à  peine  arrivés,  les  deux 
enfanU  furent  atteints  de  la  cruelle  maladie,  dont 
le  caractère  fut  si  grave  pour  Wolfgang,  qu'il 
fut  privé  de  la  vue  pendant  neuf  jours.  De  retour 
à  Vienne  an  mois  de  janvier  1768;  le  jeune  a^ 
tiste  fut  présenté  à  Tempereur  Joseph  II  et  à 
rimpératrice.  Comme  partout,  son  prodigieux 

(1)  On  a  dit  qu'EberlIo  {oopei  ce  nom)»  savant  maître 
de  cbapelle  à  Salzbourg,  dirigea  à  cette  époque  les  éludes 
de  composttioa  do  )eane  Mozart  ;  mais  M.  Otto  Jaho  a 
remarqué  avec  beaucoup  de  Justesse  que  l'erreur  est  ma- 
ol/esie,  puisque  Eberlln  mourut  en  1769. 

BIOGR.   URIV.  OES  MUSICIENS.  —  T.  VI. 


talent  tran^portad'admiration  toute  la  cour.  L'em- 
pereur lui  dit  qu'il  désirait  lui  voir  composer  un 
opéra  et  le  diriger  lui-même  au  clavecin.  Mal- 
heureusement Léopold  Mozart  prit  cette  de- 
mande au  sérieux  et  se  persuada  que  la  réputation 
et  l'honneur  de  son  fils  étalent  attachés  à  la  réus- 
site de  cet  opéra.  Le  sujet  choisi  fut  la  Finta 
smplice;  mais  il  fallut  attendre  longtemps  le 
travail  du  poète.  Dès  qu'il  eut  son  livret,  Wolf- 
gang se  mit  à  l'ouvrage,  et  composa  les  airs  avec 
rapidité.  Lorsque  le  bruit  se  fut  répandu  de  son 
entreprise,  tous  les  compositeurs  réunirent  leurs 
efforts  pour  nuire  à  cet  enfant.  Il  est  triste  de 
dire  que  Gluck  fut  au  nombre  de  ses.  ennemis, 
suivant  ce  que  Léopold  Mozart  écrivait  en  con- 
fidence à  un  ami.  On  affirma  d'abord  que  la 
partition  de  l'opéra  n'était  pas  l'ouvrage  de  l'en- 
fant, mais  de  son  père;  il  fallut,  pour  prouver  le 
contraire,  que  Wolfgang  écrivit  devant  témoins  un 
air  sur  des  paroles  prises  au  hasard  dans  un  vo- 
lume des  (Buvres  de  Métastase ,  et  qu'il  l'instru- 
mentât dans  la  même  séance.  Puis  les  elianteurs 
italiens  dirent  que  leurs  airs  n'étaient  pas  chan- 
tables,  parce  qu'ils  étaient  mal  prosodies;  on 
demanda  des  changements;  le  poète,  d'accord 
avec  les  ennemis  du  jeune  compositeur,  fit  long- 
temps attendre  les  paroles  de  ces  changements  ; 
de  son  côté,  l'orchestre  dit  qu'il  ne  consentirait 
pas  à  jouer  sous  la  direction  d'un  enfant,  et  l'en- 
trepreneur, nommé  ii/)7f^io,  usant  de  subterfuges 
de  toute  espèce,  ajournait  incessamment  les  ré- 
pétitions, et  finit  par  décider  que  l'opéra  ne  se- 
rait pas  joué.  C'est  ainsi  que  se  termina  cette 
malheureuse  affaire,  après  quatorze  mois  |)assés 
à  Vienne  |iar  la  famille  Mozart  avec  des  dépenses 
et  des  pertes  d'argent  qui  ia  ruinaient  :  le  pau- 
vre Wolfgang  écrivit,  sans  obtenir  de  résultat, 
un  ouvrage  en  trois  actes  dont  la  partition  ori- 
ginale a  cinq  cent  cinquante-huit  pages.  La  seule 
consolation  de  Léopold  et  de  son  fils  fut  l'exé- 
cution, au  mois  de  décembre  1768,  d'une  messe 
solennelle,  à  grand  orchestre,  composée  par  Wolf- 
gang  et  exécutée  sous  sa  direction.  Au  nombre 
des  ouvrages  qu'il  écrivit  à  cette  époque,  on  cite 
un  concerto  de  trompette  pour  un  jeune  garçon 
de  son  Age.  Pendant  son  séjour  à  Vienne,  il  com- 
posa aussi,  au  mois  de  janvier  1768,  pour  la  mai- 
son de  campagne  du  docteur  Mesmer,  ami  de 
son  père,  le  petit  opéra  JBastien  et  Bastiemic , 
traduit  du  français  en  allemand.  Gerber  a  attribué 
cet  ouvrage  à  Léopold  Mozart ,  dans  son  Nouveau 
Lexique  des  Musiciens  :  M.  de  Nissen  le  restitue  à 
Wolfgang  (i).  M.  Otto  Jahn  adopte  la  mêmeopi- 


{\)AnhQng  su  ff'ol/çangjimaàeusMozorVsûiogr.,  p.i. 

15 


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226 


MOZART 


nioo^  et  OolibichefT  (1),  ne  trouvant  aacun  ren- 
seignemenl  sur  ce  sujet  dans  les  lettres  de  Léo- 
pold,  croit  devoir  laisser  la  cbose  indécise.  Pour 
DDoi ,  je  crois  pouvoir  décider  la  question ,  car  je 
possède  la  partition  manuscrite  de  Bastien  et 
Bastienne,  que  je  considère  comme  originale  et 
qui  porte  ce  titre  :  Deutsches  opérette  Bastien 
und  Bastienne  von  3  Stimmen,  soprano,  tenore 
und  basso  mit  2  violini,  alto  viola,  2  oboe, 
^corni,  2  flauti  und  basso,  del  Sig.  W.  A, 
Mozart.  De  retour  à  Salzbonrg,  dans  les  derniers 
jours  de  1768,  Mozart  y  passa  toute  l'année  sui- 
vante, et  apprit  la  langue  ilalienne  pour  se  pré- 
parer au  \oyagc  que  projetait  son  père.  Ils  par- 
tirent seuls,  au  mois  de  décembre  1769,  et  se 
dirigèrent  vers  Tltalie  par  Inspruck.  Dans  un 
concert  donné  chez  le  comte  Kiînigl,  le  jeune 
Mozart  osa  jouer  à  première  vue  tin  concerto 
-difficile,  et  eut  un  succès  complet  dans  celle 
•épreuve  téméraire.  Vérone,  Mantoue,  Milan, 
Florence,  Rome,  Naples,  l'entendirent  et  Fad- 
inirèrent.  Un  enthousiasme,  qu^on  ne  rencontre 
que  dans  les  contrées  méridionales,  ^accueillait 
oe  toutes  parts.  Le  programme  de  la  plupart  des 
concerts  où  il  se  faisait  entendre  était  semblable 
à  celui  qu'il  donna  à  Mantoue  le  16  janvier  1770, 
et  qui  était  composé  de  deux  symphonies  écrites 
par  lui,  d'un  concerto  de  clavecin  qui  lui  serait 
^onné  à  Timproviste  et  qu'il  exécuterait  à  pre* 
mière  vue;  d'une  sonate  qui  lui  serait  également 
donnée,  et  qu'il  s'engageait  de  transposer  immé- 
diatement dans  le  ton  qu'on  voudrait  lui  indi- 
quer; d'un  air  composé  et  chaulé  par  lui  en  s'ac- 
compagnant  au  piano ,  sur  des  paroles  qui  lui 
seraient  données  pendant  la  séance  ;  d'une  sonate 
et  d'une  fugue  improvisée  sur  un  thème  donné  ; 
enfin  d'une  symphonie  qu'il  jouerait  au  piano 
sur  une  seule  partie  de  premier  violon  de  l'ou- 
vrage qu'on  voudrait  choisir  !  On  comprend  l'en- 
thousiasme que  devaient  inspirer  de  pareils  pro- 
diges réalisés  par  un  enfant  de  treize  ans  et 
demi;  car  quel  musicien  oserait  entreprendre 
une  pareille  tâche?  Cependant  cet  enfant  mer- 
veilleux ne  s'est  pas  épuisé  dans  de  pareils  ef- 
forts ;  il  n'a  pas  môme  eflleuré  la  vigueur  de  son 
organisation  morale ,  et  il  est  devenu  le  plus 
grand  des  musiciens.  Les  poètes  le  chantaient, 
des  médailles  étaient  frappées  en  son  honneur, 
les  académies  lui  ouvraient  leurs  portes ,  et  les 
maîtres  les  plus  savants  des  sévères  écoles  de 
Bologne  et  de  Rome  le  considéraient  avec  éton- 
neinent.  Il  n'avait  que  quatorze  ans,  et  l'antienne 
à  quatre  parties  qu'il  écrivit  pour  le  concours  de 
l'Académie  philharmonique  était  un  essai  fort  re- 

(1}  N0UV91U  BiograpMe  dâ  Mozart,  1. 1,  p.  M. 


marquable  dans  un  genre  de  musique  qui  lui 
était  inconnu  ;  et  le  digne  P.  Martini  l'appelait 
illustre  maure  ;  il  n'avait  que  quatorze  ans, 
et  deux  auditions  du  Miserere  d'Âllegri  lui 
suffirent  pour  écrire  de  raénooire  ce  morceau  cé- 
lèbre dont  il  était  défendu  de  donner  des  copies; 
il  n'avait  que  quatorze  ans ,  et  le  plus  célèbre 
des  compositeurs  dramatiques  de  ce  temps, 
Adolphe  Hasse,  surnommé  par  les  Italiens  k 
divin  Saxon,  n'hésitait  pas  à  dire ,  après  avoir 
entendu  son  Mitridate  et  sa  cantate  Aseanio 
in  Alba  :Cet  enfant  nous  fera  tous  oublier; 
et  la  population  milanaise  tout  entière  s'écriait 
transportée  :  Evviva  il  maestrino! 

Mozart  était  à  Milan  au  mois  de  février  1770  ; 
il  en  partit  vers  le  lô  mars,  après  avoir  obteoti 
un  engagement  pour  cohi poser  le  premier  opéra 
du  carnaval  de  l'année  1771  ;  il  prit  la  route  de 
Bologne,  où  sa  présence  causa  la  plus  vive  émo- 
tion. Je  viens  de  parler  du  morceau  qu*il  y 
écrivit  pour  obtenir  le  diplôme  d*acadéniiden 
philharmonique.  Suivant  les  statuts,  l'épreuve  a 
subir  en  pareille  circonstance  consistait  à  écrire 
sur  un  plain-chant  donné  une  composition  i 
quatre  voix  dans  le  style  appelé  osservato,  on  n 
la  Palestrina.  Mozart  écrivit,  d'après  les  conseils 
qu'il  avait  reçus  du  P.  Martini,  l'antienne  deman- 
dée ;  mais  ce  n'est  pas  celle  qui  a  été  publiée 
sous  son  nom  par  le  conseiller  De  Nissen  (1), 
par  Lichtenthal  (2) ,  et  par  M.  Otto  Jalm  (3),  car 
ce  morceau  est  du  P.  Martini.  Le  savant  M.  Gas- 
pari,  maître  de  clia|)elle  de  la  cathédrale  de  Bo- 
logne et  bibliothécaire  du  Lycée  communal  de 
musique  de  cette  ville,  a  trouvé,  dans  un  recueil 
manuscrit  du  dépôt  qui  lui  est  confié,  l'original 
de  la  composition  de  Mozart,  suivi  de  celle  que 
Martini  écrivit  sur  le  même  sujet  pour  rinslnic< 
tion  du  jeune  artiste.  Il  y  a  loin  du  travail  d*oa 
maître  expérimenté  tel  que  Martini  à  celui  de 
Mozart,  écrit  trop  rapidement  peut-être,  et  avec 
une  connaissance  trop  sommaire  d'un  genre  de 
musique  qui  lui  était  inconnu  avant  qu'il  ar- 
rivât en  Italie;  toutefois  ce  travail  me  pa- 
rait intéressant.  M.  Gaspari  a  publié  l'antienoe 
de  Mozart  avec  son  excellent  discours  intitnié 
la  Musica  in  Bologna,  qui  a  paru  dans  la 
Gazette  musicale  de  Milan ,  et  dont  il  a  été  fait 
des  tirés-à-parl  (  Milan,  Ricordi,  sans  date,  in-^^  }• 
Je  crois  que  les  lecteurs  de  la  présente  nofice 
verront  avec  inlérèt  les  deux  morceaux  sur  le 
même  sujet,  pour  en  faire  la  comparaison  : 


(1)  BiographU  ff^.  A,  »JozarVs ,  p.  aî6-tI7. 

(i)  atozart  e  le  luê  creaziorU  (Mitao,  1M1||^1^ 

(3)  ff".  A.  Motait,  1. 1,  p.  eei^a. 


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MOZART 

ANTIENNE  DU  P.   MARTINI 


227 


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MOZART 


Ici,  toutes  les  coodi lions  da  genre  sont  res- 
pectées; riiarmonie  est  celle  du  seizième  siècle, 
et  la  tonalité  du  premier  ton  y  est  toujours 
sentie.  Les  parties  chantent  bien;  tout  enfin  est 
digne  d*un  maître.  Une  seule  inadvertance  s'y 


fait  remarquer  à  l'endroit  marqué  (a);  la  partie 
du  ténor  y  fait  un  retard  de  neuvième  à  la  dis- 
tance de  seconde,  ce  qui  est  une  faute  capitale, 
parce  que  la  résolution  de  la  dissonance  n'est  pas 
sentie  sur  TunissoD. 


ANTIENNE   DE  MOZART. 


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!i)  Tout  ce  long  paisage  préceote  des  aocceaslons  d'har-  ■  temps  où  se  genre  de  musique  était  ie  seul  en  usage  :  0 
monle  et  de  tonalité  modernes,  inadmissibles  dans  ce  I  en  est  de  même  de  l'altération  de  qointe  augmentée  da 
stjle,  ainsi  qu'une  anticipation  de  sepUéme,  Inconnue  au  I  ténor. 


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330 


MOZART 


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'  Mozart,  âgé  seulement  de  quatorze  ans,  et 
récemment  arrivé  en  Italie,  ne  connaissait  pas 
et  ne  pouvait  connaître  les  règles  et  les  tradi- 
tions de  Tancien  style  osservato  dans  lequel 
on  le  faisait  écrire  :  cela  se  voit  au  premier 
abord  dans  les  troisième  et  quatrième  mesures 
du  soprano,  parement  instrumentales  et  non  vo- 
cales, dans  lesquelle-s  il  fait  arriver  une  partie 
sur  des  quintes ,  par  mouvement  direct  ;  ce  qui 
est  interdit  dans  le  contrepoint. 

Le  1 1  avril,  Mozart  arriva  à  Rome.  Dans  une 
lettre  de  son  père,  écrite  de  cette  ville ^  on 
trouve  Panecdote  relative  au  Miserere  d'Aï- 
legri,  A  Naples ,  Jomelli ,  Majo ,  la  célèbre  can- 
tatrice De  Amicis,  et  tout  ce  qui  s'y  trouvait  d'ar- 
tistes de  mérite  l'accueillirent  comme  un  com- 
positeur déjà  classé  parmi  les  maîtres.  En  repas- 
sant à  Rome,  Mozart,  bien  qu'Agé  seulement  de 
quatorze  ans ,  fut  fait  chevalier  de  l'Ëperon  d^or 

(1)  La  double  note  le  troave  atnsl  dans  le  manuacnt 
original  :  le  «i  on  le  la  sont  également  défectueax.  car 
dans  ce  genre  de  contrepoint ,  les  notes  qui  n'ont  pas  de 
valeor  réelle  ne  se  répètent  pas. 

(I)  Letrbjthmes  boiteui  detont  ce  passage  da  soprano 


par  le  pape.  Moins  sensible  que  Gluck  à  ce  genre 
de  distinctions,  il  ne  se  fit  jamais  appeler  le 
chevalier  Mozart ,  et  ne  porta  la  croU  dont  il 
avait'  été  décoré  que  dans  les  pays  étrangers, 
comme  le  voulait  son  père.  De  retour  i  Milao, 
vers  la  fin  du  mois  d^octobre  ^  Mozart  y  écrifit 
son  Mitridaie,  qui  fut  représenté,  le  K  dé- 
cembre de  la  même  année ,  avec  un  succès  dé- 
cidé, et  qui  obtint  vin^-deux  représentations 
consécutives.  Quelques  jours  avant  la  première 
répétition ,  la  prima  donna  Bernasconi ,  peu 
confiante  dans  le  talent  d'un  pianiste  de  qua- 
torze ans  pour  écrire  des  airs,  demanda  au  jeune 
compositeur  qu'il  lui  fit  voir  celui  qu'elle  devait 
chanter;  il  satisfit  sur-le-champ  à  cette  de- 
mande. La  cantatrice  essaya  immédiatement  le 
morceau  et  en  fut  charmée.  Alors  Mozart,  piqué 
de  la  défiance  qu'on  semblait  avoir  eue  dans  sa 
jeunesse',  lui  en  offrit  un  autre,  puis  un  Iroi» 

sont  Inadmissibles  dans  le  style  cstervato  des  aBcieos 
maures. 

|8)  Ces  descentes  sur  la  quinte  par  mouteneat  direct 
sont  gancbes  et  Interdites  dans  ce  style. 


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MOZART 


231 


sième  ,  et  laissa  la  Bernaseoni  stupéfaite  de  ren- 
contrer un  talent  si  rare  et  une  imagination  si 
riche   dans  un  âge  si  tendre. 

Pendant  une  partie  de  Tannée  1771,  Mozart 
▼isila  Vérone,  qui  lui  aTait  envoyé  un  diplôme 
d'académicien ,  Venise ,  Padooe ,  où  il  étonna 
le  P.  Valotfi  en  improvisant  sur  le  grand  orgue 
du  Saint  ;  puis  il  fit  une  course  jusqu'à  Inspruck. 
Il  retourna  ensuite  à  Milan,  pour  y  écrire  sa  can- 
tate dramatique  Ascanio  in  Alba,  dans  laquelle 
Manzuoli  chantait  le  rdle  principal ,  et  qui  fut  re- 
présentée an  mois  de  d^mbre.  L'installation 
d*im  nouvel  archevêque  à  SalslMorg  rappela  Léo- 
pold  Mozart  dans  cette  ville  en  1772.  Le  jeune 
compositeur  ftlt  invité  à  écrire  pour  cette  cir- 
constance la  sérénade  dramatique  intitulée  :  H 
Sogno  di  Scipione;  elle  fut  représentée  le 
14  mars  1772.  Au  mois  d'octobre  suivant,  Mo- 
ts rt  retonrna  à  MHan ,  où  il  composa  son  op<^ra 
iiérieox  Lucio  SUla,  dont  les  rôles  principaux 
furent  chantés  par  Rauzzini  et  la  prima  donna 
De  Amicis.  Le  public  accueillit  avec  faveur  cet 
ouvrage,  comme  les  précédents.  Il  fut  suivi  de 
La^Finta  Giardiniera,  à  Munich,. en  1774, 
et  de  la  pastorale  en  deux  parties  //  Re  pas^ 
tore ,  composée  pour  la  cour  de  Salzbourg,  et 
représentée  en  1775. 

Mozart  avait  dix-neuf  ans  ;  le  prodige  de  Ten- 
fance  avait  fini,  le  grand  homme  commençait; 
mais  quelle  enfance  que  celle  qui  se  terminait  à 
la  seizième  année  après  avoir  produit  un  opéra 
allemand,  trois  italiens,  un  oratorio,  deux 
messes  solennelles ,  un  Stabat ,  des  oITertoires , 
hymnes  et  motets ,  une  Passion ,  deux  cantates 
avec  orchestre^  treize  symphonies^  vingt-quatre 
sonates  pour  le  piano ,  gravées  ,  ainsi  que  plu- 
sieurs autres  morceaux  pour  le  même  instm- 
ment ,  des  trios  de  violon ,  des  divertissements 
en  quatuor  pour  toutes  sortes  d'instçunwnts , 
des  pièces  d'harmonie  militaire ,  des  marches , 
des  fugues ,  des  solos  de  violon ,  de  violoncelle 
et  de  flûte,  des  concertos  pour  divers  instru- 
ments !  L'étonnement  s'accroît  encore  lorsqn^on 
se  rappelle  que  fauteur  de  tout  cela  avait  em- 
ployé la  moitié  de  sa  vie  à  voyager  et  à  donner 
des  concerts. 

De  retour  à  Salzhourg  en  1774,  Mozart  s*é- 
tait  persuadé  que  le  prince ,  en  récompense  de 
ses  brillants  succès ,  lui  accorderait  la  place  de 
maître  de  chapelle  ;  mais  après  une  vaine  attente 
de  trois  années ,  la  misère  l'obligea  d'aller  cher* 
cher  du  pain  ailleurs ,  et  ce  fut  à  Munich  qu'il  se 
rendit  d'aboi[d.  Présenté  h  l'électeur,  il  lui  de- 
manda du  service ,  offrant  de  composer  chaque 
année  quatre  opéras ,  et  de  jouer  tous  les  jours 
dans  les  concerts  de  la  cour.  Pour  tout  cela  il 


ne  demandait  qu'un  traitement  de  500  florins 
(environ  1,050  fr.  );  mais  le  prince  répondait  à 
tons  ceux  qui  le  pressaient  d'accepter  les  ofTres 
du  compositeur  :  //  est  trop  tdt;  qu'il  aille  en 
Italie ,  quHl  se  fasse  un  nom.  Je  ne  lui  refuse 
rien;  mais  il  est  trop  tél.  «  Aller  en  Italie! 
«  disait  Mozart  ;  mais  j'y  ai  passé  plusieurs  an- 
«  nées ,  et  j'y  ai  donné  trois  opéras.  »  Il  ajou- 
tait :  «  Que  le  prince  rassemble  tous  les  com- 
«  posileurs  de  Munich  ;  qu'il  en  fasse  venir  d'I- 
«  talie,  de  France,  d'Allemagne,  d'Angleterre  et 
n  d'Espagne  :  je  me  mesurerai  avec  tous,  m  Ce 
pauvre  grand  artiste ,  méconnu  des  princes  qui 
seuls  pouvaient  lui  donner  une  existence ,  était 
obligé  de  se  redresser  devant  ceux  qui  voulaient 
l'abaisser.  Ce  n'était  pas  l'orgueil ,  mais  le  sen- 
timent de  sa  force  et  la  Juste  prévision  de  l'a- 
venir qui  lui  faisaient  dire  :  «  Je  suis  aimé  du  pu- 
«  blîc  de  Munich  :  je  le  serai  bien  davantage 
«  quand  j'aurai  agrandi  le  domaine  de  la  mu- 
«  siqne  ;  ce  qui  ne  peut  manquer  d'arriver.  Je 
n  brûle  du  désir  d'écrire  depuis  que  j'ai  entendu 
<c  la  musique  vocale  allemande.  »  Plus  pauvre 
en  s'éloignant  de  la  capitale  de  la  Bavière  que 
lorsqu'il  y  était  arrivé,  il  fut  obligé  de  donner 
un  concert  à  Augsbourg  pour  fournir  aux  frais 
de  son  voyage.  Jamais,  écrivait-il  à  son  père, 
je  n*ai  été  accablé  d*autant  d'honneurs 
qu'ici.  Ces  honneurs,  et  90  florins  de  la  recette 
de  son  concert ,  furent  tout  le  produit  de  son 
séjour  à  Augsbourg.  A  Manheim ,  Télecteur  pa- 
latin le  traita  avec  div^tinction  et  les  musiciens  se 
prosternèrent  ;  mais  il  n'y  avait  point  de  places 
vacantes  :  Cannabich  et  l'abbé  Vogler  les  occu- 
paient. Le  seul  fruit  du  voyage  de  Mozart  fut 
jtme  montre  dont  le  prince  lui  fit  cadeau.  Il  prit 
alors  la  résolution  de  se  rendre  à  Paris,  espérant 
y  retrouver  un  peu  de  la  faveur  qui  l'y  avait  ac- 
cueilli quatorze  ans  auparavant  ;  mais  il  y  at- 
tendit vainement  pendant  six  mois  le  livret  d'un 
opéra  qu'on  lui  avait  promis,  et  le  directeur  du 
Concert  spirituel  ne  daigna  pas  même  faire  co- 
pier une  symphonie  concerlante  qu'il  avait  écrite 
pour  les  célèbres  artistes  Ritter,  Ramm  et  Punto. 
Ce  directeur,  qui  n'était  autre  que  Legros,  acteur 
de  l'Opéra,  ne  l'employa  qu'à  raccommoder  un 
Miserere  de  Holzbauer,  qui  ne  réussit  pas.  Enfin 
la  mère  de  Mozart,  qui  t'accompagnait  dans  son 
voyage,  se  félicitait  après  plusieurs  mois  qu'il 
eût  trouvé  une  écolière  assez  généreuse  pour 
lui  payer  trois  louis  d'or  pour  douze  leçons.  Le 
découragement  qui  lui  serrait  le  cœur  se  laisse 
entrevoir  dans  ce  passage  d'une  lettre  à  son  père, 
écrite  de  Paris  le  !•'  mai  1778.  «  S'il  y  avait 
(c  ici  qoelqu'an  qui  eût  des  oreilles  pour  en- 
ci  tendre,  un  cœur  pour  sentir,  et  seulement 


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332 


MOZART 


«  quelque  idée  de  Tart,  je  me  consolerais  de 
«  toutes  mes  disgrâces  ;  mais  les  hommes  avec 
«  qui  je  suis  sont  des  brutes  quant  à  la  mu- 
«  sique;  »  Le  grand  homme  oe  comprenait  pas 
que,  chez  un  peuple  à  peine  sorti  des  Toies  du 
mauvais  goût ,  et  encore  indécis  sur  la  révolu- 
tion récemment  opérée  par  Gluck  dans  la  mu- 
sique dramatique ,  les  créations  de  son  génie  ne 
pouvaient  être  goûtées ,  parce  que,  trop  hardies, 
elles  franchissaient  tout  à  coup  des  phases  de 
transroruiation  qui ,  dans  Tordre  ordinaire, au- 
raient occupé  plus  d*uD  demi-siècle.  A  peine  l'Al- 
lemagne, plus  avancée,  était-elle  mûre  pour  tant 
de  nouveautés. 

Un  dernier  malheur  vint  frapper  Mozart  à 
Paris  :  il  y  perdit  sa  mère.  Une  lettre  qu'il 
écrivit  le  jour  même  du  décès  (3  juillet  1778)  4 
un  ami  de  sa  famille,  prouve  Tisolement  où  il 
se  trouvait  dans  cette  grande  ville;  car,  lui  dit- 
il,  un  ami  ( Heina  ),  Allemand  de  naissance,  et 
riiôtesse  des  Quatre  Fils  Aymon,  où  il  était 
logé,  furent  les  seules  personnes  qui,  non-seule- 
ment assistèrent  aux  derniers  naomenls  de 
M"'  Mozart ,  noais  qui  formèrent  son  convoi 
pour  les  fonérailles.  Cet  extrait  des  registres  de 
la  paroisse  Saint-Eustache  n^a  été  connu  d^aucun 
des  biographes  de  Mozart  : 

Samedi/^  Juillet  1T78. 

«  Ledit  jour,  Anne- Marie  Pertt  (Pertlin), 
«  Agée  de  cinquant^iiepl  ans,  femme  de  Léopold 
>  Mozart,  maître  de  chapelle  de  Salzbourg,  en 
«  Bavière,  décédée  d'hier,  rue  du  Gros-Chenet , 
«  a  été  inhumée  au  cimetière  en  présence  de 
K  Wolfgang  Amadi  (Amédée)  Mozart,  son 
«  fils,  et  de  François  Heina,  trompette  de  clie- 
«  vau-légers  de  la  garde  du  roi. 

«  Signé  :  Moz\rt,  Hbina  ,  Trisson  (  vicaire  ).  » 

Après  le  malheur  qui  venait  de  le  frapper,  le 
séjour  de  Paris  devint  insupportable  à  Mozart  ; 
il  s'en  éloigna  rapidement  et  alla  retrouver  son 
père.  Dans  ces  circonstances,  fatigué  de  ses  efforts 
infructueux  pour  se  faire  une  |K>sition,  il  se  vit 
contraint  d'accepter  en  1779  la  place  d^organiste 
de  la  cour,  à  Salzbourg ,  et  Pannée  diaprés ,  celle 
dVganiste  de  la  cathédrale.  VoiU  donc  où  était 
arrivé,  à  TAge  de  vingt-troiè  ans,  le  plus  étonnant 
des  musiciens  modernes ,  après  quinze  années 
de  succès  inouïs  I  II  ne  lui  était  pas  même 
permis  de  prouver,  par  de  nouveaux  ouvrages, 
que  le  passé  de  sa  vie  n'était  que  le  prélude  de 
l'avenir. 

Une  heureuse  circonstance  vint  le  tirer  pour 
un  instant  de  l'abattement  où  s^épuisaient  ses 
forces.  Partisan  enthousiaste  de  la  musique  de 
Mozart,  le  prince  électoral  de  Bavière,  Charles- 


Théodore,  le  fit  appeler  à  Monicli  an  mois  de 
novembre  1780,  et  lui  confia  la  composition 
d'Idoménée,  opéra  sérieux  en  trois  actes. 
Parti  de  Salzbourg  dans  le  mob  de  novembre 
1780,  Mozart  se  mit  imnnédiatement  k  l'ou- 
vrage, et  par  un  prodige  d^acti vite,  il  put  faire 
commencer  les  répétitions  des  denx  premiers  aclei 
le  l'**  décembre  suivant  Cependant,  cet  ou- 
vrage est  une  transformation  complète  de  l'art  : 
c'est  la  création  originale  des  formes  et  des 
moyens  de  toute  la  musique  dramatique  venue 
après  lui.  Le  caractère  mélodique  de  VIdo- 
menée  ne  rappelle  ni  la  musique  purement  ita- 
lienne, ni  la.  musique  allemande  formée  sous 
rinfluence  de  celle-ci  par  Graun,  liasse  et 
Benda,  ni  le  style  français,  ni  enfin  la  modifi- 
cation de  ce  style  par  Gluclt.  Mozart  tire  tout 
de  son  propre  fonds ,  et  son  oavrage  devient  le 
type  d'une  musique  aussi  nouvelle  dans  son 
expression ,  dans  la  disposition  de  la  phrase, 
dans  la  variété  de  développemenls  de  Tidée 
principale ,  que  dans  la  modulation ,  l'Iiamionie 
et  l'instrumentation.  Rien  de  ce  qai  existait  au- 
paravant ne  pouvait  donner  l'idée  de  Touverture 
é^Itioménée,  de  l'air  Padre,  germani,  de 
celui  d^ Electre f  au  premier  acte,  de  celui  dV- 
lia,  accompagné  de  quatre  instruments  obligée, 
ni  des  cliœurs  Pietà,  Piumi  !ti  CorriamOf  fvg- 
giamo.  Tout  cela  ouvre  une  époque  nouvelle 
de  la  musique  dramatique ,  un  monde  d^inven- 
tions;  époque  qui  s'est  développée  jusqu'à  nos 
jours  ;  monde  où  tons  les  musiciens  ont  été  clier- 
cher  la  vie  depuis  quatre-vingts  ans.  La  pre- 
mière représentation  de  ce  bel  ouvrage  eut  lieu 
le  29  janvier  1781,  pour  l'anniversaire  de  la 
naissance  de  l'électeur  de  Bavière.  Une  œuvre  si 
nouvelle  semblait  ne  devoir  pas  être  comprise 
à  son  apparition  :  cependant  elle  esdta  l'eu- 
thoosiasme  de  la  population  de  Munich ,  et  sur- 
tout des  musiciens,  qui  proclamèrent  Motartie 
plus  grand  artiste  de  son  temps. 

Flatté  des  éloges  prodigués  à  l'organiste  de  sa 
cour,  l'archevêque  de  Salzbourg ,  qui  était  de  U 
famille  de  Colloredo,  s'en  fit  suivre  à  Vienne, 
au  mois  de  mars  de  la  même  année,  le  logea 
dans  son  hôtel ,  mais  le  confondit  parmi  ses 
domestiques ,  et  même  l'obligea  k  manger  arec 
ses  cuisiniers.  Une  lettre  de  Mozart,  écrite  k  cette 
époque ,  peint  avec  amertume  riiumiliation  qu'il 
éprouvait  d'un  pareil  traitement.  La  crainte  de 
compromettre  son  père  et  de  lui  faire  perdre 
sa  place ,  unique  ressource  du  vieillard ,  était  le 
seul  motif  qui  le  retenait  dans  cette  siluation. 
il  ne  pouvait  même  se  faire  entendre  dans  les 
concerts  où  il  était  souvent  invité,  sans  en 
avoir  obtenu  Tautorisation  de  son  maître.  Enfin, 


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MOZART 


233 


il  se  plaignit  un  jonr,  et  n^ayant  reçu  de  Tarclie- 
vêque  que  cette  réponse  :  Cherche  ailleurs^  si 
tu  ne  veux  pas  me  servir  comme  je  V entends , 
il  donna  sa  démission.  Libre  désormais ,  il  ne 
chercha  plas  de  place  et  vécut  de  son  travail 
ainsi  que  des  leçons  qu'il  donnait.  Quelqnes  du- 
cats ,  produit  de  ses  le^ns,  furent  pendant  près 
d'une  année,  sa  seule  ressource.  L'empereur  Jo- 
seph II,  qui  n'avait  de  goût  que  pour  la  mu- 
sique ilalienne ,  ne  prenait  pas  garde  au  grand 
musicien  né  dans  ses  États,  et  le  laissait  languir 
dans  la  misère  ;  cependant  la  comtesse  de  Thun 
et  le  prince  de  Cobentzel  finirent  par  vaincre  les 
répugnances  du  monarque,  et  X Enlèvement  du 
Sérail  fut  demandé  à  son  illustre  auteur  pour 
le  théâtre  de  la  cour.  Cet  ouvrage,  dont  toutes 
les  formes  étaient  nouvelles ,  excita  d'abord  dans 
le  monde  plus  d'étonnement  que  de  plaisir;  mais 
les  musiciens  le  proclamèrent  un  chef-d'œuvre  ; 
Prague,  Munich,  Dresde,  Berlin,  Stuttgard, 
Carlsruhe,  confirmèrent  Popiniondes  artistes; et 
les  courtisans  de  Vienne ,  pour  éviter  le  ridicule, 
finirent  par  se  ranger  à  Tavis  do  plus  grand 
nombre.  Cependant,  l'empereur  n'aimait  pas, 
au  fond,  cette  musique,  trop  forte  pour  son 
oreille,  et  toujours  il  y  eut  quelque  réticence 
dans  les  éloges  qu'il  accordait  à  celui  que  les  ar- 
tistes plaçaient  au-dessus  de  tous  les  musiciens 
de  l'Europe.  Cela  est  trop  beau  pour  nos 
oreilles ,  disait-il  à  Mozart  en  parlant  de  l'En- 
lèvement du  Sérail  ;  en  vérité^  fy  trouve  tt  op 
de  notes.  —  Précisément  autant  qu'il  en  faut, 
répondit  le  musicien.  Joseph  II  ne  fit  donner  k 
Mozart  que  cinquante  ilucats  pour  la  composi- 
tion de  cet  opéra.  Plus  tard  il  lui  accorda  une 
pension  de  800  florins  avec  le  titre  de  composi- 
teur de  la  cour;  maiâ  pendant  plusieurs  année<« 
il  ne  lui  demanda  rien,  k  L'exception  du  petit 
opéra  intitulé  :  Le  Directeur  de  spectacle^  qui 
fut  représenté  au  chAteau  de  Schœnbrunn 
en  1786.  Son  obstination  à  cet  égard  fit  dire  un 
jour  par  le  compositeur  à  l'intendant  qui  lui 
payait  ses  honoraires  :  Monsieur,  c'est  trop 
pour  ce  qu'on  me  demande,  et  pas  assez 
pour  ce  que  je  pourrais  faire.  On  a  peine  k 
comprendre  rattachement  que  Mozart  montra 
toujours  pour  un  prince  qui  appréciait  si  mal  et 
récompensait  si  peu  son  mérite;  cependant  ce 
fut  cet  attachement  qui  l'empêcha  d'accepter  les 
offres  séduisantes  que  lui  fit  le  roi  de  Prusse  Fré- 
déric-Guillaume II,  lorsqu'il  visita  Berlin.Ce  prince 
lui  ayant  demandé  ce  qu'il  pensait  de  sacliapelle, 
il  répondit  avec  sa  fraucliise  ordinaire  :  «  Sire , 
«  votre  chapelle  possède  beaucoup  d'artistes  dis- 
■  tingués,  et  nulle  part  je  n'ai  entendu  exécuter 
«  si   bien   des  quatuors  ;  mais  ces  messieurs 


«  rénnis  pourraient  fairt  mieux  encore.  —  Eh 
A  bien,  lui  dit  le  roi,  restez  avec  moi  :  vous 
«  seul  pouvez  faire  ce  changement  :  je  vous 
«  oRTre  pour  voti«  traitement  annuel  3,000  écus 
«  (11,250  fr. ).  —Quoi!  me  faudra-t-il  aban- 
«c  donner  mon  bon  empereur?  »  Le  roi,  touché 
de  cette  marque  d'attachement  désintéressé, 
ajouta  :  «  Eh  bien,  pensez-y,  mes  offres  subsis- 
te tent,  ne  vinssiez-vous  ici  que  dans  un  an.  » 
Préoccupé  de  cette  conversation,  Mozart  retourna 
k  Vienne  et  consulta  ses  amis  sur  une  circons- 
tance si  importante,  qui  devait  décider  de  son 
sort;  ils  le  pressèrent  pour  quMI  acceptât  les 
offres  du  roi  de  Prusse ,  et  il  se  décida  à  de- 
mander sa  démission  à  l'empereur.  Joseph  II  vit 
d'un  coup  d'œil  la  tache  qu'imprimerait  à  son 
règne  le  départ  d'un  artiste  si  renommé ,  pour 
passer  au  service  d'une  cour  étrangère,  et,  dé- 
cidé k  le  retenir,  il  lui  dit  de  l'air  le  plus  affable  : 
Eh  quoi! mon  cher  Mozart,  vous  voudriez  me 
quitter?  Interdit  à  ces  paroles,  Mozart  regarda 
le  prince  avec  attendrissement  et  loi  dit  :  Ma- 
jesté, je  me  recommande  à  votre  bonté...  je 
reste  à  votre  service  (1).  Aucune  amélioration 
dans  le  sort  du  compositeur  ne  résulta  de  cet  en- 
tretien. Lorsqu'il  revint  chez  lui ,  un  de  ses  amis 
lui  demanda  s'il  n'avait  pas  profité  de  cette  cir- 
constance pour  faire  porter  son  traitement  à 
une  somme  convenable  :  Eh  !  qui  songe  à  cela  ? 
répondit  Mozart  avec  colère.  Cependant  si  la 
crainte  de  voir  abandonner  son  service  par  un 
grand  artiste  pour  passer  dans  une  cour  étran- 
gère avait  ému  un  instant  l'empereur  Jo- 
seph II,  il  est  certain  qu'il  ne  goûta  jamais 
sa  musique,  trop  forte  pour  son  organisation 
musicale.  Rien  de  plus  significatif  à  cet  égard 
que  les  révélations  du  poète  d'A ponte,  auteur 
des  excellents  livrets  des  Aoces  de  Figaro  et 
de  Don  Juan.  Je  crois  ne  pouvoir  mieux  faire 
que  de  rapporter  quelques  passages  de  ses  Mé- 
moires ,  pour  faire  connaître  quelle  était  la  vé- 
ritable situation  de  Mozart  à  la  cour  de  Vienne. 
«  Wolfgang  Mozart,  dit  d'Ajionte^  quoique  doué 
(I  par  la  nature  d'un  génie  musical  supérieur 
a  peut-étra  à  tous  les  compositeurs  passés,  prê- 
te sents  et  futurs,  n'avait  pu  encore  faire  éclater 
«  son  divin  génie  à  Vienne,  par  suite  de  la  cabale 

(1)  RochIUz,  qnl  a  rapporté  cette  anecdote  dans  la  Ga-  . 
lette  musicale  de  Leipslck,  prétend  que  Joseph  II  aimait 
passionnément  la  musique  de  Mozart,  et  qu'il  lui  dit  i 
P'oui  savez  cé  quêje  pente  des  Italiens,  et  cependant 
vous  voulez  me  quitter  f  Mais  ces  paroles  sont  en  contra- 
diction manifeste  avec  les  faits  connus.  SI  l'empereur  eût 
aimé  la  musique  de  Mozart,  il  aurait  voulu  en  enlendre. 
et  Rochlitz  avoue  qu'il  ne  lui  en  demanda  point.  Quant  aux 
Italiens,  Joseph  II  lul>mémelesavaltappelésjt  son  service; 
il  les  comblait  de  faveurs,  et  n'aimait  que  l'opéra  bouffe. 


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MOZART 


m  de  ses  ennemis  :  il  y  demeurait  obscur  et  mé- 
«  connu,  semblable  à  une  pierre  précieuse  qui , 
«  enfouie  dans  les  entrailles  de  la  terre ,  y  dé- 
«  robe  le  secret  de  sa  splendeur.  Je  ne  puis  ja- 
«  mais  penser  sans  plaisir  et  sans  orgueil  que 
1  ma  seule  persévérance  et  mon  énergie  furent 
«  en  grande  |)artie  la  cause  à  laquelle  TËurope 
«  et  le  monde  durent  la  révélation  complète  des 
«  roerTeilles  de  œt  incomparable  génie. 

«  M*étanl  rendu  chez  Mozart,  je  lui  demandai 
«  sMl  lui  conviendrait  de  mettre  en  musique  un 
s  opéra  composé  tout  exprès  pour  lui.  —  Ce 
«  serait  avec  beaucoup  de  plaisir,  me  répondit-il, 
«  mais  je  doute  d'en  obtenir  la  permission.  »  Je 
«  me  charge  de  lever  toutes  les  difficultés.  —  £h 
«  bien,  agissez.... 

«  Causant  un  jour  avec  lui,  il  me  demanda  si 
o  je  pourrais  nœtlre  en  opéra  la  comédie  de  Oeau- 
«  marchais  intitulée  Les  Noces  de  Figaro.  La 
«  prdposition  fut  de  mon  goût.  Je  me  mis  à  l'ou- 
ft  vrage,  et  le  succès  fut  soudain  et  universel.... 
«  Au  fur  et  mesure  que  j'écrivais  les  paroles, 
«  Mozart  composait  la  musique;  en  six  semaines 
«  tout  était  terminé.  La  bonne  étoile  de  Mozart 
«  voulut  quMinc  circonstance  opportune  se  pré- 
«  sentât  et  me  permit  de  porter  mon  manuscrit 
<t  à  Tempereur.  ^  Eh  quoi  !  me  dit-il,  vous  savez 
«  que  Mozart,  remarquable  pour  la  musique 
«  instrumentale,  n'a  jamais  écrit  pour  le  chant, 
«  sauf  une  seule  fois,  et  celle  exception  ne  vaut 
«  pas  grand'chose!  —  Moi-mime,  répliquai-je 
•c  timidement ,  sans  la  bonté  de  Tempereur,  je 
«  n'eusse  jamais  écrit  qu'un  drame  à  Vienne. 
«  —  C'est  vrai  ;  mais  cette  pièce  de  Figaro , 
k  je  l'ai  interdite  à  la  troupe  allemande.  —  Je  le 
«  sais  ;  mais,  ayant  transformé  cette  comédie  en 
«  opéra ,  j'en  ai  retranché  des  scènes  entières , 
«  et  j'en  ai  abrégé  d'autres ,  ayant  soin  de  faire 
«  disparaître  tout  ce  qui  pouvait  choquer  les 
a  convenances  et  le  bon  goût;  en  un  mot,  j'en 
«  ai  fait  une  œuvre  digne  d'un  tlié&tre  que  Sa 
«  Majesté  honore  de  sa  protection.  Quant  à  la 
«  musique,  autant  que  je  puis  en  juger,  elle  me 
«  semble  un  chef-d'œuvre.  —  Bien;  je  me  fie  à 
a  votre  goût  et  à  votre  prudence  :  remettez  la 
«  partition  aux  copistes.  » 

V Enlèvement  du  .Serai7 avait  été  représentée 
Vienne,  le  13  juillet  1782.  Le  4  aoAt  suivant, 
.  Mozart  épousa  Constance  Weber,  virtuose  sur  le 
piano,  dont  il  eut  deux  fils.  Pour  subvenir  aux 
Itesoins  de  va  famille,  il  ne  possédait  que  9on 
rcTenu  fixe  de  huit  cents  florins,  comme  compo- 
siteur de  la  cour  :  il  trouvait  le  surplus  dans  le 
faible  produit  de  ses  compositions,  dans  les 
leçons  de  piano  qu'il  donnait  chez  lui,  et  surtout 
dans  les  contredanses  et  les  valses  qu'il  écrivait 


pour  les  bals  et  les  redoutes  :  ear  c'est  à  ce  ira- 
Tail  qu'était  souvent  condamnée  la  plume  qui  se 
reposait  en  écrivant  Von  Juan ,  les  !^oces  de 
Figaro,  Cosi  fan  lutle,  et  la  Flàte  enchanln. 
L'été,  Mozart  voyageait  pour  donner  des  concerts: 
c'est  pour  ces  voyages  qu'il  a  composé  la  plu- 
part de  ses  concertos  de  piano.  En  1783  parut  $od 
Davidde  pénitente,  oratorio  qui  renferme  des 
morceaux  de  la  pins  grande  beauté ,  particuliè- 
rement un  trio  pour  deux  soprani  et  tenore  qu'oo 
peut  mettre  an  rang  de  ses  plus  belles  proiioc- 
tiens.  L'année  suivante,  sea  travaux  prirent  une 
activité  prodigieuse  qui  se  soutint  jusqu'à  u 
mort.  Les  six  beaux  quatuors  connus  comme 
son  CMivre  10"  parurent  en  i7S5  ;  il  les  dédia  à 
Haydn.  Dans  son  i^pltredédicatoire,  écrite  avec 
une  touchante  simplicité,  il  dit  au  célèbre  niailre 
de  chapelle  du  prince  Esterhazy,  que  c'est  de 
lui  qu'il  a  appris  è  faire  des  quatuors.  Cest  à 
cette  époque  que  le  père  de  Mozart  vint  fisiler 
son  fils  à  Vienne,  et  pria  Haydn  de  lui  dire  avec 
sincérité  ce  qu'il  pensait  du  ntérite  de  ce  fiU, 
objet  des  espérances  et  de  Tambition  paternelles: 
Sur  mon  honneur  et  devant  Dieu,  répondit  le 
grand  homme,  je  vous  déclare  que  votre  jih 
est  le  premier  des  compositeurs  de  nosjoun. 

Après  le  petit  opéra  du  Directeur  de  spedaclf, 
joué  au  palais  de  Schœnbrunn  en  1786,  vint  dans 
la  même  année  la  partition  prodigieuse  des 
A'oces  de  Figaro ,  <îui  renferme  plus  d'id^ 
nouvelles,  de  créations  de  tout  genre  et  de  véri- 
table musique  que  ce  qu'avaient  produit  toute 
l'Allemagne  et  lltalie  dans  le  genre  dramatique 
depuie  un  demi -siècle.  Les  proportions  de  la  par- 
tition des  Noces  de  Figaro  sont  colossales  :  elle 
al)onde  en  airs,  duos,  morceaux  d'ensemble  de 
caractères  différents,  où  la  richesse  des  idées,  le 
gtiût  et  la  nouveauté  de  Pharmonie ,  des  mo- 
dulations et  de  l'instrumentation  se  réonissint 
pour  former  l'ensemble  le  plus  parfait.  Les  deux 
finales  du  deuxième  et  du  quatrième  acte  sont 
seuls  des  opéras  entiers,  plus  abondants  en 
beautés  de  premier  ordre  qu'aucune  autre  pro- 
duction dramatique.  Rien  de  ce  qu'on  coq* 
naissait  avant  les  JSoces  de  Figaro  ne  pou- 
vait donner  l'idée  d'un  pareil  ouvraise.  Le  succès 
de  cette  admirable  production  de  l'art  le  plus 
élevé  fut  général  en  Allemagne  dès  son  apparition; 
partout  il  excita  l'enthousiasme ,  et  de  tous  les 
opéras  de  Mozart,  ce  fut  celui  qui  fut  le  miw» 
compris  à  son  origine. 

Il  y  a  beaucoup  de  contradictions  en  ce  qui 
concerne  les  ouvrages  dramatiques  de  .Moiarl. 
On  vient  de  voir  que,  suivant  d'Aponle ,  Mozart 
composait  la  musique  de  Figaro  au  fur  et  à  nie- 
sure  qu'il  en  rcrivait  le  livret  ;  Léopold  Mcw'i 


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MOZARl 


2S5 


au  contraire,   écrit   à  sa  fille,  le   11  novem- 
bre 1785  :  R  La  musique  (des  Noces  de  Figaro) 
«  ne  me  donne  pas  d'inquiétude  :  mais  il  aura  bien 
A  des  courses  k  faire  et  beaucoup  de  discussions, 
a  jusqu'à  ce  qu'il  obtienne  qu*on  dispose  selon 
«  ses  Yues  le  liboetto,  qui  est  tiré  de  la  comédie, 
«  et  qui  a  grand  besoin  d'être  modifié.  »  Si  l'on 
en  croit  OulibicliefT,  dont  le  guide  est  le  con- 
seiller de  Nissen,  la  cabale  des  ennemis  de  Mozart 
triompha  à  la  représentation  de  Tourrage  :  «  Le 
«  public,  dit-il ,  écouta  jusqu'au  bout  avec  froi- 
«  denr  :  Figaro  tomba  tout  du  long  et  de  long- 
«  temps  il  ne  put  se  relever  k  Vienne.  »  d'Aponte 
dit  au  contraire  :  «  -Enfin  le  jour  de  la  première 
•  représentation -de  Topera  de  Mozart  arriva; 
A  elle  eut  lieu  à  la  grande  confusion  des  maestri, 
«  ....  Cet  opéra  eut  un  succès  d'enthousiasme.  » 
Ici  le  poêle  est  évidemment  dans  le  vrai ,  car 
Léopold  Mozart  écrit  à  sa  fille,  le  18  mai  1786  : 
«  A  la  seconde  représentation  des  Nozze  di  Fi- 
«  garo  on  a  répété  cinq  morceaux  :  on  en  a  re- 
«  demandé  sept  à  la  troisième  :  un  petit  duo  {su 
«  Varia)  a  été  chanté  trois  fois.  »  Il  est  hors 
de  doute  que  là  population  viennoiée ,  essentiel- 
lement frivole ,  n'a  jamais  été  portée  d'instinct 
vers  la  grande  musique  ;  mais  il  y  a  eu  de  tout 
temps  à  Vienne  beaucoup  d'artistes  et  d'amateurs 
d'élite  qui  y  ont  dominé  le  goût  du  public.  Les 
plus  grands  obstacles  rencontrés  par  les  œuvres 
sublimes  de  Mozart ,  dans  la  ville  impériale,  ont 
été  quelques  mattre.^  jaloux,  k  fa  tête  desquels  se 
plaçait  toujours  Salieri  ;  puis  les  chanteurs  ita- 
liens   à  qui  cette  musique,  trop  belle  par  elle- 
même  ,  était  antipathique  et  le  sera  toujours , 
parce  qu'elle  ne  leur  'aîsse  pas  une  part  assez 
large  dans  le  succès.  Tout  ce  monde  intriguait , 
dénigrait  l'œuvre  du  maître  avant  la  représenla- 
tion,  et  le  public,  mis  en  défiance,  n'osait  porter 
un  jugement  favorable  avant  que  les  connais- 
seurs lui  eussent  fait  la  leçon.  Il  n'en  était  pas 
ainsi  de  la  population  de  Prague ,  qui  accueillit 
toujours  avec  une  admiration  vive  et  sincère  et  de 
prime  abord  les  ouvrages  dramatiques  de  Mozart. 
Le  professeur  Niemetschek,  biographe  de  ce  grand 
bomme,  raconte  de  cette  manière  le  sifecès  dont  il 
a  été  témoin  : 

«  La  société  de  Bondini,  troupe  de  chanteurs 
«  italiens,  qui  exploitait  alternativement  les  théâ- 
«  très  de  Leipsick ,  de  Varsovie  et  de  Pragtie, 
«  entreprit  de  monter  ici  (  k  Prague)  les  Nozze 
«  di  Figaro ,  dans  l'année  même  où  l'opéra  fut 
«  composé.  Dès  la  première  représentation ,  le 
«  succès  égala  celui  que  la  Ftùte  enchantée 
«  obtint  pins  tard.  Je  ne  m*écarte  en  rien  de  la 
«  vérité  en  di.«ant  que  l'opéra  fut  joué  pendant 
«  tout  l'hiver  sans  interruption  et  qu'il  porta  un 


«  remède  efficace  à  la  détresse  où  Teotrepreneur 
«t  Bondini  se  trouvait  alors.  L'enthousiasme  du 
n  public  était  sans  exemple;  on  ne  pouvait  sa 
«  fatiguer  d'entendre  Figaro.  Réduit  pour  \t 
«  clavecin,  extrait  en  quintette  pour  la  musique 
a  de  chambre ,  arrangé  pour  les  instruments  à 
«  vent ,  métamorphosé  en  contredanses ,  l'opéra 
ic  se  reproduisit  dans  toutes  les  formes,  sans 
<c  qu'il  fût  possible  aux  amateurs  d'en  éprouver 
ic  de  la  fatigue.  Les  citants  de  Figaro  retentis- 
tt  saient  dans  les  rues,  aux  promenades,  et  l'a- 
(I  veugle  de  la  guinguette  était  obligé  d'apprendre 
«  Non  piu  andrai  farfallone  amoroso ,  s'il 
«  voulait  réunir  un  auditoire  ppès  de  son  violon 
«  ou  de  sa  harpe.  > 

Ce  fut  encore  d*Aponte  qui  fournit  à  Mozart 
le  sujet  de  son  chef-d'œuvre  d'expression  drama- 
tique, c'est-à-dire  Don  Juan.  Cette  fois,  l'ou- 
vrage fut  écrit  pour  le  théâtre  (]e  Prague^  à  l'oc- 
casion de  l'arrivée  dans  cette  ville  de  la  grande- 
duchesse  de  Toscane.  Mozart  a  toujours  dit  qu'il 
écrivit  cette  merveille  de  l'art  pour  la  popula- 
tion de  la  Bohême,  qui  avait  fait  preuve  de  tant 
d'intelligence  de  la  grande  musique  aux  repré- 
sentations de  Figaro.  Représenté  le  4  novem- 
bre 1787,  Don  Juan  fut  porté  aux  nues  par  les 
habitants  de  Prague,  qui  le  déclarèrent  le  plus 
beau ,  le  plus  complet  de  tous  les  opéras  repré- 
sentés jusqu'à  ce  jour.  Bientôt  après,  il  fut  mis 
en  scène  à  Vienne  ;  mais  il  y  eut  un  sort  très- 
difTérent.  Mal  monté ,  mal  répété,  mal  joué, 
mal  chanté  et  plus  mal  compris,  dit  avec 
raison  Oulibicheff,  il  y  fut  complètement 
éclipsé  p8r  VAxur  de  Salieri.  d'Aponte  dit  aussi, 
en  parlant  de  cette  mise  en  scène  à  Vienne  : 
Don  Juan  ne  fit  audun  plaisir.  Tout  le  monde, 
Mozart  excepté,  s'imagina  que  l'ouvrage  avait 
besoin  d'être  retouché.  Trop  de  beautés  étaient 
accumulées  dans  cette  partition,  et  ces  beautés 
étaient  d'un  genre  trop  nouveau  pour  qu'elle  fût 
comprise  par  le  public  dès  son  apparition  ;  quel- 
ques musiciens  seulement  virent  que  Mozart 
avait  atteint  dans  cet  ouvrage  le  dernier  degré  de 
l'invention  et  du  sublime.  Les  gens  du  monde  et 
les  critiques  en  parièrent  diversement;  mais 
quand  le  temps  eut  fait  justice  de  ces  jugements 
sans  valeur,  l'Allemagne  tout  entière  s'enthou- 
siasma pour  cette  immortelle  production  du 
génie. 

De  retour  à  Vienne,  au  commencement  de  1788, 
Mozart  reprit  ses  travaux  de  composition  instru- 
mentale et  vocale ,  où  il  déployait  une  merveil- 
leuse activité.  Ce  fut  alors  qu'il  commença  à 
ressentir  les  premiers  symptômes  d'une  ma- 
ladie de  poitrine,  compliquée  d'une  affection  ner* 
veiise  qui  le  jetait  souvent  dans  des  accès  de 


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23G 


MOZART 


sombre  mélancolie.  Le  travail  était  a!or«  sa  seule 
ressource  contre  ses  tristes  pensées,  quoiqu'il 
auf;mentât  son  mal.  Il  écrivait  avec  une  incroya- 
ble rapidité ,  et  semblait  plutôt  improviser  que 
composer;  cependant  tous  ses  ouvrages  portent 
le  cachet  de  la  perfection ,  sous  le  rapport  de 
l'art  d'écrire  comme  soua  celui  de  l'invention. 
Ce  fut  dans  cette  année  que»  parmi  beaucoup 
d'autres  compositions,  il  écrivit  ses  trois  der- 
nières grandes  sympbonies.  En  1789,  il  produisit 
son  dernier  quatuor,  en  ré ,  écrit  pour  le  roi  de 
Pruiise;  un  rondo  {Àl  desio)  ajouté  dans  les 
yozze  dl  Figaro  ,  pour  M™*  Ferraresi  del  Bene  ; 
une  sonate  poar  clavecin  seul  (eu  ré)  ;  quatre  airs 
écrits  pour  une  cantatrice  nommée  M"'  Ville- 
neuve, lesquels  fureut  intercalés  dans  les  opéras 
italiens  de  Cimarosa  et  de  Paisiello ,  /  due  BO' 
rani,  Il  Barbiere  di  SivigUa,  et  II  Burbero 
di  buon  core;  le  quintette  (en  la)  pour  clari- 
nette, 2  violons,  alto  et  violoncelle,  12  menuets 
et  12  allemandes  pour  orchestre,  enGn,  sa  par- 
tition de  Cosi  fan  iuiie ,  charmant  ouvrage  qui 
fut  représenté  le  26  janvier  1790,  et  qui  eut  h 
Vienne  un  brillant  succès. 

Le  mal  qui  le  consumait  prenait  chaque  jour 
un  caractère  plus  alarmant.  La  crainte  de  la  mort 
ne  tarda  point  à  s'emparer  de  son  esprit,  et  le 
tourmenta  jusqu'à  ses  derniers  moments.  Une 
pensée  Tassiégait  incessamment  :  il  ne  croyait 
point  avoir  assez  fait  pour  sa  gloire;  elle  lui 
faisait  redoubler  un  travail  qui  épuisait  ses  forces. 
Ses  amis  essayaient  de  le  distraire  et  le  condui- 
saient dans  un  café  ou  estaminet  voisin ,  où  il 
retrouvait  son  goût  passionné  pour  le  billard; 
maii  rentré  chez  lui,  il  se  livrait  de  nouveau 
au  travail  avec  excès.  S'il  se  promenait  en  voi- 
ture, il  ne  voyait  rien,  restait  absorbé  dans  de 
tristes  pensées,  et  marquait  tant  d'impatience , 
qu'il  fallait  le  ramener  chez  lui,  où  il  se  hâtait  de 
reprendre  le  travail  qui  le  tuait.  C'est  dans  cet 
état  qu'il  entreprit,  à  la  demande  de  Schikaneder, 
directeur  d'un  théâtre  de  Vienne ,  la  composition 
de  la  Flûte  enchantée.  Ce  Schikaneder  était  à 
la  fois  directeur  et  acteur  de  son  théâtre,  écrivait 
de  mauvais  canevas  de  pièces ,  et  même  y  niet- 
tait  parfois  des  airs  de  sa  façon.  Les  affaires  de 
son  théâtre  étaient  en  fort  mauvais  état.  Dans  sa 
détresse  il  alla  trouver  Mozart,  lui  exposa  sa  si- 
tuation ,  et  pria  l'illustre  maître  de  lui  venir  en 
aide.  —  «  Que  puis-je  faire  pour  vous  ?  —  Mesau- 
«  ver,  en  écrivant  pour  mon  théâtre  on  opéra 
«  dans  le  goût  du  public  de  Vienne.  Vous  pourrez 
«  faire  la  part  de  votre  gloire  et  celle  des  con- 
te naisseurs  ;  mais  l'essentiel  est  de  plaire  au  peu- 
«  pie  de  tontes  les  classes.  Je  vous  fournirai  le 
A  livret  f  et  je  ferai  la  dépense  de  la  mise  en 


«  scène.  —  Je  consens  à  ce  que  vous  me  propo* 
K  sez.  ^  Que  me  demaudez-vous  pour  vos  hooo- 
«  raireslk  —  Vous  m'avez  dit  que  vous  ne  poc- 
«  sédez  rien.  Écoutez,  je  veux  tous  sauver,  nuis 
«  non  perdre  le  fruit  de  mon  travail  ;  je  toos 
«  livrerai  ma  partition,  dont  vops  nne  donnerez  le 
«  prix  que  vous  pourrez,  mais  en  vous  interiti- 
«  sant  le  droit  d'en  donner  des  copies.  Si  l'opéra 
«  réussit,  je  me  payerai  en  vendant  ma  partitioD 
«  à  d'autres  théâtres.  »  Le  marché  fnt  codcIq  à 
ces  conditions ,  et  le  maître  se  mit  immédiate- 
ment à  l'ouvrage  pour  enfanter  cette  sublime 
création  connue  en  France  sous  le  nom  de  la 
Flûte  enchantée,  mais  plus  exactement  la 
Flûte  magique,  ouvrage  d'un  genre  absoloment 
différent  des  autres  opéras  de  Mozart,  où  brillest 
une  fraîcheur,  une  grâce,  qu'on  ne  croirait  pas 
avoir  pu  se  trouver  dans  l'imagination  d'ao 
mourant.  Pendant  qu'il  l'écrivait,  il  ne  voulait 
interrompre  son  travail  ni  le  jour  ni  la  nuit. 
Souvent  il  tombait  dans  un  épuisement  absola  et 
avait  des  défaillances  qui  duraient  plusieurs  mi- 
nutes ;  mais  les  supplications  de  sa  femme  ai 
celles  de  se»amis  ne  purent  jamais  obtenir  qa'ii 
suspendit  la  composition  de  cet  opéra ,  qui  fut 
achevé  au  mois  de  juillet  1791  et  joué  le  30  sep- 
tembre suivant,  avec  un  succès  dont  il  n'y  avait 
jamais  eu  d'exemple  à  Vienne,  car  il  en  futdoDoé 
cent  vingt  représentations  de  suite.  Mozart  ne 
put  assister  qu*anx  dix  premières  ;  trop  soufFriDl 
ensuite  pour  aller  au  théâtre ,  il  mettait  sa  moD- 
tre  sur  sa  table,  et  suivait  des  yeux  le  mouveineot 
des  aiguilles  pour  savoir  le  morceau  qu'on  exé- 
cutait. Au  milieu  de  ce  triste  plaisir,  l'idée  que 
tout  serait  bientôt  fini  pour  lui  le  saisissait,  et 
il  tombait  dans  un  profond   accablement. 

Le  même  enthousiasme  qu'avait  montré  le  pu- 
blic de  Vienne  pour  la  Flûte  magique  se  mani- 
festa dans  toute  l'Allemagne;  car  on  jooa  bientôt 
l'ouvrage  sur  tous  les  théâtres.  Au  mépris  de  » 
promesse  formelle,  Schikaneder  en  avait  veodo 
des  copies.  En  apprenant  cet  acte  de  fripoDuerie, 
Mozart  se  contenta  de  dire  :  Le  coquin! 

C'est  ici  que  se  place  une  anecdote  rapportée 
par  Chr.  9r.  Cramer  dans  une  brochore  écrite 
à  Vienne  en  1797,  et  publiée  en  français  à  Paris, 
en  1801,  sous  le  titre  :  Anecdotes  sur  W.  G- 
Mozart,  II  résulte  de  ^n  récit  qu'un  étranger 
mystérieux  se  présenta  un  jour  chez  l'illustre 
maître,  lorsque  déjà  sa >  santé  lui  inspirait  de 
vives  inquiétudes,  et  lui  avait  demandé  la  corn* 
position  d'une  messe  de  Requiem ,  qu'il  a«it 
payée  généreusement  d'avance,  sans  vouloir  dire 
son  nom  ;  que  plusieurs  fois  le  même  personnage 
s'était  réprésenté  à  ISmproviste  pour  recevoir  la 
partition  du  Requiem ,  et  que  Mozart,  fnpP^ 


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MOZAR'l 


237 


de  l'idée  de  sa  mort  prochaine,  avait  cru  voir, 
dans  ces  apparitions,  des  avertissements  du 
ciel.  Le  conseiller  de  NUaen  qui,  longtemps 
après  la  mort  de  oe  grand  liomme,  épousa 
sa  veuve,  rapporte  le  fait  d'une  manière  plus 
simple  et  plus  naturelle.  Suivant  sa  version , 
Mozart  travaillait  à  la  Ftàte  magique  lorsqu^il 
reçut  une  lettre  anonyme  par  laquelle  on  le 
chargeait  de  composer  une  messe  de  Requiemf 
en  l'invitant  de  fixer  le  prix  de  son  ouvrage  et 
d'indiquer  le  jour  où  son  travail  serait  terminé. 
Étonné  de  cette  étrange  demande  et  du  mystère 
dont  on  l'enveloppait,  Mozart  consulta  sa  femme 
qui  lui  conseilla  de  répondre  par  écrit  qu'il  con- 
sentait à  faire  ce  qu'on  lui  demandait,  sans  pou- 
voir toutefois  fixer  le  moment  où  le  travail  se- 
rait terminé ,  et  qu'il  en  fixait  le  prix  k  certaine 
somme.  Peu  de  temps  après ,  le  messager  qui 
avait  apporté  la  première  lettre  revint ,  et  non- 
seulement  11  remit  au  compositeur  la  somme 
demandée,  mais  il  ajouta  qu^une  augmentation 
considérable  de  salaire  serait  payée  quand  le 
Requiem  serait  aciievé.  H  ajouta  que  Mozart 
pouvait  travailler  à  loisir,  mais  qu'il  ne  fallait 
pas  chercher  à  connaître  le  nom  de  la  personne 
qui  demandait  cette  composition.  Absorbé  dans 
de  sombres  réflexions,  Mozart  n'écouta  pas  les 
observations  de  sa  femme  sur  cette  aventure 
singulière.  Déjà  il  était  préoccupé  de  la  composi- 
tion du  Requiem  demandé;  il  se  mit  immédiate- 
ment au  travail,  et  y  déploya  tant  d'activité,  qu'il 
aurait  épuisé  le  reste  de  ses  forces,  si  on  autre 
objet  important  ne  fût  venu  le  distraire  de  ce 
triste  sujet  d'occupation.  L'époque  du  couron- 
neinent  de  l'empereur  Léopold,  comme  roi  de 
Bohème,  était  arrivée.  L'administration  du  tli^- 
Ire  de  Prague  ne  songea  qu'au  dernier  moment 
à  faire  écrire  un  nouvel  opéra  pour  cette  cir- 
constance :  elle  eut  recours  à  Mozart  dans  les 
premiers  jours  du  mois  d'août  ;  en  lui  annon- 
çant que  les  états  généraux  de  la  Bohème 
avaient  choisi  La  Clémence  de  Titus,  de 
Métastase.  Flatté  de  la  préférence  dont  il  était 
l'objet ,  il  accepta  les  propositions  qui  lui  étaient 
faites ,  quoique  le  terme  qu'on  lui  fixait  fût  si 
court,  qu'il  fut  obligé  de  réduire  l'ouvrage  en 
deux  actes,  de  n'écrire  que  les  morceaux  princi* 
paux  ,  et  de  faire  faire  le  récitatif  par  un  de  ses 
élèves  nommé  Sussmayer  {voy.  ce  nom).  «  Ao 
«  moment  où  il  montait  en  voiture  avec  sa 
«  fem-ne  pour  se  rendre  à  Prague,  dit  M.  de 
«  Nissdn ,  le  messager  reparut ,  tel  qu'un  esprit, 
«  et  tirant  la  femme  par  la  rot)e,  il  lui  demanda 
"  ce  que  deviendrait  le  Requiem.  Mozart 
«  s'excusa  sur  l'urgence  du  voyage  et  sur  Tim- 
•  possibilité  où  il  avait  été  d'en  prévenir  le 


R  maître  inconnu  du  messager;  mais  que  si 
«  cette  personne  voulait  attendre ,  il  se  mettrait 
«  à  l'œuvre  après  son  retour.  Le  messager  parut 
«  satisfait  de  cette  assurance.  » 

Au  fond,  les  différences  de  ces  deux  ver- 
sions sont  peu  importantes.  Il  ne  s'agit  pas  de 
mettre  en  garde  le  public  contre  la  supposition 
d'un  événement  surnaturel  :  ce  qui  importe, 
c'est  que  l'idée  s'en  est  produite  dans  le  cer- 
veau de  Mozart  et  a  exercé  une  influence  funeste 
sur  sa  santé.  La  demande  d'tm  opéra  pour  le 
couronnement  de  Léopold  vint  faire  une  salu- 
taire diversion  à  ses  tristes  pensées.  Arrivé  à 
Prague ,  il  se  mit  au  travail ,  et  dans  Tespace  de 
dix-huit  jours  il  eut  terminé  sa  partition ,  dont  il 
livrait  les  feuilles  aux  copistes  à  mesure  qu'il 
les  écrivait.  Cependant  il  n'y  a  pas  un  moi-ceau 
faible  dans  ce  charmant  ouvrage ,  qui  fut  repré- 
senté le  6  septembre  1791 .  Tous  les  airs ,  les 
duos  y  le  finale  du  premier  acte ,  et  le  trio  du  se- 
cond sont  d'une  beauté  achevée. 

Ce  nouvel  excès  de  travail  et  l'exaltation 
qu'il  lui  avait  donnée  semblaient  devoir  anéantir 
les  forces  de  Mozart;  cependant  les  distractions 
qu'il  trouva  à  Prague  ranimèrent  son  courage 
et  lui  rendirent  nne  partie  de  son  ancienne  gaieté. 
Quand  il  revint  à  Vienne,  sa  santé  paraissait 
améliorée  ;  son  premier  soin  fut  de  terminer  sa 
partition  de  la  flûte  magique;  il  ne  restait  à 
écrire  que  l'ouverture  et  la  marche  des  prêtres, 
au  commencement  du  second  acte;  ces  mor- 
ceaux furent  terminés  en  deux  jours.  On  sait 
que  l'ouverture  a  pour  commencement  de  l'al- 
légro une  entrée  fuguée  sur  ce  motif  : 


Le  professeur  de  piano  de  Berlin ,  Louis  Ber- 
ger, élève  de  démenti ,  a  accusé  Mozatt  de  pla- 
giat, parce  que  la  2»«  sonate  de  l'œuvre  VI  de 
ClemeBti  commence  ainsi  : 


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238 


MOZART 


Mais ,  pour  un  génie  comme  celui  de  Mozart, 
ce  n'est  évidemment  qu'une  rencontre  fortuite. 

Après  avoir  terminé  ce  travail  en  si  peu  de 
temps ,  il  se  remit  à  la  composition  de  son  Re- 
quiem, et  finit  par  se  persuader  qu'il  venait  de 
recevoir  un  avertissement  du  ciel ,  et  qu^il  tra- 
vaillait à  son  iiymne  de  mort.  Rien  ne  put  le 
distraire  de  cette  idée  funeste,  qui  acheva  dV 
battre  le  reste  de  ses  forces.  Sa  femme,  alar- 
mée de  sa  sombre  mélancolie  et  de  sa  faiblesse , 
voulut  le  reposer  et  le  distraire  ;  elle  le  conduisit 
au  Prater  (1)  en  voiture,  par  une  belle  matinée 
d'automne.  Ce  fut  là  que  Mozart  lui  découvrit 
le  secret  de  son  &me  sur  le  Requiem  :  «  Je  Vé- 
«  cris  pour  moim^me,  dit-il  en  pleurant; 
«  bien  peu  de  jours  me  restent  à  vivre;  je  ne 
«  le  sens  que  trop.  On  wi'a  donné  du  poi- 
«  son;  rien  n'est  plus  certain.  II  est  facile 
d'imaginer  quel  fut  le  serrement  de  cœur  de  la 
pauvre  femme.  Rentrée  chez  elle,  elle  envoya 
cliércher  le  médecin  qui  fut  d'avis  d'enlever  au 
malade  sa  fatale  partition.  Mozart  s'y  résigna, 
mais  sa  tristesse  s'en  augmenta.  Néanmoins 
quelques  jours  d'un  repos  forcé  lui  procurèrent 
du  soulagement.  Le  15  novembre,  sa  situation 
fut  assez  bonne  pour  qu'il  pût  écrire  une  petite 
cantate  (  V Éloge  de  V amitié)  qu'on  lui  avait 
demandée  pour  une  loge  de  francs-maçons  dont  il 
était  membre.  En  apprenant  que  Pexécution  avait 
été  bonne  et  que  le  morceau  avait  eu  du  succès, 
il  se  sentit  ranimé.  Il  redemanda  alors  la  partition 
du  Requiem,  Le  croyant  hors  de  danger,  sa  femme 
n'hésita  pas  à  la  lui  rendre.  Mais  bientôt  toutes  ses 
douleurs  physiques  et  morales  reparurent  avec 
plus  d'intensité,  et  cinq  jours  après  la  fête  maçon- 
nique, il  fallut  le  porter  sur  son  Ut,  d'où  il  ne  se 
releva  plus.  A  peine  était-il  étendu  sur  cette  cou- 
che mortuaire  quand  on  lui  apporta  sa  nomi- 
nation de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Salnt-Étienne ,  et  des  propositions  avantageuses 
lui  arrivèrent  dans  le  même  moment  de  phi- 
sieurs  directions  des  grands  théâtres  dont  l'alten- 

(1)  Promenade  favorite  des  liabttftnU  de  Vleime. 


tion  venait  d'être  fixée  par  Téelatant  et  universel 
succès  de  la  Flûte  magique,  £n  tppreoaot 
coup  sur  coup  ces  tardives  prospérités  dont  il  ne 
devait  pas  jouir,  Mozart  s'écria  :  Eh  qwH  ?  c'est 
à  présent  quHl  faut  mourir!  Mourir,  lontpte 
enfi,n  je  pourrais  vivre  heureux!  Quitter 
mon  art,  lorsque  délivré  des  spéculateurs  sur 
mon  travail  et  soustrait  à  Vesclavage  de  la 
mode,  il  me  serait  loisible  de  travailler  seUm 
les  inspirations  de  Dieu  et  de  mon  comr! 
Quitter  ma  famille ,  mes  pauvres  petits  m- 
fonts,  au  moment  où  j'aurais  pu  mieur  pour- 
voir à  leur  bien-elre!  M'étais- je  trompé  m 
disant  que  f  écrivais  le  Requiem  pour  moi- 
même? 

Quinze  jours  s'écoulèrent  dans  de  graDdei 
souffrances,  où  les  médecins  reconnurent  les 
symptômes  d'une  inftammation  du  cerveau.  Si 
foi ,  qui  avait  toujours  été  vive  et  sincère,  condai- 
sit  Mozart  à  une  parfaite  résignation.  Il  eot  le 
pressentiment  de  son  dernier  moment,  car  Sophie 
Weber,  sa  belle-sceury  étant  venue  demamier  de 
ses  nouvelles  dans  la  soirée  du  6  décembre,  il 
lui  dit  :  Je  suis  bien  aise  de  vous  voir;  restez 
près  de  moi  cette  nuit  j  je  désire  que  ronsme 
voyiez  mourir.  £lle  essaya  de  lui  donner  quel- 
que espérance.  Non,  non,  dit-il.  Je  sens  que 
tout  est  fini.  J*ai  déjà  le  goût  de  la  mort  i»r 
la  langue.  Restez  :  si  vota  n'étiez  pas  icij  qui 
assisterait  ma  Constance?  Sophie  connit  aver- 
tir sa  mère,  et  revint  presque  aussitôt.  Elle  troon 
Sûssmayer  debout  près  du  lit  de  son  maître  :  il 
soutenait  de  ses  mains  la  partition  du  Requiem 
entr'ouverte.  Après  en  avoir  regardé  et  feuilleté 
toutes  les  pages  avec  des  yeux  humides ,  Moud 
donna  à  voix  basse  ses  instructions  à  son  éière 
pour  terminer  l'œuvre;  puis  il  se  toomi 
vers  sa  femme  et  lui  recommanda  de  tenir  sa 
mort  cachée  jusqu'à  ce  qu'elle  eût  fait  préreDir 
Albrechtsberger  (l)j  Car,  ajouta-t-il,  devant 
Dieu  et  devant  les  hommes ,  c'est  à  lui  que 
ma  place  revient.  Le  médecin  entra  daos  ce 
moment  et  fit  mettre  sur  la  tète  des  compresses 
d'eau  froide.  L'ébranlement  qui  en  résulta  fit 
perdre  immédiatement  au  malade  le  mouvemeat 
et  la  parole.  La  pensée  seule  vivait  encore  ;  p^i' 
un  dernier  effort,  il  tourna  les  yeux  vers  Sû^s- 
mayer.  Minuit  sonna;  avant  que  le  dernier  coup 
eût  retenti,  Mozart  expira  (5  décembre  2791). 
sans  avoir  accompli  sa  trente*sixièuie  année. 
Ainsi  finit  ce  grand  homme,  dont  l'enfance  avait 
été  environnée  de  prestiges  et  de  caresses,  mais 
qui ,  parvenu  à  TAge  d'homme,  n'avait  trouTé  de 

(1)  Voyez  ce  nom.  Albrccbuberger  obtint  en  effet  la  plac* 
de  naître  de  chapelle  de  SaUit-ÉUenae^ 


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23» 


bonlieur  que  dans  ses  travaux.  A  ractivité  qu'il 
y  mil  dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  il  sem- 
ble avoir  eu  le  pressentiment  de  sa  fin  prématurée. 
On  a  retrouvé,  après  sa  mort,  le  catalogue  de  ses 
compositions  depuis  le  9  février  1784  jusqu'au 
15  novembre  1791,  écrit  de  sa  main  :  le  détail 
en  parait  presque  fabuleun  i  En  1784 ,  six  con- 
certos de  piano,  le  fameux  quintette  pour  piano, 
hautbois,  clarinette ,  cor  et  basson,  deux  sonates 
de  piano ,  dont  la  grande  en  ut  mineur,  des  va- 
riations, et  le  quatuor  en  si  bémol,  pour  violon, 
de  Tœuvre  10^.  L'année  suivante ,  les  quatuors 
en  la  et  en  ut  du  même  œuvre,  trois  concertos 
de  piano,  dont  celui  enre  mineur,  le  quatuor  pour 
piano  en  sol  mineur,  la  grande  fantaisie  en  ut 
mineur,  trois  airs  italiens,  le  beau  quatuor  et  le 
trio  ajootés  dans  Topera  de  la  VUlanella ,  des 
chansons  allemandes,  des  cantates  de  francs- 
maçons,  un  andante  en  si  mineur,  pour  violon 
principal  et  orchestre,  la  grande  sonate  en  mi 
bémol ,  pour  piano  et  violon.  En  1786  ,  l'opéra 
intitulé  le  Directeur  de  spectacle,  les  Noces 
de  Figaro,  des  duos,  scènes  et  airs  italiens  pour 
plusieurs  opéras,  la  grande  symphonie  en  ré,  (rois 
concertos  de  piano ,  dont  celui  en  ut  mineur, 
un  concerto  pour  cor,  le  quatuor  pour  piano  en 
mi  bémol,  deux  trios  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle ,  le  quatuor  en  ré  pour  violon ,  le  trio 
pour  piano,  clarinelte  et  alto,  la  grande  sonate  à 
quatre  mains  en  fa ,  et  des  variations.  £n  1787, 
Don  Juan ,  les  quintettes  de  violon  en  ut  et  en 
sol  mineur ,  plusieurs  airs  italiens  et  allemands 
avec  orchestre,  des  recueils  de  danses  et  de  valses, 
des  sérénades  pour  plusieurs  instruments  ;  la  so- 
nate à  quatre  mains  en  ut,  et  une  autre  sonate 
pour  piano  et  violon;  Tannée  suivante,  les 
grandes  symphonies  en  ut ,  en  mi  bémol  et  en 
sol  mineur,  plusieurs  morceaux  ajoutés  à  Don 
Juan ,  trois  sonates  pour  piano ,  un  concerto 
pour  le  même  instrument,  trois  trios  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  le  trio  en  m4  bémol  pour 
violon,  alto  et  basse,  des  rondeaux  et  morceaux 
détachés  pour  piano,  plus  de  quarante  danses  et 
valses  pour  Torchestre,  des  chansons  allemandes, 
des  canons,  et  Tinstrumentation  nouvelle  A'Acis 
et  GàtatéCy  de  Haendel.  En  1789,  deux  quatuors 
pour  violon,  le  beau  quintette  en  la  pour  cla- 
rinette, deux  violons,  alto  et  basse,  plusieurs 
scènes  et  airs  avec  orchestre  pour  divers  opéras, 
(Jeux  sonates  de  piano,  une  multitude  de  danses 
et  de  valses ,  la  nouvelle  instrumentation  du 
Messie,  de  Uaendel.  £n  1790,  Cosï  fan  tutte^ 
deux  quatuors  de  violon,  le  quintette  en  r^,  la 
nouvelle  instrumentation  de  la  Fête  d'Àlexan' 
dre  et  la  Sainte^Cécile^  de  Haendel,  beaucoup 
de  pièces  détachées  pour  divers  instruments. 


En  1791 ,  deux  concertos  de  piano,  deux  can- 
tates avec  orchestre,  le  quintette  en  mi  bémol, 
le  quintette  pour  harmonica ,  des  morceaux  dé- 
tachés pour  plusieurs  opéras,  beaucoup  de  danses, 
de  menuets  et  de  valses;  enfin,  dans  les  quatre 
derniers  mois  de  sa  vie,  et  lorsqlTil  descendait 
dans  la  tombe ,  La  Flûte  enchantée ,  la  Clé- 
mence de  Titus ,  le  bel  Ave  verum  corpus, 
un  concerto  de  clarinette  pour  Stadier,  une  can- 
tate de  francs  maçons,  et  le  célèbre  Requiem. 

Une  polémique  animée  sur  l'authenticité  de  ce 
dernier  ouvrage  s*est  agitée  en  1825,  à  Toccasion 
d'un  article  de  Godcfroid  Weber,  inséré  dans 
Técrit  périodique  intitulé  Cd?ci7to.  Déjà  des  doutes 
s'étaient  élevés  sur  cette  authenticité  lorsque 
Breitkopf  et  Hœrtel  publièrent,  en  1800,  la  parti- 
tion de  l'ouvrage.  Plusieurs  personnes  en  attri- 
buaient la  plus  grande  part  à  Sùssmayer,  élève 
de  Mozart,  et  maître  de  chapelle  à  Vienne. 
Étonnés  de  pareilles  assertions,  les  éditeurs  priè- 
rent Sùssmayer  de  déclarer  la  vérité.  La  réponse 
de  cet  artiste  parut  dans  le  premier  numéro  de 
la  Gazette  musicale  de  Leipsick  (4n>e  année).  Il 
y  disait  que  la  mort  avait  empêché  Mozart  de 
mettre  la  dernière  main  à  son  ouvrage,  parti- 
eulièrement  dans  Tinstrumentation,  et  que  le 
dernier  morceau  écrit  par  lui  était  le  qud  re- 
surget  ex  favUlâ.  Sùssmayer  déclarait  qu'il 
était  l'auteur  de  tout  le  reste.  On  ne  parla 
bientôt  plus  de  cette  affaire ,  et  Ton  s'était  ac- 
coutumé à  considérer  Mozart  comme  Tauteur 
unique  du  Requiem  connu  sous  son  nom,  lorsque 
Godefroid  Weber  {voy.  ce  nom)  éleva  même 
des  doutes  sur  la  portion  de  Touvrage  attribuée 
à  Mozart  par  Sîissmayer,  et  en  donna  une  critique 
sévère,  où  il  fil  voir  Tanalogie  des  thèmes  du  pre- 
mier morceau  et  du  Kyrie  avec  ceux  de  plu- 
sieurs compositions  de  Haendel.  Toute  TAllema- 
gnc  se  souleva  contre  la  critique  de  Weber  ;  les 
pamphlets ,  les  articles  de  journaux,  les  lettres 
particulières  et  même  anonymes,  rien  ne  lui  fut 
épargné.  Il  prit  alors  le  parti  de  faire  imprimer 
à  part  sa  critique,  ainsi  que  la  polémique  qu'elle 
avait  fait  naître,  et  publia  le  tout  sous  ce  titre  : 
Ergebnisse  der  bisherigen  Forschungen  ûber 
die  Echtheit  des  Mozartschen  Requiem  (Ré- 
sultats des  recherclies  faites  jusqu'à  ce  jour  sur 
l'authenticité  du  Requiem  de  Mozart) ,  Mayence, 
Schott,  1826,  in-8'>  de  120  pages.  Parmi  ceux 
qui  intervinrent  dans  cette  discussion ,  Tabbé 
Stadier,  maître  de  chapelle  à  Vienne ,  fut  celui 
qui  jeta  le  plus  de  lumières  sur  l'objet  en  question, 
dans  une  dissertation  qui  a  pour  titre  :  Vertkei' 
digung  der  Echtheit  des  Mozartischen  RC' 
quiem,  Allen  Verehrern  Mozaris  gewidmet 
(Défense  de  l'authenticité  du  Requiem  de  Mozart, 


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240 


MOZART 


dédiée  à  toas  les  admirateurs  dece  grand  homme),  , 
Vienne,  1821 ,  in-S"*  de  30  pages.  Weber  n*ac-  j 
cordail  pas  même  à  Mozart  la  part  que  lui  lais- 
aail  Stissmayer  dans  sa  lettre  :  l'abbé  Stadier 
au  contraire  Taugmeote  dans  sa  dissertation.  Le 
premier  présumait  qu'on  avait  tiré  de  feuilles 
éparses  des  idées  dont  on  avait  l'ait  le  Requiem  ; 
le  second  parle  d^un  manuscrit  entier  de  la  main 
de  Mozart,  qu'il  avait  sous  les  yeux  ;  une  partie 
de  ce  manuscrit  était  sa  propriété,  Pautre  appar- 
tenait à  Joseph  Eybler,  maître  de  chapelle  de 
l'église  cathédrale  de  Vienne.  Les  deux  parties 
de  cette  précieuse  relique  sont  maintenant  réu- 
nies à  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne.  Weber 
ne  se  tint  pas  pour  battu  ;  il  s'obstina  et  fit  pa- 
raître dans  la  Cœcilia  de  nouvelles  observations 
qui  ont  été  imprimées  à  part,  sous  ce  titre  : 
Weiiere  Ergebnisse  der  weUeren  Forschun- 
gen  iiber  die  Echtheit  des  MozarVschcn  Re- 
quiem (Suite  des  résultats  des  recherdies  conti- 
nuées sur  Pauthenticité  du  Requiem  de  Mozart), 
Mayence,  1827,  in-S**  de  ô6  pages.  L'abbé  Stadlcr 
répliqua  par  un  supplément  à  sa  dissertation, 
intitulé  :  Kachtrag  zur  Vertheidigung  der 
Echtheit  des  MozarVschen  Requiem  (Supplé- 
ment à  la  défense  de  l'autlienticité  du  Requiem 
de  Mozart),  Vienne,  1827,  in-S*^  dediK-huit  pages. 
G.  L.  P.  Sievera  a  essayé  d'éclaircir  de  nouveau 
cette  question  et  de  résumer  la  polémique  sou- 
levée à  ce  sujet  dans  un  écrit  qui  a  pour  titre  : 
Mozart  und  Silssmayer  ein  uei^s  Plagiat, 
ersierm  zur  last  gelegt ,  wvd  eine  neue  Ver- 
muthung,  die  Enlsiehung  des  Reguiems  be- 
ireffend  (Mozart  et  Siissmayer,  nouveau  plagiat 
démontré,  et  conjecture  nouvelle  concernant 
Foriginedu  Requiem  de  Mozart) ,  Mayence,  1829, 
iu-8°  de  XL  et  77  pages.  On  croyait  que  la  fa- 
mille de  Mozart  mettrait  fin  à  cette  discussion 
dans  la  collection  de  documents  pour  la  biogra- 
phie de  Mozart  qu'elle  a  publiée  à  Leipsick  en 
1828;  mais  elle  a  gardé  le  silence  à  cet  égard. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  résulte  des  renseignements 
fournis  par  Pabbé  Stadier  que  la  plus  grande 
partie  du  Requiem  appartient  réellement  au 
grand  artiste  dont  il  porte  le  nom  ;  que  le  travail 
de  Mozart  finit  avec  le  verset  Hostias,  et  que 
le  reste ,  y  compris  une  partie  du  LacrymosOf 
appartient  h  Sûssmayer.  J^ai  constaté  Texaclitude 
de  ces  faits  par  la  lecture  que  j'ai  faite,  en  I8ô0, 
de  la  partition  originale,  à  la  Bibliothèque  impé- 
riale de  Vienne,  où  j*étais  accompagné  d'Antoine 
Sctimid,  de  Fischofl;  de  Charles  Czerny,  et  de 
mon  fiU  Edouard,  à  qui  j'ai  fait  part  de  mes  re- 
marques. 

En  1838,  un  opéra  posthume  attribué  à  Mozart , 
a  été  publié  sous  le  titre  de  Zalde,  en  partition 


réduite  pour  le  piano.  L'éditeur,  André,  d^Oden- 
bach,  était  possesseur  d<»  manuscrits  de  Mozart, 
qu'il  avait  achetés  de  sa  veuve.  1)  en  a  publié  uo 
intéressant  catalogue  ttiématique.  Des  réclama- 
tions se  sont  élevées  en  Allemagne  et  en  France 
contre  la  publication  de  Zcâde,  considérée 
comme  une  fraude  commercble.  Il  me  semble  que 
le  caractère  respectable  et  bien  connu  d'Aodre 
devait  le  mettre  à  Tabri  d^une  pareille  imputatioo. 
Lorsque  je  visitai  sa  maison,  en  1838,  on  était 
occupé  dans  ses  ateliers  au  tirage  de  cette  par- 
tition ;  j'en  ai  examiné  quelques  pages,  et  j'v  ai 
reconnu  la  manière ,  le  style  des  premiers  oa- 
vrages  de  Mozart,  c'est-à-dire  de  Mitridate  et 
deX.ttc<o  Silla,  dont  les  partitions  existent  à  la 
bibliothèque  du  Conservatoire  de  Paris.  Je  croi? 
donc  que  ZaXde  est  de  ce  temps.  Une  cir- 
constance de  la  vie  de  Moiart  rend  ma  conjec- 
ture vraisemblable  :  une  lettre  de  son  père,  da- 
tée de  Milan,  le  13  septembre  1771  (G.  ^\  Y. 
riissen.  Biographie  W.  A.  MozarVs,  p.  25J), 
contient  l'engagement  qu'il  avait  contracté  avec 
la  direction  du  ttiéâtre  de  Venise,  pour  écrire 
le  deuxième  opéra  de  la  saison  du  carnaval 
de  1773^  et  d'être  rendu  k  Venise  le  30  Dovein- 
bre  1772  |iour  faire  les  répétitions;  maisreleou 
à  Milan  par  les  répétitions  de  Lucio  Silla,  il  ne 
put  exécuter  cette  deuxième  clause  de  son  con- 
trat, et  son  opéra  ne  fut  pas  représenté  à  Venise. 
Cet  opéra  ne  serait-il  pas  celui  de  Zaïdef  Je  ne 
puis  trouver  de  place  pour  cet  ouvrage  qu'à  cette 
époque  de  la  vie  de  Mozart. 

Ce  grand  homme  parait  avoir  été  calomnie 
dans  son  caractère  et  dans  les  actions  de  sa  vie. 
On  a  dit  qu'il  était  dépourvu  d'esprit,  dMristroc- 
tion,  et  qu'il  ne  comprenait  que  la  musique  :  res 
assertions  n'ont  pas  de  fondement.  Ses  lettres 
prouvent,  qu'il  y  avait  en  lui  de  la  finesse  d'ob- 
servation et  qu'il  saisissait  k  merveille  le  cdté 
lidicule  de  l'importance  des  gens  du  monde.  D 
écrivait  avec  naïveté  et  ne  visait  point  au  trait; 
mais  tout  ce  qu'il  dit  est  de  bon  sens.  Il  savait 
bien  le  latin ,  Titalien,  le  français,  l'anglais,  rai- 
leinand ,  écrivait  dans  ces  langues  et  les  parlait 
avec  facilité.  11  n'était  point  étranger  aux  sciences: 
on  cite  même  son  habileté  singulière  dans  le 
calcul  et  dans  les  opérations  les  plus  difficiles 
de  l'arithmétique.  C'est  lui-même  qui  réduisit  e» 
deux  actes  la  Clemetoa  di  Tito  de  Métastase, 
et  qui  en  fit  disparaître  les  quiproquos  di> 
deuxième  acte,  peu  dignes  d'un  sujet  si  g^^^ 
Cette  circonstance  seule  démontre  qu'il  entendait 
bien  la  scènect  la  rapidité  de  l'action  dramatiqiw. 
Enfin  on  ne  peut  citer  de  lui  un  seul  mot  q>" 
justifie  la  réputation  d'homme  inepte  q"«  4"^  ' 
ques  écrivains  français  ont  voulu  lui  faire* 


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MOZA.RT 


241 


circooslance  révélée  par  Rochlitz,  qui  en  fut 
témoin,  prouve  que,  sous  une  apparence  distrailc 
et  quelquefois  bizarre,  il  y  avait  dans  Torgani- 
«ation  de  Mozart  un  grand  fond  de  raison  et  de 
sentiment.  Après  avoir  rapporté  une  sorte  de 
scène  bouffonne  que  cet  homme  extraordinaire 
avait  imaginée  dans  la  maison  de  Doles,  directeur 
de  recelé  Saint-Thomas  à  Leipsick,  Rochlitz 
s'exprime  en  termes  équivalents  à  peu  près  à 
ceux-ci  (1)  : 

«  Après  que  cette  explosion  de  gaieté  folle  eut 
il  duré  quelques  instants  et  que  Mozart  nous 
«  eut  parlé  en  vers  burlesques ,  comme  il  le  fai- 
n  sait  souvent ,  nous  le  vîmes  s'approcher  de  la 
«  fenêtre  et  jouer  du  clavecin  sur  les  vitres,  sni- 
«  vant  son  habitude  ;  il  cessa  alors  de  prendre 
a  part  à  la  conversation.  Celle-ci ,  devenue  gé- 
«  nérale  et  plus  sérieuse ,  continuait  de  rouler 
«  sur  la  musique  d'église.  Quel  dommage,  dit 
'(  un  des  interlocuteurs,  que  beaucoup  de  grands 
«  musiciens ,  surtout  des  anciens,  aient  eu  le 
«  même  sort  que  beaucoup  d'auciens  peintres, 
«  en  appliquant  les  forces  immenses  de  leur 
«  génie  à  des  sujets  aussi  stériles  et  aussi  ingrats 
«  pour  rimagination  que  le  sont  les  sujets  d'é- 
«  ^lise  I  —  A  ces  paroles,  Morart  se  retourna. 
«  Tout  son  extérieur  était  complètement  changé  ; 
«  son  langage  ne  le  fut  pas  moins.  Voilà  bien, 
«  dit-il,  un  de  ces  propos  d'artiste  comme  j'en  ai 
«  souvent  entendu.  S'il  y  a  quelque  chose  de 
«  vrai  là  dedans  chez  vous,  protestants  éclairés, 
«  comme  vous  vous  appelez,  parce  que  votre 
«  religion  est  dans  la  tète  et  non  dans  le  cœur, 
n  il  n'en  est  pas  de  même  chez  nous  autres  ca- 
n  tlioliques.  Vous  ne  sentez  ni  ne  pouvez  sentir 
«(  ce  quMI  y  a  dans  ces  paroles  :  Agnus  Dei ,  qui 
'<  tollis  peccata  mundi,  dona  nobis  pacemf 
41  Mais  lorsqu'on  a  été,  comme  moi,  introduit, 
^  dès  sa  plus  tendre  enfance,  dans  le  sanctuaire 
«  my&tique  de  notre  religion  ;  que.  Pâme  agitée 
V  de  désirs  vagues  mais  pressants,  l'on  a  assisté 
«  au  servicA  divin  avec  ferveur,  sans  trop  savoir 
«  ce  qu'on  veiuit  chercher  ;  quand  on  est  sorti 
«  de  l'église  fortifié  et  soulagé,  sans  trop  savoir 
«  ce  qu'on  avait  éprouvé  ;  quand  on  a  compris 
«  la  félicité  de  ceux  qui,  agenouillés  sous  les 
«  accords  touchants  de  V Agnus  Dei,  attendaient 
«I  la  communion  et  la  recevaient  avec  une  indi- 
t  cible  joie  ,  pondant  que  la  musique  répétait 
«  Benedictus  qui  venit  In  nomine-  Domini  ! 
««  oh  !  alors,  c'est  bien  différent.  Tout  cela,  il  est 
«  vrai,  se  perdensuite'à  travers  la  vie  mondaine; 
«  mais  du  moins ,  quand  il  s'agit  de  mettre  en 

<i)  ^needottn  aut  W.  G,  MouurU  UHn  «(c.,  ^/I- 
«ctn.  mutik  Zeitung^  t.  I. 

BIOGR.  CMIV.    DES    MVSlCIfiNS.  ~  T.  VI. 


«  musique  ces  paroles  mille  fois  entendues,  ces 
«  choses  me  reviennent  ;  ce  tableau  se  place 
«  devint  moi  et  m'émeut  jusqu'au  fond  de  l'âme,  v 
N'oublions  pas  que  e'est  un  protestant  qui  rap- 
porte  ces  paroles  prononcées  par  Mozart,  et 
avouons  qu'abstraction  faite  de  sa  grandeur 
incomparable  dans  l'art,  l'homme  qui  s'exprime 
ainsi  n'est  pas  au  esprit  vulgaire. 

On  a  dit  que  toutes  ses  affections,  toutes  ses 
idées ,  toutes  ses  émotions  étaient  concentrées 
dans  la  musique ,  et  qu'il  ne  remarquait  pas  ce 
qui  était  en  dehors  de  cet  art.  Cela  n'est  pas 
exact;  il  montra  toujours  le  plus  tendre  atta- 
chement pour  son  père ,  sa  mère,  sa  soeur,  et  eut 
pour  la  femme  qui  devint  la  sienne  une  affection 
véritable.  Trop  nerveux  pour  n'être  pas  sensible 
à  tous  les  genres  de  beauté,  il  éprouvait  de 
vives  émotions  à  la  vue  d'une  riante  campagne , 
d'un  site  pittoresque,  et  lorsqu'il  était  en  voyage, 
il  faisait  quelquefois  arrêter  la  voiture  pour  se 
livrer  à  la  contemplation  de  c«s  tableaux  :  alors 
il  regrettait  de  ne  pouvoir  écrire  les  idées  musi- 
cales dont  il  était  assailli.  Dans  sa  jeunesse,  il 
avait  formé  des  liaisons  d'amitié  vive  et  sincère, 
particulièrement  avec  le  jeune'  musicien  anglais 
Thomas  Linley,  et  plus  tard  il  conserva  une  bien- 
veillance naturelle,  qui  se  répandait  sur  tout  ce 
qui  l'entourait.  Sa  tsénérosité  allait  jusqu'à  l'excès 
et  l'entraînait  à  des  libéralités  peu  proportionnées 
avec  ses  ressources.  On  rapporte  à  ce  sujet  Ta- 
necdote  suivante  :  Un  vieil  accordeur  de  clave- 
cin était  venu  mettre  quelques  cordes  à  son 
piano  de  voyage  :  «  Bon  vieillard,  lui  dit  Mozart, 
«c  dites-moi  ce  qui  vous  est  dû  :  je  pars  de- 
«  main.  »  Ce  pauvre  homme,  pour  qui  Mozart 
était  un  dieu,  lui  répondit,  déconcerté,  et  en 
t)albutiant  :  «  Majesté  impériale!...  Monsieur 
«  le  maître  de  chapelle  de  sa  majesté  impériale  ! . . . 
«  je  ne  puis...  Il  est  vrai  que  je  suis  venu  plu- 
«  sieurs  fois  chez  vous...  Vous  me  donnerez  un 
«  écu.  —  Un  écu.'  allons  donc!  un  brave  homme 
«  tel  que  vous  ne  doit  pas  se  déranger  pour  si 
«  peu.  »  Il  lui  mit  quelques  ducats  dans  la  main. 
«  Ah!  majesté  impériale!  »  s'écria  l'accordeur. 
—  «  Adieu,  brave  homme,  adieu  ».  —  Et  Mozart 
entra  dans  une  autre  chambre,  le  laissant  con- 
fondu de  sa  générosité.  Il  y  a  cent  traits  de  ce 
genre  dans  sa  vie.  Celte  générosité  lui  a  été  re- 
prochée comme  un  défaut  d'ordre;  car  il  faut 
que  l'envie  gftte  tout,  même  la  bienfaisance.  Eh  ! 
quand  il  serait  vrai  qu'un  si  grand  artiste  aurait 
mal  compris  la  vie  commune,  où  serait  le  mal  ? 
Ceux  que  nous  avons  sous  les  yeux  sont  mieux 
appris  à  cet  ég^rd  ;  mais  ani^si  ce  ne  sont  point 
des  Mozarts  t 

Ceux  qui|  pour  se  venger  de  sa  supériorité, 

16 


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MOZART 


dirigeaient  des  attaques  de  tout  genre  contre 
8on  caractère,  ont  dit  qu'il  ne  connaissait  que 
sa  musique,  et  qu'il  n^estimait  que  lui-même. 
Ce  reproche  a  pu  être  fait  avec  bien  plus  de  jus- 
tesse à  d'autres  musiciens  célèbres,  tels  que 
Haendei ,  Gluck  et  Grétry.  Les  sommités  de  l*art 
seules  pouvaient  plaire  à  un  homme  dont  le 
génie  concevait  cet  art  sous  le  point  de  vue  le 
plus  élevé.  Par  le  soin  qu^il  ^  pris  de  rajeunir 
l'inslrumentation  de  quelques-uns  des  beaux  ou- 
vrages de  Hœndel ,  il  a  prouvé  l'admiration  qu'il 
avait  pour  son  talent  ;  il  avouait  même  ingénu- 
ment qu'à  l'exception  de  quelques  airs  qu'il  avait 
colorés  par  les  effets  des  instruments,  il  n'avait 
rien  ajouté  à  la  beauté  des  chœurs,  et  que, 
peut-être,  il  en  avait  affaibli  le  sentiment  de 
grandeur.  L'épttrc  dédicatoire  de  ses  quatuors  de 
l'œuvre  10  à  Haydn  est  aussi  un  témoignage  non 
équivoque  de  la  justice  qu'il  rendait  aux  œuvres 
de  ce  grand  musicien.  De  son  temps  les  com- 
positions de  Bach ,  restées  en  manuscrit  dans 
le  nord  de  l'Allemagne  et  dispersées  dans  les 
mains  de  ses  élèves ,  étaient  peu  connues  du 
reste  de  l'Europe.  Lorsque  Mozart  visita  Leipsick 
en  17S9,  Doles,  directeur  de  musique  à  l'école 
de  Saint-Thomas ,  fit  exécuter  en  son  honneur 
quelques  motets  à  quatre  voix  de  ce  créateur  de 
l'harmonie  allemande.  Dès  les  premières  mesures, 
l'attention  de  Mozart  fut  excitée,  son  œil  s'a- 
nima, et  quand  le  premier  morceau  fut  Gni ,  il 
s'écria  :  Grâce  au  ciel!  voici  du  nouveau,  et 
f  apprends  ici  quelque  chose.  Il-  voulut  exa- 
miner cette  musique  qui  venait  de  produire 
tant  d'effet  sur  lui  ;  mais  on  n'en  possédait  pas 
les  partitions...  Pour  y  suppléer,  il  fit  ranger 
des  chaises  autour  de  lui,  y  étala  les  parties 
séparées,  et  portant  l'œil  rapidement  des  unes  aux 
autres,  il  passa  ainsi  plusieurs  heures  dans  la 
contemplation  des  productions  d'un  homme  de 
génie.  C'est  encore  Rochlitz  qui  nous  apprend 
cette  circonstance  de  la  vie  du  grand  homme. 
Il  parlait  avec  estime  de  Gluck,  de  Jomelli  et  de 
Paisiello ,  mais  il  ne  pouvait  souffrir  la  musique 
médiocre;  elle  irritait  ses  nerfs,  le  mettait  au 
supplice  et  ne  lui  laissait  pas  même  la  patience 
nécessaire  pour  dissimuler  son  ennui;  ce  qui 
lui  fit  beaucoup  d'ennemis  parmi  les  auteurs  de 
cette  musique  si  mal  accueillie  par  lui. 

Les  marchands  de  musique  abusèrent  étrange- 
ment de  l'insouciance  de  Mozart  pour  ce  qui  était 
de  sa  fortune.  La  plupart  de  ses  sonates  et  de 
ses  morceaux  détachés  pour  le  piano  ne  lui  ont 
rien  rapporté.  Il  les  écrivait  pour  des  amis  ou 
pour  des  personnes  du  monde  qui  désiraient 
avoir  quelque  chose  de  sa  main.  Cela  explique 
pourquoi,  parmi  ses  œuvres,  il  se  tiouve  des 


choses  peu  dignes  de  son  talent.  Souvent  il 
était  obligé  de  proportionner  les  difficultés  de 
ces  morccam  à  la  capacité  de  ceux  k  qui  \U 
étaient  destinés,  et  il  les  jetait  sur  le  papier 
avec  beaucoup  de  rapidité.  Les  éditeurs  savaient 
ensuite  se  procurer  des  copies  de  ces  ouvrages, 
et  les  publiaient  sans  son  aveu.  Plusieurs  ont 
fait  ainsi  de  grands  bénéfices  sans  avoir  rieo 
avancé.  Un  des  amis  de  Mozart  lui  dit  un  jour  : 
«  Il  vient  de  paraître  chez  N....  une  suite  de  Ta- 
«  nations  sous  votre  nom  ;  sans  doute  vous  le 
«  savez  ?  —  Non.  —  Et  pourquoi  ne  vous  y  op- 
«  posez-vous  pas?  —  Que  voulez- vous  que  je 
«  fasse?  Cela  ne  vaut  pas  la  peine  d'y  faire  at- 
»  tention.  Cet  homme  est  un  misérable  !  —  Mais 
a  il  ne  s'agit  pas  de  l'intérêt  :  .il  y  va  de  votre 
«  honneur.  —  Bah  !  malheur  à  qui  me  jugera 
«  sur  ces  misères.  » 

Mozart  a  été  le  plus  grand  pianiste  de  son 
temps  en  Allemagne.  Il  a  été  le  fondateur  de 
l'école  de  Vienne ,  continuée  par  Beellioven, 
Wœlfl  et  Hummel.  Son  exécution  se  faisait  re- 
marquer par  une  grande  précision ,  et  par  un 
style  à  la  fois  élégant  et  expressif.  Lorsque  dé- 
menti fit  son  premier  voyage  à  Vienne,  en  178T, 
il  s'établit  entre  le^  deux  artistes  une  lutte  de 
talent  dans  laquelle  ni  Tun  ni  l'autre  ne  fut 
vaincu,  parce  que  tous  deux  brillaient  par  6vî 
qualités  différentes.  Celte  rivalité  ne  ôéf^énén 
point  en  haine,  comme  il  arrive  trop  souvent  ni 
pareille  occurrence  :  Mozart  parle  de  Ciementt 
avec  une  haute  estime  et  même  avec  amitié, 
dans  ses  lettres  à  sa  sœur.  Cet  homme,  prodi- 
gieux dans  tous  les  genres ,  l'était  autant  dans 
ses  improvisations  au  piano  ou  à  l'orgue  que 
dans  ses  compositions.  Il  y  avait  tant  de  pro- 
fondeur, de  richesse  d'harmonie  et  d'éclair> 
d'imagination  dans  sa  manière  de  dévelop})er  im 
thème  donné  ,  qu'il  était  difTicile  de  se  persuader 
qu'il  improvisait  et  n'exécutait  pas  un  morceau 
préparé  avec  soin. 

Aucun  musicien,  de  quelque  époque  que  ce  soit, 
n'a  possédé,  comme  Mozart,  le  génie  universel  de 
l'art.  Dans  toutes  les  parties  de  cet  art,  il  sVst 
élevé  au  plus  haut  degré.  Lui  seul ,  entro  >rs 
contemporains  de  l'Allemagne,  a  compris  l" 
but  de  la  musique  d'église.  Tout  n'est  pas  (^&- 
lement  bon  dans  les  œuvres  de  ce  genre  qu'on 
a  publiées  sous  son  nom,  parce  qu'il  s'y 
trouve  b<^ucoup  de  choses  de  sa  première  eu- 
nesse  ;  mais  son  grand  Kijhe  (  en  ré } ,  ses 
messes  n*'  2,  4  et  5,  son  Misericordias  Domini, 
à  4  voix,  son  A  ve  venim  corpus^  à  4  voix,  ses 
hymnes  et  ses  cantates  d't^lise,  sont  des  œuvres 
de  la 'plus  belle  inspiration  et  d'un  véritable  ca- 
ractère religieux.  On  y  remarque  d'ailteurs  ui> 


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MOZART 


243 


art  d'écrire  dont  la  pureté ,  sans  froideur,  est 
digne  des  plus  beaux  temps  de  Pécole  italienne, 
et  Pon  pcat  dire  que  Mozart  est  le  seul  compo- 
si  leur  allemand  qui  ait  eu  ce  mérite.  Dans  le 
genre  de  l'oratorio ,  on  ne  connaît  que  son  Da- 
ridde  pénitente ,  qui  est  plutôt  une  cantate  dé- 
veloppée qu'un  véritable  oratorio.  Jamais  Tex- 
pression  mélancolique  ne  s'est  élevée  plus  haut 
((ue  dans  cet  ouvrage.  Dans  l'opéra,  Mozart  a 
certainement  créé  tm  art  nouveau ,  ou  plutôt, 
fait  une  transformation  complète  de  Tart  qui  Pa- 
vait précédé.  Absolument  original  dans  les  formes 
de  la  mélodie ,  dans  Tinstrumentation  et  dans 
la  variété  des  coupes ,  il  est  devenu  le  modèle 
sur  lequel  se  sont  réglés  tous  les  com|M)siteurs 
qui  l'ont  suivi,  et  son  influence  se  fait  encore 
sentir  de  nos  jours.  C'&st  en  lui  empruntant  des 
formes  et  des  moyens  que  Rossini  a  transformé 
k  son  tour  la  musique  italienne.  Méhul  avouait 
sans  détour  les  obligations  que  les  compositeurs 
dramatiques  de  sou  temps  avaient  eues  à  l'au- 
teur de  Don  Jtian  pour  la  réforme  de  quelques 
parties  de  leur  art.  La  révolution  du  drame 
lyrique  a  commencé  à  VIdoménée,  L'opéra  de 
demi-caractère  s'est  élevé  au  dernier  degré  de 
perfection  dans  les  Noces  de  Figaro;  l'opéra 
romantique  a  été  créé  tcut  eiilier  dans  Don  Juan 
et  dans  la  Flûte  enchantée. 

Mozart  n'a  été  faible  dans  aucune  des  parties 
de  la  musique  instrumentale ,  et  il  y  a  imprimé 
le  même  mouvement  d'ascension  que  dans  la 
musique  de  théâtre.  Ses  grandes  symphonies 
ont  exercé  de  l'influence ,  même  sur  Hnydn ,  son 
prédécesseur  ;  cette  influence  se  fait  remarquer 
dans  les  douze  symphonies  que  cet  homme  cé- 
lèbre écrivit  k  Londres  l'année  même  de  la  mort 
de  Mozart  et  dans  l'année  suivante.  Sa  manière 
s'y  est  agrandie.  La  symphonie  en  sol  mineur 
de  Mozart  est  la  découverte  d^un  nouveau 
monde  de  musique.  On  ne  connaît  rien  de  plus 
beau ,  de  plus  original ,  de  plus  complet  que 
les  quatuors  des  œuvres  10  et  18,  et  les  quin- 
tettes en  ut  mineur,  en  ré,  en  mi  bémol  et  en 
sol  mineur.  Les  quatuors  de  piano  sont  à  l'égal 
de  ses  plus  belles  inspirations;  enfin  ses  con- 
certos de  piano  ont  tout  à  coup  plongé  dans 
l'oubli  ce  qui  existait  avant  qu'ils  parussent.  Les 
petites  pièces  de  tout  genre ,  les  morceaux  pour 
bstrumenlH  à  vent,  les  contredanses,  valses,  etc., 
produits  par  la  plume  de  Mozart  font  reconnaître 
à  chaque  instant  le  génie  merveilleux  qui  dai- 
gnait s'abaisser  jusqu'à  ces  bagatelles.  Je  le  ré- 
pète ,  ce  caractère  d'universalité  et  de  perfection 
que  Mozart  a  imprimé  à  tous  ses  ouvrages ,  et  la 
propriété  de  style  de  chaque  genre  qu'il  a  possédée 
au  plus  haut  degré ,  en  font  un  homme  à  part, 


et  doivent  le  rendre  l'objet  de  Tadmiration 
et  du  resptfct  des  artistes  dans  tous  les  temps. 
Il  fut  le  plus  complet  des  musiciens.  Dans  ses 
œuvres  le  goût  égale  le  génie,  en  dépit  de  l'opinion 
de  quelques  extravagants  de  notre  temps,  lesquels 
se  persuadent  que  ces  qualités  sont  incompatibles, 
vin  toute  chose  il  fait  ce  qu'il  faut ,  rien  quo  ce  qu'il 
faut.  Sa  pen.sée  se  développe  logiquement  et  jamais 
ne  tombe  dans  la  divagation.  La  hardiesse  de 
conception  est  toujours  accompagnée  de  la  rai- 
son ,  et  ses  épisodes  les  plus  inattendus  sont  le 
fruit  d'une  inspiration  spontanée;  jamais  on  n'y 
aperçoit  celui  d'une  recherche  péniblement  éla- 
borée. Delà  vient  que  ses  traits  les  plus  hardis  ne 
se  présentent  pas  à  l'état  de  problème  à  ré- 
soudre, mais  saisissent  l'auditoire  par  leur  mer- 
veilleuse lucidité.  Mozart  étend  autant  que  pos- 
sible le  domaine  idéal  de  son  art,  mais  sans 
toml)er  dans  le  vague  d'une  rêverie  insaisia- 
sable.  On  l'a  souvent  comparé  à  Beethoven  :  à 
une  certaine  époque,  ce  fut  pour  le  placer  à  un 
rang  inférieur;  le  sentiment  universel  a  bientôt 
fait  justice  de  cette  erreur.  Ce&t  toujours  un 
tort  de  comparer  des  talents  qui  brillent  par  des 
qualités  diflérentes.  Beethoven ,  bien  qu'il  n'ait . 
pas  eu  l'abondance  mélodique  de  Mozart,  son 
premier  modèle;  bien  que  ses  inspirations  laissent 
souvent  apercevoir  le  travail ,  tandis  que  celles 
de  son  illustre  prédécesseur  sont  toujours  spon- 
tanées ;  bien  qu'il  n'ait  ni  son  universalité,  ni  son 
inépuisable  variété;  bien  qu'il  ait  plus  de  vélié- 
mence  que  de  sentiment  ;  enfin ,  bien  que  le 
goût  lui  manque  souvent ,  et  qu'il  n'ait  pas  su, 
comme  Mozart,  contenir  sa  pensée  dans  de  justes 
linrites  et  dire  beaucoup  en  peu  de  phrases,  Bee- 
thoven, par  le  génie  de  la  grandeur  que  Dieu  avait 
mis  dans  son  àme,  par  la  hardiesse  de  ses  déter- 
minations, par  son  art  admirable  de  présenter  le 
sujet  principal  sous  mille  formes  toujours  origina- 
les ,  par  rinaltendu  de  ses  épisodes,  par  la  pléni- 
tude harmonieuse  de  son  instrumentation,  et  pour 
tout  direen  un  mot,  par  le  caractère  éminemment 
poétique  de  ses  œuvres,  est,  après  Mozart,  le  plus 
grand  compositeur  des  derniers  temps.  Songé* 
nie  est  spécial  :  c'est  celui  de  la  musique  instru- 
mentale. Dans  d'autres  genres  il  est iuférieurà  lui- 
même,  et  surtout  à  son  modèle.  C'est  le  style- 
propre  de  cette  musique  qui  se  révèle  dans  tout  ce 
qu'il  fait  ;  on  peut  même  dire  que  le  caractère  de 
sa  pensée  appartient  surtout  au  talent  de  la  sym- 
phonie, car  ses  sonates  de  piano,  ses  trios ,  ses 
concertos ,  sont  des  symphonies.  C'est  le  même 
génie  qui  brille  dans  les  belles  parties  de  Fidelio; 
quand  ce  n'est  pas  cela,  l'œuvre  est  faible, 
comme  le  Christ  au  mont  des  Oliviers.  Ajou- 
tons une  dernière  différence  essentielle  qui  existe 

16. 


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244 


MOZART 


entre  ces  deux  grands  artistes  :  Mozart  alla  tou- 
jours grandissant  jusqu'à  son  dernier  jour  ;  les  onze 
dernières  années  de  sa  vie  sont  celles  où  se  sont 
produites  ses  plus  grandes  œuvres  et  les  plus  par. 
faites;  tandis  que,  dans  ses  transformations,  le 
talent  de  Bcellioyen  s'obscurcit  et  diminue.  Si  Mo- 
zart, mort  à  trente-six  ans,  eût  vécu  dix  ou  douze 
années  de  plus,  Dieu  sait  ce  qu*il  aurait  prodoit 
dans  sa  marche  ascendante!  Beethoven ,  au  con- 
traire, déclinait  quand  il  descendit  dans  la  tombe. 
La  fécondité  de  Mozart  tient  du  prodige  : 
j'ai  dit  quelle  immense  quantité  de  compositions 
de  tout  genre  a  été  enfantée  dans  les  onze  der- 
nières années  de  sa  vie;  mais  si  Ton  songe  qu'il 
a  employé  plus  de  quinze  ans  à  voyager,  à  or- 
ganiser et  à  donner  des  conceits,  le  reste  de  sa 
carrière  n'est  pas  moins  étonnant.  On  n'a  pas 
publié  tout  ce  qu'il  a  produit,  non-seulement 
parce  que  les  éditeurs  ont  eu  le  bon  esprit  de 
choisir  les  ouvrages  qui  appartiennent  à  l'époque 
oii  son  talent  était  formé,  mais  parce  qu'on  n'a 
retrouvé  que  longtemps  après  sa  mort  foutes  ses 
productions.  De  temps  en  temps  on  en  découvre 
encore,  mais  elles  appartiennent  en  général  aux 
.  premières  époques  de  sa  vie.  Une  collection  com- 
plète des  œuvres  de  Mozart,  rangée  par  ordre 
chronologique,  accompagnée  de  notes  qui  indi- 
queraient les  circonstances  dans  lesquelles  chaque 
ouvrage  aurait  été  écrit,  et  d'analyses  qui  feraient 
remarquer  les  défauts^  les  beautés,  et  ce  qui  s'y 
trouve  de  nouveauté,  serait  sans  doute  la  meil- 
leure histoire  du  génie  de  ^t  artiste  illustre; 
mais  où  trouver  l'homme  capable  de  diriger  une 
pareille  publication,  un  éditeur  pour  l'entreprendre 
et  des  artistes  et  amateurs  pour  l'encourager  ? 
Dans  le  supplément  de  la  grande  Biographie  de 
Mozart,  publiée  par  sa  famille ,  on  trouve  l'indi- 
cation sommaire  de  toutes  ses  productions.  André 
a  publié  le  Catalogue  des  manuscrits  originaux  de 
Mozart  qu'il  avait  achetés  de  sa  veuve;  mais  ces 
publications  sont  devenues  inutiles  par  le  beau 
Catalogue  chronologique  et  thématique  des  œu* 
vres  du  grand  homme  que  M.  le  docteur  Louis 
de  Kœckel  vient  de  publier  sous  ce  titre  : 
Chronologlsche  ihcmatischvs  Verzeichniss 
sxmllicherTomverke  \V.  A  MouirVs;  Leîpsick, 
Dreilkopf  et  Hsrtel,  1862,  t  vol.  très-grand 
rn-8''  de  551  pages,  avec  des  labiés  bien  faites. 
Abslraction  faite  de  l'admiration  inspirée  par  un 
si  grand  génie,  en  jetant  les  yeux  sur  ce  réper- 
toire immense,  on  se  sent  accablé  de  stupéfac- 
lion  en  sougeant  que  l'auteur  de  tout  cela  est 
mort  à  trente-six  ans  :  1*^  Deux  oratorios,  dont 
un  à  cinq  personnages,  et  Davidde pénitente , 
cantate  à  3  voix  et  orchestre. .— 2"  20  Messes  avec 
•rcbcstre,  y  compris  le  Requiem,  2o  (bis)  Huit 


vêpres  et  litanies.  2®  (1er)  40  compositions  pour 
l'église,  renfermant  Te  Deum,  litanies,  offer- 
toires ,  motets ,  hymnes  et  cantates  d'églises.  — 
3^  10  cantates  avec  orcliestre.  —  4*^  66  airs,  duos 
et  trios  italiens,  avec  on  sans  récitatif,  et  or- 
chestre. —  5*  16  canons  à  3  et  4  voix.  — 
6**  Quelques  solfèges  pour  des  exercices  de 
chant.  — 1^  ki  chansons  allemandes,  avec  ac- 
compagnement de  piano.  —  8^  49  symphonies 
pour  l'orchestre.  On  n'en  connaît  que  douze; 
mais  on  tfonve  les  tlièmes  de  quelques  autres, 
restées  en  manuscrit,  dans  le  Catalogue  tliénia- 
que  de  M.  de  Kœckel ,  et  André  a  fait  conoattre 
les  autres  par  le  Catalogue  thématique  des  manu- 
scrits originaux  qu'il  avait  acquis  de  la  veuve  de 
Mozart.  —  9®  15  ouvertures  à  grand  orchestre. - 
10*  33  sérénades  et  divertissements  pour  plusieurs 
instruments,  parmi  lesquels  on  remarque  plusieurs 
morceaux  d'harmonie  pour  des  InstrunieDts  i 
vent,  qui  sont  de  la  plus  grande  beauté.  —  iO  (bis) 
27  pièces  diverses  pour  orcliestre,  marclies 
et  fragments  de  symphonies.  ^iV*  i  quintettes 
pour  2  violons ,  2  Tioles  et  basse.  Il*  (bis)  un 
idem  avec  cor.  ~  12''  32  quatuors  pour  2  vio- 
lons, alto  et  basse;  un  quatuor  pour  hautbois, 
violon,  alto  et  basse,  et  deux  quatuors  pour 
note.  —  13®  9  trios  pour  2  violons  et  basse,  et 
un  trio  pour  violon ,  alto  et  violoncelle  ;  on  n'a 
publié  que  ce  dernier.  —  14*^  7  concertos  pour 
le  violon;  on  n'en  a  publié  que  deux.  — 14*  (bis) 
cinq  concertos  pour  la  fliUe 15'*  Cinq  concer- 
tos pour  le  cor  ;  on  en  a  publié  trois.  —  lô**  Un 

concerto  pour  le  1)asson 17^  Un  ideni  pour  U 

trompette.  —  ï8*  Un  concerto  de  clarinette.  - 
19'  27  concertos  pour  le  piano,  dont  deux  pour 
deux  pianos  et  orchestre.  Ces  compositions  sont 
du  meilleur  temps  de  Mozart  ;  vingt  et  un  de  ces 
concertos  ont  été  publiés.  —  20**  Vingt-trois  trios 
pour  piano,  violon  et  violoncelle.  —21^  Un  quin- 
tette pour  piano ,  hautbois,  clarinette,  cor  et  bas- 
son. —  22**  21  sonates  pour  piano  seul.  —  22"  (bis) 
45  sonates  pour  piano  et  violon.  -^  22  (ter)  16 
thèmes  variés  pour  piano  seul.  —  23*  5  sonates 
pour  piano  à  quatre  mains,  dont  la  valeur 
égale  ce  qu'on  a  fait  de  plus  beau  en  musique 
instrumentale.  —  24*  Fantaisie  idem.  —  25"  So- 
nate et  fugue  pour  deux  pianos.  —  26*  Fantaisie 
pour  deux  pianos.  ^  27*  Quatre  rondos  pour 
piano  seul 28*  Une  multitude  de  pièces  déta- 
chées pour  le  piano  à  2  et  à  4  mains.  —  29*"  Coo* 
certo  pour  trois  pianos  et  orchestre,  composé 
en  1777.  —  30*  Quintette  pour  clarinette,  2  vio- 
lons, alto  et  violoncelle.  —  31*  4  ballets  et  panto- 
mimes. —  32*  Musique  pour  une  comédie  latine  in* 
litulée  .4/)oWon<?/  HtjacintJie,  composée  en  1767, 
il  avait  alors  onze  ans ,  pour  l'université  de  SaU- 


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345 


bonrg.  La  partition  originale  forme   162  i>ages. 

—  aa""  Bastien und  Basiienne,  opéra  allemand, 
composé  en  1768.  —  34**  La  Finta  SimpUce, 
opéra  bouffe,  composé  en  1768  pour  l'empereur 
Joseph  II.  La  parlition  originale  forme  âô8  pages. 

—  Zh"*  Mitridate ,  opéra  sérieux,  en  trois  actes, 
comi>osé  à  Milan  en  1770.  —  36'*  Ascanio  in 
Alba,  canfate  dramatique  en  deux  parties,  à 
Milan,  en  1771.  —  37'»  Lucio  SillOf  opéra  sé- 
rieux, à  Milan,  en  1773.  —  38"  Zalde,  opéra 
vraisemblablement  écrit  dans  la  même  année 
pour  Venise.  —  39*  ia  Finta  Giardiniera , 
opéra  bonfle,  à  Munich,  en  1774.  —  40°  Il  Ee 
pastore ,  pastorale  en  deux  actes ,  à  Salzbourg , 
fn  1775.  —  41*  Chœurs  et  entr'actes  pour  le 
drame  intitulé  Thamos.  —  42*  Idomeneo,  lie 
di  Creia,  opéra  sérieux  en  trois  actes ,  à  Munich , 
en  1780.  —  43*  Die  Entfiihrung  ausdem  Sé- 
rail (  TEnlëveroent  du  Sérail  ) ,  opéra -comique 
en  deux  actes,  à  Vienne,  eu  1782.  -^  44*  Der 
Schauspiel  Director  (  Le  directeur  de  specta- 
cles), opéra-comique  en  un  acte,  pour  Scliœn- 
bnmn,  1786.  —  45*  le  Nozze  di  Figaro  (  le 
Mariage  de  Figaro),  opéra  bouffe  en  4  actes ,  à 
Vienne,  en  1786.  —  46*  Il  Dissoluto  pitnito, 
ossia  il  Don' Giovanni ,  drame  en  deux  actes,  à 
Prague,  en  1787.  —  47*  Trio  et  quatuor  pour 
la  IVlanella  rapita,k  Vienne,  en  1785.  — 
48*  Cosi  fan  iuiie,  opéra  bouffe  en  2  actes,  à 
Vienne,  1790.  —  49*  Die  Zauber/lœte  (  la  Flûte 
enchantée),  opéra  romantique  en  deux  actes,  i 
Vienne,  en  1791  —  50*  La  Clemenza  di  Tito, 
opéra  sérieux  en  deux  actes,  à  Prague,  en  1791. 

—  51*  9  cantates  de  francs-maçons,  avec  or- 
chestre. —  52*  Plaisanterie  musicale  pour  2  vio- 
lons, alto,  2  cors  et  basse.  —  53*  liinviron  40 
contredanses,  menuets  et  valses  pour  orchestre, 

—  54*  Quintette  pour  harmorUca,  flûte,  haut- 
bois, alto  et  violoncelle.  —  55*  Marches  pour 
musique  militaire.  Jusqu'en  1777,  c'est-à-dire 
avant  la  grande  période  du  développement  com- 
plet du  talent  de  Mozart ,  le  catalogue  de  ses 
œuvres  s'élève  à  cent  cinq.  Les  deux  années  1778 
et  1779,  pendant  lesquelles  il  perdit  sa  mère  et 
courut  à  la  recherche  d'une  position  convenable 
sans  pouvoir  la  trouver,  furent  une  époque  de 
découragement  pour  Tartiste  :  il  n*y  produisit 
rien  qui  soit  remarqué.  Mais  1780  marque  le 
commencement  de  cette  étonnante  période  de  onze 
années  pendant  lesquelles  fnrent  créées  toutes  les 
merveilles  de  Tart  qui  immortalisent  le  nom  de 
leur  auteur.  Cette  époque  commence  par  Vf- 
dominée.  Le  total  des  œuvres  complètes  de  tout 
genre  par  Mozart  est  de  .six  cent  vingt^six.  On 
en  trouve  tous  les  thèmes  dans  le  beau  Cata- 
logue de  M.  de  KœckeL 


Indépendamment  de  ces  ouvrages ,  Mozart  a 
jeté  sur  le  papier  une  multitude  immense  d^dées 
dans  des  morceaux  quMI  n*a  point  achevés  :  la 
plupart  de  ces  fragments,  dont  on  trouve  rindi- 
cation  détaillée  dans  le  supplément  de  la  grande 
Biographie  de  Mozart  par  le  conseiller  de  Nis- 
sen ,  ont  été  possédés  par  Tabbé  Stadier.  On  y 
remarque  les  commencements  d'une  symphonie 
concertante  pour  piano  et  violon  avec  orchestre; 
de  cinq  concertos  pour  piano  et  orchestre  ;  de 
trois  rondos  pour  piano  et  orchestre;  d'un  quin- 
tette pour  piano ,  hautbois ,  clarinette ,  cor  an- 
glais et  basson  ;  d'un  sextuor  pour  piano,  2  vio- 
lons, 2  cors  et  basse,  et  de  28  morceaux  diffé- 
rents avec  ou  sans  accompagnement,  sonates, 
fugues,  rondos,  préludes,  fantaisies,  etc.;  de 
plusieurs  symphonies  concertantes  pour  l'or- 
chestre; d*un  quinlette  pour  violon,  alto,  cla- 
rinette, cor  anglais  et  violoncelle;  de  douze 
quintettes  pour  2  violons,  2  violes  et  violon- 
celle, dont  quelques-uns  ont  depuis  70  jusqu'à 
140  mesures  terminées ,  et  d'un  trio  en  sol  ma- 
jeur pour  violon,  alto  et  violoncelle,  dont  la 
première  reprise  du  premier  morceau  est  ache- 
vée; de  deux  quintettes  pour  clarinette,  2  vio- 
lons ,  alto  et  basse  ;  de  deux  quatuors  pour  cla- 
rinette et  3  cors  de  bassette ,  et  de  plusieurs  au- 
tres morceaux  pour  instruments  à  vent  ;  de  sept 
Kyrie  pour  4  voix  et  orchestre,  d'un  Gloria 
et  du  psaume  Mémento  Domine;  d'une  grande 
cantate  allemande  pour  2  ténors  et  basse ,  avee 
chœur  et  orchestre;  de  plusieurs  duos,  airs  et 
récitatifs  ;  d'un  opéra  italien  et  d'un  opéra  alle- 
mand. Plusieurs  personnes  possèdent  aussi  des 
manuscrits  originaux  de  Mozart  :  les  collections 
les  plus  considérables  en  ce  genre  sont  celles 
d'André,  à  Offenbach,  où  se  trouvent  l)eaucoup 
de  chose*;  inédites,  et  de  Stumpf,  facteur  de 
harpes,  à  Londres  :  celle-ci  renfermait  les  parti- 
tions des  quatuors ,  enivres  10  et  18,  des  quin- 
tettes de  violon,  et  de  la  grande  fantaisie  pour 
piano,  en  ut  mineur.  La  première  a  été  achetée 
de  la  veuve  de  Mozart  6,000  florins  ;  la  seconde, 
500  livres  sterling.  Celle-ci  a  été  disséminée  dans 
la  vente  qui  en  a  été  faite  à  Londres ,  en  1847. 
M.  de  Kœckel  a  publié,  à  la  suite  de  son  grand 
Catalogue  thématique  des  œuvres  complètes  et 
connues  de  Mozart,  celui  des  ouvrages  non 
achevés  et  des  œuvres  possédées  par  diverses  per- 
sonnes en  manuscrits  originaux  :  le  nombre  s'en 
élève  à  deux  cçnt  quatre-vingt-quatorze. 

Les  ouvrages  publiés  et  dont  on  a  fait  des  édi- 
tions dans  toutes  les  grandes  vifles  de  l'Europe 
sont  :  I  Musique  n'écLise  :  1*  Messe  à  quatre 
voix  et  orchestre,  n*  1  (  en  uH  ;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hœrtei.  —  2*  Idem,  n*  2  (en  uO  ;  ibïd. 


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246 


MOZART 


—  3*  Idem,  n"  3  (en  fa)  \  Lcipsick ,  Peters. 

—  4"  I<lem,  n**  4  (en  la  mineur);  Paris,  Porro. 

—  ô°  Idem ,  n"  5  (  en  si  bémol  ) ,  Leipsick,  Pe- 
lers.  —  6"  Idem,  n**  6  (en  ré)\  Augisbourg, 
LoUer.  —  V  Idem ,  n*»  7  (  en  sol^)  ;  Bonn,  Sim- 
rock.  —  8**  Kyrie  (en  ré  mineur),  à  4  voix, 
orchestre  et  orgue;  OfTcnbach,  André.  —  8**  {pis) 
2  petites  messes  à  4  voix  et  orgue;  Spire,  Lang. 

—  9*  Te  Deum  à  4  voix,  orchestre  et  orgue; 
Vienne,  Hasiinger.  —  10°  Ave  verum  corpus  y 
à  4  voix,  2  violons,  alto,  basse  et  orgue  ;  Vienne, 
Diabèlli ,  et  Paris,  Beaucé.  —  1 1"*  Misericordias 
Domini canlabOj  à  4  voix,  et  orchestre;  Leip- 
sick, Peters;  Bonn,  Simrock.  —  12°  Aima  Dei 
^reatoris,  offertoire  à  4  voix,  2  violons,  basse 
et  orgue;  Vienne,  Diabelli.  ~  i3^  SancU  et 
J\isti,  olTertoire  à  4  voix,  2  violons,  basse  et 
orgue;  ibid.  -*.  14°  Amavit  eum  Dominus, 
idem;  ibid.  —  lô°  6  psaumes  à  4  voix  et  petit 
orchestre,  liv.  1,  2,  3  ;  Vienne,  Artarîa.  — 
16°  Sancta  Maria  à  4  voix,  2  violons,  viole, 
basse  et  orgue;  OfTenbach,  André.  —  17°  De 
Profundis  à  4  voix  et  orgue  ;  Berlin,  Trautwein  ; 
-Paris,  Beaucé.  —  18°  Quis  te  comprehendat, 
motet  à  4  voix ,  violon,  obligé ,  orchestre  et 
orgue;  Vienne,  Artaria.  —  19°  Missa  pro  de- 
funciis  (  requiem  ),  à  4  voix  et  orchestre  ;  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Hasrtel  ;  Berlin,  Trautwein  ; 
Vienne,  Diabelli  ;  Paris,  Troupenas.  Une  nouvelle 
édition  a  été  publiée  à  Offenbach ,  chez  André , 
diaprés  le  manuscrit  de  l'abbé  Sladler  et  de 
Eybler.  L^éditeur  y'  a  indiqué  par  les  lettres 
M  et  S  le  travail  de  Mozart  et  celui  de  Suss- 
mayer.  —  20°  Rcgina  Cœli  Ixtare,  à  4  voix  et 
orchestre.  Vienne,  Diabelli.  —  21°  Requiem 
brevis,  petite  messe  de  morts  à  4  voix  et  orgue  ; 
Bonn ,  Simrock.  —  22°  Hymnes  sur  des  textes 
jillemands  :  n°  l,  Preisdir,  Gottheit,  à  4  voix 
et  orchestre  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel  ;  n°  2, 
Ob  fûrchierlich  tobend  (Ne  pulvis),  idem, 
ibid.;  n"  3,  Gottheit ,  dir  sey  Preis,  idem,  ibid. 

—  23"  Cantates  d'église  à  4  voix  et  orchestre  : 
n°  1,  Ueiliger  Gott,  Leipsick,  Breitkopf  et  Haer- 
tel ;  n°  2,  Allerbarmer,  hœre ,  ibid.;  n°  3, 
Herr,  Herr,  vor  deinem  Throne,  ibid.;  n°  4, 
Ewiger,  erbanne  dich,  ibid.,  n°  5,  Mcech-- 
iigster,  Heiligster^  ibid.;  n°  6 ,  Hoch  vont  Hei^ 
ligthume,  ibid.;  n°  7,  Jferr,  auf  den  wir 
schauen,  ibid.  —  24°  Davidde  peniiente^  can- 
tate à  3  voix,  chœur  et  orchestre;  Leipsick, 
Peters;  Paris,  Beaucé.  —  IL  Obéras  :  25°  Za 
Clemenza  di  Tito ,  opéra  sérieux ,  partition  ; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Heertel  ;  idem  en  italien  et 
en  français  partition,  Paris,  Richault.  —  26°  Cosi 
fan  tut  le,  opéra  bouffe,  partition;  Leipsick,  1 
Breitkopf  et  Haertel.  —  27°  Don  Giovanni  (  Don 


Juan),  drame  lyrique,  partition;  ibid.  - 
28'»  Die  Entfûhrung  aus  dem  Sérail  (  rtnlè- 
vement  du  Sérail),  opéra -comiqne,  pafUlion; 
Bonn ,  Simrock.  —  29"  Le  Nozie  di  Figaro  { le 
Mariage  de  Figaro),  o[)éra  bouffe  en  quatre  actes, 
partition;  Paris,  Richault;  Bonn,  Simrock.  - 
30°  Die  Z auberfla^e  i\9i  Flûte  enchantée), 
opéra  romantique,  partition;  Bonn,  Simrock; 
Paris ,  Carli ,  Richault.  Le  même  ouvrage  traduit 
et  arrangé  sous  le  titre  :  Les  Mystères  d'fsis, 
partition  ;  Paris,  Sieber.  ^31°  IdomeneOy  o\)in 
séi'ieux ,  partition  ;  Bonn ,  Simrock.  —  32  "  Ikr 
Schauspieldirecior  (  le  Directeur  de  spectacle,, 
opéra-comique,  partition  réduite  pour  le  piano; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel;  Bonn,  Simrock; 
Paris ,  Brandus.  —  33°  Zaide,  opéra  sérieux, 
partition,  réduite  (K>ur  le  piano;  orfeiibadi ,  An- 
dré. Un  grand  nombre  d'éditions  de  tous  les  ou- 
vrages précédents  ont  été  publiées  dans  les  prin- 
cipales villes  de  TEurope,  et  dans  toutes  les 
langues,  en  partitions  réduites  pour  le  piano. 

—  III.    MOSÏQUE   DE    CIIAMBftE     POUB   LE    CHAKÎT  : 

34*  6  canons  à  3  et  4  voix  ;  Bonn,  Simrocli.  - 
36°  Idem  ;  ibid.  —  36°  Das  Lob  der  Frcund- 
schaft  (Éloge  de  Tamitié),  cantate  pour  2  té- 
nors et  basse,  avec  cliffîur  et  accompagoemcnl 
de  piano;  Bonn,  Simrock  ;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hacrlel.  —  37°  Chant  maçonnique  pour  deux 
voix  dMiommeet  cliœur,  avec  accompagnemont 
de  piano  ;  Leipsick,  Peters.  —  38°  Chant  d'adieu 
(  Abend  ist  ) ,  à  voix  seule  et  piano.  Chez  tous 
le  éditeurs  de  TAllemagne.  —  39°  Grande  scène 
et  air  détaché  pour  soprano,  en  italien  ;  Offen- 
bach, André.  —  40°  Airs  détachés,  4  recueils; 
Vienne,  Artaria.  —  41°  Lieder  à  voix  seule,  aw 
accompagnement  de  piano,  3  recueils;  Bonn, 
Simrock.  —  42°  Récitatif  et  rondo  pour  soprano 
(  Aoïi  temer,  amaio  bene  ),  Leifisick,  Breitkop/ 
et  llœrtel.    —  IV.  Symphonies  et   concertos: 

—  43°  Symphonie  à  10  parties  ,  op.  7  (  en  r«); 
Bonn,  Simrock.  —  44^  Idem  à  grand  orchestre, 
op.  22  ;  OfTenbach,  André.  —  45"  Ideui,  op.  35 
(en  ré);  ibid.  —  4i.°  Idem,  op.  34(entt/); 
ibid.  —  47°  Idem,  op.  38  (en  ut);  ibid.  - 
48°  Idem,  op.  45  (en  sol  mineur);  ibid.  - 
49°  Idem ,  op.  57  (  en  ut  )  ;  ibid.  —  50«  Idem, 
op.  58  (en  ré);  ibid.  -—51° Idem,  op.  46  (en 
sol  )  ;  Hambourg ,  Bœhme.  ^  52*  Idem, 
op.  87  (en  ré  );  Offenbach,  André;  - 
53°  Idem,  op.  88  (en  ré);  ibid.  —  54° Idem; 
op.  89  (  en  si  bémol  );  ibid.  —  55°  Idem  pour 
2  violons ,  alto ,  basse ,  2  hautbois  et  2  cors  (  eo 
la  ),  œuvre  posthume  ;  Leipi^ick,  Peters.  Sieber  a 
publié  à  Paris  dix  symphonies  choisies  de  Mo- 
zart. 11  y  en  a  aussi  une  édition  de  Hambourg, 
et  une  autre  de  Brunswick.  Les  quatre  grandes 


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MOZART 


Î47 


itympiionies  en  ut ,  enrë,  en  sol  mineur  et  en 
mi  bémol,  ont  été  publiées  séparément  en  par- 
ution à  Paris,  Bonn  et  Mayence.  Breitkopf  et 
Ha^rtei  ont  donné  une  édition  de  douze  sym- 
phonies choisies  en  partition  grand  in-8^  —  bù** 
Ouverture  de  la  Villaivella  rapiia  (  composée 
pour  la  représentation  de  cette  (lièce  à  Vienne  ) ,  à 
giand  orchestre  ;  Leipsick,  Peters.  •—  57**  Sym- 
phonie concertante  pour  violon  et  alto  ;  Offeobacb, 
André.  ^  58°  Symphonie  concertante  (en  mi 
iK'mol  )  pour  violon ,  hautbois ,  clarinette,  cor, 
bisson,  violoncelle,  alto  et  contrebasse  ;  Augs- 
liourg,  Gombart.  —  59^  Concerto  pour  violon 
principal  (en  nU  bémol),  op.  76;  Offenbacli^ 
André.  —  60**  Idem  facile  (  en  ré  ) ,  op.  98  ; 
ihid.  — 61**  Rondeau  idem  (en  ui)^  op.  85; 
ibiJ.  —  62**  Adagio  et  rondo  idem  (en  si  bémol), 
01».  90;  ibid.  —  63**  Sextuor  pour  2  violons,  alto, 
basse  et  2  cors  (eu  re),  op.  61  ;  Offenbach,  | 
André.  On  en  a  gravé  deux  autres  à  Paris,  chez  ! 
I*ieyel,  et  à  Augsbourg,  chez  Gombart ,  sous  le 


nom  de  Mozart;  mais  c'est  ime  supercherie 
commerciale  :  ces  morceaux  ne  sont  pas  de  lui. 
—  64**  Sérénade  pour  2  clarinettes ,  2  cors  et 
basson,  op.  27;  OfTenbach,  André.  ^-  65**  Cinq 
divertissements  pour  2  hautbois,  2  cors  et  2  bas- 
sons, op.  91  ;  ibid.  —  66*  Sérénades  pour  2  cla- 
rinettes, 2  hautbois,  2  cors  et  2  bassons,  n**'  1 
et  2;  ibid.  —  67°  Grande  sérénade  pour  neuf  in- 
struments à  vent,  œuvre  posthume  ;  Bonn,  Sim- 
rock.  —  68°  Concerto  |)our  clarinette  (en  /a), 
op.  107  ;  Oi'fenbach ,  André.  ^-  69**  Concerto 
pour  basson  (en  si  bémol),  op.  96;  ibid. — 
70°  l*''  concerto  pour  cor  (en  mi  bémol), 
op.  92;  ibid.  —  71"  2™«  idem  (en  mi  bémol  ), 
op.  105  ;  ibid.  —  72**  3»n«  idem  (  en  mi  bémol  ), 
op.  106  ;  ibid.  —  V.  Quintettes,  quatuors  et 
TRIOS  :  73**  Quintettes  pour  2  violons,  2  altos  et 
violoncelle  :  n*  1  (en  «<);  n**  2  (en  re);  n°  3 
(en  ui  mineur);  n°  4  (en  si  bémol;  n**  5  (en 
sol  mineur);  n**  6  (en  /a);  Vienne,  Arlaria, 
Mollo;  Leipsick,  Pcters;  OfTenbach,  André;  Pa- 
ris, Pleyei ,  Sieber,  Janet.  Tous  les  autres  quin- 
tettes de  violon  publiés  sons  le  nom  de  Mozart 
^ont  arrangés  diaprés  d'autres  compositions,  -i* 
74°  Quintette  pour  clarinette,  2  violons,  alto  et 
basse  (en  (a ) ,  op.  108;  OfTenbach,  André;  Pa- 
ris, Sieber.  Ce  quintette  a  été  arrangé  pour 
2  violons,  2  violes  et  basse.  —  75°  Trois  qua- 
tuors pour  2  violons,  alto  et  basse  (en  ut,  en 
mi  bémol,  en  ré  mineur),  op.  1;  Vienne,  Ar- 
taria  (édition  originale)  (1).  —  76*  Six   idem 


(I)  l/autbentlcilé  de  ces  quatuors  a  été  contestée  ;  Je  croU 
pourtant  quHIs  ont  été  coreposés^par  Mozart ,  mais  qu'ils 
sont  l'ouvrage  de  sa  Jeunesse. 


(en  50/,  en  ré  mineur,  en  si  bémol ,  en  mi  bé- 
mol, en  la,  en  ut),  op.  10;  ibid.  —  77**  Trois 
idem  (en  ré,  en  si  bémol ,  en  fa) ,  op.  18,  ibid. 
—  78**  Un  idem  posthume  (en  ré)\  Offenbacb, 
André.  -—  79**  Fugue  idem  en  ut  mineur;  Vienne, 
Artaria.  —  80°  Quatuor  pour  fiùte ,  violon,  alto 
et  bas.se  (original),  œuvre  posthume;  Vienne, 
Artatia.  —  81**  Quatuor  pour  hautbois,  violon, 
alto  et  basse  (original) ,  op.  101  ;  OfTenbach, 
André.  —  82**  Grand  Irio  pour  violon,  alto  et 
violoncelle  (  en  mi  bémol  ) ,  op.  19  ;  Vienne,  Ar- 
taria. Ces  quintettes,  quatuors  et  trios,  dont  on' 
a  Hiit  une  multitude  d'i^ditions,  sont  les  seules 
compositions  originales  de  Mozart  qui  aient  été 
gravées ,  mais  on  en  a  publié  beaucoup  d^au- 
très  qui  sont  ou  tirées  de  ses  autres  œuvres ,  ou 
absolument  supposées.  On  a  placé  aussi  aux  ti- 
tres des  quintettes  et  quatuors  des  numéros  difTé- 
rents  sur  la  plupart  des  éditions;  ces  numéros 
sont  dv  fantaisie.  Des  collections  complètes  des 
quintettes ,  quatuors  et  trios  de  Mozart  ont  été 
publiées  à  Vienne,  chez  Artaria;  à  Leipsick, 
chez  Breitkopf  et  Haertel,  et  chez  Peterg; 
à  Paris,  chez  Pleyei,  Sieber,  et  Schlesinger. 
Janet  en  a  fait'  paraître  une  collection  choi- 
sie. Ces  mômes  compositions  ont  été  aussi 
publiées  en  partitions  in-S**,  à  orTenbach  chez 
André,  à  Paris  chez  Ricliault,  et  à  Manheira 
chez  Heckel.  —  83"  Deux  duos  pour  violon 
et  alto  (  en  sol  et  en  si  bémol  ) ,  op.  25.  Vienne, 
Artaria.  On  a  publié  beaucoup  de  morceaux  de 
ce  genre,  sous  le  nom  de  Mozart;  mais  ceux-là 
seuls  sont  originaux.  Jl  les  composa  pour  Michel 
Haydn,  qui  avait  un  engagement  pour  en  fournir 
douze,  et  qui,  étant  devenu  malade ,  n'avait  pas 
pu  achever  son  ouvrage.  —  VI.  Musique  ne 
PIANO  :  84**  Concertos  pour  piano  et  orchestre  : 
n**  1  (  en  w<  ) ;  n**  2  (en  îo  )  ;  n**  3  (  en  /o  )  ; 
n**  4  (en  si  bémol  );  n**  5  (en  ut)-,  n**  6  (en 
mi  bémol);  n*  7  (  en  ut  mineur);  n**  8  (en 
ré  mineur);  n**  9  (en  sol);  n*»  10  (en  la); 
n**  11  (  en  si  bémol  );  n*  12  (en  /a)  ;  n**  13  (en 
ré)\  n**  14  (en  mi  bémol);  n**  15  (en  si  bé- 
mol); n**  16  (en  ut)\  n*  17  (en  mi  bémol); 
n**  18  (en  5i  bémol);  n**  19  (en  mi  bémol), 
n**  20  (en  ré)\  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel ; 
n**  21  (  facile);  OfTenbach,  André.  —  L'éditeur  Ri- 
chault,  de  Paris ,  a  publié  la  collection  complète 
de  concertos  de  Mozart  pour  le  piano  en  parti- 
tion. —  85**  La  collection  complète  des  œuvres  de 
Mozart  pour  le  piano  se  compose,  indépendam- 
ment des  concertos ,  des  morceaux  dont  le  détail 
suit  :  Quintçite  pour  piano,  hautbois,  clarinette, 
cor  et  basson.  Quatuors  pour  piano,  violon,  alto 
et  violoncelle,  n**  1  (  en  sol  mineur)  ;  n**  2  (en  mi 
bémol };  n**  3  (en  mi  bémol).  Trios  pour  piano, 


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248  MOZART 

TioloQ  et  yioloDcelle,  n""  i  (ea  si  bémol);  n"  2  219  pages.  Ce  supplément  contient  divers  catalo- 
(en  ut)  ;  n"  3  (  en  5o2  );  n**  4  (en  7ni  bémol);  !  gués  des  œuvres  de  Mozart  et  l'apprécialion  de 
n**  5  (en  uO i  i^*"  G  (  en  mi  )  ;  n°  7  (  en  si  bé-  |  ses  compositions,  de  son  talent  et  de  son  carac- 
mol).  Duos  ou  sonates  pour  piano  et  violon,  !  tère.  Dans  ia  première  partie  on  trouve  lieaucoup 
n"*  1  (  en  ut);n''  2  (  en  /a }  ;  n**  3  (  en  ré  )  ;  de  lettres  de  Léopold  Mozart  et  de  son  (ils,  ainsi 
n"*  4  (en  fa);  n*  5  (en  lit);  n**  6  (en  «i  bé-  que  d'an  1res  pièces  auUientiques  qui  jettent  di 
mol);  n**  7  (en  ré)  ;  n**  8  (en  si  bémol);  n^  9  jour  sur  diverses  circonstances  de  la  vie  de 
(en  sol);  n*"  10  (en  mi  bémol );n°  11  (en  ^  |  Tartiste  célèbre.  Néanmoins,  pour  compléter 
bémol);  n*"  12  (en/a);  n°  13  (en  vO;  d"  t4  '  tous  les  renseignements  dont  on  a  besoin  à 
(en  to);  n®  15  (en  /Vz);  n°  16  (en  si  bémol  );  |  cet  égard,  il  faut  joindre  à  cet  ouvrage  la  no* 
11**  17  (en  mi  bémol);  n**  18  (en  ut  mineur);  tice  biograpliique  du  professeur  Miemischek 
n*'  19  (en  vii  mineur );n*'  20  (en  Zâ);  n*"  21  {Moiart*s  Leben,  Prague,  1798,  in-4"),  qui  a 
( en  /a )  ;  n°  22  ( en  u^ ),  n^  23  {en  la);  n** 24  |  été  laite  sur  de  bons  matériaux,  la  brochure ia- 
(  en  uO ;  n''  25  (  en  ré )  ;  n°  26  (  en  mi  mineur);  ,  Utulée  MozarVs  Geist  ( Esprit  de  Mozart) ,  £r- 
n*»  27  (en  mi  bémol)  ;  n»  28  (  en  sol  )  ;  n**  29  furt ,  1803,  In  8*,  et  les  Anecdotes  sur  Mozart , 
(en  fa);  n**  30  (en  i£/);  n"*  31  (en  /a);  n°32  :  traduites  de  Rochlitz,  par  Cramer,  et  publiées 
(  en  si  b.  )  ;  n°  33  (  eu  loO  ;  b*  ^  (  en  mi  b.);  |  à  Paris  en  1801,  in-8*.  A  vrai  dire,  le  livre  de  Nis- 
n^  35  (en  la).  Duos  pour  piano  à  4  mams,  n**  l  !  sen  n'est  qu'un  recueil  de  matériaux;  mais  re- 
(  en  re) ;  n"  2  ( en  ut),n'^  3  {tn  fa  m.);  n**  4  '•  cueil  précieux,  parce  que  les  sources  sont  au- 
(en  fa);  n°  à  { Tantaisie,  variation  et  fugue  en  i  Ihentiquos.  Après  ce  livre  est  venue  \a  Nouvelle 
si  bémol);  n°  6  (duo  pour  deux  pianos,  en  ré);  biographie  de  Mozart,  suivie  d'un  aperçu  sur 
n^  7  (  fugue  en  ut  mineur  idem  ).  Sonates  pour  Vhistoire  générale  de  la  musique,  et  de  fana- 
piano  seul,  n"  1  (en  u/  )  ;  n**  2  (en  so/);  n""  3  Igse  des  principales  œuvres  de  Mozart,  par 
(  en  mi  bémol  )  ;  n**  4  (  en  st  bémol  )  ;  n^"  5  (  en  |  Alexandre  Oulibicliefl.  (  voy.  ce  nom  ).  Moscou, 
ré  )  ;  n°  6  (  en  /c  );  n°  7  (  en  rc)  ;  n"  8  (  en  tt<);  1  1843,  3  volumes  gr.  in-8**.  Cet  ouvrage  est  tiré 
n**  9  (en  to  )  ;  n""  iO{ en  fa);  n""  11  (en  si  bé-  ,  en  grande  partie  de  celui  de  Nisscn  et  dess  no- 
mol);  n*>  12  (en  ré);  n"  13  (en  la  mineur);  i  tices  de  Niemtscliek  et  de  Rochlitz,  |)our  la 
n"  14  (  en  ré  )  ;  n**  15  (en  /ia)  ;  n<^  16  (  en  /a)  ;  ,  partie  biographique.  L*aperçu  sur  Thistoire  de  la 
n**  17  (en  ut  mineur).  Fantaisies  pour  piaTio  ;  musique,  qui  remplit  toute  la  première  partie  du 
seul,  n"'  1,  2,  3,  Thèmes  variés  idem,  n*"  i  à  |  second  volume,  est  tirée  des  livres  de  Burney  et 
20.  Breilkopf  et  Uœrtel ,  à  Leipsick;  Hasiinger,  de  Kiesewetter,  et  le  point  de  vue  de  Tauleur 
à  Vienne;  André,  à  Offeubach  ;  Pleyel  et  Carli,  à  est  Tidée  du  progrès  partiel  jusqu'à  Mozart, seul 
Paris ,  ont  publié  des  cullections  complètes  des  |  créateur  de  Tart  complet.  Tout  le  reste  de  Tou- 
œuvres  de  Mozart  pour  le  piano,  et  la  plupart  {  vrage  est  rempli  par  l'analyse  des  œuvres  de  ce 
des  éditeurs  des  grandes  villes  de  1  Europe  en  |  grand  homme.  La  monographie  de  M.  Otto  Jalin 
ont  donné  les  œuvres  séparées.  :  a  pour  simple  titre  :  W,  A,  Mozart.  Elle  ne 
Il  existe  environ  vingt-cinq  notices  biograplii-  !  forme  pas  moins  de  quatre  gros  volumes ,  dont 
ques  de  Mozart,  plus  ou  moins  développées ,  in-  ;  le  total  des  pages  est  de  deux  mille  quatre 
dépendamment  de  celles  qui  ont  été  publiées  dans  cen^  ^;^/lp^sî2'.  Un  esprit  coubciencieux  de  re- 
les  dictionnaires  historiques  dans  toutes  les  lan-  ,  cherches  s'y  fait  remarquer  :  l'auteur  de  ce  livre 
gués  :  la  plupart  se  copient  et  reproduisent  des  |  parait  s'être  proposé  d'être  plus  consulté  que 
erreurs.  Elles  sont  devenues  à  peu  près  inutiles  lu.  Un  ecclésiastique,  M«  J<  Goschler,  chanoine 
depuis  que  trois  grandes  monographies  de  ril-  '  honoraire ,  et  ancien  directeur  du  collège  Sta- 
lustre  compositeur  ont  été  données  par  MM.  de  |  nislas  de  Paris,  a  donné  une  traduction  française 
Nissen ,  Oulibichelf  et  Otto  Jahn.  La  pre-  I  des  lettres  de  la  famille  Mozart  contenues  dans  la 
roière  a  été  publiée  par  le  conseiller  danois  de  |  monograpliie  du  conseiller  de  Nissen ,  sous  le 
Nissen ,  qui  avait  épousé  la  veuve  de  l'illus-  ,  titre  :  Mozari,  vie  d'un  artiste  chrétien  au 
tre  compositeur,  et  qui  possédait  beaucoup  isne  siècle,  extraite  de  sa  correspondance 
de  documents  originaux.  Cet  ouvrage  a  pour  !  authentique,  traduite  et  publiée  pour  la  pre- 
litre:  Biographie  W.  A.  MozarVs,  von  Georg  mière  fois  en  français.  }?Bri%,cU.  Douniol,  1857^ 
Nikolaus  von  Nissen;  Leipsick,  1828.  1  vol.  1  vol.  in-S".  Une  traduction  anglaise  de  la  même 
in-8*^  de  702  pages  avec  des  planches  et  des  por-  correspondance  se  trouve  dans  le  volume  publié 
traits  de  Mozari  et  de  ta  famille.  Dans  la  même  par  un  bon  musicien  et  critique  nommé  Ëdouanl 
année  il  a  été  publié  un  supplément  à  cet  ou-  I  Holmes,  et  qui  est  intitulé  :  The  life  of  Mo%art 
vrage,  intitulé  :  Anhang  zu  Wolfgang  Amadeus  including  his  correspondence.  Londres ,  1845, 
MozarVs   Biographie  ;    Leipsick  ,  in-8**    de  '  in-8"  de  364  pages.  L'écrit  public  par  le  docteur 


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MOZART  —  MOZIN 


249 


Louis  Nolil,  de  Heidelberg,  soos  ce  titre  : 
W.  A.  Mozart.  Ein  Beitrag  zur  Aesthetik  de 
Tonkunst  (  W.  A.  Mozart.  Essai  sur  Testlié- 
tique  de  la  musique  ),  Ueidelbergy  1860,  ii>-8*', 
renferme  des  aperçus  philosophiques  assez  justes 
sur  la  missiou  remplie  par  ce  grand  artiste  dans 
le  défeloppement  de  Tari. 

On  connaît  environ  cinquante  portraits  de  Mo- 
zart, gravés  ou  lithographies  en  Allemagne,  en 
France  et  en  Angleterre. 

Mœe  Mozart,  née  Constance  W  cher  y  qui  avait 
épousé  en  secondes  noces  le  conseiller  de  Nis- 
sen,  est  morte  à  Salzbourg  le  6  mars  1842,  à 
Tflge  de  quatre-vingt-cipq  ans. 

MOZART  (  WoLFGAisG  -  AiféoÉE),  second 
fils  de  l'illustre  compositeur  (1),  est  né  à  Vienne 
le  26  iuillet  1791.  Quatre  mois  et  quelque»  jours 
après  sa  naissance,  il  perdit  son  père.  Dès  ses 
premières  années  il  montra  d'heureuses  dispo- 
sitions  pour  la  musique,  et  sa  mère  le  plaça  sous 
la  direction  de  Neukomm  pour  étudier  cet  art. 
André  Streicher  lui  enseigna  le  piano,  et  Al- 
brecliLsberger  lui  donna  des  leçons  de  contre- 
point. Il  reçut  aussi  des  conseils  de  Haydn,  qui 
avait  pour  loi  une  afTection  paternelle.  Il  était 
âgé  de  quatorze  ans  lorsqu'en  1805  il  parut  pour 
la  première  fois  en  public,  dans  un  concert  donné 
à  son  bénéfice,  où  il  exécuta  avec  un  talent  déjà 
remarquable  le.  grand  concerto  en  ut  de  son 
père.  Accueilli  par  les  acclamations  de  rassem- 
blée lorsqu'il  parut  conduit  par  sa  mère,  il  fut 
salué  à  plusieurs  reprises  par  les  applaudissements 
unanimes  du  public  pendant-  Pexécution  de  son 
morceau.  On  entendit  aussi  avec  plaisir  dans  le 
même  concert  une  cantate  qu'il  avait  composée 
en  l'honneur  de  Haydn.  Tout  semblait  lui  pré- 
sager un  brillant  avenir  comme  artiste  ;  mais  la 
position  peu  fortunée  de  madame  Mozart  lui  fit 
accepter  pour  son  lils,  en  1808,  une  place  de 
maître  de  musique  chez  le  comte  Baworouski , 
qui  remmena  dans  ses  terres  en  Gallicle.  Cinq 
ans  api  es,  le  jeune  Mozart  alla  se  Oier  à  Lem- 
berg ,  capitale  du  royailtne ,  et  s'y  livra  à  ren- 
seignement du  piano.  Il  vécut  ignoi-é  pendant  près 
de  huit  ans;  mais  il  fit  depuis  1820  jusqu'en  1822 
un  voyage  dans  une  grande  partie  de  TAllema- 
gne,  donnant  des  concerts  dans  les  villes  princi- 
pales qu'il  visitait.  H  y  brilla  par  l'expression  de 
son  jeu  sur  le  piano,  et  fit  applaudir  des  compo- 
sitions d'un  mérite  réel.  Après  avoir  embrassé  sa 


(1)  L*«In6  (Cbarles  Mourt)  était  n«t  Vlnine  en  ]7ii. 
Tout  ce  qu'on  cait  de  m  personne,  c'est  qu'il  était  en 
1817  roncUoiinalre  du  gouvernement  aalrlchlen,  à  Milan. 
11  cullIvaU  alors  h  musique  comme  amateur,  et  se  fabiait 
remarcfoer  par  un  talent  distingué  sur  le  pUno.  Il  est  mort 
à  Moni^  en  ]8«:. 


mère  à  Copenhague,  et  son  frère  à  Milan,  Mozart 
retourna  à  Lemberg  au  commencement  de  1823. 
En  1840  11  était  à  Vienne,  où  il  reçut  un  accueil 
flatteur  des  artistes  et  du  public.  11  est  mort  à 
Curlsbad,  le  30  juillet  1844,  à  l'Age  de  cinquante- 
trois  ans.  On  a  publié  de  sa  composition  :  l*'  Six 
trios  pour  flûte  et  deux  cors^  op.  11;  Vienne, 
Haslin^^er.  —  2*  Premier  concerto  pour  piauo  et 
orchestre,  op.  14  ;  Lcipslck,  Breitkopl  et  Ha;rtcl. 
—  3"  Deuxième  idem,  op.  25  ;  Leipsick,  Peters. 
.-  4"  Quatuor  pour  piano,  violon ,  alto  et  basse 
(eu  50/  mineur),  op.  1;  Vienne,  Haslinger.  — 
5"  Sonate  pour  piano  et  violon,  op.  15  ;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Haertel.  —  G"  Grande  sonate  pour 
piano,  violon  et  violoncelle ,  op.  19;  Leipsick, 
Peters;  Paris,  Richault.  -—  V  Sonate  pour  piano 
seul,  op.  10;  Offenbach,  André.  —  8"  Rondo 
pour  piano  seul;  Vienne,  Haslinger.  —  9**  En- 
viron dix  thèmes  variés  pour  piano,  publiés  à 
Vienne  et  k  Leipsick.  —  \(y*  Polonai.ses  mélan- 
coliques pour  piano  seul,  op.  17,  22  et  20.  Leip- 
sick et  Lemberg.  _  ir  Quatre  recueils  de  chan- 
sons allemandes  avec  ace.  de  piano  ;  Leipsick, 
Hambourg  et  Vienne. 

IIOZIN  (Théodore),  pianiste  et  coroposi- 
teur»  naquit  à  Paris  en  176G  et  entra  jeune  à 
l'École  royale  de  chant  et  de  déclamation  fondée 
depuis  peu  de  temps  par  le  baron  de  Breteuil  et 
placée  sous  la  direction  de  Gossec.  Sou  éduca- 
tion terminée,  il  sortit  de  cette  école  en  1787  ,  et 
devint  professeur  de  piano  à  Paris.  A  la  forma- 
tion du  Conservatoire,  en  1795,  il  y  fut  appelé 
en  qualité  de  professeur  de  piano;  mais  la  ré- 
forme qui  fut  opérée  en  1802  lui  fit  perdre  cet 
emploi,  et  dès  lors  il  rentra  dans  renseignement 
particulier.  Moziu  est  mort  à  Paris,  le  14  novem- 
bre 1.S50,  à  l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans. 
Il  était  pianiste  élégant  et  gracieux,  reclierché 
dans  sa  jeunesse  comme  professeur  de  son  in- 
strument. On  a  gravé  de  sa  composition  :  i*"  Pre- 
mier concerto  pour  piano  et  orclie^stre  ;  Paris , 
Lemoine  alué.  ^  T  Deuxième  fc/67n  ;  Paris, 
Naderman.  —  3*^  Trios  pour  piauo,  violon  et 
violoncelle,  op.  7;  Paris,  Omont.  —  4°  Trio  pour 
harpe,  piano  et  cor,  op.  9;  Paris,  Janet.  ^- 
ô*'  Deux  sonates  pour  piano  et  violon ,  op.  4  ; 
Paris,  Janet.  —  6**  Deux  idem,  op.  5  ;  ibid*  — 
V  idem ,  op.  U ,  12,  14 ,  15  ;  Paris,  Janet,  Na- 
derman.  —  8"*  La  Délivrance  du  Paladin,  duo 
pour  piano  et  cor,  op.  24  ;  Paris,  Dufaut  et  Du- 
bois. —  9"*  Sonates  pour  piano  seul,  op.  7, 
21,22,  23;  Paris,  Janet,  Érard ,  Richault.  — 
10''  Fantaisies  pour  piano  seul,  op.  13, 16  ;  Paris, 
JaneL  —  U"  Pots  pourris,  n»*  1  à  9;  Paris, 
Kaderman. —  12®  Airs  variés,  ibid,;  Janet.— 
is""  Recueils  de  valses  et  de  danses»  ibid. 


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250 


MDZlxN  —  iMUFFAT 


Un  frère  de  cet  artiste  ,  nommé  Benoil-Fran- 
cois,  fut  comme  lui  élevé  à  TÉcole  royale  de  mu- 
sique du  baron  de  Breteuil.  Sorti  de  cette  in- 
stitution ,  il  se  livra  à  renseignement  et  publia 
quelques  petites  compositions  pour  le  piano.  Il 
gagnait  beaucoup  d'argent  par  ses  leçons  ;  mais 
il  avait  la  passion  du  jeu  et  dissipait  en  on 
instant  à  la  roulette  ce  qu^il  avait  amassé  par 
son  travail,  puis  il  recommençait  de  nouvelles 
économies  pour  les  soumettre  aux  mêmes 
chances  de  hasard.  Retiré  à  Sèvres,  \}vc&  de 
Paris,  vers  1830,  il  y  est  mort  au  mois  de 
décembre  1857,  à  fâge  de  quatre-vingt-onze 
ans. 

MOZIN  (Désiré-Théodork),  fils  de  Théodore, 
né  à  Paris,  le  25  janvier  1818,  commençai  ses 
études  musicales  sous  la  direction  de  soti  père. 
Admis  au  Conservatoire  le  23  décembre  1833 ,  il 
y  devint  élève  de  Zimmerman  pour  le  piano. 
Au  concours  de  1836,  il  obtint  le  second  prix  de 
cet  instrument ,  et  le  premier  prix  lui  fut  dé- 
cerné en  1837.  Après  avoir  reçu  de  Dourlen  des 
leçons  dMiarmonic ,  il  devint  élève  d'Hali^y  et 
de  Berton  pour  la  composition  ;  le  premier  prix  de 
contrepoint  et  de  fugue  lui  fut  décerné  en  1S39, 
et  deux  ans  après  il  obtint  le  premier  second 
prix  du  concours  de  composition  de  l'Institut. 
Depuis  lors  il  ne  s'est  plus  représenté  à  ce  con- 
cours et  s^est  livré  à  renseignement.  On  a  gravé 
de  cet  artiste  :  T  Études  spéciales  pour  le 
piano,  op.  10;  Paris,  H.  Lemoine.  — 2*^  Études 
de  salon f  idem,  op.  17,  ibid.  —  3*  Variations 
brillantes  sur  un  thème  original ,  op.  2,  ibid.  — 
4°  Valses  élégantes  et  brillantes,  op.  15;  ibid. 
—  5°  Premier  nocturne  pour  piano  seul ,  op.  16  ; 
ibid.  —  Six  Fantaides  sur  la  Sirène,  op.  11; 
Paris,  Brandus,  et  beaucoup  d^autrcs  composi- 
tions légères  pour  le  même  instrument. 

mUCHLER  (  Jean-Georgks),  né  à  Drecho, 
dan»  la  Poméranie  sw'doise,  le  23 septembre  1724, 
fut  d^abord  professeur  à  Stargard,  et  vécut  en- 
suite à  Berlin  depuis  1773  jusqu'à  sa  mort ,  ar- 
rivée le  9  août  1819.  Il  a  donné  une  traduction 
allemande  des  Traités  de  Harris  sur  l'art  en  gé- 
néral ,  la  peinture ,  la  musique  et  la  poésie ,  etc. 
{voy.  Harris),  sous  ce  titre  :  Harris's  drey 
Abhandlungen  iiber  die  Kunst ,  Musik,  Ma- 
lerei  und  Poésie ,  etc.;  Danteick^  1750,  in-8'*. 
Il  y  a  une  autre  traduction  allemande  de  cet 
ouvrage,  par  J.-C.-F.  Schuitz  (  voy.  ce  nom). 

MUCK  (Aloïs),  chanteur  du  théâtre  de  la 
cour,  à  Munich,  naquit  en  1761  à  Neumark,  où 
son  père  était  directeur  du  collège.  Après  avoir 
fait  ses  premières  études  de  chant  comme  en- 
fant de  chœur  à  Téglise  Saint-Emeran  de  Katis- 
bonne ,  et  terminé  ses  études  littéraires  et  son 


cours  de  philosophie  au  collège  Saint-Paul,  de 
cette  ville,  il  se  voua  à  la  carrière  du  théâtre  à 
Tâge  de  vingt  ans.  Appelé  à  l'Opéra  de  Munich 
en  1789,  il  y  débuta  avec  succès,  et  obtint 
en  1791  sa  nomination  de  chanteur  de  la  cour. 
Il  possédait  une  l)elle  voix  de  basse  et  brillait 
comme  acteur  dans  l'opéra  et  la  comédie.  Il  s^est 
retiré  de  la  scène  en  1S13. 

MfJGK  (  Frédéric-Jean-Albert)  ,  né  à  Nu- 
remberg en  1768,  occupa  plusieurs  emplois  ec- 
ch^siastiques ,  et  fut  en  dernier  lieu  doyen  et  io- 
specteur  de.s  écoles  du  district  à  Rothenbourg.  Il 
a  fait  imprimer  :  1"  Musikalische  Wandf.bel 
zum  Gesang  in  Vntcrriciit  Volksschulen  (Abé- 
cédaire musical  en  tableaux  pour  rinstruction  du 
chant  dans  les  écoles  populaires),  en  collaboration 
avec  Stephani;  Erlang,  J.-J.  Palm,  1815,  in-8"* 
de  98  pages*,  avec  un  supplément  de  40  pag<», 
et  14  tableaux  in-fol.  —  2*  Liedcr  fur  die  Ju- 
gend  mit  leichten  Melodien  fiir  2  Sopran- 
sfimmen  (Chants  pour  la  jeunesse,  avec  des 
mélodies  faciles  h  2  voix  de  soprano  ) ,  ibid. 
1816-19,  2  livraisons  in-fol.  —  3'  Diographiy 
ches-Sotizen  iiber  der  Componisten  der  Clto- 
rai  melodien  im  baierisch  neuen  Choralbuchc 
(Notices  biographiques  sur  les  compositeurs  du 
nouveau  livre  choral  de  la  Bavière);  Eilangen, 
Palm,  1824,  grand  in-8^ 

MUFFAT  (Georges),  compositeur  allemand, 
étudia  dans  sa  jeunesse  la  musique  à  Paris,  au 
temps  de  Lulli.  Il  se  rendit  ensuite  h  Strasbourg , 
où  il  obtint  la  place  d'organiste  de  la  cathédrale; 
mais  bientôt  chassé  par  la  guerre,  il  alla  à  Vienne, 
puis  à  Rome,  où  il  resta  jusqu'en  1G90.  De  re- 
tour en  Allemagne,  il  y  fut  nommé  organiste 
et  valet  de  chambre  de  rarchevèquc  de  Saiz- 
bourg.  En  1695,  l'évêque  de  Passau  le  nomma 
son  maître  de  chapelle  et  gouverneur  des  pages. 
On  a  sous  le  nom  de  ce  musicien  :  r  Suaviorts 
harmonix  instrument,  hyporchemaiicdc  flori- 
legium,  recueil  consistant  en  50  morceaux  ponr 
quatre  ou  cinq  violes,  avec  basse  continue; 
Augsbourg,  1695,  in-fol.  —  2"  Florilegivm  se- 
cundum  ,  etc.,  contenant  62  morceaux;  Passau, 
1698,  in-fol.  La  préface  de  cet  ouvrage,  où 
MufTal  rapporte  les  principales  circonstances  de 
sa  vie,  est  écrite  dans  les  quatre  langues,  latine, 
italienne,  française  et  allemande.  ^3°  Apparatus 
musico'organisticus ,  consistant  en  12  toccates 
pour  l'orgue;  Augsbourg,  1690.  Muffat  a  laissé 
en  manuscrit  un  recueil  d^observations  relatives 
à  la  musique;  ce  recueil  existait  dans  Pancien 
fonds  de  Breitkopf.  h  Lcipsick. 

MUFFAT  (Théopuile),  Hls  du  précédent, 
vécut  à  Vienne  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  et  y  fut  organiste  de  la  cour  et 


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MUFFAT  —  MUHLIAG 


251 


mallre  de  clavecin  des  princes  et  princesses  de 
la  ramille  impériale.  Fux  lui  avait  ensci(;né  le 
contrepoint.  On  a  publié  de  sa  composition  nn 
recueil  de  pièces  intitulé  :  Componimenii  musi- 
cali  per  il  cembalo  ;  Vienne,  1727,  in-fol.;  ad- 
mirable recueil  de  pièces  de  clavecin  d'un  grand 
style  et  d^ine  remarquable  originalité.  Il  est 
gravé  sur  cuivre  et  imprimé  avec  luxe.  La  ra- 
reté de  ce  volume  est  excessive,  parce  qu'il  parait 
qu'on  n'en  a  tiré  qu'un  petit  nombre  d'exem- 
plaires. Miiifat  a  laissé  en  manuscrit  beaucoup 
de  pièces  pour  l'orgue  et  le  clavecin  qui  sont 
indiquées  de  cette  manière  dans  le  catalogue  de 
Traeg:  T  6  Parihienpour clavecin.  —  2^^  S  Par- 
thienf  toccales  et  f ligues ,  idem.  —  3^  70  Ver- 
sets Sammt  12  Toccaten  besonders  zum  Kir- 
chen-dienst  hey  Choral-demiem  und  Ves- 
peren  dienstich  (  72  versets  et  12  toccates,  par- 
ticulièrement pour  l'usage  de  Féglise ,  etc.  ) , 
in-4^  oblong,  gravé  à  Vienne,  mais  sans  nom 
de  lieu  et  sans  date.  On  connaît  de  Muffot 
des  préludes  {pro  cembalo),  et  des  fugues  pour 
Torgue,  dont  Fiscbboff  {voy.  ce  nom)  possédait 
une  copie. 

AlÛllLE  (Nicolas),  né  en  1750,  dans  la  Si- 
lêsie ,  fut  d'abord  employé  comme  musicien ,  et 
quelquefois  comme  cbef  d'orchestre  aux  théâtres 
de  Dantzick  et  de  Kœnigsberg,  puis  alla  s'é- 
tablir â  Munich,  où  il  était,  en  1783,  répétiteur 
du  théâtre  de  Schuch.  Il  a  fait  représenter,  sur 
placeurs  théâtres  d'Allemagne,  les  opéras  dont 
les  litres  suivent  :  1"  Fermer  et  Meline.  —  2*  Le 
Feu  follet.  —  3**  Lindor  et  Ismène.  —  4°  Le 
Voleur  de  pommes.  —  5"  Die  Wilddiebe  (Le 
A  oleur  de  gibier).  —  0**  Dos  Opfer  der  Treue 
(Le  Sacrifice  de  la  fidélité,  prologue).  —  7*^  Mit 
dcn  Glockenschlag  zwœlf  (A  midi  précis).  — 
K'  L'École  de  chant,  1792.  —  9**  L'Ermite  de 
Formenterie,  1793.  • 

MLllLE  (C.-G),  organiste  à  Dresde,  né 
eu  1802  à  Liebenau,  près  de  Piina,  obtint  sa 
place  et  succéda  à  Schwabe,  en  1822;  il  s  est  fait 
connaître  comme  compositeur  de  musique  de 
chant  par  les  ouvrages  suivants  :  1**  Die  Tonkun^t 
(La  Musique),  pour  3  voix  seules  avec  chœur  et 
accompagnement  de  piano;  Dresde  ,  G.  Thieme; 
— -  2**  Chants  et  Lieder  h  voix  seule  avec  accom- 
pagnement de  piano  ;  ibid.  ;  —  3**  Àgnus  Dei  à  4 
voix  avec  accompagnement  d'orgue  ou  de  piano  ; 
ibid — 4**  3  Lieder  à  voix  seule  et  piano;  deuxième 
recueil  ;  ibid.  —  5*^3  idem^  troisième  recueil  ;  ibid. 
MUULEiXFELDT  (Charles),  directeur  de 
musique  à  Rotterdam,  né  à  Brunswick  en  1797, 
perdit  à  l'âge  de  onze  ans  son  père,  qui  était  con- 
trebasÀÎste  à  la  chapelle  du  prince.  Déjà  à  cet 
âge,  il  avait  acquis  de  l'habileté  sur  le  violon  et 


]  sur  le  piano.  Son  maître  VH)ur  ce  dernier  ins- 
trument fut  Vœlker;  Kelbe  lui  enseigna  la  com- 
position. A  fHi'ine  âgé  de  douze  ans,  il  entreprit 
I  de  petits  voyages  à  Wolfenbuttel,  Hildesheim  et 
I  Quedlinbourg ,  pour  y  donner  des  concerts  ;  plus 
i  tard,  lorsque  son  talent  se  fut  développé,  il  étendit 
\  ses  courses ,  et  se  fit  entendre  avec  un  succès 
égal  sur  le  violon  et  sur  le  piano.  L'époque  de 
:  ses   voyages  les    plus   longs   est  depuis  1820 
I  jusqu'en  189.4.  Dans  cette  dernière  année  il  s'est 
I  û\é  à  Rotterdam  en  qualité  de  directeur  de  mu- 
I  sique.  Ou  a  gravé  de  sa  composition  :  1**  Con- 
>  certo  pour  le  piano  {en  fa) ,  op  1  ;  Bonn,  Sim- 
I  rock.  —  2^  Grand  trio  pour  piano,  violun  et  viot 
loncelle,  op.  38;  ibid.  —  3^  Trio  brillant  idem, 
j  op.  39  ;  ibid.  —  4"^  Grande  sonate  pour  piano 
j  et  violon  (en   ut  mineur),  ibid.  —  5**   Polo- 
I   naise  idem  ;  Vienne ,    Hasllnger,  —  C*  Varia- 
tions sur  le  menuet  de  Don  Juan;  Brunswick^ 
Spehr.  —  T*  Grand  quintette  pour  2  violons, 
2  altos  et  violoncelle ,  op.  30  ;  Bonn ,  Simrock. 
— -  8**  Trois  sonates  pour  piano  et  violon,  op.  45; 
ibid.  — 9^  Grand  rondo  avec  introduction  pour 
piano  à  4  mains,  op.  49;  ibid.  Une  ouverture  à 
grand  orchestre  de  cet  artiste  a  été  exécutée  à 
Rotterdam  en  1837. 

]I1ÛIILI^'G  (Alguste),  né  en  1782  à  Ra- 
guhne,  petite  ville  du  duché  d'Anhalt-Dcssau , 
a  appris  la  musique  à  l'école  Saint-Thomas  de 
Leipsick,  sous  la  direction  de  Hiller  et  de  A.-E 
Millier.  Ayant  terminé  ses  études,  il  a  été  appelé 
à  Nordhatisen  en  1809,  comme  organiste,  direc- 
teur de  musique  du  gymnase,  et  instituteur  de 
chant  à  l'école  de  jeunes  filles.  Plus  tard ,  il  a 
été  apitelé  à  Magdebourg,  où  il  a  rempli  les  fonc- 
tions de  directeur  de  musique  et  d'orgauiste  du 
DOme.  Il  y  est  mort  le  2  février  1847.  On  a  gravé 
de  sa  composition  des  pièces  d'harmonie  pour 
instruments  à  vent,  op.  25  et  29;  Leipsick, 
Breilkopf  et  Haertel ,  Probst  :  des  quatuors  pour 
violon,  op.  20  ;  Leipsick ,  Breitkopf  et  Hœrtel  ; 
des  duos  pour  2  violons ,  Leipsick,  Hofmeister  ; 
un  quatuor  pour  flûte ,  2  altos  et  violoncelle, 
op.  28  ,  ibid.  ;  des  duos  pour  deux  flûtes,  op.  26, 
ibid.;  un  concerto  pour  basson^  op.  24,  ibid.; 
beaucoup  de  pièces  de  différents  genres  pour 
piano  ;  une  grande  quantité  de  chants  à  plusieurs 
voix  et  à  voix  seule  avec  accorapagnemeut  de 
piano.  Cet  artiste  s'est  fait  connaître  avantageuse- 
ment par  des  compositions  sérieuses,  au  nombre 
desrpielles  on  remarque  ses  oratorîos  intitulés  : 
1"  Abbadonna,  exécuté  à  Magdebourg  en  1838. 
—  2^  Saint  Boni  face,  exécuté  avec  succès  dans  la 
même  ville,  en  1839  et  1840.  —3^  David,  qui  ne 
fut  pas  moins  bien  accueilli  en  184  [i.  ^  4"  Une 
symphonie,  qui  fut  entendue  avec  plaisir  en  1831. 


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252 


MUHLING  -   MULLER 


MUIILING  ( Henbi- Jules ),  nisflu  précé- 
dent, né  à  Nordliausep  le  3  juillet  1810,  est  di- 
recteur de  musique  et  organiste  de  Vé^W^  Saint- 
Ulrich  à  Magdobourg.  Une  ouverture  de  sa  com- 
position a  été  exécutée  au  concert  du  Gewandbaus, 
à  Leipsick,  en  1838.  Parmi  ses  ouvrages  pu- 
bliés, on  remarque  :  1*  Préludes  et  fantaisies 
|X>ur  Torgne,  œuvre  3;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Ilœrtel.  —  2**  Compositions  diverses  pour  l'or- 
gue, op.  5;  ibid. 

MULLEE  (André),  musicien  de  ville  à 
Franc rort-sur-le-Mein,  naquit  vers  1570,  à  Ham- 
mcibourg,  dans  les  environs  de  Fulie.  Il  a  fait 
imprimer  les  ouvrages  suivants  :  1**  TexUsche 
Baleiien  ttnd  Canzonelten  zu  singen  und 
auff  fjish-umenten  zu  brauchen,  mit  4  Stim- 
men  (Ballets  et  Chansonnettes  allemandes  à  4  voix, 
pour  éti  e  chantés  ou  joués  sur  les  instruments)  ; 
Francfort,  IDOO.  —  2**  Teutsche  weltliche  Can- 
zonetten  mit  A  bis  S  Sdmmen  (chansons  al- 
lemandes choisies)  ;  ibid.,  1603,  in-4'.  -—  3°  Novi 
Thesauri,  hoc  est  sacrarum  caniionum  5-9 
pluribusquc  vocibus  in  ecdesid  concincnda- 
rum;  ibid.,  1605,  in- 4** —  4' A'euit'c  Canzo- 
netten  mit  3  Stimmen,  hiebevor  von  den  Kalis 
componirt ,  und  mit  teutsche  Sprache  unter- 
legty  ibrd.,  1608,  !n-4°. 

MULLEK  (Je4n),  compositeur  de  Télec- 
tenr  de  Saxe  Jean-Georges  H ,  né  à  Dresde  au 
commencement  du  dix-septième  siècle ,  llorissait 
vers  1650.  11  est  mort  sous  le  règne  de  Télecteur 
Jean-Georges  III.  On  connaît  de  sa  compo- 
sition un  recueil  de  chants  à  plusieurs  voix  in- 
titulé :  Jubileum  Sionis;Jém,  1649,  in-4<>. 

MÛLLEK  (Georges),  facteur  d'orgues,  né  à 
Augsbourg,  parait  avoir  vécu  en  Italie  vers  la  fin 
du  diX'Septièmc  siècle.  Il  a  construit  un  orgue 
à  Solesino ,  dans  TÉtat  de  Venise»  en  1695. 

MULLEU  (Jean),  médecin  à  Copenhague, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  a 
fait  imprimer  un  livre  intitulé  :  De  Tarentule, 
et  vimusicâs  in  e jus  curai ione^  Hafniae,  1679, 
ln-4''. 

mtJLLER  (Henri),  docteur  et  professeur 
de  tliéologie,  pasteur  et  surintendant  à  Roslock, 
naqnit  à  Lubeck  le  18  octobre  1631,  et  mourut 
à  Rostock  le  17  septembre  1675.  Il  a  publk^  un 
livre  intitulé  :  Geisiliche  Seelen-Musick^  fn  50 
Betrachtungen ,  und  400  auserlesenen  Geist 
undKrafi-reicheiiy  alien  und  neuen  Gesongen, 
so  mit  schamen  Melodeyeny  und  unier  den- 
selben  50  gantz  neuen,  gezieret  sind  (Mosi- 
sique  religieuse  de  l'Ame,  etc.)  ;  Francfort,  1668, 
in-12  ;  ibid.,  1684,  in-24.  Suivant  Georges  Serpi- 
iius  (Fortsetznngdcr  Licdergcdanken,  p.  32),  il 
y  aurait  une  première  édition  de  ce  livre,  donnée 


à  Francfort  en  1659.  Jean-Christoplic  Oleariiis 
donne  des  éloges  au  travail  de  Mùller  {Eniwurf 
einer  Lieder  Biblioth.,  p.  59),  et  Arnkiel 
le  loue  (  dans  la  préface  de  ses  corrections  il(â 
anciens  livres  de  cliant  du  Holstein,  pages  6  et  7) 
pour  les  critiques,  qui  s^y  trouvent,  des*alté- 
rations  modernes  introduites  dans  les  chants 
anciens. 

MULLER  (Jean-Michel),  directeur  de  mu- 
sique et  organiste  à  Hnnau,  naquit  à  Schmalkaide 
en  1683.  Il  vivait  encore  à  Hanau  en  1737.  Il 
a  publié  de  sa  composition  :  1"  12  Sonatenmit 
einer  concert irenden  Hautbois,  2  anden\ 
Hautbois  oder  Violinen,  einer  Taille,  Fagot 
und  G.  B.  ii2  sonates  pour  un  hautbois  concer- 
tant, 2  autres  hautbois  ou  violons,  ténor  (de  haut- 
bois), basson  et  basse  continue,  op.  1  ) ,  Amster- 
dam, 1729,  in  fol.—  7.T  salin  und  Chorulhuck 
aus  Klavier  mit  cinem  richtigen  Bass,  etc.; 
Francfort,  1729,  in-4*'.  Une  deuxième  édition  de 
ce  reciieil  a  éU  publiée  sous  ce  titre  :  Pieu  auf 
gesetztes  voUstœndiges  Psalm  und  Choralbutk 
(Livre  de  Psaumes  et  de  Chorals  nouvelle- 
ment composé  ,  dans  lequel  non -seulement  on 
trouve  les  150  psaumes  de  David,  mais  aussi 
les  chants  des  deux  Églises  évangéliques,  etc.); 
Francfort-su r-le-Mein,  1735,  in-4^  —  3**  Variirte 
Chorxle  und  Psalmen  mit  einigen  kurzeti 
Prxludien  (Chorals  et  Psaumes  variés  avee  quel- 
ques préludes),  f*  partie,  1735,  în-4'*;  2*  par- 
tie, renfermant  des  préludes,  des  fugues  et  un 
concerto,  1737,  in-4''' 

MULLER  (Jean),  né  à  Nuremberg  le  26 
septembre  1692,  alla  faire  ses  études  à  Altdorf 
en  1709,  puis  alla,  en  1714,  les  achever  à 
Helmstadt,  où  il  soutint  une  thèse  qui  a  été  im- 
primée sous  ce  titre  :  De  Elisieo  ad  musices 
sonu7n  prophetOf  II  Reg.,  III,  v,  15;  Helm- 
stadt, 1715,  in-4°.  Millier  fut  ensuite  diacre  à  Té- 
glise  de  Saint-Sébald ,  à  Nuremberg,  et  mourut 
dans  cette  ville,  le  4  août  1744. 

MULLER  (  Jean  ),  né  à  Dobrawicz,  en  Bo- 
hème, au  commencement  du  dix-huitième  siècle, 
y  était  maître d*école' vers  1750.  Il  avait  du  ta- 
lent comme  violoniste ,  et  a  écrit  beaucoup  de 
messes  qui  sont  restées  en  manuscrit  dans  les 
églises  de  la  Bohême. 

MULLER  (Godefroio-Ëphraïm),  né  en  1712, 
à  Wolkenstein ,  en  Saxe,  fut  pasteur  à  Eiben- 
stock,  et  mourut  dans  ce  lieu  le  12  mai  1752. 
On  a  de  lui  un  petit  écrit  intitulé  :  nistorisch" 
philosophisches  Sendschreibenan  einer  hohen 
Gœnner,  von  Orgetn,  ihrem  Ursprunge  und 
Gebrauche  in  der  alten  und  neuen  Kirche 
Gottes,  bei  Gelegenheit  der  Eimceihung  einer 
neuen  Orgel  (Lettre  historico-philosophique  à 


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MULLER 


253 


une  personne  de  haut  rang,  sur  les  orgues,  leur 
origine^  et  leur  usage  dans  les  églii^es  ancienne.s 
et  nouvelles,  etc.);  Dresde,  1748,  in-4'' de  40 
pages.  Mttller  traite  dans  cet  opuscule  avec  éru- 
dition :  1'^  du  nom  de  Torgue  ;  2*  de  ses  di- 
verse espèces  ;  3°  il  examine  si  les  Hébreux  ont 
eu  des  orgues;  4*  quand  elles  ont  été  introduites 
dans  TÉglise  ;  5°  si  on  les  y  doit  tolérer,  et  quelle 
esi  leur  utilité. 

MULLER  (Jean-Nicolas) ,  greffier  à  Wurn- 
bacli,  près  de  Nuremberg,  occupait  celte 
place  en  1736,  et  en  remplissait  encore  les  Tonc- 
(ions  en  1758.  Il  a  publié  de  sa  com|M>âilion  : 
i*"  Divertissement  musical  consistant  en  dix 
suites  pour  le  clavecin;  Nuremberg,  1736, 
jri-  gj  2»«  parties.  —  2**  Harmonisch  Kirchen- 
tiisf,  etc.  (  Délice  harmonique  religieux  ),  consis- 
tant en  12  airs-,  12  préludes  et  12  fugues  faciles 
pour  Torgue  et  le  clavecin  ;  Nuremberg,  1758. 
MÎJLLER  (Chrétien  ) ,  facteur  d'orgues  à 
Auisterdatn ,  vraiiemblablement  Allemand  de 
naissance,  a  construit,  depuis  1720  jusqu'en  1770, 
cVst-à-dire  pendant  près  de  cinquante  ans,  les 
plus  beaux  instruments  de  la  Hollande ,  et  sur- 
tout le  grand  orgue  si  célèbre  de  Harlem.  En 
1770  il  entreprit  la  construction  d'un  orgue  dans 
lVgli$;e  Saint-Étienne  de  Nimègue,  qui  aurait  été 
le  plus  considérable  de  ses  ouvrages,  sMl  avait 
pu  raclicver  suivant  ses  plans;  mais  il  parait 
quMl  mourut  dans  la  même  année  ou  dans  la  sui- 
vante ,  car  ce  fut  Koning  qui  acheva  l'instrument 
»ur  des  dimensions  moins  étendues.  Les  ouvrages 
principaux  de  Mttller  sont  :  1  "^  Le  grand  orgue 
île  Harlem,  achevé  en  1738;  cet  instrument  a 
3  claviers  à  la  main,  dont  un  pour  le  grand 
or$(ue,  un  clavier  de  récit,  un  pour  le  positif,  et 
un  clavier  de  pédale.  Parmi  les  60  registres  ré- 
partis sur  ces  claviers ,  un  trouve  4  jeux  de  16 
pieds  ouverts,  un  bourdon  de  16  sonnant  le  32 
fiieds,  une  montre  de  32  pieds  ouverts,  12  jeux  de 
8  pieds  ouverts,  un  double  trombone  de  32  pieds, 
une  bombarde,  un  trombone  de  16  pieds  et  un 
contre- basson  de  16.  Douze  soufflets  fournissent 
le  vent  à  cette  immenâe  machine,  dont  le  méca- 
nisme, construit  d'après  Tanclen  système,  est  la 
partie  la  plus  défectueuse  ;  mais  la  qualité  des  jeux 
est  excellente.  On  trouve  la  disposition  de  cet  orgue 
dans  le  deuxième  volume  des  Voyages  deBurney  en 
Allemagne  et  dans  les  Pays-Bas,  et  dans  le  livre  de 
HcM  intitulé  :  Dispositien  der  merkwaardigsten 
Kerk-Orgelen.  —  Une  autre  description  de  ce 
^racd  orgue,  par  Jean  Radeker,  organiste  et  ca- 
rillonneur  h  Harlem,  a  été  publiée  séparément 
tvoy,  Radeker).  —  2**  Un  16  pieds  à  Tégiise 
des  Jacobins  de  Leuwarden,  avec  3  claviers  à  la 
mam,  pédales  et  38  jeux.  —  3''  Un  8  pieds  à  l'é- 


I  giise  lutliérienne  de  Rotterdam ,  en  1749.  — 
;  4*  Un  16  pieds  à  Téglise  réformée  de  Beverwyk, 
j  en  1757.  —  Un  8  pieds  dans  Tégiise  luthérienne 
d'Arnlieim. 

MULLER  (Théophile-Frédéric)  ,  musicien 
de  la  chambre  et  organiste  de  la  cour  du  prince 
d'Anhalt- Dessau ,  a  publié  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf,  en  1762,^  six  sonates  pour  le  clavecin. 
MULLER  (Chrétien-Henri),  organiste  de  la 
cathédrale  de  Halberstadt,  naquit  dans  celte  ville 
le  10  octobre  1734,  et  fut  un  des  hommes  les  plus 
remarquables  de  l'Allemagne  dans  Tart  de  jouer 
deTorgue,  vers  1770.  Il  a  beaucoup  écrit  pourTÉ- 
glise;  on  cite  au  nombre  de  ses  ouvrages  une 
année  entière  d'offices  religieux.  Ses  chœurs 
étaient  particulièrement  estimés;  mais  dans  les 
airs,  on  lui  reprochait  une  imitation  servile»  et 
même  des  plagiats  du  style  de  Graun.  Le  seul 
ouvrage  de  sa  composition  qu'il  ait  fait  imprimer 
consiste  en  quatre  sonates  à  quatre  mains  pour 
le  clavecin.  11  avait  cs|)éré  que  la  publication  de 
cet  œuvre  lui  procurerait  quelque  aisance  dans  sa 
position  peu  fortunée  ;  mais  la  plupart  des  exem- 
plaires qu'il  avait  expédiés  lui  furent  renvoyés 
en  mauvais  état,  dans  un  moment  où  sa  sanlé 
était  chancelante;  le  chagrin  qu'il  en  eut  empira 
sa  situation,  et  il  mourut  le  29  août  1782. 

MULLER  (Jcan-Chrétien),  né  à  Langen- 
Schiand  ,  près  de  Baulzen ,  fit  ses  éludes  dans 
les  collèges  do  Baiitzen,  de  Zittau  et  de  Lauban  : 
il  fut  choisi  pour  remplir  les  fonctions  de  direc- 
teur du  chœur  dans  cette  dernière  ville.  En  1778, 
il  se  rendit  à  Leipsick,  et  y  entra  chez  Breitkopf 
en  qualité  de  correcteur  des  épreuves  de  musique. 
Hiller  l'employa  aussi  comme  violoniste  à  l'or- 
chestre dj]  concert,  et  le  fit  entrer  à  celui  du 
théâtre.  Mûller  est  mort  à  Leipsick  en  179G.  Il 
a  public  :  1^  La  Joie,  ode  de  Schiller,  mise  en 
musique,  avec  accompagnement  de  piano  ;  Leip- 
sick ,  Breitkopf,  1786.  —  2°  Chansons  de  chas- 
seurs, ibid,,  1790,  in-4'* —  3**  Anleitung  zum 
Selbstunterricht  auf  der  Harmonica  (In- 
struction pour  apprendre  seul  à  jouer  de  l'har- 
monica), Leipsick,  Crusius,  1788,  in'4*^  de  43 
pages.  On  y  trouve  le  [lortrait  de  Franklin,  et 
20  morceaux  pour  l'harmonica. 

MULLER  (Ernest-Louis),  dit  MILLER,  mu- 
sicien allemand  et  flûtiste ,  vécut  à  Berlin  vers 
1760,  et  y  publia  un  trio  pour  trois  flûtes  qui 
eut  beaucoup  de  succès,  ainsi  que  plusieurs  œu- 
vres de  duos  pour  le  même  instrument.  Arrivé 
en  France  vers  1768,  il  s'arrêta  d'abord  à  Dijon, 
y  donna  des  leçons  de  flûte,  et  y  eut  pour  élève 
le  chevalier  de  Salles,  qui ,  ayant  été  envoyé  en 
garnison  à  Auxonne,  l'emmena  dans  cette  ville. 
Aliiller  s'y  maria  et  eut  une  fille,  née  en  1770, 


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254 


MULLER 


qui ,  derenoe  danseuse  de  premier  ordre ,  (ut 
connue  sous  le  nom  de  Af' '<  Miller^  et  devint 
plus  tard  M>n«  Gardel.  Mûller,  on  Miller,  comme 
on  l'appelait  à  Paris,  allas^établir  dans  cette  ville 
en  1776.  Il  y  eut  une  existence  pénible  pendant 
plusieurs  années, quoiquHI  eût  du  talent,  parce 
que  son  penchant  pour  le  vin  jetait  du  désordre 
dans  ses  affaires.  Sa  liaison  intime  avec  son 
compatriote  Vogel  {voyez  ce  nom)  augmentait 
encore  ce  défant.  En  1782,  sa  fille  entra  comme 
élève  à  Técole  de  la  danse  du  théâtre  de  Beau- 
jolais, quoique  à|$ée  à  peine  de  douze  ans,  et  s'y 
fit  bientôt  remarquer  par  sa  gr&ce  et  la  légèreté 
fie  ses  pas.  Eile  passa  ensuite  à  Técole  de  la 
danse  de  TOpéra,  et  débuta  avec  un  brillant  suc- 
cès, en  i7S6.  Alors,  la  position  de  Millier  sV 
méliora.  Gardel ,  bon  musicien  et  violoniste  dis- 
tingué, ayant  reconnu.sou  talent,  lui  confia  Tar» 
rangement  et  la  composition  de  son  ballet  de 
'  Tëlémaque ,  représenté  à  TOpéra  en  1790.  Le 
mérite  de  cette  composition  musicale  fit  t)eau- 
coup  dMionneur  à  MiiHer  et  le  releva  dans  IV 
pinion  des  artistes.  La  musique  du  ballet  de 
Psyché,  joué  en  1792,  acheva  de  classer  Millier 
d'une  manière  honorable  parmi  les  compositeurs. 
Il  publia  postérieurement  quelques  œuvres  de 
duos  pour  flûte  et  violon  et  pour  deux  flûtes; 
mais  ne  voulant  pas  déroger,  après  ses  succès 
de  l'Opéra ,  il  les  fit  graver  sous  le  pseudonyme 
de  Krasinskù  Mûller  est  mort  à  Paris  en  1798. 
(Notes  manuscrites  de  Boisjelou.) 

MULLEU  (GciLLAtME-CnRÉTiEN),  né  le  7 
mars  1752,  à  Wasungeu,  près  de  Meinungen, 
éprouva  de  grands  obstacles  de  la  part  de  ses  pa- 
rents pour  se  livrer  à  l'étude  de  la  musique; 
néanmoins  son  goût  passionné  pour  cet  art  lui  fit 
surmonter  toutes  les  difficultés  qu'on  lui  opposait 
Dès  sa  quinzième  année,  il  composait  déjà  de  pe- 
tits morceaux  pour  Téglise  de  son  village.  Son 
oncle,  qui  l'avait  retiré  chez  lui,  pendant  qu'il 
achevait  ses  études  à  l'université  de  Gœtlingue , 
lui  avait  aussi  interdit  Tétude  de  toute  espèce 
d'instruments;  ce  qui  n'empêchait  pas  qu'il  fût 
en  état  d'accompagner  au  clavecin  la  basse  chif- 
frée dans  les  concerts  delà  ville.  11  alla  passer  en- 
suite deux  ans  à  Kiel  pour  y  suivre  un  cours  de 
théologie;  le  chancelier  de  l'université  de  cette 
ville  (Cramer)  l'engagea  à  prendre  la  direction 
des  concerb,  pendant  les  années  1775  et  177G. 
Plus  tard,  il  fut  appelé  à  Brème  en  qualité  de 
directeur  de  musique  de  la  cathéilrale,  et  de  pro- 
fesseur à  l'école  qui  y  était  attachée.  Il  y  fonda 
vers  1782  une  maison  d'éducation,  dans  laquelle 
il  ni  fleurir  le  chant  en  chœur.  Après  qua- 
rante-neuf ans  d'activité  dans  cette  ville,  il 
mourut  le  G  juillet  1831 ,  à  Page  de  soixante- 


dix-oeuf  ans.  Il  avait  imaginé  mi  instrument 
composé  comme  l'harmonica  à  clavier,  auquel 
il  ajouta  un  hautbois  et  un  jeu  de  flûte,  et  il  donna 
à  cette  réunion  de  sonorités  différentes  le  nom 
à'Harmonicon.  Il  a  donné  la  description  de  cet 
instrument  dans  te  journal  allemand  intitolé  : 
Genivsder  ^«<7  (Génie  du  temps),  Aitona,  1796, 
mars,  p.  277-296,  sous  ce  titre  :  1*  Beschrei- 
bung  des  Harmonicons  ,  eines  neuen  musika- 
lischen  Jnstntmcnis,  von  der  Erfindwig  des 
Herm  M,  W.  Chr.  Milliers,  Outre  la  descrip- 
tion de  son  instrument,  il  donne  dans  cet  écrit 
une  histoire  abrégée  de  Vffarmonica,  que  Ger- 
ber  a  rapportée  dans  l'article  consacré  à  Miiiier, 
au  aine  Yolame  de  son  Nouveau  Lexique  (les 
Musiciens  (p.  520-523).  »  2**  Versuch  einer 
Geschichte  des  Tonkunst  in  Bremen  (Essai 
sur  l'histoire  de  la  musique  à  Brème),  dans 
VMansealischenMagazin;  Brème,  l799,tom.l. 

—  3*  Versuch  einer  ^siheiik  dcr  Tonkunst  m 
Zusammenhange  mit  den  iU>rigen  sckœnen 
Kumten  nach  geschichilicher  Eniwickelung 
(Essai  d^une  esthétique  de  la  musique,  etc.}; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Han-lel,  1830,  2  vol.  in-8°; 
ouvrage  faible  et  su|)erficlel  qui  ne  répond  pas 
à  son  titre.  Le  premier  volume  renferme  des 
détails  historiques  sur  la  musique  ;  le  second , 
une  espèce  de  chronologie  des  inventions  et  des 
époques  principales  de  l'art,  ainsi  que  des  notices 
sur  les  artistes  et  les  écrivains. 

MÛLLËK  (  HENRi-FRéoéRic  ) ,  musicien  au 
service  du  duc  de  Bronswick,  fut  le  père  des  qua- 
tre frères  de  ce  nom ,  si  célèbres  par  leur  ma- 
nière parfaite  d'exécuter  les  quatuors.  Il  mou- 
rut k  Brunswick  dans  un  Age  avancé,  vers  1 8 1 8.  On 
a  gravé  de  sa  composition  :  1"  Variations  pour  le 
violon,  sur  un  thème  français,  op.  6;  Brunswick, 
Spelir.  —  2^  Différentes  pièces  en  duos  pour  des 
instruments  à  vent.  ^  3^  Des  sonates  pour  piano 
et  violon,  op.  11  ;  ibid.  —  Z^  Manuel  du  pia- 
niste (collection  de  pièces  dans  tous  les  tons)  ; 
ibid.  ^  5°  Des  thèmes  variés  pour  le  piano  ;  ibi<l. 

—  6"  Marches  idem  ;  ibid.  —  7"  Des  chansons 
allemandes  avec  accompagnement  de  piano,  ibid. 

mtJLLËfi  (Wenceslas  ou  Wenzel),  com- 
positeur devenu  populaire  en  Allemagne  par  ses 
opérettes,  naquit  le  26  septembre  1767,  à  Tumau, 
dans  la  Moravie.  Un  maître  d'école  d'Alstacdt  lui 
enseigna  les  éléments  de  la  musique.  A  l'âge  de 
douze  ans  il  avait  déjà  composé  une  messe ,  pre- 
mier essai  de  son  talent  facile.  Plus  tard,  Ditters- 
dorf  devint  son  ami,  et  lui  donna  des  leçons  de 
composition.  En  1783,  on  lui  confia  la  direction  de 
la  musique  du  thé&tre  de  Brùnn  ;  trois  ans  après, 
il  entra  en  la  même  qualité  au  théâtre  Marinelli , 
à  Vienne,  et  pendant  vingt- deux  ans  il  en  rem- 


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MULLER 


25S 


plit  les  fondions;  déployant  en  même  temps  une 
prodigieuse  activité  dans  la  composition  des  opé- 
rettes, Singspiel  et  pantomimes,  dont  on  {lortc 
le  nombre  à  deux  cents.  En  180$,  Mûller  suivît 
à  Prague  sa  fille  (M"^^  Grunbaum)  qui  y  était 
engagée  comme  première  cantatrice  ;  mais  il  ne 
put  s^accoutumer  à  la  direction  de  la  musique  de 
ce  théâtre,  où  Ton  représentait  des  ouvrages  abso- 
lument étrangers  h  ses  babitudes.  En  1813,  il  re- 
tourna à  Vienne  et  entra  comme  directeur  de 
musique  au  théâtre  de  Leopoldstadt.  Il  y  passa 
au.ssi  vingt-deux  ans,  non  moins  actif,  non 
moins  fécond  qu'au  théâtre  Marinelli.  Il  est  mort 
d'une  fièvre  nerveuse  le  3  août  1835,  aux  eaux 
de  Kurrut,  en  Moravie.  Millier  ne  cherchait  point* 
à  mettre  des  idées  élevées  et  recherchées  dans 
SCS  ouvrages  :  mais  il  saisissait  fort  bien  l'esprit 
de  la  scène,  et  ses  mélociies  étaientremarquahles 
par  leur  grâce  naturelle  et  un  certain  air  de 
franche  originalité.  C'est  à  ces  qualités  qu'il  dut 
la  vogue  populaire  de  ses  airs.  Parmi  ses  opé- 
rettes, ceux  qui  ont  eu  le  plus  de  succès  sont  : 
l**  Dos  neue  Sonntargsktnd  (  le  Nouvel  Enfant 
du  dhnanche),  en  deux  actes,  1794.  —  2**  Die 
Schu'cster  von  Prag  (  les  Scrurs  de  Prague.  — 
3*  Der  Jahrmarkt  si*  Griinenwald  (la  Foire 
de  Griinenwald  ),  en  1797.  —  4"  Die  zaU' 
ber   Trommel  (le  Tambour  magique),  1795. 

—  5"  Das  Sonnenfest  der  Braminnen  (\àFéit 
du  Soleil  des  Bramines }.  —  6°  Le  Bassoniste, 
ou  la  Guitare  enchantée ,  en  trois  actes,  1793. 

—  7*  Pizzighi,  en  deux  actes ,  suite  du  BaS' 
ioniste.  —  8°  Der  Alte  uberall  utuI  nirgend 
(  le  Vieillard  partout  et  mille  part  ).  —  9°  Die 
Teufelmuhle  (  le  Moulin  du  diable  ).  Il  y  a  plu- 
sieurs éditions  de  ces  ouvrages  et  de  quelques 
autres,  en  partition  pour  le  piano,  en  quatuor 
de  violon,  et  en  harmonie.       * 

MÛLLEE  (  AUGUSTE- Ebeiihardt),  maître 
(le  chapelle  du  duc  de  Saxe-Weimar,  naquit  le 
13  décembre  1767  a  Nordheim,  dans  le  Hanovre. 
Son  père  ayant  été  nommé  organiste  à  Riuteln , 
il  l'y  suivit ,  et  y  reçut  les  premières  instructions 
de  musique.  Ses  progrès  dans  cet  art  furent  si 
rapides ,  qu'à  l'âge  de  huit  ans  il  put  di'jà  se 
faire  entendre  avec  succès  dans  plusieurs  con- 
certs publics.  En  1785,  il  fréquenta  l'université 
deLeipsick  pour  y  étudier  le  droit;  l'année  sui« 
vante,  il  alla  continuer  cette  étude  à  Gœltingue. 
N'ayaut  pu  obtenir  la  place  d'organiste  de  Tuni- 
versilé,  qui  fut  donnée  à  un  autre  étudiant,  il  se 
vit  forcé  de  s'éloigner  de  cette  ville,  n'y  ayant 
pas  de  moyens  d'existence ,  et  de  retourner  chez 
ses  parents.  Il  n*y  resta  pas  longtemps,  car  il  en- 
treprit de  petits  voyages  pour  augmenter  son  sa- 
voir en  musique.  A  Brunswick,  il  trouva  l'appui 


I  i, 


d'un  parent  qui  lui  procura  les  moyens  d'y  sc- 
joumer  pendant  plusieurs  années.  En  1789,  il  se 
rendit  à  Magdebourg,  et  y  obtint  la  place  d'or- 
ganiste à  l'église  Saint-Ulrich.  Il  s'y  maria  avec 
la  fdle  de  l'organiste  Rubert,  pianiste  distinguée. 
Son  mérite  le  fit  choisir,  en  1792,  pour  diriger 
les  concerts  de  la  loge  maçonnique  et  du  con- 
cert noble.  Vers  ce  même  temps,  il  lit  un 
voyage  à  Berlin,  où  il  se  lia  d'amitié  avec  Mar 
purg,  Fasch,  Reichardt,  et  plusieurs  autres 
hommes  distingués.  Son  talent  y  fut  apprécié , 
particulièrement  lorsqu'il  se  lit  entendre  sur 
l'orgue  à  l'église  Sainte-Marie.  Marpurg  rendit 
compte  de*  cette  circonstance  dans  la  Gazette 
musicale  de  Berlin  (  page  42  ).  C'est  aussi  à  la 
même  époque  que  parurent  ses  premières  com- 
positions à  Berlin  et  à  Offenbach.  Le  mérite  de 
ces  ouvrages  et  les  succès  de  l'auteur  lui  pro- 
curèrent l'emploi  d'organiste  à  l'église  Sainl-M- 
colas  de  Leipsick,  en  1794.  Là  seulement  ses  ta- 
lents parurent  dans,  tout  leur  éclat  :  il  brilla 
également  sur  l'orgue  à  son  église,  et  comme 
virtuose  sur  le  piano  et  sur  la  flûte  dans  les 
concerts.  Hillcr,  directeur  de  musique  à  l'église 
Saint- Thomas ,  ayant  demandé  en  1800  qu'on 
lui  donnât  un  adjoint,  à  cause  de  son  grand  âge, 
ce  fui  MuUer  qu'on  choisit,  et  la  manière  dont 
il  remplit  ses  nouvelles  fonctions  prouva  qu'il 
était  digne  de  la  confiance  qu'on  avait  eue  en 
lui.  Bientôt  il  joignit  à  son  nouvel  emploi  celui 
de  directeur  de  musique  des  deux  églises  prin- 
cipales de  Leipsick.  Son  influence  rendit  la  si- 
tuation de  la  musique  prospère  en  cette  ville. 
En  1807,.  la  princesse  héréditaire  de  Saxe-Wei- 
mar, pianiste  distinguée,  ayant  désiré  prendre 
des  leçons  d'harmonie  de  Millier,  il  y  eut  des 
négociations  pour  lui  flaire  abandonner  ses  em- 
plois de  Leipsick;  enfin  le  duc  régnant  lui  ac- 
corda le  titre  de  son  maître  de  chapelle,  et 
Mùller  se  rendit  à  Weimar  en  1810.  Quelques 
années  après,  sa  santé  commença  à  s'altérer,  et 
une  hydropisie  se  déclara  :  cette  maladie  l'en- 
leva à  l'art  et  à  ses  amis  le  3  décembre  18i7,  â 
l'âge  de  près  de  cinquante  ans. 

Les  ouvrages  d'Eber ha rd  Millier  sont  en  grand 
nombre  :  leur  liste  se  compose  comute  il  suit  : 
I.  McjsiguE  DE  PIANO  :  1"  Concerto  pour  clavecin 
ou  piano,  dédié  à  la  duchesse  de  Courlande  et 
composé  par  A.  £.  Millier,  organiste  à  l'église 
de  Saint-Ulrich  à  Magdebourg;  Berlin  et  Ams- 
terdam ,  Hummel.  —  1°  (  bis  )  Grand  concerto , 
op.  21;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  —  2'  So- 
nate pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  17; 
ibid.  —  3°  Sonates  pour  piano  et  violon,  op.  18 
et  36;  Berlin  et  Leipsick.  —  4*^  Sonates  pour 
piano  seul,  op.  3,  h;  Ofleubach ,  André  ;  op.  7, 


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25G 


MULLER 


licipsick,  Breilkopfet  Hœrlel;  op.  14,  Leîpsick, 
Peters;op.  26,  ibid.  —  5"  Caprices  et  fantiHies 
pour  piano,  op.  4,  Ofre]Ql)acli ,  André  ;  op.  29  et 
31,Leipsick,  Pctere  ;  op.  34,  ibid.;  op.  35,  ibid.  4  « , 

—  6"  Thèmes  variés,  op.  8,  9,  12,  15,32,  37, 
et  œuvre  posthume;  Leîpsick,  Berlin,  Vienne, 
Hambourg.  —  II.  Musique  d^orgue  :  7**  Recueil 
de  pièces  d'orgue ,  l'*  et  2«c  suites  ;  Leîpsick, 
Breilkopf  et  Haerlel.  —  V  (bis)  Sooate  pour 
orgue  à  2  claviers  et  pédale  ;  ibid.  —  T  (  ter  ) 
Chorals  variés  idem  ;  ibid.  —  111.  Musique  pour 
FLUTE  :  8**  Concertos  pour  la  flûte,  op.  6,  10, 
16,  19,  20,  22,  23,  24,  27,  30,  39;  Leipsick, 
Breilkopf  et  Haertel,  Peters.  —  9*  Fantaisie 
avec  orchestre,  op.  41;  Leipsick,  Peters.  — 
10°  Duos  pour  2  Hôtes,  op.  13,  19,  23  (bis), 
25,  ibid.  —  IV.  Musique  pour  le  cuant  : 
1 1°  Cantate  pour  des  fêtes  de  famille ,  à  4  voix 
avec  accompagnement  d'instruments  à  vent, 
Leipsick,  Hofineister.  —  W  Chansons  à  voix 
seule  avec  accompagnement  de  piano  ;  Ham- 
})ourg ,  Bœhme.  —  V.  Ouvrages  pour  l'instruc- 
tion :  13^  Introduction  pour  bien  exécuter 
les  concertos  de  piano  de  Mozart ,  eu  égard  au 
doigter;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel,  1797,  in- 
foi.  obi.  —  14**  Méthode  de  piano  ou  instruction 
pour  apprendre  à  bien  jouer  de  cet  instrument, 
Jéna,  1804,  in-4**.  Cette  méthode  n'est  autre 
que  celle  de  Lœhlein ,  dont  Mîîller  donnait  une 
nouvelle  et  sixième  édition.  La  septième,  publiée 
à  Leipsick,  chez  Peters,  en  1819,  ne  porte  plus 
que  le  nom  de  Millier.  M.  Charles  Czemy  en  a 
donné  une  huitième  édition  sous  ce  titre  : 
Grosse  Forte-piano-Schule  von  Auguste  Ehef' 
hardt  M  aller,  vormands  Capellmeister  in 
Weimar;  Àchte  Auflage  mit  vielen  neuen 
Jietjspielen  und  einem  vollstxndigen  An- 
Uange  vom  Generalbass  versehen  von  Cari 
Csemy,*  Leipsick,  Peters,  1825,  in-4**  obi.  Le 
même  éditeur  a  donné  une  petite  méthode  de 
piano  extraite  de  celle-là.  La  méthode  de  Mûlier 
a  servi  de  base  à  Kalkbrenner  pour  la  sienne. 

—  15°  Pièces  instructives  pour  le  piano,  à  l'usage 
des  commençants;  Leipsick,  Peters ( en  3  suites  ). 

—  16**  Méthode  élémentaire  pour  la  flûte;  Leip- 
sick, Peters.  ~  17*  8  tableaux  pour  le  doigter 
de  la  flûte,  depuis  une  jusqu'à  quatre  clefs;  ibid. 

—  18°  Sur  la  flûte  et  sur  la  manière  d'en  jouer 
(article  de  la  Gazette  musicale  de  Leipsick, 
1"  année,  p.  193). 

MULLER  (  F.-A.  ) ,  compositeur  et  profes- 
seur de  piano  à  Leipsick,  vers  la  fin  du  dix- 
huilième  siècle ,  naquit  à  Heldrungen,  en  Thu- 
ringe.  Il  a  publié  en  1796  :  1°  3  sonates  pour 
piano  ou  harpe,  avec  accompagnement  de  deux 
cors  et  violon  ;  Berlin.  —  2^  3  petites  souatcs 


pour  harpe  ou  piano.  —  3^  Sonate  et  rondo  ea 
caprice  pour  le  piano;  ibid.,  1800.  Cet  artiste 
est  mort  à  Leipsick,  le  3  novembre  1842,  dans 
un  âge  très-avancé. 

MULLER  (  CuARLEs-GuiLLAUME  ) ,  fils  de 
Chrétien-Ilenrl,  naquit  à  llaiberstadt  le  12  mare 
1770.  Après  avoir  rempli  pendant  plusieurs  an- 
nées la  plac^  d'organiste  de  la  cathédrale ,  il 
mourut  dans  cette  ville  le  8  novembre  1819.  Oa 
a  publié  de  sa  composition  :  1*  Sonate  pour 
piano  à  quatre  mains,  op.  12;  Brunswick, 
Spchr.  —  2°  Deux  idem,  op.  13;  ibid.  — 
3°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  14,  17,  I9,  21, 
Brunswick  et  Halberstadt.  ~  4*^  Trois  polo- 
naises,  idem,  op.  18;  Leipsick,  Peters.  — 
5°  Trois  rondeaux;  Halberstadt,  Vogler.  -> 
6°  Plusieurs  tlièmes  variés  idem.  —  7^  Quelques 
pièces  d'orgue. 

MULLER  (  Maruhne  } ,  dont  le  nom  de 
famille  était  HELLMUTH  ,  naquit  à  MaycDce 
en  1772.  Destinée  au  théâtre,  elle  parut  dans  les 
rôles  d'enfant  à  Itonn,  en  I7S0  et  à  Sdiwcdt, 
en  1785,  toutefois  sa  véritable  carrière  dramati- 
que ne  commença  qu  en  1789,  lorsqu'elle  débuta 
à  Berlin ,  comme  première  chanteuse.  En  1792 
elle  épousa  M.  Miiller,  fonctionnaire  du  gouver- 
nement. Elle  n'abandonna  pas  la  seènis  et 
pendant  près  do  vingt  ans  elle  conserva  à 
Berlin  son  emploi  de  première  chanteuse.  Elle  ne 
possédait  pas  beaucoup  de  puissance  dans  la 
voix  ,  mais  elle  chantait  avec  goût  et  expression. 

MULLER  (  Jean-Eiiiianuel  ) ,  cantor,  orga- 
niste et  maître  de  l'école  des  tilles  à  ErbslebeD, 
prèsd'Erfurl,  naquit  en  1774,  au  château  de  Vip- 
pach ,  non  loin  de  cette  ville.  Il  reçut  de  l'in- 
stituteur et  du  pasteur  de  ce  lieu  les  premières 
leçons  de  chant  et  d'orgue ,  et  son  père  lui  en- 
seigna à  jouer  un  peu  du  violon.  En  178ô,  on 
l'envoya  à  Erfurt ,  où  il  fut  admis  dans  le  chœur 
sous  la  direction  de  Weimar.  L'organiste  Kluge 
lui  fit  continuer  ses  études  d'orgue  et  de  piano , 
et  Kitlel  lui  donna  des  leçons  d'harmonie  et  de 
composition.  En  i795>  il  obtint  la  place  d'orga- 
niste dans  une  des  églises  d'Erfurt  ;  mais  dans 
la  même  année  11  fut  appelé  à  Erbslebcn ,  où  il 
est  mort  d'une  fièvre  nerveuse,  te  25  avril  1839. 
Les  compositions  de  cet  artiste,  au  nombre  de 
87  œuvres ,  consistent  en  symphonies,  ouver- 
tures ;  quintettes ,  quatuors  et  trios  pour  des 
instruments  à  cordes;  concertos  pour  alto,  vio- 
loncelle, flûte,  clarinette,  hautbois,  cor  et 
basson;  sonates  i)our  le  piano  et  quelques  ou- 
vrages pour  l'église.  On  connaît  aussi  de  Jean- 
Emmanuel  Muller  un  traité  élémentaire  de  mu> 
sique  pour  les  écoles,  intitulé  :  Kleine  Singschule 
Oder  Gesanglehre  mit  UebungsstiickeniLrSuri, 


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MULLER 


357 


1823,  et  un  écrit  concernant  les  opinions  de 
Latlier  sur  1:  musique,  avec  un  catalogue  de 
ses  cantiques  spirituels,  sous  ce  titre  :  Dr, 
Martin  Uither's  Verdienste  tim  die  Musik 
nebst  einem  Verzeichnisse  der  von  demselben 
Componisten  geistlichen^  Erfurl,  1807,  in-8^ 

MCLLER   (Thomas),  compositeur,  né   à 
Stral(oni(z  dans  la  Botiéme,  vers  1774.  Il  vécut 
d'abord  à  Vienne,  où  il  fut  employé  comme  vio- 
loniste au  théâtre  Marinellî ,   puis  se  fixa    en 
Suisse,  en  qualité  de  maître  de  chapelle.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  1°  Six  quatuors  pour 
2  violons,  allô  et  basse;  Vienne,  Ârtaria.   ^- 
2^  Six  duos  pour  2  violons,  op.  2;  Offenbach , 
André.    —    3*^  Trois   sonates  pour  le  piano, 
op.    3;   ibid.  —   4°  Caprice    idem,   op.    4, 
ibid.  —  Trois  sonates  idem,  op.   &;  ibid.    — 
6°  Choix  de  chansons  des  meilleurs  poètes,  à 
voix  seule,  avec  ace.  de  piano,  op.  6;  ibid.  — 
7°  Six  duos  pour  flûte  et  hautbois,  op.  8^  ibid. 
—  8**  Sur  duos  pour  flûte  et  violon  op.  9  ;  ibid. 
MULLER  ( M ATHi as),  facteur  dMnstruments 
à  Vienne,  a  construit  en  1801  un  piano  d'une 
forme  carrée  longue,  quMl  appelait  DiiloTmclasis 
ou  DUtalléloclange.  A  chaque   extrémité  de 
Pins  trament  se  trouvait  un  clavier  ;  an   de  ces 
claviers  jouait    à  une   octave    supérieure  de 
rautre.  MûUer  avait  pris  un  brevet  d'invention 
pour  cet  instrument,  dont  on  trouve  la  descrip- 
tion dans  la  Z°^^  année  de  la  Gazette  musicale 
(p.  254). 

HrlÙLLER  (Jean),  né  k  Ferndorf,  dans  la 
deuxième  moitié  du  dix-huitième  siècle,  a  fait 
imprimer  un  petit  traité  de  musique  intitulé  : 
Kurze  und  leichte  Anweisung  zum  singen  der 
Choralmelodien,  zunxchst  fur  seine  Schiller 
geschrieben  (Instniclion  courte  et  facile  pour 
chanter  lee  mélodies  chorales ,  écrite  particuliè- 
rement i»our  ses  élèves  ).  Francfort-sur-le-Mein, 
1793,  in-4**  de  26  pages.  J'ignore  si  un  autre 
petit  traita,  da  chant,  publié  trente  ans  après 
celui-là  y  est  du  même  auteur.  Tous  deux  ont  les 
mèmea  noms  et  prénoms.  L'ouvrage  a  pour 
titre  :  Kleine  Singschuleri  oder  Gesanglehre 
mit  Uelfiingsstiicken  (Petite  École  ou  Méthode 
de  chant  y  avec  des  exercices  ),  Erfurt^  Maring, 
1823,  in-4**. 

MÎJLL»ER  (  Charles  ) ,  musicien  de  la  cour 
du  duc  de  Brunswick- Lunebourg,  dans  les  der- 
nières années  du  dix-huitième  siècle,  né  en  1767, 
à  HolzinindeD,  dans  le  duché  de  Brunswick,  s'est 
fait  connaître  par  les  ouvrages  suivants  :  Con- 
certo pour  piano  et  orchestre,  dédié  k  la  prin- 
cesse de  Galles,  née  ducliesse  de  Bronswick-Lu- 
nebourg  ;  Brunswick,  1794.  —  2^  Variations  sur 
on  thème  allemand  pour  piano  ;  Offenbach,  An- 

-BIOGB.  1MIV.    DKS  MUSICICKS.  —  T.   TI. 


dré,  1798.  —  3*  Lieder  sur  les  paroies  oe  quel- 
ques-uns des  meilleurs  poètes,  avec  accompa* 
gnement  de  clavecin;  Offenbach,  André,  1793. 

MULLER  (  Cbables-Guillaume  ou  Wil- 
BELM  ) ,  organiste  à  Halberstadt ,  né  dans  cette 
ville  en  1769,  y  est  mort  le  8  novembre  1819. 
Compositeur  de  quelque  mérite,  particulièrement 
dans  les  sonates  pour  le  piano,  il  s'est  fait  con- 
naître par  les  ouvrages  dont  les  titres  suivent  : 
1**  'l2  Variations  pour  le  piano  sur  un  air  de  To- 
pera intitulé  la  nouvelle  Ai^adie,  op.  1; 
Brunswick.  ~  2°  Andante  varié  idem;  Berlin, 
Hummel ,  1795.  -—  3°  Air  de  la  Cosa  rara  va- 
rié, idem,  op.  6;  ibid.;  180o.  —4**  Dix  varia- 
tions sur  un  air  allemand  ;  ibid.  —  5^  Neuf  varia- 
tions, idem;  ibid.,  1802.  -—  6''  Sonate. pour 
piano  à  4  mains,  op.  12;  Brunswick,  Spehr.  — 
7^  Deux  sonates,  idem ,  op.  13;  ibid.  —  8o  Trots 
sonates  pour  piano  seul,  op.  17;  Leipsick,  Pe- 
ters.  —  9*^Trois  polonaises, idem,  op.  18;  ibid.  — 
10**  Trois  sonates,  idem,  op.  19;  ibid.  -—  1 P  Trois 
sonates,  idem;  Halberstadt,  Vogler.  »  12*  Trois 
rondeaux,  idem;  ibid. 

MULLER  (  Jean*Heiiri  ) ,  né  le  11  mars 
1780  À  Koenigsberg,  reçut  à  Paris  des  leçons  de 
Gaviniés  pour  le  violon,  et  se  fixa  à  Pétersbourg, 
où  il  était  professeur  de  musique  et  violoniste 
du  théâtre.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
1<*  Quatuor  pour  deux  violons,  alto  et  basse; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  *~  2*^  Douze  ca- 
nons pour  deux  violons;  ibid.  —  3**  Ouverture 
à  grand  orchestre  (  en  mi  bémol  )  ;  Pétersbourg, 
Lange.  La  même  ouverture  a  été  arrangée  pour 
piano,  violon ,  alto  et  basse  ;  ibid.  Muller  a  écrit 
aussi  à  Pétersbourg  un  oratorio  intitulé  :  Der 
Erzen^el  Michael  (  l'Archange  Michel  ). 

MULLER  (  Jbam-Henri  ),  qui  a  été  confondu 
avec  le  précédent,  naquit  aussi  à  Kœnigsberg, 
le  19  mars  1782,  mais  il  n'était  pas  de  la  même 
famille.  Après  avoir  vécu  quelque  temps  à  Lie- 
gnitz,  comme  professeur  de  piano,  il  fit  un 
voyage  en  Russie,  et  mourut  à  Pétersbourg,'  le 
19  mars  1826.  On  connaît  sous  son  nom  : 
1®  Préludes  et  exercices  dans  tous  les  tons  pour 
le  piano;  Leipsick,  Breitkopf  et  Uœrtel.  — 
2**  Douze  canons  à  3  voix  sur  des  poésies  de 
Raupach  ;  Leipsick,  Hofmelster. 

MULLER  (IwAN),  clarinettiste  célèbre, 
inventeur  de  la  clarinette  à  13  clefs,  est  né  k 
Beval  (Russie)  de  parents  allemands,  le  15  dé- 
cembre 1781.  Après  avoir  brillé  en  Allemagne, 
il  vint  à  Paris  en  1809,  avec  riotention  d'y  faire 
connaître  sa  nouvelle  cUrmette  et  sa  darinette- 
alto,  destinée  k  remplacer  le  Basset-hom,  ins- 
trument imparfait  et  grossier.  Mûller  voulait 
aussi  établir  une  fabrique  de  ses  nouveaux  ins- 

17 


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25S 


MULLER 


iruments  ;  mais  il  manquail  dVgent  pour  la  réa- 
lisation de  ce  projet  :  il  trouva  dans  M.  Petit, 
agent  de  change,  qui  avait  été  autrefois  élève  du 
Conservatoire  et  y  avait  obtenu  le  premier  prix 
de  clarinette ,  un  Mécène  généreux  qui  comprit 
les  avantages  du  nouvel  instrument,  et  qui  four- 
nit à  Millier  tout  ce  qui  était  nécessaire  pour  l'éta- 
blissement de  sa  fabrique.  Elle  ne  prospéra  pas. 
Millier  n'avait  pas  l'esprit  d*ordre  qu'il  faut  pour 
la  direction  d'un  semblable  établissement  ;  d'ail- 
lenrs,  il  trouva,  dans  les  babitudesdes  artistes  et 
d^ns  leurs  préjugés,  de  grands  obstacles  au  suc- 
cès de  sa  nouvelle  clarinette.  Il  l'avait  soumise 
à  l'examen  d'une  commission  qui  en  fit  faire  l'es- 
sai par  Lefebvre  et  par  ses  principaux  élèves; 
ceux-ci  ne  se  donnèrent  pas  la  peine  d'étudier 
une  chose  nouvelle  qui  exigeait  de  l'exercice,  et 
la  rejetèrent.  Le  rapport  de  la  commission  four- 
mille d'erreurs.  Mùller  avait  dit,  en  présentant 
son  instrument,  qu'il  était  destiné  à  jouer  dans 
tous  les  tons ,  et  qu'il  dispensait  de  l'usage  de 
clarinettes  différentes  pour  l'orchestre;  on  lit 
dans  le  rapport,  qu'il  serait  fâcheux  de  renoncer 
aux  clarinettes  en  ut,  en  si  et  en  la,  qui  ont 
chacune  une  qualité  de  son  différente,  et  que 
ces  anciens  instruments  ont  l'avantage  de  pou- 
voir être  tirés  lorsque  la  chaleur  les  a  fait 
monter,  taudis  que  la  combinaison  du  méca- 
nisme de  la  clarinette  de  Millier  ne  permet  pas 
d'employer  ce  moyen  :  comme  si  ce  n'était  pas 
une  monstruosité  acoustique  que  ce  tirage  qui 
rompt  les  proportions  entre  les  diverses  parties 
du  tube ,  et  comme  si  le  tirage  ne  devait  pas 
être  fait  à  l'emboîture  du  bec.  Du  reste,  pas  un 
mot  dans  ce  rapport  sur  le  perfectionnement  de 
la  justesse  et  de  l'égalité  de  sonorité  dans  la 
clarinette  de  Millier,  dont  la  supériorité  sous 
ces  rapports  est  incontestable,  quoiqu'il  reste 
encore  beaucoup  d'imperfections  dans  cet  instru- 
ment. La  seule  critique  raisonnable  qu'il  eût  été 
permis  de  faire ,  est  que  la  multiplicité  des  trous 
et  l'attirail  de  tant  de  clefs  diminuent  la  sonorité 
du  tube  ;  mais  on  n'y  songea  pas.  On  regrette 
de  voir  de  beaux  noms  comme  ceux  de  Méhul 
et  de  Chérubin!  placés  au  bas  d'un  semblable 
rapport. 

L'opinion  des  artistes  du  Conservatoire  amena 
la  ruine  de  la  fabrique  de  Mùller  ;  toutefois  il  ne 
se  laissa  pas  ébranler,  et  soutint  la  bonté  de  sa 
clarinette,  dont  il  jouait  lui-même  en  artiste  d'un 
talent  distingué.  Une  circonstance  heureuse  vint 
enfin  mettre  au  jour  les  avantages  du  nouvel 
instrument  :  Gambaro,  entré  au  théâtre  italien 
de  Paris, en  1816,  comme  première  clarinette, 
l'adopta ,  et  la  manière  dont  il  s'en  servit  dans 
les  solos  fit  tomber  toutes  les  objections.  Bcrr, 


devenu  seconde  clarinette  au  même  théâtre,  puis 
I  première  après  le  départ  de  Gambaro,  l'avait 
I  aussi  adoptée  :  ces  deux  artistes  entraînèrent  les 
autres.  Cependant  ce  n'est  que  longtemps  après 
,  que  l'usage  en  est  devenu  général,  dans  It» 
I  musiques  de  régiment ,  en  Belgique  et  en  France. 
£n  1S20,  Mùller  s'éloigna  de  Pari.<:,  où  il  n'a- 
vait point  d'existence  assurée,  et  retourna  en 
I  Russie.  £n  1823,  il  reparut  en  Allemagne,  et 
sembla  vouloir  se  fixer  à  Cassel  ;  puis  il  alla  à 
I  Berlin,  où  il  était  en    1825.  L'année  suivante 
;  il  voyagea  en  Suisse,  puis  en  Angleterre,  et 
enfin  retourna  à  Paris  après   la  révolution  de 
,  juillet  1830.  Schilling  a  été  mal  informé  lorsqu'il 
I  a  dit  dans  son  Lexique  universel  de  musique  que 
,  Mùller  a  accepté  en  1826  la  place  de  professeur 
de  clarinette  au  Conservatoire  :  il  n'a  jamais  en 
I  d'emploi  dans  cette  école.  Lefebvre  occupait  en- 
core cette  place  eu  1826 ,  et  ce  fut  Berr  qui  lui 
I  succéda.  Dans  les  dernières  années  de  sa  carrière 
agitée,  Mùller  entra  dans  la  chapelle  du  prince  de 
I  Lippe-Schaumbourg,  à  Buckeboui^ ,  et  mou- 
rut dans  cette  situation  le  4  février  1854.  11  se 
I  distinguait,  dans  le  beau  temps  de  .son  talent , 
j  par  une  bonne  qualité  de  son ,  une  manière  élé- 
gante de  phraser  et  beaucoup  de  chaleur  dans 
Texécution.  Il  a  publié  de  sa  composition  : 
l**  Symphonie  concertante  pour  2  clarinettes, 
op.  23,  Leipsick,  Hofmeister.  —  2°  Concertos 
pour  clarinette,  n**  1  (en  ré  mineur);  Bonn, 
Simrock  ;  n**  2  (en  mi  bémol  )  Paris,  Jouve; n**  3 
(en  si  bémol  ) ,  Offenbach ,  André  ;  n*  4  (  en  /a 
mineur  ),  Paris,  Dufaut  et  Dubois;  n^  5  (en  mi 
bémol),  ibid.;  n**  6  (en  sol  mineur),  ibid.  — 
3*^  Divertissement  pour  clarinette  et  orchestre, 
ibid.  —  4°  Grand  solo,  idem,  ibid.  —  ô*  Duos 
pour  clarinette  et  piano  ;  Amsterdam,  op.  13, 
Hanovre,  Bachmann  ;  autre  idem  sur  des  airs  dn 
Barbier  de  Séville  de  Rossioi;  Brunswick,  Spehr. 
—  6^  Quatuors  pour  clarinette ,  violon,  alto  et 
basse,  n"*  1  (en  si  bémol),  OlTenbach,  André; 
n*  2  (en  mi  mineur),  ibid.;  n°  3,  Paris,  Gam- 
baro. —  7^  Plusieurs  fantaisies  et  airs  Taries 
pour  clarinette  et  piano.  — '8**  Méthode  pour 
la  nouvelle  clarinette  à   13  clefs,  et  pour  la 
clarinette  alto.  Paris,  Gambaro.  11  y  a  plusieurs 
éditions  allemandes  de  cette  méthode. 

MULLER  (Élise),  fille  du  docteur  Guil- 
laume-Chrétien ,  est  née  à  Brème  en  1782.  Élève 
de  son  père,  elle  s'est  fait  remarquer  par  son 
talent  d'exécution  sur  le  piano,  particulièrement 
dans  les  œuvres  de  Beethoven.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  f*  Chant  de  remerciment  d'Arndt, 
à  quatre  voix  avec  accompagnement  de  piano; 
Bonn,  Simrock.— 2"  eCiiants  à  voix  seule,  avec 
accompagnement  de  piano;  Leipsick,  Hofmeidter. 


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MULLER 


259 


MULLER  (FfiéDÉHic),  aé  le  10  décembre 
1786  à  Oriamûnda ,  petite  \ille  du  duclié  de 
SaKe-Aitenbourg,  commença  dès  son   enfance 
l'étude  de  la  musique  sous  la  direction  de  son 
fpère,  musicien  de  la  ville.  Il  n'était  âgé  que  de 
seize  ans  lorsqu'il  fut  attaché  à  la  chapelle  du 
prince  de  Schwartzbourg-Rudoistadt ,  où  il  reçut 
des  leçons  de  composition  de  H.  Chr.  Koch. 
Ayant  appris  de  son  père  à  jouer  de  plusieurs 
instruments ,  il  fut  d'abord  employé  dans  la  cha- 
pelle du    prince    comme   violoncelliste,    puis 
comme  clarinettiste,  et  enfin  comme  chef  de 
pupitre  au  second  violon ,  avec  le  titre  de  mu« 
^cien  de  la  cour  ;  cependant  la  clarinette  resta 
toujours  son  instrument  de  prédilection.  £n  1816 
le  prince  lui  contia  le  soin  de  former  une  nou- 
velle musique  militaire  ;  l*intelligence  qu'il  mon- 
tra dans  Torganisation  de  ce  corps  lui  en  fit 
donner  la  direction ,  ainsi  que  celle  de  Pbar- 
monie  de  la  cogr,  avec  le  titre  de  musicien  de 
chambre.  En  1831,  il  succéda  à  Eberwein  dans 
la  direction  de  la  chapelle;  mais  il  n*eut -dé- 
finitivement le   titre   do   maître   de   chapelle 
qu^en  1835.  On  connaît  de  la  composition  de  cet 
artiste  :  1^  Symphonie  concertante  pour  clari- 
nette et  cor,  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  ~ 
2"  Deuxième  idem,  op.  31,  ibid.  —  3**  Danses 
pour  Torcheslre,  4  recueils  ;  Rudolstadt,  Millier. 
—  4**  Pièces  d'harmonie,  liv.  1  et  2,  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hœrtel.  —  S'*  Musique  militaire, 
Leipsick,  Whistiing.  —  6^  Concertos  pour  la 
clarinette,  op.  10  (en  mi  bémol)  et  op.  il  (en  si 
bémol);  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  —  7^  Con- 
ceriinos  idem,  op  20  et  27,  ibid.  —  8^  Romance 
vari(^e  pour  clarinette  etorchestre,  op.  9,  ibid.  — 
9  Pot-ponrri  idem,  op.  21,  ibid.— 10" Thème  va- 
rié avec  quatuor,  ibid.  -^11°  Études  pour  clari- 
nette, liv.  1  et  2,  op.  33,  ibid.  —  12*  Thème 
varié  pour  basson  et  orchestre,  op.  29,  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hœrtel.  —  13"  Six   pièces   pour 
4  cors,  ibid.  —  14"  Six  trios  pour  trois  cors, 
Mayeuce ,  Schott.  —  15**  Divertissement  pour 
piano  et  clarinette ,  op.  32,  Rudolstadt,  Millier. 
Miiller  vivait  encore  à  Rudolstadt  en  1860. 

MULLER  (  WiLHELM  ou  Guillaume-Adol- 
phe), canior  de  Téglise  delà  ville,  à  Borna, 
près  de  Leipsick ,  et  professeur  de  l'école  des 
garçons,  est  né  à  bresde  en  1793.  'il  s*est  fait 
connaître  avantageusement  par  les  ouvrages 
suivants  :  1*  MusikaliscJies  Blumenkœrbchen 
(  Petite  corbeille  de  fleurs  musicales  ) ,  recueil 
de  pièces  faciles  pour  le  piano ,  2  petits  vo- 
lumes divisés  en  deux  parties;  Mcissen,  Gced- 
sciie.  —  2"*  Musikalisches  Blumenàrans  (Cou- 
ronne de  fleurs  musicales  ) ,  recueil  de  pièces 
faciles  pour  le  piano ,  ibid.  —  3"^  MusikalUches 


Fruchtkœrb  (Corbeille  de  fruits  musicaux), 
idem,  ibid.  —  4**  Erste  Lehmiei&ter  im  Klavier 
oder  Fortepianospiel  (  l'Instituteur  primaire  du 
piano) ,  pièces  faciles  à  3,  4  et  2  mains ,  à  IV 
sage  des  commençants ,  ibid.  —  5°  Der  Lekr- 
meister  im  Orgelspiel  beim  œffeniUchen  Got' 
tesdienste  (  Le  maître  dans  Tart  de  jouer  de 
l'orgue  pour  l'office  divin  ),  op.  22,  ibid.  *- 
6*^  Six  chorals  arrangés  avec  préludes  et 
conclusions  pour  Toi^ue,  ibid.  —  7®  Fan- 
taisie et  (ugue  pour  Torgue ,  op.  ô7,  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hœrtel.  —  S**  Conclusions  pour 
l'orgue,  op.  86.  Quediinbourg ,  Basse.  —  9**  Con- 
clusions à  4  mains  pour  l'orgue,  ibid.  —  10*"  25 
Mélodies  chorales  avec  la  liasse  chiffrée ,  arran- 
gées avec  trois  harmonies  différentes  pour  cha- 
cune. Meissen,  Gœdsche.  —  11°  Die  Orgely  ihre 
Einrichiufig  und  Beschaffenheit,  soiuohl  als 
das  zweekmxssige  Spiel  derselben.  Ein  unen- 
behrlichen  Handbuch  fur  Canior  en ,  OrgatUs- 
(en,  SchuUehreTf  Seminaristen  und  ails 
hreunde  des  Orgelspiels  (l'orgue,  sa  disposi- 
tion, sa  qualité,  ainsi  que  la  manière  de  le  bien 
jouer),  Meissen,  Gcedsche,in-8%  1822;  2°  édi- 
tion, ibid.,  1823,  88  pages  m-8°;  3**  idem.,  ibid. 
in-8''  de  108  pages. 

MULLER  (  CnARLES-FRÉnéaic  ) ,  maître  de 
chapelle  et  compositeur  de  Tempereur  du  Brésil, 
fixé  à  Berlin,  est  né  à  Nimëgue  (  Pays-Bas ),  le 
17  novembre  1794.  Dans  sa  jeunesse  il  fut  pia- 
niste distingué.  En  1813,  époque  du  soulève- 
,ment  de  toute  l'Allemagne  contre  la  France  ^  il 
entra  dans  un  corps  de  volontaires  et  ne  rentra 
dans  la  vie  civile  qu'en  1817.  S'étant  fracturé 
le  bras  gauche  dans  une  chute  qu'il  fit  en 
1824,  il  dut  renoncer  au  piano  comme  exécu- 
tant et  se  livrer  exclusivement  à  renseignement 
et  à  la  composition.  Son  titre  honorifique  de 
compositeur  de  la  cour  du  Brésil  lui  fut  donné 
en  1836,  à  l'occasion  d'un  ouvrage  qu'il  avait 
dédié  à  l'Empereur.  Les  compositions  de  Charles- 
Frédéric  Mùller  pour  le  piano  sont  au  nombre 
d'environ  70  œuvres  ;  elles  consistent  en  rondos, 
divertissements  et  variations.  On  connaît  aussi  de 
lui  une  ouverture  triomphale  à  grand  orchestre, 
œuvre  107;  des  marches  pour  musique  militaire, 
des  marches  triomphales  pour  musique  de  cava- 
lerie, œuvre  101,  des  suites  de  musique  d'har- 
monie pour  l&s  instruments  à  vent ,  œuvre  106; 
un  chant  national  pour  un  chœur  avec  accom- 
pagnement de  deux  orchestres,  l'un  de  mu- 
sique d'infanterie,  l'autre  de  cavalerie  aux  der- 
niers couplets,  op.  110;  des  pièces  caractéris- 
tiques intitulées  Victoire  de  Navarin,  Prtse 
d'Alger,  grande  ouverture  pour  deux  orches- 
tres ,  etc.  On  a  aussi  de  cet  artiste  un  petit  on- 

17. 


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260 


MULLER 


vrage  assez  piquant  concernant  les  discussions 
survenues  entre  Spontini  et  Rellstab  :  cet  écrit 
asimplennent  pour  titre  :  Spontini  und  JRellsiab, 
Leipsick,  1833,  in -8°.  Charles-Frédéric  Mûller  a 
été  collaborateur  de  A.  F.  B.  Kollmann  dans  la 
rédaction  de  récrit  sur  le  système  d'enseigne* 
ment  de  Logier,  intitulé  ;  Ueber  Logier's  Musik- 
vnterricMs  -  System  ;  Munich ,  Falter  (  sans 
date  ) ,  in-8''. 

MÛLLER  (Théodore-âhédée),  fils  d'Au- 
guste Eberhard  MUIIer,  maître  de  chapelle  du 
duc  de  Saxe-Weimar,  est  né  à  Leipsick,  le 
20  mai  1798.  Son  père  dirigea  lui-même  son  édu- 
cation musicale.  Après  avoir  servi  comme  volon- 
taire dans  la  guerre  d'ind(^pendance  de  TAlle- 
magne^  en  1814  et  1815,  il  fut  nommé  violoniste 
à  la  chapelle  de  Weimar,  et  eut  le  bonheur 
d'inspirer  de  Pintérét  à  la  duchesse  héréditaire, 
qui  lui  fournit  les  moyens  de  continuer  ses  études 
sous  la  direction  de  Spohr.  Il  fut  nommé  ensuite 
premier  violon  solo  de  la  chapelle  du  grand-duc. 
Au  nombre  des  ouvrages  qu'il  a  publiés,  on  re- 
marque :  i^  Ouverture  à  grand  orchestre,  op.  2; 
Leipsick,  Hofmeister.  ~  2^  Plusieurs  œuvres  de 
duos  pour  deux  violons.  Cet  artiste  est  mort 
dans  les  premiers  jours   d'avril  184C. 

MULLER  (  CHRériEN-TiiéopHiLE } ,  est  né  le 
6  février  1800,  à  Nieder-Oderwitz^  près  deZit- 
tau,où  son  père  était  tisserand.  Le  goût  de 
celui-ci  pour  la  musique  était  si  vif,  qu'il  apprit 
seul  à  jouer  du  violoncelle  lorsque  son  fils  était 
déj^  dans  sa  sixième  année.  Excité  par  cet 
exemple,  l'enfant,  dont  les  dispositions  naturelles 
étaient  excellentes  pour  la  musique ,  fit  de  ra- 
pides progrès  dans  cet  art.  Après  en  avoir  appris 
les  éléments  comme  enfant  de  chœur,  il  reçut 
des  leçons  de  violon,  de  clarinette  et  de  llûie. 
Sa  première  occupation  consista  à  suivre  son  père 
le  dimanche  dans  les  cabarets,  pour  y  jouer  des 
contredanses.  Une  société  de  paysans  s'élant 
formée  pour  exécuter  des  Symphonies  de  Sla- 
mitz,  de  Gyrowetz,  et  d'autres  auteurs  du  se- 
cond ordre,  MQIier  apprit  aussi  à  jouer  du  bas- 
son ,  du  cor  et  du  trombone  alto.  Bientôt,  sans 
aucune  notioD  d'harmonie,  il  se  mit  à  écrire  de 
petits  morceaux.  Mais  il  était  obligé  de  mêler  à 
ses  éludes  de  musique  les  occupations  du  mé- 
tier de  tisserand.  11  désirait  depuis  longtemps 
aller,  comme  quelques-uns  de  ses  camarades, 
faire  quelques  études  an  gymnase  de  Zittau; 
mais  ses  parents  étaient  trop  pauvres  pour 
satisfaire  à  son  désir.  Dans  ces  circonstances ,  le 
musicien  de  la  ville  lui  proposa  d'entrer  chez 
lui  pour  faire  son  apprentissage;  il  accepta  ses 
offres ,  pour  se  soustraire  aux  ennuis  du  métier 
paternel.    Six   aimées  furent  employées    par 


lui  à  apprendre  tous  les  instruments,  et  la  bi- 
bliothèque de  son  mattre  lui  fournit  des  moyen» 
d'instruction  dans  la  théorie.  Il  s'essaya  dans 
tous  les  genres  de  composition ,  et  acquit  une 
certaine  habitude  de  l'art  d'écrire.  I^e  temps  de 
son  engagement  fini,  il  se  rendit  à  Leipsick;  n'y 
ayant  point  trouvé  d'emploi,  il  visita  plusieurs 
villes  de  la  Saxe ,  et  enfin  arriva  à  Gœttingue,  oir 
il  fut  bien  accueilli  par  Spohr,  qui  lui  donna  une 
lettre  de  recommandation  pour  Ch.  M.  de  We- 
ber.  Ce  musicien  célèbre  s'intéressa  à  lui ,  et 
parut  satisfait  de  ses  essais  de  composition  ;  mais 
toutes  les  places  étaient  remplies  au  théâtre  de 
Dresde ,  en  sorte  que  Millier  fut  encore  obligé  de 
se  mettre  pendant  deux  ans  aux  gages  du  rousi* 
cien  de  la  ville.  Après  ce  temps,  on  lui  oITrit 
une  place  dans  le  chœur  de  Leipsick;  il  l'accepta 
avec  empressement.  Peu  de  temps  après,  il  ob- 
tint son  admission  comme  violoniste  au  théâtre  et 
au  grand  concert  :  dès  ce  moment  son  vœu  le  plu» 
cher  fut  accompli ,  car  il  lui  fut  permis  de  ne 
plus'jouer  de  danses ,  et  il  put  se  livrer  à  l'art  en 
artiste.  Il  occupa  cette  position  jusqu'en  1838, 
et  fut  alors  appelé  à  Alten  bourg,  en  qualité  de  di- 
recteur de  musique.  En  1829,  la  société  d'Ëuterpe 
l'avait  choisi  pour  son  directeur  :  il  se  montra^ 
digne  de  cet  honneur  en  la  plaçant  dans^  la  si- 
tuation la  plus  florissante.  Le  nombre  de  ses 
œuvres  s'élève  à  près  de  quatre-vingts  :  il 
s'est  essayé  dans  tous  les  genres,  et  a  même  écrit 
un  opéra  intitulé  RûbezafU,  qui  fut' représenté 
à  Altenbourg  le  24  mars  1840.  Je  u'ai  étendu  cette 
notice  d'un  musicien  qui  ne  figure  point  au  nom- 
bre  des  célébrités,  que  parce  qu'il  m'a  semblé  que 
c'est  un  noble  et  beau  spectacle  que  celui  d'un- 
homme  qui ,  parti  de  si  bas ,  et  dont  toute  la 
jeunesse  s'écoula  dans  une  situation  mercenaire, 
ne  désespéra  pas  de  lui-même,  s'éleva  progres- 
sivement au  lien  de  se  dégrader,  et  prit  enfin 
par  son  talent  une  position  honorable. 

Millier  a  publié  beaucoup  de  compositions,. 
parmi  lesquelles  on  remarque  :  1  ^  Symphonie  à 
grand  orchestre,  op.  6;  Leipsick,  Breitkopf  et 
HœrteL  —  2°  Ouverture  pour  musique  militaire^ 
op.  4;  ibid.  —  3"*  Grande  symphonie,  op.  12; 
Leipsick,  Hofmeister.  —  4^  3  quatuors  pour* 
2  violons,  aitu  et  basse,  op.  3;  Leipsidc,  Breit* 
kopf  et  Haertel  I  »  b*"  Concertino  pour  clari- 
nette, op.  7;  Leipsick,  Pétera.  —  6®  Ode  de 
KIopstock  pour  4  voix  d'hommes ,  orchestre  et 
orgue,  op.  10;  Leipsick,  Schubert.  —  7**  Douze 
chants  allemands  (intitulés  Les  Quatre  Saisons) 
pour  soprano,  alto,  ténor  et  basse,  en  partition; 
leipsick,  Frise.  Mûller  virait  encore  à  Alten- 
bourg en  1850. 

MÎJLtER   (Théodore •Achille),  né  le* 


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MULLER 


261 


C  mai  1801,  h  Vertus  (département  de  la  Marne), 
a  établi  à  Paris  une  fabrique  d^orgucs  expressives, 
Vl'après  le  système  de  Grenié,  auquel  il  a  fait  quel- 
ques modifications ,  dont  on  trouve  l'analyse  et 
la  représentation  figurée  dans  le  tfouveau  mor 
nuel  complet  du  facteur  d'orgues,  par  M.  Ha- 
mei  (tome  î\\,  p.  468  et  pi.  43,  fig.  971 
et  972  ).  M.  Mûller  a  mis  à  Texposition  univer- 
selle de  Londres,  en  1851»  un  petit  orgue  appelé 
x>rgue  de  voyage,  et  qui  justifiait  son  titre, 
car  il  pouvait  être  renfermé  dans  une  malle  dont 
la  longueur  était  d-un  mètre  13  centimètres ,  la 
hauteur,  30  centimètres ,  la  largeur^  37  centimè- 
tres ,  et  le  poids  50  kilogrammes.  Cet  orgue  est 
construit  de  manière  que  le  clavier  se  pousse 
par  une  coulisse  dans  la  caisse  de  Tjnstrument; 
les  pieds  se  replient  dans  le  fond  ;  le  mécanisme 
de  la  soulHerie  se  loge  dans  le  couvercle  de  la 
malle,  et  celle-ci  n*a  que  l'aspect  d^une  malle  or- 
dinaire; mais  lorsque  Tinstniment  est  tiré  de  son 
«•tui  et  déployé,  son  aspect  est  celui  d'un  harmo- 
nium ordinaire,  et  sa  sonorité  a  une  puissance 
qu*on  ne  croirait  pas  pouvoir  sortir  d^un  si  petit 
«space. 

MULLER  (Jean),  célèbre  physiologiste, 
Tiô  à  Coblence  le  14  juillet  1801,  était  fils  d*un 
cordonnier,  et  allait  être  placé  en  apprentissage 
(liez  un  sellier,  lorsque  son  heureuse  organisa- 
tien  fixa  Tattention  de  Jean  SchuUze,  directeur 
lie  l'école  secondaire  de  sa  ville  natale,  qui  le  fit 
entrer  dans  cette  institution  en  1810,  et  eut  oc- 
casion de  lui  rendre  d^importants  services  en 
plusieurs  circonstances.  Après  avoir  terminé  ses 
humanités ,  Millier  s'était  livré  à  Télude  de  la 
théologie,  pour  être  prêtre  ;  puis  il  changea  de 
résolution  et  s^atlacha  à  Tétude  des  sciences 
niturelles.  En  1819,  il  se  rendit  à  Donn  et  y 
suivit  les  cours  de  médecine  de  Puniversité. 
Reçu  docteur  en  1822,  il  alla  passer  ensuite  une 
année  à  Berlin,  et  y  fréquenta  le  cours  de  philo- 
sophie de  Hegel.  De  retour  à  Bonn  en  1824,  il  y 
ouvrit  un  cours  d'anatomie  et  de  physiologie  qui 
eut  du  retentissement  dans  toute  rAllemagnc. 
Nommé  professeur  extraordinaire  de  l'université 
en  1826,  il  en  fut  professeur  ordinaire  en  1830, 
et  chargé  d^enseigner  rencyclopédie  des  sciences 
luédicales.  Appelé  à  l'université  de  Berlin 
en  1832,  comme  professeur  d^anatomie ,  après 
la  mort  de  Rudolphi ,  il  vit  arriver  de  toutes 
parts  les  élèves  pour  Tentendre.  Les  événements 
|)olitjques  de  1848  |)ortèrcnt  atteinte  à  sa  cons- 
titution impressionnable;  sa  santé  s'altéra,  et  le 
mal  s'aggrava  après  qu'il  eut  failli  périr,  en  1855,  à 
bord  d'un  bateau  à  vapeur  qui  coula  à  fond 
«lans  la  mer  Baltique.  On  le  trouva  mort  dans  sa 
chambre,  le 28  avril  1858.  au  matin.  Au  oremier 


rang  de  ses  ouvrages  se  place  son  Manuel  de 
!  physiologie  (  Lehrbuch  der  Physiologie  ) ,  dont  la 
I  quatrième  (édition  perfectionnée  a  paru  à  Berlin, 
1  en  1844,  2  volumes  gr.  in-8%  et  dont  M.  Jourdan 
a  donné  une  traduction  française  (  Paris,  BaiU 
lière,  1845,  2  vol.  gr.  in-s*').  La  troisième  sec- 
tion du  quatrième  livre  de  cet  important  ouvrage 
renferme  le  traité  le  plus  complet  et  le  plus  satis- 
faisant qu'on  ait  éciit  jusqu'à  ce  jour  concernant 
la  voix  humaine  et  la  parole.  Le  premier  cha- 
pitre, très-substantiel ,  contient  une  exposition 
des  divers  modes  de  production  du  son  par 
l'organe  vocal.  La  théorie  de  la  voix  est  exposée 
avec  de  grands  développements  dans  le  deuxième 
chapitre.  L'auteur  y  examine  les  découvertes  de 
tous  les  anatomistes  et  physiciens  sur  les  fonc- 
tions des  diverses  parties  de  l'appareil  vocal.  Le 
troisième  chapitre  traite  de  la  parole  el  de  toutes 
ses  modifications.  La  deuxième  section  du  cin- 
quième livre  est  consacrée  au  sens  de  Vouïe. 
Cette  matière  y  est  traitée  avec  autant  de  pro- 
fondeur que  de  nouveauté  dans  la  forme.  Millier 
avait  déjà  publié  un  traité  spécial  de  la  voix 
sous  le  titre  :  Untersuchungen  ueber  die  men- 
schlicke  Stimme  (  Recherches  sur  la  voix  hu- 
maine), à  Berlin,  en  1839,  in-8%  et  deux  ans 
après  il  avait  donné  un  supplément  de  cet  ou- 
vrage intitulé  :  Ueber  die  compensation  der 
physischen  Krxfie  am  menschlichen  Stimm- 
Organ,  mit  Bemerkungen  ueber  die  Stimme 
der  Sœngthiere,  Vœgclund  Amphibie  (Sur 
la  compensation  des  forces  physiques  dans  l'or- 
gane vocal  de  l'homme,  avec  des  remarques  sur 
la  voix  des  animaux  chanteurs ,  oiseaux  et  mam- 
mifères );  BerUn,  1839,  in-8^  Muller  expose  dans 
cet  ouvrage  ses  nombreuses  observations  sur 
les  modifications  de  rintonalion  des  divers 
genres  de  voix ,  en  raison  des  tensions  détermi- 
nées des  cordes  vocales,  sous  rinfiuence  des 
pressions  de  l'air  exercées  dans  le  tube  laryn- 
gien. Ce  sont  ces  effets  produits  par  des  forces 
contre* balancées  que  Millier  appelle  compensa" 
tion.  Cette  matière  est  absolument  neuve  et 
peut  contribuer  au  perfectionnement  des  mé- 
thodes de  chant.  M.  Jourdan  a  donné  la  traduc- 
tion française  de  ce  dernier  écrit  dans  le  Mar- 
nuel  de  physiologie ,  comme  supplément  à  la 
tliéorie  de  la  voix  contenue  dans  cet  ouvrage. 
MtJLLER  (Adolpue),  dont  le  nom  de  fa- 
mille véritable  est  SCHMID,  est  né  le  7  octobre 
1802,  à  Toina ,  en  Hongrie.  Fort  jeune  encore 
il  perdit  ses  parents  et  fut  recueilli  par  une 
tante  qui  le  destinait  au  théâtre.  Rieger,  orga- 
niste de  l'église  Saint-Jacques,  à  Brunn,  lui 
donna  les  premières  leçons  de  musique;  à  huit 
ans  il  joua  un  concerto  de  piano  dans  la  salle  de 


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262 


MULLER 


la  Redoute,  en  cette  Tille.  Plus  tard  il  débuta  dans 
l'opéra,  et  chanta  avec  succès  à  Prague,  Lem- 
berg ,  Drunn  ,  et  depuis  1823 ,  à  Vienne.  Sans 
aYoir  appris  les  éléments  de  l'harmonie,  il  avait 
fait  quelques  essais  de  composition  ;  mais  arrivé 
dans  la  capitale  de  rAutriche,  il  y  prit  des  leçons 
de  Joseph  Blumentlial,  puis  écrivit  uue  cantate 
pour  Panniversaire  de  la  naissance  de  Tempereiir. 
Le  bon  accueil  qpi  fut  fait  à  cet  ouvrage  Pen- 
couragea,  et  dans  Vannée  suivante  il  donna  au 
théâtre  de  Joseplistadt  son  premier  petit  opéra 
intitulé  :  Wer  andem  eine  Grube  grxht, 
fsellt  selbst  hinein  (Celui  qui  tend  un  piège  à 
autrui  y  est  pris  lui-même).  Cette  pièce  fut  suivie 
en  1826  de  l'opéra-comique  Die  schwarze  Frau 
(la  Dame  noire),  sorte  de  parodie  de  la  Dame 
blanche^  qui  eut  un  succès  populaire.  Dans  la 
même  année  il  fut  engagé  comme  chanteur  au 
théâtre  de  la  Porte  de  Carinthie ,  et  composa 
pour  cette  scène  l'opérette  intitulé  le  Premier 
Rendez-vous.  La  réussite  complète  de  cet  ou- 
vrage décida  Mûller  à  cesser  de  paraître  en  pu- 
blic comme  acteur.  En  1828,  l'administration  du 
théâtre  An  der  Wien  le  choisit  comme  direc- 
teur de  musique  ,  et  le  chargea  de  la  composi- 
tion d'un  grand  nombre  de  petits  opéras ,  de 
Singspiels  ou  vaudevilles,  et  de  parodies.  Parmi 
celles-ci  on  remarque  Le  Barbier  de  Sievering 
(parodie  dn  Barbier  de  Sëville);  Othellert  (  le 
Petit  Otello),  et  Robert  der  Teuxel  (Robert  le 
diantre).  Le  nombre  des  pièces  pour  lesquelles  il 
a  écrit  de  la  musique  pendant  cinq  années  s^é- 
lève  à  plus  de  soixante.  On  regrette  qu^avec 
de  roriginalité  dans  les  idées,  cet  artiste ,  tou- 
jours pressé  par  le  besoin,  ait  écrit  la  plupart 
de  ses  ouvrages  avec  négligence  et  précipitation^ 
Aux  compositions  précédemment  citées,  il  faut 
ajouter  beaucoup  de  morceaux  pour  le  piano  et 
de  chansons  allemandes  ;  l'éditeur  Antoine  Dia- 
belli  a  publié  environ  140  de  ces  productions. 
Avant  1835,  Mûller  avait  écrit  aussi  une  messe  et 
cinq  offertoires.  En  1836,  il  a  été  fait  directeur 
de  musique  au  théâtre  de  Kœnigstadt  à  Beriiii  ; 
il  occupait  encore  cette  place  en  1850. 

MULLER  (G.-F.),  organiste  à  Ërfurt,  élève 
de  Jean-Gottlob  Schneider,  organiste  de  la  cour 
de  Dresde,  s*est  fait  connaître  par  quelques 
pièces  d'orgue,  et  par  un  livre  intitulé  :  Musika- 
Usche  Anecdoten  und  Miscellen  (  Anecdotes 
musicales  et  mélanges).  Erfurt^  1636^  1  vol.  in- 12 
de  379  pages. 

MfJLLER  (Donat),  directeur  de  musique  à 
Pégiise  Saint-Ulrich,  d'Augsbourg,  né  à  Bibourg, 
près  de  cette  ville;  le  17  janvier  1804 ,  s'est  fait 
connaître  par  environ  cent  œuvres  de  sa  com- 
position, la  plupart  pour  l'église.  Ses  principaux 


ouvrages  sont  :  1**  Trois  Lieder  beim  Grabe 
Jesu  (Trois  chants  sur  la  tombe  de  Jésus),  à  3 
voix,  2  violons,  2  clarinettes,  2  cors,  basse  et 
orgue,  op.  14;  Augsbourg,  Lotter.  —  2"  Deux 
litanies  à  3  et  4  voix ,  orgue,  et  2  clarinettes, 
2  cors  et  trombone  ad  libitum  ,  2*  édition  ;  ibid. 

—  3**  Messe  (en  r^  à  3  ou  4  voix,  2  violons  et 
orgue,  avec  instruments  à  vent  ad  libitum;\bhl 

—  4"  Requiem  à  3  voix,  2  violons  et  orgue 
obligés,  2  cors  €ui  libitum^  ibid.  —  5"*  Vêpres 
allemandes  à  2  ou  3  voix  et  orgue,  ibid.  — 
6**  Vesperx  brèves  choris  ruralibus  accomo- 
datx  a  canto  ,  aUo  et  basso ,  2  viol.  2  comi- 
bus  vel  clar.  tymp.  et  organo,  ibid.  —  7**  Quel- 
ques recueils  de  variations  pour  le  piano.  — 
8**  Litanies  de  la  Vierge,  à  2  ou  3  voix,  avec 
2  Tiolons,  orgue  obligé,  et  instruments  à  veot 
ad  libitum,  op.  12;  ibid.  —  9**  Dixit  et  Ma- 
gni/icat  k  4  voix,  orchestre  et  orgue,  op.  22; 
Augsliourg,  Gombart.  —  10^  Pange  Ungm 
pour  voix  de  basse  et  orgue;  op.  23;  ibid.  — 
11"*  0  Deus  amor  meus,  graduel  à  4  voix,  vio- 
lon solo,  2  violons,  alto,  basse,  orgue  obi.,  et 
instruments  à  vent,  op.  34  ;  Munich,  Falter.  — 
12^  Tantum  ergo  à  3  ou  4  voix,  orchestre  et 
orgue,  op.  37;  Augsbourg,  Kranzfelder.  — 
13^ Messe  à  3  ou  4  voix,  orcliestre  et  orgue, 
op.  39  ;  ibid.  -*  U"*  Pange  lingua  à  4  voix  et 
orgue,  op.  56;  Augsbourg,  Gombart. 

Un  autre  musicien  du  même  nom  {Mûller  D.) 
a  été  chargé  de  la  rédaction  du  Postillon,  journal 
de  musique  qui  se  publiait  à  Leipsick  en  1841. 

MÛLLER  (Joseph),  docteur  et  directeur  do 
gymnase  à  Glatz,  précédemment  directeur  du 
gymnase  à  Conitz,  dans  la  Prusse  occidentale , 
est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  leitfaden 
beim  Gesangunterricht  fur  Schuler  der  Gym- 
nasien  entwurfen  (Guide  pour  l'étude  du  chant 
à  l'usage  des  gymnases),  Berlin^  Uirscbwald, 
1825,  in- 4"  de  75  pages. 

MÛLLER  (les  frères)  ont  acquis  dans 
toute  l'Europe  une  célébrité  méritée  par  Tensem- 
ble  admirable  et  le  fini  de  leur  exécution,  dans  le 
quatuor  dinstrumcnts  à  cordes.  L'atné(CHÀRLESr 
Frédéric)  est  né  à  Brunswick ,  le  11  novembre 
1797.  A  r&ge  de  quatorze  ans  il  alla  à  Berlin, 
où  sa  mère  lui  enseigna  les  éléments  de  la  mu- 
sique; ensuite  il  reçut  des  leçons  de  violon  de 
Mœser.Ses  éludes  persévérantes  en  tirent  on  des 
violonistes  les  plus  distingués  de  l'Ailemagne.TaÉo- 
DORB-HEr<Ri-GusTAVE,son  frère, né  le  3décembre 
1800,  était  aussi  bon  violoniste,  et  jouait  de 
l'alto  avec  une  rare  perfection.  Le  troisième 
frôre  (AcccsTE-TnÉonoRE) ,  né  le  27  août  1803, 
se  fait  remarquer  par  le  beau  son  qn'il  tire  do 
violoncelle,  et  sa  manière  expressive  de  phraser» 


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MULLER  —  MULLINGER-HIGGINS 


263 


Enfin  le  plus  jeane,  nommé  François  Ferdinand- 
Gborces,  né  à  Brunswick^  le  29  juillet  1809, 
jouait  le  second  violon  dans  le  quatuor  qui  se  com- 
posait des  quatre  frères.  Tous  avaient  du  mérite 
comme  instrumentistes  et  comme  compositeurs; 
mais  c^est  surtout  par  leur  réunion  quMIs  ont 
acquis  une  grande  valeur.  L'habitude  de  jouer 
ensemble,  l'unité  de  sentiment  qui  les  animait, 
l'étnde  qu'ils  avaient  faite  des  moindres  détails 
pour  arriver  à  l'effet  le  plus  parfait  et  Ic'plus  ho- 
mogène,  les  a  conduits  souvent  à  la  réalisation  du 
beau  idéal.  Peut-être  se  seraient-ils  contentés  de 
jouir  eux-mêmes  du  bonheur  d'une  telle  produc- 
tion d'art ,  si  une  circonstance  imprévue  ne  les 
eût  en  quelque  sorte  lancés  dans  le  monde.  Le 
duc  Charles  de  Brunswick  exerçait  alors  son 
despotisme  sur  ses  sujets  :  il  rendit  une  ordon- 
nance qui  défendait  aux  musiciens  de  sa  cha- 
pelle de  se  faire  entendre  dans  les  concerts  on 
dans  quelque  société  que  ce  fût.  Les  frères 
Muller,  alors  attachés  à  son  service,  résolurent 
de  donner  leur  démission,  et  de  se  préparer  par 
des  études  à  voyager,  pour  se  faire  entendre  dans 
les  quatuors.  Leur  démission  fut  acceptée  le 
10  octobre  1830;  mais  après  la  révolution  qui 
mit  fin  au  règne  du  duc  Charles,  le  nouveau  gou- 
vernement traita  avec  eux  pour  leur  rentrée  dans 
ta  chapelle,  et  leur  accorda  un  congé  pour  voyager. 
Ils  se  rendirent  d'abord  à  Hambourg,  où  ils  cau- 
sèrent une  vive  sensation;  puis  ils  allèrent  à 
Berlin  en  1832.  D'abord  ils  eurent  peu  d'audi- 
teurs, parce  que  les  amateurs  s'étaient  persuadé 
que  les  soirées  de  quatuors  de  Mœser  étaient 
les  meilleures  qu'on  pût  entendre;  mais  bientôt 
le  bruit  de  leur  eiLcellente  exécution  se  répandit, 
et  dans  leurs  dernières  séances  le  public  encom- 
brait la  salle,  les  corridors  et  l'escalier.  Leurs 
séjours  dans  les  principales  Tilles  de  l'Europe 
furent  de  véritables  triomphes.  A  Paris  même, 
ils  eurent  un  succès  éclatant  en  1837,  et  Ton 
avoua  que  si  rien  n'égalait  la  poétique  inspira- 
tion et  la  variété  de  style  du  talent  de  Baillot 
dans  le  quatuor,  il  y  avait  dans  l'ensemble  des 
frères  MûHer  un  charme  qu'on  n'avait  trouvé 
jusque-là  dans  aucune  réunion  d'artistes.  Quatre 
fils  de  Charles-Frédéric  (  Bernard ,  né  le  24  fé- 
vrier 1825,  à  Bruns Wick,  Charles,  né  le  14  avrfl 
1829,  Hugo ,  né  le  21  septembre  1832,  et  Wil* 
lietra,  né  le  l«r  juin  1833) ,  ont  succédé  à  leur 
père  et  à  leurs  oncles,  pour  Texécation  des  qua- 
tuors, et  s'y  sont  déjà  Aiit  remarquer  par  leur 
bel  ensemble.  Deux  des  frères  de  Cliarles-Fré< 
déric  sont  morts  à  Brunswick,  Georges  le  22 
mai  1855,  et  Gustave  le  l^r  septembre  de  la 
même  année. 
Gustave  Mûller  a  fait  graver  quelques  compo- 


,  sitions  pour  le  violon,  entre  autres  :  1"  Première 
polonaise  pour  violon  principal  avec  quatuor, 
op.  4;  Brunswick,  Spehr.  —  2°  Pot-pourri  bril- 
lant sur  des  motifs  du  Colporteur^  pour  violon 
et  orchestre,  op.  8;  Brunswick,  Meyer.  — 
3°  Variations  sur  une  romance  allemande ,  idem , 
op.  9.;  Halle,  Helmuth.  On  a  aussi  plusieurs 
morceaux  de  Georges,  particulièrement  :  l**  Pot- 
pourri  pour  piano  et  violon  sur  des  thèmes  de 
Jessonda,  op.  3;  Brunswick,  Spehr.  —  2**  Polo- 
naise pour  piano,  op.  2  ;  Brunswick,  Herrtg.  — 
,  y*  Deuxième  pot-pourri  pour  piano  et  violon , 
tiré  du  Vampire  deMarschner,  op.  6  ;  Brunswick, 
Meyer.  —  4**  Chansons  allemandes  avec  ace.  de 
piano.  Hanovre ,  Bachmann.  Georges  Millier  a 
fait  aussi  représenter  au  théâtre  de  Brunswick, 
en  1844,  l'opéra  intitulé  :  Pino  di  Porto.  EnOn, 
Auguste-Théodore  Mûller  a  publié  des  polonaises 
pour  piano  à  quatre  mains,  à  Bonn ,  chez  Sim- 
rock,  et  une  ouverture  à  grand  orchestre,  op.  2, 
à  Leipsick,  chez  Hofmeister. 

MÎJLLËR  (Charles-Rodolphe),  professeur 
de  mathématiques  à  l'université  de  Marbourg,  est 
auteur  d'un  livre  intitulé  ;  Anleitung  zutn  Ge- 
neralbass  und  Anwendung  desselben  auf  da& 
Clavierspielen  (Instruction  sur  la  basse  conti- 
nue, et  sur  son  application  au  jeu  du  clavecin), 
Marbourg,  1834,  in-8^  de  4  feuilles. 

MULLER  (Robert)  ,  recteur  et  professeur 
au  séminaire  des  instituteurs  à  Fribourg,  dans  le 
grand-duché  de  Hesse,  est  auteur  d'un  ouvrage 
intitulé:  Anleitung  z%im  Gesangunterrichte  fur 
Lehrer  am  Volkschulen.  Nebst  einer  Samm- 
lung  von  Zwei,  Drey  und  Vierstimmigen  £ic- 
dem  und  choraelen  fur  Kirche  und  Schule , 
und  einer  Anhang  von  Gesangen  fur  drei  und 
vier  Mannerstimmen  in  Noten  und  Ziffer- 
schrift  (Introduction  à  la  connaissance  du  chant 
pour  les  professeurs  dans  les  écoles  du  peuple, 
suivies  d'un  recueil  de  chants  et  de  cliorals 
pour  l'église  et  l'école  à  2,  3  et  4  voix,  et  d'un 
supplément  de  chants  pour  trois  et  quatre  voix 
d'hommes,  en  notes  et  en  chiffres);  Darmstadt , 
L.  Lœbst,  1836  et  1837,  in-4''  obi. 

MULLINGER-HIGGINS  (  William),  an- 
cien professeur  de  philosophie  naturelle  à  l'hôpi- 
tal de  Guy,  à  Londres,  membre  honoraire  des 
institutions  dlslington,  de  Campden-Town,  Staî* 
nés,  etc.,  a  publié  plusieurs  ouvrages  de  physique 
et  de  philosophie  expérimentale,  au  nombre  des- 
quels on  remarque  celui  qui  a  pour  titre  :  Phi- 
losophy  of  Sound  and  History  of  Musk  (Phi- 
losophie du  son  et  Histoire  de  la  musique)  ;  Lon- 
dres, 1838,  ln'8*'  de  256  pages.  Ce  livre  est  un 
bon  résumé  de  la  science  de  l'acoustique,  et 
présente  un  tableau  exact  de  la  situation  de  cette 


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264 


MULLINGER-HIGGIWS  —  MUNSTER 


science  à  Tëpoque  oii  il  parut.  On  y  IrouTe  par- 
ticulièrement des  renseignements  concernant  les 
travaux  des  physiciens  anglais  relatirs  à  cette 
science ,  depuis  le  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle. 

MULLNER  (Joséphine),  harpiste  distinguée, 
née  à  Vienne  en  1769,  fit  admirer  son  talent 
en  1798,  dans  ses  voyages  à  Dresde,  h  Leipsick 
et  à  Weimar.  Elle  donna  plus  tard  des  leçons 
de  harpe  à  l'iropératrice  d*Autriclic.  On  a  gravé 
de  sa  composition  14  chansons  allemandes  avec 
accompagnement  de  piano. 

HUNGHHAUSEN  (le  baron  DE),  cham- 
bellan du  prince  Henri  de  Prusse,  vivait  à  Rlieins* 
bergen  1793.  On  le  citait  alors  comme  virtuose 
sur  le  piano  et  sur  Tharmonica.  On  a  gravé  de 
sa  composition  :  1®  Trois  symphonies  pour  l'or- 
chestre, op.  1.  —  2"*  Deux  sonates  à  4  mains 
l>our  le  piano,  op.  2  ;  Paris,  César.  —  3°  Sonate 
idem,  op.  3;  ibid.  -  4°  Dix  chansons  allemandes 
avec  accompagnement  de  piano ,  op.  4  ;  Berlin, 
Humroel.  —  5°  Deux  symphonies  dédiés  au  roi 
de  Prusse,  op.  5;  ibid.  ;  et4]uelques  autres  pro- 
ductions. 

MUNGKE  (Georces-Guillavme)  ,  né  à  Ha- 
novre, vers  1780,  a  été  professeur  de  physique 
aux  universités  de  Marbourg  et  de  Giessen,  puis 
en  dernier  lieu  à  Heidelberg.  Dans  le  dictionnaire 
de  physique  de  Gebler,  dont  il  adonné  une  nou- 
velle édition  avec  Gmelin ,  Horner,  Littrow  et 
PfafT  (Leipsick,  1826,  10  vol.  in-S**),  il  a  traité 
du  son  (Schall) ,  des  phénomènes  de  sa  produc- 
tion, et  de  Tétat  de  la  science  en  ce  qui  le  con- 
cerne. Cet  important  travail  occupe  plus  de  300 
pages  (p.  178-505 }  dans  le  huitième  volume  du 
dictionnaire. 

MU32D  (Henri),  facteur  d'orgues  à  Prague , 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle ,  y 
a  construit,  pour  Téglise  Notre-Dame  de  la  vieille 
ville,  un  orgue  de  28  jeux,  en  1071. 

MUNDY  (Jean),  musicien  anglais,  sous  le 
règne  d'Elisabeth ,  fut  d^ahord  organiste  do  col- 
lège d'Eton ,  puis  de  la  chapelle  de  Windsor. 
En  1586,  il  fut  fait  bachelier  en  musique  à  Tu- 
niversilé  d'Oxford ,  et  quarante  ans  après,  il  y 
reçut  le  doctorat.  Il  mourut  à  Windsor  en  1630, 
et  y  fut  inhumé  dans  la  chapelle  de  Saint- Georges. 
Mundy  eut  la  réputation  d'un  bon  organiste ,  et 
quelques-unes  de  ses  pièces,  conservées  dans  le 
Virginal- Book  de  la  reine  Elisabeth,  prouvent 
qu'il  avait  en  effet  du  talent.  Quelques  madri- 
gaux de  sa  composition  ont  été  insérés  parMorley 
dans  le  recueil  intitulé  Les  Triomphes  d*Oriane. 
Il  a  publié  un  recueil  de  chants  et  de  psaumes  à 
trois,  quatre  et  cinq  voix,  sous  ce  titre  i.Songs 
and  Psalms^  composed  into  ihree,  four  and 


I  five  paris,  for  the  use  and  delight  ofall  such 
as  either  love  or  leame  mnsicke,  Londres,  1 594. 

MUNDY  (William),  fils  du  précédent,  n'est 
connu  que  par  quelques  compositions.  On  trouve 
plusieurs  de  ses  antiennes  dans  la  collection  de 
Barnard. 

MUNERAT  (Jean  LE),  musicien  delà  cha- 
pelle royale  du  collège  de  France,  et  théologien 
scolastique  de  Tuniversité  de  Paris,  vers  U  fin 
du  quinzième  siècle,  est  auteur  d'un  livre  qui  a 
pour  litre  :  De  Bioderatione  et  Concordid, 
Grammalicd  et  Musicd,  Paris,  1490. 

MUNK  (H.),  savant  suédois  qui  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  a  sou- 
tenu en  1693,  à  l'université  d'Ado,  une  thèse  quMI 
a  fait  imprimer  sous  ce  titre  :  Dlsserlatio  de  usiu 
organorum  in  templis,  Abo,  1673,  in-4^ 

MUNNIUS  (Jean  ) ,  compositeur  allemand, 
au  commencement  du  dix-septième  siècle,  a  pu- 
blié :  Lib,  1  cantionum  sacraruvi  4,  5,  6  et 
8  vocum,  Strasbourg,  Ittll. 

MUXSTER  (Joseph-Joachim-BenoIt),  ju- 
risconsulte, notaire  et  directeur  de  musique  à 
Reichenball,  en  Bavière,  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  s'est  fait  connaître  comme 
compositeur  et  comme  écrivain  didactique  par 
les  ouvrages  suivants  :  Vesperx  longiores 
fesiivx  B.  M.  nec  non  brevissimx  toto  anno 
4  toc.  cum  2  viol,  partlm  concertanlibus  et 
diiplici  basso  generali,  op.  1  ;  Augsbourg,  1732.^ 
—  2"*  Caniicum  canticorumy  seu  8  Litanix 
cum  9  Antiphonis  4  voc.  duobus  violinis  con" 
ccrlat. ,  2  clarinis  cum  tympano  vel  duobus 
cornibus  venaioriis  et  duplici  basso  generali, 
op.  2,  Augsbourg,  1735.  —3^  Vesperx pro  toto 
anno  non  minus  longx,  solemnes  tamen  fere 
omnes  4  voc,  et  6  instrum,,  op.  4.  —  4«  Con- 
certaliones  brèves  ac  faciles^  solemnes  tamen 
omnes  quarum  ultimx  dux  pastoritix  »ie- 
thodo  nova^  singulari  et  comico-ecclesiastica 
elaboratx  a  2  violinis,  2  corn.  obi.  cum  tym* 
pan.  et  duplici  basso,  op.  5;  Augsbourg,  1744. 
^  5**  VII  Litanix  4  voc.  et  5  insirum.,  op.  6, 
ibid.,  1751.  —  e**  Soixante  airs  allemands  agréa- 
bles pour  les  fêtes  communes  à  voix  seule, 
2  violons,  2  cors ,  2  trompettes ,  violoncelle  et 
orgue  (  ce  sont  des  motets  allemands  ).  — 
T*  Musices  instructio  in  brevissxmo  regulari 
compendio  radicaliter  data,  c'est-à-dire 
chemin  le  plus  court  et  le  plus  sûr,  ou  instruc- 
tion véritable  pour  apprendre  le  noble  art  du 
chant,  d'après  les  règles  et  les  principes  (en  al- 
lemand). Halle,  en  Souabe,  1732,  in4^  La 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée 
à  Augsboui*g,  en  1741,  23  pages  in-4°.  La  qua- 
trième édition  a  paru  chez  Lotter,  à  Augsbourg, 


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MUNSTER  —  MURIS 


265 


€n  (751,  iii'4^  obi.  de  32  pages.  La  cinquième, 
édition,  formant  4  feuilles  in-4^  a  été  imprimée 
dans  la  même  ville  en  1766.  J^en  connais  une 
neuTlème  édition  qui  est  d'AugsiMqrg,  1781 , 
in-4*.  —  8"  SceUa  Jaceb  ascendendo  et  des- 
cendendo,  ou  Méthode  courte  et  instruction 
complète  pour  apprendre  par  principes  le  noble 
art  du  ptain-chant  (en  allemand  )  ;  Augsbourg , 
1743,  in •4*'.  11  y  a  nne  deaxième  édition  de  ce 
livre,  Augsbourg,  1756, 5  feuilles  in^*". 

MÛNTZBËRGER  (Joseph)  ,  violoncelliste 
d'origine  allemande,  est  né  à  Bruxelles  en  1769. 
Son  père  (  Wenceslas  Miïntzberger)  était  attaché 
à  la  mosîque  du  prince  Charles,  gouverneur  des 
Pays-Bas.  A  Tâge  de  six  ans ,  il  joua  un  con- 
certo de  violoncelle  sur  un  grand  alto  devant  ce 
prince,  qui,  lui  trouvant  des  dispositions,  lui 
donna  pour  maître  Yan  Maldère,  violoniste  de 
sa  chapelle ,  élève  de  Tartini.  Après  la  mort  de 
ce  maître ,  Mûntzberger  reçut  de  son  père  des 
leçons  pour  plusieurs  instruments;  mais  celui 
qu'il  choisit  de  préférence  fut  le  violoncelle.  A 
quatorze  ans  il  se  rendit  à  Paris,  et  sans  autre 
secours  que  la  méthode  de  Tillière ,  il  parvint, 
par  ses  étades,  à  exécuter  les  choses  les  pins 
difticiles  de  ce  temps.  En  1790,  il  entra  à  For- 
chestre  da  thé&tre  lyrique  et  comique,  boulevard 
Saint-Martin;  et  peu  de  temps  après  il  passa 
à  rOpéra-coroique  du  théâtre  Favart,  dont  il  de- 
vint la  première  basse  solo,  après  la  retraite  de 
Cardon.  Après  quarante  ans  de  service,  il  se 
retira  en  1830,  avec  une  pension.  Il  fut  aussi 
violoncelliste  de  la  chapelle  de  Napoléon, 
puis ,  après  la  restauration,  il  entra  dans  celle 
du  roi.  Mûntzberger  s'est  fait  entendre  avec 
succès  dans  plusieurs  concerts,  particulière- 
ment dans  ceux  de  la  rue  de  Cléry,  qui  eurent 
de  la  vogue  au  commencement  de  ce  siècle.  Il 
a  publié  beaucoup  de  compositions  pour  son 
indtrument  :  ses  principaux  ouvrages  sont  : 
10  Symphonie  concertante  pour  violon  et  vio- 
loncelle ;  Paris,  Sieber.  —  7!*  Concertos  |K>ur  vio- 
loncelle, n®  1,  Paris,  Naderman;  n®  2,  op.  34, 
Paris,  Leduc;  n®  3,  Paris,  Frey;  n*  4,  Paris, 
Sieber  ;  n*  5,  ibid.  —  3*  Thème  varié  avec  or- 
chestre, Paris,  Carli.  —  4®  Trios  pour  violon- 
celle, violon  et  basse,  op.  1  et  2  ;  Paris,  Pleyel. 
—  &**  Environ  vingt  œuvres  de  fantaisies  et  d*airs 
variés,  avec  accompagnement  de  quatuor;  Paris, 
chez  les  principaux  éditeurs.  —  6*  Duos  pour 
2  violoncelles,  op.  5, 6,  10, 1 1,  32, 36, 39,  41,  43, 
«t  livre  H ,  ibid.  —  T*  Duos  pour  alto  et  vio- 
loncelle, op.  7  ;  Paris,  Leduc.  •»  8^  Sonates  pour 
violoocelle,  liv.  I,  2,  op.  A,  B  :  op.  35,  40,  Pa- 
ris, Leduc,  Naderman  et  Sieber.  —  e"*  Études 
et  caprices,  Ut.  1,  2, 3,  ibid.  -  10*  Airs  variés, 


4  livres;  ibid.  —  11°  Nouvelle  méthode  pour  le 
violoncelle  ;  Paris,  Sieber.  Mûntzberger  est  mort 
à  Paris,  au  mois  de  janvier  1844. 

MURAT  (Antoine),  Arménien  de  nais- 
sance, était  attaché,  comme  second  interprète, 
à  la  légation  suédoise  de  Constantinople  en  1780. 
Il  écrivit,  pendant  son  séjour  dans  cette  ville,  un 
livre  intitulé  :  Essai  sur  la  mélodie  orientale, 
ou  explication  du  système  des  modes  et  des 
mesures  de  la  musique  turque.  Cet  ouvrage, 
resté  en  manuscrit,  parait  s^ètre  égaré.  On  en 
trouve  une  analyse  dans  le  Musik-Kunst  Ma- 
gasiny  de  Reichardt,  p.  57. 

MURINO  (iEciDiis  de).  Voyez  Égide  de 

MURINO. 

MURIS  (Je\n  DE),  dont  le  nom  français 
était  peut-être  DE  MURS,  ou  DE  MEURS,  est 
le  plus  célèbre  des  écrivains  du  quatorzième 
siècle  sur  la  musique.  Les  opmions  ont  été  par- 
tagées sur  le  pays  qui  Ta  vu  naître  :  suivant 
Ge&ner  (Blblioth,  univers,),  eiT^nner  {Biblioth, 
BritannicO'Hihem.y  p.  &37),  il  serait  Anglais 
de  naissance  ;  ils  sont  suivis  dans  cette  opinion 
par  Hawkins,  qui  Tappuie  de  ces  deux  vers 
tirés  d^un  ancien  manuscrit  existant  en  Angle- 
terre : 

John  de  MurU,  varlis  floruitque  flgoris, 
AngUa  cantorum  omen  gignit  plurimorum. 

Bonteropi  (Istoria  musica,  p.  199)  l'appeile  Pe- 
rugino  (de  Pérouse),  peut-être  par  une  faute 
d'impression,  au  lieu  de  Parigino;  Jean  de 
Beldemandis,  commentateur  de  Jean  de  Mûris, 
dit  qu^il  était  de  Paris  (Johannes  de  Mûris  Fa-- 
risiens»);  d'autres. enfin,  au  nombre  desquels  est 
M.  Weiss ,  auteur  de  la  notice  insérée  dans  la 
Biographie  universelle  de  Michaud,  lui  donnent 
seulement  la  qualité  de  Français  et  ajoutent 
qu'on  le  croit  communément  originaire  de  Nor- 
mandie. Un  manuscrit  du  quinzième  siècle,  qui  se 
trouvait  autrefois  à  la  bibliothèque  de  Saint-Biaise, 
dans  la  forêt  Noire,  et  qui  contient  des  fragments 
sur  diverses  parties  de  la  musique,  extraits  d*un 
ouvrage  de  Jean  de  Mûris,  a  pour  souscription  : 
Eopplicit  tractatusde  musicasecundum  magis- 
irum  Johannem  de  Mûris  de  Francia,  Amen,  Il 
parait  qu'il  régnait  déjà  de  Tincertitude  sur  ce  point 
dans  les  premières  années  du  quinzième  siècle,  car 
un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Padoue,  daté  de 
1404,  dont  le  P.  Martini  possédait  une  copie,  est 
intitulé  :  Mag,  Joh»  de  Mûris  de  Normandia 
alias  Parisiensis  praticamensurabilis  cantus, 
cum  expositio  Prodoscimi  de  Beldemandis, 
En  réalité,  ce  théoricien  célèbre  était  né  en  Nor- 
mandie; on  en  a  la  preuve  :  1°  dans  un  Traité 
des  fractions  dont  le  manuscrit,  daté  de  132 1 , 
se  trouve  à  Oxford ,  dans  le  fonds  de  Digby  de 


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266 


MURIS 


la  Bibliothèque  Bodiéienne,  sous  le  n"*  190,  fol. 
72.  Ce  traité  a  pour  inscription  :  Traciatus  ca- 
nanum  minutiarum  philosophicarum  et  vul- 
ffarium,  quem  compomU  mag.  Johannes  de 
Mûris,  Normannus,  À.  hgccxu.  Dans  le  pro- 
logue de  ce  traité,  l'auteur  dit  que  c*est  dans  la 
môme  année  qu'il  a  écrit  sur  Tart  de  la  musique 
chantée  et  écrite  ou  figurée ,  tant  mesurée  que 
plaine ,  et  sur  tontes  les  manières  possibles  de 
faire  le  contrepoint  ou  déchant,  non-seulement 
par  notes  réelles ,  mais  avec  toutes  les  notes  de 
passage  et  d'ornement  :  voici  ses  paroles  :  Eo- 
dem  anno  notitia  artis  musicx  proferendœ 
et  figurendœ  tant  mensurabilis  quam  plame, 
quantum  ad  omnem  modum  possibilem  dis- 
cantandi ,  non  solum  per  intégra,  sed  usque 
ad  minutissimas  fractiones..»  nohis  claruit  ; 
—  2**  Dans  une  lettre  qn*il  a  écrite  au  pape  Clé- 
ment YI  (dont  le  pontificat  a  commencé  en  1342 
et  a  lini  dix  ans  et  quelques  jours  après),  et 
qui  se  trouve  parmi  les  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Paris  (cod.  7443).  On  y  voit 
que  dans  sa  jeunesse  il  avait  été  lié  d'amitié  avec 
ce  chef  de  l'Église,  qui  avait  été  d'abord  moine  à 
la  Chaise-Dieu ,  en  Normandie,  puis  archevêque 
de  Rouen. 

Le  rédacteur  du  catalogue  des  manuscrits  de 
la  Bibliothèque  royale  de  Paris  donne  à  Jean  tie 
Mûris  la  qualité  de  chanoine  de  Paris,  probable- 
ment d'après  l'autorité  de  Mersenne,  qui  l'ap- 
pelle Canonicwjcf  Decanui  ecclesix  Parisiensis 
(Harmonie,  lib.  I,  prop.  XXV,  page  8);  je 
n'ai  trouvé  nulle  part  la  preuve  qu'il  l'ait  été , 
mais  bien  qu'il  fut  docteur  et  professeur  de  Sor- 
bonne  dans  cette  ville.  Ce  fait  est  démontré 
i*par6onTraitédela  musique  spéculative,  dont 
Tabbé  Gerbert  a  publié  le  contenu  (Scriptor. 
ecclcsiast.  de  Musica,  t.  III,  pag.  256-283), 
d'après  des  manuscrits  des  bibliothèques  de  Paris, 
de  Vienne  et  de  Berne,  et  qui  est  terminé  par  ces 
mots  :  Explicit  Musica  speculativasecundum 
fioetium,  per  magistrum  Johannem  de  Mûris 
ebreviata»  Parisiis  in  Sorbona  anno  Domini 
1323;  2**  par  les  Canones  de  eclipsibus,  du 
même  auteur,  dont  le  manuscrit  se  trouve  à  Ox- 
ford, dans  le  fonds  de  Digby  de  la  Bibliothèque 
Bodiéienne,  sous  le  n°  97.  On  y  voit  en  note  : 
Hos  canones  disposuit  Johannes  de  Mûris 
Parisiis  in  A,  MCCCXXXIX  in  domo  scola- 
rium  de  Sorbona. 

L'année  de  la  naissance  et  celle  de  la  mort  de 
Jean  de  Mûris  sont  inconnues.  Quelques  an- 
ciens auteurs,  tels  que  Jumilbac  (La  Science  et 
la  pratique  du  plain-chant,  p.  120}  et  Brossard 
(Diction,  de  musique,  3<°«  édition,  p.  80),  se 
bornent  k  dire  qu'il  vécut  vers  1330;  Choron  et 


Fayole  (Diction,  histor.  des  Musiciens)  disfn 
qu'on  croit  qu'il  a  vécu  depuis  1300  jusqu'en 
1370;  mais  la  date  1321,  que  j'ai  rapportée  pré- 
cédemment comme  celle  d'un  de  ses  ouvrages, 
indique  qu'il  a  dû  naître  avant  Tannée  1300.  On 
ne  trouve  d'ailleurs  de  témoignages  positifs  de 
son  existence  que  jusqu'en  1345,  date  de  la  com- 
position de  ses  Pronostics  sur  la  conjonction  de 
Saturne  et  de  Jupiter,  dont  il  y  a  des  manuscrits 
dans  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris  et  à 
Oxford.  Je  ne  sais  sur  quel  fondement  Weiss  a 
dit  (Biograph.  univers.  )  qu'on  sait  que  Jean  de 
Mûris  vivait  encore  en  1358  ;  je  n*ai  point  Iroavé 
de  document  qui  donnftt  du  poids  à  cette  con- 
jecture. 

A  l'époque  où  l'histoire  de  la  musique  était  peu 
connue ,  on  a  considéré  Jean  de  Mûris  comme 
l'inventeur  des  signes  de  la  musique  mesurée. 
Le  premier  qui  parait  avoir  répandu  cette  errrar 
est  Nicolas  Vincentino,  qui,  dans  son  Àntica 
musica  ridotta  alla  modema  prattica  (p.  9) 
dit  expressément  que  les  huit  figures  de  notes 
en  usage  de  son  temps  (1555)  ont  été  inventées 
par  le  très-grand  philosophe  Jean  de  Mûris. 
Il  a  été  suivi  par  Zarlino,  Berardi ,  par  Gassendi 
(Manuductio  ad  theoriam  musicx,  cap.  3) , 
par  Jumilbac  (la  Science  et  la  pratique  d,t 
plain-chant,  3'"*  part.,  cap.  IV),  par  Brossard, 
et  beaucoup  d'autres.  Mersenne  fut  le  premier 
qui  émit  un  doute  sur  ce  fait,  dans  une  lettre  à 
Doni ,  longtemps  inconnue,  et  que  j'ai  publiée 
dans  le  12""  volume  de  la  Revue  musicale 
(pag.  249  et  suiv.).  «  Quant  à  Jean  de  Mûris 
«  (dit-il)  que  nous  avons  dans  la  Bibliothèque  du 
«  Roi,  in  magno  f ,  je  faict  grand  double  s*îl 
«  a- inventé  les  notes,  attendu  qu'il  n'en  dit  rien 
«  dans  tout  son  libvre;  et  on  ne  doit  pa<«  inan- 
«  quer  à  avertir  le  lecteur  quand  on  invente 
«  quelque  chose  de  nouveau.  »  J.-J.  Rousseau 
dit  aussi  (art.  Musique),  en  parlant  de  l'opinion 
qui  attribue  l'invention  des  figures  de  la  musique 
mesurée  à  Jean  de  Mûris  :  «  Ce  sentiment,  bien 
«  que  très-commun,  me  paraît  mal  fondé,  à  en 
K  juger  par  son  traité  de  musique  intitulé  : 
«c  Spéculum  musicx,  que  j*ai  eu  le  courage  de 
«  lire  presque  entier,  pour  y  constater  l'inven- 
«  tion  que  l'on  attribue  à  cet  auteur.  »  Il  est 
bien  singulier  que  ces  deux  écrivains  ayant  eu 
sous  les  yeux  le  grand  traité  de  musique  de 
Jean  de  Mûris,  n'aient  en  que  des  doutes  à  ce 
sujet,  et  n'y  aient  pas  remarqué  quil  dit  d'une 
manière  expresse  que  Gui  d'Arezzo  inventa  de 
nouvelles  notes  et  figures  pour  le  plain-chaut, 
ajoutant  que  beaucoup  d'autres  auteurs,  parmi 
lesquels  il  cite  Àristote  (voy,  ce  nom)  e( 
Francon  le  Teutonique ,  ont  traité  amplement 


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MURIS 


267 


de  la  musique  mesurée.  Il  y  a  deux  passages  fort 
clairs  sur  ce  sujet  dans  le  Spéculum  miisioCy 
l'un  au  chapilie  G'"®  du  premier  livre,  l'autre 
dans  le  prologue  du  septième  livre  ;  voici  le 
premier  :  In  muska  autejn  practica  plana 
floruit  Guida  monachuê,qui  novas  adinve- 
nit  notas  et  figuras  et  monocordo  et  tonis 
muUo  scripsit.  De  mensurabili  autem  musica 
multi  tracta  verunl,  inter  quos/lorcre  videtur 
quidam  qui  Aristoteles  in  titulo  lihri  sui  no- 
nUnatur  et  Francho  Teutonicus  (cap.  Qj  De 
musiees  inventoribus,  fol.  4  verso).. 

Le  traité  intitulé  Spéculum  musicx  est  le 
plus  considérable  des  ouvrages  de  Jean  de 
Mûris.  Je  n'en  connais  que  deux  manuscrits 
qui  sont  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris. 
Le  premier  (n°  7027  in-fol.)  est  un  magnifi- 
que volume  de  plus  de  600  pages  sur  vélin, 
d'une  écriture  fort  belle  du  commencement  du 
quinzième  siècle.  L'autre  (n*^  7207  A)  sur  papier, 
d'une  mauvaise  écriture  chargée  d'abréviations, 
n'est  pas  complet.  L'ouvrage  est  divisé  en  sept 
livres  ;  le  premier  traite  de  la  musique  en  gé- 
néral, de  l'invention  de  ses  diverses  parties,  et 
de  sa  division,  en  76  chapitres  ;  le  second ,  des 
intervalles,  en  123  chapitres;  le  troisième,  des 
proportions  et  des  rapports  numériques  des 
intervalles,  en  56  chapitres  ;  le  quatrième ,  des 
consonnances  et  des  dissonances,  en  51  chapi- 
tres ;  le  cinquième,  des  tétracordes  de  la  mu- 
sique des  anciens,  de  la  division  du  monocorde 
et  de  la  doctrine  de  Boèce ,  en  52  chapitres  ;  le 
sixième,  des  modes,  de  la  tonalité  antique,  du 
système  des  hexacordes  et  des  muances ,  en  113 
chapitres  ;  le  dernier,  de  la  musique  figurée,  du 
(léchant ,  et  du  système  de  la  musique  mesurée. 
L'ouvrage  est  terminé  par  une  comparaison  de 
la  musique  antique  et  de  la  moderne  (du  quator- 
zième siècle).  Ce  livre  est  composé  de  45  clia- 
pitres. 

En  examinant  avec  attention  cette  immense 
encyclopédie  de  la  science  musicale  au  moyen 
âge,  et  y  retrouvant  dans  toutes  ses  parties  la 
doctrine  exposée  dans  les  autres  écrits  relatifs 
à  la  musique  qui  portent  Je  nom  de  Jean  de 
Mûris,  je  m'étais  persuadé  que  ceux-ci  n'en  étaient 
que  des  parties  détachées;  mais  un  plus  mûr 
examen  m'a  fait  penser  qu'il  est  plutôt  une  der- 
nière édition,  si  je  puis  m'ex primer  ainsi,  de 
tous  ces  ouvrages  corrigés  et  réunis,  II  s'y  troave 
trop  de  savoir  pour  qu'on  puisse  le  considérer 
comme  le  produit  de  la  jeunesse  de  l'auteur. 
Pour  bien  connaître  les  opinions  de  Jean  de  Mûris, 
parvenu  à  la  maturité  de  son  savoir  en  musique, 
c'est  là  qu'il  faut  puiser.  On  a  lieu  de  s'étonner 
que  l'abbé  Gerbert  n'ait  pas  été  informé  de 


l'existence  de  cet  important  traité,  et  que  ses 
correspondants  ne  lui  en  aient  pas  fourni  une 
copie  pour  sa  collection  des  écrivains  du  moyen 
Age  sur  la  musique,  au  lieu  de  l'abrégé  mêlé  de 
prose  et  de  vers  techniques  qu'il  a  publié  dans 
le  troisième  volume  de  cette  eollection  sous  le 
titre  de  Summa  musiae  magistri  Joannis  de 
Mûris,  d'après  deux  manuscrits  de  l'abbaye  de 
Saint-Biaise  et  de  la  Bibliothèque  royale  de  Paris. 
Celui-ci  se  trouve  aussi  dans  un  manuscrit  de 
la  Bibliothèque  de  ^université  de  Gand.  Je  ne  le 
crois  pas  l'ouvrage  de  Jean  de  Mûris  lui-même, 
mais  une  sorte  de  précis  (summum)  de  sa  doc- 
trine, fait  par  quelque  écrivain  postérieur.  Il 
n'en  est  pas  de  même  du  Traité  en  deux  livres 
De  Musica  pratica,  dont  il  y  a  des  manuscrits 
dans  les  bibliothèques  de  Vienne,  du  Vatican, 
de  Paris,  et  au  Musée  Britannique  ;  du  Traité  de 
musique  spéculative,  dont  il  y  a  un  manuscrit 
(n^  7369,  in-4'')  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Pa- 
ris, dans  celle  de  Vienne,  et  que  l'abbé  Gerbert  a 
publié  d'après  un  manuscrit  de  Berne;  enfin  du 
petitTraitéde  la  musique  mesurée  qui  commence 
par  ces  mots  :  Quidlibet  in  arte  practica  men- 
surabilis  cantus,  dont  il  y  a  plusieurs  manu- 
scrits dans  la  bibliothèque  du  Vatican,  et  dont  je 
possède  une  bonne  copie  ancienne,  ainsi  que  du 
Traité  du  contrepoint  intitulé  De  Discantu,  et 
quelquefois  Ars  discanius ,  dont  je  possède  un 
manuscrit  complet,  et  qui  n'est  qu'en  abrégé 
dans  la  plupart  des  bibliothèques.  Ces  ouvrages 
sont  originaux,  et  leur  composition  paraît  avoir 
précédé  celle  du  Spéculum  musicœ.  Le  Traité 
de  la  musique  pratique  a  été  composé  en  1321. 
Gerbert  n'en  a  publié  qu'un  extrait  d'une  autre 
main  (pag.  292  —  301  ).  Le  Traité  de  la  musique 
spéculative  est  de  l'année  1323.  Il  esta  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Paris  tel  que  l'a  écrit  Jean 
de  Mûris.  -Cet  ouvrage  est  un  abrégé  fort  bien 
fait  du  grand  Traité  de  musique  de  Boèce.  Con- 
rad, surnommé  Noricus,  parce  qu'il  était  né 
dans  la  Styrie,  et  qui  était  maître  es  arts  de  l'A- 
cadémie de  Leipsick ,  au  commencement  du 
seizième  siècle,  a  refait  cet  ouvrage,  et  l'a  rangé 
dans  un  autre  ordre.  Gerbert  a  publié  son  travail 
(De  Script,  ccclesiast.  musicœ,  t.  II  f,  p.  256-283) 
C'est  probablement  le  même  ouvrage  dont  il  y 
a  une  ancienne  édition  intitulée  :  Epytoma  |  Jo- 
hanrùs  \  de  Mûris  |  in  musicam  lioecii,  in  quo  | 
omnes  conclusionncs  musice  \est  inter  septem 
artes  libérales  \  primaria.  mira  celeritate 
math\  ematico  more demonslrnntur ;  in-4*  go- 
thique de  42  pages  suivies  du  correctorium  et  de 
la  marque  de  l'imprimeur  en  2  pages.  Au  dernier 
feuillet  on  lit  :  Explicit  musica  ma^jistri  Johan- 
nis  de  Mûris nup.  per  magistrum  Ambrosium 


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2GS 


MURIS  —  MURSCHHAUSER 


Lâcher  de  Merspurgk  (1)  mathematicum  dili- 
genter  revisa.  Ordtnariolectaatq,  impressa  in 
studio  novo  frankfordiano  Anno  salutis  1608. 
LeTrailé  du  Gonlrepointou  du  chant  sur  le  li?red« 
Jean  de  Mûris  est  ce  qu^ona  Tait  de  plus  complet 
et  déplus  satisfaisant  jusqa^à l'époque  où  il  vécut. 
A  l'égard  de  beaucoup  d'autres  ouvrages  qu'on 
trouve  en  manuscrit  sous  le  nom  de  Jean  de 
Mûris ,  ils  ne  lui  appartiennent  qu'en  ce  qu'ils 
sont  extraits  de  ses  livres.  Tels  sont  :  1**  Joan- 
fUs  de  Mûris  TraciatusdeMusica,  inepitomen 
contractus,  qu'on  trouve  à  la  Bibliotlièque  im- 
périale de  Paris  (n**  7369  in-i**,  sous  la  date  de 
1471).  —  TIÀberproportionummusicaliumi 
auihore  Magistro  Joanne  de  Mûris,  oUm  ca- 
iiorUco  parisiensiy  de  la  même  bibliothèque 
(n"  7295,  in-fol.).  Olim  canonico  parisiensi  ne 
se  trouve  pas  au  titre  du  manuscrit.  Ces  mots 
ont  été  ajoutés  par  le  rédacteur  du  Catalogue.  — 
3*  De  numeris  qui  musicœ  retinent  consonan- 
tiaSf  secundum  Ptolemxum  deParisiis  (sic), 
publié  par  Gerbert.  —  4*  De  Proporiionibus 
(  idem  ).  —  6*  Quœsdones  super  partes  musicœ 
(Idem)  ;  et  plusieurs  autres  qui  se  trouvent  dans 
les  principales  bibliollièques  d'Angleterre,  d'Al- 
lemagne et  d'Italie. 

Jean  de  Mûris  était  un  savant  homme ,  qui  a 
écrit  sur  beaucoup  d'autres  sujets  que  la  musi- 
que; on  a  de  lui  :  1**  Àrithmeticacommunis,  ex 
Boethii  arllhmetica  excerpta,  publié  en  1515, 
à  Vienne,  en  Autriche,  par  les  soins  de  Georges 
Tamstetter.  »  2"  Le  canon  des  tables  Alphon- 
sines ,  |>armi  les  manuscrits  de  la  bibliothèque 
Bodléiennc  i  Oxford.  —  3"  Ârithmdicx  spé- 
culative libri  duo;Mayence,  1538,  in-8*.  — 
4**  Quadripariitum  nwnerorum {Bib\.  imp.  de 
Paris,  no»  7190,  7191).  —  5«  Epistola  de  nume- 
rorum  fractionibus  (ibid.,  n**  7190);  c'est  le 
même  ouvrage  qui  existe  à  Oxford  sous  le  titre  : 
Tractatus  canonum  minutiarum  philosophi- 
carum  et  vulgarium;  —  6"  Tractatus  de  men- 
jurandi  ratione  (Biblioth.  imp.  de  Paris, 
n"  7380,  imy—r  Prognosticatio  super 
conjwnctione  SalunU,  Jovis  et  Martis  (  ibid.^ 
7378.  A);  —  8^  Epistola  ad  Clemeniem  VI 
De  generali  passagio  ultra  mare  (  ibid  7443). 

MURR  (  CuKisTOi'UE-TuÉoniiLE  D£),  sa- 
vant écrivain,  né  à  Nuremberg  en  1733,  lit  ses 
éludes  dans  sa  ville  natale  et  à  l'université  d'Alt- 
dorf,  et  visita  ensuite  Strasbourg,  Amsterdam, 
Leyde  et  Utrecht,  TAutriche,  l'Italie  et  l'Angle- 


(1)  AmbruUc  Ucber,  n«  i  Menebourff.en  Saxe,  étalL 
professeur  de  roatliématlques  A  TuDlvcrsité  de  Francfort- 
Rur-rOdcr,  réccmuicnt  iostituée.  Il  étabUt  une  imprime- 
rie dana  celte  ville. 


terre,  dans  le  dessein  de  faire  des  reclierches 
dans  les  bibliothèques,  et  de  lier  des  relations 
avec  les  savants  les  plus  distingués  de  ces  con- 
trées. Revenu  dans  sa  patrie,  il  obtint  la  place 
de  directeur  des  douanes,  qu'il  conserva  long- 
temps. Il  est  mort,  presque  octogénaire,  le 
S  avril  1811,  après  avoir  été  nommé  associé  des 
académies  de  Gœttingue,  de  Beriin,  de  Cassd, 
de  Strasbourg,  de  Munich  et  de  Tlnstitut  de 
France.  Parmi  les  nombreuses  productions  de 
ce  savant,  on  en  distingue  plusieurs  relatives 
à  la  musique;  la  première  a  pour  titre  :  Kotitia 
duorum  codicum  Guidonis  Aretini ,  etc.;  Nu- 
remberg, 1801,  in-4"  avec  2  planches;  la  se- 
conde :  De  papgris  seu  voluminibus  grxcis 
Herculanensibus ;  Strasbourg,  1804,  in-S"  de 
60  pages  et  2  planches.  Ce  petit  volume  contient 
le  texte  grec  d'un  fragment  du  traité  de  Pliilo- 
dème  sur  la  musique,  trouvé  dans  les  ruines 
d'Herculanum.  Le  troisième  écrit  de  De  Marr 
est  intitulé  :  Philodem  von  der  Mmik,  ein 
Auszug  aus  deisen  ^iertem  Bûche  (Extrait 
du  quatrième  H  vre  dePhilodème  sur  la  musique), 
Berlin,  1806,  in-4«  de  64  pages  et  2  planches. 
C'est  une  traduction  allemande,  avec  commen- 
taires, du  fragment  publié  dans  le  n<»  précédent. 
De  Murr  a  aussi  donné  le  Projet  d*un  cata- 
logue de  tous  les  musiciens  connus  de  V Eu- 
rope, dans  le  deuxième  volume  de  son  Journal 
pour  l'histoire  des  arts  et  de  la  littérature 
(Nuremberg,  1775-89,  17  Tol.in-8'),  p.  2-28. 
Enfin,  parmi  les  nombreux  ouvrages  de  ce  labo- 
rieux écrivain ,  on  compte  im  Essai  sur  VhiS' 
ioire  de  la  musique  à  Nuremberg  (Versoch 
einer  Geschichte  der  Musik  in  Niirnberg  );  Nu- 
remberg, 1805,  in-4**. 

MURSCHHAUSER  (  François  -  Xavier- 
Antoine),  directeur  de  musique  du  couvent 
collégial  de  Notre-Dame  à  Munich ,  né  à  Zabern, 
en  Alsace,  vers  1670,  apprit  le  contrepoint  sons 
la  direction  de  Jean-Gaspard  de  Keri;  il  obtint 
ensuite  les  fonctions  de  cantor  et  enfin  celles  de 
directeur  de  musique.  Il  mourut  à  Munich  en 
1733,  et  non  en  1737,  comme  le  dit  Gerber.  On 
oonnatt  de  lui  les  ouvrages  dont  les  litres  sui- 
vent :  1»  Octitonum  novum  organum ,  ou  pré- 
ludes et  fugues  pour  Torgue  sur  les  huit  tons 
du  plain-chant  avec  treize  variations  ;  Augsbourg, 
1696,  gravé.  —  y  Vespertinum  latriœ  et  hyper- 
dulix  cultum  4  vocum  concertantium,  2  viol 
oblig.  et  4  voc.  rip,  Ulra,  1700,  imprimé.  — 
3<»  Prototypi  longo-brevis  organici  fl  partes; 
Nuremberg,  sans  date,  préludes  et  fugues 
courtes  pour  l'orgue.  -  4*  Fundamentalische 
Anleitung  sowohl  zur  Figurai  aU  choral 
Musik  (Guide  fondamental   pour  la  musiqae 


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MURSCHHAUSER  —  MUSET 


269 


figurée  et  chorale  )  ;  Mimicli,  1707,  ia-fol.  obi., 
gravé.  —  5°  Operis  organici  Iripartitœ,  Part.  I, 
Munich,  1712;  Part.  II,  Ib.,  17L4.  —  6"  i4co- 
demia  MusicO'poeUca  b/partUa ,  ou  École  su- 
périeure de  la    Gompositloo  (ea    allemand). 
1*^  partie,  où  il  est  traité  des  intervalles,  des 
coosonnances  et   des   dissonances,  des  tons  et 
des  modes,  tant  du  plain-chant  que  de  ia  mu- 
sique ûgurée  ;  Nuremberg,  1721,  in-foi.  A  la  fin 
du  titre   fort  long  de  cet  ouvrage,  on  trouve 
ces  mots  :  Um  dem  vorlrefflichen  Uerrn  Mat- 
thesons  ein  mehreres  Licht  zu  g^en  (  Pour 
donner  plus  de  lumières  à  Texcellent  M.  Mat- 
theson).  Il  n'en  fallut   pas  davantage  pour  al- 
lumer la  bile  de  celui-ci;  avec  sa  rudesse  ordi- 
naire il  répondit  à  Miirsclihauser,  dans  sa  Cri/ica 
Musica ,  et  intitula  sa  réponse  :  Die  melopoetiS' 
che  licht'Scheere  f  etc.  (Mouchettes  melopoéti* 
ques,  à  Tusagc  du  cliat  barbouilleur  de  l'école  dite 
haute  école  de  composition  de  Notre-Dame  à 
Munich  ,  etc.  )  Les  nombreuses  fautes  d'impres- 
sion du   livre  de  Murschhauser  prêtaient  des 
armes  à  Mattlieson;  il   s'en  servit  sans  pitié, 
quoiqu'il  sût  très-bien  qu'elles  ne  devaient  pas 
être   imputées  à   Fauteur.  Le  pauvre  Miirsch* 
hauser  fut  si  accablé  de  la  réponse  de  son  ad- 
versaire, qu'il  ne  publia  pas  la  seconde  partie 
de  son  livre.  —  7®  Psaumes  des  vêpres  dans  les 
8  tons  de  Tégllse  à  4  voix  concertantes,  2  vio- 
lons et  basse  continue;  Augsbourg,  1728.  In-4*'. 
MUSA   RUSTEM  BEN  SEUAR»  an- 
teur  persan  d'un  traité  de  musique  écrit  dans 
Tannée    858   (1438    de  l'ère    chrétienne  }.  Le 
titre  de  son  ouvrage  répond  à  celui-ci  :  Le  pro» 
dige  des  cycles  dans  le  désir  des  mystères. 
Un  beau  manuscrit  de  ce  traité  est  h  la  biblio- 
thèque impériale  de  Vienne. 

MUS^US  (  Jeàn-Antoike  ),  musicien  da- 
nois, vivait  à  Copenhague,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix- huitième  siècle.  On  a  de  loi  un 
recueil  pour  le  clavecin  intitnié  :  Diverlimenio 
inusico  per  il  cembalo  solo ,  etc.  Copenhague, 
1765,  in-fol.  On  y  trouve  des  sonates,  des  sona- 
tines, et  d'autres  petites  pièces.  Haas  la  pré- 
iace  de  cet  ouvrage ,  Fauteur  traite  des  effets  de 
la  musique  sur  l'ftme. 

MUSCOV  (Jean),  pasteur  primaire  et  ins- 
pecteur des  écoles  et  églises  de  Lauban ,  né 
le  2  juin  1035,  a  Gross-Grœbe,  dans  la  haute 
Lusace,  fui  d'abord  diacre  à  Kittlefz,  puis  à 
la  paroisse  de  Lauban»  en  1668,  et  enfin, 
en  1675  à  Lauban,  oii  il  mourut  le  17  octobre 
de  la  même  année.  On  a  de  lui  un  ouvrage  in- 
titulé :  deslrafter  Missbrauch  der  Kirchen- 
musik  und  Kirchhœfe,  aus  Goites  Wort  sur 
Wamung  und  Besserung  vorgestelt  (  Abus  de 


.  la  musiqne  religieuse  et  des  cimetières  puni  par 
la  parole  de  Dieu,  servant  d'avertissement  et  de 
correction  )  ;  Lanban,  1094,  in-S**  de  110  pages. 
MUSET  (CouN),  célèbre  ménestrel,  na- 
quit au  commencement  du  treizième  siècle.  Il 
était  à  la  fois  poète,  musicien  et  jouait  bien  du 
violon  ou  plutôt  de  la  viole.  Les  manuscrits  de 
la  Bibliotliique  impériale,  cotés  G5  et  66  (  fonds 
de  Cangé),  nous  ont  conservé  trois  chansons 
notées  de  sa  composition.  L'une  d'elles,  qui 
commence  par  ces  vers  : 

■  sire  quens  j*al  vlélë 

«  Derant  vos  ea  Toslre  ostel.  ■ 

I  nous  apprend  qu'il  parcourait  les  châteaux  pour 
y  chanter  et  jouer  du  violon,  afin  d'obtenir  un 
salaire.  On  y  voit  aussi  quMl  était  marié,  et 
qu'il  avait  une  fille.  La  vie  errante  qu'il  menait 
ne  prouve  pas  au  reste  que  sa  condition  fût  mi- 
sérable, car  il  dit ,  dans  la  même  clianson,  qu'il 
avait  une  servante  pour  sa  femme,  un  valet 
pour  soigner  son  cheval ,  et  que  sa  fille  tuait  les 
chapons  à  son  arrivée,  pour  fêter  son  retour.  On 
croit  que  Tliibaut  IV,  comte  de  Champagne  et 
roi  de  Navarre ,  le  prit  à  son  service  et  le  fixa 
près  de  lui.  On  a  répété  souvent  que  Finstru- 
ment  dont  jouait  Colin  Muset  était  la  vielle; 
mais  Roquefort  a  proj^vé  que  ce  mot,  dans  le 
langage  des  douzième  et  treizième  siècles,  si- 
gnifie le  violon  ou  plutôt  la  viole  (voy.  son 
livre  mtitulc  :  De  la  poésie  française  dans 
les  XJi^  et  xm*  siècles,  p.  107  et  108). 
D'ailleurs  ces  vers  d'une  chanson  de  Muset  ne 
laissent  aucun  doute  à  cet  égard  : 

«  J*alay  a  11  el  praelet  r 
«  O  tôt  la  vielle  et  l'archet 
«  Si  U  al  chanté  le  Mut  et.  ■ 

(  J^allai  à  elle  dans  la  prairie  et  lui  chan* 
iai  ma  chanson  avec  la  vielle  et  V archet  ). 
L'archet  n'a  jamais  servi  à  jouer  de  la  vielle. 
Cet  instrument  s'appelait  Rote  dans  le  moyen 
âge.  On  ne  sait  ce  que  Laborde  a  voulu  dire 
quand  il  a  écrit  {Essai sur  la  musique,  t.  II, 
p.  207  )  que  l'esprit  de  Colin  Muset  l'éleva  au 
grade  d'académicien  de  Troyes  et  de  Provins  ! 
Où  a-t-il  vu  qu'il  y  eût  en  France  des  académies 
an  treizième  siècle.'  Il  a  voulu  parler,  sans  doute, 
des  espèces  de  concours  que  le  roi  de  Navarre 
avait  établis  dans  ces  deux  villes  pour  les  chan- 
sons. On  a  commis  à  l'égard  de  ce  musicien 
deux  autres  erreurs  qu'il  est  bon  de  relever  ici 
la  première  consiste  à  lui  attribuer  une  part 
considérable  dans  l'érection  du  portail  de  l'église 
Saint-Julien  des  Ménétriers,  rue  Samt-Marlin,  à 
Paris;  or,  cette  confrérie,  aux  frais  de  laquelle 
l'église  fut  bAUe,  ne  fut  instituée  qu'en  1328,  et 


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270 


MUSET  —  MUTHEL 


même  ne  fut  constituée  qoe  trois  ans  après. 
Voici  ce  qu'en  dit  le  P*  Dubreuii  (  Antiquités 
de  Paris,  p.  571  )  :  «  En  1331,  il  se  fit  une  as- 
«  semblée  de  jongleurs  et  de  ménétiiers ,  les- 
«  quels,  d'un  commun  accord ,  consentirent  tous 
«  à  rérection  d^une  confrérie  sous  les  noms  de 
«  Saint-Julien  et  Saint-Gçnest ,  et  en  passèrent 
«  lettres  qui  furent  scellées  au  ChAtelet,  le 
«  23  novembre  du  dit  an.  »  Ck>lin  Muset  n'a 
donc  pu  concourir  à  ce  qui  concernait  cette 
confrérie ,  puisqu'il  était  mort  depuis  longtemps 
en  1331.  La  seconde  erreur  relative  à  ce  ménes- 
trel est  celle-ci  :  Il  y  avait  au  portail  de  Saint- 
Julien  deux  figures  debout,  l'une  de  saint  Ju- 
lien, l'antre  de  saint  Genest.  Celle-ci  tenait  un 
violon  ou  Rebee.  Plusieurs  auteurs  l'ont  prise 
pour  l'efîRgie  de  Colin  Muset.  Mais  un  monu- 
ment, dont  parle  aussi  le  P.  Dubreuii,  prouve 
invinciblement  que  la  figure  n'était  autre  que 
saint  Genest  :  ce  monument  est  le  sceau  de  la 
confrérie  où  l'on  voyait ,  comme  au  portail , 
saint  Julien  et  saint  Genest,  avec  cette  légende  : 
C'est  le  sceau  de  saint  Julien  et  de  saint  Ge- 
nest, lequel  a  été  vérifié  au  Châtelet  et  à  la 
cour  de  VOfficial, 

MUSSINl  (  Nioulàs  ) ,  musicien  italien  , 
chanteur  médiocre  et  compositeur,  était,  avec  sa 
femme,  attaché  au  théâtre  de  Londres  en  1792. 
L'hiver  suivant,  il  chanta  avec  succès  à  Ha- 
novre ,  dans  les  concerts.  En  1793,  il  fut  ap- 
plaudi à  Cassel  comme  violoniste  et  comme 
guitariste,  puis  il  chanta  avec  sa  femme  à  Ham- 
bourg l'opéra  intitulé  La  Cameriera  astuta. 
En  1794>  il  arriva  à  Berlin  et  y  fut  engagé  au 
Théâtre  royal  ;  mais  il  n'y  réussit  pas.  Quatre 
ans  après,  il  reçut  sa  démission ,  mais  la  reine 
Qière  le  prît  à  son  service  en  qualité  de  com- 
positeur de  sa  chambre.  Il  parait  qu'il  occupait 
encore  cette  position  en  1803.  On  connaît  de 
sa  composition  i  \'^  La  Guerra  aperla ,  opéra 
bouffe ,  rep'résenté  à  Potsdam  et  à  Cbarlotten- 
bourg  en  17y6.  —  2°  Les  Caprices  du  poète, 
opérette  représentée  à  Berlin  en  1803.  — 
3<*  Six  duos  pour  2  violons,  op.  1,  liv.  1  et  2, 
OOenbach,  1794.  — 4*  Six  ariettes  avec  accom- 
pagnement de  piano  ou  guitare;  Hambourg,  1796. 
—  5*  Canzonette  ital.  e  francese  per  il  so- 
prano e  piano;  ibid.  —  6"  Sonates  pour  deux 
violons, op.  2;  Paris,  Sieber.  -^  7^  Six  quatuors 
pour  deux  violons ,  alto  et  basse  ;  Milan,  Ri- 
cordi.  —  8"  Six  duos. pour  2  violons,  op.  3;  Paris, 
Naderman*  —  9*  Trois  grands  duos,  idem, 
liv.  5;  Berlin,  SchlesÎQger.  —  10**  Troi;»soios  pour 
violon;  Paris,  Naderman.  —  U^  Cinq  livres 
de  romances  de  Florian,  avec  ace.  de  piano  et 
violon  obligé;  Berlin  »  Schlesinger. 


MUSSOLllVI  (C),  professeur  de  langue 
italienne,  vécut  à  Londres  dans  les  dernières 
années  du  dix- huitième  siècle.  Il  y  publia  un 
traité  de  la  théorie  et  de  la  pratique  de  la  mu- 
sique, sous  ce  titre  :  A  New  and  complète  Trea* 
Use  on  ihe  theory  and  pracUce  of  Music, 
with  solfeggios  ;  Londres ,  1795,  gr.  in-4''. 

MUTHEL  (Jean-Godbfroid),  organiste  deré- 
glise  principale  de  Riga,  naquit  en  1720,  à  Mœl- 
len,  dans  le  duché  de  Saxe-Lauenbourg.  Fils 
d'un  organiste  de  ce  lieu,  il  apprit,  sous  sa  direc* 
tion,  à  jouer  du  clavecin,  dès  qu'il  eut  atteint  sa 
sixième  année;  puis  on  Tenvoya  à  Lulieck  con- 
tinuer ses  études  musicales  auprès  de  Jean-Paul 
Kunzen.  Après  avoir  travaillé  avec  ce  maître 
jusqu'à  l'Age  de  dix-sept  ans ,  il  entra  dans  la 
musique  du  duc  de  Mecklembourg-Schwérin. 
Environ  deux  ans  après,  if  obtint  de  son  inaltre 
la  permission  de  voyager  pour  perfectionner  son 
talent,  et  sa  place  lui  fut  conservée.  L'objet 
principal  de  son  voyage  était  de  voir  et  d'en- 
tendre Jean-Sébastien  Bach ,  devenu  vieux  et 
infirme,  mais  toujours  brillant  de  génie  et  de 
savoir.  Miithel  se  rendit  donc  à  Leipsick  :  Bach 
le  reçut  avec  bienveillance,  le  logea  dans  sa 
maison ,  et  le  guida  par  ses  conseUs  et  par  la 
communication  de  ses  ouvrages.  Après  1«  mort 
de  ce  grand  homme,  Miithel  demeura  quelque 
temps  à  Maumbourg ,  chez  Altnikol.  De  Vi  il  se 
rendit  à  Dresde  et  y  fut  bien  reçu  par  Hasse,  à 
qui  il  avait  été  recommandé.  Les  fréquentes  oc- 
casions qu'il  eut  d'entendre  Salembini  et  les  au- 
tres chanteurs  italiens  de  TOpéra  réformèreut 
son  goût  et  lui  donnèrent  un  style  plus  mo- 
derne. De  Dresde  il  alla  à  Berlin  et  à  Potsdam, 
où  il  retrouva  son  ancien  ami  Cbarles-Pbilippe- 
Emmanuel  Bach ,  puis  à  Hambourg  pour  y  voir 
Telemann,  ami  de  son  père.  Il  retourna  enfin  à 
la  cour  de  Mecklembourg  ;  mais  ce  séjour  lui 
parut  peu  agréable  après  raclivité  de  la  vie  d'ar- 
liste  dont  il  avait  joui  pendant  plusieurs  années. 
Il  saisit  la  première  occasion  do  s'en  éloi- 
gner, en  acceptant  d'abord  la  direction  de  la 
petite  chapelle  d*un  M.  de  Wietinghof,  con- 
seiller intime  de  Tempereur  de  Russie,  puis  la 
place  d'organiste  à  Téglise  principale  de  Riga. 
Il  occupait  encore  celle-ci  en  1790.  Je  n*ai  pas 
de  renseignement  sur  l'époque  précise  de  la 
mort  de  cet  artiste ,  qui  fut  un  grand  musicien 
et  un  homme  de  génie ,  mais  qui ,  n'ayant  fait 
imprimer  qu'un  petit  nombre  de  ses  ouvragest 
est  peu  connu.  On  a  imprimé  de  sa  composi- 
tion :  1**  Trois  sonates  et  deux  airs  avec  douze 
variations.  -—  2°  Quatre  mélodies  pour  le  cla- 
vecin et  pour  le  chant;  Leipsick^  1756,  itt-4*. 
—  3"  Oden  und  Lieder  von  vendûedetien 


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MUÏHEL  —  MYSUWECZEK 


271 


Dichtem  in  die  Musik  gesetzt  (  Odes  et  chan- 
sons d«  différents  poètes  mises  en  musique  )  ; 
Hambourg,  1759,  in-4**  —  4' Due concerti per 
HCembalo;  Riga,  1767,  in-4^  —  5®  Duetto 
fur  2  Clavier e,  3  FLugel,  oder  2  Forte  piano; 
Riga,  Fr.  Ilartknocli,  1771,  in  folio. 

MUTIANUS.  Voyez  GAUDËNCE. 
MUTZENBRECHER  (le  Dr.  L..L.-D.), 
libraire  et  matUre  de  postes  à  Altona,  naquit 
dans  cette  ville  en  1760.  Amateur  passionné  de 
musique,  il  jonait  de  plusieurs  instromentb ; 
il  a  composé  des  chansons  et  des  chants  à 
plusieurs  voix.  On  lui  doit  aussi  un  bon  ar- 
ticle sur  la  Melodica  de  Riefrclsen,  inséré  dans 
la  Gazette  musicale  de  Leipsick  (ann.  1819, 
p.  625).  Il  est  aussi  Fauteur  d'un  écrit  qui  a 
pour  titre  :  Ceschichte  der  musiialischen  Di- 
lettantenvereinsin  il /tona;  Altona,  1827  et  an- 
nées suivantes,  par  cahiers  in-8*.  Cet  amateur 
distingué  est  mort  en  1838.  Sa  bibliothèque  de 
musique,  qui  a  été  vendue  à  Altona  au  mois 
de  février  1839,  renfermait  beaucoup  de  choses 
intéressantes  concernant  la  théorie  et  la  pratique 
de  Part  ;  j'y  ai  acquis  des  ouvrages  rares  et  pré- 
cieux, en  grand  nombre. 

MYLIUS  (André),  docteur  en  droit,  asses- 
seur de  la  faculté  de  jurisprudence ,  professeur 
et  syndic  de  Tuniversité  de  Leipsick ,  naquit  h 
Scliœpplin,  près  d'Eisenbourg ,  le  12  avril  1649. 
il  a  écrit  une  dissertation  intitulée  :  Disputatio 
de  Juribus  circa  musicos  ecclesiasticos;  Leip- 
sick, 1C8S,  in-4<*.  Mylius  est  mort  à  Leipsick, 
ieejuin  1702. 

H  Y  LIUS  (Wolfgamg-Michel),  maître  decha- 
pelle  du  duc  de  Gotha,  n'est  pas  connu  par 
les  circonstances  de  sa  vie;  on  sait  seulement 
qu'il  mourut  à  Gotha  en  1712  ou  1713,  et  qu'il 
avait  eu  pour  maître  de  musique  Christophe 
Berhardi.  On  lui  doit  un  traité  élémentaire  de 
musique ,  A  Tusage  des  écoles .  intitulé  :  Rudi- 
menta  musices,  dos  ist  :  Eine  kurze  und 
grundrichtige  Anweisung  zur  Singe-Kunst,  etc. 
(Rudiments  de  musique,  c'est-à-dire  instruc- 
tion courte  et  solide,  pour  Tart  du  chant,  etc.); 
Mulhouse,  1685,  in-S*"  obi.  Il  paraît  qu'à 
l'époque  de  cette  publication.  Mylius  demeurait 
à  Mulhouse.  La  deuxième  édition  de  cet  ouvrage 
a  été  publiée  à  Gotha,  en  1686,  in-S""  obi,  sans 
nom  d'auteur,  mais  avec  les  initiales  W.  M.  M. 

MYSLIWECZEK  (Josetii  ),  compositeur, 
fils  d'un  meunier,  naquit  dans  un  village  près 
de  Prague,  le  9  mars  1737.  Il  reçut  dans  Técole 
communale  les  premières  notions  de  la  musique, 
fit  des  études  littéraires ,  et  alla  même  suivre  un 
cours  de  philosophie  à  Prague ,  après  quoi  il 
retourna  chez  son   père,  pour  embrasser   sa 


profession  ;  mais  après  la  mort  de  celui-ci ,  il 
laissa  son  moulin  à  son  frère  jumeau ,  et  prit  la 
résolution  de  se  faire  musicien  de  profession.  Il 
se  rendit  à  Prague ,  où  il  fut  d'abord  enaployé 
comme  violoniste  dans  les  églises.  Pendant  ce 
temps ,  il  étudiait  le  contrepoint  sous  la  direc- 
tion de  Habermann.  Le  célèbre  organiste  Segert 
le  prit  ensuite  pour  élève.  En  1760  il  publia  les 
six  premières  symphoiiies  de  sa  composition, 
sous  les  noms  des  six  premiers  mois  de  Tannée  : 
le  succès  qu'elles  obtinrent  décida  de  sa  voca- 
tion. Son  goût  le  portait  vers  la  musique  de  théâ- 
tre ;  et  comme  à  cette  époque  elle  était  surtout 
ilorissante  en  Italie,  il  résolut  de  s'y  rendre,  et 
partit  pour  Venise  en  1763.  Il  y  trouva  Pes- 
cetti  qui  lui  enseigna  l'art  d'écrire  pour  le  chant, 
particulièrement  dans  le  récitatif.  Appelé  à  Parme 
l'année  suivante,  il  y  écrivit  son  premier  opéra 
dont  le  succès  fut  si  brillant ,  que  l'ambassadeur 
de  Napies  lui  procura  un  engagement  pour  aller 
composer  dans  cette  ville  un  ouvrage  pour  l'an- 
niversaire du  roi.  H  Bellero fonte  était  le  titre 
de  cet  opéra,  dont  les  beautés  excitèrent  l'admi- 
ration générale.  Dès  ce  moment  il  devint  cé- 
lèbre ;  mais  dans  Pimpossibilité  de  prononcer 
son  nom ,  les  Italiens  l'appelèrent  II  Boemo  ou 
Fenturini.  De  retour  à  Venise ,  il  y  fut  cou- 
ronné après  la  représentation  d'un  de  ses  ou- 
vrages, et  les  sonnets  furent  prodigués  en  son 
nonneur.  Neuf  fois,  Napies  le  rappela  et  lui 
confia  la  composition  d'ouvrages  dramatiques 
qui  furent  tous  accueillis  par  la  faveur  publique. 
Il  écrivit  aussi  avec  succès  à  Rome,  à  Milan  et 
à  Bologne.  Mozart  le  rencontra  dans  cette  der- 
nière ville  en  1770,  dans  un  état  de  misère 
profonde ,  malgré  sa  renommée.  Le  plus  haut 
prix  qu'on  payait  alors  au  musicien  le  plus  cé- 
lèbre pour  la  composition  d'un  opéra  était  une 
somme  de. cinquante  ou  soixante  sequins  (en- 
.viron  400  francs).  Ces  faibles  ressources  ne 
pouvaient  suffire  aux  penchants  généreux  de 
Mysliweczek.  Heureusement  il  rencontra  plus 
tard  un  protecteur  dans  un  jeune  Anglais 
qui  devint  son  élève,  et  qui  fournit  à  ses  be- 
soins. En  1773,  il  fut  appelé  à  Munich  pour 
y  composer  VErifile  :  cet  ouvrage  ne  répon- 
dit pas  à  ce  qu'on  attendait  du  compositeur  : 
lui-môme  avoua  qu'il  ne  s'était  point  senti  en 
verve  en  l'écrivant,  et  qu'il  n'était  inspiré  que 
sous  le  ciel  de  l'Italie  ;  semblable  en  cela  à  Win- 
kelmann  et  à  Thorwaldsen ,  qui ,  après  de  longs 
séjours  à  Rome ,  n'ont  pu  vivre  sous  le  climat 
du  Nord  qui  les  avait  vus  naître.  En  1778, 
Mysliweczek  était  à  Pavie;  Tannée  suivante,  il 
écrivit  à  Napies  son  Olimpiade,  qui  fit  naître 
des  transports  d'admiration  dans  toute  l'Italie. 


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272 


MYSLIWECZEK 


L^air  de  cet  opéra  Se  cerca,  se  dice,  eut  un 
succès  de  vogue.  La  célèbre  cantatrice  Gabrielli 
aimait  beaucoup  k  chanter  les  airs  du  musicien 
de  la  Bohême ,  et  disait  qu'aucun  compositeur 
n'écrirait  aussi  bien  pour  sa  voix.  Mysliwecxek 
mourut  à  Rome  le  4  février  1781,  à  l'Age  de 
quarante-quatre  ans.  Son  élève,  le  jeune  An- 
glais Barry,  lui  fit  élever  un  tombeau  en 
marbre  dans  l'église  de  Saint-Laurent  in  Lucina, 
Ce  compositeur  a  écrit  en  ItaKe  environ  trente 
opéras  :  les  meilleurs  sont  le  Bellerofùnte,  Ar- 
mida,  VOUmpiade,  NiteiU  et  l'Àdriano  in 


Siria.  On  connaît  aussi  sous  son  nom  plosieun 
oratorios,  etDIabacz  a  vu  deux  messes  dé  m 
composition  au  chœur  de  Raudnitz.  On  agrafé 
à  Prague  deux  symphonies  qu'il  a  écrites  daos 
sa  Jeunesse.  Ses  autres  ouvrages  sont  :  l*  Six 
quatuors  pour  2  violons ,  alto  et  violoncelle, 
op.  1  ;  OfTenbach ,  André ,  1 780.  —  2"  Six  ideo), 
op.  2;  Amsterdam,  Hummel,  1782.  —3' Six 
trios  pour  2  violons  et  basse;  .Offenbacii,  An- 
dré. On  connaît  en  manuscrit  sous  soo  sam 
des  concertos  de  violon  et  de  flûte. 


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N 


JVACCHERl  (Amoré),  écrivain  floreutia  dont 
ne  parle  ni  le  P.  Jules  Negri  dans  sa  StoHa 
degli  scrittori  fiorentini,  ni  les  antres  histo- 
riens de  la  littérature  florentine.  Nacclieri  vécut 
▼raisembiablement  dans  la  première  osoitié  du 
seizième  siècle ,  et  a  laissé  un  manuscrit  qui 
doit  être  d*un  grand  intérêt  en  ce  qui  con- 
cerne les  instruments  de  masique  de  cette  épo- 
que; cet  ouvrage  a  pour  litre  :  Dellfi  propor- 
tione  di  tutti  gVislromenti  da  sonore ,  dia- 
loghi  dve^  avec  les  figures  de  tous  les  instruments. 
Jean-Bapliste  Doni  avait  indiqué  le  livre  de  Nac- 
ctieri  au  P.  Mersenne,  comme  on  le  voit  par  une 
lettre  que  ce  religieux  lui  écrivit  au  mois  de  jan- 
vier 1635,  et  que  j^ai  publiée  dans  le  n?  32  de  la 
sixième  année  de  la  Revue  musicale  (1832), 
d'après  une  copie  qui  se  trouve  parmi  les  manus- 
crits de  Peiresc,  à  la  bibliothèque  impériale  de 
Paris.  Suivant  la  Seconda  Libreria  de  François 
Doni,  ce  Hvre  se  trouvait  dans  la  bibliothèque  de 
Laurent  de  Médicis.  Il  en  donne  la  description 
<pages  27-28,  édition  de  1551),  dans  un  passage 
dont  voici  la  traduction  :  «  Dans  le  riche  cabinet 
«  du  magnifique  seigneur  Laurent  de  Médicis,  on 
«  peut  voir  un  ouvrage  admirable;  c^est  un  livre 
a  dans  lequel  sont  dessinés  non-seulement  les 
«I  anciens  instruments  de  musique,  mais  encore 
«  les  modernes.  Sous  le  nom  de  Philamon  sont 
«  décrites  toutes  les  cithares;  sous  celui  d*ilHon 
•  les  violes;  sous  selut  d*Orpkëe,  les  lyres  avec 
«  touches  (grands  instruments  à  archet).  Laissant 
«  à  part  les  anciens,  je  dirai  que  sous  le  nom  de 
«  Francesco  de  Milan  se  montre  la  perfection 
«  du  luth  ;  sous  celui  iV Antonio  de  Lucques,  le 
«  cornet ,  et,  enfin,  sous  celui  de  Zoppino^  Tor- 
«  gue.  On  voit  dans  ce  livre  les  portraits  de  tous 
«  les  virtuoses  célèbres,  et  des  dissertations  rela- 
«  tives  aux  instruments  sur  lesquels  ils  ont  ex- 

BfOCR.   ClflT.  DES  UUSiaCNS.  —  T.  VI. 


«  celle.  C'est  une  chose  mtéressante  d*y  compa- 
«  rer  le  jeu  des  instruments  chez  les  anciens  et 
«  chez  les  modernes.  Je  n'aurais  jamais  cru  qu'il 
«  eût  existé  tant  de  douzaines  d'harpicordes,  de 
«  douçaines,  de  psaltérions,  de  manicordes,  de 
«  cithares  et  de  trombes  droites  et  courbes.  On 
«  voit  aussi  un  nombre  infini  de  flûtes,  de  cornets, 
«  de  cornemuses,  et  d'instruments  avec  tubes  de 
«  sureau,  d'écorces  d'arbres,  d'os  d'animaux,  et 
«  même  d'écaillés  de  tortues,  des  dahbudes  (1), 
«  des  sUfTètes  (2),  des  clavecins ,  des  épinettes, 
«  des  nacaires  (petites  timbales),  des  castagnettes, 
«  et  un  cor  à  sourdine,  etc.  (3).  » 

Cette  description  fait  naître  quelques  dif* 
ficultés  concernant  l'époque  où  Naccheri  vécut 
et  composa  son  ouvrage  ;  car  si  le  manuscrit 
existait  dans  le  cabinet  de  Laurent  de  Médicis, 

(M  Sorte  de  petit  tympamm,  dont  les  cordes  se  fnppeot 
avec  deux  baguettes. 

(t|  Triangles  en  fer  auxquels  étaient  autrefois  attachées 
de  petites  sonnettes.  Cet  instrument  de  percussion  ser- 
vait, dès  ie  quatorzième  siècle,  k  marquer  le  rhythme  de 
la  danse. 

(3)  Nello  studio  mirablledel  magco  M.  Lorenzo  M  [edicljsi 
puo  Tcdere  un'  opéra  stupenda  ;  questo  è  unlibro  dove  son 
dlsegnati  non  solamcnte  gll  strumenti  da  sonare  antlchi , 
ma  1  moderni  anctiora.  Sotto  il  nome  dl  Fllamone  sono 
scritte  tutte  le  citare,  sotto  Arloue  le  viole,  sotte  Orfeo 
le  lire  con  i  tasU,  e  per  lasclar  gl*anUchi  da  parte,  dlco 
che  sotto  Francesco  da  Mllano  si  mostra  la  perfettion  del 
liuh>,«  Anton  da  Lucca  il  cornetto,  il  Zoppino  i'organo:  e 
cosi  tntti  coloro,  clie  sono  stati  eccellenti  la  sonar  qualche 
stromento  vl  son  ritratti  a  naturale  et  loro  ragionano  dl 
qucHo  strumento.  Fa  un  belllssimo  vedere  il  par.igone 
de'  suonl  anUctil  a  i  moderni,  et  le  sue  mlsure.  Mai  havrei 
credoto  clie  fossero  tante  dedne  d'arpicordi,  dolcemell , 
salteri,  manacordi,  citare,  e  trombe  dritte  et  atorte.  In- 
flnitt  sono  i  piffert,  I  eonietti,  le  zampogne,  le  canne 
fatte  dl  zamboco,  dl  scorze  d'alberl,  d'ossi  d'animall,  per 
Insino  aile  testoggine  vl  sono  per  Istrumento.  Dabbuda, 
staffctta,  cemball,  cerabanelle,  uacchere,  cassetta,  e  corno 
sordo,  etc. 

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274 


NACCHERI  —  NADERMAN 


dit  le  Magnifique,  qui  mourut  en  1492,  l'auteur 
vécut  au  quinzième  siècle;  mais  si  le  chapitre  où 
il  est  traité  des  luths  a  pour  titre  Francesco  da 
Milano,  il  n'a  pu  être  écrit  ayant  1530,  époque 
de  la  grande  renommée  de  cet  artiste;  dans  ce 
cas,  l'ouvrage  n'a  pn  se  trouver  eu  la  possession 
de  Laurent  de  Médicis. 

N ACHERSBERG  (  Jacques  -  Henri  -  Er- 
nest) )  grammairien  et  romancier,  né  en  Silésie 
vers  1775,  a  publié  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Stimmbuch  oder  vielmehr  Ânweisung  wie 
jeder  Liebhaber  sein  Clavierinstrument,  sey 
es  ubrigcns  ein  Sailen  oder  ein  pfeiffenwerk^ 
selbst  repariren  und  also  Stimmen  kamne 
(Livre  d'accord,  ou  plutAt  instruction  au  moyen 
de  laquelle  chaque  amateur  pourra  entretenir  et 
accorder  son  instrument  à  clavier,  soit  à  cordes, 
soit  à  tuyaux);  Leipsick  et  Breslau,  1804,  in-S"* 
de  216  pages,  avec  une  planche.  Ce  livre  n'est 
que  la  deuxième  édition  de  celui  de  Joseph 
Biittner  {voyez  ce  nom),  mais  beaucoup  plus  dé- 
veloppée. Bien  que  cette  édition  porte  le  non 
de  Nachersberg,  celui-ci  n'en  Tut  que  le  rédacteur, 
d'après  les  matériaux  que  Biïttner  lui  avait  four- 
nU. 

NACHTGALIi  (Ottmar).  Voyez  LUSCI- 
NIUS. 

N  AGHTIGAL  (Jban-Charles-C  hristophe), 
conseiller  du  consistoire  k  Halbersladt,  naquit 
dans  cette  ville  en  1753,  et  y  mourut  le  21  juin 
1819.  Il  a  fait  insérer  dans  le  Deutsche  Monat' 
schrift  (Berlin,  1790,  octobre,  n**  7)  une  disser- 
tation sur  le  chant  national  des  Israélites  (Ueber 
die  Nationaîgessmge  der  Jsraeli(en). 

NADERMAN  (Fra?içois- Joseph),  fils  d'un 
facteur  de  harpes,  naquit  à  Paris  en  1773  (1). 
Kruropholz,  ami  de  son  père,  lui  donna  des  leçons 
de  harpe,  et  Desvignes,  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale,  lui  enseigna  la  composition.  Il  acquit 
une  exécution  brillante  sur  son  instrument,  mais 
ne  fit  point  faire  de  progrès  à  la  musique  de 
harpe,  lui  ayant  conservé  le  caractère  d'arpèges 
dans  les  traits,  et  n'ayant  jamais  essayé  d'y  faire 
entrer  les  combinaisons  d'une  harmonie  vigou- 
reuse. Bien  inférieur,  sous  ce  rapport,  à  M.  de 
Marin,  son  contemporain,  il  eut  pourtant  une 
réputation  plus  populaire,  parce  que  M.  de  Ma- 
rin, ne  se  faisant  point  entendra  en  public, 
n'était  connu  que  des  artistes  et  de  quelques 


(1)  La  date  de  la  nalatanee  de  Nadennan  est  fixée  en 
1781  dans  la  Biographie  ttolTerselle  de  Michavd  :  c'est  one 
erreur.  J'ai  cAnnn  eet  artiste  en  1800;  )*étals  alors  élète 
du  Conservatoire  de  Parla  et  êgé  de  aeize  ans;  Nadermaa 
était  homme  fait  et  dé)i  oonnn  par  son  talent.  Deux  ans 
auparavant  II  avait  fait  un  voyage  en  Allemagne  et  j  avait 
donné  des  concerts. 


amateurs  d'élite.  Un  embonpoint  excessif  et  prt^- 
maturé  parait  avoir  opposé  de  sérieux  obstacleii 
au  développement  du  talent  de  Nadcmian.  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  fut  longtemps  considéré  en  France 
comme  le  harpiste  le  plus  habile,  jusqu'à  ce  qu'un 
goût  plus  nouveau  dans  la  musique ,  et  plus  de 
hardiesse  dans  l'exécution,  eussent  mis  en  vogue 
Bochsa,  vers  1812.  Après  la  restauration ,  Na- 
derman  fut  nommé  harpiste  de  la  chapelle  et  de 
•  la  chambre  du  roi.  Le  i"  janvier  1825,  il  obtint 
^  la  place  de  professeur  de  harpe  h  Técole  royale 
de  musique  et  de  déclamation  (  Conservatoire  de 
Paris  )  :  il  en  remplit  les  fonctions  jusqu*à  sa  mort, 
arrivée  le  2  avril  1835.  En  1798,  il  avait  fait  un 
voyage  en  Allemagne,  et  s'était  fait  entendre  avec 
succès  à  Munich  et  À  Vienne. 

Après  la  mort  de  son  père ,  Nadermaa  s'était 
associé  avec  son  frère,  pour  continuer  la  fabri- 
cation des  harpes,  d'après  l'ancien  système  du 
mécanisme  à  crochets,  connues  sous  le  nom  de 
harpes  de  Naderman.  Longtemps  il  employa  son 
influence  pour  conserver  &  eet  instrument  Tan- 
ciepne  faveur  dont  il  avait  joui  ;  mais  le  méca* 
ntsme  à  fourchette,  inventé  par  Sébastien  Érard, 
porta  les  premières  atteintes  à  sa  vieille  renom- 
mée, et  la  harpe  à  double  mouvement,  du  même 
artiste ,  a  causé  la  mine  définitive  de  randea 
instrument  de  Naderman. 

On  connaît ,  de  la  composition  de  cet  artiste  : 
1^  Concertos  pour  laharpe.  l*',  op.  13  ;  2%  op.  46; 
Paris,  Naderman.  —  2^  Deux  quatuors  pour  deux 
harpes ,  violon  et  violoncelle,  op.  42  ;  Ibid.  — 
S**  Quatuors  pour  harpe ,  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  43  et  54  ;  ibid.  —  4*^  Trios  pour  barpe 
et  divers  instruments,  op.  14, 16,  22,  25, 26, 29,. 
38,  50,  53  ;  ibid.  —  5^  Trio  pour  trois  harpes, 
op.  57  ;  ibid.  —  6**  Duos  pour  barpe  et  violon, 
ou  flûte,  op.  23,  27,  28,  31,  86,  44,  47,  48,  63, 
64  ;  ibid.  —  V  Dnos  pour  harpe  et  piano,  op.  30, 
34, 35,  41,  51,  66  ;  ibid.  —  S"* Sonates  ponr  barpe 
seule,  op.  2,  5,  15,  17,  49;  ibid.  --  9^  Beaucoup 
d'airs  variés,  de  fantaisies,  de  caprices,  de  pots- 
pourris,  etc.  ;  ibid. 

NADERMAN  (Hbnri),  frère  do  précédent, 
naquit  è  Paris,  vers  1780.  Destiné  par  son  père  à 
la  fabrication  des  harpes,  il  passa  sa  jeunesse  à 
faire  des  études  spéciales  ponr  cet  objet.  Plus  tard 
il  devint  élève  de  son  frère  pour  eet  instroment, 
mais  son  talent  ne  s'éleva  jamais  an-dessos  du 
médiocre.  Cependant  les  pmtecteorsde  son  frère 
lui  firent  obtenir  les  places  de  harpiste  adjoint 
de  la  musique  du  roi,  et  de  professenr  suppléant 
au  Conservatoire.  En  1835,  il  abandonna  celte 
dernière,  et  depuis  lors  li  vécut  dans  nne  terre 
qn*il  possédait  à  quelques  Keués  de  Paris.  On  a 
de  lui  des  variations  ponr  la  barpe  sur  Talr  :  // 


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NADERMAJN  —  N/EGELl 


27i> 


«s^  trop  tard,  Paris,  Naderman;  et  des  romances 
avec  accompagnemeDt  de  piano  ou  harpe  ;  ibid. 
Naderman  s^est  fait  connaître  comme  écri- 
Tain  par  la  rédaction  de  plusieurs  opuscules  en 
faveur  de  l'ancienne  harpe,  et  contre  la  harpe  à 
double  mouvement,  de  Sébastien  Érard.  La  pre- 
mière de  ces  pièces  fut  écrite  à  l'occasion  d'un 
rapport  fait  à  l'Institut  sur  ce  dernier  instrument, 
par  le  géomètre  Prony  ;  elle  a  pour  titre  :  Obser- 
vations de  MM,  Naderman  frères  sur  la 
harpe  à  double  mouvement,  ou  Réponse  à  la 
note  de  M.  de  Prony,  membre  de  V Académie 
des  sciences,  etc.  Paris ^  IftiS,  4  feuilles  in-fol. 
avec  neuf  planches.  L'auteur  de  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens  ayant  publié  dans  la 
Revue  viuiicale  (t.  II,  p.  337  et  suiv.),  un  ar- 
ticle sur  l'origine  et  les  progrès  de  la  harpe,  où 
il  donnait  des  éloges  à  Tinstruroent  d'Érard, 
Naderman  fit  paraître  une  nouvelle  brochure 
intitulée  :  Réfutation  de  ce  qui  a  été  dit  en  fa- 
veur des  différents  mécanismes  de  la  harpe 
à  double  mouvement,  ou  Lettre  à  M.  Fétis, 
professeur  de  composition ,  etc.,  en  réponse 
à  son  article  intitulé  :  Sur  la  harpe  à  double 
mouvement  de  M,  Sébastien  Érard ,  et  par 
occasion  sur  l'origine  et  les  progrès  de  cet 
instrument,  Paris,  1828,  in- 8**  de  47  pages. 
L*auteur  de  la  Biographie  répliqua  à  ce  pam- 
phlet par  une  Lettre  à  M,  Henri  Naderman  au 
sujet  de  sa  réfutation  d'un  article  de  la  Re- 
vue musicale  sur  ia  harpe  à  double  mou- 
vement de  M,  Sébastien  Érard,  Paris,  Santeiet, 
1828,  ia-8°  de  24  pages,  avec  2  planches  (i). 
La  polémique  ne  finit  point  par  cette  publication, 
car  Naderman  fit  paraître  un  nouvel  écrit  in- 
titulé :  Supplément  à  la  réfutation  de  ce  qui 
a  été  dit  en  faveur  de  la  harpe  à  doublé 
mouve^nent,  Paris,  1828,  in-S*"  de  31  pages. 
Une  note  intitulée  :  ilf on  dernier  mot ,  qui  fut 
insérée  dans  le  troisième  volume  de  làRevuemu- 
sicalej  termina  cette  discussion.  Depuis  lors,  la 
tlièsa  soutenue  par  l'auteur  de  la  Biographie  uni- 
verselle  des  Musiciens  a  été  couronnée  par  un 
triomphe  complet ,  et  ses  prédictions  se  sont  ac- 
complies, car  la  harpe  à  double  mouvement  est 
la  seule  dont  on  fasse  usage  aujourd'hui,  et  l'an- 
cien instrument  de  Naderman  est  tombé  dans  un 
profond  onbli. 

Ni£G£LI  (Jeak- Georges),  compositeur^ 
écrivain  didactique  et  éditeur  de  musique,  na- 
quit à  Zurich ,  non  en  1773,  comme  il  est  dit 
dans  le  Lexique  universel  de  musique  publié  par 
Schilling,  mais  en   1768,  suivant  la  note  que 


(1)  Geiî«  lettre  ett  annl  Insérée  dans  le  irolstème  Tolume 
de  la  Revv€  musicale. 


Naîgeli  m'a  envoyée  lui-même.  Après  avoir  appris 
le  chant  et  les  éléments  du  clavecin  dans  sa  ville 
natale,  il  alla  continuer  ses  études  de  musique  à 
Berne,  puis  retourna  à  Zurich ,  où  11  établit  une 
maison  de  commerce  de  musique,  en  1792.  Son 
goût  passionné  pour  Tart  le  rendait  peu  propre 
aux  affaires  commerciales ,  et  le  choix  qu'il  fit 
des  principaux  ouvrages  sortis  de  ses  presses 
prouve  quMl  s'occupait  moins  des  cliances  de  leur 
débit  que  de  leur  mérite  au  pomt  de  vue  de  l'art. . 
En  plusieurs  circonstances,  ses  affaires  furent  em- 
barrassées, et  ses  amis  durent  venir  I  son  secours 
pour  que  l'honneur  de  son  nom  de  négociant  ne 
fût  pas  compromis.  Son  Répertoire  des  claveci- 
nistes est  une  collection  aussi  remarquable  par  la 
valeur  des  compositions  que  par  Texécution  typo- 
graphique. Les  œuvres  de  J.  S.  Bach  et  de  Haendel, 
dans  le  style  instrumental,  en  font  le  plus  bel  or- 
nement. 

Comme  compositeur,  il  s'est  fait  connaître  avan- 
tageusement par  des  chansons  allemandes  qui  ont 
obtenu  des  succès  de  vogue ,  par  des  toccates 
pour  le  piano,  et  par  des  chants  en  chœur  pour 
les  écoles  et  pour  Téglise.  Naegeli  s'est  aussi  rendu 
recommandable  par  la  fondation  de  la  grande 
association  suisse  pour  les  progrès  de  la  musique, 
dont  il  fut  plusieurs  fois  président ,  et  qu'il  dî-' 
rigea  avec  talent  dans  des  réunions  de  trois  à 
quatre  cents  musiciens.  II  prononça,  dans  une  de 
ces  solennités,  le  19  août  1812,  un  discours  his- 
torique sur  la  culture  du  chant  en  Allemagne , 
qui  a  été  inséré  dans  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick  (numéro  43  de  la  même  année). 

Naegell  est  particulièrement  remarquable 
comme  écrivain  didactique  et  comme  critique. 
Michel  Traugott  Pfeiffer,  de  Wûrzbourg,  avait 
organisé  l'enseignement  de  la  musique  pour  l'ins- 
titut d'éducation  publique  fondé  à  Yverdun,  en 
1804,  par  Pestalozzi.  Suivant  les  vues  de  celui-ci, 
toute  complication  devait  être  évitée  dans  les 
éléments  des  sciences  et  des  arts,  et  ce  qui  ne 
se  réunissait  pas  en  un  tout  homogène,  par  quel- 
que lien  d'analogie  ou  d^identité,  devait  former 
autant  de  divisions  dans  renseignement.  Cette 
idée  fondamentale  conduisit  Pfeiffer  à  diviser  son 
cours  de  musique  en  trois  sections  principales.* 
La  première,  sons  le  nom  de  rhythmique^  ren- 
fermait tout  ce  qui  est  relatif  à  la  mesure  du 
temps  dans  la  durée  des  sons  et  du  silence,  avec 
les  combinaisons  de  cette  durée.  La  deuxième, 
qui  avait  pour  objet  la  détermination  des  divers 
degrés  d'intonation,  et  leurs  combinaisons  en  cer- 
taines formes  de  chant,  était  appelée  mélodique. 
Enfin  la  troisième,  désignée  d  une  manière  assez 
impropre  par  le  nom  de  dynamique^  considérait 
les  sons  dans  leurs  divers  degrés  d'intensité,  et  dans 

18* 


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276 


NiEGELI 


les  signes  qui  représentent  les  modifications  de 
cette  intensité.  Dans  une  quatriènoe  division,  les 
trois  premières  se  réunissaient  sous  le  nom  de 
science  de  la  notation;  les  élèves  étaient  exer- 
cés sur  la  conception  simultanée  de  la  représen- 
tation des  sons  dans  leur  durée,  leur  intonation 
et  leurs  modifications  d'intensité.  Là  se  trouvaient 
les  exercices  de  la  lecture  et  du  solfège.  Une  cin- 
quième division  était  destinée  à  exercer  les  élèves 
dans  la  réunion  des  paroles  au  chant.  Frappé  des 
avantages  qu'il  remarquait  dans  cette  méthode, 
Kœgeli  en  donna  un  aperçu  dans  un  petit  écrit 
intitulé  :  Die  Pestalozzische  Gesangbildung* 
lehre  nach  Pfeiffers  Erpmdung,  etc.  (La  mé- 
thode de  chant  pestalozzienne,  d'après  l'invention 
de  Pfeiffer),  Zurich,  1809,  in-S^"  de  76  pages. 
L'année  suivante,  il  réunit  les  éléments  du  travail 
de  Pfeiffer,  les  mit  en  ordre,  et  en  forma  un  ou- 
vrage étendu,  qui  parut  sous  ce  titre  :  Gesang- 
bildungslehre  nach  Pestalozziscken  Grundsxt- 
zen  pxdagogisch  begriindety  von  Michael 
Traugott  Pfeiffer^  methodisch  bearbeitet  von 
Bans  Georg  Nxgeli  (Méthode  de  chant  dis- 
posée par  Michel  Traugott  Pfeiffer  d'après  les 
principes  pédagogiques  de  Peslalozzi,  et  rédigée 
méthodiquement  par  J.  G.  Nsegeli),  Zurich, 
1810,  in-4''  de  250  pages.  Ce  livre  ne  pouvait 
être  considéré  comme  un  manuel  par  les  élèves, 
mais  comme  une  instruction  pour  les  maîtres  ; 
toutefois  il  ne  répondit  pas  à  Pattente  du  public, 
et  ne  parut  pas  réaliser  les  vues  de  Pestalozzi  ; 
car  si  l'on  ne  peut  donner  que  des  éloges  à  la  di- 
vision établie  par  Pfeiffer  et  Nœgeli  dans  les  di- 
verses parties  de  renseignement  de  la  musique, 
on  est  obligé  de  reconnaître  que  la  direction 
suivie  dans  chacune  de  ces  parties  est  trop  théo- 
rique pour  un  enseignement  primaire ,  et  que 
l'analyse  des  principes  y  est  trop  minutieuse. 
C'est  sans  doute  cette  considération  qui  a  porté 
Naegeli  à  publier  un  abrégé  de  son  grand  ouvrage , 
sous  ce  titre  :  Auszug  der  Gesangbildungs- 
lehre,  mit  neuen  Singstoff,  Zurich,  l812,in-4° 
de  48  pages.  Depuis  lors  il  a  aussi  publié  des 
tableaux  de  principes  de  musique  basés  sur  le 
4Dême  système,  et  à  Tusage  des  écoles  populaires 
de  chant;  lis  ont  pour  titre  :  Musikalischer  Ta' 
bellwerh  fur  Volksschulen  sitr  herausbildung 
fur  den  Figuralgesang,  Zurich,  1828.  Na;geli 
a  mis  en  pratique  pendant  plus  de  vingt  ans 
sa  méthode  dans  une  école  de  chant  qu*il  avait 
fondée. 

Dans  la  première  moitié  de  1824,  il  fit  un 
voyage  en  Allemagne,  visita  Carlsniiie,  Darm- 
stadt,  Francfort,  Mayence,  Stuttgard,Tubinge, 
et  y  fit  des  lectures  publiques  sur  divers  sujets 
de  sa  théorie  et  de  l'histoire  de  la  musique.  Ces 


leçons  ont  été  publiées  chez  le  libraire  Cotta, 
à  Stuttgard  et  àTubinge,  en  un  volume  intitulé  : 
Vorlesungen  ûber  M\islk  mit  Berucksichti- 
gung  der  Dilettanten  (Leçons  sur  la  musique, 
pour  rinstruction  des  amateurs),  1826  ,  în-8**  de 
285  pages.  Ce  livre  est  digne  de  fixer  l'attention, 
parce  quMl  est  un  des  premiers  essais  d'une 
théorie  complète  de  la  philosophie  du  beau  mu- 
sical ,  d'après  les  principes  de  Herder  et  de  Ja- 
cobi ,  qui  qc  sont  i)ourtant  pas  cités  par  Nae- 
,  geli.  Il  méritait  un  succès  plus  brillant  que  celui 
qu'il  a  obtenu  ;  mais  le  temps  n'était  pas  encore 
venu  (1820)  où  la  philosophie  de  la  musique  pou- 
vait exciter  un  vif  intérêt.  Des  discussions  polé- 
miques s'élevèrent  entre  Naegeli  et  l'illustre  pro- 
fesseur Thibaut,  de  Tuniversité  de  Heidelberg, 
à  propos  des  principes  esthétiques  de  l'art ,  et  à 
l'occasion  d'une  réfutation  de  Pécrit  de  Thibaut 
(  Ueber  Keinheit  der  Tonkunst  )  publiée  par 
Naegeli,  sous  ce  titre  :  Der  Streit  zwischen  der 
alten  und  neuen  MuMk  (  le  Combat  entre  l'an- 
cienne musique  et  la  nouvelle),  Rreslau,  Fœrs- 
ter,  1827,  gr.  in- 8**.  L'auteur  de  l'article  précé- 
demment cité  du  Lexique  universel  de  musique, 
dit  que  la  victoire  resta  dans  cette  lutte  à  N'e- 
geli,  plus  musicien  que  son  adversaire,  dont 
les  vues  artistiques  étaient  ëtroitesy  dit  cet 
écrivain ,  quoiquMl  avoue  que  Thibaut  montra 
dans  la  dispute  beaucoup  plus  ô^abileté  caus^ 
tique  et  de  profondeur  intellectuelle,  11  peut 
sembler  étrange  qu'un  homme,  dont  la  pensée  a 
de  la  profondeur,  ait  des  vues  étroites  ;  mais  sans 
insister  sur  la  contradiction  qu'on  remarque  ici 
dans  les  termes,  je  dirai  que  Thibaut  fiit  un 
des  hommes  que  j'ai  connus  dont  les  vues  mé- 
ritaient le  moins  l'épithète  à'étroites  (  einsei- 
tigen),  car  elles  s'élevaient  précisément  à  ce 
que  l'art,  a  de  plus  général;  mais  son  goût 
délicat  n'accordait  pas  facilement  les  qualités  du 
beau.  Nœgeli  et  lui  s'étaient  placés  à  des  points 
de  vue  trop  différents  pour  qu'ils  pussent  s'en- 
tendre; car  le  premier  ne  connaissait  que  l'art  alle- 
mand, tandis  que  Thibaut  n'admettait  les  qualités 
de  cet  art  que  dans  les  spécialités -de  la  musique 
dramatique  et  du  style  instrumental ,  et  lai  pré- 
férait, dans  les  autres  parties,  les  productions  des 
anciennes  écoles  italienne  et  belge. 

Naegeli  a  fourni  beaucoup  de  morceaux  de 
critique  à  la  Gazette  musicale  de  Leipsick  et  à 
d'autres  journaux  de  l'Allemagne.  Aux  écrits 
précédemment  cités,  il  faut  ajouter  :  1*  ErhUe- 
rung  an  J,  Bottinger  als  Literar.  AnkUpger 
d.  Freunde  Pc5to?ossi'5  (Explication  conce^ 
nant  J.  Hottinger  comme  détracteur  des  amis  de 
Pestalozzi,  Zurich,  1811 ,  in-S*»).  î**  Pxdago- 
gische  Rede,  veranlasst  durch  die  schveiser. 


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NitGELl  —  KALDI 


277 


^meinnûts.  Gesellschaft  ^  enfhallend  ;  eine 
characierisiik  Pestalozsi's  und  der  Pesta- 
lazsiaTUsmvs,  desAnti-und  des  Pseudo-Pesta' 
loizianismus,  etc.  (Voyage  pédagogique  dans 
les  cantons  unis  de  la  Suisse,  contenant  une 
caractéristique  de  Pestalozzi,  du  pestalozzia- 
nisme,  des  auti-pestalonistes ,  et  du  pseudo-pes- 
lalozzianisme ,  etc.)»  Zuricli,  1830,  in-8^ 
3*^  Umriss  d.  Erziehungsaufgabe  fur  den 
gesammte  Volkschule,  etc.  (Plan  d'éducation 
complète  pour  toutes  les  écoles  populaires,  etc.), 
Znrich,  1832 ,  în-s*".  Parmi  ses  compositions  on 
remarque  six  recueils  de  chants  à  3  et  à  4  voix 
pour  l*église  et  les  écoles  de  chant,  publiés  à 
Zurich  ,  et  environ  quinze  recueils  de  chansons 
à  voix  senle  avec  ace.  de  piano,  ihld.  Cet 
homme  laborieux  ,  dont  la  yîe  entière  fut  dé- 
vouée à  l'art,  est  mort  à  Zurich  le  26  décembre 
1836.  Sa  biographie  a  été  publiée  avec  son  por- 
trait, à  Zurich,  chez  Orell,  en  1837  ,  gr.  in-4% 
sous  ce  titre  :  Biographie  von  Sans  Georg 
NeegeU,  M.  Birrer,  ou  Bierer,  musicien  suisse,  a 
aussi  publié  *.  Hans  Nxgeli,  Erinnerung  merk- 
trardige  Lebensfahrlen  wid  besondere  An- 
sichien,  etc.  Zurich ,  1844,  in- 8°,  et  Carlsruhe, 
184&,  in-12.Enfin ,  on  a  un  écrit  de  M.  Augustin 
Keller  :  H.  G.  Nxgeh  Festrede  sur  Einwei- 
hung  seines  Denkmals,  gehalten  zu  Zurich 
am  16  oct.  1848,  Arau,  1849,  in-S». 

NAGEL  (Jean-Frédéric)  ,  né  en  1753 ,  dans 
les  États  prussiens,  obtint  en  1783  la  place  de 
chef  du  chœnr  de  l'église  principale  de  Magde- 
l)ourg,  et  fut  nommé,  vers  le  môme  temps,  qua- 
trième professeur  au  gymnase  de  cette  ville,  où 
il  modrot  le  15  avril  1791.  On  a  de  lui  une  mé- 
thode de  piano  intitulée  :  Anweisung  zum  Cla- 
vierspielen ,  fur  Lehrer  und  Lenxende^  Halle, 
Jlendel,  1791,  in-4'*  obi.  de  72  pages.  Nagel  avait 
commencé  la  publication  de  cet  ouvrage  sous  la 
forme  périodique ,  et  lui  avait  donné  pour  titre  : 
Musihaliiche  MonaUchrift  (Feuille  musicale 
jnènsnelle).  Halle,  1790.  Il  ne  parut  sous  cette 
forme  que  le  premier  trimestre.  U  y  a  une 
deuxième  édition  améliorée  de  Touvrage  de  Na- 
gel ,  publiée  à  Halle ,  sans  date  (  1802)  in^*"  obi. 

NAGILLER  (...)>  compositeur,  né  dans  le 
Tyrol,Ters  1820»  a  fait  ses  études  musicales  au 
Conservatoire  de  Vienne',  et  y  a  obtenu  le  pre- 
mier prix  de  composition  en  1840.  Il  vécut  ensuite 
quelque  temps  è  Paris ,  puis  fc  fixa  à  Berlin  en 
1844,  et  y  fut  nommé  directeur  de  la  société 
muaiesle  connue  sous  le  nom  de  Mozariverein. 
Il  fit  exécuter  dans  cette  ville  avec  succès  sa 
première  symphonie  (en  ut  mineur),  une  ouver- 
ture, des  Lieder  et  des  chosurs,  en  1846;  au  mois 
da  mai  de  la  même  année,  il  donna  plusieurs 


concerts  à  Cologne ,  où  ses  compositions  furent 
applaudies;  sa  première  symphonie,  exécutée 
à  Francfort  sous  la  direction  de  Guhr,  ne  fut 
pas  moins  bien  accueillie.  De  retour  à  Berlin  en 
1847,  M.  Nagiller  y  écrivit  de  nouveaui^  ou- 
vrages; mais  la  révolution  de  1848  Tobligea  de 
s'éloigner  de  cette  ville.  Depuis  cette  époque,  les 
renseignements  manquent  sur  cet  artiste,  dont 
Gassner  et  M.  Berusdorf  ne  parlent  pas  dans 
leurs  Lexiques  universels  de  musique. 

NAICH  (Hubert),  musicien  belge,  fixé  à 
Rome  au  commencement  du  seizième  siècle,  fut 
membre  de  l'Académie  degli  Amici,  Un  recueil 
fort  rare  de  ses  madrigaux,  à  quatre  et  à  cinq  voii, 
a  été  imprimé  à  Rome  par  Antoine  Blado,  en 
caractères  gothiques  et  sans  date,  sous  ce  titre  : 
Madrigali  di  M.  Hubert  JSaich  a  quatiro  et 
a  cinque  voci^  tuile  cose  nove,  einonpiuviste 
in  stampa  da  per^na,  JÀbro  primo,  A  la  fin 
de  la  quinta  pars  on  lit  :  Il  fine  de  Madrigali 
di  M.  Hubert  tiaich  délia  Academia  de  U 
Amici  stampati  in  Roma  per  Antonio  Blado, 
Un  exemplaire  de  ce  rarissime  recueil  se  trouve 
à  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne.  Draudius 
cite  une  autre  édition  du  même  ouvrage  publiée 
à  Venise  {Bibliot.  Classica,  p.  1630  )  ;  mais  il 
n'en  indique  pas  la  date.  Dans  le  quatrième 
livre  de  motets  à  quatre  voix  publié  à  Lyon  par 
Jacques  Moderne  (quartus  liber  cum  quatuor 
vocibus),  en  1539,  on  trouve  deux  pièces  sous 
le  nom  de  Bobert  Naich  :  le  prénom  est  ici  évi- 
demment une  altération  de  Hubert.  La  natio- 
nalité de  Naich  se  découvre  par  la  majuscule 
M.  qui  précède  son  nom;  elle  est  l'initiale  de 
magisier,  qualification  qui  ne  se  donnait  en 
Belgique  qu^aux  prêtres  musiciens  {artium  ma- 
gisier). 

NALDI  (Romolo),  né  à  Bologne  vers  le 
milieu  du  seizième  siècle ,  fut  organiste  de  l'é- 
glise des  dominicains  de  Ferrare.  11  s'est  faitcon* 
naître  comme  compositeur  par  un  ouvrage  inti- 
tulé :  Il  primo  libro  de'  Madrigali  a  5  voci. 
Venetia  app,  Angelo  Gardano,  1589,  in-4^.  Le 
catalogue  deParstorff  indique  (p.  25)  un  autre 
ouvrage  de  Naldi ,  intitulé  :  lAber  primus  Mo- 
tectorum  duobuschoriSy  dominicis  diebus  con- 
cinendorum.  C'est  sans  doute  le  même  ouvrage 
qui  se  trouve  indiqué  dans  le  Catalogue  de  la 
bibliothèque  du  lycée  communal  de  Bologne,  sous 
ce  litre  :  Moteiii  a  due  cori,  libro  primo  ;  Ve- 
netia, app.  Angelo  Gardano,  1600. 

NALDI  (Joseph),  excellent  bouite  italien, 
né  dans  le  royaume  de  Naples  ,  en  1765,  brilla 
à  Rome ,  en  1789,  puis  è  Naples,  à  Venise  et  à 
Turin.  Pendant  les  années  1796  et  1797  il  fut  at- 
taché au  thé&tre  de  la  Scala ,  à  Milan.  Appelé  k 


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278 


NALDl  —  NAIMNI 


Londres  dans  les  premières  années  du  siècle  pré- 
sent ,  il  chanta  au  théâtre  du  Roi  pendant  près 
de  quinze  ans.  Ses  r61es  principaux  étaient  dans 
Il  Fanatîco  per  la  musica,  le  Cantatrici  vilr 
lane,  et  Cosi  fan  tutte.  En  1819 ,  il  fut  engagé 
au  Théâtre-Italien  de  Paris ,  et  y  débuta  dans  ce 
dernier  ouvrage  ;  mais  il  n'était  plus  que  l'ombre 
de  lui-même.  II  mourut  malheureusement  Tannée 
suivante ,  chez  le  célèbre  chanteur  Garcia ,  son 
ami  y  qui  l'avait  invité  à  voir  Tessai  d'une  nou- 
velle marmite,  dite  autoclave,  pour  cuire  les 
Tîandes.  Naldi  ayant  fermé  et  assujetti  ta  sou- 
pape de  cet  appareil ,  la  vapeur  concentrée  fit 
explosion.  Tout  Pappartement  fut  boi/leversé,  et 
Naldf,  frappé  par  les  éclats  de  la  marmite,  expira 
sur-le-champ . 

La  fille  de  Naldi,  devenue  comtesse  de  Sparre, 
débuta  avec  succès  en  1819.  Pendant  plusieurs 
années,  elle  a  partagé  la  faveur  publique  avec 
M™*  Pasta ,  principalement  dans  Tancredi  et 
dans  Romeo  et  Giulieita.  Retirée  de  la  scène 
depuis  1S23,  elle  ne  s'est  plus  fait  entendre  que 
chez  elle  et  dans  quelques  salons ,  où  son  beau 
talent  excitait  Padmiration.    • 

NALDINl  (Santé  },  compositeur  de  l'école 
romaine,  naquit  à  Rome  le  5  février  1588.  Le 
23  novembre  1617  il  fut  agrégé  au  collège  des 
chapelains-chantres  de  la  chapelle  pontificale. 
Plus  lard  le  pape  l'éleva  à  la  dignité  de  camer- 
lingue ou  abbé  de  la  même  chapelle.  Naldini 
mourut  le  10  octobre  1666,  et  fut  inhumé  dans 
l'église  des  moines  de  Saint-Étienne  del  Cacco, 
où  l'on  voit  encore  $on  tombeau ,  avec  cette  ins- 
cription :  D.  0.  M.  Sancti  Naldini  musico  ro- 
mano  sacelli  pontificii  emerito  sepulchrum 
hoc  ubi  ejus  humareniur  ossa  viventi  ac  bene 
merenti  monacisilvesirim  concesserunt.  Vient 
ensuite  un  canon  énigmatique  sur  les  paroles 
Misericordias  Domini  in  xternum  caniabo, 
composé  par  Naldini  pour  être  placé  sur  sa  tombe, 
et  répitaphe  est  terminée  par  ces  mots  :  Vixit 
annosLXXX.  menses  Vlll.dies  V.  obiit  dieX 
ociobris  MDCLXVI.  Naldini  a  publié  à  Rome, 
chez  Robletti,  en  1020,  des  rnotets  à  4,  5  et  6 
voix.  Il  a  laissé  aussi  de  sa  composition  des  ca- 
nons bien  faits  dans  les  registres  de  la  chapelle 
pontificale.  Enfin  il  est  auteur  d'un  Miserere  k  4, 
avec  le  dernier  verset  à  8,  qui  fut  chanté  dans  son 
temps  à  la  chapelle  pontificale.  Santé  Naldini 
fut  un  des  chantres  de  la  chapelle  pontificale  que 
le  pape  Urbain  YIII  chargea  de  la  publication 
des  hymnes  de  TÉglise  en  chant  grégorien ,  et  en 
musique  composée  par  Jean  Pierluigi  de  Pales- 
trina.  Cette  collection ,  imprimée  par  ordre  du 
pape  chez  Balthasar  Moret ,  à  Anvers,  parut  sous 
«c  titre  :  ffymni  sacri  in  Breviario  Romano 


S,  D,  N.  Urbani  VIII  auctoritate  recogniti, 
etcantu  musico  pro  prxclpuis  .anrà  festivi- 
tatibus  erpressi.  Antuerpix,  ex  offUiHa 
Plantiniana  RaUhasaris  MoretU,  1644,  in- fol. 
max. 

NANINl  (Jean-Mabib),  né  à  Vallerano,  vers 
1 540,  étudia  le  contrepoint  à  Rome ,  dan^  l'école 
de  Goudimel,  et  fut  le  condisciple  de  Palestrina. 
Il  retourna  ensuite  dans  le  lieu  de  sa  naissance 
et  y  fut  maître  de  chapelle;  puis  il  fut  rappelé  à 
Rome  en  1571 ,  pour  remplir  les  mêmes  fonc- 
tions à  l'église  de  Sainte-Marie-Majeure.  Vers 
le  même  temps  il  ouvrit  dans  c«tte  ville  une 
école  de  composition,  qui  fut,  dit  Tabbé  Baini 
{Mem.  stor.  crit,  délia  vita  e  délie  op.  di  Pa- 
lestrina, tome  II,  p.  26),  la  première  de  ce 
genre  instituée  à  Rome  par  un  Italien.  Au  mois 
de  mai  1575,  Nanini  donna  sa  démission  de  mal* 
tre  de  chapelle  à  Sainte-Marie*  Majeure ,  et  le  27 
octobre  1577  il  fut  agrégé  au  collège  des  chape- 
lains chantres  de  la  chapelle  pontificale.  Il  mou- 
rut à  Rome ,  le  1 1  mars  1607,  et  fut  inhumé  dans 
l'église  Saint-Louis-des-Français.  Nanini  doit  être 
considéré  comme  un  des  plus  savants  musiciens 
de  l'école  romaine,  qui  a  produit  tant  d'artistes 
de  premier  ordre.  Il  n'avait  pas  le  génie  de  Pa- 
lestrina, mais  ses  compositions  méritent  d'être 
placées  immédiatement  après  celles  de  ce  grand 
artiste,  à  cause  de  la  perfection  qu'on  y  remarque 
dans  l'art  d'écrire.  L'abbé  Baini  dit  {loc,  cit., 
n**  459  )  qu'on  chante  encore  avec  plaisir,  dus 
la  chapelle  pontifiêale,  des  motets  de  Nanini, 
entre  autres ,  aux  matines  de  Noèl ,  un  Hodie 
nobis  ccelomm  rex,   lequel  est  vraiment  su- 
blime. Il  a  publié  :    1"  MotstU  a  tre'vaci, 
Venise,  Gardane,  1578,  in -4*.  ~  2* xtfo/c«i o 
5  voci,  ibid.  —  3'  Madrigali  a  5  t?oci,  lib.  1, 
ibid.,  1579,  in-4^   —  4^  Idem,  lib.  2,  ibid., 
1580,  in-4*^.  Il  y  a  trois  autres  éditions  de  cet 
ouvrage,  toutes  publiées  à  Venise  par  Ange  Gar* 
dane,  la  première  en  1582,  la  seconde  en  1587, 
et  la  dernière  en  1605.  —  5"  Idem^  lib.  3,  ibid., 
1584,  in-4*».  —  6*»  Idem,  lib.  4,  ibid.,  1586, 
in-4*',  —  7°  Canzonette  a  3  voci,  ibid.,  1587.  On 
trouve  des  psaumes  à  8  de  Nanini  dans  les  5a^mi 
aS  di  diversi  eccellendssimi autori , po&tiin 
luce  da  Fabio  Cosfaniini,  Naples,  Carlino, 
1615,  et  les  recueils  de  motets  du  même  Cos- 
tantini,  publiés  à  Rome,  chez  Zanetti,  en  1616 
et  1617,  contiennent  des  motets  de  Nanini.  Beau- 
coup d'autres  recueils  renferment  des  composi- 
tions de  ce  maître,  entre  autres  ceux  qui  ont 
pour  titre  :  Harmonia  céleste,  Melodia  olim- 
pica,  Musica  divina^  Symphonia  angelica, 
tous  imprimés  à  Anvers,  chez  P.  Phalèse,  in-4' 
obi.  Le  P.  Martini  possédait  en  manuscrit  un  re- 


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NANINl  —  INARCISSUS 


279 


cueil  intéressant  de  canons  de  ce  savant  musi- 
cien ;  il  avait  pour  titre  :  Cenlo  cinquania  set  16 
€07iirappunti  e  canoni  a  2,  3,  4,  5,  6,  7,  8  6 
11  sopra  del  canto  ferma  iniitolato  la  base 
di  Costanio  F  esta.  C'est  cet  ouvrage,  qui 
semble  avoir  été  imprimé,  et  dont  Banchieri  fait 
i'éloge  en  ces  termes  (CarteUa  di  musica, 
p.  234  )  :  Maria  Nanini,  compositore  célèbre 
nella  cappella  di  N.  S.  ha  mandata  in  stampa 
un  libro  di  contrappunii  obbligati  sopra  il 
carUo  ferma  in  canone ,  opéra  degna  di  essere 
in  mano  di  qualsisia  musico  e  compositore. 
Un  très-grand  nombre  de  motets  et  de  litanies 
inédits  de  Nanini  sont  conservés  dans  les  arctiives 
de  l'église  Sainte-Marie  in  ValUcella ,  dans  la 
bibliothèque  du  collège  romain ,  et  dans  les  ar- 
chives de  la  chapelle  pontificale.  Je  possède 
aussi  quelques-unes  de  ses  messes  et  plusieurs 
motels  en  manuscrit;  enfin  l'abbé  Santini  a  dans 
sa  bibliotlièque.  IQ  psaumes  à  8,  15  motels  à  5, 6, 
S,  des  Lamentations  à  4,  un  Te  Deum  et  des 
litanies  à  8,  le  tout  en  partition. 

Le  P.  Martini  cite  aussi,  dans  le  catalogue  des 
auteurs  placé  à  la  fin  du  premier  volume  de  sou 
Histoire  de  la  musique ,  un  traité  du  contrepoint 
^ont  il  possédait  une  copie  manuscrite  mtitulée  : 
Tratlato  di  conlrappunio  con  la  regolaper 
fare  contrappunto  a  mente  di  Gio,  M,  Nanini^ 
Suivant  les  renseignements  fournis  par  fabbé 
Baini  (t.  I,  n^  208),  la  copie  a  été  faite  pour  le 
P.  Martini  d'après  une  autre  incomplète  qui  se 
trouve  dans  la  biblioUièque  de  la  maison  Corsiui 
alla  Lungara,  et  qui  a  été  finie  le  5  octobre  1619 
par  Horace  Griifi,  chapelain  chantre  de  la  clia- 
pelle  pontificale.  Ce  fragment  précieux  com- 
mence à  la  page  51  et  finit  page  114;  le  com- 
«nenceroent  et  la  fin  manquent. 

NANlNl  (Jean-Bermardin),  frère  putné  de 
Jean-Marie ,  naquit  à  Vallerano,  et  reçut  de  son 
frère  des  leçons  de  composition.  Les  circonstances 
de  sa  vie  sont  peu  connues  ;  on  éait  seulement 
qu'il  fut  maître  de  chapelle  à  Saint- Louis-des- 
Français ,  puis  à  Saint-Laurent  in  Damaso.  Jean- 
Marie  l'avait  associé  à  ses  travaux  dans  la  direc- 
tion de  son  école  de  musique;  il  parait  même  que 
Bernardin  Manini  eut  part  à  la  rédaction  du  traité 
de  contrepoint  dont  il  est  parlé  dans  l'article  pré- 
cédent. Les  œuvres  de  ce  musicien  sont  :  1°  // 
primo  libro  di  Madrigali  a  bvoci,  Venise, 
chei  hss  héritiers  de  Scotto,  1598,  in-4°.  La  pre- 
mière édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée  à  Ve- 
nise, par  Ange  Gardane,  en  1579,  in-4%  et  la 
deuxième  en  1588,  in-4°  obi.,  chez  le  même.  — 
2*  Il  seconda  libro,  idem,ibid.,  1599.  —  3^*11 
libro  terso,l^omé,  Zanetti,  1612.  —  4<*  Mot- 
tecta  Jo.  Bernardini  Nanini  singulis^  binis^ 


ternis,  qualetmis  et  quinis  vocibus  wna  cum 
gravi  voce  ad  organi  soimm  accommodaia, 
Romw^  apvd  Joannem  Bapt.  Robleium,  1608, 
lib.  1;  lib.  2,  1611;  lib.  3,  1612;  lib.  4,  1618. 
—  5°  Salmi  a  4  voci  per  le  domenichee  soient 
nità  delta  Madonna  ed  ÂpostoU,  con  due 
Salmi f  uno  a  ^,Valtro  a  8  voci,  Rome,  Zanetti, 
1620.  —  6*  Vemte^  exuliemus  Domino,  a  3 
voci  con  Vorgano ,  Assisi,  Salvio,  1620.  II  y  a 
aussi  des  pièces  détachées  de  Bernardin  Nanini 
dans  la  plupart  des  recueils  qui  ont  été  pu- 
bliés au  commencement' do  dix -septième  siècle. 
L'abbé  Santini,  de  Rome;  possède  de  cet  ar- 
tiste des  psaumes  et  des  motets  à  8  voix,  en 
partitions  manuscrites ,  un  Salve  Regina  à  12, 
et  beaucoup  d'autres  motets.  Bernardin  Nanini 
est  un  des  premiers  musiciens  qui  ont  abandonné 
l'ancien  style  de  Técole  romaine  pour  la  nouvelle' 
musique  avec  accompagnement  d'orgue. 

j\ANTERIVI  (  Horace  ),  compositeur,  né  à 
Milan,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle ,  remplis- 
sait les  fonctions  de  maître  de  chapelle  de  Téglise 
Saint-Celse,  vers  1590.  Les  écrivains  de  son  temps 
ont  donné  des  éloges  à  son  talent.  Le  seul  re- 
cueil de  compositions  connu  sous  son  nom  a 
pour  titre  :  Il  primo  libro  rfe*  Motietii  a  cin- 
que  voci;  Milano,  Aug.  Tradule,  1606,  in-4'*. 
On  trouve  de  ses  compositions  dans  la  plupart 
des  recueils. qui  ont  paru  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  notamment  dans  le  Parnas- 
sus  musicus  Ferdinandaeus  de  Bcrgam.  Venise, 
1615. 

NANTËRNI  (Michel-Ance),  fils  du  précé-. 
dent  et  son  élève ,  lui  succéda  dans  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  féglise  Saint-Celse.  Il  a  pu- 
blié, à  Milan,  des  madrigaux  et  des  canzouettes. 

NARBAËZ  ou  NARVAEZ  (Louis  DE), 
nausicien  espagnol  du  seizième  siècle,  a  publié 
une  collection  de  pièces  pour  la  viole,  en  tabla- 
ture, sous  le  titre  de  Los  seys  libres  del  Del 
phin  de  musica  de  cifraspara  ianer  vihuela, 
VaHadolid,  1538,  itt-4*'  obi.  On  trouve  dans  ce 
livre  plusieurs  fragments  de  motets  et  des  chan- 
sons de  Josquin ,  de  Gombert,  de  Ricliafort,  etc., 
avec  une  instruction  pour  la  connaissance  de  la 
tablature.  C'est  le  même  artiste  qui,  sous  le  nom 
de  Ludovicus  ISarbays,  parait  comme  composi- 
teur de  motets  dans  le  quatrième  livre  à  quatre 
voix,  et  dans  le  cinquième  livre  à  cinq  voix,  pu- 
bliés à  Lyon  par  Jacques  Moderne,  en  1539  et 
1543. 

NARCISSUS,  évèque  de  Ferns  et  de  Leigh- 
lin,  en  Irlande,  était  membre  de  la  société 
royale  des  sciences  de  Dublin  vers  la  fin  du  dix- 
septième  siècle.  11  y  lut,  le  12  uovembre  1683,  un 
Mémoire  qui  a  été  inséré  dans  les  Transactions 


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280 


KARCISSUS  —  NARE& 


philosophiques  (toI.  XIV,  n*"  166,  p.  472,  aoc. 
série),  sous  ce  titre  :  An  introductory  essay  io 
ihe  doctrine  of  sounds,  conlaining  some  pro- 
posais for  ihe  improvement  of  acousticks 
(Essai  d'introduction  à  la  doctrine  des  sons, 
contenant  quelques  propositions  pour  le  perfec- 
tionnement de  l'acoustique  ).  L'auteur  de  ce  Mé- 
moire y  établit  l'analogie  des  phénomènes  de  l'au- 
dition et  de  ceux  de  la  vision,  et  assimile  la  pro- 
jection des  rayons  sonores,  leurs  ré&exions  et 
leurs  réfractions  à  la  projection ,  à  la  réflexion 
et  à  la  réfraction  de  la  lumière.  Il  est  difGcile  de 
décider  si  Newton  avait  aperçu  l'analogie  dont  il 
s'agit  à  répoque  de  ses  premiers  travaux  sur 
l'optique  (1669)  ;  mais  il  est  certain  qu'il  ne  l'in- 
diqua publiquement  qu'en  1704,  lorsqu'il  publia 
)a  première  édition  de  son  Optique,  en  sorte  que 
lïarcissus  parait  l'avoir  précédé  dans  Tidée  de 
l'analogie  des  sons  et  des  couleurs  qui,  du  reste, 
ne  doit  pas  être  poussée  trop  loin.  J.-J.  Rous- 
seau dit,  dans  son  Dictionnaire  de  musique,  que 
Sauveur  {voyez  ce  nom)  a  inventé  le  nom  d'a- 
coustique,  do  mot  grec  àxouco  (j'entends )  ;  il 
avait  pour  autorité  Sauveur  lui-même  qui,  dans 
la  préface  de  son  Système  général  des  sons 
(Mém.  de  l'acad.  roy.  des  sciences,  année  1701, 
p.  297),  dit  :  «  J'ai  donc  cru  qu'il  y  avait  une 
a  science  supérieure  à  la  musique,  que  fai  ap- 
«  pelée  acoustique,  etc.  »  Or,  Sauveur  avoue 
qu'il  n'a  commencé  à  s'occuper  de  cette  science 
qu'en  1696  {loc.  ciL,p,  298),  et  ce  qui  précède 
fait  voir  que  Narcissus  avait  introduit  dans  Je 
langage  scientifique  le  terme  à^tzcoustique  treize 
ans  auparavant. 

NARDINI  (Pierre),  violoniste  qui  a  eu  de 
la  réputation  dans  le  dix -huitième  siècle,  n'est  pas 
né  à  Livourne  en  1725,  comme  le  disent  Gerber, 
Choron  et  Fayolle»  et  leurs  copistes,  mais  à 
Fibiana,  village  voisin  de  Monte  Lupo^  dans  là 
Toscane,  en  1722,  suivant  les  renseignements 
recueillis  sur  les  lieux  par  Gervasoni.  Dans  les 
premières  années  de  son  enfance,  ses  parents  al- 
lèrent s'établir  à  Livourne;  c'est  là  qu'il  apprit 
les  déments  de  la  musique  et  du  violon.  Plus 
tard  il  se  rendit  à  Padoue ,  où  il  passa  plusieurs 
années,  occupéde  l'étude  du  violon  sous  la  direc- 
tion de  Tartioi.Ses  heureuses  dispositions  et  les 
leçons  de  l'excellent  maître  lui  firent  faire  de 
rapides  progrès.  De  retour  à  Livourne,  à  l'âge  de 
Tingt-quatre  ans,  il  se  fit  entendre  avec  succès 
dans  les  églises  et  dans  les  concerts,  et  com- 
posa ses  premiers  ouvrages.  Vers  1753,  le  grand- 
duc  de  Wurtemberg  lui  fil  offrir  un  engagement 
avantageux  :  Nardini  accepta  les  propositions  qui 
lui  étaient  faites,  et  partit  pour  Stuttgard.  Il  y  fit 
uu  séjour  de  près  de  quinze  ans ,  et  ne  s'éloigna 


qu'une  seule  fois  de  ceCte  ville  pour  aller  se  faire 
entendre  à  Berlin.  La  chapelle  de  Stuttgard  ayant 
été  réformée  en  1767,  Nardini  retourna  eji  Italie, 
et  se  fixa  de  nouveau  à  Livourne.  Deux  an? 
après  il  fit  un  voyage  à  Padoue  pour  revoir  son 
¥ieux  maître,  qui  touchait  à  sa  fin.  Il  hii  donna 
des  soins  pendant  sa  dernière  maladie,  comme 
aurait  pu  le  faire  un  fils.  En  1770,  le  grand-doc 
de  Toscane  engagea  Nardini  comme  violoniste 
solo  et  directeur  de  sa  musique.  Il  était  en  pos- 
session de  cette  place  depuis  plosleors  années 
lorsqu'il  eut  Thonneur  de  jouer  derant  l'empe^ 
reur  Joseph  n,  à  Pise.  Charmé  de  son  talent,  oe 
prince  lui  fit  présent  d'une  riche  tabatière  d'or 
émaillé.  Nardini  mourut  à  Florence  le  7  mai  1793, 
&  l'âge  de  soixante  et  onze  ans.  Cet  artiste  ne 
brillait  point  par  des  prodiges  de  mécanisnie  dans 
l'exécution  des  difficultés;  inférieur  sous  ce  rap- 
port à  Locatelli,  son  prédécesseur,  il  eut  en  com- 
pensation un  son  d'une  admirable  pureté,  dont 
l'analogie  avec  la  voix  humaine  était  remarqua- 
ble, et  dans  l'adagio  il  fit  toujours  admirer  son 
expression  pénétrante.  Le  style  de  ses  composi- 
tions manque  un  peu  d'élévation,  mais  on  y  trouve 
de  la  suavité  dans  les  mélodies  et  une  cerlaioe 
naïveté  ^eine  de  charme.  Il  n'a  pas  publié  tontes 
ses  productions,  car  le  plus  grand  nombre  de  ses 
concertos  est  resté  en  manuscrit  ;  mais  on  a  gravé  : 
l*'  Six  concertos  pour  violon,  op.  1  ;  Amsterdam. 
—  2^  Six  sonates  pour  violon  et  basse ,  op.  2  ; 
Berlin,  1765.  Cartier  a  publié  une  nouvelle 
édition  de  ces  sonates  ;  Paris,  Imbault  —  3**  Sii 
trios  pour  flûte ,  composés  pour  lord  Lyndliurst, 
et  gravés  à  Londres.  —  4*"  Six  solos  pour  violoBr 
op  5  ;  ibid.  — r  5''  Six  quatuors  pour  deux  violons 
alto  et  basse,  Florence,  1782.  ^  6*"  Six  duos  ponr 
deux  violons  ,  ibid.  Fayolle  a  fait  graTer,  à  Pa- 
ris, le  portrait  de  Nardini,  d'après  un  dessin  ori- 
ginal  appartenant  à  Cartier. 

NARES  (Jacques),  docteur  en  musique  àt 
l'université  d'Oxford,  naquit  en  1715,  à  Stanwell, 
dans  le  comté  de  Middlesex.  Son  éducation  mu- 
sicale fut  commencée  par  Gates  et  tenyinée  par 
Pepusch.  Dans  sa  jeunesse  il  joua  souvent  l'orgue 
de  Wiudsor,  en  remplacement  de  Pigott,  et  en 
1734  il  fut  désigné  comme  successeur  de  Salis- 
bury,  à  York,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de  dix- 
neuf  ans.  Après  avoir  été  quelque  temps  orga- 
niste de  la  cathédrale  de  cette  ville,  pour  la- 
quelle il  composa  quelques  services  et  antiennes, 
il  fut  nommé,  en  1758,  organiste  de  la  chapelle 
royale ,  et  plus  tard  il  succéda  à  Gates  comme 
maître  des  enfants  de  cette  chapelle.  Dans  les 
dernières  années  de  sa  vie  il  se  démit  de  cette 
dernière  place.  Il  mourut  à  Westminster  le  10 
février  1783,  et  fut  inhumé  à  l'église  Sainte-Marc 


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NARES  —  WASOLINI 


2  81 


guérite.  Les  coropositionR  de  Nares  soot  en  petit 
nombre  ;  elle  consislèDt  principalement  en  mu- 
sique religieuse.  Celles  qui  ont  paru  ont  pour  titre: 
!•*  Twenty  AiUkems  in  score,  for  one,  two, 
ihreej  four  and/ive  voyces,  Composedfor  ike 
use  of  his  Majesty*s  chapeU  royal,  Londres , 
1778.  —  2^»  Six  easy  Anthems,  with  a  favou- 
rite  moming  and-evening  Service,  Londres^ 
178S.  Dans  cet  œuvre,  publié  après  la  mort  de 
Pauteur,  on  trouve  son  portrait  et  une  notice  sur 
sa  vie.  Deux  de  ses  antiennes  à  quatre  voix  ont 
été  insérées  dans  la  collection  de  Stevens  inti- 
tulée Sacred  music,  Ledocteur  Arnold,  son  élève, 
a  aussi  inséré  un  service  complet  de  musique 

S 'église  de  Nares  dans  sa  Collection  of  Caihe- 
ralMusic,  Londres,  1790,  3  vol.  in-fol.  Ck)mme 
écrivain  didactique,  il  est  connu  par  un  traité  do 
chant  qui  a  pour  titre  :  Concise  and  easy  Trea- 
Use  on  Singing,  Londres,  sans  date,  in-4".  Pré- 
cédemment il  avait  publié  un  petit  ouvrage  sur 
le  même  sujet,  mais  absolument  différent  pour  la 
fonne  ;  celui-là  a  «mplement  pour  titre  :  Treaiise 
on  Singing  (sans  date),  petit  in-8^.  On  connaît 
aussi  de  Nares  une  méthode  de  clavecin  intitulée  : 
IlPrincipio  or  introduction  to  playing  on  ihe 
ffarpsichord  or  Oryan,  Londres  (sans  date). 
£nfin  ses  oeuvres  instrumentales  publiées  sont  : 
l""  Elght  sets  of  lessons  for  ihe  harpsichord 
(Huit  suites  de  leçons  pour  le  clavecin),  Londres, 
1748;  2"*  édiUon,  ibid.,  1757.  —  2'»  Five  tes- 
sons for  ilie  harpsichord,  etc.  (Cinq  leçons 
pour  le  clavecin ,  avec  une  sonate  pour  clavecin 
ou  orgue) ,  Londres,  1759 ,  in-é*".  —  3''  Leçons 
faciles  pour  le  clavecin ,  Londres  (sans  date).  — 
A^  Six  fugoes,  avec  des  préludes  d'introduction, 
pour  Torgue  ou  le  clavecin,  ibid. 

A^ARGENHOST  (...),  facteur  d'orgues 
hollandais ,  vivigt  à  Amsterdam  vers  le  milieu 
du  seizième  siècle.  En  1548  il  fit;  pour  Torgue  de 
Téglise  Saint-Pierre  de  Hambourg,  deux  nouveaux 
claviers  pour  être  ajoutés  à  ceux  qui  existaient 
déjà. 

NARGEOT  (PiERRE-JcuER),  né  à  Paris, 
le  7  janvier  1799,  fut  admis  comme  élève  au 
Conservatoire  de  Paris,  le  1^  octobre  1813, 
et  y  devint  élève  de  Kreutzer  pour  le  violon. 
Après  avoir  été  attaché  pendant  quelques  an- 
nées à  Porchestre  de  TOpéra-Comique ,  il  est 
en  .ré  dans  celui  du  Théâtre-Italien,  puis  à  PO- 
péra,  où  il  était  encore  en  1845.  Rentré  au  Con- 
servatoire le  17  octobre  1823,  pour  y  étudier  la 
composition,  il  reçut  d^abord  des  leçons  de 
M.  Barbereau,  puis  devint  élève  de  Reicha  pour  le 
tontrepoint,  et  de  Lesueur,  pour  le  style  idéal. 
En  1828»  il  concourut  à  llnstitut  et  y  obtint  le 
second  grand  prix  de  composition.  On  a  gravé 


de  sa  composition  :  Air  varié  pour  violon  avec 
accompagnement  de  piano,  op.  l  ;  Paris,  Schce- 
nenberger. 

NARVAEZ  (Louis  DE).  Voyez  NARBÂEZ. 

NAS  (ÉMÉB) ,  savant  ailglais ,  vraisemblable- 
ment professeur  à  Poniversité  d'Oxford,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle»  est  cité  par 
Blankenburg  (Supplément  à  la  Théorie  des  beaux- 
arts  de  Suizer,  t.  Il,  p.  566),  comme  auteur  d'un 
livre  intitulé  :  De  rhythmo  Grxcorum  liber 
singul.  Oxoni,  1789 ,  in-8*^.  Il  y  est  traité  du 
rhythme  musical  appliqué  à  la  poésie  grecque. 

NASCIMBENI  (Etienne),  maître  de  cha- 
pelle de  Téglise  Sainte-Barbe  de  Mantoue,  dans 
les  premières  années  du  dix-septième  siècle,  est 
connu  par  les  compositions  dont  les  titres  suivent  : 
1^  Concerti  eccleslasiici  a  12  voci,  Venise  IGIO. 
—  2°  Motetti  a  5  e  6  voci,  ibid.,  I6l6.  Il  est 
vraisemblable  qu'il  y  a  d'autres  ouvrages  de  ce 
musicien,  mais  ils  ne  sont  pas  connus. 

NASCIMBENI  (François),  compositeur,  né 
à  Ancône  vers  le  milieu  dn  dix-septième  siècle  ,^ 
est  connu  par  un  recueil  de  canzoni  et  de  madri- 
gaux intitulé  :  Canzoni  e  Madrigali  moraU  a 
una,  due  e  ire  voci;  Ancona,  Ainadei  Pieri- 
mineo,  1674,  io-4^. 

NASCO  (Jean  ),  maître  de  chapelle  à  Fano, 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  a  pu- 
blié de  sa  composition  :  l"*  Primo  libro  di  Ma- 
drigali a  quattro  voci  insieme  la  canton  di 
Eospi  e  Rosàgnuol.  Venezia,  appresso  d'Antonio 
Gardaue,  1555,  io-4°  obi.  •—  2"  Moteiti  a  cinque 
voci,  lib,  I,  Venise,  1558,  in-é*».  —  3*»  MadH- 
gali  a  cinque  voci,  Idbro  secondo ,  in  Venezia, 
app.  Ani,  Gardano,  1569,  in-4°  obi.  —é'^Can- 
zoni  e  madrigali  a  6  voci,  con  uno  dialogo  a 
sette,  ibid.,  1562,  in-4''.  —  5°  Lamentationes 
Jeremix  cum  Passionis  récit,  et  Benedicêus, 
ibid.,  1565. 

NASELL  (DoM  Diegue),  noble  Espagnol,  qui 
se  disait  descendant  des  rois  d'Aragon,  fut  compté 
parmi  les  amateurs  de  musique  les  plus  distingués 
de  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
Dans  sa  jeunesse ,  il  se  rendit  en  Italie  et  y  de- 
vint élève  de  Perez.  Plus  tard ,  il  écrivit  pin- 
sieurs  opéras  elles  fit  représenter  sous  l'anagramme 
de  son  nom,  Egidio  Lasnel.  Parmi  ces  produc- 
tions, on  cite  :  1*^  Attilio  Regolo ,  représenté  à 
Palerme,  en  1748.  —  2*  Demeirio ,  joué  à  Na- 
ples,  en  1749. 

NASOLINI  (Sébastien),  compositeur  drama- 
tique, n'est  pas  né  à  Naples,  comme  le  disent 
Gerber  et  le  Lexique  universel  de  musique  publié 
par  Schilling,  mais  à  Plaisance,  en  1768,  sui- 
vant les  suscriptions  de  quelques-unes  de  ses 
partitions  manuscrites ,  et  l'Almanach  des  spec- 


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282 


NASOLINr  —  NATHAN 


tacles  publié  à  Milan  en  1818.  On  ignore  où  se 
firent  ses  étades  et  qui  les  dirigea;  Gervasooi 
nous  apprend  seulement  que  dans  sa  jeunesse 
il  était  iiabile  claveciniste.  It  n^était  âgé  que  de 
vingt  ans  lorsqu'il  donna  à  Trieste  son  premier 
opéra  intitulé  iVi^e^^s.  £n  1789,  ilécriTit  à  Parme 
ï Isola  incantata.  L'année  suivante  il  fut  appelé 
i  Milan,  pour  y  composer  VAdriano  in  Stria, 
dont  le  brillant  succès  lui  procura  un  engage- 
ment pour  écrire  à  Londres  VAndromacca ,  qui 
fut  représentée  dans  la  même  année.  Cet  ouvrage 
ne  répondit  pas  à  l'attente  du  public,  et  Naso- 
lini  quitta  Londres  presque  aussitôt  pour  aller 
à  Vienne  écrire  le  Teseo,  dont  l'ouverture  et 
une  belle  scène  ont  été  gravées.  De  retour  en 
Italie  au  printemps  de  1791,  il  composa  La 
Morte  di  Cleopairaj  pour  l'ouverture  du  nou- 
veau théâtre  de  Vicence ,  qui  se  fit  dans  l'été  de 
la  même  année;  au  carnaval  de  1792  il  fit  repré- 
scAiler  au  théâtre  Argentina^  de  Rome,  la  .S^- 
miramide,  considérée  comme  une  de  ses  meil- 
leures productions.  Le  brillant  succès  de  cet 
opéra  la  fit  rechercher  par  les  directeurs  des 
principaux  théâtres  d'Italie ,  et  en  peu  d'années 
il  écrivit  :  Ercole  al  Termodonte ,  à  Trieste, 
Eugenia,  à  Vicence,  //  Trionfo  di  Clelia , 
Vlncanteslmo  senza  magia^  La  Merope^  Gli 
Opposti  Caratteri,  Gli  Sposi  infantuati,  La 
Morte  di  Mitridaie,  La  Festa  diside  /  /  due 
FrafelU  rivalif  Gli  Annamorati,  VAdimira^ 
Il  Torto  impiaginario,  Gervasoni  dit  que  Na- 
solini  mourut  à  Venise  en  1799,  à  l'âge  de  trente 
et  on  ans;  cependant,  suivant  d'autres  rensei- 
gncment<i,  il  vivait  encore  à  Naples  en  1810; 
mais  ceux-ci  sont  douteux.  Il  serait  peut-être 
difficile  de  citer  un  ouvrage  complet  de  Nasolini 
qui  ne  méritât  que  des  éloges;  mais  dans  plu- 
sieurs partitions  écrites  postérieurement  à  1791 , 
il  y  a  de  belles  scènes  qui  font  voir  qu'il  eût  pu 
s*èlever  davantage ,  d'il  eût  été  plus  soigneux  de 
sa  fdftire. 

]\ASSARE  (Paul),  religieux  cordelier,  or- 
ganiste du  grand  couvent  de  Saint  >François,  à 
Saragosse,  naquit  en  1664  dans  un  village  de 
l'Aragon ,  et  fit  son  éducation  religieuse  et  mu- 
sicale dans  un  monastère  de  cette  province.  A 
l'âge  de  vingt-deux  ans  il  prononça  ses  vœux  au 
couvent  des  cordeliers  de  Saragosse,  où  il  passa 
toute  sa  vie.  Il  y  publia  en  1693  un  traité  élé- 
mentaire de  plain-chant,  de  musique  mesurée, 
de  contrepoint  et  de  composition,  en  dialogues, 
intitulé  :  Fraginentos  musicos  repartidos  en 
quadro  tratados,  en  que  se  hallan  reglas 
générales,  y  muy  necessarias  para  canto 
llano,  carUode  organo,  contrapunto  y  com- 
posicion,  comptiestos  por,  etc.  En  Zaragosa, 


1693,  in-4®.  Les  chapitres  concernant  le  contre- 
point et  la  composition  sonlen  grande  partie  tra- 
duits du  dialogue  de  Ponzio  {voyez  ce  nom),  qui 
n'est  qu'un  extrait  des  démonstrations  harmoai- 
ques  de  Zarlin.  Une  deuxième  édition  de  ce 
livre  a  été  donnée  avec  quelques  additions  par 
don  Torres,  maître  de  la  chapelle  royale,  à  Ma- 
drid, 1700,  in-4''  de  288  pagesv  C'est  cett^  édition 
qui  est  citée  par  le  P.  Martini ,  dans  la  table  des 
auteurs  du  premier  volume  de  son  Histoire  gé- 
nérale de  la  musique  :  «'est  donc  à  tort  que 
M.  Ch.-Ferd.  Becker,  s'appuyanl  d'un  article  de 
la  Gazette  musicale  de  Leipsick ,  indique  d'après 
le  même  P.  Martini  une  troisième  édition  datée 
de  1704  (voy.  System,  ehron*  Darsiellung  deiç 
musik.  lÀteratur,  p.  290).  Le  P.  Nassare  est  au- 
teur d'un  livre  plus  important  que  celui  dont  il  vient 
d'être  parié  ;  c'est  un  traité  général  de  la  niosique 
intitulé  :  Escuela  Musica  segvn  la  pradica  mo- 
dema,  ditidida  en  primera  y  segunda  parte 
(École  de  musique  suivant  l'usage  moderne,  divisée 
en  première  et  deuxième  partie),  Saragosse,  1723- 
1724,  2  vol.  in-fol.,  le  l«r  de  501  pages,  doo 
compris  l'épttre  dédicatoire,  la  préface,  les  ap- 
probations et  l'index  ;  le  second  ;  de  506  pages. 
La  première  partie,  renfermée  dans  le  premier 
volume ,  est  divisée  en  quatre  livres,  dont  le 
premier  traite  dii  son ,  de  sa  production  dans  les 
divers  corps  sonores,  et  de  ses  effets;  le 
deuxième,  du  plain-chant  et  de  son  usage  daos 
l'église;  le  troisième,  de  la  musique  mesurée; 
le  dernier,  des  proportions  harmoniques  et  de 
la  construction  des  instruments.  La  2*  partie, 
contenue  dans  le  second  volume,  est  aussi 
divisée  en  quatre  livres.  Le  premier  traite  des 
diverses  espèces  de  consonnances  et  dissonan- 
ces ,  et  de  leur  usage  dans  la  musique  ;  le  s^ 
cond ,  des  variétés  du  contrepoint,  à  deux,  trois, 
quatre  et  cinq  voix  ;  le  troisième ,  des  difTéreuts 
genres  de  compositions  ;  enfin  le  dernier  renferme 
beaucoup  de  détails  relatifs  à  l'enseignement  et 
à  l'exécution.  Le  livre  de  Nassare  est  pour  la  mu- 
sique de  la  tonalité  moderne ,  dans  la  litt(^rature 
espagnole ,  ce  que  celui  de  Cerone  est  pour  la 
tonalité  du  plain-chant,  c'est-à-dire  un  recueil 
conpplet  de  toutes  les  connaissances  relatives  à  la 
scienc«  et  à  Tart. 

NATALl  (PoMPEo),  musicien  de  l'école 
romaine ,  vécut  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle  et  fut  chantre  de  l'église  Sainte-Marie-Ma- 
jeure. On  connaît  de  sa  composition  :  MadrigaU 
e  Cansom  spirituali  a  due,  tre  e  qualiro  vocif 
co*l  bassoper  Vorgano.  Roma,  appressoFei, 
1662,  in-4'*. 

NATHAN  (IsAAc),  né  à  Cântorbcry,  en 
1792,  d'une  famille  juive,  fut  destiné  dès  son 


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NATHAN  —  NATORP 


283 


enfance  an  sacerdoce,  et  placé  par  ses  parents 
à  TuDiversité  de  Cambridge  lorsqu'il  eut  atteint 

rage  de  treize  ans.  II  y  étudia  l'hébreu ,  le  sy- 
riaque, la  langue  allemande,  et  apprit  aussi  les 
éléments  de  la  musique  et  du  violon.  Cet  art  lui 
inspira  bientôt  un  goût  passionné  auquel  il  se  li* 
Tra  tout  entier  dès  que  ses  études  scolastiques 
furent  terminées.  Corri  fut  son  maître  de  piano, 
d'harmonie  et  de  chant ,  mais  il  en  reçut  peu  de 
leçons  et  ne  dut  ses  progrès  qu^à  ses  propres  ef- 
forts. Fixé  à  Londres ,  il  s'y  fit  connaître  avan- 
tageusement  comme  maître  de  chant  Des  impru- 
dences lui  ayant  fait  contracter  des  dettes  con- 
sidérables ,  il  fut  obligé  de  se  retirer  dans  l'ouest 
de  r Angleterre  pour  se  soustraire  aux  poursuites 
dont  il  était  l'objet.  Bientôt  Tennui  le  ramena  à 
Londres  ;  mais  à  peine  y  fut-il  arrivé,  que  ses 
créanciers  le  harcelèrent  et  Tobligèrent  à  débuter 
au  théâtre  de  Coveut-Garden ,  dans  Tespoir  qu'il 
plairait  au  public  et  qu'il  pourrait  les  payer  ;  mais 
son  habileté  dans  l'art  du  chant  ne  put  suppléer  à 
la  faiblesse  de  son  organe  :  il  n'obtint  aucun 
succès.  Alors  il  essaya  de  la  composition  dra- 
matique et  donna  au  tbé&tre  de  Covent-Garden 
et  de  Drury-Lane  quelques  opéras,  mélodrames 
et  pantomimes  que  le  public  accueillit  avec  assez 
de  faveur;  mais  ses  meilleures  compositions 
sont  ses  Mélodies  hébraïques,  dont  il  publia  un 
recueil  en  .1822.  L'année  suivante  il  a  donné  un 
livre  qui  a  pour  titre  :  An  Essay  <m  the  history 
and  theory  of  Music,'  and  on  the  qualiUes , 
and\management  of  the  human  ifoice  (Essai 
sur  Thistoire  et  la  théorie  de  la  musique,  et  sur 
les  qualités ,  les  ressources  et  la  direetion  de  la 
voix  humaine);  Londres ^  Whittaker,  1823,  un 
volume  in-4**  de  230  pages.  Il  y  a  beaucoup  de 
désordre  dans  cet  ouvrage  ;  ce  qui  s'y  trouve  sur 
l'art  du  cliant  est  la  meilleure  partie  du  livre.  On 
a  aussi  de  Natlian  une  vie  anecdotique  de 
Mme  Malibran,  intitulée:  The  Life  of  Madame 
Malibran  deBeriot,inierspersedvMh  oi'igiTUtl 
anecdotes  and  critical  remarks  on  his  mu* 
skeal  powers;  Londres,  1836,in'12. 

NATHUSIUS  (EUE),  eanior  à  Técole  St 
Nicolas  de  Lcipsick,  né  à  Gusmanadorf  (Silésie) , 
en  1631 ,  mort  àLeipsick  le  30  décembre  1676, 
est  cité  par  Forkel  comme  ayant  publié  une 
thèse  intitulée  :  Cum  musices  creatore  dispu" 
tatio  de  musica  iheoretiea,  qaam  attctori- 
taie  inclitx  facuUaiis  philosophicœ  Lipsiensis 
t*.  P.  M.  Elias  Naihusius^  respondente  Sa- 
muele  Eachusio,  etc.,  Lipsise,  ïypis  Joh. 
Bauerij  1652 ,  in-4*'  de  8  pages.  Il  est  vraisem- 
blable que  l'auteur  de  la  thèse  est  plutôt  ce  Sa- 
muel Bachusius,  de  Zeilz,  en  Misnie,  que  Na- 
thusins ,  dont  le  nom  ne  figure  sur  le  titre  que 


suivant  Tosage  qui  y  faisait  toujours  placer  celui 
du  président  de  l'exercice  académique. 

NATIVIDADE  (Michel  ub),  nom  de  re- 
ligion d'un  moine  portugais  de  l'ordre  de  CI- 
teaux,  né  près  de  Lisbonne,  et  qui  fut  maître 
de  chapelle  à  Alcobaça,  où  il  entra  en  1658.  Il 
a  laissé  de  sa  composition ,  en  manuscrit,  vingt- 
huit  psaumes  pour  les  vêpres  de  Tordre  de  Cl- 
teaux  :  ces  compositions  se  conservent  au  mO' 
nastère  d' Alcobaça. 

NATIVIDADE  (Jean  de),  religieux  por- 
tugais ,  né  à  ToiTes ,  entra  dans  l'ordre  de  Saint- 
François  en  167&,  et  mourut  à  Lisbonne  en 
1709.  Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  compo- 
sitions pour  l'église. 

NATORP  (  BERNARi>-CnatTiEN-Locis) ,  doc- 
teur en  théologie,  né  le  12  novembre  1774,  à 
Wepden  sur  la  Ruhr,  a  été  nommé  professeur 
au  gymnase  d'Elberfeld ,  en  1796,  et  peu  de  temps 
après  pasteur  à  Huekerwagen ,  dans  le  duché  de 
Berg,  puis,  (en  1798),  pasteur  à  Essen,  en 
Westphalie,  conseiller  du  consistoire  à  Potsdam, 
en  1808^  et  enfin  appelé,  en  1816,  pour  remplir 
ces  dernières  fonctions  à  Munster,  où  il  est  mort 
en  1846.  Ce  savant  s'est  rendu  recommaudable 
par  beaucoup  d'écrits  relatifs  à  la  tiiéologie  et  à 
l'enseignement  ;  mais  c'est  surtout  pour  ses  tra- 
vaux concernant  le  chant ,  particulièrement  les 
méthodes  de  musique  à  Tusage  des  éeoles  popu- 
laires qu'il  est  mentionné  dans  cette  Biographie 
des  Musiciens.  Le  système  adopté  par  Matorp 
pour  l'enseignement  du  chant  dans  ces  écoles  est 
celui  que  Pfeiffer  avait  introduit  dans  l'institut 
de  Pestalozzi  (voyez  Nxgeli);  mais  singulière- 
ment modifié  et  simplifié.  Conmie  Pfeiiïer  et  Nœ- 
geli,  il  divise  l'enseignement  en  trois  branches 
principales  qu'il  désigne  aussi  sous  les  noms  de 
rhythmique,  mélodique  et  dynamique  ;  mais', 
dégageant  ces  divisions  de  tous  les  détails  d'une 
théorie  trop  développée,  il  réduit  l'enseignement 
aux  éléments  les  plus  simples  et  les  plus  indispen- 
sables pour  la  pratique  du  chant  dans  les  écoles 
primaires.  A  l'égard  de  la  notation ,  considérée 
par  plusieurs  novateurs  comme  une  des  princi- 
pales sources  de  difficultés  de  la  musique,  Na- 
torp  la  réduit  à  l'emploi  de  chiffres  pour  la  dé- 
signation des  degrés  de  la  gamme»  en  les  dispo- 
sant sur  une  ligne,  au-dessus  ou  au-dessous,  et 
les  diversifiant  d'une  certaine  manière  par  des 
grandeurs  proportionnelles.  Quant  aux  durées, 
il  les  représente  par  des  signes  empruntés  à  la 
notation  ordinaire ,  et  combinés  avec  les  diiffres. 
Ce  système  de  chiffres,  pour  la  rcpréseutallon  des 
intonations,  n'appartient  pas  à  Natorp,  car  on  en 
trouve  des  exemples  dans  les  tablatures  anciennes 
pour  les  instruments  à  cordes  pincées.  En  1677 , 


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284- 


ÎÎATORP  —  NAU 


le  père  Souhaitty  (voy,  ce  nom),  religieux  de 
l'Observance ,  en  avait  renouTelé  l'idée,  pour 
une  notation  du  plain-chant  qu'il  avait  ensiiile 
étendue  à  la  musique  ;  et  longtemps  après,  J.-J. 
RouMeau  (voy,  ce  nom)  avait  combiné  un  autre 
système  au  moyen  des  mêmes  signes.  Celui  de 
Natorp,    emprunté  à   la   méthode   de    Zeller 
(voy,  ce  nom),  plus  sensible  à  Tœil,  mieux  com- 
biné, plus    complet  que  celui  de  Soaliaitty, 
d'un  usage  plus  commode  que  celui  de  Rousseau, 
fut  plus  heni'eux  dès  son  début  ;  car  dans  Tes- 
pace  de  douze  ans,  il  fut  fait  cinq  éditions  de 
rinstruction  du  premier  cours  élémentaire  que 
-son  auteur  publia   sous  ce  titre:  Ânleiiung 
zur  Unterweisung  im  Singen  fur  Lehrer  in 
VolksschuUn  (Introduction  à  l'enseignement  du 
chant,  à  l'usage  des  professeurs  des  écoles  po- 
pnlairfs).'Instruction  pour  le  premier  cours,  ^ots- 
dam,  1S13,  in  4**;  deuxième  édition,  Edsen,  1816, 
in-4*;  troisième  îdero^  Duisbourg  et  Essen,  1818; 
quatrième  idem ,  ibid.,  1821  ;  cinquième  idem, 
ib.^  1825,  in-4''.  L'Instruction  pour  le  second 
cours.,  ou  cours  supérieur ,  publiée  pour  la  pre- 
mière fois  en  1820 ,  à  Duisbourg  et  Essai,  in-4** 
de  160  pages,  a  été  aussi  plusieurs  fois  réimpri- 
mée. Natorp  ne  borna  pas  ses  instructions  à  ce 
qu'il  avait  écrit  pour  les  mattres  ;  il  vonUit  aussi 
Tenir  directement  au  secours  de  Fintelligence 
des  élèves,  et  successivement  il  publia,  pour 
Tusage  de  ceux-ci ,  les  manuels  des  deux  cours. 
Ces  manuels,  qui  ne  forment  chacun  que  deux 
feuilles  d'impression ,  sont  des  modèles  de  sim- 
plicité et  d'enseignement  pratique;  ils  ont  pour 
titres  :  1**  Lehrbuchlein  der  Singekunst,  fur 
den  Jungen  in  Volhsschulen  herausçegeben  ^ 
Erster  Cursus  (Petit  manuel  de  l'art  du  chant, 
premier  cours),  Essen  et  Duisbourg,  Bœdeker, 
1816,  In-g"  de32  pages:  —2'Z;tf/ir*ttcAteM,  etc., 
Zweiter  Cursus  (Petit  manuel,  etc.,  deuxième 
cours),  Essen,  Bœdeker,  1820,  in-S**  de  32  pa- 
ges. La  septième  édition  de  ces  manuels  a  été  pu- 
bliée à  Essen  en  1832.  Je  croîs  qu'il  y  en  a  eu 
plusieurs  autres  depuis  cette  époque.  Le  mérite 
îAe  l'invention  de  la  méthode  n'appartient  point 
en  réalité  à  Natorp ,  puisque  cette  méthode  n'est 
qu'une  combinaison  de  celles  de  Zcller  et  de 
Nœgeli  ;  mais  la  simplicité  qu'il  a  su  y  introduire, 
et  qui  en  a  fait  le  succès,  lui  a  donné  en  quelqtie 
sorte  les  droits  de  l'invention.   Son  succès  a  été 
complet  :  plusieurs  maîtres  ont  adopté  la  méthode 
de  Natorp  et  l'ont  développée   dans  des  livres 
spéciaux  ;  enfin  elle  a  été  mise  en  pratique  dans 
beaucoup  d'écoles. 

Parmi  les  autres  travaux  de  ce  savant,  relatifs 
k  là  musique ,  on  doit  mettre  en  première  ligne 
l'écrit  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  Ueber  den 


Gesang  in  den  Kircken  der  Protesfanten  (Sur 
le  chant  dans  les  églises  des  protestants),  Essen 
j  et  Duisbourg,  Baedeker,  1817,  in-8*  de  264  pages, 
r^a  matière  y  est  traitée  scientifiquement ,  et  le 
livre  est  riche  d'idées  ingénieuses.  Déjà  Natorp 
avait  abordé  ce  sujet  dans  de  très-bonnes  obser- 
vations insérées  au  troisième  volume  de  sa  cor- 
respondance de  quelques  instituteurs  et  amis  des 
écoles  (  Briefwechsel  einiger  SchuUehrer  %nd 
Schulfreunde,  Essen,  1813-1816,  3  vol.  in-8o. 
deuxième  édition,  Essen,  1825).  On  a  aussi  de  loi 
un  petit  écrit  rempli  d'intérêt,  intitulé  :  Veber 
den  Zweek,  die  Einrichtung  und  den  Gebrauh 
des  Melodieensbuchs  fur  den  Gemeindege- 
sang  in  den  evangelischen  Kirchen  (Sar  le 
plan,  la  disposition  et  l'usage  des  livres  de  mé- 
lodie pour  le  chant  paroissial  dans  les  églises 
évangéliques).  Essen,  Bœdeker,  1822,  in-8<>  de 
28  pages.  Cet  opuscule  fut  en  quelque  sorte 
l'avant-propos  du  livre  choral  que  Natorp  poblia 
sous  ce  titre  :  Melodienbuch  fur  den  Ge- 
meindegesang  in  den  evangelischen  Kircken 
(Livre  de  mélodies  pour  le  chant  paroissial  dans 
les  églises  évangliques) ,  Essen,  1822,  in- 8"  de 
130  pages.  Plus  tard  il  revit  avec  soin  ce  recueil 
avec  Frédéric  Kessler  (F.  ce  nom  )  et  le  publiai 
quatre  parties ,  avec  les  préludes  de  Rink.  Cette 
nouvelle  édition  a  pour  titre  :  Choralbuch  fw 
evangelischen  Kirchen,  Krit,  bearb,  Vierstim- 
miggesetzi  und  mit  Zwischenspielen  versehen 
v<m  C.  H.  Rink  (Livre  choral  pour  les  églises 
évangéliqnéis,  etc.),  Essen,  1829,  ln«4'',  ob.  Le 
dernier  ouvrage  de  Natorp  est  une  analyse  des 
préludes  de  Rink,  où  l'on  trouve  d'excellentes  vues 
sur  l'usage  de  l'orgue  et  le  caractère  du  Jeu  de 
cet  instrument  dans  le  service  divin;  cetéerilest 
intitulé  :  Veber  Rink's  Prxludien,  Essen, 
Bflpdeker,  1834,  in-8o. 

NACJ  (Mii«  Maria-Dolorèb-Bbnedictâ-Josc- 
phina),  cantatrice  distinguée ,  née  d'une  famille 
espagnole  établie  à  New-York  (  États-Unis  ),  le 
18  mars  1818,  fut  admise  comme  élève  au  Cod- 
servaloire  de  Paris,  le  23  juillet  1832,  et  y  apprit 
l'art  do  chant  de  M*"**  Damoreau.  Douée  d'ane 
voix  facile  et  bien  timbrée,  de  beaucoup  d'intelli- 
gence ,  et  du  sentiment  de  l'art,  elle  fit  de  remar^ 
quables  progrès  son  s.  la  direction  de  son  excellent 
professeur,  et  obtint  d'une  manière  brillante  le 
premier  prix  au  concours  de  1834.  Mt'«  Nau  était 
âgée  de  dix-huit  ans  lorsqu'elle  débuta  h  TOpéra, 
le  f  mars  1836,  dans  le  rôle  du  page  des  Hu- 
guenots, Bien  qu'inexpérimentée  dans  l'art  de  la 
scène,  elle  y  produisit  une  impression  tr^lavo- 
rable,  que  les  représentations  suivantes  justifiè- 
rent. Toutefois  le  succès  de  celte  jeune  canta- 
trice  ne  fut  pas  égal  à  sou  mérite  pendant  le  cours 


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NAIT  —  NAUE 


285 


de  son  premier  engagement  à  ropérft  :  placée 
toujours  dans  une  position  secondaire  par  Tad- 
mÎAistration ,  elle  en  éprouvait  les  fftcbeux  effets 
de  la  part  du  public,  en  général  peu  connaisseur, 
et  qui  n'accorde  sa  confiance  qu'aux  artistes  aux- 
quels les  r6les  les  plus  importants  sont  donnés. 
En  1842,  l'engagement  de  MUe  Nau  ne  fut  pas  re- 
nouvelé :  elle  prit  alors  la  résolution  de  donner  des 
représentations  dans  les  villes  les  plus  importantes 
des  départements  et  de  l'étranger,  et  y  eut  des 
succès  d'éclat,  particulièrement  au  Tbéàtre-Boyal 
de  Bruxelles,  où  son  excellente  vocalisation 
et  sa  belle  manière  de  phraser  furent  appréciées 
à  leur  juste  valeur.  Elle  continua  ses  pérégrina- 
tions théAtrales  pendant  les  années  1843  et  1844, 
partout  fêtée  et  acclamée  dans  les  rôles  princi- 
paux écrits  autrefois  pour  M^e  Damoreau,  et 
chanta  même  à  Londres  aux  mois  d'octobre  et 
de  novembre  1844.  Alors  radmiaistration  de 
l'Opéra  comprit  qu'elle  avait  fait  une  faute  en 
écartant  de  son  tliéâtre  cette  cantatrice  ;  pour  lui 
faire  contracter  un  nouvel  engagement,  il  fallut  à 
peu  prés  tripler  les  appointements  dont  elle  jouis- 
sait auparavant.  Mi>«  Nau  reparut  sur  cette  scène 
au  mois  de  décembre,  et  les  habitués  de  l'Opéra, 
jugeant  de  son  mérite  par  les  succès  qu'elle  avait 
obtenus  ailleurs,  lui  firent  on  accueil  enthou- 
siaste. Jusqu'à  la  fin  de  1848,  elle  jouit  de  toute 
la  faveur  du  public.  Son  engagement  étant  ter- 
miné à  la  fin  de  cette  année ,  elle  joua  pour  la 
dernière  fois  le  rôle  de  Lucie  de  Lainmermoor^ 
le  1 1  octobre,  et  partit  ensuite  pour  Londres , 
d'où  elle  passa  en  Amérique.  Après  un  voyage 
triomphal  dans  sa  patrie.  Mil®  Nau  revint  à  Lon- 
dres^clianta  tiVLPr'mcess^  Théâtre  pendant  environ 
dix- huit  mois,  et  y  excita  l'admiration  générale. 
Rentrée  à  l'Opéra  pour  la  troisième  fois,  elle  y 
chanta  pendant  les  années  1851, 1852  et  1853.  £n 
I8ô4,  elle  retourna  en  Amérique  et  y  Ait  l'objet 
d'ovations  excentriques.  De  retour  à  Paris  dans 
l'été  de  1856,  elle  prit  ta  résolution  de  se  retirer 
de  la  scène  et  de  jouir  de  l'aisance  acquise  par 
ses  travaux. 

NAUDOT  (JBAN-jAGQUEs)y  musIclen  fran- 
çais, vivait  à  Paris  dans  la  première  moitié  du 
dix -huitième  siècle.  Il  fut  un  des  premiers 
artistes  qui  se  distinguèrent  en  France  sur  la 
flûte  traversière;  jusqu'à  la  fin  du  règne  de 
Louis  XIV,  la  flûte  à  bec'était  la  seule  dont  on  eût 
joué  à  ropéra.  On  a  gravé  de  Naudot ,  à  Paris, 
depuis  1720  jasqu'en  1726  :  l^'Six  sonates  pour 
la  flûte ,  ayec  basse  continue  pour  le  clavecin , 
op.  1.  ^  2**  Douze  petites  pièces  en  trios  pour 
les  flûtes  d'Allemagne.  — •  3^  Six  divertissements 
pour  les  flûtes  ou  les  Itaulbois.  —  4°  Six  con< 
certos  pour  la  flûte  traversière.  •—  5o  Douze 


solos  pour  la  flûte  traversière,  avec  basse  con- 
tinue. —  û**  Six  sonates  pour  deux  flûtes  tra- 
versières ,  sans^basse. 

N  AUË  (JB4N-FRéDéRic),  docteur  en  philoso- 
phie, directeur  de  musique  de  l'université  et  orga- 
niste à  Halle,  est  né  en  cette  ville,  le  17  novembre 
1787.  Le  docteur  Schilling  s'est  trompé  en  plaçant 
la  date  de  sa  naissance  en  1790.  Fils  d'un  fabricant 
d'aiguillea  fort  riche,  Naue  reçut  une  éducation 
libérale,  conforme  à  ses  goûts  pour  les  sciences 
et  pour  les  arts.  Après  avoir  fréquenté  les  Cours 
du  gymnase  des  orphelins  et  de  Tuniversité,  par- 
ticulièrement ceux  de  philosophie  et  d'esthétique 
du  célèbre  professeur  Maass,  dent  il  épousa  la 
fille  plus  tard ,  il  se  livra  exclusivement  à  son 
goût  passionné  pour  la  musique.  Dès  son  enfance 
il  avait  commencé  Tétude  de  cet  art  sous  la  di- 
rection de  maîtres  peu  connus;  ses  progrès 
avaient  été  rapides,  et  son  talent  s'était  développé 
d'une  manière  si  remarquable  sur. le  piano,  qu'il 
fut  sollicité  plusieurs  fois  de  se  faire  entendre  en 
public  dans  sa  première  jeunesse,  et  recueillit 
toujours  des  applaudissements  nnanimes.  Charmé 
de  son  talent  précoce,  Turk,  malgré  le  dégoût 
que  lui  inspirait  l'enseignement  »  se  chargea  du 
soin  d'achever  son  éducation  musicale,  et  de  le 
diriger  vers  la  connaissance  des  principes  scien- 
tiflques  de  l'art.  Il  trouva  dans  son  élève  un 
penchant  décidé  pour  les  qualités  sérieuses  et 
grandes.  Devenu  un  organiste  remarquable, 
Naue  n'a  jamais  voulu  ployer  son  talent  aux 
formes  gracieuses  qui  procurent  les  succès  popu* 
laires.  Les  anciens  maîtres  des  écoles  d'Italie  et 
d'Allemagne  devinrent  ses  modèles  et  furent 
pour  lui  les  objets  d'un  culte  exclusif.  Sa.fortune 
le  mettait  à  l'abri  du  besoin  ;  il  ne  fut  donc  pas 
obligé  de  faire  le  sacrifice  de  ses  opinions  pour 
se  créer  une  existence.  Après  avoir  été  à  Berlin 
achever  ses  études ,  il  retourna  dans  le  lieu  de 
sa  naissance.  Soi  premier  soin  fut  de  réunir 
une  bibliothèque  de  livres  sur  la  musique  et  de 
compositions  de  tout  genre,  qui  formèrent  une 
des  plus  riches  collections  qu'on  eût  jamais  ras- 
semblées :  on  dit  qu'elle  lui  coûta  plus  de  cût- 
quante  mille  francs.  Plus  tard,  il  parait  que  les 
dépenses  considérables  qu'il  fit  pour  les  progrès 
de  la  musique  en  Saxe  l'ont  obligé  à  vendre  au 
roi  de  Prusse  une  partie  de  cette  belle  biblio- 
thèque, où  l'on  remarquait  les  productions  type* 
graphiques  les  plus  rares  elles  manuscrits  les- 
plus  précieux.  Après  la  mort  de  Turk,  .Ifaue  l'a 
remplacé  comme  directeur  de  musique  et  comme 
organiste  en  181 3  ;  pUis  tard  il  a  joint  à  ces  places 
celle  de  directeur  du  chœui ,  et  un  emploi  dans 
l'administration  civile,  étranger  à  la  musique; 
£a  1835,  il  a  reçu  le  diplûme  de  docteur  en  phi- 


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266 


NATTE  —  NAUENBURG 


osophie  à  runÎYersité  de  Jéna.  En  1829  et  en 
1835,  il  a  organisé  des  fêtes  musicales  à  Halle, 
et  dans  Tintervalle  de  ces  soteoRîtés,  une  troi- 
sième à  Erfnrt;  tontes  ont  eu  un  éclat  extraor- 
dinaire ;  mais  il  y  a  déposé  des  sommes  consi- 
dérables de  sa  propre  fortune.  Il  y  a  peu  d'exem- 
ples d^un  défonement  si  complet  à  la  propagation 
de  rart. 

Considéré  comme  artiste  et  comme  sa?ant, 
Naue  s*est  créé  des  titres  à  Testime  des  mu- 
siciens par  différents  trayanx,  notamment  par 
son  livre  intitulé  :  Versuch  einer  mv^icaUS' 
chen  Agenda,  oder  Allargesxnge  zum  6e- 
bratich  in  protesiantischen  Kirchen,  fur  mu- 
si/ealiscfie  und  nicht  musikaUsche  Prediger 
wnd  die  dazu  gehœrigen  Antworten  fur  Ce* 
meinde,  Singechor  und  Schulkindcr,  mit  be* 
Uebiger  Orgel ,  TheiU  nach  Urmelodien, 
Theils  neu  bearbeitet  (Essai  d'un  agenda  mu- 
sical, on  chants  du  service  divin  à  Tusage  des 
églises  protestantes),  18 18,  ln-4^  Des  change- 
ments ayant  été  introduits  dans  la  liturgie  des 
églises  de  la  Prusse,  Naue  se  chargea  de  ce 
qui  concernait  le  chant ,  et  son  travail  eût  un 
succès  si  complet ,  que  Tagenda  fut  immédiate- 
ment Introdtiit  dans  le  service  divin.  Il  en  a 
donné  une  deuxième  édition  améliorée  chez 
Schwitschke ,  à  Halle,  in-4*^.  L*accneil  qui  avait 
été  fait  à  ce  travail  a  déterminé  son  auteur  à  se 
livrer  à  la  rédaction  d*nn  livre  complet  de  mé- 
lodies chorales  évangéliques,  rétablies  diaprés  les 
sources  primitives.  Personne  n'avait  plus  que 
Naue  les  moyens  de  faire  un  semblable  tra- 
Tail ,  à  cause  des  richesses  que  renfermait  sa 
bibliothèque.  Le  résultat  de  ses  recherches  a 
paru  sous  ce  titre  :  Allgemeines  evangelische$ 
Choralbuck  in  Melodien ,  grœssen  Theils  aus 
den  Urquellen  berichtet,  mit  vierstimmigen 
Barmonien,  etc.  (Livre  choral  évangélique  uni- 
versel en  mélodies  rétablies  d'après  les  sources 
primitives,  avec  des  harmonies  à  quatre  pai^ 
ties),  Halle,  Ed.  Anton,  1829,  in-4*'.  Ce  recueil 
est  précédé  d'intéressantes  notices  historiques. 
Les  autres  ouvrages  publiés  par  Naue  sont  : 
1**  Domine  salvum  fac  regem,  h  4  voix,  Leip- 
sick ,  Hofmeister.  —  2*.  Cantate  zur  Gedacht- 
nissfeier-  edler  Verstorbener  (Cantate  pour 
l'anniversaire  des  nobles  morts,  à  4  voix  et 
chœur),  ibid.  —  3*  Hymnus  Ambrosianus,  Te 
Deum  Laudamus,  pour  4  voix  d'hommes, 
Stuttgard,  Kœhler.  —  4*  Itesponsorien,  oder 
Chœre  fur  3  Utxtrgieen  mit  eingeleglen  Sprii- 
eken,filr  Discant,  Alt,  Ténor  und  Bass  (Ré- 
pons ou  chcpurs  pour  des  chants  liturgiques,  etc.), 
ibid.  —  5°  Marche  triomphale  pour  chœur  et 
oistruments  à  vent,  eu  partition.  Halle,  RufT. 


—  6''  Quelques  pièces  pour  le  piano ,  à  Leipsiclc, 
chez  Hofmeister.  Naue  a  donné  des  soins  à  la 
dernière  édition  du  Traité  de  la  basse  contiaue 
de  Tûrk. 

NAUENBURG  (Gustave),  chanteur,  pro- 
fesseur de  chant«et  écrivain  critique  sur  la  mu- 
sique, est  né  à  Halle,  le  20  mai  1803.  Filsd'on 
médecin  aisé,  il  a  été  assez  heureux  pour  que 
rien  ne  fàt  négligé  dans  son  éducation.  Le  diantre 
Schramra  fut  son  premier  maître  de  ronsique  et 
de  piano;  plus  tard  il  reçut  des  leçons  décom- 
position de  Granzin ,  maintenant  directeur  de 
musique  à  Marienwerder.  En  1824 ,  il  entra  à 
l'université  de  Halle  pour  étudier  la  théologie; 
mais  la  philosophie  eut  pour  lui  plus  d'attraits, 
et  il  se  livra  à  son  étude  sons  la  direction  des 
professeurs  Wegscheider  et  Gerlach.  Dans  la 
même  année ,  sa  voix  ayant  pris  le  caractère 
d'un  beau  baryton ,  il  commença  à  la  cultirer, 
à  l'aide  de  plusieurs  bons  traités  élémentaires, 
et  fit  une  étude  de  la  constitution  physiologique 
de  l'organe  de  la  voix  dans  les  livres  que  lui 
fournit  la  bibliothèque  de  son  père.  La  société 
de  chant  de  Halle  le  compta  bientôt  au  nombre 
de  ses  membres ,  et  son  penchant  ponr  la  pro- 
fession de  chanteur  dramatique  devint  si  vif,  qu'il 
serait^ntré  immédiatement  au  théâtre,  si  la  vo- 
lonté de  son  père  ne  s'y  fût  opposée.  Il  n'eut  oc- 
casion de  développer  en  public  les  avantages  de 
sa  voix  qu'en  1829,  lorsqu'il  chanta ,  à  la  grande 
fête  musicale  de  Halle,  sa  partie  de  l'oratorio  de 
Klein  qui  fut  exécuté  à  cette  solomité.  Ëtoané 
de  son  talent ,  ce  compositeur  l'engagea  à  le 
suivre  ft  Berlin,  lui  promettant  son  appui.  Cette 
proposition  avait  trop  d'attrait  ponr  que  Naoen- 
burg  n'y  souscrivit  pas  :  il  se  rendit  donc  dans  la 
capitale  de  la  Prusse,  et  y  resta  jusqu'en  1833, 
occupé  de  l'enseignement  du  chant  et  de  Iravaux 
littéraires;  puis  il  retourna  à  Halle,  on  il  jouit 
d'une  heureuse  position ,  uniquenoent  occupé  de 
travaux  relatifs  à  l'art  quil  cultive  aveepaùion. 
Les  principaux  compositeurs  de  l'Allemagne, 
Klein,  Spohr,  Reissiger,  Lœwe»  Lobe  et  d'autres, 
ont  écrit  pour  Nauenburg  dee  ballades  dont 
son  talent  a  fait  la  fortune.  Les  morceaux  de  cri- 
tique et  d'esthétique  musicale  publiés  par  cet  ar- 
tiste se  font  remarquer  par  la  justesse  des  aper- 
çus et  par  un  savoir  étendu  :  les  principaux  sont: 
r  Un  mot  sur  l'opéra  romantique  (Gaiette  mu- 
sicale deBeriin,  1826,  n<'42).  ~  2*"  Remarques 
sur  VOberon  de  Weber  (ibld.  1827,  n*  27).  - 
3®  Sur  la  méthodologie  de  renseignement  du 
chant  (Gazette  musicale  de  Leipsick,  1829, 
n<"  50  et  51).  —  4''  Notices  sur  la  théorie  de  la 
Yoix  (ibid.,  1829,  1830,  1831,  183J,  1844;  et 
dans  Cxcilia,  tom.  16  et  17).  —  b""  Apborismes 


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NAUENBURG  —  NAUMAINN 


287 


sar  le  drame  religieux  {Cœdlia,  t.  14).  — - 
e"*  Sur  la  musique  d'église  (ibid.,  t.  15).—  7^  Le 
rationalisme  dans  son  application  à  la  science 
de  la  musique  (ibid.,  1830,  cahier  49).  —  8*  Le 
chanteur  dramatique  (Gazette  musicale  de  Berlin, 
1827,  D^  27).  —  9°  £8quisse  d'une  esthétique  mu- 
sicale (Gazette  musicale  de  Leipsick),  1832.  n'"  8 
et  10).  —  10°  Sur  la  Taleur  pratique  des  règles 
de  Tart  (Gazette musicale  de  Berlin,  i832).  — 
11®  Sur  l'état  de  culture  de  l'esthétique  musicale 
(ibid.).  —  13^  Esquisses  philosophiques  de  Tart 
(nouvelle  Gaaette  musicale  de  Leipsick,  1834, 
0*^  10  et  11).  On  a  aussi  de  Nauenburg  uo  dernier 
écrit  intitulé  :  Idem  su  einer  Eeform  der  christ' 
lichen  Kirclien  Musiky  etc.  (Idées  pour  une  ré- 
forme de  la  musique  chrétienne,  etc.).  Halle, 
1845,  in-8*». 

NAUERT  (GoDEFRom-EusèBE),  virtuose 
sur  le  hautbois  et  sur  la  harpe ,  vivait  à  Pïurem- 
berg  vers  1760.  Il  mourut  en  Pologne.  On  a 
publié  de  sa  composition  deux  recueils  d'odes  et 
de  cliansons  allemandes  en  musique,  le  l^r  cq 
1758,  Nuremherg,  in-4'';  le  second  en  1764. 

NAULT  (jEAN-B/iFTisTE-PiEBRE),  aucieu  pro- 
cureur général  à  Dijon,  démissionné  après  la  ré- 
volution de  juillet  1830,  à  cause  de  ses  opinions 
légitimistes ,  est  membre  de  l'Académie  de  celte 
ville.  On  a  de  lui  divers  ouvrages  étrangers  à 
l'objet  de  cette  Biographie  :  il  n'est  cité  ici  que 
pour  deux  oposcnles  réunis  dans  le  même  vo- 
lume, sous  le  titre  :  Esquisse  de  Beaumarchais  f 
et  Souvet^rs  de  la  musique,  Dijon,  Lamarche 
et  Drouelle,  1854,  in-8<'.  Les  Souvenirs  de  la 
musique  sont  l'expression  d'un  sentiment  pur 
de  l'art,  sous  une  forme  élégante  et  littéraire. 

NAUMANN  (JBAN-AMéDÉB),  compositeur 
célèbre,  naquit  à  BUsewitz,  près  de  Dresde,  le 
17  avril  1741.  Frappé  de  ses  rares  dispositions 
pour  la  musique ,  son  père  le  relira  de  l'école  de 
village  où  il  l'avait  placé  d'abord  «  et  le  mit  dans 
une  autre ,  à  Dresde ,  où  le  jeune  Maumann  eut 
on  maître  de  daveoin.  Tous  les  matms  il  se  ren- 
dait de  Blasewitz  à  Dresde,  qui  en  est  éloigné 
d'une  lieoe,  et  le  soir  il  s'en  retournait  après 
avoir  reçu  ses  leçons  et  entendu  les  organistes 
des  principales  églises  de  U  ville.  Ses  études  se 
conlinuèrent  de  la  même  manière  jusqu'à  l'âge 
de  treize  ans  ;  daàs  cet  intervalle,  il  avait  fait 
de  grands  progrès  dans  les  sciences  et  surtout 
dans  la  musique.  C'est  alors  qu'il  se  livra  à  l'é- 
tude de  cet  art  avec  ardeur.  Il  avait  atteint  sa 
seizièiiie  année  lorsque  Weestrœm,  musicien 
suédois  attaché  à  la  chapelle  royale  de  Stock- 
holm,  fut  conduit  par  hasard  dans  la  maison 
du  père  de  Naumann.  Étonné  de  trouver  un  bon 
daveda  dans  la  maison  d'un  paysan ,  et  plus 


encore  d'y  voir  les  compositions  les  plus  difTi- 
ciles  pour  cet  instrument,  il  questionna  ses  hô- 
tes sur  cette  singularité ,  et  son  étonnement  re- 
doubla lorsqu'il  apprit  que  le  Ois  de  la  maison 
était  assez  habile  pour  jouer  cette  musique.  Il 
voulut  le  voir  et  l'entendre  ;  cliarmé  de  son  talent, 
il  lui  proposa  de  devenir  son  compagnon  de 
voyage.  Rien  ne  pouvait  plaire  davantage  à  Nau- 
mann  qu'une  semblable  proposition;  mais  son 
père  fut  moins  prompt  à  se  décider.  11  finit  pourw 
tant  par  céder  aux  sollicitations  de  son  fils  et  aux 
promesses  de  l'artiste  étranger.  Tous  deux  se 
mirent  enroule,  elle  4  juin  1757  ils  arrivèrent 
à  Hambourg.  Naumann  ne  tarda  pas  à  se  re- 
pentir d'avoir  confié  son  existence  à  un  maike 
avare  et  brutal ,  car  Weestrœm  le  traitait  plutôt 
comme  son  valet  que  comnte  son  élève.  Toute- 
fois l'espoir  de  voir  lltalie,  ou  ils  devaient  se 
rendre ,  et  d'y  acquérir  les  connaissances  qui  lui 
manquaient ,  le  soutenait  dans  ces  rudes  épreu- 
ves. Une  longue  maladie  de  Weestrœm  les  re- 
tint à  Hambourg  pendant  dix  mois,  qui  Turent  à 
peu  près  perdus  pour  l'instruction  de  Naumann. 
£nfin  ils  s'acheminèrent  vers  l'Italie  par  le  Tyrol, 
au  printemps  de  1758  ;  mais  le  pauvre  Naumann 
dut  faire  à  pied  une  grande  partie  de  cette 
route,  mal  vêtu  et  plus  mal  nourri.  Â  Venise, 
et  plus  tard  à  Padoue ,  où  Weestrœm  alla 
prendre  des  leçons  de  Tartini,  son  élève  fut 
même  obligé  de  pourvoir  non-seulement  à  sa  sub* 
sistance,  mais  à  celle  du  maître,  en  copiafit 
de  la  musique.  Telle  était  son  activité  dans  ce 
travail ,  que  dans  l'espace  de  six  à  sept  mois  il 
copia  soixante-dix  concertos  avec  toutes  les 
parties,  et  beaucoup  de  morceaux  de  moindre 
importance.  Il  était  d'ailleurs  devenu  le  cuisiniei 
de  son  maître.  Tant  desoins  indignes  d'un  homme 
né  pour  être  artiste,  et  des  travaux  si  multipliés, 
ne  lui  laissaient  point  de  temps  pour  continuer 
ses  études  ;  d'ailleurs  il  ne  connaissait  personne 
qui  pût  lui  donner  les  leçons  dont  il  sentait  le  . 
besoin.  Un  jour  pourtant  il  surmonta  sa  timidité, 
et  profitant  de  ce  qu'il  était  chargé  de  porter 
chez  Tartini  les  instruments  de  Weestrœm  et 
de  deux  de  ses  amis ,  il  se  hasarda  è  demander  à 
ce  grand  musicien  qu'il  lui  permit  d'écouter  les 
leçons  qu'il  donnait  à  son  maître.  Touché  par  ce 
vif  désir  de  s'instruire,  et  plein  de  bonté,  Tartini 
ne  se  borna  pas  à  donner  à  Naumann  la  permission 
qu'il  demandait,  car  il  l'admit  au  nombre  de  ses 
élèves ,  et  bientôt  il  eut  à  se  féliciter  de  l'intérêt 
qu'il  avait  pris  à  ce  jeune  homme,  dont  les  progrès 
effacèrent  ceux  de  tous  les  jeunes  artistes  que 
Tartini  admettait  dans  son  école.  Vers  le  même 
temps  Naumann  se  sépara  de  Weestrœm  et  s'at- 
tacha à  un  jeune  musiden  anglais  nommé  Hunt, 


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288 


NAUMANN 


qui  se  montra  pour  lui  aussi  bienveillant  que 
Weestnisin  avait  été  dur. 

Après  trois  années  et  quelques  mois  passés  à 
Padoue  à  sMnstruire  dans  i*art  de  jouer  du  vio- 
lon>  du  clavecin  et  dans  Tliarmonie  pratique, 
Naumann  accepta  comme  élève  Pitscher,  violo- 
niste allemand,  qui  voyageait  en  Italie  aux 
frais  du  prince  Henri  de  Prusse.  Bien  que  Tar- 
tini  éprouvât  quelque  peine  à  se  séparer  de  lai, 
il  approuvale  parti  qu'il  prenait  de  visiter  avec 
Pitscher  l'Italie  méridionale,  persuadé  qoHI  en 
tirerait  avantage  pour  son  instruction.  Nau- 
mann  quitta  Padone,  avec  son  élève,  le  3i  août 
1761.  Ils  se  rendirent  d'alwrd  à  Rome ,  puis  à  N»- 
ples ,  où  ils  firent  un  séjour  de  sis  mois.  Nan- 
mann  mit  ce  temps  à  profit  pour  étudier  le  style 
dramatique ,  et  écrivit  ses  premières  composi- 
tions en  ce  genre.  De  retour  à  Rome,  les  voya- 
geurs y  passèrent  la  quinzaine  de  Pâques,  pour 
entendre  la  musique  de  la  chapelle  Sixtine ,  qui 
était  alors  dans  tout  son  éclat;  puis  ils' allèrent  à 
Bologne ,  où  Naumann  remit  une  lettre  de  Tar- 
tini  au  P.  Martini,  qui  Paccueillit  avec  bonté  et 
voulut  bien  le  diriger  dans  ses  études  de  cont-e- 
point. 

Le  temps  accordé  à  Pitscber  pour  son  voyage 
arrivait  à  son  terme  ;  il  dut  retourner  en  Allemagne 
et  laissa  à  Venise  Maumann,  qui  avait  peu  d'es- 
poir de  trouver  une  situation  convenable  pendant 
la  guerre  qui  désolait  la  Saxe.  Il  vécut  de  quel- 
ques leçons,  jusqu'à  ce  qu'on  lui  eût  confié  la 
composition  d'un  opéra  bouffe  pour  le  théâtre 
de  Saint-Samuel.  Quoiqu'on  ne  lui  eût  accordé 
qu'un  peu  moins  d'un  mois  pour  l'écrire ,  cet 
ouvrage ,  dont  le  titre  n'est  pas  connu,  eut  vingt 
représentations  consécutives ,  et  fut  bien  accueilli 
par  le  public.  Au  carnaval  suivant ,  on  le  chargea 
d'une  partie  de  la'  composition  d'un  opéra  qui 
fut  fait  par  trois  musiciens  réunis. 

Il  y  avait  près  de  sept  ans  qu'il  était  en  Italie, 
et  il  avait  passé  les  dii>liuit  derniers  mois  ai  Ve- 
nise, lorsque  la  paix  vint  mettre  un  terme  à  la 
longue  lutte  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse.  Alors 
.Naumanu,  plein  du  désir  de  revoir  sa  patrie  et 
d'y  trouver  une  position  convenable  »  envoya  à 
sa  famille  la  partition  d'une  composition  pour 
l'église,  avec  la  mission  de  la  faire  connaître  à  j 
la  cour  de  Saxe.  Pour  satisfaire  à  sa  demande ,  ! 
sa  mère  se  rendit  à  Dresde ,  et  quoique  simple  | 
paysaùne,  elle  fut  admise  à  présenter  l'onvr&ge  ' 
de  Naumann  à  l'électrice  douairière  Marie-An-  I 
toinette.  Celte  princesse,  dont  les  connaissances  ! 
en  musique  étaient  étendues,  examina  la  partition  i 
et  congédia  la  mère  du  compositeur,  disant  qu'elle  j 
doutait  que  ce  qu'elle  venait  de  voir  fût  Touvrage 
d'un  jeune  homme ,  mais  qu'elle  prendrait  des  ' 


informations.  Le  témoignage  de  quelques-uns 
des  plus  habiles  maîtres  de  lltalie,  consultés  psr 
l'électrice,  ayant  été  favorable  k  Naumaan, 
celui-ci  reçut  la  somme  nécessaire  pour  se  rendre 
à  Dresde.  H  y  écrivit,  pour  le  service  de  la  ooor, 
une  messe  qui  fat  exécutée  en  présence  de  l'élec- 
trice, et  dont  le  mérite  lui  fit  obtenir  le  tih%  de 
compositeur  de  la  cliapelle ,  avec  un  traitement 
de  deux  cent  vingt  écus  (un  peu  plus  de  huit 
cents  francs  )  ;  faible  ressource ,  moins  propor- 
tionnée au  mérite  de  Naumann  qu'à  la  situation 
d'un  pays  pauvre,  ravagé  naguère  par  une  guerre 
désastreuse.  Après  avoir  fait  quelque  séjour  à 
Dresde ,  il  réunit  ie  titre  de  coropositeor  de  la 
chambre  à  celui  de  maître  de  chapelle,  et  fut 
chargé  de  la  direction  des  études  des  jeunes  ar- 
tistes Schuster  et  Seydelmann  (voyez  ces  noms), 
avec  qui  il  fit,  en  1765,  un  second  voyage  en 
Italie,  aux  frais  de  la  cour  électorale.  Sa  posi- 
tion en  ce  pays,  bien  dilTérente  de  ce  qu'elle  avait 
été  précédemment ,  lui  permit  de  visiter  les  prin- 
cipales villes  et  d'y  séjourner.  Naples  Tarréla 
longtemps.  Il  y  reçut  la  demande  de  l'opéra 
Achille  in  Sciro  pour  ie  théâtre  de  Païenne  ^  et 
cette  circonstance  lui  procura  le  plaisir  de  voir 
la  Sicile.  A  son  retour,  il  revit  Naples,  Rome, 
Venise ,  et  obtint  dans  cette  dernière  ville  on 
engagement  pour  écrire  VAlessandro  nelle 
Indie,  Pendant  qu'il  y  travaillait,  il  fut  inopiné- 
ment rappelé  par  la  cour  de  Dresde,  pour  com- 
poser la  musique  de  la  Clemensa  di  Tito ,  à 
l'occasion  du  mariage  de  l'électeur. 

En  1772,  Naumann  entreprit  un  troisième 
voyage  en  Italie  ;  dans  l'espace  de  dix-huit  mois 
il  y  composa  SoUmano ,  Le  Nozse  dislwrbate 
et  V Isola  disabitatat  pour  Venise,  et  VArmida, 
pour  Padoue.  Le  brillant  succès  de  ces  produc- 
tions lui  fit  faire  des  propositions  pour  tons  les 
grands  théâtres  ;  mais  les  devoirs  de  sa  place  le 
rappelaient  en  Saxe ,  et  robligèrent  à  refuser  les 
offres  qui  lui  étaient  faites.  Peu  de  temps  après 
son  arrivée  à  Dresde,  il  reçut  de  Frédéric  11,  roi 
de  Prusse,  des  propositions  pins  brillantes  pour 
la  place  de  maître  de  chapelle  de  ce  prince ,  avec 
un  traitement  considérable;  mais  Naumann, 
dévoué  an  pays  qui  l'avait  vu  naître ,  et  fidèle  sa 
prince  qui  l'avait  tiré  de  la  misère  pour  loi  donner 
une  position  honorable,  n'accepta  pas  lesi^res 
du  roi,  malgré  la  disproportion  des  avantages 
attachés  aux  deux  places.  Ce  sacrifice  flit  récom- 
pensé par  sa  nomination  de  maître  de  cliapelle 
en  titre,  avec  des  appointements  de  dou»  cents 
écus  ;  plus  tard  son  traitement  fut  porté  h  2,000 
thalers  (7,250  francs).  Appelé  à  Stockholm  en 
1776,  k  l'occasion  de  l'anniversaire  delà  naissance 
du  roi  de  Suède ,  il  y  composa  son  premier  opéra 


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NAUMANN 


289 


sntMois,  dont  ie  sujet  élait  Amphion^  et  qui 
eut  un  brillant  succès.  Le  roi  le  chargea  de  l'or- 
ganisation de  Torchestre  du  nouveau  théâtre  de 
Stockholm,  qui  fut  ouvert  en  1780,  et  lui  de- 
manda, pour  rinauguration  de  ce  théâtre,  un 
nouvel  opéra  suédois,  intitulé  Cor  a,  qui  ne 
réussit  pas  moins  que  le  premier,  et  qui  valut  à 
son  auteur  des  témoignages  de  satisfaction  du 
prince  et  de  magniGques  récompenses.  Le  chef- 
d'œuvre  de  Naumami,  parmi  ses  compositions  en 
langue  suédoise ,  est  son  Gustave  Wasa.  Cet 
ouvrage,  Amphion,  et  Cora,  ont  été  gravés  en 
partition  aux  frais  du  roi  de  Suède.  Les  succès 
que  Naumann  avait  obtenns  à  Stockholm  le 
firent  appeler  à  Copenhague  en  1785,  pour 
écrire  Orphée,  opéra  danois  dont  la  musique  fit 
une  vive  impression  par  la  douceur  de  ses  mélo- 
dies. A  la  suite  de  ce  nouveau  triomphe ,  des  of- 
fres avantageuses  furent  faites  au  compositeur 
pour  le  fixer  à  la  cour  du  roi  de  Danemark  ;  mais 
les  motifs  qui  ioi  ayaient  fait  refuser  autrefois 
les  propositions  de  Frédéric  II,  Tempéclièrent 
d'accepter  celles-ci. 

Appelé  à  Berlin  en  1788 ,  par  le  roi  Frédéric - 
Guillaume,  dont  le  goût  passionné  pour  la  musique 
est  connu ,  il  composa  par  ordre  de  ce  prince  la 
Medea,  pour  le  carnaval  ;  mais  n^ayant  pu  ache- 
ver cet  ouvrage  pour  le  temps  indiqué ,  il  ne  put 
le  voir  représenter  qu'en  1789.  Il  écrivit  aussi 
par  Pordre  du  roi  le  deuxième  acte  de Pro^ejtïao, 
dont  le  premier  était  échu  en  partage  à  Reichardt 
par  la  voie  do  sort.  On  lui  demanda  ensuite  une 
musique  nouvelle  pour  le  même  opéra  ;  il  l'é- 
crivit en  1793,  et  en  porta  lui-même  la  partition 
au  roi,  lorsqu'il  ramena  à  Berlin  le  pianiste  et 
compositeur  Himmel,  et  la  cantatriceM""  Schraaiz, 
dont  l'éducation  musicale  lui  avait  été  confiée  par 
Frédéric-Gnillaume.  Dans  ce  voyage,  Naumann 
fit  exécuter  à  Potsdam  son  oratorio  Davidde 
in  Terebinto;  le  roi,  en  témoignage  du  plaisir 
que  lui  avait  fait  cette  composition,  lui  fit  cadeau 
d'une  talMtière  d'or  enrichie  de  brillants  et  ornée 
de  son  chiffre,  avec  une  somme  de  quatre  cents 
frédérics  d*or  (environ  neuf  mille  francs).  Au  prin- 
temps de  1797,  une  nouvelle  invitation  du  roi  de 
Prusse  parvint  h  Dresde  pour  que  Naumann  se 
rendit  à  Berlin.  Mille  thalers  (3,750  francs)  pour 
les  frai»  du  voyage,  et  une  tabatière  qui  avait 
appartenu  à  Frédéric  II,  étaient  joints  à  Fin  vitation 
qui  fut  acceptée  avec  reconnaissance.  Cette  épo- 
que fut  celle  du  brillant  début  de  Himmel  (voy. 
ce  nom)  comme  compositeur.  L'école  de  chant 
dirigée  par  Fasch  exécuta  dans  cette  occasion  le 
psaume  111  à  4  voix,  de  Naumann,  qu'il  avait 
envoyé  à  Berlin  l'année  précédente. 
Tandis  que  Naumann  était  ainsi  reclierché  par 

BIOGR.  OMY.  DES  MUSICIENS.  —  T.  VI. 


plusieurs  rois,  et  brillait  dans  les  cours  étrangères, 
il  était  oublié  à  Dresde ,  sa  patrie.  Ses  travaux 
y  étaient  en  quelque  sorte  ignorés ,  et  l'électeur 
de  Saxe  ne  loi  demandait  presque  jamais  de 
nouvelles  compositions  pour  sa  chapelle.  Les  ha- 
bitants de  Dresde  parurent  enfin  sortir  de  leur 
indifférence  et  vouloir  honoier  l'artiste  distingué 
qui  avait  mieux  aimé  servir  sa  patrie  que  d'ac- 
cepter les  avantages  offerts  par  l'étranger.  La 
paraphrase  poétique  do  Pater  ^loster  par  Klop- 
stock,  mise  en  musique  par  Naumann,  en  1799, 
leur  fournit  l'occasion  de  réparer  leurs  torts  eur 
vers  cet  artiste.  Un  article  de  la  Gazette  musi- 
cale de  Leipsick  (année  r*,  page  833)  nous  ap- 
prend qu'une  heure  avait  suffi  à  Naumann  pour 
tiacer  le  plan  de  son  ouvrage;  mais  qu'il  avait 
employé  quinze  mois  à  récrire  ou  à  le  corriger, 
ayant  fait  jusqu'à  trois  copies  différentes  de  sa 
partition.  Le  baron  de  Rachnitz  fitconstruire  dans 
Téglise  de  la  nouvelle  ville  un  orchestre  capable 
de  contenir  deux  cents  exécutants,  et  ce  grand 
ouvrage  «  considéré  comme  le  chef-d'œuvre  de 
Naumann,  fut  exécuté  deux  fois  avec  une  pompe 
Inaccoutumée;  la  première,  le  21  juin  1799,  dans 
l'après-midi;  la  seconde,  le  21  octobre  de  la  même 
année,  dans  la  soirée  et  aux  flambeaux.  11  parut 
à  cette  occasion  un  poème  de  12  pages  in-8%  in- 
titulé :  AufNaumann*s  Oratoriuniy  am  21  Juni 
1799  in  der  Kirche  su  Neustadt  zur  Unter- 
stutzung  der  durch  Ueberschwemmung  ver- 
ungsliichten  aufgefuhrt,  %ind  ani  21  Okt.  zum 
Besten  des  kiesigen  Stadtkrankenhauses  wie^ 
derholt  (  Sur  l'oratorio  de  Naumann  exécuté  le 
21  juin  1799,  dans  l'église  de  la  ville  nouvelle, 
au  bénéfice  des  victimes  de  l'inondation,  et  répété 
le  21  octobre  au  profit  de  l'hôpital),  Dresde,  1799. 
Le  poète  exprime  dans  ce  morceau  l'admiration 
dont  il  a  été  saisi  à  l'audition  de  la  musique  de 
Naumann.  Aci  e  Galatea,  dernier  opéra  de  ce 
compositeur^  fut  représenté  à  Dresde  le  25  avril 
1801 ,  et  de  nouveau,  les  tardifs  témoignages  de 
l'admiration  publique  accueillirent  cette  pièce. 
Pendant  qu'il  y  travaillait,  le  bruit  s'était  répanda 
qu'elle  serait  sa  dernière  production  dramatique, 
et  qu'il  y  dirait  adieu  k  la  scène  ;  l'événement 
vérifia  cette  prédiction,  car  Naumann  fut  frappé 
d'apoplexie  le  21  octobre  1801,  dans  une  prome- 
nade qu'il  faisait  le  soir,  non  loin  de  la  maison 
de  campagne  qu'il  avait  fait  construire  à  Blase- 
witx,  lieu  de  sa  naissance.  Il  ne  fut  retrouvé  dans 
les  champs  que  le  lendemain  matin.  Le  froid  de 
la  nuit  l'avait  saisi.  Rapporté  chez  lui,  il  ne  re- 
prit pas  connaissance,  et  dix  jours  après  il  expira, 
à  l'âge  de  soixante  ans  et  quelques  mois:  Il  s'é- 
tait marié ,  à  Copenhague,  en  1792,  avec  la  fille 
de  Grodtschilling ,  amiral  danois.  Sa  jeunesse 

19 


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290 


NAUMANN 


avait  été  en  proie  au  besoin  et  à  rhumiliatioD  ; 
mais  plus  tard»  la  fortune  sembla  le  conduire  par 
la  main,  et  les  trente  dernières  années  de  sa  vie 
s'écoulèrent  dans  Taisance,  et  environnées  d'es- 
time pour  son  talent  et  pour  sa  personne. 

Contemporain  de  Mozart,  Naumann  sut  se 
faire,  à  côté  de  ce  grand  bomme,  une  réputation 
honorable;  cependant,  ii  ne  fout  pas  s'y  tromper» 
il  y  avait  entre  eux  rimmense  dilTérence  du 
génie  au  talent.  Si  l'on  cbercbe  de  la  création 
dans  les  œuvres  du  maître  de  chapelle  de  Dresde, 
on  ne  trouve  rien,  à  proprement  parier,  qui  mé- 
rite ce  nom.  J'ai  sous  les  yeux  les  partitions 
d'Amphion ,  de  Cora ,  et  d'une  partie  du  Pro- 
lesilao,  ainsi  que  celle  du  Pater  nosier;  j'y 
remarque  beaucoup  de  mélodies  gracieuses,  un 
système  de  modulation  qui  n'est  pas  commun,  un 
bon  sentiment  dramatique  a  un  style  pur;  mais 
rien  n'y  porte  le  cachet  de  l'invention  ;  on  n'y 
remarque  point  de  traits  inattendus.  De  toutes 
ses  productions ,  le  Pater  est  incontestablement 
la  meilleure.  Le  plan  en  est  heureusement  conçu , 
sous  certains  rapports,  malgré  les  défauts  qui 
appartiennent  à  l'époque  de  Naumann.  Le  com- 
positeur y  a  mêlé  Toralson  dominicale ,  traduite 
en  allemand,  avec  le  poëme  de  KIopstock  sur  le 
sujet  de  cette  prière.  Les  strophes  du  poème  sont 
entendues  alternativement  avec  les  paroles  de 
Toraisoo.  Naumann  traite  celle-ci  en  deux  cbmurs 
alternatifs ,  dans  l'ancien  style  concerté,  avec 
accompagnement  de  deux  clarinettes,  de  trois 
trombones,  bassons  et  orgue;  les  strophes  de 
KIopstock  sont  écrites  dans  le  style  moderne, 
et  dans  le  système  d'airs  accompagnés  par  des 
chœurs,  dont  les  musiciens  de  l'école  allemande 
ont  fait  trop  souvent  usage  dans  leur  musique 
d'église,  au  dix-huitième  siècle,  et  avec  des  traits 
de  bravoure  peu  convenables  pour  le  sujet.  Le 
trio  (n^  7)  pour  deux  Toix  de  soprano  et  ténor, 
avec  chœur ,  est  d'un  effet  très-heureux,  et  le 
morceau  final  est  d^une  large  conception,  quoique 
Naumann  ait  manqué  la  réponse  tonale  du  sujet 
de  sa  fugue.  Naumann  est,  à  l'égard  des  musi- 
ciens de  son  temps,  ce  que  Graun  fut  dans  I*é- 
poque  précédente  :  tous  deux  forent  artistes  de 
mérite,  mais  ils  ont  été  trop  vantés  par  leurs 
contemporains,  car  leurs  travaux  n'ont  pas 
exercé  d'influence  sur  la  situation  générale  de 
l'art. 

Parmi  les  productions  de  Nanmann,  on  connaît 
les  titres  de  celles  qui  suivent  :  L  Musique  n'é- 
GLisB  :  V  La  Passione  di  Giesu  Cristo,  ora- 
torio, à  Padoue.  —  2^  (sacco  figura  del  Keden- 
tore,  k  Dresde.  —  $•  Giuseppe  riconosciuto , 
ibid.  —  4»  Zeit  und  Ewigkeit  (Le  Temps  et 
l'Éternité),  pour  la  cour  de   Mecklembourg- 


ScUwerin.  —  b°  Santa  Elena,  à  Dresde.  — 
&"  Joseph  reconnu  par  ses  frères^  traduit  de 
l'italien,  de  Métastase,  pour  Paris.  —  7^  Unsere 
Brader,  pour  la  cour  de  Mecklembourg-Schwerïn. 

—  8»  H  Figlio  prodigo,  à  Dresde.  —  9*  £c  Pas- 
sione di  Giesu  Cristo,  avec  une  nouvelle  musique, 
pour  Dresde.  —  lo*"  Davidde  in  TerMnto/ûàd., 
1796.  _  11*  Betulia  Uberata,  ibid.  —  iV  La 
morte  d* Abele,  ibid.  ^  13*  Pa/erno^ter  de  iOop- 
stock ,  pour  4  voix  de  solo ,  chœur  et  orcbeslre, 
en  partition^  à  Leipsick,  cliez  Breitkopf  et  Haertei. 

—  14**  Le  psaume  96  à  quatre  voix  et  orchestre, 
idem,  ibid.  —  lô"*  Le  psaume  9H  à  deux  ciKnin, 
en  manuscrit.  —  16''  Le  psaume  149,  idem.  Ces 
deux  derniers  morceaux  ont  été  composés  pour  la 
communauté  des  frères  moraves  de  Herrobut. 

—  17"  Psaume  2,  à  4  voix  et  orchestre,  en  ma- 
nuscrit. —  18*  Psaume  103,  k  4  voix  et  orchestre, 
idem.—  19''  Psaume  Ul,  à  4  voixeto^ue, 
composé  pour  l'académie  de  chant  dirigée  par 
Fascb,  en  1796.  ~  20**  Vingt-sept  messes  solen- 
nelles avec  orchestre,  composées  pour  b  chapelle 
électorale  de  Dresde,  depuis  1766  jusqu'en  1800, 
en  manuscrit.  —  21''  Messe  solenndie  (ei  la 
bémol)  pour  4  voix,  chœur  et  orchestre;  œovre 
posthume,  gravée  en  partition,  k  Vienne,  1804. 

—  22"  LaudaSion  Salvatorem,  offertoire  de  la 
Circoncision,  idem,  ibid.  —  23"  Psaumes,  idem, 
ibid.,  1804.  —24"  Te  Deum  k  4  voix  et  orcbes- 
tre,  en  manuscrit  ^26"  Ostermorgen  (cantate 
pour  la  fête  de  Pâques),  en  manuscrit.  ~  26"  Pla- 
sieurs  hymnes,  motets  et  litanies,  en  manuscrit. 
II.  Opéras.  —  27*'  Deux  opéras  boufles  doat 
les  titres  sont  ignorés,  k  Venise,  en  1764.— 
28"  Achille  in  Âctro,Palerme,  en  1767.— 29"i/ei- 
sandro  nelle  Indie ,  k  Venise,  1768.  —  30"  la 
Clemenia  di  Tito,  à  Dresde.  *.  31"  Le  Noue 
disturbate,  opéra  bouffe,  k  Venise,  1772.— 

32"  Solimano,  opéra  séria,  ibid S3^L'fsola 

disabitata,  opéra  Imuffe,  en  1773,  ibid. — 
34"  Armida,  au  nouveau  théâtre  de  Padooe.— 
3d"  Ipermestra,  pour  le  théâtre  San  Benedetto, 
k  Venise.  —  36"  Il  Villano  geloso,  k  Dresde. 

—  37"  Vïpocondriaco ,  ibid.  —  38'  Elisa, 
opéra  semi-seria,  ibid.  ■—  39"  Osiride,  puor  le 
mariage  du  prince  Antoiife  de  Saxe.  —  40"  Tnito 
per  amore,  opéra  semi-seria,  â  Dresde.— 
41*  Amphion ,  grand  opéra  en  langue  suédoise,* 
représenté  k  l'ancien  théâtre  de  Stockholm, 
en  1776.  —  42*  Cora,  grand  opéra,  également 
en  langue  suédoise,  pour  l'ouverture  du  nouveau 
théâtre  de  Stockholm,  en  1780.  — -  43"  Gustave 
Wasa,  idem,  ibid.  —  44"  Le  Reggia  d'Imeneo, 
k  Dresde,  pour  le  second  mariage  du  prince  An* 
toine.  —  45*  Orphée  et  Eurydice,  grand  opéra 
en  langue  danoise,  k  Ck^penhsgue,  en  178».— 


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NAUMAJNN  —  NAUSS 


291 


46®  La  Sorte  di  Medca,  grand  ballet  pour 
Berlin,  1788.  —  47*  La  Dama  soldato,  opéra  ^ 
bouffe,  à  Dresde,  en  1791.  —  48**  Àmor  giusti- 
ficaio,  idem,  ibid.,  1792.  —  49**  Proiesilao, 
-opéra  séria,  à  Berlin,  1793.  —  50**  Andromeda, 
opéra  séria.  ~  51**  Aci  e  Galatea,  à  Dresde, 
le  25  avril  1801. 111.  Musique  instrcmëntalc  et 
DE  CHAMBRE.  —  52**  Dix-huit  symplionies  à  grand 
orchestre.  Ces  symphonies  existaient  en  manos- 
^^-it  à  Leipsick,  chez  MM.  Breitkopf  et  Haerlcl, 
et  ont  été  Tendues  en  1836.  —  53**  Six  sonates 
pour  rharroonica  on  piano ,  Dresde ,  1792.— 
54**  Concerto  pour  le  clavecin,  Darmstadt,  1794. 
—  55**  Trois  sonates  pour  piano  et  violon,  op.  1 , 
Paris.  —  56**  Six  quatuors  pour  piano,  flûte,  vio- 
lon et  basse,  Berlin,  1786.  —  57»  Six  trios  pour 
piano,  violon  et  -basse ,  op.  ^,  ibid.  —  58**  Six 
sonates  pour  harmonica,  op.  4.  ~  59**  Six  duos 
faciles  pour  deux  violons,  gravés  à  Leipsick,  chez 
Kuhnel.  —  60**  Canzonette  {Ecco  quel  fiero  is- 
tante)  pour  soprano,  avec  piano  et  violon,  Dresde, 
1778.  —  61**  Chansons  de  francs-maçons,  Leip- 
■sick,  1778.  —  62*  Douze  romances  françaises  et 
italiennes,  ibid.,  1784.  —  (>3**  Six  ariettes  ita- 
liennes,   Berlin,    1790.  —  64**  Six    romances 
françaises  avec  accompagnement  de  piano,  ibid., 
1790.  —  65**  Petite  cantate  sur  la  musique  (en 
allemand);   Leipsick,  Breitkopf  et  Ilaertel.  — 
66**  L'Idéale ,  cantate  à  voix  seule,  Dresde,  Hil- 
scher.  —  67**  Le  Tombeau  de  Klopstock,  élégie, 
avec  accompagnement  de  piano  ;  Leipsick,  Breit- 
kopf et  Hœrtel.  —  68<>  Vingt-cinq  chansons  alle- 
mandes, avec  accompagnement  de  piano;  Dresde, 
Hilscher.   Une  nouvelle  édition   complète  des 
chansons  allemandes,  italiennes  et  françaises  de 
Naumann  a  été  publiée  à  Leipsick ,  chez  Breit- 
kopf et  Haertel.  Wieland  a  donné,  dans  le  nou- 
veau Mercure  allemand  de  t803,  une  notice  bien 
écrite  sur  ce  compositeur.  Il  y  en  a  une  autre 
dans  la  Dresde  savante  de  Klebe  (1796)  ;  enfin 
Mcissner  (vop.  ce  nom)  a  foui  ni  des  renseigne- 
ments beaucoup  plus  exacts  dans  Touvrage  qui 
a  pour   titre  :  Bruckstucke  aus  7.   A,  Nau- 
mann*s  Lebensgeschickte  (Fragments  pour  servir 
à  h  biographie  de  Naumann),  Prague,  1803-1804, 
2  vol.  in-8o.  Rochlitz  a  donné  aussi  une  notice 
sur  Naomann  dans  le  troisième  volume  de  son 
recueil  Fiir  Freunde  der  Tonkunst.  M.  Mann- 
stein  {voy.  ce  nom)  a  publié  le  catalogue  général 
de  toutes  les  compositions  de  ce  maître,  sous  le 
titre  suivant  :  Vollstxndiges  Verzeichniss  aller 
composiUonem  der  Kurfurstl.  Saschs-Kapell- 
meisters  Naumann;  nebst  historischen  und 
Kritischen  Notizen  eines  Kuntskenners  aw 
Naumann*spersœhnUcher  Umgeùung,  Dresde, 
Arnold  gr.  in-so  de  14  pages. 


NAUMBOURG  (S.),  ministre  officiant  ûa 
temple  du  consistoire  Israélite  de  Paris,  est  né 
en  1818  à  Donenlohe,  village  de  la  Bavière.  Issu 
d'une  famille  de  chantres  de  synagogues,  il  prit 
à  dix-sept  ans  la  résolution  de  suivre  la  même 
carrière,  et  après  avoir  étudié  les  éléments  de 
riiarmonie  et  du^  contrepoint  soqs  la  direction  de 
M.  Rœder,  maître  de  chapelle  du  loi  de  Bavière, 
il  écrivit  ses  premiers  essais  de  composition  pour 
la  synagogue  de  Munich,  où  ils  furent  bien  ac- 
cueillis. En  1845,  la  place  de  ministre  officiant 
du  temple  consistorial  de  Paris  étant  devenue 
vacante,  M.  Naumbourg  fut  présenté  au  con- 
sistoire, pour  la  remplir,  par  le  célèbre  composi- 
teur F.  Halévy,  et  fut  agréé.  Depuis  lors  jusqu'à 
ce  jour  (1862)  il  en  a  rempli  remploi  avecdistinc- 
tion.  Auteur  d*un  très-grand  nombre  de  chants 
religieux  pour  le  culte  Israélite,  à  trois  et  à  qua- 
tre voix,  il  les  a  réunis  en  une  collection  divisée 
en  trois  parties  sous  ce  titre  :  Semiroth  IsraeL 
Chants  religieux  des  Israélites,  contenant  la 
liturgie  complète  de  la  Synagogue^  des  temps 
les  plus  reculés  jusqu'à  nos  jours.  Paris,  chez 
l'auteur,  1847  et  années  suivantes.  La  deuxième 
partie  renferme  les  chants  liturgiques  des  grandes 
fêtes,  et  la  troisième  partie,  les  cantiques  et  les 
psaumes,  également  harmonisés  et  avec  un  ac- 
compagnement d'orgue  et  de  harpe.  A  la  fin  de 
cette  troisième  partie,  on  tiouve  les  accents  to- 
niques pour  la  lecture  de  diverses  parties  de  la 
Bible,  telles  que  le  Pentateuque,  le  livre  d'Es- 
ther,  les  Prophètes ,  et  les  Lamentations  de  Jé- 
remie,  avec  la  traduction  en  notation  moderne. 
La  composition  de  ce  recueil  fait  honneur  au 
goût  et  aux  connaissances  musicales  de  M.  Naum- 
bourg :  il  a  conservé,  autant  que  cela  est  possi- 
ble dans  Tétat  actuel  de  la  tradition,  le  caractère 
primitif  et  original  du  chant  hébraïque. 

NAUSEA  (Frédéric),  célèbre  théologien 
allemand ,  naquit  à  Weissenfeld,  près  de  Wûfz- 
bourg,  vers  1480.  Appelé  à  Vienne  en  1533, 
comme  prédicateur  de  la  cour,  il  y  devint  lecteur 
de  théologie,  chanoine  de  la  cathédrale ,  et  con- 
seiller de  Tempereur  (Ferdinand).  En  1538,  il  fut 
nommé  coadjuteur  de  Jean  Fabri ,  évéque  de 
Vienne,  et  lui  succéda  en  1541.  Le  roi  des  Ro- 
mains Tayaiit  envoyé  au  concile  de  Trente  en  qua- 
lité de  son  ambassadeur,  il  y  mourut  le  6  février 
1550.  On  trouve  dans  la  Bibliothèque  univer- 
selle àt  Gesner,  rindication  d'un  livre  deNausea, 
sous  le  titre  de  Xsagoge  musices;  maisjl  ne 
parait  pas  que  cet  ouvrage  ait  été  imprimé. 

NAUSS  (François-Xavier),  organiste  de  ta 
cathédrale  d'Augsbourg,  vivait  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  siècle.  Il  s'est  lait  connaître  par 
un  livre  qui  a  pour  titre  :  Grimdlicher  Vnter-' 

19. 


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292 


NAUSS  —  NAVOIGILLE 


richt  den  Generalbass  recht  zu  erlemen,  etc. 
(Instruction  normale  pour  apprendre  la  basse  con- 
tinue, etc.)  ;  Augsbourg,  1751,  in-4'.  On  a  aussi 
publié  de  lui  deux  recueils  de  préludes,  fugues, 
airs  et  pastorales  pour  Torgne ,  ainsi  que  cinq 
suites  de  petites  pièces  faciles  pour  clavecin,  sous 
le  titre  de  Die  spielende  Muse,  Toutes  ces  pro- 
ductions ont  été  imprimées  à  Âugshourg. 

NAUZE  (LoLis  JOUARD  DE  LA),  membre 
de  TAcadéraie  des  inscriptions ,  naquit  à  Ville- 
neuve-d'Agen,  le  27  mars  1696,  et  mourut  à  Paris 
le  2  mai  1773.  Il  a  fait  insérer  dans  le  tome  XIII 
des  Mémoires  de  la  société  dont  il  faisait  partie 
une  Dissertation  sur  les  chansons  de  1^ an- 
cienne Grèce.  On  en  trouve  une  traduction  al- 
lemande, par  Ebert,  dans  les  e&&d\&  {Beytrxge) 
de  Marpurg,  t.  4,  p.  427-407. 

NAVA  (Antoine),  guitariste  italien,  yivail  à 
Milan  vers  1810.  Il  a  fait  graver  de  sa  compo- 
sition environ  soixante-dix  œuvres  de  pièces  de 
difTérents  genres  pour  guitare  seule  ou  avec  ac- 
compagnement, à  Milan,  chez  Ricordi,  et  à 
Paris. 

NAVARA  (François),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Rome  vers  1660,  lit  représenter  à  Ve- 
nise, en  1696,  un  opéra  intitulé  :  Basilio  re 
d'Orienté. 

N  AV  ARR  A  (Vincent)  ,  prêtre ,  né  à  Palerme 
le  3  mai  1666,  était  en  1713  bénéficier  de  Téglise 
métropolitaine  de  cette  ville.  On  a  de  lui  un 
livre  intitulé  :  Brevis  et  accuraia  totius  muskx 
notitiOf  Palerme,  1702,  in-4°.  Il  écrivit  aussi  une 
théorie  de  la  musique  qui  avait  pour  titre  :  Ta- 
vole  délie  legge  numerica  ed  armonica,  nelle 
quali  si  disvelano  gli  arcani  più  recondili  del 
numéro  e  délia  musica;  mais  un  incendie  dé- 
truisit son  manuscrit  le  16  juillet  1710.  Il  recom- 
mença, dit-on,  ce  travail,  mais  il  ne  parait  pas 
quil  l'ait  fait  imprimer. 

N  A  VI ËRES  (  Charles  DE  ),  né  à  Sedan,  près 
de  Pont-à-Mousson,  fut  attaché  au  service  du  duc 
de  Bouillon.  Lacroix  du  Maine  dit  qu'il  fut  tué 
en  1672,  dans  la  nuit  de  la  Saint-Barthélémy  ;  mais 
Ck)lletet  a  fait  voir  (  Discours  sur  la  poésie  mo' 
raie,  page  163)  qu'il  vivait  encore  en  1614,  puis- 
qu'il fit  dans  cette  même  année  des  quatrains  sur 
l'inauguration  de  la  statue  équestre  de. Henri  IV. 
Du  Verdier  dit  que  Charles  de  Navières  est  au- 
teur d*un  cantique  sur  la  paix,  avec  la  musique 
ei  note  d'iceluif  imprimé  à  Paris,  chez  Matlm- 
rin  Prévôt,  avec  autres  de  ses  anivres,  en  1570. 

NAVOIGILLE  (Guillaume  JULIEN,  dit), 
violoniste  de  quelque  talent,  né  à  Givet,  vers 
1745,  suivant  une  notice  de  Roquefort  (1)  (et  non 

(i)  Cette  BoUee  est  Iméréedans  le  Magasin  emydope- 
éiqw  Usnvter,  itlt,  p.  tlT|.  Roquefort aTalt  été  l'ami  de 


h  Lilie,  comme  il  est  dit  dans  la  première  édition 
de  cette  Biographie).  Il  quitta  cette  ville,  pour 
aller  étudier  la  ronsique  à  Paris.  Un  hasard  lui 
procura  la  connaissance  d'un  noble  vénitien 
retiré  à  Ménilmontant,  et  qni,  charmé  de  ses  heu- 
reuses dispositions,  le  prit  en  affection ,  le  garda 
chez  lui,  et  finit  par  Tadopter  et  lui  donner  son 
nom.  Monsigny  l'avait  fait  entrer  dans  la  mai- 
son du  duc  d'Oriéans.  Après  la  mort  de  ce  priace, 
Navoigilie  fut  quelque  temps  sans  emploi.  11  s'é- 
tait fait  une  réputation  d^habile  chef  dVchestre 
en  dirigeant  celui  des  concerts  de  la  Loge  (Hym- 
pique.  Plusieurs  années  avant  la  révolution ,  il 
avait  établi  une  école  gratuite  de  violon^  chez  loi, 
rue  de  la  Chaise ,  hôtel  de  Bretagne.  Alexandre 
Boucher  fut  l'artiste  le  plus  renommé  qui  en 
sortit 

En  1789,  Navoigille  entra  au  théâtre  de  Mon- 
sieur, comme  chef  des  seconds  violons.  En  1794, 
il  donna  sa  démission  de  cette  place ,  et  accepta 
celle  de  chef  d'orchestre  de  la  Pantomime  natio- 
nale, connue  plus  tard  sous  le  nom  de  Théâtre 
de  la  Cité,  11  dirigait  encore  la  musique  de  ce 
théâtre  en  1797  ;  Tannée  suivante,  la  banqueroute 
du  directeur  le  laissa  sans  emploi  et  dans  une 
situAtion  peu  fortunée.  Lorsque  PlanUde  fut 
choisi  (en  1805)  pour  diriger  la  musique  du  roi 
de  Hollande,  il  fit  entrer,  dans  la  chapelle  de  ce 
prince,  ses  amis  Navoigille  et  son  frère.  Après  la 
réunion  de  la  Hollande  à  la  France,  celui  qui  est 
Tobjet  de  cette  notice  revint  à  Paris,  où  il  mou- 
rut au  mois  de  novembre  1811.  Navoigille  a 
écrit  pour  le  théâtre  de  la  Pantomime  nationale 
la  musique  d^une  pièce  d'ouverture  intitulée 
La  Naissance  de  la  pantomime ,  et  de  VBé- 
roïne  suisse,  ou  Amour  et  courage.  On  a  gravé 
de  sa  composition  :  1**  Six  trios  pour  deui  vio- 
lons et  violoncelle,  op.  1  ;  Paris.  -—  2^  Six  duos 
pour  deux  violons,  op,  3;  ibid.  — Z^&\x  sonates 
pour  violon  et  basse,  op.  4  ;  ibid.  Navoigille  est  le 
véritable  auteur  du  chant  de  la  Marseillaise, 
dont  Rouget  de  Tlsle  n^avait  composé  que  les 
paroles  ;  cependant  on  a  toujours  attribué  an 
poète  la  part  du  musicien.  Rouget  de  Tlsle  ne 
démentit  pas  ce  bruit ,  et  même  après  la  mort 
de  Navoigille,  il  eut  le  tort  de  donner  de  noovelies 
éditions  de  ce  beau  chant,  en  se  l'attriboant.  Je 
possède  la  plus  ancienne  édition,  publiée  en 
1793,  sur  une  petite  feuille  volante,  semblable  i 
toutes  celles  des  airs  d'opéras  et  des  chants  pa- 
triotiques qu'on  vendait  alors  six  sous  à  la 
porte  des  théàti^es.  Elle  a  pour  titre  ;  Marche 
des  Marseillais,  paroles  du  citoyen  Rouget  de 

RavolgUle  et  tenait  «et  renielgnementc  de  l'arlWe  lai- 


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NAVOIGILLE  —  NEEDLER 


303 


n^e,  musique  du  citoyen  Navoigille,  à  Pa- 
ris, chez  Frère,  passage  du  Saumon,  où  l'on 
trouve  tous  les  airs  patriotiques  des  vrais 
sanê-culottes. 

NAVOIGILLE  (  Hubert  JULIEN,  dit  >,  frère 
du  précédent,  connu  sous  le  nom  de  Navoigille 
cadet,  naquit  k  Giveten  1749.  Vers  1775  il  alla 
se  fixer  à  Paris  et  se  fit  entendre  aTec  succès  au 
concert  spirituel  dans  un  concerto  de  violon. 
Plus  habile  que  son  frère  sur  cet  instrument,  il 
n'avait  pas,  comme  lui^  le  talent  de  diriger  un 
orchestre.  11  brilla  au  concert  des  amateurs  de 
i'hôtel  Soubise ,  puis  à  la  salle  Olympique.  On 
¥oit  par  le  Calendrier  musical  universel  de 
1789  qu'il  vivait  alors  à  Paris  sans  autre  emploi 
que  celui  de  professeur.  Eu  1805,  il  accompagna 
son  frère  à  La  Haye,  et  entra  dans  la  diapelle 
4le  Louis-Napoléon,  roi  de  Hollande,  en  qualité 
de  premier  violon.  Après  la  réunion  de  la  Hol- 
lande à  la  France,  il  retourna  à  Paris.  L*époque 
de  sa  mort  n'est  pas  connue.  Cet  artiste  fut  le 
père  de  M"'  Navoigille,  qui  eut  de  la  réputation 
comme  harpiste.  On  a  gravé  de  la  composition  de 
Navoigille  cadet  :  l*'  Six  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  1  ;  Paris,  La  Clievar- 
dière.  ~  2*^  Symphonie  concertante  pour  deux 
violons  et  orchestre,  ibid. 

NAWRATILL  (...),  organiste,  né  en  Bohê- 
me, était  attaclié  à  Téglise  de  Raiidnitz ,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix- huitième  siècle.  Il  a  écrit 
deux  litanies  qui  ont  été  citées  comme  des  com- 
positions .distinguées  y  et  qui  sont  indiquées  dans 
le  catalogue  de  Foyta.  J'ignore  si  les  huit  cahiers 
4le  polonaises  et  de  marches  pour  le  piano  gravées 
sous  ce  nom  à  Vienne,  cliez  Ârtaria,  sont  de  l'ar- 
tiste dont  il  s'agit  ici  ou  de  quelque  autre  du  même 
nom. 

NAWRATILL  (ântoinb),  vraisemblable- 
ment de  la  même  famille,  était  contrebassiste  dis- 
tingué à  Prague,  en  1840. 

NEANDER  (ALEXIS),  prêtre  et  directeur  de 
musique  à  l'église  de  Saint-Kilian,  à  Wiirzboorg, 
au  commencement  du  dix-septième  siècle,  a  pu- 
bUé  trots  suites  de  motets  à  4  et  jusqu'à  24  voix, 
sous  le  titre  de  Cantiones  sacra,  quas  vulgo 
motetas  vocant;  Francfort-sur-le-Mein,  1605-10, 
in-4*. 

NEANDER  (Joacbim),  dont  le  véritable 
nom  était  Neumann,  naquit  à  Brème  en  1610. 
Après  avoir  terminé  ses  études  de  théologie,  il 
•composa  des  sermons  qui  ont  été  publiés,  et  cul- 
tiva avec  succès  les  lettres,  la  poésie  et  la  musi- 
que. Il  fut  d'abord  recteur  du  collège  à  DusseU 
dorf,  puis  fut  nommé,  en  1679,  prédicateur  de 
Téglise  Saint-Martin,  à  Brème ,  et  mourut  dans 
cette  ville  le  21  mars  1680.  On  a  de  lui  des  re- 


cueils de  cantiques  avec  les  mélodies  dont  il  y  a 
des  éditions  imprimées  à  Brème  et  dans  d'autres 
lieux,  publiées  en  1680,  1692,  1713,  1716,  1723 
et  1730.  Ces  cantiques  ont  joui  de  beaucoup  d'es- 
time  chez  les  réformés  allemands. 

NEATE  (Charles),  professeur  de  piano,  est 
né  à  Londres  en  1784.  Après  avoir  pris  les  pre- 
mières leçons  d'un  maître  peu  oonna ,  nommé 
Guillaume  Sharp ,  il  passa  sous  la  direction  de 
Field,  dont  il  reçut  les  conseils  jusqu'au  départ  de 
cetartiste  pour  Pétersbourg.  Il  se  fit  entendre  pour 
la  première  fois  en  public  dans  les  oratorios 
d*Asliley,  et  fut  un  des  fondateurs  de  la  société 
philharmonique,  dont  il  a  été  directeur  pendant 
plusieurs  années.  Vers  1804  il  fit  un  voyage  sur  le 
continent,  passa  huit  mois  à  Vienne,  puis  étudia 
la  composition  sous  la  direction  de  Winter  et  de 
VVoelfl.  En  1808  il  publia  son  premier  œuvre, 
consistant  en  une  grande  sonate  pour  piano,  dé- 
diée à  Woelfl.  Ses  occupations  conmie  professeur 
lui  firent  mettre  on  intervalle  de  quatorze  ans 
entre  cette  publication  et  celle  d'une  grande  so- 
nate (en  u^  mineur), œuvre  2,  qui  ne  parut  qu'en 
1822,  et  qui  a  été  réimprimée  à  Vienne ,  chez 
Haslinger.  Depuis  lors  Neate  a  fait  paraître  aussi 
quelques  fantaisies  et  variations  pour  le  piano. 

NEDELBiANN  (Wilhelh  ou  Guillaume  ), 
cantor  à  Essen,  vers  1830,  sur  qui  les  biogra- 
phes allemands  gardent  le  silence,  est  auteur  de 
plusieurs  recueils  de  chants  à  trois  ou  quatre 
voix  égales  pour  les  enfants,  publiés  par  livrai- 
sons à  Essen,  chez  Baedeker,  en  1830-1839. 

NEEB  (Uembi),  compositeur  et  directeur  de 
la  Liedertqfél  (Sodété  de  chant),  à  Francfort- 
sur-le-Mein,  est  né  en  1807  à  Lich,  dans  la  Hesse 
électorale.  Il  y  fit  ses  études  au  séminaire  de  Fried- 
berg,  et  y  apprit  la  musique  sous  la  direction  du 
recteur  Mûller,  auteur  de  l'opéra  Die  letiten 
Tage  von  Pompeji  (Les  derniers  jours  de 
Pompéi), qui  fut  représenté  au  théâtre  delà 
cour  à  Darmstadt,  au  printemps  de  1855.  Neeb 
se  rendit  ensuite  k  Biidingen,  où  il  reçut  des  le- 
çons du  directeur  de  la  Société  de  chant  ;  puis  il 
fut  envoyé  à  Francfort  et  y  devint  élève  d'Aloys 
Schmitt  pour  le  piano.  Compositeur  de  mélodies 
d'un  caractère  original,  il  a  écrit  aussi ^la  musique 
des  opéras  intitulés  Dominique  Baldi^  Le  Cid, 
et  Die  Schwarzen  Jxger  { Les  Chasseurs  noirs  ), 
qui  ont  été  représentés  au  théfttre  de  Francfort. 
En  1860  Neeb  était  directeur  des  sociétés  de 
chant  Euionia  et  Germanica, 

NEEDLER  (Heahi  ),  amateur  de  musique 
distingué,  est  né  à  Londres  en  1685.  Son  père, 
bon  violoniste  pour  son  temps,  lui  fit  commencer 
l'élude  de  son  instrument,  puis  le  plaça  sous  U 
direction  de  John  Banister  et  de  Parcell  pour  la 


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304 


KEEDLER  — '  NEEFE 


Gomposiiion.  Needler  Tut  le  premier  qui  joua  en 
Aogleterre  les  concerlos  de  Corelli.  En  1704  il 
obtint  un  emploi  supérieur  dans  les  accises  de 
Londres,  quoiqu'il  ne  fût  Agé  que  de  dix-neuf 
ans.  Cet  amateur  mérite  d*étre  mentionné  dans 
Fhistoire  de  Tart  comme  ayant  fondé,  en  1710, 
le  Concert  de  la  musique  ancienne.  Il  mourut  à 
Londres  leS  août  1760,  à  Tàge  de  soixante-quinze 
ans. 

NEEFE  (CHRÉTiEN-TnÉopfliLE  )y  né  le  5  fé- 
Trier  1748,  a  Chemnitz,  dans  la  Saxe,  étudia 
d'abord  le  droit  à  l^uniTersité  de  Leipsick ,  et 
reçut  dans  le  même  temps  des  leçons  de  Hiller 
pour  la  musique.  De  retour  à  Chemnitz,  il  y 
exerça  pendant  quelque  temps  la  profession  d'a- 
vocat, mais  continua  ses  études  de  musique,  et 
fit  même  quelques  essais  de  composition  qu'il 
envoya  à  son  maître,  particulièrement  des  petites 
sonates  et  d'autres  pièces  pour  le  clavecin,  que 
Hiller  a  insérées  dans  ses  Notices  hebdomadaires 
(  WœchentUche  NadiricMendie  Musikbeiref- 
fend),  de  1768.  Encouragé  par  le  suffrage  de  ce 
musicien  distingué ,  Neefe  prit  la  résolution  de 
renoncer  à  la  jurisprudence  pour  se  consacrer 
à  la  musique,  et  dans  ce  dessein  il  se  ren- 
dit une  seconde  fois  à  Leipsick,  en  1770.  Il  y 
trouva  des  encouragements  et  de  fréquentes 
occasions  pour  augmenter  ses  connaissances  et 
développer  son  Ulent.  Le  théâtre  de  cette  ville 
était  alors  dans  un  état  prospère,  et  l'opéra  alle- 
mand y  élait  accueilli  avec  faveur.  Neefe  y  fit 
représenter  quelques  pièces  qui  obtinrent  un  suc- 
cès honorable,  et  qui  furent  publiées  en  partition 
pour  le  piano.  La  place  de  chef  d'orchestre  du 
théâtre  lui  fut  aussi  offerte ,  et  pendant  plusieurs 
années  il  en  remplit  les  fonctions.  Il  ne  quitta 
cette  position  que  pour  s'attacher»  en  qualité  de 
cheif  d'orchestre,  à  une  troupe  de  comédiens  am- 
bulants, avec  laquelle  il  visita,  depuis  1776, 
Dresde,  Hanan,  Mayence,  Cologne,  Manheiro, 
Heidelberg  et  Francfort  ;  puis  il  alla  à  Bonn,  où 
il  eut  la  direction  de  l'orchestre  du  théâtre,  et  la 
place  d'organiste  de  la  cour.  Malheureusement 
il  ne  jouit  pas  longtemps  de  ces  avantages,  car  le 
prince  électeur  ayant  cessé  de  vivre  en  1785,  le 
théâtre  fut  fermé,  et  Neefe  perdit  le  traitement  de 
mille  florins  attaché  à  sa  place  de  chef  d'orchestre  ; 
il  ne  lui  resta  plus  pour  faire  vivre  sa  famille  que  le 
revenu  insuffisant  de  sa  place  d'organiste.  Il  dut 
chercher  alors  des  ressources  dans  l'enseigne- 
ment, et  bientôt  il  compta  parmi  ses  élèves  les 
personnes  les  plus  distinguées  de  la  ville;  mais 
le  nouveau  prince  ayant  réorganisé  le  spectacle 
de  la  cour,  Neefe  dut  rentrer  dans  ses  fonctions 
de  chef  d'orchestre  et  renoncer  à  celles  de  pro- 
.fesseur.  Peu  de  temps  après,  la  guerre  de  la  révo- 


lution avec  la  France  éclata  ;  les  armées  françai- 
ses  arrivèrent  sur  le  Rhin,  et  le  théâtre  fut  fermé 
de  nouveau.  Neefe  conduisit  alors  sa  fomile  à 
Amsterdam,  et  fit  entrer  sa  fille  au  théâtre  alle- 
mand comme  cantatrice;  il  aurait  accepté  lui- 
même  la  place  de  chef  d'orchestre  de  ce  tliéâtre,. 
si  son  prince  ne  l'avait  obligé  à  retourner  à  Boan. 
L'administration  française  l'employa  comme  ré- 
gisseur du  séquestre  des  biens  de  l'électeur;  mab 
la  saisie  définitive  de  ces  biens  ayant  été  déci- 
dée, il  [)erdit  encore  cet  emploi.  Sur  ces  entre- 
faites, la  troupe  allemande  d'Amsterdam  s'étaat 
dissoute,  la  fille  de  Neefe  entra  au  théâtre  de  Des* 
sau,  et  lui-même  y  fut  appelé  pouren  dhigerror- 
chestre,  en  1796.  Le  temps  des  pénibles  épreines 
semblait  passé  pour  lui  ;  il  commença  à  goûter  le 
plaisir  du  repos  après  tant  d'agitations.  EJi  1797, 
il  joignit  à  sa  place  de  directeur  de  musique  aa 
tliéâtre  celle  de  maître  de  concert  de  b  cour; 
mais  un  asthme  le  conduisit  au  tombeau,  le  26 
janvier  1798.  Neefe  a  eu  la  gloire  d'être  un  des 
maîtres  qui  ont  dirigé  les  premières  études  de 
Beethoven.  11  a  écrit  pour  le  théâtre  :  1"*  Die  Apo- 
theke  (  La  pharmacie)^  à  Leipsick,  1772,  gravé  en 
partition  pour  le  piano.  —  2^  Amor's  Gudikas' 
^en(  L'Optique  de  l'amour),  ibid.,  1772,  grifé 
en  partition  pour  le  piano.  —  3®  Die  Einsprud 
(L'Opposition),  à  Leipsick,  1773, gravé  eu  parti- 
tion pour  le  piano.  —  4^  La  plupart  des  ain  ds 
petit  opéra  Intitulé  :  Dorfbarbier  (  Le  Barbier 
de  village),  gravé  en  partition  pour  le  piano^  à 
Leipsick,  1772.  —  5^  Henri  d  Lyda,  graré  es 
partition,  à  Leipsick,  en  1777.  •—  6**  Zémireet 
Azor,  dont  l'air  :  Der  blumen  KœrUgin  (La  Reine 
des  fleurs)  se  trouve  dans  la  collection  d'airs  d'o- 
péras publiée  par  Hiller  en  1778 —  7°  àdelheit 
von  Veltkeim  (Adélaïde  de  Yeltheim),  àBoon, 
en  1781 .  —  S^*  Chant  des  Bardes,  dans  la  tragé- 
die :  Die  Romer  in  DeaUchland  (Les  Romains 
dans  la  Germanie).  —  9®  Sophonisbe,  mono- 
drame,  publié  à  Leipsick ,  en  partition  pour  le 
piano,  1782.  —  lO**  Dieneuen  Gutsherm  (Les 
nouveaux  Propriétaires),  gravé  en  partition  pour 
le  piano,  l^'et  2*  parties,  Leipsick^  1783  et  1784. 
--11^  Beaucoup  d'entr'actes  et  d'autres  mor- 
c^ux  pour  des  drames.  Parmi  les  composittoos 
de  Neefe  pour  l'église  on  remarque  .  1°  Le  Pater 
noster,  en  allemand.^  2**  L'ode  de  Klopstock: 
Dem  Unendlichen,  à  4  voix  et  orchestre.  Ses 
principaux  ouvrages  de  musique  instrumen- 
tale consistent  en  un  concerto  |H>nr  piano  et 
violon ,  avec  orchestre  ;  six  sonates  pour  piano, 
gravées  à  Glogau,  chez  GOnther;  trois  œuvres 
de  sonates  pour  piano  seul,  publiés  à  Leipsick 
depuis  1 774  jusqu'en  1784  ;  fantaisies  pour  piano, 
Bonn,  Simrock  ;  variations  sur  l'air  allemaDd  • 


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NEEFE  —  NEGRl 


295 


Dos  FrûhstiUk,  ibid.,  1793;  marche  des  prê- 
tres de  la  Flûte  enchantée,  variée,  ibid.  Neefe 
a  aussi  arrangé  pour  ie  piano  beaucoup  d'opéras 
de  Mozart  et  d'antres  compositeurs ,  ou  traduit 
en  allemand  des  opéras  de  Grétry,  Dalayrac, 
Desatdes,  Palsiello,  etc.  Enfin  on  a  de  lui  des 
cliansons  pour  les  enfants,  avec  accompagnement 
de  piano,  publiées  à  Glogau ,  chez  Gûuther,  et 
des  mélodies  pour  les  Beves  et  images  de  per- 
der;  Leipsick^  Breitkopfot  Heertel.  Il  est  auteur 
d*one  dissertation  sur  les  répétitions  en  musique, 
insérée  au  Musée  allemand  en  1776,  et  de  ren- 
seignements snr  la  musique  à  Munster  et  à  Bonn, 
dans  le  Magasin  de  Cramer  (V  année,  1783). 

NEEFE  (M*"'),  femme  du  précédent, dont 
le  nom  de  famille  était  ZINK,  naquit  à  Warza, 
dans  le  duché  de  Gotha,  et  reçut  son  éducation 
musicale  dans  la  maison  do  compositeur  Georges 
Benda.  Après  avoir  débuté  sur  le  tliéfttre  de  la 
cour  de  Gotlia,  elle  prit  on  engagement  dans  la 
tronpe  de  Seiler,  en  1777,  parcourut  avec  elle 
une  partie  de  TAllemagne,  et  devint  la  femme  de 
Neefe  à  Francfort,  en  1778.  Elle  a  publié,  dans 
la  première  année  de  la  Gazette  mBsicale  de  Leip- 
sick,  une  notice  biographique  sur  son  mari,  qui 
l'avait  rédigée  jusqu'à  Tannée  1782,  et  y  ajouta 
une  continuation  qu'on  trouve  page  360  du  pre- 
mier volume  de  cet  écrit  périodique. 

iXEGRI  (CésAB),  né  à  Milan,  surnommé  par 
les  Italiens  il  Trombone,  fut  un  professeur  de 
danse  trè^célèbre  dans  le  seizième  siècle  et  au 
commencement  du  dix-septième.  Il  est  connu  prin- 
cipalement par  un  Traité  de  la  danse  et  de  la 
musique  propre  au  ballets,  intitulé  :  Nuove 
inventioni  di  balH,  opéra  vaghissima  di 
Cesare  Piegri ,  nella  quale  si  danno  i  ffiusH 
tnodi  del  ben  portar  la  vita  e  di  accomodarsi 
con  ogni  leggiadria  di  movintento  aile  creanze 
e  grazie  d'amore  convenevoli  a  tutti  i  cava- 
lieri  e  dame  per  ogni  sorte  di  ballo,  ballettOy 
e  brando  d*ItaUa,  d'Ispagna,  edi  Francia, 
con  figure  bellissime  in  rame,  e  regole  délia 
musica  e  intavolatura  quali  si  richiedono  al 
stiono  e  al  canto,  divise  in  ire  trattaii;  Milan, 
1664,  in-fol.  On  trouve  en  tète  de  l'ouvrage  le 
portrait  de  Taiiteur,  à  Tàge  de  soixante-six  ans. 
NEGRl  (MARC-AirroiNE),  compositeur,  né  à 
Vérone,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  obtint  la  place  de  vice-maitre  de  diapelle 
de  la  cathédrale  de  Saint-Marc,  à  Venise,  le  22 
décembre  1612,  et  naourut  en  1620.  11  eut  pour 
successeur  dans  sa  place  Alexandre  Grandi 
(  voyez  ce  nom),  le  17  novembre  de  cette  année  ; 
il  a  publié  à  Venise,  en  1613,  des  psaumes  à  sept 
voix. 
NEGRI  (Joseph),  né  également  à  Vérone 


dans  la  seconde  mollié  du  seizième  siècle,  et 
peut-être  parent  du  précédent,  fut  attaché  à  la 
musique  de  Télecteor  de  Cologne,  et  a  publié  à 
Venise,  en  1622  :  Madrigali  ed  atie, 

NEGRl  (François),  de  la  même  famille  que 
les  précédents,  naquit  à  Vérone,  en  1609,  et  fut 
maître  de  chapelle  de  l'église  Santo^Bemardino» 
Il  a  composé  beaucoup  de  musique  d'église  qui 
est  restée  en  manuscrit,  et  a  publié  un  recueil  de 
pièces  de  chant  pour  plusieurs  voix,  sous  le  titre  : 
Àrie  mu9icali;  in  Venezia,  app.  AL  Vincenti, 
1635,  in-40. 

NEGRl  (Marie-Anns-Catherine),  canta- 
trice distinguée,  naquit  à  Bologne  dans  la  pre- 
mière année  du  dix -huitième  siècle,  et  fut  élève 
de  Pasi,  qui  Tétait  lui-même  de  Pistocchi.  En  1 724 
elle  fut  attachée  au  théfttre  du  comte  de  Spork,  à 
Prague,  et  y  chanta  jusqu'en  1727  ;  alors  elle  re- 
tourna en  Italie  où  elle  brilla  sur  plusieurs  théâtres 
jusqu'en  1733,  époque  où  elle  fut  engagée  par 
Hœndel,  pour  chanter  à  son  théâtre  de  Londres. 

NEGRl  <Beno1t)^  professeur  de  piano  au 
Conservatoire  de  Milan,  est  né  â  Turin  le  23  jan- 
vier 1764 .  Après  avoir  fait  ses  études  en  cette 
ville,  sous  la  direction  de  Tabbé  Ottani,  puisa 
Milan,  sous  Boniface  Asioil,  il  obtint  en  1810  sa 
place  de  professeur  au  Conservatoire  de  cette 
ville.  En  1823 ,  il  a  été  nommé  mettre  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale.  Ce  musicien  s'est  fait  con- 
naître par  un  traité  élémentaire  de  l'art  de  jouer 
du  piano,  intitulé  :  Supplemento  ai  metodi  di 
piano-forte,  composio  e  dedicato  aile  sue  al- 
Uevi;  Milan,  Ferd.  Artaria,  1822,  in-fol.  de  21 
pages.  Dans  un  voyage  qu'il  a  fait  à  Paris,  il  a 
fait  imprimer  un  opuscule,  intitulé  :  Instruction 
auxamatmrs  du  ckant  italien  ;  Paris,  Pacini, 
in-S"*  de  34  pages  1834.  Il  a  aussi  publié  de  sa 
composition  :  1**  Nocturne  pour  piano  et  flûte 
sur  un  air  de  Rossini  ;  Milan,  Ricordi.  — -  2^  Pot- 
pourri  pour  piano  et  flôte  sur  des  thèmes  de  la 
Donna  del  Lago  ;  Milan,  Bertuzzi.  —  3**  Grande 
polonaise  brillante  et  expressive  pour  piano  seul  ; 
Milan,  Ricordi.  —  4^  Variations  pour  harpe  et 
piano  sur  la  cavatine  Di  tanti  palpiti  ;  ibid.  — 
5^  Grande  Sonate  pour  piano  seul  ;  ibid,  Megri  est 
mort  h  Milan,  le  24  mars  1864,  à  Tâgede  soixante- 
dix  ans. 

On  connaît  aussi  sous  le  nom  de  Negri  quel- 
ques compositions  pour  la  flûte  imprimées  à  Mi- 
lan, chez  Ricordi;  j'ignore  si  elles  appartiennent 
au  même  artiste. 

NEGRI  (GicLio  SAN-PIETRO  DE'),  amateur 
de  musique,  né  à  Milan,  dans  la  seconde  moitié 
du  seizième  siècle,  d'une  famille  noble,  s'est  fait 
connaître  par  plusieurs  œuvres  de  chant  dont 
je  ne  connlis  que  ceux  dont  les  titres  suivent  : 


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296 


NEGRl  —  NEHRLICH 


l"*  Grazie  ed  affelti  di  musica  moderna,  a 
una,  duet  ^ire  voci.  DacarUarenelclavicordiOf 
chitarrone,  arpa  doppia,  et  allri  simili  isiro- 
menti.  Opéra  quinla:  inMilano,  appresso  Fi' 
lippo  LomazzOy  1613,  infol.  Ce  recueil  contient 
44  chanU  dans  le  nouveau  style  mis  *  en  vogue 
par  Jules  Caccini.  —  2*  Seconda  libro  délie 
grazie  ed  afjeii  di  musica  moderna  a  una , 
due,  être  voci.  Dacantare,  etc.  Opéra  ottava; 
in  Venetia,  appresso  Giacomo  Vincenti,  1615. 
in- fol.  Ce  recueil  contient  23  chants. 

NEGRI-TOm  (  Anmb),  surnommée  la  Mes- 
irlna,  naquit  à  Venise,  ou  plutôt  à  Mestre , 
près  de  cette  ville,  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle.  Elle  fut  considérée  comme  une 
des  plus  habiles  cantatrices  de  ritalie,  depuis 
1670  jusqu'en  1685. 

NEHRLICH  (Jean-Pibiire-Tbéodore),  pia- 
niste et  compositeur,  est  né  à  Erfurt,  en  1770. 
Doué  d*heureuses  dispositions  pour  la  musique, 
il  les  cultiva  de  bonne  heure,  et  pendant  qu*il 
faisait  ses  premières  études  au  collée  il  reçut  des 
leçons  de  Weimar,  qui  le  rendit  habile  dans  la 
lecture  à  première  vue.  Plus  tard  on  Penvoya  à 
Hambourg  près  de  Charles-Philippe-Emmanuel 
Bach,  qui  lui  lit  faire  de  rapides  progrès  sur  le 
piano  ;  mais  ayant  perdu,  d'une  manière  inatten* 
due  et  prématurée,  sa  voix  de  soprano,  il  ne  put 
rester  à  Técole  de  Sainte-Catherine ,  et  fut  obligé 
de  retourner  à  Erfurt.  Il  y  trouva  heureusement 
dans  les  excellents  organistes  Kittel  et  Haesler 
des  guides  pour  la  continuation  de  ses  études  :  il 
perfectionna,  sous  leur  direction,  les  connais- 
sances qu'il  avait  acquises.  Le  désir  quMl  éprou- 
vait de  pouvoir  jouer  de  plusieurs  instru- 
ments le  décida  à  se  mettre  en  apprentissage 
pour  cinq  ans  chez  le  musicien  de  la  ville  à  Gœt- 
tingue;  sa  persévérance  triompha  des  dégoûts 
inséparables  d'une  semblable  position.  Il  n^avait 
point  encore  achevé  ce  temps  d'épreuves  lorsqu'il 
exécuta  à  Gœtlingue,  dans  un  concert  donné  le 
26  janvier  1793,  un  concerto  de  piano  de  sa  com- 
position ,  dont  Forkel  a  fait  un  éloge  que  Gerber 
a  eu  sous  les  yeux.  Après  avoir  passé  les  cinq 
années  de  son  engagement  à  Goettingue,  Nehrlich 
obtint,  sur  la  recommandation  de  Haesler,  une 
place  de  professeur  de  musique  dans  une  famille 
riche  à  Dorpat,  en  Esthonie.  11  resta  dans  cette 
situation  pendant  plusieurs  années  ;  des  motifs 
inconnus  la  lui  firent  ensuite  abandonner  pour 
se  rendre  à  Moscou.  Des  variations  pour  le 
piano  sur  des  airs  rnsses,  qu'il  publia  à  Péters- 
bourg  le  firent  connaître  avantageusement,  et 
bientôt  il  fut  le  professeur  de  piano  le  plus  re- 
cherché parmi  ceux  qui  se  trouvaient  à  Moscou. 
Les  événements  de  la  guerre  de  1812  l'obligèrent 


à  sortir  de  cette  ville  ;  mais  plus  tard  il  y  re- 
tourna et  y  reprit  la  carrière  de  reoseignemeot 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1817.  On  connaît  de 
cet  artiste  :  1®  Airs  russes  variés  pour  le  piano, 
op.  1  ;  Pétersbourg,  1795,  —  1*  Idem,  op.  2; 
ibid.  —  3**  Fantaisies  sur  une  chanson  russe, 
op.  3  ;  Moscou.  -*  4*^  Six  leçons  pour  le  clave- 
cin, op.  4;  ibid.  —  ô""  Vingt-quatre  préludes 
daog  tous  les  tons  majeurs  et  mineurs»  op.  5  ; 
ibid.^  1798.  ~  6^  Fantaisie  et  variations  sur  nn 
air  russe,  op.  6  ;  Pétersbourg,  1802.  —  7**  Vingt- 
cinq  odes  et  hymnes  spirituelles  de  Gellert,  op.  7; 
Leipsick.  —  8^  Quelques  airs  variés  pour  le 
piano. 

NËHRLIGH  (C.-G.),  professeur  de  chant  à 
Berlip,  est  né  en  Saxe  vers  1810  et  a  fait  ses 
études  musicales  à  Dresde.  En  1839  il  ouvrit 
une  école  de  chant  à  Leipsick,  puis  il  publia  une 
théorie  très- développée  de  cet  art,  sous  ce  titre  : 
Der  Gesangkunst  oder  die  Geheimnisse  der 
grossen  ilalienischen  und  deutschen  Gesang- 
meister  aller  und  neuer  Zeit,  vom  pkyisiolo- 
gische-psychologischen^  ieslheUschenund  pœ- 
dagogiscken  Stundpunkle  aus  beirachiet,  etc. 
(L'Art  du  chant,  ou  les  Secrets  des  grands  maî- 
tres de  chant  italiens  et  allemands  des  temps  an- 
ciens et  modernes,  etc.  )  ;  un  gros  volume  in-S" 
avec  des  planclies  anatomiques  des  organes-  de  la 
voix  ;  Leipsick,  B.  G.  Zeubner,  1841.  A  peine  cet 
ouvrage  eut-il  paru,  que  M.  Mannstein  {-t^oya 
ce  nom),  auteur  d'un  livre  intitulé  :  La  Grande 
École  de  chant  de  Bemacchi  de  Bologne ,  pu- 
blié à  Dresde  en  1835,  adressa  à  la  rédaction  de 
la  Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick, 
une  longue  réclapiation  dans  laquelle  il  qualifie 
le  travail  de  M.  Nehrlich  dHmpudent  plagiat: 
Fink,  alors  rédacteur  en  chef  de  cette  gazette 
publia,  dans  le  n»  42  de  Tannée  1841,  une  ana- 
lyse sévère  de  cet  ouvrage,  et,  entrant  dans  les 
vues  de  M.  Mannstein,  donna  une  liste  étendue 
des  chapitres  et  des  passages  qui  ont  de  l'aoa- 
logie  avec  les  principes  exposés  dans  la  Grande 
École  de  chant  de  Bemacchi.  M.  André  Som- 
mer, professeur  de  philosophie,  fit  à  cette  ana- 
lyse partiale  une  réponse  péremptoire  qui  parut 
dans  le  n*^  45  du  même  journal  de  musique,  et 
démontra  par  des  arguments  sans  réplique  que 
les  prétendus  plagiats  ne  sont  autre  chose  que 
les  principes  qui  sont  les  bases  de  Part  du  chant, 
lesquels  se  trouvent  dans  les  livres  de  Tosi,  de 
Mancini,  de  Mengozzi,  partout  enfin  ;  principes 
qui  sont  le  fruit  de  l'expérience  de  tous  les  temps 
et  n'appartiennent  k  personne  en  particulier. 
Nehrlich  a  donné  une  deuxième  édition  re- 
maniée et  fort  augmentée  de  son  livre  sous  te 
titre  :  Die  Gesangkunst  physiologisch,  psycho- 


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KEHRLICH  —  NEITHARDT 


297 


toglKh  y  «sihetlsch  und  pœdagogisch  darge- 
stellt  (L'Art  da  chant  :  exposé  physiologique, 
psychologique,  esthétique  et  pédagogique)  ;  Lei- 
psicii,  B.-G.  Teubner,   1853,  un  vol.  gr.  in-8% 
de  500  pages,  avec  deux    planches.  En  1846, 
Tauleur  de  cet  ouvrage  ouvrit  une  école  de  chant 
à  Hambourg,  et  en  1850  il  s'éUblit  à  Berlin. 
On  a  du  même  professeur  une  méthode  pratique 
de  l'art  du  chant  intitulée  :  Gesangschule  fUr 
gebildete  Stiinde  ;  Ein  Tkeor.  ^prakt,  Hofid" 
buch  fur  Aile,  e/c;  Berlin,  Logier,  1844,  in-4<^. 
NEIDHARDT  (  Jbâii-Geokcbs),  né  à  Ber- 
stadt,  en  Silésie ,  dans  la  seconde  moitié  du  djx- 
septième  siècle,  fit  de  bonnes  études  aux  uni- 
versités de  Jéna ,  de  Leipsick,  et  en  dernier  lieu, 
de  Kœnigsberg,  où  il  suivit  un  cours  de  théo- 
logie. En  1720  il  obtint  la  place  de  maître  de 
chapelle  à  l'église  de  la  citadelle  de  cette  der- 
nière ville,  et  il  mourut  dans  cette  position  le 
1*' janvier  1739.  Lorsqu'il  était  encore  étudiant 
à  Jéna ,  il  publia  son  premier  livre  relatif  à  la 
musique   sons  ce  titre  :    Beste  und  leichteste 
Temperaiur    des  Monochordi,    Vermiltelst 
welcher  dos  heutiges  Tages  braucMiche  Ge- 
nus  Diaionica-Chromaiicum  also  eingerichiet 
vHrd,  etc.  (Le  meilleur  et  le  plus  facile  tempé- 
rament do    monocorde,    etc.),  Jéna,    1706, 
in  4**  de    104  pages.   Avant  que  cet  ouvrage 
parût,  la  matière  n'avait  été  traitée  ni  aussi  bien, 
ni  d'une  manière  aussi  complète  et  avec  autant 
•  d'ordre.  Les  huit  premiers  chapitres  renferment 
des  tables  de  proportions  de  tous  les  intervalles 
diatoniques,    chromatiques  et  enharmoniques, 
au  point  de  départ  de  tous  les  degrés  de-  l'é- 
chelle chromatique  pris  sur  le  monochorde.  Les 
travaux  d'Euler,  ni  ceux  des  autres  canonistes 
n'ont  rien  ajouté  à  ceux  de  Néidhardt  sous  ce 
.rapport.  Je  possède  un  précieux  exemplaire  de 
ce  petit  Traité  annoté  par  Nichelman  (  F.  ce 
nom  ) ,  et  qui  a  appartenu  à  Marpurg ,  puis  à 
Forkel.  Dix -huit  ans  après  que  ce  livre  eut  été 
publié ,  Néidhardt  fit  paraître  un  opuscule  sur 
un  sujet  analogue,  fattitulé  :   Seclio  Canonis 
havnonici,  ziir  vœlligen  Richtigkeit  derGe- 
nerum  modulandi  (  Division  du  canon  harmo- 
nique pour  la  complète  justesse  des  intervalles 
des  sons),  Koenigsherg,  1724,  in-4^de  36 pa- 
ges. Ce  petit  ouvrage  a  de  l'importance ,  car  il 
me  parait  être  le  premier  où  les  logarithmes 
ont  été  appliqués  au  calcul  des  intervalles.  Enfin 
l'auteur  de  ces  travaux  fit  une  excellente  com- 
paraison des  divers  systèmes  de  tempérament  au 
moyen  de  circttlaUons  complètes  de  quintes,  de 
tierces  majeures  et   de  tierces  mineures ,  dans 
le  livre  qui  a  pour  titre:  Gœntzliche  ersehœpfte 
mathematische  Àbiheilungen  des  Diatonisch* 


chromatischen  temperirten  Canonis  Mono" 
chordi,  etc.  (Division  parfaite  et  mathématique 
du  canon  diatonico-chromatico-tempéré  du  mo- 
nocorde, dans  laquelle  on  montre  comment  on 
peut  trouver  tous  les  tempéraments ,  etc.  ) ,  Kœ- 
nigsberg 1732,  in'4*  de  52  pages.  Gerber  cite 
une  édition  du  même  ouvrage  datée  de  Leip- 
sick et  de  Kœnigsberg,  1734;  on  en  trouve  un 
exemplaire  dans  la  Bibliothèque  royale  de  Ber- 
liu.  Nous  apprenons  deMattheson  (  DerDolkoni' 
mené  Kapellmeister^  troisième  partie,  chap.  18, 
page  352)  que  Néidhardt  fut  le  premier  qui 
traita  d'une  manière  mathématique  des  accords 
brisés ,  c'est-à'dire  des  batteries  et  des  arpèges, 
dans  un  Traité  de  composition  écrit  en  latin ,  et 
qui  est  resté  en  manuscrit  :  nous  voyons  dans 
le  Dictionnaire  des  musiciens  de  la  Silésie, 
par  Hoffmann ,  que  cet  ouvrage  se  trouvait 
dans  la  bibliothèque  de  Reichardt,  en  1812. 
Comme  compositeur,  Néidhardt  a  publié  les  Sept 
psaumes  de  la  pénitence. 

NEILSON  (Ladrencb-Cornélius)  ,  organiste 
et  pianiste  anglais,  naquit  à  Londres,  vers  1760. 
A  Tftge  de  sept  ans  il  accompagna  ses  parents 
en  Amérique  ;  il  y  perdit  son  père  et  revint  eU 
Europe.  Une  spéculation  sur  la  pèche  de  la  tor- 
tue causa  la  ruine  de  sa  famille.  Neilson  avait 
atteint  sa  quarantième  année  lorsqu'il  embrassa 
la  profession  de  musicien.  Il  se  livra  d'abord  à 
l'enseignement  à  Nottingham  et  à  Derby,  puis 
fut  organiste  à  Dudiey.  Mécontent  de  sa  posi« 
tion  dans  cette  dernièl^  ville ,  il  la  quitta  après 
deux  ans ,  et  retourna  à  Nottingham.  Après  la 
mort  de  Samuel  Bower,  organiste  à  Chesterfield , 
il  lui  succéda  comme  professeur  de  musique, 
mais  il  n'obtînt  pas  de  le  remplacer  à  l'orgue  de 
cette  paroisse;  néanmoins  il  continua  d'y  fixer 
sa  résidence.  Neilson  vivait  encore  en  1830, 
mais  depuis  cette  époque ,  on  n'a  plus  de  ren- 
seignements sur  sa  personne.  On  a  gravé  de  sa 
composition,  à  Londres  :  1^  Trois  sonates  pour 
le  piano,  op.  1.  —  2*  Une  idem/  op.  2.  — 
3^  Douze  divertissements  pour  le  piano.  — . 
4**  Trois  duos  pour  deux  flûtes.  —  6°  Trois  re- 
cueils d'airs  pour  une  flûte  seule.  6^  Journal 
de  pièces  pour  la  flûte  ;  il  en  a  paru  six  numé- 
ros. —  7^  Douze  duos  pour  deux  flûtes.  — > 
8®  Un  livre  de  psaumes  et  d'hymnes  pour  l'é- 
glise; et  des  airs  détachés  avec  accompagnement 
de  piano. 

NEITHARDT  (  Herbi-Auguste),  composi- 
teur et  directeur  des  Domchor  à  Berlin ,  est  né 
à  Schleiz,le  10  août  1793.  Élève  de  l'organiste 
de  la  cour  Ebhardt ,  il  apprit  de  lui  le  chant,  le 
clavecin  et  l'orgue ,  puis  il  se  livra  à  l'étude  de 
la  clarinette  et  entra  à  la  chapelle  princière  de 


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298 


NEITHARDT  —  NENNA 


Schleiz  pour  y  jouer  cet  instrument.  En  I8i:\' 
époque  du  soulèvement  de  l'Allemagne  contre 
la  domination  française ,  il  entra  comme  Tolon- 
taire  dans  un  bataillon  de  chas^tears  et  fit  les  ; 
campagnes  de  1813,  1814  et  1815.  De  retour  à 
Berlin  en  1816»  et  libéré  du  service  militaire, 
M.  Neithardt  se  livra  à  Texercice  de  son  art. 
En  1839,  il  a  été  nommé  directeur  du  chœur  du 
Dom,  dont  il  remplissait  encore  les  fonctions 
en  1860.  Parmi  ses  compositions  gravées,  qui  | 
sont  au  nombre  de  plus  de  cent  œuvres,  on  I 
remarque  :  1**  Symphonie  concertante  pour  deux 
cors ,  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  ^  2®  Des 
marches  pour  musique  militaire,  op.  58,  Ber- 
lin ,  Laue.  ^-  3**  Des  quintettes  pour  flûte ,  vio- 
lon et  basse,  op.  a  et  47  ;  Berlin,  Schlesinger.  — 
40  Des  quataors  et  des  trios  poor  cors  ;  ibid. 

—  5°  Des  duos  pour  le  même  instrument,  — 
6**  Des  sonates  pour  piano  seul.  — -  7^  Des  diver- 
tissements et  des  pièces  de  différents  genres  pour  ' 
cet  instrament.  —  8**  Des  variations,  idem.  —  ! 
9**  Un  très-grand  nombre  de  cahiers  de  danses ,  I 
valses  et  polonaises  pour  le  même  instrument.  ' 

—  10^  Plusieurs  suites  de  marches,   id.   —  ' 
11*"  Des  chants  pour  quatre  voix  d'hommes.  — 
12*  Des  chants  à  voix  seule  avec  accompagne- 
ment  de   piano,  des  hymmes  et  des  chœurs. 
M.  Neltliardt  a  écrit  aussi  la  musique  de  l'opéra 
Manfred  et  Juliette ,  qui  a  été  représenté  à 
Kœnigsberg ,  en  1835.  La   plupart  de  ses  pro-  ' 
ductions  ont  paru  à  Berlin  sons  le  titre  :  Sam-  I 
mlung  religiœser  Gesange  xltererundneues'  ' 
ter  Zeit,    M.  Neithardt  a  publié  no  recueil 
intéressant  de  morceaux  de  musique  religieuse  de  i 
maîtres  anciens  et  modernes  qui  font  partie  du  ré-  ' 
pertoire  de  l'excellent  chœur  du  Dom ,  à  Berlin.  ' 
On  y  trouve  quelques  morceaux  bien  écrits  de 
l'éditeur,  et  son  potrait;  Berlin,  Bote  et  Bock.  ; 

NELVl    (Joseph-Marie),    né  k  Bologne 
en  1697,  fut  élève,  pour  l'orgue  et  le  contrepoint,  > 
de  Floriano   Aresti ,  puis  de  Riccieri.  En  1725,  | 
il  se  rendit  en  Pologne,  en  qualité  de  maître  de 
chapelle  du  prince  SUnislas  Rzewucki,  généra-  i 
lissime  de  la  couronne,  pois  entra  au  service  ' 
do  prince  de  La  Tour  et  Taxis ,  k  Ratisbonne. 
De  retour  à  Bologne,  en  1734,  il  y  remplit  les 
fonctions  de  maître  de  chapelle  dans  plusieurs  éi^li- 
ses ,  puis  fut  appelé  à  Viterbe  pour  y  diriger  la  ' 
chapelle  de  la  cathédrale.  Agrégé  à  l'académie  des  ' 
Phiharmoniques  de  Botogne,  en  1722,  il  en  fut 
nommé  prince  en  1787.  Neivi  a  fait  représenter  ' 
dans  cette  ville,  en  1723,  Àmornato  trà  le  cm*  ' 
bre.  L'année  suivante  il  donna  :  L'Odio  redivivo,  ' 

NËMET2  (André),  professeur  de  musique 
à  Vienne  et  chef  de  la  musique  d'un  régiment  an-  ' 
trichien,  naquit  en  Bohème  en  1799,  et  mourut  k  ' 


Vienne  le  21  septembre  1846,  après  une  doulon- 
reuse  maladie  dont  la  durée  avait  été  de  18  ukhs. 
Cet  artiste  a  publié ,  chez  Diabelli ,  en  celte  ville  : 
Homschule  filr  dos  Einfachey  das  MachiMn 
und  das  Signalhorn  (  Méthode  poor  le  cor  or- 
dinaire, le  cor  à  pistons ,  et  te  cor  de  signal } , 
1828.  —  2*  Neuesie  Trompetemchule  {^wstWt 
école  de  trompette),  idem.  —  3**  Neueste  Posaun- 
schule  (  Nouvelle  méthode  de  tromt>oiie  ),  idem. 
NEMORARIUS  (  Jobdanus),  mathémalicieo 
et  philosophe  qui  vécut  dans  le  septième  siècle, 
a  écrit  Arithmetica  musicaf  Epiiome  in 
Arithtneticam  Boetii  et  aUa  opuscula  mathe- 
matica,  qu'on  a  imprimé  à  Paris  en  1503, 
in- fol.  Jœcher  (  Gelekrten  Lexic.  )  l'appelle  .V^ 
moraiius,  et  le  fait  vivre  au  commencement  du 
treizième  siècle.  C'est  probablement  de  cet 
écrivain  que  Mersenne  a  touIu  parler  lor«qa'il 
dit  (Harmonie  universelle,  liv.  I,  p^ed4): 
«  Ilifiiudrait  deacrire  les  7^,  8*  et  9*  (livres)  d'Eu- 
m  dide  et  le  premier  livre  de  la  mnsiqne  de 
«  Jordan  f  si  on  vouloit  dire  tout  ce  que  la  ma- 
W  sique  emprunte  de  rarithmétiqoe.  »  LUrilh- 
métique  de  Jordanus  Nemorarius,  divisée  eo 
dix  livres,  a  éfé  publiée  par  Henri  EstieDoe, 
avec  le  traité  spéculatif  de  musique  de  Jacques 
Faber  ou  le  Febvre  d'£taples,  l'Abrégé  de 
l'Arithmétique  de  Boèce,  et  l'analyse  d'on  jeu 
arithmétique  appelé  Lndus  rhytmimachix.  Le 
volume  a  pour  titre  :  Jn  hoc  opère  contenta 
Arithmetica  decem  libris  demonstraia  ; 
Musica  Ubiis  demonslrata  quatuor;  Epi- 
tome  in  Ubros  arithmeticos  divi  Sererini 
Boetij;  Rythmimachi»  ludus  qtU  H  jmgna 
numerorum  appellatur.  Au  dernier  feutlleioD 
lii:  Ad  studiorumuUlitatem  Henrid  Stephani 
labore  et  sumptu  Parhysiis  Anno  salutis  Do- 
mini  y  1514 ,  in-fol.  Le  dixième  livre  du  traité  de, 
Jordanus  Nemorarius  est  relatif  aux  proportwss 
arithmétiques  et  géométriques  delà  muskjue. 

NEIVN  A  (  PoMpoiiius  ) ,  compositeur  de  ma- 
drigaux, naquit  à  Bari,  dans  le  royaume  de 
Naples,  vers  1560.  Il  fut  eréé  chevalier  de  PË* 
peron  d'or,  et  couronné  de  lauriers,  à  Naples, 
en  1613.  Bien  qu'on  ne  connaisse  aujourd'hui 
aucune  des  premières  éditions  de  ses  composi- 
tions, il  est  certain  qu'elles  ont  dO  paraître 
dansles  dernières  années  du  seizième  siècle,  puis- 
que l'on  trouve  quelques-uns  de  ses  madrigaux 
dans  le  recueil  de  pièces  de  ce  genre  à  desx 
voix ,  de  divers  aateura  de  Bari,  publié  k  Venise 
en  1585,  et  que  la  collection  intitulée  :  Melo- 
diaolimpica  di  diversi  ecceUentissimimusici 
(Anvers,  P.  Phalesio,  1594),  renferme  deux 
de  ses  madrigaux  k  cinq  voix.  La  quatrième  édi- 
tion du  septième  livre  de  ses  madrigaux  à  cinq 


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JVENNA  —  NÉRON 


Toîx  parut  à  Venise  en  1624.  On  doit  <lonc  consi- 
dérer comme  des  réimpressions  toutes  les  édi- 
tions des  divers  livres  de  ces  madrigaux  indiqués 
par  le  père  Martini ,  dans  la  table  des  auteurs 
cités  au  deuxième  volume  de  son  Histoire  %é- 
nérale  de  la  musique  ;  ces  éditions  sont  les  sui- 
vantes :  1°  Madrigali  a  cinque  voci,  lib.  1,  2, 
3,  4,  5,  6,  7,  8,  Venise,  1609,  1612,  1613, 1617, 
1618,  1624,  in-4^  Je  possède  la  quatrième  édi- 
tion du  sixième  livre  à  S  voix  ;  elle  a  pour  titre  : 
Di  Pomponio  Nenfut^  cavalière  di  Cesare  il 
snsto  Ubro  de  Madrigali  a  cinque  voci,  Quarta 
impressione.  Stampa  del  Gardano  in  Ve- 
netia ,  1628,  oppressa  Barih.  Magni ,  in-4^. 
.—  2**  Madrigali  a  qualtro  voci,  lib.  1,  ib., 
1631,  in-4^  Le  titre  de  la  quatrième  édition  du 
septième  livre  à  cinq  voix  est  celui-ci  :  Nenna 
{Pomponio  ),  cavalière  Cesareo  :  il  setdmo 
lihro  de  Madrigali  a  cinque  voci,  quarta 
impressione.  Stamperia  del  Gardano,  in 
Vmeiia,  1624,  in-4^  La  musique  de  Nenna 
marque  d'une  manière  particulière  Tépoquc  de 
transition  de  Fart  à  laquelle  il  appartient.  Son 
citant  manque  de  gr&ce  et  le  rliythme  en  est 
faible  ;  mais  son  harmonie  entre  résolument  dans 
le  système  créé  par  Monteverde ,  et  les  intona- 
tions les  plus  dilTiciles  pour  les  voix,  telles  que  la 
seconde  et  la  quarte  diminuées,  sont  fréquemment 
employées  par  lui  avec  une  grande  hardiesse. 

NERl  (Saint-Philippe),  fondateur  de  la  congré- 
gation de  rOratoire,  en  Italie,  naquit  à  Florence  le 
21  juiileMâlS,  d'une  famille  noble,  et  se  rendit  à 
Rome  y  à  l'Age  de  dix-huit  ans,  pour  y  achever 
ses  études.  Ses  sentiments  pieux  le  décidèreut  à 
se  retirer  du  monde  pour  se  livrer  au  soulage- 
ment des  pèlerins  qui  visitaient  Rome.«En  1551, 
il  fut  ordonné  prêtre ,  entra  dans  la  commu- 
nauté de  Saint-Jérôme ,  et  se  chargea  du  soin 
d'instruire  des  enfants.  Il  tenait  à  cet  effet  des 
conférences  dans  l'église  de  la  Trinité.  Plus  tard 
il  associa  quelques  jeunes  ecclésiastiques  à  ses 
travaux ,  et  lies  réunît  en  communauté ,  sous  ie 
nom  ô'Oratorii,  en  1564.  C'est  alors  qu'il  com- 
mença à  introduire  la  musique  dans  les  exercices 
religieux  de  ses  disciples.  L'excellent  composi- 
teur Animnccia  fol  le  premier  .quMI  chargea  du 
soin  d'écrire,  pour  ces  exercices,  des  cantiques 
qui  étaient  exécutés  par  les  élèves  de  Saint- Phi- 
lippe. Il  fut  publié  à  Rome  deux  livres  de  ces 
cantiques,  tant  en  langue  italienne  qu*en  lan- 
gue latine,  sous  le  nom  de  Laudi,  en  1565  et 
1570.  Après  la  mort  d'Animnccia,  Tillustre  Pa- 
lestrina,  ami  du  fondateur  de  TOratoire,  rem- 
plaça ce  maître ,  et  composa  aussi  beaucoup  de 
morceaux  dont  le  charme  attirait  en  foule  les 
amateurs  de  musique  aux  exercices  des  Fi7/p- 


299 

pini,  comme  on  appelait  alors  les  Pères  de  l'O- 
ratoire. Ces  exercices  musicaux  furent  l'origine 
des  Oratorios  ou  Oratoires ,  espèces  de  drames 
pieux  sur  lesquels  les  plus  grands  compositeurs 
se  sont  exercés  dans  le»  dix-septième  et  dix  hui- 
tième siècles.  Saint-Philippe  Neri  mourut  à 
Rome,  le  26  mai  1595. 

NERI  (Maximilien),  excellent  musicien  de 
l'école  vénitienne ,  fut  nommé  organiste  du  pre- 
mier orgue  de  l'église  Saint-Marc ,  de  Venise,  le 
18  décembre  1644.  En  1664,  il  quitta  celte  po- 
sition pour  celle  de  premier  organiste  do  prince 
électeur  de  Cologne.  L'époque  de  sa  mort  est 
ignorée.  Cet  artiste  a  publié  de  sa  composition  : 
1*  Sonate  e  Canzoni  a  quattro  stromenti  da 
Chiesa  e  da  Caméra,  con  alcune  correnti, 
op.  1;  Venise.  —  2'*  Sonate  a  3-12  stromenti, 
op.  2;  ibid. 

IVERl  (Benoit)  ,  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  Milan ,  né  à  Rimini ,  est  considéré  par 
ses  compatriotes  comme  un  bon  compositeur  de 
musique  d'Église.  On  cite  de  lui  avec  éloge  des 
poésies  sacrées  mises  en  musique  à  plusieurs 
voix,  et  exécutées  en  1835  à  l'église  S.  Fedele, 
à  Milan,  par  un  chœur  de  seize  jeunes  garçons. 
IVERI-BOIVDI  (MiCBKL),  piam'ste  et  corn- 
positeor,  naquit  à  Florence,  en  1769.  Bartoto- 
meo  Felici  lui  enseigna  la  composition  et  l'ac- 
compagnement pratique.  En,  18 12  Neri-Bondi 
était  premier  accompagnateur  au  théâtre  do  la 
Pergola,  dans  sa  ville  natale.  Il  a  écrit  plusieurs 
morceaux  de  musique  d'église  estimés ,  et  a  fait 
représenter  à  Florence  les  opéras  /  Saccenii 
alla  moda,  et  La  Villanella  rapita. 

NÉROIV  (Lucics  DoiiiTfus  NERO,  connu 
sous  le  nom  de  ) ,  empereur  romain,  célèbre  par 
ses  vices,  ses  crimes  et  ses  actes  de  folie  fu- 
rieuse, naquit  à  Aolium,  le  13  décembre  de  la 
trente-seplième  année  depuis  J.-C.  L'histoire  de 
sa  vie  n'appartient  pas  k  ce  Dictionnaire  :  Ta- 
cite et  Suétone  nous  l'ont  transmise,  et  on  la 
trouve  dans  toutes  les  biographies  générales.  Il 
n'est  ici  mention  de  ce  monstre  qu'à  cause  de 
son  penchant  pour  la  musique,  et  de  ses  préten- 
tions aux  succès  de  chanteur  et  de  citharède. 
Un  Grec ,  nommé  Ter  pus,  lui  avait  enseigné 
à  jouer  de  la  lyre.  Après  le  meurtre  de  sa  mère 
Agrippine,  Néron  s'était  retiré  à  Naples  ;  ce  fut  là 
qu'il  fit  le  premier  essai  de  son  talent  en  public; 
l'éclat  du  triomphe  qu'il  y  obtint  attira  près  de 
lui  une  multitude  de  musiciens  :  on  dit  qu'il  en 
retint  cinq  mille  à  son  service ,  leur  donna  un 
oostume  particulier,  et  leur  apprit  comment  il 
voulait  être  applaudi.  Plusieurs  fois ,  dans  des 
jeux  publics,  il  se  fit  adjuger  le  prix  du  cliant, 
de  la  lyre  ou  de  la  llûte.  Il  avait  aussi  la  pré- 


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300 


NÉRON  —  NETZER 


teotion  d*ètre  compositeur.  Voulant  un  jour 
chanter  la  prise  de  Troie,  il  fit  mettre  le  feu  à 
un  des  quartiers  de  Rome ,  et  placé  sur  la  ter- 
rasse de  son  palais,  Il  ne  cessa  de  jouer  de  la 
flûte  pendant  toute  la  durée  de  Tinc^ndie.  Non 
satisfait  des  applaudissements  des  Romains,  ii 
parcourut  la  Grèce  avec  une  suite  de  musiciens 
et  se  présenta  dans  les  concours  de  musique  des 
fêtes  publiques  :  la  terreur  qu'il  inspirait  ne 
permettait  pas  de  lui  refuser  les  prix  auxquels  il 
n'aurait  pu  prétendre  par  son  habileté.  Pendant 
son  séjour  en  Grèce ,  il  envoyait  régulièrement 
au  sénat  les  bulletins  de  ses  victoires  musi- 
cales. On  dit  que  le  nombre  de  ses  couronnes 
8*élevait  à  dix-huit  cents.  LorsquMI  retourna 
à  Rome ,  il  fit  pratiquer  d«s  brèches  dans  les 
murailles  des  villes  qui  se  trouvaient  sur  sa 
route,  comme  c'était  Tusage  |>ouc  les  vain- 
queurs aux  jeux  olympiques ,  et  il  rentra  en 
triomphe  dans  la  capitale  de  l'empire ,  monté 
sur  le  char  d^Âuguste,  et  ayant  à  ses  côtés  un 
joueur  de  flûte  nommé  Diodore.  Lorsque  Sabi- 
nus ,  préfet  du  prétoire ,  eut  décidé  les  soldats 
à  élire  Galba  pour  empereur,  Néron  se  donna  la 
mort,  le  1 1  juin  de  Tannée  68,  après  s'être  écrié  : 
faut-il  qu'un  si  bon  musicien  pelisse  !  Il  était 
âgé  de  trente  et  un  ans,  et  en  avait  régné  quatorze. 

NERUDA  (Jean-Baptiste-Georges).  liabile 
violoniste  et  violoncelliste,  naquit  en  1704  à  Ros» 
sicz,  en  Bohème.  Attaché  d'abord  au  service 
des  principales  églises  de  Prague ,  il  fut  appelé 
à  Dresde  en  qualité  de  premier  violon  de  la 
chapelle  do  l'électeur.  Après  y  avoir  rempli  ses 
fonctions  i)endant  plus  de  trente  ans,  il  se  retira 
en  1772,  à  cause  de  son  âge,  et  mourut  en  1780, 
à  74  ans.  Ses  deux  fils  (Louis  et  Antoine-Fré- 
déric )  furent,  comme  lui,  musiciens  de  la  clia- 
pelle  électorale,  à  Dresde.  £n  17G3,  Neruda  a 
publié  six  trios  pour  deux  violons  et  basse; 
cliez  Breitkopf ,  à  Leipsick.  U  a  laissé  en  manus- 
crit :  1^  Dix-huit  symphonies  pour  l'orchestre. 
—  2**  Quatre  concertos  pour  le  violon.  -^  3**  Vingt- 
quatre  trios  pour  deux  violons  et  basse.  — 
4**  Six  solos  pour  vioioD.  Parmi  ses  trios ,  on 
en  cite  six  qui  sont  remplis  de  bonnes  fugues. 

l^iËRUDA.  (  Jean-Curysostome),  frère  du 
précédent,  né  à  Rossiez ,  le  1er  décembre  1705, 
fut  un  violoniste  distingué.  Après  avoir  exercé 
sa  profession  à  Prague  pendant  plusieurs  années, 
il  entra  dans  l'ordre  des  Prémontrés,  au  cou- 
vent de  Strahow,  où  il  mourut  le  2  décem- 
bre 1763.  Xignore  s'il  a  laissé  quelques  composi- 
tions pour  son  instrument. 

NERVIUS  (Léonard),  capucin,  né  en  Bel- 
gique vers  la  fin  du  seizième  siècle ,  a  composé 
plusieurs  ouvrages  de  musique  d'église,  pai-mi 


lesquels  on  remarque  les  suivants  :  1»  IC  missx 
4,  a,  6  et  7  vocuiiiy  Anvers,  1610,  in-4*.  ^ 
2"  Cantiones  sacrx  et  Litanim  D.  B.  M,  Virg, 
18  voc.f  ibid.,  1623,  in-i**.  Trias  hturmonica sa- 
crarum  cantionum,  cum  basso  coniinuo  ai 
organunij  ibid.,  1631,  in-4^ 

NESER  (Jean),  né  à  Winsbach,  dans  le 
Brandebourg,  vers  1570,  entra  à  Tâge  de  neof 
ans  dans  la  chapelle  du  margrave  Georges-Fré- 
déric, qui  lui  accorda  une  bourse  pour  faire  ses 
études  à  l'université,  et  qui  lui  fit  ensuite  obte- 
nir la  place  de  directeur  de  l'école  de  chaat  i 
Heilbronn.  Il  publia,  pour  l'usage  de  cette  école, 
un  recueil  diodes  Uitines  à  quatre  et  cinq  voii, 
sous  le  titre  :  Hymni  sacri  in  usum  ludi  il- 
luslris  ad  fontes  salutares  :  HelodUs  et  luime- 
tismusicis  covipositi  et  collectif  etc.  HojU'Va- 
riscorum,  ex  of/Uinâ  Matihxi  PfeiUcImidu, 
anno  Christi  1619,  in-8^  de  il  feuilles.  Il  y  a 
une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  à  laqae&e 
est  ajoutée  une  méthode  élémentaire  de  mnsi- 
que;  elle  a  pour  titre  :  Bymnos  sacros  sekC" 
iiores  et  cantilenas  nonnuUas  qu€ts  vocant 
gregorianas,  quibus  in  fine  adjunctasueàncta 
eoque  genuina  institutio  ad  musicis  et  nume- 
rorum  vulgarium  scientiam  in  usum  sdwUt 
Culinbareivsis  edit.  Woîfgang  £rdma» 
Beyer.  Norimbergx^  apudJoh^-Jonas  Folset' 
kering,  1681,  in-8^ 

NESSMANN  (CHRisTopHE-FRÉDûuc),or- 
fèvre^joaillier,  h  Hambourg,  et  amateur  de  ma- 
sique,  né  vers  1760,  était  parvenu  en  1793  àua 
rare  degré  dMiabileté  sur  la  trompette*  Il  fut  un 
des  premiers  qui  firent  des  essais  pour  donaer  à 
cet  instrument  l'échelle  diromatique,  au  moyen 
de  clefs  :  ^ile  qu'il  avait  faite  avait  deux  octaves 
avec  tous  les  demi-tons.  Cet  instrument  difTérait 
du  bugle,  en  ce  qu'il  avait  conservé  sa  forme  or- 
dinaire et  le  diamètre  de  son  tube,  en  sorte  que  sa 
qualité  de  son  était  réellement  celle  de  la  trompette. 

NETZER  (Joseph),  compositeur,  né  dans 
le  Tyrol  en  |808,  fit  ses  études  musicales  à  las* 
pruck,  puis  se  rendit  à  Vienne,  où  il  fit  repré- 
senter, en  1839,  l'opéra  intitulé:  Die  Belage- 
run^  von  Gothenburg  (Le  siège  de  Gotben- 
bourg).  Dans  la  même  année  il  y  fit  exécuter  une 
symphonie  dont  fl  fut  rendu  un  compte  avanta- 
geux dans  les  journaux.  En  1841,  il  donna  au 
théâtre  de  la  Porte  de  Carinlhie  son  opéra  ro- 
mantique intitulé  Mara^  qui  obtint  un  brillant 
succès  et  fut  joué  dans  les  années  suivantes  à 
Prague,  à  Berlin  et  à  Leipsick.  Cet  ouvrage  fut 
suivi,  en  1844,  de  l'opéra  Die  Eroberung  von 
Granada  (La  Conquête  de  Grenade).  Dans  la 
même  année  M.  Netzer  accepta  la  place  de  dief 
d'orchestre  de  la  société  Euterpe.  En  1845,  il 


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NEÏZER  —  NEUBAUER 


301 


retourna  à  Vienne  et  y  fut  nommé  chef  d'or- 
clieslre  du  théâtre  An  der  Wien{wT  la  Vienne), 
où  il  fit  jouer,  en  1846,  son  opéra  DieseUenc 
Hochzeit  (  La  Noce  extraordinaire).  Rappelé  à 
Leipsick  en  1846  pour  y  reprendre  sa  place  de 
€lierd*orcliestre  de  la  société  Euterpe ,  il  donna 
dans  cette  ville  son  opéra  Die  Kcenigin  von 
Kastilien  (La  Reine  de  Caslille).  Cet  artiste  éuit 
encore  à  Leipsiclt  au  moment  de  la  révolution  de 
1848.  Après  cetle  époque,  on  n'a  plus  de  ren- 
seignenoents  sur  sa  personne.  On  a  publié  de  sa 
composition  plusieurs  œuvres  de  Lieder  avec  ac- 
compagnement de  piano. 

NEUBAUER  (FRAifçois'-CflBBTiEN),  violo- 
niste distingué  et  compositeur,  était  fils  d'un 
paysan  et  naquit  à  Horzin,  en  Bohème,  vers 
1760.  Le  maître  de  Técole  où  il  fut  placé  dans 
son  enfance  découvrit  ses  rares  dispositions' 
pour  la  musique,  et  s'attacha  à  les  développer. 
Les  progrès  de  Neubauer  furent  rapides,  et  quoi- 
que fort  jeune  lorsqu'il  se  rendit  à  Prague ,  il 
possédait  non-seulement  une  connaissance  assez 
étendue  de  la  langue  latine,  dans  laquelle  il  s'ex- 
primaitavec  facilité ,  mais  il  était  déjà  violoniste 
habile  et  compositeur  élégant.  Après  avoir  passé 
quelques  années  à  Prague,  il  alla  à  Vienne,  y  fît 
la  connaissance  de  Haydn,  de  Mozart,  et  de  son 
compatriote  Wranitzky,  dont  il  étudia  les  ou- 
vrages avec  fruit.  Il  écrivit  à  Vienne  l'opéra 
Ferdinand  et  Yarico,  qui  fut  représenté  au 
tliéâtre  de  Schikaneder,  et  qui  fut  publié  en  par- 
tition pour  le  piano.  Lorsqu'il  quitta  Vienne,  il 
voyagea  en  donnant  des  concerts  et  vécut  al- 
ternativement à  Spire,  Heilbronn,  Mayence,  Co- 
blence, et  dans  quelques  autres  villes  qui  avojsi- 
nent  le  Rhin.  Homme  de  talent  et  même  de  gé- 
nie, il  vivait  d'une  manière  indépendante  et 
dans  le  désordre,  s'enivrant  chaque  jour,  et  tra- 
vaillant au  milieu  du  bruit  dans  les  salles  com- 
munes des  auberges  on  il  s'arrêtait.  En  1790  le 
prince  de  Weilbourg  le  choisit  pour  diriger  sa 
chapelle  ;  mais  peu  d'années  après,  le  pays  fut 
envahi  par  les  armées  françaises,  la  chapelle  fut 
dissoute,  et  Neubauer  se  réfugia  à  Minden,  où  il 
demeura  jusqu'à  ce  que  le  prince  de  Schaumbourg 
le  fit  venir  à  Biickebourg,  en  qualité  de  maître 
de  concert.  Ce  prince  lui  ayant  permis  de  faire 
exécuter  ses  compositions  dans  sa  chapelle, 
Jean-Christophe-Frédéric  Bach,  qui  la  diri- 
geait, ne  vit  pas  sans  un  secret  dépit  que  ces 
ouvrages  enfermaient  des  effets  d'instrumen- 
tations et  dès  modulations  où  il  y  avait  plus 
de  nouveauté  que  dans  les  siens;  il  ne  put 
s'empêcher  d'exprimer  une  opinion  peu  favo- 
rable à  ces  productions,  où  il  avait  remarqué 
plnsieun  fautes  contre  la  pureté  de  l'harmonie. 


Instniit  de  cette  critique,  Neubauer  ne  garda 
aucune  mesure,  et  porta  au  vieillard  le  défi  de 
traiter  concurremment  un  sujet  de  fugue  ;  mais 
cette  affaire  fut  assoupie  et  n'eut  pas  de  suite,  t 
Peu  de  temps  après,  Bach  mourut,  et  Neubauer 
lui  succéda  comme  maître  de  chapelle.  La  posi- 
tion honorable  qu'il  venait  de  prendre  lui  per- 
mit d'épouser  une  demoiselle  de  bonne  famille 
de  Biickebourg;  mais  il  ne  jouit  pas  longtemps 
des  avantages  de  sa  nouvelle  situation,  car  il 
mourut  à  l'âge  de  trente-cinq  ans,  le  11  octobre 
1795,  des  suites  de  son  intempérance.  On  doit 
regretter  que  le  désordre  de  sa  vie,  la  précipita- 
tion qu'il  mettait  à  écrire  ses  ouvrages,  et  le  dé- 
faut d'instruction  solide  dans  le  contrepoint  ne 
lui  aient  pas  permis  de  développer  les  dons  heu- 
reux qu'il  avait  reçus  delà  nature;  car  il  était  né 
pour  être  un  compositeur  remarquable.  Telles 
qu'elles  sont,  ses  productions  renferment  une 
multitude  de  traits  heureux  qui  indiquent  une 
excellente  organisation.  Quoiqu'il  soit  mort  jeune 
et  que  sa  vie  ait  été  fort  agitée,  il  a  beaucoup 
écrit,  et  la  plupart  de  ses  productions  ont  été 
favorablement  accueillies  par  le  public. 

La  liste  des  principaux  ouvrages  de  Neubauer 
se  compose  de  la  manière  suivante  :  i^  Syni- 
plionies  à  grand  orchestre,  op  1  ;  op.  4,  n**' 
1,  2,  3;  op.  8,  nos  1,  2,  3,  Offenbach,  André; 
op.  11;  la  Bataille,  ibid.,  op.  12,  noi  i,  2,  3, 
ibid.  —  2**  Quatuors  pour  2  violons,  alto  et 
basse,  op.  3,  nos  i^  2, 3,  Offenbach,  André;  op. 
6,  DM  1,  2,  3,  4,  ibid.;  op.  7,  no«  1,  2,  3,  ibid. 
—3**  Trios  pour  2  violons  et  lasse,  o^.  9,Augs- 
bourg,  Gombart.  —  4''  Duos  pour  2  violons, 
violon  et  alto,  violon  et  basse,  op.  5,  ibid., 
op.  9,  Offenbach,  André;  op.  10,  Augsbourg, 
Gombart;  op.  Il,  ibid.;  op.  14,  ibid.;  op.  35, 
ibid.  —  5^  Sonates  pour  violon,  avec  accom- 
pagnement d'alto,  op.  13;  Augsbourg,  Gom- 
bart. —  6°  Concerto  pour  violoncelle  (en  si 
bémol)  ;  Mayence,  Schott.  —  7**  Concerto  pour 
/Zûic,' Offenbach,  André.  ^^"^  Trios  pour  flûte, 
violon  et  altoj  Augsbourg,  Gombart;  op.  16, 
ibid.  —  9**  Duospour  2  flûtes,  op.  15,  Offen- 
bach, André.  —  10°  Concerto  pour  le  piano^ 
op.  21,  Brunswick,  Spehr.  —  11'  Sonate  pour 
piano,  violon  et  basse,  op.  20,  ibid.  — 12'»  Va- 
riations pour  piano  avec  violon,  op.  2  ;  Offen- 
bach, André.  —  13*  Cantate  sur  la  situation  de 
la  patrie  allemande,  gravée  en  1795.  — 14^»  Vingt 
chansons  allemandes  avec  accompagnement  de 
piano  ;  Rinteln,  1795 —  lô*"  Six  chansons  avec 
accompagnement  de  piano;  Heilbronn. 

NEUBAUER  (Jban),  musicien  allemand 
inconnu,  qui  vivait  vers  la  fin  dn  dix-huitième, 
siècle  et  dont  on  trouve  des  compositions  indi- 


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302 


NEUBAUER  —  NEUKOME 


qtiées  dans  les  catalogues  de  Bossler,  à  Spire 
(i791),etdeTrscg,  à  VienDe  (1800).  Gerber  sup- 
pose (Nouveau  Lexique  des  musiciens)  qu'il  vi* 
•  vait  à  Vienne,  ou  du  moins  en  Autriche.  Quoi 
qu'il  en  soit,  les  ouvrages  indiqués  sous  ce  nom 
sont:  l^Six  quatuors  pour  flAte,  violon, alto  et 
basse.  —  2*  Symphonie  concertante  pour  2  cla- 
rinettes et  orchestre.  —  3**  Deux  nocturnes  pour 
flûte  travcrsière,  flûte  d'amour,  2  altos,  2  cors 
et  violoncelle.  —  4**  Duo  pour  cor  et  viole. 

NEUFVILLE  -  DE  -  BRUNAUBOIS  - 
MONTADOR  (Le  chevalier  Jrjin-Florent- 
Joseph  DE),  capitaine  d'une  compagnie  de  sous- 
ofiiciers  invalides,  à  Lorient,  né  en  1707,  à  San* 
gaste,  près  de  Calais,  a  publié  beaucoup  de  petits 
écrits  parmi  lesquels  on  remarque  :  Lettre  au 
sujet  de  la  rentrée  de  la  demoiselle  le  Maure 
àPOpéra,  Bruxelles,  1740,  in-12. 

NEUGEBAUER  (Wencgslas),  né  à  Gum- 
persdorf,  dans  le  comté  deOlatz,  brilla  comme 
cbaiileiiT  sur  le  théâtre  allemand,  depuis  1794 
jusqu'en  1810.  Il  mourut  d'une  fièvre  nerveuse 
le  8  Juin  1811.  Sa  voix  était  une  belle  basse,  et 
il  excellait  dans  les  rôles  d'Osmin  (de  l'Enlève- 
ment du  Sérail),  et  de  Sarastro  (de  la  Flûte 
enchantée). 

NEUGEBAUER  (AtrroiNB),  facteur  d'or- 
gues, né  en  Silésie,  élait  établi  à  Neisse,  vers  la 
fin  du  dix-huitième  siècle.  Il  construisit  dans 
l'église  évangélique  de  cette  ville,  en  1798,  un 
orgue  de  22  jeux,  avec  deux  claviers  et  pédale. 
On  y  admire  les  jeux  de  basson  et  de  voix  hu- 
maine. 

N£UGEBAUER(HeoIri  GoTTLiEB  oaTHÉo- 
vniLB  ),  vraisemblablement  de  la  même  famille 
et  peut-être  fils  du  précédent,  naquit  en  Silésie 
dans  la  seconde  moitié  du  dixOmitième  siècle,  fut 
organiste  de  l'église-Sainte-Marie  Madeleine,  à 
Breslau,  depuis  1811  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en 
1825.  U  fut  considéré  comme  un  des  artistes  de 
son  temps  le»  plus  distingués  sur  son  instru- 
ment. 

NEUHAUSER  (Léopolu),  musicien  né  dans 
le  Tyrol,  vivait  à  Vienne  vers  la  fin  du  dix-hui- 
tième siècle.  Il  a  publié  de  sa  composition  : 
1**  Douze  variations  pour  violon  et  basse;  Vienne, 
1799.  —  2''  Six  valses  pour  deux  guitares  ; 
Bonn,  Simrock.  —  3«  Six  variations  pour  gui- 
tare, violon  ou  clarinette;  Vienne,  1801.  — 
4"  Plusieurs  recueils  de  danses  allemandes.  Cet 
.  artiste  a  laissé  en  manuscrit  :  —  ô^  Quatre  noc- 
turnes, le  premier  pour  violon,  deux  altos  et 
violoncelle;  le  second  pour  mandoline,  violon, 
alto,  2  cors  et  violoncelle;  le  troisième  pour 
2  violons,  2  hautbois,  2  cors,  alto  et  basse.  — 
O""  Quatuor  pour  2  violons,  alto  et  basse. 


NEUKIRGH  (Antoine),  facteur  d'orgues  à 
Munich,  a  construit  en  1 585 ,  pour  la  chapelle  de 
l'électeur  de  Bavière,  un  instrument  pour  lequel 
il  lui  a  été  payé  356  florins. 

NEUKIRGH  (Benjamin),  naquit  le  27  mars 
1665,  à'Reinke,  petit  village  de  la  Silésie.  A 
l'âge  de  huit  ans  il  commença  ses  études  au  ly- 
cée de  Bojanova  ;  puis  il  entra  au  gymnase  de 
Breslau,  passa  en  1682  à  celui  de  Thom^  et 
suivit  les  cours  de  Tuniversité  de  Francfort-sur- 
roder  en  1684.  Douze  ans  après,  il  était  précep- 
teur du  fils  du  premier  ministre  Haugwitz,  à 
Berlin.  Désigné  Kj^  1703  comme  professeur  de 
Tacadémie  de  cette  vttle,  il  renonça  plus  tard  à 
cette  place  pour  celle  de  précepteur  du  prioce 
héréditaire  à  Anspach,  dont  il  fut  ensuite  nomme 
conseiller.il  mourut  à  Anspach  le  15  août  1729, 
à  l'âge  de  soixante- quatre  ans.  On  a  de  lui  un 
livre  intitulé  :  Ar^achtsubungen  zurKirchen- 
musik  (Considérations  pieuses  concemaot  la 
musique  d'église)  ;  Francfort,  1725,  in-4o. 

NëUKIRGHNER  (Wenceslas),  virtuose 
sur  le  basson,  est  né  le  8  avril  1805  à  Nenstrei- 
chitz  en  Bohème.  Ses  premières  études  mogi- 
cales  furent  dirigées  par  son  père,  amateur  dis- 
tingué, qui  jouait  de  plusieurs  instruments,  puis 
il  entra  au  Conservatoire  de  Prague,  à  T&ge  de 
quatorze  ans,  et  y  reçut  des  leçons  de  basson 
d'un  bon  maître.  En  1825,  il  sortit  de  cette  école 
et  entra  comme  bassoniste  à  l'orchestre  du  théâ- 
tre. Dans  Tannée  suivante,  il  fit  de  petits  voyages 
àToRplitz,  à  Leipsick,  à  Dresde,  et  fit  une  exeur- 
sion  jusqu'à  Berlin.  Ce  fut  dans  cette  ville  qu'il 
reçut  sa  nomination  de  premier  basson  de  la 
chapelle  royale  de  Stuttgard.  Cet  artiste  a  com- 
posé des  morceaux  pour  son  instrument,  lesquels 
ont  été  publiés  à  Leipsick.  Il  a  fait  en  1829  un 
voyage  à  Vienne,  et  dix  ans  après, un  séjour  de 
quelques  mois  k  Paris.  Son  talent  a  été  juste- 
ment estimé  par  les  artistes  de  ces  deux  capi- 
tales. \ 

NEUKOME  (Georges-Eugènb),  violoniste 
et  professeur  de  musique  à  Saint- Quentin,  na- 
quit dans  cette  ville  le  14  mars  1784.  Sa  fa- 
mille, originaire  de  lai  Suisse,  avait  été  natura- 
lisée française  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  Élève  de  la  maîtrise  de  sa  ville  natale, 
sous  la  direction  de  Jumentier,  il  y  reçut  sa 
première  éducation  musicale.  En  1793,  l'école 
de  chant  fut  supprimée  et  les  élèves  se  dispersè- 
rent; mais  Neukome  continua  ses  études  chez 
son  maître,  et  apprit  de  lui  les  éléments  de  l'har- 
monie et  delà  composition.  Son  instrument  était 
le  violon  :  résolu  de  se  livrer  à  l'enseignement, 
il  comprit  qu'il  avait  besoin  de  perfectionner  son 
mécanisme,  et,  à  différentes  reprises  il  se  rendit 


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iSRUKOME  —  NEUKOMM 


308 


à  Paris  pour  recevoir  tes  conseils  de  Rodolphe 
Kreutzer  et  de  son  frère  Auguste  Kreutzer.  De 
retour  à  Saint-Quentin,  il  eut  un  grand  nombre 
d'élèves,  et  partagea  son  temps  entre  les  soins 
qu'il  leur  donnait  et  la  composition.  CetarUste 
estimable  est  mort  d*une  fièvre  typhoïde,  le  11 
juin  1850,  à  r&ge  de  soixante- six  ans.  Les  pre- 
mières compositions  de  Neukome  ont  paru  sous 
le  pseudonyme  de  Kvffner;  il  a  fait  graver  sous 
son  nom  :  !<>  Thème  Tarie  pour  violoo,  avec 
quatuor  ou  piano,  op.  1;  Paris,  Ricliault.  — 
2""  Rondo  brillant  pour  violon  et  orchestre,  op. 2, 
ibid.  —  30  Thème  varié  pour  violon  et  quatuor 
ou  piano,  op.  2,  ibid.  —  4<*  Idem,  op.  4,  avec 
orchestre  on  piano,  ibid.  *  &<^  Rondo  brillant  pour 
piano  et  violoncelle,  op.  5,  ibid.  —  6*"  Rondo  bril- 
laut  pour  piano  et  violon,  composé  pour  sa  fille, 
op.  6,  ibid.  Les  meilleurs  ouvrages  de  Meokome 
sont  restés  en  manuscrit;  on  y  remarque  :  1**  Duo 
pour  piano  et  alto  ;  —  2*  Duo  pour  piano  et  vio» 
loncelle  ;  —  3^  Six  trios  pour  piano,  violon  et 
violoncelle  (  en  ut  mineur,  rè  mineur,  mi  bé* 
mol,  si  mineur,  la  bémol,  $ol  mineur  et  ti  mi- 
neur); —  4o  Six  quatuors  pour  piano,  violon, 
alto  et  violoncelle;  —  b**  Cinq  quintettes  pour 
piano,  violon,  alto,  violoncelle  et  contrebasse; 
—  6°  Un  sextuor  pour  piano,  2  violons,  alto, 
violoncelle  et  contrebasse.  —  7^  Quatre  sextuors 
pour  piano,  violon,  2  altos,  violoncelle  et  con- 
trebasse. 

NEUKOjHIII  (SiGiSMONo),  compositeur,  est 
né  le  10  avril  1778,  à  Salzbourg.  Dès  la  sixièmo 
année  de  son  âge  il  montra  un  penchant  décidé 
pour  hi  musique.  Son  premier  maître  fut  l'orga- 
niste Weissauer,  que  Meukoram  fut  bientôt  en 
état  d'aider  dans  l'exercice  de  ses  fonctions.  La 
plupart  des  instruments  à  cordes  et  à  vent  lui 
étaient  devenus  familiers,  et  sur  quelques-uns  il 
était  d'une  habileté  assez  remarquable.  Dans  sa 
quinzième  année,  il  obtint  la  place  d'organiste  k 
Puniversîté.  Son  père,  homme  instruit  et  premier 
professeur  de  l'école  normale  de  Salzbourg,  lui 
fit  faire  des  études  classiques  dont  les  avantages 
se  sont  révélés  en  beaucoup  de  circonstances  de 
sa  vie.  Pendant  qu'il  suivait  les  cours  des  eollé<- 
ges,  Michel  Haydn,  dont  la  femme  était  parente 
de  la  mère  de  Neukomm,  lui  donna  des  leçons 
de  contrepoint  et  d'harmonie,  et  se  fit  souvent 
remplacer  par  lui  dans  ses  fonctions  d'organiste 
de  la  cour.  Parvenu  à  l'âge  de  dix- huit  ans, 
Neukomm  fut  nommé  corépétiteur  de  TOpéra  : 
cette  occupation  acheva  de  développer  son  pen- 
chant pour  la  musique,  et  lui  fit  prendre  la  réso- 
lution de  se  livrer  exclusivement  à  la  culture  de 
cet  art.  Après  avoir  achevé  à  l'université  ses 
cours  de  philosophie  et  de  mathématiques,  U 


quitta  Salzbourg  en  1798,  et  se  rendit  à  Vienne, 
où  Joseph  Haydn,  sur  la  recomnuindation  de  son 
frère ,  l'adopta  pour  élève  et  le  traita  comme  un 
fils.  Pendant  plusieurs  années,  le  jeune  artiste  re> 
cueillit  les  fruits  de  cette  heureuse  position ,  et 
reçut  les  conseils  de  l'homme  célèbre.  Vers  la  fin 
de  1806,  Neukomm  s'éloigna  de  Vienne  pour  se 
rendre  en  Russie,  prenant  sa  route  par  la  Suède. 
Arrivé  à  Stockholm  en  1807,  il  y  fut  nommé 
membre  de  l'académie  de  musique,  puis  il  se 
rendit  à  Pétersbourg,  où  la  direction  de  la  mu- 
sique de  ropéra  allemand  lui  fut  confiée.  La  so- 
ciété philharmonique  de  cette  ville  le  choisit  aussi 
pour  un  de  ses  membres.  Pendant  son  séjour 
dans  cette  capitale  et  à  Moscou  ,  il  fit  exécuter 
avec  succès  quelques-unes  de  ses  compositions; 
mais  ses  premiers  ouvrages  ne  furent  publiés 
qu'après  son  retour  en  Allemagne.  Une  maladie 
sérieuse,  occasionnée  par  l'avis  de  la  mort  de 
son  père,  l'obligea  de  renoncer  à  la  direction  de 
la  musique  du  tliéâtre  impérial  allemand.  De  re- 
tour"^ Salzbourg,  il  y  resta  peu  de  temps,  et  se 
rendit  À  Vienne,  où  il  n'arriva  qu'au  moment  de 
la  mort  de  Haydn. 

Après  la  paix  qui  suivit  la  campagne  de  1809, 
Meukomm  se  rendit  à  Paris,  où  ses  liaisons  avec 
les  artistes  et  les  savants  les  plus  distingués  le 
fixèrent  pendant  plusieurs  années.  Ih  y  trouva 
dans  la  princesse  de  Vaudémont  une  protectrice 
qui  te  présenta  ao  prince  de  Talleyrand  et  le  lui 
recommanda  avec  chaleur.  A  cette  époque., 
Dussek  était  attaché  .comme  pianiste  à  la  maison 
de  ce  personnage  politique  ;  mais  déjà  sa  santé 
commençait  à  s'altérer.  Bientôt  après  il  fut  obligé 
de  se  rendre  à  Saint-Germain,  dans  l'espoir 
qu'un  air  plus  pur  pourrait  hâter  sa  guérison ,  et 
pendant  son  absence,  Neukomm  le  remplaça 
près  du  prince.  On  sait  qu'après  avoir  langui 
dans  sa  retraite  champêtre ,  Dussek  mourut  en 
1812.  Dès  ce  moment,  Neukomm  fut  définitive- 
ment installé  chez  le  prince  de  Talleyrand.  En 
1814  il  l'accompagna  au  congrès  de  Vienne  ;  un 
Requiem  qu'il  avait  composé  en  commémoration 
de  Louis  XVI  fut  exécuté  dans  l'église  St-Étienne 
de  cette  ville,  par  un  chœur  de  300  chanteurs, 
en  présence  des  empereurs,  rois  et  princes  réunis 
au  congrès.  En  1815  le  prince  de  Talleyrand  fit 
obtenir  à  Neukomm  la  décoration  de  la  Légion 
dMionneor,  et  des  lettres  de  noblesse.  De  retour  h 
Paris  après  les  Cent-Jours ,  il  y  reprit  ses  tra- 
vaux. En  1816  il  accompagna  le  duc  de  Luxem« 
bourg ,  qui  allait  en  ambassade  extraordinaire  à 
Rio-Janeiro.  Le  roi  don  Pedro  le  choisit  pour 
maître  de  sa  chapelle  et  lui  fixa  un  traitement 
considérable.  Neukomm  en  jouit  pendant  plus  de 
quatre  ans  ;  mais  après  la  révolotion  du  Brésil, 


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30i 


KEUKOMM 


qiii  obligea  le  roi  à  repasser  en  Europe,  il  renonça 
de  son  propre  mou?ement  à  son  titre  et  aux 
appointements  qui  y  étaient  attachés.  De  retour 
à  Paris  au  mois  d'octobre  de  la  même  année ,  ii 
retrouva  sa  place  dans  Fliôtel  de  Tallejrand , 
reprit  ses  travaux  et  les  douces  babitudes  de 
sa  vie. 

Depuis  longtemps  il  éprouvait  le  désir  de  vi- 
siter ritalie;  en  1826,  il  réalisa  son  projet  de 
voyage  en  ce  pays,  qui  lui  ofirait  des  objets  d'é- 
tudes variées;  il  visita  Milan,  Florence,  Bologne, 
Home,  Naples  et  Venise.  Dès  ce  moment,  un 
goAt  passionné  de  voyages  sembla  s'être  em- 
paré de  lui.  En  1827  il  parcourut  la  Belgique 
et  la  Hollande  ;  deux  ans  après  il  se  rendit  en 
Angleterre  et  en  Ecosse  :  il  y  fut  accueilli  avec 
distinction  par  Walter  Scott  et  quelques  autres 
hommes  remarquables.  Rentré  k  Paris  dans  les 
premiers  mois  de  1830,  il  n'y  resta  que  peu 
de  temps,  parce  qu'il  accompagna  Talleyrand 
dans  son  ambassade  à  Londres,  après  la  ré- 
volution de  Juillet.  Il  alla  à  Berlin  en  1832 
et  y  fit  exécuter  deux  fois  son  oratorio  la 
Loi  de  V Ancien  Testament ,  ainsi  que  plu- 
sieurs autres  compositions;  puis  il  visita  ses 
amis  de  Leipsick  et  de  Dresde.  De  retour  à 
Londres,  il  y  passa  l'hiver  de  1832-1833,  fit 
ensuite  un  second  voyage  en  Italie,  et  s'ar- 
rêta dans  le  midi  de  la  France  pendant  l'hiver 
de  1833-1834.  Profitant  de  la  proximité  de 
Toulon ,  il  fit  une  excursion  à  Alger  et  dans 
les  possessions  françaises  .  de  l'Afrique.  Paris 
et  Londres  le  revirent  penëant  les  années  1835 
et  1836.  Il  s'était  proposé  de  parcourir  l'A- 
mérique septentrionale  pendant  cette  dernière 
année  ;  mais  nne  maladie  douloureuse  le  retint 
en  Angleterre  au  moment  même  où  il  allait 
s'embarquer.  Rendu  à  la  santé,  il  reprit  le 
cours  de  ses  voyages ,  visita  de  nouveau  la  Bel- 
gique, Francfort,  Darmstadt,  Heidelberg,  Man- 
beim  et  Carlsrube.  De  retour  ensuite  à  Paris,  il  y 
passa  plusieurs  années,  puis  il  fit  un  voyage  en 
Suisse.  En  1842,  il  dirigea  la  fête  musicale  de 
Friedbérg  et  celle  de  Salzbourg ,  à  l'occasion  de 
rérection  du  monument  de  Mozart,  il  retourna 
ensuite  en  Angleterre,  pays  qu'il  afTectionnait 
et  où  il  avait  beaucoup  d'amis.  Depuis  quelques 
temps  sa  vue  s'affaiblissait  par  la  formation  de 
la  cataracte  sur  les  deux  yeux.  Il  finit  par  devenir 
complètement  aveugle.  En  1848,  il  se  fit  faire 
l'opération  par  un  célèbre  oculiste  de  Manchester  : 
elle  eut  le  plus  heureux  résultat.  En  1849,  Je 
retrouvai  ce  vieil  ami  à  Munich  :  il  était  encore 
obligé  de  porter  des  lunettes  colorées  de  diverses 
manières  en  raison  de  l'état  de  la  lumière  dans 
les  différentes  parties  du  jour  :  mais  en  dépit  de 


ses  souffrances  passées  et  des  préoccupations  que 
lui  donnait  son  état  actuel,  il  était  encore  plein 
d'enthousiasme  pour  les  belles  œuvres  de  mu- 
sique sérieuse  que  nous  entendîmes  dans  quel- 
ques églises  ainsi  qu'à  la  chapelle  royale.  Lorsque 
je  revis  Neukomm  à  Londres  en  1851,  .où  il  était 
membre  du  Jury  de  l'exposition  universelle,  il 
avait  retrouvé  la  santé  et  sa  douce  gaieté  habi- 
tuelle. Peu  de  temps  après  il  fit  un  voya^  en 
Orient  et  s'arrêta  quelque  temps  à  Ck>n8tanliDople. 
Dans  un  voyage  que  je  fis  à  Paris  en  1850,  nous 
nous  vîmes  plusieurs  fois,  et  je  remarquai  qu'H 
y  avait  en  lui  des  symptômes  d'affaiblissement. 
Il  a  cessé  de  vivre  dans  cette  ville ,  le  3  avril 
1858,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans. 

Nonobstant  les  distractions  multipliées  de  ses 
voyages,  Neukomm  a  produit  une  si  grande 
quantité  de  compositions  de  tout  genre,  qu'il  est 
difficile  de  comprendre  qu'il  ait  eule  temps  né- 
cessaire pour  le  travail  matériel  d'un  si  grand 
nombre  d'ouvrages.  Depuis  l'âge  de  vingt-cinq 
ans  il  tenait  un  catalogue  thématique  de  ce  qu'il 
avait  écrit;  voici  le  résumé  qu'il  m'en  a  envoyéen 
1837  : 1.  Musique  religieuse  â  plusieurs  parties, 
avec  ou  sans  accompagnement  :  i°  Oraioriot: 

2  en  anglais,  5  en  allemand.  —  T  Messes: 

15  complètes.  —S*"  Te  Deum ,•5.-4'  Grands 
chœurs:  3  en  anglais,  1  en  russe  —  s""  Caniata 
d'église  :  3  en  anglais ,  l  en  français ,  1  en  ita- 
lien. —  6**  Morceaux  détachés  à  plusieurs 
parties  :  25  en  latin ,  9  en  français ,  12  en  an- 
glais ,  2  en  allemand.  —  1**  Collection  d'antiennes 
et  (d'autres  morceaux  à  plusieurs  parties,  en 
langue  latine,  composés  pendant  le  voyage  de 
Brest  à  Rio-Janeiro.  —  8**  Collection  considé- 
rable d'hymnes  chorales  sur  des  paroles  an- 
glaises. —  9"  The  moming  and  evemng  ser- 
t7/ce  (  Service  du  malin  et  du  soir,  à  4  parties), 
complet.  Ces  deux  derniers  ouvrages,  qui  ren- 
ferment nne  multitude  de  pièces ,  ont  été  com- 
posés en  Angleterre.  —  lO"  Psaumes  à  voix 
seule  ;4  en  latin,  7  en  italien,  10  en  anglais,  17 
en  allemand.  ^  U''  Psaumes  à  plusieurs  par- 
ties :  10  en  latin,  2  en  russes  7  à  2  voix,  en  anglais  ; 

3  à  3  Toix,  idem;  2  à  4  voix  idem;3  k  5  voix, 
idem  ;2  à  grand  chœur,  idem  ;  1  à  double  clicenr 
pour  8  voix,  idem,  —  12°  Cantates  d'église  et 
morceaux  détachés  à  voix  seule  :  62  en  anglais, 

16  en  latin ,  2  en  italien ,  2  en  français,  27  en 
allemand, — II,  Musique  naAMATiQUE  :  IS*'  10  opé^ 
ras  allemands.  —  14*  3  scènes  détachées  en 
italien.  —  III.  Musique  tocale  de  concert  et  i>e 
CHAVBKE  :  15*  Chœurs:  2  en  portugais,  4  en 
anglais ,  2  en  allemand.  —  16**  Trios  :  2  en  ita- 
lien ,  1  en  anglais ,  1  en  français. ,—  17*  Duos  : 
1  en  italien,  5  en  français.  —  18°  Cantates  - 


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NEUKOMM  —  NEUMANN 


8C5 


1  en  français,  2  en  italien.  —  19**  73  chansons 
allemandes.  —  20^  75  chansons  anglaises.  — 
21*  50  romances  françaises.  —  22"  4  canzoneltes 
italiennes.  —  IV.  Mcsiqob  instrumentale  : 
23**  Fcmtaisics et  élégies  à  grand  orchestre  :7. 

—  24*  5  ouTertures  détachées.  —  25*  Une 
symphonie  à  grand  orcliestre.  —  26*^  Quintettes, 
quatuors,  etc.,  pour  divers  instruments,  au 
nombre  de  23.  —26^  25  marches  militaires  et 
autres  pièces  d'harmonie. — 28^  Duos,  valses,  etc., 
pour  divers  instruments.  —  29^  Un  concerto 
pour  piano.  —  32**  10  sonates  et  caprices  pour  le 
même  instrument.  —  31®  Variations  idem,  9  suites. 

—  32®  8  fantaisies  idem.  —  33®  57  pièces  d*orgue. 

—  34®  Des  exercices  d'harmonie  et  des  solfèges.  La 
récapitulation  de  ces  compositions ,  faite  au  mois 
d^août  1836,  présente  un  ensemble  de  524  œuvres 
de  musique  vocale^  et  de  219  de  musique  instru- 
mentale :  en  tout^  743.  Beaucoup  de  ces  mor- 
ceaux ont  été  publiés  en  France ,  en  Allemagne 
et  en  Angleterre  ;  mais  un  plus  grand  nombre  est 
resté  en  manuscrit.  A  cette  longue  liste  :  il  faut 
ajouter  les  deux  oratorios  Christi  Auferstehung 
(La  Résurrection  du  Christ),  et  Christi  Him- 
melfahrt  (L* Ascension  du  Christ),  dont  les  par- 
titions réduites  pour  le  piano  ont  été  publiées 
en  1842,  et  un  très-grand  nombre  d'ouvrages  de 
tout  genre  écrits  depuis  1837.  Neukomm  était 
considéré  comme  un  des  meilleurs  organistes  de 
son  temps. 

N£ULAND(Gciuaume},  violoncelliste,  cla- 
rinettiste et  compositeur,  est  né  à  Bonn  le  14 
juillet  1806.  Il  reçut  les  premières  leçons  de  piano 
et  de  composition  de  Uegmann.  A  l'Age  de  dix- 
huit  ans,  il  s'enrôla  volontairement  à  Cologne 
comme  clarinettiste  dans  la  musique  du  28®  ré- 
giment de  ligne  prussien.  Ce  régiment  n'ayant 
pas  quitté  cette  même  ville  pendant  deux  ans, 
Nealand  y  ouvrit  un  cours  d'harmonie,  qui  fut 
suivi  par  de  nombreux  élèves.  Après  ce  temps,  il 
obtint  son  congé  et  retourna  à  Bonn,  où  il  suc- 
céda dans  renseignement  à  son  ancien  maître 
Hegmann.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Angle- 
terre ,  pour  se  faire  entendre  comme  violoncel- 
liste, il  s'arrêta  à  Calais,  et  s'y  fixa.  Il  y  fonda 
une  société  philharmonique,  qui  a  subsisté  depuis 
lors  sous  sa  direction.  On  a  publié  de  cet  artiste 
plusieurs  morceaux  pour  le  piano  et  le  violon- 
celle. 

NEULING  ( ),  vraisemblablement  vio- 
loniste et  virtuose  sur  la  mandoline ,  a  vécu  à 
Vienne  dans  les  premières  années  du  siècle  pré- 
sent On  a  gravé  de  sa  composition  plusieurs 
ouvrages,  parmi  lesquels  ou  remarque  :  i®  Polo- 
naise brillante  pour  piano  et  violon,  op.  2; 
Vienne,   Haslinger.  —  2®  Rondo  pour  violon 

BlOCn.  UNIV.  des  HCSICIENS.  —  T.  VI. 


principal,  avec  deux  violons,  alto  et  violoncelle, 
op.  6  ;  Leipsick ,  Breitkopf  et  Hœrtel.  —  z"*  Po- 
lonaise pour  violon  principal  avec  2  violons, 
alto  et  violoncelle,  op.  7;  Vienne^  Diabelli.  — 
4**  Sonate  pour  piano  et  mandoline,  op.  8; 
Vienne,  Haslinger. 

NEUMANN  (JoAcniM).  Voyez  ^eavuek. 

NE  CJMANN  (Martin),  compositeur  allemand 
du  dix-septième  siècle,  est  auteur  d'une  messe  à 
5  voix  indiquée  dans  le  Catalogue  de  Parstorff. 

NEUMANN  (Jean  Christophe)^  facteur 
d'orgues,  à  Mctfersdorf,  en  Silésie,  vers  le  milieu 
du  diX'huitième  siècle,  a  construit  en  1744  un 
petit  instrument  dans  l'église  de  Lœwenberger, 
qui  ne  lui  fut  payé  que  252  écus  (  environ  950 
francs  ). 

NEUMANN  (Charles-Gottlieb  ou  Théo- 
phile ),  né  à  Glogau,  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  fut  un  facteur  d'orgues  dis- 
tingué. En  1752,  il  construisit  un  orgue  de  vingt- 
six  jeux  dans  la  cathédrale,  et  en  1757,  il  en  fit 
un  autre  de  vingt-quatre  jeux  dans  le  temple 
évangélique. 

NEUMAIVN.  Plusieurs  musiciens  de  ce 
nom  ont  publié  des  compositions  de  différents 
genres  et  ont  été  confondus  parce  que  les  ren- 
seignements manquent  sur  leur  personne  et  que 
leurs'  prénoms  mêmes  ne  sont  pas  connus.  Guidé 
par  la  nature  de  leurs  ouvrages ,  les  époques  de 
leur  publication  et  les  lieux  où  ils  ont  paru ,  ]*ai 
cru  pouvoir  les  distinguer  de  la  manière  suivante: 

NEUMANN  (G.)  ou  plutôt  NEUMAN, 
claveciniste  et  compositeur  hollandais ,  ylvait  à 
Amsterdam  vers  1770.  Il  a  publié  :  1®  Des  mé- 
lodies pour  le  psautier  sous  ce  titre  :  Muiikaale 
Zangweiser  van  het  Boech  der  PsalmeUf  \re 
et  2®  suites  pour  le  chant  et  la  basse.  —  2®  Six 
petites  sonates  pour  le  piano,  avec  deux  vio- 
lons et  basse,  Amsterdam,  Hummel.  —  3®  Chan- 
sons hollandaises  variées  pour  le  clavecin,  ibid. 
—  4®  Trois  pièces  de  clavecin  avec  flûte  ou 
violon,  op.  3,  ibid.,  et  Berlin,  Hummel.  — 
5®  Trois  idem,  dont  la  3>oe  à  4  mains,  op.  4, 
ibid.  —  6®  Deux  idem ,  tirées  de  l'opéra  d'Aty^^ 
op.  5,  ibid.  —  7^  Cmq  idem,  tirées  de  Nina, 
avec  deux  violons,  op.  6,  ibid.  —  8®  Deux  idem, 
avec  accompagnement  de  deux  violons  et  vio- 
loncelle tirées  d*Azémia ,  op.  7 ,  ibid.  —  9®  Six 
idem,  avec  violon  et  violoncelle,  tirées  de  l'opéra 
les  Amours  d'été,  op.  8,  ibid.  —  10®  Air  (  Oui, 
noir  n*€st  pas  si  diable^  etc.  )  varié  pour  le  cla- 
vecin, ibid. 

NEUMANN  (Frédéric),  premier  ténor  au 
théâtre  d'Aliona,  dans  les  années  1797  et  1798, 
chantait  à  Vienne  en  1801.  Il  fut  aussi  composi- 
teur dramatique  et  fit  représenter  :  1*  La  FilU 

20 


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306 


NEUMANN  —  JNEUMARCK 


^vec  la  bague,  petit  opéra,  1798.  —  2^  Le  Faux 
Recruteur,  petit  opéra.  Il  a  laissé  aussi  en  ma- 
nuscrit une  sérénade  pour  le  comte  de  Benjofski , 
-et  un  recueil  de  mélodies  sous  le  titre  Gesxnge 
zum  Todtenhopf  (Airs  pour  la  Tête  de 
mort)  (1),  1790. 

NEUMANN  (Charles),  de  Leipsick ,  a 
publié  une  notice  sur  Jean-Adam  Hiiler,  consi- 
déré comme  homme,  comme  artiste  et  comme 
professeur^ de  musique.  Cette  notice  est  suivie 
d^un  discours  prononcé  aux  obsèques  de  ce  sa- 
vant musicien  :  elle  a  pour  titre  :  Johann  Adam 
Hiller  :  eine  besckeidene  Wûrdigung  seiner 
Verdienste  als  Mensck ,  Kiinstler  and  Schul- 
mann,  nebsi  einer  Rede  gesprochen  an 
seinem  Gra^'e,  Leipsick  !804,  in-8®. 

NEUMAIVN(F.-A.),  pianiste  et  compositeur, 
▼ivail à  Vienne  vers  1805.  Il  a  publie:  1** Vingt- 
cinq  œuvres  de  yariations  pour  le  piano,  sur  des 
thèmes  d*opéras  et  de  ballets  français  et  italiens, 
tels  que  Faniska,  Aline,  les  Petits  Savoyards, 
Romeo  e  GitUielta,  etc.; Vienne,  Welgl  et  Has- 
linger.  —  7?  Plusieurs  œuvres  de  polonaises  pour 
piano ,  ibid.  —  3^  Quelques  recueils  de  danses 
allemandes  et  de  valses  pour  le  même  instru- 
ment, ibid.  Je  crois  que  cet  artiste  est  le  même 
qu* Antoine  Neumann ,  qui  a  fait  représenter  à 
Trieste  Topera  intitulé  :  Nicolas  Terzo ,  et  qui 
était  en  1842  directeur  do  musique  de  FOpéra 
italien  à  San  Yago. 

NEUMANN  (....),  clarinettiste  et 'profes- 
seur de  musique  à  Francfort,  au  commencement 
du  siècle  présent,  s^est  fait  connaître  par  les  pu- 
blications suivantes  :  1*^  Concertino  pour  clari- 
nette et  orchestre,  en  forme  de  scène  chantante, 
op.  19,  Offenbach ,  André;  2*"^  idem.  op.  48, 
Bonn,  Monpour.  —  2**  Duos  pour  2  clarinettes, 
op.  20  et  24 ,  Oiïcnbach,  André.  —  3*  Études 
ou  caprices  pour  clarinette  seule,  op.  23,  ibid.  — 
4°  Variations  pour  hautbois  avec  accompagne- 
ment de  2  violons,  alto  et  basse,  op.  9,  ibid.  — 
5"  Sérénade  pour  hautbois  et  guitare,  op.  16, 
ibid.  — 6*^  Duos  pour  2  violons,  op  12,  ibid.— 
7°  Air  varié  pour  flûte,  violon  et  guitare,  op.  ], 
Mayence,  Schotl.  —  S»  Plusieurs  sérénades  pour 
clarinette  et  guitare,  cor  de  bassette  et  guitare, 
flâte  "et  guitare,  violon  et  guitare,  alto  et  guitare, 
op.  2,  5,  15,  17,  27,  Offenbach,  André.  — 
9°  Concertino  pour  hautbois, op.  38  ;  Bonn,  Mon- 
pour. 

NEUMANN  (  H.),  flûtiste  et  compositeur  à 
Hanovre,  vers  1840,  a  publié  de  sa  composition  : 
1**  Quatuor  pour  flûte,  violon,  alto  et  basse,  op. 
22,  Hanovre,  Bachmann.  — 2*  Divertissement 

(l)  Drame  qui  poruil  ce  Ulre. 


idem,  op.  25,  ibid.  —  3'  Grana  ino  pour  irois 
flûtes,  Offenbach,  André.  —  4^  Duos  faciles  pour 
2  flûtes,  op.  30,  Bonn,  Simrock. 

Il  y  a  aussi  un  professeur  de  musique  nommé 
Neumann  (J.-C.)  h  Hildburghausen,  en  Saxe  ;  il  a 
publié  quelques  danses  et  marches  pour  piano. 

NEUMANN  (  Henri  ) ,  compositeur,  fut 
d^abord  maître  de  chapelle  de  la  petite  cour  de 
Detmold,  puis  directeur  de  musique  de  la  Société 
royale  de  l'harmonie  à  Anvers,  et  enfin  chef  de 
musique  d'un  régiment  prussien  à  Cologne.  Âo 
moment  où  cette  notice  est  écrite,  M.  Neumaon 
est  retiré  à  Heiligenstadt,  lieu  de  sa  naissance. 
Il  a  beaucoup  écrit  pour  Torchestre  et  la  musique 
militaire.  En  1855  il  a  obtenu  le  prix  dans  un 
concours  ouvert  à  Manheim  pour  la  composition 
d'une  symphonie  :  son  ouvrage  a  pour  titre  : 
Tonhalte. 

NEUMANN  (Edmond  ),  Ois  du  précédent,  est 
Dé  à  Cologne  le  12  juillet  181^.  Il  fut  envoyt'  par 
son  père  à  Leîpsick ,  pour  y  étudier  IMiarmonie 
et  la  composition  sous  la  direction  de  M.  Haupt- 
mann.  Ses  études  terminées  ,  il  s'est  livré  à  la 
composition  de  la  musique  de  danse  dans  la- 
quelle il  s'e^t  distingué.  Cet  artiste  a  aussi  de  la 
réputation  comme  chel  â*orchestre.  On  a  publié 
beaucoup  de  ses  ouvrages  pour  la  danse. 

NEUMANN  (WiLH ELU  ou  Guillacme),  m 
loniste,  compositeur  et  littérateur,  est  né  à  Ores- 
lau,  et  y  commença  Tétude  du  violon.  En  1S46 
il  se  rendit  à  Cassel  pour  y  prendre  des  leçons 
de  Spohr,  dont  il  devint  un  des  bons  élèves.  Fixé 
dans  cette  ville  depuis  lors,  il  s^est  fait  connaître 
du  monde  musical  par  un  ouvrage  qui  a  pour 
titre  :  Die  Komponisten  der  neuen  Zeit  (  Les 
compositeurs  de  l'époque  actuelle);  Cassel,  18ô.v 
1858,  in -8°.  Ce  livre  est  un  recueil  de  biogra- 
phies de  compositeurs,  publié  par  livraisons.  Les 
Lexiques  musicaux  de  Gassner,  de  Bernsdorfet 
de  Gollmick  ne  fournissent  aucun  renseignement 
sur  ce  littérateur  musicien  ;  le  peu  que  fen 
donne  a  été  recueilli  dans  les  journaux,  en  sorte 
que  j*ignore  s'il  y  a  identité  entre  lui  et  TFiï- 
Kelm  Pifeumannf  qui  a  publié  à  Breslau,  en  1S42, 
chez  Cranz,  un  recueil  de  chants  à  deux  voix 
pour  soprano  et  contralto,  extrait  du  recueil  de 
cantiques ,  psaumes  et  litanies  de  F.  W.  Liclit- 
liorn,  pour  Tusage  du  chiite  catholique,  sou-s  ce 
titre  :  Ausiug  aus  den  Choralen  und  Melo- 
dieen  zu  dem,  im  katolischen  gesang-und  Er- 
baunsbuche  von  F.  W.  Lickthom  etc.  Le 
Lexique  des  musiciens  de  la  Silésie  (Schlesisches 
Tonkunstler-Lexikon ^  Breslau,  1846-I8i7), 
de  MM.  Kossmaiy  et  Carlo,  ne  contient  aucune 
notice  sur  un  musicien  de  ce  nom. 

NEUMARCK  (  Georges),  né  le  16  mars 


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NEUMARCK  —  ISEUSS 


307 


i62l^  à  Muhihausen,  fut  secrétaire  des  archives  et 
bibliothécaire  à  Weimar,  où  il  mourut  le  8  juil- 
let 1681.  Il  a  publié  à  Jéna,  en  1657,  un  recueil 
de  mélodies  intitulé  :  Fortgepflanzier  miisika' 
Usch'poeiischer  Lustwald  bezeuget,  etc.  On  lui 
attribue  la  mélodie  du  cantique  :  Wernurden 
iieben  Gott  Ixszt  walten,  etc. 

NEtlMAYER  (Akdré  ),  né  le  24  octobre 
1750,  à  Grossmehring,  près  d'ingolstadt ,  entra 
dans  Tordre  des  chanoines  réguliers  à  Polling 
(.Styrie),  et  y  remplit  les  fonctions  d'organiste  et 
de  directeur  du  chœur.  Il  écrivit  pour  Téglise  de 
son  couvent  beaucoup  de  musique  d'église  fort 
«slimée  en  Bavière.  Après  la  suppression  de  son 
ordre,  il  a  obtenu  une  cure  dans  les  environs  de 
Munich.  Il  n'a  pas  publié  ses  compositions  pour 
{'église. 

Un  autre  musideil  du  même  nom  a  publié ,  à 
Vienne,  des  polonaises,  valses  et  contredaosen. 

NEUNER  (Charles  ),  né  au  faubourg  de 
Munich,  le  29  juillet  1778,  apprit  de  son  père 
(  Martin  Neuner  )  les  éléments  de  la  musique, 
puis  reçut  des  leçons  d*un  moine  du  couvent  de 
Sainl-Jér6me,  près  de  sa  ville  natale.  Plus  tard 
il  fit  ses  humanités  chez  les  bénédictins  de  Te* 
^ernsée,  et  y  apprit  à  jouer  du  violon.  De  re- 
tour à  Munich,  il  se  livra  à  l'étude  de  l'art  du 
«liante  sous  la  direction  de  Yalesi,  et  apprit  de 
Joseph  Gnetz  la  composition  et  le  piano.  Admis 
dans  la  chapelle  du  roi  de  Bavière  comme  vio- 
loniste, il  a  composé  pour  le  tlié&tre  la  musique 
des  ballets  dont  les  titres  suivent  ti^  La  Mort 
d* Hercule.  -  2»  Vénus  et  Adonis.  —  a^L'lT- 
iUon  de  la  Danse  et  de  la  Musique,  —  4o  La 
Caverne  de  brigands.^^  5^  Le  docteur  Faust, 
-*  60  Les  trois  Esclaves.  Cet  artiste  a  écrit 
aussi  pour  l'église  :  Die  Shœpfungstage  (  les 
Jours  de  la  Création),  cantate  rellgiense  pour 
2  soprani,  2  ténors  et  basse,  avec  2  violons,  alto, 
basse  et  orgue ,  en  partition,  op.  8,  Munich, 
Sidler,  et  les  psaumes  de  la  pénitence  à  4  voix 
et  orchestre,  en  partition,  op.  9.,  ibid.  On  a 
gravé  les  airs  de  quelques-uns  des  ballets  de 
Neuner. 

NEUSIEDLER  (Jban),  luthier  à  Nurem- 
berg, né  dans  les  dernières  années  du  quinzième 
siècle,  perfectionna  la  construction  du  luth,  par- 
ticulièrement à  l'égard  du  diapason  du  manclie 
(  vofjes  Baron,  Untersuchung  des  Instru- 
ments derLautCf  p.  56  ).  Ses  instruments  fu- 
•tent  rectierchés  dans  toute  TEurope.  Lui-même 
«n  jouait  fort  bien.  Il  mourut  au  mois  de  janvier 
1563.  Walter  attribue  k  cet  artiste  deux  livres 
de  pièces  de  luth  qui  appartiennent  à  celui  qui  est 
Tobjet  de  l'article  suivant. 

NEUSIEDLER  (  Melgoiou),  luthiste  ha- 


bile, peut-être  fils  du  précédent,  né  à  Nurem- 
berg dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle, 
fit  en  1565  un  voyage  en  Italie  avec  Philippe 
Caméra  rius,  et  retourna  en  Allemagne  Tannée 
suivante.  llsefixaaJorsàAugsbourg;  mais  après 
la  mort  d'Antohie  Fugger,  son  protecteur,  il  re- 
tourna à  Nuremberg ,  où  il  mourut  en  1590. 
On  a  publié  de  sa  composition  :  Deutsch-Lau- 
ienbuch  darinnen  kunstricke  Motetten ,  etc. 
(  Livre  de  tablature  allemande  pour  le  luth,  où 
l'on  trouve  des  motets,  des  pièces  françaises,  ita- 
liennes, allemandes,  etc.  )  Strasbourg,  Bernard 
Jobin,i574,  in-fol.  On  y  trouve  son  portraiL  Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  paru  dans  la 
môme  ville,  en  1596,  in-fol.  Il  a  été  aussi  réim- 
primé à  Venise  en  1576,  sous  ce  titre  :  Il  prima 
libro  in  tabulatura  di  Uuio^  ove  sono  Madrid 
gali,  Motetii,  canzon  francesi^etc.  in  Veneiia^ 
appresso  di  Antonio  Gardano,  in-fol.Neusied- 
1er  a  aussi  arrangé  six  motets  de  Josquin  De- 
près  à  six  parties  en  tablature  de  Inth,  et  les  a 
publiés  en  un  recueil,  à  Strasbourg,  en  1587, 
in-fol. 

NEUSS  (  Henri-Georges  ),  né  le  H  mars 
1654,  à  Ëibingerode,  dans  le  Hanovre,  fut  d*a- 
bord  "prédicateur  à  Quedlinbourg,  puis  pasteur 
à  ^église  Saint-Henri  de  Wolfenbuttel,  et  en 
dernier  lieu  conseiller  du  consistoire,  premier 
pasteur  et  surintendant  de  l'école  de  la  ville  à 
Wernigerode,  où  il  mourut  Je  30  septembre 
1716.  Mattheson  assure  (  Grundlage  einer  Eh^ 
renpforte  )  que  Neuss  avait  près  de  cinquante 
ans  lorsqu'il  commença  Tétude  de  la  musique, 
dans  le  dessein  d'harmoniser  à  quatre  parties  les 
mélodies  du  livre  choral,  pour  l'usage  de  sa  pa- 
roisse. Pour  réaliser  ce  projet,  il  prit  eu  170S 
des  leçons  de  contrepoint  du  cantor  Bokemeyer, 
de  Wolfenbuttel,  quoiqu'il  ne  pAt  résoudre  les 
difficultés  que  par  correspondance  avec  son  maî- 
tre. Environ  cinquante  ans  après,  on  se  servait 
encore  à  Wemigerode  des  chants  chorals  har- 
monisés par  Neuss.  En  1691  il  écrivit  une  lettre 
à  Werkraeister,  sur  l'usage  et  l'abus  de  la  mu- 
sique, que  celui-ci  a  fait  imprimer  comme  pré- 
face de  son  écrit  intitulé  :  Der  edlen  MusiK' 
Kunst  Wûrde,  Gebraiich  wid Missbrauch,  etc., 
Francfort  etLeipsick,  1691,  in^*".  Il  avait  laissé 
en  mourant  un  manuscrit  qui  ne  fut  publié  que 
trente-six  ans  après  sa  mort ,  sous  ce  titre  : 
Musica  parabolica,  oder parabolische  Musik, 
dos  ls(,  Erœrterung  etUcker  Gleichnisse  und 
Figuren,  die  in  der  Musik,  absonderUch  an 
der  Trommete  befindlich  dadurch  die  aller* 
wichtigsten  Geheimnisse  der  heiUgen  Schrift^ 
denen  Musick-Verstœndigen  gar  deutlich  àb* 
gemahlet  wird  (Musique  parabolique,  ou  ex  plica- 

20. 


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808 


NEUSS  -  NEWTON 


tion  de  quelques  paraboles  et  figures  qui  se  trou-  , 
vent  dans  la  musique,  particulièrement  dans  la 
trompette,  par  laquelle  on  donne  une  démonstra- 
tion claire  de  quelq ntis  vérités  de  la  sainte  Écritu re 
à  ceux  qui  sont  instruits  dans  la  musique  ).  Dans 
cet  opuscule  bizarre,  divisé  en  91  paragraphes, 
Meuss  établit  une  comparaison  entre  la  musique, 
Tunivers,  Dieu,  Satan,  le  ciel  et  Tenfer.  Il  divise 
les  quatre  octaves  de  l'ancien  clavier  de  Torgiie, 
depuis  Vui  grave  jusqu'il  Vut  aigu,  en  deui 
grands  cercles  superposés  qui  se  touchent  par 
leur  circonférence.  Chacun  de  ces  cercles  ren- 
ferme deux  octaves.  Le  cercle  inférieur  repré- 
sente le  monde  infernal  ;  le  supérieur,  le  monde 
céleste.  Un  troisième  cercle  coupe  les  deux  pre- 
miers en  parties  égales,  appuyant  les  points  op- 
posés de  sa  circonférence  sur  leur  axe  horizontal.  . 
Celui-là  représente  le  monde  terrestre;  il  ren- 
ferme aussi  deux  octaves  et  participe  du  monde 
céleste  et  du  monde  infernal,  i)our  indiquer  que  la 
soarce  du  bien  et  du  mal  se  trouve  dans  le  cœur 
de  riiomme.  Dans  un  autre  endroit  on  voit  que 
raccord  consonnant,  appelé  trieide  harmonique 
au  temps  de  Neuss ,  est  Temblème  de  la  sainte 
Trinité  :  le  son  fondamental  représente  Dieu  le 
Père;  la  quinte  est  assimilée  au  Fils,  et  la  tierce, 
qui  participe  de  Pharmonie  des  deux  autres,  re- 
présente le  Saint-Esprit.  Tout  le  livre  est  dans 
ce  goût.  A  la  page  90  on  trouve  un  autre  mor- 
ceau intitulé  Kurtzer  Entwurf  von  der  Musik 
(  Esquisse  abrégée  de  la  musique  ) .  Cette  es- 
quisse n'est  que  le  développement  du  sujet  traité 
dans  la  préface  du  livre  de  Werkmeisler  cité 
plus  haut.  Elle  est  divisée  en  trois  chapitres 
dont  le  premier  traite  de  la  noblesse  et  de  l'ex- 
cellence  de  la  musique,  le  second,  de  son  usage 
et  de  son  utilité;  et  le  dernier ,  de  l'abus  qu'on 
en  fait.  L'auteur  aurait  dû  comprendre  que  le 
plus  grand  abus  qu'on  puisse  faire  de  cet  art  est 
de  le  prendre  pour  prétexte  de  semblables  extra- 
vagances. 

NEVEU  (H.  ),  né  à  Bruxelles,  vers  1750, 
se  fixa  jeune  à  Paris ,  et  y  donna  des  leçons  de 
clavecin.  On  voit  par  les  almanachs  de  musique 
qu'il  y  était  encore  en  1789,  et  qu'il  avait  le 
titre  de  claveciniste  du  comte  d'Artois.  On  a  gravé 
de  sa  composition  :  V*  Six  trios  pour  clavecin, 
violon  et  basse,  op.  1,  Bruxelles  et  Paris.  — 
2^  Variations  sur  des  airs  d'opéras-comiques, 
n**  1,  Paris,  Leduc;  Augsbourg,  Gombart.  ~ 
3**  Pots-pourris  pour  le  clavecin  n»»  1  et  2 , 
Paris,  Naderman;  n^  3,  Paris,  Leduc;  no  4, 
Naderman. 

NEViL  ( ),  savant  anglais   qui  vivait 

dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
a  fait  imprimer  dans  les  Transactions  philoso- 


phiques (  n"*  337,  p.  270  )  une  dissertation  inti- 
tulée :  Antient  trumpet  found  in  Jreland 
(  Ancienne  trompette  trouvée  en  Irlande  ).  Sui- 
vant l'opinion  de  l'auteur  de  ce  morceau,  Tins- 
trumenl  dont  il  sagit  appartenait  aux  premiers 
temps  du  christianisme,  et  servait  dans  les  funé- 
railles. 

NEWTE  (Jean),  recteur àTivcrton,  <(ans  le 
Devonshire,  vivait  à  la  fin  du  dii^-septième  siècle. 
On  a  de  lui  un  sermon  sur  Tusage  des  orgues 
dans  les  églises,  sous  ce  titre  :  The  lawfulneis 
and  use  o forçons  in  Christian  churches,  a  ser- 
mon onPs,  CI,  4  ;  Londres,  1696,  in-4*.  Ce  ser- 
mon a  été  réimprimé  à  Londres,  en  1701,  in-4^ 
11  fut  prêché  à  l'occasion  de  l'érection  d'un  nou- 
I  vel  orgue  dans  la  paroisse  de  Tiverton.  Newte  y 
I  établit  que  l'orgue,  lorsqu'il  n'est  pas  séparé  du 
;  chant,  dans  l'office  divin ,  n'«st  pas  contraire  à 
l'esprit  delà  religion  chrétienne.  Un«  critique  de 
:  ce  sermon  fut  imprimée  en  1697,  sous  ce  litre: 
■  A  Letter  to  aftiend  inthe  couniry^coneermu'j 
the  case  of  instrumental  Musick,  in  ihe  vcor- 
'  ship  of  God,  etc.  Newte  fit  une  réponse  à  cet 
i  écrit,  dans  la  longue  préface  de  la  deuxième  édi- 
I  tion  du  Traité  de  Dodwell  sur  le  même  sujet 
I  (t'oyes  Dodwell). 

I      NEWTON  (Jban),  mathématicien  anglais  et 
docteur  an  théologie ,  naquit  en  1622,  à  Oimdle, 
;  dans  le  comté  de  Northampton.  Après  la  restau- 
I  ration,  il  fut  fait  chapelain  de  Charles  II,  puis  il 
!  obtint  le  titre  de  recteur  de  Ross,  dans  le  comté 
d'Hercford,  où  il  mourut  le  25  décembre  1678. 
;  Il  a  publié  beaucoup  de  livres  élémentaires, 
.  particulièrement  sur  les  mathématiques,  et  une- 
sorte  d'encyclopédie  des  sciences  intitulée  :  In- 
troductio  ad  logicamy  rhetoricam,  geogra- 
I  phiam,  mv^icam,  etc;  Londres,  1667,  in -8". 
I  Une  traduction  anglaise  de  ce  livre  a  paru  dan$ 
la  même  année  sous  ce  titre  :  Englisk  Acade- 
my,  or  a  brie f  introduction  io  the  seven  libé- 
ral arts^  in-8°.  La  deuxième  édition  de  cette^ 
traduction  a  été  publiée  à  Londres,  en  1693,  in-12, 
de  243  pages.  Le  petit  traité  de  musique  contenu 
dans  ce  volume  commence  à  la  page  91  et  finit  à 
la  page  105. 

NEWTON  (ISAAc),  savant  illustre  dont  le 
nom  est  célèbre  parmi  ceux  mêmes  (|ui  ne  com- 
prennent pas  la  nature  de  ses  travaux,  naquit  à 
Yolstrop,  dans  la  province  de  Lincoln,  le  2a  dé- 
cembre 1642,  et  mourut  de  la  pierre,  à  Londres,^ 
le  20  mars  1727.  L'histoire  de  la  vie  et  des  dé- 
couvertes de  ce  grand  homme  n'appartient  pas  àr 
ce  Dictionnaire  ;  il  n'y  trouve  place  que  pour  la 
14"  observation  du  second  livre  de  son  Optique^ 
où  il  établit  l'analogie  qu'il  avait  trouvée  entre 
l'ordre  des  couleurs,  suivant  les  différents  degrés 


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NEWTON  —  NlCCOLETTl 


309 


deréfractîco  des  rayons  lumineux  dans  le  prisme, 
arec  les  sons  de  la  gamme.  Newton  s'est  contenté 
d'indiquer  sommairement  cette  analogie,  sans  es- 
sayer d'en  donner  la  démonstration  scientifique, 
parce  qu'il  en  avait  sans  doute  aperçu  les  diffi- 
cultés. Elles  consistent  en  ce  que  les  proportions 
numériques  de  Tordre  des  couleurs,  en  raison  des 
divers  degrés  de  réfrangibilité  des  rayons  lumi- 
DeoK,  ne  sont  pas  celles  de  Tordre  des  sons  de 
nos  gammes  majeure  on  mineure,  et  qu'il  en  ré- 
sulterait une  antre  gamme  mixte  qui  ne  répon- 
drait à  aucune  tonalité,  puisqu'elle  serait  disposée 
de  la  manière  suivante  :  ré,  mi,  fa,  sol,  la,  si, 
ut,  ré.  Mairan  a  développé  les  conséquences  de 
l'observation  de  Newton,  dans  un  Mémoire  inséré 
parmi  ceux  de  TÂcadémie  royale  des  sciences  de 
Paris  (ann.  1737,  pages  1-48).  C'est  aussi  cette 
observation  qui  a  donné  lieu  à  la  rêverie  du  cla- 
vecin oculaire  du  jésuite  Castel.  (  Voyez  Mairan 
et  Castel.  Voyez  aussi Fielo  (Georges). 

Dans  les  Nugx  antiqtue,  recueil  de  pièces  pu- 
bliées à  Londres  en  1769,  on  trouve  une  lettre  de 
Harrington  à  Newton,  datée  du  22  mai  1693, 
concernant  les  proportions  des  intervalles,  avec 
la  réponse  de  Newton  sur  ce  sujet.  11  s'agit  du 
théorème  de  Pythagore,  contenu  dans  la  47"  pro- 
position du  premier  livre  des  ÉlémetUs  d'Ëu- 
clide^  et  qoe  Harrington  considérait  comme  plus 
propre  à  exprimer  les  intervalles  de  la  proportion 
sesquialtère  que  THélicon  de  Ptolémée,  expliqué 
par  Saltnas  et  par  Watlis.  Dans  sa  répon&e,  New- 
ton partage  Topinion  do  Harrington.  Hawkins 
a  reproduit  ces  lettres  dans  le  troisième  volume 
de  son  Histoire  générale  de  la  musique  (p.  140- 
143). 

NEWTON  (Benjamik),  ecclésiastique  an- 
glais^ professeur  du  collège  de  Jésus,  à  Cambridge, 
et  vicaire  à  Sundhurst ,  dans  le  comté  de  Glou- 
cester,  vivait  vers  le  milieu  du  dix-buitième  siè- 
cle. A  Toccasion  de  la  réunion  des  cliœurs  de  trois 
églises  pour  un  festival  de  musique,  au  profit 
d'une  institution  de  charité,  en  1760,  il  a  pro- 
noncé un  sermon  dont  le  leite  était  pris  dans  le 
46*  psaume.  Ce  sermon  a  été  imprimé  sous  ce 
titre  :  Musick  Meeting  of  3  choir  s,  on  Ps, 
XL  Vf,  9  ;  Cambridge,  1760,  in-4o.  On  peut  voir, 
sur  la  réunion  de  ces  trois  chœurs  de  Gloucester, 
Worcester  et  Hereford  le  livre  du  Rev.  Daniel 
Lysons  intitulé  :  Historyofthe  origin  and  pro- 
gress  of  the  Meeting  of  the  three  choirs  of 
Gloucester,  Worcester  and  Hereford,  and 
ofthe  chariiy  connected  with^  etc,  Gloucester, 
1812,  un  volume  gr.  in-8*. 

NEYRAT  (L'abbé  Alexandre  Stanislas), 
prêtre  et  maître  de  chapelle  de  S.  E.  le  cardinal 
archevêque  de  Lyon,  né  à  Lyon,  d'une  ancienne 


famille  d'échevins ,  le  27  août  lS2ô,  a  fait  ses 
premières  études  musicales  au  petit  séminaire 
des  Minimes.  Après  avoir  achevé  son  cours  de 
théologie  il  rentra  au  séminaire  en  qualité  de  pro- 
fesseur. En  1851  il  fonda  la  chapelle  de  Sainl-Bo- 
naventure  et  y  remplit  avec  talent  les  fonctions 
d'organiste  et  de  maître  de  chapelle.  La  mort 
de  l'abbé  Fichet,  en  1861,  a  fait  appeler  M.  Tabbé 
Neyrat  à  la  place  de  maître  de  chapelle  de  l'église 
primatlale  de  Lyon,  où,  par  les  soins  de  Msr  de 
Bonald,  et  sur  la  proposition  de  M.  Danjou,  les 
éléments  d'une  bonne  exécution  de  la  musique 
religieuse  ont  été  réunis.  Placée  sous  la  direction 
de  M.  Tabbé  Neyrat,  cette  chapelle  fait  des  pnn 
grès  remarquables  dans  l'exécution  des  grandes 
œuvres  de  musique  d'église.  On  doit  è  cet  ecclé- 
siastique, musicien  aussi  instruit  que  zélé:  1**  la 
publication  d^un  premier  Recueil  de  cantiques,  en 
collaboration  avec  feu  Tabbé  Fichet;  —  2**  TOr- 
dinaire  du  graduel  et  do  vespéral,  mis  en  faux- 
bourdon;  —  3^  une  seconde  Collection  de  can- 
tiques recueillis  ou  composés  par  lui. 

NÉZOT  (Gabriel),  né  le  12  septembre  1776 
à  Gondrecourt,  dans  le  duché  de  Bar,  est  entré 
comme  élève  au  Conservatoire  de  Paris  en  1795, 
et  y  a  achevé  son  éducation  musicale,  sous  la 
direction  de  Ladurner.  Devenu  professeur  de 
piano,  il  a  fait,  à  l'époque  de  la  paix  d'Amiens, 
un  voyage  en  Angleterre,  et  y  a  publié  deux 
airs  variés  pour  son  instrument.  De  retour 
à  Paris,  il  est  rentré  dans  la  carrière  de  l'ensei- 
gnement, et  a  fait  paraître  quelques  romances, 
et  une  fantaisie  pour  le  piano;  Paris,  Leduc. 

NIGAISE  (Claude),  chanoine  de  la  Sainte- 
Chapelle  de  Dijon ,  naquit  dans  cette  ville,  en 
1623.  Après  avoir  achevé  ses  études  dans  sa  ville 
natale ,  il  recommença  sa  philosophie  à  l'univer- 
sité de  Paris,  pois  étudia  la  théologie  au  collège 
de  Navarre.  En  1655,  il  fit  un  voyage  en  Italie, 
et  s'y  lia  avec  beaucoup  d'artistes  et  de  savants. 
De  retour  à  Dijon,  il  s'y  livra  è  la  culture  des 
lettres.  Il  mourut  le  20  ociobre  1701,  à  Yilly, 
village  à  sept  lieues  de  cette  ville.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  un  Discours  sur  la  musique  des  AnF- 
ciens,  qu'il  se  proposait  de  faire  imprimer  a?eo 
quelques  lettres  d'Ouvrard  (  voyez  ce  nom)  sur  le 
même  sujet.  Fabricius  cite  ce  discours  (BibUoth. 
Grœc.,  tome  II,  p.  251  )  sous  le  titre  latin  De 
Veterummusicd  Dissertatio ;  c'est  à  cettesource 
que Forkel  a  puisé  {AUgem.  LUter.  derMuM), 
et  tous  ses  copistes  ont  répété  ce  titre;  mais  Pa- 
pillon (BibUoth.  des' auteurs  de  Bourgogne), 
mieux  instruit,  indique  le  titre  français. 

NlCCOLETTl  (Pbilippe),  compositeur» 
naquit  à  Ferrare  enl  563,  fit  ses  études  musicales 
à  Bologne  sous  le  P.  Cartari,  religieux  cordelier. 


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810 


NICCOLETTI  —  NICCOLINI 


maître  de  chapelle  du  grand  couvent  de  Saint- 
François,  et  vécut  quelque  temps  à  Rome,  où  il 
était  encore  en  1620.  II  y  était  maître  de  chapelle; 
mairoftsgoore  à  quelle  église  il  était  attaché.  Il 
a  publié  :  Madrigali  a  ô  t;oc/,  Uh,  1.  Venise, 
1997,  in-4''.  11  a  laissé  aussi  beaucoup  de  musi- 
que d'église  en  manuscrit. 

NICCOLINl  (François),  compositeur  et 
poêle  dramatique,yécut  à  Venise  depuis  1669 
jusqu'en  1685.  Il  y  fit  représenter  les  opéras 
suivants  de  sa  composition  ;  1**  VÀrgiat  opéra 
sérieux;  —2®  Il  Genserico,  mélodrame;  — 
3**  VEraclUo'y  —  4*  Peneloppe  lacatta. 

NICCOLINI  (Paul),  soprauiste,  brilla  i 
Borne,  en  1721,  dans  Comnène,  opéra  de  Por- 
pcra. 

NIGGOLINI  (Cbari.Es),  chanteur  distingué, 
surnommé  délie  Cadenze,  à  cause  de  son  habi- 
leté à  exécuter  le  trille,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  £n  1770,  il  était 
à  Sienne,  où  il  se  faisait  admirer. 

NICCOLIIVI  (Mariano),  brilla  comme  chan- 
teur à  Rome,  i  Naples  et  à  Venise,  depuis  1775 
jusqu*en  1790. 

NIGCOLINl  (Louis), né  à  Pistoie  en  1769, 
alla  dans  sa  première  jeunesse  commencer  ses 
études  de  musique  à  Florence,  sous  la  direction 
de  Marc  Rutini  ;  pois  il  entra  au  Conservatoire  de 
la  Pietà  dei  Turchini,  i  Naples,  et  y  reçut  des 
leçons  de  contrepoint  de  Sala.  Trilto  et  Paisielio 
lui  donnèrent  aussi  des  conseils  pour  Tinstrumen- 
talion  et  la  conduite  des  morceaux  de  musique 
Yocale.  £n  1787,  il  écrivit  la  musique  de  quelques 
billets  pour  le  théAtre  Saint-Charles,  à  Maples. 
De»x  ans  après,  le  grand-duc  de  Toscane,  Léo- 
pold,  le  nomma  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale de  Livoume  :  il  occupait  encore  cette  place 
en  1812.  Niccolini  a  écrit  beaucoup  de  musique 
pour  Téglise,  restée  en  manuscrit,  et  des  divertis- 
sements pour  le  théâtre. 

NIGCOUNI  (Josetb),  né  à  Plaisance,  en 
1771,  suivant  la  notice  faite  par  Gervasooi. 
P'après  un  renseignement  fourni  par  la  Gazette 
générale  de  musique  de  Leipsick  (43^  année, 
col.  1^046),  la  date  véritable. de  sa  naissance  se- 
rait le  mois  d^avril  1763;  cependant  ses  études 
ne  furent  terminées  au  Conservatoire  de  Na- 
ples  qu'en  1792,  d'où  il  suit  qu'il  aurait  été  Âgé 
de  29  ans  à  cette  époque,  ce  qui  est  peu  vrai- 
semblable. Il  était  fils  d*Omobono  Niccolini, 
maître  de  chapelle  i  Plaisance.  Dès  son  en- 
fance il  montra  d'heureuses  dispositions  pour  la 
musique,  qui  furent  cultivées  par  sou  père  pen- 
dant cinq  ans;  puis  il  reçut  des  leçons  de  chant  de 
Philippe  Macedone;  et  enfin  il  entra  au  Conserva- 
toire de  San-Onofrio,  à  Naples.  Il  y  demeura  sept 


années,  et  fut  dirigé  dans  ses  études  par  Jacques 
Insanguine,  connu  sous  le  nom  de  Monopoli. 
Sorti  du  Conservatoire  en  1792,  il  fit  représenter 
à  Parme,  pendant  le  carnaval  de  l'année  suivante,. 
son  premier  opéra  intitulé  :  La  Famiglia  stra- 
vacante.  Au  printemps  de  1794  il  écrivit  à  Gènes 
deux  opéras  bouftes,  savoir  :  Il  Principe  Spaz- 
zacamino,  et  /  MoUnari.  Appelé  ensuite  à  Mi- 
lan, il  y  donna  pendant  l'automne  Le  Nozse 
canipestri.  £n  1795,11  se  rendit  à  Venise  pour  y 
compoMT  VÀrlaserae;  dans  la  saison  du  carna- 
val de  1796  il  y  fit  représenter  La  Donna  inna- 
morata.  Cet  on^rage  fut  suivi  d'un  oratoric 
en  trois  parties,  exécuté  à  Césène  pendant  le  ca- 
rême. En  1797  Gènes  le  rappela  pour  Popéra  do 
carnaval  ;  il  y  écrivit  VAlzira,  dont  le  succès 
classa  Niccolini  parmi  les  meilleurs  comirasi- 
teurs  italiens  de  cette  époque.  Dans  Tautomue 
de  la  même  année  il  dut  aller  à  Livoume,  et  y 
composa  La  Clemenza  di  Tito,  qui  fut  aussi 
accueilli  avec  beaucoup  de  faveur.  Cresceotioi, 
parvenu  alors  à  la  plus  belle  époque  de  son  ta- 
lent, excita  dans  cet  ouvrage  Tadmiration  du  pu- 
blic jusqu'à  l'enthousiasme.  /  due  FratelU  ridi- 
coli  succédèrent  à  cette  composition ,  dans  Taa- 
tomne  de  1798,  à  Rome.  Quarante  jours  suffirent 
à  Niccolini  pour  écrire,  en  1799,  IlBruto,  opéra 
sérieux  à  Gènes,  et  GU  Scitti  à  Milan.  A  peine 
ce  dernier  ouvrage  eut-il  été  représenté,  que  le 
compositeur  partit  pourNaples,  où  il  était  engagé 
à  écrire  l'oratorio  de  la  Passion.  De  retour  à 
Milan  daus  l'automne  de  la  même  année,  il  y  fit 
représenter  Jl  Trionfo  del  bel  sesso.  En  180a 
il  composa  à  Gènes  VIndaiivo;  au  carnaval  de 
1801,  il  donna  à  Milan  /  Baccanali  di  Borna. 
C'est  dans  cet  opéra  que  la  célèbre  cantatrice 
Catalan!  commença  à  fixer  sur  elle  l'attention  de 
ritahe.  Après  le  grand  succès  de  cet  ouvrage, 
la  réputation  de  Niccolini  s'étendit  chaque  jour 
davantage,  et  les  villes  principales  l'appelèrent 
tour  à  tour;  ainsi  il  écrivit  en  1802  /  Manlj,  à 
Milan;  La  Selvaggia,  en  1803»  à  Rome;fedra 
ossia  il  Bitorno  di  Teseo,  dans  la  même  ville, 
en  1804;  au  printemps  de  1805,  Il  Getososiii' 
ceraio,  à  Naples;  à  la  saison  d'été  Geribea  e 
Felamone,  dans  la  même  ville  ;  et  à  l'automne, 
GV  Incostanti  netnici  délie  donne;  en  1806, 
Abenhamet  eZoraide,  à  Milan; en  1807,  Tra- 
Jano  in  Dacia,  à  Rome.  Pendant  que  Niccolini 
écrivait  cet  opéra,  GU  Oraxi  e  Curiazù  de  Ci- 
marosa  étaient  représentés  avec  un  succès  écla- 
tant à  Rome.  Entrer  en  concurrence  avec  cet 
opéra  paraissait  téméraire,  et  lé  directeur  do 
théâtre  avait  proposé  à  Niccolini  d'jûourner  la 
représentation  de  son  ouvrage  ;  mais  cehii-ci  exi- 
gea l'exécution  de  son  traité,  et  sa  hardiesse  fut 


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NICCOLmi  —  KîCHELMAiNN 


311 


récompensée  par  le  succès  le  plus  flatteur  qiiMI 
ait  obtenu;  car  Trajano  in  Dacia  fit  gagner  à 
Tentrepreneur  du  spectacle  plus  de  dix-sept  mille 
écus  romains  (environ  100  mille  francs).  C'est 
dans  ce  même  opéra  que  Velluti  se  plaça  à  la  tète 
des  chanteurs  qui  brillaient  en  Italie  à  cette  épo- 
que. En  1808,  Niccolini  écrivit  à  Rome  Le  due 
GemeUe;  en  1809,  CoriolanOt  à  Milan;  en  1810, 
Dario  Istaspe,  à  Turin;  en  1811,  Angelica  e 
MedorOy  dans  la  même  ville,  Ahradame  Dir- 
cea,  à  Milan;  Quinlo  Fabio,  à  Vienne,  et  dans 
la  même  ville  Le  Nozze  dei  Morlacchi^  pour  le 
prince  deLobkowitz;  en  1812,  La  Feudaiaria, 
à  Plaisance.  Après  cette  époque,  l'activité  de  l'ar- 
tiste se  ralentit  un  peu;  cependant  il  écrivit 
encore  La  Casa  del  asirologo,  Mitridate, 
Vira  d* Achille  f  à  Milan,  Balduino,  à  Venise, 
Carlo  Magno,  à  Reggio,  H  Conte  di  Lennos, 
à  Parme,  Annibale  in  Bitiniaf  Cesare  nelle 
GalUe,  Adolfo,  La  Presa  di  Granata,  LEroe 
di  Lancastro,  Aspasia  ed  Agide,  et  il  Teuzzo- 
ne.  Appelée  Plaisance  en  1819,  en  qualité  de 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale,  Niccolini 
cessa  d*écrire  pour  le  théâtre  |)endant  plusieurs 
années;  les  succès  de  Rossini  avaient  alors  rendu 
Taccè  de  la  icène  difficile  pour  les  autres  com- 
poâiteurs;  cependant  l'auteur  des  BaccanaU  di 
Borna  voulut  encore  s'essayer  devant  le  publie, 
et  le  14  août  1828  il  fit  représenter  à  Bergame 
V/lda  d'Avenelf  où  Ton  retrouvait  encore  quel- 
ques traces  de  son  talent  :  la  Conquisla  di  Ma- 
lacca,  Witikindy  et  II  trionfo  di  Cesare,  sont 
de  faibles  productions  du  même  artiste.  A  tant 
d'ouvrages  dramatiques ,  il  faut  igouter  cinq  ora- 
torios, les  trois  premiers  pour  Venise,  et  les  deux 
autres  pour  Bergame  ;  trente  messes,  deux  Re- 
quiem, cent  psaumes,  trois  Miserere,  deux  De 
pro/undis,  six  litanies  de  la  Vierge,  des  cantates, 
des  sonates  de  piano,  beaucoup  de  quatuors  pour 
divers  instruments,  et  des  canzonettes.  On  a 
gravé  à  Vienne  les  cantates  Andromacca ,  et 
£ro,  ainsi  que  trois  recueils  d'ariettes  et  de 
canzonettes.  Niccolini  est  mort  à  Plaisance,  au 
mois  d'avril  1843.  Il  n*eut  pas  le  génie  de  création  ; 
mais  il  avait  de  Tentrain  dans  le  style  bouffe,  le 
sentiment  mélodique,  et  son  instrumentation  ne 
manquait  pas  dMntèrêt. 

NICET  (S.},évêque  de  Trêves,  d*abord  abbé 
dans  un  monastère  dont  on  ignore  le  nom,  fut 
élcvéàTépiscopaten  527,  et  mourut  le  5  décem- 
bre 566.  L'abbé  Gerbert  a  inséré  dans  sa  collec- 
tion des  écrivains  sur  la  musique  (t.  I,p.  9}  un 
Traité  deLaude  et  utililate spiritualium  can- 
ticorum,  quxflunt  in  ecclesid  christiand ,  seu 
de psalmodix  &cmo,qui  lui  est  attribué.  Forkel 
s'est  trompé  en  disant,  dans  son  Histoire  de  la 


musique  (t.  If,  p.  197),  que  Nicet  est  auteur  du 
Te  Deum  communément  attribue  à  saint  Am- 
broise. 

NICHELMANN  (Christophe),  musidei» 
au  service  du  roi  de  Prusse  «  naquit  à  Treuen- 
briezen,  dans  le  Brandebourg,  le  13  août  1717» 
Après  avoir  appris  de  quelques  maîtres  obscurs 
les  éléments  de  la  musique  et  du  clavecin,  il 
entra  en  1730  à  Técole  Saint-Thomas,  de 
Leipsick,  dont  la  direction  était  alors  confiée 
à  J.  S.  Bach.  Guillaume  Friedmann,  fils  aîné  de 
ce  maître,  le  guida  dans  ses  études  de  clavecin 
et  de  composition.  Après  trois  années  de  séjour 
dans  cette  école ,  le  désir  de  connaître  la  mu- 
sique dramatique  le  conduisit  à  Hambourg.  L'o- 
péra n'y  était  plus  dans  l'état  florissant  où  l'a- 
vaient mis  quelques  grands  compositeurs  environ 
trente  ans  auparavant;  mais  riichelmann  trouva 
chez  le  vieux  Keiser,  chez  Telemann  et  cher 
Matlheson  d'utiles  conseils  qui  le  dédommagèrent 
de  la  décadence  du  spectacle.  En  1738  il  se  ren- 
dit à  Berlin,  après  avoir  fait  un  court  séjour 
dans  le  lieu  de  sa  naissance.  L'organisation  de  la 
chapelle  royale  et  l'établissement  de  l'Opéra  de 
Berlin,  en  1740,  lui  fournirent  les  moyens  de  com- 
pléter son  instruction  dans  la  musique  pratique. 
Il  étudia  aussi  le  contrepoint  sous  la  direction 
de  Quani,  et  Graun  l'instruisit  dans  la  manière 
d'écrire  pour  les  voix.  Peu  de  temps  après,  il 
composa  ses  sonates  pour  le  clavecin ,  qui  ont 
été  publiées  en  deux  recueils.  Après  la  mort  de 
son  père,  privé  des  secours  qu'il  en  avait  reçus 
jusqu'alors,  il  fut  obligé  de  songer  à  se  procurer 
une  existence  certaine.  Sa  patrie  ne  lui  offrant 
pas  de  ressources  pour  cet  objet ,  il  résolut  de 
visiter  l'Angleterre  et  la  France,  pour  y  cher- 
cher une  position  convenable  ;  mais  arrivé  à 
Hambourg,  il  reçut  de  Frédéric  II  l'ordre  de  re- 
tourner à  Berlin,  avec  la  promesse  d'y  être 
placé  dans  la  chapelle  royale.  11  y  entra  en 
effet  au  mois  de  mars  1745,  en  qualité  de  second 
claveciniste.  On  ignore  les  motifs  qui  lui  firent 
solliciter  sa  démission  en  1750  ;  le  roi  la  lui  ac- 
corda, et  Nichelmann  vécut  ensuite  à  Bcrli» 
dans  le  repos,  et  mourut  en  1761.  Les  compo- 
sitions de  cet  artiste  sont  depuis  longtemps  ou- 
bliées; elles  consistent  en  deux  œuvres  de  so- 
nates ponr  le  clavecin  ;  imprimés  à  Nuremberg, 
en  1749,  et  quelques  chansons  allemandes  pu- 
bliées dans  les  écrits  périodiques  de  Marpurg,  et 
dans  quelques  autres  recueils  de  la  même  épo- 
que. Nichelmann  a  laissé  aussi  en  manuscrit  plu- 
sieurs morceanx  d'une  pastorale  qu'il  avait  com- 
posée avec  le  roi  de  Prusse  et  le  flûtiste  Quanz. 
Cet  artiste  n'est  maintenant  connu  que  par  le 
livre  qu'il  a  public  sous  ce  titre  :  Die  Mélodie 


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312 


NICHELMAÎSN  --  JNICODAMI 


nack  ihren  Wesen  sowohl  als  noch  ihren 
Eigenschaften  (  La  mélodie  considérée  en  elle- 
rnéme  et  dans  ses  propriétés),  Dantzîck,  1755, 
in>4°  de  175  pages,  avec  22  planche-s.  Gerber 
dit  que  cet  ouvrage  fut  écrit  par  Nichelmann  k 
Toccasion  des  discussions  violentes  que  la  lettre 
de  J.-J.  Rousseau  sur  la  musique  française  avait 
soulevées  en  France  ;  cependant  on  n*y  trouve 
aucune  allusion  à  ces  disputes  ;  le  sujet  y  est 
traité  d'une  manière  sérieuse ,  et  peut-être  un 
peu  trop  didactique.  On  y  trouve  de  bonnes 
cboses;  Nichelmann  y  fait  preuve  de  pbilosophie 
dans  les  idées ,  et  établit  d'une  manière  solide 
les  rapports  de  la  mélodie  et  de  l'harmonie.  Une 
critique  sévère  du  livre ,  publiée  sous  le  pseudo- 
nyme de  Dilnkel/eindf  et  datée  de  Nordliaiisen, 
.le  1"  juillet  1755,  parut  en  2  feuilles  in-4* 
sous  ce  titre  :  Gedanken  eines  Hebhabers  der 
Tonkûnst  ûber  Herm  Nichebnann  Tractât 
von  der  Mélodie  (Idées  d'un  amateur  de  mu- 
sique sur  le  Traité  de  la  mélodie  par  M.  Nichel- 
mann ).  Celui-ci  répondit  avec  une  ironie  amère, 
sous  le  voile  de  l'anonyme,  dans  l'écrit  intitulé  : 
Die  Vortre/lichkeU  des  fferrn  C.  Dunkel- 
feind  ûher  die  Abhandlung  von  der  Mélo- 
die ins  lÀcht  geseizt  von  einem  Musik- 
freunde  (  L'excellence  des  idées  de  M.  Dûn- 
kélfeind  sur  le  Traité  de  la  mélodie ,  analysée 
par  un  amateur  de  musique ),  2  feuilles  in-4° 
(sans  date  ni  nom  de  lieu).  Quelques  livres  con- 
cernant la  musique ,  par  Neidhart ,  Prinfz ,  Mat- 
theaon ,  annotés  par  Nichelmann ,  avaient  passé 
daus  les  mains  de  Marpurg ,  puis  dans  celles  de 
Forkel;  ils  sont  aujourd'hui  dans  ma  biblio- 
thèque. 

NICHETll  (L'abbé  Antoine-Marie),  de 
Padoue,  a  publié  dans  cette  ville,  en  1833, 
un  opuscule  de  72  pages  in-8°  et  quelques  plan- 
ches, qui  a  pour  titre  :  Prospeiio  di  un  nuovo 
modo  più  agevole  di  Scrittura  musicale  pri- 
vilegiata  da  S.  M,  /.  R,  A.  Francesco  I  (Pros- 
pectus d'une  nouvelle  manière  plus  aisée  de  no- 
tation musicale,  etc.).  Le  système  de  notation  pro- 
posé par  Vabbé  Nichetti  est  une  combinaison  des 
lettres  de  l'alphabet  :  comme  tous  ceui  du 
même  genre ,  il  oblige  à  distinguer  tous  les  si- 
gnes et  à  les  lire  un  à  un ,  parce  qu'ils  ne  repré- 
sentent pas  les  sons  par  leurs  positions  et  ne 
peignent  pas  les  phrases  par  groupes  comme  la 
notation  ordinaire.  Les  fausses  idées  de  Jean- 
Jacques  Rous&eau  sur  ce  sujet  ont  égaré  l'ec- 
clésiastique de  Padoue  comme  beaucoup  d'au- 
tres. 

NICHOLSON  (Richard),  organiste  du  col- 
lége  de  la  Madeleine,  à  Oxford ,  obtint  en  1795 
le  grade  de  bachelier  en  musique  de  cette  univer- 


sité ,  et  fut  le  premier  professeur  de  la  cnaire  de 
musique  fondée  en  1626  par  le  docteur  Heyther. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  madrigaux , 
dont  un  à  5  voix  a  été  inséré  dans  les  Triumphs 
ofOriana  publiés  par  Morley.  Nîcholsoii  mourut 
à  Oxford  eu  1639. 

NIGllOLSON  (  Charles  ),  flûtiste  qui  a  ea 
beaucoup  de  réputation  en  Angleterre,  était  fils 
d'un  autre  flûtiste  du  théâtre  de  Covent-Garden , 
et  naquit  à  Londres  en  1704.  Après  avoir  été 
attaché  aux  orchestres  de  Drury-Lane  et  de  Co- 
vent-Garden ,  il  est  entré  à  celui  du  Théâtre  Ita- 
lien ,  et  au  concert  philharmonique ,  où  il  s'est 
fait  remarquer  par  une  belle  qualité  de  son  et 
par  le  brillant  de  son  double  coup  de  langue, 
qu'il  avait  appris  de  Drouet.  Les  Anglais  le  pla- 
çaient au-dessus  de  tous  les  autres  flûtistes  ;  ce- 
pendant il  était  inférieur  à  Tulou  sous  le  rapport 
de  l'élégance  du  style,  et  à  Drouet  pour  le  brillant 
de  l'exécution.  Cet  artiste  est  mort  jeune  vers 
1835.  On  trouve  une  analyse  de  son  talent  dans 
le  livre  de  M.  James  qui  a  pour  titre  :  A  word 
or  iwo  on  the  flûte  (pages  153-167).  On  a 
gravé  à  Londres  beaucoup  de  com[iositions  de 
Nicholson  pour  la  flûte,  entre  autres  :  1°  Pre- 
ceptive  lessons  for  the  flûte  —  2"^  Studies  con- 
sistmg  of  passages  selected  frotnihe  works  of 
the  most  eminent  flûte  composerSf  and 
ihrown  into  the  form  of  préludes,  with  oc- 
casional  flngering,  and  a  set  of  original  exer- 
cises. ^  y*  Douze  mélodies  choisies ,  avec  des 
variations  pour  flûte  et  piano.  —  4"*  Fantaisie 
avec  introduction  et  polonaise.  —  5^  Trois  duos 
pour  deux  flûtes ,  etc.  Ces  dernières  productions 
ont  été  aussi  pubhées  à  Leipsick,  chez  Breitkopf 
et  Haertel. 

NICLAS  (  J.  A.  ) ,  musicien  au  service  du 
prince  Henri  de  Prusse,  à  Rheinsberg,  naqnit 
à  Tettnung,  dans  la  Souabe  (  aujourd'hui  royaume 
de  Wurtemberg),  vers  17C0.  Il  a  publiée  Ber- 
lin, en  1790,  un  choix  d'airs  pour  le  piano,  et 
de  petites  pièces  pour  les  commençants.  Cet  ar- 
tiste était  frère  d'une  cantatrice  qui  a  brillé  quel- 
que temps  i  Berlin  sous  le  nom  de  mademoi- 
selle Niclas,  et  qui  depuis  1796  est  devenue  la 
femme  d'un  M.  Troschel,  conseiller  des  accises 
et  douanes,  dans  la  Prusse  méridionale. 

NIGODAMl  (....)  musicien  et  pianiste,  na- 
quit en  Bohême  dans  les  premiers  mois  de  1758. 
Son  nom  véritable  était  Nikodim,  que  ses  rivaux 
affectaient  de  prononcer  Nicodème  :  ce  fut 
pour  ce  motif  qu'il  prit  le  nom  sous  lequel  il  est 
connu.  Cet  artiste  se  rendit  à  Paris  vers  1788 
et  s'y  fit  connaître  avantageusement  par  la  pu- 
blication de  deux  œuvres  de  sonates  et  de  quel- 
ques airs  variés.  A  l'époque  de  l'organisation 


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MCODAMI  —  MCOLAl 


313 


du  Conservatoire  de  Paris ,  Nico(]aini  y  entra 
comme  professeur  de  piano  et  en  remplit  les  fono- 
(ionft  jusqu'en  1802,  où  il  Tut  compris  dans  la  ré- 
forme d'un  grand  nombre  de  membres  de  cetta 
iostitution.  II  est  mort  en  1844 ,  à  Page  de  86  ans. 

NICOLA  (Charles),  violoniste  et  musicien 
de  cliambre  à  Hanovre,  est  né  à  Manlieim, 
en  1797.  Son  père  avait  été  bon  bautboïste  du 
théâtre  de  cette  ville.  A  Page  de  dix  ans,  le 
jeone  Nîcola  commença  à  recevoir  des  leçons  de 
Wendllng ,  et  plus  tard  Godefroid  Weber ,  qui 
habitait  alors  à  Manheim ,  lui  enseigna  la  com- 
position. Après  avoir  été  employé  quelque  temps 
comme  musicien  de  la  cour  à  Manlieim ,  Nicola 
aobtenii  une  place  honorable  à  Stuttgnrd,  en  1821^ 
et  deux  ans  après  il  a  été  appelé  à  Hanovre.  On 
a  publié  de  sa  composition  :  1^  Adagio  et  rondo 
pour  violon  principal  et  orchestre,  op.  11,  Leip- 
sick,  Hotmeisfer.  —  2*  Deux  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  violoncelle,  ibid.  —  S**  So- 
nate pour  piano  et  violon,  op.  5,  ibid.  — 
4*»  idem,  op.  6;  Lcipsick,  Breitkopf  et  Haertel. 
~  5®  Environ  sept  recueils  de  chansons  alle- 
mandes, avec  accompagnement  de  piano.  Ce 
genre  de  compositions  est  celui  dans  lequel 
M.  Nicola  réussit  le  mieux.  Il  a  écrit  une  ouver- 
ture à  grand  orchestre  pour  le  drame  Anna 
Boleyn  ;  ce  morceau  n'a  pas  été  publié. 

NIGOLAl  (Jean-Michel)  ,  musicien  au  ser- 
vicedela  cour  de  Wurtemberg,  vivait  à  Stultgard, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  a 
publié  de  sa  composition  :  r  Erster  Theil 
geisUicker  BarmorUen  von  3  Vocaîstimmen 
und  2  viol.  (  première  partie  d^harmonies  spi- 
ritoelles  à  3  YOii  et  2  violons  ) ,  Francfort,  1669. 
—  2^  Douze  sonates  pour  2  violons  et.une  basse 
de  vide  ou  basson,  première  partie,  Augs- 
boorg,  1675,  in-fol.  obi.  —  3**  Vingt-quatre  ca- 
prices pour  quatre  violons  et  basse  continue , 
première  partie,  ibid.,  1675;  2*  idem,  ibid. 
3^  partie,  ibid.,  1682. 

NlGOLAl  (Jean  ) ,  savant  philologue ,  né  à 
Dm,  dans  le  duché  de  Schwartzbourg ,  vers  1660, 
fit  ses  études  aux  universités  de  Jéna,  Giessen 
et  Uelmstadt,  puis  visita  une  partie  de  la  Hol- 
lande et  de  l'Allemagne.  Après  avoir  passé  quel- 
que temps  à  Giessen,  il  fut  nommé,  en  1700, 
professeur  d'antiquités  à  TAcadéinie  de  Tubinge, 
et  associé  du  recteur.  11  est  mort  dans  cette  Tille, 
le  12  août  1708,  dans  un  âge  peu  avancé.  Parmi 
ses  ouvrages,  on  trouve  un  traité  des  sigles  ou 
abréviations  dont  se  servaient  les  anciens,  sous 
le  titre  de  Traciaius  de  siglis  veterum,  Leyde, 
1703,  in-4^  Le  18*  cliapitre  de  ce  livre  (p.  105 
à  113  ), traite  de  sigUs  tMuMs  et  noUs  :  les 
détails  en  sont  assez  curieux.  Dans  son  TraC' 


iaius  de  Synedrio  jEgyptiorum ,  illorumque 
legibus  insignioribus  (Lugduni  Batavorum 
1708,  in-8°),  Micolaî  traite  des  prêtres  égyptiens 
que  chantaient  les  louanges  des  dieux. 

NIGOLAI  (  Ernest- Antoine),  médecin,  né 
à  Sondershausen ,  en  1722»  fit  ses  études  à  Tu- 
niversité  de  Halle,  et  devint,  en  1748,  profes- 
seur à  celle  de  Jéna ,  où  il  est  mort  le  23  aoiU 
1802.  On  a  de  lui  une  dissertation  intitulée  : 
Die  Verbindung  der  Musik  mil  der  Àrteney 
Gelahrtheit  (  Les  rapports  de  la  musique  avec 
la  médecine),  Halle,  1745,  70  pages  in-8^  11  y 
analyse  les  effets  de  la  musique  sur  le  corps  hu- 
main. 

MCOLAl  (Gottlieb-Samuel),  professeur 
de  philosophie  à  Francfort -sur- POder,  mort  le 
26  mars  1765,  a  publié  plusieurs  ouvrages  sur 
les  principes  de  la  philosophie  de  Wolf ,  parmi 
lesquels  on  remarque  celui  qui  a  pour  litre  : 
Sriefe  iiber  den  etzigen  ziLstand  der  schœne 
Vissenschaften  in  Deutschland  (Lettres  sur 
l'état  actuel  des  beaux-arts  en  Allemagne).  Ber- 
lin, Jean-Chrétien  Kleyb,  1755,  in-8^  Ces  let- 
tres, au  nombre  de  dix-huit,  renferment  des 
critiques  de  plusieurs  ouvrages  publiés  à  cette 
époque  sur  les  beaux-arts.  La  musique  est  l'ob- 
jet de  la  troisième  lettre. 

NICOLAI  (David-Traugott),  organiste  à 
IVglise  Saint-Pierre  de  Gœrlitz,  naquit  le 
24  août  1733,  dans  cette  ville,  où  son  père  rem- 
plissait les  mêmes  fonctions.  A  Page  de  neuf  ans, 
il  était  déjà  assez  liabile  iH>ur  jouer  de  Porgne. 
Il  fréquenta  plus  tard  Tacadémie  de  Leipsick, 
depuis  1753  jusqu'en  1755,  et  montra  tant  de 
talent  en  jouant  l'orgue  de  l'église  Saint-Paul^ 
que  Hasse  exprima  son  admiration  après  l'avoir 
entendu.  Nicola!  s*était  formé  principalement 
par  rétode  des  ouvrages  de  Jean-Sébastien 
Bach;  il  en  possédait  si  bien  le  style,  qu^on  le 
retrouve  dans  ses  propres  ouvrages.  De  retour  à 
Gœrfitz  au  commencement  de  1756,  il  y  suc- 
céda à  son  père.  Son  attachement  pour  le  lieu 
de  sa  naissance  et  pour  Porgue  qui  lui  avait 
été  confié  lui  fit  refuser  toutes  les  propositions 
qui  lui  furent  faites  pour  d'autres  emplois.  Il 
était  habile  mécanicien  et  connaissait  à  fond  le 
mécanisme  de  la  facture  des  orgues  :  ces  con- 
naissances spéciales  le  firent  souvent  nommer 
arbitre  pour  la  réception  des  instruments.  Il 
avait  construit  un  harmonica  à  clavier  qui  n'était 
pas  exempt  d*ipaperfections;  mais  le  second  ins- 
trument de  cette  espèce  qu^il  fit  réussit  mieux. 
11  mourut  à  Gmrlitz  dans  la  soixante-huitième 
année  de  son  âge,  le  20  décembre  1799.  On  ne 
connaît  de  ses  compositions  que  quelques  so- 
nates de  clavecin  dans  les  recueils  publiés  par 


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314 


NICOLAI 


Hilier  depuis  1770,  une  fugue  qui  a  paru  à  Leip- 
aick,  chez  BreilkopC,  en  1789,  et  une  fantaisie 
•Tec  fugue  pour  l'orgue,  Dresde  et  Leipsick,  1792. 
Les  sonates  qu'il  a  laissées  en  manuscrit  sont  si 
difficiles ,  que  peu  d'organistes  sont  assez  habiles 
pour  les  jouer.  On  a  de  Nicolaî  une  description 
du  grand  orgue  de  l'église  principale  de  Geerlitz» 
intitulée  :  Kurze  dock  zu  verlœssige  Beschrei- 
bung  der  grosaen  Orgel  in  der  Hauptkirche  %u 
eariiti.  Gœriitz,  Unger,  1797,  in-4»  de 
16  pages. 

NICOLAI  (  Jean-Georges  ) ,  organiste  à  Ru- 
dolstadt ,  naquit  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  et  mourut  dans  cette  ville 
vers  1790.  Il  s'est  fait  connaître  avantageusement 
par  les  compositions  suivantes  :  i^  JHverti- 
mento  per  te  dame  $ul  cembalOy  consistente 
in  XII  arie  affctiuose,  trio,  andante,  mi- 
nuelti,  etc.,  gravé  (sans  date  ).  —  2*  Six  suites 
pour  le  clavecin ,  Leipsick,  1760.  —  3**  Préludes 
pour  l'orgue,  ibid.,  1770.  —  4*»  Douze  préludes 
courts  et  faciles  pour  des  chorals,  suivis  de 
cantiques  arrangés  à  quatre  voix.  —  5*  Choral- 
vorspiele  fiir  die  Orgel  (  Préludes  de  chorals 
pour  l'orgue);  Rndolstadt  (sans  date). 

NICOL/VI  (Jbak-Martin),  frère  du  précé- 
dent ,  fut  d'abord  organiste  à  Grosa-Neundoriï, 
dans  le  duché  de  Saxe-Meinungen ,  puis  entra  au 
service  de  la  cour  de  Meinungen ,  où  il  était 
en  1756.  Il  a  fait  imprimer  à  Nuremberg,  dans 
cette  même  année,  un  recueil  d'exercices  de 
clavecin  intitulé  Clavieriibnngen. 

NICOLAI  (Christophe-Frédéric),  savant 
libraire  allemand,  naquit  i  Berlin,  le  18  mars 
1733,  fit  ses  études  à  Dcrlin  et  à  Halle,  et  mourut 
le  8  janvier  ISU.  Sa  Description  de  Berlin  et 
de  Potsdam  (Berlin,  1769,  in-S*" ;  ibid.,  1779, 
deux  vol.  in-S**  ;  et  1786,  4  vol.  ),  contient  des 
détails  curieux  sur  les  musiciens  de  la  cliapelle  de 
Frédéric  II,  et  sur  la  musique  des  princes  de  la 
famille  royale,  sur  les  constructeurs  d'orgues, 
les  luttiiers ,  les  graveurs ,  imprimeurs  et  mar- 
chands de  musique,  les  chanteurs,  composi- 
teurs; les  thé&tres,  les  concerts,  et  les  écrîTains 
sur  la  musique.'  On  trouve  aussi  des  clioses  in- 
téressantes sur  les  musiciens  de  Vienne ,  et  par- 
ticulièrement sur  Gluck,  dans  sa  Relation  d'un 
voyage  fait  en  Allemagne  et  en  Suisse  pen^ 
dant  Vannée  1781;  Berlin ,  1788-96,  12  vol. 
in-8%  3*  édil.  Un  almanach,  dont  il  a  publié  plu- 
sieurs années ,  contient  quelques;  airs  composés 
par  Reichardt  dans  le  stylo  des  anciens  airs  po- 
pulaires de  rAllemagne.  Nioolaï  avait  aussi  imité 
dans  le  texte  l'ancien  allemand.  Kretischmer  et 
Zuccalmeglio,  trompés  par  rimitatton,  ont  pris 
ces  airs  pour  des  chants  originaux ,  ei  les  ont 


insérés  dans  Jeur  collection  d'airs  populai'^s  al- 
lemands. 

NICOLAI  (Je\n-Gottlieb  ou  TnÉofWLE),  fils 
jie  Jean-Martin,  directeur  de  concert  et  organiste 
de  l'église  de  Zwoll ,  naquit  le  15  octobre  1744  à 
Gross-Neundorf ,  près  du  Grseffenthal ,  dans  le 
duché  de  Saze-Meiniingen.  Après  y  avoir  été 
mçttre  de  concerts ,  il  se  rendit  à  Zwoll ,  en 
1780.  Il  est  mort  en  cette  ville  dans  le  premier 
semestre  de  Tannée  1801.  On  connaît  sous  son 
nom  plusieurs  opéras ,  entre  autres  ceux  qni  ont 
pour  titre  :  Die  Gebvristag  (  L'anntTersaire  de 
naissance)  Die  Wildiebe  (Les  braconniers), 
Jnlanda,  et  les  com|K>sitions  suivantes  ;  P  Sym- 
phonie concertante  pour  violon  et  violoncelle . 
op.  7  ;  Offenbach,  André.  —  2*  Quatuors  pour 
2  viulonft,  alto  et  basse ,  op.  3  ;  Paris,  Sieber. 
—  3**  Six  solos  pour  flûte  et  hasFe ,  op.  8.  — 
4^  A  B  G  fin  piano  ,  couMstant  en  pières  et  »• 
nates  ,  avec  une  instruction  en  français  ;  Berlin 
et  Amsterdam ,  Ilummel.  ^-  h^  Vingt-quatre 
sonates  pour  le  piano,  dans  les  24  tons.  Deuxième 
partie  de  TA  B  C.  ^  6*^  Six  sonates  poar  le 
piflno,  avec  accompagnement  de  violon,  op.  12. 
Zwoll. 

NICOLAI  (  Valentin)  ou  NICOLAY,  pia- 
niste dont  les  compositions  ont  eu  beaucoup  de 
vogue  vers  la  fin  du  dix-liuitième  siècle ,  e$t 
cependant  .si  peu  connu  ,  quant  à  sa  |iersonne, 
que  je  n'ai  pu  trouver  de  matériaux  de  quelque 
valeur  pour  établir  sa  biographie.  La  date  et  le 
lieu  de  sa  naissance,  le  pays  où  il  habita  ao 
temps  le  plus  brillant  de  ses  succès ,  l'époque 
précise  de  sa  mort ,  tout  est  inconnu ,  ou  iJu 
moins  incertain.  Les  biograplies  de  tontes  les  oa- 
Lions  se  copient  dans  leurs  vagues  renseigoeroenb 
sur  cet  artiste  distingué.  On  croit  qu'il  vécut  à 
Paris  dans  les  vingt  dernières  années  du  dix- 
huitième  siècle,  et  qu'il  y  noourut  vers  1798  oo 
1799;  cependant  le  Calendrier  universel  de 
musique  pour  les  années  1788  et  1789,  qoi 
nomme  tons  les  professeurs  de  clavecin  et  de 
piano ,  garde  le  silence  sur  celui-là.  D'ailleurs  le 
nom  de  Nicolaï  ne  figure  point  parmi  ceux  des 
professeurs  du  Conservatoire,  quoiqu'il  s'y  en 
tronv&t  plusieurs  pour  le  piano  dans  ces  premiers 
temps  de  l'école^  et  même  que  quelques-oos 
fussent  d'un  mérite  équivoque.  Je  suis  donc  teoté 
de  croire  qu'il  passa  ses  dernières  ann^  à 
Londres ,  et  qu'il  y  mourut  ignoré,  car  on  y  a 
gravé  presque  tous  ses  ouvrages.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  les  éditions  de  ses  sonates  se  sont  malti- 
pliées  aussi  en  France,  en  Allemagne  et  en  Hol- 
lande. Les  œuvres  premier,  troisième  et  on- 
zième sont  ceux  qui  ont  obtenu  le  plus  de  vogue. 
La  plupart  des  <ru>res  de  Nicolaï  ont  été  pu- 


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NICOLAI 


3f5 


bliées  à  Parts  par  Sieber  et  Ledac  ;  on  peut 
les  classer  de  la  manière  suivante  :  1**  Concer- 
tos pour  piatio,  op.  2;  Paris,  Sieber  ;  op.  12; 
Paris,  Naderman.  —  2"  Sonates  pour  piano  et 
violon,  op.  1,  3,  5;  Paris,  Sieber,  Leduc  et  Cou* 
sinean.  —  3**  Sonates  pour  piano  seul  ou  avec 
violon  ad  libitum  :  op.  4 ,  7  ,  8  ,  9,  10,  11 ,  13^ 
14, 17 ,  18  (  faciles)  ;  Paris,  Sieber,  Leduc ,  Na- 
derman, etc. 

NICOLAI  (Jean-6odefroid),Ti1s  de  Jean- 
Georges,  naquit  à  Rndolstadl ,  vers  1770,  étudia 
la  tliéologie  à  l'université  de  Jéna  en  1794,  et 
retourna,  en  1797,  dans  le  lieu  de  sa  nai<;sance, 
avec  le  grade  de  candidat.  Peu  de  temps  après  il 
se  rendit  à  OfTenbach,  où  il  était  en  1799, 
comme  professeur  de  clavecin.  On  le  considérait 
alors  comme  un  claveciniste  distingué,  particuliè- 
rement dans  1«  style  de  la.  fugue.  Les  faibles  res- 
sources quMl  trouvait  à  Ofrenl)acli  le  décidèrent 
h  accepter,  en  1802,  une  place  de  gouverneur 
dans  la  maison  d*un  conseiller,  à  Nuremberg; 
mais  plus  lard,  il  parait  avoir  vécu  à  Hambourg. 
Cet  artiste  a  publié  de  sa  composition  :  1**  So- 
nate pour  clavecin  et  violon,  op.  1,  Offenbach  ; 
André,  1797.—  2** Trois  sonates  id.,  op.  2  ;  ibid., 
1799.  —  3**  Six  fugues  pour  clavecin  seul,  Ulm. 
—  4°  Trois  caprices  fugues,  ibid.  On  trouve 
aussi  chez  Scliott,  k  Mayence,  six  sonates  pour 
tes  dames,  avec  ace.  de  violon  et  violoncelle, 
op.  12,  qui  paraissent  lui  appartenir,  et  qui  indi- 
quent l'existence  de  quelques  autres  productions 
inconnues. 

NICOLAI  (D.-J.-C.)»  contrebassiste  de  U 
cour  de  Rudolsladt,  qui  parait  être  un  descen- 
dant de  Jean-Georges,  s'est  fait  connaître  par  la 
publication  d'un  article  sur  la  contrebasse 
publié  en  1816,  dans  le  dix-huitième  volume  de 
la  Gazette  de  Leipsick  (  page  257  ). 

NICOLAI  (  HeNRi-GoDEFROin),  professeur  de 
musique  au  séminaire  des  orphelins,  k  Hambourir, 
et  peut-être  fils  de  Jean-Godefroid ,  est  auteur 
d'un  livre  intitulé;  Allgemeine  Théorie  der 
Tonk-unstfUrLehrers  nndLemende,  wie  (tuch 
ium  Selbsunterricht  bestimmt (TUéont  géné- 
rale de  la  musique  pour  les  professeurs  et  les 
élèves,  au  moyen  de  laquelle  on  peut  s'instrain^ 
»oi-môme),  Hambourg,  1826,  in-4*  de  82  pages 
et  de  49  planchas. 

NICOLAI  (Gustave),  né  à  Berlin,  en 
^796,  S'est  livré  à  Pétude  de  la  musique  pendant 
qn'il  suivait  les  cours  des  collèges  el  des  univer- 
sités. Après  avoir  achevé  ses  études  de  droit ,  à 
Halle  et  à  Berlin,  il  a  obtenu  le  titre  d'auditeur 
«lans  la  garde  du  roi  de  Prusse.  Il  s'est  fait  con- 
naître depuis  lors  comme  poète  lyrique ,  par  des 
ïivrels  d'opéras  ou  d  oratorios  ,  entre  autres  par 


La  Destruction  de  Jérusalem,,  mise  en  musique 
par  Lœwe ,  et  comme  compositeur  par  des  baU 
lades  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano,  et  quelques  petites  pièces  instrumentales. 
Mais  tandis  qu'il  semblait  ainsi  cultiver  l'art  avec 
amour,  il  s'est  fait  un  triste  jeu  de  l'outrager 
dans  des  écrits  où  ne  se  trouvent  pas  même  les 
saillies  spirituelles  qui  font  quelquefois  excuser 
des  paradoxes.  Rien  de  plus  lourd  que  les  plai- 
sauteries  qu'il  lance  contre  l'art  et  ses  admira- 
teurs; rien  de  plus  misérable  que  les  injures  qu'il 
leur  adresse.  La  forme  romanesque  qu'il  a  adoptée 
pour  ses  pamphlets  ne  lui  appartient  même 
pas.  Sa  première  production  en  ce  genre  a  pour 
titre  :  Die  Getceihten  oder  der  Cantor  aus 
Fichtenkagen  (Les  initiés,  ou  le  cantor  de 
Fichtenhagen ),  Berlin,  Schlesinger,  1829,  in'8^ 
Une  deuxième  (rdition  en  deux  volumes  a  été 
puhKéeen  1836,  cliez  le  même.  Ce  livre  a  pour 
objet  de  porter  atteinte  k  la  renommée  de  Mo- 
zart, et  de  rendre  ridicules  les  admirateurs  de- 
son  génie.  Pareille  chose  a  été  essayée  en  France 
quelques  années  après ,  dans  le  journal  intitulé  : 
La  France  musicale  ;  le  succès  de  l'entreprise 
n'a  pas  été  plus  heureux  à  Paris  qu'à  Berlin.  Une 
petite  brochure  du  même  genre  a  été  ensuite  pu- 
bliée par  M.  Nicolai,sous  ce  titre  :  Jeremias,  der 
Volkscomponistf  eine  humoristiche  Vision  aus 
dem  25  Jahrhunderi  (  Jérémie  le  compositeur 
populaire  ;  vision  humoristique  du  vingl-cinquièine 
siècle),  Beilin,  Wagenfûhr,  1830,  in-s''.  Une 
erreur  en  amène  souvent  une  autre;  oubliant 
qu'il  avait  lui-même  cultivé  Tart ,  et  peut-être 
blessé  de  n'y  avoii'  trouvé  que  de  médiocres 
succès,  l'auteur  des  deux  écrits  qui  viennent 
d'être  cités  entreprit  contre  ce  même  art  une 
violente  satire  intitulée  :  Arabesken  fur  Mu- 
sik  freunde  (  Arabesques  pour  les  amateurs  de 
musique);  Leipsick,  Wigand,  1835,  in- 8*^,  2  par- 
lies.  La  première  est  remplie  de  traits  dirigés 
contre  Mozart  ;  la  seconde  traite  de  divers  sujets 
dans  un  esprit  de  dénigrement  pour  Tart  et  les 
artistes.  On  connaît^  sous  le  nom  de  Gustave 
Nicolaï,  des  lÀeder  avec  accompagnement  de 
piano. 

NICOLAI  (Otto  ou  Otoon),  né  k  Kœuigsberg 
en  1809,  fut  un  pianiste  distingué,  et  un  compo- 
siteur de  quelque  méiile.  Élève  de  Bernard 
Klein,  il  a  fait,  sous  sa  directior,  de  bonnes 
études  et  s'est  uoui'ri  de  Tétudedes  bons  modèles. 
En  1834  il  a  fait  un  voyage  en  Italie;  deux  ans 
après  il  y  était  encore ,  et  habitait  à  Borne.  Il 
s'y  livra  k  l'étude  des  œuvres  des  anciens 
maîtres  de  l'école  romaine,  particulièrement 
de  Palestrina,  sous  la  direction  de  Baini.  Vers  la 
fin  de  1836  il  s'est  éloigué  de  Rome  et  a  visité 


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MCOLAI  —  NICOLAS  DE  RAinS 


les  autres  grandes  villes  de  Pltaiie.  Appelé  à 
Vienne  en  1839,  il  y  remplit  pendant  un  an  les 
fonctions  de  chef  d^orcheslre  de  TOpéra  de  la 
cour,  puis  il  alla  à  Trieste  où  il  écrivit  Topera 
Enrico  II.  A  Turin ,  il  donna  en  1840  il  Tem- 
plario ,  qui  fut  joué  ensuite  sur  la  plupart  des 
Théâtres  Italiens.  En  1841,  il  fit  représenter 
Odoardo  e  GUdippa^  et  dans  la  même  année  il 
donna  à  la  Scala  de  Milan ,  il  Proscritto.  De 
retour  à  Vienne  en  1842 ,  il  y  reprit  sa  place  de 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  la  cour.  En  1848 
il  fut  appelé  à  Berlin  pour  y  prendre  la  direction 
(le  l'orchestre  du  Théâtre,  et  il  y  écrivit  Topera 
allemand  die  Lustigen  Weiber  von  Windsor 
(  Les  joyeuses  commères  de  Windsor),  considéré 
en  Allemagne  comme  son  œuvre  capitale;  mais 
peu  de  Jours  après  la  représentation  de  cet  ou- 
vrage il  mourut,  le  1  imai  1849.  La  musique  dra- 
matique de  Nicolaî  est  écrite,  en  général ,  dans  le 
style  de  Rossini.  Son  caractère  est  mélodieux; 
mais  elle  manque  de  force  et  d'originalité.  Parmi 
les  ouvrages  de  sa  composition  qui  ont  été  publiés 
on  remarque  :  1**  Un  concerto  qu'il  a  écrit  pour 
Gustave  Nauenburg.  —  2*^  Fantaisie  avec  varia- 
lions  pour  piano  et  orchestre  sur  un  thème  de  la 
Norma ,  op.  25.  —  3**  Introduction  et  polonaise 
pour  piano  à  4  mains,  op  4  ;  Leipsick ,  Breitkopf 
et  Ha;rtel.  -«  4""  Adieu  à  Liszt,  élude,  op.  28  ; 
Vienne,  Diabelli.  —  5"  Variations  sur  un  thème 
dé  la  Sounanbula  pour  voix  de  soprano,  cor  et 
piano,  op.  26  ;  ibid.,  ^  6"^  //  Duolo  d'amore, 
romance  à  une  voix,  piano  et  violoncelle, 
op.  24,ibid.—  7^  Des  recueils  de  chants  allemands 
à  quatre  voix  d'hommes,  op.  10  et  23;  Berlin, 
Bechtold.  —  8^  Plusieurs  recueils  de  chansons 
et  de  variations  pour  voix  seule  et  piano, 
Berlin ,  Vienne,  etc.  On  connaît  de  lui  eu  ma- 
nuscrit une  symphonie  en  ut  mineur,  une  messe 
de  Bequiem,  et  un  Te  Deum,  qui  ont  été 
exécutés  à  Berlin.  Nicolai  avait  rapporté  d'Italie 
une  collection  peu  nombreuse,  mais  bieit  ciiolsie, 
de  musique  ancienne  des  compositeurs  d'Italie, 
particulièrement  du  seizième  siècle.  Après  sa 
mort,  elle  fut  acquise  par  la  Bibliothèque 
royale  de  Berlin  pour  la  minime  somme  de  300 
écus  de  Prusse  (1,125  francs  ). 

NICOLAS  D£  CAPOUE,  prêtre  et  musi- 
cien, ainsi  nommé  à  cause  du  lieu  de  sa  naissance, 
parait  avoir  vécu  à  Rome  Ters  la  tin  du  qua- 
torzième siècle  et  dans  les  premières  années  du 
quinzième.  Il  a  écrit  en  1415  un  traité  de  mu- 
sique dont  le  manuscrit  est  conservé  dans  la 
Bibliothèque  VaUicellana  (  des  PP.  de  l'Ora- 
toire), sous  le  n**  B.  83.  Les  règles  qu'on  y 
trouve,  concernant  Part  d'écrire  la  musique 
à  plusieurs    parties,    sont  à    peu   près   iden- 


tiques à  celles  du  petit  traité  de  contrepoint 
de  Jean  de  Mûris  (  voyez  ce  nom  )  ;  mais  les 
exemples  y  sont  plus  abondants.  L'ouvrage  s 
pour  titre  :  Ad  laudem  sanctissimx  et  nidi- 
viduœ  Trinitalis  ac  glonosissinisB  Yirginis 
Marix  dulcissimx  tnatris  sttœ  et  totiits  curix 
cœlestis,  incipit  compendium  musicale  amul- 
tis  doctoribus  et  philosophis  ecUtum  et  corn- 
positum  et  pro  prxsbyterum  Mcolaum  de 
Capua  ordinatum  sub  anno  Domini  mille- 
simo  quadragesimo  quinto  decimo.  Ainsi  qu'on 
le  voit ,  cet  ouvrage  n'est  qu'un  abrégé  de  pla- 
sieurs  autres  :  il  est  écrit  d'un  style  clair  et 
simple.  L'auteur  y  traite  des  sons,  des  modes, 
des  intervalles  et  du  contrepoint  Cest  à 
MM.  Danjou  et  Stéphen  Morelot  (  voyez  ces 
noms)  qu'on  doit  la  connaissance  de  rexistence 
du  livre  et  de  son  auteur.  (  Voyez  la  Jlevue  dfi 
la  musique  religieuse,  3°**  année,  p.  I9S}. 
Pendant  leur  séjour  à  Rome,  ils  en  ool  fait 
une  copie  qu'ils  ont  collationnée  sur  un  autre 
manuscrit  du  même  ouvrage  qui  est  à  la  Biblio- 
thèque Saint- Marc,  à  Venise.  Leur  travail  ayaot 
été  communiqué  à  Adrien  deLafage,  ce  musicien 
littérateur  a  fait  «imprimer  d'après  leur  manos- 
crit,  le  traité  de  Nicolas  de  Ca|)oue,  au  nombre 
de  cinquante  exemplaires  seulement,  sons  ce 
titre  :  Nicolai  Capuaniprœsbyteri  compendi\m 
musicale  ad  codicum-fidem  nunc  primum  in 
lucem  edidit,  notis  galUcis  iUustravit,  ine- 
dita  scriptorum  anonymorum  fragmenta 
subjunxit  Justus  Adrianus  deLafage.  in-8* 
de  48  pages ,  imprimé  chez  Ducessois  et  Tardif 
(sans  date). 

NICOLAS  DE  RANS,  luthiste  da  seizième 
siècle ,  n^est  connu  que  par  quelques  pièces  pour 
deux  luths  qui  se  trouvent  dans  un  recueil  intitulé  : 
Luculentum  theatrum  musicum  in  qtu>  selec' 
tissima  opiimorum  quorwnlibet  auciorum, 
ac  excellentissimorum  artificum  tum  veie- 
rum,  tum  pnccipuerecentiorum  carmina,  etc.; 
duobus  testudinibus  ludenda.  Postremo  kabes 
et  ejus  generis  carmina  qux  tum  fesVmtoie^ 
tum  faciUtate  sui  discutibus,  primo  maximesor 
tisfacienJt  %t  sunt  Passomezo,  Gailliardas,  etc. 
Lovanii ,  ex  typographia  Pétri  Phalesii  W- 
bUopoUs  Jurati  ;  anno  1568,  petit  in  fol.  Ce 
recueil  contient  142  morceaux ,  dont  quelques- 
uns  pour  deux  luUis.  Le  nom  de  Nicolas  de  Bons 
se  trouve  en  tète  de  quelques-uns.  Il  est  hors 
de  doute  que  Nicolas  est  le  prénom,  et  de  Bans 
l'indication  da  lieu  de  naissance.  Deux  villages 
de  ce  nom  existent,  le  premier  dans  le  Jura 
(France),  près  de  Dôle;  Tantre  dans  le  Hainaut 
(Belgique),  entre  Beaumont  et  Chiroay.  Il  est 
plus  que  vraisemblable  que  l'artiste  dont  il  s'a- 


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NICOLAS  DE  RATSS  —  ISICOMAQUE 


pi  naquit  dans  celui-ci,  car  ses  pièces  de  luth 
n'ont  été  pnbliées  qu'à  Louvain,  chez  Phalèse. , 

NICOLAS  (François-Nicolas  FOURRIER, 
connu  sous  le  nom  de),  luthier,  naquit  à  Mire- 
court  le  5  octobre  1758,  et  commença  dès  l'Âge 
de  douze  ans  à  travailler  chez  Saulnier.  Plus 
tard,  n  étudia  avec  soin  les  proportions  des  beaux 
instruments  de  Crémone,  et  les  imita  dans  ceux 
qui  sortirent  de  ses  ateliers.  Fixé  à  Paris,  il 
obtint  en  1784  le  titre  de  luthier  de  TÉcole 
royale  de  chant  et  de  musique  instituée  par  le 
baron  de  Breteuil.  En  1804  il  fut  aussi  chargé  de 
la  fourniture  e|  de  T^ntretien  des  instruments 
de  la  chapelle  de  Napoléon.  Il  est  mort  h  Paris, 
en  181  G.  Les  instruments  quUl  a  fabriqués  ont  eu 
de  la  vogue  à  une  époque  où  les  artistes  ne  s*é- 
taient  pas  encore  habitués  à  payer  une  somme 
considérable  pour  posséder  des  .violons  ou  des 
basses  de  Stradivari,  ou  de  G^iarneri  ;  plus  tard, 
Us  sont  tombés  dans  le  discrédit  ;  mais  le  temps 
leur  a  rendu  les  qualités  quMls  semblaient  avoif 
perdues,  et  l'on  trouve  aujourd'hui  de  bons  vio* 
Ions  qui  portent  le  nom  de  Nicolas. 

NICOLASIUS  (  Georges),  recteur  de  l'école 
d(,'  Fribourg  en  Brisgau,  an  commencement  du 
dix -septième  siècle,  a  composé  un  petit  traité 
de  musique  à  Tusage  de  celte  école  intitulé  : 
Rudimenta  musices  brevissima  niethodo  com- 
pacta, Fribourg  en  Brisgau,  Beckler,  1607,  in-8^ 

NIGOLINI  (Aktoine),  architecte  à  Naples , 
dans  les  premières  années  du  siècle  présent,  a  publié 
lui  petit  Traité  sur  Tacouslique  théâtrale,  in- 
titulé :  ÀlcuneideesuUarisuonanzadelteatro^ 
Naples,  Masi ,  1805.  Il  a  été  fait  une  deuxième 
édition  de  cet  écrit,  Naples,  1816,  in-4''  de  27 
paires. 

NICOLINl  (Philippe),  bon  ténor,  né  à  Ve- 
nise vers  1798,  est  m6rt  en  1834,  à  Turin ,  où  il 
était  depuis  plusieurs  années  aimé  du  public. 
Après  avoir  débuté  sur  les  théâtres  de  Naples,  il 
avait  fait  un  voyage  à  St-Pétersbourg,  et  y  avait 
été  accueilli  avec  enthousiasme.  De  retour  en 
Italie  il  chanta  d'abord  à  Plaisance ,  puis  à  Milan, 
et  enfin  à  Turin. 

NIGOLO  PATAVINO,  c*està  dire  NI- 
COLAS DE  PADOUE,  ainsi  appelé  parce 
qu'il  était  né  dans  cette  ville,  fut  un  oompositear 
de  froliole  vers  la  fin  du  quinzième  siècle.  Je 
crois  qu^il  y  a  identité  entre  lui  et  le  compositeur 
de  pièces  du  même  genre  qui  se  trouve  dans  les  re- 
cueils de  Pelrucci  deFossombrone  {voyez  cenom) 
sous  le  nom  de  riicolo  pifaro,  c'est-i-dire,  Ni- 
colas le  Joueur  de  flûte.  Les  frottolede/Vkofo 
Paiavhio  et  de  Nicole  pifaro  le  trouvent,  au 
nombre  de  vingt-deux  pièces,  dans  les  deuxième, 
troisiènae,  sixième,  septième  et  huitième  livres 


317 

de  Frottole  publiés  par  Petrucci  depuis  1505 
jusqu^en  1508,  à  Venise,  petit in-4*  obi.  Il  ne  faut 
pas  confondre  ce  musicien  avec  Técrlvain  sur  la 
musique appel#!V<co/aj  cfe  Capoue  (  V.  ce  nom.) 

NIGOLO.  Voyez  ISOUARD  (Nicolo). 

NICOLOPOULO  (  Constantin  -  Agato  - 
phron),  helléniste,  professeur  de  littérature  grec- 
que, ancien  professeur  de  l'Athénée  de  Paris, 
membre  de  la  Société  philotechnique,  associé  cor- 
respondant de  rinstilut  archéologique  de  Rome, 
attaché  à  la  bibliothèque  de  llnstitut  de  France, 
naquit  à  Smyrne,en  1786,d*une  famille  émigrée, 
originaire  d^Arcadie.  Il  commença  ses  études  à 
Smyrne,  et  alla  les  achever  en  Valachie  sous  la 
dvection  de  Lampros  PhoUadès.  Amateur  pas- 
sionné de  musique,  Nicolopoulo  a  reçu  de 
l'auteur  de  cette  Biographie  universelle  des 
Musiciens  des  leçons  de  composition.  On  a  de 
ce  savant  beaucoup  de  morceaux  de  littérature, 
de  philologie  et  de  poésie  grecque,  publiés  séparé- 
ment ou  insérés  dans  les  journaux  littéraires  et 
scientifiques.  Il  a  été  l'éditeur  de  Vlniroditction 
à  la  théorie  et  à  la  pratique  de  la  musique  ec- 
clésiastique (E\9ay(axfi  el(  x6  OecopTjrixov  xal 
II(«axtix6v  T^jç  èxxXr|(naaTix9)c  (xo\ntixyk)  de  Chry- 
santhe  de  Madyte,  et  des  Doxasiika,  recueil 
d'hymnes  notées  de  l'Église  grecque ,  recueillies 
et  mises  en  ordre  par  Grégoire  Lampadaire  (voy, 
ce  nom);  Paris,  1821,  l  vol.  in-8^  Nicolopoulo 
avait ,  préparé  une  édition  du  Traité  de  musi- 
que d'Aristoxène,  avec  une  traduction  fran- 
çaise et  un  commentaire  ;  mais  ce  travail  n'a  pas 
été  achevé.  Comme  compositeur  il  a  publié  > 

10  Chant  religieux  des  GrecSy  avec  accompagne- 
ment de  piano,  Paris,  Janet  et  Cotelle.  —  2®  />o- 
vfUne,  salvum  fac  populum  grœcum,  idem  ; 
ibid.,  —  3**  Celse  terrarum  moderator  orbis, 
ode  saphique,  id.;  ibid.  —  4°  Le  Chant  du 
jeune  Grecj  ibid .  —  b""  Plusieurs  romances,  ibid. 

11  a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  morceaux 
de  musique  religieuse,  des  chœurs,  etc. 

Nicolopoulo  avait  vu  avec  jc^e  les  efforts  des 
Grecs  pour  recouvrer  leur  indépendance,  et  avait 
publié  quelques  écrits  patriotiques  à  cette  occa- 
sion. Il  avait  légué  tousses  hvresà  la  ville  d'An- 
dritzena  (d'où  il  était  originaire),  pour  y  former 
une  bibliothèque  publique.  En  battant  ces  livres, 
pour  6ter  la  poussière  avant  d'en  faire  l'expédi- 
tion, il  se  fit  une  meurtrissure  au  bras;  un  abcès 
y  survint .  l'os  fut  attaqué  et  la  carie  se  dé- 
clara. Trop  pauvre  pour  les  dépenses  qu'exi- 
geait le  traitement  de  ce  mal,  il  se  fit  porter  à 
l'Hôtel-Dieu  ;  mais  les  secours  de  l'art  ne  purent 
le  sauver;  il  expira  dans  Tété  de  1841 ,  à  l'ftge  de 
cinquante-cinq  ans. 

rhCOMAQUEiplûlosophe  pytliagoricien,un 


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C18 


MCOMAQUE 


<)es  écrîTains  grecs  sur  la  musiqae  dont  les  lif  res 
sont  parvenus  jusqu'à  nous.  Il  naquit  à  Gérase, 
Tille  de  la  basse  Syrie  ;  mais  on  ignore  en  quel 
4cinp6.  Le  P.  Blancanî ,  jésuite,  Suppose  (Chro» 
noloç.  celeb.  maihemat.)  que  Niconiaque  fut 
antérieur  à  Platon  ;  mais  Meibom  a  réfuté  vic- 
torieusement cette  opinion  (Prwfat.  inNicom.), 
•et  a  prouvé  quMl  vivait  après  le  règne  d'Auguste, 
puisqu'il  cite  {page  24,  edit.  Meibom)  Trasillos, 
'  mathéniaticien  qui,  suivant  Suétone  et  le  scoliaste 
de  Juvénal  {in  Satyr.  YI),  vivait  an  teofps  de  ce 
prince  et  sous  le  règne  de  Tibère.  Un  passage  du 
deuxième  Hvredu  Manuel  harmonique  de  Nico- 
maque  renfermant  le  nom  de  Ptolémée,  il  semble- 
rait qu'il  lui  est  postérieur  ;  cependant  Meibom 
pense  que  le  nom  de  Ptolémée,  placé  en  note  par 
<]iieique  scoliaste,  aura  passé  de  la  marge  dans 
le  teite,  par  Pignorance  des  copistes,  ou  même, 
<|ue  ce  second  livre,  attribué  faussement  à  Nico- 
maque.  est  de  quelque  écrivain  postérieur.  Au 
reste,  Fabricius  a  prouvé  {Biblioth.  grsec.f 
t.  4,  p.  3,  edit.  Hari.)  que  Nicomaque  a  vécu 
avant  Ptolémée,  puisque  Apulée,  contemporain 
de  ce  dernier,  a  fait  une  version  latine  de  Paritb- 
tnétiqne  du  philosophe  de  Gérase. 

Le  Traité  de  musique  qui  nous  reste  de  Nloo- 
fnaque  a  pour  tite  :  ^ApiiovtxTj;  *£Yxtiptd(ov  (Ma- 
nuel liarmonique).  Il  est  divisé  en  deux  livres  : 
le  premier,  qui  renferme  douze  chapitres ,  est 
certainement  l'œuvre  de  cet  auteur;  le  second 
parait  n*étre  composé  que  d'extraits  d'nn  autre 
Traité  de  musique  du  même  écrivain  que  nous 
n'avons  pas  ;  on  y  trouve  même  des  passages  ti- 
rés du  premier  livre.  L'ouvrage  d*où  ce  second 
livre  est  extrait  a  été  cité  avec  éloge  par  le  mathé- 
maticien Eutoce  de  Scalone  (m  Archimedis  2, 
De  sphxra  ac  cylindro,  p.  18)  (1).  On  en 
trouve  des  fragments  dans  le  commentaire  de 
Porphyre  sur  le  Traité  des  harmoniques  de  Pto- 
lémée, et  dans  la  vie  de  Pytliagore  par  Jambli- 
que.  Le  texte  grec  du  Manuel  liarmoniqne  a  été 
publié  pour  la  première  fois  par  Jean  Meursius 
avec  celui  des  Traités  d'Aristoxène  et  d'Alypius, 
Leyde,  1616,  in-4%  et  a  été  réimprimé  dans  le 
«ixième  volume  des  œuvres  de  ce  savant  (2). 
Meibom  en  a  donné  une  édition  plus  correcte, 
'avec  une  version  latine  et  des  notes,  dans  sa 
collection  des  sept  auteurs  grecs  sur  la  musique, 
Amsterdam,  Elzevir,  1632,  deux  vol.  in-8^. 
Conrad  Gesner  cite  une  traduction  latine  anté- 
rieure  à  celle  de  Meibom    par  Herroan  Gogava 


(1)  archimedis  Opera,am  EutocU  Âscalonitm  comm. 
Oxonli.  1791,  In- fol. 

.1)  Jo.  Meitrsii  Opéra  omnla  ex  recens.  Joan.  Laml. 
Florenlix,  iT^i-iTfi),  il  volMta-ftf . 


?  (Sibliot.  in  Epitomen  red.  perJ.  J.  Frisium, 
\  p.  G2)  :  c'est  vraisemblablement  une  erreur.  Ni- 
'  comaque  a  (''crit  le  premier  livre,  qui  renferme  ie 
;  Manuel  harmonique ,  pour  une  dame  qui  loi 
avait  demandé  de  l'instruire  dans  la  théorie  de  la 
musique.  C'est  dans  ce  livre  qu'il  rapporte  IV 
necdote  de  Pyttuigore  qui ,  passant  devant  la 
boutique  d'un  forgeron,  remarqua  que  les  mar- 
teaux qui  frappaient  le  fer  faisaient  entendre 
l'octave,  la  quinte  et  la  quarte,  et  qui,  après  avoir 
pesé  ces  marteaux  tronva  que  les  différences  de 
leurs  poids  étaient  en  raison  des  proportions  nu- 
mériques de  ces  intervalles;  conte  ridicule  trop 
souvent  répété,  car  ce  ne  sont  pas  les  marteaui 
qui  résonnent  pendant  le  travail  des  forgerons, 
mais  l'enclume. 

Peu  d'auteurs  de  l'antiquité  ont  donné  lieu  i 
des  assertions  aussi  contradictoires  que  celles 
qu'on  a  répandues  sur  la  nature  du  livre  de  Ni- 
comaque. Meibom,  dans  sa  préface  concernant 
cet  écrivain,  dit  qu'il  est  le  seul  aot^nr  de  musi- 
que suivant  la  doctrine  de  Pythagore  dont  le  livre 
est  parvenu  jusqu'à  nous.  Cette  observa tton  man- 
que d'exaotitude,  car  Gaudence  est  ausi  partisan 
de  la  doctrine  des  proportions  du  philosophe  de 
Samos  ;  mais  c'est  à  tort  que  Requeno  veut  le 
réfuter  sur  ce  point,  en  disant  que  tous  les  auteurs 
compris  dans  la  collection  de  Meibom  sont 
Pythagoriciens  (Soj^^  gui  réstabilmenlo  deU 
arie  at^monica ,  t.  l,  page  309),  à  r«xceplioD  de 
Bacchius;  car  sans  parler  d'Aristoxène^dootla 
doctrine  est  absolument  opposée  à  celle  de  Py- 
thagore, il  n'y  a  rien  dans  Alypius  qui  ait  quel- 
que rapport  avec  celle-ci;  enttn  l'auteur,  qotl 
qu'il  soit ,  du  premier  traité  attribué  à  Euclide 
est  aristoxénien,  et  la  section  du  canon ,  connue 
sous  le  même  nom,  est  conforme  à  la  tliéorie  de 
Ptolémée.  Mais  des  contradictions  si  singulières 
de  la  part  de  deux  savants  qui  s'étaient  spéciale- 
ment occupés  de  l'étude  des  écrivains  grecs  snr 
la  théorie  de  la  musique  ne  sont  rien  en  compa- 
raison de  ce  passage  de  Y  Histoire  des  maihé' 
manques  de  Montucla  (tome  I,  part.  1,  liv.  V, 
page  319)  concernant  Nicomaque. 

«  Je  n'ai  qu'un  mot  à  dire  de  son  Introdue- 
«  tion  à  la  musique.  Elle  m'a  paru  un  des 
«  écrits  sur  ce  sujet  où  il  est  le  plus  facile  de  pren- 
«  dre  une  idée  de  la  musique  ancienne.  Au  sur- 
«  plus  Nicomaque  est  aHsioxénien  dans  ce 
«  Traité  :  chose  asse%  surprenante  pour  un 
«  géomètre.  »  Après  avoir  lu  ces  paroles ,  on 
serait  tenté  de  croire  que  Montucla  n'a  pas  mèmn 
entrevu  te  livre  dont  il  parie,  car  il  aurait  vu  qu'il 
est  entièrement  rempli  par  Texposifton  du  sys- 
tème de  l'harmonie  universelle  imaginé  par  Py- 
thagore. Le  cinquième  livre  du  Traité  de  musique 


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NICOMAQUE  —  NIEDERMEYER 


de  Boèce  destiné  à  expliquer  ce  système,  et  les 
proportions  des  intervalles  de  sons,  soivanl  la 
doctrine  pythagoricienne^  est  emprunté  au  Ma- 
nuel de  Nicomaqne,  principalement  aux  frag- 
ments réunis  sous  le  titre  de  second  livre.  Quel- 
ques auteurs  ont  cru,  au  contraire,  que  ces  frag- 
ments ne  sont  que  des  extraits  de  Boèce,  traduits 
en  grec  dans  le  huitième  sièclç. 

IVIDE€K1  (TuoHAS),  compositeur  polonais, 
né  vers  1800,  fut  élève  du  Conservatoire  de  Var- 
sovie, et  apprit  Tart  d^écrire  la  musique  sous  la 
direction  d'Ëlsncr  {voyez  ce  nom).  Ayant  obtenu 
du  gouvernement  de  sa  patrie  une  pension  pour 
voyager,  il  se  rendit  à  Vienne  eC  y  écrivit  en 
1825,  pour  le  théâtre  de  teopoldsladt,  ia  musi- 
que du  mélodrame  Der  WasserfuU  m  Feinhein; 
puis  il  composa  le  drame  lyrique  Le  Serment.  De 
retour  en  Pologne,  il  s'établit  d  abord  à  Poeen 
en  1837  et  y  publia  divers  ouvrages  pour  le  chant 
et  la  musique  instrumentale.  Appelé  à  Varsovie 
on  1841 ,  comme  chef  d'orcliestre  de  POpéra.  en 
remplacement  de  Kurpinski  (foy.  ce  nom),  il  y 
fit  preuve  d*habileté  dans  ses  fonctions.  La  mu- 
sique religieuse  est  le  genre  auquel  il  s'attacha 
particulièrement.  Sa  première  messe,  avec  chœur 
et  orchestre,  fut  exécutée  en  1848  chez  les  Fran- 
ciscains de  Varsovie.  Sa  deuxième  messe  (en 
mi  bémol),  Ait  chantée  à  Téglise  des  Visitandines, 
dans  la  même  année,  et  la  troisième  fut  exécutée 
en  1849  dans  la  même  église.  Ces  ouvrages  pa- 
raissent être  restés  en  manuscrit.  Plusieurs  ou- 
vertures de  Nidecki  ont  été  entendues  aussi  dans 
les  concerts  qu'il  dirigea  :  on  cite  particoiîère- 
ment  celle  de  son  opéra  intitulé  Gesiner,  Cet  ar- 
tiste est  mort  à  Varsovie  en  1852. 

NIEDERMEYER  (Louis),  compositeur  et 
professeur  de  piano,  est  né  à  Nyon,  canton  de 
Vaud,  près  de  Oenève,  le  27  avrU  ^1802.  Fils 
d'uD  professeur  de  musique  né  à  Wikrzbourg, 
mais  marié  et  fixé  en  Suisse,  il  apprit  de  son 
père  les  éléments  de  cet  art.  A  l'Age  de  quinze 
ans,  il  fut  envoyé  à  Vienne  par  ses  parents,  pour 
y  compléter  son  instruction  musicale.  Pendant 
deux  ans  il  reçut  des  leçons  de  Moscheles  pour 
le  piano,  et  Fœrster  (voyez  ce  nom)  lui  ensei- 
gna la  composition.  Ce  fut  dans  celte  ville  que 
Kiedermeyer  publia  ses  premiers  essais,  lesquels 
consistaient  en  morceaux  de  piano.  En  1819, 
il  s'éloigna  de  la  capitale  de  l'Autriche  pour  se 
rendre  à  Rome,  où  il  trouva  dans  les  leçons  de 
Fioravanti  une  bonne  direction  pour  Tart  d'é- 
crire la  musique  vocale  ;  art  trop  néghgé  dans 
les  écoles  d'Allemagne  et  de  France.  Après  une 
année  environ  passée  à  Rome,  Medermeyer  par- 
tit pour  Naples  et  y  reçut  un  hou  accueil  de  Zin- 
garelli  qui,  disait-il ,  avait  achevé  de  l'instruire 


319 

•  dans  l'art  d'écrire  pour  les  voix.  Encouragé  par 
i  Bossini,  tl  lit  représenter  à  Naples  son  premier 
j  opéra  intitulé  11  Reo  per  amore ,  qui  fut  joué 
'  au  théâtre  del  Fondo  avec  quelque  succès.  De 
retour  en  Suisse  en  1821  ,Nicdermeyer  vécut 
quelque  temps  à  Genève  comme  professeur  de 
piano  et  y  écrivit  quelques  compositions ,  è  la 
tête  desquelles  se  place  Le  Lac,  sorte  de  cantate 
à  voix  seule  avec  piano,  écrite  sur  des  vers  de 
M.  de  Lamartine ,  dont  le  succès  fut  européen , 
et  qui  est  encore  un  des  plus  beaux  titres  de 
gloirjB  du  compositeur  ;  car  toutes  les  qualités 
désirables  se  trouvent  réunies  dans  ce  beau 
;  chant;  suavité  de  la  mélodie,  expression  vraie 
I  des  paroles,  coloris  pittoresque  et  distinction  de 
l'haimonie.  Arrivé  à  Paris  vers  1823,  Nieder- 
meyer  s'y  fit  connaître  par  quelques  bonnes  com- 
positions pour  le  piano,  et  y  fut  accueilli  par 
Rosaini,  dont  rinfluence  lui  ouvrit  les  portes  du 
I  Théâtre  Italien.  Au  mois  de  juillet  1818  on  y  joua 
,  Casa  nel  bosco,  mélodrame  de  sa  composition, 
I  (font  le  livret  était  traduit  de  Topéra-comique 
intitulé  Uîie  nuit  dans  la  foré.  Bien  qu'applaudi 
par  le  petit  nombre  de  spectateurs  qui  assistaient 
à  la  première  représentation,  cet  ouvrage  n'a 
pu  se  soutenir  près  des  fanatiques  diletianti  de 
ce  théâtre,  qui  ne  croyaient  point  alors  qu'il  y  eût 
d'autre  musique  possible  que  celle  qui  venait 
d'Italie.  Il  y  avait  cependant  du  mérite  dans  celle 
de  Miedermeyer.  Doux  et  timide ,  modeste ,  peu 
fait  pour  les  luttes  qu'il  faut  soutenir  à  Paris 
lorsqu'on  veut  s'y  faire  des  succès,  au  milieu 
d'une  foule  d'industriels  qui  usurpent  mainte- 
nant le  nom  d'artistes,  ce  compositeur  prit  en 
dégoût  cette  existence  d'intrigue,  et  sur  des  pro- 
positions qui  lui  furent  faites,  U  accepta,  dans 
l'Institut  d'éducation  fondé  à  Bruxelles  par 
M.  Gaggia,  les  fonctions  de  professeur  de  piano, 
qu'il  y  remplit  pendant  dix-huit  mois;  mais 
une  situation  semblable  ne  pouvait  convenir  à 
un  artiste  si  distingué ,  car  il  n'y  trouvait  au- 
cune occasion  d'y  déployer  son  talent.  Nieder- 
meyer  comprit  qu'il  y  userait  sa  jeunesse  sans 
profit  pour  sa  gloire,  et  le  besoin  de  succès  le 
ramena  à  Paris,  où  il  publia  plusieurs  mor- 
ceaux de  musique  instrumentale  et  vocale. 
Depuis  longtemps  il  aspirait  à  ^crire  pour  la 
première  scène  française  :  ses  vœux  furent  enfin 
exaucés,  et  son  grand  opéra  Siradella  fut  repré- 
senté en  1836,  à  l'Académie  royale  de  musique. 
Accueillie  avec  quelque  froideur  par  le  public , 
jugée  avec  légèreté  par  les  journaux,  cette  par- 
tition a  beaucoup  plus  de  valeur  qu'on  ne  lui  en 
a  accordé.  Tout  le  rôle  de  Stradella  est  bien 
senti,  bien  exprimé;  les  formes  de  \fL  mélodie 
sont  en  général  d'une  élégance  exquise;  mais 


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320 


JVIEDERMEYER 


peut-être  cette  qualité  a-t-elle  été  plus  nuisible 
qu\itile  au  succès  de  TouTrage;  car  ce  qui  est 
fin  et  délicat  échappe,  dans  les  arts ,  au  vulgaire 
appelé  le  public;  celui-ci  n'est  sensible  qu'à 
Teffet  incisir;  il  n'est  ému  que  par  la  force. 
D'ailleurs,  Niedermeyer  avait  dédaigné  les  res- 
sorts dont  tout  le  monde  se  sert  à  Paris  pour 
préparer  les  succès  du  théâtre  ou  réparer  des 
échecs.  Il  avait  resfvscté  sa  dignité  d'artiste,  et 
ce  n'est  point  ainsi  qu'on  réussit  de  nos  jours. 
Il  est  juste  de  dire  que  l'estime  des  connaisseurs^ 
lui  a  oflert  une  honorable  compensation  des  in- 
justices de  la  foule,  et  que  plusieurs  morceaux 
de  Stradella,  exécutés  dans  les  concerta,  ont 
été  justement  applaudis.  Plus  tard  l'ouvrage  a 
été  repris  à  l'Op'ëra  et  a  été  mieux  compris  par 
le  public. 

Après  l'espèce  d'échec  éprouvé  par  Niedermeyer 
sur  la  scène  française,  sept  années  s'écoulèrent 
avant  qu'il  pût  l'aborder  de  nouveau;  enfin,  les 
portes  du  théâtre  lui  furent  ouvertes  de  nouveau, 
et  dans  le  mois  de  décembre  1844  il  fit  repré- 
senter à  l'Opéra  Marie-Siuartj  en  cinq  actes, 
dont  la  partition  renfermait  de  belles  choses  , 
des  mélodies  douces  et  poétiques,  une  romance 
exquise  devenue  populaire ,  mai&  où  la  force  dra- 
matique, nécessaire  au  sujet,  faisait  défaut.  Ha- 
bile à  exprimer  les  vagues  rêveries  de  l'âme, 
heureux  alors  dans  l'inspiration  de  ses  cantilènes, 
toujours  fin,  délicat,  distingué,  il  lui  manquait 
la  puissance,  l'éclat  et  l'énergie  indispensables 
pour  les  grandes  émotions.  La  partition  de  Marie- 
Stuart  renferme  cependant  quelques  bons  mor- 
ceaux d'ensemble  au  second  et  au  troisième  acte. 
A  l'occasion  de  cet  ouvrage,  Niedermeyer  fut 
décoré  de  la  Légion  d'honneur.  Appelé  à  Bologne 
par  Rossini^  en  1846 ,  pour  adapter  la  musique 
de  La  Donna  del  Logo  à  un  livret  d'opéra 
français  intitulé  Robert  Bruce  ^  et  pour  com- 
poser quelques  morceaux  qui  devaient  combler 
les  lacunes,  il  accepta  ce  travail  ingrat;  mais  la 
transformation  ne  fut  point  heureuse.  L'ouvrage 
représenté  au  mois  de  novembre  de  la  même 
année,  ne  réussit  pas  et  disparut  bientôt  de  la 
scène.  Un  intervalle  d'environ  sept  années  s'é- 
coula encore  avant  que  Niedermeyer  pût  essayer 
de  prendre  sa  revanche  de  cet  échec ,  car  ce  ne 
fut  qu'au  mois  de  mai  1853  qu'il  put  faVe  re- 
présenter son  opéra  de  la  Fronde,  ouvrage  en 
cinq  actes,  où  il  y  avait  plus  de  force  dramatique 
que  dans  les  précédents ,  mais  où  les  qualités 
distinctives  du  compositeur  ne  se  montraient  pas 
aussi  bien.  Pour  qui  connaissait  la  nature  calme 
et  douce  de  Niedermeyer,  il  était  évident  qu'il 
avait  fait  effort  pour  paraître  énergique;  il  avait 
publié  le  conseil  du  poète  :  Ne  forçons  pas  no- 


tre talent,  La  Fronde  fut  accueillie  avec  fi  oi- 
deuretne  vécut  qu'un  petit  nombre  de  représen- 
tations. Ce  fut  le  dernier  essai  de  Niedermeyer 
dans  la  carrière  de  eomposit€ur  dramatique.  Après 
cette  nouvelle  déception,  il  s'attacha  à  la  réalisa- 
tion du  projet  qu'il  avait  conçu  depuis  quelque 
temps  de  relever  rinslitutioD  de  musique  religieuse 
fondée  autrefois  par  Choron ,  et  de  s'y  dévouer 
comme  l'avait  fait  cet  homme  si  heureuseroeot 
doué.  Les  secours  du  gouvernement  lui  étaient  né- 
cessaires pour  parvenir  è  son  but  :  nne  première 
subvention  annuelle  de  5,000  francs  lui  fut  accor- 
dée; et  les  bons  résultats  qu'il  obtintà  l'aide  de  celte 
faible  somme  déterminèrent  le  gouvernement  à 
créer  un  certain  nombre  de  bourses  de  500  fran» 
pour  les  élèves  les  mieux  organisés,  et  des  diplémes 
de  maître  de  chapelle  et  d'organistes  poar  les 
lauréats  des  concours.  Incessamment  préocaipé 
du  soin  d'améliorer  la  musique  d'église,  Nieder- 
meyer se  livra  à  des  études  spéciales  sur  ce  sajet, 
et  l'un  des  premiers  fruits  de  ses  travaux  fut  une 
Méthode  d'accompagnement  du  plain-chant 
qu'il  publia  en  collaboration  avec  M.  d'Ortigue  (1). 
Erreur  d'un  artiste  distingué,  cet  ouvrage  ne  pour- 
rait qu'entraîner  les  organistes  dans  une  voie  dé- 
plorable. Né  protestant,  Niedermeyer  ne  connais- 
sait pas  assez  la  véritable  tradition  do  plain- 
chant  pour  le  travuil  quTI  avait  entrepris  :il  s'est 
laissé  égarer  par  de  fausses  idées  auxqtiell»  on 
a  donné  cours  depuis  1830.  L'association  de 
Niedermeyer  avec  M.  d'Ortigue  se  signala,  vers 
le  même  temps,. par  la  fondation  d'un  joomal 
de  musique  religieuse  qui  parut  en  1857  sous  le 
titre  La  Maîtrise ,  et  dans  lequel  il  publia  un 
certain  nombre  de  morceaux  de  musique  d'é- 
glise. En  1858,  il  abandonna  la  part  qu'il  avait 
prise  jusque-là  à  la  direction  de  ce  journal,  dont 
M.  d'Ortigue  resta  seul  chargé.  Niedermeyer  est 
mort  à  Paris  le  14  marslSGl,  à  l'âge  de  cinquante- 
neuf  ans,  laissant  un  fils  et  deux  filles  sans  for- 
tune. 

Outre  les  ouvrages  cités  précédemment,  cet 
«artiste,  dont  le  mérite  fut  très-supérieur  à  ce 
qu'on  croit  généralement,  a  écrit  plusieurs  messes, 
dont  une  à  grand  orchestre  a  été  exécutée  pin- 
sieurs  fois  à  Saint-Eustache  et  dans  d'autres  égli- 
ses, beaucoup  de  motets,  hymnes,  antiennes,  etc. 
avec  orgue;  des  préludes  pour  cet  instrument; 
une  grande  quantité  de  mélodies  parmi  lesquelles 
on  remarque  Le  Lac,  V Isolement^  Le  Soir,  V Au- 
tomne, La  Voix  humaine f  sur  des  poèmes  de 
M.  de  Lamartine  ;  La  Ronde  du  Sabbat,  Oceam 
nox,  La  Mer,  Puisque  ici-bas,  de  M.Victor  Hugo, 
La  Noce  de  Léonore,  Une  scène  dans  les  Ap- 

(i)  Farts,  Heugcl,  isss,  gr.  ln-8». 


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NIEDERMEYER  —  KIEL 


321 


pennins,  de  M.  Emile  Descliamps^  etc.  ;  quel- 
ques clianU  en  langue  iUlieune.  Des  morceaux 
pour  piano,  donl  un  rondo  brillant  avec  accom- 
pagnement de  quatuor,  des  fantaisies  et  des  thèmes 
variés. 

NIEDT  (Nicolas),  organiste  à  Sondershau- 
sen  et  chancelier  du  prince,  né  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  mourut  le  16  août  1700.  Il 
•était  si  pauvre  qu'il  ne  laissa  pas  de  quoi  payer 
ses  funérailles.  Il  à  fait  imprimer  une  année  com- 
plète de  musique  d'église  pour  les  dimanches  et 
fêtes,  sous  ce  titre  :  MusiealUcke  Sonn'und  Fes- 
tage  Lust,  etc.  (Joie  musicale  pour  les  dimanches 
-et  fêtes,  à  cinq  Toixet  cinq  instruments)  ;  Son- 
dershausen,  1698,  in-fol. 

iVIEDT  (Frédébic-Erhardt  ),  musicien  sa- 
vant, vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle,  et  mourut  À  Copenhague,  en  1717. 
On  a  peu  de  renseignements  sur  sa  personne;  le 
Jieu  de  sa  naissance  nVst  même  pas  exactement 
connu,  car  WalUier  le  place  d'une  manière  in- 
déterminée en  Thuiinge,  et  Forkel  à  Jéna.  Tout 
■ce  qu'on  sait,  c'est  qu'il  remplit  pendant  quelques 
années  les  fonctions  de  notaire  dans  cette  ville,  et 
qu'il  alla  ensuite  se  fixer  à  Copenhague,  où  ses 
compositions  furent  applaudies,  mais  où  sa  caus- 
ticité lui  fit  beaucoup  d'ennemis.  Il  ne  reste  de 
4out  ce  qu'il  a  composé  en  Danemark  que  six 
suites  d'airs  pour  trois  hautbois  ou  violons  et 
liasse  continue;  Copenhague,  1708.  Mais  c'est 
fiurtout  comme  écrivain  que  Niedt  mérite  de  fixer 
aujourd'hui  l'attention  des  musiciens.  On  a  de  lui 
un  traité  des  éléments  de  la  musique  ;  sous  ce 
4itre  :  Musicalisekes  ABC  zum  Auts  en  der 
LehrundLemendenik  B  C  musical,  à  l'usage 
des  instituteurs  et  des  étudiants)  ;  Hambourg,  1708, 
in-^**  obi.  de  112  pages.  Ce  livre,  divisé  en  14 
4:liapitres,  est  dépourvu  do  méthode  ;  mais  il  a  de 
i'intérèt  parce  qu'il  renferme  des  airs  à  voix  seule 
^y^ec  accompagnement  de  hautbois  et  de  basse 
•continue  qui  donnent  une  idée  du  mérite  de  l'au- 
teur comme  compositeur.  Quelques  années  avant 
4a  publication  des  Éléments  de  musique,  Niedt 
avai  t  fait  paraître  un  traité  d'barmonieet  de  com- 
position intitulé  :  Musicalische  Handleitung, 
Oder  grundlicher  Unierricht,  vermitteh  wel^ 
chen  ein  Liebhabei'  der  edlen  MusU  in  kurzer 
Zeit  sich  so  weit  perfectianiren  kann,  dass  er 
nicht  allein  den  General- Bassnoch  denenge- 
setzten  deiUlichen  und  wenigen  Regeln  fertig 
spielen,  sondem  auck  folglich  allerlei  Sachen 
selbst  componiren,  und  ein  rechisckaffner  Or- 
ganist  und  Mxisikus  heissen  kcmne  (  Guide  mu- 
sical ou  instruction  fondamentale,  au  moyen  de 
quoi  un  amateur  de  la  noble  musique  peut  se  per- 
fectionner lui-même  en  peu  de  temps,  et  non-seu- 

MOGR.  CNIV.  DES  MOSICIEIIS.  —  T.  VI. 


lement  accompagner  la  basse  continue  d'après  un 
petit  nombre  de  règles  claires  et  précises,  mais  aussi 
composer  toute  espèce  de  pièces,  etc.)  ;  Hambourg» 
1700,  in-4o.  Cette  première  partie  de  l'ouvrage  fut 
réimprimée,  à  Hambourg,  chez  Benjamin  Scliiller, 
1710,  in-4°  de  62  pages.  J'ai  douté  longtemps  de 
l'existence  de  la  première  édition,  mentionnée  par 
Adlnng  (Musikaliscken  Gelahriheity  p.  228, 
2*  édit.),  et  par  Forkel  {Allgem,  Lileratur  der 
Musih,  page  351),  parce  que  rien  n'indique  au 
titre  de  celle  de  1710  qu'elle  soit  la  deuxième; 
mais  le  catalogue  de  la  bibliothèque  de  ce  der- 
nier (p.  26)  m'a  convaincu  qu'elle  est  réelle.  La 
deuxième  partie  de  ce  traité  de  composition  et 
d'Iuirmonie  a  paru  sous  ce  titre  :  MusicalischeT' 
Handleitung  anderer  Theil,  von  der  Variation 
des  General'Basses,  samt  einer  Anweisung^ 
me  man  aus  einem  schlichten  GeneraUBass 
allerley  Sachen,  dis  Prxludia ,  Ciaconen,  Al" 
lemanden,  etc.  (De  la  manière  de  varier  la 
basse  continue,  deuxiènie  partie  du  6uide  musi- 
cal, etc.)  ;  Hambourg,  1706,  in-4°  de  21  reuilles. 
On  trouve  dans  cette  partie  les  diiïérentes  formes 
sous  lesquelles  on  peut  orner  une  basse  simple. 
Klle  contient  aussi  quelques  préludes  pour  l'orgue 
ou  le  clavecin.  Mattheson  a  publié  une  deuxième 
édition  de  cette  seconde  partie,  avec  des  correc- 
tions, des  notes,  et  y  a  ajouté  les  dispositions  de 
soixante  des  principales  orgues  de  T  Allemagne  ; 
Hambourg,  Benjamin  Schiller,  1721,  in-4^  de 
204  pages.  La  troisième  partie  de  l'ouvrage  est 
intitulée  :  Friederich'Erhardt  f^iedtens  Mu- 
sicaUscher- Handleitung  dritter  uiid  letzter 
Theil,  handlend  vom  Contrapunci,  Canon, 
Motteten,  Choral  ^  recitativ-stylo  und  Cava-- 
ten  (  Troisième  partie  du  guide  musical,  traitant 
du  contrepoint,  du  canon,  des  motets,  du  choral, 
du  style  récitatif  et  des  airs)  (Oeuvre  posthume). 
Cette  partie  n'a  pas  été  complètement  achevée 
par  l'auteur;  suivant  son  plan,  elle  ne  devait  pas 
être  la  dernière.  Mattheson,  qui  en  fut  l'éditeur, 
y  a  ajouté  une  préface,  et  a  mis  à  la  suite  le  traité 
de  Raupacli  (  voyez  ce  nom  )  concernant  la  mu- 
sique d'église;  Hambourg,  1717^  in-4*  de  68  pa- 
ges. Le  traité  de  Raupach  a  une  pagination  sépa- 
I  rée. 

!  NIËL  (...),  mettre  de  musique  à  Paris,  dans 
i  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  a  com- 
i  posé  pour  l'Académie  royale  de  musique  (  l'O- 
péra )  la  musique  de  l'opéra- ballet  intitulé  :  Les 
Voyages  de  V Amour.  Cet  ouvrage  fut  repré- 
senté en  1736.  L'année  suivante,  Nicl  donna  au 
même  thr^àtre  les  Romans,  que  Cambini  remit 
en  musique  en  1776.  En  i744,  Niel  aécritles  airs 
de  vaudeville  pour  VÉcole  des  Amants,  pièce 
de  Fuselier. 

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322 


MEMANN  —  3NIER0P 


NI  EMANN  (Albert),  ténor  allemand,  né  à 
Ërxieben,  près  de  Magdebourg,  en  1831,  est  fils 
d^un  aubergiste.  Après  aYoir  étudié  la  musique 
vocale  à  Magdebourg,  il  fut  engagé  comme  dm- 
riste  au  théâtre  de  Dessau  ;  puis  il  chanta,  aux 
théâtres  de  Darmstadt  et  de  Worms,  les  rôles  de 
quelques  opéras  avec  succès»  et  brilla  particu- 
lièrement à  celui  de  Halle  par  son  intelligence 
de  la  scène.  Bientôt  sa  réputation  s'étendit,  et  il 
reçut  des  engagements  pour  quelques-uns  des 
principaux  théâtres  de  TAllemagne.  Appelé  au 
service  du  roi  de  Hanovre,  où  il  est  encore  au 
moment  où  cette  notice  est  écrite  (1862),  il  y 
Jouit  d'une  faveur  toute  spéciale  près  de  ce  prince. 
C'est  cet  artiste  que  Richard  Wagner  a  fait  enga- 
ger par  Fadministration  de  l'Opéra  de  Paris  pour 
chanter  le  rôle  de  Tannhxuser,  lorsque  cet  ou- 
vrage y  fut  mis  en  scène,  en  1861.  Nonobstant 
les  orages  qui  éclatèrent  pendant  le  petit  nombre 
de  représentations  qu'obtint  cet  opéra,  la  belle 
voix  de  Ni^mann ,  sa  chaleureuse  diction  dans  le 
récitatif,  et  son  intelligence  dramatique,  furent 
distinguées  par  le  public;  mais  le  dégoût  qu'il 
avait  éprouvé  pendant  ces  représentations  tumul- 
tueuses lui  fit  rompre  son  engagenoent  et  re- 
tourner à  Hanovre.  Suivant  les  renseignements 
qui  me  sont  parvenus  de  cette  ville,  Miemann 
aurait  abusé  de  la  faveur  dont  il  jouit  près  du 
roi  pour  molester  le  maître  de  chapelle  Marschner 
avec  qui  il  était  en  dissentiment  sur  certaines 
choses  relatives  an  service  de  la  cour,  et  aurait 
été  cause  de  la  détermination  que  prit  ce  com- 
positeur distingué  de  donner  sa  démission  de  son 
emploi,  laquelle  fut  bientôt  suivie  de  sa  mort. 

NIEMECZëK  (C.-T),  harpiste  et  composi- 
teur de  la  Bohême,  vivait  à  Prague,  dans  les  der* 
nières  années  du  dix.liuitîème  siècle.  On  a  gravé 
de  sa  compositv)n  :  1®  Thèmes  variés  pour  la 
harpe,  op.  1,  2,3;  Prague,  1797,  Breitkopf  et 
Haertel.  —  2''  Sonates  pour  deux  harpes,  op.  4  ; 
ibid.  —  3'  Sonates  pour  harpe  seule,  op.  5  ;  ibid. 

NIEMEYER  (  Auguste -Hermann),  pro- 
fesseur de  théologie,  naquit  à  Halle  le  ie>*  sep- 
tembre 1754,  y  Gt  ses  études  et  y  fut  d'abord 
maître  de  philosophie  et  professeur  extraordinaire 
de  théologie,  puis  eut  le  titre  d'inspecteur  du  sé- 
minaire de  théologie,  à  Halle.  En  1787,  on  le 
choisit  pour  êlre  directeur  du  séminaire  pédago- 
gique; en  1792^  conseiller  du  consistoire,  et  enfin 
docteur  en  théologie  et  chancelier  de  l'université 
de  Halle.  Il  est  mort  en  cette  ville, le  7  juillet 
1828.  Niemeyer  est  également  estimé  en  Alle- 
magne comme  écrivain  sur  la  théologie,  la  péda- 
gogie, et  comme  auteur  de  poésies  religieuses.  Il 
a  publié  des  pensées  concernant  rinllueuce  des 
sentiments  religieux  sur  la  poésie  et  la  musique. 


en  tète  de  son  poème  d'oratorio  Abraham  sur 
le  mont  Moria,  qui  parut  à  Leipsick  en  1777. 
Ce  morceau  a, été  traduit  eo  hollandais  dans  le 
recueil  qui  a  pour  titre  :  Taal-dicht^en  Letter- 
kundig  Kabinet  (Cabinet  de  grammaire,  de 
poésie  et  de  littérature)  ;  Amsterdam,  1781,  n**  1. 

NIEMEYER  (Jean-Charles-Gcillaiwe),. 
neveu  du  précédent,  est  né  â  Halle  en  1780. 
Après  avoir  fait  ses  études  sous  la  directioa  de 
son  onde,  11  a  été  nommé  professeur  à  lliospioe 
des  orphelins  de  Frank.  En  1817 ,  il  a  visité 
lltalie  et  la  Sicile.  Il  est  mort  à  Halle  au 
printemps  de  1839.  La  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick contient  (t.  13,  p.  873  )  un  article 
de  Niemeyer  sur  les  transitions  en  musique. 
11  a  publié  un  livre  choral  noté  en  chiffres, 
suivant  la  méthode  de  Natorp,  sous  ce  titre  : 
Choralbuch  in  Ziffem,  ln-4«;  Halle,  1814.  Une 
deuxième  édition  de  ce  recueil  de  mélodies  cho- 
rales â  trois  voix,  qui  a  été  publiée  en  notation 
ordinaire,  a  paru  dans  la  même  ville  en  1817;. 
elle  est  intitulée  :  Dreystiimnige  CkarahMelO' 
dienbuch  i^  Noten.  Une  troisième  édition  porte 
la  date  de  1823.  M.  Niemeyer  s'est  aussi  exercé 
à  composer  des  chorals  dans  les  modes  de  fan- 
cienne  tonalité  grecque.  Ces  chorals,  au  nombre 
de  dix-neuf,  ont  été  publiés  avec  d'autres  piè- 
ces, à  Leipsick,  en  1831,  chez  Breitkopf  et  Hsr- 
tel.  Dans  l'année  suivante  il  avait  publié  un  re- 
cueil de  cantiques  latins  chez  les  mêmes  éditeurs. 

NIËMTSCHEK  (François-Xavier),  né  à 
Saczka,  en  Bohême,  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
tième siècle,  fut  professeur  de  logique  et  de  phi- 
losophie morale  au  gymnase  de  Kletnfeit,  à  Pra- 
gue, où  il  vivait  encore  en  f  808.  Ami  de  Mozart, 
il  a  publié  une  notice  de  la  vie  de  cet  illustre 
compositeur,  intitulée  :  Leben  desK.  K.  KapeU- 
meisters  Wolfgang  GotUieb  Mozart  (Vie  du 
maître  de  la  chapelle  impériale  W.  Amédée  Mo- 
zart); Prague,  1798,,  in-4'*  de  78  pages.  Une 
deuxième  édition  de  cette  notice  a  paru  à  Prague 
et  à  Leipsick,  en  1808,  in'4''.  Ce  petit  ouvrage  a 
de  l'intérêt  par  les  renseignements  qo^il  fournit 
sur  la  mise  en  scène  des  opéras  de  Mozart  toits 
pour  le  théâtre  de  Prague. 

JVIEROP  (DirckRembrant  Yar),  mathé- 
maticien hollandais,  vécut  à  Amsterdam  vers  le 
milieu  du  dix>septième  siècle.  Il  mourut  en 
1677.  Au  nombre  de  ses  écrits  on  trouve  celui 
qui  a  pour  titre  :  Wiskundige  Musffha  verfoo- 
nende  de  Oorsaecke  van  *t  Geluyt,  de  redens 
der  Zangtoonen  konstiguytgereeckentf  eic,  (La 
musique  mathématique  exposant  la  cBvise  du  son, 
le  rap|)ort  des  sons  chantés,  artistement  calculés^ 
et  la  facture  des  instruments  de  musique,  etc.  )  ; 
Amsterdam,  1659,  in- 8**  de  5  feuilles  et  demie. 


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mm  —  NiSLE 


323 


NINI  (Alexandre),  composUear,  est  Dé  en 
1811  à  Fano,  dans  les  États  romains.  Ëlève  de 
Ripini,  mattre  de  chapelle  de  cette  ville,  il  com- 
mença à  écrire,  à  Tftge  de  quatorze  ans,  des 
messes,  des  Tépres  et  des  symphonies.  En  1826, 
il  fut  nommé  mattre  de  chapelle  de  Péglise  de 
Moutenovo  et  y  demeura  dix*halt  mois;  mais  à 
la  fin  de  1827  il  retourna  à  Fano,  et  au  commen- 
cement de  Tannée  suivante,  il  alla  étudier  le 
contrepoint  au  lycée  musical  de  Bologne,  sous  la 
direction  de  Palmerini.  Quelques  mois  après  il 
fut  rappelé  dans  sa  ville  natale  pour  y  écrire  une 
messe  et  des  vêpres  à  grand  orchestre  qui  furent 
exécutées  à  la  chapelle  de  Lorette.  Vers  la  (in  de 
la  même  année  il  fit  entendre  une  symphonie  de 
sa  composition  au  Casino  de  Bologne.  En  1831, 
il  saisit  Toccaslon  de  se  rendre  à  Pétersbourg  en 
compagnie  d*un  seigneur  russe.  Il  vécut  plusieurs 
années  dans  cette  ville,  y  établit  une  école  de 
chant  italien  et  y  publia  quelques  compositions 
vocales  et  instrumentales.  De  retour  en  Italie  au 
commencement  de  1837,  il  écrivit  k  Venise  l'o- 
péra intitulé  Ida  délia  Torre,  qui  y  obCint  quel* 
que  succès,  et  qui  fut  suivi,  en  1839,  de  La  Ma^ 
rescialla  d* Ancre,  représentée  à  Padoue,  puis  à 
Florcuce,  Turin,  Venise,  Trieste,  Rome,  Gênes, 
et  dans  plusieurs  autres  villes  de  Tltalie,  dans  la 
même  année,  et  de  Cristina  di  «Srcsta,  à  Gê> 
nés,  en  1840.  Les  autres  ouvrages  de  Nini  sont  : 
Margarita  di  York,  représenté  à  Venise  en  184 1  ; 
Odalisa,  donné  à  Milan  en  1842,  et  Virçinia, 
à  Gènes  ^  dans  Tannée  suivante.  Après  cette 
époque ,  les  renseignements  manquent  sur  la 
suite  de  la  carrière  de  cet  artiste. 

NISARD  (Théodore),  pseudonyme.  Voyez 
NORMAND  (Théodule-Elzéar-Xayier). 

NISLE  (....),  corniste  célèbre,  naquit  en 
1737,  à  Geisslingen,  dans  le  Wurtemberg,  et  fit 
ses  études  de  musique  à  Stuttgard.  Vers  1776,  il 
entra  au  service  du  prince  deNeuwied,  en  qnalité 
de  maître  de  concert.  Vers  la  fin  de  1752  il  aban- 
donna ce  poste  pour  voyager.  Arrivé  â  Stuttgard, 
il  y  accepta  une  place  dans  la  chapelle  ducale; 
mais  Vinconslance  de  son  caractère  lui  fil  encore 
quitter  cette  position.  Cependant  le  dérangement 
de  sa  santé  Tobiigea  de  s^arrêter  à  Hildburg- 
bausen  en  17S5  :  il  y  mourut  en  1788,  laissant 
deux  fils  qui  ont  hérité  de  son  talent.  On  ne 
connaît  aucune  composition  sous  le  nom  de  cet 
artiste. 

MSLE  (David),  fils  atné  du  précédent,  na- 
quit a  Neuwied  en  1778.  Dès  Tâge  de  cinq  ans  il 
jouait  du  cor.  Dans  les  concerts ,  son  père  le 
plaçait  sur  une  table  qui  servait  aussi  à  soutenir 
Tiustrument.  Plus  tard,  son  habileté  à  se  servir 
des  sons  bouchés  était  si  grande,  que  bien  qu*îl 


n'eût  qu'un  cor  en  mi  bémol,  il  jouait  dans  tous 
les  tons  avec  des  sons  purs  et  égaux  en  force.  Il 
accompagna  son  père  dans  ses  derniers  voyages. 
Après  la  mort  de  celui-ci,  il  resta  quelque  temps 
avec  sa  mère,  puis  il  se  remit  en  route  avec  son 
frère,  corniste  comme  lui;  mais  arrivés  à  Rudol- 
stadt,  les  deux  frères  se  séparèrent,  et  David  con- 
tinua seul  ses  voyages.  En  1798,  il  était  attaché  h 
la  musique  du  prince  de  Wittgenstein-fierle- 
bourg,  en  Westphalie.  Ses  études  ayant  achevé 
de  développer  son  talent,  il  fut  bientôt  considéré 
comipe  Témule  de  Punto.  £n  1806,  il  retrouva 
son  frère  à  Vienne  :  ils  se  réunirent  de  nouveau 
et  se  rendirent  en  Hongrie,  où  ils  étaient  encore 
en  1809,  attachés  à  la  musique  d'un  M.  de  Vegb. 
Le  projet  qiTils  avaient  formé  de  se  rendre  en 
Russie  fut  contrarié  à  cette  époque  par  la  guerre; 
ils  se  dirigèrent  alors  vers  Trieste  par  la  Slavo- 
nie,  traversèrent  TItalie,  et  allèrent  en  Sicile.  De- 
puis lors,  on  n'a  plus  eu  de  renseignements  sur 
la  personne  de  David,  qui  s'était  encore  séparé 
de  son  frère.  Cet  artiste  ne  parait  pas  avoir  écrit 
pour  son  instrument. 

NISLE  (JeaM-FRÉDÉRJC  ),  frère  puîné  de  Da- 
vid, est  né  k  Neuwied,  en  1782.  Après  avoir, 
ainsi  que  son  frère,  parcouru  une  partie  de  l'Al- 
lemagne comme  yirtuose,  le  dégoût  qu'il  éprou- 
.vait  pour  cette  existence  le  fit  s'arrêter  à  Rudol- 
stadt,  où  il  se  livra  à  l'étude  de  Tharmonie,  de  la 
composition  et  du  piano  sous  la  direction  de 
Koch;  puis  il  alla  à  Rostock  pour  y  publier  sea 
premières  productions,  qui  consistent  en  chan- 
sons, duos,  trios  pour  cor,  et  sonates  de  piano.  Son 
premier  œuvre  parut  en  1798.  On  a  vu,  dans 
Tartide  précédent,  comment  il  retrouva  son  frère 
à  Vienne,  en  1806,  et  la  suite  de  ses  voyages  jus- 
qu'en Sicile.  Là,  Jean  Nisie  se  fixa  à  Catane,  et 
y  fonda  une  société  de  musique.  Après  y  avoir 
passé  près  de  vingt  ans,  occupé  de  composition 
et  de  travaux  de  professeur,  il  se  sentit  pressé 
par  le  désir  de  revoir  sa  patrie,  et  se  mit  en 
voyage;  mais  arrivé  à  Naples,  il  tomba  malade. 
Sa  convalescence  dura  près  d'une  année.  Lors- 
qu'il crut  avoir  repris  assez  de  force,  il  se  dirigea 
vers  l'Allemagne  par  la  Suisse,  et  il  arriva  dans 
son  pays  en  1834.  Deux  ans  après,  il  fit  un 
voyage  k  Paris,  puis  à  Londres,  où  il  était  encore 
en  1837.  Depuis  longtemps  il  avait  abandonné  le 
cor,  son  premier  instrument,  pour  s*attacher  au 
piano.  Les  compositions  les  plus  connues  de  cet 
artiste  sont  :  1"  Ouverture  k  grand  orchestre  (en 
re'minpur);  Vienne,  Hasiinger.  —  2^  Quintettes 
pour  violon,  op.  21  ,et  30;  ibid.  —  3*  Quatuors 
pour  2  violons,  alto  et  basse;  ibid.  —  4°  Trios 
pour  deux  violons  et  violoncelle  ;  Naples,  Girard. 
^  5^  Duos  pour  deux  violons,  op.  13  et  13  ;  Leip- 

21. 


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324 


NISLE  —  INITSCHE 


sick,  Breitkopf  et  Hœrtel  ;  Vienne,  Haslinger.  — 
6°  SiiL  solos  pour  violon;  Napics,  Girard.  — 
7°  Quintette  pour  flûte,  violon^  alto,  cor  et  violon- 
celle, op.  26;  Vienne,  Haslinger.  —  8*^  Idem, 
pour  flûte,  violon,  2  altos  et  violoncelle,  op.  27  ; 
ibid.  —  9<»  Trios  pour  2  cors  et  violoncelle,  op.  2. 
Berlin,  Scblesinger.  —  10*  Duos  pour  2  cors,  op. 
4,  5  ;  ibid.  ^  11**  Trios  pour  piano,  violon  et 
cor,  op.  20  et  24;  Vienne,  Haslinger.  —  12^  Duos 
pour  piano  et  cor;  Berlin,  Scblesinger,  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hserfet;  Naples ,  Girard.  —  tZ''  Di- 
vertissenients  et  fantaisies  pour  le  piano.  — 
14°  Chansons  allemandes  et  italiennes. 

NISSEN  (Gborge-Nicolas  DE),  'conseiller 
d*État  du  roi  de  Danemark,  chevalier  de  Tordre 
de  Danebrog,  né  à  Hardensleben,  en  Danemark, 
le  27  Janvier  1765,  épousa  la  veuve  de  Mozart, 
et  pendant  plus  de  vingt-cinq  ans  s'occupa  de 
recueillir  et  de  mettre  en  ordre  des  matériaux 
authentiques  pour  servir  à  Tbistoire  de  la  vie  et 
des  travaux  de  ce  compositeur  célèbre.  Il  mou- 
rut avant  que  Touvrage  fût  imprimé^  le  24  mars 
1826;  mais  sa  veuve  fit  paraître  le  résultat  de 
son  travail,  sous  ce  titre  :  Biographie  W.  A, 
MozarVs.  Nach  Originalbriefen ,  Sammlun- 
gen  ailes  ilber  ihn  geschriebenen,  mit  vielen 
neuen  Beilagen,  Steindriicken,  Musikblasttem 
und  einem  Fac-Simile  (Biographie  de  W.  A.. 
Mozart,  d'après  des  lettres  originales,  etc.);  Leip- 
sick, 1828,  in-8^  de  702  pages.  L'ouvrage  de 
MIsscn  est  précédé  d'une  préface  de  44  pages  par 
le  docteur  Feuerstein,  de  Pima.  On  trouve  dans 
le  volume  plusieurs  planches  de  musique  et  au- 
tres, ainsi  que  des  portraits  de  Mozart  et  de  sa 
famille.  Dans  la  même  année,  il  a  paru  un  sup- 
plément à  cette  biographie  intitulé  :  Anhang 
zu  Wolfgang  Amadeus  MozarVs  Biographie; 
Leipsick,  in-S°  de  219  pages.  Ce  supplément  ren- 
ferme divers  catalogues  des  œuvres  de  Mozart, 
et  l'appréciation  de  ses  compositions,  de  son  ta- 
lent et  de  son  caractère.  On  ne  peut  considérer 
cet  intéressant  recueil  de  matériaux  comme  une 
biographie  véritable,  car  la  forme  historique  y 
est  à  chaque  instant  interrompue,  et  les  vues  du 
narrateur  manquent  souvent  d'élévation;  ce- 
pendant Touvrage  n'en  est  pas  moins  précieux, 
a  cause  de  raulhenlicité  des  documents  qu^il  ren- 
ferme, particulièrement  la  correspondance  du 
grand  artiste  et  de  sa  famille. 

NISSEN  (Henriette),  F.  SALOMAN  (M»»). 

NITHART  (Le  seigneur),  appelé  Neidhàrdt 
dans  quelques  anciens  manuscrits,  fut  un  cé- 
lèbre Minnesinger  (chanteur  d'amour)  qui  vé- 
cut vers  la  fin  du  douzième  siècle,  et  dans  la  pre- 
mière moitié  du  treizième.  11  y  a  quelque  in- 
certitude sur  la  partie  de  TAllemagne  où  il  vit 


le  jour;  cependant  les  recherches  érndiies  de 
Hagen  (  âiifmesinger,  deuische  Liederdich- 
ter,  etc.,  th.  IV.  p.  435-442)  l'ontconduit  à  éU- 
blir  d'une  manière  satisfaisante  que  ce  poète 
musicien  était  Bavarois,  et  qu'il  appartenait  à  la 
famille  des  barons  Fttchs  de  Franconie  et  de 
Souabe.  Il  tenait  de  sa  mère  en  propriété  une 
seigneurie  appelée  RinwetUhaL  Les  rapprociie- 
ments  de  diverses  autorités  font  voir  que  Nilbart 
était  chevalier,  qu'il  se  croisa,  et  quMI  assista  au 
siège  et  à  la  prise  de  Damielte  (1219),  où  il 
I  était  vraisemblablement  dans  le  corps  d'armée 
I  conduit  par  le  duc  dUutriche  Léopold  VIL  U 
i  dernière  mention  de  l'existence  de  Nitliard  re- 
I  cueillie  par  Uagen  est  de  1234  :  le  savant  ar* 
I  chéologue  pense  que  c'est  vers  ce  temps  qu'il  a 
!  composé  la  plupart  de  ses  chants.  Les  diansons 
I  notées  composées  par  Nithard  se  trouvent  dans 
plusieurs  manuscrits  du  quatorzième  et  du  quin- 
zième siècles  :  Hagen  en  a  publié  deux  d'ufle 
belle  notation  d'après  un  manuscrit  de  la  biblio- 
j  thèqùe  de  Francfort-sur-le-Mein,  et  trente-deux 
I  autres  tirées  d'un    manuscrit    intéres.saot  du 
I  quinzième  siècle  que  lui-même  possédait.  (Loc. 
\  cit.  Ui    IV,  p.  770,  845  et  p.  846-8  52). 
I      NITSCH  (Pierre),  musicien    alleoiand  du 
I  seizième  siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  composi- 
I  tion  :    1°  Teutsche  Lieder  des  Morgens  mi 
I  Ahends,  etc.  (Chansons  allemandes  pour  être 
I  chantées  le  matin  et  le  soir,  avant  et  après  le 
repas);  Leipsick,  1543.  —  2<*  Teutsche  und 
,  laieiniscli^  Ueder  mit  4  Stimmen  (Civausons 
allemandes  et  latines  à  4  voix);  ibid.,  1573, 
ki-8^. 

NITSGHE  (JEAff*CHARLE8-GoDEPB0iD),  Or- 
ganiste à  Sprottau,  est  né  le  22  octobre  1808  à 
,  See,  près  de  Niasky,  cercle  de  Rotembourg,  en 
I  Lusace.  Après  avoir  fréquenté  les  écoles  pri- 
{  maires  jusqu'à  l'&ge  de  treize  ans,  il  fut  eavojé 
I  en  1821    chez  le  cantor  Bessert,  à  Kahlfurth, 
,  près  de  Gœrlitz,  chez  qui  il  se  prépara  à  Ten- 
I  seignement  élémentaire;  il  suivit  ensuite  les 
I  cours  de  l'école  normale  à  Bunziau,  pendant  les 
!  années  1826-1828.  U  y  fut  employé  en  1829  et 
1830  à  enseigner  l'orgue  aux  séminaristes,  puis 
il  fut  appelé  à  Grunberg,  en  qualité  d'institu- 
teur; mais  le  désir  d'augmenter  ses  connaiiisaoces 
musicales  lui  fit  prendre  la  résolution  d'aller  à 
Berlin  fréquenter  l'institut  royal  de  musique  d'é- 
glise, et  il  obtint  À  cet  eiïet  une  pension  du  gou- 
vernement. Les  leçons  de  l'organiste  Guillaume 
Bach  et  des  professeurs  Grell  et  Drescbke  com- 
plétèrent son  instruction,  et  il  reçut  des  conseils 
de  M.  Marx  (  F.  ce  nom  )  pour  l'harmonie.  Lors- 
que ses  études  furent  terminées^  Nitscbe  accepta 
en  1837  les  places  d'instituteur  et  d'organiste  à 


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NITSCHE  —  NIVKRS 


325 


Sprottau  :  H  les  occupait  encore  en  1860.  On  a 
inaprimé  de  sa  composition  :  1^  Livre  elioral  gé- 
néral pour  les  églises  et  les  écoles  catholiques,  à 
rasage  des  provinces  de  Lusace  et  de  Silésic,  À 
4  voix  avec  des  préludes  et  des  -versets  pour  l'or- 
gne;  Berlin^  Bechtold  et  Cie.  —  ^'^  Recueil  de  120 
cantiques  à  2  voix  ;  ibid.  —  3"*  Chants  à  2' voix 
pour  les  écoles;  Grunberg,  Siebert.  —  4^  Supplé- 
ment des  chants  à  2  voix;  Grunberg,  Levyson. 
—  5*  Douze  chants  funèbres  composés  pour  un 
choeur  de  roix  mêlées;  Gninberg»  Fr.  Weiss. 

NI  VERS  (Guillaoiib-Gabaiel),  prêtre  de 
Paris,  naquit  dans  un  village  près  de  Melun,  en 
1617.  Après  avoir  fait  ses  études  au  collège  de 
Meaux,  il  entra  au  séminaire  de  Saint-Sulpice, 
pour  y  suivre  un  cours  de  théologie.  Dans  son 
enfance  il  avait  été  enfant  de  chœur  À  Melun,  et 
avait  appris  la  musique  dans  la  maîtrise  de  la  col- 
légiale de-cètte  ville.  Arrivé  à  Paris,  il  y  prit  des 
leç(ms  de  clavecin  de  Chambounières.  En  1640 
il  obtint  la  place  d'organiste  de  Téglise  de  Saint- 
Sulpice  ;  deux  ans  après  il  entra  dans  la  clia- 
peHe-dn  roi  en  qualité  de  ténor.  En  1667,  la  place 
vacante  d'organiste  du  roi  lui  fut  donnée,  et 
quelques  années  plus  tard  il  eut  le  titre  de  mat> 
tre  de  la  musique  de  la  reine.  On  n'a  point  de 
renseignements  sur  Tépoque  précise  de  la  mort 
de  ce  mosivien  savant  et  laborieux,  mais  on  sait 
qu'il  vivait  encore  en  1701,  car  il  a  donné  dans 
cette  année  une  approbation  à  la  nouvelle  édi- 
tion du  Graduel  et  de  l'Antiphonaire  romain, 
imprimés  par  Chr.  Ballard  :  il  était  alors  âgé  de 
quatre-vingt-quatre  ans.  La  liste  de  ses  ouvrages 
est  nombreuse;  voici  ce  que  j'en  ai  pu  recueillir  : 
i^  La  Gamme  du  si;  Nouvelle  Méthode  pour 
apprendre  h  chanter  sans  muances;  Paris  ^ 
Ballard,  1646,  in*8o.  La  méthode  de  solmisation 
par  les  muances  était  encore  en  vogue  lorsque 
Nivers  ftt  paraître  ce  petit  livre,  quoique  plusieurs 
musiciens  eussent  fait  des  efforts  pour  l'abolir 
depuis  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  Le 
peu  d'étendue  de  ce  livre  et  la  simplicité  de  la 
méthode  exercèrent  beaucoup  d'influence  en 
France  sur  la  réforme  à  ce  sujet.  Une  deuxième 
édition  de  la  Gamme  du  si  fut  publiée  chez  Bal- 
lard, en  1661,  in-8^  obi.  Une  troisième  parut 
en  1666,  in-8''  obi.  Celle-ci  porte  le  titre  de  Mé^ 
thode  facile  pour  apprendre  à  chanter  en 
musique.  Une  quatrième  édition  fut  publiée^ 
sans  nom  d'auteur,  sous  ce  titre  :  Méthode  fa- 
cile pour  apprendre  à  chanter  en  mv4ique  ; 
par  un  célèbre  maistre  de  Paris  (F.  Le  Maire), 
Paris,  1696,  pelit  in-4''  obi.  de  28  pages.  — 
v  Méthode  pour  apprendre  le  plain-chant 
de  VégUse,'  Paris,  Ballard,  1667,  in-8*  obi.  Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  paru  citez 


Christophe  Ballard,  en  1679,  in-8<* ;  une  troi- 
sième a  été  publiée  dans  la  même  maison,  1698, 
petit  in-8%  et  une  quatrième  en  1711,  in- 12.  On 
la  trouve  aussi,  sans  nom  d'auteur,  dans  un  pelit 
volume  intitulé  :  Trois  Nouvelles  Méthodes 
pour  le  plaén-chant,*  Paris,  1685,  in-8**  obi.  La 
première  de  ces  méthodes  est  celle  de  Nivers  ;  la 
deuxième  a  pour  titre  :  Méthode  particulière 
du  chant  ecclésiastique;  et  la  troisième  :  Ri- 
tuel du  chant  ecclésiastique.  Ces  deux  der- 
nières sont  également  sans  nom  d'auteur.  Je 
crois  qu'il  y  a  d'autres  éditions  de  ce  volume.  — 
30  Trait é'de  la  composition  de  musique;  Pa- 
ris, 1667,  in-8<>;  2i»«  édition;  Paris,  Ballard, 
1688,  in-8''.  Ce  livre  a  été  aussi  réimprimé  avec 
une  traduction  hollandaise  en  regard,  faite  par  £. 
Roger,  libraire  À  Amsterdam,  1697,  in  8°  Me  112 
pages,  avec  des  planches  gravées.  —  4^  Disser^ 
talion  sur  le  chant  grégorien  par  le  sieur 
Nivers ,  organiste  de  la  chapelle  du  roy,  et 
maistre  de  la  musique  de  la  Règne;  à  Paris, 
aux  dépens  de  Tautheur,  1683,  in- 8^  de  216  pa- 
ges. On  voit  par  le  titre  de  cet  ouvrage  que  Ni- 
vers avait  cessé  d'être  organiste  de  l'église  de 
Saint-Sulpice  eu  1683.  La  dissertation  sur  le 
chant  grégorien  est  un  ouvrage  rempli  de  sa- 
vantes recherches  :  les  écrivains  sur  celle  ma- 
tière peuvent  le  consulter  avec  fruit.  Nivers  y 
a  rassemblé  beaucoup  d'autorités  anciennes  fort 
importantes.  11  possédait  une  connaissnce  par- 
faite du  chant  ecclésiastique,  et  il  en  a  donné 
des  preuves  dans  les  éditions  qu'il  a  publiées  dn 
graduel  et  de  l'antiphonaire,  et  dans  d'autres  re- 
cueils dont  les  titres  suivent.  —  5°  Chants  d*é' 
glise  à  l*usage  de  la  paroisse  de  Saint- Sulpice: 
Paris,  Ballard,  1656,  in-12^  —  6°  Graduale 
romamim  juxia  missale  PU  Quinti  pontificis 
maximi  authoritate  editum.  Cujus  modula^- 
tio  concinne  disposita;  in  usum  et  gratiam 
monalium  ordinis  Sancii  Augwtini,  Opéra  et 
studio  Guillelmi  Gabrielis  Nivers,  christia- 
nissimi  régis  capelUsmusicesnec  non  ecclesix 
Sancti  Sulpicii  pariiiensis  organiste;  Paris, 
chez  l'auleur,  1658 ,  in-4^  ^  S**  Antipho^ 
narium  romanum  Juxta  Breviarium  PU 
Quintij  etc.;  ibid,  1658,  in-4*'.  Une  deuxième 
édition  de  ce  graduel  et  de  cet  antiphonaù-e  a  été 
publiée  à  Paris,  chez  l'auteur,  en  1696,  2  vol. 
in-4''.  ~~  8^  Passiones  D.  N.  J.  C.  cum  bene- 
dictione  cerei  paschalis;  Paris,  Ballard,  1670, 
in-4*.  Une  deuxième  édition  de  ces  offices  du 
dimanche  de  la  Passion  a  été  publiée  chez  le 
même,  en  1723,  In  4°.  —  9°  Leçons  de  Ténèbres 
selon  Vusage  romain  ;  Paris,  in-4°.  Ces  deux 
derniers  recueils  ont  été  réunis  en  un  seul,  sous 
ce  titre  :  Les  Passions  avec  VExuliet  et  les 


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336 


M  VERS  —  NOîiLLl 


Leçons  de  Ténébrei  de  M.  divers;  Paris,  Chris- 
tophe Ballard,  1689,  in-4*.  —  10**  Chanis  et 
moiett  à  Vusage  de  VégUse  et  communauté 
des  dames  de  la  royale  maison  deSaint'Louiî, 
à  Saint' Cyr;  Paris,  Chr.  Ballard,  1692,  in.4" 
obi.  Une  deuxième  édition  a  paru  sous  ce  titre  : 
Chants  et  motets  à  Vusage  de  V église  et  com- 
munauté des  dames  de  la  royale  maison  de 
Saint  Louis f  à  Saint-Cyr,  mhenoràrQ  et  aug- 
mentés de  quelques  motets  par  Clerembault;  Pa- 
ris, 1723,  2  vol.  in-4**  obi. —  11»  Livre  d'orgue 
contenant  cent  pièces  de  tous  les  tons  de  l'é- 
glise,  par  le  sieut  Nivers,  maître  compositeur 
en  musique  et  organiste  de  Véglise  Saint-Sul- 
pice  cfe  Pam;  Paris,  chez  l'auteur,  1665,  iQ-4'' 
obi .  Ces  pièces  font  d'un  bon  style,  d'une  har- 
monie correcte,  et  rappellent  les  ouvrages  des 
organistes  allemands  du  dix- septième  siècle.  On 
trouve,  au  commencement  du  volume,  une  ins- 
truction sommaire  sur  les  tons  de  Téglise,  et  sur 
le  mélange  des  jeux  de  Torgue.  —  12°  Deuxième 
livre  d^orgue,  ete.;  Paris,  1671,  in-4''  obi.  — 
13°  Troisième  livre  d'orgue  des  huit  tons  de  l'é- 
glise j  ibid,  1675,  in-4'*  obi.  Les  autres  livres  de 
pièces  d'orgue  de  Nivers  ont  été  publiés  à  des 
époques  plus  rapprochées  :  La  Borde  en  porte  le 
nombre  à  douze,  et  les  auteurs  du  DictioMiaire 
historique  des  musiciens  (Paris,  1810-1611),  l'é- 
lèvent  à  quinze;  je  n'ai  vu  que  les  trois  que  jecite. 

NOACK  (CnRériEM-FRÉDÉRic),  docteur  en 
philosophie,  et  directeur  d'une  maison  d'éduca- 
tion àLeipsick,  est  né  en  1782,  à  Langensalza. 
Il  a  publié  des  chants  à  voix  seule  avec  accom- 
pagnement de  piano,  à  Leipsick,  chez  Breitkopf  et 
Hacrtel. 

NOBLET  (  Cbables  ),  claveciniste  de  TOpéra 
et  organiste  de  plusieurs  églises  de  Paris,  naquit 
en  cette  ville  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  obtint  sa  retraite  de  TOpéra 
en  1762.  On  a  gravé  de  sa  composition,  en 
1754  et  1756,  deux  livres  de  pièces  de  clave- 
cin. Il  a  fait  exécuter,  au  Ck>ncert  spirituel,  un 
Te  Deum  et  quelques  cantates.  On  connaît  aussi 
sous  son  nom  plusieurs  morceaux  de  musique 
d*église  en  manuscrit. 

Un  artiste  de  même  nom,  et  vraisemblablement 
de  la  même  famille,  était  attaché,  en  1833,  comme 
bugle  solo  à  la  musique  d'une  des  légions  de 
la  garde  nationale  de  Paris,  et  a  publié  une  Mé- 
thode nouvelle  pour  le  bugle  à  clefs,  et  trois 
recueils  de  morceaux  pour  on  et  deux  bogies. 

NOCETTI  (FLÀmmo),  musicien  itolien  du 
seizième  siècle,  est  cité  dans  le  catalogue  de  Pars- 
torff  (  page  1  ),  comme  auteur  de  messes  à  8 
Toix .  Cerreto  parle  aussi  de  ce  compositeur  dans 
•a  Pratica  musicale. 


POCHEZ  {...),  élève  des  célèbres  violon- 
cellistes Cervetto  et  Abaco,  voyagea  quelque  temps 
en  Italie,  puis  entra  à  TOpéra-Comique  de  Paris, 
où  il  ne  resta  pas  longtemps,  ayant  été  admis 
àl'orcbestrederOpéraen  1749.  En  1763,  il  entra 
dans  la  musique  de  la  chambre  et  de  la  chapelle 
du  roi.  Retiré  en  1799,  après  cinquante  ans  de 
service,  il  est  mort  à  Paris  dans  Tannée  suivante. 
Cet  artiste  est  auteur  de  l'article'  Violoncelle 
qui  se  trouve  dans  V£ssai  sur  la  Musique  de 
La  Borde  (t.  1,  pages  309-323). 

\ODARl  (  JosBPfl-PAUL),  musicien  né  à 
Brescia  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siè- 
cle, s'est  fait  connaître  par  la  composition  d'ua 
ouvrage  intitulé  :  Melifiorus  concentus  in 
psalmi  di  David  a  quaitro  voci;  Yeoezia,  app. 
Ricc.  Amaditto,  1605,  in-4''. 

NOEBE  (...),  facteur  d'instruments  à  Dresde, 
se  trouvait  à  Nuremberg  en  1796,  et  y  construi- 
sit des  harmonicas  en  lames  d'acier,  qu'on  jouait 
en  frottant  ces  lames  avec  deux  arcliets,  après 
avoir  fixé  l'instrument  à  une  table  par  une  vis 
de  pression. 

IMOËDING  (  Gaspâu»  ),  inspecteur  des  écoles 
à  Marbourg,  est  né  le  12  janvier  1784.  1!  s'est 
fait  connaître  par  quelques  ouvrages  an  nombre 
dtsquels  on  remarque  celui  qui  a  pour  titre  :  Jo- 
hann Heinrieh  Voeller%  instrumentenmadten 
in  Cassel,  Lebenbeschveibung  (Notice  aur  la  vie 
de  Jean- Henri  Vœller,  facteur  d'instruments  à 
Cassel  ),  Marbourg,  1423,  in •8''. 

NOËL  (N.),  mallre  de  muaique  à  Paris  Ters 
la  fin  du  dix-septième  siècle,  a  publié  les  ouvrages 
suivants  de  sa  composition  :  1°  Motets  et  éleva' 
lions  pour  les  Sacrements,  la  sainte  Vierge 
et  pour  les  principales  (estes  de  Vawnée,  à 
une  et  deux  voix  avec  la  basse  continuet  pro- 
pres pour  les  daines  religieuses,  Paris,  in -8' 
obi.  —  2"*  Motets  pour  les  principales  f  est  es 
de  Vannée  à  utitf  voix  seule  avec  la  basse 
continue  et  plusieurs  petites  riioumeUes 
pour  Vorgtie  ou  les  violes,  Paris,  Ballard,  1687, 
*in-4<'  obi. 

NOËL  DE  PIV1ER(  NicoLAS-Bsiiorr  ),néà 
Trêves  vers  1660,  d'une  famille  française,  a  sou- 
tenu,  le  12  décembre  1681,  à  l'université  ds 
Francfort,  une  thèse  qui  a  été  publiée  sous  ce 
titre  :  Dissertatio  inaugurales  de  Tarantismo; 
Francfort,  1681,  in-4<'de  39  pages. 

NOELLl  (Gborges),  musicien  au  service  du 
duc  de  MeckleniHHirg-Schwerin  vers  1780,  était 
né  en  Allemagne  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Élève  de  Tlnventeur  du  panta- 
lon (  Hebenstreit  ),  il  jouait  avec  talent  de  cet 
inslrumeut  difficile.  Gemtniani  avait  éte  son  pre- 
mier maître  de  contrepoint;  il  prit  ensuite  pen- 


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KOELLI  —  KOLA 


327 


dant  six  ans  dea  leçons  de  Hasse,  À  Dresde,  et 
<2u  père  Martini,  à  Bologne.  11  parcourut  lltalie, 
4*Angleterre,  la  France  et  rAllemagne.  A  Londres 
il  reçut  des  conseils  de  Haendel  ;  à  Hambourg,  il 
se  lia  d'une  étroite  amitié  avec  Ch.-Pli.- Emma- 
nuel Bach,  dont  il  avait  adopté  le  style  dans  ses 
compositions.  En  1782,  il  fit  un  second  voyage 
an  Italie,  et  mourut  à  Ludwigslust  en  1789.  Ses 
compositions  sont  restées  en  manuscrit,  particu* 
lièranent  dans  le  magasin  de  West  pliai,  à  Ham- 
4M>urg,  où  Ton  trouvait  sous  son  nom  plusieurs 
symphonies,  des  quatuors  et  des  trios  pour  le 
violon  et  pour  la  flûte. 

j\OETZEL  (CoRÉTiEN-FRÉoéRic),  musicien 
de  ville  et  organiste  à  Scliwarzenberg,  en  Saxe, 
est  né  dans  ce  lieu  le  11  Juillet  1780hI1  a  pu- 
4)iié  des  pièces  d'orgue ,  des  sonates  de  piano, 
et  trois  livres  d'écossaises  et  de  montferrines; 
Djc^de,  Arnold. 

XOFëRI  (  Jear-Baptistb)  ,  violoniste  dis- 
tingué, né  en  Italie  dans  la  première  moitié  du 
<lix-l)uitième  siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  compo- 
sition, depuis  1763,  à  Amsterdam,  Berlin  et 
Londres,  quatorze  œuvres  de  duos,  trios  et  so- 
nates pour  la  guitare.  11  a  laissé  en  manuscrit 
quelques  concertos  pour  le  violon. 

AîOHL  (  Le  docteur  Louis  ),  professeur  ac- 
tuel de  musique  (  1362  )  À  l'université  de  Hei- 
delberg,  est  auteur  des  ouvrages  intitulés  :  1  W, 
A.  Mozart,  Lin  Beitrag  zur  Aestheiik  der 
TonkunU  (  W.  A.  Mozart.  Essai  poor  l'Esthétique 
de  ia  musique  )  ;  Heideiberg,  Bangel  et  Schmitt , 
4860,  gr.  in  8°  de  82  pages.  —  Der  Geist  der 
Tonkunst  (  L'esprit  de  la  musique  ).  Francfort, 
J.  D.  Sauerlœnder,  1861,  in-8''  de  246  pages.  Ces 
écrits  ont  pour  but  de  mettre  en  relief  les  qualités 
des  maîtres  considérés  comme  classiques,  et  de 
faire  voir  que  la  valeur  de  leurs  œuvres  est  d'au- 
4ant  plus  élevée  que  les  tendances  religieuses  de 
•ces  maîtres  sont  plus  prononcées.  La  religion 
calboUqoe  lui  semble  une  source  plus  poétique 
4'iâétA  que  le  protestantisme  :  celte  considéra- 
tion est  d'une  partaite  justesse,  quoique  Bach  et 
Haendel  aient  mii»  incontestablement  le  caractère 
de  ia  grandeur  dans  leurs  productions. 

NOUR  (CHRÉrifiN-FRÉDÉRic),  noaltre  de  con- 
cert et  virtuose  sur  le  violon,  attaché  au  ser- 
vice du  duc  de  Saxe*Meiningen,  né  en  1800,  à 
Langensalza,  dans  la  Tlmringe,  montra  dès  son 
•enfance  un  goût  passionné  pour  la  musique, 
mais  n'eut  d'autre  guide  que  lui- même  pour  en 
apprendre  les  éléments.  Son  père,  ouvrier  dra- 
pier, était  un  peu  musicien,  mais  trop  occupé  de 
ses  travaux  pour  donner  des  soins  à  l'éducation 
musicale  du  jeune  Nohr.  Toutefois  il  lui  fit 
commencer  Tétude  de  la  flûte  et  du  violon.  Lors- 


que  Tenfant  eut  atteint  Page  de  huit  ans,  le 
père  et  le  fils  entreprirent  un  long  voyage  comme 
rausicicni^  ambulants.    Dans  cette  excursion, 
Nolir  eut  la  bonne  fortune  d*étre  remarqué  par 
la  généreuseprincesse  deLobenstein,  qui  le  confia 
à  Lindner,  musicien  de  ville,  pour  lui  donner  de 
rinstructioQ  dans  son  art.  A  l'âge  de  quinze  ans, 
Nohr  entra  comme  hautboïste  dans  la  musique 
du  régiment  de  Saxe-Gotha,  et  fit  en  cette  qua- 
lité la  campagne  des  armées  alliées  contre  la 
France.  Le  hautbois  ayant  fatigué  sa  poitrine, 
il  abandonna  cet  instrument  pour  la  flûte.  En 
1821,  il  obtint  son  congé  avec  une  pension.  Dè$ 
ce  moment,  il  put  se  vouer  en    liberté  à   l'art 
pour  lequel  il  était  né.  Spohr  devint  son  pro- 
fesseur pour  le  violon  ;  il  reçut  aussi  des  leçons 
de  Grund  et  de  Bœrwolf;  enfin,  Hauptmann  lui 
enseigna  l'harmonie,  et  Burbach  lui  donna  quel- 
ques leçons  de  conlrepoint.  En    1823,  if  fut 
nommé  musicien  de  la  chambre  à  la  cour  de  Go- 
tha, où  il  se  fit  estimer  comme  soliste  et  comme 
professeur*  En  1825,  il  brilla  par  son  talent  dans 
des  concerts  donnés  au   théâtre  de  Francfort 
et  à   Darmstadt.  Après  l'extinction  de  la  maison 
de  Gotha,  le  duc  de  Coboorg  voulut  attacher  Nohr 
à  sa  musique ,  mais  celui-ci  préféra  l'offre  qui 
lui  était  faite  d'entrer  comme  maître  de  concert 
chez  le  duc  de  Saxe-Meiningen.  Depuis  lors  il  a 
fait  plusieurs  voyages  en  1828  et  1833,  et  a  brillé 
par  son  talent  de  violoniste  à  Munich ,  à  Leip- 
sick,  et  dans  plusieurs  autres  villes  importantes. 
Ses  opéras  Die  Alpenhirt  (  Le  Pâtre  des  Alpes), 
Liebezauber  (Le  Philtre  ),  et  Die  wunderbareu 
Ùchter  (Les  Lumières  miraculeuses),  ont  été  re- 
présentés avec  succès  en  1831,  1832  et  1833,  à 
Meiningen,  Gotha  et  Leipsick.  On  a  gravé  do  la 
composition  de  cet  artiste  :  l^  Quintette  |>our 
2  violons,  2  altos  et  violoncelle,  op.  7,  OfTen- 
bach,  André.  —  2''  1^^  symplionie  â  grand  or« 
chestre,op.  1,  Leipsick,  Peters.  — 3*  Pot«pourri 
pour  flûte,  hautbois,  clarinette,  cor  et  basson, 
op.  3,  Leipsick,  Breilkopf  et  Haertcl.  —  4**  Deux 
quatuors  pour  2  violons,  alto  et  basse,  op.  4, 
Leipsick,  Peters.  —  i^  Chansons  allemandes 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  2,  5  et  9, 
Leipsick  et  Berlin.  —  e"*  Chants  à  quatre  voix 
d'hommes,  op.  12,  Munich,  Falter. 

Mme  ^hr,  femme  du  précédent,  née  à  Leip- 
sick, et  mariée  en  1835,  a  brillé  comme  harpiste 
dans  les  concerts. 

NOINVILLE     {    JACQUEB-BSRIURD    DE    )• 

Voyez  DUREY  DE  NOINVILLE. 

NOLA  ( Jean-Dominique  DE).  Il  est  vrai- 
semblable que  Nola  n'est  pas  le  nom  de  ce  ma* 
sicien,  mais  celui  du  lieu  où  il  était  né;  car  la 
désignation  des  personnes  par  Fendroit  où  elles 


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32S 


KOLA  —  NORDBLOM 


avaient  vu  le  jour  s'est  conservée  jusqu'à  la  fin 
du  seizième  siècle.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  fut  maître 
de  chapelle  de  Téglise  des  Annonciades,  à  Naples, 
et  il  vivait  encore  dans  cette  ville  en  1575,  ainsi 
que  le  prouve  son  recueil  de  motets  à  5  et  6 
)>arties,  pour  être  chantés  ou  joués  avec  les  ins- 
truments. Cet  ouvrage  a  pour  titre  :  D.  Joannis 
Dominici  juvenis  à  Nola  Magistri  Cappella) 
Sanctissimx  Annunciatx  Neapolitame  can- 
iiones,  vulgo  Motecta  appellataSy  quinque  et 
sex  vocum  viva  voce,  ac  omnis  generis  instru- 
mentis  caniatu  commodissimœ,  quam  novis- 
simè  editx  liber  primus.  Venetiis,  apud  Jo- 
sephum-Gulielmwn  Scoitum  1575.  On  trouve 
aussi  sous  son  nom  à  la  Bibliothèque  de  Munich  : 
l'»  Canzone  villanescke  a  3  voci;  Venise, 
1545.  ^  2o  Villanelle  alla  Napolitana  a  3 
e  4  voci,  ibid.,  1570^  in-4^  Le  recueil  intitulé 
Primo  libro  délie  Muse  a  4  voci  ;  MadrigaU 
ariostdi  Antonio  Barrée  ed  alM  diversi  autori, 
Romeyl555,  contient  des  morceaux  deJean-Do> 
miniquede  Noia,  et  Ton  en  trouve  aussi  dans  celui 
qui  a  pour  titre  :  Spoglia  amorosa,  MadrigaU 
a  5  voci  di  diversi  eccellentissimi  musici,  nuo- 
vamente  posfi  in  luce,  Venise,  chez  les  héritiers 
de  Jérôme  Scotlo,  1 585. 

NOLLET  (  L'abbé  Jean-Amtoiite  ),  savant 
physicien,  naquit  en  1700  à  Pimpré,  près  de 
Noyon,  fit  ses  études  au  collège  de  Beau  vais ,  et 
les  termina  à  Paris.  Il  fut  professeur  de  physi- 
que'expérimentale  au  collège  de  Navarre ,  puis 
de  Técole. d'artillerie  de  la  Fère,  et  de  celle  de 
Mézières.  Il  mourut  à  Paris,  le  24  avril  177.0. 
Ce  savant  a  fait  insérer  dans  les  mémoires  de 
PAcadémie  des  sciences  de  Paris  (année  1743  , 
p.  199  )  un  Mémoire  sur  l'ouïe  des  poissons  et 
sur  la  transmission  des  sons  dans  Veau,     . 

NONOT  (  Joseph- Waast-Aubert  ),  né  à 
Arras  en  1753,  apprit  sans  maître  à  Jouer  du 
clavecin  et  de  l'orgue.  A  l'âge  de  dix-liuil  ans,  il 
se  rendit  à  Paris,  oii  un  organiste  nommé  Ze- 
clerc  acheva  son  éducation  musicale.  De  retour 
à  Arras,  Il  y  fut  nommé  organiste  de  la  cathé- 
drale; mais  pendant  les  troubles  de  la  révolution 
il  se  relira  en  Angleterre  ,  où  l'enseigne- 
ment lui  offrit  des  ressource^.  Après  la  paix 
d'Amiens,  il  rentra  en  France,  et  se  fixa  à  Paris, 
où  il  est  mort  en  1817.  Il  a  composé  quatre 
symphonies  à  grand  orchestre,  trois  concertos 
de  piano,  et  quelques  sonates  pour  cet  instru- 
menta On  a  aussi  sous  son  nom  :  Leçons  më- 
Ihûdiques  pour  2e  piano;  Paris,  Maderman. 

NOORT  (  Sybraud  VAN  ),  organiste  de  la 
vieille  église  d'Amsterdam ,  dans  les  premières 
années  du  dix-huitième  siècle,  était  considéré 
comme  un  des  artistes  les  plus  habiles  de  son 


.  temps.  Il  a  publié  un  recueil  de  sonates  pour 
flûte  et  basse  continue,  sous  le  titre  de  :  Mélange 
italien;  Amsterdam  (  sans  date  ). 

NOPITSCH  (  Christophe-Fréoéric;<;uil- 
LAUME  ),  chantre  à  Nordlingue,  naquit  le  4  fé- 
vrier 1758,  à  Kirchensittenbach,  près  de  Nurem- 
berg. Après  avoir  reçu  des  leçons  d^orgue  et 
d'accompagnement  chez  Siebenkels,  organiste  de 
cette  ville,  il  alla  faire  à  Ratisbonne ,  chez  Rie- 
pel,  des  études  de  composition  qu'il  acheva 
sous  la  direction  de  Beck,  à  Passau.  D'abord  di- 
recteur de  musique  i  Nordlingue,  il  changea  en 
1800  ses  fonctions  en  cette  qualité  contre  celles 
de  carUor  on  directeur  de  l'école  de  cette  ville. 
On  a  sous  son  nom  :  Versuch  einer  Elemeniar- 
buchs  der  Singkunst  ;  vor  trivial  und  Npr- 
malschulen  systematisch  entworfen  (  Essai 
d'un  livre  élémentaire  sur  l'art  du  chant ,  à  Tu- 
sage  des  écoles  populaires  et  normales  );  Nu- 
remberg, 1784,  in-4°  de  35  pages.  Une  deuxième 
édition  de  cet  écrit  a  paru  à  Manbeim ,  chez 
Heckel.  Nopitscli-a  aussi  publié  des  mélodies  sur 
les  poésies  de  Burger,  de  Ramier  et  de  Stolberg, 
Dessau,  1784  ;  une  élégie  sur  des  paroles  de 
^chubart,  Augsbourg,  1783,  et  quelques  sonates 
pour  le  clavecin.  On  cite  aussi  un  oratorio  qu'il 
composa  en  1787.  Il  est  mort  à  Nordlingue 
au  mois  de  mai  1824. 

NOHGOME  (  Dahiel),  dont  le  nom  est-écrit 
NORCUM  dans  des  documents  authentiques, 
fut  clerc  et  chantre  de  la  chapelle  royale  de 
Windsor,  sous  le  règne  de  Jacques  I*'  (1).  Il  fui 
aus$i  maître  de  chant  de  l'école  de  cette  résidence. 
On  voit  dans  les  comptes  de  la  cha))e}le  royale 
de  Bruxelles,  aux  archives  du  royaunne  de 
Belgique,  que  ce  musicien  naquit  à  Windsor 
en  1576,  qu'il  fut  exilé  en  1602,  pour  cause 
de  religion,  qu'il  entra  alors  dans  la  cha- 
pelle des  archiducs  gouverneurs  des  Pays-Bas  ^ 
en  qualité  d'instrumentiste,  et  qu'il  s'y  trouvait 
encore  en  1647. 11  est  auteur  du  madrigal  à  cinq 
VOIX  :  With  Angels  face  and  brightnêss,  qui 
a  étéinséré  par  Morley  dans  la  collection  intitulée  : 
The  Triumph  of  Oriana  to  5  and  6  voyces, 
composed  by  several  tmthors;  Londres,  1601 . 
C'est  un  morceau  bien  écrit ,  qui  prouve  que 
Norcome  avait  une  instruction  musicale  très- 
solide. 

NORDBLOM  (J.E.),  professeur  de  chant 
et  compositeur  suédois,  vivait  à  Stockholm  en 
1847.  Ses  compositions  vocales  jouissent  d'on» 
grande  estime  dans  sa  patrie.  Suivant  les  rensei- 
gnements qui  me  sont  parvenus ,  sa   musique 

fl)  V.  Hawklns  a  çenerat  HiOorif  of  tke  icience  ané 
procticê  of  Mmic,  tone  111,  p.  «OK.^ 


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NORDBLOM  —  NORMAND 


329 


rëanîl  les  qualités  de  roriginalité,  de  la  pureté 
du  style  et  de  Télégance  de  la  forme.  On  ne  peut 
faire  un  plus  bel  éloge  :  puisse-t-il  être  mérité. 
M.  Nordbiom  a  publié  une  méthode  de  chant 
qui  passe  en  Suède  pour  excellente. 

NORDM ARR  (  Zacharie)  ,  savant  suédois» 
professeur  à  l'uniTersité  d'Upsal ,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle ,  est  auteur  d'un  mémoire 
intitulé  :  Dissertatio  de  imagine  soni  seu  écho; 
Upsal,  1793. 

NORDT  (WolfganoHenri),  facteur  dV- 
gues  à  Frankenhansen,  dans  la  principauté  de 
Schwartzbourg-Rudolstadt ,  naquit  en  cette  Tille, 
dans  les  dernières  années  du  dix-septième  siècle. 
La  Tburinge  et  les  pays  circonyoisins  lui  doivent 
beaucoup  d'inslruments  d'une  bonne  qualité. 
Néanmoins  il  ne  s'enrichit  pas,  et  dans  sa  vieil- 
lesse il  connut  le  besoin.  11  est  mort  k  Fran- 
kenhansen ,  en  1754.  Le  premier  ouvrage  sorti 
de  ses  mains  est  un  orgue  de  26  jeux,  3  claviers 
à  la  main  et  pédale,  qu'il  construisit  à  Sondcrs- 
hausen,  en  1724.  Ce  qui  distingue  cet  instrument 
de  ceux  du  même  genre  est  un  registre  qni 
opère  la  transposition  en  transportant  tout  le 
mécanisme  du  clavier  un  demi^ton  plus  l>as.  Les 
autres  orgues  connues  de  Nordt  ont  été  cons- 
truitl^s.  en  1728,  1734,  1740, 1749  et  1751. 

itfORDWALL  (ANDRÉ  O.),  étudiant  de  Tn- 
niversité  d'Upsal,  a  fait  imprimer  une  thèse 
académique  sur  la  vitesse  du  son,  intitulée  : 
Dissertatio  de  sono  simpUci  directo,-  Upsal, 
1779,  in-4^ 

NORMAND  (L'abbé  THéOT>ULB>ÉLZ«AR- 
Xavibu),  connu  dans  la  littérature  musicale  sons 
Je  pseudonyme  de  Théodore  Nisard,  est  né  le 
27  janvier  1812,  à  Quaregnon,  près  de  Mous  (Hai- 
naut).  Il  est  fils  d'un  Français  qui  exerçait  alors 
dans  cette  commune  la  profession  d'instituteur, 
et  qui,  quelques  années  après,  obtint  du  roi 
Louis  XYIII  une  charge  de  commissaire-priseur, 
à  Lille.  Cest  dans  cette  ville  que  M.  Normand, 
encore  enfant ,  commetoça  ses  études  littéraires 
-au  collège,  et  apprit  la  musique  à  Pacadémie. 
Après  la  première  année,  ses  progrès  avaient 
été  si  rapides,  qu'il  fut  eu  état  d'aller  concourir 
à  Cambrai  pour  une  place  d'enfont  de  chœur  à 
la  catliédrale,  et  qu'il  l'obtint.  11  y  continua  ses 
éludes  classiques ,  et  parvint  en  peu  de  temps  à 
lire  avec  facilité  toute  espèce  de  musique.  Vers 
cette  époque  (1823),  Saint-Amand,  bon  violon- 
celliste et  compositeur,  élève  de  l'auteur  de 
cette  Biographie  universelle  des  musiciens^  se 
fixa  à  Cambrai  et  donna  des  leçons  de  violoncelle 
su  jcuoe  Normand  qui ,  plus  tard,  continua  l'é- 
tude de  cet  Instrument  À  l'école  de  musique  de 
Douai,  et  obtint  des  prix  dans  les  années  1S27, 


1828  et  1829.  Après  avoir  achevé  sa  rhétorique 
et  sa  philosophie,  il  prit  la  résolution  de  se 
vouer  h  Télat  ecclésiastique,  et,  sur  les  instances 
d'un  am( ,  il  se  rendit  au  séminaire  de  Meaux 
en  1832,  pendant  que  le  choléra  exerçait  ses  ra- 
vages à  Paris  et  dans  les  villes  environnantes. 
Atteint  lui-même  par  ce  fléau ,  il  ne  se  rélablit 
qu'avec  peine  et  ne  put  retrouver  la  santé  que 
dans  son  pays  natal.  Admis  au  séminaire  de 
Tournai,  il  y  resta  trois.ans,  puis  il  fut  ordonné 
prêtre  parTévêque  de  ce  diocèse,  le  19  décembre 
1835,  et  envoyé  comme  vicaire  à  SenefTe,  dans 
le  district  de  Nivelles.  Au  mois  de  septembre 
1839,  il  a  reçu  sa  nomination  de  principal  du  col- 
lège d'Enghien. 

Les  études  théologiques  de  M.  l'abbé  Normand 
l'avaient  obligé  de  suspendre  la  culture  de  la  mu- 
sique. Quelques  leçons  d'harmonie  qu'il  reçut  de 
Victor  Lefebvre ,  brillant  élève  du  Conservatoire 
de  Paris,  enlevé  trop  tôt  à  Tari,  développèrent 
en  lui  le  goût  de  cette  science;  11  se  livra  sérieu- 
sement à  son  étude  dans  les  livres  de  Catel ,  de 
Langlé ,  d'Abrechtsl)erger,  de  Reicha  et  d'autres, 
et  des  principes  qu'il  y  puisa  il  composa  un  sys- 
tème mixte  qu'il  a  exposé  dans  un  ouvrage  qui 
a  pour  titre  :  Manuel  des  organistes  de  la  cam- 
pagne^ Bruxelles,  Delrie-Tomson ,  1840,  in-fol. 
oblong.  Cet  ouvrage  contient  aussi  une  instruc- 
tion sur  le  plain-chant,  sur  l'orgue»  le  mé- 
lange de  ses  jeux,  l'accompagnement  du  chant, 
des  pièces  d'orgue,  des  fugues,  etc.  Puis  il  fit  pa- 
raître (août  1840  )  Le  bon  Ménestrel,  choix 
de  romances  à  Vusage  des  maisons  religieuses 
d'éducation.  M.  Tabbé  Normand^  qui  s'est  aussi 
fait  connaître  comme  écrivain  par  une  Histoire 
abrégée  de  Charlemagne ,  fut  un  des  rédacteurs 
de  )ai  Bévue  de  Bruxelles  j  où  il  a  fait  insérer 
plusieurs  morceaux,  entre  autres  des  articles  in- 
titulés :  De  Vinfluence  de  la  Belgique  sur  /'a- 
rigine  et  les  progrès  de  la  musique  moderne 
(Revue  de  Bruxelles,  novembre  1837  et  avril 
1838}  y  sous  le  pseudonyme  Th.  Huysman. 

En  1842  on  retrouve  M.  l'abbé  Normand  à 
Paris  dans  la  position  de  second  maître  de  cha- 
pelle et  d'organiste  accompagnateur  de  l'église 
Saint-Gervais,  sous  le  nom  de  Théodore  Nisard. 
C'est  sons  ce  pseudonyme  qu'il  en  sera  parlé 
dans  le  reste  de  celte  notice.  Quelque  temps 
après,  M.  Nisard  fut  attaché  à  la  maison  de  librai- 
rie religieuse  de  MM.  Périsse  frères ,  pour  la  cor- 
rection des  livres  de  plain-chant.  En  1846 ,  il 
publia  dans  cette  maison  un  écrit  intitulé  :  Du 
plain-chant  parisien.  Examen  critique  des 
moyens  les  plus  propres  d'améliorer  et  de  po- 
pulariser ce  chant,  adressé  à  monseigneur 
V Archevêque  de  Paris  j  in-8*'  de  32  pages.  II 


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330 


iNORMAJSD 


s^associa  ensuite  M.  Alexandre  Le  Clçrcq,  libraire,  , 
et  maître  de  chapelle  de  l'égliàe  Sainl-Gervais ,  : 
pour  la  publication  d'une  nouvelle  édition   de  | 
Touvrage  du  P.  Jumilbac  sur   le  plaln-cliant;  , 
elle  parut  sous  ce  titre  :  La  science  et  lapra-  \ 
tique  du  plcùnchant,  où  tout  ce  qui  ap-  ; 
partient  à   la  pratique  est  établi  par  les  ! 
principes  de  la  science,  et  confirmé  par  le  té-  ' 
moignagedes  anciens  philosophes,  des  Pères 
de  l'Église ,  et  des  plus  illustres  musiciens  ; 
entf autres  de  Guy  Aretin,  et   de  Jean  des 
Murs,  par  Dont  Jumilhac,  bénédictin  de 
la  congrégation  de  Saint^Maur  ;  1  vol,  grand 
171-4** ,   nouvelle  édition,  par   Théodore  Ni- 
sard  et  Alexandre  Le  Clercq ;  Paris,  1847.  1 
Quoique  les  éditeurs  déclarent  que  cette  édition  | 
est  entièrement  conforme  à  celle  quia  été  pu-  j 
bliée  en  1672  par  Louis  Bilaine,  ils  y  ont  ajouté 
des  notes  en  grand  nombre.  M.  Nisard  en  a  ex- 
trait une  des  plus  étendues  et  Ta  publiée  séparé- 
ment sous  ce  titre  :  De  la  notation  proportion' 
nelle  du  moyen  âge  ;  Paris,  chez  Tauteur,  jan- 
Tier  1847 ,  in-12  de  23  pages.  A  la  même  époque, 
il  fournissait  des  articles  concernant  l'histoire  de 
la  musique  à  là  Revue  archéologique,  au  Monde 
catholique  et  au  Correspondant.  La  plupart  de 
ces  articles  ont  été  tirés  à  part  et  réunis  sous  ce 
titre  :    Études  sur  les  anciennes  notations 
musicales   de    V Europe   (sans  date  et  sans 
nom  de  lieu).  Tous  ces  écrits  sont  dirigés  contre 
l'auteur  de  la  Biographie  universelle  des  musi- 
ciens. 

Il  en  fut  de  même  dans  \e Dictionnaire  Utur^ 
gique ,  historique  et  pratique  du  plain-chant 
et  de  musique  d'église  au  moyen  âge  et  dans 
les  temps  modernes  (Pàr'w^  1854, 1  vol.  très-grand 
in-8**  de  1,  ô46  colonnes),  auquel  il  travailUi  en 
GoUabontlion  de  M.  Joseph  d^Ortigue  (voyez  ce 
nom).  La  plupart  des  articles  qu'il  a  fournis  à  cet 
ouvrage  renferment  des  attaques  directes  ou  in- 
directes contre  le  même  maître,  avec  qui  il  n'a- 
vait eu  jusqu'alors  d'autre  relation  que  de  lui 
écrire,  sans  le  connaître,  lorsqu'il  était  vicaire 
à  ScnefTe ,  pour  lui  emprunter  des  livres  qui  lut 
avaient  été  envoyés  immédiatement.  Un  pencliant 
à  la  polémique  ardente  portait  M.  Nisard  à  diriger 
des  attaques  contre  les  personnes  qui  s'occu- 
paient des  mêmes  sujets  d'études  que  lui.  C'est 
ainsi  qu'il  ne  garda  aucune  mesure  dans  ses  dis- 
cussions avec  M.  Danjou  {voyez  et  nom),  et 
qu'il  a  malmené  M.  Félix  Clément  (voyez  ce 
nom)  dans  sa  Lettre  à  M.  Ch,  Lenormcmt 
comme  dans  ses  autres  articles  de  journaux  cou- 
cernant  les   Chants  de  laSainte^Chapelle. 

Lorsque  M.  Danjou  découvrit  dans  la  biblio- 
tljèque  de  Montpellier  un  manuscrit  précieux  du  * 


onzième  siècle,  lequel  renferme  les  cliaots  de  l'É- 
glise notés  dans  les  anciennes  notations  en 
neiimes  et  dans  le  système  des  quinze  premières 
lettres  de  l'alphabet  romain,  qui  s'expliquent 
l'une  par  l'autre,  M.  Nisard  offrit  au  gouveroe- 
ment  français  d'en  faire  une  copie  pour  la  Bi- 
bliothèque impériale  de  Paris;  sa  proposition  fut 
acceptée.  U  se  rendit  à  Montpellier,  et  la  copie 
fut  faite  par  un  habile  calligrapbe  sous  sa  direc- 
tion. 

De  retour  à  Paris,  M.  Nisard  conçut  un  nou- 
veau système  de  transposition  pour  Vharmo- 
nium  et  fit  exécuter  des  instruments  pour  Tap- 
plication  de  ce  système  ;  un  de  ses  instrnmeoU 
fut  mis  à  rexposiliou  universelle  de  1856, et lu- 
venteur  obtint  une  médaille  de  première  classe; 
mais  cette  entreprise  n'eut  pas  de  suite.  Peu  de 
temps  après,  M.  Nisard  publia  un  livre  intitulé  : 
Études  sur  la  restauration  du  chant  grégorien 
au  dix-neuvième  siècle;  Reunes,  Vatar,  1836, 
m-8''  de  514  pages.  A  la  même  époque,  M.  Vatar, 
imprimeur  à  Rennes ,  ayant  été  chargé,  par  Tévi- 
que  de  cediocèse,  de  donner  de  nouvelles  édiUoo 
du  Graduel  et  du  Vespéral,  confia  à  l'auteur 
des  Éludes  sur  la  restauration  du  chant  gré» 
gorien  le  soin  de  revoir  tout  le  chant  de  TÉgliie 
pour  ces  éditions,  et  consentit  à  faire  les  frais  de 
publication  d'une  Revue  de  musique  ancienne 
et  moderne,  dont  M.  Nisard  avait  codçu  k 
projet.  Le  premier  numéro  de  cette  revue  meo- 
suelle  parut  le  i*"^  janvier  18&6;  elle  fut  coati- 
nuée  pendant  toute  cette  année  ;  mais  U  pu- 
blication cessa  avec  le  douzième  numéro.  A 
son  début  dans  la  rédaction  de  cette  revue, 
M.  Nisard  écrivait  :  «  Je  suis  heureux  du  litre 
«  de  rédacteur  en  chef  que  la  Provideoce 
«  m'accorde  au  moment  où  je  m'y  attendais  le 
<c  mojns ,  parce  que  ce  titre  me  permettra  de 
«  réparer  le  passé,  de  faire  un  appel  sincère  à 
a  la  science  des  érudits  que  j'ai  pu  froisser  au- 
«  trefois  dans  la  lutte,  de  leur  rendre  une  tardive 
«  mais  une  complète  justice,  etc.  »  Le  ton  qu'il 
prit  dans  cet  écrit  périodique  fut  en  effet  sérieux 
et  poli.  Une  des  meilleures  choses  qu'il  y  poblia 
fut  un  travail  historique  et  critique  sur  Francon 
de  Cologne,  son  siècle,  ses  travaux  et  son  in- 
fluence sur  la  musique  mesurée  du  moyen  âge. 
Précédemment,  il  avait  fait  paraître  un  petit  ou- 
vrage élémentaire  intitulé  :  Méthode  de  plain- 
chant  à  Vusage  des  écoles  primaires;  Rennes , 
Vatar,  1855,.  in-12  de  72  pages.  La  mise  en  Vente 
des  livres  de  chant  romain  qu'il  avait  préparés  pour 
le  diocèse  de  Rennes  futannoncée  de  cettejnanière 
dans  le  premier  numéro  de  la  Revue  de  mnsir 
que  ancienne  et  moderne  :  Graduel  et  vespé- 
ral romains,  contenant  en  entier  les  Messes 


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KOUMAND 


331 


et-  les  Vêpres  de  tous  les  jours  de  Vannée, 
les  Matines  et  les  Laudes  de  Noël  et  de  la 
semaine  sainte  et  l'Office  des  morts;  Rennes, 
Vatar,  2  forts  volufnes  iii-8*  déplus  de  800 
pages.  Tout  ce  qui  concerne  le  chant  a  été 
soigneusement  revu  et  amélioré  pair  le  rédac- 
teur en  chef  de  cette  Revue.  Il  paraît  qn*aprè8 
la  publication  du  dernier  numéro  de  la  Revue, 
les  relations    de   M.   Nisard    et  de   son  édi- 
teur cessèrent;    car,  en    1857,   il  s*attacha  À 
M.  Repos,  libraire  de  Paris,  et  éditeur  des  li- 
vres   de  chant  romain  du  diocèse  de  Digne  : 
(outefois  il  y  garda  l'anonyme  dans  ses  premiers 
travaux.  C'est  ainsi  qu'il  écrivit  pour  son  nou- 
vel éditeur  un  petit  volume  intitulé  :  Méthode 
populaire  de  plain-chaîU  romain  et  petit  traité 
de  psalmodie  approuvés  par  Vautorlté  ecclé- 
siastique et  publiés  par  E.  Repos;  Paris, 
Ë.  Repos,  1857 ,  in-16 ,  de  44  pages.  C'est  ainsi 
encore  qu'il  rédigea  la  première  année  de  la 
Revue  de  musique  sacrée ,   publiée  chez  le 
môme ,  sans  y  mettre  son  nom.  M.  Nisard  fit 
cesser  Fanonyme  de  ses  publications  lorsqu'il 
fit  paraître  les  deux  ouvrages  dont  voici  les  ti- 
tres :  1*  V Accompagnement  du  plain-chant 
sur  Vorgue  enseigné  en  quelques  lignes  de  mu- 
sique et  sans  le  secours  d'aucune  notion  d*har- 
monie.  Ouvrage  destiné  à  tous  les  diocèses,  par 
Théodore  Nisard;  Paris,  E.  ReiH><s,  1860,  très- 
grand  in  8*  de  47  page*  ;  —  2"  Les  vrais  principes 
de  l'accompagnement  duplain-chanf  surVor- 
gue,  diaprés  les  maures  des  15*  et  16**  siè- 
cles, à  Vusage  des  conservatoires  de  musi- 
que, des  séminaires,  des  maîtrises  et  des  écoles 
normales  de  tous  les  diocèses,  par  Théodore 
Nisard ,  ancien  organiste  accompagnateur  à 
Paris,  ex-missionnaire  scientifique  du  gou- 
vernement français  et  lauréat  de  VInstitut 
pour  Varchéologie  musicale,    transcripteur 
officiel  de  VAntiphonaire  bilingfue  de  Mont- 
pellier, fondateur  et  rédacteur  en  chef  de 
la  Revue  de  musique  ancienne  et  moderne , 
auteur  des  Études  sur  la   restauration  du 
chant  grégorien  au  dix-neuvième  siècle,  des 
Études  sur  les  anciennes  natations  musica- 
les de  l'Europe,  de  V accompagnement  du 
plain-chant  sur  Vorgue  enseigné  en  quelques 
lignes  de  musique  et  sans  le  secours  d'aucune 
notion  d'harmonie,  éditeur   du  Traité  de 
Plain-chant  de  Dom  Jumilhac,  etc.,  etc  ; 
PariSy  E.  Repos,   1860,  très-grand  in-8''  de  64 
pages. 

Doué  d'ime  remarquable  intelligence,  à  laquelle 
il  a  peut-être  accordé  trop  de  confiance,  M.  Nl- 
sard  s'est  trop  hâté  d'écrire  dans  sa  jeunesse  sur  un 
art  qiril  ne  connaissait  que  d'une  manière  impar- 


faite. Il  s'instruisait  en  <|uelque  sorte  au  jour  le 
jour  sur  les  sujets  dont  il  s'occupait;  mais  il  sal* 
sissait  avec  promptitude  les  enseignements  qu'il 
trouvait  dans  les  livres  ;  en  peu  d'années  il  acquit 
une  instruction  solide  dans  l'arcliéologîe  musi- 
cale. Il  est  regrettable  que  ses  rares  TacuU 
tés  niaient  pas  reçu  leur  application  dans  une 
existence  calme,  et  qu'au  lieu  de  s'attacher 
k  des  travaux  sérieux  et  suivis ,  il  se  soit  aban* 
donné  au  fâcheux  penchant  pour  la  polémique 
qui  le  dominait  et  qui  Ta  entraîné  à  des  opi- 
nions erronées  dont  on  peut  voir  un  exemple 
dans  la  préface  de  cette  nouvelle  édition  de  la 
Biographie  universelle  des  musiciens,  ainsi 
qne  dans  une  multitude  de  contradictions  dont 
ses  adversaires  ont  profité.  Je  ne  citerai  qu'un 
seul  fait  qui  fera  voir  comment  la  passian  peut 
égarer  un  esprit  aussi  perspicace  que  le  sien.  A 
l'époque  où  j'étais  le  but  de  tous  les  traits  qu'il 
lançait ,  j'eus  une  discussion  avec  le  conseiller 
Kiesevetler,  de  Vienne  (voy.  ce  nom),  concernant 
l'authenticité  de  l'Antiphonaire  de  l'ancienne ab* 
baye  de  Saint -Gall,  supposé  être  l'original  de  saint 
Grégoire.  Kiesewetter  soutenait  l'authenticité  du 
manuscrit  qne  je  révoquais  en  doute.  M.  Nisard 
se  rangea  du  c6té  de  mon  adversaire,  et  rap- 
porta dans  la  Revue  archéologique  toutes  les 
anecdotes  des  vieux  auteurs  par  lesquelles  on  croit 
établir  l'authenticité  du  monument.  Plus  tard, 
le  P.  Lambillnite  {vop,  ce  nom)  fituu  fac-similede 
ce  manuscrit  et  le  publia,  et  plus  tard  encore  les 
éditions  du  graduel  et  de  Tantiphonaire  préparées 
par  le  révérend  P.  jésuite  furent  mises  au  jour, 
au  moment  même  où  paraissaient  les  éditions  dn 
diocèse  de  Rennes.  M.  Nisard  fit  la  critique  de  ces 
livres ,  et,  à  cette  occasion ,  ayant  appris  que  le 
P.  Scimbiger  (voy.  ce  nom),  bénédictin  et  maître 
de  chapelle  de  l'abbaye  d'Einsiedeln  (Suisse),  avait 
f»it  une  dissertation  sur  la  restauration  du  cliant 
romain,  dans  laquelle  il  démontrait  par  des 
preuves  certaines  que  le  manuscrit  de  Saint*6all, 
dont  il  avait  fait  un  examen  scrupuleux,  ne  re- 
monte pas  à  une  époque  plus  reculée  que  la  fin 
du  onzième  siècle,  il  demanda  cette  dissertation 
à  l'auteur,  et  en  fit  insérer  une  traduction  avec 
quelques  changements  dans  le  12«  numéro  de  la 
Revue  de  mxisique  ancienne  et  moderne.  Des 
réclamations  ayant  été  faites  contre  cette  pièce, 
par  les  éditeurs  du  chant  grégorien  restauré 
par  le  P.  Lambillotte,  M.  Nisard  publia,  en 
réponse  à  nne  sommation  qu'il  avait  reçue  à  ce 
sujet,  une  brochure  intitulée  :  Le  P.  Lambillotte 
et  Dom  Anselme  Schubiger,  notes  pour  servir 
à  Vhistoire  de  la  question  du  chant  liturgique 
au  commencement  de  Vannée  iShT;  Paris,  chez 
l'auteur,  1857»  gr.  in-S"  de  46  pages.  Dans  ces 


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332 


KORIMAND  —  NORTfl 


notes,  M.  Misard  met  autant  de  chaleur  à  dé- 
truire la  tradilion  de  Tauthenticité  de  rAntipho- 
naire  prétendu  de  saint  Grégoire ,  qu'il  en  avait 
mis  à  la  soutenir  contre-  mol.  Nonobstant  ces 
erreurs,  M.  Nisard  est  un  arcliédiognê  musicien 
dont  le  mérite  ne  peut  être  mis  en  doute. 

NORMANN  (F.  G.),  professeur  de  piano  à 
Berlin,  vivait  dans  cette  ville  en  1830,  et  s'y 
trouvait  encore  eu  1849.  Il  est  auteur  d*un  petit 
écrit  qui  a  pour  titre  :  Musikalische-Bilderfiebel 
zûr  Erlemung des  Noten  (Introduction  figurée 
à  rétude  des  arts)  ;  Berlin  (sans  date),  in-4'*  de 
15  pages.  Petit  livre  gravé  et  rempli  de  figures 
pour  apprendre  les  notes  aux  enfants  en  les  amu- 
sant. On  a  de  cet  artiste  environ  quarante  œu- 
vres de  pièces  diverses  pour  le  piano,  particuliè- 
rement des  polonaises,  des  thèmes  variés  et  des 
rondeaux  brillants. 

FORMANT.  Voyesi  PIÉTON  (AnTOinB- 
Louis  ou  Lotset). 

NORRIS(Chables),  bachelier  en  musique, 
ne  s'appelait  pas  Thomas  et  notait  pas  né  à 
Oxford  ,  comme  le  prétendent  Gerber  et  ses 
copistes,  mais  àSalisbiiry,  en  1740.  Admis  comme 
enfant  de  choeur  dans  la  cathédrale  de  cette  ville, 
il  y  apprit  les  éléments  de  la  musique.  Une  très- 
belle  voix  de  soprano,  qui  devint  ensuite  un  beau 
ténor,  le  fit  remarquer,  et  lui  donna  pour  pro- 
tecteur Harris,  auteur  de  V Hermès,  Ce  savant 
lui  donna  le  conseil  de  ne  pas  se  hasarder  sur  la 
scène,  et  de  renfermer  Texercice  de  son  talent 
dans  les  concerts  et  les  oratorios.  Pour  suivre  cet 
avis,  Norris  s'établit  à  Oxford,  et  s'y  livra  à  ren- 
seignement du  chant.  Ayant  été  admis  à  prendre 
ses  degrés  de  bachelier  en  musique  à  l'université 
de  cette  ville,  il  fut  bientôt  après  choisi  pour 
remplir  les  fonctions  d'organiste  au  collège  de 
Saint-Jean.  Plusieurs  fois  il  fut  appelé  à  Londres 
pour  y  chanter  les  solos  de  ténor  dans  les  ora- 
torios, et  toujours  il  y  fut  accueilli  par  des  applau- 
dissements unanimes.  Un  amour  malheureux  le 
plongea  dans  une  mélancolie  habituelle,  détruisit 
sa  santé,  et  porta  même  atteinte  à  la  beauté  de  .<ia 
▼oix.  £n  1789,  il  voulut  faire  un  nouvel  essai  de 
son  talent  au  grand  concert  donné  à  West- 
minster, en  commémoration  de  Haendel  ;  mais 
son  organe  était  devenu  si  faible,  qu'à  peine  put- 
il  se  faire  entendre.  Néanmoins  il  voulut  encore 
chanter  dans  un  festival  à  Birmingham  ;  mais  ce 
dernier  effort  lui  fut  fatal,  car  dix  jours  après  il 
expira  à  Imley-Hall,  près  de  Stourbridge,  dans 
le  comté  de  Worcester,  le  5  septembre  1790,  à 
l'âgede  cinquante  ans.  Norris  jouait  bien  de  plu- 
sieurs instruments.  11  a  composé  des  concertos 
pour  le  clavecin,  des  glees  qui  ont  eu  beaucoup 
de  succès,  et  a  publié  à  Londres,  chez  Roife, 


huit  cansonets  avec  accompagnement  de  piano. 

NORTH  (François),  lord  haut-justicier  de 
la  chambre  des  Communes,  naquit  à  Rongham, 
dans  le  comté  de  Norfolk,  vers  1640.  Après  avoir 
£ïit  ser  études  à  l'université  de  Cambridge,  il 
exerça  quelque  temps  les  fonctions  d'avocat,  puis 
eut  le  titre  de  solliciteur-général  da  roi,  et  fut 
fait  chevalier  en  1671.  Sous  les  règnes  de  Char- 
tes 11  et  de  Jacques  II,  il  fut  chancelier  du  grand 
sceau.  11  mourut  à  son  château  de  Wroxton, 
près  de  Branbury,  le?  septembre  1685.  Amateur 
passionné  de  musique,  il  cultiva  cet  art  dès  son 
enfance,  et  y  9cquit  de  Thabileté.  Il  jouait  fort 
bien  de  la  lyra^viole,  sorte  de  basse  de  vicie 
montée  de  beaucoup  de  cordes  pour  y  faire  des 
arpèges  et  des  accords,  en  usage  de  son  temps. 
Ses  compositions,  qui  consistent  en  quelques 
sonates  à  deux  ou  trois  parties,  sont  restées  ea 
manuscrit  ;  mais  il  a  publié  un  petit  traité  de  la 
génération  des  sons  et  des  proportions  des  in- 
tervalles, sous  ce  litre  :  A  Pkilosaphical 
Essay  ûnMusic  (Essai  philosophique  sur  la  mu- 
sique) ;  Londres,  1677,  in-é"*  de  35  pages.  Lord 
North  n*a  pas  mis  son  nom  à  cet  ouvrage. 

NORTH  (Roger),  frère  du  précédent,  naquit 
à  Rongham  en  1644.  Amateur  de  musique  comme 
son  frère,  il  jouait  de  Torgue  et  en  avait  fait 
construire  un  par  Sdimidt  dans  sa  maison  de 
Norfolk.  Occupé  sans  cesse  de  recherches  snr  la 
musique ,  il  a  laissé  en  manuscrit  des  notices 
sur  les  compositeurs  et  amateurs  anglais  les  plos 
célèbres,  depuis  1650  jusqu'en  1680.  Lorsque 
Bumeyet  Hawkins  écrivirent  leurs  histoires  de  la 
musique>  le  D'.  Montague-North,  ^chaDoine  de 
Windsor,  qui  possédait  l'original  de  ce  reaieil, 
permit  à  ces  écrivains  de  le  consulter  et  d'en  faire 
des  extraits.  Lord  North  mourut  en  1734,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-dix  ans.  Après  son  décès,  son  ma- 
nuscrit passa  dans  les  mains  de  son  fils,  le  doc- 
teur North,  chanoine  de  Windsor,  qui  mourut 
en  1779,  puis  dans  celles  de  Roger  North,  petit 
fils  de  l'auteur,  et  en  dernier  lieu  il  devint  la  pro- 
priété du  révérend  Henri  North,  à  Ringslead, 
dans  le  comté  de  Norfolk.  A  la  vente  de  la  Bi- 
bliothèqne  de  ce  gentilhomme,  en  1842,  le  ma- 
nuscrit des  Memoirs  of  Musick  de  Roger 
North  fut  acquis  par  M.  Robert  Nelson,  de  Lyno, 
dans  le  comté  de  Norfolk,  qui  en  fit  cadeau  à  M. 
Thowshend  Smith,  organiste  de  la  cathédrale 
de  Hereford.  Cet  artiste  se  hftta  de  le  mettre  à  la 
disposition  de  la  société  des  antiquaires  musi- 
ciens, et  celle-ci  désigna  l'érudit  M.  Edouard 
F.  Rimbault  pour  en  être  l'éditeur.  Le  manuscrit 
renfermait  deux  ouvrages;  le  premier,  relatif  à 
la  partie  techniquede  la  musique,  était  intilolé  t 
The  Musical  Grammarien;  l'autre  contenait 


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NORTH  —  NOURRIT 


333 


les  mémoires  historiques.  Après  un  mûr  examen 
des  deux  ouvrages,  M.  Rirabaalt  proposa  à  la 
société  de  ne  publier  que  les  mémoires»  ce  qui 
fut  adopté,  et  le^volunie  fut  imprimé  avec  grand 
soin  sur  beau  papier  de  Hollande  et  tiré  À  petit 
nombre.  Il  a  pour  titre  :  Memoirs  of  Musick 
ofthe  Bon.  Roger  North  ,  attomey  général  of 
James  II.  JS'ow  first  prinied  from  the  original  | 
Ms,  and  ediled,  withcopious  notes^  hy  Edward 
F.  RimbauU  etc.  (Mémoires  de  musique  par 
l'iionorable  Roger  North,  procureur  général  de 
Jacques  II  ;  imprimé  pour  la  première  fois  d'après 
le  manuscrit  original  et  publié,  avec  de  nom- 
breiiaes  notes,  par  Edouard  F.  RimbauU,  etc.); 
Londres  Georges  Bell,  1846,  1  vol.  10-4*",  de- 
XXIV  et  139  pages»  avec  le  portrait  de  Roger 
Noi-th. 

NOTARI  (  Ange  ) ,  musicien  italien  fixé  à 
Londres  dans  les  premières  années  du  dix-sep- 
tième  siècle ,  y  a  fait  imprimer,  en  16t4 ,  un  re- 
cueil de  pièces  intitulé  :  Prime  musiche  nuove 
al,  2  e  3  voci,  per  cantar  con  la  tiorba  ed 
altri  stromenti;  Londres,  1616,  in-fol. 

NOTKER  ou  NOTGER,  surnommé  Bal- 
bulus  (le  Bègue),  à  cause  de  la  difficulté  quMl 
éprouvait  à  parler,  naquit  vers  840,  à  Heiiigen- 
berg,  près  de  Tabbaye  de  Saint-Gall ,  on  il  étudia 
sous  les  moines  Marcel  et  Ison.  Devenu  savant 
dans  les  lettres,  les  arts  libéraux  et  particulière- 
ment dans  la  musique,  son  occupation  principale 
était  de  composer  des  proses  et  des  hymnes;  il 
traduisit  aussi  le  psautier  en  langue  théolisque 
pour  ie  roi  Amulphe.  On  croit  qull  devint  abbé 
de  Saînt-Gall ,  mais  on  ignore  en  quelle  année.  Il 
mourut  le  6  avril  912,  et  fut  canonisé  en  1514. 
Quelques  proses  et  des  hymnes  de  Notker  ont..! 
été  publiés  par  Canisius  dans  le  sixième  livre  | 
de  ses  Antiq,  Lectiones.  On  en  trouve  un  re-  ; 
cueii .complet,  avec  les  mélodies  notées,  dans 
un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Saint- Eme- 
ran,  à  Ratisbonne  (1).  Nutker  est  aussi  auteur 
de  deux  petits  traités  relatifs  à  la  musique; 
l'un  intitulé  :  Explanatio  quid  singuU»  Lit- 
terx  in  superscriptione  significent  canlilene, 
a  été  inséré  par  Canisius  dans  le  5*  livre  de 
$es  Antiq,  Lect.  (part.  2,  p.  739);  par  Mabil- 
lon ,  dans  VAppendix  au  t.  IV  des  Annales  de 
Vordre  de  Sainl- Benoit ,  et  enfin  par  Tabbé 
Gerbert,  dans  sa  Collection  des  écrivains  ecclé- 
siastiques sur  la  musique  (  t  I,  p.  95  ).  Le  se- 
cond ,  intitulé  Opusculum,  theoricum  de  Mu* 
sica,    est  divisé  en  quatre  chapitres  qui  trai- 

(1)  C'est  probablement  ce  recueil  d*hyninn  qui  est  cité 
par  le  P.  l>ez  (  Thesaur.  anecd.,  L  UI,  part.  III,  p.  eig  , 
sous  le  titre  de  Tkeorema  Troparum,  teu  Cribtum  WO' 
noehordi. 


tent  :  1<^  De  octo  tonis;  —  2*  De  ietrachor- 
dis;  •—  3°  De  octo  viodis  ;  —  4*  De  mensura 
fUtxUarum  organicarum.  Cet  opuscule  est 
écrit  en  ancienne  langue  théoslique  ou  teuto- 
nique.  Schiller  Ta  inséré  dans  le  tome  premier 
de  son  Trésor  des  Antiquités  teutontques ,  et 
Tabbé  Gerbert  Ta  placé  parmi  ses  écrivains  ec- 
clésiastiques sur  la  musique  (  t.  I,  p.  96  ) ,  et  y 
a  joint  une  traduction  latine.  Au  reste,  on  ne 
sait  pas  précisément  si  cet  ouvrage  est  de 
Notker  Bal  bulus  ou  d'un  autre  moine  du  même 
nom,  surnommé  Labeo,  qui  vécut  à  Tabbaye 
de  Saint-Gall  dans    le  cours  du  dixième  siècle. 

NOUGARET  (Pierbe-Jean-Baptiste),  lit- 
térateur, né  à  la  Rochelle  le  16  décembre  1742, 
est  mort  à  Paris  au  mois  de  juin  1823.  Dans  le 
nombre  considérable  des  livres  quMi  a  publiés,  on 
remarque  celui  qui  a  pour  titre  :  V Art  du  théâ- 
tre en  général,  où  il  est  parlé  des  différons 
spectacles  de  V Europe,  et  de  ce  gui  concetme 
la  comédie  ancienne  et  la  nouvelle,  la  tragé- 
die, la  pastorale  dramatique,  la  parodie, 
Vopéra  sérieux,  Vopéra  bouffon,  et  la  comé- 
die mêlée  iP  ariettes  ;^9n%,  Cailleau,  1769,  2  vol. 
in- 12.  Dans  le  second  volume  de  cet  ouvrage 
on  trouve  (p.  124-183)  :  Histoire  philosophique 
de  la  musique,  et  observations  sur  les  ditférents 
genres  reçus  au  théâtre;  et  (p.  184-347),  This* 
toire  abrégée  de  TOpéra  et  de  TOpéra-Comique. 
On  a  aussi  de  Nougaret  un  almanach  des  spec- 
tacles intitulé  :  Spectacles  des  foires  et  des 
boulevards  de  Paris,  ou  Catalogue  historique 
et  chronologique  des  théâtres  forains  ;  Paris, 
1774-1788,  15  vol.  in-24. 

NOURRIT  (Louis),  né  à  Montpellier  le  4 
août  1780,  fut  admis  comme  enfant  de  chœur 
dans  la  collégiale  de  cette  ville,  et  y  apprit  la 
musique.  A  Tàge  de  seize  ans,  il  se  rendit  à 
Paris  pour  y  compléter  son  instruction  dans  cet 
art.  Doué  d'une  belle  voix  de  ténor,  il  fixa  sur 
lui  Tattention  de  MéhuI,  qui  le  fit  entrer  au 
Conservatoire  le  30  floréal  au  x  (juin,  1802).  D'a- 
bord élève  de  Guichard,  il  resta  un  an  sous  sa 
direction,  puis  (août  1803)  il  fut  confié  aux 
soins  de  Garât  qui,  charmé  de  la  beauté  de  sa 
voix,  lui  donna  des  leçons  avec  affection,  et 
en  fit  un  de  ses  élèves  les  plus  distingués.  Le  3 
mars  1805,  Nourrit  débuta  à  l'Opéra  par  le  rôle 
de  Renaud^  dans  Annide  :  le  succès  qu'il.y  ob- 
tint lui  procura  immédiatement  un  engagement 
comme  remplacement  de  Lainez.Le  timbre  pur 
et  argentin  de  sa  voix,  rémission  naturelle  et 
frauclte  des  sons,  la  justesse  des  intonations  et 
sa  diction  musicale,  bien  que  peu  chaleureuse, 
indiquaient  assez  l'école  dont  il  sortait.  C'était 
une  nouveauté  remarquable  à  TOpéra  que  cette 


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334 


NOURRIT 


manière  large  et  correcte  qui  ne  ressemblait  point 
aux  cris  dramatiques  de  Lainez  et  de  ses  imita- 
teurs. Les  anciens  liabilués  de  POpéra  s^alar- 
maient  pour  leur  yieille  idole,  mais  les  connais- 
seurs voyaient  dans  le  succès  de  Nourrit  le  com- 
mencement d'une  régénération  de  Part  du  chant» 
qui  ne  s'est  cependant  aciievée  à  la  scène  fran* 
çaise  que  plus  de  vingt  ans  après.  Plusieurs  autres 
rôles  chantés  par  Nourrit,  particulièrement  ceux 
à'Orphée  et  de  V Eunuque,  dans  la  Caravane 
du  Catre,  achevèrent  de  démontrer  sa  supériorité 
comme  chanteur  sur  les  autres  acteurs  de  PO- 
péra.  Malheureusement  son  jeu  ne  répondait  pas 
aux  qualités  de  son  chant  :  il  était  froid  dans 
les  situations  les  plus  vives,  et  la  crainte  de  tom- 
ber dans  Tanimation  exagérée  de  Lainez  le  je- 
tait dans  l'excès  contraire.  Malgré  ses  défauts 
énormes  comme  chanteur,  celui-ci  avait  une 
chaleur  entraînante  et  une. rare  intelligence  de 
la  scène;  qualités  qui  ne  sont  jamais  devenues 
le  partage  de  Nourrit,  quoiqu'il  ait  acquis  par 
l'usage  plus  d'aisance  et  d'aplomb.  Modeste  et 
timide,  il  n'éprouvait  jamais  les  élans  d'enthou- 
siasme qui  font  de  l'artiste  une  sorte  de  mission- 
naire :  en  entrant  au  théâtre,  il  avait  pris  un 
état.  Le  soir  où  il  joua  pour  la  première  fols  le 
rôle  d'Orphée,  Garât,  son  maître ,  vint  dans  sa 
loge,  et  avec  cet  accent  énergique  et  tout  méri- 
dional qu'on  lui  a  connu,  il  dit  à  son  élève  : 
Après  un  tel  succès  vous  pouvez  prétendre  à 
tout  !  —  Je  suis  charmé  de  vous  avoir  satis- 
fait, répondit  Nourrit,  et  je  vous  remercie  des 
encouragements  que  vous  voulez  bien  me 
donner,-  mais  je  n*ai  pas  d^ambition,  —  Tu 
n*as  pas  d*ambition,  malheureux  !  Eh  !  que 
vie7is-tu  faire  ici? 

En  1812,  après  la  retraite  de  Lainez,  Nourrit 
devint  chef  de  remploi  de  ténor  à  l'Opéra  :  il  le 
partagea  plus  tard  avec  Lavigne;  mais  en  1817 
il  en  reprit  la  possesston  exclusive  :  Henaud, 
Orphée,  V Eunuque  de  la  Caravane,  Colin  du 
Devin  du  VillagCt  Demaly  dans  les  Bayadè- 
res,  Aladin  dans  la  Lampe  merveilleuse ,  fu-  ' 
rent  ses  meilleurs  rôles.  Jusque  dans  les  derniers  | 
temps,  il  conserva  le  joli  timbre  de  son  organe. 
Au  commencement  de  1826,  il  prit  la  résolution  ! 
de  quitter   la  scène,  et  obtint  la  p^msion  qu'il 
avait  gagnée  par  un  service  de  vingt  et  un  ans.  ; 
Retiré  depuis  lors  dans  une  maison  de  campagne 
qu'il  possédait  à  quelques  lieues  de  Paris,  il  y 
vécut  dans  le  repos,  renonçant  môme  au  com- 
merce de  diamants  qu'il  avait  fait  pendant  toute  la 
durée  de  sa  carrière  tliéâtrale.  Un  dépérissement 
rapide  le  conduisit  au  tombeau  le  23  septembre 
183(,  à  Tftge  de  cinquante  et  un  ans.  1 

NOURRIT  (Adolphe),  fils  aîné  du  précé-  ' 


dent,  naquit  à  Montpellier,  le  3  mars  1802.  Des- 
tiné par  son  père  à  la  profession  de  négociaot, 
il  fut  placé  au  collège  de  Sainte-Barbe  pour  y 
faire  ses  humanités,  et  bientôt  il  s'y  fit  remarquer 
par  la  portée  de  son  intdtîgeiice  el  par  son 
assiduité  au  travail.  C'est  dans  l'enceinie  de  celte 
maison  que  se  formèrent  pour  lui  des  Haisoos 
d'amitié  avec  des  jeunes  gens  devenus  depuis  lors 
des  hommes  distingués  :  elles  lui  sont  demeu- 
rées fidèles  jusqu'i  ses  derniers  jours.  Ses  études 
terminées,  le  jeune  Nourrit  rentra  chez  son  père 
qui  lui  fit  obtenir,  à  l'âge  de  seize  ans,  l'emploi 
de  teneur  de  livres  et  de  caissier  dans  la  raaisoo 
de  MM.  Mathias  frères,  négociants-commission- 
naires à  Paris.  Après  y  avoir  rempli  ces  doubles 
fonctions  depuis  1818  jusqu'à  la  fin  de  1819,  H 
entra  comme  employé  dans  les  bureaux  d'one 
coinpagnie  d'assurances.  Obligé  de  se  livrer  i 
des  occupations  si  peu  conformes  à  ses  goûb.ll 
ne  put  cultiver  la  musique  qu'à  l'insu  de  !m» 
père,  dont  l'obstination  à  l'éloigner  du  tliéAtre  {»- 
raissait  invincible.  Un  vieux  professeur  de  musi- 
que, ami  de  sa  famille,  avait  consenti  à  lui  donner 
en  secret  des  leçons  de  chant;  mais  bientôt  Adol- 
phe Nourrit  n'eut  plus  rien  à  apprendre  de  lui,  et 
les  conseils  d'un  maître  plus  habile  lui  devinrent 
nécessaires.  Alors  il  songea  à  Garcia,  et  comprit 
que,  dirigée  par  un  tel  artiste,  son  éducation 
musicale  pourrait  le  préparer  aux  succès  du  fliéâ- 
tre.  Aux  premiers  mots  que  le  jeune  liomme  dit  à 
Garcia  de  ses  projets ,  celui-ci  éprouva  quelque 
scrupule  h  tromper  les  vues  de  Nourrit,  son  an- 
cien ami  ;  mais  lorsqu'il  vit  l'ardeur  et  la  persé- 
vérance de  son  élève  futur  à  solliciter  ses  leçons, 
il  se  laissa  persuader  par  ces  signes  certains  d'une 
influence  secrète,  et  se  mit  à  l'œuvre.  Les  pre- 
miers essais  lui  firent  voir  qu'Adolphe  Nourrit 
possédait  les  éléments  d'une  bonne  voix  de 
ténor,  qui  n'avait  besoin  que  du  secours  de  l'art 
pour  acquérir  de  la  puissance  et  de  la  souplesse. 
Lorsique  par  des  exercices  habilement  gradués 
il  eut  conduit  cette  voix  à  un  développement 
qui  ne  pouvait  plus  s'accrottre  que  par  le  temps 
et  l'expérience,  il  avoua  au  père  de  son  élève  ce 
qiril  avait  fait  et  lui  fit  connaître  le  résultat  de 
ses  leçons.  Surpris  d'abord,  Nourrit  parut  vou- 
loir se  fâcher;  mais  vaincu  par  les  soUidlations 
de  son  fiU,  et  peut-être  séduit  par  des  accents  qui 
lui  rappelaient  sa  jeunesse,  il  finit  par  se  calmer, 
et  consentit  à  préparer  lui-même  l'entrée  de  la 
carrière  du  théâtre  à'  Thérilier  de  son  nom  et  de 
son  'talent.  Adolphe  Nourrit  parut  pour  la  pre- 
mière fois  à  l'Opéra  le  1"'  septembre  1821,  avant 
d'avoir  accompli  sa  vingtième  année.  Son  pre- 
mier rôle  fut  celui  àePylade  dans  Iphigénie  <?  : 
Taurlde.  Le  public  l'accueillit  avec  faveur  cl 


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NOURRIT 


33& 


fut  ctiarmé  de  la  beauté  de  son  organe^  de  son 
intelligeDce  de  la  scène  et  de  la  cbaleor  de  son 
débit.  Un  embonpoint  précoce,  quMI  tenait  de 
son  père,  fut  le  seul  défaut  qu'on  lai  trouva. 
Ce  n'était  pas  Tunique  point  de  ressemblance 
qu'il  y  eût  entre  Nourrit  et  son  fils,  car  les  traits 
du  visage,  la  tafliie.,  la  'démarche  et  i'organe 
avaient  en  eux  tant  d'analogie,  qu*il  était  facile 
de  les  prendre  Ton  pour  l'autre,  et  qu'on  ne 
poovalt  les  distinguer  que  par  la  fïoideur  de  l'un 
et  la  chaleureuse  diction  de  Tautre.  Cette  res- 
semblance si  remarquable  fit  nattre  Tidée  de  To- 
pera des  Deux  Salem  (sorte  de  Ménechmes), 
qui  fût  représenté  le  n  iuiilet  1824,  et  dans  le- 
quel ils  produisifent  une    illusion    oomplète. 
Après  Iphigénie  en  Tauride,  Adolphe  Nourrit 
avait  continué  ses  débuts  dans  les  Bayadères, 
Orphée,  Armide^  et  chacun  de  ces  ouvrages 
avait  été  pour  lui  l'occasion  de  progrès  et  de 
nouveaux  succès.  Baptiste  atné,  acteur  du  Théft- 
tre-Français  et  professeur  au  Conserfatoire ,  qui 
possédait  d'excellentes  traditions^  lui  avait  donné 
des  leçons  de  déclamation  lyrique  dont  son  in- 
telligence s'était  approprié  tout  ce  qui  était  com- 
patible avec  la  musique.  Le  r6le  de  Néoclès , 
dans  le  Siège  de  Corinthe,  de  Rosslni ,  fut  sa  pre- 
mière création  importante  :  le  père  et  le  fils  paru- 
rent pour  la  dernière  fois  ensemble  dans  cet  opéra, 
dont  la  première  représentation  fut  donnée  le 
9  octobre- 18)6.  La  vocalisation  légère  et  facile 
n'était  pas  naturellement  dans  la  voix  d'Adolphe 
Mon r rit  ;  eette  voix  s'était  montrée  rebelle,  à  cet 
4^gard,  et  les  efforts  de  Garcia  n'avaient  obtenu 
qu'un  résultat  incomplet;  mais  le  maître  s'en 
était  consolé  en  considérant  que  le  répertoire  de 
TOpéra  n'exigeait  pas  la  flexibilité  d'organe  in- 
dispensable à  on  chanteur  italien.  Avec  le  Siège 
de  Corinthe  et  les  autres  productions  du  génie 
de  Rosslni,  le  mécanisme  de  la  vocalisation  lé- 
gère devint  une  nécessité  pour  le  premier  ténor  : 
Nourrit  comprit  qu'il  devait  recommencer  ses 
«'tudes,  et  il  ne  recula  pas  devant  les  difficultés. 
Sa  femne  volonté,  sa  persévérance,  le  conduisi- 
rent à  des  résultats  qu'il  n'espérait  peut-être  pas 
lui-même;  s'il  ne  parvint  jamais  à  l'agilité  bril- 
lante d'un  Robîni,  il  put  du  moins  exécuter  les 
traits  rapides  d'une  manière  suffisante.  D'ailleurs, 
si  son  talent  resta  imparfait  sous  ce  rapport,  par 
combien  de  qualités  ne  racheta-t-il  pas  ce  dé- 
faut ?  Que  de  charme  dans  sa  manière  de  phraser  ! 
Que  «J^adresse  à  se  servir  de  la  voix  de  tête  \ 
Que  de  tact  et  de  sagesse  dans  la  conception  de 
srs  r6lei(  !  Que  de  sensibilité  et  d'énergie  dans 
rex pression    des  sentiments    dramatiques!    Et 
qu'on  ne  s'y  trompe  pas  :  ce  sont  ces  qualités  qui 
font  le  grand  acteur  lyrique  de  la  scène  française. 


I  Après  la  retraite  de  son  père.  Nourrit  resta 
I  seul  chargé  de  l'emploi  de  premier  ténor.  Pen- 
'  dant  dix  ans  il  porta  le  poids  d'une  si  grande. 
I  responsabilité  et  n'en  fut  point  accablé,  quoique 
cette  époque,  la  plus  importante  de  l'histoire 
de  TOpéra  moderne,  lui  ait  offert  plus  d'un 
écneil;  car  dans  ces  dix  années  MtAae ,  le  Comte 
Oryy  la  Muette  de  Portici,  le  Philtre,  Guil- 
laume Tell,  Robert  le  Diable,  la  Juive  et  les 
Huguenots  furent  mis  en  scène.  Il  créa  tous  les 
rêles  principaux  de  ces  belles  partitions,  en  saisit 
les  nuances  avec  une  merveilleuse  intelligence, 
et  leur  donna  si  bien  le  caractère  de  la  vérité 
dramatique,  qu'il  ne  semblait  pas  que  ces  rôles 
pussent  être  compris  d'une  autre  manière.  La 
musique  de  Meyerbeer  lui  présentait  la  plus  rude 
épreuve  qu'un  chanteur  pAt  subir;  complète- 
ment différente  du  système  rossinien,  si  favorable 
aux  voix,  elle  était  un  retour  vers  l'opéra  dé- 
clamé; mais  dans  des  proportions  si  gigantes- 
ques et  avec  une  instrumentation  si  formidable, 
que  son  succès  put  faire  prévoir  une  rapide  dété- 
rioration du  personnel  chantant  de  TOpéra. 
L'expérience  n*a  que  trop  prouvé  que  telles  de- 
vaient être,  en  effet,  les  conséquences  de  ces 
belles  conceptions  dramatiques  :  Nourrit  seul 
parut  aroir  des  forces  sufHsantes  pour  lutter 
avec  elles.  L'usage  adroit  qu'il  savait  faire  de  la 
voix  de  tête,  et  la  puissance  singulière  qu'il  don- 
nait aux  sons  de  ce  registre,  lui  permetteient  de 
les  chanter  sans  qu'elles  produisissent  en  lui 
l'excès  de  fatigue  qu'il  aurait  éprouvée  s'il  eAt 
fait  constamment  usage  de  la  voix  de  poitrine. 
Cependant  l'importance  même  qu'il  acquérait 
chaque  jour  comme  chanteur  et  comme  acteur  « 
fit  comprendre  à  l'administration  de  TOpéra  que 
l'avenir  de  ce  spectacle  reposait  sur  un  seul 
homme  qui,  depuis  seize  ans,  avait  fait  un  usage 
immodéré  de  ses  forces  ;  elle  crut  devoir  se  pré- 
parer d'autres  ressources,  et  Duprez,  chanteur 
français  que  l'Italie  saluait  depuis  plusieurs  années 
par  d'unanimes  acclamations,  fut  engagé  comme 
premier  ténor  en  partage.  Une  carrière  de  seize 
années,  où  tout  avait  été  bonheur  et  succès, 
n'avait  pas  préparé  Nourrit  à  Tidee  de  ce  partage, 
sans  exemple  jtisqu'alors  à  TOpéra  ;  car  suivant 
le  règlement  de  ce  théâtre,  il  n'y  avait  jamais  eu 
pour  chaque  emploi  que  le  chef,  le  second,  qui 
avait  le  titre  de  remplacement ,  et  le  troisième, 
appelé  le  double.  L'ardente  imagination  de  l'ar- 
tiste se  frappa  de  l'idée  qu'on  n'estimait  plus  son 
lalent  au  même  prix  qu'autrefois  :  en  valu  ses 
amis  essayèrent-ils  de  le  rassurer  ;  à  tous  leurs 
raisonnements  il  opposait  le  peu  de  vraisemblance 
que  la  faveur  publique  pût  se  partager  entre  deux 
acteurs  destinés  au  même  emploi  ;  il  fallait,  disait- 


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336 


xNOURRn 


il,  qu'ondes  deux  fût  ▼aincu,  et  cette  pensée  l'op- 
pressait d'an  poids  insupportable.  Il  ne  voulut 

.  point  essayer  de  la  lutte  :  après  quelques  jours 
d'agitation,  il  prit  le  parti  de  se  retirer,  et  donna 
sa  démission.  Le  i"  avril  1837,  il  donna  sa  re- 
présentation de  retraite.  11  y  a  peu  d'exemples 
d'aussi  beaux  triomphes  que  celui  qu*il  y  ob- 
tint; le  public  témoigna  par  des  transports  d'ad- 
miration le  regret  que  lui  Taisait  éprouver  la 
perte  d'un  tel  artiste.  Suivant  ses  premiers  pro- 
jets, Nourrit  devait  voyager  pendant  un  an,  après 
sa  retraite  de  l'Opéra,  pour  donner  des  repré- 
sentations dans  les  principales  villes  de  la  France 
et  de  la  Belgique,  puis  rentrer  dans  la  vie  privée 
et  se  livrer  à  des  travaux  d\in  autre  genre, 
auxquels  le  préparaient  les  bonnes  études  de 
sa  jeunesse,  ainsi  que  les  lectures  et  les  médita- 
tions d^un  &ge  plus  avancé.  Ses  économies,  ré- 
sultat de  son  esprit  d'ordre  et  de  la  simplicité 
de  ses  g6uts,  lui  permettaiejit  de  réaliser  ce  plan 
plein  de  sagesse.  Mais  lui-même  était  alors  sous 
rinfloence  d'ane  illusion  qui  ne  tarda  point  à  se 
dissiper  :  il  n'y  avait,  il  ne  pouvait  y  avoir 
pour  lui  d'existence  qu'à  la  scène,  avec  les  succès 
qu'il  y  avait  obtenus  ;  être  artiste  était  la  condi- 
tion de  sa  vie  :  le  reste  n'en  était  que  l'acces- 
soire. Après  qu'il  eut  excité  l'enthousiasme  des 
habitants  de  Bruxelles,  au  printemps  de  1837, 
ses  idées  changèrent  :  il  conçut»le  projet  d'aller 
en  Italie,  d'y  chanter  sur  les  principaux  théâtres, 
et  d'y  cueillir  aussi  les  palmes  dont  revenait 

.  chargé  celui  qu'on  lui  donnait  pour  rival.  L'exal- 
tation qui  lui  était  naturelle  (l)  s'accrut  pro- 
gressivement; mais  bientôt  elle  prit  le  caractère 
du  désespoir  par  Tétat  anormal  de  sa  voix.  A 
Marseille,  il  fut  pris  d'un  enrouement  qui  per- 
sista pendant  plusieurs  représentations,  et  qui 
finit  par  le  compromettre  dans  Ca  Juive.  M.  Bé- 
nédit,  artiste  et  critique  distingué  de  cette  ville, 
a  rendu  compte  dans  la  Gazette  musicale  de 
Paris  (ann.  1839,  p.  135)  des  circonstances  de 
cet  accident  qui  pouvait  faire  prévoir  de  fatales 
conséquences;  il  s'exprime  en  ces  termes  : 
■  Saisi  d'un  enrouement  désastreux,  Nourrit  avait 
«  lutté  vaillamment  pendant  trois  actes,  lorsque 
«  au  moment  de  son  grand  air  :  Rachel,  quand 
<c  du  Seigneur,  etc.,  la  fatigue,  la  crainte  et 
«  l'émotion  paralysèrent  complètement  sa  voix, 
a  Celte  voix  naguère  si  étendue,  et  dont  les  notes 
«  pures  et  vibrantes  dans  l'octave  supérieure 
«  avaient  tant  de  puissance  et  de  charme,  alors 

(1)  C'est  cette  exalUtion  qui,  eo  JoUletlsso,  le  Jetait  sur 
la  place  pabllque,  unfasil  à  la  main,  et  qui,  sans  mena- 
froment,  lui  fit  chauter  après,  à  toute*  lesreprewntatloas, 
les  airs  révolationnaires.  avec  une  exubérance  d'énergie 
qui  pouvait  porter  un  notable  pri^Judlce  à  ton  organe 
^ocaL 


«  inégaie  et  voilée ,  donnait  à  peine  le  fa  na- 
«  turel;  rédoit  à  ces  faibles  ressources.  Nourrit 
«  sut  trouver  encore  dans  son  admirable  intel- 
«  ligencc  des  moyens  suffisants  pour  achever  l'd- 
«  legro\  mais  arrivé  là,  ses  forces  rabandonoè- 
it  rent  à  la  dernière  mesure,  et  malgré  ses  ef- 
(t  forts  pour  atteindre 'an  la  bémol  aigu  qui  ter- 
«  mine  l'air  sur  la  tonique.  Nourrit  fut  obligé 
«  pour  la  première  fois  de  finir  à  l'octave.  Pâle 
K  et  tremblant  de  douleur,  il  se  frappa  le  front, 
«  fit  un  geste  de  désespoir  et  sortit  dans  uoe 
«  agitation  inexprimable.  Craignant  les  suites 
^  lâcheuses  d'un  tel  accident  sur  le  caractère  de 
«  Nourrit,  dont  j'étais  devenu  ie  compagnon 
«  presque  inséparable  depuis  son  arrivée  à  àlar- 
«  seille,  je  quittai  brusquement  nna  place,  et  me 
«  dirigeant  vers  le  corridor  qui  mène  aux  coo- 
«  lisses,  j'arrivai  dans  la  loge  de  Nourrit  ea 
«  même  temps  que  M.  X.  Boisselot...  UéUs! 
«  plus  de  doute,  notre  malheureux  artiste  était 
«  fou...  Je  n'oublierai  de  ma  vie  cette  effroja- 
«  ble  scène  !  L'œil  en  feu,  le  visage  égaré, 
K  Nourrit  marchait  à  grands  pas,  frappait  les 
«  murs  avec  violence  et  poussait  des  sanglots  qui 
R  déchiraient  le  cœur...  Dans  cet  afTreux  dé- 
fi sordre  il  ne  put  nous  reconnaître.—  Qui  êtes- 
«  vous  ?...  Que  me  voulez- vous?...  Laissez- 
«  moi ...  —  Ce  sont  vos  amis  qui  viennent  vous 
«  voir.—  Mes  amis  ?...  Cest  impossible...  Sivous 
«  êtes  mes  amis,  tnez-moi...  ne  voyez-vous  pas 
«  que  je  ne  puis  plus  vivre  ;  que  je  suis  perdo, 
«  déshonoré?..  En  disant  ces  mots,  il  coonitvers 
«  la  fenêtre  avec  une  impétuosité  foudroyante... 
a  Nous  nous  précipitâmes  vers  lui,  et  le  saisissant 
«  avec  force,  nous  l'entraînâmes  vers  un  £iu- 
«  teuil,  où  brisé  par  les  efforts  d'une  lutte  ioé- 
ic  gale ,  il  se  laissa  tomber  sans  résistance  dans 
«  un  accablement  profond.  La  crise  fut  longue  ; 
•c  ranimé  par  les  soins  du  docteur  Forcade,  qui 
«  était  venu  se  joindre  à  nous  dans  oette  doo- 
«  loureuse  circonstance.  Nourrit  ouvrit  1k 
«t  yeux,  et  voyant  la  consternation  muette  qui 
«  régnait  autour  de  lui,  il  nous  demanda  pardoa 
«  à  tous  avec  la  candeur  et  la  timidité  d'un  en- 
«  fant  qui  vient  de  commettre  une  faute.  Noos 
«  profitâmes  de  cette  réaction  momentanée  pour 
«  l'engager  à  reparaître;  il  y  consentit  avec  ré- 
«  signation.  Le  public,  instruit  des  événements 
«  de  l'entr'acte,  Papplaudit  avec  enthousiasme'; 
«  puis  à  la  fin  du  spectacle,  nous  reconduisîmes 
«  notre  ami  à  Thétel  de  la  Darce,  où  nous  le 
R  quittâmes  après  Tavoir  tranquillisé  et  ea  lui 
«  promettant  de  revenir  le  lendemain.  Le  lende- 
«  main,  en  effet,  de  très-bonne  heure,  je  fus  le 
K  premier  au  rendez- vous  ;  Nourrit  vint  à  moi  arec 
«  empressement,  comme  pour  me  remerder  de 


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NOURRIT 


337 


«  mon  exactitude.  Eh  bien,  lui  «femandai-je  en 
«  aflectant    de  sourire,   comment  avez-vous 
«  passé    la  nuit?  —  Bien  mal...  je  n'ai  pas 
A  dormi  et  J'ai  beaucoup  pleuré;  dans  ce  mo- 
«  ment,  dans  ce  moment  encore  je   faisais  un 
«  appel  à  toutes  mes  forces  morales  pour  corn- 
«  battre  de  sinistres  pensées.   La  vie  m'est  in- 
«  supportable;  mais  je  connais  mes  devoirs; 
«  j'ai  de  bons  amis,  une  femme,  des  enfants  que 
n  j*aime  et  à  qui  je  me  dois;  et  puis,  je  crois  à 
«  une  autre  vie...  ATec  ces  idées-là    on.  peut 
«  triompher  de  soi-même...  Mais  je  crains  tout 
«  de  ma  raison  ;  si  un  moment  elle  m'abandonne, 
«  je  sais  que  c'est  fait  de  moi.  Cette  nuit,  assis 
«  à  cette  place,  j'ai  demandé  à  Dieu  le  courage 
«t  dont  j'ai  l)esoin,   en  me    fortifiant   par  de 
«  saintes  lectures...  Tenez,  voyez  vous-même.— 
«  Je  pris  le  livre  quMI  me  désignait  sur  la  table. .. 
«  c*était  Vlmitation  de  Jésus-Christ  (1).  » 
De  si  profondes  blessures  faites  à  la  sensibilité 
excessive   de  Nourrit  détruisirent  bientôt   sa 
santé.  Un  désordre  d'entrailles,  suite  trop  ordi- 
naire des  vives  et  pénibles  émotions  de  la  vie 
cParliste,  le  fit  passer  progressivement  de  l'état 
d^embonpoint  à  une  maigreur  qui  le  rendait 
méconnaissable  k  ses  amis  les  plus  intimes.  En 
quittant  Marseille  il  se  rendit  à   Lyon  :  là,  un 
des  plus   beaux  triomphes  de  sa  carrière  vint 
mettre  iin  baume  sur  ses  blessures.  Il  y  excita 
Je   plus  vif  entlionsiasme.   De  Lyon,  il  alla  à 
Toulouse,  où  an  accident  semblable  à  celui  de 
Marseille  l'obligea  d'interrompre  ses  représenta- 
tions. De  retour  à  Paris,  il  se  prépara  au  voyage 
d^Italie,  et  après  avoir    obtenu  un  congé   de 
ses  fonctions  de  professeur  de  chant  dramatique 
au  Conservatoire,  il  se  mit  en   route  dans  les 
premiers  mois  de  1838,  incessamment  préoc- 
cupé de  sombres  pensées.  Des  articles  de  jour- 
naux malveillants  et  des  lettres  anonymes  avaient 
augmenté  sa  tristesse.  A  Milan,  il  y  eut  euthon- 
aiasme  lorsqu'il  se  fit  entendre  devant  quelques 
amateurs  d'élite,  chez  Rossini  :  ce  succès  sembla 
lui  rendre  toutes  ses  forces,  et  la  même  faveur 
qu'il  trouva  à  Florence,  à  Rome  et  à  Napies,  fit 
espérer  à  sa  famille  le  retour  de  sa  santé  et  de 
Mk  raison  premières.  Mais  dans  cette  dernière 
▼îUe,  de  nouveaux  et  poignants  chagrins  l'atten- 
daient. Avant  son  départ,  il  avait  préparé  deux 
canevas  d'opéras  italiens  qu'il  désirait    qu'on 


(1)  Ce  long  passage  pourra  sembler  mal  placé  dans  wi 
livre  tel  que  celui-ci,  et  dans  une  notice  qui  ne  doit  élre 
qu'on  résuoié  succinct  ;  mais  U  explique  si  bien  l'origine 
de  la  catastrophe  qui  a  terminé  la  tIc  de  if onrrtt  qu'il  m*a 
semblé  nécessaire  de  le  rapporter,  afin  de  constater  Ta- 
ilénntfon  de  la  raison  do  malbeureux  artiste,  longtemps 
•Tant  ce  funeste  éTénement. 

BIOGR.   DMIV.  nSS  MUSICIENS.  —  T.   Vf. 


écrivît  pour  lui  ;  l'un  de  ces  ouvrages  était    la 
tragédie  de  Poîyeucte,  de  Corneille,  disposée  con- 
venablement pour  la   scène  lyrique.   Ce  sujet 
plut  à  Donizetti,  qui  écrivit  rapidement  la  parti- 
tion qu'on  a  donnée  depuis  lors  à  l'Opéra  de 
Paris,  sous  le  titre  français  :    les  Martyrs; 
mais   la  censure  des  théâtres  napolitains  ne 
permit  pas  que  ce  sujet  religeux  fftt   mis  en 
scène;  et  an  moment  où  Nourrit  allait  faire  son 
début  au  théâtre  de  Saint- Charles,  dans  le  rôle 
de  Polyencte,  si  bien  fait  pour  lui,  il  lui  fallut 
renoncer  aux  succès  qu'il  y  aurait  obtenus.  Dès 
lors  une  mélancolie  profonde  s'empara  de  son 
esprit;  tous  les  symptômes  de  la  maladie  repa- 
rurent, et  c'est  dans  celte  disposition  qu'il  se 
fit  entendre  aux  Napolitains.  Toutefois  il  y  ob- 
tint le  plus  brillant  succès  dans  H  Giuramenio, 
de  Mercadanle,  et  dans  LaNorma,  de  Beilini. 
Peu  de  temps  après  vint  se  joindre  aux  tristes 
préoccupations  de  l'esprit  de  Nourrit  l'idée  bi- 
zarre que  les  applaudissements  accordés  par  le 
public  de  Naples  à  son  talent   n'étaient  qu'une 
dérision  ;  rien  ne  put  le  détourner  d'une  si  fu- 
neste pensée;  elle  acheva  la  perte  de  sa  raison, 
et  à  la  suite  d'une  autre  représentation  au  bé- 
néfice d'un  acteur,  où  il  avait  chanté  par  com- 
plaisance, dans  un  accès  de  délire  il   se  leva  , 
vers  l'aube  du  jour,  et  se  précipite  du  haut  de 
la  terrasse  de  l'hôtel  de  Barbaja  dans  la  cour, 
où  il  trouva  la  mort,  le  8   mars  1839,  à  cinq 
heures  du  matin.  Telle  est  du  moins  la  version 
qui  se  répandit  alors  dans  toute  l'Europe;  ce- 
pendant Mine  Garcia,  mère  de  la  célèbre   can- 
tatrice Malibran,  qui  se  trouvait  alors  à  Naples, 
dans  la  même  maison  que  Nourrit,  m'a  dit  que 
son  opinion  est  que  la  mort  de  ce  malheureux 
artiste  fut  causée  par  un  accident.  Il  y  avait,  dit- 
elle,  dans  le  corridor  du  haut  de  la  maison  où  il 
éteit  monté  sans  lumière  pour  satisfaire  un  be- 
soin, plusieurs  portes,  et  une  fenêtre  qui  s'ou- 
vrait au  niveau  du  plancher.  Elle  pense  qu*il  s'est 
trompé,  croyant  ouvrir  la   porte  du  cabioet  où 
il  se  rendait,  et  qu'il  est  tombé  dans  la   rue  à 
Fimproviste.  Quoi  qu'il  en  soit  de  la  catastrophe, 
sa  femme,  aussi  distinguée  par  les  qualités  de 
l'esprit  que  par  celles  du  cœur^  et  digne  d'un 
meilleur  sort,  fut  la  première  qui  le  trouva  gi- 
sant sur  le  pavé;  il  avait  le  corps  brisé  et  n'avait 
pas  donné  le  moindre  signe  de  vie  après  sa  chute. 
L'admirable  force  d'âme  de  cette  femme  la  sou- 
tint jusqu'à  ce  qu'elle  eût  mis  au  monde  le  der- 
nier fruit  de  l'amour  de  son  mari  ;  mais  bientôt 
après,  elle  mourut  de  douleur.  Les  restes  de 
Nourrit  avaient  été  rapportés  à  Paris  ;  ils  furent 
inhumés  avec  pompe,  après  que  le  dernier  Re- 
quiem de  Cherubini,   pour   voix    d'hommes 

22 


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33ft 


IVOURRIÏ  —  jNOVEÎIRE 


eut  été  exécuté  dans  Péglise  de  SaîDt-Roch, 
par  une  réunion  nombreuse  d^artistes  du 
Conserratoire  et  des  principaux  tiié&tres  de 
Paris. 

La  fin  de  Nourrît  a  été  jugée  avec  sévérité 
par  quelques  en  tiques;  mais  cette  sévérité  fut 
une  injustice,  car  on  ne  peut  considérer  cette  fin 
déplorable  que  comme  le  dernier  acte  d'un 
délire  dont  les  premiers  symptômes  s*étaient 
manifestés  à  Marseille,  près  de  deux  ans  aupa- 
ravant. Nourrit  avait  une  bonté  de  cœur  par- 
faite, aimait  tendrement  sa  famille  et  ses  amis, 
et  avait  des  sentiments  religieux  qui  Teussent 
toujours  éloigné  de  l'idée  d*un  suicide,  s'il  e6t 
conservé  sa  raison. 

NOVACK  (JE4II).  Voyez  NOWACK. 

NOVELLO  (Vincent),  organiste  de  l'am- 
bassade portugaise  à  Londres,  naquit  dans  cette 
ville,  en  1781,  d'une  famille  italienne.  Également 
distingué  par  son  talent  sur  l'orgue  et  par  le 
mérite  de  ses  compositions  de  musique  reli- 
gieuse, cet  artiste  jouissait  en  Angleterre  de  beau- 
coup d'estime.  En  1811,  il  a  publié  son  premier 
ouvrage,  intitulé  :  Sélection  of  sacred  mu- 
sic  (Choix  de  musique  sacrée)  ;  Londres,  2  vol. 
in-fol.  L'accueil  flatteur  fait  par  le  public  à  cette 
collection  encouragea  M.  Novello  à.en  (aire  pa- 
raître une  deuxième,  sous  le  titre  :  A  collection 
of  motets  for  the  offertory,  and  oiher  pièces, 
principally  adapted  for  the  moming  service 
(Collection  de  motets  pour  roffertoire  et  autres 
morceaux,  principalement  adaptés  à  l'office  du 
matin);  Londres  (sans  date),  12  liv.  in-fol.  On 
trouve  dans  ce  recueil  quelques  morceaux  de 
la  composition  de  Novello,  dont  un  critique  an- 
glais a  fait  l'éloge  dans  le  Quart erly  musical 
Magazine.  Novello  s'est  particulièrement  rendu 
recomraandable  par  les  Gregorian  Hymnes  for 
the  evening  service  (Hymnes  du  chant  gr^o- 
rien  pour  l'office  du  soir);  Londres  (sans  date), 
12  liv.  in  fol.  Ces  hymnes  sont  arrangées  à  6 
voix  réelles,  en  harmonie  moderne.  Cet  artiste 
est  aussi  éditeur  de  plusieurs  collections  de  mu- 
sique religieuse,  entre  autres  des  suivantes  : 
1**  Twelve  easy  masses  for  small  choirs  (Douze 
messes  faciles  à  l'usage  des  petites  chapelles)  ; 
Londres  (sans  date),  3  vol.  in-fol.  —  2<*  Dix-huit 
messes  de  Mozart,  avec  accompagnement  d'or- 
gue ou  de  piano;  ib.  —  Z"*  Dix-huit  messes  de 
Haydn;  idem,  ibid.  —  4®  Collection  des  œu- 
vres de  musique  d'église  do  Purcell  ;  Londres 
(sans  date),  2  vol.  in-fol.  Novello  a  écrit  une  no- 
tice biographique  sur  le  célèbre  compositeur 
Purcell,  pour  servir  d'introduction  à  cette  inté- 
ressante collection^  Cet  ouvrage  a  pour  titre  : 
A  Biographical  Sketch  of  Henry  Purcell, 


from  the  best  authorities;  Londres,  Alfred  No- 
vello (sans  date),  in-fol.  de  44  pages,  avec  un 
portrait  de  Purcell,  gravé  par  Humphrys,  d'a- 
près le  tableau  original  de  Godefroi  Kneller.  No- 
vello est  mort  à  Londres  vers  1845. 

NOVELLO  (Clara-Anastasie),  comtesse 
GIGLIUCGI,  fille  du  précédent,  est  née  à  Lon- 
dres, non  en  1815,  comme  dit  Gassoer  (I7ni- 
versal  Lexikonder  Tonkunsf),  mais  le  15  join 
1818.  A  l'âge  de  neuf  ans,  ses  parents  la  mirent 
sous  la  direction  de  Robinson,  organiste  de  la 
chapelle  catholique  d'York,  qui  lui  enseigna  les 
éléments  de  la  musique  et  du  piano.  Miss  Hill 
lui  donna,  dans  le  même  temps,  des  leçons  de  sol- 
fège et  de  chant.  En  1830,  MUe  Novello  futplacée 
à  Paris,  dans  l'institution  de  musique  religieuse 
dirigée  par  Choron.  Après  y  avoir  passé  une 
année,  elle  retourna  à  Londres,  et  reçut  les  le- 
çons de  plusieurs  maîtres,  au  nombre  desquels 
on  compte  Moscheles  et  Costa.  En  1836,  elle  dé- 
buta en  public  comme  cantatrice  dans  les  concerts. 
Dans  l'année  suivante,  elle  chanta  avec  saccès  à 
Oxford,  à  Lîverpool  et  en  Iriande.  De  retour  à 
Londres,  elle  y  parut  dans  les  concerts  et  festi- 
vals. En  1838  elle  se  rendit  en  Allemagne,  et  dans 
cette  même  année,  elle  brilla  par  sa  belle  voix 
et  son  excellente  méthode  à  Leipsick,  Dresde, 
Berlin,  Vienne  et  Munich.  Non  moins  heureuse 
à  Pétersbourg,  où  elle  se  rendit  en  1839,  elle  y 
obtint  des  succès  d'enthousiasme,  et  dans*  l'au* 
tomne  de  la  même  année  elle  chanta  à  Dussel- 
dorf  et  à  Weimar.'  Rappelée  à  Londres  vers  la 
même  époque,  elle  fut  engagée  au  Théâtre-Ita- 
lien et  y  chanta  pendant  tonte  la  saison.  En  1841 
elle  eut  un  engagement  pour  le  thé&tre  de  Bo- 
logne, où  elle  chanta  avec  le  ténor  Moriant,  puis 
elle  alla  à  Padone.  Bologne,  Gènes ,  Modène  et 
Ferme  furent  les  villes  où  elle  brilla  en  1843. 
Après  avoir  chanté  à  Rome  avec  succès  en  1843, 
elle  fut  rappelée  en  Angleterre  ponr  le  grand 
festival  de  Birmingham.  Ce  fut  la  fin  de  sa  car- 
rière d'artiste,  car  immédiatement  après  cette 
fête  musicale,  elle  épousa  le  eomte  Giglîucci. 

NO  VERRE  (Jban-Gborues),  célèbre  ciioré- 
graphe,  naquit  à  Paris,  le  29  avril  1727.  Son 
père,  qui  avait  été  adjudant  an  service  de  Char- 
les XII,  le  destinait  à  la  profession  des  armes; 
mais  le  goût  passionné  de  Noverre  pour  la  danse 
lui  fit  préférer  la  carrière  du  théâtre  :  il  prit  des 
leçons  de  Dupré,  et  débuta  avec  succès  devant  la 
cour,  à  Fontainebleau,  au  mois  d'octobre  1743. 
A  l'âge  de  vingt  et  un  ans,  il  se  rendit  à  Beriin, 
où  Frédéric  II  et  le  prince  Henri  de  Prusse  lui 
firent  un  accueil  bienveillant;  mais  la  sévérité  <iai 
régnait  en  ce  pays,  Jusque  dans  les  plaisirs,  ne 
fut  point  de  son  goût,  et  bientôt  U  revint  â  Pa- 


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NOVERRE  —  NOWAKOWSKI 


3^9 


riSy  où  il  eut«  en  1749,  la  place  de  maître  de 
ballets  de  ropéra-Comique*  Depuis  1755  jus- 
qu'en 1757  il  remplit  tes  mêmes  fonctions  à  TO- 
péra  de  Londres ,  puis  il  fut  attaché  à  celui  de 
Lyon  en  1758.  De  là  il  se  rendit  à  Stuttgard,  où 
le  duc  de  Wurtemberg  le  chargea  de  la  direc- 
tion des  ballets,  jusqu^en  1764.  En  1770  et  dans 
les  années  suiTantes  il  fut  chorégraphe  des  théâ- 
tres de  Vienne  et  de  Milan;  enfin  on  le  chargea 
de  la  direction  de  la  danse  de  TOpéra  de  Paris 
depuis  1776  jusqu'en  1780,  époque  de  sarelraite. 
Il  obtint  alors  une  pension  sur  la  cassette  du 
roi,  et  se  fixa  à  Saint-Germain,  près  de  Paris, 
oii  il  est  mort,  le  19  novembre  1810.  Noverre  fut 
le  premier  qui  donna  au  ballet  pantomime  une 
action  dramatique,  et  chercha  à  y  introduire  l'i- 
mitation Yraie  de  la  nature,  autant  que  ce  genre 
de  spectacle  en  est  susceptible.  On  a  de  lui  un 
grand  nombre  de  pièces  de  ce  genre  qui  ont  eu 
^e  brillants  succès;  mais  c'est  surtout  par  ses 
Lettres  sur  la  danse  et  les  ballets  {hyou^  1760, 
in-8*^)  qu'il  a  conservé  sa  célébrité.  Ce  livre, 
dont  il  a  été  fait  des  éditions  à  Vienne,  en  1767, 
in-8%  à  Paris,  en  1783,  à  Co|)enhague,  en  1803, 
et  à  Paris,  en  1807,  2  volumes  in-8%  sous  le  ti- 
tre de  Lettres  sur  les  arts  imitateurs  en  gê- 
ner al^  et  sur  la  danse  en  particulier,  est 
écrit  d'un  style  un  peu  trop  prétentieux  pour  le 
sujet,  mais  renferme  beaucoup  de  vues  Justes  et 
remarquables  par  leur  nouveauté,  à  l'époque  où 
elles  parurent.  Noverre  y  traite  de  l'opéra  fran- 
çais. Ce  qu'il  en  dit  a  été  traduit  en  allemand 
dans  les  fTam^r^er  Unterhaltungen-Blseltem 
(t.  I,  p.  260-268).  On  a  a  aussi  de  Noverre  : 
Observations  sur  la  construction  d'une  nou- 
velle  salle  d'Opéra;  Amsterdam  et  Paris^  1781, 
in -8®  de  87  pages. 

NO VI  (Frakçois- Antoine),  compositeur  na- 
politain, vécut  au  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle.  îl  était  aussi  poète  dramatique.  On 
lui  attribue  les  paroles  et  la  musique  des  opéras 
dont  les  titres  suivent  :  1^  GiuUo  Cesare  in 
AZessandtria,  représentée  Milan  en  1703.  — 
2^  Le  Glorie  di  Pompeo,k  Pavie,  dans  la  même 
année.  —  3**  Il  Pescator  fortunato,  principe 
d'Ischia.  —  4**  Cesare  e  Tolomeo  in  Egitto, 
—  6*  Il  Diomede. 

NO WACK  (Jean-Frakçois),  compositeur  de 
musique  d'église,  né  dans  un  village  de  la  Bo- 
hèmey  en  1706,  fut  maître  de  chapelle  de  l'é- 
gliso  de  Saint-\ith,  à  Prague,  et  mourut  le  7 
novembre  1771.  Quelques  années  avant  sa  mort, 
il  avait  donné  sa  démission  de  la  place  de  maî- 
tre de  chapelle  en  faveur  de  François  Brixi,  et 
s*était  contenté  d'une  modique  pension.  Ses  com- 
positions se  trouvent  encore  en  manuscrit  dans 


plusieurs  églises  de  Prague;  parmi  ces  ouvrages, 
on  cite  particulièrement  :  Missa  de  requiem, 
pro  cantOj  alto,  ténor  e,  basso,  violinis  duo- 
bus  cum  fundam^nto,  que  Nowack  écrivit  en 
1743. 

NOWAKOWSKI  (Joseph),  pianiste  et 
compositeur  polonais,  est  né  dans  les  {)remières 
années  du  dix-neuvième  siècle  à  Mniszck,  dans 
le  palatinat  de  Radom.  Les  éléments  de  la  mu- 
sique lui  furent  enseignés  dans  un  monastère 
de  l'ordre  de  Clteauz,  à  Wonchoçk,  où  son  oncle 
maternel  dirigeait  le  chœur.  Ses  progrès  furent 
rapides  ;  dès  sa  treizième  année,  il  chantait  la 
partie  de  soprano  dans  la  musique  d'église, 
jouait  du  piano  et  du  violon.  Un  Bohème,  tx>n 
musicien,  qui  l'entendit  dans  une  maison  où  il 
donnait  des  leçons,  lui  conseilla  d'aller  étudier  à 
Varsovie,  où  il  trouverait  des  jnoyens  d'instruc- 
tion pour  son  art.  Convaincu  qu'il  ne  pouvait 
rencontrer  d'habiles  maîtres  que  dans  la  capitale 
de  la  Pologne,  Nowakowskl  s'y  rendit  en  effet 
Admis  au  conservatoire  de  cette  ville,  il  y  conti- 
nua ses  études  de  piano.  Wurfel  loi  enseigna 
l'harmonie,  et  Elsner  fut  son  maître  de  compo- 
sition. Sa  première  production  fut  une  ouver- 
ture exécutée  avec  succès  par  l'orchestre  du  con- 
servatoire, en  séance  publiquo  de  la  distribution 
des  prix.  Ce  bon  accueil  fait  à  son  premier  essai 
fut  un  encouragement  pour  le  jeune  compositeur, 
et  lui  fit  faije  de  nouveaux  efforts  pour  le  déve- 
loppement de  son  talent.  Lorsqu'il  entreprit  son 
premier  voyage  à  l'étranger,  en  1833,  il  était 
déjà  considéré  comme  un  des  meilleurs  com- 
positeurs de  la  Pologne,  et  sa  réputation  comme 
professeur  de  piano  était  des  plus  brillantes.  li 
visita  l'Allemagne,  l^Italie  et  s'arrêta  quelques 
mois  à  Paris,  où  il  se  fit  entendre  sup  le  piano 
dans  les  salons  et  dans  les  concerts.  De  retour 
à  Varsovie,  il  publia  quelques-unes  de  ses  meil- 
leures compositions,  au  nombre  desquelles  est 
son  premier  quintette  pour  pi^no,  violon,  alto, 
violoncelle  et  contrebasse  dédié  à  l'eqaperear 
Nicolas.  Ayant  été  nommé  professeur  de  piano  à 
l'institut  d'Alexandre,  il  y  forma  de  bons  élèves 
qui  sont  devenus  plus  tard  d'habiles  maîtres  de 
leur  instrument.  Dans  les  années  1838,  1841  et 
1846,  M.  Nowakowski  a  fait  de  nouveaux" voya- 
ges à  Paris,  et  y  a  publié  divers  ouvrages,  au 
nombre  desquels  sont  ses  12  grandes  études 
dédiées  à  Chopin.  Les  compositions  de  cet  ar- 
tiste, en  différents  genres,  sont  au  nombre  d'en- 
viron soixante  œuvres.  On  y  remarque  deux 
messes  à  quatre  voix  et  plusieurs  autres  mor- 
ceaux de  musique  d'église  avec  orgue;  deux  sym- 
phonies et  quatre  ouvertures  pour  l'orchestre  ; 
plusieurs  polonaises   et  marches  idem;  deux 

22. 


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840 


NOWAKOWSKI  —  NUCEUS 


quintettes  pour  piano,  violon,  alto,  Tioloncelle 
et  contrebasse;  un  quatuor  pour  instruments  à 
cordes;  des  polonaises, mazoures,  rondeaux,  airs 
Taries,  fantaisies,  nocturnes  et  grandes  études 
pour  piano  ;  un  duo  pour  piano  et  violon  dédié 
à  Cliarles  Lipinski;  deux  livraisons  de  chants  po- 
lonais ;  des  mazoures  pour  le  chant,  des  ballades 
et  des  romances  allemandes,  françaises  et  ita- 
liennes publiées  à  Berlin,  Leipsick,  Breslau  et 
Varsovie;  environ  vingt  polonaises  pour  piano  et 
orchestre,  et  un  grand  nombre  de  mazoures,  qua- 
drillés, polkas  et  valses.  M.  Nov?akowski  est 
aussi  auteur  d^une  méthode  de  piano  et  de  deux 
recueils  d'exercices  pour  les  élèves. 

NOWAKOWSKI  (Jean),  professeur  de 
musique  et  violoncelliste  attaché  à  la  cathédrale 
de  Cracovie,  mort  dans  cette  ville  en  1830,  est 
auteur  d'une  Méthode  de  piano  pour  les  com- 
mençants, publiée  à  Varsovie. 

NOWINSKI  (Jean),  pianiste  polonais  et 
professeur  à  VÉcole  technique  de  Varsovie,  est 
auteur  d'une  méthode  de  piano  divisée  en  trois 
parties,  laquelle  a  été  publiée  sous  ce  titre  :  Notca 
Szkola  na  fortepian;  Varsovie,  Spies  et  C*, 
1839.  II  y  a  d'autres  éditions  de  cet  ouvrage,  les- 
quelles sont  gravées  chez  Friedlein ,  à  Cracovie , 
et  chez  J.  Milikowski ,  à  Lemberg. 

NOZEMANiX  (Jacques),  né  à  Hambourg, 
le  30  août  1693,  était  violoniste  dans  cette  ville 
en  1724.  Passé  cette  époque,  on  le  trouve  à 
Amsterdam,  en  qualité  d'organiste  à  Téglise  des 
Remontrants.  Il  y  mourut  le  to  octobre  1745.  On 
a  gravé  de  sa  composition,  à  Amsterdam  : 
1^  Six  sonates  pour  violon  seul.  —  2°  La  Bella 
Tedesca,oder  24  Pastorellen,  Muzctten  und 
Paysanen  fur  Klavier. 

NOZZARI  (André),  excellent  ténor  italien, 
naquit  à  Bergame  en  1775,  et  fit  ses  études  de 
cbant  sous  la  direction  de  Tabbé  Petrobelli,  se- 
cond maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
cette  ville.  Plus  tard,  il  reçut  des  conseils  de  Da- 
vid père,  et  d'Aprile.  A  l'âge  de  dix-neuf  ans, 
il  débutïi  sur  le  théâtre  de  Pavie,  et  y  reçut  du 
public  un  accueil  si  flatteur  qu'il  fut  engagé  à 
Rome  pour  la  saison  suivante.  En  1796,  il  chanta 
au  théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  dans  la  Cap  rie- 
ciosa  correttOf  de  Vincent  Martini.  Il  y  fut  rap- 
pelé dans  l'été  de  Tannée  suivante,  et  on  l'y  re- 
trouva au  printemps  de  1 800.  En  1 803  il  se  rendil  à 
Paris,  et  y  débuta  dans  7/ Principe  (£i  Taranto, 
de  Paér.  Bien  que  sa  voix  eût  une  rare  étendue, 
beaucoup  de  moelleux,  de  pureté  et  de  flexibi- 
lité, il  n'eut  aucun  succès  dans  le  premier  acte, 
et  ne  se  releva  que  dans  l'air  du  second.  Dans  les 
morceaux  d'ensemble,  il  chantait  à  peine  et  ré- 
servait toutes  ses  ressources  pour  les  airs.  Son 


succès  le  plus  brillant  fut  dans  le  r61e  de  PaoUno 
du  Matrimonio  segreto.  Peu  de  chanteurs  ont 
dit  aussi  bien  que  lui  le  grand  air  :  Pria  che 
spunti,  et  le  duo  :  Cara,  non  dubitar.  Je  l'en- 
tendis alors,  et  c'est  de  lui  que  je  reçus  les  pre- 
mières notions  du  beau  cbant  italien,  quoique, 
suivant  l'opinion  de  Garât,  il  fût  inférieur  à  Man- 
dini  età  Vtganoni  (voy,  ces  noms).  Peu  de  chan- 
teurs italiens  ont  éprouvé  comme  lui  la  fâcheuse 
influence  du  climat  de  Paris  ;  car  dans  l'espace 
I  d'une  année  sa  voix  perdit  quelques-unes  de  ses 
I  plus  belles  notes  élevées,  et  s'affaiblît  progressi- 
vement. Lorsqu'il  quitta  la  France,  vers  la  fin 
;  de  1804,  il  semblait  que  sa  carrière  fût  perdue; 
1  cependant  il  chantait  encore  dix -huit  ans  après, 
I  à  Naples,  et  sa  voix,  qu'on  croyait  affaiblie,  ac- 
quit une  rare  puissance  après  qu'il  eut  passé 
l'âge  de  trente  ans.  Après  avoir  chanté  avec  suc- 
!  ces  sur  les  piincipaux  théâtres  de  l'Italie,  par> 
>  ticulièrement  à  Turin  en  1807,  à  Rome  l'année 
;  suivante,  â  Venise  en  1809,  à  Milan  en  1812,  Noz- 
;  zari  se  fixa  à  Naples,  où  il  créa  les  rôles  de  pre- 
i  mier  ténor  dans  VÉlisabethy  Otello,  Armida, 
i  Mosèf  Ermione,  la  Donna  del  lago,  et    Zel- 
mira,  que  Rosslni  écrivit  pour  lui.  En  1822,  il 
se  retira  de  la  scène,  et  ne  conserva  que  sa 
pièce  de  chanteur  de  la  chapelle  du  roi.  Frappé 
d'apoplexie  foudroyante,  le  12  décembre  1832, 
il  expira  le  même  jour,  k  l'âge  de  cinquante-six 
ans. 

NtJCCI  (Joseph),  compositeur,  attaché  è 
l'Opéra  de  Turin,  en  1790,  a  écrit  pour  ce  tbéAtre 
la  musique  des  ballets  :  VÂngelica  Welion^  2^  / 
due  Cacciatori  e  la  Venditrice  di  latte;  3*  l'A- 
mericana  in  Europa;  4*»  Orfeo  ed  Euridice  ; 
5°  Gli  schiavi  turchi.  Tous  ont  été  représentés 
en  1791 .  On  connaît  aussi  sous  le  nom  de  Nucci  : 
Étude  en  100  variations  pour  le  violon ,  avec 
ace.  d*un  second  violon  ;  OfTenbach,  André. 

NUGETI  (Flaninio),  organiste  de  l'église 
Saint-Jean  l'évangéliste,  â  Parme,  naquit  dans 
cette  ville  vers  1580.  Il  s'est  fait  connaître 
comme  compositeur  par  un  ouvrage  qui  a  pour 
titre  :  Magnificat  et  Litanie  délia  Beata  Vir- 
gine  a  otto  voci,  in  Venetia,  app,  Bartolomeo 
Magniy  1617,  in-4''. 

NUGECS  (Alabd),  musicien  du  seizième 
siècle,  dont  le  nom  latin  n'est  que  la  traduc- 
tion de  Noyer,  ou  Jht  Noyer,  fut  généralcroeni 
désigné,  comme  on  le  verra  tout  à  l'heure, 
par  le  sobriquet  de  Du  Gaucquier,  parée  que , 
dans  le  patois  du  nord  de  la  France,  le  noyer 
est  appelé  Gaucquier,  Il  naquit  à  Lille,  dans  la 
Flandre  française,  vers  les  dernières  années  du 
quinzième  siècle, et  fut  maître  de  chapelle  de  l'ar- 
chiduc Mathias  d'Autriche.  On  a  de  sa  composition 


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NUCEUS  —  RYOïN 


341 


quatre  roessegà  cinq,  six  et  huit  voix  publiées  sous 
ce  litre  :  Quatuor  Missœ  quinque,  sex  et  octo 
vocum;  aoctwe  Alardo  Nucéo  rulgo  Du 
Gaucquier,  insulano^  Sereniss.  Principis  Ma- 
thias  Ausiri,  etc.,  musicorum  prsefecto,  Jam 
primumin  lucem  édita.  Anl'uerpi«,  ex  officina 
Christophori  Plantini,  typographi  regii,  1539, 
in-fol.  de  XCV  feuillets  chiffrés  d*un  seul  c6té.  Les 
ouvrages  contenus  dans  ce  volume  sont  :  l°/n  As- 
persiane  aqu»  benedicix,  à  6  voix  ;  2^  Missa 
Mœror  cuncta  tenet,  k  5  voix  ;  3^  Missa  sine 
nomine,  à  6  voix ,  k^  Missa  Beati  omnes,  à  6 
voix  ;  5^  Missa  sine  nomine,  à  8  voix. 

NUGHTER  (Jbam-Pbilippb),  magister  et 
directeur  de  musique  à  Erbach,  en  Souabe ,  na- 
quit à  Augsbourg,  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle.  Il  s*est  fait  connaître  par  un  recueil 
de  messes  solennelles  de  sa  composition,  inti- 
tulé :  Ovum  paschaîe  novum ,  seu  Missx  do- 
minicalis,  4  vocibus  et  4  instrumentts  con- 
cert. ;V\nu  169o,  in- 4*. 

NUCIUS  (Fbédéric-Jeak),  né  à  Gcerlitz,  ea 
1 556,  fut  d'abord  moine  au  couvent  de  Rauden, 
en  Silésie,  puis  abbé  de  Himmelwitx.  Dans  sa 
jeunesse  il  étudia  la  musique  chez  Jean  Win- 
kler,  à  Mitlweyda,  en  Saxe.  Il  fut  considéré 
comme  un  des  musiciens  les  plus  instruits  de 
son  temps,  et  se  fit  connaître  avantageusement 
comme  compositeur  et  comme  écrivain  didacti- 
que. Il  était  ftgé  de  cinquante-six  ans  lorsqu'il 
publia  an  traité  de  composition ,  intitulé  :  Musicx 
poeticx,  sive  de  compositione  cantus  prœcep' 
iiones  absolutissimx^  nunc  primum  a  F, 
Pfucio,  Gorlicensi  Lusatio,  ahhate  Gymielni- 
censi  in  lucem  editm,  typis  Crispini  Scharf- 
fenberg  /.  typographi  Nissensis  \  de  Neiss  ) , 
anno  mdcxiii,  in-4°  de  U  feuilles.  Ce  livre,  bien 
que  peu  volumineux,  est  un  des  meilleurs  ou- 
vrages du  même  genre  publiés  en  Allemagne. 
Les  principales  compositions  de  Nucius  ont  été 
publiées  sous  les  titres  suivants  :  1®  Modula- 
iiones  sacrx  modis  musicis  b  et  6  vocum 
comp.t  Prague,  1591,  in-4*.  2**  Caniionum  sa- 
crarum  5  etùvocumf  lib.  I  et  II,  Liegnitz  1609. 
Hoffmann  cite  anssi  Nucius,  dans  son  livre 
sur  les  musiciens  de  la  Silésie  (  p.  335),  comme 
auteur  de  plusieurs  hymnes  telles  que  :  Christe, 


qui  lux  es  et  dies,  à  4  voix;  Benedictus  Deus, 
à  6  voix;  Nudus  egressus  sum;  Homo  natus 
sum,  à  6  voix  ;  Vana  salus  hominis  ;  Domine 
Deus  nosier;  Puer  qui  natus  est;  Nunc  dimit- 
tis,  à  6  voix;  Ab  oriente,  à  5  voix;  Domine^ 
non  secundum  ;  Factum  est  silentium^  à  5 
voix. 

NUWAIRI  ou  NOWAIRI  (Scbéhab- 
Eddim-Abmed),  écrivain  arabe  du  huitième  siècle 
de  riiégire,  était  né  en  Egypte,  et  mourut  Pan 
732  (1331-2  de  J.-G.),  à  l'ftge  de  cinquante  ans. 
Également  célèbre  comme  jurisconsulte  et 
comme  historien,  il  avait  écrit  plusieurs  ouvrages, 
dont  un  seul  est  maintenant  connu  :  c'est  une 
sorte  d'encyclopédie  historique  rangée  par  ordre 
de  matières.  Elle  a  pour  titre  :  Nihayat  alarab 
/ifonoun  aladab  (Tout  ce  qu'on  peut  désirer 
de  savoir  sur  les  diverses  branches  des  sciences). 
Cette  encyclopédie,  divisée  en  cinq  parties,  dont 
chacune  renferme  cinq  livres,  forme  dix  volumes. 
La  bibliothèque  de  Leyde  en  possède  un  manus- 
crit complet.  Dans  le  troisième  livre  de  la.  se- 
conde partie,  Nowairi  traite  de  la  musique,  du 
chant  et  des  instruments  à  cordes  ;  des  opinions 
des  docteurs  concernant  ces  choses  ;  des  grands 
personnages  qui  ont  cultivé  la  musique;  de 
l'importation  de  cet  art  dans  la  Perse  et  dans 
l'Arabie;  deThistoire  des  musiciens;  de  ce  qu'un 
musicien  doit  savoir,  et  de  ce  que  les  poètes  ont 
dit  de  la  musique  et  des  instruments. 

NYON  (Claude-Guillauhb),  dit  La  Foundy, 
né  à  Paris  en  1567,  se  distingua  par  son  habileté 
sur  le  violon,  et  fut  breveté  par  lettres  patentes 
comme  roi  des  violons  et  maiire  des  joueurs 
d* instruments,  tant  haut  que  bas,  daiis  tout 
le  royaume  de  France.  Dans  un  acte  authen- 
tique, passé  le  21  août  1608,  il  prend  aussi  la 
qualité  de  violon  ordinaire  de  la  chambre  du 
roi.  Noyon  parait  avoir  été  le  premier  qui  ait 
institué  des  lieutenants  du  roi  des  violons  dans 
les  provinces.  Il  mourut  en  1641 ,  et  eut  pour 
successeur  Gaillard  Taillasson,  dit  Mathelin  {voy. 
Taillassok).  Dans  la  collection  d'ancienne 
musique  française  recueillie  par  Philidor,  sous  le 
règne  de  Lonis  XIV ,  on  trouve  une  sarabande 
connue  sous  le  nom  de  Sarabande  de  GuiZ- 
laume,  qui  est  de  la  composition  de  Nyon. 


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0 


OBERHOFFER  (HEEiRi),né  mJsembla- 
blemeot  à  TrèTes,  fat  d^abord  professeur  de 
piano  dans  cette  ville,  et  publia  une  méthode 
élémentaire  de  piano  sons  le  titre  :  Kurz  ge- 
fasiie  mœgL  VolUt,  prakUsche  Klavierschule 
mit  vielen  Beispielen  und  Uebvmgen  (École 
pratique  du  piano,  courte  mais  complète,  aiec 
beaucoup  d'eiemples  et  d'exercices)  ;  Bonn,  Sim- 
rock.  Il  a  donné,  comme  supplément  à  cet  ou- 
vrage :  Six  pièces  à  quatre  mains  pour  le 
piano;  ibid.  Plus  tard, M.  OberbofTer  s'est  fixé  à 
Luxembourg,  où  il  Tit  maintenant  (1862),  en 
qualité  de  professeur  du  séminaire  des  institu- 
teurs du  grand  duché.  On  a  de  cet  artiste  dis- 
tingué un  bon  livre  intitulé  :  Harmonie  und 
Compositions  lehre  mii  besonderer  RiicksidU 
aufdes  Orgelspiel  in  KathoUsehen  Kirchen 
(  Science  de  rharmonie  et  de  la  composition  avec 
des  observations  particnilères  sur  le  jeu  de 
l'orgue  dans  les  églises  catholiques);  Luxem- 
bourg, Heintze  frères»  1860,  1  vol.  gr.  in-S""  de 
4&1  pages.  Les  exemples  donnés  par  M.  Ober- 
boTfer  sont  bien  écrits,  et  l'harmonie  en  est  élé- 
gante. Cet  artiste  est  membre  honoraire  de  la 
société  d'archéologie  chrétienne  et  historique  de 
TrèTes. 

OBERLuENDER  (J.),  organiste,  professeur 
de  piano  et  compositeur  à  Aix-la-Chapelle  vers 
1830,  a  fait  exécuter  dans  cette  ville,  en  1836, 
ose  symphonie  de  sa  composition,  qu'il  a  dédiée 
an  roi  des  Pays-Bas ,  Guillaume  1^.  Je  n'ai  pu 
troQTer  aucun  antre  renseignement  sur  cet 
artiste. 

OBERLBITNER  (Aimaé),  né  le  17  sep- 
tembre 1786,  à  Angem,  dans  la  basse  Autriche, 
apprit  dans  son  enfance  le  chant  et  le  violon  dans 
récole  de  cet  endroit.  En  1804,  son  père,  admi- 


nistrateur de  la  seigneurie  d'Angem,  l'envoya  k 
Tienne  pour  étudier  la  chirurgie;  mais  son  pen- 
chant pour  la  musique  lui  fit  négliger  la  profes- 
sion qui  lui  était  destinée,  pour  l'étude  de  la  gui- 
tare et  de  la  mandoline,  sur  lesquelles  il  acquit 
une  habileté  remarquable.  Il  a  publié  environ 
quarante  œuvres  pour  ces  instruments  chez  les 
divers  éditeurs  de  Vienne;  mais  il  a  conservé  en 
manuscrit  beaucoup  de  quatuors,  trios,  varia- 
tions, etc.  En  1815,  Oberleitner  a  obtenu  un  em- 
ploi dans  la  maison  de  l'empereur,  puis  i)  fut  ins- 
pecteur de  l'argenterie  de  la  cour  impériale.  Ses 
occupations  multipliées  dans  ce  poste  lui  ont 
fait  négliger  la  musique  dans  les  derniers  temps. 

OBERMAYER  (Joseph),  violoniste  dis- 
tingué, naquit  en  1749,  à  Nezabudicz,  en  Bohème, 
et  fut  élèvede  Kammel.  Plus  tard,  le  comte  Vin- 
cent Waldstein  l'envoya  en  Italie  pour  y  per- 
fectionner son  talent.  Tartini  l'admit  dans  son 
école  et  lui  transmit  sa  belle  et  large  manière 
d'exécuter  l'adagio.  De  retour  en  Bohême,  Ober- 
mayer  y  reprit  ses  fonctions  de  valet  de  chambre 
du  comte  Waldstein.  Vivant  dans  les  terres  de 
ce  seigneur,  il  se  faisait  rarement  entendre  en' 
public,  mais  il  reparut  avec  éclat  à  Prague  en> 
1801,  et  le  4  juillet  1803  il  fit  admirer  son  ta- 
lent dans  la  fêle  musicale  qui  fut  donnée  à  l'é- 
glise de  Strabow,  quoiqu'il  fût  alors  ftgé  de  cin- 
quante-quatre ans.  Il  vivait  encore  en  1816; 
mais  depuis  lors  on  n'a  plus  en  de  renseigne* 
ments  sur  sa  personne.  Obermayer  avait  en  ma- 
nuscrit plosiears  concertos  de  sa  composition  : 
aucun  de  ses  ouvrages  n'a  été  gravé. 

OBERNDŒRFFER  (DAvm),  composi- 
lenr  allemand,  vécut  à  Francfort  vers  le  miUeo 
du  dix-septième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  de  sa 
composition:  Allegrexaui  musicale,  on  cliok 


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OBERNDœRFFER  —  OBRECHT 


343 


de  payanes,  gaillardes,  entrées,  canzonettes,  ri- 
cercari,  etc.,  à  4, 5,  6  parties,  pour  divers  ins- 
truments; Francrort-sur-le-Mein,  1650,  iD-4^. 

OBERTHUR  (...}»  professeur  de  barpe  dis- 
tingoé,  fut  attaché  au  service  du  duc  de  Nassau, 
comme  musicien  de  la  chambre,  et  résida  à 
Wiesbaden,  où  il  fit  représenter  avec  succès  un 
opéra  qui  avait  pour  titre  Floris  von  Namur, 
£o  1847  et  1848,  il  était  à  Francfort;  puis  il  se 
rendit  à  Londres,  où  il  est  encore  (1862).  Cet 
artiste  a  publié  un^  concerto  pour  la  harpe  avec 
orchestre,  et  des  pièces  de  salon. 

OBIZZI  (Dominique),  musiden  italien,  vécut 
an  commencement  du  dix-septième  siècle.  Il  a 
fait  imprimer  de  sa  coulposilion  :  Madrigali 
concertati  a  due^  tre,  quattro  e  cinque  voci, 
lihro  primo;  Venise,  1627,  in-4^. 

OBRECHT  (Jacques),  un  des  plus  grands 
musiciens  du  quinzième  siècle,  et  peut-être  le 
plus  habile  de  tous  les  contrepointistes  de  ce 
temps,  parait  avoir  vu  le  jour  vers  1430,  à  Ulrecht 
qui^  alors,  était  sous  la  domination  des  ducs  de 
Bourgogne,  et  à  ce  titre  ne  formait  qu'un  seul 
État  avec  la  Belgique.  En  1465,  Obrecht  était 
matlre  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  cette  ville. 
Érasme,  qui  était  né  à  Rotterdam  en  1467,  et 
qui  avait  été  placé  comme  enfant  de  chœur  dans 
cette  église,  à  Tftge  de  six  ans,  apprit  la  mu- 
sique- sous  la  direction  de  ce  maître.  Glaréan, 
qui  nous  apprend  ce  fait  {fnDodecaek.,  p.  256), 
le  tenait  d'Érasme  même.  L'habileté  et  la  facilité 
d'Obrecbt  étaient  si  grandes,  qn'il  lui  suffisait 
d'une  nuit  pour  composer  une  messe  digne  de 
l'admiration  des  plus  savants  musiciens  de  son 
temps.  Hanc  prxterea  fama  est,  dit  Glaréan 
(loc.  cit.),  tanta  ingenii  celeritale  ae  iwven» 
iionis  copia  viguisse,  ut  pet  unam  noctem^ 
egregiam,  et  qux  dociis  admircUioni  esset, 
missam  componeret.  La  plupart  des  circons- 
tances de  la  vie  de  cet  artiste  célèbre  ont  été  igno- 
rées jusqu'ici;  mais  il  est  hors  de  doute  qu'il  a 
visité  l'Italie,  puisque  Aaron  déclare,  dans  ce 
passage,  ravoir  connu  à  Florence  :  Summos  in 
arte  viros  imétati^  prœcipue  vero  Josquinum^ 
Obret,  IgaaCf  et  Agricolam,  quihuscum  mihi 
FïorentixfamiUaritas  et  eonsuetudo  summa 
fuit,  (De  institutione  harmonica,  lib.  m,  c.  », 
fol.  39,  verso).  Une  dilBcoHé  assez  grande  se 
présente  id  cependant,  car  on  verra  plus  loin, 
par  les  documents  découverts  dans  les  archives 
de  l'église  Notre-Dame  d'Anvers,  que  Obrecht 
était  mort  avant  1507  ;  or,  si  Aaron  n'avait  que 
vingt-sis  ans  lorsqu'il  ^publia  le  livre  d'où  est 
tiré  le  passage  qu'on  vient  de  lire,  et  qui  ne  fut 
publié  qu'en  loi 6,  il  est  impoesiblequ'il  ait  connu 
Oln-ccht,  car  il  ne  serait  né  qu'en  1489  ou  1490,  et  ' 


Ton  verra  tout  à  l'heure  que  les  dix  dernières  an- 
nées de  la  vie  de  rillnstre  maître  qui  est  l'objet 
de  cette  notice  furent  tourmentées  par  les  mala* 
dies  et  les  infirmités  qui  ne  lui  permirent  plus 
de  voyager.  Si  donc  on  accepte  comme  irrécusable 
le  témoignage  d'Aaron,  il  faut  de  toute  nécessité 
rectifier  le  chiffre  de  l'âge  de  cet  écrivain  au 
moment  où  il  publia  son  livre,  et  supposer  qu'il 
naquit  vers  1470,  an  lieu  de  1490  (1).  Dans 
cette  hypothèse,  il  aurait  pu  connaître  Obrecht 
vers  1491,  avant  que  celui-d  vint  concourir 
pour  obtenir  la  place  de  maître  de  chapelle  de 
la  collégiale  d'Anvers.  Grftce  à  l'obUgeance  par- 
faite de  M.  le  chevalier  Léon  de  Burbure,  et  aux 
recherches  persévérantes  qu'il  a  bien  voulu  faire  à 
ma  demande,  je  puis  donner  id  des  renseigne- 
ments précis  sur  la  dernière  époque  de  son 
existence  :  ces  renseignements  sont  tirés  de  do- 
cuments authentiques  qui  se  trouvent  dans  les 
archives  de  l'église  Notre-Dame ,  d'Anvers. 

Ala  mort  de  Jacques  Barbireau  {voyez  ce  nom), 
en  1491,  le  chapitre  de  cette  église  s'occupa  dé 
la  nécessité  de  lui  donner  un  remplaçant  :  treize 
compétiteurs  se  présentèrent,  et  furent  misa  l'es- 
sai tour  à  tour  pendant  une  année  pour  la  direc- 
tion de  la  musique.  Maître  Jacques  Obrecht, 
qui  était  de  ce  nombre,  fut  jugé  le  plus  capable 
de  succéder  au  maître  décédé,  et  fut  installé  dans 
son  emploi  en  1492.  Son  nom  est  écrit  dans  di- 
verses pièces  contemporaines  Obrech,  Hcibrecht^ 
on  en  latin  Ùberii  et  Hoherti,  Non-seulement 
il  était  maître  dexhapelle  du  choeur,  mais  il  eut  en 
même  temps  la  place  de  maître  de  chant  de  la 
chapelle  de  la  Vierge.  Deux  ans  après  (1494),  il 
obtint  une  chapelame  (bénéfice)  dite  la  pre- 
mière à  l'autel  de  Saini-Josse  (Sancti  Judod 
prima),  dans  la  même  église.  Les  livres  de 
compte  du  chapitre  font  connaître  qu'Obrecbt  fit 
faire  pour  les  offices  du  grand  chœur  (qui,  en 
1494  étaient  exécutés^  par  67  chanteurs,  non 
compris  les  enfants)  de  nouveaux  livres  de  dé" 
chant,  lesquels  contenaient  des  messes  pour  les 
grandes  fêtes,  des  motets,  des  Magnificat,  et 
qu'il  corrigea  les  fautes  des  andens  livres.  Les 
comptes  de  la  chapelle  de  la  Vierge,  rapprochés 
de  ceux  du  corps  des  chapelains,  nous  appren- 
nent aussi  qu'Obrecht  fit  de  fréquentes  absences 
et  qu'il  fut  souvent  malade,  notamment  en  1496, 
1498, 1501  et  1504;  enfin,  que  lorsqu'il  reprenait 
ses  fonctions,  on  lui  faisait  des  ovations  et  des 
cadeaux  de  bienvenue.  On  voit  de  plus  dans  les 

(I)  Je  n'ai  pas  fatt  cette  obsenrattoQ  dans  la  notice  d'I- 
saaCf  où  l'at  cité  lé  mêiae  passage,  parce  qoe  Je  ne  con- 
naissais pas  alors  les  doeanents  anthentiques  concernant 
Obrecht,  qot  m'ont  étéeommnnlqnés  postértenrencAt  par 
H.  de  Barbure. 


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844 


OBRECHl 


mêmes  coniptes  que  ses  absences  de  la  chapelle 
de  la  Vierge  furent  si  longues  en  1501  et  1504, 
qu'on  jugea  nécessaire  de  lui  donner  pour  sub- 
stitut d'abord  maitre  Michel  Berruyer{\),  puis 
Gaspar  {voyez  C6nom)t  un  des  principaux  chan- 
teurs (2),  etrtn^imnaûre  Jean  Raes,  qui,  après 
!a  mort  d'Obreclit,  conserva  toutes  ses  fonctions. 
Parmi  les  noms  cités  dans  ces  mêmes  comptes, 
à  l'occasion  d'Obreciit ,  on  voit  celui  de  maître 
Georges,  par  qui  ce  maître  fit  écrire  de  nou- 
veaux recueils  de  motets.  Ce  nom  est  inconnu 
parmi  ceux  des  musiciens  beiges  dont  on  a  im- 
primé les  compositions  ;  car  ce  ne  peut  être 
Georges  de  la  BèlCf  qui  naquit  un  demi-siècle 
plus  tard. 

La  considération  dont  jouissait  Obrecbt  était 
si  grande,  que  les  plus  célèbres  artistes  venaient 
le  visiter  de  toutes  parts  et  lui  soumettaient 
leurs  ouvrages.  Ainsi,  en  1492,  plusieurs  musi- 
ciens étrangers  à  la  ville  d'Anvers  vinrent  chan- 
ter sous  sa  direction,  pour  faire  juger  sans  doute 
par  lui  de  leur  habileté  dans  l'exécution  de  la 
musique  dans  le  système  si  difficile,  et  à  vrai 
dire  absurde,  de  la  notation  proportionnelle  de 
cette  époque.  En  1493,  ce  furent  les  chanteurs 
de  la  collégiale  de  Bois-le-Duc  qui  vinrent  vi- 
siter la  chapelle  de  Notre-Dame  et  son  illustre 
maître.  En  1493,  Obrecbt  reçut  la  visite  d*un 
célèbre  musicien  français  ou  belge,  qui  avait 
été  au  service  de  Galéas  Sforce,  duc  de  Milan,  et 
qui,  sans  doute,  après  l'usurpation  de  Ludovic 
Sforce,  avait  été  congédié  comme  Gaspard  Van 
Veerbeke  et  d'autres.  Bemardino  Corio,  con- 
temporain de  cet  artiste,  dit,  dans  son  Histoire 
de  Milan,  que  le  duc  Galéas  entretenait  dans  sa 
chapelle  trente  musiciens  ultramontains,  aux- 
quels il  accordait  de  gros  appointements.  L'un 
d'eux,  dit-il,  nommé  Cordier,  avait  cent  ducats 
par  mois  (3).  Il  doit  y  avoir  quelque  erreur 
dans  ce  chiffre.  En  1496,  Obrecbt  eut  l'honnenr 
d'être  visité  par  le  maitre  de  la  chapelle  du  pape, 
Christofanq  Borbone,  de  la  famille  du  marquis 
de  Peralta,  évêque  de  Gortone,  qui  occupa  sa 
charge  à  la  chapelle  pontificale  depuis  1492  jus- 
qu'en 1507.  Obrecbt  avait  envoyé  en  1491  une 

il)  Ce  nom  n'ett  conoa  jusqu'à  ce  Jour  par  aacone  com- 
poAlUon  imprimée  ou  manuscrite,  ni  par  aucune  citaUoa. 

il)  Il  parait  que  Caspar  oo  Gaspard  Van  VeerlMke,  après 
son  retour  de  Milan  à  Aadenarde,  sa  f  Ule  natale,  en  14M, 
ne  s'j.éUbUt  pas  et  qu'il  se  rendit  A  Anrers,  où  U  trouTa 
une  ppsUion  parmi  les  chanteurs  de  la  collégiale,  et  fut 
considéré  comme  un  des  plus  habiles. 

(S)  //  duea  GaUatto  stipendkma  trenfa  mauM 
oUrctmontanî  eongrûue  mercedi,  Uno  dU  e$ii  namUuUo 
Cordiero  nêaveva  oento  OmcaU  al  méSê.  Dell»  epeoêUên-' 
tisslmo  oraU»ê  me$$er  BernarMno  Corio  MUaneÈe  HU" 
tm-ia,  ewdinM»U  étOa  origine  di  Mitmo  tutti  U  getti, 
fasU,  etc.;  Venise,  tUk^  in-4«. 


messe  de  sa  composition  aux  chantres  de  Saint 
Donatien  de  Bruges  ;  ils  vinrent  en  corps  le  re- 
mercier en  1494.  Toutes  ces  visites  étaient  ac- 
compagnées de  banquets  et  de  présentations  de 
vin  d'honneur,  dont  les  frais  sont  portés  aux 
comptes  de  la  chapelle  dans  les  registres. 

Obrecht  entretint  des  relations  habituelies 
avec  divers  artistes  distingués  depuis  son  entrée 
à  la  chapelle  de  la  collégiale  d'Anvers  jusqu'à  ses 
derniers  moments.  Voici  les  noms  de  ceux  que 
M.  de  Burbure  a  trouvés  dans  les  documents 
qu'il  a  consultés  : 

1**  Henri  (  et  plus  souvent  Barri)  BredenJers 
qui,  après  avoir  été  enfant  de  chœur  de  la  cha- 
pelle de  la  Vierge  jusqu^en  1488^  fut  organiste  de 
le  même  chapelle  depuis  1493  jusqu'en  l&Ol. 

2''  Maure  Jacques  Van  Doome  (en  latin  De 
Spina)^  son  successeur,  organiste  d^un  talent 
remarquable  pour  cette  époque. 

3**  Antoine  Van  den  Wyngaert  (en  latin  De 
Vined),  qui  avait  été  élève  d'Obrecht  (vojei 
Van  de»  Wyngaert). 

4^  Jacotin  {voyez  ce  nom). 

5**  Maure  Michel  Beruyer  ou  Berrwfer, 
dit  de  Lessines,  parce  quMI  était  né  dans  le  bourg 
de  ce  nom ,  chapelain  de  la  collégiale  d'Anvers, 
excellent  musicien  et  chanteur  du  chœur. 

6®  Jean  Régis  {voyez  oe  nom). 

T"  Maitre  Jean  de  Bukèle,  dit  maître  Jean 
d*Anvers,  facteur  d^orgues  renommé,  décédé  en 
1504. 

8^  Jean  Nepotis  (ou  de  A'eve),  chapelain,  reçu 
en  1495. 

,.,  ^  Corneille  de  Hulst ,  Rogier  et  Fitrre 
Montrewiij  dit  di'Àmiens,  tous  chanteurs  de  la 
collégiale. 

10^  Jean  de  Guyse^  vicaire,  et  Antoine  Ra» 
veston,  ancien  chantre  de  là  chapelle  pontifi- 
cale. 

XV*  Maàre  Charles  CoutereaUf  chanoine  et 
musicien  savant,  qui  légua,  en  1515,  à  l'admi- 
nistration des  enfants  de  chœur  de  Notre-Dame, 
unefermesituée  au  village  de  Wommeighem,  près 
d\\nvers,  dont  le  revenu  a  servi,  jusqu'en  1797, 
à  l'entretien  et  à  Péducation  littéraire  des  en- 
fants de  ctiœur  indigents,  lorsqu'ils  perdaient  la 
voix  à  la  suite  de  la  mue. 

12*  Enfin  Jacquet,  surnommé  le  Lî^eois, 
copiste  de  musique  et  clianteur  instmtt,  et  Jf i- 
chel  de  Boek^  le  jeune,  chapelain. 

La  date  précise  de  la  mort  d'Obrecht  n'a  pas 
été  trouvée  par  M.  de  Barbure  :  son  noai<  ne 
figure  pas  dans  les  comptes  des  funérailles  de  la 
collégiale;  mais  au  chapitre  des  recettes  da 
compte  des  chapelahis ,  qui  commence  à  la 
Saint^lean  d'été,  et  qoi  est  clos  le  2S  juin  1507» 


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OBRECHT 


S-lâ 


on  trouve  ces  mots  :  «  item  les  anciens  des  clia- 
R  pclains  ont  reçu  la  moitié  des  droits  d^instal- 
R  lation  de  Gérard  Gysels,  familier  du  chanoine 
n  maître  Liévin  Nélis,  mis  en  possession  de  la 
R  première  chapelanie  de  l'autel  de  Saint-Josse, 
n  vacante    par    le  décès  de    maître  Jacques 
«  Obreclit  (1).  »  Or,  ce  maître,  qui  depuis  1502 
n'assistait  plus   àUTL  offices  du  grand  chœur, 
cessa  de  remplir  ses  fonctions  à  la  chapelle  de 
la  Vierge  en  1 504,  sans  doute  à  cause  de  son  âge 
avancé  et  du  mauvais  état  de  sa  sauté  ;  d^où  il 
résulte  que  son  décès  eut  lieu  entre  les  années 
1504  et  1507,  et  selon  toute  apparence,  à  une 
date  approchée  de  cette  dernière»  car  un  béné- 
fice ne  restait  jamais  longtemps  sans  titulaire. 

Après  Érasme,  Télève  le  plus  connu  d'Obrecht 
est  Antoine  Van  den  Wyngaert,  d'Ulrecht,  qui 
fut  chapelain  de  la  collégiale  d^Anvers,  et  qui, 
comme  on  vient  de  le  voir,  demeura  toujours  en 
relation  avec  lui.   On  croit  aussi  qu'Obrecht 
enseigna  la  musique  à  Thomas  Tzamen  et  à 
Adam  Luyr,  tous  deux  d'Aix-la-Chapelle.  Il  eut 
d'ailleurs  beaucoup  d^influence  sur  le  perfec- 
tionnement de  Tart  de  son  temps,  car  il  est  su- 
périeur à  tous  ses  contemporains  en  ce  qui  con- 
cerne le  mouvement  des  voix  dans  Tharraonie. 
Obrecht  jouissait  d'une  grande  autorité  parmi 
les  musiciens  du  quinzième  siècle,  à  cause  de 
son  profond  savoir.  Noos  sommes  heureusement 
en  possession  de  monuments  assez  importants 
de  son  talent  pour  avoir  la  conviction  que  cette 
autorité  était  justement  acquise.  Le  plus  consi- 
dérable de  ces  restes  précieux  est  un  recueil  de 
cinq  messes  à  quatre  voix  imprimé  à  Venise  eu 
1503,  par  Octavien  Petrucci  de  Fossombrone; 
ce  recueil  a  pour  titre  :  Misse  obreht  (sic).  Je 
ne  demande,  Grecarum.  Fortuna  desperata. 
Malheur  me  bact.  Salve  diva  parens.  Ce  ti- 
tre ne  se  trouve  qu'à  la  partie  du  supetius; 
les  autres  parties  ont  simplement  au  premier 
feuillet  A  pour  altus,  T  pour  ténor,  B  pour 
bassins;  mais  à  l'avant-dernier  feuillet  de  cette 
dernière  on  lit  :  Impressum  Venetiisper  Octa- 
vianutn  PetruUum  Forosemproniensem,  i^^ 
die  24   Martii»  cum  privUegio  invictissimi 
Dominum  Venettarumque  nuUus  possit  can^ 
ium  fiffuratum  imprimere  sub  pena  in  ipso 
privilegio  contetUa.  Au-dessous  est  la  marque 
de  J 'imprimeur.  L'impression  du  texte  est  go- 
tiiique,  petit  iA-4''  oblong.  Quant  à  la  notation 
de  la  musique,  ou  sait  quelle  est  la  perfection 

(1)  isoo-istrr.  item  rtceptrunt  {mt^jorei)  de  medid  rt^ 
etptione  Capellanim  CeraUU  (GyMla)  /amUiaris  wutgU- 
iri  Uvimé  (KH\»)adaUaH  Smncti  Jmdoei,  vaoantls  per 
olHtum  magittri  Jmçobi  OOr^eJU.  -  Vlli  ac.  8  cmiUm 
de  Brabant). 


des  caractères  de  Petrucci.  La  pagination  de 
quatre  parties  se  suit  de  cette  manière  :  le  su- 
perius  est  contenu  dans  les  18  premiers  feuil- 
lets, suivis  de  deux  feuillets  dont  les  portées  sont 
en  blanc;  le  ténor  commence  au  feuillet  21  et 
finit  au  verso  du  33^,  suivi  d'un  feuillet  avec 
les  portées  vides  ;l'a2^u4 commence  au  35«  feuil- 
let et  finit  au  verso  du  55»e ,  suivi  d'un  feuillet 
blanc;  enfin,  la  basse  commence  au  feuillet  57  et 
finit  au  verso  du  feuillet  74,  suivi  de  celui  qui  porte 
la  date  de  l'impression  et  le  nom  de  Timprimeur 
avec  sa  marque,  et  d'un  feuillet  à  portées  vides. 
Trois  exemplaire8,dont  deux  incoroplets,de  ce  pré- 
cieux recueil  existent  eu  Allemagne  :  celui  de  la  bi- 
bliothèque royale  de  Berlin  est  complet;  la  basse 
manque  à  celui  de  la  bibliothèque  Impériale  de 
Vienne,  et  la  bibliothèque  royale  de  Munich  ne 
possède  que  deux  des  quatre  parties.  Un  autre 
exemplairecoropletest  à  la  bibliothèque  du  Lycée 
communal  de  musique  à  Bologne.  A  la  vente  de 
rintéressante  bibliothèque  musicale  de  M.  Gas- 
pari,  de  Bologne,  faite  à  Paris  au  mois  de  fé^ 
vrier  1862,  un  exemplaire  complet  s'est  trouvé 
et  a  été  acquis  par  M.  le  libraire  Asher,  de 
Berlin;  puis  il  est  devenu  la  propriété  de  M.  Li- 
bri,  qui  Ta  fait  mettre  en  vente  à  Londres  avec 
la  réserve  de  sa  riche  bibliothèque,  au  mois  de 
juillet  de  la  même  année  :  il  est  aujourd'hui  en 
ma  possession. 

Le  premier  livre  des  messes  de  divers  auteurs, 
à  4  voix,  publié  en  1508,  par  Octavien  Petrucci, 
contient  la  messe  d'Obrecht  qui  a  pour  titre 
Si  Didero,  Ce  recueil,  intitulé  Missarum  di^ 
versorum  auctorum  liber  primus^  porte  ces 
mots  au  dernier  feuillet  de  la  basse  1  Impressum 
Venetiis  per  Octavianum  Petrutium  Forosem- 
proniensenif  ihOS  die  iS  maHii.  cumprivU 
legio,  etc.,  petit  in-4°  obi.  Les  messes  des  au- 
tres musiciens  contenues  dans  ce  recueil  sont  cel- 
les-ci :  De  franza,  par  Basiron  (sic)  ;  Dringhs, 
par  Brumel;  Vas-tu  pas,  par  Gaspar;  De 
sancto  Antonio,  par  Pierre  de  la  Rue.  11  y  a  des 
exemplaires  complets  de  ces  messes  dans  le  Mu- 
séum britannique,  à  Londres,  dans  la  bibliothè- 
que impériale  devienne,  et  dans  la  bibliothèque 
royale  de  Munich.  Deux  auti^  messes  d'Obrecht 
se  trouvent  dans  la  collection  rarissisme  intU 
tulée  :  Missx  tredecim  quatuor  voeumaprœs- 
tavUissimis  arti/lcibw  composite;  tforim- 
bergst,  arte  Hieronymi  Graphxi,  civls  Ao- 
rimbergensis,  1539,  petit  ln-4°  obi.  Les  messes 
d'Obrecht  ont  pour  titres  :  Ave  Regina  ecelO' 
rum,  et  Petrus  Apostolus, 

Dès  le  treizième  siècle,  Tosage  de  donner  des 
textes  différentsaux  diverses  voix  qui  chantaient 
une  messe  ou  an  motet  s'était  introduit  particu- 


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846 


OBRECHT  —  OCCA 


lièrement  en  France  et  dans  les  Pays-Bas.  On  en 
trouve  des  exemples  dans  one  des  messes  de 
Guillaume  Dufay  contenues  dans  le  manuscrit 
6557  de  la  bibliothèque  royale  de  Belgique. 
Baini  en  cite  des  exemples  puisés  dans  les  ma- 
nuscrits de  la  chapelle  pontificale  qui  appar- 
tiennent ans  maîtres  les  plus  célèbres  des  quin- 
lième  et  seizième  siècles,  entre  lesquelles  se  trouve 
une  messe  d'Obrecht  à  4  voix  (sinenominé),  dans 
le  volume  35  des  archives  de  cette  chapelle  (1). 
Dans  le  Credo  de  cettç  messe,  à  VIncamatusest, 
Obrecht  Cait  clianter  par  le  ténor  une  des  grandes 
antiennes  de  Noël  (0  clavis  David,  etc.),  et  dans 
les  deux  Agnus  Dei  il  fait  dire  par  la  même  voix 
les  paroles  d'une  prière  à  saint  Donatien,  patron 
principal  de  la  ville  de  Bruges,  dont  le  texte 
est  :  Meaie  pater  Danatiane,  pium  Dominum 
Jhesum  pro  impie tatihvs  nostris  déposée. 
Cette  messe  est  la  même  que  le  mallre  avait 
envoyée  aux  chanteurs  de  Téglise  Saint-Dona- 
tien de  Bruges,  en  1491,  et  pour  laquelle  ils  se 
rendirent  en  corps  à  Anvers,  en  1494,  dans  le 
dessein  de  lui  offrir  leurs  remerclments. 

Baini  cite  d'autres  messes  d'Obrecht  sur  d'an- 
ciennes chansons  françaises,  lesquelles  existent 
parmi  les  manuscrits  de  la  chapelle  pontifi- 
cale (2),  mais  sans  les  désigner  d'une  manière 
précise.  Les  motets  de  ce  grand  maître  n'offrent 
pas  moins  d'intérêt  que  ses  messes,  dans  le 
système  des  formes  de  son  temps.  Le  plus  an- 
cien recueil  où  Ton  en  trouve  est  le  troisième 
livre  de  la  collection  publiée  par  Petnicd,  sous 
le  titre  Harmonice  musices  Odhecaton  (voyez 
Petrccci.)  Ce  livre,  publié  en  1503,  est  intitulé  : 
Canti  C  n°  cento  cinquante.  On  en  trouve  uu 
exemplaire  complet  dans  la  Bibliothèque  impériale 
de  Vienne.  Le  premier  motet  de  la  collection  est 
un  AveBegina  cœlorumt  à  4  voix ,  d 'Obrecht. 
Dans  les  Motetti  Ubro  quarto,  mis  au  jour  par 
le  même  imprimeur,  en  1505,  petit  in^*^  oblong, 
on  trouve  de  ce  maître  :  1°  Quis  numerare 
queat^h  voix.  —  2'  Laudes  Christoredemptori, 
idem.  —  3**.  Beata  es  Maria  Virgo,  idem.  —  4**  0 
Béate  Basili  confessor^  idem.  Un  exemplaire 
de  cet  ouvrage  est  à  la  Bibliothèque  impériale  de 
Vienne.  Le  premier  livre  de  motets  à  cinq  voix  pu- 
blié par  Petrucci,  à  Venise,  dans  la  même  année, 
renferme  les  motets  suivants  d'Obrecbt  :  i^  Fac- 
ior  orbis  Deus,  —  2*  Laudamus  nunc  Domi' 
num,  —  3*»  0  pretiosissime  sanguis.  Le  re- 
cueil de  motets  intitulé  Seleciœ  Harmonix  qua^ 
iuorvocum  de  Passione  Domini  (  Vitebergœ, 
apud  Georg.  Bhauum,  1538,  petit  in-4°  obi.) 

(1)  Voyez  BalQi,  Af0inoH«  storieo-crttiche  délia  vita 
$  deil»  9pm%  M  Pierluiffi  da  Pahttrina,  tom.  1 ,  p.  B«. 

m  /'OC.  €it,  p.  IBS,  0.  SM. 


renferme  une  Passion  à  4  voix  du  même  maître;, 
et  des  hymnes  à  quatre  voix  de  sa  composition 
se  trouvent  dans  le  Liber  primus  sacrorum 
hymnorum  centum  et  triginta  quatuor  Bym- 
nos  continens,  ex  optimis  quibusque  auihori- 
bus  musicis  collectus,  etc.;  Vilebergx  apud 
Georgium  /{/lav,  1542,  petit  in-4®  obi.  GUréan 
a  inséré  dans  son  Dodecachordon  on  Parce 
Domine  d'Obrecht  à  trois  voix  (p.  260} ,  et  an 
canon  à  deux  voix^  ibid,,  p.  257,  lesquels  sont  eo 
partition  dans  l'Histoire  de  la  musique  de  Forkel 
(t  II,  p.  524  et  526).  On  trouve  aussi  dans  le 
livre  de  Sebald  Heyden  :  Musicx  id  est  ariis 
Canendi  (lib.  2,  cap.  6) ,  un  Qui  tollis,  encsaon 
à  deux  voix ,  extrait  de  la  messe  de  ce  maître  inti- 
tulée Je  ne  demande.  La  précieuse  collectioa  po* 
bliéc  par  Conrad  Peutinger  à  Augsbourg,  en  1520, 
in  fol.  max.,  sous  le  titre  :  Liber  seleciarvm 
cantionum  guas  vulgo  mutetas  appellant, 
renferme  un  superbe  motet  d'Obrecht  {Salre 
Crux  )  à  5  voix,  divisé  en  trois  parties.  J*ai  mis 
en  partition  et  en   notation  moderne  ce  mor- 
ceau ,  chef-d'œuvre  de  facture  élégante  poor  le 
temps  où  il  a  été  écrit.  Enfin ,  Grégoire  Faber  a 
donné  dans  son  livre  Musices  practieœ  erotc' 
matum  libri  II  (p.  212-213)  un  Christe  eldson 
d'Obrecht  à  3  voix,  en  propottion  double,  qae 
j'ai  résolu  en  partition  dans  les  notes  de  réditioa 
préparée  des  (Bovres  de  Tinctoris. 

Obrecht  a  écrit  aussi  des  chansons  mondaines 
qu'on  trouve  dans  les  premier,  second  et  troi- 
sième livres  (A,  B,  C)  de  la  collectioii  rarissime 
de  Petrucci  intitula  Harmonice  Musices  Odhe- 
caton (Venise,  1501-1503).  Les  premiers  mots 
de  ces  chansons  à  3  et  à  4  voix  sont  ceux-ci  : 
V  Jay  pris  amours;  2**  Vray  Dieu,  qui  me 
confortera;  3*  Va  vitement;  4*  Mon  père 
m'a  donné  mari;  5*  Rompeltier;  «•  Tander 
naken (chanson  flamande)  ;VSià  tort  on  ma 
blâmée;  S^lesGrans  (sic)  Regrés;  9^  Est  possi- 
ble que  Vhome  peult  (sic);  10^  Forseulement; 
11®  Tant  que  notre  argent  durera;  12^  La 
Tourturella. 

OCCA  (ÀNTOiNfi  DALL*) ,  virtuose  sar  la  con- 
trebasse, né  le  l'r  juin  1763,  à  Cento,  près  de  Bo- 
logne, a  voyagé  en  France,  en  Bdgiqoe  et  eo 
Allemagne,  donnant  des  concerts  pendant  les 
années  1821  et  suivantes.  Je  crois  que  cet  ar- 
tiste est  le  même  qni,  après  s'être  hM  entendre 
à  Berlin  en  1801 ,  avait  donné  des  concerts  ï 
Slettin  avec  W^  Grassini ,  et  avait  été  attaciié 
à  la  cliapelle  impériale  de  Pétersboiirg-  En  1818, 
il  donna  des  concerts  à  Kiew  et  à  Lembeig  avec 
sa  fille,  pianiste  distinguée.  Il  était  oncle  de  la 
cantatrice  5o/)Me  dalVOcca,  qui  devint  ensuiia 
jtfœe  Schoberlechner,  Antoine  dalPOcca  ert 


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OCCA  —  ODINGTON 


347 


mort  à  Florence,  le  17  septembre  1846,  àl*âge 
de  quatre-YÎngt-trois  ans. 

OCH  (André),  musicien  allemand,  fixé  à 
Paris,  y  a  publié,  en  1709,  des  trios  de  violon 
sous  ce  titre  :  Sei  Sinfonie  a  tre,  2  violini  e 
bassOf  op.  1. 

OGHS  (JEAN-CBRÉTIEIf-LoiJIS)  OU  OCHSS, 
organiste  à  Téglise  de  la  Croix ,  à  Dresde ,  est 
né  dans  cette  yille  le  20  décembre  1784.  II  fut  d'a- 
bord organiste  de  Téglise  Saint- Jean  et  de  Frauen 
Kirche,  £n  1822,  Il  succéda  à  Lommatzche' 
dans  la  place  d'organiste  de  l'église  de  la  Croix. 
Il  a  fait  imprimer  de  sa  composition  :  V*  Six 
tbèmes  variés  pour  le  piano;  Dresde,  cbez  Tau- 
leur.  —  2»  Deux  recueils  de  danses  allemandes 
pour  le  piano;  Leipsick  et  Dresde.  —  3^  Six  pré- 
ludes pour  des  chorals;  ibid.  Cet  artiste  remplis- 
sait encore  ses  fonctions  d'organiste  en  1840. 

OCHSGNKUIV  (SÉBASTIEN),  luthiste  au 
service  d'Otbon-Henri,  électeur  palatin,  en  1558, 
a  publié  dans  cette  année,  par  ordre  de  son 
maître,  un  recueil  de  pièces  pour  le  luth.  Il  mou- 
rut le  2  août  1574,  et  fut  inhumé  à  fleidelberg. 
On  voit  encore  rinscription  allemande  de  son 
tombean  dans  l'église  Saint-Pierre  de  cette  ville. 
GDI  (Flahinio),  né  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle»  fut  chantre  à  l'église  Sainte-Marie- 
Majeure  de  cette  ville,  puis  devint  chapelain- 
chaotre  de  la  chapelle  pontificale.  Il'  occupait 
encore  cette  dernière  position  è  Tftge  d'environ 
qaatre-vingts«ns,en  1655,  car  il  écrivit  une  messe 
à  dnq  voix,  qui  est  en  partition  dans  la  col- 
lection de  l'abbé  Santini,  et  qui  porte  cette  date. 
Suivant  une  note  deVabbé  Santini,  FlamioioOdi 
aurait  été  fils  naturel  d'un  prince  souverain. 
Ce  chantre  s'est  fisit  connaître  par  un  recueil 
de  compositions  publié  sons  ce  titre  :  Madri- 
gaU  spirituaU  a  quattro  voci,  libro  primo; 
Bart.  Magni,  1608,  in-4^  Il  parait,  d'après  ce 
titre  de  l'exemplaire  existant  dans  la  bibliothèque 
du  Lycée  communal  de  musique,  è  Bologne , 
que  Bartholomé  Magni  eut  une  imprimerie 
de  musi^iue  à  Rome.  (  Voyez  Magni.) 

ODlËR  (Louis),  n'était  pas  Anglais  de  nais- 
sance, comme  le  disent  Gerber  et  ses  copistes  ; 
mais  il  naquit  à  Genève  en  1748,  et  monrut  dans 
cette  ville»  le  13  avril  1817.  Après  avoir  fait  ses 
homanitée  dans  sa  ville  natale,  il  suivit  les 
cours  de  physique  de  Saussure  et  de  matliéma- 
liques  de  Bertrand,  puis  alla  étudier  la  médecine 
à  Toniversité  d'Edimbourg  sous  Cullen,  Monro, 
Black,  etc.  Il  prit  ses  degrés  en  1770,  et  sou- 
tint ,  à  cette  occasion,  une  thèse  qui  a  été  impri- 
mée soua  ce  titre:  Epistola  phyâologica  inau- 
guralis  de  elementariis  musicx  sensationi- 
buSf  Edimbourg,  1770,  in-8''.  De  retour  à  Ge- 


nève, Odier  y  professa  la  médecme.  Il  était 
membre  de  l'Académie  de  cette  ville,  de  la  so- 
ciété de  médecine  d'Edimbourg,  et  correspon- 
dant de  rinstitut  de  France.  Chiadni  reproche 
beaucoup  d'inexactitudes  à  la  dissertation  d'O- 
dier. 

ODINGTONou  ODYNGTON  (Walter), 
bénédictin  du  monastère  d'Evesham,  dans  le 
comté  de  Worcester,  en  Angleterre,  écrivit  un 
traité  de  musique  au  commencement  du  règne 
de  Henri  III,  c'est-à-dire  vers  1217.  Tanner  (in 
Biblioth.  britan,  f  558),  sur  l'autorité  de  Pits , 
de  Baie  et  de  Leland,  dit  qu'il  florissait  vers  1240 
0*1  environ  vingt-trois  ans  plus  tard  ;  mais  on  volt 
dans  une  charte  d'Etienne  Langton,  citée  en  note 
par  le  même  écrivain,  que  Walter  d'Evesham, 
moine  de  Cantorbery,  fut  élu  archevêque  de 
cette  ville  en  1228,  douzième  année  du  règne  de 
Henri  III,  et  que  le  pape  cassa  l'élection.  Le 
traité  de  musique,  daté  d'Evesham,  avait  con- 
séquemment  été  écrit  avant  la  translation  d'O- 
dington  de  ce  monastère  à  celui  de  Canterbury 
ou  Cantorbery,  et  plus  longtemps  encore  avant 
rélectlon  dont  il  est  question  dans  la  cbarie  ci- 
tée par  Tanner.  Si  j'insiste  sur  ce  point,  assez  in- 
différent en  apparence,  c'est  qu'il  n'est  pas  sans 
importance  pour  démontrer  l'antiquité  de  la  doc- 
trine de  Francon  concernant  la  musique  mesurée  ; 
car  ce.'demier  est  cité'  par  Odington  en  des  termes 
qui  font  voir  que  cette  doctrine  était  déjà  an- 
cienne de  son  temps  (voyez  l'article  de  Franoon 
dans  cette  Biographie  universelle  des  musl' 
dens).  Stevens,  traducteur  et  continuateur  du  Mo- 
nasticon  angUcanum  deDogdale,^vait  trouvé 
des  documents  d'après  lesquels  il  dit  que  Walter 
Odington  était  d'une  humeur  enjouée,  quoique 
sévère  observateur  de  la  discipline  monastique; 
qu'il  possédait  une  instruction  étendae,  et  qu'il 
se  livrait  jour  et  nuit  à  un  travail  assidu.  Il 
ajoute  qu'il  ne  connaissait  de  ses  travaux  qu'un 
traité  de  la  spéculation  de  la  musique  (1  )  ;  cependant 
Pits,  Baie,  Tanner,  Moreri  et  tous  les  biographes 
de  Walter  Odingtmi  affirment  qu'il  était  mathé- 
maticien, astronome,  et  qu'il  a  écrit  deux  traités 
De  motibtts  planetarwn  et  De  mutatione 
aeris.  Son  goût  pour  le  calcul  se  fait  remarquer 
dans  les  premiers  livres  du  Traité  de  musique 

(S)  Walter,  mosk  of  Bvesban.  a  imd  of  a  facetfoiu  wlt, 
who  applylos  biaself  to'  lUeratnre,  test  he  shonld  sink 
under  the  labour  of  the  day»  tbe  watching  at  nJght,  and 
continuai  obserranee  of  rrgnlar  disdpIlDe.  usedlat  spare 
hours  to  tflTcrt  Mmaelf  wttli  tb«  décent  and  reoommen- 
dable  dWenloa  of  moalck .  to  render  hlmcelC  tbe  more 
cbearful  for  other  dutles.  Wbetber  at  length  thU  drew  btm 
f rom  other  studios  I  know  not ,  but  tbere  appears  no 
other.  wo  A  of  bis  than  a  pièce  entuied  Of  the  Spécula- 
tion  of  mutUU,  He  flonrlshcd  in  1140. 


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348 


ODINGTON  —  ODOiN 


qu'il  a  laissé  sous  ce  titre  :  De  speculatione 
musicx.  Le  seul  manuscrit  connu  de  cet  ouvrage 
se  trouve  dans  la  bibliothèque  du  collège  du 
Christ,  à  Cambridge;  cependant  il  a  dû  en 
exister  d^aatres^  car  celui-là  est  du  quinzième 
siècle,  suivant  cette  indication  du  catalogue  de 
là  bibliothèque  publié  en  1777  (in-i**,  p.  410, 
n**  15)  :  Codex  membranaceus  in  V*  secuh  XV 
scriptvSf  in  quo  continetur  Summus  fratris 
Walteri  (Odingtoni)  monachi  Eveshamix  mu- 
sici  Speculatione  musicae.  Le  livre  de  Walter 
OdîDgton,  qui  commence  par  ces  mots  :  Plura 
quam  digna  de  mwiex  speculatoribus  per- 
utiliat  etc.,  est  divisé  en  six  parties.  La  ma- 
tière y  est  disposée  avec  peu  d'ordre,  car  la 
première  et  la  troisième  parties,  également  spé- 
culatives ,  concernent  les  divisions  de  l'échelle , 
d'après  le  monocorde,  et  les  proportions  arith- 
métiques et  harmoniques  des  intervalles.  On  y 
trouve  aussi  celles  des  longueurs  de  cordes,  des 
tuyaux  d'orgue,  et  des  cloches;  c'est  le  plus  an- 
cien ouvrage  connu  qui  renferme  des  rensei- 
gnements sur  ce  dernier  sujet.  La  seconde  partie 
traite  des  cousonnances,  des  dissonances  et  des 
qualités  harmoniques  des  intervalles.  La  qua- 
trième partie  est  relative  aux  pieds  rhythmiques 
de  la  versification  latme.  La  cinquième  partie 
est  consacrée  à  la  notation  du  plain- chant  par 
les-  lettres  de  l'alphabet  romain,  et  aux  anciens  si- 
gnes de  notation  pour  le  chant  simple,  liéet  orné,  en 
usage  au  treizième  et  au  commencement  du  qua- 
torzième siècle,  dont  on  trouve  des  exemples  dans 
quelques  anciens  graduels  et  antiphonaires.  Dans 
ces  cinq  premières  parties,  ce  moine  fait  preuve 
de  beaucoup  d'érudition,  et  montre  une  connais- 
sance étendue  de  la  littérature  grecque,  de  la 
musique,  et  du  chant  des  églises  de  l'Orient  et  de 
POccident.  La  sixième  partie  est  entièrement  con- 
sacrée à  la  musique  mesurée  suivant  le  système 
de  la  notation  noire  exposée  dans  le  livre  ôe 
Francon,  et  à  l'harmonie  en  usage  au  treizième 
siècle.  Burney  prétend  que  les  exemples  qu'on  y 
trouve  sont  incorrects  et  souvent  inexplicables  : 
mais  s'il  avait  eu  des  connaissances  plus  solides 
dans  l'ancienne  notation,  il  aurait  vu  que  les 
corrections  sont  beaucoup  plus  faciles  qu'il  ne 
croyait.  Le  manuscrit  connu  sous  le  nom  de  Tp- 
berius,  du  Musée  britannique  (B.  IX,  n^  3), 
contient  un  traité  de  la  notation  de  la  musique 
mesurée,  à  la  fin  duquel  on  trouve  ces  mots  : 
Hxc  Odyngtonus.  J'ignore  si  ce  petit  ouvrage 
est  extrait  de  celui  de  Cambridge,  n'en  ayant 
pas  fait  la  collation  lorsque  j'ai  examiné  ce  ma- 
nuscrit, en  1829. 

ODOARDI   (  Joseph  },  simple  paysan,  né 
au  territoire  d'Ascoli,  dans  la  Marche  d'Aucune, 


vers  1740,  fut  conduit,  par  les  seulestdispositions 

'  de  son  génie  à  fabriquer  des  violons,  sans  avoir 
jamais  été  dans  l'atelier  d'ud  luthier,  et  parvint 

I  à  donuer  à  ses  instruments  des  qualités  si  re- 
marquables, qu'ils  peuvent,  dit-on,  soutenir  la 
cooiparaison  avec  les  meilleurs  violons  de  Cré- 
mone. Quoiqu'il  soit  mort  à  l'&ge  de  vingt-huit 
ans,  il  en  a  pourtant  laissé  près  de  deux  cents, 
qui  sont  aujourd'hui  recherchés  en  Italie  parles 
amateurs. 

ODON  (S.),  moine  issu  d'une  famille  noble 
de  France,  étudia  sous  la  direction  de  Rémi 
d'Auxerre,  puis  (en  899)  fut  chanoine  et  pre- 
mier chantre  de  Saint-Martin  de  Tours.  Dix  ans 
après  il  entra  au  monastère  de  Beaume,  en  Fcao- 
che-Comté,  fut  troisième  abbé  d'Aurillac,  dii- 
huitième  abbé  de  Fleuri,  et  enfin  devint  en  927 
abbé  de  Cluny.  Il  mourut  dans  ce  monastère  le 
18  novembre  942 ,  ainsi  que  l'a  prouvé  le  P. 
Labbe,  contre  l'opinion  deSigebert,  qui  place  en 
937  l'époque  de  la  mort  de  ce  saint.  Parmi  les 
écrits  conservés  sous  le  nom  d'Odon,  on  trouve 
un  Dicdogus  de  musica,  que  l'abbé  Gerbert  a 
inséré  dans  sa  collection  des  écrivains  ecclésias- 
tiques sur  la  musique  (t.  I,  pp.  252  ^  suiv), 
d'après  le  manuscrit  de  la  biblioUièque  impériale 
de  Paris,  coté  7211,  in-fol.  Ce  dialogue  traite  de 
la  division  et  de  l'usage  du  monocorde,  da  ton 
et  du  demi-ton,  des  consonnances ,  des  modes, 
de  leurs  limites,  de  leur  transposition  et  de  leurs 
formules.  On  peut  considérer  cet  ouvrage  comme 
un  manuel  pratique  de  la  musique  de  l'époque 
où  il  fut  écrit. 

Plusieurs  auteurs  ont  attribué  le  dialogue 
d'Odon  à  Guido  ou  Gui  d'Arezzo ,  et  même  oa 
trouve  des  manuscrits  des  onzième  et  douzième 
siècles  où  il  porte  le  nom  de  celui-ci.  Angeioni, 
dans  sa  dissertation  sur  la  vie,  les  œuvres  et  le 
savoir  de  Guido  d'Arezzo  (1),  ne  balance  pas  à 
décider  que  le  dialogue  est  en  efifel  de  Guido. 
Les  motifs  de  son  opinion  sont  :  1^  Que  parmi 
les  manuscrits  de  la  bibliothèque  impériale  de 
Paris,  les  n^s  7211  et  7369  seuls  ont  le  nom  d'O- 
don ;  le  manuscrit  37 13  attribue  clairemeot  l'ou- 
vrage à  Gui  par  ces  mots  placés  à  la  fin  :  Es- 
pUcit  liber  dialogi  in  miuica  editus  a  domino 
Guidone  pOssimo  miutco,  et  veneruffiU  mo- 
naeo.  On  trouve  aussi  ce  dialogue  dans  le  ma- 
nuscrit 7461  de  la  même  bibliothèqu.e,  sans  nom 
d'auteur,  à  la  vérité;  mais  le  volume  ne  contient 
que  des  ouvrages  du  moine  d'Arezzo.  2®  Mont- 

i  faucon  {BibUotKeca  bibUothecarum ,  L  f,  p. 

I  58,  n®  1991)  cite,  dans  la  description  des  tMf 

!      (l)  Sopra  la  vUa,  le  opéré  ed  U  sapêre  di  Cuido  A'A- 
j   /Tc:o.  resiauratort  deUa  seienMa  «  étlV  arU  muéicat 
\ i'i.  15  cl  suiv. 


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ODON  —  OECHSKER 


349 


nuscriCs  da  Vatican ,  Guidonis  dialogus  de  mu- 
sica,  et  d%w  le  catalogue  de  la  bibliotlièque 
Laorentienne  de  Florence  (t.  I,  p.  300,  col.  2}, 
Widonis  liber  secundus  in  forma  dialofji, 
S*"  Dans  le  dialogue,  Tauteur  parle  du  gamma, 
et  Ton  croit  généralement  que  ce  signe  a  été 
ajouté  par  Guido  au-dessous  de  TA  des  latins. 
4""  Enfin,  ie  moine  Jean,  qni  a  vécu  avec 
Odon,  et  qui  a  écrit  sa  vie  (  Vid,  Bihlioth,  du- 
niacense,  fol  14  et  seq.,  ac  Mahillon.  Acta 
sanctor.  ord.  bened.  ),  ni  Nagold ,  à  qui  Pon 
en  doit  une  plus  étendue ,  n^  font  mention  de  ce 
dialogue  au  nombre  de  ses  ouvrages. 

A  toutes  ces  demi-preuves,  auxquelles  on 
pourrait  opposer  les  manuscrits  de  Saint-Émeran, 
à  Ratisbonne,  des  abbayes  de  Saint>Blaise  et 
d*Ainiont,  de  Vienne,  du  Musée  britannique  et 
d*autres  grandes  bibliothèques,  qui  sont  tous  sous 
le  nom  d'Odon,  il  y  a  une  réponse  victorieuse 
fournie  par  Guido  lui-même  à  la  fin  de  sa  lettre  à 
Michel  y  moine  de  Pompose,  concernant  la  ma- 
nière de  déchiffrer  des  chants  inconnus;  car  il  y 
cite  le  dialogue,  et  nomme  Odon  pour  son  au- 
teur, dans  ce  passage  :  «  Ce  peu  de  roots  tirés 
n  en  partie  du  prologue  en  vers  et  en  prose  de 
«  Tantiphonaire ,  concernant  la  formnle  des 
«  modes  et  des  Deumes,  nous  semblent  ouvrir 
«  d'une  manière  brève  et  suffisante  l'entrée  de 
«  l'art  de  la  musique.  Cependant  celui  qui  vou- 
«  drait  en  apprendre  davantage,  pourra  consul- 
«  ter  notre  opuscule  intitulé  Micrologue,  et  Ta- 
A  brégé  (Enchirtdion)  que  le  très -révérend 
«  abbé  Odon  a  écrit  avec  clarté  (1).  »  Or,  pour 
lever  tous  les  doutes  à  Tégard  de  l'identité  de 
cet  abrégé  et  du  dialogue,  il  est  bon  de  remar- 
quer que  ce  même  dialogue  porte  le  titre  d'^n- 
dUridion  dans  les  manuscrits  7369  de  la  biblio- 
thèque impériale  de  Paris  et  du  Musée  britan- 
nique, et  qu'on  troave  à  la  fin  de  celui  de  Tabbaye 
d*Aimont  :  ExpUcit  musica  Enchiridionis 
(  voy.  Gerbert.  Saipt,  eccles,  de  musica,  1. 1, 
page  248).  A  Tégard  du  gamma,  dont  Angeloni 
croit  tirer  une  preuve  convaincante  en  faveur  de 
son  opinion,  on  peut  voir  dans  cette  Biographie 
universelle  des  musiciens  l'article  de  Gui  ou 
Guido  d'Arczzo  (tome  IV,  page  146),  où  fai 
démontré  qu'il  n'est  pas  l'auteur  de  son  intro- 
duction dans  l'échelle  générale  des  sons,  et 
qu'elle  est  beaucoup  plus  ancienne.  L'auteur  de 

(I)  Hatc  pauea  quasi  in  prologum  antiphonarii  for- 
mula de  modorum  et  neumamm  rhiftkmice  et  prosaice 
dicta  mu$ie«  artU  ostium  bretiter,  forsitan  et  titf/leien- 
ter  apcrhint.  C^f  autem  evriosut  fuerit,  Hbellum  nos' 
trum,  eni  nomen  MUrûlogut  est»  qtuerat,  libritm  quoqw 
t'nchlridion,  quêtn  reverendUsimus  Oddo  abbas  ïueu- 
lentissitne  composuit  (  apod  Gcrbertum  Script,  ecclesiast. 
deMiulca,  t.  Il,  fol.ftO). 


l'article  Odon  de  lu  Biographie  générale  publiée 
par  MM.  Firmin  Didot  frères,  fils  et  Cie,  dit  que 
le  Dialogue  sur  la  musique  n'est  pas  l'ouvrage 
d'Odon  de  Ciuny,  mais  de  quelque  autre  Odon, 
et  que  l'ahbé  Martin  Gerbert  l'a  reconnu.  Or, 
Gerbert  n'a  rien  dit  de  semblable  :  11  remarque 
seulement  que  ce  petit  ouvrage  est  attribué 
à  divers  auteurs  dans  les  manuscrits,  par  exemple 
à  Bemon  (voyet  ce  nom  ),  dans  un  de  ces  ma- 
nuscrits'qui  est  à  la  bibliothèque  de  Leipsick ,  et 
à  Aurelien  de  Réomé,  ou  à  Guido  d'ArezzOy 
dans  ceux  de  Fabbaye  de  Saint-Biaise.  Il  est  vrai 
qu'il  donne  le  titre  du  Dialogue  de  cette  ma- 
nière :  Incipit  liber  qui  et  dialogus  dicitur 
a  Domino  Oddone  compositus  etc.  :  mais  il 
copie  simplement  ie  manuscrit  271t  de  la  biblio- 
thèque impériale,  d'après  lequel  il  publia  l'ou- 
vrage, sans  émettre  d'opinion.  L'autorité  de 
Guido  d'Arezzo,  qui  écrivait  environ  soixante-dix 
ans  après  la  mort  de  l'abbé  de  Cluny  et  qui 
déclare  ique  l'ouvrage  lui  appartient,  est  ici  dé- 
cisive. 

Les  fragments  intitulés  :  1°  Proemium  tona- 
Wi;  2"  Begulx  de  rhythmimachia;  3"  Begulx 
super  aàacum  ;  4**  Quomodo  organistrum 
construatur;  publiés  par  l'abbé  Gerbert  sous 
le  nom  d'Odon,  ne  me  semblent  pas  lui  appar- 
tenir. Les  recherches  sur  la  figure  arithmétique 
appelée  abacus  sont  de  Gerbert  le  scolastique, 
et  se  trouvent,  sous  le  nom  de  celui-ci,  dans  un 
manuscrit  de  la  bibliothèque  impériale  de  Paris, 
n»  7189,  A. 

O'DONNELLY  (L'abbé),  prêtre  irlandais 
et  visionnaire ,  a  vécu  à  Paris,  à  Versailles,  en 
Angleterre,  et  a  publié  un  assez  grand  nombre 
d'ouvrages  sur  divers  sujets,  particulièrement  sur 
la  musique,  et  sur  la  vraie  prononciation  de  ta 
langue  hébraïque ,  qu'il  croyait  avoir  décou- 
verte. En  1847,  il  était  à  Bruxelles  oil  il  faisait 
des  conférences  et  des  prédications  sur  des  révé- 
lations qu'il  se  persuadait  tenir  directement  du 
ciel.  11  est  auteur  d'un  traité  élémentaire  de  mu- 
sique intitulé  :  The  Academy  of  elementar 
music;  Paris,  imprimerie  de  Moquet,  1841, 
1  vol.  in-8°.0n  a  donné  une  traduction  française 
de  cet  ouvrage  ;  elle  a  pour  titre  :  Académie  de 
musique  élémentaire,  contenant  une  exposi- 
tion claire  de  la  théorie  et  la  base  de  la  pra- 
tique, depuis  les  notions  les  plus  simples  jus' 
qu'à  la  connaissance  complète  de  tous  les 
principes  de  la  science,  et  des  moyens  d^ ar- 
river en  peu  de  temps  à  une  parfaite  exécu- 
tion, ainsi  que  la  rectification  du  système 
musical,  etc.;  traduit  de  l'anglais  par  A.-D. 
de  Cressier;  Paris,  RichauU,  1842,  in-S"*. 

(ffiCHSNER  ( André-JeinLaorent),  vio- 


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350 


OECHSNER  —  OELRICHS 


Jomsle  et  compositeur,  est  né  à  Mayence  le  14 
janvier  1815.  Fils  d*un  bon  amateur,  il  eut  occa- 
sion d'entendre  souvent  de  la  musique  dans  son 
enfance,  et  son  goût  se  prononça  pour  la  culture 
de  cet  art.  Fort  jeune  encore  il  apprit  à  jouer  du 
violon  sous  la  direction  des  meilleurs  maîtres 
de  sa  ville  natale,  et  Heuschkel,  musicien  de  la 
diapelle  du  duc  de  Nassau,  lui  enseigna  les  élé- 
.  ments  de  Tharmonie.  L^arrivée  de  Panny  (  voyez 
ce  nom  )  à  Mayence,  en  1829,  fournit  à  Œchsner 
le  moyen  d'augmenter  son  habileté  sur  le  violon, 
par  les  leçons  de  cet  artiste  distingué.  En  1830, 
il  entra  comme  violoniste  à  Torchestre  du  théâtre 
de  Manheim  et  reçut  des  leçons  de  Frey ,  chef 
d'orchestre  et  bon  violoniste  de  I*école  de  Spohr. 
Il  y  continua  aussi  ses  éludes  d'harmonie  avec 
Eischbom,  second  chef  de  l'orchestre.  De  retour 
à  Mayence  en  1832 ,  il  y  retrouva  son  maître 
Panny,  et  après  y  avoir  donné  un  concert  il  se 
rendit  avec  lui  à  Hambourg,  joua  aux  concerts 
d'Altona  dans  l'hiver  de  1832-1833 ,  et  après 
plusieurs  voyages,  il  accepta  en  1834  une  posi- 
tion de  professeur  à  l'école  de  musique  de  Wes- 
serliog  fondée  par  Panny.  Après  le  départ  de  cet 
artiste  en  1836 ,  Œchsner  lui  succéda  dans  la 
direction  de  l'école,  et  occupa  cette  position 
jusqu'en  1845.  Dans  l'Intervalle  il  fit  plusieurs 
voyages  à  Munich,  où  Ett  lui  donna  des  leçons 
décomposition.  En  184L  et  1842,11  avait  fait 
des  excursions  à  Paris  et  en  Italie.  Enfin ,  en 
1845  il  s'éloigna  de  Wesserling  et  se  rendit  à 
Paris,  où  Alard  lui  donna  quelques  leçons  de 
violon ,  et  dans  la  même  année  il  se  fixa  au 
Havre,  en  qualité  de  professeur  de  musique.  11 
y  a  fondé  des  sociétés  de  musique  d'orchestre 
et  de  chant  d'ensemble.  Les  principales  com- 
positions de  cet  artiste  sont  :  1*^  Une  messe 
pastorale  pour  voix  solo ,  chœur  et  orchestre , 
œuvre  6;  Mayence,  Schott.  — 2<'  Tcmtum  ergo  à  4 
voix  et  orgue^  op.;  15  ;  Paris,  Richault.  —  3*^  Trois 
noëls  variés  pour  l'orgue,  op.  16  ;  ibid.-—  4"  Trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle  «  op.  17^ibid, 
—  5^  Trois  morceaux  de  salon  pour  violon,  avec 
accompagnement  de  piano,  op.  19;  ibid.  -— 
6**  Quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle, 
op.  21  ;  ibld.  Outre  ces  ouvrages ,  M.  Œchsner 
a  en  manuscrit  un  grand  nombre  d'autres  produc- 
tions, parmi  lesquelles  on  remarque  six  quatuors 
pour  instruments  à  cordes. 

ŒDER  (Jean-Louis)  ,  né  à  Anspach,  fut 
conseiller  des  finances  du  duc  de  Brunswick ,  et 
mourut  à  Brunswick ,  le  1 1  juin  1776.  On  lui 
doit  beaucoup  de  petits  écrits  concernant  l'éco- 
nomie politique  et  les  sciences ,  parmi  lesquels 
on  remarque  une  dissertation  De  vibratione 
chordarum,  Brunswick,  1746,  in-4*. 


OEDMAIV  (J0N4S),  licencié  en  philosophie 
de  l'université  de  Lundeu ,  en  Suède ,  prononça 
le  13  mai  1745,  dans  celte  académie,  un  dis- 
cours latin  sur  l'histoire  de  la  musique  religieuse 
en  général ,  et  en  particulier  sur  celle  des  égli- 
ses de  la  Suède.  Ce  morceau  a  été  imprimé  sons 
le  titre  suivant  :  Disserta tio  historica  demu- 
sica  sacra  generatim,  et  ecclesix  Sreo- 
gothicx  speciatim ,  quam  suffragavie  ampi 
ord.  philosophîco  in  regia  Acad.  Gothorum 
Caroltna;  sub  moderatione  D.  Sven  Bring, 
hist,  profess.  reg,  et  ord,  pro  gradu,  pu-, 
blico  candid.  examiné  modeste  submittit 
Jonas  Œdman ,  ad  ecclesiam  Smalandix 
Bringetofia  V.  D.  M.  die  XIII  Maji  A.  C. 
MDCCXLV.  Lundini  Gothorum,  typisCaroU- 
Gustavi  Berling,  in.4o  de  40  pages.  Cette  dis- 
sertation est  remplie  de  recherches  curieuses; 
l'auteur  y  établit  dans  la  deuxième  section  (pp.  22 
et  suiv.)  que  l'usage  de  I^harmonie  des  instru- 
ments dans  l'accompagnement  des  voix  qui  chan> 
talent  les  anciennes  hymnes  en  langue  mœso^ 
gothique  remonte  à  la  plus  haute  antiquité.  Cette 
opinion  est  conforme  à  celle  que  j'ai  pré.^ntée 
dans  le  Résumé  philosophique  de  rhistoire 
de  la  musique  placé  en  tête  de  la  première  édi- 
tion de  la  Biographie  universelle  des  musi- 
ciens. 

OEllLER  (JacqcesFrédéric),  pianiste  et 
compositeur,  élève  de  l'abbé  Yogler,  naquit  à 
Cronsladt,  près  de  Stuttgard,  et  fit  ses  études 
musicales  à  Manheim.  En  1784  il  se  rendit  à 
Paris,  et  y  fit  graver  un  œuvre  détruis  sonates 
pour  le  piano,  op.  1 .  On  connaît  aussi  sous  son  nom 
une  cantate  pour  l'anniversaire  de  la  naissance  da 
duc  de  Wurtemberg. 

(KLRICUS  (Jean-Chàrles-Cokrad),  doc- 
teur en  droit,  historien  et  bibliographe,  né  à  Berlin 
le  12  août  1722,  fit  ses  premières  études  dans  sa 
ville  natale,  et  se  rendit  ensuite  à  Francfort-sor- 
roder  pour  y  faire  son  droit.  En  1752  ,  il  fiit 
nommé  professeur  à  l'Académie  de  Stettin,  et 
occupa  sa  chaire  jusqu'à  l'âge  de  cinquante  ans. 
Alors  11  retourna  dans  la  capitale  de  la  Pmsse,  et 
au  bout  de  quelques  années,  il  y  occupa  le  poste 
de  résident  du  duc  des  Deux-Ponts  et  de  quel- 
ques autres  princes  d'Allemagne,  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  le  30  décembre  1798.  Doué  d'une 
activité  prodigieuse ,  Œlrichs  a  publié  une  quan- 
tité presque  innombrable  de  dissertations  et  d'o- 
puscules bibliographiques,  de  littérature  et  de 
Jurisprudence.  Dans  sa  jeunesse  11  s'était  proposé 
d'écrire  une  histoire  générale  de  la  musique, 
et  avait  rassemblé  une  collection  nombreuse  de 
livres  et  d'œuvres  de  musique ,  dans  laquelle  se 
trouvaient  plusieurs  dissertations  rares  ;  mais  il 


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OtLRICHS  —  OELSCHLEGKL 


3ôl 


n*exécata  pas  ce  projet,  et  l'on  n'a  de  lui  qu'une 
dissertation  intitulée  :  Historische  NachricM 
von  den  akademischen  Wûrden  in  der  Mu- 
stek und  offentlkhen  mu^lcaliscken  Akade- 
mien  und  Gesellschaften  (Notice  historique  sur 
les  dignités  académiques  conférées  à  des  musi- 
ciens, et  sur  les  sociétés  et  académies  musicales), 
Berlin,  1752»  in-8**de  52  pages.  Ce  morcean  ofTre 
quelques  renseignements  qui  ne  sont  pas  dépour- 
TQS  d'intérêt. 

OELSGHIG  (Chrétien),  flûtiste  à  Berlin, 
s'est  fait  connaître  dans  ces  dernières  années 
(1840-1860)  par  environ  douze  œuvres  de  duos^ 
de  solos  et  d'airs  variés  pour  la  flûte ,  publiés  à 
Berlin,  ainsi  que  par  une  tablature  de  la  flûte 
avec  toutes  les  clefs  et  la  patte  en  ut,  intitulée  : 
Tabelle  fiir  die  Flœte  mit  allen  Klappen  und 
C-Fiiss,  nach  den  besten  Schulen  enlworfen  ; 
Berlin,  Lischke.  On  a  aussi  de  lui  une  méthode 
élémentaire  pour  le  même  instrument,  quia 
pour  titre  :  Versueh  um  die  Erlemung  der 
Griffe  auf  der  Flœte  durch  eines  leicht  fass- 
liche  Uebersicht  darzustellen ,  und  mit- 
Uebungbehpielen  versehen,  Berlin,  Crantz. 
M.  Oeischig,  né  à  Berlin,  le  19  novembre  1799, 
a  été  no  liste  au  théâtre  Kœnigstœdt  depuis  1824 
jusqu'en  1851. 

OELSGHLiCGER  (FRinéRic-MARTiN-FEitm- 
ka>d),  chantre  et  organiste  à  Stettin,  est  né 
dans  cette  ville  en  1798.  Le  directeur  de  musique 
Haak ,  dont  il  devint  plus  tard  le  gendre ,  lui 
donna  les  premières  leçons  de  musique.  Vers 
1818,  il  alla  à  l'université  de  Halle  pour  y  étudier 
le  '  droit.  Son  habileté  sur  le  piano  et  dans  le 
chant  lui  Ht  prendre  part  aux  réunions  musicales 
de  cette  ville ,  où  brillait  alors  C.  Lœwe.  Il  y 
fonda  aussi  une  société  d'harmonie,  dont  il  fol  le 
directeur,  et  composa  divers  morceaux^  parmi  les- 
quels on  remarqua  une  bonne  symphonie  à  grand 
orchestre.  Après  avoir  passé  trois  années  à 
Halle  et  y  avoir  achevé  son  cours  de  droit ,  il 
retourna  à  Stettin  en  1821 ,  et  y  obtint  un  em- 
ploi S  la  cour  suprême;  mais  son  penchant 
pour  la  musique  le  fit  renoncer  à  cette  position 
après  plusieurs  années ,  et  reprendre  ses  études, 
particulièrement  sur  la  théorie  de  l'art.  En 
1824,  il  fit  un  voyage  à  Berlin  pour  y  perfec- 
tionner son  talent.  De  retour  à  Stettin ,  il  y  prit 
la  direction  de  Fécole  de  chant  établie  longtemps 
auparavant  par  Haak ,  et  après  la  mort  de  son 
père,  il  lui  succéda ,  en  1825,  dans  les  places  de 
cantor  et  d'organiste  des  églises  Sainte-Marie  et 
du  Château.  Œlschlaeger  avait  eu  manuscrit  des 
compositions  de  tout  genre;  mais  il  n'a  publié 
que  neuf  recueils  de  chants  à  plusieurs  voix  sans 
accompagnement,  Berlin,  Trautwein  et  West- 


phal.  Œlschlseger  est  mort  à  Stettin ,  le  18  mai 
1858,  à  rftgede  soixante  ans. 

OELSGHLEGEL(JEAif-LoHELiùs),  directeur 
de  musique  à  l'abbaye  des  Prémontrés,  à  Prague, 
naquit  à  Losehau  près  de  Dux ,  en  Bohême,  le 
31  décembre  1724.  Ses  premières  études  littérai- 
res furent  faites  à  Marisschein ,  où  il  était  orga- 
niste de  l'église  des  jésuites.  Plus  tard  11  se  rendit 
à  Prague,  où  on  lui  confia  les  orgues  des  églises 
des  Dominicains  et  des  Chevaliers  de  Malte.  En 
1747 ,  il  entra  dans  l'ordre  des  Prémontrés  et  fit 
ses  vœux  au  couvent  de  Strahow.  Neuf  ans  après, 
on  le  chargea  de  la  direction  du  chœur  de  cette 
abbaye;  il  comprit  alors  la  nécessité  d'appren- 
dre la  théorie  de  l'harmom'e  et  de  la  composition  ; 
quoiqu'il  fût  âgé  de  trente-deux  ans,  il  n'hé- 
sita pas  à  prendre  des  leçons  de  contrepoint  de 
Sehling  et  de  Habermann ,  et  pendant  plusieurs 
années  il  continua  ses  études  avec  persévérance. 
LorsquMl  les  ent  achevées,  il  composa  beaucoup 
de  musique  pour  son  église.  Quoiqu'il  n'eût  Ja- 
mais étudié  les  principes  de  la  facture  des  orgues, 
il  entreprit  seul,  en  1759,  la  restauration,  ou  plu- 
tôt la  reconstruction  complète  de  l'orgue  de 
Strahow,  dont  Télat  était  déplorable,  quoique 
cet  instrument  n*eût  été  achevé  qu'en  1746. 
Après  y  avoir  employé  quinze  années ,  il  le  ter- 
mina enfin  en  1774 ,  et  en  fit  la  description,  qui 
fut  imprimée  sous  ce  titre  :  Besckreibung  der 
in  derPfarrkirehe  desK.  Prxmonstratenser^ 
stifts  Strahow  in  Prag  befindlicAen  grossen 
OrgelfSammt vorausgesehickter  kurzgefassten 
Gesehichte  der  pneumatischen  Kirchenorgeln 
(  Description  du  grand  orgue  de  l'église  parois- 
siale de  l'abbaye  des  prémontrés  de  Strahow,  à 
Prague,  précédée  d'une  histoire  abrégée  des  or- 
gues pneumatiques  d'église);  Prague,  Antoine 
Htadky,  1786,  in-8^  de  90  pages,  avec  le  por- 
trait de  ŒIschlegel.  Ce  religieux  a  laissé  en 
manuscrit  une  autre  description  plus  étendae 
de  cet  orgue,  avec  une  instruction  pour  le  fac- 
teur qui  serait  chargé  des  réparations  que  ins- 
trument pourrait  exiger  dans  l'avenir.  ŒIschle- 
gel mourut  dans  son  monastère  le  2  février 
1788,  à  l'ftge  de  soixante-quatre  ans.  Dans  la 
liste  de  ses  compositions  on«ompte  :  1^  Sept  ora- 
torios exécutés  an  couvent  de  Strahow  en  1756, 
1758,  1759,  1760  et  1761.  —  2«  Deux  mystères 
de  la  Nativité  mis  en  musique  et  exécutés  à 
Strahow  en  1761  et  1762.— a*' Une  messe  pasto- 
rale. — 4*'  Une  messe'brève. — 5*  Une  messe  de  Re- 
quiem pour  4  voix  et  orgue.  —  6°  Un  Borate 
Cœli.  —7'' Onze  motels  pour  ravent.—8'' Dix-huit 
motets  pour  des  stations  de  procession.  —9°  Trois 
motets  pour  la  bénédiction  du  saint  sacrement..-^ 
lO''  Un  motet  poor  la  ffite  des  anges.  —  1 1"*  Un  mo- 


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^52 


OELSCHLEGEL  —  OESTERREISCH 


let  pour  Jes  fêles  des  martyrs.  —  l2o  Un  id. 
pour  les  fêtes  de  la  Vierge.  —  13"  Deux  idem 
pour  la  fête-  de  saint  Augustin.  —  14**  .Quatre 
idem  pour  les  fêtes  d*apôtres.  — ■  15°  Cinq  idem 
pour  les  fêtes  solennelles  de  la  Vierge.  — 
W  Sept  idem  pour  les  fêtes  de  confesseurs 
pontifes.  —  n°  Trois  idem  pour  les  fêtes  de 
confesseurs  martyrs.  —  i%°  Onze  idem  pour  les 
fêtes  de  saints.  —  19°  Quatorze  offertoires  de 
iempore,  —  20*  Un  offertoire  pour  la  fête  de 
Moêl.  —  21''  Un  offertoire  pour  rordiiiation  des 
prêtres.  —  22°  Cinq  airs  d'église.  —  23o  Deux 
duos  idem.  —  24^  Deux  litanies.  ~  25»  Douze 
hymnes  de  saint  Norbert,  à  deux  voix  et  orgue. 

—  26°  Un  idem  à  quatre  Toix,  quatre  Tîolons, 
deux  trompettes  et  orgue.  —  27©  Trois  Te  Deum. 

—  28°  Répons  des  matines  de  la  semaine  sainte 
à  4  voix,  2  violons,  alto,  2  hautbois,  2  bassons» 
2  trompettes,  contrebasse  et  orgue.  —  29®  Can- 
tate pour  une  installation  d'abbé,  en  1774.  — 
30O  Deux  Salve  Regina  à  4  voix  et  orgue,  en 
1786  et  1787. 

OERTEL  (....)i  facteur  d'orgues  et  de  pianos, 
vivait  en  Saxe  vers  latin  du  dix-huitième  siècle. 
Il  était  élève  de  Silbermann.  Parmi  ses  meil- 
leurs instruments,  on  remarque  :  1°  Torgue  de 
réglise  deZschopau.~2°  celui  de  Gross-Milckau. 

—  3°  celui  de  Johnsbach. 

ffilRTZEN  (Cbarles-Louis  o'),  conseiller  de 
justice  et  chambellan  du  duc  de  Mecklemboorg- 
Strelitz,  à  Neu-Strelitz,  né  dans  cette  ville  vers 
1810,  a  cultivé  la  musique  avec  succès.  Au  mois 
de  mars  1840,  il  a  fait  représenter  au  théâtre  de 
la  cour  l'opéra  en  quatre  actes  de  sa  composition 
intitulé  :  La  Princesse  de  Messine.  Le  sujet  était 
pris  dans  La  Fiancée  de  Messine ,  de  Scliil- 
1er.  L'ouvrage  obtint  un  brillant  succès,  et  la 
partition,  arrangée  pour  le  piano,  fut  publiée 
à  Leipsick.  Par  des  motifs  inconnus,  M.  d'Œrt- 
zen  abandonna  ses  positions  à  la  cour  du  duc  de 
Mecklembourg  en  1842,  et  s'établit  à  Berlin,  où 
quelques-nnes  de  ses  compositions  religieuses 
furent  exécutées  par  le  Domchor.  En  1846, 
M.  d'Œrtzen  (ut  rappelé  à  Meu-Strelitz,  en  qua- 
lité de  directeur  général  de  la  musique  d'église. 
Quelques  recueils  dcLieder  et  des  chansons  à 
boire  (Trinklieder)  de  sa  composition  ont  été 
publiés  à  Leipsick  et  à  Berlin.  Cet  amateur  dis- 
tingué a  fait  insérer  dans  la  gazette  générale  de 
musique  de  Leipsick  (1848,  p.  81-87)  une  cri- 
tique de  l'écrit  de  Griepenkerl  intitulé  :  Die 
Oper  der  gegenwart  (L'Opéra  de  l'époque  ac- 
tuelle). 

ŒSTEN  (Théodore),  pianiste  et  composi- 
teur à  Berlin,  est  né  dans  cette  ville,  le  31  dé 
cembre  1813.  Dans  ses  premières  années,  il 


commença  l'étude  de  la  musique,  et  apprit  à 
jouer  de  plusieurs  instruments.  Plus  tard  il  re- 
çnt  des  leçons  de  Bœhmer  et  de  Tamm  (  tous 
deux  musiciens  de  la  cour)  pour  la  clarinette  et 
riiarmonie,  et  de  Drcschke  pour  le  chant  et  le 
piano.  En  1734,  admis  comme  élève  h  l'Académie 
royale  des  beaux-arts,  il  y  termina  ses  études  soos 
la  direction  de  Rungenbagen,  de  G.  A.  Schneider 
et  de  Wilhelm  Bach.  Ses  premières  composi- 
tions pour  le  piano  ont  paru  en  1843;  de 
1850  à  1857  il  les  a  fait  publier,  particulière- 
ment chez  Simrock.  Le  nombre  de  ses  ouvrages, 
la  plupart  dans  les  formes  mises  en  vogue  de- 
puis quelques  années,  est  aujourd'hui  d'enviroa 
deux  cents  (iS67). 

OESTERLEIN  (C.-H.),  facteur  de  pianos 
à  Berlin,  dans  la  seconde  moitié  du  dix4iiii- 
tième  siècle,  est  mort  dans  cette  ville  en  1792. 
Il  était  particulièrement  renommé  pour  ses  pii- 
nos  à  queue. 

OESTERLEIN   (  GooEFRoin-CnarsTOPRE  ), 
médecin   à  Nuremberg,   fut  élève  de  Wâss 
{voyez  ce  nom)  pour  le  luth,  et  se  fit  en  Alle- 
magne la  réputation  d*un  très -habile  luthiste.  Il 
;  est  mort  à  Nuremberg,  en  1789. 
i      OESTERREICHER  (Geor«es),  né  en  1576, 
I  fut  d'abord  attaché  au  service  du  margrare 
d'Anspach,  en  qualité  de  musicien  de  sa  cha- 
pelle, et  se  maria  à  Anspach  en  1602.  En  162 1 
\  on  lui  offrit  la  place  de  canior  à  Windsheim  ; 
il  Taccepta  et  mourut  en  cette  ville  dans  l'année 
I  1633.- Les  mélodies  qu'il  a  composées  pour  un 
!  grand  nombre  de  cantiques  se  trouvent  dans  les 
I  livres  de  chant  d'Anspach,  de  Heilbronn,  de  Ro- 
!  thenbourg   et  de  Windsheim.    Précédemment 
I  elles  avaient  été  publiées  séparément  sous  ce  ti- 
I  tre  :  Œsterreichs  Cawtorbttchlein  (Petit  livre 
!  du  cantor  Œsterreicher);  Rolhenbourg-sur-la- 
^  Tauber,  1615,  ln-8°. 

1  OESTERREISCH  (Charles),  né  à  Mag- 
j  debourg  en  1664,  fréquenta  l'école  de  la  ville 
I  dans  son  enfance,  et  y  reçut  les  premières  leçons 
[  de  musique  d'un  cantor  nommé  Sche/fler.  A 
l'Âge  de  quatorze  ans,  il  entra  à  l'école  de  Saint- 
Thomas  de  Leipsick,  et  y  fit  de  grands  progrès 
dans  le  chant,  sous  la  direction  de  Schelleim.  La 
peste  qui  se  déclara  à  Leipsick  en  1680  l'obligea 
de  se  réfugier  à  Hambourg,  où  il  chanta  dans 
les  églises.  Après  y^voir  séjourné  trois  ans,  Œs- 
terreisch  retourna  dans  sa  ville  natale  et  s'y  li- 
vra à  l'étude  du  clavecin  et  de  l'orgue.  Il  reçut 
aussi  des  leçons  de  composition  du  maître  de 
chapelle  Theile;  puis,  en  1686,  il  entra  dans  la 
chapelle  du  duc  de  Wolffenbûttel,  en  qualité  de 
ténor.  Son  talent  de  chanteur  y  fut  perfectionné 
par  les  leçons  qu'il  reçut  des  deux  castrats  Giu* 


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QESTERREISCH  —  OFFENBACH 


353 


%lani,  de  Venise,  et  Auionini^  de  Rome.  En 
1690,  il  obtint  la  place  de  malire  de  chapelle  du 
prince  de  Uolstein-Gottorp,  et  en  remplit  les 
fonctions  josqu'en  1702,  époque  de  la  mort  de 
ce  prince.  Alors  la  chapelle  fut  supprimée.  Il  Tut 
ensuite  engagé  au  service  de  la  cour  à  Bruns- 
ivick;  pois  il  obtint  la  place  de  cantor  à  Téglise 
du  château  de  Wolffenbultel.  Il  y  forma  le  talent 
de  quelques  jeunes  cantatrices,  et  en  récompense 
^e  ce  service,  il  fut  nommé  maître  de  chapelle 
de  la  cour.  En  1719,  le  nouveau  duc  de  Hol- 
stein  rappela  à  sa  cour  pour  y  organiser  la  cha- 
pelle dont  la  direct  ion  lui  fut  confiée.  Il  est 
mort  dans  cette  position  en  1735.  Cet  artiste  est 
le  premier  Allemand  qui  ait  connu  et  cultivé 
Tart  du  chant  d*après  les  traditions  de  l'ancienne 
école  dltalie. 

OESTREIGH  (Charles),  Tirtuose  sur  le 
cor  et  compositeur,  a  joui  d'une  brillante  répu- 
tation en  Allemagne.  Né  vraisemblablement  en 
Sa\e,  il  fut  d'abord  attaché  à  la  chapelle  royale 
de  Dresde;  mais  en  1826  il  s'est  fixé  à  Franc- 
fort, à  la  suite  d*un  voyage  qu'il  avait  entrepris 
pour  étendre  sa  renommée.  Depuis  ce  temps,  il 
n'a  pas  quitté  cette  ville.  Ses  compositions  pour 
le  cor  sont  restées  en  manuscrit  :  il  n'en  a  fait 
f^raver  que  douze  trios  pour  trois  cors  qui  ren- 
ferment  des  exercices  pour  les  jeunes  artistes. 
On  a  aussi  gravé,  à  Bonn,  chez  Simrock,  une 
polonaise  pour  flûte  avec  orchestre  qui  est  con- 
sidérée comme  un  de  ses  meilleurs  ouvrages.  Ses 
autres  compositions  consistent  en  plusieurs  ca- 
hiers de  petites  pièces  pour  le  piano,  et  de  chan  • 
sons  avec  accompagnement  de  cet  instrument. 
Il  est  vraisemblable  qu'un  opéra  allemand  iutitulé 
Die  Bergknappen  (Les  Mineurs),  qui  fut  joué 
à  Weimar,  en  1S39,  sous  le  nom  de  Charles 
Œsterreich,  compositeur  de  Francfort,  ap- 
partient à  Charles  Œstreich,  dont  l'orthographe 
du  nom  aura  été  altérée. 

OCSTREIGH  (Jean-Marc),  bon  facteur 
d'orgues,  vécut  à  Oberbimbach,  près  de  Fulde, 
où  il  naquit  le  25  avril  1738,  et  mourut  en  1813. 
Outre  beaucoup  de  réparations  d'anciens  instru- 
ments il  a  construit  37  orgues  nouvelles,  grandes 
et  petites,  particulièrement  dans  la  Hesse,  à 
Bijckebourg,  et  dans  les  environs. 

OETTINGER  (Frédéric-Christophe  ),  ou 
ŒTÏNGER,  conseiller  du  duc  de  Wurtemberg, 
savant  philologue  et  écrivain  mystique,  na> 
quit  le  6  mai  1702,  à  Goppingen,  dans  le  duché 
de  Wurtemberg,  et  fréquenta  successivement 
les  académies  de  Tubingue,  de  Jéna  et  de  Leip- 
sick.  Après  avoir  voyagé  quelque  temps  en  Hol- 
lande, il  revint  dans  le  Wurtemberg,  fut  nommé 
pasteur  à  Hirschau,  en  1738,  et  devint  le  chef 

BIOGR.  imiT.    DES  MUSICIENS.  ^  T.   VI. 


de  la  secte  des  piétistes,  dans  cette  partie  de  l'Al- 
lemagne. Devenu  surintendant  des   églises  du 

Wurtemberg  en  1752,  il  fut  enfin  élevé  à  la  di- 
gnité de  prélat  à  Murhard,  où  il  est  mort  le  10 
février  1782.  Au  nombre  de  ses  écrits,  on  trouve  : 
JSulerische  und  FriàkUche  Philosophie  uber 
die  Musih  (Philosophie  d'£uler  et  de  Fricksur 
la  musique);  Neuwied,  1761,  in-8\ 

OETTINGER  (Éhouaru-Marie),  bibliogra- 
phe, journaliste  et  romancier,  est  né  d'une  famille 
Israélite  à  Breslau,  le  19  novembre  1808.  Après 
avoir  fait  ses  études  à  Tuniversité  de  Vienne,  il  ré- 
digea plusieurs  journaux  satiriques  à  Berlin,  Mu- 
nich,Hambourg,  Manheim  et  Leipsick.  Depuis  1829 
jusqu'en  1851,  il  fut  frappé  de  nombreuses  con- 
damnations pour  ses  attaques  contre  les  divers 
gouvernements  de  l'Allemagne,  et  fut  obligé  de 
se  réfugier  à  Paris,  où  il  passa  toute  Tannée  18ô2. 
£n  1853,  il  vint  s'éUblir  à  Bruxelles  et  y  vécut 
quelque  temps  ;  mais  il  en  fut  expulsé  à  la  de- 
mande des  gouvernements  étrangers.  J'ignore  où 
il  est  au  moment  où  cette  notice  est  écrite  (1862). 
Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  mentionner  le  très- 
grand  nombre  d'écrits  produits  par  son  imagina- 
tion et  sa  verve  mordante  ;  il  n'y  est  mentionné 
que  pour  deux  ouvrages  qui  ont  des  rapports 
avec  Tobjet  de  ce  dictionnaire.  Le  premier  est  une 
Bibliographie  biographique  ou  Dictionnaire 
de  26,000  ouvrages  tant  anciens  que  moder- 
nes, relatifs  à  Vhistoire  de  la  vie  publique  et 
privée  des  hommes  célèbres  de  tous  les  temps 
et  de  toutes  les  nations ,' Ldpskk,  Guillaume 
Engelmann;  1850,  un  vol.  in-4^  de  788  pages  à 
2  colonnes.  Une  deuxième  édition  très-aug- 
mentée  de  ce  livre  fut  publiée  à  Bruxelles  sous 
le  titre  de  Bibliographie  biographique  univer- 
selle, 1853-1854,  2  vol.  in-4''.  On  a  peine  à 
comprendre  qu'un  tel  ouvrage,  fruit  de  recher- 
ches immenses,  ait  pu  être  fait  par  un  homme 
dont  la  vie  fut  constamment  agitée.  On  y  trouve  , 
l'indication  précise  d'un  très-grand  nombre  de 
notices  détachées  sur  des  musiciens  plus  ou  moins 
célèbres,  et  sur  des  écrivains  qni  ont  traité  de 
la  musique.  L'antre  ouvrage  de  M.  Œttinger 
dont  j'ai  à  parler  a  pour  titre  :  Bossini.  Il  en 
a  été  publié  deux  éditions  en  langue  allemande, 
à  Leipsick,  en  1847  et  1849,  2  vol.  in-12.iTra- 
duit  ensuite  en  français,  il  a  été  publié  à  Bruxel- 
les, en  1858,  2  vol.  in-l2..Présenté  comme  une 
biographie  de  l'illustre  maître,  ce  livre  n'est  qu'un 
pamphlet  odieux,  une  mauvaise  action. 

OFFENBACH  (J.),  chantre  de  la  syna- 
gogue de  Cologne,  a  publié  les  chapts  de  la  fête 
commémorative  de  la  sortie  des  Hébreux  de 
l'Egypte  avec  la  traduction  allemande,  une  pré- 
face et  Jes  anciennes  mélodies  orientales  sous  ce 

23 


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354 


OFFENBACH  —  OGINSKÏ 


titre  :  Bagadah  oder  Erzaklwxg  von  Israels 
Auszug  ans  Egypten  zum  Gebravche  bei  der 
im  Famillen  kreise  siatt  findenden  Feierlich- 
keit  an  den  heiden  ersten  Abenden  des  Mat- 
zoth  Festes  (Hagadah,  ou  narration  de  la  sortie 
dlsraêlde  TÉgypte,  pour  IHuagedes  solennités  qui 
ont  lieu  dans  le  sein  des  familles  pendant  tes  deux 
premières  soirées  de  la  fête  Matzoth);  Cologne, 
1838,  gr.  in-8*  de  91  pages,  arec  un  appendice 
de  7  pages  et  7  plandies  de  musique. 

OFFENBACH  (Jacques),  de  la  même  fa- 
mille que  te  précédent,  est  né  à  Cologne  en  1819. 
Arrivé  à  Paris  en  1842,  il  essaya  de  s'y  faire 
^îonnattre  comme  violoncelliste  ;  mais  H  y  ect 
peu  de  succès  parce  que  son  exécution  était 
faible  sous  le  rapport  de  Tarchet.  Convaincu 
bientôt  qu^il  ne  réussirait  pas  dans  cette  grande 
ville  à  se  faire  une  réputation  comme  soliste,  il 
cliercha  d^autres  ressources.  Doué  d^adresse  et 
d'assurance  en  lui-même,  il  sut  triompher  des 
difficultés,  et  obtint,  en  1847,  la  place  de  chef 
^'orchestre  du  Théâtre-Français. Ce  fut  vers  le 
môme  temps  qu*il  publia  des  airs  gais  et  faciles 
sur  des  sujets  pris  dans  les  fables  de  La  Fon- 
taine; quelques-unes  de  ces  plaisanteries,  par- 
ticulièrement le  Corbeau,  la  Cigale  et  la 
Fourmi,  la  Laitière,  etc.,  obtinrent  un  succès 
populaire.  Désireux  de  travai\Ier  pour  Ik  théâ- 
tre ,  il  fit ,  comme  beaucoup  d'autres  musiciens , 
des  démarches  pour  se  procurer  un  livret, 
-et  comme  beaucoup  d'autres  aussi ,  il  échoua 
dans  ses  sollicitations  près  des  gens  de  lettres. 
Fatigué  de  ces  courtes  vaines,  il  imagina  de  de- 
mander le  privilège  d'un  théâtre  pour  y  jouer 
des  opércltes  :  l'ayant  obtenu,  il  ouvrit,  en  1855, 
les  portes  de  son  polit  théâtre  situé  aux. 
Champs-Elysées,  sous  le  titi-e  de  Thédtre  dus 
Bouffes  parisiens.  Lui-même  se  fit  le  four- 
nisseur de  la  plupart  des  ouvrages  qu'on  y 
représentait.  Son  instruction  dans  l'art  d'écrire 
la  musique  était  à  peu  près  nulle  ;  mais  la  na- 
ture lui  avait  donné  de  Tinstinct,  rintelligence 
de  la  scène  et  de  la  gaieté  ;  ses  mélodies ,  plus 
ou  moins  triviales,  mais  bien  rbythmées,  se 
trouvèrent  au  niveau  du  goût  des  spectateurs 
qui  remplissaient  sa  salle ,  et  nonobstant  Fab- 
sence  de  voix  et  de  talent  de  ses  acteurs,  soc- 
tonus  par  un  orchestre  pitoyable,  les  affaires 
du  directeur  des  Bouffes  parisiens  prospérè- 
rent. M.  onenlMch  avait  compris  que  son  théâ- 
tre des  Cliamps-Élysées  n'avait  de  cliance  de 
succès  que  pendant  Tété,  par  le  beau  temps^  et 
que  la  vogue  ne  se  soutiendrait  qu'à  la  condition 
de  transporter  «on  spectacle  dans  l'intérieur  de 
Paris.  Une  occasion  favorable  se  présenta  bian- 
tôt,  et  les  Bouffes  parisiens  prirent  possession 


du  petit  théâtre  de  Comte,  galerie  de  Cbolseul,  et 
firent  leur  ouverture  le  25  décembre  1855.  M.  Of- 
fenbécb  dirigea  cette  entreprise  jMqfi*en  11161, 
et  fut  le  plus  féeoid  pourvoyeur  d*opéreUed 
jusqu'au  jour  où  cette  notice  est  écrite  (1862). 
Il  serait  trop  long  de  donnei;  ici  la  liste  de  toutes 
les  blueltes  qui  ont  été  jouées  sons  s«n  nom; 
je  me  contenterai  de  citer  celles  dont  i'exisientt 
a  été  le  plus  longue,  à  savoir  :  les  Deux  Aveu- 
gles, les  Pantins  de  Violette,  le  Mariage  aux 
lanternes,  la  Chatte  métamorphasée  en 
femme,  Orphée  aux  enfers,  qui  a  eu  400  re- 
présentations à  Paris,  Mesdames  de  la  Halle, 
Geneviève  de  Brabant,  la  Chanson  de  Foriu- 
nio,  la  Rose  de  Saint-Flonr,  le  Roman  co- 
mique, etc.,  etc.  Les  qualités  qui  ont  suffi  pour 
donner  à  ces  petits  ouvrages  de  l'attrait  au 
public  qui  fréquente  son  théâtre  ont  fait  croire 
à  M.  Offenbach  qu'elles  ppurraient  aussi  lui 
procurer  des  succès  sur  des  soèoes  plus  impor- 
tantes et  devant  des  spectateurs  plus  exigeants: 
il  s*esl  trompé.  D*abord  il  écrivît  la  musique d*on 
ballet  {le  Papillon)  représentée  l'Opéra  en  1860, 
et  dans  lequel  la  pauvreté  didées  de  quelqae 
valeur  et  les  défauts  de  l'éducation  du  conpo- 
siteuront  été  mis  en  évidence;  puis  it  donna  à 
l'Opéra-Comique  une  hideuse  farce  en  trois  actes 
intitulée  Barkouf,  dont  la  musique  était  digne 
de  l'ignoble  sujet. 

-  OFTERDINGEN  (HE!«ni  d*),  ou  d'AFF- 
TEHDINGEN,  minnesinger  ou  chanteur  d*arooiir 
qui  vécut  vers  la  fin  du  douzième  siècie  et  au 
commencement  du  treizième.  Il  paraît  avoir  passé 
sa  jeunesse  en  Autriche  et  h  lacour  du  duc  Léo- 
pold  Tn.  Comme  tous  les  trouvères  de  son 
temps,  il  fut  poète  et  musicien.  La  lutte  poé- 
tique ouverte  par  le  comte  Herrmann  de  Thu- 
ringe  amena  Henri  d'Ofterdingen  an  château  de 
'Wartbourg  (près  d'Kisenach),  o6  il  se  fia  d'a- 
mitié avec  Woirram  d'Ëschenbach,  célèbre  (raële 
chanteur  comme  lui.  On  ne  connaît  jusqu'à  ce 
jour  aucune  chanson  notée  de  sa  composition. 
Quelques  archéologues  ont  considéré  Henri  d'Of- 
terdingen  comme  auteur  des  chants  tiiebelungesi; 
mais  cette  opmion  a  été  controversée. 

OGINSKI  (Michel-Casimir,  comte),  isso 
d'une  illustre  fkmiile  de  ia  Lithuanie,  naquit  en 
1731. 11  dut  à  son  heureuse  organisation  et  à 
l'instruction  variée  qui  lui  avait  été  donnée  dans 
sa  jeunesse,  le  goût  des  arts,  qu'il  cultiva  avec 
succès.  Une  fortune  immense  et  llnfluenoe  qu'il 
exerçait  en  Pologne  lui  avaient  fait  espérer  qu'il 
poniTait  monter  sur  le  tréne  électif  de  ce 
royaume,  et  dans  le  dessein  qu'il  avait  formé 
à  ce  sujet,  il  fil  le  voyage  de  Pétersbourg  en 
1764;  mais  l'impératrice,  à  qui  son  génie  actif 


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OGINSKI 


355 


in<;piraît  des  craintes,  parvint  à  faire  élire  Sta- 
nislas-Augusle.  Déçu  dans  son  espoir,  Oginski 
se  retira  dans  ses  terres  de  Litliuanie,  et  s*y  li- 
vra exclusivement  à  son  pencliant  pour  les  let- 
très  et  pour  les  arts.  Ce  Tut  alors  qu'il  entreprit 
d'exécuter  par*  ses  seules  ressources  le  grand 
canal  de  Lithuanie  qui  établit  la  communica- 
tion entre  la  mer  Noire  et  la  Baltique,  et  qui 
porte  son  nom  :  ce  travail  immense  lui  coûta 
plus  de  huit  millions  de  francs.  Peintre  et  mu- 
sicien distingué,  le  comte  Oginski  jouait  bien 
de  plusieurs  instruments  et  surtout  de  Iff  harpe, 
qui  ne  lui  est  pas  redevable  de  la  première  in- 
vention des  pédales^  comme  on  le  dit  dans  Tar- 
ticle  concernant  cet  instrument  au  Dictionnaire 
«les  arts  et  métiers  de  V Encyclopédie  mélko' 
dique,  car  cette  Invention,  qui  remonte  à  1720, 
appartient  à  Hochbrucker,  luthier  de  Donawertli; 
mais  les  pédales  de  la  harpe  de  Hochbrucker 
D^étaient  qu'au  nombre  de  quatre,  et  le  comte 
Oginski  fut  le  premier  qui  le  porta  jusqu*à  sept, 
«n  1766.  Quatre  ans  après,  son  invention  fut 
introduite  en  France  par  un  luthier  allemand, 
nommé  Stechi,  C'est  pour  ce  service  rendu  à 
l'art  qu'Oginski  est  cité  dans  cette  Biographie, 
Devenu  grand- maréchal  de  Lithuanie,  il  donna 
des  preuves  signalées  de  dévouement  à  la  cause 
ile  Tindépeudance  de  sa  patrie,  en  1771.  Après 
Ja  malheureuse  issue  des  événements  de  cette 
<épo^ue,  il  fut  obligé  de  chercher  un  refuge  en 
pays  étranger,  et  ses  biens  furent  (jbnfisqués. 
Il  ne  rentra  en  Pologne  qu'en  1776.  Le  canal  de 
Lithuanie  et  la  dernière  crise  politique  avaient 
porté  un  notable  dommage  à  sa  fortune  ;  cepen- 
dant il  lui  restait  encore  de  grandes  richesses. 
Il  en  fit  un  noble  usage  en  appelant  près  de  lui, 
dans  son  chftteau  de  Slonim,  une  multitude  d'ar- 
tistes distingués,  et  les  récompensant  avec  ma- 
gnificence. 11  mourut  à  Varsovie  en  1803,  à 
r&ge  de  soixante  et  douze  ans. 

OGINSKI  (Michel-Clëop  bas,  comte),  ne- 
veu du  précédent,  ancien  grand  trésorier  de  Li- 
thuanie, et  plus  tard  sénateur  de  l'empire  russe, 
naquît  le  25  septembre  1765,  à  Gurow,  près  de 
Varsovie.  Dès  l'Age  de  dix-neuf  ans ,  il  com- 
mença à  servir  sa  patrie.  Successivement  nonce 
à  la  diète  de  Pologne,  membre  de  la  chambre  des 
finances,  puis  envoyé  en  Hollande  et  en  Angle- 
terre, il  rentra  ensuite  dans  son  pays  et  com- 
battit pour  son  indépendance.  Ses  biens  furent 
séquestrés,  et  pour  les  recouvrer  il  fut  obligé 
d^aller  les  réclamer  à  Pétersbourg  et  d^accepter 
la  place  de  trésorier  de  la  Lithuanie  ;  mais  après 
que  Kosciusko  eut  levé  Pétendard  de  l'indépen- 
dance, en  1794,  il  se  démit  de  cet  emploi ,  prit 
les  armes',  et  vit  de  nouveau  ses  espérances  dé- 


çues. Obligé  de  fuir  en  pa>s  étranger,  il  fut 
privé  de  toute  ressource  par  le  partage  de  ses 
biens  entre  les  généraux  russes.  Ce  ne  fut  qu^en 
1802  qu'il  obtint  de  Tempereur  Alexandre  la 
permission  de  rentrer  en  Pologne,  après  jdMnu- 
tiles  tentatives  faites  à  Constantinople  et  à  Pa- 
ris pour  la  soustraire  au  )oug  de  la  Russie.  Il  se 
retira  alors  daus  sa  terre  de  Zolesié,  à  vingt- 
cinq  lieues  de  Wilna,  où  il  se  livra  à  Tétnde,  à 
la  culture  de  la  musique  et  à  la  rédaction  de  ses 
mémoires.  Après  la  paix  de  Tilsitt,  il  visita 
pendant  trois  ans  l'Italie  et  la  France  avec  sa  fa- 
mille. L^empereur  Alexandre  l'ayant  nommé  en 
1810  sénateur  de  Russie  et  conseiller  privé,  il  se 
rendit  à  Pétersboug  et  y  vécut  jusqu'en  1815. 
Depuis  1822  il  avait  obtenu  la  permission  d'al- 
ler en  Italie  pour  y  rétablir  sa  santé,  et  il  avait 
clioisi  la  ville  de  Florence  pour  son  séjour  :  il  y 
est  mort  en  1833,  à  Tâge  de  soixante-huit  ans. 
Le  comte  Oginski  s'est  rendu  célèbre  par  la  com- 
position de  polonaises  dont  les  éditioi^  se  sont 
multipliées  en  Allemagne,  en  France  et  en  An- 
gleterre. Elles  sont  au  nombre  de  quatorze. 
Celle  qu'il  a  composée  en  1793  est  surtout  re- 
marquable par  roriginalité  et  par  le  caractère 
de  profonde  sensibilité  dont  elle  est  empreinte. 
Toutes  ces  polonaises  ont  été  publiées  séparé- 
ment à  Varsovie,  Pétersbourg,  Leipsick,  Dresde, 
Londres,  Paris,  Milan  et  Florence  ;  Fauteur  en 
a  réuni  douze  eu  un  recueil  imprimé  à  Wilna, 
en  1820,  au  profit  de  la  maison  de  bienfaisance 
de  cette  ville  :  le  produit  de  l'édition  a  été  de 
plus  de  10,000  francs.  On  a  aussi  du  comte 
Oginski  plusieurs  recueils  de  romances  françaises 
et  italiennes,  dont  les  mélodies  sont  charmantes. 
Les  polonaises  célèbres  de  cet  amateur  ont  fait 
imaginer  un  conte  devenu  en  quelque  sorte  po^ 
pulaire,  bien  qu'aucune  circonstance  de  sa  vie 
n'en  ait  fourni  le  prétexte.  On  a  supposé  que  la 
fameuse  polonaise  de  1 793  avait  été  composée 
par  Oginski  pour  une  femme  dont  il  était  amou- 
reux ;  mais  que,  n'ayant  pu  toucher  son  cœur, 
il  s'était  Oté  la  vie.  Plusieurs  éditions  de  cette 
polonaise,  faites  à  Paris,  pendant  que  le  comte 
Oginski  vivait  à  Florence,  sont  accompagnées 
d'une  estampe  lithographiée  où  Ton  voit  un  jeune 
homme  qui  se  tue  d'un  coup  de  pistolet,  avec 
cette  légende  :  Oginski,  désespéré  de  voir  son 
amour  payé  d'indifférence,  se  donne  la  mort 
tandis  qu*on  exécute  une  polonaise  quHl 
avait  composée  pour  son  ingrate  maûresseï 
qui  la  dansait  avec  son  rival.  Les  éditeurs  dU 
journal  de  musique  anglais  The  ffarmonicon 
ont  reproduit  en  1824  la  polonaise  et  la  légende. 
On  a  publié  :  Mémoires  de  Michel  Oginski  sur 
la  Pologne  et  les  Polonais ,  depuis  1788  jui- 

23. 


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35G 


OGINSKI  —  OHMANN 


qu*à  la  fin  de  181 5;  Pari»,  1826-1827, 4  vol.  in'^S^ 
L'aufear  de  Tarticle  Oginskif  du  Leiiqoe  uoi- 
Tersel  de  musique  publié  par  Schilling ,  a  at- 
tribué à  Michel  Casimir  les  polonaises  de  son 
nerev^ 

OGLIN  (Erhabd),  imprimeur  à  Augsbourg, 
dans  les  premières  années  du  senième  siècle,  pa- 
rait être  le  premier  qui  imprima  en  Allemagne  de 
la  musique  avec  des  caractères  gravés  en  cuivre, 
ainsi  qu^on  le  voit  dans  un  recneil  d'odes  et 
d'hymnes  en  vingt-deux  mesures  différentes  de 
vers  latins,  prises  dans  Horace  et  complétées 
par  un  certain  Conrad  Celtes.  La  musique,  à 
quatre  voix,  est  composée  par  Pierre  Tritonius, 
dont  le  nom  allemand  était  peut  être  OUven- 
baum.  L'ouvrage  a  été  publié  sous  ce  titre  : 
Melopoix  sive  Harmonise  Tetracenticas  su- 
per XXII  gênera  carminum  heroicorum, 
lyricorum  et  ecclesiastlcorum  Hymnorum, 
per  Petrum  Tritonium  et  altos  doctos  soda" 
liiatis  Uiterarix  nostrx  musicos  secundum 
naturas  et  iempora  syllabarum  et  pedum 
compositx  et  regulate,  ductu  Chunradi  Cel- 
tis  fœliciter  impressx.  Les  quatre  parties  sont 
imprimées  en  regard,  le  ténor  et  le  soprano  sur 
une  page  et  le  contralto  avec  la  basse  surTautre. 
A  la  fin  du  volume  on  trouve  cette  souscription  : 
ImpressumAugusta  Vindelicorum,  ingenioet 
induslria  Erhardi  Oglin,  expensis  Joannis 
Himan  alias  de  Canna  et  Oringen.  Puis  viennent 
quatre  vers  adressés  à  rimprimeur,  avec  l'ins- 
cription Ad  Erhardum  Oglin  impr essorent  : 

Inter  Germanos  noatros  fuit  Oglin  Erbardos, 
Qui  primas  liitidas  {nitidtu)  pressit  In  cris  notas. 

Primas  et  bic  lyricas  expresslt  carminé  musas 
Quatuor  et  docolt  Tocibus  aère  canl. 

L'impression  de  ce  rarissime  volume  a  été 
terminée  au  mois  d'août  1507,  comme  le  prouvent 
ces  mots  du  dernier  feuillet  :  Impressum  anno 
sesquimillesimo  et  VII  augusti.  Je  possède  un 
exemplaire  de  celte  rareté  bibliographique.  Un 
deuxième  tirage  du  même  ouvrage  porte,  à  la  lin 
du  volume  :  Demw  impresse  per  Erhardum 
Oglin  Augustx  1507,  22  augusti.  Aucun  biblio- 
graphe n'en  avait  fait  mention  avant  qu'un  certain 
M.  Christmann  l'eût  signalé  par  une  notice  in- 
sérée dans  la  Correspondance  musicale  de  Spire 
(ann.  1790,  n"  5,  p.  33  et  suiv.).  Schmid  en  a 
donné  une  très-bonne  description  avec  le  fac-si- 
mile  du  frontispice  {Ottaviano  dei  Petrucci, 
p.  158-160).  On  peut  voir  à  l'article  BiLi),de 
cette  (édition  de  la  Biographie  universelle  des 
7nusiciens,  la  description  d'un  traité  de  musique 
imprimé  par  Erhard  Oglin  en  1508. 

OIILHORST  (JEAN-CiiRÉTiErf),  acteur  et 


compositeur  allemand,  né  dans  le  pays  de  Bruns- 
wick  en  1753,  monta  sur  la  scène  à  l'&ge  de 
vingt  ans,  et  s'attacha  à  la  troupe  de  Tilly  qui 
donnait  des  représentations  dans  le  Mecklem- 
bourg.  D'abord  chanteur,  puis  chef  d'orchestre 
de  cette  compagnie  dramatique,  41  écrivit  pour 
elle  la  musique  de  plusieurs  petits  opéras,  parmi 
lesquels  on  cite  :  l**  Adelstan  et  Rosette.  — 
T  Das  Jahrfest  (la  Fête  anniversaire).  — 
3°  Die  Zigeuner  (les  Bohémiens).  En  1790, 
Ohlhorst  fut  engagé  au  théâtre  de  Kœnigsberg; 
il  y  reste  jusque  dans  les  premières  années  da 
siècle  présent.  Puis  il  voyagea  en  Hongrie,  ea 
Russie  et  en  Pologne.  On  croit  qu'il  est  mort 
dans  ce  dernier  pays  en  1812. 

OHMANN  (Artoinb-Louis-Henbi),  cUd- 
teur  allemand,  naquit  à  Hambourg  le  1 3  Tévrier 
1775.  Son  père  y  était  directeur  de  la  chapelle 
de  la  légation  française  et  professeur  de  musique. 
D'abord  employé  comme  violoniste  au  théâtre 
de  Hambourg,  il  quitta  cette  position,  en  l7ûâ, 
pour  celle" de  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Rê- 
vai, où,  pour  satisfaire  aux  invitations  de  ses 
amis,  il  s'essaya  sur  la  scène  et  obtint  des  soc- 
ces.  En  1797,  Kotzebue  le  fit  entrer  au  théâtre 
do  la  cour  de  Vienne.  Deux  ans  après  il  accepta 
un  engagement  avantageux  à  Breslau,  en  qualité 
de  basse  chantante  :  bientôt  il  y  devint  l'ac- 
teur favori  du  public.  En  1802,  il  ût  un  voyage 
en  Russie  pour  y  voir  ses  parents,  qui  s'y  étaient 
établis  depuis  plusieurs  années.  Engagea  Ri^ 
pour  douze  représentations,  il  y  fut  si  bien  ac- 
cueilli du  public,  que  la  direction  lui  lit  un 
engagement  durable.  Il  s'y  maria,  en  1S04,  avec 
la  fille  du  maître  de  ballets  de  Dresde,  Sophie- 
Romano  Koch,  actrice  aimée  du  public.  La  clô- 
ture du  théâtre  de  Riga,  en  1809,  lui  fit  accepter 
un  emploi  au  théâtre  noble  de  Reval,  nouvelle- 
ment érigé.  Sa  femme  mourut  dans  cette  ville. 
Depuis  1820  jusqu'en  1825,  il  remplit  les  fonc- 
tions de  chef  d'orchestre  du  nouveau  thé&tre  de 
Riga,  sous  la  direction  de  son  frère,  et  y  prit 
plus  tard  l'emploi  de  violoncelliste.  La  place  de 
directeur  de  musique  des  églises  de  la  ville  de 
Riga  lui  ayant  été  offerte  en  1829,  il  l'accepU 
et  en  remplit  les  devoirs  avec  zèle  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  le  30  septembre  1833,  des  suites 
d'une  maladie  de  poitrine.  Habile  sur  plusieurs 
instruments,  Ohmann  se  distingua  comme  chan- 
teur et  se  fit  connaître  avantageusement  par  la 
composition  de  trois  opéras  de  Kotzebue  intitu- 
lés :  1*  La  Princesse  de  Cacambo;  ^2"*  La 
Chasse  princière;  —  3*  Le  Cosaque  et  le  Vo- 
lontaire, Ces  trois  ouvrages  ont  été  représentés 
avec  succès  sur  les  théâtres  de  Riga,  Revel  et 
Kœnigsberg. 


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OHNEWALD  —  OKEGHEM 


S.>7 


OHNEWALD(....)tCompositoOT  de  mn- 
sique  d'église,  né  en  Bohême,  et  sur  qui  tous  les 
biographes  allemands  gardent  le  silence,  parait 
avoir  Téca  dans  les  derniers  temps  en  Bavière, 
et  peut-être  à  Âugsboarg.  Ses  ouvrages  publiés 
sont  :  Antiphonœ  Marianx  quatuor  ixtcibus, 
2  viol.,  viola  et  organo  (2  /f.  seu  clarineitis, 
2  corn,  et  violoncello  ad  libitum),  op.  1,  Augs- 
bourg,  Lotter.  —  2^  Ifymni  vespertitU  de  omr 
nibusfestis  4  voeibus,  2  viol.,  viola,  organo 
et  violone  (2  /T.  seu  clarinelliSf  2  comibus, 
2  clarinis  et  tympanis  ad  lib.),  op.  2,  ibid.  — 
3**  Te  Deum  laudamus  et  VerU  Creator  à 
k  voix,  orchestre  et  orgue,  op.  8,  ibid.  — 
4"  14  Pange  lingua  à  4  voix,  orchestre  et  orgue, 
op.  4,  ibid. 

OKEGHEM  (Jean)  (1),  un  des  musiciens 
belges  les  plus  illustres  du  quinzième  siècle,  est 
proclamé  la  lumière  de  Tart  par  ses  contempo- 
rains comme  par  les  écrivains  des  siècles  posté< 
rieurs  :  cependant  aucun  renseignement  n*est 
fourni  par  eux  sur  les  circonstances  de  sa  vie,  et 
les  éléments  de  sa  biographie  étaient  complète- 
ment  inconnus  lorsqu'un  hasard  heureux  me 
nnit,  en  1832,  sur  la  vole  des  découvertes  de  do- 
cuments autlientiques  à  l'aide  desquels  il  est 
possible  d'en  saisir  quelques  Taits  principaux. 
GrAce  à  l'obligeance  et  aux  recherches  persévé- 
rantes de  M.  le  chevalier  de  Burbure,  d'autres 
indications  importantes  sont  venues  s'ajouter  à 
celles  que  j'avais  recueillies. 

Dans  la  première  édition  de  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  j'ai  conjecturé  que 
Jean  Okeghem  naquit  à  Bavay,  basant  mon  hy- 
pothèse sur  un  passage  placé  à  l'a  suite  des  II- 
lustrations  de  France  de  Jean  Leroaire,  poète 
et  historien,  surnommé  de  Belges,  parce  qu'il 
était  né  dans  cette  ville  deBavay,  en  latin  B'eU 
gium.  Dans  son  Épttre  à  Maistre  François  Le- 
rouge,  datée  de  Blois  1512,  Lemalre  s'exprime 
ainsi  :  «  En  la  fin  de  mon  troisième  livre  des 

(1)  Le  nom  de  ce  muslelen  est  écrit  OcUnkêlm  par  Gla- 
réan  {Dodeeach.,  p.  4S4;,  cette  orthographe  est  adoptée  par 
HawkinXfBurney,  Forkel.Kiesewetter  et  beaucoup  d'autres. 
Bermann  Flnk  écrit  Okeàen  dans  sa  FractUa  mutica, 
mais  tous  les  documents  authentiques  portent  Okegkem, 
«t  c'est  ainsi  que  TinctorU,  WilphUngseder«  Faber,  Hey- 
den  et  Zarllnu  écrivent  son  nom.  Parmi  les  altérations 
qu*a  snbiea  le  nom  d'0|çeghem,  la  pins  ridicule  est  celle 
qu'on  trouve  dans  le  Mémoire  de  Laserua  sur  l'ancienne 
bibliothèque  de  Bourgogne,  car  \\j  est  appelé  Oekergan. 
Dans  la  première  édition  de  cette  Bioffraphiê  univer- 
teUê  des  Muticien»^  Je  disais  que  Je  ne  savais  où  il  a  pris 
ce  nom  ;  M.  Farrenc  m'a  appris  que  c'est  dans  les  poésies 
de  Crétin,  ou  ptotdt  CrttiUi ,  ooronie  on  le  verra  tout 
i  l'heure.  Lascma  a  été  copié  pat  le  baron  de  Rei0enberg, 
dans  sa  Lettrt  à  M.  FétU,  direcUur  du  Conservatoirû, 
fur  quelques  partleularitét  de  rhistoire  musicale  de  la 
Belgique  (V.  Recueil  enctclopédique  Mge,  p.  61.) 


i  Illustrations  de  France,  j'ai  bien  voulu,  à 
c  la  requeste  et  persuasion  d'aucuns  mes  bons 
«  amys,  adiouster  les  œuvres  dessus  escrites,  et 
«  mesmement  les  communiquer  à  la  chose  pu- 
«  blique  de  France  et  de  Bretagne ,  afin  de  leur 
a  monstrer  par  espéciaulte  comment  la  l&ngua 
u  gallicane  s'est  enrichie  et  exallée  par  les  œu- 
«  vres  de  monsieur  le  trésorier  du  boys  de  Yin- 
«  cennes,  maistre  Guillaume  Crétin,  tout  ainsi 
«  comme  la  musiqtie  fut  ennoblie  par  mon- 
«  sieur  le  trésorier  de  Sainct-Martin  de 
«  Tours,  Okeghem  mon  voisin  et  de  nostre 
«  mesme  nation.  »  Or,  Bavay,  aujourd'hui  ville 
de  France  (Nord),  faisait  au  quinzième  siècle 
partie  des  Pays-Bas  et  des  possessions  des  ducs 
de  Bourgogne;  sa  population  était  wallonne,  et 
j'en  concluais  qu'Okeghem  était  Wallon  comme 
Jean  Lemalre,  et,  par  une  induction  peut-être 
forcée,  je  supposais  qu'il  était  né  à  Bavay. 

Sur  des  renseignements  fournis  par  les  comp« 
tes  de  la  ville  de  Termonde  (Flandre  orientale), 
M.  de  Burbure,  après  avoir  constaté  l'existence 
dans  cette  viUe  d'un  certain  Guillaume  Van 
Okeghem,  tn  1381,  de  Charles  Van  Okeghem, 
en  1398,  de  Catherine  Van  Okeghem,  fille  de 
Jean,  depuis  1395  jusqu'en  1430  {voy.  pote  2), 
ajoute  :  >  La  famille  Yan  Okeghem  était  donc 
«  fixée  à  Termonde  à  l'époque  probable  de  la 
«  naissance  du  célèbre  compositeur.  On  peut 
«  piésumer  que  celui-ci  est  le  petit-fils  ou  le 
«  petit-neveu  de  Jean  :  la  similitude  des  prénoms 
ce  donne  même  beaucoup  de  force  à  cette  con- 
«  jecture.  »  J'avoue  qu'il  me  reste  des  dontes 
sur  la  parenté  du  grand  musicien  qui  est  l'objet 
de  cette  notice  avec  la  famille  Van  Okeghem  : 
ces  doutes  naissent  de  ce  qu'il  n'est  appelé  Van 
Okeghem  par  aucun  de  ses  contemporains,  mais 
simplement  Okeghem;  il  en  est  ainsi  de  tous 
les  manuscrits  de  son  époque  où  se  trouvent  ses 
ouvrages,  de  toutes  les  collections  des  premières 
années  dn  seizième  siècle  qui  contiennent  quel- 
qu'une de  ses  pièces,  et  même  des  documents 
anthentiques  des  archives  de  Téglise  ou  il  pa- 
raît avoir  reçu  son  éducation  et  où  ii  fut  chan- 
tre du  chœur,  ainsi  qu'on  le  verra  tout  à  Theure. 

Par  une  interprétation  trop  absolue  du  pas- 
sage de  Jean  Lemalre  rapporté  plus  haut,  J'a- 


(t)  En  1881,  Guillaume  Van  Okeghem  reçoit  un  paye- 
ment de  ik  cscalitts  de  gros,  pour  avoir  livré  mille  pains 
i  l'armée  de  Philippe  le  Hardl.campée  sons  les  murs  de  Ter- 
monde.  »  Charlrs  Van  Okeghem  est,  en  1898,  au  nombre 

'  des  habitants  de  cette  ville  qui  ont  payé  des  droits  d'en- 
trée pour  des  tonneaux  de.  èière  vrnos  de  Hollande.  — 
Depuis  1898  Jusqu'en  1V80,  Catherine  Van  Okeghem.  fille 
de  Jean,  reçoit  chaque  année,  pour  Intérêts  d'une  rente 

I  viagère .  la  somme  de  il  escallns  4  deniers.  Cette  rente 
est  éteinte  en  1430  par  le  décès  de  Catherine. 


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368 


0REGHE31 


Tais  cru  pouvoir  placer  la  date  de  la  aaissance 
d'Okeghem  vers  1440,  dans  mon  Mémoire  sur 
les  musiciens  néerlandais  (Amsterdam,  J.  Mut- 
ler^  1829,  in-4^,  p.  15),  en  aorte  que  ce  mattre 
aurait  été  âgé  d^environ  soixante-douze  ans  en 
1512^  quand  ce  passage  fut  écrit;  mais  une  dé- 
couverte  que  je  fis  trois  ans  plus  tard,  dans  un 
manuscrit  de  la  fiibliotbèqne  impériale  de  Paris 
(F,  540  du  supplément),  me  démontra  que  cette 
date  devait  être  reculée  d'au  moins  dix  ans.  J*ai 
consigné  le  fait  dont  il  s'agit  dans  mes  Recher^ 
chea  sur  la  musique  des  rois  de  France  et 
de  quelques  princes,  depuis  Philippe  le  Bel 
jusqu'à  la  fin  du  règne  de  Louis  XIV  {Revue 
musicale,  tome  XII,  p.  234) .  Ce  renseignement 
est  fourni  par  un  Compte  des  officiers  de  la 
maison  de  Charles  VU  qui-ont  eu  des  robes 
et  des  chaperons  failz  de  drap  noir  pour  les 
obsèques  et  funérailles  du  corps  du  feu  roy 
Van  1461.  On  y  trouve  ce  qui  suit  :  «  Chapelle. 
«  Les  XVI  chapelains  de  la  chapelle  dudit  sel- 
«  gneur  qui  ont  eu  dix-huit  robes  longues  et  au- 
«  tant  de  chaperons,  les  quatre  premiers  à  3 
«  escus  l'aulne,  et  les  autres  à  2  escns  Taulne  : 
«  Johannes  Okeghem,  premier,  etc.  »  On  voit^ 
disais-je,  dans  Je  travail  qui  vient  d'élre  cité, 
ainsi  que  dans  la  première  édition  de  cette  Bio- 
graphie, on  voit  qu'Okeghem  était  déjà  premier 
chantre  ou  chapelain  de  Charles  VU  en  1461  ; 
or,  il  n'est  pas  vraisemblable  qu'il  soit  parvenu 
à  ce  poste  distingué  avant  Tâge  de  trente  ans, 
d*où  il  suit  qu'il  serait  né  vers  1430.  D'autre 
part,  le  passage  de  Jean  Lemaire,  par  lequel 
on  voit  qu'Okeghem  était  trésorier  de  Saint- 
Martin  de  Tours,  me  paraissait  indiquer  d'une 
manière  certaine  qu'il  vivait  encore  en  1512,  et 
qu'il  était  alors  âgé  de  quatre*vingt*un  ou  qua- 
tre*viugt-deux  ans.  La  date  de  1430,  qui  me  pa- 
raissait la  plus  vraisemblable,  a  été  depuis  lors 
adoptée  dans  la  plupart  des  dictionnaires  bio- 
graphiques. M.  de  Burbure  s'y  rallie  aussi  ;  tou- 
tefoiSy  un  renseignement  important  pour  la  bio- 
graphie du  célèbre  musicien,  lequel  a  été  dé- 
couvert dans  les  archives  de  la  collégiale  d'An- 
vers par  mon  honorable  ami,  me  parait  renverser 
ma  conjecture  et  faire  remonter  plus  haut  l'é- 
poque de  sa  naissance.  En  effet,  dans  les  comp- 
tes des  chapelains  de  cette  église,  qui  commen- 
cent k  Noël  1443  et  sont  dos  à  la  même  épo- 
que, en  1444,  on  voit  figurer  cet  artiste  parmi 
les  chanteurs  dn  côté  gauche  du  chœur  (1),  et 
8on  nom  s'y  présente  sous  les  formes  suivantes  : 

(1)  M.  de  Borbure  a  ooiutaté  qu'il  y  avait  en  ISiS-lsu 
^Iqgt-fttx  chanteurs  à  la  droite  du  chœur  de  l'église 
d'AnTcrs  et  vingt- sept  à  la  gauche,  non  compris  les  cha- 
Bolncs  et  les  enfants  de  chœur. 


Okeghem,  Oqeghem,  Oqegham,  De  Okeghem,  et 
Ockeghem,  Les  chantres  étaient  alors  rangés  dans 
le  chœur  des  églises  par  ordre  d'ancienneté,  en 
sorte  que  le  plus  ancien  était  le  plas  rapprodié 
de  l'autel  :  Okeghemest  l'avant -dernier  dans  ta 
liste  des  chantres  du  côté  gauche.  Après  la  Noël 
do  l'année  1444,  il  disparaît  des  comptes  et 
conséqueroment  de  l'église. 

Admettant  la  date  de  1430  pour  celle  de  li 
naissance  d'Okeghem,  M.  de  Burbure  pense 
qu'il  a  été  admis  comme  enfant  de  clicrarà  Té- 
glise  d'Anvers  vers  l'Age  de  huit  ans,  et,  comme 
tel,  a  été  instruit  et  entretoiu  à  la  maîtrise; 
que  l'époque  de  la  mue  de  sa  voix  étant  arrivée 
à  l'âge  de  treize  ans,  il  a  dû  en  sortir,  etqne 
le  chapitre,  par  intérêt  pour  sa  position,  l'a  aa- 
torisé  à  figurer  parmi  les  chanteurs  et  à  participer 
à  la  distribution  des  deniers  pour  les  offices.  Il 
n'y  a  pas  de  motifs  sérieux  pour  se  pas  admet- 
tre les  conjectures  de  M.  de  Burbure,  car  elles 
ont  pour  base  les  documents  antbentiqoes  des 
archives  de  l'église  d'Anvers;  mais  il  est  hors 
de  doute  que  l'éducation  musicale  do  graid 
musicien  qui  est  le  sujet  de  cette  notice  n'a  pu 
être  complète  à  l'Age  de  quatorze  ans,  car  daq 
ou  six  années  n'étaient  pas  suffisantes,  à  Fépo- 
queoù  il  vécut,  pour  former  un  chanteur  excel- 
lent et  un  contrepointiste  habile.  La  sololrân 
d'une  multitude  de  cas  embarrassants  et  diffi- 
ciles, dans  le  système  monstrueux  de  la  nota- 
tion des  quatorzième  et  quinzième  siècles,  ne 
pouvait  se  faire  qu'A  l'aide  d'une  longue  pratique 
et  d'une  expérience  consommée  ;  car  les  maîtres 
les  plus  savants  s'y  trompaient  encore,  ainsi 
qu'on  le  voit  avec  évidence  dans  les  écrits  de 
Tinctoris,  de  Gafori,  d'Aaron  et  de  plusieurs  au- 
tres théoriciens  anciens.  Quand  les  longues  études 
sur  ces  difficultés  étaient  terminées,  les  maîtres 
faisaient  aborder  celles  do  contrepoint  A  leurs 
élèves;  et  lorsque  ceux-ci  étaient  parvenus  à 
écrire  avec  correction  A  trois,  quatre  ou  dnq 
parties  par  une  sorte  de  tablature  qui  serrait  à 
faire  la  partition,  on  les  exerçait  A  traduire  cha- 
que pariie ,  écrite  originairement  par  cette  no- 
tation simple ,  en  notation  proportionnelle  en 
une  infinité  de  combinaisons  ardues.  Celui  qui 
imaginait,  dans  sa  traduction,  les  énigmes  les 
plus  difficiles  était  considéré  comme  le  musi- 
cien le  plus  baibile.  Nul  doute  qu'A  sa  sortie  de 
la  collégiale  d'Anvers,  Okeghem  n'ait  eu  pour 
but  de  chercher  «le  maître  qni  pouvait  complé- 
ter son  instruction.  Il  l'aurait  trouvé  dans  cette 
même  église  si  Barbireatii  (voyez  ce  nom)  eût 
occupé  alors  la  place  de  mattre  des  enfants  de 
chœur  ;  mais  ce  savant  musicien  ne  le  devint 
qu'en  1448.  On  ne  saurait  rien  concernant  Té- 


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OKEGUEM 


35» 


cole  où  Okeghera  a  puisé  soa  savoir  en  musique, 
si  un  passage  du  Traité  de  conlrepoint  de  Tinc- 
t«ris  ne  nous  fournissait  une  indication  à  ce  sa- 
jet.  J*ai  rapporté  ce  passage  dans  mon  Mémoire 
sur  les  musiciens  néerlandais,  mais  la  rareté 
de  ce  liTre  m'engage  à  le  répéter  ici  :  «  Ce  que 
«  je  ne  puis  assez  admirer,  c'est  qu'en  remon-* 
A  tant  à  une  date  de  quarante  ans,  on  ne 
«  trouve  aucune  composition  que  les  savants  ju« 
«  gent  digne  d*étre  entendue  (1).  Mais  depnis  ce 
R  temps,  sans  parler  d'une  multitode  de  cbanleors 
R  qui  exécutent  avec  toutes  sortes  d'agréments, 
«  je  ne  sais  si  c'est  l'efTet  d'ane  inflnence  céleste 
«  ou  celui  d'une  appUcation  infatigable,  on  a 
H  vu  tout  à  coup  fleurir  une  infinité  de  compo- 
H  siteurs,  tels  que  Jean  Okeghem,  J.  Régis,  Ant 
«  Bosnoift,  Firroin  Caron,  Gnillaume  Faugnes, 
f  qui  tous  se  glorifient  d'avoir  en  pour  maîtres 
«  en  cet  art  divin  J.  Dunstaple,  Gilles  Bincbois 
«  et  Guillaume  Dufay,  lesquels  sont  morts  de- 
«  puis  peu  (2).  >  Okeghem  a  donc  eu  pour  maî- 
tre ou  Dunstaple,  ou  Dufay,  on  enfin  Bincbois  : 
il  ne  s'agit  que  de  découvrir  celai  de  ces  trois 
maîtres  qui  a  dirigé  ses  études,  ce  qui  ne  sera 
pas  difficile  si  nous  remarquons  :  1°  qu*Oke- 
gliem  n'a  pu  naître  avant  1425,  et  que  Dufay, 
étant  mort  en  1435,  il  n'a  pà  en  faire  son  élève.  — 
S''  Que  Dunstaple,  Anglais  de  naissance,  parait 
avoir  vécu  dans  son  pays,  qu'il  y  est  mort  et  a 
été  inbumé  dans  l'église  de  Saint-Étlenne,  à 
Walbroock.  On  peut  donc  affirmer  qn'Okeghem, 
pauvre  chantre  sorti  depuis  pea  d'années  de  la 
maîtrise  de  la  collégiale  d'Anvers,  n'a  pas  été 
chercher  l'instmction  masicale  eo  Angleterre 
dans  un  temps  où  les  relations  d'outre-mer 
éUicnt  difficiles.  —  3'  Qu'en  1444  Philippe  le 
lk>n  tenait  sa  cour  à  Bruges,  qu'il  y  resta  plu- 
sieurs années,  et  que  Binchois,  chantre  de  la  cha- 
pelle de  ce  prince,  y  faisait  sa  r^^sidenec.  Tout 
porte  donc  à  croire  que  c'est  de  ce  maître 
rtn'Okegbem  reçnt  rinstruction  supérieure  dans 
toutes  les  parties  de  la  musique,  et  en  particu- 
lier dans  la  science  du  contrepoint 
Après  que  les  études  d'Okegbem  eurent  été 

(i)ll  y  a  ict  DDC  erreur  de  Tlnctorls,  car  tlècrlTall 
en  l*7f,  et  Dttfey  \v09ez  ce  nom)  brillait  d^à  dans  la 
clia pelle  ponUflcale  prêt  de  cent  ans  auparavant 

(9)  Neqne,  quod  satts  admlrart  neqneo,  qiilpptain  oom- 
pMltam,  nM  cltrft  annos  quadraglnU  estât,  qood  aadltu 
dignum  ab  erudltls  exlstlmetur.  iUe  veto  tempcatate,  nt 
pneteream  Innomeros  concentorea  vennatiniinê  pronun- 
'  clantes ,  ncscio  an  vlrtate  cojnadam  cœlestte  Influxna  an 
▼ehementla  aaaIdvB  exercltatlooto,  Inflnitl  lorent  com- 
posltoKt.  ut  Joannea  Okeghem,  Joannea  Refis,  Antho* 
nlQi  Bosnois,  Flrmlnos  Caron ,  GoUlermos  Fangaes,  qui 
Dovlsslmla  temporibas  vitâ  fonctoa,  Joanoem  DunsUple, 
Rgldlum  Bincbois  Gulllermnm  Dulay,  se  praceptores 
babntsae  in  hSc  arte  dIvInA  gloriantur.  ■ 


terminées  sous  la  direction  de  Binchois,  c'est-à- 
dire  vers  1448  ou  1449,  nous  voyons  un  espace 
de  douze  ou  treize  ans  jusqu'en  1461 ,  où  Okeghem 
était  premier  chapelain  du  roi  de  France 
Charles  VU.  Il  est  k  remarqner  qiie  rien  n'in- 
dique, dans  le  manoscrit  de  la  Bibliothèque 
impériale  de  Paris,  auquel  nous  sommes  redeva- 
bles de  la  connaissance  de  ce  fait,  en  qnelle 
année  le  célèbre  artiste  belge  entra  au  service  de  ce 
prince;  car  depuis  le  JRdle  des  povres  of/tciers- 
et  serviteurs  du  feu  roy  Charles  VI  faict  le  2 1 
octobre  1422,  jusqu'à  la  mort  de  Charles  VII, 
en  1461,  ce  manuscrit  ne  contient  aucun  compte 
de  rétat  de  la  maison  royale  :  ce  qui  ne  doit 
pas  étonner,  si  l'on  se  rappelle  la  triste  situation 
de  la  France  sons  nn  règne  rempli  d'agîtations- 
et  de  vicissitudes  si  déplorables,  qu'après  la  ba- 
taille de  YemeuU  (1424),  les  Anglais,  mattres- 
de  la  plus  grande  partie  du  royaune,  appelaient 
par  dérision  Charles  VU  je  ro<  de  Bourges,  parce 
qu'il  ne  lui  restait  guère  que  cette  ville  et  son 
territoire.  Ce  ne  fut  qu'après  la  trêve  de  1444,  et 
surtout  après  la  conquête  de  la  Normandie  sur 
les  Anglais,  achevée  seulement  en  1450,  que  la 
France  respira,  que  la  royauté  reprit  par  degré  s- 
sa  splendeur j^t  que  l'ordre  se  rétablit  dans  les 
finances.  Il  est  donc  vraisemblable  que  ce  Oit 
dans  rintervalle  de  1450  à  1460  qu'Okeghem 
entra  dans  la  chapelle  du  roi  de  France  et  qne 
ce  fut  d'abord  comme  simple  chantre  ;  car  à 
cette  époque  l'ancienneté  des  services  était 
comptée  pour  quelque  chose,  et  quelle  que  fût 
lliabileté  d'un  musicien,  il  n'arrivait  pas  tout 
d'abord  au  poste  le  plus  élevé. 

D'assez  grandes  diriicultés  se  présentent  en  ce 
qui  concerne  la  position  d'Okeghem  après  l'an- 
née 1461.  On  sait  que  Louis  XI  succéda  à  sou 
père  Charles  Yll  le  23  juillet  de  cette  année  : 
or,  deux  comptes  de  l'état  de  la  chapelle  royale 
semblent  démontrer  que  l'illustre  musicien  ne 
fut  pas  au  service  de  ce  prince.  Le  premier 
compte  des  gages  des  officiers  de  la  maison 
du  roy  Loys  XI^^,  dressé  par  Jacques  le 
CamuSt  commis  au  payement  de  ces  gages, 
depuis  le  mois  de  janvier  1461  jusqu'au  mois 
de  septembre  1464,  prouve  que  toute  la  chapelle 
avait  été  changée  et  réduite  depuis  Tavénement 
au  trône  du  nouveau  roi  ;  qu'il  n'y  restait  plus 
un  seul  des  chantres  à  déchant  de  la  chapelle  de 
Charles  VII,  et  que  le  premier  chapelain  se 
nommait  GaUois  Gourdin  (  1 }.  Un  second  compte^ 
dressé  en  1466  par  Pierre  Jobèrt,  receveur  gé- 
néral des  finances,   n'indique  pas  davantage 

(1)  MSS.F,  S40  du  tappléoent  de  U  BfblioUièqne  impé- 
riale de  Paris. 


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360 


OKEGllEM 


qu'Okeghem  ait  été  attaché  à  la  chapelle  de 
Louis  XI;  enfin,  un  troisième  compte,  qui 
comprend  les  dépenses  depuis  le  ler  octobre 
1480  jusqu'au  30  septembre  1483,  ne  fait  pas 
mention d'Okeghem  (I).  Cependant  l*ouTrage  de 
Tinctoris  qui  a  pour  titre  :  Liber  de  naiura  et 
proprieiate  tonorum,  et  qui  est  daté  du  6  no- 
Tembre  1476,  est  dédié,  dans  le  prologue,  à  Jean 
Okegbero,  premier  chapelain  du  roi  très-chré- 
tien des  Français  Louis  XI,  et  à  maître  Antoine 
Basnois  ,  chantre  du  très-illustre  duc  de  Bour- 
gogne (2).  Un  antre  document,  non  moins  inté- 
ressant, nous  apprend  que  le  15  août  1484  un 
banquet  fut  donné  au  seigneur  trésorier  de 
Tours  M.  (maître)  Jean  Okeghem,  prenùer 
chapelain  du  roi  de  France,  musicien  excellent, 
et  aux  siens,  parla  chapellederégliseSainM)onat 
de  Bruges  (3).  Il  résulte  de  la  mention  authen- 
tique de  cette  circonstance,  tirée  des  actes  du 
chapitre  de  Saint-Donat,  qu'en  1484  Okegliem 
réunissait  en  sa  personne  les  dignités  de  tré- 
sorier de  Saint-Martin  de  Tours  et  de  premier  cha- 
pelain du  roi  de  France.  Suivant  les  comptes 
du  chapitre  de  Saint-Martin  de  Tours,  que  j'ai 
consultés  aux  archives  de  Tempire,  à  Paris,  les 
fonctions  de  trésorier  étaient  remplies  par  un  cha- 
noine de  cette  cathédrale.  Tout  porte  donc  à 
croire  que  le  roi  disposait  à  son  gré  du  canoni* 
cat  auquel  ce  titre  était  attaché,  et  que  Louis  XI 
le  donna  à  son  premier  chapelain  à  titre  de 
prébende  ou  bénéfice.  Mais  la  position  de  tréso- 
rier obligeant  le  bénéficié  à  résidence,  il  se  peut 
que  le  chantre  Gallois  Gourdin,  mentionné  dans 
les  comptes  de  la  chapelle  royale  comme  pre- 
mier, ait  été  simplement  suppléant  d'Okeghem, 
puisque  celui-ci  avait  couseryé  son  titre  de  pre- 
mier chapelain.  Le  chAteau  de  Plessis-lez-Tours, 
résidence  habituelle  de  Louis  XI,  était  d'ailleurs 
si  voisin  du  chef -lieu  de  la  Tou  raine,  que  le 
célèbre  mattre  pouvait  remplir  ses  fonctions  près 
du  roi  dans  de  certaines  solennités.  Cette  con- 
jecture parait  d'ailleurs  confirmée  par  le  voyage 
que  fit  en  Flandre,  dans  Tété  de  1484,  Okeghem 
avec  ses  chantres  (  avec  les  siens,  cum  suis,  dit 


(1)  Mss  p.  B40da  supplément  de  la  Bibliothèque  Impé- 
riale de  Parla. 

(i)  PranlantlMimls  ac  celeberrlmls  artls  mustcae  profes- 
soribus  doiui no  Johannl  Okeghem  Cbriillanlssiml  Ludo- 
vicl  XI  rc^s  Francoram  protho  capellano  ac  maglstro 
Antonio  Buânota  iUustrissimi  Burgundorum  duels  can- 
torl,  etc. 

(S)  sex  canns  vlnl  pro  sahsidio  soclorun  de  masica  In 
cœaa  ffecla  domino  ihesaurartoTuronenst',  domino  Johannl 
Okeghem,  primo  capellano  régla  Francim  musico  ex- 
cellenti9iimo  cum  suit  [jécta  capU.  S.Don  ,  is  aug.  l««4) 
Voyez  C Histoire  dt  Flandre,  par  M.  Kervyo  de  Lel- 
tenbove,  T.  V.,  note,  page  46. 


le  document  du  chapitre  de  Saint-Donat  de 
Bruges).  Le  désir  de  revoir  sa  patrie,  que  de- 
vait éprouver  ce  maître,  comme  tout  homme 
de  bien,  put  être  réalisé  alors,  parce  que  les  fian- 
çailles de  Marguerite  d*Autriche  avec  le  dauphin, 
qui  plus  tard  régna  sous  le  nom  de  Char- 
les VIII,  venaient  de  mettre  un  terme  aux 
longues  guerres  des  Français  et  des  Flamands , 
à  la  suite  du  traité  d'Arras  (  3  décembre 
1482). 

Suivant  le  passage  du  livre  de  Jean  Lemaire, 
cité  précédément,  Okeghem  aurait  encore  occupé 
la  position  de  trésorier  de  Saint-Martin  de  Tours 
en  1512;  mais  de  nouveaux  documents  au* 
thentiqiies  que  j'ai  trouvés  aux  Archives  de 
TEmpire,  à  Paris,  m'ont  démontré  qu'il  s'était 
démis  des  fonctions  de  cette  place  avant  1499, 
vraisemblablement  à  cause  de  son  grand  ige. 
La  première  pièce  est  un  compte  de  dépenses  de 
la  maison  de  Louis  XII  (no  K,  318)  où  l'on  voit 
qu'un  chantre  et  organiste  de  la  chapelle  da 
roi,  nommé  Errars,  était,  en  1499,  trésorier  de 
Saint-Martin  de  Tours,  et  que  sesappointeme&ti» 
comme  organiste  du  roi,  étaient  de  310  h'vres 
tournois.  Par  un  autre  compte  pour  l'année  1491 
(no  K,-306),  le  même  Errars  est  chantre  et 
joueur  d'orgue  de  la  chapelle  royale,  mais  il 
n'a  pas  le  titre  de  trésorier  de  Saint-Martin  de 
Tours.  Ce  fut  donc  entre  les  années  1491  et  1499 
qu'Okeghemse  démit  de  ses  fonctions.  Toutefois, 
il  est  possible  qu'il  ait  conservé  son  titre  comme 
trésorier  honoraire.  Dans  un  poème  sur  la  mort 
d'Okeghem,  dont  il  sera  parlé  plus  loin,  l'auteur, 
qui  fut  contemporain' de  la  vieillesse  de  ce  mattre, 
s'exprime  ainsi  : 

«  Par  quarante  ana  et  plus  11  ■  serry 
«  Sans  quelque  ennuy  en  sa  charge  et  office; 
«  De  trots  roya  a  tant  l'amour  deaservy 
«  Qu'aux  biens  se  vlt(i)  appeler  au  coavj, 
(i  Mais  assouTy  estolt  d'nog  bénéfice.  » 

Les  trois  rois  qu'Okeghem  avait  servis  étaient 
Charles  VII,  Louis  XI  et  Charles  VIII;  or 
Louis  XIT,  ayant  succédé  à  ce  dernier  monarque 
le  7  avril  1498,  il  est  évident  que  c'est  alors  quil 
a  dû  cesser  d'être  le  premier  chantre  et  diape- 
iain  de  la  chapelle  royale,  car  s'il  était  resté  en 
charge  après  cette  date,  ce  ne  serait  pas  trois 
rois  qu'il  aurait  servis,  mais  quatre.  C'est  aussi 
sans  aucun  doute  à  cette  époque  qu'il  s'est  démis 
de  ses  fonctions  de  trésorier  de  Saint-Martm  de 
Tours,  et  que  le  chantre  et  organiste  Errars  est 
devenu  son  successeur  dans  cetle  dignité.  Il  con- 
tinua sans  doute  à  vivre  en  repos  dans  la  même 


(1)  Dans  le  texte  imprimé  WjzUvlt:  cela  n'a 
sens. 


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OREGHËM 


36i 


▼file  jusqu'à  son  dernier  jour,  car  on  trouve  dans 
le  même  poème  ces  deux  vers  : 

a  Seigneurs  de  Toun  et  peuple,  regrettex 

ti  Celluy  qu'on  dolbt  plus  plaindre  que  ne  d]rs«  » 

Par  la  manière  dont  s^exprime  Jean  Lemaire^ 
Okeghem  vivait  encore  en  1512,  et  devait  être 
alors  &gé  d'environ  quatre-tîngt-sept  ou  quatre- 
vingt-huit  ans.  La  date  précise  de  sa  mort  est  in- 
connue :  Kiesewetler  la  fixe  h  l'année  1513  (1); 
mais  aucun  document  ne  justifie  sa  supposition. 
A  l'occasion  de  la  mort  d*Okeghem,  le  poète 
Guillaume  Crétin  a  composé  une  pièce  de  pins 
de  quatre  cents  vers  intitulée  :  Défloration  de 
Crétin  sur  le  trépas  de  feu  Okergan  (2),  tré- 
sorier de  Sainct  Martin  de  Tours.  Elle  se 
trouve  dans  le  volume  de  sec  poésies  imprimé 
en  1527,  après  la  mort  de  Tauteur  (3).  Il  est  hors 
de  doute  que  c'est  dans  ce  poème  que  Lasema  a 
pris  le  nom  d'Okergany  altération  singulière  du 
nom  d'Okeghem,  faite  par  un  homme  qui  vécut 
dans  le  même  temps  que  ce  savant  musicien  (4). 
Personnifiant  la  musique,  Crétin  imagine  une 
fiction  par  laquelle  les  plus  célèbres  chantres  et 
compositeurs  du  quinzième  siècle  sont  convoqués 
pour  rendre  hommage  à  la  mémoire  de  l'illustre 

(\)  Cêtekickte  der  europœiieh-abendismdUehm  Oder 
unser  Aetilipen  ifM«iik,  p.  M. 

(t)  Je  suis  redevable  à  l'amlUé  de  M.Farrenede  la  con- 
muDlcaUon  du  poCme  de  CréUn,  dont  les  œovres  n'étaient 
pas  tombées  sous  m  main.  Il  est  bfen  remarquable  que 
ce  morceau,  si  rempU  dlntérét  pour  l'iilstoire  du  grand 
musicien  objet  de  cette  notice ,  n'ait  Jamais  été  cité. 

(Sj  Les  poésies  de  Crétttt  ont  été  réimprimées  à  Paris, 
cli«s  Consteller,  en  l7ts,  lu-».  Le  poème  sur  la  mort 
d'Okegbem  remplit  les  pages  »  à  ftl. 

(4)  Le  poste  CréUn,  ou  plutôt  Crestin^  dont  le  nom 
Térltable  était  DuboU,  et  qui  naqolt,  selon  quelques 
biographes,  à  Paris,  suivant  d'autres  à  Lyon,  ou  même 
à  Falaise,  vécut  sons  les  régnes  de  Chartes  VIII,  de 
Louis  XII  et  de  François  Ur.  U  éUlt  aussi  musicien*  car 
après  avoir  été  trésorier  de  la  Sain  te  «Chapelle  de  Vln« 
rennes,  U  devint  chantre  de  celle  de  Paris.  Il  y  a  même 
lieu  de  croire  qu'il  avait  été  élève  d'Okegbem,  d'après 
les  vers  qu'il  adresse  aux  principaux  dlsclplea  de  ee  maî- 
tre, les  Invitant  à  composer  un  chant  funèbre. 

«  Pour  lamenter  notre  maUtr»  et  bo»  pérê,  m 

Crétin  mourut  en  ISIS.  Ses  poésies  furent  recueillies  et 
publiées,  deux  ans  après  son  décès,  par  son  ami  Fran- 
cols  Charbonnier,  secrétaire  de  François  I*'.  Je  pense 
que  c'est  a  cette  circonstance  qu'il  faut  attribuer  l'aller 
ration  Inouïe  du  nom  A'Okeçhtm  en  celui  û^Oitergan.  Il 
est  impossible  qu'un  écrivain  qui  a  été  contemporain  de 
ce  maître,  qui  connaissait  ses  ouvrages  et  en  appréciait 
le  mérite,  et  qui  vrainemblabiement  avait  reçu  de  ses  le- 
çons. Il  e.st  impossible,  dls-Je,  qu'il  ait  fslt  cette  altéra- 
tion monstrueuse.  L'Imprimeur  a  sans  doule  mal  lu  le 
manuscrit  où  il  devait  y  avoir  Okençam,  orthographe  que 
i'al  trouvée  en  plusieurs  endroUs  t  !*#  aura  été  prise 
pour  r,  et  l'm  pour  n.  On  peut  consulter  sur  Crétin  la 
notice  de  Welss,  dans  la  Biographie  universelle  des 
frères,  M ichaud,  aiusi  que  celie  de  M.  Victor*  Fuurnel, 
dans  la  niographte  générale  de  MM.  Flrinln  Dldot. 


maître.  Dans  Tobligation  où  je  suis  de  borner 
rétendue  des  citations ,  je  choisis  ce  passage  : 

«  Là  du  Fay  (Dufay)  le  bon  homme  survint, 
«  Bunoys  aussi  et  aultrea  plus  de  vingt, 

•  Fedêt  Blnebolsi  Barbingant,  et  Oonstabie, 
«  Poiquin,  Lannog,  Barlaon  très  notable, 

«  Copin»  Régla,  CtlUsjoife  et  Constant. 

«  Maint  homme  lut  auprès  denlx  escoulant, 

«  Car  bon  falsolt  ouyr  telle  armonye,* 

«  Aussi  estolt  la  bende  (bande)  bien  foumye. 

«  Lors  se  chanta  la  messe  de  my  my. 

«  yiu  trawailsuU,  et  Cufusvis  toui. 

«  La  messe  aussi  exquise  et  très  parfaicte 

«  De  ile9iii«m  par  le  dict  deffunct  falete; 

«  Home  en  la  fin  dicl  avecques  son  Incz  (luth) 

«  Ce  motet.  Ut  keretnila  soUis^ 

«  Qae  chascun  tint  une  chose  excellente.  » 

Ce  passage  révèle  les  noms  de  quelques  mu- 
siciens du  quinzième  ou  du  commencement  du 
seizième  siècle  qui  n*ont  pas  été  connus  jusqu'à 
ce  jour  et  dont  il  ne  reste  vraisemblablement  au- 
cune composition  ;  ces  artistes  sont  Fede,  Lan* 
noy,  Copin^  Gillesjoye  et  Constant.  A  l'égard 
âePasquiny  c'est,  selon  toute  probabilité,  le  nom 
de  Josquin  altéré  par  des  fautes  d'impression.  On 
voit  aussi  dans  ces  vers  les  titres  de  plusieurs  mes- 
ses d'Okegbem  qui  n'ont  pas  été  citées  ailleurs,  à 
savoir,  les  messes  My  my.  Au  travail  suis,  et  la 
messe  de  Requiem.  Quant  à  la  messe  Cujusvis 
toni,  c'est  la  même  qui  se  trouve  sous  le  titre  ad 
omnem  lonum  dans  le  recueil  de  Nuremberg  pu- 
blié en  1538.  C'est  aussi  sous  ce  titre  que  61a- 
réan  en  donne  le  premier  Kyrie  et  le  Benedictus 
^Dodecach.,  p.  455).  Kiesewetler,  ne  compre- 
nant rien  au  tour  de  force  du  compositeur,  a 
mis  ce  Kyrie  en  partition,  sans  voir  que  le 
cantus  est  du  troisième  ton  du  plain-chant,  le 
ténor,  du  second  ton,  et  conséquemment  que 
.te  bémol  du  si  est  sous-entendu,  et  qu'il  en  est 
de  même  de  VAltitonans  ou  Contratenor,  et  de 
la  basse,  qui  sont  du  premier  ton  (voyez  Ge- 
schichtedereuropxisch-abendlxndischenoder 
unsrer  heutigen  Musik,  n?  S  des  exemples  de 
musique).  ' 

Dans  ce  même  poème  se  trouvent  ces  vers 
dont  les  cinq  premiers  ont  été  mis  en  musique 
par  Guillaume  Crespel,  sous  le  titre  de  Lamen- 
tation sur  la  mort  de  Jean  Okeghem  : 

m   AgrlooUa,  Verbonnet,  Prlorls, 

■  Josquin  Desprex,  Gaspar,  Brumel,  Compère; 

•  Ne  parles  plus  de  Joyeux  chantz  ne  ris, 
«  .MaU  composez  ung  IVe  reeorderis, 

•  Pour  tamenternoslre  malstre  et  bon  père. 

«  Prévost,  f^er-Just,  tant  que  PiuU  Prospère  (1). 


(DJMusidens  français  qui  furent,  à  oe'qn'll  parait,  èlèvea 
U*01ceRbem,  mais  dont  les  noms  ne  se  trouvent  que  dana 
ce  passage,  et  dont  les  œuvres  sont  Inconnues. 


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862 


OK>:GUEItt 


«  Prenez  Fruveau  pour  vos  chaotz  aceorder, 
«  U  perle  est  grande  et  digne  &  rccordcr.  » 


De  tous  les  maîtres  qui  s'illustrèrent  dans  la 
seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  Okeghem 
est  celui  qui  exerça  la  plus  grande  influence  sur 
le  perfectionnement  de  Tart  par  son  enseigne- 
ment. Les  plus  célèbres  musiciens  de  cette 
époque  et  du  commencement  du  seizième  siècle 
furent  ses  élèTes:  leois  noms  nous  ont  été  transmis 
par  deux-  complaintes  sur  la  mort  du  maître,  dont 
la  première  a  été  mise  en  musique  à  cinq  voix 
par  Josquin  ]>eprè8,  et  l'autre  par  Crespel  :  celle- 
ci^  comme  on  vient  de  leroir,  est  tirée  du  poëme 
de  Crétin.  Dans  celle  de  Josquin  on  trouve  ces 
vers  : 

«  Nymphes  det  bois,  déesses  des  fontalBes, 

«  Chantres  experts  de  tontes  nations, 

«  Changes  vos  voix  fort  claires  et  bantalnes 

«  En  cris  tranchants  et  lamentations; 

«  Car  d'Atropos  les  molestatlons, 

V  Yostre  Okeghem  par  sa  rigueur  attrappe. 

m  Le  vrai  tr^r  de  musiqne  et  cher-d'œavre, 

«  Qui  de  trépas  désormais  pins  n'échappe  ; 

«  Dont  grand  douma  ge  est  que  la  terre  ie  cœuvre. 

«  Aeoustrez  vous  d'abttz  (d'habits) de  deulL 

«  Josquin^  Brumel,  Pierehon,  Compère, 

«  Et  plorez  grosses  larmes  d'œîl  : 

m  Perdu  avez  voslre  bon  père  (l). 

Dans  les  vers  de  Crétin,  la  liste  de  ces  habiles 
artistes  est  plus  nombreuse,  car  on  y  trouve  de 
fÀusAgricolaf  Verbonneti  Prions  ei  Gaspard, 
Des  huit  musicieus  nommés  dans  ces  piè- 
ces, cinq  sont  Flamands  et  Wallons,  à  savoir 
Alexandre  Àgricola,  Prions ,  Gaspard  Van 
Veerbehe^  Antoine  Brumel  et  Josquin  Des- 
près  ou  Des  Près  {voy,  ces  noms)  ;  et  deux, 
Compère  et  Pierehon ,  ou  Pierre  de  Larue^ 
sont  Picards  ;  à  l'égard  de  Verbonnet,  Je  moins 
célèbre  de  tous,  sa  patrie  est  jusqu'à  ce  moment 
incofenue.  Les  sept  autres,  leurs  prédécesseurs, 
Jacques  Obrecht,  Busnois  et  Jean  Tiuctoris,  sont 
les  grandes  illustrations  musicales  de  leur  époque. 
Leurs  œuvres  remplissent  les  manuscrits  du 
quinzième  siècle,  et  toutes  les  collections  impri- 
mées de  la  première  moitié  du  seizième;  enfin. 


'  (1)  Ce  morceau  de  Josquin  est  k  cinq  voii  ;  pendant 
que  le  emntttt,  le  contrutenor,  le  quinttu  et  le  basttu 
chantent  les  paroles  françaises,  le  ténor  dit  les  parolea  et 
le  chant  du  Requiem.  On  trouve  cette  complainte  dans 
Le  einquiéme  livre,  contenant  xxxti  ehaneons  d  8  et  6 
parties.  Imprimé  en  envers,  par  Ttlman  Susato , 
1844,  ln-4«.Bume7  a  donné  ce  morceaa  en  partition  dans 
le  deuxième  volume  de  son  HUMre  générale  de  la  mu- 
sique\p.  481);  Forkel  Ta  reproduit  d'après  lui  {Mlgem, 
CeecMchie  der  Mutik,  1. 11,  p.  84t  etsuiv.),  etKiesewet- 
ter  en  a  fait  une  troisième  publication  d'après  eux,  dans 
les  exemples  de  musique  de  son  Mémoire  sur  les  musl< 
dens  néerlandais  (Die  Ferdientle  der  Pfiderlœnder  um 
die  Musik,  p.  41). 


ils  fondent  des  écoles  dans  tontes  les  contrit  de 
l'Europe  et  sont  les  guides  et  les  modèles  de  leurs 
contemporains  ainsi  que  de  leurs  successeurs  im- 
médiats. 

L'importance  des  travaux  d'Okeghem  et  les 
perfectionnements  qu'il  a  introduits  dans  Tart 
d'écrire  les  contrepoints  conditionnels,  sont  cons- 
tatés par  les  éloges  que  lui  accordent  Glaréan, 
Hermann  Fink ,  Sébald  Heyden ,  Tintons,  Gafori, 
WilpUiingseder,  Grégoire  Faber,  ainsi  que  {tar 
ce  qui  est  parvenu  de  ses  œuvres  jusqu'à  nous. 
Si  l'on  compare  ce  qui  nous  reste  de  ses  com- 
positions avec  les  ouvrages  de  ses  prédécesseurs 
immédiate,  particulièrement  avec  les  productions 
de  Dufay,  on  voit  qu'il  possédait  bien  mieux  que 
ce  maître  l'art  de  placer  les  parties  dans  leurs 
limites  natnrelles ,  d'éviter  les  croisemeDts  des 
voix  et  de  remplir  Tharmonte.  Gtaréan  lui  86 
corde  d'ailleurs  le  mérite  d'avoir  inventé  la  factare 
des  canons ,  dont  on  trouve  les  premiers  rudi- 
ments dans  les  œuvres  des  musiciens  qoi  écri- 
virent à  la  fin  du  quatorzième  siècle,  on  du  moins 
d'en  avoir  perfectionné  les  formes.  «  Josquin 
(dit  Glarédn  )  aimait  à  déduire  plusieurs  parties 
R  d'une  seule,  en  quoi  il  a  eu  beaucoup  d'imita- 
«  teurs;  mais  avant  lui  Okeghem  se  distingna 
«  dans  cet  exercice  (1).  »  Le  morceau  rapporté 
ensuite  par  le  même  écrivain  (  m  Dodecach., 
p.  454),  et  par  Sebald  Heyden  (De  arte  canendi^ 
p.  39),  comme  exemple  delMiabileté  d'Okeghem 
dans  cette  partie  de  l'art,  est  en  effet  fort  remar- 
quable pour  le  temps  où  il  a  été  écrit  :  c'est  un 
canon  à  trois  voix,  où  l'harmoeie  a  de  la  pléni- 
tude et  de  la  correction,  et  dans  leqnèlles  parties 
chantent  d'une  manière  naturelle.  Mais  on  ju- 
gerait bien  mal  de  la  valeur  de  ce  morceau  si 
l'on  ne  consultait  que  les  traductions  en  parti- 
tion qu'on  en  trouve  dans  les  Histoires  de  la 
musique  de  Uawkins,  de  Burney,  de  Forkel,  et 
à  la  suite  du  Mémoire  de  Kiesewettersurles  mu- 
siciens néerlandais,  car  cette  résolution  du  canon 
énigmatique  d'Okeghem  «»st  absolument  fausse. 
Ambroise  Wilphlingseder ,  cantor  de  l'école  de 
Saint-Sébald  de  Nuremberg,  vers  le  milien  du 
seizième  siècle,  a  reproduit  ce  même  canon  dans 
un  traité  élémentaire  de  musique  qu'il  a  publié 
sous  ce  titre  :  Eroiemata  musices  practicx 
eontinentia  prxcipuas  ejus  artis  pratcep- 
(tbnes  (Nuremberg ,  1563,  in-8°).  La  résolution 
qu'il  en  donne  (p.  58-63)  renverse  Tordre  àt^ 
parties  établi  par  le  compositeur,  et  en  fait  un 


(t)  Arnavit  iodoeus  ex  uua  voce  plnres  drducerc;  qood 
post  enm  muiti  «muIaU  sunt ,  sed  ante  eum  Josnnis 
Okenheim  es  In  exercltaUone  clamerat  \piar.  Dodecach. 
p.  Kk\). 


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OKEGUEiVI 


3G3 


canon  à  ta  quinte  inférienreaa  liea  de  le  résoudre 
à  la  quarte  supérieure,  suivant  rindîcation  de 
Glaréan.  (Fiiga  trium  vocum  tti  epidiates- 
saron  post  perfeclum  tempw),  et  d'après  l'ex- 
plication plus  explicite  encore  donnée  par  Gré« 
goire  Faber,  dix  ans  auparavant,  dans  ses  JFro- 
temata  mûmes  practiex  (p.  152).  «  Fugue  à 
«  trois  parties  (dit  cet  écrivain)  dont  les  deux 
«  premières  sont  ra chant  mol  (mode  mineur), 
«  et  la  dernière  en  chant  dur  (mode  majeur). 
«  La  seconde  partie  entre  à  la  quarte  supérieure 


«  après  un  temps  parfait  ;  la  troisième  commence 
«  à  la  septième  mineure  supérieure  après  deux 
<  temps  (1).  »  La  mauvaise  résolution  de  Wii- 
phlingseder  a  été  donnée  en  partition  par  Haw- 
kins  dans  son  Histoire  générale  de  la  musique 
(T.  n,  p.  471),  puis  copiée  parBumey  (a  General 
History  of  Music ,  T.  II,  p.  475),  par  Forkel 
{Allgem,  Geschiehte  der  Musik,  t.  II,  p.  580), 
et  par  Kiesewotter.  Elle  est  remplie  de  mau- 
vaises successions,  et  partout  où  il  doit  y  avoir 
des  quintes,  on  y  trouve  des  quartes. 


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33: 


J'ai  donné  la  véritable  résolution  de  cet  inté- 
ressant morceau  dans  mon  Esquisse  de  Vhis- 
ioire  de  Vharmonie  comidérée  comme  art  et 


comme  science  systématique  (Paris,  1841,. 
p.  28,  et  Gazette  musicale  de  Paris,  ann. 
1840,  p.  159). 


(t)  Fagi  trium  partlam,  quamm  priores  duc  In  molU 
ODta.  ultlma  In  daro  flctas  voeesmorpat.  Seconda  autem 
part  In  epidiatessaron  post  unam  tempus  perfeetom, 


tertta  In  wmhlltooo  corn  dlapeaie  saperne  po»t  d«e 


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Il  était  d'autant  plas  nécessaire  de  faire  remar- 
quer l'erreur  de  tous  ces  historiens  de  la  musi- 
que et  de  la  rectifier,  que  le  morceau  dont  il 
s*agit  est  le  plus  ancien  monument  parfaitement 
régulier  de  Tart  des  canons,  et  que  c'est  par  lui 
que  nons  pouvons  nous  former  une  opinion  fon- 
dée du  mérite  d'Okeghem  comme  harmoniste. 

La  messe  d'Okeghem  ad  omnem  tonum ,  à 
quatre  voix,  se  trouve  dans  le  rarissime  recueil  in- 
titulé Liber  quindecim  Missarum  a  prxstan- 
tissimis  musieis  composiiarum  (Noiribergx, 
apudJoh.  Petreium,  1538,  petit  in-i*»  obi).  Une 
autre  messe  de  ce  maftre,  intitulée  Gaudeamus, 
se  trouve  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
impériale  de  Vienne  :  elle  est  aussi  à.  4  voix. 
L'abbé  Stadier  Ta  mise  en  partition,  et  Kiesewetter 
en  a  publié  le  Kyrie  et  le  Christe  dans  les  plan- 
ches de  son  mémoire  sur  les  musiciens  néerlan- 
dais, avec  une  multitude  de  fautes  grossiè- 
res, dont  une  partie  a  été  corrigée  dans  VHis- 
toire  de  la  musique  des  contrées  occidentales, 
du  même  auteur;  mais  il  en  reste  encore  plu- 
sieurs. Le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Bruxelles,  n°  5557,  qui  provient  de  la  cha- 
pelle des  ducs  de  Bourgogne,  contient  la  messe 
d'Okeghem  à  quatre  parties ,  qui  a  pour  titre  : 
Pour  quelque  peine,  et  la  messe  également  à 
4  voix  Ecce  ancilla  Domini  ;  je  les  ai  mises  en 
partition  dans  mes  recueils  d'anciens  matt^es 
belges.  Une  note  fournie  à  M.  Léon  de  Biirbure 
par  M.  James  Weale,  de  Bruges,  Indique  le 
titre  d'une  quatrième  messe  du  même  maftre 
(  Village),  dont  une  partie  fut  transcrite  en  1475 


dans  les  livres  de  l'église  collégiale  de  Saint  Do- 
nalien  ou  Donat,  de  cette  ville,  par  le  ténor  et  co- 
piste Martin  Ck)lins  (1).  Plusieurs  messes  inédi- 
tes d'Okeghem  se  trouvent  dans  les  livres  de 
la  chapelle  pontificale,  à  Rome,  dans  le  volume 
n"*  14,  in-folio  :  Baini,  qui  les  cite,  n'en  fait  pas 
connaître  les  titres. 

Sebald  Heyden  cite  aussi  (De  Art e  Canendi, 
p.  70)  Missa  Prolationum,  d'Okeghem,  et  l'on 
en  trouve  un  canon  dans  les  Pnccepta  mttsicje 
practicœ  de  Zanzer  dinspruck,  publiés  dans 
cette  ville,  en  1544. 

Le  plus  rare  des  rarissimes  produits  des  presses 
d'Octavien  Petrucci,  inventeur  de  la  typogra- 
phie musicale,  lequel  a  pour  titre  Harmonice 
inusices  Odhecaton,  renferme  dans  1«  premier 
livre,  marqué  A,  et  dans  le  troisième,  dont  le  titre 
particulier  est  Canti  C  numéro  cento  cin- 
quanta  (  Venise,  1501-1503),  ce  recueil,  dis-je, 
renferme  cinq  chants  d'Okeghem  à  trois  et  à 
quatre  voix.  Son  nom  y  est  écrit  Okenghem, 
Ces  chants  sont  des  motets  composés  sur  des 
mélodies  populaires,  dont  les  premiers  mots  sont  : 
Ma  bouche  rit;  Malheur  me  bat,-  Je  n'ay 
deul;  petite  Camusette;  Prennes  sur  moy 
(prenez  sur  moi).  Un  manuscrit  précieux  de  la 
«n  du  XV«  siècle,  qui  provient  de  la  chapelle  des 
ducs  de  Bourgogne  et  se  trouve  aujourd'hui  dans 
la  bibliothèque  de  la  ville  de  Dijon,  sous  le 
n*»295,  contient  plus  de  200  chansons  françaises,  à 

(1)  Item  MartiDoCollIns  pro  scriptan  Passm^U  f^iUagf, 
dç  Okpghem  et  reparaUone  llbrorum  laceratorum  cun 
novlt  foUls  compoaltls  —  XU  ac.  (  douze  eacalloa  ). 


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OKEGHEM  —  OLEARIUS 


aci» 


trois  et  quatre  parties,  parmi  lesquelles  il  y  en  a 
sept  qui  portent  le  nom  d'Okeghem,  et  peut-être 
un  plus  grand  nombre ,  sans  indication,  qui  lui 
appartiennent  M.  Vibbé  Stephen  Morelot ,  qui 
a  donné  une  excellente  notice  de  ce  manuscrit  (1), 
y  a  joint  le  catalogue  tliématique  de  toutes  ces 
ebansons,  et  l*on  y  voit  les  commencements  de 
celles-ci  qui  portent  en  tête  le  nom  d*Okeghem  : 
1®  Ma  bouche  rit  (publiée  dans  le  recueil 
Jfarmonice  musices  Odhecaton  )  ,•  2^  leê  des- 
teanlx  (  déloyaux }  ont  la  raison  :  3°  Vautre 
dantan  l'autrHer;  4°  Fors  seulement  Vat-^ 
tente  que  je  meure  ;  5^  Quant  de  vous  seul  je 
pers  la  veue;  6^  D*v.n  autre  amer  (amour) 
mon  cœur;  V  Presque  transi.  Je  possède  aussi 
trois  motets  à  quatre  vois  de  ce  maître. 

Je  ne  dois  pas  finir  cette  notice  sans  parler 
d'un  passage  du  Dodecachordon  de  Glaréan, 
où  il  est  dit  qu'Okeghem  a  écrit  une  messe  à 
trente-six  Toix  :  Okenheim  qui  ingenio  omneis 
excelluisse  dicitur,  quippe  quem  constat  tri- 
ginta  sex  vodbus  garriium  quemdam  {mis- 
sam)  instiiuisse  {Dodecach.  lib.  3,  p.  454). 
Dans  le  poème  de  Crétin,  ce  n'est  pas  ane  messe, 
mais  un  motel  à  trente-six  voix  qui  aurait  été 
composé  par  Okeghem  ;  Toici  le  passage  : 

«  C'eil  Okergan  qaoD  doibt  plorer  et  pUindre, 
•<  Cest  lay  qui  bien  »ceot  cbokir  et  attaindre 

•  Toas  les  seeretz  de.  la  subtilité 

«  Da  nooTcau  cbant  par  son  bablleté  (l) 
«  Sans  un  seul  poinct  de  set  relgles  enfiraladre, 
«  Trente-tix  voix  notert  etcripre  et  poindre 
m  En  unç  motet;  ett-ee pas  pour  eomplaitutre 

•  Cellun  trouvant  telle  nooalité? 

«  Cest  Okergan»  > 

Tous  les  auteurs  modernes  qui  ont  parlé  de  ce 
maître  ont  adopté  sans  discussion  le  fait  d'une 
semblable  composition  écrite  par  lui  ;  mais  j'a- 
voue que  je  ne  puis  y  ajouter  foi ,  et  Je  con- 
sidère une  combinaison  de  ce  genre  comme  im- 
possible an  quinzième  siècle,  où  les  morceaux 
de  musique  à  six  voix  étaient  même  fort  rares. 


(l>  De  la  mnslqne  sa  XV*  slèele.  Notice  sur  an  mana- 
scrit  de  U  BibUotbèqoe  de  Dijon,  par  M.  Stepben  Morelot 
dan»  les  Mémoires  dé  la  Commission  arekéologique  de 
Us  Céte^'Or]  \  tiré  i  part,  Paris,  188«,  gr.  In4«  de  ts  pages 
■Tec  on  appendice  de  U  pages  de  musique. 

(t)  Il  ya  dan«  le  téite  Imprimé  : 

Tona  les  secreU  de  la  mbUlUâ 
Du  nouvesu  chant  par  sa  suMUité. 
J'ai  cru  qu'il  y  avait  là  nne  dhtractloa  de  nmprlmear, 
et  J'ai  fait  la'substitotlon  qnl  vleat  natarellemeot  à  l*es- 
prli .  Cependant  U  se  peut  qae  le  paasage  ait  été  écrit  tel 
qull  est  imprimé,  car  M.  Victor  Fonrnel  dit,  dans  sa  no- 
tice sur  Crétin  :  «  11  se  crée  des  dUtteoltés  anssl  biurres 
€  qne  puériles  et  s'étertae  tou|oars  à  donner  à  ses  Tcrs 
«  non-sealeiuent  les  rimes  les  plusrlcbes,  ce  qnl  ne  se- 
a  rail  pas  on  grand  mal,  mais  à  faire  rimer  tnacmble 
•  un  00  pluiteora  mots  tout  entiers,  etc.  » 


Un  seul  musicien  de  ce  temps ,  Bnimel,  élèire 
d'Okegbem,  nous  offre  dans  ses  œuvres  deux 
exceptions  k  l'usage  suivi  par  ses  contemporains  à 
cet  égard  :  la  première  se  trouve  dans  un  fragment 
à  huit  voix  rapporté  par  Grégoire  Faber  (Musices 
practicx  erotem,  Ub,  /.  cap  17)  :  l'autre  est  la 
messe  à  12  voix  :  Et  eece  terrée  motus ,  qui  est  à 
la  Bibliothèque  royale  de  Munich  (Cod.  mus.  I) 
effort  de  tête  sans  doute  extraordinaire  pour 
l'époque  où  vécut  l'artiste,  mais  qui  n'est  rien 
en  comparaison  de  ce  qu'aurait  été  une  messe 
entière  ou  un  motet  i  36  voix.  La  pensée  d'un 
pareil  ouvrage  devait  alors  d'autant  moins  se  pré- 
senter à  l'esprit  des  musiciens,  que  les  chapelles 
des  rois  les  plus  puissants  n'étaient  alors  com- 
posées que  d'un  petit  nombre  d'exécutants. 

Je  le  répète,  une  telle  composition  était  ab- 
solument impossible  au  temps  d'Okeghem;  quelle 
que  fût  son  habileté,  il  n'en  possédait  pas  les 
éléments,  ne  connaissant  ni  la  division  des  voix 
à  plusieurs  chœurs  qui  se  répondent  et  entrent 
tour  à  tour  sur  les  dernières  notes  du  chœur 
précédent,  ni  les  broderies  par  lesquelles  on  dé- 
guise la  similitude  de  mouvements  des  parties. 
Les  messes  et  motets  à  quatre,  cinq  et  six 
chœurs  d'Ugolini  et  de  Benevoli  (compositeurs du 
dix-septième  siècle)  sont  des  œuvres  très-impar- 
faites, si  on  les  considère  au  point  de  vue  de  la 
pureté  de  l'harmonie  ;  mais  on  n'a  pu  les  écrire 
que  dans  un  temps  où  l'art  était  infiniment  plus 
avancé  qu'à  l'époque  où  vécut  Okeghem.  L'a- 
necdote dont  il  s'agit  est  de  même  espèce  que 
mille  bruits  sans  fondement  qui  se  propagent 
sur  les  travaux  des  compositeurs  de  nos  jours. 

OLBEIiS  (J.-N.),  organiste  de  l'église 
Walhadi^  à  Stade,  dans  les  dernières  années  du 
dix-huitième  siècle,  a  fait  graver  de  sa  composi- 
tion :  V*  Six  préludes  faciles  pour  l'orgue  ;  Ham- 
bourg, Bœhme,  1799.  —  î®  Six  préludes  et 
une  pièce  finale  facile  pour  l'orgue,  op.  2  ;  ibid. 
Olbers  a  été  l'éditeur  d'un  recueil  de  pièces  des 
meilleurs  auteurs  pour  le  clavecin ,  dont  il  avait 
paru  4  cahiers  en  1800. 

OLDECOP  (CHRéTTEN-FRéDéRic),  docteur 
en  droit  et  syndic  de  la  ville  de  Lunebourg ,  y 
naquit  le  28  octobre  1740.  Parmi  ses  ou- 
Trages,  on  remarque  un  opuscule  intitulé  :  Rede 
beydebx^  Jahrigen  Amtsjubelfest  des  Cantors 
Schumann  (  Discours  à  l'oocasion  du  jubilé  de 
cinquante  ans  de  fonctions  du  chantre  Schu- 
mann ),  Lunebourg,  1777,  iu-4«. 

OLEARIUS  (Jean  ),  docteur  en  théologie, 
naquit  à  Wesel,  le  17  septembre  1546,  et  noourut 
le  26jan|[ier  1623.  Parmi  ses  nombreux  écrits,  on 
trouve  Qn  poénte  latin  sur  la  restauration  de 
l'orgue  de  l'église  Notre-Dame,  à  Halle,  par  le 


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366 


OLEARIUS  —  OLIIf 


facteur  David  Becken ,  de  Halberstadt.  Ce  |)etit 
ouvrage  a  pourtHre:  Relat.  CalHopesorgarUcx 
de  incento  perquam  ingerUosOf  systemate  mi- 
raculoio,  et  usu  religioso  organarummusita- 
ruMf  cum  novum  organwn  ab  excellente  ar^ 
tiflce  Dav,  Poeccio  Salberstadiensi ,  hisigtU 
cccasione  auctum  et  perpolitum  esset,  Hall«, 
1597,  in-i**.  Une  traduction  allemande  de  ce 
morceau  a  été  donnée  par  le  petit- (ils  d'Olearius. 
(  V.  l'article  OLEARIUS  (Jean-Godefroid). 

OLEARIUS  (JEAN'CiiRiSTOPnE)»  docteur 
en  théologie,  naquit  à  Halle ,  le  17  septembre 
1611  et  fut  prédicateur  de  la  cour  et  surinten- 
dant général  à  Weissensfeld,  où  il  mourut  le  14 
avril  1684.  Il  a  publié  un  recueil  de  cantiques 
spirituels  intitulé  :  Geistliche  Singekunst,  Lcip- 
sick,  1671,  in-8^.  Ce  livre  est  précédé  d'une 
préface  sur  Putilité  de  la  musique  d*égli.se.  On 
a  publié,  après  la  mort  d*01earlus,  un  bon  recueil 
de  cantiques  pour  les  dimanches  et  fêtes,  trouvé 
dans  ses  papiers,  sous  ce  titre  :  Evangetischer 
Lieder-Schatz,  darinn  allerhand  ansserlesene 
Gesœnge  etc.  Jena,  1707,  4  parties  in-4",  et 
Hymnologia  passionalis,  id  est  HomiUtische 
Lieder-Heniarque  (sic)  ûber  nachfolgende 
Passions-gesxnge  des  /c5îw;  Arnstadt,  1709. 

OLEARIUS  (  Jean-Godefroid),  né  à  Halle, 
le  28  septembre  1635,  fit  ses  études  à  l'uni- 
versité de  celte  ville,  où  il  remplit  les  fonctions 
(le  diacre.  Appelé  en  1688  à  Arnstadt,  en  qua- 
lité de  surintendant,  il  y  passa  le  reste  de  ses 
jours,  refusa  la  place  de  premier  prédicateur  à 
Gotha ,  qui  lui  avait  été  offerte ,  et  mourut  le 
23  mai  1711,  à  Tflge  de  soixante-seize  ans.  Gerber 
a  eu  une  distraction  singulière  en  faisant  Jean- 
Godefroid  Oléarius ,  né  en  1635,  fils  du  docteur 
Jean  Oléarius,  mort  en  16^3;  il  a  été  copié 
par  M.  Charles  Ferdinand  Becker.  On  a  de 
Jean-Godefroid  une  traduction  allemande  du 
poème  de  son  aieul  sur  la  restauration  de  Torgue 
de  Halle,  sous  ce  litre  :  Dr.  Johann  Olearii 
lateinisches  Gedicht  bel  Verbesserung  des 
Orgelwerkes  in  der  Hauptkirche  zu  L,  Frauen 
in  Halle,  ins  Deutsche  ûbersetzt;  Halle,  1655. 
OLEBULL.  Voyez  nVLL  (Ole). 
OLEN,  prêtre  et  poëte-chanteur  de  la  religion 
de  Délos,  vécut  environ  seize  cents  ans  avant  Père 
chrétienne.  Suivant  Suidas  (voc.  ÛXfjv),  il  était  chef 
d'une  celonie  sacerdotale  qui  vint  des  côtes  de  la 
Ljcie  porter  à  111e  de  Délos  le  culte  d'Apollon  et  de 
Diane  ou  Àrtemis;  mais  Pausanias  (L.  X,  c.  5.) 
dit  qu'un  des  hymnes  qu'on  chantait  à  Délos 
indiquait  qu'Olen  était  Hyperboréen;  ce  qui  peut 
se  concilier,  car  dans  la  première  migration  indo- 
persane, un  rameau  de  cette  émigration,  venue 
des  montagnes  de  la  Bactriane,  s'établit  d'a- 


bord dans  TAraiénie  et  dans  la  Lyde.  Long- 
temps après  Alexandre,  et  même  après  le  com  • 
mencement  de  Tère  chrétienne,  on  ebanlait 
encore  à  Délos  les  hymnes  composés  par  Olen 
pour  le  culte  d*Apollon  et  de  Diane.  Creuzer 
(  Symbol.  )  reconnaît  dans  ce  cnlte  et  dans  les 
idées  d'Olen  conservées  par  Homère  dans  son 
Hymne  à  Apollon,  les  traces  de  la  métaphysique 
religieuse  de  Plnde  antique. 

OLE  Y  (Jean-Christophe),  organiste  et  pro- 
fesseur adjoint  à  l'école  d'Aschersleben,  était  né 
à  Bernebourg,  et  mourut  en  1788.  11  était  con- 
sidéré comme  un  bon  claveciniste  et  uo  orga- 
niste distingué  :  ses  fugues  et  ses  fantaisies  siir 
l'orgue  passaient  pour  excellentes.  On  a  gravé  de 
sa  composition  :  l""  Variations  pour  le  clavecin; 
2  suites.  —  T*  Trois  sonates  pour  le  même  instru- 
ment. —  3*  Mélodies  pour  des  chorals,  en  2  volu- 
mes.—4^  Chorals  Taries  pour  Porgue,  en  quatre 
suites.  La  quatrième  partie  a  été  publiée  après  la 
mort  de  l'auteur,  avec  une  préface  de  Hiller,  à 
Quediinbonrg,  cliez  F.  J.  Emst,  en  1792. 

OLIBRIO  (Flavio-Anicio),    pseadonyme 
sous  lequel  il  parait  que  Jean -Frédéric  Agricola 
(  V,  ce  nom)  s'est  caché  pour  faire  la  critique 
des  premiers  numéros  de  l'écrit  périodique  publié 
par  Marpurg,  sous  le  titre  de  Musicien  critiq\te 
de  la  Sprée,  Cette  critique  est  inlitulée  Sckrei- 
ben  einer  reisenden  Liebhabers  der  Musik 
von  der  Tyber  an  den  Critischer  Musicus  an 
den  Sprëe  (Lettre  d'un  amateur  de  musique 
I  des  bords  du  Tibre,  en  voyage,  au  Musicien  cri- 
j  tique  de  la  Sprée),  1  feuille  in-4'',  sans  date 
;  et  sans  nom  de  lieu.  Marpurg  ayant  répondu 
I  avec  humeur  dans  sa  publication  périodique,  le 
j  pseudonyme  lui  fit  une  rude  réplique  intitulée  : 
j  Schreiben  an  Eerm  ***  in  welchen  Flavio 
;  Anicio  OUbrio  tein  Schreiben  an  den  CriHs- 
\  cher  JftMJcttf  an  der  Spree  veriheidiget, 
ttfuf  dessen  Wiederlegung  antwortet  (Lettre 
à  M  *** ,  dans  laquelle  on  défend  celle  que  Flo- 
rio  Anicio  Olibrio  a  adressée  au  Musicien  cri- 
tique de  la  Sprée,  etc.;  Berlin,  juillet  1749,  ïnrk" 
de  51  pages. 

OLIFANTE  (Baptiste),  musicien  napoli- 
tain, vécut  à  Naples  au  commencement  do 
dix-septième  siècle  et  fut  attaché  au  service  du 
vice-roi  qui  gouvernait  alors  ce  royaume  pour 
le  roi  d'Espagne.  Il  a  ajouté  un  traité  des  propor- 
tions de  la  notation  à  la  deuxième  édition  da 
livre  de  Rocco  Rodio  intitulé  :  JRegole  di  muska 
(voyez  RoDio). 

OLIN  (Elisabeth  ),  cantatrice  de  l'Opéra  de 
Stockholm,  y  brilla  dans  la  seconde  moitié  du  dix* 
huitième  siècle.  En  1782,  die  chanta  arec  succès 
le  rOle  principal  dans  la  Cora  de  Nanoiann. 


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OLIPHATST  —  OLIVIER 


3G7 


OLIPHANT  (  T.  ),  professear  de  musique  , 
inbtruity  né  à  Londres  dans  les  premières  années  i 
du    dix-neuvième  siècle ,  est  auteur  de  divers  1 
écrits  parmi  lesquels  on  rémarque  :   1^  Brïef  ; 
Accouru  of  tht  Madrigal  soeiety,  from  its 
institution  in  174 1  ^o  the présent  përiod  (Courte 
notice  sur  la  société  des  madrigaux ,  depait  son 
institution  jusqu'à  l'époque  actuelle)^  Londres, 
1835,  in-12.  —  2^  Short  Account  ofMadrigals 
from  ikeir  commencement  up  to  the  présent 
iime  (  Courte  notice  sur  les  madrigaux ,  depuis 
leur  origine  jusqu'à  ce  jour);  Londres,  1836, 
in-12. 11  a  publié  aussi  :  Musa  madri^alesca,  a 
collection  of  the  Words  of  Madrigals,  eic , 
chde/ly  of  the   EUsabethan   âge,  with  Re^ 
marks  and  Annotations  (  Muse  madrigalesque 
ou  collection  de  paroles  des  madrigaux,  princi- 
palement de  répoque  de  la  reine  Elisabeth,  avec 
des  remarques  et  des  notes);  Londres,   1837, 
in-12. 

OLIVER  (Edouard),  membre  du  o)Hége  du 
Christ,  à  Cambridge,  et  chapelain  du  comte  de 
Northampton,  vivait  vers  la  fm  du  dix-«eptième 
siècle.  11  a  fait  imprimer  un  sermon  en  faveur 
de  Tttsage  de  Torgue  et  des  instruments  de  mu- 
sique dans  réglise  sous  ce  titre  :  Sermon  on 
John  IV,  24,  Londres,  169S,  in-4^.  Voyei 
POOLE  (  Mathieu  ). 

OLIVER  (  J.<A.  }  mettre  de  musique  au 
deuxième  régiment  d'Infanterie  écossaise,  vers  la 
io  du  dix-huitième  siècle,  a  fait  graver  à  Londres, 
en  1792  :  Quarante  divertissements'  militaires 
pour  2  clarinettes ,  2  cors  et  2  bassons. 

MLl  VËiR  A  (  Autoinb  ),  dominicain  du  cou- 
vent de  Lisbonne,  brilla  dans  les  premières  an- 
nées du  dix -septième  siècle,  comme  compositeur 
et  oornme  directeur  du  chœur  de  l'Église  Saint- 
Julien  dans  sa  ville  natale  ;  il  se  rendit  plus  tard 
à  Rome,  oiï  il  mourut  11  a  laissé  en  manuscrit 
beaucoup  de  messes,  de  psaumes  et  de  motets 
qui  sont  indiqués  dans  le  catalogue  de  la  biblio- 
tlièqoe  royale  de  Lisbonne,  imprimé  chez  Craes- 
beke,  ep  1649,  in-4<'. 

OLlVET  (L*abbé  Joseph  THOULIERD*), 
né  à  Salins  le  30  mars  1682,  moamlàParis, 
le  8  octobre  1768.  L'Aeadémie  française  Tadmit 
an  nombre  de  ses  membres  en  1723.  Ce  savant 
grammairien  est  auteur  d'un  opuscule  intitulé  : 
Lettres  de  Tabbé  d'Olivet  à  son  frère,  snr  le  dif^ 
iërend  de  M.  de  Volt9ire  avec  Travenol,  Paris, 
1746,  in-42.  Il  y  fournit  quelques  renseigne* 
Dients  snr  ce  dernier,  qui  était  Tioloniste  à  Tor- 
cbestre  de  TOpéra.  (  Voyes  Tbatenol.  ) 

OLIVIER  (  Jbait  db  Dibd  ),  docteur  en  droit, 
né  à  Carpentras,  dans  le  département  de  Yau- 
cluse,  en  1752,  ou  en  1753,  selon  plusieurs  bio- 


graphes, fut  arocat  et  professeur  de  droit  à  Avi- 
gnon, puis  chancelier  de  la  cour  suprême  de  la 
rectorerie  du  Comtat  Venaissin.  Après  la  réunion 
du  Comtat  à  la  France,  en  (791,  Olivier  n*écliappa 
que  par  miracle  au  massacre  de  la  Glacière  à 
Avignon.  Plus  tard  ,  il  fut  arrêté  à  Ntmes 
comme  parent  d*émigrés,  et  condnit  à  Orange 
où  siégeait  le  tritmnal  révolutionnaire;  mais  les 
événements  du  9  thermidor  lui  sauvèrent  la  vie 
et  le  rendirent  à  la  liberté.  Nommé  juge  du  tri- 
bunal d'appel  de  Ntmes,  sous  le  consulat,  il 
devint  plus  tard  conseiller  de  la  cour  impériale 
de  cette  ville.  Il  est  mort  à  la  campagne,  près  de 
Nîmes,  le  30  novembre  1823.  Au  nombre  de  ses 
écrits,  on  trouve  :  1^  VEsprit  d'Orphée,  ou  de 
Vinfluence  respective  de  la  musique,  de  la  mo» 
raie  et  delà  législation;  Paris,  Pougens,  1798, 
in*8<'de92  pages.  --H'*  L'Esprit  d'Orphée,  ou 
de  Vinfluence  respective  ,etc  seconde  étude  ou 
dissertaiionf  ibid.  1802,  in-8**,  de  37  pages.  — 
3^  Troisième  étude,  ou  dissertation  iottchant 
les  relations  de  la  musique  avec  l'universaUté 
des  sciences,  ibid.,  1804,  in-S".  Je  crois  qu'il  y  a 
un  autre  opuscule  du  même  auteur  sur  le  même 
sujet,  mais  je  n'en  connais  pas  le  titre. 

OLIVIER  (  François  Henri  ),  typographe  à 
Paris,  inventa,  en  1801,  de  nouveaux  procédés 
pour  imprimer  la  musique  en  caractères  mobiles,  et 
obtint,  dans  la  même  année,  uo  brevet  de  dix  ans 
'pour  leur  exploitation.  Le  procédé  d'Olivier  con- 
sistait à  graver  en  ader  les  poinçons  des  notes 
sans  fragments  de  portée;  puis  ces  poinçons 
étaient  trempés  et  frappés  dans  des  matrices  de 
cuivre  rouge  ;  après  quoi  la  portée  était  coupée 
au  travers  de  la  largeur  de  la  matrice  an 
moyen  d'une  petite  scie  d'acier  à  cinq  lames.  La 
formes  des  caractères  de  musique  fondus  dans 
ces  matrices  était  belle,  mais  les  solutions  de 
continuité  de  la  portée  se  faisaient  apercevoir 
dans  Pimpression  comme  par  les  procédés  ordi- 
naires. Une  médaille  en  brome  fut  accordée  à 
Olivier  pour  l'invention  de  ces  caractères,  à  l'ex- 
position du  Louvre  en  1803.  II  forma  alors  avec 
Godefroy  une  association  pour  la  publication  de 
la  musique  par  ses  nouveaux  procédés;  plusieurs 
livres  élémentaires  et  des  compositions  de  dif- 
férents genres  parurent  jusqu'en  1812,  ainsi  qu'un 
journal  de  chant  composé  d'airs  italiens  avec 
accompagnement  de  piano;  mais  l'entreprise  ne 
fut  point  heureuse;  et  le  chagrin  qu'en  eut  Oli<- 
vier  lui  occasionna  une  maladie  de  poitrine  qui 
le  mit  au  tombeau  dans  Tété  de  181S.  Tout  le  ma- 
tériel de  la  fonderie  et  de  l'imprimerie  qu'il  avait 
établie  était  déposé  à  la  Yillette,  près  de  Paris, 
en  1819,  et  on  l'offrait  à  vil  prix  sans  trouver 
d'amateur.  J'ignore  ce  qu'il  est  devenu  depuis 


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368 


OLIVIER  —  OLTHOVIUS 


ce  temps.  Francœur  a  donné  une  description 
détaillée  des  procédés  typographiques  d'Olivier 
dans  le  Dictionnaire  des  découvertes,  inven- 
tions, innovations,  etc.  (Paris,  1821-1824J. 
tome  12,  pages  61-65. 
OLIVIER-AUBERT.    Voyez    AUBERT 

(PlERRB-FRAlIÇOfS-OLITIER  ). 

OLIVIERI  (Joseph),  compositeur  de  Té- 
Gole  romaine,  fut  maître  de  chapelle  de  Saint- 
Jean  de  Latran  et  succéda  en  cette  qualité  à 
Antoine  Cifra,  en  1622  ;  mais  il  n'en  remplit  les 
fonctions  que  pendant  un  an,  et  eot  pour  suc- 
cesseur un  autre  maître  nommé  aussi  OlÎTieri 
(Antoine),  en  1623  ;  circonstance  qui  semble  in- 
diquer qu'il  cessa  de  vivre  à  cette  époque,  car 
on  ne  trouve  plus,  après  ce  temps,  de  traces  de  son 
existence.  Olivieri  fut  un  des  premiers  composi- 
teurs italiens  qui  firent  usage  de  la  basse  con- 
tinue pour  Taccompagneroent  de  leurs  ouvrages, 
et  qui  multiplièrent  les  ornements  dans  le  chant. 
Il  a  publié  à  Rome,  en  1600,  des  motels  pour 
soprino  solo  avec  chœur.  On  a  aussi  de  lui  des 
madrigaux  à  2  et  3  voix  avec  basse  continue, 
sous  ce  titre  :  La  Turea  armonica;  gioveniU 
ardori  di  Giuseppe  OUvieri  ridoiti  in  madri- 
gali,  et  nytovamente  posti  in  musiea  a  due, 
e  tre  voci  con  il  basso  contintu>  per  sonarein 
ogni  istromento,  Rome,  1617. 

OLIVIERI  (A.  ),  né  à  Turin  en  1763,  ap- 
prit à  jouer  du  yiolon  sous  la  direction  de  Pu- 
gnani,  et  parvint  à  une  habileté  remarquable 
sur  cet  instrument.  Pendant  plusieurs  années  il 
fut  attaché  à  la  musique  du  roi  de  Sardaigne  et 
au  théAtre  de  la  cour.  Une  aventure  fAcheuse 
Tobligea  à  s'éloigner  inopinément  de  Turin  :  on 
rapporte  ainsi  cette  anecdote.  Olivieri  était 
souvent  engagé  à  jouer  chez  un  personnage  de  la 
cour  qui  le  payait  avec  magnificence.  Un  jour 
il  se  fit  attendre  si  longtemps,  qne  Tauditoire 
commençait  à  témoigner  quelque  impatience; 
enfin  il  arriva,  et  le  maître  de  la  maison  lui  ex- 
prima son  mécontentement  en  termes  très-durs. 
L'artiste,  occupé  à  accorder  son  instrument, 
écoutait  les  reproches  sans  répondre  on  seul  root; 
mais  cee  reproches  continuaient  toujours,  et  les 
expressions  devinrent  si  insultantes ,  qu'Olivieri 
brisa  son  Tiolon  sur  la  tête  du  grand  seigneur 
et  s'enfuit  à  Naples.  11  y  était  encore  à  Tëpoque 
où  Tarmée  française  envahit  cette  Tille,  et  les 
principes  révolutionnaires  qu'il  afficha  pendant 
qu'elle  l'occupait  Tobligèrent  à  la  suivre  quand  elle 
se  retira.  Il  visita  alors  Paris,  où  il  fit  graver 
deux  morceaux  de  sa  composition;  il  se  rendit 
à  Lisbonne  quelques  années  après,  et  n'en  revint 
qu'en  1814.  Je  l'ai  connu  en  1827;  son  embon- 
point excessif  lui  avait  fait  abandonner  le  violon  ; 


mais  il  avait  /conservé  un  goût  très-vif  poor  la 
musique  et  en  parlait  bien.  Je  crois  qu^il  est 
mort  peu  de  temps  après.  On  a  graTé  de  sa 
composition  :  i**  Yariktions  pour  violon,  sur 
une  barcaroUe  napolitaine,  avec  accompagne- 
ment de  quatuor;  Paris,  Carli.  —2*^  Deux  airs  va- 
riés pour  violon,  avec  violoneelle;  Paris»  Leduc. 
Quoique  Olivieri  eût  les  doigts  trèa-gros,  il  jouait 
avec  beaucoup  de  délicatesse  et  de  brillant  les 
choses  les  plus  difficiles  ;  mais  on  remarquait 
quelque  froideur  dans  son  style. 

OLIVO  (StHPLiciBif  ),  maître  de  la  chapelle 
ducale  de  Parme,  naquit  à  Mantone  vers  1630. 11 
a  fait  imprimer  de  sa  composition  :  1®  Salnù 
dieompieta,  con  litanie  in  ultimo,  concertait 
a  otto  voci  e  du£  vioUni,  con  una  violetta 
e  vioUmcino;  Rologne,  Jacques  Monti,  1674, 
op.  2,  in-4".  --  2*  Salmi  per  le  vespri  di  tutto 
Vamio  con  il  cantico  délia  Beata  Maria  Virgine 
a  Otto  voci  divisi  in  due  cori,^  op.  3.  ibid, 
1674.  —  3*  Carcerata  Ninfa,  madrigaU  apiû 
vod;  Venise,  1681. 

OLOFF  (Ephhaîm),  né  à  Thorn  en  168S; 
fit  ses  études  dans  sa  ville  natale  et  à*.Leip»ck, 
puis  fut  nommé  prédicateur  de  l'église  de  la 
Trinité,  à  Thorn,  et  mourut  dans  cette  ville,  non 
en  1715,  comme  le  dit  M.  Sowinski  (  Les  musi- 
ciens polonais,  p.  412  ),  mais  en  1745.  On  a  de 
lui  un  bon  livre  intitulé  Polnische  Liederge- 
schiehiervonpolniéchen  Kirchengesangerund 
derselben  Dichtem  und  Uebersetsem,  nebst 
ehUgen  Ànmerhungen  aus  der  polnische  Kir- 
chen  und  Gelerhten  Geschichte  (  Histoire  des 
cantiques  polonais,  des  chantres  des  églises  po- 
lonaises et  de  leurs  auteurs  et  traducteurs,  etc.); 
Dantzick,  1744.  On  y  trouve  des  notices  sur  les 
poètes  et  muMciens  auteurs  des  chants  d'église, 
et  des  renseignements  bibliographiques  sur  les 
livres  de  chant  (Kancgonalg)  polonais. 

OLPE  (  CHRénEM-FRÉDéRic  ),  recteur  do  col- 
lège de  la  Croix,  k  Dresde,  naquit  à  Langensalia, 
le  5  août  1728,  et  fut  nonuné  bibliothécaire  de 
l'Académie  de  Wittenberg.  Deux  ans  après,  on 
l'appela  k  Torgau,  en  qualité  de  recteur,  et  en 
1770  il  alla  k  Dresde,  où  il  était  encore  en  1796. 
Il  a  publié  lin  petit  écrit  intltnlé  :  Einige  Nack- 
richten  von  den  Chorordnungen  auf  der 
Kreutzschule,  und  von' den  WohllKatenwel- 
chesei  getiiessen  (Quelques  renseignements  sur 
l'organisation  du  chœur  de  l'école  de  la  Croix ,  et 
des  avantages  qu'on  y  trouve),  Dresde,  1792, 
in^o. 

OLTHOVIUS  (Stàtios),  magister  et  can- 
tor  de  l'école  primaire ,  à  Rostock ,  naquit  à  Os- 
nabruck ,  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  Sur  l'invitation  de  Chytraei,  recteur  du 


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OLTHOVIUS  —  ONSLOV/ 


369 


«ollége  de  Rostock,  il  mit  en  musique  à  quatre 
parties  lea  paraphrases  des  psaumes  de  Georges 
fiuchaoan,  et  les  publia  sous  ce  titre  :  Psalmo- 
rum  Davidis  paraphrasis  poetica  Georgii 
Buchanani  Scoti,  cum  quaiuor  vocibus;  Ros- 
loccbi,  1584,10-12*.  Les  quatre  parties  sont  en 
regard  dans  ce  volume.  On  trouve  l^analyse  do 
ces  mélodies  dans  la  préface  que  Nathaniel  Cby- 
trœi  a  placée  en  léte  de  la  de4iiième  édition,  inti- 
tulée :  Psalmorum  Davidis  paraphrasis  poe- 
tica Georgii  Buckatiani  Scoti  :  argumentis  ac 
melodiis  explicata  atque  illtistraia  opéra  et 
studio  AathafUi  Chytrœi,  Herbomx  liasso- 
viorum,  1590,  in- 12,  de  407  pages.  Il  en  a  été 
publié  une  troisième  édition  sous  le  même  tilre, 
dans  ia  même  ville,  en  16t0,in-12^ 

OLYMPE.  Il  y  eut  dans  Tantiquité  deux 
musiciens  de  ce  nom,  Tun  et  l'autre  Tameux 
Joueurs  de  flûte.  Le  premier,  ou  le  plus  ancien, 
vivait  avant  la  guerre  de  Troie.  Il  était  Mysien 
d'origine,  fils  de  Méon,  et  disciple  de  Marsyas. 
Olympe  fut  Fauteur  de  trois  nomes  ou  chants 
^ni  furent  longtemps  célèbres  chez  les  Grecs  :  le 
premier  doit  être  un  hymne  à  Minerve,  le  second 
riiymne  à  Apollon,  et  le  troisème  était  appelé  le 
chant  des  Chars,  Aristote  (  Politic,  lib.  8,  c.  ô) 
dit  que  les  airs  d* Olympe ,  de  Vaveu  de  tout  le 
monde,  excitaient  dans  Vdme  une  sorte  d'enr 
thousiasme.  Indépendamment  de  sonhabileté  sur 
la  ilûle,  Alexandre  Polyhistor,  cité  par  Plutarque 
(De  musica),  attribue  à  Olympe Tart  déjouer 
des  instruments  à  cordes  et  de  percussion.  Ce 
dernier  auteur  dit  aussi  positivement  qu'Olympe 
fut  l'inventeur  du  genre  enharmonique;  mais 
Perreur  de  Plutarque  est  évidente,  car  le  genre 
enharmonique  d^Olympe  n*était  autre  chose  que 
]e  système  lonai  de  TOrient.  Le  second  Olympe 
était  Phrygien  ;  il  vivait  dans  le  même  temps 
que  Midas,  et  il  fut  le  plus  habile  joueur  de  flûte 
de  cette  époque. 

ONARI  (Romcald),  moine  camaldule,  vécut 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  Il  n^est  connu 
que  par  ses  ouvrages,  au  nombre  desquels  on 
remarque  celui  qui  a  pour  titre  :  Il  primo  libro 
délie  messe  concertate  a  cinque  e  sei  voci 
op.  4.  in  Venezia,  app,  Aless,  Vincenti,  1642, 
in-4^ 

y/»ONS-E\-BRAY  (Louis-Léon  PAJOT, 
chevalier,  comte  D'),  fils  d'un  directeur  général 
des  postes  et  relais  de  France,  naquit  à  Paris, 
le  25  mars  1678,  et  succéda  à  son  père  dans  sa 
charge,  en  1708.  Il  mourut  à  Bercy,  près  de 
Paris,  le  22  février  1754.  D'Ons-en-Bray  a  fourni 
plusieurs  mémoires  à  la  collection  de  l'Académie 
'  royale  des  sciences  de  Paris,  parmi  lesquels  on 
remarque  :  Description  et  usage  d'un  métro* 

BIOCR.  CJlflY.  DES  MQSrGIE!YS.  —  T.  VI, 


mètre  ou  machine  pour  battre  (a  mesure  ei 
le  temps  de  toutes  sortes  d'airs  (Mém.  deTA- 
cad.  royale  desscienccs,  ann.  1724),  tiré  à  part, 
Paris,  in-4'*  (sans  date). 

O^SLOW  (Geouces),  compositeur,  né  à 
Clermont  (  Puy-de-lMme  )  le  27  juillet  1784.  Son 
père  était  le  second  fils  d'un  lord  de  ce  nom,  et 
sa  mère,  née  De  BourdeiUes,  descendait  de  U 
famille  de  Brantôme.  La  musique  n'entra  dans 
l'éducation  d'Onslow  que  comme  l'accessoire 
agréable  du  savoir  d'un  gentilhomme;  cependant, 
pendant  un  assez  long  séjour  qu'il  fit  à  Londres 
dans  sa  jeunesse»  il  reçut  des  leçons  de  HulU 
mandel  iiour  le  piano  ;  plus  tard  il  devint  é!ève  de 
Dussefc ,  et  après  que  celui-ci  eut  quitté  TAngle- 

I  terre,  Onslow  passa  sous  la  direction  de  Cramer. 
De  tels  maîtres  semblaient  devoir  développer  en 

;  lui  un  vif  penchant  pour  l'art  dont  ils  lui  af^re- 
naient  à  exprimer  les  beautés;  mais  par  une  rare 
exception  dans  la  vie  de  ceux  qui  parviennent  à 
se  faire  un  nom  honorable  parmi  tes  artistes^ 
Onslow  ne  comprenait  de  la  musique  que  la  par- 
tie mécanique  de  l'exécution  ;  son  coeur  restait 
froid  aux  inspirations  des  plus  grands  maîtres , 
et  son  imagination  sommeillante  ne  lui  fourni»- 
sait  pas  une  idée  qui  pût  révéler  un  musioien  de 
mérite.  Un  séjour  de  deux  années  en  Allemagne 
ne  changea  pas  ses  dispositions  :  rien  ne  peut 
mieux  faire  comprendre  à  quel  point  il  portait 
l'indifférence  pour  la  musique,  que  son  naïf  aveu 
d'avoir  entendu  sans  plaisir  les  meilleurs  opéras 
de  Mozart  rendus  avec  une  parfaite  intelligence 
des  intentions  de  ce  grand  artiste.  Toutefois  l'é- 
tonnement  qu'un  tel  lait  doit  exciter  parmi  ceux 
qui  connaissent  la  musique  d'Onslovi,  s'accroîtra 
encore  lorsqu'on  saura  que  ce  que  Don  Juan  et 
la  Flûte  enchantée  n^avaient  pu  faire,  l'ouver- 
ture de  Stratonice ,  c'est-à-dire  une  des  moins 
bonnes  compositions  de  Méliul,  le  fit.  «  En  écou- 
te tant  ce  morceau  (dit  Onslow),  j'éprouvai  une 
a  commotion  si  vive  au  fond  de  l'Ame,  que  je 
«  me  sentis  tout  A  coup  pénétré  de  sentiments 
«  qui  jusqu'alors  m'avaient  été  inconnus  ;  aujour- 
«i  d'hui  même  encore,  ce  moment  est  présent  à 
«  ma  pensée.  Dès  lors,  je  vis  la  musique  avec 
«  d'autres  yeux  ;  le  voile  qui  m'en  cachait  les 
a  beautés  se  déchira  ;  elle  devint  la  source  de 
«  mes  jouissances  les  plus  intimes,  et  ia  compagne 
«  fidèle  de  ma  vie.  >»  Cette  bixarre  anecdote, 
rendue  plus  remarquable  encore  par  le  peu  d'a- 
nalogie de  la  musique  de  MélHil  et  de  celle  d'Ons- 
low,  doit  être  ajoutée  à  la  liste  fort  étendue  des 
singularités  signalées  dans  la  vie  de  quelques 
artistes. 

Onslow  avait  appris  à  jouer  du  violoncelle,  à 
la  sollicitation  de  quelques  amis  qui  désiraient 

24 


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370 


ONSLOW 


exécuter,  dans  Tisolement  de  la  province,  les 
quatuors  et  quintettes  de  Haydn,  <ie  Mozart  et  de 
Beethoven.  La  révolution  qui  venait  de  s'opérer 
en  lui  le  rendit  attentif  à  ce  genre  de  musique, 
qu'il  n'avait  écoutée  jusqu'alors  qu'avec  distrac- 
tion :  cliaque  jour  il  y  trouva  plus  de  charme,  et 
bientôt  il  y  prit  un  goût  passionné.  Il  ne  lui  suf- 
fisait plus  d'en  entendre  ;  il  voulut  en  étudier  la 
facture,  et  ût  mettre  en  partition  les  pins  beaux 
morceaux  des  grands  maîtres  qui  viennent  d'être 
nommés.  Cette  étude  pratique  de  l'harmonie  lui 
tint  lieu  de  la  théorie,  dont  il  ignorait  les  éléments, 
et  le  prépara  à  Tart  d'écrire  ses  propres  ouvra- 
ges. Cependant  il  avait  accompli  sa  vingt-deuxième 
année  avant  qu'il  eût  éprouvé  le  besoin  de  coip- 
poser.  Ce  fut  peu  de  temps  après  cette  époque 
qu'il  se  décida  à  écrire  son  premier  quintette,  pre- 
nant pour  modèles  ceux  de  Mozart,  objets  de  sa 
préférence.  Il  est  facile  de  comprendre  qu'avec 
une  éducation  musicale  si  imparfaite,  et  sans 
avoir  préludé  à  de  semblables  ouvrages  par  quel- 
ques essais  moins  importants,  le  travail  matériel 
d'une  partition  de  quintette  dut  être  laborieux 
et  lui  présenter  plus  d'un  embarras  pénible  ;  mais 
les  avantages  d'une  fortune  indépendante,  et  le 
calme  d'une  existence  qui  s'écoulait  paisiblement 
loin  du  tumulte  des  grandes  villes ,  laissaient  à 
Onslow  tout  le  loisir  nécessaire  pour  surmonter 
les  obstacles  que  rencontre  une  première  produc- 
tion. C'est  à  ces  causes  qu'il  faut  attribuer  le 
grand  nombre  de  compositions  qu'il  a  publiées 
dans  l'espace  d'environ  trente  ans,  malgré  la  len- 
teur qui  dut  être  inséparable  de  ses  premiers  tra- 
vaux. Vivant  presque  constamment  à  Clermont, 
•u  dans  une  terre  située  à  peu  de  distance  de  celte 
Tille,  au  milieu  dfs  montagnes  de  l'Auvergne,  il 
ne  visitait  Paris  que  pendant  quelques  mois  de  la 
saison  d'hiver.  La  douce  quiétude  d'un  genre  de 
▼ie  si  favorable  à  la  méditation  l'a  merveilleuse- 
ment secondé  dans  la  destination  qu'il  s'était 
donnée.  Après  avoir  été  entendus  à  Paris,  chez 
Pleyel,  les  trois  quintettes  pour  deux  violons, 
aito  et  deux  violoncelles  qui  forment  le  1er  œuvre 
d'Onslow  furent  publiés  vers  la  lin  de  1807. 
Une  sonate  pour  piano,  sans  accompagnement, 
la  seule  qu'il  ait  écrite  dans  celte  forme,  trois 
trios  pour  piano ,  violon  et  violoncelle,  et  le  pre- 
mier œuvre  de  quatuors  pour  deux  violons,  alto 
et  basse,  leur  succédèrent  et  commencèrent  à 
faire  connaître  leur  autenr  avantageusement 
parmi  les  artistes.  Cependant,  malgré  ces  succès 
d'estime,  Onslow  éprouvait  quelquefois  le  regret 
de  n'être  guidé  dans  ses  travaux  que  par  son 
instinct,  et  de  ne  pouvoir  invoquer  eu  leur  fa- 
veur que  le  témoignage  de  son  oreille  :  un  ami 
(M.  de  Murât)  loi  donna  le  conseil  de  se  con- 


lier  à  Reicha,  pour  faire,  sous  sa  direction,  un 
cours  d'harmonie  et  de  compositton.  Reicba  était 
en  effet  le  maître  le  plus  propre  à  donner  une 
instruction  rapide,  qui  pût  se  résumer  plus  ei» 
procédés  de  pratique  qu'en  connaissance  pro- 
fonde de  la  science.  C'était  surtout  de  ces  pro- 
cédés qu'Onslow  avait  besoin  ;  quelques  mois 
lui  suffirent  pour  en  apprendre  ce  qui  était  né- 
cessaire à  un  artiste  déjà  pourvu  d'un  sentiment 
harmonique  développé. 

Depuis  longtemps  Onslow  jouissait  de  la  répu- 
tation de  compositeur  de  mérite  dans  la  musique 
instrumentale  :  ses  amis  le  pressèrent  de  sollici- 
tations pour  qu'il  appliquât  son  talent  à  la  scène; 
il  céda  à  leurs  instances  en  écrivant  VAlûtzde  de 
la  Vega,  drame  en  trois  actes,  qui  fut  représenté 
au  théâtre  Feydeau,  dans  le  mois  d'août  1S24,  et 
qui  ne  s'est  pas  soutenu  à  la  scène.  En  vam  le 
musicien  eût  il  réalisé  dans  la  composition  de 
cet  ouvrage  ce  qu'on  attendait  de  lui,  le  livret  de 
la  pièce  était  si  faible  de  conception,  qu'il  aurait 
entraîné  la  chute  de  la  musique;  mais  cette  mu- 
sique elle-même  avait  le  défaut  radical  de  n'être 
pas  empreinte  du  caractère  dramatique.  Il  étaitévi- 
dent  qu'en  l'écrivant  Onslow  s'était  plus  occupé 
des  détails  de  la  facture  que  de  la  signification 
scéniquc  des  morceaux .  Le  Colporteur,  o|>éra  eu 
trois  actes,  joué  au  niêroe  thé&tre,  en  1827,  est 
une  composition  beaucoup  meilleure  que  la  pre- 
mière sous  le  rapport  dramatique.  Les  progrès 
de  l'autour  à  cet  égard  semblaient  indiquer  qu'aux 
succès  de  salon  obtenus  par  sa  musique  instru- 
mentale il  joindrait  ceux  de  la  scène  qui  seuls,  et» 
France,  donnent  de  la  popularité  aux  noms  des 
artistes.  Mais  après  le  succès  d'estime  obtenu  par 
le  Colporteur,  Onslow  disparut  de  la  scène  pen- 
dant dix  années,  et  ce  ne  fut  qu'en  1837  qu'il  fît 
représenter  son  troisième  opéra,  sous  le  titre  : 
Le  Duc  de  Guise.  Quelques  morceaux  bien  faits 
se  faisaient  remarquer  dans  celte  partition  ;  mais 
l'ouvrage  était  en  général  froid  et  lourd. 

Le  uaractère  de  son  talent  semblait  lui  offrir 
des  chances  plus  favorables  dans  la  symphonie  ; 
cependant  celles  qu'il  a  fait  exécuter  dans  les 
concerts  du  Conservatoire  de  Paris  y  ont  été  ac- 
cueillies avec  froideur.  Onslow  a  cru  voir  de 
l'injustice  dans  l'indifférence  de  l'auditoire  des 
concerts  du  Conservatoire,  et  l'a  considérée 
comme  le  résultat  de  l'engouement  exclusif  pour 
les  symphonies  de  Beethoven  :  il  avait  la  convic- 
tion que  sa  musique  était  bien  faite,  et  cerles  on 
y  pouvait  remarquer  beaucoup  de  mérite,  mais 
un  mérite  didactique.  On  n'y  trouvait  point  ces 
heureuses  péripéties  qui  font  le  charme  des  sym- 
phonies de  Haydn ,  de  Mozart  et  de  Ucetlioven. 
Comme  ces  artistes  illustres,  Onslow  développait 


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ONSLOW  —  OPEI.T 


371 


son  œuTre  sur  une  idée  principale,  mais  d*aue 
manière  scolastiqoe  et  froide,  et  non  avec  les 
élans  de  génie  qui  brillent  dans  ses  modèles.  Il 
est  remarquable  aussi  que,  dans  ses  symphonies, 
Onslow  n'a  pas  donné  de  brillant  à  sou  instru- 
mentation; son  orchestre  était  sourd  et  terne. 
Dans  ropinion  des  connaisseurs,  la  spécialité  du 
talent  de  Tauteur  de  ces  sy  mplionies  consiste  dans 
l'art  d'écrire  les  quintettes. 

En  1829,  un  accident  cruel  fit  craindre  un  ins- 
tant pour  la  yie  d*Onslow,  et  faillit  au  moins  le 
priver  de  l'ouïe.  Il  était  à  la  chasse  au  sanglier 
dans  la  terre  d'un  ami;  entré  dans  un  bois, 
il  s'y  assit  un  iustant  pour  y  écrire  une  pensée 
musicale;  absorbé  dans  la  méditation,  il  avait 
oublié  la  chasse,  quand  il  fut  atteint  par  une 
balle  qui,  après  lui  avoir  déchiré  l'oreille,  alla  se 
loger  dans  le  cou,  d'où  elle  ne  put  être  extraite. 
Les  accidents  qui  se  développèrent  à  la  suite  de 
ce  malheur  firent  cramdre  une  inflammation  du 
cerveau  ;  mais  après  quelques  mois  de  traitement 
et  de  repos,  la  santé  se  rétablit,  et  il  ne  resta  à 
Onslow  qu'un  peu  de  surdité  à  Toreille  qui  avait 
été  blessa. 

Sans  faire  naître  l'enthousiasme  réservé  pour 
les  œuvres  du  génie,  la  musique  instrumentale 
d'Onslow  lui  avait  fait  une  honorable  réputation 
de  compositeur  sérieux.  L'estime  qu'on  accordait 
à  ses  ouvrages,  et  peut-être  aussi  sa  position 
sociale ,  lui  ouvrirent  les  portes  de  l'Institut  : 
en  1842,  il  succéda  à  Chérubini  dans  l'Académie 
des  beaux-arts,  qui  en  -est  une  division.  Chaque 
année  il  quittait  l'Auvergne  pour  aller  à  Paris 
passer  l'hiver  et  fréquenter  les  réunions  de  ses 
collègues.  Dans  ses  dernières  innées,  sa  santé 
s'affaiblit  progressivement.  «  La  maladie  qui 
«  devait  nous  enlever  Onslow,  dit  Halévy  (1) , 
«  ne  vint  pas  l'abattre  d'un  seul  coup.  Ses  forces 
«  néchirent  peu  à  peu  sous  le  poids  du  mal  qui 
a  détruisait  sa  vie.  Il  vint  pour  la  dernière  fois  à 
m  Paris,  dans  Tété  de  1852  i  Tépoqne ordinaire 
a  des  concours  de  musique.  Ses  amis  furent 
«  frappés  du  changement  qui  s^était  fait  en  lui  : 
«  sa  vue  s'éteignait,  sa  parole  naguère  vibrante , 
«  ardente,  accentuée,  était  morne  et  pénible.  Lors- 
«  qu'il  quitta  Paris,  de  tristes  pressentiments 
«t  Tinrent  nous  assaillir  :  ils  ne  furent  que  trop 

«  tôt  justifiés Il  retourna  à  Clermont  pour 

«  y  mourir  :  le  3  octobre  1852,  au  moment  où  le 
«  jour  se  levait ,  ce  cœur  noble  et  dévoué  avait 
«  cessé  de  battre.  » 

(1)  Notice  sur  Georges  Onslow,  lue  â  la  séance  publique 
annuelle  de  VÂcadéiMe  des  beaux^arts,  le  samedi  <  oe- 
(oèr«iSU;  Paris  Firmin  Uidol,  18SS,  In  »•,  et  Souvenirs 
€t  Portraitsi  par  Ualévj,  Paris,  Michel-Uvy,  1861,  f  vol. 
•n-it  cp.  185). 


Cette  mort  fut  heureuse  pour  l'artiste;  car  si 
sa  vie  se  fAt  prolongée,  il  aurait  acquis  la  triste 
conviction  que  tout  était  fini  pour  sa  renommée, 
et  qu'aucun  écho  ne  résonnerait  désormais  des 
accents  de  sa  musique.  Qui  pourrait  croire  en 
effet,  que  celui  dont  on  a  publié  34  quintettes» 
36  quatuors,  3  symphonies,  7  œuvres  de  trios 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  3  opéras  et 
une  multitude  d'autres  compositions;  que  celui 
que  l'Allemagne  considérait  comme  le  seul  com- 
positeur français  de  musique  instrumentale ,  et 
dont  les  ouvrages  ont  été  reproduits  à  Vienne, 
à  Leipsick,  à  Bonn,  à  Mayeuce,  serait  sitôt  oublié? 
Tel  est  le  sort  des  œuvres  que  n'a  pas  dictées  le 


La  liste  des  compositions  de  cet  amateur  dis- 
tingué est  divisée  de  la  manière  suivante  :  l"* 
Trente-quatre quUitettes,  savoir; œuvre  1*'  pour 
2  violons,  alto  et  2  violoncelles;  Paris,  Pleyel; 
op.  17,  idem,  ibid.;  op.  18  et  19  pour  2  vio- 
lons, alto,  violoncelle  et  contrebasse,  ibid.; 
op.  23,  24  et  25  pour  2  violons,  .2  altos  et 
basse,  ibid.;  op.  32,  33,  34,  35,  pour  2  violons, 
alto,  violoncelle  et  contrebasse,  ibid.;  op.  37, 
pour  2  violons,  alto  et  2  violoncelles,  ibid.; 
op.  38  idem,  ibid,  ;  op.  39,  40, 43,  44,  45,  pour 
2  violons,  alto,  violoncelle  et  contrebasse;  op.  51, 
57  et  58  pour  2  violons,  alto  et  2  violoncelles; 
op.  59,  61,  67,  68,  72,73,  74,  78,  80.  82,  idem, 
ibid.  —  2"*  Trente-six  quatuors  pour  2  violons , 
alto  et  violoncelle,  savoir  :  op.  4,  8,  9,  21,  36 , 
44,  46,  47,  48,49,  50,  52,  53,  54,  55,  56,  62,  63, 
64,  65,  66,  69;  Paris  et  Leipsick.  —  3°  Trois 
symplionies  à  grand  orchestre,  op.  41,  42,  et 
la  troisième  tirée  de  l'œuvre  32;  Paris  et  Leip- 
sick. —  4°  Trios  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle; op.  3,14,  20,  24,  26,  27  ;  Paris,  Pleyel. 
•—'5®  Sextuor  pour  piano,  2  violons,  alto,  violon- 
celle et  contrebasse,  op.  30,  ibid.  6°  Duos 
fMkur  piano  et  violon,  op.  Il,  15,  21,  29,31, 
ibid.  —  7^  Sonates  pour  piano  et  violoncelle , 
op.  16,  ibid.  ^  8"^  Sonates  pour  piano  à 4  mains , 
op.  7,  22,  ibid.  —  9"  Sonate  pour  piano  seul,  op.  2, 
ibid.  —  lO""  Des  thèmes  variés,  toccates,  etc.,  pour 
piano  seul,  ibid.  —  ir  Trois  opéras,  savoir  : 
V Alcade  de  la  Vega,  en  3  actes;  le  Colpor^ 
leur,  en  3  actes  ;  le  Due  de  Guise,  en  3  actes. 

OPELT  (...),  facteur  d'orgues  et  d'instru- 
ments à  Ratisbonoe,  né  dans  la  seconde  partie 
du  seizième  siècle,  fit  un  voyage  en  Italie  et  cons- 
truisit eu  1604,  dans  l'église  Saint-Georges  de 
Vérone,  un  orgue  qui  fut  estimé  de  son  temps. 

OPELT  (François-Gdillacme),  receveur 
des  impMs  à  Plauen,  dans  le  Voigtiand,  puis 
conseiller  des  finances  du  royaume  de  Saxe ,  à 
Dresde ,  annonça,  dans  la  Gazette  musicale  des 

24. 


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375 


OPELT 


39  février  et  6  décembre  183?,  un  livre  de  sa 
composilion  intitulé  :  Àllgemeine  Théorie  der 
Musih  (Théorie  générale  de  la  musique),  et  ex- 
pliqua dans  ses  annonces  la  nature  des  travaux 
par  lesquels  il  avait  essayé  de  donner  une  base 
certaine  à  cette  théorie;  mais  de  pareils  ouvrages, 
quel  qu'en  soit  le  mérite,  ne  rencontrent  guère 
que  de  rindifférence  dans  le  public,  et  M.  Opelt 
eu  fit  par  lui-même  la  triste  expérience.  Il  crut 
alors  exciter  plus  d*intérAt  en  publiant ,  comme 
aperçu  de  son  travail ,  un  exposé  des  principes 
qui  lui  servent  de  base,  dans  une  brochure  de 
4B  pages  in-4%  sous  ce  titre  :  Ueber  die  Natur 
der  Mmik,  Ein  vorlxufiger  Àuszug  ans  der 
Bereits  auf  Unteneiehnung  angekiindigten  : 
Allgemeinen  Théorie  derMusik  (Sur  la  nature 
de  la  musique,  etc.),  Plauen,  i834.  Fink  rendit 
compte  de  cet  écrit  dans  la  Gazette  générale 
de  mnsique deLeipsick  (ann.  1834,  n^  7  );  mais 
je  crois  que  lui  et  moi  fûmes  les  seuls  lecteurs 
de  l'ouvrage  de  M.  Opelt.  Inventeur  d*un  ins- 
trument auquel  il  a  donné  le  nom  de  rhythmo- 
métré  ^  et  qui  a  de  l'analogie  avec  la  Sirène 
de  Cagniard-de-Ia-Tour,  il  avait  été  conduit,  par 
une  suite  d'expériences,  &  constater  des  rap- 
ports proportionnels  entre  le  temps  mesuré  et  le 
son  déterminé,  en  ce  que  les  vibrations  du  pen- 
dule, en  raison  de  sa  longueur,  sont  la  mesure 
du  temps,  comme  les  vibrations  de  la  corde  on 
de  la  colonne  d'air  dans  un  tuyau  déterminent 
l'intonation  du  son ,  également  en  raison  de  la 
longueur  de  la  corde  ou  du  tuyau.  Possédant  une 
instruction  solide  en  physique ,  dans  la  science 
du  calcul  et  dans  la  théorie  de  la  musique,  Opelt 
parait  être  d'ailleurs  expérimentateur  intelligent. 
Persuadé  de  rinfaillibilité  de  ses  résultats,  il  pro- 
fita de  l'amélioration  de  sa  position,  après  qu'il 
eut  été  appelé  à  Dresde  où  il  occupe  une  place 
importante  dans  les  finances,  pour  livrera  rim< 
pression  sa  Théorie  générale  de  la  musique, 
qui  parut  sous  ce  titre  ?  Allgemeine  Théorie  der 
Musik  auf  den  Rhythmus  der  Klangwillen- 
puise  und  durch  neue  Versinnlichungs^nUtel 
erlxutert;  Leipsick,  1852,  gr.  in'4*'. 

Ainsi  que  la  plupart  des  physiciens  et  des  ma- 
thématiciens qui  se  sont  occupés  de  musique, 
Opelt  se  persuade  que  les  bases  de  cet  art  existent 
dans  les  phénomènes  du  monde  matériel  et 
dans  les  formules  numériques  qu'on  en  déduit. 
Rien  ne  le  prouve  mieux  que  le  titre  donné  à 
son  premier  opuscule  :  Sur  la  nature  de  la  mu» 
sique.  La  nature  de  la  musique,  suivant  lui, 
c'est  ce  qui  résulte  de  ses  expériences  sur  le  mo- 
nocorde, le  pendule  et  le  rhythmomètre.  De  oes 
expériences»  il  tire  la  démonstration  de  l'ana- 
logie, ou  plutôt  de  l'identité  des  intervalles  des 


sons  et  des  durées  relatives  de  ceux-ci.  De  ce* 
intervalles,  il  fait  sortir  tout  un  systènre  d'iiar- 
monie  et  de  mélodie;  des  proportions  de  la  durée 
variable  des  sons,  il  déduit  tontes  les  formules 
des  éléments  rhythmiques.  Or,  voilà  bien  toute 
la  musique  ;  il  n'y  manque  plus  que  le  sentiment 
et  l'imagination,  bagatelles  dont  Opelt  ne  tient 
pas  grand  compte.  Dans  son  opinion,  le  plaisir  que 
procure  la  musique  ne  consiste  que  dans  les 
rapports  numéiiques  des  intervalles  des  sons  et 
dans  ceux  de  la  durée  de  ces  sons,  et  le  plaisir 
est  d'autant  plus  vif  que,  les  rapports  étant  plus 
simples,  le  calcul  mental  s'en  fait  avec  plus  de 
facilité.  Nous  voici  donc  ramenés  à  cette  pro- 
position émise  pour  la  première  fois  par  Descartes 
{voyez  ce  nom),  et  qui  a  égaré  la  puissante 
tète  d'Ëuler,  comme  je  l'ai  démontré  dans  mon 
Esquisse  de  Vhistoire  de  Vharmmûe  (pages 
74-91).  Il  y  a,  sur  cette  base  prétendus  de  Part, 
deux  observations  qu'il  importe  de  présenter 
pour  dissiper  les  erreurs  des  physiciens  et  des 
géomètres. 

Remarquons  d'abord  que  les  relations  de  sons 
fournies  par  les  instrunienL^  acoustiques  et  dé- 
terminées par  le  calcul  sont  des  faits  isolés,  des- 
quels ne  peut  sortir  la  loi  de  leur  enchaînement 
tonal,  soit  mélodique,  soit  harmonique.  Or  c'est 
le  mouvement  des  sons ,  c'est-à-dire  leur  sue- 
tiession,  en  vertudeslois  de  tonalité  etderhythnie, 
qui  constituent  la  musique.  Ces  lois  sont  des  con- 
ceptions, idéales ,  métaphysiques,  et  non  des  ac- 
quisitions empiriques.  Cest  l'homme  qui  les  a 
créées  et  formulées  diversement  suivant  les  temps, 
les  lieux  et  les  mœurs.  Opelt  construit  une  échelle 
chromatique  par  les  principes  de  tons  les  géo- 
mètres, c'est-à-dire,  par  de  faux  principes  qui 
font  les  tons  inégaux,  bien  qu'ils  soient  sans  aucun 
doute  égaux  dans  notre  tonalité,  et  par  de  pré- 
tendus demi-tons  majeurs,  bien  qu'ils  soient 
mineurs  puisqu'ils  sont  attractifs.  A  grand'peine 
et  par  des  procédés  arbitraires,  il  tire  de  tout 
cela  des  accords;  mais  ces  accords  sont  im- 
muables :  rien  ne  peut  les  faire  sortir  de  leur 
repos  étemel.  Par  des  moyens  analogues ,  Opelt 
trouve  des  éléments  de  rhythme;  mais  il  n'en 
peut  tirer  une  conception  rhythmique.  parce 
qu'une  conception  idéale  ne  peut  nattre  de  faits 
matériels. 

Supposons  cependant  que  les  expériences  ^ 
les  opérations  numériques  de  ce  savant  lui  eus- 
sent fait  trouver  dans  la  nature  ce  que  je  lui 
refuse,  qu'en  pourrait-on  conclure?  M'est-il  |)as 
évident  que  les  hommes  n'ont  eu  aucune  con- 
naissance de  ces  choses  lorsqu'ils  ont  formulé 
leurs  tonalités?  Ne  sait-on  pas  que  les  peuples 
les  plus  barbares  et  les  plus  ignorants  ont  rbythmé 


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OPELT  —  ORGANO 


373 


leurs  chants  par  la  seule  loi  de  leur  organisalion  ? 
Ne  connaît-on  pas  l'histoire  des  premiers  essais 
d'harmonie,  des  développements  de  celte  partie 
de  l'art,  de  ses  transformations  et  de  ses  acqui- 
sitions successives  par  de  pures  intuitions  intel- 
lectuelles et  sentimentales  P  Or,  qu'est-ce  que  la 
théorie  de  ces  choses,  sicen*est  l'exposé  des  opé- 
rations de  l'esprit  et  du  sentiment  qui  ont  pré- 
sidé à  leur  création,  et  comment  la  théorie  tirée 
de  faits  ignorés  pourrait-elle  être  celle  de  l'art? 
Si  donc  nous  supposons  que  ces  faits  ont  réelle- 
ment la  yaleor  et  la  signification  qu'on  leur  ac- 
corde gratuitement,  on  n*y  pourra  reconnaître 
que  cette  harmonie  supposa,  par  Leibniz,  a?oir 
été  établie  par  Dieu  entre  les  phénomènes  du 
inonde  physique  et  ceux  de  la  pensée,  ou,  pour 
me  servir  de  la  formule  fondamentale  de  la  phi- 
losophie deSchelling,  Faccord  de  f intuition  et 
du  ikit,  de  Tidéal  et  du  réel. 

Mais  cet  accord,  en  quoi  pourrait-il  consister? 
Le  voici  :  nul  doute  qu'en  l'absence  des  phé- 
nomènes physiques  de  la  production  des  sons, 
la  musique  n'existerait  pas.  De  l'observation  de 
ces  phénomènes,  de  leur  analyse,  de  l'application 
qu'on  y  fait  du  calcul,  natt  une  science,  c'est-à- 
dire  une  théorie.  Cette  science  a  un  nom  :  c'est 
Tacoustique.  £lle  s'occupe  uniquement  des  faits, 
s'attache  à  les  connaître,  en  étudie  les  lois. 
Comme  toute  science  humaine,  ccUc-là  a  ses 
limites  :  ces  limites  se  posent  d'elles-mêmes  là 
où  les  faits  cessent  de  parler,  là  où  l'interven- 
tion de  l'intelligence,  du  sentiment,  de  Timagi- 
Dation  et  de  la  volonté  est  nécessaire  pour  trans- 
former ces  éléments  en.art;  car  les  faits  ne  con- 
tiennent rien  de  tout  cela.  Aux  limites  de  la 
science  de  l'acoustique  commence  donc  la  théorie 
de  la  musique,  et  l'on  voit  que  cette  autre 
science  ne  peut  être  que  psychologique,  suivant 
la  signification  propre  du  mot.  Ce  qui  constitue 
Tart,  c'est  l'évolution ,  le  mouvement ,  la  suc- 
cession, choses  qui  ne  résultent  pas  des  faits  de 
Tacoustique.  Il  n'y  a  dans  ces  faits  ni  levier, 
nf  plan  incliné,  ni  pesanteur  comme  dans  la  mé- 
canique ;  on  ne  peut  conséquemment  former  ni 
me  statique,  ni  une  dynamique  des  sons,  à 
moins  qu'on  n'aille  chercher  leur  levier,  leur 
attraction  et  la  loi  de  leur  mouvement  dans  l'âme 
humaine.  Les  découvertes  de  M.  Opelt  dans  les 
coïncidences  des  vibrations  des  sons  avec  celles 
dn  pendule  sont  intéressantes  et  curieuses;  il 
a  porté  une  rare  sagacité  dans  l'examen  de  ces 
f^its  ainsi  que  dans  les  applications  qu'il  y  fait  du 
calcul,  et  l'on  ne  peut  lui  refuser  d'avoir  lait  faire 
un  pas  à  la  science,  sons  ce  point  de  vue;  mais 
cette  science  est  la  théorie  des  vibrations,  non 
celle  de  la  musique,  comme  il  le  croit.  Il  connaît 


la  mesure  des  intervalles  des  sons  et  de  la  durée 
de  ceux-ci  ;  mais  il  ignore  les  causes  Idéales  de 
leurs  combinaisons,  sans  lesquelles  la  musique 
n'existerait  pas. 

ORAFFl  (  Pierhe-Mabcblum),  abbé  et  com- 
positeur italien,  vivait  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle ,  et  a  fait  imprimer  à  Venise  : 
1*  Concerli  sacré  1,  2,  3, 4  e  5  voci,  1640.  — 
2^*  Musiche  per\  gli  congregcizioni  ed  altri 
luoghi  di  onesta  ricreazione. 

ORAZIO,  surnommé  Orazietto  delVArpa 
(le  petit  Horace  de  la  Harpe),  à  cause  de  son 
remarquable  talent  sur  cet  instrument,  fut  con- 
temporain du  célèbre  organiste  Frescobaldi  {voyez 
ce  nom),  et  vécut  à  Rome  de  1620  à  1640.  Son 
nom  de  famille  est  inconnu  ;  mais  il  est  cité  par 
les  écrivains  de  son  temps,  notamment  par 
Pietro  délia  Yalle  (Délia  musica  delVelà  nosira, 
dans  le  deuxième  volume  des  œuvres  de  J.-B. 
Doni,  p.  2&4),  comme  un  des  artistes  les  plus 
distingués  de  son  époque,  et  comme  le  premier 
des  virtuoses  sur  la  harpe. 

ORDOIKETZ( Charles),  ou  plutôt  ORDO- 
MEZ,  compositeur  et  violoniste  espagnol,  né  dans 
la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  entra 
au  service  delà  chapelle  impériale  devienne  en 
17G6. 11  a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  sym- 
phonies de  sa  composition,  des  morceaux  de  mu- 
sique d'église,  et  a  fait  gravera  Lyon,  en  1780, 
six  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse, 
op.  1.  Pendant  son  séjour  en  Allemagne,  il  a  com- 
posé le  petit  opéra  :  Dlesmal  hat  der  Mann 
den  Willen  (Cette  fois  l'homme  est  le  maître). 
On  n*a  pas  de  renseignements  sur  la  fin  de  la 
vie  de  cet  artiste. 

ORFIIVO  (ViTTORio),  mnsicien  attaché  à  la 
musique  du  duc  de  Ferrare,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  s'est  fait  connaître  par 
un  recueil  de  compositions  intitule  :  Lamen» 
iasioni  a  5  voci,  lih.  1,  Ferrare,  1589. 

ORGATBO  (Periro),  excellent  luUiiste,  na- 
quit à  Florence  enl471.  Les  circonstances  de  sa 
vie  sont  ignorées  :  on  sait  seulement  que  possé- 
dant une  habileté  incomparable  sur  son  instru- 
ment, relativement  au  temps  où  il  vécut,  ilchanna 
ses  contemporains  et  parcourut  l'Italie  au  bruit 
des  applaudissements.  Il  mourut  à  Rome  en 
1500,  à  TAge  de  vingt-neuf  ans,  et  fut  inhumé 
dans  l'Église  d'Aracœli,  où  cette  inscription  fut 
mise  sur  son  tombeau  :  Perino  Organo,  Fh' 
rentinOf  qui  siiigulari  morum  suavitate  ac 
testudinisnon  imitabUi  concentu,  dubiumre' 
liqutt  amabilior  ne  esset  sua  ingénié  boni-- 
taie,  anadmirabili  artis  excellentéa  clarior, 
Pnulus  Jacobus  Marmita  Parmensis  amico. 
M.  -P.  Vixit  annos  29. 


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374 


ORGAS  —  ORISICCHIO 


ORGAS  (Annibal),  né  à  Anc6ue  vers  la  fin 
du  seizième  siècle,  fut  niattre  de  chapelle  de 
l'église  Saint-Cyriac  qui  est  la  cathédrale  de 
cette  ville.  On  a  de  lui  :  Motetti  a  quatlro^  cin- 
que,  sei  e  otto  vocL  In  Veneiia.  app.  Aless. 
VincerUi,  1619,  in-4*». 

ORGIANI  (Don  Théophile),  compositeur 
vénitien,  fut  mattre  de  chapelle  de  la  cathédrale  à 
Udine  dans  le  Frioul,  et  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  11  a  beaucoup  écrit 
pour  PégUse  et  à  composé  la  musique  des  opéras 
intitulés  :  X""  Il  Vizio  depreuo,  e  la  virtù  co- 
ronata ,  ovvero  VEUogabale  ri  formata,  repré 
sente  au  théâtre  .SaTt^'  Angelode  Venise,  en  1686. 
—  2*"  Dioclete,  représenté  au  théâtre  S.AngelOf 
à  Venise  en  1687.  —  3*"  Le  Gare  delV  Inganno 
edel  amore,  au  théâtres.  Mosè  de  la  même  ville 
«n  1689.  —  4"  Il  Tiramu)  deluso,  représenté  au 
théâtre  de  Vlcence  en  1691.  —  b"*  VOnor  al  ci- 
meîUo,  au  tliéâire  de  San-Fantino,  à  Venise, 
«n  1703.  Le  même  ouvrage  avait  été  joué  à 
Brescia,  en  1697,  .sous  le  titre  de  Gli  amori  di 
JRinaldo  con  Armida.  —  6"  Armida  regina  di 
Damasco,  au  théâtre  de  Vérone,  dans  Pautomne 
de  1711.  Orgiani  est  mort  à  Udine  vers  1714. 

ORGITANO  (  Paul),  compositeur  et  cla- 
Teciniste,  né  à  Naples  vers  1745,  fut  élève  du 
Conservatoire  de  la  Pietà  de!  Turchini,  et  écri- 
Tit,  dans  sa  jeunesse,  la  musique  de  quelques 
petits  opéras  pour  les  théâtres  de  second  ordre 
■à  Naples,  ainsi  que  la  musique  de  plusieurs  bal- 
lets. Eu  1771,  Orgilano  était  employé  comme 
maestro  al  ccmbalo  au  théâtre  du  roi,  à  Londres. 
H  a  publié  dans  cette  ville  un  œuvre  de  six 
sonates  pour  le  clavecin.  On  connaît  aussi  sous 
son  nom  une  cantate  intitulée  Andromacca^ 
avec  accompagnement  de  piano.  Je  crois  que  cet 
artiste  est  mort  à  Kaples,  dans  les  dernières  an- 
nées du  dix -liuitième  siècle. 

ORGITANO  (Raphaël),  fils  du  précédent, 
naquit  à  Naples  vers  1780.  Élève  de  Sala,  et  non 
de  Paer,  comme  il  est  dit  dans  le  Dictionnaire 
historique  des  musiciens  (Paris,  1810-1811)» 
il  montra,  dès  ses  premiers  essais,  d'heureuses 
dispositions  qui  auraient  peut-être  produit  un 
compositeur  distingué,  s'il  n^était  mort  à  la  fleur 
de  Tâge,  à  Paris,  en  1812.  En  1S03,  il  fit  re- 
présenter avec  succès  au  théâtre  des  Fioren- 
tinif  à  Naples,  Topera  bouffe  intitulé  :  VInfermo 
ad  arte.  Cet  ouvrage  fut  joué  sur  les  théâtres 
de  plusieurs  grandes  villes  d'Italie,  et  réussit  par- 
tout. L^année  suivante,  Orgitano  donna  au  même 
théâtre  Non  credere  a^le  apparenze,  autre 
opéra  bouffe  qui  n*eut  pas  moins  de  succès.  En 
1811,  il  écrivit  ^  Paris  quelques  morceaux  qui 
furent  intercalés  dans  le  Pirro  de  Paer,  et  fu- 


rent applaudis.  On  connaît  aussi  de  ce  composi- 
teur quelques  cantates  et  canzonettes  avec  ae- 
compagnement  de  piano. 

ORGOSINI  (Henai),  musicien  né  dans  la 
Marche  de  Brandebourg,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle  et  au  commencement  du 
suivant.  Il  a  fait  imprimer  un  livre  élémentaire  in- 
titulé: Musicanova  qua  tam  faeilis  ostenditur 
canendi  scientia  lU  brevissimo  spacio  pueri 
artem  eam  absque  labore  addiscere  qveant^ 
per  Jienricum  Orçosinum  Marchiacum;  Leip* 
sick,  1603 ,  in-8".  Ce  livre  est  en  latin  et  en  aile, 
mand.  Paul  Balduanus  appelle  cet'auteur  Orge' 
sini  (Bibliotk.  philosoph.j  p.  181). 

.ORI0RYUS(  Jean),  cantor  à  Dusseldorf 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle ,  n'a  été  connu 
d*aucnn  biographe  ou  bibliographe  jusqu*â  ce  jour. 
Lul-mêmenous  apprend,  dans  l'épltre  dédicaioire 
d'un  livre  dont  il  sera  parlé  tout  à  l'heure,  que  son 
mattre  de  musique  fut  Martin ,  surnommé  Peu 
d'argent t  maître  de  cliapelledu  duc  de  Clèveset  de 
Juliers  {voy.  ce  nom).  Le  livre  d'Oridryus,Vun  des 
plus  rares  qu'on  puisse  citer,  a  pour  titre  :  Prac- 
ticx  musicx  utriusque  prxccpta  brevia  eo- 
rumque  exercitia  valde commoda,  exoptimo- 
rum  musicorum  libvis  ea  duntaxat  quœhodie 
in  usu  sunt,  studiose  collecta.  Dusseldorpii^ 
Jaeobus  Batheniusexcudebat,  1557,  petit  in-8* 
de  80  feuillets  non  chiffrés,  mais  avec  des  signa- 
turfcs.  L'ouvrage  est  divisé  en  deux  parties,  dont 
la  première  traite  do  plain-chant,  cl  Taotredeia 
musique  mesurée.  Le  style  en  est  simple,  clair, 
et  rex|)osé  des  règles  y  est  fisit  avec  beaucoup  de 
lucidité,  quoique  d'une  manière  succincte.  Ce  qui 
concerne  l'ancienne  notation,  particulièrement  les 
prolations,  y  est  bien  traité.  Le  hasard  m'a  fait 
acquérir  le  seul  exemplaire  que  j'aie  vu  de  cet 
ouvrage,  dans  une  vente  de  livres,  où  il  n'y  en 
avait  aucun  autre  concernant  la  musique. 

ORIGNY  (  Antoine  -  Jean  -  Baptisie  - 
Abraham  D*),  né  à  Reims  en  1734,  acheta  une 
charge  de  conseiller  à  la  cour  des  monnaies,  et 
la  perdit  à  la  révolution  de  1789.  11  mourut 
ignoré,  au  mois  d'octobre  1798.  On  a  de  lui  une 
bonne  compilation  historique  sur  le  Théâtre- 
Italien  de  Paris  et  sur  les  commencements  de 
l'opéra-comique  à  ce  théâtre,  sous  ce  titre  :  An- 
nales du  Théâtre-Italien  f  Paris,  1788,  3  toL 
in-8V 

ORISICCHIO  (Antoine).  C'est  ainsi  que 
Grétry  (  Mémoires  ou  .Essais  sur  la  musiquef 
1. 1,  p.  72),  Burney  ^The présent  state of  Music 
in  France  andUaly,  deuxième  édit.,  p.  302)»  et 
d'après  eux  Gcrber  et  ses  copisteH,  éorijent  le 
uomdu  compositeur  romain  Aurisicchio  (voye% 
ce  nom).  Je  crois  devoir  ajouter  ici  que  lorsque 


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ORISICCHIO  —  ORLANDI 


S7S 


Grétrv  arriva  à  Rome  en  I7ô9,  ce  maître  était 
déjà  célèbre  par  sa  musique  d'église,  et  que  Bar- 
ney  dit  de  lui  (loc.  cit.)  que  lorsqu'on  exécu- 
tait une  messe  ou  un  motet  du  même  composi- 
teur dans  une  des  églises  de  Rome  (en  1770), 
le  public  s'y  portait  en  foule.  Enfin,  le  Catalo- 
gue général  des  membres  de  TÂcadémle  de  Sainte- 
Cécile  de  Rome  (Catalogo  dei  maestri  corn- 
positorif  dei  professori  di  musica  e  socii  ai 
anore,  etc.  (p.  67)  fait  voir  qu'Antonio  Au- 
risicchio  fut  gardien  de  la  section  des  maîtres, 
membres  de  cette  Académie,  pendant  les  années 
1776-1778  ;  d*où  l'on  doit  conclure  qu'il  ne  mou- 
rut pas  aussi  jeune  que  je  l'ai  dit  à  son  article, 
d'après  les  notes  du  Catalogue  manuscrit  de 
I  abbé  Santini,  car  puisqu'il  était  déjà  célèbre  et 
maître  sévère  en  1759,  comme  le  dit  Grétry,  il 
ne  pouvait  avoir  moins  de  tuente  ans ,  et  devait 
être  eonséquemment  âgé  de  cinquante  ans  au 
moins  lorsque  Casali  {voyez  ce  nom)  lui  suc- 
céda en  1779,  comme  gardien  de  la  section  des 
compositeurs. 

ORJSTAGNO  (Jules),  né  à  TrapanI  (Sicile), 
en  1543  (1),  étudia  la  musique  à  Païenne^  et 
^eviut  organiste  de  la  chapelle  palatine  (2).  Il 
mourut  dans  cette  ville,  à  un  âge  ti-ès*avancé.  On 
a  publié  de  sa  composition  :  1^  Madrigali  a  5 
voci;  Veniie,  Angelo  Gardano,  1588,  in-4*;  — 
2"*  Mesponsoria  Nativitati  et  Epiphanix  Do- 
mini  4  vocum^  Palerme,  Jo.  Ant.  de  Francisci!(, 
1602,  in-4°.  On  trouve  aussi  des  madrigaux 
d'Oristagoodan^  le  recueil  iotitulé  Ir^di  lumi; 
Palerme,  G.  B.  Maringo,  in -4^. 

ORLANDl  (Sakti),  compositeur  de  l'école 
vénitienne,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  composition  :  cinq 
livres  de  Madrigali  a  5  voci,  in  Venetia,  app. 
Angelo  Gardano  FraielU,  1607-1609,  In^". 

ORLAIVDI(Pbrdiiiand),  professeur  de  sol- 
fège au  Conservatoire  impérial  de  Milan,  est  né 
à  Parme  en  1777.  Rngarti,  organiste  à  Colomo, 
lui  donna  les  premières  leçons  de  musique,  puis 
il  continua  ses  études  sous  la  direction  de  Ghi- 
•retti  à  Parme ,  et  Paér  lui  donna  quelques  con- 
seils. En  1793,  il  entra  au  Conservatoire  de  Ui 
Pietà  de'  Turchini,  à  Naples,  pour  y  apprendre 
le  contrepoint  sous  Sala  et  Tritto.  De  retour  à 
Parme  à  l'âge  de  vingt -deux  ans,  il  y  obtint  un 
emploi  dans  la  musique  de  la  cour,  et  bientôt 
après  il  commença  à  écrire  pour  le  théâtre.  Au 
carnaval  de  1801,  il  donna  à  Parme  la  PupiUa 
scozzese^  au  printemps,  il  écrivit  pour  la  Seala, 
h  Milan,  H  Podestà  di  Chioggia,  considéré  à  jusie 

(1)  Blografla  d«gll  uomlnl  iUastrl  Trapanesl.  dcl  cav. 
Gtoaeppe  H.  dl  Ferro;  TrapanI,  1830,  t  vol.  tn-8«. 
|i)  Moagitore,  Biblioth.  Sle.»  1. 1,  p.  4is. 


titre  comme  un  de  ses  meilleurs  ouvrages,  et  qui 
a  été  joué  avec  succès  au  Théâtre-Italien  de  Paris. 
Dans  la  même  année,  il  composa  encore  Aze- 
mira  e  Cimene,  pour  Florence^  et  VAvaro, 
pour  Bologne.  Jusqu'en  1807  il  montra  la  même 
fécondité,  et  quoique  ses  ouvrages  fussent  en  gé- 
néral d'une  inspiration  et  d'une  facture  assez  fai- 
bles, il  jouissait  alors  d'une  brillante  réputation. 
Un  décret  du  vice-roi  dltalie  rappela  à  Milan, 
en  1806,  comme  professeur  de  musique  et  de 
diant  du  pensionnat  des  Pages;  mais  trois  ans 
après,  cette  institution  ayant  été  supprimée,  Or- 
landi  entra  au  Conservatoire  de  Milan,  en  qua- 
lité de  professeur  de  solfège.  En  1828,  il  fut  ap- 
pelé à  Munich  comme  professeur  de  chant.  Je 
crois  quMi  est  mort  dans  cette  ville  vers  i840. 

Depuis  1802  jusqu*en  1814,  Orlan'di  a  écrit 
pour  divers  théâtres  les  ouvrages  dont  les  titres 
suivent  :  1802 ,  /  Furbi  aile  nozze,  à  Rome, 
pour  le  carnaval  ;  VAmore  stravagante,  à  Mi- 
lan, pour  le  printemps;  VAmore  deluso,  à  Flo- 
rence. 1803,  n  Flore,  à  Venise  dans  Tété.  1804, 
La  Sposa  confrastata ,  à  Rome,  pour  le  car- 
naval; Il  Sartore  declamaiore,  à  Milan,  au 
printemps;  Mno,  à  Brescia,  dans  Tété;  La  Vil- 
lanella  fortunata,  à  Turin,  pour  Tantomne. 
1805,  Le  JSozze  chimeriche,  à  Milan,  pour  le 
carnaval;  Le  Sozze poetiche,  à  Gênes,  pour  le 
printemps.  1806,  Il  Corrado,  h  Turin,  pour  le 
carnaval  ;  Il  Melodanza,  à  Milan,  dans  la  même 
saison,  à  l'occasion  du  mariage  du  prince  Eu- 
gène, vice-roi  du  royaume  d'Italie;  /  Baggiri 
amorosi,  au  théâtre  de  la  Scata,  à  Milan,  pour 
le  printemps.  1 807,  IlBaloardo ,  à  Venise,  pour 
le  carnaval.  1808,  la  Damasoldato,  à  Gènes, 
pour  le  printemps  ;  VUomo  bénéfice ,  h  Turin, 
dans  Tété.  1809,  VAmico  delVUomo.  1811,  Il 
Matrimonio  per  svenimento.  1812,  Il  Qui' 
proquo,  a  Milan,  pour  le  carnaval  ;  Il  Cicisbeo 
burktto,  au  printemps,  dans  lamême  ville.  1813, 
ZtUema  e  Zelirna.  1814,  Rodrigo  di  Valcnza; 
laFedra.  Après  les  premiers  succès  deRossini, 
Orlaudi  comprit  qu'il  ne  pouvait  lutter  avec  un 
tel  artiste,  et  il  cessa  d^écrire  pour  la  scène. 
Indépendamment  de  ses  opéras ,  il  a  écrit  qua- 
tre messes  solennelles,  plusieurs  motets,  et 
plus  de  cent  compositions  de  différents  genres, 
parmi  lesquelles  on  remarque  un  ballet  en  cinq 
actes,  beaucoup  de  morceaux  détachés  pour  di-' 
vers  opéras ,  cinq  chœurs  pour  VAlceste  d'Alfieri , 
une  cantate  à  2  voix,  un  nocturne  à  3  voix, 
dédié  au  roi  de  Wurtemberg  en  1826. 

La  fille  d'Orlandi,  née  à  Parme  en  1811,  morte* 
à  Reggio  le  22  novembre  1834,  à  l'âge  de  vingt- 
trois  ans ,  avait  débuté  d'une  manière  brillante 
dans  l'opéra  sérieux,  et  s'était  fait  applaudir  dans- 


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876 


ORLANDl  —  ORLOWSKl 


Anna  Bolena,  de  Donizetti,  et  Norma^  de  Bel- 

iJDi. 

ORLANDINI  (Joseph-Marie),  compo&U 
teur  dramatique,  est  nommé  simplement  Joseph 
Orlandini,  dans  le  catalogue  des  Académiciens 
pbilbannoniques  de  Bologne  intitulé  Série  Cro- 
nologica  de*  Principi  delV  Academia  de'  Fi" 
larmonici  di  Bologna  (  p.  23)  ;  mais  Allacci  le 
nomme  partout  Joseph-Marie,  diaprés  les  li* 
Trets  des  opéras  quUl  a  mis  en  musique.  Sui- 
vant le  même  catalogue,  Orlandini  aurait  été 
Florentin,  mais  les  mêmes  livrets  le  disent  Bo- 
lonais (Bolognese)  :  c'est  à  ceux-ci  qu*il  faut 
ajouter  foi.  Orlandini  naquit  vers  1690  et  brilla 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
Son  maître  de  contrepoint  fut  le  P.  Dominique 
Scorpioni  qui,  vers  la  fin  de  sa  vie,  fut  mallre  de 
cbapelle  de  la  cathédrale  de  Messine.  Orlandini 
écrivit  d*abord  pour  le  théâtre  de  Ferrare,  puis 
composa  pour  ceux  de  Bologne  et  de  Venise.  Sui- 
vant les  notes  qui  avaient  été  envoyées  d'Italie  à 
La  Borde,  cet  artiste  fut  maître  de  chapelle  du 
grand-duc  de  Toscane  (  Essai  sur  la  musique, 
t.  III,  p.  207).  Il  fut  agrégé  à  TAcadémie  des 
PlûUiarmoniques  de  Bologne  en  1719.  Les  titres 
connus  de  ses  ouvrages  sont  ceux-ci  :  1"*  Faras- 
mane,  en  1710;  —  2*  La  Fede  tradita  e  ven- 
dicata,  à  Venise,  1713;  —  3®  Carlo  re  d^Al- 
lemagna,  ibid,  1714;  —  4°  Vlnnocenzaçius- 
iificaia,  ibid.,  1714  ;  —  5*  Merope,  d'Apostolo 
Zcno,  en  1717  ;  —  6®  Antigona,  à  Bologne,  ca 
1718.  Cet  opéra  fut  repris  à  Venise  et  à  Bolo- 
gne en  1721,  1724  et  1727;— 7**Xudo  Poplrto, 
à  Venise,  en  1718;  —  8*  IfigetUa  in  Tauride, 
en  1719  ;  —  9^  Paride,  à  Bologne,  en  1720  ;  — 
10^  Griselda ,  ibid.,  dans  la  même  année  ;  — 
W  Nerone,  à  Venise,  en  1721;  —  n**  Giti- 
dit  ta,  oratorio,  à  Ancône,  en  1723  ;  ^  Oronta, 
à  Milan,  en  1724;  —  14**  Bérénice,  à  Venise,  en 
1725;  —  15«  VAdelnïde,  ibid.,  1729;  —  16°  La 
Donna  nohile,  en  1730  ;  —  iT  Massimiano,  à 
Venise,  1730;—  18*»  Lo  Scialaquatore,  en  1745. 

ORLAIVDO  Dl  LASSO.  V.  LASSUS  (Or- 
LÀND  OU  Roland  DE). 

ORLOFF  (Grégoire-Wladimir,  comte), 
né  à  Pétersbourg  en  1777,  remplit,  dans  sa  jeu- 
nesse, plusieurs  fonctions  publiques,  et  fut  élevé 
en  1812  au  rang  de  sénateur.  Obligé  de  voyager 
pour  sa  santé,  il  visita  Tltalie,  et  fit  un  séjour 
de  plusieurs  années  à  Paris,  où  il  se  lia  avec 
diverses  personnes  distinguées  du  parti  libéral. 
Ces  liaisons  lui  nuisirent  dans  l'esprit  de  Tempe- 
reur  Alexandre,  et  lorsque  lé  comte  retourna 
à  Pétersbourg,  ce  monarque  lui  interdit  de  sié- 
ger dans  le  sénat;  cependant  cette  interdiction 
fut  bientôt  levée.  Le  comte  Orloff  mourut  à 


Pétersbourg  le  4  juillet  1826,  d'un  coup  d'apo- 
plexie, h  l'&ge  de  qcarantc-huit  ans.  Il  a  beau- 
coup écrit,  en  russe  et  en  français,  sur  l'his- 
toire, la  politique,  la  littérature  et  les  arts. 
Quérard  dit  (  voyez  La  France  littéraire,  t.  6, 
p.  503  )  que  M.  Amaury-Duval  est  le  véritable 
auteur  d«s  ouvrages  en  langue  française  pa- 
bliés  sons  le  nom  du  comte  Orloff;  jlgnoi^ 
si  cette  assertion  est  fondée.  Quoi  qu'il  en  soit^ 
au  nombre  de  ces  livres  on  trouve  celui  qui  a 
pour  titre  :  Essai  sur  Vhistoire  de  la  musique 
en  Italie,  depuis  les  temps  les  plus  anciens 
jusqu'à  nos  jours;  Puis,  Dnfarl,  1822,  2  vol. 
in-8^.  Adolphe  Wagner  de  Leipsick  a  traduit  en 
allemand  cet  ouvrage,  sous  ce  litre  :  Entwurf 
einer  Geschichte  der  itaUaniscIien  Musik,eic., 
Leipsick,  1824,  in-8*'.  Il  y  en  a  aussi  une  tra- 
duction italienne.  L'auteur  de  Tartlcle  Orloff  do 
Lexique  universel  de  musique  publié  par  Schil- 
ling dit  que  la  compilation  d'Orloff  est  tirée  en 
grande  partie  du  Dictionnaire  des  artistes  musi- 
ciens, de  Tabbé  Bertini;  mais  ce  dictionnaire 
n'est  presque  qu*une  traduction  de  celui  des 
musiciens  publié  en  français  par  Choron  et 
Fayolle,  et  celui-ci  est  lui-même  traduit,  avec 
beaucoup  de  négligence,  de  l'ancien  Lexique  de 
Geri>er.  Cest  le  Dictionnaire  de  Choron  et 
Fayolle  que  le  comte  cite  partout,  et  je  ne  crois 
pas  qu'il  ait  eu  connaissance  de  celui  de  Bertîm'. 
Au  surplus,  si  le  Dictionnaire  de  Choron  a  beau- 
coup servi  au  comte  Orloff  pour  sa  compilation 
mal  faite,  ce  n'est  pas  le  seul  livre  auquel  il  ait 
emprunté  des  renseignements  remplis  d^inezacti- 
tudes,  de  noms  défigurés  et  de  fausses  dates. 
Le  volume,  concernant  les  musiciens ,  du  livre 
intitulé  Biographia  degli  Uomini  del  regno  di 
Kapoli  (Naples;  1819,  in-4<*)  loi  a  fourni  tout 
ce  qu'il  rapporte  des  artistes  de  l'école  napoli- 
taine :  il  en  a  pris  tout  le  reste  dans  Labonle, 
qu'il  appelle  un  éloquent  écrivain,  J*ai  connu 
le  comte  Orloff  à  Paris  ;  il  aimait  beaucoup  la 
musique,  mais  il  n*y  entendait  rien,  et  son  igno- 
rance de  la  partie  scolastique,  scientifique  et  litté- 
raire de  cet  art  était  complète.  Ce  qu'il  dit  de  la 
musique  des  anciens  et  de  celle  du  moyen  Hge  n*a 
point  de  sens;  il  confond  le  style  de  toutes  les  éfM)- 
quesde  la  musique  moderne  :  il  appelle  Viadana, 
Viadama,  Graun,  Grauss,  Gerber,  Gaebor, 
Forkel,  Jokel,  etc.,  etc.  On  ne  finirait  pas  si  Ton 
voulait  relever  toutes  les  bévues  de  ce  livre. 

ORLOWSKl  (  Artoihe  ),  violoniste  et  com- 
positeur polonais,  est  né  à  Varsovie- en  181 1 
suivant  M.  Sbwinski  {Les  Musiciens  polonais, 
p.  444),  mais  vraisemblement  quelques  années 
plus  tôt.  Il  fit  ses  études  musicales  au  Conserva- 
toire de  cette  ville,  et  y  reçut  les  leçons  de  Bie- 


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ORLOWSKI  —  ORNITHOPARCUS 


377 


lawski  poor  le  violon.  EUner  (voyezc/t  nom  )  lui 
enseigna  la  composition.  Les  premiers  prix  de 
violon  et  de  piano  lui  furent  décernés  eu  1823  ; 
puis  il  écrivit  la  musique  d'un  ballet  en  un 
acte,  qui  fut  représenté  au  grand  thé&lre  de 
Varsovie  en  1824.  Lorsque  ses  études  de  corn  po- 
sition furent  plus  avancées,  il  écrivit  la  musi- 
que d'un  nonvean  ballet  en  trois  actes,  intitulé: 
Envahissement  de  V Espagne  par  les  Maures, 
qui  obtint  quelques  représentations  au  même 
théâtre,  en  1827.  Après  avoir  passé  quelque 
tenues  en  Allemagne,  M.  Orlowski  arriva  à  Paris 
en  1830.  Pendant  son  séjour  dans  cette  ville, 
il  compléta  ses  études  de  composition  sous  la  di- 
rection de  Lesueor,  puis  il  se  rendit  à  Rouen  et 
j  dirigea  pendant  quelque  temps  Torchestrc  du 
tliéAtre  et  celui  de  la  société  Philharmonique.  Il 
y  remit  en  musique  l'opéra  de  Planard  intitulé 
Le  Mari  de  circonstance,  qui  fut  joué  au 
Théâtre  des  Arts  en  1 834,  et  qui  obtint  du  succès. 
Fixé  depuis  lors  à  Rouen,  comme  professeur  de 
piano  et  d'accompagnement,  il  s'y  est  livré  ex- 
clusivement à  l'enseignement.  Les  ouvrages 
couuns  de  cet  artiste  sout  :  —  1°  Trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  1  ;  Varsovie, 
Brzezina  ;  —  2*  Polonaises  pour  piano  seul, 
ibid.;  —  3"  Plusieurs  Mazurecks,  ihid.;  — 
4*  Trois  rondos  pour  piano,  Paris,  Launer  ;  — 
5^  Sonate  pour  piano  et  violon  ;  Paris,  Richault 
^~  6^  Duo  pour  piano  et  violon  sur  des  airs 
polonais,  avec  Alb.  Sowinski  ;  Paris, Launer;  — 
7^  Trois  suites  de  caprices  pour  piano  seul  ; 
Paris,  Lemolne;  —  8''  Duo  pour  piano  et  violon; 
Paris,  Chaillot.  —9°  Valses  pour  piano  à  4  mains, 
Paris,  Lemoine.  —  10®  Romances  françaises  ; 
Paris ,  Launer;  ^11**  Quatuor  pour  piano,  violon, 
alto  et  violoncelle  (en  manuscrit). 

OBNITHOPARCUS  (Andr«),  ou  OR- 
NlTOPARCllUS  suivant  l'orthographe  adop- 
tée par  lui-même,  écrivain  sur  la  musique, 
dont  le  nom  allemand  était  Vogelsang  (1),  na- 
quit à  Meiningen  au  duché  de  Saxe  de  ce  nom, 
dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle. 
Oo  ignore  quels  furent  ses  emplois  et  où  il 
▼écut  :  il  prend  seulement  le  titre  de  maî- 
tre es  arts  (tartium  magister)  au  titre  du 
livre  qoenoua  avons  sous  son  nom.  Il  voyagea 
beaucoup,  et  l'on  voit,  en  plusieurs  endroits,  que 


(I)  Lipen.  BlbUoth.  philos.^  t.  II,  p.  817.  Par  le  nom 
tiré  da  grec  que  s'est  donné  cet  écriraln ,  il  lemble  ^ 
avotr  Tonla  s'appeler  oUeau  roya^mr,  A  cause  des  con« 
irèes  lointaines  qu'il afatt  parcourues.  Omithoparcus  têt 
en  effel  formé  du  substantif  6pvtc,  dont  le  Kénllif  est 
&oviOo<,  et  do  passif  dn  terbe  iiapaxo(JL{C(<^,  éttrtrans^ 
porté  iiuAtlà,  au  loin,  et  par  contraction,  notoxo- 
(xiCopiai. 


son  livre  est  le  résumé  de  leçons  publiques 
sur  la  musique  quMl  donna  à  Tubinge,  Ileidel- 
herget  Mayence.  Le  troisième  livre  de  son  Traité 
do  musique  est  dédié  à  Philippe  Surus,  profes- 
seur au  gymnasse  de  Heidelberg,  de  qui  il  avait 
reçu  l'hospitalité  en  visitant  cette  viile  :  Exper- 
ts sum  (dit-il)  cum  hospiialitate  Uberali'- 
iatem,  quo  lit  ut  omnes  Budoricii  gymnasii 
quam  Heydelbergamnominantf  magislrijtic. 
Un  passage  de  la  fin  du  troisième  livre  contient  la 
longue  énumératlon  des  contrées  qu'il  a  parcou- 
rues ;  il  dit  que  son  voyage  s*cst  étendu  dans  cinq 
royaumes,  savoir:  la  Pannonie  (rAutricheel 
toutes  ses  provinces),  la  Sarmatie  (la  Russie  et  la 
Pologne),  la  Bohême,  la Dacle  (la  Transylvanie , 
la  Moldavie  et  la  Valachie  )  et  toute  l'Allemagne. 
J'ai,  dit-il,  visité  soixante-trois  diocèses,  trois 
cent  quarante  villes,  et  j'ai  vu  des  peuples  et  des 
liommes  d^une  infinité  de  mœurs  différentes; 
j'ai  navigué  sur  deux  mers,  savoir .:  la  Baltique 
et  le  grand  Océan,  etc.  (1).  Une  phrase  de  la  dé- 
dicace du  second  livre  à  Georges  Braccliius, 
chantre  de  l'école  primaire  de  Stultgard,  pour- 
rait faire  croire  qu'il  habitait  la  Souabe,  ou  du 
moins  qu'il  y  avait  été,  car  il  félicite  ce  savant 
de  ce  qu'il  est  en  vénération  dans  ce  pays  et  dans 
la  haute  Allemagne  pour  ses  connaissances  éten- 
dues (inSuevia  ac  toia  superior  veneratur 
Germania  ).  Enfin  on  voit  par  le  huitième  cha- 
pitre du  second  livre  qu'il  visita  Prague,  car  il  y 
parle  d'un  organiste  du  château  de  cette  ville, 
fort  ignorant,  selon  lui ,  qui  osait  faire  la  criti- 
que de  la  doctrine  de  Gafori  sur  les  proportions 
de  la  notation.  Omitlioparcus  traite  ce  pauvre 
homme  en  termes  très-durs.  Il  est  vraisem- 
blable qu'il  en  agissait  ainsi  avec  tons  ceu&  dont 
il  ne  partageait  pas  les  opinions,  et  qu'il  s'était 
fait  beaucoup  d'ennemis,  car  ses  épltres  dédica- 
toires  des  quatre  livres  de  son  Traité  de  mu- 
sique, adressées  aux  magistrats  de  la  ville  de 
Lunebourg,  à  Georges  Bracchius,  à  Philippe 
Surus  et  à  Arnold  Schlick ,  musicien  et  organiste 
du  prince  palatin,  éledenr  de  Bavière,  se  termi* 
nent  toutes  par  la  prière  de  le  défendre  contre 
les  en  vieux,  les  Zoïlé^  et  les  Tersiles. 

Le  livre  d'Ornithoparcus  est  un  des  meilleurs 
de  l'époque  où  il  parut;  il  a  pour  titre  :  Musicas 
activx  Micrologus,  libris  quatuor  digesius 
omnibus  musicx  studiosus  non  minus  uiilis 
quam  necessarius.  On  lit  à  la  fin  da  volume  : 

(11  In  peregrlnatiooe  nostra.  qulnqoe  régna,  Pannonia, 
Sannatla,  Bobemlc.  Dactse.  ae  otrlosqtteGennantae,dlœ- 
cescs  sexaylnU  très  ;  nrbes  ter  centum  quadraglnU  ;  po- 
puiorum  ac  diversorum  homlnom  mores  pêne  loflnitos 
vldtmna  ;  aarln  dno,  Baltteam  icUlcet  atque  Oceaoum 
magnum  naTlgaTlmns,  ele. 


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378 


OKNITHOPARCUS  -  ORPHÉE 


ETcutsum  est  hoc  opus  Liptix  in  a:éibus 
ValetUini  SchumatU,  mense  januario,  anni 
Virginei  paritLS  deciml  sepUmi  supra  ses- 
quimillesimum  (1517),  Leotie  decimo  pantl* 
fice  maximo,  ac  MarimiUano  glariossisimo 
imper atore  orbi  ierrarum  prxsidentibuSf 
in-4''.  obi.  Cette  édition,  qui  est  de  la  plus  grande 
rareté,  se  trouve  à  la  BiblioUièque  impériale  de 
Paris  (  in-4*  V,  n*»  2674-A),  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Berlin  et  à  celle  de  Saint-Marc  de 
Venise.  Deux  autres  éditions  non  moins  rares 
ont  été  publiées  en  1519  et  1521.  La  première 
est  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin  ;  Pautre  à 
la  Bibliothèque  impériale  de  Paris.  Elles  ont 
été  imprimées  toutes  deux  à  Leipsick  par  Va- 
leotin  Scliamann,  et  ont  cette  souscription:  Ex- 
cussum  est  hoc  opus,  denuo  castigatum  re- 
cognitumque,  Lipsuc  in  xdibus  Valentini 
Schumanni  calcographi  solertissimi^  mense 
4iprili ,  anni  Virginei  partus  vndevigesimi 
sypra  sesquimitlesijnum.  Les  dates  seules 
sont  différentes ,  et  leur  format  est  m-4'*  de 
13  feuilles  et  demie.  II  est  bien  remarquable  que 
Forkel,  à  qui  Ton  doit  la  connaissance  de  Té- 
dition  de  1519,  n^ait  pas  tu  qu'elle  ne  pouvait 
être  la  première,  puisqu'on  y  voit  ces  mots  : 
denuo  castigatum  recogniiumque,  et  qu^il  ait 
considéré  comme  une  deuxième  édition  celle  de 
Cologne ,  1535,  tn-S"  oblong,  que  >Vaitlier  avait 
consultée,  et  qu^il  a  fait  connaître.  Ce  lexicogra- 
phe de  la  musique  a  noté  en  marge  de  son  exem- 
plaire une  autre  édition  de  Cologne,  1533. 
Schacht  (  vog.  ce  nom),  cité  par  Gerber,  indique 
une  cinquième  édition  du  même  ouvrage  por- 
tant la  date  de  Cologne,  1540.  Il  y  a  donc  eu 
six  éditions  du  livre  d'Omithoparcus.  Toutes 
■sont  de  la  même  rareté,  et  par  une  bizarrerie 
attachée  à  ce  livre,  il  est  aussi  difficile  de  trouver 
aujourd'hui  la  traduction  anglaise  que  Dowland 
(  voyez  ce  nom  )  en  fit  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  et  qui  a  poui*  titre  ;  Andréas 
Omithoparcus  bis  Micrologus,  or  introduC' 
tion  :  containing  the  art  ofSinging.  Digested 
into  foure  Bookes,  not  onely  profitable^  but 
also  necessaryfor  ail  that  the  art  itudio^us 
cf  Hiusicke.  London;  1609,  petit  in-fol.  de  92 
pages. 

Le  Micrologne  d^Ornitlioparcos  est  divisé  en 
quatre  livres.  Dans  le  premier,  après  les  préli- 
minaires obligés  des  anciens  traités  de  musique, 
concernant  la  définition  de  cet  art,  aa  division 
en  diverses  parties,  son  éloge,  etc.,  on  trouve 
un  traité  du  plain-ciiant  qui  renferme  de  bonnes 
choses  sur  les  tons  et  sur  les  muances.  Le  second 
livre  est  un  traité  de  la  musique  mesurée  :  tout 
ce  qu'il  renferme  sur  la  notation  et  la  mesure 


est  excellent  Le  troisième  traite  des  accents  et 
des  diverses  sortes  de  points  musicaux.  Le  qua- 
trième est  un  traité  dn  contfepoint,  dont  les 
exemples  sont  bien  écrits. 

OÂOLOGIO  (Alexandre),  rousicieil  italien 
au  service  du  landgrave  de  l1esse-0Bssel,aii  eom- 
mencement  du  dix-septième  siècle,  vécut  d'abord 
à  Venise ,  puis  alla  à  la  cour  de  HelDistadfl ,  et 
enfin  fut  attaché  à  la  muaique  de  i'cmperenr,  ^ 
Vienne,  en  qualité  de  composite*ir.  On  a  imprimé 
de  aa  composition  :  1°  Canxoneiie  a  ire  voei, 
lib.  1;  Venise,  1590.  ^  2<*  Idem,  lib.  2;  ibid-, 
1594.  —  V*  Entrées  (Intraden)  à  cinq  et  six  voix, 
Helmstadt,  1597.  Un  recueil  de  motels  de  cet 
artiste,  publié  à  Venise  en  1627,  semble  indi- 
quer qu'il  était  alors  retourné  en  Italie. 

OROSTANDER  (Anuré),  magister  et 
cantor  à  Westeras,  en  Suède,  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-huitième  siècle,  a  publié 
un  traité  élémentaire  de  musique,  en  langue  sné- 
doise,  intitulé  :  Compendium  musicum,  sam- 
manshrifwen ,  til  de  Studerandors  tienst 
Westerxs  (Abrégé  de  musique,  compilé  pour  Tu- 
sage  des  étudiants  de  Westeras),  Westeras,  1703. 

OROUX  (L'abbé),  d'abord  abbé  de  Fontaine- 
le  Comte,  fut  ensuite  chanoine  de  Saint-Léonard 
de  Noblac,  et  chapelain  du  roi.  Il  véait  dant;  la 
seconde  moite  du  dix-huitième  siècle.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages,  on  trouve  une  Histoire  ecclé- 
siastique de  la  cour  de  France;  Paris,  1776- 
1777,  2  vol.  in-4**.  Ce  liîre  renferme  l*histoire 
de  la  chapelle  et  de  la  musique  du  roi,  avec  des 
recherches  curieuses  sur  ce  sujet. 

ORPHÉE,  personnage  mythique  ou  réel, 
dont  l'existence  est  généralement  plaeée  environ 
treize  siècles  avant  Tère  chrétienne,  et  qui,  con- 
séquemment  serait  postérieur  d'environ  trois 
siècles  à  Olen  {voyez  ce  nom  ) ,  prêtre  chanteur 
de  Délosi.  Il  naquit  dans  la  Thrace  .et  fut  fils 
d'GEagre,  roi  d'une  partie  de  cette  contrée.  La 
mythologie  lui  donne  Apollon  pour  père,  et  pour 
mère  la  mnse  Calliope.  Chez  les  Gre<s,  Or|»liée 
est  le  mythe  de  la  puissance  irrésistible  de  ta 
musique  unie  à  la  poésie  sur  tous  tes  êtres  or- 
ganisés, et  même  sur  la  nature  inorganique. 
Contemporain  des  Argonautes,  il  les  accompagne 
dans  leur  expédition;  aux  sons  de  sa  lyre,  le 
navire  Argo  fend  les  flots  et  porte  avec  rapidité 
lès  héros  vers  la  Colchide  ;  par  ses  chants,  il  ar- 
rache ses  compagnons  aux  séductions  des  femmes 
de  Lemnos  ;  il  arrête  par  ses  accords  harmonieux  la 
perpétuelle  agitation  des  Symplégades  qui  auraient 
brisé  le  navire  à  son  passage  ;  Il  endort  le  dragon 
gardien  de  la  toison  d'or,  que  vont  conquérir 
les  Argonantes  ;  au  retour ,  le  charme  de  ses 
mélodies  parvient  à  soustraire  les  héros  aux  eii- 


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ORPHEE  —  ORSLER 


379 


chantemenU  des  sirènes;  enfin,  après  la  mort 
de  son  Eurydice,  il  descend  aux  enfers  pour  re- 
demander sa  compagne  à  Plutoo  ;  à  ses  accents. 
Cerbère  courbe  la  tôte,  Caron  le  transporte  dans 
sa  barqne,  les  Fnries  cessent  de  tourmenter  les 
ombres,  l'inflexible  population  dn  Tartare  est 
émue,  Proserpine  s'attendrit,  et  Plutoncède  à  la 
Yoix  du  chantre  divin.  Une  seule  condition  est 
mise  au  retour  d*£ttrydice  sur  la  terre.  Orpbée  ne 
doit  pas  se  retourner  jusqu'à  ce  que  fous  deux 
aient  reru  la  lumière  du  soleil  ;  mais  la  passion 
remporte;  déjà  près  des  portes  de  renfei,Orpiiée 
▼eut  revoir  Tobjet  de  son  amour,  et  bientôt  il  le 
voit  disparaître  pour  jamais.  Orphée ,  à  qui  le 
nom  de  Chantre  de  la  Thrace  est  resté, 
fut  le  civilisateur  de  ce' pays  par  le  charme 
de  son  art  :  la  tradition  qui  lui  fait  donner  la 
mort  et  disperser  ses  membres  par  les  bac- 
chantes appelées  Ménades^  n'a  d'autre  signifi- 
cation que  celle  d*une  réaction  de  la  barbarie 
des  Tbraces  contre  un  commencement  de  civilisa- 
tion.  L'opinion  de  Cicéron  qu'il  n'y  a  jamais  eu 
iVOrphée  {De  nalura  deorum,  lib.  I,  sect.  38) 
e<^t  vraisemblablement  trop  absolue  ;  car  suivant 
la  tradition  la  plus  généralement  admise,  ce 
poëte  chanteur  n'a  précédé  la  naissance  d'Ho- 
mère que  d'environ  quatre  cents  ans,  et  Ton 
doit  croire  que  l'auteur  de  V Iliade  et  do  V Odyssée 
a  trouvé  des  modèles  et  des  ressources  pour  les 
épisodes  de  ses  grands  |)oëroes  cliez  tous  ces 
chanteurs  des  temps  héroïques  considérés  au- 
jourd'hui comme  fabuleux,  tels  qu'Olen,  Linus, 
Orphée,  Musée,  Thamyris  et  Philammon.  La 
réalité  du  personnage  s'est  perdue  sous  les  fables 
dont  on  l'a  environnée.  Toutefois,  il  est  hors  de 
doute  que  les  Argonautiques,  les  Hymnes ,  et 
d^autres  poèmes  qui  lui  ont  été  attribués,  sont 
postérieurs  au  commencement  de  l'ère  chré- 
tienne. Ce  qui  les  concerne  a  été  éclairci  par  de 
bons  travaux  philologiques  publiés  depuis  le  com- 
mencement du  dix -neuvième  siècle. 

ORSGHLER  (  JEAti-GEOBCBS  ),  né  à  Breslau» 
«n  1698,  reçut  les  premières  leçons  de  musique 
de  l'organiste  Kirsten.  Il  entra  ensuite  comme 
page  au  service  du  comte  Zirotin  qui  le  fit 
Yoyager,  l'envoya  à  Berlin  pour  étudier  le  violon 
«me  la  direction  de  Fr«y  et  de  Rosetti,  et  à 
Vienne,  ob  il  prit  des  leçons  de  contrepoint  chez 
Fux.  En  1730  Orschler  se  rendit  à  Olmtktx  chez 
le  prince  de  Lichtenatein,  qui  le  fit  son  mattre 
de  chapelle.  En  1766  il  était  encore  au  service 
de  la  cour  de  Vienne  comme  violoniste,  quoi- 
qu'il fût  âgé  de  soixante-huit  ans.  Cet  artiste  n'a 
rien  publié ,  mais  il  a  laissé  en  manuscrit  beau- 
coup de  symphonies  à  quatre  parties  pour  Pé- 
gtiftc^  24  trios  de  violon,  et  6  solos. 


ORSl  (Le  Père) ,  moine  célestin  du  couvent 
de  firescia,  fut  maître  de  chapelle  de  l'église  de 
Gli  Angioli  de*  cette  ville,  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle.  Il  a  publié  des  Motetfi  a  tre  e 
quattro  voci  co*l  bas$o  per  Vorgano  ;  Venetia, 
app.  Aléas,  Vincenii,  1647,  in-4^ 

ORSl  NI  (GAET4N),  contralUste  italien,  fut 
attaché  à  la  musique  de  l'empereur  Charles  VI. 
Il  possédait  une  des  plus  belles  voix  qu*un  eAt 
jamais  entendues,  et  le  style  large  et  pur  de  son 
exécution  portait  l'émotion  dans  le  cœur  de  ceux 
qui  l'entendaient.  En  1723,  il  chanta  dans  To- 
pera Costanza  e  fortezsa,  de  Fux,  qui  fut  exé- 
cuté en  plein  air,  à  Prague,  pour  le  couronne- 
ment de  l'empereur.  François  Benda  et  Quanx, 
qui  Pentendirent  alors,  lui  accordent  les  plus 
grands  éloges.  Orsini  conserva  sa  belle  voix  jus* 
qu'à  la  fin  de  ses  jours.  Il  mourut  à  Vienne, 
dans  on  âge  avancé,  vers  17&0. 

ORSINI  (Louis),  compositeur  napolitain, 
élève  du  collège  de  musique  de  5.  Pietro  a 
Majella,  a  fait  son  début  à  la  scène  par  la 
composition  de  l'opéra  intitulé  :  CErmo  di  Sen* 
loph,  représenté  au  théAtre  Nuovo  de  Naplcs» 
dans  l'automne  de  1634.  Cet  ouvrage,  très- faible, 
n'obtint  que  trois  représentations.  A  l'automne  de 
1635,  Orsini  donna  authéAtre  Alfieri,  de  Florence, 
La  Pia  de*  Tolomei ,  qui  n'eut  pas  une  plus 
longue  existence.  J'ignore  si  cet  artiste  est  Is 
même  qui  a  publié  :  1^  Six  trios  pour  3  violons; 
Milan,  Kicordi.  —  2°  Trois  duos  pour  2  violons  ; 
ibid. 

ORSINO  (Gennaro  ou  Janvier),  prêtre  na« 
politain,  fut  maître  au  Conservatoire  de  La  Pietà 
de*  Turchini,  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle, 
et  eut  la  réputation  d^un  prolessenr  de  grand 
mérite.  Il  a  beaucoup  écrit  pour  l'église,  particu- 
lièrement  pour  celle  des  Jésuites  de  Maples, 
dont  il  était  maître  de  chapelle.  En  1690  il  mit 
en  musique  un  drame  intitulé  :  La  Pandora, 
pour  le  Collège  des  nobles,  et  pour  la  même  ins- 
titution, en  1697 ,  un  autre  drame  en  langue 
latine  dont  le  titre  n'est  pas  connu.  On  a  aussi 
de  oet  ecclésiastique  plusieurs  œuvres  de  mu- 
sique instrumentale. 

ORSLER  (Josbph),  compositeur  de  mu- 
sique instriunentale  et  violoncelliste  au  théâtre 
national  de  Vienne,  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  a  laissé  en  manuscrit  :  1^  Symphonie  à 
8  parties.  —  2**  Deux  quatuors  pour  violoncelle, 
violon,  alto  et  basse.  ^  3"  Sept  trios  pour  deux 
violons  et  violoncelle.  — *  4^  Deux  trios,  le  pre- 
mier  pour  violoncelle,  alto  et  basse  ;  le  deuxième, 
pour  deux  violoncelles  et  basse.  —  &*  Quatre  so- 
nates pour  viuloBcelle  et  basse.  Tous  ces  nior» 
ceaux  se  trouvaieul  chez  f  rseg,à  Vienne,  en  1796. 


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880 


ORSLKR  —  ORÏIGUE 


Gerber  suppose  (Neues  Lex.  der  Tonkûnstler) 
que  le  nom  de  cet  artiste  est  incorrccteihent 
écrit,  et  que  Joseph  Orsler  était  fils  de  Jean- 
Georges  Orschler;  ce  qui  n'est  pas  invraisem- 
blable. 

ORTELLS  (D.  antoire-Toéodobe  )  fut 
nommé  maître  de  chapelle  de  Téglise  cathédrale 
ae  Valence,  en  1668.  Considéré  comme  un  des  ar- 
tistes tes  plus  distingués  do  sa  province,  et  de  l'é- 
eole  valençaise  en  particulier,  il  a  écrit  nu  grand 
nombre  de  compositions  pour  l'église  :  elles  se 
trouvent  à  la  cathédrale  de  Valence,  ainsi  que 
dans  plusieurs  églises  d^Espagne  et  au  monas- 
tère de  TEscurial.  M.  £&lava  (voyez  ce  nom)  a 
publié  dans  la  Lira  saci'O'hispana  (  2^  série, 
t.  l«r,  dix-septième  siècle)  la  première  lamenta- 
tion du  mercredi  saint,  à  12  voix  eu  3  chœurs  : 
Cest  un  morceau  bien  fait.  Cet  artisle  est  cité 
comme  autorité  dans  récrit  qui  a  pour  titre  : 
Bispuesta  del  Ucenciado  Franc,  Valls,Pres- 
byt.  Maestro  de  capilla  en  la  englesia  ca» 
ihedr.  de  Barcellona,  a  la  censura  de  D. 
Joach.  Màrtinez,  organ-  de  la  S,  iglesia  de 
Valeneia  contra  la  defensa  de  la  Entrada 
de  et  Tiple  secundo  en  el  Miserere  nobis  delà 
Missa  Scala  Arelina  (p.  5). 

ORTES  (L'abbé  Jean-Marie),  prêtre  vé- 
nitien, vécut  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle. 
Il  est  auteur  d'un  opuscule  auquel  il  n'a  pas  mis 
son  nom,  et  qui  a  pour  titre  :  Ri/lessiom  sopra 
i  drammi  permusica.  Àggiuniovi  una  nuova 
azione  drammatica;  Venezia,  presto  Gio, 
Batiista  Pasquali,  1757,  petit  in-4*. 

ORTH  (J.  W.)  9  pasteur  à  Griesheim,  dans 
le  grand-dudié  de  Hesse-Darmstadt ,  a  pro- 
noncé en  1835 ,  le  douzième  dimanche  après  la 
Trinité,  un  sermon  à  l'occasion  d'un  nouvel 
orgue  placé  dans  son  église.  Ce  sermon  a  été 
publié  sous  ce  titre  :  Von  dem  wakren  Wirke 
derMusik,  beiderdesGesanges  und  Tonspiels, 
zvr  chrisilichen  GoUesverehrung  (De  la  véri- 
table action  de  la  musique,  dans  le  chant  et  le 
jeu  de  Torgoe ,  pour  honorer  Dieu  chrétienne- 
ment); Darmstadt.  Lenthner,  1835,  io-S*"  de  20 
pages. 

ORTIGUE  (Joseph-Louis  D'),  littérateur 
musicien,  né  à  Cavaillon  (Vaucluse),  le  22  mai 
1802,  fit  voir  dès  son  enfance  d'heureuses  dis- 
positions pour  la  musique.  Les  premières  notions 
de  solfège  lui  furent  données  par  nn  musicien 
d'instinct,  mais  sans  culture,  comme  on  en  trouve 
parfois  dans  les  petites  villes  :  il  se  nommait 
Pascal-Derrive.  M.  d'Ortigue  reçut  ensuite  des 
l^ncdeJ.  Viran-Roux,  artiste  pins  habile;  enfin, 
Blaze  père,  et  son  fiis  Castil-Blaze  {voyez  ces 
noms),  amis  de  aa  famille,  lui  enseignèrent  les 


éléments  de  l'harmonie,  dn  piano  et  de  l'orgue. 
Destiné  à  la  magistrature  par  ses  parents,  il  fut 
envoyé  à  Aix,  en  Provence,  poor  y  faire  un  ooon 
s  do  droit ,  après  avoir  terminé  d'assez  bonnes 
études  au  collège  des  Jésuites  de  sa  ville  natsie. 
Sans  négliger  les  leçons  du  professeur  de  la  U- 
culte  de  droit,  M.  d'Ortigue  continuait  à  s*oo-  . 
cuper  de  musique  et  avait  pris  un  maître  de 
violon  qui  le  mit  en  état  de  jouer  une  partie  de 
second  violon  ou  d'alto  dans  les  réunions  d'une 
société  d'amateurs  dont  les  membres  étaient  dé- 
signés sous  le  nom  de  Beethovenistes,  par  op- 
position aux  autres  amateurs  de  la  ville  qui  fré- 
quentaient le  IhéAtre  et  qu*on  appelait  les  Bos' 
sinistes,  11  va  sans  dire  que  les  Beethovenistes 
n'accordaient  aucune  espèce  de  mérite  à  Rossiai. 
M.  d'Ortigue  était  encore  tout  plein  de  ces  pré- 
jugés lorsqu'il  arriva  à  Paris,  en  1827,  pour  y 
faire  son  stage,  et  il  lui  en  restait  encore  beau- 
coup deux  ans  après,  lorsqu'il  publia  sa  pre- 
mière brochure  où  se  trouvait  cette  plirase  : 
Un  homme  (Rossini)  souvent  inférieur  aux 
grands  maures  dans  les  parties  esseniieUes, 
et  qui  les  avait  tout  au  plus  surpassés  dtms 
les  qualités  secondaires  !  Plus  tard,  les  opi- 
nions de  M.  d'Ortigue  se  sont  modifiées  de  la 
manière  la  plus  absolue  à  l'égard  des  ceovres  da 
même  maître. 

Nommé  en  1 828  juge  auditeur  à  Apt  (Vaucluse), 
M.  d'Ortigue  dut,  à  son  grand  regret,  s'éloigner 
de  Paris ,  mais  résolu  de  suivre  une  aotn;  car- 
rière plus  conforme  à  ses  goûta,  il  ne  resta  qu'un 
an  dans  cette  position ,  et  retourna  à  Paris  en 
1820.  Ce  fut  alors  qu'il  publia  la  brochure  dont 
il  vient  d'être  parlé,  et  qu'il  prit  part  à  la  rédac^ 
tion  du  Mémorial  catholique  par  qudques 
articles  de  musique.  Au  commencement  de  1 830 
il  se  rendit  à  La  Chesnaye,  en 'Bretagne,  près 
de  l'abbé  de  Lamennais,  dont  le  talent  lui  inspi> 
rait  une  vive  admiration,  et  se  mit  au  raug  de 
quelques  disciples  de  ce  grand  écrivain.  De  retour 
à  Paris  en  1831 ,  il  y  fut  un  des  fondateurs  do 
journal  V Avenir ,  et  y  rédigea  les  articles  de 
critique  musicale.  Kn  1835  il  se  maria  à  Isay, 
près  de  Paris.  Deux  ans  après  il  fut  chargé  par 
M.  Guizot,  alors  ministre  de  l'instruction  pu- 
blique ,  d'un  travail  sur  la  musique  dn  moyeD 
Age,  qui,  plus  tard,  est  devenu  le  noyau  de  son 
Dictionnaire  liturgique  du  plain-chani.  M.  de 
Salvandy  le  nomma,  en  1839,  professeur  de  chant 
d'ensemble  au  collège  Henri  IV  (  lycée  Na^ioléoD), 
et  dans  l'année  suivante  il  fit  partie  de  la  com- 
mission du  dépouillement  des  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  royale,  sous  la  direction  de  Cliam- 
pollion.  Enfin,  à  diverses  reprises,  il  est  tbtré 
dans    la  collaboration  de  travaux  historiques 


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ORTIGUE 


381 


commandés  par  le  gonveraeincnt.  Comme  cri- 
tique de  littérature  oa  de  musique,  il  a  travaillé 
an  Mémorial  catholique,  à  V Avenir,  à  la  Quo- 
tidienne,  à  la  Gazette  musicale,  à  la  France 
muficale,  au  Temps,  à  la  Revue  de  Paris,  k  \h 
Revue  des  Deux  mondes,  au  Journal  de  Fcnis, 
AU  National,  k  PUnivers^k  V Université  catho' 
tique,  à  VÈrenouvelle,  k  VOpinion  catkoUque, 
et.en  dernier  lieu  an  Journal  des  Débats. 

Jadis  partisan  passionné  de  la  philosophie  sys- 
tématique de  l^abbé  de  Lamenn^s ,  il  a  fourni 
à  cet  homme  célèbre  les  matérianx  dn  chapitre 
qui  concerne  la  musique  dans  VEsquisse  d'uTie 
philosophie;  matériaux  qui,. peur  le  dire  en 
passant,  sont  puisés  en  partie  dans  le  résumé  du 
Cours  de  philosophie  de  la  miLsique  et  de 
son  histoire,  professé  à  Paris,  en   1832,  par 
Tauteur  de  la  présente  notice.  Longtemps  après, 
M.  d^Ortigue  8*est  aperçu  des  égarements  où 
l'entraînaient  les  principes  de  cette  philosophie 
dans  leur  application  à  Tart  dont  il  s'occupe, 
et  s'est  attaché  à  la  doctrine  plus  féconde  de  l'art 
en  lui-même.  Ses  ouvrages  publiés  sont  ceux-d  : 
1**  De  la  guerre  des  dilettemti,  ou  de  la  révo- 
lution opérée  par  M.  Rossini  dans  Vopéra 
français^  et  des  rapports  qui  existent  entre 
la  musique,  la  littérature  et  les  arts  ;  Paris , 
Làdvocat,  1829,  brochure in-8^  »  2^£e  Balcon 
de  r Opéra  (Mélanges  de  critique  musicale  formés 
d'articles  publiés  précédemment  dans  les  jour- 
naux), Paris,  Renduel,  1833,  un  volume  in-8^ 
— ■  3"  De  V École  musicale  italienne  et  de  V ad- 
ministration de  V Académie  royale  de  musique, 
à  V occasion  de  Vopéra  de  M,  Berlioz  (Ben- 
venuCo  CelUni);  Paris,  1839,  in-S^.  Le  même 
ouvrage  a  été  reproduit  sons  le  titre  suivant.  — 
4**  Du  Théâtre- Italien  et  de  son  ir^uence  sur 
le  goût  musical  français;  Paris,  1840,  in-8'*. 
De  ^ombreux  cartons  ont  (ait  disparaître  de  ce 
volume  le  caractère  de  pamphlet  qu'il  avait  d'a- 
bord, et  M.  d'Ortigue  y  a  ajouté  une  longue 
lettre  adressée  k  M.  Léon  Kreutzer.  —  5®  Patin- 
génésie  musicale^  brochure  in-8°  de  22  pages, 
extraite  de  la  Revue  et  Gazette  musicale  de 
Paris.  —  6*  De  la  mémoire  chez  les  musiciens, 
lettre  à  M^^S.  de  i^.,.in-8*  de  23  pages  (sans 
date),  extrait  dn  même  journal.  —  T  Diction- 
naire liturgique  y  historique  et  théorique  de 
plain-chant  et  de  musique  d'église ,  dans  le 
moyen   âge  et  les  temps  modernes  :  Paris , 
Migne,  1854,  un  volume  très-grand  in-8%  com- 
posé de   1S80  colonnes.  Cet  ouvrage  fait  partie 
d'une   Bibliothèque  ecclésiastique  publiée   par 
Tabbé  M  igné  ;  mais  on  en  a  séparé  un  certain 
nombre  d'exemplaires  qui  ont  des  titres  et  des 
couvertures  à  part.  M.  Th.  Nisard  a  eu  une  grande 


part  dans  la  rédaction  de  ce  dictionnaire  ;  mais 
la  partie  qui  appariient  à  M.  d'Ortigue  est  le 
travail  le  pti>s  considérable  de  son  œuvre.  ^ 
8*  Introduction  à  Véiude  comparée  des  tona- 
lités et  principalement  du  chant  grégori&n 
et  de  lamusique  moderne;  Paris,  Potier,  1853, 
1  vol.  in- 16.  Ce  volume  est  formé  d'une  réunion 
d'articles  pubKés  précédemment  dans  le  Dic- 
tionnaire liturgique,  etc.  —  9^  La  musique 
à  V Église;  Pari?,  Didier  et  Ci",  1861,  1  vol. 
in-12  de  478  pages.  Ce  volume  est  composé  d'ar- 
ticles précédemment  publiés  dans  divers  Jour- 
naux, sur  ce  sujet.  ^  W  La  Maîtrise,  Jour- 
nal de  musique  religieuse,  fondé  en  1857 
par  MM.  d'Ortigue  et  Niedermeyer,  pnis  dirigé 
par  M.  d'Ortigue  seul,  depuis  1858  jusqu'en  1860. 
Première  année  1857-1858;  deuxième  année 
1858-1859 ;  troisième  année  1859-1860.  Paris, 
Heugel,  gr.  in-4®;  chaque  année  est  divisée  en 
deux  parties,  dont  l'une  renferme  la  littérature 
musicaUi ,  et  l'autre  la  musique  d'église  pour  les 
voix  et  pour  l'orgue.  —  11*  Traité  théoriq^ie 
et  pratique  de  Vaccompagnement  du  p loin- 
chant ,  par  MM.  Niedermeyer  et  d'Ortigue. 
Paris,  Hetigel,  1856, 1  voK  très-grand  in-S**.  Ce 
traitéd'accompagneroent  est  complètement  erroné 
au  point  de  vue  de  l'application  de  l'hannonie 
à  la  tonalité  du  plaîn-chant.  —  12"  Journal  des 
Maîtrises,  Revue  du  chant  liturgique  et  ae 
la  mtuique  religieuse,  par  MM.  d'Ortigue  et 
Péttx  Clément,  première  année,  1862;  Paris, 
Adrien  Leclercet  0^,  ^.  in-4*.  Cette  publica- 
tion ,  qui  peut  être  considérée  comme  la  conti- 
nuation de  La  MaÛrise,  se  compose  d'une 
feuille  de  texte  et  d'un  morceau  de  musique 
religieuse  avec  orgue.  M.  d'Ortigue.,  qu-i  goûtait 
autrefois  le  drame  dans  la  musique  d'église, 
comme  on  peut  le  voir  par  les  éloges  qu'il  a  fait 
du  Requiem  et  du  Te  Deum  de  Berlioz,  ne  s'est 
pas  contenté  de  rompre  avec  oeux  qui  veulent 
introduire  le  théâtre  à  l'église,  mais  il  n'admet  plus 
même  dans  le  culte  calhofique  de  musique  d'au- 
cune espèce  accompagnée  d'instruments ,  dépas- 
sant en  cela  la  tradition  de  près  de  trois  siècles 
adoptée  dans  l'église.  D'ardent  novateur  du  dix- 
neuvième  siècle,  il  s'est  fait  janséniste  en  musique, 
et  ses  nouvelles  tendances  ont  trouvé  un  appui 
dans  les  convictions  de  M.  Félix  Clément.  On  doit 
plaindre  cette  erreur  de  deux  hommes  de  mé- 
rite; car,  outre  qu'il  ne  faut  pas  vouloir  être 
plus  catholique  que  l'Église,  on  peut  affirmer  que 
ces  Messieurs  se  sont  engagés  dans  une  voie  sans 
issue,  et  qu'ils  prêchent  une  réforme  impossible. 
Il  n'est  pas  de  l'objet  de  la  Biographie  uni- 
verselle des  musiciens  de  donner  la  liste  des 
écrits  politiques  et  littéraires  de  M.  d'Ortigue  : 


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382 


ORTIGDE  —  ORÏO 


on  la  trouvera  dans  la  Littérature  françtûse 
contemporaine  (t.  V,  p.  563),  et  dans  la  Bio- 
graphie générale  de  MM.  Firmin  Didot  (t.  38j 
p.  899-891). 

ORTII^G  (BBIU4H1N),  né  à  Augsbourg,  en 
1717,  eut  pour  maître  de  musique  le  cantor 
Seyfert,  dont  les  leçons  lui  firent  faire  de  ra> 
pides  progrès.  Après  la  mort  de  ce  maître ,  il  rem- 
plit ses  fonctions  jusqu'à  TarrÎTée  ôeGraf,  désigné 
comme  maître  de  concert.  Plus  tard  ii  fut  direc- 
teur de  musique  à  l'église  Sainte- Anne,  à  Augs- 
bourg.  Il  est  mort  dans  cette  position,  en  1795. 
Cet.  artiste  a  laissé  en  manuscrit  des  cantates , 
des  chansons  et  des  motets. 

ORTIZ  (Diego),  musicien  espagnol,  né  à 
Tolède,  dans  la  moitié  du  seizième  siècle,  a  été 
confondu  par  quelques  auteurs  avec  De  Orto , 
compositeur  français  dont  le  nom  était  Dujardin, 
Diego  Ortiz  fut  maître  de  chapelle  du  vice-roi  de 
Naples;  il  occupait  encore  cette  place  en  156â. 
On  connaît  sous  son  nom  :  1**  Trattado  de 
glosas  sobre  clausulos  y  otros  generos  de 
puntos  en  la  Musica  de  iHolones  nuevainente 
puesto  en  luz  (Traité  des  ornements,  des  ca- 
dences et  autres  sortes  de  passages  dans  la  mu- 
sique de  violes,  etc.)  ;  Rome,  Valerio  et  L.  Do- 
rioo ,  1553.  Il  semble  qu'il  y  a  eu  une  édition  ita- 
lienne du  même  livre ,  car  le  P.  Martini  le  cite 
dans  le  1^^  volome  de  son  Histoire  de  la  musique, 
sous  ce  titre  :  Jl  primo  libro  nel  quai  si  (rat ta 
délie  glose  sopra  le  cadenze ,  ed  altre  sorte 
di  pwfUi,  Rome,  1553.  Ortiz  se  vante  dans  son 
livre  d'avoir  enseigné  le  premier  Tart  de  varier 
sur  les  inslruuients  les  mélodies  simples;  mais, 
ainsi  que  le  remarque  l'abbé  Baini  dans  ses  Mé- 
moires sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Palestrina 
(t.  I,  p.  82 )|  cet  art  était  plus  ancien  et  avait 
été  déjà  présenté  en  détail  dans  les  ouvrages  de 
Ganassi  (  voyei  ce  nom),  publiés  en  1535  et  1543. 
M.  Ch.  Ferd.  Becker  a  fait  deux  artistes  différents 
de  Diego  Ortiz  et  de  Diego  de  Ortiz  (  System, 
chron.  Darstellung  der  viusikal.  Littérature 
p.  360  et  470),  et  a  cité  sous  ces  deux  noms  le 
même  ouvrage.-  —  2"  Musices  Liber  primus, 
JlymnoSf  Magnificat^  Salves,  Motecta,  Psal- 
mos  f  alioque  diversa  cantica  complcctem; 
Venetiisapud  AntoniumGardanum,  1565,  in-fol. 
Les  quatre  voix  sont  en  regard  dans  ce  volume. 
On  trouve  aussi  des  motets  et  des  villancicos 
de  Diego  Ortiz  dans  le  recueil  très-rare  intitulé  : 
Musis  dicatum.  Libro  Uamado  Silva  de  Sire- 
nos.  Compuesto  por  el  excellente  musico  An- 
riquez  de  V aider avanno.  Fue  impresso  en  la 
muy  insegne  y  noble  villa  de  Valladolid  Pin- 
cia  ofro  tiempo  llamada, por  Francisco  Fer-  i 
.landez  de  Cordova  impresor^  1547,  gr.  in-fol. 


ORTLEPP  (  Ebicest)  ,  amateur  de  musique, 
poète  et  littérateur,  né  à  StuUgard,  n'est  meo- 
tionoé  ni  dans  le  Lexique  général  de  musique  ih 
Gassner,  ni  dans  celui  de  M.  Bernsdorf .  U  s'est 
fait  connaître  par  les  ouvrages  dont  void  les  ti- 
tres :  l"*  Beethoven.  £ine  fantastisdie  Cha- 
rakteristik  (Beethoven.  Fantaisie  caractérisii- 
qne)  ;  Leipsick ,  Hartknock ,  18^6 ,  in-»*"  de  9S 
pages.  —  2^  Grosses  Instrumental  und  Yokal- 
Concert.  Fine  musikalische  Anthologie  {Gmd 
concert  instrumental  et  vocal.  Anthologie  ma- 
sicale),  Stuttgard,  Fr.  Henri  Kohler,  1841, 16 
petits  volumes  in-16.  Celte  collection  est  com- 
posée de  notices  biographiques  de  composi- 
teurs célèbres,  de  lettres  de  ces  artistes,  d'a- 
necdotes musicales,  de  pensées  détachées  et  de 
mélanges  de  choses  diverses  qui  ont  de  l'iotcrêt 
pour  l'histoire  de  la  musique.  En  1848,  M.  Ort- 
lepp  a  public  à  Francfort  un  poème  iutituk^ 
Germania ,  dans  lequel  il  célèbre  les  gloires  de 
TAllcmagne,  et  particulièrement  les  l'iJastrâfions 
musicales  de  Jean-Sébastien  Bach,  Ho^ndel, 
Graun,  Gluck,  Haydn,  Mozart  et  Beethoven. 

ORTLIEQ  (EDOUARD),  oomposUeur  de  mu- 
sique d'église,  né  5  Stuttgard,  fut  pendaot 
quinzeans  pasteur  à  Drakenstein,  dans  le  royaume 
de  Wurtemberg.  Il  périt  au  mois  de  janvier  l$6l 
en  traversant  un  petit  étang  près  de  Slutlgani; 
la  glace  se  rompit,  et  il  disparut  avaut  qu'on 
pût  essayer  de  le  sauver.  Ortllcb  avait  fon<Ié  un 
journal  qui  se  publiait  à  Stuttgard,  sous  ce  litre  : 
Organs  fur  /C//c/ienmwsï A  (Organes  en  faveur 
de  la  musique  d'église)  :  il  en  était  le  seul  rédac- 
teur. On  a  publié  de  la  composition  de  cet  ec- 
clésiastique ;  1*^  Messe  k  4  \o\\  avec  orgue  et 
petit  orchestre,  op.  1;  Stuttgard,  1S46.  — î*»  Re- 
quiem à  3  voix  et  orgue;  ibid.  —  3*  Messe  à  4 
voix  et  orchestre^  op.  5  ;  Stutlgard,  Ilalberger. 
—  4''  Messe  à  4  voix  et  orgue,  op.  C;  ibid.  — 
5°  Messe  soFennelle  à  4  voix  et  orchestre,  op.  8; 
ibid.  On  a  du  même  auteur  :  Anweisung  zum 
Prxludiren  fur  Jûnglinga  des  Schulsiandes 
und  deren  Lehren  (In^truction  pour  apprendre 
à  préluder,  à  l'usa^ic  des  jeunes  gens  des  écoles 
et  de  leurs  instituteurs).  Stuttgard,  Haltierger, 
in.4°. 

ORTO  (Jean  DE),  ou  DE  HORTO,  dont  le 
nom  de  famille  était  Dujardin,  fut  un  des  plus 
habiles  musiciens  de  la  fin  du  quinzième  siècle. 
Il  naquit  vraisemblablement  dans  les  Pays-Bas; 
toutefois  on  u^en  a  pas  la  preuve,  car  jusqu'à  ce 
jour  aucun  document  authentique  n'a  été  trouvé 
concernant  cet  artiste.  On  sait  seulement  que 
plusieurs  familles  du  nom  de  Dujardin  existent 
encore  eu  Boigiqurjmaisil  y  en  a  aussi  en  France. 
Les  reuscignements  sur  la  position  quMi  occupa 


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ORTO  —  œeoRNE 


38a 


manquent  également.  Glaréan,  qui  rapporte  un 
exemple  tiré  de  ses  œuvres  (Dodecach,  p.  320), 
lui  donne  la  qualification  de  Symphoneta ,  ce 
qui  indique  qu'il  dirigeait  lecbantdans  quelque 
chapelle.  Aaron,  oomtemporain  de  Oujarcf^n,  on 
l>e  OrtOf  cite  de  lui  (  Tratiato  délia  natura  et 
cogniiUme  de  tutti  li  tuoni,  cap.  4)  la  chanson 
à  quatre  voix  Dung  auUre  amer  (  d'un  autre 
amour),  mais  ne  fournit  aucun  renseignement 
sur  aa  personne.  Gafori,  qui  vécut  aussi  dans  le 
même  temps,  n'a  pas  mis  ce  musicien  au  nombre 
de  ceux  dont  il  invoque  Tautorité  dans  son  livre 
intitulé  :  Musice  utriusque  cantus  praciica , 
bien  que  De  Orto  eut  certainement  alors  de  la 
renommée  en  Italie,  puisque  Petrucci  d*e  Fos- 
sombrone  a  placé  bon  nombre  de  ses  composi- 
tions dans  les  livres  A  et  B  de  son  rarissime  et 
précieux  recueil  intitulé  Hannonice  musices 
odheeaton  (Venise,  1500  et  1501)  (1),  et  a  im- 
primé un  recueil  de  ses  messes  et  d'autres  ou- 
vrages. 

Les  pièces  de  De  Orto  contenues  dans  le  livre 
A  du  recueil  cité  ci-dessus  sont  :  i""  Ave  Maria, 
à  4  voix  ;  —  2o  /c  nuide  se  ce  temps  me  dure, 
chanson,  idem,  --  3*  Horoires  une  chanson, 
idem  ;  —  4*»  Nunqua  fue  pena  maior  (Il  ne 
fut  jamais  de  plus  grand  cbagriu) ,  idem.  On 
trouve  dans  le  livre  B  :  5**  Mon  mari  m'a  dif- 
famée, à  4  voix;  — 6°  €elasamplus,\Aem\ 

—  7*  Bon  temps,  idem;  —  8*»  ^  qui  dilelle 
(dit-elle)  sa  pensée?,  idem;  — 9*Ccte  sans 
plus,  idem,  avec  une  autre  musique;  —  iO'' Mon 
père  m'a  mariée,  idem;  —  il®  DuHfj  aultre 
amer,  idem.  Le  livre  C  du  même  i-ecueil  ren- 
ferme la  chanson  du  môme  compositeur  :  Les 
trois  Filles  de  Paris,9  4  voix.  Le  recueil  Imprimé 
de  ses  messes  a  pour  titre  :  Misse  de  Orto.  Au 
dernier  feuillet  de  la  partie  de  basse  on  lit  :  lin- 
pressum  Veneliis  per  Oltavianum  Petrutium 
Forosemproniensem,  Die  22  Martii,  saluais 
anno  lô05,  petit  in-4'*  obi.  Ces  messes,  au  nom- 
bre de  cinq,  sont  toutes  à  quatre  parties  ;  leurs 
titres  sont  :  1?  Domimcalis;  —  2*»  Jay  pris 
amours  (celle-ci  a  deux  Credo);  —  s'  Lomme 
arme  (L'Homme  armé)  ;  —  4**  La  Belle  se  sied; 

—  5"  Petita  Camuseta,  Dans  les  Fragmenta 
missarum  de  divers  auteurs,  publiés  par  le 
même  Petrucci,  àVeuise,  en  1509,  on  trouve  le 
Kyrie  de  la  messe  de  la  Vierge,  par  De  Orto. 
Une  des  lamentations  de  Jérémie  de  la  collec- 
tion publiée  en  1506,  par  le  même  imprimeur, 
sous  ce  litre  :  Lamentationum  Jeremie  pro- 

(1)  Voyez  la  notice  intitulée  :  Di  duestampe  içnote  di 
Ottavlano  Petrucci  da  fossombrme,  par  M.  Catelanl, 
Mtlano,  Riccordi,  la-S». 


phele  liber  primus,  est  de  De  Orto.  Les  ar- 
chives de  la  chapelle  pontificale  de  Rome  ren- 
ferment, dans  les  manuscrits  cotés  14  et  17,  des 
messes  de  De  Orto,  à  quatre  et  cinq  voix. 

ORTOLAN  (ëugènb),  compositeur,  né 
à  Paris,  le  1er  avril  1814 ,  a  fait  ses  études  mU' 
sicales  au  Conservatoire  de  Paris,  où  Hatcvy 
fut  son  professeur  de  contrepoint.  Devenu  ensuite 
élève  de  Berton  pour  la  composition,  il  a  obtenu 
le  second  grand  prix  au  concours  de  Tlnstitut, 
en  1855.  Son  début  fut  une  ouverture  exécutée 
à  la  distribution  des  prix  du  Conservatoire  en 
1846.  Un  intervalle  de  dix  années  se  passe  en- 
suite sans  que  le  nom  de  cet  artiste  se  révèle 
au  public,  car  ce  ne  fut  que  le  10  avril  1856 
que  M.  Ortolan  fit  jouer  au  Théâtre  Lyrique  un 
opéra  en  deux  actes  qui  avait  pour  titre  Lisette 
et  qui  eut  quelques  représentations.  Dans  Tannée 
suivante,  une  opérette  du  même  compositeur, 
intitulée  La  Momie  de  Roscoco ,  fut  jouée  au 
théâtre  des  Bouffes-Parisiens.  Les  critiques  y 
remarquèrent  des  progrès  d*expérience  et  de  con- 
naissance de  la  scène. 

ORTOLANl  (Gicuo),  amateur  de  musi- 
que, né  à  Sienne,  a  donné  au  théâtre  du  Fondo^ 
à  Naples,  eh  1830,  Topera  intitulé  La  Pasto- 
relia  délie  Àlpi,  qui  ne  réussit  pas.  En  1837,  il  fit 
représenter  dans  sa  ville  natale  II  Giorno  délie 
nosse,  qui  fut  mieux  accueilli  par  le  public. 
En  1828,  M.  Ortolani  avait  publié  à  Sienne  un 
opuscule  sur  la  musique  in  oitave  rime, 
sous  Tanagramme  de  son  nom  Loiario  Giw 
Une, 

OSBERIVUSou  OSBERTUS,  moine  béné- 
dictin du  onzième  siècle,  fut  sous-prieur  du 
couvent  de  Cantorbéry,  vers  1074.  On  lui  attri- 
bue deux  traités  de  musique  qui  se  trouvent 
dans  plusieurs  grandes  bibliothèques  de  l'Angle- 
terre ;  le  premier  a  pour  titre  :  De  Re  musica; 
l'autre  :  De  vocum  consoT^antiis  ;  ce  dernier 
est  dans  la  bibliothèque  du  collège  du  Christ,  à 
Cambridge. 

OSUORNE  (  Georges  ),  fils  d'un  organiste  de 
Limerick,  en  Irlande,  est  né  dans  cetle  ville, 
en  1806.  Destiné  dès  son  enfance  à  l'état  ecclé- 
siastique, il  fit  les  premières  études  pour  se  pré- 
parer à  un  cours  de  théologie  ;  mais  le  goût  de 
la  musique  prit  en  loi  un  caractère  si  passionné, 
que  ses  parents  furent  obligés  de  lui  permettre  de 
s'y  livrer  sans  réserve.  Presque  sans  maître,  il 
apprit  à  jouer  du  piano  et  parvint  à  un  certain 
degré  d'habileté  avant  d'avoir  atteint  TAge  de 
dix -huit  ans.  11  résolut  alors  de  se  rendre  sur  le 
continent  pour  y  continuer  ses  études,  et  pour  y 
chercher  des  moyens  d'existence ,  dans  l'exercice 
de  son  talent.  Arrivé  en  Belgique  en  1825,  il  y 


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384 


OSBOR^E  -  OSSOWSRI 


trouTa  rhospiUKté  dans  la  maîBon  de  M.  le. 
priuce  de  Chimay,  amateur  de  musique  distin- 
gué, qui  fit  connaître  à  Osbome  la  belle  musique 
concertante  de  Mozart,  Ilummel  et  Beethoven. 
Le  temps  qu*il  passa  à  Bruxelles  ou  dans  la 
terre  de  Chimay,  près  de  ce  seigneur,  fut  très- 
favorable  au  développement  de  son  savoir  mu- 
sical, en  le  ramiliarisaot  avec  la  savante  facture 
de  ces  belles  compositions. 

Vers  l'automne  de  1826,  Osborne  arriva  à 
Paris,  et  y  prit  des  leçons  de  Pixis  pour  ie 
piano,  et  de  Tauteor  de  cette  Biographie  pour 
rharmonie  et  le  contrepoint.  Plus  tard  il  se 
confia  aux  soins  de  Kalkbrenner,  et  recommença, 
sous  sa  direction,  toutes  ses  études  de  piano. 
C'est  aux  leçons  de  cet  excellent  professeur  qu'il 
reconnaît  devoir  le  talent  distingué  qui  lui  assure 
une  situation  honorable  parmi  les  bons  pianistes 
de  Tépoque  actuelle.  Cliaque  année,  il  donnait  à 
Paris  un  concert  brillant  où  il  faisait  entendre  ses 
compositions  avec  succès.  En  1843  il  s'est  fixé 
à  Londres,  où  il  est  un  des  professeurs  de  piano 
les  plus  estimés. 

Osborne  a  publié  beaucoup  de  morceaux  pour 
son  instrument,  parmi  lesquels  on  remarque  des 
duos  pour  piano  et  violon ,  composés  en  société 
avec  M.  de  Bériot,  sur  des  thèmes  d'opéras,  tels 
que  Moïse  et  Guillaume  Tell,  de  Rossini ,  les 
Soirées  musicales,  du  même,  et  les  principaux 
ouvrages  d'Auber.  Ses  autres  productions  con- 
sistent en  fantaisies  ,  rondos  brilIanU  et  varia- 
tions, au  nombre  d'environ  quatre-vingts  œuvres. 
Il  a  (ait  entendre  h  Paris  des  qnatuors  de  violon 
d'une  ttès-boone  facture,  qui  ont  obtenu  les  ap- 
plaudissements des  connaisseurs. 

OSCULATI  (  Jm.ES  ),  compositeur  italien  de 
la  fin  du  seizième  siècle,  est  connu  par  quelques 
motets  que  Bonometti  a  insérés  dans  son  Par- 
nassm  Ferdinandœus ,  publié  en  1615.  On 
trouve  aussi  quelques  morceaux  de  sa  composi- 
tion dans  les  recueils  de  Schade  et  de  Boden- 
schatz. 

OSIANDER  (Luc),  né  à  Nuremberg,  le  16 
décembre  1534,  fut  revêtu  successivement  de 
plusieurs  dignités  ecclésiastiques ,  et  obtiat  en 
1596  les' titres  d'abbé  d'Adelberg,  de  surinten- 
dant général ,  et  d'assesseur  du  gouvernement 
provincial  du  Wurtemberg.  De6x  ans  après,  il 
perdit,  par  des  motifs  ignorés,  ces  places  hono- 
rables, et  mourut  à  Stullgard,  le  17  septembre 
1604.  On  a  imprimé,  sous  le  nom  de  cet  ecclé- 
siastique :  Geisiliche  Liedcr  und  Psalmen  mit 
4  Siimmeix  auff  Contrapunct  weiss ,  fur  die 
Schulen  und  Kirchen,  etc.  (Chants  spirituels 
et  psaumes  à  4  voix  en  contrepoint,  pour  les 
écoles  et  les  églises  du  comté  de  Wurtemberg, 


composés  de  manière  que  toute  eommanaoté  re- 
ligieuse peut  les  chanter)  ;  Nuremberg,  G«ilierine 
Gerlach,  1566,  in-4''  obi. 

OSIO  (THÉon4T),  en  latin  ffosiuj,  littéra- 
teur et  mathématicien ,  né  à  Milan  yers  la  lia 
du  seizième  siècle,  ^t  connu  par  un  grand 
nombre  d'ouvrages,  parmi  lesquels  on  remarque 
les  suivants  :  1*^  VArm^nia  del  nudo  parlare, 
ovvero  la  muska  in  ragiane  dl  numeri  Pi- 
thagorici  deUa  voce  continua^  Milan ,  1637, 
in-8^  de  191  pages.  Ce  livre  est  divisé  en  trois 
parties  :  la  première  traite  particulièrement  des 
proportions  des  nombres  harmoniques  ;  fa  se- 
conde, de  l'application  de  ces  nombres  à  la 
poésie,  et  la  troisième,  des  accents  mnsicaiix 
et  poétiques.  7?  Arithmeticx,  Géométrie^ ^ 
Armonicacque  rerum  ideœ  a  Theodato  Bosio 
noviter  expUcatx,  et  in  duos  parles  dû' 
iinclx,  qv^aruin  una  theoriam,  altéra  praxim 
facultatis  sciendi  per  numéros,  sive  restitu- 
tam  Pythagoreorum  doctrinam  poUicetur, 
Mss.  in-fol.  qui  se  trouve  à  la  bibliothèque  am- 
brosienne  de  Milan,  sous  le  nombre  G.  80. 
3*  DeW  occulta  Musica  del  verso,  Mw.,  dans 
la  même  bibliothèque,  n^  125. 

OSORIO  (JÉBdHB),  évftque  de  Silves.en 
Portugal,  naquit  à  Lisbonne  en  1506,  et  mourut 
à  Tavira ,  le  20  août  1 580.  Dans  un  de  o»  ou- 
vrages,, intitulé  De  Régis  institutione  et  disri" 
plinay  lib.  octo,  Cologne,  1588,  in-8",  on  Iroare, 
à  la  fin  du  h^e  livre  (p.  122-125),  nn chapitre 
qui  traite  de  Musica  liberaUs  disciplina;  Mh- 
sica  regibus  maxime  necessaria,  cantu  ad 
flectendum  animum  nihil  effieaeius. 

OSSAUS  (D.-L.),  compositeur  allemand, 
fixé  à  Vienne,  a  fait  un  voyage  à  Paris  en  1825, 
et  y  a  fait  imprimer  son  premier  œuvre,  consis- 
tant en  trois  quatuors  pour  2  violons,  alto  et 
basse  ;  Paris,  Carli.  Depuis  lors  il  a  fait  paraître  : 
—  2'  Deux  qnatuors  idem,  op.  3  ;  Vienne,  Arti- 
ria.  —  3'  Deux  idem,  op.  9;  ibid.  — -  4*  Trio 
pour  violon,  alto  et  violoncelle;  ibid.  —  5* Trois 
quintettes  pour  2  violons,  alto  et  2  violoncelles, 
op.  5;  ibid.  —  6"*  Quatrième  quintette,  iden, 
op.  8;  ibid. 

OSSOWSKI  (Stanislas  D'),  pianiste  po- 
lonais, vécut  à  Vienne  depuis  1790,  et  monnit 
dans  cette  ville  en  1806.  Il  s*y  est  fait  connaître 
par  de  légères  productions  pour  le  piano,  parti- 
culièrement par  des  variations  sur  des  thèmes 
connus.  On  connaît  sous  son  nom  :  1^  12  varia- 
tions pour  violon  et  basse  ;  Vienne ,  1792.  - 
2**  la  valse,  avec  6  variations  pour  }e  pia»<>î 
Vienne,  Kozeluch.  ^  3*"  12  menuets  pour  le 
piano  ;  ibid.  —  4"  12  variations  sur  l'air  alie- 
.  mand  :  Der  Wetzstein,  op.  5;  Vienne,  Artaria. 


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OSSOWSKI  —  OTS 


885 


—  5"  6  variations  sur  iid  Lêsndler,  n®  2  ;  ibid.  — 
Tt*  U\em  sur  UQ  air  allemanO,  op.  6  ;  ibid. 

OSTED  (J.-C.  ),  professeur  de  philosopliie 
è  Go|)eDhague,  dans  les  premières  années  du  dix- 
neuvième  siècle,  a  écrit  :  lettre  au  professeur 
Pictet  sur  les  vibrations  sonores.  Ce  morceau 
a  été  inséré  dans  la  Bibliothèque  britannique 
(Genève,  1805,  t.  XXX,  p.  364-372). 

OSTI  (  ANnRÉ),  célèbre  sopraniste  de  l'école 
de  Bologne,  brillait  au  théâtre  de  Rome  en  1736, 
dans  les  rôles  de  Temmes. 

OSTIANO  (Vincent),  musicien  italien  du 
seizième  siècle,  est  connu  par  des  Canzonette 
napoletane  a  tre  voci;  Venise,  Ang.  Gardanc, 
1579,  in-8**obl. 

OSWALD  (André),  né  à  Carlsbad,  dans 
les  premières  années  du  dix-huitième  siècle,  fut 
cliapelain  d^une  des  églises  d'Augsbourg.  Il  a 
fait  imprimer  de  sa  composition  :  Psalmodia 
harmonica,  contenaut  vingt  et  un  psaumes  des 
vêpres  à  quatre  voix,  avec  2  violons,  deux 
trompettes  et  orgue  ;  Augsbourg,  1733,  in-folio. 

OSWALD  (  Henri-Siegiiund  ou  Sigismond), 
conseiller  privé  du  roi  de  Prusse,  est  né  en  1751 
il  Niemmersatt,  en  Silésie.  Destiné  au  commerce 
^ès  son  enfance,  il  suivit  d'abord  celte  carrière. 
En  1790,  le  roi  Frédéric-Guillaume  II  le  nomma 
son  lecteur,  puis  lui  accorda  le  titre  de  conseil- 
ler; mais  après  Pavénement  de  Frédéric-Guil- 
laume III ,  Oswaid  reçut  sa  démission  de  ses  em- 
plois, avec  une  pension  de  la  cour,  et  se  retira  à 
«fireslau  en  1792.  Il  y  vivait  encore  en  1830,  maisil 
«st  mort  peu  de  temps  après.  Oswaid  s^est  fait 
connaître  comme  compositeur  par  un  trio  pour 
clavecin,  violon  et  violoncelle,  et  par  des  chansons 
pour  le  piano  avec  violon  obligé,  dont  la  première 
partie  parut  en  1782,  et  la  seconde  en  1783.  Plus 
4ard  il  publia  sa  cantate  intitulée  Aristide  ou  la 
fin  du  Juste,  et  l'oratorio  Der  Christ  nach  dem 
Tode  (le  Christ  au  tombeau).  En  1790,  il  a  fait 
paraître  ses  pièces  de  chant,  lieder  et  chorals  avec 
accompagnement  de  piano.  En  1799,  1800  et 
1801 ,  il  a  aussi  publié  des  recueils  de  chansons 
avec  accompagnement  de  piano  et  violon  ou 
flûte.  Ses  mélodies  avec  piano  pour  les  ama- 
teurs du  chant  sérieux  ont  paru  en  1823,  et 
ont  été  plusieurs  fois  réimprimés.  EnÛn,  en  1825 
on  a  publie  sous  son  nom  une  sonate  fuguée  pour 
le  piano;  Breslau,  Fœrster.  Oswaid  s'est  anssi 
fait  connaître  comme  écrivain  distingué  par 
plusieurs  ouvrages  dont  on  trouve  la  liste  dans  le 
Bûcher-Lexikon  de  Christian-Gottlob  Kayser, 
et  parmi  lesquels  on  remarque  sa  fantaisie  allé- 
gorique intitulée:  Unterhaltungen  fiir  Reisende 
nach  der himmlischen Heimath  (Amusements 
pour  les  voyageurs  dans  le  royaume  des  cieux)  ; 

HIOGR.  ONIV.   DES   MUSICIENS.  ^  T.  VI. 


Breslau,  Barth,  1802,  in-8^  On  y  trouve  des 
choses  intéressantes  concernant  la  musique. 

OSWALD  (....),  musicien  écossais,  vécut 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle  ;  il 
a  publié  nn  recueil  de  mélodies  en  12  livres, 
sous  le  titre  de  Caledonian  Songs  for  the  violin 
or  german  flûte  ;  Londres,  Preston. 

OSWALD  (Guillaume),  né  à  Breslau  le  29 
août  1783,  étudia  d'abord  la  musique  à  Potsdam 
sous  la  direction  de  Riel ,  pnis  se  rendit  à  Halle, 
où  il  reçut  des  leçons  d'harmonie  de  Turk.  De 
retour  à  Bieslau,  il  y  a  fait  représenter  un  petit 
opéra  de  sa  composition,  intitulé  la  Répétition, 
et  a  publié  cinq  airs  allemands  avec  accompagne- 
ment de  piano;  Breslau^  Fœrster.  Oswaid  est 
mort  à  Breslau  eu  1862. 

OTHO  ou  OTTO  (Val^bius),  excellent 
organiste,  né  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  fut  placé  comme  élève ,  aux  frais  de  la 
ville  de  Leipsick,  à  l'école  de  Pforle,  le  25  mai 
1592.  On  voit  parle  titre  d'un  de  ses  ouvrages 
qn^il  était  musicien  de  la  cour  de  Lichtenberg 
en  1611  ;  deux  ans  après  il  fut  nom&é  organiste 
de  l'église  protestante  de  la  vieille  ville,  ,à  Pra- 
gue. Le  plus  ancien  ouvrage  connu  de  sa  compo- 
sition est  un  recueil  de  cantiques  à  cinq  voix, 
dans  les  huit  tons  du  plain-chant ,  sous  ce  titre  : 
M%i^a  Jessêsa  quinque  vocibus  ad  ocionos 
modosexpressit;  Leipsick,  1609,  in-folio.  11  fit 
ensuite  paraître  :  Nouvelles  pavanes,  gaillardes , 
entrées  et  courantes,  dans  le  style  anglais  et 
français,  composées  à  5  parties;  Leipsick,  1611, 
in-4''. 

OTHO  (Jean  Henri),  fils  de  Georges  Otho, 
célèbre  orientaliste,  naquit  à  Marbourg  en  1681. 
On  lui  doit  un  dictionnaire  philologique  de  la 
Bible,  dont  il  a  été  publié  une  dernière  édition 
80US  ce  titre  :  Leoncon  rabbinico-philologicum, 
novis  accession,  avjct  stud.  J.  F.  Zackarias; 
Altona,  1757,  in  8«.  Otho  y  explique  tous  les 
termes  de  la  musique  des  Hébreux.  Ugoiini  a 
extrait  du  Lexiqae  tout  ce  qui  est  relatif  à  cet 
art,  et  Ta  inséré  dans  son  Thesaur.  antiq.  sacr., 
t.  XXXII,  p.  491,  sous  le  titre  de  Spécimen  mu- 
sicx, 

OTMAIER  (Gaspard),  compositeur  alle- 
mand, né  eu  1Ô15,  s^est  fait  connaître  par  un  re- 
cueil intitulé  :  Weltliche  Lieder  (Chansons 
mondaines);  Nuremberg,  1551. 

OTS  (Charles),  violoniste  et  comppsitenr, 
né  à  Bruxelles,  vers  1775,  s'est  établi  à  Gand 
en  qualité  de  professeur  de  musique  et  y  a  passé 
la  pins  grande  partie  de  sa  vie.  Dans  sa  vieil- 
lesse il  est  retourné  dans  sa  ville  natale  et  y 
est  mort  en  1845.  Plusieurs  œnvres  de  la  com- 
position de  cet  artiste  se  trouvent   dans  les 

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386 


OTS  —  OTT 


archtTes  des  églises  de  Gand  :  on  cite  particuliè- 
renientde  lui  un  IHxii  Dominus,  un  Laudate 
puéri,  des  TarUum  ergo  et  0  Saluiaris,  avec 
•orchestre.  Tous  ces  ooTrages  sont  dans  le  style 
italien  concerté  du  dix-huitième  siècle. 

OTT  (Jean),  un  des  plus  anciens  fabricants 
de  luths,  naquit  à  Nuremberg  dans  la  première 
moitié  du  quinzième  siècle.  11  y  viTait  encore 
en  14è3. 

OTT  (Jean),  connu  sous  le  nom  de  OTTO, 
et  même  de  OTTEL»  vraisemblablement  de  la 
même  famille  que  le  précédent,  naquit  à  Nu- 
remberg dans  les  dernières  années  du  quinzième 
siècle.  D^abord  musicien  au  service  de  sa  ville 
natale,  il  s'y  fit  ensuite  imprimeur  de  musique. 
C*est  à  tort  que  Gerl>er,  copié  par  Lipowsky, 
Choron  et  FayoUe,  dit  dans  son  ancien  lexique 
que  Ott  est  le  plus  ancien  imprimeur  de  musique 
connu  en  Allemagne,  car  le  rarissime  recueil 
d'odes  en  musique  intitulé  Melopoix  sive  har- 
monie TetracerUicx  etc.,  sorti  des  presses 
d*Ehrard  Ogiin,  d*Augsbourg ,  et  dont  Schmid  a 
donné  une*  très-bonne  description  avec  le  foc 
simile  du  frontispice  (  0/tov<afu>  dei  Petrxtcci, 
p.  158'- 160),  fut  achevé  d^imprimer  en  1507 
(Impreuum  anno  sesquimillesimo  et  VU 
aaguiii)^  et  la  réimpression  est  datée  du  22  août 
1507  (Denuo  impresse  per  Srkardum  Oglin 
August»  1507,  22  ÂMbÇfuMl).  D'ailleurs  la  col- 
lection de  motets  rassemblée  par  les  médecins 
Grimmius  et  Marc  W'irzung,  et  publiée  avec 
une  préface  de  Conrad  Peutidger  en  1520,  à 
Augsbourg,  sous  le  titre  :  Liber  seleciarum  can- 
iionum  quas  vulgo  Mutetas  appellant,  sex^ 
quinque  et  quatuor  vocum  (  sans  nom  d'im- 
primeur) (1),  a  précédé  de  treize  années  le  plus 
ancien  ouvrage  imprimé  par  Jean  Ott.  Nous 
voyons  dans  le  livre  de  Schmid  cité  précédemment 
(p.  179)  que  le  privilège  accordé  à  cet  imprimeur 
par  Tempereur  Ferdinand  I*'  est  de  1 533,  et  l'on 
ne  connaît  pas  d'ouvrage  sorti  de  ses  presses  an- 
térieurement à  cette  date.  Ott,  qui  se  servit  pour 
ses  éditions  d«s  caractères  gravés  par  Jérôme- 
André  Resch,  connu  sons  le  nom  de  Hiero- 
nymus  Formschneider  (Jérôme ,  graveur  de  ca- 
ractères ),  ne  mettait  pas  son  nom  à  toutes  ses 
publications,  sans  doute  à  cause  d'une  conven- 
tion particulière  entre  lui  et  le  graveur  et  fon- 
deur de  ses  types  musicaux  ;  c'est  pourquoi  l'on 
trouve  quelques  collections  imprimées  par  Ott 
qui  portent,  au  lieu  de  son  nom,  cet  mots  :  Arte 


(t)  il  est  TreisciaMsble  que  ce  précieax  recnell  est  sorti 
des  presses  de  Henry  Stayner,  qal  a  imprimé  k  Angs- 
bearg,  en  IBX^,  un  des  premiers  recueils  de  chants  cbo- 
rali  de  li  réforme  lothérlenne. 


Hieronynii  Graphei  civts  Noribergensis.  Gra- 
pheus  et  une  forme  grecque  (Tpd^,  graver,, 
écrire)  de  la  désignation  Formschneider,  Il  est 
k  remarquer  que  Jérôme-André  Resch,  ou  Form- 
schneider, fut  aussi  imprimeur  de  musique  ;  mais 
les  ouvrages  qu'il  a  publiés  au  lieu  de  Arle 
Graphei, ^  portent  tous  apud  Hieronymum 
Formschneider^  ou  durch  Hieronymum  Form- 
schneider; en  sorte  que  Ton  peut  affirmer  que 
tous  ceux  qui  ont  Arte  Graphei ,  sans  nom 
d'imprimeur,  sont  sortis  des  presses  de  Jean 
Ott.  Quelquefois  les  deux  noms  se  trouvent  &ur 
le  même  recueil,  par  exemple  sur  la  précieuse 
collection  de  motets  des  plus  célèbres  maîtres  de 
la  fin  du  quinzième  siècle  et  de  la  première  par- 
tie du  seizième,  qui  a  pour  titre  :  A'or«m  et  in- 
signe opus  mustcum,  sex,  quinque  et  quatuor 
voeum,  cujus  in  Gennania  haclenus  nihil 
simile  usquam  est  editum,  etc.  Les  pages  3  et 
^  de  la  partie  du  ténor  contiennent  le  privilège 
accordé  à  Jean  Otto,  citoyen  de  Nuremberg, 
et  au  dernier  feuillet  on  trouve  :  Finii  insigne 
et  novum  opus  mu4icum  excusum  Noribergac 
in  celeberrima  Germanix  urbe  arte  Hiero- 
nymi  Graphei  civis  Noribergensis  ^  1537,  pe- 
tit in-4'  obi.  Pai  dit,  dans  la  première  édilioa 
de  la  Biographie  universelle  des  musiciens, 
que  Jean  Ott  mourut  à  Nuremberg  en  1560  : 
Schmid  a  donné  également  cette  date  (toc,  cit.), 
mais  elle  est  inexacte,  car  dans  la  dédicace  au  sé- 
nat de  Nuremberg  de  l'œuvre  d*Henri  Jsaac  in- 
titulé ;  'Henrici  fsaaci,  tom.  /,  //,  ///  caralis 
(sic)  Constantini  (  ut  vulgo  vacant),  opus  in- 
signe et  prxclar.  vereque  calestis  harmonix 
quatuor  vocum,  Formschneider  dit  que  l'impres- 
sion de  Touvrage  a  été  commencée  par  le  typo- 
graphe 7ean  Ottel  (Jean  Ott),  et  que  lui,  Form- 
schneider, a  été  chargé  de  la  continuer,  après  la 
mort  de  cet  imprimeur.  Or,  le  premier  volume 
de  l'ouvrage  étant  daté  de  1550,  il  est  hors  ile 
doute  que  Jean  Ott  décéda  ou  au  commencement 
de  cette  année,  ou  à  la  fin  de  1549. 

OTT  (Joseph  ) ,  né  à  Turschenrddt ,  en  Ba- 
vière, le  22  octobre  1758,  apprit  dans  le  lieu  de 
sa  naissance  les  éléments  de  la  langue  latine  et 
de  la  musique,  pais  entra  comme  enCantde  chceur 
au  couvent  de  Wettenbourg,  ou  il  continua  ses 
études.  Ëo  1773  il  entra  an  séminaire  de  Neu- 
bourg,  sur  le  Danube,  y  demeura  quatre  ans,  et 
passa  ensuite  à  celui  d'Amberg,  où  il  acheva  ses 
études.  Il  y  obtint  les  titres  de  directeur  de  mu- 
sique et  de  premier  violon  de  la  chapelle.  Pen- 
dant son  séjour  è  Amberg,  il  avait  suivi  des  cours 
de  philosophie  et  de  théologie  pour  se  préftarpr 
à  Tétat  ecclésiastique  ;  mais  après  la  mort  de 
liOBbletn,  directeur  du  chceur  à  Téglise  Saint- 


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OTT  —  OTTJER 


887 


MartîD,  il  obtint  cette  place  (en  1783  ),  et  la  rem- 
plit jusqu'à  sa  mort  Ott  a  laissé  en  manuscrit 
plusieurs  messes,  des  symphonies  et  une  sérénade 
pour  plusieurs  Toii  et  instruments. 

OTTANl  (L'abbé  Bemaboin)  n'est  pas  né 
à  Turin  en  1748>  comme  le  disent  Gerber  et  ses 
copistes,  ni  en  1749,  suiTant  l'opinion  de  Gcrra- 
soni,  mais  à  Bologne,  en  1735,  d'après  une  no- 
tice publiée  à  Turin,  à  Tépoqoe  de  sa  mort.  Ad- 
mis dans  récole  du  P.  Martini,  il  devint  un  de 
SCS  meilleurs  élèves  et  répondit  dignement  à  ses 
soins.  Il  n'était  âgé  que  de  vingt-deux  aos  lors- 
qn*i\  fut  choisi  comme  mettre  de  chapelle  de 
réglise  des  PP.  Rocchettini,  dits  de  S.  Giovanni 
in  mante.  Trois  ans  après ,  il  alla  remplir  les 
mêmes  fonctions  au  collège  hongrois  de  Bologne. 
Cest  de  cette  époque  que  datent  ses  premières 
compositions  pour  l'église.  En  1767,  on  Tappela 
à  Venise  pour  écrire  son  premier  opéra, intitulé 
Amor  sema  maUziOf  dont  le  succès  fut  brillant, 
et  qui  lui  procura  un  engagement  pour  Munich, 
où  il  remit  en  scène  son  opéra  de  YeniMet  com- 
posa U  Maestro,  qui  (ot  aussi  bien  accueilli,  et 
fut  joué  en  Allemagne  pendant  plusieurs  années. 
Après  avoir  passé  un  an  dans  cette  ville ,  il  re- 
tourna en  Italie  et  reprit  sa  position  à  Bo- 
logne^ où  il  ne  s'occupa  pendant  plusieurs  an- 
nées qu'à  écrire  de  la  musique  d'église.  En  1777 
il  composa  à  Turin  Vlsola  ai  CaUpso,  et  au 
mois  de  novembre  de  la  même  année,  il  écrivit 
pour  le  théâtre  de  Naples  Catone  in  Utica. 
En  1778  il  donna  au  théâtre  Aliberti  de  Rome 
La  Sprezzante  abbandonaia;  dans  l'été  de  la 
même  année,  à  Florence,  îe  Noize  délia  ciilà; 
et  dans  Tautomne  à  Venise,  VIndusiria  amo- 
rosa.  Au  carnaval  de  1779  il  fut  rappelé  à  Turin 
pour  écrire  Faiimay  opéra  sérieux.  On  lui  offrit 
alors  la  place  de  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale de  cette  ville  :  il  l'accepta  sous  la  condi- 
tion qu'il  pourrait  eiécoter  l'engagement  qu'il 
avait  contracté  avec  le  directeur  du  théâtre  de 
Forii,  pour  composer  la  l>i(((me.  Après  avoir  mis 
en  scène  cet  opéra ,  il  s'établit  à  Turin ,  prit  la 
direction  de  la  chapelle  et  se  chargea  de  l'ins- 
truction musicale  des  élèves  admis  dans  le  col- 
lège qui  en  dépendait.  C'est  dans  cette  situation 
qu'il  passâtes  quarante-sept  dernières  années  de 
sa  vie  ;  car  il  n'est  pas  mort  en  1806,  comme  le 
dit  l'auteur  de  l'article  sur  ce  musicien  inséré 
dans  le  Lexique  universel  de  musique  publié  par 
le  docteur  Scliiliing,  mais  le  26  avril  1827  #  à 
l'âge  de  quatre-vingt-douze  ans.  Ce  biographe 
aurait  pu  reconnaître  son  erreur,  s'il  eût  remar- 
qué, dans  une  lettre  écrite  de  Turin  le  18  dé- 
cembre 1810  (Gazette  musicale  de  Leipsick, 
13e  année,  p.  44),  que  Chladni  en  parle  connue 


d'nn  artiste  vivant.  Ottani  écrivit  encore  pour  le 
théâtre  de  Turm  Arminio,  en  1781,  /.«  Ama- 
ioni,  en  1784,etXa  Clemenzadi  Tito,  en  1789; 
mais  ses  pr'mcipaux  travaux  furent  pourTéglise. 
On  porte  à  quarante-six  le'  nombre  des  messes 
qu'il  a  écrites,  outre  des  vêpres  complètes,  des 
psaumes,  des  motets  et  des  litanies.  Burney  en- 
tendit à  Bologne,  en  1770 ,  un  Uûadate  pueri 
de  sa  composition ,  dont  il  vante  les  idées  et  la 
facture.  L'auteur  de  la  notice  chronologique  de  ce 
savant  musid^,  publiée  dans  la  Gazette  de  Tu- 
rin, dit  que  ses  œuvres  de  musique  religieuse  ri- 
valisaient avec  celles  des  maîtres  de  chapelle  Fer- 
rero  et  Viansson,  qui  jouissent  d'une  grande  ré- 
putation dans  le  Piémont.  Parmi  les  élèves  les 
phis  distingués  d'Ottani,on  remarque  le  chanteur 
Pellegrini,  qui  lut  attaché  pendant  plusieurs  an- 
nées au  théâtre  italien  de  Paris,  et  M.  Massimino, 
auteur  de  la  méthode  d'enseignement  de  la  mu- 
sique connue  sous  son  nom. 

Tout  ce  qui  est  dit  dans  les  Lexiques  de  Ger- 
ber, de  Choron  et  de  Schilling  concernant  le  talent 
d'Ottani  pour  la  peinture  est  erroné  ;  jamais  il 
n'a  cultivé  cet  art.  Ce  qu'on  lui  attribue  à  cet 
égard  appartient  à  son  frère,  Cajetan  Ottani, 
qui  fut  pendant  plusieurs  années  employé  comme 
ténor  à  la  cour  de  Turin  et  qui  fut  en  outre 
peintre  estimé  de  paysage.  Cet  artiste  mourut  à 
Turin  en  1808. 

OTTER(CnRéTiEN),  mathématicien,  né  en 
1598,  à  Ragnitz,  en  Prusse,  eut  une  existence 
aventureuse ,  et  passa  la  plus  grande  partie  de 
sa  vie  en  voyages.  En  1647  il  fut  appelé  à 
Kœnigsberg  pout  y  occuper  une  chaire  à  l'uni- 
versité ;  mais  son  inconstance  la  lui  fit  bientôt 
abandonner  pour  aller  enseigner  les  mathématiques 
en  Hollande ,  où  il  mourut  à  l'âge  de  soixante- 
deux  ans,  le  9  août  1660.  Parmi  les  inventions 
de  ce  savant,  le  Dr.  Œlrich  a  fait  connaître 
(Lettres  critiques  sur  la  musique,  de  Marpurg, 
t.  m,  p.  54  )  celle  d*uu  instrument  de  musique 
du  genre  de  la  trompette,  auquel  il  avait  donné 
le  nom  de  Tuba  fiercotectonica ,  et  dont  il  fit 
présent  au  roi  de  Danemark,  qui  le  récompensa 
magnifiquement.  On  n'a  point  de  renseigne- 
ments précis  sur  l'usage  et  l'effet  de  cet  instru- 
ment. 

OTTER  (Joseph),  violoniste,  né  en  1764, 
à  Naodlstadts,en  Bavière,  montra  dès  son  enfance 
d'heureuses  disposilions  pour  le  violon,  et  fut  en- 
voyé à  Florence  par  l'évêque  de  Freising ,  pour 
étudiercet  instrument  sous  la  direction  de  Nardini. 
Après  la  mort  de  son  protecteur,  Otter  fut  obligé 
de  retourner  en  Allemagne,  et  d'y  chercher  un 
emploi  qu'il  trouva  dans  la  chapelle  de  l'évêque 
de  Salzbourg.  Il  y  fit  la  connaissance  de  Michel 

2§. 


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888 


OTXER  —  OTTO 


Haydn,  qui  lui  donna  des  leçons  de  compo- 
sition. En  1806,  Otter  obtint  sa  retraite  delà  clia- 
pelle,  avec  une  pension,  et  se  rendit  à  Vienne, 
où  il  se  livra  à  renseignement.  Il  y  vivait  en- 
core en  1815  ;  mais  depuis  cette  époque  on 
manque  de  renseignements  sur  sa  personne.  Li- 
powsky  indique  parmi  les  compositions  de  cet 
artiste  des  quatuors ,  des  coocertos  et  des  so- 
nates de  violon  ;  mais  toutes  ces  productions 
sont  restées  en  manuscrit ,  et  Ton  n*a  gravé  de 
lui  que  dix- neuf  variations  sur  Tair  allemand 
Ich  bin  UederUck,  avec  accompagnement  d*un 
second  violon;  Vienne,  llaslinger. 

OTTO  (  Geobges),  compositeur  allemand,  né 
à  Torgaii  en  1550,  entra  comme  élève  à  Técole  de 
Pforte  en  1564.  Il  n'était  âgé  que  de  vingt  ans 
lorsqu'il  obtint ,  en  1570,  la  place  de  cantor  à 
Salza.  Il  Toccopa  pendant  vingt  ans  et  ne  la 
quitta,  en  1685,  que  quand  le  landgrave  de 
HesseCassel  Tappela  à  son  service,  en  qualité 
de  maître  de  chapelle.  L'époque  de  sa  mort  est 
ignorée,  mais  il  y  a  lieu  de  croire  qu*il  vivait  en- 
core en  1618,  lorsque  la  deuxième  édition  d'un 
de  ses  ouvrages  fut  publiée.  Les  œuvres  de  sa 
composition  maintenant  connues  sont  :  V*  /n- 
iroiius  totius  anni  quinque  vocum,  Ërfurt, 
1574.  2*"  Die  teulschen  Gesxnge  Lutkeri  auf 
die  vomchmsien  Feste  mit  5  und  6  Stimmien 
gesetzt  (  les  Chants  allemands  de  Luther,  ponr 
les  principales  fêtes,  à  5  et  6  voix),  Cassel, 
1588,  in- 4°  obi.  3**  Opus  musicum  novum, 
corUinens  texlus  evangelicos  dierum  festo^ 
mm,  domirUcarum  et  feriarum,  per  totum 
annum;  ex  mandata  illustriss.  Cattorum 
principis  D,  MauritU,  etc.,  summa  diligerUia 
et  industria  octo,  sex  et  quinque  vocibus  corn- 
positum,  et  tum  vivm  voci,  tum  omnis  generis 
instrumentis  optime  aecomodatum  a  Georgio 
Ottonef  chorarcho  Hesiiaeo.  Liber  primut 
Motetarum  octo  vocum.  Cassellis,  anno  1604, 
in>8".  Le  second  livre  a  pour  titre  :  Liber  seeun- 
duscontinens  Moietos  dierum  dominicalium 
per  totum  annum,  exmandato,  etc.,  sexifoci- 
bus  compositoSf  et  tam  instrumentis  quam  vivx 
voci  (tccomodaios,  ibid.,  in-4'';  et  le  troisième  : 
Liber  tertius  continens  Motetos  dierum  feria- 
rum  quinque  vocum,  etc.,  ibtd.,  in-4^  Une 
deuxième  édition  des  trois  parties  réimies  a  été 
publiée  à  Francfort  en  1618.  La  situation  d'un 
artiste  de  mérite,  tel  que  celui  dont  il  s'agit 
dans  cet  article,  était  alors  peu  fortunée  en  Al- 
lemagne, car  Otto  ne  recevait  que  100  florins 
de  traitement,  et  (dit  son  biographe  allemand) 
quelques  objets  ennature  (100  Guetden  nebst 
einigen  ISaturalien),  ce  qui,  sans  doute,  signi- 
fiait des  aliments. 


OTTO  (ETIENNE),  né  à  Frciberg  en  Misnie 
(Saxe),  vers  les  premières  années  du  dix-septième 
siècle,  fut  d'abord  substitut  et  collaborateur  du 
cantor  de  l'école  évangéliqoe  de  Sainte- Anne,  i 
Augsbourg  :  il  occupait  encore  cette  place  eu 
1682,  comme  on  le  voit  par  le  titre  d'uu  de  ses 
ouvrages.  Seize  ans  après  il  remplissait  les  fonc- 
tions de  musicien  de  ville,  à  Schandau,  en  Saxe. 
Ces  renseignements  sont  les  seuls  qu'on  possède 
sur  ce  musicien ,  qui  a  publié  un  recueil  de 
compositions  sous  le  titre  bizarre  :  Cronen- 
Croenleinoder  musikaUschen  Vorlœuffer,  auf 
Concert-Madrigal'  Dialog  -  Melod-Symphonr 
Motetten  manier  gcsetit  {Peilit  couronne  de  la 
couronnée,  ou  Précurseur  musical,  composé  de 
motets  composés  en  fonne  de  concerts  madri- 
galesques  dialogues,  mélodiques  et  syrophoni- 
ques)  ;  Freiberg  en  Misnie,  1648,  in-4°.  Précé- 
demment Otto  avait  écrit  un  traité  de  musique, 
dont  Mattiieson  a  possédé  le  manuscrit ,  et  qui 
avait  pour  titre  :  Etliche  nothwendige  Fragen 
von  der  poelischen  oder  Dichtmusià,  etc. 
(Quelques  questions  nécessaires  concernant  la 
musique  poétique ,  etc.)-  Ce  livre  était  daté  du 
24  juin  1632,  et  Otto  y  prenait  le  titre  de  subs- 
titut et  collaborateur  à  Técolc  Sainte-Anne 
d'Augsbonrg.  MaUheson  nous  apprend  (  Grund- 
lage  einer  Ekren-P forte,  p.  243)  que  le  ma- 
nuscrit était  composé  de  dix -neuf  feuilles  iu-4'' 
d'une  écriture  très-serrée,  et  que  l'ouvrage  était 
divisé  eu  quatre  parties,  où  il  était  traité  de  la 
nature  de  l'harmonie,  des  accords,  des  formes 
du  contrepoint  ou  do  la  composition,  et  des 
modes  avec  leurs  transpositions.  Clioron  et 
Fayolle  ont  fait  une  singulière  inadvertance  sur 
ce  livre,  car  ils  disent  (  Dictionnaire  historique 
des  musiciens ,  t.  11,  p.  107  )  qu'Otto  Ta  pu- 
blié en  1632;  et  quelques  lignes  plus  bas  ils 
ajoutent  qu'il  n*a  jamais  été  imprimé. 

OTTO  (François),  organiste  de  la  cathé- 
drale de  Glatz,  en  Silésie,  naquit  en  1730,  et 
roonmt  à  Page  de  soixante-quinze  ans ,  le  o 
décembre  1805.  Cet  artiste  a  été  considéré  comme 
un  des  meilleurs  organistes  de  la  Silésie,  particu- 
lièrement sous  ie  rapport  de  l'exécntioD.  Il 
Jouait  aussi  bien  de  la  flûte,  de  la  harpe,  de  la 
viole  d'amour  et  de  la  basse  de  viole.  En  1784  il 
a  publié  à  Breslau  :  Neues  voUstxndiges  Cho- 
ralbuch,  zu  dem  altgemeinen  und  voUst^rn- 
digen  Gesangbuche  des  Bochwûrd.  //m. 
ilumnat-rectors  Franz  ({Nouveau  livre  clioral 
complet  pour  servir  au  livre  de  chant  général  et 
complet  du  vénérable  recteur  intérimaire  Franz  ), 
in-8'*.  Il  a  aussi  annoncé,  en  1798,  six  sonates 
pour  le  clavecin,  qui  ne  semblent  pas  avoir  paru, 
et  d'autres  compositions  pour  le  luth,  la  liarpe. 


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OTTO 


389 


.c  Tiolon  et  la  basse  de  Tiole ,  dont  il  proposait 
la  publicationoa  lacesjiionen  manuscrit  Peut-être 
les  sonates  sont- elles  celles  qui  ont  été  publiées  à 
Leipsick,  en  1800,  sous  le  nom  iVOtto{J.'F.). 

Un  autre  artiste ,  nommé  François  Otto, 
s'est  fait  connaître  a?antageusement  dans  ces  der- 
niers temps  comme 'compositeur  de  chants  à  plu- 
sieurs voix  et  à  Toix  seule,  dont  il  a  publié  en- 
viron quinze  recueils  h  Leipsick.  Je  n*ai  pas  de 
renseignements  sur  sa  personne. 

OTTO  (Charles),  professeur  de  musique 
à  Goziar,  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  s*est 
fait  connaître  par  une  collection  de  chansons  de 
Voss  mises  en  musique  à  voix  seule  avec  accom- 
pagnement de  piano,  Goziar,  1796,  et  par  une 
ode  à  Tespérance,  idem ,  ibid,  CTest  à  tort  que 
Gerber  pense  que  ce  musicien  pouvait  être  le 
même  que  Ot ,  ou  plutôt  Ott,  dont  on  a  deux 
recueils  de  canzonettes  italiennes  publiées  i 
Mayence ,  chez  Scliott,  car  le  prénom  de  celui-ci 
éUit  Frédéric. 

OTTO  (Jacqces-Aucuste),  facteur  d'Instru- 
ments du  grand-duc  de  Weimar,  naquit  à  Gotha 
en  1762.  Tour  à  tour  il  travailla  à  Weimar,  Halle, 
Leipsick,  Magdebourg,  Berlin,  et  en  dernier  lieu  à 
Jéoa,  où  il  est  mort  postérieurement  à  1830.  Ha- 
bile dans  la  construction  des  violons  et  des  basses, 
surtout  dans  la  réparation  des  anciens  Instru- 
ments, il  avait  vu  un  grand  nombre  de  ceux-ci  ,* 
et  en  avait  étudié  les  variétés.  Il  donna  les  pre- 
mières preuves  de  ses  connaissances  par  l'oo- 
vrage  qu'il  publia  sous  ce  titre  :  Uetfer  den  Bau 
und  die  ErhaUung  derGeige  und  aller  Bogen- 
instrumente  (  Sur  la  construction  et  la  répara- 
tion des  violons  et  de  tous  les  instruments  à  ar- 
chet), Halle,  Reinecke,  1817,  ln-8°.  Une  nou- 
velle édition  améliorée  de  cet  ouvrage,  enri- 
chie de  renseignements  sur  les  luthiers  et  sur  les 
instruments,  a  paru  onze  ans  après  :  elle  est  in- 
titulée :  Ueber  den  Bau  der  Bogeninstrumente 
und  ûber  die  Arbeiten  der  vorzûglichsten 
Instrumentenmacher ,  zur  Belehrung  fur 
Musiker.  nébst  AndetUungen  zur  ErhaUung 
der  VioUnein  guten  Zûsiande  (Sur  la  cons- 
truction des  instruments  à  archet  et  les  travaux 
des  principaux  luthiers ,  pour  l'instruction  des 
musiciens,  etc.),  Jéna,  Brun,  1828,  in-8®  de 
97  pages.  M.  John  Bishop ,  de  Cheltenham ,  a 
donné  une  traduction  anglaise  de  cet  ouvrage,  et 
y  a  fait  quelques  additions  et  des  notes.  Cette 
traduction  a  pour  titre  :  Treatise  on  the 
structure  and  préservât  ion  of  the  violin  and 
othev  bow  instruments  :  together  with  an 
account  of  the  most  eelebrated  Makers,  and 
of  tfie  genuine  characteristics  of  their  instru- 
ment^ Londres,  R.  Oooks,  1848,  1  vol.  in-8*. 


Le  rédacteur  de  rarlicle  qui  concerne  cet  artiste, 
dans  le  Lexique  universel  de  musique  publié  par 
le  docteur  Schilling  s*est  trompé  en  attri- 
buant à  Otto  nn  article  publié  au  mois  de  sep- 
tembre 1808,  dans  la  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick, sur  la  facture  du  violon;  cet  article,  signé 
P,  est  d'une  autre  main ,  à  laquelle  on  doit  aussi 
des  morceaux  sur  d'autres  sujets  dans  le  même 
journal. 

Otto  a  laissé  dnq  fils  qui,  tous ,  sont  luthiers. 
L'alné,  Georges-Auguste-Godefroid  Otto,  fixé  à 
Jéna^  s'est  fait  connaîtra  avantageusement  dans 
la  Westphalie ,  la  basse  Saxe ,  les  contrées  du 
Rhin  et  la  Hollande,  par  la  bonne  qualité  de  ses 
instruments.  Le  second,  Chrétien-Charles  Otto, 
est  établi  à  Halle,  où  il  s'occupe  principalement 
de  la  réparation  et  de  l-entretien  des  anciens  ins- 
truments; le  troisième,  Henri-Guillaume,  est 
à  Berlin;  le  quatrième,  Charles- Auguste,  est 
facteur  de  la  cour  à  Ludwigslust,  et  le  plus 
jeune,  Frédéric-Guillaume,  est  à  Amsterdam. 

OTTO  (Ernest-Joles),  organiste  et  cantor 
de  l'église  de  la  Croix,  à  Dresde,  est  né  le 
1er  octobre  1804^  àKœnigstein,  petite  ville  de 
la  Saxe,  où  son  père  était  pharmacien.  A  l'âge 
de  dix  ans  il  fut  envoyé  à  Técole  de  la  Croix 
de  Dresde  et  s*y  fit  remarquer  dans  le  chteur  par 
sa  jolie  voix  de  soprano,  avec  laquelle  il  chan- 
tait les  solos.  U  y  prit  des  leçons  d'orgue^  de 
piano,  et  le  cantor  Théodore  Weinlig  lui  ensei- 
gna les  éléments  de  la  composition.  Parvenu  à 
Tftge  de  dix-sept  ans,  il  écrivit  ses  premiers  es- 
sais qui  consistaient  en  motets  et  cantates.  Son 
penchant  décidé  pour  l'art  excita  l'intérêt  de 
Charles-Marie  de  Weber,  alors  maître  de  cha- 
pelle du  roi  de  Saxe,  qui  lui  donna  des  conseils 
et  le  dirigea  dans  ses  travaux.  En  1822,  Otto  se 
rendit  à  Leipsick  et  y  suivit  pendant  trois  ans 
les  cours  de  philosophie  de  l'université.  Il  publia 
dans  cette  ville  ses  premiers  ouvrages  de  musi- 
que d'église,  quelques  petites  choses  pour  le 
piano,  et  des  Lieder,  De  retour  à  Dresde  en 
1825,  il  futd'aliord  employé  comme  professeur 
de  solfège  et  de  piano  dans  l'institution  Bioch- 
mann.  Après  la  mort  de  Agthe,  en  1830,  Otto 
lui  succéda  dans  les  places  de  cantor  et  de  di- 
recteur de  musique  de  l'église  de  la  Croix.  U  a 
occupé  ces  places  jusqu'au  moment  où  cette  no- 
tice est  refaite  (1862).  Cet  artiste  s'est  fait  con- 
naître par  les  oratorios  intitulés  :  l**  Der  Sieg 
des  ReUandes  (la  Victoire  du  Sauveur).  -. 
2'  Job,  qui  fût  exécuté  \  la  fête  musicale  de 
Betterfeld,  en  1840.  —  3»  me  Feier  der  Er- 
lœften  am  Grabe  Jesu  (la  Fête  de  la  Rédemp- 
tion au  tombieau  de  Jésus),  exécuté  à  Dresde, 
en  1844.  Il  a  écrit  aussi  pour  le  théâtre  :  P  Dos 


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390 


OTTO  —  OULIBICHEFF 


Schloss  am  Rhein  (le  Cliiteau  sur  le  Rhin),  re- 
présenté à  Dresde  en  1838.  —  7."  Der  Schlos- 
ser  (les  CIer«  d*Augsbourg),  représealé  dans  la 
môme  Tille.  Olto  a  écrit  ansst  des  messes  pour 
des  Toix  d'hommes,  des  hymnes  (idem),  et 
d'autres  morceaux  de  musique  rcli|;ieuse.  Ses 
autres  compositions  sont  .  l**  Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  6;  Leipsiclc^  HofTmeis- 
ter.  -^  2®  Sonate  pour  piano  à  4  mains,  op.  5  ; 
ibid — 3**  Polonaises  idem;  Leipsick,  Lehmann. 
—  4**  VAllégresse,  rondoletto  idem.,  op.  ï9, 
Leipsick,  Friese.  -»  5^  Rondeau  idem.,  op.  23  ; 
Dresde,  Thieme.  —  6**  Plusieurs  œuvres  de  va- 
riations pour  piano  seul,  sur  des  thèmes  italiens 
etallemands.  »7^  Études  pour  piano,  op.  il  et 
26;  Leipsick,  Friese.  ^  ^'*  Cantate  funèbre  pour 
chœur* et  orchestre;  Meissen.  Gœdsche.  — 
9°  Plusieurs  recueils  de  chansons  allemandes 
avec  accompagnement  de  piano;  Vienne  et  Leip- 
sick. En  1846,  Otto  a  entrepris  avec  le  docteur 
Schiadebach  la  publication  d*un  écrit  périodique 
à  l'usage  des  sociétés  chorales  d^hommes  sous 
le  titre  Suionia, 

OTTO  (François),  frère  du  précédent,  né 
àKœnigstein  en  1806,  fit  ses  études  musicales  à 
Dresde,  puis  vécut  quelque  temps  à  Leipsick 
comme  chanteur  du  théâtre.  En  1833  il  s'est  fixé 
en  Angleterre  comme  directeur  d'une  société  de 
chant  d'ensemble.  On  a  publié  à  Leipsick  de  sa 
composition  des  motets  pour  des  voix  d'hommes, 
des  chants  (idem),  des  Lieder  en  recueils  ou 
détachés,  et  un  recueil  de  12  danses  allemandes 
pour  orchestre,  op.  8. 

Un  troisième  frère  d'Ernest' Jules  Otto  a  été 
ténor  du  théâtre  de  Leipsick;  il  s^est  fixé  en  An- 
gleterre, avec  son  frère  François. 

OTTO  (Mn*e  LoviSB),  auteur  d^oovrages  de 
littérature  de  différents  genres,  particulièrement 
de  romans  et  de  poésies,  est  née  à  Leipsick  vers 
1825.  Au  nombre  de  ses  productions,  on  remar- 
que un  livre  qui  a  pour  titre  :  Die  Mission  der 
KuTist  mit  besondere  Ruchsicht  auf  die  Ge- 
^enwart  (la  Mission  de  Tart,  particulièrement  à 
l'époque  actuelle);  Leipsick,  1861,  gr.  in -8^ de 
271  pages.  Cette  dame  nous  apprend,  dans  sa 
préface,  qu'elle  écrivit  une  brochure  sur  le  même 
«ujet  dans  l'hiver  de  1847-1848,  mais  que  les 
agitations  de  TAllemagne  peu  de  temps  après  en 
firent  retarder  la  publication,  et  que  cette  bro- 
chure ne  parut  qu'en  1852,  sous  le  titre  :  Die 
Kunst  und  unsere  Zeii  (l'Art  et  notre  temps). 
La  partie  de  Touvrage  {Die  Mission  der  Kunst) 
qui  concerne  la  musique  commence  à  la  page  1 19 
et  finit  à  la  page  241. Mme  Otto,  qui  affecte  dans 
son  style  les  formes  de  la  philosopliie  allemande 
de  l'époque  actuelle,  est  un  apôtre  de  la  musi- 


que  de  Richard  Wagner  et  de  ses  imiitateurs. 
OTTOBI,  ou   OTTEBL    Voy.    HOTIIBY 
(Jean). 

OUDOUX  (L*abbé),et  non  ODOUX,  comme 
écrivent  Choron  et  FayoUe,  ni  OUDEUX,  sui- 
vant Forkel,  Lichtenthal  et  M.  Becker,  fut  dV 
bord  enfant  de  chœur  è  Téglise  de  Noyon,  et  y 
apprit  la  musique  sous  la  direction  de  Dugué, 
qui  y  était  alors  mattre  de  chapelle  avant  de 
passer  à  la  maîtrise  de  Notre-Dame  de  Paris, 
puis  fut  attaché  comme  chapelain,  poucfoyeur 
I  et  musicien  à  la  même  église  de  Noyon.  On  a  de 
'  cet  ecclésiastique  un  livre  intitulé  :  Méthode 
nouvelle  pour  apprendre  facilement  leplain- 
chant ,  avec  quelques  exemptes  d'hymnes  et 
de  proses  ;  ouvrage  ùUle  à  toutes  personnes 
chargées  de  gouverner  Vofflce  divin,  ainsi 
qWaux  orgatMtes,  serpens  et  basses-contres, 
tant  des  églises  où  il  y  a  musique,  que  de 
celles  où  il  n*y  en  a  point  ;  Paris^  Lottin.  1772, 
1  vol.  in-8®;  2««  édition,  revue,  corrigée  et 
augmentée,  Paris,  Lottin,  1776,  ln-8°.  Cet  ou- 
vrage est  en  dialogues. 

OUGHTRED  (Guillaume),  théologien  et 
mathématicien  anglais,  naquit  le  5  mars  1574,  à 
Eton,  dans  le  comté  de  Ruckingham.  En  1610, 
il  fut  nommé  ministre  d'Albury,  près  de  Guil- 
ford,  dans  le  comté  de  Surrey.  Il  mourut  le  30 
juin  1660,  à  Page  de  quatre* vingt-six  ans.  On 
prétend  que  la  Joie  quMI  ressentit  du  rétablisse- 
ment de  Charles  II  sur  le  trône  fut  la  caa.se  de 
sa  mort.  Dix  ans  après  on  imprima  uo  choix  de 
ses  manuscrits,  sous  le  titre  à'Opuscula  ma- 
thefnatica  hactenus  inedita;  Oxford,  1676, 
'  in-8''.  On  y  trouve,  sous  le  n^  7,  un  traité  in- 
titulé Musicx  elementa. 

OULIBICHEFF  (  Alexandre  d'  ),  gentil- 
homme russe,  naquit  en  1795  à  Dresde,  où  son 
père  était  en  mission.  Son  éducation  fut  bril- 
lante et  solide.  Dès  son  enfance ,  il  cultiva  la 
musique,  dans  laquelle  il  fit  de  rapides  progrès. 
Le  violon  était  Tinstrument  qn^il  avait  choisi  ; 
il  y  acquit  un  talent  d*amateur  fort  distingué, 
particulièrement  dans  le  genre  du  quatuor. 
Entré  jeune  au  service  militaire,  il  vécut  quel- 
ques années  à  Pétersbourg  et  y  fut  homme  de 
plaisir.  Plus  tard  il  entra  dans  la  diplomatie, 
occupa  plusieurs  postes  importants  près  des 
cours  étrangères,  et  ne  rentra  en  Russie  qu'en 
qualité  de  conseiller  d'État.  Après  ravéoement 
au  trône  de  Tempereur  Nicolas,  il  demanda  sa 
retraite  et  véout  alternativement  dans  ses  terres 
an  château  de  Louxino  et  à  Nijni-Novogorod. 
grande  et  belle  ville  sur  l'Oka,  à  200  lieues  de 
Pétersbourg.  Il  y  réunissait  près  de  lui  quelques 
amateurs  avec  lesquels  il  exécutait  fréquemment 


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OULIBICHEFF 


391 


^e  la  masiqoe.  M.  d'Outibicliefr  est  mort  à  Nijni- 
Kovogorod,  le  24  janvier  1858,  à  l'âge  de< 
soixante-trois  ans.  Son  nom  avait  été  révélé  au 
•monde  musical  en  1843  par  le  livre  qu'il  publia 
sous  le  titre  de  Nouvelle  biographie  de  Mo- 
zart, suivie  (Tun  aperçu  sur  Vhistoire  géné- 
rale de  la  musique,  etdeVanalyse  des  prin- 
cipales œuvres  de  Mozart;  Moscou,  1844, 
3  vol.  gr.  in*8*.  Le  premier  volume  de  cet  ou- 
Trage  renferme  la  biographie  de  l'illustre  com- 
positeur :  le  livre  de  Nissen  et  surtout  les  lettres 
de  Mozart  et  de  sa  famille  en  ont  fourni  les  ma* 
tériaux.  On  peut  y  reprendre  la  lenteur  de  la 
narration,  le  penchant  trop  décidé  de  l'auteur 
j>onr  les  discussions  poléroiques^et  certaines  f or- 
mes du  style  où  l'on  remarque  de  rembarras, 
défaut  très-excusable  chez  un  étranger.  L'aperçu 
de  IMiistoire  de  la  musique,  qui  remplit  la  pre- 
mière moitié  du  second  volume,  pourrait  être 
considéré  comme  sans  objet  si  Tauteur  ne  s'était 
proposé  de  faire  voir  les  faibles  progrès  qu^elle 
a  faits  pendant  plusieurs  siècles,  et  de  démontrer 
que  l'art  complet  ne  se  trouve  que  dans  les  œu- 
vres de  Mozart  ;  enfin,  de  constater  que  ce  grand 
homme  a  plus  inventé  dans  l'espace  de  quelques 
années  qu'une  longue  succession  d^artistes  n'a- 
vaient fait  avant  lut  dans  tout  le  dix-huitième 
âiècle,  et  même  depuis  les  commencements  de 
Bacli  et  de  Haendel.  A  vrai  dire,  M.  d'Oulibiclicff 
lie  sentait,  ne  comprenait  bien  que  la  musique 
•de  Mozart.  L'anal  jse  qu'il  fait  des  œuvres  de  ce 
rare  génie  est  la  partie  la  mieux  traitée  et  la 
plus  satisfaisante  de  son  ouvrage,  qui,  par 
son  ensemble,  est  digne  d'ailleurs  de  beaucoup 
-d'estime. 

C'est  encore  Mozart  qu'il  aime  dans  les  œu- 
vres de  la  première  manière  de  Beethoven,  car 
on  sait  que  l'auteur  de  FideUo  fut  saisi  d'une  si 
profonde  admiration  pour  le  génie  de  son  pré- 
décesseur, jusqu'à  l'âge  de  près  de  trente  ans, 
qu'yen  dépit  de  son  originalité  vigoureuse,  les 
tendances  et  les  formes  de  son  modèle  se  font 
sentir  dans  ses  trente  premières  œuvres.  Par 
degrés  cependant  son  talent  prenait  des  allures 
plus  libres,  plus  personnelles,  plus  élevées  :en- 
^n  arriva  la  seconde  manière,  où  le  divorce  est 
o^mplet  :  alors  radmirationdeM.d'Oulibicheff 
s'affaiblit,  et  bientôt  arrive  la  critique.  Pour  loi, 
cette  seconde  manière  fut  le  signe  d*un  alfaiblisse- 
ment  progressif  des  facultés  du  grand  musicien, 
mais  où  setrouvent  encore  de  grandes  inspirations; 
car  il  avouait  que  les  œuvres  de  cette  époque 
renferment  de  sublimes  beautés  mêlées  à  des  ex# 
travagances  qu'il  appelait  la  chimère à%  l'artiste. 
Arrivé  à  l'époque  de  la  troisième  manière,  où  la 
reclierche  pénible  succède  à  ia  libre  inspiration, 


d'Oulibichefr  se  sent  pris  de  dégoût,  et  dans  son 
opinion,  la  raison  de  Beethoven  n'est  plus  saine  : 
dans  cette  manière,  dit-ii,  il  n'y  a  plus  que  la 
chimère.  Au  reste,  cette  opinion  a  été  partagée 
par  Ries,  par  Relistab,  qui  avait  fait  le  voyage  de 
Vienne  en  1824  pour  connaître  le  grand  artiste, 
et  qui  en  revint  avec  la  conviction  que  c'en 
était  fait  de  son  génie.  On  sait  aussi  que  Spohr 
a  émis  une  opinion  semblable  sur  les  dernières 
œuvres  de  Beethoven  dans  son  autobiographie. 
Quel  que  fût  le  senliment  d'OulibichelT  à  cet 
égard,  il  est  vraisemblable  qu'il  n'en  eAt  rien' 
écrit  si  le  livre  extravagant  de  M.  Lenz,  inti- 
tulé Beethoven  et  ses  trois  styles^  n'eût  contenu 
des  attaques  contre  l'auteur  de  la  Nouvelle  bio- 
i  graphie  de  Mozart,  taxé  d'injustice  dans  ce 
I  qu'il  avait  dit  de  sou  successeur.  Ce  furent  ces 
I  attaques  qui  déterminèrent  M.  d'Oulibicheff  à 
i  écrire  et  à  publier  son  second  ouvrage,  Beetho- 
ven, ses  critiques  et  ses glossateurs  (Leipsick, 
I  F.  A.  Brockbaus;  Paris,  Jules  Garelot,  1857, 
1  vol.  gr.  in-8°).  H  eiplique  dans  sa  préface  les 
circonstances  qui  Pont  impérieusement  conduit 
à  s'expliquer  sans  réserve  sur  la  personne  et  sur 
,  les  œuvres  du  grand  artiste.  Sous  le  rapport 
du  style,  il  y  a  un  remarquable  progrès  dans  ce 
second  ouvrage  d«  M.  d'Oulibicheff.  Je  n'ai  pas 
à  faire  ici  l'analyse  du  contenu  du  volume  ni 
l'appréciation  des  opinions  de  l'auteur,  ayant  fait 
ce  travail  dans  la  Gazette  musicale  de  Paris 
(ann.  1857,  no*  2a,  25,  27,  29  et  30)  :  je  me 
bornerai  à  dire  que  l'auteur  et  le  livre  furent 
attaqués  avec  violence  dans  une  multitude  d'ar- 
tîdes  de  journaux  et  dans  des  pamphlets,  parti- 
culièrement en  Russie.  M.  d'Oulibicheff  en  fut 
profondément  affligé  :  je  crois  même  que  le 
diagrin  qu'il  en  eut  fut  la  cause  de  la  maladie 
qui  le  mit  au  tombeau.  Peu  de  mois  avant  sa 
mort  il  m'écrivit,  me  confiant  ses  chagrins  et 
m^envoyant  un  mémoire  de  vingt  pages  in-folio 
dans  lequel  il  avait  entrepris  de  répondre  aux 
critiques  acerbes  dont  il  était  l'objet.  11  désirait 
que  je  le  fisse  publier  à  Paris  ;  mais  je  lui  con- 
seillai de  n'en  rien  faire,  s'il  ne  voulait  prolonger 
la  polémique  qui  Taffligeait;  car,  lui  disats-je, 
si  solide  que  soit  votre  réponse  aux  critiques 
injustes  dont  vous  êtes  V objet,  on  y  fera  des 
répliques,  et  Dieu  saU  ce  qu'elles  seront! 
Ayez  ma  philosophie  :  depuis  quarante  ans, 
si  j'ai  trouvé  beaucoup  de  sympathie  dans 
Vopinion  publique,  fai  aussi  rencontré  des  at- 
taques de  tout  genre  dans  les  bas  fonds  de  la 
critique;  mais  j'ai  méprisé  mes  adversaires 
et  ne  leur  ai  pas  fait  rhonneur  de  leur  ré- 
pandre* Malheureusement  M.  d^Oulibicheff , 
homme  du  monde  et  grand  seigneur,  n'était  pas 


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392 


OULIBICHEFF  —  OUSELEY 


préparé  à  ces  choses  qai  sont  inséparables  de  la 
vie  d*arti8te  et  d'écrtTain  :  il  en  mourut. 

OULTON  (William-Charlbs),  écrivain  an- 
gtaift,  né  vers  1760,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  : 
The  Uistory  ofthe  EngUsh  théâtre  in  Lon- 
dan  ;  coniairUng  an  annual  register  of  ail 
ihe  new  and  revived  Tragédies,  Comédies, 
Opéras,  Farces,  Pantomimes^ etc.,  that  hâve 
been  performed  ad  the  Théâtre  royal  in  Lon- 
don  from  the  years  1771  to  1795,  vjith  occa^ 
sional  noies  and  anecdotes  (Histoire  du  Uiéâilre 
anglais,  contenant  un  catalogue  annuel  des  tra. 
gédies,  comédies,  opéras,  rarces,pantomimes,etc. , 
nouvellement  représentés  ou  remis  en  scène  aux 
théâtres  royaux  de  Londres,  depuis  l'année  1771 
jusqu*eu  1795,  avec  des  notes  et  des  anecdotes), 
Londres,  Martin  and  Bain,  i^796,  2  vol.  in -8"*. 

11  a  été  fait  une  deuxième  édition  de  cette  lûstoire, 
continuée  jusqu'en  1817;  Londres,  1818,  3  vol. 
in-f2. 

OUSELEY  (Sir  Wiluah  GORE),  baronnet, 
orientaliste,  né  en  Angleterre,  dans  le  comté  de 
Monmoutb,  en  1771,  reçut  une  éducation  solide 
dans  sa  famille,  et  se  rendit  à  Paris  en  1787,  pour 
y  perfectionner  sa  connaissance  de  la  langue 
française.  Entré  au  service  militaire  de  sa  pa- 
trie, il  y  employa  ses  heures  de  loisir  à  Tétude 
des  langues  orientales,  et  bientôt,  entraîné  par  le 
charme  qu'il  y  trouvait,  il  vendit  sa  commission 
d'officier,  alla  étudier  aux  universités  de  Lcyde 
et  de  Dublin,  et  reçut  dans  cette  dernière  le  degré 
de  docteur.  D'autres  dignités  littéraires  lui  furent 
ensuite  conférées  par  les  universités  de  Ros- 
tock,  d'Edimbourg  et  de  Gœttingue.  Après  nn 
Toyage  en  Perse,  qu'il  fit  en  société  de  son  frère 
nommé  ambassadeur  en  œ  pays,  il  revint  en  An- 
gleterre, et  y  publia  le  fruit  de  ses  études  et 
de  ses  recherches  sur  les  antiquités  de  l'Orient, 
dans  divers  ouvrages  dont  le  plus  important  a 
pour  titre  :  The  Oriental  collections  (  Collec- 
tions orientales)  ;  Londres,  1797-1799,  3  voL 
in-4°.  On  trouve  des  renseignements  pleins  d'in- 
térêt sur  la  musique  et  les  musiciens  de  l'Inde 
dans  le  premier  volume  de  cet  ouvrage.  SirGore 
Ouseley  est  mort  à  Londres  en  1844. 

OUSELEY  (le  Rév.  Sir-Frédéric-Arthuii 
GORE),  baronnet^   fils  du  précédent,  né  le 

12  août  1825,  a  succédé  à  son  père  en  1844. 
Après  avoir  fait  ses  études  an  collège  de  Christ- 
Church  d'Oxford,  il  prit  dans  cette  université  les 
degrés  de  bachelier  es  arts  en  1840,  de  maître 
es  arts  en  1849,  de  bachelier  en  musique,  en 
1850,  et  de  docteur  en  musique,  en  1855.  il 
aTait  été  ordonné  diacre  en  1849  et  reçut 
l'ordre  de  la  prêtrise  en  1855.  Cette  dernière 
année  est  remarquable  dans  l'existence  du  révé- 


rend sir  Gore  Ouseley,  car  il  succéda  alors  à  sir 
Henri  R.  Bishop  dans  la  place  de  professeur  de 
musique  de  l'université  d'Oxford,  et  fut  nomme 
PrœcanJlor  (premier  chantre)  delà  cathédrale 
d'Hereford.  L'église  et  le  collège  de  St.  Michel  et 
tous  les  Anges  ayant  été  bfttis  et  dotés,  près  de  Ten- 
bury,  cette  église  fut  consacrée  par  Tévêque  d'He- 
reford, le  29  septembre  1856,  et  le  collège  fut  ou- 
vert au  mois  de  mal  1857.  A  cette  église  de  Saint- 
Micliel  est  attaché  un  service  journalier  de  chant 
choral,  exécuté  par  les  membres  du  collège,  sons 
la  direction  spéciale  de  Sir  Gore- Ouseley.  L'ins- 
truction musicale  de  cet  ecclésiastique  est  une  des 
plus  solides  et  des  plus  complètes  que  je  connaisse. 
La  nature  lui  a  donné  une  organisation  excellente 
pour  la  musique.  Dès  l'Age  de  trois  ans  et  quel- 
ques mois  il  s'occupait  déjà  de  cet  art  avec  au- 
*  tant  d'assiduité  que  de  passion;  et  seul  il  apprit 
à  jouer  du  piano,  de  l'orgue,  du  violoncelle  et  de 
plusieurs  autres  instruments.  A  sept  ans,  il  fai- 
sait ses  premiers  essais  de  composition ,  et  dans 
sa  huitième  année,  il  écrivit  la  musique  de  l'o- 
péra de  Métastase  V Isola  disabitata.  Pianiste 
distingué,  improvisateur  élégant,  M.  Ouseley  pos- 
cède  aussi  un  talent  remarquable  d'organiste. 
J'ai  eu  l'occasion  de  Tentendre  dans  une  église 
de  la  Cité  à  Londres,  où  il  joua  des  préludes, 
une  fugue  improvisée  avec  clavier  de  pédales,  et 
une  belle  fugue  de  J.  S.  Rach  à  3  claTiers ,  et 
dans  cette  exécution,  qui  dura  près  d'une  heure 
et  demie,  tout  fut  irréprochable.  La  liste  de  ses 
compositions  renferme  :  l"*  Quatre  sonates  pour 
piano  et  violoncelle  écrites  dans  les  années  1839- 
1841  ;  2"^  Deux  trios  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, en  ré  et  en  ut  (1840-1841  );  S""  Qua- 
tuor pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle,  en 
mi  bémol  (1842);  4*^  Cinq  sonales  ponr  piano 
seni,  dont  les  quatre  dernières,  en  mi  mmenr, 
ut  mineur,  mi  bémol  et  ré  mineur  ont  été  com- 
posées en  1840;  5^  Sextuor  pour  2  violons , 
2  altos,  violoncelle  et  contrebasse  (t84U  ;  0^  En- 
Tiron  40  mélodies  sur  des  paroles  italiennes, 
écrites  de  1832  à  1845;  7^  Nocturnes  ou  ro- 
mances sans  paroles  pour  piano  seul,  au  nombre 
de  douze  (  1839-1858)  ;  8^  Trois  préludes  et  fu- 
gues pour  piano  ou  orgue  sans  pédales ,  en  mi 
majeur,  ut  mineur  et  mi  bémol  (1845-1846); 
9"*  Six  grands  préludes  pour  l'orgue  avec  pédales 
obligées  (1800);  lO*'  Ode  pour  soprano  solo, 
chœur  à  5  voix  et  orchestre,  composée  à  roccaaioQ 
de  la  paix  après  la  guerre  de  Crimée,  pour  l'u- 
ni versité  d'Oxford,  mais  non  exécutée:  i  i^  Grande 
cantate  religieuse,  sur  les  paroles  du  10"«  cha- 
pitre de  Jérémie  :  The  Lord  is  the  irue  God , 
pour  voix  de  baryton ,  chœur  à  5  von ,  et 
grand  orobestrey  composée  pour  le  degré  de  ba- 


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OUSELEY  —  OUVBARD 


393 


cheiier  en  masiqne  en  1849  et  1850  ;  12**  Quatre 
sefTîces  complets  pour  les  cathédrales,  à  8  voix, 
en  la  mine^ir,  ré  majear,  fa  majeur  et  ut  ma» 
jenr  (1848-1856);  td**  Six  antiennes  (  l8ô4• 
1860);  U"*  Dix  Glees  sur  des  paroles  anglaises 
(1844-1846  );  15°  Chansons  anglaises  pour  dif- 
férentes voix  (  184M869).  16<'  The  Martyrdom 
of  Si  Polycarpil»  Martyre  de  S.  Polycarpe), 
oratorio  en  on  acte,  gravé  en  grande  partition , 
à  Londres,  chez  Alfred  Noveilo,  gr.  in-fol.  ;  bel 
ouvrage  dont  le  style  est  large  et  pur,  dont  les 
mélodies  sont  simples  et  naturelles,  les  chœurs 
puissants^  énergiques,  bien  rhythmés  et  bien 
écrits  dans  la  grande  manière  de  Bacli  et  de 
Hsendel,  enfin,  dont  l'instrumentation  est  riche 
sans  excès  de  son  emploi.  Cette  composition  fe- 
rait honneur  aux  meilleurs  artistes. 

OUTREIN  (Jean  n*),  prédicateur  de  It- 
glise réformée,  à  Amsterdam,  naqnit  à  MiddeL- 
bouni;  ^  1683,  et  mourut  en  1722.  On  a  de  lui  : 
Bisputationes  XV  de  clangore  evangelii  sive 
de  clangoribus  sacris,  dans  lesquelles  il  traite 
de  la  musique  des  Hébreux,  et  particulièrement 
de  instrument  appelé  magrepha.  Ugolini  a  in* 
séré  ce  traité  dans  son  Thésaurus  antiq,  sacr., 
U  32. 

OUTREPONT  (  CHARLE^THOllA8rFll4IIÇOIS 

d'  ),  né  à  Bruxelles,  le  26  juin  1777,  se  fixa  à 
Paris  vers  1804,  et  y  est  mort  le  4  avril'  1840. 
Parmi  beaucoup  de  travaux  littéraires  de  diffé- 
rents genres  qu'il  y  a  publiés ,  on  remarque  le 
livre  quia  pour  titre  Dialogues  des  morts, 
suivis  d'une  lettre  de  J.-J.  Rousseau,  écrite 
des  Champs  Élysées  à  M.  Castil-Blaze,  Paris, 
F.  Didot,  1825>  in-8''.  Dans  la  lettre  supposée , 
M.  d'Out repont  reproche  à  Castil-Blaze  d'avoir 
emprunté  textuellement,  pour  son  Dictionnaire 
de  musique  moderne,  342  articles  à  celui  de 
Jean-Jacques  Rousseau.  Bien  qu*on  ne  puisse 
nier  que  Taccusation  ait  quelque  fondement ,  il 
est  certain  que  d'Outrepont  montre  beaucoup 
de  partialité  et  de  préventions  dans  sa  critique. 

OUTREPONT  (Tn£onoRB-GD8T4VB  d*), 
frère  du  précédent,  capitaine  de  cavalerie,  na- 
quit à  Bruxelles  en  1779,  et  mourut  à  Paris,  du 
choléra,  le  7  avril  1832.  H  cultivait  le  violon 
avec  quelque  succès  et  a  publié  à  Paris  plusieurs 
morceaux  pour  cet  instrument. 

OCVRARD  (René),  né  à  Chinon,  en  Tou- 
raine,  le  16  juin  1624,  apprit  la  musique  dès  son 
enfance  et  nMnterrompit  pas  Tétude  de  cet  art 
pendant  qu'il  se  préparait  à  embrasser  Tétat  ec- 
clésiastique. Après  avoir  été  ordonné  prêtre,  il 
obtint  la  maîtrise  du  chœur  de  la  cathédrale  de 
Bordeaux,  puis  celle  de  Marbonne.  C'est  de  cette 
dernière  ville  qu'il  fut  appelé  à  Paris,  pour  y  rem- 


plir les fonctionsde maître  demusique  de  la  Sainte- 
Chapelle,  placeqo'il  occupa  pendant dixans.  11  fut 
ensuite  pourvu  d'un  canonicat  de  Saint-Gralien  ' 
de  Tours,  et  mourut  en  cette  ville,  le  19  juillet 
1 694.  Ouvrard  avait  l'esprit  orné  de  connaissances 
assez  étendues  dans  l'histoire  et  les  antiquités 
ecclésiastiques  ;  il  composait  des  vers  latins,  et 
cultivait  les  mathématiques  et  Tastronomie^ 
Outre  quelques  ouvrages  de  controverse  et  de 
théologie,  on  a  de  lui  :  \^  Secret  pour  composer 
en  musique  par  un  art  nouveau,  Paris,  1660.. 
—  2°  Lettres  sur  l'architecture  harmonique  ou 
application  de  la  doctrine  des  proportions  de 
la  musique  à  l'architecture,  ibid.,  1679,  Paris, 
Rouland,  in-4°.  —  3^  Histoire  de  la  mimique 
chez  les  Hébreux,  les  Grecs  et  les  Romains, 
non  publiée.  Le  manuscrit  se  trouve  à  la  biblio- 
thèque de  la  ville  de  Tours  (1).  Le  privilège  pour 
la  publication  de  cet  ouvrage  avait  été  délivré  à 
Ouvrard  le  4  mars  1677,  d'où  l'on  peut  conclure 
quMl  avait  résolu  de  le  faire  bientôt  imprimer; 
on  ne  peut  donc  expliquer  le  motif  qui  Ta  dé- 
cidé ensuite  à  garder  en  manuscrit  cette  histoire 
de  la  musique,  puisqu'il  vécut  encore  dix -sept 
ans  après  cette  date,  et  quMl  ne  décéda  que  le 
19  juillet  1694.  Après  sa  mort,  le  manuscrit  fut 
déposé  avec  plusieurs  autres  ouvrages  du  même 
auteur  dans  les  archives  de  l'église  métropolitaine, 
d*où  il  est  p?ssé  dans  la  bibliothèque  de  la  ville. 
L'ouvrage  est  divisé  en  trois  parties  :  la  première 
est  intitulée  Prénotions  harmoniques.  £lle 
renferme  l'explication  de  tous  les  termes  em- 
ployés dans  la  musique,  en  grec,  en  latin  el  en 
français  ;  puis  vient  l'exposé  des  connaissances 
qui  se  rattachent  à  la  théorie  de  la  musique, 
telles  que  l'arithmétique ,  l'acoustique,  la  phi- 
losophie; enfin  l'examen  de  plusieurs  questions 
relatives  à  la  musique  des  Grecs  et  des  Romains, 
un  traité  de  leurs  intruments,  de  leur  poésie 
et  de  leurs  danses.  Sous  le  titre  de  Biblio- 
thèque harmonique  f  la  seconde  partie  con- 
tient une  liste  de  tous  les  auteurs  qui  ont 
écrit  sur  la  musique ,  rangés  par  ordre  chrono- 
logique, avec  des  renseignements  sur  leurs  ou- 
vrages, etc.  La  troisième  partie  renferme  les 
éléments  de  la  musique  et  de  la  composition. 
On  voit  que  le  plan  de  cet  ouvrage  avait  été 
assez  mal  conçu.  —  4**  Dissertation  sur  le  traité 
de  Vossius ,  De  poematum  cantu  et  viribus 
rhythmi,  manuscrit  qu'il  avait  communiqué  à 
l'abbé  Nicalse  pour  avoir  son  avis;  enfin,  quel- 
ques lettres  sur  la  musique ,  à  l'abbé  Micaise, . 

(1)  Bibliotheca  ecclesiae  Turoneiuli  sea  calalogu»  llbro- 
rum  Mm.  qol  In  eadrni  bibL  assenrantur,  aiicr.  G.  Jouan 
et  VIct.  d'ATaone,  Toon,  1706,  in-S*.  rélmpriiDé  dan*  ta 
imiotkeca  BibUoikeounm  de  MoDtfsacoa. 


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394 


OUVRARD  —  OZI 


qui  ayatt  conça  le  projet  de  les  faire  iuipri- 
mer  avec  son  Discours  sur  la  miuique  des  an* 
ciens. 

OVERBEGR  (  Jean -Daniel  ) ,  recteur  du 
gymnase  de  Lubecli,  naquit  à  Rethem ,  près  de 
Lubeck,  en  1715.  On  trouve  dans  les  Essais  cri- 
tiques et  historiques  de  Marparg  (t.  I,  p.  312- 
317  )  un  morceau  de  ce  savant,  intitulé  :  ÀtU" 
ivort  auf  das  Sendschreiben  eines  Freundes 
an  den  andem,  ûberdie  Autdrucke  des  Herm 
Baiteux,  von  der  Musik  (  Réponse  à  la  lettre 
d'un  ami  à  un  autre,  sur  les  expressions  de 
M.  Baltenx  concernant  la  musique). 

OVERBEGK  (CBRériENADOLPnB),  né  à 
Lubeck  vers  17&0,  fut  fait  docteur  en  droit  en 
1788 ,  et  obtint  en  1793  le  titre  de  syndic  du 
cliapitre  épiscopal  de  Lubeck.  Il  est  mort  dans 
cette  Tille,  le  9  mai  1821.  Il  cultivait  la  musique, 
et  a  publié  des  cantiques  et  des  chansons  avec 
mélodies  et  accompagnement  de  clavecin,  sous 
ce  litre  :  lAeder  und  Gesxnge  mit  Klavier 
Melodien,  Hambourg,  1781,  in-4^. 

OVEREND  (Marmadukb),  écrivain  anglais 
et  professeur  de  musique,  né  dans  le  pays  de 
Galles,  vers  le  milieu  du  dii-huttième  siècle,  fut 
organiste  à  Isleworth,  dans  le  comté  de  Middie- 
aei,  et  y  vivait  encore  en  1707.  Il  a  publié  le 
programme  d'un  cours  sur  la  sdenoe  de  la  mu- 
sique, sous  ce  titre  :  A  brief  account  of^  and 
introduction  to  eight  lectures  on  the  science 
of  Music,  Londres,  1781,  in-4*de  2  feuilles.  Il 
rédigea  ensuite  les  leçons  qu'il  avait  faites  dans 
ce  cours  et  les  publia  dans  un  écrit  intitulé  : 
Lectures  on  the  science  of  Music  ;  Londres, 
1783,  in-4^.  On  connaît  aussi  de  ce  musicien  : 
Twelve  sonatas  for  two  violins  and  a  vio-^ 
loncello  (12  sonales  pour  2  violons  et  violon- 
celle), Londres,  1779. 

OZANAM  (Jacques),  mathématicien,  na- 
quit en  1640,  à  Boulignenx,  dans  la  principauté 
de  Dombes,  d'une  famille  d'origine  juive,  et 
mourut  à  Paris,  le  3  avril  1717.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages,  on  compte  un  Dictionnaire 
mathématique  (  Paris,  169l,in.4«),  dans  lequel 


on  trouve  un  Traité  de  musique  (p.  640  )  qui 
forme  16  pages.  On  a  aussi  de  lui  :  RécréaUotu 
mathématiques  et  physiques,  qui  contienneni 
plusieurs  problèmes  d'arithmétique ,  de  géo- 
métrie et  de  musique,  etc.,  Paris,  1724,  3  vol 
in-S*",  et  1735,  4  vol.  m*8''. 

OZI  (  ÉTiEH  NE  ) ,  premier  basson  d«  la  cha- 
pelle du  roi,  avant  la  révolution ,  ensuite  de  la 
ctiapelle  impériale,  de  Torchestre  de  TOpéra,  et 
professeur  de  cet  instrument  an  Ckmservaioire  de 
musique,  naquit  à  Nîmes  ie  9  décemtire  1764. 
Venu  à  Paris  en  1777,  il  débuta  au  concert  spi- 
rituel deux  ans  après,  et  s'y  fit  remarquer  par 
une  belle  qualité  de  son  et  une  exécution  ndi» 
et  précise.  On  peut  le  considérer  comoie  le  pre- 
mier artiste  qui  ait  perfectionné  cet  instrument  en 
France,  et  comme  le  chef  d'une  école  d^où  sont 
sortis  Delcambre,  Gebauer,  etc.,  lesquels  oot 
formé  à  leur  tour  d'excellents  élèves.  Le  temps  où 
Ozi  fit  le  plus  admirer  son  talent  fut  celui  des  < 
certs  du  théfttre  Feydeau  (1796)  .11  a  beaucoupc 
posé  pour  son  instrument,  car  on  compte  parmi 
ses  compositions  :  1®  7  concertos  pour  basson , 
avec  accompagnement  dWcbestre ,  publiés  à 
Paris  depuis  1780  jusqu'en  1801.  —  2*  Trois 
symphonies  concertanles  pour  clarinette  et  bas- 
son, œuvres  5,  7  et  10,  Paris,  1795  et  1797.  » 
3^  24  duos  pour  2  bassons;  ibid.  jusqu'en  1798. 
— 4®  Petits  airs  connus  variés  pour  2  tiassoas^-oii  2 

violoncelles,  1er  et  2*  livres,  ibid.;  1793  et  1794 

5**  Six  duos  pour  deux  bassons,  ou  2  vîoloaeelies^ 
ibid.,  1800.  fin  1787,  il  publia  un  livre élémenfaire 
intitulé  :  Méthode  de  basson  aussi  nécessaire 
pour  les  maîtres  que  pour  les  élèves,  avec  de* 
airs  et  des  duos.  Plus  tard  il  refondit  cet  ouvrage 
pour  l'étude  désolasses  au  Conservatoire,  etlepo- 
btia,  en  1800,  sont  le  tite  de  Méthode  nouvelle 
et  raisonnée  pour  le  basson.  Il  en  a  été  fait 
plusieurs  éditions  à  Paris.  Vers  1796,  On  foma 
une  association  po<ir  rétablissement  d'un  roai^a- 
sin  de  musique,  attaché  au  Conservatoire;  il 
dirigea  cet  établissement  jusqu'à  sa  mort,  anîTée 
le  5  octobre  1813. 


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PAB8T  (....)>  directeur  de  musique  à 
Kœnigsberg,  né  dans  cette  ville  vers  1818, 
s^est  fait  connaître  comme  compositeur  dra- 
matique, par  Topera  en  trois  actes  intitulé  : 
Der  Kastellan  von  Krakau  (le  Châtelain  de 
Cracovie),  qui  fut  représenté  à  Kœnigsberg, 
en  1846.  En  1848,  il  donna  au  théâtre  de  la 
même   ville   Unser  Johann  (Nôtre  Jean). 
M.  Bérnsdorf  ne  mentionne  pas  cet  artiste 
dans  son  nouveau  Lexique  général  de  musique. 
PACCHIEROTTI  (Gaspard),  chanteur 
célèbre  de  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  naquit  à  Fabriano,  dans  la  Marche 
d'Ancône,  en  1744,  et  entra  comme  enfant  de 
chœur  à  la  cathédrale  de  Forli.  €*est  à  tort 
que  Tipaido  (Biogr,  degli  lialiani  illustri, 
t.  IX)  a  dit  que  ce  grand  chanteur  fut  enfant 
de  chœur  de  la  chapelle  de  Saint-Marc  de 
Venise  et  que  Berloni  fut  son  maître  dans 
l*art  du  chant.  H.  CafR  n'a  pas  fait  cette  faute 
dans  son  histoire  dé  cette  chapelle.  Bertoni 
fui  simplement  organiste  deSaint-Marc  depuis 
1 75âjusqu*à  la  fin  de  1784;  et  ne  devint  maître 
de  cette  chapelle  que  leâl  janvierl785.  Enfin, 
il  n*y  avait  pas  d*enfants  de  chœur  à  la  cha- 
pelle de  Saint-Marc  pour  la  partie  de  soprano, 
mais  des  sopranistes  castrats,,  dont  la  plupart 
étaient  prêtres.  La  beauté  extraordinaire  dé 
sa  voix  le  fit  remarquer  par  un  sopraniste  de 
cette  chapelle,  qui  obtint  de  ses  parents  Tau- 
torisation  de  le  soumettre  à  la  castration.  Le 
«uccès  de  Topératlon  décida  le  vieux  sopra- 
niste à  donner  des  leçons  de  chant  à  Pacchie- 
rolti,  dont  les  progrès  dans  cet  art  furent  si 
rapides,  qn^à  Page  de  seize  ans  il  put  com- 
mencer à  se  faire  entendre  avec  succès  sur 
plusieurs  théâtres  d'Italie,  dans  des  rôles  de 
femoie.    Cependant  son  organe  n'avait  pas 
encore  acquis  toute  sa  puissance.  Ce  fut  sur- 
tout vers  1770  que  sa  réputation  s'étendit,  et 
que  son  talent  d'expression  acquit  une  per- 
fection inimitable.  11  chanta  dans  cette  année 
à  Palerme,  avec  la  fameuse  Catherine  Ga- 
briel li   et  y  produisit  une  vive  impression. 
£n  1773,  il  brillait  à  Naples;  puis  il  alla  à 
Bologne,  en  1775,  retourna  à  Naples,  en  1774, 


chanta  à  Parme  et  â  Milan,  en  1775,  à  Flo- 
rence et  à  Forli,  en  1776,  et  à  Venise,  en  1777. 
Après  la  saison  de  Venise,  il  alla  chanter 
pendant  le  carnaval  à  Milan,  et  l'année  sui- 
vante il  fût  rappelé  dans  cette  ville  pour 
l'ouverture  du  nouveau  théâtre  de  la  Scala. 
Précédemment  il  s'était  fait  admirer  â  Gènes  ; 
en  1778,  il  brilla  â  Lucques  et  à  Turin,  et  vers 
la  fin  de  la  même  année,  il  se  rendit  à  Londres 
où  il  resta  jusqu'en  1785.  Peu  de  chanteurs 
ont  été  accueillis  dans  cette  ville  avec  autant 
d'enthousiasme  que  Pacchierotti  ;  il  y  gagna 
des  sommes  énormes.  De  retour  en  Italie  vers 
la  fin  de  1785,  il  alla  à  Venise,  où  il  retrouva 
le  compositeur  Bertoni,  son  ami,  qui  écrivit 
pour  lui  plusieurs  ouvrages.  Il  y  resta  presque 
constamment  Jusqu'en  1790,  puis  retourna  à 
Londres,  où,  malgré  son  âge  avancé,  il  sut 
encore  se  faire  admirer  comme  virtuose  et 
comme  professeur.  Jusqu'en  1800.  L'année 
suivante,  il  se  fixa  â  Padoue,  et  y  vécut  hono- 
rablement avec  les  richesses  qu*ll  avait  amas- 
sées, dépensant  chaque  ^année  des  sommes 
considérables  en  aumônes.  Son  plaisir  le  plus 
vif  consistait,  dans  ses  dernières  années,  à 
faire  exécuter  chez  lui  les  psaumes  de  Mar- 
cello, dont  il  possédait  bien  la  tradition. 
Grand  musicien,  il  lisait  à  première  vue  toute 
espèce  de  musique  et  accompagnait  bien  au 
piano.  Il  mourut  à  Padoue,  le  29  octobre 
1831,  à  rage  de  soixante-dix-sept  ans.  Pac- 
chierotti était  laid  de  visage  et,  contre  l'or- 
dinaire des  castrats,  d'une  taille  élevée  et 
fort  maigre;  mais  la  beauté  de  son  organe, 
sa  mise  de  voix  merveilleuse,  et  le  charme  ir- 
résistible de  l'expression  de  son  chant,  fai- 
saient bientôt  oublier  â  la  scène  ses  désavan^ 
tages  extérieurs.  Burney  dit  que  les  airs  Mi- 
iero  pargoletto,  du  Demofoonfe  de  Monza, 
Non  temer,  de  Bertoni,  dans  l'opéra  sur  le 
même  sujet,  Voice  speme,  du  Rinaldo  de 
Sacchini,  et  Ti  seguirà  fedele,  de  VOlim- 
piade,  de  Paisiello,  étaient  ceux  où  il  dé- 
ployait le  talent  le  plus  remarquable. 

PACCHIONI  (Antoike-Marie),  com|)o- 
siieur,  né  à  Modène,  le  5.  juillet  1054,  apprit 


395 


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396 


PACCHIONI  -  PACELLI 


Tari  du  chant  sous  la  direction  de  D.  Itturzio 
Erculeo  d'Olricoli,  musicien  de  la  cliapelle 
ducale  de  Bfodène,  puis  eut  pour  maître  de 
contrepoint  Jean-Marie  Bononcini.  Vélude 
des  compositions  de  Pales  tri  na  le  rendit  un 
des  musiciens  les  plus  habiles  de  son  temps. 
Pacchioni  était  prêtre  et  fut  m'ansionnaire  de 
la  cathédrale  de  Modène.  En  1678,  le  chapitre 
avait  rintention  de  lui  donner  la  place  de 
maître  de  chapelle,  devenue  vacante  par  la 
mort  de  Jean-Marie  Bononcini  ;  mais,  à  la  de- 
mande du  duc  François  II,  cet  emploi  fut 
donné  à  Joseph  Colombi.  Pacchioni  Poblinl 
après  la  mort  de  celui-ci.  Le  duc  de  Modène 
Pavait  choisi,  en  1732,  pour  son  maître  de 
chapelle.  Pacchioni  mourut  le  15  juillet  1758, 
à  rage  de  quatre-vingt-quatre  ans.  En  1733, 
il  avait  été  pris  pour  arbitre  par  le  P.  Martini, 
dans  une  contestation  qui  s*était  élevée  entre 
ce  maître,  jeune  encore,  et  Thomas  Redi,  de 
Sienne,  maître  de  chapelle  de  Péglise  de  Lo- 
relte,  au  sujet  de  la  résolution  d'un  canon  de 
Jean  Animuccia  (voyez  les  mémoires  dePier- 
luigi  de  Palestrina,  par  Tabbé  Baini,  t.  I, 
n«  105,  p.  120).  Pacchioni  a  laissé  en  manuscrit 
beaucoup  de  musique  d*égUse,  qui  se  trouve  à 
la  cathédrale  de  Modène.  Il  a  publié  à  Venise, 
en  1687,  des  motels  à  quatre  voix.  En  1682, 
il  a  fait  exécuter  à  Modène  un  oratorio  inti- 
tulé Za^ran  Matilda.  Déjà  il  avait  écrit,  en 
1678,  un  autre  oratorio  qui  avait  pour  titre  : 
Le  Porpore  trionfali  di  S.  Jgnazio.  On  con- 
serve, dans  la  bibliothèque  ducale  de  Modène, 
des  cantates  de  cet  artiste  en  manuscrit.  La 
collection  de  Tabbé  Sanlini,  à  Rome,  renferme 
trois  motets  à  huit  voix  de  Pacchioni,  à  sa- 
voir, Sicut  erai,  Domine  Deus  noster,  et 
Laudate  Dominum, 

PACCIOLI  (Luc),  en  latin  PAXIOLUS 
ou  PAGIOLUS,  moine  franciscain  et  savant 
mathématicien,  naquit  à  Borgo-San-Sepolcro, 
en  Toscane,  vers  le  milieu  du  quinzième 
siècle.  Après  avoir  enseigné  les  mathématiques 
à  Naples,  à  Milan  (depuis  1496  jusqu'en  1499), 
puis  à  Florence  et  à  Rome,  il  alla  se  flxer  à 
Venise  et  y  expliqua  Euclide.  Il  se  trouvait 
encore  en  cette  ville  en  1509.  Au  nombre  de 
ses  ouvrages,  qui  sont  estimés,  on  en  remar- 
que un,  devenu  fort  rare,  qui  a  pour  titre  : 
De  divina  proportione,  opéra  a  tuUi  gVin- 
gegni  perspicacci  e  curiosi  necessaria  ove 
ciatcun  studioso  di  philotophia ,  perspec- 
tiva,  pictura,  sculptura,  architeclura,  mu- 
siea,  et  altre  mathematice,  suavitsima,  sot- 
tileet  admirabUe  doctrina  conseguira,^  etc.  (1) 
(I)  L'orlliograpUc  de  ce  titre,  comme  celle  de  tout  le 


Fenetii»  impressum  per  probum  virum 
Paganinum  de  Paganinis  de  £  rescia,  1 509, 
in-fol. 

PAGE  (Ricbaad),  né  dans  le  diocèse  de 
Winchester,  en  1482,  fit  ses  éludes  à  roni- 
versilé  d^Oxford,  puis  à  celle  de  Padoue,  et 
fut  successivement  chanoine  d*Tork,  archi- 
diacre de  Dorset,  doyen  d'Exeter,  et  enfin 
doyen  de  Saint-Paul  de  Londres.  11  moural  à 
Steppey,  dans  le  voisinage  de  Londres,  en 
1532.  On  a  de  lui  en  manuscrit  un  livre  ioii- 
tulé  :  De  restilutione  tnusiees,  que  Baie  in- 
dique (in  Catal.  SS.  Drit.  cent.  8,  p.  653). 

PAGE  (Vircert),  né  à  Assise,  dans  la  se- 
conde moitié  du  seizième  siècle,  fut  maître  de 
chapelle  de  Péglise  cathédrale  de  Rieti.  On  le 
compte  parmi  les  premiers  compositeurs  qui  ont 
écrit  de  la  musique  d*égljse  pour  une  et  deux 
voix  avec  accompagnement  de  basse  continae 
pour  Porgue.  L*ouvrage  par  lequel  il  s*es(  fait 
connaître  en  ce  genre  de  musique  a  pour 
titre  :  Sacrorum  concentuum  liber  primu$ 
qui  singulis,  duabus,  tribus,  quatuor  voci- 
bus  concinuntur,  auctore  Fincentio  Pacio 
Assisiensi  in  cath,  Eccl.  Reatina  tnusicêi 
prxfeetus,  unà  cum  basso  ad  organutn; 
Rom»,  1617. 

PAGE  (Piebbe),  organiste  de  la  Santa 
Casa  de  Lorette,  vécut  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  est  vraisem- 
blable  qu*il  était  parent  du  précédent  et  qn*il 
naquit  à  Assise.  Les  ouvrages  connus  de  sa 
composition  sont  :V  Jl  pfimo  libre  de'  Mot^ 
tetti  a  una,  due,  tre  et  quattro  voci,  con  un 
Magnificat  a  due  voci,  ei  eo*l  basso  per  l'or- 
gano;  in  Venelia,  app.  Giac.  Vincenti,  1613, 
in-4«.  3<>  Madrigali  a  quattro  et  a  cinque 
voci,  parte  con  sinfonia  se  piace,  €i  parie 
sema;  avertendo  per  à  che  quelli  delk  Sin^ 
fonie  non  sipossano  cantare  sensa  sonarli, 
ma  gli  altri  si.  Opéra  décima  quinta;  in 
Venetia,  appresso  Giac.  Vincenti,  1617,  in-4«. 
Dans  répltredédicaloire  au  cardinal  MonlaUo, 
datée  de  Lorette,  le  24  janvier  1617,  Pace  dit 
qu'il  a  appris  la  musique  dès  sa  plus  tendre 
enfance,  et  qu'il  a  été  organiste  en  plusieurs 
endroits  avant  de  Pétre  à  Lorette.  3«  Moietti 
a  4^  5  ef  6  voct*  co'l  Dixit  et  Magnificat, 
op.  18,  ibid.y  1619,  in  4«.  4*  //  sesto  libre 
de*  Motletti  a  una,  due,  tre  et  quattro  voci, 
co'l  Dixit,  Laudate  pueri  et  Magnificat  a 
due  et  tre  voci,  op.  16,  ibid.,  1618,  in-4*». 

PAGELLI  (AspniLio),  né  à  Varciano,  au 
diocèse  de  Narni,  en  1570,  fut  d'abord  maître 

livre,  est  plus  latine  que  celle  des  bons  écrivains  italiens 
du  quatoriivme  siècle. 


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PACELLI  -  PACHELBEL 


397 


de  chapelle  du  collège  allemand  à  Rome,  et,  le 
2  mars  1602,  obliotle  même  titre  à  la  basilique 
du  Vatican;  mais  après  dix  mois  passés  dans 
cette  position,  il  accepta  la  place  de  mattre  de 
chapelle  de  Sigismond  III,  roi  de  Pologne  et 
de  Suède.  Il  mourut  à  Varsovie  le  4  mai  1623, 
à  rage  de  cinquante- trois  ans.  Un  monument 
surmonté  de  son  buste  lui  fut  élevé  dans  la 
cathédrale  de  Varsovie  ;  on  y  lit  cette  inscrip- 
tion : 

D.  0.  M. 

ET  BEMORIA   EXCELLEHTIS  YXHI 

ASPRIUI   PACELLI 

ITALI  DE  OPPIOO  VARCIAIfO  DIOCiBSlS  RaRKIENSIS, 

QUI  PROFESSIONEHUSIC0S,  ERUDITIORE,  INGEIIIO, 

IRVE!(TIO!fCM  DELECTARILI  TARIETATB  OHRES 

EJCS  ARTIS  COETAIiEOS  SUPERAVIT, 

A!«TIQUIORES  JEQUAVIT,    ET  SERERISS. 

ET  YICTORIS.  PRINCIPIS 

D.  O.SIGISHVIVDI  III.  POLORIiB  ET  SITECIjB  REGIS 

CAPELLAM  HUSICAH  TOTO  CHRISTIAIIO 

OREE  CELERERRIMAM 

ULTRA    XX    ANNOS   MIRA   SOLERTIA   REXIT. 

EADEX   S.    X.    R.    OR  FIDELISSIXA   ORSBQUIA    HOC 

BE9EV0LEJÎTI£  HORUXEIITIIB  PORI  JDSSIT. 

DECESSIT  DIE  IT  MAII  A9ZI0  DOHIRI 

HDCXXIII'XTATIS  SUA  LUI. 

.  On  connaît  de  ce  maître  les  ouvrages  sui- 
vants :  1»  Cantiones  sacrjt  5,  6,  8, 10-20  vo- 
cum,  Francfort,  1604,  in -4».  2*  Psalmi  et 
motetti  octo  vocum,  ibid.,  1607,  in-4". 
3"  Cantiones  sacras  5,  6,  7-20  voeihus  con- 
cinnatâp,  ibid.,  1608,  in-4«.  4»  Psalmi^  mo- 
tetti et  Magnificat  quatuor  vocibus,  ibid., 
1008,  in-4*».  5»  Madrigali  a  quattro  voci, 
lib,  1,  ibid.  6<*  Madrigali  a  cinque  vocf, 
Uh.  2,  ibid.,  in-4<>.  Quelques  morceaux  de 
Pacelli  ont  été  insérés  dans  le  recueil  de  di- 
vers auteurs  publié  parFabio  Gostanlini  (Rome, 
1614);  entre  autres  un  beau  motet  à  huit  voix 
sur  les  paroles  :  Factum  est  silentium. 

PACELLI  (Antoike),  prêtre  et  composi- 
teur vénitien,  fut  chanteur  sopraniste  à  la 
chapelle  ducale  de  Saint-Marc;  il  a  fait  repré- 
senter à  Venise,  en  1698,  un  opéra  de  sa  com- 
position intitulé  II  finto  Esau.  On  connaît 
aussi  sous  son  nom  la  cantate  théâtrale  Amor 
furente,  qui  fut  écrite  en  1723,  à  Mestre,  pour 
le  théâtre  particulier  de  la  belle  villa  du  doge 
£riZ2o.  Pacelli  vivait  encore  en  1740,  car  il 
concourut,  cette  année,  contre  Saratelli,  pour 
la  place  de  vice-mattre  de  la  chapelle  de  Saint- 
Marc,  qui  fut  donnée  à  son  compétiteur. 

PACHALY  (Traucott-Emmahuel^  orga- 
niste distingué,  né  le  5  janvier  1797,  à  Lin- 
dcrode,  dans  la  Lusace  Inférieure,  fit  ses  pre- 


mières études  littéraires  et  musicales  chez  son 
père,  alors  cantor  et  instituteur  dans  celte 
commune.  Plus  tard,  il  fréquenta  Técole  nor- 
male de  Bunziau ,  pour  se  préparer  à  la  car* 
rièrede  renseignement.  Après  qu*il  eut  achevé 
ses  cours  dans  cette  institution,  il  fut  envoyé, 
aux  frais  du  gouvernement,  à  Schmiedeberg, 
pour  y  perfectionner  son  talent  sur  Torgue 
sous  la  direction  de  Benjamin  Klein,  cantor 
et  organiste  renommé  dans  le  pays.  Ses  études 
musicales  terminées,  Pachaly  retourna  à 
Bunziau,  où  il  était  appelé  pour  y  occuper  la 
place  de  professeur  adjoint  à  Técole  normale; 
mais  il  n*y  resta  que  peu  de  temps,  parce  qu*il 
fut  nommé  instituteur  et  organiste  à  Gruna, 
près  de  Gœrlitz.  Cette  dernière  position  n^of- 
frant  pas  à  Partiste  des  ressources  suffisantes 
pour  donner  à  son  talent  Tessor  pour  lequel  il 
sentait  quMI  était-né,  il  Tabandonna,  en  1826, 
et  accepta  la  place  dMnstituteur  et  d'orga- 
niste à  Schmiedeberg,  devenue  vacante  par  la 
mort  de  Klein,  son  ancien  professeur.  Là,  un 
plus  vaste  champ  se  présenta  à  son  activité, 
soit  par  les  ressources  chorales  qu'il  trouvait 
dans  réglise  primaire-évangélique,  soit  par 
le  bel  orgue  construit  par  Engel,  de  Breslau. 
Pachaly  occupait  encore  cette  position  en  1848. 
La  Nouvelle  Gazette  musicale  de  Leipsick, 
VEutonia,  la  Cxcilia  et  VlriSy  ont  accordé 
beaucoup  d'éloges  au  talent  d'exécution  ainsi 
qu'aux  compositionsde  cet  artiste.  Les  ouvrages 
publiés  à  Breslau  et  à  Leipsick  par  Pachaly 
sont  ceux-ci  :  1<*  Douze  préludes  pour  l'orgue, 
première  suite.  2'»  Douze  idem,  deuxième  ca- 
hier. 5°  Variations  pour  l'orgue  sur  le  choral 
Aufmeinen  liéhenGott.  4<*  Vingt-cinq  chorals 
pour  quatre  voix  d'hommes.  5<»  Cantate  fu- 
nèbre à  quatre  voix  avec  orgue  obligé. 
6°  Hymne  à  quatre  voix  avec  orchestre  et 
orgue.  T*  Cantate  pour  la  Pentecôte,  avec  or- 
chestre. %^  Cantate  pascale,  idem,  O^  Cantate 
de  Noël,  idem,  10«  Cantate  de  fête,  idem^  dé- 
diée au  roi  de  Prusse,  Frédéric-Guillaume  IV. 
Pachaly  a  fourni  aussi  des  comportions  au 
Muséum  d'orgue^  de  Geissler,  à  VÉcole  pra- 
tique d* orgue ,  du  même,,  à  la  collection 
d'exercices  pour  les  organistes,  et  à  VOrga- 
niste  pratique,  de  Herzog.  Je  ne  connais  de 
cet  artiste  qu'une  fugue,  insérée  parKœrner, 
d'Erfurt,  dans  la  troisième  partie  de  son  re- 
cueil intitulé  :  Postludien-Buch  fur  Orga- 
nisten,  etc.  ;  elle  est  bien  écrite  et  d'une  bonne 
harmonie. 

PACHELBEL  (Jeaw),  organiste  célèbre, 
naquit  à  Nuremberg,  le  !«'  septembre  1653. 
Pendant  qu'il  était  occupé  de  ses  premières 


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PACHELBEL  —  PACUYMÊUE 


études  littéraires,  il  apprità  jouer  de  plusieurs 
instruments,  particulièrement  du  clavecin 
chez  Henri  Schwemmer.  Ayant  été  enroyé  au 
Gymnase  de  Katisbonne,  il  proata  de  son  sé- 
jour dans  cette  ville  pour  commencer  Tétude 
du  contrepoint  sous  la  direction  de  Preuz. 
Après  avoir  achevé  ses  humanités,  il  fréquenta 
rUniversité  d'Altdorf;  mais  à  défaut  de 
moyens  d*existence,  il  fut  obligé  de  retourner 
à  Ratîsbonne.  Il  ne  fit  qu^un  court  séjour  dans 
cette  ville,  et  bientôt  il  se  rendit  à  Vienne, 
oh  il  obtint  la  place  d^organiste  adjoint  de 
réglise  Saint-Étienne.  Le  premier  organiste 
était  alors  Jacques  de  Kerl  ;  ce  grand  artiste 
devint  le  modèle  de  Pachelbel,etlui  fit  faire  de 
grands  progrès  dans  la  composition. En  1675, 
la  place  d*organiste  de  la  cour  d*£isenach  fut 
offerte  à  Pachelbel  avec  des  avantages  si  con- 
sidérables, qu'il  se  hâta  de  Taccepter.  En 
1678,  il  fut  appelé  à  Erfurt  comme  organiste 
de  réglise  des  Dominicains,  dont  il  remplit 
les  fonctions  pendant  douze  ans;  puis  il 
alla  à  SlutlgArd,  en  1690;  mais  à  peine  y 
fut-il  établi,  que  Tinvasiondu  duché  de  Wur- 
temberg par  Tarmée  française  Tobligea  de  fuir 
avec  sa  femme  et  ses  enfants.  Heureusement 
il  trouva  un  refuge  à  la  cour  de  Golha.La  mort 
de  Georges -Gaspard  Wecker,  organiste  de 
Saint-Sébald,  à  Nuremberg,  fit  rappeler  Pa- 
chelbel dans  sa  ville  natale,  pour  lui  succéder, 
en  1695.  Il  y  passa  le  reste  de  ses  jours,  et 
mourut  le  3  mars  1706,  à  Tâge  de  cinquante- 
trois  ans.  Cet  artiste  est  considéré  avec  raison 
comme  un  des  meilleurs  organistes  de  Tan- 
cienne  école  allemande,  et  comme  un  compo> 
siteur  distingué  de  musique  d*église;  il  con- 
tinua Pexceilente  école  d'orgue  et  de  clavecin 
de  Kerl  et  de  Froberger.  La  manière  des  or- 
ganistes italiens  et  français,  introduite  en 
Allemagne  par  ce  dernier ,  parait  surtout 
Pavoir  séduit,  car  c'est  dans  ce  style  que  sont 
écrites  la  plupart  des  pièces  de  Pachelbel.  Cet 
excellent  organiste  a  publié  :  i**  Mutikalisches 
Slerbem  <iedanken,  aui  vier  variirten  Cho- 
raUn  bestehend  (Pensées  musicales  funèbres, 
qui  consistent  en, quatre  chorals  variés);  Er- 
furt, 1683.  Cet  ouvrage  fut  composé  à  l'occa- 
sion de  la  peste  qui  désolait  alors  l'Allemagne. 
2°  MuêikalUehet  £rgœtzung,aus  6  vcrstim- 
tneten  Partien  von  2  FioUnen  und  Général- 
Bas$,  (Amusement  musical,  composé  de  six 
parti  en  (petites  sonates)  pour  deux  violons  et 
basse  continue,  accordés  de  différentes  ma- 
nières); Nuremberg,  1691.  3<»  Huit  préludes 
pour  des  chorals;  ibid.y  1093.  4<»  ffexachor^ 
don  ApoUinis,  conienanl  six  airs  avec  six 


variations  pour  chacun  ;  Nuremberg^  1699, 
in-4^  obi.  de  quarante-quatre  pages.  Pachel- 
bel a  laissé  aussi  en  manuscrit  des  morceaux 
de  musique  d'église  et  de  pièces  de  clavecin. 
Je  possède  de  lui  de  beaux  préludes  iné- 
dits, et  des  chaconnes  d'un  style  excellent 
pour  le  clavecin.  L'éditeur  Kœrner,  d'Erfurt, 
a  publié  beaucoup  de  pièces  d'orgue  de  Pa- 
chelbel, en  cahiers,  ou  dans  des  recueils  de 
divers  auteurs,  sans  date  (1840-1855). 

PACHELBEL  (Guillacmb-Jébôsb)  ,  fils 
du  précédent,  naquit  à  Erfurt  en  1685. 
Élève  de  son  père,  il  apprit  de  lui  à  jouer  de 
l'orgue,  du  clavecin,  et  les  règles  du  contre- 
point. Devenu  habile  artiste,  il  fut  nommé  or 
ganiste  à  tVehrd,  près  de  Nuremberg.  £q 
1706,  on  lui  confia  l'orgue  de  l'église  de  Saint- 
Jacques  dans  cette  ville.  L'époque  de  sa  mort 
n'est  pas  connue.  On  a  imprimé  de  sa  compo- 
sition :  1<»  Musikalisches  Fergniigen,  beste- 
hend in  einem  Praludio,  Fuga  und  Fanta- 
sia sowohl  auf  die  Orgel,  etc.  (Amusement 
musical,  consistant  en  un  prélude,  une  fugue 
et  une  fantaisie  pour  l'orgue  ou  le  cla- 
vecin, etc.)  ;  Nuremberg,  1725,  ln-4«.  ^  Fugue 
en  fa  pour  le  clavecin  ;  ibid. 

PAGBEU  (Joseph- An albeet),  planiste  à 
Vienne  el  compositeur  de  musique  de  salon, 
né  le  28  mars  1816,  à  Daubrowitz,  en  Mo- 
ravie, se  rendit  à  Vienne  vers  l'âge  de  seize 
ans,  et  y  étudia  le  piano  sous  la  direction  de 
Halm  (voyex  ce  nom).  Il  s'est  fixé  dans  cette 
ville,  où  il  se  livre  à  l'enseignement  de  son 
instrument.  Il  a  publié  jusqu'à  ce  jour  (1860) 
environ  soixante  œuvres  d'études  de  salon,  ca- 
prices, rondos  et  variations. 

PACUMAYER  (PiERmE-CHHÉTiE»),  né  en 
1742,  à  Dietfurt,  en  Bavière,  fit  ses  études  chez 
les  Franciscains  de  ce  lieu,  et  entra  dans  leur 
ordre,  à  l'âge  de  vingt  ans.  Il  se  distingua  par 
son  talent  sur  l'orgue,  et  par  son  habileté 
dans  la  composition  de  la  musique  d'église.  Il 
a  laissé  en  manuscrit,  dans  son  couvent,  des 
messes,  offertoires,  litanies,  et  des  oratorios 
dont  les  mélodies  faciles  ont  été  remarquées 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
On  ignore  l'époque  de  la  mort  du  P.  Pach- 
mayer. 

PAGHYAIÈRE  (GEoacEs),  un  des  meil- 
leurs auteurs  de  l'histoire  byzantioe,  naquit 
en  1242,  â  Nicée,  où  sa  famille  s'était  retirée 
après  la  prise  de  Constantinople  par  les  La- 
tins. Quoiqu'il  eût  perdu  la  plus  grande  pai  lie 
de  ses  biens,  son  père  ne  négligea  rien  pour 
son  éducation  :  il  lui  donna  des  maîtres  ha- 
biles, qui  lui  firent  faire  de  rapides  progàs 


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PACHYMÈRE  —  PACLNI 


3i)9 


dans  les  lettres.  Après  que  ConstantiDople  eut 
été  reconquise  (en  1261)  par  IVichel  Paléo- 
logiie,  Pacbymère  retourna  dans  cette  ville,  y 
continua  ses  études,  et  entra  dans  Tétat  ecclé- 
siastique. Ayant  obtenu  la  confiance  de  Vem- 
pereur,  il  eut  un  emploi  à  la  cour,  et  fut 
chargé  de  plusieurs  négociations.  Quoiqu*on 
n*ait  pas  la  date  précise  de  la  mort  de  Pachy- 
mère,  il  y  a  lieu  de  croire  qu^il  ne  vécut  pas 
au  delà  de  1510,  car  son  histoire  contempo- 
raine de  Tempire  grec  ne  s*éleod  que  jusqu^à 
la  Tingt-sixième  année  du  règne  d^Andronic. 
Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d^examiner  Thistoire 
des  règnes  de  Michel  Paléologue  et  de  son  fils, 
par  Pachymère,  ni  les  autres  œuvres  litté- 
raires de  cet  écrivain;  Je  ne  lui  ai  consacré 
cet  article  que  pour  un  traité  de  musique  dont 
il  est  auteur,  et  que  Léon  AUatius  n*a  pas' 
mentionné  dans  ^  dissertation  Pe  Georgiis, 
L*érudit  M.  Weiss  n*en  a  point  eu  connais- 
sance, et  il  sVst  trompé,  lorsque  après  avoir 
indiqué  les  diverses  productions  littéraires  de 
Pachymère (i?^o^.  univ.,X.  XXXII,  p.  334),  il 
dit  que  ses  autres  ouvrages  ne  sont  pas  par- 
venus jusqu'à  nous.  Un  beau  manuscrit  du 
seizième  siècle  et  de  la  main  d*Ange  Yergèce, 
nous  a  conservé  le  traité  de  musique  dont  il 
s*agit  :  ce  manuscrit  est  à  la  Bibliothèque  im- 
périale de  Paris  (n^*-  9536,  in-A^),  L'ouvrage 
est  entièrement  spéculatif;  il  a  pour  titre  : 
Depl  *Ap(iovix7;c  %  Te  ouv  |jiouaix^(;  (de  PHarmo- 
nique  ou  de  la  musique),  est  divisé  par  chapi- 
tres (au  nombre  de  cinquante-deux),  et  com- 
mence par  ces  mots  :  Âautépav  e^ei  xd^tv  {lerec 
?/;v  àpiO|JLïiTtx9iv  i4  fiouffix^  ^v  xal  ap{XOvix{v 
Xéyopifv  (la  Musique,  que  nous  appelons  aussi 
V harmonique,  vient  immédiatement  après 
rarilhmélïque).  Le  cinquième  chapitre  de  cet 
ouvrage,  concernant  les  genres,  se  trouve  en 
grande  partie  dans  la  septième  section  des 
Harmoniques  de  Manuel  Bryenne  (page  387, 
apud  Op.  JFallis,  tome  III);  mais  Ma- 
nuel Bryenne  vécut  postérieurement  à  Pachy- 
mère.  Le  traité  des  quatre  sciences  mathéma- 
tiques, attribué  par  quelques  manuscrits  à 
Pacbymère,  est  de  Michel  Psellus  {voyez  ce 
nom).  Depuis  que  j*ai  signalé  Pexistence  de 
Pou v rage  de  Pacbymère  contenu  dans  le 
manuscrit  2536  (première  édition  de  la  Bio- 
graphie des  musiciens)^  M.  "Vincent,  de  Tln- 
stitnt,  a  publié,  dans  le  XYI**  volume  des 
Notices  et  extraits  des  manuscrits  de  la  Bi- 
bliothèque du  roi,\e  texte  de  ce  traité, d'après 
le  même  manuscrit  collationné  avec  d'autres, 
précédé  d'une  introduction,  et  accompagné 
d^arguosents  des  chapitres  et  de  notes. 


PAGI  (âictoihe),  prêtre  et  musicien,  nn- 
quit  à  Florence  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle  ;  il  fut  chevalier  de  l'ordre  de 
Saint-Etienne.  On  a  imprimé  de  sa  composi- 
tion :  Madrigali  a  sei  voci;  Venise,  1589. 
M.  Casamorata  (voyez  ce  nom)  croit  que  j'ai 
commis  une  erreur  (1)  en  disant  que  ces  ma- 
drigaux sont  à  six  voix,  et  il  accorde  plus  de 
confiance  à  Poccianti  (Catalogo  degli  uomini 
illustri  fiorentini)  qui  attribue  à  Paci  un 
livre  de  sei  Madrigali  a  pt'à  voei;  mais  c'est 
là  évidemment  qu'est  l'erreur,  car  jamais 
on  n'a  publié  un  recueil  de  six  madrigaux, 
qui  n'aurait  formé  que  cinq  ou  six  feuillets. 
Les  livres  de  madrigaux  des  musiciens  du 
seizième  siècle  sont  ordinairement  composés 
de  vingLà  vingt-cinq  morceaux  contenus  dans 
autant  de  pages.  En  le  copiant,  Poccianti  a 
mal  lu  le  titre  de  Touvrage  dont  11  s'agit. 

PACIGHELLI  (jEAR-BàFTiSTE),  littéra- 
teur, né  àPistoie,  vers  1640,  acheva  ses  éludes 
à  Rome,  et  embrassa  l'état  ecclésiastique. 
Ayant  été  nommé  auditeur  du  légat  aposto- 
lique, en  Allemagne,  il  profita  de  celte  circon- 
stance pour  voyager  dans  celte  contrée.  De 
retour  à  Rome,  il  obtint  un  bénéfice  à  Naples, 
et  mourut  en  1702.  Outre  divers  ouvrages  de 
littérature  et  de  philologie,  on  a  de  lui  :  Be 
Tintinnabulo  Nolano  Lucubratio;  Naples, 
1695,  in-12.  C'est  un  traité  du  carillon,  qu'on 
dit  avoir  été  inventé  à  Noia,  dans  le  royaume 
de  Naples. 

PAGINI  (A5DRÉ),  sopraniste  italien,  eut 
beaucoup  de  réputation  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle.  Il  brillait  â  Venise,  en 
1725. 

PAGH^I  (Louis),  bon  chanteur  bouffe,  na- 
quit à  Pupilio(TosGane),le25  mars  1767,  etnon 
à  Rome,  comme  il  a  été  dit  dans  la  première 
édition  de  cette  Biographie;  mais  ce  fut  dans 
cette  ville  qu'il  fit  ses  études  musicales.  Il  y 
avait  été  envoyé  par  son  protecteur,  1e  duc  de 
Sermoneta.  Masi,  maître  de  chapelle  de 
l'église  Saint-Pierre,  fut  son  premier  maître 
de  chant.  Pacini  se  rendit  ensuite  à  Naples, 
où  il  entra  au  conservatoire  de  la  Pietà  de' 
Turchini.  Tritto  y  fut  son  professeur  d'har- 
nionie  et  d'accompagnement.  Après  avoir  dé- 
buté avec  succès  sur  les  théâtres  d'Italie,  il 
obtint  un  engagement  pour  le  théâtre  de  Bar- 
celone et  y  resta  trois  années.  De  retour  en 
Italie,  en  1801,  il  chanU  d'abord  à  Milan, 
puis  à  Livourne.  Sa  voix,  qui,  d'abord,  fut  un 
ténor,  devint  progressivement  plus  grave,  et 

(I)  GttMmuticult  di ItiUno,  1847,  &« 47. 


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400 


PACINI 


finit  par  se  changer  en  basse.  Il  prit  alors  les 
rôles  bouffes,  où  il  n'était  pas  médiocrement 
plaisant.  Il  commença  sa  carrière  théâtrale  en 
1798,  et  se  relira  delà  scène  en  1820;  peu 
de  temps  après  il  mourut,  je  crois,  dans  sa 
ville  natale.  Pacini  était  particulièrement 
aimé  i  Milan;  il  y  revint  souvent  et  y  pamt 
aux  divers  théâtres,  dans  les  années  1801, 
1802,  1804,  1805,  1806,  1813,  1814,  1815, 
1816,  1817,  1818  et  1810.  11  chanta  pour  la 
dernière  fois  au  théâtre  de  la  Scala^  dans 
rautomne  de  1829.  Le  duc  de  Lucques  le 
nomma,  en  1830,  professeur  de  chant  au  Con- 
servatoire de  Yareggio.  Il  est  mort  dans  cette 
position,  le  2  mai  1837.  On  voit  que  les  au- 
teurs du  Lexique  universel  de  musique  publié 
par  le  docteur  Schilling  ont  été  induits  en 
erreur,  lorsqu'ils  ont  dit  que  ce  chanteur  était 
mort  à  Gatane,  en  Sicile,  vers  Tannée  1808. 

PACINI  (Antoiwe-Fbarçois-Gaétah),  né  à 
Naples,  le  7  juillet  1778,  entra  au  conserva- 
toire de  la  Pieté  dé'  Turchini,  où  il  apprit 
rharmonie  et  le  contrepoint,  sous  la  direction 
de  Fenaroli.  Sorti  de  cette  école,  il  se  rendit  à 
Paris  à  Tâge  d'environ  vingt-quatre  ans,  et 
s'y  livra  à  l'enseignement  du  chant.  Il  remit 
alors  en  musique  l'ancien  opéra  Isabelle  et 
Gertrude,  et  le  fit  représenter  au  théâtre  Fey- 
deau,  en  1805.  En  1806,  il  a  donné  au  même 
théâtre  le  petit  opéra  en  un  acte  intitulé  Point 
d'adversaire.  Vers  le  même  temps,  il  s'est 
lié  avec  Blangini  pour  la  publication  d'un 
journal  de  pièces  de  chant  intitulé  Journal 
des  troubadours.  Le  succès  de  ce  recueil,  où 
l'on  trouvait  de  jolies  romances,  décida  M.  Pa- 
cini à  se  faire  éditeur  de  musique:  la  maison 
qu'il  a  établie  pour  ce  commerce  a  été  long- 
temps florissante.  M.  Pacini  s'est  retiré  vers 
1840. 

PACnVI  (Jean),  fils  du  chanteur  Louis 
Pacini  (voyez  ci-dessus),  et  compositeur  dra- 
matique, a  été  connu  longtemps  en  Italie  sous 
le  nom  de  Pacini  di  Roma  ;  cependant  il  est 
né  à  Syracuse,  en  1796,  mais  il  fut  envoyé 
fort  jeune  à  Rome,  où  son  éducation  musicale 
fut  commencée.  De  là  il  alla  à  Bologne  et  y 
reçut  des  leçons  de  chant  de  Thomas  Marchesi 
et  entra  dans  l'école  de  Mattei,  qui  lui  en- 
seigna les  éléments  de  l'harmonie  et  du  con- 
trepoint. Sorti  de  chez  ce  maître  avant  d'avoir 
achevé  ses  études,  il  alla  à  Venise,  où  il  reçut 
encore  quelques  leçons  du  vieux  Furlanetlo, 
maître  de  chapelle  de  Saint-Marc.  Destiné  par 
sa  famille  à  occuper  une  place  dans  quelque 
chapelle,  il  écrivit  d'abord  de  la  musique 
d'église;  mais  bientôt  entraîné  par  son  goût 


pour  le  théâtre,  il  composa,  à  l'âge  de  dix- 
huit  ans,  le  petit  opéra  intitulé  Jnnetta  e 
Lueindo  qui  fut  représenté  à  Venise,  et  que 
le  public  accueillit  avec  faveur,  comme  l'essai 
d'un  jeune  homme  doué  d'heureuses  disposi- 
tions. En  1815,  Pacini  écrivit  pour  PIse  la 
farce  l'Evacuazione  del  tesoro,  et  dans  la 
même  année,  il  donna  à  Florence  Rosina,  En 
1816,  il  alla  à  Lucques  pour  écrire  l'opéra  du 
printemps,  mais  il  y  tomba  malade  et  ne  pat 
achever  sa  partition.  Quatre  opéras  furent 
écrits  par  lui,  dans  l'année  1817,  pour  le 
théâtre  Ae,  de  Milan  ;  le  premier  fut  la  farce 
Il  Matrimonio  per  procura^  représenté  i 
l'ouverture  du  carnaval,  suivie,  dans  la  même 
saison,  de  Dalla  be/fa  il  disinganno;  le  troi- 
sième ouvrage  fut  72  carnavale  di  Mitano, 
dont  une  partie  de  la  musique  avait  été  em- 
pruntée à  l'opéra  précédent;  enfin  au  prin- 
temps, Pacini  donna  sa  quatrième  partition 
sous  le  titre  :  Piglia  il  mondo  comê  viene. 
De  Milan,  il  se  rendit  à  Venise,  où  il  écrivit 
L'Ingenwiy  puis  il  retourna  à  Milan  pour 
donner,  dans  te  carnaval  de  1818,  AdeUiide  e 
Comingio  au  théâtre  Re.  Cet  opéra,  considéré 
comme  une  de  ses  meilleures  productions,  fut 
suivi  de  II  barone  di  Dolsheim,  à  la  Scala, 
pendant  l'automne  de  la  même  année.  A  ces 
ouvrages  succédèrent,  dans  les  villes  princi- 
pales de  l'Italie,  L'Ambizione  delusa,  Gli 
sponsali  de'  Silfiy  II  Falegnamo  di  Zit'onia, 
Ser  MareantoniOf  La  Gioventàd'Enrieo  f, 
L'Eroe  Scozzese,  La  Sacerdotessa  d'Ir- 
tninsul,  Jtala,  Isabella  ed  Enrico,  et  plu- 
sieurs autres  ouvrages.  Dans  Télé  de  1824, 
Pacini  fit  son  début  à  Naples  par  VMes- 
sandro  nelle  Indie,  Après  la  représentation 
de  cet  opéra,  il  épousa  une  jeune  Napoli- 
taine qui  le  retint  éloigné  de  la  scène  pen- 
dant près  d'une  année.  Dans  l'été  de  18i3, 
il  fit  représenter,  au  théâtre  Saint- Charles, 
Amazilia.  Le  19  novembre  suivant^  il  donna, 
pour  la  fête  de  la  reine,  L'UUimo  giorno  di 
Pompeia,  opéra  sérieux  qui  a  été  joué  à  Paris 
quelques  années  après,  et  qui  est  considéré 
comme  un  de  ses  meilleurs  ouvrages.  Après 
le  succès  de  cet  opéra,  Pacini  se  rendit  à  Milan 
pour  y  écrire  La  Gelosia  corretta,  puis  il  se 
mit  en  route  pour  retourner  à  Naples  avec  sa 
femme  :  mais  la  grossesse  avancée  de  celle-ci 
l'obligea  à  rester  à  Fiareggio,près  de  Lucques, 
chez  la  mère  de  Pacini,  où  elle  donna  te  jour 
à  une  fille.  Pendant  ce  temps,  le  compositeur 
avait  dû  retourner  à  Naples  pour  écrire  la 
Niobe,  destinée  à  madame  Pasta  :  cet  ouvrage 
l'ut  représenté  avec  un  succès  d'abord  con« 


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PACINI  -  PADUANUS 


401 


teste,  le  19  novembre  1826  ;  mais  plus  tard  il 
se  releva  dans  Topinion  publique.  Après  la 
représentation  de  la  Niobe,  Pacini  vécut  quel- 
que temps  dans  une  maison  de  campagne  qu'il 
avait  louée  à  Porlici,  près  de  Naples.  Parvenu 
à  peine  à  i'àge  de  trente  ans,  il  avait  écrit 
environ  trente  opéras,  quelques  messes,  des 
cantates  et  de  la  musique  instrumentale  :  une 
activité  si  rare  semblait  présager  pourPavenir 
beaucoup  d'autres  travaux;  mais  cette  activité 
commença  à  se  ralentir  après  la  Niohe,  car, 
depuis  le  moi»  de  novembre  1820  jusqu'à  Tété 
de  1828,  je  ne  connais  de  Pacini  que  /  CrO' 
ciati  in  Tolematde,  représenté  à  Trieste  avec 
succès.  De  là  le  compositeur  se  rendit  à  Turin 
pour  y  mettre  en  scène  Gli  Arahi  nelle  Gallie. 
Cet  ouvrage  fut  joué  pour  l'ouverture  du  car- 
naval, le  25  décembre  1828,  et  fut  considéré 
comme  une  des  meilleures  partitions  de  l'au- 
teur. Margherita  d*Angiu,  Cesare  inEgUto 
et  Gianni  di  Calais,  succédèrent  à  cet  ou- 
vrage en  1829  et  1830.  Le  12  mars  de  cette 
dernière  année,  parut  au  théâtre  de  la  Seala 
la  Giovanna  d'Arco,  du  même  compositeur;' 
cette  pièce  ne  réussit  point,  quoiqu'elle  fût 
chantée  par  Rubini,  Tamburini  et  madame 
Lalande.  Les  autres  ouvrages  de  Pacini  sont  : 
i"*  Il  Talismano,  joué  à  Milan,  en  1829. 
S^*  /  Fidanzatij  dans  la  même  ville,  en  1830. 
â<*  (bit)  L'Annunzio  feîiee,  cantate,  à  Naples, 
dans  la  même  année.  3<*  Ivanoe,  à  Venise,  en 
1851 .  4"*  //  Falegnamo  di  Livonia,  refait  en 
partie  à  la  foire  de  Bergame,  en  1832.  5<»  // 
Corsaroy  à  Rome,  en  1831.  6«  Ferdinando, 
duca  di  Falenza,  à  Naples,  en  1833.  7<»  IlFe- 
lice  Itneneo,  cantate j  dans  la  même  ville,  1833. 
8**  Gli  Elvezi,  à  Naples,  dans  la  même  année. 
9<*  1^/  JBarone  di  Dolsheim,  à  Bastia,  en  1834. 
10<>  Xa  GioventUt  di  Enrico  V^  avec  de  nou- 
veaux morceaux,  dans  la  même  ville  et  dans 
la  même  année.  11<> /rené,  à  Naples,  en  1834. 
12*  MaHa  d'Inghilierra,  à  Milan,  en  1834. 
13»  Carlo  di  Borgogna,  à  Venise,  en  1835. 
i4^  Za  Sposa  fedele,  à  Rome,  en  1835. 
15«  La  Schiava  di  Bagdad,  à  Reggio,  en 
1838.  16<>  Za  f^esfa/e^  à  Barcelone,  en  1841. 
Getoorrage  avait  été  joué  à  Plaisance,  en 
1850.  17^  L'Uomo  del  mistero,  à  Naples,  en 
1843.    18»  Temiêtocle,  à  Padoue,  en  1836. 
19<»  Saffo,hWiUn^  en  1842. 19»  [bis)  Il  Duca 
d'Alba,  à  Venise,  en  1842. 20«  Maria  Tudor, 
à  Palerme,  en  1843.  21o  Media,  à  Palerme, 
en   1844.  22«  Buondelmonte ,  à  Florence, 
en   1845.  23<*  La  Fidanzata  eorsa^  à  Flo- 
rence, en  1844. 24»  Furio  Camillo,  à  Naples, 
en   1841 .  25<'  La  Regina  di  Cipro,  à  Turin, 

BIOGR.   URiy.  DES  MCHMCZEM.  —  T.  VI. 


en  1846.  26*  La  Stella  di  Napoli,  à  Naples, 
en  1847.  Pacini  a  été  nommé  directeur  du 
conservatoire  de  Vlareggio  par  le  duc  deLuc- 
ques,  en  1836.  On  ne  peut  nier  qu'il  n'y  ait 
dans  sa  musique  de  la  facilité,  de  la  mélodie, 
et  de  l'entente  de  la  scène  ;  mais,  imitateur  du 
style  de  Rossini,  puis  de  Bellini  et  de  Merca- 
dante,  il  n'a  pas  mis  le  cachet  de  la  création 
à  ses  ouvrages.  Pacini  a  composé  des  qua- 
tuors pour  instruments  à  cordes,  dont  quatre 
ont  été  publiés. 

PACIOTTI  (PiERnB-PAUL) ,  maître  de 
chapelle  du  séminaire  romain,  naquit  à  Rome 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il  a  publié 
de  sa  composition  :  Missarum  lib.  I,  quatuor 
ao  quinque  vàeibus  concinendarum  .*  nunc 
denuo  in  lucem  editui;  Romse,  ap.  Alex. 
Gardanum,  1591,  in-fol. 

PAGOLE^I  (Jea5),  luthiste,  né  à  Borgo- 
taro,  dans  le  ducbé  de  Parme,  vécut  dans  la 
seconde  moitié  du  seizième  siècle  et  fut  attaché 
au  service  du  duc  de  Parme.  Il  a  publié  des 
pièces  pour  trois  luths^  sous  le  titre  de  Tabu- 
latura  tribus  Testudinibus  ;  Milan,  Simon 
Tini,  1587,  in-fol.  Une  autre  édition  de  cet 
ouvrage  a  été  faite  à  Anvers  par  Pierre  Pha- 
lèze  et  Jean  Bellere,  en  1591,  in-fol. 

PACOTAT  (....),  musicien  français  qui 
vécut  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  fut  maître  de  chapelle  de  l'église  Saint- 
Hilaire  de  Poitiers.  On  a  de  lui  une  messe  à 
quatre  voix  sans  instruments,  intitulée  :  De- 
licta  quis  intelligit;  Paris,  J.-B.  Baljard,  i 
1729,  grand  In-fol.  Les  quatre  parties  sont  en 
regard. 

PADDON  (Jbaii,)  organiste  de  la  chapelle 
de  Québec,  à  Londres,  opposa  au  système 
d'enseignement  du  Chiroplaste,  imaginé  par 
J.-B.  Logier  {voyez  ce  nom),  un  autre  système 
analogue,  qu'il  mettait  en  pratique  depuis 
douze  ans,  disait-il,  et  qu'il  appelait  Cheiro- 
schéma.  Paddon  produisit  sa  réclamation 
contre  Logier,  dans  une  brochure  intitulée  : 
To  the  Musical  World.  System  of  musical 
éducation,  originally  devised,  and  for  twelve 
years  persevered  in  (Au  monde  musical.  Sys- 
tème d'éducation  musicale,  tel  qu'il  a  été  ori- 
ginairement conçu  et  mis  en  pratique  pendant 
douze  ans);  Londres,  décembre  1817,  in-12 
de  vingt-deux  pages.  Cette  réclamation  ne 
produisit  pas  d'effet;  on  ne  parla  pas  du  sys-  " 
tème  de  Paddon^  et  celui  de  Logier  eut  un 
succès  de  vogue. 

PADUAINUS  (Jbah),  ou  PADUAWlt S, 
professeur  de  philosophie  et  de  mathéma- 
tiques, né  à  Vérone,  vers  1513,  a  publié  :  In- 

26 


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402 


PADDANUS  —  PAER 


slitutiones  ad  diversas  ex  plurium  vocum 
harmonia  cantilenas,  sive  modulationes  ex 
variis  instrumentis  fingendai,  formulai  pêne 
omnes  ac  régulas,  mira  et  per  quam  lucida 
brevitate  complectentes;  Feronw,  apud  Sebas- 
tianum  et  Joannem  fratree  à  Donnis,  1578, 
petil  in-4«  de  quatre  feuillets  préliminaires 
et  cent  pages.  Bon  ouvrage,  à  la  fin  duquel  on 
lit  :  Expecta,  amice  fector,  qtêam  plus  ocii 
nactus  ero,  alia  opuseula,  nempe  de  dimi- 
nutionibus  organieis  ad  çuorumcunque  in- 
strumentorum  musicalium  Ituus  pertinen-- 
tibus.  Item  de  proportionibus  et  alia  hujus 
modi.  Il  ne  parait  pas  que  les  promesses  de 
rauteur  se  soient  réalisées,  car  je  n'ai  trouvé 
aucune  indication  de  Teuslence  de  ces  ou- 
vrages. On  trouve  aussi  quelques  détails  rela- 
tifs à  la  musique  dans  son  livre  intitulé  :  Fi- 
ridanum  mathematicarum  ;  Venise,  1536, 
in-4*. 

PAER  (Febdirarp),  compositeur  distingué, 
naquit  à  Parme,  te  !«'  Juin  1771,  et  non  en 
1774,  comme  le  disent  Choron  et  Fayolle, 
Pabbé  Bertini,  et  le  Lexique  universel  de 
mtisique  publié  par  Schilling.  PaCr  apprit, 
presque  en  se  jouant,  les  éléments  de  la  mu- 
sique 'y  un  organiste  de  quelque  mérite,  et  Gfai- 
retti,  ancien  élève  du  Conservatoire  de  la 
Pietà  de*  Turchini,  et  violoniste  au  service 
du  duc  de  Parme,  lui  enseignèrent  la  compo- 
sition (1).  Mais  la  nature  lui  avait  donné 
moins  de  persévérante  volonté ,  nécessaire 
pour  de  fortes  éludes,  que  Tinstinct  de  Tart  et 
le  besoin  de  produire.  A  seize  ans,  il  s'affran- 
chit des  entraves  de  Técole,  et  s'élança  dans 
la  carrière  du  compositeur  dramatique.  Son 
premier  ouvrage  fut  La  Locanda  de*  vaga- 
bondi,  opéra  bouffe  où  brillait  déjà  la  verve 
comique  qui  fut  une  des  qualités  distinctives 
de  son  talent.  /  Pretendenti  burlati  succédè- 
rent bientôt  à  ce  premier  essai  ^  bien  que  Paer 
ne  fût  point  encore  parvenu  à  sa  dix-septième 
année  lorsqu'il  écrivit  celte  partition;  bien 
qu'elle  ne  fût  destinée  qu'à  un  théâtre  d'ama- 
teurs, elle  est  restée  au  nombre  de  ses  produc- 
tions où  l'on  remarque  les  mélodies  les  plus 
heureuses  et  le  meilleur  sentiment  d'expres- 
sion dramatique.  Le  succès  de  cet  opéra  ne 
fut  point  renfermé  dans  les  limites  de  la 
t7t7/aoù  il  avait  vu  le  jour  3  on  en  parla  dans 
toute  l'Italie,   et  bientôt  le  nom  du  jeune 

(!)  Les  auteurs  elles  précédemment  se  sont  sassi  trom- 
pés en  faisani  aller  Pacr  étudier  sous  Ghiretti  au  conser- 
vatoire de  lu  Pietàf  &  Naples  ;  depuis  1775,  e''cst-à-dire 
quatre  ans  après  la  naissance  de  Pa0r,  Ghireiii  avait 
quille  celte  école,  pour  entrer  au  servicedttduc  deParme. 


matlre  retentit  avec  honneur  à  Venise,  à  Na- 
ples et  à  Rome.  Vingt  opéras,  dont  la  plupart 
obtinrent  la  faveur  publique,  se  succédèrent 
avec  rapidité.  A  Venise,  pour  être  nommé 
maitre  de  chapelle,  Paer  écrivit  en  peu  de 
temps  ;  Cirée,  I  Molinari,  I  due  Sordi, 
Vintrigo  amoroso,  V Amante  servitore,  la 
Testa  riscaldata,  la  Sonnanbula;  à  Naples, 
il  donna  Ero  e  Leandro,  dont  le  rôle  prio- 
cipal  avait  été  composé  pour  la  célèbre  canta- 
trice Billington;  à  Florence,  parurent  Ido- 
meneo  et  VOrfana  riconosciuta;  à  Parme, 
Griselda,  un  des  meilleurs  ouvrages  du 
maître;  il  Nuovo  Figaro,  il  Principe  di 
Taranto;  à  Milan,  VOro  fa  tutto,  Tamer- 
lano,  la  Rossana;  à  Rome,  Una,  in  bene  ed 
una  in  maie;  à  Bologne,  Sofonisbe;  à  Pa 
doue,  Laodicea,  et  Cinna.  Pour  tant  d'ou- 
vrages, moins  de  dix  ans  avaient  sutn  au  com- 
positeur, malgré  les  dissipations  de  la  vie  de 
plaisirs  où  il  s'était  plongé.  Gai,  spirituel,  el 
doué  de  tous  les  avantages  qui  procurent  aux 
hommes  de  certains  succès,  il  passait  sa  vie 
près  des  femmes  de  théâtre.  L'une  d'elles,  de- 
venue madame  PaCr,  fut  une  cantatrice  dis- 
tinguée. Séparée  ensuite  de  son  mari,  elle 
se  retira  à  Bologne. 

PaUr,  écrivant  en  Italie,  avait  pris  pour  mo- 
dèlea  Cimarosa,  Paisiello  et  Guglielmi,  soil 
pour  la  disposition  générale  de  ses  composi- 
tions dramatiques, soit  pour  le  style  des  mélo- 
dies bouffes  et  sérieuses;  son  génie  personnel 
ne  s'était  manifesté  que  dans  les  délaiis.  Ap- 
pelé à  Vienne,  en  1797,  il  y  entendit  la  mu- 
sique de  Mozart,  et  dès  lors  une  modification 
sensible  se  fit  remarquer  dans  son  talent;  son 
harmonie  devint  plus  vigoureuse,  son  insiru- 
mentalion  plus  riche,  sa  modulation  plus  va- 
riée. C'est  à  cette  deuxième  manière  qu'ap- 
partiennent   ses    opéras    /  Fuorusciti   di 
Firenxe,  Camilla,  Oinevra  degli  uilmieri^ 
Achille  et  Sargine.  Ces  ouvrages,  une  Xeo- 
nora  ossia  VAmore  conjugale,  que  le  Fidelio 
de  Beethoven  a  fait  oublier,  quelques  i»etit$ 
opéras  bouffes,  de  grandes  cantates  et  plu- 
sieurs oratorios,  furent  les  principales  produc- 
tions de  Paer,  à  Vienne,  à  Dresde  et  à  Prague. 
Après  la  mort  de  Naumann,  vers  la   fin  de 
1801,  l'électeur  de  Saxe  crut  ne  pouvoir  mieux 
le  remplacer  que  par  l'auteur  de  Griselda. 
Fixé  à  Dresde  pendant  plusieurs  années,  Paer 
y  travailla  ses  ouvrages  avec  plus  de  soin  qu'il 
n'avait  fait  jusqu'alors,  et  c'est  de  cette  époque 
que  datent  ses  meilleures  compositions.  Au 
commencement  de  1803,  il  visita  Vienne  de 
nouveau,  et  y  écrivit  un  nouvel  oratorio  pour 


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PAER 


403 


le  coDcert  au  bénéflce  de  ta  caisse  des  veuves 
d^arlistes.  Uannée  suivante,  il  fit  un  voyage 
en  Italie,  où  il  était  appelé  pour  écrire  de 
nouveaux  opéras.  De  retour  à  Dresde,  il  y  oc- 
cupait encore  son  honorable  position  lorsque 
cette  ville  fut  envabie  par  rarmée  française, 
dans  la  campagne  de  1806.  Charmé  par  la  re* 
présentation  du  nouvel  opéra  JehiUey  Napo- 
léon voulut  attacher  à  son  service  le  composi- 
teur de  cette  partition,  et  par  ses  ordres,  un 
engagement  où  le  roi  de  Saxe  intervint,  et  qui 
fut  revêtu  des  formes  diplomatiques,  fut  fait 
à  Paer  pour  toute  sa  vie,  avec  un  traitement 
qui,  réuni  à  divers  avantages,  lui  composait 
un  revenu  de  cinquante  dlilte  francs. 

Paris  semblait  devoir  exercer  sur  Tauteur 
de  Camillf^ei  de  5ar^i'nerbeureuse  influence 
qu^il  avait  eue  sur  d*autres  artistes  célèbres 
de  ritalie  et  de    TAllemagne,   c'est-à-dire, 
transformer  son  talent,  lui  donner  un  carac- 
tère plus  élevé,  plus  dramatique,  et  surtout 
lui  faire  justifier  par  de  belles  compositions 
le  choix  que  Tempereur  avait  fait  de  lui  pour 
diriger  sa  musique,  à  Texclusion  de  quelques 
musiciens  illustres  que  la  France  possédait 
alors.  Il  n*en  fut  point  ainsi,  car  dès  ce  mo- 
ment Paer  borna  lui-même  sa  carrière  aux 
soins  d'une  courtisanerie  peu  digne  d*un  tel 
artiste.  Incessamment  occupé  de  détails  de 
représentations  à  la  conr  ou  de  concerts,  on 
le  vit,  à  trente-six  ans,  à  cette  belle  époque  de 
la  vie  où  le  talent  acquiert  ordinal rement'tout 
son  développement  et-  son  cachet  individuel, 
on  le  vitjdis-Je,  ne  pins  produire  qu'à  de  longs 
if)(ervalles  un  Numa  Pompilio,  une  Didone, 
une  Cieopatra,  et  des  Baccanti,  qui  n'ajou- 
tèrent rien  à  sa  renommée.  Accompagnateur 
parfait  et  chanteur  excellent,  c'était  aux  suc- 
-cès  de  ces  deux  emplois  qu'il  avait  borné  son 
ambition,  parce  que  cette  ambition  s'était  ré- 
(récie  jusqu'au  désir   unique  de    plaire   au 
maître.  Dès  ce  moment,  Paer  ofTk-it  l'aflligeant 
spectacle  d'un  grand  musicien   qui   prenait 
plaisir   à  s'abaisser  dui-méme  pour  mériter 
quelques  faveurs  de  plus  ;  et  telle  fut  la  funeste 
habitude  qu'il  prit  d'une  existence  si  peu  digne 
de  son  talent,  qu'il  n'en  connut  plus  d'autre 
jusqu'à  la  fin  de  ses  jours.  Lorsque  le  prince 
qui  payait  ses  services  avec  tant  de  magnifi- 
cence eut  été  renversé  du  trône,  ce  ne  fut 
point  à  son  génie,  jeune  encore  et  vigoureux, 
que  Vaër  demanda  des  ressources  contre  l'ad- 
versité;   faible  comme  tous  les  hommes  de 
cour  que  la  fortune  abandonne,  il  ne  sut  que 
se  plaindre  et  se  rabaisser  encore;  jusque-là 
qu'il  se  mit  à  remplir  chez  des  particuliers  le 


rôle  qu'il  avait  joué  près  de  Napoléon.  On  le 
voyait  chaque  matin,  courant  chez  des  chan- 
teurs ou  des  instrumentistes,  perdre  son  temps 
à  préparer  des  soirées  de  musique,  à  con« 
cilier  de  petits  intérêts  d'amour-propre,  et 
quelquefois  à  ourdir  de  misérables  intrigues 
contre  l'artiste  qu'il  n'aimait  pas,  ou  dont  il 
croyait  avoir  à  se  plaindre.  Après  que  la  res- 
tauration et  le  duc  d'Orléans,  plus  tard  roi 
des  Français,  lui  eurent  donné  de  l'emploi,  et 
lorsque  la  direction  de  la  musique  du  Théâtre- 
Italien  loi  eut  été  rendue,  il  n'en  continua 
pas  moins  ses  courses  quotidiennes ,  ses 
habitudes  d'homme  de  salojs,  et  ses  petites  ma- 
chinations. 

Pourtant  ce  n'était  pas,  comme  on  pourrait 
le  croire,  que  son  talent  se  fût  affaibli.  Dans 
un  voyage  qu'il  fit  à  Parme,  en  1811,  on  ob- 
tint de  lui  qu'il  écrivit  un  opéra  pour  une 
société  d'amateurs.  Son  génie  se  réveilla;  la 
partition  de  VJgnese  fut  rapidement  compo- 
sée, et  cet  ouvrage,  uniquement  destiné 
d'abord  aux  plaisirs  d'un  château,  devint  le 
plus  beau  titre  de  gloire  de  son  auteur.  Qui 
n'aurait  cru  que  le  succès  universel  de  cette 
belle  partition  aurait  fait  renaître  la  noble 
ambition  du  talent  au  cœur  de  l'artiste  qui 
l'avait  conçue?*  Eh  bien.  Il  n'en  fut  point 
ainsi;  car  après  le  triomphe  de  VjégnesB, 
douze  ans  s'écoulèrent  sans  que  Paër  songeât 
à  demander  de  nouvelles  inspirations  à  son 
génie.  On  s'étonnait  qu'avec  sa  parfaite  con- 
naissance de  la  langue  française,  son  esprit 
vif  et  sa  gaieté  pleine  de  verve,  il  n'eAt  ja- 
mais écrit  pour  la  scène  française.  Il  est  vrai 
qu'il  parlait  souvent  d'une  partition  d'OUnde 
et  Sophronie,  et  qu'il  se  plaignait  qu'on  n'eAt 
pas  voulu  la  mettre  en  scène  à  l'Opéra  ;  mais 
je  crois  qu'il  n'avait  composé  qu'un  petit 
nombre  de  morceaux  de  cet  ouvrage,  et  que 
sa  paresse  était  d'accord  avec  l'însouclance 
du  directeur  de  l'Académie  royale  de  musique. 
Quoi  qu'il  en  soit,  Pa«r  avait  atteint  sa  cin- 
quantième année,  lorsque,  cédant  à  des  impor- 
tunités  de  salon  plus  qu'au  besoin  de  pro- 
duire, il  écrivit  la  musii^ue  du  Maître  de 
chapelle,  charmant  opéra  comique  où  l'on 
trouve  trois  morceaux  devenus  classiques,  et 
dignes  des  artistes  les  plus  célèbres  de  l'école 
moderne.  Mais  ce  réveil  du  talent  ne  fut  en- 
core qu'un  caprice,  et  celui  que  la  nature 
avait  si  libéralement  doué  continua  à  se  mon- 
trer ingrat  envers  elle. 

la  mort  de  Cimarosa,  et  la  vieillesse  de 
Pafsicllo  avaient  laissé  Paer  possesseur  du 
sceptre  du  Théâtre-Italien,  en  partage  avec 

20. 


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404 


PAER 


Mayr.  Depuis  1801  jusqu*en  1813,c*est-à-dire 
jusqu^à  rapparitioD  du  Taneredi  de  RossÎDi, 
il  nV  eut  point  en  Italie  de  compositeur  qui 
pût  lutter  ayec  ces  maîtres  ;  car  quelques  suc- 
cès de  verve  comique  obtenus  par  Fioravanli 
ne  le  mirent  jamais  sur  la  môme  ligne.  Il  faut 
même  avouer  que  la  nature  avait  été  plus  pro- 
digue  de    ses    bienfaits   pour    Tauteur   de 
VJgnese  que  pour  celui  de  Medea,  et  que 
celui-ci  devait  plus  au  travail  et  i  Texpérience 
qu*à  rinspiraliOD.  Jamais  circonstances  ne 
furent  plus  favorables  au  talent  que  celles  où 
Paer  fut  placé,  pour  se  faire  une  graqde  re- 
nommée et  atteindfe  le  but  élevé  de  Tart. 
Manqua-t-il  de  Tinspiration  nécessaire  pour 
remplir  une  si  belle  mission?  Je  crois  pouvoir 
répondre  aiBrmativement  à  cette   question, 
malgré  la  haute  estime  que  j*ai  pour  le  mérite 
de  ce  compositeur,  et  bien  que  je  croie  qu*avec 
plus  de  foi  dans  Tart  il  aurait  pu  s*élever  da- 
vantage. Si  Ton  étudie  avec  attention  les  meil- 
leures productions  de  Paer,  on  y  trouvera  de 
charmantes  mélodies,  et  même  de  longues 
périodes  qui  décèlent  un  sentiment  profond. 
L'expression  dramatique  y  est  souvent  heu- 
reuse ;  rharmonie  et  Tinstrumentation  ont  de 
Teffetet  du  piquant;  quelquefois  même,  par- 
ticulièrement dans  VJgnese,  le  comiK>siteur 
s^élève  jusqu^au  plus  beau  caractère  ;  mais, 
quel  que  soit  le  prix  de  ces  qualités,  on  ne 
peut  nier  qu^elles  ne  suffisent  pas  pour  con- 
stituer de  véritables  créations  d*art,  et  que 
celles-ci  ne  sont  le  fruit  que  de  Toriginalité 
de  la  pensée.  De  là  vient  que  le  goût  sembla 
sommeiller  à  regard  de  Topera  italien  pendant 
les  douze  premières  années  du  dix-neuvième 
siècle.  La  musique  de  Paer  faisait  éprouver  de 
douces,  d*agréables  sensations  aux  amateurs, 
mais  ne  les  livrait  point  aux  transports  d*ad- 
miration  qui  avaient  autrefois  accueilli  les 
œuvres  de  Cimarosa  et  de  Paisiello,  et  qui 
se  réveillèrent  pour  les  hardiesses  de  Rossini. 
En  1813,  Paer  avait  été  choisi  par  Napoléon 
pour  succéder  à  Sponlini  dans  la  direction  de 
la  musique  du  Théâtre-Italien;  il  conserva 
cette  position  après  la  restauration  de  1814, 
mais  sa  fortune  reçut  un  notable  dommage, 
par  la  réduction  considérable  que  subit  son 
traitement.  En  vain  réclama-t-il  Tinterven- 
tion  des  souverains  alliés  qui  se  trouvaient 
alors  à  Paris,  pour  Texécution  de  rengage- 
ment contracté  envers  lui  par  des  actes  diplo- 
matiques ;  il  dut  se  contenter  du  titre  de  com- 
positeur de  la   chambre  du  roi,    dont  les 
appointements  furent   fixés   à  douze    mille 
francs.  Deux  ans  après^  ii  fut  nommé  maître 


de  chant  de  la  duchesse  de  Berry,  et  plus 
tard,  le  duc  d*Orléans  le  choisit  pour  di- 
riger sa  musique.  Lorsque  madame  Catalan» 
eut  obtenu  Tentreprise  de  TOpéra-Italien,  elle 
choisit  Paer  pour  en  diriger  la  musique  :  sa 
faiblesse  pour  les  prétentions  de  cette  femme, 
qui  croyait  pouvoir  tenir  seule  lieu  d*uiie 
bonne  troupe  de  chanteurs,  et  qui  avait  réduit 
aux  plus  misérables  proportions  Torchestre  et 
les  choristes,  cette  faiblesse,  dis-je,  compromit 
alors  le  nom  de  PaCr  aux  yeux  des  artistes  el 
des  amateurs  instruits  :  elle  eut  pour  résultat,, 
en  1818,  la  destruction  et  la  clûturedu  théâtre. 
Au  mois  de  novembre  1819,  la  maison  du  roi 
reprit  ce  spectacle  à  sa  charge,  et  Pafir  eui 
la  direction  de   la  .musique  :  cette  époque 
fut  celle  où  il  se  fit  le  plus  d'honneur  parle» 
soins  qu'il  donna  à  la  bonne  exécution  de  la 
musique.  Cependant  on  remarqua  qu'il  éloi- 
gnait autant  qu'il  pouvait  le  moment  de  Tap- 
parilion,  à  Paris,  des  opéras  de  Bossini,  et 
que  lorsqu'il  fut  obligé  de  mettre  en  scène  le 
Barbier  deSéville,  pour  le  début  de  Garcia,  et 
de  lui  faire  succéder  quelques  autres  ouvrages 
du  même  compositeur,  il  employai  certaines 
manœuvres  sourdes  pour  nuire  à  leur  succès. 
D'assez  rudes  attaques  lui  furent  lancées  à 
ce  sujet,  dans  un  pamphlet  intitulé  :  Paer 
et  Aojsmt  (Paris,  1830)  (1).£n  1833,  la  direc- 
tion du  Théâtre-Italien  fut  donnée  à  Bossini 
{voyez  ce  nom)  ;  PaCr  donna  immédiatement 
sa  démission  de  sa  place  de  directeur  de  la 
musique  ;  mais  elle  ne  fut  pas  acceptée,  et 
pour  ne  pas  perdre  sa  position  près  du  roi,  il 
fut  obligé  de  rester  attaché  à  ce  théâtre  dans 
une  situation  subalterne  ;  mais  dès  ce  moment 
il  cessa  de  prendre  part  à  l'adminislratioD. 
Après  la  retraite  de  Bossini,  en  1836,  la  direc- 
tion fut  rendue  â  Paer,  mais  le  théâtre  était 
dans  un  état  déplorable;  il  n'y  avait  plus  de 
chanteurs ,  et  le  répertoire  était  usé.  Cette 
époque  ne  fut  pas  favorable  â  l'Opérai- Italien 
de  Paris  ;  les  fautes  de  l'administration  précé- 
dente furent  imputées  â.  l'auteur  de  VAgnesCy 
et  sa  destitution  lui  fut  envoyée  au  mois  d'août 
1837,  dans  un  moment  d'humeur  du  vicomte 
de  Larochefoucauld,  alors  chargé  des  beaux- 
arts  au  ministère  de  la  maison  du  roi. Plusieurs 
journaux  applaudirent  à  cette  mesure;  mais 
Paer  démontra  jusqu'à  l'évidence,  dans  une 
brochure  intitulée  :  M.  Paër,  ex-directeur  du 
Thédire-ItalienjàMM.  lesdilettanti  (Paris, 

(1)  Les  aatears  de  cette  brochure  anonyme  élatent 
Thomas  Nasse,  fils  d'un  notaire  de  Paris,  à  qui  Pon  doU 
un  livre  estimé  sur  sa  profession,  el  Antonj  Deschamps, 
pocte,  qui  a  traduit  en  vers  VEnfer  de  Dante. 


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PAER  —  PAGANELLI 


405 


1827,  ia-8<>),  que  les  fautes  qu*on  lui  repro- 
chait étaient  celles  de  ses  prédécesseurs.  En 

1828,  il  obtint  la  décoration  de  la  Légion 
d'honneur  :  précédemment,  il  avait  été  fait 
chevalier  de  TÊperon  d*or.  En  1831,  TAca- 
demie  dés  beaux-arU  de  Tlnstitut  de  France 
le  choisit  comme  un  de  ses  membres,  pour  la 
place  devenue  vacante  par  la  mort  de  Cale], 
et  Tannée  suivante^  le  roi  des  Français  le 
chargea  de  la  direction  de  sa  chapelle.  Le 
ô  mai  1830,  Paer  succomba  aux  suites  d*une 
caducité  précoce  ;  peut-élre  ne  fut-il  pas  assez 
ménager  des  avantages  d'une  robuste  consti- 
tution. A  soixante-huit  ans,  ses  forces  épui- 
sées l'ont  abandonné  comme  s'il  en  eût  eu 
quatre-vingts;  mais  jusqu'au  dernier  jour;  il 
a  conservé  les  qualités  d'un  esprit  vif  et  fin, 
un  goût  délicat,  et  même  une  rare  facilité  de 
produclion. 

Je  crois  que  la  liste  suivante  des  ouvrages 
•de  ce  compositeur  est  complète  :  I.  Ohatokios  : 
i**  Jl  San  SepolcrOy   cantate    religieuse,   à 
Vienne,  1803.  3«  Il  Trionfo  délia  Ckiesa^  id., 
à  Parme,  1804.  3<>  La  Passione  di  Giesù- 
CristOy  oratorio,   en  1810.  —  II.  Musif^UE 
D'ÉGLISE  :  4<»  Motet  (O  salutaris  hostia)^  à 
trois  voix  et  orgue;  Paris,  Petit.  5«  OfTertoire 
à  grand  chœur;  Paris,  Jauet.  6«  JveRegina 
4:œli,  à  deux  voix  et  orgue;  Paris,  Porro.  — 
III.  Opéras  :  7^ La  Locandade'  Fagahondi, 
opéra  bouffe,  à  Parme,  1789.  8o  IPretendenti 
ifurlati,  opéra  bouffe,  à  Parme,  1790. 9«»  Çirce, 
opéra  sérieux,  à  Venise,  1701. 10<*  Saïd  ossia 
il  Seraglio,  à  Venise,  1792.  11»  L'Oro  fa 
tutto,  à  Milan,  1793.  12«  /  ^oZinart'^  opéra 
bouffe,  à  Venise,  1793.  13»  Laodicea,  à  Pa- 
doue,  1703. 14»  Il  Tempo  fà  giustizia  a  tutti, 
k  Pavie,   1794.  15»  Idomeneo,  à  Florence, 
i794.  16»  Uno  in  bene  ed  uno  in  maie,  à 
Kome,  1794.  16»  (bis)  //  Matrimonio  impro- 
visa, 1794.  17»  L'Jmante  eervitore,  à  Ve- 
nise, 1795.  18»  La  Rossana,  à  Milan,  1795. 
1 9«  Z  'Orfana  riconoseiuta,  à  Florence,  1795. 
20«  Ero  e  Leandro^  à  Naples,  1795.  21»  Ta- 
merlano,  à  Milan,  1796.  22»  /  due  Sordi,  à 
Venise,  1790.  25»  Sofonitbe,  à  Bologne,  1796. 
â4«  GriHlda,  à  Parme,  1796.  25»  L'Intrigo 
amoroso^  à  Venise,  1796.  26»  La  Testa  ris- 
caldata,  ibid.,  1796.  27»  Cinna,  à  Padoue, 
J797.  28»  Il  Principe  di  Taranto,  à  Parme, 
J  797. 29»  Il  nuovo  Figaro,  ibid.,  1797. 30»  Xa 
Sonnanbula,  à  Venise,  1797.  51»  //  Fanatieo 
in  Berlina,  à  Vienne,  1798.  52»  //  Morto 
vivo,  ibid.,  1799.  55»  La  Donna  cambiata, 
à  Vienne,  1800.  34»  /  Fuoruseiti  di  Firenze, 
à  Vienne,  1800.  55»  Camilla,  ibid.,  1801. 


56»  Ginevra  degli  Mmieri,  à  Dresde,  1802. 
37*  //  Sargino^  ibid.,  1803. 38»  Tutto  il  mole 
vien  dal  6ttco,  à  Venise,  1804. 39» Xe  Astuzie 
amorose,  à  Parme,  1804.  40»  7/  Maniscalco, 
à  Padoue,  1804.  41»  Leonora  ossia  l'Amore 
conjugale,  à  Dresde,  1805.  42»  Achille,  à 
Dresde,  1806.  43»  Numa  Pompilio,  au  théâtre 
de  la  cour,  à  Paris,  1808. 44»  C/eopafra^  ibid. 
45»/>tiione,ibid.,  1810.46»/  ^aGcanfi,  ibid., 
1811.  47»  Z'^ifiiese,  àParme,  1811.  48»X'^. 
roismo  in  amore,  à  Milan,  1816.  49»  Le 
Maître  de  chapelle,  opéra  comique,  à  Paris, 
1824.  50»  Un  Caprice  de  femme,  ibid.,  1834. 
51»  Olindeet  SophroniCy  grand  opéra  (non 
terminé),  à  Paris.  —  IV.  Cantates  :  52»  // 
Prometeo^  avec  orchestre.  53»  Baccco  ed 
Ariana,  idem.  54»  La  Conversazione  armo- 
nica,  idem.  55»  Europa  in  Creta,  cantate  à 
voix  seule  et  orchestre.  56»  Eloïsa  ed  Abe^ 
lardo,  cantate  à  deux  voix  et  piano.  57»/>tami 
ed  EndimionCf  idem.  58»  L'Amor  timido, 
cantate  à  voix  seule  et  piano.  59»  Deux  séré- 
nades à  trois  et  à  quatre  voix,  avec  accompa* 
gnement  de  harpe  ou  piano,  cor,  violoncelle 
et  contrebasse.  60»  L'Addio  di  Ettore^  à 
deux  voix  et  piano.  61»  Ulisse  e  Pénélope, 
cantate  à  deux  voix  et  orchestre,  partition; 
Paris,  Launer.  62»  Saffo,  cantate  à  voix 
seule  et  orchestre,  partition;  ibid,  —  V.  Pe- 
tites PIÈCES  VOCALES  :  63»  Six  duos  à  deux 
voix  ;  Vienne,  Artaria.  64»  Six  petits  duos  ita- 
liens, idem;  Paris  (en  deux  suites).  65»  Qua- 
rante-deux ariettes  italiennes  à  voix  seule  et 
piano,  en  différents  recueils  publiés  à  Paris, 
Vienne,  Dresde,  Leipsick,  etc.  66»  Six  cava- 
(ines  de  Métastase,  idtm;  Vienne,  Mollo. 
67»  Douze  romances  françaises  avec  accompa- 
gnement de  piano.  68»  Deux  recueils  d'exer- 
cices de  chant  pour  voix  de  soprano  et  de  té- 
nor; Paris,  1821  et  1835.  —  VI.  Musique 
irstbumertale  :  69»  Symphonie  bacchante  à 
grand  orchestre;  Paris,  Naderman.  70»  Fi^e 
Henri  IV^  varié  à  grand  orchestre;  ibid, 
71"  Grandes  marches  militaires  en  harmonie 
à  seize  et  dix- sept  parties,  n»*  1,  2,  3,  4;  Pa- 
ris, Janet.  72»  Idem;  Paris,  A.  Petit.  73»  Six 
valses  en  harmonie,  à  six  et  dix  parties;  Pa- 
ris, Janet.  74»  La  Douce  Fictoire,  fantaisie 
pour  piano,  deux  flûtes,  deux  cors,  et  basson  ; 
Paris,  Schœnenberger.  75»  Trois  grandes  so- 
nates pour  piano,  violon  obligé,  et  violoncelle 
ad  libitum;  Paris,  Janet.  76»  Plusieurs  thèmes 
variés  pour  piano  seul;  Paris  et  Vienne. 

PAGAl^ELLI  (Joseph-Artoiite),  né  à 
Padoue,  fut  d'abord  attaché  comme  composi- 
teur et  accompagnateur  claveciniste  à  une 


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406 


PAGANELLI  -  PAGANLM 


société  de  chanteurs  qui  se  trouvait  à  Augs- 
bourg,  en  1735;  puis  il  entra  au  service  du 
roi  d*Espagne,  en  qualité  de  directeur  de  la 
musique  de  la  chambre.  Il  a  publié  plusieurs 
œuvres  de  trios  et  de  quatuors  pour  le  violon  et 
pour  le  clavecin,  et  a  laissé  en  manuscrit  plu- 
sieurs opéras.  On  connaît  aussi  sous  son  nom 
les  Odes  d* Horace  mises  en  musique  à  plu- 
sieurs parties. 

PAGAmiHI  (EmcoLB),  naquit  âi  Ferrare, 
vers  1770,  et  non  à  Naples,  comme  il  est  dit 
dans  la  Série  eronologiea  deUe  rappretenta- 
zioni  dei  teatri  di  Milano  (1818,  page  196). 
II  se  fixa  à  Milan  dans  les  premières  années 
du  dix-neuvième  siècle,  et  y  écrivit,  pour  le 
théâtre  de  la  Scala  :  l«Za  Conquitta  del 
Mesiico,  1808.  2«  Le  Rivait  generose,  1809. 
2»  /  Filosofi  al  eimento,  1810.  Ces  produc- 
tions ne  sont  pas  dépourvues  de  mérite.  On 
connaît,  sous  le  nom  de  ce  compositeur,  Ceeare 
in  Egitto  et  Demeirio  a  Rodi;  j»ignore  où 
ces  duvrages  ont  été  représentés. 

PAGAIVIWI  (Nicolas)  (1),  le  virtuose  vio- 
loniste le  plus  extraordinaire  et  le  plus  re- 
nommé du  dix-neuvième  siècle^  naquit  à 
Gènes,  le  18  février  1784.  Son  père,  Antoine 
Paganini,  avait  établi  une  petite  boutique  sur 
le  port;  où  il  remplissait  les  fonctions  de 
facteur.  Quoique  cet  homme  eût  été  privé 
d*éducation  et  qu*il  fût  brutal  et  colère,  il 
avait  du  penchant  pour  la  musique  et  jouait 
de  la  mandoline.  Son  intelligence  eut  bientôt 
découvert  les  heureuses  dispositions  de  son 
fils  pour  cet.art  ;  il  résolut  de  les  développer 
par  rétude;  mais  son  excessive  sévérité  et  les 
mauvais  traitements  quMl  lui  faisait  subir 
auraient  peut-être  eu  des  résultats  contraires 
à  ceux  quMl  attendait,  si  le  jeune  Paganini 
n*eût  été  doué  de  la  ferme  volonté  d^étre  un 
artiste  distingué.  Dès  Tâge  de  six  ans,  il  était 
déjà  musicien  et  jouait  du  violon.  Son  premier 
maître,  Jean  Servetto,  était  un  homme  d*un 
mince  mérite  :  Paganini  ne  resta  pas  longtemps 
sous  sa  direction  ;  son  père  le  confia  aux  soins 
de  Giacomo  Costa,  directeur  d*orchestre  et 
premier  violon  des  églises  principales  de 
Gènes,  qui  lui  fit  faire  de  rapides  progrès. 
Parvenu  à  sa  huitième  année,  Paganini  écrivit 
une  première  sonate  de  violon  quMl  n^a  mal- 
heureusement pas    conservée,   et  qui  s'est 


(f)  La  Nolie*  hiographiqut  de  Paganini,  que  j'ai  pu- 
bliée en  1851  (Paris,  Sciiœnenberger)  renrerme  des  dé- 
tails qui  ne  peuTenl  être  eonsenrét  dam  un  dictionnaire 
tel  que  eeinl-ei  ;  je  suit  obligé  de  n'admettre  que  les 
faits  principaux  ;  pour  le  reste,  on  pourra  consulter  la 
aoliee  qui  vient  d'être  cil<<c. 


perdue  plus  tard,  avec  d*autres  compositions. 
Costa  ne  lui  donna  des  leçons  que  pendant 
six  mois,  et  durant  ce  temps  le  maître  obligea 
son  élève  à  Jouer  à  Téglise  un  concerto  ood- 
veau  chaque  dimanche.  Cet  exercice  fut  con- 
tinué jusqu*à  rage  de  once  ans.  Pa^ena  à  %9i 
neuvième  année,  Paganini  joua  pour  la  pre- 
mière fois  dans  un  concert  au  grand  théâtre 
de  Gènes.  II  y  exécuta  des  variations  de  sa 
composition  sur  Tair  de  la  Carmo^noie,  alors 
en  vogue,  et  j  excita  des  transports  d*adfflira' 
lion.  Vers  cette  époque  de  la  Tie  du  jeune  ar- 
tiste, des  amis  conseillèrent  à  son  père  de  In» 
donner  de  bons  maîtres  de  violon  et  de  com- 
position :  il  le  conduisit  en  effet  à  Parme, 
dans  le  dessein  de  demander  pour  loi  des 
leçons  à  Alexandre  Rolla.  Paganini  a  public 
dans  un  journal,  à  Vienne,  Panecdote  de  sa 
première  entrevenue  avec  le  maître  qo^il 
venait  prendre  pour  guide,  a  Sn  arrivant  chez 
«  Rolla  (dit-il),  nous  le  trouvâmes  malade 
tt  et  alité.  Sa  femme  nous  conduisit  dans  une 
«  pièce  voisine  de  sa  chambre,  afin  d^avoir  le 
«  temps  nécessaire  pour  se  concerter  avec  son 

V  mari,  qui  paraissait  peu  disposé  à  nous  re- 
tt  cevoir.  Ayant  aperçu  sur  la  table  de  la 
a  chambre  où  nous  étions  un  violon  et  le  der- 
«  nier  concerto  de  Rolla,  je  m*emparai  de 
«  rinstrument  et  jouai  le  morceau  à  première 

V  vue.  Étonné  de  ce  qu*il  entendait,  le  com- 
«  positeur  sMnforma  du  nom  du  virtuose  qu*il 
«  venait  d*entendre  :  lorsqu*il  apprit  que  ce 
o  virtuose  n*étaitqu*un  jeune  garçon,  il  n*en 
«  voulut  rien  croire  jusqu*à  ce  quHl  s^en  fût 
«  assuré  par  1ui*méme.  Il  me  déclara  alors 
«  qu*i1  n*avaU  plus  rien  à  m*apprendre,  et 
«  me  conseilla  d^aller  demander  à  Paer  des 
u  leçons  de  composition.  »  Le  soin  que  prend 
Paganini,  dans  cette  anecdote,  de  se  défendre 
d^avoir  reçu  des  leçons  de  Rolla  est  une  singu- 
larité difficile  à  expliquer:  il  est  certain  poor- 
tant  qu^il  a  été  pendant  quelques  mois  élève  de 
cet' habile  musicien,  car  Gervasoni,  qui  Tarait 
connu  à  Parme  dans  son  enfance,  Taffirme. 
Au  surplus,  ce  n*est  pas  chez  Paer,  alors  en  Al- 
lemagne, que  Rolla  conseilla  d^aller  étudier 
le  contrepoint,  mais  chez  Ghlretti,  qai  avait 
été  aussi  le  maître  de  ce  même  Paer.  Pendant 
six  mois,  Paganini  reçut  trois  leçons  par  se- 
maine, et  se  livra  principalement  à  Tétude  dn 
style  Instrumental,  sous  la  direction  de  Gbi- 
retti.  Déjà  il  s^occupait  de  la  recherche  d'cifeis 
nouveaux  sur  son  instrument  :  souvent  des 
discussions  s*é1evaient  entre  Paganini  et  Rolla 
sur  des  innovations  que  l'élève  entrevoyait 
seulement  alors,  et  qu'il  ne  pouvait  exccuicr 


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PAGANINI 


407 


que  d^une  manière  imparraite,  tandis  que  le 
goût  sévère  du  maître  condamnait  ces  écarts, 
abstraction  faite  des  effets  qu*oo  en  pouvait 
tirer. 

De  retour  à  Gènes,  Paganini  écrivit  ses 
premiers  essais  pour  le  violon  :  cette  musique 
était  si  dimcile,  qu'il  éUU  obligé  de  Pétudier 
lui-même,  et  de  faire  des  efforts  constants 
pour  résoudre  des  problèmes  inconnus  à  tous 
les  autres  violonistes.  Quelquefois  on  le  voyait 
essayer  de  mille  manières  différentes  le  même 
trait  pendant  dix  à  douze  heures,  et  rester  à 
la  fin  de  la  journée  dans  Taccablement  de  la 
fatigue.  C'est  par  cette  persévérance  sans 
exemple  qu'il  parvint  à  se  jouer  de  difficultés 
qui  furent  considérées  comme  insurmontables 
par  les  autres  artistes,  lorsqu'il  en  publia  un 
spécimen  dans  lin  cahier  d'études. 

Parti  de  Parme  au  commencement  de  1797, 
Paganini  fit  avec  son  père  sa  première  tournée 
d'artiste  dans  les  villes  principales  de  la  Lom- 
bardie  et  commença  une  réputation  de  virtuose 
qui  alla  toujours  grandissant,  et  que  nulle 
autre  n'a  égalée.  De  retour  à  Gènes,  et  apiès 
y  avoir  fait,  dans  la  solitude,  les  efforts  dont  il 
vient  d'être  parlé  pour  le  développement  de 
son  talent,  il  sentit  le  besoin  de  s'affranchir  des 
mauvais  traitements  auxquels  il  était  toujours 
en  butte  dans  la  maison  paternelle.  Sa  dignité 
d'artiste  s'indignait  de  ce  rude  esclavage  :  il 
sentait  qu'il  était  digne  de  plus  de  respect. 
Hais  il  fallait  une  occasion  favorable  pour  le 
seconder  dans  son  dessein  :  çlle  ne  tarda  pas 
à  se  présenter.  La  Saint-Martin  était  chaque 
année,  pour  la  ville  de  Lucques,  l'époque 
d'une  grande  fête  masicale  où  l'on  se  rendait 
de  tous  les  points  de  l'Italie.  A  l'approche  de 
cette  solennité,  Paganini  supplia  son  père  de 
lui  permettre  d'y  paraître  avec  son  frère  atné. 
Un  refus  absolu  fut  d'abord  la  réponse  qu'il 
reçut  ;  mais  Pimportunité  du  fils  et  les  prières 
de  la  mère  finirent  pour  arracher  le  consente- 
ment désiré.  Devenu  libre,  le  jeune  artiste 
8*élança  sur  la  route,  agité  par  des  rêves  de 
succès  et  de  bonheur.  Lucques  l'applaudit 
avec  enthousiasme.  Encouragé  par  cet  heureux 
début,  il  visita  Pise  et  quelques  autres  villes 
qui  ne  lui  firent  pas  un  moins  bon  accueil  : 
l'année  1 709  venait  de  commencer,  et  Paganini 
n'était  âgé  que  de  quinze  ans.  Cet  âge  n'est 
pas  celui  de  la  prudence;  d'ailleurs  son  édu- 
cation morale  avait  été  négligée,  et  la  sévérité 
dont  sa  jeunesse  avait  été  tourmentée  n'était 
pas  propre  à  le  mettre  en  garde  contre  les 
dangers  d'une  vie  trop  libre.  Livré  i  lui-même 
et  savourant  avec  délice  rind4îpendanc€  nou- 


velle dont  il  jouissait,  il  se  lia  avec  des  ar- 
tistes d'un  autre  genre,  dont  l'habileté  consis- 
tait à  inspirer  le  goût  du  jeu  aux  jeunes  gens 
de  famille,  et  à  les  dépouiller  en  un  tour  de 
main.  En  une  soirée,  Paganini  perdait  sou- 
vent le  produit  de  plusieurs  concerts  et  se 
jetait  dans  de  grands  embarras.  Bientôt  son 
talent  lui  fournissait  de  nouvelles  ressources, 
et  pour  lui  le  temps  s'écoulait  dans  cette  al- 
ternative de  bonne  et  de  mauvaise  fortune. 
Quelquefois  sa  détresse  allait  jusqu'à  le  priver 
de  son  violon.  C'est  ainsi,  que  se  trouvant  à 
Livourne  sans  instrument,  il  dut  avoir  recours 
à  l'obligeance  d'un  négociant  français  (M.  Li- 
vron),  grand  ^ateur  de  musique,  qui  s'em- 
pressa de  lui  prêter  un  excellent  violon  de 
Guarneri.  Après  le  concert,  Paganini  le  re- 
porta à  son  propriétaire,  qui  s'écria  aussitôt  : 
c  Je  me  garderai  bien  de  profaner  des  cordes 
a  que  vos  doigts  ont  touchées;  c^est  à  vous 
o  maintenant  qne  mon  violon  appartient.  » 
C'est  ce  même  instrument  qui  depuis  lors  a 
servi  à  l'artiste  dans  tous  ses  concerts.  Pareille 
chose  lui  arriva  à  Parme,  mais  dans  des  cir- 
constances différentes.  Pasini,  peintre  distin- 
gué et  bon  amateur  de  musique,  n'avait  pu 
croire  à  la  facilité  prodigieuse  attribuée  à 
Paganini  de  jouer  à  première  vue  la  musique 
la  plus  difficile,  comme  s'il  l'eût  longtemps 
étudiée.  Il  lui  présenta  un  concerto  manuscrit 
où  tous  les  genres  de  difficultés  avaient  été 
réunis,  et  lui  mettant  entre  les  mains  un 
violon  de  Stradivari  de  la  plus  belle  qualité  et 
conservation,  il  lui  dit  :  «  Cet  instrument  est 
tt  à  vous,  si  vous  pouvez  jouer  cela  en  maître 
«  i  l'instant  et  sans  étudier  à  l'avance  les  dif- 
a  Acuités  qui  s'y  trouvent. — S'il  en  est  ainsi, 
a  répondit  Paganini,  vous  pouvez  lui  faire  vos 
«  adieux.  »  Sa  foudroyante  exécution  sembla 
en  effet  se  jouer  de  ce  qu'on  venait  de  lui 
mettre  sous  les  yeux.  Pasini  demeura  con- 
fondu. 

Des  aventuras  de  tout  genre  signalent  cette 
époque  de  la  jeunesse  de  Paganini  :  l'enthou- 
siasme de  l'art,  l'amour  et  le  jeu  régnaient 
tour  à  tour  dans  son  àme.  En  vain  sa  frêle 
constitution  l'avertissait  du  besoin  de  mé- 
nager ses  forces  ;  elle  n'arrêtait  pas  les  écarts 
de  son  imagination  ;  quelquefois  même  il  ar- 
rivait dans  ses  excès  jusqu'au  dernier  degré 
d'épuisement.  Alors  il  se  plongeait  dans  un 
repos  absolu  pendant  plusieurs  semaines  ;  puis, 
retremiié  et  armé  d'une  énergie  nouvelle,  il 
recommençait  ses  merveilles  de  talent  et  sa  vie 
de  bohème.  Il  était  à  craindre  que  cette  exis- 
tence désordonnée  ne  perdit  cet  artiste  exira- 


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408 


PAGANINI 


ordinaire  :  une  circonstance  imprévue,  et  de 
grande  importance,  rapportée  par  lui-même, 
le  guérit  tout  à  coup  de  la  funeste  passion  du 
jeu.  »  Je  n*oublierai  jamais,  dit-il,  que  je  me 
«  mis  un  jour  dans  une  situation  qui  devait 
«  décider  de  toute  ma  carrière.  Le  prince 
M  de  *****  avait  depuis  longtemps  le  désir  de 
u  avenir  possesseur  de  mon  excellent  violon, 
tt  le  seul  que  j*eusse  alors,  et  que  j*ai  encore 
tt  aujourd'hui.  Un  jour,  il  me  flt  prier  de  vou- 
«  loir  en  fixer  le  prix;  mais  ne  voulant  pas 
«  me  séparer  de  mon  instrument,  je  déclarai 
tt  que  je  ne  le  céderais  que  pour  deux  cent 
«  cinquante  napoléons  d*or.  Peu  de  temps 
«  après,  le  prince  me  dit  que  j'avais  vraisem- 
«  blablemenl  plaisanté  en  demandant  un 
«  prix  si  élevé  de  mon  violon,  et  ajouta  qu^il 
tt  était  disposé  à  en  donner  deux  mille  francs, 
tt  Précisément,  ce  jour-U,  je  me  trouvais  en 
tt  grand  besoin  d*argent,  par  suite  d*une  assez 
a  forte  perle  que  j'avais  faite  au  jeu,  et  j'étais 
«  presque  résolu  de  céder  mon  violon  pour  la 
«  somme  qui  m'était  offerte,  quand  un  ami 
u  vint  m'inviter  i  une  partie  pour  la  soirée. 
tt'  Mes  capitaux  consistaient  alors  en  trente 
«  francs,  et  déjà  je  m'étais  dépouillé  de  mes 
tt  bijoux,  montre,  bagues,  épingles,  etc.  Je 
tt  pris  aussîl6lla  résolution  de  hasarder  cette 
tt  dernièra  ressource,  et,  si  la  fortune  m'était 
«  contraire,  de  vendre  le  violon  et  de  partir 
«  pour  Pétersbourg,  sans  instrument  et  sans 
tt  effets,  dans  le  but  d'y  rétablir  mes  affaires, 
tt  Déjà  mes  trente  francs  étaient  réduits  à 
tt  trois,  et  je  me  voyais  en  route  pour  la 
«  grande  cité,  quand  la  fortune,  changeant 
«  en  un  clin  d'œil,  me  flt  gagner  cent  francs 
tt  avec  le  peu  qui  me  restait.  Ce  moment 
tt  favorable  me  fit  conserver  mon  violon  et 
«  me  remit  sur  pied.  Depuis  ce  jour,  je  me 
tt  suis  retiré  du  jeu,  auquel  j'avais  sacrifié 
«  une  partie  de  ma  jeunesse,  et,  convaincu 
«  qu'un  joueur  est  partout  méprisé,  je  re- 
tt  nonçai  pour  jamais  à  ma  funeste  passion.  » 
Au  milieu  de  ces  succès,  on  remarque  dans 
la  vie  de  Paganini  une  de  ces  péripéties  assez 
fréquentes  dans  la  vie  des  grands  artistes  :  tout 
à  coup  il  sedégoôta  du  violon,  s'éprit  pour  la 
guitare  d'une  ardeur  passionnée,  et  se  partagea 
pendant  près  de  quatre  années  entre  l'étude 
de  cet  instrument  et  celle  de  l'agriculture 
dans  le  château  d'une  dame  dont  il  était  épris. 
Mais  enfin  revenu  à  ses  premiers  penchants, 
il  reprit  son  violon,  et  vers  le  commencement 
de  1805,  il  recommença  ses  voyages.  Arrivé  à 
Lucques,  il  y  excita  un  si  grand  enthoasiasme, 
par  le  concerto  qu'il  joua,  pour  une  fête  noc« 


turne,  dans  l'église  d^un  couvent,  que  les 
moines  furent  obligés  desortir  de  leurs  stalles 
pour  empêcher  les  applaudissements.  Il  fuc 
alors  nommé  premier  violon  solo  de  la  cour 
de  Lucques,  et  donna  des  Jeçons  de  violon  au 
prince  Bacciochi.  Pendant  un  séjour  de  trois 
années  dans  cette  ville,  il  ajouta  plusieurs 
nouveautés  à  celles  qu'il  avait  déjà  décoa- 
vertes.  C'est  ainsi  que  cherchant  à  varier 
Teffet  de  son  instrument,  dans  les  deux  con> 
certs  de  la  cour  où  il  était  obligé  de  se  faire 
entendre  chaque  semaine,  il  ôta  la  deuxième 
et  la  troisième  corde  de  son  violon,  et  com- 
posa une  sonate  dialoguée,  entre  la  chante- 
relle et  la  quatrième,  à  laquelle  il  donna  le 
nom  de  icena  amoroia.  Le  succès  qu'il  y 
obtint  fut  l'origine  de  l'habitude  qa*ll  prit  de 
jouer  des  morceaux  entiers  sur  la  quatrième 
corde,  au  moyen  des  sons  harmoniques  qui 
lui  iiermettaient  de  porter  l'étendue  de  cette 
corde  jusqu'à  trois  octaves. 

Dans  l'été  de  1808,  Paganini  s'éloigna  de 
Lucques,  et  dans  l'espace  de  dix-neuf  ans,  il 
fit  trois  fois  le  tour  de  l'Italie,  paraissant  tout 
à  coup  avec  éclat  dans  une  grande  ville,  y 
excitant  des  transports  d'admiration,  puis  se 
livrant  à  des  accès  de  paresse,  disparaissant 
de  la  scène  du  monde,  et  laissant  ignorer  jus- 
qu'au nom  du  lieu  qu'il  habitait.  C'est  ainsi 
que  Rossini,  après  avoir  brillé  avec  lui  i  Bo- 
logne, en  1814,  dans  le  palais  Pignalrer,  le 
retrouva,  en  1817,  à  Rome,  où  il  éUit  resté 
ignoré  pendant  près  de  trois  ans,  à  la  suite 
d'une  longue  maladie.  Après  ce  silence,  il 
donna  de  brillanu  concerts  dans  la  capiUle 
du  monde  chrétien,  et  se  fit  entendre  chez  le 
prince  de  Kaunitz,  ambassadeur  d'Autriche, 
où  il  trouva  le  prince  de  Hettemich  qui, 
charmé  de  son  merveilleux  talent,  le  pressa 
de  se  rendre  à  Vienne  ;  mais  de  nouvelles  ma- 
ladies, qui  le  mirent  plusieurs  fois  à  la  porte 
du  tombeau,  ne  lui  permirent  de  réaliser  le 
projet  de  ce  voyage  que  longtemps  après.  Ar- 
rivé à  Milan  au  printemps  de  1815,  il  y  vit 
représenter  au  théâtre  de  la  Seala  le  ballet  de 
Vigano  //  iVoce  di  Benevento  (le  Noyer  de 
Benevent),dont  la  musique  était  de  Sussmayer 
(voyez  ce  nom).  C'est  dans  cet  ouvrage  que  le 
célèbre  violoniste  a  pris  le  thème  de  ses  fa- 
nteuses  variaUons  le  Streghe  (les  Sorcières), 
ainsi  nommées  parce  que  ce  thème  était  celui 
d'une  scène  fantastique  où  apparaissaient  en 
elTetdes  sorcières.  Pendant  qu'il  s'occupait  de 
la  composition  de  ces  variations  et  des  pré|>a- 
ratifs  de  ses  concerts,  une  atteinte  nouvelle 
de  sa  maladie  vint  le  saisir,  et  plusieurs  mois 


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PAGANINI 


40U 


«^écoulèrent  avant  quMI  Tût  en  état  de  se  faire 
entendre.  Ce  ne  fut  que  le  29  octobre  suivant 
qu'il  put  donner  un  premier  concert,  dont 
TefTet  fut  foudroyant,  et  dont  les  journaux 
d'Italie  et  d'Allemagne  ont  rendu  compte  en 
termes  remplis  d'admiration. 

Paganini  montra  toujours  beaucoup  de 
prédilection  pour  la  ville  de  Milan,  dont  le 
séjour  le  charmait.  Non-seulement  il  y  passa 
la  plus  grande  partie  de  1813,  à  Texceplion 
d'un  voyage  à  Gènes,  puis  181 4  jusqu'aux  der- 
niers jours  de  septembre,  mais  il  y  retourna 
trois  fois  dans  l'espace  de  quinze  ans,  y  fit 
chaque  fois  de  longs  séjours  et  y  donna  trente- 
sept  concerts.  Au  mois  d'octobre  de  celte 
même  année  1814,  il  partit  pour  Bologne,  où 
il  vit  Rossini  pour  la  première  fois,  et  se  lia 
avec  lui  d'une  amitié  qu'ils  ont  resserrée  à 
Rome,  en  1817,  et  à  Paris,  en  1831.  Rossini 
avait  donné  VAureliano  inPalmiray^mUn, 
au  mois  de  décembre  1813,  mais  en  ce  mo- 
ment Paganini  était  à  Gênes,  en  sorte  que 
ces  deux  grands  artistes  ne  8*étaient  pas  vus 
avant  de  se  rencontrer  à  Bologne,  au  moment 
où  Rossini  allait  en  partir  pour  écrire  à  Milan 
IlTurcoinllalia. 

Ce  ne  fut  qu'en  1819  que  Paganini  visita 
Xaples  |H>ur  la  première  fois.  Lorsqu*il  y  arriva, 
il  trouva  qnelques  artistes  mal  disposés  envers 
lui.  Ils  mettaient  en  doute  la  réalité  des  pro- 
diges   que  la  renommée   lui  attribuait,  et 
s'étaient  promis  de  s'amuser  à  ses  dépens. 
Pour  répreuve  à  laquelle  ils  voulaient  le  sou- 
mettre,  ils  engagèrent  le  jeune  compositeur 
Danna,  récemment  sorti  du  Conservatoire,  à 
écrire  an  quatuor  rempli  de  difficultés  de  tout 
f^enre,  se  persuadant  que  le  grand  violoniste 
n'en  pourrait  triompher.  On  l'invita  donc  à 
une  réunion  musicale  où  se  trouvaient  le  vio- 
lonisie  Onorio  de  Vito,  le  compositeur  Danna, 
le  violoniste  et  chef  d'orchestre  Festa,  et  le 
violoDcelliste  Ciandelli.  A  peine  arrivé,  on  lui 
présenta   le  morceau  qu'on  lui  demandait 
d'exécuter  à  première  vue.  Comprenant  qu*on 
lui  tendait  en  piège,  il  jeta  un  coup  d'œil  ra- 
pide sur  cette  musique  et  l'exécuta  comme  si 
elle  loi  était  familière.  Confondus  parce  qu'ils 
venaient  d'entendre,  les  assistants  lui  prodi- 
guèrent   les  témoignages  d'une   admiration 
sans  bornes,  et  le  proclamèrent  incomparable. 
Il    ne    faut  pas  croire  toutefois  que  ses 
Xriompbes  furent   toujours   aussi    purs,   et 
4|u*aucun  nuage  ne  vintobscurir  les  rayons  de 
sa   gloire.  Trop  épris  des  nouveautés  qu'il 
avait  introduites  dans  l'art  de  jouer  du  violon, 
^ct  n^cstimant  pas  assc2  l'art  classique  ni  les 


maîtres  qui  l'avaient  précédé,  il  traitait  sou- 
vent avec  dédain  ses  émules,  alors  même  que 
son  talent  n'avait  point  encore  acquis  sa  ma- 
turité. Plus  désireux  d'exciter  l'étonnement 
de  la  multitude  que  de  satisfaire  le  goût  sévère 
des  connaisseurs,  il  ne  se  mit  pas  assez  à 
l'abri  des  accusations  de  charlatanisme  dans 
les  premiers  temps  de  sa  carrière  :  cette  accu- 
sation lui  fut  souvent  jetée  à  la  face,  et  peut- 
être  n'en  eut-il  pas  assez  de  souci.  Ses  pre- 
mières apparitions  dans  les  villes  principales 
de  l'Italie  étaient  saluées  par  des  acclama- 
tions; au  retour,  il  n'en  éUit  plus  de  même, 
soit  qu'il  y  eût  blessé  l'orgueil  de  quelque  ar- 
tiste influent,  soit  que  son  peu  de  respect  pour 
les  convenances  sociales  et  de  reconnaissance 
pour  les  services  rendus  lui  eût  aliéné  l'afTec- 
tion  des  amateurs.  C'est  ainsi  qu'après  avoir 
eu  d'abord  de  brillants  succès  à  Livourne,  il  y 
fut  assez  mal  accueilli  lorsqu'il  y  retourna  en 
1808.  Il  a  rapporté  lui-même  une  anecdote 
qui  prouve  le  peu  de  bienveillance  qu'il  y 
trouva,  a  Dans  un  concert  donné  à  Livourne 
tt  (dit-il), un  clou  m'entra  dans  le  talon;  j'ar- 
tf  rivai  en  boitant  sur  la  scène,  et  le  public  se 
a  mit  à  rire.  Au  moment  où  je  commençais 
tt  mon  concerto,  les  bougies  de  mon  pupitre 
«  tombèrent  :  autres  éclats  de  rire  dans  l'au- 
«  ditoire;  enfin,  dès  les  premières  mesures 
«  la  chanterelle  de  mon  violon  se  rompit,  ce 
tt  qui  mit  le  comble  à  la  gaieté;  mais  je  jouai 
tt  tout  le  morceau  sur  trois  cordes,  et  je  fis 
a  fureur.  »  Plus  tard,  cet  accident  de  chante- 
relle cassée  se  reproduisit  plusieurs  fois  :  Pa- 
ganini fut  accusé  de  s'en  faire  un  moyen  de 
succès,  après  avoir  étudié  sur  trois  cordes  des 
morceaux  où  il  avait  appris  à  se  passer  de  la 
chanterelle. 

On  ne  s'arrêta  pas  i  ces  innocentes  ruses 
du  talent  dans  les  attaques  dont  cet  illustre 
artiste  fut  l'objet,  car  la  diffamation  et  la 
calomnie  le  poursuivirent  dans  ce  que  l'hon- 
neur a  de  plus  sacré,  et  lui  imputèrent  même 
des  crimes.  Les  versions  étaient  différentes  à 
l'égard  des  faits  allégués  à  sa  charge  :  suivant 
l'une,  sa  jeunesse  aurait  été  orageuse;  ses 
liaisons,  peu  dignes  de  son  talent,  l'auraient 
associé  à  des  actes  de  brigandage  ;  d'autres 
lui  attribuaient  en  amour  une  jalousie  furieuse 
et  vindicative  qui  l'aurait  conduit  à  un 
meurtre.  Tantôt  on  citait  sa  maîtresse,  tantôt 
son  rival  comine  ses  victimes.  On  assurait 
qu'une  longue  captivité  lui  avait  fait  expier 
son  crime.  Les  longs  intervalles  où  il  avait 
disparu  des  regards  du  public  pour  se  livrer  à 
une  existence  méditative  et  paresseuse,  ou 


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410 


PAGANINI 


pour  rétablir  sa  santé  délabrée,  favorisaient 
ces  bruits  injurieux.  Les  qualités  de  son  talent 
mêmes  prêtaient  des  armes  à  ses  ennemis,  et 
Ton  disait  que  Tennui  de  la  prison  el  la  pri- 
vation de  cordes  pour  renouveler  celles  de 
son  violon,  Pavaient  conduit  à  sa  merveilleuse 
habileté  sur  la  quatrième,  la  seule  qui  fût 
restée  intacte  sor  mon  instrument.  Lorsque 
Paganint  visita  rAllemagne^  la  France  et 
PAngleterre,  il  y  retrouva  Tenvie,  avide  de 
recueillir  cel  odieuses  calomnies,  pour  les  op- 
poser à  ses  SQCcès  :  comme  s*il  était  écrit  que 
le  génie  et  le  talent  doivent  toujours  expier 
les  avantages  dont  la  nature  et  Tétude  les  ont 
doués.  Maintes  fois  Paganini  avait  été  obligé 
de  recourir  à  la  presse  pour  se  défendre  ;  mais 
en  vain  avait-il  invoqué  le  témoignage  des 
ambassadeurs  des  puissances  italiennes;  en 
vain  avait-il  sommé  ses  ennemis  de  citer  avec 
précision  les  faits  et  les  dates  qu'ils  laissaient 
dans  le  vague  :  ses  réclamations  n*kvaient 
produit  aucun  résultat  avantageux.  Paris  sur- 
tout lui  fut  hostile,  quoique  cette  ville  ait 
peut-être  contribué  plus  qu'une  autre  à  Téclat 
de  ses  succès.  Cest  qu*à  cdté  du  public  véri- 
table, qui  n'a  ni  haine  ni  préventions,  et  qui 
s*abandonne  aux  sensations  que  le  talent  lui 
fait  éprouver,  il  y  a  dans  cette  grande  cité 
nue  population  famélique  qui  vit  du  mal 
qu'elle  fait,  et  du  bien  qu'elle  empêche.  Celte 
population  spécula  sur  la  célébrité  de  l'artiste, 
et  se  persuada  peut-être  qli'il  achèterait  son 
silence.  Des  lithographies  le  représentèrent 
captif,  et  des  articles  de  journaux  attaquèrent 
ses  mœurs,  son  humanité,  sa  probité.  Ces  at- 
taques réitérées,  ce  pilori  oii  11  se  voyait 
attaché  comme  acteur  et  comme  spectateur, 
rafTeclèrent  péniblement.  Il  vint  me  confier 
ses  chagrins,  #et  me  demander  des  conseils, 
me  donnant  sur  les  calomnies  dont* il  était 
l'objet  les  renseignements  les  plus  satisfai- 
sants. Je  loi  dis  de  me  remettre  des  notes 
écrites  ;  elles  me  servirent  à  rédiger  une  lettre 
que  je  lui  fis  signer,  que  je  publiai  dans  la 
Revue  mustcols,  et  qui  fut  répétée  dans  la 
plupart  des  journaux  de  Paris.  Les  faits  rap- 
portés dans  celte  lettre  ont  tant  d'intérêt  pour 
l'histoire  d^nn  des  plus  rares  talents  qui  ont 
existé,  que  je  crois  devoir  la  rapporter  ici. 
D'ailleurs,  je  regarde  comme  un  devoir  de 
ne  rien  négliger  pour  qu'une  des  plus  belles 
gloires  d'artiste  de  notre  époque  soit  vengée 
de  ses  calomniateurs  : 

tt    BfONSIElIR, 

«  Tant  de  marques  de  bonté  m*ont  été  pro- 
diguées par  le  public  français,  il  m'a  décerné 


tant  d*app]aDdissements,  qu'il  faut  bien  que 
je  croie  à  la  célébrité  qui,  dit-on,  m'avait  pré- 
cédé à  Paris,  et  que  je  ne  suis  pas  resté  dans 
mes  concerts  trop  au-dessous  de  ma  réputa- 
tion. Mais  si  quelque  doute  pouvait  me  rester 
à  cet  égard,  il  serait  dissipé  par  le^  soin  que 
je  vois  prendre  à  vos  artistes  de  reproduire 
ma  figure,  et  par  le  grand  nombre  de  portraits 
de  Paganini,  ressemblants  ou  non,  dont  je 
vois  tapisser  les  murs  de  votre  capitale.  Mais, 
monsieur,  ce  n'est  point  à  de  simples  por- 
traits que  se  bornent  les  spéculations  de  ce 
genre  ;  car  me  promenant  un  jour  sur  le  bou- 
levard des  Italiens,  je  vis  chez  un  marchand 
d'estampes  une  lithographie  représentant 
Paganini  en  prison.  Bon,  me  suis-je  dît, 
voici  d'honnêtes  gens  qui,  à  la  manière  de 
Basile,  exploitent  à  leur  profit  certaine  calom- 
nie dont  je  suis  poursuivi  depuis  quinze  ans. 
Toutefois,  j'examinais  en  riant  cette  mysti- 
fication avee  tous  les  détails  que  rimaginatîon 
de  l'artiste  lui  a  fournis,  quand  je  m'aperçu> 
qu'un  cercle  nombreux  s'était  fbrmé  autour 
de  moi,  et  que  chacun,  confrontant  ma  figure 
avec  celle  du  jeune  homme  représenté  dans 
la  lithographie,  constatait  combien  j'étais 
changé  depuis  le  temps  de  ma  détention.  Je 
compris  alors  que  la  chose  avait  été  prise  au 
sérieux  par  ce  que  vous  appelez,  je  crois,  les 
badauds,  et  je  vis  que  la  spéculation  n'éuit 
pas  mauvaise.  Il  me  vint  dans  la  tête  que 
puisqu'il  faut  que  tout  le  monde  firCy  je  pour- 
rais fournir  moi-même  quelques  anecdotes 
aux  dessinateurs  qui  veulent  bien  s'occnper 
de  moi  ;  anecdotes  où  ils  pourraient  puiser  le 
sujet  de  facéties  semblables  à  celle  dont  il  est 
question.  C'est  pour  leur  donner  de  la  publi- 
cité que  je  viens  vous  prier,  monsieur,  de 
vouloir  bien  insérer  ma  lettre  dans  votre 
Revue  musicale. 

a  Ces  messieurs  m*ont  représepté  en 
prison  ;  mais  ils  ne  savent  pas  ce  qui  m^y  a 
conduit,  et  en  cela  ils  sont  à  peu  près  aussi 
instruits  que  moi  et  ceux  qui  ont  fait  courir 
l'anecdote.  Il  y  a  là-dessus  plusieurs  histoires 
qui  pourraient  fournir  autant  de  sujets  d*es- 
tampes.  Par  exemple^  on  a  dit  qu'ayant  sur- 
pris mon  rival  chez  ma  maltresse,  je  l'ai  tué 
bravement  par  derrière,  dans  le  moment  où 
il  était  hors  de  combat.  D'antres  ont  prétendu 
que  ma  fureur  jalouse  s'est  exercée  sur  ma 
maîtresse  elle-même;  mais  ils  ne  s'accordent 
pas  sur  la  manière  dont  j'aurais  mis  fin  à  ses 
jours.  Les  uns  veulent  que  je  me  sols  servi 
d'un  poignard  ;  les  autres  que  j'aie  voulu  jouir 
de  ses  souffrances   avec  du   poison.  Enfin, 


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PAGANINI 


ni 


chacun  a  arrangé  la  chose  suivant  sa  fan- 
taisie :  les  lithographes  pourraient  user  de  la 
ménoe  liberté.  Voici  ce  qui  m^arriva  à  ce  sujet 
à  Padoue,  il  y  a  environ  quinze  ans.  J*y  avais 
donné  un  concert,  et  je  m'y  étais  fait  entendre 
avec  quelque  succès.  Le  lendemain  j'étais  assis 
à  table  d'hôte,  moi  soixantième,  et  je  n'avais 
pas  été  remarqué  lorsque  j'étais  entré  dans  la 
salle.  Un  des  convives  s'exprima  en  termes 
flatteurs  sur  l'effet  que  j'avais  produit  la 
veille.  Son  voisin  joignit  ses  éloges  aux  siens, 
et  ajouta  :  L'habileté  de  Paganini  n*a  rien 
qui  doive  surprendre;  il  la  doit  au  séjour 
de  huit  années  qu*il  a  fait  dans  un  cachot, 
n'ayant  que  son  violon  pour  adoucir  sa 
captivité.  Il  avait  été  condamné  à  cette 
longue  détention  pour  avoir  assassiné 
lâchement  un  de  mes  amiSy  qui  était  son 
rival.  Chacun,  comme  vous  pouvez  croire,  se 
récria  sur  l'énormité  du  crime.  Moi,  je  pris  la 
parole,  et  m'adressantà  la  personne  qui  savait 
si  bien  mon  histoire,  je  la  priai  de  me  dire  en 
quel  lieu  et  dans  quel  temps  cette  aventure 
s'était  passée.  Tous  les  yeux  se  tournèrent 
vers  moi  :  jugez  de  l'étonnement  quand  on 
reconnut  l'acteur  principal  de  cette  tragique 
histoire!  Fort  embarrassé  fut  le  narrateur. 
Ce  n'était  plus  son  ami  qui  avait  péri;  il  avait 
entendu... on  lui  avait  affirmé...  il  avait  cru... 
mais  il  était  possible  qu'on  l'eût  trompé... 
Voilà,  monsieur,  comme  on  se  Joue  de  la  ré- 
putation d'un  artiste,  parce  que  les  gens  en- 
clins à  la  paresse  ne  veulent  pas  comprendre 
qu'il  a  pu  étudier  en  liberté  dans  sa  chambre 
aussi  bien  que  sous  les  verrous. 

a  A  Vienne,  un  bruit  plus  ridicule  encore 
mit  à  l'épreuve  la  crédulité  de  quelques  en- 
thousiastes. J'y  avais  joué  les  variations  qui 
ont  pour  titre  le  Streghe  (les  Sorcières)  ;  elles 
avaient  produit  quelque  effet.  Un  monsieur, 
qu'on  m'a  dépeint  au  teint  pâle,  à  l'air  mélan- 
colique, à  l'œil  inspiré,  affirma  qu'il  n'avait 
rien  trouvé  qui  l'élonnât  dans  mon  jeu  ;  car  il 
avait  vu  distinctement,  pendant  que  j'exécutais 
mes  variations,  le  diable  près  de  moi,  guidant 
mon  bras  et  conduisant  mon  archet.Sa  ressem- 
blance frappante  avec  mes  traits  démontrait 
assez  mon  origine  ;  il  était  vêtu  de  rouge, 
avait  des  cornes  h  la  tête  et  la  queue  entre  les 
jambes.  Vous  comprenez,  monsieur,  qu'après 
une  description  si  minutieuse,  il  n'y  avait  pas 
moyen  de  douter  de  la  vérité  du  Tait;  aussi 
beaucoup  de  gens  fiircnt-ils  persuadés  qu'ils 
avaient  surpris  le  secret  de  ce  qu'on  appelle 
mes  tours  de  force. 

tt  Longtemps  ma  tranquillité  fut  troublée 


par  ces  bruits  qu'on  répandait  sur  mon 
compte.  Je  m'attachai  à  en  démontrer  l'ab- 
surdité. Je  faisais  remarquer  que  depuis  l'âge 
de  quatorze  ans  je  n'avais  cessé  de  donner  des 
concerts  et  d'être  sous  les  yeux  du  public; 
que  j'avais  été  employé  pendant  seize  années 
comme  chef  d'orchestre  et  comme  directeur 
de  musique  à  la  cour  de  Lucqucs;  que  s'il 
était  vrai  que  j'eusse  été  retenu  en  prison 
pmdant  huit  ans,  pour  avoir  tué  ma  maîtresse 
ou  mon  rival,  il  fallait  que  ce  fût  cooséquem- 
mcnt  avant  de  me  faire  connaître  du  public, 
c'est-à-dire  qu'il  fallait  que  j'eusse  eu  une 
mallre'sse  et  un  rival  à  l'âge  de  sept  ans.  J'in- 
voquais à  Vienne  le  témoignage  de  l'ambassa- 
deur de  mon  pays ,  qui  déclarait  m'avoir 
connu  depuis  près  de  vingt  ans  dans  la  posi- 
tion qui  convient  à  un  honnête  homme,  et  je 
parvenais  ainsi  à  faire  taire  la  calomnie  pour 
un  instant;  mais  il  en  reste  toujours  quelque 
chose  et  je  n'ai  pas  été  surpris  de  la  retrouver 
ici.  Qyie  faire  à  cela,  monsieur?  Je  ne  vois 
autre  chose  que  de  me  résigner,  et  de  laisser 
la  malignité  s'exercer  à  mes  dépens.  Je  crois 
bepcndant  devoir,  avant  de  terminer,  vous 
communiquer  une  anecdote  qui.  a  donné  lieu 
aux  bruits  injurieux  répandus  sur  mon  compte. 

La  voici  :  Un  violoniste  nommé  D i  qui 

se  trouvait  à  Milan,  se  lia  avec  deux  hommes 
de  mauvaise  vie,  et  se  laissa  persuader  de  se 
transporter  avec  eux,  la  nuit,  dans  un  village 
pour  f  assassiner  le  curé,  qui  passait  pour 
avoir  beaucoup  d'argent.  Heureusement  le 
cœur  faillit  à  l'un  des  coupables  au  moment 
de  l'exécution,  et  il  alla  dénoncer  ses  com- 
plices. La  gendarmerie  se  rendit  sur  les  lieux, 

et  s'empara  de  D i  et  de  son  compagnon 

au  moment  où  ils  arrivaient  chez  le  curé.  Ils 
furent  condamnés  à  vingt  années  de  fers,  et 
Jetés  dans  un  cachot;  mais  le  général  Menou, 
.après  qu'il  fut  devenu  gouverneur  de  Milan, 
rendit  au  boatdedeux  ans  la  liberté  à  l'artiste. 
Le  croiriez-vous,  monsieur?  C'est  sur  ce  fond 
qu'on  a  brodé  toute  mon  histoire.  II  s'agissait 
d'un  violoniste  dont  le  nom  finissait  en  t  .*  ce 
fut  Paganini;  l'assassinat  devint  celui  de  ma 
maltresse  ou  de  mon  rival,  et  ce  fut  encore 
moi  qu'on  prétendit  avoir  été  mis  en  prison. 
Seulement,  comme  on  voulait  m'y  faire  dé- 
couvrir ma  nouvelle  école  de  violon,  on  me 
fît  grâce  des  fers  qui  auraient  pu  gêner  mon 
bras.  Encore  une  fois,  puisqu'on  s'obstine 
contre  toute  vraisemblance,  il  faut  bien  que 
je  cède.  Il  me  reste  pourtant  un  espoir;  c'est 
qu'après  ma  mort  ta  calomnie  consentira  à 
abandonner  sa  proie,  et  que  ceux  qui  se  sont 


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412 


PAGANINI 


vengés  si  cruellement  de  mes  succès  laisseront 
en  paix  ma  cendre. 
«  Agréez,  etc. 

tt  Signé  Pàganiri.  » 

Lorsque  Je  lui  présentai  celte  lettre  à  signer, 
en  présence  de  M.  Pacini,  éditeur  de  musique, 
il  fit  beaucoup  d^ol^eclions  contre  la  dernière 
phrase;  il  ne  voulait  point  paraître  consentir 
à  rester  la  proie  de  la  calomnie  jusqu*à  sa 
mort;  j*eus  beaucoup  de  peine  à  lui  faire 
comprendre  qu^aprèsses  explications,  son  ap- 
parente résignation  terminerait  tout,  l^fin  il 
eéda,  et  Tévénement  prouva  que  j*avais  bien 
jugé;  car  les  lithographies  disparurent,  et 
depuis  lors  il  n*a  plus  été  question  de  la 
scandaleuse  anecdote. 

Au  mois  de  janvier  1825,  Paganini  donna 
deux  concerts  à  Trieste,  puis  il  se  rendit  à 
Naples  pour  la  troisième  fois  et  y  retrouva 
ses  anciens  triomphes.  Dans  Télé,  il  retourna 
à  Palerme,  et  celle  fois  son  succès  y  fat  des 
plus  brillants.  Le  délicieux  climat  de  la  Sicile 
avait  pour  lui  tant  de  charme,  qu*il  y  resta 
près  d^ine  année,  donnant  çà  et  là  quelques 
concerts,  puis«se  livrant  à  de  longs  intervalles 
de  repos.  Ce  séjour  prolongé  sous  un  ciel  fa- 
vorable lui  avait  rendu  la  santé  plus  satisfai- 
sante qu*il  ne  ravait  eue  depuis  longtemps  : 
ce  lui  fut  une  occasion  de  revenir  à  ses  anciens 
projets  de  voyage  hbrs  de  ritalie.  Avant  de 
les  réaliser,  il  voulut  faire  une  dernière 
tournée  dans  les  villes  dont  il  *avait  conservé 
de  bons  souvenirs,  et  se  rendit,  dans  Télé  de 
1826,  à  Trieste,  puis  à  Venise,  et  enfin  à 
Rome,  où  il  donna  cinq  concerts  au  théâtre 
Argentina,  qui  furent  pour  lui  autant  d'ova- 
tions. Le  5  avril  1837,  le  pape  Léon  XII  lui 
accorda  la  décoration  de  TÊperon  d*or,  en 
témoignage  d'estime  pour  ses  talents.  De 
Rome,  il  alla  à  Florence,  où  il  se  trouva  tout 
à  coup  arrêté  par  un  mal  assez  grave  qui  lui 
survint  à  une  jambe,  et  qui  ne  disparut  qu'après 
un  long  traitement.  Il  s'était  acheminé  vers 
Milan,  où  son  retour  avait  été  salué  par  les 
témoignages  d'affection  de  tous  ses  amis. 
Enfin,  le  3  mars  1828,  il  quitta  celte  ville  pour 
se  rendre  à  Vienne,  où  il  arriva  le  16  du  même 
mois.  Le  20  mars,  le  premier  concert  du 
célèbre  violoniste  jeta  la  population  viennoise 
dans  un  paroxysme  d'enthousiasme  qu'il 
serait  difficile  de  décrire.  «  Au  premier  coup 
«  d'archet  qu'il  donna  sur  son  Guarneri  (dit 
«  Schilling,  en  style  poétique,  dans  son 
«  Lexique  universel  de  miuique),  on  pour- 
tt  rail  presque  dire  au  premier  pas  qu'il  fil 


«  dans  la  salle,  sa  réputation  était  décidée 
«  en  Allemagne.  Enflammé  comme  par  une 
tt  étincelle  électrique,  il  rayonna  et  brilla 
Cl  tout  à  coup  comme  une  apparition  miracu- 
«  leuse  dans  le  domaine  de  l'art.  »  Tous  les 
journaux  de  Vienne  exprimèrent  en  termes  hy- 
perboliques l'admiration  sans  limites  qui  avait 
transporté  l'immense  auditoire  de  ce  premier 
concert,  et  ne  cessèrent,  pendant  deux  mois, 
d'entonner  des  hymnes  de  louanges  à  la  gloire 
de  l'enchanteur.  Les  artistes  les  plus  renommés 
de  la  capitale  de  l'Autriche,  Mayseder,  Jansa, 
Slawick,  Léon  de  Saint-Lubin,  Strebinger, 
Bœhm  et  d'autres,  déclarèrent  à  l'envi  qu'ils 
n'avaient  rien  oui  de  comparable.  D'autres 
concerts  donnés  le  13  avril,  le  16,  le  28,  etc., 
portèrent  au  plus  haut  degré  l'exaltation  du 
public.  L'ivresse  fut  générale.  Des  pièces  de 
vers  étaient  publiées  chaque  jour;  des  mé- 
dailles étaient  frappées  ;  le  nom  de  Pa^^anioi 
élaitdans  toutes  les  bouches,  et,  comme  le  dit 
Schottky  (1),  tout  était  à  la  Paganini.  La 
mode  s'était  emparée  de  son  nom  :  les  cha- 
peaux, les  robes,  la  chaussure,  les  gants 
étaient  à  la  Paganini;  les  restaurateurs  dé- 
coraient certains  mets  de  ce  nom,  et  lorsqu'un 
coup  brillant  se  faisait  au  billard,  on  le  com- 
parait au  coup  d'archet  de  l'artiste.  Son  por- 
trait, bien  ou  mal  fait,  était  sur  les  tabatières 
et  les  bottes  à  cigares;  enfin,  son  buste  sur- 
montait les  cannes  des  élégants.  Après  un 
concert  donné  au  profit  des  pauvres,  le  magis- 
trat de  la  ville  de  Vienne  offk'it  à  Paganini  la 
grande  médaille  d'or  de  Saint-Salvador,  et 
l'empereur  lui  conféra  le  titre  de  virtuose  de 
sa  musique  particulière. 

Un  long  séjour  dans  la  capitale  de  l'Autriche 
et  des  concerts  multipMés  n'affaiblirent  pas 
l'impression  que  Paganini  y  avait  produite  à 
son  arrivée.  La  même  admiration  l'accueillit 
dans  toutes  les  grandes  villes  de  l'Allemagne: 
Prague  seule  lui  montra  quelque  froideur,  par 
une  certaine  tradition  d'opposition  aux  opi- 
nions musicales  de  Vienne;  mais  Berlin  le 
vengea  si  bien  de  celle  indifTércncc,  qu'il 
s'écria  le  soir  de  son  premier  concert  :  »  J^ai 
retrouvé  mon  public  de  Fienne.r>  Après  trois 
années  de  voyages  cl  de  succès  en  Autriche, 
en  Bohème,  en  Saxe,  en  Bavière,  en  Prusse  et 
dans  les  provinces  rhénanes,  l'artiste  cérèbre 
arriva  à  Paris  et  donna  son  premier  concert 
à  l'Opéra,  le  0  mars  1851.  Ses  études  de 
violon  publiées  depuis  longtemps  dans  celte 
ville,  sortes  d'énigmes  qui  avaient  mis  en 

(1)  Paffanini  '«  Lebtm  und  Treibtu^  etc.,  p.  28  et  s. 


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PAGANINI 


4n 


émoi  tous  les  violonistes  ;  sa  renommée  euro- 
péenne; ses  voyages  en  Allemagne  et  Téclat 
de  ses  succès  à  Vienne,  à  Berlin,  à  Munich,  à 
Francrort,  avaient  excité  parmi.  les  artistes 
français  et  dans  le  public  un  vif  intérêt  de  cu- 
riosité. Il  serait  impossible  de  décrire  Ten- 
thousiasme  dont  Paudiloire  fut  saisi  en  écou- 
tant cet  homme  extraordinaire;  Témotiou 
alla  jusqu*au  délire,  à  la  frénésie.  Après  lui 
avoir  prodigué  des  appaudissements  pendant 
et  après  chaque  morceau,  rassemblée  le  rap- 
pela pour  lui  témoigner  par  des  acclamations 
unanimes  Tadmiration  dont  elle  était  saisie. 
Une  rumeur  générale  se  répandit  ensuite  dans 
toutes  les  parties  de  la  salle,  et  partout  on  en- 
tendit des  exclamations  d'étonnement  et  de 
plaisir.  Les  mêmes  effets  se  reproduisirent  à 
tous  les  autres  concerts  qui  furent  donnés  par 
Paganini  à  Paris. 

Vers  le  milieu  du  mois  de  mai,  il  s*éIoigna 
de  cette  ville  pour  se  rendre  à  Londres,  où  il 
excita  aussi  la  plus  vive  curiosité,  mais  non 
cet  intérêt  intelligent  qui  Pavait  accueilli  dans 
la  capitale  de  la  France.  Le  prix  élevé  des 
places  qu*il  fixa  pour  ses  concerts  lui  fit  pro- 
diguer rinjure  et  Toutrage  par  les  journaux 
anglais  :  comme  si  Tartiste  n^avait  pas  le  droit 
de  fixer  le  prix  des  produits  de  son  talent  ! 
comme  sMl  imposait  Tobligation  de  venir  Ten- 
tendre  !  Les  concerts  où  Paganini  joua  à  Lon- 
dres, et  les  excursions  qu*il  fit  dans  toute 
TAngleterre,  en  Ecosse  et  en  Irlande,  lui  pro- 
curèrent des  sommes  considérables,  qui  s'ac- 
crurent encore  dans  ses  voyages  en  France, 
en  Belgique  et  en  Angleterre  pendant  les  an- 
nées suivantes.  On  lui  a  reproché  de  s'être 
vendu  à  un  spéculateur  anglais  pour  un  temps 
déterminé,  et  à  un  prix  convenu,  pour  jouer 
dans  tous  les  concerts  organisés  par  rentre- 
preneur;  beaucoup  d'autres  artistes  l'ont  imité 
en  cela.  Sans  doute,  la  dignité  de  l'homme  et 
de  l'art  répugne  aux  marchés  de  ce  genre  ; 
mais  d'autre  part,  les  soins  de  toute  espèce 
qu'exigent  les  concerts;  les  difficultés  qui 
se  multiplient  et  qu'un  artiste  surmonte  à 
grand'peinedans  les  pays  étrangers;  de  plus,  les 
vols  scandaleux  par  lesquels  les  entrepreneurs 
de  théâtres  et  les  employés  le  dépouillent  du 
fruit  de  son  travail;  la  curée  des  recettes  que 
font  les  receveurs  des  droits  des  bosjiices,  de 
patentes,  les  imprimeurs  et  distributeurs 
d'affiches  et  de  programmes,  le  propriétaire 
de  la  salle,  l'entrepreneur  de  l'éclairage,  les 
musiciens  de  l'orchestre  et  les  commission- 
naires, tout  cela,  dis-je,  est  si  nuisible  aux 
soins  que  réclame  le  talent  ainsi  qu'à  la  mé« 


di talion  et  à  la  sérénité  d'âme  nécessaires  â  sa 
manifestation,  qu'on  ne  peut  blâmer  l'artiste 
qui  cherche  à  se  soustraire  à  ces  ennuis  par  un 
contrat  dont  l'exécution  lui  assure  un  produit 
net,  et  ne  lui  impose  que  l'obligation  de  mettre 
son  talent  en  évidence.  De  retour  en  Italie 
dans  l'été  de  18S4,  après  une  absence  de  six 
années,  Pagasini  y  fit  l'acquisition  de  pro- 
priétés considérables,  entre  autres  de  la  villa 
Gajona^  près  de  Parme.  Le  14  novembre  de  la 
même  année,  il  donna,  à  Plaisance,  un  concert 
au  bénéfice  des  indigents,  le  seul  où  il  se  soit 
fait  entendre  en  Iulie  depuis  1828.  Pendant 
l'année  1835,  il  vécut  alternativement  à 
Gênes,  à  Milan  et  dans' sa  retraite  près  de 
Parme.  Le  choléra  qui  sévissait  alors  à  Gênes 
fit  répandre  le  bruit  de  sa  mort;  les  journaux 
annoncèrent  cet  événement,  et  firent  à  l'artiste 
des  articles  nécrologiques;  mais  on  apprit  en- 
suite que,  bien  que  sa  santé  fût  dans  un  état 
déplorable^  il  n'avait  pas  été  atteint  par  ce 
fléau. 

En  1836,  des  f:)écu]atettrs  rengagèrent  à 
leur  donner  l'appui  de  son  nom  et  de  son  ta- 
lent pour  la  fondation  d'un  Casino  dont  la 
musique  était  le  prétexte,  et  dont  le  jeu  était 
l'objet  réel  :  cet  établissement,  dont  les  dé- 
penses furent  excessives,  s'ouvrit  dans  un  des 
plus  beaux  quartiers  de  Paris,  sous  le  nom  de 
Coêino  Paganini;  mais  le  gouvernement 
n'accorda  pas  l'autorisation  qu'on  avait  espérée 
pour  en  faire  une  maison  de  jeu,  et  les  spécu- 
lateurs furent  réduits  au  produit  des  concerts 
qui  n'égalèrent  pas  les  dépenses.  Le  dépéris- 
sement progressif  des  forces  de  Paganini  ne 
lui  permit  pas  de  s'y  faire  entendre  ;  pour  prix 
des  fatigues  qu'il  avait  éprouvées  pour  se 
rendre  à  Paris  et  de  la  perte  de  sa  santé,  on 
lui  fit  un  procès  qu'il, perdit,  et  les  tribunaux, 
sans  avoir  entendu  sa  défense,  le  condam- 
nèrent à  payer  cinquante  mille  francs  aux 
créanciers  des  spéculateurs,  et  ordonnèrent 
qu'il  serait  privé  de  sa  liberté  jusqu'à  ce  qu'il 
eût  satisfait  à  cette  condamnation. 

Au  monient  où  cet  arrêt  était  rendu,  Paga- 
nini se  mourait.  Sa  maladie,  qui  était  une 
phthisie  laryngée,  avait  progressé  jusqu'au 
commencement  de  1859;  les  médecins  lui 
prescrivirent  alors  le  séjour  de  Marseille,  dont 
le  climat  leur  paraissait  salutaire.  Il  suivit  leur 
copseil,  et  traversa  péniblement  la  France 
pour  arriver  à  son  extrémité  méridionale. Son 
âme  énergique  luttait  contre  les  progrès  du 
mal.  Retiré  dans  la  maison  d'un  ami,  aux 
portes  de  Marseille,  Il  s'occupait  encore  de 
l'art,  et  prenait  alternatiTement  son  violon  et 


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414 


PAGANINI 


l^^o 


sa  guitare.  Un  jour,  il  sembla  se  ranimer  et 
eiécota  avec  feu  un  quatuor  de  Beethoven  (le 
septième)  qu*il  aimait  passionnément.  Malgré 
sa  faiblesse  extrême,  il  voulut  aller  entendre 
quelques  jours  après  la  messe  de  Requiem  de 
Cherubini  pour  des  voix  d'hommes  ;  enfin,  le 
31  juin,  il  se  rendit  dans  une  des  églises  de 
Marseille  pour  y  assister  à  Texécution  de  la 
première  messe  solennelle  de  Beethoven. 

Cependant,  le  besoin  de  changement  de  Heu 
qu'éprouvent  les  malades  atteints  de  phthisie 
décida  Paganini  à  retourner  à  Gènes  par  la 
voie  de  la  mer,  persuadé  qu'il  y  retrouverait 
la  santé.  Mais  vain  espoir  !  Dès  le  mois  d'oc- 
tobre de  la  même  année,  il  écrivait  à  M.  Ga- 
lafre,  peintre  de  ses  amis  :  Me  trouvant  plus 
souffrant  encore  ici  queje  n'étais  à  Marseille, 
J'ai  pris  la  résolution  de  passer  V hiver  à 
Nice.  Ainsi,  il  voulait  fuir  la  mort,  et  la  mort 
le  poursuivait.  Nice  devait  être  son  dernier  sé- 
jour. Les  progrès  du  mal  y  furent  rapides  ;  la 
voix  s'éteignit  complètement,  et  de  cruels  ac- 
cès de  toux,  devenus  chaque  Jour  plus  fré.- 
quents,  achevèrent  d'abattre  ses  forces.  Enfin, 
l'altération  des  traits,  signe  d'une  fin  pro- 
chaine, se  fit  remarquer  sur  son  visage.  Un 
écrivain  italien  a  rendu  compte  de  ses  derniers 
moments  en  termes  touchants  dont  voici  la 
traduction  : 

tt  Dans  sa  dernière  soirée,  il  parut  plus 
u  tranquille  que  d'habitude.  Il  avait  dormi 
o  quelque  peu;  quand  il  s'éveilla,  il  fit  ouvrir 
u  les  rideaux  de  son  lit  pour  contempler  la 
tt  lune  qui,  dans  son  plein,  s'avançait  lente- 
u  ment  dans  un  ciel  pur.  Dans  cette  conlem- 
<i  platioD,  ses  sens  s'assoupirent  de  nouveau  ; 
«  mais  le  balancement  des  arbres  environ- 
<«  nants  éveilla  dans  son  sein  ce  doux  frémisse- 
vt  ment  que  fait  naître  le, sentiment  du  beau. 
«  Il  voulut  rendre  à  la  nature  les  délicates 
u  émotions  qu'il  en  recevait  à  cette  heure  su- 
u  préme,  étendit  la  main  jusqu'au  violon  en- 
a  chanté  qui  avait  charmé  son  exisience,  et 
«  envoya  au  ciel,  avec  ses  derniers  sons,  le 
u  dernier  soupir  d'une  vie  qui  n'avait  été  que 
a  mélodie.  « 

Le  grand  artiste  expira  le  27  mai,  à  l'âge  de 
cinquante-six  ans,  laissant  à  son  unique  fils 
Achille,  fruit  de  sa  liaison  avec  la  cantatrice 
Aolonia  Bianchi,  de  Como,  des  richesses  con- 
sidérables, et  le  titre  de  baron  qui  lui  avait  été 
conféré  en  Allemagne.  Tout  n'était  pas  fini 
pour  cet  homme  dont  la  vie  fut  aussi  extraor- 
dinaire que  le  talent.  Soit  par  TefTetde  cerUins 
bruits  populaires  dont  il  sera  parlé  tout  à 
l'heure,  soit  qu'étant  mort  sans  recevoir  les  I 


secours  de  la  religion,  Paganihi  eût  laissé  des 
doutes  sur  sa  foi,  ses  restes  ne  purent  être  in- 
humés en  terre  sainte,  par  décision  de  l'évéque 
de  Nice.  En  vain  son  fils,  ses  amis  et  la  plu- 
part des  artistes  de  cette  ville  sollicitèrent- 
ils  l'autorisation  de  faire  célébrer  un  service 
pour  son  repos  éternel,  faisant  remarquer 
qu'ainsi  que  toutes  les  personnes  atteintes 
de  phthisie,  il  n*avaU  pas  cru  sa  mort  pro- 
chaine et  avait  cessé  de  vivre  subitement, 
Tévêque  refusa  cette  autorisation  et  se  borna 
à  offrir  un  acte  authentique  de  décès,  avec  la 
permission  de  transporter  le  corps  où  l'on 
voudrait.  Cette  transaction  ne  fut  pas  accep- 
tée, et  l'affaire  fut  portée  devant  les  tribunaux. 
Celui  de  Nice  donna  gain  de  cause  à  l'évéque. 
Il  fallut  alors  avoir  recours  à  Rome,  qui  an- 
nula la  décision  de  l'évéque  de  Nice  et  char- 
gea l'archevêque  de  Turin  ,  conjoiniemeni 
avec  deux  chanoines  de  la  cathédrale  de  Géoes, 
de  faire  une  enquête  sur  le  catholicisme  de 
Paganini.  Pendant  tout  ce  temps,  le  corps  était 
resté- dans  une  chambre  de  l'hdpital  de  Nice; 
il  fut  ensuite  transporté  par  mer^au  lazaret  de 
Villafranca,  et  de  là  dans  une  campagne  nom- 
mée Poleevera,  près  de  Gênes,  laquelle  appar- 
tenait à  la  succession  de  l'illustre  artiste.  Le 
bruit  se  répandit  bientôt  qu'on  y  entendait 
chaque  nuit  des  bruits  lamentables  et  bixarres. 
Pour  mettre  un  terme  à  ces  rumeurs  popu- 
laires, le  jeune  baron  Paganini  se  décida  i 
faire  des  démarches  pour  qu*un  service  solen- 
nel fût  célébré  à  Parme,  en  qualité  de  chevalier 
de  Saint-Georges,  dans  l'église  delaSteceata, 
affectée  à  cet  ordre  chevaleresque:  elles  ne 
furent  pas  infructueuses.  Après  la  cérémonie, 
les  amis  du  défunt  obtinrent  de  Tévêque  de 
Parme  la  permission  d'introduire  le  oorps  dans 
le  duché,  de  le  transporter  à  la  viUa  Gajona, 
et  de  l'inhumer  près  de  l'église  du  village.  Cet 
hommage  funèbre  fut  rendu  aux  restes  de  l'ar- 
tiste célèbre  dans  le  mois  de  mai  IS'IS,  mais 
sans  pompe,  conformément  aux  ordres  éma- 
nés du  gouvernement. 

Par  son  testament,  f^it  le  97  avril  1837,  et 
ouvert  le  1»  juin  1840,  Paganini  laissait  à  son 
fils,  légitimé  par  des  actes  authentiques,  une 
fortune  estimée  à  deux  millions,  sur  laquelle 
il  faisait  deux  legs  à  ses  deux  sœurs,  le  premier 
de  cinquante  mille  francs,  l'autre  de  soixante 
mille,  n'accordant  à  la  mère  de  son  Achille 
qu'une  rente  viagère  de  douze  cents  francs  ! 
Indépendamment  de  ces  richesses,  et  de  la 
propriété  de  ses  compositions  inédites,  Paga- 
nini possédait  une  précieuse  collection  d'in-* 
siruments  de  maîtres,  dans  laquelle  on  remar- 


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PAGANINI 


4lîi 


quait  un  incomparable  Siradivari  qu*il 
eslimait  plus  de  huit  mille  florins  d*Aatriche, 
un  cbarmant  Guameri  de  petit  patron,  un 
excellent  ^mart;  une  basse  de  Stradivari  non 
moins  parfaite  que  son  violon  de  ce  maître,  et 
son  grand  Guameri,  le  seul  instrument  qui 
raccompagna  dans  tous  ses  voyages,  et  quMI 
légua  à  la  ville  de  Gènes,  ne  voulant  pas 
qu*un  autre  artiste  en  fût  possesseur  après 
lui. 

Les  artistes  qui  ont  ontendn  Paganini  sa- 
vent ce  qui  le  distinguait  des  autres  violonistes 
célèbres  ;  mais  bientôt  il  n^existera  peut-être 
plus  un  seul  musicien  qui,  rayant  entendu, 
pourra  dire  quelle  était  la  nature  de,  son  ta- 
lent :  Je  crois  donc  devoir  entrer  ici  dans  quel- 
ques détails  sur  les  qualités  qui  le  distin- 
guèrent, et  sur  les  moyens  qui  lui  servaient 
à  réaliser  sa  pensée  dans  Texécntion.  Ainsi 
que  je  Tai  déjà  dit,  un  dévouement  à  Tétude, 
dont  il  y  a  peu  d*exemples,  avait  conduit 
Paganini  à  triompher  des  plus  grandes  dif- 
ficultés. Ces  difncultés,  il  se  les  créait  lui- 
même,  dans  le  but  de  donner  plus  de  variété 
aux  effets,  et  d*augmenter  les  ressources  de 
rinstrument  ;  car  on  voit  que  ce  fut  là  Tobjet 
quMI  se  proposa  dès  quMI  fut  en  âge  de  réflé- 
l'hir  sur  sa  destination  individuelle.  Après 
avoir  joué  la  musique  des  anciens  malices,  no- 
tamment de  Corelii,  Vivaldi,  Tartini,  puis  de 
Pugoani  et  de  Yiotti,  il  comprit  qu^il  lui  se- 
rait difficile  d*arriver  à  une  grande  renommée 
dans  la  voie  qu^avaient  suivie  ces  artistes.  Le 
hasard  fit  tomber  entre  ses  mains  le  neuvième 
œuvre  de  Locatelli  (voyex  ce  nom),  intitulé  : 
L'Arte  di  nuwa  modulazione,  et,  dès  le 
premier  coup  d*œil,  il  y  aperçut  un  monde 
nouveau  d*idées  et  de  faits,  qui  n*avaient  point 
eu  dans  la  nouveauté  le  succès  mérité,  à 
cause  de  leur  excessive  difficulté,  et  peut- 
être  aussi  parce  que  le  moment  n^était  pas 
venu,  à  répoque  où  Locatelli  publia  son  ou- 
vrage, |>our  sortir  des  formes  classiques.  Les 
circonstances  étaient  plus  favorables  pour  Pa- 
ganini, car  le  besoin  dMnnovation  est  précisé- 
ment celui  de  son  siècle.  En  s*appropriant  les 
moyens  de  son  devancier,  en  renouvelant 
d'anciens  effets  oubliés  {voyef  Jean- Jacques 
"Walther),  en  y  ajoutant  ce  que  son  génie  et 
sa  patience  lui  faisaient  découvrir,  il  parvint 
à  cette  variété,  objet  de  ses  recherches,  et  plus 
tard,  caractère  distinctif  de  son  talent.  L'op- 
position des  différentes  sonorités,  la  diversité 
dans  Taccond  de  Pinstrument,  remploi  fré- 
quent des  sons  harmoniques  simples  et 
doubles,  les  effets  de  cordes  pincées  réunis  à 


ceux  de  Tarchet,  les  différents  genres  de 
staccato^  Pusage  de  la  double  et  même  de  la 
triple  corde,  une  prodigieuse  facilité  à  exécu- 
ter les  intervalles  de  grand  écart  avec  une 
justesse  parfaite,  enfin,  une  variété  inouïe 
d*accents  d'archet,  tels  étaient  les  moyens 
dont  la  réunion  composait  la  physionomie  du 
talent  de  Paganini  ;  moyens  qui  tiraient  leur 
prix  de  la  perfection  de  l'exécution,  d*une  ex- 
quise sensibilité  nerveuse,  et  d*un  grand  sen- 
timent musical.  A  la  manière  dont  l'artiste  se 
posait  en  s'appuyant  sur  une  hanche,  à  la  dis- 
position de  son  bras  droit  et  de  sa  main  sur  la 
hausse  de  son  archet,  ou  aurait  cru  que  le 
coup  de  celui-ci  devait  être  donné  avec  gau- 
cherie, et  que  le  bras  devait  avoir  de  la  roi- 
deur  ;  mais  bientôt  on  s'apercevait  que  le  bras 
et  rarehet  se  mouvaient  avec  une  égale  sou- 
plesse, et  qu«  ce  qui  paraissait  être  le  résultat 
de  quelque  défaïut  de  confbrmation,  était  dû  à 
l'étude  approfondie  de  ce  qui  était  le  plus  fa- 
vorable aux  effets  que  l'artiste  voulait  pro- 
duire. L^archet  ne  sortait  pas  des  dimension» 
ordinaires,  mais,  par  l'effet  d'une  tension  plus 
forte  que  l'ordinaire,  la  baguette  était  un  peu 
moins  rentrée.  Il  est  vraisemblable  qu'en 
cela  Paganini  avait  eu  pour  but  de  faciliter  le 
rebondissement  de  l'archet  dans  le  Haecato 
qu'il  fouettait  et  jetait  sur  la  corde  d'une  ma- 
nière toute  différente  de  celle  des  autres  vio- 
lonistes. Dans  la  notice  qu'il  a  écrite  sur  lui- 
même  en  langue  Italienne,  il  dit  qu'à  son 
arrivée  à  Lucques  on  fut  étonné  de  la  longueur 
de  son  archet  et  de  la  grosseur  de  ses  cordes  ; 
mais  plus  tard  il  s'aperçut,  sans  doute,  de  la 
difficulté  de  faire  vibrer  de  grosses  cordes 
dans  toutes  leurs  parties,  et  conséquemment 
d'en  obtenir  des  sons  harmoniques  purs,  car 
il  en  diminua  progressivement  le  volume,  et 
lorsqu'il  se  fit  entendre  à  Paris,  ses  cordes 
étaient  au-dessous  de  la  grosseur  moyenne. 
Les  mains  de  Paganini  étalent  grandes,  sèches 
et  nerveuses.  Par  l'effet  d'un  travail  excessif, 
tous  ses  doigts  avaient  acquis  une  souplesse, 
une  aptitude  dont  il  est  impossible  de  se  faire 
une  idée.  Le  pouce  de'  la  main  gauche  se 
ployait  à  volonté  jusque  sur  la  paume  de 
la  main,  lorsque  cela  était  nécessaire  pour 
certains  effets  du  démanché. 

La  qualité  du  son  que  Paganini  tirait  de  l'in- 
strument était  belle  et  pure,  sans  être  exces- 
sivement volumineuse,  excepté  dans  certains 
effets,  où  il  était  visible  qu'il  rassemblait 
toutes  ses  forces  pour  arriver  à  des  résultats 
extraordinaires.  Mais  ce  qui  distinguait  sur* 
tout  cette  partie  de  son  talent,  c'était  la  va- 


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416 


PAGANINI 


riété  de  voix  qu'il  savait  tirer  des  cordes  par 
des  moyens  qui  lui  appartenaient,  ou  qui, 
après  avoir  été  découverts  par  d^autres,  avaient 
été  négligés  ,  parce  qu'on  n'en  avait  pas 
aperçu  toute  la  portée.  Ainsi,  les  sons  harmo- 
niques, qui  avaient  toujours  été  considérés 
plutôt  comme  un  effet  curieux  et  borné  que 
comme  une  ressource  réelle  pour  le  violoniste, 
jouaient  un  rôle  important  dans  le  jeu  de  Pa- 
ganini.  Ce  n'était  pas  seulement  comme  d'un 
effet  isolé  qu'il  s'en  servait,  mais  comme  d'un 
moyen  artificiel  pour  atteindre  à  de  certains 
intervalles,  quela  plus  grande  extension  d'une 
main  fort  grande  ne  pouvait  embrasser.  C'était 
aussi  par  les  sons  harmoniques  qu'il  était  par- 
venu à  donner  à  la  quatrième  corde  des  res- 
sources dont  l'étendue  était  de  trois  octaves. 
Avant  Paganini,  personne  n*avait  imaginé 
que,  hors  des  harmoniques  naturels,  il  fût  pos- 
sible d'en  exécuter  de  doubles  en  tierce, 
quinte,  sixte,  enfin  qu'on  pût  faire  marcher  à 
l'octave  des  sons  naturels  et  des  sons  harmo- 
niques; tout  cela,  Paganini  l'exécutait  dans 
toutes  les  positions,  avec  une  facilité  merveil- 
leuse. Dans  le  chant,  il  employait  fréquem- 
ment un  effet  de  vibration  frémissante  qui 
avait  de  l'analogie  avec  la  voix  humaine  ;  mais 
par  les  glissements  affectés  de  la  main  qu'il  y 
joignait,  cette  voix  était  celle  d'une  vieille 
femme,  et  le  chant  avait  les  défauts  et  le  mau- 
vais goût  qu'on  reprochait  autrefois  à  certains 
chanteurs  français.  L'Intonation  de  Paganini 
était  parfaite,  et  cette  qualité  si  rare  n'était 
pas  un  de  ses  moindres  avantages  sur  la  plu- 
part des  autres  violonistes. 

Après  avoir  rendu  cet  hommage  i  ta  vérité, 
dans  l'appréciation  du  talent  de  ce  grand  ar- 
tiste, il  est  nécessaire  de  le  considérer  dans 
l'impression  générale  que  laissait  son  exécu- 
tion. Beaucoup  de  personnes  trouvaient  son 
jeu  poétique  et  particulièrement  remarquable 
dans  le  chant  :  je  viens  de  dire  les  motifs  qui 
ne  me  permettent  pas  de  partager  leur  opi- 
nion à  cet  égard.  Ce  que  j'éprouvais  en  l'é- 
coutant était  de  l'étonnement,  de  l'admira- 
tion sans  l>ornes  ;  mais  je  n'étais  pas  touché, 
ému  du  sentiment  qui  me  parait  inséparable 
de  la  musique  véritable.  La  poésie  du  jeu  du 
grand  violoniste  consistait  surtout  dans  le 
brillant,  et,  si  j'ose  m'exprimer  ainsi,  dans  la 
maestria  de  son  archet;  mais  il  n'y  avait 
point  de  véritable  tendresse  dans  ses  accents. 
Et  ce  qui  prouve  que  sa  supériorité  consistait 
dans  son  adresse  merveilleuse  à  se  servir  de  ses 
ressources  propres,  plutôt  que  dans  l'expan- 
sion d'un  profond  sentiment^  c'est  qu'il  s'est 


montré  à  Paris  au-dessous  du  médiocre  daos 
deux  concertos  de  Kreutzer  et  de  Rode,  Infini- 
ment moins  difficiles  que  ses  propres  compo- 
sitions, et  que  je  l'ai  trouvé  peu  salisfaisaDt 
dans  le  quatuor.  C'était  Paganini,  moins  le 
caractère  dislinclif  de  son  talent  :  ce  n'était 
plus  qu'un  violoniste  de  second  ordre.  Si  l'oo 
considère  les  découvertes  de  cet  artiste  célèbre 
dans  leur  application  aux  progrès  de  Part  et  à 
la  musique  sérieuse,  on  verra  que  leur  in- 
fluence a  été  bornée,  et  que  ces  choses  n'ont 
été  bonnes  qu'entre  ses  mains.  Il  a  eu  quel- 
ques imitateurs,  chez  qui  l'imitation  a  tué  le 
talent  naturel.  L'art  de  Paganini  est  un  art  à 
part,  qui  est  né  avec  lui,  et  dont  il  a  emporté 
le  secret  dans  la  tombe.  Sivori  seul  a  pris  de 
lui  certains  effets  destinés  à  impressionner  les 
masses  ;  mais  ce  n'est  qu'un  accessoire  de  son 
talent,  car  Sivori  est  d'ailleurs  un  grand  vio* 
loniste  dans  ta  musique  sérieuse. 

En  disant  que  l'art  de  Paganini  était  une 
chose  à  part,  et  qu'il  en  a  emporté  le  secret 
dans  la  tombe,  je  me  suis  servi  d'un  mot  qu'il 
répétait  souvent  ;  car  il  assurait  que  son  talent 
était  le  résultat  d'un  secret  découvert  par  lui, 
et  qu'il  révélerait  avant  sa  mort,  dans  une  mé- 
thode de  violon  qui  n'aurait  qu'un  petit  nombre 
de  pages,  et  qui  jetterait  tous  les  violonistes 
dans  la  stupéfaction.  Un  tel  artiste  devait  être 
de  bonne  foi;  mais  ne  se  trompait-il  pas? 
n'était-il  pas  sous  l'influence  d'une  illusion  ? 
Ya-t-il  un  autre  secret  que  celui  que  la  Dêlure 
met  dans  le  cœur  de  l'artiste,  daos  l'ordre  et 
dans  la  persévérance  de  ses  études?  Je  ne  le 
crois  pas.  Toutefois  je  dois  déclarer  qu'il  y 
avait  quelqite  chose  d'extraordinaire  et  de 
mystérieux  dans  la  faculté  qu'avait  Paganini 
d'exécuter  toujours  d'une  manière  infaillible 
des  diflilcullés  inouïes,  sans  jamais  toucher  sod 
violon,  si  ce  n'est  à  ses  concerts  et  aux  répéti- 
tions. M.  Harrys  {voyei  ce  nom),  qui  fut  son 
secrétaire  et  ne  le  quitta  pas  pendant  une  an- 
née entière,  ne  le  vit  jamais  tirer  son  violon 
de  l'étui,  lorsqu'il  était  chez  lui.  Quoi  qu'il 
en  soit,  la  mort  n'a  pas  permis  que  le  secret 
dont  parlait  Paganini  fût  divulgué. 

La  liste  des  ouvrages  de  Paganini  publiés 
pendant  sa  vie  ne  renferme  que  ceux  dont 
voici  les  titres  :  1«  Fentiquattro  eapriei  per 
violino  solo,  dedieati  agli  artUti;  opéra 
prima.  On  en  a  fait  plusieurs  éditions.  Ces  ca- 
prices ou  études,  dans  divers  tons,  ont  pour 
objet  les  arpèges,  les  diverses  espèces  de  stac- 
cato,  les  trilles  et  les  gammes  en  octaves,  les 
dixièmes,  les  combinaisons  de  double,  de 
triple  et  même  de  quadruple  cordes,    etc. 


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PAGANINI 


4J7 


^  Set  sonate  per  vtoUno  e  chilarra,  dedicati 
ul  signor  délie  Piane,  op.  â.  3<*  Sei  sonate 
per  violino  e  chitarra ,  dedicati  alla  ra- 
gazza  Eleonora,  op.  3. 4*  Tre  gran  quartetti 
a  violino ,  viola,    ehitarra   e  violoncello, 
op.  4;  tdem,  op.  5.  Paganiot  disait  de  cet  ou- 
vrage à  H.  Harrys,  qu'il  y  était  étranger,  et 
qu*oa  Tavait  formé  de  quelques-uos  de  ses 
thèmes  assez  mal  arrangés.  Cependant  ces 
41ualuors  furent  publiés  à  Gènes  presque  en  sa 
présence,  et  jamais  il  ne  flt  de  réclamation  à 
ce  sujet.  On  doit  considérer  comme  des  super- 
cheries commerciales,  ou  comme  des  extraits 
•des  ouvrages  précédents,  ou  enfln  comme  de 
simples  souvenirs  fugitifs  de  quelques  artistes, 
ce  qu'on  a  imprimé  ensuite,  jusqu'en  1851, 
sous  le  nom  du  grand  artiste.  Tels  sont  les 
morceaux  suivants  :  Fariaxioni  di  bravura 
per  violino  sopra  un  tema  originale  con  ac- 
compagnamento  di  ehitarra,  o  piano.  Ces 
variations  sont  celles  qui  forment  le  vingt- 
quatrième  caprice  (en  la  mineur)  du  premier 
«uvre.  Trois  airs  variés  pour  le  violon, 
pour  être  exécutés  sur  la  quatrième  corde 
seulement,  avec  accompagnement  de  piano 
par  Gustave  Carulli,  Ces  morceaux  ne  sont 
<|ue  des  souvenirs  arrangés  par  Tauteur  de 
raccompagnement.   Jntroduzione  o  varia- 
ssioni  in  sol  sul  tema  :  Nel  cor  piii  non  mi 
sento,  per  violino  solo.  Ce  morceau,  imprimé 
dans  Touvrage  de  Guhr  {voyez  ce  nom),  sur 
l'art  de  Paganini,  n'est  qu*un  à  peu  près  re- 
cueilli de  mémoire.  Merveille  de  Paganini, 
ou  duo  pour  le  violon  seul  (en  ut)  ;  dans  le 
même  ouvrage.  On  a   publié  à  Paris  et  à 
fierlin  le  Carnaval  de  Venise,  tel  que  le 
jouait  Paganini,  MM.  Ernst  et  Sivori  ont 
aussi  donné,  comme  des  traditions  exactes  de 
cette  plaisanterie  musicale,  des  versions  plus 
ou  moins  différentes,  sur  lesquelles  il  s'est 
4^levé  des  discassions  '  dans  les  journaux.  La 
publication  du  véritable  Carnaval  de  Venise, 
de  l'illustre  violoniste  (à  Paris, chez  Schœnen- 
herger,  1851),  a  mis  fin  aux  incertitudes  à 
cet  égard. 

Paganini  avait  compris  que  Pintérét  atta- 
ché à  ses  concerts  diminuerait  s'il  publiait  les 
compositions  qu'il  y  faisait  entendre.  Il  prit 
donc  la  résolution  de  ne  les  livrer  à  l'impres- 
sion qu'après  avoir  achevé  ses  voyages  et 
s'être  retiré  de  la  carrière  d'artiste  exécutant. 
Il  ne  transportait  avec  lui  que  les  parties  d'or- 
chestre des  morceaux  qu'il  jouait  habituelle- 
ment. Jamais  personne  n'avait  vu  les  parties 
de  violon  solo  de  ces  compositions;  car  il  re- 
doutait l'indiscrétion  des  personnes  qui  cher- 

BIOCR.   UMV.   DES  MUSICIENS.—  T.   VI. 


cbaient  à  pénétrer  jusqu'à  lui.  Il  parlait  rare- 
ment de  ses  ouvrages,  même  à  ses  amis  les 
plus  intimes;  en  sorte  qu'on  n'avait  que  des 
notions  vagues  sur  la  nature  et  le  nombre  de 
ses  productions.  M.  Conestabile  (auteur  d'une 
bonne  notice  sur  Paganini,  en  langue  ita- 
lienne), qui  a  fait  des  démarches  très-actives 
pour  connaître  la  vérité  sur  tout  ce  qui  con- 
cerne la  personne,  le  talent  et  les  succès  de 
Paganini,  a  publié  dans  son  livre  le  catalogue 
qui  lui  a  été  envoyé  de  toutes  les  œuvres  ma- 
nuscrites et  originales  de  l'artiste  célèbre  con- 
servées par  son  fils  ;  on  y  trouve  les  titres  des 
ouvrages  dont  voici  l'indication  :  1<*  Ouatre 
concertos  pour  violon  avec  les  accompagne- 
ments. 3<*  Quatre  autres  concertos  dont  l'in- 
strumentation n'est  pas  écrite;  le  dernier  fut 
composé  à  Nice  peu  de  temps  avant  la  mort  de 
Paganini.  3«  Variations  sur  un  thème  comique 
continué  par  l'orchestre  (?).  4«  Sonate  pour  la 
grande  viole  avec  orchestre.  5<»  God  save  the 
king^  varié  pour  violon  avec  orchestre.  6<»  Le 
Stregke,  variations  sur  un  air  de  ballet,  avec 
orchestre.  7^  Variations  sur  JVon  piu  mesta, 
thème  de  Cenerentola.  %^  Grande  sonate  senti- 
mentale. 9*>  Sonate  avec  variations.  10<>  Za 
Primavera  (le Printemps),  sonate  sans  accom- 
pagnement. Il»  Varsovie,  sonate.  1^  Laci 
darem  la  mano.  iZ^  Le  Carnaval  de  Venise. 
14<*  Di  tanti  palpiti.  15«  Romance  pour  le 
chant.  16*»  Caniabile  pour  violon  et  piano. 
17*>  Polonaise  avec  variations.  18<»  Fantaisie 
vocale.  19^  Sonate  pour  violon  seul.  âO^  Neuf 
quatuors  pour  violon,  alto,  violoncelle  et  gui- 
tare. 21  «  Gantabile  et  valse.  23<»  Trois  duos 
pour  violon  et  violoncelle.  33«  Autres  duos  et 
petites  pièces  pour  la  guitare. 

Beaucoup  de  ces  compositions  sont  Incom- 
plètes. Celles  dont  on  a  retrouvé  les  partitions 
originales  sans  lacunes  se  composent  de  deux 
concertos  en  mi  bémol  et  en  st  mineur  (c'est 
dans  celui-ci  que  se  trouve  le  célèbre  rondo 
de  la  Clochette),  d'un  allegro  de  sonate  avec 
orchestre,  intitulé  :  Movimento  perpetuo  ;  des 
fameuses  variations  le  Streghe  (les  Sorcières), 
avec  orchestre;  des  variations  sur  God  save 
the  king,  avec  orchestre  ;  des  variations  sur 
l'air  di  tanti  palpiti,  avec  orchestre;  du 
Carnaval  de  Venise  (vingt  variations  sur 
l'air  vénitien  populaire  O  Mamma!)  ;  des  va- 
riations sur  le  thème  Non  più  mesta  aceanto 
alfuoco,  avec  orcbestre  ;  et  enfin,  de  soixante 
variations  en  trois  suites,  avec  accompagne- 
ment de  piano  ou  de  guitare,  sur  l'air  popu- 
laire connu  à  Gènes  sous  le  titre  de  Baru- 
caba.  Le  thème  de  cet  air  est  très-court  ;  les 

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41» 


PAGANINI 


Yarialions  sont  des  études  sur  différeuts 
genres  de  difficultés.  Elles  sont  un  des  der- 
niers ouvrages  de  Paganini  ^  il  les  écrivit  k 
Gènes,  au  mois  de  février  1835,  et  les  dédia  à 
son  ami,  M.  Tavocat  L.-G.  Germi.  Par  une 
singularité  inexplicable,  ces  éludes  ne  figurent 
pas  dans  la  liste  donnée  par  BI.  Conesubile. 
Tous  ces  ouvrages  ont  été  publiés  en  1851  et 
1853,  chez  Scbœnenberger,  &  Paris.  Ainsi 
qu*on  le  voit,  ils  sont  au  nombre  de  neuf  seu* 
lement,  parce  que  ce  sont  les  seuls  qui  soient 
complets.  Il  est  regrettable  que  parmi  ces 
productions  ne  figure  pas  le  magnifique  con- 
certo en  ré  mineur  que  le  grand  artiste  avait 
écrit  pour  Paris,  et  quUI  exécuta  à  son  troi- 
sième concert,  dans  la  salle  de  TOpéra,  le 
â5  mars  1851 ,  ainsi  que  la  grande  sonate  mi- 
litaire sur  la  quatrième  corde,  avec  orchestre, 
dans  laquelle  il  déployait  une  merveilleuse  ha- 
bileté sur  une  étendue  de  trois  octaves,  par 
les  sons  harmoniques,  la  prière  de  Moïse, 
dans  laquelle  il  n^était  pas  moins  admirable, 
et,  enfin,  les  variations  sur  le  thème  Ael  cor 
più  non  mi  sento.  Que  sont  devenus  ces  ou- 
vrages, et  comment  ont-ils  pu  s*égarer  en 
dépit  des  précautions  minutieuses  de  Tartiste? 

Un  grand  mérite  se  révèle  dans  les  compo- 
sitions de  Paganini,  tant  par  la  nouveauté  des 
idées  que  par  Télégance  de  la  forme,  la  ri- 
chesse de  rharmonie  et  les  effets  de  Tinstru- 
mentalion.  Ces  qualités  brillent  surtout  dans 
les  concertos;  toutefois,  ces  œuvres  avaient 
besoin  de  la  magie  de  son  talent  pour  produire 
reflfet  qu'il  s'était  proposé.  Les  difficultés  n'y 
sont  point  inabordables  pour  tes  violonistes  de 
premier  ordre,  mais  elles  exigent  un  travail 
qui  se  fait  sentir  dans  Texécution  :  chez  lui, 
au  contraire,  elles  étaient  si  familières,  qu'il 
semblait  s'en  jouer,  et  qu'il  y  portait  une  jus- 
tesse et  une  sûreté  merveilleuses.  De  tous  les 
violonistes,  Sivori  est  à  peu  près  le  seul  qui 
joue  les  concertos  de  Paganini  dans  ses  con- 
certs. 

Beaucoup  de  notices  sur  la  vie  et  le  talent  de 
Paganini  ont  été  publiées  soit  dans  des  re- 
cueils, soit  séparément;  les  principales  sont  : 
\^ Paganini'i  Leben  und  Treiben  aU Kunst' 
1er  und  aïs  Mensch  (Vie  et  aventures  de  Paga- 
nini, considéré  comme  artiste  et  comme 
homme);  Prague,  Calve,  1830,  in-S^'de  quatre 
cent  dix  pages.  M.  Schottky,  professeur  à 
Prague,  est  auteur  de  ce  livre,  qui  n'est  en 
quelque  sorte  qu'une  compilation  des  jour- 
naux allemands  :  on  y  trouve  le  portrait  de 
l'artiste.  Un  extrait  de  cet  ouvrage  par  M.  Lu- 
dolf  Vinata,  a  paru  à  Hambourg  sous  ce  titre  : 


2»  PaganinVt  Leben  und  Charahier  (Vie  et 
caractère  de  Paganini),  ln-8».  5»  Paganini 
in   seinem  Reisewagen   und   Zimmer^  in 
teinen  redseîigen  Stunden^  in  geuUêchaft- 
lichen  Zirkeln  und  teinen  Concerten  (Paga- 
oint  dans  sa   chaise   de   poste   et  dans    sa 
chambre,   etc.);  Brunswick,   Yieweg,   1850, 
in-8»  de  soixante-huit   pages.  H.    Georges 
Harry*s,  auteur  de  cet  écrit.  Anglais  d'origine, 
attaché  à  la  cour  de  Hanovre,  a  suivi  Paganini 
dans  toute  l'Allemagne,  et  lui  fut  attaché  pen- 
dant près  d'une  année,  en  qualité  de  secré- 
taire, pour  l'étudier  comme  homme  et  comme 
artiste,  dans  le  but  d*écrire  cette  notice,  on 
Paganini  trouvait  de  Texactitude.  4«H.  Schutz, 
professeur  i  Halle,  est  auteur  d'un  écrit  Inti- 
tulé :  Leben,  Character  und  Kunsi  des  Rit- 
ter»  Nie.  Paganini' s  (Vie,  caractère  et  art 
du  chevalier  Nicolas    Paganini);    Ilmenan, 
1850,  in -8».  5«  Notice  sur  le  célèbre  violoniste 
Nicolas  Paganini,  par  M.  J.  Imbcrt  de  la 
Phalèque;  Paris,  E.  Guyot,  in-8<»  de  soixante- 
six  pages,  avec  portrait  {voyez  sur  cet  écrit  la 
Revue  musicale,  t.  VII,  p.  53).  6»  Paganini^ 
sa  vie,  sa  personne  et  quelques  mots  sur  son 
secret,  par  G.-E.  Anders;  Paris,  Delaunay, 
1831,  in-8«  de  trois  feuilles  {v**y€Z  sur  cet 
écrit  la  Revue  musicale,  t.  XI,  p.  46).  7»  Pa- 
ganini et  de  Bériot,  ou  Avis  aux  artistes 
qui  se  destinent  à  Venseignemênt  du  violon, 
par  Fr,    Fayolle;  Paris,  Legouest,    1851, 
in-S^  {voyez  sur  cet  opuscule  la  Rmms  musi- 
cale, t.  XI,  pp.  97-100,  105-107).  Bennati 
avait  composé  une  Notice  physiologique  sur 
le  célèbre  violoniste  Paganini,  qu'il  a  lue  à 
l'Académie  royale  des  sciences,  en  1831,  et 
dont  il  a  été  publié  des  extraits  dans  la  Revue 
musicale  (t.  XI,  p.  113-116);  ce  morceau  n'a 
pasété  imprimé.  8»  FitadiNiccolo Paganini 
da  Genova,  scritta  ed  iUustrata  da  Gian- 
carlo  Conestabile,  socio  di  varie  accademie; 
Perugia,  1851, 1  vol.  gr.  iD-8<>  de  517  pages, 
avec  le'  portrait  de  Paganini.  9°  Notice  bio- 
graphique sur  Niccolo  Paganini ,  suivie  de 
Vanalyse  de  ses  ouvrages,  et  précédée  d'une 
esquisse  de  l'histoire  du  violon,  par  F.- J. 
Fétis.  Paris,  Schœnenberger,1851,gr.-ln-8(*, 
de  ^  pages.  J'écrivis  cette  notice  à  la  sollicita- 
tion de  Scbœnenberger,  éditeurdesœnrres  post- 
humes de  Paganini.  M.  W^elUngton  Gueroscy 
en  a  fait  une  traduction  anglaise  iDlItnlée  : 
Biographical  notice  of  Nieolo  Paganini, 
followed  by  an  analysis  ofhis  compositions, 
and  priceded  by  a  sketch  ofthe  history  of 
of  the  violin,  etc.  London,  Schott  and  Co., 
1852,  gr.  in-8». 


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PAGANO  -  PAISIDLE 


419 


PAGANO  (Thomas),  composileur  napoli- 
tain, vécut  dans  le  dix-huitième  siècle.  Les 
circonstances  de  sa  vie  sont  ignorées  :  on  sait 
seulement  qu'il  écrivit  pour  Téglise  des  PP.  de 
rOraloire,  à  Naples,  les  oratorios  dont  voici 
les  titres  :  LaRovina  degliJn'geli;  la  For- 
nace  di  Bahilonia;  VJssunzione  di  Maria 
$anti$$ima;  il  Giudizio  particolare;  la 
Croee  di  Coitantino^  la  Morte  di  Maria 
iantiiiima;  la  Memoria  del  Paradiso;  la 
Memoria  delV  Infemo;  la  Morte;  la  Sama- 
ritana;  l'Jnima  pur  gante;  la  Maddalena; 
le  Redenzione;  GetiJk  nelV  orto.  Tous  ces  ou- 
vrages sont  conservés  dans  les  archives  de 
rOraloire,  à  Naples. 

PAGEI^DARin  (Jacques),  eantor  à  Lu- 
beck,  naquit  à  Hervorden,  le  6  décembre 
1646.  Après  avoir  fréquenté  les  écoles  d'Hil- 
desheim  et  de  Magdebourg,  il  suivit  les  cours 
des  universités  d^Helmstadt  et  de  Witten- 
berg.  En  1670,  il  obtint  la  place  de  eantor  à 
Osnabruck,  et  neuf  ans  après  il  eut  le  même 
emploi  à  Lubeck,  où  il  fut  installé  le  28  août 
1679.  A  cette  occasion,  il  prononça  un  dis- 
cours sur  la  musique,  qui  n'a  point  été  im- 
primé. Il  mourut  le  14  janvier  1706,  après 
avoir  rempli  honorablement  ses  fonctions 
pendant  vingt-sept  années.  On  a  de  sa  com- 
position :  Cantiones  sacrê^y  quœ  coetus  Lube- 
censis  $cola$t,  sub  horarum  intervaUis  ca- 
nere  eonsuevit ;  Lubeck,  in-S". 

PAGI  (François),  né  à  Lambesc,  en  1654, 
entra  de  bonne  heure  dans  Tordre  des  corde- 
liers.  Après  avoir  enseigné  quelque  temps  la 
philosophie,  il  obtint  de  ses  supérieurs  la  per- 
mission de  se  livrer  entièrement  aux  travaux 
littéraires  et  aux  recherches  de  chronologie  ; 
mais  une  chute  qu'il  fit  le  contraignit  à  un 
repos  absolu,  et  après  avoir  langui  onze  ans, 
il  mourut  à  Orange,  le  21  janvier  1721.  On  a 
de  lui  :  Breviarium  historico-ehronologico- 
eritieum,  illuitrium  Pontificum  romanorutn 
gesta,  eonciliorum  generalium  aeta,  etc, 
eomplectens;  Anvers  (Genève),  1717-27, 
4  vol.  in-4«.  On  y  trouve  des  recherches  inté- 
ressantes sur  les  encouragements  donnés  par 
lea  papes  à  la  musique  d'église. 

PAGIN  (AfiDRÉ-NoEi.),  violoniste  célèbre, 
né  â  Paris  en  1721  (1),  fit  dans  sa  jeunesse  un 
voyageenltaliedansledesseind'entendreTar- 
fini,  dont  il  reçut  des  leçons.  De  retour  à  Paris, 
il  se  fil  entendre  au  concert  spirituel  en  1750. 
D'abord  il  y  eut  de  brillanls  succès  ;  mais  sa 

(I)  c'est  par  erreor  que  Choron  et  Fayolle,  diaprés 
G«rbcr,  Tonl  Tait  naître  en  1730;  BclTara  a  vérifié  Tannée 
de  sa  naissance  d*aprcs  des  actes  autbentiqacs. 


persévérance  à  ne  jouer  que  de  la  musique  de 
son  maître  parut  aux  musiciens  français  une 
insulte  pour  les  violonistes  nationaux  ;  ils  se 
liguèrent  contre  lui,  et  lui  firent  donner  un 
jour  des  applaudissements  ironiques,  qui  lui 
firent  prendre  la  résolution  de  ne  pins  pa- 
raître en  public.  Le  duc  de  Glermont,  son  pro- 
tecteur, le  consola  de  sa  disgrâce,  en  lui 
accordant  dans  sa  maison  un  emploi  honorable, 
dont  le  traitement  était  de.s^x  mille  francs, 
suivant  ce  que  rapporte  Burney  {The  prêtent 
itate  ofMusie  in  France  and  Italy,  p.  44). 
Depuis  cette  époque,  Pagin  cessa  de  faire  sa 
profession  de  la  musique,  et  ne  se  fit  plus 
entendre  que  dans  les  salons  de  quelques 
grands  seigneurs  ,  et  chez  ses  amis.  £n 
1770,  Burney  l'entendit  à  Paris,  et  admira  la 
belle  qualité  de  son  qu'il  tirait  de  l'instrument, 
son  expression  dans  l'adagio,  et  la  légèreté  de 
son  archet  dans  les  traits  brillants.  L'époque 
de  la  mort  de  ce  virtuose  est  ignorée.  On  a 
gravé  de  sa  composition  à  Paris,  en  1748,  six 
sonates  pour  violon,  avec  basse.  Cartier  a 
inséré  l'adagio  de  la  sixième  dans  S3i Division 
des  écoles  de  violon,  sous  le  n<»  139. 

PAGLIARDI  (Jean-Habie),  compositeur 
florentin,  fut  maître  de  chapelle  du  grand-duc 
de  Toscane  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  sièclç.  Parmi  les  opéras  dont  il  a 
composé  la  musique,  on  remarque  :  1»  Cali- 
gula  délirante,  représenté  à  Venise,  en  1672; 
2»  Z t5t macco^  idem,  en  1673j  Z"*  Numa  Pom- 
pilio,  idem,  en  1674. 

PAIi>CTR£  (Claude  LE).  Foyez  LE- 
PEIWTRE. 

PAIIVI  (Ferdiiiahd),  né  à  Parme,  vers 
1775,  reçut  des  leçons  de  contrepoint  de 
Ghiretti,  et  se  livra  à  la  composition  drama- 
tique. Il  donna  à  Milan,  à  Parme  et  à  Venise 
quelques  opéras  dont  plusieurs  obtinrent  du 
succès.  Parmi  ces  ouvrages  on  remarque  : 
1«  la  Giardiniera  brillante.  2<>  Il  Portan- 
tino,  3»  La  Figlia  dett'  aria.  4»  La  Came- 
riera  astuta.  5»  Marc-Jntonio.  6»  La  Moglie 
saggia.  Ce  dernier  opéra  a  été  joué  au  théâtre 
Re  de  Milan,  dans  la  saison  du  carnaval,  en 
1815.  Je  n^ai  pas  de  renseignements  sur  la 
suite  de  la  carrière  de  cet  artiste. 

PAISIBLE  (....),  flûtiste  et  compositeur 
français,  vécut  en  Angleterre  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  était  à  Lon- 
dres vers  1680.  On  connaît  de  lui  des  trios  iK>ur 
instruments  qui  ont  été  publiés  à  Londres, 
sous  ce  titre  :  Musich  performed  before  her 
Majesty  and  the  new  King  of  Spain,  being 
overtures  3  (Musique  exécutée  devant  Sa  Ma- 

27. 


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420 


PAISIBLE  -  PAISIÉLLO 


Jesté  et  le  nouveau  roi  d^Espagne,  consistant 
en  trois  ouvertures).  Paisible  est  aussi  auteur 
des  ouvrages  dont  les  titres  suivent  : 
l''  Pièce$  à  trois  et  quatre  parties  pour  les 
:  flûtes,  violons  et  hautbois;  Amsierdam, 
i  Roger.  2«  Quatorse  sonates  à  deux  flûtes; 
ibid.  Z^  Six  sonates  à  deux  flûtes;  ibid. 

PAISIBLE  (....))  violoniste  distingué, 
naquit  à  Paris,  en  1745,  et  reçut  des  leçons 
de  Gaviniès.  Son  talent  et  la  protection  de  son 
maître  le  firent  entrer  dans  Torchestre  du 
concert  spirituel  et  dans  la  musique  de  la 
duchesse  de  Bourbon-Conti.  Le  désir  de  se 
faire  connaître  lui  fit  parcourir  ensuite  une 
partie  de  la  France,  les  Pays-Bas,  TAllema- 
gne,  et  le  conduisit  à  Saint-Pétersbourg. 
Partout  il  recueillit  des  applaudissements. 
II  avait  espéré  de  se  faire  connaître  de  Pim- 
pératrice  Catherine,  mais  Lolli,  alors  au 
service  de  cette  souveraine,  sut  Técarter  par 
ses  intrigues.  La  recelte  de  deux  concerts 
qu*il  donna  n^ayant  pu  suffire  à  son  entretien, 
il  s*engagea  au  service  d^un  seigneur  russe, 
qui  le  conduisit  à  Moscou.;  mais  bientôt  les  dé- 
goûts de  celte  position  la  lui  firent  aban- 
donner. Il  essaya  de  donner  encore  des  con- 
certs, dont  les  frais  absorbèrent  le  produit. 
Demeuré  sans  ressources,  il  ne  lui  restait  plus 
qu*à  donner  des  leçons  ;  mais  il  ne  put  s*y  ré- 
soudre, dans  la  crainte  de  porter  préjudice  à 
son  talent.  Il  promit  à  ses  créanciers  qu*il  se 
libérerait  envers  eux  dès  qu^il  serait  retourné  à 
Saint-Pétersbourg;  mais  arrivé  dans  cette  ville, 
et  n*y  trouvant  pas  les  ressources  qu'il  avait 
espéré,  il  se  tua  d*un  coup  de  pistolet,  en 
1781,  laissant  une  lettre  où  il  priait  ses  amis 
de  payer  ses  dettes  avec  le  produit  de  la  vente 
de  son  violon  et  de  ses  autres  effets,  dont  la 
valeur  surpassait  de  beaucoup  la  somme  de 
dix-sept  cenls  roubles  qu*il  devait.  Telle  fut 
la  fin  déplorable  de  cet  artiste,  dont  le  talent 
méritait  un  meilleur  sort.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  l"  Deux  concertos  pour  le 
violon,  op.  1  ;  Paris.  S*  Six  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  3;  Londres. 
ô**  Six  idem,  op.  3  ;  Paris. 

PAISIELLO  (Jean),  compositeur  célèbre, 
fils  d*un  arliste  vétérinaire,  naquit  à  Tarenle, 
le  9  mai  1741.  Dès  Page  de  cinq  ans,  ses  pa- 
rents le  firent  entrer  au  collège  des  jésuites 
du  lieu  de  sa  naissance.  Le  chevalier  Girolamo 
Carducci,  noble  tarenlin  et  compositeur, 
ayant  remarqué  pendant  le  chant  des  offices 
que  le  jeune  Paisiello  était  doué  d'une  belle 
voix  de  contralto  et  d'une  oreille  musicale, 
lui  fit  chanter  de  mémoire  quelques  solos,  et 


fut  si  satisfait  de  son  intelligence,  qu'il  donna 
à  ses  parents  le  conseil  de  l'envoyer  étudier  à 
NapleS;  sous  la  direction  de  quelque  maître 
habile.  Ceux-ci  eurent  d'abord  beaucoup  de 
peine  à  se  décider  à  se  séparer  de  leur  fils; 
mais  ses  heureuses  dispositions  pour  la  mu- 
sique leur  firent  prendre  enfin  la  résolution 
de  lui  faire  étudier  cet  art,  et  après  l'avoir 
confié  à  un  prêtre,  nommé  dom  Charles  Resta, 
pour  lui  en  enseigner  les  éléments,  son  père 
le  conduisit  à  Naples,  au  mois  de  juin  1754, 
et  parvint  à  le  faire  admettre  comme  élève 
au  Conservatoire  de  S.  Onofrio,  alors  dirigé 
par  Durante.  Ce  savant  maître  touchait  alors 
à  la  fin  de  sa  glorieuse  carrière;  cependant^ 
il  eut  bientôt  discerné  l'heureuse  organisation 
de  son  nouvel  élève;  il  lui  donna  des  leçons 
dans  lesquelles   il  fut   remplacé,  deux  ans 
après,  par  Columacci  et  Abos,  lesquels  pro- 
fessaient les  mêmes  doctrines.  Après  cinq  ans 
de  séjour  dans  l'école,  Paisiello  obtint  le  titre 
de  maestrino  primario,  c'est-à-dire,  élève 
répétiteur.  Pendant  quatre  autres  années,  il 
écrivit  des  messes,  psaumes^  motets,  orato- 
rios, et  pour  marquer  la  fin  de  ses  études, 
en  1763,  il  composa  un  intermède  qui  fut 
exécuté  sur  le  petit  théâtre  du  Conservatoire. 
Le  charme  mélodique  et  la  touche  légère  de 
cette  première  production  dramatique  eurent 
du  retentissement  en  Italie  ;  ces  qualités,  aux- 
quelles le  compositeur  a  dû  la  plupart  de  ses 
succès,  lui  procurèrent  immédiatement  l'avan- 
tage d'être  appelé  à  Bologne,  pour  y  écrire 
deux  opéras  bouffes,  Za  Pupilta  et/2  ^ofido 
a  rovesciOj  au  théâtre  Marsiçli.  Leur  succès 
eut  tant  d'éclat,  que  la  réputation  du  jeune 
compositeur  s'étendit  en  un  instant  dans  toute 
ritalie.  Modène  l'appela  pour  écrire  l'opéra 
bouffe  intitulé  La  Madama  umorista,  et 
deux  opéras  sérieux  (Demetrio  et  Jrtaserse). 
A  Parme,  les  trois  opéras  bouffes  Le  Firtuose 
ridicole,  Jl  Négligente,  I  Bagni  di  Jlhano, 
justifièrent  et  accrurent  l'opinion  déjà  formée 
de  son  Ulent.  Appelé  à  Venise,  il  y  vit  le  plus 
brillant  succès  couronner  ses  opéras  //  Ciar- 
lone,  L'Jmore  in  ballo,  et  La  Pescatrice, 
Bientôt  après  il  reçut  un  engagement  pour 
Rome.  Rome,  alors  l'arbitre  de  la  renommée 
des  musiciens  de  l'Italie,  y  mettait  le  sceau,  et 
quelquefois  y  portait  un  échec,  par  la  sévérité 
ou  par  le  caprice  de  ses  jugements.  Paisiello 
ne  fut  point  effrayé  du  dangereux  honneur 
qui  lui  était  réservé.  Ce  fut  là  qu'il  écrivit  // 
Marchesedi  TYi/tpano^ délicieuse  composition 
qui  fut  accueillie  dans  toute  l'Europe  par  une 
vogue  sans  exemple  à  cette  époque,  et  dont  la 


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PAISIELLO 


42t 


traduction  commença,  vingt  ans  plus  tard,  la 
réputation  du  chanteur  français  Martin,  à 
]*Opéra-Comique.  Cependant  une  dernière 
épreuve  difficile  était  réservée  à  Paisiello,  car 
on  rappelait^  Naples,  où  brillaient  de  grands 
artistes  dont  il  allait  devenir  le  rival.  A  leur 
télé  était  Piccinni,  alors  le  plus  illustre  com- 
positeur dramatique  de  Tltalie.  Paisiello,  dit 
Quatremère  de  Ooincy  dans  sa  notice  sur 
ce  maître,  se  garda  bien  de  lui  faire  soup- 
çonner la  moindre  prétention  de  se  mettre  en 
parallèle  avec  lui.  Il  n*en  approchait  qu'avec 
la  soumission  d^un  inférieur,  avec  tous  les 
égards  d*un  élève  docile,  laissant  à  ses  propres 
ouvrages  le  soin  de  préparer  au  maltreun  com- 
pétiteur dangereux.  Quelques  succès  d'éclat, 
entre  lesquels  on  remarque  celui  de  VJdolo 
Cinese,  achevèrent  de  placer  Paisiello  au 
nombre  des  compositeurs  italiens  de  premier 
ordre.  Ce  dernier  opéra  Ait  joué  dans  Tinté- 
rieur  du  palais,  sur  le  petit  théâtre  de  la  cour; 
honneur  qui,  jusqu'alors,  n'avait  été  accordé 
qu'aui  opéras  sérieux.  Venise,  Rome,  Milan, 
Turin,  appelèrent  tour  à  tour  et  à  plusieurs 
reprises  son  auteur,  dont  la  prodigieuse  fécon- 
dité égalait  le  talent.  Le  départ  de  Piccinni 
pour  la  France  aurait  laissé  Paisiello  à  Naples 
sans  rivaux,  si  le  jeune  Cimarosa  ne  lui  eût 
préparé  de  dangereuses  luttes.  Il  est  pénible 
d'avouer  que  ce  ne  fut  pas  seulement  avec  les 
armes  du  talent  que  Paisiello  se  mesura  contre 
lui,  et  qu'en  plus  d'une  occasion  il  eut  recours 
à  rintrigue,  aux  cabales,  pour  empêcher,  on 
du  moins  pour  atténuer  les  succès  de  son 
émule.  Les  mêmes  moyens  ftarent  employés 
par  lui  contre  Guglielmi,  lorsque  celui-ci  re- 
vint de  Londres,  après  une  absence  de  quinze 
ans,  avec  une  verve  de  talent  qui  ne  semblait 
pas  devoir  se  trouver  dans  un  homme  de  son 
âge. 

En  1779,  Paisiello  épousa  Cécile  Pallini, 
avec  laquelle  il  vécut  heureux  pendant  une 
longue  suite  d'années.  Ce  fut  dans  le  même 
temps  qu'il  écrivit  la  cantate  Peleo,  qui  fut 
chantée  au  théâtre  de  Kaples,  â  l'occasion  du 
mariage  du  roi  Ferdinand  IV  avec  Marie  Ca- 
roline d'Autriche.  Cet  ouvrage  fut  suivi  de 
VJraho  eortesey  de  le  Trame  per  amore,  de 
Lueio  PapiriOy  d'ApostoIo  Zeno^  û^Oïimpia, 
de  Demetrio,  et  d*jérta$er$ey  de  Métastase. 
Parmi  ses  ouvrages  de  cette  époque  se  trouve 
aussi  une  messe  de  Requiem  avec  chœur  et 
orchestre,  écrite  i)our  les  funérailles  du  prince 
Gennaro  de  Bourbon.  A  ces  productions  suc- 
cédèrent avec  rapidité  IlFurbo  mal  aecorto, 
Don  Jnehise  Campanone,  Il  Tamburo  not- 


tumo,  la  Discordia  fortunata,  et  Dal  Finto 
il  vero.  Appelé  à  Venise,  Paisiello  y  écrivit 
l'Innocente  fortunata  et  la  Fraecatana, 
charmante  composition  où  se  trouvent  de 
suaves  mélodies  ;  puis  il  alla  composer  deux 
opéras  à  Milan  et  douze  quatuors  pour  clave- 
oin,  deux  violons  et  alto  dédiés  à  Tarchidn- 
chesse  Beatrix,  gouvernante  de  Milan.  Enfin, 
une  multitude  d'ouvrages  de  tout  genre  suivit 
ceux-là. 

Le  due  Conteste  et  la  Disfatta  di  Dario 
venaient  de  mettre  le  sceau  à  la  réputation  de 
Paisiello,  à  Rome,  en  1776  (1),  lorsque  des 
offl-es  avantageuses  lui  parvinrent  à  la  fois  de 
Vienne,  de  Londres  et  de  Saint-Pétersbourg; 
il  accepta  celles  de  l'impératrice  Catherine,  et 
le  25  juillet  de  la  même  année,  il  s'éloigna  de 
Naples  pour  se  rendre  en  Russie.  Le  traite- 
ment qui  lui  avait  été  accordé,  et  les  divers 
avantages  dont  il  jouissait  avaient  porté  son 
revenu  à  neuf  mille  roubles,  qui  représentaient 
alors  une  somme  d'environ  trente  mille  francs. 
Jamais  situation  si  magnifique  n'avait  été 
celle  d'un  compositeur  dramatique;  mais  la 
fécondité  de  Paisiello,  pendant  les  huit  années 
de  son  séjour  en  Russie,  égala  la  libéralité  de 
Catherine.  Au  nombre  des  compositions  qu'il 
écrivit  au  service  de  la  cour  de  Saint-Péters- 
bourg, on  remarque  :  La  Serva  padrona,  Il 
Matrimonio  inaepettato,  Il  Barbiere  di  Si- 
viglia,  I  Filosoji  immaginari,  La  Finta 
Amante,  ouvrage  composé  pour  l'entrevue 
de  Catherine  avec  Joseph  II,  à  Mohilow,  Il 
Mondo  délia  Luna,  La  Nitteti.  Lucinda  ed 
Armidoroy  Jlcide  alBivio,  Mhille  inSeiro, 
des  cantates  et  des  pièces  de  piano  pour  la 
grande-duchesse  Marie  Federowna.  Quelques- 
unes  de  ces  productions  sont  comptées  parmi 
les  plus  belles  de  l'auteur.  Comblé  des  faveurs 
de  Catherine,  Paisiello  reprit  le  chemin  de 
l'Italie  après  huit  ans  de  séjour  i  la  cour  de 
Saint-Pétersbourg,  s'arrêtanl  d'abord  à  Var- 
sovie, où  il  comi>osa  l'oratorio  de  la  Passion, 
sur  le  po^me  de  Métastase,  pour  le  roi  Ponia- 
towski,  puis  à  Vienne,  où  il  écrivit  pour  l'em- 
pereur Joseph  II  douze  symphonies  concertées 
à  grand  orchestre,  et  l'opéra  bouffé  II  Re 
Teodoro,  qui  renferme  un  septuor  devenu 
célèbre  dans  toute  l'Europe,  délicieuse  com- 

(I)  Dans  la  première  édition  de  la  Biographie  «nivgr- 
itUede»  miutci«iM,  j'ai  placé  la  date  de  la  représentation 
de  cet  ouvrage,  ainsi  que  le  départ  de  Paisiello  poar  la 
Rassie  en  1777;  mais  la  notice  iur  ce  maître  par  H.  le 
comto  Folcbino  Schisil,  dont  11  sera  parlé  plus  loin,  et 
surtout  un  travail  plein  d'érudition  et  encore  inédit  de 
M.  Farrene,  m'ont  df  montré  que  ces  deux  circonstances 
de  la  rie  du  eéicbrc  compositeur  ont  eu  lieu  en  t776. 


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42'2 


PAISIELLO 


position  d^un  genre  absolument  neuf  alors,  et 
modèle  de  suavité,  d*élégance  et  de  verve 
comique. 

Cependant)  au  moment  même  où  sa  bril- 
lante imagination  enfantait  ce  bel  ouvrage,  le 
bruit  se  répandait  à  Rome  que  Paisiello  avait 
ressenti  Tinfluence  des  glaces  du  Nord.  L'ori- 
gine de  cette  opinion  se  trouvait  dans  les  par- 
titions du  Barbier  de  Séville,  de  /  FUosofi 
immaginari,  et  de  II  Mondo  délia  Zuna,  qui, 
transportées  en  Italie,  n'avaient  pj^  paru 
empreintes  du  cbarme  répandu  dans  les  ou- 
vrages de  la  jeunesse  de  leur  auteur.  Soumis  à 
rimpression  du  goût  des  peuples  du  Nord 
pour  des  combinaisons  plus  fortes  que  celle 
des  airs,  objets  de  la  passion  exclusive  des 
Italiens,  il  avait  multiplié  dans  ces  partitions 
'les  morceaux  d'ensemble,  et  avait  jeté  dans 
la  coupe  des  ouvrages  une  variété  de  moyens 
et  d'effets  dont  le  mérite  était  mal  apprécié, 
par  ses  compatriotes.  Une  sorte  de  prévention 
défavoraMe  l'accueillit  donc  lorsqu'il  se  rendit 
à  Rome,  pour  y  écrire,  au  carnaval  de  1785, 
l'opéra  bouffe  VAnior  ingegnoto.  La  pièce, 
d'abord  accueillie  avec  froideur,  se  vit  me- 
nacée d'une  chute  au  finale  du  premier  acte, 
ot  ne  se  releva  qu'au  second.  Blessé  de  l'idée 
de  l'affront  qu'il  avait  seulement  entrevu, 
Paisiello,  habitué  depuis  longtemps  à  ne  ren- 
contrer que  des  succès,  se  promit  de  ne  plus 
écrire  pour  les  théâtres  de  Rome,  et  l'on 
remarque  en  effet  qu'il  n'accepta  plus  d'enga- 
gement pour  cette  ville.  Il  est  singulier  que 
les  Romains,  après  avoir  montré  si  peu  de 
penchant  pour  les  ouvrages  écrits  par  le 
compositcup  en  Russie,  aient  ensuite  éprouvé 
tant  de  sympathie  pour  son  Barbier  de  Sé- 
ville, qu'ils  voulurent  faire  expier  à  Rossini 
i'audacieuse  enlceprise  d'une  musique  nou- 
velle sur  le  même  sujet. 

Naplcs,  où  la  faveur  du  roi  fixa  l'artiste 
célèbre,  obtint  depuis  lors  presque  seule  les 
fruits  d'une  imagination  dont  l'âge  semblait 
accroître  l'activité.  Il  y  passa  treize  années 
qui  furent  marquées  par  la  composition  de 
quelques-uns  de  ses  plus  beaux  ouvrages,  de 
ceux  où  l'on  remarque  surtout  une  sensibilité, 
une  éloquence  de  cœur  dont  la  source  n'était 
pourtant  que  dans  sa  tête.  Telles  sont  les  par- 
titions de  la  Molinara,  de  Nina,  des  Zin- 
gari  in  fiera,  qui  virent  le  jour  à  cette  époque 
de  la  vie  de  Paisiello.  L'absence  de  Cimarosa, 
celle  de  Guglielmi,  le  laissaient  à  lîaples  sans 
compétiteur;  car  aucun  autre  musicien  de 
celte  époque  ne  pouvait  prétendre  à  se  poser 
comme  son  rival.  A  son  retour  de  Russie,  il 


fut  chargé  par  le  roi  Ferdinand  IV  de  la  direc- 
tion de  sa  chapelle,  avec  un  traitement  de 
douze  cents  ducats.  En  1788,  le  roi  de  Prusse 
lui  fit  faire  des  offres  avantageuses,  pour 
l'engager  à  se  rendre  à  Berlin  ;  mais  Paisiello 
n'accepta  pas  cette  invtlalion,  et  resta  fidèle  à 
rengagement  qu'il  avait  contracté  avec  la 
cour  de  Naples.  Invité  bientôt  après  à  faire 
un  second  voyage  en  Russie,  il  allégua  les 
mêmes  motifs  qui  lui  avaient  fait  refuser  les 
offres  du  roi  de  Prusse.  Enfin,  des  proposi- 
tions lui  furent  faites  pour  l'attirer  à  Londres; 
ne  pouvant  s'y  rendre,  il  envoya  à  l'entrepre- 
neur du  théâtre  italien  de  cette  ville  la  parti- 
tion de  la  Loeanda,  opéra  bouffe  qui  fut  joué 
ensuite  à  Naples,  avec  l'addition  d'un  quin- 
tette, sous  le  ti^re  de  II  Fanalico  in  Berlina. 
En  1797,  le  général  Bonaparte  mit  au  con- 
cours la  composition  d'une  marche  funèbre,  à 
l'occasion  de  la  mort  du  général  Hoche  ;  Pai- 
siello et  Cherubini  envoyèrent  chacun  le  mor- 
ceau demandé,  et  le  général  décida  eu  faveur  de 
Paisiello,  quoiqu*en  cette  circonstance  l'au- 
teur de  A^tna  ne  pût  soutenir  la  comparaison 
avec  celui  de  Médée,  Deux  aus  après,  une  ré- 
volution éclata  à  Naples  ;  la  cour  se  relira  en 
Siciie,  et  le  gouvernement  prit  la  forme  ré-  ■ 
publicaine.  Effrayé  par  la  perte  de  ses  emplois 
et  inquiet  sur  son  avenir,  PaisiellOj^ui  n'avait 
pas  quitté  Naples,  parut  adopter  les  principes 
de  ce  gouvernement,  et  obtint  le  titre  et  le 
traitement  de  directeur  de  la  musique  natio- 
nale. Dans  les  réactions  qui  suivirent  la  res- 
tauration de  la  monarchie,  on  lui  fit  un  crime 
de  ses  démarches  et  de  la  position  qu'il  avait 
occupée  pendant  les  temps  de  trouble;  il 
tomba  dans  la  disgrâce  de  la  reine,  perdit  sa 
qualité  de  maître  de  chapelle  du  roi,  et  fut 
privé  de  ses  appointements.  Pour  obtenir  son 
pardon,  il  ne  lui  fallut  pas  moins  de  deux  ans 
d'humbles  soumissions,  de  témoignages  de 
repentir  feint  ou  véritable,  et  de  sollicitations 
des  personnages  les  plus  considérables  de  la 
cour.  Enfin  son  titre  et  ses  émoluments  lui 
furent  rendus;  mais  peu  de  temps  après,  le 
premier  consul  Bonaparte  le  fit  demander  au 
roi  de  Naples,  pour  organiser  et  diriger  sa 
chapelle  :  Ferdinand  IV  donna  l'ordre  à  Pai» 
siello  de  se  rendre  à  Paris,  et  cet  artiste 
célèbre  y  arriva  au  mois  de  septembre  1802. 
Le  premier  consul  traita  son  musicien  de  pré- 
dilection avec  magnificence  ;  car  une  somme 
considérable  lui  fut  payée  pour  ses  dépenses 
de  voyage,  on  lui  donna  un  logement  splendi- 
dement meublé,  un  carrosse  de  la  cour,  douze 
mille  francs  de  trailement,  et  une  gratiûca- 


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PAISIELLO 


423 


tion  annuelle  de  dix-buit  mille  francs.  Les 
grands  musiciens  que  la  France  possédait 
alors  ne  virent  pas  sans  une  sorte  de  dépit  une 
préférence  si  marquée  accordée  à  un  artiste 
étranger,  dont  ils  n*estimaient  peut-être  pas 
eux-mêmes  le  mérite  à  sa  juste  valeur.  Une 
lutte  secrète  s*engagea  entre  les  partisans  de 
Paisiello  et  le  Conservatoire  ;  Méhul  fit  contre 
Tengouemeut  pour  la  musique  italienne  la 
triste  plaisanterie  de  VIrato,  et  par  repré- 
sailles, Paisiello  ne  s^entoura,  dans  la  compo- 
sition de  la  chapelle  des  Tuileries,  que  des 
antagonistes  de  Méhul  et  de  Cherubini.  Bans 
les  notes  quUl  a  fournies  à  Choron  pour  sa 
biographie,  il  dit  que  les  emplois  de  directeur 
de  rOpéra  et  du  Conservatoire  lui  furent 
offerts  et  quMl  les  refusa  ;  mais  ce  fait  manque 
•d'exactitude,  au  moins  à  regard  du  Conserva- 
toire, car  cette  école  était  alors  dans  Tétatle 
l»lus  prospère  et  Sarrelte  déployait  dans  son 
administration  un  talent  incontestable. 

Il  n'existait  point  à  Paris  de  musique  pour 
1c  service  de  la  chapelle  du  premier  consul  ; 
Paisiello  écrivit  pour    cette   chapelle   seize 
oflices  complets,  composés  de  messes,  motets 
«t  antiennes.  Il  composa  aussi  pour  le  cou- 
ronnement de  Napoléon,  en  1804,  une  messe 
<*.l  un  Te  Deum  à  deux  chœurs  et  à  deux  or- 
chestres. En  1803,  il  donna  à  POpéra  Proser- 
pine,  pièce  de  Quinault  remise  en  trois  actes 
par  Guillard.  Cet  ouvrage  ne  réussit  pas.  Par- 
venu à  rage  de  plus  de  soixante -deux  ans, 
Tauteur  du  Roi  Théodore  et  de  Nina  touchait 
à  cette  époque  de  la  vie  où  Timagination,  en 
sa  qualité  de  première  venue,  est  aussi  la  pre- 
mière à  nous  quitter.  Il  comprit  ce  que  rintéréC 
de  sa  gloire  lui  conseillait.  Résolu  de  ne  plus 
courir  de  nouveaux  hasards  à  la  scène,  et 
peut-être  blessé  de  n*avoir  produit  qu^une 
faible  sensation  par  sa  présence  à  Paris,  il 
saisit  le  prétexte  de  la  santé  .de  sa  femme 
pour  solliciter  sa  retraite,  qui  ne  lui  fut  ac- 
cordée qu*à  regret,  mais  qu'il  obtint  enfin. 
Avant  qu'il  partit,  Napoléon  le  pria  de  dé- 
signer son  successeur;  Tamitié  d'une  part,  et 
de  l'autre  sa  rancune  contre  le  Conservatoire, 
qu'il  oe  croyait  pas  étranger  à  la  chute  de 
Pro9€rpine,  lui  firent  nommer  Lesueur,  jus- 
qu*alors  à  peu  près  inconnu  à  Tempereur, 
et  qui,    sortant  tout  à  coup  de   la   misère 
où  il  languissait,  se  trouva  porté  au  plus 
beau  poste  qu'un  musicien  pût  occuper  en 
France. 

De  retour  à  Naples,  Paisiello  y  reprit  son 
service  auprès  du  roi;  mais,  peu  de  temps 
ai>rèSy  Tancienne  dynastie  fut  obligée  de  se 


retirer  en  Sicile,  et  Josepb.  frère  de  Napo- 
léon, monta  sur  le  trône.  Il  maintint  le  vieux 
maître  dans  ses  emplois  de  directeur  de  la 
chapelle  et  de  la  musique  de  la  chambre.  Son 
traitement,  fut  fixé  à  dix-huit  cents  ducats. 
Dans  le  même  temps.  Napoléon  lui  fit  remettre 
par  son  frère  la  croix  de  la  Légion  d'honneur,, 
avec  le  brevet  d'une  pension  de  mille  francs. 
Paisiello  composa  pour  la  chapelle  de  la  nou- 
velle cour  vingt-quatre  services  complets  de 
musique  d'église,  et  fit  représenter,  pour  la  fête 
du  roi^  son  dernier  opéra  intitulé  /  PiiagO' 
rici,  qui  lui  fit  décerner  la  décoration  de 
l'ordre  des  Deux-Siciles.  Joseph  Bonaparte  le 
fit  aussi  nommer  membre  de  la  Société  royale 
des  sciences  et  arts  de  Naples,  et  président  de 
la  direction  du  Conservatoire  de  musique 
dont  l'organisation  avait  succédé  aux  an- 
ciennes écoles.  La  plupart  des  sociétés  acadé- 
miques avaient  inscrit  son  nom  parmi  leurs 
membres;  l'Institut  de  France  le  désigna 
comme  associé  étranger  en  1809.  Après  que 
le  frère  de  Napoléon  eut  quitté  le  trône  de 
Naples  pour  celui  de  l'Espagne,  Hurat,  qui 
lui  succéda,  conserva  à  Paisiello  tous  ses 
titres  et  ses  emplois.  Par  son  âge  avancé,  le 
vieillard  semblait  destiné  à  terminer  ses  jours 
au  service  de  ce  nouveau  souverain;  mais  les 
vicissitudes  des  trônes,  si  fréquentes  dans 
notre  siècle,  l'avaient  réservé  pour  voir  la  se- 
conde restauration  de  la  dynastie  des  Bourbons 
sur  celui  de  Naples.  Quatremère  de  Quincy 
a  été  mal  informé  lorsqu'il  a  dit,  dans  sa 
notice  sur  ce  maître  :  «  Il  vécut  assez  pour 
«  voir  rétablir  dans  tous  ses  droits  l'auguste 
«  famille  à  laquelle  il  avait  dû  ses  premiers 
«  encouragements,  et  qui,  constante  dans  sa 
«  bienveillante  protection,  lui  prodigua  les 
«  dernières  faveurs.  »  Ferrari,  élève  de  Pai- 
siello, qui  revit  son  maître  à  Naples  quelques 
mois  avant  sa  mort,  nous  instruit  bien  mieux 
de  sa  situation  (1)  dans  ses  dernières  années  : 
tt  A  notre  première  entrevue  (dit-il)  il  me 
«  parla  de  toutes  les  infortunes  qui  étalent 
«  venues  fondre  sur  lui.  L'attachement  qu'il 
«  portait  à  Bonaparte  et  à  sa  famille  l'avait 
«  fait  priver  de  la  pension  qu'il  recevait  au- 
«  trefois  de  Ferdinand  IV.  Les  circonstances 
«  politiques  lui  avaient  aussi  fait  perdre 
«  celles  que  lui  avaient  accordées  la  grande- 
«  duchesse  (l'impératrice)  de  Russie  et  Napo- 
tt  léon.  Il  était  obligé  d'exister  avec  les  modi- 
«  ques  appointements  qu'il  avait  de  la  cha- 

(1)  Anedotti  piaeettoH  $  intfrumnti  oceoni  nella  vif 
di  Giacomo  Gotifred^  Ferrari,  Londres,  1830,  2  v«l. 
in-13. 


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424 


PAISIEIIO 


«  pelle  royale.  Il  était  péoible  de  voir  un 
«  homme  de  génie  comme  Paislello  qui,  pen- 
tt  dant  plus  d*un  demi-siècle,  avait  été  habitué 
«  à  vivre  avec  une  sorte  de  luxe,  réduit  au 
«  plus  modeste  nécessaire  et  délaissé  par  la 
«  cour,  la  nohiessej  et  même  par  ses  amis.  » 
Il  y  avait  quelque  chose  de  plus  pénible 
encore  :  c*était  de  voir  cet  homme  de  génie 
montrer  si  peu  de  dignité  dans  cette  situation, 
qu^on  le  voyait  verser  des  larmes  sur  son  in- 
fortune, assiégeant  toutes  les  antichambres 
pour  ressaisir  la  Taveur  quMl  avait  perdue,  et 
se  courbant  avec  humilité  devant  les  plus 
minimes  protecteurs.  Lui-même,  d'ailleurs, 
ne  montra  pas  de  générosité  dans  sa  vieillesse 
envers  les  jeunes  artistes  dont  il  devait  être 
le  protecteur- né;  car  on  sait  qu*il  retrouva 
toute  son  habilité  d*intrigue  contre  Rossini, 
dont  les  brillants  débuts  annonçaient  une 
gloire  nouvelle  destinée  à  faire  oublier  les 
gloires  d'un  autre  temps  (1).  Depuis  quelques 
années  la  santé  de  Paisielio  avait  reçu  d'assez 
graves  atteintes;  le  chagrin  acheva  bientôt 
d'abattre  ses  forces,  et  le  5  juin  1815,  il 
s'éteignity  à  l'âge  de  soixante-quinze  ans. 
Sa  femme  l'avait  précédé  dans  la  tombe,  en 
1S15. 

Considéré  comme  compositeur  dramatique, 
Paisielio  ne  mérite  que  des  élojtes.  Si  sa  v^rve 
avait  moins  de  pétulance  que  celledeGuglielmi; 
si  ses  idées  étaient  moins  abondantes,  et  en 
apparence  moins  originales  que  celles  de  Ci- 
marosa,  et  s'il  s'en  montra  plus  ménager,  il 
avait  aussi  plus  de  charme, et  réussissait  mieux 
que  ces  maîtres  dans  le  style  d'expression. 
Quoi  de  plus  touchant  que  ses  airs  et  son  fa- 
meux duo  de  VOlimpiade?  Quelle  teinte  de 
mélancolie  plus  saisissante  que  celle  de  l'opéra 
de  Nina  tout  entier?  Que  de  délicatesse  dans 
la  plupart  des  morceaux  de  la  Molinara,  des 
Zingari  in  fiera,  et  particulièrement  dans  le 
duo  PandolfeUo  de  ce  dernier  ouvrage  !  Tout 
est  mélodie  suave  et  divine  dans  cette  mu- 
sique. Les  moyens  employés  par  le  composi- 
teur sont  toujours  d'une  extrême  simplicité, 
et  pourtant  il  parvient  aux  plus  beaux  effets 
par  celte  simplicité  même.  Au  premier  aspect, 
SCS  répétitions  fréquentes  des  mêmes  phrases 
semblent  être  le  résultat  de  la  stérilité  des 


(I)  Le  eomle  Foleliino  Scfainî  (Dell»  tifa  §  degli  itudi 
di  Giovanni  Pamello,  p.  Sti-53,  semble  repousser  celle 
allégation  en  disant  que  Paisielio  aceordail  &  Rossini  du 
talent  naturel,  bien  quMl  n'approuv&t  pas  ses  licences 
eontre  les  ri^gles  de  Tart  d'écrire;  maïs  autre  chose  est 
d''avoir  le  sentiment  du  mérite  d^on  artiste  ou  de  loi  être 
faTornble.  Ce  que  je  dis,  dans  ce  paragraphe,  je  le  tiens 
d«  Rossini  et  de  plusieurs  artistes  de  Kaples, 


idées  ;  mais  bientôt  on  s'aperçoit  que  ce  retour 
des  mêmes  pensées  est  un  artifice  heureux 
qui  donne  à  la  composition  le  caractère 
d'unité  sans  nuire  à  l'effet,  car  l'effet  s'ac- 
croît précisément  à  chaque  retour  de  la  pé- 
riode. Cet  artifice  et  ses  heureux  résultats  se 
font  particulièrement  remarquer  dans  l'admi- 
rable septuor  du  Boi  Théodore,  Quoiqu'il  y 
ait  en  général  plus  d'élégance  et  de  formes 
gracieuses  que  de  verve  comique  dans  les 
opéras  bouffes  de  Paisielio,  il  arrive  ponrUnC 
quelquefois  au  l)ouffe  véritable,  à  ce  genre 
essentiellement  napolitain,  comme  on  |Yeut  le 
voir  dans  le  quintette  de  la  Cuffiara,  dans  le 
finale  du  premier  acte  de  VIdolo  Cinese,  et 
dans  le  duo  des  serviteurs  de  Sartolo,  an 
deuxième  acte  du  Barbier  de  Séville,  Aojoor- 
d'hui,  nos  jeunes  musiciens  méprisent  toute 
cette  musique  sans  la  connaître,  comme  cer- 
tains littérateurs  se  sont  efforcés  de  dénigrer 
les  œuvres  de  Racine  et  de  Voltaire  ;  mais  s'ils 
consentaient  à  écouter  quelques  morceaux  de 
Nina,  de  la  Molinara,  de  VOlimpiade  et 
dWlRe  Théodore,  sans  prévention  et  sans  pré-^ 
jugés  d'école  et  de  temps,  ils  changeraient 
bientêt  d'opinion. 

La  fécondité  de  Paisielio  tenait  do  prodige. 
Le  nombre  de  ses  compositions  est  si  grand, 
que  lui-même  ne  le  connaissait  pas  exacte- 
ment ;  interrogé  sur  ce  point  par  le  roi  de  Na- 
pies,  il  répondit  qu'il  avait  écrit  environ  cent 
opéras,  mais  que  s'il  comptait  les  intermèdes, 
farces,  ballets,  cantates  dramatiques,  la  mu- 
sique d'église,  et  ses  œuvres  pour  la  chambre, 
il  en  trouverait  une  autre  centaine.  Il  divisait 
sa  carrière  dramatique  en  trois  époques  prin- 
cipales :  la  première  renferme  tous  les  ou- 
vrages qu'il  avait  écrits  avant  son  voyage  en 
Russie;  la  seconde,  toutes  ses  compositions 
depuis  son  arrivée  dans  ce  pays  jusqu'à  son 
retour  à  Naples  ;  et  la  dernière,  les  productions 
de  sa  plume  depuis  1784  jusqu'à  la  fin  de  sa 
carrière.  Des  différences  assez  sensibles   se 
font  remarquer,  en  effet,  dans  le  style  des  pro- 
ductions de  ces  époques  diverses.  A  la  pre- 
mière appartiennent  les  ouvrages    dont  les 
titres  suivent  :   \^  la  Pupilla,  .au   théâtre 
Harsigli  de  Bologne.  ^  JlMondo  alla  raves- 
cia^  ibid.  3*»  La  Madama  umorista,  à  Ho- 
dène.  A'*  Demetrio^  ibid.  5»  ArKuerse,  ibid. 
C«  Le  Firtuoee  ridieole,  à  Parme.  7»  Il  Ae- 
gligente,  ibid.  8»  /  Bagni  di  Abano,  ibid. 
9»  7/  Ciarlone,  à  Venise.  10»  L'Amore  in 
ballo,  ibid.  11»  Le  Pescatrici,  ibid.  f2«  Il 
Marehese  Tulipano,  à  Rome.  13»  La  J^edova 
di  belgenioj  à  Naplcs.  14^  L' Imbroglio  delh 


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PAISIELLO 


425 


ragaxze,  ibid.  (1).  15"  L'IdoIo  Cinese,  ibid. 
i%*  Zucio  PapMo,  Ibid.  17*  Il  Furbo  mai 
aeeorto,  ibid.  18»  Olimpia,  ibid.  19»  Pelée, 
canUite  pour  le  mariage  de  Ferdinand  IV  et 
de  Marie  Caroline  d*Autriche.  20«  L'Inno- 
cente fortunato,  à  Venise.  91  <>  Sismannonel 
Mogole^  à  Milan.  Sa»  VAraho  eortese,  à  Na- 
pies.  330  Za  Ziina  a6t(ata;  ibid.  34«  Za  Con- 
«ef a  cfet'  Numi^  ibid.  SS»  Semiramide,  à  Rome. 
S6»  Il  Monteiuma,  ibid.  97«  Ze  Dardane, 
à  Naples.  38«  /Z  7Vim6uro  nofturnO;  ibid. 
29*»  //  TVimdttro  tio(/umo,  à  Venise,  avec  des 
changements  et  des  augmentations.  ZO^  An- 
dromeda,  à  Milan.  31<^  Annibalein  Ualia,  à 
Turin.  39«  /  Filoiofi,  ibid.  35»  //  Giocatore, 
tbid.34(»  LaSomiglianta  deinomi,  à  Naples. 
35*  Ze  Astuzie  amorote ,  ibid.  30*  ^/» 
Seherxi  d'amore  e  di  forluna,  ibid.  37<»  />o» 
Chiiciotie  deUa  Manda,  ibid.  38<>  Za  Finta 
Maga,  ibid.  39«Z'0<f«rfa  di  Mare-Chiaro, 
ibid.  40«  Alessandro  neW  Indie,  à  Modëne. 
41  <*  /2  />tie2/o  comteo,  â  Naples.  42«  Z>on  An- 
ehise  Campanone,  ibid.  43*  //  Mondo  delta 
Luna,  ibid.  44<*  £a  Frascatana^  à  Venise. 
45»  Za  Diicordia  fortunata,  ibid.  46»  /2  />«- 
mofoonte,  ibid.  47»  ISocrati  immaginari,  à 
Naples.  480  II  gran  Cid,  à  Florence.  49»  Il 
Finto  Principe,  ibid.  50»  Le  due  ContesH,  à 
Rome.  51»  La  Ditfatta  di  Dario,  ibid. 
53»  Dal  Finto  il  vero,  à  Naples.  ApiPès  la  re- 
présentation de  cet  opéra,  Paisiello  partit 
pour  la  Russie  ;  là  commence  la  secondeépoque 
de  sa  carrière^  où  Ton  trouve  les  compositions 
soi  vantes  :  55»  La  Serva  padrona,  à  Saint- 
Pétersbourg.  54»  Il  Matrimonio  inaepettatOy 
ibid.  55»  Il  Barbiere  di  Siviglia,  ibid. 
56»  7  Filoêo/i  immaginari,  ibid.  57»  La 
Finta  amante,  à  Hobilow,  en  Pologne.  58»  Il 
Mondo  deila  Luna  (en  un  acte),  à  Moscou, 
avec  nne  musique  nouvelle.  59»  La  Nittcti, 
à  Saint-Pétersbourg.  60»  Lucinda  ed  Armi- 
doro,  ibid.  61»  Aleide  al  Bivio ,  ibid. 
62*  AehiUe  in  Sciro,  ibid.  63»  Cantate  drama* 
tique  pour  le  prince  Potemkin.  64«  Intermède 
pour  la  comte  Orloff.  65»  //  Re  Teodoro,  à 
Vienne.  Troisième  époque  :  66*  Antigono^  à 
Naples.  07»  L'Amore  ingenioso,  à  Rome. 
68»  La  Grotla  di  Trofonio,  à  Naples.  69»  Le 
Gare  generoee,  ibid.  70»  L'Olimpiade,  ibid. 
71»  //  Pirro,  ibid.  C'est  dans  cet  opéra  que 
furent  introduites  pour  la  première  fois  lesin- 

{{)  F^e  comte  Folchino  Schini  change  ce  titre  en  eelni 
de  Imbroglio  deUa  Yajasta  qui  ne  se  trouTc  pas  sur  les 
pari  liions  qne  j^ai  Tnes  de  cet  oavrage.  Au  reste,  ce  bio- 
graphe est  peu  exact  dans  les  litres  et  les  donfa»  de  dif 
Mrentes  manières. 


trodoGtions  et  finales  dans  le  genre  sérieux; 
cette  espèce  de  morceau  ne  se  trouvait  aupa- 
ravant que  dans  les  opéras  boufres.73»  /Ztn- 
gari  in  fiera,  k  Naples.  73»  La  Fedra,  ibid. 
74»  Le  vane  Geloeie,  ibid.  75»  Catone  in 
Utica,  ibid.  76»  iVt'na  0  la  Pazia  d'amore, 
au  petit  théâtre  dn  Belvédère,  résidence 
royale,  près  de  Naples,  puis  Joué  dans  cette 
ville  avec  Paddilion  du  beau  quatuor. 
77»  Giunone  Lueina,  pour  les  relevailles  de 
la  reine  de  Naples.  Dans  cette  cantate  drama- 
tique, se  trouve  le  premier  air  avec  chœur 
écrit  sur  les  théâtres  d'Italie.  78»  Zenobia  di 
Palmira,  à  Naples.  79» Za  Loeanda  envoyée 
à  Londres,  puis  Jouée  à  Naples  sous  le  titre  II 
Fanatieo  in  Berlina,  avec  Taddition  d*un 
quintette.  80»  La  Cu/fiara,  â  Naples  (1). 
81»  LaMolinara,  ibid.  83»  La  Modista  rag- 
giratrice,  ibid.  83»  Dafne  ed  Aleeo,  cantate 
pour  r  Académie  dei  Cavalieri,  84»  Il  Ritomo 
di  Perteo  ^  pour  TAcadémie  dei  Amici. 
85»  Elfrida,  à  Naples.  86»  Elmra,  ibid. 
87»  /  FisionaH,  ibid.  88»  L'Inganno  feliee, 
ibid.  89»  /  Giuocehi  d'Agrigente,  à  Venise. 
90»  La  Didone,  à  Naples.  91r  L'Andro- 
mwea,  ibid.  93»  La  Contadina  di  spirito, 
ibid.  93»  Proterpine^  à  Paris,  en  1803.  94»  / 
Pittagoriei,  à  Naples. 

MosiQVB  D'ÉMISE  :  95»  La  Paaione  di 
Geiù  Cristo,  oratorio,  â  Varsovie,  1784. 
90»  Pasiorali  per  il  S.  Natale,  a  eanto  e 
coro,  L*oirer(oire  de  cette  messe  pastorale  a 
une  partie  de  cornemuse  obligée.  97»  Messe  de 
Requiem  à  deux  chœurs  et  deux  orchestres, 
pour  les  funérailles  du  prince  royal  de  Na- 
ples, D.  Gennaro.  98»  Trois  messes  solennelles 
à  deax  chœurs  et  deux  orchestres,  dont  une 
pour  le  couronnement  de  Tempereur  Na|)o- 
léon.  99»  Environ  trente  messes  à  quatre  voix 
et  orchestre,  pour  les  principales  églises  de 
Naples  et  pour  les  chapelles  des  rois  de  Naples 
et  de  Napoléon  ;  compositions  médiocres  dont 
le  style  n*est  pas  religieux.  99»  (bii)  Quatre 
Credo  à  quatre  voix  et  orchestre.  100»  Une 
messe  de  Requiem  à  quatre  voix  et  orchestre, 
qui  fut  exécutée  pour  les  obsèques  de  Pauteur, 
le  7  juin  1816. 101»  Te  Deum  â  deux  chœurs 
et  deux  orchestres,  pour  le  sacre  de  Napoléon. 
103»  Te  Deum  à  quatre  voix  et  orchestre  pour 
le  retour  du  roi  et  de  la  reine  de  Naples. 


(I)  Cet  oarrage  n'est  pas  mentionne  parle  comte  Fol- 
ehini  Seliîixi,  qui  vraisemblablement  l*a  confonilu  avee 
la  JUodista  nggirturiet  :  cVst  en  effet  le  même  sujet: 
mais  traité  de  deoi  manières  différentes.  Il  y  a  dans  la 
Cufflan  un  morceau  très  comique  qui  ne  se  trouve  pas 
dans  la  ModittUn 


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41'(î 


PAISIELLO  -  PAIX 


iOZ^  Deux  messes  à  cinq  Toix.  104«  Deux 
Dixit  à  cinq  voix,  oUa Palestrina.  105<>  Qualt^ 
Dtortf  à  quatre  voix  et  orchestre.  105<»(6ts)  Trois 
Magnificat  y  à  quatre  voix  et  orcliestre. 
100^  Environ  quarante  motets  avec  orchestre 
pour  les  chapelles  royales  de  Naples  et  de 
Paris.  107<»  Miurere  à  cinq  voix,  avec  accom- 
pagnement de  violoncelle  et  de  viole  obligés. 
107»  {bi$)  Trois  Tantum  ergo.  On  a  publié 
des  compositions  religieuses  de  Paisiello': 
108<>  Kyrie  et  Gloria  k  quatre  voix  et  or- 
chestre ;  Paris,  Beaucé.  109^*  Judicabit,  pour 
voix  de  basse,  chœur  et  orchestre;  ibid, 
110«  Chriitus  faetui  est,  à  voix  seule,  chœur 
et  orchestre;  ibid.  111«  Pa$torali  jam  con- 
centus,  idem,  ibid.  1  \^  Dileete  amice,  vide 
prodigium,  motet  k  voix  seule,  chœur  de 
trois  voix  et  orchestre;  ibid.  WZ'*  Miserere, 
Cor  mundum.  Libéra  me,  à  voix  seule, 
chœur  et  orchestre;  ibid.  Paisiello  a  ajouté 
des  instruments  à  vent  au  Stabat  Mater  de 
Pergolèse.  La  partition  ainsi  arrangée  se 
trouve  dans  les  bibliothèques  de  rioslilui  et 
du  Conservatoire,  à  Paris. 

MustQDB  iHSTauMEATALE  :  114*  Douzc  qua- 
tuors  pour  deux  violons,  alto  et  clavecin, 
composés  pour  Tarchiduchesse  Béatrixd*£sle, 
é|M>use  de  Ferdinand  d* Autriche,  gouverneur 
de  Milan.  US""  Six  quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse;  Paris,  Sieber;  Oftenbach,  An- 
dré. 116*  Deux  volumes  de  sonates,  caprices 
Cl  pièces  diverses  de  clavecin,  composées  pour 
la  grande-duchesse  de  Russie,  Marie  Fédè- 
re wna.  117*  Six  concertos  de  piano,  com|>osés 
pour  Tinfante  de  Parme,  reine  d^Espagne. 
118*  Marche  funèbre  en  mémoire  du  général 
Hoche,  qui  a  obtenu  le  prix  proposé  par  le 
général  Bonaparte.  118*  (bis)  Douze  sym- 
phonies concertées  pour  Torchestre,  compo- 
sées pour  Tempereur  Joseph  II.  1 IS^  (ter)  So- 
nate et  concerto  pour  la  harpe  composés  pour 
la  grande  -  duchesse ,  femme  de  Paul  I*'. 
119*  Recueil  de  basses  chiffrées  ou  parti- 
menti,  pour  Pélude  de  Paccompagnement.  On 
connaît  aussi  sous  le  nom  de  Paisiello  trois 
cantates  à  voix  seule,  avec  accompagnement 
de  piano,  des  nocturnes  à  deux  voix,  des  can- 
zonettes  et  d^autres  petites  pièces  de  chant. 
Les  partitions  de  JVina,  Il  Re  Teodoro,  la 
Sen>a  padrona,  la  Molinara,  le  Bathiit  de 
Séville;  le  Marquis  de  Tulipano,  et  Proser- 
pine  ont  été  gravées  à  Paris,  â  Hambourg  et  à 
Bonn.  On  a  aussi  publié  une  multitude  d*airs, 
duos,  trios  et  quatuors  extraiu  des  opéras  de 
Paisiello. 

On  a  sur  Paisiello  les  notices  biographiques 


dont  voici  les  titres  :  1*  Aiuold  (Ignace-Fer- 
dinand), Giov.  Paisiello,  seine  Kurxe  Bio- 
graphie und  asthetische  DarsteUung  seine 
ÎVerke;  Erfurt,  1810,  in-8*.  2*  Gugliardo, 
Onori  funebri  renduti  alla  memoria  di 
Giov.  Paisiello;  Naples,  1816,  in-4*.  S^Le- 
soeur  (François-Joseph),  Notice  sur  le  cé- 
lèbre compositeur  Paisiello:  Paris,  1816, 
in-8*.  4*  Notice  historiç[ue  sur  la  vie  et  ks 
ouvrages  de  Paisiello,  par  Quatremére  de 
Quincy,  secrétaire  perpétuel  de  l'Jcadémie 
royale  des  beaux-arts  de  V Institut,  lue  à  la 
séance  publique  du  4  octobre  1817;  Paris, 
Firmin  Didot,  1817,  in-4*  de  quarante-six 
pages.  5*  Scbizzi  (le  comte  Folchino),  Délia 
vita  e  degli  studi  di  Giov.  PaieieUo,  ragio- 
namenio;  Milano,  1833,  gr.  io-8*  de  cent 
treize  pages,  avec  le  portrait  lithographie.  On 
peut  consulter  aussi  la  notice  sur  ce  maître 
par  ^.  Mazzarella  da  Cerreto,  dans  le  volume 
des  maîtres  de  chapelle  et  des  chanteurs  na- 
politains de  la  Biografiadegli  nomini  illustri 
delregno  di  Napoli;  Naples,  1819,  iu-4*,  et 
celle  du  marquis  de  Villarosa,  dans  ses  Me- 
marie  dei  composilori  di  musica  del  regnodi 
i^apoh; Naples,  1840,  gr.  in<8*,  pp.  131-133. 
Un  très-beau  portrait  de  Paisiello  a  été  gravé 
par  Brisson  diaprés  le  tableau  de  madame  Le- 
brun, in-folio;  le  même  a  été  gravé  par 
Vincenzd  Aloja,  gr.  in-folio;  il  y  en  a  d^au- 
tres  gravés  par  Morghem,  in-4*,  et  par  BoJJin- 
ger,  in-8*. 

PAITA  (Jbah),  célèbre  ténor  italien,  bril- 
lait à  Venise  en  17S6.  Son  talent  consistait 
principalement  dans  Texécution  parfaite  de 
Vadagio.  Plus  tard,  il  établit,  à  Gènes,  une 
école  où  se  sont  formés  de  bons  chanteurs. 

PAIVA  (Dora  HiLioooEB  DE),  moine  por- 
tugais, de  l*ordre  de  Saint- Augustin,  Ait  un 
savant  théologien  qui  yécut  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle,  et  qui  fit  imprimer 
à  Coimbre,  en  1539,  un  lexique  grec  et  hé- 
braïque. Il  éUit  aussi  musicien  fort  instruit, 
et  laissa  en  manuscrit,  dans  la  bibliothèque 
de  son  couvent,  des  messes,  moteu  et  ma- 
gnificat à  plusieurs  voix,  de  sa  composi- 
tion. Il  mourut  à  Coimbre,  le  30  décembre 
1553. 

PAIX  (Jagqvbs),  organUte  distingué,  na- 
quit à  Augsbourg  en  1550,  ainsi  que  le 
prouve  son  portrait  gravé  sur  bois  et  publié 
en  1583,  avec  Tindication  de  Page  de  trente- 
trois  ans.  Il  était  fils  de  Pierre  Paix,  organiste 
de  Téglise  Sainte-Anne,  à  Augsbourg;,  qui 
mourut  en  1557,  et  neveu  d*£gide  Paix,  dont 
il  a  rapporté  un  morceau  dans  sa  collectioxi 


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PAIX  —  PALAZZESI 


427 


(le  pièces  d'orgue.  Nommé  organiste  à  Lauin- 
gcn,  il  y  déploya  une  rare  activité  dans  Pes- 
pace  de  six  ans,  par  ses  publications  ;  mais 
aucun  ouvrage  de  lui  n'ayant  paru  postérieu- 
rement à  l'année  1590,  quoiqu'il  ne  fût  alors 
âgé  que  de  quarante  ans,  il  est  vraisemblable 
qu'il   ne   vécut  pas    longtemps  après  celte 
é|>oque.    Les  productions    de  Jacques  Paix 
sont  les  suivantes  :  !•  Ein  tckœn  nUtx  und 
gebrauehlich    Orgel-Tabulatur-Such ,    da- 
rinnen  etlich  der  beriihmten  Componisten, 
beste  Motetten,  mit  12,  8,  7,  6,  5,  und  4 
SUmmen  ausserlesen,  etc.  (Livre  de  belle  et 
utile  tablature  pour  l'orgue,  dans  lequel  se 
trouvent  quelques-uns*  des  meilleurs  motets 
<ïes  plus  célèbres  compositeurs  à  12,  8,  7,  6, 
5  et  4  parties,  pour  les  fêles  principales  de 
Tannée,  ainsi  que  les  plus  belles  chaj[ison8, 
«les  patsamèset  et  danses  ornées  et  variées 
avec  soin,  pour  l'usage  habituel  des  ama- 
teurs), Lautngen,  1583,*   imprimé  par  Léo- 
nard   Reiomicbel,    cinquante -huit    feuilles 
infol.  Celte  intéressante  collection  renferme 
soixante  et  dix   morceaux  choisis  dans  les 
œuvres  de  Roland  de  Lassus,  de  Palesirina,  de 
Jacques  Paix  lui-même,  de  Senfl,  de  Cre- 
quillon,d'Utenthaler,  d'Égide  Paix,  de  Riccio, 
d'Alexandre  Strigio,  de  Clément  Jannequto, 
de  Clément  de  Bourges  \  le  tout  arrangé  dans 
le  style  orné  {coloratus)  de  l'époque,  et  noté  en 
tablature  allemande.  2<>  Seketse,  ariificiotw  et 
eleganiei  fugus  dwirum^  trium,  quatuor  et 
plurimum  vocum,  partim  ex  veleribus  et 
recentioribus  muêieit  eolkcts,  partim  corn- 
po9itw  a  Jaeobo  Paix,  Augustano,  orga- 
nico  Lauingano,  Lauingœ,  1587,  ia-A'*.  Les 
auteurs  dont  Paix  a  arrangé  les  morceaux 
pour  rorgue,  dans  ce  recueil,  sont  Josquin 
Deprès,    Pierre  de  Larue,  Grégoire  Meyer, 
Antoine    Brumel,   Jacques  Obrecht,   Senfl, 
Okegheai,  Louis  Dasser  et  Roland  de  Lassus  j 
le   reste    est    de  la    composition   de    Paix. 
-j"  Afissa  parodia  (ad  imitationem  moduli) 
Jlutetée  .-  Domine  da  nobis,  Thomx  Crequil- 
loniSy  seniê  vocibus,  Lauingen,  1587,  in-4o. 
•i*'  Afissa  ad  imitationem  Motettsf .-  in  illo 
teoipore  Johann.  Montanis  quatuor  vocum. 
Lauingen  perLeonardum  ^heinmichaelium, 
1584  in-4<>  obi.  5*^  Thésaurus  motettaruin.... 
neuerlesner  zwei  und  zwansig  (sic)  Herrli- 
cher    JUotetten,   etc.y   Strasbourg,    Bernard 
Jobin,  1589,  in-fol.  6®  Mis$9  artificioes  et 
élégantes  fugm  2,  S,  4  et  plurium  vocum, 
LauiDgeD,  1590,  in-4*.  On  a  aussi  de  Jacques 
Valx    un    petit  traité  de  musique  inlilulé  : 
Kurzer  Bericht  aus  Gottes  JFort  und  be- 


washrten  Kirchen- Historien  von  der  Musiky 
dass  dieselbe  fleisgig  in  den  Kirchen^  S'ckulen 
und  Hausen  getrieben,  und  ewig  soll  er- 
halten  werden  (Instruction  ou  notion  abrégée 
de  la  parole  de  Dieu  et  des  histoires  ecclé- 
siastiques concernant  la  musique,  pour 
qu'elle  soit  toujours  pratiquée  dans  les  églises, 
les  écoles,  les  maisons,  et  qu'elle  soit  perpé- 
tuellement conservée);  Lauingen,  1589,  in-4''. 

PALABII^I  (Artoirb-Fiiançois),  en  fran- 
çais PALADII^,  joueur  de  luth,  vivait  à 
Lyon  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il  na- 
quit à  Milan,  comme  on  le  voit  au  titre  de  son 
ouvrage  inlilulé  :  Tab%Uature  de  luU  en  di- 
verses  sorte»,  comme  chansons,  fantaisies, 
pavanes,  gaillardes  et  la  BataiUCy  par  Jnt. 
Fr.  Paladin  Milanoys  ;  Lyon,  par  Jacques 
Moderne  (sans  dale),  in-4<>  obi.  On  a  aussi 
de  cet  artiste  un  recueil  de  pièces  pour  son 
instrument,  intitulé  :  Tabulature  de  luth  oà 
sont  contenus  plusieurs  psalmes  et  chansons^ 
spirituelles;  Lyon,  Simon  Gorlier,  1562,  in-4<'. 

PALADIIM  (Jean-Pavl),  en  français 
PALADIN,  autre  luthiste  du  seizième  siècle, 
qui  parait  avoir  été  de  la  même  famille  que 
le  précédent  et  fut  peut-élreson  fils,  a  publié  : 
Tablature  de  luth  contenant  belles  chansons 
et  danses  avenantes  ;  Lyon,  in-4*',  sans  dale 
et  sans  nom  d'imprimeur. 

PALADINI  (Joseph),  maître  de  chapelle 
à  Milan,  naquit  dans  cette  ville,  et  y  vécut 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Ses  oratorios  ont  été  exécutés  dans  les 
églises  de  Milan,  depuis  1728  jusqu'en  1743. 
On  ne  connaît  aujourd'hui  de  ses  ouvrages 
que  :  //  Santo  Paolo  in  Roma,  oratorio  en 
deux  parties,  et  //  Santo  Sebastiano,  idem. 

PALAVICIWO  (BehoIt).  f'oyez  PAL- 
LAVICIWO. 

PALAZZESI  (Matbiloe),  canutrice  dis- 
tinguée, est  née  à  Sinigaglia,  le  2  mars  1811. 
Pierre  Romani,  de  Florence,  lui  donna  les 
premières  leçons  de  chant  *,  puis  elle  acheva 
son  éducation  vocale  à  Naples.  A  peine  igée 
de  dix-huit  ans,  elle  monta  sur  la  scène,  en 

1827,  et  débuta  avec  succès.  Applaudie  à 
Naples,  à  Milan,  à  Florence,  et  dans  d'autres 
grandes  villes  d'Italie,  elle  fut  engagée,  en 

1828,  par  Morlacchi  pour  le  théâtre  de  Dresde, 
où  elle  a  brillé  jusqu'en  1832.  Depuis  ce 
temps,  elle  est  retournée  en  Italie  et  a  chanté 
avec  succès  à  Milan  et  dans  quelques  villes  de 
moindre  importance,  puis  elle  a  parcouru 
TAIlemagne  et  s'est  fait  applaudir  à  Weimar, 
Brunswick,  Hanovre,  AUenbourg,  Cohourg, 
Munich,  Leipsick,  Hambourg  et  Francfort. 


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PALAZZESI  -  PALE6TR1NA 


428 

Appelée  au  Ibéâtre  de  Madrid,  en  1835,  elle  y 
brilla  dans  Setniratnidet  VEsule  di  Roma  cl 
la  Norma.  Les  événement»  de  la  guerre 
civile  et  le  choléra  robligèrcnt  à  s'éloigner 
de  celle  ville  pour  aller  à  Valence,  où  elle 
épousa  le  combosilcur  Savinelll,  ancien  élève 
du  Conservatoire  de  Milan.  De  retour  en 
Italie,  en  1836,  elle  chanU  avec  succès  au 
théâtre  Carlo-Felice,  de  Gènes;  puis  elle  fut 
engagée  au  théâtre  de  te  Pergola,  à  Flo- 
rence; mai»  une  sérieuse  indisposition  ne  lui 
permit  pas  d'achever  la  saison.  Depuis  lors, 
elle  a  chanté  à  Parme,  Padoue,  Turin,  Naples 
et  Palerme  :  elle  se  trouvait  dans  cette  der- 
nière ville,  en  1841.  Rappelée  en  Espagne 
pour  chanter  au  théâtre  de  Barcelone ,  elle 
mourut  dan»  cette  ville  à  la  fin  du  mois  de 
juin  1849. 

PAXAZOTTI  (JosirH),  surnommé  TA- 
GLIAVIA,  prêtre  sicilien,  docteur  en  théo- 
logie et  archidiacre  à  Cefalù,  vécut  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle.  Mongitori  dit 
(^i6/.  Sieul.,  p.  506)  que  cet  ecclésiastique 
était  bon  musicien,  et  qu'il  a  fait  imprimer 
neuf  recueils  de  ses  compositions,  dont  il  ne 
cite  que  celui  qui  a  pour  titre  :  Madrigali 
eoneeriati  a  Zvœi,  op.  9;  Naples,  1632. 

PALESTMWA  (  Jbaf  PIERLUIGI, 
surnommé  DE),   parce  qu'il  était  né  dans 
la    petite  ville  de  ce  nom,  dan»  la   cam- 
pagne de  Rome,  ftit  le  plus  grand  musicien 
de   son  temps,  et  sera   toujours  considéré 
comme   un   des    plus   illustres    parmi  ceux 
dont  l'histoire  de  l'art  a  conservé  les  noms. 
Malgré  ses  titres  à  l'admiration  de  la  postérité, 
le  nom  de  sa  famille,  la  situation  de  ses  pa- 
rents, la  date  de  sa  naissance,  et  même  celle 
de  sa  mort,  sont  autant  de  sujets  de  doute  et 
de  discussion.  L'abbé  Baini,  directeur  de  la 
chapelle  pontificale,  a  fait,  quanta  ce  qui  con- 
cerne la  vie  et    les  ouvrages  de  ce  grand 
homme ,  de  savantes  et  laborieuses  recher- 
ches ;  néanmoins,  trente  années  employées  à 
ce  travail  ne  l'ont  pas  toujours  conduit  à  dé- 
couvrir l'incontestable   vérité,   cl  lui-même 
s'est  vu  réduit  à  rapporter  souvent  des  tradi- 
tions contradictoires,  à  les  discuter  et  à  lais- 
ser indécises  des  questions  depuis  longtemps 
débattues.  Ce  qui  résulte  de  plus  vraisem- 
blable des  élucubrationsde  Baini,  c'est  que  les 
parents  de  Pierluigl  éUient   pauvres,  qu'il 
mourut  le  3  février  1504,  à  l'âge  de  soixante 
et  dix  ans  (1),  et  conséciuemment  qu'il  naquit 

(!)  Baini  lire  la  preuve  de  ce  fill  de  Pépllre  dédiea- 
toirc  du  septii-mr  livre  de  messes  de  Pierlnigi,  où  le  fils 
du  compositeur  s'exprime  oins i»  en  sa  qualité  d'iîdîleur 


dans  l'été  ou  à  l'automne  de  1524.  Il  y  a  lieu 
de  croire  qu'il  fit  ses  premières  élude»  lillé- 
raires  et  musicales   en  qualité   d'enfant  de 
chœur.  Au  dire  de  l'annaliste  Petrini,  il  ar- 
riva à  Rome,  en  1540,  pour  y  continuer  de 
s'instruire  dans  cet  art.  A  celte  époque,  les 
meilleurs  musiciens  des  principales  chapelles 
de  l'Italie  étaient  étrangers,  c'est-à-dire  Fran- 
çais, Belges  ou  Espagnols.  La  première  école 
régulière  de  musique  instituée  à  Rome  par 
Goudimel  (voyex  ce  nom)  eut  pour  discipks 
dans  le  même  temps  Jean  Animuccia,  Etienne 
Beltini,  surnommé  il  Fornarino,  Alexandre 
Merlo  (délia  viola),  en  enfin  Pierluigi  de  Pa- 
leslrina,  le  plus  célèbre  de  tous  ces  savanU 
compositeurs.  Au  mois  de  septembre.  1551, 
sous  le  pontifical  de  Jules  III,  il  fut  élu  maître 
des  enfants  de  chœur  de  la  chapelle  Giulia, 
à  l'âge  de  vingt-sept  ans.  Mais  par  un  décret 
spécial  du  chapitre  qui  lui  conféra  cclledignilé, 
il   ftit  le  premier  de  ceux   qui  en  avaient 
été  revêtus  à  qui  le  titre  de  maître  de  cha- 
pelle fût  donné.  Pierluigl  de  Paleslrina  occupa 
cette  place  jusqu'au  15  janvier  1555.  En  1554, 
il  publia  le  premier  recueil  de  se»  composi- 
tions, où  l'on  trouve  quatre  messes  à  quatre  voix 
et  une  à  cinq.  Encore  soumis  à  l'influence  de 
l'écoleoù  il  s'était  formé,  Palestrina  avait  écrit 
ces  messes  dans  le  style  de  ses  prédécesseurs, 
mais  en  y  Introduisant  une  rare  perfection  de 
facture;  car  sous  ce  rapport,  la  première,  qui 
est  écrite  tout  entière  sur  le  chant  dci'anlicnne 
Eeee  $aeerdos  magnut,  est  un  chef-d'œuvre  ; 
mais  dans  cette  même  messe  et  dans  la  der- 
nière {Àdcctnam  Jgni  prortdi),  il  a  multi- 
plié les  recherches  puériles  de  proportion»  de 
notation,  dont  les  anciens  maître»  de»  écoles 
française  et  flamande  faisaient  un  monstrueux 
abus,   depuis  la   fin  du  quatorzième  siècle 
et  le  commencement  du  quinzième.  Le  pape 
Jules  III,  à  qui  Pierluigi  Palestrina  avait  dédié 
ce  premier  livre  de  ses  messes,  le  récompensa 
en  le  faisant  entrer  parmi  les  chantres  de  la 
chapelle  pontificale,  »ans  examen  et  conlraire- 
raent  aux  règlements  de  cette  chapelle,  dont  il 
avait  lui-même 'ordonné  la  stricte  exécutioo 
par  un  précédent  décret.  Le  talent  supérienr 
qui  se  manifestait  dans  ce  premier  ouvrage 
parut  au  souverain  pontife  un  motif  aaflSsaoi 
pour  une  exceptijon  :  sa  volonté  fat  signifiée 
au  collège  des  chapelains-chantres  de  la  cba- 

de  cet  «UTre  postbume  :  JotmntM  Petrtdoyaiuê  fur 
meiM  tcfivMs^nta  feu  vitm  Mum  «•mot  D«i  iandUmê  «■- 

fonendi  eonsumenti  elc  (Voyei  Aitmorie  »ioric^eritickt 
delta  vita  «  delli  open  di  Ciop.  Pitrluigi  du  PuiettriM, 
I.I,p  U.) 


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PALESTRINA 


429 


pelle,  le  15  janvier  1555;  mais  le  pauvre 
Pierlttigi  avait  plus  de  génie  que  de  voix,  et 
cette  tircoDStaoce  lui  suscita  des  tracasseries 
parmi  les  autres  chantres,  qui  ne  Tadmirent 
que  comme  contraints,  et  qui  ne  lui  donnèrent 
que  de  mauvaise  grâce  Taccolade  d*usage  (1). 
Malheureusement  pour  le  grand  musicien,  il 
fut  bientôt  privé  de  la  haute  protection  qui  le 
soutenait  contre  la  malveillance  de  ses  col- 
lègues, car  Jules  III  mourut  le  23  mars  1555, 
c'est-à-dire  environ  cinq  semaines  après  ren- 
trée de  Tarliste  dans  la  chapelle  :  son  succes- 
seur, le  pape  Marcel  II,  par  une  circonstance 
qui  sera  rapportée  plus  loin,  lui  aurait  accordé 
vraisemblablement  un  nouvel  appui,  s*il  eût 
vécu;  mais  11  n^occupa  le  siège  apostolique  que 
vingt-trois  jours,  et  sa  mort  fut  pour  le  sa- 
vant com)H>siteur  le  précurseur  du  plus  vif 
chagrin  qui  ait  affligé  son  existence,  d'ailleurs 
peu  fortunée. 

Pierluigi  de  Palestrina  s*était  marié  jeune  : 
Lucrèce,  sa  femme,  le  rendit  en  peu  de  temps 
père  de  quatre  fils.  Les  trois  premiers,  Ange, 
Rodolphe  et  Syll^,  qui  moururent  dans  Tado- 
lescence,  semblaient  destinés  à  marcher  sur 
les  traces  de  leur  père,  si  Ton  en  juge  par  les 
motets  de  leur  composition  que  Pierluigi  a  in- 
sérés dans  le  second  livre  dès  siens.  Hygin,  le 
quatrième,  a  été  Péditeur  des  deux  derniers 
livres  de  messes  de  leur  père.  Après  la  mort  du 
pape  Marcel,  son  successeur,  Jean-Pierre  Ga- 
rafTa,  qui  gouverna  TÉglise  sous  le  nom  de 
Paul  IV,  prit  la  résolution  d*opérer  une  ré- 
forme dans  le  clergé  de  la  cour  de  Rome,  et 
son  attention  se  porta  d'abord  sur  sa  chapelle 
pontificale,  où  se  trouvaient  plusieurs  chantres 
mariés,  nonobstant  le  règlement  qui  exigeait 
qu'ils  fussent  tous  ecclésiastiques.  Ces  chantres 
«(aient  Léonard  Barré,  Dominique  Ferrabosco 
et  Pierluigide  Palestrina.  Depuissonadmission 
forcée,  celui-ci  avait  trouvé  peu  de  sympathie 
parmi  ses  collègues;  cependant,  lorsque  le 
pape  ordonna  qu*il  fût  expulsé  de  la  chapelle 
avec  les  deux  autres,  le  collège  des  chantres 
prît  sa  défense  en  faveur  de  ceux-ci,  et  repré- 
senta qu'ils  avaient  abandonné  des  postes 
avantageux,  et  qu'ils  avaient  été  nommés 
pour  toute  ia  durée  de  leur  vie.  Malgré  ces 
humbles  remontrances,  l'inflexible  Paul  IV 


(I)  On  CroOTe,  «a  Jonrnol  roanatcric  de  la  chapelle 
poniiCealc,  la  preuve  de  ce  fait  dans  le  pasMge  saivant: 
13  Jaumarti  IStSS,  die  i/omimVay  fuit  admÙMus  m  novunt 
rantortm  Joamui  de  Paleetrina,  dt  munduto  SS»  D, 
Juin  •hequê  m//o  txmmine,  seeundum  mot»  proyrium 
çM«m  hnbehnmuê,  et  mbtque  toneenen  eantorum  ingrtUMê 
fuit. 


ne  persista  pas  moins  à  vouloir  que  les 
chantres  mariés  sortissent  de  la  chapelle,  et 
rendit  à  ce  sujet  un  décret  où  sa  volonté  est 
exprimée  en  termes  durs  et  humiliants,  tt  La 
a  présence  des  trois  chantres  mariés  dans  le 
«  collège  (dit  le  décret)  est  un  grand  sujet  de 
«  blAme  et  de  scandale;  ils  ne  sont  point  pro- 
«  près  à  chanter  l'office,  à  cause  de  la  faiblesse 
«  de  leur  voix  ;  nous  les  cassons,  chassons  et 
«  éliminons  du  nombre  de  nos  chapelains- 
«  chantres.  »  Le  seul  adoucissement  qui  fut 
fait  au  sort  des  trois  musiciens  éliminés  fut 
une  pension  de  six  écus  par  mois.  Accablé  par 
ce  malheur,  Palestrina  tomba  malade.  Dans 
cette  circonstance,  ses  anciens  collègues  vin- 
rent le  visiter,  abjurèrent  la  haine  qu'ils  lui 
avaient  montrée  jusqu'alors,  et  devinrent  ses 
plus  zélés  admirateurs.  Un  si  grand  artiste  ne 
pouvait  rester  longtemps  sans  emploi  dans  une 
ville  qui  renfermait  plusieurs  grandes  églises 
où  la  musique  était  florissante  :  on  lui  offrit 
la  place  de  maître  de  chapelle  de  Saint-Jean 
de  Lateran,  en  remplacement  de  Luppachino, 
et  il  prit  possession  de  ses  fonctions  dans  cette 
basilique,  le  l*' octobre  1555,  deux  mois  après 
son  expulsion  de  la  chapelle  pontiflcale.  A 
cette  occasion,  une  difficulté  se  présenta  pour  la 
pension  qu'il  recevaitde  cette  chapelle,  et  qui, 
suivant  le  règlement,  devait  cesser  du  jour 
où  le  pensionné  acceptait  un  nouvel  emploi  ; 
cependant  le  chapitre  décida  que  la  pension 
continuerait  d'être  payée,  et  le  pape  lui-même 
confirma  cette  décision.  Pierluigi  de  Pales- 
trina occupa  son  emploi  de  maître  de  chapelle 
à  Saint- Jean  de  Lateran  pendant  environ  cinq 
années,  et  composa  dans  ce  temps  quelques- 
uns  de  ses  plus  beaux  ouvrages,  parmi  les- 
quels on  remarque  ses  admirables  Improperii 
de  l'office  de  la  semaine  sainte.  La  modicité 
du  traitement  qui  lui  était  alloué  pour  ses 
fonctions  dans  cette  place  le  décida  à  accepter 
celle  de  maître  de  chapelle  de  Sainte-Marie 
Majeure,  dont  il  prit  possession  le  l*'  mars 
1561  et  qu'il  conserva  jusqu'au  51  mars  1571. 
Ces  dix  années  furent  les  plus  brillantes  de  la 
vie  du  grand  artiste. 

La  répuUtion  de  Palestrina  s'était  rapide- 
ment étendue  depuis  la  publication  de  son  pre- 
mier livre  de  Dresses;  un  effort  de  son  génie 
la  consolida  pour  toujours,  lorsque  l'autorité 
ecclésiastique  eut  pris  la  résolution  de  faire 
dans  la  musique  d'église  une  réforme  devenue 
indispensable.  Il  est  nécessaire  de  dire  ici 
quelques  mots  des  abus  qui  avaient  fait  naître 
la  pensée  de  cette  réforme.  L'usage  de  com- 
lK>ser  des  messes  entières  et  des  motets  sur  le 


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430 


PALESTRINA 


chant  d^une  antieDDe  ou  sur  la  mélodie  d*une 
chanson  profane  s*était  introduit  dans  la  mu- 
sique d*église  dès  le  treizième  siècle,  ainsi 
qu*on  peut  le  voir  dans  les  motets  à  trois  voix 
du  trouvère  Adam  de  le  Haie  {voyex  ce  nom). 
Cet  usage  était  d^autant  plus  ridicule,  que 
pendant  (^ue  trois  ou  quatre  Toii  chantaient 
en  contrepoint  fugué  Kyrie  Ekysan,  ou  Glo- 
ria in  exceUis,  ou  CtedOy  la  partie  qui  chan- 
tait la  mélodie  disait  ou  les  paroles  de  Tan- 
tienne,  ou  même  celles  de  la  chanson  Italienne 
ou  française,  quelquefois  lascives  et  grossières. 
Les  musiciens  flrançais  et  belges  s^étaient  pas- 
sionnés pour  ce  genre  de  composition,  n>n 
avaient  point  connu  d*autre  pendant  près  de 
deux  siècles,  et  en  avaient  introduit  le  goût 
Jusque  dans  la  chapelle  pontificale,  pendant 
que  le  siège  du  gouvernement  de  PÉglise  était 
à  Avignon.  A  Tépoque  de  la  translation  de  ce 
gouvernement  à  Rome,  les  chantres  français, 
gallo-belges  et  espagnols  suivirent  dans  cette 
ville  la  cour  papale,  et  préparèrent  les  Italiens 
à  marcher  sur  leurs  traces.  Les  premières 
écoles  de  musique  de  Tltalie  furent  instituées 
par  des  musiciens  étrangers,  qui  inculquèrent 
leurs  principes  ft  leurs  élèves.  On  ne  doit  donc 
pas  être  étonné  de  ce  que  ceux-ci  se  soient 
livrés  d*abord  à  rimitation  du  style  de  leurs 
maîtres.  Certaines  mélodies  vulgarires  avaient 
acquis  tant  de  oétébrlté,  quMI  semblait  qu'un 
compoiiteiir  de  quelque  renommée  ne  pouvait 
se  dispenser  de  les  prendre  pour  thèmes  d'une 
messe  ou  d'un  motet  :  c'est  ainsi  que  plus  de 
cinquante  musiciens  ont  écrit  des  messes  sur 
la  fameuse  chanson  de  l'Homme  armé,  Pa- 
lestrina  lui-même  ne  s'était  pas  si  bien  af- 
franchi des  préjugés  d'école  ou  il  avait  été 
,élevé,  qu'il  n'ait  écrit  aussi  une  messe  à  cinq 
voix  (la  cinquième  du  troisième  livre)  sur  cette 
même  chanson,  et  qu'il  n'y  ait  jeté  i  profusion 
les  recherches  les  plus  ardues  de  proportions 
de  notation.  Cette   messe,  véritable  énigme 
musicale,  a  donné  la  torture  à  bien  des  musi- 
ciens dn  seizième  siècle,  et  a  rendu  nécessaires 
de  longs  commentaires  que  Zacconi,  dans  sa 
Pratica  di  Musica,  et  Cérone,  dans  le  ving- 
tième livre  de  son  Melopeo,  ont  donnés  pour 
en  expliquer  le  système.  Cette  messe  n'a  été 
publiée  qu'en  1570;  toutefois  il  est  vraisem- 
blable, qu'elle  avait  été  écrite  longtemps  au- 
paravant; car  après  avoir  travaillé  dès  1563 
à  la  réforme  de  l*abus  monstrueux  de  tes  in- 
convenantes subtilités,  et  avoir  donné,  dans 
d'autres  ouvrages,  le  modèle  d'une  perfection 
désespérante,  à  l'égard  du  style  ecclésiastique, 
00  ne  peut  eroifo  que  Palestrioa  soit  retombé 


sept  ans  après  dans  d'anciennes  erreurs.  Quoi 
qu'il  en  soit,  Il  est  certain  que  Pindécente  et 
ridicule  conception  du  mélange  du  profane  et 
du  sacré  dans  la  musique  d'église,  fut  Tobjet 
des  censures  du  concile  de  Bâie  (1),  puis  de 
celui  de  Trente  (2)..  Les  sessions  de  celui-ci 
ayant  été  closes  au  mois  de  décembre  1563, 
le  pape  Pie  IV  nomma,  pour  exécuter  les  dé- 
crets de  cette  assemblée,  les  cardinaux  Vite- 
lozzi  et  Borromée,  qui  s's^djoignirent,  pour  ce 
qui  concernait  la  musique,  une  commission  de 
huit  membres,  choisis  en  grande  partie  parmi 
les  chapelains-chantres  de  la  chapelle  pontifi- 
cale. Dès  la  première  réunion  de  cette  com- 
mission, il  tut  décidé  M*  qu'on  ne  chanterait 
plus  à  l'avenir  les  messes  et  motets  où  des  pa- 
roles différentes  étaient  mêlées;  2«  que  \e$ 
messes  composées  sur  des  thèmes  de  chaosoos 
profanes  seraient  bannies  à  Jamais.  En  France, 
où  les  décrets  du  concile  de  Trente  n'ont  ja- 
mais été  reçus,  les  musiciens  continuèrent 
encore  pendant  plus  de  vingt  ans  à  suivre 
l'ancien  usage  dans  leur  musique  d'église; 
mais  en  Italie,  et  surtout  à|  Rome,  les  déci- 
sions dont  il  vient  d'être  parlé  furent  immé- 
diatement exécutées.  Cependant,  à  l'exception 
des  messes  des  anciens  compositeurs  appe- 
lées 9ine  nomine,  parce  que  les  auteurs  en 
avalent  imaginé  les  thèmes,  il  n'existait  pas 
de  modèles  pour  la  réforme  qu'on  voulait  opé- 
rer. Ces  messes  sine  nomine  étaient  d'ailleurs 
surchargées  de  toutes  les  puériles  recherches 
de  contrepoints  conditionnels  qui  ne  permet- 
taient pas  de  saisir  le  sens  des  textes  sacrés. 
Les  cardinaux  choisis  par  le  pape  pour  l'exé- 
cution des  décrets  du  concile,  insistaient  par- 
ticulièrement sur  la  nécessité  de  rendre  ces 
textes  intelligibles  dans  l'audition  de  la  mu- 
sique; ils  citaient  comme  des  modèles  à 
suivre  le  Te  Deum  de  Constant  Festa,  et  sur- 
tout les  Improperii  composés  par  Palestrina  ; 
mais  les  chantres  de  la  chapelle  jpontificale 
répondaient  que  ces  morceaux  de  peu  d'étendue 
ne  décidaient  pas  la  question  pour  des  messes, 
d'où  l'on  ne  pouvait  bannir  le  contrepoint  fu- 
gué ni  les  canons.  La  discussion  ne  fat  termi- 
née que  par  une  résolution  bien  honorable  pour 

(1)  Al»9mm  «(tfnafMiii  eccfenantm,  t»  Credo  in  unum 
Deum,  ptod  e«l  tymbolum  et  ccnfessio  fidei  noMtrte,  ««• 
eampUti  u»qu*  ud  /tnem  eantmtur^  amt  ptwfulio  teu  «rs- 
tio  dominiea  oëmitMur,  vel  m  eceUtiis  ecntiieum  mw«- 
(arcf  90C»  mdmisctntmr.,.  mhùlenteâ  ittuiwuu^  «te. 

(%}  Ak  eeeUMii*  verà  musitOM  «o«,  ubi  tipé  orgtmù,  tier 
caniii  laêoivum  uut  im/mnm  aliquid  mitettmr  ordifTii 
locorum  tpiteofi  arttmnu  vC  dtnnu*  Dti  tri  d^mut  ora- 
ftoiitf  fit  videmtwTf  ae  diei  potsit.  (Coneil  Trident., 
Seu.  3S.  Décret,  de  Obscrv.  et  evitand.  in  eelcbr.  Missac. j 


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PALESTRINA 


43  f 


Pierluigi  de  Palestrina,  et  qui  prouve  que  la 
supériorité  de  son  talent  était  dès  lors  placée 
au-dessus  de  toute  cont^statiou,  car  il  fut  dé- 
cidé qu*on  inviterait  ce  mattre  à  composer  une 
messe  qui  ptit  concilier  la  majesté  du  ser- 
vice divin  et  les  eiigences  de  Part,  telles 
qu'elles  étaient  conçues  à  cette  époque.  $*il 
atteignait  le  but  proposé,  la  musique  devait 
être  conservée  i  TÉglise;  dans  ie  cas  con- 
traire, il  devait  être  pris  une  résolution  qui 
aurait  vraisemblablement  ramené  toute  la 
musique  religieuse  au  simple  faux-haurdon, 
Palestrina  ne  fut  point  effrayé  de  la  responsa- 
bilité imposée  à  son  génie  :  ému  d*un  saint 
eolbousiasme,  il  composa  trois  messes  à  sii 
voix  qui  ftirent  entendues  chez  le  cardinal 
Yitelozzi  :  les  deui  premières  furent  trouvées 
belles,  mais  la  troisième  eicita  la  plus  vive 
admiration,  et  fut  considérée  comme  une  des 
plus  belles  inspirations  de  Tesprit  humain. 
Dès  lors  il  fut  décidé  que  la  musique  serait 
conservée  dans  la  chapelle  pontificale  et  dans 
les  églises  du  culte  catholique,  apostolique  et 
romain ,  et  que  les  messes  de  Palestrina  de- 
viendraient les  modèles  de  toutes  les  composi- 
tions du  même  genre.  Celle  qui  avait  été  ac- 
cueillie avec'  tant  d^enthousiasme  fut  publiée 
par  Pierluigi  de  Palestrina,  dans  le  second  livre 
de  ses  messes,  sous  le  titre  de  Me$se  du  pape 
ylfaree/ (Missa  pap»  Marcelli).  Ce  nom,  im- 
posé par  le  compositeur  à  son  ouvrage,  a  fait 
imaginer  une  anecdote  rapportée  par  Berardi 
et  par  beaucoup  d*autres  écrivains,  diaprés  la- 
quelle on  suppose  que  Marcel  II  avait  voulu 
bannir  la  musique  des  églises,  i  cause  de  ses 
défauts,  et  que  Pierluigi  Tavait  prié  de  sus- 
pendre son  arrêt  jusqu*à  ce  qu*il  lui  eût  fait 
entendre  cette  messe,  dont  le  chef  de  TÉglise 
avait  été  si  satisfait,  quMl  avait  renoncé  à  son 
projet.  Le  peu  de  jours  pendant  lesquels  ce 
pape  a  occupé  le  siège  apostolique  rend  celte 
histoire  peu  vraisemblable  :  d*ailleurs  Baini  a 
fourni  les  preuves  de  ce  qu'il  rapporte  à 
regard  de  Pexécution  du  décret  du  concile  de 
Trente  concernant  la  musique  d'église.  Si 
Ton  admettait  Tanecdote  du  pape  Marcel,  il 
faudrait  supposer  que  Palestrina  a  sauvé 
deux  fois  U  musique  religieuse  de  l'anathème 
dont  on  voulait  la  frapper,  ce  qui  n*est  pas 
admissible.  Le  motif  qui  a  fait  donner  le  nom 
du  pape  Marcel  à  la  messe  dont  il  s'agit  reste 
donc  inconnu;  mais  cela  est  de  peu  d'impor- 
tance. Ce  qui  est  certain,  c'est  que  Pie  IV, 
après  avoir  entendu  ce  bel  ouvrage  le  19  juin 
1565  récompensa  son  auteur  en  le  nommant 
compositeur  de  la  chapelle  pontificale,  aux 


appointements  de  trois  écus  et  treize  bajoques 
par  mois,  qui,  ajoutés  à  sa  pension  de  cinq 
écus  et  quatre-vingt-sept  bajoques,  lui  com- 
posaient un  revenu  de  neuf  écus  (environ 
cinquante-quatre  francs)  par  mois.  Le  pape 
Grégoire  XIV,  ému  de  pitié  par  la  détresse 
où  ce  grand  homme  avait  passé  la  plus  grande 
partie  de  sa  vie,  augmenta  plus  tard  ces  émo- 
luments, si  peu  dignes  de  son  talent. 

Peu  de  monuments  historiques  de  Tart  pré- 
sentent autant  dMntérét  pour  l'étude  que  cette 
messe  ditetfii  fMipe  Marcel;  car  elle  marque 
une  de  ces  rares  époques  oh  le  génie,  fran- 
chissant les  barrières  dont  l'entoure  l'esprit 
de  son  temps,  s*ouvre  tout  k  coup  une  carrière 
inconnue,  et  la  parcourt  à  pas  de  géant.  Paire 
une  messe  entière,  à  l'époque  où  vécut  Pier- 
luigi de  Palestrina,  sans  y  faire  figurer  les 
imitations  et  le  contrepoint  fugué,  n'aurait 
été  qu'une  entreprise  imprudente,  parce 
qu'elle  aurait  porté  une  trop  rude  atteinte  à 
ce  qui  composait  le  mérite  principal  des  mu- 
siciens de  ce  temps.  D'ailleurs,  Palestrina 
lui-même,  élevé  dans  une  sorte  de  respect 
pour  les  beautés  de  ce  genre,  n'y  devait  pas 
être  insensible.  Ne  nous  étonnons  donc  pas  de 
retrouver  dans  la  messe  du  pape  Marcel  le 
contrepoint  fugué  et  d'imitation,  nonobstant 
les  obstacles  dont  ces  choses  devaient  compli- 
quer le  problème  qu'il  avait  à  résoudre.  Mais 
la  manière  dont  il  a  triomphé  de  ces  diffi- 
<;yltés,  la  faculté  d'invention  qu'il  y  a  dé- 
ployée, au  moins  égale  à  l'habileté  dans  l'art 
d'écrire,  sont  précisément  ce  qui  doit  nous 
frapper  d'admiration  lorsque  nous  nous  livrons 
à  l'élude  de  celle  production.  C'est  une  chose 
merveilleuse  que  de  voir  comment  l'illustre 
compositeur  a  su  donner  à  son  ouvrage  un 
caractère  de  douceur  angélique  par  des  traits 
d'harmonie  large  et  simple,  mis  en  opposition 
avec  des  entrées  foguées  riches  d'artifices,  et 
donnant  par  là  naissance  à  une  variété  de 
style  auparavant  inconnue.  Ces  entrées  fn- 
guées,  la  plupart  courtes  et  renfermées  dans 
un  petit  nombre  de  notes,  sont  disposées  de 
telle  sorte  que  les  4)aroles  peuvent  être  tou- 
jours facilement  entendues.  A  l'égard  de  la 
facture,  de  la  poreté  de  l'harmonie,  de  l'art 
de  faire  chanter  toutes  les  parties  d'une  ma- 
nière simple  et  naturelle,  dans  le  médium  de 
chaque  genfe  de  voix,  et  de  faire  mouvoir  six 
parties  avec  toutes  les  combinaisons  des  com- 
positions scientifiques,  dans  Tétroit  espace  de 
deux  octaves  et  demie  ;  tout  cela,  disje,  est 
au-dessus  de  nos  éloges;  c'est  le  plus  grand 
effort  du  talent;  c'est  le  désespoir  de  quicou- 


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^33 


PALESTRINA 


que  a  éludié  sérieusement  le  mécanisme  et 
les  difficultés  de  l*art  d*écrire. 

Pendant  le  temps  où  Palestrina  était  resté 
au  service  de  Téglise  de  Saint-Jean  de  La- 
teran,  il  n*aTait  rien  publié;  mais  quelques- 
uns  de  ses  ouvrages  8*étaient  répandus  par 
des  copies,  et  avaient  augmenté  sa  réputation. 
En  1569,  il  dédia  le  deuxième  livre  de  ses 
messes  à  Philippe  II,  roi  d^Espagne,  et  dans 
Tannée  suivante,  le  même  prince  reçut  encore 
la  dédicace  du  troisième  livre.  Plerluigi  s'at- 
tacha aussi  alors  an  cardinal  Hippolyte  d*£ste, 
à  qui  il  dédia  un  livre  de  motets.  Dès  ce  mo- 
ment, les  publications  de  ses  ouvrages  se  sui- 
virent avec  activité,  et  les  éditions  s*en  mul- 
tiplièrent. La  mort  d'Animuccia,  vers  la  fin 
du  mois  de  mars  1571,  fit  entrer  Palestrina  à 
la  chapelle  de  Saint-Pierre  du  Vatican,  dans 
les  premiers  jours  du  mois  d*avril  suivant, 
quoique  les  avantages  de  cette  place  fussent 
moindres  que  ceux  du  maître  de  chapelle  de 
Sainte-Marie  Majeure,  et  que  le  modique  re- 
venu du  plus  grand  musicien  de  Tltalie  s'en 
trouvât  diminué  de  moitié.  La  mort  d'Ani- 
rouccia  laissait  aussi  vacante  la  place  de  di- 
recteur de  la  musique  de  TOraloire.  Elle  Tut 
offerte  à  Palestrina  par  saint  Philippe  de 
Néri,  fondateur  de  cette  congrégation,  son 
ami  et  son  confesseur.  Palestrina  écrivit  pour 
le  service  de  rOratoire  des  motets,  des 
psaumes  et  des  cantiques  spirituels.  Enfin,  il 
prit  la  direction  de  Técole  de  contrepoint 
établie  par  Jean-Marie  NaninI,  et  peu  de  temps 
après  le  pape  Grégoire  XIII  le  chargea  de  la 
révision  de  tout  le  chant  du  graduel  et  de 
Tantiphonaire  romain  :  travail  immense  qu'il 
n'eut  point  le  temps  d'achever,  quoiqu'il  se 
fût  adjoint  son  élève  Guidetti.  Après  sa  mort, 
on  ne  trouva  que  le  graduel  De  tempore  ter- 
miné; Hygin,  fils  de  Palestrina,  fit  compléter 
ce  recueil,  et  le  vendit  comme  l'œuvre  de  son 
père  ;  mais  le  tribunal  de  la  Santa  Rota  cassa 
le  contrat,  et  le  manuscrit  se  perdit.  Le 
SI  juillet  1580,  Palestnna  perdit  sa  femme 
qu'il  aimait  tendrement  :  il  en  ressentit 
un  vif  chagrin  dont  ne  te  consola  pas  sa  no- 
mination de  maître  des  concerts  du  prince 
Jacques  Buoncompagno,  non  pas  neveu  du 
pape  Grégoire  XIII,  comme  le  ditBaini,  mais 
un  fils  que  ce  pape  avait  eu  avant  d'entrer 
dans  les  ordres  (1). 

Destiné  à  voir  se  succéder  sur  le  saint-siége 
apostolique  un  grand  nombre  de  souverains 
liontifes,  Pierluigi  cberchail  dans  chacun  d'eux 

(I)  \oyez  VArt  de  vérifier  let  datée,  pDgc  317,  édition 
de  1770. 


un  prolecteur  contre  les  besoins  qui  l'assié- 
geaient incessamment.  C'est  ainsi  qu'il  dédia 
au  pape  Sixte  V  le  premier  livre  de  ses  La- 
mentations. Dans  l'épllre  qu'il  a  placée  eo 
tête  de  ce  recueil,  il  fait  un  Ubleau  affligeant 
de  sa  situation  :  «  Très-Saint  Père  (dit-il), 
a  l'étude  et  les  soucis  ne  purent  jamais  s'ac- 
tt  corder,  surtout  lorsque  ceux-ci  proviennent 
«  de  la  misère.  Avec  le  nécessaire  (demander 
a  davantage  est  manquer  de  modération  et  de 
tt  tempérance),  on  peut  facilement  se  délivrer 
«  des  autres  soins,  et  celui  qui  ne  s'en  coq- 
«  tente  pas  ne  peut  que  s'accuser  lui-même. 
«  Mais  ceux  qui  l'ont  éprouvé  savent  seuls 
a  combien  il  est  pénible  de  travailler  pour 
tt  maintenir  honorablement  soi  et  les  siens, 
«  et  combien  cette  obligation  éloigne  l'esprit 
«  de  l'étude  des  sciences  et  des  arts  libéraux. 
«  J'en  ai  toujours  fait  la  triste  expérience,  et 
«  maintenant  plus  que  jamais.  Toutefois  je 
tt  rends  grâces  à  la  bonté  divine  qui  a  permis 
«  que,  malgré  mes  plus  grands  embarras,  je 
«  n'aie  jamais  interrompu  l'élude  de  la  mu- 
a  sique  (où  j'ai  trouvé  aussi  une  utile  diver- 
«  sion),  dans  la  carrière  que  j'ai  parcourue 
«  et  dont  le  terme  approche.  J'ai  publié  un 
a  grand  nombre  de  mes  compositions,  et  j'en 
a  ai    beaucoup    d'autres   dont    l'impression 
«  n'est  retardée  que  par  ma  pauvreté  :  car 
«  c'est  une  dépense  considérable,  particuHè- 
«  rement  à  cause  des  gros  caractères  de  notes 
o  el  de  lettres  nécessaires  pour  que  l'usage  en 
«  soit  commode  aux  églises,  etc.  »  C'est  un 
triste  spectacle  que  celui  d'un  vieillard,  élevé 
si  haut  dans  l'estime  des  hommes  par  d'im- 
mortels travaux,  et  néanmoins  livré  jusqu'à 
ses  derniers  jours  aux  horreurs  du  besoin; 
mais  aussi  rien  ne  peut  mieux  nous  faire  con- 
naître la  puissance  du  génie  que  cette  longue 
lutte  contre  l'adversité,  où,  loin  de  se  laisser 
point  abattre,  il  s'élève  incessamment  par  de 
nouveaux  efforts.  Après  tant  de  travaux,  dont 
les  résultats  avaient  été  si  glorieux  et  si  mal 
récompensés,  Jean    Pierluigi   de  Palestrina 
sentit  sa  fin  s'approcher.  Dans  ses  derniers 
moments,  il  fit  approcher  son  fils  Hygin,  le 
seul  de  ses  enfants  qu'il  eût  conservé,  et  lui 
dit  ces  paroles  qui  peignent  si  bien  le  véri- 
table artiste  :  «  Mon  fils,  je  vous  laisse  un 
«  grand  nombre  d'ouvrages  inédits;  grâce  au 
«  père  abbé  de  Baume,  au  cardinal  Aldobran- 
«  dini  et  au  grand-duc  de  Toscane,  je  vous 
tt  laisse  aussi  ce  qui  est  nécessaire  |M>ur  les 
«  faire  imprimer;  je  vous  recommande  que 
a  cela  se  fasse  au  plus  t6t  pour  la  gloire  du 
tt  Tout-Puissant,  et  pour  la  célébraiioa  de 


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PALESTRINA 


433 


«  son  ciiUe  dans  les  saints  temples.  ^  La  ma- 
ladie qui  le  consumait  prit  bientôt  après  un 
caractère  plus  grave,  et  le  â  février  15Ô4,  il 
expira.  Tous  les  musiciens  qui  se  trouvaient  à 
Rome  assistèrent  h  ses  funérailles;  il  fut  in- 
humé dans  la  basilique  du  Vatican,  et  Tins- 
criplion  suivante  fut  gravée  sur  son  tom- 
beau : 

JOAICaES-P£TBYS-ALOTSIVS-PAJI5ESTIRYS. 

Mvsicjs  pni.xccps. 

Plusieurs  portraits  de  Pierluigi  de  Pales- 
trina  ont  été  gravés  ou  lithographies  :  on  en 
trouve  un  dans  les  Oêservazioni  per  hen  re- 
golare  il  eoro  délia  cappella  pontificia, 
d*Adami  de  Bolsena  (p.  1G9),  un  autre  dans 
V Histoire  générale  de  la  musique,  par 
Havrkins  (tome  III,  i>age  1G8),  un  troisième 
dans  la  collection  de  Breilkopf,  et  en6n  un 
autre  dans  la  troisième  livraison  de  ma  Ga- 
lerie des  musiciens  célèbres;  mais  le  plus 
beau  et  le  plus  authentique  est  celui  que  rabl)é 
Baini  a  fait  faire  d*après  quatre  peintures 
anciennes  qui  existent  au  Quirinal,  au  pa- 
lais Barberini  et  dans  le  vestiaire  des  chantres 
de  la  basilique  du  Vatican.  Ce  portrait,  fort 
bien  gravé  par  Amsler,  se  trouve  en  tête  du 
premier  volume  des  Mémoires  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  Pierluigi  de  Palestrina.  On  y  re- 
marque une  physionomie  noble ,  et  tous  les 
signes  du  génie. 

L^éloge  de  ce  grand  artiste  peut  se  résumer 
en  peu  de  mots  :  il  fut  le  créateur  du  seul 
genre  de  musique  d*église  qui  soit  conforme  à 
son  objet;  il  atteignit  dans  ce  genre  le  dernier 
degré  de  la  perfection,  et  ses  ouvrages  en  sont 
restés  depuis  deux  siècles  et  demi  les  modèles 
inimitables.  Dans  le  style  du  madrigal,  il  n*a 
montré  ni  moins  de  génie  ni  moins  de  per- 
fection pour  les  détails,  et  nul  n*a  porté  plus 
loin  que  lui  l*art  de  saisir  le  caractère  gé- 
néral de  la  poésie  d*un  morceau.  Ainsi  que 
tous  les  hommes  doués  de  talents  supérieurs, 
il  se  modifia  plusieurs  fols  dans  le  cours  de 
sa  longue  et  glorieuse  carrière;  toutefois,  on 
peut  contester  Texactitude  de  la  division  de 
ses  œuvres  en  dix  styles  différents  que  Baini 
donne  à  la  fin  de  son  livre,  car  quelques-unes 
des  distinctions  qu^il  établit  résultent  moins 
d*un  changement  dans  la  manière  de  sentir  et 
de  concevoir  chez  Tartiste,  que  dans  les  pro- 
priétés du  genre  de  chaque  ouvrage.  Ainsi, 
s*il  est  vrai  qu^après  la  publication  du  premier 
livre  de  ses  messes,  Palestrina  a  secoué  la 
poussière  de  Técole  où  il  s*était  formé,  et  si, 
comme  le  dit  Baini,  les  chagrins  dont  il  fut 

BfOCa.   UKIV.   DES  MUSICIENS.    «.  T.   Tl. 


abreuvé  donnèrent  à  ses  idées  une  teinte  jné- 
lancolique,  et  lui  inspirèrent  la  pensée  de  ce 
genre  noble  et  louchant  dont  les  Improperii 
furent  le  signal,  il  est  certain  aussi  qu^on  ne 
peut  considérer  comme  des  styles  particuliers 
la  contexture  plus  solennelle  de  ses  Magni- 
ficat, ni  la  douce  et  facile  allure  de  ses  litanies, 
ni  réléganle  et  spirituelle  expression  de  ses 
madrigaux.  Dans  toutes  ces  productions , 
rhomme  de  génie  se  pénétra  de  la  spécialité 
du  genre,  et  trouva  les  formes  et  les  accents  les 
plus  analogues  à  celte  spécialité,  mais  ne 
changea  pas  pour  cela  de  manière,  comme  il 
le  fit  lorsqu^il  passa  tout  à  coup  du  système 
de  Tancienne  école  à  celui  des  messes  de  son 
deuxième  livre,  et  surtout  à  celui  delà  messe 
du  pape  Marcel.  Je  ne  partage  pas  non  plus 
Topinion  de  Baini,  que  celle-ci  constitue  un 
style  particulier  :  elle  est  seulement  la  plus 
belle  production  de  Palestrina  dans  ce  style. 

L^éducation  des  musiciens  français  était  si 
négligée  depuis  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  que  le  nom  de  Palestrina  était  à  peine 
connu  de  quelques-uns,  il  y  a  cinquante  ans. 
C'est  Cherubini  qui,  le  premier,  a  répandu  la 
connaissance  des  œuvres  de  ce  grand  homme, 
à  Paris  :  c^est  lui  qui  en  a  expliqué  Tesprit  et 
le  mécanisme  de  style  dans  son  Cours  de  haute 
composition»  Marchant  sur  ses  traces,  j'ai 
exercé  tous  mes  élèves  des  Conservatoires  de 
Paris  et  de  Bruxelles  sur  le  style  alla  PaleS" 
trina,  et  j*ai  fait  pour  eux,  à  plusieurs  épo- 
ques, des  analyses  des  plus  beaux  ouvrages  de 
ce  maître  des  maîtres.  D*autre  part,  Texécu- 
tion  de  quelques-uns  de  ses  meilleurs  motels 
et  madrigaux  dans  les  exercices  de  Técole  di- 
rigée par  Choron  et  dans  mes  Concerts  histo- 
riques, a  fait  connaître  au  public  français  ces 
belles  compositions,  qui  ont  produit  une  im- 
pression profonde. 

La  liste  immense  des  productions  de  Pales- 
trina peutétre  divisée  de  la  manière  suivante  : 
I.  Messes  :  i^  Joannis  Pétri  MoysHPr^nes- 
tini  in  Basilica  S,  Pétri  de  Urbe  cappella 
Magistri  Missarum  liber  primus;  Romje, 
apud  Falerium  Doricum  et  Moysium  fra^ 
très,  1554,  in-fol.On  trouve  dans  ce  recueil  les 
messes  à  quatre  voix  Ecee  sacerdos  magnus^ 
O  regem  Cœli,  Virtute  magna  et  Gabriel 
Jrchangelus,  et  une  à  cinq  voix,  Jd  eéenam 
Agni  providi.  Deux  autres  éditions  ont  été 
publiées,  Tune  en  1572,  Tautre  en  1591  : 
cette  dernière  contient  de  plus  que  les  autres 
une  messe  de  morts  à  cinq  voix,  et  la  messe 
Sine  nomine  k  six  voix.  2«  Missarum  liber 
MCttfidui;  Romjgj  apud  heredes  Falerii  et 

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434 


PALESTRINA 


Moysii  Doricorum  fratrum  Brixensium, 
1567.  Ce  recueil  conlient  quatre  messes  à 
quatre  voix,  savoir  :  De  Beata  Firgine,  In- 
violata,  Sine  nomine,  Jd  fugam  ;  deux  à 
ctuq  voix,  Jipice  Domine  et  Salvum  me  fae; 
enfin  la  messe  Papx  Marcelli,  à  six  voix. 
Une  deuxième  édition  de  ce  recueil  a  été  pu- 
bliée à  Venise^  en  1508,  in>4<>.  La  messe  j4d 
fugam  a  été  gravée  en  partition  à  Paris, 
chez  Leduc,  en  1809,  par  les  soins  de  Choron. 
3»  JUissurum  liber  tertiusj  Romx,  apud  he- 

f  redes  Doricorum  fratrum j^  1570.  On  trouve 
dans   ce  livre  quatre  messes  à  quatre  voix, 

.  Spem  in  alium,  Primi  toni  (composée  sur  le 
thème  du  madrigal  du  même  auteur  lo  mi 
son  Giovinetta),  Brevis  et  Deferia;  deux  à 
cinq  voix ,  V Homme  armé  ,  Repleaiur  o$ 
meum,  et  deux  à  six  voix.  De  Beata  Firgine, 
Ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la.  Deux  autres  éditions 
de  ce  livre  de  messes  ont  été  publiées.  Tune  à 
Rome,  en  1570,  tn-fol.,  Tautre  à  Venise,  en 
1509,  in-4<'.  On  ne  trouve  pas  dans  celle-ci  la 
messe  Ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la.  A^  Missarum 
eu  m  quatuor  et  quinqut  %3oeihus  liber  quar- 
tus;  Rome,  Alexandre  Gardane,  1583,  in-fol.; 
deuxième  édition,  Venise,  1582,  in-4*.  Une 
troisième  édition  de  ce  quatrième  livre,  Incon* 
nue  à  Raini,  a  été  imprimée,  sous  le  même 
titre,  à  Milan,  che2  les  héritiers  de  Simon  Tini, 
en  1590,  in-Â^  {voyez  le  Catalogue  de  la  Riblio- 
thèque  musicale  de  J.-Adrien  de  la  Fage, 
n^  1665).  Les  messes  de  ce  recueil  ne  sont  pas 
distinguées  par  des  titres  particuliers;  elles 
sont  au  nombre  de  quatre  à  quatre  voix,  et  de 
trois  à  cinq  voix.  5»  Missarum  liber  quintut; 
quatuor,  quinque  ao  sex  vœibus  eoneinen^ 
darum;  Romœ,  sumpiibus  Jaeobi  Berichis, 
1590,  ApudFr.  Coattinum,  In-fol.  Deuxième 
édition,  Venise,  1591,  ln-4<>.  Ce  livre  contient 
les  messes  :  jEtema  Christi  munera,  Jam 
ChristuB  astra  ascenderat,  Panis  quem  ego 
dabo,  Iste  confessor,  à  quatre  voix  ;  Nigra 
sum,  Sicutlilium  interspinas,  à  cinq  voix; 
lYave  la  gioia  mia  et  Sine  nomine,  i  six 
voix.  Q^  Missx  quinque,  quatuor  ac  quinque 
voeibus  coneinendtf  liber  sextus;  Borner, 
apud  Fr.  Coattinum,\h9Af  in-fol.  On  trouve 
dans  ce  livre  les  messes  :  Dies  sanetificatus.  In 
te  Domine  speravi,  Sine  nomine,  Quampt^* 
chra  es,  à  quatre  voix,  et  Dilexi  quoniam,  à 
cinq  voix.  La  deuxième  édition,  publiée  à  Ve- 
nise, en  1596,  in-4<>,  contient  de  plus  la  messe 
Jve  Maria,  à  six  voix.  7«  Missm  quinque, 
quatuor  et  quinque  voeibus  eoneinendet,  liber 
septimus  ;  Romei,  apud  Fr.  Coattinum,  1 594, 
in-fol.  Ce  livre  préparé  par  Palestrina,  fut  pu- 


blié après  sa  mort  par  son  fils  Hygin  ;  il  con- 
tient les  messes  :  Âve  Maria ,   Sanetorum 
meritis  et  Ecce  domus,  à  quatre  voix  ;  Sa- 
cerdos  et  pontifex.  Tu  es  pastor  oviumy  à 
cinq  voix.  Les  deuxième  et  troisième  éditions, 
publiées  à  Rome,  en  1595,  in-fol,  et  à  Venise, 
en  1605,  ln-4o,  contiennent,  de  plus  que  la  pre- 
mière, la  messe  à  six  voix  Jd  bene  plaeitum, 
8<>  Missarum  cum  quatuor,  quinque  et  sex 
voeibus,  liber  octavus  ;  Fenetiis,  apud  hsere- 
dem  Hier.  Scoti,  1599,  in-4«.  Deuxième  édi- 
tion, ibid.,  1609,  ln-4o.  On  trouve  dans  ce  livre 
les  messes  :  Qûem  dieunt  homines,  Dum  esset 
summus  pontifex,  à  quatre  voix;  O  admira- 
bile  eommercium,  Memor  esto  verhis,  à  cinq 
voix  ;  Dum  complerentur,  et  Sacerdotes  Do» 
mini,  à  six  voix.  Cette  dernière  contient  un 
double  canon  perpétuel  à  la  seconde  et  à  la 
tierce  dans  les  parties  de  ténor.  On  ne  connaît 
pas  d^édition  de  Rome,  in-fol.,  de  ce  huitième 
livre  des  messes;  il  en  est  de  même  des  sui- 
vants.  Il  est  vraisemblable  que  le  fils  de 
Palestrina,  n^ayant  pas  Targent  nécessaire 
pour  faire  Tentreprise   de  Timpression,  a 
traité  avec  les  éditeurs  de  Venise  pour  la 
publication  de  ces  derniers  livres  en  format 
in -4*.  9«  Missarum  cum  quatuor,  quinque 
ae  sex  voeibus,  liber  nonus;  ibtd.,  1599, 
in-4«.  Deuxième  édition;  ibid.,  1608,  in-4*. 
Ce  livre  contient  six  messes,  savoir  :   j^ve, 
Regina  cœlorum  et  Feni,  sponsa  Christi, 
à  quatre  voix  ;  Festiva  i  eoUi  et  Sine  nomine, 
à  cinq  voix;  In  te  Domine  speravi  et  Te 
Deum  laudamus,  à  six  voix.  10*  Miuarum 
quatuor,  quinque  et  sex  voeibus,  liber  deci- 
mus,  ibid.,   1600,  in-4*.  On  y  trouve  :  In 
illo  tempore,  Già  fu  chi  m*  ehbe  eara,  à 
quatre  voix  ;  Petra  sancta,  O  Firgo  simul 
et  mater,  k  cinq  voix  ;  Quinti  toni,  lUu-' 
mina  oculos  meos,  à  six  voix.  Cette  dernière 
est  la  même  que  celle  qui  se  trouve  dans  la 
deuxième  édition  du  deuxième  livre,   sous 
le  titre  :  jid  bene  plaeitum.  11«  Missarum 
cum  quatuor,  quinque  et  sex  voeibus,  liber 
undecimus,  ibid.,  1600,  in-4<'.  Ce  livre  con- 
tient :  Descendit  Angélus,  à  quatre  TOix; 
Reginà  ceeli,  Argande  lieta  sperai,  à  cinq 
voix  ;  Octavi  toni.  Aima  Redemptoriis,  à  six 
voix.  13*  Missarum  cum  quatuor,  quinque  et 
sex  voeibus j  liber  duodeeimus^  ibid.,  1601, 
in-4«.  Ce  volume  renferme  les  messes  :  Regina 
cœU,  o  Rex  glori»,  i  quatre  voix;  j^scendo 
ad  patrem,  QtMVè  il  piik  grand*  amoTj  à 
cinq  voix;  Tu  es  Petrus,  Firi  GaHUH,  à  six 
voix.  15<>  Missm  quatuor,  octonU  voeihue 
concinendms   Venise,    Richard    Amadino, 


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PALESTRINA 


43o 


1601,  iii-4«.  Ces  messes  à  huit  voix,  les  seules 
de  Palestrina  qui  ont  été  publiées,  sont  :  Lan- 
date  Dominum,  Hodie  Christus  natus  est, 
Fratres  ego,  Confitebor  tibi,  Domine.  Indé- 
pendamment de  ces  messes  imprimées,  les 
archives  delà  chapelle  pontificale  contiennent 
les  messes  :  14<>  Lauda  Sion,  Pater  noster, 
Jesu,  nostra  redemptio,  à  quatre  voix  ;  Bea- 
tus  Laurentius,  Panem  nostrum,  Salve  Ré- 
sina, O  sacrum  eonvMum,  à  cinq  voix; 
£cce  ego  Joannes  et  Feni  Creator  spiritus, 
à  six  voix.  On  trouve  aussi,  à  la  Bibliothèque 
du  Vatican,  les  messes  inédites  :\}S*>Tues  Pe- 
tru$,  à  six  voix,  différente  de  celle  du  même 
titre  qui  est  imprimée  dans  le  douzième  livre  ; 
une  messe  sur  le  plain-chant  du  Kyrie  des 
doubles  majeurs,  et  une  autre  sur  le  Kyrie  des 
doubles  mineurs.  On  voit  que  le  nombre  de 
messes  à  quatre,  cinq,  six  et  huit  voix,  de  Pa* 
lestrina,  s*élève  à  soixante-dix-huit,  dont 
douze  inédites,  et  êoixante- quatre  publiées. 
De  celles-ci  j*ai  quarante  des  plus  belles  en 
partition;  une  collection  plus  considérable 
existe  chez  Tabbé  Santint,  à  Rome;  Lands- 
berg  en  possédait  aussi  une  collection  inté- 
ressante ;  mais  la  plus  complète  est  celle 
qu*avait  formée  TabbéBaini,  et  qui  est  passée 
à  la  Bibliothèque  de  la  Minerva,  à  Rome.  On 
en  trouve  quelques-unes  dans  la  collection 
publiée  par  Tabbé  Al  fie  ri  sous  le  titre  :  Rac- 
coUa  di  mutiea  in  cui  contengonei  i  eapo- 
iavori  di  eelebri  compositori  italiani,  etc. 
{voye%  AiiiBBi).  Le  chanoine  Proske,  de 
Ratisbonne,  a  publié,  dans  sa  belle  collection 
intitulée  :  Mutiea  Divina  (T.  l*'),  trois  messes 
à  4  voix  de  Palestrina ,  la  première  (Missa 
hreviê)  tirée  du  troisième  livre;  la  seconde 
(Iste  eonfessor\ ,  tirée  du  cinquième  livre  ;  et 
la  dernière  {Die$  sanetificatus)^  extraite  du 
sixième  livre.  Ces  messes  sont  en  partition. 
Le  même  savant  éditeur  a  donné, dans  le  pre- 
mier volume  de  sonSeUctus  novue  Missarum, 
deux  autres  messes  de  Palestrina  en  partition, 
la  première  (Feni  sponsa  Christi)^  à  4  voix, 
tirée  du  neuvième  livre  ;  la  seconde  {Jsswnpta 
est  i!far«a),à  6  voix. — II.  Motets  :  \6^Motecta 
festorutn  totius  anni,  cum  communione 
sanctorum  quaternis  vocibus,  liber  primus  ; 
Romje,  ap.  hwr,  /  alerii  et  Aloysii  Dorico- 
rum  fratrum^  1565,  in -fol.  Deux  autres  édi- 
tions de  ce  livre  de  motels  parurent  à  Rome, 
«n  1585  et  1590,  une  à  Venise,  en  1601,  et  une 
dernière  à  Rome,  en  1623.  17'*  Liber  primus 
Motettorum,  quw  partim  quinis,  partim 
seniSfpartim  septenis  vocibus  coneinantur, 
ihid.,  1569.  Deux  autres  éditions  ont  paru  à 


Venise,  en  1586  et  1600,  in-4«.  18»  Motetto- 
rum  quse  partim  quinis,  partim  senis,  par- 
tim octonis  vocibus  coneinantur,  liber  se- 
cundus;  Venise,  Jérôme  Scoto„  1572,  in-4*. 
Cette  édition  est  la  deuxième  du  second  livre 
de  mot«ts  à  cinq,  six  voix,  etc.  ;  la  première 
est  si  rare  que  Baini  n*a  pu  la  découvrir  après 
de  loûgues  recherches.  19<^  Motettorum,  qux 
partim  quinis,  partim  senis, partim  octonis 
vocibus  coneinantur,  liber  tertius;  RomM, 
apud  Gardanum,  1575,  in-fol.  On  connaît 
trois  autres  éditions  de  celivre,  toutes  publiées 
àVenise,  en  1581, 1589  etl594,in-4o.S»  ^0- 
tettorum  quatuor  vocibus  partim  plenàvoce, 
et  partim  paribus  vocibus,  liber  secundta; 
FenetiiSy  apud  Jngelum  Gardanum,  1581, 
in-4o.  Trois  autres  éditions  ont  paru  à  Rome, 
en  1590,  et  à  Venise,  en  1604  et  1606. 31*  Mo- 
tettorum  quinque  vocibus,  liber  quartus  e 
Canticis  cantieorum;  RomWy  apud  Alex, 
Gardanum,  1584.  Le  texte  de  ces  motets  est 
tiré  du  Cantique  des  cantiques.  Il  a  été  fait 
dix  éditions  de  ce  livre  de  motets;  la  deuxième 
et  les  suivantes  ont  paru  à  Venise,  en  1584, 
1587,  1588  (celle-ci  a  été  tirée  à  trois  mille 
exemplaires),  1596,  1601,  160^3  1608  (avec 
une  basse  ajoutée  pour  Torgue),  1613;  la 
dixième  et  dernière  parut  à  Rome,  en  1650, 
chez  Vital  Mascardi.  ^^^  Motettorum  quinque 
vocibus  liber  quintus;  Romss,  apud  Alex, 
Gardanum,  1584.  Les  éditions  suivantes  ont 
paru  à  Venise,  en  1588,  1595  et  1601.  L'édi- 
tion de  1595  contient  un  motet,  Opem  nobis, 
o  Thoma,  porrige^  qui  n*est  pas  dans  les 
autres,  et  qui  ne  parait  pas  être  de  Palestrina. 
L*ablTé  Baini  a  rassemblé  les  motets  inédits 
qui  se  trouvaient  répandus  dans  diverses  bi- 
bliothèques et  archives  de  Rome,  et  en  a  formé 
trois  autres  livres  prêts  à  être  publiés,  le  pre- 
mier à  quatre,  cinq  et  six  voix;  les  deux  au- 
tres à  huitetdouze  voix.  —  III.  LàMENTATions 
DE  JÉBÉBiE  :  23<»  Lamentationum  liber  pri- 
mus cum  quatuor  vocibus;  Romss ,  apud 
Alex,  (^ardanum^  1588,  in-fol.  Une  deuxième 
édition  a  été  publiée  à  Venise,  en  1589,  in-4**. 
Deux  autres  livres  de  lamentations  inédites 
t>ni  été  recueillis parBaini,  le  premier  à  quatre 
voix,  l'aulre  à  cinq  et  six  voix. — IV.  Hymnes  : 
24°  Hymni  totius  anni,  secundum  S.  R.  £, 
consueludinem  quatuor  vocibus  concinendi 
nec  non  hymni  religionum ;  Romx, apud  Ja- 
cobum  Tornerium  et  Bern.  Donangelum, 
1589,  grand  in-folio.  Excudebat  Fr.  Coatti- 
nus.  Il  y  a  deux  autres  éditions  de  ce  recueil  : 
la  première  de  Venise,  1589;  Tau  ire  de 
Rome,  1625.  Celte  dernière  est  accompagnée 

28. 


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43G 


PALESTRINA  —  PALIONE 


d*uDe  basse  continue  pour  Vorgue.  —  V.  Of- 
VERTOiKES  :  â5<>  Offtrtoria  totius  anni,  secun- 
dum  tanctêg  Roman»  tccUsiœ  consuttudi- 
nenty  quinque  vocibus  concinenda  (divisées 
en  deux  parlies);  Ronug,  apud  F.  Coatti- 
nutn,  1593.  Beux  autres  éditions  ont  été  pu* 
bliées  à  Venise,  en  1594  et  1596,  in-4<>.— 
VI.  Maghificat  :  26<»  Magnificat  octo  tono» 
rum  liber  primus  ;  Romje,  apud  Mex.  Gar^ 
danum,  1691.  Dans  la  même  année,  il  fut 
publié  une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage, 
à  Venise.  Ce  livre  renferme  seize  Magnificat 
à  quatre  voix  sur  la  psalmodie  grégorienne. 
L*abbé  Baini  a  rassemblé  dans  les  diverses 
bibliothèques  un  autre  livre  de  Magnificat 
inédits  de  Palcstrina,  à  cinq,  six  et  huit  voix. 
—  VII.  Litanies  :  27«  Litanim  Deiparx  Vir- 
ginia, qtue  in  sacellii  societatis  Rosarii  ubi- 
que  dicatii  concinuntur,  Musica  cum  qua- 
tuor vocibui  Joannity  etc.;  Romagy  apud 
Fr.  Coattinum  (en  deux  parties).  En  1600, 
il  a  été  publié  une  deuxième  édition  de  ces 
litanies,  auxquelles  on  a  ajouté  celle  de  Notre- 
Dame  de  Lorette,  par  Roland    de    Lassus. 
Baini  a  rassemblé  un  troisième  livre  de  lita- 
nies inédites,  à  six  voix.  —  VIIT.  Castiqves 
spuiTUELS  :  27«  (bis)  Madrigali  spirituali  a 
cinque  voci ,  libro  primo.  Fenezia,  app. 
Jug.  Gardano,  1581,  in-4».  28°  De*  Madri- 
gali epirituali  a  cinque  voci  il  libro  se- 
condo;  in  Roma,  presso  Coattino,  1594.  — 
IX.  Psaumes.  28<»  (bis)  Sacra  omnia  solemn. 
Psalmodia  vespertina  cumcant,  B,  V»  quin- 
que  %iocum,  Fenetiis,  apud  Ricc.   Ama- 
dinum^  1596,  in-4».  —  X.  Maobicaux  ;  29«  Il 
primo  libro  di  Madrigali  a  quattro  voci; 
in  Roma,  FaUrio  e  Luigi  Dorici  1555. 
Cinq  autres  éditions  de  ce  premier  livre  de 
madrigaux  à  quatre  voix  ont  été  publiées  à 
Venise,  en  1568,  1570,  1594,  1596  et  1605. 
30<»  //  primo  libro  de'  Madrigali  a  cinque 
voci  di  Giov,  Pierluigi,  etc.;  Fenezia,  ap- 
presso  Jngiolo  Gardano,  1581  ;   deuxième 
édition  ;  ibid.,  1593; troisième  édition;  t&td., 
1604.  ol»  Di  Giovanni  Petro  Loysio  da  Pa- 
lestrina  il  secondo  libro  de'  Madrigali  a 
quattro  voci;  in  Fenezia,  appresso  Vherede 
di  Girol.  Scoto^  1586;  deuxième  édition, 
1595,  in-4». 

Beaucoup  de  motets,  de  madrigaux  et  d'au- 
tres morceaux  tirés  des  œuvres  de  Paleslrina 
ont  été  insérés  dans  les  recueils  de  divers  au- 
teurs publiés  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle  et  au  commencement  du  dix-sep- 
tième. Les  PP.  Martini  et  Paolucci  ont  aussi 
publié  divers  fragmeoi^  de  ce  maUre,  dans 


leurs  traités  pratiques  du  contrepoint;  la  plu- 
part de  ces  exemples  ont  été  reproduits  par 
Choron  dans  ses  Principes  de  composition 
des  écoles  d'Italie  (Paris,  1808),  et  le  Stabat 
à  deux  chœurs  a  été  aussi  publié  dans  la  même 
année  par  ce  savant.  Déjà  ce  Stabat  avait  été 
mis  au  jour  i  Londres,  par  Burney,  avec  les 
Jmproperii  et  les  Miserere  de  Baj  et  d'Aile- 
gri;  dans  ces  derniers  temps,  MM.  Breit- 
kopf  et  Hœrtel  ont  donné  une  nouvelle  édition 
de  ce  recueil,  sous  ce  titre  :  Musica  saera^ 
qux  cantatur  quotannis  per  hebdomadam 
sanctam  Rom»  in  Sacello  pontificio,  La  Bi- 
bliothèque du  Conservatoire  de  Paris  possède, 
dans  la  collection  connue  sous  le  nom  d*JE'fer, 
trente-sept  motets  en  partition  de  Palestrina; 
j'ai  également  les  trois  premiers  livres  de  mo- 
tels à  cinq,  six  et  huit  voix  en  partition. 
M.  Pabbé  Santini,  à  Rome,  possède  auss» 
toutes  les  messes  et  beaucoup  d'autres  compo- 
sitions de  ce  grand  homme;  «nfin,  l'abbé 
Baini  a  préparé  une  édition  complète  de  toutes 
ses  œuvres  en  partition,  qu*il  serait  bien  dési* 
rahle  de  voir  publier. 

PALESTRINA  (  Ah6E  et  Rodolfhf 
PIERLUIGI  DE).  Foyez  PIERLUIGI. 
PALESTRII^I  (Jear),  hautboïste  dis- 
tingué, naquit  à  Milan,  en  1744.  Joseph 
Lenta,  premier  hautboïste  du  Ihéiitre  de  cette 
ville,  fut  son  maître,  et  lui  fit  faire  de  rapides 
progrès.  Après  avoir  visité  toute  l'Italie,  Pa- 
lestrini  se  rendit  en  Allemagne,  et  entra  an 
service  du  prince  de  la  Tour  et  Taxis,  à  KHis- 
bonne.  En  1783,  il  fit  un  voyage  en  Dane- 
mark, par  Hambourg,  et  se  fit  entendre  avec 
succès  dans  toutes  les  villes  où  il  s'arrêta.  Son 
talent  était  particulièrement  remarquable  par 
la  beauté  du  son,  et  par  l'expression  dans  lé- 
chant. En  1812,  cet  artiste  était  encore  at- 
taché à  la  chapelle  de  Raiisbonne,  quoiqu'il 
fût  igé  de  soixante-huit  ans.  On  connaît  de 
lui  quelques  concertos  pour  le  hautbois,  ea 
manuscrit. 

PALIONE  (Joseph),  compositeur  et  pro* 
fesseurde  chant,  naquit  à  Rome,  le  7  octobre 
1781.  Élève  de  Fontemaggl,  k  Rome,  et  de 
Fcnaroli,  à  Naples,  il  acheva  ses  études  soos 
ce  dernier  maître,  et  se  rendit,  en  1805,  à 
Paris,  où  il  se  fixa  en  qualité  de  maître  de 
chant.  Il  est  mort  en  celte  ville,  vers  la  fin  de- 
1819.  Toutes  les  compositions  de  cet  artiste 
sont  restées  en  manuscrit;  elles  consistent  en  r 
1«  Trois  quintettes  pour  deux  pianos,  deux. 
violons  et  violoncelle.  S?  Neuf  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse.  S**  Deux  sympho- 
nies pour  orchestre  complet.  4«  Debora,  ora— 


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PALIONE  —  PALLOTTA 


^37 


torio.  5«  La  Finta  Amante,  opéra  boiifTe, 
représenté  au  théâtre  des  Fiorentini,  à 
Naples.  6<»  Ze  due  Rivait^  idem,  représenté  à 
Rome,  en  1802.  7*  La  Fedota  astuta,  ibid. 
8»  la  FUlanella  rapUa,  ibid.  9»  Ariane, 
cantate.  10<»  Bes  airs  intercalés  dans  divers 
opéras,  entre  autres  une  cavatine  chantée  à 
Paris  avec  succès,  par  madame  Barilli,  dans 
7e  Rivali,  de  Hayer. 

PALLADIO  (Datio),  compositeur  napo- 
litain, né  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
se  fixa  en  Allemagne,  et  parait  avoir  été  ai| 
service  de  Tévéque  d*Ha1berstadt.  Il  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  :  \^  Cantiones 
nuptiales  4,  5,  6  e  7  vocum;  Witlenberg, 
1590,  in-4«.  2<»  Neues  Lied,  Herm  Henrico 
Julio,  postulirten  Bisehoffen  zu  Halberttadt 
(Nouvelle  chanson  en  Thonneur  de  M.  Henri 
Julius,  évéque  suffragant  de  Halberstadt,  duc 
de  Brunswictf  et  de  Lunebourg),  Hagdebourg, 
1590,  in.4«. 

PALLATICnSI  (Vincbst),  maître  de 
chapelle  au  Conservatoire  degli  Incurahiîi, 
à  Venise,  vécut  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  En  1755,  il  fit  représenter  à  Venise  lo 
Speziale,  opéra  bouffe,  composé  en  collabo- 
ration avec  Fischietti.  Cet  opéra,  et  une  sym- 
phonie de  la  composition  de  Pallavicini,  se 
trouvaient  autrefois  dans  le  magasin  de  Breit- 
loi>f,  à  Leipsick. 

PALLAVICINO  (BewoIt),  compositeur 
distingué,  naquit  à  Crémone,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  et  fut  maître  de 
chapelle  du  duc  de  Mantoue.  Il  était  encore 
au  service  de  ce  prince,  en  1016.  On  connaît 
de  lui  les  ouvrages  suivants  :  l''  //  primo 
lihro  de*  Madrigali  a  quattro  voci;  in  Fe- 
netia,  app.  Angelo  Gardane,  1570,  in-4». 
1"  {bis)  Madrigali  a  cinque  voei,  lib.  1  ;  Ve- 
nise, 1581,  in-4».  2<»  Idem^  lib.  2;  ibid., 
1505,  in-4«».  2«  {bis)  Sacrarum  Dei  laudum 
oclo,  duodecim  et  sexdecim  vocibus;  Fe- 
netiis,  apud  Riccardum  Jmadinum,  1505, 
in-4«.  S»  Idem,  lib.  5;  tftid.,  1596,  ln-4».  Ce 
livre  a  été  réimprimé  à  Anvers,  chez  Pha- 
lèse,  en  1604.  4o  Idem,  lib.  4  ;  Venise,  1596, 
Jn-4®;  Anvers,  1605,  ln-4»  obi.  4<»  {bis)  Di 
Benedetto  Pallavieino  il  quinto  libre  de 
Madrigali  a  cinque  voci;  in  Fenetia,  app, 
€ia.  Fincenti,  1597,  in-4».  5»  Cantiones 
sacrxS,  12  g  16  voctim;  Venise,  1605.  ÏÏ-/Z 
primo  libro  de*  Madrigali  a  sei  voci,  nova^ 
mente  composti  et  dati  in  luce  ;  in  Fenetia, 
presso  Giacomo  Fincenti,  1587,  in -4*».  Cette 
édition  est  la  première  :  TépUre  dédicatoire 
au  duc  de  Mantoue  est  datée  du  1^'  mai  1587. 


La  deuxième  édition  a  été  publiée  chez  Vin- 
centi,  à  Venise,  en  1606,  et  dans  la  même 
année  Pierre  Phalèse  en  a  donné  une  autre  à 
Anvers.  7«  Libro  FI  de*  Madrigali  a  5  voct; 
ibid.,  1612,  in-4*>.  C*est  une  deuxième  édi- 
tion. 8»  Madrigali  a  }i  voei,  lib.  FII;  ibid., 
1615,  in-4<^.  On  trouve  des  madrigaux  de 
Pallavieino  dans  la  collection  intitulée  De' 
floridi  virtuosi  d'Italia  il  terzo  libro  de' 
Madrigali  a  cinque  voci  (Venise,  Giac.  Vin- 
centi  et  Rich.  Amadino,  1586,  in-4<>),  et  dans 
plusieurs  autres  recueils. 

PALLAVIGIINO  (Chables),  compositeur 
dramatique,  naquit  à  Brescia  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle,  et  mourut  à 
Dresde  en  1689.  La  plupart  des  opéras  de  ce 
compositeur  ont  été  représentés  avec  succès  à 
Venise,  quoiquMls  ne  se  distinguent  par  au- 
cune qualité  d'invention.  Ses  productions, 
dont  on  a  retenu  les  titres,  sont  :  1®  Aure^ 
Hano;  à  Venise,  en  1666.  2«  Demetrio,  dans 
la  même  année.  S''  /{  Tiranno  umiliato 
d'Amore,  ovvero  Meraspe,  1667.  4«»  />io- 
elezianoy  1674.  5»  Enea  in  Italia,  1675. 
6»  Ga/eno,  1676.  7»  Il  Fespasiano,  1678. 
80  II  Nerone,  1679.  9«  Messalina,  1680. 
10<>  Bassiano,  ossia  il  maggiore  impossibile, 
1682.  11»  CarlOjVe  d'Italia,  1685.  12<»  //  Rô 
infante,  1685.  15»  Licinio  imperatore , 
1684.  14»  Recimero  re  de'  Fandali,  1685. 
15*»  Massimo  Puppieno,  1685. 16®  Peneloppe 
lacasta,  1686,  17«  Didone  délirante,  1686. 
1  S'^Amor  innamorato,  1 687 .1 9«  L 'Amazzone 
corsara,  1687.  20«  Elmiro,  rediCorinto, 
1687.  21«  La  Gerusalemme  liberata,  1688. 
22»  ^na'ops;  à  Dresde,  1689;  c*est  pendant 
la  composition  de  cet  opéra  que  Pallavieino 
mourut;  Strunck  termina  Touvrage,  qui  fût 
représenté  à  Dresde,  dans  la  même  année.  La 
Gerusalemme  liberata  fut  traduite  en  alle- 
mand par  Fiedeler,  et  représentée  à  Ham* 
bourg,  en  1695,  sous  le  titre  d^Armida.  Quel- 
ques airs  de  cet  ouvrage  ont  été  imprimés  à 
Hambourg  dans  la  même  année.  Les  mélodies 
de  ces  morceaux  manquent  d'originalité.  Pal- 
lavieino fut  le  maître  de  composition  de  Le- 
grenzi  (voyez  ce  nom). 

PALLOTTA  (Math I en),  compositeur  de 
musique  d'église,  h  Palerme,  né  vraisembla- 
blement en  Sicile,  a  vécu  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  connaît 
sous  son  nom  :  U  Cantionum  Benedictus  ad 
Laudes  in  soUmn,  matutinis  Hebdomadm 
Sanctx  4  vocum,  ^'^  Benedictus  quinti  modi. 
Ces  deux  ouvrages  sont  indiqués  comme  ma- 
Duscritsdans  le  catalogue  de  Traeg,  de  Vienne. 


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438 


PALIVIA  -  PAMPAM 


PALMA  (SiifESTEE),  composiUur  drama- 
tique, né  à  Iscbia,  près  de  Naples,  en  1762, 
étudia  le  contrepoint  au  Conservatoire  de 
Loreto,  sous  la  direction  de  Valenti  et  de  Fe- 
narolî  ;  il  reçut  ensuite  des  conseils  de  Pai- 
siello.  En  1791,  il  intercala  quelques  airs 
dans  Topera  bouffe  intitulé  L$  Fane  Geloêie. 
Son  premier  opéra,  joué  à  Naples,fut  la  Finta 
Matta.  Il  donna  ensuite  :  1<»  La  Pietra  sim- 
patica^  dans  lequel  on  trouve  la  polonaise 
Sento  eheion  vic(no,qm  a  eu  un  succès  pro- 
digieux, â»  Gli  Jmanti  ridicoli,  et  3<>  La 
Sposa  contrasta.  En  1799,  au  moment  où  ce 
compositeur  se  disposait  à  aller  de  Venise  à 
Bologne,  il  fut  obligé  de  retourner  à  Naples, 
où  il  écrivit  pour  divers  théâtres  :  La  Sckiava 
fortunata;  VErede  sensa  eredità;  le  Seguaci 
di  Diana;  lo  Scavamento  ;  i  Furbi  amanti; 
i  Fampiri;  U  Minière  di  Polonia;  il  Pa- 
lazso  délie  Fate;  il  PaUone  aerostatico;  il 
Geloso  di  te  ttesso.  Une  affection  hémorroTdale 
obligea  Pal  ma  à  renoncer  à  ses  travaux  dra- 
matiques. Une  hydropisie  de  poitrine  le  con- 
duisit au  tombeau  le  8  août  1834,  à  Tâge  de 
soixante-douze  ans.  On  connaît  de  lui  une 
cantate  pour  soprano  et  contralto  écrite  pour 
la  fêle  de  Noei. 

PALMERINI  (Lovis),  né  à  Bologne,  le 
26  décembre  1768,  y  est  mort  le  S7  Janvier 
1842.  Cet  artiste  distingué  a  occupé  avec 
beaucoup  d*honneur,  pendant  quarante  ans,  la 
place  d*orgaolste  de  la  collégiale  de  S.  Pé- 
trone, dans  sa  ville  natale  :  avec  lui  a  fini  en 
Italie  Part  de  Jouer  de  Torgue  dans  le  style 
véritable  de  cet  instrument.  Il  improvisait  des 
fugues  à  trois  et  quatre  parties  qui,  pour  la 
conduite  et  Texécution,  étaient  dignes  des 
meilleurs  maîtres.  On  a  de  lui  beaucoup  de 
musique  d*église  bien  écrite,  qui  est  restée  en 
manuscrit.  Palmerini  a  laissé  aussi  un  traité 
d'harmonie  et  d'accompagnement  que  plu- 
sieurs artistes  bolonais  considèrent  comme 
préférable  à  celui  de  Mattel. 

PALSA  (Jear),  virtuose  sur  le  cor,  naquit 
à  Jermeritz,  en  Bohême,  le  20  juin  1752.  Il 
n'était  âgé  que  de  dix- huit  ans  lorsqu'il  se 
rendit  à  Paris  avec  Turschroidt,  qui,  dans 
leurs  duos,  jouait  la  partie  de  second  cor. 
Après  les  avoir  entendus  au  concert  spirituel, 
le  prince  de  Guémené  les  prit  à  son  service. 
Ils  publièrent  dans  celle  ville  deux  œuvres  de 
duos  pour  deux  cors.  En  1783,  ces  deux  ar- 
tistes relournèrcnt  en  Allemagne,  et  entrèrent 
dans  la  chapelle  du  landgrave  de  Hesse  Casscl. 
Deux  ans  après,  ils  firent  un  voyage  à  Lon- 
dres, où  ils  excitèrent  Tadmiraiion  gOnérale.   i 


De  retour  à  Cassel,  ils  y  restèrent  jusqu'à  la 
mort  du  prince.  En  1786,  Ils  entrèrent  au 
service  du  roi  de  Prusse.  Palsa  mourut  d'une 
hydropisie  de  poitrine,  le  24  janvier  1792,  à 
l'âge  de  trente-huit  ans.  Cet  artiste  distingué 
a  publié  un  troisième  livre  de  duos  pourdeuK 
cors,  avec  Turschmidt,  à  Berlin,  chez  Grœ- 
benscbuiz  et  Seiler.  Le  talent  de  Palsa  con- 
sistait particulièrement  dans  une  belle  ma- 
nière de  chanter  sur  son  instrument. 

PAMU^GER  (Léokabd),  compositeur  du 
seizième  siècle,  fit  ses  études  dans  un  mo- 
nastère de  la  Bavière,  puis  fut  secrétaire  et,  en 
dernier  lieu,  recteur  de  l'école  de  Saint- 
Thomas,  à  Passau.  Il  mourut  dans  cette  ville, 
en  1568.  Ses  compositions,  qui  consistent  en 
motets  à  plusieurs  voix,  ont  été  publiées  par 
son  fils,  après  sa  mort.  La  collection  de  ces 
morceaux  a  pour  titre  :  FccUsiasticorum 
eantionum  quatuor,  quinqu^  et  plurimum 
vocum,  tomus  primut;  Nuremberg,  cher 
Catherine  Gerlach  et  les  héritiers  de  Jean 
Hontanus,  1572,  in-4<»  obi.  Le  second  volume 
de  ces  motets  a  été  publié  à  Nuremberg,  en 
1573,  le  troisième  en  1576,  et  le  dernier  en 
1580,  par  Nicolas  Knorr.  On  trouve  des  com- 
positions de  Paminger  dans  le  recueil  intitulé 
Fior  de  Motetli  tratti  délit  Motetti  del 
Fiore;  in  Fenetia,  per  Antonio  Gardano, 
1539;  dans  les  tomes  I^etll'  du  Ifovum  et 
insigne  opus  Musicum,  sex,  quinque  et  qua- 
tuor vocum,  etc.  ;  IVorirnberg^,  arte  Miero- 
nymiGraphsi,  1537-1538,  petit  in-4'»  obi.,  et 
dans  les  tomes  I»  et  IIl«de  la  collection  qui  a 
pour  titre  :  Tomus  primus (seu  tertius)  Psal- 
morum  selectorum  a  prsfstantissimie  mu- 
sicis  in  hartnonias  quatuor  aut  quinque 
vocum  redactorum;  Norimbergsf,  apud  Joh. 
Petreium,  1538-1542,  petit  in-4»obl. 

PAMPAINI  {  AutoiiieGaétaii),  compositear 
dramatique,  né  dans  la  Romagne,  au  commen- 
cement du  dix-huitième  siècle,  fut  d'abord 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Permo, 
et  en  remplit  les  fonctions  jusqu'en  1748; 
puis  il  dirigea  pendant  vingt  ans  le  Conser- 
vatoire de  Venise,  appelé  L'Ospedateito  di 
S.  Giovanni  e  Paolo,  Il  mourut  dans  cette 
position  au  mois  de  février  1769.  Ce  maître 
avait  été  nommé  membre  de  l'académie  des 
Philharmoniques  de  Bologne,  dans  la  section 
des  compositeurs,  en  1746.  L'auteur  des  notes 
sur  les  musiciens  italiens,  communiquées  à  La 
Borde  pour  son  Essai  sur  la  musiqtie,  repro- 
chai ta  Pampani  d'avoir  mis  dans  ses  ouTrages- 
un  style  bruyant  et  tourmenté  :  je  n*ai  pu 
véridcr  ce  qui  a  donne  lieu  à  cette  accusation. 


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PAMPANI  -  PANE 


439 


Les  titres  connus  des  opéras  de  ce  matlre 
sont:  \^  Jnagilda^  1735.  ^^ Artaserse  ton- 
gimano,  1737.  5»  La  Caduta  d'AmuliOy 
1740.  4»  La  Clemenza  di  Tito,  1748.  5»  Jr- 
iaserse,  1750.  6»  Il  Fineeslao,  1752.  7«  As- 
tianasse,  1755.  8»  Demofoonte,  1764.  9<»  />c- 
mefno^  1768.  Le  Demofoonte  fut,  dit-on, 
l^opéra  de  Pampani  qui  obtint  le  plus  de 
succès.  Le  maître  de  chapelle  Reichardt  cite 
de  la  composition  de  Pampani  un  De  pro- 
fundiSf  composé  en  1748,  le  motet /n  conver- 
tendo  Dominue,  et  un  Tantum  ergo,  qu'il 
avait  vus  en  manuscrit. 

PAN,  personnage  ou  dieu  de  la  mytho- 
logie grecque  à  qui  les  poètes  donnent  pour 
père  tantôt  Mercure,  tantôt  Jupiter,  Saturne, 
Uranus,  etc.  Il  est  représenté  avec  des  cuisses, 
des  jambes  et  des  pieds  de  bouc,  et  avec  des 
cornes  à  la  tète.  Il  présidait  à  Tagricullure. 
Dans  la  guerre  des  Titans,  il  fut  le  plus  utile 
auxiliaire  de  Jupiter,  en  soufflant  dans  une 
conque  marine,  dont  les  sons  rauques  mirent 
en  fuite  les  géants  :  on  le  considère,  à  cause  de 
cela,  comme  Tinventenr  de  la  trompette.  L'in- 
vention de  la  flûte  pastorale  à  plusieurs  tuyaux, 
appelée  st/n'no?;  lui  est  aussi  attribuée  :  suivant 
la  Mythologie,  la  nymphe  de  ce  nom,  ayant 
invoqué  les  dieux  pour  échapper  à  l'ardeur  de 
Pan,  fut  changée  en  roseau;  désespéré  de  sa 
perte,  le  dieu  coupa  quelques-uns  de  ces  ro- 
seaux de  différentes  longueurs,  les  unit  avec 
de  la  cire,  et  parcourut  les  bois  et  les  mon- 
tagnes, en  jouant  de  cet  instrument.  On  con- 
naît le  vers  de  la  deuxième  églogue  de  Vir- 
gile : 

Pan  primas  etlamos  eerft  coDjuDgere  plures 
Institaii 

Quelques  poètes  de  l'antiquité  ont  aussi  at- 
tribué à  Pan  l'invention  de  la  flûte  droite,  et 
même,  suivant  Bion,  de  la  flûte  oblique  (flûte 
traversière).  Au  point  de  vue  philosophique 
de  Fa  mythologie.  Pan  est  l'âme  de  l'univers; 
c'est  le  toutj  en  particulier  c'est  Vair,  et  con- 
séquemment  le  son,  qui  n'est  que  Taîr  vi- 
brant; d'où  il  suit  que  Pan  est  le  principe  de 
la  musique,  ou  la  musique  elle  même. 

PAI^AIYTI  (Philippe),  littérateur  Italien, 
établi  à  Londres,  vers  1810,  y  commença  la 
publication  d'un  journal  de  littérature  ita- 
lienne intitulé  Giomaïe  itaîico  qui  n'eut  pas 
une  longue  existence.  Il  y  a  publié,  sous 
le  litre  de  SaggC  teatraU  (Londres,  1813, 
août,  page  408)  des  morceaux  sur  le  théâtre 
Italien  :  le  premier,  intitulé  Musica  e  parola, 
traite  de  la  musique  et  de  la  poésie  drama- 
tique. 


PANCALDI  (GnARLBs),  avocat,  né  à  Bo- 
logne, vers  la'  fin  du  dix-huitième  siècle,  est 
auteur  d'une  notice  Intitulée  :  Cenniintorno 
Felice  Maurizio  Radieati,  célèbre  suonator 
di  violino  a  eontrappuntista  ;  Bologne, 
NohilletC««,1828,  in.8'>. 

Une  cantatrice  de  quelque  talent  {Marianna 
Panealdt)j  née  k  Bologne  et  vraisemblable* 
ment  de  la  famille  du  précédent,  chanta  avec 
succès,  depuis  1835  jusqu'en  1838,  sur  les 
théâtres  de  la  Romagne,  à  Ferrare  et  à  Ro- 
vigo,  puis  fut  engagée  pour  le  théâtre  de  San- 
Yagojdains  Plie  de  Cuba,  et  y  exciU  l'enthou- 
siasme dès  son  début  ;  mais  atteinte  par  la 
fièvre  jaune,  elle  y  mourut  le  5  septembre 
1838,  un  mois  après  son  arrivée  dans  l'tle. 

PAINCIIiOLI  (Gvi),  jurisconsulte,  né  en 
1533,  à  Reggio,  en  Lombardie,  fit  son  droit  à 
l'université  de  Padoue,  et  devint  successive- 
ment professeur  dans  cette  ville,  à  Turin  et  à 
Venise.  Il  mourut  dans  celte  dernière  ville,  le 
15  mai  1599.  Le  livre  de  Panciroli  intitulé 
Rerum  memorabilium  deperditarum  et  nu' 
per  inventarum^  lih.  II  (Ambcrg,  1599, 
2  vol.  in-8»,  et  Leipsick,  1607,  in-4°),  con- 
tient deux  chapitres  (39  et  40  de  la  première 
partie)  qui  traitent  de  Musicà,  de  Mnsicd 
muta,  de  ffydraulicd.  La  première  partie 
de  Ce  livre  a  pour  objet  les  découvertes  des 
anciens  dont  nous  avons  perdu  le  secret;  c'est 
pourquoi  Panciroli  y  traite  de  l'orgue  hydrau* 
lique.  Pierre  de  la  Noue  a  donné  une  traduc- 
tion française  de  cet  ouvrage,  dégagée  de  tout 
commentaire;  Lyon,  1017,  deux  parties  ln-13. 

PAI^E  (DoHiniQUB  DEL),  prêtre,  né  à 
Rome,  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle,  étudia  la  composition  sous  la  direction 
d'Abbatinl.  Appelé  au  service  de  l'empereur 
Ferdinand  III,  en  qualité  de  sopraniste,  il 
vécut  à  Vienne  et  à  Prague  pendant  quelques 
années,  puis  retourna  à  Rome,  en  1654,  pour 
le  concours  ouvertàl'occasionde  la  nomination 
d'un  chapelain  chantre  de  la  chapelle  pontifi- 
cale, et  obtint  cette  place  le  10  juin  de  la 
même  année.  Ses  premiers  ouvrages  ont  pour 
titre  :  !<»  Magnificat  octo  ionorum,  liber 
primu$,  op,  1  ;  Rotna,  ap.  Maecardium, 
1672.  9°  Motetti  a  2,  3,  4  e  5  voci,  lib,  I, 
op.  2;  ibid.,  1675.  Del  Pane  a  laissé  beaucoup 
de  musique  d'église  qui  se  trouve  en  manu- 
scrit dans  les  archives  de  la  chapelle  pontifi- 
cale. On  a  imprimé  de  sa  composition  des 
messes  écrites  sur  les  thèmes  de  plusieurs  mo- 
tets de  Pierluigi  de  Palestrina.  Cette  œuvre  a 
pour  titre  :  Messe  deîV  Abb.  Domenico  del 
Pane,  soprano  délia  capp.  pont,  a  4,  5,  6, 


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440 


PANE  —  PANNY 


8  voci,  estratte  da  esquisiti  motetti  del  Pa- 
lestrina,  e  dedicate  alV  E.  e  R.  Sig,  eardi- 
nal  Benedetio  Pamphili  ;Komey  1687,  in-fol. 
Del  Pane  a  été  Pédileur  des  antiennes  de  son 
maître  Abbatini  {voyez  ce  nom)|  pour  douze 
ténors  et  douze  basses. 

PANECK  (Jean))  compositeur  allemand, 
né  vraisemblablement  à  Prague,  où  il  y  a  eu 
des  artistes  de  ce  nom,  vécut  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle.  On  lui  doit  la  musique 
du  petit  opéra  intitulé  :  Die  ChrisUiche  Ju- 
denbraut  (la  Fiancée  juive  devenue  chré- 
tienne). Le  sort  de  cet  ouvrasse  eut  cela  de  bi- 
zarre, qu'accueilli  avec  enthousiasme  aux 
théâtres  de  Léopoldstadt  et  de  la  Porte  de 
Carinthie,  à  Vienne,  il  fut  outrageusement 
sifflé  dans  quelques  villes  de  PAUemagne  sep- 
tentrionale. 

PANIZZA  (Jacques),  compositeur,  pro- 
fesseur de  chant,  et  maître  au  piano  du  grand 
théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  fut,  je  crois,  fils 
de  Pompilio  Panizza,  téuor  qui  chanta  au 
même  théâtre,  en  1800.  Il  vît  le  jour  en 
cette  ville,  dans  les  premières  années  du  dix- 
neuvième  siècle.  Son  premier  opéra  intitulé  : 
Sono  eglino  maritati?  a  été  représenté  en 
1827.  Il  a  donné  ensuite  la  CoUerica,  qui  a 
été  jouéje  avec  succès  à  Milan,  en  1831.  Pa- 
nizza a  écrit  aussi,  en  1834,  pour  Trieste, 
Gianni  di  Calais;  enfin,  il  a  fait  représenter, 
en  1840,  ICiarlatini,  dont  quelques  journaux 
ont  fait  réloge.  Panizza  est  aussi  Tauteurd'une 
sérénade  à  quatre  voix  et  orchestre,  intitulée  : 
Jnno  a  Maria  Malibran,  qui  a  été  exécutée 
à  Milan,  dans  la  soirée  du  33  mai  1834.  On  a 
imprimé  de  ce  compositeur  :  l^  Settetto  per 
il  flauto^  2  clarinetti,  3  corni  e  fagotto; 
Vienne,  Artaria.  2°  Divertimento  in  forma 
divalzeper  i7ptano-/brle;  Milan,  Bertuzzi. 
3«  //  Pianto,  aria  lugubre  per  Tenore;  ibid. 
A^  Se  il  brando  invitto,  scène  pour  ténor; 
Milan,  Ricordi.  5<>  Deux  airs  pour  soprano; 
ibid,  ù'*  Scène  lyrique,  tirée  du  troisième  acte 
de  Saiil,  tragédie  d'Alfieri,  pour  ténor,  avec 
piano  ou  harpe  ;  ibid.  7^  Il  Ritorno  in  pa- 
tria,  romance  j  ibid.  Bon  professeur  de  chant, 
Panizza  a  formé  quelques-uns  des  derniers 
artistes  qui  se  sont  fait  entendre  sur  les 
théâtres  de  Tltalie  avec  U  connaissance  de 
l'art  du  chant.  Ce  maître  est  mort  à  Milan,  au 
mois  d'avril  1860. 

PANI^EI^BERG  (Fn£OKBic-GuiLi,AiiBE), 
musicien  de  ville  à  Lunebourg,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle,  a  écrit  des  quatuors  et 
des  solos  pour  violon,  une  symphonie  concer- 
tante pour  deux  bassons,  avec  orchestre,  cl  ua 


septuor  pour  hautbois,  basson,  alto,  cor  de 
basselte,  cor  et  violoncelle  ;  toutes  ces  com- 
positions sont  restées  en  manuscrit  :  on  n*a 
gravé  de  Pannenberg  qu£  trente  anglaises  et 
cotillons  pour  orchestre,  à  Leipsick,  chez  Breit- 
kopf  et  Hffirtel. 

PAI^IHY  (Joseph),  violoniste  et  composi- 
teur, est  né  le  23  octobre  1794,  à  Kohlmitz- 
berg,  en  Autriche.  Fils  du  mahre  d*école  de 
ce  lieu,  il  apprit,  sous  sa  direction,  à  jouer  du 
violon  dès  Page  de  six  ans,  et  par  un  travail 
de  sept  heures  chaque  jour,  il  parvint  en 
trois  années  à  jouer  les  quatuors  et  concertos 
de  Haydn ,  Gyrowelz ,  Pleyel,  Stamitz  et 
autres  maîtres  de  cette  époque;  puis  le  pas- 
teur Ortler  lui  enseigna  à  jouer  de  la  flûte; 
enfin,  son  aïeul  maternel,  Joseph  Breines- 
berger,  fut  son  premier  maître  pour  l'orgue 
et  l'harmonie.  L'invasion  de  l'Autriche  par  les 
armées  françaises,  en  1809,  ruina  la  Tamille 
de  Panny,  et  l'obligea  lui-même  à  se  livrer  à 
des  travaux  agricoles  et  à  négliger  la  musique. 
Envoyé  ensuite  à  Linz  pour  y  suivre  les  cours 
destinés  â  former  des  instituteurs,  il  eut  occa- 
sion d'y  entendre  de  belles  compositions  qui 
réveillèrent  son  penchant  pour  la  musique. 
Dès  ce  moment,  il  reprit  l'étude  de  cet  art,  et 
écrivit  quelques  essais  de  compositions  pour 
divers  instruments,  trois  messes  et  un  /{e- 
quiem;  mais  toutes  ces  productions  renfer- 
maient plus  de  fautes  contre  les  règles  de  l'arf 
et  de  réminiscences  que  de  beautés  originales. 
A  l'âge  de  dix-neuf  ans,  M.  Panny  entra  dans 
la  carrière  de  l'enseignement  à  Greinburg, 
dans  la  haute  Autriche.  Ce  fut  dans  ce  lieu 
qu'il  fît  exécuter  une  cantate  en  présence  de 
l'empereur  François  II  et  de  son  maître  de 
chapelle  Eybler  (voyez  ce  nom).  Celui-ci  re- 
connut du  talent  dans cetouvrage, encouragea 
Panny,  et  lui  promit  que  s'il  venait  à  Vienne 
et  se  destinait  à  la  carrière  d'artiste,  il  lui  en- 
seignerait la  haute  composition.  Le  voyage  de 
Vienne  était  précisément  à  cette  époque  le 
désir  du  jeune  homme,  qui  le  réalisa  en  1815, 
et,  mettante  profit  les  offres  d'Eybler,  devint 
en  efTet  son  élève.  Pendant  que  Panny  se  pré- 
parait ainsi  à  se  faire  une  position  honorable 
dans  l'art,  il  eut  à  lutter  contre  les  doulou- 
reuses angoisses  de  la  misère;  mais,  enfin,  sa 
courageuse  persévérance  triompha  de  la  mau- 
vaise fortune.  Parvenu  à  l'âge  de  trente  ans, 
il  donna,  en  1824,  son  premier  concert  à 
Vienne  et  y  fit  entendre  pour  la  première  fois 
ses  compositions,  particulièrement  le  Krie- 
gerchor  (Chœur  de  Guerriers),  publié  chez 
Scbolt,  à  Mayence,  et  un  chœur  écossais  resté 


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PANNY  —  PANOFKA 


44  i 


inédit.  Ces  morceaux  furent  chaleureusemeDt 
applaudis  par  le  public.  En  1825,  Panny  fit 
un  voyage  à  Venise,  et  fit  la  connaissance  de 
Paganini,  qui  Tencouragea  dans  ses  travaux  ; 
plus  tard ,  il  retrouva   ce  grand  artiste   à 
Vienne,  et  composa  à  sa  demanda  une  scène 
dramatique  pour  violon  et  orchestre,  que  le 
grand  violoniste  exécuta   sur  la    quatrième 
corde  au  concçrtd^adieu  qu^il  donna  à  Vienne, 
en  18S8.  Ils  entreprirent  ensemble  un  voyage 
à  Carlsbad,  où  bientôt  ils  se  séparèrent,  mé- 
contents Tun  de  Tautre.  Panny  continua  seul 
ce  voyage  et  visita  Dresde,  Prague,  Salzbourg, 
Linz,  Munich,  Augsbourg,  Stuttgard,  Garis- 
ruhe,  Manheim,  Francfort  et  Mayence.  Ar- 
rivé dans  celte  dernière  ville,  en  1839,  il  y 
passa  rhiver  et  fit  paraître  quelques-unes  de 
ses  compositions  chez  Scholt  frères.  En  1830, 
il  entreprit  un  nouveau  voyage,  parDussel- 
dorf,  dans  le  nord  de  TAIlemagne^  et  s'établit 
à  Hambourg,  d*où  il  alla  donner  des  concerts 
à  Berlin.  Bans  Tannée  suivante,  la  place  de 
chef   d'orchestre    des    concerts    de   Bergen 
(Norwége)  lui  fut  offerte  et  acceptée  par  lui. 
Il  en  remplit  les  fonctions  pendant  Thiver  de 
1831-1832  et  y  écrivit  plusieurs  compositions.  ' 
De  retour  à  Hambourg,  il  dirigea  pendant 
rhiver  suivant  les  concerts  du  Casino  à  Al- 
iéna. En  1834,  il  accepta  un  engagement  qui 
lui  était  offert  par  de  riches  manufacturiers 
de  Wesserling  (Alsace),  pour  faire  Téducalion 
musicale  de  leurs  enfants,  et  fonder  une  école 
de  musique  dans  la  commune.  Ce  fut  de  là 
qiril  partit  en  1835  pour  faire  un  voyage  à 
Paris  et  à  Londres.  Fatigué  de  la  vie  obscure 
qu'il  avait  trouvée  à  Wesserling,  il  s'éloigna 
de   ce  lieu,  en  183C,  pour  aller  se  fixer  à 
Mayence,  où  il  organisa  une  école  de  musique 
vocale  et  instrumentale  et  se  maria  dans  la 
même  année.  Après  une  existence  longtemps 
agitée,  Panny  semblait  enfin  être  arrivé  à  la 
période  des  jours  heureux,  quand  une  maladie 
de  la  moelle  épinière  lui  fit  sentir  ses  pre- 
mières atteintes,  en  1837.  Il  essaya  l'effet  des 
f)ains  de  Uombourg  dans  l'été  de  l'année  sui- 
vante,   mais  inutilement;  car  il  mourut  le 
7  septembre  1838,  à  l'âge  de  quarante-quatre 
ans,  laissant  une  veuve,  qu'il  avait  épousée 
depuis  moins  de  deux  ans,  et  un  enfant  de 
six  mois.  Bf.  J.-G.  Horneyer  lui  a  consacré 
un  long  article  nécrologique  dans  le  supplé- 
ment de  la  Gazette  de  Mayence  (ann.  1838, 
ii<»*11^,  113  et  113).  Dans  la  liste  des  compo- 
sitions de  Panny,  on  remarque  les  suivantes  : 
]o  Quatuors  faciles  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  10,  n»»  1  et  2  j  Vienne,  Artaria. 


2<>  Sonate  sur  la  quatrième  corde,  avec  qua- 
tuor, op.  28  ;  Mayence,  Schott.  3<*  Adagio  et 
rondo  pour  flûte  et  quatuor,  op.  6  ;  Vienne, 
Artaria.  4<»  Adagio  et  polonaise  en  symphonie 
concertante  pour  hautbois  et  basson,  op.  7  -, 
ibid.  5<»  Scène  suisse,  concertino  pour  violon- 
celle entremêlé  de  thèmes  de  l'opéra  de  Guil' 
laume  Tell,  op.  27  ;  Hayence,  Scholt.  6<>  Ron- 
deau brillant  pour  piano  avec  quatuor,  op.  12; 
Vienne,  Pennauer.  7^  Trio  pour  piano,  vio- 
lon et  alto,  op.  1  ;  Vienne,  Artaria.  8<>  Intro- 
duction et  rondeau  pour  piano  et  violon, 
op.  20;  Vienne,  Pennauer.  9^  Variations  pour 
piano  sur  une  canzonelte  vénitienne  de  Pa- 
ganini, op.  8;  Vienne,  Artaria.  10»  Messe  à 
quatre  voix  et  orchestre:  Vienqe,  Cappi. 
Il»  Deuxième  messe,  t'd«m^  op.  17;  Vienne, 
Artaria.  1 2<^  Troisième  t'dem;  Mayçnce,  Schott. 
\Z^  Requiem  à  trois  voix,  deux  violons,  basse 
et  orgue,  op.  21  ;  Vienne,  Artaria.  14*  Gra- 
duel à  quatre  voix,  orchestre  et  orgue,  avec 
un  offertoire  pour  soprano  solo,  chœur  ad 
libitum,  OTcheslre  et  orgue,  op.  18;  ibid. 
15«  Hymne  allemand  {Singt  dem  Herm  ein 
neuet  Lied),  pour  un  chœur  d'hommes,  trois 
trombones  et  basse,  op.  58;  Mayence,  Schott. 
16*  Chant  original  de  la  Styrie,  pour  voix 
d'hommes  et  orchestre,  op.  35;  Mayence, 
Schott.  17*  Chanson  du  Nord  pour  voix  seule, 
chœur  et  orchestre,  op.  36;  ibid,  18*  Chanson 
de  table  pour  chœur  d'hommes  et  orchestre, 
op.  37;  ibid,  19*  Chants  détachés  ou  en  re- 
cueil pour  quatre  voix  d'hommes  et  piano, 
op.  9;  Vienne,  Artaria.  op.  25,  26,  30,  31, 
34,  ibid.  L'œuvre  32* est  un  chœur  d'hommes 
intitulé  :  Der  fferbstamRhein{V Automne  sur 
leBhin).  20*  Chants  à  voix  seule  avec  accom- 
pagnement de  piano,  op.  5, 10,  29,  33;  Vienne 
et  Mayence.  Panny  a  laissé  en  manuscrit  un 
mélodrame  et  l'opéra  Dos  Mxdchen  von 
Riigen  (la  Fille  de  Kugen),  un  hymne  pour 
la  nouvelle  année,  composé  et  exécuté  à 
Bergen,  en  Norwége,  le  18  décembre  1831, 
quelques  morceaux  de  chant  avec  orchestre, 
et  des  travaux  liltéraires  sur  la  musique, 
particulièrement  sur  l'histoire  de  cet  art  en 
Italie,  en  Allemagne,  en  France  et  en  Angle- 
terre. 

PAIYOFKA  (H£5Ri),  violoniste,  profes- 
seur de  chant  et  compositeur,  est  né  le  2  octo- 
bre 1807,  à  Breslau,  en  Silésie.  Son  père, 
rentier  et  délégué  du  roi  de  Prusse,  destinait 
le  jeune  Panofka  au  barreau,  et  lui  fit  faire 
ses  études  au  collège  Frédéric  jusqu'à  l'âge 
de  seize  ans.  Sa  sœur,  fort  habile  sur  le  violon, 
lui  donna  les  premières  leçons  de  cet  inslru- 


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442 


PANOFKA 


ment  ;  puis  il  apprit  le  chant  et  les  prin- 
cipes de  la  lecture  de  la  musique  sous  la 
direction  du  cantor  Strauch  et  de  son  suc- 
cesseur Foerster.  A  l'âge  de  dix  ans,  M.  Pa- 
norka  se  fit  entendre  avec  succès  en  public. 
Après  la  mort  de  Fœrster,  Luge,  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  de  Breslau,  et  bon  violo- 
niste, devint  son  maître.  C'est  sous  la  direc- 
tion de  cet  artiste  qu'il  joua  plusieurs  fois 
des  concertos  de  Rode  et  de  Viotti,  au  théâtre 
el  dans  les  concerts.  En  1834,  Il  sortit  du 
collège  pour  suivre  les  cours  de  droit  de 
l'université,*  mais  cédant  à  ses  instances  réi- 
térées, son  père  lui  permit  de  se  livrer  en 
artiste  à  la  culture  de  la  musique,  et  l'envoya 
à  Vienne,  pour  y  prendre  des  leçons  de  May- 
seder  pour  le  violon,  et  de  Hoffmann  pour  la 
composition.  Après  trois  années  d'études  sous 
ces  maîtres,  il  se  fit  entendre,  en  1827,  avec 
un  brillant  succès,  dans  un  concert  donné  à 
la  salle  de  la  Redoute.  En  1829,  il  s'éloigna 
de  Vienne,  pour  se  rendre  à  Munich,  où  il 
donna  des  concerts  pendant  un  séjour  de  six 
mois,  puis  il  alla  à  Berlin,  s'y  lia  avec  le 
pianiste  Ilauck,  et  donna  plusieurs  concerts 
avec  lui.  C'est  dans  cette  ville  qu'il  publia  ses 
premières  compositions  ;  c'est  aussi  à  Berlin, 
qu'à  la  sollicitation  de  M.  Marx,  rédacteur  en 
cher  de  la  Gazette  musicale,  il  comnfença  à 
cultiver  la  critique  sur  cet  art.  La  mort  de  son 
père,  en  1831,  le  mit  en  possession  d'un 
héritage  modesle,  qui  lui  permit  de  se  livrer 
sans  réserve  à  ses  études.  En  1833,  il  entre- 
prit un  voyage  avec  son  ami  Hauck,  visita 
Dresde,  Prague,  et  retourna  i  Vienne,  où  il 
fit  un  nouveau  séjour  pendant  huit  mois. 
Après  avoir  visité  la  Pologne  et  la  Silésie,  il 
revit  Berlin  une  deuxième  fois  ;  mais  ayant  eu 
le  malheur  d'y  perdre  son  frère,  il  s'éloigna 
de  cette  ville,  et  se  rendit  à  Paris,  où  il  s'éta- 
blit, en  1834.  Il  i'y  fit  entendre  pour  la  pre- 
mière fois  au  Conservatoire,  dans  un  concert 
donné  par  Berliox,  puis  il  en  donna  un  lui- 
même  dans  cette  salle,  en  1 837.  Dès  son  arrivée 
à  Paris,  son  goût  pour  l'art  du  chant,  déve- 
loppé par  les  occasions  fréquentes  d'entendre 
des  artistes  tels  que  Rubini,  Lablache,  Don- 
zelli,  David,  mesdames Foder,  Sontag  et  autres 
célébrités,  l'avait  fait  se  lier  avec  le  célèbre 
professeur  de  chant  Bordogni,  et  dès  ce 
moment,  il  se  mit  à  étudier  avec  ardeur 
l'organisation  et  le  mécanisme  de  la  voix. 
Il  suivait  avec  assiduité  les  cours  de  ce 
professeur,  et  bientôt  les  relations  de  ces 
artistes  furent  si  intimes  qu'ils  s'associèrent 
pour  la  fondation  d'une  Académie  de  chant 


des  amateurSy  à  i'imila(-!3n  de  celle  de  Berlin. 
Ils  en  publièrent  le  prospectus,  en  1843; 
mais  la  formation  de  la  Société  des  concerts 
de  musique  religieuse,  par  le  prince  de  la 
Moskowa,  à  la  même  époque,  fut  un  obstacle 
à  la  réalisation  de  leur  projet.  En  1844, 
H.  Panotka  s'est  rendu  à  Londres  pour  la  pu- 
blication de  quelques-uns  de  ses  ouvrages.  En 
1847,  M.  Lumley,  directeur  du  théâtre  italien 
de  Londres,  s'attacha  M.  Panofka  pour  l'aider 
dans  sa  direction  en  ce  qui  concerne  l'art.  Ce 
fut  la  brillante  saison  de  Jenny  Lind,  accom- 
pagnée de  Lablache,  Fraschini,  Coletti,  Stau- 
digl,  Gardoni  et  autres  bons  artistes.  Ce  fut 
une  nouvelle  occasion  offerte  à  M.  Panofka 
pour  l'étude  comparée  des  méthodes  de  chant 
et  des  voix.  Il  avait  pris  dès  lors  la  résolution 
de  se  fixer  à  Paris  pour  se  livrer  à  l'enseigne- 
ment de  l'art  vocal;  mais  la  révolution  de 
1848  vint  tout  à  coup  contrarier  ce  projet. 
Après  un  court  séjour  dans  la  capitale  de  la 
France,  il  retourna  à  Londres  et  s'y  établit 
comme  professeur  de  chant.  Il  y  publia  un 
grand  nombre  de  morceaux  sur  des  paroles 
italiennes,  tels  que  eanzones,  duos,  qua- 
tuors, et  un  traité  pratique  de  chant,  sous  le 
titre  de  Practical  singing  tutor  (Ewer  et  C), 
ainsi  que  douze  vocalises  pour  soprano  et 
contralto.  Après  le  coup  d'État  de  1853, 
M.  Panofka  revint  à  Paris  et  s'y  fixa  définiti- 
vement. Livré  depuis  lors  d'une  manière 
exclusive  à  l'enseignement  du  chant,  il  a 
publié  son  grand  ouvrage  intitulé  :  rj/rt  de 
chanter,  divisé  en  deux  parties,  théorique  et 
pratique,  op.  81;  Paris,  Braodus,  suivi  du 
Fade  mecumdu  chanteur  (recueil  d'exercices 
pour  toutes  les  voix),  de  vingt-quatre  voca- 
lises pour  soprano,  mezzo-soprano  el  ténor, 
et  de  vingt-quatre  vocalises  pour  contralto, 
baryton  et  basse. 

Pendant  son  premier  séjour  de  dix  années  à 
Paris,  cet  artiste  s'est  occupé  de  la  critique 
musicale  :  il  a  été  le  correspondant  de  la  nou- 
velle Gazette  musicale  de  Leipsick,  fondée 
par  Schumann  et  Schunke,  a  fourni  aussi  des 
articles  à  la  Gazette  musicale  do  Paris^  à 
Vimpartial,  au  Messager  et  au  Temps,  In- 
dépendamment des  ouvrages  cités  précédem- 
ment, les  compositions  de  M.  Panorka  consis- 
tent en  thèmes  variés  pour  violoo,  avec  or- 
chestre, quatuor  ou  piano,  op.  6,  1 1 ,  14,  18; 
fantaisies tJem;  op.  8, 31  ;  rondos  el  rondioos, 
idem,  op.  9,  33;  élégie  pour  violon  et  piano, 
op.  17;  ballade  idem,  op.  20;  capricio  sur 
un  motif  de  Mercadante,  op.  35;  grand  mor- 
ceau de  concert,  op.  23;  adagio  appauio- 


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PANOFKA  —  PANSERON 


443 


natOj  op.  24  ;  duos  pour  piano  et  violon  con- 
ceplants,  op.  10, 13,  15, 16,  27;  études  pour 
violon  seul;  les  Rêveries,  pour  piano  seul, 
op.  36;  ballades  et  autres  morceaux  de  chant 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  7  et  12; 
grande  sonate  pour  piano  et  violon,  op.  48  ; 
Vienne,  Haslinger.  Les  éditeurs  de  ces  ou- 
vrages, publiés  à  Paris,  sont  MM.  Schlesinger, 
Meissonnier,  H.  Lemoine,  Pacini  et  B.  Latte. 
H.  Panofka  a  traduit  en  allemand  la  nou- 
velle méthode  de  violon  de  Baillot,  Berlin, 
Schlesinger.  Sa  méthode,  intitulée  l'Jrt  de 
ehantery  a  été  traduite  en  italien,  à  Milan, 
chez  Ricordi,  et  en  allemand,  à  Leipsick,  chez 
Rieter-Bidermann.  On  a  aussi  de  lui  :  l'Abé- 
cédaire vocal,  mode  préparatoire  de  chant 
pour  apprendre  à  émettre  et  à  poser  la  voix; 
Paris,  "Brandns  ;  Suite  de  l' Abécédaire  vocal, 
vingt-quatre  vocalises  dans  l'étendue  d^une 
octave  et  demie  pour  toutes  les  voix;  ibid; 
les  Heures  de  dévotion,  six  cantiques;  Paris, 
Canaux;  Ave  Maria  et  O  salutaris,  Paris, 
Brandus;  Ave  Maria  et  Agnus  Dei;  Paris, 
Escudier;  Ti  prego ,  o  Madré  pia,  prière; 
Paris ,  Brandus  ;  Fingt-quatre  vocalises 
d'artiste,  qui  terminent  Tœuvre  didactique 
do  professeur  :  ibid. 

PAI^OUMITANO  (D.  Mauro),  composi- 
teur sicilien,  dont  le  nom  véritable  n'est  pas 
connu,  fut  appelé  Panormitano  parce  quMl 
était  Dé  à  Palerme,  vers  le  milieu  du  seizième 
^  siècle.  Il  entra  dans  le  monastère  de  Mont- 
cassio,  et  y  remplit  les  fonctions  d*oi^aniste. 
On  a  imprimé  de  sa  composition  :  Lamenta- 
zioni  e  Responsori  per  la  Settimana  Santa 
a  Quattro  voci;  Venise,  1583,  iD-4«.  Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  paru  dans 
la  même  ville  en  1597,  sous  le  litre  latin  : 
Lamentationes  ac  Responsorii  Hebdomadx 
SanetJP  quatuor  voeum. 

PAINOUMO  (VmcBiiT),  luthier  italien,  né 
à  Crémone,  se  fixa  à  Paris,  vers  1740,  et  y 
travaillait  encore  trente  ans  après.  J*ai  vu  un 
bon  violon  de  lui  dont  le  vernis  était  trans- 
parent et  chatoyant  :  cet  instrument  portait 
la  datç  de  1760. 

PAl^OAMO  (FiARçois),  fils  du  précédent, 
fut  attaché,  comme  flûtiste,  au  théâtre  de  Ni- 
colet  depuis  1780;  il  a  publié  à  Paris,  en  1786, 
six  duos  pour  deux  flûtes,  op.  1.  On  connaît 
aussi  sous  le  même  nom  la  False  de  l'oiseau, 
pour  piano;  Paris,  Janet.  Ce  morceau  a  eu  de 
la  célébrité,  au  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle. 

PAI^SERON  (Auguste-Matvieu)  ,  né  à 
Paris,  le  7  floréal  an  iv  (20  avril  179G),  est  flls 


I  d*un  professeur  de  musique  instruit,  à  qui 
!  Grétry  avait  confié  Tinstrumeniation  de  ses 
I  vingt  dernières  partitions,  parce  que  ce  tra- 
vail était  pour  lui  fatigant  et  sans  attrait.  Le 
1  jeune  Panseron  fut  admis  comme  élève  au 
Conservatoire  de  Paris,  dans  le  mois  de  nivôse 
an  XIII  (décembre  1804).  Après  y  avoir  suivi 
les  cours  de  solfège,  dont  il  avait  reçu  les  pre- 
mières notions  de  son  père,  il  passa  sous  la 
direction  de  Levasseur,  pour  Télude  du  vio- 
loncelle, et  bientôt  après  il  devint  élève  de 
Berton  pour  Tharmonie,  puis  de  Gossec  pour 
le  contrepoint.  Les  prix  de  solfège,  d'harmonie 
et  de  composition  lui  furent  successivement 
décernés  dans  les  concours  de  Técole.  Ses 
études,  auxquelles  il  avait  employé  huit  an- 
nées, étant  terminées,  il  se  présenta  au  con- 
cours de  rinstitut,  et  y  obtint  le  premier  prix 
de  composition,  en  1813.  Le  sujet  du  con- 
cours était  la  cantate  intitulée  Herminie,  De- 
venu pensionnaire  du  gouvernement,  à  ce 
titre,  Panseron  partit  pour  Tltalie ,  et  s'ar- 
rêta pendant  plus  ,de  six  mois  à  Bologne  pour 
y  faire  de  nouveau  un  cours  complet  de  con- 
trepoint fugué,  sous  la  direction  de  Mattei. 
C*est  au  soin  consciencieux  qu'il  mit,  en  cette 
circonstance,  à  perfectionner  son  savoir  par 
Pétude  du  style  de  Tancienne  école  d'Italie, 
qu'il  fut  redevable  d'une  connaissance  étendue 
de  Part  d'écrire  pour  les  voix.  Après  avoir 
vécu  plusieurs  années  à  Rome  et  à  Naples,  où 
il  étudia  le  mécanisme  de  Part  du  chant  sous 
de  bons  maîtres,  il  se  rendit  en  Allemagne, 
reçut  des  conseils  de  Salieri,  à  Vienne,  et  de 
Winter,  à  Munich,  puis  s*arréta  quelques  mois 
à  Eisensiadt,  en  1817,  chez  le  prince  Ester - 
hazy,  qui  le  nomma  son  maître  de  chapelle 
honoraire.  Panseron  se  disposait  à  retourner 
à  Paris,  lorsque  des  propositions  lui  furent 
faites  pour  visiter  la  Russie  ;  les  ayant  accep- 
tées, il  se  rendit  à  Saint-Pétersbourg  ;  mais  ce 
voyage  ne  fut  qu'une  course  de  peu  de  durée, 
et  dans  Tété  de  1818,  il  arriva  à  Paris,  après 
avoir  employé  cinq  années  dans  les  voyages 
prescrits  par  les  règlemenu  de  l'Institut  pour 
les  élèves  pensionnaires.  Dès  son  arrivée  daoj 
cette  ville,  il  se  livra  à  l'enseignement  du 
chant,  et  bientôt  après,  il  remplit  les  fonctions 
d'accompagnateur  à  l'Opéra  -  Comique.  En 
1824,  il  obtint  sa  nomination  de  professeur 
de  chant  au  Conservatoire,  où  il  avait  été 
admis,  comme  élève,  vingt  ans  auparavant. 
Lorsque,  en  1829,  Halévy  eut  abandonné  sa 
place  d'accompagnateur  au  Théâtre- italien, 
pour  passer  à  la  direction  du  chant  à  l'Opéra, 
Panseron  lui  succéda  dans  cet  emploi  ;  mais 


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4U 


PANSERON  -  PANTALOGO 


les  occupations  multipliées  qui  y  étaient  atU- 
chées  le  firent  renoncer  à  celte  place  après 
quelques  années,  pour  se  livrer  sans  réserve 
à  renseignement  et  à  la  composition. 

En  1830,  Panseron  a  fait  jouer  avec  succès, 
au  théâtre  Feydeau,  la  Grille  du  parc,  opéra 
comique  en  un  acte,  dont  la  partition  a  été 
publiée  chez  Janet  et  Cotelle.  L*année  sui- 
vante, il  a  donné,  au  même  théâtre,  les  Deux 
Coutinet,  opéra  comique  en  un  acte  qui  est 
resté  en  manuscrit.  Le  4  novembre  1827,  il  a 
fait  représenter,  à  TOdéon,  l'École  de  Rome, 
en  un  acte,  dont  la  partition  a  été  publiée  à 
Paris,  chez  Pacini.  Panseron  a  aussi  publié 
plusieurs  fantaisies,  nocturnes  et  thèmes  variés 
lK)ur  piano  et  flûte,  en  société  avecGuillou  (Pa- 
iis,Petit,Frère,Schle8inger);mai8C*est  surtout 
par  ses  romances  et  ses  ouvrages  didactiques 
<iu*il  s*est  fait  une  réputation  européenne.  Il 
a  publié  plus  de  deux  cents  de  ses  romances, 
parmi  lesquelles  on  en ,  remarque  de  char- 
mantes. Entre  celles  qui  ont  eu  le  plus  de 
vogue,  on  cite  :  le  Songe  de  Tartini^  avec  ac- 
compagnement de  violon  obligé;  la  Fêle  de 
la  madone;  Malvina;  Faisons  encore;  Au 
revoir,  Louise;  On  n'aime  bien  qu'une  fois; 
Appelez-moi ,  je  reviendrai;  Demain  on 
vous  marie;  J'attends  encore,  etc. 

Après  avoir  joui  de  la  vogue  comme  com- 
positeur de  romances,  Panseron  s^est  livré  à 
la  rédactiod  d*un  grand  nombre  d*ouvrages 
pour  renseignement  des  diverses  parties  de  la 
musique  :  ces  productions  ont  obtenu  un  succès 
mérité.  L*œuvre  didactique  de  cet  excellent 
professeur  renferme  les  ouvrages  dont  voici  la 
liste  :  \^  A  B  C  musical,  ou  solfège,  corn- 
posé  pour  sa  fille,  dgée  de  huit  ans,  à  Paris, 
chez  Tauteur.  II  a  été  fait  plusieurs  éditions 
in-rolio  et  in-8<*  de  ce  solfège  élémentaire. 
S»  Suite  deVABC;\h\à.  3»  Solfège  à  deux 
voix;  ibid.  4»  Solfège d' artiste \  ibid.  5«  Sol- 
fège sur  la  clef  de  fa,  pour  basse-taille  et 
baryton;  Ibid.  (i"* Solfège  d'ensemble  à  deux, 
trois  et  quatre  voix,  divisé  en  trois  parties; 
ibid.  7^ Solfège  du  pianiste;  ibid.  S"^ Solfège 
du  violoniste;  ibid.  O»  Solfège  concertant  à 
deuxy  trois  et  quatre  voix,  divisé  en  trois 
parties;  ibid.  \0^  Cinquante  leçons  de  solfège 
à  changements  de  clefs,  faisant  suite  au 
solfège  d'artiste,  avec  basse  chiffrée;  ibid. 
11»  Solfège  progressif  à  deux  voix,  pour 
basse-taille  et  baryton;  ibid.  IS»  Méthode  de 
vocalisation,  en  deux  parties,  pour  soprano 
ou  ténor;  ibid.  15»  Méthode  de  vocalisation, 
en  deux  parties,  pour  basse, baryton  et  con- 
tralto;  ibid.  14»  Fingt-cinq  vocalises  faciles 


et  progressives  pour  contralto,  préeédées  de 
vingt-cinq  exercices;  ibid.  15»  J^ouie  études 
spéciales,  précédées  de  doute  exercices,  pour 
soprano  et  ténor;  ibid.  16»  Traité  de  l'har- 
monie pratique  et  des  modulations;  ibid. 
17»  Trente -six  exercices  à  changements  de 
clefs,  faisant  suite  aux  cinquante  leçons; 
ibid.  18»  Méthode  complète  de  vocalisation, 
en  trois  parties  ;  ibid. 

Aussi  estimé  par  les  qualités  essentielles  de 
rbonnéte  homme  que  par  retendue  de  ses 
connaissances  dans  son  art,  bienveillant  pour 
les  jeunes  artistes  et  les  aidant  de  ses  conseils 
et  de  son  appui,  Panseron  fut  enlevé  à  sa  fa- 
mille et  à  ses  amis,  après  une  courte  maladie, 
le  29  juillet  1859.  Il  était  chevalier  des  ordres 
de  la  Légion  d'honneur,  de  la  Couronne  de 
chêne  et  de  TAigle  rouge. 

PAISSE  WANG  (Jear-Gbohces),  musicien 
de  la  Silésie,  était,  en  1800,  organiste  à  Mit- 
teiwalde,  dans  le  comté  de  GlaU.  Élève  de 
Segert,  il  possédait  un  talent  remarquable  sur 
Porgue.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des  messes, 
offertoires  et  autres  morceaux  de  musique 
d'église ,  ainsi  que  des  pièces  d^orgue.  Hoff- 
mann cite  aussi  de  cet  artiste  une  méthode 
d'harmonie  que  Pansewang  avait  écrite  pour 
un  de  ses  élèves.  Dans  ses  dernières  années,  il 
s'occupa  beaucoup'^de  la  partie  mathématique 
de  la  musique  et  du  tempérament;  mais  il  n'a 
rien  été  publié  de  ses  travaux. 

PAI^SI^ER  (Je&h-Herri-Ladbext),  doc- 
teur en  philosophie,  ;né  à  Arnsladt,  dans  la  ' 
principauté  de  Schwartzbourg,  était  étudiant 
à  l'université  de  Jéna,  en  1800.  Il  y  soutint, 
en  1801,  une  thèse  qui  a  été  imprimée  sous  ce 
titre  :  Dissertatio  physica  sistens  investiga- 
tionem  motuum  et  sonorum  quibus  laminer 
elasticsf  contremiscunt  ;  quam  Reetore  D. 
Carlo-Augusto  duce  Scuson.  cotisensu  am^ 
pliss.  philosopha  ordinis  pro  venidlegendi 
rite  impetrandâA.  D.  39  Aug.  1801  publiée 
défendit  auctor  /.  ff.  L,  Pansner,  etc.; 
Jena,  1801.  typis  Gœpferdtii,  in-4»deonzc 
pages.  Ce  morceau  est  un  des  premiers  écrits 
que  les  découvertes  deChladni  ont  fait  naître, 
concernant  les  phénomènes  de  vibrations  des 
surfaces  élastiques. 

PAI^TALOGO  (ELEUTEaio),  pseudonyme 
sous  lequel  s'est  caché  le  comte  Torriglione^ 
né  à  Rome,  en  1791,  et  qui  se  fixa  à  Florence, 
en  1831.  C^est  sous  ce  nom  supposé  qu'il  a 
publié  une  brochure  qui  a  pour  litre  :  la  Mu- 
sica  italiana  nelsecolo  XIX,  Rioerche  fUoso- 
fico-critiche;  T\orence,  Coen,  1838,  in-13de 
quatre-vingts  pages.  J'en  possède  un  cxera- 


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PANTALOGO  —  PAOLl 


44d 


plaire  qui  porte  la  date  de  1839.  Uae  critique 
de  cet  opuscule  a  été  publiée  par  le  violooisle- 
compositeur  Giorgetti;e\\e  est  intitulée: Zel- 
tera  al  sig.  El.  Pantalogo  intorno  alU  sue 
Ricereke  filotopco-critiche  $opra  la  musica 
italiana  nel  secolo  XJX;  Florence,  1828, 
in-8'»  de  douze  pages.  Le  comte  Torriglione 
fit  paraître,  en  réponse  à  cette  lettre,  un  écrit 
intitulé  :  Replicadi  EUuterio  Pantalogo  alla 
httera  del  Sig,  F.  Giorgetti;  retponsiva  aile 
Riflessioni  filosofico-critiche  suUa  musica 
ilaliana  del  secolo  XJX;  Florence,  Coen, 
1828,  in-lC  de  quinze  pages.  Le  sujet  de  la 
discussion  résulte  du  principe  posé  par  le 
pseudonyme  Pantalogo  qu'il  y  a  un  beau  lécl 
indépendant  des  époques  et  des  opinions  exa- 
gérées qui  se  produisent  aux  différentes 
phases  de  transformation  de  Tart.  Il  oppose  ce 
principe  à  cette  sprtie  d'un  enthousiaste  :  JPo* 
tête  voi  dubitar  ehe  la  musica  italiana  non 
sia  giunta  adesso  aW  apice  délia  stia  per- 
fezzione  e  ehe  Rossini  non  abbia  superato 
quanti  prima  di  lui  vi  furon  maestri  di 
questascienza?  L'auteur  supposé  n'écrit  son 
opuscule  que  pour  réfuter  cette  opinion,  et, 
parlant  de  principes  esthétiques,  établit,  tout 
en  déclarant  que  Rossini  est  incontestable- 
ment un  homme  de  génie,  que  ses  opéras  ont 
de  grands  défauts  mêlés  à  de  grandes  beautés, 
Gt  qu'il  s'y  trouve  même  de  véritables  extra- 
vagances (1)  au  point  de  vue  de  la  vérité  dra- 
matique et  scénique.  Toutefois,  c'est  au  temps 
où  Rossini  s'est  trouvé  qu'il  attribue  ce  qu'il 
appelle  les  égarements  du  maître  (2).  C'est 
contre  cette  critique  que  s'élève  Giorgetti  dans 

(I)  m  Cade  qaalehe  Tolte  in  stravtgsnle  fantasia 
«  contra  M  rero  senlimento  dramatico... 

«  La  di  loi  binarra  mosiea  non  teme  ben  sorente 
te  di  stara  in  opposixîone  col  sentimento  sa  cai  si 
«  ragf  >>**•  GioTCrt  riportarne  alcnni  de'  pin  palpabili 
«  eseinpi.  Nel  primo  duo  deir  atlo  seeondo  délia  Gasia 
«  ladray  mentre  una  STeniarata  faneinlla  vicina  ad 
M  essere  condannata  ad  infâme  snppliilo,  d&  raliimo 
«  addio  al  desolato  sao  amante,  mentre  nel  trasporlo 
n  del  la  disperasiona  arobedoa  ehiamano  sopra  di  té  un 
«  fulmine  del  cielo,  queslo  fulmine  viena  inTocalo  coo 
«un  motivetto  pieno  di  brio  e  d'allcgria  ben  adattalo 
«  ad  un  graziosissimo  valicr,  etc.  » 

(9)  «  Egli  (Rossini)  per&  dotato  di  fervidlssima  flnn- 
«  insia,  rigurgitante  dello  spirito  del  sno  tempo,  non 
a  potera  indarsi  di  buon  grado  a  ealcare  qualonqaedé^ 
M  già  battuli  sentier!.  Sdegnando  di  rimanersi  diseepolo 
«  di  aleana  dell'  ottiroe  scuole  sino  allora  YÎgenti,  voile 
«  crearsi  capo  di  nna  men  buona,  ed  al  sempliee  e 
tt  leggiadro  slile  ehe  regnsTa,  altro  sostituiroe  tras- 
(I  cendenule  ed  ardimentoso.  Il  suo  ardire  fu  fortunato, 
H  i  suoi  trionfi  rapidi  e  vasti...  Dopo  avère  stabilita  la 
«  sua  fortune  e  la  sna  ripntaxione,  poeo  preme  a  lui  se 
«  le  sue  musiebe,  tennte  tanto  in  pregio  dà  conlempo- 
«  ranci,  non  formeranao  forse  egualmeutt  la  delisia 
«  do'  potlcri.  a 


sa  réponse.  La  réplique  du  pseudonyme,  basée 
sur  des  principes  rigoureux  de  philosophie, 
mit  fin  à  cette  polémique,  qui  n'a  plus  au- 
jourd'hui qu'un  intérêt  historique. 

PAPf  ZACCHI  (D.Domihique),  un  des  meil- 
leurs ténors  italiens  du  dix -huitième  siècle, 
naquit  à  Bologne,  en  1735.  Après  avoir  achevé 
ses  études  de  chant  dans  l'école  deBernacchi, 
il  débuta  dans  l'opéra  sérieux,  et  jouit  bientôt 
en  Italie  de  la  réputation  d'un  excellent  chan- 
teur. Appelé  à  Madrid,  en  1757,  il  y  fut  atta- 
ché pendant  cinq  ans  au  service  du  théâtre  de 
la  cour.  En  1762,  il  se  rendit  à  Munich,  et 
fut  attaché  à  la  musique  de  l'électeur  Maxi- 
milien  III,  jusqu'en  1779,  époque  où  sa  voix 
perdit  toute  sa  sonorité.  Il  reçut  alors  une 
pension  de  la  cour  de  Bavière,  et  se  retira 
avec  sa  famille  dans  le  lieu  de  sa  naissance, 
après  avoir  amassé  des  richesses  considérables. 
Sa  bibliothèque  de  musique  renfermait  une 
collection  curieuse  de  tous  les  anciens  livres 
espagnols  concernant  cet  art.  Panzacchi  est 
mort  en  1805,  à  Bologne,  où  il  jouissait  de 
l'estime  générale. 

PAI^ZAU  (le  P.  Ogtatieh),  gardien  dn 
couvent  de  la  Sainte-Croix,  à  Augsbourg,  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  appartenait 
à  une  des  familles  les  plus  distinguées  de  cette 
ville.  Il  a  publié  une  collection  de  pièces 
d'orgue  qui  donne  une  idée  favorable  de  son 
talent  comme  organiste.  Cet  ouvrage  a  pour 
titre  :  Oe/ontum  ecc/^stasttcum  organicum; 
Augsbourg,  1747,  in-fol. 

PAOLI  (FnARcisco-AncARGELo),  carme 
du  couvent  de  Florence,  naquit  dans  cette 
ville,  en  1571,  et  y  mourut  à  l'âge  de  soixante- 
quatre  ans,  le  4  janvier  1635.  Au  nombre  de 
ses  ouvrages,  on  trouve  ceux-ci  :  1®  Direc- 
torio  delCorOy  e  délie  Processiotii,  seconde  il 
rito  de'Padri  Carmelitani;  in  Napoli,  presso 
il  Carlino,  1604,  in-4«.  Une  deuxième  édition 
^  été  publiée  à  Rome,  en  1668,  avec  le  nom 
de  l'auteur.  2»  ^ret;e  introduzione  al  Canto 
fermo;  in  Firenze,  presso  il  Cecconelli,  1623, 
in-8».  S»  Cantionem  seu  Hymnum  sacrum, 
in  Missis  decantandam  eum  offici  Angelio 
tutelaris;  Neapoli  apud  Carlinum,  1624, 
in-4<».  Jules  Negri  a  fait  de  ce  moine  l'objet 
de  deux  articles  dans  son  Istoriade'  fioren- 
tini  Scrittori;  dans  l'un,  il  l'appelle  Arcan- 
gelo  Paolij  et  dans  l'autre,  Francesco  Ârcan- 
gelo;  il  n*a  pas  vu  que  les  noms,  les  dates  et 
les  ouvrages  sont  les  mêmes. 

PAOLOI  (AuBÉLiEii),  compositeur  et 
instrumentiste  au  service  du  cardinal  Rubini, 
évêque  de  Vicence,  vers  la  fin  du  dix-septième 


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•I-IG 


PAOLI  --  PAPE 


siècle,  a  publié  un  œuvre  de  sonates  à  deux 
violons  et  violoncelle,  avec  basse  continue 
pour  clavecin.  OEuvre  premier,  Venise,  1697, 
in -4°.  Cet  ouvrage  a  été  réimprimé  à  Amster- 
dam, chez  Roger. 

PAOLI8  (GioTAHifi  DE),  compositeur  de 
répoque  actuelle,  né  à  Gènes  vers  1820,  a  fait 
ses  études  musicales  à  Pécole  communale  de 
musique  de  Bologne.  Le  premier  ouvrage  par 
lequel  il  s*est  fait  connaître  est  une  tragédie 
lyrique  intitulée  Gismanda  e  Mendrisio,  qui 
fui  représentée  à  Rome  (théâtre  Faite) , 
dans  Pété  de  1843.  G*était  une  très-faible 
production,  qui  n*obtint  aucun  succès.  Le 
13  mars  1844,  M.  de  Paolis  fit  exécuter  au 
Panthéon  de  Rome,  par  la  congr.égation  des 
Firtuo$i,  une  cantate  de  sa  composition  qui 
avait  pour  titre  :  FUtoria  deîV  arte  cris- 
tiana  $uU'  arte  pagana.  Il  y  prit,  dit-on, 
une  revanche  de  la  chute  de  son  opéra.  On 
n'a  pas  d'autre  renseignement  sur  cet  ar- 
tiste. 

PAOLO,  surnommé  AKETIPfO  parce 
qu'il  éUit  né  à  Arezzo,  en  Toscane,  dans  la 
première  moitié  du  seizième  siècle,  n'est 
connu  que  par  un  recueil  de  madrigaux  Inti- 
tulé :  //  primo  Hbro  de'  madrigali  a  einquê, 
set  et  Otto  voci;  in  Venegia,  presso  Antonio 
Gardano,  1558,  ln-4<'.  Cet  ouvrage  est  dédié 
à  François  de  Hédicis.  Il  se  peut  que  ce  musi- 
cien soit  le  même  PaolOy  prêtre  de  l'ordre  de 
Saint-Joseph,  organiste  de  la  cathédrale  de 
Chioggia,  qui  fut  un  des  compétiteurs  de 
Claude  Merulo  au  concours  pour  la  placed'orga- 
nisle  du  second  orgue  de  Saint- Marc,  à  Venise, 
le  3  juillet  1557,  après  la  mort  de  Jérôme  Pa- 
rabosco. 

PAOLUCCI  (le  P.  JosBPi),  religieux  cor- 
delier,  naquit  à  Sienne,  en  1737,  et  fit  ses 
études  musicales  au  couvent  de  Bologne, 
sous  la  direction  du  P.  Martini.  Après  avoir 
fait  ses  vœux,  il  fut  envoyé  à  Venise,  où  on 
le  choisit  pour  n^allre  de  chapelle  du  couvent 
de  son  ordre  appelé  de'  Frari;  puis  il  alla 
remplir  les  mêmes  fonctions  au  monastère  de 
Sinigaglia,  et  en  dernier  lieu  il  dirigea  le 
chœur  de  celui  d'Assis!,  où  il  mourut  à  l'Age  de 
cinquante  ans.  Le  P.  Paolucci  a  laissé  en  ma- 
nuscrit des  compositions  pour  l'église,  et  l'on 
a  imprimé  de  lui  des  Precet  pim  à  huit  voix  en 
deux  chœurs,  à  Venise,  en  1767;  mais  l'ou- 
vrage par  lequel  il  s'est  fait  particulière- 
ment connaître  d'une  manière  avantageuse 
est  une  collection  de  morceaux  de  musique 
des  styles  d'église  et  madrigalesqne ,  pré- 
sentés comme  exemples  de  l'art  d'écrire,  et 


analysés  dans  tous  les  détails,  de  manière  à 
former  un  cours  de  composition  pratique.  Cet 
ouvrage  a  pour  titre  :  Arte  pratiea  di  eon- 
tràppunto  dimostrata  eon  esêmpi  di  vari 
autoriy  e  eon  oiservazioni  ;  Venise,  1765- 
1773,  3  vol.  ln-4«.  Le  plan  du  P.  Paolucci  e»t 
celui  que  le  P.  Martini  adopta  plus  tard  poor 
son  Esemplare  oaia  taggio  fondamentale 
pratieo  di  conlrappunto  ;  mais  ce  dernier 
maître,  ayant  pour  objet  principal  de  traiter 
du  contrepoint  fugué  sur  le  plaia-chant,  a 
choisi  la  plupart  de  ses  exemples  dans  les 
œuvres  des  composltears  du  seizième  siècle, 
tandis  que  le  P.  Paolucci,  traitant  plus  par- 
ticulièrement du  style  concerté,  en  a  pris 
beaucoup  dans  ceux  du  dix-septième  et  da 
dix-hnitième.  Au  reste,  ces  deux  ouvrages 
sont  riches  d'érudition ,  et  renferment  des 
discussions  instructives  sur  les  principes  fon- 
mentaux  de  l'art. 

PAPAVdWE  (....),  Tioloniste  et  compo- 
siteur, entra  à  l'orchestre  de  la  Comédie- 
Italienne  comme  chef  des  seconds  violons,  en 
1760  ;  mais  il  n'y  resta  que  deux  ans,  et  i  la  fin 
de  1763,  il  suivit  Audinot,  qui  s'était  retiré 
du  même  théAtre  pour  fonder  celui  de  TAm- 
blgu-Comique.  Papavolne  y  devint  premier 
violon  et  maître  de  musique  :  Il  occupa  cette 
place  Jusqu'en  1780.  Des  propositions  lui 
furent  faites  alors  pour  diriger  l*orcbestre  du 
théâtre  de  Marseille;  il  se  rendit  dans  cette 
ville,  et  y  mourut  en  1795.  On  a  de  ce  musi- 
cien deux  œuvres  de  Six  qtuituors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  gravés  à  Paris  (sans 
date)  ;  il  a  fait  aussi  la  musique  d'un  opéra 
comique  intitulé  Barbacole  ou  le  Manuscrit 
volé,<i\i\  fut  représenté  le  15  septembre  1760, 
à  la  Comédie-Italienne.  Papavoine  composa 
pendant  près  de  dix  ans  la  musique  de  toutes 
les  pantomimes  qui  (tirent  jouées  à  l'Ambigu- 
Comique. 

PAPE  (Nicolas),  en  latin  PAPA,  né 
dans  un  village  de  la  Saxe,  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle,  a  publié,  à  l'occasion  de  la 
nomination  d'un  musicien  nommé  Gerhard  à 
la  place  de  eantor  à  Brandebourg,  un  petit 
écrit  intitulé  :  Propemptieon  honoris  causa, 
pietate,  érudition»  et  omnium  virtutum 
génère  ornato  juveni,  musico  et  componistâp 
felici,  Jacobo  Gerhardo,  Carlostadensi  ex 
inelild  fFitebergxad  eantoris  munus  auspi- 
ciendum  a  Senatu  Brnndenburgensi  légi- 
timé vocato  anno  Domini  1573,  scriplum  a 
Nicolao  Papa,  Reiderensi  Saxons,  S.  L, 
1573. 
PAPE  (Loiris-FBAiiçots),  écrivain  suédois. 


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PAPE  -  PAPIUS 


447 


fit  ses  études  à  Tuoiversité  d^Upsal,  où  il 
publia  et  soutint  une  thèse  intitulée  :  Deusu 
musieet,  Upsal,  1735,  in  4*. 

PAPE  (Hbhbi),  facteur  de  pianos  d*un 
mérité  distingué,  est  né  dans  la  Souabe,  en 
1787.  Arrivé  à  Paris  en  1811,  il  entra  dans 
la  fabrique  de  pianos  de  Pleyel,  dont  il 
dirigeâtes  ateliers  pendant  plusieurs  années. 
En  1815,  il  établit  lui-même  une  manufacture 
de  ces  instruments,  et  pendant  près  de  qua- 
rante ans,  presque  chaque  année  fut  marquée 
par  quelqu*une  de  ses  inventions.  Ses  pre- 
miers grands  pianos  furent  d*abord  constru'  ) 
diaprés  le  système  anglais  de  Broadwood  et 
de  Torokinson  ;  mais  doué  d*un  génie  dMnven- 
tion  dans  la  mécanique,  il  ne  tarda  pas  à 
introduire  de  nombreuses  modifications  dans 
la  construction  de  ces  instruments,  et  même 
à  en  changer  complètement  le  principe. 
L*objet  principal  quMI  se  proposa  d*abord  Ait 
de  fair^  disparaître  la  solution  de  continuité 
qui,  dans  les  pianos  carrés  et  à  queue,  existe 
entre  la  table  et  le  sommier,  pour  laisser  un 
passage  aux  marteaux  qui  doivent  frapper  les 
cordes;  pour  cela  il  reprit  le  principe  de  mé- 
canisme placé  an-dessus,  d^abord  imaginé 
par  Tancien  facteur  de  clavecins  Marins,  puis 
renouvelé  par  Hildebrand,  et  enfin  parStrei- 
cher,  de  Tienne;  mais  évitant  les  défauts  des 
bascules  et  des  contre^poids  employés  par  ces 
artistes,  il  combina  un  ressort  en  spirale  cal- 
culé sur  Paction  du  marteau  de  manière  à  re- 
lever rapidement  celui-ci,  par  un  effort  si 
peu  considérable,  que  la  fatigue  du  ressort 
était  à  peu  près  nulle.  SI,  dans  le  piano  à 
queue,  ce  système  de  construction  laissait 
désirer  plus  de  légèreté  au  mécanisme,  et  plus 
de  limpidité  dans  le  son,  dans  le  piano  carré, 
le  plus  beau  succès  a  répondu  aux  efforts  de 
M.  Pape.  Ce  dernier  a  aussi  introduit  diverses 
variétés  dans  les  formes  et  dans  le  mécanisme 
du  piano  vertical,  auquel  il  a  donné  une 
puissance  de  son  remarquable.  Les  travaux  de 
cet  habile  facteur  ont  reçu  d*honorables  ré- 
compenses dans  le  rapport  avantageux  fait 
sur  ses  instruments,  le  19  septembre  1833,  par 
la  société  d*encouragement  pour  Tindustrie 
nationale;  dans  celui  de  TAcadémie  des 
beaux-arts  de  rinstitut  de  France,  fait  en 
1835;  dans  la  médaille  d^or  qui  lui  a  été  dé- 
cernée à  Texposition  des  produits  de  rin> 
dustrie,  en  1834,  et  dans  la  décoration  delà 
Légion  d*honneur  quMI  a  obtenue  en  1839. 
Habile  dans  toutes  les  parties  de  la  méca- 
nique, il  a  inventé  nne  machine  pour  scieren 
spirale  les  bois  et  Tivoire,  et  il  en  a  exposé  les 


produits  en  1827;  un  de  ses  pianos  était 
plaqué  de  feuilles  d'ivoire  d'environ  huit  à 
neuf  pieds  de  longueur  et  de  deux  de  largeur. 
On  a  publié  une  Notice  sur  les  inventions  et 
perfectionnements  apportés  par  H,  Pape 
dans  la  fabrication  des  pianos;  Paris,  Lo- 
quin,  in-4o  de  onze  pages,  avec  trois  planches 
litbographiées. 

PAPE  (Louis),  né'  à  Lubeck,  te  14  mai 
1809,  apprit  dans  sa  jeunesse  à  jouer  du 
violon  et  du  violoncelle ,  et  reçut  des  leçons 
d'harmonie  de  Porganiste  Bauck.  Après  avoir 
été  employé  quelque  temps  comme  violon- 
celliste au  théâtre  de  Rœnigstadt,  à  Berlin, 
il  fut  appelé  à  Hanovre,  puis  à  Francfort-sur- 
le-Mein,  en  qualité  de  premier  violon.  Dans 
un  voyage  qu'il  fit  en  1833,  il  visita  sa 
ville  natale,  et  y  fut  engagé  comme  premier 
violon  du  théâtre.  Plus  tard,  il  eut  le  titre  de 
compositeurde.la  cour,  à  Oldenbourg,  et  enfin, 
il  s'établit  à  Brème  dans  ses  dernières  années, 
et  y  mourut  au  mois  de  février  1855.  Parmi 
les  compositions  de  cet  artiste,  on  remarque  : 
1*  Trois  sonatines  pour  piano  seul,  op.  5;  Co- 
penhague, Lose.  2«  Deux  sonatines,  idem; 
Hambourg,  Cranz.  3«  Quatuor  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  violoncelle,  op.  6  ;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Haerlel.  4«  Quintette  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  deux  violoncelles;  ibid.  5«»  Deux 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  violon- 
celle, op.  10;  ihid.  En  1840,  une  symphonie 
composée  par  Pape  a  été  exécutée  à  Olden- 
bourg, puis  à  Brème,  dans  l'année  suivante, 
et  enfin,  cet  ouvrage  futjoué  sous  sa  direction 
dans  un  des  concerts  du  Gewandhaus  de  Leip- 
sick.  On  connaît  aussi  de  cet  artiste  quelques 
compositions  pour  le  chant  avec  piano. 

PAPEINIUS  (jEAK-GEoncEs),  facteur  d'or- 
gues à  Stolberg,  dans  la  Thuringe,  vers  le 
commencement  du  dix-huitième  siècle.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  1<»  Un  orgue  de 
dix-huit  registres  ,  à  deux  claviers,  à  Oldis- 
leben,  construiten  1708.2*  Un  orgue  de  trente- 
deux  registres,  à  deux  claviers  et  pédale,  à 
Rindelbruck. 

PAPIUS  (Andué),  dont  le  nom  flamand 
était  DE  PAEP,  naquit  à  Gand,  en  1547. 
Neveu,  par  sa  mère,  de  Livin  Torrenlius, 
évéque  d'Anvers,  il  fil  ses  études  sous  la  di- 
rection de  son  oncle,  d'abord  à  Cologne,  puis 
à  Louvain.  Ses  progrès  dans  les  langues 
grecque  et  latine  furent  rapides,  ce  qui  ne 
l'empêcha  pas  de  se  livrer  à  l'étude  de  la  mu- 
sique, contre  l'avis  de  Juste  Lipse,  qui  n'aimait 
pas  cet  art.  Papius  acquit  de  grandes  connais- 
sances théoriques.  Les  études  de  J>9  Paep 


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448 


PAPIUS  -  PARABOSCO 


étant  terminées,  Torrentius  rappela  à  Liège, 
et  lui  procura  un  canonicat  à  Saint-Martin; 
mais  il  n*en  jouit  pas  longtemps,  car  il  se  noya 
dans  la  Meuse,  le  15  juillet  1581.  On  a  de  lui 
un  livre  intitulé  :  De  consonantiit,  tivt  har- 
moniit  tnus'teis,  contra  vulgarem  opinio- 
tiem;  Anvers,  1568,  in  1S.  Il  le  revit  dans  la 
suite,  y  fit  quelques  changements,  et  le  publia 
de  nouveau  sous  ce  titre  :  De  consonantiit 
seu  pro  Diatetsaron;  Anvers,  Planlln,  1581, 
in-8«.  DePaep  entreprend  de  démontrer  dans 
cet  ouvrage  que  la  quarte  est  une  conson- 
nance,  et  tout  le  livre  roule  sur  ce  sujet.  Il 
prouve  sa  proposition  par  des  arguments  ex- 
cellents, mais  avec  un  ton  tranchant  et  pédan« 
tesque;  ce  qui  a  fait  dire  à  Zarlino  {Sopplim, 
mus,,  p.  103)  que  c'était  un  auteur  peu  mo' 
dette  (non  molto  modetto  terittore).  Quoi 
quMl  en  soit,  le  livre  de  De  Paep  est  ce  qu*on 
avait  fait  de  mieux  sur  cette  matière  jusqu^à 
la  fin  du  seizième  siècle  (à  Texception  des 
exemples  de  musique,  qui  sont  assez  mal 
écrits);  il  n*a  été  surpassé  depuis  lors  que  par 
le  travail  de  Jean-Alvarès  Frovo  {voyez  ce 
nom).  Les  auteursduZ^t'crt'onna^re  historique 
des  musiciens  (Paris,  1810)  ont  fait  sur  cet 
écrivain  une  singulière  méprise;  ils  Tout  ap- 
pelé Gaudentius,  ayant  vraisemblablement 
mal  lu  le  mot  de  Gandavensis  qu'il  ajoutait 
à  son  nom,  pour  Indiquer  sa  ville  natale. 

PAPPA  (François),  professeur  de  philo- 
sophie et  de  théologie,  était  prédicateur  à 
Milan  dans  les  dernières  années  du  seizième 
siècle  et  au  commencement  du  dix-septième. 
Il  était  aussi  con^positeur  de  musique,  et  a 
publié  :  1«  Motteti  a  9  e  4  voci;  Milan,  1608, 
in-4«.  ^  Partito  dette  eanzoni  a  2  «  ^  voci  ; 
ibid.,  1608,  in-4». 

PAPPALARDO  (Saltatob),  compositeur 
sicilien,  s*esl  fait  connaître,  en  1846,  par  un 
opéra  intitulé  II  Corsaro,  qui  fut  représenté 
à  Naples,  au  théâtre  du  Fondo.  Cet  ouvrage 
était  en  trois  actes  ;  le  troisième  fut  supprimé 
à  la  seconde  représentation,  et  sous  cette 
forme  réduite,  Touvrage  eut  quelque  succès. 
Plusieurs  morceaux  de  la  partition  ont  été  pu- 
bliés avec  accompagnement  de  piano,  chez 
Ricordi,  à  Milan.  Sous  le  nom  du  même  com- 
positeur, ont  paru  divers  œuvres  pour  \t 
chant,  parmi  lesquels  on  remarque  le  recueil 
de  six  mélodies  intitulé  :  Brexxe  del  Sebeto, 
qui  a  paru  à  Milan,  chez  Ricordi,  en  1850.  Il 
y  a  de  la  distinction  dans  cet  œuvre.  Le  nom 
du  compositeur  a  disparu  du  monde  musical, 
après  la  publication  de  ce  dernier  ouvrage. 
PAQUE   (Guillaume),   Yioloncelliste  et 


compositeur   pour    son    instrument,    né    à 
Bruxelles,  en  1895,  fut  admis  au  Consena- 
toire  royal  de  musique  de  celte  ville,  en  1835, 
et  y  fit  toutes  ses  études.  Élève  de  Demitnck 
pour  le  violoncelle,  il  obtint  le  second  prix  au 
concours  de  1839,  et  le  premier,  en  1841. 
Après  avoir  été  attaché  pendant  quelques  an- 
nées comme  violoncelliste  au  théâtre  royal  de 
Bruxelles,  il  se  rendit  à  Paris,  où  il  avait  Tin- 
tention  de  se  Axer,  mais  des  propositions  loi 
furent  faites,  en  1846,  pour  la  place  vacante 
de  violoncelliste  solo  i  TOpéra  italien  de  Bar- 
celone :  il  Taccepta  et,  dans  la  même  année, 
fut   nommé    professeur    du    Conservatoire 
d'Isabelle  la  Catholique.  Il  occupa  ces  deux 
emplois  pendant  trois  ans  et  se  maria  à  Bar- 
celone. En  1840,  il  fit  un  voyage  à  Madrid  et 
joua  devant  la  reine,  qui  daigna  accepter  la 
dédicace  d*une  de  ses  compositions.  Dans  un 
voyage  qu'il  fit,  en  1850,  dans  la  France  mé- 
ridionale, il  acheta,  près  de  Lyon,  une  pro- 
priété, où,  pendant  plusieurs  années,  il  alla 
passer  quelques  mois  de  Tété.  Ce  fat  dans 
cette  même  année  qu*il  se  fixa  à  Londres,  où 
il  est  encore  (1863),  recherché  pour  son  ta- 
lent, et  considéré  comme  le  meilleur  artiste 
sur  le Tioloncelle,  après  M.  Piatti,  particuliè- 
rement dans  la  musique  de  chambre.  M.Paque 
a  fait  plusieiirs  voyages  en  Allemagne,  en 
Suisse  et  en  France  :  partout  il  a  obtenu  des 
succès.  Il  est  professeur  de  Tioloncelle  à  la 
London  Âcademy  of  Music,  Plusieurs  fan- 
taisies, thèmes  Taries  et  morceaux  de  genre 
pour  violoncelle  ont  été  publiés  par  cet  artiste. 
PARABOSCO  (Jérôie),  organiste  et  lit- 
térateur italien  du  seizième  siècle,  naquit  à 
Plaisance,  Ters  1510,  et  fit  ses  études  musi- 
cales à  Venise,  sous  la  direction  d'Adrien 
Willaert.  D<jà  connu  avantageusement   dès 
1546  comme  poète  et  comme  conteur  par  ses 
Rime,  sa  tragédie  de  Progné,  et  par  ses  pre- 
mières comédies,  il  Técut  à  Venise  dans  Pin- 
timité  avec  Louis  Dolce,  et  fut  désigné  comme 
organiste  du  second  orgue  de  Téglise  Saint- 
Marc,  en  1551,  après  la  retraite  de  Jacques  de 
Buus  {voyez  ce  nom).  On  voit  par  un  passage 
des  Sopplimenti  musicali  de  Zarlino  (lib.  VIII, 
c.  15)  que  Parabosco  était  à  Venise  en  1541, 
et  qu'il  y  figurait  au  nombre  des  musiciens 
qui,  le  5  décembre  de  cette  année,  se  réunirent 
dans  réglise  de  Saint-Jean,  à  Rialto,  pour 
l'exécution  de  vêpres  solennelles  que  faisaient 
chanter  leâ  tondeurs  de  drap.  Il  y  adressa  des 
paroles  sévères  à  un  compositeur  médiocre 
qui  se  comparait  à  Adrien  Willaert.  Il  mourut 
Traisemblablement  avant  le  mois  de  juillet 


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PARABOSCO  —  PARADIES 


449 


1557,  car  il  eut  alors  pour  successeur  dans 
cette  place  Claude  Merulo.  Burney,  copié  par 
Gerber,  s^est  trompé  en  plaçant  la  date  de  la 
mort  de  Parabosco  trente  ans  plus  tard. 
L^Arétin,  ami  de  Parabosco,  dit  de  lui  (Let» 
tere,  lib.  V,  p.  195)  que  lorsqu*on  parlait  de 
sa  tragédie  (Progné),  il  se  donnait  pour  mu- 
sicien et  non  pour  poète,  et  que  lor8qu!on  le 
complimentait  sur  sa  musique,  il  afTectait  de 
se  donner  pour  poète  plut6t  que  pour  musi- 
cien. Parabosco  eut  de  puissants  protecteurs, 
parmi  lesquels  on  remarque  le  doge  François 
DonatOjla  princesse  deFerrare.<^nne  d'Esté, 
et  surtout  le  célèbre  patricien  et  littérateur 
vénitien  Dominique  Veniero  y  qui  lui  confia 
la  direction  des  concerts  qui  se  donnaient  dans 
son  palais,  et  où  se  réunissaient  les  artistes  les 
plus  distingués  de  Venise.  Parabosco  jr  accom- 
pagnait les  chanteurs  sur  le  clavecin,  et  im- 
provisait sur  le  même  instrument,  avec  un 
rare  talent  pour  cette  époque.  Il  louait  ses 
protecteurs  dans  ses  vers  et  leur  dédiait  ses 
ouvrages.  C*est  ainsi  qu'il  plaça  le  nom  de 
Christophe  Mielich,  riche  négociant  alle- 
mand, en  tête  de  sa  tragédie  de  Pro^n^  .•  il 
en  reçut  de  riches  présents  à  cause  de  cette 
dédicace. 

Ses  nouvelles,  auxquelles  il  donna  le  titre 
I  Diporti^  ses  comédies,  et  quelques -unes  de 
ses  poésies,  prouvent,  dit  M.  Caffi  (1),  que  les 
mœurs  de  Parabosco  étaient  plus  que  libres  et 
dignes  d*un  ami  de  TArélin.  L*eicès  des  plai- 
sirs sensuels  porta  atteinte  à  sa  constitution 
-et  eut  des  suites  qui  abrégèrent  sa  vie. 
l.*amour  vint  enfin  mettre  un  terme  à  ses  dé- 
sordres; épris  d*une  belle  jeune  fille,  il 
repensa  en  1548,  et  en  eut  plusieurs  fils. 

L*Arétin  nous  apprend,  dans  une  de  ses 
lettres,  que  Parabosco  avait  écrit  des  motets 
qui,  par  le  peu  de  soin  qu'on  a  mis  à  les  con- 
«erv.er,  ne  paraissent  pas  avoir  eiercé  une 
-grande  influence  sur  Tart  de  Pépoque.  Je  ne 
•connais  de  lui  que  le  jnolet  à  cinq  voix  Jpsa 
te  rogat  pietas,  inséré  dans  la  collection  qui 
a  pour  titre  :  Di  diversi  musici  de'*  nostri 
tempi  motetti  a  4,  5  o  C  voct;  Venise,  1558, 
itk'A*'.  Je  crois  pourtant  qu'il  existe  quelques 
tnorceaux  de  cet  artiste  dans  d'autres  re- 
cueils. Ses  Lettere,  Rime,  etc.,  furent  impri- 
mées à  Venise,  en  1546,  in-19;  ses  comédies 
de  1547  à  1567,  sa  tragédie  de  Progné,  en 
1548,  et  ses  nouvelles  intitulées:  I Diporti, 
à  Venise,  en  1552  et  1558,  in-8«. 

(1  )  Storia  delta  miuû»  tuera  nella  giû  Cappella  ducale 
di  San  3iarco,  in  Ventsiat  1. 1,  p.  113. 

BIOGR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.  ^  T.   VI. 


PARADEISER  (Habuncs)  (1),  moine  de 
l'abbaye  de  Melk,  en  Autriche,  né  à  Rieden- 
thal,  le  11  octobre  1747,  commença  les  études 
de  collège  dès  l'âge  de  sept  ans,  puis  alla 
suivre,  à  Vienne,  les  cours  de  l'université,  et 
acquildes  connaissances  étendues  dans  l2|  phi- 
losophie, dans  les  sciences  etdans  la  musique. 
Son  talent  sur  le  violon  était  remarquable. 
Dès4'âge  de  quatorze  ans,  il  écrivit  des  qua- 
tuors pour  des  instruments  à  cordes  dont  le 
mérite  consistait  dans  l'abondance  des  idées 
mélodiques.  Ces  ouvrages  furent  suivis  d'une 
cantate  et  de  Céladon,  petit  opéra  dans  lequel 
se  trouvait  un  double  chœur  bien  écrit.  A.  l'âge 
de  vingt-deux  ans,  il  produisit  six  nouveaux 
quatuors  et  six  trios  pour  deux  violons  et  vio- 
loncelle. Cette  dernière  production  fut  exé- 
cutée par  l'auteur,  par  Kreibich,  artiste  de  la 
chapelle  de  l'empereur  Joseph  II,  et  par  le 
monarque  lui-même,  qui  jouait  la  partie  de 
violoncelle.  On  connaît  aussi  du  P.  Paradeiser 
un  motet  pour  contralto  (en  /a),  cinq  StUve 
Regina,  un  Mma,  et  un  Ave  Regina  Cœlo- 
rum.  Toutes  ses  productions  sont  restées  en 
manuscrit.  Ce  religieux  mourut  à  l'âge  de 
vingt-huit  ans,  le  16  novembre  1775,  d'une 
affection  hémorroXdale. 

PARADIES  (Pieebe-Domieiiqiie)  (2),  com- 
positeur et  claveciniste,  naquit  à  Naples,  vers 
1710,  et  y  fit  ses  études  musicales.  Élève  de 
Porpora,  il  devint  un  des  plus  habiles  musi- 
ciens de  l'école  napolitaine  de  cette  époque. 
Ses  opéras  les  plus  connus  sont  •A'^Jlessandro 
in  Persia,io\ïé  à  Lucques,  en  1738;  Allacci 
ne  mentionne  pas  cet  ouvrage  dans  sa  Dra- 
maturgia,  2<*  Jl  Decreto  del  fato,  représenté 
à  Venise,  en  1740.  Z^  Le  Muse  in  gara^  can- 
tate exécutée  au  conservatoire  de  ^«ndtcana*^ 
à  Venise,  en  1740.  Paradies  se  rendit  à 
Londres,  en  1747,  et  y  donna,  le  17  décembre 
de  la  même  année,  Phaélon,  opéra  sérieux, 
qui  n'eut  que  neuf  représentations.  Depuis 
lors,  il  parait  avoir  renoncé  à  la  composition 
dramatique  ;  mais  il  se  fixa  à  Londres  et  y 
vécut  longtemps  comme  professeur  de  clavecin. 
Il  y  publia  un  recueil  de  douze  bonnes  sonates 
de  clavecin,  sous  ce  titre  :  Sonate  di  gravi* 
eembalo  dedicate  a  sua  aUezza  renie  laprin- 

(1)  Une  copie  manuscrite  des  quatuors  et  d''un  trio  de 
Paradeiser  est  indiquée  sous  le  prénom  de  Cari,  dans  le 
catalogue  de  Traeg,  publié  en  1799. 

(2)  Je  me  suis  trompé,  dans  la  première  édition  de  la 
Biographie  MnivertelU  de*  miwtcieni,  en  transformant  ce 
nom  en  celui  de  Paraditi.  Les  renseignements  de  La 
Borde  {£*»ai  $ur  la  wntêique^  la  Dramaturgiad^ AWaeU 
Tépiire  dédicatoire  et  le  privilège  des  sonates  de  clavccia 
de  ce  musicien,  déoontrcQt  que  son  nom  était  Parodiée* 

29 


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i&.>0 


PARADIES  —  PARADISI 


eipessa  Jugusta,  da  PUr  Domentco  Paro- 
dies napolUano;  London,  printed  for  the 
author  by  John  Johnson.  L'œuvre  n'a  pas  de 
date,  mais  le  privilège  accordé  par  le  roi  d'An- 
gleterre, Georges  II,  pour  rimpression  et  la 
vente,  pendant  quatorze  ans,  dedouxe  sonates 
pour  le  clavecin  et  de  six  grands  concertos 
pour  l'orgue,  est  daté  du  36  novembre  1754. 
Les  douze  sonates,  gravées  sur  cuivre,  forment 
un  cahier  de  quarante-sept  pages  in-fol.  Je 
ne  connais  pas  d'exemplaire  des  six  grands 
concertos  d'orgue.  Une  deuxième  édition  des 
sonates  a  été  publiée  à  Amsterdam,  en  1770. 
Lorsque  Paradies  quitta  l'Angleterre  pour  re- 
tourner en  Italie,  il  se  fixa  à  Venise,  on  il 
vivait  encore  en  1793,  dans  un  âge  très- 
avancé. 

PAAADIES  (MARU-TaiiièsE),  composi- 
teur et  pianiste  remarquable  de  son  temps, 
naquit  à  Vienne,  le  15  mai  1759.  Frappée  de 
cécité  à  l'âge  de  cinq  ans,  elle  trouva  dans  la 
musique  des  consolations  contre  celte  in  for- 
tune, montra  pour  cet  art  une  aptitude  singu- 
lière, et  fut  d'ailleurs  douée  d'une  facilité 
merveilleuse  pour  l'étude  des  langues  et  des 
sciences.  L'italien,  Tallemand,  le  français  et 
l'anglais  lui  étaient  également  familiers; 
habile  dans  le  calcul  de  tète,  elle  était  aussi 
instruite  dans  la  géographie  et  dans  l'histoire, 
dansait  avec  grâce,  et  avait  iine  conception  si 
prompte  et  une  mémoire  si  heureuse  qu'elle 
jouait  aux  échecs,  réglant  le  mouvement  des 
pièces  qu'elle  indiquait  d'après  ce  qu'on  lui 
disait  du  Jeu  de  l'autre  joueur.  Kozeluch  et 
RIghini  furent  ses  maîtres  de  piano  et  de 
chant;  le  maître  de  chapelle  Friebertiui  en- 
seigna l'harmonie,  et  elle  reçut  des  conseils 
de  Salieri  pour  la  composition  dramatique. 
Elle  n'était  âgée  que  de  onze  ans,  lorsque 
l'impératrice  Marie-Thérèse  lui  donna  une 
pension  de  350  florins,  après  l'avoir  entendue 
dans  des  sonates  et  des  fugues  de  Bach,  qu'elle 
jouait  avec  une  rare  perfection.  En  1784,  elle 
commença^à  voyager,  visita  Linz,  SaIzl)ourg, 
Munich,  Spire,  Manheim,  la  Suisse,  se  rendit  à 
Paris,  où  elle  joua  avec  un  succès  prodigieux 
au  concert  spirituel,  en  1785,  puis  se  rendit 
â  Londres  où  elle  excita  le  plus  vif  intérêt. 
Les  artistes  les  plus  célèbres  de  celte  époque, 
tels  que  Abel,  Fischer,  Salomon,  se  firent 
honneur  de  l'aider  de  leur  talent  dans  ses 
concerts.  Au  retour  de  son  voyage  en  Angle- 
terre, elle  se  fit  entendre  en  Hollande^  à 
Bruxelles,  à  Berlin,  à  Dresde,  reçut  partout 
raccuell  le  plus  flatteur,  et  rentra  à  Vienne, 
vers  la  fin  de  1780.  Elle  s'y  livra  à  l'enseigne- 


ment et  à  la  composition,  publia  plusieurs 
œuvres  de  musique  instrumentale,  et  fit  re- 
présenter avec  succès  quelques  opéras  à 
Vienne  et  à  Prague.  Sa  maison,  visitée  par 
les  personnages  les  plus  distingués  devienne, 
était  aussi  le  rendez- vous  des  étrangers  qui, 
dans  ses  dernières  années,  admiraient  encore 
le  charme  de  sa  conversation  et  sa  bonté  par- 
faite. Cette  femme  si  remarquable  à  tant  de 
titres  mourut  à  Vienne,  le  1^  février  1834,  à 
l'âge  de  soixante- cinq  ans  moins  quelques 
mois.  En  1791,  elle  avait  fait  représenter  à 
Vienne  Jriane  à  Naxos ,  opéra  en  detix 
actes;  cet  ouvrage  fut  suivi  à'' Ariane  et 
Baeehus,  duodrame  en  un  acte,  suite  t\r. 
l'opéra  précédent.  En  1793,  madame  Para- 
dies donna  au  théâtre  national  de  Vienne  le 
Candidat  instituteur,  petit  opéra  en  un 
acte,  et  en  1797,  elle  fit  jouer  â  Prague  le 
grand-opéra  Renaud  et  Armide.  Elle  fit  aussi 
exécuter  au  théâtre  national  de  Vienne,  en 
1794,  une  grande  cantate  sur  la  mort  de 
Louis  XVI,  qui  fut  publiée  avec  accompagne- 
ment  de  piano.  Précédemment  elle  avait  fait 
imprimer  sa  cantate  funèbre  sur  la  mort  de 
l'empereur  Léopold.  Parmi  ses  autres  com- 
positions, on  remarque  :  !**  Six  sonates  pour 
le  clavecin,  op.  1  ;  Paris,  Imbault.  3«  Six 
idem,  op.  3,  idem.  S"*  Douze  canzonettes 
italiennes,  avec  accompagnement  de  piano; 
Londres,  Bland.  A^Léonore^  ballade  de  Burger; 
Lieder,  Vienne. 

PARADI]\  (Guillaume),  historien  fran- 
çais, naquit  vers  1510,  au  village  de  Gui- 
seaux,  en  Bourgogne.  Après  avoir  achevé  ses 
études,  il  embrassa  Tétat  ecclésiastique,  et 
s'attacha  au  cardinal  de  Lorraine,  qui  lui  fit 
obtenir  un  canonicat  au  chapitre  de  Beaujeu, 
dont  il  devint  plus  tard  le  doyen.  Il  mourut 
en  cette  ville,  le  16  janvier  1590,  dans  un  âge 
avancé.  Parmi  ses  nombreuses  productions, 
on  remarque  un  Traité  deschcmrsdu  théâtre 
des  anciens;  Beaujeu,  1566,  in-8°.  C'est  un 
livre  de  peu  de  valeur. 

PARADISI  (le  comte  Jeau),  né  à  Reggia 
de  Modène,  en  1761,  fit  voir  dès  sa  jeunesse 
un  esprit  juste  et  de  grande  portée,  un 
caractère  noble  et  l'amour  de  sa  pairie.  Après 
ayoir  terminé  de  solides  études  sous  la  direc- 
tion de  son  père,  littérateur  distingué,  il  se 
livra  à  des  travaux  scientifiques  et  à  la  cul- 
ture du  droit  public.  Devenu  l'un  des  direc- 
teurs de  la  république  Cisalpine,  il  fut  ensuite 
obligé  de  donner  sa  démission  de  ce  i>oste,  où 
il  avait  acquis  des  droits  à  l'estime  publique, 
fut  jeté  dans  une  prison  après  l'évacuation 


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PARADISI  —  PARENTI 


iGl 


de  ritalie  par  les  armées  françaises,  recouvra 
sa  liberté  après  la  bataille  de  Marengo,  et 
prit  part  de  noureau  aux  afTaires  de  TÉtat 
après  rinstitution  du  royaume  d*ltalie.  La 
chute  de  Napoléon  et  le  rétablissement  de  la  do- 
mination autrichienne  en  Italie  le  firent  ren- 
trer dans  Tobscurité.  Il  mourut  à  Regfgio,  le 
96  août  1826,  à  Page  de  soixante-cinq  ans.  Le 
comte Paradisi  avait  été  président  derinstitut 
italien  des  sciences  et  arts,  grand  dignitaire 
de  la  Couronne  de  fer,  et  grand  cordon  de  la 
Légion  d'honneur.  Oi»  lui  doit  les  Rtcerehe 
sopra  le  vihrazioni  deîle  lamine  elastichej 
qui  furent  insérées  dans  les  Memorie  deW 
Jnst.  nazion.  italico  (Cl.  diflsicaemalemat.; 
Bologne,  1806, 1. 1,  part.  II,  p.  393-431),  et  qui 
furent  réimprimées  séparément  à  Bologne, 
1806,  ln-4». 

Il  y  a  eu,  à  Londres,  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  un  professeur  de  chant 
italien  nommé  Paradisi  :  il  fktt  le  maître  de 
la  célèbre  cantatrice  Mata. 

PARATICO  (Julier),  excellent  luthiste, 
naquit  à  Brescia,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  Les  pièces  de  luth  quMl  composa  pas- 
saient pour  les  meilleures  de  ce  temps.  Ses 
amis  Marenzio  et  Lelio  Bertani  lui  avaient 
conseillé  de  voyager,  lui  donnant  ^assurance 
que  ses  talents  lui  assureraient  une  incontes- 
table supériorité  sur  ses  émules  ;  mais  il  ne 
voulut  jamais  s^éloigner  de  sa  patrie.  Il 
mourut  à  Brescia,  en  1617,  à  Tâge  d*enTiron 
soixante  et  dix  ans. 

PARAVICim  (madame),  élève  de  Viotti„ 
a  eu  de  la  réputation  comme  violoniste,  dans 
les  premières  années  du  xix«  siècle.  Née  à 
Turin,  en  1769,  elle  était  fille  de  la  cantatrice 
Isabelle  Gandi ni,  alors  attachée  au  théâtre  de 
cette  ville.  Bn  1797,  elle  alla  pour  la  première 
fois  à  Paris,  et  y  brilla  dans  les  concerts 
donnés  à  la  salle  de  la  rue  des  Victoires  na- 
tionales. En  1799,  elle  se  fit  entendre  avec 
succès  à  Leipsiclc  ;  Tannée  suivante,  elle  était 
à  Dresde,  et  en  1801,  elle  fit  un  second 
voyage  à  Paris,  et  se  fit  applaudir  dans  les 
concerts  de  Fridzeri.  En  1802,  on  la  trouve  à 
Berlin,  et  en  1805,  à  Ludwigslust.  Séparée  de 
son  mari  et  devenue  la  maltresse  do  comte 
Alberganti,  elle  se  fit  présenter  à  la  cour  de 
Ludwigsiust  sous  ce  dernier  nom.  Il  parait 
qu'à  cette  époque,  elle  cessa  de  chercher  des 
ressources  dans  son  talent;  mais,  en  1820, 
elle  reparut  en  Allemagne,  et  sept  ans  après, 
elle  donna  des  concerts  à  Munich,  où  Ton 
admira  la  vigueur  de  son  archet,  quoiqu'elle 
eût  alors  près  de  cinquante-huit  ans.  Depuis 


ce  temps,  les  journaux  ne  fournissent  plus  de 
renseignements  sur  sa  iiersonne.  Madame 
Paravicini  ne  jouait  que  de  la  musique  de  son 
maître  Viotti  ;  elle  en  possédait  bien  la  tradi- 
tion. 

PAREDES  (Piebbe-Saiichb  DE),  ecclé- 
siastique portugais,  vécut  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle,  et  fut  à  la  fois 
bénéficier  et  organiste  de  l'église  d'Obedos.  Il 
mourut  à  Lisbonne,  en  1635.  Homme  instruit 
dans  les  lettres  et  dans  la  musique,  il  a  publié 
une  grammaire  latine  en  portugais,  et  a 
laissé  en  manuscrit  :  1<»  Lamentations  pour  la 
semaine  sainte,  à  plusieurs  voix.  2<»  Vilhan- 
cicospour  la  fête  de  Noël.  Ces  ouvrages  se  trou- 
vaient à  réglise  d'Obedos,  lorsque  Macbado 
a  écrit  sa  Bibliothèque  des  auteurs  portugais. 

PAREJA  (BASTHOLOMé  RAMIS  ou 
RAmOS  DE).  Foyt%  RAMIS  DE  PA- 
RERA. 

PARENT     (  ÀLEXANDIB-AlAlLB  -  HeNBI  )  , 

pianiste  et  compositeur  pour  son  instrument, 
est  né  à  Paris,  le  16  novembre  1816.  Admis* 
au  Conservatoire,  le  29  août  1828,  il  reçut 
d*abord  des  leçons  de  piano  de  M.  Laurent, 
puis  il  devint  élève  de  Zimmerman.  Le  pre- 
mier prix  lui  fut  décerné  au  concours  de  1830. 
Au  mois  d*octobre  1831 ,  ses  études  furent  ter- 
minées, et  il  s^est  retiré  de  l'école.  Depuis 
lors,  cet  artisie  s'est  livré  à  l'enseignement  et 
a  publié  divers  morceaux  pour  le  piano. 

PAREIYTI  (  Frahçois  -  Paql  -  Maobicb  ) , 
compositeur  et  maître  de  chant,  naquit  à  Na- 
ples,  le  15  septembre  1764.  Ayant  été  admis 
au  Conservatoire  de  la  Pietà  de'  Turchini, 
il  y  apprit  l'harmonie  et  l'accompagnement 
sous  la  directionde  Tarantlna,  reçutdes  leçons 
de  contrepoint  de  Sala,  et  eut  des  conseils  do 
Traetta  pour  le  style  idéal.  Dans  sa  jeunesse, 
il  fit  représenter  à  Rome  et  i  Naples  quelques 
opéras,  parmi  lesquels  on  cite  :  1*  Le  Fen- 
demie,  opéra  bouffe.  2^  Jl  JUatrimonio  per 
fanatitmo,  idem.  8«  /  Fiaggiatori  feliei, 
idem.  À^Antigona,  opéra  sérieux.  5<»  Jl  Repas- 
tore,  idem.  6»  Nitteti,  idem.  7»  L'ArloMerse, 
idem.  Arrivé  à  Paris,  en  1790,  Parenti  inséra 
quelques  morceaux  dans  Ut  Pèlerins  de  la 
Mecque,  traduit  de  Gluck  pour  l'Opéra-Co- 
mique.  Dans  la  suite,  il  donna,  au  même 
théâtre.  Us  deux  Portraits,  en  1792,  et 
V Homme  ou  le  Malheur,  en  un  acte,  1793. 
Cet  artiste  a  écrit  aussi  beaucoup  de  messes  et 
de  motets  dans  le  style  dit  alla  Palestrina. 
Désigné,  en  1802,  pour  diriger  les  chœurs  et 
accompagner  au  piano  à  l'Opéra  italien,  il  ne 
conserva  cet  emploi  que  pendant  une  année  j 

29. 


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452 


PARENTI  —  PARIS 


puis  il  fepi-itsa  profession  de  maître  de  chant. 
Il  est  mort  à  Paris,  en  1831,  à  Page  de  cin- 
quante-sept ans.  Cet  artiste  a  laissé  en  ma- 
nuscrit quelques  messes,  un  Magnificat  à 
quatre  voix,  et  des  Litanies  à  quatre  voii,  avec 
orgue. 

PARFAICT  (Feakçois  et  Claude),  litté- 
rateurs qui  se  sont  livrés  à  Tétude  de  Thistoire 
des  théâtres  en  France,  naquirent,  le  premier 
à  Paris,  le  10  mai  16U8;  le  second  vers  1701. 
François  mourut   dans    la   même    ville,   le 

25  octobre  1753;    Claude  cessa  de  vivre  le 

26  juin  1777.  Parmi  les  ouvrages  de  ces  écri- 
vains laborieux,  on  remarque  :  V  Diction- 

'  naire  de$  théâtres  de  Parie  ;  Paris,  Lambert, 
1756,  ou  Paris,  Razet,  1767,  sept  volumes 
in-12.  2»  Mémoire  pour  eervir  à  V histoire 
des  spectacles  de  la  foire;  Paris,  Briasson, 
1743,  deux  volumes  in-12.  François  a  laissé 
en  manuscrit  une  Histoire  de  V Opéra,  dont 
le  manuscrit  original  a  été  à  la  Bibliothèque 
impériale  de  Paris.  BefTara  a  fait  une  copie  de 
ce  manuscrit  qui  s'est  égaré,  soit  qu'il  ait  été 
replacé  dans  un  autre  endroit  que  celui  qu'il 
devait  occuper,  soit  qu'il  ait  été  réellement 
perdu.  BefTara  a  bien  voulu  me  communiquer 
sa  copie,  qui  m'a  fourni  quelques  bons  rensei- 
gnements. Cette  copie  est  aujourd'hui  dans  la 
Bibliothèque  de  la  ville  de  Paris. 

PARIS  (Jacques-Reihb),  ifé  à  Dijon,  en 
1795,  commença  l'étude  de  la  musique  comme 
enfant  de  chœur,  à  l'âge  de  six  ans,  sous  la 
direction  d'un  maître  italien,  nommé  Travi- 
sini.  Jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans,  il  resta 
dans  l'école  de  la  maîtrise,  où  il  acquit  quel- 
ques notions  d'harmonie.  Après  les  événe- 
ments politiques  de  1815,  le  désir  d'étendre 
ses  connaissances  dans  un  art  qu'il  aimait 
avec  passion,  le  décida  à  se  rendre  à  Paris, 
muni  d'une  lettre  de  recommandation  pour 
Choron,  alors  directeur  de  l'Opéra,  et  qui, 
privé  de  cet  emploi  quelques  mois  plus  tard, 
fonda  l'école  qui  l'a  illustré.  Paris  y  entra 
comme  professeur  de  solfège,  pendant  qu'il 
suivait  au  Conservatoire  les  cours  d'harmonie 
et  de  contrepoint.  Après  deux  années  de  pro- 
fessorat à  l'école  de  Choron,  il  succéda  à  Ha- 
ie vy  comme  maître  de  solfège  au  Conserva- 
toire. Vers  le  môme  temps,  il  se  maria,  et 
celte  circonstance  le  fit  renoncer  au  concours 
pour  le  grand  prix  de  composition.  Il  se  livra 
è  l'enseignement^  et  publia  quelques  ouvrages 
au  nombre  desquels  on  remarque  :  1^  Théo- 
rie musicale;  Paris,  1826.  2«  Méthode  Jaco- 
tôt  appliquée  à  Vétttde  du  piano,  approuvée 
par  le  fondateur  de  l'enseignement  uni- 


versel; Dijon,  chez  l'auteur,  1830,  in-8*»  de 
cinquante-six  pages,  avec  un  cahier  de  mu- 
sique in-4<'.  £n  1827,  la  place  de  maître  de 
chapelle  à  la  cathédrale  de  Dijon  étantdevenuc 
vacante,  elle  fut  ofTerte^â  Paris  qui  l'accepta, 
parce  que  sa  santé  affaiblie  par  le  travail  lui 
rendait  l'enseignement  pénible  à  Paris.  Pen- 
dant qu'il  remplissait  ces  fonctions,  il  fit 
entendre  plusieurs  messes  et  motets  de  sa 
composition.  La  suppression  faite  par  le  gou- 
vernement, en  1830,  des  sommes  précédem- 
ment allouées  aux  maîtrises  de  cathédrales, 
dans  le  budget  des  dépenses  de  l'État,  le  trai- 
tement des  maîtres  de  chapelle  subit  une  ré- 
duction, à  laquelle  Paris  dût  se  soumettre; 
mais  il  accepta  en  dédommagement  la  place 
d'organiste  devenue  vacante  par  la  mort  de 
Larey.  Cet  artiste  a  fait  représenter,  à  Dijon, 
deux  opéras  de  sa  composition,  le  premier  en 
1835,  l'autre,  dans  les  premiers  jours  de 
1847;  ce  dernier  avait  pour  titre  :  Une  qua- 
rantaine au  Brésil,  Paris  s'est  fait  remar- 
quer à  l'exposition  de  l'industrie  de  1834,  à 
Paris,*par  Vffarmoniphone,  de  son  invention, 
petit  instrument  à  clavier,  très-ingénieux,  des- 
tiné à  remplacer  le  hautbois  dans  les  orchestres 
des  petites  villes  où  cet  instrument  n'existe 
pas.  Le  mécanisme  de  l'harmoniphone  con- 
siste en  un  courant  d'air  comprimé  qui  fait 
vibrer  une  corde  de  boyau  lorsque  l'abaisse- 
ment de  la  touche  ouvre  une  soupape  par  où 
il  s'échappe.  La  sonorité  a  beaucoup  d'ana- 
logie avec  le  son  du  hautbois. 

PARIS  (Aiai),  né  le.  19  Juin  1798,  à 
Quimper  (Finistère),  fit  ses  premières  études 
au  collège  de  Laon  et  s'attacha  particulière- 
ment aux  mathématiques,  dans  le  dessein 
d'entrer  à  l'école  polytechnique.  Les  événe- 
menu  de  1814  ayant  ramené  sa  famille  à 
Paris,  il  acheva  ses  humanités  au  collège  royal 
de  Charlemagne,  puis  suivit  les  cours  de 
l'école  de  droit  et  fut  reçu  avocat  en  1820. 
Dans  la  même  année,  il  eut,  au  Courrier  fran- 
çais, l'emploi  de  sténographe,  et  deux  ans  plus 
tard,  il  fut  chargé  des  mêmes  fonctions  au 
Constitutionnel.  Au  commencement  de  1821, 
il  suivit  le  cours  de  musique  de  Galin  {voyez 
ce  nom)  et  se  lia  d'amitié  avec  cet  homme  dis- 
tingué; mais  l'étude  de  la  théorie  de  Feinaigle 
sur  l'art  de  développer  les  ressources  de  la 
mémoire  par  de  certains  procédés,  et  les  per- 
fectionnements qu'il  y  introduisit,  lui  procu- 
rèrent l'avantage  d'être  nommé  professeur  de 
mnémonique  à  l'Athénée  de  Paris,  en  1822. 
Ses  cours  publics  ayant  inspiré  de  l'inlérél, 
il  se  détermina  à  parcourir  la  France,  pour  en 


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PARIS 


-153 


ouvrir  de  sem?)1ables  dans  quelques  grandes 
villes.  Lyon,  Rouen,  firent  bon  accueil  au 
professeur  d^une  science  nouvelle  qui  s*adres- 
sait  à  toutes  les  classes  de  la  société;  mais,  à 
Nantes,  le  préfet,  qui  crut  voir  des  allusions 
injurieuses  pour  la  restauration  dans  les  pro- 
cédés d'enseignement  de  M.  Paris,  fit  fermer  le 
cours,  et  bientôt  après  le  ministre  de  Tinté- 
rieur  étendit  rinterdiction  à  toute  la  France. 
Elle  ne  fut  levée  qn*en  1898,  par  M.  de  Vatis- 
menil  ;  mais,  dès  lors,  M.  Aimé  Paris  avait  pris 
la  résolution  de  faire,  dans  les  départements 
etàrétranger,  pour  renseignement  de  la  mu- 
sique par  la  méthode  de  Galin,  ce  que  Geslin, 
Aimé  Lemoine,  Jue  ei  d*autres  avaient  fait  à 
Paris  par  leurs  cours.  Ce  fut  ainsi  que,  pen- 
dant trente  ans,  nf.  Paris  fit,  dans  une  multi- 
tude de  villes,  en  France,  e*n  Belgique,  en  Hol- 
lande et  en  Suisse,  des  cours  de  cette  méthode 
du  méloplaste,  à  laquelle  il  avait  fait  des  mo- 
difications ,    comme    ses    prédécesseurs   en 
avaient  fait  d'espèces  diverses.  A  son  arrivée 
dans  une  ville  qu'il  se  proposait  d'exploiter,  il 
débutait  ordinairement  par  quelques  séances 
ûe .  JtfnémoUchnie ,  pour  fixer  l'attention  du 
public  :  elles  étaient  en  quelque  sorte  l'in- 
troduction obligée  des  cours  de  musique.  Pour 
donner  de  l'éclat  à  ceux-ci,  il  avait  pour  habi- 
tude d'envoyer  ou  de  faire  afficher  des  défis 
aux  professeurs  de  musique  ou   aux   chefs 
d'écoles  de  la  localité,  demandant  toujours 
des  épreuves  comparatives,  sous  des  conditions 
qu'il  savait  bien  ne  pouvoir  être  acceptées  (1). 
Qu'on  lui  répondit,  ou  qu'on  gardât  le  silence, 
on  ne  pouvait  éviter  qu'il  publiSit  quelque 
pamphlet  contre  ceux  qu'il  considérait  comme 
ses  adversaires  naturels.  La  violence  en  était 
le  caractère;  l'injure  y  était  prodiguée,  non- 
seulement  aux  auteurs  de  systèmes  différents 
d'enseignement,  tels  que  Bocquillon-Wilhem, 
Pastou,  Mercadier  et  autres,  mais  aux  profes- 
seurs des  villes  où  M.  Paris  faisait  un  séjour 
plus  ou  moins  prolongé,  aux  journalistes  qui 
hasardaient  quelque  observation  critique  sur 
la  méthode  Galin^Parit,  aux  sommités^  de 
Part  et  de  la  science  qui  n'opposaient  qu'un 
dédaigneux  silence  aux  défis  qu'on  leur  adres- 
sait, voire  même  aux  autorités  locales  qui  ne 
secondaient  pas  avec  assez  d'empressement  les 
vues  de  M.  Paris.  Il  serait  impossible  aujour- 
d'hui de  citer  les  titres  de  tontes  les  brochures 
de  ce  genre  répandues  dans  toutes  les  parties 
delà  France  et  à  l'étranger;  leur  auteur  seul 
pourrait  vraisemblablement  en  donner  la  no- 

(I)  Voyez  CiBTB. 


menclature,  car  tout  cela  est  tombé  dans  un 
profond  oubli.  La  Littérature  française 
contemporaine  (t.  V,  p.  590)  me  fournit  les 
titres  suivants  :  l*'  Jffemorandum  du  cours 
de  M.jiimé  Paris  (théorie  de  P.  Galin)  ;  Bor- 
deaux, 1838-1839,  ïn-i'*.^  Manuel  pratique 
et  progressif  de  musique  vocale,  d'après  la 
méthode  Galin- Paris-Chevé;  Caen,  Poisson. 
C'est  un  recueil  d'airs  en  notation  chiffrée, 
réunis  et  classés  par  M.Paris.  Z**  Notes  détail- 
lées, à  l'usage  des  souscripteurs  au  cours  de 
mtisique  fait  par  M,  Mme  Paris,  d'après 
la  théorie  de  P.  Galin,  1836,  in-4».  4«  Résu- 
més progressifs  du  prochain  cours  de  mu- 
sique vocale  en  quatre-vingts  leçons,  pro- 
fessé par  Hf.  Aimé  Paris,  d'après  la  théorie 
de  feu  P.  Galin,  in- fol.  5»  Avant- goût  des 
sévérités  de  l'avenir,  ou  seize  ans  d'une 
lutte  qui  n'^est  pas  terminée  et  qui  amènera 
infailliblement  le  triomphe  d'une  grande 
idée;  1846,  in-8®.  La  grande  idée,  c'est  la  no- 
tation de  la  musique  en  chiffres.  6^  La  Ques- 
tion musicale  élevée  à  la  haute^jr  des  som- 
mités compétentes  ;  1849,  in-8<^.  On  trouve  la 
liste  des  écrits  de  M.  Paris  concernant  la  mné- 
motechnie  dans  la  France  littéraire,  de  Qué- 
rard  (t.  YI,  p.  598),  et  dans  la  Littérature 
française  contemporaine  (loc.  cit.).  Homme 
d'intelligence  et  doué  d'une  rare  énergie, 
M.  Aimé  Paris  a  montré  une  prodigieuse  acti- 
vité dans  ses  voyages,  ses  cours,  ses  immenses 
travaux  pour  la  partie  matérielle  de  son 
enseignement  et  la  profusion  de  ses  pam- 
phlets. Aujourd'hui  même  (1863),  après  trente- 
cinq  ans  d'immenses  fatigues,  il  combat  en- 
core avec  l'ardeur  de  la  jeunesse  pour  ses 
convictions,  et  publie,  à  Kouen,  le  journal  de 
la  Méthode  Galin-Paris-Chevé,  sous  le  titre 
de  la  Réforme  musicale.  Il  a  trouvé  dans  son 
beau-frère  (M.  Chevé)  un  auxiliaire  de  la 
même  trempe,  qui  fait  à  Paris,  pour  le 
triomphe  de  la  méthode,  ce  que  lui-même  a  fait 
dans  les  départements  et  à  l'étranger.  M.  Pa- 
ris a  donné  une  deuxième  édition  du  livre  de 
Galin,  sous  ce  titre  :  Exposition  d'une  nou- 
velle méthode  pour  l'enseignement  de  la  mu- 
sique ;  deuxième  édition,  publiée  aux  frais 
des  disciples  de  M.  Aimé  Paris,  et  aug- 
mentée, par  ce  professeur,  de  figures  expli- 
catives, et  d'une  notice  sur  Vauteur;  Lyon, 
Baron,  1833,  in-8o  avec  seize  planches. 

PAWS  (AiEXis-pAULiw),  premier  employé 
au  cabinet  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
royale  de  Paris,  membre  de  l'Institut  de 
France  et  de  beaucoup  de  sociétés  savantes, 
est  né  à  Avenay  (Marne),  le  25  mars  1800.  Au 


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454 


PARIS  -  PARISH-ALVARS 


nombre  des  ouvrages  de  ce  littérateur,  où 
brille  une  érudition  solide  sans  pédanterie, 
on  remarque  :  /«  Romancero  français  ; 
Histoire  de  quelques  anciens  trouvères ,  et 
choix  de  leurs  chansons;  le  tout  nouvelle* 
ment  recueilli;  Paris,  Techner,  1853; un  vo- 
lume in-13.  Les'  notices  que  renferme  ce 
volume  sur  Audefroi^e -Bâtard,  le  Quenes  de. 
Béthune,  Charles,  roi  de  Sicile  et  comte 
d*Anjou,  Jean  de  Brienne,  le  comte  de  Bre- 
tagne et  Hues  et  de  la  Ferlé,  sont  remplies 
d*intérét. 

PARIS  (Glacdb-Josbpr),  né  à  Lyon,  le 
6  mars  1801,  fit  ses  premières  études  de  mu> 
sique  en  cette  ville,  puis  se  rendit  à  Paris  où 
il  entra  au  Conservatoire,  le  24  juin  1824.  Il 
reçut  de  Lesueur  des  leçons  de  composition . 
En  1825,  il  se  présenta  aux  concours  de  Tin* 
stitut  de  France,  et  y  obtint  le  second  grand 
prii  de  composition  :  le  premier  lui  fut  dé- 
cerné Tannée  suivante,  pour  la  cantate  inti- 
tulée Herminie,  Devenu  pensionnaire  du  gou- 
vernement, il  se  rendit  en  Italie,  vécut  près 
de  deux  ans  à  Rome  et  à  Naples,et  fit  jouer,  à 
Vienne,  eh  1829,  VJlloggio  militare,  oi>éra 
bouffe  en  un  acte.  De  retour  à  Paris,  il  fit  en- 
tendre, en  1830,  une  messe  de  Bequiem  de  sa 
composition  dans  Téglise  des  Petils-Pères.  Le 
31  juillet  1831,  on  représenta,  au  théâtre Ven- 
tadour,  la  Veillée,  opéra-comique  dont  il 
avait  écrit  la  musique,  et  qui  n^eut  qu^un  suc- 
cès médiocre.  Depuis  cette  époque,  M.  Paris 
s^est  fixé  à  Lyon. 

PARISE  (Gehnaro),  compositeur  de  mu- 
sique d'église,  est  né  à  Naples  dans  les  der- 
nières années  du  dix-huitième  siècle.  Filsd*un 
ancien  élève  de  Cafaro  qui  était  musicien 
instruit  et  compositeur,  Parise  apprit,  sous  la 
direction  de  son  père,  les  éléments  de  la  mu- 
sique, rharmonie  et  le  contrepoint  ;  toutefois, 
son  étude  la  plus  solide  fut  la  lecture  attentive 
des  ouvrages  des  grands  maîtres,  particulière- 
ment les  œuvres  de  musique  d^église.  Après 
quMI  se  fut  fait  connaître  par  de  bonnes  pro- 
ductions en  ce  genre,  il  obtint  les  places  de 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Naples 
et  des  églises  de  Saint-Dominique,  des  Hiéro- 
nymitesetde  plusieurs  antres.  En  1851,  il  était 
professeur  d*accompagnement  des  partimenti 
au  collège  royal  de  musique  decette  ville.  Parmi 
les  nombreuses  compositions  de  cet  artiste,  on 
remarque  beaucoup  de  messes  avec  orchestre  ; 
d'autres  messes,  à  trois  et  quatre  voix,  dans 
lestyle  alla  Palestrina;  plusieurs  autres  à  trois 
voix  avec  orgue;  d'autres, enfin, àdeux  ettrois 
voix  sur  le  chant  choral  dos  capucins  jet  récol- 


lets; une  messe  de  Requiem  à  grand  orchestre; 
deux  autres  alla  Palestrina;  quelques  messes 
brèves  et  vêpres  avec  accompagnement 
d^orgue  ou  de  harpe;  trois  vêpres  complètes 
avec  tous  les  psaumes  €dla  Palestrina;  plu- 
sieurs Dixit;  d'autres  psaumes  â  grand  or- 
chestre; trois  Credo  avec  orchestre  ou  alla 
Palestrina;  plusieurs  introïts,  graduels  et 
offertoires  avec  orchestre  et  sans  inslrumenls; 
des  proses  ou  séquences  ;  beaucoup  d*hymnes 
pour  les  vêpres  avec  orchestre,  et  d'autres  pour 
des  voix  seules;  deux  Pange  lingua  avec 
orchestre  et  orgue;  un  Tantum  ergo  pour 
ténor  avec  orchestre  et  un  écho  lointain,  à 
trois  voix  ;  des  matines  de  No«l,  à  trois  et 
quatre  voix;  sept  Miserere,  à  trois  et  quatre 
voix  avec  orgue,  et  un  autre  Miserere  avec  ac- 
compagnement de  bassons;  une  messe  solen- 
nelle pour  le  dimanche  des  Rameaux  qui  s^exé- 
cute  dans  l'église  des  Hiéronymites  ;  d*autres, 
pour  le  vendredi  et  le  samedi  saints  ;  plusieurs 
Lamentations  ;  les  trois  heures  de  désolation 
de  la  Vierge  Harie,  avec  deux  violoncelles; 
deux  Salve  Regina  avec  orchestre;  un  autre 
avec  orgue;  trois  Te  Beum  avec  orcho^tre, 
dont  un  à  six  voix  ;  deux  autres  Te  Beum, 
â  trois  voix,  avec  orgue  ;  deux  litanies  à  quatre 
voix,  et  deux  à  deux  voix  ;  différentes  pièces 
pour  des  cérémonies  monastiques,  et  une  can- 
tate à  trois  voix,  en  l'honneur  de  saint  Joseph. 
PARISH-ALYARS  (Êlii),  harpiste  cé- 
lèbre et  compositeur  distingué,  naquit  à 
Londres,  en  1816,  d'une  famille  Israélite. 
Dizi  {voyez  ce  nom)  fut  son  premier  maître  de 
harpe  ;  mais,  après  que  cet  artiste  eul  quitté 
Londres  pour  se  fixer  à  Paris,  Parish-Alvars 
devint  élève  de  Labarre,et  dès  lors  il  changea 
sa  panière  et  prit  le  caractère  grandiose  et 
la  sonorité  puissante  qui  le  distinguèrent  des 
autres  artistes.  Il  jouait  aussi  du  piano  avec 
beaucoup  d'habileté.  Parish  Alvars  n'étailâgé 
que  de  quinze  ans  lorsqu'il  fit  un  premier 
voyage  en  Allemagne,  dans  lequel  il  se  fit  en- 
tendre à  Brème,  à  Hambourg,  à  Magdebourg, 
et  déjà  y  produisit  une  vive  impression  sur  les 
artistes.  De  retour  en  Angleterre,  il  se  livra 
à  de  nouvelles  études,  particulièrement  sur 
l'exécution  rapide  des  tierces,  des  sixtes  et  des 
octaves  des  deux  mains,  sur  les  sons  harmo- 
niques simples  et  doubles  combinés  avec  les 
sons  naturels,  et  sur  l'usage  des  pédales  pour 
des  modulations  inattendues.  En  1834,  II 
visita  la  haute  Italie,  et  frappa  l'auditoire 
d'élonnement  et  d'admiration  dans  un  concert 
qu'il  donna  à  Milan,  quoiqu'il  ne  fût  âg[é  que 
de  dix-huit  ans.  Deux  ans  plus. lard,  il  était  à 


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PARISH-ALVARS  —  PARISIS 


455 


VieDDe^  où  il  obtint  les  plus  brillants  succès. 
Il  y  resta  près  de  trois  années,  ne  cessant  de 
chercher  de  nouveaux  effets  et  de  nou?eIles 
ressources  dans  son  instrument.  Dans  Tinler- 
iralle  de  1838  à  1842,  Parish-Alvars  Ht  un 
voyage  en  Orient,  où  il  recueillit  des  mélodies, 
dont  il  fit  ensuite  les  thèmes  de  quelques-unes 
de  ses  compositions.  Tous  les  résultats  étaient 
obtenus  par  Partiste,  et  son  talent  était  par- 
venu au  plus  haut  degré  de  perfection,  quand 
il  donna  ses  concerts  à  Leipsick,  en  1842,  à 
Berlin,  à  Francfort,  à  Dresde  et  à  Prague 
dans  Tannée  suivante.  Une  appréciation 
pleine  d^enthousiasme  de  son  exécution  mer- 
veilleuse, datée  de  Dresde  (février  1845),  et 
«ignée  du  nom  de  Thérèse  de  TVinekel,  parut 
alors  dans  la  Gazette  générale  de  mutiqtie  de 
Leipsick  (no  9,  col.  167,  168).  Après  avoir 
analysé  les  prodiges  de  cette  exécution  dans 
tous  les  genres  de  difficultés  vaincues, Tauteur 
de  cette  appréciation  sVcrie  :  Parish-Mvars 
est  sur  son  instrument  un  véritable  Colomb, 
qui  a  découvert  les  riches  trésors  d'un  nou- 
veau monde  pour  la  harpe.  En  1844,  nous 
retrouvons  cet  artiste  extraordinaire  à  I^aples, 
où  il  excitait  des  transports  d*admiration. 
Deux  ans  après,  il  retourna  en  Allemagne  et 
8*arréta  à  Leipsick.  Ses  liaisons  avec  Mendels- 
5ohn  et  ses  longs  séjours  au  delà  du  Rhin 
avaient  exercé  une  puissante  influence  sur 
son  sentiment  musical  et  lui  avaient  donné  de- 
puis plusieurs  années  des  tendances  vers  Part 
sérieux  qui  avaient  modifié  le  caractère  de 
ses  compositions; Cette  transformation  devient 
évidente  dans  son  concerto  pour  la  harpe  (en 
sol  mineur),  œuvre  81,  qu'il  avait  écrit  à 
Leipsick,  et  qui  fut  publié  en  1847.  Dans 
celte  même  année,  il  alla  s^établir  k  Vienne, 
mais  sans  s'y  faire  entendre,  et  se  livrant  à 
des  études  sérieuses  sur  Part  d'écrire.  Ce  fut 
à  cette  époque  qu'il  s'essaya  dans  des  quatuors 
pour  instruments  à  cordes  et  dans  des  mor- 
ceaux de  symphonies  dont  on  m'a  fait  Péloge 
à  Vienne,  mais  qui,  je  crois,  sont  restés  en 
manuscrit.  Parish-Alvars  avait  été  nommé  vir- 
tuose de  la  chambre  impériale;  ce  titre  ne 
l'obligeait  pas  à  un  service  très-actif,  et  lui 
laissait  le  temps  nécessaire  pour  se  livrer  au 
travail  de  la  composition.  Malheureusement 
sa  santé  déclinait  visiblement  depuis  près 
cPune  année  :  Il  mourut  à  Vienne,  le  35  Jan- 
vier 1849,  et  Part  perdit  en  lui  un  de  ses  plus 
nobles  interprètes. 

Les  compositions  tes  plus  remarquables  de 
Parish-Alvars  pour  la  harpe  sont  :  V  Grand 
concerto  (en  sol  mineur),  avec  orchestre, 


op.  81  ;  Leipsick,  Kistner.  2*  Concertino  pour 
deux  harpes  et  orchestre,  op.  91  ;  Milan,  Ri- 
cordi.  Z^  Concerto  pour  harpe  et  orchestre 
(en  mi  bémol),  op.  98;  Mayence,  Schott. 
4*  Souvenir  de  don  Pasquale,  duo  pour  harpe 
et  piano,  op.  74  ;  ibid.  5<»  Chamr  de  corsaires 
grecs  et  marche  pour  harpe  seule,  op.  53; 
Hambourg,  Schuberth.  0»  Voyage  d'un  har- 
piste en  Orient,  Recueils  d*air$  et  de  mélo- 
dies populaires  en  Turquie  et  dans  VJsie 
Mineure,  pour  harpe  seule,  op.  62  :  n^  1. 
Souvenir  du  Bpsphbre  ;  9.  Danse  Bnlgarienne; 

5.  Air  hébreu  de  Phllippopolis  ;  4.  Air  armé- 
nien ;    5.    Marche   de    parade    du    sultan  ; 

6.  Chanson  grecque  de  Santorino;  Vienne, 
Mechetti.7.  Grande  marche,  op.  67;  Mayence, 
Schott.  8.  L'Adieu,  romance,  op.  68;  Vienne, 
Mechetll.  9.  Orage  et  calme,  op.  71  ; 
Mayence,  Schott.  10.  Scènes  de  ma  Jeunesse, 
grande  fantaisie,  op.  75;  ibid.  11.  La  Danse 
des  fées,  morceau  caractéristique,  op.  76; 
Vienne,  Mechelti.  13.  Grande  fantaisie  sur 
Lucrèce  Borgia,  op.  78;  Mayence,  Schott. 
15.  Grande  fantaisie  sur  Lucia  de  Lammer- 
moor,  op.  79;  Vienne,  Artarla.  14.  Rêveries, 
op.  83;  Leipsick,  Kistner.  15.  Sérénade, 
op.  83;  ibid.  16.  Grande  étude  à  l'imitation 
de  la  mandoline,  op.  84;  Milan,  Ricordi. 
17.  Il  Papagallo ,  souvenir  de  Naples, 
op.  85;  Leipsick,  Kistner.  18.  Souvenir  de 
Pischék,  fantaisie,  op.  89  ;  Mayence,  Schott. 
19.  lïlustraxioni  de'  poeti  italiani,  op.  97; 
n«  1,  Petrarca;  Milan,  Ricordi.  20.  Trois  ro- 
mances sans  paroles,  œuvre  posthume; 
Mayence,  Schott. 

PARISINI  (Ignace),  né  à  Florence  au 
commencement  du  dix-neuvième  siècle,  y  a 
fait  ses  études  musicales,  et  fût  pendant  quel- 
que temps  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  la 
Pergola.  En  1834,  il  fut  engagé  pour  diriger 
l'orchestre  dePOpéra  italien  de  Paris  :  il  oc- 
cupa celte  position  jusqu'en  1838;  mais  l'ad- 
ministration de  ce  théâtre  ayant  changé  alors, 
il  ne  s'entendit  point  avec  la  nouvelle  direc- 
tion et  fut  remplacé.  Vers  le  même  temps, 
des  propositions  furent  faites  à  cet  artiste 
pour  qu'il  se  fixât  en  Grèce;  il  les  accepta  et 
s'établit  à  Athènes  comme  professeur  de  chant. 
II  y  était  encore  en  1845;  mais  après  cette 
date  on  n'a  plus  eu  de  renseignementâ 
sur  M.  Parisinl.  Il  avait  fait  représenter,  en 
1838,  à  Fossano  (Piémont),  un  opéra  intitulé 
la  Scimia  riconoscente. 

PARISIS  (PiEHRE-LoDis),  évéque  de  Lan- 
grcs  (28  août  1834),  puis  d'Arras  (12  août 
1^51),  e9t  né  à  Orléans]  le  12  août  1795. 


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450 


PARISIS  —  PARKE 


Après  la  révolution  de  1848,  ce  prélat  fut  élu 
par  le  département  du  Morbihan  représentant 
à  rassemblée  nationale  et  fut  réélu  à  rassem- 
blée législative,  où  il  fit  partie  de  la  majorité 
monarchique.  Après  le  coup  d'État  du  2  dé- 
cembre 1851,  il  se  retira  des  afTaires  politiques 
et  ne  s*occupa  plus  que  de  celles  de  son  dio- 
cèse et  de  ses  écrits.  Il  n'est  cité  ici  que  pour 
son  Instruction  pastorale  sur  le  chant  de 
Véglise;  Paris,  Lecoffre  et  G«,  1846,  in-8»  de 
quatre-vingts  pages,  où  Ton  trouve  de  très- 
bonnes  idées  sur  la  nature  de  ce  chant  et 
son  exécution.  On  doit  aussi  à  Mgr  Parisis 
nne  édition  de  TAntiphonaire  romain  pour 
Tusage  de  son  diocèse,  sous  ce  titre  :  Anti- 
phonarium  romanum,  ad  normam  Brt- 
viarii,  ex  decretis  sacro  Concilii  Tridentini 
restituti,  S.  PU  F,  pontif.  max.,  jussu 
editi,  Clementis  FUI  ac  Urbani  Fil  auc- 
toritate  récognitif  complectens,  suis  locis 
disposita,  omnia  ad  vesperas  et  horas, 
juxta  ritum  sacrosanctx  romanx  Ecclesiée, 
in  choro  modulandas  necessaria^  quitus  ac- 
eedunt  officia  prxcipuorum  festorum,  etc. 
Editio  nova  aecurate  emendata  ;  Dijon  (sans 
date),  1  vol.  in -fol. 

PARISOT  (Nicolas),  prêtre  du  diocèse 
d'Évreux,  qui  vivait  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  a  composé  cinq  messes,  dont 
une  à  quatre  voix  ad  imitationem  modnîi 
Quaro  pulchra  es,  et  quatre  à  six  voix  ad  imi- 
tationem moduli  .*  Columba  mea  ;  —  Surge 
propera;  —  Diiectus  meus;  et  Sonet  vox, 
que  Ballard  a  publiées  en  1666,  in -fol. 

PARISOT  (Alex ardre),  violoniste,  pro- 
fesseur de  musique  et  compositeur  à  Orléans, 
né  dans  cette  ville,  vers  1800,  a  publié  de  sa 
composition  :  l^  Symphonie  concertante  à 
grand  orchestre^  Orléans,  Demar.  2<>  Con- 
certos pour  violon,  n«»  1  et  2;  ibid.  5»  Trois 
duos  concertants  pour  deux  violons;  ibid. 
4»  Six  idem  non  dimciles  ;  ibid.  5«  Quarante 
leçons  faciles  et  progressives  pour  le  violon  ; 
ibid.  6<*  Principes  de  musique  ;  ibid. 

Un  autre  artiste  du  même  nom  a  fait  gra- 
ver chez  Richault,  à  Paris,  des  Noeis  variés 
pour  rorgtie,  op.  1,  et  des  thèmes  variés, 
op.  2. 

PARKE  (Jean),  hautboïste  anglais,  né 
dans  les  derniers  mois  de  1745,  a  joui  d*une 
grande  renommée  dans  son  pays.  Simpson, 
le  meilleur  hautboïste  de  son  temps,  lui  donna 
des  leçons,  et  Baumgarten  lui  enseigna  Thar- 
monie.  Ses  progrès  furent  rapides  sur  son 
instr^iment,  et  bientôt  il  fut  considéré  par  ses 
compatriotes  comme  un  virtuose  de  première 


force.  En  1776,  il  fut  engagé  comme  pre- 
mier hautbois  des  oratorios  dirigés  par  Smitb 
et  Stanley,  successeurs  de  Hœndel.  Divers  en- 
gagements  lui  furent  ensuite  otfer/s  pour  les 
concerts  du  Ranelagh,  de  Mary-le-Bone- 
Gardens,  et  pour  TOpéra,  en  1786.  Plus  Urd 
il  succéda  à  Fischer,  comme  hautboïste  solo- 
dans  les  concerts  du  Wauxhall.  La  protection 
spéciale  du  duc  de  Cumberland  le  fit  entrer 
dans  la  musique  particulière  de  Georges  III. 
Le  prince  de  Galles,  depuis  lors  Georges  IV^ 
rayant  entendu,  en  1783,  dans  un  des  con- 
certs de  la  reine  Charlotte,  fut  si  satisfait  de 
son  exécution,  qu*il  Padmit  dans  sa  musique 
particulière  avec  Giardini,  Schroeter  et  Gross- 
dill.  Enfin,  il  fut  attaché  à  Torchestre  du 
concçrt  de  musique  ancienne,  ainsi  qu^à 
toutes  les  fêtes  musicales  qui  se  donnaient 
dans  les  principales  villes  d'Angleterre.  Ayant 
amassé  une  fortune  considérable,  il  se  retira, 
vers  1815,  à  Tâge  de  soixante  et  dix  ans,  et 
mourut  à  Londres,  le  9  août  1829,  dans  sa 
quatre-vingt-quatrième  année.  Parke  a  com- 
posé plusieurs  concertos  pour  le  hautbois, 
qu*ll  a  exécutés  dans  divers  toncerts,  mais  qui 
n*ont  pas  été  gravés. 

PARKE  (William-Thomas),  frère  cadet  du 
précédent^  né  en  1762,  fut  comme  lui  haut- 
boïste, et  dès  rage  de  huit  ans  devint  élève  de 
son  frère.  Burney  lui  enseigna  à  jouer  do. 
piano,  et  Baumgarten  lui  donna  des  leçons . 
d^harmonie.  Après  avoir  été  attaché  pendant 
quelques  années  à  Porcheslre  de  Drury-Lane^ 
ii  fut  nommé,  en  1784,  premier  hautbois  de 
Govent-Garden.  Il  occupa  cette  place  pendant 
quarante  ans,  et  se  retira,  en  1824,  pour  jouir 
de  Taisance  quMl  avait  acquise.  Parke  a  eu  de 
la  réputation  en  Angleterre  comme  composi- 
teur de  glees  et  de  chansons,  dont  il  a  publié 
un  grand  nombre.  Il  a  écrit  aussi  les  ouver- 
tures et  quelques   airs   des  drames  Netle\f 
Abbey  et  Lock  and  Jley,  ainsi  que  deux  livres 
de  duos  pour  deux  flûtes;  Londres,  Glemenli;. 
mais  son  ouvrage  le  plus  important  est  in- 
contestablement celui  qui  a  pour  titre  :  Mu- 
sical Memoirs,  comprising  an  account  of 
tke  gênerai  state  ofmusic  in  England,  fronk 
the  first  commémoration  ofifandel  in  1784, 
to  the  year  1830  (Mémoires  sur  la  musique, 
contenant  une  notice  de  Tétat  général  de  la 
musique  en  Angleterre,  depuis  le  premier  an- 
niversaire de  Hœndel,  en  1784,jusqu*à  Paonée 
1830);  Londres,  H.  Colburn,  2  vol.  gr.  in-13, 
1830.  On  peut  consulter  Tanalyse  que  J*ai 
donnée  de  ce  livre  dans  le  XI*  volume  de  la 
Revue  musicale  (p.  178  et  suivantes). 


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PARMA  —  PARMENTIER 


45T 


PARKIA  (Nicolas),  compositeur  italien, 
né  à  Hantoue  vers  le  milieu  dn  seizième  siècle, 
est  connu  par  deux  livres  de  motets  à  5,  6,  7, 
8  et  10  voix,  imprimés  à  Venise,  en  1580  et 
1586,  ln-4«.  On  trouve  aussi  des  madrigaux 
de  sa  composition  dans  le  recueil  qui  a  pour 
titre  :  De'  Floridi  virtuosi  d*Jtalia  il  ter%o 
libro  de*  Madrigali  a  cinque  voci,  nuova- 
piente  composti  e  dati  in  luce;  Venise, 
G.  Vincenti  et  R.  Amadino,  1586,  in-4^ 

PARMEIMTIER  (GnARLBs- Joseph-Théo- 
dore), né  le  14  mars  1821,  à  Barr  (Bas-Rhin), 
fut  élevé  Jusqu'à  Tâge  de  seize  ans  à  Wasse- 
lonne,  petite  ville  du  même  département,  où 
son  père  était  receveur  des  contributions  in- 
directes. L*école  primaire  était  dans  ce  lieu  la 
seule  ressource  pour  Tinstruction  :  ce  fut  la 
mère  de  M.  Théodore  Parmentier,  femme  dis- 
tinguée et  d*une  éducation  peu  commune,  qui 
lui  enseigna  le  français,  Thistoire,  la  géogra- 
phie, la  mythologie,  la  langue  italienne,  le 
solfège  et  le  piano.  Des  leçons  peu  régulières 
d*un  ami  lui  apprirent  le  dessin,  le  latin, 
l'arithmétique  et  la  géométrie.  La  maison  du 
père  de  M.  Parmentier  était  le  centre  musical 
de  la  petite  ville  de  Wasselônne  :  on  y  chan- 
tait des  chœurs  d*hommes  â  quatre  voix;  on  y 
exécutait  des  quatuors  dMnstruments  à  cordes, 
et  ces  occasions    fréquentes    d'entendre  de 
rharmonie  développaient    rapidement   Tin- 
stinct  musical  du  jeune  homme  et  lui  faisaient 
faire  de  rapides  progrès.  Sans  maître,  il  était 
parvenu  par  de  constants  efforts  à  jouer  la 
partie  de  second  violon  dans  les  quatuors,  (.es 
dispositions  de  M.  Parmentier  pour  la  musi- 
que avaient  fait  songer  à  l'envoyer  au  Con- 
servatoire de  Paris;   mais  son   père  ayant 
objecté  que  la  carrière  d'artiste  est  ingrate 
pour  ceux  qui,  au  début,  sont  sans  fortune, 
on  renonça  au  premier  projet  et  la  famille 
.  décida  que  le  jeune  homme  se  préparerait  â 
entrer  à  l'école  polytechnique.  Seul,  et  sans 
le  secours  des  maîtres,  il  étudia  la  rhétorique, 
la  philosophie,  Thistoire  universelle  et   la 
langue  grecque.    Ces   études   terminées,  il 
obtint  le  grade  de  bachelières  lettres  à  Stras- 
bourg, en  1838.  Puis  il  étudia  pendant  un  an 
les  mathématiques  sous  la  direction  de  son 
frère  atné,  élève  de  l'école  d'application  de 
rartillerie  et  du  génie,  à  Metz,  suivit  pendant 
une  autre  année  le  cours  de  mathématiques 
spéciales  au  collège  de  la  même  ville,  et  fut 
reçu  à  l'école  polytechnique  à  la  fin  de  1840. 
Il  en  sortit  premier  de  la  promotion  du  génie, 
ce  qui  lui  fit  passer  deux  années  à  l'école 
d'application  de  Uelz.  Après  deux  ans  de 


grade  de  lieutenant  du  génie,  il  obtint  celui 
de  capitaine  au  choix  en  1847. 

L'école  polytechnique  et  l'école  d'applica- 
tion avaient  interrompu  les  études  musicales 
de  M.  Parmentier;  il  les  reprit  après  cette 
période  et  se  livra  à  la  lecture  des  traités 
d'harmonie,  de  contrepoint  et  de  fugue,  d'in- 
strumentation,  d'histoire  de  l'art,  d'acous- 
tique, en  un  mot  de  tout  ce  qui  se  rattache  à 
la  musique  considérée  comme  art  et  comme 
science.  Ces  travaux  l'occupèrent  à  Strasbourg 
de  1847  à  1852.  Dans  cet  intervalle,  il  prit 
quelques  leçons  d'orgue  de  M.  Stern  {voyez 
ce  nom),  et  se  livra  à  l'étude  de  ce  bel  instru- 
ment. Appelé  à  Paris,  en  1853,  pour  y  être 
attaché  au  comité  de  fortification,  il  ne  resta 
qu'un  an  dans  celte  position,  et  devint,  en 

1854,  aide  de  camp  du  général  Niel,  avec  qui  il 
fut  de  l'expédition  de  la  Baltique  et  se  trouva 
au  siège  de  Bomarsund.  En  1855,  il  accom- 
pagna ce  général  au  siège  de  Sébastopol  et 
prit  part  à  l'assaut  de  l'ouvrage  de  Malakoff. 
Nommé  chef  de  bataillon  du  génie,  en  1850, 
il  prit  part  à  la  campagne  d'Italie  en  qualité 
de  premier  aide  de  camp  du  général  Niel.  La 
manière  dont  il  s'est  distingué  dans  ces  di- 
verses campagnes  l'a  fait  nommer  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  en  1854,  après  la  prise 
de  Bomarsund,  puis  il  fut  décoré  de  la  médaille 
anglaise  de  la  Baltique,  de  la  médaille  de 
Crimée,  de  l'ordre  turc  de  Medjidié,  et  le  roi 
de  Sardaigne  le  nomma  officier  de  l'ordre  des 
Saints  Maurice  et  Lazare.  Le  16  avril  1857,  il 
a  épousé  la  célèbre  virtuose  Teresa  Milanollo. 

Les  ouvrages  publiés  par  M.  Parmentier 
sur  la  science  du  génie  militaire,  sur  les  ma- 
thématiques et  sur  la  topographie,  n'appar- 
tiennent pas  à  l'objet  de  ce  dictionnaire  bio- 
graphique; nous  ne  les  mentionnerons  pas 
plus  que  ses  poésies  françaises  et  allemandes 
publiées  dans  plusieurs  journaux  et  recueils 
périodiques,  et  nous  nous  bornerons  à  l'indi- 
cation de  ses  travaux  de  littérature  musicale 
et  de  ses  compositions.  Dans  la  première  ca- 
tégorie, nous  trouvons  des  articles  de  biogra- 
phie et  de  critique  dans  la  Revw  et  gazette 
musicale  de  Paris,  dans  la  France  musicaley 
dans  la  Critique  musicale^  dans  le  Courrier 
du  Bas-Rhin,  le  Courrier  de  Verdun,  VAl-^ 
sacien,  etc.  La  plupart  de  ces  articles  sont 
signés.  On  a  aussi  de  M.  Parmentier  :  Aima" 
nach  musical,  ou  Ephémérides  pour  chaque' 
Jour  de  l'année;  Strasbourg,  1851  et  1853,  et 
dans  la  Revue  et  gazette  musicale,  en  1854  et 

1855.  Parmi  les  com|>osit ions  de  cet  amateur, 
on  remantuc  *•  1^  Six  mélodies  pour  piano,- 


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4r,R 


PARMENTIER  —  PARRY 


op.  1  ;  Paris,  Fleury.  2«  Qualre  romances 
françaises,  op.  4  ;  Strasbourg.  3«  Quatre  mor- 
ceaux pour  orgue,  op.  5  ;  ibid.  4*  quatre- 
vingt-seize  petits  préludes  et  versets  pour 
orgue,  op.  0  ;  ibid.  5o  Barcarolle  pour  piano  j 
Paris,  Brandus.  6«  Gondoline  pour  piano; 
Paris,  Heintz.7«  Deux  polkas,  composées  pour 
musique  militaire  et  réduites  pour  piano; 
Parts,  Fleury.  En  manuscrit  :  Grande  polo- 
naise de  Weber  instrumentée;  —  Caprice 
pour  piano;  —  Rondoletto,  pour  piano;  — 
différents  petits  morceaux  pour  cet  inslru- 
menl  ;  —  Romances  françaises  ;  —  Lieder  et 
ballades  allemandes;  -—  Chœurs  à  quatre 
TOix  d^bommes  ;  etc. 

PARMEI^TI^R  (M»«).  Foyex  MILA* 
NOLLO. 

PAROLIIfI(PiEftftx-jBAii),  né  à  Pontre- 
moli,  le  5  mai  1759,  commença  Tétude  de  la 
musique  sous  la  direction  d^Olivieri,  orga- 
niste de  cet  endroit,  puis  se  rendit  à  Borgo- 
Taro  pour  y  compléter  son  éducation  musi- 
cale, par  les  leçons  de  Gervasoni.  Sa  première 
production  fut  une  n^esse  à  trois  voix,  qui  fut 
exécutée  le  25  mars  1808.  Il  écrivit  ensuite 
d^antres  messes  à  trois  et  quatre  voix,  et  le 
15  août  1810,  il  en  fit  Jouer  une  à  grand  or- 
chestre, avec  des  vêpres,  dans  l'église  du  Ro- 
saire, à  Parme.  Parmi  les  autres  productions 
de  cet  artiste,  on  remarque  des  symphonies  à 
grand  orchestre,  des  quatuors  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  dont  quelques-uns  ont  été 
imprimés,  |et  des  pièces  de  piano  gravées  à 
Florence,  chez  Poggiali,  en  1813. 

PARUAPC  (le  P.  Antoi5e),  Jésuite,  naquit 
à  Nemours,  en  1587,  entra  dans  la  Société  de 
Jésus  en  1607,  à  Page  de  vingt  ans,  et  enseigna 
les  belles-lettres  au  collège  de  Nancy.  Il  mou- 
rut à  Bourges,  le  24  octobre  1650.  On  a  de  lui 
un  livre  institulé  :  Traiié  de  la  musique 
théorique  et  pratique,,  contenant  les  pré- 
ceptes de  la  composition  ;  VatrïSy  1646,  in-4<>. 
L'édition  de  1656,  citée  par  Forkel,  Gerber, 
Choron  et  Fayolle,  et  les  autres  biographes, 
n'existe  pas;  Papprobation  de  celle  de  1646 
en  est  la  preuve.  Les  auteurs  du  Dictionnaire 
historique  des  miliciens  (Paris,  1810-1811) 
disent  que  le  livre  du  P.  Parran  (un  des  plus 
rares  parmi  ceux  qui  ont  été  imprimés  en 
France)  est  mal  conçu  et  mal  rédigé  :  il  y  a 
beaucoup  de  légèreté  dans  ce  Jugement,  car  la 
notation  et  les  règles  du  contrepoint  sont 
mieux  expliquées  dans  cet  ouvrage  que  dans 
les  autres  livres-  français  publiés  Jusqu'à 
l'époque  où  il  parut.  Le  seul  reproche  qu'on 
puisse  faire  à  son  auteur  est  d'avoir  manqué 


d'érudition  lorsqu'il  s'est  exprimé  en  ces 
termes,  dans  son  avertissement  au  lecteur  : 
«  Mon  cher  lecteur,  si  vous  avez  agréables  les 
«  préceptes  du  contrepoint  musical  qui  n'ont 
«  point  encore  été  veus,  ny  donnez  au  public 
a  par  la  main  d'aucun  que  Je  sache,  etc.  »  On 
a  peine  à  comprendre  que  le  P.  Parran  ait 
ignoré  l'existence  d*une  multitude  de  livres 
italiens  et  français  où  les  principes  du  contre- 
point avaient  été  exposés  avant  le  milieu  du 
dix-septième  siècle. 

PARRY  (JxAir),  musicien  anglais,  est  né 
à  Denbigh,  dans  le  pays  de  Galles,  en  1776. 
Un  maître  de  danse  lui  enseigna  les  éléments 
de  la  musique,  et  lui  apprit  à  Jouer  de  la  cla- 
rinette. Cet  instrument  lui  servit  lorsque  la 
nlilice  de  Denbigh  fut  organisée  en  1793,  car, 
après  deux  ans  d'étude,  sous  le  maître  de 
musique  de  son  régiment,  il  fut  choisi  pour 
remplir  les  fonctions  de  ce  chef.  Après  dix 
années  de  service  dans  cette  place,  il  prit  sa 
retraite,  se  maria  et  s'établit  à  Plymouth. 
En  1807,  il  se  rendit  k  Londres  et  s*y  fixa. 
Deux  ans  après,  il  commença  à  composer  la 
musique  de  petites  pièces  pour  les  théâtres  du 
second  ordre,  particulièrement  pourleWaux- 
hall,  le  Lycée  et  l'Opéra  anglais.  Il  fit  aussi 
représenter  plusieurs  opéras  à  Govent-Garden 
et  à  Drury-Lane,  entre  autres  Ivankoe.  Parry 
s'est  fait  surtout  une  brillante  réputation  en 
Angleterre  par  la  composition  d'airs  qui  ont 
obtenu  un  succès  populaire  :  il  en  publia,  en 
1824,  une  collection  nombreuse,  en  deux  vo- 
lumes. Ses  connaissances  dans  la  musique 
galloise,  appelée  eambrienne,  et  sa  qualité  de 
barde  welche,  l'ont  fait  choisir  pour  présider, 
en  1820,  le  congrès  des  bardes  à  Wrexham,  et 
celui  de  Brecon,  deux  ans  après.  L'assemblée 
annuelle  des  bardes ^et  des  ménestrels  gallois 
qui  se  tient  à  Londres  est  aussi  placée  sous  sa 
direction;  enfin^  au  grand  congrès  de  ces 
bardes ,  assemblé  en  1821,  le  grade  de  Bord 
alau),  ou  maître  de  chant  welcbe,  lui  fut  con- 
féré. Les  compositions  de  Parry,  en  tout  genre, 
s'élèvent  à  plus  de  quatre  cents  ;  on  y  remarque 
plusieurs  morceaux  pour  la  harpe,  douze  ron- 
deaux ponr  le  piano,  des  airs  variés  pour  le 
même  instruQnent,  beaucoup  de  morceaux  de 
musique  militaire,  la  musique  de  plusieurs 
pantomimes,  mélodrames  et  opéras,  beaucoop 
de  duos  pour  le  chant,  déliées  et  de  chansons, 
deux  volumes  de  mélodies  galloises,  deux  vo- 
lumes de  mélodies  écossaises  arrangées  sur 
des  paroles  anglaises,  et  des  méthodes  poar 
divers  instruments  :  toutes  ces  productions  ont 
été  publiées  à  Londres.  La  collection  de  cbauis 


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PARRY  —  PARTENIO 


450 


'  du  pays  de  Galles,  publiées  par  Parry,  a  pour 
liire  :  The  TFehh  Harper,  being  an  exten- 
sive  collection  of  IFelsh  Afusie  ,  corn- 
prising  mo$t  of  ihe  contente  of  the  three 
volumes  pubUshed  by  the  late  Edward 
Jones,  To  tohich  are  pre/ixed  observa- 
tions on  the  character  ant  antiquity  of 
the  ïFelsh  MusiCy  and  an  Account  of  t1%e 
rise  and  progress  of  the  Harp,  from  the 
earliest  period  to  the  présent  titne{\jd  Harpiste 
gallois,  ou  grande  collection  de  musique  da 
pays  de  Galles,  renfermant  la  plus  grande 
partie  de  ce  qui  est  contenu  dans  les  trois  vo- 
lumes publiés  par  feu  Edouard  Jones  ;  précédé 
d^observations  sur  le  caractère  et  Panliquité 
de  la  musique  galloise,  et  d*une  notice  surrori- 
gine  et  les  progrès  de  la  harpe,  depuis  les 
temps  les  plus  anciens  jusqu*à  Tépoque  ac- 
tuelle) ;  Londres  (sans  date),  un  volume  in-fo1. 
On  a  aussi  de  ce  savant  :  !<>  72  Puntello^  or 
the  Supporter,  containing  the  first  Rudi- 
ments ofMusic  (1* Appui,  ou  premiers  rudi- 
ments de  musique)  ;  Londres  (sans  date),  in-fol. 
2«  Account  of  the  royal  musical  Festival 
held  in  Westminster  Âbbey,  1834  (Notice  sur 
le  Festival  royal  de  musique  célébré  à  Tabbaye 
de  Westminster,  en1854);  Londres,1835,in-4o. 
Ce  musicien  instruit. a  fait,  à  Londres,  des 
cours  de  lectures  historiques  sur  la  musique. 
En  1851,  il  me  visita  dans  un  voyage  quMl 
faisait  en  Belgique,  et  me  dit  quMl  se  propo- 
sait de  publier  un  volume  de  résumés  de  ses 
lectures  ;  je  n*ai  pas  appris  que  cet  ouvrage 
ait  paru. 

Un  autre  John  Parât,  né  à  Ruabon, 
dans  le  nord  du  pays  de  Galles,  vécut  dans  la 
première  moitié  du  di& -huitième  siècle,  et  fut 
lin  barde  et  joueur  de  harpe  de  Tancienne  fa- 
mille Wynnstay,  célèbre  par  le  grand  nombre 
de  bardes  auxquels  elle  avait  donné  le  jour. 
On  connaît  de  lui  quelques  airs  avec  accompa- 
gnement de  harite,  dans  la  tonalité  et  dans  le 
style  de  la  musique  populaire  de  son  pays. 
Il  a  aussi  publié  :  1  *  Aneient  British  Music,  or 
a  collection  of  tnnes,  never  before  published, 
To  tohich  is  pre/lxed  an  Historical  Ac- 
count of  the  rise  and  progress  of  Music 
atnong  the  Aneient  Brittons  (Ancienne  mu- 
sique britannique,  ou  collection  d*airs  qui 
n'*ont  iamais  été  publiés,  précédée  d*une  no- 
tice sur  Torigine  et  les  progrès  de  la  musique 
chez  les  anciens  Bretons);  Londres,  i743, 
in-4*.  2*  Collection  of  fFelsh,  English,  and 
Scotch  Airs,  with  new  variations  (Collec- 
tion d*airs  gallois,  anglais  et  écossais,  avec  de 
nouvelles  variations);  Londres,  1761,  in-4«. 


PARSONS  (Robert),  organiste  de  Tab- 
baye  d^  Westminster,  fut  attaché  comme  mu- 
sicien à  la  chapelle  royale,  sous  le  règne 
d^Élisabeth.  Il  se  noya  à  Newark-sur-la- 
Trent,  au  mois  de  janvier  1569.  Son  épitapho 
sç  trouve  dans  les  Fragments  de  Cambden. 
Plusieurs  compositions  de  Parsons  existent  en 
manuscrit  dans  quelques  bibliothèques  de 
TAngleterre,  particulièrement  au  Muséum 
britannique,  dans  la  collection  recueillie  par 
Tudway  pour  lord  Harley  (n®*  1715  à  1720, 
in-4o),  où  l'on  trouve  de  Parsons  Tantienne  : 
Deliver  me  from  mine  enemies,  et  dans  le 
sixième  volume  des  Extraits  de  Burney 
(n»  11,596),  qui  renferme,  du  même  artiste,  le 
motet  à  cinq  voix  In  nomine,  et  le  madrigal , 
aussi  à  cinq  voix  :  Enforced  by  love  and 
fear, 

PARSTOIIFFER  (Paul),  un  des  premiers 
marchands  de  musique  gravée  qu^il  y  ait  eu  en 
Allemagne,  vécut  à  Munich  vers  le  milieu  du 
dix -septième  siècle.  Il  a  publié  un  catalogue  de 
musique,  sous  ce  titre  :  Indice  di  lutte  le 
opère  dimusica;  Munich,  1655. 

PARTAUS  (Jbhah),  roi  des  ménestrels  du 
Hainaut,  vécut  dans  les  premières  années  du 
quinzième  siècle.  Les  archives  du  royaume  de 
Belgique  renferment  quatre  quittances  de  ses 
émoluments,  datées  des  30  mars  1410,  20  juin 
1410, 5  février  et  20  mars  1411,  et  signées  de 
sa  main. 

PARTEI^ilO  (JKAR-DoMiiriQUB),  composi- 
teur dramatique,  né  d'une  famille  honorable 
de  Spilimbergo,  dans  le  Frioul,  qui  s'était 
fixée  à  Venise,  embrassa^  l'élat  ecclésiastique, 
et  fut  d'abord  chanteur  dans  la  chapelle  ducale 
de  Saint-Marc,  où  il  fut  admis,  le  21  février 
1666,  aux  appointements  de  80  ducats.  Son 
mérite  le  fit  choisir,  le  25  juillet  1685,  pour 
occuper  la  place  de  vice- maître  de  la  même 
église,  dans  laquelle  il  suecéda  à  Legrenzi.Veu 
de  temps  après  sa  nomination  à  cet  emploi,  il 
fonda  à  Venise  la  société  philharmonique, 
sous  l'invocation  de  Sainte  Cécile.  En  1690, 
il  fut  nommé  directeur  du  conservatoire  des 
Mendicantij  et  deux  ans  après,  il  succéda  à 
Jean-Baptiste  Volpe,  dans  la  place  de  premier 
maître  de  la  chapelle  ducale  de  Saint-Marc.  Il 
mourut  à  Venise,  en  1701.  La  Dramaturgie 
d'Allacci  nous  a  conservé  les  titres  suivants 
des  oi>éras  dont  il  a  écrit  la  musique  :  \*»  Gen- 
serico;  à  Venise,  en  1669.  2o  La  Costama 
trionfante\  1673.  Z'^Dionisio;  1681.  A'' Fia- 
vio  Cuniberto;  1682.  Partenio  a  laissé  aussi 
beaucoup  de  musique  d'église,  et  des  compo- 
sitions de  différenis  genres  vrodui les  par  lui 


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460 


PARTENIO  -  PASINO 


existaient  autrefois  dans  les  archives  du  con- 
servalblre  des  Mendicanti;  mais  tout  cela  est 
depuis  longtemps  dispersé. 

Un  frère  de  ce  compositeur,  Jean  Partenio, 
fut  organiste  distingué  dans  Tlle  de  Saint- 
Georges  le  Majeur,  à  Venise. 

PARZIZEK  (Alexis-Vincent),  ecclésias- 
tique, naquit  à  Prague,  le  10  novembre  1748, 
et  y  f)t  ses  humanités.  En  1765,  il  entra  dans 
Tordre  de  Saint-Dominique,  et  y  acheva  ses 
études  de  philosophie  et  de  théologie,  d^abord 
au  couvent  de  Prague,  puis  à  celui  de  Brtlnn. 
Arrivé  à  Gabel,  en  1775,  il  mit  en  f  rdre  la 
bibliothèque  du  monastère,  et  entreprit  la 
restauration  de  Torgue.  ^Deux  ans  après,  il 
retourna  à  Prague  :  ce  fut  alors  qu^il  devint 
élève  du  célèbre  organiste  Segert  pour  la 
composition,  et  qu*il  commença  à  écrire  de  la 
musique  d*église,  qui  est  encore  estimée. 
Nommé  directeur  du  collège  de  Klattau,  en 
1783,  il  ne  montra  pas  moins  de  zèle  pour  y 
perfectionner  les  études  musicales  que  pour 
Tavancement  des  lettres  et  des  sciences.  En 
1798,  il  obtint  sa  sécularisation,  avec  un  ca- 
nonicat  à  Téglise  métropolitaine  de  Leitme- 
ritz.  Il  vivait  encore  en  cet  endroit  vers  la  fin 
de  1817,  à  Pige  de  soixante-neuf  ans.  Ses 
compositions  principales  sont  :  1<*  Deux  messes 
solennelles,  dont  une  a  été  imprimée  à  Prague, 
en  1806.  2«  Missa  solemnis  (en  ré)  pro  omni 
tempore,  à  quatre  voix  et  orchestre  ;  Leipsick, 
1808.  5**  Offertoire  solennel  à  quatre  voix  et 
orchestre  ;  t'&td.^  1807.  A"  Deux  messes  brèves, 
en  manuscrit.  5<>  Quarante  offertoires,  avec 
orgue  ou  orchestre,  tdem.6°  QiiilTeOsaluiaris 
hottia,  idem.  7<^  Un  Salve  Regina,  idem. 
8«  Deux  litanies,  idem,  0«  Deux  airs  d*église. 
lOo  Trois  canlates  sur  des  textes  allemands. 
11<*  Une  symphonie  à  grand  orchestre.  12"  Un 
nocturne  pour  des  instruments  à  vent. 
13<^  Quelques  chansons  allemandes  avec  ac- 
compagnement de  piano. 

PASCIl  (Georges),  en  latin  PA8GHIUS, 
savant  philologue,  né  à  Dantzick,  en  1661,  fit 
ses  études  aux  universités  de  Rostock  et  de 
Kœnigsberg,  et  prit  ses  degrés  à  Wittenberg, 
en  1684.  Nommé  professeur  de  morale  à  Puni- 
verstté  de  Riel,  en  1701,  il  remplit  cette  place 
Jusqu^àsa  mort,  arrivée  leSO septembre  1707. 
Dans  un  livre  intitulé  De  novi$  inventis, 
quorum  aecuratiori  euîtui  facem  prxtulit 
antiquitas;  Leipsick,1700,  in-4<»  (2« édition), 
il  traite  d^objets  relatifs  à  la  musique,  chap.  9, 
S  34;  chap.  0,  §  25;  chap.  7,  §§  14,  21, 
24  et  60.  Il  cherche  à  établir  dans  cet  ouvrage 
que  la  plupart  des  Jécouvcrtes  dans  les  sciences 


et  les  arts  qu*on  allrlbue  aux  modernes  ne 
sont  que  le  résultat  et  le  dévelop[>ement  des 
connaissances  qui  nous  ont  été  transmises 
par  les  anciens  :  système  qui  a  été  depuis  lors 
développé  par  Dutens.  Dans  la  comparaison 
qu^il  fait  de  Tharmonie  des  anciens  avec  celle 
des  modernes,  on  voit  qu*il  est  absolument 
étranger  à  la  matière  quMl  traite. 

PASCH  (Jean),  professeur  de  philosophie 
à  Rostock,  né  à  Ratzebourg,  dans  le  comté  de 
Lauenborg,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle,  mourut  à  Thôpital  de  Hambourg,  en 
1709,  par  suite  de  sa  'mauvaise  conduite.  On 
connaît  de  lui  :  Dissertatio  de  8e1ah,pAt7o- 
logiee  enucleato;  Wittenberg,  1685.  Cette 
dissertation,  qui  a  pour  objet  une  expression 
hébraïque  de  Pinscription  des  psaumes,  qu*OD 
croit  relatif  au  chant,  a  été  insérée  dans  le 
Trésor  des  antiquités  sacrées ^  d^Ugolini, 
tome  52,  p.  689-722. 

PASCHAL  (le  R.  P.),  religieux  cordelier 
au  couvent  de  Paris,  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  est  auteur  d*un  livre  intitulé  : 
Briefve  instruction  pour  apprendre  leplain- 
ehant;  Paris,  Jean  De  la  Caille,  1658,  in-8«. 

PASI  (Antoine)^  sopraniste  d*un  mérite 
distingué,  naquit  à  Bologne,  en  1697,  et  entra 
dans  récole  de  Pistoccbi,  dont  il  fut  un  des 
meilleurs  élèves.  Fidèle  à  la  méthode  de  son 
maître,  il  s*atlacha  au  style  d*expressioo  dans 
lequel  il  excella.  Quanz,  qui  Tenteodit,  en 
1726,  ftit  frappé  de  sa  belle  manière  dVxé- 
enter  Tadagiq. 

PASINI-WENCINI  (Judith),  canUtrice 
distinguée,  naquit  à  Rome,  en  1796.  Son  nom 
de  famille  était  Nencini.  Après  avoir  com- 
mencé, à  Rome,  ses  études  de  chant,  elle  alla 
les  terminer  à  Milan,  sous  la  direction  de 
Moschinl.  Elle  y  fit  son  début  au  théâtre,  en 
1814.  Après  avoir  brillé  sur  les  principales 
scènes  de  Tltalie,  elle  épousa,  en  1826,  un 
musicien  nommé  Pasini.  Elle  est  morte  à 
Florence,  le  24  mars  1837. 

PASINO  (Etienne),  compositeur  de  récole 
vénitienne,  fut  vicaire  à  Téglise  de  Cona, 
près  de  Venise,  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  plu- 
sieurs recueils  de  messes,  motets,  ricertari  et 
sonates,  parmi  lesquels  on  remarque  :  X^Mîssê 
a  2,  3  «  4  voei  eon  stromenti  e  basso^  per 
Vorgano;  Venise,  1063,  in-4«.  3«  Motetii 
eoneertati  a  2,  3,  4  voei  con  violini  se  piace 
e  salmi  a  5  voci.  3<>  AU  sonate  a  2,  5  e  4 
stromenti,  de'  quali  una  è  composta  in  ea- 
none,  ed  un  altra  ad  imitatione  de'  gridi 
che  sogliono  fare  diversi  atiimaii  bruiti. 


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PASINO  -  PASQUINI 


46V 


op.  8;  Venise,  1670,  in -fol.  L'œuvre  7"« 
est  une  collection  de  ricercari  pour  divers 
instruments. 

PASQUALE  (Bonifâcb),  maître  de  cha- 
pelle dé'la  cathédrale,  à  Parme,  naquit  à  Bo- 
logne, et  vécut  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle.  On  a  de  lui  un  ouvrage  qui  a 
pour  titre  :  Salmi  a  5  voct  ed  un  Magnificat  a 
8  voei'j  à  Venise,  chez  les  héritiers  de  Je  rame 
Scoto. 

PASQUALI  (Fbarçois),  né  à  Cosenza, 
dans  le  royaume  de  Naples,  vers  la  fin  du 
seizième  siècle,  flt  ses  études  musicales  à  Rome 
et  y  passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie. 
Parmi  les  ouvrages  qu'il  a  publiés,  je  ne  con- 
nais que  ceux-ci  :  1*  Franc.  Paschalis  Co' 
sentini  tacras  cantiones  binis ,  ternis, 
quaterni$  quinisque  vocibtAS  concinend^; 
Fenetiii,  ap.  /.  Fineentinum,  1617. 2»  Ma- 
drigali  a  due,  tre^  quattro  e  cinque  voci, 
libroterxo,  ap,  5;  Roms,  app.  Paolo  Ma-- 
$oUi,  1627,  in-4«. 

PASQUALI  (Nicolas),  violoniste  italien, 
se  rendit  en  Angleterre,  en  1745,  et  se  fixa  à 
Edimbourg,  où  il  mourut  en  1757.  On  a. gravé 
de  sa  composition  :  1<*  Douze  ouvertures  à 
grand  orchestre;  Londres  (sans  date),  in-fol. 
2*'  Six  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
hasse,  l*'  et  2«  livres;  ibid.  Z^  Chansons  an- 
glaises. En  1751,  Pasquali  a  publié  un  traité 
concis  et  de  peu  de  valeur  sur  Tharmonie  et 
raccompagnement,  intitulé  :  The  Art  of  tho- 
rough  bass  mode  easy,  containing  practical 
rules  for  finding  and  applying  the  various 
chords  toith  facility;  witk  a  variety  of 
examples,  showing  the  manner  of  accom- 
panying  tcith  élégance^  etc.  ;  Edimbourg  et 
Londres,  In-fol.  obi.  Il  a  paru  une  deuxième 
édition  de  ce  livre,  publiée  à  Londres,  par 
J.  Dale  (sans  date)  :  elle  est  gravée  sur  éuin. 
Une  traduction  française  de  ce  petit  ouvrage 
a  paru  sous  le  titre  :  La  basse  continue  rendue 
aisée,  ou  explication  succincte  des  accords 
que  le  clavecin  renferme;  Amsterdam,  1762, 
in-fol.  obi.  Lustiga  donné  une  nouvelle  édi- 
tion de  cette  traduction  française,  avec  une 
version  hollandaise  intitulée  :  De  General- 
Bass  gemakkèlyker  voorgedraagen  ;  ofeene 
beknopte  verklaaring  van  de  Jccorden,  die 
htt  clavecymbel  bevat,  etc.  ;  Amsterdam  (sans 
date),  J.-J.Hummel,  in-4«  de  vingt  sept  pages 
de  texte  avec  quatorze  planches.  On  a  aussi  de 
Pasquali  une  méthode  de  doigter  pour  le 
piano  ;  cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Art  of  fin' 
gering  the  harpsichord,  illustrated  with 
numerous   examples  expressly  calculated 


for  those  who  wish  to  obtain  a  complète 
knowledge  of  that  necessary  art;  Londres, 
in-fol. 

PASQUAUIVI  (MABc-AHTomE),  sopra- 
niste,  né  à  Rome,  vers  1610,  fut  admis  comme 
chapelain-chantre  dans  la  chapelle  pontificale 
le  31  décembre  1650.  En  1642,  il  quitta  celle 
position  pour  entrer  au  théâtre,  où  il  brilla 
jusqu*en  1664.  Il  était  âgé  de  cinquante-quairo 
ans  lorsqu'il  quitta  la  scène  pour  passer  ses 
dernières  années  dans  le  repos.  Pasqualini  a 
composé  des  airs  et  des  cantates  qu'on  trouve 
dans  quelques  recueils  de  son  temps. 

PASQUI]\I  (UzacULB),  célèbre  organiste 
du  dix-septième  siècle,  naquit  à  Ferrare,  vers 
1580,  et  eut  pour  mallre  le  célèbre  composi- 
teur Alexandre  Milleville.  Plus  âgé  que  Fres- 
cobaldi  de  quelques  années,  élève  du  même 
maître,  il  fut  son  prédécesseur  dans  la  place 
d'organiste  de  Saint-Pierre  du  Vatican.  On 
igi^ore  le  motif  qui  lui  fit  quitter  celle  posi- 
tion vers  1614,  et  ce  qu'il  devint  après  cette 
époque.  Les  compositions  de  cet  artiste  sont 
rares  et  peu  connues. 

PAHQUINI  (Bbrhahd),  fut  le  plus  grand 
organiste  de  l'Italie,  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-septième  siècle.  Il  n'était  pas  de  Rome, 
comme  le  prétend  Gerber,  car  il  naquit  à 
Massa  de  Valnevola,  en  Toscane,  le  8  dé- 
cembre 1637.  Il  étudia  la  musique  sous  la  di- 
rection de  Lorelo  Viltori,  puis  sous  celle 
d'Antoine  Cesti;  mais  c'est  surtout  au  soin 
qu'il  prit  de  mettre  en  partition  et  d'étudier 
les  œuvres  de  Palestrina  qu'il  dut  son  profond 
savoir.  Jeune  encore,  il  se  rendit  à  Rome,  et 
y  obtint  l'emploi  d'organiste  à  l'église Sainle- 
Marie-Majeure.  Plus  tard,  il  eut  le  titre  d'or- 
ganisle  du  sénat  et  du  peuple  romain,  et  fut 
attaché  à  la  musique  de  chambre  du  prince 
Jean-Baptiste  Borghèse.  Sa  réputation  était 
si  bien  établie,  que  l'empereur  Léopold  en- 
voya à  son  école  plusieurs  musiciens  de  sa 
chapelle,  pour  perfectionner  leur  talent  sous 
sa  direction.  Ses  meilleurs  élèves  furent 
François  Gasparini  et  Durante.  Pasquini 
mourut  à  Rome,  le  22  novembre  1710,  et  fut 
inhumé  dans  l'église  de  Saint-Laurent  in  Lu- 
cina,  où  son  neveu  Bernard  Ricordati  et  son 
élève  Bernard  Gafii  lui  érigèrent  un  buste  en 
marbre  qui  se  voit  encore  dans  cette  église, 
avec  cette  inscription  : 

D.  0.  M. 

Bemardo  Pasquino  Hetrusco  e  Massa 
Vallis  NevolJB  Ziberiansf  Basilics  ac 
S.  P.  Q.  R,  Organedo  viro  probitate  vitae  et 
moris  lepore  laudatissimo  qui  ExceU,  Jo, 


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4(52 


PASQUINI  —  PASSEREAU 


Bap.  Burghesii  Suîmonensium  Prineipis 
clientela  et  munificentia  honettatus  musieis 
modulis  apud  omnes  fere  Europs  Principes 
nominis  gloriam  adeptus  anno  sal.  MDCCX^ 
die  XXI J  Novembris  S.  Ceeilije  sacro  ab 
ffumanis  exce$$it  ut  eujus  virtutes  et  studio 
proseeutus  fuerat  in  terris  felieius  imita- 
retur  in  cœlis.  Bernardus  Gaffi  diseipulus 
et  Bernardus  Ricordati  ex  sorore  nepos 
prseceptori  et  avuneuîo  amantissimo  mœ- 
rentes  monumentum  posuere.  Fixit  an- 
nos  LXXII.  menées  XI,  dies  XIV, 

Ed  1679,  PasquiDi  écrivit  la  musique  de 
Topera  intitulé  :  Dwi*  è  amore  e  pieté  j  pour 
l'ouverture  du  théâtre  Capranica,  où  il  était 
accompagnateur  au  piano,  tandis  que  Gorelli 
dirigeait  la  partie  de  premier  violon.  Ce  fut 
aussi  Pasquini  qui  composa  le  drame  repré- 
senté en  1686,  à  Rome,  en  honneur  de  la 
reine  Christine  de  Suède.  On  trouve  de  helles 
pièces  de  clavecin  de  ce  maître  dans  le  recueil 
intitulé  :  Toecates  et  suites  pour  îe  eîavedn 
de  MM.  Pasquini,  Paglietti  et  Gaspard  de 
Kerle;  Amsterdam,  Roger,  1704,  in-fol.  Lands- 
berg  [voyez  ce  nom)  possédait  un  recueil  ma- 
nuscrit original  de  pièces  d*orgue  de  Pas- 
quini, dont  j*ai  extrait  deux  toecates,  com- 
posées en  1697.  Ce  manuscrit  est  indiqué 
,d*une  manière  inexacte  dans  le  catalogue  de  la 
bibliothèque  de  ce  professeur  (Berlin,  1859), 
de  cette  manière  :  Pasquini  (Bernardo).  So- 
nate per  Gravicembalo  (libropretioso).  Vo- 
lume grosso.  È  scritto  di  suo  (sua)  mano 
in  questo  libro.  Le  même  catalogue  indique 
aussi  de  Bernard  Pasquini  :  Saggi  di  contra- 
punto.  —  Anno  1695.  Volume  forte.  È  scritto 
di  suo  (sua)  mano  in  questo  libro.  Malheu- 
reusement ces  précieux  ouvrages  sont  passés 
en  Amérique  avec  toute  la  bibliothèque  musi- 
cale du  professeur  Landsberg. 
*PA8SARIT^I  ou  PASSERAI  (le  P. 
Fbahçois),  religieux  cordelier,  dit  Mineur 
conventuel,  né  à  Bologne,  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle,  fut  nommé 
maître  de  chapelle  de  Téglise  du  couvent  de 
Saint-François,  en  1657.  En  1674,  il  accepta 
les  mêmes  fonctions  à  Viterbe,  mais  il  fut  rap- 
pelé à  Bologne,  en  1680,  et  reprit  son  aucienne 
place,  avec  cinquante  écus  romains  de  traite- 
ment annuel.  Il  mourut  en  1698.  On  a  de  la 
composition  de  ce  maître  :  A**  Salmi  concer- 
tati  a  5;  4;  5  e  6  voci  parte  con  vioïini,  e 
parte  senza,  con  litanie  délia  B.  V,  a  cin- 
que  voci  con  due  vioUni;  op.  1,  Bologne, 
1671.  2o  Antifone  délia  Beata  Firgine  a 
vocesola;  Bologne,  J.  MontI,  1671.  Cet  ou- 


vrage est  dédié  à  la  communauté  de  San  Gio- 
vanni in  Persiceto.  Le  P.  Passarini  dit,  dans 
son  épttre  dédicatoire,  qu'ayant  été  élu,  à  son 
grand  étonnement,  maître  d'une  société  qui  ne 
cbbisit  ordinairement  que  des  compositeurs 
d*un  mérite  éprouvé,  il  s*est  efforcé  de  témoi- 
gner sa  reconnaissance  par  la  composition  et 
roff^e  de  cet  ouvrage.  5* Comptera  concÊttata 
a  5  voci,  con  violini  obligati,  op.  S;  ibid., 
1672.  4»  Misse  brevi  aotto  vocico'l  organo, 
op.  4  ;  ibid.,  1690.  Le  caUlogue  de  Breitkopf, 
de  1764,  indique  en  manuscrit  les  comiwsi- 
tlons  suivantes  de  Passarini  :  1«  Missa,  Kyrie 
cum  gloria  et  CredOy  pro  2  cAort  et  organo. 
2»  Missa,  Kyrie  cum  Credo,  pro  %  ehorieum 
organo.  Z^  Missa,  Kyrie  cum  Gloria  et 
Credo^  idem. 

PASSENT!  (Pelleceiro);  musicien  ita- 
lien, né  vraisemblablement  vers  la  fin  du  dix- 
septième  siècle,  a  publié  un  recueil  de  pièces 
pour  la  musette,  sous  le  titre  de  Canora 
Zampo^na;  Venise,  1628,  in-fol.  obi. 

PASSEREAU  (....),  musicien  français, 
prêtre  prébende  de  Saint- Jacques  de  la  Bou- 
cherie, à  Paris,  était,  en  1509,  ténor  de  la 
chapelle  du  duc  d*Angou1éme  (plus  tard  Fran- 
çois I",  roi  de  France),  suivant  nn  état  de 
payements  qui  est  aux  archives  de  l*empire 
(liasse  R,  147).  On  ne  connaît  jusqu'à  ce  jour 
aucun  ouvrage  de  lui  imprimé  séparément, 
mais  un  grand  nombre  de  morceaux  de  sa 
composition  se  trouvent  dans  les  recueils  dont 
voici  les  titres  :  1«  Liber  undeeimus.  XX FI 
musicales  habet  modulos  quatuor  et  quinque 
vocibus!  editos  Parhisiis  etc.,  if  edibus  Pétri 
Attaingnant,  MSJiA.  2«  Vingt  six  chansons 
musicales  à  quatre  parties;  Paris,  par  Pierre 
Attaingnant,  1554,  in-8«  obi.  On  y  trouve 
deux  chansons  de  Passereau,  p.  6  et  7. 
8<»  Vingt- huit  chansons  nouvelles  en  musi- 
que à  quatre  parties;  ibid.,  1531 .  La  chanson 
de  Passereau  Ung  peu  plus  hault  s*y  trouve 
p.  2.  4^  Vingt-huit  chansons  musicales  à 
quatre  parties  ;  ibid.,  1533,  in-4*  obi.  Ce  re- 
cueil contient  une  jolie  chanson  de  Passereau, 
qui  commence  par  ces  mots  :  Ung  campai" 
gnon  Gallin  Galant^  p.  12.  5*  Vingt-huit 
chansons  musicales  à  quatre  parties;  ibid., 
1534,  in-S^*  obi.  La  chanson  de  Passereau,  H 
est  bel  et  bon,  est  la  première  du  recueil. 
6*  Vingt-neuf  chansons  musicales  à  quatre 
parties;  ibid.,  1530,  in-8«  obi.  On  y  trouve 
p.  14  une  chanson  fort  libre  de  Passereau 
dont  les  premiers  mots  sont  .*  Sur  un  joli 
Jonc.  Ce  n*est  pas  un  médiocre  sujet  d^élonne- 
ment  que  de  voir  un  prêtre  mettre  en  musique 


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PASSEREAU  —  PASTA 


4G3 


des  paroles  si  indécentes.  7<>  Le  grand  recueil 
intitulé  Trente-cinq  livre$  de  chansons  nou- 
velles à  quatre  parties  de  divers  auteurs,  en 
deux  volumes;  ibid.,  1539-1549,  in-4>  obi., 
contient  des  chansons  de  Passereau  dans  les 
livres  1,  4,  6,  10,  13,  16  et  22.  8«  Les  livres 
II,  III  et  VII  du  Parangon  des  chansons 
(voyez  MoDBRHE  Jacques)  j  1559-1543,  ren- 
ferment des  chansons  de  Passereau. 

PASSERI  (Jbah-Baptistb),  célèbre  anti- 
quaire, naquit  le  10  novembre  1094,  â  Far- 
nëse,  dans  la  campagne  de  Rome,  otl  son  père 
exerçait  la  médecine.Desliné  à  la  magistrature, 
il  alla  étudier  à  Rome  la  jurisprudence  ;  mais 
bientôt  il  sentit  se  développer  en  lui  le  goût  de 
Tantlquité,  et  se  livra  avec  ardeur  à  Tétude 
de  Tarchéologie  et  de  la  numismatique.  Plus 
tard,  il  se  maria,  se  fixa  à  Pesaro  et  y  exerça 
les  fonctions  d^avocat,  mais  sans  renoncer  à 
rétude  des  sciences,  ott  il  avait  fait  de  grands 
progrès.  Devenu  veuf  en  173S,  il  embrassa 
l'état  ecclésiastique,  et  successivement  il  tut 
revêtu  de  plusieurs  dignités,  auxquelles  le 
pape  Clément  XIY  ajouta  celle  de  prolono- 
taire  apostolique.  Il  mourut  à  Pesaro,  des 
suites  d*une  chute,  le  4  février  1780.  Gerber, 
Choron,  FayoIIe  et  leurs  copistes  ont  vieilli 
Paiseri  d^un  siècle  dans  le  maigre  article 
qu'ils  lui  ont  consacré.  Au  nombre  des  grands 
ouvrages  publiés  par  ce  savant,  on  remarque  : 
Pieturte  Etruscorum  in  vasculis^  nunc  pri- 
mum  in  unum  collecta!,  explicationibus  et 
dissertationibus  illustratm;  Rome,  1767-75, 
S  vol.  in-fol.  avec  trois  cents  planches.  Le 
deuxième  volume  renferme  une  dissertation 
sur  la  musique  des  Étrusques  (p.  73<86)  :  elle 
contient  beaucoup  d^erreurs  et  de  fausses 
conjectures.  Passer!  a  été  Téditeur  des  œuvres 
de  Doni  sur  la  musique,  dont  la  collection 
avait  été  préparée  par  Gori  {voyez  Dom). 

PASSETTO  (GioanARo),  docteur  en  mu- 
sique et  mallre  de  chapelle  de  la  cathédrale 
de  Padoue,  dans  la  première  moitié  du  sei- 
zième siècle,  a  publié  de  sa  Composition  : 
Madrigali  nuovi  a  voce  pare  composti  per 
il  Doctor  musico  Messer  etc.  Libro  primo; 
Fenetiis,  apud  j^ntonium  Gardane,t6A}y 
petit  in-4<*  obi. 

PASSIOl^EI  (Charles),  violoniste  du  duc 
de  Ferrare,  fut  contemporain  de  Corelli,  et 
écrivit,  à  Pimitation  de  ses  ouvrages,  douze 
sonates  pour  violon  avec  basse  continue  pour 
le  clavecin,  qui  ont  été  gravées  à  Amsterdam, 
chez  Roger,  en  1710. 

PASTA  (Jean),  po«te  et  musicien,  naquit 
à  Milan,  en  1604,  Tut  pendant  quelques  années 


organiste  à  Téglise  Santo  JUssandro  in  co- 
lonna,  de  Bergame,  obtint  ensuite  un  cano- 
nicai  à  Santa-Haria-Faliorina,  dans  sa  ville 
natale,  et  devint  en  dernier  lieu  premier  cha- 
pelain du  régiment  de  TufTo.  Il  mourut  en 
1666,  à  rage  de  soixante-deux  ans.  On  a  de 
lui  une  composition  musicale  qui  a  pour 
titre  :  Le  due  Sorelle,  musica  e  poesia,  con- 
certate  in  arie  mtisicali,  part.  1  et  2,  Venise. 
Un  des  meilleurs  ouvrages  de  Pasla  est  celui 
qui  a  pour  titre  :  Affetti  d'Erato,  madrigali 
in  concerto  a  due,  tre  e  quattro  voci,  libro 
primo;  Fenezia,  app.  Jless.  Fincenti^ 
1626,  in-4«. 

PASTA  (Josbpb),  médecin,  né  à  Bergame, 
en  1742,  est  mort  dans  celte  ville,  en  1822,  à 
rage  de  quatre-vingts  ans.  Il  a  publié  un  petit 
poème  intitulé  :  La  Musica  medica;  Ber- 
game, 1821,  in-8«  de  seize  pages. 

PASTA  (JuniTH),  célèbre  cantatrice,  est 
née  en  1798,  à  Como,  près  de  Milan,  d*une 
famille  Israélite.  A  Tâge  de  quinze  ans,  elle 
fut  admise  comme  élève  au  Conservatoire  de 
Milan,  qui  s^organisait  sous  la  direction 
d*Asioli.  Sa  voix  lourde^  inégale,  eut  beau- 
coup de  peine  à  se  ployer  aux  exercices  de 
vocalisation  que  lui  faisait  faire  son  maître  de 
chant;  cet  organe  rebelle  ne  parvint  même 
jamais  à  la  facile  et  pure  émission  de  cer- 
taines notes,  et  conserva  toujours  un  voile 
qui  ne  se  dissipait  qu^après  les  premières 
scènes,  dans  le  temps  même  où  le  talent  de 
madame  Pasta  avait  acquis  tout  son  dévelop- 
pement. Sortie  du  Conservatoire  vers  1815, 
elle  débuta  bientôt  sur  les  théâtres  de  second 
ordre,  tels  que  Brescia,  Parme,  Livourne,  et 
s'y  fit  à  peine  remarquer.  Les  Hilettanti  qui 
applaudirent  plus  tard  à  Paris  cette  cantatrice 
avec  transport,  ignorent  qu'elle  y  vint  ina- 
perçue se  grouper,  avec  quelques  autres 
artistes  aussi  obscurs  qu'elle,  autour  de  ma- 
dame Catalan!,  au  Théâtre  Italien,  en  1816. 
L'année  suivante,  elle  chanta  au  théâtre  du 
Roi,  à  Londres,  où  elle  ne  produisit  pas  une 
sensation  beaucoup  plus  vive.  De  retour  en 
Italie,  dans  Tété  de  la  même  année,  elle  com- 
mença bientôt  après  à  réfléchir  sur  sa  car- 
rière dramatique,  et  le  génie  qu'elle  avait 
reçu  de  la  nature  ne  tarda  pas  à  se  faire  aper- 
cevoir dans  la  conception  de  ses  rôles.  Pen- 
dant les  années  1819  et  1820,  sa  réputation 
commença  avec  éclat  à  Venise,  â  Milan,  et, 
dans  l'automne  de  1821,  elle  fut  engagée 
au  Théâtre  Italien  de  Paris,  où  elle  fixa 
l'attention  publique.  Mais  ce  fut  surtout  après 
avoir  obtenu  un  succès  d'éclat  à  Vérone^  en 


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404 


PASTA  —  PASTERWITZ 


1822,  pendant  le  congrès,  qu'elle  revint  à 
Paris  exciter  rentbousiasme  et  fonder  une  des 
plus  belles  renommées  de  cantatrice  drama- 
tique qu'il  y  ait  jamais  eu.  Ce  n'est  pas  que 
son  chant  fût  devenu  irréprochable  sous  le 
rapport  de  l'émission  de  la  voix,  ni  que  sa 
vocalisation  eût  toute  la  correction  désirable  : 
mais  elle  savait  déjà  si  bien  donner  à  chaque 
personnage  qu'elle  représentait  son  caractère 
propre;  il  y  avait  dans  ses  accents  quelque 
chose  de  si  profond  et  de  si  pénétrant,  qu'elle 
soulevait  k  son  gré  l'émotion  dans  son  audi- 
toire, et  que  l'illusion  dramatique  était  tou- 
jours le  résultat  de  ses  inspirations.  Inces- 
samment occupée  de  l'étude  de  son  art,  elle 
faisait  apercevoir  des  progrès  dans  chaque 
rûle  nouveau  qui  lui  était  confié,  et  presque 
à  chaque  représentation.  Tancredi,  Romeo, 
OteUo,  Camitla,  Nina,  Aïedea,  furent  pour 
elle  des  occasions  d'autant  de  triomphes. 
Quoiqu'elle  fût  médiocre  musicienne,  son 
instinct  lui  avait  fait  comprendre  que  les 
ornements  du  chant  ne  pouvaient  avoir  le 
caractère  de  la  nouveauté,  dans  le  style  mis 
en  vogue  par  Rossini,  que  par  la  forme  har- 
monique; car  c'est  elle  qui,  la  première,  a 
formulé  ces  ornements  qui  consistent  dans  la 
succession  de  tous  les  intervalles  constituants 
des  accords;  nouveauté  que  madame  Mali- 
bran  a  depuis  lors  enrichie  de  tous  les 
trésors  de  sa  brillante  imagination. 

Au  mois  de  mars  1824,  madame  Pasta  re- 
tourna à  Londres  et  y  excita  le  plus  vif 
enthousiasme  dans  le  rôle  de  Desdemona. 
Depuis  celte  époque  ju.<squ'à  la  fin  de  1826, 
elle  joua  alternativement  chaque  année  a 
Paris  et  à  Londres.  Quelques  sujets  de  mécon- 
tentement dans  ses  relations  avec  Rossini, 
alors  chargé  de  la  direction  de  la  musique  au 
théâtre  Favart,  la  décidèrent  à  ne  pas  renou- 
veler ses  engagements  à  Paris  pour  l'année 
1827;  elle  partit  pour  l'Italie,  joua  d'abord  à 
Trieste,  puis  fut  engagée  à  Naples,  oii  Pacini 
écrivit  pour  elle  la  Niobe,  Les  Napolitains, 
plus  épris  de  l'art  du  chant  pur  que  des  qua- 
lités dramatiques  d'un  chanteur,  ne  parurent 
pas  apprécier  à  sa  juste  valeur  le  talent  de 
madame  Pasta;  mais  on  lui  rendit  plus  de 
justice  à  Bologne,  à  Milan,  à  Vienne,  à 
Trieste,  à  Vérone.  A  Milan,  Belllni  écrivit 
pour  elle  la  Sonnamhula  et  Nortna.  Lors- 
qu'elle reparut  à  Paris,  en  1833,  pendant 
quelques  représentations,  puis,  en  1834,  elle 
chanta  dans  le  premier  de  ces  opéras  et  dans 
Jnna  Bolena,  Une  altération  sensible  se 
faisait  dès  lors  remarquer  dans  sa  voix;  ses 


Intonations  étaient  douteuses,  et  dans  cer- 
taines représentations  il  lui  arrivaitde  chanter 
tout  son  r6le  au-dessous  du  ton  :  mais  son 
talent  dramatique  avait  acquis  une  rare  per- 
fection. On  s'étonnait  surtout  de  lui  trouver 
dans  la  Sonnamhula  une  admirable  simpli- 
cité, absolument  différente  du  ton  élevé  de^es 
autres  rôles,  et  dans  Jnna  Bolena  une  no- 
l>lesse  et  une  énergie  qui,  depuis  lors,  ont  servi 
de  modèle  aux  actrices  qui  ont  joué  ce  rôle. 
Madame  Pasta  s'était  aussi  modifiée  dans 
quelques-uns  des  anciens  ouvrages  qui  avaient 
fait  sa  fortune  et  sa  gloire.  Ainsi,  à  de  la  vé- 
hémence qu'elle  mettait  autrefois  dans  le  r^le 
de  Z>es({emona,  elle  avait  substitué  une  sensi- 
bilité mélancolique  plus  pénétrante,  plus  con- 
forme à  la  pensée  de  Shakspeare  dans  la  créa* 
tion  de  ce  personnage.  Un  très-vif  intérêt; 
s'attachait  alors  au  talent  de  madame  Pasta; 
car,  indépendamment  de  l'importance  de  ce 
talent  en  lui-même,  il  fournissait  des  sujets 
de  comparasion  avec  celui  de  madame  Mali- 
bran,  dont  les  succès  venaient  d'être  si  bril- 
lants. Si  dans  l'exécution  vocale  et  dans  le 
sentiment  pur  de  la  musique  celle-ci  avait  un 
incontestable  avantage ,  si  quelquefois  même 
il  y  avait  des  éclairs  sublimes  dans  ses  inspi- 
rations dramatiques,  on  était  obligé  d*avouer 
qu'il  y  avait  en  madame  Pasta  une  plus  forte 
conception,  plus  d'unité,  plus  d'harmonie,  et 
qu'en  résultat  elle  atteignait,  mieux  le  but  de 
la  vérité  d'expression. 

De  retour  en  Italie,  madame  Pasta  y  joua 
encore  un  certain  nombre  de  représentations 
dans  quelques  grandes  villes  ;  mais  elle  reve- 
nait chaque  année  passer  plusieurs  mois  dans 
la  belle  maison  de  campagne  qu'elle  avait 
acquise,  en  1829,  près  du  lac  de  Como.  Passant 
l'hiver  à  Milan,  et  l'été  dans  cette  agréable 
retraite,  elle  semblait  avoir  renoncé  à  paraître 
sur  la  scène  depuis  deux  ou  trois  ans;  mais  au 
mois  de  septembre  1840,  elle  accepta  les  pro- 
positions qui  lui  furent  faites  au  nom  de  la  cour 
de  Russie,  pour  se  rendre  à  Pétersbourg.  Les 
avantages  qui  lui  étaient  accordés  iK>ur  ce 
voyage  s'élevaient  à  plus  de  deux  cent  mille 
francs;  mais  elle  dut  regretter  de  les  avoir 
acceptés,  car  elle  n'obtint  pas  de  succès  dans 
ce  dernier  effort  de  son  talent.  Lorsque  je 
visitai  les  bords  du  lac  de  Como,  eo  1850,  eUe 
vivait  retirée  dans  sa  villa. 

PASTERWITZ  (Geobces  DE),  né  le 
7  juin  1730,  à  Burchutten,  près  de  Passau, 
entra  à  l'âge  de  quatorze  ans  dans  l'abbaye 
des  bénédictins  de  Kremsmunster,  dans  la 
haute  Autriche,  et  y  fit  ses  études  de  musique 


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PASTERWITZ  —  PATINO 


405 


et  de  liUérature;  puis  il  alla  suivre  un  cours 
<le  théologie  à  Salzbourg.  Éberlin, alors  maître 
de  chapelle  de  la  cathédrale  de  celte  ville,  lui 
donna  des  leçons  de  composition,  et  il  acquit 
sous  la  direction  de  ce  maître  une  profonde 
connaissance  du  contrepoint.  Ses  études  étant 
terminées,  il  fut  chargé  d'enseigner  à  Krems- 
munster  la  logique  et  la  métaphysique,  puis  le 
droit  naturel  et  le  droit  public,  et  enfln  on 
lui  confia  la  direction  du  chœur  de  celte 
abbaye.  Lié  d'amitié  avec  Mozart,  Haydn, 
Salieri  etÂlbrechtsberger,  il  entretint  dans  ses 
relations  avec  ces  illustres  artistes  le  goût  de 
Fart  pur,  et  le  cultiva  avec  beaucoup  d'acti- 
vité. Il  mourut  le  26  janvier  1803,  à  Page  de 
soixante -treize  ans.  Vers  1772,  il  avait  voyagé 
en  Allemagne,  en  Bohème  et  en  Italie.  Parmi 
ses  compositions,  dont  la  plus  grande  partie 
est  restée  en  manuscrit,  on  remarque  six 
messes, quatre  7*9 />et(m, cinquante  antiennes, 
plusieurs  vêpres,  motets,  hymnes,  graduels  et 
offertoires,  un  Requiem,  deux  oratorios 
{Samson  et  Giuteppe  riconosciuto),  quelques 
petits  opéras  etdes  pièces  d'orgue.  On  a  publié 
de  ces  ouvrages  :  1<>  8  Fughe  seconda  Vordine 
de'  iuoni  eccîesiastici  per  Vorgano  o  eîavi- 
cembalo,  op.  1  ;  Vienne,  Artaria,  1793. 
2<>  8  Fughe  seconda  VA  B  C  di  musiea  per 
Vorgano  o  clavicembalo ,  op.  2  ;  ihid. 
Z'^S  idem,  op.  3;  Vienne,  Kozeluch.  4"  Re- 
quiem à  quatre  voix,  orchestre  et  orgue  ;  Mu- 
nich, Sidler.  5«  Terra  tremuit,  motet  à  quatre 
voix  et  orchestre  ;  Vienne,  Haslinger. 

PA8T0U  (Étibkwb-Jear-Baptistb),  né  au 
Vigan  (Gard),  le  26  mai  1784  (1),  fut  destiné 
dès  son  enfance  à  la  profession  de  musicien, 
et  reçut  une  éducation  libérale;  mais  son  pen- 
chant pour  rélat  militaire  lui  fit  déserter,  en 
1802,  le  pensionnat  où  il  avait  été  placé,  pour 
s'engager  dans  un  régiment  d'infanterie.. 
Après  avoir  servi  pendant  les  guerres  de  l'em- 
pire, et  avoir  obtenu  successivement  tous  les 
grades  jusqu'à  celui  de  capitaine  de  voltigeurs, 
il  donna  sa  démission,  en  1815.  Les  preuves 
de  courage  qu'il  avait  données  et  quelques 
blessures  lui  avaient  fait  décerner  la  décora- 
tion de  la  Légion  d'honneur.  Fixé  à  Rouen,  en 
1816,  il  y  avait  repris  ses  travaux  comme  mu- 
sicien ;  ce  Hit  alors  qu'il  conçut  le  plan  d'un 
enseignement  de  la  musique,  qu'il  a  depuis 
désigné  sous  le  nom  de  Lyre  harmonique.  Il 
ouvrit  bientôt  des  cours  de  cet  enseignement, 

(1)  Cette  date,  différente  de  celle  de  la  première  édi- 
tion de  la  Biographie,  m'o  été  fournie  par  M.  De  Bcau- 
clieane,  seeréuire  du  Conscr? atoirc  impérial  de  masiqae 
de  Paris,  d'après  des  actes  auihenllques. 

BIOCR.  UNIV.  DES  HI}SICIENS.  —  T.  VI. 


et  les  alla  continuer  à  Paris,  en  1810.  Le 
1*'  septembre  de  la  même  année,  il' entra  au 
Théâtre  Italien,  en  qualité  de  premier  violon  ; 
mais  le  succès  progressif  de  sa  méthode 
l'ayant  porté  à  ouvrir  jusqu'à  cinq  cours  jour- 
naliers où  se  trouvaient  réunis  plusieurs  cen- 
taines d'élèves,  il  fut  obligé  de  donner  sa  dé- 
mission de  cette  place,  en  1821 .  Dans  le  même 
temps,  il  publia  la  première  édition  de  l'ex- 
posé de  sa  méthode,  qui  parut  sous  ce  titre  : 
Ecole  de  la  lyre  harmoniqiie.  Cours  de  mu- 
sique vocale,  ou  Recueil  méthodique  de  leçons 
de  J,'B,  Pastou;  Paris,  1821,  in-4».  Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage,  en  un  vo- 
lume in-8<',  fut  publiée  l'année  suivante.  Cette 
méthode,  basée  sur  l'enseignement  collectif, 
se  fait  remarquer  par  quelques  procédés  par- 
ticuliers destinés  à  faciliter  l'intelligence  des 
principes  aux  élèves.  Elle  a  obtenu  du  succès, 
car  M.  Richault,  devenu  propriétaire  de  l'ou- 
vrage, en  a  publié  la  septième  édition.  Entré 
au  Conservatoire  de  musique  de  Paris,  le 
19  octobre  1835,  pour  y  faire  un  cours  d'essai 
de  sa  méthode,  Pastou  a  été  nommé  pro- 
fesseur de  cette  école,  le  8  juin  1836.  Il  joi- 
gnait à  ce  titre  celui  de  directeur  d'une  école 
spéciale  de  musique.  Ce  professeur  est  mort 
aux  Ternes,  près  de  Paris,  le  8  octobre  1851. 
Comme  compositeur,  il  a  publié  :  l»  Duos  pour 
deux  violons,  livre  1*';  Paris,  Leduc.  ^  Duos 
pour  deux  guitares,  op.  1  ;  Paris,  Carli.3oDuos 
pour  guitare  et  violon;  ibid,  4**  Duos  pour 
deux  violons,  livre  2.  5<>  Contredanses  pour 
guitare  et  flûte  ou  violon  op.  7;  Paris,  Gam- 
baro.  G'^  Thème  varié  pour  guitare  seule, 
op.  8  ;  ibid,  7^  Quelques  morceaux  détachés 
pour  le  même  instrument,  op.  10;  Paris,  Mar- 
tinn.  On  a  aussi  de  Pastou  une  Méthode  pour 
le  violon  ;^SiriSy  B.  Latte. 

PATiNO  (D.  Chables),  prêtre  et  compo- 
siteur espagnol  du  dix-septième  siècle,  est  un 
des  maîtres  dont  les  œuvres  de  musique» 
sont  les  plus  estimées  dans  sa  patrie.  Les  ou- 
vrages de  cet  artiste  sont  en  si  grand  nombre, 
qu'il  est  peu  de  cathédrales  et  de  collégiales 
qui  n'en  possèdent  en  manuscrit.  Patifio  obtint, 
en  1660,  la  place  de  maître  de  chapelle  du 
monastère  de  l'Incarnation,  à  Madrid,  et  mou- 
rut dans  cette  position  en  1683.  Il  eut  pour 
successeur  immédiat  le  maître  Roldan  {voyez 
ce  nom).  Les  œuvres  de  PatiBo  sont  toutes 
composées  à  deux  ou  trois  chœurs,  suivant  le 
goût  général  de  cette  époque  en  Italie  et  en 
Espagne.  Les  couvents  de  TEscurial  et  de  l'In- 
carnation en  contiennent  un  grand  nombre. 
M.  Eslava  {yoyez  ce  nom)  a  publié  de  cet  au- 

30 


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461 


PATiNO  —  PAUER 


leur  en  partUton  la  messe  intitulée  In  Pevo- 
tioney  à  huit  voix,  en  deux  chœurs,  dans  la 
Lira  taero -hispano  (tome  I'',  de  la  deuxième 
série,  dix -septième  siècle)  :  elle  est  fort  bien 
écrite,  et  les  deux  chœurs  dialoguent  bien. 

PATOW  (Miss).  Foyez  WOOD  (madame). 

PATOUART  (....),  maître  de  harpe  à 
Paris,  y  vivait  en  1780,  mais  ne  figurait  plus 
au  nombre  des  professeurs  de  cet  instrument 
en  1788.  Il  a  fait  graver  de  sa  composition 
deux  œuvres  de  sonates  pour  la  harpe,  et 
quelques  recueils  d*airs. 

PATRICI  (Frihçois),  évèque  de  Gaeie, 
en  1460,  était  né  à  Sienne,  et  mourut  en 
1480.  On  a  de  lui  un  livre  intitulé  :  De  intti- 
iutione  ReipubUcjf  lihri  novem,  hiUoria- 
rum,  tententiarumque  varietaU  refertis^ 
simi;  Paris,  Galiot-Dupré,  1518,  petit  in-folio 
gothique.  Cet  ouvrage  fut  publié,  après  la 
mort  de  Tauteur,  par  Savigni,  qui  y  a  joint 
<les  noies.  Le  second  livre  traite  de  Arithme- 
îica,  Geometria,  Musica  et  Asîronomia, 
Un  autre  livre  de  Patrici  a  pour  titre  :  De 
Regno  et  Régit  institutione ,  libri  JX;  Paris, 
1580.  Il  parait  que  c*est  une  réimpression.  Le 
.chapitre  15™^  du  second  livre  traite  de  la  mu- 
siquey  de  son  utilité  et  de  son  influence  sur 
V éducation  morale  des  princes, 

PATHIZZI  (François),  philosophe  du  sei- 
zième siècle,  né  en  1529,  dans  Plie  de  Cherso, 
en  Dalmatie,  mourut  à  Rome,  en  1597.  Au 
nombre  de  ses  écrits,  on  trouve  un  livre  inti- 
tulé :  Délia  Poelicadeea  istoriale,  deçà  dispu- 
tata;  Fcrrare,  1586,  in-4».  Les  5«,  6*et  7«  livres 
de  la  seconde  partie  traitent  de  la  manière 
de  chanter  des  Grecs,  et  de  leurs  télracordes. 
Patrizzi  y  attaque  la  théorie  d^Aristoxène  avec 
toute  Tacrimonie  que  lui  inspiraient  Aris- 
tole  et  ses  sectateurs.  E.-L.  Gerber  (m  Bio* 
graph,  Lex.  der  Tonkunst,)  et  d'après  lui, 
les  auteurs  du  Dictionnaire  historique  des 
'musiciens  (Paris,  1810-1811)  ont  confondu 
Patrizzi  avec  François  Patrici ,  é  véque  de  Gaeie, 
dont  il  est  parlé  à  Tarticle  précédent;  mais 
Gerber  a  rectifié  cette  erreur  dans  son  nou- 
veau Dictionnaire  des  musiciens  (Nettes 
Biogr.  Lex.  der  Tonkunst.).  Bottrigari  a 
réfuté  la  critique  de  Patrizzi  dans  son  livre 
intitulé  :  Il  Patricio,  overo  de'  tetracordi 
armonici  di  Jristosseno  {voyez  Bottiiigari 
et  Meloub). 

PATIIE  (GnARLES-ÉDOUAnD),  pianiste  et 
compositeur  pour  son  instrument,  est  né  en 
1811,  à  Hummel,  près  de  Liegnitz  (Silésie). 
Son  père,  eantor  et  organiste  dans  ce  lieu, 
lui  enseigna  le  clavecin,  Porgue  cl  le  violon, 


ainsi  que  la  théorie  de  Tharmonie;  ensuite  il 
se  rendit  à  Breslau,  où  son  éducation  musicale 
fut  terminée  par  le  directeur  de  musique 
Ernest  Ricbter.  Après  avoir  été,  pendant 
quelques  années,  professeur  de  musique  dans 
une  petite  ville  de  1* Autriche,  il  se  fixa  à 
Posen,  en  1859,  comme  professeur  de  piano. 
Il  a  publié  quelques  ouvrages  élémentaires 
pour  cet  instrument  et  des  pièces  de  salon. 

PATTA  (le  P.  Séraphin),  né  à  Milan,  dans 
la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  fut 
moine  de  Montcassin  et  organiste  de  Téglise 
Saint-Pierre  de  sa  ville  natale.  On  a  imprimé 
de  sa  composition  :  1<*  Sacra  cantica  a  una, 
due  être  voci  con  le  litanie  délia  B.  Firgine, 
a5voci;  in  Fene(ia,app.  G.  Fincenti,  1C00. 
Cet  ouvrage  a  reparu  en  1611,  avec  un  nou- 
veau frontispice.  3*  Sacrarum  cantionum 
1,  2^3;  4  et  5  vocibus.  Liber secundus;  ibîd., 
1613. 

PATTE  (Pierre),  architecte  du  duc  de 
Deux-Pools,  naquit  à  Paris,  le  3  janvier  1723. 
Après  avoir  achevé  ses  études  dans  cette  ville, 
il  visita  Pllalie  et  TAngleterre,  puis  se  livra 
à  la  rédaction  de  beaucoup  d^ouvrages  relalifs 
à  son  art,  parmi  lesquels  on  remarque  celui 
qui  a  pour  titre  :  Essai  sur  l'architecture 
thédtrale,  ou  de  l'ordonnance  la  plus  avan- 
tageuse à  une  salle  de  spectacle,  relativement 
aux  principes  de  l'optique  et  de  l'acousti- 
que ]  avec  un  examen  des  principaux  théâ- 
tres de  l'Europe,  et  une  analyse  des  écrits 
les  plus  importants  sur  cette  matière;  Paris, 
Moutard,  1783,  1  vol.  in-8<»  avec  planches. 
Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  italien,  et  im- 
primé à  la  suite  du  livre  du  docteur  Ferrario 
intitulé  :  Storia  e  descrizione  de'  prineipali 
teatri  antiehi  e  modemi;  Milan,  1830, 1  vol. 
in-8<*  avec  planches.  Patte  mourut  à  Mantes, 
le  19  août  1814,  à  Tâge  de  quatre-vingt-onze 
ans. 

PATTERSOI^  (Robert),  médecin  à  Phi- 
ladelphie, a  fait  imprimer  dans  les  Transac- 
tions oflhe  American  Society  (t.  III,  p.  139) 
une  lettre  sur  un  nouveau  système  de  notation 
musicale. 

PAUER  (Ernest),  planiste  et  compositeur, 
est  né  à  Vienne  (Autriche),  le  31  décembre 
1826.  Dès  ses  premières  années,  il  montra  des 
dispositions  pour  la  musique.  Son  premier 
maître  de  piano  fut  un  musicien  hongrois, 
nommé  Théodore  Dirzka,  et  Simon  Sechter 
lui  enseigna  la  composition.  En  1840,  il  reçut 
des  leçons  de  piano  de  A.  Mozart,  fils  de 
rillustrecomimsiteurdecenom.  Ses  premières 
compositions  parurent  à  Vienne,  en  1840; 


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PAUER  -  PAULI 


467 


'elles  oblinrent  du  succès  dans  le  monde  et 
commencèrent  sa  réputation.  Cinq  ans  après, 
il  se  rendit  à  Munich*  et  y  reçut  des  leçons  de 
François  Lachner  jusqu^en  1847.  Au  mois 
d*avril  de  cette  même  année,  il  fut  nommé 
directeur  de  musique  à  Mayence  où  il  séjourna 
jasqu*en  1851.11  y  termina  plusieurs  grandes 
compositions  parmi  lesquelles  on  remanfue 
des  concertos  pour  le  piano  et  les  opéras  Don 
Riego  et  les  Manques  rouget  :  ce  dernier  fut 
représenté  à  Manheim  et  à  Mayence.  En  1851, 
il  alla  passer  six  semaines  à  Londres,  et  joua 
dans  les  concerts  de  l'Union  musicale  et  de 
la  société  philharmonique  :  son  succès  y  fut 
si  brillant,  qu'on  le  pressa  pour  qu'il  se  fixât 
dans  celle  ville.  Il  s'y  établit  en  effet  à  la  fin 
de  l'année  1852,  et  bientôt  il  y  eut  un  nombre 
considérable  d'élèves  dans  la  haute  société. 
Ses  compositions  pour  le  piano,  ses  sonates, 
trios,  quintettes,  symphonies,  ouvertures  et 
concertos  l'ont  classé  parmi  les  maîtres  les 
plus  estimés,  et  lui  ont  créé  une  position 
aussi  agréable  qu'indépendante  dans  la  capi- 
tale de  l'Angleterre.  Dans  les  années  1854, 
1850  et  1857,  il  a  fait  des  voyages  d'artiste  en 
Allemagne.  En  1855,  il  reçut  le  titre  de  maître 
de  concerts  du  grand-duc  de  Hesse,  et  dans  la 
même  année,  il  fut  nommé  professeur  de  l'aca- 
démie royale  de  musique  de  Londres;  enfin, 
l'empereur  d'Autriche  lui  accorda  la  grande 
médaille  d'or  pro  liUeris  et  artibus.  A  l'ex- 
position internationale  de  Londres,  j'ai  eu  le 
plaisir  d'avoir  pour  collègue  dans  le  jury 
M.  Pauer,  qui  a  fait  preuve  dans  ses  fonctions 
d'autant  d'activité  que  de  bienveillance  et 
d'impartialité.  J'ai  pu  apprécier  alors  ses 
qualités  excellentes  comme  homme,  et  son 
talent  gracieux,  élégant,  correct  et  pur.  Ses 
œuvres  publiées  jusqu'à  ce  jour  (1802)  sont 
au  nombre  de  quatre-vingts.  En  1801,  il  a  fait 
jouer  à  Manheim  avec  succès  l'opéra  de  sa 
comi>osition  intitulé  le  Fiancé» 

PAUFLER  (Cheétien-Henri),  magister  et 
recteur  du  collège  de  la  Croix,  à  Dresde,  na- 
quit à  Schneeberg,  le  14  août  1703,  et  mourut 
à  Dresde,  le  1^  octobre  1800.  Après  sa  mort,  on 
recueillitdans  ses  papiers  un  |>etil  écrit  qui  fut 
publié  sous  ce  titre  :  Gedanken  uber  die  offent- 
lieheSingen  det  SekUler  aufden  Gassen,  nebst 
Nachrichten  und  Bitte  der  j4lumneum  und 
diê  Corrende  der  Kreuzsehule  in  Dresde  6c- 
treffend  (Idées  sur  les  chants  des  étudiants  dans 
les  rues,  etc.);  Dresde,  Gœrtner,  1808,  in-4« 
de  quatre  feuilles.  Cet  écrit  est  relatif  à  l'an- 
cien usage  dans  quelques  villes  de  l'Allemagne, 
parlicullèremcnt  à  Dresde,  qu'ont  les  étu- 


diants pauvres  de  chanter  à  certains  jours, 
vers  le  soir,  à  la  porte  des  maisons  de  per- 
sonnes riches  ou  aisées,  pour  obtenir  des  se- 
cours qui  les  aident  à  faire  leurs  études. 

PAULD'AREZZO.  Toyez  AllETIHUS 
(Paui). 

PAUf.  DE  FERRAUE  (en  latin  PAU- 
LUS  FERRARIEIVSIS),  ainsi  nommé  du 
lieu  de  sa  naissance,  vécut  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle,  et  fut  moine  bénédictin  de  la 
congrégation  de  Mont-Cas&in.  On  connaît  sous 
son  nom  un  recueil  de  compositions  pour 
l'église  intitulé  :  Passiones,  Lamentationes, 
Responsoria,  Benedictus,  Miserere  et  alia 
ad  o/ficium  hebdomadse  sanctas  pertinentia 
quatuor  vocibus -y  Fenetiis,  apud  Hier.  Sco- 
tum,  1505. 

PAUL  ATI  (AîTORÉ),  compositeur  de  l'école 
vénitienne,  et  chanteur  contralto  de  la  cha- 
pelle ducale  de  Saint-Marc,  vivait  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle.  Il  fit  repré- 
senter à  Venise,  en  1713,  l'opéra  f  veri 
Amicij  qui  fut  remis  en  scène  en  1723. 

PAULI  (Godefroid-Albebt)  ,  né  à  Gas- 
senau,  près  de  Kœnigsberg,  au  mois  d'avril 
1085,  fut  docteur  en  philosophie  et  en  théo- 
logie, archiprélre  de  l'église  de  Saalfeld,  pas- 
leur  de  cette  ville,  et  conseiller  du  consistoire 
des  églises  de  la  Poméranie.  Il  mourut  à 
Saalfeld,  le  20  janvier  1745.  A  l'occasiou  de 
l'installation  du  canfor  Edier  dans  celte  ville 
(Prusse),  il  prononça  et  fit  imprimer  un  dis- 
cours'latin  intitulé  :  Tractatus  de  choris pro- 
phetarum  symphoniacis  in  eccktia  Dei, 
.  Rostock,  1710,  in-4«.  Il  y  traite  de  Pusagede 
la  musique  dans  les  églises,  et  cite  l'autorité 
de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament  pour 
démontrer  son  utilité  dans  le  service  divin. 
Dans  un  Appendix,  Pauli  traite,  en  soixanle- 
dix-sept  questions,  du  savoir,  des  devoirs  et 
des  attributions  d'un  cantor. 

PAULI  (Charles),  maître  de  danse  à  Gœt- 
tingue,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  a  fait  imprimer  une  dissertation 
intitulée  :  Musik  und  Târnze  (Musique  et 
danse),  dans  le  Magasin  de  Golha  (Gothais- 
chen  Magazin,  ann.  1777,  t.  II,  n«2). 

PAULI  (Jean-Adah-Fiiédéric),  cantor 
à  Greitz,dans  le  Yoigtland,  mourut  dans  cette 
ville  à  la  fin  de  1703,  ou  au  commencement  de 
1794.  Il  laissa  à  ses  héritiers  deux  années  com- 
plètes de  musique  d'église  de  sa  composition.  Sa 
veuve  en  proposa  la  vente  dans  le  Correspon- 
dant de  Hambourg  (1704),  avec  une  collection 
de  psaumes  et  d'autres  morceaux  de  musique 
religieuse  composés  par  liasse,  Graun,  Tele- 


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4G8 


PAULI  -  PAUSANIÂS 


roann,Homilius,  Georges  BeDda,  Wolf,  Doles, 
Reichapdt,  Taeg,  Krebs,  etc.,  qu'il  avait  re- 
cueillis. 

PAULI  (G.-D.),  flûtiste  du  grand  théâtre 
de  la  Scala,  à  Milan,  vers  1840,  a  publié  de  sa 
composition  :  \^  Andantino  (Sour  deux  flûtes; 
Milan,  Ricordi.  ^  RaccoUa  di  diversipezzi 
per  2  flauti,  ibid. 

PAULII^I  (Mahcus-Fabius),  né  à  Udine, 
fut  professeur  de  littérature  grecque  à  Venise, 
vers  la  fin  du  seizième  siècle.  Le  vers  de  Vir- 
gile : 

Obliquitur  numerit  gepttm  dUerimina  wteum 

lui  a  fourni  le  sujet  d*un  livre  bizarre*  qui  a 
pour  titre  :  BebdomadeSj  de  numéro  septe- 
nario  libri  septem  ;  Venise,  1589,  in-4<*.  Les 
livres  2«,  3*  et  A*  traitent  uniquement  de  la 
musique  et  de  Tastrologie  Judiciaire,  entre 
lesquels  Paulini  trouvait  beaucoup  d'analogie. 
Forkel  donne,  dans  sa  Littérature  générale  de 
la  musique,  le  détail  des  questions  contenues 
dans  chaque  chapitre  (Mlgem,  Literatur  der 
Muiik,  p.  70-72). 

PAULLUNI  (Chaétien-Fbéoékic),  docteur 
en  médecine,  né  à  Eisenach,  le  35  février 
164S,  mourut  dans  cette  ville,  le  16  juin  1712. 
Il  a  fait  insérer  dans  le  recueil  intitulé  Philo- 
topkischen  Luttetunden  (Récréations  philo- 
sophiques) une  dissertation  où  il  examine 
cette  question  :  Si  Saul  a  été  guéri  par  la 
musique,  et  de  quelle  manière  il  a  pu  l'être 
{Philosoph,  Lustst,;  Francfort  et  Leipsick, 
1706,  in-8»,  partie  I,  n»  28,  pages  193-199). 

PAULMANBI  (Conbad),  d'origine  noble, 
naquit  aveugle  à  Nuremberg,  au  commence- 
ment du  quinzième  siècle.  Il  apprit  la  mu- 
sique dans  sa  Jeunesse  et  devint  habile  sur 
rorgue,  le  violon,  la  guitare,  la  flûte,  la 
trompette  et  plusieurs  autres  instruments. 
Plusieurs  princes  rappelèrent  à  leurs  cours, 
et  lui  firent  de  riches  présents:  ainsi,  Paul- 
mann  reçut  de  Pempereur  Frédéric  III  un 
sabre  avec  une  poignée  d'or  et  une  chaîne  du 
même  métal  ;  le  duc  de  Ferrare  lui  fit  cadeau 
d'un  manteau  richement  brodé,  et  Albert  III, 
duc  de  Bavière,  lui  accorda,  ainsi  qu'à  sa 
femme  et  à  ses  enfants,  un  traitement  annuel 
de  quatre-vingts  florins  du  Rhin.  Paulmann 
mourut  à  Munich,  le  24  juin  1473,  et  fut  in- 
humé en  dehors  de  Frauen-Kirche,  Sur  le 
marbre  de  son  tombeau,  où  il  est  représenté 
Jouant  de  l'orgue,  on  a  placé  cette  inscrip- 
tion, en  vieux  allemand  : 

Anno  MCCCCLXXIII  an  Sant-Paul  Beke- 
ruDgs  Abent  ist  geslorbcn  und  hic  begraben 


der  Kunstreichist  aller  Instrumenlen  und 
der  Musica  Maister  Conrad  Paulhahr  Riter 
Burtig  von  Nurnberg  und  Blinter  geboren. 
Dem   Gott  Genad. 

C'est-à-dire  :  u  L'an  1473,  veille  du  jour 
u  de  la  conversion  de  saint  Paul,  est  mort 
a  et  a  été  enterré  ici  le  plus  grand  artiste 
«  sur  tous  les  instruments  et  le  maître  de 
«  musique  Conrad  Paulmann,  chevalier,  de 
«  Nuremberg,  né  aveugle.  Que  Dieu  lui  soit 
<  en  aide  !  » 

Je  ne  sais  où  Riesewetter  a  pris  que  Paul- 
mann a  inventé  la  tablature  du  iuth  (^- 
schichte  der  Europ.  Abendland,  oder  never 
heutigen  Musih,  p.  59).  De  quelle  tablature 
veut-il  parler.'  Il  y  en  a  de  quatre  systèmes 
différents  pour  le  luth,  et  la  dernière  per- 
sonne qui  devait  songer  à  imaginer  un  de  ces 
systèmes  d'écriture  de  la  musique,  était  un 
musicien  aveugle  de  naissance! 

PAULSEN  (  Cbables  -  Fréd^bic  -  Ferdi- 
HANo),  organiste  de  l'église  de  Sainte-Marie,  à 
Flensbourg,  naquit  le  11  février  1763,  et 
n'était  âgé  que  de  dix-huit  ans  lorsqu'il  entra 
en  fonctions  dans  sa  place  d'organiste.  En 
1804,  il  voyagea  pour  donner  des  concerts,  et 
visita  Hambourg,  Altona  et  Copenhague.  On 
ignore  la  date  de  sa  mort.  Il  a  publié  à 
Flensbourg,  depuis  1792  Jusqu'en  1798,  quel- 
ques petites  compositions  pour  le  piano  et 
pour  le  chant. 

PAUI^ILLIUS  (Sébastien),  né  à  Alx,  en 
Provence,  au  commencement  du  seizième 
siècle,  n'est  mentionné  ici  que  pour  rectifier 
l'erreur  de  quelques  bibliographes  qui  ont 
classé  un  de  ses  ouvrages  parmi  les  écrits  sur 
la  musique.  Ce  livre  a- pour  titre  :  Trium- 
phus  musicus  super  inauguratione  R.  Prss- 
sulis,  etc.;  Antwerpite ,  ex  officina  GuilL 
Silvii  regii  Typog.,  1565,  in-4*  de  vingt- 
deux  pages.  Bien  que  cet  opuscule  porte  le 
titre  de  Triumphus  musicus,  il  n'y  est  pas- 
question  de  musique,  car  c'est  l'éloge  d'un 
personnage  belge  de  distinction. 

PAUSAJNIAS,  historien  grec,  écrivait 
dans  la  seconde  moitié  du  deuxième  siècle,  et. 
naquit  vraisemblablement  vers  Pan  130,  à  Ce- 
sarée  de  Cappadoce.  Il  parcourut  la  Grèce  et 
l'Italie,  l'Espagne,  la  Macédoine,  l'Asie  Mi- 
neure, la  Palestine,  l'Egypte,  et  mourut  à 
Rome,  dans  un  âge  avancé.  Le  Foyage  en 
Grèce j  qui  nous  reste  de  lui,  fournit  de  cu- 
rieux renseignements  sur  les  monuments  des- 
arts, et  renferme  des  notices  sur  plusieurs 
musiciens  de  l'antiquité  et  sur  divers  objets 
relatifs  à  la  musique.  Cet  ouvrage  est  divisé  ea 


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PAUSANIAS  —  PAUWELS 


4  g:) 


dix  livres.  Les  éditions  grecques  et  latines  da 
livre  de  Pausanias  données  par  Facius  (Leip- 
«ick,  1794-1797,  quatre  volumes  in-8^),  et 
par  Siebelis  (Leipsick,  1823-1829,  cinq  vo- 
lumes tn-8«),  et  les  éditions  grecques  de 
SchœfTer  (Leipsick,  1818,  trois  volumes  in-12) 
et  de  M.  Bekker  (Berlin,  1826,  deux  volumes 
in-8<>)  sont  estimées.  L*édition  grecque  et 
latine  de  ta  collection  de  MK.  Firmin  Didot, 
revue  par  Louis  Dindorf,  est  très-correcte. 
Clavier,  à  qui  Ton  doit  une  bonne  traduction 
française  de  cet  ouvrage  (Paris,  1814-1821, 
six  volumes  in-8*),  a  aussi  donné  le  texte 
revu  sur  plusieurs  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Paris. 

PAUSCII  (Eugène),  né  en  1758,  à  Neu- 
markt  (Bavière)',  montra  dès  ses  premières 
années  d'heureuses  dispositions  pour  la  mu- 
sique. Après  avoir  fait  ses  premières  études 
dans  le  lieu  de  sa  naissance,  il  entra  à  Tâge 
de  onze  ans  comme  enfant  de  chœur  à  Téglise 
de  Neubourg,  et  y  reçut  une  instruction  plus 
solide,  particulièrement  dans  la  musique.  En 
1775,  il  se  rendit  à  Amberg  pour  y  suivre  des 
cours  de  philosophie  et  de  théologie  :  il  y 
composa  la  musique  d*un  mélodrame  intitulé 
Jephté,  pour  la  distribution  des  prie  du  sémi- 
naire. Deux  ans  après,  Pauscb  entra  au  mo- 
nastère  des  Norbertins,  à  Waldcrbach.  Après 
y  avoir  achevé  ses  études  de  théologie,  il  fut 
ordonné  prêtre,  et  chargé  de  Tinstruction 
musicale  des  séminaristes  et  de  la  direction 
du  chœur.  Il  écrivit  alors  beaucoup  de 
messes,  d^offerloires  et  de  motets,  dont  la 
t>lupart  se  répandirent  en  manuscrit  dans  la 
Bavière,  et  même  dans  d*autres  parties  de 
PAIleroagne.  De  toutes  ses  productions  on  n*a 
imprimé  que  les  suivantes  :  1«  Six  messes 
brèves  et  solennelles,  sept  motets  et  une  messe 
de  Requiem,  à  quatre  voix,  deux  violons,  deux 
cors,  orgue  et  basse;  Dillingen,  1790,  in-fol, 
2o  Te  Deum  solennel,  à  quatre  voix,  orgue  et 
orchestre  ;  Augsbourg,  Lotter,  1791 . 5»  Ptalmi 
vespertini,  adjunetis  4  JntiphonU  Ma- 
riants  4  t70C. ,  cum  organ.  ae  instrum. , op.  5  ; 
ibid,  4*  0  Miti»  breveSy  solemnes  tamen, 
quorum  uUima  de  Requiem,  op.  4;  ibid. 
5®  7  Miseag  brèves  ac  solemnes,  quorum 
prima  pastoritiOj  ultima  vero  de  Requiem, 
op.  5  ;  ibid.  Le  P.  Pausch  vivait  encore  en 
1858  ;  il  était  alors  âgé  de  quatre-vingts 
ans. 

PAUW  (CoB5CiLLc),  né  à  Amsterdam, 
en  1739,  fit  ses  études  à  Liège,  sous  la  direc- 
tion d*nn  parent  qui  était  chanoine  de  la 
cathédrale  de  cette  ville,  puis  obtint  un  cano- 


nicat  à  Xanten,  dans  le  duché  de  Clèves,  et 
mourut  dans  cette  ville,  le  7  juillet  1799.  On 
a  de  lui  des  livres  remplis  de  paradoxes  et 
d^asserlions  hasardées,  sous  les  titres  de  : 
Recherches  philosophiques  sur  les  Améri» 
coins  (Berlin,  1768,  deux  volumes  in-8°)  ;  Re^ 
cherches  philosophiques  sur  les  Égyptiens  et 
les  Chinois  (Londres,  1774,  deux  volumes 
in-8«),  et  Recherches  philosophiques  sur  les 
Grecs  (Berlin,  1788,  deux  volumes  in-8«)  :  les 
deux  derniers  ouvrages  renferment  des  consi- 
dérations sur  la  musique  qui  n*ont  aucune 
solidité! 

PAUWELS  (Jean-Erglebert)  ,  fils  de 
Jean  Pauwels,  chanteur  [de  la  chapelle  royale 
des  archiducs  gouverneurs  des  Pays-Bas,  na- 
quit à  Bruxelles,  le  26  novembre  1768,  et  non 
en  1771,  comme  le  disent  Choron  et  Fayolle 
{Dictionnaire  historique  des  musiciens) , 
ainsi  que  le  prouve  le  registre  de  naissances  de 
la  paroisse  de  Saint-Géry,  où  j'ai  recueilli  la 
date  que  je  donne.  Une  requête  présentée  par 
la  mère  de  Pauwels,  en  1781,  à  Tarchiduc 
Charles  (1),  prouve  qu'il  était  entré  Tannée 
précédente  dans  la  chapelle,  en  qualité  d'en- 
fant de  chœur.  Il  y  reçut  des  leçons  de  violon 
de  Yan  Malder,  et  plus  tard  Witzthumb  lui 
enseigna  les  règles  de  l'harmonie.  Les  événe- 
ments de  la  guerre  des  patriotes  brabançons 
le  décidèrent  à  se  rendre  à  Paris  vers  la  fin  de 
1788;  Il  s'y  lia  d^amitié  avec  quelques-uns 
des  artistes  les  plus  célèbres  de  cette  époque 
et  reçut  d'eux  des  conseils  pour  le  perfection- 
nement de  son  talent  d'exécution,  et  pour  ses 
compositions.  Lesueur  devint  en  particulier 
son  guide  pour  cette  partie  de  l'art.  L'organi- 
sation de  l'Opéra-Italien  qui  fut  établi  à  cette 
époque  k  la  foire  Saint-Germain  lui  procura 
un  emploi  parmi  les  seconds  violons  de  l'ex- 
cellent orchestre  que  Violti  avait  formé  :  ce 
fut  en  écoutant  les  célèbres  chanteurs  de  cette 
époque,  parmi  lesquels  on  remarquait  Yiga- 
noni,  Handini  et  madame  Morichelli,  que 
Pauwels  forma  son  goût  et  apprit  ce  que  peut 
ajouter  au  mérite  de  la  meilleure  musique  le 
charmed'une  exécution  parraite.  Une  aventure 
d'amour  avec  une  actrice  fort  jolie  lui  fil 
quitter  brusquement  Paris,  pour  la  suivre  à 
Strasbourg,  où  il  arriva  dans  les  derniers  mois 
de  1790.  Sa  maîtresse  lui  fil  obtenir  alors  la 
place  de  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  cette 
ville  ;  mais  bientôt  dégoûté  d'une  position  peu 
'convenable  pour  son  talent,  il  céda  aux  solli- 

(I)  Celle  pièce  m  trouve  aux  archives  du  royaume 
de  Belgique,  parmi  cellcf  qui  concernent  la  cliapelle 
royale,  dans  le  carton  n*)  1383. 


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470 


PAUWELS  -  PAVESl 


citations  de  sa  famille  et  revint  à  Bruxelles 
en  1791.  Il  s*y  fit  entendre  au  Concert  noble, 
dans  un  concerto  de  violon  de  sa  cjDmposition, 
et  excita  Tadmi  ration  de  ses  compatriotes  :  Vo- 
riginalité,  la  grâce  et  Texpression  donnaient 
à  son  talent  un  caractère  particulier  qui  ne 
s^était  rencontré  jusque-là  dans  le  jeud^aucun 
violoniste  du  pays.  La  place  de  premier  violon 
de  Torchestre  du  théâtre  de  Bruxelles  lui  fut 
bientôt  accordée  :  il  ne  quitta  cet  emploi  que 
pour  celui  de  directeur  du  même  orchestre  en 
1794,  et  dès  lors  il  imprima  un  mouvement 
d^avancement  à  la  musique  de  Bruxelles  par 
le  soin  qu*il  mit  dans  Texécution  des  beaux 
opéras  de  cette  époque.  En  1799,  il  se  lia  avec 
Godecharles  (voyez  ce  nom)  pour  rétablisse- 
ment d*un  concert,  et  son  frère  atné,  ancien 
musicien  de  la  chapelle  des  archiducs,  qui 
avait  été  son  tuteur,  acheta  pour  lui  la  belle 
salle  du  Concert  noble.  Les  concerts  dirigés 
par  Pauwels  pendant  plusieurs  années  furent 
les  meilleurs  qu*on  ait  entendus  en  Belgique, 
jusqu*au  temps  où  ceux  du  Conservatoire  de 
Bruxelles  ont  révélé  une  perfection  d*exé- 
cution  jusqu^alors  inconnue.  Pendant  son 
séjour  à  Paris,  il  avait  fait  graver  :  i^Sïx 
duos  pour  deux  violons;  Paris,  Naderman. 
De  retour  à  Bruxelles,  il  y  publia  :  S»  Trois 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse, 
©p.  2;  Weissenbruch.  5®  Premier  concerto 
pour  violon  principal  et'  orchestre;  ibid. 
4<*  Premier  concerto  pour  cor  et  orchestre; 
ibid.  5**  Trois  polonaises  pour  voix  de  soprano 
et  orchestre  ;  ibid,  6<>  L'Amitié^  duo  pour  so- 
prano et  ténor,  avec  orchestre  ;  ibid.  Mais  le 
nombre  des  productions  quMl  a  laissées  en 
manuscrit  est  beaucoup  plus  considérable  que 
celui  des  oeuvres  qu'il  a  fait  graver;  on  y  re- 
marque des  concertos  de  violon,  plusieurs 
symphonies,  des  messes,  deux  airs  de  basse 
avec  orchestre,  composés  pour  ses  concerts, 
et  beaucoup  d'autres  morceaux  détachés.  Il 
écrivit  aussi,  pour  le  théâtre  de  Bruxelles, 
'  trois  opérais-comiques,  la  Maisonnette  dans 
les  bois,  V Auteur  malgré  /ut,  et  Léontine  et 
Fonrose,  en  quatre  actes,  son  meilleur  ou- 
vrage. Quoiqu'il  y  eût  du  mérite  dans  ces  pro* 
ductions,  particulièrement  dans  la  dernière, 
où  Ton  remarquait  une  bonne  ouverture  qui  a 
été  gravée  à  grand  orchestre  et  qu*on  a  sou- 
vent entendue  dans  les  concerts,  le  finale  du 
premier  acte,  un  hymne  à  Tharmonie  pour 
trois  voix,  un  bon  air  bouffe  et  un  air  de  so-  • 
prano,  elles  n'ont  eu  qu'une  existence  éphé- 
mère au  théâtre,  parce  que  les  livrets  de  ces 
pièces  étaient  dépourvus  dMntérét.  Lorsque 


Pauwels  fît  représenter  son  dernier  opéra,  sa- 
santé  éprouvait  depuis  longtemps  une  altéra- 
tion qui  causait  de  l'inquiétude  à  ses  amis. 
Rappelé  par  le  public  et  couronné  sur  la  scène 
au  milieu  des  applaudissements,  à  la  fin  de  cet 
ouvrage,  il  ressentit  une  émotion  si  vive  que 
dès  le  lendemain  il  ne  sortit  plus  de  chez  lui, 
et  qu'il  mourut  des  suites  d'une  maladie  de 
langueur,  le  3  juin  1804.  Pauwels  était  doué 
d'une  heureuse  organisation  musicale  :  si  ses 
études  eussent  été  plus  fortes  et  mieux  diri- 
gées, il  eût  été  certainement  un  compositeur 
distingué.  Comme  violoniste,  il  eut  un  talent 
remarquable,  et  Ton  se  souvient  encore  que 
dans  un  concert  donné  à  Bruxelles  par  Rode, 
en  1801,  il  joua  une  symphonie  concertante 
avec  cet  artiste  célèbre,  et  parut  digne  de  se 
faire  entendre  à  c6lé  de  lui. 

PATESI  (Étiekhe)  (1),  compositeur  dra- 
matique, né  à  Crema,  le  5  février  1778,  avait 
fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
la  Pietà  de*  Turchini,  k  Naptes,  et  s'y  trou- 
vait encore  en  1799,  lorsque  la  révolution 
éclata  dans  cette  ville.  Le  recteur  de  l'école 
imagina  de  se  rendre  agréable  au  gouverne- 
ment, en  livrant  tous  les  élèves  cisalpins  aux 
Calabrais  ^rmés^ont  ta  présence  glaçait  d'ef- 
froi tous  les  Napolitains:  Pavesi' subit  leur 
sort.  Traîné  de  prison  en  prison  pendant  plu- 
sieurs mois,  il  fut  enfin  placé  sur  des  bâti- 
ments dépiâtés  dont  le  service  était  celui  des 
galères.  Ne  ^sachant  que  faire  de  ces  jeunes  ' 
geni,  on  les  envoya  à  Marseille,  où  l'hospita- 
lité française  leur  fit  oublier  leurs  disgrâces. 
Bientôt  après  son  arrivéeen  France,  Pavesi  se 
rendit  â  Dijon,  où  il  rencontra  un  chef  de  mu- 
sique de  régiment.  Italien  comme  lui,  et  qu'il 
avait  connu  â  Naples  :  celui-ci  le  fit  entrer 
dans  sa  musique,  dont  la  plupart  des  exécu- 
tants étaient  nés  en  Italie.  Parmi  eux  se  trou* 
vaient  quelques  chanteurs  qui  exécutaient  des 
trios,  quatuors  et  autres  morceaux  d'ensemble. 
Pavesi  écrivit  pour  eux  des  compositions  de 
tout  genre,  et  leur  suggéra  l'idée  de  donner 
des  concerts  dans  les  villes  qu'ils  visitaient. 
La  plus  grande  difficulté  consistait  à  se  vêtir, 
car  il  ne  leur  était  pas  permis  de  monter  sur 
les  théâtres  avec  leur  uniforme.  Ils  imagi- 
nèrent de  chercher  des  habits  dans  les  maga- 
sins de  ces  théâtres,  et  parurent  quelquefois 
sous  des  accoutrements  bizarres  dont  Pavesi 
faisait  plus  tard  une  description  fort  plaisante 
â  ses  amis.  La  division  italienne  â  laquelle  il 


(I)  Cftte  notice  est  rMigëe  d'après  des  renseigoc» 
menis  qac  Pavesi  m'envoya  en  1838. 


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PAVESI  —  PAVONE 


471 


était  attaché  passa  les  Alpes  pour  Touverture 
de  la  fameuse  campagne  de  Marengo  :  il  ne 
tarda  point  à  profiter  de  cette  circonstance 
pour  retourner  dans  sa  famille;  puis  il  se 
rendit  à  Venue  et  commença  à  y  écrire  pour 
le  théâtre.  Son  prenier  opéra,  intitulé  VAv- 
vertimento  ai  Geloii,  fut  joué  au  printemps 
de  1803,  el  fut  sui?i  de  VAnonimOy  opéra 
bouffe  en  nn  acte.  Dans  la  même  année,  il  fit 
jouer,  à  Vérone,  /  CasteUi  in  jiria^  autre 
opéra  en  un  acte.  Pendant  les  années  1804  et 
1805,  il  composa  plusieurs  opéras  à  Venise,  et 
dans  rautomne  de  cette  dernière  année,  il  fût 
appelé  à  Milan  pour  y  composer  II  Trionfo  di 
Emilio.  De  retour  à  Venise,  en  1806,  il  fut 
chargé  d*y  écrire  le  premier  opéra  qu*on  re- 
présenta au  théâtre  de  la  Feniee.  «  Je  ne 
«  puis  (écrit  plaisamment  Pavesi)  passer  sous 
«  silence  la  chute  de  I*ouvrage  que  j'allai  en- 
«  suite  écrire  pour  le  carnaval  au  théâtre 
tt  Falle  de  Rome  ;  poète,  musiciens  et  cban- 
M  teurs,  nous  nous  y  montrâmes  tous  des  misé- 
«  râbles,  à  Texceplion  de  Pellegrini;  et  je 
«  dois  ajouter  que  nous  fàmes  bien  secondés 
tt  par  les  décorations  el  par  les  costumes, 
«  qn^on  avait  faits  en  papier  peint.  »  En 
1807,  il  composa  /  Saccanali  pour  Touver- 
ture  du  nouveau  théâtre  de  Pise.  Naples,  Bo- 
logne, Bergame,  Turin,  Milan,  rappelèrent 
tour  à  tour  et  à  plusieurs  reprises  ;  mais  c'est 
à  Venise  quMI  retournait  toujours,  et  c'est 
pour  cette  ville  qu'il  a  écrit  le  plus  grand 
nombre  de  ses  opéras  ;  //  SoUtario,  repré- 
senté au  théâtre  Saint-Charles,  de  Naples,  en 
1830,aété  un  de  ses  derniers  ouvrages.En  1818, 
il  avait  succédé  à  Gazzaniga  dans  la  place  de 
maître  de  chapelle  à  Grema,  sa  patrie;  mais  11 
passait  chaque  année  plusieurs  mois  à  Venise, 
d'où  il  ne  pouvait  se  détacher.  Il  est  mort  à 
Crema,  le  28  juillet  1850,  à  l'âge  de  soixante- 
douze  ans.  Tous  les  opéras  de  sa  composi- 
tion ne  figurent  pas  dans  la  liste  qu'il  en  a 
dressée;  lui-même  avoue  que  les  titres  de 
quelques-unes  de  ses  productions  s'étaient 
elTacés  de  sa  mémoire. 

La  voici  telle  qu'il  Ta  faite  : 

1®  L'Avvertimento  ai  Gelosi ,  opéra  en 
un  acte,  à  Venise,  1803.  2«  l'Jnonimo, 
idem,  ibid.,  1803.  3»  /  CasHlli  in  aria, 
Idem,  à  Vérone,  1804.  4»  VMcortezia  ma- 
terna; à  Venise,  1804.  5<*  Un  autre  opéra  en 
nn  acte  (dont  Pavesi  ne  se  rappelait  pas  le 
titre),  à  Venise,  dans  la  même  année.  6'  Fin- 
gallo  e  Comcdaj  au  théâtre  de  /a  Feniee,  à 
Venise,  1805.  6»  Il  Triomfo  di  Emilio,  au 
carnaval,  pour  le  théâtre  de  la   Scala,   à 


Milan,  1805.  8«  L'Incognito,  à  l'automne, 
ibid.,  1805.  9»  VJhitatore  del  bosco,  à  Ve- 
nise, 1806.  10»  Un  opéra  tombé  au  théâtre 
Falls^  à  Rome,  1806.  11»/  Baccanali,  â  Li- 
vourne,  1807. 12°  L'Mlogio  militare,  en  un 
acte,  à  Venise,  pour  l'automne  1807.  13»  / 
Cherusci,  Ibid.,  1808.  14'  L'JristodemOy  au 
théâtre  Saint-Charles,  de  Naples,  1808.  15»// 
iS'ervopadrone^  opéra  boufTe,  à  Bologne,  1809. 
16«  la  Festa  délia  rosa,  à  Venise,  1809. 
17»  //  Maldicenti,  à  Bologne,  à  l'automne  de 
1809.  \S^  Ze  j^mazzoni,  en  deux  actes,  pour 
l'ouverture  du  nouveau  théâtre  de  Bergame, 
1809.  19»  Il  Corradino,  en  deux  actes,  â  Ve- 
nise, 1810.  20»  L'Elisabetta,  kTurïay  1810. 
21»  Trajano  in  Dacia,  àMilan,  1810.  22»  // 
Giobbe,  oratorio,  à  Bologne,  1810.  23»  Ser 
Marc'  jintonio,  à  Milan,  pendant  le  carnaval 
de  1811.  24»  Eduardo  e  Crislina,  à  Naples, 

1811.  25»  La  Conladina  uébruzzesa,  au 
théâtre  del  Fondo,  ibid.,  1811.  26»  //  ilfo- 
nastero,  ibid.,  1811 .  27»  La  Nitteti,  à  Turin, 

1812.  28»  Tancredi,  â  Milan,  1812.  29»  L'Os- 
tregaroj  en  un  acte,  à  Venise,  pendant  l'au- 
tomne de  1812.  30»  //  Teodoro,  à  Venise, 
1812.  31»  La  Forza  dei  Simpatici,  â  Venise, 
pour  le  carnaval  de  1813.  32»  L*jigatina 
(Cendrillon),  à  Milan,  1814.  33» Za  Celanira, 
à  Venise,  1815.  34»  Le  Danaïde  romane^ 
ibid.,  1816.  35»  La  Gioventù  di  Cesare,  à 
Milan,  1817.  36*  /  Pitocchi  fortunati,  opéra  t 
tombé  pendant  le  carnaval  de  1819,  à  Venise. 
37»  //  gran  Naso,  au  théâtre  lYuovo,  de 
Naples,  1820. 38»  L'ArminiOy  à  Venise,  1821. 
39<'  Z'>/ndromacca^ à  Milan,  1 822. 40» Z '/nés 
d*Almeida,  au  théâtre  Saint-Charles,  de  Na- 
ples, 1822.  41»  L'Egilda  di  Provenzaj  au 
théâtre  de  la  Feniee,  à  Venise,  1823.  42»  Or- 
deno  ed  Artalla,  ibid.,  1823.  43»  IlSolita- 
rio,  au  théâtre  Saint-Charles,  â  Naples,  1826. 

A  cette  liste  il  faut  ajouter  :  La  Donna 
Bianca  d'Avenello,  à  Milan,  en  1830;  Fe- 
nella  o  la  Muta  dt'Porftct;àVenise,en  1831  ; 
l'Incognito;  l'Amor  vero;  la  Fiera,  et /a 
Gloria,  cantate.  Pavesi  a  écrit  .beaucoup  de 
musique  d'église  :  on  a  publié  sous  son  nom^ 
et  celui  de  Gazzaniga,  une  collection  intitulée: 
Salmi,  Cantici  ed  Inni  Cristiani  del  conte 
Z.  Tadinifposti  in  musicapopulare;  Milan, 
Ricordi. 

PAVONE  (Pierre),  né  à  Udine,  au  com- 
mencement du  dix- huitième  siècle,  fit  ses 
études  musicales  sous  la  direction  de  Barthé- 
lémy Cordans,  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale de  cette  ville,  puis  fut  nommé  maître  de 
chapelle  à  Cividale  (Frioul),  où  il  mourut,  en 


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472 


PAVONE  —  PAYER 


1786.  En  1770,  Pavone  a  fait  Imprimer  à  Bo- 
logne quatre  messes  à  la  PaUstrina  de  sa 
composition  :  elles  étaient  alors  estimées  en 
Italie.  On  connaît  aussi  de  ce  maître  un  bon 
Salve  Regina  à  quatre  voix  en  manuscrit. 

PAX(CHABLCS-tDOVAHD),organifttederég1ise 
de  la  Charité,professeur  de  musique  etcomposi- 
teuràBerlin,estnéàGlogauJe17mar8l802. 
Dos  son  enfance  il  montra  un  goût  passionné 
pour  la  mnsique.  A  Page  de  neuf  ans  il  com- 
mença rétmie  du  piano;  puis  il  suivit  les 
cours  du  Gymnase  (collège)  de  Glogau,  tout  en 
continuant  Tétude  du  piano  et  du  violon.  Vers 
le  même  temps  le  eantor  Bretzel  lui  enseigna 
le  chant,  et  Torganiste  Baitner  lui  donna  les 
premières  leçons  d*harmonie.  Ayant  été  admis 
au  séminaire  des  instituteurs  à  Breslau,  en 
1819,  il  y  continua  ses  études  musicales  sous 
la  direction  de  Berner,  Jusqu*à la  fin  de  1821. 
Ses  premières  compositions  furent  publiées 
dans  cette  ville,  chez  Leuckart.  Sorti  du  sémi- 
naire, il  obtint  la  place  d*organiste  de  Téglise 
des  Réformés  à  Glogau.  En  1834,  il  alla  s*éta- 
blir  à  Berlin,  où  Bernard  Klein  compléta  son 
instruction  dans  le  contrepoint.  Pax  reçut  à  la 
même  époque  des  leçons  de  A.-W.  Bach  pour 
Porgue.  Cet  artiste  a  publié  un  grand  nombre 
de  lieder  avec  accompagnement  de  piano,  des 
chants  pour  quatre  voix  d*hommes,  des  pièces 
faciles  pour  le  piano,  etc.,  etc. 
•  PAXTON  (Gdillaumb),  violoncelliste  an- 
glais, vivait  à  Londres  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huilième  siècle.  Vers  1780,  il  At  un 
voyage  à  Paris, et  y  At  graver:  .^tx  duo» pour 
deux  violoncelles,  op.  1 .  De  retour  à  Londres, 
il  y  a  publié  :  Buii  duo$  pour  violon  et  vio- 
loncelle, op  2;  SIX  iolos  pour  violon,  op.  3; 
qttatre  eolotpour  violon,  et  deux  idem  pour 
violoncelle,  op.  4  ;  douze  leçon»  facile»  pour 
violoncelle,  op.  0;  »ix  »olo»  pour  violoncelle, 
op.  8. 

Paxton  eut  un  frère,  nommé  Etienne,  qui 
est  compté  parmi  les  bons  compositeurs  de 
chansons  anglaises,  et  qui  parait  avoir  été 
attaché  à  une  église  de  Londres  en  qualité  de 
^directeur  de  musique.  On  croit  que  les  deux 
frères  réunirent  leurs  ouvrages  dans  leurs  pu- 
blications :  c^est  vraisemblablement  pour  cela 
que  les  deux  recueils  de  glee»  et  de  ealehe» 
publiés  par  Etienne  Paxton  portent  les  indi- 
cations d'œuvres  5  et  7.  Ce  dernier  est  aussi 
Pau  leur  des  huitième  et  neuvième  messes  de 
la  collection  de  Samuel  Webbe  {voyex  ce 
nom). 

PAYETf   (Nicolas),    prêtre   et   musicien 
belge,  né  à  Soignies,  vers  1512,  suivant  un 


renseignement  fourni  parTylmanSusato,dans 
la  dédicace  du  premier  livre  des  Chansons  d 
quatre  parties  (Anvers,  1543),  parait  avoir  été 
d*abord  enfant  de  chœur  à  la  collégiale  de 
cette  ville,  puis  fut  envoyé  à  la  chaiielle  royale 
de  Madrid  pour  y  faire  le  même  service.  Il  y 
Agure  encore,  en  152G,  en  la  même  qualité 
dans  les  comptes  de  cette  chapelle  qui  sont 
aux  archives  du  royaume  de  Belgique.  £a 
1550,  il  y  est  qualifié  de  chapelain  des  hautes' 
messes,  c*est-à-dire  chantre  en  chape  des 
messes  solennelles,  et,  en  1556,  il  a  le  titre  de 
maître  de  la  chapelle.  Nicolas  Payen  eut  une 
prébende  à  Gaerviiet,  puis  à  Soignies,  &  Va- 
lenciennet  et^à  Nivelles,  puis  il  obtint  le 
doyenné  deTurnhout,  en  1558.  On  voit  par  les 
mêmes  comptes  qu*il  avait  cessé  de  vivre  au 
mois  d*avril  1559.  Pierre  de  ManchiconK 
[voyez  ce  nom)  fut  son  successeur  dans  la 
place  de  maître  de  la  chai>etle  royale  de  Ma- 
drid. Les  Gom|H>sitions  de  Payen  connues  au- 
jourd'hui se  trouvent  dans  les  recueils  inti- 
tulés :  1°  Coneentus  oclo,  sex,  quinque  et 
quatuor  vocum,  omnium  Jueundissimi,  nus- 
piam  ante  sic  editi.  Auguste  Findelicontm, 
Philippus  Uhlardus  exeudebat,  1545,  petit 
in-4*  obi.  2<>  Cantiones  selectissimsB  quatuor 
vocum,  Ab  eximiis  et  prxstantissimis  cJtsa- 
rem  majestatis  CapelUe  musicis  M.  Comelio 
Cano,  Thoma  Crequill  one,  Nicolas  Payen, 
et  Johanes  Lestainier  organista,  eompo- 
siix,  etc.  Philippus  Uhlardus  excudêbcu 
AugustJg  Findelicorum,  1548,  petit  in -4* 
obi.  Il  y  a  cinq  motets  de  Payen  dans  ce  re- 
cueil. 3«  Le  11^  livre  de  chansons  à  quatre 
parties,  auquel  sont  contenues  trente  et  une 
chansons,  etc.  Imprimé  à  Anvers  par  Tylman 
Susato,  1544,  in-4<».  4«  Cantiones sacrsp,  quas 
vulgo  Moteta  vocani,  ex  optimis  quibusquê 
hujus  mtatis  musicis  selectje.  Libri  quatuor. 
Antwerpisf,  apud  Tylmanum  Susatum, 
1546-1547,  in-4«.  On  trouve  dans  le  second 
livre  de  cette  collection  le  motet  à  quatre  voix 
de  Payen  :  Besurreetio  Christi,  et  dans  le  qua- 
trième :  Quis  dabit  capiii,  5*  £eelesiastica-- 
rum  cantionum  quatuor,  quinque  et  sex 
vocum  libri  I-Xy.  Antverpim,  exeudebat 
Tylman  Susato,  1545-1551,  in-4«. 

PAYEIN  (Jear),  musicien  français,  a  vécu 
en  Italie  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  Il  est  connu  par  Touvrage  qui  a  pour 
titre  :  Jl primo  libro  de'  Madrigali a%  voci 
ouest  contengono  le  Fergini.  Fenezia,  i  figli 
di  Ant.  Gardano,  1572,  in-4«  obi. 

PAYER  (Jérôme),  fils  d'un  maître  dVcole, 
est  né  le  13  février  1787,  à  Mcidling,  village 


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PAYER  —  PECHATSCHEK 


473 


aux  portes  de   Ylenoe.  Il   n*était  âgé   que 
t    (]e  six  ans  lorsque  son  père  commença  à  lui 
'    enseigner  les  éléments  de  la  itiusique,  du  vio- 
lon et  deTorgue,  ainsi  que  de  plusieurs  instru- 
ments àvent.  A  peine  âgédeneuf  ans,  il  allait 
déjà  jouer  des  airs  de  danse  aux  fêles  de  fil- 
lages.  Plus  tard,  il  joignit  à  cette  profession 
celle  d*accordeur  de  pianos  dans  les  maisons 
de  campagne  des  environs,  et  du  produit  de 
ses  économies  il  acheta,  pour  son  instruction, 
les  œuvres  théoriques  d*Albrechlsberger,  de 
Matlheson,  de  Turk,  de  Marpui^,  de  Kirn- 
berger,  et  se  mit  à  les  étudier  avec  ardeur. 
Son  père,  qui  avait  connu  Mozart,  lui  parlait 
souvent  de  Tart  inimitable  de  cet  illustre  mu- 
sicien dans  rimprovisation  :  Payer  se  pas- 
sionna pour  ce  genre  de  talent,  sans  savoir 
précisément  en  quoi  il  consistait,  et  se  mit  à 
rétude,  imaginant  de  développer  ses  idées  en 
jouant  des  compositions  de  grands  maîtres,  et 
y  introduisant  les  changements  que  son  ima- 
gination lui  suggérait.  Devenu  habile  dans 
Part  dejouerdeTorgue,  Il  remplaça  son  père 
(quMI  perdit  à  Tàge  de  treize  ans)  dans  ses 
fonctions   d^organiste    et   dMnstituteur.    En 
1806,  Tentrepreneur  du  nouveau  théâtre  de 
Vienne  lui  confia  la  place  de  directeur  de  mu- 
sique, et  il  écrivit  pour  ce  spectacle  la  musi- 
que des  petits  opéras  le  Chaueur  sauvage, 
l'jirhre  creux  et  la  Fille  de$  Étoiles.  En 
1819,  il  fit  connaître  pour  la  première  fois 
son  talent  d*oi^aniste  dans  un  concert  donné 
à  la  salle  de  la  Redoute  du  théâtre  Jh  der 
TVien,  et  dans  un  autre  concert  qu*il  donna, 
en  1816,  il  mérita  Testime  des  artistes  par  une 
remarquable  improvisation.  Après  la  mort  de 
sa  mère,  il  quitta  Meidling  et  alla  s'établir  à 
Vienne,  où  il  se  livra  à  renseignement  du 
chant, du  piano  et  de  la  composition.  En  1818, 
il  fit  un  voyage  en  Allemagne  et  donna  des 
concerts  dans  les  villes  principales  ;  six  ans 
après,  il  accepta  la  place  de  chef  d'orchestre 
ai» théâtre  allemand  d'Amsterdam,  et  vers  la 
(in  de  1825,  il  se  rendit  à  Paris,  où  il  vécut 
pendant  plusieurs  années  en   donnant  des 
leçons  et  se  faisant  entendre  dans  plusieurs 
concerts.  Ce  fut  lui  qui,  le  premier,  joua  dans 
cette  ville  le  Physharmonica,  dont  on  a  fait 
depuis  lors  beaucoup  d*imitations  modifiées. 
En  1831,  Payer  dirigea  Torchestre  du  théâtre 
allemand  à  Paris,  et  Tannée  suivante,  il  re- 
Courna  à  Vienne  où  il  entra  au  théâtre  Joseph- 
stadty  en  qualité  de  directeur  de  musique  ; 
mais  des  discussions  avec  le  directeur  du 
théâtre  lui  firent  quitter  cet  emploi  au  bout 
de  quelques  mois,  et  depuis  lors  il  vécut  dans 


la  retraite  avec  le  fruit  de  ses  économies.  Il 
est  mort  à  Wiedburg,  près  de  Vienne,  au  mois 
de  septembre  1845.  M.  Bernsdorf  a  été  mal 
informé  en  plaçant  la  date  du  décès  de  Payer 
â  la  fin  do  1846,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  dans 
la  Gazette  générale  de  musique  de  Zeipsiek 
(1846,  col.  54).  Le  nombre  des  ouvrages  pu- 
bliés par  Payer  s'élève  à  plus  de  cent  cin- 
quante. Parmi  cer  productions  on  remarque  : 
1^  Suites  de  pièces  d'harmonie  pour  instru- 
ments â  vent;  Vienne, Mechelti.2oConcertino 
pour  piano  et  orchestre,  op.  79  j  Vienne,  Has- 
linger.  3»  Variations  pour  piano  et  orchestre, 
op.  71  ;  Leipsick,  Peters.  4»  Idem  avec  qua- 
tuor, op.  30,  47,  88,  96  et  112;  Vienne, 
OlTenbach,  Paris.  5^^  Trios  pour  piano,  violon 
et  violoncelle.  6^  Sonates,  rondos,  varia- 
tions, etc.,  pour  piano  à  quatre  mains;  ibid, 
7»  Beaucoup  de  rondeaux,  polonaises,  thèmes 
variés,  etc.,  pour  piano  seul;  ibid.  8»  Un  grand 
nombre  de  recueils  de  valses,  danses,  etc., 
idem.  9*  Des  marches  tdem.  10<»  Des  fugues  et 
concertos  pour  orgue  et  orchestre.  11"  Six 
messes  détachées  pour  quatre  voix  et  orchestre; 
Vienne,  Mollo.  1 2»  Motets,  hymnes,  offertoires, 
idem.  Payer  a  écrit  aussi  pour  le  théâtre 
d'Amsterdam  les  opéras  Die  Trauer{le  Deuil), 
le  Solitaire,  et  Hochlandsfursten(\e$  Princes 
du  haut  pays),  à  Paris,  la  Folle  de  Claris,  et 
à  Vienne,  la  Croix  de  Feu,  et  Coco, 

PEARSALL  (Robert- Lucas).  Voyez 
PIERSALL. 

PECCI  (Désiré),  compositeur  italien  du 
dix-seplième  siècle,  surnommé  il  Ghiribiz^ 
sosoy  a  fait  imprimer  une  collection  de  pièces 
intitulée  :  Le  Musiche  4opra  VAdone;  Ve- 
nise, 1619,  in-4«. 

PECCI  (Thomas),  autre  musicien  italien, 
qui  vécut  au  commencement  du  dix-seplième 
siècle,  a  publié  de  sa  composition  plusieurs 
livres  de  madrigaux,  dont  je  ne  connais  que 
celui  qui  a  pour  titre  :  Madrigali  a  cinque 
voci,  libro  seconda  !  in  Fenezia,  app,  Gar^ 
dano,  1612,  in-4«. 

PECHATSCHEK,  ou  plutôt  PECHAC- 
ZEC  (François),  naquit  en  1763,  â  Wil- 
denschwert,  en  Bohême.  Après  avoir  appris 
les  éléments  de  la  musique  et  du  violon  dans 
l'école  de  ce  lieu,  il  alla  étudier  la  langue 
latine  â  LeutomischI,  puis  suivit  un  cours  de 
philosophie  à  Weiswasser,  en  Silésie,  et  y 
continua  ses  éludes  de  musique  sous  la  direc- 
tion de  P.  Lambert  et  de  Dittersdorf.  £n  1783, 
il  se  rendit  à  Vienne,  où  il  obtint,  en  1790,  la 
place  de  chef  d'orchestre  authéâlrede  la  porte 
de  Carinihie.  Dans  l'espace  d'environ  quinze 


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474 


PECHATSCHEK  —  PEDRO 


ans,  il  composa  pour  ce  théâtre  la  musique  de 
deux  grands  opéras,  de  dix  opéras-comiques, 
et  de  trente  ballets  dont  on  n'a  pas  conservé 
les  titres,  à  l'exception  de  celui  qui  fut  joué, 
en  1801,  sous  le  litre  de  Da$  TFaldtMihtchen 
(la  petite  Femme  de  la  foréi).  Pechatschek 
écrivit  aussi,    vers  le    même  temps,    douze 
symphonies    à    grand    orchestre,    quelques 
messes  faciles  et  d'autres  morceaux  de  mu- 
sique  d'église;    mais    c'est    principalement 
comme  compositeur  de  musique   de  danse 
qu'il  eut  de  la  réputation  à  Vienne  au  com- 
mencement de  ce  siècle  :  il  fut  le  Strauss  de 
cette  époque  par  sa  fécondité  et  le  succès  de 
ses  danses  et  de  ses  valses.  Pechatschek  est 
mort  à  Vienne,  en  1821.  Whistling  a  con- 
fondu, dans  son  Manuel  de  la  littérature 
musicale,  les  compositions  de  Pechatschek 
avec  celles  de  son  fils,  dont  il  est  parlé  dans 
l'article  suivant.  Les  principaux  recueils  du 
père  sont  :  1**  Douze  écossaises  pour  l'or- 
chestre; Vienne,  Haslinger.2<»  Douze  Lœndler 
idem,  ibid.  5»  Six  menuets  avec  trios  idem, 
ibid.i'Douze  Laendlcr  variés  pour  l'orchestre, 
ibid.  5'  Douze  valses  idem,  ibid.  G«  Douze 
t'dcm,  op.  56,  ibid.  7°  Douze  Lœndler  pour 
deux  clarinettes,  deux  cors  et  deux  bassons, 
ibid.  S^  Beaucoup  de  danses  écossaises  et  al- 
lemandes pour  le  piano. 

PECHATSCHEK.  (Fhahçois),  fils  du 
précédent,  est  né  à  Vienne,  en  4795.  A  l'âge 
de  quatre  ans,  il  commença  l'étude  du  violon 
sous  la  direction  de  son  père,  et  fit  de  si  ra- 
pides progrès,  qu'il  fut  admis  à  jouer  devant  la 
cour  impériale,  en  1801  et  180â.  Au  commen- 
cement de  1803,  il  fit.avec  son  père  un  voyage 
à  Prague  et  y  donna  deux  concerts  où  il  joua 
un  concerto  de  Fodor,  un  adagio  de  Rode,  et 
des  variations  de  sa  composition.  De  retour  à 
Vienne,  il  y  reprit  ses  études.  Le  violon,  la 
guitare  et  la  composition  l'occupèrent  tour  à 
tour.  C'est  à  tort  qu'on  a  dit  qu'il  a  reçu  des 
leçons  d'Albrechtsberger  pourla  composition  : 
c'est  Fœrster  qui  lui  a  enseigné  l'art  d'écrire 
et  l'harmonie.  En  1818,  Pechatschek  a  été 
appelé  à  Hanovre,  en  qualité  de  premier  violon 
de  la  cour.  L'auteur  de  l'article  qui  le  con- 
cerne dans  le  Lexique  universel  de  musique 
-  de  Schilling,  s'est  trompé  en  lui  attribuant 
les  airs  He  danse  de  son  père.  Pechatschek, 
qui  a  joui  longtemps  en  Allemagne  de  la  ré- 
putation d'un  habile  violoniste ,  voyagea 
dans  le  midi  de  ce  pays  pendant  les  années 
1824  et  1825,  et  donna  partout  des  concerts 
avec  succèà.  Appelé  à  Carlsruhe,  en  1827,  en 
qualité  de  mailrc  de  concerts  du  grand- duc  de 


Bade,  il  a  occupé  cette  place  depuis  celte 
époque,  et  a  fait,  en  1832,  un  voyage  à  Paris 
pour  s'y  faire  entendre;  mais  son  jeu,  qui 
n'était  alors  qu'une  faible  imitation  de  celui 
de  Paganini,  n'y  a  point  eu  de  succès.  Il  était 
à  Baden-Bade,  en  1837,  dans  un  état  de  santé 
languissant.  Il  est  mort  à  Carlsruhe,  le  15 
septembre  1840.  Pechatschek  a  publié  les 
compositions  suivantes  :  1<*  Polonaises  pour 
violon  et  orchestre,  n««  1  à  6;  Vienne,  cl 
Hanovre.  2«  Concertino  idem,  op.  16  ;  Vienne, 
Artaria.  3«  Thèmes  variés  idem, op.  5, 17,  20, 
28,  31,  35;  Hanovre,  Vienne  et  Carlsruhe. 
40  Introduction  et  variations  idem,  sur  la 
quatrième  torde,  op.  34  ;  Carlsruhe,  Velleu. 
5«  Rondos  idem,  op.  19,  25;  Vienne,  Artaria 
et  Mechetti.  6"  Pots-pourris  idem,  n»»  1, 2,  5; 
Hanovre  et  Vienne.  7»  Quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  4,  7  ;  Vienne,  Ar- 
taria et  Mechetti.  8»  Duo  concertant  pour  deux 
violons,  op.  6;  Vienne,  Artaria. 

PECUIGI^IEIl  (Claude-Gavkiel),  né  à 
Paris,  entra  comme  élève  au  Conservatoire  de 
cette  ville,  en  1797,  et  y  reçut  des  leçons  de 
Lefebvre  pour  la  clarinette.  En  1801,  il  obtint 
le  second  prix  de  cet  instrument  au  concours, 
et  l'année  suivante,  le  premier  prix  lui  fut  dé- 
cerné. Après  avoir  été  attaché  aux  orchestres 
des  théâtres  de  second  ordre,  il  est  entré  à 
celui  de  l'Opéra,  en  1818,  et  y  était  encore 
en  1840.  Cet  artiste  a  publié  de  sa  composi- 
tion un  thème  varié  pour  clarinette  et  orches- 
tre; Paris,  Dufaut  et  Dubois.  Pechignier  est 
mort  à  Paris,  en  1853. 

PECHWELL  (AHTomBTTt).  Toyes  PE- 
SADOIVI  (madame). 

PECK  (Jacques),  graveur  et  imprimeur  de 
musique,  né  à  Londres  en  1773,  cultivait  cet  art 
et  jouait  de  plusieurs  instruments.  Il  est  auteur 
de  deux  petits  ouvrages  qui  ont  pour  titres  : 
1»  Focal  preceptor,  or  concise  introduction 
to  singing  ;  Londres,  1810,  in-12  ohl. 
2«  Jdvice  to  a  Young  Composer,  or  short 
essay  on  vocal  harmony;  Londres,  1811, 
in-12  obi. 

PEDRO  (  AwTOWE-JosEPH  D'ALCA3C- 
TARA  don) ,  successivement  em|iereur  du 
Brésil  et  roi  de  Portugal,  fils  aîné  de  Jean  VI, 
naquit  à  Lisbonne,  le  12  octobre  1798.  Lorsque 
la  famille  royale  s'éloigna  du  Portugal  et  s'em- 
barqua pour  le  Brésil,  an  mois  de  novembre 
1807,  le  jeune  don  Pedro  accompagna  son 
père.  Son  éducation  fut  négligée,  mais  son 
heureuse  organisation  suppléa  à  rinstructIoD 
qu'on  ne  lui  avait  pas  donnée  :  il  apprit 
presque  seul  à  jouer  de  plusieurs  iustrumcnis, 


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PEDRO  -  PELETIER 


475 


et  quelques  leçons  de  Neukonim  le  mirent  en 
état  d'écrire  ses  compositions.  Il  faisait  aussi 
des  vers  avec  facilité  et  était  d'une  adresse 
fort  rare  dans  tous  les  exercices  du  corps.  La 
vie  politique  de  ce  prince  ne  doit  pas  trouver 
place  ici;  nous  dirons  seulement  que,  devenu 
,  empereur  du  Brésil  du  vivant  de  son  père, 
après  le  retour  de  la  famille  royale  en  Portu- 
gal, il  fut  proclamé  roi  de  Portugal,  au  mois 
de  mars  1826,  après  la  mort  de  Jean  YI;  mais 
par  un  acte  du  2  mai  de  la  même  année,  il 
abdiqua  la  couronne  en  faveur  de  sa  fille  dona 
Maria.  Don  Miguel,  frère  de  don  Pedro,  s'em- 
para du  trône,  et  abolit  la  constitution  qu'il 
avait  décrétée.  Une  révolution  qui  éclata  au 
Brésil,  dans  le  mois  d'avril  1851,  décida  don 
Pedro  à  abdiquer  en  faveur  de  son  fils  ;  il  s'em- 
barqua pourla  France  et  vécut  quelque  temps  à 
Paris,  puis  se  rendit  en  Portugal  où  il  déploya 
des  talents  militaires  dans  la  conquête  du  pays 
contre  son  frère.  Il  est  mort  à  Lisbonne,  le 
24  septembre  1854.  Ce  prince  a  écrit  un  opéra 
en  langue  portugaise,  dont  l'ouverture  a  été 
exécutée  dans  un  concert  donné  au  Théâtre - 
Italien  de  Paris,  au  mois  de  novembre  1852. 
Il  a  aussi  composé  plusieurs  morceaux  de  mu- 
sique d'église,  une  symphonie  à  grand  or- 
chestre, et  l'hymne  de  la  constitution,  qui  a 
été  gravée  à  Dresde,  chez  Frise,  et  à  Ham- 
bourg, chez  Bœhme. 

PEDROTTI  (Charles),  compositeur  dra- 
matique, né  en  1816,  à  Vérone,  commença  sa 
carrière  en  1840,  dans  sa  ville  natale,  par  un 
opéra  en  deux  actes,  intitulé  Zina.  Bien  ac- 
cueilli par  les  compatriotes  de  l'auteur,  cet 
ouvrage  était  néanmoins  très-faihle.  Il  fut 
suivi  dans  la  même  année  de  Clara  del  Main* 
landf  représenté  sur  le  même  théâtre.  Depuis 
cette  époque  jusqu'en  1845,  on  ne  trouve  plus 
de  renseignements  sur  M.  Pedrotti  ;  mais  dans 
cette  année,  il  fit  jouer,  à  Mantoue,  la  FigUa 
del  ArcieTOj  et,  en  1846,  il  donna,  à  Vérone, 
Roméa  di  Monfort  :  c'est  son  meilleur  ou- 
vrage. La  partition  pour  piano  a  été  publiée  à 
Milan,  chez  Ricordi.  Une  longue  interruption 
dans  les  renseignements  sur  ce  compositeur  ne 
cesse  qu'en  1853,  où  il  fit  représenter,  à  Mi- 
lan, Gelmina  o  col  fuoco  non  iischerza.  Pe- 
drotti appartient  à  la  nombreuse  catégorie  de 
faiseurs  d'opéras  italiens  qui,  dans  l'espace  de 
pins  de  vingt  ans,  n'ont  pas  produit  un  seul 
ouvrage  dont  on  se  souvienne,  et  ont  laissé 
régner  Verdi  sans  rival  sur  toutes  les  scènes. 
0  génie  de  l'Italie  !  qu'étes-vous  devenu  ? 

PEGADO  (Heato-Nuiiez),  maître  de  cha- 
pelle à  Evora,  en  Portugal,  fut  un  des  meil- 


leurs élèves  de  Pinheiro,  et  vécut  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-septième  siècle.  La 
Bibliothèque  de  Lisbonne  possédait  de  lui,  en 
manuscrit:  l*  Parce  Domine,  motet  à  sept 
voix,  pour  le  carême.  2»  Mei  mihi  Domine,  à 
six  voix.  Z^H%9unt  quicum  mulieribus,  etc., 
motet  pour  la  fête  des  Innocents,  h  Jd  te 
suspiramus,  motet  pour  la  fête  de  la  Vierge. 

PEIERL  (jEAif-NÉPOMUciifE),  né  le  0  dé* 
cembre  1761,  à  Altdorf,  en  Bavière,  où  son 
père  était  intendant  du  comte  de  Tattenbach, 
fit  ses  études  au  séminaire  de  Munich,  et  y  ap- 
prit les  éléments  du  chant  et  du  violon.  Après 
avoir  achevé  son  cours  de  philosophie,  et  au 
moment  où  il  allait  se  livrer  à  l'étude  de  la 
théologie,  pour  embrasser  l'état  ecclésiastique, 
il  se  sentit  entraîné  vers  la  carrière  du  théâtre. 
Il  débuta  à  Augsbourg,  en  1780  :  la  beauté  de 
sa  Toix  et  son  tnteliigencede  la  scène  lui  firent 
obtenir  des  succès.  Il  se  rendit  ensuite  à  Ra- 
lisbonne,  et  y  fit  la  connaissance  de  la  fille  du 
directeur  de  théâtre  Berner  :  il  l'épousa  en 
1782;  puis  il  parut  sur  les  théâtres  de  Salz- 
bourg,  de  Vienne,  de  Grœtz  et  enfin  de  Mu- 
nich, en  1787.  Les  ouvrages  on  son  talent 
paraissait  avec  plus  d'avantages  étaient  la 
Flûte  enchantée j  Don  Juan  et  le  Mariage  de 
Figaro.  Attaqué  du  typhus  à  l'âge  de  trenter 
neuf  ans,  Peierl  mourut  à  Munich,  le  21  aoât 
1800. 

PEIERL  (Artokia),  fille  du  précédent, 
naquit  â  Munich,  le  2  février  1780.  Elle  reçut 
des  leçons  de  piano  de  Stadler,  et  Kalcher, 
organiste  delà  cour,  lui  enseigna  l'harmonie; 
puis  elle  devint  élève  de  Danzi  pour  le  chant. 
Très-jeune,  elle  jouait  des  r61es  d'enfant  au 
théâtre  de  la  cour,  et  déjà  son  intelligence 
précoce  faisait  prévoir  le  talent  qui  la  dis- 
tingua. En  1804,  elle  débuta  dans  le  rôle  d'^s- 
tatia,  de  VAxur  de  Salieri.  L'agrément  de  sa 
voix,  de  sa  méthode  de  chant  et  de  son  jeu  lui 
procura  de  brillants  succès  dans  cel  opéra, 
dans  la  Ginevra,  de  Mayr,  et  dans  J  Frajtelli 
rivali,  de.Winter.  Le  27  octobre  1808,  elle 
épousa  Charles  de  Fischer,  architecte  de  la 
cour.  En  1816,  elle  se  retira  du  Ihéâtre,  et 
depuis  lors  on  n'a  plus  eu  de  renseignements 
sur  sa  personne. 

PELETIER,  musicien  français  dont  on 
trouve  le  nom  dans  les  comptes  de  la  maison 
d'Anne  de  Bretagne,  femme  de  Charles  VIII, 
pour  l'année  1498  (manuscrit  F,  540  du 
supplément  de  la  Bibliothèque  impériale  de 
Paris),  où  l'on  voit  qu'il  cumulait  les  charges 
de  chantre  de  la  chapelle  cl  de  chef  des  méné- 
triers. Il  est  vraisemblable  que  ce  musicien 


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476 


PELETIER  —  PELLAERT 


est  celui  dont  on  trouve  des  morceaux  dans  les 
recueils  dont  voici  les  litres  :  1^  Canxoni 
franeeti  a  due  voci  di  Antonio  Gardant^  et 
dialtri  autori  buonedacantare  et  sonare.  In 
Fenetia,  nella  $tampa  d'Antonio  Gardane, 
1537,  petit  in-4''  obi.  Il  y  a  d^autres  éditions 
de  ce  recueil  publiées  à  Venise,  en  1539, 1544 
et  1586.  20  Selectissimx  nec  non  familiaris- 
timx  eantiones  ultra  centum,  vario  idio- 
mate,  quatuor  voeum,  etc.;  Auguitsf  Finde- 
licorum,  1540,  Melchior  Kriesstein,  in-4o. 
30  Bicinia  GaUica,  latina  et  germanica,  et 
quxdam  fugs.  Tomi  duo;  Fitebergx,  apud 
Georg.  Rkav,  1545,  petit  in-4«  obi.  4<'  ^//7« 
livre,  contenant  XIX  ckamont  nouvelles  à 
quatre  parties;  Paris,  Pierre  Altaingnant, 
1543,  petit  in-4<*  obi. 

PÉLI  (François),  célèbre  professeur  de 
chant,  naquit  à  Modène  dans  les  dernières  an- 
nées du  dix-septième  siècle,  et  y  établit  une 
école  d^oii  sont  sortis  beaucoup  de  chanteurs 
distingués,  depuis  1715  Jnsqu*en  1730.  Appelé 
à  Munich,  en  qualité  de  compositeur  de  la 
chambre  de  l'électeur  de  Bavière,  qui  devint 
plus  tard  empereur  sous  le  nom  de  Charles  YI, 
il  écrivit  Topera  intitulé  la  Costanza  in 
trionfo,  représenté  à  Munich,  en  1737. 

PELICAI^I  (Jear-Baptiste)  ,  professeur 
de  droit  à  TUniversité  de  Bologne,  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-septième  siècle,  a  Tait  in- 
sérer dans  les  Prose  de*  Sig.  academici 
Gelati,  de  Bologne  (ann.  1679,  p.  153-139), 
une  dissertation  intitulée  :  Pensiero  acade- 
mico,  perché  nelle  cantilene  si  adopri  la 
quinta  diminuita,  e  la  quarta  super ftua,  e 
non  questa  diminuita  e  quella  superflua, 
corne  altresi  per  quai  ragione  si  rigetti  ogni 
sorte  di  intervallo,  o  sia  superfluo,  0  sia  di- 
minuito  delV  ottava, 

PÉLISSIER  (mademoiselle),  cantatrice 
française,  née  en  1707,  débuta  à  rOpéra  de 
Paris,  en  1722,  et  charma  le  public  par  la 
beauté  de  sa  voix,  sa  belle  manière  de  dire  le  ré- 
citatif et  Texpression  de  son  jeu,  autantque  par 
rélégance  de  sa  taille  et  la  beauté  de  ses  traits. 
Celteactrice, diieni  lesMémoires  contemporains 
sur  rOpéra,  dont  je  possède  te  manuscrit,  est 
la  première  pour  le  jeu  du  théâtre,  et  Vune 
des  premières  de  son  espèce  pour  la  coquet- 
terie. Elle  eut  des  aventures  d*éclat^  dont  on 
peut  voir  le  récit  dans  VEssai  sur  la  mu- 
sique, de  La  Borde.  Renvoyée  de  POpéra, 
après  une  de  ces  aventures,.le  15  février  1734, 
elle  y  fut  rappelée  à  Pâques  1755,  après  la  re- 
traite de  la  célèbre  actrice  Le  Maure.  Quan2  et 
Marpurg  ont  accordé  des  éloges  à  cette  canta- 


trice qui ,  définitivement  retirée  en  1747, 
mourut  à  Paris,  le  21  mars  1749.  Elle  avait 
épousé  Pentrepreneur  du  théâtre  de  Rouen,  et 
en  avait  eu  un  fils,  qui  fut  assez  bon  violo- 
niste, attaché  au  théâtre  de  la  Comédie  Uo' 
tienne, 

PELLAERT  (Acgusttn-Philtppe,  baron 
DE),  né  à  Bruges,  le  12  mars  1793,  est  fils 
d*un  ancien  chambellan  de  Tempereur  Napo- 
léon. II  reçut  une  éducation  libérale  dont  la 
littérature,  les  mathématiques,  le  dessin  et  U 
musique  furent  la  base;  cependant  un  goût 
prononcé  pour  la  musique  parut  le  destiner 
dès  son  enfance  à  la  culture  de  cet  art.  Il  re- 
çut les  premières  leçons  de  composition  i 
Lille,  en  1808,  chez  M.  d^Ennery,  connu  par  les 
romances  de  Robin  Gray  et  de  Sapho ,  qui 
avaient  alors  beaucoup  de  succès;  puis  il  se 
rendit  à  Paris,  où  il  suivit  un  cours  de  cette 
science,  sous  la  direction  de  Momigny.  Paer 
lui  donna  aussi  quelques  conseils  à  cette 
époque.  Rappelé,  en  1814,  près  de  son  père 
mourant,  M.  de  Pellaert  perdit,  par  les  événe- 
ments imprévus  de  la  guerre  et  de  la  politique, 
tous  les  avantages  de  position  sociale  qui  sem- 
blaient lui  être  destinés.  Il  ne  lui  resta  plus, 
en  1815,  d*autre  ressource  que  de  solliciter 
le  grade  de  sous-lieutenant  d^nfanterie,  qui 
lui  fut  accordé;  mais  il  ne  tarda  pas  à  être 
attaché  à  Tétat-major  du  quartier-maître  gé- 
néral de  Tarmée.  Bès  ce  moment,  des  travaux 
sérieux  ne  lui  permirent  plus  de  se  livrer  à  la 
culture  des  arts,  si  ce  n'est  dans  quelques  mo- 
ments de  distraction,  Cependant,  dans  les 
rares  instants  de  liberté  que  son  service  lui 
laissait,  son  goût  passionné  pour  la  musique, 
la  poésie  et  la  peinture  lui  a  fait  trouver  le 
temps  de  composer  la  musique  de  onze  opéras, 
dont  il  avait  lui-même  écrit  quelques  li- 
vret.*, plus  neuf  drames  ou  comédies,  et 
de  dessiner  plus  de  sept  cents  vues  prises 
dans  ses  voyages.  Au  siège  de  la  citadelle 
d'Anvers  par  Parmée  française,  M.  de  Pellaert 
a  rendu  au  général  Desprez  (alors  chef  de  TcUt- 
major  général),  des  services  qui  lui  ont  fait 
obtenir  la  décoration  de  la  Légion  d*honneur. 
II  fut  ensuite  major  d'état-major,  et  chargé 
de  la  direction  de  la  partie  topographique,  au 
dépût  de  la  guerre.  Les  succès  obtenus  par  lui 
au  théâtre  ont  justifié  son  penchant  pour  la 
carrière  dramatique,  et  sa  persévérance  i 
surmonter  les  dégoûts  qui  y  sont  attachés.  Ces 
succès  auraient  eu  plus  d'éclat  sMIs  eussent 
eu  pour  théâtre  une  ville  plus  favorable  aux 
arts  que  ne  l'était  Bruxelles  à  l'époque  où  la 
plus  grande  partie  des  opéras  de  M.  de  Pel- 


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PELL\ERT  —  PELLEGRINI 


417 


laert  onl  été  représentés.  A  défaut  de  livrets, 
il  dut  lui-même  écrire  les  paroles  des  premiers 
ouvrages  qu*il  a  mis  en  musique.  Voici  la  liste 
de  ceux  qu^il  a  composés  jusqu^à  ce  jour  : 
1<>  L'jimant  troubadour,  opéra-comique  en 
un  acte,  paroles  et  musique;  composé  en 
1815,  non  représenté.  2?  Le  Sorcier  par  ha- 
sard, idem,  paroles  et  musique,  joué  à  Gand, 
en  1819.  5°  L'Heure  du  rendez-vous,  opéra- 
comique  en  un  acte,  paroles  et  musique,  à 
Bruxelles,  en  1821 .  A°  jignès  Sorel,  opéra  en 
trois  actes,  à  Bruxelles,  en  1823.  5<*  Le  Bar- 
mécide,  en  trois  actes,  t'&i(2.,  1824.  6<>  Te- 
nier»,  opéra-comique  en  un  acte,  t&td.,  1825. 
7«  L* Exilé,  opéra-comique  en  deux  actes, 
ibid,,  1827.  Cette  pièce  obtint  un  brillant 
succès,  elle  fut  reprise  plusieurs  fois.  8<>  Songe 
et  Réalité,  opéra-comique  en  trois  actes,^  en 
1829,  non  représenté.  9<»  Faust ,  opéra-co- 
mique en  trois  actes,  à  Bruxelles,  en  1854. 
IQo  Le  Coup  de  pistolet,  opéra-comique  en  un 
acte,  ibid.y  1^36.  11<*  Louis  de  Maie,  grand 
opéra  en  quatre  actes,  ibid,,  1838.  On  a  gravé 
des  morceaux  séparés  de  plusieurs  opéras  de 
M.  de  Pellaert,  notamment  de  Faust  et  de 
Louis  de  Maie.  Les  opéras  de  ce  compositeur 
qui  ont  eu  le  plus  brillant  succès  sont  Agnès 
Sorel,  Teniers,  Faust  et  Zout's  de  Maie  :  ces 
deux  derniers  ouvrages  renferment  quelques 
morceaux  d*un  beau  caractère.  Ce  composi- 
teur a  aussi  publié  beaucoup  de  romances  dé- 
tachées, deux  trios  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, op.  l 'y  Paris,  Momigny,  et  un  duo 
pour  deux  harpes,  ibid.  Plusieurs  messes  de 
sa  composition,  dont  une  avec  orcbestre,  exé- 
cutée à  réglise  Ste-Gudule,  de  Bruxelles,  une 
ouverture  de  concert,  exécutée  au  concert  dn 
Conservatoire  de  cette  ville,  et  diverses  autres 
productions  de  H.  de  Pellaert,  sont  restées  en 
manuscrit.  Nommé  membre  de  la  commission 
administrative  du  Conservatoire  de  Bruxelles, 
par  arrêté  royal  de  1832,  il  en  a  rempli  les 
fonctions  avec  zèle  et  dAouement  jusqu*à  ce 
jour  (1863),  y  portant  toute  la  bienveillance 
de  son  caractère. 

PELLATIS  (le  P.  Aicge),  moine  francis- 
cain, né  à  Serravalle,  vers  1640,  fut  organiste 
de  son  couvent,  àTrévise.  On  a  de  lui  un  traité 
du  plain-cbant  intitulé  :  Compendio  per  im- 
parare  le  regoU  del  canto  fermo;  Venise, 
1667,  in-4». 

PELLEGKINI  (Vihcent),  né  à  Pesaro, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siè- 
cle, et  dans  la  première  partie  du  dix-septième. 
]J  obtint  un  canonicat  dans  sa  ville  natale, 
puis  fut  mattre  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 


Milan.  II  est  mort  dans  celte  ville,  en  1656. 
On  a  imprimé  de  sa  composition  :  1»  Missa- 
rum  liber  primus;  Venise,  1604.  2®  Concerti 
ecclesiastici  a  1 ,  2,  3,  5  a  6  voct^  eon  una 
missa  a  6  t70ci.  3*>  Motetti  a  più  voci;  Venise, 
1610.  On  trouve  quelques  morceaux  du  même 
auteur  dans  le  Pamassus  musicus  Ferdi- 
nafidxus  Bergam.  Venise,  1615,  in-4®. 

PEIiLEGRII^I  (FEHninAND),  claveciniste 
et  compositeur,  né  à  Naples,  parait  avoir  fait 
un  voyage  à  Paris,  vers  1750,  car  on  y  a  im- 
priiQé  de  sa  composition  :  l®  Six  sonates  pour 
le  clavecin  précédées  d'une  lettre  sur  le  ron- 
deau ;  Paris,  1754.  2«  Trois  sonates  pour  le 
clavecin,  avec  accompagnement  d'un  violon, 
op.  l'y  ibid.  Il  y  a  aussi  une  édition  de  cet 
œuvre  imprimée  à  Londres.  Z^  Six  concertos 
pour  le  clavecin,  op.  9;  Paris,  1768. 

PELLEGRIIXI  (Pjehhe),  né  à  Brescia,  fut 
maître  de  chapelle  de  Péglise  des  Jésuites  de 
cette  ville,  vers  1750,  et  Tun  des  clavecinistes 
italiens  les  plus  distingués  de  son  temps.  Il 
était  aussi  compositeur,  et  a  fait  représentera 
Venise,  en  1742,  un  opéra  intitulé  :  Cirene. 
On  voit,  dans  la  Drammaturgia  d'Allaci 
(édition  de  1755) ,  que  cette  pièce  avait  été 
représentée  à  Naples  longtemps  auparavant. 

PELLEGRIPII  (Félix),  habile  chanteur, 
naquit  à  Turin,  en  1774,  et  reçut  les  premières 
instructions  sur  la  musique  dans  Téglise 
cathédrale  de  cette  ville,  ou  il  était  enfant  de 
chœur.  Devenu  ensuite  élève  d*Otlani,  il  apprit 
de  lui  Part  du  chant  et  les  règles  du  contre- 
point. En  1795,  il  débuta  au  théâtre  de  Li- 
vourne,  où  sa  belle  voix  de  basse  et  son  habi- 
leté comme  chanteur  le  firent  accueillir  favo- 
rablement. Après  avoir  chanté  avec  succès 
sur  plusieurs  théâtres  de  Tllalie,  il  brilla  à 
Rome  pendant  Tannée  1805,  puis  à  Milan,  en 
1806,  et  enfin  à  Naples,  depuis  1807  jusqu'en 
1810.  C'est  pour  lui  que  Paer  écrivit  le  beau 
r61e  du  père  de  VAgnese,  en  1811.  Après 
avoir  brillé  sur  les  théâtres  de  Venise,  de 
Trieste,  de  Gènes  et  de  Turin,  Il  fut  engagé 
pour  le  Théâtre-Italien  de  Paris,  oii  il  débuta, 
en  1810,  dans  VAgnese.  Il  n'était  déjà  plus 
jeune;  néanmoins  il  fut  reçu  avec  beaucoup 
de  faveur  par  les  dileltanti,  et  se  fit  applaudir 
dans  les  r6]es  bouffes  de  la  plupart  des  opéras 
de  Rossini.  Remplacé,  en  1826,  par  Zuchelli, 
il  retourna  en  IUlie,  n'y  trouva  pas  d'engage- 
ment, et  se  rendit  à  Londres  où  il  joua  pen- 
dant les  saisons  de  1828  et  1829.  De  retour  à 
Paris,  vers  la  fin  de  cette  année,  il  obtint 
du  vicomte  de  la  Rochefoucauld  une  place 
de  professeur  de  chant  an  Conservatoire; 


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478 

mnis,  au  commencement  de  1852,  sa  raison 
s'affaiblit,  et  il  mourut  le  20  septembre  de  la 
même  année,  dans  une  situation  peu  fortunée, 
quoiqu^il  eût  gagné  des  sommes  considérables 
à  l'époque  de  ses  succès.  Cet  artiste  distingué 
s'est  fait  connaître  comme  compositeur  par  les 
productions  suivantes  :  l»6duc/ft  da caméra 
per  soprano  e  batto  o  baritono;  Paris,  Carli. 
2»  Douze  trios  italiens  pour  soprano,  ténor 
et  basse  avec  accompagnement  de  piano, 
liv.  1  «e  2;  ibid.  3»  Douze  ariettes  italiennes 
pour  soprano  ou  ténor,  liv.  1  «<  2j  ibid. 
4«  Quatre  cantates  de  Métastase  idem,  ibid. 
5*»  Quatre  romances  françaises  ;  Paris,  PIcyel. 
C«  Six  solfèges  ou  vocalises,  composés  ex- 
pressément pour  l'enseignement  de  sa  filles 
Paris,  Carli. 

PELLEGRIWI  (JotEs),  chanteur  de  la 
cour  du  roi  de  Bavière,  et  première  basse  du 
théâtre  royal  de  Munich,  est  né  le  1«"  janvier 
1806,  à  Milan.  Il  entra,  en  1817,  au  Conser- 
vatoire de  celte  ville,  et  y  reçut  des  leçons  de 
chant  de  Banderali,  alors  professeur  de  celte 
école.  Ses  éludes  étant  achevées  en  1821, 
quoiqu'il  fût  âgé  de  moins  de  seize  ans,  il  dé- 
buta au  théâtre  Carigniano  de  Turin,  dans  le 
Falegname  di  Livonia,  de  Pacini,  et  y  fut 
applaudi.  Appelé  à  Munich  peu  de  temps  après, 
il  y  partagea  avec  Santini  les  rôles  de  pre- 
mière basse,  et  y  obtint  de  brillants  succès. 
Après  la  mort  du  roi  Maximilien-Joseph, 
rOpéra  italien  fut  dissous  :  Pellegrini,  doué 
de  facilité  pour  la  prononciation  de  la  Ungue 
allemande,  se  livra  à  des  éludes  spéciales  pour 
les  rôles  de  l'opéra  allemand,  et  fut  en  état 
d'y  débuter  au  mois  de  février  1826,  après 
cinq  mois  de  travail.  Depuis  lors  il  est  resté 
en  possession  de  l'emploi  de  première  basse  à 
ce  théâtre,  et /les  habitants  de  Munich  lui 
témoignaient  beaucoup  d'estime  pour  son 
talent  et  pour  sa  personne.  En  1829,  il  fit  un 
voyage  en  Italie  et  chanta  avec  succès  au 
théâtre  de  la  Fenice,  à  Venise.  Deux  ans 
après,  il  eut  un  engagement  au  théâtre  alle- 
mand de  Londres,  et  y  brilla  près  de  mes- 
dames Schrœder-Devrient  et  Haizinger.  De 
retour  à  Munich,  il  y  reprit  son  emploi  de  pre^ 
mière  basse  au  théâtre  royal  et  à  la  chapelle 
de  la  cour.  Cet  artiste  distingué  est  mort  à 
Munich,  le  12  juillet  1858. 

PELLEGRINI  (Cleheutiiie),  femme  du 
précédent,  est  fille  de  Moralt,  musicien  de  la 
chapelle  du  roi  de  Bavière  :  elle  naquit  à  Mu- 
nich, le  8  octobre  1797.  Instruite  dans  Part 
du  chant  par  Dorothée  Glithe,  cantatrice  de  la 
cour,  elle  entra  dans  la  musique  de  la  chambre 


PELLEGRINI  —  PELISSOW 


du  roi.  Deux  ans  après,  la  reine  la  confia  aux 
soins  de  Dominique  Ronconi,  et  le  8  mai  1820, 
elle  débuta  dans  Emma  de  Resburgo,  de 
Meyerbeer,  où  sa  belle  voix  de  contralto  lit  un 
bon  effet.  Devenue  la  femme  de  Pellegrini, 
elle  entra  avec  lui  au  théâtre  allemand.  Plus 
tard,  elle  brilla  particulièrement  dans  l'exé- 
cution de  la  musique  d'église,  par  la  largeur 
de  son  style.  Elle  est  morte  à  Munich,  le 
27  juillet  1845. 

PELLEGRIIVI  (A116EL0),  compositeur 
dramatique,  né  à  Como,  vers  1805,  ne  parait 
pas  être  sorti  du  lieu  de  sa  naissance,  et  y  a 
fait  représenter  ses  ouvrages,  au  nombre  de 
trois,  à  savoir  :  !•  Etelinda,  à  l'automne  de 
1831. 2<>  La  Fedova  di  Bengala,  au  mois  de 
septembre  1834.  S*'  Iléisertore  svizsero,  au 
mois  de  septembre  1841 . 

PELLEGRiPII-CELLÔni  (Ahîce- Ma- 
rie), ancienne  cantatrice  dramatique  et  pro- 
fesseur de  chant  à  Rome,  au  commencement 
du  siècle  présent,  est  auteur  d'un  bon  ouvrage 
élémentaire  pour  renseignement  du  chant, 
intitulé  :  Grammatiea,  o  sieno  regole  per 
bencantare;  Rome^Piale  et  Martorelli,  1810, 
in-8<*.  Une  deuxième  édition  a  été  publiée 
dans  la  même  ville,  en  1817,  et  Schicht  en  a 
fait  une  traduction  allemande  qui  a  paru  chez 
Peters,  à  Leipsick.  Postérieurement,  madame 
Pcllegrini-Celloni  a  donné  un  opuscule  inti- 
tulé :  Metodo  brève  e  facile  per  conoscere  il 
piantato  délia  musica  e  sue  diramasioni; 
Rome,  imprimerie  de  Romanis,  1823,  io-foj. 
de  trente-deux  pages.  £lleest  morte  à  Rome, 
le  13  juillet  1835. 

PELLETIER,  ingénieur-mécanicien,  pen- 
sionné de  don  Gabriel,  infant  d'Espagne,  n'est 
connu  que  par  un  livre  intitulé  :  Hommage 
aux  amateurs  des  arts,  ou  Mémoire  conte- 
nant un  détail  abrégé  d'inventions  utiles  et 
agréables  dans  la  mécanique,  l'optique, 
l'hydraulique,  la  balistique,  la  physique,  la 
partie  magnétique,  l'horlogerie,  la  musi- 
que, la  géographie^  etc.  ;  Saint-Germaio-en- 
Laye,  1782,  in-80  de  quarante-cinq  pages.  Ce 
petit  écrit  renferme  le  projet  d'un  chrono- 
mètre pour  la  mesure  du  temps  en  musique. 

PELLIO  (Jean),  compositeur  italien  du 
seizième  siècle,  n'est  connu  que  par  iea  ou- 
vrages suivants  :  1«  Canzoni  spirituali  a 
5  voci',  lib,  II;  Venise,  1597.  3«  C0nzoni 
spirituali  a  Ovoci;  VenTse,  1584,  iD'4<*. 

PELISSOW  (C.-E.),  pseudonyme  sous 
lequel  s'est  caché  le  docteur  Charlee  Sehaf- 
hàult  (voyez  ce  nom),  aux  titres  de  quelques 
écrits  concernant  l'acoustique,  suivant  ce  que 


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PELISSOW  —  PENNA 


479 


nous  apprend  Théobald  Bœhm  {Ueber  den 
FlCBienbau  und  die  neuesten  Ferbenerungen 
detselben,  p.  33). 

PELOI^É  (ÀHTOnic-MAac),  directeur  de  la 
musique  du  duc  d'Êpernon,  Ters  1660,  a 
publié  une  messe  à  cinq  ?oix^d  imitationem 
moduli  :  Virgfb  Maria,  Regina  pacis;  Pari«, 
Robert  Ballard,  1658,  in-4». 

PEIVA  (Jean),  professeur  de  mathémati- 
ques au  collège  de  France,  mort  à  Paris,  en 
1558,  a  publié  une  version  latine  avec  le  texte 
grec  des  traités  de  musique  attribués  à  Euclide, 
sous  ce  titre  :  Euclidi$  rudimenta  musices^ 
ejusdem  $ec(io  reguUg  harmonicae  e  regià 
biblioihecd  desumpta^  ac  ntinc  grxcè  e  latine 
excussa;  Paris,  1557,  in-4®.  La  version  de 
Pena  est  peu  fidèle  (voyez  Euclide). 

PEIVALOSA  (François),  un  des  plus 
anciens  compositeurs  espagnols  connus,  na- 
quit, en  1470,  fut  maître  de  la  chapelle  de 
Ferdinand  le  Catholique,  roi  de  Castille  et 
d'Aragon,  et  mourut  en  1535.  Il  jouissait 
d*une  grande  considération  parmi  ses  compa- 
triotes. On  ne  connaît  aujourd*hui  de  sa^ com- 
position que  dix  motets  qui  existent  dans  les 
archives  de  la  cathédrale  de  Tolède,  et  dont 
M.  Eslava  a  inséré  six  dans  son  intéressante 
.  collection  intitulée  Lira  sacro-hispana  (sei- 
zième siècle,  â«  série,  1. 1). 

PE^iET  (Hilaire),  musicien  français,  con- 
temporain de  Jean  Mouton  et  d*Antoine  Fevin 
(voyez  ces  noms),  naquit  vers  1485.  La  posi- 
tion qu*il  occupa  n*est  pas  connue.  Le  plus 
ancien  recueil  où  se  trouve  un  de  ses  ouvrages 
est  le  premier  livre  des  Hfotatti  de  la  eorona, 
publié  par  Oitaviano  Pelrucci ,  à  Fossom- 
brone,  en  1513.  Cet  ouvrage  est  le  motet  à 
quatre  voix,  AecendenB  Chrittus  in  aUum. 
Les  autres  recueils  qui  contiennent  des  pièces 
fie  ce  musicien  sont  ceux-ci  :  U  Liber  terlius 
viginti  musicales  quinque,  sex  vel  octo  t?o- 
cumMotetos  habet,  «rc. (Paris,  Pierre  Altain- 
gnant,  1534).  2«  Liber  quintus  XII  trium 
primorum  tonorum  Magnificat  conliner,etc., 
(ibid.,  1534).  3»  Le  premier  livre  des  Jïïotetti 
del  Fiore,  publié  à  Lyon  par  Jacques  Moderne, 
en  1533.  4«  Selectissimarum  3Iotetarum 
partim  quinque,partim  q^satuorvocum^elCj 
Norimbergœ,  Petrejus,  1540,  petit  in-4^  obi. 

PEIHNA  (Laurent),  carme  du  couvent 
de  Mantoue,  professeur  de  théologie,  maître 
de  chapelle  de  Téglise  de  son  ordre  t  Parme, 
célèbre  organiste  et  membre  des  académies 
des  Filaschinii  et  des  Risoluti,  sous  le  nom  de 
Vindefeso,  naquit  à  Bologne,  en  1613,  et  non 
en  1040,  comme  il  est  dit  dans  X^Dictionnairt 


des  musiciens  de  1810  (1).  Après  avoir  été 
maître  de  chapelle  de  son  couvent,  à  Parme, 
il  occupa  une  position  semblable  à  la  cathé- 
drale d*Imola  (Étals  romains),  et  mourut  le 
âO  octobre  1693,  à  Tâgede  quatre-vingts  ans. 
Sa  réputation  comme  compositeur  et  comme 
écrivain  didactique  parait  avoir  eu  de  Téclat 
dans  son  temps.  Ses  messes,  au  nombre  de 
douze,  ont  été  publiées  en  deux  livres.  La 
deuxième  édition  du  premier  livre  a  pour 
titre  :  Messe  piene  a  quatlro  ed  otto  voci  se 
piaee,  libro  primo,  op.  0;  Bologne,  Jacques 
Monti,  1677.  La  première  édition  du  second 
livre  est  intitulée  :  Galeria  del  sacro  Par^ 
nasso]  Messe  piane  eon  stromenti  a:d  /i6f- 
tumy  libro  secondo]  ibid.,  1670.  Les  Psaumes 
concertés  de  Penna  ont  été  réimprimés  plu- 
sieurs fois  depuis  1660  jusqu*à  1600.  Ces  der- 
niers ont  été  publiés  sons  ce  titre  :  //  sacro 
Pamasso  delliSalmi  festiviper  tutto  Vanno 
a  quattro  ed  otto  vœi,  op.  8,  ibid.^  et  le 
second  livre  a  pour  titre  :  Salmi  per  tutto 
l'anno  ed  una  Messa  a  falsi  bordoni  co' 
Vaggiunta  dsi  Salmi  carmelilani  a  quattro, 
Antifone  et  litanie  délia  BrMaria^  il  tutto  a 
quattro  voci  coH quinto  sepiace,  ibid.,  1660, 
10-4**;  mais  celui  de  ses  ouvrages  qui  a  le  plus 
contribué  à  propager  son  nom  est  un  traité  de 
musique  en  trois  livres,  intitulé  :  Li  primi 
albori  musieali  per  li  principianti  délia 
musica  figurata,  1<*  libro,  ^Bologne,  1656, 
in-4*.  Une  deuxième  édition  dece  premier  livre 
a  paru  en  1679,  et  a  été  reproduite,  en  1674, 
avec  un  nouveau  titre.  Le  deuxième  livre  a 
paru  à  Venise,  chex  Joseph  Sola,  en  1678, 
ia-4<*,  sous  ce  titre  :  Albori  musieali  per  li 
studiosi  délia  musica  figurata,  che  dreve- 
mente  dimostra  il  modo  di  giungere  alla 
perfetta  cognizione  de  lutte  quelle  cose  cke 
concorrono  alla  composizione  de'  eanti,  e 
di  cio  ch'alVarte  del  contrapunto  si  ricerca-, 

(I)  On  y  a  suivi  en  cela  Gerber  {Hitt.  £i^.  Ltxik. 
der  Tonkûnstler)  et  Forkel  (Allgem.  LiUer.  der  Mustk, 
p.  493)  qai,  eux-mêmes,  ont  été  trompés  par  ee  que  dit 
Waltbersur  la  cinquième  édition  de  set  Primi  Albori 
Musieali  publiée  en  1696  (Mu$ikal.  Uxikon),  savoir  : 
qu'on  y  trouve  le  portrait  de  Penoa  avec  l'indication  de 
rage  de  86  ans,  qui,  retranchés  de  1696,  portent  en  effet 
sa  naissance  à  1640  ;  mais  ce  portrait  avait  probable- 
ment été  pris  dans  quelque  édition  antérieure  de  ses 
messes  ou  de  ses  psaumes  ;  eequi  n>st  pas  sans  exemple, 
car  les  éditions  des  toceates  de  Frescobaldi  publiées  en 
1615  et  en  1637  sont  accompagnées  du  portrait  de  Pau- 
teur,  avee  l'indication  du  même  ige.  Ao  reste  j'ai  suivi 
relativement  &  L.  Penna  les  dates  Indiquées  par  Orlandi 
{Soti^i*  degli  Seriltori  Bolognesi,  p.  197)  qui,  étant  le 
compatriote  de  cet  auteur,  moine  du  même  ordre,  et 
presque  son  eontemporain,  devait  être  bien  Informé  de 
ce  qui  le  concernait'. 


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480 


PENNA  —  PEPUSCH 


libro  ieeondo.  Les  trois  livres  ont  été  réimis 
dans  une  édition  publiée  à  Bologne,  en  1679, 
in-4''.  Les  éditions  des  trois  livres  réunis  sont 
intitulées  :  Li  primi  albori  musicali  per  ii 
principianii  délia  musica  figuraia,  dittinti 
in  tre  libri,  Dal  primo  spontano  le  principi 
del  canto  figurato  ;  dal  seconda  spieeano  le 
regole  del  contrapnnto  ;  dal  terxo  apparis- 
cono  li  fondamenti  per  suonare  Vorgano  o 
clavincembalo  sopra  la  parte;  ce  qui  signifie 
que  le  premier  livre  contient  les  principes  du 
chant  Aguré;  le  second,ceuz  de  la  composition  à 
plusieurs  voix,  et  le  troisième,  ceuxderaccom- 
pagnementdelabasse  chiffrée  surrorgue.,On 
y  trouve  quelques  bonnes  choses,  mais  Tou- 
vrage  est  en  général  dépourvu  de  méthode,  et 
le  style  en  est  lourd  et  prolixe.  La  quatrième 
«édition  a  été  publiée  dans  la  même  ville,  en 
1684,  et  la  cinquième,  en  1696,  après  la  mort 
de  Tauteur.  Des  exemplaires  de  Tédition  de 
1684  ont  été  mis  en  vente  à  Anvers,  avec  un 
nouveau  titre  daté  de  1690,  in-4<*.  On  a  aussi 
de  L.  Penna  un  traité  de  plain-cbant  intitulé  : 
Direttorio  del  canto  ferma,  Hodène,  1689, 
in-4«. 

Outre  ces  ouvrages  de  musique,  le 
P.  L.  Penna  est  auteur  d*un  livre  ascétique 
publié  sous  ce  titre  :  Fervorose  formole 
d*  atti  interni  sopra  le  pii^  nobili  ed  eroiehe 
virtik  mora/t',  Bologne,  1689. 

PEPÎPÎAI^T  (Thomas),  naturaliste  et  anti- 
quaire anglais,  naquit  le  14  juin  1726,  à  Dow- 
ning,  dans  le  comté  de  Flint,  voyagea  dans  le 
pays  de  Galles,  en  Ecosse,  et  sur  le  continent, 
puis  mourut  le  16  décembre  1798.  Son  voyage 
dans  le  pays  de  Galles  a  été  publié  sous  ee 
titre  :  ji  tour  into  Wales  in  \77Zy  Londres, 
1778,  in-4®.  On  y  trouve  des  renseignements 
sur  la  musique  dans  ce  pays. 

PENr^EQUm  (JEAif),  maître  des  enfants 
de  chœur  de  la  cathédrale  d'Arras,  né  vers 
1540,  a  obtenu  au  Puyde  musique  d'Evreux, 
en  1577,  le  prix  de  la  Lyre  d*argent  pour  la 
composition  de  la  chanson  française  à  quatre 
voix  qui  commençait  par  ces  mots  :  Dieu  vous 
gard.  Le  catalogue  de  la  libraire  musicale  de 
Balthasar  Bellere,  intitulé  Thésaurus  biblio- 
tkecarius,  sive  eomucopia  librarix  Belle- 
rians ,  cum  duobus  supplementis  (Douai, 
1603-1605),  cité  par  M.  de  Coussemaker  (1), 
indique  de  ce  musicien,  sans  date  et  sans  nom 
de  lieu,  des  Chansons  à  quatre  et  cinq  par- 
ties, in-4». 

(1)  Notice  «les  eollcelions  masicalcs  de  la  biblio- 
tliéqae  de  Cambrai,  p.  123. 


PENTENRIEDEIV  (Xavier),  organiste 
de  la  cour  du  roi  de  Bavière,  né  à  Munich,  en 
1808,  a  fait  son  éducation  musicale  dans  cette 
ville.  Après  avoir  écrit  quelques  messes  et  des 
offertoires,  il  se  livra  à  la  composition  drama- 
tique et  flt  exécuter,  à  Munich,  en  1839,  Tou- 
verture  d*un  opéra  intitulé  :  lotto  von  Vit- 
telsbach,  qui  n*a  point  été  représenté.  En 
1840,  il  donna,  au  théâtre  royal,  son  grand 
opéra  Die  Nacht  auf  Paluzzi  (la  Nuit  à  Pa- 
luzzi  ),  qui  obtint  un  brillant  succès  et  fut  éga- 
lement bien  accueilli  à  Brunswick,  à  Cassel  et 
à  Leipsick.  Le  même  artiste  a  fait  jouer  à 
Munich,  en  1847,  Dies  Haus  ist  zu  verkaufen 
(Maison  à  vendre). 

PEPUSCH  (jBAR-CHRÉTiEir  ou  ClBIS- 
tophe),  compositeur  et  écrivain  sur  la  mu- 
sique, naquit  à  Berlin,  en  1667.  Son  père, 
ministre  prolestant  dans  cette  ville,  ayant 
remarqué  ses  heureuses  dispositions  pour  la 
musique,  lui  donna  pour  maître  de  théorie  de 
cet  art  Klingenberg,  et  chargea  Texcellent 
organiste  Grosse  de  lui  enseigner  la  pratique. 
Mais  après  une  année  de  sacrifices  faits  pour 
son  éducation  musicale,  Pepusch  fut  obligé 
d*achever  seul  ses  études.  Devenu  habile  clave- 
ciniste et  jouant  bien  de  la  harpe,  il  eut 
rhonneur  de  donner,  à  Tâge  de  quinze  ans, 
des  leçons  de  ce  dernier  instrument  au  prince 
royal  de  Prusse.  C^est  aussi  vers  cette  époque 
qu*il  commença  à  s*occuper  de  Téclaircisse- 
ment  de  quelques-unes  des  principales  diOi^ 
cultes  de  la  théorie,  en  remontant  jusqu'au 
système  de  la  musique  des  Grecs.  Il  avait  en- 
viron trente-troi^  ans  lorqu^il  quitta  Berlin  à 
rimproviste  pour  se  rendre  à  Londres,  où  il 
parait  avoir  été  appelé  par  Bononcini.  Il  y  fut 
employédès  son  arrivéejcomme  claveciniste  et 
comme  compositeur  au  théâtre  de  Dniry-Lane. 
D*abord,  ses  fonctions  de  compositeur  consisr 
tèrent  principalement  à  arranger  des  parti- 
tions Italiennes  pour  la  scène  anglaise,  et  à 
ajouter  des  airs  pour  certains  rôles  :  c'est 
ainsi  qu*on  trouve  de  lui,  à  la  suite  de  Topera 
de  Thomyris^  Pair  de  sa  composition  :  How 
blessed  is  a  soldier.  Son  changement  de  |)o- 
silion  ne  lui  fit  point  abandonner  ses  travaux 
concernant  la  musique  des  anciens,  sur  la- 
quelle il  ne  se  flt  pourtant  que  des  notions 
fausses.  Il  8*éprit  d*un  goût  passionné  pour 
cette  musique,  quMl  ne  connaissait  pas, 
puisquMl  n*en  reste  aucun  monument  de 
quelque  valeur;  et,  il  affirme  en  plusieurs 
endroits  de  ses  ouvrages,  que  le  peu  qui  en 
reste,  bien  que  fort  inférieur  à  ce  qui  est 
perdu,  sutnt  pour  démontrer  la  supériorité  de 


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PEPUSCU 


481 


celte  musique  sur  la  moderne.  Suivant  Haw- 
liins,  copié  par  Gerber,  la  musique  dramatique 
anglaise  était,  à  Tépoque  de  l'arrivée  de  Pe- 
pusch  à  Londres,  dans  un  état  de  barbarie  dont 
il  raurail  tirée,  et  ses  opéras  seraient  les  pre- 
miers de  ce  genre  où  il  y  aurait  eu  du  mérite  ; 
mais  i¥ie  pareille  assertion  est  démentie  par 
ce  qu*on  sait  des  productions  de  Purcell,  où 
brille  un  génie  bien  supérieur  à  celui  de  Pe- 
pusch.  Si  celui-ci  eût  été  réellement  un  com- 
positeur distingué,  ses  productions  se  seraient 
conservées  aussi  bien  que  celles  de  Tillustre 
musicien  anglais,  tandis  qu'on  ne  connaît 
aujourd'hui  de  lui  que  ce  qu'il  a  écrit  pour  le 
Beggar't  Opéra,  et  PoUy,  opéra  en  un  acte, 
faibles  productions  qui  ne  donnent  pas  une 
haute  opinion  de  sa  faculté  dMnvention  mé- 
lodique. On  en  peut  dire  autant  de  son  diver- 
tissement intitulé  yénus  et  AdonU,  de  sa 
musique  pour  le  jour  de  Sainte-Cécile,  et  de 
deux  volumes  de  cantates  qui  ont  été  publiés 
en  1727.  Il  a  mieux  réussi  dans  la  musique 
d'église,  particulièrement  dans  les  matines  et 
vêpres  qu'il  a  écrites  pour  la  chapelle  du  duc 
de  Chandos.  La  Société  du  concert  de  la  mu- 
sique ancienne,  de  Londres,  possédait  de  sa 
composition  un  beau  Magnificat^  et  plu- 
sieurs autres  bons  morceaux  dans  le  style  re- 
ligieux. 

Les  quinze  premières  années  du  séjour  de 
Pepusch  en  Angleterre  furent  les  plus  bril- 
lantes de  sa  carrière;  la  supériorité  de  son  sa- 
voir sur  celui  des  musiciens  anglais  lui  avait 
donné  dans  la  musique  une  autorité  qu'il  con- 
serva jusqu'à  l'arrivée  de  Hœndel,  mais  qui 
s'évanouit  en  partie  en  présence  de  ce  grand 
artiste.  Il  ne  pouvait  entrer  en  lutte  avec  un 
•pareil  athlète;  c'est  vraisemblablement  à  la 
•conviction  qu'il  eut  à  cet  égard  qu'il  faut 
attribuer  la  direction  toute  scientifique  qu'il 
donna  \  ses  travaux  vers  1721,  après  avoir 
quitté  le  service  du  duc  de  Chandos.  Sorti  de 
4;hez  ce  seigneur,  il  avait  accepté  le  titre  de 
professeur  et  de  directeur  de  musique  dans 
une  société  formée  par  le  docteur  Berkeley, 
dans  le  but  de  propager  la  religion  chrétienne, 
Jes  sciences  et  les  arts  dans  les  lies  Bermudes. 
Mais  le  bâtiment  qui  devait  servir  à  cette  ex- 
pédition ayant  souffert  des  avaries,  Pepusch 
fut  obligé  de  débarquer;  l'entreprise  échoua, 
et  le  musicien  revint  à  Londres,  où  il  é|K>usa, 
en  1722,  Marguerite  de  l'Épine,  actrice  de 
Drury-Lane,  qui  venait  de  quitter  le  théâtre 
après  y  avoir  acquis  environ  dix  mille  livres 
sterling.  Pepusch  vécut  honorablement  du 
revenu  de  celte  somme  et  du  produit  des  le- 

BIOGB.  I.^IV.  DES  aiISICIERS.  T.  VI. 


çons  qu'il  donnait  dans  les  premières  familles 
de  l'Angleterre.  Ce  fut  vers  l'époque  de  son 
mariage  que,  sur  les  sollicitations  de  Gay  et 
de  Rich,  il  entreprit  de  corriger  Tancienne 
musique  de  l'opéra  des  Mendiants;  il  y 
ajouta  une  ouverture,  qui  a  été  gravée  dans 
toutes  les  éditions  de  cet  ouvrage. 

Au  nombre  des  élèves  de  Pepusch  se  trou- 
vait lord  Paisley,  qui  dans  la  suite  devint 
comte  Abercorn.  Il  avait  écrit  pour  ce  sei- 
gneur quelques  feuilles  de  principes  d'har- 
monie, qui  devaient  lui  servir  de  guide  dans 
l'étude  de  celte  science;  mais  il  eut  le  chagrin 
de  voir  publier  à  son  insu  ces  feuilles  écrites 
à  la  hâle,  sous  ce  titre  :  J  Short  Treatise  on 
harmony,  containing  the  ehief  ruUs  for 
composingin  ttce,three  and  four  parti,  eic. 
(Traité  abrégé  d'harmonie,  contenant  les  règles 
principales'  pour  composer  à  deux,  trois  et 
quatre  parties,  etc.);  Londres,  1730.  Le  bruit 
s'étant  répandu  que  cette  informe  production 
était  l'ouvrage  de  Pepusch,  il  crut  devoir  re- 
toucher les  principes  qui  y  étaient  défigurés^ 
les  enrichir  d'exemples  et  publier  le  fruit  de 
son  travail,  fort  amélioré.  Son  livre  est  inti- 
tulé :  J  Treatise  on  harmony,  contain- 
ing,  elc.  Dedicated  to  ail  lovers  of  Mustek, 
by  an  admirer  of  this  agreeable  science;  Lon- 
dres, Pearson,  1731,  in-4<>  obi.  Cet  ouvrage 
doit  être  considéré  comme  un  traité  général 
des  principes  de  la  musique  plutôt  que  comme 
un  manuel  d'harmonie,  car  Pepusch  y  traite 
non-seulement  de  celle  science,  mais  de  la 
solmisalion,  d'après  la  méthode  des  hexa- 
cordes.  On  peut  affirmer  que,  hors  de  l'Italie, 
Pepusch  fut  le  dernier  défenseur  de  cette  mé- 
thode, qui  était  abandonnée  en  Allemagne  et 
en  France. 

Depuis  longtemps  occupé  de  recherches  sur 
la  musique  des  anciens,  il  s'était  formé  sur 
cette  musique  des  opinions  absolument  oppo- 
sées à  celles  de  tous  les  auteurs  qui  avaient 
écril  sur  ce  sujet.  C'est  ainsi  qu'il  se  persuada 
que  l'échelle  musicale  des  Grecs  était  descen- 
dante et  non  ascendante,  comme  on  le  croyait 
généralement  ;  en  sorte  que^'ordre  des  signes 
devait  être  retourné,  et  que  ceux  qu'on  avait 
cru  appartenir  aux  sons  graves  devaient  être 
placés  à  l'aigu,  et  réciproquement.  Cette  opi- 
nion, adoptée  plus  tard  par  l'abbé  Roussier, 
puis  par  M.  de  Drieberg,  a  été  combattue  par 
moi  dans  \e  Résumé  philosophique  de  V  histoire 
delà  musique  placé  en  télé  de  laprédilionde 
ce  Dictionnaire  biographique.  Pepusch  a  ex- 
posé ses  opinions  concernant  la  musique  des 
anciens  dans  une  lettre  adressée  à  Abraham 

31 


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482 

Moivrc,  qui  a  été  insérée  dans  les  Transat- 
lions  philosophiques  (l.  XLIV,  pari.  1, 1746, 
p.  266-274)  sous  ce  titre  :  Ofthevarious gênera 
and  species  of  music  among  ihe  ancientt, 
with  some  observations  eoncerning  their 
scaîe,  in  a  Letter  to  M.  Jhraham  de  Moivre. 

Pepusch  fut  le  fondateur  de  la  Société  de 
rancienne  musique  de  Londres.  Il  en  conçut 
le  plan  en  1710,  et  en  forma  le  noyau  en 
1712,  avec  Necdier,  Gates,  Gaillard  et  quel- 
ques autres  artistes.  Pour  aider  à  rexécution 
des  morceaux  qu'on  faisait  entendre  dans 
cette  Société,  il  avait  obtenu  l'assistance  des 
enninis  de  la  chapelle  royale  ;  mais,  en  1734, 
la  coopération  de  ces  enfants  fut  retirée  à  la 
Société,  qui  ftit  réorganisée  en  1735,  et  depuis 
lors  elle  a  subsisté  sans  interruption.  Après 
la  mort  de  Thomas  Love,  Pepusch  obtint  la 
place  d'organiste  du  Charterhouse,  en  1737  ; 
mais  la  mort  de  son  fîls  unique,  ^livie  de  celle 
de  sa  femme,  en  1740,  le  décida  à  renoncer  à 
cel  emploi  et  à  vivre  dans  la  retraite.  II 
mourut  en  1752,  et  légua  par  son  testament 
sa  belle  bil)liolhèque  musicale  à  ses  amis  Tra- 
vers, organiste  de  Saint-Paul,  et  Kellner,  mu- 
sicien allemand  du  théâtre  de  Drury-Lane. 
L* Académie  de  musique  ancienne  lui  fit  éle- 
ver, (flielques  années  après ,  un  monument 
dans  la  chapelle  du  Charterhouse,  avec  une 
inscription  dont  voici  la  traduction  : 

tt  Près  de  cet  endroit  reposent  les  restes  de 
tt  Jean-Chrislophe  Pepusch,  docteur  en  mu- 
u  sique  à  l'Université  d'Oxford.  Il  naquit  à 
a  Berlin  et  demeura  à  Londres  pendant  plus 
a  de  cinquante  ans,  estimé  comme  un  des 
(»  meilleurs  musiciens  et  des  plus  zélés  pro- 
tt  tecteurs  de  son  art.  En  1737,  il  se  chargea 
tt  des  fonctions  d'organiste  de  cette  église.  Il 
a  mourut  le  20  Juillet  1752,  âgé  de  quatre- 
tt  vingt-cinq  ans.  L'Académie  de  musique  an- 
tt  cienne,  établie  en  1710,  qui  lui  doit  sa 
u  fondation,  par  reconnaissance  pour  sa  mé- 
a  moire,  lui  a    fait  ériger  ce  monument.  » 

Parmi  ses  compositions,  on  remarque  : 
10  Deux  livres  de  cantates  imprimés  chez 
Walsh,  à  Londres,  In-fol.  2»  Un  livre  de  so- 
nates pour  flûte  et  basse  continue  pour  le  cla- 
vecin, op.  1.  3«  Deux  livres  de  sonates  pour 
violon  et  basse  continue,  op.  2  et  4.  4»  Deux 
livres  de  sonates  pour  violon  et  violoncelle, 
op.  5  et  6.  5»  Un  livre  de  trios  pour  deux  vio- 
lons et  basse  continue,  op.  3.  6»  Un  livre  de 
trios  pour  flûte  traversière,  violon  et  basse 
continue,  op.  7.  7'»  Six  concertos  pour  deux 
flûtes  â  bec,  deux  flûtes  traversières,  hautbois 
et  basse  continue. 


PEPUSCH  —  PEREGO 


PERAIHDI  (Maec-Joseph),  maître  de  cha- 
pelle de  l'électeur  de  Saxe,  naquit  à  Rome 
dans  les  premières  années  du  dix-scpUème 
siècle.  Il  entra  au  service  de  l'électeur  en 
1640,  et  partagea  les  fonctions  de  maître  de 
chapelle  avec  Henri  Schtttz,  Albrici,  Bon- 
tempi  et  Bernbard.  L'époque  de  sa  mort  parait 
devoir  être  fixée  en  1070.  On  connaît  de  sa 
composition,  en  manuscrit,  une  messe  {Kf 
rie  cum  Glorid)  h  onze  voix  réelles,  et  un 
motet  {Emenéemtts  in  meUus)  à  sept  voix. 

PERAULT  (...),  flûtiste  du  théâtre  du 
Vaudeville,  depuis  Tan  vi  de  la  république 
française  (1797)  jusqu'en  1804,  a  publié  de  sa 
composition  :  1*  Sonates  pour  la  flûte,  avec  ac- 
compagnement de  basse,  op.  1  ;  Paris,  Leduc. 
2'»  Idem,  op.  4  et  5;  Paris,  Sieber.  3*  Duos 
pour  deux  flûtes,  op.  2;  ibid,  4«  Duos  faciles 
pour  deux  flûtes  ;  Paris,  Leduc.  5*  Caprices  et 
duos  idem;  ibid.  6*  L'Jrt  de  la  flûte,  mé- 
thode divisée  en  deux  parties;  ibid, 

PERAZZAr^I  (Fbahçois),  savant  italien 
qui  vivait  à  Rome  â  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  a  publié  une  dissertation  intitulée  : 
Smiperceptio;  Rome,  Zempel,  1794. 

PERCKU AIMER  (WoLFGARa),musicieQ 
attacha  à  la  chapelle  du  duc  de  Bavière,  vers 
la  fin  du  seizième  siècle,  naquit  à  Vasserboui^'. 
Il  s'est  fait  connaître  par  un  recueil  d'hymnes 
qui  a  été  publié  sous  ce  litre  :  Saerorum 
hymnorum  modulationes^  a  quatuor,  quin- 
que  et  sex  vacibus  eum  «tua  voce,  Sum  om- 
nis  generis  instrumentis  ;  Monachii,  exeu- 
debalJdamus  Berg,  1591,  in-4«  obi.  Cet 
œuvre  contient  dix-neuf  moteU  à  cinq  voix  ; 
un  â  quatre ,  et  deux  à  six  voix. 

PEREGO  (Camille),  prêtre ,  d'une  an- 
cienne famille  de  Milan,  naquit  en  cette  ville 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle. 
Poète  et  musicien  distingué,  il  remplit  pen- 
dant trente-cinq  ans  les  fonctions  de  maître 
de  chant  des  enfants  de  chœur  de  la  cathé- 
drale de  Saint-Ambroise  ainsi  que  du  sémi- 
naire, et  fut  en  même  temps  vicaire  de  l'église 
de  Saint-Vit,  dite  in  Pasquirolo,  où  l'on  voit 
son  tombeau,  avec  cette  inscription  : 

D.    0.    M. 

Csnilltts  Peregas  Sacerdos 

Qui  bujus  ecclesia  reclor  Cul 

Hic  modo  jaceo 

Orale  pro  mo 

V.    P. 

Perego  vivait  encore  en  1574,  car  il  dédia, 
le  14  mars  de  celle  année,  son  Traité  du 
chant  ambrosien  â  saint  Cbarles  Borromée. 
Il  a  fait  imprimer  des  madrigaux  à  quatre 
voix,  à  Venise,  en  1555  ;  mais  ce  qui  a  surtout 


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PEREGO  —  PEREZ 


48a 


rendu  son  nom  recommandable,  c^est  son 
traité  du  cbani  ambrosien,  dont  le  manus- 
crit existe  dans  les  arcbives  de  Téglise  métro- 
politaine^ et  qui  fut  publié  après  sa  mort,  sous 
ce  titre  :  La  Regola  del  eanto  fermo  ambro- 
siano  ;  Milan,  1632,  in-4».  Cet  ouvrage  est  du 
plus  baat  intérêt  pour  la  comparaison  des 
deux  chants  ambrosien  et  grégorien  ;  le  troi- 
sième livre,  surtout,  renferme  des  renseigne* 
ments  précieux  pour  caractériser  cette  diffé- 
rence. 

PEREGRIPIO  (Jahetto),  ancien  luthier, 
établi  à  Brescia  vers  1540.  Il  précéda  Gaspard 
de  Salo  d'environ  vingt  ans.  On  ne  connaît 
qa*un  petit  nombre  de  basses  de  viole  con- 
struites par  Peregrino.  Cartier  en  possédait 
une,  appelée  ténor,  qui  fut  jouée  par  M.  Fran* 
chôme,  à  mon  premier  concert  historique  de 
Torigine  et  du  progrès  de  Topera,  le  8  juin 
1832. 

PEREIAA  (OfABC'S4i.TATOE),  musicien 
portugais,  né  à  Villa-Viciosa  dans  les  der- 
nières années  du  seizième  siècle,  fut  d'abord 
maître  de  chapelle  en  cette  ville,  puis  entra  au 
service  du  roi  de  Portugal  en  cette  qualité,  et 
mourut  à  Lisbonne  en  1655.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  beaucoup  de  messes,  de  psaumes, 
de  motets  et  de  répons,  qui  se  trouvaient  en 
manuscrit  dans  la  Bibliothèque  royale  vers  le' 
milieu  du  dix-huitième  siècle. 

PEKEIRA  (DoHiiiiçiiE-Nu!f  Et),  domin  icain 
portugais,  naquit  à  Lisbonne  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle,  et  mourut  à  Camerata, 
le  29  mars  1729.  Il  avait  été  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Lisbonne,  mais  plus 
tard  il  se  relira  dans  le  monastère  où  il  est 
mort.  Il  a  laissé  de  sa  composition,  en  ma- 
nuscrit :  \^  Des  répons  de  la  semaine  sainte, 
à  huit  voix.  2«  Des  répons  de  roffice  des  morts, 
à  huit  voix.  S»  Leçons  de  rolllce  des  morts,  à 
quatre  voix.  4^  Confitebor,  à  huit  voix.  5«  lau- 
daiepveri  Dominumi  à  huit  voix. C'Zaudale 
Dominum  omhes  gentes,  à  quatre  voix. 
7«  Vilhancicos  et  motets  à  quatre,  six  et  huit 
voix. 

PERELLI  (Natale),  compositeur  drama- 
tique, né  en  Lombardie  vers  1815,  a  fait  ses 
éludes  musicales  au  Conservatoire  de  Milan. 
Son  premier  opéra,  GaleoUo  Afanfredif  fut 
joué  à  Pavie,  en  1850,  avec  un  succès  satisfai- 
sant, car  il  obtint  vingt  représentations  con- 
sécutives. Son  second  ouvrage,  Osti  et  non 
oslij  qui  ne  fut  pas  moins  heureux,  fut  joué  à 
Gènes.  La  partition  pour  piano  a  été  publiée 
à  Milan,  chez  Ricordi.  En  1842,  Perelli  a 
donné,  à  Turin,  //  Contrabandiere,  qui  ne 


réussit  pas.  Après  cette  époque,  il  n*y  a  plus 
de  renseignements  sur  cet  artiste,  à  moins 
qu'il  ne  soit  le  même  Perelli,  ténor,  qui 
chanta  à  Amsterdam  en  1845,  à  Bergame  et  à 
Milan,  dans  Tannée  suivante. 

PEREYRA  (Thomas),  jésuite  et  mission- 
naire portugais,  fut  envoyé  à  la  Chine,  en 
1680,  et  jouit  d'un  grand  crédit  près  de  Tem- 
pereur  jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva,  en  1092, 
k  Pékin.  Ce  fut  lui  qui  négocia  le  traité  de 
paix  par  lequel  Texercice  de  la  religion  catho- 
lique fut  autorisé  dans  tout  Tempire.  Pereyra 
avait  laissé  en  manuscrit  un  traité  de  musique 
intitulé  :  Musiéa  pratica  e  especulativa  in 
Aparté*;  mais  il  parait  que  cet  ouvrage  s'est 
perdu. 

PEREYIiA  DE  FIGUEREDO  (Ah- 
toike),  moine  portugais,  né  le  14  février  1725, 
à  Macao,  fit  ses  éludes  au  collège  des  jésuites, 
de  Villa-Yiciosa,  fut  ensuite  admis  comme  or- 
ganiste au  couvent  de  Sain  le-Croik,  à  CoXmbre, 
et  entra,  en  1744,  dans  la  congrégation  de 
l'Oratoire,  à  Lisbonne.  Devenu  savant  théolo- 
gien, philologue  et  littérateur  distingué,  il 
publia  une  excellente  grammaire  latine,  et 
des  traités  de  théologie  et  d'histoire  ecclésias- 
tique qui  le  rendirent  célèbre  dans  sa  patrie. 
Il  mourut  à  Lisbonne,  le  14  avril  1797.  Pe- 
reyra fut  gardien  de  son  couvent  et  seidistin- 
gua  comme  compositeur  de  musique.  Parmi 
ses  productions  musicales  on  cite  :  1*>  Psaume 
Zatidayerusa/em,  à  quatre  voix,  avec  accom- 
pagnement de  violons  etlrompetles.2<>L'hymue 
de  saint  Philippe  de  Néri,  à  quatre  voix,  avec 
deux  violons  et  orgue,  ô"*  L'hymne  Tantum 
ergo,  idem.  4<'  Les  Lamentations  de  Jérémie, 
à  deux  chœurs.  5<^  Les  motets  Plorans  plora- 
vit  in  nocte  et  Adjuva  no»  Deus,  à  quatre 
voix.  6<>  Stabat  lHater,  à  quatre  voix.  7<*  O 
Jesu  dulciisime,  à  quatre  voix.  ^°  Concaluit 
cor  meum,  à  deux  chœurs,  avec  accompagne- 
ment de  violons.  Tous  ces  ouvrages  ont  été 
la  proie  des  flammes,  dans  un  incendie  qui 
éclata  le-l*'  novembre  1755  à  Lisbonne. 

PEUEZ  (David),  compositeur  célèbre,  fils 
d'un  Espagnol  qui  s'était  fixé  à  Naples,  naquit 
dans  cette  ville,  en '1711.  Il  étudia  le  violon 
sous  la  direction  d'Antoine  Gallo,  qui  en 
fit  un  virtuose  sur  cet  instrument.  François 
Mancini,  maître  du  Conservatoire  de  Lorctte, 
lui  enseigna  le  contrepoint.  Ses  études  étant 
terminées,  il  se  rendit  à  Palerme,  oii  il  fut  en- 
gagé, en  1739,  en  qualité  de  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale.  Ce  fut  dans  celte  ville 
qu'il  fit  représenter,  en  1741,  son  premier 
opéra,  intitulé  :  L'Eroismo  di  Scipione,  Cet 

31. 


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481 


FEREZ  —  PERGOLÈSE 


ouvrage  fut  suivi  d*Mtart€a,  de  Afedea,  de 
V Isola  incanlata,  tous  représentés  à  Palerme 
jusqu'en  1748.  De  retour  à  Naples,  en  1749, 
Perez  y  fit  représenter  son  nouvel  opéra  de  la 
Clemenxa  di  Tito,  qui  obtint  un  brillant 
succès  au  théâtre  Saint-Charles.  La  réputa- 
tion d'habileté  que  lui  fit  cette  production  lui 
procura  un  engagement  à  Rome,  pour  écrire, 
en  1750,  au  théâtre  del/e  Z^ame,  saSemira- 
mide,  accueillie  avec  enthousiasme  et  suivie 
lïe  Farnaoêt  dans  la  même  année.  En  1751, 
il  donna  Merope,  Didone  ahbandonaia  et 
Aleîsandro  nelle  Indie,  à  Gènes,  et  dans  la 
même  année,  Zenobia  et  Demetrio^  à  Turin. 
Lorsqu*il  était  dans  cette  ville,  il  reçut  des  pro- 
positions pour  entrer  au  service  du  roi  dePor- 
tugal,  les  accepta  et  se  rendit  immédiatement 
à  Lisbonne,  où  il  fit  jouer  son  Demofoonte, 
en  1752.  L'effet  que- produisit  cet  opéra,  où 
chantaient  les  célèbres  artistes  Gizziello  et 
RaflT,  valut  à  Perez  la  faveur  du  roi,  qui  lui 
accorda  un  traitement  annuel  de  près  de  cin- 
quante mille  francs,  en  qualité  de  maître  de 
chapelle.  Un  nouveau  théâtre  d'opéra  ayant 
été  élevé  à  Lisbonne,  on  en  fit  Pouverture,  en 
1755,  pour  la  fête  de  la  reine,  et  Ton  y  repré. 
senta  YAleitandro  tulle  Indie,  avec  une 
nouvelle  musique  de  Perez.  On  vit  dans  cet 
ouvrage,  sur  lascène,  un  corps  de  cavalerie,  et 
une  imitation  de  la  phalange  macédonienne, 
d^apr^  le  récit  de  Quinte  Curce.  On  entendit 
à  ce  théâtre,  placé  sous  la  direction  de  Perez, 
les  meilleurs  chanteurs  de  Tltalie,  tels  que 
Elisi,  Manzuoli,  Caffarelli,  Gizziello,  Babbi, 
RaflT  et  Guadagni.  Le  Demetrio  et  le  Soli- 
manno,  de  Perez,  furent  considérés  à  Lis- 
bonne comme  ses  meilleurs  opéras  ;  on  ne  se 
lassait  pas  de  les  entendre,  et  les  plus  beaux 
ouvrages  des  plus  grands  maîtres  de  l'Italie 
n'atteignaient  pas,  à  la  cour  de  Portugal,  la  re- 
nommée de  ces  productions  de  son  talent.  Du- 
rant l'espace  de  vingt-six  ans,  Perez  jouit,  à 
cette  cour,  d'un  sort  digne  d'envie  :  loin  de 
décroître,  sa  faveur  avait  encore  augmenté 
dans  ses  dernières  années.  Comme  Heendel,  â 
qui  il  ressemblait  pour  la  corpulence,  et  dont 
il  avait  le  penchant  pour  la  bonne  chère,  il 
perdit  la  vue  dans  sa  vieillesse  j  néanmoins,  il 
ne  cessa  pas  de  travailler,  ayant  trouvé  des 
moyens  particuliers  pour  dicter  ses  composi- 
tions avec  rapidité.  Dans  un  voyage  qu'il 
avait  fait  à  Londres,  en  1755,  pour  en  rame- 
ner des  chanteurs,  il  y  avait  écrit  un  opéra 
d^Ezio,  qui  obtint  un  brillant  succès.  Il  mou- 
rut â  Lisbonne,  en  1778,  â  l'âge  de  soixante- 
sept  ans. 


Les  compositions  de  Perez  décèlent  un 
artiste  exercé  dans  Tart  d'écrire,  et  l'on  y 
trouve  des  mélodies  d*un  beau  caractère  ; 
toutefois,  il  me  parait  que  ce  maître  a  été  trop 
vanté  par  les  historiens  de  la  musique,  et  que 
ses  idées  manquent  d'originalité,  au  moins 
dans  le  style  dramatique.  Jomelli,  qu'on  lui 
a  quelquefois  comparé,  me  parait  bien  supé- 
rieur à  lui  pour  le  pathétique.  Dans  la  mu- 
sique d'église,  particulièrement  dans  ses  Jlfa- 
Unes  des  morts,  dont  il  a  été  fait  une  belle 
édition  in-folio  à  Londres,  en  1774,  Perez  me 
parait  avoir  eu  un  style  plus  original  que  dans 
l'opéra.  Dans  la  liste  de  ses  ouvrages,  on  re- 
marque :  I.  Musique  d'église  :  1<*  Les  psaumes 
Laudate,  à  trois  voix  et  chœur;  Arc  dies, 
idem  ;  Mémento  Domine,  idem  ;  In  exitu  Is- 
raël, à  huit  voix.  9«  Répons  pour  la  fête  de 
Noël,  â  quatre  voix,  3«  Deux  Salve  Regina,  à 
quatre  voix.  4<'  Motets  concertés,  à  quatre 
voix,  parmi  lesquels  Conceptio  tua,  Medid 
noete,  Fidentes  stellam,  D^uneto  fferode. 
5«  Messe  à  cinq  voix  et  orchestre.  6*  Messe  à 
huit  voix  et  orchestre.  7«  Matutini  de' Morti  ; 
Londres,  1774,  in-fol.  II.  Opéras  :  8»  l'E- 
rotsmodiSeipione,  à  Palerme,  1741.  9«y/«- 
rarfea,  ibid.  10»  Medea,  ibid.  11«  L'Isola 
incantata,  Ibid.  12»  La  Clemenza  di  Tito, 
â  Naples,  1749.   13«  Semiramide,  à  Rome, 

1750.  U'^Farnaee,  ibid.  15»  ^erope, à  Gênes, 

1751.  16*  Didone  abbandonata^  ibid. 
17»  Messandro  nelle  Indie,  ibid.  18»  Zeno- 
bia, à  Turin,  1751.  19*  Demetrio,    ibid., 

1752.  20O  Demofoonte,  à  Lisbonne,  1752. 
21»  jtdriano  in  Siria,  ibid,  1752.  22»  Aria- 
serse,  ibid.,  1755.  23«  L'Eroe  Cinese,  ibid., 
1755. 24»  Ipermestra,  i^ld.,  1754. 25»  Olim- 
pta<ïe,ibid.,  1754.  WEzio,^  Londres,  1755. 
27o  Alessandro  nelle  Indie,  avec  une  nou- 
velle musique,  à  Lisbonne,  1755.  28*  i'trof , 
ibid.,  1756.  29*  Solimanno,  ibid.,  1757. 
50»  Enea  in  Italia,  en  1759.  31*  Giulio  Ce- 
sare,  ibid.,  1762.  J'ignore  les  titres  des  au- 
tres opéras  représentés  â  Lisbonne.  On  a  aussi 
de  Perez  vingt-sept  solfèges  à  deux  TOix,  com- 
posés pour  l'éducation  des  princesses  de  Por- 
tugal. 

PERGER  (Fbançois-Xatibr),  musicien 
de  Nuremberg,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  y  a  publié,  en  1754,  des  quatuors  pour 
clavecin,  deux  violons  et  basse,  sous  le  titre  de 
Musikalisches  Fergniigen  (Amusements  de 
musique). 

PERGOLÈSE  (jEAH-BArTisTB),  composi- 
teur célèbre  de  l'école  napolitaine,  a  été  l'ob- 
jet de  beaucoup  d'erreurs  biographiques,  et 


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PERGOLÊSE 


485 


d*iDcerlitudes  que  M.  le  roarqQis  de  Yillarosa 
a  dissipées  par  ses  recherches  dans  les  acles 
authentiques  et  sur  les  lieux  mêmes  où  ils  sont 
dé|>osés.  Saverio  Mallei,  dans  ses  Memorie 
per  servirt  aUe  vile  di  Metatiasio  e  di  Jo- 
melli,  dit  que  le  nom  de  Pergolèse  lui  fut 
donné  parce qu*il  est  né  à  Pergoli,  ou  Pergola, 
dans  la  Marche  d'Ancône,  et  que  le  véritable 
•nom  de  sa  famille  était  Jeti.  L^abbé  Berlini 
émet  la  même  opinion  dans  son  Dixiionario 
storieo-entico  degli  teriitori  di  Mu$iea,  et 
moi-même  je  Tai  adoptée  dans  la  première 
édition  de  cette  Biographie  universelle  des 
musiciens,  D*aulre  part,  Galanli,  dans  sa 
Descrizione  délia  Cita  di  Napoli  (p.  240); 
Boyer,  dans  sa  Notice  sur  la  vie  et  les  ou- 
vrages de  Pergolèse  (Mercure  de  France, 
juillet  1773);  La  Borde,  dans  son  Essai  sur 
la  musique{i,  III,  p.  213);  Gerber  (Lexikon 
der  TonkUnstler)]  Choron  et  Fayolle  (Z>tc- 
tionnaire  historique  des  musiciens)]  Seve- 
linges,  dans  la  Biographie  universelle,  des 
frères  Michaud;  M.  Gennaro  Grossi,  dans  la 
Biografia  degli  uomini  illustri  del  regno  di 
Napoliy  et  plusieurs  autres,  ont  fait  naître 
Pergolèse  à  Casoria,  petit  village  du  royaume 
de  Naples.  Quadrio  seul  a  dit  que  Tilluslre 
musicien  naquit  à  Jesi,  ville  des  Étals  romains 
(Storia  e  ragione  di  ogni  paesia,  t.  V, 
p.  106).  Le  résultat  des  recherches  de  M.  de 
Yillarosa  a  confirmé  les  paroles  de  ce  dernier 
auteur,  et  a,  en  même  temps,  fixé  la  date  de 
la  naissance  de  Pergolèse,  que  les  uns  plaçaient 
en  1704,  et  d*autres  en  1707.  L*écritdaus  le- 
quel cet  amateur  des  arts  a  fait  connaître  ses 
découvertes  sur  ce  sujet  a  pour  titre  :  Lettera 
biografica  intomo  alla  patria  ed  alla  tita  di 
G  iov.Battista  Pergolèse  y  célèbre  eompositore 
di  musica  (Naples,  1831).  Postérieurement, 
il  a  reproduit  ses  preuves  dans  le  volume  qu^il 
a  publié  sous  le  titre  de  Memorie  dei  compo- 
sitori  di  miuica  del  regno  di  Napoli  (Na- 
pleS;  1840,  un  volume  in-8<>).  On  voit  dans  ces 
deux  ouvrages  que  Jean-Baptiste  Pergolèse, 
fils  de  François-André  et  de  sa  femme  Anne- 
Victoire,  naquit  à  Jesi,  le  3  janvier  1710,  à 
dix  heures  du  soir,  et  qu*il  y  fut  baptisé  le 
4  du  même  mois.  Ces  faits  sont  démontrés 
par  Tacte  authentique  obtenu  parM.de  Vilia- 
rosa,  et  ainsi  conçu  : 

«  In  Dei  nomine  etc,  Universis  et  sin- 
a  gulis  ad  quos  etc,  indubitatam  fidem 
«  fado,  verboque  veritatis  testor  ego  infra- 
«  seriptus  parochus  hujus  insignis  Ecclesix 
tt  ad  suggestum  Divi  Septimii  perlinentis 
«1  sequentem  invenisse  particulam  in  uno 


«  regenàtorum   libro   signato   sub   n»  2, 
tt  pag.  584. 

tt  Ad\4Gennajol710. 

tt  GiÀmbaltista  figlio  di  Francesco  Andréa 
«  Pergolcsi,  e  di  D.  Anna  Yittoria  consorle 
a  di  questa  Città,  nato  la  nolte  antécédente  a 
tt  ore  10,  fu  batlizzato  da  me  Marco  Capo- 
«  grossi  Curato.  Padrini  furono  gr  illustris- 
«  simi  signori  Gio.  Battista  Franciolinl,  et  > 
«  signora  Gentilinade*  signori  Honorati. 

«  Quamquidem  particulam  in  prxfato 
«  libro  verbo  ad  verbum  fideliter  diligen- 
«  terque  decerpsisse  teslor.  In  quorum  fidem 
«  has  présentes  litteras  meamanu  scriptas 
«  subscript€Lsque  dedi,  soliloque  huius  mem 
tt  Calhedralis  Parocci»  signo  firmandas 
«  euravi.  Datum  jEsH  ex  jÈd,  Parochiali- 
tt  bus  Fil  kalendas  iunii  1831 .  Ego  AUxius 
«  ^euertnt'  parochus  manu  prop.  (Jdest 
«  Sigillum),  Il  confaloniere  di  Jesi  certifica 
tt  vera  ed  originale  la  firma  del  rev.  sig. 
tt  D.  Alessio  Severini,  parocco  de]  Duomo.  In 
«  fide,  Jesi  li  30  Maggio  1831.  Il  gonfalo* 
«  niere  :  Settimio  marchese  Pianetti.  » 

Les  circonstances  qui  conduisirent  le  jeune 
Pergolèse  à  Naples  sont  ignorées  ainsi  que 
celles  qui  le  firent  entrer  dans  un  des  conser- 
vatoires de  celte  ville.  Les  auteurs  étaient 
partagés  sur  le  nom  de  Técole  oir  il  fut  admis; 
mais  M.  de  Yillarosa  a  acquis  la  preuve  que 
Pergolèse  devint  élève  du  conservatoire  dei 
poveri  di  Giesu-Cristo,  où  il  reçut  d*abord 
des  leçons  de  violon  de  Dominique  Matteis. 
Étudiant  seul  cet  instrument,  il  avait  décou- 
vert des  procédés  pour  exécuter  des  passages 
difficiles  par  demi-tons,  en  montant  et  en 
descendant,  ainsi  que  des  ornements  de 
formes  aussi  nouvelles  que  gracieuses.  Ses 
condisciples  étaient  souvent  étonnés  lorsqu'ils 
Pentendaient  exécuter  ces  nouveautés  diffi- 
ciles :  ils  en  parlèrent  à  Matteis,  qui  désira 
rentendre.  Ce  maître,  frappé  d'élonnement  à 
Taudltion  de  ces  choses  inconnues,  demanda 
à  Pergolèse  qui  les  lui  avait  apprises  ;  mais 
Pélève  lui  inspira  un  véritable  intérêt,  lors- 
qu'il lui  répondit  qu'il  ignorait  si  ce  qu'il 
faisait  était  bon  ou  mauvais,  et  qu'il  avait 
suivi  simplement  son  instinct.  Matteis  l'en- 
gagea alors  à  écrire  ce  qu'il  exécutait.  Le  len- 
demain Pergolèse  lui  porta  une  sorte  de  '  ^ 
petite  sonale  dans  laquelle  il  avait  intercalé 
ses  traits  nouveaux.  Ravi  de  ce  qu'il  voyait, 
Matteis  recommanda  chaleureusement  son 
élève  à  Gaetano  Greco,  premier  maître  du 
Conservatoire.  Ce  fut  sous  la  direction  de  ce 
savant  professeur  que  Pergolèse  commença  ses 


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486 


PERGOLÊSE 


éludes  de  composition.  Après  la  inort  de 
Greco,  il  devint  élève  de  son  successeur  Fran- 
çois Durante  (voyei  ce  nom)  ;  mais  celui-ci 
ayant  été  appelé  i  Vienne,  Feo,  élève  de 
Scarlalti  et  grand  musicien,  lui  succéda  dans 
la  place  de  premier  maître.  Ce  fut  sous  sa 
direction  que  Pergolèse  achera  ses  éludes  de 
composition.  Il  était  encore  an  Conservatoire 
lorsqu'il  écrivit  son  premier  ouvrage,  lequel 
était  un  drame  sacré  intitulé  S.  Onglielmo 
d'y^quitania ,  avec  quelques  Intermèdes 
boufTes,  qui  fui  exécuté,  pendant  Tété  de 
1731,  dans  le  cloître  de  S.  Agnello  Maggiore, 
et  qui  obtînt  un  si  brillant  succès,  que  le 
prince  de  Stigliano  Colonna,  le  prince 
d'Avellino  Carraciolo,  et  le  duc  de  Hoddaloni 
Carafa  le  prirent  sous  leur  protection  pour  lui 
ouvrir  les  portes  des  théâtres  et  rendre  sa 
carrière  plus  facile.  J*ai  examiné  à  Naples  la 
partition  de  cet  ouvrage  :  Timpression  qu'elle 
m'a  faite  est  celle  d'une  production  bien 
écrite  :  mais  Je  n*y  ai  pas  découvert  ces  Inspi- 
rations vives  qui  caractérisent  les  œuvres 
destinées  à  exercer  une  grande  influence  sur 
rnrt.  Bien  que  le  style  de  l'école  napolitaine 
fût  moins  sévère  que  celui  des  anciens 
maîtres  romains,  néanmoins  Greco,  Durante 
et  Feo  avaient  conservé  la  tradition  d^une 
harmonie  pure  et  de  formes  scientiâques  qui 
furent  négligées  par  les  générations  suivantes. 
Pergolèse  suivit  les  traditions  de  ses  maîtres 
dans  ses  premières  productions;  mais  plus 
tard,  entraîné  par  l'exemple  de  Vinci,  son 
ancien  condisciple,  il  considéra  l'expression 
dramatique  comme  le  but  principal  de  l'art, 
et  introduisit  cette  expression  jusque  dans  sa 
musique  d'église. 

Dans  l'hiver  dt  la  même  année,  il  écrivit 
pour  le  théâtre  S.  BaKolomeo  la  musique  du 
drame  intitulé  la  Sallusiia,  qui  parait  avoir 
été  applaudie.  Le  compositeur  eut  la  bonne 
fortune  d'entendre  chanter  les  principaux 
rèles  de  son  opéra  par  le  célèbre  Grimaldi  et 
par  La  Facchinelli,quise  At  particulièrement 
admirer  par  la  manière  dont  elle  chanta  l'air  : 
Per  queslo  amore.  Cet  ouvrage  fut  suivi  de 
l'intermède  jémor  fà  l'uomo  cieeo,  joué  au 
théâtre  des  Fiorentini  et  qui  ne  réussit  pas. 
L'opéra  sérieux  Recimero,  joué  au  théâtre 
Saint-Bartholomé,  ne  fut  pas  plus  heureux. 
Découragé,  Pergolèse  parut  renoncer  pendant 
quelque  temps  à  écrire  pour  le  théâtre.  Ce  fut 
alors  qu'il  composa  pour  le  prince  de  Ste- 
gliano,  premier  écuyer  du  roi,  trente  trios 
pour  deux  violons  et  basse.  Vingt-quatre  de 
ces  tries  ont  été  publics  à  Londres  et  à  Am- 


slerdam.  A  celte  même  époque,  un  tremble- 
ment de  terre  ayant  frappé  de  terreur  les 
habitants  de  Naples,  les  magistrats  firent 
exécuter  dans  l'église  des  Minimes,  appelée 
Santa  Maria  délia  Stella,  un  service  solennel 
en  l'honneur  desainl£middio,inToqué  comme 
protecteur  de  la  ville  :  ce  fut  Pergolèse  qu'on 
choisit  pour  écrire  la  musique  de  cette  solen- 
nité, et  ce  fut  à  cette  occasion  qu'il  composa 
sa  belle  messe  à  dix  Toix  en  deux  chœurs 
avec  deux  orchestres  et  des  vêpres  complètes» 
Cette  musique  obtint  le  suffrage  des  célè- 
bres musiciens  qui  viTaient  alors  à  Naples, 
et  fut  considérée  comme  une  œuvre  accom- 
plie. Immédiatement  après,  Pergolèse  écrivit 
une  autre  messe  à  deux  chœurs,  et  invita 
Léo  à  venir  l'entendre  :  ce  grand  maître  fol 
charmé  de  la  beauté  de  l'ouvrage  et  lui  ac- 
corda de  grands  éloges.  Plus  lard^  l'auteur 
ajouta  â  cette  messe  un  troisième  et  un  qua- 
trième chœur  pour  la  faire  exécuter  dans 
l'église  des  PP.  de  l'Oratoire,  pendant  les  qua- 
rante heures  du  carnaval.  On  rapporte  à  la 
même  époque  la  composition  de  quelques  can- 
tates avec  accompagnement  de  deux  violons, 
viole  et  basse  ou  de  clavecin,  entre  autres  la 
célèbre  cantate  d'Orphée;  mais  celle-ci  n'a 
été  composée  que  dans  l'année  même  de  la 
mort  de  Pergolèse. 

Rappelé  par  son  penchant  d'artiste  à  la 
carrière  du  théâtre,  en  dépit  des  dégoAts  qu'il 
y  avait  trouvés  précédemment,  il  écrivit  jiour 
le  théâtre  Saint-Bartholomé,  â  la  /Inde  1731, 
son  intermède  célèbre  de  la  Sertta  padrona, 
.  chef-d'œuvre  de  mélodie  spirituelle ,  d'élé- 
gance et  de  vérité  dramatique,  où  le  génie  du 
musicien  triompha  de  la  monotonie  de  deux 
personnages  qui  ne  quittent  presque  pas  la 
scène,  et  d'un  orchestre  réduit  aux  proiior- 
tions  du  quatuor.  Le  succès  de  cet  opéra  fut  le 
plus  brillant  et  le  plus  complet  que  Pergolèse 
ait  obtenu  dans  sa  courte  vie.  Jl  Maestro  di 
musica  et  //  Geloso  ichemito,  qui  le  suivirent 
de  près,  ne  réussirent  pas  d'abord,  et  ne 
furent  appréciés  à  leur  juste  valeur  qu'après 
/la  mort  de  l'auteur.  £n  1732,  Pergolèse  écrivit 
pour  le  théâtre  des  Fiorentini  XoFrate  tnfui- 
moratOf  opéra  bouffe  en  dialecte  napolttalOy 
qui  fut  suivi  de  il  Prigionier  superbo,  an 
théâtre  Saint-Bartholomé.  En  1734,  il  donna 
l'opéra  sérieux  Adriano  in  Siria,  ainsi  que 
l'intermède  Livietta  e  Tracolo.  Dans  celte 
même  année,  Pergolèse  obtint  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  l'église  de  Notre-Dame 
de  Lorelte  et  alla  prendre  possession  de  cet 
emploi.  On  ne  sait  à  quelle  époque  appartient 


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PERGOLÉSE 


487 


rintermède  intitulé  la  Contctdina  astuta; 
mais  il  est  vraisemblable  qu'il  a  été  repré- 
sente  auxFioreolini  de  Naples  dans  Pautomne 
de  17Ô4.  Dans  Tannée  suivania,  il  donna  il 
Flaminio,  opéra  bouffe  en  trois  acles,  qui 
fat  repris  au  théâtre  Nuovo  avec  beaucoup  de 
•succès  en  1749.  Appelé  à  Rome  dans  la  même 
année  pour  écrire  VOlimpiade,  il  y  retrouva 
la  mauvaise  fortune  qui  Pavait  souvent  mal- 
traité au  théâtre.  Dunl,  qui  a  fourni  à  Boyer 
la  plupart  des  anecdotes  de  sa  biographie  de 
Pergolèse,  rapportait  cielle^ci  concernant 
VOlimpiade,  Lui-même,  disait-il,  avait  été 
engagé  pour  écrire  à  Rome  un  JVerone,  qui 
devait  être  joué  après  Topera  de  Pergoièse, 
-son  ancien  condisciple  au  conservatoire  de 
Naples.  Il  n*osa  écrire  une  note  de  son  ou- 
vrage avant  d'avoir  entendu  VOlimpiade; 
mais,  après  une  répétition  de  ce  drame,  il  se 
rassura  et  vit  que  les  beautés  qui  y  étaient  ré- 
pandues ne  seraient  pas  comprises.  «  Il  y  a 
tt  trop  de  détails  au-dessus  de  la  portée  du 
a  vulgaire  dans  votre  opéra  (disait-il  à  Per- 
te golèse);  ces  beautés  passeront  inaperçues, 
«  et  vous  ne  réussirez  pas.  Mon  opéra  ne 
«  vaudra  pas  le  vôtre;  mais,  plus  simple,  il 
tt  sera  plus  heureux.  «  L^événement  justifia 
sa  prévision,  car  VOlimpiade,  jouée  au  prin- 
temps de  1755,  fut  mal  accueillie  par  les  Ro- 
mains. 

Avant  d'entreprendre  cet  ouvrage,  il  avait 
commencé  à  Lorette  son  Stabat  Malet,  à  deux 
voix,  la  plus  célèbre  de  ses  compositions,  qui 
lui  avait  été  demandée  par  la  confrérie  de 
Saint-Louis,  de  Palazzo,  pour  remplacer  un 
autre  Stabat  d'Alexandre  Scarlatli,  qui,  de- 
puis un  grand  nombre  d'années  était  répété 
tous  les  vendredis  du  mois  de  mars.  Le  prix 
convenu  pour  cet  ouvrage  avec  la  confrérie 
était  de  dix  ducats  (environ  quarante  francs  !), 
et  ce  prix  avait  été  payé  d'avance  à  Pergoièse. 
De  retour  à  Lorette,  après  la  chute  de  VOlim- 
piade, il  écrivit  son  admirable  Salve  regina 
à  voix  seule  avec  deux  violons,  viole  et  orgue, 
et  voulut  Gontinner  le  Stabat;  mais  déjà  sa 
passion  effrénée  pour  les  femmes  avait  porté 
une  atteinte  sérieuse  à  la  vigueur  de  son  tem- 
pérament; une  maladie  de  poitrine  se  dé- 
clara, et  les  médecins  décidèrent  qu'un  chan- 
gement de  climat  était  devenu  nécessaire.  Le 
compositeur  voulut  essayer  de  celui  de  Naples 
et  se  retira  à  Pouzzoles ,  près  de  celte  ville, 
sur  le  bord  de  la  mer.  Là  il  voulut  continuer 
son  travail,  bien  qu'il  fût  dévoré  par  la  fièvre 
et  s'acheminât  rapidement  vers  le  terme  fatal 
•d'une  phlhisiepiUmonaire.  Malgré  les  progrès 


du  mal,  il  continuait  son  Stabat,  et  ce  travail 
épuisait  souvent  ses  forces  et  le  faisait  tomber 
dans  un  état  de  faiblesse  extrême.  Son  ancien 
maUre  Feo,  qui  Taimait  tendrement,  ayant 
été  le  visiter  dans  un  de  ces  moments,  désap- 
prouva les  efforts  de  son  courage,  et  lui  dit 
qu'il  fallait  rompre  avec  la  composition  jus- 
qu'à sa  guérison  :  —  a  Oh  !  cher  maître  (ré- 
«  pondit  Pergoièse),  je  n'ai  pas  de  temps  à 
«  perdre  pour  achever  cet  ouvrage,  qui  m'a 
tt  été  payé  dix  ducats,  et  qui  ne  vaut  pas  dix 
«  bajocehi  (dix  sous),  n  Après  quelques  jours, 
Feo  retourna  près  de  son  élève  mourant  et  le 
trouva  à  ses  derniers  moments  ;  mais  le  Stabat 
était  terminé  et  envoyé  à  sa.  destination.  Ce 
fut  véritablement  le  chant  du  cygne,  car  Per- 
goièse s'éteignit  dans  la  même  semaine  et 
cessa  de  vivre  à  Tâge  de  vingt-six  ans,  le 
1G  mars  1730,  ainsi  que  le  prouvent  les  re« 
gistres  de  la  cathédrale  de  Pouzzuole,  où  il 
fut  inhumé  sans  pompe.  Grâce  aux  soins  de 
M.  de  Yillarosa  et  du  chevalier  Dominique 
Gorigliano,  un  monument  a  été  érigé  dans  la 
même  église  à  la  mémoire  de  l'illustre  artiste, 
et  dans  l'endroit  oii  reposent  ses  cendres, 
on  Ut  cette  inscription  : 

lOARRi  BArriSTA  Pbkgolesio 

DOIfO  A 181 
QUI    Al  ATATE   ttLJUà. 

Nbavolix  vosicjb  addiscbioji  svodio  comedem 
la  coiLEGiov  tvB  TiTULO  »AorEioa  Ibso  Cbiuti  AOfCirOS 

■CSICII   FACIEIIDIE   MOOM 

•COS     IRTEI   AEOOALKC  iORCB     »BABBTITir 

PCTBOLIt  BBCCSBIT  XVII.  KAL.  ArilllS 

AKRO  CI3I3CCXXXV1. 

tlOO  TALBTVDIRIB  CAOHA  «BCBSIBIAT 

TIXIT    AR.    XXVI.    XBRfl.    II.    DUS    XIII. 

DoaillCDB  COIICLIAICB 

BX  MaBGHIORIBBS  RlfiBARI   BQCBf  UlBIOtOlTIIITAllllf 

■OR  P. 

Càioio  Rmirio  Eritcoro  Potbolavo  arxckrtb. 

Des  bruits  dVmpoisonnement  se  répan- 
dirent après  la  mort  de  Pergoièse  et  s'accrédi- 
tèrent partout;  mais  ils  étaient  dénués  de  fon- 
dement. Laborde  a  fait  à  ce  sujet  la  remarque 
judicieuse  que  ses  succès  n'avaient  pas  eu 
assez  d*éclat  pour  exciter  l'envie.  Le  dépéris- 
sement de  sa  santé  fut  progressif  et  lent  :  j'ai 
dit  quelle  en  a  été  la  cause.  A  peine  eut-il 
fermé  les  yeux,  que  l'indifférence  dont  il 
avait  été  l'objet  de  la  part  de  ses  compatriotes 
nt  place  aux  plus  vifs  regrets.  Dès  ce  moment 
sa  répuUtion  s'étendit;  ses  opéras  furent 
joués  sur  tous  les  théâtres;  Rome  voulut  re- 
voir son  Olimpiade  et  l'applaudit  avec  trans- 
port; enfin,  dans  les  églises  mêmes,  où  la 
vogue  ne  semble  pas  devoir  être  admise,  on 
D^enlcndit  pendant  quelques  années  d'autre 


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488 


PERGOLÊSE 


musique  que  celle  de  Tauteur  du  Stabat.  En 
France,  où  régnait  une  ignorance  à  peu  près 
complèle  de  Texislence  des  grands  artistes 
des  pays  étrangers,  la  musique  de  Pergolèse 
fut  introduite  quatorze  ans  après  la  mort  de 
son  auteur,  par  une  troupe  italienne  de  chan- 
teurs médiocres  :  elle  y  excita  des  transports 
d'admiration.  La  Serva  padrona  et  IlMaes* 
tro  di  musica  furent  traduits  en  français,  re- 
présentés sur  les  théâtres  de  la  foire,  et  les 
partitions  en  furent  gravées.  Au  concert  spi- 
rituel, le  Stabat  obtint  aussi  un  succès  d'en- 
thousiasme, et  Ton  en  flt  plusieurs  éditions. 
Enilî),  rien  ne  manqua  plus  à  la  gloire  de 
Pergolèse,  et  ce  qui  arrive  presque  toujours 
dans  la  réaction  contre  une  injustice,  on  exa> 
géra  son  mérite  en  le  considérant  comme  le 
maître  des  maîtres,  quoiqu'il  soit  inférieur  à 
Scarlaltî  et  à  Léo  pour  la  force  dramatique, 
et  qu'il  y  ait  dans  sa  musique  d'église  des 
traits  mal  appropriés  au  caractère  des  paroles. 
Le  P.  Martini  a  fait  au  Stabat  le  reproche  de 
renfermer  des  passages  qui  seraient  mieux 
placés  dans  un  opéracomiquequedans  un  chant 
de  douleur;  il  en  cite  même  qui  rappellent  des 
traits  analogues  de  la  Serva  padrona,  et  l'on 
doit  avouer  que  sa  critique  n'est  pas  dénuée 
de  fondement  :  toutefois,  il  est  juste  de  dire, 
que  leS' exemples  de  cette  espèce  sont  rares, 
et  que  peu  de  compositions  religieuses  du 
style  concerté  sont  d'une  expression  aussi 
touchante  que  le  premier  verset  du  Stabat  et 
que  le  Quando  corpus.  Le  Salve  Reginn, 
pour  voix  seule,  deux  violons,  basse  et  orgue, 
est  aussi  un  modèle  d'expression  ;  quoiqu'il 
ait  moins  de  célébrité  que  le  Stabat,  Je  pense 
qu'on  pourrait  le  considérer  comme  une  com- 
position plus  parfaite  etd'un  mérite  supérieur, 
si  la  difllcullé  du  sujet  eût  été  égale  à  celle  de 
la  prose  de  la  Vierge.  On  ne  peut  juger  le 
Stabat  ni  le  Salve  Regina  d'après  la  mauvaise 
exécution  qu'on  en  aquelquefois  entendue  dans 
les  concerts  de  Paris;  aucun  des  musiciens 
n'avait  la  tradition  de  cette  musique. 

Pergolèse  a  écrit  pour  l'église  :  \'*  Kyrie 
eum  Glorid,  à  quatre  voix  et  orchestre.  Cette 
messe  a  été  publiée  à  Vienne,  chez  Haslinger. 
^  Messe  à  cinq  voix  et  orchestre,  en  manu- 
scrit, dans  plusieurs  grandes  bibliothèques. 
Z^  Messe  à  dix  voix  en  deux  chœurs  et  or- 
chestre. 4<>  Dixit,  à  quatre  voix,  deux  vio- 
lons, alto,  basse  et  orgue.  5<»  Dixit,  à  deux 
chœurs  et  deux  orchestres.  C»  Miserere,  à 
quatrevoix  et  orchestre;  Paris,  Pleycl.  7*»  Con- 
fitebor,  à  quatre  voix.  8®  Domine  ad  adju- 
vandum,  à  quatre  voix.  U<*  Idem,  à  cinq  voix. 


\0^  Laudate  ,  à  cinq  voix  et  orchestre. 
11®  Lxtatus  ftim  pour  deux  voix  de  soprano 
et  deux  basses.  12®  Lœtatue,  à  cinq  voix. 
13®  Laudate,  à  voix  seule  avec  instrument». 
14®  Salve  Begina,  à  voix  seule,  deux  violons, 
alto,  basse  et  orgue;  Paris,  Leduc.  Il  a  été 
fait  une  deuxième  édition  de  ce  beau  mor- 
ceau, à  Paris,  chez  Porro.  15®  Stabat  Mater 
pour  soprano  et  contralto ,  deux  violons , 
alto,  basse  et  orgue;  Paris,  Bonjour;  idem, 
Paris ,  Porro  ;  idem,  Lyon,  Carnaud.  Une 
édition  à  laquelle  Paisiello  a  ajouté  de» 
instruments  à  vent  a  été  publiée  à]  Paris, 
chezTroupenas.  Il  a  été  fait, à  Paris,  cinq  édi- 
tions de  ce  morceau  célèbre,  avec  accompa^ 
gnement  de  piano,  chez  Pleyel,  Leduc,  Sieber,. 
Carli  et  Pacini.  Schwickert  a  donné  à  Leip* 
sick  une  édition  complèle  du  Stabat  avec  uo 
texte  allemand;  une  autre  édition  avec  textes 
allemand  et  latin  et  accompagnement  de 
piano  par  Klage,  a  été  publiée  chez  Chris - 
tiani,  à  Hambourg.  Enfin,  Ililler  a  parodié  la 
Passion  de  Klopstock  sur  -la  musique  du 
Stabat,  arrangée  à  quatre  voix,  avec  l'addi- 
tion de  hautbois  et  de  flûtes.  16®  Dtes  irss 
pour  soprano  et  contralto,  deux  violons,  alto 
et  basse.  Messe  à  deux  voix  et  orgue,  chez  les 
PP.  de  l'Oratoire,  à  Naples.  Messe  à  quatre 
voix  et  orchestre  (en  r^,  dans  ma  biblio- 
thèque. La  Nativité,  oratorio  en  deux  par- 
ties. 

Dans  la  musique  de  théâtre  de  Pergolèse,  on 
n'a  prs  conservé  les  titres  de  tous  ses  ou- 
vrages  ;  ceux  qu'on  connaît  sont  :  La  SaUus- 
tia;  jimor  fa  Vuomo  cieeo,  opéra  bouffe  en 
un  acte;  Becimero,  opéra  sérieux  en  trois 
actes;  la  Serva  padrona,  intermède  en  un 
acte.  La  partition  originale  a  été  publiée  à 
Paris,  chez  Lachevardière.  On  a  fait  une  édi* 
tion    du   même  opéra  traduit  en    français; 
Paris,  Leduc.  Jl  Maestro  di  musica  ;  la  par- 
tition de  cet  opéra,  traduit  en  français,  a-été 
gravée  à  Paris,  sous  le  titre  :  le  Maître  de 
musique.  Il  Geloso  schernito  ;  Lo  Frate  tnna- 
morato^  opéra  bouffe,  en  dialecte  napolitain  ; 
Il  Prigionier  superlo  ;  Adriano  inSiria^ 
Livietta  e  Tracolo;  Il  Flaminio,  en  trois 
actes;  La  Contadina  cututa;  L'Olimpiade, 
opéra  sérieux  en  trois  actes;  San  Guglielmo, 
drame  religieux  en  deux  parties.  Pour  le  con- 
cert et  la  chambre,  Pergolèse  a  écrit  :  Orphée, 
cantate  à  voix  seule  et  orchestre;  Choron  en  » 
fait  graver  la  partition  dans  ses  Principes  d» 
composition  des  écoles  d'Italie  ;  cinq  can- 
tates iK>ur  voix  de  soprano  et  clavecin  ;  trente 
trios  pour  deux  violons,  violoncelle  et  basse 


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PERGOLÈSE  -  PERICLITE 


489 


GOnlinue  pour  le  clavecin.  Outre  les  nolices 
biographiques  de  Pergolèse  citées  précédem- 
ment, on  a,  de  Carlo  Blasis,  celle  qui  a  pour 
titre  :  Biografia  di  Pergolèse;  Milan,  sans 
date  (1817),  in-8^ 

PERGQIiETTI  (Toovas),  secrétaire  et 
vice-cbancelier  du  prince  Foresto  d*Este, 
marquis  de  Scandiano,  naquit  au  bourg  de  ce 
nom,  vers  1665.  Il  était  fils  de  Livio  Pergo- 
letti,  professeur  de  musique  au  service  du 
prince.  Pergoletti  apprit  de  son  père  i  jouer 
du  violon.  On  a  de  sa  composition  :  Tratteni- 
menti  armoniei  da  caméra  a  vioUno  $oh  e 
violoneello  ;  opéra  prima  ;  Modena,  per  For^ 
tuniano  Rosati,  1698. 

PERI  (Jacques),  compositeur  distingué, 
naquit  à  Florence,  d'une  famille  noble,  dans 
la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  et  eut 
pour  maître  de  chant,  de  clavecin  et  de  com- 
position Christophe  Halvezzi,  de  Lucques. 
Il  était  surnommé  il  Zazzerino,  à  cause  de 
son  abondante  chevelure  d*un  blond  ardent, 
qu*il  conserva  intacte  jusque  dans  la  vieil- 
lesse. Les  grands-ducs  de  Toscane  Ferdi- 
nand I**  et  Cosme  II  de  Médicis  lui  confièrent 
la  direction  de  la  musique  de  leur  palais. 
Très-avare,  Perl  sut  mettre  à  profit  la  faveur 
dont  il  jouissait,  pour  acquérir  de  grandes  ri- 
chesses, qui  s'accrurent  par  la  dot  considé- 
rable d*une  demoiselle  de  la  noble  famille  des 
Fortini,  qu'il  épousa.  Péri  en  eut  un  fils  doué 
d'un  génie  eiti^ordinaire  pour  les  mathéma- 
tiques, mais  qui  Ait  entraîné  dans  de  grands 
désordres  par  des  passions  ardentes.  Son  pro- 
fesseur, le  grand  Galilée,  l'appelait  son  de'- 
mon.  Vers  1601,  Péri  entra  au  service  du  duc 
de  Ferrare,  en  qualité  de  maître  de  chapelle. 
Après  cette  époque,  on  manque  de  renseigne- 
ments sur  sa  carrière.  On  sait  seulement  qu'il 
vivait  encore  en  1610.  Perl  est  au  nombre  des 
musiciens  dont  le  génie  a  exercé  de  l'influence 
sur  la  transformation  de  l'art  qui  s'opéra  dans 
les  dernières  années  du  seizième  siècle  et  au 
commencement  du  dix-septième,  en  prenant 
part  à  la  création  du  drame  musical  avec 
Emîlio  de!  Cavalière,  Jules  Caccini  et  Monte- 
verde.  Le  premier  ouvrage  de  ce  genre  au- 
quel il  travailla  en  société  avec  Corsi  et  Jules 
Caccini  fut  la  Dafne,  pastorale  de  Rinuccini, 
qui  fût  représentée  à  Florence,  en  1594,  dans 
la  maison  de  Corsi.  Le  succès  de  cet  essai  en- 
couragea Rinuccini  à  écrire  une  autre  pasto- 
rale sur  le  sujet  d'OrpAée  et  Euridice.  La  plus 
grande  partie  de  la  musique  de  cet  ouvrage, 
qui  fut  représenté  à  Florence  pour  les  fêtes  du 
mariage  de  Marie  de  Médicis  avec  Henri  IV, 


roi  de  France,  fut  composée  par  Péri.  Son  ira* 
vail  a  été  imprimé  sous  ce  titre  :  Le  Musiche 
diJacopoPeri,  nobil  fiorentino  eopra  l'Eu- 
ridice  del  sig.  Ottavio  Rinuccini,  rappre- 
sentate  nello  sposalizio  délia  cristianissima 
Maria  Medici,  regina  di  Franeia  e  di 
Navarra;  in  Fiorenza,  appresto  Giorgio 
Marescotti,  1600,  in-4<^.  Dans  la  préface,  Pert 
donne  des  renseignements  intéressants  sur  la 
composition  de  la  Dafne  et  de  VEuridice, 
sur  la  part  qu'y  prit  Caccini,  et  sur  les  per- 
sonnes qui  chantèrent  les  principaux  rôles,  ou 
qui  jouaient  des  instruments  pour  l'accompa- 
gnement {voyez  Cacciui,'  Cavalière  et  Monte- 
VERDB.  Foyez  aussi  le  Résumé  philosophique 
de  Vhistoire  de  la  musique,  t.  I"  de  la  Bio- 
graphie universelle  des  musiciensy  première 
édition).  J'ai  fait  exécuter  quelques  morceaux 
de  l'iTurtdfce  dans  mon  concert  historique  de 
l'opéra  depuis  son  origine  en  Italie,  en 
France  et  en  Allemagne,  le  8  juin  1833.  On 
connaît  aussi  de  Péri  un  recueil  de  pièces  qui 
a  pour  titre  :  Le  Fa'He  Musiche  del  Sig.  Ja- 
copo  Péri  a  una,  due  e  tre  voci,  con  alcune 
spirituali  in  ultimo,  per  cantare  nel  clavi- 
cembalo  e  chitarone,  et  ancora  la  magior 
parte  d'esse,  per  suonare  simplicemente 
neWorgano.  Novamente  poste  in  luce  in  Fi* 
renza,  per  Cristofano  Marescotti,  1610, 
in-folio. 

PERI  (Achille),  compositeur  dramatique, 
né  à  Reggio,  en  1817,  fut  d'abord  attaché 
comme  chef  d'orchestre  à  une  compagnie  de 
chanteurs  italiens  qui  donna  des  représenta- 
tions à  Marseille  dans  Tété  de  1839^  et  y  fil  re> 
présenter,  au  mois  de  juin,  son  premier  ou- 
vrage, intitulé  :  Una  Fisita  a  Bedlam.  De 
retour  dans  sa  ville  natale,  il  y  donna,  en 
1841,  JlSolitario,  qui  fut  bien  accueilli  et 
obtint  vingt  représentations  consécutives.  Son 
opéra  de  Dirce,  joué  au  mois  de  mai  1843, 
dans  la  même  ville,  eut  un  succès  d'enthou- 
siasme et  ne  fut  pas  moins  heureux  à  Parme, 
à  Lugo,  à  Livourne  et  à  Florence.  Un  autre 
ouvrage  du  même  artiste  avait  été  joué  -à 
Parme,  au  mois  de  février  de  la  même  année, 
sous  le  titré  :  Ester  d'Engaddi,  et  avait  été 
l'opéra  préféré  de  la  saison  ;  il  fut  joué  aussi 
avec  succès  à  Reggio  et  à  Vérone,  en  1846. 
Ces  heureux  débuts  semblaient  promettre  un 
compositeur  à  l'Italie  ;  cependant,  depuis 
1843,  Péri  n'a  plus  rien  écrit  pour  la  scène, 
et  son  nom  a  disparu  du  monde  musical. 

PERICLITE,  musicien  originaire  de 
Lesbos,  fut  le  dernier  de  son  pays  qui  rem- 
porta le  prix  de  la  cithare  aux  jeux  Carniens, 


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490 


PERICLITE  —  PERNE 


à  Lacédémone,  et  sa  mort  mit  fin  à  la  succès* 
•ion  non  interrompue  des  joueur*  de  cithare 
parmi  les  Lesbiens. 

PERILLO  (Salvator),  compositeur,  né  à 
Naples  en  1731,  fut  admis  au  Conservatoire  de 
San-Ooorrio ,  et  y  reçut  des  leçons  de  Du- 
rante. Ses  études  terminées,  il  fut  appelé  à 
Venise  pour  y  composer  un  opéra,  dont  le 
succès  le  décida  à  se  fixer  en  cette  ville.  Son 
style  était  agréable,  particulièrement  dans 
ropéra  bouffe.  Il  a  fait  représenter,  en  1757, 
Bérénice,  puis  la  JSuona  figliuola,  1759;  / 
Fiaggiatori  ridicoli,  1761 5  la  Donna  Gi- 
randolà,  1763;  to  Finta  templice,  17C4;  to 
FiUeggiatura,  1769;  /  Tre  Fagabondi  et 
JlDemetrio,  en  1769.  Au  mois  d'août  1774, 
Perillo  concourut  pour  la  place  de  second 
maître  de  chapelle  de  Saint-Marc,  devenue  va- 
cante par  la  retraite  de  Latilla;  mais  après 
deux  séances  des  procurateurs  de  celte  église, 
dans  lesquelles  aucun  des  compétiteurs 
n'avait  obtenu  la  majorité,  la  place  fut 
donnée  à  Jntoine  Bergamo  y  prêtre  véni* 
tien. 

PERUHO,  luthiste  florentin,  vécut  dans  la 
première  moitié  du  seiaième  siècle.  On  con- 
naît  de  lui  :  Intabolat^ira  da  liulo  di  ricer* 
cote,  madrigali,  et  camone  franeese,  Lihro 
Urso  ;  Fenezia,  appreuo  d'Antonio  Gar^ 
dano,  1547,  in •4'*  obi.  J'ignore  les  titres  et 
les  dates  des  deux  premiers  livres. 

PERIS  (Jacques),  musicien  provençal, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  £n  1588,  le  prix  du  luth  d'argent  lui 
fut  donné  au  concours  des  Puy  de  mu$ique 
d'Evreux  (Normandie),  pour  la  composition  de 
la  chanson  :  Ceux  qui  peignent  amour  tant 
yeulx.  Au  concours  de  l'année  suivante,  Pé- 
ris obtint  le  prix  de  la  harpe  d'argent  pour  la 
€om|H>sitioa  du  motet  :  O  Regina,  reum  mi- 
seraîriXy  et  dans  le  même  concours,  il  eut  le 
prix  du  luth  d'argent  pour  la  chanson  fran- 
çaise à  quatre  voix,  sur  ces  paroles  :  Mon  otil 
tremblant, 

PERISOI^E.  Foyez  LARUE  (PiEaaE 
DE). 

PERISOPTE  ou  PERISSOIRE  (Cambio), 
musicien  français  qui  fut  chantre  de  l'église 
.Saint-Marc,  de  Venise,  au  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle,  fit,  suivant  M.  GaOl  (1),  les  dé- 
lices de  Venise  par  son  talent  de  chanteur. 
Gel  artiste  ne  doit  pas  être  confondu  avec 
l'ancien  maître  Pierre  de  larue,  ou  de  la 
Bue,  que  les  Italiens  ont  appelé  du  même 

(I)  Storin  délia  muêiea  s«iera  nellagià  Cappella  ducale 
A  tan  Uarco  in  Kene^ta,  1. 1.  p.  113. 


nom.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  le  nom  véritable 
de  celui  dont  il  s'agit  ici,  a  été  également  al- 
téré en  Italie.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  connaît 
du  Périsone  moderne  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  :  1»  Il  primo  lihro  de  madrigali  a 
2,  3  e  4  tjoci;  in  Fenezia,  app.  Akss.  Fin- 
centi,  1628,  in-4».  *»  Il  seeondo  lihro,  etc.; 
ibid, ,  1631,  in-4«.  5«  Il  terzo  lihro  de' ma- 
drigali Cl  2,  0,  4  e  5  voci;  ibid.,  1030,  in-4". 
A'^Il quarto  lihro,  idem  e(c.,t6i({.;1C40,in-4<». 
5»  //  quinto  lihro  de"*  madrigali  a  2  e  3  voa\ 
op.  11  ;  ihid.,  1641,  in-4».  6»  Capricei  stra- 
yaganti  a  2  ef  S  vœi,  op.  16;  ihid.,  1647, 
<n.4*».  7»  Ultimo  muiieale  e  canori  fatiehe  a 
2  e  3  voci;  ibid.,  1648,  in-4«.  Ce  titre  semble 
indiquer  un  ouvrage  posthume  et  placer 
l'époque  de  la  mort  de  l'auleur  en  1647  ou  au 
commencement  de  1648. 

PERLA  (Michel),  compositeur na|>oli tain, 
fut  élève  du  Conservatoire  de  Santa  Maria  di 
Loreto,  et  vécut  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  Bon  maître  de  chant,  il  enseignait  cet 
art  dans  les  couvents  de  femmes  à  Naples.  Il 
a  écrit,  pour  les  églises  de  ces  monastères,  un 
grand  nombre  de  messes,  de  psaumes,  de 
Magnificat  y  d'antiennes,  des  TeDeum,  messes 
de  Requiem,  leçons  pour  les  Matines  des 
morts,  Stabat  Mater,  et  les  Sept  paroles  de 
Jésus -Christ  sur  la  croix,  dont  les  partitions 
manuscrites  se  trouvent  à  Naples,  particuliè- 
rement dans  la  bibliothèque  du  collège ^royal 
de  musique,  daus  cette  ville.  Perla  a  composé 
aussi  la  musique  de  l'opéra  bouffe  Gli  amanti 
alla  prot7a,  et  des  deux  oratoires  La  Manna 
nel  desertOi  et  II  trionfo  délia  Fede. 

PERIME  (FftASçois-Loiris) ,  savant  musi- 
cien, né  à  Paris,  en  1772,  fut  admis  à  l^ge 
de  huit  ans,  comme  enfant  de  chœur,  à  la 
maîtrise  de  l'église  Saint- Jacques-de-la-Bou- 
cherie,  qui,  plusieurs  années  après,  acquit  de 
l'importance,  parce  qu'elle  eut  ce  qu'on  appe- 
lait alors  en  France  une  mutique  fondée,  après 
sa  réunion  à  la  paroisse  des  Innocents.  L*abbé 
d'Haudimont  ayant  été  nommé  maître  de 
chapelle  de  Saint- Jacques,  Perne  se  trouva 
placé  sous  sa  direction,  et  reçut  de  lui  des 
leçons  d'harmonie  et  de  contrepoint  telles  que 
pouvait  les  donner  un  partisan  exclusif  du 
système  de  la  basse  fondamentale.  Heureuse- 
ment organisé  pour  la  musique,  il  fit  de  ra- 
pides progrès  dans  cet  art.  La  suppressioo 
des  maîtrises,  en  1792,  le  décida  à  entrer  à 
l'Opéra  en  qualité  de  ténor-choriste  :  il  était 
alors  âgé  de  vingt  ans.  La  fatigue  que  faisait 
éprouver  à  sa  poitrine  le  service  du  théâtre 
lui  fit  prendre  sa  retraite  de  chorislej  en 


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PERNE 


491 


1799,  pour  jouer  (fe  la  contrebasse  à  l'or- 
cbeslre  du  même  Ihéâlre.  Cest  un  fait  digne 
«le  remarque  que  les  deux  musiciens  français 
dont  les  travaux  ont  jeté  la  plus  vive  lumière 
sur  quelques  olxiels  importants  de  Phisloire  de 
la  musique,  savoir,  Perne  et  Villoleau  {voyez 
ce  nom),  étaient  dans  I^e  même  temps  choristes 
à  l*Opéra  :  situation  qui  parait  peu  d*accord 
avec  les  connaissances  quVxigent  de  sembla- 
bles recherches.  Déjà  connu  par  la  publica- 
tion de  quelques  petites  compositions  instru- 
mentales, entre  autres  par  un  recueil  de  so- 
nates faciles  pour  le  piano,  Perne  eut  occasion 
d*augmenter  sa  réputation  de  compositeur  en 
1801,  lorsque  le  concordat  pour  le  rétablisse- 
ment du  culte  catholique  en  France  eut  été 
signé  par  le  pape  et  par  le  premier  consul. 
Plusieurs  artistes  de  l'Opéra  ayant  pris  la 
résolution  de  profiter  de  celte  circonstance 
pour  fêter  leur  patronne,  sainte  Cécile,  ren- 
gagèrent à  écrire  une  messe  avec  choeurs  et 
orchestre  pour  cette  solennité  ;  il  se  chargea 
volontiers  de  cette  mission,  et  le  2â  novembre 
de  la  même  animée,  sa  messe  fut  exécutée  avec 
l>orape.  Cet  ouvrage  fit  honneur  à  son  auteur, 
et  peu  de  temps  après,  Perne  mit  le  sceau  à 
sa  réputation  comme  harmoniste  par  la  publi- 
cation d'une  fugue  à  quatre  voix  et  à  trois 
sujets,  qui  pouvait  se  changer  en  retournant 
le  papier.  Cette  fugue  parut  au  commencement 
de  1803,  en  une  seule  feuille  de  format  appelé 
JésiÂê,  Vers  cette  époque,  Perne  commença  à 
se  livrer  à  renseignement  de  Tharmonie,  ce 
qui  le  conduisit  à  réformer  ses  idées  concer- 
nant le  système  de  cette  science,  et  lui  fit 
adopter  celui  que  Catel  venait  de  publier  dans 
son  traité  pour  Pusage  du  Conservatoire. 

Les  travaux  de  Perne  ne  se  bornaient  pas  à 
rharmonie  et  à  la  composition  ;  depuis  plu- 
sieurs années  Thistoire  de  la  musique  était 
Tobjet  de  ses  éludes,  et  dans  cette  histoire,  la 
musique  des  Grecs  et  les  notations  du  moyen 
âge  lui  avaient  paru  mériter  une  altenlioD 
particulière.  Pour  faire  avec  fruit  des  recher- 
ches sur  ces  objets,  il  fallait  posséder  la  con- 
naissance des  langues  anciennes  et  modernes. 
Perne  avait  fait  un  cours  de  latinité  dans  la 
maîtrise  où  il  avait  élé  élevé  ;  mais  on  sait  que 
les  éludes  faites  de  celle  manière  étaient 
faibles  et  ne  pouvaient  former  que  des  lati- 
nistes médiocres.  Dès  ses  premiers  pas  dans 
la  carrière  de  la  philologie  musicale,  Perne 
s^aperçut  de  Pinsufflsance  de  son  savoir,  et 
dans  le  but  de  corriger  les  vices  de  son  éduca- 
tion première,  il  apprit  de  nouveau  la  langue 
latine,  étudia  le  grec,  rallcmaod,  Titalien, 


Pespagnol,  Tanglais,  et  parvint,  par  une 
constance  à  toute  épreuve,  à  une  connaissance 
assez  étendue  de  ces  langues,  dans  un  dge  où 
la  mémoire  n*a  plus  autant  d^activilé  que 
dans  la  jeunesse.  Dès  1805,  Perne  était  déjà 
arrivé  à  des  résultats  intéressants  dans  ses 
recherches  sur  la  musique  des  Grecs,  et  par- 
ticulièrement sur  leur  notation  musicale.  Il 
les  communiqua  à  Choron,  qui  rengagea  à  en 
faire  Tobjet  d'un  mémoire  qui  serait  lu  à 
TAcadémie  des  beaux-arts  de  rinstitnt  de 
France,  où  Choron  était  attaché  en  qualité  de 
théoricien.  Plus  tard,  les  recherches  de  Perne 
Payant  conduit  à  reconnaître  que  Burette  et 
d*aulres  s'étaient  trompés  à Pégard  du  nombre 
des  signes  nécessaires  à  la  notation  de  la  mu- 
sique grecque,  il  refit  en  entier  le  système  de 
celle  notation,  d*après  Alypius,  Bacchîns  et 
Gaudence,  retrouva  dans  les  manuscrits  du 
traité  d'Aristide  Quiniilien  une  ancienne  no- 
tation antérieure  à  Pythagore,  qui  avait  donné 
la  tM'ture  à  Meîbom,  et  dont  ce  critique 
avait  altéré  tous  tes  signes  en  y  substituant 
ceux  du  traité  d* Alypius;  enfin,  il  traça  des 
tableaux  généraux  et  particuliers  die  toute  la 
notation  grecque,  où  brille  la  sagacité  *la  plus 
rare,  et  parvint  à  coordonner  tout  son  travail 
en  un  corps  de  doctrine  du  plus  haut  intérêt.  Il 
sou  mi  IsoD  mémoire  à  ta  troisième  classe  de  Pin* 
stitut  leSavril  1815,  sous  le  titre d*£'j!^oit7ion 
d»  la  séméiographie^  ou  notation  musiealeéeê 
Grecs;  une  commission  composée  de  Prony, 
Charles,  Méhal,  Gossec,  Monsigny,  Choron  et 
Ginguené,futchargéedePexaminer.Gioguené, 
désigné  comme  rapporteur  de  celle  commis* 
sion,  rendit  justice  au  mérite  des  recherches 
de  Perne,  dans  un  rapport  favorable  lu  le 
21  octobre  de  la  même  année,  et  ce  rapport 
fut  immédiatement  livré  à  Pimpression.  Ce 
fut  vers  le  même  temps  que,  pour  démontrer, 
contre  Popinion  commune,  la  simplicité  de 
la  notation  grecque,  Perne  osa  entreprendre 
la  tâche  efnrayanie  de  la  traduction  de  la 
grande  partition  iViphigénie  en  Tauride,  de 
Gluck,  dans  cette  notation,  et  Pacheva  dans 
un  volume  plus  mince  et  moins  chargé  de 
signes  que  la  partition  moderne.  Néanmoins, 
malgré  PIntérét  de  curiosité  qui  s^'atlachait  à 
un  semblable  travail^  et  nonobstant  le  rapport 
do  Ginguené  et  la  notice  étendue  que  Fran- 
cœur  donna  des  travaux  de  Perne  dans  le 
Dictionnaire  de*  Découvertes  (1)  :  ce  savant 
ne  put  trouver  de  libraire  qui  voulût  imprimer 
son  mémoire,  parce  qu'on  craignait,  à  raisoD 

(I)  Ccue  notice  a  élé  imprimcc  à  parti  en  une  fcuillo 
in-8o  (sans  date). 


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492 


PERNE 


de  la  gravité  et  de  la  spécialité  dû  sujet,  que 
le  produit  de  la  vente  ne  couvrit  pas  les  frais 
de  la  gravure  des  tableaux.  Ce  ne  fut  qu^ea 
1828  que  ce  beau  travail  commença  à  paraître 
dans  ta  Retme  muticale  que  je  publiais,  divisé 
en  une  série  d*articles  qui  furent  insérés  avec 
les  tableaux  dans  le  troisième  volume  de  cet 
écrit  périodique,  et  dans  les  suivants.  J(*eût-il 
produit  que  cela,  Perne  mériterait  d*étre 
classé  parmi  les  musiciens  les  plus  érudits  de 
riurope  ;  mais  ce  ne  fut  pas  à  ce  seul  objet 
qu*il  borna  ses  travaux. 

Quiconque  s^st  occupé  de  l^histoire  de  la 
musique  du  moyen  âge  sait  qu'une  obscurité 
profonde  environnait  naguère  quelques  épo- 
ques de  transition  de  cette  histoire  ;  obscurité 
que  n'avait  pu  dissiper  Tabbé  Gerbert  par  la 
publication  de  sa  collection  des  écrivains 
ecclésiastiques  sur  la  musique,  parce  qu'il 
était  moins  musicien  que  philologue.  Depuis 
longtemps  les  historiens  de  la  musique  se  co- 
piaient mutuellement ,  au  lieu  d'étudier 
l'origine  de  notre  musique  dans  des  monu- 
ments authentiques  ;  Perne  prit  un  parti  con- 
traire, car  il  considéra  comme. non  avenu  tout 
ce  qui  'avait  été  publié  jusqu'à  lui  sur  la  mu- 
sique du  moyen  âge,  et  chercha  des  lumières 
sur  cette  musique  dans  les  manuscrits  du 
temps.  Mais  pour  lire  ces  manuscrits  il  fallait 
les  connaître,  et  les  catalogues  des  bibliothè- 
ques publiques  fournissent  peu  de  renseigne- 
ments sur  ce  sujet.  Perne  prit  donc  la  réso- 
lution de  voir  tout  ce'qui  pouvait  avoir  quel- 
que rapport  avec  l'objet  de  ses  éludes,  non- 
seulement  à  la  bibliothèque  royale,  mais  dans 
toutes  les  autres  grandes  bibliothèques  de 
Paris  et  des  départements,  et  lui-même  forma 
un  catalogue  précieux  de  tous  les  manuscrits 
grecs,  latins,  italiens  et  français  qu'il  avait 
vus,  et  qui  traitent  spécialement  de  la  musique, 
ou  qui  contiennent  de  la  musique  notée,  ainsi 
que  tous  les  missels,  antiphonaires,  graduels, 
et  autres  livres  de  chœur,  depuis  le  septième 
siècle  jusqu'au  dix-septième.  Ce  catalogue, 
qui  lui  fut  ensuite  d'une  grande  utilité  dans 
ses  travaux,  est  le  fruit  de  recherches  im- 
menses et  d'une  patience  à  toute  épreuve. 
C'est  dans  ces  recherches  qu'il  découvrit  plu- 
sieurs copies  d'un  traité  gr^c  anonyme  du 
rhythroe  musical  que  Meibom  a  indiqué 
dans  la  préface  de  l'ouvrage  d'Arisloxène. 
Perne  flt  lui-même  une  copie  du  texte  de  ce 
traité,  collationnée  sur  les  divers  manuscrits 
de  la  bibliothèque  royale,  puis  en  fit  une  ver- 
sion latine  et  une  traduction  française,  qu'il 
accompagna  de  notes.  Une  analyse  de  cet  ou- 


vrage a  été  Ine  par  lui  à  l'Institut  de  France, 
le  14  mars  1823.  J'ai  donné  celte  noiicedans 
le  14<  volume  de  la  Revtie  musicale.  Dans  le 
temps  même  où  Perne  trouvait  à  la  bibliothè- 
que royale  cet  important  ouvrage  et  s'occupait 
de  sa  traduction,  j'y  faisais  la  découverte  du 
commentaire  du  moine  Barlaam  sur  les  ifar- 
coniques  de  Ptolémée,  du  traité  de  musicfiie 
de  Pachymère,  inconnu  alors  à  tous  les  histo- 
riens de  la  littérature  grecque,  et  de  la 
deuxième  partie  du  traité  de  Bacchius,  qui 
n'a  point  été  publiée  par  Dfeibom  dans  sa 
collection  des  auteurs  grecs  sur  la  musique. 
Le  travail  de  Perne  sur  le  traité  du  rhytbme 
est  resté  inédit,  par  les  mêmes  causes  qui 
l'avaient  empêché  de  publier  ses  recherches 
sur  la  notation  grecque.  Ce  traité  de  l'ano- 
nyme a  été  depuis  lors  publié  d'après  divers 
manuscrits  de  Paris,  de  Rome  et  de  Naples 
{voyez  Bellerhahh). 

Une  fois  en  possession  de  la  connaissance 
matérielle  de  toutes  les  sources  où  il  pouvait 
puiser  pour  l'étude  de  la  musique  du  moyen 
ige,  Perne  voulut  y  choisir  to«t  ce  qui  pouvait 
lui  être  utile  dans  ses  travanx.  Dès  lors 
commença  pour  lui  une  tâche  qui  aurait 
effrayé  un  travailleur  moins  intrépide,  mais 
qu'il  s'imposa  avec  courage.  En  effet,  l'im- 
mense quantité  d'extraits  qu'il  tira  des  ma- 
nuscrits qu'il  avait  lus, d'exemples  de  musique 
antérieurs  au  seizième  siècle  qu'il  recueillit, 
et  de  passages  notés  d'antiphonaires  et  de  gra- 
duels qu'il  traduisit  en  notation  moderne,  sur- 
passe ce  que  l'imagination  ta  plus  hardie  peut 
concevoir.  On  s'étonne  que  la  vie  d'un  seul 
homme  ait  pu  suffire  à  tant  de  travaux.  An 
nombre  de  ses  entreprises  de  ce  genre,  je  ci- 
terai les  deux  copies  entières  qu'il  fit  de  tous 
les  ouvrages  de  Tincloris ,  d'après  un  manu- 
scrit du  quinzième  siècle  dont  il  devint  ensuite 
possesseur  :  ce  manuscrit  renferme  près  de 
trois  cents  pages  in-folio  d'une  écriture  serrée 
remplie  d'abréviations.  La  persévérance  de 
Perne  ne  s'effrayait  point  à  l'idée  d'un  travail, 
quelle  que  fût  son  étendue,  pourvu  qu'il  pùC 
augmenter  la  somme  de  ses  connaissances. 
Par  exemple,  lorsque  l'ambassadeur  d'Autriche 
réclama,  en  1815,  les  manuscrits  et  les  livres 
précieux  qui  avaient  été  tirés  des  bibliotbè- 
\ques  d'Italie  pour  être  transportés  dans  celle 
du  Conservatoire,  l'infatigable  savant  passa 
plusieurs  nuits  à  prendre  des  copies  des 
œuvres  de  Herulo  pour  l'orgue,  et  de  beau- 
coup d'autres  morceaux  intéressants  pour 
l'histoire  de  la  musique.  On  peut  compter  aussi 
au  rang  de  ses  travaux  les  plus  importants  la 


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PERNE 


493 


mise  en  partition  de  la  messe  à  quatre  parties 
de  Guillaume  de  MachauU,  qu*on  croit  avoir 
f^té  chantée  au  sacre  de  Charles  Y,  roi  de 
France,  d*après  un  beau  manuscrit  de  la  Bi- 
liliothèque  royale  de  Paris,  ainsi  que  le  Mé- 
moire sur  cette  composition  quMI  lut  à  Tlnsti- 
lut,  en  1817.  Malheureusement  la  Tie  est 
courte  :  Peme  semble  aroir  méconnu  cette 
vérité.  .Préoccupé  du  désir  de  porter  la  lu- 
mière dans  rhistoire  de  la  musique,  et  de  dé- 
truire des  erreurs  trop  longtemps  accréditées  ; 
nourrissant  dans  sa  tête  des  plans  de  grands 
ouvrages,  il  poussa  peut  être  trop  loin  ses 
scrupules,  ne  fut  pas  assez  ménager  de  son 
temps,  et  en  employa  tant  à  amasser  des  ma- 
tériaux, quMl  ne  lui  en  resta  pas  pour  les 
mettre  en  œuvre.  Il  est  même  certain  qu*il 
s*occupa  souvent  de  travaux  de  manœuvre 
dont  les  résultats  ne  pouvaient  avoir  aucun 
avantage  pour  lui.  C*est  ainsi  qu*il  fit,  avec 
un  soin  minutieux ,  une  copie  exacte  de 
Ténorroe  recueil  de  chants  de  Péglise  grecque, 
intitulé  OctoekoSj  diaprés  le  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  royale  n*  405,  quoiquMl  fût  déjà 
possesseur  d*un  manuscrit  oriental  des  mêmes 
chants;  c^est  ainsi  quMI  copia  de  sa  main  les 
Rerutnmuiicarum  de  Froschlus,  le  traité  de 
musique  de  Sébald  He^den,  le  Toscanello  et 
le  traité  de  la  nature  des  tons  d*Aaron,  une 
grande  partie  de  la  Prattiea  di  Jtfusiea  de 
Zacconl,  le  ^^crp/oj^ue  d^Ornilhoparcus,  tous 
les  ouvrages  de  Berardi,  tout  le  travail  de 
Bœckh  sur  la  rhythmique  et  sur  la  musique 
des  Grecs,  extrait  de  Tédition  de  Pindare  de 
ce  savant  ;  tous  les  mémoires  de  Yilloteau  sur 
la  musique  des  peuples  orientaux,  et  vingt 
autres  ouvrages  complets,  qu*il  aurait  pu  se 
procurer  à  prix  d*argent.  Malheureusement 
aussi  la  philosophie  de  la  science  etdeTart 
était  complètement  étrangère  à  Peme.  Imbu 
de  la  fausse  idée  que  la  musique  avait  eu^  dans 
tous  les  temps  nt  dans  tous  les  pays,  le  même 
principe,  il  voulait  ramener  toute  Thistoire  de 
Tart  à  ce  point  de  vue,  qui  Teût  certainement 
égaré  si  tous  ses  projets  d'ouvrages  avaient 
été  réalisés.  Sa  spécialité  consistait  dans  la 
recherche  des  faits,  où  il  portait  autant  de  pa- 
tience que  de  perspicacité;  mais  les  disposi- 
tions de  son  esprit,  et  peut-être  les  vices  de 
son  éducation  première  ne  le  rendaient  pas 
propre  à  la  conception  générale  de  Thistoire 
de  rart.D^ailleurs,  ne  rédigeant  qu*avec  peine 
ses  idées,  non-seulement  il  n*avait  pas  de 
atyle,  mais  il  n'écrivait  pas  même  toujours 
d'une  manière  intelligible.  Lorsqu'il  m'en- 
voya ses  mémoires  sur  la  musique  grecque, 


pour  les  publier  dans  la  Revue  musicale,  je 
ne  les  acceptai  qu'à  la  condition  qu'il  m'auto- 
riserait à  changer  les  phrases  les  plus  embar- 
rassées, ce  qu'il  m'accorda  sans  difficulté.  La 
dernière  production  de  Peme  fut  un  beau  tra- 
vail sur  la  musique  des  chansons  du  châtelain 
de  Coacy,  qu'il  entreprit  pour  l'édition  publiée 
par  M.  Francisque  Michel.  Il  y  exposa  les 
résultats  d'un  système  fort  ingénieux  de  tra- 
duction de  la  notation  latine  du  douzième' 
siècle.  Bien  qu'il  y  ait  de  solides  objections  à 
faire  contre  ce  système,  on  ne  peut  donner 
trop  d'éloges  à  l'esprit  de  recherche  qui  y 
règne.  Il  est  fâcheux  que  la  fausse  idée  de 
Perne;  concernanU'analogiedela  musique  de 
tous  les  temps,  l'ait  porté  à  faire  un  accompa- 
gnement de  piano  aux  mélodies  de  châtelain 
de  Coucy,  et  leur  ait  enlevé  par  l'harmonie 
moderne  leur  caractère  primitif. 

Perne  ne  s'occupait  pas  seulement  de  la 
partie  historique  et  scientifique  de  la  musique  ; 
il  avait  aussi  fait  une  étude  sérieuse  de  la 
théorie  de  l'harmonie  et  de  l'enseignement  de 
cette  science.  Nommé,  en  1811,  professeur 
adjoint  de  Càtel  au  Conservatoire,  il  avait 
senti  le  besoin  de  connaître  les  divers  sys- 
tèmes de  la  partie  de  l'art  qu'il  était  appelé  à 
enseigner;  ce  fut  alors  qu'après  avoir  lu  atten- 
tivement les  ouvrages  des  meilleurs  harmo- 
nistes français  et  étrangers,  il  posa  les  bases 
du  livre  qu'il  a  publié  en  1822,  sous  le  titre 
de  Cours  d'harmonie  et  d'accompagnement, 
composé  d'une  suite  de  leçons  graduées  pré- 
sentées sous  la  forme  de  thèmes  et  d^exer- 
eices,  au  moyen  desquels  on  peut  apprendre 
la  composition  vocale  et  instrumentale.  La 
méthode  développée  dans  cet  ouvrage  est  un 
peu  lente,  un  peu  minutieuse;  on  n'y  aperçoit 
pas  ces  vues  générales  qui  seules  vivifient  la 
science;  mais  la  disposition  des  objets  y  est 
bien  faite,  et  les  difficultés  y  sont  aplanies  par 
des  exercices  gradués. 

La  seconde  invasion  de  la  France,  en  1815, 
et  l'occupation  de  Paris  par  les  armées  étran- 
gères, avaient  eu  pour  effet  de  faire  fermer  le 
Conservatoire,  et  cet  événement  avait  privé 
Perne  de  son  emploi  de  professeur,  sans  au- 
cune indemnité;  mais  la  nécessité  du  réta- 
blissement de  cette  école  se  fit  sentir  dans 
l'année  suivante;  on  la  réorganisa  sous  le 
titre  à^École  royale  de  chant  et  de  déclama- 
tion^ et  Perne  fut  chargé  de  son  administra- 
tion, avec  le  titre  dHnspecteur  général,  en 
1816. 11  réunit  à  ses  fonctions  celles  de  biblio- 
thécaire, en  1819,  après  la  mort  de  l'abbé 
Rozc.  Quelques  dégoûts  qu'il  éprouva  dans 


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PERNE 


ton  administration  lui  firent  demander  sa  re- 
traite en  1833;  elle  lui  fut  accordée.  STes  ser- 
vices i  rOpéra,  à  la  chapelle  du  roi,  où  il 
avait  été  contrebassiste  pendant  vingt  ans,  et 
au  Conservatoire,  lui  donnaient  des  droits  à 
une  pension^  qui  fut  liquidée  à  la  somme  an- 
nuelle de  quatre  mille  francs.  Il  prit  alors  la 
résolution  de  se  retirer  dans  une  petite  maison 
qu*il  possédait  au  village  de  Ghamouille,  près 
de  Laon,  dans   le  département  de   TAisne. 
Libre  de  tout  soin,  vivant  en  sage,  et  satisfait 
d*une  modeste  indépendance,  Perne  se  livra 
dans  sa  retraite  avec  plus  d*ardeur  qu'aupara- 
vant à  ses  travaux  scientifiques,  se  délassant 
de  ses  fatigues  par  la  culture  de  son  jardin. 
Depuis  environ  huit  ans  il  jouissait  de  ce  calme 
philosophique,  si  nécessaire  pour  les  travaux 
sérieux,  lorsque  les  événements   de   juillet 
1830  vinrent  lui  donner  des  inquiétudes  sur 
son  existence.  Le  payement  desa  pension,  qui 
jusqn^alors  avait  été  fait  avec  exactitude,  fut 
suspendu,  et  bientôt  set  titres  furent  contestés 
par  radmintstration  parcimonieuse  qui  suc- 
céda à  Tancienne  direction  des  beaux*arts. 
Perne  avait  alors  près  de  soixante  ans  ;  il  était 
trop  tard  pour  qu*il  songeAt  à  rentrer  dans  la 
carrière  de  renseignement,  afin  de  réparer 
les  pertes  qu*on  lui  faisait  éprouver.  Ces  mai- 
heurs  imprévus  durent  Taffliger;  mais  doué 
d*une  âme  flère,  il  ne  fit  rien  paraître  de  ses 
chagrins,  auxquels  une  autre  cause  d'inquié- 
tude était  venue  se  joindre.  La  crainte  de  Ten- 
vahissement  de  la  France  par  l'étranger  sur 
un  point  qui  est  considéré  comme  la  clef  de  la 
capitale,  fit  sentir  à  Perne  la  nécessité  de  se 
retirer  dans  une  ville  où  il  pût  trouver  de  la 
sécurité,  et  ce  fut  Laon  qu'il  choisit.  Il  s'aper- 
çut bientôt  que  l'airqu'il  y  respirait  était  nui- 
sible à  sa  santé  ;  mais  un  nouveau  changement 
de  situation  l'effrayait;  il  ne  s'y  décida  qu'au 
commencement  de  l'année  1853;  malheureu- 
sement il  était  trop  tard.  Le  mal  avait  fait  de 
rapides  progrès.    Une  tumeur  squirreuse  à 
l'estomac,  et  le  principe  d'une  hydropisie 
de  poitrine  s'étaient  développés;  ces  mala- 
dies, dont  chacune  était  mortelle,  triomphè- 
rent des  secours  de  l'art,  et  le  20  mai  1833 
Perne  expira,  pleuré  par  sa  famille,  par  ses 
amis,  et  regretté  de  tous  ceux  qui  Pavaient 
connu.    Au  commencement  de  1854,  je  fis 
l'acquisition    de   sa    bibliothèque   musicale, 
moins  remarquable  par  le  nombre  que  par  la 
qualité  des  objets  qu'elle  renfermait.  A  l'égard 
des  manuscrits  de  ses  poprres  ouvrages,  il 
avait  ext>rimé  le  désir  que  sa  veuve  les  dé- 
posât à  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  dont  il  | 


était  correspondant  :  ce  dépôt  n'était  point 
fait  encore  au  commencement  de  18^;  mais 
il  l'a  été  depuis  lors.  Une  note  de  sa  main 
que  j'ai  trouvée  dans  un  volume  de  sa  biblio- 
thèque, indique  les  ouvrages  dont  il  s'occupait, 
mais  dont  je  crois  que  la  plus  grande  partie 
n'était  encore  qu'en  projet.  Voici  l'indtcation 
de  ces  ouvrages,  telle  qu'il  la  donne  lui- 
même  : 

1<»   Nouvelle  exposition  de   la  Séméio- 
graphie  ou  notation  musicale  des  anciens 
Grecs  (publiée  dans  URevw  musicale,  t.  III  et 
suiv.).  3<*  Examen  du  rhytkme  musical  des 
anciens;  mémoire  dans  lequel  l'auteur  essaie 
de  démontrer  Tanalogie  que  le  rhythme  poé- 
tique et  musical  des  anciens  peut  avoir  avec 
les  différentes  mesures  rhylhmiques  et  musi- 
cales des  modernes.  S^  Dissertation  sur  la 
mélodie  des  anciens ,   et   sur   Vanalogie 
qu'elle  peut  avoir  avec  la  mélodie  de  tous  les 
peuples,  et  principalement  des  Européens 
modernes.  (Après  ce  titre,  on  trouve  ces  mots 
en  note  :  Ce  mémoire  est  presque  terminé.) 
4^  Dissertation  sur  Vharmonie  simultanée 
des  anciens  et  sur  son  analogie  avec  notre 
harmonie  moderne.  S""  Notice  et  traduction 
française  d'un  manuscrit  grée  sur  la  musi- 
que pratique  et  sur  de  rhythme,  qui  existe  à 
la  bibliothèque  du  rot,  soiu  les  numéros 
2458,  3460  er  3533.  Cet  ouvrage  est  terminé. 
6°  Mémoire  dans  lequel  on  essaie  de  démon- 
trer quel  était  Vétai  de  la  théorie  musicale 
aux  diverses  époques,  soit  avant,  soit  après 
l'ère  vulgaire.  7"  Analyse  des  traités  sur  la 
musique  ancienne  gue  nous  ont  laissés  Aris- 
toxène ,    Euclide,    Plutarque ,    Théon    de 
Smyme,  Cl.  Ptolémée^  Nicomaque,  Jris^ 
tide  Quintilien,  Porphyre,  Alypius,  Mar- 
tianusCapella,Eoèce,  Cassiodore  et  Manuel 
Bryenne.  8«/>e  Vétat  de  la  littérature  musi- 
cale des  Grecs,  considérée  dans  ses  rapports 
avec  la  musique  moderne.  9^  De  l'état  de  la 
musique  ecclésiastique  depuis  les  premiers 
sièclesde  Vère  vulgaire  jusqu'à  Guid*Arezzo, 
iO°  Dissertation  surVorigine  de  l'harmonie 
moderne;   origine  qui  parait  avoir  com- 
mencé vers  la  fin  du  neuvième  siècle.  11**  Z>e 
l'état  de  Vharmonie  pendant  les  dixième, 
onzième  et  douzième  siècles.  13<>  Des  progrès^ 
de  l'harmonie  depuis  le  treizième  siècle  Jus- 
qu'au    commencement    du   dix-neuvième, 
lô"  Quelle  est  l'époque  où  la  meilleure  har^ 
monie  a  existé?  W**  Des  abus  de  l'harmonie 
moderne  et  principalement  de  celle  de  nos 
jours.  15<»  Examen  du  genre  diatonique  des 
modernes,  iù^  De  l'abus  que  font  Us  tno- 


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PERNE  -  PÉROLLE 


495 


demes  des  genres  chromatique  et  enharmo- 
uique  dans  la  mélodie,  et  principalement 
dans  V harmonie.  17»  Examen  de  Vespèce 
de  musique  d'église  qui,  de  nos  jours,  con- 
vient le  mieux  aux  lieux  où  on  Vexécute,  et 
aux  mœurs  religieuses  actuelles.  18*  Disser- 
tation sur  une  messe  à  quatre  parties  qui 
existe  à  la  bibliothèque  du  roi  dans  les  ma- 
nuscrits de  Guillaume  de  Machault,  «otis 
les  n"  7609  et  2771.  Ouvrage  achevé.  19»  De 
rinfluence  de  la  musique  dans  les  cérémonies 
religieuses.  20»  De  la  manière  dont  on  doit 
considérer  les  chefs-d'œuvre  de  musique, 
selon  les  diverses  époques  auxquelles  ils  ont 
été  composés.  21  •  Mémoire  sur  la  mélodie 
des  troubadours,  leur  mesure,  leurrhythme^ 
leurs  modes  et  modulations.  22»  Catalogue 
et  notices  raisonnées  des  ouvrages  de  musi- 
que théorique  et  pratique,  et  des  manuscrits 
précieux,  tant  anciens  que  modernes,  exis- 
tant à  la  bibliothèque  royale ,  à  celle  du 
Conservatoire  et  autres.  Travail  terminé  dont 
je  suis  possesseur.  23»  Lexique  des  termes  de 
musique,  tant  anciens  que  modernes.  Outre 
ces  ouvrages  ,  dont  le  plus  grand  nombre 
n*était  que  projeté,  Perne  a  laissé  en  manu- 
scrit la  musique  des  chœurs  d'^Esther,  tra- 
gédie de  Racine,  exécutés  en  1820  à  Pécule 
royale  de  musique,  et  dont  la  partition  a  été 
déposée  par  Tauteur  à  la  bibliothèque  du  Con- 
servatoire; une  messe  de  morts  à  quatre  voix 
et  orgue,  et  une  messe  solennelle  avec  or- 
chestre, dont  je  possède  les  partitions;  le 
graduel  des  fêtes  solennelles  en  contrepoint  à 
trois  voix  sur  le  plain-cbant  parisien,  un  vol. 
in-folio,  idem  ;  l'office  des  fêtes  et  dimanches 
en  contrepoint  à  trois  voix  sur  le  plain-chant 
parisien,  2  vol.  in-fol.  de  plus  de  six  cents 
pages,  t'dem;  Kyrie  e  Gloria  pour  les  annuels, 
grands  solennels,  solennels  mineurs,  doubles 
majeurs  et  mineurs,  semi-doubles  et  dimanches 
de  Tannée  pour  Torgue,  d'après  le  plain-chant 
parisien,  un  vol.  in-fol.  obi.,  idem;  offices  de 
tous  les  dimanches  et  fêles  de  Tannée,  pour 
Torgue,  d'après  le  plain-chant  parisien,  un 
vol.  in-fol.  obi.  tdam;  Instruction  sur  le  plain- 
chant  par  laquelle  on  peut  connaître  Tanalogie 
•t  les  rapports  que  cette  sorte  de  chant  a  dans 
toutes  ses  parties  avec  la  musique,  in-fol.,  id^m 
(daté  de  Paris,  1820)  ;  Principes  de  plain- 
chant,  in-fol.,  idem  (daté  de  1825). 

Les  ouvrages  publiés  de  ce  savant  sont  : 
1«  Six  sonates  faciles  pour  le  piano;  Paris, 
Bonjour.  2»  Fugue  à  quatre  voix  et  à  trois 
sujets  par  mouvement  direct  et  à  retourner 
le  livre,  une  feuille  in-plano,  1802.  S<»  Do' 


min€,salvumfac  regem,  varié  pour  le  piano; 
Paris,  Leduc.  À*^  Nouvelle  méthode  de  piano- 
forte;  Pari»)  Leduc.  5<>  Méthode  courte  et 
facile  ;  idem,  ibid.  6*  Cours  d'harmonie  et 
d'accompagnement,  composé  d'une  suite  de 
leçons  graduées,  deux  parties  in-fol.;  Paris, 
Aulaguier.  7°  Notice  sur  les  manuscrits  re- 
latifs à  la  musique  (de  l'Église  grecque)  gtii 
existent  dans  les  principales  bibliothèques 
de  l'Europe  (dan&  la  Bévue  musicale,  1. 1, 
p.  231-257).  8»  Quelques  notions  sur  Jos- 
quin  DeprèSy  maitrede  musique  de  Louis  XII 
(ibid.,  t.  II,  p.  265-272).  9»  Notice  sur  un 
manuscrit  du  treizième  siècle,  dans  lequel 
l* auteur,  Jérôme  de  Moravie,  donne  les 
principes  pour  accorder  la  vielle  et  la  ru- 
bebbe,  deux  des  principaux  instruments  à 
cordes  et  à  archet  de  son  temps  {ibid., 
p.  457-467,  481-490).  10»  Recherches  sur  la 
musique  ancienne.  Découverte,  dans  les  ma- 
nuscrits d'Aristide  Quintilien  qui  existent 
à  la  bibliothèque  du  roi,  d'une  notation  tn- 
connue  Jusqu^à  ce  Jour,  et  antérieure  de 
plusieurs  siècles  à  eeUe  ^'*on  attribue  à 
Pythagore  (ibid.,  t.  III,  p.  433-441,  481- 
491  ;  t.  IV,  p.  25-34,  219-228).  Il»  Nouvelle 
exposition  de  la  Séméiographie  musicale 
grecque  (ibid.,  t.  V,  p.  241-250,  553-560; 
t.  VIII,  p.  98  107;  t.  IX,  p.  129-136). 
1 2«  Sur  un  passage  d'un  quatuor  de  Mozart 
(ibid.,  t.  VI,  p.  25-31).  13»  Ancienne  musi- 
que des  chansons  du  châtelain  de  Couey, 
mise  en  notation  moderne,  avec  accompa- 
gnement de  piano.  La  musique  est  précédée 
d'une  notice  sur  le  genre  des  mélodies  de  ces 
chansons  et  sur  les  manuscrits  dont  Perne 
s'est  servi.  Ce  morceau  est  imprimé  à  la  fin 
du  volume  publié  par  M.  Francisque  Michel, 
sous  ce  titre  :  Chansons  du  châtelain  de 
Coucy,  revues  sur  les  manuscrits;  Paris, 
Crapelct,  1830,  gr.  in-S»  de  cent  quatre-vingt- 
dix-huit  pages.  A  la  fin  de  ce  volume,  on  an- 
nonçait les  chansons  de  Thibaut,  comte  de 
Champagne  et  roi  de  Navarre,  avec  la  musi- 
que traduite  par  Perne,  un  volume  in-8% 
et  les  Poésies  de  Guillaume  de  Machault, 
avec  la  musique  traduite  par  Perne,  2  vo- 
lumes in-8'>.  Ces  ouvrages  n'ont  pas  été 
publiés. 

PÉROLLE  (M.),  et  non  PERROLLE, 
comme  il  est  nommé  dans  le  Journal  de  la 
Librairie,  médecin  à  Grasse,  né  dans  celte 
ville,  en  1756,  fit  ses  éludes  à  Técole  de  mé- 
decine de  Montpellier,  et  j  obtint  le  titre  de 
docteur.  Jeune  encore,  ildevintcorrespondant 
de  TAcadémie  des  sciences  de  Montpellier,  de 


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496 


PÉROLLE 


rancienne  Académie  de  médecine  de  Paris, 
et  de  TAcadémie  royale  des  sciences.  On 
a  sous  le  nom  de  ce  savant  mééecin  les  ou- 
vrages suivants  :  1*  Distertation  ancUornico- 
acoustique  contenant  des  expérienees  qui 
tendent  à  prouver  que  les  rayons  sonores 
n'entrent  pas  dans  la  trompe  d'Eusta- 
che,  etc.  ;  Paris,  1788,  in-8«  de  quarante-huit 
pages.  %^  Observations  sur  la  perception  des 
sons  par  diverses  parties  de  la  tête  lorsque 
les  oreilles  sont  bouchées  (dans  les  Observa- 
tions sur  la  physique,  sur  l'histoire  natu- 
relle et  sur  les  arts,  de  Rozier,  t.  XXII, 
p.  378).  Z""  Expériences  physicO'Chimiques 
relatives  à  la  propagation  du  son  dans 
quelques  fluides  aéri formes  (Mémoires  de 
TAcadémie  royale  de  Turin,  1786-1787;  mé- 
moires des  correspondants,  p.  1-10);  4^  Mé- 
moire de  physique,  contenant  des  expé' 
riences  relatives  à  la  propagation  du  son^ 
dmns  diverses  substances,  tant  solides  que 
fluides;  suivi  d'un  essai  d'expériences  qui 
tendent  à  déterminer  la  cause  de  la  réson^ 
nance  des  instruments  de  mwique  {ibid,, 
1790-1791,  vol.  y,  p.  195-280).  Suivant 
Chladni  (Traité  d'jécoustique,  p.  Sâl),  les 
oi)servations  de  M.  Pérolle  sont  les  meilleures 


qu^on  aitfaites  à  ce  sujet.  5«5urZes  vibrations 
totales  des  corps  sonores  (dans  le  Journal 
de  Physique  de  1798,  t.  37).  6<>  Mémoire  sur 
les  vibrations  des  surfaces  élastiques,  ou- 
.  vrage  où  Von  explique  la  fameuse  expérience 
de  Sauveur,  et  où  Von  établit  la  tendance 
générale  du  mouvement  4  VéquUibre  ; 
Grasse,  1825,  in-8*  de  quarante-deux  pages, 
avec  une  planche.  Ce  mémoire  fait  partie 
d'un  Traité  raisonné  ^d'Jcoustique,  rédigé 
depuis  longtemps  par  Tauteur,  mais  qui  n^a 
point  été  publié  jusqu'à  ce  jour.  Pérolle 
envoya  son  mémoire  au  concours  ouvert,  en 
1809 ,  par  TAcadémie  des  sciences  de  Pln- 
stitut,  pour  une  Théorie  mathématique  des 
vibrations  des  surfaces  élastiques.  Les  com- 
missaires chargés  de  Texamen  des  mémoires 
fournis  pour  la  solution  du  problème,  décla- 
rèrent que  celui  de  Pérolle  ne  remplissait 
pas  les  conditions  exigées,  parce  que  sa 
théorie  n*était  pas  mathématique  :  ils  termi- 
naient leur  rapport  par  ces  mots  :  «  Cette 
«  théorie  a  d^ailleurs  le  tort  de  n*èlre  pas 
«  plus  intelligible  pour  les  lecteurs  étrangers 
«  aux  formules  analytiques,  sans  le  secours 
«  desquelles  ces  sortes  de  questions  seront 
«  toujours  inabordables.  » 


ra  DO  TOBB  SfXIClB. 


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